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2398. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Dargaud, étude passionnée, d’une imagination vive, mais d’un esprit honnête qui veut être impartial, décrit les événements et les hommes des guerres civiles de France, au seizième siècle.

2399. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Dans le Quercy et ailleurs, point de bas, ni de souliers, ni de sabots. « Impossible, dit Young, pour une imagination anglaise de se figurer les animaux qui nous servirent à Souillac, à l’hôtel du Chapeau Rouge ; des êtres appelés femmes par la courtoisie des habitants, en réalité des tas de fumier ambulants.

2400. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il y eut aussi quelques personnes, ainsi court l’imagination, qui virent un présage dans la destinée de ce médecin, le plus grand de notre temps.

2401. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Les romans bretons sont la rentrée en scène et comme la revanche de la race celtique : c’est, au moins en apparence, la prise de possession de l’Occident romanisé, germanisé, christianisé, féodal, par l’imagination des Celtes de Bretagne, qui avaient pu échapper, sinon tout à fait à la domination, du moins à la civilisation romaine.

2402. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Sa qualité maîtresse, on le sait, on l’a dit mille fois, c’est le bon sens, qui, à ce degré, ne va pas sans un brin de défiance à l’endroit de la sensibilité et de l’imagination.

2403. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Un sage des premiers siècles eût-il jamais pu croire que l’avenir était à cette secte méprisée, insociable, convaincue de la haine du genre humain, qui ne se présentait à l’imagination qu’avec de nocturnes mystères et d’odieuses orgies ?

2404. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Suivant un mot de Buffon, l’imagination a brodé de soie et d’or l’étoffe simple fournie par la nature.

2405. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Son imagination était sombre, bilieuse et dépravée, capable d’une débauche lente et froide.

2406. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

La découverte du vaccin contre la rage est peu de chose comparée aux admirables travaux de Pasteur sur la dissymétrie moléculaire ; mais par sa portée pratique elle a frappé l’imagination populaire et a illustré le nom du savant.

2407. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

* * * — Parfois, je pense qu’il viendra un jour, où les peuples modernes jouiront d’un dieu à l’américaine, d’un dieu qui aura été humainement, et sur lequel il y aura des témoignages de petits journaux : lequel dieu figurera dans les églises, son image non plus élastique et au gré de l’imagination des peintres, non plus flottante sur le voile de Véronique, mais arrêtée dans un portrait en photographie… Oui, je me figure un dieu en photographie et qui portera des lunettes.

2408. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Quand M. de Tocqueville parle de l’égalité des conditions, il en parle comme d’un fait accompli, définitif, arrêté, dont il faut chercher les conséquences, mais qui en lui-même n’est plus un problème et laisse l’imagination humaine en repos.

2409. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Quelle est la part de la mémoire et de l’imagination verbales ?

2410. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

C’est pourquoi l’imagination populaire se plaît parfois à attribuer aux grands la plus basse origine ; plus d’un roi, à en croire les légendes, aurait été berger, et aurait conservé, dans quelque cachette de son palais splendide, la houlette et le sayon d’autrefois.

2411. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Corollaires relatifs aux antiquités romaines, et particulièrement à la prétendue monarchie de Rome, à la prétendue liberté populaire qu’aurait fondée Junius Brutus En considérant ces rapports innombrables de l’histoire politique des Grecs et des Romains, tout homme qui consulte la réflexion plutôt que la mémoire ou l’imagination, affirmera sans hésiter que, depuis les temps des rois jusqu’à l’époque où les plébéiens partagèrent avec les nobles le droit des mariages solennels, le peuple de Mars se composa des seuls nobles… On ne peut admettre que les plébéiens, que la tourbe des plus vils ouvriers, traités dès l’origine comme esclaves, eussent le droit d’élire les rois, tandis que les Pères auraient seulement sanctionné l’élection.

2412. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Cette figure étoit, pour ainsi dire, naturelle au latin ; comme il n’y avoit que les terminaisons des mots, qui, dans l’usage ordinaire, fussent les signes des relations que les mots avoient entre eux, les Latins n’avoient égard qu’à ces terminaisons, & ils plaçoient les mots selon qu’ils étoient présentés à l’imagination, ou selon que cet arrangement leur paroissoit produire une cadence & une harmonie plus agréable ».

2413. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Toujours disputer sa verve et arracher son imagination au mal-en-train de son corps, à la tristesse du mal. […] Mardi, 17 septembre En flânant dans les serres de Saint-Gratien, nous pensions à tout ce que ces plantes originales pourraient apporter d’imagination créatrice à l’industrie, à la mode.

2414. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Sur le caractère et les œuvres de Béranger I Nous avons laissé Béranger jeune, pauvre, cherchant son talent en lui-même, et cherchant sa voie dans le monde, indécis comme tout homme l’est à cet âge sur ses propres opinions, rêvant un poème épique national et monarchique, attendri sur les destinées tragiques des Bourbons, célébrant le rétablissement du culte d’État dans sa patrie, applaudissant à l’inauguration providentielle d’une dynastie militaire sur un trône recrépi de gloire et de force ; en un mot nous avons laissé ce jeune homme faisant tout ce que M. de Fontanes, M. de Chateaubriand, M. de Bonald auraient pu faire pour la restauration poétique du passé : disons mieux, nous l’avons laissé ne sachant pas ce qu’il faisait, écolier du hasard ébauchant les thèmes de l’inexpérience et de l’imagination. […] Mais la société, sur qui tout repose, ne doit point chercher aventure comme l’imagination qui ne répond de rien, elle doit chercher progrès et raison.

2415. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

La raison me dit que, si on peut démontrer qu’il existe de nombreux degrés de transition, depuis l’œil le plus parfait et le plus compliqué jusqu’à l’œil le plus imparfait et le plus simple, chacun de ces degrés de perfection étant utile à celui qui en jouit ; si, de plus, l’œil varie quelquefois, si peu que ce soit, et si ces variations s’héritent, ce qui peut se prouver par des faits ; si, enfin, les variations ou les modifications de cet organe ont jamais pu être de quelque utilité à un animal placé dans des conditions de vie changeantes ; dès lors la supposition qu’un œil parfait et compliqué puisse s’être formé par sélection naturelle, tout en confondant notre imagination, peut, avec toute rigueur, être considérée comme vraie. […] La raison doit en cette circonstance dominer l’imagination ; mais j’ai moi-même éprouvé trop vivement combien cela lui est malaisé d’y parvenir, pour être le moins du monde surpris qu’on hésite à étendre jusqu’à des conséquences aussi étonnantes le principe de sélection naturelle.

2416. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Vivant toujours en avant d’elle-même : soit que la magie de l’imagination la transporte sur les cimes les plus élevées de l’illusion et du bonheur, soit que les angoisses de la souffrance la plongent dans les abîmes les plus profonds, toujours vous croyez entendre sortir du fond de sa joie ou du fond de sa tristesse inassouvies, ce cri : plus loin, là-bas, là-bas. […] « Vous, capitalistes de l’imagination, qui savez à un abonné près ce que rapportent ces inappréciables amphigouris, ces dix volumes de bagne, de coups d’épée et d’emprisonnement, faits pour être lus, non avec les yeux, mais avec les nerfs du public, vous conviendrez vous-mêmes qu’il n’y a pas de calculs à faire hors de ces trois grands noms : Eugène Sue, Alex. 

2417. (1899) Arabesques pp. 1-223

Ils s’attachèrent à y exprimer les émotions les plus intimes de leur être non dans la forme rigide que comportaient les poétiques antérieures, mais selon les mille aspects, les images fugaces ou persistantes que leur évoquait leur imagination très vive. […] Tant que le catholicisme lui fut une terra incognita, où il faisait des trouvailles bizarres, propres à lui secouer les nerfs et à sustenter son imagination réfractaire à la nature, avide d’absurdités, il connut les joies troubles qui lui convenaient. […] Là, Michelet fut apprécié par un philosophe dont la méthode documentaire différait en tout de la sienne, mais qui était obligé d’admettre que l’imagination, en histoire comme ailleurs, renforce le don de critique et souffle la vie aux êtres modelés par le raisonnement. […] » Et Nietzsche avouait, dans une lettre à sa sœur, datée de 1878, que le Surhomme n’était qu’un fruit de son imagination, nullement un être viable.

2418. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

C’est par l’imagination que l’esprit échappe par instants à la réalité si souvent odieuse, et que tout ce que l’espèce humaine a conquis de beau et de consolant lui est venu. […] Le pessimisme moderne, sous prétexte de nous ouvrir les yeux sur la vanité de ce qu’il appelle des songes, a d’abord combattu le beau partout où il se trouvait, assurant que le beau n’existait pas ; il ajoutait, invoquant comme exemple, la réalité de nos désastres nationaux, que notre imagination, nos rêves héroïques, nous avaient perdus, et que la précision de nos ennemis, qui, eux, n’étaient pas des rêveurs, leur avait rendu le triomphe facile. […] Comme on n’a pas pu blanchir la nuque à cause des cheveux follets qui sont dangereux, on a, par amour de la correctitude, arrêté le plâtrage blanc en une ligne droite que l’on dirait coupée au couteau ; il en résulte, derrière son cou, un carré de peau naturelle, qui est très jaune… Sans grands efforts d’imagination ne voit-on pas aussi nettement cette femme que si on l’avait devant soi ? […] Dans la chaleur d’étuve de sa chambre, il ne pouvait tenir en place, mieux portant que jamais, fiévreux seulement d’imagination. […] Il est parti d’un fait vrai : l’aventure de Charles Dilke, car s’il s’en était tenu à l’imagination pure, la critique anglaise eût affirmé que de pareilles aventures ne se passent pas en Angleterre, le pays par excellence de l’innocence et de la vertu ; c’est en France qu’il y a des femmes adultères, ce n’est pas en Angleterre ; quand il y a des vices en Angleterre, ils sont français.

2419. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

En ce moment il n’est plus seul ; il lui semble qu’il a retrouvé une famille ; il est courageux et fort, il n’a jamais été si éloquent, il n’a jamais prodigué davantage l’ironie et le sarcasme ; il pèse les grandeurs humaines dans sa main fébrile, il sème aux vents toute cette poussière mortelle comme une mauvaise ivraie ; il fait rire même le fossoyeur ; il est impitoyable pour tous ces morts, il n’a un peu de pitié que pour ce pauvre Yorick, ce garçon d’une gaieté infinie et d’une imagination charmante ; hélas ! […] Son imagination lui parle plus haut que sa raison. […] Croyez-moi, mes chers confrères, quand vous voudrez rester dans les bornes légitimes du goût, du style, des convenances, de l’imagination et de l’esprit, soit que M. 

2420. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

On a vu de reste toutes ses douces superstitions légendaires et les crédulités qu’elle avait gardées du pays natal ; mais il est un point sur lequel elle ne fléchit pas ; si elle est catholique d’imagination, elle a, si je puis dire, le catholicisme individuel ; elle n’entend y faire intervenir personne ; elle est surtout pour qu’on respecte la paix des mourants, et elle écrit à sa nièce, fille d’Eugénie, de se bien garder d’alarmer sa mère à l’instant suprême : « (5 septembre 1850)… J’attends une lettre avec la plus grande anxiété, et votre silence me jette dans l’effroi.

2421. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Après la Théodicée de Leibnitz, les anguilles de Needham lui paraissaient une des plus drôles imaginations qu’on pût avoir.

2422. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Suard dit en propres termes que La Bruyère avait plus d’imagination que de goût.

2423. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Les imaginations s’enflammèrent à voir cette flamme en si haut lieu.

2424. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Le médecin de soixante ans, qui a beaucoup souffert et qui a senti en imagination beaucoup de souffrances, serait moins bouleversé par une opération chirurgicale aujourd’hui que lorsqu’il était enfant.

2425. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je lus et je me confirmai dans ma pensée ; c’était superbe, mais cela ne portait que sur l’imagination.

2426. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Dans les compositions françaises, le déclin de la culture s’est aggravé depuis les derniers programmes : incorrections, tours barbares, vulgarité, insignifiance, imagination nulle.

2427. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

C’est avec ce côté héroïque de la poésie du maître que les deux premiers volumes nous font refaire connaissance, et il faut proclamer qu’Hespérus, les Contes épiques, le Soleil de minuit, les Soirs moroses sont de très nobles poèmes, de perfection achevée ; d’imagination flambante et grandiose.

2428. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

De plus notre vie, nos actes, notre imagination même sont enfermés dans un cercle si étroit, il y a autour de ce cercle tant de possibilités ou de réalités inconnues que les jugements portés par nous restent toujours incertains et petits ; s’ils sont trop arrêtés ou trop âpres, ils se teintent de ridicule.

2429. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Et ce Livre, où sa double pensée, pleinement, était signifiée, le Livre, ce tout puissant suggestif de l’Idée, ce Livre qui contenait son Œuvre de Poésie et de Théologie, — Wagner le lisait, l’impérieux créateur, et, seul, dans le calme silence de son rêve, parcourant des yeux les pages multiples, et des yeux suivant les Signes, — la lettre, la note et le trait, — il voyait et il entendait, manifestement suggérés par les Signes, vivre en lui, en le merveilleux et suprême théâtre de son Imagination, le drame réel et symbolique. — Peut être, quelques uns, lisant, lisant les partitions d’orchestre, peuvent voir et entendre le Drame musical, ainsi que, tous, nous voyons et entendons, le lisant seulement, le drame littéraire, ainsi que, tous, par la seule lecture, nous suscitons, en notre esprit, les tableaux que le roman décrit ; or, ces quelques uns aussi, lisant, jouiront dans le Livre, sans obstacle et sans divertissement, des splendeurs, magiquement évoquées, du Théâtre Wagnérien idéal ; et, pure vision non troublée par les étrangères matérialités, impudentes ou hypocrites, des salles théâtrales, — en la complète vérité d’un monde imaginatif, le Sens Religieux leur apparaîtra… Le Livre serait le lieu de Représentation, au Drame métaphysique et naturaliste.

2430. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Ce dernier a entravé l’œuvre des Sieyès et des Condorcet ; il a voué le siècle renaissant à l’imagination extérieure et au culte des images.

2431. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

26 mars Au Jardin des Plantes… Peu de dépense d’imagination de la part du Créateur.

2432. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

comme je lui aurais tout caché, tout voilé, tout adouci, et comme je me serais appliqué à faire de la fin de sa vie, ce qu’aurait su en faire l’imagination d’une affection de mère — toute bête.

2433. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Michel Bréal, dans sa récente Sémantique 143, écrit, à propos de la singularité de certaines métaphores : « Si l’on disait qu’il existe un idiome où le même mot qui désigne le lézard signifie aussi un bras musculeux, parce que le tressaillement des muscles sous la peau a été comparé à un lézard qui passe, cette explication serait accueillie avec doute, ou bien croirait-on qu’il est parlé des imaginations de quelque peuple sauvage.

2434. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Oui, mais plus grand et plus rare est le danger, plus rare aussi et plus charmante est la poésie habile à produire ce danger des esprits éclairés, des âmes impatientes, des imaginations avides de tout savoir.

2435. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Causeur charmant, aimable jusqu’à l’âge, vous le voyez, de soixante-cinq ou six ans, parlant de toute chose, laissant aller son imagination et sa douce fantaisie à travers tous les sujets, papillon non seulement du Parnasse, mais en quelque sorte de l’univers, aimant la discussion, et puis enfin, peut-être un peu brusquement s’échappant, mon Dieu, parce qu’il peut en avoir assez de la société dans laquelle il est, ou plutôt, et j’en suis sûr, plutôt parce qu’une pensée particulièrement chère lui est venue, une pensée favorite, en quelque sorte, qu’il veut suivre dans cette solitude si féconde qu’il aime tant.

2436. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Il y avait des femmes, des élégances et des mœurs qui saisirent son imagination et, il faut bien dire le mot, qui la corrompirent.

2437. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan et ne sent jamais le grand, parce que le grand ne se sent qu’avec l’âme, l’écrivain n’est jamais, dans son Antechrist, au niveau des choses horriblement grandioses qu’il avait à raconter, et qu’il n’avait pas à diminuer puisque ce ne sont pas des choses chrétiennes… Le Néron que je cherchais dans cet Antechrist, qui est Néron et qui le fût aux yeux des chrétiens de son temps, lesquels avaient plus d’imagination que le détracteur qui leur prend ce nom pour en tirer un livre, Néron est moins terrible, moins extraordinaire et moins frappant sous les phrases trop modernes que M. 

2438. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Les dramaturges romantiques à l’imagination sombre et dont on se moque, n’ont jamais rien inventé de plus horrible.

2439. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Sans une imagination très vivante et active dans tous les sens, les notions confiées à la mémoire se dessèchent dans un sol inerte ; l’eau qui les amollit et le soleil qui les mûrit sont nécessaires à la germination des graines. […] Car l’amour, avec tout ce que contient ce mot, de sentiment, de passion, de rêve, de bonheur, de larmes, est bien une création verbale et l’œuvre même de l’imagination des artistes du langage. […] Si le Symbolisme devait (comme d’aucuns l’ont annoncé) revenir à des concepts aussi simples, à des imaginations aussi naïves, ne serait ni ce qu’il est, ni ce qu’il sera : — il continuerait tout simplement le classicisme, et alors, à quoi bon ? […] Le Génie, pour eux, est l’homme qui viendra sûrement, prochainement, afin d’exprimer très haut les idées — bien que contradictoires — du groupe, et de revêtir d’une forme imposante les imprécises imaginations de ces orphelins. […] De menues fantaisies qui s’égrènent ou s’effeuillent suivant le caprice de l’imagination et des sens.

2440. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Sur ces indices, notre pensée s’emporte jusqu’à étendre cette structure des choses au-delà de notre monde et de notre histoire, à travers les deux abîmes du temps et de l’espace, par-delà tous les lointains que l’imagination peut atteindre, par-delà tous les confins que les nombres ou les quantités, vainement enflées et entassées les unes sur les autres, peuvent désigner à l’esprit pur. […] Stuart Mill a donc tort de dire que « dans les portions lointaines des régions stellaires, où les phénomènes peuvent être tout à fait différents de ceux que nous connaissons, ce serait folie d’affirmer le règne d’aucune loi générale ou spéciale, et que, si un homme habitué à l’abstraction et à l’analyse exerçait loyalement ses facultés à cet effet, il n’aurait pas de difficulté, quand son imagination aurait pris le pli, à concevoir qu’en certains endroits, par exemple dans un des firmaments dont l’astronomie stellaire compose à présent l’univers, les événements puissent se succéder au hasard, sans aucune loi fixe, aucune portion de notre expérience ou de notre constitution mentale ne nous fournissant une raison suffisante ni même une raison quelconque pour croire que cela n’a lieu nulle part ». — Sans doute il est possible que là-bas les corps ne s’attirent pas.

2441. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Dans la préoccupation d’un ami, dans sa mélancolie ils se figurent une baisse de son affection, un refroidissement ; et ce sont à ce sujet, d’absurdes circumvagations de la cervelle, et d’imbéciles imaginations. […] Il me semblait, d’après la belle imagination de Carlyle, avoir été jeté de par l’espace et le temps, dans une de ces étoiles lointaines, lointaines, lointaines, où arrivait seulement aujourd’hui la lumière qui éclairait le passage de la mer Rouge sous Ramsès II, et sa vision en retard de milliers d’années.

2442. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

— Oui, me répondit-il, je sens que je ne suis pas un peintre, je peins avec mon cerveau, pas avec mon cœur… Je ne sais, si vous l’avez connu, Couture… C’était un petit ratatiné frileux, ayant toujours sur le dos un collet de manteau, et Diaz, qui était plein d’esprit, plein d’une imagination drolatique, disait, en le voyant déboucher : « Voici le champignon vénéneux !  […] De cet appartement, où j’ai vu, pour la première fois, ma tante, il ne me reste qu’un souvenir, le souvenir d’un cabinet de toilette, à la garniture d’innombrables flacons en cristal taillé, et, où la lumière du matin mettait des lueurs de saphirs, d’améthyste, de rubis, et qui donnaient à ma jeune imagination, au sortir de la lecture d’Aladin ou la Lampe merveilleuse, comme la sensation du transport de mon être, dans le jardin aux fruits de pierre précieuse.

2443. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Leurs figures hâlées, leurs physionomies martiales, leurs yeux de feu, leurs uniformes couverts de poussière des routes, leur coiffure phrygienne, leurs armes bizarres, les canons qu’ils traînaient à leur suite, les branches de verdure dont ils ombrageaient leurs bonnets rouges, leurs langages étrangers mêlés de jurements et accentués de gestes féroces, tout cela frappait vivement l’imagination de la multitude.

2444. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Contentons-nous donc d’un seul : il tient lieu de mille, et replaçons son livre à sa place, à côté d’Homère ; car ces deux hommes sont les deux plus grands poètes du monde écoulé : Homère, le poète de l’imagination ; Tacite, le poète de la vérité.

2445. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

IX Je n’ai pas renoncé à l’espérance pour le genre humain ; mais, comme un avare plusieurs fois volé, je l’ai placée, comme mon trésor, dans un autre monde où les hommes ne seront plus des hommes, mais des êtres de lumière et de justice, sans inconstance, sans ignorance, sans passions, sans faiblesses, sans infirmités, sans misères, sans mort, c’est-à-dire le contraire de ce qu’ils sont ici-bas : le monde des utopistes, le paradis des belles imaginations, la société d’Hugo et de ses pareils !

2446. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Les scènes de ces drames innocents étaient les matériaux sur lesquels mon imagination brodait ses plus doux rêves.

2447. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Berlioz a un peu plus d’imagination et, en sa qualité de Français, plus de clarté que le compositeur allemand ; mais M. 

2448. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Aujourd’hui, nous avons ce choix : — ou bien un théâtre, des décors, des acteurs : des demi trompe-l’œil, l’apparence d’une forêt et les planches, ni convention pure, ni représentation artistique complète de la nature ; et les acteurs, des hommes nécessairement difformes, incapables de faire admettre qu’ils sont les dieux qu’ils singent, et ne nous laissant plus qu’ils sont simplement des porte-parole ; avec les décors de notre Opéra et les acteurs de Meiningen, un compromis entre une convention et une réalité, le faux par définition ; — ou bien le concert, c’est-à-dire nulle prétention de représentation, mais le champ libre à la conception, l’espace grand ouvert à la réalité supérieure des forêts et des hôtes divins qu’en nous suscitera l’imagination : car cette musique c’est un décor, la nuit est dans la musique où Siegmund solitaire contemple le foyer éteint, et cette musique c’est encore les personnages, je vois (et combien plus beau que M. 

2449. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Et malgré les souvenirs parfois du mal, la discrète joie s’affermit ; des ondées scintillent ; rappel d’heureux passés, imaginations gaies ?

2450. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Le wagnérisme à l’étranger Lettre de Belgique86 bj Bruxelles, novembre 1886 Si par le mot « Wagnérisme » on veut désigner ce cas de subjectivité dont les effets se traduiraient en une mono manie déraisonnable. intolérante, en une sorte d’illuminisme étroit, voisin du fétichisme, il est clair qu’en Belgique le Wagnérisme n’a jamais existé que dans l’imagination de ceux qui cherchaient à s’en taire une arme contre les théories de Wagner et un moyen de justifier la façon méprisante de juger ses œuvres.

2451. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

« Il est, certes, plus philosophique de considérer la vie comme un fait ultime, comme l’une des grandes révélations de l’Inconnaissable, comme l’un des nombreux mystères qui nous environnent… Ne substituons plus les fictions de notre imagination à la place d’une observation respectueuse.

2452. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Dans le roman, les imaginations passionnées de George Sand répondent, à travers deux siècles, aux tendres rêveries d’Honoré d’Urfé, et le naturalisme de Flaubert et de Zola répète la réaction réaliste de Sorel et de Scarron.

2453. (1904) En méthode à l’œuvre

Est-ce qu’on nommera pensée et tentative d’idéalisations directrices de l’entendement humain, et plutôt, ne les dira-t-on pas travaux de passivité mais d’une tare de sénilité quand si souvent on les reprend, et dangereuses imaginations, — qui en l’emphase de redites traditionnelles, d’une Beauté stérile et d’un Destin mensonger entretenaient nos désirs et notre nostalgie sans pantèlements à remuer le soleil et le nuage, depuis que déclinèrent en perte de sens vers les régions du ponant les énormes morphismes primordiaux des cosmiques Forces.

2454. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Ce qu’il y a de curieux, c’est que cette imagination avait le côté hallucinatoire de ces petits romans, que les enfants inventent, et jouent tout seuls, dans des coins noirs de chambre.

2455. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

 » Pure imagination.

2456. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Les imaginations puissantes sont les plus malheureuses, parce qu’elles ont la faculté de recevoir, sans avoir le don de ranimer.

2457. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Je vous indiquerai seulement que Philémon et Baucis a probablement hanté l’imagination de Gœthe, puisque le grand poème de Faust finit presque par l’épisode de Philémon et Baucis ; il l’a traité d’une façon particulière dans laquelle je n’ai pas lieu d’entrer aujourd’hui et cela m’entraînerait trop loin ; mais il l’a traité à un point de vue à la fois philosophique et psychologique infiniment intéressant.

2458. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

De cette imagination si vraie naît le plus fort conseil : comment pourrions-nous mieux vivre que dans un accord étroit avec ceux dont nous sommes le prolongement ?

2459. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Quand la maison sera bâtie, notre imagination la parcourra dans tous les sens et la reconstruira aussi bien en posant le toit d’abord, en y accrochant ensuite un à un les étages.

2460. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

C’est que l’imagination, émue de la grandeur du spectacle, se demande rarement compte de son plaisir… » Et c’est le cas de dire qu’on ne peut pas mieux dire. […] C’était facile sans la moindre imagination romanesque ; car la vie de ces gens-là est naturellement pleine d’aventures pitoyables ou illustres. […] Et remarquez-vous bien que c’est dans ces comédies-là, par un instinct de grand dramatiste, se sentant cette fois en plein contact avec le réel et ne voulant pas dérouter le spectateur, dépayser l’œuvre, et se dévoyer lui-même, qu’il évite avec grand soin d’introduire tout élément, si petit qu’il soit, d’imagination romanesque ? […] Une âme et une intelligence du dix-huitième siècle, unies à une imagination du dix-neuvième et à un don d’expression tout personnel, c’est Victor Hugo. […] Ce n’est pas sur l’imagination du spectateur qu’il faut compter pour nous faire une pièce.

2461. (1903) La pensée et le mouvant

Votre imagination évoque peut-être le mouvement à exécuter ; mais de ce que vous penserez et éprouverez en l’exécutant vous ne pouvez rien savoir aujourd’hui, parce que votre état dâme comprendra demain toute la vie que vous aurez vécue jusque-là avec, en outre, ce qu’y ajoutera ce moment particulier. […] Mémoire, imagination, conception et perception, généralisation enfin, ne sont pas là « pour rien, pour le plaisir ». […] Il a fallu une cause, et une cause de la cause, et ainsi de suite indéfiniment. » Nous remontons donc de cause en cause ; et si nous nous arrêtons quelque part, ce n’est pas que notre intelligence ne cherche plus rien au-delà, c’est que notre imagination finit par fermer les yeux, comme sur l’abîme, pour échapper au vertige. […] Mais, à mesure qu’elle avance, le support recule ; les masses se pulvérisent en molécules, les molécules en atomes, les atomes en électrons ou corpuscules : finalement, le support assigné au mouvement semble bien n’être qu’un schéma commode, — simple concession du savant aux habitudes de notre imagination visuelle. […] Quand je parle d’un mouvement absolu, c’est que j’attribue au mobile un intérieur et comme des états d’âme, c’est aussi que je sympathise avec les états et que je m’insère en eux par un effort d’imagination.

2462. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Cette représentation est naturelle et très commode ; mais elle est relative à notre imagination, pour laquelle elle est construite. […] Elle consiste dans la suggestion de perceptions tactiles produite, au sein de l’imagination et grâce à l’expérience, par des perceptions visuelles. […] Il faudrait aussi s’assurer que les explications par association, que chacun de nous aime à fournir, ne sont pas de simples produits de l’imagination, inventant, selon ses goûts et ses habitudes, un roman dont le dénouement coïncide avec l’état de conscience à expliquer.

2463. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

— C’est de l’imagination, de l’invention, crie aigrement Sainte-Beuve, j’ai connu cette rue de Langlade, ce n’était pas du tout comme ça. […] Et cependant, si je venais à l’aimer tout à fait, je comprends, à la rigueur avec elle, un amour sans la possession corporelle, mais avec la possession absolue de tout ce qui me charme en elle, de tout ce qu’elle a d’immatériel, — une possession de son cœur, de sa tête, de son imagination.

2464. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

« Du naturel, de l’imagination, de la facilité, tant qu’on veut ; mais peu d’ordre, point de choix ; soit pour les paroles, soit pour les choses ; une audace insupportable à changer et à innover ; une licence prodigieuse à former de mauvais mots, et de mauvaises locutions ; à employer indifféremment tout ce qui se présentait à lui ; fût-il condamné par l’usage ; traînât-il par les rues ; fût-il plus obscur que la plus noire nuit d’hiver, fût-ce de la rouille et du fer gâté. […] C’est Desportes qui mettait ses imaginations sur le papier. […] « C’est qu’avec beaucoup d’imagination, remarque-t-il, il est naturellement peu coloriste, et qu’il a besoin, pour arriver à une expression vivante, d’évoquer, comme par un soubresaut galvanique, les êtres de l’ancienne mythologie.

2465. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

J’imaginais toutes sortes d’histoires effrayantes sur chacun d’eux, et probablement les quelques gouttes de vin que j’avais bues, étaient pour quelque chose dans mes imaginations. […] Chose très singulière, dans ce milieu, sous ces influences, malgré mon imagination très vive, le mysticisme n’avait aucune prise sur moi. […] Ce besoin de découvrir le passé et l’attrait qu’il exerçait sur mon imagination, s’affirmait de plus en plus. […] Paul et Virginie lui paraissait être le livre le plus dangereux qui fût au monde, pour de jeunes imaginations.

2466. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

La perspective d’épouser en justes noces une descendante authentique de Charles-Quint souriant, comme un invraisemblable rêve, à son imagination de poète. […] Le décor, la mise en scène, les figurants, tout était disposé pour frapper l’imagination des spectateurs. […] Leurs vives descriptions enchantent les imaginations, raniment les courages, entraînent les volontés. […] Notre fantaisie errait complaisamment dans les jardins du Palais d’Été, arrangés à souhait par notre imagination divertie et leurrée.

2467. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Puis sa vieillesse, pleine de sève et d’imagination, l’avait mûri d’années sans l’énerver d’esprit.

2468. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Elles se répandirent d’abord comme un reflet sur la Perse et la Chine ; elles sanctifièrent Zoroastre et Confucius, et les législateurs du pays des pyramides ; de là elles passèrent en Grèce, où l’imagination les colora de ses brillants mensonges adoptés par les Romains ; puis l’incarnation chrétienne les sentit renaître et les pratiqua en morale parfaite et en ascétismes pieux.

2469. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Cependant il simplifie certainement l’appareil scolastique, il ménage les divisions, les citations, retenant seulement les procédés et figures qui émeuvent l’imagination.

2470. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Deschanel, Racine avait la sensibilité d’imagination ; mais il semble avoir eu le cœur un peu sec35. » Ainsi, pour se mettre à l’aise avec l’auteur de Bérénice, M. 

2471. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

En deux mots, ils ont sans doute été catholiques par l’imagination et par la sympathie, mais surtout pour s’isoler et en manière de protestation contre l’esprit du siècle qui est entraîné ailleurs  par dédain orgueilleux de la raison dans un temps de rationalisme  par un goût de paradoxe  par sensualité même  enfin par un artifice et un mensonge où il y a quelque chose d’un peu puéril et à la fois très émouvant : ils ont feint de croire à la loi pour goûter mieux le péché « que la loi a fait », selon le mot de saint Paul : péché de malice et péché d’amour… Catholiques non pas pour rire, mais pour jouir, dilettantes du catholicisme, qui ne se confessent point et auxquels, s’ils se confessaient, un prêtre un peu clairvoyant et sévère hésiterait peut-être à donner l’absolution.

2472. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Favre est un homme très droit et très simple ; son âme seule est exaltée, mais son imagination ne plane jamais qu’en dessous de sa raison. » — « Cet illustre prisonnier (le prince Louis) est, dit-on, très bon par le cœur ; il s’amuse à faire du bien pour se désennuyer des tristes barreaux qui sont élevés entre la vie et lui… » — « Hier mardi, M. 

2473. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

J’espère bien que personne ne m’accusera jamais d’être matérialiste, et pourtant je regarde l’hypothèse de deux substances accolées pour former l’homme comme une des plus grossières imaginations qu’on se soit faites en philosophie.

2474. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

L’imagination peut le restituer d’après les ruines de celui de Cyrus, qu’on voit encore à Pasargadès : — autour du sarcophage écroulé, cinq piliers énormes sur lesquels est sculptée la figure du Roi, divinisée par les quatre grandes ailes des Amschaspands célestes.

2475. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

L’art n’ayant pas encore idéalisé les Érynnies, comme il fit plus tard, Eschyle les évoqua dans la laideur surhumaine que leur prêtaient les mythes primitifs, et telles que l’imagination populaire les voyait en rêve.

2476. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

A la pâleur de son visage, à l’oppression de son sein, au mélancolique délire de sa danse, vous auriez dit une de ces bacchantes mortes que l’imagination du Nord fait valser, au clair de lune, sur l’herbe livide de leurs tombes.

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