Cependant il pensait toujours à s’avancer et une alliance en Cour lui était indispensable. […] M. de Morvilliers étant venu à mourir, M. d’Ormesson, peu agréé de Henri III, qui l’avait trouvé rétif à ses profusions (« Il est paresseux, à la vérité, disait ce roi, mais il est homme de bien ») ; pensa à la retraite, et s’étant défait de ses charges, il s’était dit qu’il achèverait paisiblement ses jours, tantôt à Paris, tantôt dans ses maisons des champs, qu’il embellirait.
Je n’en pensais pas plus que je n’en ai dit alors sur les défauts mêlés aux mérites, et, ces réserves faites, ces correctifs apportés, et, si l’on veut, ces malices rendues, je restais dans ma mesure d’admiration et de respect pour le caractère de l’homme et pour le talent du poëte. […] J’étais résigné, et il m’est arrivé quelques rayons de soleil. » En effet, des jours meilleurs arrivent ; après Juillet, il obtient, pour Rouget de Lisle, et la croix d’honneur et une pension ou même plusieurs petites pensions sur divers ministères.
Dans ses méditations sur la vieillesse, Mme Swetchine pense surtout aux femmes, si négligées d’ordinaire dès qu’elles ont passé la moitié de la vie. […] « J’ai souvent pensé, dit-elle, que c’était par le cœur qu’on ne s’ennuyait jamais, les deux héros de l’ennui, M. de Chateaubriand et Benjamin Constant, m’ayant mise sur la voie de cette vérité en démontrant sibien que ce n’est pas l’esprit qui sauve d’un tel mal. » On trouve son compte avec elle par bien des pensées de ce genre, même quand on ne la suit pas dans ses plus hautes régions Enfin, sans tant épiloguer sur les mots, ceux qui se livreront à cette lecture, dussent-ils comme moi rester à mi-chemin de la sympathie, y gagneront au moins une vue intéressante sur une nature de femme très rare et très distinguée, qui fait le plus grand honneur au monde aristocratique où elle a vécu.
Le Roi, en notant au bas des pages quelques synchronismes qui donnent à penser, en fournit les premiers éléments et le premier dessin. […] Si bien qu’on soit, il reste cependant à penser au peuple.
Cet honnête homme à imagination ardente, et qui n’admettait guère qu’on pût sentir et penser autrement que lui-même, lui arracha une phrase par laquelle on supplia formellement le roi de s’en tenir à la clémence pour le passé et d’y mettre un terme, eu laissant cours à la justice et à la sévérité des lois pour l’avenir. […] On hésitait, quand on les voyait, à penser trop sévèrement de leurs pères.
La haine monacale qu’il avait encourue dès son arrivée et qui avait aussitôt senti en lui une proie et une victime, les dénonciations dont il s’était vu l’objet, et qui pouvaient recommencer toujours, ne lui permettaient pas de penser à se fixer dans ce pays d’inquisition : il cherchait en idée un asile ailleurs pour un avenir plus ou moins prochain, et il n’en trouvait nulle part un à son gré. […] Ducis n’a pas assez de paroles bonnes et charmantes pour le rassurer et le garantir contre les faiblesses de sa raison : « Pensez que Thomas et moi, nous vous plaignons et vous aimons, et qu’en ne vous interdisant pas le bonheur, vous ranimerez le cœur flétri de votre digne épouse.
Il paraît bien que Louvois pensa un moment à se retourner en faveur de la Hollande, qu’il avait tant combattue et qui avait fini par forcer son estime. […] La ville de Strasbourg s’appelant en latin Argentina, on pensait aussi (les malins du moins et les faiseurs de calembours le disaient) qu’Argentum, l’argent, n’avait pas laissé de pleuvoir et de s’infiltrer dans la place.
Il n’est pas douteux pourtant que, quoi que l’homme veuille faire, penser ou écrire (puisqu’il s’agit ici de littérature), il dépend d’une manière plus ou moins prochaine de la race dont il est issu et qui lui a donné son fonds de nature ; qu’il ne dépend pas moins du milieu de société et de civilisation où il s’est nourri et formé, et aussi du moment ou des circonstances et des événements fortuits qui surviennent journellement dans le cours de la vie. […] Je demande donc qu’il me soit permis de le faire dans ce cas particulier, qui est un des plus agréables de sa manière, et à poser avec précision ma limite, puisque je me trouve y avoir dès longtemps pensé à part moi et pour mon seul plaisir.
» — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ? […] Combien de ces actes, signifiés aux vivants par les morts, où la folie semble le disputer à la passion ; où le testateur fait de telles dispositions de sa fortune, qu’il n’eût osé de son vivant en faire confidence à personne ; des dispositions telles, en un mot, qu’il a eu besoin, pour se les permettre, de se détacher entièrement de sa mémoire, et de penser que le tombeau serait son abri contre le ridicule et les reproches !
Et nous-mêmes, reportons-nous au point de départ de nos propres jugements, quand nous commencions à réfléchir et à penser. […] Il reste à l’historien futur à décrire ce vaste mouvement par lequel nous fûmes cernés, à le peindre en toute connaissance de cause, avec un sentiment élevé d’impartialité envers des adversaires dont quelques-uns furent héroïques et dont les autres ne furent qu’acharnés, à faire bien comprendre surtout comment le libéralisme, le patriotisme ulcéré devint un instrument aux mains d’un état-major d’oligarques, qui, après l’avoir caressé et déchaîné pour le grand combat, ne pensèrent ensuite qu’à le réfréner sans pudeur et à le museler.
La victoire de Raucoux, qui survint sur ces entrefaites (11 octobre 1746), ne nuisit point, comme bien l’on pense, à la négociation. […] Voilà ce qu’il pense, et moi je crois que c’est une chose embarrassante pour le roi et qui empêchera que l’on ne se serve de lui autant qu’il le croit.
Peut-on mieux penser et mieux dire, et avec une impartialité plus haute ? C’est absolument comme Gœthe aurait dit s’il avait pensé en français.
Il y a dans sa conduite d’alors et dans sa tendance d’aujourd’hui cette véritable, cette seule ressemblance, à savoir qu’il ne s’est jamais borné et même qu’il n’a guère jamais aimé à envisager le christianisme, comme tant de grands saints l’ont fait, par le côté purement intérieur et individuel, par le point de vue du salut de l’âme et des âmes prises une à une, mais qui l’a embrassé toujours de préférence (et en exceptant, si l’on veut, son Commentaire sur l’Imitation et sa traduction de Louis de Blois) par le côté social, par son influence sur la masse et sur l’organisation de la société ; et c’est ainsi qu’il se portait avant tout pour la défense des grands papes et des institutions catholiques. « Jésus-Christ, disait-il en 1826, ne changea ni la religion, ni les droits, ni les devoirs ; mais, en développant la loi primitive, en l’accomplissant, il éleva la société religieuse à l’état public, il la constitua extérieurement par l’institution d’une merveilleuse police, etc. » Toutefois les moyens que M. de La Mennais proposait et exaltait jusqu’à la veille de juillet 1830 étaient, il faut le dire, séparés du temps actuel et de sa manière de penser présente par un abîme. […] Dans l’avertissement de la quatrième édition des Réflexions sur l’État de l’Église, l’abbé de La Mennais disait : « Qu’on remonte en arrière seulement de quatre à cinq ans, on sera, nous le pensons, très-frappé d’un développement rapide.
, je penserais que c’est le moment ou jamais, pour tous les hommes qui ont cette conservation à cœur et qui ne sont pas disposés à se confier immédiatement aux ressources de l’inconnu, — que c’est le moment pour eux de s’unir, de comprendre que la chose publique s’en va dans un morcellement misérable d’intrigues, dans une diminution sans terme de tous les pouvoirs et de toutes les fonctions. […] Voilà ce que je me hasarderais à penser de la politique de conservation, en idée du salut du pays, si toutefois je m’étais accoutumé d’assez longue main à concevoir le salut et l’honneur du pays sous ces sortes d’aspects.
Mais, dès 1684, nous avons de lui un admirable Discours en vers, qu’il lut le jour de sa réception à l’Académie française, et dans lequel, s’adressant à sa bienfaitrice, il lui expose avec candeur l’état de son âme : Des solides plaisirs je n’ai suivi que l’ombre, J’ai toujours abusé du plus cher de nos biens : Les pensers amusants, les vagues entretiens, Vains enfants du loisir, délices chimériques, Les romans et le jeu, peste des républiques, Par qui sont dévoyés les esprits les plus droits, Ridicule fureur qui se moque des lois, Cent autres passions des sages condamnées, Ont pris comme à l’envi la fleur de mes années. […] Si faut-il qu’à la fin de tels pensers nous quittent ; Je ne vois plus d’instants qui ne m’en sollicitent : Je recule, et peut-être attendrai-je trop tard ; Car qui sait les moments prescrits à son départ ?
Lesage, par indépendance, par dignité d’homme, n’attend ni les pensions ni les cadeaux ni les sinécures que procure la faveur des grands. […] Diderot pense, déclame, argumente, s’abandonne à son imagination fougueuse et cynique, verse pêle-mêle les vues ingénieuses, profondes, fécondes, sur la littérature, la société, la morale, les effusions ardentes d’une sensibilité lyrique, les impiétés énormes et les obscénités froidement dégoûtantes.
Je ne pense pas qu’on ait jamais vu chez un artiste un plus bel effort de l’imagination sympathique, un tel parti pris de laisser façonner son âme aux influences du dehors comme une matière infiniment impressionnable et malléable et, pour cela, de borner sa vie aux sensations, ni, d’autre part, une si merveilleuse aptitude à les goûter toutes. […] je suis si peu un critique que, lorsqu’un écrivain me prend, je suis vraiment à lui tout entier ; et, comme un autre me prendra peut-être tout autant, et au point d’effacer presque en moi les impressions antérieures, comme d’ailleurs ces diverses impressions ne sont jamais de même sorte, je ne saurais les comparer ni assurer que celle-ci est supérieure à celle-là « Mais nous ne tenons point à connaître les émotions que vous donnent les livres ; c’est sur leur valeur que nous désirons être édifiés. » Peut-être ; mais la plus belle fille du monde… Et d’ailleurs, je suis ici d’autant plus incapable de m’élever au-dessus du sentir, que Pierre Loti est, je pense, la plus délicate machine à sensations que j’aie jamais rencontrée.
Si les savants qui pensent ainsi avaient raison, devrait-on dire encore que les lois de la nature sont contingentes, bien que chaque loi, prise en particulier, puisse être qualifiée de contingente ? […] Tout ce qui n’est pas pensée est le pur néant ; puisque nous ne pouvons penser que la pensée et que tous les mots dont nous disposons pour parler des choses ne peuvent exprimer que des pensées ; dire qu’il y a autre chose que la pensée, c’est donc une affirmation qui ne peut avoir de sens.
elle ne le fait pas penser seulement à un sol repu de cadavres ; c’est, à ses yeux, le royaume de la force, de l’injustice, l’impitoyable cirque où les faibles sont dévorés par les forts. […] N’est-ce pas lui qui s’écrie (octobre 1847) : « Penser que peut-être jamais je ne verrai la Chine ; que jamais je ne m’endormirai au pas cadencé des chameaux ; que jamais peut-être je ne verrai dans les forêts luire les yeux d’un tigre accroupi dans les bambous !
Entre le bien et le beau, le rapport est si intime que quelques-uns, comme Gœthe, ont pensé que la morale n’est que l’esthétique appliquée à la vie ; idée qui n’a pas été étrangère à Platon. […] Et certes, quand on y pense, on ne peut s’empêcher de trouver un peu vaines ces recherches qui ont pour objet de fixer l’essence du bien et du beau.
Il pensait comme Hamilton24 que, « pourvu que la raison conserve son empire, tout est permis ; que c’est la manière d’user des plaisirs qui fait la volupté ou la débauche ; que la volupté est l’art d’user des plaisirs avec délicatesse et de les goûter avec sentiment ». — « Je suis fait de sentiments et de volupté », disait-il, — De telles maximes supposent bien de l’oisiveté, du raffinement, et tout un art que nos âges de lutte et de labeur ont peine à comprendre. […] Le préambule m’en rappelle un peu ceux des histoires de Salluste : comme ce Romain dissolu auquel il a pu penser pour plus d’une raison, La Fare commence par établir quelques principes de morale et de philosophie ; mais il les pose avec une netteté tout épicurienne, en débutant hardiment par un mot de Rabelais.
Les railleurs, les ennemis du critique (et il n’en manquait pas), les envieux du bel-esprit gouverneur, s’égayaient là-dessus, comme bien l’on pense ; les couplets ne tarissaient pas, et ce nom de La Harpe, qui faisait un singulier à-propos au talent célèbre de Mme de Genlis sur la harpe, prêtait à toutes sortes de calembours. […] Elle avait conservé le besoin d’avoir des élèves, des protégés autour d’elle, des personnes dont elle s’engouait extrêmement : sa prévention en tout l’emportait sur son jugement et lui dictait sa façon de penser et de dire.
Un jeune homme de dix-neuf ans, qui, passant par Florence, y aurait rencontré l’harmonieux poète, et aurait brûlé de l’interroger sur la réalité de ces tendres sentiments, si voilés de mysticité et de mélodie, peut nous donner quelque idée de ce qu’était Patru dans son pèlerinage auprès de d’Urfé : Lorsqu’en mon voyage d’Italie, raconte-t-il, je passai par le Piémont, je vis l’illustre d’Urfé, et je le vis avec tant de joie qu’encore aujourd’hui je ne puis penser sans plaisir à des heures si heureuses. […] Il pensait peu hors du cercle des lettres et de sa profession ; mais il était un habile ouvrier de la parole ; il avait ce que les anciens appelaient l’ore rotundo, le tour cicéronien ; il y visait en public.
C’est à lui que pensait Louis XIV quand il écrivait dans son État de la France en 1661 : Les finances, qui donnent le mouvement et l’action à tout ce grand corps de la monarchie, étaient entièrement épuisées, et à tel point qu’à peine y voyait-on de ressource ; plusieurs des dépenses les plus nécessaires et les plus privilégiées de ma maison et de ma propre personne étaient ou retardées contre toute bienséance, ou soutenues par le seul crédit, dont les suites étaient à charge. […] Dans mon parfait désintéressement, j’ai peut-être le droit de dire ces choses, et l’exemple de Fouquet, qui y mêlait d’ailleurs un peu trop de pensions, me les suggère.
Comme toute ma vie, j’obéis à mes passions et me livre du meilleur cœur du monde à tout ce qu’on en peut penser. […] Ce n’est pas la faim qui me fait crier ; au contraire, j’aurais peut-être quelque avantage à me modérer, maintenant que Le National a un public qui veut bien voir et penser par lui.
Ce sont de ces livres faits sans qu’on y pense et qui n’en valent que mieux. […] Brantôme qui faisait une galerie des Dames illustres françaises et étrangères, après y avoir fait entrer Marie Stuart, avait pensé à y mettre Marguerite comme un autre exemple des injustices et des inclémences de la fortune.
quand il s’agit de placer des fadaises, la tête d’une femme a plus d’étendue qu’on ne pense. » Dans La Sérénade il y a un certain Champagne qui est bien l’ivrogne le plus naturel et le plus franc. […] Je ne sais, madame, si vous avez vu Trianon dans cette saison-ci ; mais, il faut vous l’avouer, je serais plus à mon aise dans une cave, la paix étant faite à des conditions raisonnables, que je ne le suis dans un palais enchanté et parfumé comme celui-ci. » Qu’on pense ce qu’on voudra de Mme de Maintenon, cette manière de sentir est plus honorable.
Déjà peut-être ne pensait-il plus qu’à mourir en roi. […] J’ai quelquefois pensé à ces liens charmants en voyait deux cygnes sur une eau limpide se laisser emporter au courant.
La fable qui clôt le livre VIIe, Un animal dans la Lune, nous révèle chez La Fontaine une faculté philosophique que son ingénuité première ne laisserait pas soupçonner : cet homme simple qu’on croirait crédule quand on raisonne avec lui, parce qu’il a l’air d’écouter vos raisons plutôt que de songer à vous donner les siennes, est un émule de Lucrèce et de cette élite des grands poètes qui ont pensé. […] Cette anecdote nous peint assez bien, d’une part, les sentiments naturels de La Fontaine, et de l’autre, sa facilité dans la discussion ; quand il avait exprimé en poésie ce qu’il pensait, ce qu’il avait de plus cher, il se souciait assez peu de le maintenir en prose devant les gens qui voulaient le contredire.
En sortant de la salle du tribunal, nous pensions l’expression du fiacre 6. […] Vous avez bien pensé que je vous demanderais des explications ?
Où je trouve l’erreur, c’est qu’on prétende que cela a toujours été ainsi ; quant à moi, je pense que c’est un des caractères de l’âge actuel des nations : seulement, cela est plus sensible chez nous en ce moment, parce que nos mœurs n’ont pas marché d’un pas égal avec les opinions. […] Un orateur de la Chambre des Députés demandait une sorte de code pénal pour punir ceux des électeurs qui se montreraient trop peu empressés à exercer leurs droits : sans doute il pensait aussi que le régime représentatif n’était point encore dans nos mœurs.
Le livre que nous donne Ratisbonne sous le titre de Journal d’un Poète 4 est bien autrement intime, sincère, pensé, vécu, et saigné aussi, — car l’homme y souffre, — que ne pourrait l’être jamais un récit de Mémoires, toujours plus ou moins attifé. […] — Tel est le siècle : ils n’y pensèrent pas !
Mais que Mgr le public est donc heureux, pensais-je, et que c’est un grand personnage !
pour le commun des spectateurs et du public, et pour un commun même très-distingué, cet essai est utile, instructif, et donne à penser ; notre éducation ainsi s’achève, notre sens critique s’aiguise en divers sens : après Shakspeare, Sophocle.
Veissier pense-t-il qu’on puisse dire : A la rose, qu’il entrelace, Vois-tu combien donne de grâce Ce lys éclatant de blancheur ?
En un mot on cherche ce qu’on sait, ce qu’on a vu sur la chose en question ; ou bien ce qu’on sait, ce qu’on pense, ce qu’on a vu sur les choses analogues.
Il faudrait plier l’opinion à honorer, partout et toujours, la maternité, à la considérer comme auguste et purificatrice, à penser qu’elle lave les souillures même d’où elle est sortie, par la souffrance, par le devoir accepté, et par ce qu’elle apporte de renfort possible à la communauté humaine dont nous faisons partie.
Vacherot de m’avoir présenté à vous, et, comme vous pensez bien, je ne lui en veux pas d’avoir si gracieusement amplifié mes titres.
Mais quand on songe à sa grande jeunesse et quand on lit certaines strophes toutes frissonnantes d’inquiétude et de tristesse, on ne peut s’empêcher de penser au grand génie futur de ce jeune homme qui débute par des souffrances de doute et d’immenses désirs de foi, et dont la dernière parole écrite fut vraisemblablement celle-ci ajoutée au bas du manuscrit retouché à Axël : Ce qui est, c’est croire.
Voilà des cris et des gronderies, comme vous pouvez le penser.
Tels sont, comme je crois, ces Ecrivains qui pensent Que ce ne sont les lieux ou les astres qui dansent A l’entour de la terre ; ains que la terre fait Chaque jour sur son axe un tour vraiment parfait ; Que nous semblons ceux-là qui, pour courir fortune, Tentent le dos flottant de l’azuré Neptune, Et nouveaux, cuident voir, quand ils quittent le port, La nef demeurer ferme, & reculer le bord.
On doit penser qu’un pareil Ouvrage étoit fait pour s’attirer des critiques ; aussi ne manqua-t-on pas de s’élever contre plusieurs des opinions de l’Auteur.
Les plaisirs intellectuels sont intermédiaires entre les plaisirs purement sensitifs et les plaisirs liés à l’exercice de la volonté, puisque penser, nous l’avons vu, est le commencement du vouloir et du mouvoir.
Il sait bien que l’art seul, l’art pur, l’art proprement dit, n’exige pas tout cela du poète, mais il pense qu’au théâtre surtout il ne suffit pas de remplir seulement les conditions de l’art.
Son but a été d’exposer sans flatterie & sans amertume ce que les écrivains les plus impartiaux ont pensé sur le génie, le caractère & les mœurs des hommes célébres dans tous les genres.
Lyell et le Dr Hooker, qui connaissaient mes travaux, me firent l’honneur de penser qu’il était bon d’éditer, en même temps que l’excellent mémoire de M.
Paris n’y pense pas davantage.
On peut même penser que le berger visionnaire dont je viens de parler, n’auroit jamais pris ni pannetiere, ni houlette sans quelque bergere qu’il voïoit tous les jours ; il est vrai seulement que sa passion n’auroit pas produit des effets aussi bizarres, si, pour me servir de cette expression, elle n’eût été entée sur les chimeres dont la lecture de l’Astrée avoit rempli son imagination.
Renan pensait avoir rattaché le passé au présent.
Mais pour que nous pensions à traiter, conformément à cet impératif, les individus avec lesquels nous entrons en relations, ne faut-il pas que nous ayons, au préalable, porté certains jugements de fait sur leur nature même Le premier élément constitutif de l’égalitarisme, c’est l’affirmation que l’humanité a une valeur propre, et que par suite tous les hommes ont des droits.
Nous avons besoin de causer, de nous enthousiasmer, de raisonner sur des opinions spéculatives, tout cela fort légèrement, environ une heure par jour, ne livrant à ce goût que la superficie de nous-mêmes, si bien nivelés, qu’au fond nous pensons tous de même, et qu’à voir justement les choses on ne trouvera dans notre pays que deux partis, celui des hommes de vingt ans et celui des hommes de quarante ans. […] Une commission, dont Newton était membre, vérifia les pièces fabriquées, les trouva bonnes, et plusieurs juges compétents pensent aujourd’hui que la mesure était loyale autant qu’utile au pays. […] Qu’on n’aille point ici le comparer à Rabelais ; notre bon géant, médecin et ivrogne, s’étale joyeusement sur son fumier sans penser à mal ; le fumier est chaud, commode ; on y est bien pour philosopher et cuver son vin. […] C’est un triste spectacle pour ceux qui se promènent dans cette grande ville, ou voyagent dans la campagne, que de voir les rues, les routes et les portes des cabanes couvertes de mendiantes, suivies de trois, quatre ou six enfants, tous en guenilles, et importunant chaque voyageur pour avoir l’aumône… Tous les partis conviennent, je pense, que ce nombre prodigieux d’enfants est aujourd’hui dans le déplorable état de ce royaume un très-grand fardeau de plus ; c’est pourquoi celui qui pourrait découvrir un moyen honorable, aisé, peu coûteux de transformer ces enfants en membres utiles de la communauté, rendrait un si grand service au public, qu’il mériterait une statue comme sauveur de la nation. […] Je pense que les avantages de ce projet sont nombreux et visibles aussi bien que de la plus haute importance. — Premièrement, cela diminuera beaucoup le nombre de papistes, dont nous sommes tous les ans surchargés, puisqu’ils sont les principaux producteurs de la nation. — Secondement, comme l’entretien de cent mille enfants de deux ans et au-dessus ne peut être évalué à moins de 10 shillings par tête chaque année, la richesse de la nation s’accroîtrait par là de 50,000 guinées par an, outre le profit d’un nouveau plat introduit sur les tables de tous les gentlemen de fortune qui ont quelque délicatesse dans le goût.
Que Pierre ou Paul soit un coquin, peu nous importe, c’était l’affaire des contemporains ; ils souffraient de ses vices, et ne devaient penser qu’à le mépriser et à le condamner. […] Nous pensons qu’ils choisirent sagement et noblement. […] Nous pensons que l’avis d’Addison était un bon avis. […] Que pense le lecteur de ce dilemme et de cette double série d’inductions ? […] Là, l’historien de l’empire romain pensait aux jours où Cicéron plaidait la cause de la Sicile contre Verrès, où, devant un sénat qui retenait encore quelque apparence de liberté, Tacite tonnait contre l’oppresseur de l’Afrique.
. — Vous pensez qu’il y a une faculté autre que l’expérience et la raison propre à découvrir les causes ? […] Nous allons même plus loin que vous : nous pensons qu’il n’y a ni esprits ni corps, mais simplement des groupes de mouvements présents ou possibles, et des groupes de pensées présentes ou possibles. […] Nous pensons qu’il n’y a rien au monde que des faits et des lois, c’est-à-dire des événements et leurs rapports, et nous reconnaissons comme vous que toute connaissance consiste d’abord à lier ou à additionner des faits. […] Pour mon compte, je le pense, et la raison en est qu’étant des abstraits, ils ne sont pas situés en dehors des faits, mais compris en eux, en telle sorte qu’il n’y a qu’à les en retirer. […] À les voir virginales et timides dans ce voile doré, on pensait aux joues empourprées, aux beaux yeux modestes d’une jeune fille qui pour la première fois met son collier de pierreries.
C’est une manière de lire Tartuffe que d’y chercher ce que Molière a pensé de la religion, mais évidemment ce n’est pas la seule, ni surtout la plus littéraire. […] Mais il fait mieux que de le dire, s’il le suggère comme sans avoir l’air d’y penser, et qu’il mette à le prouver moins d’esprit de système que d’involontaire ardeur et d’enthousiasme presque inconscient. […] Dans aucun livre enfin une pensée d’ailleurs plus ferme n’a revêtu, comme dit Bossuet, un style plus « triste » pour s’exprimer ; — et je pense qu’il veut dire un style plus capable de décourager le lecteur. C’est également ce que pensa Ronsard, heurté, choqué, blessé dans tous ses instincts d’art par ce sombre puritanisme ; et je me trompais tout à l’heure en disant que l’Institution chrétienne ne diffère d’aucun livre plus que du roman de Rabelais : elle diffère pour le moins autant des Sonnets à Cassandre, de l’Ode à l’Hospital et de l’Hymne de l’Or. […] Et là-dessus d’ajouter : « Si le monde se plaint que je parle trop de moi, je me plains de quoi il ne pense seulement pas à soi. » Nous nous ignorons nous-mêmes ; et nous cachons notre ignorance ou nous la déguisons sous les moqueries que nous faisons de ceux qui étudient en eux l’histoire même de l’humanité !
Ainsi, voulant dire de Thomas qu’il savait rarement saisir dans un sujet les points de vue les plus simples et les plus féconds, le critique ajoute : « Il pensait en détail, si l’on peut parler ainsi, et ne s’élevait point assez haut pour trouver ces idées premières qui font penser toutes les autres. » Mais Fontanes n’était déjà plus un homme privé. […] Au milieu des affaires et de tant de soins, Fontanes pensait toujours aux vers ; la paresse chez lui, en partie réelle, était aussi, en partie, une réponse commode et un prétexte : il travaillait là-dessous. […] Les choses entre eux en restèrent là, dans une mesure parfaitement décente, plus froide pourtant que ces témoignages ne donneraient à penser. […] … qu’en pensa Fontanes ? […] Un jour qu’on vantait Talma dans un rôle : « Qu’en pense Fontanes ?
Pensez-vous qu’elle soit inflammable ? […] Quelques jours après, l’ami, étant revenu, lui demande ce qu’il pense de l’ouvrage qu’il lui a donné, — et si c’est réellement lui que l’auteur a voulu mettre en scène. […] pensez-vous en la voyant partir, elle va avoir froid. — Elle, froid ! […] Il pensa qu’il n’y aurait pas d’indiscrétion à se présenter au ministère de l’intérieur, et que ses anciennes relations avec le portefeuille de la rue de Grenelle ne pourraient que lui être favorables. […] Duchâtel en apercevant la croix marquée au crayon au coin de la carte : c’est bientôt la fête du roi, et ce monsieur me rappelle que je lui ai promis de le faire décorer… Il fait bien d’y penser !
Nous écrivons, comme nous sentons, comme nous pensons, avec notre corps tout entier. […] Le style, c’est de sentir, de voir, de penser, et rien de plus. […] Tous les mots abstraits sont la figuration d’un acte matériel : penser, c’est peser. […] Il m’est pénible de penser que si M. […] Quant à bain-marie, sur lequel le Dictionnaire général garde un silence prudent, je ne sais qu’en penser.
Être éloquent sur des sujets difficiles et sérieux, de manière à plaire à la majorité de quarante membres qui pensent différemment sur toute chose et qui particulièrement ne sauraient être d’accord en matière de goût, c’est à peu près impossible.
mais certes j’aimerais mieux une seule promenade avec toi dans tes bois d’Auteuil que tous ces règnes usurpés ; ou plutôt j’aimerais mieux mourir mille fois que de penser une seule fois quelque chose de tel. » — M.
Parent-Réal, son ancien collègue au Tribunal, le 20 novembre 1831 : « Nous avons vu quarante ans de révolutions : pensez-vous que nous soyons à la fin ?
C’est du bon et très-bon Malek-Adel, mais Aben-Hamet y fait penser.
Je vais jusqu’à penser que, même comme artiste, l’impassible est impuissant et reste inférieur.
L’agitation de l’âme est un besoin trompeur auquel la plupart des hommes se livrent, sans penser à ce qui succède à cette agitation.
Le style est net, d’abord si la conception est nette, si l’écrivain a bien déterminé la qualité, l’étendue et le rapport de ses pensées, s’il a pleine conscience, en un mot, de ce qu’il pense et sent, ensuite s’il donne à chaque idée l’expression propre qui la découvre tout entière et clairement.
Elle ne nous fait connaître véritablement que leur diffusion dans les esprits du vulgaire ignorant, leur dégradation pour ainsi dire, et la force d’impulsion qu’elles ont manifestée : mais la genèse et l’évolution de ces idées même dans l’élite qui pense, les formes supérieures de la vie intellectuelle, ne se sont pas déposées alors, sinon par hasard, dans les œuvres de langue française.
D’abord, tout cet appareil compliqué, précis, luisant et froid ; ces multiples et fins instruments faits pour couper, percer, pincer, brûler, scier, limer, tordre, et qui éveillent en nous l’idée de sensations atrocement aiguës et lancinantes ; puis cette pauvre nudité exposée sur le lit opératoire, et qui (nous y pensons fraternellement) pourrait être la nôtre ; ce mystère violé de nos plus secrets organes ; cet aspect de corps éventré sur un champ de bataille ; la vue du sang, et des entrailles ouvertes, et des plaies béantes et rouges, vue qui serait insoutenable si le malade sentait, mais qui n’est que suprêmement émouvante puisqu’on a la certitude qu’il ne souffre pas et l’espoir que, en se réveillant, il aura la joie infinie de se savoir affranchi de la torture ou de la honte de son mal ou de son infirmité… Et ce spectacle est aussi très bon pour l’intelligence.
Je ne pense point que vous soyez ce que vous dites.
Il y a aussi un grand nombre de termes abstraits qui, quoique d’une physionomie assez barbare, nous sont indispensables, tant que le vocabulaire n’aura pas subi une réforme radicale ; dès qu’on touche aux abstractions, il faut écrire en gréco-français ; cet essai sera, et est déjà plein de mots que je répudie comme écrivain, mais sans lesquels je ne puis penser.
La lecture achevée, il demande bien vîte à Racan ce qu’il pense de l’ouvrage.
Il expire en disant ces mots, et il continue avec les anges le sacré cantique. » Nous avions cru pendant quelque temps que l’oraison funèbre du prince de Condé, à l’exception du mouvement qui la termine, était généralement trop louée ; nous pensions qu’il était plus aisé, comme il l’est en effet, d’arriver aux formes d’éloquence du commencement de cet éloge, qu’à celles de l’oraison de madame Henriette : mais quand nous avons lu ce discours avec attention ; quand nous avons vu l’orateur emboucher la trompette épique pendant une moitié de son récit, et donner, comme en se jouant, un chant d’Homère ; quand, se retirant à Chantilly avec Achille en repos, il rentre dans le ton évangélique, et retrouve les grandes pensées, les vues chrétiennes qui remplissent les premières oraisons funèbres ; lorsqu’après avoir mis Condé au cercueil, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsque, enfin, s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs, il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité, à ce dernier effort de l’éloquence humaine, les larmes de l’admiration ont coulé de nos yeux, et le livre est tombé de nos mains.
ils ne peuvent sourire sans compter qu’ils souriront toujours ; ils ne peuvent pleurer sans penser qu’ils touchent à la fin de leurs larmes.
Or comme les chants de ces hymnes sont les mêmes dans tous les offices, il est raisonnable de penser que ces chants furent composez dans le temps où ces hymnes furent faites.
Ecrire sans rhétorique, sans travail, simplement, naturellement, écrire comme on pense et comme on sent, c’est l’idéal, il n’y a pas de doute, à condition toutefois que ce que l’on écrit naturellement ne soit pas naturellement insignifiant et, par conséquent, indigne d’être écrit.
Elle pensait sans doute, et avec raison, que rien n’était d’une importance sociale plus profonde que d’écrire l’histoire, et qu’il en fallait défendre le droit par une institution contre les atteintes du premier venu, qui se délivre à lui-même mandat et brevet d’historien.
Maintes fois les catholiques ont pu penser qu’en défendant la France, ils défendaient l’Église ; jamais autant que dans cette guerre ils n’ont rempli ce rôle.
Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien. […] Je m’enlève rien que d’y penser ! […] … Les cloches d’hier, les cloches sonores Qu’en dites-vous, nos âmes, qu’en pensez-vous ? Les âmes pensent aux journées lointaines. Ames et cloches, qu’en pensez-vous ?
Elle n’écrit pas pour chanter, mais pour penser et agir. […] Il pense en images et il imagine en antithèses. […] Parce que les cadres étaient les mêmes, on a pensé qu’il y faisait tenir les mêmes choses. […] L’homme qui a pu aimer jusqu’au crime, on pense qu’il était plus que d’autres capable d’amour. […] Il ne s’intéresse qu’à lui seul et pense que le monde entier porte à sa personne autant d’intérêt que lui-même.
Mais que pensez-vous ? […] Quoiqu’il n’eût jamais suivi le mouvement scientifique et intellectuel de l’époque, Sorokooumoff aimait à savoir où l’on en était… Il lui arrivait parfois de prendre à part un de ses anciens camarades et de lui demander ce que pensaient les grands esprits du siècle ; il l’écoutait attentivement, s’étonnait, le croyait sur parole, et répétait ensuite mot pour mot tout ce qu’il en avait appris. […] — N’y aurait-il pas moyen, pensai-je en moi-même, de le tirer d’ici ? […] Plutôt que de penser à cela, raconte-moi ce que tu as vu à l’étranger. […] Elle commence par les romans, elle finira par l’histoire ; elle apprend à écrire avant de penser, et parmi les écrivains actuels de toutes les langues il y en a bien peu (s’il y en a) qui égalent Tourgueneff en naturel, en simplicité et en originalité.
Polyeucte, par exemple, n’eut jamais autant de faveur à aucune époque, je le pense, ni jamais même à son début, que dans cette mémorable soirée où Pauline, néophyte, fut vue si simple et si sublime, où l’acteur aussi, près d’elle, parut si chrétiennement passionné, où le rôle de Félix lui-même fut compris. […] … Et pendant la lecture il interrompt, il loue, il critique même, et conclut en ordonnant d’écrire à Lebrun que l’Empereur lui accorde une pension de 6,000 fr. : il n’avait pensé qu’à Lebrun-Pindare. […] On lit au tome III des Mémoires d’Ouvrard : « Au mois de septembre 1826, Talma se trouvant à dîner à la Conciergerie avec plusieurs personnes, à la fin du dîner la conversation tomba sur le théâtre. — Que pensez-vous du romantique ?
Il y aurait profit à se le rappeler toutefois ; penser beaucoup et sérieusement au passé en telle matière et le bien comprendre, c’est véritablement penser à l’avenir : ces deux termes se lient étroitement et correspondent entre eux comme deux phares. […] Si, quand l’imprimé parut, tout le monde se récria de la sorte avec transport et adopta par acclamation l’amusante parodie comme vérité, en l’antidatant légèrement et lui attribuant un effet rétroactif, c’est que les honnêtes gens étaient si las de ces horreurs et de ces calamités prolongées, étaient si heureux de retrouver exprimé avec éclat et vigueur ce qu’ils pensaient et se disaient à l’oreille depuis longtemps, qu’ils se prirent à n’en faire qu’un seul écho, en le reportant tant soit peu en arrière par une confusion irrésistible : glorieux et légitime anachronisme, qui prouve d’autant plus pour l’effet moral de la Ménippée.
L’homme d’intelligence et de sympathie littéraire élevée, qui a conçu l’idée de cette Anthologie et qui en a dirigé l’exécution, a pensé qu’entre ces deux écueils, le trop d’unité ou l’extrême diversité, il y avait pour une œuvre de ce genre bien plus d’inconvénients d’un côté que de l’autre. […] Quand Bernier voit la chose si empirer, Tel deuil en a qu’il pense perdre le sens : Là on l’eût vu saisir son écu ; L’épée nue, (il) est venu au moutier ; À travers l’huis vit la flamme rayonner. […] Jamais on n’a pensé à s’inspirer de Ronsard et de ses contemporains poètes, mais seulement à leur emprunter quelques expressions heureuses, quelques couleurs neuves et fraîches, et des formes habiles de rythme.
Cela fait, presque tout est fait ; car il n’y a plus qu’à mener l’auditeur pas à pas, de gradin en gradin, jusqu’aux dernières conséquences « Madame la maréchale aura-t-elle la bonté de se souvenir de sa définition Je m’en souviendrai : vous appelez cela une définition Oui C’est donc de la philosophie Excellente Et j’ai fait de la philosophie Comme on fait de la prose, sans y penser. » — Le reste n’est qu’une affaire de raisonnement, c’est-à-dire de conduite, de bon ordre dans les questions, de progrès dans l’analyse. […] Ouvrez-les ; chacune d’elles est un trésor ; il y a mis, dans un étroit espace, un long amas de réflexions, d’émotions, de découvertes, et notre jouissance est d’autant plus vive que tout cela, saisi en une minute, tient aisément dans le creux de notre main. « Ce qui fait ordinairement une grande pensée, dit-il lui-même, c’est lorsqu’on dit une chose qui en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une longue lecture. » En effet, telle est sa manière ; il pense par résumés : dans un chapitre de trois lignes, il concentre toute l’essence du despotisme. […] Il pense par explosions ; ses émotions sont des sursauts, ses images sont des étincelles ; il se lâche tout entier, il se livre au lecteur, c’est pourquoi il le prend.
Un moineau alerte, qui sautille en dressant sa petite tête hardie, et picote, le grain d’un air coquet et délibéré, vous faisait penser aux ébats et aux mines d’un gai polisson, indiscret convive, mais espiègle de bonne maison. […] Alors nous pensons vaguement à la lenteur de leur croissance, et à la régularité des révolutions qui les renouvellent. […] Otons-lui les pieds. » Or trouvez-moi Chose par les humains à sa fin mieux conduite Quel autre art de penser Aristote et sa suite Enseignent-ils, par votre foi ?
« Qu’est-ce que l’homme, fils de la mort, pour que tu penses à lui ? […] « Si je pouvais ne plus penser nuit et jour à toi, si je ne te plaçais plus, ô ma Jérusalem ! […] Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de ce barde sacré ; et, si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang et les victoires des mules et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du berger-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et qui semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues.
Le peuple s’aigrit, les provinces s’alarmèrent, les partisans des dynasties en expectative se groupèrent contre la république, l’ennemi commun ; la république s’exagéra sur sa montagne comme sur un mont Aventin, menaçant le civisme au lieu de le rassurer ; les élections furent extrêmes comme les partis ; la France oublia la liberté superflue des temps calmes pour ne penser qu’à son salut qu’elle crut compromis. […] Danton lui-même pensait comme moi, quand il répondait à un club qui lui reprochait de ne pas insister sur le procès du roi : « Je suis un révolutionnaire, je ne suis pas une bête féroce. […] Il avait pensé à éloigner le siège de l’Assemblée nationale de la capitale, et la populace de Paris avait marché sur Versailles, forcé son palais, massacré ses gardes, emprisonné sa famille aux Tuileries.
Le cardinal Borano lui commanda un groupe en marbre représentant le Christ mort descendu de la croix par les saintes femmes, œuvre que ne pensera jamais à rivaliser, dirent les artistes romains, aucun statuaire, en dessin, en grâce, en maniement assoupli du marbre. […] L’entretien de Michel-Ange avec lui-même avait besoin de ce silence où l’homme s’entend penser. […] L’homme de génie purement littéraire, qui n’a pour œuvre que de sentir, de penser et de reproduire ses sentiments et ses pensées par la parole, peut concentrer toute sa force intellectuelle dans le siége inconnu de l’intelligence, et n’offrir aux yeux, sur son visage, que le miroir lucide et presque immatériel de sa pensée, la force de son âme est souvent attestée par la délicatesse et par l’immatérialité de son corps, la matière n’est qu’un poids pour lui ; plus son intelligence s’en affranchit, plus elle est intellectuelle.
Avec l’honneur, le prix auquel on pense, c’est le gain ; dans un tournoi, les armes, les chevaux des vaincus ; en guerre, la rançon des prisonniers, qu’on taxe sans ménagements, et qui s’engagent sans marchander : le bourgeois, le vilain sont les payeurs. […] C’est l’aventure que Froissart aime, admire dans les héros dont il nous entretient : et voilà pourquoi il pense | autant de bien d’Aymerigot Marcel qui se fit pendre, que du Bascot de Mauléon, qui se retira à Orthez sur ses vieux jours, après fortune faite. […] Il a le plus inépuisable vocabulaire pour traduire tous les aspects des réalités concrètes : mais son invention verbale s’arrête, comme sa capacité de penser, à la frontière de l’abstraction.
De plus, madame Gay, après avoir possédé une opulente fortune, était tombée dans une médiocrité d’existence qu’elle ne soutenait que par le travail littéraire, souvent si mal rémunéré ; elle craignait la pauvreté après elle pour cette enfant : elle pouvait penser que le double talent de la mère et de la fille, et leur double travail, apporteraient un peu plus d’aisance à la maison, que sa fille se ferait avec ses vers une propre dot de sa gloire. […] On savait qu’il ne voulait pas se remarier d’un mariage authentique, par des délicatesses de famille et de dynastie ; mais on pensait que sensible encore, comme il l’avait toujours été, aux charmes d’une société de femmes, et trop pieux pour avoir une favorite, il serait heureux de trouver, dans un mariage consacré par la religion et avoué par l’usage des cours, une compagne des jours de sa maturité. […] On ne pouvait s’empêcher de penser, en contemplant et en écoutant Delphine, à cette Vittoria Colonna, qui fut la noble et chaste Aspasie de Rome moderne, la passion platonique de Michel-Ange, le modèle des Vierges de Raphaël, pendant qu’elle était, par ses propres poésies, la rivale heureuse de Pétrarque !
Mais, en se reportant à la formation de nos connaissances, il n’en est pas moins certain que l’esprit humain, dans son état primitif, ne pouvait ni ne devait penser ainsi. […] Il est superflu, je pense, d’avertir qu’il ne saurait être question ici d’une suite de cours spéciaux sur chacune des branches principales de la philosophie naturelle. […] Je crois que les moyens de l’esprit humain sont trop faibles, et l’univers trop compliqué pour qu’une telle perfection scientifique soit jamais à notre portée, et je pense, d’ailleurs, qu’on se forme généralement une idée très exagérée des avantages qui en résulteraient nécessairement, si elle était possible.
Pour sentir combien ce besoin est profond et impérieux, il suffit de penser un instant aux effets physiologiques de l’étonnement, et de considérer que la sensation la plus terrible que nous puissions éprouver est celle qui se produit toutes les fois qu’un phénomène nous semble s’accomplir contradictoirement aux lois naturelles qui nous sont familières. […] Mais je ne pense pas qu’une telle entreprise, même indépendamment de son étendue, puisse être convenablement tentée dans l’état présent de l’esprit humain. […] Je pense même qu’on ne connaît pas complètement une science tant qu’on n’en sait pas l’histoire.
Puisque l’autorité devant laquelle s’incline l’individu, quand il agit, sent ou pense socialement, le domine à ce point, c’est qu’elle est un produit de forces qui le dépassent et dont il ne saurait, par conséquent, rendre compte. […] On conçoit, en effet, que, puisqu’elle dépasse infiniment l’individu dans le temps comme dans l’espace, elle soit en état de lui imposer les manières d’agir et de penser qu’elle a consacrées de son autorité. […] Le groupe pense, sent, agit tout autrement que ne feraient ses membres, s’ils étaient isolés.
Seulement il était pensionné par Fouquet et il allait le voir et lui faire sa cour très souvent, soit à Paris, soit, plus fréquemment, à Saint-Mandé, où était une des propriétés de Fouquet, plus tard à Vaux, comme vous pensez. […] Remarquez que la première œuvre belle de La Fontaine, c’est l’Elégie aux Nymphes de Vaux, et je pense qu’il y a là plus qu’une coïncidence, car je ne suis pas de ceux qui croient que l’esprit peut suppléer au cœur. […] Or, Chapelain était, à cette époque-là, une espèce de surintendant des lettres, il était tout à fait officiellement à la tête de la République des lettres, il était le chef des grands conseils de la littérature, il était le maître des pensions, etc.
Quand nous nous remémorons des faits passés, quand nous interprétons des faits présents, quand nous entendons un discours, quand nous suivons la pensée d’autrui et quand nous nous écoutons penser nous-mêmes, enfin quand un système complexe de représentations occupe notre intelligence, nous sentons que nous pouvons prendre deux attitudes différentes, l’une de tension et l’autre de relâchement, qui se distinguent surtout en ce que le sentiment de l’effort est présent dans l’une et absent de l’autre. […] Je me dis bien maintenant que le mot prendre, qui était à peu près figuré par les deux premières syllabes du nom cherché, devait entrer pour une large part dans mon impression ; mais je ne sais si cette ressemblance aurait suffi à déterminer une nuance de sentiment aussi précise, et en voyant avec quelle obstination le nom d’« Arbogaste » se présente aujourd’hui à mon esprit quand je pense à « Prendergast », je me demande si je n’avais pas fait fusionner ensemble l’idée générale de prendre et le nom d’Arbogaste : ce dernier nom, qui m’était resté du temps où j’apprenais l’histoire romaine, évoquait dans ma mémoire de vagues images de barbarie. […] Je pense en ce moment à un long voyage que je fis autrefois.
Le mot de Diodore détruit tout ce qu’ils ont pensé de cette sagesse antique qu’il faudrait désespérer d’égaler ; prouve l’imposture des oracles de Zoroastre le Chaldéen, et d’Anacharsis le Scythe, qui ne nous sont pas parvenus, du Pimandre de Mercure trismégiste, des vers d’Orphée, des vers dorés de Pythagore (déjà condamnés par les plus habiles critiques) ; enfin découvre à la fois l’absurdité de tous les sens mystiques donnés par l’érudition aux hiéroglyphes égyptiens, et celle des allégories philosophiques par lesquelles on a cru expliquer les fables grecques. […] Les lettres latines, comme l’observe Tacite, étaient semblables aux anciennes lettres grecques ; et pourtant Tite-Live pense qu’au temps de Servius Tullius, le nom même de Pythagore qui enseignait alors dans son école tant célébrée de Crotone n’avait pu pénétrer jusqu’à Rome. […] La seule doctrine de Platon nous présente le juste dans son unité ; ce philosophe pense qu’on doit suivre comme la règle du vrai ce qui semble un, ou le même à tous les hommes.
Le 13 au soir il reçut une lettre du roi tout allègre et engageante, et qui le pressait de venir, en ces termes : Mon ami, je ne pensai jamais mieux voir donner une bataille que ce jourd’hui. […] Henri IV lui ayant exposé la question complète telle qu’elle s’agitait alors au sujet de sa religion, et lui ayant recommandé d’y bien réfléchir, lui dit qu’il le renverrait quérir dans trois ou quatre jours ; car c’était la coutume de Rosny, lorsqu’il était consulté par le roi, de demander du temps pour y penser ; il réfléchissait durant plusieurs nuits aux choses sans fermer la paupière, et mettait en ordre avec méthode tout ce qui lui venait dans l’esprit, afin de le déduire ensuite de point en point.
Pensez-en ce que vous voudrez ; Mézeray vous en laisse pleine liberté. […] Le sieur de Mézeray, notre historiographe, nous a très humblement représenté que l’une des principales fonctions de l’Histoire à laquelle il travaille depuis vingt-cinq ans, c’est de marquer les nouvelles découvertes et lumières qui se trouvent dans les sciences et dans les arts, dont la connaissance n’est pas moins utile aux hommes que celle des actions de guerre et de politique, mais que cette partie ne se pouvait pas insérer dans le gros de son ouvrage, sans faire une confusion ennuyeuse et un mélange embarrassé et désagréable, et qu’ainsi sa principale intention étant, comme elle a toujours été, de servir et profiter au public et lui fournir un entretien aussi fructueux et aussi honnête que divertissant et agréable, il aurait pensé de recueillir ces choses à part et d’en donner une relation toutes les semaines, sous le titre de J.
Je ne sais ce qu’en pensent les gens du métier : on dit que le duc de Wellington estimait les ouvrages militaires du prince de Ligne. […] Vous sentez bien, papa, que j’ai pensé à vous, en montant le premier à l’assaut.
Pourtant, pour qui sait lire, il y a de jolies choses comme partout avec lui, et des aperçus d’homme d’esprit qui font penser. […] Il a fort loué dans La Chartreuse le personnage du comte de Mosca, le ministre homme d’esprit d’un petit État despotique, et dans lequel il avait cru voir un portrait ressemblant du prince de Metternich : Beyle n’y avait jamais pensé.
C’est un délicat, mais un délicat qui a senti des choses si particulières et si aiguës, qu’il osera infiniment, lorsqu’il s’agira d’exprimer au vif ses façons d’être et de penser. […] Il y a ici des horlogers qui eux-mêmes sont de beaux esprits, et qui à présent peut-être pensent que j’en suis un aussi ; il y a un menuisier et un boulanger, et, sans parler des autres, il y a votre idole M.
En religion, en philosophie, en politique, dans l’art, dans la morale, chacun de nous doit s’inventer ou se choisir un système : invention laborieuse, choix douloureux… La vie n’est plus un salon où l’on cause, mais un laboratoire où l’on pense. […] Taine, qui pense que chaque chose peut être bonne en son lieu, que chaque organisation se justifie elle-même dans son cadre naturel, a estimé qu’une thèse proprement dite n’était nullement déplacée en Sorbonne, même au xixe siècle ; il a trouvé piquant d’appliquer cette forme dans ce qu’elle a de rigoureux au plus libre et au plus irrégulier, au plus doucement enthousiaste des génies, à La Fontaine ; car si cette forme est, en quelque sorte, impertinente par rapport à La Fontaine, elle est très convenable, très bienséante et légitime en Sorbonne, dans ce vieil empire d’Aristote.
Thiers, à cette époque de sa vie (et je ne sais s’il a persévéré dans cette théorie qui me paraît bien près d’être la vraie), pensait qu’on raisonne beaucoup trop sur l’idéal et qu’on se creuse terriblement la tête pour en demander l’expression aux œuvres des anciens maîtres. […] D’ailleurs il est temps de penser sérieusement, car l’âge arrive sans qu’on s’en doute, et lorsqu’on veut faire un effort pour devenir meilleur, les forces vous manquent et l’âme ne peut pas plus se redresser que les reins.
É. de Barthélémy est si inoffensif, si indulgent même pour ses devanciers et pour ceux qu’il croit devoir contredire à l’occasion, qu’on hésite à venir troubler son contentement en disant ce qu’on pense de son travail, surtout quand il nous apporte quelques parcelles inédites d’un grand esprit : et pourtant il est sujet à parler à tout instant d’un excellent écrivain dans une si singulière langue, il apprécie un moraliste profond d’une manière si superficielle et si peu logique, qu’on ne peut s’empêcher vraiment de se demander à quoi bon toutes ces poursuites et ces religions du XVIIe siècle, avec toutes les belles lectures qu’elles supposent, si elles ne servent à vous former ni le jugement, ni la langue, ni le goût. […] Dans la vie ordinaire, son commerce est honnête, sa conversation juste et polie : tout ce qu’il dit est bien pensé ; et dans ce qu’il écrit, la facilité de l’expression égale la netteté de la pensée. » Voilà un La Rochefoucauld avant la lettre et jugé par un de ses pairs.
Villars pensait peut-être à ce brave officier qui fut lâche un jour, quand il écrivait au ministre de la guerre, M. […] Il semble que c’est à lui et pas à un autre que Montesquieu a pensé lorsqu’il a dit : « Quand on veut abaisser un général, on dit qu’il est heureux.
Il me répondit qu’il n’y avait même pas pensé. […] Quand Natoire et Coypel peignaient pour le château de Compiègne une suite de scènes de Don Quichotte, c’était dans le ton simplement riant, et leur pinceau spirituel ne pensait qu’au plaisir des yeux et à la grâce.
C’est en ce point, je pense, que je redeviens tout à fait d’accord avec M. […] Le poète compare Cromwell encore modeste, selon lui, et fier seulement d’obéir à la République et aux Communes, au généreux oiseau de proie, docile au chasseur, et qui n’ensanglante les airs que pour lui : « Ainsi, quand le faucon s’abat pesamment des hauteurs du ciel, une fois sa proie mise à mort, il ne pense plus qu’à percher sur la branche verte voisine où, au premier appel, le fauconnier est sûr de le trouver. » Ainsi la République est sûre de son Cromwell. — Rapprochez cette ode du généreux et fervent sonnet que Milton adressait à Cromwell vers le même temps : « Cromwell, notre chef d’hommes, qui, à travers un nuage non seulement de guerre, mais de détractions violentes et de calomnies, guidé par la foi et par une fortitude incomparable, as enfoncé ton glorieux sillon vers la paix et la vérité !
Pour moi, j’en sais qui pensent que Mme Roland aurait mieux fait de ne rien dire du tout à M. […] Quoi qu’on en pense, et dût-on n’y voir qu’un noble travers, c’est une veine ouverte à l’étude, et nous ne saurions la négliger.
Il est permis de penser qu’en plaidant cette mauvaise cause Catinat sentait le côté juste des raisons qu’on lui opposait ; il a des expressions d’estime, et presque des éloges pour la partie adverse : « J’ai trouvé, disait-il dans sa lettre à Louvois (15 octobre 1681), ces gens-ci tout autrement que je n’avais pensé ; j’espérais beaucoup de la permission d’offrir de l’argent ; à quoi ils m’ont paru fort insensibles, et toutes les offres qui ont tendu à cela ont été très-mal reçues.
Son seul tort, philosophe comme il était et ne voulant point simuler ce qu’il ne pensait pas, c’est, par son ton badin, d’avoir semblé souvent parodier la grandeur du sujet. […] Non content de conjecturer qu’il y a des êtres vivants dans les planètes, il veut savoir que ce sont des hommes, des espèces d’humanités ; il veut en venir à deviner, à pénétrer le mode de penser et de sentir, sur quelques points essentiels, de ces humanités si diverses et sans doute fort disparates.
. — Et, toutefois, je ne pense pas que d’Argenson ait mérité d’être immolé à Noailles aussi complètement que le fait l’éditeur. […] Convenez que ces historiens de l’ancienne école, bien qu’ils pensent, en écrivant, à Tacite ou à Salluste, ont du bon.
C’est trop oublier, je pense, la différence des points de vue dans ces sortes de scènes, et combien la perspective est chose relative : chacun se fait centre, chacun voit de son foyer particulier, sous son angle, à lui, et avec son œil. […] Saint-Simon paraît ignorer qu’à la guerre les talents de chef sont plus rares qu’on ne pense, et qu’à celui qui possède une supériorité, il faut, comme disait Napoléon, passer bien des choses.
Qu’il chante ouvertement ou sous voile d’allusion les douleurs et les oppressions de la patrie, qu’il se reporte aux calamités, aux espérances ou aux plaintes de l’Italie et de la Grèce, qu’il raille au théâtre certains préjugés, qu’il flétrisse certaines tyrannies, il est toujours aisément d’accord avec ce que sont tentées de penser et de sentir sur ces sujets la plupart des natures droites et saines, des jeunes âmes écloses du milieu de notre société et formées par notre éducation libérale. […] (Il m’était arrivé rarement, trop rarement, avant ce Discours, d’écrire sur Casimir Delavigne ; je l’avais pourtant fait en deux circonstances, l’une déjà bien ancienne, dans le Globe, à l’occasion des Sept Messéniennes de 1827, et une autre fois assez récemment dans la Revue des Deux Mondes, à l’occasion de la Popularité (1838) ; je ne crains pas de donner ci-après, en appendice, ces deux morceaux dans lesquels, avec la différence du ton, on retrouvera exprimées plusieurs idées qui chez moi ne sont pas si nouvelles ; de tout temps, par exemple, j’ai pensé que la vocation de Casimir Delavigne était d’être classique.
Christel n’avait aimé encore ni pensé à aimer que sa mère ; elle ne l’avait jamais quittée que pendant une année pour aller à Écouen, et ç’avait été la dernière année de cette maison. […] La jeunesse va penser que ces chers orages ne sont complets que pour elle : attendez !
Quel autre homme qu’un homme rompu aux affaires publiques, un témoin des écroulements de Rome, un publiciste, un moraliste, un orateur, un vieillard, pouvait le penser et pouvait l’écrire ? […] Il ne rêve que prostitution, débauches et orgies de femmes ; il pense que ce sont là les privilèges de la souveraineté, privilèges qui lui assurent pour lui seul la satisfaction de ses caprices et de ses excès, et qui ne laisseront aux autres que la rougeur et l’infamie.
je ne pensais qu’à la nuit de larmes que je venais de finir avec Hyeronimo, et à peine à la mort que j’allais subir pour lui et pour le brave bargello, afin que les innocents ne payassent pas pour le coupable. […] Quand elle m’eut regardée un moment et interrogée sur mon état de grossesse, qui rendait ma présence au couvent suspecte et inconvenante, sa figure se rembrunit : — Non, dit-elle, mon enfant, la duchesse n’y a pas pensé !
Puis, pour le besoin de sa thèse, il n’hésitait pas à régler ses préférences sur la chronologie, à mettre Lebrun au-dessus de Raphaël, à donner la colonnade du Louvre comme plus belle que le Panthéon ; ignorant l’art gothique, il ne voyait guère hors de la France ni de son siècle ; il ne produisait guère, sans y penser, que des imitations modernes de l’antiquité pour preuve de l’infériorité des anciens. […] Ils tirent leur valeur à notre égard des pensées qui nous sont devenues familières, des doctrines où notre siècle a enfermé ses croyances et son génie : tandis que Boileau, en les écrivant, croyait seulement défendre ses chers anciens, et avec eux tout son Art poétique, aussi éloigné de soupçonner qu’il était « évolutionniste » que saint Augustin se doutait peu d’être cartésien le jour où il rencontrait la fameuse formule : Je pense, donc je suis.
Quand nous parlons d’exprimer une pensée, nous ne pensons point nous comparer au sculpteur qui tire une figure d’un bloc de marbre. […] Et je pense qu’ici je ne ferais pas mal De joindre à l’épigramme ou bien au madrigal Le ragoût d’un sonnet, qui chez une princesse A passé pour avoir quelque délicatesse.
Dans les séminaires grands et petits, il est instamment recommandé aux élèves de jouer et d’être gais : cela détourne de mal faire, de penser à mal et même de penser.
Henry Rabusson nous dit de celui de ses personnages qu’il aime peut-être le plus et où je pense qu’il a mis le plus de lui-même : « Maxime avait contre lui d’être un homme du monde et de peindre des hommes du monde — ce qui est pourtant plus intéressant que de peindre des ivrognes. […] Nous avons envie de leur adresser, avec colère, l’adorable, le délicieux discours d’Octave à Marianne : … Combien de temps pensez-vous qu’il faille faire la cour à la bouteille que vous voyez, pour obtenir d’elle un accueil favorable ?
Il balbutiait une naïveté et une pauvreté, le mot qui aurait pu dire tout le dédain de l’homme qui pense pour la société, la plus brutale des forces naturelles. […] Avant que d’écrire ou d’agir, le classique apprend à penser, et geste ou parole lui semblent beaux qui expriment directement et clairement le pouvoir absolu de la raison.
On sourit de penser que cet Arlequin, ainsi transformé par Florian, tenait en quelque chose du duc de Penthièvre lui-même. […] La duchesse d’Orléans, fille du duc de Penthièvre, était un de ces types d’Estelle ; mais Florian avait pensé encore à une autre personne, à une jeune femme du monde, à laquelle il voulait dédier le roman sans la nommer.
Et Rulhière, à qui Dusaulx demande conseil sur tout cela, et ce qu’il en pense : « Ce que j’en pense ?
Mais que penser d’un régime dans lequel le pauvre jeune homme fut enfermé pour cette faute à Bicêtre d’abord, puis, par grâce spéciale, au For-l’Évêque, où il demeura plusieurs mois ? […] Il disait, et je ne sais s’il le pensait, que le jeune auteur « avait pris un vol d’aigle dans Warwick ».
Cela fait penser avec regret à Jasmin et à Goldsmith, à Françounette et au Vicaire de Wakefield. […] Je pensais à ma sœur, et, rêvant loin de moi, Je disais : — Pauvre sœur, mon âme est avec toi !
Je me laissai donc aller à l’amour des grandeurs ; le penser m’en parut doux, j’y rêvais seul quelquefois, et faisais avec mes femmes mille châteaux en Espagne, qui commençaient, sans que je fusse en état de m’en apercevoir, l’esclavage de mon cœur et de mon esprit. […] — J’ai pensé qu’on ne lirait pas sans intérêt cette analyse imprévue que nous a permis de faire de son caractère intime et de sa nature si particulière, le plus assidu, le plus raffiné courtisan de Louis XIV, celui qui, par une convenance heureuse, a mérité de laisser son nom au plus élégant des quartiers de Paris.
Dès le premier pas, les voilà engagés tous deux plus qu’ils ne pensent : Alfred me plaisait, je crus l’aimer, dit Léonie. […] Elle ne pense qu’à élever ses enfants selon les vrais principes, à concilier l’amour et la vertu, la nature et le devoir ; à faire dans ses terres des actes de bienfaisance dont elle ne manque pas d’écrire aussitôt le récit, afin de jouir de ses propres larmes, — des larmes du sentiment.
Des lettres ainsi refaites et retouchées laissent toujours à désirer quelque chose, je le sais bien ; elles n’ont pas la même autorité biographique que des lettres toutes naïves, écrites au courant de la plume, oubliées au fond d’un tiroir et retrouvées au moment où l’on y pense le moins : mais Courier, homme de style et de forme, n’a guère dû faire de changements à ses épîtres que pour les perfectionner par le tour ; ses retouches et ses repentirs, comme disent les peintres, n’ont pas dû porter sur les opinions et les sentiments qu’il y exprime, et le travail qu’il y met, le léger poli qu’il y ajoute n’est qu’un cachet de plus. […] Ce n’est pas vous qui y rêvez trop pour cela, qui pensez trop à Salluste ou à Hérodote, au lieu d’étudier la chose en elle-même.
C’est lui-même qui, pour expliquer cet assemblage qu’il ressentait en lui, nous a dit : Il n’y a point d’âmes au monde, comme je pense, qui chérissent plus cordialement, tendrement, et, pour le dire tout à la bonne foi, plus amoureusement que moi ; et même j’abonde un peu en dilection… ; mais néanmoins j’aime les âmes indépendantes, vigoureuses, et qui ne sont pas femelles… Comme se peut-il faire que je sente ces choses, moi qui suis le plus affectif du monde ? […] Il est loin de favoriser, comme on le croirait, les excès d’oraison, les élévations et les ravissements extatiques : « Voyez-vous, Philothée, ces perfections ne sont pas vertus, ce sont plutôt des récompenses que Dieu donne pour les vertus. » Le mieux donc, selon lui, est de laisser ces perfections aux anges et de commencer simplement, humblement et humainement par les petites vertus : car il faut se garder des illusions, et il arrive quelquefois « que ceux qui pensent être des anges ne sont pas seulement bons hommes ».
Si, par exemple, jouir et souffrir n’est encore que penser, et si penser n’est autre chose que représenter, l’esprit n’est plus que ce « miroir de l’univers » imaginé par Leibniz, qui paie l’honneur de tout refléter par l’obligation de ne rien produire lui-même.
* * * — Aujourd’hui, pendant la messe de mort de Mme X…, je pensais à la beauté jolie de ses vingt-huit ans, au rosé de fleur de sa peau, à la grâce molle de sa taille, et je me revoyais, de quatorze à dix-sept ans, enfantinement amoureux d’elle, et tout heureux de me frotter à ses robes de mousseline blanche, de me trouver dans l’air où elle vivait. […] » * * * — Pense-t-on ce que doit être une maîtresse, qui traduit du Darwin ?
Nous maintenons cette étiquette, Vers libre ; d’abord parce que ce fut celle qui s’imposa d’elle-même, spontanée, à nos premiers efforts ; elle dit mieux le sens de notre essai de rajeunissement que cet affreux mot, vers polymorphe, inventé par la critique hostile, et qui fait penser à quelque terme d’une nomenclature scientifique, déplacé d’ailleurs en matière d’esthétique du vers. […] Stéphane Mallarmé, qui pensait que le vers manquait d’euphémisme et de fluidité, ne cherchait point à le libérer, bien au contraire ; pour ainsi dire, il l’essentialisait ; c’était affaire de fonds et de choix de syllabes.
Si nous repoussons l’homme dont la folle et étourdissante gaîté s’exerce sur tout, et vient troubler nos pensers les plus sérieux, nous fuyons aussi celui dont l’importune et fatigante tristesse se déploie à tout propos, et vient empoisonner nos plaisirs les plus purs. […] L’originalité elle-même, don précieux et rare, n’est plus qu’une recette vulgaire, mais sûre, qui consiste à n’écrire comme personne, ce que personne n’a jamais pensé.
Dans le secret de cette royale intelligence qui, comme celle de Newton, pensa toujours à la même chose, et c’était la gloire et le bien-être de son État, Louis XIV avait pesé Saint-Simon, et il avait trouvé qu’il pesait peu. […] « Elle sentait et pensait en petit. » La première misère de sa vie — cette sainte misère qui nous lave le cœur avec nos larmes et qui nous le parfume pour toujours lorsque nous l’avons respirée !
Fait, il est vrai, en plusieurs endroits, sur des articles qui furent comme les pierres d’attente de la pensée de leur auteur, le livre en question a été pensé à nouveau et inventé en beaucoup d’autres. […] Et de fait, c’est le démenti le mieux appliqué à tout ce qu’on fait et à tout ce qu’on pense.
Si peu que je sois de cet avis, quand je pense à des inventeurs comme Walter Scott, Lord Byron, Chateaubriand et Balzac, qui furent tous, je crois, du xixe siècle, je n’en confesserai pas moins que la Critique a pris dans notre temps des proportions qu’on ne lui connaissait pas il y a un siècle, et que Macaulay, par exemple, puisqu’il s’agit de lui, n’a pas peu servi à l’arracher à l’affreux pédantisme dans lequel elle rampait, le long des œuvres du génie. […] Excepté, en effet, cet article sur les entretiens politiques de Robert Southey, le lauréat et le tory, les autres articles du volume sont choisis avec discernement par l’excellent traducteur, qui a si lumineusement pensé en mettant dans un cadre spécial le critique, que les Miscellanées publiés à Londres avaient placé pêle-mêle avec l’écrivain politique et que la traduction d’Œuvres diverses de Macaulay, faite de compte à demi par Amédée Pichot et par Forgues, avait également confondus.
Je pense au proverbe sur les voyageurs, et je me dis que la Judée est loin, et que je n’irai pas y chercher si Renan est un honnête homme quand il m’assure que ce qu’il dit est la vérité ! […] Elle ne pensait pas que l’Église, c’était précisément cette robe bleue de Jésus-Christ qu’elle demandait ; mais avec cette différence que cette robe ne passait point et qu’on pouvait la voir toujours !
Il entrevit ces principes étouffés tour à tour par l’ignorance et par l’orgueil, qu’il n’y a ni législation, ni politique sans lumières ; que ceux qui éclairent l’humanité, sont les bienfaiteurs des rois comme des peuples ; que l’autorité de ceux qui commandent n’est jamais plus forte que lorsqu’elle est unie à l’autorité de ceux qui pensent ; que le défaut de lumière, en obscurcissant tout, a quelquefois rendu tous les droits douteux, et même les plus sacrés, ceux des souverains ; qu’un peuple ignorant devient nécessairement ou un peuple vil et sans ressort, destiné à être la proie du premier qui daignera le vaincre ; ou un peuple inquiet et d’une activité féroce ; que des esclaves qui servent un bandeau sur les yeux, en sont bien plus terribles, si leur main vient à s’armer, et frappe au hasard ; qu’enfin, tous les princes qui avant lui avaient obtenu l’estime de leur siècle et les regards de la postérité, depuis Alexandre jusqu’à Charlemagne, depuis Auguste jusqu’à Tamerlan, né Tartare et fondateur d’une académie à Samarcande, tous dédaignant une gloire vile et distribuée par des esclaves ignorants, avaient voulu avoir pour témoins de leurs actions des hommes de génie, et relever partout la gloire du trône par celle des arts. […] Le sujet vous entraîne, et l’on oublie l’orateur pour ne penser qu’au héros.
Descendant de madame de Maintenon par alliance, il a pensé avec raison qu’il y avait un grand travail à faire sur les lettres de sa grand’tante, car il manque sur elle ce qu’on a fait sur madame de Sévigné, et il n’existe pas de bonne édition ni de complète.
Et qu’on ne pense pas que cette unité de marche, que nous signalons, soit l’effet d’une illusion historique ; elle est empreinte dans chaque acte émané de cette Assemblée célèbre, dans ses allures brèves, dans ses sommations, ses ordres du jour et ses rigueurs ; elle est surtout explicitement professée dans les rapports de Saint-Just et de Barrère.
Les fines et justes observations y abondent ; l’auteur attribue quelquefois, je pense, à des vues de détail plus de valeur scientifique et de généralisation qu’elles ne comportent.
La France ne peut être sauvée que par ce moyen, et les partisans de la liberté, les amateurs des arts, les admirateurs du génie, les amis d’un beau ciel, d’une nature féconde, tout ce qui sait penser, tout ce qui a besoin de sentir, tout ce qui veut vivre, enfin, de la vie des idées, ou des sensations fortes, implore à grands cris le salut de cette France.
De là un déluge de plaisanteries sur la religion ; l’un citait une tirade de la Pucelle ; l’autre rapportait certains vers philosophiques de Diderot… Et d’applaudir… La conversation devient plus sérieuse ; on se répand en admiration sur la révolution qu’avait faite Voltaire, et l’on convient que c’était là le premier titre de sa gloire. « Il a donné le ton à son siècle, et s’est fait lire dans l’antichambre comme dans le salon. » Un des convives nous raconta, en pouffant de rire, qu’un coiffeur lui avait dit, tout en le poudrant : « Voyez-vous, monsieur, quoique je ne sois qu’un misérable carabin, je n’ai pas plus de religion qu’un autre » On conclut que la révolution ne tardera pas à se consommer, qu’il faut absolument que la superstition et le fanatisme fassent place à la philosophie, et l’on en est à calculer la probabilité de l’époque et quels seront ceux de la société qui verront le règne de la raison Les plus vieux se plaignaient de ne pouvoir s’en flatter ; les jeunes se réjouissaient d’en avoir une espérance très vraisemblable, et l’on félicitait surtout l’Académie d’avoir préparé le grand œuvre et d’avoir été le chef-lieu, le centre, le mobile de la liberté de penser. « Un seul des convives n’avait point pris de part à toute la joie de cette conversation… C’était Cazotte, homme aimable et original, mais malheureusement infatué des rêveries des illuminés.
Pensez-vous que S.
Les bons esprits se méfient ; ils sont tentés de croire que « tout a été dit depuis qu’il y a des hommes et qui pensent. » Ils ont la manie de reconnaître des choses très anciennes dans ce qu’on leur présente comme nouveau.
Une mélancolique intelligence de la nature et de ses correspondances humaines, un art très harmonieux et d’un homme qui sent et pense.
Américain d’origine, il est bien le compatriote de ce suprême et grand Edgar Poë, de celui qui osa penser que la poésie était la création rythmique de la beauté, lorsqu’il écrivit que cette beauté était une des conditions de la parfaite vie « au même titre que la vertu et la vérité ».
Quant au « poète » sentimental, qui est l’autre face de ce « poète » philosophe, je pense qu’il a déjà rejoint dans l’ingrate mémoire des hommes les faiseurs de romances du premier Empire, et Reboul et Dupaty ; ses tendresses sucrées, sirupeuses, sont vaines en effet, et cet amant eut sans doute toujours la tête chenue.
Remis de leur émotion, selon la coutume des gens de théâtre qui tirent profit de toute chose, ils pensèrent faire une bonne affaire s’ils engageaient dans leur compagnie ce contadino qu’ils avaient trouvé si facétieux et si spirituel ; ils lui firent des propositions et il les accepta.
La liberté d’écrire, la multiplication des lecteurs, les progrès de la librairie, l’envahissement du journalisme ont donné à l’homme de lettres un semblant de raison sociale, à son travail cette autonomie que vous jugerez, je pense, illogique et pernicieuse.
Les lecteurs de mon petit livre sur la Science et l’Hypothèse savent déjà ce que j’en pense.
Mais vous me témoignez tant de confiance que je vous dirai tout ce que je pense.
Deux ou plusieurs objets, physiques ou intellectuels, sont en rapport l’un avec l’autre, en vertu de quelque état de conscience complexe où ils entrent tous deux, quand même cet état de conscience complexe se réduirait simplement à les penser ensemble.
Le roi vit l’état des pensions, il trouva 2 000 liv. pour madame Scarron.
Si les discours des Ligueurs respirent l’esprit du temps, ne pourrait-on pas se permettre de penser que c’étaient les actions des personnages, encore plus que leurs paroles, qui devaient déceler cet esprit ?
En chimie, par exemple, on pensait avoir une nomenclature régulière160 ; et l’on s’aperçoit maintenant qu’on s’est trompé.
Ils entrevoïent ce qu’il faudroit faire dire à leurs personnages ; mais ils ne peuvent le penser distinctement, et encore moins l’exprimer.
Penser qu’on fait des vers de dix-sept pieds, dans le sépulcre !
Lémontey, au contraire, né dans les temps qui ont immédiatement précédé la révolution, avait vu l’inquiétude et le malaise général des années, qui se sont écoulées depuis 1783 jusqu’en 1789 ; de plus, comme il était fort jeune à cette époque, il s’était accoutumé à penser que le dix-huitième siècle avait fondé des doctrines, établi des principes.
— et quand la question se pose, la question qui tint près de quatre ans la France de l’étiquette attentive et haletante, ne sachant que penser de son Roi, si peu français, avec sa femme, Baschet se dignifie et s’assombrit.
Le Zélislas du Blessé de Novare est, malgré son rang et ses habitudes, un personnage assez vulgaire, et dont un artiste qui pense ne pouvait tirer parti qu’en forçant son genre d’individualité.
Plus tard, elle voudra peut-être en être un : car rien de dépravateur pour une femme comme un succès littéraire ; mais tout à l’heure, elle n’y pense pas.
Eh bien, ce diable de Callot m’a toujours fait penser à Rabelais.
Le mal que fait à la France la centralisation parisienne, et par suite la convenance qu’il y aurait à décentraliser, ou pour mieux dire, à multiplier les points de centralisation, je ne pense pas que personne le nie, hors les ministres qui trouvent que c’est commode de régler des intérêts tous rassemblés dans les bureaux de leur ministère.
Je pensais au somptueux et abominable mobilier de Ponson du Terrail, que j’avais vu déménager ce matin, de la rue Vivienne, par suite du décès de ce gagneur de 70 000 francs par an, dans un endroit quelconque, durant le siège. […] Je regarde mes meubles de marqueterie, mes bibelots, mes porcelaines, mes livres qui se trouvent à demi mis en place, à demi étalés à terre, et je pense qu’ils vont passer un mauvais quart d’heure, à l’assaut de la maison. […] Nous pensions tous deux aux gardes nationaux, qui allaient monter dans la maison et tirailler aux fenêtres, au milieu de nos collections, mêlées et confondues, sous leurs pieds. […] Et sa lettre finit par une phrase, dans laquelle il dit qu’il trouverait digne de l’Académie, de continuer l’Empereur, c’est-à-dire de continuer les pensions aux étrangers. […] Et toute cette évocation me fait penser à tous ceux qu’elle me rappelle, et qui ne sont plus.
Esprit d’un corps, d’une société, pour exprimer les usages, la maniere de penser, de se conduire, les préjugés d’un corps. […] Un coeur foible s’amollit aisément, change facilement d’inclinations, ne résiste point à la séduction, à l’ascendant qu’on veut prendre sur lus, & peut subsister avec un esprit fort ; car on peut penser fortement, & agir foiblement. […] C’est sur quoi le lecteur peut encore penser beaucoup ; tout ce qu’on peut dire ici, c’est qu’il est à desirer que ce sultan soit le plus malheureux des hommes. […] Vous ne pouvez penser au triangle en général si votre imagination ne se figure, au moins confusément, quelque triangle particulier. […] Les hommes sont plus portes qu’on ne pense à croire que ce sont des facultés différentes & séparées ; c’est cependant le même être qui fait toutes ces opérations, que nous ne connoissons que par leurs effets, sans pouvoir rien connoître de cet être.
J’avoue, reprit Quinaut, que je me suis occupé de moi autant que du Musicien qu’on préférait à moi, & qui osait lui même penser, sur ce point, comme le public. […] Il exhortoit ses éleves à penser, à voir comme le premier ; à méditer, à écrire comme le second. […] C’est, je pense, Dunois qui va les remplir. […] Il pense à des vaisseaux, il pense à des soldats, Ce grand destein l’occupe & ne l’étonne pas. […] Il consulta les tems, les lieux, la nouvelle maniere de penser, de sentir & de voir.
Il est donc opportun aussi de le dire quand on le pense fermement. […] Je ne rapporte ces détails que pour les gens qui pensent que, pour bien écrire, il suffit de laisser tomber au hasard des mots sur le papier et qui ne font cas ni de la réflexion ni des lectures préparatoires. […] Par moments nous pensons le revoir ; nous nous attendons à le rencontrer, plein de verve et d’éloquence soudaine, essayant ses idées sur son interlocuteur, improvisant ses chapitres, causant ses livres. […] Il leur a pris le don de la joie robuste, de la verve ironique, de la bouffonnerie qui fait penser. […] « J’ai toujours pensé qu’au fond de ses systèmes il y a quelque grand vide ; il apparaît aujourd’hui tout gonflé de haine et d’envie.
Ils ne crient jamais, ils parlent ou plutôt ils causent, et jusque dans les moments où l’âme bouleversée devrait, à force de trouble, cesser de penser et de sentir. […] Ce goût n’a rien de commun non plus avec la franche satire, qui est laide parce qu’elle est cruelle ; au contraire, il provoque la bonne humeur ; on voit vite que le railleur n’est point méchant, qu’il ne veut point blesser ; s’il pique, c’est comme une abeille sans venin ; un instant après il n’y pense plus ; au besoin il se prendra lui-même pour objet de plaisanterie ; tout son désir est d’entretenir en lui-même et en nous un pétillement d’idées agréables. […] Nul ne pense ; voici sir John de Mandeville qui a couru l’univers cent cinquante ans après Villehardouin, et qui a l’esprit aussi fermé que Villehardouin. […] L’homme pense naturellement à la vie comme à un combat, plus souvent encore à la noire mort qui clôt cette parade meurtrière, et fait descendre tant de cavalcades empanachées et tumultueuses dans le silence et l’éternité du cercueil. […] Il semble qu’avec la liberté de l’action, la liberté de l’esprit va paraître, que ces communes vont penser, parler, que sous la littérature officielle, imitée de France, une nouvelle littérature va paraître, et que l’Angleterre, la vraie Angleterre, à demi muette depuis la conquête, va enfin trouver une voix.
Il y a des mots naturels : le poëte écrit et pense trop sainement pour ne pas les trouver quand il en a besoin. […] » — « Vous y pensez trop. » — « Ici, ici, le poids est ici, bloc de plomb pendant le jour ; et la nuit, pendant mes courts assoupissements fiévreux, c’est la sorcière qui chevauche mes rêves. » — Enfin, voici de nouveau des armes et des hommes, et une aurore d’espérance. « Combattrons-nous ? […] Lorsqu’il se croit trahi, il s’abandonne et ne sait plus que mourir. « Que César arpente seul ce monde ; je suis las de mon rôle. — Ma torche est finie, et le monde est devant moi — comme un noir désert à l’approche de la nuit. — Je veux me coucher, ne pas vaguer davantage736. » De pareils vers font penser aux lugubres rêves d’Othello, de Macbeth, d’Hamlet lui-même ; par-dessus le monceau des tirades ronflantes et des personnages en carton peint, il semble que le poëte soit allé toucher l’ancien drame, pour en rapporter le frémissement. […] On voit qu’il pense, et par lui-même, qu’il lie ses pensées, qu’il les vérifie, que, par-dessus tout cela, naturellement il voit juste, et qu’avec la méthode il a le bon sens. […] Je ne l’aime pas davantage dans ses épîtres ; ordinairement elles ne consistent qu’en flatteries, presque toujours crues, souvent mythologiques, parsemées de sentences un peu banales. « J’ai étudié Horace, dit-il784, et je pense que le style de ses épîtres n’est pas mal imité ici785. » N’en croyez rien.
Ainsi, quoi qu’en puissent dire et penser Vautrin, Esther et le Prince Rodolphe, nous persistons à croire que dans l’immense réunion des infortunes étalées sous les yeux des heureux de ce monde, il vaut mieux s’empresser d’abord de secourir les plus honnêtes, et laisser les douleurs proscrites pour des temps où les misères réellement intéressantes seront plus rares. […] Le véritable Canalis de chair et d’os, auquel parvient la lettre de Modeste, est un petit homme froid, sec, égoïste, singulièrement vaniteux, énormément ambitieux, âpre à solliciter des pensions et poursuivant comme son idéal le plus cher, un poste diplomatique et la faveur ministérielle. […] Si les héros sont des mannequins fort bien faits et bien groupés ; l’imagination n’est donc pas rebutée et lorsqu’on a fermé le livre on n’y pense plus, cela est vrai, mais si quelqu’un vous le rappelle, on n’a pas gardé d’amertume et à toutes les critiques auxquelles on ne saurait trop qu’objecter, on peut du moins répondre : Ce n’était pas ennuyeux. […] Nous concevons parfaitement qu’un écrivain ait des défauts sans le vouloir et plus d’un poète serait en droit de répondre à son critique ce que Mlle Duchesnois écrivait à un journaliste morose : « Monsieur, vous devriez savoir que lorsqu’une femme est laide, il n’y a pas de sa faute. » Mais quand un auteur s’enlaidit comme à plaisir, on ne saurait penser autre chose, sinon qu’il n’apprécie pas comme il le devrait, l’honneur de tenir une plume, et que le culte de la beauté, tant de fois invoqué par lui, n’est pas une religion bien profondément gravée dans son âme. […] Il y a quelque chose de pieux, de recueilli, de respectable dans cet amour littéraire qui va rechercher de vieux morts pour leur poser des couronnes de fleurs fraîches sur le front ; qui brave des ennuis certains, afin de découvrir dans des livres poudreux, souvent une simple strophe méritant la louange, pour la mettre en lumière, pour la faire briller de l’éclat d’une monture habile, et pour donner ainsi à un autre que soi, auquel nul ne pensait, la sympathie, l’attendrissement du lecteur éveillé par soi seul et que soi seul, en réalité, on mérite.
Je pense que ce judicieux observateur, esprit trop vaste pour être exclusif, n’eût pas regardé ces ouvrages comme des monstres ; mais que, soigneux de constater ce qu’ils sont et ce qu’ils valent, il eût mentionné une espèce de plus, et nous en eût révélé les règles. […] On me reproche d’avoir dit, en ma première séance, que La Harpe n’instruisit pas ; mais on a peu fidèlement retenu mes paroles, qui, je pense, m’auraient seules justifié. […] Je vous laisse à penser si le vulgaire eût adoré cette proposition abstraite, comme la triple image du Tout-Puissant assis au plus haut des cieux, de son fils à sa droite, ou sous la figure de l’enfant ou de l’agneau ; et enfin, de l’esprit de charité qui vole en ramier lumineux ? […] Je pense qu’on ne saurait donner trop de relief aux êtres de raison qu’on veut réaliser en poésie. […] Je pense que vous regardez comme superficiels tant de traités de littérature qui rebattent les errements de la rhétorique, et négligent la morale que ses leçons nous apprennent à revêtir de formes séduisantes qui lui prêtent des charmes.
Nous ne le pensons pas. […] « Petit-maître, dans une harangue, y pensez-vous ? […] Parce que l’homme pense. […] Ainsi le dilettante « cultive » son moi, il le perfectionne, il l’enrichit ; — du moins, le pense-t-il. […] Il sent, il imagine, il pense en orateur.
Ainsi pensait, nous l’avons vu, l’auteur des Confessions ; et il semblait que sa fortune eût prouvé la vérité de son paradoxe. […] Mais il n’y en avait pas moins un accord, et comme une conjuration de tous ceux qui pensaient, pour dénoncer déjà les excès de l’individualisme, et pour donner à la guerre que l’on commençait à lui faire une portée plus que littéraire. […] Qui donc a dit que « la vie, qui est une tragédie pour ceux qui sentent, était une comédie pour ceux qui pensent ? […] C’est ce que pensait aussi l’auteur des Poèmes antiques. […] et, quand ils en sont arrivés à penser, et très sérieusement, comme Flaubert, qu’un « assemblage de mots, indépendamment de ce qu’il exprime », avait en soi sa beauté, n’ont-ils pas été dupes d’une véritable hallucination d’art ?
Non loin d’ici, j’entends à travers la campagne Quelque chant d’ouvrier attardé, qui regagne Sa chétive demeure, oublieux et content ; Et j’ai le cœur serré de penser que pourtant Tout fuit, sans laisser trace ; et déjà la semaine A la fête succède, et le flot nous emmène. […] je vous le laisse à penser. […] Il y a, dans la manière de penser et de sentir des anciens, de telles différences dès qu’on les compare à nous, qu’il faut, si l’on ne veut leur faire injustice, les connaître tout entiers. […] Dans la préface qu’il mit au discours de Gémiste Pleton, il conteste l’opinion de son ami Giordani qui avait parlé de ce genre d’exercice comme n’étant profitable que dans l’enfance des littératures ; pour lui il pense, dit-il, que « les livres des Anciens, Grecs ou Latins, non-seulement sur toute autre matière, mais en philosophie, en morale, et en de tels genres dans lesquels les Anciens sont réputés si inférieurs aux modernes, que ces livres, s’ils étaient, moyennant de bonnes traductions, plus généralement répandus qu’ils ne le sont et ne l’ont jamais été, pourraient améliorer beaucoup plus qu’on ne croit les habitudes, les idées, la civilisation des peuples, et à certains égards plus efficacement que les livres modernes. » — Dans la liste des écrits publiées ou inédits de Leopardi nous trouvons, en conséquence, bon nombre de traductions.
— J’aurais pu traiter des instincts dans le chapitre précédent, mais j’ai pensé qu’il était préférable de leur consacrer un chapitre spécial ; d’autant plus que l’instinct merveilleux qui porte l’Abeille à construire ses cellules se sera présenté à l’esprit de beaucoup de lecteurs comme une objection suffisante pour renverser toute ma théorie. […] Comme, à cette époque de l’année, il n’y en a que très peu dans les nids, je pensai qu’elles se conduisaient peut-être autrement quand il y en avait un plus grand nombre ; mais M. […] Il doit en avoir été de même, je pense, parmi les sociétés d’insectes. […] C’est, je pense, au moyen d’une sélection constante que la nature peut avoir effectué cette admirable répartition des fonctions dans les communautés de Fourmis.
Peut-on penser, par exemple, qu’Auguste, quand il auroit été servi par deux mecenes, auroit pû, s’il eut regné aux temps où regna Constantin, changer par ses libéralitez les écrivains du quatriéme siecle en des Tite-Lives et en des Cicerons ? […] Ainsi je laisse à penser si ce fut par la faute des causes morales qu’il ne se forma point un Moliere ni un Corneille à la cour des Valois ? […] Bien des gens pensent que les lettres et les arts perirent ensevelis sous les ruines de cette monarchie renversée et devastée par les peuples septentrionaux. […] Quinte-Curce dit à l’occasion des malheurs dont la mort d’Alexandre fut suivie, parce que les macedoniens prirent plusieurs chefs à la place d’un seul : que Rome avoit pensé perir depuis peu par le projet de rétablir la republique.
Malgré l’obscurité qui en résulte, malgré l’emploi continuel d’une terminologie bizarre que l’auteur néglige souvent d’expliquer, il y a dans l’ensemble du système, présenté de cette manière, une grandeur imposante, et une sombre poésie qui fait penser à celle de Dante. […] Ils parlaient souvent par signes ; ils pensèrent que les éclairs et la foudre étaient les signes de cet être terrible. […] Ce refus m’a forcé de penser à ma pauvreté. […] Voici les points principaux dans lesquels il s’en écarte. 1º Il pense avec raison que la seconde barbarie, celle du moyen âge, n’a pas été aussi semblable à la première que Vico paraît le croire. 2º Il estime davantage la sagesse orientale. 3º Il ne croit pas que tous les hommes après le déluge soient tombés dans un état de brutalité complète. 4º Il explique l’origine des mariages, non par un sentiment religieux, mais par la jalousie.
Nous autres gens d’esprit, nous ne sommes pas obligés de penser comme les autres ; mais pourtant il faut de la circonspection pour découvrir la vérité à la multitude. […] Daru louait son prédécesseur Collin d’Harleville et terminait ainsi sa louange : « C’est pour moi une douce satisfaction de sentir que je reste au-dessous de l’attente du public », le père Lefebvre goûtait fort cette façon de penser et de s’exprimer, qui en dit beaucoup dans sa délicatesse : « Ce n’est pas à vous que j’en ferai le commentaire, écrivait-il à M.
Il sollicita donc un de ses savants amis et voisins, Paul Thomas, sieur de Girac, un galant homme de son pays d’Angoumois, ami des lettres pour elles-mêmes, grand lecteur des anciens, des Latins, des Grecs, et sachant même un peu d’hébreu, de lui écrire ce qu’il pensait des lettres de Voiture. […] Une fois qu’il eut en main la dissertation latine de M. de Girac, il voulut savoir ce que d’autres à leur tour en penseraient ; il l’envoya à Costar, archidiacre du Mans, homme d’esprit, ou plutôt bel esprit de profession, ami et un peu copiste de Voiture, mais qui faisait aussi à Balzac de grandes démonstrations de fidélité et de tendresse.
Mais je n’y pense pas de copier un chapitre de Marc Aurèle à un homme à qui je devrais adresser un épithalame… Je me figure La Beaumelle dans son cabinet : il a devant lui les lettres de Frédéric, il les copie, mais copier est un métier bien plat pour un homme d’esprit. […] Toutefois il y a aussi, par endroits, bien de l’esprit dans l’altération, et les plus avisés, s’ils n’étaient prévenus, pourraient s’y laisser prendre, et dire à quelques passages : « Voyez comme ce Frédéric pense noblement, royalement !
Ce que je pense de son caractère est en grande partie le résultat des éloges que je t’en ai entendu faire ; mais enfin…, mais enfin, il est du nombre de ceux à qui il ne faut pas se livrer entièrement. […] Buffon pensait de même.
qui me fera penser et parler d’honnêtes gens, des natures non gâtées, comme elles ont l’habitude de sentir et comme elles s’expriment ? […] Le contraste avec Dominique, et en même temps certain rapport insaisissable qui les rapproche, donnent à penser pour la suite et commencent à diversifier le récit.
C’est ici que se passe une scène due à l’histoire, et qu’il ne lui est plus permis d’ignorer ou de négliger89: « Monsieur, me dit M. de Mirabeau, je viens a vous sur votre réputation, et vos opinions, qui se rapprochent plus des miennes que vous ne pensez, déterminent ma démarche. […] Malouet avait été si positif et si affirmatif dans son assertion que je pensai que la manière la pins polie de le contredire était de répondre que je n’en avais jamais oui parler ; mais cette réponse ne servit qu’à donner à ce galant homme l’occasion de montrer sa supériorité sur moi : il se pouvait, dit-il, que je n’en eusse point entendu parler, mais le fait n’en était pas moins hors de doute. » — Si un Malouet est ainsi que sera-ce donc d’un fat ?
Il s’ensevelit sous la religion du silence, à l’exemple des gymnosophistes et de Pythagore ; il médita dans le mystère, et s’attacha par principes à demeurer inconnu, comme avait fait l’excellent Saint-Martin. « Les prétentions des moralistes, comme celles des théosophes, dit-il en tête des Libres Méditations, ont quelque chose de silencieux ; c’est une réserve conforme peut-être à la dignité du sujet. » Désabusé des succès bruyants, réfugié en une région inaltérable dont l’atmosphère tranquillise, il s’est convaincu que cette gloire qu’il n’avait pas eue ne le satisferait pas s’il la possédait, et s’il n’avait travaillé qu’en vue de l’obtenir : « Car, remarque-t-il, la gloire obtenue passe en quelque sorte derrière nous, et n’a plus d’éclat ; nous en aimions surtout ce qu’elle offrait dans l’avenir, ce que nous ne pouvions connaître que sous un point de vue favorable aux illusions. » Il n’est pas étonnant qu’avec cette manière de penser, le nom de M. de Sénancour soit resté à l’écart dans cette cohue journalière de candidatures à la gloire, et que, n’ayant pas revendiqué son indemnité d’écrivain, personne n’ait songé à la lui faire compter. […] Cette rencontre, si elle est réelle, comme on a tout lieu de le penser, dut faire une impression très-forte sur l’âme résolue de l’élève de Jean-Jacques, et l’enfoncer plus que jamais dans ses projets.
Benjamin Constant n’éprouva que trop les inconvénients de n’avoir pas de bonne heure pensé ainsi. […] J’ai pensé qu’on en saisirait la cause profonde dans le tableau de cette singulière jeunesse et de ces premières années qui se dévoilaient soudainement à nous : de là mon analyse91.
Les Américains sentiraient bien faiblement le mérite d’une situation comique qui ferait allusion à des institutions tout à fait étrangères à leur gouvernement ; ils écouteraient peut-être encore ce qu’on en peut dire à cause de leurs rapports avec l’Europe ; mais jamais leurs écrivains ne penseraient à s’exercer sur un tel sujet. […] Le public français accueille difficilement au théâtre les essais dans un genre nouveau ; admirateur, avec raison, des chefs-d’œuvre qu’il possède, il pense qu’on veut faire rétrograder l’art, quand on s’écarte de la route que Racine a tracée.
Il aima trop le jeu, la table, tous les plaisirs, et la pauvreté l’affola toute sa vie, parce que ses vices étaient plus forts que ses protecteurs et ses pensions. […] Il fuyait trop la peine pour avoir beaucoup pensé, et l’on n’en attendra pas des idées bien neuves ni bien puissantes.
Ainsi l’habitude de penser par épigrammes ou par sentences passe chez lui en nature. […] Cependant, dans l’ensemble de l’ouvrage, domine le dogmatisme du théoricien politique qui pense lier les événements par des chartes.
Cela n’empêche pas de vivre comme les autres, de jouir, à l’occasion, du ciel, de l’air pur ou même de la société des hommes et des femmes ; mais, dans les minutes où l’on pense, il n’est guère possible, en dehors d’une foi positive, d’être optimiste : il y a trop de souffrances inutiles et absurdes et, de tous les côtés, une trop épaisse muraille de nuit… M. […] Mais le fond de son coeur et de son être, c’est, je pense, un très douloureux souci de la vie morale, l’impossibilité de s’en tenir aux plaisirs de la curiosité et de la spéculation.
L’un d’eux me déclarait naguère qu’il ne va jamais plus au théâtre ; j’insinuai alors que l’ahurissante stupidité des fabricants du jour était sans doute la cause de son indifférence : « Non, mon ami, me répondit-il ; n’accusez point l’impuissance de ces dégénérés ; s’ils savaient porter à la scène une intrigue adroite ou des caractères ingénieux, ils ne me feraient pas davantage sourire : par quelle nouveauté pourrait bien encore m’amuser une intrigue, « depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent » à bâtir des scénarios ? […] Un être qui n’aurait pas de sens, une autre statue de Condillac supposée vivante, n’aurait pas une idée ; elle ne penserait pas.
J’insinuai que l’ahurissante stupidité des fabricants ordinaires était sans doute la cause de son indifférence « Non, mon ami, me répondit-il ; n’accusez point l’impuissance de ces dégénérés ; s’ils savaient porter à la scène une intrigue adroite ou des caractères ingénieux, ils ne me feraient pas davantage sourire par quelle nouveauté pourrait bien encore m’amuser une intrigue, “depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent” à bâtir des scénarios ? […] Un être qui n’aurait pas de sens, une autre statue de Condillac supposée vivante, n’aurait pas une idée elle ne penserait pas.
Et cela n’est pas contradictoire avec l’hypothèse que nous avons émise de la naissance en plusieurs berceaux de certaines formes d’art ou de certaines façons de penser et de sentir. […] Il convient de ne pas négliger non plus ces petites Frances du dehors, où l’on parle français, mais où l’on pense suisse ou belge, et dont les produits gardent par là même un goût prononcé de terroir ; elles ont leur originalité, par conséquent leur action propre, et, en sus, elles sont comme des jardins d’acclimatation où les idées des peuples voisins font halte et se francisent à demi avant de s’introduire en France ; elles sont nos initiatrices ordinaires aux littératures étrangères.
» — Une autre fois, un de ses prêtres reconnaît qu’il porte en lui le même feu divin que sa main vient d’allumer sur l’autel, et il s’écrie dans un saint transport : — « Lorsque je pense que cet être lumineux est dans mon cœur, les oreilles me tintent, mon œil se voile, mon âme s’égare. […] que dois-je penser ?
Je me suis tellement surveillé, que je ne pense pas m’être écarté de ma ligne naturelle ; mais la seconde fois, si je ne me fusse imposé pendant quinze jours un silence presque absolu, il y aurait eu quelques moments de chaleur où je me serais donné des torts réels et ineffaçables. […] Il faut pouvoir sentir et penser ensemble, et ne former entre vous qu’une famille comme nous étions : c’est la première base du bonheur.
mon ami, je pense, je juge tout cela, et je suis entraînée vers vous par un attrait, par un sentiment que j’abhorre, mais qui a le pouvoir de la malédiction et de la fatalité… Que diriez-vous de la disposition d’une malheureuse créature qui se montrerait à vous pour la première fois, agitée, bouleversée par des sentiments si divers et si contraires ? […] M. de Guibert pense à sa fortune et à son établissement ; elle s’en occupe pour lui.
Mais, ici, l’Hippocrate ne sait pas garder son sang-froid ; il laisse échapper la joie qu’il y prend et à quel point sa curiosité se délecte ; il s’écrie, en présence de cette multitude de sujets de son observation : La promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes à la faveur de ce premier trouble de surprise et de dérangement subit, la combinaison de tout ce qu’on y remarque, l’étonnement de ne pas trouver ce qu’on avait cru de quelques-uns, faute de cœur ou d’assez d’esprit en eux, et plus en d’autres qu’on n’avait pensé, tout cet amas d’objets vifs et de choses si importantes forme un plaisir à qui le sait prendre, qui, tout peu solide qu’il devient, est un des plus grands dont on puisse jouir dans une cour. […] Toutefois, s’il a dû être injuste, excessif ou téméraire en plus d’une application de détail, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup à rabattre dans l’ensemble.
Il est si porté à penser que l’ignorance et la sottise sont un fait des plus naturels et des plus universels, que rien ne l’étonne en ce genre ni ne l’irrite. […] La simplicité de Fontenelle, comme vous le pensez, est d’un tour qui ne la laisse pas ressembler à celle des autres.
Quoique étranger et républicain, j’ai acquis, au prix de quatre ans écoulés sans que je fusse assuré en me couchant de me réveiller libre ou vivant le lendemain, au prix de trois décrets de prise de corps, de cent et quinze dénonciations, de deux scellés, de quatre assauts civiques dans ma maison, et de la confiscation de toutes mes propriétés en France, j’ai acquis, dis-je, les droits d’un royaliste ; et comme, à ce titre, il ne me reste plus à gagner que la guillotine, je pense que personne ne sera tenté de me le disputer. […] — « Il est de l’essence de la démocratie, pense-t-il encore, d’aller toucher le pôle tant qu’aucun obstacle ne l’arrête. » Analysant avec une force de dissection effrayante les idées fausses, vagues, les sophismes de divers genres qui ont filtré dans toutes les têtes au milieu d’une nation amollie et de caractères déformés par l’épicuréisme, Mallet du Pan montre comment on n’a jamais opposé au mal que des moyens impuissants et des espérances dont se berçait la présomption ou la paresse : « Cependant on s’endormait sur des adages et des brochures : Le désordre amène l’ordre, disaient de profonds raisonneurs ; l’anarchie recomposera le despotisme. — La démocratie meurt d’elle-même ; la nation est affectionnée à ses rois. » C’est surtout aux émigrés, on le sent, qu’il parle ainsi ; et, tandis que les partis se nourrissaient de leurs illusions et de leurs rêves, les Jacobins seuls marchaient constamment au but : « Les Jacobins seuls formaient une faction, les autres partis n’étaient que des cabales. » Et il montre en quoi consiste cette faction, son organisation intérieure, son affiliation par toute la France, ses moyens prompts, redoutables, agissant à la fois sur toutes les mauvaises passions du cœur humain.
Bien des querelles, des perfidies, des avanies insultantes survenues depuis ont rabaissé la noblesse de cette première explication et en ont souillé le souvenir : pourtant on se plaît, en la relisant, à penser que ces grands esprits, ces cœurs impétueux et égarés, n’étaient point à l’origine aussi malintentionnés ni aussi livrés à leur sens tout personnel et pervers qu’ils le parurent depuis, quand les passions et les cupidités de chacun furent déchaînées. […] Retz, vous le pensez bien, n’en est pas dupe, et, montrant tout aussitôt Paris, dès qu’on lui a rendu son Broussel, redevenu « plus tranquille que je ne l’ai jamais vu le Vendredi saint », il nous fait sentir la contrepartie railleuse sans l’exprimer. — « La Cour qui se sentait touchée à la prunelle de l’œil… » dira-t-il à propos de la révocation des intendants, mise en délibération par les cours souveraines réunies ; il est rempli de ces expressions sensibles et animées.
Il pensait jusqu’en ses dernières années qu’un homme, pour rester tout à fait comme il faut, doit passer, chaque jour, quelques heures d’entretien avec les femmes : cela maintient l’esprit et la délicatesse. […] » Jardet, confondu de cette question, répondit en riant : « Fort bien, je pense, Sire. » Mais en parlant ainsi, Napoléon s’adressait moins à un autre qu’il ne conversait avec ses propres pensées.
En lelisant, je ne puis m’empêcher de penser à Pierre Loti : à travers ces lignes le plus souvent sèches, on entrevoit les mêmes visions qui passent dans Pêcheur d’Islande ; on devine l’inguérissable nostalgie du marin qui s’attache à chaque coin de terre où il séjourne, s’en fait une patrie, et ensuite ne se trouve plus chez lui nulle part, même au pays natal, ayant éparpillé de son cœur sur toute la surface du globe. « Le départ du Pola, qui nous laisse ici, rompt l’unique lien qui nous rattachait encore à la patrie. […] Ce qu’il dit emprunte souvent sa principale valeur à ce qu’il ne dit pas, mais suggère, fait penser et sentir.
Ils se taisaient, comme des naufragés qui pensent. […] Tout à coup le fils éleva la voix et interrogea le père : — Que penses-tu de cet exil ?
Nous sommes tentés trop souvent d’appeler esprit faux quiconque ne pense pas comme nous : or c’est là un cercle vicieux. […] Il vous force à penser librement, comme certains démocrates qui veulent vous contraindre à être libre : c’est un fanatique de système, aussi bien que Spinoza ou Condillac.
Nous apercevons celle de ses faces qui brille de bonheur, nous y voyons souvent un surcroît d’abondance ; nous oublions que, parmi tant d’oiseaux qui chantent à loisir autour de nous, la plupart ne vivent que d’insectes ou de graines, et par conséquent ne vivent que par une constante destruction d’êtres vivants ; nous ne voyons pas dans quelle effrayante mesure ces chanteurs, leurs œufs ou leur couvée sont détruits par des oiseaux ou des bêtes de proie ; et nous ne pensons pas toujours que, s’ils ont en certains moments une surabondance de nourriture, il n’en est pas de même en toutes les saisons de chaque année. […] Cette nécessité d’une grande masse d’individus pour la conservation de l’espèce explique, je pense, quelques faits singuliers dans la nature : ainsi quelques plantes très rares sont extrêmement abondantes dans les endroits disséminés où elles se trouvent ; tandis que quelques plantes sociales demeurent telles, c’est-à-dire abondantes en individus, même aux derniers confins de leur station.
Des hommes de tous pays ont pensé : « Nous, travailleurs, de nationalités différentes, dans le but de défendre nos droits, qui sont semblables, malgré la diversité de nos origines, nous nous unissons par dessus les frontières, pour témoigner de l’unité de nos intérêts et créer une solidarité qui nous est nécessaire. » C’est un lien d’humanité partielle qu’ils ont établi, non pour dénouer le faisceau que constitue chacune de leurs nationalités, mais pour renforcer leur individualité, à l’expansion de laquelle la solidarité du seul corps social n’a pas suffi. « L’Internationale ! […] Malgré leurs défauts d’organisation en général et la futilité de leurs travaux parfois, j’ai toujours pensé qu’ils pouvaient engendrer d’immenses bienfaits pour le monde.
Le génie de cette race est passionné et réfléchi ; les hommes concentrés y abondent ; mélancoliques, ardents, sérieux, religieux, solitaires, ils pensent naturellement à Dieu, au devoir, au bonheur, à la vie future, et leurs orages sont intérieurs. […] On lui offrit une place de professeur à Cambridge ; il refusa, aimant mieux penser par lui-même, et jugeant qu’un enseignement officiel n’est jamais assez libre.
Elle est morale enfin, cette impression généreuse et mâle, cette veine d’honnête homme qui court à travers les brusqueries passionnées du Misanthrope, et qui, par lui, nous réconcilie plus qu’il ne pense avec la nature humaine.
Par suite de la même activité, qui se porte actuellement sur de l’inédit, Cousin a publié ses Fragments littéraires, anciens discours académiques, ou éloges mortuaires, auxquels il a ajouté pour assaisonnement les lettres inédites de madame de Longueville (chassant ainsi sur mes terres et me tuant sans façon mon gibier) ; il a ajouté un petit commentaire à ces lettres, dont il s’est, je crois, exagéré un peu l’importance littéraire ; comme étude d’âme et de confessionnal, c’est curieux, (et j’en avais tiré parti dans mon étude). « Au fond, il n’y a de véridique, dit-il, si quelque chose l’est entièrement, que les correspondances intimes et confidentielles, les mémoires eux-mêmes sont toujours destinés au public, et ce regard au public, même le plus lointain, gâte tout ; on s’y défend ou on attaque, on se compose un personnage, on pense à soi, on ment. » — Ceci est dit à merveille comme Cousin sait dire, dans sa langue excellente et digne du xviie siècle ; mais que serait-ce si on appliquait cette vérité à son éclectisme officiel, qu’il défendait et qu’il préconisait hier tout en attaquant Pascal ?
Il fallut vite tout arrêter, détruire toute l’édition ; les philosophes, en fait de théologie, ne pensent pas à tout.
Chateaubriand, dans ce jugement, d’ailleurs si bien exprimé, a trop pensé d’abord à lui, selon son usage, et aux critiques qu’on avait faites d’Atala ; et aussi il n’a pas assez regardé les sermons de Bossuet en eux-mêmes, tels qu’on les avait dans les éditions d’alors, très suffisantes.
Nous n’avons eu d’autre effort à faire que de nous remettre au point de vue et dans la voie où l’habitude journalière de vivre et de penser littérairement avec lui nous avait laissé à sa dernière heure.
Ce ne sont pas là des façons de parler, ce sont des façons de penser.
Je pense qu’il y aura aussi une fille-mère qui jettera son petit dans la mare.
Si quelque industriel hardi et insinuant décidait, par son éloquence ou par des cachets sérieux, nos principales « illustrations » à venir passer tous les jours une demi-heure dans quelque salle entièrement vitrée, sur le boulevard, et admettait le public à les voir pour de l’argent ne pensez-vous pas qu’il ferait plus rapidement fortune qu’un directeur de ménagerie ou de musée anthropologique ?
Mais comme les Palais nomades restent une des plus imposantes parmi les productions souvent inégales de cette dernière génération poétique, l’oubli cessera, je pense, dès que l’injustice de nous-mêmes saura faire place à une moins craintive réserve.
Zola vous évoque, je pense, un ouvrier typographe condamné à « recomposer » sans fin le même livre dont il vient, toutes feuilles tirées, de « distribuer » les caractères, à le recomposer sans autre notable changement que sur la suscription de la couverture, et, conséquemment, vous déclarez fallacieuse et superflue cette puissance qui s’use à recommencer indéfiniment le même geste.
Quand on pense que le travail intellectuel de siècles et de pays entiers, de l’Espagne, par exemple, s’est consumé lui-même, faute d’un objet substantiel, que des millions de volumes sont allés s’enfouir dans la poussière sans aucun résultat, on regrette vivement cette immense déperdition des forces humaines, qui a lieu par l’absence de direction et faute d’une conscience claire du but à atteindre.
On ne me contestera pas, je pense, que notre société ne réunisse ces divers caractères.
Comme mon âge me conseille de penser à la vie future, je me surprends parfois occupé à garnir ma mémoire des pensées qui devront l’occuper durant toute l’éternité.
Nous connoissons peu d’Ouvrages aussi solidement pensés, aussi sagement écrits, & plus capables de former l’esprit & le cœur des jeunes gens.
J’ai dit sur ces âmes ce que je pense.
À vingt ans, il avait des opinions républicaines et une grande barbe, et il portait un chapeau pointu couleur feuille morte, disait : « mon parti », écrivait dans la Liberté de penser, rédigeait de terribles articles contre l’inquisition, et prêtait de l’argent au philosophe X… Tel était notre jeune cousin, Pierre-Charles, comte de Villedeuil.
C’est en vain qu’on se met en défense : Ce Dieu touche les cœurs lorsque moins on y pense.
car pensent-ils avoir vu mieux les difficultés à cause qu’ils y succombent, et que les autres qui les ont vues les ont méprisées ?
Pascal en avoit pour dérober à son fils la connoissance de tout ce qui peut faire penser à la géometrie.
Puisque je suis amené à parler de La Fontaine, je citerai quelques fables de lui auxquelles certains détails des contes et fables indigènes nous font penser : Livre VIII, 3.
Faguet pense avec raison « qu’il serait excessif de conseiller à tout le monde de refaire sa page autant de fois que Flaubert refaisait les siennes », parce que tout le monde, en effet, ne se trouve pas entravé par les difficultés initiales, le bégaiement écrit, la puérilité des premiers jets de Flaubert.
C’est un enfantillage de penser qu’en cessant d’être la religion qu’il fut toujours, le catholicisme sauvera le monde, qui ne croit plus au catholicisme et qui le repousse ; et c’est la contradiction la plus effroyable pour un philosophe qui devrait avoir l’habitude du raisonnement, que d’appeler une Religion progressive celle dont on a ôté le Dogme, c’est-à-dire la seule chose qui donne aux systèmes religieux, — qui, sans elle, ne seraient que des systèmes, — leur caractère sine quâ non de religion.
Hinzelin nous donne quelques indications suggestives ; il pense que Vouziers se rappelle le bon écolier plus volontiers que le grand homme.
S’ils connaissaient comme moi les graves intérêts qu’il faut ménager, les importantes considérations dont il faut s’occuper, et les risibles griefs auxquels il faut répondre, et les hommages bien plus risibles qu’il faut recevoir, et tout ce tracas de petites passions dont la solitude d’une femme n’empêche pas que le bruit ne parvienne jusqu’à elle ; s’ils voyaient au milieu de tout cela un travail sans attrait pour l’esprit et sans dédommagement pour l’amour-propre, alors je leur permettrais de dire ce qu’ils en pensent et de penser, si cela leur convenait, que je l’ai entrepris pour mon plaisir. — Qu’ils ne songent pourtant pas à m’en plaindre, cela serait aussi déraisonnable que de m’en blâmer : « Ce que j’ai fait, Abner, j’ai cru le devoir faire ; je le crois encore et ne vois pas de raison pour m’affliger maintenant des inconvénients que j’ai prévus d’abord sans m’en effrayer. […] De tout temps elle a moins songé à décrire, à peindre ce qu’elle sentait, qu’à exprimer ce qu’elle pensait.
On n’y entend que le bruit des feuilles qui tombent ; rien n’y distrait l’oreille, les yeux, l’esprit ; cela force à penser. […] Mais Marcellus persistait à penser que la meilleure place sous un tyran aimable et doux était la plus éloignée ; il vécut à distance et mourut en paix, véritable homme d’honneur de la République. […] Au reste, presque tous mes amis à Londres, quand j’en avais, pensaient comme vous, et je leur livrais de rudes assauts politiques ; mais je les estimais.
Je ne suis jamais entrée sans émotion dans votre maison ; je ne vous ai jamais vue sans l’intérêt le plus tendre ; je me persuade que nos amis sont réunis, et je vous demande de penser quelquefois au mien, qui a partagé un grand nombre des opinions de celui qui vous fut si cher. […] Ce n’était point le cas, pensait-elle, de faire une halte à Coppet au moment de subir un interrogatoire de l’empereur. […] — Je le remplaçai le matin de la bataille, et je ne pensai plus à un tel homme. » Paul-Louis Courier note dans ses œuvres une conversation très brillante qu’il soutint contre la comtesse d’Albany et Fabre dans cette occasion.
« Non, certes, la vie n’est pas si aride que l’égoïsme nous l’a faite : tout n’y est pas prudence, tout n’y est pas calcul, et quand une action sublime ébranle toutes les puissances de notre être, nous ne pensons pas que l’homme généreux qui se sacrifie a bien connu, bien combiné son intérêt personnel ; nous pensons qu’il immole tous les plaisirs, tous les avantages de ce monde, mais qu’un rayon divin descend dans son cœur pour lui causer un genre de félicité qui ne ressemble pas plus à tout ce que nous revêtons de ce nom, que l’immortalité à la vie. […] On pense à elle toutes les fois qu’on se sent dans le cœur quelque chose de libre, de fort et de grand.
mon cueur, Vous me pensez femme sans jugement, Et tout cela augmente mon ardeur. […] Elle consulta l’horloge et dit : « Je n’ai plus que deux heures à vivre ici-bas. » Il était six heures du matin. » « Elle ajouta à sa lettre au roi de France qu’elle désirait que les revenus de son douaire fussent payés après sa mort à ses serviteurs, — que leurs gages et pensions leur fussent payés leur vie durant, — que son médecin (Bourgoing) fût reçu au service du roi, — que Didier, un vieux officier de sa bouche, conservât le greffe qu’elle lui avait donné : « ……… Plus, que mon aumosnier soyt remis à son estat, et, en ma faveur, pourveu de quelque petit bénéfice pour prier Dieu pour mon ame le reste de sa vie.......... […] Marie persista. « Milords, dit-elle, si votre reine était ici, votre reine vierge, elle trouverait convenable à notre rang et à notre sexe que je ne fusse pas seule pour mourir au milieu de tant de gentilshommes, et elle m’accorderait quelques-unes de mes femmes à mon dur et dernier chevet. » Chacun pensa au billot.
Le silence et la rêverie nous gagnèrent ; ce que nous pensions à cette heure, à cette place, si loin du monde vivant, dans ce monde mort, en présence de tant de témoins muets, d’un passé inconnu, mais qui bouleverse toutes nos petites théories d’histoire et de philosophie de l’humanité ; ce qui se remuait dans nos esprits ou dans nos cœurs, de nos systèmes, de nos idées, hélas ! […] Ces poésies auxquelles la soif ardente de cette époque a prêté souvent un prix, une saveur qu’elles n’avaient pas en elles-mêmes, sont bien loin de répondre à mes désirs et d’exprimer ce que j’ai senti ; elles sont très-imparfaites, très-négligées, très-incomplètes, et je ne pense pas qu’elles vivent bien longtemps dans la mémoire de ceux dont la poésie est la langue ; je ne me repens cependant pas de les avoir publiées ; elles ont été une note au moins de ce grand et magnifique concert d’intelligence que la terre exhale de siècle en siècle vers son auteur, que le souffle du temps laisse flotter harmonieusement quelques jours sur l’humanité, et qu’il emporte ensuite où vont plus ou moins vite toutes les choses mortelles. […] Je ne pense pas qu’aucun poète romain ait reçu plus de marques de sympathie, plus de signes d’intelligence et d’amitié de la jeunesse de son temps que je n’en ai reçu moi-même ; moi si incomplet, si inégal, si peu digne de ce nom de poète ; ce sont des espérances et non des réalités que l’on a saluées et caressées en moi.
La Bible dont ce bon huguenot était nourri, a étoffé son français ; elle l’a aidé à donner à notre grêle, aimable et fin parler des sonorités rudes, de brusques éclats, des harmonies chaudes et larges, qui font, penser en effet aux maigres Juifs sortant de leur désert pour effrayer les Rois des menaces de l’Eternel. […] Enfin, s’il est une vérité reçue dans le monde, c’est que le monde a raison, c’est qu’il fait bien et pense excellemment, mieux que tous les individus qui le composent, et surtout mieux que tous les êtres qui n’en sont pas ou n’en ont pas été : d’où la raison, cette souveraine dominatrice du siècle qui commence, s’étrique, s’amincit, se creuse, et devient le préjugé mondain, qui investit momentanément tous ses caprices et toutes ses ignorances d’un titre d’absolue et universelle vérité ; et voilà surtout ce qui porta grand dommage à la littérature du xviie siècle. […] Mais quand il ne s’agit pas d’amour, il cause souvent, en prose ou en vers, avec un esprit net et vif, d’un style léger et piquant, dont l’allure fait penser à Voltaire : son Épître au prince de Condé revenant d’Allemagne sort du goût précieux, et réalise déjà l’urbanité de la fin du siècle ou du siècle suivant.
L’honnête homme n’aime pas à se distinguer par des façons de penser téméraires ; et la religion est pour lui une partie du savoir-vivre. […] Il est le même que lorsque les Réformateurs avaient convié le peuple à examiner les Écritures ; ils ne pensaient pas non plus travailler au profit de l’irréligion. […] Toutes les remarques portent, et il n’y en a point qui ne donnent à penser longuement, quand il explique le mécanisme de l’amour-propre, ou qu’il montre l’imagination et les nerfs plus maîtres de nous que notre raison, quand il nous promène à travers le monde cherchant une morale fixe, des lois communes, quand il sonde l’institution sociale, le principe monarchique, pour ne trouver au fond, à l’origine, que la force, et qu’il autorise si superbement le respect traditionnel des lois, de la hiérarchie, de l’hérédité dynastique.
George Sand Quand on pense à ce que vous aviez fait déjà en 1833 ! […] Alexandre Dumas fils Mon cher Maître, je ne sais pas comme vont s’y prendre tous ceux qui vous fêteront le 26 février pour vous dire en termes variés ce que tout le monde pense. […] Stéphane Mallarmé Hugo, dans sa tâche mystérieuse, rabattit toute la prose, philosophie, éloquence, histoire, au vers ; et comme il était le vers personnellement, il confisqua, chez qui pense, discourt ou narre, presque le droit à s’énoncer.
Mais si l’on veut donner à la loi une valeur extérieure et supérieure à la vie qui la réaliserait, alors on énonce une proposition inacceptable, et, je pense, incompréhensible. […] Et l’on aurait des chances, si l’on y pensait, de voir d’ailleurs que les idées qu’on se fait sur le bien sont incertaines et vagues. […] Et il ne faut point penser que, comme on l’a dit, il importe peu que nous ayons telle ou telle idée du bien pourvu que nous en ayons une.
Les sensations deviennent alors des Notions : l’âme pense, après avoir senti. […] Telle fut, je pense, l’intention du peintre : nulle n’est plus belle, plus conforme à la théorie de la peinture émotionnelle. […] — Je pense qu’il est beaucoup trop tôt pour donner une opinion.
On pense que dans Erec et Enide il parlait déjà de Lohengrin. […] « Nous reconnûmes bientôt la nécessité, dit-il, de relever les mouvements plastiques en leur donnant un rythme. » Comme le grand éloignement qui se trouve entre l’acteur et le spectateur est supprimé dans le théâtre de Bayreuth (voir plus haut), le premier peut exprimer les mouvements expressifs des émotions intérieures, qui sont alors visibles pour le spectateur. — Aux gestes exagérés des bras, qu’il reprochait à l’instant aux acteurs, Wagner oppose des mouvements plus modérés : « Nous pensâmes, dit-il, qu’une simple élévation du bras ou un mouvement caractéristique de la main ou de la tête, suffirait à exprimer les émotions de l’acteur. » A cette immobilité contre nature du chanteur, à cette situation étrange où se trouvent les acteurs, dans les ensembles des opéras, a cette nécessité enfin de parler devant le public ou de se dérober aux trois-quarts à sa vue, Wagner remédie par une simple attitude, basée sur l’observation de la nature : « Nous tirâmes, dit-il, de la passion même du dialogue le changement de poses que nous cherchions : nous avions observé que les accents les plus pathétiques de la fin d’une phrase donnaient lieu naturellement à un mouvement de la part du chanteur. « En effet, la force de l’expression se porte toujours à la fin d’une phrase, et, même dans la conversation ordinaire, nous faisons involontairement un geste pour ponctuer en quelque sorte le sens de notre discours (tome X, 389 et sq.) « Ce mouvement fait faire à l’acteur un pas en avant et, en attendant la réponse, il tourne à demi le dos au public ; ce mouvement le montre en plein à son partenaire : celui-ci, en commençant sa réponse, fait aussi un pas en avant, et, sans être détourné du public, il se trouve face à face avec le premier. » Ce jeu de scène paraîtra bien simple et indigne d’explication à nos critiques qui n’y verront « qu’un truc » comme un autre. […] Il serait utile, je pense, dit Jean d’Ardenne (M.
— On ne conseille pas pour cela de déserter leur école, mais de s’inspirer d’eux librement : Changeons en notre miel leurs plus antiques fleurs ; Pour peindre notre idée, empruntons leurs couleurs ; Allumons nos flambeaux à leurs feux poétiques ; Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques. […] Celui qu’un vrai démon presse, enflamme, domine, Ignore un tel supplice : il pense, il imagine ; Un langage imprévu, dans son âme produit, Naît avec sa pensée, et l’embrasse et la suit. […] Il se préparait à de plus viriles destinées, et, sans dédaigner la popularité charmante qu’il avait obtenue dans un monde d’élite, il rêvait, il pensait et cherchait plus haut ; il avait l’ambition philosophique ; les grands espaces découverts par la science le tentaient irrésistiblement.
Catherine de Médicis, si la politique, comme l’auteur des Guise doit le penser, est la seule loi et le seul but de l’Histoire, est évidemment la plus grande figure de son temps. […] « L’illusion fut, pour les émigrés français, — ajoute Forneron, — de croire que les rois de l’Europe ne pensaient qu’à la France, et ils y pensaient en effet, mais pour calculer combien de temps durerait notre impuissance momentanée, et pour remanier sans nous — et nous en effaçant — la carte de l’Europe. » Encore ne fût-ce pas eux qui déclarèrent la guerre en 1792 ; ce fut la France et le ministère girondin.
Ils en ont dû prendre les mœurs, du moins dans le langage ; et ils ont pensé qu’en faisant entrer les mots de cette langue, spéciale aux ateliers, dans la langue littéraire, ce serait là un accroissement et une richesse de plus pour la langue et pour la littérature. […] Pensaient-ils donc nous dégoûter ainsi des prétentions, des absurdités, des poses disgracieuses, des sottes impuissances de la femme qui veut être un homme en jupes dans la vie, et qui n’est plus qu’un masque grotesque dans ce carnaval de l’orgueil ? […] même pour M. de Goncourt, pour cet écrivain qui avait un talent à lui autrefois, qui pensait et qui observait pour son compte et, qui ne demandait de documents ni aux grandes personnes, ni aux toutes petites filles, pour faire un de ces livres de réalité et d’idéal comme la vie, que l’on appelle un roman.
Mais nous pensions que, dans la forme au moins, ce poète exagéré, mais grand, ce Gongora, mais ce Gongora de génie, resterait jusqu’à sa dernière heure le maître Victor Hugo d’autrefois, et ne réaliserait jamais cette combinaison stupéfiante que voici : un dissertateur de la Revue des Deux-Mondes et un descripteur du Petit Journal. […] — dans tout ce qu’il fait comme dans tout ce qu’il pense. […] S’ils avaient pensé à montrer dans leurs œuvres l’hydre de la Convention française, ils l’auraient ressuscitée dans une de ces journées terribles qui avaient leur monstrueuse beauté, et ils ne se seraient pas contentés de la nomenclature des noms de ses membres, avec des étiquettes tirées des mots qu’ils dirent et dont plus de moitié sont des platitudes et le reste des déclamations !
Parlez à Victor Hugo de Théramène et de son récit, vous verrez ce qu’il en pense. […] Enfin que penser de lui, qu’en dire, et quel homme est-ce donc ? […] Il faut lire ce volume, qui invite à penser. […] Elle est pâle, souffrante, et elle raconte à sa camériste, longtemps sa confidente et sa complice, qu’elle a pensé mourir. […] Tant qu’il lui a été indifférent, elle s’est peu inquiétée de ce qu’il pouvait penser.
Tel est l’homme : il est un être vivant, capable de sentir, de penser, de juger, de raisonner, de vouloir, de distinguer chaque acte singulier de chacune de ces facultés, & de faire ainsi des abstractions. […] Cette imagination ne donne aucune réalité au prétendu petit poisson, & n’empêche pas que tout ce que les Anciens ont cru du remora ne soit une fable, comme ce qu’ils se sont imaginés du phénix, & ce qu’ils ont pensé du sphinx, de la chimere, & du cheval Pégase. […] Un esprit abstrait, c’est un esprit inattentif, occupé uniquement de ses propres pensées, qui ne pense à rien de ce qu’on lui dit. […] C’étoit beaucoup que les hommes eussent trouvé par l’usage naturel des organes de la parole, un moyen facile de se communiquer leurs pensées quand ils étoient en présence les uns des autres : mais ce n’étoit point encore assez ; on chercha, & l’on trouva le moyen de parler aux absens, & de rappeller à soi-même & aux autres ce qu’on avoit pensé, ce qu’on avoit dit, & ce dont on étoit convenu. […] ) Ces adjectifs, is, hic, ille, iste, qui sont souvent des pronoms de la troisieme personne, sont aussi des adjectifs démonstratifs & métaphysiques, c’est-à-dire, qui ne marquent point dans les objets des qualités réelles indépendantes de notre maniere de penser.
. — De même, vous recevez une bonne ou une mauvaise nouvelle, et, au bout d’une heure, vous cessez d’y penser ; et néanmoins, au bout de cette heure et souvent pendant toute la journée, vous éprouvez encore un bien-être ou une inquiétude mal définis, que vous ne savez d’abord comment expliquer, et que vous ne comprenez qu’après réflexion, lorsque vous revient le souvenir de la nouvelle. — Parmi les images ou idées latentes, il faut aussi compter toutes celles des actions que l’on exécute, l’esprit occupé par une autre image ou idée prépondérante. […] Un Napolitain mime involontairement tous ses récits et tous ses projets : s’il annonce qu’il va monter à cheval, il lève la jambe ; s’il raconte qu’il a mangé d’un plat de macaroni, il ouvre les narines afin de mieux flairer et avance la langue entre les lèvres ; s’il pense à une ligne sinueuse ou droite, il la décrit de l’œil et du doigt. […] Mais, d’autre part, il en est très proche ; car l’aphasie est ordinairement compliquée d’amnésie ; si la lésion s’étend un peu au-delà de la région indiquée, non seulement le malade ne peut plus prononcer de phrases sensées et suivies, mais encore, faute de signes pour penser, son intelligence s’affaiblit ; il ne comprend plus les mots qu’il lit ou qu’il entend ; il est plus ou moins imbécile. […] VIII À présent, si nous revenons sur nos pas, nous sommes en état de comprendre en gros la structure et le mécanisme de l’organe par lequel nous pensons. […] C’est ainsi qu’après un apprentissage plus ou moins prolongé nous exécutons machinalement et sans y penser tous nos mouvements acquis, marche, course, nage, équitation, maniement d’une arme, d’un outil, d’un instrument de musique.
En second lieu, c’est un débouché : on n’y a pas la musique comme en Allemagne et la conversation comme en France ; et les gens qui ont besoin de penser et de sentir y trouvent un moyen de sentir et de penser. […] En même temps, et sans y penser, vous vous trouvez à votre aise. […] Et quand je pense à l’immense félicité qui m’était réservée, à la profondeur et à l’intensité de cet amour qui m’a été prodigué pendant tant d’années, j’avoue que je ressens un transport d’étonnement et de gratitude pour une telle faveur. […] Auprès d’elle toute joie terrestre est nulle : Penser à elle, c’est louer Dieu1363. » Un caractère capable de tels contrastes est une grande œuvre ; on se souvient que Thackeray n’en a point fait d’autre ; on regrette que les intentions morales aient détourné du but ces belles facultés littéraires, et l’on déplore que la satire ait enlevé à l’art un pareil talent.
Quant aux coquins, que j’ai connus, et ils ne sont pas en petit nombre, je pense à eux, à tous, sans exception, avec plaisir et bienveillance. […] Fleurs où je respire, soleil où je luis, Âme qui penses Qui peut me dire où je finis, Où je commence ? […] Je pense que ces simples dates suffiront à prouver tout ce qu’il faut prouver. […] Et si nous reconnaissons volontiers que Maeterlinck puise directement aux sources anglo-saxonnes (mais après tout, il nous plaît de le penser, ni Novalis, ni Emerson n’ignorèrent Pascal !) […] Picard ne pense pas que la science du Droit consiste seulement à étudier les lois dans les livres.
Petitot, la citation parallèle ; ce n’est, comme on le pense bien, qu’un très faible échantillon ; c’est aux curieux à pousser plus loin et dans le même sens une comparaison plus ample, qui ne fera que confirmer le premier aperçu : Charles, dit Duclos, était doux, facile, généreux, sincère, bon père, bon maître, digne d’être aimé et capable d’amitié. […] Ils ne pensent qu’à eux et ne s’inquiètent ni de votre repos ni de votre santé : voilà ce qui m’intéresse, moi, et ce qui doit intéresser tout le royaume. — Tu fais bien, mon enfant, reprit le roi en secouant la tête ; j’ai envie de faire comme toi. — Faites donc, Sire, dit-elle ; au diable toutes ces querelles de prêtres !
Il y a de lui une page bien naturelle, où il pense tout haut, et qui est toute l’histoire du Pot au lait : Le 28 avril 1737. — J’ai été nommé par le roi ambassadeur en Portugal ; tout mon dessein, en acceptant pareil emploi, a été de me rendre digne et de me mettre à portée des places du ministère, où mon ancienneté au conseil pouvait naturellement m’élever dès que je ne démériterais pas, à plus forte raison si je montrais du mérite et du courage. […] Cela m’est toujours nouveau ; j’en ai le cœur flétri, j’en suis accablé quand j’y pense ; cela a attenté sur mes jours ; l’injustice me révolte et me passionne, ma voix tremble en en parlant et y pensant.
Réduit souvent par sa faute à de tristes extrémités et amené, bien que jeune, à songer à sa dernière heure, Villon suppose qu’il fait son testament (il y en a deux de lui, le grand et le petit, sans compter un codicille), et dans cette supposition il lègue à ses amis tout ce qu’un pauvre diable qui n’a pas un sou vaillant peut donner ; parmi ses legs, il y a bon nombre de lays ou de ballades, et il a dû penser au jeu de mots : C’est à un poète une idée singulièrement originale et touchante, nous dit d’abord M. […] L’aimable jésuite du Cerceau, qui s’est occupé de Villon, pensait à peu près de même.
Ces excès de table sont la cause de son état maladif, et bien des personnes pensent qu’en continuant de la sorte il ne pourra vivre longtemps. […] Lorsque ensuite on s’aperçut que ce projet de voyage royal n’était qu’une feinte, il s’en montra très irrité et pensa à s’y rendre lui-même ; c’était moins sans doute dans la vue de se lier avec un parti politique et avec des hérétiques que pour échapper au joug paternel trop pesant de près, et pour pouvoir se livrer avec plus de liberté à son agitation turbulente.
J’ai souvent pensé que ce serait à un jeune homme plutôt qu’à un critique vieilli d’expliquer le Cid, de le lire à haute voix et de dire ce qu’il en ressent : je me suis donné, une fois, cette sorte de satisfaction et j’ai fait cette épreuve ; je me suis fait lire le Cid par un jeune ami : c’était lui qui me le commentait comme à vue d’œil par la fraîcheur, la vivacité des sentiments qui s’éveillaient, qui se levaient à tout instant en lui. […] Il l’attaque, il le presse, il cède, il se défend… » Elvire fait comme toutes les bonnes suivantes : elle conseille le parti le plus commun et le plus facile ; et se voyant repoussée : « Après tout, que pensez-vous donc faire ?
« Je pense, lui écrivait-il (15 septembre 1741), qu’il y va de l’intérêt de la France. […] Libre à ceux-là de penser que la victoire de Denain a été du luxe.
Pensez-vous que ce passage successif d’un commandement à l’autre me fasse le plus grand plaisir possible ? […] Je mets ces petites irrégularités sur le compte de la coquetterie militaire qui aime, elle aussi, à se retrancher quelques années : il m’en coûterait de penser que le brillant général ait voulu esquiver toutes les qualifications ouvrières et plébéiennes qui abondaient dans son véritable acte de baptême.
Un auteur de ce mérite, dont les écrits sont classiques, dont les livres sont entre les mains de tout officier qui étudie et pense ; un maître qui a donné les meilleures leçons pour régler autant que possible et soumettre à la raison, pour préciser, diriger, pour accélérer et par conséquent pour diminuer la guerre, pour la faire ressembler le moins qu’il se peut (et c’est de plus en plus difficile) à une œuvre d’extermination et de carnage, un tel maître, — le Malherbe du genre 72, — ne saurait garder de l’odieux sur son nom, ni même laisser de lui comme caractère une idée obscure et louche. […] Le colonel pense, après examen et discussion dos lettres de la Correspondance de Napoléon à la date de septembre 1806, que la désignation de Bamberg comme lieu de concentration des troupes pour l’entrée en campagne et comme clef des prochaines opérations stratégiques n’était pas si clairement désigné que je l’ai cru, et que par conséquent, dans la conversation qu’il eut avec Jomini le 28 septembre, à Mayence, l’Empereur put très bien en effet lui recommander de n’en dire mot à personne, pas même à Berthier.
Le public, la foule n’y avait que faire, comme bien l’on pense ; en proie aux irritations de parti, aux engouements grossiers, aux fureurs stupides, on laissait cet éléphant blessé bondir dans l’arène, et l’on était là tout entre soi dans la loge grillée. […] Mais nous avons bientôt pensé que, même au milieu des plus enivrantes acclamations dramatiques, il y aurait toujours dans l’âme de Victor Hugo un lyrisme caché, plus sévère, plus profond peut-être, plus vibrant encore par le refoulement, plus gravement empreint des images dispersées et des émotions d’une jeunesse irréparable.
mais y pense-t-on ? […] Pensers mystérieux, espace, éternité, Ordre, beauté, vertu, justice, vérité, Héritage immortel dont j’ai perdu les titres, D’où m’êtes-vous venus ?
En le lisant je me suis surpris plus d’une fois à penser que rien n’est beau comme le bon sens, lorsqu’il triomphe de la passion qu’on y sent subsister, qu’on y voit s’abaisser et frémir d’un air de noble coursier sous le frein. […] Il a pensé avec les Bénédictins, et par des raisons que j’ose dire plus profondes, que l’histoire littéraire de la France ne se pouvait circonscrire aux siècles où l’on a commencé d’écrire en français.
Il pensa que rien qu’avec des récits contemporains bien choisis, habilement présentés et enchâssés, on pouvait non-seulement rendre aux faits toute leur vie et leur jeu animé, mais aussi en exprimer la signification relative16. […] Réimprimant en 1829 son ancienne brochure Des Communes et de l’Aristocratie, il s’était félicité d’en retrancher ce qui tenait aux controverses antérieures des partis : « Il y a un grand contentement, disait-il, à supprimer les vivacités d’une vieille polémique, à se censurer soi-même ; à se trouver en harmonie avec des hommes honorables dont autrefois on était plus ou moins divisé ; à se sentir plus toléré et plus tolérant ; à reconnaître qu’autour de soi tout est plus calme dans les opinions et les souvenirs. » Ce passage dut plus d’une fois lui revenir en mémoire, ce me semble, avec le regret de penser qu’il ne se rapportait pas également à d’autres, et qu’à mesure que les choses étaient réellement plus calmes, les esprits des amis entre eux devenaient précisément plus aigris.
M. de Murçay, qui pensait de même, souffrait pourtant à la longue de ces heures vides ou envahies par les petitesses. […] M. de Murçay, qui peut-être y pensait le plus constamment, évitait surtout d’en parler ; c’était au plus par quelque allusion de lieu qu’il le désignait ; et je croirais, en vérité, que, depuis la déclaration du berceau, il ne lui arriva jamais de nommer le mari de Mme de Pontivy par son nom dans le tête-à-tête.
Je n’y pensais plus. […] Si tu savais combien de pleurs tes erreurs ont fait répandre à notre respectable mère, combien elles paraissent déplorables à tout ce qui pense et fait profession non-seulement de piété, mais de raison ; si tu le savais, peut-être cela contribuerait-il à t’ouvrir les yeux, à te faire renoncer à écrire ; et si le ciel touché de nos vœux permettait notre réunion, tu trouverais au milieu de nous tout le bonheur qu’on peut goûter sur la terre ; tu nous donnerais ce bonheur, car il n’en est point pour nous, tandis que tu nous manques et que nous avons lieu d’être inquiets sur ton sort. » XIX Cette lettre l’attendrit ; il crut y entendre une voix du ciel.
Il pense à tout, il pourvoit à tout, il descend au plus petit détail. […] Le service militaire réduit à cinq ans de présence sous les drapeaux ; les pensions aux invalides servies dans leurs familles, pour être dépensées dans leurs villages, au lieu d’être dilapidées dans l’oisiveté et dans la débauche du Palais des Invalides dans la capitale ; Jamais de guerre générale contre toute l’Europe ; Un système d’alliance variant avec les intérêts légitimes de la patrie ; Un état régulier et public des recettes et des dépenses de l’État ; Une assiette fixe et cadastrée des impôts ; Le vote et la répartition de ces subsides par les représentants des provinces ; Des assemblées provinciales ; La suppression de la survivance et de l’hérédité des fonctions ; Les États généraux du royaume convertis en assemblées nationales ; La noblesse dépouillée de tout privilége et de toute autorité féodale, réduite à une illustration consacrée par le titre de la famille ; La justice gratuite et non héréditaire ; La liberté réglée de commerce ; L’encouragement aux manufactures ; Les monts-de-piété, les caisses d’épargne ; Le sol français ouvert de plein droit à tous les étrangers qui voudraient s’y naturaliser ; Les propriétés de l’Église imposées au profit de l’État ; Les évêques et les ministres du culte élus par leurs pairs ou par le peuple ; La liberté des cultes ; L’abstention du pouvoir civil dans la conscience du citoyen, etc.
Luther était en train de remuer l’Allemagne, de l’arracher à la domination du saint-siège ; ils n’étaient pas Luthériens, ils ne voulaient pas rompre l’unité chrétienne ; mais ils ne pensaient point avoir de raison d’exclure de leur étude les textes qui sont la base de la foi. […] Il n’a pensé à la mort que malgré lui, et pour préférer la vie.
Il a pensé aux sujets privés et bourgeois, à ce que nous appelons le drame : il en a donné la formule ; il ne l’a pas appliquée lui-même. […] Dans quelques parties de ses deux chefs-d’œuvre tragiques et dans quelques endroits de ses meilleures tragi-comédies, comme Don Bernard de Cabrère (1648) ou Laure persécutée (1637)329, il nous fait penser à Shakespeare : il est le seul en son siècle de qui on puisse le dire.
Il fait penser à certains petits Hollandais ; ou, si vous voulez, c’est le Coppée, nullement sentimental, du grand siècle. […] Il pense par saillies ; il n’a pas la faculté oratoire d’enchaîner, de subordonner, de faire converger ses idées.
Si tel chef-d’oeuvre reconnu me choque, me blesse ou, ce qui est pis, ne me dit rien ; si, au contraire, tel livre d’aujourd’hui ou d’hier, qui n’est peut-être pas immortel, me remue jusqu’aux entrailles, me donne cette impression qu’il m’exprime tout entier et me révèle à moi-même plus intelligent que je ne pensais, irai-je me croire en faute et en prendre de l’inquiétude ? […] Il est né, je pense, dans quelque vieille maison de la rue de Seine ou du quai Malaquais, dans le quartier des bouquinistes et des marchands d’estampes et de bric-à-brac.
Il pense donc à déclarer la chose, et voudrait que Ricciardo se contentât de recevoir ses deux mille écus. […] Ricciardo en a pensé mourir de rire et s’est montré joyeux de l’aventure.
Fils d’une race saine de paysans pratiques, il pensait fort et droit. […] Quoi que l’on pense ou que l’on prêche, Nous sommes les bons écrivains13.
En tout temps les esprits sont partagés ; en tout temps il y a des gens qui restent attachés au passé ou qui s’élancent dans l’avenir ; mais, en tout temps aussi, du conflit des opinions individuelles se dégage un courant plus fort, qui, malgré les remous et les contre-courants, entraîne la majorité de ceux qui pensent et la masse de ceux qui se reposent sur autrui de cette fatigue. […] On n’attend pas de moi, je pense, que je conte ici le long duel qui s’est engagé entre nos gouvernements successifs et la presse jalouse de sa pleine liberté.
On peut dire que la façon de penser et d’agir d’une population en est modifiée jusqu’en ses profondeurs. […] Les jansénistes, au temps de Pascal, ne pensent et n’écrivent point comme feront, aux jours de persécution, les convulsionnaires du cimetière Saint-Médard.
Octave a pensé à tout ; il a amené Adrienne, prête paraître au moment voulu. […] Il y a du coup de poing populaire dans le mépris dont elle le terrasse. « Quand je pense, dit-elle, que j’allais épouser ce pierrot-là !
Deux ans auparavant, il avait été moins poli envers cet énergumène, lorsqu’il lui disait, dans une occasion où il était en polémique avec lui : Tu auras beau me dire des injures, Marat, comme tu fais depuis six mois, je te déclare que, tant que je te verrai extravaguer dans le sens de la Révolution, je persisterai à te louer, parce que je pense que nous devons défendre la liberté, comme la ville de Saint-Malo, non seulement avec des hommes, mais avec des chiens 12. […] Dans le 4e numéro, il va plus loin, et il articule son mot : « Je pense bien différemment de ceux qui vous disent qu’il faut laisser la terreur à l’ordre du jour.
Revenons et demandons-nous, quand on relit aujourd’hui ces poésies de la première manière de Mme de Girardin, ce qu’il en faut penser. […] « Je pensai un moment, dit-elle, que je pourrais arriver à un bonheur négatif qui ne serait pas sans douceur.
J’avoue que je ne le pus voir sans penser à eux, et que, dans ma joie, je sentis que la sienne me donnait du chagrin. […] Après avoir été quelque temps à rêver, elle ne tarda pas à se fixer résolument, et, comme elle était très honnête et très imprévue, que l’idée qu’on put aimer sans se marier ne lui entrait pas dans l’esprit, elle pensa qu’il n’y avait rien de plus court que de faire la grandeur de ce gentilhomme et de l’épouser.
Pour elle, elle est prête à se soumettre à toutes les absences, à toutes les privations, pour l’honneur et l’accroissement de réputation de celui qu’elle aime : « Quand on porte de certains noms, pense-t-elle, et qu’on est née avec la gloire de le sentir, on prend patience sur les choses auxquelles il n’y a pas de remède. » Comment Bonneval ne sut-il pas apprécier un pareil cœur, une distinction si vive et si pure, un choix et un don si absolus ? […] Je ne puis vous parler que de moi pour aujourd’hui, car je ne pense qu’à vous, et tout le reste me devient insupportable.
En les écrivant, Rollin, qui aimait à marcher et à penser toujours sur la trace d’un ancien, se rappelait certainement cette parole de Pline le Jeune sur la maison de campagne que voulait acheter Suétone : Il ne faut à ces messieurs les savants, absorbés comme lui dans l’étude, que le terrain nécessaire pour délasser leur esprit et réjouir leurs yeux. […] Un homme sincèrement modeste et humble peut être très habile sur certains points, très courageux de résistance sur de certains autres, mais il y a fort à penser qu’il est incapable d’une certaine initiative, d’un esprit d’entreprise ou de poursuite, d’un essor complet et libre de ses facultés ; et c’est parce qu’il se sent instinctivement inférieur à un tel rôle et à une telle responsabilité, qu’il est si craintif et si rougissant de se produire, si en peine lorsqu’il s’est trop avancé.
Le duc de Bouillon, cet aîné de Turenne, et à qui Cosnac avait, comme on disait, l’honneur d’appartenir par quelque alliance, l’en dissuada, et lui conseilla de s’attacher au prince de Conti, qui pensait alors à être d’Église et cardinal, « comme étant le seul prince ecclésiastique qui pût faire la fortune d’un abbé de qualité ». […] J’ai pensé souvent, en lisant Cosnac, à cette classe de gens actifs, appelés M. de Sémonville et autres, et toujours il m’a semblé que, même en ce genre qui n’est pas le premier et le plus relevé, la médaille était mieux frappée et d’un coin plus neuf sous Louis XIV que de nos jours.
Mais Voltaire, qui y a été pris plus d’une fois, pense à se mettre en garde. […] Dans la lettre très sage que le président lui répondait sur l’affaire du curé de Moëns et sur le mauvais effet, en pareil cas, des déclamations extra-judicielles, il y avait un mot final qui se rapportait à ces malheureux fagots : « Je ne pense pas, lui disait M. de Brosses, qu’on ait jamais ouï dire qu’on ait fait à personne un présent de quatorze moules de bois, si ce n’est à un couvent de Capucins. » Voltaire comparé à un couvent de Capucins, au moment où il menaçait un prêtre des galères !
En effet, dans son article étudiant « La répétition universelle » (La Revue philosophique, 1882), le philosophe pense simultanément et analogiquement la répétition dans la nature et la répétition dans la société ; il décrit alors l’imitation sociale, métaphoriquement, en termes d’« onde » et de « vibration ». […] Tarde, Les Lois de l’imitation, 1890, Les Empêcheurs de penser en rond, 2011, p. 67).
Shakespeare pense, Shakespeare songe, Shakespeare doute. […] Nous écartons, quant à nous, et le comité écartera, nous le pensons, toute idée d’une manifestation par souscription.
Claude Bernard sur les phénomènes de la vie ; on verra ensuite ce que la métaphysique en doit penser. […] Quoi que puissent penser ultérieurement les métaphysiciens, quelque système qu’ils veuillent soutenir, ces deux propositions sont inébranlables, et elles suffisent pour rendre la science possible.
Vien dessine bien, peint bien ; mais il ne pense ni ne sent. […] Je n’ai garde de penser que le métier de Montesquieu, le premier des métiers, soit au-dessous du métier de cordonnier, mais je crois qu’un cordonnier qui veut faire le métier de Montesquieu ne vaut pas un cordonnier faisant de bons souliers, surtout quand ce cordonnier a la sottise de croire qu’avec son bavardage inintelligible il ruinera la réputation de l’immortel Montesquieu.
Voilà pourquoi quelques critiques ont pensé qu’il étoit comme impossible de faire un poëme épique françois de dix mille vers qui réussît. […] Après cela je suis bien éloigné de penser qu’il soit impossible aux poëtes françois de faire des vers harmonieux et nombreux.
pensai-je… et Philarète Chasles sera bien content. » Le soir, le petit vieux ne vint pas au café, — le lendemain non plus. […] Je suis de ceux qui pensent que la foule gâte le monument — et qu’il est surtout agréable d’habiter là où il n’y a pas d’habitants.
Ils se contentent de la persécution qui guette quiconque prétend penser sans contrainte. […] Jusqu’à douze ans j’allais à l’école, je devins Robinson, je vécus cinq ans en Orient et depuis je végète. » Karl Ottenaf : « J’avoue que je n’ai jamais aimé les Allemands, et que je ne hais rien plus au monde que le bourgeois allemand depuis que je sais penser.
Si on n’avait pensé qu’à jouir ou à faire jouir du talent de M. […] Les exceptions y sont ; voyez, par exemple, ce marbre ailé, dédié à David d’Angers, sur un de ses ouvrages, Le Joueur d’orgue, quelques Sonnets vigoureusement frappés, etc. : mais il faut les chercher à travers une langue et une inspiration si laborieuses que je ne pense pas que M.
Massacres, emprisonnements, arrestations, perquisitions, procès, assommades de la police, tous ces épisodes des premiers temps du gouvernement de 1830 reparaissent à chaque instant ; qu’on en juge : La Liberté, jeune et belle, assoupie dans un dangereux sommeil, coiffée de son bonnet phrygien, ne pense guère au danger qui la menace. […] C’est la froideur, la limpidité du miroir, d’un miroir qui ne pense pas et qui se contente de réfléchir les passants.
Celui qui s’adonne à la femme perd secrètement, sans s’en douter, la faculté de penser métaphysiquement et d’avoir conscience de son moi supérieur. […] Il semblerait plutôt que les sens sont en repos lorsqu’ils sont normalement satisfaits et que l’esprit est libre, lorsque le désir du sexe pleinement rempli, ne vient pas le détourner de sa fonction qui est de penser.
En nous présentant l’égalitarisme comme préhistorique, elle nous permet de penser qu’il est essentiellement naturel à l’homme, — d’attribuer à notre idéal une sorte de réalité vague à souhait, — de donner un air scientifique à nos préférences, — et enfin de satisfaire à ce vœu de symétrie qui nous pousse à voir partout, tant dans le champ du droit que dans celui de l’économie politique, des reviviscences, des ricorsi, des rééditions de l’histoire. […] C’est là un des résultats sur lesquels les sociologues de différentes écoles semblent près de s’accorder23 : l’esprit des sociétés primitives pourra être, si l’on veut, appelé « communiste » ; on y pense par groupes, familles ou tribus, non par personne.
S’il voulait envoyer les trente autres à M. de Noailles, ce serait perfectionner la grâce. » En cela, madame des Ursins pensait aussi juste qu’elle suppliait agréablement.
Mais c’est aussi une espèce d’originalité bien rare et désirable, que celle qui s’accommode si aisément des idées reçues, des sentiments consacrés, des préjugés de jeunes filles et de vieillards ; qui parle de la mort comme en pense l’humble femme qui prie, comme il en est parlé depuis un temps immémorial dans l’église ou dans la famille, et qui trouve en répétant ces doctrines de tous les jours une sublimité sans efforts et pourtant inouïe jusqu’à présent.
Je ne pense pas que, chez les anciens, aucun livre, aucun orateur ait égalé, dans l’art sublime de remuer les âmes, ni Bossuet, ni Rousseau, ni les Anglais dans quelques poésies, ni les Allemands dans quelques phrases.
On pense que ce négligé volontaire donnera l’air naturel au style.
La Motte le pensait, et son ami Fontenelle était tout à fait de son avis.
Cette direction d’idées, je pense que la majorité des hommes de vingt ans l’a suivie.
Il y a un passage du saint auteur de l’Imitation que je cite souvent, parce qu’il me console de mon ignorance de sédentaire, parce qu’il m’empêche d’être dévoré de la plus noire envie quand je pense à ceux qui ont le courage de voyager et de changer d’horizon, comme l’auteur de Cruelle Enigme.
S’il s’est confiné, maintes fois, dans un charmant cottage anglais où, je suis sûr, il s’est plu à relire, par instants, Wordsworth et Shelley, s’il a tressailli, je pense, aux rauques échos des Niebelungen, le plus souvent il a rêvé de côtes sablonneuses et de rivages bleus où
Que pensez-vous de ce petit homme aimable et spirituel ?
La seule difficulté réelle des rapports entre l’esprit et le corps, c’est qu’il est impossible, contradictoire, de concevoir cette union sous la forme de l’étendue (puisqu’il nous est impossible de penser à l’esprit, sans nous placer en dehors du monde de l’espace) ; et que, d’autre part, toutes les unions ordinaires nous sont données sous la forme d’une connexion dans l’espace.
Suscitant le goût de la recherche et de l’érudition, cette curiosité passionnée aboutissait à la découverte de la beauté antique, et il est permis de penser que si cette trouvaille fut par la suite le moyen de l’un des bonds les plus prodigieux de l’esprit humain, elle fut elle-même la conséquence et l’un des effets d’une activité déjà formée et qui avait sa source en elle-même.
Son Dictionnaire est le premier ouvrage de ce genre où l’on apprend à penser.
Peut-être aussi, comme le pensent quelques-uns, est-il dans la nature des choses que les études des anatomistes rencontrent toujours en ces matières une ou plusieurs inconnues, et cela même serait déjà un fait important à constater.
Pour suivre à présent l’ordre des principales parties de la Philosophie, on pourra le borner pour la Logique au fameux Art de penser, par les illustres Solitaires de Port-Royal, à la Logique de Crousaz, à l’introduction à la Logique & à la Métaphysique, par M.
Non-seulement la fermentation qui prépare un orage agit sur notre esprit, de maniere qu’il devient pesant et qu’il nous est impossible de penser avec la liberté d’imagination qui nous est ordinaire, mais cette fermentation corrompt même les viandes.
On voit fréquemment dans la campagne de Rome un phénomene qui doit obliger de penser que l’altération de l’air y vient d’une cause nouvelle, c’est-à-dire, des mines qui se seront perfectionnées sous la superficie de la terre.
Que penser de ces systêmes de poësie, qui, loin d’être fondez sur l’expérience, veulent lui donner le démenti, et qui prétendent nous démontrer que des ouvrages admirez de tous les hommes capables de les entendre depuis deux mille ans, ne sont rien moins qu’admirables.
L’homme de génie dont je viens de parler avoit conçû par la seule force de son imagination que le spectacle pouvoit tirer du pathetique, même de l’action muette des choeurs, car je ne pense pas que cette idée lui fut venuë par le moïen des écrits des anciens, dont les passages qui regardent la danse des choeurs n’avoient pas encore été entendus, comme nous venons de les expliquer.
Et penser que je lui ai tout donné à cet homme, tout, tout !
La bonne imitation, a dit Laveaux, est une continuelle invention. » Ceci est net, je pense, et il faut qu’on nous ait lu bien légèrement pour ajouter : « Comme M.
Il est même permis de penser que n’étant plus compliqués d’affections sociales, les sentiments religieux prendront plus d’intensité, tout en conservant leur heureuse influence.
Elle ressemble trop à une abeille, enivrée de lumière, qui ne penserait pas à enfoncer sa trompe dans la fleur… C’est pour cela, sans doute, qu’il est superficiel, quoiqu’il soit très sensible.
Quoiqu’il fût né à Bâle, à quelques lieues de la frontière de France, nous ne connaissions pas plus Hebel que s’il avait été quelque poète norvégien ou danois, un de ces vaporeux génies des Fiords solitaires, comme il y en a, sans nul doute, de perdus, excepté pour Dieu seul, qui les écoute penser, dans ces pays silencieux où les neiges polaires semblent assourdir jusqu’aux pas de la Gloire, et où Byron mourrait sans écho comme Manfred !
L’un des plus grands de ce siècle, et qu’on n’accusera pas, tout poète qu’il fut, de manquer du sens profond de la réalité, — car c’est précisément ce sentiment incomparable qui fit le plus pur de sa gloire, — Walter Scott avait pensé toute sa vie à traiter le sujet qui a tenté Louandre, et sur ses derniers jours il écrivit, trop à la hâte, hélas !
Ou encore (dans Muezzin) : Vous pensiez aux jours de courte durée, Qui laissent en nous si longs souvenirs ; À l’espoir qui passe en robe dorée.
Enfin, pour connaître l’esprit de ce temps-là, il ne sera pas inutile d’observer que Paul Jove loue avec transport ce Pic de La Mirandole, l’homme de l’Europe, et peut-être du monde, qui à son âge eût entassé dans sa tête le plus de mots et le moins d’idées ; qu’il n’ose point blâmer ouvertement ce Jérôme Savonarole, enthousiaste et fourbe, qui déclamant en chaire contre les Médicis, faisait des prophéties et des cabales, et voulait, dans Florence, jouer à la fois le rôle de Brutus et d’un homme inspiré ; qu’enfin il loue Machiavel de très bonne foi, et ne pense pas même à s’étonner de ses principes : car le machiavélisme qui n’existe plus sans doute, et qu’une politique éclairée et sage a dû bannir pour jamais, né dans ces siècles orageux, du choc de mille intérêts et de l’excès de toutes les ambitions joint à la faiblesse de chaque pouvoir, fait uniquement pour des âmes qui suppléaient à la force par la ruse, et aux talents par les crimes, était, pendant quelque temps, devenu en Europe la maladie des meilleurs esprits, à peu près comme certaines pestes qui, nées dans un climat, ont fait le tour du monde, et n’ont disparu qu’après avoir ravagé le globe.
Tels étaient mes sentiments et tels ils sont encore, quand j’y pense, envers le changement contre nature et contre justice de dynastie en 1830. […] Je le prierai sans cesse ; lui seul peut dessiller vos yeux et vous faire sentir qu’un cœur qui l’aime véritablement n’est pas si vide que vous semblez le penser. […] Je regarde ces grandes montagnes qui me séparent de ce que j’aime, et je pense, comme Caraccioli, qu’une petite chambre à un troisième étage à Paris vaut mieux qu’un palais à Naples.
« Adieu, soyez heureux et pensez à moi. […] La nature ne fait pas de ces hommes assez dévoués à la vertu pour écrire gratuitement des contre-vérités qui les feront passer éternellement pour des scélérats ; la nature ne crée pas non plus des hommes assez monstrueux (surtout quand ces hommes sont les plus hautes et les plus saines intelligences de leur siècle) pour penser, pour écrire et pour signer des théories de crimes qui les dévoueront à l’exécration de la postérité. […] Cela est pensé par l’âme du Tacite florentin, écrit à la façon de Bossuet par le vigoureux génie de San-Casciano.
L’être vivant ne vit pas d’abord pour penser : encore faut-il auparavant qu’il vive, primo vivere. […] L’explication est peu plausible, d’autant que les oreilles des lapins, qui n’en pensent pas si long, rougissent elles-mêmes sous l’influence de l’émotion, il est bien plus raisonnable d’admettre, avec Wundt, que toute émotion, excitant vivement le cœur, produit dans les vaisseaux de la tête une réaction due à l’accélération des battements cardiaques. […] Auguste Comte a eu raison de dire qu’on se fatigue de penser ou d’agir, jamais d’aimer.
Mais, pensai-je alors, tant de délicatesse, tant de grâces, cette peinture si attachante de mœurs qui nous donnent l’idée du peuple le plus poli, le plus moral et le plus spirituel de la terre, et qui nous inspirent l’envie d’aller chercher le bonheur près de lui ; tout cela, pensai-je, est-il bien dans l’original indien ? […] Pense-t-on obtenir le croissant délié de la nouvelle lune, lorsque, le cou tendu et le regard fixe, on ne peut détourner les yeux de sa splendeur argentée ?
Il seroit à souhaiter qu’il eût quelquefois mieux caché sa façon de penser sur certaines matieres, & qu’il eût respecté tout ce qui est respectable. […] La raison de mon silence est que je pense à peu près sur les piéces de cet ingénieux philosophe comme M. de la Harpe. […] Sans prétendre régler les rangs de cette foule de concurrens qui se sont présentés tour-à-tour, voici ce que je pense sur chacun d’eux d’après Mr.
il se trouve que cet affreux mari n’est pas aussi noir, aussi blasé, aussi sceptique qu’il en a l’air, et qu’après avoir pensé, parlé et agi comme un roué du dix-neuvième siècle (les plus pitoyables de tous), il vient un instant où il pense, parle et agit comme M. […] Cela est bientôt dit ; par malheur, quand vous aurez prouvé que quiconque se mêle encore de penser, de parler et d’écrire, est un idéologue, on vous répondra : Tant mieux pour l’idéologie ! […] Voilà ce que dirait, — j’y pense avec ennui, — Le flatteur d’autrefois au flatteur d’aujourd’hui. […] que ces hommes, résignés à leur retraite, mais fidèles à leurs affections, feraient de ces œuvres où se retrempe leur gloire et où s’abrite leur loisir, le démenti de tout ce qu’ils avaient aimé, pensé, cru, essayé, regretté ? […] Ozaneaux tomba ; la question nègre n’était probablement pas mûre ; on ne pensait pas alors, tant les novateurs littéraires avaient corrompu le goût !
Si les écrivains veulent inventer, il faut qu’ils regardent non les livres et les salons, mais les événements et les hommes ; la conversation des gens spéciaux leur est plus utile que l’étude des périodes parfaites ; ils ne penseront par eux-mêmes qu’autant qu’ils auront vécu ou agi. […] Addison choisit souvent pour lieu de promenade la sombre abbaye de Westminster, pleine de tombes. « Il se plaît à regarder les fosses qu’on creuse et les fragments d’os et de crânes que roule chaque pelletée de terre », et considérant la multitude d’hommes de toute espèce qui maintenant confondus sous les pieds ne font plus qu’une poussière, il pense au grand jour où tous les mortels, contemporains, apparaîtront ensemble919 » devant le juge, pour entrer dans l’éternité heureuse ou malheureuse qui les attend. […] Le rhythme régulier mutile l’élan de l’invention naturelle ; les nuances de la vision intérieure disparaissent ; nous ne voyons plus une âme qui pense ou sent, mais des doigts qui scandent : la période continue ressemble aux ciseaux de La Quintinie, qui tondent tous les arbres en boule, sous prétexte de les orner. […] Ils me firent penser à ces airs célestes qui accueillent les âmes envolées des justes à leur entrée dans le paradis pour effacer le souvenir de leur récente agonie et les préparer aux plaisirs de ce lieu bienheureux.
Or je ne pense pas que la méthode évolutive et la critique impersonnelle puissent retenir, comme significatifs, plus de cinq ou six de ces auteurs, ni plus d’une vingtaine de ces ouvrages. — C’est par centaines que le XIXe siècle compte ses dramaturges, et c’est par milliers qu’il compte leurs comédies. […] On est amusé par les faits et gestes des conjurés, indépendamment de ce qu’ils pensent et de l’objet qu’ils poursuivent : et, dès lors, on est seulement amusé, rien de plus, et encore assez doucement. […] Nous n’avons pas, je pense, à nous prononcer sur cet incident purement commercial. » Et le docteur Triceps : « … Dois-je ajouter que notre collègue Barbaroux s’est toujours montré un boucher d’une loyauté parfaite envers ses clients civils et que, s’il est vrai qu’il a vendu des viandes corrompues, ça n’a jamais été qu’à des militaires, dont je m’étonne que les estomacs soient devenus tout d’un coup si intolérants, et à des pauvres, ce qui n’a pas d’importance. » Ainsi encore le maire : « L’épidémie n’a pas atteint d’officiers, heureusement ! […] Les bourgeois, disait Flaubert, sont ceux qui pensent bassement.
Devant la table, est un grand fauteuil portugais, en palissandre massif et recouvert d’un velours rouge ; ce meuble puissant fait penser de suite à l’écrivain qui s’y assied et s’y trouve à l’aise. […] On aurait pu penser que M. […] Il semble pourtant que chacun a le droit de dire ce qu’il pense, et peut le dire sans forfaire à l’honneur. […] … Mais restons dans les temps modernes : nous trouvons que Villon, Rabelais et bien d’autres pensaient, comme M.
On se perd dans les horizons du passé, on rêve aux choses ensevelies, on pense tout haut, on feuillette du souvenir les vieux chefs-d’œuvre, on retrouve et on retire de sa mémoire des citations, des fragments, des morceaux de poèmes, pareils à des membres de Dieux, sortant d’une fouille dans l’Attique. […] Parce qu’il donnait des pensions pour qu’on le chantât…. […] * * * — Une religion sans surnaturel, — cela me fait penser à une annonce que j’ai lue, ces années-ci ; dans les grands journaux : vin sans raisin. […] En revenant sur la route de Versailles, par une belle nuit froide, Sainte-Beuve, en son paletot gris déboutonné et son gilet chamois, — il affectionne les couleurs claires, jeunettes, printanières, — Sainte-Beuve marchant d’un pas nerveux, presque rageur, nous entretient de l’Académie qui n’est pas, dit-il, ce qu’on pense.
Il est vrai que dans ce début le poète semble moins occupé de la fuite et de la rapidité du sentiment que de la fragilité même de la beauté ; il pense à des attraits positifs, à une forme, à un visage, à ce que la poésie du Midi, celle de Rome et de la Grèce a surtout considéré.
Depuis lors, je garde fidèlement le souvenir de mon ami, mais je ne pense plus à mon discours.
Amoureux de notre littérature et voulant y prendre pied au nom de la sienne, il a pensé qu’à sa poésie un peu de moucheture et de bigarrure ne messiérait pas, et que quelques grains d’Émile Deschamps ou d’Alfred de Musset, à la surface, ne seraient qu’un piquant de plus comme pour de certaines beautés.
Ce serait, au contraire, cette réflexion même qui devrait conduire à penser qu’il faut éloigner de toutes les affections de l’âme, jusqu’à l’égoïsme du sentiment.
Ysaye, le pianiste, quelques parents lointains dans une voiture avec Mme Jules Laforgue, Paul Bourget, Fénéon, Moréas, Adam et moi ; et la montée lente, lente à travers la rue des Plantes, à travers les quartiers sales, de misère, d’incurie et de nonchalance, où le crime social suait à toutes les fenêtres pavoisées de linge sale, aux devantures sang de bœuf, rues fermées, muettes, obscures, sans intelligence, la ville telle que la rejettent sur ses barrières les quartiers de luxe, sourds et égoïstes ; on avait dépassé si vite ces quartiers de couvents égoïstes et clos où quelques baguettes dépouillées de branches accentuent ces tristesses de dimanche et d’automne qu’il avait dites dans ses Complaintes, et, parmi le demi-silence, nous arrivons à ce cimetière de Bagneux, alors neuf, plus sinistre encore d’être vide, avec des morts comme sous des plates-bandes de croix de bois, concessions provisoires, comme dit bêtement le langage officiel, et, sur la tombe fraîche, avec l’empressement, auprès du convoi, du menuisier à qui on a commandé la croix de bois et qui s’informe si c’est bien son client qui passe, avec trop de mots dits trop haut, on voit, du fiacre, Mme Laforgue riant d’un gloussement déchirant et sans pleurs, et sur cet effondrement de deux vies, personne de nous ne pensait à la rhétorique tumulaire6. » Jules Laforgue représente le type accompli de l’intellectuel en 1880.
En d’autres termes, un peuple n’adopte des façons de sentir et de penser étrangères que si elles répondent à des aspirations qui existent déjà chez lui.
« Si la psychologie, dit-il276, étudiait les affections et opérations au lieu des facultés, et réglait son langage en conséquence, il semble qu’on se débarrasserait d’un bon nombre de questions embarrassantes parmi lesquelles il faut mettre la controverse sur la liberté de la volonté, ce qui est littéralement la liberté d’une non-existence. » La question examinée de près se réduit, suivant l’auteur, à se demander, non pas si nous sommes libres d’agir dans certains cas comme il nous plaît, — car personne, je pense, ne conteste que nous le soyons ; — mais s’il y a des causes régulières qui nous mettent en état de « vouloir » agir comme nous agissons.
Leur admiration & leur suffrage ne se reglent que sur les rapports qu’on a avec leur façon de penser.
Or il s’agissoit de savoir par où Corneille & Racine devoient être caractérisés ; & après avoir vu ce que les Critiques ont pensé sur ce sujet, j’en suis revenu au mot de M. le Duc de Bourgogne ».
Racine en eut du scrupule : il s’en ouvrit à Despréaux, qui lui conseilla de ménager davantage des gens dont il avoit autrefois embrassé les idées, & dont il pourroit reprendre un jour la façon de penser.
Les prétentions des bienfaiteurs n’autorisent jamais l’oubli des bienfaits ; & c’est à quoi ne pensa point assez l’abbé Desfontaines, qui déchiroit indifféremment & impitoyablement tous les auteurs, témoin le célèbre Piron*.
N’oublions pas surtout ce trait qui donne tant à penser : … Fait périr maint bateau ; Le tout au sujet d’un manteau.
Qu’on nous permette de penser qu’il y a quelque chose de plus intéressant, de plus grave, de plus semblable à la condition humaine, dans un poème qui aboutit à l’infortune, que dans celui qui se termine au bonheur.
Pensez-vous que de ces sommets de l’art, le jeune homme redescende sur la terre, oublieux de ces grandioses visions ?
Et ces sept ans employés à l’Académie à dessiner d’après le modèle, les croyez-vous bien employés, et voulez-vous savoir ce que j’en pense ?
Mais ici je reconnais l’éternel bas-bleu et sa pose… et je pense au vers de la comédie : Ce n’est en se vantant de l’une, … qu’on a l’autre !
Pensez-y donc !
On y pense toujours quand on lit une œuvre traduite.
Je savais bien que dans quelque élucubration du philosophe qui un jour s’est réclamé, comme beaucoup de bâtards, de deux pères aussi différents qu’Hegel et Condillac, je ne rencontrerais jamais le métaphysicien transcendant, original et limpide ; mais l’ennuyeux, je n’y avais jamais pensé.
Tout d’abord nous avions pensé que cet envoi direct était une marque de sympathie et d’entente.
Les philologues et les philosophes ont pensé communément que dans ce qu’on appelle l’état de nature, les familles n’étaient composées que de fils ; elles le furent aussi de serviteurs ou famuli, d’où elles tirèrent principalement ce nom.
C’est ainsi que pensaient et Molière et Regnard ; Mais notre romantisme a brisé ces barrières, Confondu tous les goûts, les styles, les manières.
Tout son plaisir fut de penser qu’il y avait un service à rendre, et qu’il le rendait. « Celui qui a la vérité de son côté, dit-il, est un sot aussi bien qu’un lâche, quand il a peur de la confesser à cause du grand nombre des opinions des autres hommes. […] Ne pensez-vous pas qu’elle l’est ? […] monsieur, je ne crains pas, avec le secours de la grâce de Dieu, qu’aucune marque de bonté me fasse jamais oublier ce que je dois à mon honneur ; mais ma nature est trop franche et ouverte pour me faire souhaiter d’être ingrate, et si je devais connaître une pensée que je n’ai point encore apprise, avec quel regret descendrais-je dans mon tombeau de penser que je ne saurais haïr l’auteur de ma perte, et qu’au grand dernier jour je dois me lever comme accusatrice de la pauvre malheureuse âme que je souhaiterais pouvoir sauver1044 ! […] Vous racontez à la fin de Clarisse la punition de tous les méchants, grands ou petits, sans en épargner un seul ; le lecteur rit, dit que les choses se passent autrement dans le monde, et vous invite à insérer ici, comme Arnolphe, la peinture « des chaudières où les âmes mal vivantes vont bouillir en enfer. » Nous ne sommes point si sots que vous le pensez. […] » Il pleure comme un enfant en pensant à elle ; il l’écoute comme ferait un petit enfant. « Je répète ses propres paroles, car il m’arrive ordinairement de retenir ce qu’elle dit. » Il s’habille en cachette lorsqu’il est obligé de partir pour son régiment, et, « chantant, sifflant, se secouant, essayant toutes les façons de ne pas penser », il s’enfuit pendant qu’elle dort, parce qu’il ne saurait soutenir ses larmes.
Qui nous émeut nous charme et nous fait penser. […] Ils penseront ensuite. […] Balzac pense à l’espion, au mouchard. […] Mais il est un poète d’un genre spécial et que Platon, je pense, n’aurait banni de sa République. […] » Mais aussitôt je pense à Voltaire et il me vient certains doutes.
Les principes de sa politique et de sa morale ne lui auraient jamais permis d’associer aux enseignes de la liberté celles des brigands et des assassins. « Voici à ce propos, me disait, l’autre jour, l’ami que j’ai cité en commençant, ce que pensait le héros du Nouveau Monde. […] Madame de Staël n’a jamais plus de talent que lorsqu’elle abandonne son système ; et ce qu’elle sent est toujours plus vrai que ce qu’elle pense. […] Les grands poètes ne pensent pas comme elle ; il faut se borner dans le choix des exemples ; je n’en citerai qu’un seul. […] Mais est-ce assez pour justifier l’opinion de ceux qui Pensent faire agir Dieu, les saints et les prophètes, Comme les Dieux éclos du cerveau des poètes ? […] Il pensait en détail, si on peut parler ainsi, et ne s’élevait point assez haut pour trouver ces idées premières qui font penser toutes les autres.
En face de cette école des constitutionnistes dont Sieyès était le grand prêtre et qui pensait qu’une bonne constitution écrite pouvait s’appliquer immédiatement à un peuple quelconque, l’auteur du Sentiment réclamait pour le caractère profond, historique et presque divin, de toute institution sociale ayant racine dans une nation. […] Une doctrine de conciliation si haute en des instants si irrités ne fut que peu saisie, comme bien l’on pense, et, auprès du petit nombre de ceux qui la comprirent, elle ne fut accueillie ni dans un camp ni dans un autre. […] Ballanche connut de bonne heure à Lyon Fourier, auteur des Quatre Mouvements ; mais il entra peu dans les théories et les promesses de ce singulier ouvrage, publié en 1808 ; aujourd’hui il se contente d’accorder à l’auteur une grande importance critique en économie industrielle, et de penser avec lui en des termes généraux que l’homme a pour mission terrestre d’achever le globe.
Au reste, dès qu’on veut peindre cette passion identique et une en tous les âges, il n’y a pas de choix : il faut passer par les mêmes traits, revenir sur les mêmes symptômes ; et c’est toujours le cas de s’écrier avec la Religieuse portugaise, dans ce conseil éperdu qu’elle donnait à son trop raisonnable amant : « Mais avant de vous engager dans une grande passion, pensez bien à l’excès de mes douleurs, à l’incertitude de mes projets, à la diversité de mes mouvements, à l’extravagance de mes lettres, à mes confiances, à mes désespoirs, à mes souhaits, à ma jalousie ! […] Et peut-être qu’elle-même, en disant ces choses, elle en subissait l’illusion, elle croyait les penser et les sentir. […] Ma beauté commença à fondre ; je ne pensai plus à cette fête, et je ne sais comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea ; je restai gisante sur ma couche dix jours et dix nuits.
Les philosophes, même les plus sublimes, peuvent créer une philosophie, agiter par leur science le siècle qu’ils honorent : ils font penser, ils ne font pas croire. […] Thiers ne pense pas assez à elle. […] Nous ne saurions trop le répéter : le récit est admirable, mais un récit doit faire penser.
Maintenant, que faut-il penser d’une unité de composition mentale qui serait vraiment qualitative ? […] Quand nous disons qu’une sensation nous paraît une et simple, cette prétendue affirmation est au fond une négation : nous voulons dire que nous ne voyons pas les éléments de cette sensation, s’ils existent, que nous ne les pensons pas à part, que nous ne les discernons pas ; il n’en résulte nullement qu’ils n’existent point et que ce qui est indécomposé dans la sensation soit absolument indécomposable. […] Sentir n’est pas nécessairement penser, juger, prononcer sur le même et l’autre, classer, systématiser ; appréhender n’est pas comprendre.
De 1815 à 1830 la liberté de tribune, la liberté de penser et la liberté d’écrire avaient relevé la nation de ces champs de bataille où elle avait trébuché à son tour et où elle gisait toute mutilée dans sa gloire et dans son sang. […] Crois-tu fonder ainsi une civilisation pensante sur le chiffre qui ne pense pas ? […] Lis avec moi maintenant ces pages de ton poète favori, pour apprendre de lui comment on délire avec grâce, et déchires-en ensuite plus de la moitié, pour apprendre qu’on ne doit chanter que ce qui est digne d’être pensé, et que la littérature de l’âme est plus impérissable que la littérature des sens.
La logique est l’art de penser juste, ou de faire un usage légitime de ses sens et de sa raison, de s’assurer de la vérité des connaissances qu’on a reçues, de bien conduire son esprit dans la recherche de la vérité, et de démêler les erreurs de l’ignorance ou les sophismes de l’intérêt et des passions : art sans lequel toutes les connaissances sont peut-être plus nuisibles qu’utiles à l’homme, qui en devient ridicule, sot ou méchant. […] J’ai placé cette étude après la logique, qui s’occupe des mots, de leurs acceptions, de leur ordre dans la proposition, et de l’ordre de la proposition dans le raisonnement, parce que la grammaire générale raisonnée n’est qu’une application trèssubtile de la logique, ou de l’art de penser, à la grammaire ou à l’art de parler. » Livres classiques de la sixième classe. […] La langue grecque ayant beaucoup influé sur le latin, et la grammaire en étant un peu plus difficile, on pense communément que c’est par cette étude qu’il faut commencer ; mais l’étudiant n’étant plus un enfant, ayant le jugement fait et la tête meublée d’une assez bonne provision de connaissances élémentaires en tout genre, il est temps qu’il médite et qu’il réfléchisse.
Bien avoit sentiment et connoissance le roi de France que ses gens étoient en péril, car il voyoit ses rangs ouvrir et s’ébranler, et bannières et étendards trébucher et reculer, et par la force de l’ennemi reboutés ; mais par fait d’armes il les pensa bien tous recouvrer. […] Mais Froissart, qui s’est écarté, rentre bientôt après dans son sujet, et par une réflexion assez piquante : « Ainsi adviennent souvent, dit-il, les fortunes en armes et en amours, plus heureuses et plus merveilleuses qu’on ne les pourroit ni oseroit penser et souhaiter. » Il se répète sensiblement en cet endroit, et a quelque peine à se remettre en train ; il recommence plus d’une fois à reprendre haleine ; on dirait qu’on est avec lui dans le flux et le reflux de la mêlée.
Je dirai presque qu’après avoir lu ces pages sur la mort de son vieil instituteur, on, ne peut s’empêcher de penser que Tocqueville avait la sensibilité trop vive et trop tendre, le cœur trop gros pour un philosophe. […] Dans ses lettres, il pense et ne s’applique pas, et c’est ce qui en fait le charme.
La phrase suivante fait tache à mes yeux dans la première lettre de Louis Lambert à Mlle de Villenoix : « J’ai dû comprimer bien des pensées pour vous aimer malgré votre fortune, et pour vous écrire en redoutant ce mépris si souvent exprimé par une femme pour un amour dont elle écoute l’aveu comme une flatterie de plus parmi toutes celles qu’elle reçoit ou qu’elle pense. […] mais y pensez-vous ?
Dante, en lui conférant cet honneur, pensait assurément à ce vers si tendre, si pieux pour leur guide commun, Virgile. […] Certes, M. le duc d’Orléans en son lieu, avec tout ce qu’on en voudra écrire ou penser de plus flatteur ; M.
On n’a qu’une phrase de lui qui donne suffisamment à penser et qui révèle la teinte à la direction de ses sentiments durant les orages de sa première jeunesse : « Quelques années se passèrent, dit-il (à ce métier des armes) ; vif et sensible au plaisir, j’avouerai, dans les termes de M. de Cambrai, que la sagesse demandoit bien des précautions qui m’échappèrent. […] Béranger, au contraire, avait fort remarqué ce passage, et il s’amusait quelquefois à taquiner M. de Chateaubriand sur ce que ses petits neveux les romantiques pensaient de lui.
Enfin, comme il est arrivé dans les épopées cycliques, où l’on a remonté les temps en passant des fils aux pères, le drame de la nouvelle loi a suscité le drame de l’ancienne loi : on pense que le Mystère du Vieil Testament s’est organisé sous l’influence de la Passion de Gréban. […] Les querelles religieuses du xvie siècle, comme on peut penser, eurent leur écho au théâtre : sur 59 moralités que catalogue M.
Il y a des fragments de La Bruyère qui font penser à des excentricités de dessinateur en gaieté. […] Remontant, comme fait Platon, aux principes premiers et évidents, il ramène l’éloquence de la chaire à l’éloquence en général, et de là il passe aux beaux-arts, pour chercher son principe dans une théorie contestable et dangereuse : il pense que l’œuvre d’art doit avoir un but moral.
C’est que la femme est toujours esclave, esclave de ses parents, esclave des bienséances, esclave de son mari ; et Tullie, qui pense ainsi, revendique pour elle et ses compagnes d’infortune une émancipation complète. […] » — Et toujours courant et gambadant : « C’est que sous les rois ce sont les femmes qui gouvernent, et ce sont les hommes sous les reines. » Le règne des favorites en France a prouvé la justesse de cette boutade, et, sans parler des Maintenon ou des Diane de Poitiers qui ont, chacun le sait, inspiré, commandé, suscité des œuvres conformes à leurs préférences, il y a des temps où les hommes féminisés subissent un ascendant qui, pour être doux et insinuant, n’en modifie pas moins leur façon de penser et d’écrire.
Jourdain avant lui, pense que les millions de la bourgeoisie sont faits pour redorer les blasons déteints. […] Je n’ai pas de point de comparaison, n’ayant jamais donné qu’à toi. » Il insiste, il voudrait savoir si elle a jamais pensé à un autre, elle le rassure ; mais ce n’est point son cœur, c’est sa fierté qu’elle prend à témoin.
Il s’écrie : Oui, oui, j’y ai souvent pensé ! […] Collective, c’est plutôt à penser.
La chair à canon pense. […] Celui par qui l’on pense, voilà le vrai conquérant.
Il a voulu qu’on pût toujours reconnoître à leur maniere de penser & de parler, qu’ils étoient nés sous un autre ciel que le nôtre. […] Racine le fils n’a pas pensé comme le premier traducteur de Milton ; il a fait entrer toutes ses beautés & tous ses défauts dans la nouvelle version qu’il nous a donnée de ce Poëte sous ce titre : le Paradis perdu de Milton, traduction nouvelle, avec des notes, la vie de l’Auteur, un discours sur ces Poëmes, les remarques d’Addisson, & à l’occasion de ces remarques, un discours sur le Poeme epique, en trois volumes in-8°. 1755.
Vous pensez bien que je ne vais pas définir une chose aussi concrète, aussi constamment présente à l’expérience de chacun de nous. […] Ainsi se complète la conclusion où nous arrivions d’abord ; car si, comme nous le disions, la conscience retient le passé et anticipe l’avenir, c’est précisément, sans doute, parce qu’elle est appelée à effectuer un choix : pour choisir, il faut penser à ce qu’on pourra faire et se remémorer les conséquences, avantageuses ou nuisibles, de ce qu’on a déjà fait ; il faut prévoir et il faut se souvenir.
Maintenant, je pense aller bientôt prophétiser aux bords du Cocyte et de l’Achéron. » Puis, excité par les reproches du chœur, que troublent ces paroles, le délire mélancolique de Cassandre devient plus expressif encore : « Déjà, dit-elle, la prophétie ne regarde plus, à travers les voiles, comme une jeune fiancée : mais elle se découvre tout éclate tante et pressée de paraître à la pleine lumière du soleil levant. » Alors commence et se précipite à torrent tine nouvelle prédiction de la captive sur Agamemnon, sur Clytemnestre, sur Oreste et sur elle-même. […] Quel intérêt n’aurait pas pour nous, postérité lointaine, un témoignage décerné à l’historien Hérodote par ce même Sophocle, dont Thucydide a cité le nom dans les incidents de la guerre du Péloponèse, sans paraître même penser à son génie poétique !
Bien que Villars semblât suffisamment connu, j’ai pensé qu’il y avait lieu de se servir, en sa faveur, des pièces positives et authentiques imprimées depuis quelques années, pour rétablir et maintenir les grandes lignes de son mérite réel, dans lequel laissaient comme une brèche ouverte les jugements de Saint-Simon et de Fénelon20.
Dans son jugement de Rhadamiste, qui parut en brochure, le critique, après avoir reconnu qu’il y a dans la pièce des traits hardis, heureux, et des situations intéressantes, se met à la suivre scène par scène et à démontrer les invraisemblancesk, les incohérences du sujet, l’action peu liée, les caractères peu soutenus ; il n’en laisse à peu près rien subsister : Enfin, dit-il, je n’ai pas d’idée d’avoir jamais lu une tragédie plus embarrassée, plus fausse, et moins intelligible ; j’ai l’avantage de pouvoir dire ici tout ce que je pense, sans crainte de faire tort à l’auteurl ; car, ou je m’égare dans le jugement que j’expose, et en ce cas le public le vengera de moi, ou le public déférera à mes remarques, et en ce cas même il en rejaillira beaucoup de gloire à M. de Crébillon : on estimera à la vérité un peu moins sa pièce, mais il paraîtra d’autant plus grand, qu’il aura mieux trouvé l’art de fasciner les esprits, en leur cachant les défauts de sa tragédie à force de splendeur et de magnificence.
On ne peut s’empêcher de penser, à bien regarder la situation de la France au sortir du ministère du cardinal de Fleury, que si le duc de Choiseul et Mme de Pompadour elle-même n’étaient venus pour s’entendre, et redonner quelque consistance et quelque suite à la politique de la France, la révolution, ou plutôt la dissolution sociale, serait arrivée trente ans plus tôt ; tant les ressorts de l’État étaient relâchés !
Condorcet, dans son bel éloge de Franklin, où perce toutefois une velléité de réticence, n’a pu s’empêcher de dire de ce dernier : « Il croyait à une morale fondée sur la nature de l’homme, indépendante de toutes les opinions spéculatives, antérieure à toutes les conventions ; il pensait que nos âmes reçoivent dans une autre vie la récompense de leurs vertus et de leurs fautes ; il croyait à l’existence d’un Dieu bienfaisant et juste, à qui il rendait dans le secret de sa conscience un hommage libre et pur. » Tel fut aussi Jefferson, tel Washington ; tels ont dû être, en effet, sur cette terre d’Amérique, en présence de cette vaste nature à demi défrichée, au sein d’une société récente, probe, industrieuse, où les sectes contraires se neutralisaient, tels ont dû être ces grands et stables personnages, nourris à l’aise, au large, sous un ciel aéré, loin du bagage des traditions, hors des encombrements de l’histoire, et dont pour quelques-uns, comme pour Washington, par exemple, l’éducation première s’était bornée à la lecture, l’écriture et l’arithmétique élémentaire, à laquelle plus tard il avait ajouté l’arpentage.
Desmarest pense que le parti de la Restauration a peut-être plus gagné à la mort de Moreau en 1813, qu’il n’a perdu à celle de Georges et de Pichegru.
Nous étions loin de regarder les quatre grandes lois, municipale, électorale, de la garde nationale et du jury, comme la conception définitive qui allait désormais régler et clore les destinées de l’humanité ; mais nous pensions qu’en s’appuyant là-dessus conformément à l’opinion du grand nombre, un gouvernement intelligent et fort aurait pu noblement vaquer à la double tâche qui lui était imposée, d’émanciper graduellement les classes pauvres et laborieuses, de favoriser et de garantir l’affranchissement des nations européennes.
Krishaber et le malade guéri de l’observation 38 vont même plus loin : ils pensent que le malade ne se trompe pas en croyant qu’il est un autre.
Le centenaire qui demande à vivre encore pour arranger ses affaires, prouve que l’homme ne pense pas à la mort et ne s’y prépare jamais ; les membres révoltés contre l’estomac prouvent que la plèbe romaine ne peut se passer du sénat.
Tout le monde a pensé, tout le monde a senti, tout le monde a vécu ces choses : personne, jamais, ne les avait dites.
Et en effet, aux environs de 1750, voici Montesquieu qui disparaît, sa tâche faite ; Voltaire, qui va chercher hors de sa patrie un asile où il puisse dire librement ce qu’il pense ; Rousseau, qui entre dans la gloire par un coup de foudre ; Diderot, qui se fait mettre en prison pour son début dans la littérature philosophique ; Buffon, qui publie les trois premiers volumes de son Histoire naturelle ; l’Encyclopédie, cette énorme machine de guerre, qui commence à battre en brèche les remparts croulants de l’ancien régime.
Mais que penser de ces Philosophes qui, aussi peu convaincus que zélés pour convaincre les autres, ne sacrifient qu’à l’orgueil de leurs prétentions & aux intérêts de leur existence, la simplicité de ceux qui les écoutent, la crédulité de ceux qui adoptent leurs principes, & la stupidité de ceux qui les réverent & les protégent ?
Mais l’auteur préféra la gloire à toutes les richesses qui lui furent offertes, & brava celui qui l’avoit cru capable de penser autrement.
Tous les citoyens devant être appelés à coopérer aux jugements criminels, vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ceux qui seront obligés de remplir ces redoutables fonctions n’aient, avec le développement des opinions actuelles, une répugnance invincible à prononcer le sinistre arrêt qui va priver de la vie un de leurs semblables, et le jeter ainsi tout à coup en la présence de Dieu ; vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ces citoyens d’une haute conscience ou d’une conscience timorée, secouant, comme on est disposé à le faire, le joug de l’autorité, et se croyant ainsi le droit d’examiner les limites du pouvoir de la société, lui refusent ou lui contestent celui d’ôter irrévocablement le repentir au coupable, et peut-être, chose affreuse à penser !
Rhéteur, déclamateur, et par-dessus imitateur, — imitateur avec bassesse, — n’ayant ni une idée supérieure, ni entrailles, ni sincérité d’aucune sorte, il ne fut pas même à la rigueur un honnête homme pour ceux-là qui pensent que les grandes pensées viennent du cœur.
Ce qui me fait penser à Montesquieu dans cette histoire, c’est quelque chose que j’y trouve de l’impartialité élevée de Montesquieu.
Lessing avorté, qui n’eût pas pensé une ligne du Nathan ni écrit une page du Laocoon, qui domina, non !
Nous pensions et nous espérions que l’on sortirait de l’éloge confus et de la petite explication à ras de terre, pour pénétrer dans cette haute valeur intellectuelle, dans le mystère de ce talent, et pour nous le faire bien comprendre ; Adrien Destailleur semblait un commentateur digne de La Bruyère.
J’augure très bien de ce jeune homme, et voici pourquoi : il se soucie plus de bien penser que de bien écrire, de montrer du bon sens que du style, ce qui est déjà très peu jeune homme, et malgré son inexpérience et sa méprise de respects pour des gens qu’il apprendra promptement à juger et qu’il saluera moins bas plus tard, il ne manque vis-à-vis de son sujet ni de hardiesse ni d’indépendance.
Cela lui apprit tard la fatuité : « Le plus beau jeune homme de la terre — dit-il — « n’a jamais que vingt-quatre heures d’avance sur moi. » Du reste, il n’avait jamais aimé les femmes, et il avait pour elles un mépris qu’il ne pensait pas à recouvrir d’ironie.
« Quoi qu’en puissent penser les Machiavel !
« Je ne pense pas — nous dit-il — que la poésie meurt, mais je suis fermement convaincu qu’elle s’endort, et je n’espère pas assister à son réveil.
Et ce n’est pas le front radieux devenu pensif, la lèvre rieuse devenue souriante, qui pensent et chantent tant de vers comme ceux-ci : Le cœur, lys éternel, fleurit dans tous les temps ; Le bonheur est un dieu qui vaut bien le printemps !
Tu n’es, pensions-nous, qu’un Tartufe d’amour-propre, et il y en a d’imbéciles.
Ponsard, auquel il fait penser, cet autre heureux aussi de la poésie contemporaine, et pour les mêmes raisons que M.
Lui, penser sincèrement à écrire un roman ?
Quelques critiques ont pensé que ce panégyrique n’avait été écrit qu’après la défaite du tyran Eugène.
Mais doit-on penser que ces premiers hommes, que ces géants, ces cyclopes, aient su endurer l’injustice.
Ces hommes se sont accoutumés à ne penser qu’à l’intérêt privé ; au milieu de la plus grande foule, ils vivent dans une profonde solitude d’âme et de volonté.
Il ne s’agit plus de bien penser ni de bien dire. […] Il est peut-être difficile de saisir ce qu’il pense du type de ces monuments gigantesques. […] Il pense que le temps des épopées héroïques est passé pour la France et pour l’Europe. […] Nous ne le pensons pas : les ouailles du presbytère exigent un dévouement plus assidu que le troupeau tout entier d’un diocèse. […] Je m’en tiens à ma première opinion, je pense que le style épique exige une correction plus grande que le style lyrique.
. — Penser une loi, c’est énoncer mentalement une proposition générale. […] [Introduction] I Jusqu’ici, nous n’avons étudié dans les idées générales que les idées générales elles-mêmes et la manière dont elles se forment, tantôt par extraction, tantôt par construction, soit que, dégageant de plusieurs faits ou individus semblables un caractère commun, nous le pensions à part au moyen d’un signe et que, par une série d’additions et de rectifications, nous faisions coïncider le contenu et l’extension de notre idée avec le contenu et l’extension du caractère qu’elle doit noter, soit que, ayant dégagé et pensé à part certains caractères généraux très simples, nous combinions entre elles les idées ainsi acquises pour en fabriquer des composés mentaux, sortes de moules préalables auxquels les composés réels aient chance de se trouver conformes, sortes de modèles préalables auxquels nous ayons envie de conformer les composés réels. — Il nous reste une seconde recherche à faire. […] Penser une loi, c’est lier ensemble deux idées générales ; en d’autres termes, c’est former un jugement général ; en d’autres termes encore, c’est énoncer mentalement une proposition générale. […] Pour nous, avec Leibniz et d’Alembert, nous inclinons à penser que, parmi les principes de la mécanique, plusieurs sont non seulement des vérités d’expérience, mais aussi des propositions analytiques.
Lundi 11 février Frantz Jourdain me communique la lettre d’acceptation de Rops, pour le comité du banquet, lettre chaudement sympathique, où je lis : « Il y a quelques jours, où je relevais mes anciens calepins de notes, de ces notes qu’on s’adresse à soi-même, j’y retrouve ceci : Dans le travail, lorsque par lâcheté, l’envie de faire du chic vous prend, et que l’on se sent glisser à la facilité et à la légèreté banale de l’exécution, penser aux Goncourt, à la sincérité, à l’honnêteté, à la droiture de leur œuvre. […] Ce soir, le sculpteur Lenoir se présente chez moi, avec deux journaux à la main, dont l’un dit que le banquet a lieu, dont l’autre dit qu’il n’a pas lieu, et demande à Pélagie, quel est le journal qui dit vrai, et je pense, un peu anxieusement, aux gens, qui vont avoir le nez cassé, à la porte du Grand-Hôtel. […] « Le gouvernement se devait à lui-même, mon cher maître, de s’incliner devant votre existence et devant votre œuvre ; et, si indifférent que vous soyez aux attestations officielles, il a pensé que vous ne refuseriez pas une distinction, que vous n’avez jamais sollicitée, que pour d’autres. […] Et comme je lui demande, un moment après, s’il a toujours aussi peu besoin de sommeil qu’autrefois, il laisse échapper qu’il dort moins que jamais, parce que, lorsqu’il se réveille, il pense à l’opération qui l’attend, et est dans l’impossibilité de se rendormir.
Ce n’est point de hauteur et d’autorité comme d’autres grands orateurs, ses rivaux, ce n’est point sur des majorités organisées et compactes qu’il agissait d’ordinaire, d’une parole tranchante et d’un geste décisif : lui, il persuadait, il s’insinuait, il avait faveur ; par la clarté spécieuse de ses exposés, par l’abondance et le flot accumulé et limpide de ses déductions, il amenait ceux mêmes qui ne se croyaient point de son groupe et de son armée à conclure comme lui, à agir et voter comme lui, et dans un sens où la plupart n’auraient point pensé être conduits d’abord.
Ce n’est pas un de ces sonnets savants, fortement pensés, habilement ciselés, comme Soulary sait les faire ; c’est un sonnet tendre et chaste : un souffle de Pétrarque y a passé.
Nous pensons que le professeur n’a pas senti toute la portée de cette réticence qui prouve qu’il ne se croit pas appelé à trouver cette solution, et qu’il pressent l’impuissance de la philosophie pour la lui révéler.
Goethe, si sagace et si ouvert à toutes les impressions qu’il ait été, jugeait un peu de travers et d’une façon très subtile notre jeune littérature contemporaine ; il y avait manque de proportion dans ses jugements ; ce qu’il pensait et disait là-dessus au temps du Globe, pouvait être précieux pour le faire connaître, lui, mais non pour nous faire connaître, nous.
Je ne sais si nous en sommes venus à penser comme ces vieillards ; mais, à fréquenter nos théâtres et à lire nos nouvelles, on le dirait quelquefois.
L’Institution française est vraiment une forte et grande chose : il y a une gravité soutenue de ton, un enchaînement sévère de raisonnements, une véhémence de logique, une phrase déjà ample, des expressions concises, vigoureuses et, si j’ose dire, entrantes, qui en plus d’un endroit font penser à Bossuet : à Bossuet logicien, je le veux, et non pas à Bossuet poète, mais enfin à Bossuet.
Loin de penser comme ce poète, je voudrais affirmer, en théorie de l’Art, cette vérité : L’âme est en devenir vers elle-même ; à tous les stades de son épanouissement, le moi ne peut être connu que par ses phénomènes, les idées, qui évoluent selon la durée, et le regard direct ou la conscience des spiritualistes n’a pour objet qu’une synthèse d’idées, elle aussi mouvante : nous ne sommes pas les mêmes, au plus profond de nous, dans l’adolescence et dans la vieillesse ; ce n’est point comme on l’a dit le voile qui se déchire ou retombe en lourds plis, ce n’est pas la conscience qui s’obscurcit ou s’éclaire, — c’est notre âme qui s’est renouvelée.
On peut assister dans la salle d’audience et cette étrange comédie de deux hommes qui, par fonction, accusent et défendent, avec une égale émotion, un individu sur lequel ils pensent souvent tout le contraire de ce qu’ils disent.
Luc, je le sais, a une tendance communiste très prononcée (comparez VI, 20-21, 23-26), et je pense qu’il a exagéré celle nuance de l’enseignement de Jésus.
Il en est d’autres, où, au lieu d’exprimer en son nom ce qu’il pense, ce qu’il sent, ce qu’il désire, il prend pour intermédiaires des personnages qu’il fait parler et agir et derrière lesquels il semble parfois s’effacer et disparaître.
Quand bien même nous ne serions pas assurés du suffrage des honnêtes gens, dont le nombre est plus grand qu’ils ne pensent ; quand nous ne serions pas dans le cas de compter sur la protection du Gouvernement indigné des désordres qu’ils ont introduits ; quand nous n’aurions pas des amis vertueux & zélés, capables de prendre notre défense & de nous soutenir contre l’oppression, nous aurions assez de courage pour leur dire : « Philosophes, nous vous redoutons peu ; sans ambition, sans désirs, sans prétention, qu’aurions-nous à craindre ?
Que penser, après cela, de ceux qui prétendent lui disputer ce titre ?
Ce qu’alloit penser & dire le public, l’effraya bientôt.
Ils ne pensent pas tout le bien qu’ils disent de leur ouvrage ?
Rien d’inattendu, de pensé, de montré à nouveau, rien qui sente l’homme ou cet être monstrueux, la philosophe, ou cet autre être déjà moins laid, mais qui n’est pas encore très beau, la femme littéraire !
Lorsqu’il les écrivait de ce style ferme, clair et sensé, que nous aimons à retrouver sous sa plume comme la preuve de la solidité du génie occidental que les mœurs stupéfiantes de l’hypertrophique Orient n’ont pu émousser, il se constituait à l’avance, puisqu’il pensait à écrire l’histoire, une grande autorité comme historien.
un chansonnier du Caveau dans la langue lyrique du xixe siècle, cet esprit profondément honnête (sa seule profondeur, du moins je le pensais !)
Il est pourtant un homme que cette histoire, qui ne changera rien à l’opinion et ne rallumera pas une renommée, a grandi infiniment sans le vouloir et sans y penser, quoiqu’il n’eût pas besoin d’être grandi pour être grand.
Peut-être ne trouverait-on pas, du cours à son livre, l’auteur du Tableau de la littérature avant Corneille et Descartes aussi différent de lui-même qu’on l’aurait pensé tout d’abord.
Il n’a jamais pensé à chercher dans la nature de l’homme la racine de cette singulière plante, empoisonnée peut-être, qui fleurit en éclatant sur les lèvres humaines !
Sous ce modeste titre d’Études biographiques sur la Révolution d’Angleterre 6, Guizot a publié un volume d’histoire qui aurait bien eu le droit, à ce qu’il me semble, quand on pense au nom et au talent de l’auteur, de porter un titre plus orgueilleux.
Quelles que soient ses opinions religieuses, il a pensé à la justice de Robertson.
Nous pensons comme elle.
Comprenant que l’ancienne inimitié de la France et de l’Autriche n’avait plus de raison pour exister, elle pensait, en regardant cette belle enfant, par l’éducation faite française, à opposer l’épouse, qui sauve tout, à ces maîtresses qui avaient tout perdu dans cette maison de Bourbon, l’humiliation vivante des Reines, et ainsi à relever, par les mœurs et par la famille, cette monarchie qui périssait par la famille et par les mœurs !
Je l’aime, cet auteur, quoique je ne pense pas toujours comme lui, et j’aime son livre pour les choses nouvelles et vraies qu’il y a mises, et quoiqu’il y ait quelques erreurs.
Comprenant que l’ancienne inimitié de la France et de l’Autriche n’avait plus de raison pour exister, elle pensait, en regardant cette belle enfant, par l’éducation faite française, à opposer l’épouse, qui sauve tout, à ces maîtresses qui avaient tout perdu dans cette maison de Bourbon, l’humiliation vivante des Reines, et ainsi à relever, par les mœurs et par la famille, cette monarchie qui périssait par la famille et par les mœurs !
Cette partie de sa vie qui a l’intérêt des romans où l’on a le mieux peint la lutte de l’homme contre les choses, le danger, l’obstacle, l’ennemi, fait regretter amèrement qu’aux jours difficiles où les gouvernements qu’il servit curent besoin de fortes épaules, sur lesquelles ils pussent s’appuyer, on n’eut pas pensé à la sienne.
Après la décapitation de d’Egmont, ce Ney de l’histoire hispano-flamande, — car Graveline et Saint-Quentin valent bien la Moscowa, — et pour qui, comme pour Ney, il y eut autant de raisons de pardonner que de condamner, Prescott rapporte toute entière cette lettre du duc d’Albe à Philippe II, que tant d’autres historiens auraient oubliée : « Votre Majesté comprendra le regret que j’ai eu de voir finir ainsi ce pauvre seigneur et de lui faire subir ce sort ; mais je n’ai pas reculé devant le devoir de servir mon souverain… Le sort de la comtesse m’inspire aussi une très grande compassion quand je la vois chargée de onze enfants dont aucun n’est assez âgé pour se suffire, et quand on pense à son rang élevé de sœur de comte palatin et à sa vie si vertueuse et si exemplaire, je ne puis que la recommander aux bonnes grâces de Votre Majesté. » Les bonnes grâces de Philippe II furent chiches.
L’auteur est mort, et ce livre fut sa vie… Il le pensa, mais debout ; il l’écrivit, mais en agissant, en observant, en se mêlant aux choses et aux hommes de son siècle.
J’ose penser… que, si les temps avaient été moins critiques, moins irritants, on n’aurait pas cru pouvoir consciencieusement me condamner à mort ni à de longues années d’une affreuse captivité.
Il pense à peu près les mêmes choses que M.
Ces étourdis d’hommes n’y avaient pas pensé !
Quand Goëthe ne pensait pas à « sa spirale », il disait honnêtement : « Si je voulais consigner par écrit la somme de ce qui a quelque valeur dans les sciences dont je me suis occupé toute ma vie, ce manuscrit serait si mince que vous pourriez l’emporter sous une enveloppe de lettre. » Toute l’histoire de la philosophie, qui en était, peut donc tenir sur une carte à jouer.
J’ose penser… que, si les temps avaient été moins critiques, moins irritants, on n’aurait pas cru pouvoir consciencieusement me condamner à mort ni à de longues années d’une affreuse captivité.
Cela est incroyable, mais cela est, et cela serait inexplicable, si l’on ne pensait à deux griefs pour lesquels il ne peut y avoir de pardon ni de miséricorde, aux yeux de la philosophie.
Il ne descend pas du coche, et, surtout, il n’a pas l’air d’en descendre… Quoique jeune, et très jeune, il a déjà publié deux volumes de vers : Chansons joyeuses et Poèmes de l’amour et de la mer, dont je n’ai point parlé pour dire le bien que j’en pensais.
quelques mots qui sentent leur collège, mêlés à la traduction interlinéaire, bien faite d’ailleurs, et surtout des notes, des notes dans lesquelles nous trouvons des prétentions de linguiste, de la botanique, de l’histoire naturelle et toutes sortes de choses que j’eusse mieux aimé ne pas y voir, ont donné à penser que M.
pensé et écrit pour en rafler un, et comme il faut que le Normand se retrouve partout, M.
Aucun de ceux-là n’aurait refusé et ne refuserait, je pense, de remplir une fonction, qui serait l’aboutissement naturel et pratique de son existence.
Alla-t-il tout d’abord à Alexandrie, comme de doctes éditeurs l’ont pensé ? […] Et je pense que tu sais ces choses à merveille, étant médecin, et entre tous chéri des neuf Muses. […] ma beauté commença à fondre, je ne pensai plus à cette pompe, et je n’ai pas même su comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea, et je restai dans le lit gisante dix jours et dix nuits.
Je ne parle pas de son génie en général, c’est trop évident ; je ne parle que de sa Physique en particulier, et je pense que la théorie du mouvement, telle qu’elle s’y présente, est le point de départ de toutes les théories qui ont suivi sur le même sujet. […] Il n’y a donc point à rétablir un équilibre qui n’est pas rompu, comme on se plaît à le répéter ; et il ne faut pas que la vertu, si elle veut rester pure, pense trop à un salaire dont la préoccupation suffirait à la flétrir. […] Il parcourt la nature entière pour démontrer que le principe qui sent et pense en nous, est le même qui nourrit notre corps et qui fait végéter la plante.
Tout était dit quand on s’était demandé s’il pense toujours, si les sens le trompent, si les corps existent, si les bêtes ont une âme. […] Mais, comme on n’est pas capable, faute d’érudition, d’en saisir la haute originalité, la vérité, le prix dans l’his-toire de l’esprit humain, on se relève par les menus détails ; on s’extasie devant de prétendues beautés, auxquelles l’auteur ne pensait pas ; on s’exagère à soi-même son admiration ; on se figure enthousiaste du beau antique et on n’admire en effet que sa propre niaiserie. […] Fréron admire Sophocle pour avoir respecté certaines convenances, auxquelles assurément ce poète ne pensait guère.
Et je crains, si je dis d’elles ce que j’en pense, que ceux de mes lecteurs qui ignorent la langue allemande ne croient que j’exagère. […] Wilder n’existe point, tout simplement : c’est une œuvre mort-née, et on ne saurait mieux faire que de ne plus y penser. […] Il suffira, pensons-nous, que les numéros des motifs renvoient aux pages de la grande partition pour piano, et que nous fassions un examen rapide de l’économie de notre tableau, laissant à nos lecteurs le plaisir de pénétrer plus intimement dans la vie de ce drame que nous ne pouvons disséquer plus finement ici.
On rit beaucoup aux dépens de ce dernier, qui, plein de honte & de rage d’avoir été trompé, se vengea contre Muret, en lui reprochant, dans un distique*, ses mœurs & le bucher où des accusations horribles pensèrent le conduire à Toulouse. […] Nous ne voulons que des Achilles ou des Céladons, & nous ne pensons pas que celui qui a crayonné Énée a voulu en faire, non seulement un fameux guerrier & un conquérant, mais un grand politique, un véritable législateur, un prince essentiellement religieux ; tel qu’on nous assure avoir été Auguste : car c’est pour flatter les dévots de sa cour, c’est d’après le caractère de ce grand homme que Virgile a tracé le caractère d’Énée. […] Il semble que chez une nation libre, dans un gouvernement qui ne défend ni de penser ni d’écrire ce qu’on veut, la licence des mœurs devroit être extrême dans les livres.
……………………………… La pensée D’un homme est de plaisirs et d’oublis traversée ; Une femme ne vit et ne meurt que d’amour ; Elle songe une année à quoi lui pense un jour ! […] Dis-moi, qu’en penses-tu dans tes jours de tristesse ? […] Je suis concitoyen de tout homme qui pense ; La vérité c’est mon pays.
À la fin mon guide me dit : “À quoi penses-tu ? […] Mais le père est beau quand il frémit au bruit de la clef, et qu’il pense non à lui, mais à ses fils ; Il est beau quand il interroge, le lendemain, leurs visages, pour y mesurer les progrès de la faim ; Il est beau quand il se tait, sous le remords et sous le désespoir d’avoir entraîné ses enfants innocents et adorés dans sa peine ; Il est beau quand il les voit, comme Niobé, former lentement à ses pieds le groupe de la famille morte avant le père. […] « Que penses-tu ?
Rien, dans notre quatorzième siècle, qui ait approché, même de loin, des créations du Dante et de l’élégance de Pétrarque ; mais déjà beaucoup de traits de cet esprit vif et moqueur qui appartient à notre nation, et était né, je pense, avec le premier Gaulois. […] En outre, si les marchands et d’autres gens ignorant la langue latine avaient à écrire des lettres, et à tenir leurs comptes, peut-on penser qu’ils ne fissent pas usage de cette langue vulgaire, puisqu’ils ne savaient pas la langue latine ? […] C’est dans le temps présent qu’on vit ; c’est avec les pensées de tout le monde que chacun pense ; les études variées, les souvenirs viennent se perdre dans le sentiment actuel de la civilisation, et servent seulement à l’orner et à l’enrichir. […] « Qu’après lui, mange de ce cœur le roi des Français ; et il recouvrera la Castille, qu’il a perdue par niaiserie : mais s’il pense à sa mère, il n’en mangera pas ; car il paraît bien, par sa conduite, qu’il ne fait rien qui lui déplaise. […] Ces malheureux troubadours qui voulaient s’absoudre de penser comme les hérétiques, en même temps qu’ils les défendaient, prêchaient la croisade.
Les applaudissements redoublèrent dès qu’on l’aperçut lui-même à la porte de la loge ; mais ils devinrent plus vifs que jamais, quand, contraignant le bonhomme Ducis à prendre place sur le devant, il se tint modestement derrière ce patriarche de la littérature de l’époque, quoiqu’il y eut place aussi là pour lui. » Lorsque le général prépara l’expédition d’Egypte, Ducis fut l’un des premiers auxquels il pensa pour l’emmener avec son Institut de voyage et de conquête ; il voulait un poète au milieu de ses savants. […] Pendant toutes les années qui suivent, Ducis ne pense plus qu’à cacher sa vie : Qui bene latuit, bene vixit, c’est sa devise ; il la traduit et la retraduit sur tous les tons.
Je pense bien que ces mains délicates firent assez peu d’ouvrage ; mais combien elles durent exciter autour d’elles ! […] Rien de plus naturel à supposer qu’une rencontre d’idées en semblable veine : ce qui ne laisse pas ici de donner à penser, c’est cette petite circonstance qui se retrouve dans les deux pièces, a læva, à main senestre.
Mais nous sommes occupés ailleurs, nous pensons, nous rêvons, nous causons, nous lisons, et pendant tout ce temps nous négligeons le reste ; à l’égard des autres sensations, nous sommes comme endormis et en rêve ; l’ascendant de quelque image ou sensation dominatrice les retient à l’état naissant ; si, au bout d’une minute, nous essayons de les rappeler par le souvenir, elles ne renaissent pas ; elles sont comme des graines jetées à poignées, mais qui n’ont pas germé ; une seule, plus heureuse, a accaparé pour soi la place et les sucs de la terre. — Il n’est pas même nécessaire que ces sensations destinées à l’effacement soient faibles ; elles peuvent être fortes ; il suffit qu’elles soient moins fortes que la privilégiée ; un coup de fusil, l’éclair d’un canon, une douloureuse blessure échappent maintes fois à l’attention dans l’emportement de la bataille, et, n’ayant point été remarqués, ne peuvent renaître ; tel soldat s’aperçoit tout d’un coup qu’il saigne, sans pouvoir rappeler le coup qu’il a reçu. — Neuf fois sur dix, et peut-être quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, la sensation perd ainsi son aptitude à renaître, parce qu’il n’y a pas d’attention sans distraction, et que la prédominance portée sur une impression est la prédominance retirée à toutes les autres. […] « Dernièrement, comme je pensais au Ben Lomond, (montagne d’Écosse), cette idée fut suivie immédiatement par l’idée du système prussien d’éducation.
Quand je pense à la vieille pendule qui est dans l’autre chambre, quand, au moyen de paroles mentales, je suis dans ma tête un long raisonnement, quand je me développe ce qui pourrait bien arriver si je faisais telle démarche, non seulement j’ai dans l’esprit l’image de la pendule, l’image des sons et des mouvements vocaux que comporterait mon raisonnement prononcé à haute voix, l’image des gestes, émotions, événements que provoquerait en moi et hors de moi ma démarche, mais encore je sais que toutes ces images sont de simples images actuelles. […] Je pense à une ligne de peupliers, et, tout en suivant, les yeux fermés, le rideau vert de feuillages mouvants, çà et là troué par l’azur, je sais fort bien qu’il est intérieur et actuel.
L’intelligence, après avoir parcouru un certain espace, aime à revenir sur ses pas pour revoir la route qu’elle a fournie et repenser ce qu’elle a pensé. […] Comte est plus influencé qu’il ne pense par la vieille théorie historique des Quatre empires, qui se trouve en germe dans le livre apocryphe de Daniel 85 et qui, depuis Bossuet, a eu le privilège de former la base de l’enseignement catholique.
Souvenirs wagnériens Ce n’est jamais sans émotion que je pense à l’époque de ma vie où j’ai vécu, pour ainsi dire, en communauté absolue avec l’œuvre de Wagner, allant presque chaque soir l’entendre à l’Opernhaus, aux concerts de Bilse, à l’Académie de chant où la jalousie des Berlinois siffla madame Materna, ou à l’une des auditions du « Wagner-Verein » dans lesquelles le grave talent de Betz interprétait des fragments de la tétralogie encore inconnue dans l’Allemagne du Nord ; — déchiffrant tant bien que mal, sur un mauvais piano de louage, les partitions que je ne connaissais jamais assez ; — lisant ses écrits qui venaient d’être réunis en édition définitive ; — causant surtout de lui avec quelques jeunes musiciens enthousiastes comme moi. […] Une véritable œuvre d’art dépend jusqu’à un certain point de son milieu : les Grecs le savaient bien, et Wagner l’a compris, en choisissant pour son théâtre ce coin retiré des montagnes bavaroises qui fait penser à un fond de tableau de Dürer : la promenade sous les vieux arbres du parc évoque déjà le moyen-âge, et l’on sent passer je ne sais quels souffles mystiques dans le paysage que domine la plate-forme de l’édifice : une étendue bosselée dont le vert est piqué des taches plus foncées des bois de sapins… En sorte que l’âme est toute prête aux accords religieux qui accompagnent la marche des chevaliers du Graal, et toute prête aussi à pénétrer le sens profond que lui offre la légende du « Pur-Simple, sachant par compassion… » J’ai entendu l’œuvre de Wagner un peu partout : à Cologne, la vieille ville amie, à Munich, à Berlin, à Bayreuth, et dans ce froid théâtre de Covent Garden qui devrait être à jamais réservé aux exhibitions mondaines.
Depuis dix ans déjà, son idéal de l’œuvre d’art se formait en lui, se dessinait de plus en plus clairement ; L’échec de Tannhaeuser n’y était pour rien : mais jusqu’à ce jour, il avait pensé pouvoir y arriver directement ; il croyait trouver dans notre théâtre l’instrument voulu pour la réalisation de ce qu’il devait créer, et dans le public un large noyau de ce qu’il appela plus tard « le peuple d’idéalistes ». […] Mais nous avons pensé qu’il fallait insister d’abord sur cette seconde partie de notre tâche : avant d’entreprendre une propagande Wagnérienne efficace, nous devions à ceux qui déjà étaient des Wagnéristes présenter d’une façon très spéciale les conceptions littéraires, philosophiques, religieuses, et esthétiques de Wagner.
Que penser, en effet, de tant d’anecdotes hasardées, de tant de critiques puériles, de ce vain appareil de sagacité qui ne se plaît à fouiller que dans les cloaques, & en fait exhaler sans celle des vapeurs & des nuages qui corrompent ou interceptent les vérités les plus connues ? […] entre les sentences, les maximes, les tours fins & délicats, les expressions ingénieuses, les beaux sentimens qu’il exprime si énergiquement dans plusieurs endroits de ses Ouvrages, & ce débordement de fiel & de malignité, ce tissu d’indécences, de mensonges, de calomnies, répandues sur tant d’Ecrivains de mérite, Etrangers, Nationaux, Prélats, Militaires, de tous les Ordres & de tous les Etats, qui n’ont eu d’autre tort, à son égard, que de n’avoir pas pensé comme lui, & d’avoir osé l’écrire !
Vous savez que je pense comme vous et non comme elle… Tous ces hôtels, c’est bien curieux à suivre dans votre livre… Je me rappelle, quand nous sommes revenus de l’émigration, il y avait un cheval qui tournait une meule dans le théâtre de notre hôtel… Si vous aviez pu recueillir en province la tradition orale, hélas ! […] Et un instant, nous agitons si nous ne devrions pas penser et écrire absolument pour nous, laissant à d’autres le bruit, l’éditeur, le public.
— Mais on disait, ce matin, de l’autre côté de la Seine, que vous étiez saisi, j’ai retiré le livre de l’étalage. » Partout, cependant sur mon passage, exposition du bouquin, au titre alarmant… Après tout, peut-être pensai-je, le livre est-il déjà arrêté chez Charpentier et pas encore chez les dépositaires. […] l’ironie des bonnes et des mauvaises fortunes de la vie… Puis, dans ce restaurant, où, en face de moi, a été si souvent assis mon frère, la chaise vide de l’autre côté de ma table me fait penser à lui, et une grande tristesse me prend, en songeant, que le pauvre enfant n’a eu que le crucifiement de la vie des lettres.
Aussi, « ce qui doit mériter la gloire dans l’art, et il faut comprendre sous ce mot toutes les créations de la pensée, c’est surtout le courage ; un courage dont le vulgaire ne se doute pas ; penser, rêver, concevoir de belles œuvres, est une occupation délicieuse, c’est mener la vie de courtisane occupée à sa fantaisie, mais produire ! […] Même dans la science, si on trouve la vérité « en y pensant toujours », on n’y pense toujours que parce qu’on l’aime. « Mon succès comme homme de science, dit Darwin, à quelque degré qu’il se soit élevé, a été déterminé, autant que je puis en juger, par des qualités et conditions mentales complexes et diverses.
C’est tout ce que vous avez pensé, senti, aimé. […] Tiraillé entre ceux qui croient et ceux qui nient, ne pouvant trouver de motif d’absolue certitude, ni se résigner, ne fût-ce qu’un instant, à penser que l’espérance pourrait être vaine, son premier mouvement est de recourir à l’oubli, sa première pensée est de s’étourdir toujours, mais il ne le peut : Je voudrais vivre, aimer, m’accoutumer aux hommes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Je pense donc que c’est sagement et avec raison que nous avons refusé à nos écrivains dramatiques la liberté que les Allemands et les Anglais accordent aux leurs, celle de produire des effets variés par la musique, les rencontres fortuites, la multiplicité des acteurs, le changement des lieux, et même les spectres, les prodiges et les échafauds. […] Il n’y a personne, je le pense, qui, laissant errer ses regards sur un horizon sans bornes, ou se promenant sur les rives de la mer que viennent battre les vagues, ou levant les yeux vers le firmament parsemé d’étoiles, n’ait éprouvé une sorte d’émotion qu’il lui était impossible d’analyser ou de définir.
Ce qui fait notre infériorité, apparente sans doute, vis-à-vis des animaux, c’est que nous avons la parole, et dès lors toutes les sottises que nous pensons, nous les disons de tout notre cœur et elles paraissent. […] Qui nous dit qu’ils ne pensent pas, pendant une journée, autant de sottises que nous en disons dans un jour ?
que dans les arts, et surtout dans l’art de penser et d’écrire, une manière convenue, une imitation quelconque, plaisent naturellement à l’homme, pris en masse, et ne troublent pas ce singe humain qui n’est un homme que dans de sublimes distractions, nous aurons une explication très satisfaisante du succès actuel de la Mme de Longueville de M. […] Si Balzac, le grand Balzac du xixe siècle, — car il a pris à l’autre Balzac, à Balzac l’Ancien, le titre de grand qui ne lui sera, à lui, jamais ôté par personne, — si Balzac avait pensé à nous donner une duchesse de Longueville, comme il nous a donné une Catherine de Médicis, nous l’aurions là devant nous, animée d’une vie plus intense que la vie réelle, pénétrée du dehors au dedans et du dedans au dehors par une telle lumière, qu’elle resterait à tout jamais, — comme les grands portraits faits par les Maîtres, — rayonnante et fixe dans notre souvenir !
Mais le monde, qui n’a pas le sérieux d’un prêtre, le monde qui est livré à tous les vents du scepticisme, cette Rose des Vents intellectuels, croit, lui, ce roman très pensé et très fort. […] Les imaginations qui lisent Octave Feuillet et qui sont plus fortes que la sienne — et elles ne sont pas rares, ces imaginations, — peuvent rêver sur ses livres et leur donner une valeur qu’ils n’ont pas, en appuyant sur ce qui est inappuyé dans ces compositions, à moitié ou au quart venues, où l’auteur semble avoir eu pour visée, quoiqu’il n’ait probablement jamais pensé à cette précaution inutile, d’éviter cette chose qui dérange tant en France : l’abominable inconvénient d’une forte individualité !
Je demande, à cet effet, que l’on oublie toutes les opinions, toutes les injures, tous les éloges conventionnels, toutes les hypocrisies, la foule des banalités écrites ou proférées autour de cet homme, pour ne se souvenir que de son œuvre et de ses idées, de ce qu’il a dit et pensé véritablement. […] Je pense même que ce rétrécissement de réalité a contribué à la naissance de cette éphémère et chétive réaction mystique qui cherche à prolonger encore un semblant d’existence.
Les romantiques eux aussi avaient en leur temps la prétention de représenter l’humanité, et leurs admirateurs pensaient qu’ils y avaient réussi. […] Ils signalent à leur vertueuse indignation ces portraits comme autant d’exactes photographies ; ils leur demandent ce qu’il faut penser d’une société qui inspire de tels livres et de celle qui les admire.
On lut un auteur qui donne beaucoup à penser, comme on en lit tant d’autres qui disent fastidieusement tout ce qu’ils pensent.
Depuis qu’évincé de la politique au 2 décembre, sorti pauvre des affaires industrielles où il s’était engagé, atteint de plus de la plus triste des infirmités qu’il tâcha longtemps de se dissimuler à lui-même, M. d’Alton-Shée s’est tourné vers les lettres et s’est mis à écrire, il avait d’abord pensé au théâtre.
On saisira en quels termes nouveaux nous pensons que la question poétique et littéraire doit se poser pour l’artiste aussi bien que pour le critique.
Néanmoins, depuis la révolution, les hommes ont pensé qu’il était politiquement et moralement utile de réduire les femmes à la plus absurde médiocrité ; ils ne leur ont adressé qu’un misérable langage sans délicatesse comme sans esprit ; elles n’ont plus eu de motifs pour développer leur raison : les mœurs n’en sont pas devenues meilleures.
Le visage de François Coppée est vraiment ovale, ce qui est plus rare qu’on ne pense, et sa bouche bien dessinée est tout à fait celle du jeune homme qui parle une langue harmonieuse.
Ajalbert d’avoir méprisé l’épilogue d’usage : « Jacques alluma un quatrième cigare, s’étendit sur un divan, et considéra gravement les couronnes tremblantes de fumée, sans plus penser à rien, dans la lassitude aiguë de tant de passé remué… » — cet épilogue, n’est-ce pas, que les typographes du Gil-Blas ont toujours tout composé sur le marbre… VI. — Maizeroy Autre conteur facile : M.
Mais, las, la plume est lourde à leurs doigts, et puis osent-ils dire des camarades ce qu’ils pensent ?
Que faut-il penser de cette manière de voir ?
La religion hellénique vaut mieux qu’on ne pense : forme poétique du culte de la nature.
Cet homme, qui était, dans le commerce de la vie d’une grande bonté, devenait intraitable jusqu’à la folie pour ceux qui ne pensaient pas comme lui.
Au contraire, quand il crie, il se donne à lui-même des sensations et il s’aperçoit qu’il n’a qu’à les penser, à les vouloir et à faire effort pour se les donner.
Il faut, donc se garder de penser qu’il ait écrit ses livres dans le but de démontrer l’exactitude d’une loi psychologique et de la formuler.
Si l’on considère que l’histoire doit être l’évocation complète et la résurrection des générations disparues, de ce qu’elles furent, de ce qu’elles pensèrent et restèrent, ce sera là faire de l’histoire, et les lumières qu’on portera dans cette science par la méthode que nous venons d’exposer, seront aussi nouvelles et précieuses qu’elle est sûre.
Si ce sont de petits princes, alors ils servent dans un grade militaire considérable, ont de grosses pensions, de grandes places, etc… Enfin, cette fable me paraît s’appliquer beaucoup mieux à cette espèce très-nombreuse d’hommes timides et prudens, ou quelquefois de fripons déliés qui se servent d’un homme moins habile, dans des affaires épineuses dont ils lui laissent tout le péril, et dont eux-mêmes doivent seuls recueillir tout le fruit.
Qui dit Mme Récamier pense forcément à Mme de Staël.
Moi qui ne crois pas à l’aboutissement de la philosophie humaine, moi qui pense que hors la gymnastique qu’elle fait faire à l’esprit, exercice salubre !
Mais ces divers passages, qui donnent une idée fort nette du genre d’esprit de Fréron, de sa manière de penser et d’exprimer sa pensée ; ne donnent pas du tout la manière personnelle du critique… Le penseur y est.
Le xixe siècle diffère trop essentiellement du xviie pour bien comprendre et pour apprécier toutes les manières de sentir, de penser et d’agir, d’un temps si dissemblable à lui-même ; il en diffère trop… et il n’en est pas assez loin.
Je ne l’insulterai pas au point de penser qu’il croit naïvement mettre dans ses travaux une grande unité, parce qu’il donne un seul titre à plusieurs récits ; il sait bien, tout autant que nous, que ce qui fait l’ensemble de toute composition, c’est une idée.
À en juger par ce volume-ci, nous pensons que son ouvrage n’aura pas besoin d’être recommencé : il sera complet.
Si Vauvenargues était revenu aux idées qu’il exprime dans sa Méditation sur la foi, par exemple, Voltaire eût pensé vite comme le Régent.
C’est cette idée, qui, en définitive, pour tous ceux qui pensent et qui savent conclure, est battue en brèche et mise en ruines ici, et cela sans presque y toucher.
En effet, moi que rien ne gêne aux entournures, je n’irai point par quatre chemins chercher midi à quatorze heures pour dire le bien que je pense de Collé.
Nous sommes aussi curieux que Doudan lui-même, qui était curieux de tout et qui disait : « Je n’ai jamais passé devant un chenil sans avoir envie de savoir comment on y pensait et comment on y vivait. »
Guizot, le politique de la paix à tout prix, tout grand politique qu’il se contemple, n’a pas pu penser opérer un désarmement.
Si Vauvenargues était revenu aux idées qu’il exprime dans sa Méditation sur la foi, par exemple, Voltaire eût pensé vite comme le Régent.
Charles d’Héricault et Moland, connus déjà par des travaux d’une érudition qui ne se contente pas de rechercher, mais qui pense, ont fait précéder leur travail d’une introduction très fermement écrite, dans laquelle ils ont agité toutes les questions littéraire qui se rattachaient, soit à l’Imitation elle-même, soit à l’Internelle Consolacion, qui en est sortie.
Tout homme qui pense, — tout moraliste, — tout physiologiste, — se sentira saisi d‘une ardente curiosité devant le phénomène de cette existence mise en dehors de l’humanité par l’énergique volonté et la passion religieuse d’un homme, et voudra la scruter et s’en rendre compte philosophiquement… Voilà pour la science et pour la pensée !
J’ai pensé tout d’abord à une autobiographie de quelque personnage apocryphe, comme celle de Joseph Delorme, par exemple ; mais on m’a assuré que l’auteur de ces pages désespérées avait existé, et qu’il n’y avait ici ni invention romanesque, ni rétorsion littéraire.
Dans les temps actuels, en effet, entre les négations matérialistes du xviiie siècle et les affirmations rationalistes du xixe , la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ doit se dérouler avec une majesté de réponse devant laquelle, pour tout ce qui pense, il n’y a plus que le mutisme de la confusion ou le silence du respect.
Qui croirait, en lisant cette préface, que l’homme qui l’a écrite pût peindre Soulouque et sa race avec cette énergie de ressemblance, ou, ayant lu le livre, que l’auteur de ce livre en eût pu penser la préface ?
Ce côté-là n’est pas le préféré par Rémusat, qui réserve, dit-il, en toutes choses, comme il convient, les droits de l’esprit humain, qui croit à l’efficacité des traités philosophiques de politique libérale, et qui ne veut pas faire à une nation qui pense l’affront de la croire gouvernée par le hasard ou l’habitude (pages 26 et 27 du premier volume).
Mais, je l’affirme en toute sécurité, pour les autres comme pour moi-même, les chefs-d’œuvre épars vus depuis n’ont pu effacer en nous l’impression de ces images peut-être grossières, et quand nous pensons à la grandeur des scènes bibliques, c’est à travers le tressaillement d’émotions que ces images nous ont données et que rien dans nos âmes n’est capable maintenant de recommencer !
Mais qu’il ait desséché sa veine poétique (ce que nous ne pensons pas) parce qu’il a exprimé et tordu le cœur de l’homme lorsqu’il n’est plus qu’une épongé pourrie, ou qu’il l’ait, au contraire, survidée d’une première écume, il est tenu de se taire maintenant, — car il a des mots suprêmes sur le mal de la vie, — ou de parler un autre langage.
fait involontairement penser aux grandes compositions de Rubens.
Et cette toute-puissance, qui n’a pas d’égale, était en lui chose si mystérieusement et si spontanément naturelle qu’il est impossible de l’expliquer, et que lui-même, comme les autres poètes, plus artistes que lui par la volonté et le travail, il ne pensa jamais, par un travail quelconque, à y ajouter.
Encore une fois, nous le savons, c’était là une pose, la pose d’un esprit qui n’eut qu’un souci dans sa vie, — ce qu’on penserait et surtout ce qu’on dirait de lui.
Si l’âme est immortelle, Millon sera content que je pense à lui.
On ne peut douter que les deux oraisons funèbres de Le Tellier, où Fléchier et Bossuet le représentent comme un grand homme et comme un sage, le jour et le lendemain qu’elles furent prononcées, n’aient été fort applaudies à la table et dans l’antichambre de Louvois, qui était son fils, et qui était tout-puissant ; mais si elles avaient été lues à ceux qui avaient suivi la vie entière de Le Tellier, qui l’avaient vu s’élever par degrés, et qui, si l’on en croit les mémoires du temps, n’avaient jamais vu en lui qu’un courtisan adroit, toujours occupé de ses intérêts, rarement de ceux de l’État, courant à la fortune par la souplesse, et l’augmentant par l’avarice, flatteur de son maître, et calomniateur de ses rivaux ; si elles avaient été lues à Fouquet dans sa prison, à ce même Fouquet dont Le Tellier fut un des plus ardents persécuteurs, qu’il traita avec la basse dureté d’un homme qui veut plaire, et qu’il chercha à faire condamner à mort, sans avoir cependant le bonheur cruel de réussir ; si elles avaient été lues en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, à toutes ces familles de Français que la révocation d’un édit célèbre, révocation pressée, sollicitée et signée avec transport par Le Tellier, fit sortir du royaume, et obligea d’aller chercher un asile et une patrie dans des contrées étrangères ; qu’auraient pensé tous ces hommes, et des oraisons funèbres, et de l’éloquence, et des orateurs ?
Si Edmond de Goncourt faisait penser par son allure militaire à un vieux colonel des armées impériales, Guy de Maupassant ressemblait plutôt à un sous-officier sorti du rang, mais, ce que je voyais en lui, c’était l’auteur des beaux romans et des contes admirables, l’auteur de Fort comme la Mort et de Boule de Suif, l’écrivain qui tenait du grand Gustave Flaubert son art réaliste et soucieux de vérité. […] Lugné-Poe m’avait proposé d’interpréter à l’un des spectacles de l’Œuvre un poème dialogué intitulé La Gardienne et que j’avais écrit sans penser qu’il serait jamais transporté sur la scène. […] Marcel Bouteron, dans ses belles études balzaciennes, a fait justice de ces racontars séniles de Jean Gigout qui font penser à ceux qu’Edmond de Goncourt, par amour de la vérité, accueillait avec une si honnête crédulité dans les pages de son Journal. […] Les archives du ministère lui livrèrent les papiers du cardinal de Serais dont il publia les Mémoires, mais les études sur le dix-huitième siècle n’étaient pas son fait, et je pense bien qu’il y fut porte par l’exemple des Goncourt à qui il était apparenté par leur cousin commun, M. […] Monseigneur, quand je pense que je n’entendrai plus votre illustre père me dire : « Ce Masson, quel bâton merdeux !
Elle ajoute, que je devrais bien faire dans un roman une femme de la société, une femme de la grande société, la femme qui n’a encore été faite par personne, ni par Feuillet, ni par Maupassant, ni par qui que ce soit, et que moi seul — c’est la comtesse qui parle — je pourrais faire, et que je n’ai pas faite dans Chérie ; parce que Chérie est une jeune fille de la société de l’Empire, une jeune fille de cette société bourgeoise, aux femmes, les coudes ramassés contre le corps… et la comtesse me fait joliment la caricature du geste non naturel et contraint, avec lequel les femmes croient faire de la dignité, disant que lorsqu’elle voit faire ce geste à une femme, elle sait d’avance ce qu’elle pense, ce qu’elle va dire. […] Chez l’animal, il est un bonheur, un bonheur fait de ceci, c’est que jamais le « Linquenda tellus » d’Horace, ne lui traverse la cervelle, et que la mort le frappe, sans qu’il sache qu’elle existe, tandis que, ce soir, accoudé à la barre d’une fenêtre, au-dessus de l’odeur des roses de mon jardin, je pensais à cette obligation. […] Et Daudet me disait qu’il pensait tout comme moi, et qu’il y avait dans ses notes, un rêve, où il traversait un champ de genêts, aux petits sons crépitants des cosses qui crevaient, et il comparait ces éclatements à nos vies. […] Là-dessus je lui dis : « Pensez-vous que dans le siècle prochain, il y aura peut-être des appareils pour voir tout ce qui se passe derrière ces murs, et y entendre tout ce qui s’y dit. » Et en effet ce sera peut-être… Le miracle de l’instantané est un miracle tout aussi étonnant que pourraient être ceux-ci.
Fawcett, que penserait-on d’un homme qui, parce qu’il pourrait démontrer que le mont Blanc et les autres pics alpestres avaient exactement la même hauteur il y a trois mille ans qu’aujourd’hui, en conclurait que ces montagnes ne se sont jamais lentement soulevées, et que la hauteur d’autres montagnes et d’autres parties du monde ne s’est pas accrue lentement et récemment ? […] Watson, pense que j’ai exagéré l’importance de la loi de divergence des caractères, dont il paraît cependant admettre l’existence ; mais il croit que la convergence des caractères, comme on pourrait l’appeler, a aussi joué son rôle dans l’économie organique. […] Lorsqu’une espèce devient très rare, les croisements entre proches parents, en la rendant moins féconde, viennent hâter son extermination : quelques naturalistes ont pensé que cette cause devait avoir contribué à l’extinction des Aurochs en Lithuanie, du Cerf en Écosse, des Ours en Norwége, etc. […] — Si, durant le cours longtemps continué des temps et sous les conditions de vie variables, les êtres vivants varient, si peu que ce soit, dans les diverses parties de leur organisation, et je pense qu’on ne saurait le contester ; si, d’autre part, il résulte de la haute progression géométrique, en raison de laquelle toute espèce tend à se multiplier, que tout individu, à certain âge, en certaines saisons ou en certaines années, doit soutenir une lutte ardente pour ses moyens d’existence, ce qui n’est pas moins évident ; considérant, enfin, qu’une diversité infinie dans la structure, la constitution et les habitudes des êtres organisés, leur est avantageuse dans leurs conditions de vie ; il serait extraordinaire qu’aucune variation ne se produisît jamais à leur. propre avantage, de la même manière que se produisent les variations utiles à l’homme.
si la France venait à être retranchée de la carte, l’univers n’aurait plus ni cœur ni tête ; ce petit recoin pense et agit pour tout le monde.
voilà ce à quoi ne pensent pas assez nos poëtes, et c’est là précisément la grande infériorité des œuvres d’aujourd’hui, même les plus brillantes, en regard des chefs-d’œuvre du passé.
Deplace refuse, comme on le pense bien, et d’une manière qui ne permet pas d’insister ; mais les termes mêmes de l’offre peuvent donner la mesure de l’obligation, telle que l’estimait M. de Maistre.
Les courtisans ne réfléchissant pas sur la connexion intime qui doit exister entre tous les préjugés, espéraient tout à la fois se maintenir dans une situation fondée sur l’erreur, et se parer eux-mêmes d’un esprit philosophique ; ils voulaient dédaigner quelques-uns de leurs avantages, et néanmoins les conserver ; ils pensaient qu’on n’éclairerait sur les abus que leurs possesseurs, et que le vulgaire continuerait à croire, tandis qu’un petit nombre d’hommes jouissant, comme toujours, de la supériorité de leur rang, joindraient encore à cette supériorité celle de leurs lumières ; ils se flattaient de pouvoir regarder longtemps leurs inférieurs comme des dupes, sans que ces inférieurs se lassassent jamais d’une telle situation.
Au moment où nous sommes arrivés, le monde en est à prendre les habitudes qui plus tard seront nature, qui ne sont encore que contrainte : d’où l’étude et l’apprêt dans les façons de penser et de parler.
Richepin n’aurait pensé ni publié son livre ; mais il est de son siècle, il le connaît… et il l’a chanté.
Plus que personne, nous pensons que la science ne peut exister sans ce qu’on appelle le technique ; moins que personne nous avons de sympathie pour cette science de salon énervée dans sa forme, visant à être intéressante, science de revues demi-scientifiques, demi-mondaines.
Bien qu’Adam ait dû souvent regretter l’Éden, je pense que, s’il a vécu, comme on le prétend, neuf cent trente ans après sa faute, il a dû bien souvent s’écrier : Felix culpa !
» Le 7 octobre 1655, à propos de l’estime que M. de Turenne lui avait témoignée pour elle : « … Il faut que je vous dise, madame, que je ne pense pas qu’il y ait au monde une personne si généralement estimée que vous… On s’accorde à dire qu’il n’y a point de femme de votre âge plus vertueuse et plus aimable que vous.
Ce vantard de raffinements pense, devant la réussite, aussi grossièrement que feu Sarcey et — selon le mot que je citais tout à l’heure, mais qu’on ne saurait trop répéter — il se garde bien de « méconnaître que, sous un succès, il y a toujours une vertu ».
Il ne pense pas qu’avec cette exactitude servile qu’elles exigent, on puisse rendre toutes les graces de la poësie.
On peut même penser que les écrits des grands hommes de notre nation, promettent à notre langue la destinée de la langue grecque litterale et de la langue latine, c’est-à-dire, de devenir une langue sçavante, si jamais elle devient une langue morte.
H. ne m’eût pas blâmé, je pense, de définir plus exactement la critique scientifique : un système de recherches, pour servir à la psychologie descriptive des individus et des groupes sociaux.
C’est une belle couleur de victime. » Comme les causeurs charmants dont le monde a gardé la mémoire, Rivarol, Boufflers, et surtout ce prince de Ligne, auquel elle fait penser sans cesse, elle pousse la gaieté jusqu’à la folie et même quelquefois jusqu’à la bêtise, ce genre de bêtises dont le prince de Ligne écrivait : « Je me les dis tout bas, pour me faire rire tout haut », et qu’il se disait tout haut aussi, l’indisciplinable aimable homme !
Alexandre Dumas à la tête de son livre, ne croyant peut-être pas que ces messieurs pussent avoir, chacun, deux admirations, comme maître Jacques deux casaques : une admiration pour le privé, qui n’était pas une admiration pour le public, — une admiration de par devant et une admiration de par derrière ; — et quoi qu’elle en pensât, du reste, se disant, en se frottant ses petites menottes avec la volupté d’un bon tour : « S’ils ont imaginé que je me contenterais d’une admiration tête à tête, je vais joliment les attraper !
Impuissant qu’on n’aurait pas même le courage de détester, si on ne pensait à l’avenir, au mal affreux que des esprits comme lui ont commis pourtant dans leur impuissance, Tallemant des Réaux est déjà — dans la première moitié du xviie siècle — une expression très vive et très nette de cet individualisme que Descartes représente dans la philosophie, Robinson Crusoé dans la vie romanesque, l’idéal de la vie réelle, Jean-Jacques Rousseau plus tard, et même Béranger.
Et lui, Renée, lui qui a le goût et le sens, ces deux grands avertissements critiques, ces deux consciences de ce qui fait la force et la beauté littéraires, a-t-il donc pu oublier que, pour écrire l’histoire de Grégoire VII, presque autant que pour la penser, il faut avoir en soi cet absolu que Grégoire avait dans le génie, dans le caractère, dans la foi, et que ceux qui ne l’ont pas dans la pensée ne peuvent s’empêcher d’admirer ?
Ceux-ci pensent comme nous, disent-ils, ou à peu près.
Grandeur consentie d’Ordre temporel, on n’a jamais pensé à considérer Sixte comme une grandeur d’Ordre divin.
En les publiant, ces nouveaux mémoires, comme on a dû penser aux célèbres Mémoires de Saint-Simon, et comme on s’est dit qu’il était possible, non d’en recommencer, mais d’en escompter, encore une fois, le succès !
Eh bien, je vous laisse à penser l’effet que produisit, dans un temps de pareille littérature historique, l’histoire de Carlyle, de ce singulier humouriste anglais qui ne se gênait pas, qui se permettait tout en fait de sans-gêne britannique ; de Carlyle, le hoax anglais incarné, mais incarné dans le vrai, et qui ressemblait, par sa gaieté funèbre, en piochant les tombes de l’Histoire, au fossoyeur de Shakespeare.
Il a pensé et il a dit — en d’autres termes peut-être, mais il a positivement dit, — que l’André Chénier qu’on trouverait dans son livre serait moins le Chénier poète, dont la gloire est faite et n’a plus besoin qu’on y touche, que le Chénier politique, — l’homme d’action et de courage qui a presque disparu dans l’absorbante gloire du poète, et qui était pourtant dans le poète, dans cet être charmant d’une imagination si divine !
C’est un visage inattendu, quand on pense au temps où elle écrivait et surtout au temps où elle avait été jeune, — une physionomie qui tranche sur celles du xviiie siècle, toutes agitées, toutes molles et violentes, comme il convient à une société qui laissait évaporer ses mauvaises mœurs et couvait une révolution.
Aussi, jamais on n’aurait pu penser et prévoir que cette blanche figure de Vestale qu’était Madame Récamier et qui passa un jour entre lui et Madame de Staël, pourrait allumer le feu de l’amour non partagé dans une âme sans enthousiasme, que l’Esprit et l’Épigramme gardaient comme deux dragons contre l’exaltation de l’âme, — et cela sans coquetterie, et en y jetant… rien du tout !
Plus vrai qu’Edgar Poe, le chasseur américain au succès21, dont le but caché est de terrasser l’imagination de son temps à l’aide de combinaisons enragées et d’excentricités réfléchies, Hoffmann n’a pas cette puissance terrible qu’avait Edgar Poe, et que du fond de ses ivresses il pensait encore à exercer ; Hoffmann, lui, perdait de vue son public comme on perd de vue les convives lorsque l’on glisse sous la table.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que le temps ne fait rien à l’affaire.
Il respire et pense par Hegel.
Aussi, dans son livre, quoique vous y voyiez passer les figures qui sont les éternelles tentations des peintres d’histoire : Richelieu, Mazarin, Louis XIV, le Grand Condé, saint Vincent de Paul, — j’allais presque dire saint Turenne, car ce grand converti de Bossuet, avant qu’un boulet de canon l’envoyât à Dieu, pensait à y aller autrement en se retirant à l’Oratoire, — tous ces personnages, tous ces grands hommes, n’y existent que dans le rapport qu’ils ont directement avec Bossuet.
Effrayante alternative pour Guizot, qui n’a même guères abordé que par la main des autres la vie publique de Calvin et son gouvernement spirituel, mais qui, pour le reste, pour cet abîme de la moralité d’un homme, qu’il faut pénétrer et sonder dans tout homme, quand on se charge de son histoire, a fait ce qu’on fit à la mort de Calvin, dont on s’empressa de clouer vite dans le cercueil le cadavre, qui aurait parlé, et de le jeter dans la tombe… Prudence terrible, qui dit même plus qu’on n’ose penser.
Nous l’espérons bien, la publication de son œuvre sera meilleure pour sa gloire, — cette gloire à laquelle il ne pensait pas, et qui, comme la Fortune, aime à venir s’asseoir à la porte de ceux qui dorment, hélas !
Quel dommage qu’un poète de ce faire émouvant et pensé passe dix ans de sa vie à rimer des sonnets comme ce niais, souvent sublime, de Wordsworth, qui, du moins, écrivit l’Excursion, — une œuvre d’ensemble, un grand poème, — et voue sa vie (mais l’a-t-il réellement vouée ?)
Alors même qu’elle ne penserait pas que la poésie est la plus belle et la plus difficile des choses littéraires, alors qu’elle partagerait pour ce langage des dieux, méprisé des goujats, l’indifférence dédaigneuse des fortes têtes de son siècle, la Critique ne peut pas plus laisser inaperçu un livre de vers signé Auguste Barbier, qu’un poème de Lamartine et des recueils de poésies de Victor Hugo et d’Alfred de Musset.
Quand, le soir, au ciel vous voyez Tant de poussières argentées, Pensez-vous aux rayons noyés Dans ces nébuleuses lactées ?
Si je cherchais dans l’ordre physique une ressemblance avec son talent, je dirais qu’il me fait penser à l’élève, héroïquement râblé, du Centaure Chiron, dans le beau tableau de L’Éducation d’Achille.
Mais, il faut bien le dire, il n’y a pas encore, en ce moment, de pareille œuvre dans la littérature du dix-neuvième siècle, et, quand la Critique se pose cette question-là, elle se fait l’effet de se pencher sur le bord d’un gouffre… Seulement, disons que, quoi qu’il en puisse être et quoi qu’on puisse penser du génie, qui n’a pourtant jamais dit, et qui ne dira jamais le mot de ce fat de Calonne à une femme, et qu’il trompait encore !
Bataille et Rasetti, et malgré la pureté de l’adolescence des jeunes filles, je ne jetterais pas ce roman par-dessus les murs de leurs pensions.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que le temps ne fait rien à l’affaire.
Il paraîtrait que c’est une loi : les réalistes, comme les ours, viendraient mieux et seraient plus forts vers les pôles… Cette locution d’Ames mortes, qu’on pense tout d’abord être une manière de dire poétique et funèbre, toute pleine d’attirants mystères, n’est qu’un terme usuel en Russie, un terme vulgaire et légal… Vous saurez tout à l’heure ce que c’est… M.
Et le jeune Gustave Escande, de la Fédération Universelle des Étudiants chrétiens, écrit à ses amis : « Il m’est très doux de penser que des centaines de milliers de jeunes gens dans le monde luttent comme moi pour arriver à l’idéal que nous nous sommes composé : “Faire le Christ Roi”. » Mais la voix de ces jeunes lévites du droit n’est nulle part mieux persuasive que dans la prière que voici, d’un petit soldat protestant du pays de Monthéliard, qui mourait à l’ambulance de la gare d’Ambérieu.
Lorsqu’on nous a dit sur quel sol et sous quel ciel vit un groupe d’hommes, s’ils sont dolichocéphales brachycéphales, aryens ou sémites, s’ils sont entrés ou non dans l’âge des machines, s’ils craignent Dieu ou n’y paraissent pas penser, s’ils sont insouciants ou prévoyants, s’ils penchent vers le matérialisme ou vers l’idéalisme, on n’aura pas encore épuisé la liste des déterminants de leur histoire.
Peut-être cette différence est-elle seulement l’ouvrage du goût ; sans doute le panégyriste a pensé que toute espèce d’éloquence a un peu de faste, et que lorsque les événements ont de la grandeur, le ton doit être simple ; peut-être aussi cette différence tient-elle à celle des siècles.
À cette observation d’ordre physiologique on objectera qu’en réalité il nous est possible dans le même moment d’écouter, de regarder et de penser. […] Si des personnes pensaient différemment, il faudrait, au préalable, qu’elles cherchassent d’autres mots qui correspondissent à leurs manières de voir. […] C’est que précisément ce qu’on appelle la couleur locale est plus qu’on ne pense une question de point de vue. […] Mais, objectera-t-on, au lieu de finir à minuit le spectacle finirait à onze heures : on me permettra, je pense, de mépriser absolument cette objection. […] L’éducation, l’instruction, le commerce avec nos semblables nous inculquent certaines façons de penser, de dire, d’agir, qui varient suivant le milieu où nous avons vécu.
Il faut qu’ils pensent, qu’ils prévoient, qu’ils jugent, qu’ils gouvernent pour ces millions d’hommes passifs et inertes ; il faut qu’ils soient l’âme de ce cadavre qui couvre la terre. […] Le Prince a déposé sa pourpre au seuil du portique idéal où il va penser : pas un repli n’en traîne dans son livre. […] Il a pour elle une tendresse véritable, mais on pense qu’il n’y a rien de lascif, et que, dans cette affection, c’est comme entre mère et fils. […] — Dans sa colère, il donna un coup de pied à la petite bête qui était venue entre ses jambes, et il pensa la tuer. […] Enfin, on a tout rapsodé ; mais ce qui est dit est dit, ce qui est pensé est pensé, ce qui est cru est cru.
Berruyer a causée chez les jésuites, & qui n’est point encore éteinte, on connoîtra leurs usages, leur façon de penser, leur marche dans les affaires épineuses, l’esprit de leur gouvernement. […] Cet esprit de paix qu’avoit recommandé le pape, fut la chose à laquelle on pensa le moins. […] Celui qu’alors il porta de son livre est remarquable : « Je pense, dit-il, que difficilement on y trouvera quelque chose à changer. […] Pour chercher ce milieu, il suffit d’être bon François : tout moliniste, comme tout janséniste, doit penser également à cet égard. […] Outre la passion naturelles, aux Allemands, pour les voyages, il en avoit une toute particulière, & qui pensa même lui être funeste.
Il était parfois difficile de comprendre en quel sens exact il entendait le mot « littéraire » et nous ne pensons pas qu’un cours de dessin, d’après un moulage en plâtre du Gaulois mourant, put, si peu que ce soit, perfectionner le critique d’art ordinaire. […] Ici, nous pensons que M. […] Pour gagner quelque chose de bon, il nous faut sacrifier quelque chose de notre luxe, il faut que nous pensions davantage à autrui, davantage à l’État, au bien public. […] Cobden-Sanderson dans sa charmante conférence sur la Reliure, quand l’homme pensa à l’Univers » . […] Un bon cirque est une oasis d’Hellénisme dans un monde qui lit trop pour être sage et pense trop pour être beau.
Cela fait penser aux pages les plus verdoyantes du Télémaque, et rend tous les souvenirs que l’esprit a emportés des récits élyséens. […] Diaz pense qu’on la rencontre toujours. […] Il a fait de grandes choses, mais il n’y pensait pas. […] La véritable mémoire, considérée sous un point de vue philosophique, ne consiste, je pense, que dans une imagination très-vive, facile à émouvoir, et par conséquent susceptible d’évoquer à l’appui de chaque sensation les scènes du passé, en les douant, comme par enchantement, de la vie et du caractère propres à chacune d’elles ; du moins j’ai entendu soutenir cette thèse par l’un de mes anciens maîtres, qui avait une mémoire prodigieuse, quoiqu’il ne pût retenir une date, ni un nom propre. — Le maître avait raison, et il en est sans doute autrement des paroles et des discours qui ont pénétré profondément dans l’âme et dont on a pu saisir le sens intime et mystérieux, que de mots appris par cœur. — Hoffmann. […] Je pense comme lui qu’il faudrait les pendre tous dans les frises du Gymnase. — « Geneviève ou la Jalousie paternelle est un ravissant petit Meissonier que M.
. — Oui, j’y avais pensé. — Cela sera d’un effet souverain. […] Quand nous pensons une chose, nous autres hommes ordinaires, nous n’en pensons qu’une portion ; nous en voyons un aspect, quelque caractère isolé, parfois deux ou trois caractères ensemble ; pour ce qui est au-delà, la vue nous manque ; le réseau infini de ses propriétés infiniment entre-croisées et multipliées nous échappe ; nous sentons vaguement qu’il y a quelque chose au-delà de notre connaissance si courte, et ce vague soupçon est la seule partie de notre idée qui nous représente quelque peu le grand au-delà.
La foi seule nous empêche de le penser. » En d’autres articles, le Public dans le temps et dans l’espace, le Public et la Popularité(1878), il considère, plus particulièrement, le public de l’œuvre dramatique. […] Premier article : Le succès des Maîtres Chanteurs, il ne faut pas s’y tromper, vise beaucoup plus haut qu’on ne le pense, car il ne s’agit pas ici de la réussite plus ou moins brillante d’un opéra quelconque, mais de l’adoption, par un public de langue française, d’un art absolument nouveau, qu’on discutait sans le connaître et que désormais tout le monde pourra comprendre, avec un peu d’étude et de bonne foi. […] Il croit que Wagner attendait plus d’une France ennemie de l’Allemagne que d’une Allemagne dont le génie germanique est affaibli. — Il découvre le second motif dans le trait essentiel du caractère allemand, lequel est le penchant prononcé pour la critiqué, tandis que l’amour de l’action est plus marqué dans les races latines. « En règle générale, c’est l’Allemagne qui pense, et la France qui réalise la pensée allemande. » — Enfin, M. de Letamendiau a la conviction que chaque race humaine produit des grands hommes de deux catégories opposées : les uns sont la quintessence de leur race, les autres en sont la contradiction absolue.
Nous pensâmes que non… Nous crûmes qu’il fallait admirer et détester l’auteur de Lohengrin, cesser d’être son ami sans cesser d’être son apôtre, et se borner à ne plus lui tendre les mains qui l’applaudissaient… » Ainsi parlait M. […] Ils ont voulu leurs œuvres lues sagement, lues par nous avec un désir de les penser à notre tour, non avec la vaine envie, commune, de critiquer et de railler. […] Mais, en Le nommant, les souverains pensent, assurément à Jéhovah, à Jahveh, à Elohim, qui haïssait tous les autres dieux, et voulait les savoir soumis par son peuple fidèle (R. et A.).
Sans soucis politiques désormais, conservant ce qu’ils pensaient être la vérité religieuse pour aliment de leur vie, faisant s’épanouir leurs facultés naturelles au souffle de ce qui leur avait été laissé de liberté, ils laissèrent la paix descendre sur eux et les envelopper. […] » Quand bien même il ne subsisterait du crime monstrueux de celui que nous venons de voir présider, à l’exemple presque universel du clergé de France, aux pires violences et à la Révocation, quand il ne subsisterait, dis-je, que ce témoignage écrit de sa main, que ces quelques lignes révélatrices éclairant en traits de flammes sa nature intime, elles suffiraient, je pense, pour couvrir d’un éternel ridicule les biographes effrontés qui s’efforcent de transformer le Chef-Inquisiteur en un modèle de tendresse et de justice. […] « Qu’en pensez-vous, éternels ignorants ?
Magnin en particulier que je pensais. […] Mais il était trop peu actif et se mettait trop peu en avant pour qu’on pensât à lui.
Pour peu qu’on y pense, cette fleur gardée intacte n’est pas moins prodigieuse que la fermeté d’esprit d’un Cuvier écrivant de la science et de l’anatomie entre deux affaires. […] Mais ses adversaires n’y gagnaient pas ; sa critique avisée et flexible s’emparait, se prévalait avec tant de célérité de ce qu’il y avait d’incontestable alentour, qu’elle semblait l’avoir pensé en même temps ; sa concession se dérobait derrière une objection presque toujours évidente et qui portait coup.
Son accent remontait ainsi du fond de sa poitrine ; il faisait involontairement penser : « Ce jeune homme a un grand abîme en lui ; le creux de son âme ne peut être comblé par les pierres du chemin : il y faudra jeter l’infini, Dieu, l’amour, la poésie, ces trois choses sans mesure ! […] Ces vers, pensés dans le ciel et écrits sur la terre, m’avaient transporté en idée au cap Sunium.
Le gouvernement alternatif, répondrai-je ; le gouvernement parlementaire quand on veut penser, le gouvernement dictatorial quand on veut agir, le gouvernement mixte quand on veut à la fois agir et délibérer. […] Je pense qu’il n’aimait pas à reporter la pensée de ses paroissiens sur sa qualité de prêtre assermenté et constitutionnel dans sa jeunesse, et qu’il était plus importuné qu’empressé d’être cité en témoignage sur ces événements qui lui rappelaient une faute d’orthodoxie sacerdotale, expiée depuis par sa rétractation.
On eût dit que la zampogne m’entendait, elle se gonfla comme d’elle-même au premier mouvement de mon bras, et le chalumeau se trouva, sans que j’y eusse seulement pensé, sous mes doigts. […] CLXVII Je vous laisse à penser, mon père, si je jouai bien cette nuit-là l’air de Fior d’Aliza et d’Hyeronimo (car c’était ainsi que nous avions baptisé cette musique).
Notre romancier a appris à écrire dans l’Art de raisonner, l’Art de penser, et la Grammaire de Condillac. […] Il peut ne penser qu’à l’art ; il évitera la niaiserie ingénieuse de Scribe, le néant intellectuel de Gautier.
Charles Derennes La constatation de mon compatriote Jacques Chaumié, je n’avais jamais pensé à la faire pour mon compte et elle m’a pris au dépourvu. […] Quant à moi, au risque de me faire déchirer par tous les professeurs de France, je pense que, dans l’Europe occidentale, la poésie est surtout une manifestation du sentiment celtique.
Ils pensèrent alors que ce langage devait être réglé : et ils dressèrent, avec une admirable rigueur, le vocabulaire émotionnel de leurs signes musicaux. […] Il ne pense pas à tuer ; il voudrait que Tristan se défendit.
En m’armant contre vous pour défendre un art que j’idolâtre, j’ai voulu d’abord vous écrire au nom de tous mes confrères, victimes comme je le suis de vos idées nouvelles ; mais, en y réfléchissant, j’ai pensé qu’il me serait difficile de parler collectivement. […] Peut-être il ne m’appartient pas d’en faire une critique raisonnée ; et d’ailleurs cela nous mènerait trop loin ; mais cependant, comme vous et vos partisans avez plus d’une fois critiqué tous nos grands auteurs et jeté le plus grand mépris sur ce que vous appelez la littérature de l’empire, dont j’ai l’honneur de faire partie, il doit m’être permis de vous dire, le plus poliment que je pourrai, ce que je pense de vos drames.
Je pense qu’il s’agit de Pyrame et Thisbé dont la Parque a fauché les jours. […] Pensent, en beau discours nous peignant la vertu, Nous donner de l’horreur pour le vice abattu… [Ceci est une allusion à la tragédie telle qu’on l’avait comprise il y avait quarante ans, à la tragédie de Corneille.]
. — nous dit Villemain — n’entend pas déchoir du rang éminent où l’intelligence l’a mise en Europe. » Mais qui pense à faire déchoir le pays des vainqueurs de Sébastopol ? […] Tout le monde le pense, personne ne l’a dit ; mais la Critique est tenue de l’écrire.
Je ne pense pas qu’il y ait pourtant grande haine dans son âme, laquelle doit être surtout une âme de préoccupation littéraire, non de papier mâché, mais de papier écrit… Si peu organisé qu’il soit pour les sentiments véhéments et sincères, M. […] On a autre chose à penser.
De sorte qu’un Espace qui ingurgite du Temps, un Temps qui absorbe à son tour de l’Espace, sont un Temps ou un Espace toujours virtuels et simplement pensés, jamais actuels et réalisés. […] Nous obtenons ainsi une infinité d’amalgames d’Espace et de Temps simplement pensés, tous équivalents à l’Espace pur et simple, perçu et réel.
Si maintenant, allant me promener, je pense à Pierre comme à un homme de taille normale et à Paul comme à un nain, si je laisse Paul à l’état de nain quand je me le figure revenu auprès de Pierre et reprenant sa conversation avec Pierre, nécessairement j’aboutirai à des absurdités ou à des paradoxes : je n’ai pas le droit de mettre en rapport Pierre demeuré normal et Paul devenu nain, de supposer que celui-ci puisse causer avec celui-là, le voir, l’entendre, accomplir n’importe quel acte, car Paul, en tant que nain, n’est qu’une représentation, une image, un fantôme. […] Quiconque veut penser en termes de Relativité doit commencer par éliminer le tactile, ou par le transposer en visuel.
Feydeau, et je ne pense pas en cela me montrer un critique courtisan de la fortune (autre aménité qui m’a été dite et qui, de la part dont elle vient, a tout son prix à mes yeux et toute son honnêteté).
— Je n’ai garde, on le pense bien, de venir rouvrir des débats que la mort a fermé.
En commençant on ne peut s’empêcher d’être frappé, avant tout, de cette multitude d’épigraphes dont j’ai parlé ; l’auteur a cru devoir dire à ce sujet, dans son ingénieuse préface : « Je ne pense pas qu’on m’accuse d’avoir abusé des épigraphes.
Il parle peu, mais on s’aperçoit qu’il pense beaucoup.
Que Boileau n’ait pas rougi d’avancer (comme Monchesnay et Louis Racine l’assurent) que ce style n’appartient pas en propre à La Fontaine, et n’est qu’un emprunt de Marot et de Rabelais, nous répugnons à le croire ; ou, s’il l’a dit en un instant d’humeur, il ne le pensait pas.
Je dirai ici tout ce que je pense sur ces premiers programmes que se tracent à eux-mêmes les grands talents, et je ne ferai pas ma théorie plus profonde qu’elle ne l’est.
Des petits vers, quelques couplets, quelques brochures légères, deux tragédies, quelques comédies en un, deux ou trois actes, le conduisaient doucement à l’Académie, où la considération et les pensions l’attendaient. » Il y a dans ce dernier trait quelque chose d’équivoque et de presque épigrammatique à quoi l’on pourrait se méprendre ; mais M.
à ses fêtes pacifiques et à ses triomphes, sans s’apercevoir de tout ce qui voudrait se déchaîner toujours et sans cesser de croire à la sérénité des flots : y pense-t-on bien ?
Et César, et Cromwell, pensez-vous, dira-t-on que l’enthousiasme qu’ils ont inspiré ne soit pas devenu fatal à la liberté de leur patrie ?
Quand on pense à ces vers si gracieux, si aisés, qui lui viennent à propos de tout, qu’il aime tant, à ce doux et léger bruit dont il s’enchante et qui lui fait oublier affaires, famille, conversation, ambition, on le trouve semblable aux cigales de Phèdre.
L’un d’eux, Jean Bodel, un talent universel, épique, lyrique, dramatique, fut atteint de la lèpre, et obligé, selon le règlement de police qui était en vigueur, d’aller s’enfermer dans une léproserie ; avant de partir, il fit ses adieux au monde, à sa ville d’Arras, à tous ses amis et voisins, en quarante et une strophes de douze vers, triste et le cœur dolent, comme on peut penser, mais trouvant encore la force de sourire, et faisant en somme belle contenance.
Mais cela n’empêche point le grand prêtre Antistius de parler et de penser, vingt-cinq siècles à l’avance, comme M.
Pensez-vous qu’un amant, même très lettré, ait jamais parlé ainsi à sa maîtresse Et Thérèse à Le Ménil : « Méprisez-moi, si vous voulez, et si l’on peut mépriser une malheureuse créature qui est le jouet de la vie… Mais gardez-moi un peu d’amitié dans votre colère, un souvenir aigre et doux, comme ces temps d’automne où il y a du soleil et de la bise… Ne soyez pas dur à la visiteuse agréable et frivole qui passa à travers votre vie… », etc.
Cela serait facile ; car le principe de la direction normale implique au fond l’obligation de penser comme tout le monde.
C’est que Maxwell était habitué à « penser en vecteurs » et pourtant si les vecteurs se sont introduits dans l’analyse, c’est par la théorie des imaginaires.
L’israélite pensait bien que son culte était le meilleur, et parlait avec mépris des dieux étrangers.
Ces hommes-là étaient nos frères ; ils eurent notre taille, sentirent et pensèrent comme nous.
Cette appréhension qui conduit ou plutôt retient sa plume, toutes les fois qu’elle parle d’un bienfait du roi, est une des causes qui ont fait penser à un grand nombre de personnes que c’était une âme sèche et uniquement capable d’ambition.
Je ne puis lui parler seule, parce qu’elle ne me le pardonnerait jamais ; et quand je lui parlerais que je dois à madame de Montespan ne peut me permettre de parler contre elle. » Une lettre explicative de celle qu’on vient de lire, et qui heureusement porte la date précise du lundi 29 juillet, détermine très approximativement cette de la précédente, la voici : « Je pense toujours de même, quoique le changement de mon style vous ait fait craindre un changement d’idée. » (Cette phrase suppose une lettre intermédiaire d’un ton moins triste que la précédente.)
Même les indulgents — oubliant les basses flatteries, les intrigues serviles, les lâchetés rampantes que représentent tant de succès : grade dans la Légion d’honneur, Académie, sinécure de l’État, sinécure chez Letellier, pensions de toutes sortes — diront aimablement : — Le lanceur de lentilles est peut-être un naïf honorable.
parce que j’ai 30 000 de loyer… Mes acteurs, je ne leur donne guère plus, vous pensez quel métier ils font tous… Souvent une femme m’attrape pour me dire qu’elle ne peut vivre avec mes 50 francs, qu’elle va être obligée de faire des hommes dans la salle, pour manger… Que voulez-vous, ça ne me regarde pas… J’ai 30 000 de loyer… Donc, mon théâtre n’est pas un théâtre, c’est un b…… * * * — Un passeport contemporain.
Rollin ne pense pas ainsi : il vante beaucoup la déclamation des anciens.
Je m’étonne que les médecins n’aient pas vérifié ce fait d’une manière plus précise, en demandant aux malades qui ont conservé, par exemple, la faculté de l’écriture, s’ils ont conscience de penser par le moyen des mots, et si l’impuissance de trouver ces mois est intérieure aussi bien qu’extérieure.
Nous transportons ces vues dans la littérature et dans les beaux-arts ; nous pensons que c’est l’initiative individuelle qui a trouvé le beau, que l’idéal n’est passé dans la réalité et n’est devenu sensible que par la création libre des grands artistes et des grands écrivains, dont chacun lui a donné la couleur de son âme.
Pourquoi y pense-t-elle ?
Avant la création de ces mots, ou pendant les différentes époques successives du perfectionnement de la parole, on pense souvent avec des images ; un grand nombre de perceptions de rapports a lieu, et ces perceptions sont des idées, des pensées réelles, qui demeurent indépendantes de la parole, faute de mots pour les rendre concrètes, les fixer, les exprimer.
Les descendants de Mme de Staël sont assez indifférents à sa gloire pour ne pas penser à une édition, de devoir pour eux.
Je ne la connais pas personnellement ; et, d’ailleurs, on peut douter de tout, quand on pense que Mme de Sévigné n’aimait sa fille que dans l’absence et qu’elle n’était rien de plus qu’une grande artiste en sentiment maternel… Grande artiste, Mme André Léo ne l’est d’aucune manière ; mais elle n’en a pas moins l’accent maternel, bien plus que Mme Sand, qui a un autre accent moins pur… Mme André Léo, qui a failli (j’en ai vu l’heure) détrôner Mme Sand dans l’opinion, qui l’a sacrée la première femme de son temps, est un bas-bleu foncé, trop conglutiné dans son indigo, pour être jamais la créature, enflammée et inspirée, qu’on appelle une grande artiste.
Or, dans la pensée de Tocqueville, ces filiations sont nombreuses : « Les Français ont fait — dit il — en 89 le plus grand effort pour couper en deux leur destinée et séparer par un abîme ce qu’ils avaient été jusque-là de ce qu’ils voulaient être désormais… J’avais toujours pensé « qu’ils avaient beaucoup moins réussi dans cette singulière entreprise qu’on ne l’avait cru au dehors et qu’ils ne l’avaient cru eux-mêmes… » Cela pouvait être vrai, cela pouvait être faux, mais c’était une idée.
C’est un livre sur la guerre, écrit par un homme qui s’entendait à la guerre, qui l’avait faite et qui avait pensé sur elle.
C’était un coquin voluptueux qui introduisait de la sobriété dans le plaisir pour se conserver au plaisir plus longtemps, et pensait que le pouvoir, qui est un plaisir, devait faire de même.
Montesquieu, tout majestueux président qu’il pensait rester, était d’une époque où l’amour des sens, ce diable déchaîné, secouait les plus graves, et il eut comme les autres ses aventures de boudoir ; mais, de l’imagination, comme les poètes qui aiment, il montra le peu qu’il en avait dans des madrigaux absolument et détestable ment médiocres, et dans ce poème en prose du Temple de Gnide que la marquise du Deffand appelait : « l’Apocalypse de la galanterie », parce que la pauvre diablesse aveugle ne comprenait rien à celui de Saint Jean !
Sans nier que la politique ne s’y soit mêlée, nous pensons, nous, que cette révolution n’a pas été aussi politique que Macaulay l’affirme.
Mais j’avoue que je n’ai vu nulle part rien de mieux réussi, de mieux aperçu, de pensé plus avant que cette notice, qui est mieux qu’un portrait, et où toutes les causes de l’élévation de madame de Maintenon et de son empire sont expliquées avec une si éloquente sagacité.
Il n’a pas pensé seulement que, depuis ce temps-là, il s’est produit dans le monde une société chrétienne, et il ne s’est pas souvenu de beaucoup de choses que cette société dont il fait partie a dû déposer dans son esprit.
Or, je suis de ceux-là encore qui pensent, de plus, que le talent, quand il est grand, peut s’emparer de la platitude d’un sujet et venir à bout glorieusement de cette platitude.
Et, par-dessus tout cela, quel mortel ennui à traverser pour arriver à cette conclusion, qu’on savait bien avant qu’elle fût tirée : c’est que Crétineau était un officier de fortune, comme le major Dalgetty, qui faisait la guerre pour le compte des autres, mais avec cette différence que le major Dalgetty était indifférent à toutes les causes, et que Crétineau ne faisait la guerre pour les autres que quand les autres pensaient comme lui et que leur drapeau était son drapeau… Oui !
Il paraîtrait que c’est une loi : les réalistes, comme les ours, viendraient mieux et seraient plus forts vers les pôles… Cette locution d’Âmes mortes, qu’on pense tout d’abord être une manière de dire poétique et funèbre, toute pleine d’attirants mystères, n’est qu’un terme usuel en Russie, un terme vulgaire et légal.
Chargés de vérité et pour ainsi parler, pavoisés de couleurs d’un grand talent, dont le caractère est l’éclat, ces trois volumes, comme le vaisseau que montait l’aïeul de Cortès pour aller à la conquête d’un monde, s’en vont à la conquête des âmes, qui sont aussi des mondes et peut-être plus difficiles à conquérir… Quelle que soit leur destinée, c’est un service rendu à l’Église que d’avoir pensé à les traduire et à les publier dans cette langue française qui n’est pas seulement, comme on l’a dit, la langue de la diplomatie et de la philosophie, mais qui est plus qu’une autre la langue de la propagation et de la foi.
Flourens, qui voudrait couvrir de sa tête tout entière, comme on couvre de sa poitrine celui qu’on aime, les erreurs de Buffon, ces erreurs qui sont souvent grandioses, — « et j’aime mieux, à tout prendre, une conjecture qui élève mon esprit qu’un fait exact qui le laisse à terre… J’appellerai toujours grande la pensée qui me fait penser. »« C’est là le génie de Buffon, ajoute-t-il encore, et le secret de son pouvoir, c’est qu’il a une force qui se communique, c’est qu’il ose et qu’il inspire à son lecteur quelque chose de sa hardiesse. » Et pourtant, est-ce que les paroles de M.
Et il n’avait pas que le génie de l’éloquence, il avait celui de la conversation, bien autrement rare que l’éloquence et bien au-dessus, malgré ce qu’en peuvent penser les badauds.
Ribot est un augure qui ne veut pas rire indécemment de l’augure qu’il a voulu vulgariser, et qui lui paraît un fier homme, car, sans cela, il n’aurait pas pensé à le vulgariser.
Qu’est, en importance, pour qui sait penser, l’Histoire de la civilisation de Guizot, par exemple, en comparaison des trente volumes sur l’Église par Rohrbacher !
Mais, dans ce livre nouveau, dans ce livre tout de sentiment, de rêverie et de ressouvenir, nous ne pensons pas qu’on puisse reprocher à l’auteur les qualités de sa manière, si appropriées et si seyantes à son sujet.
Nous qui savons le prix du temps mieux que lui, nous n’en aurions pas tant parlé, si les lâchetés de l’amitié, des partis et de la camaraderie, n’étaient pas en train de lui arranger une gloire hypocrite et dont on ne pense pas un mot.
André Chénier, qui, toute sa vie, s’était englouti dans le monde et les choses de l’Antiquité, André Chénier, ce patient et laborieux mosaïste, qui incrustait le détail antique avec un art si profond et si subtil dans l’expression des sentiments et des choses modernes, remonta par l’horreur vers le Dieu auquel il n’avait peut-être jamais pensé, et il jeta cette clameur des Iambes, le cri de la foi passionnée, la plus magnifique torsion d’âme et de main désespérées autour d’un autel invisible, la plus intense prière, enfin, que l’imagination d’un poète révoltée des abominations de la terre ait jamais élancée vers Dieu !
Et au nom de son génie dont elle doit avoir la fierté aussi, qu’elle y pense, et qu’elle tombe à genoux devant ce qu’elle nie.
J’ai quelquefois parlé, en mes critiques des Œuvres et des Hommes au xixe siècle, de l’auteur des Jugements nouveaux et des Patriciennes de l’amour 28, et ce que j’en ai dit, je le pense toujours.
Dans ma préoccupation des deux figures peintes dans La Messaline blonde, je n’ai pas eu le temps de dire ce que je pense de tout ce qui leur fait fond et cadre, et de l’action rapide et changeante à travers laquelle elles sont emportées.
Ce vieux coq du roman d’aventures pensait comme le coq de la fable.
Les rois très-chrétiens doivent penser autrement que les souverains philosophes qui trouvent absurde le mot divin : « Bienheureux ceux qui souffrent et bienheureux ceux qui Pleurent !
L’ambition littéraire ne pense pas comme l’ambition politique.
Mais pour la majorité des esprits qui pensent, avant tout, à être littéraires quand ils écrivent, on peut dire qu’on est revenu de toute part maintenant au roman de moyenne proportion, qui n’a pas la prétention napoléonienne de brasser tout un monde de caractères et de passion comme Napoléon brassait les masses dans ses carrés de bataille ; à ce genre de roman, enfin, qui n’est que l’étude de l’individualité humaine et qui, sans avoir pour cela besoin d’être modeste, se contente d’une passion (tout un infini) à creuser, d’une situation à frapper de lumière et d’un caractère à faire vivre.
Si j’étais un conducteur d’hommes, ainsi penserais-je et devrais-je penser. […] Et nous ne savons plus ce que nous pensons, ce que nous sentons : nous mourons à nos yeux. […] Flaubert, « aumônier des Dames de la Désillusion », écrivait à une femme inquiète : « Pensez moins à vous… Tâchez donc de ne plus vivre en vous ! […] Ravaillac, nous ne pensions pas à lui ! […] Et nous pensons à cet autre héros, Achille, loin de l’armée.
Pourquoi avez-vous vécu et souffert, âmes généreuses qui dans tous les siècles avez pensé à la postérité ? […] ne voyez-vous pas que votre égalité devant la loi n’est qu’un leurre d’égalité véritable et une absurde chimère, quand, pour la satisfaction d’oisifs, tant de millions d’hommes travaillent sans relâche, n’avant pas un instant pour penser, pour s’élever à Dieu, pour sentir, et sacrifiés à des machines quand celles-ci coûtent moins cher à ceux qui exploitent et les hommes et les machines ! […] Alors ceux qui ne pensent pas comme les autres s’appellent les sages, les philosophes. […] Or que viens-je de dire de la société actuelle que chacun ne pense et n’avoue !
Mais qu’en pensait-il ? […] Que devait penser de pareilles gens le sévère M. […] M. de Chateaubriand, par exemple, ne pensait-il pas ainsi ? […] Enfin, la tempête se calma assez pour qu’on pût penser à mettre la chaloupe à la mer. […] Avant d’opter pour la robe, le jeune Curley avait pensé à être d’épée comme ses frères.
C’était le reflux de toutes les choses refoulées par la philosophie du dix-huitième siècle ; c’était le démenti donné le sabre à la main à toutes les aspirations de l’Europe ; c’étaient toutes les réactions généreuses, politiques, sociales, incarnées dans un seul homme et venant forcer le siècle à balbutier effrontément la grande apostasie de la liberté de penser et de la liberté d’institution ; c’était la représaille de la terreur par une autre terreur plus durable, parce qu’elle est plus modérée et plus disciplinée, la terreur des soldats au lieu de la terreur des bourreaux. […] répliquai-je, « il ne s’agit pas de ce que je veux, mais de ce que je pense. » J’ignore si cette réponse lui a été rapportée, mais je suis bien sûre du moins que, s’il l’a sue, il n’y a attaché aucun sens ; car il ne croit à la sincérité des opinions de personne, il considère la morale en tout genre comme une formule qui ne tire pas plus à conséquence que la fin d’une lettre ; et, de même qu’après avoir assuré quelqu’un qu’on est son très-humble serviteur, il ne s’ensuit pas qu’il puisse rien exiger de vous, ainsi Bonaparte croit que lorsque quelqu’un dit qu’il aime la liberté, qu’il croit en Dieu, qu’il préfère sa conscience à son intérêt, c’est un homme qui se conforme à l’usage, qui suit la manière reçue pour expliquer ses prétentions ambitieuses ou ses calculs égoïstes.
Louis XI lui rend bien plus qu’il n’a perdu ; grandes pensions, grands domaines, grand mariage, dépouilles des disgraciés, titres honorables, faveur déclarée, et ce qu’un esprit de sa trempe estime singulièrement, un maître digne du serviteur, et l’emploi de ses rares facultés tel qu’il le pouvait rêver. […] Il dit ce qu’il veut dire, à peu près comme vous et moi le dirions si nous pouvions le penser.
Il pense que l’État doit les favoriser, tout en les laissant libres en effet. […] (Car je ne pense pas qu’on fasse plus de tort à la Russie en la datant d’Ivan le Terrible, qu’à la France en la datant de Clovis.)
. — Tout devient vague : David dit à ses compagnons qu’il a autre chose à penser qu’à travailler avec eux ; le motif est esquissé dans sa réponse. Mais il est entier dans le beau prélude du troisième acte : Sachs aussi a autre chose à penser, et, comme une solution à ses réflexions, ce motif qui avait d’abord peu à peu pris le rhythme du motif 2, se fond même dans celui-ci, avec une décision psychologique que la musique pouvait seule exprimer.
Ce sont les coquillages de ces perles fausses ; elles y tiennent, elles y adhèrent, elles s’y cramponnent ; il en est qui ne se vendent que pour avoir le droit d’y rester ; il leur faut, pour respirer à l’aise, cette moite atmosphère de renfermé et de patchouli qui asphyxie les cerveaux qui pensent et les cœurs qui battent. […] Il a un rendez-vous, le soir même, avec une femme du monde, une grande dame, et, ne sachant où loger son tête-à-tête, il a pensé à son ami Paul.
Par exemple, s’il s’avise de penser à la vieillesse fut turc de sa maîtresse, il la décrira ride par ride, cheveu blanc par cheveu blanc, et de la vieillesse passant à la mort, il décrira, une fois en train, l’enterrement, les croque-morts, le nasillement des prêtres, et jusqu’à la fumée de la mèche des cierges qui s’éteignent. […] D’un autre côté, l’impitoyable froideur d’analyse, et les prétentions à l’érudition, de Flaubert m’inclinaient à penser qu’après tout il pourrait bien sortir des plis de l’auteur de Madame Bovary un Renan de second degré et de seconde portée, mais qui, hardi et précis d’expression autant que l’autre est lâche et vague, ne craindrait pas de nous donner, dans un livre d’impartialité moins chattemite, quelque explication avilissante de la vie du plus grand des Solitaires chrétiens… Je ne m’imaginais, certes !
Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet.
C’est d’un cœur charmant, d’une âme élevée, qui pense que tous les bons et beaux esprits devraient se rejoindre à une certaine hauteur et qu’une amitié commune est un lien.
« Non, Madame, l’avez-vous pu penser ?
On alla d’emblée plus loin que n’avaient cru pouvoir se le permettre les plus hardis des Anciens ; on ne se borna pas à attribuer l’Iliade et l’Odyssée à deux auteurs différents, comme quelques Alexandrins l’avaient pensé et comme plusieurs considérations tendraient à le faire concevoir : on ne laissa subsister à l’intérieur de chaque poëme aucune unité primitive, aucune inspiration personnelle et dirigeante.
La république des lettres ne s’étend point dans des lieux où elle sait qu’elle n’a que des ennemis, occupés sans cesse à désapprendre ou à oublier ce que la curiosité leur avoit fait rechercher, pour renfermer toute leur application et leur étude dans le seul livre de Jésus-Christ. » Chaque fois que l’incorrigible Nicaise recommence, Rancé réitère cette profession d’oubli : « Tous les livres dont vous me parlez ne viennent point jusqu’à nous, parce qu’on les regarde comme perdus et comme jetés dans un puits d’où il ne doit rien revenir. » Le bon abbé Nicaise ne se décourage point pourtant ; à défaut des ouvrages d’autrui, il enverra les siens propres, et il espère apprendre du moins ce qu’on en pense.
Lui aussi, il veut dire à la société ce qu’il pense d’elle ; il veut essayer si son esprit ne serait point par hasard le pivot sur lequel ce siècle doit tourner. » Simiane se déclare alors, et, pour le guérir du fatal projet, après avoir consulté Juliette du regard, il raconte sa propre histoire.
Ce goût n’a rien non plus de commun avec la franche satire, qui est laide, parce qu’elle est cruelle ; au contraire, il provoque la bonne humeur ; on voit vite que le railleur n’est point méchant, qu’il ne veut point blesser ; s’il pique, c’est comme une abeille sans venin : un instant après, il n’y pense plus ; au besoin il se prendra lui-même pour objet de plaisanterie ; tout son désir est d’entretenir en lui-même et en vous un pétillement d’idées agréables. — Telle est cette race, la plus attique des modernes, moins poétique que l’ancienne, mais aussi fine, d’un esprit exquis plutôt que grand, douée plutôt de goût que de génie, sensuelle, mais sans grossièreté ni fougue, point morale, mais sociable et douce, point réfléchie, mais capable d’atteindre les idées, toutes les idées, et les plus hautes, à travers le badinage et la gaieté.
On se divertit et on pense.
On avait des traités didactiques et généraux, des Rhétoriques et des Poétiques : on n’avait guère vu un homme se donner mission de dire au public ce qu’il devait penser des écrivains et des œuvres.
L’expérience de Chénier se fond dans son érudition ; et dans ses « vers antiques », ce qu’il met, ce sont, non pas toujours « des pensers nouveaux », du moins des sensations personnelles et de la nature observée.
Qu’avaient trouvé, pensé, dit ceux qui en avaient parlé avant lui ?
Charles Baudelaire J’ai dit, je ne sais plus où : « La poésie de Banville représente les belles heures de la vie, c’est-à-dire les heures où l’on se sent heureux de penser et de vivre »… Banville seul, je l’ai déjà dit, est purement, naturellement et volontairement lyrique.
C’est à cette heure l’écrivain dont je me suis aperçu que je me servais le plus comme pierre de touche du goût d’un interlocuteur nouveau « Qu’est-ce que vous pensez d’Adam ?
Beaucoup d’entre eux pensent que les marées agissent comme un frein sur notre globe, et que la rotation de la terre devient de plus en plus lente.
C’est aux terrassiers de Verlaine que je pensais, le soir de l’inauguration de son monument, à ce banquet où trois cents intellectuels se livraient à un charivari forcené, jetaient leurs assiettes à la tête des récitants et se refusaient même à entendre ses vers, et la comparaison n’était pas à leur désavantage.
Qu’est-ce qu’une idée à l’état latent, une idée qu’on ne pense point ?
* * * Une des accusations le plus volontiers répétées par la critique, au sujet des écrivains de la jeune génération, c’est que ceux-ci ne s’occupent pas de leur patrie, qu’ils n’exécutent pas de travaux utiles et qu’ils ne pensent pas avec une force vraie1.
La jeunesse, une partie de la jeunesse, est devenue positive ; elle ne rêve plus ; elle pense, dès seize ans, à une carrière et à tout ce qui peut l’y conduire ; elle ne fait rien d’inutile.
Un public n’est jamais composé de sots, mais de gens de bon sens, prudents, hésitants, dispersés, qui ont besoin le plus souvent qu’on les rallie, qu’on leur dégage à eux-mêmes leur propre avis et qu’on leur indique nettement ce qu’ils pensent.
En répétant sans cesse : Nous autres catholiques, au lieu de dire : Nous tous catholiques, comme on faisait auparavant ; en se représentant lui et les siens comme dans un état d’oppression criante et d’isolement, il donna à penser que le catholicisme en France pourrait n’être bientôt plus qu’un grand parti, une grande secte.
Les bienfaits provisoires, mais immédiats, apportés à tout moment de l’évolution historique, et en toutes occasions, par l’industrie de l’intelligence, expliquent suffisamment que l’humanité ait considéré la connaissance comme un moyen d’améliorer la vie, et bien que la plus grande part des développements précédents aient eu pour objet de faire voir eu cette croyance une illusion, il n’y a pas lieu, du point de vue intellectuel, de penser que cette illusion puisse disparaître.
Songer, c’est penser çà et là.
. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux, agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer quelques-uns. » La Dame à la Faux de M.
Qu’un maître qui résout à son élève un problème d’arithmétique ou de géométrie fasse une fausse supposition, qu’il la reconnaisse, qu’il revienne sur ses pas, qu’il avance et qu’il découvre enfin la vérité qu’il cherchait, je pense qu’il instruira mieux son élève qu’en y arrivant par une marche rapide, sûre et non tâtonnée.
Notre abbé Galiani que j’aime autant écouter quand il soutient un paradoxe que quand il prouve une vérité, pense comme Webb ; et il ajoute que Michel-Ange l’avait bien senti ; qu’il avait réprouvé les cheveux plats, les barbes à la juive, les physionomies pâles, maigres, mesquines, communes et traditionnelles des apôtres, qu’il leur avait substitué le caractère de l’antique, et qu’il avait envoyé à des religieux qui lui avaient demandé une statue de Jésus-Christ, l’Hercule Farnèse la croix à la main ; que dans d’autres morceaux, notre bon sauveur est Jupiter foudroyant ; st Jean, Ganymède ; les apôtres Bacchus, Mars, Mercure, Apollon, etc.
Un païsan de Nord-Hollande et un païsan andalous pensent-ils de même ?
Je ne pense pas que ce soit par prévarication, et j’accuse seulement les critiques de n’avoir point assez de connoissance des moeurs et des usages des differens peuples, pour juger quelles figures ces moeurs et ces usages autorisent ou n’autorisent pas dans un certain poëte.
Je m’en tiens au sentiment le plus simple, et je pense que la plûpart des passions, principalement les passions tendres, ne sçauroient être aussi-bien exprimées par un acteur masqué que par un acteur qui joüe à visage découvert.
Quoique nous pensions qu’en fait de femmes, le Christianisme ait mieux compris que qui que ce soit leur destinée, en les internant dans le sentiment ou en les déportant dans les vertus, nous voulons pour elles être moins cruel que saint Paul qui disait : Contineant in silentio.
Quand on lit ce que le nouveau voyageur en rapporte, on pense, malgré soi, à ce Bas-Empire, fait pour être longtemps encore le modèle des peuples qui crouleront.
Ce désaccord profond entre le tempérament, ou la seconde nature d’une longue habitude, et la métaphysique qu’on s’est arrangée dans l’intelligence, établit un contraste choquant entre l’esprit qui a pensé la Science de la main et le talent qui l’a écrite.
C’est une chose féroce à penser, détestable, presque ridicule, mais certaine, que si Richelieu n’avait pu réussir à gouverner ces deux femmes vaporeuses, Louis XIII et sa mère, il n’était plus qu’un intrigant ; que si Cortez n’avait pas apporté le Mexique à l’Espagne, il n’était qu’un aventurier !
Seulement, au début de son entreprise, il avait pensé que le succès de son affaire dépendait des talents qu’il devait employer, et pour cette raison il avait supporté cette lumière du talent, en grommelant et en clignotant, comme une taupe offensée.
… Nous ne le pensons pas, et nous croyons même qu’il appartenait à un historien de la Ligue de rétablir la vérité de physionomie dans une si facile et si fausse grandeur.
On était si las de la rhétorique de ce lâche menteur trop admiré, qu’on trouva d’une sensation délicieuse un livre rapide, de courte haleine, où la passion, la bavarde passion, savait en finir, et avalait ce verre d’eau du suicide, comme dit Stendhal, sans même penser à cette vieillerie de l’enseignement chrétien qui avait été la loi morale de l’Europe.
Jules Simon et Saisset, traités respectueusement et affectueusement « de maîtres et d’amis », nous avons naturellement pensé que le Rationalisme contemporain allait, sans être un aigle, avoir beau jeu du bec et des griffes contre le mysticisme pris à partie, pour l’exécuter mieux et plus vite, dans la personne de Saint-Martin.
Mais Soury, ce docteur Tant pis qui pense Tant mieux, la déclare manifestement rachitique : « Madame dernière, — dit-il, — celle-là même — ajoute-t-il avec une ironie pleine de colère — dont la catholicité attend la béatification, c’était un être débile, chétif, manifestement rachitique.
Il n’en est rien, d’ailleurs, et voici un reproche qui affectera plus Banville que tous ceux que jusqu’ici nous lui avons adressés… Quand on n’a rien « sous la mamelle gauche », — comme disait Diderot, un matérialiste, mais qui n’avait pas la conception de la poésie de Banville, — quand on ne pense qu’à la langue et qu’on ne se préoccupe, avec passion, que de la rime, on ne laisse pas subsister des vers comme ceux-ci dans l’écusson de ses œuvres complètes, et il y en a beaucoup de pareils : Comment dire ton nom, ton nom, géant Homère !
Comme, à leur tour, ces derniers doivent l’emporter sur les autres esprits qui ne pensent à vivre que dans la conscience de leur force et dans leur enthousiaste ou profond besoin de la manifester.
car elle a de l’enfance dans le cœur, cette femme spirituelle et qui pense.
Gobineau, qui pense, et avec juste raison, qu’on ne peut plus s’intéresser à l’histoire de la décrépitude et de l’avilissement continu des peuples actuels, et que le seul intérêt et le seul mérite appartiennent à quelques individualités supérieures, — étoiles (pour parler son langage) pointant encore dans un firmament dévas té, — nous a fait un livre à plusieurs héros, dont il a décrit les passions et développé les caractères.
Aussi, nous l’avons déjà dit, on comprend à peine aujourd’hui, mais on ne peut imaginer comment pensaient les premiers hommes qui fondèrent la civilisation païenne.
La mort du poëte Lutorius, du poëte Lucain, de Sénèque, de l’historien Crémutius Cordus, et, les nombreux exils de ces philosophes dont une femme romaine, Sulpicia, décrit la persécution, avertissaient Rome qu’il n’y a rien de plus antipathique au despotisme militaire que la liberté de penser.
On s’accorde à penser que les temps originels, les âges nommés héroïques, se prêtent mieux aux illusions des poètes que les siècles plus rapprochés de nous. […] Ne reconnaît-on pas en cette allégorie frappante la pureté du goût qui présida partout à la composition de l’Énéide, et pense-t-on que le hasard ou le caprice des prétendues inspirations dirigent si constamment l’ordonnance des réelles beautés littéraires ? […] Néanmoins son génie s’étant fait un jeu poétique de tous les genres de mysticités, et de leurs analogies, nous laisse à penser qu’il n’eut pas grand peur de son enfer ; et que, s’il ne mérita pas de monter à son paradis, il paiera son insouciance par un tour de purgatoire. […] J’accorderai que la parfaite composition épique ne dépend pas des vers, et c’est en cela qu’on est poète par le fonds des choses ; mais je ne pense point que la parfaite exécution de l’épopée puisse résulter de la prose, même la plus riche et la plus belle. […] Le respect que garde Homère pour mille autres vraisemblances, nous défend de penser qu’il eût manqué tant de fois à celle-là, s’il eût cru s’éloigner de la vérité, qu’il ne trahit jamais dans ses peintures.
Vous ne sauriez croire, vous, mon cher Monsieur, qui êtes meublé d’acajou, je pense, combien ces fantaisies d’antiquités sont exorbitantes et ruineuses à Paris. […] Après avoir entendu sur cet écrivain tout ce qu’on pût m’en dire, je pensai à ses émules M. […] — On pourrait aussi, si vous le préfériez, faire deux volumes sur la police secrète du roi Nicolas, dans ses rapports avec la pèche aux perles à la côte de la Californie. ou deux volumes sur les votes secrets des deux chambres, depuis 1815 ; ou sur le magnétisme animal, le mesmérisme jugé par un réfugié italien, ou enfin une suite de révélations sur les derniers moments de Sésostris, de Rhamsès, de Juvénal, de Talma et de Lafayette, par un ancien professeur de trombone… — Qu’en pensez-vous ? […] Aussi quand je vois abaisser dans une mauvaise critique tout ce qui a produit, tout ce qui a beaucoup pensé et inventé, qui s’est fait lire mainte fois et redemander souvent, je souffre, mon cher Monsieur, parce que, grâce à mon séjour ici, et parmi les gens de lettres, j’apprécie ce que valent et les uns et les autres. […] Je ne vous ai rien dit, je pense, de Mme Constance Aubert, qui écrit des articles de mode fort suivis, dans le journal le Temps.
Pour se sauver peut-être de Du Bartas, qui se montrait descriptif à l’excès, Malherbe ne fut pas du tout pittoresque ; on glanerait chez lui les deux ou trois vers où il y a des traits de la nature : les vers sur la jeune fille comparée à la rose, et le début d’une pièce Aux Mânes de Damon, qui exprime admirablement, il est vrai, la verte étendue des prairies de Normandie : L’Orne, comme autrefois, nous reverroit encore, Ravis de ces pensers que le vulgaire ignore, Égarer à l’écart nos pas et nos discours, Et couchés sur les fleurs, comme étoiles semées, Rendre en si doux ébats les heures consumées, Que les soleils nous seroient courts. […] Cela serait triste à penser ; un tel désaccord entre le caractère et le talent, entre la vie pratique et les œuvres, concevable après tout dans des hommes de génie plus ou moins ironiques ou égoïstes, ne se peut admettre aisément chez celui dont le talent a pour inspiration et pour devise principale l’amour des hommes, la miséricorde envers les malheureux, toutes les vertus du cœur et de la famille.
C’est qu’il est plus aisé de rêver que de penser ; c’est que le vide a plus de vertiges que le plein ; c’est que Montesquieu était la science, et que Jean-Jacques était le délire. […] X Et maintenant que ce déplorable livre a porté ses fruits de démence et de perdition dans une démocratie avortée, faute de véritable philosophie dans son faux prophète, essayons de remettre un peu de bon sens dans la philosophie politique du peuple, et de substituer en matière de gouvernement quelques vérités pratiques, et par cela même divines, à ce monceau de chimères devenu un monceau de ruines sous la main égarée des sectaires d’un aveugle, qui écrivit de génie et qui pensa de hasard.
Que pensera l’autre ? […] Et ce n’est pas sans un regret mélancolique que nous voyons de grands talents donner la consécration de leur autorité à des audaces de plume qui, quoi qu’on en dise ou quoi qu’on en pense, découronneront toujours la femme de cette auréole de douceur chaste et de grâce pudique qui fut, depuis l’heure lointaine où le Christianisme la releva de l’abjection païenne, le plus séduisant, le plus irrésistible, et le moins contestable de ses attraits.
Dans un moment où ils étaient seuls, le gendarme, étendant la main vers les reliures en bois et les reliures en peau de truie des antiques manuscrits des vieux siècles, dit à Renan : « Monsieur, tous ces ouvrages, je pense, sont les livres couronnés par l’Académie ? […] Me voici donc, comme un chirurgien, qu’on arracherait à d’aimables curiosités, obligé de reprendre la cruelle autopsie moderne, la brutale prose, le travail qui fait mal, et dont tout mon système nerveux souffre, tout le temps que le volume se pense et s’écrit… * * * — Il s’élève, à l’heure qu’il est, une génération de jeunes liseurs de bouquins, aux yeux ne connaissant que le noir de l’imprimé, une génération de petits lettrés, sans passion, sans tempérament, les yeux fermés aux femmes, aux fleurs, aux objets d’art, à tout le beau de la nature, et qui croient qu’ils feront des livres.
Ne pensez pas qu’elles fussent semblables à celles que vous voyez voler dans les airs ; mais, sanctifiées par le saint Esprit, qui descendit autrefois du ciel en forme de colombe, elles ont été faites une hostie digne de Dieu. » M. de Meaux a pris d’Origène une infinité d’endroits aussi doux et aussi tendres, que l’on peut voir semés à toutes les pages du commentaire de ce prélat sur le Cantique des cantiques.
L’éducation, le tour d’esprit, la forme de talent de Bossuet, expliquent suffisamment cette manière de penser et d’agir.
à mes pensers le signe se dérobe, Mon âme a plus d’élan que mon cri n’a d’essor ; Je sens que je suis riche, et ma sordide robe Cache aux yeux mon trésor.
Si, pour les écrivains qui se respectent, il est, à certains égards, bien pénible de venir même toucher par allusion à ces tristes conflits, quelque chose ici l’emporte, le besoin pour eux de rendre hommage à la vérité et de ne pas laisser s’autoriser par leur silence l’ombre d’un doute sur ce qu’ils pensent, sur ce qu’ils souffrent de tout ce bruit.
Je n’ai jamais pensé là-dessus de deux façons, et M. le docteur Walker a pu vous rendre témoignage que j’ai célébré mille fois votre mérite dans les meilleures compagnies de Londres avec tout le zèle qu’inspirent la vérité et l’amitié.
philosophe, vous faites mention de ce qu’ont pensé Crantor, Chrysippe ou La Rochefoucauld, et vous fermez les yeux, en prononçant à la légère le mot d’inspiration, devant les Védas, les Évangiles, le Coran, les Pères et les Docteurs, tous les grands livres de la destinée humaine ?
61 minutieux et prolixe ayant en guise d’humaine cervelle quelque chose comme une « mécanique à penser », enregistrante et totalisante.
de penser à ses succès quand on sacrifie le bonheur des autres !
Dans les situations communes de la vie, on se fait illusion sur son propre mérite ; mais un sentiment actif fait découvrir à l’ambitieux la mesure de ses moyens, et sa passion l’éclaire sur lui-même, non comme la raison qui détache, mais comme le désir qui s’inquiète ; alors, il n’est plus occupé qu’à tromper les autres, et pour y parvenir, il ne se perd pas de vue ; l’oubli d’un instant lui serait fatal, il faut qu’il arrange avec art ce qu’il sait, et ce qu’il pense, que tout ce qu’il dit ne soit destiné qu’à indiquer ce qu’il est censé cacher : il faut qu’il cherche des instruments habiles, qui le secondent, sans trahir ce qui lui manque, et des supérieurs pleins d’ignorance et de vanité, qu’on puisse détourner du jugement par la louange ; il doit faire illusion à ceux qui dépendent de lui par de la réserve, et tromper ceux dont il espère par de l’exagération.
En 1789, trois sortes de personnes, les ecclésiastiques, les nobles et le roi, avaient dans l’État la place éminente avec tous les avantages qu’elle comporte, autorité, biens, honneurs, ou, tout au moins, privilèges, exemptions, grâces, pensions, préférences et le reste.
Il pensait qu’il y a des familles d’esprits, comme en histoire naturelle il y a les races et des variétés.
» et le poète, sans y penser, répond : « Qu’importe ?
… Pense Non pas à la douleur, mais à la récompense !
Je mets à part sa prose, prose d’humeur, parfois piquante ; elle fait toutes les grimaces, elle a donc tous les caractères, hormis, je pense, les caractères de la beauté.
À force de penser à Ellénore et de publier partout son admiration, Adolphe se convaincra, ou croira se convaincre de la réalité de son amour, et Ellénore tombera dans le même piège.
Plus récemment, Lie était un intuitif ; on aurait pu hésiter en lisant ses ouvrages, on n’hésitait plus après avoir causé avec lui ; on voyait tout de suite qu’il pensait en images.
Et ces ingrats Nazaréens, qui penserait à eux, si, au risque de compromettre l’avenir de leur bourgade, un des leurs n’eût reconnu son Père et ne se fût proclamé fils de Dieu ?
Son fils y pensait déjà et lui propose madame Godefroy, une riche veuve, d’une maturité agréable, qui l’aime discrètement depuis très longtemps.
Au grand quartier général, dit-il, on ne jugeait que les résultats, sans penser à ce qu’ils coûtaient, et l’on n’avait aucune idée de la situation de l’armée ; mais en prenant le commandement d’un régiment, il fallut entrer dans tous les détails que j’ignorais, et connaître la profondeur du mal.
Ce qui paraît avoir conduit à cette théorie, c’est ce fait de sens intime qui nous fait localiser la pensée dans cette partie de la tête ; c’est là en effet, et ce n’est pas par derrière, que nous nous sentons penser.
Dans ce conflit de deux classes, l’une envahissante, l’autre mise en état de défense par la menace d’une décadence prochaine ; de la bourgeoisie, ou, si l’on veut, de la ville et de la cour, les préférences des gens de lettres étaient pour la noblesse, à laquelle les rattachaient d’abord leur intérêt, leurs pensions, les fonctions de secrétaires, de précepteurs et de bibliothécaires, enfin l’attrait, si puissant pour des esprits délicats, de la bonne compagnie, seule capable de les comprendre et de flatter leur vanité.
» Elle a tant fait penser aux anges les hommes de sa génération, dont ce n’était pas, comme on sait, la préoccupation habituelle, que c’est depuis elle que ce mot d’ange a été insupportablement appliqué à toutes les femmes et est devenu un lieu commun dans la langue de l’amour.
Toute apparence doit être réputée réalité tant qu’elle n’a pas été démontrée illusoire, et cette démonstration n’a jamais été faite pour le cas actuel : on a cru la faire, mais c’était une illusion ; nous pensons l’avoir prouvé 15.
À son retour, que penserait le voyageur, en trouvant dans son pays les arts établis, de nouveaux habillements, des mœurs nouvelles, architectures, maisons, citadelles, villes, lois, usages, coutumes, tout enfin jusqu’au cours des fleuves et aux bornes de la mer, changé dans cet empire ?
Ces deux amis, incapables de jalousie, ne rivalisaient que d’affection l’un pour l’autre ; Horace ne pensait qu’à jouir de la vie, Virgile qu’à survivre à la vie dans l’immortalité d’un grand poème. […] Maintenant qu’en pensons-nous ?
C’est un jeu d’enfant ; et, si un philosophe recueilli a inventé l’écriture, si un oiseau inspiré a inventé la musique, si un opticien coloriste a inventé la peinture, nous pensons que la sculpture a été inventée par un enfant. […] J’avais pensé à cette autre statue du beau Memnon que la chaleur de l’aurore égyptienne faisait chanter dans son manteau de pierre.
Pensez à ces myriades de spectacles que la surface vivante de la terre, animée par le contact des cieux, engendre à chaque instant de l’éternité, et qui n’attendent pas, pour se produire toujours nouveaux, qu’un œil ou une oreille soient là pour les saisir. […] Et d’un autre côté nous pensons que cette foi chrétienne n’a pas un caractère aussi profond chez eux qu’on le croit généralement.
Je pense, avec M. […] Ces explications seront suffisantes, je pense, pour qu’on voie, dans la suite du récit, les motifs qui m’ont déterminé à donner la préférence à tel ou tel des quatre guides que nous avons pour la vie de Jésus.
Nous pensâmes qu’une lecture, là, devant un public d’hommes de lettres, aurait peut-être chance de valoir à notre pièce une heure d’attention, la lecture personnelle d’un directeur de théâtre comme M. […] Et pense-t-on ce que pourrait être une scène, balayée de la prose du boulevard et des conceptions des dramaturges de cirque, et livrée à un vrai poète au service de la poésie duquel on mettrait des machinistes, des trucs, et toutes les splendeurs et toutes les magies du costume et de la mise en scène d’un Grand Opéra ?
Tous les historiens modernes ont remarqué celle progression de la liberté individuelle de penser, des temps anciens aux nôtres, et M. […] Il faudra faire pour chaque auteur et artiste une enquête rétrospective auprès des critiques, des journalistes du temps pour connaître sa popularité ; il faudra savoir le prix de vente pour les tableaux, le nombre de représentations pour les pièces, le nombre d’éditions pour les livres, les pensions, les droits alloués à l’auteur ; il faudra refaire ce travail tout le long de l’existence de l’œuvre afin de connaître les phases de sa gloire, et en étudier la diffusion dans les pays étrangersea.
Jamais un Parisien du Consulat n’aurait pensé qu’un coucher de soleil à Fontenay ou un lever de lune à Saint-Cloud étaient des spectacles dignes d’attention, cependant à cette époque naissait l’enthousiasme pour les levers de soleil et de lune et pour les beautés de la nature. […] Jamais Racine et Hugo n’auraient été proclamés par leurs contemporains des grands génies, si leurs œuvres, ainsi que des miroirs, n’avaient reflété les hommes de leur milieu social, avec leur manière de voir, de sentir, de penser et de s’exprimer.
Quoiqu’il ait rejeté loin de lui tout le luxe de la royauté, qu’il n’ait conservé qu’un seul bracelet devenu trop lâche, et qui retombe incessamment sur son poignet amaigri ; que ses lèvres soient desséchées par l’ardeur de ses soupirs, et que ses yeux soient enflammés par la continuité des veilles auxquelles le condamnent ses pensers douloureux ; eh bien, malgré tout cela, il éblouit encore par l’éclat de ses vertus : semblable à un magnifique diamant qui, par les mille feux dont il brille, ne laisse point soupçonner qu’il ait rien perdu de son poids sous les doigts habiles du lapidaire qui l’a taillé. » Le roi paraît, s’avançant lentement et comme abîmé dans ses pensées. […] Toutes les fois que je pense à ma fille, mes douleurs se renouvellent : c’est comme un fleuve toujours plein, dont la source ne tarit point.
Au reste, ou je m’abuse sur mon ouvrage, ou jamais république ne fut plus grande, plus sainte, plus féconde en bons exemples30. » Tite-Live nous montre on ne peut mieux comment pensent, parlent, agissent et combattent ces sénateurs, ces tribuns, ces généraux, ces partis, ces légions ; mais la nécessité extérieure qui régit le développement de cette ambition incessamment conquérante, le génie de la formule religieuse ou juridique qui préside à tous les faits intérieurs ou extérieurs de cette histoire, en un mot le véritable secret de l’explication des choses romaines, Tite-Live ne le livre point à ses lecteurs, parce qu’il ne le possède pas bien lui-même. […] Auguste Comte n’est pas loin de penser de même.
Voulant embrasser les Pyrénées dans leur ordonnance et dans leur ensemble, en bien comprendre le système de formation et les lois, Ramond croit devoir les attaquer d’abord par leur centre, du côté de Bagnères-de-Bigorre et de la vallée de Campan ; il pense que s’il monte avant tout au sommet du pic du Midi, il pourra de là, comme du haut d’un observatoire, débrouiller le chaos des montagnes centrales, se fixer sur celles qu’il lui importe de visiter, et se tracer un plan de campagne et d’invasion qui le mettra à même d’asseoir ensuite des comparaisons étendues avec la partie correspondante des Alpes.
Il insiste peu sur ses débuts, et n’a pas les tendresses de l’enfance ni des premières années ; il ne pense qu’à prendre l’essor, à aller par-delà les monts, à voir l’Italie, le Milanais, qui depuis les expéditions de Charles VIII et de Louis XII était le champ de bataille et l’école militaire de la jeune noblesse.
c’est ce dont il fait le plus de cas : « Ce monde, pense-t-il, appartient à l’énergie. » Lui si moral, si tempéré, il semble même par moments tout près de vouloir cette énergie à tout prix, tant il est l’ennemi de la mollesse et de l’indifférence : « À mesure que je m’éloigne de la jeunesse, écrivait-il à M.
En prose l’on enseigne, et l’on prie, et l’on pense ; En prose l’on combat.
Le duc d’Otrante reconnut que, dans la branche du gouvernement qui lui était commise, la plus grande faute est de faire un mal qui n’est pas nécessaire à la sûreté de l’État ; et ce grand principe, appliqué dans toute son étendue sous un règne despotique, toutes les fois que la volonté absolue de l’Empereur, à laquelle il a souvent osé opposer de la résistance, n’est pas intervenue d’une manière directe, ce principe a rendu son administration bienfaisante pour la France et l’a fait chérir particulièrement des classes les plus exposées à la persécution. » N’oublions pas encore une fois que cela est écrit en 1814 et avant le rôle de Fouché en 1815, rôle que les honnêtes gens d’aucun parti ne sauraient, je pense, envisager sans dégoût.
Gare et malheur à qui ne pense pas ainsi !
Duveyrier a développé des idées neuves, très ingénieuses, et qui, pour ceux qui réfléchissent, donnent à penser pour bien longtemps.
Rochambeau, qui servait sous lui, a rapporté fort exactement ce premier exploit avec tous ses risques, et il a cité un propos chevaleresque du maréchal : « Il n’y a personne dans l’armée qui ne pense comme moi qu’il vaut mieux se faire moine au haut du Monte del Toro que de rentrer en France sans avoir pris Mahon. » Le succès répondit à l’audace.
Bérénice, bien que commandée par Madame, me semble tout à fait dans le goût secret et selon la pente naturelle de Racine ; c’est du Racine pur, un peu faible si l’on veut, du Racine qui s’abandonne, qui oublie Boileau, qui pense surtout à la Champmeslé, et compose une musique pour cette douce voix.
Absent, il y pensa toujours ; elle exerça sur lui, à distance et à travers toutes les vicissitudes de fortune, une attraction puissante et pleine de secrètes alternatives.
Cette absence de la pensée est le plus violent symptôme, en effet, pour une âme de philosophe, pour quiconque a commencé par dire : Je pense, donc je suis.
Ce fut nous du moins pendant des siècles ; nous avions arrangé nos affaires pour ne regarder que la terre et l’existence présente, et pour être débarrassés de tout ce qui gênerait l’action : nous avions donné procuration à l’Église de régler pour nous la question de la destinée, de la mort et de l’éternité, de façon à n’y plus penser que dans les courts moments où elle nous établit notre compte.
Psychologie et science, art de penser et art de raisonner, méthode exacte et logique serrée, c’est ce dont il ne s’inquiète guère, et c’était précisément tout ce qui faisait l’intérêt, la valeur, l’originalité du xviiie siècle, la meilleure moitié de ce qui faisait l’intérêt, la valeur, l’originalité du xviie siècle.
Il est évident que les bonnes et dignes feuilles solennelles d’autrefois sont mortes, et que le reportage et l’afflux d’informations télégraphiques poussent tous les journaux à devenir des feuilles d’annonces et de nouvelles rapides, en sorte que les choses propres à faire penser lentement doivent en être exclues : il y a là de quoi décourager les esprits critiques soucieux de dignité, de quoi aussi encourager les directeurs à les renvoyer aux revues mensuelles.
Il y a des auteurs qui étalent ce qu’ils pensent de la religion, de la politique, de la destinée humaine et dont les opinions forment un système fort bien lié : tel est Bossuet, par exemple, ou Montaigne.
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de démontrer plus longuement que c’est bien par un mécanisme de réaction et de développement qu’une littérature et une société se transforment.
Mais la disposition à passer d’un souvenir, imagination ou idée, à l’action qu’ils représentent, — à produire l’acte et non pas seulement à le penser, — c’est là aussi un principe déterminant dans la conduite humaine. » L’auteur montre combien de faits curieux en psychologie s’expliquent par cette tendance de l’idée à se réaliser : la fascination causée par un précipice, les phénomènes produits par les idées fixes, par le sommeil magnétique, les sensations causées par sympathie.
Mais ce n’est pas sans scrupule, et j’ai de la peine du côté de la cour, à presser des gens de me faire des grâces, quand je pense que ce n’est que pour les quitter.
Je l’avais observé sans penser que cette voix tinterait si profond et à jamais dans ma vie.
Dans son petit salon de l’Abbaye, elle pensait à tout, elle étendait au loin son réseau de sympathie.
C’est Retz en personne qui, en sa qualité de coadjuteur, avait donné la bénédiction à ce fameux mariage qui se présentait sous de si magnifiques auspices ; mais qu’en pensait-il lui-même ?
Je pensais à toi dans mon agonie ; j’ai versé telles gouttes de sang pour toi.
Il faudrait encore bien rechercher si la sonorité de l’espagnol ne produit pas un cliquetis de mots parfois vide et vain, si la douceur italienne ne dégénère pas aisément en mollesse banale et ne fait point penser à ce « latin bâtard » dont parle Byron, si ces deux idiomes arrêtent et retiennent suffisamment l’idée, si dans ces deux langues la facilité toute spontanée de la musique ne se dérobe pas aux nuances psychologiques du sentiment, aux profondes analyses de la pensée, à la dialectique soutenue, à cette harmonieuse alliance de la philosophie morale et de l’art, qui recommandent la prose et la poésie française depuis leurs origines jusqu’aux chefs-d’œuvre contemporains.
Ceci, pour le dire en passant, expliquerait assez bien l’unité de l’Iliade et de l’Odyssée, dans l’hypothèse de ceux qui pensent que ces poèmes ne sont pas l’ouvrage d’un seul homme, de l’homme qui s’est appelé Homère, c’est-à-dire le poète.
Tout le monde connaît les douze panégyriques prononcés dans différentes villes d’Italie, par des hommes à qui la magnificence de Louis XIV avait prodigué des pensions, et qui, dans un roi étranger, honoraient plus qu’un maître, puisqu’ils honoraient un bienfaiteur.
N’est-ce pas ainsi que Mlle Necker demanda un jour brusquement à la vieille maréchale de Mouchy ce qu’elle pensait de l’amour ? […] Leroux (Revue Encyclopédique, mars 1833) a démontrée explicite au sein du dix-septième siècle, par plus d’un passage de Fontenelle et de Perrault, et que le dix-huitième a propagée dans tous les sens, jusqu’à Turgot qui en fit des discours latins en Sorbonne, jusqu’à Condorcet qui s’enflammait pour elle à la veille du poison, cette idée anime énergiquement et dirige Mme de Staël : « Je ne pense pas, dit-elle, que ce grand œuvre de la nature morale ait jamais été abandonné ; dans les périodes lumineuses comme dans les siècles de ténèbres, la marche graduelle de l’esprit humain n’a point été interrompue. » Et plus loin : « En étudiant l’histoire, il me semble qu’on acquiert la conviction que tous les événements principaux tendent au même but : la civilisation universelle… » — J’adopte de toutes mes facultés cette croyance philosophique : un de ses principaux avantages, c’est d’inspirer un grand sentiment d’élévation. » Mme de Staël n’assujettit pas à la loi de perfectibilité les beaux-arts, ceux qui tiennent plus particulièrement à l’imagination ; mais elle croit au progrès, surtout dans les sciences, la philosophie, l’histoire même, et aussi, à certains égards, dans la poésie, qui, de tous les arts, étant celui qui se rattache le plus directement à la pensée, admet chez les modernes un accent plus profond de rêverie, de tristesse, et une analyse des passions inconnue aux anciens : de ce côté se déclare sa prédilection pour Ossian, pour Werther, pour l’Héloïse de Pope, la Julie de Rousseau, et Aménaïde dans Tancrède. […] Son style est fort clair et fort net ; on entend tout ce qu’il dit. » Elle pensait, et avec raison, qu’il y a un ccin un peu meilleur, une marque de style encore supérieure à celle-là. […] Necker, l’auteur des Opinions religieuses, méprise la révélation ; la fille de Mme Necker, de l’auteur d’un ouvrage contre le divorce, fait de longues apologies du divorce. » En somme, Delphine était appelée « un très-mauvais ouvrage écrit avec beaucoup d’esprit et de talent. » Cet article parut peu suffisant, je pense ; car la même feuille inséra quelques jours après (4 et 9 janvier 1803) deux lettres adressées à Mme de Staël et signées l’Admireur ; elles sont de M.
Non, jusqu’au moment où elle pense au suicide, aucune loi de vraisemblance matérielle n’est violée. […] Par bonheur les livres durent par ce qu’ils valent, et non par ce qu’en ont pensé les contemporains. […] Sa mère, Mme Chèbe, dit d’elle ce mot caractéristique : « Personne n’a jamais pu savoir ce qu’elle pensait. » Après le dîner, la danse commence. […] Hamel immobile dans sa chaise et fixant les objets autour de lui, comme s’il avait voulu emporter dans son regard toute sa petite maison d’école… Pensez ! […] Comme à nous, il vous rappellera un temps où nous avions au moins l’espérance, et où c’eût été une lâcheté que de ne pas penser conserver à la France toutes ses provinces.
Musset absolument à part ; il a l’imagination, le sentiment, la psychologie, le dialogue, la force (dans Lorenzaccio), et toujours la vérité dans la fantaisie ; mais on sait qu’il écrivit ces comédies sans penser à la scène, pour être imprimées, et que son premier succès est de 1847. […] De cette crise prochaine se dégagera le principe nouveau que notre myopie ne distingue pas aujourd’hui, la foi dont l’homme a besoin pour vivre. — Notre époque est intéressante : pour celui qui pense, la vie actuelle est une belle douleur. […] Celui-ci commence par chercher sa voie, hésite, désespère ou prend courage, perd son but de vue ou pense le découvrir où il n’est pas, et, lorsque enfin il est “arrivé”, s’il se retourne pour considérer le passé, se rend compte avec étonnement que le résultat obtenu n’est point celui auquel il visait d’abord.
. — Ainsi nous pensons les caractères abstraits des choses au moyen de noms abstraits qui sont nos idées abstraites, et la formation de nos idées n’est que la formation des noms qui sont des substituts. […] Or il n’y a pas d’individu naturel ni d’événement effectif qui n’y puisse entrer ; qu’il s’agisse d’un corps ou d’un esprit, d’un changement externe ou interne, sitôt que nous apercevons une chose ou un fait, nous le mettons dans sa classe, c’est-à-dire avec d’autres semblables ; bien mieux, dès que l’objet est pensé par nous, il évoque spontanément en nous, sans que nous le voulions et par la seule loi d’association des idées, d’autres objets plus ou moins semblables.
Je pensai que le moyen de m’approprier la nature, c’était de la copier. […] Ayant remarqué que leur couleur changeait suivant les différentes contrées et les rivières, lacs ou étangs qu’ils fréquentent, j’ai été conduit à penser que ce curieux résultat pourrait bien provenir de la différence de coloration des eaux.
Son sourire bienveillant donnait de la grâce au sérieux de ses pensées, et ses mots fins et à deux sens portaient d’eux-mêmes et touchaient avec justesse à leur double but, comme deux traits partis à la fois d’un même arc : l’un pour faire sourire, l’autre pour faire penser. […] Rome, sous son gouvernement, ressemblait à une république où chacun pense et dit ce qu’il veut, sans que personne inquiète ou tyrannise personne.
On demandait en ce temps-là à Sièyes « à quoi il pensait ». Il répondit : « Je ne pense pas. » Toute l’époque a fait comme lui ou du moins a dû s’en donner l’apparence.
Des auditions plus variées, plus fréquentes, de fragments Wagnériens, quelques correspondances « transrhénanes » (des échos de Représentations Solennelles dans la ville de Bayreuth, de Cycles Wagnériens à Munich, à Vienne, à Berlin) découvrirent, ensuite, un génie musical, acceptable… Des insultes de Wagner à la France, on sut ce qu’il fallait penser : et, quant à cette fameuse haine contre la France, nul n’en trouva la marque, ni dans les livres, ni dans les lettres, ni dans les paroles de Richard Wagner ; Richard Wagner avait combattu, dans ses écrits, l’influence de l’esprit français ; mais c’était là tout une autre affaire ; et quiconque avait lu ses lettres et ses livres, quiconque l’avait entendu causer, rapportait aux Parisiens ébahis, que Wagner aimait la France, et Paris, et ses vieux souvenirs de 1842, et ceux, aussi, de 1860, ses amis Français, les compagnies qu’il avait traversées, les rues, les maisons même, où s’était traînée sa misère ; et l’on connut, dans le cœur du rude Ennemi, de délicieuses tendresses, pour le pays qui l’avait bafoué. […] Le Voyageur — L’éveilleur est moi, — et je force la Sage, — pour que, pleinement, veille — ce que le dur Sommeil enferme. — J’ai parcouru l’univers, — très voyagé, —à fin de gagner la Connaissance, — d’obtenir le Premier-Sage Conseil. — Plus sachant, il n’est — nul que toi : — tu connais ce que le gouffre cache, — ce que le mont et le val, — l’air et l’eau enlacent ; — où sont des êtres — là souffle ton Souffle ; — où pensent des cerveaux, — est ta Pensée : — tout, dit on, — te serait connu. — Pour qu’à présent j’obtienne la Connaissance, — je t’ai éveillée du Sommeil.
J’ai toujours pensé que le propre du littérateur est l’impossibilité de se « figurer » une « description littéraire ». […] Ainsi son langage s’agrandira, et en outre des élémentaires littératures, dans ses phrases il y aura, non des visions ni des musiques, mais le reflet, l’écho, la correspondance de toute cette vie ; son âme d’artiste comprendra la complétude de la sensation, mais son âme de littérateur la littérarisera, et c’est ainsi qu’il verra et sentira, comme il pense, littérairement.
Jeudi 11 février Pensez-vous à la grande machine de guerre, que ce serait en ce moment contre le régime actuel, une étude consciencieuse et observée de la jeune fille de la Libre pensée, de la jeune fille, grandie dans la capote d’un soldat, de la jeune fille ayant pour catéchisme un manuel de la génération, de la jeune fille dépouillée de toutes les délicatesses et de toutes les pudeurs de son sexe, de la jeune fille enfin, dans laquelle il y aurait une complète absence de féminilité. […] Je ne puis m’empêcher de penser avec tristesse, au plaisir, que cette publication aurait fait à mon pauvre cher frère.
Je souhaite que ce qu’on m’a dit ne soit pas vrai ; mais si vous êtes assez malheureux pour n’avoir pas rompu un commerce qui vous déshonore devant Dieu et devant les hommes, vous ne devez pas penser à nous venir voir ; car vous savez bien que je ne pourrais pas vous parler, vous sachant dans un état si déplorable et si contraire au christianisme. […] Racine, sans y penser, avait inventé un genre.
Il semble ainsi qu’au Moyen Âge une façon de penser et de sentir commune, imposée à l’Europe entière par la triple autorité de la religion, du système féodal, et de la scolastique, ait opprimé en littérature, pendant plus de quatre ou cinq cents ans, et comme anéanti toutes les distinctions d’origine, de race et de personne. […] Qui veut se distinguer n’y saurait réussir qu’en s’isolant d’abord ; et l’homme du Moyen Âge ne semble avoir pensé, ou même senti qu’en corps, pour ainsi dire, et en groupe, ou en troupe.
Le côté droit étant éclairé par la lumière qui vient de dessous l’arcade, on pense bien que le côté gauche est tout entier dans la demi-teinte. […] Un conte vous fera mieux comprendre ce que je pense des esquisses qu’un long tissu de subtilités métaphysiques.
. — Si le poète y a pensé, ce n’est pas pour y voir un contraste, mais plutôt pour y noter un accord entre cette belle nature chérie et ce beau fait d’armes glorieux : son patriotisme marie tout cela.
Ils ne disaient rien que de juste et que de convenable, rien qui ne fût d’un commerce doux, facile et gai… Je sentis même une chose qui m’était fort commode, c’est que leur bon esprit suppléait aux tournures obscures et maladroites du mien ; ce que je ne disais qu’imparfaitement, ils achevaient de le penser et de l’exprimer pour moi sans qu’ils y prissent garde, et puis ils m’en donnaient tout l’honneur.
Il manquait encore, malgré tout, une énorme somme : « Et de cela furent extrêmement joyeux, nous dit Villehardouin, ceux qui ne voulaient rien y mettre ; car maintenant ils pensaient bien que l’armée devrait se rompre. » Le fait est qu’à tout moment on aperçoit dans le récit de Villehardouin le regret d’une partie des croisés de s’être engagés si légèrement dans une si rude entreprise et le désir de la faire échouer.
Mais moralement il retrouve ses avantages ; il s’efforce à tout moment de rendre son commentaire utile en l’appliquant à notre temps, à nous-mêmes, aux vices de la société et à la maladie de nos cœurs : « Bossuet est surtout l’homme de l’âge où nous sommes », pense-t-il ; et il en donne les raisons, qui sont plutôt de sa part d’honorables désirs que des faits manifestes et concluants pour tous.
Le coup d’œil supérieur de Turgot et son zèle pour tout perfectionnement ne pouvaient que favoriser un tel projet ; ses successeurs pensèrent de même.
Le grand Arnauld ne l’avait jamais lu, je pense, et ce qu’il savait de grec, vers la fin de sa vie il l’avait oublié.
Si, comme on peut le croire, dans le paysage probablement décrit d’après nature par Saint-Amant, il y avait en effet un coin de ruine mal famé, où l’on montrait encore de loin avec effroi ce qu’il appelle le squelette d’un amant qui s’était pendu par désespoir, je ne vois pas pourquoi il ne l’aurait pas conservé : mais autre chose est ce trait trop important pour être omis dans un paysage de ce caractère, et qui n’en occuperait dans tous les cas qu’un côté funeste et maudit, autre chose est la limace et le crapaud qu’il s’amuse à nous montrer dans la strophe suivante sur les parois de la cave ou du souterrain effondré du château : Le plancher du lieu le plus haut Est tombé jusque dans la cave, Que la limace et le crapaud Souillent de venin et de bave… Ce qui paraît d’autant plus choquant que cette cave, ainsi présentée de si laide façon, devint chez lui tout aussitôt la grotte sacrée du Sommeilq : Là-dessous s’étend une voûte Si sombre en un certain endroit, Que, quand Phébus y descendroit, Je pense qu’il n’y verrait goutte ; Le Sommeil aux pesants sourcils, Enchanté d’un morne silence, Y dort, bien loin de tous soucis, Dans les bras de la Nonchalence, Lâchement couché sur le dos, Dessus des gerbes de pavots.
Son gouvernement de Fribourg lui donne occasion d’aller visiter les entrées des montagnes Noires : « Il ne les trouva pas d’un accès si difficile que l’on le publiait, et dès ce temps-là il prit des connaissances qui lui furent utiles dans la suite. » Le roi lui demande même des mémoires sur les projets de guerre qu’on peut former : Villars les lui remet en audience particulière ; le roi les lit et l’assure que c’est avec plaisir, et qu’il en comprend les conséquences et l’utilité : mais comme celui qui pensait n’était pas à portée d’être chargé de l’exécution, qu’il y avait trois maréchaux de France destinés au commandement de l’armée d’Allemagne, et que, d’ailleurs, le ministre de la guerre (c’était alors Barbesieux) était ennemi déclaré du marquis de Villars, ses idées ne furent point suivies.
Alors qu’ils semblent penser le plus profondément, c’est encore l’effet extérieur qui les occupe.
Je ne sais absolument qu’en penser ; c’est à vous de voir et d’en savoir davantage ; mais n’épargnez aucun moyen pour soumettre au frein ces imaginations capricieuses et vagabondes, s’il y a place pour un bon conseil… Ce Bonstetten wertherien, hâtons-nous de le dire, excède et dépasse de beaucoup le Bonstetten naturel, habituel, celui qui va durer, fleurir et se renouveler jusqu’à la fin, et qui, après avoir été un si séduisant jeune homme, parut à tous un si agréable vieillard.
Se méfier toujours et de tous : « Aie un témoin, même quand tu ris avec ton frère. » Si Hésiode a mal pensé et parlé des rois, il n’épargne guère les femmes.
Et pour revenir à notre objet d’aujourd’hui, à la lecture d’un des Évangiles, je rappellerai l’excellente remarque de Pascal jugeant des paroles et discours de Jésus : « Jésus-Christ a dit les choses grandes si simplement qu’il semble qu’il ne les a pas pensées ; et si nettement néanmoins, qu’on voit bien ce qu’il en pensait.
C’est là une ironie et une malice qui nous fait plus simples que nous ne le sommes, et qui compte trop sur le béotisme des lecteurs ; c’est aller contre son but ; cela avertirait, si l’on n’y pensait pas, de faire à l’auteur une question à laquelle son détail infini nous provoque sans cesse, et de lui demander : D’où le savez-vous ?
Mais je n’ai point eu à m’occuper de ce qui s’est passé dans des leçons orales : j’ai pensé surtout à ce qui s’est imprimé sur Florus depuis Montesquieu jusqu’à M.
La jeunesse est sujette à prendre au pied de la lettre tout ce qui s’écrit ; et, ce qui doit donner à penser à ceux qui écrivent, elle met ses actions, sa personne et sa vie au bout des phrases ; elle s’embarque, corps et âme, sur la foi des paroles.
Entre toutes les fleurs il va choisir l’amarante, la qui, dit-on, se flétrit le moins vite, une sorte d’immortelle ; il fait fi de la rose trop passagère ; il lui retire son hommage pour le transporter sur une fleur plus digne ; il dit tout cela en vers bien tournés et bien frappés plutôt que fortement pensés.
Je ne sais si Richelieu, qui aimait tant les ballets, et qui savait qu’on les aime en France, a pensé à cela en fondant l’Académie française ; mais il se trouve que c’est assez vrai103.
Cette affirmation ne me touche guère parce que j’ai la conscience de l’avoir plus aimé qu’aucun de ceux qui diront cela n’ont jamais aimé aucune créature humaine ; … mais, renfonçant toute sensibilité, j’ai pensé qu’il était utile pour l’histoire des lettres, de donner l’étude féroce de l’agonie et de la mort d’un mourant de la littérature… »16 Et, cette justification achevée, suit une des plus poignantes et douloureuses observations cliniques qui aient jamais été recueillies par un cerveau dressé à l’analyse et tout proche de l’être souffrant : Observation α.
Je ne pense pas que l’espèce humaine ait rétrogradé pendant cette époque ; je crois, au contraire, que des pas immenses ont été faits dans le cours de ces dix siècles, et pour la propagation des lumières, et pour le développement des facultés intellectuelles.
. — Non seulement le dehors, mais encore le dedans était factice ; il y avait une façon obligée de sentir, de penser, de vivre et de mourir.
. — Je pense que, pour les sièges épiscopaux, il faut ajouter moitié en sus, et que, pour les abbayes et prieurés, il faut doubler, parfois tripler ou même quadrupler.
A dire que la poésie est l’art de transformer les idées générales en petits faits sensibles, et de rassembler les petits faits sensibles sous des idées générales ; de telle sorte que l’esprit puisse sentir ses pensées et penser ses sensations.
Et c’est, je pense, de cette absence d’effort, de cette rapidité à sentir, de cette légèreté ailée que résulte la grâce, ou le charme.
J’en suis plus près qu’on ne pense.
Et il dresse un plan de réparation dont les principes sont, je pense, les suivants : La société ne vaut que par sa tête ; les parties basses n’importent pas plus que le bétail de boucherie ; le monde doit donc être disposé de façon à sauvegarder et à ennoblir l’Élite.
ôté d’abord la poutre de ton œil, et alors tu penseras à ôter la paille de l’œil de ton frère 266. » Ces leçons, longtemps renfermées dans le cœur du jeune maître, groupaient déjà quelques initiés.
En faisant ces vers, il pensait manifestement à Pope, à Despréaux, à Horace, leur maître à tous.
Je ne crois pas que celle-ci doive être nécessairement ennuyeuse et triste, mais je pense encore moins qu’elle doive être à ce point émue, sentimentale et comme magnétique.