Comme les Dieux au ciel, sur la terre les Rois Établissent aussi des souveraines lois : À la grandeur des Dieux leur grandeur se figure Comme au vouloir des Dieux leur vouloir se mesure. […] Il est vrai, Mesdames, qu’heureusement pour nous, nos grand-mères l’étaient quelque peu davantage ; et vous pouvez vous imaginer, en entendant ces grossièretés, la figure, ou plutôt la grimace de dégoût, que faisaient celles que l’on appelait en ce temps-là l’incomparable Arthénice, et sa fille, Julie d’Angennes, un peu plus prude encore qu’elle, la même qui fut depuis la sévère et complaisante à la fois duchesse de Montausier. […] De telle sorte que les deux figures sont à la fois identiques et inverses l’une de l’autre, s’éclairent par là même l’une l’autre, et achèvent enfin de s’expliquer l’une l’autre… Mais, Messieurs, ce sont là des détails qui n’auraient rien de très neuf, dont je me garderai bien de vouloir exagérer l’intérêt, qui n’ont d’importance que pour les curieux ou pour les érudits ; et, ce que je voudrais aujourd’hui vous montrer en parlant de Tartufe, c’est quelque chose de plus général. […] C’est Mme de Tallard, chargée par Louis XV de faire à Samuel Bernard les honneurs de Versailles, qui nous raconte elle-même l’entrée du personnage dans son appartement : On annonce le duc d’Ayen, qui fait son entrée en poussant devant lui une figure incroyable ; tout le monde croit voir Turcaret ou le Bourgeois gentilhomme. Au-dessus d’une assez belle figure, il avait une perruque immense et, sur sa grande taille, un habit, ou plutôt une espèce de pourpoint de velours noir, veste et doublure de satin cramoisi, brodés en or, et une grande frange à crépines d’or au bas de sa veste, que sais-je ?
La surprise, la colère, l’indignation, la raillerie lui fournirent tour à tour les traits les plus vifs ; ce n’était plus un écrivain qui parlait aux gens du monde, c’était un athlète vigoureux qui serrait son ennemi corps à corps ; toutes les figures de la rhétorique servaient à sa défense ; enfin ce n’était plus un critique qui décomposait une œuvre dramatique pour en analyser, pour en apprécier toutes les parties ; c’était un auteur qui défendait son ouvrage, c’était le père des feuilletons qui volait au secours de ses enfants attaqués. […] Corneille a peint Cléopâtre d’après l’histoire ; si quelquefois ses traits sont trop naïfs, j’avoue que j’aime mieux dette précieuse vérité de pinceau que ces portraits imaginaires, que ces figures fades et fausses, qui n’ont point de physionomie et ne ressemblent à rien. […] Voltaire, accoutumé à des caricatures tragiques, à des figures outrées et gigantesques, ne fait aucun cas des sentiments honnêtes et touchants que ces deux jeunes princes opposent sans cesse à la fureur des passions qui les environnent.
Les rudes divinités celtiques elles-mêmes s’éclipsent dans ce fiat lux et sont remplacées par les pompeuses figures de l’Olympe gréco-latine. […] Des figures telles qu’Hermann et Wilikind — et plus tard Luther — sont éminemment représentatives de ce fort individualisme, rebelle à l’absorption, de la race germanique. […] Plus largement peut-être que Luther, bien qu’avec moins d’éclat, un homme incarne, au xvie siècle, cette aspiration profonde de l’Allemagne vers une existence nouvelle, purifiée de toute suprématie romaine, une de ces extraordinaires figures placées au seuil des temps modernes qu’ils ont prophétisés et rendus possibles : Ulrich de Hutten. […] Je ne puis contempler certaines de ces figures que, dans son rêve maladif et mystique, le peintre anglais Burne-Jones se plut à répéter, sans y reconnaître comme l’image frappante de nous-mêmes.
Le portrait littéraire n’y est jamais fait, et la figure du personnage y est vivante, individuelle, tracée d’une manière ineffaçable en quelques traits. […] Mais il n’a pas assez de matière, une assez grande richesse d’observations pour que ce qui environne sa figure centrale ait autant de réalité qu’elle en a. […] Une figure pleine et grasse, des yeux qui luisent sous des paupières discrètes, les lignes arrondies d’une chatte gourmande, voilà ce que je me rappelle, et c’est quelque chose, mais c’est tout. […] Dans les Mondes on voyait un savant s’excusant de tracer des figures de géométrie sur le sable d’un parc où il ne devrait y avoir que chiffres entrelacés sur l’écorce des arbres. […] » d’un ton qui m’eût fait pouffer de rire dans des circonstances moins lugubres ». — Il voit arriver sa propre mort avec une gaîté moindre ; mais il lui fait encore bonne figure.
Notre odorat, malgré son imperfection relative, a encore un rôle considérable dans tous les paysages aperçus ou décrits : on ne se figure pas l’Italie sans le parfum de ses orangers emporté dans la brise chaude, les côtes de Bretagne ou de Gascogne sans « l’âpre senteur des mers », si souvent chantée par V. […] Leurs figures mêmes rappellent parfois les premières ébauches tentées par l’imagination de la nature, les mammouths et les plésiosaures. […] Les grands poèmes des anciens âges ressemblent à ces pyramides dressées pour l’éternité, où les vieux peuples aimaient à inscrire leur histoire en caractères merveilleux et symboliques : aujourd’hui, les faits et les idées se succèdent si vite pour nos cerveaux fatigués que nous avons à peine le temps de les transcrire à la hâte, le plus simplement possible, sans symboles ni figures délicatement sculptées ; puis nous laissons s’envoler au gré du vent tous ces feuillets noircis : écrire n’est plus graver. […] On ne se figure guère M. […] Shairp (On Poetic Interpretation of Nature), à ces fonds de tableaux qu’on trouve chez les Pérugin et les Léonard, à ces campagnes bleues et fuyantes qui servent surtout à faire ressortir la figure rosée d’un jeune homme ou d’une vierge.
Ce petit volume original, dans sa primitive ordonnance qui s’est plus tard rompue, offrant ses trois cent quinze pensées si brèves, encadrées entre les considérations générales sur l’amour-propre au début et les réflexions sur le mépris de la mort à la fin, me figure encore mieux que les éditions suivantes un tout harmonieux, où chaque détail espacé arrêta le regard.
Quiconque a traversé, dans son existence intellectuelle, l’une de ces phases d’incrédulité stoïque et d’épicuréisme élevé, sait à quoi s’en tenir sur ces monstres que de loin on s’en figure.
Sous cette lumière subite, la vraie figure, difforme, odieuse ou plate, apparaît ; nous haussons les épaules.
Un dogme n’est rien par lui-même ; voyez les gens qui l’ont fait, tel portrait du seizième siècle, la roide et énergique figure d’un archevêque ou d’un martyr anglais.
… » Son ange gardien était entré en moi, il avait pris ma figure.
Cependant il simplifie certainement l’appareil scolastique, il ménage les divisions, les citations, retenant seulement les procédés et figures qui émeuvent l’imagination.
Ce dernier trait, à peine indiqué, achève la figure.
Après un rude hiver et trois mois de fâcheux temps, pendant lesquels on n’a pu faire charrois ni labours, l’année s’ouvre enfin, les travaux reprennent leur cours. » Ses paysans, ses vignerons, amoureux de la terre, laborieux, rudes et simples, ont une sorte de grâce robuste qui évoque l’image des laboureurs attiques de la Paix : et lui-même s’est composé son personnage à demi idéal de vigneron tourangeau, tracassier, processif et bonhomme, d’une façon qui rappelle le talent des logo-graphes athéniens à dessiner les figures de leurs clients.
Deschanel, qui s’applique à relever ces contrastes, défend ailleurs la vérité historique des principales figures de ce théâtre.
Je me le figure presque illettré.
Après quoi elles font figure d’intellectuelles.
De la même époque est la conception primitive de Parsifal : comme contraste en face de Tristan, dans l’esprit du poète naquit l’image de Parsifal, le Compatissant, le Renonceur et le Sacrifié ; mais bientôt cette figure se détacha tout à fait de celle de Tristan ; l’esquisse de Tristan fut achevée en ces années 1854 et 1855, et celle de Parsifal ne fut ébauchée qu’au printemps de 1857, éveillée au jour du Vendredi-Saint.
— Sont-elles deux ensemble ou un plus grand nombre, elles rient au nez des gens, trouvent à redire à tout ce qu’on dit… Ce sont les plus insupportables personnes du monde. » Mademoiselle de Montpensier fait une description assez grotesque de leur figure, et surtout de leurs minauderies.
Ces figures grossissantes, propres aux poëtes suprêmes, et à eux seuls, sont vraies, au fond, d’une vérité de rêverie.
Laplace a exposé effectivement une conception par laquelle on pourrait ne voir dans les phénomènes chimiques que de simples effets moléculaires de l’attraction newtonienne, modifiée par la figure et la position mutuelle des atomes.
Car, quelque opinion qu’on adopte relativement aux affinités chimiques, et, quand même on ne verrait en elles, ainsi qu’on peut le concevoir, que des modifications de la gravitation générale produites par la figure et par la disposition mutuelle des atomes, il demeurerait incontestable que la nécessité d’avoir continuellement égard à ces conditions spéciales ne permettrait point de traiter la chimie comme un simple appendice de la physique.
Si l’on le fâche, il vomit les injures ; Il ne connaît plus brillantes figures.
J’aperçois le soleil ; quelle en est la figure ?
Parmi les méthodes proposées pour l’enseignement des langues figure celle de Prendergast 67, dont le principe a été plus d’une fois utilisé.
Est-ce que ce sont des figures ressemblantes, des portraits faits d’après nos contemporains que les types d’Antony ou de Trenmor, de Lugarto ou de Leone-Leoni, de Robert-Macaire ou de Vautrin ? […] Philippe, le soudard grossier, l’escroc, le débauché, le fils ingrat et sans cœur, est une figure que le romancier s’efforce d’agrandir et de poétiser par l’audace, le sang-froid, l’intrépidité. […] quelquefois le crime doit être tout un poème, je l’ai compris153. » Cette poésie du crime, M. de Balzac l’a incarnée dans un de ses personnages favoris, dans cet abominable Vautrin dont il a dessiné la hideuse figure avec tant d’amour, qui reparaît si obstinément dans plusieurs de ses longs romans, et où nous avons eu déjà occasion de signaler l’alliance du plus pur dévouement et de la plus profonde perversité. […] Et comment ne pas être, au bout de ce triste récit, tenté de dire, comme le fils du brave et malheureux Pierre Huet : « C’est vrai : vice, crime, infamie, voilà les seules choses qui ne trompent jamais160… » Nous ne finirions pas si nous voulions rappeler toutes les figures de ce genre tombées de la plume du même écrivain. […] Qu’on se figure une longue suite de récits étranges, où l’art n’est pas moins sacrifié que la vérité, et le sens commun que la morale ; et où se trouvent rassemblés, entassés tout ce que l’histoire et la fable, la tradition et la crédulité peuvent fournir de scènes atroces, de tableaux révoltants, d’iniquités odieuses, de monstruosités ; et de cet effroyable amas de crimes et d’horreurs accumulés à plaisir, de ce martyrologe fantastique où le peuple est l’éternelle victime, et les grands, les riches, les éternels bourreaux, une seule et même conclusion sortant à chaque page, c’est-à-dire la haine de tout ce qui est gouvernement, pouvoir, religion ; la malédiction contre tout ce qui s’appelle rois ou prêtres, contre tout ce qui possède l’autorité ou la richesse.
ce n’est pas qu’on s’intéresse beaucoup aux Napolitains ; on fait assez peu de cas d’eux à Paris, et l’on se figure volontiers qu’il n’y a à Naples que des lazzaroni et des sbires. […] Ce sont de simples figures au trait, — cinq ou six au plus pour chaque tableau, — sans paysage, et dessinées dans le goût de cette école qui, bien des années plus tard, devait prendre, chez les compatriotes de l’artiste, le nom de pré-raphaélite. […] On ne se figure pas généralement que ce soit là le genre de métamorphose que subissent les humains en passant dans le pays des ombres. […] Il s’écrie : « Quelle sorte de mérite voulez-vous qui (sic) se cache sous cette sorte de figure ? […] Cet évêque est l’incarnation de toutes les vertus évangéliques, la figure lumineuse qui se détache, selon le procédé ordinaire de Victor Hugo, sur le fond noir du tableau.
La figure, soignement rasée, s’éclairait de deux yeux gris-bleu très doux, contemplatifs. […] Elle n’a pas les pensées de Salomé ni les curiosités, elle en a le calme et les obstinations, et la dernière figure, la plus douce, est celle de la Syrinx si fière d’elle, de son intangibilité, qu’elle préfère s’évanouir au miroir des eaux pour laisser entier le rêve de Pan, lui soustrayant la désillusion du tous les jours en le hantant de la musique de sa voix. […] Parmi ces écrivains exceptionnels, Arthur Rimbaud est un cas à part ; parmi ces figures de haute originalité, il est d’apparence légendaire. […] Le doute où l’on en est, et que rien ne permet de fixer, laisse sa figure plus énigmatique, partant plus curieuse pour le critique.
Après les Considérations sur la France, les Soirées de Saint-Pétersbourg, le Pape, l’Église gallicane, sa figure se dessinait très nettement à tous les yeux en deux ou trois traits si accusés qu’il y avait plaisir à le peindre, surtout pour ceux qui ne l’aimaient pas. Absolutiste féroce, théocrate enragé, légitimiste intransigeant, apôtre d’une trinité monstrueuse faite du pape, du roi et du bourreau, en toutes choses partisan des dogmes les plus durs, les plus étroits et les plus inflexibles, sombre figure du moyen âge où il y avait du docteur, de l’inquisiteur et de l’exécuteur, voilà quel était l’homme qu’on se figurait communément, même, quelquefois, après l’avoir lu. […] Par des miracles de subtilité, qui, peut-être, ne sont chez lui que les démarches très naturelles de son entendement, il accommode tout objet à la figure géométrique qui s’est dessinée une fois pour toutes au point central de son esprit. — Jésus-Christ, par exemple, s’il est moyen, ou médiateur, dans le système général du monde, considéré en lui-même, doit être et sera cause, moyen et effet. […] Comme tout le monde, Bonald se figure toute l’humanité sur son propre modèle, et comme il a fait le ferme propos de penser toujours la même chose, il est sûr que le genre humain a eu et aura perpétuellement la même pensée. […] Il transposait « il a tout changé pour elle, comme nous dit Sismondi : patrie, condition, figure, esprit, circonstances de sa vie et de sa personne… » — Mais, cependant, il n’a ni voulu ni pu, sans doute, tout perdre et tout oublier.
« La figure de ce monde passe », dit l’Écriture. Certaines personnes mourront ; les difficultés intérieures de l’Allemagne reviendront ; le parti catholique et le parti démocratique des deux Internationales (comme on dit en Prusse ) créeront à M. de Bismark et à ses successeurs de perpétuelles difficultés ; il faut songer que l’unité de l’Allemagne n’est nullement encore l’unité de la France ; il y a des parlements à Dresde, à Munich, à Stuttgart ; qu’on se figure Louis XIV dans de pareilles conditions.
Comme pourtant quelques traits du puissant orateur auraient fixé, dans une majesté gracieuse, cette figure d’éblouissante langueur, ce caractère d’ingénieuse et séduisante faiblesse, d’une faiblesse qui ne fut jamais plus agissante que quand elle était plus subjuguée !
Il y a trois siècles environ (c’est un fait), l’esprit humain, dans notre Occident, la pensée humaine, en se dégageant des débris et de la décadence du moyen âge finissant, en brisant les liens de la scolastique et d’une autorité pédantesque à bout de voie, s’est enhardie, et en même temps que d’un côté on affirmait la figure véritable de la terre et qu’on découvrait un nouveau monde, en même temps que de l’autre on perçait les sphères étoilées et qu’on affirmait le véritable système planétaire, en même temps on regardait, on lisait d’un bout à l’autre les livres dits sacrés, on traduisait les textes, on les discutait, on les jugeait, on commençait à les critiquer ; on choisissait ce qui semblait le plus conforme à la religion qu’on n’avait point perdue, et à la raison qui s’émancipait déjà.
Sa taille moyenne n’était ni grande ni petite : la taille qui exclut la majesté, mais qui permet l’agrément ; ses cheveux étaient blonds, son front poli et divisé au milieu en deux zones légèrement arrondies, qui indiquent la facilité de l’intelligence ; ses joues d’un contour élastique, son nez un peu grossi et retroussé qu’on ne voit jamais en Italie, mais qui dans la jeunesse donne à la figure un mordant et un éveillé très propre à mordre et à éveiller le regard, sa bouche entr’ouverte et souriante, douce, fine, pleine de réticence sans malignité ; le plus beau de ses traits, c’étaient ses yeux, d’un bleu noir, larges, confiants, obéissants à sa pensée ; elle leur commandait.
Sa figure, d’une beauté un peu plus mûre que celle de ses sœurs, accusait dix-sept à dix-huit ans par une ressemblance plus grave avec celle de sa mère.
C’est dans ces beaux lieux, époque troublée mais culminante de sa vie, que nous entrevîmes une seule fois la figure de la femme historique, dont nous retraçons aujourd’hui l’image.
Ainsi l’avait compris Corneille dans le temps de ses chefs-d’œuvre : c’est pour un amour de ce genre qu’on pardonne à Chimène d’hésiter entre son père et son amant ; à Camille, de haïr la patrie qui lui a coûté la vie de Curiace ; à Cinna, de conspirer contre son bienfaiteur ; c’est cet amour qui rend Pauline adorable, et fait de Sévère une des plus nobles figures du théâtre.
Je me figure avec quel profit les jeunes esprits à qui saint Basile recommandait la lecture des poètes et des orateurs païens, devaient étudier ces livres dans lesquels la piété du saint leur avait signalé les pièges où pouvait tomber leur foi.
Engel et Séguin, à Mlles Marting et Litvinne, quelques wagnériens, parmi lesquels figure le bourgmestre de Bruxelles, ont fait parvenir des partitions de Sigfried et de Parsifal.
d’indignes bateleurs avec d’honnêtes gens, dont la fonction exige, pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de l’ame, de l’esprit, de la connoissance des mœurs & des caractères ; en un mot, un grand nombre de qualités que la nature réunit si rarement dans une même personne, qu’on compte plus d’excellens auteurs, que d’excellens comédiens.
songeur de Whitehall ; Toi, vieux Shakespeare, âme éternelle, Ô figures dont la prunelle Est la vitre de l’idéal !
Il n’y est point question de l’essence ni de la substance des choses ; la conception d’un substrat matériel, tel que nous le représente l’imagination, est mise de côté, ainsi que l’hypothèse invérifiable des atomes ; le mot de force n’y figure que comme expression d’un fait, le mouvement sous toutes ses formes.
Et, s’il est permis de railler, il me semble que tu ressembles parfaitement, pour la figure et pour tout le reste, à cette large torpille marine qui cause de l’engourdissement à tous ceux qui l’approchent et qui la touchent. » En vérité presque toujours Platon est trop complètement satisfait quand il a réduit ses adversaires au silence, ce qui du reste lui est assez facile, puisque c’est lui qui les fait parler ; et il se soucie peu d’arriver lui-même à des conclusions fermes et arrêtées. […] Il était extrêmement civilisé, extrêmement loin de ce que l’on se figure, sans se tromper évidemment beaucoup, comme la nature primitive. […] Mais on peut considérer cette formule comme une simple figure de rhétorique, tant il est dédaigneux de la « mythologie » proprement dite, toutes les fois qu’il s’occupe d’elle directement et formellement. […] L’amour est le désir du plaisir qu’on se figure que doit procurer la beauté. […] À l’exemple du médecin qui, pour rendre la santé aux malades et aux languissants, mêle à des aliments et à des breuvages flatteurs au goût les remèdes propres à les guérir et de l’amertume à ce qui pourrait leur être nuisible, afin qu’ils s’accoutument pour leur bien à la nourriture salutaire et n’aient que de la répugnance pour l’autre ; de même le législateur habile engagera le poète et le contraindra même, s’il le faut, par la rigueur des lois, à exprimer dans des paroles belles et dignes de louange, ainsi que dans ses figures, ses accords et ses mesures, le caractère d’une âme tempérante, forte et vertueuse2. » C’est à ces conditions que nous tolérerons et que nous honorerons le poète et l’artiste dans la république, et c’est-à-dire que nous leur rendrons, le service de les contraindre à être ce qu’ils doivent être et ce qu’ils sont en vérité, puisque, quand ils ne sont pas cela, ils ne sont rien et seulement s’imaginent être.
Nous pénétrerons ensemble dans les cénacles, et nous ferons la connaissance de figures qui vous sont peut-être inconnues. […] Mais cette belle statue parnassienne, que Leconte de Lisle avait taillée dans le bloc impassible du marbre antique, cette belle statue parnassienne que José-Maria de Heredia surchargea du luxueux apparat des plus riches joyaux et des pierreries brillantes, que Stéphane Mallarmé immatérialisa jusqu’à en faire une figure abstraite, une évocation cérébrale, cette belle statue parnassienne, Léon Dierx nous l’a montrée humaine et vivante, sensible aux palpitations aériennes des vents, soulevée par l’odeur sacrée des édens terrestres, gonflée par l’émotion harmonieuse du monde.
Mais voici qu’il imagine de façonner pour son couteau un manche, auquel des liens d’herbe résistante, tel le chanvre, lui permettent de l’attacher : c’est la lance, c’est, invention beaucoup plus étonnante encore, la hache ; c’est aussi le burin qui va servir, non seulement à parfaire les outils de pierre, mais à graver sur le bois et sur l’os la figure des animaux familiers. […] La première figure que nous ayons de ce métier primitif nous est donnée par une peinture aztèque12. […] Aucun, qu’il soit votif ou usuel, ne porte de figures, aucun n’est sculpté. […] Quand on voit une rivière, elle est rivière et on ne se figure pas qu’elle ait jamais pu n’être qu’un petit filet d’eau qui dégoutte d’une roche.
Vicovaro ; le torrent de la Digentia qui écume encore sous les chênes disséminés au fond de la vallée d’Ustica ; le site parsemé de débris de briques de la maison rurale du poète ; Rocca-Giovanni qui s’élève avec ses ruines de forteresse féodale comme une sentinelle à l’ouverture de la vallée ; la plaine de Mandéla fumante çà et là au soleil ; des feux d’herbes sèches allumés et oubliés par les bergers ; la grotte des nymphes au bord de laquelle rêve le poète endormi dont on voit danser les songes sous la figure des femmes qu’il aima ; la fontaine de Blandusie en Calabre, qui a changé tant de fois de nom depuis Horace, et à laquelle un vers du lyrique rend éternellement son premier nom ; la barque pleine de musique et pavoisée de voiles qui portait Mécène, Horace et leurs amis pendant le voyage de Brindes ; la treille de Tibur entre deux colonnes à l’ombre desquelles le nonchalant ami de Mécène écrit une strophe entre deux sommeils ; l’entretien du maître d’Ustica avec son métayer, au milieu de ses troupeaux de chèvres ; Horace, ses tablettes sur ses genoux dans sa bibliothèque de Tibur, écrivant au milieu de ses rouleaux de livres grecs les préceptes de son épître aux Pisons, chacun de ces tableaux est une évocation vivante d’un passé de deux mille ans, mais auquel ces deux mille ans n’ont enlevé ni un rocher, ni une source, ni un arbre aux paysages, ni un vers au génie aimable du poète.
On peut se demander comment une société qu’on se figure si délicate et si polie, a pris plaisir à de telles œuvres : mais qu’on lise Tallemant, on ne s’étonnera plus.
Il ne s’est pas attaché à faire revivre les figures des saints, à retracer leur vie.
Edouard Schuré (1841-1929) est un philosophe et musicologue français, figure majeure du wagnérisme et de l’ésotérisme fin de siècle.
Soit : ce n’est là qu’une infime minorité, une quantité négligeable si vous voulez ; mais derrière elle est la foule, non seulement la masse d’oisifs et de pratiques, mais une foule respectable jusque dans ses injustices, en laquelle on a allumé des sentiments élevés et qui, de bonne foi, se figure faire œuvre de patriotisme en étouffant une question d’art sous ses clameurs.
Fouillée ne se figure peut-être pas assez combien forte serait la position de celui qui soutiendrait que le sentiment d’activité mentale, accompagnant l’arrivée de certains objets devant l’esprit, n’est rien que certains autres objets, à savoir des constrictions dans les sourcils, dans les yeux, la gorge, l’appareil respiratoire, qui sont présents alors, tandis qu’ils sont absents dans les autres modifications du courant subjectif.
Une abeille, échappée du calice de cette malica, voltige autour de ma figure et semble vouloir s’attacher à mes lèvres !
Chère Sacountala, je te ferai le récit de cette aventure ; mais attends que la blessure de mon cœur soit un peu fermée : cependant laisse-moi essuyer cette larme, reste de celles que t’a fait répandre ma fausse erreur ; cette larme qui dépare ta figure ravissante.
« Le Gange le premier fleuve ivre de pavots, « Où les songes sacrés roulent avec les flots, « De mon être intangible en voulant palper l’ombre, « De ma sainte unité multiplia le nombre, « De ma métamorphose éblouit ses autels, « Fit diverger l’encens sur mille dieux mortels ; « De l’éléphant lui-même adorant les épaules, « Lui fit porter sur rien le monde et ses deux pôles, « Éleva ses tréteaux dans le temple indien, « Transforma l’Éternel en vil comédien, « Qui, changeant à sa voix de rôle et de figure, « Jouait le Créateur devant sa créature !
Je viens de perdre pendant quelques secondes, en vous regardant, la notion exacte de mon âge, pas assez pour que je me figure avoir le vôtre, mais suffisamment pour croire que je n’ai pas encore le mien.
Qu’est-ce donc que cette vieille histoire d’un péché originel, d’un paradis perdu, si ce n’est le respect du temps qui n’est plus et qu’on ne se figure si beau que parce qu’on ne peut plus le ressaisir.
En première ligne figure la fausse reconnaissance.
Voilà ce qui explique pourquoi les grands hommes font tout autre figure sur la scène, selon le point de vue antique et selon le point de vue moderne.
Qu’on se figure l’effet que durent produire et les événements religieux de 1800-1804, et les événements politiques de 1814, sur celui même qui les avait si pleinement conjecturés. […] Mais coupons vite avec cette queue fâcheuse et parfaitement indigne d’un sujet si noble et si grand ; tenons-nous jusqu’au bout en présence de la haute, de l’intègre et vénérable figure.
Bossuet est si assuré de ne pas trop s’attacher à la figure de ce monde qui passe, qu’il n’a pas peur de se montrer sensible à tout ce que l’homme y fait de grand. […] Voilà cet idéal de la tradition, de la suite de l’Eglise, dans le gouvernement comme dans la doctrine, personnifié et contemplé sous la figure de l’Église, épouse fidèle et jalouse, qui n’admet pas de partage dans l’affection de l’époux.
Ce petit ouvrage d’algèbre pure, et où l’on n’a besoin d’aucune figure, sera rédigé après-demain ; je le relirai et le corrigerai jusqu’à la semaine prochaine, que je te l’enverrai… Et plus loin : J’ai travaillé fortement hier à mon petit ouvrage.
Pour ceux qui ont, comme moi, connu l’empereur François II, véritable figure de deuil le lendemain d’une défaite, et le front de marbre de Napoléon, rayonnant d’une supériorité sans défiance et sans orgueil, le tableau a plus de physionomie encore que pour les lecteurs qui viendront après nous.
Son talent, sa gaieté, sa figure faisaient de lui l’idole des jeunes compagnons de Brutus ; les historiens font un charmant portrait de ce général enjoué, qui riait de tout, même de la mort.
Cette forme sensible, ce n’est point toi ; ce qui fait l’homme, c’est l’âme, et non cette figure que l’on peut montrer du doigt.
XVI Vous savez que les Égyptiens, évidemment colonie intellectuelle du haut Orient, divinisèrent symboliquement la nature entière sous le nom d’Isis ; ils lui jetèrent dans ses figures un voile sur le visage, comme pour signifier le mystère sous lequel elle cache mais laisse entrevoir ses vérités.
” » Ces paroles si bonnes et le goût que le caractère grave et la figure gracieuse et modeste du futur cardinal inspiraient au majestueux et beau pontife Braschi, ranimèrent les espérances bornées de Consalvi.
Elle sortait d’une hutte isolée, dont la porte entrouverte laissait pénétrer mon regard jusqu’au foyer allumé ; une figure d’homme ou de femme passait et repassait entre la flamme et moi.
XIV De la doctrine de vérité Heureux celui que la vérité instruit elle-même, non par des figures et des paroles qui passent, mais en se montrant telle qu’elle est.
On voyait se reproduire dans un siècle se croyant éclairé l’admiration fanatique qui avait grandi démesurément la figure de Charlemagne et avait fait de l’illustre empereur le héros de tant d’aventures fabuleuses.
Ces hommes, figure-toi, sont les révélateurs de la mystérieuse Harmonie, à la race humaine.
Quelques pages plus loin, le poète nous donne sans s’en douter ce qu’on pourrait appeler une démonstration ex bacillo de l’existence de Dieu : S’il dédaigne mon injure, Pour être certain qu’il est Je ferai sur sa figure Tomber un large soufflet.
. — Par là s’expliquent, et seulement par là : — le choix des épisodes [Job, Tobie, Daniel, Judith, Esther] ; — la grossièreté de quelques-uns d’entre eux, destinés à rehausser d’autant la figure du Christ ; — et la part enfin que le clergé pendant longtemps a prise à la représentation des Mystères. — Du Cycle des saints, et de son caractère généralement local ; — qui n’en est pas pour cela plus laïque. — Les Mystères sont des « leçons de choses », une manière d’enseigner aux foules les vérités essentielles de la religion ; — et un moyen, comme on l’a dit, de se les attacher. — Qu’il n’y a que deux Mystères qui fassent exception : le Mystère du siège d’Orléans et le Mystère de Troie ; — mais que l’état d’esprit qui a inspiré le premier n’a rien d’incompatible avec le caractère essentiel des Mystères sacrés ; — et que le second n’a sans doute jamais été représenté.
Et, en effet, la raison a beau se débattre en ricanant, ce mystérieux scarabée, inconnu à toutes les classifications scientifiques, qui, gros comme une noix d’hickory, brille et pèse comme un lingot d’or pur ; cet insecte, peut-être diabolique, qui porte sur le dos et les ailes l’image d’une tête de mort, l’emblème de cette mort qu’il semble donner avec une piqûre ; l’analogie inexplicable de la figure tracée sur ses ailes avec cette autre tête de mort, clouée à la branche sèche du tulipier ; l’état de charme consumant dans lequel Legrand est tombé depuis qu’il a touché le scarabée, cet état qui n’est que le pressentiment, l’annonce intérieure, la soif qui révèle la source d’un trésor caché qu’il finit par découvrir aux pieds même de ce tulipier : tout cela saisit l’esprit, l’attire, le fixe, le harcèle, oh ne sait pourquoi !
toi qui as brisé la force des ennemis furieux, alors que Moïse, étendant les bras, offrit la figure de la croix, cette arme puissante !
Si Molière avait donné la farce des Fourberies de Scapin pour une vraie comédie, Despréaux aurait eu raison de dire dans son Art poétique : C’est par là que Molière, illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût remporté le prix, Si moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin.
Ainsi, quand ils veulent décrire le mécanisme de quelque fonction obscure et surtout complexe, dont l’étude a besoin, pour être poussée plus loin, d’être simplifiée d’abord, les physiologistes commencent-ils par nous en donner ce qu’ils appellent une figure ou une représentation schématique. […] Qu’est-ce qu’une figure ? […] C’est lui qui paraît avoir le premier classé les figures de rhétorique, dont les anciens rhéteurs ont moins bien distingué les diverses espèces ; et c’est de sa Poétique que les définitions consacrées en ont passé depuis dans tous les Manuels. […] C’est que toutes ces figures expriment les rapports secrets de la parole avec la pensée ; c’est que la métaphore est le procédé naturel de fructification ou d’enrichissement du langage ; et c’est enfin qu’une hyperbole ou une litote, qui différencient du tout au tout la nuance d’un même sentiment ou d’une même idée, ne sont pas seulement de la rhétorique : elles sont de la psychologie. […] Quant à Michelet, c’est la géographie qu’il a fait, lui, entrer ou rentrer dans l’histoire, la géographie, la géologie, la physique, dans cet admirable second volume de son Histoire de France, où se trouvent exprimées pour la première fois ces liaisons mystérieuses qui font d’un grand politique ou d’un grand écrivain, d’un Descartes ou d’un Richelieu, l’abrégé, si l’on peut ainsi dire, non seulement de leurs compatriotes, mais de la figure même de leur sol natal.
C’est assez que d’aucuns aient aidé l’accouchement, qui eussent fait meilleure figure à une autre besogne. […] L’expression en est devenue si banale, il y a tant de gens qui se targuent du mot et si peu qui ont la chose, elle sert de couverture à tant de convoitises et d’hypocrisies, elle figure sur tant de programmes, elle est placardée sur tant de murs, que, de toutes les qualités dont se vantent les hommes publics, il n’en est aucune où il faille moins les prendre au mot. […] Après quelques minutes d’entretien, je vis, à une légère contraction de sa figure, que j’étais resté assez longtemps.
Tenacement attaché à sa terre, à sa Campine pauvre et ingrate, Eekhoud se glorifie de rester le romancier de sa terre, de rester le romancier de sa Campine, de sa Campine pauvre et ingrate, parce qu’elle est pauvre et ingrate et que les habitants des pays riches la méprisent et qu’elle fait figure de déclassée, sa Campine pauvre et ingrate, comme ces malheureux dont le visage émacié rebute. […] Le côté plus grave du talent de des Ombiaux apparaît dans Le Maugré où se dessinent en un relief saisissant les figures tragiques des paysans jaloux de leur terre jusqu’au crime, sans que puisse abdiquer devant les lois modernes leur instinct sauvage et fatal. […] Elles ressuscitent, par leurs poses, les grâces innocentes des primitifs ; nous connaissions Pelléas, Mélisande, Alladines, Palomides : van Eyck, jadis, peignit leurs figures douces et sur les toiles de Sandro Botticelli vacillaient déjà leurs silhouettes timides.
Francis Wey, dans son Histoire des révolutions du Langage français (1848), avait très-bien parlé, avant Génin, de quelques épisodes où figure Roland soit dans la Chanson de Roncevaux, soit dans celle de Gérard de Vienne.
Le président d’un comité littéraire prend à l’Académie figure d’homme de lettres.
Je ne vous le dissimule point, c’est un homme d’une taille au-dessus de l’ordinaire et d’une figure qui n’a rien d’attrayant ; il est d’une humeur sévère, et ne souffre pas volontiers d’être contrarié ; outre cela, il est d’un âge déjà fort avancé.