Au fond, c’est la même chose. […] Paul Les grands mots sont inutiles, mais le fond de l’affaire est très sérieux. […] Paul C’est que toutes ces manigances comitardes reposent sur l’échange de bons procédés, et n’ont pas au fond d’autre objet. […] Je ne m’en étonne pas, puisque au fond vous êtes un mystique. […] Pierre J’avoue qu’au fond, c’est peut-être ce qu’on lui reproche.
La distance en trois sens ou directions, voilà le fond de notre idée de l’étendue. […] Au fond de la conception affirmative, par laquelle, après avoir passé et appuyé ma main sur cette table, je conçois et j’affirme un corps indépendant et permanent, il n’y a rien que la conception affirmative de sensations musculaires et tactiles analogues, ces sensations étant conçues et affirmées comme possibles pour tout être semblable à moi qui serait à portée, comme futures, prochaines, certaines et nécessaires pour tout être semblable à moi qui passerait et appuierait de la même façon la main ou tout autre organe. […] Comment admettre que des corps, c’est-à-dire des substances indépendantes de nous, permanentes et que nous concevons comme les causes de nos sensations, ne soient, au fond et en soi, que des possibilités et des nécessités de sensation ? […] J’ai laissé ce livre sur ma table, et je le retrouve rangé sur un des rayons de la bibliothèque. — Dans tous ces cas, une ou plusieurs des possibilités de sensation qui constituaient l’objet disparaissent, sauf à être ou à n’être pas remplacées par d’autres de la même espèce. — Au fond, tous ces changements des corps ne sont conçus et concevables que par rapport aux sensations, puisqu’ils se réduisent tous, en dernière analyse, à l’extinction ou à la naissance d’une possibilité de sensation. […] Sensations et images, tels sont les matériaux bruts et primitifs ; l’abstraction graduelle et surajoutée achève l’édifice. — Voilà le premier fond du simulacre hallucinatoire qui surgit en nous, lorsque, à propos d’une sensation, nous concevons et affirmons une substance étendue, résistante, mobile, située et douée des autres propriétés sensibles.
Attentive et émue jusqu’au fond de son âme, Mireille, assise sur un fagot de feuilles coupées, n’aurait pas fermé les yeux jusqu’à la première aube du jour. […] Au fond d’un trou qui, naturellement, entre la dure écorce, s’était formé, par l’ouverture les petits se voyaient, déjà pourvus de plumes et remuant. […] ” Et vite encore dans la blanche et lisse prison elle cache trois mésanges ; et chaudement, dans le sein de la jeune fille, la petite couvée, qui se blottit, croit qu’on l’a remise au fond de son nid. […] » « Ô Magali, si tu t’en vas aux lointaines Indes, je me ferai, moi, le vent de mer ; je te porterai. » — « Si tu te fais le vent marin, je fuirai d’un autre côté ; je me ferai l’ardeur du grand soleil qui fond la glace. » « Ô Magali, si tu te fais l’ardeur du soleil, je me ferai, moi, le vert lézard, et te boirai. » — « Si tu te fais la salamandre qui se cache sous le hallier, je serai, moi, la lune pleine, qui éclaire les sorciers la nuit. » — « Ô Magali, si tu te fais lune sereine, je me ferai, moi, belle brume ; je t’envelopperai. » — « Mais si la belle brume m’enveloppe, pour cela tu ne me tiendras pas ; moi, belle rose virginale, je m’épanouirai dans le buisson. » « Ô Magali, si tu le fais la rose belle, je me ferai, moi, le papillon ; je m’enivrerai de toi. » — « Va, poursuivant, cours, cours ! […] L’insolence de l’aristocratie descend du palais à la chaumière, comme une passion inhérente au cœur humain, dont la forme change, mais dont le fond est immuable.
L’expression de leurs sentiments pourra différer, mais le fond en sera le même ; et ce fond, invariable parmi les diversités infinies des caractères et des situations, c’est le cœur humain. […] Il s’en aperçoit, en relisant son livre, et il s’en accuse ; grande preuve de la difficulté d’une confession, puisque l’effort qu’elle coûte à l’orgueil humain n’en chasse pas le bel esprit qui n’est au fond que l’amour déréglé de notre esprit. […] Ainsi, une jeunesse où se rencontrent l’apostasie, le vol domestique, des innocents dénoncés, un ami malade abandonné dans la rue, le tort de vivre aux dépens d’une femme menacée de la pauvreté118 ; un âge mûr qui débute par la plus grande des fautes ; un peu de folie peut-être ; voilà de quel fond se forma cet esprit d’utopie qui, servi par beaucoup d’éloquence et par une logique vigoureuse, a fait tant de dupes, et parmi ces dupes tant de victimes, et empêché tant de bien par la passion insensée de la perfection. […] Il a vécu isolé entre la crainte des ennemis qu’il se faisait et le regret des amis perdus par sa faute ; s’aimant uniquement au fond, et condamné à ne jamais bien vivre avec le seul qu’il aimât.
. — Mais quant à tout le reste, ce n’est au fond qu’une condensation, qu’une dramatisation de vieux mythes ; un effort qu’on aurait certes tort de déprécier, surtout puisqu’il a fourni un cadre si précieux à la tragédie ultérieure. […] Dans ce second poème, toute « l’histoire » subsiste, ainsi que je l’ai dit, mais elle n’est au fond qu’un cadre indifférent, valant surtout par son pittoresque, et par le fait que son éloignement, son entourage fantastique de dragons, d’ondines, d’oiseaux qui parlent, etc., le reculent dans un pays lointain ce rêve, et font que le « purement humain », débarrassé de toutes contingences, nous reste seul. […] Chez Wotan seul le conflit est tout à fait vivant et vrai ; chez les autres il l’est moins, d’abord à cause de leur manque de pleine conscience, et ensuite parce que — au fond — nous les voyons tous d’un point de vue unique, qui est précisément l’âme de Wotan. […] Lorsqu’en 1856, la partition de la Walküre étant terminée, il s’agit pour le maître de se mettre à la partition de Siegfried, il avait à lutter non seulement contre « la lassitude engendrée par ce long travail sans but visible », mais surtout contre l’obsession de ce nouveau projet de drame, Tristan, et du drame les Vainqueurs, qu’il venait de concevoir, en mai 1856. — Le 12 juillet 1856, il écrit à Liszt : « J’espère bientôt commencer Siegfried, mais au fond je préférerais de ce moment écrire des poèmes… j’ai deux magnifiques sujets de drames, Tristan et les Vainqueurs. » Toutefois Wagner se mit à la partition de Siegfried vers la fin de 1856. […] Mais il faut être bien sur ses gardes, car au fond la pensée de M.
Elle est, au fond, très séduisante, très femme, et elle constitue un type gracieux, bien observé, qui n’est pas loin d’être parfait. […] Elle porte un arrosoir lourd qu’elle verse en mille fils d’argent glacé, qui me donnent le frisson, sur les roses ou dans le creux de ces petites auges de pierre, au fond du bois. […] Il aurait fait école… Pierre de Querlon : « mort si prématurément le 7 juin 1904 à l’âge de vingt-quatre ans, laissa la matière de trois volumes… Vivre peu, vivre bien, intensément, se condenser en un art très pur de fond et de forme, très humain, mais aussi élégant que possible (car il n’avait pas le temps de commettre des fautes de goût), telle était la religion de cet écrivain charmant. […] Ils sont souples et gracieux comme des palmes, nuancés en d’infinies harmonies L’auteur d’Yvelaine aime les soirs d’enchantement, les palais de songe, les sources maléfiques envoûteuses des fleurs, les mystères des nuits d’orage où crient les voix sous les gibets, les souvenirs qui dorment au fond des mémoires et qui font frissonner les enfants. […] Le présent tombe au fond de la mémoire et le rêve se continue, obsédant les heures ; sa chaîne se forme, anneau par anneau, et la lande, et la grève, et la mer d’Armor disparaissent sous les pas de Salomé.
Par le fond de l’esprit, celui-ci est un classique. […] » Mais je regardais avec inquiétude son sourire de complaisance, éternelle, et tout bas je cherchais ce qu’il pensait au fond. […] D’autres, en troupe, descendent jusqu’au fond d’une gorge, comme une bande en marche. […] Elle se reproche les tristesses involontaires qui, au fond de son cœur, murmurent contre l’arrêt de la déesse. […] Pour qui sait voir le fond des pensées, il n’y eut pas d’esprit plus conséquent.
Au fond, voyez-vous, malgré les airs que je prends quelquefois de me moquer du monde, je suis la dernière grisette. […] À côté, une autre femme surgit du fond des abîmes et se hisse vers le ciel, l’étoile au front. […] D’abord recluse dans un monastère des îles des Princes, elle fut ensuite déportée et recluse au fond de la province d’Arménie. […] Les brises du printemps apportaient jusqu’au fond de la Corne d’Or les parfums recueillis aux jardins du Bosphore. […] Pæonios a sculpté les figures qui se détachent, très claires, sur le fond bleu du fronton oriental.
Mais le fond est le même ; aujourd’hui comme autrefois, les femmes aiment à parler autour de leur secret. […] Au fond, l’affaire est la même : il s’agit de vivre, et cela seul est déjà féroce. […] Buvez, buvez jusqu’au fond, ma mère, ma pauvre mère. La reine vida le verre jusqu’au fond. […] Au fond, rien de plus impénétrable et de plus inintelligible que l’âme d’un moine.
La souffrance de sa proie fait le fond de sa jouissance et les délices de sa réfection. […] Il y a là tout ce qu’il faut pour nous faire voir la physionomie complète des contrées et des êtres observés, le fond et la forme. […] Il me reste à prouver que le fond, la portée et l’exécution des trois drames métaphysiques dont je m’occupe diffèrent essentiellement. […] Il nous faut donc chercher le secret de Faust au fond du cœur de Goethe. […] Il a paru quelquefois avoir des goûts de parvenu : il n’avait au fond que des goûts d’artiste.
Les choses politiques ont leurs révolutions et leur cours ; les guerres se succèdent, les règnes glorieux font place aux désastres ; mais, de temps à autre, là où l’on s’y attend le moins, il arrive que sur ce fond orageux, du sein du tourbillon, une blanche figure se détache et plane : c’est Françoise de Rimini qui console de l’enfer. […] Il résulte du témoignage de mademoiselle Aïssé qu’il y avait dans cet état plus de montre que de fond, et que le crédit de la dame baissa fort avec l’éclat de ses yeux65. […] Peut-être ne fait-elle pas mal de visiter ses amis au fond d’une province, comme d’autres y vont visiter leurs mères. […] Sans partager les vues religieuses de son amie, et pensant au fond comme son siècle, il consentait à tout, il se résignait d’avance à tous les termes où l’on jugerait bon de le réduire, pourvu qu’il gardât sa place dans le cœur de sa chère Sylvie , c’est ainsi qu’il la nommait. […] Il y a eu des variations sans doute, des degrés et des nuances, mais on a le type et le fond.
« Tel qu’un astre nouveau que Jupiter, fils de Saturne, fait resplendir tout à coup aux yeux des nautoniers ou d’une nombreuse armée, globe éblouissant d’où jaillissent mille lueurs, ainsi Pallas fond d’en haut sur la terre, balançant son vol entre les Troyens et les Grecs. » Pallas se transfigure ; elle persuade à Pandarus, héros auxiliaire des Troyens, de lancer une flèche contre Ménélas. […] Le chantre s’arrête à chaque instant pour faire respirer le lecteur dans des comparaisons lentement déroulées qui reportent l’âme à des scènes champêtres ou maritimes : « Diomède s’élance ; tel un lion, hardi de cœur, franchissant les palissades d’une bergerie, fond sur les brebis à la laine épaisse ; s’il est légèrement blessé, mais non terrassé par le berger qui les défend, sa rage et sa vigueur s’accroissent de sa blessure. […] « — Chère épouse, répond Hector, toutes ces pensées étaient aussi en moi, mais j’aurais trop à rougir devant les Troyens et les femmes troyennes si je me retirais du combat comme un lâche. …… Oui, je le pressens au fond de mon cœur, un jour se lèvera où la ville sacrée d’Ilion, et Priam, et le peuple courageux de Priam périront ensemble ! […] Elle plonge au fond de l’abîme, comme le plomb suspendu à la corne d’un bœuf sauvage s’enfonce sous les vagues et porte l’appât meurtrier aux poissons dévorants. » Cette étrange et pittoresque comparaison révèle des procédés de pêche en usage aux bords de l’Ionie et inconnus aujourd’hui. […] Les paysages maritimes, la vaste étendue des vagues, leur azur ou leur noirceur, selon le ciel et le vent, leurs oscillations, leurs murmures, les voiles qui les sillonnent en traçant un sentier qui se referme sous leur écume pétillante, le mât qui se dresse ou qui s’incline, l’ancre qui mord le fond, la quille qui résonne en touchant la rive, n’y sont-ils pas reproduits en vers aussi limpides et aussi harmonieux que la vague elle-même ?
Tu auras vu la France remise debout par l’effort de citoyens désintéressés, appelée, sans acception de parti ou de caste, à se gouverner elle-même, s’élever pendant quelques mois à une magnanime modération et à une légalité volontaire, chercher en soi-même les conditions de la liberté, sauver l’ordre, la vie des citoyens, la paix du monde, puis abdiquer déplorablement son propre règne et préférer la gloire d’un nom dynastique à sa propre dynastie républicaine, trop fatigante pour sa faiblesse ; semblable à ces souverains détrônés de nos premières races qui, laissant les ciseaux du moine dépouiller leurs fronts chevelus, regardaient du fond d’un cloître régner à leur place l’élu du camp ou le maire du palais. […] Cet article était aussi calomnieux de fond que de forme ; car Charles X était si loin de m’avoir provoqué à écrire le Chant du Sacre, qu’il se récria violemment, à l’apparition de ce poème, sur le langage très libéral que je lui prêtais dans le dialogue. […] Je sentais trop qu’à ce jeu de théâtre, sans autre but que des applaudissements de parterre, les légitimistes perdaient l’honneur et ne gagnaient aucune popularité sérieuse dans le fond du pays. […] Ce parti s’était laissé très volontairement escamoter la république ; il en portait le drapeau, mais il en avait peur ; il affectait d’avoir été dupe, mais au fond il avait été plus complice que dupe du duc d’Orléans. […] Le fond de mon discours était celui-ci : XLIII La France est un pays susceptible et passionné d’opposition, qu’il ne faut jamais défier de rien, même du suicide.
Je ne suis pas d’ici, moi, et vous me l’avez trop laissé comprendre. » Mais tout de même, dans le fond, elle sent ce qui lui fait défaut ; elle a le respect et la superstition du seul luxe qui manque aux rois de l’or du nouveau monde : l’ancienneté des noms et des souvenirs, une tradition, des meubles et des portraits de famille, et les façons d’être qui sont liées à cette ancienneté. […] Démence très attentive dans le fond. […] Par là, il tendrait à se rapprocher, quant au fond, d’Émile Augier. […] Pierre Berton et Charles Simon, c’est que l’amour de Zaza est bien, dans son fond, « la grande passion », celle qui s’ennoblit, à ce qu’on assure, par « le désintéressement » et la souffrance, mais que cette passion, égale en « dignité » à celle des amoureuses tragiques de la plus haute littérature, s’exprime ici de la façon la plus bassement vulgaire, et, tranchons le mot, la plus canaille. […] Octave Mirbeau est, dans le fond, un « impulsif » sentimental, et un impulsif dont la forme est très volontiers celle d’un rhéteur : arrangez cela !
« Ensuite, si vous lisez ce petit Ouvrage, vous serez étonné de n’y trouver qu’un homme raisonnable, humain, philosophe même, qui combat un préjugé, qui pourroit avoir tort dans le fond, sans qu’il fût possible de lui faire le moindre reproche dans la forme ; enfin, qui n’a point cherché à justifier cette abominable catastrophe dont on le suppose le panégyriste, qui a tenu, à ce sujet, le langage d’un cœur compatissant & d’un esprit éclairé.
Ses Origines de la Langue Françoise & de la Langue Italienne, considérablement augmentées depuis sa mort, sont d’un homme qui avoit un grand fond d’érudition, mais pas toujours le discernement bien sûr, ni la critique bien exacte.
Ce Poëte, ajoute l’Ecrivain, étoit tout à la fois avide & insatiable de louanges, prêt à se jeter aux yeux de ses Critiques, & dans le fond assez docile pour profiter de leur censure.
La nuit approchait : comme nous passions entre deux murs, dans une rue déserte, tout à coup le son d’un orgue vint frapper notre oreille, et les paroles du cantique Laudate Dominum, omnes gentes, sortirent du fond d’une église voisine ; c’était alors l’octave du Saint-Sacrement.
» La nuit, quand les tempêtes de l’hiver étaient descendues, quand le monastère disparaissait dans des tourbillons, les tranquilles cénobites, retirés au fond de leurs cellules, s’endormaient au murmure des orages ; heureux de s’être embarqués dans ce vaisseau du Seigneur, qui ne périra point213 !
Au fond de tout il y a donc toujours la sensation. […] L’animal crie encore, quoique sans douleur, quand on pince sa patte ; il avale la nourriture lorsqu’elle atteint le fond de son gosier ; il exécute tous les mouvements respiratoires. […] « La grenouille saine exécute aussitôt des mouvements multiples de natation et va se cacher au fond du bocal. […] Quand je la repousse au fond, elle remonte peu après, et, si je l’en empêche, elle fait son possible pour remonter sur un autre point. […] L’animal reste tranquillement au fond du bocal, sans chercher à gagner la surface pour respirer, sans témoigner le moindre malaise.
Je vois chez nous, dans un salon de gens d’esprit ou dans un atelier d’artistes, vingt personnes vives : elles ont besoin de s’amuser, c’est là leur fond. […] La voilà qui passe, aérienne, les yeux au ciel, un faible sourire arrêté sur ses lèvres roses, touchante sylphide, si consolante pour tous ceux qui l’entourent que chacun la souhaite au fond d’un puits. […] Au fond, comme toute littérature, elle est une définition de l’homme, et pour la juger, il faut la comparer à l’homme. […] C’est donc méconnaître l’homme que de le réduire, comme fait Thackeray et comme fait la littérature anglaise, à un assemblage de vertus ou de vices ; c’est n’apercevoir de lui que la surface extérieure et sociale ; c’est négliger le fond intime et naturel. […] You yourself, dear sir, forget to go to sleep after dinner, and find yourself all of a sudden (though you invariably lose) very fond of a rubber.
Nous pourrions avec autant de raison, débuter par les Grotesques parus hier ou par le roi Candaule, en voie de publication aujourd’hui, que par les premiers livres tant la forme et le fond de tous se ressemblent. […] Mais, au fond, qui peut mettre en doute la douceur et les mœurs bienveillantes d’hommes habitués de longtemps au travail pacifique de la pensée ? […] Janin s’élève sur le ton du dithyrambe, il est au fond de très bonne foi, et la voix lui tremble et les larmes lui roulent dans les yeux avec une sincérité parfaite. […] Janin parce qu’au fond de ce latin-là, il y a un sentiment très vrai d’admiration et de sympathie pour les grandes beautés attiques, je ne saurais trop le répéter, parce qu’on n’a jamais eu la justice d’en convenir. […] Mais au fond, elle était si réfléchie et si bonne calculatrice que son premier souci fut de se chercher des aïeux.
Ils voulaient savoir le fond des choses, étudier les questions en elles-mêmes, et on ne leur parlait plus que de Platon et d’Aristote, de Leibniz et de Spinoza, de Reid et de Kant. Ils ne voyaient pas que c’était là aussi une matière de toucher le fond des choses, une préparation prudente et salutaire à des entreprises plus difficiles ; cette méthode détournée ne leur semblait donner qu’une satisfaction incomplète à la curiosité philosophique. […] Allez au fond des choses et reconnaissez que si les idées de Condillac ont succombé, c’est qu’elles étaient insuffisantes. […] Cependant, s’il y a une sorte d’accord entre l’empirisme et l’idéalisme dans la critique et dans le combat, il est facile de prévoir que les deux genres d’esprit qui se sont en quelque sorte coalisés dans cette lutte sont trop incompatibles au fond pour s’entendre longtemps. […] Je dirai aussi qu’il ne faut pas trop se préoccuper des opinions du jour, et consumer sa force dans des débats qui au fond sont assez stériles.
Elle est le fond de notre être et, nous le sentons bien, la substance même des choses avec lesquelles nous sommes en communication. […] Cette thèse consiste, au fond, à briser en morceaux l’antique conception de la finalité. […] C’est donc supposer, au fond, que tout est donné, que l’avenir pourrait se lire dans le présent. […] Son objet n’est pas, en effet, de nous révéler le fond des choses, mais de nous fournir le meilleur moyen d’agir sur elles. […] Au fond de notre étonnement il y a toujours cette idée qu’une partie seulement de cet ordre aurait pu être réalisée, que sa réalisation complète est une espèce de grâce.
Car pendant que nous apprenions notre humble métier, à l’ombre féconde et libre de ces dix-huit ans de prospérité, sous le règne bienveillant du meilleur de tous les rois, la révolution de 1848, qui faisait sourdement son chemin, éclatait pareille à l’artifice auquel on a mis le feu, la veille, et qui couve au fond de la mine, emportant, avec toutes sortes de malheureux, le rocher qui la recouvre. — Eh bien ! […] Il y a un an, à peine, qu’à cette même heure de la nuit, et sous la même constellation funeste, j’ai évoqué un monstre pire que toi, un abominable démon venu du fond de l’abîme, le démon de l’hypocrisie, et je l’ai terrassé, et je l’ai maintenu dans mon cercle de feu ! […] En vain, il veut être bouffon jusqu’à être trivial ; du fond même de sa bouffonnerie, la comédie s’élève glorieuse et triomphante. […] C’est qu’en effet quelque chose gémit et se plaint au fond de cette gaieté ; c’est qu’une lamentation immense a traversé, sans fin et sans cesse cette raillerie de l’esprit, cet orgueil des sens, cette seigneurie impitoyable et qui va à l’abîme. […] L’abîme l’emporte, mais au fond de l’abîme son orgueil triomphe encore !
Elle fera donc, à elle seule, le fond du second tome ; elle occupera toute la scène, et c’est son enlisement qui nous tiendra en haleine : enlisement auquel le secours du capitaine de Milhaud mettra un terme, fort à propos. […] C’est elle qui en fait le fond. […] La critique classique, limitée par les règles qu’elle s’était fixées, n’a pas touché le fond du problème de l’art essentiellement individuel ; la critique romantique a fort bien défini le problème, mais l’a-t-elle résolu ? […] Lorsque les rapports de la France et de l’Allemagne constituent le fond de l’étude, on doit faire preuve d’un moindre souci d’objectivité. […] Il habite aujourd’hui, rue du Faubourg-Saint-Honoré, une garçonnière, ou si vous préférez un lectulus, au fond d’une cour, entre l’ambassade d’Angleterre et l’Élysée — c’est une situation politique assez dangereuse.
Laclos était un esprit trop fin et trop avisé pour ne pas penser que les lecteurs chercheraient d’eux-mêmes ce « fond de vrai » que l’on veut toujours trouver à certains romans. […] Au fond, Gérard de Nerval demeura de lignée et de tradition classiques. […] René Boylesve, par ce constant souci de perfection ou il s’applique, atteint mieux ce qui est le fond de sa nature, le poète qui est en lui se découvre, si l’on peut dire, davantage. […] Sur quel fond, mieux que sur l’âpre et sobre décor tolédan, se détache sa figure hautaine et tourmentée, sa figure, pour ainsi dire, à la Greco ? […] Il les admire presque et, au fond, il est d’avis que, s’il importe de faire justice des voleurs, il est, après tout, juste aussi de la leur rendre !
Au fond d’un ardent ciel de cuivre, on voit le soleil tout sanglant. […] Au fond du ciel brûlant se distingue un point qui grandit ; une voile s’approche, amenant l’espoir. […] Le navire s’enfonce au fond des eaux. […] Elle renaîtra, parce qu’il y a toujours, au fond des cœurs, une demande de poésie. […] L’homme de sentiment est un tourmenté, un anxieux : il sent au fond de son cœur une perpétuelle agitation ; il est travaillé par le désir.
L’éternelle pensée de ce qu’il y a encore au fond du génie romain, exalte et dévore Sextus.
C’est l’œuvre d’un patient ciseleur de rimes, amoureux des mots scintillants, qui, avec un grand fond de tendresse, souvent se plaît à voir la nature et l’âme comme à travers un prisme, qui cherche à saisir le caprice de la couleur et du reflet.
Nul mieux que lui ne conclut une strophe un peu burlesque, soigneusement découpée en ses principales parcelles rythmiques par un majestueux ternaire, et souvent le sérieux de la forme est complice de la drôlerie du fond pour exciter l’éclat de rire, ou plutôt le sourire, car c’est à susciter ce sourire que vise M.
Le passé qui redevient le présent, des fantômes reprenant leurs corps, des légendes immémoriales revenant du fond des siècles, sur le premier plan de la vie ; des hommes quelconques, connus et coudoyés tout à l’heure, transformés par le revêtement d’un costume, par l’ascension de quelques gradins, en dieux visibles, en héros ressuscités et palpables, et le faisant croire aux yeux autant qu’à l’esprit !
Mettons donc l’éternité au fond de l’histoire des temps ; rapportons tout à Dieu, comme à la cause universelle.
Ils n’ont point commencé par le premier pas ; ils ne se sont point formés eux-mêmes par degrés : ils ont été transportés du fond des forêts et de l’état sauvage, au milieu des cités et de l’état civil : ce ne sont que de jeunes branches entées sur un vieux tronc.
La nayade, statue mauvaise d’exécution, fait bien pour l’ordonnance, et se peint avec vérité dans le fond de l’eau.
Un homme capable par les forces de son génie d’être un grand poete, et qui pourroit tirer de son propre fond toutes les beautez necessaires pour soutenir une grande fiction, trouveroit mieux son compte à traiter un pareil sujet dans lequel il n’auroit point à éviter de se rencontrer avec personne, qu’il ne pourroit le trouver en maniant des sujets de la fable ou de l’histoire grecque et romaine.
De même que l’Epoux de Hèrè lance la foudre, ce grand brui précurseur des batailles amères, ou de la pluie abondante, ou de la grêle pressée, ou de la neige qui blanchit les campagnes ; de même Agamemnôn poussait de nombreux soupirs du fond de sa poitrine, et tout son coeur tremblait quand il contemplait le camp des Troiens (sic) et la multitude des feux qui brûlaient devant Ilios, etc.
Le ciel, d’un bleu sombre, est pareil à une coupole solide qui s’appuierait au décor du fond. […] Au fond, un montagnard pensif. […] Mais vous ne viendrez pas, quoique vous en ayez peut-être envie au fond. […] Ils seraient encore huguenots au fond que je n’en serais pas trop surpris. […] » Je crois d’ailleurs qu’il n’a aucune hâte, au fond, de les livrer au grand jour.
Weiss qui a découvert derrière les bouffonneries de la Belle Hélène « un fond rigoriste et chrétien ». […] Mais, en dépit de ses intentions, il se laisse aller trop souvent à sacrifier la forme au fond, l’élégance à la solidité. […] Au fond, c’est un Grec, un disciple de Platon qui s’est laissé dériver insensiblement jusqu’au pyrrhonisme. […] C’est qu’au fond il est plus artiste que critique, et, par là même, exclusif. […] Il a dû aussi bien souvent suivre d’un long et vague désir une belle inconnue devinée d’un regard au fond d’un coupé.
De même ici pour le fond. Le fond du roman, ce sera toujours des hommes, des femmes, de l’amour par conséquent, et une société. […] Et le fond, l’âme de l’œuvre stendhalienne, c’est le goût de l’énergie et par conséquent, encore une fois, comme chez Balzac, comme dans toute notre littérature romanesque, le culte de l’héroïsme. […] Ce grand artiste — au fond demeuré un grand romantique — renouvelait le romantisme en lui prêtant un nouveau langage, adapté à cette intellectualisation de la sensibilité. […] Allez au fond… Et avant… avant, il y avait eu, en pleine guerre aussi, presque au début de cette guerre, Le Feu de Barbusse.
Cette vie individuelle en a été faussée jusqu’au fond. […] Elle tressaillait déjà au fond de ces récits d’une si prenante poésie, mais si malsaine. […] Mais à y regarder de près, vous retrouverez le principe qu’elle représente au fond de tous les projets. […] Il ne s’agit plus alors d’une différence de culture, c’est le fond même de la vie morale qui est en question. […] La notion d’effort et d’effort pénible est donc au fond de l’idée de travail.
Encore ses émotions les plus vives lui sont-elles venues non de ses idées, mais du fond même de son cœur. […] Vous avez lu jusqu’au fond de mon esprit comme dans un livre, et je n’ai encore trouvé personne qui l’eût fait. […] Mais elles ne s’y trouvent vraiment que par manière de hors-d’œuvre : et il faut bien reconnaître que, pour le fond des idées, M. […] L’autorité, que la raison se pique de remplacer, c’est l’autorité qui est au fond de notre pensée comme de nos actions. […] Peut-être eux-mêmes ne savent-ils pas, au fond, ce qu’ils ont à lui reprocher.
Le ruisseau suit naturellement le vieux lit tracé au fond de la vallée. […] Au fond il ne croyait pas plus au catholicisme qu’à la légitimité. […] Sans vouloir entrer dans le fond du sujet, je rappellerai qu’alors trois écoles philosophiques régnaient en France. […] Le fantastique ne s’y montrait que dans la forme, la gaîté d’un esprit bourgeois et bien portant était au fond. […] Au fond, il est aussi plus amer, plus roué, plus fort, comme on dirait dans un certain monde, que son émule français.
Au fond, il n’eut jamais qu’une demi foi. […] Au fond — et M. […] Au fond, et c’est ce qui le rendait tout à fait aimable, il n’a jamais cherché à étonner ni à amuser que lui-même. […] Qu’importe au fond ce que l’homme croit, pourvu qu’il croie ! […] Il passe de longues heures au tribunal révolutionnaire, crayonnant dans le fond de son chapeau, d’un trait mordant, les accusés, les condamnés.
Évidemment nous ne savons pas ce qu’est, au fond, un enfant. […] Barrès me l’apprend, que les frères Baillard ont existé, et qu’au fond de ce mythe il y a une histoire vraie. […] Mais notons qu’au fond on en pourrait retrouver autant dans Le Grand Meaulnes. […] et qui ont mené par leur personne et par la destinée de leur œuvre, d’un fond helvétique et sous des formes françaises, une vie européenne. […] Il n’existe, au fond, qu’un sujet de l’art et de la pensée humaines : l’homme devant l’énigme de la vie.
Le mot spirituel, ému, pittoresque, sublime, germe sans effort et s’épanouit sur le riche fond de la vie morale : c’est le prolongement extérieur et le dernier terme d’une longue série île sentiments intimes et d’idées inexprimées.
Ce n’est pas un sentiment : c’est un poids réel, une douleur causée par un je ne sais quoi de caché, d’invisible, mais que l’on doit pouvoir arracher de la plaie comme un trait de la blessure… Aussi le remords pour Caïn prend-il la forme d’un œil qui brille au fond des cieux, et qui demeure fixé sur le meurtrier.
Tout ce qui suit passe sur le fond solennel et lumineux d’une autre vie ; et, il n’y a plus de parole sans portée ni d’attitude sans conséquences.
Ce sont de fines tapisseries où, sur fond d’argent, se devine un dessin de légende un peu pâle et comme déjà effacé.
Au fond des pensées, l’Auteur joint les agrémens d’un style pur, net & facile.
Au moyen de cette illusion suprême, l’homme, concevant la vie phénoménale autre qu’elle, n’est en son fond le plus essentiel et rassemblant toutes ses forces pour la réduire à cette fausse conception, s’élance constamment vers l’impossible.
Ainsi le petit nombre de personnes que ce genre d’études intéresse pourra comparer, et pour la forme et pour le fond, les trois manières de l’auteur à trois époques différentes, rapprochées, et en quelque sorte confrontées dans le même volume.
On voit ici la conception du grand dans son principe : le reste n’en est qu’une ombre, comme l’intelligence créée n’est qu’une faible émanation de l’intelligence créatrice ; comme la fiction, quand elle est belle, n’est encore que l’ombre de la vérité, et tire tout son mérite d’un fond de ressemblance. » 66.
Telle est la conception qui gît au fond du mot « fin de siècle » : le détachement pratique de la discipline transmise, qui théoriquement subsiste encore. […] Morel, le grand scrutateur de la dégénérescence, ramène au fond celle-ci à l’intoxication49. […] Ici nous trouvons le mysticisme du fond uni au mode d’expression affectant l’archaïque et l’enfantin du véritable préraphaélisme. […] « Au fond, voyez-vous, dit M. […] On la réveille, elle prend le poignard et fond sur la victime désignée.
Elle recevait avec beaucoup de douceur ce qu’il lui disait ; mais toutes ces instances ne faisaient au fond que l’importuner et l’aigrir contre la piété, qu’elle regardait comme son ennemie et sa grande rivale dans le cœur du prince. » C’est dans ces disposition d’une lutte intérieure déjà ancienne, qu’un jour elle se trouva tout d’un coup, et sans savoir comment, tournée à Dieu, persuadée des vérités de la foi et brûlant du désir de s’élever à la source suprême. […] Elle se cacha tout de son mieux sous une grande coiffe de taffetas, et au lieu d’entrer par la porte du théâtre, comme elle avait accoutumé de faire, elle entra par la porte des loges et s’alla placer au fond des secondes loges, car toutes les autres étaient remplies. […] Une des premières lettres du duc de Nivernais au comte de Choiseul (bientôt duc de Praslin), chargé des Affaires étrangères, est pour lui présenter une description fidèle de l’état des partis et de l’opinion (24 septembre 1762) : Comme, par la constitution de ce pays-ci, l’état respectif des partis est la seule boussole qui puisse nous guider dans la négociation présente quant au fond et quant à la forme, je vais, dans cette lettre, avoir l’honneur de vous transmettre toutes les connaissances locales, que j’ai prises avec autant de soin que de diligence, des intérêts, des vues, des forces desdits partis ; et j’ose me persuader que ce détail pourra vous servir utilement pour apprécier au juste les discours du plénipotentiaire anglais (à Versailles), qui doivent, si je ne me trompe pas, servir de preuve à mes observations, comme mes observations leur serviront de clef et d’éclaircissement. […] Dîner au son du cor et du hautbois ; promenade au belvédère, avec un arc-en-ciel qui paraît juste comme à point nommé pour décorer le fond du paysage ; collation rurale dans le bois, à l’entrée de la grotte.
Sans prétendre retracer une vie si diverse et si fuyante, il y a eu devoir et plaisir pour nous à bien saisir du moins cette physionomie à laquelle s’attache un enchantement immortel, et qui, même sous ses voiles redoublés, nous venait sourire du fond de notre cadre austère. […] Comme elle se fût admirablement dessinée dans ce même fond de tempêtes et de tourbillons civils, où il a jeté et détaché l’autre princesse ! […] Si elles nous détaillent le cœur humain dans sa plus menue petitesse, c’est que cette petitesse en est le fond ordinaire, définitif ; elles le vont ainsi poursuivre et démontrer petit à tous les degrés de sa profondeur. […] Mais qu’on aille au fond et au bout de ces longueurs de phrases, la finesse se retrouvera. — Et puis le style de Mme de La Vallière a été lui-même légèrement corrigé dans ces dernières éditions.
Elle en a deux : se consolider en Pologne, empiéter sur les provinces du Danube, s’annexer les provinces grecques, non de race mais de religion, de la Turquie d’Europe, se naturaliser en Asie vers la Perse et vers la Turquie asiatique, posséder le littoral de la mer Noire, s’y créer une marine militaire sur les débris de sa marine détruite de Sébastopol ; s’emparer ensuite de Constantinople, de la capitale de l’empire ottoman ; marcher de là d’un côté, par le Taurus et par la Syrie, vers l’Euphrate et vers le Nil ; marcher de l’autre côté, par la Grèce et l’Albanie, vers le fond de l’Adriatique, et, en resserrant ensuite ses deux bras ainsi étendus, étreindre l’empire de Constantin annexé à l’empire de Pierre le Grand. […] Mais qu’est-ce que la Prusse, au fond, en Europe, si ce n’est un client de l’Angleterre et un avant-poste de la Russie ? […] Comment se ferait-il que les Églises chrétiennes, les monastères chrétiens, couvrissent la Turquie entière de ces témoignages éclatants de la tolérance des Turcs, depuis le mont Sinaï jusqu’au fond de l’Égypte, depuis le fond de l’Égypte jusqu’au mont Liban, tout crénelé de couvents, depuis le mont Liban jusqu’au mont Athos et à ses trois cents couvents et à sa population exclusive de moines ?
J’ai été comme ébloui ; j’ai cru sentir la voûte du ciel s’écrouler sur moi, le plancher manquer sous mes pieds, le soleil et la nuit se confondre et entrer pêle-mêle, comme sous un coup de marteau, dans ma tête ; je n’ai pas eu le temps de respirer, j’étais essoufflé, ou plutôt il m’a semblé que j’étais poussé par une main puissante à travers des espaces incommensurables, tantôt répugnants, tantôt délicieux, tantôt par force, tantôt par plaisir ; ici affreuse stérilité, là fécondité prodigieuse, hurlements affreux d’un côté, musique caressante de l’autre ; allant où je ne voulais pas aller, m’arrêtant où je ne voulais pas m’arrêter, mais allant toujours, comme si la poigne du Juif errant m’eût déraciné de terre pour me contraindre à le suivre jusqu’en enfer ; en un mot, Monsieur, ce livre m’a souvent révolté, toujours entraîné, et je suis arrivé au bout en maudissant la route ; mais, comme la roue précipitée sur une pente d’abîmes où il lui est impossible de s’arrêter, j’étais moulu quand j’ai été au fond. […] Parce que ce Valjean est au fond un très vilain homme, un homme si pervers, si incorrigible, que moi, qui ai fréquenté les bagnes, j’en ai vu bien peu d’aussi foncièrement scélérats, d’aussi dénaturés, soit par leur dépravation naturelle, soit par le défaut de bonne éducation dans leur famille, soit par la passion innée et organique du vol et du meurtre, passion qu’on dit héréditaire dans certaines races d’hommes, comme chez le renard, le loup ou le tigre. […] Myriel, et, convenons-en, il l’a fait avec une généreuse intrépidité dans un moment où la littérature, disons le mot, une littérature médiocre, scolastique, sans feu, sans ailes, sans imagination, se retourne niaisement vers l’athéisme, cette bêtise sans fond, et croit avoir inventé quelque chose en inventant le néant ! […] Ce remords national, cette horreur irréfléchie quoique générale, tout cela n’est au fond que le jugement non raisonné, mais infaillible, du genre humain, le dégoût instinctif qui se voile la face à l’aspect d’une mare de sang.
Les grands temples étaient devant nous comme des statues sur leur piédestal ; le soleil les frappait d’un dernier rayon qui se retirait lentement d’une colonne à l’autre, comme les lueurs d’une lampe que le prêtre emporte au fond du sanctuaire ; les mille ombres des portiques, des piliers, des colonnades, des autels, se répandaient mouvantes sous la vaste forêt de pierre, et remplaçaient peu à peu sur l’acropolis les éclatantes lueurs du marbre et du travertin. […] Rien ne nous avait préparés à cette musique de l’âme, dont chaque note est un sentiment ou un soupir du cœur humain, dans cette solitude, au fond des déserts, sortant ainsi des pierres muettes accumulées par les tremblements de terre, par les barbares et par le temps. […] Les parois de ce rempart de granit étaient tellement perpendiculaires, que les chevreuils mêmes de la montagne n’auraient pu y trouver un sentier, et que nos Arabes étaient obligés de se coucher le ventre contre terre et de se pencher sur l’abîme pour découvrir le fond de la vallée ; le soleil baissait, nous avions marché bien des heures, il nous en aurait fallu plusieurs encore pour retrouver notre sentier perdu et regagner Éden ; nous descendîmes de cheval, et nous confiant à un de nos guides qui connaissait, non loin de là, un escalier de roc vif, taillé jadis par les moines maronites, habitants immémoriaux de cette vallée, nous suivîmes quelque temps les bords de la corniche, et nous descendîmes enfin par ces marches glissantes, sur une plate-forme détachée du roc et qui dominait tout cet horizon. […] Mais quelle qu’ait été, quelle que puisse être encore la diversité de ces impressions jetées par la nature dans mon âme, et par mon âme dans mes vers, le fond en fut toujours un profond instinct de la divinité dans toutes choses ; une vive évidence, une intuition plus ou moins éclatante de l’existence et de l’action de Dieu dans la création matérielle et dans l’humanité pensante ; une conviction ferme et inébranlable que Dieu était le dernier mot de tout !
En sorte qu’on peut se demander si c’est par le fond même de leur système que les grands philosophes sont immortels, ou bien par leur méthode, leur logique, par la beauté de leurs discours, par l’art de faire servir les vérités de la vie pratique à rendre leurs spéculations plus claires ou plus familières. […] Avec Descartes, il faut pénétrer au fond des choses, revenir à la charge, ne pas se rebuter. […] Pour le fond des choses, il demeura attaché aux écrivains ingénieux qui songent plus à orner leur élocution qu’à éclaircir leurs pensées, et chez lesquels chaque détail est, à son tour, tout le sujet. […] Il serait puéril d’ôter à Gassendi, pour la donner à Descartes, la gloire des premières impressions que reçut le génie de Molière ; mais il est vrai de dire que tous les deux y ont eu part, Gassendi par son attachement même pour les vérités d’expérience, qui sont le fond de la comédie ; Descartes par sa méthode, qui donnait, pour tous les genres d’ouvrages, les règles de l’art, c’est-à-dire de l’expression durable.
C’est Nicomède défiant Rome dans la personne de Flaminius ; c’est Sertorius, du fond de l’Espagne, disant à Pompée : Rome n’est plus dans Rome ; elle est toute où je suis. […] Nous sommes idolâtres des héros, et du fond de notre misère nous battons des mains à ceux qui nous font jouer quelque grand rôle sur la scène du monde, et qui nous attirent les applaudissements du genre humain. […] La fatalité, ce grand ressort du théâtre antique, qu’est-ce, au fond, que cette loi de la nature humaine par laquelle certains caractères sont invinciblement entraînés à certaines actions ? […] Mais, dans les dernières pièces de Corneille, au lieu de belles situations amenées par des moyens défectueux, je ne vois plus que de stériles efforts pour tirer des situations médiocres d’un fond sans événements et sans caractères.
« Au fond terne » sur lequel elle se détache. […] Au fond Perrault n’est que Desmarets, avec plus d’esprit et soufflé par Fontenelle. […] Il faut, pour bien juger Homère, le grand goût des hommes de génie, ou la naïveté de l’artiste, ou cette raison dont la connaissance de nous-mêmes est à la fois le fond et la première marque. […] Quoique plus habile que ses complices, le nouvel adversaire des anciens est, au fond, poussé par les mêmes motifs.
Bref, avec une intensité croissante, s’est posée cette question troublante qui est le fond même de la question sociale : Pourquoi tant de luxe en haut et tant de misère en bas ? […] Le dandy qu’il était au fond se réveillait en lui ; il se moquait en prose et en vers des utopies qui foisonnaient autour de lui ; il s’est amusé à railler dans Dupont et Durand le fourmillement des extravagances dans deux cervelles détraquées. […] Si l’on essaie de résumer l’effet produit sur l’esprit des écrivains par la tutelle des puissances établies, on peut dire qu’en général elle encourage l’art pour l’art, l’art élégant, aimable, soigné, occupé surtout à se parer, voilà pour la forme, et la pensée docile, réservée, soumise avec passion ou résignation, dénuée de hardiesse et fréquemment de franchise, voilà pour le fond des idées. […] Celui qui gouverne, c’est le financier qui, du fond de la coulisse où il reste invisible, donne leur consigne aux rédacteurs, décide en quel sens on se prononcera, ce qu’on défendra ou attaquera.
Les Bacchantes, aiguillonnées par les serpents qui les ceignent, fouillent, avec des abois de meute, le fond des forêts ; elles égorgent les lionceaux et les chevreuils pris au gîte, et se taillent des robes dans leurs peaux sanglantes. […] Un poète du quatrième siècle, Nonnos de Panopolis, l’a célébrée dans les quarante-huit chants de ses Dionysiaques, répertoire immense de mythes et de fables enjolivés sans doute par ce bel esprit alexandrin qu’on pourrait appeler le rococo grec, mais dont la broderie romanesque recouvre un fond d’antiques traditions. […] Plus tard Adonis se fond dans Bacchus devenu presque aussi féminin que lui : on ne les discerne guère plus l’un de l’autre : même langueur et même air de mort. […] L’Orphisme condamnait les impies à puiser aux Enfers de l’eau dans un crible ; c’est l’image de ses mystagogues s’acharnant à remplir de leurs spéculations et de leurs systèmes un dieu sans fond, à force d’avoir été élargi. — Un roman carlovingien raconte qu’un chevalier héritait de la force de tous les guerriers qu’abattait sa lance : Bacchus hérite des attributs des dieux qu’il supplante, mais non de leur force qui n’existait plus.
Et nous avons aussi promené notre effort, Sur les sombres sillons, parmi les champs immenses, Nous avons labouré devant les granges d’or, Rêvé les nuits d’hiver aux lenteurs des semences, Scruté, les matins gris, au fond des cieux voilés, Le voyage inconnu que font les pluies nouvelles, Nous avons fait monter de la terre éternelle, Le blé divin, le pain dont vit l’humanité… (La Grande Plainte). […] … Je vois s’enfler la voile au fond de l’estuaire, Puis, derrière, au lointain, du côté de la plaine, Surgir, fondre et passer, l’ouragan pour haleine. […] Au fond ces poètes réalisent ce qu’avait rêvé Louis Bouilhet et ce que Leconte de Lisle avait tenté sur la fin de sa vie. […] Il fait soudain grand’nuit tout au fond de mon être !
Ninon, qu’il connaissait et avec laquelle il était lié, lui avait autrefois adressé, à l’occasion de l’une de ses espérances manquées, quelque consolation assaisonnée de réprimande et quelque rappel à la philosophie ; il lui répondait avec bonne grâce, en lui donnant raison sur le fond : Quant à l’extérieur, ajoutait-il, il faut faire à peu près comme les autres, et c’est être fou que de vouloir être sage tout seul… Qu’on me laisse chez moi vivre en repos ; qu’on m’y laisse choisir mes plaisirs et mes amusements et jouir tranquillement de mon bien, je serai trop content ; mais cela est impossible en ce pays-ci ; c’est la pierre philosophale qu’on cherche inutilement depuis tant de temps : tout le monde vient vous y tourmenter. […] Tel était au fond Lassay dans sa vieillesse, au moins à de certaines heures. […] Lassay put connaître La Bruyère à l’hôtel de Condé ; il est un de ses disciples pour l’observation vraie ; il en a le fond, sinon le relief : Mon étoile bien plutôt que mon goût, dit-il dans une lettre à une femme, m’a conduit à vivre avec des princes, connaissant qu’ils sont encore plus imparfaits que les autres hommes ; car, n’étant pas nécessités à se contraindre, ils se laissent aller à toutes leurs mauvaises inclinations.
Certes, le Graecia capta ferum… est au fond de tout : c’est le point de départ. […] alors l’équilibre entre les talents et le milieu, entre les esprits et le régime social, se trouverait rétabli ; on se retrouverait à l’unisson ; la lutte, la maladie morale cesseraient, et la littérature d’elle-même redeviendrait classique par les grandes lignes et par le fond (c’est l’essentiel) ; — non pas qu’on aurait plus de talent, plus de science, mais on aurait plus d’ordre, d’harmonie, de proportion, un noble but, et des moyens plus simples et plus de courage pour y arriver. […] D’autres ont dressé au fond de vous les colonnes ; vous avez les exemplaires de la beauté véritable.
il ne dit mot du fond : il passe outre à Homère, se détourne sur je ne sais quel pastiche de préface en grec composé autrefois par le prince archi-trésorier, et badine alentour avec assez de grâce ; mais d’Homère même, de l’Iliade, de la question qui agitait et partageait les grands érudits, rien. […] A propos de l’Électre de Sophocle, il rencontre un vers qui est tout entier ou presque tout entier en monosyllabes : sur ce, il remarque et note tous les vers qu’il connaît, composés également de monosyllabes : « Racine, dans Phèdre : Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur. […] Hase osait ouvrir le fond du cœur et décharger ses pensées à huis clos.
Voilà de sages réflexions qui ne m’empêchent pas, au fond de moi-même, de voir avec une certaine satisfaction toute cette crise. […] Il n’y a, au fond, que les choses de notre temps qui intéressent le public et qui m’intéressent moi-même. […] C’est cependant ce que n’admettrait pas et ne discuterait seulement pas non-seulement la masse des lecteurs, mais encore l’élite des aristarques qui décernent aux écrivains l’approbation ou le blâme… N’est-ce pas cependant un côté par lequel il y aurait à examiner les OEuvres de Tocqueville, qui jusqu’à présent a été plutôt étudié pour le fond de ses idées que pour la forme même qu’il leur a donnée ?
Il y a au fond de moi-même une prière incessante qui demande à Dieu du bonheur qui puisse s’envoyer à ceux que j’aime. […] Après soixante ans d’existence comme au premier jour, elle vit en présence des êtres chers qui entouraient et protégeaient son enfance, et dont elle n’a cessé de faire les témoins invisibles, les juges et les surveillants de sa vie : « (23 septembre 1847)… Tu réalises le pressentiment que j’ai toujours eu qu’un jour, du fond de ton humble malheur, tu entoureras ton nom de considération et d’estime. […] Sainte-Beuve : « À Douai, nous sommes tous ravis : vous avez retrouvé tout ce qu’il y a au fond des âmes flamandes ; il n’est pas jusqu’à votre petit mot sur Martin (du Nord) qui n’aille à l’âme de ses compatriotes ; ici l’homme passe toujours avant l’homme public : le dernier n’est considéré que comme un acteur jouant plus ou moins bien son rôle. » — Le fragment de lettre suivant trouve naturellement sa place ici : « … l’excellent M.
C’est une Provinciale, la dix-neuvième Provinciale, comme je l’appelle, écrite par un homme du monde, qui, en raillerie sur le fond des choses, va plus loin que Pascal. […] Je sais bien qu’au fond et à la rigueur elle peut se défendre ; car, si vous supprimez dans l’amitié tout ce qui en fait le charme et le prix, si vous vous plaisez, par supposition, à retirer une à une toutes les qualités de votre ami ; si, au lieu d’un homme libéral et généreux, vous en faites subitement un maniaque qui tourne à l’avare ; si, au lieu d’un esprit libre, vous supposez qu’il soit devenu sectaire ; si, au lieu d’un être intelligent, vous le supposez en décadence, en enfance, et n’étant plus lui-même, il est bien clair que les conditions de l’amitié sont changées. […] Là, aussi, tout en ayant la plus convenable et la plus noble liberté de jugement, il a au fond l’indifférence, une sorte de découragement de voluptueux.
Près du drapeau que dans l’ombre on replie, Au fond du verre où l’infortune oublie, Autour du punch et des jeunes gaîtés, Même au cou nu des folâtres beautés, Oh ! […] Telles déjà, selon l’oracle ancien, Au fond d’un bois, les divines abeilles, Gage choisi de clémentes merveilles. […] On ne s’étonnera point, d’après cela, si les questions agitées, il y a peu d’années, dans la poésie et dans l’art, tout en paraissant fort étrangères au genre et aux préoccupations politiques de Béranger, ne l’ont laissé au fond ni dédaigneux ni indifférent.
Et ce n’était pas l’esprit politique, la passion agressive de Carrel qui l’attirait, c’était l’excellence de l’écrivain, le bon sens qui persistait si juste et si sain au fond de l’humeur belliqueuse et à travers cette noble bile (splendida, mascula bilis) : en fait de bon sens, celui de M. […] Nisard, dans ces milieux divers, se disait honnête et il l’était ; mais il avait un sens qui le détournait des fausses espérances et des excessifs désespoirs ; mais, par ses goûts classiques mêmes, par son habitude raisonnée de prosateur, par un certain ballottage équitable qui neutralise les écarts, il se tenait, dans ses variations, à des idées moyennes d’expérience et de portée actuelle, que l’expression seule grossissait un peu ; il n’était du reste nullement fermé à plusieurs des discussions nouvelles qui s’agitaient, et il en retirait, après coup, matière à digression littéraire, sans s’éprendre du fond : autant de garanties contre l’erreur et pour la marche de ce genre de talent. […] De grandes et réelles qualités sont compatibles avec ce défaut qui n’est pas si nuisible au succès, quand il est surtout appuyé du fond.
Cette indifférence du fond, il faut bien le dire, cette tolérance prompte, facile, aiguisée de plaisir, est une des conditions essentielles du génie critique, dont le propre, quand il est complet, consiste à courir au premier signe sur le terrain d’un chacun, à s’y trouver à l’aise, à s’y jouer en maître et à connaître de toutes choses. […] On lui reprochait d’abord d’être trop prodigue de louanges ; mais il s’en corrigea, et d’ailleurs ses louanges et ses respects dans l’expression envers les auteurs ne lui dérobèrent jamais le fond. […] On n’était pourtant pas loin du temps où certains grands offraient au spirituel railleur Guy Patin un louis d’or sous son assiette, chaque fois qu’il voudrait venir dîner chez eux ; On se serait arraché Bayle s’il avait voulu, car il était devenu, du fond de son cabinet, une espèce de roi des beaux esprits.
Le fond de la poésie lyrique, étant ainsi ce qu’il y a de plus universel dans les idées de l’humanité, la vibration personnelle du poète qui contemple ces hautes vérités ne sert qu’à leur donner une plus grande force de pénétration pour aller au fond des cœurs. […] Il devait arriver que tantôt il interprétât l’antiquité avec ses idées modernes, et que tantôt il opprimât la pensée moderne par les formes antiques : comme il était fort malaisé de dégager toujours sûrement le fond commun des œuvres anciennes et de l’expérience moderne, il devait tendre à faire une trop large part à l’immuable et à l’absolu dans la nature et dans l’esprit humain.
Au fond, toujours ou presque toujours, l’amour, non pas l’appétit brutal des chansons de geste, ni la fine rhétorique du lyrisme méridional, mais le sentiment profond, ardent, qui emplit une âme et une vie, qui y verse seul le bonheur ou le malheur. […] Enfin il réalisa dans sa plus précise et révoltante forme le type du parfait chevalier, qui laisse pays et femme pour courir le monde, et par folle vaillance s’acquérir un fol honneur : le ressort, au fond, qui le meut, c’est la vanité. […] Ainsi fait Yvain, qui s’en va vivre au fond d’une forêt, nu, comme « un homme sauvage », n’ayant gardé qu’un instinct tout animal qui lui fait chercher sa nourriture.
Retranché dans sa maison, il laisse venir à lui le monde : du fond de son cabinet, il le domine par l’omniprésence de son esprit. […] Le fond de Voltaire, c’est l’irréligion. […] Je sais bien qu’au fond ces étonnantes liaisons de phénomènes qu’il nous présente, ces ricochets fantastiques d’effets et de causes, ces leçons de résignation fataliste, cette raillerie de la présomption humaine qui se croit assurée d’elle-même ou des choses, enveloppent une assez forte négation de la Providence : mais la moralité terre à terre dérobe l’audacieuse métaphysique.
Alors causer comme entre gens, pour qui le charme fut de se réunir, notre dessein, me séduirait ; pardon d’un retard à m’y complaire : j’accuse l’ombre sérieuse qui fond, des nuits de votre ville où règne la désuétude de tout excepté de penser, vers cette salle particulièrement sonore au rêve. […] Les articles, dits premier-Paris, admirables et la seule forme contemporaine parce que de toute éternité, sont des poèmes, voilà, plus ou moins bien simplement ; riches, nuls, en cloisonné ou sur fond à la colle. […] Nœud de la harangue, me voici fournir ce morceau, tout d’une pièce, aux auditeurs, sur fond de mise en scène ou de dramatisation spéculatives : entre les préliminaires cursifs et la détente de commérages ramenée au souci du jour précisément en vue de combler le manque d’intérêt extra-esthétique. — Tout se résume dans l’Esthétique et l’Économie politique.
Pour répondre, maintenant, à chacune de vos questions : 1º La critique n’est pas en décadence, à mon avis, et je suis persuadé que le jour où elle aura une doctrine, un Sainte-Beuve pourra naître, que les journaux et que le public favoriseront, car tout se tient ; 2º Mon idéal de la critique serait : un courrier des lettres quotidien, comme celui de L’Intransigeant et de L’Ère nouvelle, dans chaque journal et un feuilleton hebdomadaire ; pour les revues, des chroniques bimensuelles ; en outre, des articles de fond pour les grands livres, dans les journaux comme dans les revues ; 3º J’aimerais assez un critique dogmatique, mais a la condition qu’il fût, en même temps, indépendant et artiste. […] Ne se prononçant pas davantage sur le fond, M. […] « Un courrier des lettres quotidien, dans chaque journal, et un feuilleton hebdomadaire ; pour les revues, des chroniques bimensuelles ; en outre, des articles de fond pour les grands livres, dans les journaux comme dans les revues. » Il semblerait que nos amis se soient donné le mot.