C’est ici que finit, avec l’histoire du Moyen Âge, l’histoire de la littérature européenne, et que s’ouvre, avec l’histoire des nationalités, celle des littératures modernes. […] J’en vois un curieux témoignage dans la coquetterie pédantesque et naïve avec laquelle, toutes les fois qu’ils expriment une idée générale, ils ouvrent les guillemets « » pour attirer l’attention du lecteur.
Qui pourrait suivre Consuelo dans ce Panthéon bizarre que lui ouvrent les prêtres et les prêtresses de la vérité, qui est décoré, entre chaque colonne, des statues des plus grands amis de l’humanité, et où l’on voit figurer Jésus-Christ entre Pythagore et Platon, Apollonius de Tyane à côté de saint Jean, Abailard auprès de saint Bernard, Jean Huss et Jérôme de Prague à côté de sainte Catherine et de Jeanne d’Arc ? […] « Ce qu’il exécrait le plus violemment dans les romans de Thackeray, c’est que l’amour y est représenté (à la façon française) comme s’étendant sur toute notre existence et en formant le grand intérêt ; tandis que l’amour, au contraire (la chose qu’on appelle l’amour), est confiné à un très petit nombre d’années de la vie de l’homme, et que, même dans cette fraction insignifiante du temps, il n’est qu’un des objets dont l’homme a à s’occuper, parmi une foule d’autres objets infiniment plus importants… À vrai dire, toute l’affaire de l’amour est une si misérable futilité qu’à une époque héroïque personne ne se donnerait la peine d’y penser, encore bien moins d’en ouvrir la bouche6 ? […] Et, de nos jours, comme nous désespérions encore, Reynaud, déjà grand, s’est levé plus grand encore, pour nous ouvrir, au nom de la science et de la foi, au nom de Leibniz et de Jésus, l’infini des mondes comme une patrie qui nous réclame. » Que de noms divers et contradictoires successivement invoqués ! […] Quelle ressource lui restera pour remplir un instant ce grand vide qui s’ouvre devant lui ?
C’est le champ ouvert au libre fauve, au pur, instinctif, personnel animal humain en proie à son désir et à sa faim. […] L’entreprise allemande n’aboutit qu’à ouvrir une ère de persécutions. […] Aussi nos possessions, comme on le sait, nous servent presque uniquement à exporter des fonctionnaires — (dans la proportion de cinq fonctionnaires pour deux colons) — qui sont le plus souvent des gens médiocres ou tarés hors d’usage dans la métropole, et à ouvrir un champ nouveau à l’activité des congrégations romaines, jésuites et autres : ce qui fait que nos colonies ont plutôt l’air de lieux de débarras — quelque chose comme de vastes dépotoirs — que de milieux nouveaux pour l’expansion de notre race, que de réservoirs d’énergie jeune, de santé et de prospérité qui plus tard représenteraient l’idée française, quand la France ne serait plus. […] Conçoit-on, entre autres stupéfiantes anomalies, qu’un pays possédant un pareil développement de côtes, situé admirablement à l’extrémité occidentale du continent européen, en face du Nouveau-Monde, ouvert d’une part sur le bassin méditerranéen, d’autre part sur le bassin nordique, voisin immédiat d’une demi-douzaine d’Etats, ne possède qu’une marine marchande insignifiante, alors que la plus grande partie du trafic transatlantique devrait s’effectuer par ses ports, alors que nous devrions évidemment être la grande nation commerçante et maritime d’où dépend une bonne part des échanges du monde ?
Mais en attendant, ce sont bien elles aussi qui ouvrent, ou pour ainsi parler qui dessillent les yeux de Molière. […] Arnaud, Théories dramatiques au xviie siècle, Paris, 1887]. — Des caractères de l’imagination de Corneille. — Il l’a eue d’abord forte et hardie ; — c’est-à-dire portée de nature, et aussi par les circonstances, vers l’extraordinaire ou l’invraisemblable ; — et de là, sa théorie que le sujet d’une belle tragédie doit n’être pas vraisemblable [Voyez l’édition Marty-Laveaux, V, 147] ; — de là, sa théorie sur l’emploi de l’histoire dans le drame [Voyez l’édition Marty-Laveaux, I, 15], — de là, sa théorie de l’héroïsme : Le sort qui de l’honneur nous ouvre la carrière Offre à notre constance une illustre matière… — De là encore, dans son théâtre, l’allure épique des personnages [Cf. dans La France d’Henri Heine une jolie page à ce sujet] ; — l’absence relative d’analyse et de psychologie ; — la subordination des caractères aux situations [Cf. […] 2º Les Auteurs. — De la parenté naturelle du roman et de l’épopée ; — et, à ce propos, des Histoires d’Hérodote et de l’Odyssée d’Homère. — Que le xviie siècle a bien connu cette parenté [Cf. les préfaces de Polexandre et d’Ibrahim, et Boileau dans ses Réflexions sur Longin]. — Que cependant les poèmes héroïques de l’époque ne procèdent d’aucune communication naturelle des deux genres ; — mais, tout simplement, on a suivi Ronsard ; — on a eu l’ambition de rivaliser avec le succès européen de la Jérusalem délivrée du Tasse ; — et, à cette occasion, de l’influence du Tasse dans la littérature française. — On a cru enfin qu’il était de la dignité de la France d’avoir ses Virgile et ses Homère. — Double erreur du classicisme : — sur les conditions nécessaires de l’épopée ; — et sur le pouvoir des règles. — Elle n’est nulle part plus apparente que dans l’histoire des tentatives du genre de l’Alaric et de la Pucelle. — Autre espèce d’intérêt que présentent ces œuvres manquées et illisibles : — elles ont posé la question du « merveilleux chrétien » et par cette question, ainsi qu’on le verra, elles ont ouvert la querelle des anciens et des modernes. […] — Entre Le Menteur et Les Précieuses ridicules, il semble donc qu’il n’y ait rien… qu’un trou ; — et de là, l’honneur que l’on fait au Menteur d’avoir ouvert les voies à la comédie de Molière. — Ce qu’il faut penser de cette allégation [Cf. […] L’importance du roman de Le Sage ; — et qu’elle est d’avoir constitué le roman réaliste comme genre littéraire. — Après La Bruyère, et avec des procédés analogues, il a fait passer, de la scène dans le livre, la satire des mœurs ; — et ainsi il a ouvert une voie véritablement nouvelle. — Sa bonne fortune a été d’établir la distinction fondamentale du théâtre et du roman. — Le héros de roman est toujours la victime ou la créature des circonstances ; — et il s’y abandonne ; — mais le héros de théâtre prétend en demeurer le maître. — L’imitation de la vie commune dans le roman de Le Sage ; — et que ni le déguisement espagnol ; — ni l’intention constamment satirique n’en sauraient masquer l’exactitude. — Comparaison de l’histoire « fictive » de Gil Blas avec l’histoire vraie de Dubois ou d’Alberoni. — Du caractère des événements dans le roman de Le Sage ; — et qu’ils n’ont rien de « romanesque », — en tant que le mot est synonyme d’arbitraire ou d’extraordinaire. — L’erreur que l’on commet parfois à ce sujet ne provient que de mal connaître les mœurs privées du temps de Louis XIV et de la Régence. — Abondance de traits réalistes dans le roman de Le Sage ; — et comment, ainsi que dans la satire de Boileau, — l’excès en est constamment tempéré par son éducation littéraire. — D’une parole étrange de Nisard sur Le Sage considéré comme moraliste ; — et qu’il n’y a rien de commun, que l’abus des citations latines, entre Le Sage et Rollin.
Les résultats principaux de son expérience définitive allèrent aboutir à son ouvrage sur l’Éducation des Femmes ; mais le roman des Lettres espagnoles en profita aussi, et ouvrit son cadre à cette observation plus entière des choses et des hommes.
S’ils me connaissaient, m’ouvriraient-ils leur cercle, me reconnaîtraient-ils comme un des leurs, comme le dernier des leurs, le plus humble ?
Tous les jours, elle allait chez sa grand’mère, qui lui donnait une pastille ; elle sait très bien reconnaître la boîte, insister en la montrant du doigt pour qu’on l’ouvre.
Nul n’a mieux enseigné à ouvrir les yeux et à regarder, à regarder d’abord les hommes environnants et la vie présente, puis les documents anciens et authentiques, à lire par-delà le blanc et le noir des pages, à voir sous la vieille impression, sous le griffonnage d’un texte, le sentiment précis, le mouvement d’idées, l’état d’esprit dans lequel on l’écrivait.
La malade resta moribonde jusqu’en janvier 1829, et le dimanche 22 janvier, Alexandre, étant près d’elle à Tégel, avait ainsi dépeint la mourante à son amie Rachel, en quelques mots qui expriment bien la douleur de son âme : « Elle était mourante, disait-il ; elle ouvrit les yeux et dit à son mari : C’en est fait de moi !
Jamais on n’a besoin et presque toujours on aurait tort de retenir ce qu’on appelle aujourd’hui « l’écriture » du poète ; quiconque voit les scènes dramatiques par lesquelles s’ouvrent Girart de Viane ou le Charroi de Nîmes 30 refaisant en langage quelconque les dialogues nécessaires, peut être assuré d’avoir extrait des ouvrages originaux toute la beauté qu’ils contenaient.
Villehardouin, avec sa fine prudence, est encore, parmi nos chroniqueurs, le plus proche parent de Commynes : mais Commynes est un Villehardouin mûri, ouvert, allégé de bien des croyances anciennes, et lesté de bien des idées nouvelles.
La religion était reçue à cette époque comme une lettre close et cache-tée, qu’il ne fallait pas ouvrir, mais qu’on devait recevoir et transmettre, et pourtant, la vie humaine s’élargissant toujours, il était nécessaire que les besoins nouveaux forçassent tous les scrupules et que, ne pouvant se faire une place dans la religion, ils se constituassent vis-à-vis d’elle.
On y voit au vrai les dispositions de Bernardin au moment où il quitte la Russie, ses préoccupations bien moins romanesques qu’on ne l’a supposé ; les premiers symptômes de l’écrivain encore inexpérimenté et qui veut poindre ; l’utopiste et l’homme à systèmes qui se trahit çà et là ; l’amoureux, assez peu enthousiaste d’ailleurs ; l’ami reconnaissant et fidèle ; le bonhomme qui rêve en tout temps une chaumière et le bonheur de la famille ; le délicat blessé et le misanthrope qui va s’ouvrir aux aigreurs ; puis, à la fin, l’écrivain tout d’un coup célèbre, mais qui garde de ses susceptibilités, et qui porte jusque dans ses scrupules de probité et dans le paiement de ses dettes d’honneur une application et une affectation minutieuses, un coin de maladie.
Samedi 21 septembre Flaubert, à la condition de lui abandonner les premiers rôles, et de se laisser enrhumer par les fenêtres, qu’il ouvre à tout moment, est un très agréable compagnon.
Ainsi, pressé entre la nécessité d’observer pour se former des théories réelles et la nécessité non moins impérieuse de se créer des théories quelconques pour se livrer à des observations suivies, l’esprit humain, à sa naissance, se trouverait enfermé dans un cercle vicieux dont il n’aurait jamais eu aucun moyen de sortir, s’il ne se fût heureusement ouvert une issue naturelle par le développement spontané des conceptions théologiques, qui ont présenté un point de ralliement à ses efforts, et fourni un aliment à son activité.
C’est la petite boîte ronde, impossible à ouvrir qu’elle lui donnera s’il l’embrasse, et sa manière de l’embrasser, elle !
Il est, à l’état ouvert, ce que l’image est à l’état fermé.
parce qu’elles sont destinées à faire surgir une première observation imprévue et indéterminée d’avance, mais dont l’apparition pourra suggérer une idée expérimentale et ouvrir une voie de recherche. […] Ils éclairent leur temps, soit en découvrant des phénomènes imprévus et féconds qui ouvrent des voies nouvelles et montrent des horizons inconnus, soit en généralisant les faits scientifiques acquis et en en faisant sortir des vérités que leurs devanciers n’avaient point aperçues. […] Il suffit, pour se convaincre de ce que j’avance, d’ouvrir le premier venu des traités de pathologie. […] Vers la fin du siècle dernier, la rénovation de la chimie exerça une action puissante sur la marche des sciences physiologiques, et les travaux de Lavoisier et Laplace sur la respiration ouvrirent une voie féconde d’expérimentation physico-chimique analytique pour les phénomènes de la vie. […] Je plaçai abord du curare sous la peau d’une grenouille, elle mourut après quelques minutes ; aussitôt je l’ouvris et j’examinai successivement, dans cette autopsie physiologique, ce qu’étaient devenues les propriétés physiologiques connues des divers tissus.
. — Grâce à ces liaisons établies, un anatomiste, qui ouvre un corps humain, peut décrire d’avance la couleur, la forme, la structure, la disposition des cellules nerveuses et des lacis artériels que son microscope va lui montrer à tel endroit de tel organe. […] On a observé que la rosée ne se dépose jamais abondamment dans des endroits fort abrités contre le ciel ouvert, et point du tout dans les nuits orageuses ; mais que, si les nuages s’écartent, fût-ce pour quelques minutes seulement, de façon à laisser une ouverture, la rosée commence à se déposer et va en augmentant.
Lundi 26 février À l’anarchique heure présente, dans les maisons où les magistrats ont un appartement, il y a une porte intérieure en glace fermée, qu’ouvre seule la portière. […] Des trois chambrettes du haut de la maison, dans l’une desquelles est mort mon frère, il a été fait deux pièces, dont la moins spacieuse ouvre sur la grande, par une baie qui lui donne l’aspect d’un petit théâtre, dont la toile serait relevée.
Pour le provençal peut-être, pas pour le français ; voyez ce Dictionnaire de rimes, là, ouvrez-le et considérez quelle liste infinie d’exquises sonorités ! […] Je suis persuadé qu’ils attendent beaucoup de la tentative de Mistral. » Ayant dit, l’aimable Capitaine de Lettres ouvrit son portefeuille et en tira ce vierge sonnet : Nous nous aimerons par-delà les mondes, Égrenant sans fin, à travers les cieux, En étoiles d’or, sur les nuits profondes, Les pleurs que la joie oriente en nos yeux.
Le genre rose, par exemple, comprend les roses blanches et les roses thé ; il comprend aussi et surtout les roses roses, les roses proprement dites, les roses véritables ; dire d’une fleur qu’elle est une rose blanche, c’est à la fois lui donner une qualification et la lui retirer en partie ; on ne lui ouvre pas toutes grandes les portes du genre ; on la fait entrer comme à regret, sous condition, pour l’installer dans un coin, tout près du bord ; l’épithète n’est pas seulement déterminative, elle est restrictive. […] Il est d’ailleurs à peu près impossible que la réflexion, chez l’esprit le mieux fait et le plus ouvert, s’exerce également dans toutes les directions ; la plupart des inventeurs des esprits critiques, des libres penseurs de toute nature ont chacun leur domaine propre, hors duquel la personnalité de l’esprit fait place à une docilité plus ou moins complète à l’égard des idées reçues.
Mais surtout, dans un temps où l’on jouissait profondément de « la douceur de vivre », on lui était reconnaissant du respect ému, quasi religieux, qu’il professait pour « l’institution sociale » ; des raisons profondes qu’il semblait qu’il eût trouvées pour en placer les titres au-dessus même des lois ; on lui était reconnaissant des perpectives de perfectionnement croissant qu’il ouvrait à ses contemporains ; — et nous, encore aujourd’hui, si cette religion ne suffit pas à nos yeux pour faire l’unité de l’Esprit des lois, elle en fait du moins la noblesse. […] Il a ouvert, à lui tout seul, une route nouvelle. […] Et que ce soit, au reste, la faute des circonstances ou la sienne, on ne peut dire ainsi de lui ni qu’il termine une époque, ni qu’il en ouvre une autre.
Par cette humeur donc, j’ai ouvert avec rapidité cette lettre. » Elle poursuit de la sorte, et ajoute bien des aveux sur ses prompts dégoûts, ses mobilités d’humeur, ses brusques sécheresses envers les gens, si elle n’y prenait garde.
Ouvrez le dialogue intitulé l’Euthydème.
Entends, Dieu que j’implore, entends du haut des cieux Une voix plaintive et sincère ; Mon incrédulité ne doit pas te déplaire, Mon cœur est ouvert à tes yeux ; L’insensé te blasphème et moi je te révère ; Je ne suis pas chrétien, mais c’est pour t’aimer mieux.
Où que son raisonnement le mène, il jette de triomphants coups de sonde : il ouvre à la pensée des voies fécondes, quand il définit l’éloquence ou le style, ou quand il jette quelques mots, obscurs et bizarres de prime abord, mais combien riches de sens, sur les caractères de la beauté.
Le poète qui vient d’ouvrir à l’imagination et au sentiment des voies nouvelles, révèle à la poésie française son harmonie.
Son flanc était ouvert, et, pour mieux m’émouvoir, Son sang sur la poussière écrivait mon devoir.
Tout doucement venait Lamotte-Houdart, Lequel disait d’un ton de papelard : Ouvrez, messieurs, c’est mon Œdipe en prose ; Mes vers sont durs, d’accord, mais forts de chose.
En apprenant où il se trouve, il plante sa lance en terre, y appuie son épée et son bouclier, et ouvre son heaume ; on reconnaît alors Parsifal dont les cheveux blonds couvrent les épaules ; sa figure est comme allongée par une sorte de virilité énergique ; il a une tête de Christ souffrant.
J’y vois deux très grands services rendus aux compositeurs français : le premier, de ne plus les obliger à aller chercher en pays étranger des auditions nécessaires à leur éducation musicale : le second, d’ouvrir un débouché aux œuvres nouvelles de nos nationaux.
Il faut espérer, Monsieur, que ce Public ouvrira enfin les yeux sur ses prétendus Maîtres, & que des lumieres plus saines le forceront de reconnoître cette vérité, que jamais notre Siecle n’a eu plus besoin d’être éclairé, que depuis que les Philosophes nous éclairent.
Quand, tout à coup, s’ouvrait dans la muraille de pierres de taille, une baie qui me montrait sur un petit théâtre, éclairé par une rampe de gaz, deux femmes de la prison de Clermont, deux femmes de la prison de mon livre.
On le vit s’ouvrir une nouvelle carrière, créer un genre dont on n’avoit point d’idée.
Et encore : Voyez-vous, nos enfants nous sont bien nécessaires, Seigneur, quand on a vu dans sa vie, un matin, ………………………………………………… Apparaître un enfant, tête chère et sacrée, Petit être joyeux, Si beau qu’on a cru voir s’ouvrir à son entrée Une porte des cieux ; Que c’est la seule joie ici-bas qui persiste De tout ce qu’on rêva, Considérez que c’est une chose bien triste De le voir qui s’en va !
Il y a un oiseau qui s’appelle l’engoulevent, qui vole le bec ouvert et avale le vent, symbole des badauds, et que Victor Hugo pourrait prendre pour ses armes.
Il avait des goûts artistiques très vifs, ou plutôt des sensations d’art très personnelles, des jouissances de dilettante profondes, et, ce me semble, assez originales ; plus justes, autant que je puis m’y connaître, en peinture qu’en musique, mais toujours très passionnées, qui d’abord lui ont rendu de très grands services, l’ont empêché de n’être qu’un satirique morose et bilieux ; ensuite ont ouvert à son esprit certaines régions qui, sans ces goûts, lui seraient restées très étrangères. […] Il y a là, aux yeux d’un Français, une certaine impudeur, une ombre de grossièreté que Stendhal a notée, dont il s’est empressé, dans le cynisme moitié vrai, moitié affecté où il a coutume, de faire une haute vertu, pour l’opposer au cant anglais ou à la bégueulerie française, et qu’enfin il a considérée comme la marque de tout un caractère national essentiellement ouvert, naïf et naturel. […] Caractère magnifique, d’une vérité profonde, admirablement éclairé dans tous ses replis ; caractère vrai d’une vérité individuelle, et en même temps représentant toute une époque, ce n’est pas assez dire, toute une classe pour toutes les fois qu’une forte perturbation sociale lui aura ouvert toutes les espérances sans lever devant elle tous les obstacles. […] Proudhon, bien qu’ouvert à toute idée, grâce à l’extrême souplesse de son esprit, et capable de comprendre tour à tour les aspects les plus divers des choses, ne me semble pas avoir conçu la science d’une manière assez large… Sa science est trop exclusivement abstraite et logique. […] C’est leur intérêt même qui dut ouvrir les yeux aux propriétaires de l’antiquité.
Il nous donna une première idée de la philosophie : un désert s’ouvrit devant nous. […] Pour en trouver de telles, et à profusion, il suffit qu’on ouvre Voici l’homme et Bouclier du Zodiaque. […] La tentative symboliste ne fut pourtant pas inutile à l’honneur de notre littérature : on lui doit des poèmes admirables ou exquis ; et, quoi qu’on veuille dire de ses défauts ou inconvénients, elle réagissait contre la niaiserie réaliste ; elle a ouvert de larges horizons. […] Les nouveaux ornements rappellent la façon des portails, leur sculpture et celle du fenêtrage qu’il a ouvert aux premiers murs, près du sol ; mais il voit, de là-haut, plus loin, le même horizon, plus large. […] Encore ce dernier sacrifice à la malignité humaine pour avoir le droit de nous aimer ensuite à ciel ouvert, n’est-ce pas, mon cher bien-aimé ?
Tandis qu’en effet la philosophie de Voltaire, celle de Montesquieu, de Rousseau, de Diderot, sont essentiellement des philosophies sociales, si l’on peut ainsi dire, des philosophies dont le progrès ou la réformation de l’institution sociale est le commencement et la fin, le philosophie de Buffon, prenant son origine dans celle même des mondes, et prolongeant ses suites au-delà de l’existence de l’espèce, a ouvert l’infini à la pensée humaine. […] On ne fait qu’un René, qu’un Obermann, qu’un Adolphe ; et il en faut rester là ; ou, si l’on continue d’écrire, il faut sortir de soi, pour ouvrir les yeux sur le monde. Mais une seconde raison, c’est qu’aussitôt qu’on les ouvre, on est émerveillé de voir combien la vie, dans sa complexité, plus intéressante que nous-mêmes, est plus digne que nous de notre attention et de l’effort de notre art. […] Paul Lenoir a rencontré lui-même de plus naturaliste au cours de ses lectures ou de ses promenades à travers les musées, il en a fait un énorme dossier, que l’on ne soupèse qu’avec terreur, que l’on n’ouvre qu’avec défiance, et que l’on ne compulse qu’avec ennui, d’une main distraite et promptement lassée.
En de tels moments, la solitude est sans prix ; qui voudrait parler ou être vu, lorsque derrière lui gisent l’Europe et l’Afrique profondément endormies, et que devant lui s’ouvrent l’immensité silencieuse et le palais de l’Éternel, dont notre soleil est une lampe, une lampe du porche1395 ? […] Shakspeare y arrivait par la prodigieuse tension de son rêve poétique, et Carlyle répète sans cesse d’après lui « que nous sommes faits de la même étoffe que nos songes. » Ce monde réel, ces événements si âprement poursuivis, circonscrits et palpés, ne sont pour lui que des apparitions ; cet univers est divin. « Ton pain, tes habits, tout y est miracle, la nature est surnaturelle. » — « Oui, il y a un sens divin, ineffable, plein de splendeur, d’étonnement et de terreur, dans l’être de chaque homme et de chaque chose ; je veux dire la présence de Dieu qui a fait tout homme et toute chose1415. » Délivrons-nous de « ces pauvres enveloppes impies, de ces nomenclatures, de ces ouï-dire scientifiques » qui nous empêchent d’ouvrir les yeux et de voir tel qu’il est le redoutable mystère des choses. « La science athée bavarde misérablement du monde, avec ses classifications, ses expériences, et je ne sais quoi encore, comme si le monde était une misérable chose morte, bonne pour être fourrée en des bouteilles de Leyde et vendue sur des comptoirs.
Il convie les auteurs à l’invention, cet homme qu’on a accusé d’avoir voulu borner la puissance de l’esprit humain121 il leur ouvre tous les trésors et toutes les libertés du style122, ce poète dont on fait un grammairien timide, blâmant en autrui les hardiesses où son esprit ne pouvait s’élever. […] La raison, nous dit-il, lui ayant ouvert les yeux, il n’avait pas eu de cesse qu’il ne fît un petit écrit pour se venger d’avoir donné dans ce travers136.
Mais il s’en faut bien que celle des collèges mérite ce nom : elle ouvre pour l’ordinaire par un compendium, qui est, si on peut parler ainsi, le rendez-vous d’une infinité de questions inutiles sur l’existence de la philosophie, sur la philosophie d’Adam, etc. […] Ouvrez le traité de Cicéron intitulé Orator, et dans lequel il s’est proposé de former ou plutôt de peindre un orateur parfait ; vous verrez non seulement que la partie de l’élocution est celle à laquelle il s’attache principalement, mais que de toutes les qualités de l’élocution, l’harmonie qui résulte du choix et de l’arrangement des mots est celle dont il est le plus occupé.
Mais les phénomènes vitaux proprement dits, ou faits de création organique, nous ouvrent, quand nous les analysons, la perspective d’un progrès à l’infini : d’où l’on peut inférer que causes et éléments multiples ne sont ici que des vues de l’esprit s’essayant à une imitation indéfiniment approchée de l’opération de la nature, tandis que l’opération imitée est un acte indivisible. […] Or, du limité à l’illimité il y a toute la distance du fermé à l’ouvert.
Sur leur réponse, on alla prévenir « la reine », et bientôt on leur ouvrit la porte ; on leur fit d’abord changer leurs vêtements pour d’autres très riches ; puis, au son des instruments et des mélodies, on les conduisit, à travers des chambres, des salles, des jardins, plus beaux les uns que les autres et pleins de dames et de demoiselles, de chevaliers et d’écuyers noblement vêtus, jusqu’à la reine, qui les reçut assise sur un trône magnifique et leur fit le meilleur accueil, dans leur langue maternelle, — car la reine et tous les habitants du lieu, quand ils y ont passé trois cent trente jours, parlent toutes les langues du monde ; quand ils y ont passé neuf jours, ils les comprennent sans les parler. […] Et il partit et s’en alla. — Et il y en a qui disent et qui affirment qu’il sera le troisième témoin des faits du Seigneur ; car il y en a deux dans le paradis terrestre, c’est Énoch et Élie139, et en terre il y a ce Giovanni. — Il va, et il ne peut rester que trois jours dans une province, et il marche vite, visible ou invisible ; et il a à dépenser à son plaisir, bien qu’il aille dégarni, sans bourse et sans sac ; il porte seulement la tunique avec un chaperon, il est ceint d’une corde, et nu-pieds le plus souvent ; il arrive aux auberges et mange et boit du bon140, puis il ouvre la main et laisse tomber ce que l’hôte doit recevoir, et tu ne vois jamais d’où lui vient l’argent, et jamais il ne lui en reste141. […] L’oiseau lui dit : « Rends-moi la liberté et jeté donnerai trois avis que je tiens de mes ancêtres157. — Donne-les moi », lui dit l’homme, « et je te relâcherai. » L’oiseau lui dit : « Ne t’afflige pas de ce que tu auras perdu ; n’essaie pas d’avoir ce que tu ne peux atteindre ; ne crois pas des choses impossibles. » L’homme le laissa aller, et l’oiseau s’étant posé sur une branche, lui dit : « Si tu m’avais ouvert le corps, tu y aurais trouvé une perle grosse comme un œuf d’autruche, qui t’aurait permis de passer toute ta vie sans rien faire. » L’homme consterné se laissa tomber à terre de douleur, puis il lui dit : « Reviens ; je te traiterai comme la prunelle de mes yeux. — Fou que tu es » répondit l’oiseau, « tu as bien vite oublié mes préceptes. […] De plus, si tu me lâches, je te donnerai trois164 avis dont chacun équivaudra à une perle de grand prix. » ces mots, le derviche s’empressa d’ouvrir la cage, et tenant l’animal par les pattes, sur sa main, il écouta ce qu’il avait à lui dire : « Le premier de ces avis », dit le moineau, « c’est que bien des gens assurent que, si Dieu voulait, il ferait passer par le trou d’une aiguille une rangée de soixante-douze chameaux 165 ; rien, en effet, n’est en dehors de la puissance de Dieu ; mais il ne faut pas faire grand cas des efforts de l’homme.
Certes un pareil conseil n’a rien de commun avec l’enseignement universitaire, car il ouvre une large voie à toutes les tentatives de l’intelligence, et les déclare d’avance légitimes, pourvu qu’elles demeurent fidèles aux lois éternelles de la beauté. […] Quand il a passé la journée près d’une jeune fille calme et pure, dont le cœur ne s’est pas encore ouvert à la passion, dont la beauté sereine, le caractère angélique, le regard limpide, le sourire presque divin, lui promettent une longue suite d’années heureuses, il trouve, en rentrant chez lui, une lettre qui lui rappelle que sa chaîne n’est pas brisée. […] Les cimetières mêmes ne s’ouvrirent plus, et les morts ne purent obtenir les prières chrétiennes.
C’est donc un poète semi-sérieux, comme disent les Italiens de nos jours ; ne vous attendez pas à autre chose, vous seriez trompés ; aussi ne l’ouvrez qu’à un certain âge et dans les heures oisives où votre âme, libre de grandes passions et vide de hauts enthousiasmes, cherche à se bercer elle-même sur les vagues apaisées de la vie, en un mot, quand vous voulez vous amuser avec des vers comme avec des osselets.
» XXII Elle finissait de parler quand la porte s’ouvrit et que tu l’embrassas comme un fils, en lui faisant compliment sur la propreté et sur l’ordre de ta maison rustique.
Des conférences s’ouvrirent à Issy, où les trois commissaires arrêtèrent laborieusement 34 articles qui définissaient la doctrine orthodoxe sur le pur amour et l’oraison.
Affectant un certain mépris de la forme et de l’art, il posa que toute l’œuvre littéraire consiste à ouvrir son cœur, et pénétrer dans le cœur du lecteur : émouvoir en étant ému, voilà toute sa doctrine ; et si l’émotion est sincère, communicative, peu importe quelle forme l’exprime et la convoie.
À la suite de ces deux grands maîtres, une foule de disciples et d’imitateurs se lancèrent dans la voie qu’ils ouvraient.
Je ne le vois pas, sans regret, quitter la scène à la fin de la dixième Provinciale, alors que Pascal, passant tout à coup de la raillerie déguisée à l’attaque ouverte, et prenant le père à partie sur la maxime qui dispense d’aimer Dieu, l’exhorte à ouvrir les yeux et à se retirer des égarements de sa Société, ajoutant ainsi à l’effet moral de cette petite pièce par le sérieux du dénoûment.
En France, au contraire, l’institution de l’Académie française semble ouvrir le dix-septième siècle ; et, sauf le Discours de la méthode et le Cid, qui parurent vers le temps de son établissement définitif, les plus beaux monuments de notre littérature sont postérieurs à cette fondation.
D’une part, il ouvre à l’homme un monde fictif, analogue à celui de l’art, d’un art assez bas, de l’art des romans optimistes et sentimentaux, mais d’un art qui veut se faire prendre pour la réalité même pour devenir réel.
Ils l’enferment dans leur armoire, déclarant que si on ne leur demande pas comment on doit au juste aimer Wagner, personne n’a le droit d’ouvrir ses partitions et que, seuls, ils peuvent en deviner les beautés cachées, et le fin du fini C’est avec cela qu’ils vivent, au risque de tuer leur dieu, j’allais dire leur idole. — « Vous ne pouvez comprendre Wagner qu’à Bayreuth, avec sa mise en scène spéciale, ses accessoires, ses décors particuliers, son exécution absolument inimitable !
Mais la comparaison n’est pas arbitraire, sinon elle ne servirait à rien ; nous ne jugeons ni ne sentons arbitrairement ; nous n’arrivons donc pas arbitrairement à la conscience de tel rapport entre les diverses directions jugées et senties qui s’ouvrent à notre activité.
L’espace ouvre l’esprit à l’immatériel.
Nostradamus ou Jean de Nostradame, frere de ce fou qui lisoit l’avenir dans les astres, ouvre la liste de ceux qui ont écrit sur l’origine de notre Poésie.
Les maîtres d’éloquence donnent pour regle de choisir dans une cause, les deux moyens les plus concluans, l’un pour ouvrir, l’autre pour fermer la marche, & de placer au centre ceux qui sont les moins capables de résister à l’ennemi ; mais Cochin cherchoit à fixer d’abord l’incertitude des juges en débutant par le moyen le plus décisif.
Un champ d’observation immense et à peine foulé nous sera ouvert dans les causes et les lois de variabilité et de corrélation de croissance, dans les effets de l’usage ou du défaut d’exercice des organes, dans l’action directe des conditions extérieures et ainsi de suite.
Et ne sçauroit-on s’ouvrir de nouveaux chemins sans s’égarer ? […] Il a saisi par une supériorité de goût, les premieres idées de l’éloquence dans tous les genres ; il a parlé le langage de toutes les passions, et il a du moins ouvert aux écrivains qui doivent le suivre, une infinité de routes qu’il ne restoit plus qu’à applanir.
Mon regard épelait mille petites figures, tombait sur une tête triste, ouvrait sur des bras, sur des gens, et enfin se brûlait. » Ce « morceau nu de femme » qui brillait dans la vapeur, Flaubert et Goncourt eussent fort admiré cela, mais ils l’eussent mis à la fin, en valeur, pour arrêter le regard. […] Hugo n’aurait pu lire dix lignes de philosophie proprement dite, et Valéry, dont la tournure d’esprit est d’ailleurs fort philosophique, n’a jamais ouvert l’Evolution Créatrice.
On a cru devoir, évidemment dans un but de réhabilitation qui n’a rien à voir ni avec la vie très honorable ni avec l’œuvre très intéressante, faire s’ouvrir le volume par une pièce intitulée Étrennes des Orphelins, laquelle assez longue pièce, dans le goût un peu Guiraud avec déjà des beautés tout autres. […] Le nouveau chef-d’œuvre de Victor Hugo s’ouvre par une merveilleuse vision d’un avenir selon le Droit et le Devoir, ces deux solidarités inséparables en bonne logique et en bonne morale.
Rappelez-vous, d’autre part, l’harmonieuse évocation de Pallas Athénè, à la fin du discours de Tréguier, et les vers délicieux à Hellas qui ouvrent les Noces corinthiennes. […] « … Tout jeune il se mit en guerre avec son père, par attachement pour cette femme à qui, comme à la mort, nul n’ouvre la porte avec plaisir. […] N’accorder au temporel que le second rang dans nos désirs et dans nos actes, c’est nous libérer et nous ouvrir la possession des biens vraiment supérieurs. […] Mais la fleur s’était épanouie à la divine lumière, et le bon sire renonça à la monarchie universelle parce qu’il n’aurait pu s’emparer du petit cercle d’or sans briser ce lys virginal qui riait au soleil, palpitant d’une si douce vie… Le livre de la Chimère (1885-1888) s’ouvre par des images de mort, où comme dans la fresque d’Orcagna, les belles resplendissent et s’ébattent, enguirlandées de violettes : mais la Mort les contemple, et à ce regard, les chairs pures défleurissent sur les os. […] Lorsqu’on ouvre un volume de M.
Il y avait une autre raison pour que la succession du romantisme s’ouvrît à bref délai. […] La faute en est peut-être à la politique ; sous couleur de discussions esthétiques, on ne raisonne et l’on ne déraisonne que d’elle ; comme elle n’a pas le droit de se montrer à visage ouvert, elle s’insinue dans les thèses littéraires et les fait aussitôt dévier. […] Et dans l’âme, comme au ciel, s’ouvrent des espaces sans fin ; une foule de visions argentées se lèvent avec grâce dans ses profondeurs. […] I Il naquit en 1821, à Moscou, dans l’hôpital des pauvres ; par une destination implacable, ses yeux s’ouvrirent sur le spectacle dont ils ne devaient jamais se détourner, sur les formes les plus envenimées du malheur.
Haller, qui clôt la période dont nous parlons et qui ouvre l’ère nouvelle, a bien résumé, dans son immortel Traité de physiologie, les découvertes anatomiques, les idées et les acquisitions de ses prédécesseurs. La seconde période s’ouvre, avons-nous dit, à la fin du siècle dernier. […] Le professeur Ludwig a prononcé, à l’époque où il ouvrit son laboratoire, un discours dans lequel il insistait sur l’utilité des travaux pratiques d’expérimentation pour lesquels il est richement doté ; Dubois-Reymond, Kühne, Czermack, se sont tous exprimés dans le même sens, et moi-même je ne suis ici que l’écho du mouvement physiologique qui partout se produit9. […] Pinel, enfin, le prédécesseur immédiat de Bichat, avait ouvert la voie à celui-ci en réunissant (d’après des considérations pathologiques encore très incomplètes) les parties anatomiques qu’il considérait comme analogues, par exemple les membranes diaphanes, périoste, dure-mère, capsules ligamenteuses, plèvre, péritoine et péricarde. […] Il est nécessaire de connaître les antécédents historiques de cette question fondamentale qui, depuis plus d’un siècle, a donné lieu à des confusions continuelles et ouvert des débats qui ne sont pas encore terminés.
Mon cabinet de livres ouvre immédiatement sur cette espèce de belvédère, que vous nommerez, si vous voulez, un grand balcon ; c’est là qu’assis dans un fauteuil antique j’attends paisiblement le moment du sommeil.
Pourquoi mourir, puisqu’une vie longue et douce s’ouvrait encore devant lui ?
Leurs paroles frappent l’oreille ; mais vous ouvrez l’intelligence.
On dira que cette lettre est un billet de Valère, qu’on lui renvoie sans avoir daigné l’ouvrir ; et c’est Sganarelle qui le portera.
C’est que, dans le même temps où Beethoven élevait à sa plus haute puissance la musique, tombée au simple rôle d’un art agréable, il a ouvert, devant nous, le spectacle de cet Art qui, à toute conscience, révèle l’univers de la vie suprême, aussi nettement, que la plus profonde philosophie le pourrait faire au penseur le plus voyant.
L’invention des journaux devait leur en ouvrir, longtemps après, une troisième.
C’est Don Quichotte qui est le véritable père de Don Juan ; le jour où l’on a commencé à railler l’héroïsme et l’amour, on a ouvert la carrière aux héros du scepticisme et du libertinage.
Et la poésie lyrique, empêchée dans son essor par les circonstances, n’a pas eu plus tôt ouvert ses ailes qu’elle a dû les replier, et en emprisonnant dans des poèmes d’une impersonnalité convenue la liberté de son inspiration, se rabattre aux lieux communs de la poésie « courtoise ».
— Si vous lui présentez un auteur, un manuscrit latin… — Il l’ouvrira et l’interprétera sur-le-champ.
Pour Grégoire de Nazianze, et dès lors pour ses disciples, la lecture même de l’Écriture sainte était comme une initiation que devait précéder une prière dont il avait tracé la formule à son usage et à celui des autres : « Entends204 », disait-il avant d’ouvrir l’Évangile, « entends, Père du Christ qui vois tout, mon humble prière ; accorde à ton serviteur la grâce de la parole céleste.
Les portes des maisons s’ouvrent et montrent des hommes porteurs de valises ou de baluchons. […] Les gendarmes, gardiens de la neutralité, tâchent de contenir les manifestants : Potterat, de son thorax, ouvre une brèche dans la digue et l’on n’a rien à répliquer, lorsqu’il déclare : « La charité passe avant la gendarmerie ! […] Dimoff est la meilleure et la seule bonne ; mais, si l’envie nous prend de relire un poème de Chénier, quelque soir, nous serons tentés d’ouvrir le volume imparfait de Latouche. […] Vous souhaitez qu’une voix chante ou parle et, amicale, humaine en tout cas, éveille un écho à votre douleur, un écho pareil à une réponse… S’il ne se peut qu’un chant résonne et que l’on passe Et que je n’aille plus si seul, faites qu’un toit Pauvre montre à mes yeux, mon Dieu, sa vitre claire Et qu’aux soirs orageux et trop lourds à la terre, L’on m’ouvre si je frappe et si je dis : C’est moi ! […] Devant son regard et l’air affable dont il m’a saluée, je n’ai même pas pu sourire ; mais mon cœur s’est ouvert délicieusement, et après l’avoir regardé s’éloigner, je me suis laissée choir sur ma chaise… » Le lendemain : « Je l’ai revu, et non plus au passage, mais chez lui, où nous sommes allées cet après-midi.
La terre s’ouvre, un peu de chair y tombe, Et l’herbe de l’oubli, cachant bientôt la tombe, Sur tant de vanité croît éternellement21… Et ailleurs, se représentant notre globe tel que les inductions scientifiques nous prédisent qu’il sera un jour, dépourvu d’atmosphère, privé d’eau, dépouillé de végétation, vide d’habitants, — cadavre d’astre pareil à la froide lune, — avec quelle ardeur désespérée il jette ce sanglot : Vertu, douleur, pensée, espérance, remords, Amour qui traversais l’univers d’un coup d’aile, Qu’êtes-vous devenus ? […] L’impression en fut très forte sur moi à un moment et dans un endroit où j’avais sous les yeux les objets et dans l’esprit les idées les plus capables de me rendre sévère, sinon injuste, pour une évocation moderne de l’antiquité, et précisément ce volume des Trophées s’ouvre sur une série de sonnets grecs. […] Ici, les documents de première main abondent, et nous n’avons qu’à ouvrir les yeux pour les recueillir. […] s’ouvre sur une minutieuse description de la vie à Bade. […] Un adolescent qui s’approche d’un vieillard célèbre, et qui ouvre ses yeux tout grands sur lui comme pour surprendre une révélation suprême sur l’art de vivre, telle est l’image fidèle de ce cosmopolitisme des voyageurs venus d’un monde encore primitif.
On peut ouvrir ses livres avec la certitude d’y trouver un argument quelconque pour n’importe quelle opinion. […] Cela fait que j’admire Bacon quand je le lis traduit, travaillé, repensé et concentré par de Maistre, beaucoup plus que lorsque j’ouvre ses œuvres véritables. […] Si le milieu où vit l’amibe était homogène et calme, s’il était d’une température et d’une luminosité constantes, s’il fournissait en abondance une nourriture convenable, si l’animal, en un mot, vivait dans un bain alimentaire, nulles réactions ne seraient nécessaires, et ses seuls mouvements seraient ceux d’ouvrir ses pores à la nourriture, d’en rejeter le trop plein, de se scinder, gonflée, en deux amibes. […] Je lui accorderai, de plus, que l’accent aigu n’a aucune raison d’être sur des mots tels que irréligieux, dorénavant, énamourer ; que le second e de événement est ouvert et qu’il y a lieu d’écrire évènement, comme on écrit d’ailleurs avènement ; qu’il est fâcheux que les accents, souvent mal placés, ne soient pas allés se poser sur bloc ou sur broc, sur œuf ou sur œufs, qui auraient pu ainsi manifester clairement la différence de leurs sonorités. « Faute d’un signe diacritique, dit excellemment M.