« Jean Bouthillier de Rancé commença par traduire Anacréon, & institua la réforme effrayante de la Trappe.
Là, commencent à paraître les mousses, les plantes grimpantes, et les fleurs saxatiles.
C’est qu’ils commencent par mettre espace et temps sur la même ligne : alors, ayant approfondi l’un (et c’est généralement l’espace), ils s’en remettent à nous du soin de traiter semblablement l’autre.
Il ne le pourrait pas, lors même qu’il commencerait par reconstruire le monde sur un plan entièrement neuf. […] Uranie commence par quelques exclamations profondément senties, il est vrai, mais un peu générales peut-être et médiocrement instructives, sur la perfection du style de Molière, la vérité toujours si délicate ou si forte des caractères qu’il peint, la verve dramatique de tous ses personnages. […] Car, ce qui l’aveuglait sur ce grand poète, c’était, au contraire, l’idée beaucoup trop nette de la tragédie telle quelle la voyait exposée par les théoriciens français, et elle n’a commencé à saluer en lui l’égal de Corneille et de Racine, que du jour où son intelligence s’est affranchie de toutes ces fausses notions. […] Elle parle de la comédie, et elle ne commence pas par la définir ! […] Si quelqu’un ne trouve pas beau un poème que mille suffrages vantent, il pourra commencer à douter s’il a suffisamment cultivé son goût pour la connaissance d’un nombre suffisant d’objets d’une certaine espèce.
Sur un ordre de don Juan, le bal commence par le délicieux menuet dont le rythme onduleux à trois-huit, confié au grand orchestre, se prolonge indéfiniment comme une pensée fondamentale. […] Est-ce que la musique est autre chose que ce soupir, ce gémissement, ce cri mélodieux qui commence sur nos lèvres juste où l’inexprimable par les mots commence ? […] Écoutez ce rêve éveillé : « Un bruit assourdissant, le cri répété : “Le théâtre commence ! […] « Gelé et mal content sous son manteau, Leporello s’avance vers le pavillon, par la nuit noire, et commence : Notte e giorno fatigar.
Sa philosophie fraternelle commence à peine à être sensible dans la législation et dans la politique ; son ère gouvernementale n’est pas encore venue même dans la littérature d’état. […] Or, bien que la Chine soit le pays le plus historique de tous les pays du globe, puisqu’il écrit depuis qu’il existe, et qu’il écrit jour par jour par ses mains les plus officielles et les plus authentiques, ce peuple n’en commence pas moins, comme toutes les races humaines, par le mystère. […] Confucius commença ainsi à professer tout en s’instruisant, mais il le fit avec tant de ménagement pour l’orgueil de ses inférieurs qu’on lui pardonna sa supériorité, et qu’on aima même en lui cette supériorité de génie qui excite ordinairement l’envie et la haine. […] La science de l’économie politique, qui ne commence qu’à naître et à balbutier en Europe, était déjà parvenue à une haute théorie de principes et d’application en Chine. […] Évidemment la première société humaine instituée de Dieu avec la première famille n’a pas commencé par la république ; la république suppose des hommes égaux en force, en volonté, en droit, en fait, émancipés de toute tutelle préexistante et délibérant à titre égal sur le gouvernement.
Prenons la figure de Goethe à cette époque fugitive où la fleur de la jeunesse éclate encore sur les traits, mais où le fruit de la pensée ou du sentiment commence à se former et à s’entrevoir sous cette jeunesse qui s’effeuille. […] La scène de la première entrevue de Goethe avec Gretchen est biblique par sa naïveté ; lisez-la de sa main : « Quand le vin commença à manquer sur la table, un des jeunes gens appela la servante, et je vis entrer une jeune fille d’une beauté éblouissante, et d’une modestie d’attitude et d’expression qui contrastait avec le lieu où nous étions. […] Il y connut tout ce qui illustrait alors l’Allemagne dans les lettres ; il commença lui-même à s’y faire connaître comme un jeune écrivain et comme un futur poète d’un immense avenir. […] Goethe raconte lui-même l’origine de ce roman, qui commence par une idylle et qui finit par un coup de feu. […] Arrêtons-nous là pour aujourd’hui, là où le pathétique commence, et réservons pour le prochain entretien les développements d’un drame qui se joue dans l’âme plus encore que sur la scène, et dont on ne peut omettre un détail, parce que chaque détail est un coup de sympathie mille fois plus acéré qu’un coup de poignard.
« Et avec son fils, chante le poète, le vannier alla s’asseoir sur un rouleau de pierre qui sert à aplanir le sillon après le labour ; et ils se mirent, sans plus de paroles, à tresser à eux deux une manne commencée, et à tordre et à entrecroiser vigoureusement les fils flexibles arrachés de leur faisceau dénoué de forts osiers. » Vincent touchait à ses seize ans. […] « Son visage à fleur de joues avait deux fossettes ; sa poitrine, qui commençait à se soulever, était une pêche double et pas mûre encore. […] Quelques notes mal étouffées d’amour qui s’ignore commencent à tinter à son insu dans la voix de l’enfant. […] Nous en étions, s’il m’en souvient, à l’endroit où elle dit que dans le cloître elle va se jeter, et où l’ardent chasseur répond qu’il y entrera comme confesseur… Mais de nouveau voyez l’obstacle qu’elle oppose. » — « Si du couvent tu passes les portes, tu trouveras toutes les nonnes autour de moi errantes, car en suaire tu me verras. » « Ô Magali, si tu te fais la pauvre morte, adoncques je me ferai la terre ; là je t’aurai. » — « Maintenant je commence enfin à croire que tu ne me parles pas en riant. […] Oui, il faut finir cet Entretien par le mot qui l’a commencé : Il y a une vertu dans le soleil !
Le premier consul lui envoya l’abbé Bernier, Vendéen réconcilié, pour commencer sans aucun délai la négociation. […] « Ainsi se termina cette triste séance de vingt-quatre heures entières, commencée vers les quatre heures du jour précédent et close vers les quatre heures de ce malheureux jour, avec une grande souffrance physique, comme on le comprend du reste, mais avec une bien plus grande souffrance morale, et telle qu’il faudrait la ressentir pour s’en faire une idée. […] « On se réunit donc à l’hôtel du frère du premier consul, et la discussion commença à midi précis. […] Enfin la porte s’ouvrit, et le défilé commença. […] Ils nous firent asseoir en cercle, et alors le ministre des cultes commença un long discours qui ne fut compris que du plus petit nombre, car parmi les treize il y en avait à peine trois qui sussent le français.
Goethe, à cette époque où Eckermann commence à nous le montrer (juin 1823), était âgé de soixante-quatorze ans, et il devait vivre près de neuf années encore. […] Ce qui commença à rappeler sérieusement l’attention de Goethe du côté de la France, ce furent les tentatives de critique et d’art de la jeune école qui se produisit surtout à dater de 1824, et dont le journal le Globe se fit le promoteur et l’organe littéraire. […] « Quand vous aurez commencé, vous verrez, dit-il, que ce travail est fait comme pour vous ; cela ira tout seul. » Il me dit alors qu’il allait passer l’été à Marienbad, qu’il désirait me voir rester à Iéna jusqu’à son retour. […] Plus tard commence la lutte avec le monde, et cette lutte n’est intéressante qu’autant qu’il en sort quelque chose. […] “La lutte avec le monde commence”, l’esprit l’emporte sur le cœur, et tout devient plus froid. — Il faut arriver aux dernières années et aux dernières scènes de l’existence, pour retrouver l’intérêt profond et saisissant. » 16.
En tout cas, ils entendent que nous commencions par eux, et ils n’ont pas tort. […] L’exemple n’en a pas commencé au fameux marquis de Mirabeau ; mais l’ostentation de ses écrits l’a rendu à la fois plus célèbre et plus odieux. […] Mais qu’Émile reçoive un billet qui l’invite pour le lendemain à venir manger de la crème, voilà l’occasion venue de commencer son instruction. […] Quand les travers d’un homme d’esprit, ses fautes de conduite, beaucoup d’ambition jointe à beaucoup de paresse, des choses commencées et abandonnées faute de persévérance, du découragement sans repentir, l’ont réduit à la plus pernicieuse sorte d’impuissance, celle d’un homme qui ne peut plus rien pour lui-même, attendez-vous à ce qu’il sorte de là le plus absolu et le plus impatient des réformateurs. […] L’esprit au dix-septième siècle ne se croyait fait que pour le service de la vérité ; au dix-huitième siècle, il a commencé à jouir de lui-même ; au dix-neuvième, grâce à l’exemple de Rousseau, il s’estime plus que la vérité et moins que le bruit qu’il fait.
La religion ne commence à avoir conscience d’elle-même que quand elle est déjà adulte et développée, c’est-à-dire quand les faits primitifs ont disparu pour jamais. […] Pour moi, si j’entreprenais jamais ce grand travail, je commencerais par un catalogue exact des sources, c’est-à-dire de tout ce qui a été écrit en Orient depuis l’époque de la captivité des juifs à Babylone jusqu’au moment où le christianisme apparaît définitivement constitué, sans oublier le secours si important des monuments, pierres gravées, etc. […] Puis, quand l’enthousiasme est tombé, quand la force originale et native s’est éteinte, on commence à définir, à combiner, à spéculer ce que les premiers croyants avaient embrassé de foi et d’amour. […] Comte commence par déclarer qu’il ne s’occupe que de l’Europe occidentale (Philosophie positive, t. […] On n’a pu commencer à voir dans le christianisme une Poétique que quand on a cessé d’y voir une Théologie, et je me suis souvent demandé si Chateaubriand a voulu faire autre chose qu’une révolution littéraire.
Taine arrive, commence par nous reprocher des mots, qui ne se disent pas, qui ne se trouvent pas dans le dictionnaire. — Lequel ? […] Il descend de la chambre, où il est en train de se sonder, et il commence à nous parler de notre roman, qu’il s’est faire lire dans l’intervalle de son travail, — comme un homme qui en a à dire long. […] Quand le président lui dit de raconter la scène du crime, il passe la main sur son front, une rougeur colore, un instant, son visage terne et gris, et après quelques mouvements nerveux d’épaules, il crache par terre, s’essuie les lèvres avec son mouchoir, puis commence par des mots ânonnants, se repasse encore la main sur la figure, et rouvre une bouche où, sous l’émotion, sa voix s’étrangle… Puis soudain il se met à raconter, et comme si, au récit de l’assassinat, sa fièvre homicide le reprenait, il répète dans le vide la mimique de son crime, d’un geste en avant terrible et superbe ! […] Le procureur impérial prononce son réquisitoire où commence à apparaître le mot « expiation suprême ». […] « Et il abandonna son article, qui, je crois, était commencé. » 10.
Geffroy m’amène Raffaëlli, qui a demandé à voir mes dessins, et l’on cause critique d’art, quand soudain Raffaëlli s’écrie : « Par exemple, en fait de jugement d’une peinture, ce que vous avez dit à Geffroy à propos de mon exposition de la rue de Sèze, de l’année dernière, ça m’a renversé, bouleversé, fait croire que vous étiez un vrai voyant en tableaux. » Voici l’histoire : L’année dernière à un dîner chez les Daudet, qui fut un peu une chamaillade avec Zola, depuis le commencement jusqu’à la fin, la bataille avait commencé à propos d’une discussion sur Raffaëlli, que je louais, et j’ajoutais devant Geffroy qui se trouvait là : « Il y a chez Raffaëlli, dans ces dernières années, une blondeur, un attendrissement tout particulier, il a dû se passer quelque chose dans sa vie. […] Commencez dès aujourd’hui, et mettez-vous hardiment à votre journal : “27 mars. — Déjeuner ce matin à huit heures. […] Ce soir, le violoniste Sivori nous raconte sa vie de voyages, commencée à onze ans, et promenée continuement dans les cinq parties du monde. […] Et la réussite l’amena ensuite à forger une branche de rosier, où commença à se révéler son incomparable talent. […] Lundi 5 décembre Avec l’élection de Sadi Carnot, c’est la tyrannie de la médiocratie qui commence, une tyrannie qui ne voudra plus à la tête du gouvernement d’un homme ayant une valeur, qu’il soit Ferry ou tout autre.
Le poète commençait à comprendre que dans les petites bourses des pauvres, se trouvaient de meilleures rentes que dans les fonds secrets des gouvernements et les coffres-forts des riches. […] La révolution de 1848 lança dans la langue honnête et modérée un peuple nouveau de mots ; depuis la réaction littéraire commencée sous le consulat, ils dormaient dans les discours, les pamphlets, les journaux et les proclamations de la grande époque révolutionnaire et ne s’aventuraient en plein jour que timidement, dans le langage populaire. […] Et encore il pouvait se dire qu’il n’avait fait que suivre l’exemple de tous les apôtres de l’humanitairie, depuis Guizot jusqu’à Louis-Philippe ; et que tout d’abord il n’avait envisagé la peine de mort qu’à un point de vue littéraire et fantaisiste, comme un excellent thème à déclamation verbeuse, à ajouter aux « croix de ma mère » — « la voix du sang » et autres trucs du romantisme qui commençaient à s’user et à perdre leur action sur le gros public. […] Déjà on commence à revenir de cette exubérance d’admiration forcée ; et l’on arrivera bientôt à considérer ces jours d’enthousiasme et d’apothéose, comme un moment de folie inexplicable. […] — Ce qui reste d’Homère après avoir passé par Bitaubé ». — La vérité de l’observation et la force et l’originalité de la pensée, sont choses secondaires, qui ne comptent pas. — « La forme est chose plus absolue qu’on ne pense… Tout art qui veut vivre doit commencer par bien se poser à lui-même les questions de forme de langage et de style… Le style est la clef de l’avenir… Sans le style vous pouvez avoir le succès du moment, l’applaudissement, le bruit, la fanfare, les couronnes, l’acclamation enivrée des multitudes, vous n’aurez pas le vrai triomphe, la vraie gloire, la vraie conquête, le vrai laurier, comme dit Cicéron : insignia victoriæ, non victoriam 27. » Victor Cousin, le romantique de la philosophie, et Victor Hugo, le philosophe du romantisme, servirent à la bourgeoisie l’espèce de philosophie et de littérature qu’elle demandait.
Ainsi Pélée, quand il pleurait son fils Achille enlevé à sa tendresse… Si, avant la subversion de sa ville de Troie, Priam fût descendu chez les ombres, Hector, son fils, aurait porté sur ses épaules et sur celles de ses autres frères le corps vénéré de son père, à travers les Troyennes gémissantes, dont les filles du vieillard, Cassandre et Polyxène, les vêtements déchirés, auraient commencé les sanglots funèbres ! […] Mais, en tacticien habile, ce jeune homme commença, pour assurer sa position, par désintéresser l’amour-propre du roi de cette querelle entre les écrivains de son règne, et par payer largement à Louis XIV le tribut de gloire ou de vanité que ce prince levait avant tout sur les génies de son siècle. […] Celle qui suit commence par de très beaux vers sur le métier du satiriste : Muse, changeons de style et quittons la satire ; C’est un méchant métier que celui de médire ; À l’auteur qui l’embrasse il est toujours fatal : Le mal qu’on dit d’autrui ne produit que du mal. […] Le sommeil sur mes yeux commence à s’épancher. […] Et comme si son tombeau avait dû être encore après lui une pierre d’achoppement et de division entre les écrivains et entre les écoles littéraires, la dispute éternelle sur l’utilité ou sur le malheur de son influence commençait sur cette tombe et se perpétuait jusqu’à nos jours.
Il se proposait de commencer par les réformateurs d’une époque où la révolte naissait de la révolte, et réalisait, dans la sphère morale, la divisibilité impossible de la matière à l’infini. […] L’historien de la réforme en ce pays ne pouvait pas se détourner de l’état dans lequel l’anglicanisme commençait de tomber, quand il entreprenait d’en raconter l’origine, et, si le Luther et le Calvin avaient causé dans la patrie du réformateur allemand, où l’on est encore fier de lui, une impression que l’admirable candeur de l’Allemagne n’a pas cachée, que n’était-on pas en droit d’attendre d’un Henri VIII, peint tel qu’il fut, dans le pays qui en a honte, et dont l’établissement politique ne satisfait aucun sentiment religieux ? […] Il était évident que le livre d’Audin devait y produire un bien déterminé dans les classes élevées, — or c’est par elles que commencent toujours les révolutions ; — mais il en aurait produit un plus grand, si le missionnaire historique l’avait emporté davantage sur l’historien proprement dit. […] La vraie gloire, comme la lumière et comme la royauté, ne vient point d’en bas, mais d’en haut… Commencée par le sacerdoce, la gloire d’Audin s’achèvera comme elle pourra. […] Quand elle commença de régner, l’Angleterre avait l’échine assouplie comme Rome après Tibère ou après Néron.
Le souvenir-image, à son tour, participe du « souvenir pur » qu’il commence à matérialiser, et de la perception où il tend à s’incarner : envisagé de ce dernier point de vue, il se définirait une perception naissante. […] En symbolisant ces trois termes par les segments consécutifs AB, BC, CD d’une même ligne droite AD, on peut dire que notre pensée décrit cette ligne d’un mouvement continu qui va de A en D, et qu’il est impossible de dire avec précision où l’un des termes finit, où commence l’autre. […] On chercherait vainement, en effet, à caractériser le souvenir d’un état passé si l’on ne commençait par définir la marque concrète, acceptée par la conscience, de la réalité présente. […] Et tandis que la réalité, en tant qu’étendue, nous paraît déborder à l’infini notre perception, au contraire, dans notre vie intérieure, cela seul nous semble réel qui commence avec le moment présent ; le reste est pratiquement aboli. […] S’il faut les en croire, nous commençons par percevoir une chose, puis nous lui adjoignons un mot : ce mot, renforcé de la faculté ou de l’habitude de s’étendre à un nombre indéfini d’autres choses, s’érige alors en idée générale.
Il commença cette vie de studieux loisir : « la liberté presque complète sous le plus beau ciel du monde, quelques livres que ce ciel explique », et, pour les yeux comme pour la pensée, l’accomplissement du vœu le plus cher à tout pèlerin classique digne de ce nom. […] Il avait commencé ce cours de littérature étrangère par Goethe, auquel il devait encore revenir plus tard ; mais après ce prélude, qui était une entrée en matière relativement facile, il aborda la difficulté de front, par les sommets, et s’attaqua à Dante. […] Émile Michel, et dans des termes où la satisfaction se tempérait d’une modestie rare : « (Caen, 4 avril 1858.)… On n’a point paru mécontent de mes leçons ; je commence à les faire avec moins de peine, plus librement. […] C’est dire que je commence à parler véritablement : bien ou mal, c’est selon les jours ; une ou deux fois, c’était bien. […] Jeudi dernier, j’ai commencé à parler de Michel-Ange ; je l’ai conduit depuis le berceau jusqu’à la mort de Jules II.
On y voit qu’à un certain moment M. de Ferriol fut jaloux de quelqu’un dont on commençait à jaser auprès d’Aïssé ; qu’à cette occasion il signifia à celle-ci ses intentions, jusque-là obscures, et sa volonté, dont elle avait pu douter, se considérant plutôt comme sa fille : Le même destin veut que vous soyez l’une et l’autre… Cette parole, remarquez-le bien, s’applique à l’avenir bien plus naturellement qu’au passé. […] Ce dut être en 1721 ou 1720 au plus tôt, que les relations de Mlle Aïssé et du chevalier d’Aydie commencèrent : elle le vit pour la première fois chez Mme du Deffand, jeune alors, mariée depuis 1718, et qui était citée pour ses beaux yeux et sa conduite légère, non moins que pour son imagination vive et féconde, comme elle le fut plus tard pour sa cécité patiente, sa fidélité en amitié et son inexorable justesse de raison. […] Mlle Aïssé cause avec son amie de ses regrets d’être loin d’elle, du monde qu’elle a sous les yeux et qu’elle commence à trouver étrange, et aussi elle touche en passant l’état de ses propres sentiments et de ceux du chevalier ; c’est un courant peu développé qui glisse d’abord et peu à peu grossit. […] Elle commence par nous raconter des historiettes assez légères, les nouvelles des théâtres, les grandes luttes de la Pellissier et de la Le Maure, la chronique de la Comédie-Italienne et de l’Opéra (son ami d’Argental était très-initié parmi ces demoiselles) ; puis viennent de menus tracas de société, les petits scandales, que la bonne madame de Parabère a été quittée par M. le Premier85, et qu’on lui donne déjà M. d’Alincourt. […] On ne sauroit commencer trop tôt : on ne la possède bien que quand on l’apprend dans la première enfance.
XI L’histoire commence en 1799. […] Évidemment il prend ici son parti, et il jette la révolution modérée, qui commençait ses sages résipiscences, aux pieds d’une réaction antilibérale et militaire, personnifiée dans un soldat. […] Le véritable mérite transcendant de cet écrivain ne se révèle qu’au point où commencent les grandes affaires, les grandes négociations, les grandes guerres. […] L’intérêt sérieux et vraiment historique de la campagne ne commence qu’avec les opérations dans la plaine de l’Italie. […] On se rangea tumultueusement autour de Kléber, et on répéta tout haut avec lui ce qui, du reste, commençait à être dans toutes les âmes, que la conquête de l’Égypte était une entreprise insensée à laquelle il fallait renoncer le plus tôt possible.
Voyez avec quelle âme et avec quel style détendu et pour ainsi dire assis il commence le second livre de ces Académiques ! […] Le livre, que nous ne possédons que par débris, comme les marbres de Phidias au Parthénon, finit familièrement, ainsi qu’il a commencé, par une gracieuse détente des esprits et par un retour sur les douceurs de pareils entretiens : « Mais le matelot nous appelle (le batelier qui avait attaché son bateau au môle de Baïa, près du cap Misène, et qui voyait l’ombre descendre sur la mer), le matelot nous appelle, Lucullus ! […] Il commence par s’excuser, dans un préambule, d’importer dans la langue de Rome les philosophies originaires de la Grèce. […] C’est ce qu’il ne faut pas même chercher… Quand vous voyez l’ordre du monde et le mouvement réglé des corps célestes, n’en concluez-vous pas qu’il y a une intelligence suprême qui doit y présider, soit que cet univers ait commencé et qu’il soit l’ouvrage de cette intelligence, comme le croit Platon, soit qu’il existe de toute éternité et que cette intelligence en soit seulement la modératrice, comme le croit Aristote ? […] — Hier, lui dis-je, dès que les jeux furent commencés, je quittai la ville et j’arrivai le soir chez moi.
Là commença de propos délibéré, et se poursuivit sans relâche, son lent et profond suicide ; rien que des défaillances et des frénésies, d’où s’échappaient de temps à autre des cris ou des soupirs ; plus d’études suivies et sérieuses ; parfois, seulement, de ces lectures vives et courtes qui fondent l’âme ou la brûlent ; tous les romans de la famille de Werther et de Delphine ; le Peintre de Saltzbourg, Adolphe, René, Édouard, Adèle, Thérèse, Aubert et Valérie ; Sénancour, Lamartine et Ballanche ; Ossian, Cowper, etc. […] Vous souvenez-vous de ces heures intimes et bien à nous, où j’allais le matin vous prendre dans votre petit appartement des environs du Luxembourg, vous enlever à votre mère et vous entraîner pour marcher, causer, rêver dans ce jardin adjacent des Capucins, qu’on commençait seulement à niveler pour agrandir le Jardin Royal ? […] Plus la réflexion commence : on se complaît à penser qu’on a plongé plus avant que bien d’autres dans le Puits de l’abîme et dans la Cité des douleurs ; on a la mesure du sort ; on sait à fond ce qui en est de la vie, et ce que peut saigner de sang un cœur mortel. […] Ballanche, “toutes les pensées d’existence et d’avenir se tiennent ; pour croire à la vie qui doit suivre celle-ci, il faut commencer par croire à cette vie elle-même, à cette vie passagère”. […] Ils ont poussé, chacun selon sa nature ; leurs feuillages, d’abord entremêlés agréablement, ont commencé de se nuire et de s’étouffer : leurs têtes se sont entrechoquées dans l’orage ; quelques-uns sont morts sans soleil ; il a fallu les séparer, et les voilà maintenant, bien loin les uns des autres, verts sapins, châtaigniers superbes, au front des coteaux, au creux des vallons, ou saules éplorés au bord des fleuves.
» Crésus, frappé de cette réflexion, et se laissant aisément persuader par ce discours plein de sens, renonça aux préparatifs maritimes qu’il avait commencés ; il fit même un traité d’hospitalité réciproque avec les Ioniens des îles. […] » commença par faire mettre en croix les mages interprètes des songes, qui lui avaient conseillé de renvoyer Cyrus. […] Arrivé près d’eux, il détacha adroitement les liens qui fermaient l’orifice de deux ou trois outres ; et, quand le vin commença à couler, il se frappa la tête comme un homme désespéré qui ne savait auquel de ses ânes il courrait d’abord pour arrêter le mal. […] Les gardes la suivirent, et, lorsqu’elle fut arrivée près du fleuve, ils virent qu’elle commença par faire boire son cheval, qu’après l’avoir abreuvé, elle remplit d’eau sa cruche, et qu’elle reprit le même chemin, portant l’eau sur sa tête, tirant après elle le cheval, dont elle repassa la bride dans son bras, et tournant son fuseau. […] Voici l’anecdote par laquelle le fait commença à s’expliquer : « Le général au service des habitants de Chypre, Artybius, montait un cheval qui avait été dressé à se tenir droit sur ses jambes de derrière en présence d’un soldat armé.
Après avoir été dans l’Apologie un biographe exact et précis, il n’a pas craint, malgré son pieux respect pour la mémoire de Socrate, de commencer cette légende dans le Banquet, dans le Théétète, et ailleurs ; son imitateur, l’auteur du Théagès, y a ajouté quelques traits ; puis sont venus les auteurs inconnus184 auxquels Cicéron, Diogène Laërce et Plutarque ont emprunté des anecdotes aussi puériles que merveilleuses ; bientôt l’interprétation prend des allures alexandrines, et tout esprit critique a disparu des intelligences avant que le merveilleux socratique ait été l’objet d’une exégèse scientifique185. […] Le visage de l’homme qui médite est immobile ; mais si l’âme s’émeut, le visage devient expressif, la joie le dilate ou la tristesse le contracte ; quelque chose d’extérieur commence ; ce n’est pas encore la parole. […] » On passe en souriant, non sans pitié pour « ces inconscients possédés d’une idée fixe, que le rêve conduit, tirés par une laisse invisible. » « Un matin que notre imaginaire avait quitté sa maison à l’heure habituelle, il commença au détour de la rue Saint-Ferdinand un de ses petits romans intimes. […] [Les stances du poème « A Ninon » commencent effectivement par ces deux vers : « Si je vous le disais pourtant, que je vous aime, / Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ? […] Dans cette nouvelle, un jeune homme, Gilbert, commence à s’intéresser à la jeune comtesse Emmeline qui ne semble pas très heureuse dans son mariage avec M. de Marsan, et après la scène citée par Egger où songeant à elle, il heurte un passant au carrefour Bussy « à qui il venait de dire tout haut : ‘Si je vous le disais, pourtant, que je vous aime ?’
C’est ici que le malentendu commence. […] Ensuite, je prétends que l’évolution, loin d’être accomplie au théâtre, commence à peine. […] Les auteurs dramatiques n’ont commencé à gagner réellement de l’argent qu’à partir de Beaumarchais. […] Il commence par empoisonner sa fille Pauline ; puis, il s’arrange pour qu’on accuse Michelle. […] Alors, commence toute une journée de flânerie heureuse.
Scribe, et nous commencions à désespérer. […] Arnault, il a rappelé la nomination académique de Laujon, et a commencé une biographie de la chanson. […] Madame de Gaston, qui ne soupçonne pas la vérité, mais qui commence à rougir de sa conduite, réussit à éloigner Angèle. […] Ainsi, après deux actes entiers, l’action n’est pas commencée : le troisième se jouera-t-il de nos prévisions ? […] Quand l’ode commence, c’est que l’épopée ou la tragédie a terminé son rôle.
Pourquoi, au moment où le sérieux commence, une ironie moqueuse vient-elle gâter ou gaspiller tout cela ?
Armand de Pontmartin On commençait à être las des drames de M.
Il ne faudrait pas continuer longtemps, ni recommencer ; mais le volume est court, et la satiété est très loin d’avoir commencé quand on est au bout de ces deux cents petites pages.
Son cœur commence à s’émouvoir ; mais il ne tardera pas à lui palpiter.
C’est un tout autre but ; c’est un tout autre point de vue, et c’est à cet art seul qu’est consacré le petit livre que je commence.
Enfin te rends-tu compte un peu du vaste rêve Où ton destin commence, où ton destin s’achève, Qu’on nomme l’univers, et qui flotte infini114 ? […] Où commence la destinée ? […] Elle porte sur le véritable objet de l’amour, sur le vrai moi, qui est seul le « définitif ». — « La destinée, la vraie, commence pour l’homme à la première marche du tombeau. » Alors il lui apparaît quelque chose, et il commence à distinguer le définitif. — « Le définitif, songez à ce mot. […] Libre, il sait où le bien cesse, où le mal commence ; Il a ses actions pour juges. […] I. — Dans son poème intitulé Religions et religion, Hugo expose d’abord éloquemment les objections faites à Dieu par la « philosophie de la négation » : — « Le monde, quel qu’il soit, c’est ce qui dans l’abîme N’a pas dû commencer et ne doit pas finir.
Sans doute cette science est la scolastique, et ces terribles in-folio tuent plus d’esprits qu’ils n’en nourrissent ; mais on commence comme on peut, et le syllogisme, même latin, même théologique, est encore un exercice d’intelligence et une preuve d’esprit. […] Mais on devine bien que ces nobles, tout en parlant le patois naissant, ont gardé leur cœur plein des idées et des goûte français ; c’est la France qui demeure la patrie de leur esprit, et la littérature qui commence n’est qu’une traduction. […] D’autres chantent de vraies chansons amoureuses, parfois sensuelles : « Entre mars et avril118 — quand les branches commencent à bourgeonner — et que les petits oiseaux ont envie — de chanter leurs chansons, — je vis dans l’attente d’amour — pour la plus gracieuse de toutes les choses. — Elle peut m’apporter des délices ; — je suis à son commandement. — Un heureux lot que j’ai eu là ! […] Voilà ce que les lourds Saxons ont commencé à découvrir ; la conscience germanique s’est éveillée et aussi le bon sens anglais, l’énergie personnelle, la résolution de juger et de décider seul, par soi et pour soi. […] Figurez-vous ces braves esprits, ces simples et fortes âmes, qui commencent à lire le soir, dans leur boutique, sous leur mauvaise chandelle ; car ce sont des hommes de boutique, un tailleur, un pelletier, un boulanger qui, côte à côte avec quelques lettrés, se mettent à lire, bien plus à croire, et à se faire brûler174.
Commençons par l’image. […] Pour commencer par le second point, remarquons que nier consiste toujours à écarter une affirmation possible 97. […] Pour que l’action soit toujours éclairée, il faut que l’intelligence y soit toujours présente ; mais l’intelligence, pour accompagner ainsi la marche de l’activité et en assurer la direction, doit commencer par en adopter le rythme. […] Et si la sommation se poursuit sans fin, n’ayant jamais commencé, c’est que le terme unique qui lui équivaut éminemment est éternel. […] Il faudrait commencer par mêler le réflexe et le volontaire ensemble.
» Quel spectacle pour un peuple en qui le raisonnement et la conscience commencent à s’éveiller ! […] Devenu chapelain de Henri VIII, si terrible que fût le roi, si petit qu’il fût lui-même, il osa lui écrire librement pour arrêter la persécution qui commençait et empêcher l’interdiction de la Bible ; certainement il jouait sa vie. […] On croyait en suivre une, en voilà une seconde qui commence, puis une troisième qui coupe la seconde, et ainsi de suite, fleur sur fleur, girandole sur girandole, si bien que sous les scintillements la clarté se brouille, et que la vue finit par l’éblouissement. […] Mais quand cet homme eut commencé à la balayer, la poussière se mit à voler si abondamment que Chrétien en fut presque étouffé. […] « Ils traversèrent enfin la rivière de la Mort, et commencèrent à monter ayant quitté leurs vêtements mortels.
Il semble qu’il faille nécessairement commencer par les paroles, pour arriver ensuite aux idées ; & l’on peut remarquer que tout établissement a eu primitivement l’empreinte de l’agréable & du beau. […] Commençons par les demi-Littérateurs. […] Non ; le tems de la révolution est arrivé, elle est commencée depuis quelque tems dans tous les bons esprits ; & un second théâtre la décideroit d’une façon éclatante & victorieuse. […] Que les débats uniformes des Européens pour ne rien changer à la face de l’Europe, commencent à m’excéder ! […] Pour écrire, a dit quelqu’un, il faut avoir une connoissance commencée de tous les Arts & ne point confondre les idées & les termes qui les expriment.
C’est ce que l’on vient de voir commencer, et c’est ce qui achève de se produire dans les premières années du règne de Louis XV. […] « Quel moyen de contenir par les lois un homme qui croit être sûr que la plus grande peine que les magistrats lui pourront infliger, ne finira dans un moment que pour commencer son bonheur ? […] On faisait bien encore des tragédies, des romans, des comédies, mais c’était avec un nouveau Système de notation musicale, 1741, que Rousseau arrivait de Genève ou de Lyon à Paris ; et c’étaient les Pensées sur l’interprétation de la nature qui commençaient à tirer Diderot de son obscurité. […] C’est à Chateaubriand qu’appartient cet honneur ; c’est avec lui que commence une époque vraiment nouvelle ; et pour une fois dans l’histoire, par le plus grand des hasards, il se trouve que l’ouverture en coïncide avec celle d’un siècle nouveau. […] On a encore de La Chaussée des Contes en vers, assez grossiers ; — une Épître en faveur des anciens, qui, sous le titre d’Épître de Clio, commença, en 1731, la réputation de son auteur ; — et une détestable tragédie, du nom de Maximien, 1738.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
Et ce qui donnerait une valeur à cet argument, c’est qu’ils avaient commencé par substituer aux mythes helléniques qui forment le plus clair de notre patrimoine lyrique, les mythes scandinaves.
Sa Muse a commencé trop tard à garder le silence, puisqu'elle ne s'est exercée que sur des sujets licencieux ou bizarres, dont notre Littérature pouvoit très-bien se passer.
Que penserez-vous de conversations qui commençaient à une heure après midi et qui ne finissaient qu’à onze heures du soir ?
Ce journal a été commencé le 2 décembre 1851, jour de la mise en vente de notre premier livre, qui parut le jour du coup d’État.
Ce journal a été commencé le 2 décembre 1851, jour de la mise en vente de notre premier livre qui parut le jour du coup d’État.
Ils n’ont point commencé par le premier pas ; ils ne se sont point formés eux-mêmes par degrés : ils ont été transportés du fond des forêts et de l’état sauvage, au milieu des cités et de l’état civil : ce ne sont que de jeunes branches entées sur un vieux tronc.
Fonder une académie avant que d’avoir pourvu à l’éducation publique, c’est vraiment avoir commencé son édifice par le faîte.
C’est dire qu’elle inaugure le temps où l’œuvre du poète va commencer sa féconde existence posthume. […] Il sait encore faire brusquement tourner un développement soutenu et terminer en pirouette ou en nasarde le geste cérémonieusement commencé. […] Quand nous commencions à former nos jugements littéraires, Mirbeau se livrait à l’égard de M. […] La nuance propre de sa poésie commence à s’y peindre et l’on sait qu’une mélancolie dédaigneuse, un désespoir stoïque, un renoncement volontaire en sont les éléments. […] Mais le monde où il observe est bien étrange, bien singulier, et c’est ici que nous commencerons à adresser des critiques à M.
Comme la province commence au quai de l’Horloge, l’étranger commence après la douane de Bellegarde, et la mémoire de Rousseau en a su quelque chose. […] C’est là le principe d’un renouvellement que nous commençons seulement à apercevoir en quelque ensemble et quelque suite. […] C’est à Gournay qu’il commence vraiment à peindre d’après nature. […] C’est précisément l’année de son grand succès de peinture qu’il commence Dominique. […] Il estime que l’un commence où l’autre finit.
Or on commence ordinairement par se faire des amis pour être poussé et soutenu. […] le calendrier italien commence pourtant à demander grâce. […] Le roman commence par un long et excellent portrait de M. […] Ce n’est donc que lorsque les caractères sont parfaitement connus, parfaitement définis, qu’on peut commencer l’action. […] Cependant la bataille n’est pas finie, elle n’est que commencée.
Le remords commence à ne plus lui laisser de repos. […] Il ne s’excepte pas de cet universel mépris, et sa misanthropie commence par lui-même. […] Je commençai à souffrir avec la même intensité que j’avais mise à jouir. […] Il a commencé de vivre en oisif et en inutile. […] On ne sait guère que M. de Curel a commencé par s’essayer dans le roman.
… » Heureux celui qui s’est fait cette question, et qui s’est répondu : Je commence à me réconcilier avec moi-même ! […] Il commence par définir la chose, peine que les Anciens se donnent rarement. […] Au temps de Sénèque, Virgile commençait à vieillir. […] Quand on cite Sénèque, on ne sait ni où commencer, ni où s’arrêter. […] Je commencerai par le rassurer.
Maurice Rostand commence par se plaindre qu’on lui ait souvent dit : « Trop de romantisme ! […] Il commence par cette taquinerie, de trouver chez Stendhal du vaudeville et de l’opérette. […] Je n’ai pas voulu commencer ma carrière de professeur par une lâcheté et un mensonge. […] Il commence par une grave lacune. […] Mais ils ne commencent d’exister vraiment que par la suite.
Il oublie d’abord qu’il est très difficile de dire où commence et où finit la littérature. […] Je commencerai donc par vous la rappeler. […] Le Piston d’Hortense commence par un peu de pantomime. […] Il a commencé par être un parnassien pur, un artiste voluptueux et fier, uniquement dévot aux mystères de la forme. […] Il vient de clore une ère, il en commence une autre.
Puis, passant derrière l’impératrice, il découvre le réchaud, la casserole d’argent dans laquelle le beurre commençait à fondre, le saladier et les œufs. […] Graziella commença seulement d’exister pour M. de Lamartine quand elle fut un rêve. […] Mais ne vous effrayez pas, le bon prêcheur quitte vite ces belles manières et si vous commenciez à vous assoupir, il vous lance à l’improviste des interpellations qui vous réveillent. […] Ce sermon fameux commençait ainsi : Heureux les pauvres d’esprit. […] Et, en effet, c’est un esprit qui ne commence qu’à Descartes.
La faim commençait à se faire sentir. […] L’aurore du romantisme commençait à poindre et glissait à l’horizon de furtives lueurs. […] le temps de ces belles luttes est passé, — et qui s’est éteint presque obscurément, après avoir commencé dans les éclairs et les rayons. […] L’homme fait des projets sans compter sur la mort, et nul n’est sûr d’achever la ligne commencée. […] Mais ce n’était pas sa faute ; le public français, qui n’accepte l’art qu’à son corps défendant, commençait à être las de passion, de lyrisme et de poésie.
Pour Villemain, mon Dieu, cela commence. […] Je ne sais pas si, au moment où commence le troisième acte, le mariage est consommé ou s’il ne l’est point. […] Il commence, du reste, par n’arriver à rien ; mais nous verrons plus tard. […] Commencez par des douceurs ; finissez par des menaces. […] Voulez-vous que nous commencions par ceux-ci ?
Bien mieux : commencez une phrase dans le faubourg du Sud, on l’achève avant vous dans le faubourg du Nord. […] De même que Le Sage commença sa carrière par un emploi dans la finance, emploi qui ne lui convint guère, M. […] On commença la récitation des leçons. […] Il approche du point où l’on commence à descendre la pente de l’âge. […] Il a commencé au collège, où nous étions assis sur des bancs voisins, par adorer ce qu’il brûle aujourd’hui.
Avec la période orientale commence un art nouveau. […] La révélation commence. […] Où commence l’âme, où finit la vie ? […] Elle commence aux mondes des terreurs et des perditions. […] La vie commence avec les végétaux.
Ils commencent nécessairement de la même façon, en consultant des guides, en visitant le terrain, en lisant des relations de détail ; ils recueillent des anecdotes, des renseignements épars. […] Une civilisation vivace et forte commence, qui a son plein épanouissement dans ce grand xiiie siècle. […] La séduction de l’âme y commence et s’y assure par celle des sens. […] Comme dans l’antiquité, à laquelle Diderot pense surtout, comme au Moyen-Âge que Mercier commence à entrevoir, l’art doit, au lieu d’être aristocratique, s’adresser à tout le peuple. […] Toutefois ce n’est que dans Les Martyrs qu’elle commença à s’imposer victorieusement : c’est une des grandes nouveautés du poème.
Remarquez au moins que c’est par des réflexions politiques qu’il a commencé. […] De Maistre commence par donner l’objection dans toute sa force, et par la caresser avec complaisance. […] Dieu n’est pas seulement celui par qui tout commence, il est celui par qui tout se maintient. […] Nous ne pouvons commencer à penser que dans la pensée de nos ancêtres, laquelle remonte à la pensée divine. […] L’État s’arrête où la conscience commence ; l’État ne peut me commander ce que ma conscience m’interdit.
Je ne sais s’il avait aussi effacé les couleurs un peu trop vives de cette philosophie antisacerdotale qui commençait à jeter un grand éclat, et dont les jésuites comme les jansénistes ne devaient pas être très flattés. […] Les fureurs et les extravagances d’Orosmane pour cette petite Zaïre, commencent aussi à ne plus paraître si touchantes, depuis que le physique de l’amour a prévalu chez nous sur le moral. […] Il avait retrouvé à soixante-dix ans assez de vigueur pour achever son Catilina, commencé depuis vingt ans. […] On assure cependant que les enfants et les petites filles qui commencent à avoir une amourette pleurent encore sur le sort de Mélanide, quoique la plupart soient fort tentées d’imiter sa conduite. […] Il paraît que, dès le temps de Lachaussée, les auteurs commençaient à ne plus faire autre chose que remanier les idées de leurs prédécesseurs, et remettre de l’ancien esprit à neuf.
Il se lève, toutes ces graves figures se dérident ; il commence, on a souri.
Il excelle souvent à commencer un poème par des paroles à la fois musicales et songeuses et qui, le livre fermé, pleurent encore dans la mémoire : Ô mon ami, mon vieil ami, mon seul ami, Rappelle-toi nos soirs de tristesse parmi L’ombre tiède et l’odeur des roses du Musée.
Maurice Maeterlinck C’est bien neuf et bien beau d’avoir eu l’idée et le courage de commencer par l’âme.
Le même Auteur avoit commencé une Géographie Histori-Politique de l'Allemagne, dont il parle dans son livre de l'Office des Rois d'Armes ; & l'on doit peu regretter qu'il ne l'ait point achevée, depuis que M. l'Abbé Courtalon, Précepteur des Pages de Madame, a publié un Atlas élémentaire de cet Empire, où l'on voit sur des Cartes & des Tableaux sa description géographique, & l'état actuel de sa constitution politique.
Ceux qui ont commencé par l’enthousiasme confiant et innocent ont appris, à force de mécomptes, à connaître le mal, et souvent, en cet âge de l’expérience chagrine, ils deviennent enclins à lui faire une bien grande part. […] Aux approches de la Révolution, le mouvement commença de lui venir : elle mettait de l’intérêt aux choses, au triomphe des opinions qui, dans ce premier développement de 87 et de 89, étaient les siennes et celles du monde qui l’entourait. […] Ainsi de celle dont nous parlons : elle commence du ton de Duclos, elle finira en se faisant lire Bossuet. […] A partir de ce temps, une seconde époque, celle dans laquelle elle est plus connue, commence pour Mme Guizot.
On peint d’ordinaire les folles, comme si la folie s’arrangeait avec les convenances et donnait seulement le droit de ne pas finir les phrases commencées, et de briser à propos le fil des idées ; mais cela n’est pas ainsi : le véritable désordre de l’esprit se montre presque toujours sous des formes étrangères à la cause même de la folie, et la gaieté des malheureux est bien plus déchirante que leur douleur. […] La plupart des grandes découvertes ont commencé par paraître absurdes, et l’homme de génie ne fera jamais rien s’il a peur des plaisanteries ; elles sont sans force quand on les dédaigne, et prennent toujours plus d’ascendant quand on les redoute. […] « Madame de Staël fit encore quelques adieux plus marqués ou plus intimes que les autres à madame de Rumfort, qui, malgré son calme ordinaire et sa philosophie de personne riche et invulnérable, commençait à s’agiter un peu de l’inquiétude universelle ; elle dit : « Restez tranquille ici, vous, chère madame, vos noms vous protégent, votre maison sera parfois comme a été la mienne, l’hospice des blessés politiques de tous les partis. […] LVIII Cette vie, épuisée par tant d’agitation, tant de génie et tant d’amour, commençait à languir.
Son génie, en effet, commença par la grâce, ce don féminin qui est la jeunesse de l’esprit. […] La philosophie, qui est la suprême convenance de la vie, ne commence pas décemment par l’impudeur ; Rabelais n’est pas le germe de Platon. […] Sa vie véritablement philosophique commença entre soixante et soixante-dix ans. […] XXIII Le temps était propice : les superstitions populaires dont le moyen-âge avait obscurci les sublimes vérités morales du christianisme ; les richesses démesurées du clergé, le luxe et la corruption des pontifes, les scandales des évêques de cour ; le progrès des sciences physiques rendant aux miracles le caractère de phénomènes naturels ; le nombre des monastères d’hommes et de femmes possesseurs oisifs d’une partie du territoire ; les priviléges et les exemptions d’impôts de ces corporations de célibataires substitués à la famille, source et but de toute société durable, tout cela avait commencé contre les mœurs du clergé une réaction qui devait aller jusqu’aux dogmes.
Quand le jansénisme commença de se répandre dans le monde, on se tourna vers Port-Royal comme vers le sanctuaire, le centre religieux de la nouvelle Église : les bâtiments de Port-Royal des Champs furent relevés334 et servirent d’asile aux solitaires, aux hommes saints que la grâce avait touchés, et qui, sans se lier par aucuns vœux, sans quitter leur nom, sans former une communauté régulière, venaient vivre là, dans la retraite, une vie d’étude et de piété. L’année 1638 commença la gloire et les malheurs de Port-Royal et du jansénisme : cette année-là, Antoine Le Maître335, avocat, conseiller d’État, quitta l’espoir d’une haute fortune pour se retirer à Port-Royal. […] Pour guérir cela, il faut commencer par montrer que la religion n’est point contraire à la raison ; ensuite, qu’elle est vénérable, en donner respect ; la rendre ensuite aimable, faire souhaiter aux bons qu’elle fût vraie, et puis montrer qu’elle est vraie […] Nous sommes emprisonnés dans notre univers, et de cet univers même nous ne pouvons saisir toute l’infinité : « quelque apparence du milieu des choses », voilà le connaissable, voilà la science ; mais les substances, les causes, les principes nous échappent, pendant que se déroulent sous nos yeux des séries de phénomènes qui jamais ne commencent et jamais ne finissent.
La guerre aux deux antiquités commença dès le dernier tiers du dix-septième siècle. […] Inconséquence d’esprit, non de conduite, dans un temps où les mœurs conservaient l’art d’écrire en vers comme un amusement, et où la philosophie commençait à l’attaquer comme un vain emploi de l’esprit. […] Ses défauts même tiennent plus du dix-septième siècle que du dix-huitième, et, s’ils n’en sont pas plus aimables pour cela, ils déplaisent moins que la déclamation et l’impropriété dont le règne va commencer. […] Les attaques contre l’antiquité chrétienne avaient commencé avant la guerre contre l’antiquité classique.
S’il n’y avait pas déjà, dans le sentiment même des choses inégales ou égales, différentes ou semblables, dans l’impression spécifique qu’elles produisent en vous, quelque signe d’égalité ou d’inégalité, quelque symptôme de différence ou de similitude, comment votre jugement « intellectuel » reconnaîtrait-il que la différence ou l’inégalité commence ici, que la ressemblance commence là ? […] Avec cet être, porté au-dessus des autres par la sélection naturelle, commencera la science proprement dite. […] Lachelier, que l’intellectuel, entièrement absent de la sensation, commence seulement avec la réflexion.
Dimanche 30 janvier L’élection Barodet, les élections sénatoriales de la chambre, l’élection de Hugo au second tour de scrutin, commencent à mettre très nettement en pratique, dans la politique et le gouvernement de la nation, la révolution dernière, théoriquement formulée dans les livres de Babeuf. […] Samedi 2 septembre À mon âge, et dans mon métier, quand on se sent, certains jours, talonné par la mort, l’angoisse est affreuse de savoir, s’il vous sera donné de terminer le livre commencé, et si la cécité, le ramollissement du cerveau, ou enfin la mort, n’inscriront pas le mot fin, au milieu de votre œuvre. […] Les gens qu’on coudoie, on ne voit pas leurs figures ; le gaz qui commence à s’allumer dans les boutiques y met une lueur diffuse, où l’on ne distingue rien, et la locomotion remue votre cervelle, sans que les yeux soient distraits, au milieu de ces choses endormies, et de ces vivants à l’état d’ombres. […] Là ce fut autre chose, l’acier pénétrait dans les chairs comme dans une pomme qui jute…, oui, une pomme pleine de suc. » Mercredi 27 décembre Aujourd’hui que mon livre de La Fille Élisa est presque terminé, commence à apparaître et à se dessiner vaguement dans mon esprit le roman, avec lequel je rêve de faire mes adieux à l’imagination.
En un mot, du haut de leurs temples sereins, les sages de l’esthétique se préoccupaient eux-mêmes de la grande bataille littéraire dont le bruit commençait à leurs pieds. […] Chez les nations vieillies, le mouvement des arts commence souvent par la critique. […] Le Journal des Savants commença à paraître en 1665 ; le Mercure en 1672. […] Il fut commencé par D.
La branche épistolaire de la littérature française commence à proprement parler au xviie siècle. […] En politique, Gui Patin a plus que des échappées : il semble dans un état d’opposition et de fronde continuelle, il blâme tout ; cela commence sous Richelieu et ne cesse pas un instant sous Mazarin. […] Non, ce n’est point l’émétique, dont il n’a pris que très peu, qui a décidé la guérison, dit-il : « Ce qui a sauvé le roi, ç’a été son innocence, son âge fort et robuste, neuf bonnes saignées, et les prières des gens de bien comme nous, et surtout des courtisans et officiers qui eussent été fort affligés de sa mort, particulièrement le cardinal Mazarin. » La phrase de Gui Patin, commencée avec sérieux, tourne vers la fin en raillerie ; mais ces prières des gens de bien sont sérieuses, et lui-même il a fait la sienne.
L’armistice est dénoncé et les hostilités commencent. […] Ce fut vers ce temps, et d’après l’expérience qu’il acquit à cette nouvelle école, que quelques-unes de ses opinions antérieures en vinrent à se modifier : il avait cru jusque-là avec le monde entier que Napoléon était le seul obstacle à la paix, il commença à entrevoir que cette paix, eût-elle été sincèrement voulue par lui, n’aurait pas été si facile à obtenir en présence d’une telle coalition de haines. […] Pour expliquer ces variantes de récit de la part de témoins bien informés et qui se prétendent sincères, n’oublions pas aussi que ces ordres dictés par l’Empereur, et que nous lisons aujourd’hui si nettement dans un livre, n’arrivaient pas tous à point à leur destination ; qu’il y avait des interruptions, des intervalles remplis d’incertitudes, durant lesquels il fallait conjecturer, deviner, commencer à se décider de son chef ; que le major général Berthier interprétait lui-même un peu les ordres de l’Empereur en les transmettant et les développant, et qu’il avait bien pu, le 13 mai, accentuer davantage encore la possibilité qu’il y aurait pour Ney d’avoir bientôt à faire un à gauche sur Berlin.
Il est piquant que celui qui ne veut pas être de l’Académie ait commencé par avoir part à des émoluments d’Académie . […] Étienne, en nombreuse et spirituelle compagnie, on le pressa au dessert de chanter, selon l’usage ; il commença cette fois d’une voix un peu tremblante, mais l’applaudissement fut immense, et le poëte sentit à cet instant-là, en tressaillant, qu’il pouvait rester simple chansonnier et devenir tout à fait lui-même. […] Pour qu’il surgisse et que son jour commence, La terre exprès tourne les éléments ; Le temps n’est rien ; lenteurs, avortements, Par où la vie à lui seul se prépare, Ne coûtent pas à la nature avare.
De 1821 à 1829, époque où M. de Balzac commença de se faire remarquer par la publication du Dernier Chouan, qu’a-t-il tenté ? […] Enfin je commençai à craindre que ma joie ne me fît perdre la raison. […] Il commence si bien chaque récit, il nous circonvient si vivement, qu’il n’y a pas moyen de résister et de dire non à ses promesses ; il nous prend les mains, il nous introduit de gré ou de force dans chaque aventure.
C’est entre 1750 et 1760631 que les oisifs qui soupent commencent à regarder avec compassion et avec alarme les travailleurs qui ne dînent pas. […] Le marquis de Mirabeau décrit « la fête votive du Mont-Dore, les sauvages descendant en torrents de la montagne650, le curé avec étole et surplis, la justice en perruque, la maréchaussée, le sabre à la main, gardant la place avant de permettre aux musettes de commencer ; la danse interrompue un quart d’heure après par la bataille ; les cris et les sifflements des enfants, des débiles et autres assistants, les agaçant comme fait la canaille quand les chiens se battent ; des hommes affreux, ou plutôt des bêtes fauves, couverts de sayons de grosse laine, avec de larges ceintures de cuir piquées de clous de cuivre, d’une taille gigantesque rehaussée par de hauts sabots, s’élevant encore pour regarder le combat, trépignant avec progression, se frottant les flancs avec les coudes, la figure hâve et couverte de longs cheveux gras, le haut du visage pâlissant et le bas se déchirant pour ébaucher un rire cruel et une sorte d’impatience féroce Et ces gens-là payent la taille ! […] L’oppression et la misère commencent vers 1672 À la fin du dix-septième siècle (1698), les mémoires dressés par les intendants pour le duc de Bourgogne disent que beaucoup de districts et provinces ont perdu le sixième, le cinquième, le quart, le tiers et même la moitié de leur population.
Prenons le cas des images qui nous viennent au moment où finit la veille et où commence le sommeil3. […] Sans doute elle ne la provoque pas complètement ; le travail mental commencé est enrayé par les répressions circonvoisines ; il faudrait que l’image fût seule et livrée à elle-même, comme dans le sommeil et l’hypnotisme, pour qu’elle pût atteindre sa plénitude et avoir tout son effet ; elle ne l’a qu’à demi ; quand elle l’a tout à fait, l’homme est fou. — Mais, que le travail hallucinatoire soit ébauché ou achevé, peu importe, et l’on peut définir notre état d’esprit pendant la veille et la santé comme une série d’hallucinations qui n’aboutissent pas. […] Cela dura plusieurs semaines, et il commençait à s’inquiéter, quand, tout d’un coup, l’obsession disparut. — Il n’y a pas d’image normale, même la plus ancienne, la plus affaiblie, la plus latente, qui ne puisse végéter et s’amplifier de la sorte, de même qu’il n’y a pas de graine de pavot, la plus petite, la plus abandonnée au hasard, qui ne puisse devenir un pavot.