/ 2841
1228. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Avant-propos » pp. 1-5

Le dessein de leur être utile, est même un des motifs qui m’engagent à publier ces reflexions que je donne comme les répresentations d’un simple citoïen qui fait usage des exemples tirez des tems passez, dans le dessein de porter sa republique à pourvoir encore mieux à l’avenir.

1229. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Cependant la marche de la pièce est on ne peut plus simple. […] Pourtant c’est une tragédie simple et rapide. […] Mais alors même il doit encore conserver une parole simple, sobrement imagée : or, les habitudes lyriques de M.  […] Il faut aimer singulièrement à embrouiller les cartes pour compliquer à ce point la chose du monde la plus simple. […] Cette remarque est toute simple, et ne vaut pas la peine qu’on y insiste.

1230. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Une circonstance fort simple en elle-même devint un événement de la plus haute importance pour lui. […] Il faut traiter des sujets humbles, simples, familiers même, si la nature nous a fait naître pour cela. […] Il annonça que ces deux frères, d’abord simples bergers, avaient montré de bonne heure un talent naturel qui s’était bientôt développé avec le plus grand éclat. […] Un seul plat, simple, grossier même, car tout pouvait être transformé en crime, suffisait au souper. […] Comme il est simple… et quelle belle tête il a !

1231. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Elle est très claire et très simple. […] La vraie est plus simple, plus naturelle, et il n’est pas besoin de la tirer de si loin. […] Et il est si simple ! […] Oui, simple histoire, banale histoire ; mais, racontée par Pierre Loti, c’est un chef-d’œuvre. […] Simples questions que je pose sans les résoudre, simples doutes et même, avouons-le, intéressés, car enfin M. 

1232. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Il y avait là, nous dit un très-bon juge, un mélange assez pacifique de lumières modernes, de vœux rétrogrades, de goûts d’ancien régime, de mœurs simples amenées par le malheur des temps, de tristes regrets à la suite des douleurs de 93 : il y avait surtout un vif besoin de bonheur, de repos final et de plaisirs de société. […] Elle arrivait simple et franche, avec ses habitudes de conversation aisée, au sein de ce monde de mot d’ordre et d’étiquette où, à ce début, l’on était, en général, assez ignorant et timide. […] Une légère marque de bonté, une preuve de leur souvenir décide souvent de notre destinée ; le dévouement de notre vie entière est presque toujours la réponse que nous croyons devoir à la plus simple apparence de leur intérêt. » Je m’étonnerais bien s’il n’entrait pas quelque souvenir assez présent, et même d’en deçà des Pyrénées, dans le récit de cette course de campagne qu’imagine la reine, pour reposer le roi malade et le distraire des affaires et de l’étiquette : « En effet, dès notre arrivée à Aranjuez, le roi nous annonça que, se fiant à notre respect, le cérémonial serait suspendu, et que chacun aurait la liberté d’agir à peu près à sa propre fantaisie. […] Je me souviendrai alors, avec amertume, que je négligeais de rendre grâce à mon Créateur de tous ces biens qu’il m’avait départis… » Et l’abbé Duval, avec cet accent simple et persuasif qui était le sien, lui répondait : « Vous êtes heureuse, dites-vous ; pourquoi donc vous en affliger ?

1233. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Et ce n’étaient point là de simples paradoxes isolés dans un cerveau métaphysique. […] Descendons d’un degré ; un nouveau monde paraît, encore plus simple et plus calme, celui des plantes, des pierres, des nuages, des eaux, de toutes les choses qui semblent inanimées. […] Mais notre âme se trouve doucement dans cet être plus simple, et nos images n’en sont que plus délicates, parce que nous sentons qu’à la réflexion elles devront s’évanouir. […] Un petit contour, une simple phrase musicale annoncent d’abord Raphaël ou Mozart.

1234. (1772) Éloge de Racine pp. -

Il eut dans Cinna le mérite, unique jusqu’alors, de remplir l’étendue du drame avec une action majestueuse et simple. […] Qui est-ce qui n’est pas délicieusement ému de ces vers si simples qui descendent si avant dans le coeur, et qu’il est impossible de ne pas retenir dès qu’on les a entendus ? […] C’est qu’on ne veut point revenir sur ses pas ; qu’on tient à ses erreurs par amour-propre ; qu’après avoir décidé qu’un auteur a seul atteint les bornes de son art, il en coûte d’avouer qu’un autre les a reculées bien plus loin ; que c’est bien assez d’avoir un grand homme à admirer, et qu’il paraît un peu pénible d’en admirer encore un autre sur lequel on n’a pas compté ; qu’en général dans tous les arts on adopte d’abord un maître, à qui l’on veut bien prodiguer toutes les louanges, pourvu qu’on soit dispensé d’en accorder aucune à tous les autres : c’est qu’il est beaucoup de juges de certains traits de force et de grandeur, et qu’il en est peu de la perfection ; que les beautés étincellent davantage dans une multitude de défauts, sont plus vivement senties et plus aisément pardonnées ; au lieu que la perfection continue, procurant un plaisir égal, paraît naturelle et simple, charme sans étonner, et a pour ennemis secrets ceux qui, pouvant l’apprécier mieux que les autres, ont plus d’intérêt à la rabaisser. […] Je vous en conjure encore, méfiez-vous de ces législateurs enthousiastes : opposez-leur toujours les anciens et Racine : opposez-leur ce grand axiome de son digne ami, ce principe qui paraît si simple et qui est si fécond, rien n’est beau que le vrai.

1235. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

On se délasse dans le commerce d’un homme simple et droit, qui dit ce qu’il pense, et le dit avec la force et l’accent de la vérité : on aime son esprit, parce que son esprit est d’accord avec son âme. […] N’est-il pas étrange, en effet, que le commentateur de Corneille ait eu l’idée de dégrader ce tragique sublime, de lui ravir son titre et son rang de poète, pour le réduire à la qualité de simple historien ? […] Voltaire trouve du faste dans les sentiments de Cornélie ; il est fâché qu’elle insulte César, et ne se montre pas plus reconnaissante de ses bontés : il voudrait une Cornélie simple, modeste et discrète. […] Si vous supposez qu’on peut produire d’aussi grands effets avec une intrigue simple qu’avec une intrigue compliquée, nul doute qu’il n’y ait plus de mérite à les produire par les moyens les plus simples : cela est même si clair, que ce n’était pas la peine de le dire. La question serait de savoir s’il est possible de produire autant d’effet, de tenir l’esprit aussi vivement occupé, l’âme aussi fortement émue, avec une intrigue simple, qu’avec une intrigue composée d’un grand nombre d’incidents.

1236. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Ce n’est pas seulement aux nobles et aux chevaliers qu’il s’adresse : Je demande aussi à tous ceux qui savent les noms de plusieurs simples soldats que j’ai marqués comme j’ai pu, pour avoir commencé l’impulsion dans un combat, servi de guide à une brèche, ou mis le premier le genou sur les créneaux ou retranchements, qu’il leur plaise m’aider de tels noms sans avoir égard à la pauvre extraction et condition ; car ceux-là montent davantage qui commencent de plus bas lieu. […] à une heure si dangereuse, me penser traîner à ce qu’on n’a pu forcer tant de simples personnes, parce qu’ils ont su mourir !

1237. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

C’était un romantique aussi que ce Fauriel qui considérait volontiers tous les siècles de Louis XIV comme non avenus, et qui, bien loin de tous les Versailles, s’en allait chercher, dans les sentiers les plus agrestes et les plus abandonnés, des fleurs de poésie toute simple, toute populaire, mais d’une vierge et forte senteur. […] Rendre à la poésie française de la vérité, du naturel, de la familiarité même, et en même temps lui redonner de la consistance de style et de l’éclat ; lui rapprendre à dire bien des choses qu’elle avait oubliées depuis plus d’un siècle, lui en apprendre d’autres qu’on ne lui avait pas dites encore ; lui faire exprimer les troubles de l’âme et les nuances des moindres pensées ; lui faire réfléchir la nature extérieure non seulement par des couleurs et des images, mais quelquefois par un simple et heureux concours de syllabes ; la montrer, dans les fantaisies légères, découpée à plaisir et revêtue des plus sveltes délicatesses ; lui imprimer, dans les vastes sujets, le mouvement et la marche des groupes et des ensembles, faire voguer des trains et des appareils de strophes comme des flottes, ou les enlever dans l’espace comme si elles avaient des ailes ; faire songer dans une ode, et sans trop de désavantage, à la grande musique contemporaine ou à la gothique architecture, — n’était-ce rien ?

1238. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Ils n’ont aucun rapport avec les sublimes effets que Shakespeare sait tirer des mots simples, des circonstances vulgaires placées avec art, et qu’à tort nous n’oserions pas admettre sur notre théâtre. […] Enfin l’un des plus grands défauts de Shakespeare, c’est de n’être pas simple dans l’intervalle des morceaux sublimes.

1239. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

La Fontaine semble un simple, occupé du loup, du renard, capable tout au plus de rêver parmi les prés et les basses-cours, et d’en badiner devant les grandes personnes, avec quelque profit pour les enfants. […] Son chien fait des raisonnements fort exacts ; « mais, n’étant qu’un simple chien », on trouve, qu’ils ne valent rien, « et l’on sangle le pauvre drille. » Notre Champenois souffre très bien que les moutons soient mangés par les loups et que les sots soient dupés par les fripons ; son renard a le beau rôle.

1240. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Cette mode se marque par le caractère du style Louis XVI, dans l’ornementation et l’architecture : au rococo commence à succéder le pompéien ; on reprend les motifs de décoration que les fouilles récentes ont fait connaître ; des lignes plus simples, plus sévères commencent à rappeler la noblesse des formes antiques. […] Tantôt le sens emporte une longue suite d’alexandrins, tantôt très peu, jamais des nombres égaux, ou liés par des rapports simples et sensibles ; toujours il désarticule le vers, s’arrêtant partout ailleurs qu’à l’hémistiche, sur la troisième, sur la quatrième, sur la neuvième, sur la dixième syllabe, se terminant parfois à l’intérieur du vers.

1241. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Il est trop aisé et trop simple de n’obéir qu’à un seul souffle direct, impétueux ; le beau de la force humaine est de se contenir, de se diriger entre des impulsions diverses et d’assembler sous une même loi les contraires. […] Enhardi bientôt, il s’est mis à parler sur de simples notes, et, si je ne me trompe, aujourd’hui il combine ensemble ces diverses manières, en y ajoutant ce que la pure improvisation ne manque jamais de lui fournir.

1242. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Il écrivit donc alors, en quelque sorte sans préoccupation littéraire, mais avec le simple et sévère sentiment du devoir accompli, les deux cents pages qui terminent le second volume de cette publication, et il se disposa à les mettre au jour. […] De la part des grands écrivains, et il est inutile de citer ici d’illustres exemples qui sont dans toutes les mémoires, ces sortes de confidences ont un charme extrême ; le beau style donne la vie à tout ; de la part d’un simple passant, elles n’ont, nous le répétons, de valeur que leur sincérité.

1243. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

La numération des syllabes, en français, apparaît simple. […] Tout le reste est dispositif d’écriture, simple indication pour les yeux qu’il y a lieu de conserver, mais qui, pour l’oreille, est d’une utilité beaucoup plus lointaine, sans doute.

1244. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

C’est un Balzacien dont le style est plus net et plus simple. […] Roger Le Brun, dans Le Bonheur des Hommes essayait le drame moderne le plus simple et le plus émouvant, parce qu’éternel, la révolte du sang et l’orgueil du sacrifice.

1245. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

On aime à voir que les entrailles du destructeur des villes sont formées comme celles du commun des hommes, et que les affections simples en composent le fond. […] « Si l’Écriture, dit saint Grégoire-le-Grand, renferme des mystères capables d’exercer les plus éclairés, elle contient aussi des vérités simples, propres à nourrir les humbles et les moins savants : elle porte à l’extérieur de quoi allaiter les enfants, et dans ses plus secrets replis, de quoi saisir d’admiration les esprits les plus sublimes.

1246. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Il est toujours difficile de traduire avec pureté, comme avec fidelité, un auteur, même celui qui ne fait que raconter des faits, et dont le stile est le plus simple, principalement quand cet écrivain a composé dans une langue plus favorable pour les expressions fortes et précises que la langue dans laquelle on entreprend de le traduire. […] Un mot qui aura précisément la même signification dans les deux langues, ne peut-il pas encore, quand il est consideré en tant que simple son, et pris indépendamment de l’idée, laquelle y est attachée, se trouver plus noble en une langue qu’en une autre langue, de maniere qu’on rencontrera un mot bas dans une phrase de la traduction où l’auteur avoit mis un beau mot dans l’original.

1247. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Les mots, il faut le dire, ne représentent plus les mêmes idées pour tous ; il en est même, s’il est permis de parler ainsi, qui sont devenus de simples sons, vides de sens, auxquels on ajoute plus aucune idée, le signe d’aucun sentiment. […] C’est depuis moins de temps, au reste, que le nombre des formules de la prose s’est accru, par la raison toute simple que la prose est toujours la dernière à se perfectionner.

1248. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Pour quelques penseurs en Europe, qui l’affirment, mais sans le prouver, toute la force de l’empire russe est soupçonnée de n’être, comme beaucoup de choses, qu’une simple question de clair-obscur. […] Il n’y a point à dédoubler ce peuple, simple, quoique rusé, sur lequel la civilisation n’est que superposée, et qui, s’il pourrit, comme disait Diderot, pourrit du dehors au dedans.

1249. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Si les philosophes du salon de madame Necker reconnaissaient, un soir, « qu’un caractère est toujours simple quand une seule chose l’intéresse », comment un missionnaire, qui n’a que l’idée fixe de sa foi à propager, pourrait-il manquer, quoi qu’il fasse, de cette simplicité qui est la plus haute expression humaine dans l’ordre de l’intelligence ou de la vie ? […] Philosophie peu compliquée qui succède à toutes les autres et vient engloutir les systèmes qui demandaient au moins un effort de cerveau pour les créer ou pour les comprendre, elle est simple comme les quatre planches très simplement jointes qui forment un cercueil !

1250. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

C’était la vieille idée si simple et si vraie contre laquelle la philosophie proteste et réclame, et que tous les Congrès de la paix à mourir de rire ne parviendront jamais à déshonorer ! […] Il y a, en effet, quelque chose de byronien dans la destinée de Raousset ; mais il est plus beau, plus simple et plus pur que tous les héros de Byron.

1251. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Le livre qu’il a publié sous ce titre, à faire sécher de jalousie Arsène Houssaye : Monsieur de Cupidon 12, n’est nullement le trumeau qu’on croirait sur le simple énoncé du titre, quoiqu’il porte aussi les influences d’un siècle auquel on ne saurait toucher impunément qu’avec un masque de verre, comme les chimistes touchent au poison. […] Encore une fois, nous ne tenons pas grand état d’une pareille donnée, inspirée plus par les études et les préoccupations littéraires de l’auteur que par son propre génie ; mais ce que nous estimons infiniment, ce sont deux ou trois courants d’aperçus, d’observations et de pensées, qui se rencontrent, se croisent et se mêlent dans ce livre, taillé trop à facettes et à pans coupés, et que nous eussions voulu plus large et plus simple.

1252. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Quelle raison peut nous faire juger beau le costume enrubanné du courtisan d’ancien régime, et vulgaire le simple vêtement bruni par le travail du terrassier, si ce n’est la pauvreté de notre esthétique, plus digne de sauvages ou d’enfants que d’hommes raffinés ? […] Si je ne craignais d’employer ici un langage purement philosophique et de m’autoriser d’une simple analogie, je dirais que son art est à la fois moniste et panthéiste, et qu’il se rattache par là au principe même de la pensée moderne.

1253. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

De la vis inertiæ il fait une foi. — Et c’était un trait de génie que d’avoir eu cette idée si simple. […] La métaphysique est une ombre du surnaturel ; la simple humanisation de l’univers est une ombre du surnaturel ; la simple croyance plus ou moins ferme que l’univers signifie quelque chose est une ombre du surnaturel. […] Il est très simple. […] L’artiste ainsi doué sera tout naturellement un et simple, très un et très simple. […] S’il ne le voulait pas très précisément, par simple force d’inertie, par simple force de nonchalance, il ferait que rien de tout cela ne serait.

1254. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il préféra demeurer poète, dramaturge, simple citoyen, et rédacteur en chef du Rappel. […] Laurent Tailhade a composé des vers très simples et d’une couleur délicate. […] Cette idée est très simple, elle vient tout naturellement à l’esprit. […] Comment, avec des éléments aussi simples, arrive-t-il à nous troubler si profondément ? […] Le titre était simple.

1255. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

L'antique modestie des matrones romaines admirablement peinte en vers simples, fidèles, une grande et vraie connaissance de l’Antiquité ; à tout moment d’heureuses réminiscences ou même des traductions, mais heureusement amenées à l’état de moyens dramatiques.

1256. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemaître, Jules (1853-1914) »

Il contenait des vers d’amour, d’une sensualité de tête tout à fait curieuse et personnelle, des « exercices » dans le genre parnassien, dont quelques-uns au moins (L’Élégie verte, par exemple, ou certaines ballades) sont de simples merveilles d’esprit et d’habileté technique, et enfin des sonnets sur les classiques français, où le futur critique des Contemporains est déjà tout entier, et qui tiennent à la fois du chef-d’œuvre et du tour de force.

1257. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villeroy, Auguste »

L’action d’Hérakléa est des plus simples.

1258. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 358-361

Son style est aussi simple que noble, aussi clair que profond, aussi nombreux qu’énergique.

1259. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 45-49

L’Abbé de Rancé a encore ajouté à ses autres travaux une Relation de la vie & de la mort de quelques Moines de la Trappe, en 4 vol. où, d’un style simple & plein d’onction, il trace des tableaux propres à édifier & à mettre les sentimens de la Religion dans tout leur jour.

1260. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Rends-moi bien cet instant ; laisse là tous ces monstres symboliques ; surtout donne de la profondeur à ta scène ; que tes figures ne soient pas à mes yeux des cartons découpés, et tu seras simple, clair, grand et beau.

1261. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 16, de quelques tragedies dont le sujet est mal choisi » pp. 120-123

L’usage de ce qui se passe dans le monde et l’experience de nos amis au défaut de la nôtre, nous apprennent qu’une passion contente s’use tellement en douze années, qu’elle devient une simple habitude.

1262. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Avant-propos » pp. 1-5

Enfin la musique des anciens enseignoit à composer comme à écrire en notes la simple déclamation, ce qu’on ne sçait plus faire aujourd’hui.

1263. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il était simple traducteur des journaux étrangers sous M.  […] Il épousa une personne simple et de mérite, pieuse et pratiquant. […] La Notice est parfaite, simple, grave et sentie ; mais l’éditeur, astreint à des volontés particulières rigides, et les respectant avec scrupule, a fait entrer dans le recueil trop de matière, et sur des sujets dès longtemps éteints ; il n’a pas tout mis, il aurait dû retrancher plus encore, couper, tailler, sacrifier sans merci dans l’intérêt du mort et pour dégager la statue. […] Les convictions, dans ces âmes si fermes, si ardentes sous leur apparente froideur, ne se comportent pas comme les simples opinions dans les âmes ordinaires et communes, ou distinguées, mais tièdes ; elles ne flottent pas, elles mordent à fond ; elles sont sujettes à une entière fixité et adhérence ; une fois qu’elles prennent, elles ne cessent plus. […] Une personne de haut esprit et de grand cœur63 qui a eu occasion de vivre près de lui dans une de ces courtes vacances d’été, m’écrit : « Ne négligez pas de dire combien il est bon, simple, charitable.

1264. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Byron, tant discuté, tant attaqué et noirci de son vivant, et en réalité le plus grand des génies lyriques, reçut à Ravenne, en 1821, une de ces lettres de déclaration vraie et simple, qui le vengeait de tant d’ineptes insultes. […] Quoi de plus simple ensuite qu’on lui en sache un gré immortel ? […] Nous nous cherchions pour nous consoler… » Je ne sais si c’est la faute de mon esprit obtus, mais il me semble qu’il faut l’avoir bien tourné à la finesse et à la méfiance pour trouver du persiflage dans ce mot de Mme de Verdelin sur la frégate : « On ne prend de canons que ce qu’il en faut pour se battre. » Il y avait, au dix-huitième siècle, une princesse de Rohan qui, pour faire preuve d’esprit, se piquait d’entendre finesse à tout, même aux choses les plus simples. […] Oui, madame, je le sais bien ; c’est moi qui suis une bête, un bon homme, et pis encore s’il est possible ; c’est moi qui choisis mal mes termes au gré d’une belle dame française qui fait autant attention aux paroles et qui parle aussi bien que vous… « J’avais besoin sans doute d’être averti que je ne suis près de vous qu’une simple connaissance ; si vous me l’eussiez dit plus tôt, madame, je vous aurais épargné l’ennui de mes visites ; car, pour moi, je n’ai point de temps à donner à des connaissances, je n’en ai que pour mes amis. » À ces brusqueries et à ces boutades peu congrues, elle n’opposa que la douceur et le ton peiné de l’affection la plus sincère : « Mon voisin, vous me jugez mal, si vous croyez que je prétends à mieux qu’à être une bonne femme ; je fais cas de cette qualité, je borne toute mon ambition à la mériter et à trouver quelqu’un assez vrai pour me dire les choses qui m’en écartent. […] Après l’avoir étudiée de si près et dans ses propres confidences, je crois quelquefois, en vérité, qu’elle est là devant moi, intelligente et parlante ; je me la représente en personne, avec cette physionomie pétrie de tendresse, de finesse, de douce malice et de bonté : l’amour a passé par là, on le sent, non point précisément celui qui enflamme et qui ravage, mais celui qui brûle à petit feu et qui, toutes peines éteintes, laisse après lui une réflexion légèrement mélancolique et attendrie ; arrivée à cet âge où l’on n’espère plus et où l’on a renoncé à plaire, sans pour cela se négliger, dans sa mise de bon goût et simple, tout en elle est d’accord, tout se nuance, et s’assortit ; elle ne craint pas de laisser voir à son front et à ses tempes la racine argentée de ses cheveux où il a neigé un peu avant l’heure ; elle ne cherche pas à prolonger une jeunesse inutile et qui ne lui a donné que des regrets ; elle est aussi loin de l’illusion sentimentale et de l’éternelle bergerie d’une d’Houdetot, que de la sécheresse mordante et polie d’une Luxembourg ; elle a gardé la seule jeunesse du regard, l’étincelle aimante ; elle continue de sourire à cette vie qu’elle n’a guère connue que triste et amère ; elle rêve fidèlement à ce passé qui lui a valu si peu de douceurs, elle a le culte d’un souvenir, et si elle tient encore dans ses mains un livre à couverture bleue usée (comme dans ce portrait de femme attribué à Chardin), je suis bien sûr que c’est un volume de la Nouvelle Héloïse.

1265. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Tous les rangs étant occupés pourtant, il dut se rabattre à une simple place de maître de quartier au collège de Beauvais, où se trouvaient également alors, comme simples maîtres, son compatriote Thomas, l’abbé Lagrange, depuis traducteur de Lucrèce, et Selis, depuis traducteur de Perse. […] Il y fait de Le Franc un grand chêne, auquel, simple lierre, il s’attache. […] Tout ce que Boileau se donnait de peine et d’artifice pour élever son vers, qui souvent ne renfermait qu’une simple idée de bon sens, et pour le tenir au-dessus de la prose, mais dans un degré qui ne choquât pas, est inouï. […] Sans y rien trouver qui réfute directement les traits semés dans cet article, nous avons pu y voir des marques d’une nature franche, dévouée, sincère, et il nous a paru très-concevable en effet que ceux qui ont connu madame Delille l’aient jugée autrement que le monde, les indifférents, ou les simples amis littéraires du poète.

1266. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Je me privai d’un grand plaisir pour ne pas faire une infidélité de simple politesse aux rois que je servais. […] Nous ne connaissons pas, dans toute la sculpture antique, ni dans toute la peinture moderne, de groupe pastoral plus simple et plus classique à la fois que ces buffles, ce bouvier, ce gendre, cette jeune femme, ce vieillard, ce serviteur, ces glaneuses, dans leurs attitudes, dans leurs perspectives, dans leurs contrastes, dans leurs expressions différentes et concordantes sur le char et autour du char de la moisson. […] Elles sont extrêmement simples et accueillantes. […] Leur société m’est très agréable, parce qu’elle est douce, naturelle, simple, droite de cœur, vraie et franche. […] Son corps est indiqué au passant par une simple pierre où ses amis ont gravé son nom.

1267. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

C’est bien simple, il n’y a qu’à avoir une bonne syntaxe. […] Il nous dit : « Quand les femmes vont quelque part, elles apportent de petites machines pour travailler, faire un bout de tapisserie, du crochet… Eh bien, moi, j’ai inventé une petite mécanique fort simple pour trouver des intégrales, que je porte toujours. […] Et c’est une causerie tête à tête, simple, tranquille, bonhomme, allant sans se presser, mais tout droit, et sans surcharge de métaphores, et avec une grande suite dans l’enchaînement des idées et des mots, et, par-ci, par-là, laissant percer une mémoire étonnante, où le souvenir a la netteté d’un cliché photographique. […] Théophile Gautier, ce styliste à l’habit rouge pour le bourgeois, apporte dans les choses littéraires le plus étonnant bon sens, et le jugement le plus sain, et la plus terrible lucidité jaillissant en petites phrases toutes simples, d’une voix qui est comme une caresse. […] Tout, en ce spectacle de la mort, a été digne, simple, décent, chose rare !

1268. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Chaque animal est chargé de sa représentation. » Il fallut longtemps avant que l’esprit humain se décidât à regarder les animaux comme de simples objets d’étude, sans autre préoccupation que celle du savoir. […] « Mais, ajoute le philosophe, il y a aussi quelques hommes qui, après la puberté, donnent un peu de lait si l’on presse leurs mamelles et qui même en donnent en quantité quand un enfant les tette. » Ce simple rapprochement rend déjà le prodige moins merveilleux. […] Si c’est bien là ou si ce n’est pas là réellement la durée de la gestation, on n’a pas pu le vérifier jusqu’à ce jour ; c’est une simple assertion. […] Quelle contradiction et quelle folie ne serait-ce pas de se plaire à regarder les simples copies de ces êtres en admirant l’art ingénieux qui les a reproduits en peinture ou en sculpture et de ne point se passionner encore plus vivement pour la réalité de ces êtres que crée la nature et dont il nous est donné de pouvoir découvrir les causes ! […] La mort change ainsi l’état de ce qui vit, et c’est une mort qui n’est ni simple si naturelle, mais qui se promène et se déplace avec les artifices mêmes de l’opération. » Sprengel, qui cite ce passage de Tertullien, suppose qu’Hérophile faisait mourir auparavant les criminels, comme le firent les rénovateurs de l’anatomie au XVIe siècle.

1269. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Les simples et riches vêtements, les simples et riches équipages, l’extrême simplicité et l’extrême richesse de leurs demeures et de leurs ameublements portent témoignage de la véracité anglaise. » Comme toutes les choses de ce monde, cet amour de la réalité a son revers, et c’est à une altération de ce vigoureux sentiment qu’il faut rapporter le grand péché moral de l’Angleterre : l’importance exagérée donnée à la richesse. […] La raison en est simple ; l’édifice a beau être défectueux, il offre un abri. […] Ce n’est point un dialecticien comme Hobbes ou Descartes, un homme habile à aligner les idées, à les tirer les unes des autres, à conduire son lecteur du simple au composé par toute la file des intermédiaires. […] Le simple talent n’opère pas sur moi de tels miracles, et c’est à d’autres facultés qu’il s’adresse pour obtenir cette approbation froidement judicieuse suivie d’un si rapide oubli que ses œuvres inspirent. […] Cependant, lorsqu’on examine attentivement cette magie drolatique, on trouve qu’elle repose sur deux procédés qui la réduisent à un simple escamotage.

1270. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Ceci est une simple causerie sur la littérature et l’art ; ce sont quelques aperçus, quelques indications rapides. […] Il a pour titre : Simple Histoire. […] Ces façons de parler, qui n’arrivent que par exception et par plaisanterie, n’empêchent pas qu’en général son style soit simple et gracieux. […] A toutes les qualités d’inspiration, et en quelque sorte de divination, ces vrais génies unissent le plus ferme bon sens et le sens commun le plus simple. […] Elle est une force qui se sent, je dirai même une force simple, mais impliquée dans beaucoup d’autres.

1271. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Vous direz du même droit et avec autant de certitude : Dieu produit infiniment ; donc c’est contredire sa nature que d’admettre soixante-quatre corps simples ou tout autre nombre limité ; la chimie, aidée de la théologie, doit poser en principe que le nombre des corps simples est infini. […] Celui-là a un bon fond et n’a point de dehors : ceux-ci n’ont que des dehors et qu’une simple superficie. […] Des myriades d’anges accouraient tous du même vol, sans confusion, tous pareils, tous dissemblables, simples comme la rose des champs, immenses comme les mondes. […] Le simple dehors des objets physiques en fournit un autre témoignage plus éclatant encore. […] Depuis le simple fidèle jusqu’à l’évêque et l’apôtre, tous sont occupés à des travaux manuels ».

1272. (1876) Romanciers contemporains

Un simple et court voyage dans lequel tient toute l’action. […] Les événements qu’ils racontent sont simples et racontés simplement. […] Naturel, simple, ne visant pas à la surprise, il a écrit comme il avait vu. […] Il a été hardi, mais simple. […] Chez Gaboriau, le point de départ est toujours simple et naturel.

1273. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

La civilisation, quoique prodigieusement spirituelle et corrompue, était plus simple que la nôtre. […] Cet homme, qui pense et s’exprime avec tant de vigueur, emploie sans cesse des locutions alambiquées et subtiles, pour énoncer laborieusement les choses les plus simples. […] César, si simple par l’élévation même de son génie, ne parle presque dans cette tragédie qu’un langage fastueux et déclamatoire. […] Au milieu de cette vie simple et occupée, le Paradis perdu, si longtemps médité, s’acheva promptement. […] Le caractère antique et simple de l’Homère anglais disparaît quelquefois sous le luxe du traducteur.

1274. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Représentons-nous les gais causeurs, les hommes de verve et de mimique excellente que nous avons connus ou que nous possédons, ceux qui, dans une soirée, les portes closes, en parodiant ou nos auteurs, ou nos orateurs, ou nos simples bourgeois, nous font rire aux larmes, — Henry Monnier, Vivier, feu Romieu, Méry le conteur, et toi aussi, aimable Alfred Arago ! […] Ce genre de spectacle, depuis si charmant et si français, alors au berceau, était des plus humbles et des plus bas ; il consistait en de simples parades qui, nées sous la Régence, et grâce aux libres mœurs qu’elle favorisait, en avaient pris le ton. […] Arrivé tard à Paris, fortement marqué du cachet de sa province, Piron ne le perdit pas ; il n’eut jamais le ton, les belles manières d’un homme à la mode, ni même les simples façons d’un homme du monde : où les aurait-il apprises ? […] Il y est moins agréable, moins facile, moins simple, moins naïf, que Marot ; moins travaillé et moins artificieux que Rousseau. […] Honoré Bonhomme, à qui l’on doit une publication utile sur Piron, s’est inscrit en faux, par pur zèle d’éditeur, contre ces renseignements si précis donnés par Collé, lequel était pourtant le mieux à même de bien savoir, et qui, sans compter sa véracité naturelle, n’avait nul intérêt à donner une entorse à des faits si simples.

1275. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il avait, de bonne heure, renoncé aux études de lettres, pour se vouer aux sciences ; son tempérament tranquille et son goût pour la retraite le prédestinaient peut-être aux humbles fonctions de médecin de village, ou de modeste chimiste  Mais il dut gagner son pain, comme simple employé de la maison Hachette ; et bientôt, peut-être, au contact de toutes les œuvres qui lui passaient par les mains, il sentit s’éveiller en lui les instincts littéraires. […] On y trouve en germes la plupart des traits caractéristiques de son talent : c’est déjà la description minutieuse des hommes et des objets, la tyrannie des choses qui se fait sentir dans toute sa puissance, une intrigue toute simple, mais se développant par elle-même, aboutissant à la catastrophe par une sorte de fatalité. […] Zola s’est interdit tout écart de fantaisie ; il semble, aujourd’hui, s’éloigner de plus en plus de l’intrigue, se borner à l’étude pure et simple des cas humains et des phénomènes sociaux. […] C’est un simple résumé plus que succinct des livres dont quelques-uns ont déjà paru2. […] Deux ont été retranchés : l’un, qui était un simple changement de décor au dernier acte ; l’autre, qui se passait après la scène de l’échafaudage, avait pour titre : la première bouteille ; c’était le premier pas de Coupeau vers l’ivrognerie  Après la première, comme le drame était trop long, on a dû supprimer encore le tableau de la Forge, qui plaisait peu au public.

1276. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Néanmoins cela semble si simple que chaque espèce se soit produite d’abord dans une contrée unique, que cette hypothèse captive aisément l’esprit. […] Agassiz et quelques autres n’avaient appelé une vive attention sur la Période Glaciaire, qui, ainsi que nous allons le voir, nous fournit une explication très simple de ces faits étranges149. […] De sorte que les différences génériques pourraient ainsi être ultérieurement réduites à des différences purement spécifiques, et celles-ci à de simples variétés ou formes représentatives dont la présence en des contrées éloignées les unes des autres, et géographiquement séparées depuis longtemps, semblerait autrement inexplicable. […] Ce serait donc un cataclysme général qui en résulterait pour le système dévoyé, et non pas seulement un simple changement de climat. […] Au lieu de voir dans cette action glaciaire, plusieurs fois renouvelée, un cataclysme revenant de temps à autre frapper la terre entière ou quelques-uns de ses points d’un refroidissement subit, et, par suite, d’une destruction plus ou moins complète de la vie organique, n’est-il pas plus simple d’y chercher un phénomène régulier et naturel qui s’est produit constamment à travers toutes les époques géologiques, et qui les a peut-être réglées et mesurées, comme une grande année qui aurait ses saisons et ses retours périodiques de chaleur et de froid.

1277. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Ceci est le cas le plus simple. […] Rien ne lui paraît plus simple que de demander de l’argent pour un service. […] Il avait plaidé pour les petits, pour les simples, pour les enfants, pour le peuple. […] La beauté naissante est la plus belle, simple et riante comme le premier rayon du jour. […] On ne lui a point vu ailleurs cette malice spirituelle ni ces grâces simples.

1278. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

Cette pensée, il voulait la revêtir de grâce et de charme, sachant bien que le but de la poésie c’est, avant tout, de satisfaire le besoin de la beauté ; mais il pensait, sans le dire, que le travail de la forme pour elle, même, permis aux arts plastiques, risque de réduire la poésie au rôle de simple amusement… Vers la lumière respire le bonheur partagé, mérité et permis.

1279. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gourmont, Remy de (1858-1915) »

Marcel Schwob De petites pages comme frottées de ciguë, entre lesquelles ont séché des brins d’ancolie, semées de mots suraigus et blêmes ; des phrases aux contours rapides, semblables à de simples coups de pinceau qui suggèrent tous les gestes de la vie par une ligne grasse ; des perversités promptes et acérées, et qui entrent en agonie dès qu’elles ont été conçues ; un monde minuscule de drames brefs, haletants, qui tournoient follement ainsi que des petites toupies dans leurs derniers circuits ; des sentiments éphémères comme les renouveaux lassés des fins de passion.

1280. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

L’étude de l’antiquité n’était pas pour lui une simple recherche de curiosité ; il demandait aux anciens des exemples et des leçons, des exemples de l’association intime du bien faire et du bien dire, des leçons de goût, de mesure, d’honnêteté, données avec l’autorité du génie.

1281. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 451-455

Ce n’est qu’à la fin qu’il a joint une Dissertation de soixante-trois pages, sous le simple titre de Dissertation sur la Journée de la S.

1282. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Préface »

La vérité n’est pas si simple ; elle est, elle doit être dans l’union des deux termes.

1283. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre IV. Des Sujets de Tableaux. »

Le sacrifice d’Abraham, par exemple, est aussi touchant, et d’un goût plus simple que celui d’Iphigénie : il n’y a là ni soldats, ni groupe, ni tumulte, ni ce mouvement qui sert à distraire de la scène.

1284. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Mais Molière, nous le disons sans en porter ici éloge ni blâme moral, et comme simple preuve de la liberté de son génie, Molière ne rentre pas dans ce point de vue. […] Rien d’étonnant, au reste, que cette fine et mystique nature de Fénelon, dans sa blanche robe de lin, dans sa simple tunique, un peu longue, un peu traînante (en fait de style), n’ait pas entendu ces admirables plis mouvants, étoffés, du manteau du grand comique. […] Plaute et Térence pour des fables entières, Straparole et Boccace pour des fonds de sujets, Rabelais et Régnier pour des caractères, Boisrobert et Rotrou et Cyrano pour des scènes, Horace et Montaigne et Balzac pour de simples phrases, tout y figure ; mais tout s’y transforme, rien n’y est le même. […] Je veux citer de Don Garcie quelques vers de tendresse, desquels Racine eût pu être jaloux pour sa Bérénice  : Un soupir, un regard, une simple rougeur, Un silence est assez pour expliquer un cœur. […] Cette ingénieuse correction, qui, une fois faite, paraît si nécessaire et si simple, est proposée par M. 

1285. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Comme Rousseau, il a loué les mœurs simples et affectueuses ; comme Rousseau, il hait la distinction des rangs. […] Si une chère jeune fille n’a pas de chère maman pour arranger l’affaire avec les jeunes gens, il faut bien qu’elle l’arrange elle-même. » — Gouvernante chez sir Pitt, elle gagne l’amitié de ses élèves en lisant avec elles Crébillon jeune et Voltaire. « La femme du recteur, écrit-elle, m’a fait une vingtaine de compliments sur les progrès de mes élèves, pensant sans doute toucher mon cœur ; pauvre et simple campagnarde ! […] Entre tous ces romans altérés paraîtra un roman véritable, élevé, touchant, simple, original, l’histoire de Henry Esmond. […] Aucun tribunal, sur ma simple parole, n’ôterait à milord vicomte son titre pour me le donner. […] We would acquiesce in that admirable Constitution (pride and envy of, etc.) which made us chiefs and the world our inferiors ; we would not cavil particularly at that notion of hereditary superiority which brought so many simple people cringing to our knees.

1286. (1908) Après le naturalisme

Dira-ton que la simple cellule de protoplasma jouit originellement de la conscience des causes premières. […] Cependant, cette opération n’est pas si simple que cela et se divise en plusieurs parties. […] Elle ne vise qu’à la constatation pure et simple et les méthodes qu’elle emploie ne sont que ses procédés particuliers. […] Les indications que nous avons tenté de présenter sont bien timidement de simples essais, susceptibles d’une extension qui se révélera mieux à l’œuvre. […] S’adressant au peuple peu instruit, peu compréhensif, l’art doit devenir populaire et ne plus conserver une forme inaccessible aux simples.

1287. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Il serait tout simple que le public, sevré de jouissances délicates, se rabattit sur une pâture d’un goût médiocre. […] Lorsque ce public est content, les libraires viennent vous chercher, les caissiers n’ont pas de refus pour vous, et le luxe raffiné, les jouissances délicates et dispendieuses, ne sont pas de ces choses que les écrivains dédaignent plus que le simple vulgaire des hommes. […] Sera-t-elle fidèle, sera-t-elle parjure, coquette ou simple, éprise d’un seul homme ou livrée à qui voudra la prendre ? […] Le poète surpris exprime son étonnement ; mais, prenant toujours son interlocutrice pour la plus simple des mortelles, il lui demande la permission de l’accompagner. […] Aussi ne vint-il pas se faire émouvoir fortement par la magnificence simple, naïve des grandes œuvres, ni même se laisser toucher par la naïveté des petits poèmes ; je veux dire par la naïveté antique.

1288. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Sans doute qu’on n’ose pas mettre le peuple de mauvaise humeur dans ce moment, pour raison ; mais seriez-vous assez simples pour croire que, dès qu’on sera maître de lui, on ne vous chargera pas comme des mulets du Mont-Cenis ? […] Le style en est grand, mâle, éclairé d’images, simple d’ordinaire, avec des taches d’affectation ; si on peut noter du mauvais goût par points, on n’y rencontre jamais du moins de déclamation ni de phrases. […] Son style, je le répète, est ferme, élevé, simple ; c’est un des grands styles du temps. […] Et nous aussi, simple historien littéraire, il est un côté par lequel nous ne saurions assez vénérer Bacon et le saluer, comme notre premier guide et inventeur. […] A tous les trésors de la science et du talent, M. de Maistre joignait une sensibilité exquise, qu’il portait dans les plus simples relations de la vie.

1289. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Permettez-moi de faire en terminant un crayon qui ne saurait être, en attendant l’arrivée de l’original, qu’un simple portrait de fantaisie, — celui du critique faux bonhomme. […] Une simple réflexion, pourtant. […] Elle fut frappée, comme elle devait l’être, de ce style qui dénotait un maître, tour à tour énergique et simple, caressant et suave, brutal, cynique par moments, mais passionné toujours, pur et parfois châtié dans la forme. […] Cela est pourtant bien simple ! […] Le Coq, que la poêle à frire n’est ici qu’une simple casserole destinée à faire revenir la chair des damnés : après avoir passé par vingt-sept enfers, une rôtissoire plus complète les attend.

1290. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Véron.] » pp. 530-531

Mon cher ami,   Je vous lis sur le docteur notre ami : je vous dois de la reconnaissance pour la part magnifique que vous me faites ; mais laissez-moi vous dire que vous avez trouvé (chose toute simple) le ton juste en parlant de lui : eh !

1291. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

Vous y trouverez, sertissant des sentiments tour à tour frais à l’extrême et raffinés presque trop, des bijoux tour à tour délicats, barbares, bizarres, riches et simples comme un cœur d’enfant et qui sont des vers, des vers ni classiques, ni romantiques, ni décadents, bien qu’avec une pente à être décadents, s’il fallait absolument mettre un semblant d’étiquette sur de la littérature aussi indépendante et primesautière.

1292. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elskamp, Max (1862-1931) »

Max Elskamp a touché de plus près qu’aucun, dans son parler et dans ses gestes, le simple.

1293. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 120-124

Delille, Ex-Oratorien, Auteur d’une Traduction inexacte & plate de Suétone ; d’une prétendue Philosophie de la Nature, qui n’est que l’écho infidele de ce qui a été dit mille fois d’une maniere plus simple & plus précise ; & enfin d’une Poétique sur la Tragédie, qu’on n’auroit pas été tenté d’attribuer à un Poëte, quand même l’Auteur n’auroit pas mis sur le frontispice en très-gros caractere, PAR UN PHILOSOPHE.

1294. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre II. Du Chant grégorien. »

Pergolèze a déployé dans le Stabat Mater la richesse de son art ; mais a-t-il surpassé le simple chant de l’Église ?

1295. (1914) Une année de critique

C’est la vue de ces arbres sans doute, qui fit dire à l’un de nous que le meilleur moyen de commémorer le nom de Maurice de Guérin serait de fixer une plaque de marbre, une simple plaque sur un arbre, dans Paris. […] Mais nul doute qu’à vivre au milieu d’eux il ne finit par aimer les pauvres et les simples. […] que ce caractère compliqué, à en croire les thuriféraires de Jean Lorrain, apparaît donc simple ! […] Oui, le « cas » Jean Lorrain est extrêmement simple. […] Je sais des gens qui diront qu’il n’est pas besoin de déclencher tout un appareil psychologique pour nous rendre raison des plans d’un simple jardinier.

1296. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Lévy, éditeur), et renferme l’histoire très simple d’un matelot breton, tantôt sur terre, tantôt sur mer. […] Rien de plus simple, rien de plus navrant. […] Était-ce un officier, un simple soldat ? […] La fabulation du roman est fort simple. […] C’est de la bonne langue, toute simple, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus rare aujourd’hui.

1297. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Le cas le plus simple est celui où l’on possède l’original, l’autographe même de l’auteur. […] Nous avons envisagé jusqu’ici le cas le plus simple, où le document considéré est l’ouvrage d’un seul auteur. […] Lorsque B et C dépendent l’un de l’autre, on est ramené au cas le plus simple, celui du paragraphe précédent. […] Mais sa justification est simple : elle est la seule méthode qu’on puisse pratiquer et, en fait, la seule qui l’ait jamais été. […] Les faits humains, complexes et variés, ne peuvent être ramenés à quelques formules simples comme les faits chimiques.

1298. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Tout d’abord, la plupart se révélèrent inaptes aux abstractions, aux développements ou même au simple langage des idées. […] — C’est bien simple. […] Simple comme l’œuf de l’impavide Christophe ! […] Après tant de pitié à la Slave, un peu de vraie et simple justice semble dû. […] Il serait si simple d’écrire de jolie prose rythmée, puisqu’ils en veulent tant à la poésie !

1299. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Sa vie extérieure fut toute simple et unie. […] Et il s’agit en effet de l’acte très simple d’une brochure à couper. « Au sujet de brochures à lire, d’après l’usage courant, je brandis un couteau, comme le cuisinier égorgeur de volailles. […] Je prends des exemples simples, dont j’outre encore à dessein la simplicité : il n’est pas de termes plus corrélatifs que durée et complexité. […] Mallarmé apprécie dans la foule, dans une réunion d’hommes simples, un capital vacant de bonne volonté, sur lequel asseoir peut-être un certain prestige, voire quelque royauté de l’art. […] Voir rosser sur la scène ne plaît qu’aux enfanta et aux simples.

1300. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIII » pp. 53-57

Comment se fait-il qu’il ait manqué au plus simple des courages, celui de son œuvre, et qu’il n’ait pas dit, dès le premier jour, à ses officieux thuriféraires : Retirez-vous, je ne vous connais pas ! 

1301. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Et même dans de moindres élans, dans des notes plus simples, si elles sont vives, mélodieuses et sincères, il nous arrive d’hésiter.

1302. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VI. Utilité possible de la conversation »

Dans la jeunesse on regarde volontiers les idées comme erreurs ou vérités absolues, les personnes comme des êtres simples, sans alliage, bons ou mauvais absolument.

1303. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

La sienne, sans prétendre au sublime, offre un ton simple, noble, intéressant, affectueux, naturel ; un style pur, correct, élégant, qui pénetre l’ame, sans la contraindre ni l’agiter.

1304. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Hors de là, la métaphysique n’est qu’un microscope, qui nous découvre curieusement quelques petits objets que n’aurait pu saisir la vue simple, mais qu’on peut ignorer ou connaître, sans qu’ils forment, ou qu’ils remplissent un vide dans l’existence.

1305. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Depuis un temps les eaux de vie simples et composées, le tabac, le caffé, le chocolat et d’autres denrées qui ne croissent que sous le soleil le plus ardent, sont en usage, même parmi le bas peuple, en Hollande, en Angleterre, en Pologne, en Allemagne et dans le nord.

1306. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Suard aurait dû ne point laisser passer cela ; il aurait coupé à la racine la seule espèce de défaut plus tard reprochable à ce style si simple d’ailleurs, si vrai, et surtout fidèle à la pensée. […] Car, à un degré modéré et dans les limites du moraliste, elle avait l’imagination inventive ; ses pensées, loin de rester à l’état de maximes, entraient volontiers en jeu et en conversation dans son esprit ; elle savait faire vivre et agir sous quelques aspects des caractères qui n’étaient pas de simples copies. […] Ceux qui ne sont ni mère ni père, et qui n’ont pas la foi pure et simple du catéchisme, s’ils savent un peu le monde et la vie, arrivés à trente ans, sont bien embarrassés souvent en face de l’enfance. […] On l’ensevelit, comme elle l’avait désiré, selon le rit de l’Église réformée à laquelle appartient son mari, et dont les cérémonies funèbres ne contrarient pas cette croyance simple qu’elle avait.

/ 2841