Je n’attache pas grande importance à toutes ces prédictions, mais comme je serais heureuse de les voir se réaliser ! […] Elle est à Budapest, très heureuse, dans l’agréable compagnie de ses oncles et de ses frères. […] Elle seule sait ce qui peut nous rendre heureux. […] Mais l’heureux époux dérangea toutes ces baliverneries. […] Elles ont été pour beaucoup dans tout ce qui m’est arrivé d’heureux et de malheureux, sans qu’elles m’aient tourné la tête longtemps.
Aussi avec quelle curiosité ai-je toujours interrogé ceux qui, plus heureux que moi, avaient approché et fréquenté l’homme ! […] Lequel d’entre eux ne serait heureux de donner l’hospitalité au doux Gérard ? […] Un événement heureux contribua à l’y ramener ; ce fut la rencontre avec Edgar Poe. […] Heureuses les oreilles pour qui résonnent, en leur musique mélodieuse, les strophes du lyrique des Iles d’or ! […] Un hasard heureux a mis entre mes mains un petit document concernant une autre des figures familiales dont je possède l’effigie.
On ne dira pas mieux sur ce sujet, et je ne saurais donc mieux faire que de vous citer quelques-unes des observations de l’inquiet et souffrant poète des Rêves et Pensées sur l’heureux et glorieux poète des Harmonies. […] Génies mélodiques, analogues au sien par la veine heureuse et la grâce. […] Il l’épouse ; ils sont heureux. […] Il laisse l’humanité toujours aussi « animale », et non pas plus heureuse ; il n’est, en réalité, qu’un piétinement, sinon un recul. […] Il serait tout à fait impossible de démontrer que les applications de la science aux commodités de la vie nous aient vraiment faits plus heureux.
Brunet lui parlant amicalement de son sort, l’autre lui disait : « Moi je me regarde comme le plus heureux des hommes… Je suis maître timonier en second, et je vais être nommé prochainement timonier en premier, et je serai un jour décoré… Oui, il n’y a pas une peau d’homme autre que la mienne, où je voudrais être… Dans ma vie, il n’y a qu’une chose qui m’embête, c’est que j’ai un frère plus jeune que moi, que j’aurais voulu voir amateur de galon… Eh bien, il s’est fait calicot ! […] Dimanche 1er mai Aujourd’hui, où l’on ne sait pas si la société française « sera mise à cul » et si un gros morceau de Paris ne sera pas dynamité, l’heureux Poitevin fait son entrée chez moi, tout réjoui, tout hilare, tout rayonnant de l’enfantement de trois ou quatre épithètes, disant à ce propos, assez éloquemment, qu’il n’y a de synonymes que pour les âmes non nuancées, et avec ces épithètes, il m’apporte la primeur de cette phrase : « Le signe de la croix inscrit sur la personne humaine les quatre points cardinaux de l’espace spirituel, dans la rose des vents de la destinée humaine. » Je traverse en sortant de mon Grenier, les Champs-Élysées. […] » Coppée parlant de Mlle Read, déclare qu’elle n’aime que les affligés, les souffrants, les malheureux, qu’elle hait les chanceux, les heureux, les gens ayant l’argent et la gloire. […] « Et, toujours au bout de la battue, quelque heureuse trouvaille, qu’on me mettait dans les bras, et que je portais, comme j’aurais porté le Saint-Sacrement, les yeux sur le bout de mes pieds, et sur tout ce qui pouvait, me faire tomber. Et le retour avait lieu, dans le premier et expansif bonheur de l’acquisition, faisant tout heureux le dos des trois femmes, avec, de temps en temps, le retournement de la tête de ma tante, qui me jetait dans un sourire : “Edmond, fais bien attention de ne pas le casser !
Le mot étirement est heureux, séduisant ; mais à relire telle épopée, on n’arrive pas à concevoir ce procédé, ni pour le fond ni pour la forme ; considéré de plus près, il ne répond ni à la psychologie ni à l’esthétique. […] Ils s’abandonnaient à cette séduction, à ce je ne sais quoi si puissant et si doux… Par une exceptionnelle et heureuse dérogation aux procédés habituels de leur esprit, ils le sentaient mieux qu’ils ne le définissaient ». […] La solidarité croissante des nations, heureuse en soi, amène d’autres complications encore, avec parfois des contre-coups fâcheux. […] En France, c’est Napoléon III, auquel on commence à rendre justice ; puis les débuts de la troisième République, difficiles et héroïques ; un travail immense, que la guerre de 1870 semble scinder en deux par une catastrophe ; et si c’était une nécessité heureuse ? […] Alphonse. — Laissons de côté Sardou qui n’est qu’un Hardy plus habile et plus heureux ; sa réclame a trompé le public et l’a peut-être trompé lui-même.
Le libre et plein développement de la pure nature qui, en Grèce et en Italie, aboutit à la peinture de la beauté et de la force heureuse, aboutit ici à la peinture de l’énergie farouche, de l’agonie et de la mort. […] La sereine et noble Grèce a pour chef de ses poëtes tragiques un des plus accomplis et des plus heureux de ses enfants28, Sophocle, le premier dans les choses du chant et de la palestre, qui, à quinze ans, chantait nu le pæan devant le trophée de Salamine, et qui, depuis, ambassadeur, général, toujours aimé des Dieux et passionné pour sa ville, offrit en spectacle dans sa vie comme dans ses œuvres l’harmonie incomparable qui a fait la beauté du monde antique, et que le monde moderne n’atteindra plus. […] si je pouvais voir l’enfer et revenir, comme je serais heureux ! […] … Bon Dieu, nous aurions été heureux ! trop heureux, le bonheur rend hautain, à ce qu’on dit… Il n’y a pas de paix pour une épouse arrachée à son vrai mari, arrachée de force par un mariage infâme.
Il était dans son heureux déclin, dans le plein et doux éclat du soleil couchant. […] Heureuse et enviable entre toutes l’impression vierge du premier jour qui se nourrit et se confirme avec les années, qui se fixe en respect inaltérable et en vénération !
Dans la Chambre de 1815, un tel homme, l’homme du bon conseil, ne put manquer d’exercer, au sein de la minorité dont il faisait le lien, une influence des plus actives et des plus heureuses, et celle qui parut publiquement n’est que la moindre ; mais dans ces conférences de chaque jour où les chefs de la minorité discutaient les plans de défense, se distribuaient entre eux les rôles et se concertaient sous main avec quelques membres du Cabinet, que de bons et prudents avis, que de moyens ingénieux de tourner les difficultés, que de biais adroitement ménagés, il dut trouver et faire prévaloir ! […] … » Ce mouvement, vu en situation et avec tout son développement que j’abrége, était certes des mieux inspirés et des plus heureux au début d’une telle discussion, à laquelle il ôtait de l’irritation et qu’il replaçait à toute sa hauteur.
Et pourtant il est heureux pour Sophocle et Euripide, et pour l’honneur entier de leurs tragédies, que la légende ait régné dans l’antiquité sans partage, et nous ne pouvons savoir toute la gravité de l’échec qu’auraient subi leurs héros si l’on avait retrouvé au temps d’Aristote la correspondance d’Oreste et si l’on avait publié les papiers de Simancas de la famille d’Agamemnon. […] heureuse après tout peut-être.
Je m’empresse de t’apprendre l’heureuse sortie de l’escadre aux ordres du contre-amiral Villaret, composée de 25 vaisseaux, 8 frégates et 8 corvettes. […] J’ai été heureux, en lisant les intéressants Mémoires du comte Beugnot, de trouver mon jugement confirmé, et d’une manière aussi pratique qu’éclatante, sous la plume d’un homme qu’on peut dire adversaire.
Lorsque, en 1827, à l’occasion du sujet proposé par l’Académie française, qui avait demandé le Tableau de notre littérature au xvie siècle, quelques esprits curieux se portèrent plus particulièrement vers la poésie de ce temps-là, leur première impression fut la surprise : on leur avait tant dit que cette poésie, celle qui remplissait l’intervalle de Clément Marot à Malherbe, était barbare et ridicule, qu’ils furent frappés de voir, au contraire, combien elle l’était moins qu’on ne le répétait de confiance ; combien elle offrait, après un premier et rude effort, d’heureux exemples de grâce, d’esprit, et parfois d’élévation. […] Pour les imiter dignement et conformément à l’esprit, c’était donc en français qu’il les fallait non pas seulement traduire, mais reproduire avec art, avec sentiment et choix, qu’il les fallait sinon transplanter tout entiers, du moins renouveler par quelques-uns de leurs rameaux, les faisant refleurir et fructifier à souhait par une greffe heureuse, afin qu’on pût dire de la langue française, à son tour, en toute vérité : Nec longum tempus, et ingens Exiit ad cœlum ramis felicibus arbos, Miraturque novas frondes et non sua poma.
Il semble qu’on n’ait pas affaire à un fâcheux accident, au simple coup de grêle d’une saison moins heureuse, mais à un résultat général tenant à des causes profondes et qui doit plutôt s’augmenter. […] On a vu dernièrement un auteur réclamer tout haut contre l’usage de quelques-uns de ces cabinets qui, pour ne pas se ruiner en doubles achats, découpent dans les journaux et font relier les romans qui paraissent en feuilletons ; l’auteur dénonçait avec indignation cette mesure économique : c’est heureux qu’il n’ait pas déféré le cas au procureur du roi.
Mais, comme les belles œuvres ne sauraient jamais s’exclure, soyons et demeurons heureux de les embrasser. […] Je ne trouve pas que l’ingénieux critique se soit rendu compte ainsi de la différence des situations, et cela a pu jeter quelque indécision sur des aperçus toujours piquants de détails et si heureux d’expression.
Le chapitre du livre III, dans lequel l’auteur expose la transformation de l’ancien patriciat en haut clergé romain, a semblé à de bons juges un des plus heureux et des plus satisfaisants de l’ouvrage. […] Je regretterais trop de quitter ses savants volumes sans donner idée du caractère animé, brillant et tout à fait heureux de bien des pages, et je détache de préférence, comme échantillon, celles où il nous exprime l’état vivant des croyances et des mœurs rustiques dans le midi de l’empire au lendemain de Théodose.
Contentons-nous d’en atteindre le bienfait, en quelque sorte, dans les Mémoires de Mme de La Rochejaquelein, produit littéraire heureux de cet esprit de conciliation et de sympathie, fruit charmant né, pour ainsi dire, de cette greffe des deux France. […] M. de Barante eu l’honneur, en ce grand mouvement historique qui fait encore le lot le plus clair de notre moderne conquête, d’introduire une variété à lui, un vaste échantillon qu’il ne faudrait sans doute pas transposer à d’autres exemples, mais dont il a su rendre l’exception d’autant plus heureuse en soi et plus piquante.
Télémaque, pendant ce long voyage, tantôt heureux, tantôt traversé par le destin, aborde ou échoue sur mille rivages, assiste à des civilisations diverses, expliquées par son maître Mentor, court des dangers, éprouve des passions, est exposé à des piéges d’orgueil, de gloire, de volupté, en triomphe avec l’aide de cette Sagesse invisible qui le conseille et le protége, se mûrit par les années, se corrige par l’expérience, devient un prince accompli, et voyant régner, dans les contrées qu’il parcourt, tantôt de bons rois, tantôt des républiques, tantôt des tyrannies, reçoit, par l’exemple, des leçons de gouvernement qu’il appliquera ensuite à ses peuples. […] Heureux ceux qui n’ont jamais regardé leur autorité que comme un dépôt qui leur est confié pour le seul bien des peuples !
Cependant, dès 1519, Homère a paru en français, il est vrai d’après le latin, dans la version parfois heureuse de Jehan Sanxon ; Le Fèvre d’Étaples, qui a édité et commenté les Épîtres de saint Paul en 1512, traduit en 1524 les Évangiles, en 1530 la Bible. […] Quelques vers au début d’une de ses meilleures pièces expriment très bien le vœu de son esprit et le vœu de son cœur167 : 1re Fille. — Tout le plaisir et le contentement Que peut avoir un gentil cœur honnête, C’est liberté de corps, d’entendement, Qui rend heureux tout homme, oiseau, ou bête !
Heureux ceux qui ne sont d’abord qu’une tête dans la foule, quand il est donné à cette tête de circuler librement dans cette foule, d’en visiter les replis et de la refléter tout entière ! […] Dans tous les cas, les facultés dont est composé le génie d’un soldat sont presque toujours d’une espèce assez humble ; le degré seul en est quelquefois éminent. » Ainsi raisonne-t-on à l’âge heureux où l’on a toutes les impertinences.
S’il est vrai que l’on ait fait cette fameuse allée de Moscou à Petersbourg, le voyageur doit périr d’ennui renfermé entre les deux rangs de cette allée ; & celui qui aura voyagé long-tems dans les Alpes, en descendra dégoûte des situations les plus heureuses & des points de vûe les plus charmans. […] Comme elles ont tout à défendre, elles ont tout à cacher ; la moindre parole, le moindre geste, tout ce qui sans choquer le premier devoir se montre en elles, tout ce qui se met en liberté, devient une grace, & telle est la sagesse de la nature, que ce qui ne seroit rien sans la loi de la pudeur, devient d’un prix infini depuis cette heureuse loi, qui fait le bonheur de l’Univers.
Dans les genres qui semblent plus particulièrement les facultés du dix-septième, la poésie, le théâtre, l’éloquence religieuse, la philosophie morale, les pertes ne sont pas compensées par quelques beautés inspirées des anciennes, ni par d’heureuses nouveautés restées trop loin de la perfection. […] Ne lui disputons pas d’ailleurs le mérite d’une certaine imagination de style, et par moment d’un heureux choix de mots ; mais dans ses plus beaux vers on ne sent ni une raison émue ni un cœur touché.
En dépit du mot si vrai de Schopenhauer : « En morale la bonne volonté est tout, en art, elle n’est rien » on verra la société couronner l’effort laborieux, le mérite médiocre et respectueux du goût général plutôt que l’originalité heureuse, hardie et dédaigneuse du goût moyen, de l’esthétique de tout le monde. […] Il est louable d’aspirer à une culture « organique » qui produirait des individualités harmonieuses, complètes, saines et heureuses. — Mais comment instaurer cette culture « organique » ?
Bourget est manifeste, et il a sans doute été de bonne fui en l’acceptant ; mais il est impossible qu’il l’ait longtemps estimée heureuse et efficace. […] France et de son embonpoint, qu’un écrivain trapu et débonnaire, heureux de s’isoler dans l’anachronisme d’une vie spéciale qui ne s’adoucit, au sens moderne, que de ce qu’elle ne peut refuser à l’époque, — l’on observera que cet écrivain, qui est réellement M.
L’observation y fait un contrepoids heureux à l’imagination, mais l’utilité du réalisme est soumis à la condition qu’il sache se subordonner. […] J’aurais voulu le faire plus clairement et plus explicitement, mais je serais heureux d’avoir réussi à vous montrer sur le mur de l’histoire littéraire la treille poétique d’aujourd’hui.
Elles n’ont pas toujours été heureuses ; et la revue rapide que nous venons d’en faire laisse déjà pressentir le mal qu’elles ont pu causer. […] L’heureux stratagème, acte 1, scène v.
Victorieux depuis qu’il régnait, n’ayant assiégé aucune place qu’il n’eut prise, supérieur en tout genre à ses ennemis réunis, la terreur « de l’Europe pendant six années de suite, enfin son arbitre et son pacificateur, ajoutant à ses états la Franche-Comté, Dunkerque et la moitié de la Flandre ; et ce qu’il devait compter pour le plus grand de ses avantages, roi d’une nation alors heureuse et alors le modèle des autres nations. » Les armées qui avaient conquis les pays dont sa longanimité rendait la plus grande partie par la paix de Nimègue, étaient florissantes, pleines de gloire et de confiance. […] À l’exemple de cette société, elle fit de la conversation et des correspondances épistolaires, le moyen d’exercer, de perfectionner, de tenir en haleine, d’exciter par l’émulation, les facultés que la nature a départies aux Français pour rendre la vie sociale, douce, heureuse, et faire envie à tout le monde civilisé.
Celui qu’elle aime, c’est Spiegel ; et l’artiste, heureux et fier, sa maîtresse au bras, quitte ce château maudit. […] Il me semble qu’après tant de critiques et de contestations, vous pourrez nous croire lorsque nous vous répéterons que cette comédie mal faite est née viable, malgré tout, et qu’elle contient des scènes charmantes, d’heureux détails et des fusées de saillies qui étincellent aux oreilles.
Il semble heureux. […] Pour qu’il se repente, pour qu’il demande grâce, il faut que Léa noblement affligée du mal qu’elle a fait, vienne promettre à Camille un éloignement éternel ; il faut encore qu’il lise une lettre où la pauvre enfant, se sentant de trop, lui annonçait qu’elle allait mourir, puisque sa mort le rendrait heureux.
j’aurais déjà fait plus d’une banqueroute. » Et le trait final va servir comme de transition à la prochaine comédie de Lesage, lorsque Oronte dit aux deux valets : « Vous avez de l’esprit, mais il en faut faire un meilleur usage, et, pour vous rendre honnêtes gens, je veux vous mettre tous deux dans les affaires. » Lesage eut son à-propos heureux ; il devina et devança de peu le moment où, à la mort de Louis XIV, allait se faire l’orgie des parvenus et des traitants. […] Il doit à cette conformité de nature avec tous, et à sa franchise heureuse, à son ingénuité de saillies et d’aveux, de rester, malgré ses vices, intéressant encore et aimable aux yeux du lecteur : quant au respect, a-t-on dit très spirituellement, c’est la dernière chose qu’il demande de nous.
De ces mots heureux et de ces saillies de l’abbé, il s’en est retenu un grand nombre. […] Amateur de musique, et de musique exquise, comme le sont les Napolitains, comme devait l’être l’ami de Paisiello, il en voulait à l’Opéra français du temps, qui faisait trop de bruit, et comme après l’incendie de la salle du Palais-Royal, cet Opéra ayant été transféré aux Tuileries, quelqu’un se plaignait que la salle était sourde : « Qu’elle est heureuse !
Il m’est souvent arrivé de parler de cet âge heureux de la langue et du goût qui, chez nous, correspond à la fin du xviie siècle et au commencement du xviiie , quand, après l’apparition des plus grandes œuvres et dans le voisinage des meilleurs esprits comme des plus aimables, la délicatesse était extrême, et que la corruption (j’appelle ainsi la prétention) n’était pas encore venue. […] Rémond, menait plus loin qu’Hélène ; elle répandait une joie si douce et si vive, un goût de volupté si noble et si élégant dans l’âme de ses convives, que tous les âges et tous les caractères paraissaient aimables et heureux.
On cite de son enfance des réparties heureuses et des traits d’une prodigieuse mémoire : il retint un jour par cœur un sermon de l’abbé Poulle, pour l’avoir entendu une fois, et il l’écrivit au sortir de l’église. […] Il saisissait vite toutes choses, devinait ce qu’il ne savait pas, décidait et tranchait là où il en avait besoin, avait la réplique heureuse et prompte, l’assertion résolue et hautaine, le front hardi comme le verbe, et sans cette pudeur native dont quelques honnêtes scrupuleux n’ont jamais pu se défaire.
» Il fut donné à Marmont de se poser deux fois ce fatal problème : « Heureux, s’écriait-il, heureux ceux qui vivent sous l’empire d’un gouvernement régulier, ou qui, placés dans une situation obscure, ont échappé à cette cruelle épreuve !
Il y montre Napoléon, bien que vaincu, n’y paraissant jamais inférieur à lui-même : « On le vit avec cinquante mille hommes vouloir en enfermer cinq cent mille au cœur de la France, et y réussir presque en les environnant de son mouvement, en trouvant moyen d’être toujours en personne sur leur passage… » Les environnant de son mouvement, voilà de ces expressions heureuses et pittoresques comme Carrel en a quelquefois, trop rarement pourtant, eu égard à l’excellent tissu de son style. […] Sa bonne mine et ses mois heureux électrisaient tout le monde.
Plus d’une duchesse, dit Grimm, s’est estimée ce jour-là, trop heureuse de trouver dans les balcons, où les femmes comme il faut ne se placent guère, un méchant petit tabouret à côté de mesdames Duthé, Carline et compagnie. […] Plus d’une duchesse, dit Grimm, s’est estimée ce jour-là, trop heureuse de trouver dans les balcons, où les femmes comme il faut ne se placent guère, un méchant petit tabouret à côté de mesdames Duthé, Carline et compagnie.
L’histoire entière des peuples est présentée comme un vaste quiproquo et une fausse route prolongée qui ne doit se rectifier que lorsque les hommes seront éclairés et sages ; et comme le néophyte, effrayé de ce spectacle universel d’erreurs, se met à désespérer de nouveau et à se lamenter, le Génie le rassure une seconde fois et lui démontre que ce règne de la sagesse et de la raison va enfin venir ; que, par la loi de la sensibilité, l’homme tend aussi invinciblement à se rendre heureux que le feu à monter, que la pierre à graviter, que l’eau à se niveler ; qu’à force d’expérience, il s’éclairera ; qu’à force d’erreurs, il se redressera ; qu’il deviendra sage et bon, parce qu’il est de son intérêt de l’être ; que tout sera fait quand on comprendra que la morale est une science physique, etc. […] Ses dernières années paraissent avoir été assez heureuses.
Si cet homme d’orage a fait quelque fracture heureuse, comme Alexandre de l’Inde, Charlemagne de la Scandinavie, et Bonaparte de la vieille Europe, il ne reste de lui que cela. […] Nous serions heureux d’être démenti.
Elles trouvent sous leur plume des tours et des expressions qui souvent en nous ne sont l’effet que d’un long travail et d’une pénible recherche ; elles sont heureuses dans le choix des termes, qu’elles placent si juste, que tout connus qu’ils sont, ils ont le charme de la nouveauté, semblent être faits seulement pour l’usage où elles les mettent ; il n’appartient qu’à elles de faire lire dans un seul mot tout un sentiment, et de rendre délicatement une pensée qui est délicate ; elles ont un enchaînement de discours inimitable, qui se suit naturellement, et qui n’est lié que par le sens. […] Ce qu’il y a eu en lui de plus éminent, c’est l’esprit, qu’il avait sublime, auquel il a été redevable de certains vers, les plus heureux qu’on ait jamais lus ailleurs, de la conduite de son théâtre, qu’il a quelquefois hasardée contre les règles des anciens, et enfin de ses dénouements ; car il ne s’est pas toujours assujetti au goût des Grecs et à leur grande simplicité ; il a aimé au contraire à charger la scène d’événements dont il est presque toujours sorti avec succès : admirable surtout par l’extrême variété et le peu de rapport qui se trouve pour le dessein entre un si grand nombre de poèmes qu’il a composés.
À propos d’un hémistiche de Bérénice, Voltaire écrit : c’est une Expression heureuse et neuve dont Racine enrichit la langue, et que par conséquent on critiqua d’abord 26. D’autre part, ceux qui ont ri de certaines expressions non moins heureuses apportées par les symbolistes ou les naturistes ignoraient souvent qu’on en pouvait trouver exemple chez les classiques (Cf.
astre de feu, jour heureux que je hais, Jour qui fais mon supplice, et dont mes yeux s’étonnent, Toi qui sembles le dieu des cieux qui t’environnent, Devant qui tout éclat disparoît et s’enfuit, Qui fais pâlir le front des astres de la nuit ; Image du Très-Haut qui régla ta carrière, Hélas ! […] » Que le soldat est heureux qui combat ainsi sous les yeux de son capitaine et de son roi, à qui sa valeur invincible prépare un si beau spectacle !
Ce fut un heureux augure pour son livre, auquel le public fit un accueil très-favorable. […] Avez-vous jamais dit que Ciceron écrivoit au parfait ; que la coupe des tragédies de Racine étoit heureuse ?
Deux bohémiennes l’accostent, lui prennent la main, lui prédisent des enfans et charmans, comme vous pensez bien, un jeune mari qui l’aimera à la folie, et qui n’aimera qu’elle, comme il arrive toujours ; de la fortune, il y avait une certaine ligne qui le disait et ne mentait jamais ; une vie longue et heureuse, comme l’indiquait une autre ligne aussi véridique que la première. […] Si cela n’est pas, l’artiste est faux ; si cela est, il n’y a donc point de pauvres ; s’il n’y a point de pauvres, et que les conditions les plus basses de la vie y soient aisées et heureuses, que manque-t-il à ce gouvernement ?
C’est elle qui fait dire à Quinault : au temps heureux où l’on sait plaire, … etc. […] Ils ne s’en doutent pas, ils sont tranquilles, ils sont heureux, ils s’entretiennent de leur voyage.
Si nous pouvions nous arrêter à des détails, nous aurions ici quelques remarques singulières à faire sur la solennité de Balzac, qui n’a point été égalée, sur la magnificence du style de Buffon, et la plénitude de celui de Thomas ; tentatives plus ou moins heureuses du génie de la langue française qui s’agitait dans les liens de la prose. […] Le platonisme, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, fut, parmi les nations païennes, une heureuse préparation à la religion de Jésus-Christ.
Byron, qui aimait la force physique pour trois raisons souveraines : parce qu’il était un être idéal, délicat et infirme, a toute sa vie recherché et choyé les heureuses créatures douées de cette mystérieuse puissance, si loin de lui qu’elles fussent, d’ailleurs, par la pensée, le sentiment et les autres distinctions faites par la nature ou par la société. […] Nisard n’a pas toujours été aussi heureux ; il n’a pas toujours eu cette critique large et cette sécurité de coup d’œil.
Elle nous a donné beaucoup de choses, de faits, de détails que les historiens futurs, qui s’occuperont de la période immense dont la figure d’Attila est le centre, seront heureux de retrouver. […] Si, dans une phrase de rhétorique assez heureuse, on a parlé des Gestes de Dieu par les Francks (Gesta Dei per Francos), les gestes de Dieu par les Barbares sont moins une phrase qu’un fait, bien plus visible encore.
Nettement et sa puissance d’admiration naturelle, il y a autre chose que ces dons heureux dans les caresses qu’il prodigue aujourd’hui aux adversaires de toute sa vie. […] La Philosophie est plus heureuse.
Heureux l’auteur, s’il s’en fût tenu à ces récits charmants de naïveté et d’humour, mais quelque complaisance qu’on y mette, on a peine à pardonner à un enfant, eût-il la quarantaine, de dire en parlant de sa mère : Cette femme ! […] N’avait-elle pas encore à aimer, à veiller sur ses enfants, à leur rendre la vie heureuse et facile, à écarter de leur route tout ce qui pourrait les blesser ou les attrister ? […] Elle pardonna par pitié, comme une mère cède à l’enfant qui pleure, qui s’humilie ; aussi pour la dignité de leur nom, pour le nom de son père que le scandale d’une séparation aurait sali, et parce que, les siens la croyant heureuse, elle ne pouvait leur ôter cette illusion. […] … J’entre dans le petit salon… J’ouvre la fenêtre… J’étais si heureuse… J’allais voir Pauline rentrer à cheval… Je ne l’avais jamais vue à cheval. […] * * * Que vous êtes heureux, vous, d’avoir un bon estomac !
Relisez, là-dessus telle strophe d’une autre ode à Marie de Médicis : Sur les heureux succès de sa régence. […] Ils avaient bien, l’un et l’autre, autant de talent, chacun en son genre, que Malherbe dans le sien ; et, dans leurs œuvres à tous deux, les vers heureux, les vers gracieux, les vers pittoresques abondent. […] Heureux en France les écrivains, pour ne rien dire des hommes politiques, dont un nom de femme est inséparable ! […] À peu près autant que ceux où l’on a vu que Bayle s’amusait : si Calvin fut heureux en ménage, ou si Aristote exerça la pharmacie dans Athènes. […] Paul Souquet, — en une formule singulièrement heureuse, que « presque toutes les certitudes que Bayle a ébranlées étaient autant de servitudes dont il nous a délivrés ».
L’orateur a eu d’heureux traits pour caractériser M. de Tocqueville.
Camille Doucet récipiendaire, a pu dire avec une finesse heureuse : « Tout à l’heure, Monsieur, vous exprimiez le regret de n’avoir point vécu dans la familiarité de M. de Vigny.
Quelques mois après, nous allions, lui et moi, habiter rue Notre-Dame-des-Champs où, par un nouvel et heureux hasard, je me trouvai encore son proche voisin, lui au no 11 et moi au 19.
Rival parfois heureux de Millevoye dans les concours en vers, il parut triompher sans partage dans les concours d’éloquence ; sont Éloge de Corneille (1808), son Tableau du dix-huitième Siècle (1809), son Éloge de La Bruyère (1810) promettaient décidément à la France un écrivain de plus.
Il me semble qu’après beaucoup d’éloges un peu de sympathie doit vous plaire ; j’offre la mienne à l’emploi que vous faites de votre talent, qui ne s’est pas contenté d’intéresser l’imagination et d’effleurer l’âme, mais qui veille aux intérêts sacrés de la vie humaine ; et moi, qu’une espérance sérieuse a pu seule faire écrivain, je suis heureux que vous ayez reconnu en moi cette intention, que vous l’ayez aimée ; et j’accepte avec reconnaissance les vœux par où vous terminez votre article.
Ces beaux lieux, ces horizons vermeils, l’azur de cette mer, surtout cette créature adorée, tout l’inondait d’amour, tout lui peignait Dieu ; et les paroles leur manquaient, heureux amants !
Sous notre heureuse demeure Avec celui qui les pleure, Hélas !
Les hommes qui composent ces premières classes, disposant de toutes les faveurs de l’état, exercent nécessairement un grand empire sur l’opinion publique ; car à l’exception de quelques circonstances très rares, la puissance est de bon goût, le crédit a de la grâce, et les heureux sont aimés.
« Toute la clarté du ciel, des jeunes roses et des prairies heureuses, filtre aux clairs lins du lit, les trempe d’ardente blancheur.
Il est heureux… M.
La littérature à laquelle plusieurs jeunes auteurs se sont voués demeure infiniment violente ; resplendissante et heureuse.
II On peut dès à présent noter que tout remous profond de l’énergie d’une collectivité sociale donne naissance, en même temps qu’à un progrès parfois et à des changements heureux, à des phénomènes de Bovarysme qui marquent une solution de continuité dans le développement du groupe et introduisent dans sa composition, avec des éléments hétérogènes, qui ne sont point assimilables, un principe d’affaiblissement et de désorganisation.
Balzac, ayant pour ainsi dire violé la forme qui lui résistait, sortait heureux de tels combats.
Heureux le temps où ils seront populaires !
La comedie n’a pas besoin d’élever ses personnages favoris sur des piédestaux, puisque son but principal n’est point de les faire admirer pour les faire plaindre plus facilement : elle veut tout au plus nous donner quelqu’inquiétude pour eux par les contretems fâcheux qui leur arrivent, et qui doivent être plûtôt des traverses que de veritables infortunes, afin que nous soïons plus satisfaits de les voir heureux à la fin de la piece.
Ne pourroit-on pas soutenir ensuite, que comme les graines qu’on seme, et les arbres qui sont dans leur force, ne donnent pas toutes les années un fruit également parfait dans les païs où ils se plaisent davantage, de même les enfans élevez sous les climats les plus heureux, ne deviennent pas dans tous les temps des hommes également parfaits ?
Il est donc comme impossible d’évaluer au juste ce qui doit resulter des irrégularitez heureuses d’un poëte, de son attention à se conformer à certains principes, et de sa négligence à en suivre d’autres.
Et je doute qu’après ce portrait, si peu chargé et si peu fidèle, de cet heureux de la gloire, on continue de nous donner ce triple Gascon, qui gasconnait avec ses amis, avec les femmes, avec Dieu même, pour le modèle des rois français.
Levallois est devenu y a mis autre chose que des fourmis, et, pour ma part, j’en suis heureux.
Aujourd’hui, par un hasard heureux, les deux poètes dont nous avons à parler tranchent vivement sur le fond vulgaire des rimeurs contemporains, et sont vraiment dignes du regard et du jugement de la Critique.
Plus heureuse que celle de Cléopâtre, car c’était pour elle le danger, nulle femme ne l’a avalée.
Il y a enfin dans Erckmann-Chatrian tout le contraire de ce qu’il cherche : — un homme de la réalité, de la lumière, du plein jour, un coloriste naïf et parfois vaillant, qui trémousse la couleur sur la palette et la jette sur sa toile avec une brutalité joyeuse et souvent heureuse.
En Espagne, vous trouverez Ferdinand-le-Catholique, qui chassa et vainquit les rois Maures, et trompa tous les rois chrétiens ; Charles-Quint, heureux et tout-puissant, politique par lui-même, grand par ses généraux, et cette foule de héros dans tous les genres qui servaient alors l’Espagne ; Christophe Colomb, qui lui créa un nouveau monde ; Fernand Cortez qui, avec cinq cents hommes, lui soumit un empire de six cents lieues ; Antoine de Lève qui, de simple soldat, parvint à être duc et prince, et plus que cela grand homme de guerre ; Pierre de Navarre, autre soldat de fortune, célèbre par ses talents, et parce que le premier il inventa les mines ; Gonzalve de Cordoue, surnommé le grand Capitaine, mais qui put compter plus de victoires que de vertus ; le fameux duc d’Albe, qui servit Charles-Quint à Pavie, à Tunis, en Allemagne, gagna contre les protestants la bataille de Mulberg, conquit le Portugal sous Philippe II, mais qui se déshonora dans les Pays-Bas, par les dix-huit mille hommes qu’il se vantait d’avoir fait passer par la main du bourreau ; enfin, le jeune marquis Pescaire, aimable et brillant, qui contribua au gain de plusieurs batailles, fut à la fois capitaine et homme de lettres, épousa une femme célèbre par son esprit comme par sa beauté, et mourut à trente-deux ans d’une maladie très courte, peu de temps après que Charles-Quint eut été instruit que le pape lui avait proposé de se faire roi de Naples.
Un autre poëte lyrique, d’un nom plus grave, tromperait moins notre espérance, si le temps nous avait laissé de son heureux génie quelques parcelles de plus.
Grand mail et perchée sont heureux. […] Quelques années après, le poète aimé donne au public de nouvelles productions, d’une veine plus heureuse. […] Enfin elle fut heureuse d’en être débarrassée. […] Ce pays n’a point l’heureux sourire des environs de Nice et de Menton. […] J’en suis heureux : la Seine a ses jours vulgaires.
Heureux choix pour la postérité ! […] À part quelques périphrases qui tiennent de l’école impériale, le style offre dans la plus heureuse proportion l’élégance soutenue, la force ménagée, la correction et la hardiesse, l’éclat dans la netteté. […] Le Cor, suggéré par l’héroïsme de Roland à Roncevaux, contient quelques vers heureux. […] Nous sommes heureux d’avoir à vérifier les titres si nombreux d’un homme à jamais regrettable et qui nous fit l’honneur de nous traiter en disciple et en ami. […] C’est alors que nous serions un roseau et le plus misérable de tous. » Heureux et rares les hommes qui peuvent se rendre de semblables témoignages !
Les volumes annoncés constituent un choix heureux et riche, si ce n’est que l’absence de Vinet étonne un peu. […] Beaunier dit que l’âge heureux c’est cinquante ans, quand la vie est faite et qu’il n’y a plus qu’à en jouir. […] Une heureuse impécuniosité la garde contre cette faute de goût. […] Je louais l’autre jour l’heureuse inspiration de deux aimables esprits, M. […] Il y a évidemment des êtres qui nous paraissent heureux, qui le sont peut-être, mais cela, pour M.
« Faites tout ce qu’il y a de bon, d’aimable, ce qui ne brise pas le cœur, ce qui ne laisse jamais aucun regret ; mais, au nom de Dieu, au nom de l’amitié, renoncez à ce qui est indigne de vous, à ce qui, quoi que vous fassiez, ne vous rendrait pas heureuse. » XI Ce langage d’un directeur spirituel touchait la jeune femme du monde, parce qu’elle était assez clairvoyante pour lire entre les lignes ce que l’ami se cachait à lui-même ; mais elle jouait avec le feu de l’autel, elle ne s’en laissait pas consumer. […] Il aurait suffi que la Banque de France fût autorisée à avancer un million à la maison Récamier, avance en garantie de laquelle on donnerait de très bonnes valeurs, pour que les affaires suivissent leur cours heureux et régulier ; mais, si ce prêt d’un million n’était pas autorisé par le gouvernement, le lundi suivant, quarante-huit heures après le moment où M. […] « Vous avez pris votre parti si vite, lui écrit-il à Lyon, que sans doute vous vous êtes persuadé que vous seriez heureuse ; peu importe le reste.
« Adieu, soyez heureux et pensez à moi. […] Il y eût été libre, heureux, puissant sur les affaires. […] Ce livre fut-il, comme d’autres le disent, une froide leçon de tyrannie pour donner aux princes la théorie des crimes heureux ?
Heureux qui sait peindre ! […] C’est le tiroir épique, c’est la bataille de Waterloo : qu’a-t-elle à faire dans cette épopée de petites misères d’un forçat et de quatre filles dans le bourbier du bagne ou des mauvais lieux de Paris : à moins que ce ne soit pour exciter la pitié sur ces quatre-vingt mille malheureux soldats de vingt ans, hier heureux laboureurs, arrachés à leur famille par un conquérant, pour les pousser sur quatre lieues de carnage ? […] Ils sont là, tous les rois de l’Europe, les généraux heureux, les Jupiters tonnants, ils ont cent mille soldats victorieux, et, derrière les cent mille, un million ; leurs canons, mèches allumées, sont béants ; ils ont sous leurs talons la garde impériale et la grande armée ; ils viennent d’écraser Napoléon, et il ne reste plus que Cambronne ; il n’y a plus pour protester que ce ver de terre.
On n’a rien gagné, et tout dépensé, quand on a obtenu son désir sans en être plus heureux : il vaut mieux être celui que nous détruisons, que de vivre par sa destruction dans des joies toujours inquiètes. […] Bonne et heureuse nuit à tous. […] Que vous êtes heureux, vous, d’avoir échappé par la mort à ce drame lugubre de votre ami !
Il est fort heureux que l’idée de la patrie ne soit pas née en ce temps-là ; elle n’eût profité, comme la paix, qu’à la féodalité. […] Cette curiosité sans confusion cette imagination facile et heureuse, cet arrangement naturel et sans effort, sont les seules qualités du genre, et Froissart les possède en perfection. […] Ce sont de ces beautés qu’on serait tenté de défendre contre l’oubli, s’il n’était pas bon qu’on vît par ces ruines mêmes, qui ne semblent pas méritées, que des détails heureux et hardis ne sauvent pas de la mort les ouvrages médiocres, et qu’il n’est donné de durer qu’aux livres écrits d’une main égale et soutenue.
N’améliorez pas leur sort, ils ne seraient pas plus heureux ; ne les enrichissez pas, ils seraient moins dévoués ; ne les gênez pas pour les faire aller à l’école primaire, ils y perdraient peut-être quelque chose de leurs qualités et n’acquerraient pas celles que donne la haute culture ; mais ne les méprisez pas. […] Beaucoup de mes tantes restèrent sans se marier, mais n’en étaient pas moins heureuses, grâce à un esprit de sainte enfance qui rendait tout léger. […] Voilà pourquoi j’aime à penser à ces bons prêtres qui furent mes premiers maîtres, à ces excellents marins qui ne vécurent que du devoir ; à la petite Noémie, qui mourut parce qu’elle était trop belle ; à mon grand-père, qui ne voulut pas acheter de biens nationaux ; au bonhomme Système, qui fut heureux puisqu’il eut son heure d’illusion.
Harmand nous répondait qu’il serait très heureux de nous offrir une lecture, mais après la pièce qu’il montait, le Monsieur de Saint-Bertrand de M. […] Au fond, je vois dans votre pièce, non pas précisément une pièce bien faite, mais un début très remarquable, et pour ma part je serais heureux de présenter au public cette première passe d’armes de deux vrais et sincères talents qui gagnent leurs éperons au théâtre. […] Puis nous avons encore le malheur de passer pour être riches, de passer pour être heureux, de passer pour être arrivés facilement.
Enfin un beau jour il l’embrassait… « La première fois, tu me diras tout ce qu’une femme peut faire, pour rendre un homme heureux », lui disait la jeune fille au moment de la rentrée de son frère. […] Et il était heureux de la promenade sur son tapis, de cette chose vivante et éclairée. […] Mardi 12 septembre Parlant de la bonté de son intérieur, de sa chambre, de son lit, la princesse dit : « C’est moi qui n’étais pas heureuse, quand à Compiègne, on m’a donné le lit du pape… Un lit d’une grandeur, vous ne pouvez en avoir une idée… Pour n’avoir pas froid, j’étais obligée de mettre toute ma garde-robe sur moi ».
Dès la premiere fois que j’eus l’honneur d’être nommé pour y prêcher, je fus assez heureux de recevoir un avis d’un Courtisan des plus habiles : Ne donnez pas, me dit-il, dans l’écueil commun. […] in-12., sont remarquables par quelques singularités heureuses qui lui ont réussi. […] Cet heureux défaut qui caractérise le vrai talent de l’élocution, est au reste bien compensé par un ton de philosophie, par des réfléxions pleines de chaleur, par des réfléxions pleines de chaleur, par quelques vérités courageuses, & par des traits mâles qui paroissent avoir plu généralement.
Combien il est heureux d’avoir été trompé par une jeune personne des Bouffes-Parisiens et d’avoir écrit là-dessus des vers éplorés ! […] Comme je suis heureux de l’avoir enfin aperçue ! […] Bien heureux les lecteurs, si les confidences s’arrêtaient là ! […] Seulement, il y a moi, et moi, je m’accable, je me désole à ne plus vivre une minute, heureux. […] Ce roman appartient à l’heureuse veine qui a déjà donné à M.
Un grand souverain peut laisser une lignée d’heureux imitateurs, tant mieux pour les peuples ; mais les imitateurs d’un grand artiste, si merveilleux qu’ils soient, seront toujours pour moi d’assez piètres sires. […] Le ménage de Loti avec Mlle Chrysanthème sera-t-il heureux, gai ou triste ? […] Elle en avait la sensation physique, elle en était allégée et heureuse, comme d’un cantique qu’elle aurait chanté, très pur, très fin se perdant très haut. […] Tassés à l’ombre d’une arcade, heureux, soldats et marins, de l’uniforme réendossé, ils bavardent et guettent par avance le fourrier qui, tantôt, viendra les délivrer. […] Les phrases restent masquées comme les visages, et c’est heureux, car si chacun se découvrait à cette minute, laissait voir sa pensée du fond, quel désarroi dans l’illustre société !
« Heureux, dit-il, heureux l’homme laborieux qui possède ces connaissances et qui, observateur des auspices et toujours éloigné des actes illégitimes, demeure irréprochable devant les Immortels ! […] Il fut aussi heureux que peut l’être un artiste épris de perfection. […] Comme elle l’a dit, elle mourra ou elle sera heureuse ; et heureuse signifie résignée. […] Lorsque ce dernier roman reçut le prix de la Vie heureuse (étrange ironie des mots !) […] Heureuse curiosité.
Le génie, si heureux qu’il soit, ne peut se dispenser de la réflexion ; or en poésie, réfléchir c’est composer. […] Horace est indiscret, mais la légèreté de sa langue n’a rien d’impertinent ni d’injurieux pour l’honneur d’Agnès ; il ne conte pas son amour pour le stérile plaisir d’afficher le nom de sa maîtresse ; il est heureux des premiers succès qu’il vient d’obtenir, plus heureux encore de ceux qu’il espère ; il a besoin de confier son bonheur, et d’écouter lui-même les paroles ardentes qui peignent son amour. […] Autrement, on marche de tâtonnements en tâtonnements, dans une nuit que le génie le plus heureux risque tout au plus d’éclairer par le mensonge. […] Il est assez heureux pour sauver sa belle-mère au moment où elle allait tomber dans un précipice ; il la ramène dans les bras d’Angèle, et reçoit les témoignages de sa reconnaissance. […] L’éclat pittoresque des images, l’heureuse alliance et l’habile entrelacement des sentiments familiers et des plus sublimes visions, que de merveilles n’a-t-il pas faites !
Quoi qu’il en soit, l’action ne porte que sur une pointe d’aiguille ; Piron a su soutenir et animer l’ensemble par d’heureux incidents, et surtout par une verve continue de dialogue. […] Sous air de comique et de ridicule, que d’heureuses vérités d’art poétique l’auteur trouve moyen d’insinuer et de débiter ! […] Si l’on n’v trouve pas un certain intérêt de cœur, il y a un intérêt d’esprit qui le remplace La pure imagination ne fut jamais si heureuse. » Ce jour-là, jour bien inspiré, Piron se montra en vers de l’école de Régnier, de Molière, de Regnard. […] Il avait faibli en tout, hormis en la riposte, qu’il eut jusqu’au bout aussi vive et aussi heureuse que par le passé ; on sait ce qu’il répondit à l’archevêque de Paris qui lui demandait s’il avait lu son Mandement : — « Non, Monseigneur, et vous ?
J’y remarque cette belle page qui lui fut inspirée par les harmonies de la nature et de l’histoire, par l’heureuse et parfaite convenance du cadre et des souvenirs, en face de l’admirable vallée, aujourd’hui déserte, d’Olympie : « Il existe entre les lieux célèbres et leur histoire une harmonie qui en fait le charme ; on sent à les parcourir vingt siècles après leur ruine qu’ils étaient prédestinés, que ce qu’ils ont été ils devaient l’être, que la nature avait mis une correspondance intime entre eux et le fait dont ils ont été le théâtre, ou la pensée dont ils ont été le symbole. […] Il ne s’agit plus de venir faire une simple lecture d’un auteur en l’accompagnant de remarques vives, de commentaires rapides et justes, de rapprochements heureux, et en y apportant un vif sentiment des beautés et aussi des défauts, comme ce serait le compte d’un disciple de Voltaire, de Pope et d’Horace. […] Ce livre d’ailleurs, comparé avec la thèse sur Ronsard, avec les études sur Homère et la Grèce contemporaine, sur Poussin, marque bien l’heureux progrès que les années de la maturité amenaient dans cette sérieuse, active et généreuse nature. » Les premières leçons et discours d’ouverture, imprimés aujourd’hui et qui comprennent ces six années de suppléance, depuis Pascal (janvier 1862) jusqu’à Diderot (décembre 1867), en passant par Bossuet, Fénelon, Montesquieu et Voltaire historien, constituent une suite de discours généraux sur la littérature française depuis le milieu du xviie siècle jusqu’au dernier tiers du xviiie , chaque période importante se rattachant à l’un de ces grands noms et se rangeant à l’entour. […] Ses jugements sont d’une précision, d’une pondération parfaite, d’un tour ferme et souvent heureux.
— Je n’ai pas la vanité d’avoir mon Poète ; j’en aime plusieurs parce que j’ai parfois l’heureuse illusion de jouir de l’écho sentimental de chacun d’eux, certains jours. […] Nul n’eut dans sa forme plus de couleur, dans sa pensée plus de délicatesse et dans sa vie, si prématurément fauchée, plus d’heureuse harmonie. […] Sachons-lui gré d’avoir fui les soi-disant écoles littéraires, de n’avoir point enfermé son génie dans des formules prétentieuses, mais d’avoir simplement écouté son cœur, et de nous avoir dit sans prétention, sans calcul, ses joies et ses tristesses, ses espérances et ses amertumes, le charme d’un souvenir heureux, le mélancolique regret des tendresses envolées. […] Peut-être donnerais-je la palme à Alfred de Vigny, tout pénible et court d’haleine qu’il puisse être, pour quelques vers, singulièrement sincères, profonds et humains qu’il a écrits dans ses moments heureux et pour l’admirable attitude qu’il a gardée dans toute sa vie.
il est tellement Indou, ce grand national de Germain, qu’à la page 335 de ses Mémoires il professe les belles choses que voici : « L’humanité tout entière est l’homme véritable, et pour être heureux et content l’homme n’a besoin que de se sentir dans l’ensemble… » Hé ! […] Mot heureux. […] l’enthousiasme, c’est ce qui a toujours le plus manqué à Gœthe, à cette nature d’antiquaire qui fut plus heureuse de voir Rome que de voir la mer, à cette âme sans passion, meublée de manies, qu’il arrangeait comme une chambre et époussetait comme un musée ; à cette âme qu’il tenait d’un père baguenaudeur comme lui en art et en littérature, et d’une mère affectée, douce égoïste, qui ne voulait pas qu’on lui parlât de son fils quand, enfant, il était malade, parce que (textuel) « cela faisait mal à ses sentiments… » Deux âmes qui n’étaient pas capables d’en faire une troisième, et qui, aussi, ne firent que Gœthe. […] Mais il avait été moins heureux avec la tête de Newton qu’avec la tête de Louis XVI.
Hasard heureux. […] Même dans ce triste livre ; Confessions, il s’attarde là, il se complaît à rappeler les seuls moments heureux qu’il connut. […] Ils sont d’un amoureux débordant, heureux de jeter au pied de l’Aimée toutes les fleurs et tout son cœur. […] Je suis heureux de constater que si M. […] Ils veulent croire alors que nous sommas heureux d’être des incrédules… Loin de nous, cette race !
En voici quelques strophes qui donnent idée de cette touche heureuse.
La commission, tout en reconnaissant les qualités heureuses d’un talent fait pour être encouragé dans l’étude de la comédie franche, qu’il n’a qu’effleurée cette fois sans assez creuser les caractères, n’a donc pu, et elle le regrette, monsieur le ministre, exprimer une conclusion positive en faveur de l’ouvrage.
L'écrivain heureux passe, bon gré, mal gré, à l’état de fermier-général, et trop souvent il acquiert les défauts en même temps que les bénéfices industriels.
Il ne s’en est pas tenu là : recherches, questions, renseignements glanés de toutes parts, il n’a rien négligé, et il nous arrive aujourd’hui avec une édition modèle qui réalise pour le dernier en date des classiques ce que d’autres entreprennent et exécutent en ce même moment avec un zèle égal, mais non pas plus heureux, pour les grands écrivains du xviie siècle.
Durant ces années heureuses où sa franche nature se déployait avec expansion, et avant les mécomptes, il fut admirablement secondé par une femme distinguée, son égale par le cœur, qui réunissait à son modeste foyer dans des conversations vives bien des hommes alors jeunes, et dont plusieurs étaient déjà ou sont devenus célèbres.
Parfois aussi des contrastes heureux reposent l’âme flétrie ; le dernier trait du tableau est plein de charme, quoique non tout à fait exempt du séduisant défaut que nous reprochons à M.
Nous trouvons cette sorte d’amour énergiquement exprimée dans une pièce de vers inédits adressée à un jeune homme qui se plaignait d’avoir passé l’âge d’aimer : Va, si tu veux aimer, tu n’as point passé l’âge ; Si le calme te pèse, espère encore l’orage ; Ton printemps fut trop doux, attends les mois d’été ; Vienne, vienne l’ardeur de la virilité, Et, sans plus t’exhaler en pleurs imaginaires, Sous des torrents de feu, au milieu des tonnerres, Le cœur par tous les points saignant, tu sentiras, Au seuil de la beauté, sous ses pieds, dans ses bras, Tout ce qu’avait d’heureux ton indolente peine Au prix de cet excès de la souffrance humaine ; Car l’amour vrai, tardif, qui mûrit en son temps, Vois-tu, n’est pas semblable à celui de vingt ans, Que jette la jeunesse en sa première sève, Au blondi duvet, vermeil et doré comme un rêve ; C’est un amour profond, amer, désespéré, C’est le dernier, l’unique ; on dit moins, j’en mourrai ; On en meurt ; — un amour armé de jalousie, Consumant tout, honneur et gloire et poésie ; Sans douceurs et sans miel, capable de poison, Et pour toute la vie égarant la raison.
Ignorants et pauvres, loin de toute civilisation, sans contact avec la société, affranchis des usages tyranniques, des préjugés corrupteurs, des faux besoins, des vaines curiosités, ils sont heureux et vertueux.
C’est comme une convention allégeante et salutaire que l’écrivain nous demande d’admettre un instant. « Il n’y a rien… absolument rien… La douleur même est un pur néant quand elle est passée… L’univers n’existe que pour nous permettre de le railler par des assemblages singuliers de mots et d’images… » Voilà ce que nous admettons implicitement lorsque nous lisons une page de Grosclaude ; et de là cette impression de déliement, de détachement heureux, que nous font souvent éprouver ses facéties les plus macabres.
Heureux Zephiro !
Welcker estime surtout l’étude de l’antiquité par l’influence heureuse qu’elle peut exercer sur la littérature et l’éducation esthétique des nations modernes.
Au reste, la philosophie, dans ses tentatives à demi heureuses pour unifier le savoir, a constaté des lois qui dominent tous les ordres de connaissances38.
Que l’on juge de ce point de vue les diverses attitudes adoptées par les hommes et où ils témoignent de leur foi en une vérité objective, celles des anciens Grecs qui crurent à la nécessité de recevoir des aliments dans le tombeau pour vivre heureux après la mort, celle de l’ascète à qui la vérité commande de supprimer la volupté, celle du skoptzy à qui la vérité commande d’en supprimer les moyens.
On eut l’indignité de substituer aux vers les plus heureux des vers plats & ridicules ; jalousie horrible, partage des ames noires & lâches ; mais jalousie renouvellée depuis en différentes occasions par des écrivains obscurs & forcenés ; jalousie semblable à celle de ces peintres scélérats, dont les mains odieuses défigurèrent les plus beaux morceaux de le Sueur.
L’abbé Desfontaines avoit peu de saillies heureuses.
Son génie n’est en liberté qu’à notre chevet, parce que sa tentative heureuse ou malheureuse est sans conséquence pour lui.
Quintilien répond à ceux qui prétendoient que l’orateur qui ne suivoit que sa vivacité et son enthousiasme en déclamant, devoit être plus touchant qu’un orateur qui regloit son action et ses gestes prémeditez sur les préceptes de l’art ; que c’est blâmer tout genre d’étude que de penser ainsi ; et que la culture embellit toujours le naturel le plus heureux.
Avec une oreille sensible et sonore, un choix heureux d’expressions, que le goût seul peut donner, et surtout des idées et de l’âme, on sera poète lyrique ; c’est bien assez de conditions, sans y ajouter encore la tyrannie de quelques lois arbitraires.
Alexandre Dumas a Dauphin et Dauphine, — plus heureux en cela que l’autre roi littéraire, M.
… Plus heureux avec les artistes et les poètes qu’avec les historiens, Napoléon a inspiré des pages et des poésies sublimes.
Adam Mickiewicz, dans son temps, a été plus heureux… Mais si, dans le sien, Duruy, l’homme des initiatives, mais que j’estime, moi, pour ce crâne amour des initiatives, en prenait une généreuse vis-à-vis de Louis Wihl, qui a besoin de Paris pour ses travaux, Duruy honorerait également le talent, le malheur et son ministère… 33.
« Trop longtemps les sujets et le prince ont eu des intérêts différents ; aujourd’hui le prince ne peut plus être heureux sans les sujets, ni les sujets sans le prince40.
Il en est resté cette loi éternelle, que les républiques seront plus heureuses que celle qu’imagina Platon, toutes les fois que les pères de famille n’enseigneront à leurs enfants que la religion, et qu’ils seront admirés des fils comme leurs sages, révérés comme leurs prêtres, et redoutés comme leurs rois.
C’était un beau jeune homme, une tête à caprices ; Son front à demi chauve, et le désordre heureux Où tout l’art d’Hippolyte avait mis ses cheveux, Son cou penché, son air tendre et mélancolique, Ses yeux à peine ouverts, et son regard oblique, Tout en lui décelait une peine de cœur, Que de son teint fleuri démentait la fraîcheur.
« Heureuse et trop fortunée région, qui vois à la surface de l’Océan les derniers pas du soleil incliné, et entends frémir la roue de son char abaissé dans les flots, toi, Bétique !
Washington répond : « Il est impossible, mon cher marquis, de désirer plus ardemment que je ne fais, de terminer cette campagne par un coup heureux ; mais nous devons plutôt consulter nos moyens que nos désirs, et ne pas essayer d’améliorer l’état de nos affaires par des tentatives dont le mauvais succès les ferait empirer. […] Contrarié dans une conférence avec les Directeurs, il offrit sa démission La Revellière et Rewbell l’acceptèrent, Barras la lui rendit, et le vainqueur de l’Italie se crut heureux de courir les côtes pour être hors de Paris, et d’être envoyé de France en Égypte, où il emmena la fleur de nos armées. […] même en simple révolution de littérature, heureux qui n’a été que de 89 et qui s’y tient ! […] Quand je dis belles, on entend bien qu’il ne peut être question de talent littéraire ; mais l’habitude du bon langage se retrouve naturellement sous cette plume simple ; les récits, les réflexions abondent en manières de dire heureuses, modérées, et qui portent. […] C’est cet homme qui jugeait si nettement l’état de la société en 1799, qui, dans son admirable lettre à M. de Maubourg, désormais acquise à l’histoire89, après un vigoureux tracé des partis, continuait ainsi : « Voilà, mon cher ami, le margouillis national au milieu duquel il faut pêcher la liberté dont personne ne s’embarrasse, parce qu’on n’y croit pas plus qu’à la pierre philosophale….. », et qui ajoutait : « Je suis persuadé que, s’il se fait en France quelque chose d’heureux, nous en serons…..
J’ai admiré l’heureuse liberté avec laquelle tous les acteurs passent en un moment, d’un vaisseau en pleine mer à cinq cent mille sur le continent. […] Qu’on se figure Louis XIV dans sa galerie de Versailles, entouré de sa cour brillante : un Gilles couvert de lambeaux perce la foule des héros, des grands hommes et des beautés qui composent cette cour ; il leur propose de quitter Corneille et Racine pour un saltimbanque qui a des saillies heureuses et qui fait des contorsions344 ! […] déclarant qu’il ne sait à qui donner la préférence des Français ou des Anglais, mais déclarant heureux celui qui sait sentir leurs différents mérites370 ? […] Des critiques sont heureux de nous dire que le vice, la vertu, le génie, le talent sont de simples produits comme le vitriol et le sucre. […] — Molière Molière est bien heureux, Monsieur, d’avoir un protecteur aussi chaud que vous.
Pauvre ou riche, heureux ou malheureux, il avait la raison suffisante de toute chose. […] Heureuse, elle ne devait lui paraître qu’une occasion plus favorable de s’avancer vers la destinée éternelle par ses mérites envers ses frères ; malheureuse, il n’avait pas le droit d’en murmurer. […] Je porte mes yeux sur les heureux de la terre. […] Il semble que la nature avait donné à chaque homme sa destination ; chacun avait un but à atteindre ; ils devaient y marcher tous ensemble, se secourant, s’animant, se guidant les uns les autres : mais, faute d’un soleil qui les éclaire, ils prennent chacun une route différente de celle que la nature leur avait donnée ; ils se heurtent, se combattent, s’égorgent ; et les plus heureux, marchant sur le corps de leurs frères, arrivent à la fin de leur vie sans avoir vu autre chose qu’une horrible et ridicule mêlée dans d’épaisses ténèbres. […] Ce ne sont plus, comme dans les siècles précédents, quelques accents délicats et purs, quelques retours heureux à l’antiquité, de l’analyse et de l’éloquence ; c’est la poésie elle-même qui a paru.
Il était là, au milieu des autres qui gaminaient, empêché de s’amuser par le grand cordon de la Légion d’honneur, qu’il portait pour la première fois, à la fois heureux et triste, partagé entre son âge et sa majesté, et réduit à sourire seulement des yeux aux jeux des autres enfants. […] Une atmosphère de cordialité, de bonne enfance, de famille heureuse, qui reporte la pensée à ces ménages artistiques et bourgeois du xviiie siècle. […] Elle se met à les relire, heureuse, et repassant ainsi toutes les joies qu’elle a eues à les recevoir : son front bombé, ses joues grassouillettes, ses yeux doux, sa bonne figure aimable, éclairés par les deux lampes. […] Alors Amaury Duval, avec le petit œil souriant et battant la chamade, qu’il a lorsqu’il parle des choses d’amour, a dit que tout ce qu’il avait toujours aimé et désiré d’une femme, c’était le gant, l’empreinte et le moule de sa main, la chose qui dessine ses doigts. « Vous ne savez pas, ajoutait-il, ce que c’est, de demander, en dansant, un gant à une femme qui vous le refuse… Puis une heure après, vous la voyez au piano, elle ôte ses gants pour jouer quelque chose… vous restez l’œil fixé sur ses gants… Alors elle se lève et les laisse tous les deux… Vous ne voulez pas les prendre… et puis une paire de gants n’est pas un gant… On va s’en aller… la femme revient et n’en prend qu’un de ses gants… Alors à ce signe qu’elle vous le donne, vous êtes heureux, heureux !
Il y en aura d’autres, et de plus heureux, au premier rang desquels, dès à présent, il convient de signaler la renaissance ou la naissance de la critique. […] Dans une littérature qui ne connaissait ni l’art de composer ni celui d’écrire, dont les chefs-d’œuvre n’avaient guère été jusqu’alors que d’heureux accidents, ils ont fait entrer pour la première fois le sentiment du pouvoir de la forme, ou du style ; et ce n’est pas là tout le classicisme, mais c’en est bien l’un des éléments ou des « facteurs » essentiels. […] Ou bien, et inversement, ayant d’abord observé sur lui-même les effets de la douleur ou de la passion, voici qu’en feuilletant son Plutarque ou son Tacite, il s’y reconnaît ; et ce qu’il vient d’apercevoir et de noter en lui, il s’étonne et il est heureux de voir que Cicéron, par exemple, ou Agricola l’ont éprouvé comme lui. […] Il put sembler un moment que les auteurs de la Satire Ménippée fussent plus heureux, mais n’a-t-on pas un peu exagéré l’importance politique de ce pamphlet célèbre ? […] Les Amours. — De la sincérité des Amours de Ronsard ; — Et à ce propos, de la poésie amoureuse au xvie siècle. — Elle tient plutôt du caractère artificiel de la « poésie courtoise », dans notre ancienne littérature, que du caractère passionné de la poésie lyrique moderne. — Toutefois, si cette observation est vraie du recueil des Sonnets à Cassandre, elle l’est déjà moins du recueil des Sonnets à Marie ; — et Marie semble avoir réellement existé. — La langue des sonnets de Ronsard ; et qu’elle en fait peut-être le principal mérite. — Ce mérite est d’autant plus grand que Ronsard y exprime souvent des sentiments très subtils. — Une autre qualité des Sonnets est de paraître fondus d’un seul jet. — Nous savons cependant que Ronsard les a prodigieusement corrigés et refaits. — Les corrections ont-elles été toujours heureuses ?
La France va-t-elle courir une aventure aussi heureuse avec ce Roumain qui nous fait don de ses récits populaires ? […] Une discrimination s’établit entre elles, et de la manière la plus heureuse à partir de l’Assaut, où se développe toute une théorie du rachat. […] Léon Bérard était heureux ; il avait empilé ses livres un peu partout, dans les coins, sur la cheminée, dans les fauteuils. […] Lorsqu’il ira, tout à l’heure, à la fontaine chercher de l’eau, c’est Charles-Louis Philippe qu’il abordera, soudain timide, heureux pourtant du ciel et des nuages, et, soudain, de parler à un ami. […] Grâce à lui, nous pouvons vivre, il suffit de le lire avec minutie, avec paresse, avec enivrement, comme le premier homme aurait dû vivre pour nous rendre léger, heureux et sans prudence.
Quelle renaissance heureuse et spontanée ! […] Walter Scott, que Balzac admirait et respectait si fort, a été plus diffus, sans être aussi heureux. […] Ces audaces donnent parfois les plus heureux résultats. […] Cependant, il y a bien des années, Valera, discutant avec Nocédal, dit spirituellement que les temps heureux où la littérature fut irréprochable n’étant jamais arrivés, personne ne pouvait en désirer le retour. […] Il lui offre des traits d’observation, de paradoxales finesses, des mots heureux, des flamboiements d’idées originales, ou du moins présentées d’une manière piquante et nouvelle.
Ce fut l’heureux sort de la Grèce que la nation tout entière grandit et se développa avec les lettres et les arts, toujours au niveau de leurs progrès et juge compétent de leur gloire. […] Avons-nous donc perdu l’heureux pouvoir de nous prêter complaisamment à ses caprices, et n’aurions-nous plus dans l’imagination assez de vivacité, et dans les sentiments assez de jeunesse pour nous livrer à un plaisir si doux, sous quelque forme qu’il nous soit offert ? […] La mère de Hamlet n’a gardé, dans son incestueux amour, aucune mesure ; elle connaît son crime et le commet ; sa situation est celle d’une effrontée coupable ; son âme est celle d’une femme qui pourrait aimer la pudeur et se trouver heureuse dans les liens du devoir. […] Leurs efforts plus ou moins heureux, mais soutenus avec une grande activité, entretenaient ce goût pour le théâtre qui survit aux époques de ses chefs-d’œuvre. […] Voltaire a cherché ses effets dans le contraste de l’amour parfaitement heureux avec l’amour au désespoir ; moyen puissant, il est vrai, mais moins puissant peut-être que cette préoccupation d’une situation unique et constante qui ne se développe que pour redoubler le sentiment qu’elle a d’abord inspiré.
La division du Pianto est habile et heureuse. […] Les comparaisons ne sont pas toujours heureuses ; quelques-unes, loin de présenter la pensée de l’auteur sous une face nouvelle et de la commenter, auraient besoin d’être expliquées. […] Nous sommes heureux que le temps ait manqué à M. de Chateaubriand pour achever la métamorphose qu’il avait projetée. […] L’heure dont je parle est à coup sûr l’heure la plus heureuse de la vie du poète. […] Convaincus de cette vérité, le poète et le critique vivent ensemble dans une heureuse harmonie.
Meilhac me permette de le lui dire : Ce dénouement heureux m’a profondément attristé. […] Elle voit autour d’elle, dans son monde, tant de jeunes filles et de jeunes épouses heureuses par lui ! […] … Si tout dans le monde a son théâtre, le bord de la mer est bien celui que Dieu créa pour l’amour heureux. […] Je me promène, par un vent frais, dans une allée pleine de femmes élégantes, bercé de pensers heureux, rêvant que M. […] « Nul besoin d’être original, au contraire : on vous le défend, heureux homme !
Elles sont, pour reprendre la très heureuse formule de la Revue, des témoignages. […] Magendie eût certainement été très heureux d’entendre une semblable réflexion sur son compte. […] Elles n’ont pas été toutes heureuses. […] Ils firent de lui un soldat, — mais un soldat d’une armée heureuse. […] Braver le danger, souffrir, mourir, — ces mots n’avaient pour vous, héritier comblé d’une société heureuse, qu’une signification si lointaine !
Les tutoiements de certaines phrases, des surnoms par trop peu dantesques, — ceux de Minou et de Louloup, — des allusions par trop peu voilées, — celle-ci : mille delizie di bocca, — justifient trop le ton irrespectueux sur lequel Balzac racontait à sa sœur la première entrevue, celle de Neuchâtel : « Je suis heureux, très heureux en pensées, en tout bien tout honneur encore. […] — Plus heureux, il aurait couru le danger de lire les poètes et les philosophes anciens, comme un candidat au prix d’honneur, pour y recueillir de belles expressions et des tournures élégantes. […] D’heureuses circonstances avaient permis aux siens de traverser la tourmente révolutionnaire sans y laisser leur fortune. […] Coppée avait la production non pas facile, mais heureuse. Heureux, il l’était, autant qu’il pouvait l’être, dans cet intérieur d’affection familiale et chaude, demandant peu de chose à la vie, et toujours comblé au-delà de ce qu’il demandait.
Je l’avais complètement oubliée ; j’ai été bien heureux de renouer connaissance avec ce modèle des épouses. […] Elle est heureuse qu’il vive. […] J’étais heureuse, avec un peu d’inquiétude. […] Il sera heureux à la fin, celui-là. […] Ces mots n’étaient pas très heureux, et la mauvaise impression qu’ils ont produite plus tard a fait tort à Racine lui-même.
Nous sommes, même avec les réserves de la correspondance publiée, dans le secret de bien des misères qu’on a eu à traverser, et où on l’a échappé belle : il y a tel retour de Mascara à Mostaganem (juillet 1841) où il est fort heureux qu’on n’ait pas été attaqué plus sérieusement. […] Heureux qui ne meurt pas sans avoir vu l’instant sublime qui lui rend accompli et exaucé son plus noble désir ! […] C’était lui qui avait dit : « Si je débarque en Crimée, si Dieu m’accorde quelques heures d’une mer calme, je suis maître de Sébastopol et de la Grimée ; je mènerai cette guerre avec une activité, une énergie qui frappera les Russes de terreur. » Belle mort, quoi qu’il en soit du contretemps, heureuse même dans sa destinée incomplète, et qui comble à jamais une vie de guerrier.
Quelle que soit la tendresse qui respire en ces créations heureuses, la raison y est, l’expérience humaine y souffle par quelque coin et attiédit la passion. […] Les lettres de l’incomparable amie, qui vont d’une manière ininterrompue précisément à partir de ce temps-là, permettent de suivre toutes les moindres circonstances et jusqu’à l’heureuse monotonie de cette habitude profonde et tendre : « Leur mauvaise santé, écrit-elle, les rendoit comme nécessaires l’un à l’autre, et…leur donnoit un loisir de goûter leurs bonnes qualités qui ne se rencontre pas dans les autres liaisons… A la cour, on n’a pas le loisir de s’aimer : ce tourbillon qui est si violent pour tous étoit paisible pour eux, et donnoit un grand espace au plaisir d’un commerce si délicieux. […] n’est-elle pas la plus heureuse femme du monde ?
« Vous croyez donc que les méchants ne sont pas heureux ? […] Un grand ennemi de la foi, en rapportant ces faits, déclare qu’il ignore par quel concours de circonstances heureuses le Panthéon fut conservé jusqu’au moment où, dans les premières années du septième siècle, un souverain pontife le consacra à tous les saints. […] La Vierge immaculée, la plus excellente de toutes les créatures dans l’ordre de la grâce et de la sainteté, discernée entre tous les saints, comme le soleil entre tous les astres ; la première de la nature humaine qui prononça le nom de salut ; celle qui connut dans ce monde la félicité des anges et les ravissements du ciel sur la route du tombeau ; celle dont l’Éternel bénit les entrailles en soufflant son esprit en elle et lui donnant un fils qui est le miracle de l’univers ; celle à qui il fut donné d’enfanter son Créateur ; qui ne voit que Dieu au-dessus d’elle et que tous les siècles proclameront heureuse ; la divine Marie monte sur l’autel de Vénus pandémique.
Nous ne le blâmons pas trop sévèrement de cette audace d’esprit que Machiavel, Bossuet, Mirabeau et Danton ont affichée avant lui ; historiquement cette théorie tranche tout ; elle semble élever l’écrivain à la hauteur de la Providence, qui crée le droit des supériorités dans les hommes prédestinés aux grandes choses, et qui semble donner les masses subalternes en propriété à ses élus ; mais, moralement, cette théorie contient tous les périls et tous les crimes ; car, si vous reconnaissez le génie pour droit et l’ambition heureuse pour titre, quel est l’homme orgueilleux qui ne se croira pas du génie, et quel est le scélérat qui ne se sentira pas l’ambition de tout oser et de tout prendre ? […] Ce n’était pas une machination ourdie, ajoute l’historien, comme on l’a dit, pour surprendre un crime au premier Consul ; c’était un accident, un pur accident qui avait ôté au prince infortuné la seule chance de sauver sa vie, et au premier Consul une heureuse occasion de sauver une tache à sa gloire ! […] La dictature, sous la forme de consulat perpétuel, avec un pouvoir étendu comme son génie, durable comme sa vie, aurait dû suffire au général Bonaparte pour accomplir tout le bien qu’il méditait, pour reconstruire cette ancienne société détruite, pour la transmettre, après l’avoir réorganisée, ou à ses héritiers s’il devait en avoir, ou à ceux qui, plus heureux, étaient destinés à profiter un jour de ses œuvres.
Rousseau, heureux de cet amour qui ressemble à une idylle dans les faubourgs et dans les guinguettes de Paris, refuse cependant de le consacrer par le mariage ; il se donne à la pauvre Thérèse, et il ne se donne à elle que pour la jouissance et nullement pour la réciprocité du devoir. […] Il m’était prouvé qu’elle ne pouvait plus être heureuse ici-bas ; quant à Thérèse, je n’ai jamais senti la moindre étincelle d’amour pour elle ; les besoins sensuels satisfaits près d’elle n’ont jamais eu rien de spécial à sa personne. » Ce fut à cette époque, le milieu de la vie déjà passé, que Rousseau chercha dans sa seule imagination le fantôme de cet amour que son cœur ne lui avait jamais fait éprouver. […] voilà un enfant né dans la boutique d’un artisan, le point de vue le plus étroit pour voir le monde tout entier ; car le défaut de l’artisan est précisément de ne rien voir d’ensemble, mais de tout rapporter à son seul outil, et à sa seule fonction dans la société : gagner sa vie, travailler de sa main, recevoir son salaire, se plaindre de sa condition, si rude en effet, et envier si naturellement les heureux oisifs ; Voilà un enfant qui, dégoûté de l’honnête labeur paternel avant de l’avoir même essayé, se prend à rêver au lieu de limer, s’évade de l’atelier et de la boutique de son père, va de porte en porte courir les aventures, préférant le pain du vagabond au pain de la famille et du travail ; vend son âme et sa foi avec une hypocrite légèreté au premier convertisseur qui veut l’acheter pour trois louis d’or, qu’on lui glisse dans la main, en le jetant, avec sa nouvelle religion, à la porte ; Voilà un adolescent qui se prostitue volontairement de domesticité en domesticité dans des maisons étrangères, se faisant chasser de tous ces foyers honnêtes pour des sensualités ignobles, ou pour des larcins qu’il a la lâcheté de rejeter sur une pauvre jeune fille innocente et déshonorée !
« Une traversée heureuse me conduisit en Angleterre. […] Ces heureux jours s’écoulaient, et chaque moment nous rapprochait du foyer natal. […] — Je serais bien heureuse, s’écria-t-elle d’un air d’extase, si je possédais une montre pareille !
Ce sera de belles représentations, et heureuses. […] … Je me souviens que, dès les premières mesures, je subis une de ces impressions heureuses que presque tous les hommes imaginatifs ont connues, par le rêve, dans le sommeil. […] L’écrit philosophique « Art et Religion »bl dit le mal de l’existence individuelle, morcelant et opposant nos intérêts ; mais il exalte le retour à l’unité universelle, pleinement bonne, pleinement sainte, — et naturelle, — et bien heureuse.
Jamais il n’avait été plus heureux que dans ce temps, tout misérable qu’il était… D’abord, reprend-il, il n’avait pas un moment douté de son succès futur, non qu’il eût une idée bien définie de ce qui lui arriverait, mais il était convaincu qu’il réussirait, ajoutant que c’était assez difficile à exprimer ce sentiment de confiance, que par pudeur vis-à-vis de nous, il définit ainsi « que s’il n’avait pas foi dans son œuvre, il avait confiance dans son effort ». […] Lui, n’aurait pas été heureux en Orient ! […] Tendres et affectueuses congratulations entre moi et Porel, auquel je suis tout heureux d’apporter un succès, et qui me dit gentiment : « Vous savez, vous êtes maintenant chez vous à l’Odéon !
Aux endroits éclatants de ses œuvres, dans les scènes douces ou superbes, quand le paragraphe lentement échafaudé va se terminer par une idée grandiose ou une cadence sonore, Flaubert, usant d’habitude d’un « et » initial, balançant pesamment ses mots, qui roulent et qui tanguent comme un navire prenant le large, pousse d’un seul jet un flux de phrases cohérentes : « Trois fois par lune, ils faisaient monter leur lit sur la haute terrasse bordant le mur de la cour ; et d’en bas on les apercevait dans les airs sans cothurnes et sans manteaux, avec les diamants de leurs doigts qui se promenaient » sur les viandes, et leurs grandes boucles d’oreilles qui se penchaient entre les buires, tous forts et gras, à moitié nus, heureux, riant et mangeant en plein azur, comme de gros requins qui s’ébattent dans l’onde. » Et cette autre période, dans un ton mineur « Maintenant, il l’accompagnait à la messe, il faisait le soir, sa partie d’impériale, il s’accoutumait à la province, s’y enfonçait et même son amour avait pris comme une douceur funèbre, un charme assoupissant. […] Dans l’Education, plus réaliste par le milieu et par le faire, les jeunes gens Moreau, Deslauriers, Martinon, sont les types l’un d’une énergie trop tourmentée, l’autre d’une faiblesse minée de folles et vaines aspirations, le troisième de la grossièreté heureuse et finaude, interprétation que confirme la portée générale du titre de toute l’œuvre. […] L’impérissable myope, toujours zélé de croire les images confuses et partielles qu’il aperçoit, alternant toute affirmation d’une autre, adhérant à la vérité actuelle et oubliant constamment que l’ancienne fut vérité aussi, protégé par ces continuels mirages contre la glaçante notion de l’inconnaissable dans la science et de l’inutile dans les actes, parvient à vivre presque tranquille et presque heureux, en une existence de rêve et de paix.
Heureux si, sur son temple achevant ma vengeance, Je puis convaincre enfin sa haine d’impuissance, Et, parmi les débris, le ravage et les morts, À force d’attentats perdre tous mes remords ! […] Heureux qui pour Sion d’une sainte ferveur Sentira son âme embrasée ! […] Il avait ce caractère que se donne Cicéron dans une de ses lettres, plus porté à craindre les événements malheureux qu’à espérer d’heureux succès : Semper magis adversos rerum exitus metuens quam sperans secundos.
Leur esprit politique consiste à ne reconnaître en général que des chefs élus par eux, à laisser une autorité presque arbitraire aux supériorités physiques ou morales, de sorte qu’on y voit tantôt l’anarchie de la faiblesse, quand le chef a peu de force, tantôt le despotisme d’un guerrier habile et heureux. […] La physique doit l’heureux changement de sa méthode à cette idée : que la raison cherche, je ne dis pas imagine, dans la nature, conformément à ses propres principes, ce qu’elle doit apprendre de la nature, et ce dont elle ne peut rien savoir par elle-même. […] Plus heureuse, la révolution française, née en même temps que la révolution philosophique de l’Allemagne, partie à peu près du même point, de la déclaration des droits primitifs et éternels de l’homme indépendamment de toute société, de toute histoire, comme l’autre des lois pures de la raison humaine indépendamment de toute expérience, proclamant également et le mépris du passé et les espérances les plus orgueilleuses, a parcouru, en quelques années, ses vicissitudes nécessaires, et nous la voyons aujourd’hui arrivée à son terme, tempérée et organisée dans la charte qui nous gouverne.
Mais Froissart, qui s’est écarté, rentre bientôt après dans son sujet, et par une réflexion assez piquante : « Ainsi adviennent souvent, dit-il, les fortunes en armes et en amours, plus heureuses et plus merveilleuses qu’on ne les pourroit ni oseroit penser et souhaiter. » Il se répète sensiblement en cet endroit, et a quelque peine à se remettre en train ; il recommence plus d’une fois à reprendre haleine ; on dirait qu’on est avec lui dans le flux et le reflux de la mêlée. […] La réflexion qui termine et que l’auteur ne fait pas en son nom, mais qu’il place dans la bouche des chevaliers présents, ce pronostic tout flatteur et favorable sur l’avenir du prince-roi, s’il lui est donné de vivre pour y atteindre, rappelle dans une perspective éloignée l’instabilité des choses humaines et les compensations du sort, qui ne permet pas aux plus heureux d’accomplir tout leur bonheur :-ce prince si brillant, et à qui tous souhaitent vie, ne régnera pas en effet, et mourra plein de gloire, mais avant le temps.
Scheffer étonné appela dans son atelier l'enfant qui marquait ces heureuses dispositions, lui dit de revenir tous les jours et en fit un peintre de mérite, qui tient aussi de la bonté de sa mère. […] Tenons-nous donc, quels que soient nos vœux personnels ou nos théories, heureux et reconnaissants de la loi présente.
Nisard avait (toutes proportions gardées) étouffé autant qu’il avait pu le charmant recueil de Marie, où brille en vers heureux plus d’une idylle, sœur d’enfance de Paul et Virginie. […] Cette villa de Sorrente, où vivent deux heureux, a des étangs paisibles où se mire leur bonheur : …………….. nulloque tumultu Stagna modesta jacent, dominique imitantia mores.
Bellaigue, heureux de voir ses richesses si bien comprises, et sentant se ranimer son étincelle, n’a pas vécu assez pour assister à l’accomplissement de l’œuvre tant désirée. […] « Et c’est pourquoi, lit-on dans une pensée inédite, ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du cœur sont bien heureux et bien légitimement persuadés ; mais à ceux qui ne l’ont pas, nous ne pouvons la donner que par raisonnement, en attendant que Dieu la leur donne par sentiment de cœur, sans quoi la foi n’est qu’humaine et inutile pour le salut. » Ainsi, Pascal ne blâme pas la recherche ni la preuve rationnelle ; loin de là, il l’admet et en use à titre de préparation humaine ; on fait ce qu’on peut, et Dieu vient après.
Combien de fois Bayle n’a-t-il pas changé de rôle, se déguisant tantôt en nouveau converti, tantôt en vieux catholique romain, heureux de cacher son nom et de voir sa pensée faire route nouvelle en croisant l’ancienne ! […] Il n’avait besoin de se relire que pour la clarté et la netteté du sens : heureux critique !
Dans les temps devenus fameux par des proscriptions sanguinaires, les Romains et les Français se livraient aux amusements publics avec le plus vif empressement ; tandis que dans les républiques heureuses, les affections domestiques, les occupations sérieuses, l’amour de la gloire détournent souvent l’esprit des jouissances même des beaux-arts. […] Non, rien ne peut détacher la raison des idées fécondes en résultats heureux.
Laissons-les donc dans leur calme heureux, ils n’ont pas besoin de nous, leur bonheur est aussi varié en apparence que les différents lots qu’ils ont reçu de la destinée ; mais la base de ce bonheur est toujours la même, c’est la certitude de n’être jamais ni agité ni dominé par aucun mouvement plus fort que soi ; l’existence de ces êtres impassibles est soumise sans doute comme celle de tous les hommes aux accidents matériels qui renversent la fortune, détruisent la santé, etc. […] n’êtes-vous pas heureux qu’une nation tout entière se soit placée à l’avant-garde de l’espèce humaine pour affronter tous les préjugés, pour essayer tous les principes ?
C’est à ce point que les nègres de nos îles sont infiniment plus heureux ; car, en travaillant, ils sont nourris et habillés, avec leurs femmes et leurs enfants ; au lieu que nos paysans, les plus laborieux du royaume, ne peuvent, avec le travail le plus dur et le plus opiniâtre, avoir du pain pour eux et leur famille, et payer les subsides. » En 1740613, à Lille, à propos de la sortie des grains, le peuple se révolte. « Un intendant m’écrit que la misère augmente d’heure en heure ; le moindre risque pour la récolte fait cet effet depuis trois ans… La Flandre est surtout bien embarrassée ; on n’a pas de quoi attendre la récolte, qui ne sera que dans deux mois d’ici. […] On dit que ce sont tous des habitants de la campagne qui, n’y pouvant plus tenir par les vexations qu’ils y essuient, viennent se réfugier dans la ville, … préférant la mendicité au labeur. » — Pourtant le peuple des villes n’est guère plus heureux que celui des campagnes. « Un officier dont la troupe est en garnison à Mézières m’a dit que le peuple est si misérable dans cette ville, que, dès qu’on avait servi le dîner des officiers dans les auberges, le peuple se jetait dessus et le pillait. » — « Il y a plus de douze mille ouvriers mendiants à Rouen, tout autant à Tours, etc.
Il y chercha l’adoucissement de ses désillusions, et se fit une vieillesse paisible, sinon heureuse, illuminée d’exquises amitiés de femmes : au premier plan, Mme de Sablé, puis Mme de la Fayette ; d’un peu plus loin, Mme de Sévigné. […] La nécessité de notre nature nous fait vicieux ; la nécessité de la fortune nous fait heureux ou malheureux ; ni notre volonté n’élude la nature, ni notre mérite ne gouverne la fortune.
Ces heureux commencements furent interrompus par un fâcheux accident. […] Ô l’heureux temps que ce siècle de fer !
Quand il annonce avec fracas qu’il presse du genou la poitrine du sphinx et qu’il lui a arraché son secret, je me dis : « Il est bien heureux ! […] Et comme la douloureuse vieillesse du pauvre grand homme me devient chère quand je songe à la vieillesse d’idole embaumée de son heureux rival Et quant à Musset, je sais bien tout ce qu’on peut dire contre lui ; mais il a tant souffert !
Or, en cette promenade, ses émerveillements, ses émois, ses chagrins, sa frayeur ont mis sur ses cheveux la lourde couronne de la pensée ; désormais sa parole est virile : il s’adresse à l’homme ainsi qu’au frère d’une contrée voisine et d’une voix souple et franche, parlant les mots inattendus qui peuvent suggérer, il est heureux de ce qu’il chante, dit la beauté de toute la vie, même la beauté de la douleur et nous commande là saine Joie. […] J’ai dit la présence du poète devinée derrière le transparent rideau des vers ; elle se dénonce encore par des spécialités de tournures certes heureuses, mais dont le retour périodique marque parfois la strophe d’un signe extérieur apparent, d’une « manière » que j’en voudrais bannir.
Il y en a plus d’une autre de la même sorte, et ce n’est pas le moindre défaut de ce discours que les pensées les plus heureuses n’y appartiennent pas au sujet. […] L’homme a besoin de souffrir de son imperfection pour valoir tout son prix, et de se souvenir de sa misère pour être heureux.
Or, un jour vint (c’était hier, au xviiie siècle) où, par un heureux contrecoup des persécutions aussi atroces qu’inutiles exercées au nom de la religion, grâce aux efforts des philosophes et de Voltaire en particulier, cette ancienne vertu parut sauvage, horrible, souillée du crime de lèse-humanité. […] Obéissez donc à vos penchants ; suivez la nature, vous serez à la fois vertueux et heureux, autant qu’on peut l’être dans la misérable condition humaine : tel est le précepte ou plutôt le conseil auquel aboutit Fontenelle.
Il faut néanmoins convenir, par esprit d'impartialité, qu'il n'a pas été plus heureux dans la défense que dans l'attaque. […] C'est ce qui a fait dire à Montesquieu, que la Religion Chrétienne force les hommes à être heureux, même dès cette vie.
Il salue les dieux de la patrie, la terre natale qu’il désespérait de revoir, il annonce magnifiquement le roi qu’il précède, « l’auguste Atréide, l’homme heureux, le plus digne d’être honoré entre les mortels ». — « Thaltybios semblable aux dieux par la voix », c’est ainsi que l’appelle Homère. […] Thaltybios sent bien qu’il sort du ton de son rôle, qu’il devrait célébrer et non déplorer ; il se reproche « de profaner un jour heureux par des récits de malheurs ».
La médiocrité leur revient, ils en sont heureux, et au départ du Follet, ayant encore un souhait à faire, ils demandent la sagesse. « C’est un trésor qui n’embarrasse point. » Ils demandaient ce qu’ils avaient, car, du moment qu’ils demandaient la médiocrité, ils avaient la sagesse. […] Très directement encore, comme dans les Souhaits, plus directement encore dans le prologue de Philémon et Baucis, il s’exprime ainsi : Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux : Ces deux divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorants c’est l’éternel asile ; ………………………………………………… L’humble toit est exempt d’un tribut si funeste ; Le sage y vit en paix et méprise le reste : Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des rois ; Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne, Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne.
Eh bien, Mlle de Guérin était, en femme, ce mélange heureux, tout-puissant et si rare ! […] Il mourut comme on meurt quand on est heureux.
C’est assez en dire pour montrer dans quel sens et par quelles raisons la Commission, considérant le drame, comme il convient, dans son ensemble et par l’effet général qu’il produit, heureuse d’être en cela d’accord avec le public, propose de décerner à M.
Au fond, voyez-vous, c’est là ma prédilection secrète, mon courant caché ; et quand toutes mes digressions dans les bouquins me fournissent jour à un sonnet neuf, à un mot à bien encadrer, à un trait heureux dont j’accompagne un sentiment intime, je m’estime assez payé de ma peine ; et, en refermant mon tiroir à élégies, je me dis que cela vaut mieux après tout que tous les gros livres d’érudition, lesquels je veux pourtant faire de plus en plus profession d’estimer. — Mais, il faut en venir, mon cher Béranger, à l’objet de cette lettre.
Il comprend et expose à merveille comment la Charte a été et a dû être une ambiguïté, une contradiction et presque un malentendu perpétuel ; mais il approuve beaucoup trop à notre sens cette incertitude introduite à dessein par Louis XVIII, et ce qu’il appelle le vague heureux des dispositions.
Et j’en revenais à mes Euphorion, Gallus, Phiéltas, Parthénius, Varius ; heureux encore si l’on sauve le Virgile !
. — Vous mourrez tous deux ; — et je disais : — Si mon amie meurt avant moi, je la pleurerai et je serai heureux en la pleurant.
Je crois pouvoir affirmer que tout écrivain qui a ce qu’on appelle du succès, c’est-à-dire, qui réunit des lecteurs autour de son œuvre ; que tout homme qui est assez heureux, assez malheureux veux-je dire, pour être en butte à l’admiration, aux éloges, à la haine et aux critiques, n’a pas un moment laissé reposer sa plume sur ses compositions… Dans mon enfance on m’a montré, comme un glorieux témoignage du génie de Bernardin de Saint-Pierre, la première page de Paul et Virginie, écrite quatorze fois de sa main.
Avant d’être un livre, cet exposé du xviiie siècle a été un cours ; dans sa préface, l’écrivain a très habilement posé la différence du style à la parole, les sacrifices que l’un exige, auprès des licences heureuses que l’autre se permet.
Ainsi que me le faisait remarquer un ami, homme d’esprit, Robert a recueilli d’abord en lui les figures que lui offrait la nature, et de même que les âmes ne perdent pas dans les feux du purgatoire leur individualité, mais seulement les souillures de la terre, avant de s’élever au séjour des heureux, ainsi ces figures ont été purifiées dans les flammes brûlantes du génie de l’artiste, pour entrer radieuses dans le ciel de l’art, où règnent encore la vie éternelle et l’éternelle beauté, où Vénus et Marie ne perdent jamais leurs adorateurs, où Roméo et Juliette ne meurent jamais, où Hélène reste toujours jeune, où Hécube au moins ne vieillit plus davantage. » Voilà de la critique certainement éloquente, et je crois, très judicieuse.
Voltaire, quand il mit en honneur l’appellation consacrée de « siècle de Louis XIV », eut au fond une idée heureuse.
Tel paysage, qui nous a charmés, parce que nous l’avons traversé dans une heureuse disposition d’humeur, parce qu’il s’est trouvé ce jour-là en harmonie avec notre état d’esprit, se grave dans notre mémoire avec une énergie singulière et garde dans nos souvenirs une importance disproportionnée avec la durée pendant laquelle il a frappé nos regards.
Richelieu, dans ses vastes idées d’ambition, dans son projet de faire triompher la France, & par la gloire des armes & par celle des lettres, étoit trop heureux de voir s’élever un homme du mérite de Corneille.
Le génie le plus heureux, ne peut être perfectionné qu’à l’aide d’une longue étude.
Ce jeune page de la princesse de Conti, heureux et hardi comme un Gascon, quoiqu’il ne fût que de Périgueux, avait été accepté comme un grand homme à l’âge où l’on n’est presque jamais qu’un ridicule jeune homme, quand on doit devenir un homme plus tard.
Elle est l’historienne, la seule historienne de son petit marquis de Grignan, elle est sa seule source, et il est bien heureux de la citer pour avoir quelque chose à nous dire… Il est plein d’elle.
C’était un bon sens très guindé dans une tête excessivement aride, un homme né podagre du cerveau, travaillé par une infécondité infiniment douloureuse, moins heureux tout le temps qu’il vécut que le lion de Milton, auquel il ne ressemblait pas, lequel finit par tirer sa croupe du chaos ; car il ne put jamais, lui, se dépêtrer des embarras obstinés de sa pensée, du vague des mots et du vide des choses au fond desquels il est mort plongé.
Mais il fut plus heureux que Méduse.
Parmi ces brochures parurent, séparés les uns des autres, les portraits des Orateurs qu’il avait coudoyés presque tous de plain-pied dans cette Chambre dont il avait fait longtemps partie ; et ce furent là peut-être ceux qu’il aimait le plus de ses pamphlets, parce qu’il y était question d’art oratoire, sa passion malheureuse, et qu’il pouvait y attaquer des rivaux heureux.
En d’autres termes, disons qu’il est heureux que saint Thomas d’Aquin rentre par cette petite porte dans le monde qu’il a autrefois rempli de sa renommée, — et par cela seul qu’il s’est trouvé à Paris, en l’an de grâce 1858, un monsieur Jourdain à couronner !
Saint-René Taillandier en est bien heureux !
Il fut plus heureux que Byron, qu’il n’avait pas imité en cherchant un champ de bataille, et qui mourut d’un rhume en Grèce.
Moi qui suis persuadé que la douleur peut magnifiquement féconder un homme, je m’attendais à voir sortir le grand poète, le poète définitif, du fond de cette riche nature de poète qui s’est tant dépensée sur les grands chemins, en entrant dans toutes les auberges ; je m’attendais à le voir clore cette vie qui n’a eu qu’un tort, c’est d’être trop heureuse, mais qui ne l’a plus… Je dirai tout à l’heure les qualités du recueil, et si j’ai cité, à une strophe près, toute sa préface, c’est qu’elle donne bien la teinte générale de son livre, et, comme il le dit lui-même, sa senteur.
Voilà, en effet, une idée heureuse et qui a de la grandeur vraie.
Ponsard, auquel il fait penser, cet autre heureux aussi de la poésie contemporaine, et pour les mêmes raisons que M.
Chez Ranc, au contraire, excepté un mufle assez drôle d’espion, qui voudrait avoir aussi sa petite conspiration pour faire croc-en-jambe à la police, — fantoche d’espion, qui est aux terribles et impérissables figures de Contenson et de Corentin (dans Une ténébreuse affaire) ce que le Brididi du vaudeville serait aux plus glaçantes figures de Shakespeare ; — excepté ce marmouset d’une originalité comique, dont l’idée était heureuse, mais qu’il fallait creuser davantage, il n’y a pas un personnage vraiment individuel dans ce Roman d’une conspiration.
Antoinette, elle, n’est qu’une femme du monde qui est restée parfaitement tranquille et heureuse dans l’immaculé manteau d’hermine de son écusson, tout le temps qu’elle a été jeune et belle, mais qui, précisément, le jour où sa beauté décline, sent l’amour monter dans son cœur.
Nous suivons Socrate de l’œil ; nous ne perdons pas un de ses mouvements, pas un de ses discours ; nous le voyons quand on lui amène ses deux enfants, quand il donne ses derniers ordres pour sa maison, quand il fait éloigner les femmes ; quand ses amis mesurent avec effroi la course du soleil, qui bientôt va se cacher derrière les montagnes, et quand la coupe fatale arrive, et lorsqu’avant de la prendre, il fait sa prière au ciel pour demander un heureux voyage, et l’instant où il boit, et les cris de ses amis dans ce moment, et la douceur tranquille avec laquelle il leur reproche leur faiblesse, et sa promenade en attendant la mort, et le moment où il se couche sur son lit dès qu’il sent ses jambes s’appesantir, et la mort qui monte et le glace par degrés, et l’esclave qui lui touche les pieds que déjà il ne sent plus, et sa dernière parole, et son dernier, et son éternel silence au milieu de ses amis qui restent seuls.
Trop heureux, quand ils daignent en avoir !
« Ô trop heureux les pays et les peuples que tu aborde ras en nous quittant, et que le Christ visitera de tes pas et de ta parole !
Lui-même serait heureux s’il en était de la sorte. […] que George Sand fut heureuse ! […] N’êtes-vous pas heureux que les choses, en matière si importante, soient précisées dans votre esprit ? […] Il était marié, père de famille et très heureux en 1790. […] Heureux les hommes qui n’ont pas d’histoire !
Ou, en d’autres termes, il ne blâme ni ne loue par principes, mais d’instinct ; il a seulement le goût juste, le mot prompt, la main leste ; rien de pédant, ni de calculé, ni de réfléchi, mais l’insolence heureuse de la jeunesse, au service du bon sens et de l’honnêteté littéraire. […] La proposition était d’ailleurs heureuse et opportune. […] De ce mélange heureux l’insensible douceur Donne à mes fruits nouveaux une antique saveur. […] La disposition n’en est pas très heureuse ; et ses classifications par genres, en brouillant systématiquement l’ordre chronologique, rompent à tout coup cette continuité qui doit être le propre d’une véritable histoire. […] Je serais heureux de le détromper, en ce cas, et de lui dire que, si nous respectons en lui le sémitisant, c’est de loin ; et que nous préférons le penseur, l’excitateur, le remueur d’idées.
On s’écriera : « Combien Sénèque est heureux ! […] Heureux les sénateurs, les chevaliers, les grands, les hommes vertueux qu’une calamité générale dérobera aux fureurs de Néron ! […] Les prodiges sont rares sous les règnes heureux, et l’on en est moins effrayé. […] Comment avez-vous subitement perdu cette heureuse et rare disposition ? […] III de la Vie heureuse, p. 90, 91, t.
Vous vous rappelez le sonnet : Heureux qui, comme Ulysse… et son dernier vers : Et plus que l’air marin, la douceur angevine. […] Et comme il serait heureux qu’elle eût été et fût comprise et pratiquée, pour citer seulement un cas que les désordres de notre époque rendent si actuel, mais quel exemple significatif ! […] Bismarck les corrige à travers des luttes intérieures auxquelles mirent fin — toujours le mot de Mirabeau — des guerres heureuses. […] Lucien Corpechot, a résumé un jour, d’un mot très heureux, à l’occasion de Versailles, le caractère des parcs et des parterres dessinés par Le Nôtre. […] Cette heureuse chance nous fut accordée cette année.
Le Napoléon de Tolstoï est un général bien doué, servi par les heureuses circonstances que réclamait pour lui ce professeur tant bafoué. […] Car la douleur est bien voisine de la joie : elle n’en est séparée que par cet état d’âme réfléchi et sérieux du philosophe de Rembrandt qui songe, heureux si ses méditations ne le conduisent pas à la mélancolie et même à la vraie tristesse. […] Furetière donne en 1683 Le Roman bourgeois : c’est la revanche, assez heureuse parfois, de l’esprit bourgeois contre l’héroïsme. […] Sully Prudhomme trouva pour décrire le baromètre des vers d’une heureuse précision. […] C’est bien indubitablement à la loi de l’équilibre physique que tout se ramène : si l’équilibre évoque l’idée de l’harmonie, de la beauté, de la noblesse, c’est une heureuse fortune.
Distance comblée, embellie par les lettres, et qui devient un heureux prétexte à écrire. […] » Heureuses brimades ! […] Qui donc, une heure au moins, n’est heureux à son tour ? […] Et puis, c’est qu’ils vous enfoncent toujours ; ils sont si nombreux, ils sont si heureux, ils reviennent si souvent, ils ont si bonne santé ! […] Les circonstances qui contribuent à l’éloigner de la passion sont pour elle des circonstances heureuses.
J’en suis bien heureux. […] Il meurt, il fait trois heureux. […] On m’a sifflé, j’enrage et je me console en dévorant les auteurs plus heureux. […] L’auteur, m’a-t-on dit, est un homme riche, bien apparenté, qui a été mordu de la passion du théâtre, comme d’autres heureux de ce monde sont mordus de la passion du jeu, des femmes ou des chevaux. […] J’ai donc écouté avec tout le recueillement possible, et j’ai en effet trouvé la pièce habilement charpentée, offrant quelques scènes heureuses, lente pourtant dans certaines parties et fort mal écrite.
Cela est heureux, du moins pour elle ; car si elle supprimait les ridicules qu’elle fronde elle ne rimerait à rien au bout de cinquante ans et elle se serait ensevelie dans son triomphe. […] C’est encore une satire contre les médecins, mais remarquez ce très heureux détour. […] L’Avare a été très bien traduit par Fielding qui a ajouté plusieurs traits fort heureux, à la pièce de Molière. […] Éliante du Misanthrope est une petite personne posée, sensée, raisonnable, qui n’aura jamais aucune passion et qui, par conséquent, sera bourgeoisement très heureuse et ne comprendra jamais comment il peut y avoir des personnes qui ne le soient pas. […] Elle n’a rien dit, selon son habitude, depuis deux actes ; au dénouement heureux et quand on est débarrassé de Tartuffe, tout le monde a son exclamation ; Dorine en bonne chrétienne : « Que le ciel soit loué !
Heureux à la guerre. […] XXIII. après cet heureux succès. […] Il y a là deux propositions grammaticales : celui (qui peut voir du rivage le terrible Océan par les vents agité) est heureux, où vous voyez que heureux est l’attribut de la proposition principale. […] petits moutons, que vous êtes heureux. […] Hélas, petits moutons, que vous êtes heureux !
Il produit comme la nature, avec une variété savante, une diversité heureuse, une facilité divine. […] Aussi, heureux d’être là, fut-il attentif à tout. […] Wilde charmait et amusait, et il donnait l’impression d’un homme heureux, à l’aise dans la vie. […] C’était un homme heureux. […] Ils sont unis à jamais à la divine figure de leur âme : ils sont heureux.
Gonse a été assez heureux de pouvoir en obtenir un, par suite d’un échange. […] C’est la tête d’un aigle tenant dans ses serres un petit ourson, dont les ailes étendues remplissent, de la manière la plus heureuse, l’hémicycle de l’éventail. […] Une série de sept courtisanes, parmi lesquelles l’une d’elles, jouant du schamisén, est du plus heureux mouvement. […] J’irai louer un appartement au coin de la rue d’Enfer, où je serai heureux de vous recevoir, quand vous aurez occasion de passer par là. […] Dans la collection Haviland se trouve un éventail représentant un coq qui s’enlève de la manière la plus heureuse sur une poule blanche.
Il est heureux, il va dîner aux dépens d’autrui. […] Le chien romain est un grossier esclave, goinfre et vil, qui ne voit dans son métier que les profits de son ventre, trop heureux d’attraper « les morceaux que lui jettent les esclaves et les ragoûts dont personne ne veut. » Le chien français est plus délicat ; ses aubaines sont « des os de poulet et de pigeon, sans parler de mainte caresse. » Il ne décrit pas longuement sa servitude comme fait l’autre. […] 103 Peut-être, dans Rabelais, la faconde intarissable de Dindenaut, qui étourdit le chaland, ne le laisse plus respirer, le couvre, l’ensevelit, le noie sous un flux de paroles, est-elle une méthode commerciale plus heureuse. […] « De cet heureux oiseau *désires-tu le sort ?
L’amour riant, les doux songes poétiques, les arts, la fine et agile pensée sont pour les heureuses plages de la Méditerranée. […] Cette espèce de brute nue qui gît tout le long du jour auprès de son feu, inerte et sale, occupée à manger et à dormir38, dont les organes rouillés ne peuvent suivre les linéaments nets et fins des heureuses formes poétiques, entrevoit le sublime dans ses rêves troubles. […] L’heureuse poésie d’Homère se développe abondamment en amples récits, en riches et longues images. […] — m’enlacent si durement. — Ici sont de larges flammes, — au-dessus et au-dessous ; — je n’ai jamais vu — de campagne plus hideuse. — Ce feu ne languit jamais ; — sa chaleur monte par-dessus l’enfer. — Les anneaux qui m’entourent, — les menottes qui mordent ma chair — m’empêchent d’avancer, — m’ont barré mon chemin ; — mes pieds sont liés, — mes mains emprisonnées. — Voilà où Dieu m’a confiné. » Puisqu’il n’y a rien à faire contre lui, c’est à sa nouvelle créature, à l’homme, qu’il faut s’en prendre ; à qui a tout perdu, la vengeance reste ; et si le vaincu peut l’avoir, il se trouvera heureux, « il reposera doucement, même sous les chaînes » dont il est chargé.
. — Le Chemin des ombres heureuses, poésies, Paris, Soc. […] Paris, Soc. du Mercure de France, 1900. — Hercule chez Omphale, comédie héroïque en vers, Paris, Petite Collection de l’Ermitage, 1900. — Le Barbier de Midas, comédie en vers, Paris, Petite Collection de l’Ermitage, 1901. — Le Songe d’une nuit de doute, suivi de plusieurs poèmes, Paris, Soc. du Mercure de France, 1902. — La Prairie en Fleurs, poésies (rééd. de Aux Écoutes, Fables Renaissance, Le Chemin des ombres heureuses, etc.), Mercure de France, 1904, in-18. — Le Servage, roman. […] (A obtenu en 1905 le prix de 5 000 fr. de l’Académie Féminine de La Vie Heureuse). […] Iconographie. — Illustration, la Vie Heureuse, Fœmina, Revue Illustrée (1er mai 1905). — Photographies, Reutlinger et Bouffar.
Thiers a ses pages les plus heureuses.
un peu trop prodigués, deux ou trois images de convention (lauriers, cyprès, par exemple) qui sont comme égarées dans ce style simple, ne sauraient faire oublier, je ne dis pas à l’homme impartial et sensé, mais à l’homme de goût, tant de pages vives, courantes, du français le plus net, le plus heureux, d’une langue fine, légère, déliée, éminemment spirituelle, voisine de la pensée et capable d’en égaler toutes les vitesses.
Il excelle, à propos des nouveautés qui passent, à se tailler un sujet à part dans une étoffe souvent vulgaire qu’il rehausse aussitôt, à en détacher et à y découper pour son compte un personnage historique, une grande figure, un type, et il s’y applique, il s’y déploie avec sa vigueur d’expression, sa couleur éblouissante, avec son instruction et sa vaste lecture toujours neuve, originale, inventive et heureuse d’allusion et d’à-propos, qui n’a rien de banal ni d’usé dans ses citations, et qui même, lorsqu’elle sort d’un coffre antique, a la splendeur d’une étoffe d’Orient. « Quand je lis Saint-Victor, je mets des lunettes bleues », disait Lamartine.
Je dirai tout : oui, un baiser me plairait, un baiser plein de tendresse ; mais surtout la voir, la contempler, rafraîchir mes yeux, ma pensée, en les reposant sur ce jeune front, en laissant courir devant moi cette âme naïve ; parer cette belle enfant d’ornements simples où sa beauté se rehausserait encore, la promener les matins de printemps sous de frais ombrages et jouir de son jeune essor ; la voir heureuse : voilà ce qui me plairait surtout et ce qu’au fond mon cœur demande.
Heureuse cette littérature à la fois plus démocratique et plus aristocratique, plus raffinée et plus audacieuse, moins moyenne en un mot, si elle n’est pas jetée hors de toute beauté et de tout calme d’exécution, hors d’un certain bon sens indispensable au génie et de certaines conditions éternelles de l’art, par la pruderie, l’honnêteté exemplaire et les prétentions établies de l’autre littérature !
Et aussitôt après, quand l’oncle le chanoine arrive, et tout joyeux lui annonce d’heureuses nouvelles, elle s’est déjà élancée dans ses bras : « Vous les savez, mon enfant ?
On vit au jour le jour ; l’or coule par flots, puis il tarit ; mais aussi, comme l’ouvrier parisien, on a l’heureuse faculté de l’imprévoyance : on a sa guinguette, on a ses soirées ; on a le théâtre ; on rencontre, on échange de prompts et faciles sourires ; on nargue la famille ; on est en dehors des gouvernements ; même si on les sert, on sent qu’on n’en est pas.
On peut encore penser, en reconnaissant l’avantage des caractères inspirés par leurs propres penchants, que la dévotion étant d’un effet général et positif, donne des résultats plus semblables et plus certains dans l’association universelle des hommes ; mais d’abord, la dévotion a de grands inconvénients pour les caractères passionnés, et n’en eût-elle point, ce serait, comme je l’ai dit, au nombre des événements heureux, et non des conseils efficaces qu’il serait possible de la classer.
Vous aurez contribué, monsieur, par votre obstination, à amener cet heureux changement, et ainsi vous nous aurez rendu un service dont nous vous serons plus reconnaissants que de votre tragédie.
Il était déjà question, au temps du roi Théodoric, de ces histrions « qui donnaient autant de soufflets et de coups de bâton qu’ils débitaient de paroles, et qui faisaient plus rire par les grotesques mouvements de leur corps que par les saillies plus ou moins heureuses de leur esprit ».
En raison de quoi, Papinien proclame qu’il vaut mieux juger faussement que de ne point juger du tout ; car les hommes sans justice sont autant que bêtes en forêts, tandis que par justice se manifeste leur noblesse et dignité96. » L’individu n’est rien ; il doit être trop heureux d’être sacrifié à la société et de jouer le rôle du guillotiné par persuasion.
L’Âge héroïque du Symbolisme 1891, c’est la date heureuse du Symbolisme.
L’homme né avec une faculté éminente qui absorbe toutes les autres est bien plus heureux que celui qui trouve en lui des besoins toujours nouveaux, qu’il ne peut satisfaire.
Se termine-t-elle par un dénouement heureux ou considéré comme tel (le mariage de deux amoureux) ou s’achève-t-elle dans le sang et les larmes ?
Si on l’avait exercée à découvrir pourquoi ce poète, si heureux pour l’ordinaire dans le choix de ses sujets, qui marque toujours si clairement son but, qui y marche si franchement, a manqué ici de ces mérites, on aurait reconnu ce qu’il y avait d’embarrassant dans sa position en face de la société qu’il voulait attaquer pour plaire au roi, et qui, puissante dans l’opinion, gagnait tous les jouis dans l’esprit du roi lui-même.
Plus adroit, plus heureux dans ses dénouemens que le premier ; plus décent, plus moral que le second, il ne perd jamais de vue le but de la vraie Comédie, qui est de corriger les hommes, de guérir leurs travers, en les amusant.
Quels heureux jours que ceux d’autrefois, quand il ne trouvait à faire aucun reproche à sa femme !
On est courtisan, on est ministre, on se dépêche d’être heureux et puissant.
On y trouve un écrivain dont les grands talens doivent faire oublier ses Lettres du chevalier d’Her… ses comédies peu théâtrales, son Apologie des tourbillons de Descartes & les Essais informes qu’il a faits dans les genres de Lucien & de Théocrite ; plus heureux dans ceux de Quinault & de Bacon, & surtout dans la géométrie ; faisant aimer les sciences les plus abstraites ; réunissant la subtilité du raisonnement à un stile qui lui est particulier & qui a fait beaucoup de mauvais imitateurs ; ayant plus d’esprit que de génie, & plus de délicatesse que d’invention ; placé sous deux règnes pour mériter l’estime de deux siècles, & par la variété de ses connoissances, & par la singularité de son ame toujours paisible, modérée, égale, inaccessible aux mouvemens inquiets ou violens, qui rendent les autres hommes malheureux ; fait, en un mot, pour les agrémens & les délices de la société, mais non pour être l’exemple des belles ames, des cœurs sensibles & reconnoissans.
Le commerce des femmes, qui ont l’esprit cultivé, ne fait que le perfectionner, & lui inspire des tours heureux, des expressions naturelles, élégantes, ingénieuses.
Il est donc heureux pour la societé, que les jeunes poëtes soient déterminez par leur fortune à un travail assidu.
Cuvier sur les états antérieurs de la terre que nous habitons, sont une heureuse préparation à l’histoire géologique du globe, qui elle-même est le commencement tout naturel de l’histoire du genre humain.
Il ne sera qu’un heureux hasard, un homme de génie tombé dans la diplomatie, comme il pouvait très bien tomber ailleurs !
Cadre heureux et tout fait d’une histoire officielle de la littérature, l’histoire de l’Académie française serait plus qu’une histoire.
De l’organisation la plus heureuse, fait essentiellement pour les lettres, il y débuta en se jetant éperdument dans le feuilleton dramatique, alors florissant, et malgré tous les Mentors, — il en avait plusieurs, — qui craignaient les Eucharis du théâtre pour ce Télémaque en plein feu d’imagination et de jeunesse… La grande littérature du milieu du dix-neuvième siècle était morte ou allait mourir : Balzac et Stendhal n’étaient plus ; Gozlan vivait encore, mais les deux plus grands poètes du siècle, de Musset et Lamartine, étaient tombés, l’un des bras d’une indigne femme dans le désespoir enivré qui devait le tuer, l’autre dans la vie politique, qu’on pourrait appeler la mort littéraire, où il s’engloutit, la lyre à la main, comme Sapho, qu’il avait chantée, dans la mer !
Avec ce beau sujet de la Satire en France pendant le Moyen Âge, avec ce titre d’un bonheur terrible, car le livre doit en mourir s’il n’est pas au niveau de ce titre heureux, la Critique, qui était en droit d’exiger des généralités de génie ou une histoire à fond, ne trouve devant elle que les allures pressées, mal appuyées et sans trace, du tableau ou de la leçon.
En somme, il a toujours passé pour un gaillard d’érudition, très vif, très éveillé, très dispos, et dont la riche santé et le tempérament heureux ont dû inquiéter et mécontenter souventes fois ses maîtres, les bilieux ennuyés de l’Histoire majestueuse !
Martin sur l’efficacité et la solidité de cette morale, qui doit dans un avenir heureux remplacer glorieusement ces drôlesses de religions, chez tous les peuples !
Elle a été posée et résolue à toutes les phases des sociétés, et si un tel fait a été méconnu, si l’on n’a pas tenu le compte qu’on devait des solutions sur lesquelles l’humanité a vécu, pendant des siècles, heureuse et puissante, la faute en est à ce mépris que des économistes ignorants ont toujours montré pour l’histoire, — pour l’histoire qui le leur rendra bien !
Aussi, pour peu qu’on aimât les lettres et qu’on tînt à elles, au bien qu’elles font, à la gloire qu’elles donnent, par quelque ardente sympathie, on était heureux de penser que les lettres seules avaient préservé les quarante premières têtes de France de cette contagion d’idées fausses qui, à cette époque, avait saisi tous les esprits, et les savants plus que personne.
Bayle, le sceptique, avait été moins injuste, et Voltaire, plus tard, superficiel et détraqué, avait, dans son Essai sur les Mœurs, relevé son bonnet, tombé dans la titubante ivresse de la haine… Du reste, encore une chose à remarquer de la part de ces philosophes, qui ont été bien heureux que Molière eût inventé Tartufe pour avoir une injure à jeter à toute l’humanité religieuse !
… Et les peuples, heureux de patauger dans ce flot des anarchies de toutes les espèces, comme les Condamnés des premiers temps dans les eaux du déluge, y nagent et s’y débattent dans le délire d’une joie insensée, croyant que le flot qui les submerge ne pourra pas les engloutir !
Esprit très élevé et très cultivé, heureux et fier dans sa pensée d’être un enfant du xixe siècle, — de ce xixe siècle qui a encore le temps, avec les vingt années qui lui restent à durer, de faire baisser la tête à ses fils et de diminuer l’orgueil et le bonheur d’en être un, — il a été la victime de la culture de son époque et de la culture de son esprit.
Il le rend heureux !
Frédéric Mistral a répondu au nom du provençal, dans ces malheureuses notes qui m’ont un peu dépoétisé sa personne, mais ce qu’il a dit ne modifiera pas l’opinion ; et comme il ne faut, dans notre heureux pays, qu’un lieu commun pour empêcher la vérité et la raison de faire leur chemin, il est bien probable qu’une telle impertinence barrera plus ou moins longtemps le passage à une œuvre digne par elle-même d’aller très-haut.
Henri Mürger, dont la destinée ne fut point heureuse, après tout, quand on jauge sa vie, M.
Il a lu les Contes d’enfants et de la maison, les Forêts tudesques et les Légendes allemandes, et avec cette nature d’esprit qui le distingue et qui lui fait rencontrer parfois les unissons les plus heureux, il s’en est admirablement inspiré.
Pourquoi cette évolution serait-elle anormale pour les nations qui auraient l’heureuse idée de vouloir civiliser leur rapports ?
Je vais tâcher d’en donner une idée ; mais il faut se souvenir que ce n’est ici qu’un extrait, c’est-à-dire, une copie faible et par lambeaux, dans une langue qui n’a ni la richesse et l’harmonie de la langue grecque, ni la mélodie des accents, ni l’heureuse composition des mots, ni cette foule de liaisons qui enchaînent les idées, ni cette liberté des inversions qui met tant de variété dans la marche, et qui permet à la langue de suivre avec souplesse, et de dessiner, pour ainsi dire, tous les mouvements de l’âme et des passions.
On prononça en son honneur, à Wittemberg et à Tubingue, un grand nombre d’oraisons funèbres, où l’on célébra des vertus qui l’avaient fait aimer, et des talents qui ne l’avaient point rendu heureux.
Elle n’allait point demander au théâtre les agréments d’une digestion heureuse, mais y venait chercher le grand bonheur spirituel et sentimental, religieux, d’un grand oubli de la tristesse de vivre. […] Et tous lui firent l’hommage de leur génie, tous furent trop heureux de lui laisser cueillir le fruit de l’arbre qu’ils avaient planté. […] vous étiez heureux. […] Ses tentatives en cette voie sont ordinairement heureuses : il sait faire se mouvoir les foules, il le sait mieux que personne jamais. […] Et pourtant, malgré l’éternelle placidité souriante de leurs visages, ils ne sont pas heureux.
Plus heureux qu’eux tous, il laissait dans une création de son génie, dans une œuvre qui lui appartient en propre, l’image impérissable de ce qu’avaient été son temps, son peuple et lui-même. […] Vous voyez, Viviane, par quelle heureuse concordance notre poëte trouve dans toutes les imaginations un Virgile en quelque sorte national, transformé à la fois par les docteurs de l’Église et par le génie populaire, et qui entrait sans difficulté dans une fiction catholique. […] C’est l’opinion aux États-Unis, en effet, et particulièrement dans le plus cultivé de tous, dans ce Massachusetts où la religion a fait une si heureuse alliance avec la philosophie, que le talent, le don de Dieu, comme ils disent dans leur langage puritain, ne doit jamais demeurer inutile. […] Mais il ne saurait être ni bon ni heureux à la façon du vulgaire. […] Il se sent libre, heureux.
Que si le système adopté par lui l’a conduit à forcer un peu dans l’application certaines lois dont le sens général est vrai, à mettre parfois trop d’ordre et de régularité dans l’étude qu’il a faite des éléments divers du passé, n’est-ce pas là une faute heureuse et préférable au défaut contraire, et n’est-il pas infiniment mieux d’avoir introduit un peu trop d’ordre dont on peut toujours rabattre, que d’avoir laissé subsister une confusion d’où l’on ne serait pas sorti ? […] À la manière dont il est conçu et dont il s’exécute, il est sensible que l’agrément des exemples entraîne quelquefois le rédacteur à des promenades plus ou moins longues selon la nature des sujets ; on est quelquefois, à la lettre, dans un parterre d’exemples, et les divisions, les bordures se multiplient, selon que la récolte de ces citations se trouve plus ou moins heureuse et abondante. […] Ce que j’ai reçu de témoignages en sa faveur depuis huit jours, de la part de médecins distingués et d’hommes de science que j’avais à peine l’honneur de connaître, me prouve combien ses confrères de l’Académie de médecine sont heureux et fiers de le posséder.
Le nez est droit et court, un peu renflé aux narines ; la bouche n’a rien de l’ironie socratique, symptôme contentieux de lutte et d’orgueil qui humilie plus qu’il ne persuade les hommes ; elle a une expression de sourire fin, heureux et bon d’un homme qui vient de surprendre une vérité au gîte, et qui est pressé de la communiquer à ses semblables. […] « “Oui, ma fille, répondit le père, vous l’épouserez ; je connais votre vertu et votre courage ; vous ferez le bonheur de votre mari et vous serez vous-même heureuse entre toutes les mères.” » XVIII C’est de cette union que naquit Confucius, 551 ans avant J. […] Le suffrage des hommes honnêtes, l’honneur d’avoir contribué en quelque chose à l’avantage de ses compatriotes et de tous les hommes, lui suffisent. » — « Je me fais votre premier disciple », dit le roi, « mais enseignez-moi le moyen infaillible de rendre mes peuples vertueux et heureux.
C’est là et dans quelques autres chalets du haut Jura français que j’appris à apprécier ce mélange heureux d’une profession pastorale d’été et d’une profession mécanique d’hiver, qui donne l’aisance et l’occupation à toutes les saisons. […] Ses essais furent heureux, ses progrès rapides. […] Il était ou il semblait heureux, mais déjà le bonheur était devenu pour lui impossible.
voyons, leur dit un peu brusquement Ramon, le riche maître du domaine et l’heureux père de Mireille, allons ! […] Or, par une heureuse coïncidence, ce rare phénomène végétal semblait nous avoir attendus pour s’accomplir sous nos yeux. […] Tu as grandi de trois coudées en un jour, tu as fleuri à vingt-cinq ans ; ton âme poétique parfume Avignon, Arles, Marseille, Toulon, Hyères et bientôt la France ; mais, plus heureux que l’arbre d’Hyères, le parfum de ton livre ne s’évaporera pas en mille ans.
On voit plus loin qu’il est à la fois jaloux et heureux de l’avènement de M. de La Ferronnays au ministère. […] Soyez heureuse, vivez longtemps ; ne m’oubliez jamais, même lorsque je ne serai plus. […] XXXIV Mais revenons aux salons littéraires ; ils sont partout le signe d’une civilisation exubérante ; ils sont aussi le signe de l’heureuse influence des femmes sur l’esprit humain.
Et dans le fouillis des branches de ce triple arbre une infinie musique emplissant l’oreille, du bruit d’un monde ailé en travail, d’un murmure heureux, d’un susurrement comme grisé de millions de petites chansons balancées aux millions des feuilles ; l’hymne de cent ruches d’abeilles butinant dans la flore de ce morceau de forêt, et l’emplissant de je ne sais quelle vie dodonienne. […] Puis les fermiers, en chapeaux noirs, venus de loin et tout poussiéreux, et les vieux serviteurs retraités, les domestiques septuagénaires ayant derrière eux leurs fils approchés de la fortune par le commerce et les négoces heureux : — dernière représentation de cette gens, de cette clientèle amie et dévouée qui faisait à la famille le cortège de ses noces, le convoi de ses funérailles, et ne laissait ni la joie ni la douleur isolée et personnelle, comme en notre temps de familles d’une génération. […] Le soir, dans l’impossibilité du travail, nous remontons tous deux, en fumant des pipes, à nos souvenirs de collège, alternant de la voix et de la mémoire : Jules contant le collège Bourbon, et ce terrible professeur de sixième, cet Herbette qui fit toute son enfance heureuse, malheureuse, le poussant sans miséricorde aux prix de grands concours, puis, plus tard, ce professeur de seconde, auquel il déplut pour faire autant de calembours que lui, et aussi mauvais, enfin cette bienheureuse classe de rhétorique, où il fila presque toute l’année, fabriquant en vers un incroyable drame d’Étienne-Marcel, sur la terrasse des Feuillants, averti de l’heure de la rentrée à la maison par la musique de la garde montante se rendant au Palais-Bourbon, et les rares fois où il se montrait au collège, passant la classe à illustrer Notre-Dame-de-Paris de dessins à la plume dans les marges : Edmond contant ce Caboche, cet excentrique professeur de troisième du collège Henri IV, qui donnait aux échappés de Villemeureux, à faire en thème latin le portrait de la duchesse de Bourgogne de Saint-Simon, cet intelligent, ce délicat, ce bénédictin un peu amer et sourieusement ironique, ce profil original d’universitaire, resté dans le fond de ses sympathies, comme un des premiers éveilleurs chez lui de la compréhension du beau style, de la belle langue française mouvementée et colorée, ce Caboche qui, un jour, à propos de je ne sais quel devoir, lui jeta cette curieuse prédiction : « Vous, monsieur de Goncourt, vous ferez du scandale !
L’émotion de sympathie cordiale que suscite le spectacle de vies humaines bien conduites et heureuses, s’attache à l’union aimante de Lévine et de sa femme Kitty, à la noblesse naturelle de leur condition que tempèrent si véridiquement la médiocrité de leurs pensées, leurs inclinations simples comme leurs manières, tous les incidents ordinaires de leur ménage, des singuliers accès de jalousie du mari à la transformation graduelle de la femme en une ménagère sans grand génie. […] Que l’on rapproche ces actes d’un sérieux humain singulièrement profond et simple, de la bonté sénile du vieux Rostow, de l’infinie faiblesse de géant du prince Pierre, que l’on note que la scène la plus grave de La Guerre et la Paix est celle où le soldat Karalaïef raconte, dans l’obscurité puante d’une chambrée de prisonniers, l’histoire comme évangélique d’un marchand injustement condamné pour un assassinat, heureux de souffrir et pardonnant au scélérat qui le fait mourir au bagne, et l’on reconnaîtra que l’impression dernière de ce livre de batailles est religieuse, morale, pénétrée de bon vouloir et d’amour. […] Il fallait qu’en cette vie, dès ce moment, les hommes devinssent meilleurs et plus heureux, que cela fût facile, simple, instantané ; et le psychologue le plus génial de ce temps, celui dont la large âme a pénétré et recréé toute la multitude des types divers, qui a compris et fixé le plus véridiquement le plus large fragment du spectacle du monde, en est venu ces dernières années à élaborer un pauvre manuel de morale pratique ne contenant que quelques règles, mais telles que le plus religieux des hommes passerait pour fou à tenter de les accomplir, prônées cependant comme tout aisées, praticables sur l’heure, de nature à donner immédiatement le plein bonheur, et se résumant en ce précepte, de ne faire en aucune occasion de mal à qui que ce soit, même pour se défendre des méchants.
Avant d’être éprouvé, il avait été heureux : l’homme le plus haut de tout l’Orient, dit son poëme. […] Le Purgatoire et le Paradis ne sont pas moins extraordinaires que la Géhenne, mais à mesure qu’on monte on se désintéresse ; on était bien de l’enfer, mais on n’est plus du ciel ; on ne se reconnaît plus aux anges ; l’œil humain n’est pas fait peut-être pour tant de soleil, et quand le poëme devient heureux, il ennuie. C’est un peu l’histoire de tous les heureux.
Si La Mothe énerve tout ce qu’il y a de grand & de sublime dans son original, il n’est pas plus heureux à en rendre le pittoresque & le gracieux. […] combien de détails heureux ! […] Grandisson nous peint deux amans égaux par la naissance, par la fortune & par le mérite ; tous deux charmans, tous deux accomplis, fidèles à tous les devoirs de la religion & de la morale ; & qui, après avoir été le modèle des vrais amans, deviennent celui des heureux époux.
Que le royalisme de Hugo fût de circonstance ou d’origine maternelle, peu importe ; il est certain qu’il était grassement payé, et c’était heureux, car le public achetait avec modération ses livres : les éditeurs de Han d’Islande lui écrivaient en 1823 qu’ils ne savaient comment se débarrasser des 500 exemplaires de la première édition, qui restaient en magasin. […] De 1817 à 1826 aucun événement heureux ou malheureux ne pouvait arriver à la famille royale, sans qu’il ne saisit aussitôt sa bonne plume d’oie : tantôt c’est une naissance, un baptême, une mort ; tantôt un avènement, un sacre, qui allume sa verve. […] Victor Hugo a eu l’heureuse chance d’être beaucoup acheté, ce à quoi il tenait surtout, et d’être peu lu, il le sera de moins en moins, autrement il y aurait beau jour que le Siècle et Léo Taxil auraient été forcés de le laisser pour compte aux catholiques.
Heureux les hommes qui croient l’avoir retrouvé ! […] Je remis ma lettre au valet de chambre, et je rentrai dans mon hôtellerie, très heureux au fond d’avoir ajourné ma présentation à cette reine d’Angleterre, mais bien plus imposante à mes yeux pour avoir été la reine du cœur du poète. […] Elle m’y parlait de son ami M. de Santilly, de qui elle serait heureuse d’avoir des nouvelles, et elle m’invitait à dîner pour le jour suivant.
« Quand tu auras entendu ses hurlements désespérés et traversé ensuite le séjour où ceux qui brûlent sont encore heureux parce qu’ils espèrent », lui dit-il, « une âme plus digne que moi d’entrer dans le ciel te guidera, parce que le Dieu qui gouverne là-haut ne veut pas que je pénètre dans son empire. » Dante le remercie de vouloir bien le conduire à la porte de saint Pierre (allusion au paradis ouvert ou fermé, selon les croyances catholiques, par cet apôtre), et il suit son guide. […] Ne savais-tu point qu’ici l’homme est heureux ? […] » XXIV Après ces belles strophes Dante retombe dans les plus singulières trivialités de style, faisant figurer par les danses des âmes heureuses les lettres de l’alphabet.
C’était cependant une idée heureuse que de mettre un quart de siècle entre soi et un homme pour le louer, quoiqu’il faille souvent davantage pour donner à la pensée le sang-froid nécessaire à la justice. […] Audin croit à l’heureuse influence du mouvement intellectuel provoqué par Léon X comme il croit à sa grandeur. […] Telle fut, ombragée d’humilité et fleurie d’affections d’élite, l’existence tranquille de ce juste dont Dieu seul a vu les mérites, car la vie des justes ne se raconte pas plus que celle des peuples heureux.
On se trouvera en présence d’une manière de pion, sans idées et sans style, qui fut trop heureux de rencontrer çà et là de complaisants amis, comme MM. de Goncourt, pour lui souffler ses articles. […] Heureux, dirons-nous avec Sainte-Beuve, le roman, fût-il inégal, où il y a de la vérité et qu’a visité la grâce ! […] Et quel enchaînement de faits divers, ou quelle heureuse combinaison de menus scandales du boulevard et du bois, pourrait bien grossir l’aventure jusqu’aux proportions d’un volume ? […] Rod est un heureux ! […] Au début de sa carrière agréable, heureuse, distinguée, un amour prit tout ça coup dans sa vie une grande importance et brusquement relégua au second plan ce talent si peu sûr de lui-même.
Plus heureux qu’ils ne le seront alors, M. de Montesquiou peut être assuré de ne se point voir dépossédé de la place qu’il occupe dans la galerie des Originaux et des Beaux-Esprits de ce temps. […] * * * N’examinons pour le moment, de M. de Régnier, que ses œuvres heureuses. […] Sacha Guitry invente et exécute avec tant d’heureuse facilité, est extrêmement théâtre. […] On peut craindre que, se fiant trop à cette heureuse qualité, il n’en néglige de plus précieuses. […] Quel choix dans la mise en œuvre des matériaux dont il dispose ; quelle heureuse variété !
Que d’emprunts heureux lui doivent La Fontaine et Molière, depuis ce Picrochole du Pot au Lait, type des bâtisseurs de châteaux en Espagne, qu’on retrouve encore chez Boileau, dans le dialogue de Pyrrhus et Cinéas10, jusqu’à ce conseil sur le mariage, où Panurge énumère toutes les chances favorables ou défavorables de l’état conjugal, et où Pantagruel lui répond froidement : Mariez-vous. […] Nourri dès son enfance de l’étude des anciens, il a retenu, presque sans le vouloir, leurs phrases, leurs traits, leurs expressions ; son esprit surabonde de souvenirs ; il cite souvent avec inexactitude, parce qu’il cite toujours de mémoire, mais avec quel piquant, quel à-propos, quelle heureuse fécondité ! […] Au milieu de cette famille surabondante, le père remarqua dans notre auteur de si heureuses dispositions, que, sans reculer devant les sacrifices nécessaires à son éducation, il le destina à la carrière du droit. […] On s’étonne cependant de voir Charron, quelques années après sa liaison avec Montaigne, publier son Traité des Trois Vérités, qui fit grand éclat, et acquit à l’auteur l’honneur d’être envisagé comme l’un des plus heureux défenseurs de la religion. […] Les voilà rendus, ils en sont émus et touchés au point de résoudre dans leur cœur, sur ce sermon de Théodore, qu’il est encore plus beau que le dernier qu’il a prêché320. » Il est vrai que La Bruyère n’est pas constamment aussi heureux.
Si je ne craignais de trop étendre une étude qui ne peut être profitable que par le groupement étroit des idées, je serais heureux d’étudier ici les idylles de M. […] Nous serions heureux d’avoir pu préparer la lumière en remuant les idées, comme les nuages qui en se déplaçant finissent par montrer le soleil. […] Heureux celui dont la vie est tombée en fleurs ! […] Or on arrive au mariage bien compris par l’amour, l’amour respectueux, moral, délicat, qui a un dénouement estimable et heureux. […] Les cloîtres pourraient nous dire combien de gens ont abandonné l’amour, qui les lit coupables, pour le repentir, qui les rend heureux.
« Pour ne prendre qu’un nom célèbre, je suis bien persuadé que, si un heureux hasard vous avait procuré avec M. […] Plein de cilations et d’à-propos sur certains sujets, ses remarques les plus profitables m’arrivaient presque toujours dans une saillie heureuse.
Il y a de ces raisons secrètes et délicates, le plus souvent insaisissables, dans ce qu’on est accoutumé d’appeler des hasards heureux. […] Il l’accuse de ne pouvoir jamais se contenter elle-même, et de gâter souvent un premier jet heureux à force d’y revenir et de le retoucher.
Je suis heureux de trouver dans le même ouvrage un jugement sur La Mettrie, qui marque chez Diderot un peu d’oubli peut-être de ses propres excès cyniques et philosophiques, mais aussi un dégoût amer, un désaveu formel du matérialisme immoral et corrupteur. […] Mais, nonobstant ces avertissements, ces misérables, sans songer à chercher le sentier heureux, sans s’en informer, et comme s’ils le connoissoient parfaitement, se mettent hardiment en chemin.
Combien, en effet, n’aurais-je pas été plus heureux dans la suite de mes jours agités, si j’avais cédé à ses larmes et aux miennes, repris mes vêtements de jeune pêcheur à la margellina, épousé celle que j’aimais, et continué avec elle, dans cette simple famille de camilleurs, l’existence où j’avais trouvé le bonheur ? […] Malgré ce qu’en dirent les libéraux parlementaires du temps, cette guerre fut une grande et heureuse audace, digne d’un homme d’État.
Heureux si, en cherchant à me contenter sur un sujet si vital, j’avais réussi à persuader les jeunes gens qui me liront, et à leur épargner ainsi bien des incertitudes que j’ai connues, durant lesquelles la vie s’écoule, et qui font faire quelquefois des fautes irréparables ! […] Quelques-unes naissent spontanément et tout exprimées ; c’est la facile conquête de ceux qui sont nés sous une constellation heureuse : mais combien d’autres qui sont le fruit d’une poursuite ingrate ; qu’il faut remanier sans cesse ; qui, après avoir contenté un moment l’écrivain, le dégoûtent ; qui ne paraissent jamais qu’une image imparfaite du vrai, mais non le vrai lui-même !
L’idée était fort heureuse d’imaginer une réunion des principaux personnages des états, et de leur faire tenir des discours où ils se trahissent eux-mêmes, et dévoilent leurs motifs intéressés et ceux de leurs amis. […] Cette tentative, souvent heureuse, de recueillir en un corps tous les préceptes de la sagesse humaine, de les ranger dans un ordre naturel, de les traiter successivement, donna le goût des ouvrages méthodiques.
Par l’Anneau du Nibelung av, Richard Wagner voulut, totalement, expliquer le monde : c’est le symbole de l’Or opposé à l’Amour, et il voulut, totalement représenter la vie de l’Ame ; il créa toutes ces âmes, spéciales chacunes, chacunes proprement vivantes, que symbolisent Wotan, Freia, Loge, — Fafner, — Alberich, Mime, — Siegmund, Sieglinde, Hunding, — Brunnhilde, Siegfried … Et parmi cette énormité d’efforts inégalement heureux, dès là, en quelques figures, je sens réellement créée la supérieure vie : ainsi, l’âme qu’est Wotan, — l’âme originairement stagiaire46, contente en le repos introublé de sa puissance, que rien n’agite ; et la vie de cette âme se fait plus vive, une contemplation des choses plus active, une pensée de quelque chose nouvelle, un mouvement, un besoin de plus, un souhait ; le désir, oh ! […] Alors, ce drame : l’âme livrée primitivement à la mensongère tromperie de l’Apparence, et niant l’amour ; puis, cette heure (l’heure possible parmi les pâles existences banalement dévouées aux vies mauvaises, dans le croupissement des animalités, sous l’aveuglement de l’être faux), l’heure (suprême) où le rêve, vague emportement de la pensée, hors le monde habituel te prend, âme, et t’enveloppe de ténèbres majeures et te donne cette vision du Vrai, donc ce choix, — l’heure, extraordinaire, (l’heure du Breuvage) où l’âme songe tout à coup qu’il est une autre vie, qu’elle peut vivre, qu’elle vivra ; dès lors, la lutte ; et le bien heureux moment où, âme, libre tu t’en iras, âme libre, libre du monde faux, éclosant dans le plein ciel de ton monde authentique, ô joyeuse de ton libre amour !
Cet intérêt, fruit de l'art & du génie ; cet heureux tissu de fictions ; ces combinaisons d'incidens qui saisissent & captivent l'ame du Lecteur, la tiennent dans un enchantement continuel, & la conduisent au dénouement, à travers une inépuisable variété de sensations ; où les trouve-t-on dans M. de Voltaire ? […] Dans la Henriade, le Monarque François est toujours heureux ou au moment de l'être ; aussi est-on rarement dans le cas d'éprouver pour lui ces alternatives de crainte & d'espérance, ces intéressantes perplexités, qui font tour-à-tour partager les disgraces & goûter les triomphes.
C’est un homme à qui on dit : Tu vivras pauvre, et trop heureux de voir ton nom cité quelquefois ; on t’accordera, non quelque considération réelle, mais quelques égards flatteurs pour ta vanité, sur laquelle je compte, et non pour l’amour-propre qui convient à un homme de sens. […] Heureux si je pouvais, Madame, la consacrer par de nouveaux efforts, si je pouvais justifier vos bienfaits par d’autres travaux, et trouver grâce devant Votre Majesté par le mérite de mes ouvrages plus que par le choix de leur sujet !
Peu heureux dans les détails & dans le choix des faits, il donne la préférence à ceux qu’il trouve tout arrangés dans les autres historiens. […] Ses analyses n’ont point ce tour heureux & cet air de facilité qu’on remarque dans du Pin.
Encore n’a-t-il pas enfermé sa pensée dans un aperçu si heureux. […] Et voilà la première quille que j’abats dans le jeu de ce joueur heureux avec la Gloire !
Vertu, vice, religion, politique, art, industrie, les plus hautes sphères de l’activité humaine ne sont pour elle que des sujets, plus ou moins heureux, de trumeaux à badigeonner. […] Moraliste vaincu par le rococo, qui parle de Dieu et de l’ordre, en regardant le médaillon de madame de Pompadour et en trouvant Louis XV diablement heureux, il résume cependant, un peu trop comiquement pour un écrivain qui depuis trente ans s’efforce d’être grave, la pensée qui est le fond de la lâcheté humaine : Si on pouvait se sauver en se damnant, je serais canonisé demain !
Pourquoi douterions-nous d’une éventualité si heureuse ? […] Heureux symptômes, selon nous, que ce soit d’Oxford que le Puséysme rayonne avec le plus d’intensité ; car Oxford, ce n’est pas le cœur, mais le cerveau protestant de l’Angleterre.
Heureux obstacle, d’ailleurs ! […] Je serais heureux si j’avais pu contribuer, si peu que ce fût, à orienter le vôtre.
Un fils leur est né après quelques années de mariage : ils sont heureux. […] Rien ne lui gâterait cette journée heureuse, s’il n’avait la tête un peu lourde, et si, le soir, en rentrant chez lui, il n’était surpris par une grosse averse qui le trempe jusqu’aux os.
Une telle différence d’impression, si tranchée et si brusque, ne paraissait-elle pas signifier que probablement le talent de l’auteur d’Indiana, ainsi que celui de tant de femmes, avait pour limites la réalité restreinte d’une situation unique ; et que, cette situation une fois exprimée, il ne fallait guère espérer en dehors, pour les excursions futures de ce talent, que d’heureuses rencontres de hasard, des traits et des coins délicatement sentis, mais point de création ni d’œuvre ?
s’il versait longtemps, le prisme heureux des songes, Sur mes yeux éblouis ses éclairs décevants !
Mais ce qu’il serait injuste de contester, c’est le développement mémorable de l’art durant ces dernières années, son affranchissement de tout servage, sa royauté intérieure bien établie et reconnue, ses conquêtes heureuses sur plusieurs points non jusque-là touchés de la réalité et de la vie, son interprétation intime de la nature, et son vol d’aigle au-dessus des plus hautes sommités de l’histoire.
Si les Français pouvaient donner à leurs femmes toutes les vertus des Anglaises, leurs mœurs retirées, leur goût pour la solitude, ils feraient très bien de préférer de telles qualités à tous les dons d’un esprit éclatant ; mais ce qu’ils pourraient obtenir de leurs femmes, ce serait de ne rien lire, de ne rien savoir, de n’avoir jamais dans la conversation ni une idée intéressante, ni une expression heureuse, ni un langage relevé ; loin que cette bienheureuse ignorance les fixât dans leur intérieur, leurs enfants leur deviendraient moins chers lorsqu’elles seraient hors d’état de diriger leur éducation.
Moins heureux étaient Dupin dans ses recherches sur les Conciles, et surtout Richard Simon dans ses études philologiques sur les deux Testaments et sur les Pères.
Voltaire a subi, lui aussi, dès sa jeunesse, sous la Régence, la fascination de l’Opéra, qui flattait ses secrets appétits de vie heureuse et sensuelle.
Coppée a fait représenter hier à l’Odéon plus de talent que dans cette comédie en cinq actes que je pourrais vous citer, si je ne craignais pas de chagriner l’auteur… Le Passant n’est pas une de ces pièces que l’on raconte ; c’est un poème auquel l’analyse ferait perdre la saveur et la grâce, une pure œuvre d’art que je vous engage à aller voir et que vous applaudirez certainement ; cela dure vingt minutes, vingt-cinq minutes au plus, et tout, depuis le premier vers jusqu’au dernier, vous charmera, je vous le jure… Enfin, voilà un début heureux au théâtre ; si M.
On peut aimer ou n’aimer pas les bords de la Seine de Seurat, les toiles de Signac, de Maximilien Luce, on sait de quel heureux effet est leur procédé, et le moindre charme du tableau de M.
Au milieu des fêtes mémorables de l’année 1666, c’était toujours madame de La Vallière que la cour regardait comme l’heureuse maîtresse du maître.
Mais les recrues n'ont point été heureuses.
Et Porphyre remarque très bien que tant que les hommes furent heureux ils n’eurent pas de lois écrites.
Il fallut qu’il s’y ajoutât quelque chose ; et ce quelque chose ne fut pas non plus la dévotion, la dévotion ordinaire aux vieilles femmes dévotes, dont je n’ai pas, du reste, à dire du mal, car je les ai toujours aimées… Il faut bien l’avouer, cette dévotion-là, ne fût-elle pas pédante ou pincée, a une discrétion qui baisse ses coiffes, même sur le front d’une Mme de Maintenon, tandis que la piété de Mme Swetchine ne baisse pas les siennes, car elle n’a pas de coiffes ; elle a le front tout nu, sous ses cheveux blancs et dans ses rides, comme il convient à une vieille femme, heureuse d’être, par la vieillesse, devenue une voisine de Dieu !
Elle est une perce-neige heureuse !
Louis XIV, qui n’aimait pas la province, on sait pourquoi, l’insultait par ses écrivains ; mais MM. de Goncourt, dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale, n’ont-ils jamais su, ou les traditions de la famille ne leur ont-elles jamais appris, que la province — et surtout la province d’avant la Révolution — gardait dans ses châteaux et dans ses grandes villes un exemplaire plus pur que Paris lui-même de ce qu’on appelait la société française, de ce mélange heureux et si admirablement réussi de lumière, d’élégance, d’amabilité et presque de vertus, qui faisait de la France l’aimant du monde ?
Le rideau, jusque-là baissé, en se relevant doit nous permettre de plonger dans le coin le plus sombre, le plus noir et le plus tragique d’un siècle (le XVIIe) qui a tout couvert de sa pourpre, et aussi dans cet autre coin de l’âme humaine qui résiste à toute lumière, et au fond duquel le moraliste, moins heureux que l’historien, enfonce ses regards et sa torche, sans pouvoir jamais l’éclairer !
En ces proverbes, naïfs ou sublimes, brillants ou profonds, moqueurs ou tendres, ils reconnaissaient une pensée, parente de la leur mais moins heureuse, car elle était entrée sans signature dans la mémoire des hommes, et en y restant elle n’y laissait aucun nom !
Il n’a point failli au hasard de son heureuse destinée.
Ce fut un poète heureux comme il y en a dans toutes les littératures, pour la délectable mystification des sots qui se croient littéraires et se mêlent de juger.
« En ces temps heureux, — continue Grenier, — le commerce obligatoire avec les classiques me portait à un excès d’intolérance. » (Comme si on n’était pas toujours intolérant, quand on croit à la vérité !)
Et pourtant ce serait à elle, la Philosophie, si on croyait ses prétentions à l’indépendance, à l’acuité de l’observation, au sentiment de la réalité en toutes choses, ce serait à elle plus qu’à personne à toucher le préjugé populaire pour le détruire et le diminuer, à entreprendre et à parachever cette étude hardie du cœur humain, cette dissection sur le vif par la réflexion , comme disait Rivarol, dans laquelle le scalpel immatériel, plus heureux que le scalpel qui fouille nos cadavres, trouve toujours où plonger et où interroger en des sentiments immortalisés par les hasards ou par les justices de l’Histoire !
Ce fut un poète heureux comme il y en a dans toutes les littératures, pour la délectable mystification des sots qui se croient littéraires et se mêlent de juger.
Et pourtant ce serait à elle, la Philosophie, si on croyait ses prétentions à l’indépendance, à l’acuité de l’observation, au sentiment de la réalité en toutes choses, ce serait à elle plus qu’à personne à toucher le préjugé populaire pour le détruire et le diminuer, à entreprendre et à parachever cette étude hardie du cœur humain, cette dissection sur le vif par la réflexion , comme disait Rivarol, dans laquelle le scalpel immatériel, plus heureux que le scalpel qui fouille nos cadavres, trouve toujours où plonger et où interroger en des sentiments immortalisés par les hasards ou par les justices de l’Histoire !
Tessier est une de ces intelligences qui travaillent à renouer la chaîne des enseignements scientifiques, et jamais il ne nous a paru plus heureux dans son effort qu’en posant (pourquoi n’est-ce que de profil ?)
Malgré le succès qui s’est attaché à l’entreprise de M. de Lamennais comme s’il était de la destinée de l’Imitation, ce livre heureux, de créer des succès à ces traducteurs eux-mêmes, combien n’avons-nous pas souffert de voir le génie éclatant et sombre de l’auteur de l’Indifférence se débattre dans un genre de travail si antipathique à sa nature !
S’il faut se résumer sur ce livre de l’Énigme d’Alceste, plus piquant de titre que de conclusion, il est bien heureux pour l’auteur qu’il n’y ait ni Sphinx ni énigme ; car le pauvre homme serait mangé.
Virgile, en mourant, donna l’ordre infanticide et littéraire de brûler l’Énéide, — ce que jamais Lamartine n’aurait ordonné, dans la naïveté heureuse et irresponsable de son génie !
Tels seront Le Juif Errant, les Péchés capitaux, et tant d’autres machines romanesques, dépourvues de ce qui fait la vie des inventions les plus heureuses et les plus puissantes, la lumineuse atmosphère d’un style à travers laquelle on les voit se mouvoir et se dérouler.
Théophile Gautier dans son fameux Capitaine Fracasse, lesquelles étaient faites, avant ce surprenant Capitaine, dans toutes les comédies sans exception de l’ancien théâtre espagnol, italien et français ; dans toutes les Nouvelles des vieux romanciers du commencement du dix-septième siècle, et que seul un romantisme impuissant, qui travaille en vieux, quand il croit faire du neuf, peut nous donner, après trente ans de romantisme plus heureux, pour de colossales inventions !
Je ne crois pas cependant que, malgré la réclame involontaire de Mgr l’archevêque de Bordeaux, l’abbé Trois-Étoiles ait l’heureuse étoile de l’auteur de la Vie de Jésus.
L’idée que cette guerre doit être la dernière des guerres, c’est une vieille idée populaire, « A nous de souffrir, nos enfants seront plus heureux !
M. de Vaines si spirituel s’est tué pour elle ; il avait 76 ans environ ; amoureux et apparemment aimé, il s’aperçut qu’il n’était plus capable d’être heureux. […] Pendant un temps, c’était pour Latouche qu’il raffolait ; il lui accordait le génie, tous les talents. « C’est fort heureux, disait sa fille (la spirituelle Mme Ménessier), que Dieu ait fait le monde, car autrement ce serait M. de Latouche qui l’aurait fait. » CXXXVIII Lamartine, chaque matin, soit qu’il écrive ou soit qu’il pérore, improvise, et cette improvisation ne lui coûte aucun effort ; au contraire, elle lui fait plaisir, et lui donne le sentiment de son talent, de sa verve. […] CLXIV Ceux qui ont le don de la parole et qui sont orateurs ont en main un grand instrument de charlatanisme : heureux s’ils n’en abusent pas ! […] L’atticisme, chez un peuple, et au moment heureux de sa littérature, est une qualité légère qui ne tient pas moins à ceux qui la sentent qu’à celui qui écrit. […] Un heureux hasard fit encore que, quittant la rue de Vaugirard le printemps suivant, j’allai demeurer rue Notre-Dame-des-Champs au n° 19, en même temps que Victor Hugo, quittant sa rue de Vaugirard, venait également se loger en cette même rue, alors toute champêtre, au n° 11.
Le choix heureux d’un animal, un instrument construit d’une certaine façon, l’emploi d’un réactif au lieu d’un autre, suffisent souvent pour résoudre les questions générales les plus élevées. […] Ceux qui expérimentent, malgré toute leur habileté, ne résoudront pas les questions s’ils ne sont inspirés par une hypothèse heureuse fondée sur des observations exactes et bien faites. […] Seulement les bonnes méthodes peuvent nous apprendre à développer et à mieux utiliser les facultés que la nature nous a dévolues, tandis que les mauvaises méthodes peuvent nous empêcher d’en tirer un heureux profit. […] Je suis d’ailleurs heureux de pouvoir ici m’appuyer sur l’opinion de physiciens et de chimistes les plus compétents en pareille matière. […] C’est un des rares exemples en physiologie que je suis heureux de pouvoir citer.
Il sera plus juste de dire que l’humeur chagrine née de la poursuite à demi vaine d’une gloire poétique qui se refusait à l’auteur de Joseph Delorme et des Pensées d’Août a rétréci, à l’égard de ses plus heureux émules, le champ de sa perspective comme critique. […] Comment exprimer avec plus de lumière et de grâce l’opposition entre l’heureux épanouissement du catholicisme au moyen âge et les conditions d’existence difficiles, dures, faites au même catholicisme par les temps modernes, par les siècles de la « philosophie » ? L’opposition est présentée du point de vue du moyen âge, mais la synthèse qui l’embrasse n’en est pas moins heureuse et profonde. […] Il importe cependant, pour les comprendre, de les rattacher à l’influence générale qui les porta de ce côté et de saisir dans leur archaïsme novateur l’un des nombreux fruits, et non le moins heureux, d’une graine alors éparse dans l’atmosphère du monde. […] Les chansons populaires de nos jours (En r’v’nant de la Revue, Madelon et autres) sont de la mélodie facile (dans le pire sens du mot) que sa facilité, son rythme de marche, quelque heureuse conjonction de circonstances fixent promptement dans la mémoire du peuple de Paris.
Jamais on ne dira que mistress Hoggarthy, du château de Hoggarthy, pourra être soumise à une si horrible humiliation, tant que John Brough aura une maison à lui offrir, une maison humble, heureuse, chrétienne, madame, quoique peut-être inférieure à la splendeur de celles auxquelles vous avez été accoutumée dans votre illustre carrière ! […] II Supposez qu’un heureux hasard écarte ces causes de faiblesse et ouvre ces sources de talent. […] « Chère sainte, dit-il, âme pure qui avez eu tant à souffrir, qui avez comblé le pauvre orphelin délaissé d’un si grand trésor de tendresse, c’est à moi de m’agenouiller, non à vous ; c’est à moi d’être reconnaissant de ce que je puis vous rendre heureuse. […] Si l’auguste amant eût été heureux, il n’eût point passé son temps à soupirer.
Le réel, c’est le juste… Selon Hugo, il n’y a en nous qu’une chose, une seule, qui puisse être complète, absolue à sa manière, inconditionnelle et adéquate : c’est l’idée du devoir, avec cette volonté de la réaliser qui est la justice : J’ai rempli mon devoir, c’est bien, je souffre heureux Car toute la justice est en moi, grain de sable. […] Au-delà de la mort, la vie morale continuera avec ses devoirs, avec son progrès indéfini : On entre plus heureux dans un devoir plus grand… Ce n’est pas pour dormir qu’on meurt ; non, c’est pour faire De plus haut ce que fait en bas notre humble sphère, C’est pour le faire mieux, c’est pour le faire bien165. […] Si la Tristesse d’Olympio se résume en cette vérité de la Palisse : « L’amour n’a qu’un temps, mais on s’en souvient toujours avec plaisir ; » on peut résulter de même le Lac de Lamartine : « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie. » — Même le Moïse de Vigny : « Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. » Le Mont des Oliviers de Vigny, comme le Désespoir de Lamartine : Le mal et la douleur ne sont pas faciles à concilier avec la divine Providence. Et Byron : « Tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. » — Même les poèmes des philosophes conscients et raisonnés, comme Sully-Prudhomme : — L’homme ne peut se résoudre à ne pas espérer (les Danaïdes) ; Les âmes délicates sont faciles à froisser (le Vase brisé) ; On serait heureux de retrouver dans une autre vie ceux qu’on a perdus (les Yeux) ; Les hommes travaillent l’un pour l’autre : il se faut entr’aider, c’est la loi de nature (le Rêvé) ; Les aéronautes sont des hommes courageux, qui se munissent de baromètres et qui font à leurs dépens des expériences de physique (le Zénith)192. — C’est un lieu commun aussi que de vivre, d’être homme : tous nous faisons tour à tour les mêmes réflexions ; cependant, pour chacun de nous, elles sont neuves, imprévues.
Rigault, même en le renfermant dans les termes de la seule littérature, est un des plus heureux et des plus féconds que l’on pût choisir, et son travail est devenu un livre qui offre le tableau complet d’un des épisodes les plus curieux de l’histoire de l’esprit.
Homme était un homme simple et austère ; Goujon était jeune, beau et doué de qualités heureuses ; Bourbotte, aussi jeune que Goujon, joignait à un rare courage l’éducation la plus soignée ; Soubrany était un ancien noble sincèrement dévoué à la cause de la Révolution.
Les conceptions heureuses d’événements extraordinaires sont beaucoup plus l’ouvrage des traditions que des poètes.
Heureux si les Français sont assez favorisés par la destinée, pour que le fil des progrès métaphysiques, des découvertes dans les sciences et des idées philosophiques ne se rompe pas encore entre leurs mains.
qu’on était heureux il y a dix années, lorsque entrant dans le monde plein de confiance dans ses forces, dans les amis qui s’offraient à vous, dans la vie qui n’avait point encore démenti ses promesses, on ne rencontrait ni des partis injustes, ni des haines envenimées, ni des rivaux, ni des jaloux !
Ainsi Voltaire, dans son Siècle de Louis XIV, raconte d’abord toutes les guerres du règne, puis, arrivé à la paix d’Utrecht, revient à l’avènement du roi, pour raconter les anecdotes de la cour et des mœurs du temps, après quoi il reprend encore les choses au début pour développer le gouvernement intérieur, les lois, les réformes, les principes d’administration, les mesures heureuses ou funestes dans chaque département, enfin il finit par exposer chacune des principales disputes religieuses : faisant ainsi non pas une histoire générale du siècle de Louis XIV, mais une dizaine d’histoires spéciales, qui sont simplement mises bout à bout et n’ont d’unité que par le titre unique.
Celles que les précieux tentèrent furent parfois heureuses ; on leur doit des locutions telles que : avoir l’âme sombre, être d’une vertu sévère ou commode, dire des inutilités, perdre son sérieux, fendre la presse, être brouillé avec le bon sens, faire ou laisser mourir la conversation, faire figure dans le monde, etc.
Heureux ceux qui auront été les collaborateurs de ce grand succès final qui sera le complet avènement de Dieu !
Vos indépendances sont heureuses et vous font découvrir des choses bien imprévues, ces « bagatelles », par exemple, qui vous paraissent « fades auprès des alcools d’une conspiration ».
si toutes les lettres que nous avons reçues avaient été dans ce sentiment et ce style, elles auraient évidemment confirmé la justesse de nos réflexions sur ce mal indéniable de la bâtardise, et nous aurions été heureux de la voir ainsi confirmée !
Je défie bien de lire de suite sans être écœuré cette Guirlande de Julie que Livet a transcrite à la fin de son ouvrage, pour nous démontrer, sans nul doute, l’influence heureuse de ces affreuses fadeurs sur la langue et la littérature.
… Pour ma part, je n’ai pas très bien vu ce que l’information pure et simple a gagné au livre de Fournier ; je n’ai pas vu quelles modifications importantes en sont résultées dans l’ordre des connaissances, ordinaires ou vulgaires, — et, excepté le divertissement qui vient de toute nouveauté pour la masse des esprits ennuyés et superficiels, heureux et surpris de trouver un passe-temps dans des études qui devraient toujours rester sévères, excepté le divertissement des enfants et des femmes qui a fait son succès, je ne vois rien en l’Esprit dans l’histoire qui le recommande aux esprits seulement curieux.
Le sans souci du détail, si on écrit une chronique dans laquelle il faudrait le culte du détail, et l’insouciance de tout ce qui n’est pas le gros fait accompli, insolent et heureux, si on écrit une histoire, ne sont ni le génie curieux de la chronique, ni le génie moral, sévère et mélancolique, de l’histoire.
Michelet l’a pensé comme nous ; Michelet n’a pas toujours feuilleté l’Histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie que, sur cette vieille terre du Vaudeville et de la Galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations.
Le monde romain stupéfié se tut devant Sylla, et il s’en alla mourir tranquille à sa maison de campagne, cet homme qui, malgré ses batailles et son génie de gouvernement, n’avait jamais été fier que d’une chose, qui ne lui appartenait pas, c’est d’avoir été toujours heureux… Robespierre, lui, l’autre proscripteur, ne s’arrêta pas.
nous pouvons nous trouver heureux de ce que Madame de Créqui n’a pas accompli un tel précepte ; nous y avons gagné les lettres piquantes publiées par Sainte-Beuve.
Heureuse mise en scène du roman !
Il n’est pas heureux en France, depuis quelques années… On l’a mis en chansons… mais avant d’être la proie des musiciens (il n’aimait pas la musique, et peut-être était-ce là un pressentiment de ce qui devait lui arriver !)
Vera, — un nom heureux pour un philosophe !
Sans Montaigne et sans un sentiment dont nous allons parler tout à l’heure, Pascal n’aurait jamais été que l’écrivain des Provinciales, ce chef-d’œuvre qui ne serait pas si grand, si les Jésuites étaient moins grands et moins haïs, les Provinciales, où le comique de cet immense Triste, qui veut plaisanter, consiste dans une ironie, répétée dix-huit fois en dix-huit lettres, et dans cet heureux emploi de la formule : mon révérend père, qui — puisqu’on parlait à un jésuite — n’était pas extrêmement difficile à trouver !
Je n’ai point oublié, par exemple, l’idée heureuse qui ouvre aux Moines la succession de ces deux grands Trépassés historiques, dont l’un est touchant et l’autre sublime, les Esclaves et les Martyrs.
De tous les savants de l’Europe, c’était, à coup sûr, le plus calme et le plus heureux.
Quand nous la lûmes sous sa forme première et oratoire de Cours public, elle ne nous donna pas l’idée d’une vérité que nous ne demanderons jamais à la philosophie, mais pourtant elle nous donna celle d’une chose plus forte, d’une systématisation essayée et plus heureuse que ce qu’on avait l’habitude de rencontrer dans les œuvres de Cousin.
bien heureux d’avoir à son service la faculté de l’enthousiasme, cette expression du feu du cœur qui se tord autour de son idée, et qui en cache, au moins, dans sa flamme, l’absurdité !
je ne demande pas mieux que de le reconnaître, il y en a plusieurs, dans ce recueil, que Joséphin Soulary, qui a fait du sonnet son incommutable majorat, serait heureux d’avoir signés ; mais ce n’est point les Cinq dizains de sonnets que Gères met en premier dans l’énoncé de son titre qui sont l’honneur de son volume.
On est déjà au bout de l’édition ; et, en attendant le second volume, il en faut une seconde du premier… C’est un succès dont la fatuité d’Alphonse Lemerre, qui doit avoir la fatuité d’un homme heureux, pourrait cependant s’étonner.
Et son nom, et les circonstances, et son sexe, et le charme navrant de quelques vers heureux, quand il s’agit d’exprimer la fatalité de l’amour, n’ont-ils pas fait illusion même à la Critique, même à ceux que rien ne devrait égarer ?
I Ce livre ne nous a pas été envoyé, — mais la Critique ne ressemble pas à cet heureux plongé dans le sommeil au seuil duquel s’assied la Fortune dans la Fable.
I Alphonse Lemerre, l’heureux et brave éditeur qui, chaque jour, prend une place plus large dans la publicité et dans la préoccupation de ceux qui, par ce temps industriel et maudit, pensent encore à la littérature, achève de publier, en ce moment, une édition des Œuvres de La Fontaine.
C’est l’athéisme de cette époque athée, l’athéisme heureux et fier comme un parvenu, faisant bedaine dans un Prudhomme cubique de Suffrage universel !
Les trois en un tombèrent à deux· L’heureuse Trinité ne fut plus qu’une dualité douloureuse.
La fille, heureuse par toutes les fortunes du mariage, sent son bonheur perdu, parce qu’elle ne voit plus sa mère et qu’elle a le remords de lui avoir désobéi.
Paul Féval, n’a pas été plus heureux que les autres.
Heureuse mise en scène du roman !
Enfin il a le mérite de la double harmonie, soit de celle qui, par le mélange et l’heureux enchaînement des mots, n’est destinée qu’à flatter et à séduire l’oreille ; soit de celle qui saisit l’analogie des nombres avec le caractère des idées, et qui, par la douceur ou la force, la lenteur ou la rapidité des sons, peint à l’oreille en même temps que l’image peint à l’esprit.
Cet heureux matérialisme, où se serait complu l’espèce humaine sous le joug égal de Rome, ce sommeil des âmes dans une servitude affermie, n’exista jamais.
C’est donc un véritable livre que la Confession d’un amant, et je suis heureux d’en annoncer la venue en même temps que celle d’un romancier nouveau. […] que je suis heureuse de vous voir, me dit-elle. […] Dès les premières lignes, il entre dans le débat : Que les géomètres sont heureux. […] Vous serez bien heureux s’il ne passe pas pour un ennemi public et s’il n’est pas traité comme tel. […] Elle le revoit, il comprend ce qui s’était passé dans le cœur d’Emma Kosilis et l’épouse ; le ménage est heureux, ils ont, je crois, huit enfants.
Le 2 décembre a eu d’heureuses victimes ; celles-ci sont à plaindre, et sont absurdes, prises par toutes les folies et toutes les calamités. […] tu es le plus heureux des hommes. » C’est très bien ! […] Heureux Rembrandt, avec son bon élève de Gérard Dow ! […] Il devra ensuite élaborer les documents qu’il aura saisis d’un coup preste et heureux : mais il redoutera surtout de leur ôter leur vivacité. […] Elle est heureuse, et M.
Il se représente une vie heureuse après la mort ; mais en même temps apparaissent vaguement dans sa conscience d’obscures images d’anéantissement de la personnalité et de séparation définitive par la mort, et ces images provoquent les émotions douloureuses qui accompagnent habituellement les idées de mort, de corruption, de renonciation à tous ceux qu’on aime. […] La fille du roi semble donc très heureuse et enviable par rapport à ses neuf sœurs. […] Exiger de la science qu’elle ne donne pas seulement des éclaircissements réels, quoique limités, et n’offre pas seulement des bienfaits palpables, mais qu’elle résolve aujourd’hui, à l’instant même, toutes les énigmes, qu’elle fasse l’homme omniscient, heureux, bon, — cela est absurde. […] Par ce terme assez peu heureux qu’a imaginé la psychiatrie française, on entend des aliénés chez lesquels les états d’excitation et de dépression se suivent régulièrement. […] Ramener le mot lourd d’idées au son émotionnel, c’est vouloir renoncer à tous les résultats de l’évolution organique et rabaisser l’homme, heureux de posséder le langage, au rang de grillon qui grésillonne ou de grenouille qui coasse ; aussi bien, les efforts des symbolistes conduisent à un radotage dépourvu de sens, mais nullement à la musique de mots cherchée, car celle-ci n’existe tout simplement pas.
Pour ne prendre qu’un nom célèbre, je suis bien persuadé que, si un heureux hasard vous avait procuré avec M. […] Nous rendre heureux n’est donc pas directement amasser autour de nous ce que nous croyons le bien, et en éloigner ce que nous croyons le mal ; mais c’est avant tout faire que notre état fondamental, ce que j’appellerais volontiers le ton de notre être, soit de plus en plus heureux. […] Et ailleurs : « Les créatures n’ont pas été faites pour être heureuses. […] Quel sera le fruit heureux et solide de tant d’épineux et sombres travaux, de tant de veilles aussi tristes que laborieuses ? […] Il est au contraire heureux quand on l’en arrache.
Tantôt, porté par quelque heureuse humeur jusqu’aux confins du paradis, il le contemple de près, il l’anime des yeux, il oblige toutes ses merveilles à fleurir. […] Elle est heureuse comme le geste du prêtre qui écarte les bras en face de la foule. […] Il ne fut en elle si spontané que parce qu’il était la seule façon qu’elle sût d’être heureuse. […] L’amour de Gérard est pareil à cette longue promenade qui, dans La Tentative Amoureuse, conduisit Luc et Rachel jusqu’au parc entouré de murs ; puis, un jour, étant revenus, ils le trouvèrent libre et vide ; mais ils avaient été heureux. […] Nous l’avons suivie pendant le long développement de sa solitude : nous l’avons vue devenir heureuse, changer sa crainte en volupté, mais sans renoncer à sa défense et à son repliement.
Produite par l’équilibre des passions conciliées dans l’âme heureuse et tranquille, ne puis-je pas appeler cette félicité intérieure de l’homme le sourire des Dieux, c’est-à-dire des sentiments pathétiques, remontés du théâtre sanglant de la tragédie humaine au séjour idéal de leur concorde harmonieuse ? […] Si, en effet, l’apparence, une fausse image de ce qui est substantiel et vrai, ou ce qui est mauvais et petit en soi est le côté saillant, cependant la personnalité forte et solide qui dans son indépendance, s’élève au-dessus de toutes les choses finies, assurée et heureuse en elle-même, reste le principe du haut comique. […] Cette imperturbable assurance dans la vérité de ses opinions est encore relevée d’une manière tout à fait heureuse par les plus beaux traits de caractère.
Ils seront heureux, sans doute, quand ils verront en notre pouvoir l’épée de celui qui les vainquit à Rosbach ! […] Quant aux blessés et aux morts, la perte était grande, plus grande qu’aucune de celles que nous avions essuyées dans nos longues guerres, mais celle de l’ennemi avait dû être d’un tiers plus forte.” » XVI Quelques semaines après, la bataille de Wagram, répétition identique, mais plus heureuse, de la bataille d’Essling sur le même champ de bataille, répara ce revers par un triomphe chèrement conquis. […] XXVIII Mais la société nationale était-elle sans gouvernement la veille du 18 brumaire, quand un général heureux et populaire vint renverser violemment le gouvernement directorial, avec les armes mêmes et avec l’autorité empruntée que le Directoire lui avait remis dans les mains ?
Pendant cet interrègne de la violence et de la conquête, le droit se tait, la fortune seule juge, le monde légal cesse d’exister pendant une période d’attentats heureux ou malheureux ; puis les armes tombent, par lassitude, des mains de l’Europe. […] Nos successeurs, plus heureux que nous, auront pour cette étude des lumières non pas plus impartiales, mais plus éclatantes que les nôtres : car M. de Talleyrand a écrit, dans les dernières années de sa vie, ses Mémoires ; mais, avec cette souveraine sagacité qui ne lui fit jamais défaut ni dans sa vie ni dans sa mort, il a, par son testament, ajourné la publication de ces Mémoires à trente ans après son décès. […] Il se préparait, dans sa pensée, le rôle de serviteur heureux des événements.
Nous rions parce que nous sommes jeunes ; nous avons l’air heureux, parce que nous nous aimons ; mais j’ai de vilains moments quand je pense à l’avenir, et je ne sais pas ce que deviendra ma pauvre Laure. […] Je ne sais pourquoi, il me paraît que le temps le plus heureux de notre vie aura été celui de la traversée. […] C’est là une œuvre divine à faire. — Pour moi, frappé de ce signe heureux, je n’ai voulu et ne pouvais faire qu’une œuvre bien humble et tout humaine, et constater simplement ce que j’ai cru voir de vivant encore en nous. — Gardons-nous de dire de ce dieu antique de l’Honneur que c’est un faux dieu, car la pierre de son autel est peut-être celle du Dieu inconnu.
Nous n’avons pas fait un heureux voyage, en nous rendant à cette fête. » Elle dit: « Soyez le bien-venu pour ceux qui vous voient volontiers. […] Le Dieu du ciel nous laissera encore vivre heureux quelque temps. […] De plaisir elle s’inclina devant le noble prince: « Sois donc toujours heureux en ton corps et en ton âme.
Nous avons un faible pour les saints plébéiens qui maltraitent les riches, les puissants, les heureux de la terre. […] Je n’en vois point qui ait plus adroitement administré de plus heureux dons naturels. […] Pendant cinq ou six ans, il vécut sans jamais avoir un sou dans sa poche, très heureux.
Temple avait traversé les pires années de la restauration, toujours prudent et toujours heureux, habile et intègre négociateur à l’étranger, dans son pays amateur discret du bien public, gardien vigilant de sa réputation et de sa fortune, et paraissant dédaigner un pouvoir dont il redoutait l’exercice. […] Et comme les institutions libres ont ce beau privilège, que l’art de persuader en est l’âme et que, même corrompues, elles ne peuvent se passer du talent, son amitié et sa haine ne pouvaient être indifférentes à personne et, dans cette arène où luttaient les plus heureux génies de l’Angleterre, la nature l’avait jeté tout armé. […] Elle lui écrivait en 1720 : « Dix mortelles semaines se sont écoulées depuis que je vous ai vu, et pas une lettre… Vous voulez à force de rigueur me détacher de vous… Je vous conjure par Dieu même, de me dire ce qui a pu causer l’extrême changement que je trouve en vous. » Cependant elle eut encore à Cellbridge quelques jours heureux.
La bonne ignorance, naïve, de Boiëldieu et d’Adam, n’est plus guère possible, aujourd’hui, à nos compositeurs ; ils doivent être bruyants, paraître audacieux… Pour le public, heureux, toujours, des classifications, ces nouveautés, le bruit, l’audace, furent, jadis, la caractéristique innovation de Richard Wagner, musicien : émerveillé de les voir bruyants et audacieux, le public nomma nos compositeurs des wagnéristes. — Ils protestent : l’Institut n’admet point de wagnérisme ! […] C’est les articles écrits à Paris de 1840 à 1841, et publiés alors par la Revue et Gazette musicale : une visite a Beethoven ; la fin d’un musicien allemand a Paris ; une heureuse soirée ; sur la musique allemande ; le virtuose et l’artiste ; l’artiste et la popularité ; le stabat mater de Rossini ; une étude sur l’ouverture ; des articles sur le Freischutz, la Reine de Chypre ; le Retour à Dresde des cendres de Weber, traduit récemment par M. […] Enoncer cette affirmation, c’est prophétiser à coup sûr, mais nous sommes heureux de pouvoir dire notre certitude au jeune et savant musicien qui, depuis plusieurs années déjà, n’a cessé de combattre le bon combat avec tant de zèle, de succès et de talent.
Abel Villemain, né à Paris vers la fin de 91 ou au commencement de 92111, d’une mère que tous ceux qui ont l’honneur de la connaître savent d’humeur si spirituelle et si marquée, fit de ces bonnes et excellentes études classiques, qu’il eût, en tout cas, réparées avec sa rare promptitude si elles avaient été insuffisantes, mais dont l’heureuse et précoce facilité eut une grande part dans sa tournure littéraire. […] On est heureux, dit-il, de le connaître, de vivre de son temps.
Loin de là, nous serons toujours heureux de voir le front d’un grand écrivain ceindre la double couronne du génie et de la vertu. […] Heureux celui dont le goût réunit la délicatesse à la pureté, le sentiment à la raison Une objection s’élève contre ce que nous venons de dire sur le goût, et nous ne vous en dissimulons point la gravité.
Rabelais et Calvin avaient eu la gloire de faire les premières applications heureuses des idées anciennes à la société moderne. […] Tous les esprits cultivés aiment, cet heureux don d’exprimer des choses sensées par un tour piquant qui est proprement l’esprit, si national dans notre pays.
. — Comment la littérature peut-elle exercer sur la science une action heureuse et légitime ? […] Ennemie dangereuse de la poésie dont elle attaque l’heureuse ignorance, d’où naissent les fables merveilleuses, la science est pour elle une alliée plus dangereuse encore, quand elle s’offre traîtreusement à elle comme matière à mettre en vers.
On a ri souvent de la bonhomie de Ducis écrivant deux dénouements pour son Othello : l’un heureux et l’autre funeste, qu’il offre, dans sa préface, au choix du public et des directeurs de théâtre. « Pour satisfaire, — dit-il, — plusieurs de mes spectateurs qui ont trouvé, dans mon dénouement, le poids de la pitié et de la terreur excessif et trop pénible, j’ai profité de la disposition de ma pièce, qui me rendait ce changement très facile, pour substituer un dénouement heureux à celui qui les avait blessés, quoique le premier me paraisse toujours convenir beaucoup plus à la nature et à la moralité du sujet.
Cependant Suzanne arrive, calme, riante, heureuse, l’amour sur les lèvres. […] Il serait trop heureux qu’une jeune fille pauvre et de bonne maison daignât l’introduire, de sa blanche main, dans le monde des honnêtes gens et de la bonne compagnie.
La joie sereine des beaux dieux, que les poètes ont montrés planant au-dessus de nuées d’or, resplendit en une magnifique succession d’images, que terminent ces deux vers radieux : Ils savouraient ainsi que des fruits magnifiques Leurs attentais bénis, heureux, inexpiés. […] Sur des thèmes comme ceux-ci : la nature révèle Dieu ; il faut faire l’aumône ; l’argent que coûte un bal serait mieux employé en charités ; les riches ne sont pas toujours heureux ; il faut se contenter de peu ; les malheurs de l’exil ; il est beau de mourir pour la patrie, etc., etc., M.
Vivez, amis ; vivez contents En dépit de Bavus, soyez lents à me suivre ; Peut-être, en de plus heureux temps J’ai moi-même, à l’aspect des pleurs de l’infortune, Détourné mes regards distraits ; À mon tour aujourd’hui mon malheur importune. […] D’une prison sur moi les murs pèsent en vain, J’ai les ailes de l’espérance : Échappée aux réseaux de l’oiseleur cruel, Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel Philomèle chante et s’élance.
Mais en supposant qu’un peu de vanité puisse être permise à un auteur presque toujours heureux, aujourd’hui j’aurais le droit de m’élever jusqu’à l’orgueil, en prouvant à mon jeune adversaire qui, dans ma qualité de classique, m’a témoigné tant de mépris, que je compte autant de succès qu’il a d’années, et que plusieurs de mes ouvrages, plus âgés que lui, n’ont point été engloutis dans sa révolution littéraire et prospèrent encore, au milieu de cette anarchie, protégés par l’estime publique. […] Trop heureux si ces pauvres partisans de la vieille méthode peuvent échapper la vie sauve à la griffe des démons barbus qui les poursuivent de leurs grincements de dents et de leurs hurlements.
Celle-ci fit un choix qu’on n’aurait jamais cru, Se trouvant, à la fin, tout aise et tout heureuse De rencontrer un malotru. […] Donc, aucun terme d’art, mais la silhouette est très heureuse et très représentative, et elle donne une vision très nette de ce roi entouré de tous les objets qui lui étaient habituels, et puis avec son air matois jusque sur le tombeau, cet air qui était le fond même du caractère de Louis XI… D’un livre de cette sorte, ce que l’on attend c’est d’abord du pittoresque, ce sont des rapports exacts et intelligents sur les œuvres d’art que l’on voit et c’est ensuite quelques relations sur les hommes et le caractère des hommes que l’on a rencontrés.
En exposant, il caractérise, et l’on est bien heureux qu’il ait ce don-là, car, s’il ne l’avait pas, s’il ne savait pas mettre l’empreinte du mot sur des événements si effacés, s’il n’attachait pas le rayon du peintre à cette masse de massacres et de massacreurs obscurs qui font une nue si épaisse et si sombre dans son histoire, on rejetterait de tels récits, et je ne crois pas qu’on allât consciencieusement jusqu’à la fin de ces fatigantes Révolutions d’Italie. […] Ferrari a publié l’histoire de la Raison d’État, et c’est une heureuse idée, — et très originale, — que celle de ce livre.
Nisard, dans cette sorte de duel avec Rousseau, se montre et s’accuse en traits vifs, aigus, sentencieux, pleins de vigueur et d’éclat ; il a quantité de mots heureux.
L’aventure ne finit point trop tristement cette fois, ni par un dénouement tout heureux à la manière des romans ; elle se termine, comme il arrive le plus souvent dans la vie, par un malheur lentement consolé.
Il parle aux autres, c’est pour eux seuls et non pas pour lui qu’il écrit ; aussi c’est leur suffrage plus que le sien qu’il ambitionne, et de là vient que son talent ne de rendra jamais heureux, car le fondement de la satisfaction qu’il pourrait en recevoir est hors de lui, loin de lui, varié, mobile et inconnu.
Sire, les ennemis, sont déjà assez heureux » ; et, s’emparant de la bride, il poussa le cheval de l’Empereur sur la route de Charleroi.
« Et les hommes se regarderont à cette lumière, et ils diront : « Nous ne connaissions ni nous ni les autres, nous ne savions pas ce que c’est que l’homme : à présent nous le savons. » « Et chacun s’aimera dans son frère, et se tiendra heureux de le servir ; et il n’y aura ni petits ni grands, à cause de l’amour qui égale tout, et toutes les familles ne seront qu’une famille, et toutes les nations qu’une nation.
On est dédommagé par un bon nombre de justes et piquantes observations, présentées d’ordinaire sous forme d’ironie ; ainsi ce mot : « Lorsqu’on est heureux, il ne faut pas trop se demander pourquoi.
Elle l’a été, cette fois, de la manière la plus heureuse, et d’autant mieux que la solution en a été toute pacifique.
Un succès dramatique que nous enregistrons avec plaisir est celui des Malheurs d’un amant heureux, comédie-vaudeville qui rappelle le meilleur temps du Gymnase et la meilleure manière de M.
Tous les vices se coalisent, tous les talents devraient se rapprocher ; s’ils se réunissent, ils feront triompher le mérite personnel ; s’ils s’attaquent mutuellement, les calculateurs heureux se placeront aux premiers rangs, et tourneront en dérision toutes les affections désintéressées, l’amour de la vérité, l’ambition de la gloire, et l’émulation qu’inspire l’espoir d’être utile aux hommes et de perfectionner leur raison8.
Lorsque la pensée peut être le précurseur de l’action, lorsqu’une réflexion heureuse peut à l’instant se transformer en une institution bienfaisante, quel intérêt l’homme ne prend-il pas au développement de son intelligence !
Lorsque enfin il quitta l’hôtel, des isvoschiks l’entourèrent avec des visages heureux, se disputant à qui lui offrirait ses services.
Le valet rend grâces au ciel de cet heureux changement, lorsque Don Juan se lève, et, par un coup de pied adroitement placé, fait sa réponse ordinaire à la harangue du moraliste, et lui donne l’ordre de faire servir à l’instant le souper.
Et en effet, ils n’avaient pas besoin de la dire puisqu’à cette époque d’enfance heureuse les génies et les foules ôtaient en communion.
Bergson, l’écrasement de la conscience individuelle (par le mot qui en est l’expression impersonnelle et sociale) n’est aussi frappant que dans les phénomènes du sentiment27. » Qu’une émotion profonde, une mélancolie indéfinissable, que le souvenir heureux ou triste d’une heure lointaine émergent du fond de notre passé et envahissent notre être tout entier ; le frisson de cette émotion ne pourra se propager dans l’atmosphère opaque qui nous sépare d’autrui de la même façon que se propage une onde lumineuse ou sonore.
Il faudrait avoir complètement oublié l’histoire de la science pour ne pas se rappeler que le désir de connaître la nature a eu sur le développement des mathématiques l’influence la plus constante et la plus heureuse.
Vous êtes plus calmes, j’en conviens, vous vous résignez, et même vous vous réjouissez ; vous organisez une propagande qui a l’air heureuse et contente.
Heureux les critiques qui ne rencontrent pas trop de « bonnes choses » pour eux dans leurs auteurs !
En attendant, il le dit et il est heureux de le redire, oui, la civilisation tout entière est la patrie du poète.
le parasitisme rit, le lierre verdit et pousse, le gui est florissant, le ver solitaire est heureux.
C’étoit à propos de Térence, ce comique d’un si bon goût, heureux imitateur de Ménandre & supérieur à Plaute, du moins pour la vérité des caractères & des mœurs, pour les graces de la diction.
C’est à cette heureuse fécondité, c’est à ce tour d’esprit délicat que M.
Celui-ci, sans dessein et sans objet, se perd en écarts continuels, et étouffe quelques pensées heureuses sous un monceau de décombres ; celui-là a plus de suite et de plan, mais n’a presque point d’autre mérite, et délaie des idées communes dans des vers froids ou boursouflés.
j’aurai un prix à l’Académie, ma comédie réussira, je me trouverai lancé dans le monde, et accueilli par les grands que je méprise ; ils feront ma fortune sans que je m’en mêle, et je vivrai ensuite en philosophe. » Heureux pressentiment !
Nonobstant tout, l’âme qui se mêle à tout, comme elle l’a dit, s’y mêle encore, mais la brillante n’y est plus que la triste, et le génie, la fortune et la gloire ne peuvent plus réussir à la faire heureuse !
Pauvre cochon de lait, du reste, qui me fait l’effet d’un symbole, — le symbole du pauvre Monsieur, traîné par sa Cosaque qui se venge, tout le long du livre, devant tous les loups et tous les chacals de l’Europe ; devant tous ces envieux, féroces et bas, qui sont heureux d’avoir, — n’importe d’où il tombe, — un morceau de grand artiste, dans leurs sales gueules, à déchiqueter !
Quel titre meilleur pouvait révéler un sujet plus heureux !
La préparer, c’est différent ; en faire le ménage, en balayer les étagères, en ramasser les épingles, y tenir les comptes courants ; être des statisticiennes, des antiquaires, des archéologues, des érudites, des chercheuses ou des trouveuses de détails heureux ou utiles, je l’admets ; mais écrire l’histoire, mais juger de haut les choses et les hommes ; mais Voir, — cette intuition virile et qu’ont si peu d’hommes, tout hommes qu’ils soient, je ne l’admets pas pour les femmes.
Il y en a quelques-uns d’heureux ; mais vouloir brasser et jauger dans un chapitre ce torrent d’ouvrages et de mérites divers que Barot précipite devant nous, ce serait faire ici ce que nous lui avons reproché.
atteindront-ils un résultat plus heureux et plus durable que les tout-puissants rois de France, avec l’action une et continue d’un pouvoir, sur cette question éternellement désobéie, pendant une succession de siècles ?
En procès, Montesquieu fut plus fort et plus heureux qu’en science.
Le critique est quelquefois comme ce terrible juge qui ne demandait que dix lignes d’un homme pour l’envoyer au supplice, mais souvent, plus heureux et plus doux, pour sauver un écrivain fourvoyé et prévoir son avenir, le critique n’en demande pas davantage.
Et, en effet, malgré les plus brillants mérites, malgré des vertus et des capacités de souverain que n’eurent pas toujours des souverains plus grands ou plus heureux que lui, l’infortune agitée, mais permanente, de René, a l’humiliation d’être plus un guignon qu’un malheur illustre.
Ce serait trop heureux.
La gloire et la force du peuple américain, c’est la bâtardise : « La transplantation des races européennes — dit-il, l’anti-Européen, — a eu pour premier effet sinon de dissoudre entièrement, au moins d’affaiblir le principe de la famille. » Et plus bas, devenant plus explicite, il ajoute : « Le passage de l’Européen outre-mer a toujours eu pour cause une protestation contre l’autorité paternelle, une déclaration d’indépendance individuelle, une sorte d’assimilation à l’état de bâtardise. » Et le singulier penseur, qui lit l’histoire les yeux retournés, non seulement ne voit pas les conséquences éloignées du vice originel de l’Amérique, mais, lui qui parle tant de réalité, il ne voit pas même les réalités présentes ; car, à l’heure qu’il est, tout le monde sait, sans avoir eu besoin d’aller en Amérique, que le peuple américain est un peu gêné en ce moment par son heureuse bâtardise ; que la question de l’indigénat est une des plus grosses questions qui aient jamais été agitées dans les États de l’Union, et que cette question n’est pas autre chose que la nécessité — sous peine de dissolution complète — de se faire une espèce de légitimité contre l’envahissement croissant de toutes les bâtardises de l’Europe, contre le flot montant des immondices qu’elle rejette !
» des choses que les autres seraient heureux de ramasser… Il a gardé sa bonne humeur jusqu’à la fin, gai à trois pas du sérieux.
Il l’accompagnait partout et lui tendait (intellectuellement) le crachoir… Tenir le crachoir, au physique, et parmi nous autres hommes, est une fonction assez servile et dégoûtante ; mais quand il s’agit d’un immense génie, à expectorations surhumaines, qui a toujours craché de la lumière et créé des mondes d’idées à chaque mot, la chose dégoûtante et servile change d’aspect… Nous sommes trop heureux qu’il y ait de ces garçons d’admiration en service ordinaire auprès des grands hommes que nous n’avons pas connus : Monsieur, je suis garçon de Votre apothicaire !
Dans l’indigence de la pensée publique qui se rue si badaudement aux Expositions, et le néant des œuvres qu’on publie, la Critique est heureuse de pouvoir, en se retournant, mettre la main sur un livre resté dans l’obscurité de son mérite, — le destin, d’ailleurs, de tout ce qui est élevé en littérature.
Il est très fier et très heureux de n’être que par Victor Hugo, — non par son bon plaisir, mais par la force créatrice de son génie qui l’a produit, lui, Vacquerie, comme un volume de plus de ses œuvres complètes.
Ce roseau pensant de Pascal, qui n’avait pas besoin que la nature s’armât pour l’écraser quand il remuait, lui, l’univers, et qui, comme tous les roseaux, aimait le bord de l’eau, même la plus humble, ce fortuné de renommée qui s’appelait Félicité, le nom le plus mélancoliquement moqueur qui puisse être donné à un homme, ne fut jamais heureux et n’était rien de plus qu’une âme triste dans un corps malade.
C’est le déshabillé zinzolin qui lui donne l’air d’une femme de Watteau sans bonheur ; car les femmes de Watteau sont heureuses… Elle ne le fut point, elle.
Déjà avancée dans la vie quand le prince Poniatowski lui présenta son fils, — car on en était alors arrivé à cette dégringolade de tout que les princes polonais venaient dans leurs grosses bottes, droits et heureux comme des princes, ainsi que le dit Sterne de son postillon, demander pour leurs fils les bontés de femmes dont on eût à peine parlé sous Louis XIV, mais qui étaient devenues des puissances parce qu’elles donnaient à dîner à quelques impertinents écrivassiers !
Il fut heureux de ne plus être désormais condamné à commander aux autres.
Légère comme la robe qu’elle portait, et dont elle aimait l’éclat ou la grâce, vaine comme les romans qu’elle lisait, heureuse de plaire, inclinant, comme la fleur au vent, aux conversations frivoles, elle avait les défauts de son sexe, ces défauts presque impersonnels, mais dont elle s’accuse dans sa Vie comme s’ils n’appartenaient qu’à elle seule !
Arrivés au sommet de leur renommée, heureux, applaudis, se faisant entre eux dans leurs livres tous les salamalecs de la camaraderie, qui n’est le plus souvent que l’hypocrisie de l’amitié, aucun d’eux ne s’est noblement retourné vers cet homme dont ils avaient vu à l’œuvre le génie, et qui les avait, avant qu’il fût chrétien, souvent inspirés !
Ribot, le vulgarisateur de Schopenhauer, prétend qu’il y avait, en cet Allemand, du Français, de l’Anglais et de l’Indou, et il est heureux que, dans cette complexité de natures, ce soit le Français qui ait dominé.
Il n’y a que des jouteurs contre le style, des lutteurs plus ou moins heureux contre la langue, des artistes à doigté et non pas à inspiration.
D’autres que nous, moins gênés par les limites de ce travail qui n’a qu’un but : donner l’envie de lire à ceux qui lisent encore les choses sérieuses, pourront s’appesantir sur tous ces détails, mais nous, moins heureux, nous devons aller exclusivement et de prime saut au point important et central, à la méthode, — la méthode qui, du reste, est l’axe de tout, pour qui sait voir, dans toutes les philosophies.
… Il a réalisé, du moins, dans l’ouvrage qu’il publie beaucoup des conditions qu’il faut pour l’être… En cet instant de polémique universelle, l’Idée de Dieu et ses nouveaux critiques est une idée neuve et heureuse !
Quinet, l’auteur de Merlin l’Enchanteur, a toujours, en sa qualité d’esprit allemand, été panthéiste ; son Dieu a toujours été « le Dieu inconnu du bon Merlin » qu’il appelle, ce bâtard d’un incube et d’une Sainte violée : « Le prophète des jours heureux dans les temps futurs », et c’est ce Dieu-là, dont le livre de M.
Les Anciens, plus profonds qu’on ne croit dans leur naïveté, disaient heureux ceux qui meurent jeunes.
Plus heureux en cela qu’André Chénier, le guillotiné de génie dont toute la vie fut dans la mort, Agrippa d’Aubigné eut une vie poétique jusqu’à sa dernière heure, et cette heure fut tardive.
Je ne sais point par quelles spirales cette amie de Proudhon est descendue au fond du dernier cercle de l’enfer de la Philosophie, mais elle y est descendue, et c’est du fond de cet horrible trou que, comme la Sachette de Notre-Dame de Paris, elle élève une voix désespérée pour l’humanité et pour elle ; — car, après tout, si elle a la bravoure de l’athéisme, si elle fait de l’héroïsme contre le néant, elle n’est pas, pour cela, très heureuse d’être athée.
Quoiqu’il n’ait pas eu à se plaindre de la destinée autant que bien d’autres, plus grands que leur vie, qui passent lentement, qui passent longtemps, qui vieillissent, leur chef-d’œuvre à la main, sans que les hommes, ces atroces distraits, ces Ménalques de l’égoïsme et de la sottise, daignent leur aumôner un regard ; quoique son sort, matériellement heureux, n’ait ressemblé en rien à celui, par exemple, du plus pur artiste qu’on ait vu depuis André Chénier, de cet Hégésippe Moreau qui a tendu à toute son époque cette divine corbeille de myosotis entrelacés par ses mains athéniennes, comme une sébile de fleurs mouillées de larmes, sans qu’il y soit jamais rien tombé que les siennes et les gouttes du sang de son cœur, Beyle, de son vivant, n’eut pas non plus la part qui revenait aux mérites de sa pensée.
Il est moins heureux que les muletiers de Rome, ce lord anglais.
Il fait mouvoir les foules que Shakespeare, plus heureux, pouvait mettre à la scène, et qu’il ne peut, lui, faire mouvoir que dans des romans.
Plus heureux cependant, ceux qui ont reçu de la nature une âme ouverte à toutes les impressions, qui suivent avec plaisir un enchaînement d’idées vastes ou profondes, et ne s’en livrent pas avec moins de transport à un sentiment impétueux ou tendre.
Heureux celui des hommes qui les a vus !
Sauf en septembre, qui est le mois des Anglais, on y est seul, et, dans le silence, sous l’air froid des voûtes de pierre, on est heureux pendant une heure. […] Il n’était point heureux comme vos Vénitiens, il ne songeait pas à récréer ses yeux, à suivre des dehors voluptueux, le splendide et riant étalage des corps florissants. […] Pour produire tout ce dont il est capable, il faut que l’homme, ayant conçu quelque forme d’art, quelque méthode de science, bref, quelque idée générale, la trouve si belle qu’il la préfère à tout, notamment à lui-même, et l’adore comme une déesse qu’il est trop heureux de servir. […] Pour être à peu près heureux, il faut subir le mal, quand il vient, comme un orage, puis penser à autre chose. […] Il a de la verve, la verve de la jeunesse ; la plupart de ses débuts sont heureux ; dès la première page, au moyen d’une anecdote, il met son personnage en scène.
Mais on est heureux d’avoir une occasion de lire ou de relire ces opuscules, depuis longtemps épuisés. […] Ils s’aiment, ils sont heureux presque tout l’été, et se séparent à l’automne. […] On est heureux d’apprendre que rien n’est venu troubler l’amitié et l’admiration réciproques d’André Gide et de Paul Claudel. […] Nous ne pardonnerons pas aux bibliophiles d’avoir aboli l’heureux temps où l’on en trouvait pour quelques sous dans les boîtes des quais.
Beaucoup plus que nous ne le voulons, beaucoup plus que nous ne le croyons, beaucoup plus que nous ne le disons tous formés par des habitudes scolaires, tous dressés par des disciplines scolaires, tous limités par des limitations et des commodités scolaires, nous croyons tous plus ou moins obscurément que l’humanité commence au monde moderne, que l’intelligence de l’humanité commence aux méthodes modernes ; heureux quand nous ne croyons pas, avec tous les laïques, avec tous les primaires, que la France commence exactement le premier janvier dix-sept cent quatre-vingt-neuf, à six heures du matin. […] Le magnifique fleuve déploie le cortège de ses eaux bleues entre deux rangées de montagnes aussi nobles que lui ; leurs cimes s’allongent par étages jusqu’au bout de l’horizon dont la ceinture lumineuse les accueille et les relie ; le soleil pose une splendeur sereine sur leurs vieux flancs tailladés, sur leur dôme de forêts toujours vivantes ; le soir, ces grandes images flottent dans des ondulations d’or et de pourpre, et le fleuve couché dans la brume ressemble à un roi heureux et pacifique qui, avant de s’endormir, rassemble autour de lui les plis dorés de son manteau. […] En cela, les poëtes sont plus heureux que les autres grands hommes. […] Altier, entier, droit, Taine a eu cette audace ; il a commis cet excès ; il a eu ce courage ; il a fait cet outrepassement ; et c’est pour cela, c’est pour cet audacieux dépassement que c’est par lui, et non par son illustre contemporain, qu’enfin nous connaissons, dans le domaine de l’histoire, tout l’orgueil et toute la prétention de la pensée moderne ; avec Renan, il ne s’agissait encore, en un langage merveilleux de complaisance audacieuse, que de constituer une lointaine surhumanité en un Dieu tout connaissant par une totalisation de la mémoire historique ; avec Taine au contraire, ou plutôt au-delà, nous avons épuisé nettement des indéfinités, des infinités, et des infinités d’infinités du détail dans l’ordre de la connaissance, et de la connaissance présente ; désormais transportés dans l’ordre de l’action, et de l’action présente, nous épuisons toute l’infinité de la création même ; toute sa forme de pensée, toute sa méthode, toute sa foi et tout son zèle, — vraiment religieux, — toute sa passion de grand travailleur consciencieux, de grand abatteur de besogne, et de bourreau de travail, tout son passé, toute sa carrière, toute sa vie de labeur sans mesure, sans air, sans loisir, sans repos, sans rien de faiblesse heureuse, toute sa vie sans aisance et sans respiration, toute sa vie de science et la raideur de son esprit ferme et son caractère et la valeur de son âme et la droiture de sa conscience le portaient aux achèvements de la pensée, le contraignaient, avant la lettre, à dépasser la pensée de Renan, à vider le contenu de la pensée moderne, le poussaient aux outrances, et à ces couronnements de hardiesse qui seuls achèvent la satisfaction de ces consciences ; il devait avoir un système, bâti, comme Renan devait ne pas en avoir ; il devait avoir un système, comme Renan devait nous rapporter seulement des certitudes, des probabilités et des rêves ; mais, sachons-le, son système était le système même de Renan, étant le système de tout le monde moderne ; et ce commun système engage Renan au même titre que Taine ; il fallait que Taine ajoutât, au bâtiment, à l’édifice de son système ce faîte, ce surfaite orgueilleux, parce que ce que nous nommons orgueil était en lui un défi à l’infortune, à la paresse, aux mauvaises méthodes et au malheur, non une insulte à l’humilité, parce que ce que nous croyons être un sentiment de l’orgueil était pour lui le sentiment de la conscience même, du devoir le plus sévère, de la méthode la plus stricte ; et c’est pour cela que nous lui devons, à lui et non à son illustre compatriote, la révélation que nous avons enfin du dernier mot de la pensée moderne dans le domaine de l’histoire et de l’humanité.
Ceux-ci ne connaissent qu’un moyen d’« arriver » : dominer leurs concurrents en les considérant systématiquement comme des ennemis, les « avoir dans la main », disent-ils, par tous les procédés, de manière à pouvoir, au moment voulu, faire une heureuse pression sur eux, les garder à leur dévotion ou les perdre. […] Aussi la publication de leurs lettres ne peut-elle qu’aider la vérité, c’est-à-dire qu’avoir d’heureuses conséquences. […] Pauvres intellectuels, qui étiez, durant votre existence, victimes des marchandages éhontés de notre époque et qui devenez, dès que vous reposez dans le tombeau, victimes cette fois des familles trop heureuses de reprendre enfin leur autorité sur vous. […] Je ne soulève même pas cette objection que les « libéraux » ont été trop heureux de présenter victorieusement : l’Etat deviendrait critique littéraire ; il disposerait sans doute de la façon la plus ridicule du produit obtenu par les prélèvements qu’il opérerait sur le domaine public.
mes amis, si nous allons jamais à Lampedouse fonder, loin de la terre, au milieu des flots de la mer, un petit peuple d’heureux, ce seront là nos, prédicateurs ! […] lui, Diderot, l’homme heureux à qui le succès a été si facile, n’a sur la Critique que cette opinion injurieuse et misérable, que cette opinion de rancune qu’ont les esprits maltraités par elle ? […] Un jour Thomas, ce Diderot en double par l’exagération et par l’enflure, s’avisa d’écrire une mauvaise déclamation sur les femmes, auxquelles le pauvre homme ne comprenait rien ; Diderot reprit le livre en sous-œuvre et le refit, pour montrer comme on pouvait le faire, et c’est son meilleur morceau de critique et le plus heureux modèle de ce que j’appelle la Critique inventive, qui prêche d’exemple et descend de l’abstraction des principes pour s’asservir vaillamment les réalités. […] Cette Correspondance, que les admirateurs de Diderot ne seront pas très heureux de voir publier s’ils tiennent à ce qu’il garde son prestige, cette Correspondance qui le réduit à sa plus simple expression et nous le montre dans la stricte vérité de sa nature, ne s’étend pas de Diderot à beaucoup de personnes, mais se borne simplement à deux : Falconet et mademoiselle Volland.
Un moment, causant avec lui, il passe à côté de la médiocrité heureuse et se sent tenté. […] Ne dites point : il faut que les hommes soient heureux parce que c’est juste. Dites : il faut que les hommes soient aussi heureux que possible parce que c’est bon. […] Ce qu’il a fait, cet ouvrier qui s’est mis à la solde d’un chef de travail pour se créer une sécurité, n’est donc pas très heureux. […] Les vers, quelquefois d’une facture assez heureuse, étaient rarement des vers de poète.
Je suis heureux de lui en exprimer ici ma reconnaissance. […] Mais malgré son ferme dessein de progresser dans la mystique, Durtal n’est pas heureux ; la sécheresse de son âme le désole ; il voudrait vivre à l’état d’extase perpétuelle, conquérir l’Absolu à force d’extravagances. […] Leurs méandres m’ont conduit, au plus profond des bois, en un retrait où l’on se sent tellement heureux qu’on ne s’en aperçoit même pas. […] et se dresser, heureux de sa chair libre, Et voir, dans les prés chauds où la lumière vibre, L’espoir monter comme un chemin ombragé d’arbres12. […] Elle a su persuader aux prolétaires qu’ils étaient libres, heureux et tout-puissants.
On ne change pas la nature des choses et on ne décrète pas que les poètes heureux seront sublimes. […] Les trois cents Spartiates de la publicité militante, plus heureux que les compagnons de Léonidas, survivent à leur redoutable ennemi et peuvent enfin se reposer d’avoir eu tant d’esprit contre ce catholique terrifiant qui donna de si longues inquiétudes aux boutiquiers austères de la Libre Pensée et de l’Antichristianisme. […] Émile Goudeau est l’amant heureux et successivement éperdu de chacune des minutes de sa propre existence, ce qui lui fait à l’âge de trente-quatre ans, quinze millions de maîtresses follement adorées. […] Mais vous allez voir comme cela fait d’heureux citoyens dans une société qui adore les saltimbanques. […] J’ai passé là une heure terrible à me déchirer l’âme en regardant ce bétail qui piaffait et qui s’esclaffait de bonheur au spectacle de deux ou trois misérables dévorant avec des gestes de singes heureux des pommes de terre crues que le Donato leur avait offertes, comme de délicieuses poires.
Je suis donc heureux de saluer ici M. […] Fritz est un homme jeune, bien portant, égoïste et heureux. […] Tout ce qui a sur le caractère de Fritz une influence si heureuse compose précisément tous les éléments de la mise en scène. […] Les costumes surtout demandent une appropriation heureuse, aussi éloignée de la correction que de l’excentricité banale. […] Il y a là une heureuse hiérarchie dans les effets.
. — Elle se complaît à son ramage, comme un oiseau ; on voit qu’elle en est heureuse, qu’elle sourit de plaisir ; mais ce n’est encore qu’un ramage d’oiseau, car elle n’attache aucun sens aux sons qu’elle émet. […] — Aujourd’hui, il a fait sur mes bras le tour de mon cabinet, regardant dans les passe-partout quantité de figures encadrées, et, à l’aspect de ces gravures, il a répété Bédames, pendant une demi-heure, avec l’accent vif et heureux de la découverte. — Il vient de dire plusieurs fois et plusieurs jours de suite Bédames, en voyant sa propre image dans le globe en cuivre poli de la lampe. — Jamais il ne dit ce mot devant une personne vivante ni devant un simple paysage sans figures.
Toute sa fortune, comme celle du moineau de Paris sous le rebord de son toit, consistait dans une modique pension d’homme de lettres ; miette tombée de la table des heureux favoris du ministère de l’intérieur. […] Ma mère, élevée dans le palais même de Saint-Cloud et dans la familiarité des enfants du prince, du même âge qu’elle, avait des occasions quotidiennes de voir le duc d’Orléans (avant que la Révolution l’eût encore entraîné et souillé dans ses excès), et de le voir entre la princesse sa femme et ses enfants, dans ces intimités caressantes qui donnent la grâce de la nature aux heureux pères d’une nombreuse famille, dans les palais comme dans les chaumières.
La mère de vos enfants couvrira d’avance leur berceau ou d’un nom qu’il faudra excuser pour les revers de son amour-propre, ou d’un nom difficile à porter par l’excès même de sa célébrité. » VII Et cependant, nous le répétons, il n’y a point de règle si générale pour laquelle un heureux et invincible génie ne soit une exception. […] La célébrité est comme le feu, qui brûle de près et illumine de loin : heureux ceux qui sont à distance d’une gloire de femme !
Les jeunes gens en seront heureux, s’il est vrai que, parmi les poètes de la première génération dite « romantique », c’est lui qui les satisfait le plus. […] Bernadette le savait bien, elle qui, ayant procuré tant de guérisons, ne fut point guérie, et mourut, à trente ans, d’une nécrose, et fut heureuse d’en mourir… Et voilà des sentiments qui font furieusement honneur aux hommes.
Quelques scènes heureuses, de beaux vers, plutôt des rôles que des caractères, l’amour sous la forme de la galanterie, des pièces dont les meilleures laissent une impression d’estime pour l’auteur plutôt que le souvenir de personnages vivants ; l’art demeurant dans les grandes voies, mais sans produire d’effets nouveaux ; une langue saine dans les bons endroits, incorrecte, vague, sans couleur dans le reste, et, là même où elle est irréprochable, paraissant fatiguée ; telle est la tragédie dans les mains des imitateurs de Corneille et de Racine. […] On lui a dit, à la vérité, qu’elle est née de parents chrétiens, et la croix qu’elle porte sur son cœur ne laisse pas de la troubler par moments ; mais l’amour est le plus fort, et la pièce en commençant nous la montre heureuse de la meilleure sorte de bonheur, le bonheur qu’on espère.
Mais bientôt l’orbe ardent du soleil échauffa le milieu du fleuve et rompit ses blocs, et tous roulèrent les uns sur les autres, et les plus heureux furent ceux qui furent engloutis le plus vite. […] Ce que j’ai à dire ne doit pas être dit à ceux qu’on révère. » — Darius s’adresse à Atossa qui répond : — « Ô toi qui fus le plus heureux des hommes, tu apprendras tout en peu de mots.
Si l’amour sain, doux et heureux manque aux écrits de Poe, on n’y trouve pas non plus, malgré leur diabolisme et leur cruauté, leurs monstres et leurs grotesques, l’élément qui accompagnent les grylles de toutes les époques, l’obscénité. […] Ils ne sont pas même heureux, quand ils l’ont exécutée.
Je serais bien heureux, mon cher ami, si cet article avait un peu d’influence sur l’esprit de celui qui va vous défendre et sur l’opinion de ceux qui seront appelés à vous juger. […] Le poète assis près de sa maîtresse, par un beau soir d’automne, sent monter à son cerveau un parfum tiède qui l’enivre ; il trouve à ce parfum quelque chose d’étrange et d’exotique, qui le fait rêver à des pays lointains ; et aussitôt dans le miroir de sa pensée se déroulent des rivages heureux, éblouis par les feux du soleil, des îlots paresseux plantés d’arbres singuliers, des Indiens au corps mince et vigoureux, des femmes au regard hardi : Un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qui circule dans l’air et m’enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers !
Il a été tout de suite, lui aussi, un de ces heureux à qui on n’a pas marchandé la gloire, et quoiqu’il ait fait tout ce qu’il fallait pour la perdre, elle lui est restée fidèle, comme ces femmes qui restent fidèles aux maris indignes qui les trompent. […] Il avait la fortune qui le dispensa de la terrible lutte pour la vie, et qu’il remplaça noblement par la lutte pour l’esprit, qui n’est pas toujours plus heureuse… Il travailla, en effet, comme s’il eût eu besoin de travailler.
Dans le temps même où il traitait de cette union, il recevait avis qu’il y avait sentence de mort portée contre lui en France ; ce lui fut une occasion d’éprouver sa fiancée, qui répondit en femme des anciens jours : « Je suis bien heureuse d’avoir part avec vous à la querelle de Dieu ; ce que Dieu a conjoint, l’homme ne le séparera point. » Il continua de vieillir en écrivant, en discutant ou raillant, en payant l’hospitalité des Suisses par des conseils d’ingénieur et de vieux soldat.
Il voulait bien, d’ailleurs, ne point parler trop injurieusement de ceux-ci, des 25 millions d’hommes qui formaient la masse de la nation : « Il est bien reconnu, disait-il, que les régnicoles, comme les émigrés, appelaient de tous leurs vœux un heureux changement, lors même qu’ils n’osaient pas encore l’espérer. » Ainsi, Français de 1792 qui couriez à la frontière, vous qui sauviez la patrie menacée, vous qui, à la suite des armées refoulées de la coalition, passiez le Rhin et l’Escaut et les Alpes, qui combattiez à Rivoli, à Zurich, aux pyramides et autres lieux, vous étiez des régnicoles ; il est bon de savoir le nom qu’on a.
Le comte Louis de Kergorlay, l’un des plus distingués du petit cercle choisi (cela ressort pour ceux-mêmes qui ne le connaîtraient que par la correspondance présente), est un de ces heureux qui méritent de l’être, et qui ont mieux aimé faire le bien en agissant qu’en écrivant.
Il a surtout rassemblé les principaux points de sa doctrine dans le portrait d’Agaton, archevêque très vertueux, très sage et très heureux ; c’est son vicaire savoyard à lui, et, s’il a échappé aux tracasseries du Parlement et de la Sorbonne, c’est qu’on ne le lisait pas et que, de son vivant, personne ne le prenait au sérieux.
vous m’avez rendu témoin d’un succès brillant au milieu d’une salle si nombreuse où j’ai été heureux de trouver une petite place.
Le magnifique fleuve déploie le cortège de ses eaux bleues entre deux rangées de montagnes aussi nobles que lui ; leurs cimes s’allongent par étages jusqu’au bout de l’horizon dont la ceinture lumineuse les accueille et les relie ; le soleil pose une splendeur sereine sur leurs vieux flancs tailladés, sur leur dôme de forêts toujours vivantes ; le soir, ces grandes images flottent dans des ondulations d’or et de pourpre, et le fleuve couché dans la brume ressemble à un roi heureux et pacifique qui, avant de s’endormir, rassemble autour de lui les plis dorés de son manteau.
Qui, près de leurs enfants, de leurs chastes compagnes, Coulent des jours heureux, au sein de ces montagnes613.
Charles Baudelaire J’ai dit, je ne sais plus où : « La poésie de Banville représente les belles heures de la vie, c’est-à-dire les heures où l’on se sent heureux de penser et de vivre »… Banville seul, je l’ai déjà dit, est purement, naturellement et volontairement lyrique.
Nous devons nous estimer heureux que cette contradiction n’ait pas lieu et que les petites discordances qui peuvent se produire puissent s’expliquer facilement.
Je le dis franchement, je ne me figure pas comment on rebâtira, sans les anciens rêves, les assises d’une vie noble et heureuse.
Pour tout ce qui touche à cette théorie, j’ai suivi en une large mesure la route qu’il a indiquée et qui me paraît la plus heureuse qui ait encore été faite sur ce sujet, dans ce pays. » L’influence des travaux allemands se remarque de même dans le recueil d’essais récemment publiés par M.
C’était sous l’influence de l’heureux besoin dont les esprits étaient alors pressés, que s’ouvrait l’hôtel de Rambouillet aux gens de la cour ennemis des scandales, aux gens du monde poli de la capitale, aux gens de lettres de profession, aux esprits cultivés de toutes les classes ; c’était par cet intérêt que les femmes les plus distinguées y étaient amenées et reçues avec des hommes d’élite, par une des plus belles, des plus jeunes, des plus riches et des plus respectables femmes de la cour.
Trop heureux serai-je, si, une seule fois, dans une pauvre maison, mes vers portaient quelque douceur à un cœur simple », est-il possible de ne point sentir quelle passion anime ces phrases ?
Voilà ce qu’on est trop heureux de n’avoir qu’à entretenir.
IV Être un estomac repu, un boyau satisfait, un ventre heureux, c’est quelque chose sans doute, car c’est la bête.
Par là nous espérons (du moins aussi loin que s’étendent nos lumières) avoir fait connaître aux lecteurs quelques-unes des innombrables beautés des livres saints : heureux si nous avons réussi à leur faire admirer cette grande et sublime pierre qui porte l’Église de Jésus-Christ !
Il n’y a pas de novateur, même heureux, dont les entreprises ne viennent se heurter à des oppositions de ce genre.
Son fusil capsule à tout coup… Le gibier est bien heureux !
Chez lui la raison éclaire le sentiment ; le sentiment échauffe la raison, et de cet heureux accord se forme le goût que Voltaire définit justement « la suite d’un sens droit et le sentiment prompt d’un esprit bien fait ».
Il est heureux que le génie de Racine ne puisse plus nuire à personne.
Et celle-ci n’a pas été plus heureuse que les autres… La mobilité dans la profondeur qui est la caractéristique, géniale et humaine, de Byron, et qui pourrait, d’un seul trait, nous éclairer toute sa vie, n’a pas été saisie par la femme qui nous a donné ce Byron jugé… et qui ne l’est pas !
« La mère la plus heureuse en filles est celle qui n’a que des garçons.
Mieux organisé, il aurait été plus heureux, mais il eût eu moins de génie ; le charme de son talent procédait de la souffrance.
I Il y a quelque chose de plus beau que les gloires heureuses, ce sont les gloires infortunées.
Mais l’admiration qui l’a sténographié était humble… L’auteur du Lamartine et ses amis a la coquetterie heureuse de se faire voir, dans son livre, à côté de Lamartine, Il prend de cette lumière, il grippe de ce soleil… et Boswell, lui, s’efface, non pas devant Johnson, mais derrière !
La nonciature de Mgr Pecci eut en Belgique une influence déterminante et si heureuse que, quand il fut rappelé, Léopold demanda pour lui à Grégoire XVI le cardinalat.
Légère comme la robe qu’elle portait, et dont elle aimait l’éclat ou la grâce, vaine comme les romans qu’elle lisait, heureuse de plaire, inclinant, comme la fleur au vent, aux conversations frivoles, elle avait les défauts de son sexe, ces défauts presque impersonnels, mais dont elle s’accuse dans sa Vie comme s’ils n’appartenaient qu’à elle seule !
À la mort de la duchesse de Beaufort, qu’il allait épouser quand elle mourut, le duc de Retz lui dit en riant qu’il était bien heureux, et que Dieu lui avait fait une fière grâce par cette mort, en lui épargnant une grande sottise, il en convint et se consola si bien qu’en trois semaines Mlle d’Entragues, une gaîté de femme !
Il croit atteindre, à travers ce Pape, l’Église, à la tête et au cœur… Comme, pour lui, le comte de Gasparin, l’Église romaine est une institution faite de main d’homme ou gâtée par la main des hommes, on ne dira pas (a-t-il dit) qu’il la diminue en la concentrant dans le plus glorieux et le plus heureux de ses pontifes, et il le prend, ce grand homme, pour déshonorer l’Église dans sa grandeur même.
ce M. de Goethe n’avait pas encore été assez heureux.
Malgré soi, on se demandera quel est le dessein d’un tel livre, et si — comme il arrive quelquefois aux auteurs heureux — le dessein qu’il cache doit faire un jour sa destinée.
Mais on est si heureux de se régaler de l’amour indécent de cette fille et de son… mettez le mot, si vous l’osez !
Au moment même où elle lui avait fait monter, de lettres en lettres et d’aveux enivrants en aveux enivrants, jusqu’au bonheur suraigu et coupable qui est le point fatal et final de l’amour heureux, jusqu’à ce ciel d’une minute qui est le ciel de l’amour, celui dont parle madame de Staël avec tant de poésie — et qui n’est souvent qu’un bourreau vulgaire — frappa, et la faute fut punie !
Ce fut alors même qu’un ambitieux déjà prédit par Solon, Pisistrate, parut s’associer à lui, le combla de louanges et le suivit dans l’expédition, qui fut heureuse et courte.
Ne voyez-vous pas les guides heureux de ce siècle se tenir forts de ces principes et se pardonner leur impitoyable égoïsme ! […] Il a été très heureux. — Eh bien ! […] Croyez-vous que Philinte en soit heureux. […] Au fond, leur moi les ennuie et ils sont heureux d’y échapper par l’officiosité à l’égard d’autrui. […] Heureux celui qu’on destine à l’instruire !
Les Suisses sont heureux à leur manière ; mais ils ne sont pas du tout hospitaliers. » C’est le regard attaché sur ce pays de liberté et en croyant fermement que c’en était un, que Jean-Jacques Rousseau écrivit le Contrat Social. […] Les années heureuses de la monarchie ont été les dernières de Henri IV, celles de Louis XIV et de Louis XV, quand ces rois ont gouverné par eux-mêmes. » De même dans les Pensées sur le gouvernement : « Un roi qui n’est pas contredit, ne peut guère être méchant. — Du temps de Louis XIII il n’y eut pas une année sans faction. […] Il fait dire à un prêtre : « Cet état, si heureux et si tranquille, que l’on vante tant, nous ne le conservons pas dans le monde. […] Heureux celui qui éventrera les petits enfants encore à la mamelle et qui les écrasera contre la pierre… » « … Ils furent partout usuriers, selon le privilège et la bénédiction de leur loi, et partout en horreur pour la même raison. […] Vous ne sortez guère de votre couvent que pour être promise à un inconnu qui vient vous épier à la grille ; quel qu’il soit, vous le regardez comme un libérateur, et fût-ce un singe, vous vous croyez trop heureuse ; vous vous donnez à lui sans le connaître, vous vivez avec lui sans l’aimer et bientôt après les deux parties se repentent.
Une petite innovation très heureuse. […] Quand on n’a pas de chevaux, on est trop heureux de se faire traîner par des mulets. […] — Gresset se trompe ; il n’est pas si coupable ; Un vers heureux et d’un tour agréable Ne suffit pas. […] Le Protecteur et le Mari est une pièce tout à fait heureuse. […] Chacun battait des mains ; les parents attendris, À mon heureuse mère enviaient un tel fils.
Parmi ces idées, communes à tous nos amis, mais que chacun, « dans notre laboratoire d’études sociales », pour prendre l’heureuse expression de M. […] Il avait dans l’immédiat avortement de la méthode révolutionnaire une démonstration de cette erreur, moins évidente encore que l’heureuse histoire de sa famille. […] Il s’y trouvera un tel principe de divorce initial qu’il paraît inutile de chercher ailleurs le motif de leur misère réciproque et de leur incapacité à se rendre heureux l’un par l’autre. […] Ce n’est plus Turner qu’évoque le violent contraste entre la chair rose de l’heureux enfant et la lugubre silhouette du mort. […] Il est heureux, — et il gémit : « Quand tu me dis : Je t’aime, alors je pleure amèrement ».
L’explication s’en trouve donc d’abord, ou du moins il faut qu’on la cherche partout ailleurs qu’en nous ; et trop heureux sont ceux alors dont l’originalité n’a pas comme fondu dans cette recherche même ! […] Et son histoire est celle de tous les pessimistes, ou du moins je n’en connais pas un qui n’ait fini comme lui, par trouver, selon l’heureuse expression de M. […] Pareillement, si la transposition en est adroite et heureuse — du mode antique sur le mode moderne et parisien — l’Idylle d’Alfred de Musset est inspirée de la Dryade. […] Il a l’image heureuse, appropriée, mais il a surtout l’inattendu de l’image, la rencontre fortuite, le contraste piquant, l’esprit qui consiste dans le rapprochement à la fois exact et imprévu. […] Une formule heureuse, expressive, et spirituelle, c’est celle dont M.
Sur quoi un vieux moraliste aimable de ma connaissance me dit tranquillement : « Sont-ils heureux, ces gaillards-là ! […] C’est bien là qu’il faut chercher le vrai Heine, ou, du moins, le fond de Heine, ce dont tout ce qui viendra plus tard n’est que le développement heureux ou le développement maladif et la surenchère hasardeuse. […] On cause, on est très heureux de se retrouver : « Venez me voir. […] Mais si vous voulez être heureux, tâchez de vous aimer. […] Ce rajeunissement de la doctrine du Contrat social est très heureux, très adroit, et il renferme l’idée la plus juste du monde, en lui donnant un caractère juridique précis.
Lemaître croit que Chateaubriand, quoique sa littérature en ait dit, fut un homme heureux et qu’il a, autant que personne, joui de la vie. […] Mais avec un grain d’humilité, il n’eût pas bâti sa pyramide, et nous sommes tout de même heureux que sa pyramide existe. […] « Il y a, dit Voltaire, beaucoup de gens de lettres qui ne sont point auteurs, et ce sont probablement les plus heureux. […] La critique idéale, c’est la chemise de l’homme heureux, — et l’homme heureux n’a pas de chemise. […] — Vous êtes, cher monsieur, confrère et ami, l’heureuse preuve que toute la critique n’en fait pas autant.
Une veuve n’a pas besoin d’une régence pour se consoler d’un sépulcre, et un enfant, pour être heureux, n’a pas besoin pour hochet d’un sceptre dérobé à un aïeul dans l’escamotage d’une demi-révolution. […] J’étais incontestablement coupable de quelques vers plus ou moins heureux de jeunesse qui s’étaient fixés dans la mémoire et qui accolaient à mon nom cette épithète flatteuse en littérature, injurieuse en politique, à laquelle je n’avais rien à répliquer qu’un haussement d’épaules, mais qu’il m’a fallu subir toute ma vie et jusqu’à aujourd’hui, comme la proscription de Platon de la république. […] J’appris laborieusement à improviser ; moins je parlais de mémoire, plus j’étais heureux dans mes répliques.
A propos de ce second exemple, Spencer est plus heureux : il remarque que le mot grande, placé au début, éveille les associations d’idées vagues et émouvantes attachées à tout ce qui est grand et majestueux : « L’imagination est donc préparée à revêtir d’attributs nobles ce qui suivra. » A la bonne heure ; mais ce qu’il en faut conclure, c’est que la place du mot dépend de l’effet qu’on veut produire et de l’idée sur laquelle on veut insister. […] Si La Fontaine vivait aujourd’hui et subissait l’esclavage, il ne pourrait plus faire rimer voyager avec juger, ni dire : Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ? […] Où sont nos lyres d’or, d’hyacinthe fleuries, Et l’hymne aux Dieux heureux, et les vierges en chœur, Eleusis et Délos, les jeunes théories, Et les poèmes saints qui jaillissent du cœur ?
Brunetière à qui j’emprunte cette heureuse formule a soin d’ajouter en note : « Cette définition n’a certainement rien de nouveau, et j’en suis bien aise, parce qu’on en peut vérifier la justesse dans l’histoire de toutes les grandes littératures. […] Mauclair emploie le terme heureux d’idéoréalisme (C. […] Ce sont ces suppressions heureuses qui ont fait dire à M.
. — S’il avait pu maintenir son âme dans cet essor, — il eût été heureux ; mais notre argile étouffe — son étincelle divine, enviant à l’homme la lumière — vers laquelle il monte, comme pour briser sa chaîne — enchaîné loin du ciel qui là-haut nous ouvre ses plages. […] Il vivait dans l’heureuse société de Venise, encore exempte de colères politiques, où le souci paraissait une sottise, où l’on traitait la vie comme un carnaval, où le plaisir courait les rues, non pas timide et hypocrite, mais déshabillé et approuvé. Il s’y était amusé fougueusement d’abord, plus qu’assez et même plus que trop, presque jusqu’à s’y détruire ; puis après des galanteries vulgaires, ayant rencontré un amour véritable, il était devenu cavalier servant, à la mode du pays, du consentement de la famille, offrant le bras, portant le châle, un peu maladroitement d’abord et avec étonnement, mais en somme plus heureux qu’il n’avait jamais été, et caressé comme par un souffle tiède de volupté et d’abandon. […] Autour de lui, comme une hécatombe, gisent les autres, blessés aussi par la grandeur de leurs facultés et l’intempérance de leurs désirs, les uns éteints dans la stupeur ou l’ivresse, les autres usés par le plaisir ou le travail, ceux-ci précipités dans la folie ou le suicide, ceux-là rabattus dans l’impuissance ou couchés dans la maladie, tous secoués par leurs nerfs exaspérés ou endoloris, les plus forts portant leur plaie saignante jusqu’à la vieillesse, les plus heureux ayant souffert autant que les autres, et gardant leurs cicatrices, quoique guéris.
Elle était faite pour deux chœurs, — un chœur de gens heureux et un chœur d’infortunés ; — vers la fin, les deux chœurs se réconciliaient et chantaient ensemble : « Dieu miséricordieux, aie pitié de nous, pauvres pécheurs, et éloigne de nous les mauvaises pensées et les espérances mondaines. » Sur la première feuille étaient écrites avec soin ces lignes : « Les justes seuls seront sauvés. — Cantate spirituelle, composée et dédiée à mademoiselle Lise Kalitine, ma chère élève, par son professeur C. […] Et lui aussi se sentait heureux ; il s’abandonnait aux charmes de cette nuit tiède, les yeux fixés sur ce jeune et bon visage, écoutant cette voix fraîche et timbrée, qui lui disait des choses simples et brèves ; il arriva ainsi, sans s’en apercevoir, à la moitié du chemin, et, ne voulant pas réveiller Maria Dmitriévna, il serra légèrement la main de Lise et lui dit : « Nous sommes amis à présent, n’est-ce pas ? […] Nous serons heureux. » Elle baissa les yeux ; il l’attira doucement à lui et le front de la jeune fille s’appuya sur son épaule… Il lui releva la tête et chercha ses lèvres… Une demi-heure après, Lavretzky était à la porte du jardin. […] Heureux déjà celui qui n’a point perdu la croyance dans le bien, la persévérance dans la volonté, l’amour du travail !
L’époque aimait ces francs larcins, ces « heureux moments », sujet favori de ses gravures. […] Pauvre et riche, puissant et faible, heureux et misérable ; homme d’action, homme de pensée, j’ai mis ma main dans le siècle, mon intelligence au désert. […] « Personne, a dit Pascal (prêtons à cette banalité la force d’un tel esprit) ne peut ne pas désirer d’être heureux aa ». […] Mais j’ai réservé la part de justesse et de vérité que l’heureux naturel de chaque écrivain a pu défendre contre la contagion de la chimère et répandre en pages ou en lignes solides, belles ou charmantes, dans des ouvrages troubles et gâtés. […] L’expression heureuse jaillit aisée et abondante d’un fond profondément élaboré, d’une pensée lentement gonflée de riche et exquise substance, comme le suc sort, sous la pression la plus légère, du raisin mûri.
Elevé par une mère, par des sœurs très tendres, la maison où a vécu Lamartine, c’est le cadre rêvé à souhait pour une enfance heureuse. […] Et de là vient le caractère de ce christianisme chez Lamartine, un christianisme confiant et heureux. […] Quel est le secret pour vivre heureux, ou, tout au moins, pour vivre ? […] Elle sait très bien que les petites princesses ne sont pas sur la terre pour être heureuses, — et les petites bourgeoises non plus… Pour les princesses, il y a la raison d’État, et pour les petites bourgeoises, il y a le mariage de raison. […] Nous sommes pareilles à des âmes qui n’ont pas trouvé une âme sœur » : Aux étoiles j’ai dit un soir : « Vous ne paraissez pas heureuses ; Vos lueurs, dans l’infini noir, Ont des tendresses douloureuses ; Et je crois voir, au firmament, Un deuil blanc mené par des vierges Qui portent d’innombrables cierges Et se suivent languissamment.
Elle est faite pour un pays des ombres heureuses, et merveilleusement adaptée à une existence posthume. […] Le Génie du christianisme a été un livre heureux. […] Jusqu’à l’âge de quarante ans, il ne songe nullement à publier : heureux de ses fonctions au Sénat de Savoie, de sa vie de famille, de lectures, de conversations, car c’est un admirable causeur. […] Aucun choix n’était plus heureux pour incarner le mythe du génie, pour fondre en or le sceau de la cléricature, que celui de Moïse, le prophète de la terre promise, qui n’y entre pas, parce qu’il doit vivre, comme le sage de Platon, non dans les réalités, mais dans leurs idées. […] Sa vie théâtrale est moins heureuse : le grand projet d’un théâtre à lui, de l’histoire de France mise abondamment en drames pour le peuple par un nouveau Shakespeare, n’aboutit pas.
Remarque qu’il est très heureux, qu’il ne songe pas à réclamer un univers, qu’il recommencera tant qu’on voudra. […] Certes, j’ai pitié de la folie des hommes, mais je suis heureux d’avoir compris l’inanité de leurs agitations. […] En effet, je suis heureux. […] Huysmans ; très heureux de renouer connaissance avec vous, car nous nous sommes vus — autrefois. […] Je suis heureux d’avoir une bonne influence sur vous.
Heureux leurs successeurs, s’ils eussent conservé cet éloignement ! […] Ils n’étoient jamais plus satisfaits, que lorsque, dans quelques-uns de leurs nouveaux associés, ils pouvoient démêler une sorte de mérite, une teinture de lettres, donnée par une heureuse éducation, ou le défaut d’éducation, réparé par des talens marqués. […] Il fit voir au célèbre Vatable des essais plus heureux de poësie Sainte. […] Heureux qui n’en a point d’autre que celui de Jésus-Christ. » On le soupçonna de jansénisme. […] L’évêque de Montauban en usa de même, avec cette différence qu’il célébra, d’une manière emphatique, l’heureuse résipiscence de celui à qui le pape donnoit le nom de trop fameux.
N’a-t-il point, par ses avortements mêmes, préparé la réussite de successeurs plus heureux ? […] Une tentative du gouvernement allemand pour réparer cette injure, en lui offrant une nouvelle distinction, le trouva inflexible, et continuant à exécuter le programme qu’il formulait après la défaite à ses élèves Raulin, Gemez, Van Tieghem : « Que vous êtes heureux d’être jeunes et bien portants ! […] Les premiers sont raisonnables et heureux, les derniers sont fous et malheureux. […] Maurice Barrès qui s’est appliqué avec une méthode, si patiemment suivie, à cultiver la Lorraine en lui, ces jeunes gens ont à cœur d’être d’un pays, de s’y retremper s’ils l’ont quitté, de s’en pénétrer davantage encore, si un sort plus heureux leur a permis d’y séjourner. […] Et c’est partout, dans ces récits, ce mariage heureux de l’âme et des horizons.
XVII Ce besoin divin de la souveraineté administrée par des gouvernements plus ou moins parfaits, est le travail le plus persévérant de l’humanité, ce qu’on appelle la civilisation, ou le perfectionnement des conditions sociales, le progrès ; travail pénible, lent, quelquefois heureux, souvent déçu, plein d’illusions, d’utopies, de déceptions, de révolutions ou de contre-révolutions, selon que les peuples et leurs législateurs s’éloignent ou se rapprochent davantage dans leurs lois précaires des lois non écrites de la nature sociale révélées par Dieu lui-même à l’humanité. […] L’homme content de mourir de faim, pourvu qu’aucun de ses semblables n’ait de superflu ; constitution de la jalousie, vice détestable, au lieu de la constitution de la fraternité, heureuse de la félicité d’autrui, vertu des vertus !
Il se sentit soulagé de la confusion de ses idées et de l’incertitude de ses jugements par ce mode de dialogue ; et, bien qu’il soit resté sensible, et qu’il soit devenu homme d’esprit par la longueur de ses détentions, et par ses pensées retournées en dedans à force de rêveries, il fut heureux de n’avoir pas à faire lui-même le triage formidable de sensations et de raisonnements dont il avait eu peur à ma première proposition, et il me dit : « Parlez, Monsieur ; je ne saurais pas parler, mais je saurai peut-être répondre. » « — Eh bien ! […] On croit voir des portraits de famille dans certaines figures du tableau, telles, par exemple, que la transparente sœur madame Baptistine et la vieille madame Magloire, sœur volontaire aussi plutôt que servante de la maison épiscopale ; on croit deviner que le poète, comme le peintre Rubens, mettant partout sa femme ou sa sœur dans ses tableaux, s’est souvenu de son heureuse enfance de la rue du Colombier, et a retracé le profil de sa mère ou la face réjouie de quelque bonne tante auxiliaire de sa mère, dans les figures de ces deux saintes femmes de l’Évangile, domestiques du saint évêque de Digne.
Le protestantisme modéré, mais pieux de Murray, contribuait à cette pacification, en donnant un gage de tolérance et même de faveur à la nouvelle religion ; tout permettait à Marie Stuart un régime heureux pour l’Écosse et pour elle, si son cœur n’avait pas eu d’autres agitations que celle de la politique. […] VIII Rizzio était un jeune Italien d’une naissance infime et de condition presque domestique, doué d’une figure heureuse, d’une voix touchante, d’un esprit souple tant que son sort fut de plier devant les grands ; devenu habile à jouer du luth, à composer et à chanter cette musique langoureuse qui est une des mollesses de l’Italie, Rizzio avait été attaché à Turin, comme musicien serviteur de la maison de l’ambassadeur de France en Piémont.
Voltaire plaça les fonds provenant de cette munificence de la nation anglaise dans les opérations de finances et de fournitures d’armée du fameux Pâris du Vernet, le plus habile et le plus heureux des spéculateurs du temps en France. […] XXV Ce caractère lui rendit la vieillesse même gaie et heureuse : à plus de quatre-vingts ans il écrivait des vers qu’Anacréon n’aurait pas désavoués.
C’est le symbole vague et confus de mes sentiments et de mes idées à mesure que les vicissitudes de l’existence et le spectacle de la nature et de la société les faisaient surgir dans mon cœur ou les jetaient dans ma pensée ; ces sentiments et ces idées ont varié avec ma vie même, tantôt sereines et heureuses comme le matin du cœur, tantôt ardentes et profondes comme les passions de trente ans, tantôt désespérées comme la mort et sceptiques comme le silence du sépulcre, quelquefois rêveuses comme l’espérance, pieuses comme la foi, enflammées comme cet amour divin qui est l’âme cachée de toute la nature. […] Serai-je plus heureux maintenant que je touche à la maturité de la vie ?
Après avoir suivi avec curiosité, dans les siècles antérieurs, ces vagues traditions de l’antiquité qui sont comme les lisières à l’aide desquelles l’esprit français marche d’un pas de plus en plus assuré, nous avons été heureux de voir de grands écrivains, Rabelais, Calvin, Amyot, Montaigne, égaler sur quelques points la pensée française à celle de l’antiquité, notre langue aux deux langues universelles. […] Ce sont ses admirables lettres à la princesse Elisabeth, sur le traité de Sénèque : De la vie heureuse.
Il y eut en ce temps-là, sinon un homme de génie, du moins un esprit heureux qui a tracé quelques ébauches de caractères finement observés, et, comme il arrive, trouvé une langue toute formée pour exprimer ces premiers traits de la vérité dramatique. […] L’invention était heureuse.
Les souvenirs de la vie libre et heureuse que j’avais jusque-là menée avec ma mère me perçaient le cœur. […] J’avais été heureux, j’avais été pauvre avec elle.
» Le septième volume de l’édition de cet ouvrage, que j’ai sous les yeux, est intitulé : la Théorie du Bonheur, ou l’Art de se rendre heureux mis à la portée de tous les Hommes, faisant suite au Comte de Valmont. […] C’est un autre livre, quoi qu’en dise l’éditeur, et j’avoue n’avoir pas été séduit par cet art d’être heureux mis ainsi à la portée de tout le monde. » 17.
Blaze de Burybh qui fit grande dépense d’esprit et contre l’ouvrage et contre L’invitation à mes amis, sorte d’encyclique adressée au monde wagnérisant, qui avait servi de préface aux représentations de Munich. « Heureuse Bavière ! […] Cet élan de reconnaissance envers la nuit qui les rapproche, cette haine pour le jour qui les sépare, formaient une antithèse poétique heureuse ; mais le développement qui suit n’est plus qu’une dissertation philosophique, et voici ce que Wagner leur fait chanter au moment le plus délicieux de leur étreinte amoureuse : « Descends sur nous, nuit de l’amour, donne-moi l’oubli de la vie, recueille-moi dans ton sein, affranchis-moi de l’univers.
Le décor de l’Escaut est d’un effet très heureux. […] Je suis heureux de cette occasion d’affirmer qu’en de pareilles matières toutes divergences sont de détail ou d’interprétation, puisque l’idée essentielle s’impose hors toute discussion.
Un bas-relief la montre heureuse et joyeuse, pareille à la jeune veuve d’un époux morose, amoureusement remariée au roi de son choix. […] tu vois tour à tour la Terre et l’Achéron… Sois-nous maintenant propice, et sois heureux jusqu’à la nouvelle année.
Heureux encore si j’arrive à y préciser, sans trop d’aridité, quelles furent, depuis l’effacement du naturalisme, les tendances dominantes dans le genre romanesque ! […] René Bazin est le traducteur le plus exact de la mentalité et de la vie provinciales : la Sarcelle bleue, les Noëllet, Ma tante Giron, Une tache d’encre, Mme Corentine reflètent avec ferveur et avec une précision pittoresque cette déformation spéciale, — tantôt heureuse et noble, tantôt piquante ou amusante, — que l’existence de province imprime aux idées et aux habitudes morales.
Je ne dirai pas comme saint Augustin que c’est une faute heureuse, felix culpa ! […] Edmond de Goncourt, à propos de son Histoire remaniée de Madame de Châteauroux, des heureuses modifications introduites dans son esprit et dans son œuvre, et du jugement, si difficilement impartial pour un écrivain, qu’il avait stoïquement porté sur son talent et sur sa manière.
Heureux ceux qui n’en ont pas à faire de plus grave ni de plus contagieuse !
Le retrouvant au printemps de 1846, il avait oublié quelques critiques de moi un peu vives, et me les avait pardonnées ; il me parut aimable, gai, comme il l’était volontiers dans ses bonnes heures, fécond de vues et jeune d’esprit ; et entre autres choses, il me dit ces propres paroles qui étaient une manière d’apologie en réponse à des objections qu’il devinait au-dedans de moi et que je me gardais bien d’exprimer ; je ne donne d’ailleurs l’apologie que pour ce qu’elle vaut : « J’ai reçu de la Providence, me disait-il, une faculté heureuse dont je la remercie, la faculté de me passionner toujours pour ce que je crois la vérité, pour ce qui me paraît tel actuellement.
Né en 1658 au château de Saint-Pierre en Basse-Normandie, cadet d’une noble maison, Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (Irénée, c’est-à-dire pacifique, il y a de ces heureux hasards de noms) ne dut faire ses premières études dites classiques, ses humanités, que faiblement et sans zèle ; pas la plus petite fleur, pas le plus léger parfum de l’Antiquité ne passa en lui.
et félicitons-les de faire preuve, grâce à une tolérance forcée, d’un si bon et d’un si heureux caractère !
Heureux qui de son cœur voit l’image apparaître Au flot d’un verbe pur comme en un ruisseau clair, Et peut manifester comment frémit son être En faisant frémir l’air !
Par un heureux hasard, Frochot se trouvait à Paris à la veille du 18 brumaire.
Mais il la supprima lui-même, avant que les supérieurs en fussent instruits, par un quiproquo heureux et pour son auteur et pour le corps dont il étoit membre.
Les revers et les succès de tout ce qu’on voit dominer dans une révolution, ne sont que la rencontre heureuse ou malheureuse de tel homme avec telle période de la nature des choses.
Enfin, avant d’entrer dans cette carrière de gloire, soit que le trône des Césars, ou les couronnes du génie littéraire en soient le but, les femmes doivent penser que, pour la gloire même, il faut renoncer au bonheur, et au repos de la destinée de leur sexe ; et qu’il est dans cette carrière bien peu de sorts qui puissent valoir la plus obscure vie d’une femme aimée et d’une mère heureuse.
Pour faire cet office, il n’a pas besoin d’ancêtres, ne lui faut que du cœur, il est lui-même un ancêtre ; on est trop heureux du salut présent qu’il apporte pour le chicaner sur son titre. — Enfin, après tant de siècles, voici dans chaque canton des bras armés, une troupe sédentaire, capable de résister à l’invasion nomade ; on ne sera plus en proie à l’étranger ; au bout d’un siècle, cette Europe que saccageaient des flottilles de barques à deux voiles, va jeter deux cent mille hommes armés sur l’Asie, et désormais, au Nord, au Midi, en face des Musulmans, en face des païens, au lieu d’être conquise, elle conquiert.
Ce qui peut arriver de plus heureux, c’est qu’on prenne pour nouveautés des vieilleries hors d’usage, qu’on répare et qu’on revernit, ou des banalités publiques, dont on obscurcit ou force l’expression.
Et dans son œuvre il est bien loin d’avoir pris la même licence que Rabelais, Calvin ou Amyot : Du Bellay fut prudent aussi, et heureux dans ses essais, puisqu’il lança le mot de patrie.
La plupart (et c’est heureux) n’ont point fait profession d’écrire, n’ont laissé que des lettres, des mémoires et des ouvrages d’éducation.
Il a, de son pays, la gaieté, l’alacrité d’humeur, la facilité heureuse, l’optimisme — sans en avoir la suffisance ni la naïveté toujours prompte aux enthousiasmes.
Puis il épouse Hauteclaire, et tous deux sont et restent parfaitement heureux (le Bonheur dans le crime) La comtesse de Stasseville, froide, spirituelle et mystérieuse, a pour amant, sans que personne s’en doute, un gentleman très fort au whist, Mermor de Kéroël.
Heureux donc ceux qui peuvent se passer de cet appui !
Mais qui voudrait dire que Jésus eût été plus heureux, s’il eût vécu un plein âge d’homme, obscur en son village ?
Au lieu de cette faculté illimitée de croire, heureux don des natures jeunes, qu’il trouvait en Galilée, au lieu de ces populations bonnes et douces chez lesquelles l’objection (qui est toujours le fruit d’un peu de malveillance et d’indocilité) n’avait point d’accès, il rencontrait ici à chaque pas une incrédulité obstinée, sur laquelle les moyens d’action qui lui avaient si bien réussi dans le nord avaient peu de prise.
Elle voulait voir le roi, elle voulait recevoir sa mission de la bouche du roi, et apprendre, dans une nouvelle entrevue, le prix qu’elle pouvait espérer d’un heureux accomplissement de cette mission ; tous ses doutes étaient simulés pour arriver à ce but.
Mais Jacques gardera le nom qui absout sa mère et qu’il est en train d’illustrer, et il épouse Hermine, qu’on est très heureux de lui accorder.
Il lui fut enjoint, en outre, à ce mat heureux Théâtre-Français, de ne pas se plaindre et de ne souffler mot.
L’auteur cite presque toujours ses auteurs ; mais pour l’ordinaire il n’est pas heureux dans le choix & dans l’arrangement des faits.
Loin de moi, l’idée de lui faire un reproche de cette heureuse faculté, dont elle tire une grande part de son charme aux yeux des hommes.
Comparez de même avec le poète et sa femme les géorgiques chrétiennes : la trouvaille métrique du poète, et, dans un tableau d’idylle, l’emploi si heureux d’une forme que Chénier avait créée comme la corde inverse de la lyre, est l’invention d’un maître.
« Devant la porte, — présage heureux, — se trouvait un homme à la recherche d’un médecin pour lui faire examiner de l’urine. » Il sonne, personne : c’est dimanche. […] C’est un écolier qui s’étudie à développer une matière, à paraphraser un texte : ici il traduit, là il imite ; ici il plaque une heureuse réminiscence, là il étend un beau lieu-commun. […] J’ai dit combien il était profondément chrétien, il n’est pas étonnant que ses plus heureuses inspirations lui viennent de sa foi. […] On ne peint plus la vertu désespérée, on l’aime heureuse ; elle est touchante par essence, et il suffit qu’elle soit, sans agir et sans souffrir, pour que les yeux deviennent humides. […] Voltaire avait raison : Un vers heureux et d’un tour agréable Ne suffit pas.
alors trop heureux, c’est-à-dire malheureux de leur mine patibulaire devant cette invasion de supérieures Charmantes, les derniers mortels iront se cacher dans les sépulcres — et s’ouvrira la Restauration de l’une Beauté complexe. […] Les mêmes choses ne nous affectent pas d’une manière identique, selon qu’il nous arrive un accident heureux ou défavorable. […] » C’est bête, ça, et de l’intimité et du sacré, mais si je vous l’ai dit, c’est que de l’histoire je ne veux me rappeler que cette minute heureuse, que ce beau cri d’affection sûre et d’enfantine foi. […] Margueritte, Mirbeau, Descaves, Guiches, Rosny, Ajalbert et d’autres que j’oublie, parce qu’ils sont moins près de mon amitié que de mon esprit, sont encore assez jeunes et d’assez souple talent, pour être les disciples heureux et admirés du messie que je ne pressens pas en eux. […] Heureux qui peut être aimé d’elles.
Qui ne se souvient de l’émotion heureuse qui en accueillit le premier recueil ? […] Elle en a partagé fiévreusement les passions, les illusions, les émotions heureuses ou tragiques. […] C’était une prose d’humaniste et d’érudit, où l’heureux choix du vocabulaire égalait la sûreté de la syntaxe. […] Je lui avais été présenté, ainsi qu’au Roi Albert, à la cérémonie sénatoriale et je savais la haute courtoisie de leur accueil, aussi fus-je heureux de l’occasion qui m’était donnée de leur exprimer de nouveau mon respect et mon admiration.
Le hasard y joue un certain rôle, et ses combinaisons ne sont pas toujours heureuses. […] Ces tentatives ne sont pas toujours heureuses. […] Heureux qui peut trouver un art nouveau ! […] Heureux les artistes qui vivent dans un pays où la race est belle ! […] Ses tentatives, il faut le reconnaître, n’ont pas toujours été heureuses.
Ils y tiennent école de sagesse, nous enseignant, avec une grâce renouvelée d’Aristophane, à mépriser la fausse vertu et le faux génie des heureux de ce monde et à sourire des sots, des méchants, des hypocrites. […] C’est aussi une heureuse inspiration qui conduisit notre Hollandais chez M. […] Quel triomphe, quand, aidé par le hasard, il a atteint d’un coup heureux toute une petite bande de chardonnerets perchés sur une branche ! […] Sud s’en réjouit comme d’une chose heureuse qui lui arrive ; il trouve vraiment que c’est un bon tour que lui a joué le petit chardonneret ; les autres, hélas ! […] Je me suis laissé entraîner par mon émotion, — oh bien peu, — et je suis très heureux de vous entendre dire que j’ai réussi à communiquer ce sentiment au sujet.
Cette invention du décor est la plus heureuse trouvaille du poète ; c’est ici le point essentiel, le trait décisif. […] « Heureux celui qui porte en soi un dieu, un idéal de beauté, et qui lui obéit : idéal de l’art, idéal de la science, idéal de la patrie, idéal des vertus de l’Évangile ! […] Dans les révolutions, ce qui lui appartient, ce sont les violences, non les nouveautés heureuses. […] « Malheureuse avec moi, plutôt qu’heureuse avec un autre ! […] Heureux, en vérité, les assassins par amour, puisqu’ils trouvent auprès des juges eux-mêmes, et des moins suspects de prévention en leur faveur, des excuses inattendues !
Le 10 novembre, assez matin, je partis de ce château, étant convenu avec mon camarade des voies que je tiendrais pour le tirer de Mingrélie, s’il plaisait à Dieu de me donner un heureux voyage. […] Au temps de l’heureux règne du roi Abas II, soutien du monde, de qui les jours soient augmentés. […] Heureux et glorieux le fidèle qui, par révérence, prosternera sa tête sur le seuil de cette porte, à l’imitation du soleil et de la lune.
Imagination abondante, intelligence douée de mille désirs ambitieux et nobles, mais changeants, plutôt que d’aptitudes réelles ; nature d’élite, destinée heureuse, éclatante, qui s’est levée dans un ciel pur et beau comme elle-même, et qui se dissipe maintenant dans une nuée sombre avant de descendre sous l’horizon ; homme rare assurément, poète souvent très admirable, M. de Lamartine laissera derrière lui, comme une expiation, cette multitude d’esprits avortés, loquaces et stériles, qu’il a engendrés et conçus, pleureurs selon la formule, cervelles liquéfiées et cœurs de pierre, misérable famille d’un père illustre. […] Il faut, enfin, estimer pleine et heureuse la destinée d’un homme riche de facultés exquises, qui a vécu dans une retraite studieuse et volontaire, absorbé par la contemplation des choses impérissables, et qui s’est endormi fidèle à la religion du Beau. […] Auguste Barbier [1864] On stigmatise volontiers la théorie de l’art pour l’art, dans cette heureuse époque de l’industrie littéraire en pleine culture, de succès bouffons, de prédications utilitaires et de recettes destinées à l’amélioration des espèces bovine, ovine, chevaline et humaine.
Et aucun, surtout, en enseignant à ceux qui peinent l’inutilité de la violence ou de la révolte, et aux heureux du jour ce que leurs obligations envers leurs « frères » ont d’impérieux et d’absolu, ne l’a fait avec un plus vif sentiment de la fraternité humaine, de l’égalité chrétienne, et de la liberté apostolique. […] Pourvu que le mineur ait son fromage blanc, il est heureux ! […] Mais avant d’être protestante, je suis chrétienne ou du moins je m’efforce de l’être, et comme chrétienne je suis heureuse d’entendre une parole… défendre les droits de la vérité religieuse.
Nous y arrivons tout transis, et nous sommes heureux de nous réchauffer dans la cuisine de la maison hospitalière que M. […] Je serai heureux, quant à moi, si j’ai pu contribuer à éveiller la curiosité pour notre légende et pour les lieux que cette légende a jadis entourés d’un si fascinant mystère. […] Heureux cependant, vous dites vrai, les hommes qui marchent droit, regardant devant eux, sans traîner péniblement le fardeau toujours alourdi du passé, sans demander à l’avenir plus qu’il ne peut donner ! Heureux, autant que peuvent l’être ceux que Prométhée a façonnés avec de l’argile trempée dans des larmes ! […] Il avait un heureux génie, et, s’il n’a pas toujours eu le courage d’éviter les écueils que ne redoutaient pas assez les rimeurs du moyen âge, la prolixité inutile, l’emploi des formules banales, les rimes de pur remplissage, il a su en général revêtir sa pensée d’expressions précises et gracieuses.
Tout cela bien aprétié, n’est qu’une imagination heureuse, mais qui pour l’ordinaire nuit au jugement, à mesure qu’elle est forte et dominante. […] J’ai grande peur que vous ne vous en teniez à ce que vous avez déja dit, ce que M. de La Motte appelle une imprudence bien averée, Eustathe l’appelle une chose heureuse, … etc. . […] Je conseille à ces messieurs qui en sçavent faire, de n’en hazarder jamais que contre moi ; ils n’offenseront personne ; je leur promets de n’y jamais répondre, et de rire même le prémier de ce qu’il y aura d’heureux et de bien tourné dans les injures qu’ils me diront. […] Les sçavans sans prévention en ont jugé bien differemment ; mes retranchemens leur ayant paru raisonnables, et mes corrections heureuses, ils ont trouvé que je n’en avois pas assez fait ; ils m’ont compté pour fautes bien des choses que j’ai conservé d’Homere, et quelques-uns ont été jusqu’à condamner absolument mon choix. […] Heureuses les querelles litteraires qui se terminent là !
Si les fourberies servaient toujours aux fourbes, on pourrait se désespérer ; mais il est une balance en toutes choses, et les dupeurs brillants ne sont, en définitive, ni plus heureux, ni plus gras que les dupes qui se moquent d’eux après réflexion et les méprisent avant toute chose. […] « On ne pouvait, dit un de ses meilleurs biographes, souhaiter une situation plus heureuse que celle où il était à la cour, et à Paris, depuis quelques années. […] Ce misérable Kotzebue, par exemple, qui écrivit Misanthropie et repentir, était un chantre de l’humanité heureuse, parfaite, morale ; il se disait plein de mansuétude pour toute chose, et au fond, on sait trop ce qu’il aimait : l’argent et l’intrigue. […] Il ne manquait plus à la haine et à la jalousie que d’accuser Molière d’être un homme heureux. […] Et peut-être, sans gloire, sans rayons, sans fracas, sont-ils plus heureux que Molière.
Ces dénouements sont d’autant plus vicieux, qu’ils consistent dans un renversement du pour au contre : je veux dire qu’ils annulent d’un coup l’effet des caractères et des passions, pour rendre tout le monde heureux et satisfait. […] Elle veut faire des honnêtes gens, qui s’efforcent d ’être tous heureux en s’aidant mutuellement à l’être.
A Metz, Bossuet s’appliqua aux Pères grecs, dont l’heureuse influence s’ajouta aux leçons de ses auteurs jusque-là préférés, saint Augustin, Tertullien, les âpres Africains, subtils et violents : Basile et Grégoire détendirent son éloquence et lui enseignèrent la puissance de la douce simplicité. […] Quand les heureux, les grands, les habiles l’écoutent, il prêche sur l’ambition, sur l’impénitence finale, sur l’honneur du monde, sur la justice : il expose la haute philosophie de la religion ou discute les objections raffinées des esprits forts.
C’est que le doute de Pascal est au fond de toutes les âmes élevées, trop raisonnables pour borner l’usage de la raison à l’art de rendre la vie heureuse, et qui portent cette marque de l’origine divine, qu’elles ne se peuvent point contenter du bonheur de la terre. […] Mais, du moins, cet esprit paraît jouir encore de lui-même ; l’habileté du travail, les premières caresses de la réputation qui le découvre derrière l’anonyme, quelque reste des idées du monde qui l’ont suivi dans sa retraite à Port-Royal, la vivacité de la polémique, le désir de n’avoir pas le dessous, la joie secrète de voir les gens de bon sens et les rieurs de son côté, toutes ces choses qui ont leur douceur honnête et permise, même pour les parfaits, le tiennent dans une disposition qui nous paraît heureuse, comparée à l’ardeur fébrile des Pensées.
On me renfermerait à Vincennes avec les Anecdota de Pez ou de Martène, et le Spicilège de d’Achery, que je m’estimerais le plus heureux des hommes. […] Heureux ceux que la légende soustrait ainsi à la critique !
Heureux moment qui rapproche les amoureux ! […] Trémoussements spontanés de la foule heureuse !
La campagne seule, quand on est assez heureux pour en prendre le goût, dédommage de notre grande capitale.
Il ne faudrait pourtant point se le figurer à cet âge un sujet trop régulier, toujours esclave de son travail et le front courbé sur le Digeste : tel n’était point le président Jeannin en sa jeunesse : Car nous avons appris de tous ceux de son temps, dit Saumaise, qu’il avait exercé toutes les libertés que la chaleur du sang et celle de l’âge peuvent imaginer en cette heureuse saison.
Le roi nous a dit qu’il n’avait jamais vu une si belle relation, et qu’il nous la ferait lire. » Les éditeurs ont eu l’heureuse idée de nous faire le même plaisir que Louis XIV à ses courtisans, c’est-à-dire de nous donner le texte même de la relation de M. de Luxembourg, conservée au Dépôt de la guerre, et de laquelle s’étaient amplement servis les historiens militaires du règne ; mais dans sa première forme et dans son tour direct, elle a quelque chose de vif, de spirituel, de brillant et de poli qui justifie bien l’éloge de Louis XIV, et qui en fait de tout point une page des plus françaises.
nous en viendrons à bout. » Ce sont là les faiblesses de Bossuet : heureux qui, au terme du voyage, n’a pas à s’en reprocher de plus grandes !
C’est parmi de tels hommes, mon cher monsieur, que j’aurais été heureux et fier de vous rencontrer.
Le plan de Schérer, admirablement servi par les généraux divisionnaires, a réussi ; la victoire de Loano, des 2 et 3 frimaire (23 et 24 novembre 1795), vient saluer d’un présage heureux l’inauguration du Directoire.
Bourdaloue a-t-il été plus heureux que Molière ?
Mais on est heureux, avec une personne aussi pure, aussi morale et d’une vie au-dessus de tout soupçon, de trouver la belle et bonne qualité française de nos mères, la franchise du ton, la rondeur des termes, le contraire de tout raffinement et de toute hypocrisie. et, avec tant de délicatesse et de fleur, l’éclat du rire, la fraîcheur au teint, la santé florissante de l’esprit.
Vauvenargues, voulant exprimer le charme qu’a pour le talent un premier succès et un début heureux dans la jeunesse, a dit avec bien de la grâce : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » De même pour le critique qui étudie un talent, il n’est rien de tel que de le surprendre dans son premier feu, dans son premier jet, de le respirer à son heure matinale, dans sa fleur d’âme et de jeunesse.
Heureux celui à qui le Ciel donne un morceau de pain sans qu’il soit tenu d’en savoir gré à d’autres qu’au Ciel même !
L’opinion prit alors ce caractère énergique qui la rend maîtresse des événements ; et c’est ainsi que le grand mouvement qui a abattu la puissance gigantesque créée par la Révolution, loin de démentir l’esprit primitif de celle-ci et le génie du siècle, n’a fait que déployer le principe fondamental de l’une et de l’autre, sous de plus nobles auspices et dans une direction plus heureuse. » Quand il écrivait ainsi, M. de Senfft était encore libéral, et il avait foi encore en l’avenir des peuples. — Mêlant des idées mystiques et des pensées de l’ordre providentiel à ses observations d’homme politique, il voyait, l’année suivante (1812) et lors de la gigantesque expédition entreprise pour refouler la Russie, il voyait, disait-il, dans « cette réunion monstrueuse » de toutes les puissances de l’Europe entraînées malgré elles dans une sphère d’attraction irrésistible et marchant en contradiction avec leurs propres intérêts à une guerre où elles n’avaient rien tant à redouter que le triomphe, « un caractère d’immoralité et de superbe, qui semblait appeler cette puissance vengeresse nommée par les Grecs du nom de Némésis » et dont le spectre apparaît, par intervalles, dans l’histoire comme le ministre des « jugements divins. » Il lisait après l’événement, dans l’excès même des instruments et des forces déployées, une cause finale providentielle en vue d’un résultat désiré et prévu : car telle grandeur d’élévation, telle profondeur de ruine.
Bossuet apprécie dignement cette juste et forte proportion que portait en tout cette Grèce heureuse ; il loue chez elle la passion de la liberté et de la patrie comme s’il n’était pas l’auteur de la Politique sacrée.
Beugnot tenait fort à ces arbres, qu’il avait plantés en des temps plus heureux et qui faisaient la joie des habitants : il réussit à les sauver moyennant distribution de bois qu’il fit faire aux troupes, au double de ce qui était nécessaire, et il nous raconte comme il suit son succès : « Tel est, nous dit-il, l’excès de notre prévention pour ce qui est notre ouvrage, que j’étais dans le ravissement pour avoir préservé un jardin que, deux jours après, je devais quitter, peut-être pour ne jamais le revoir, mais à coup sûr pour ne plus le posséder.
Ce qu’on peut dire seulement, c’est que le comte de Clermont eut la main heureuse en rencontrant le petit Laujon, imagination aimable et fertile, qui le fournit à souhait de scènes, de ballets, de couplets, de vaudevilles, de paysanneries, de parades.
Barrière, publie un choix fait avec goût parmi les nombreux Mémoires du xviiie siècle, depuis la Régence jusqu’au Directoire ; c’est une heureuse idée, et qui permettra de revoir au naturel une époque déjà passée pour plusieurs à l’état de roman.
Le sérieux de la raison, l’éloquence de la sensibilité, voilà ce qui doit être le partage de la littérature allemande ; ses essais dans les autres genres ont toujours été moins heureux.
Ils le voyaient tel qu’il est, c’est-à-dire unique ; et, par une exceptionnelle et heureuse dérogation aux procédés habituels de leur esprit, ils le sentaient mieux qu’ils ne le définissaient.
Il brisera les formes trop arrêtées, trop fixes, qui ne se laissent plus manier par la pensée de l’artiste, ces habitudes tyranniques de composition et de style qui filtrent pour ainsi dire l’inspiration et éliminent l’originalité : en brisant les genres, les règles, le goût, la langue, le vers, il remettait la littérature dans une heureuse indétermination, dans laquelle le génie des artistes et l’esprit du siècle chercheraient librement les lois d’une reconstitution des genres, des règles, du goût, de la langue, du vers.
Renan, jouissaient de la puissance et de la richesse de leur seigneur et étaient heureux en lui.
L’inconscience souriante avec laquelle on voit des gens inconnus et improductifs accepter du jour au lendemain la critique des livres des autres est une des plus curieuses aberrations du cerveau humain, et il est très heureux que l’abus même de cette aberration lui ôte toute importance, sans quoi la communication des auteurs avec les lecteurs serait totalement aux mains d’une centaine de personnes.
Retté par exemple, malgré la réelle cohésion de ses derniers poèmes, — ne seraient pas loin d’ériger en axiome qu’il faut se confier à un certain hasard heureux.
Sans doute il peut arriver que les qualités développées par cette éducation coïncident avec une personnalité vigoureuse, une volonté forte, une intelligence pénétrante, une sensibilité vive et originale ; mais c’est par un accident heureux que cette rencontre a lieu.
Mais cette critique ne me paraît pas très heureuse qui rétrécit la doctrine, qui n’aperçoit que la forme joyeuse et conquérante du combat et ignore sa forme douloureusement défensive.
Marie-Antoinette avait cet idéal de vie heureuse qu’elle eût pu réaliser sans inconvénients si elle fût restée simple archiduchesse à Vienne, ou si elle eût simplement régné en quelque Toscane ou en quelque Lorraine.
Siècle à jamais heureux et incomparable, où les illustres naufragés de la politique, quand ils s’appelaient Retz, avaient comme pis-aller, pour se consoler dans le courant d’une semaine, un Corneille, un Despréaux et un Molière en personne, leurs œuvres à la main, et Mme de Sévigné sur le tout !
L’on assiste aux tâtonnements d’un gymnaste cherchant un tour entrevu ; à la brillante et heureuse folie de son succès ; aux révoltes cabrées d’une fille à moitié maniaque, à son « hérissement de bête » devant la porte de sa prison, à l’alanguissement graduel de sa volonté meurtrie et matée.
Mais Chéminais est foible : ses productions sont celles d’un génie heureux, qui n’est point encore parvenu à sa maturité ; & sa mort l’a empêché de mettre la dernière main à ses ouvrages.
Ces sortes de fondations peuvent avoir leurs avantages, en ce que l’enfant d’un artisan, d’un pauvre homme dépourvu de toute espèce de moyens, peut apporter en naissant des dispositions si heureuses, qu’il n’y ait rien de mieux que de venir à son secours, et de lui donner les moyens de développer les dons de la nature.
Il l’a jugée la plus belle, la plus pure, la plus sûre, la plus capable de le rendre heureux.
Rome était bien loin de ce progrès et de cet accord heureux des arts, lorsqu’elle commença d’imiter la poésie grecque, et d’introduire, après les jeux sanglants du cirque, ou parfois à leur place, quelques chants mêlés à des scènes dramatiques.
De la beauté épanouie et heureuse, nul souci ; ses corps nus ne sont que des corps déshabillés : épaules étroites, ventres proéminents, jambes grêles, pieds alourdis par la chaussure, ceux de son voisin le charpentier ou de sa commère la marchande de saucisses ; les têtes font saillie sur le cuivre infatigablement rayé et fouillé, sauvages ou bourgeoises, souvent ridées par la fatigue du métier, ordinairement tristes, anxieuses et patientes, âprement et misérablement déformées par les nécessités de la vie réelle. […] Prédicateur à Saint-Paul, goûté et admiré des gens du monde « pour sa beauté juvénile et florissante, pour son air gracieux », pour sa diction splendide, protégé et placé par l’archevêque Laud, il écrivit pour le roi une défense de l’épiscopat, devint chapelain de l’armée royale, fut pris, ruiné, emprisonné deux fois par les parlementaires, épousa une fille naturelle de Charles Ier, puis, après la Restauration, fut comblé d’honneurs, devint évêque, membre du conseil privé, et chancelier de l’Université d’Irlande : par toutes les parties de sa vie, heureuse et malheureuse, privée et publique, on voit qu’il est anglican, royaliste, imbu de l’esprit des cavaliers et des courtisans ; non qu’il ait leurs vices ; au contraire, il n’y eut point d’homme meilleur ni plus honnête, plus zélé dans ses devoirs, plus tolérant par ses principes, en sorte que, gardant la gravité et la pureté chrétiennes, il n’a pris à la Renaissance que sa riche imagination, son érudition classique et son libre esprit. […] Les cavaliers qui l’écoutent y trouvent, comme chez Ford, Beaumont et Fletcher, la copie crue de la vérité la plus brutale et la plus immonde, et la musique légère des songes les plus gracieux et les plus aériens, les puanteurs et les horreurs médicales374, et tout d’un coup les fraîcheurs et les allégresses du plus riant matin ; l’exécrable détail de la lèpre, de ses boutons blancs, de sa pourriture intérieure, et cette aimable peinture de l’alouette, éveillée parmi les premières senteurs des champs. « Je l’ai vue s’élevant de son lit de gazon, et, prenant son essor, monter en chantant, tâcher de gagner le ciel et gravir jusqu’au-dessus des nuages ; mais le pauvre oiseau était repoussé par le bruyant souffle d’un vent d’est, et son vol devenait irrégulier et inconstant, rabattu comme il l’était par chaque nouveau coup de la tempête, sans qu’il pût regagner le chemin perdu avec tous les balancements et tous les battements de ses ailes, tant qu’enfin la petite créature fut contrainte de se poser, haletante, et d’attendre que l’orage fût passé ; alors elle prit un essor heureux, et se mit à monter, à chanter, comme si elle eût appris sa musique et son essor d’un de ces anges qui traversent quelquefois l’air pour venir exercer leur ministère ici-bas. […] combien chaque créature était plus heureuse que moi ! […] Il parvient enfin sur les montagnes Heureuses, d’où il aperçoit la divine cité.
On n’a jamais vu en Angleterre une plus copieuse et une plus véhémente analyse, une si pénétrante et si infatigable décomposition d’une idée en toutes ses parties, une logique plus puissante, qui enserre plus rigoureusement dans un réseau unique tous les fils d’un même sujet : Quoiqu’il ne puisse arriver à Dieu ni bien ni avantage qui augmente sa félicité naturelle et inaltérable, ni mal ou dommage qui la diminue (car il ne peut être réellement plus ou moins riche, ou glorieux, ou heureux qu’il ne l’est, et nos désirs ou nos craintes, nos plaisirs ou nos peines, nos projets ou nos efforts n’y peuvent rien et n’y contribuent en rien), cependant il a déclaré qu’il y a certains objets et intérêts que par pure bonté et condescendance il affectionne et poursuit comme les siens propres, et comme si effectivement il recevait un avantage de leur bon succès ou souffrait un tort de leur mauvaise issue ; qu’il désire sérieusement certaines choses et s’en réjouit grandement, qu’il désapprouve certaines autres choses et en est grièvement offensé, par exemple qu’il porte une affection paternelle à ses créatures et souhaite sérieusement leur bien-être, et se plaît à les voir jouir des biens qu’il leur a préparés ; que pareillement il est fâché du contraire, qu’il a pitié de leur misère, qu’il s’en afflige, que par conséquent il est très-satisfait lorsque la piété, la paix, l’ordre, la justice, qui sont les principaux moyens de notre bien-être, sont florissants ; qu’il est fâché lorsque l’impiété, l’injustice, la dissension, le désordre, qui sont pour nous des sources certaines de malheur, règnent et dominent ; qu’il est content lorsque nous lui rendons l’obéissance, l’honneur et le respect qui lui sont dus ; qu’il est hautement offensé lorsque notre conduite à son égard est injurieuse et irrévérencieuse par les péchés que nous commettons et par la violation que nous faisons de ses plus justes et plus saints commandements, de sorte que nous ne manquons point de matière suffisante pour témoigner à la fois par nos sentiments et nos actions notre bon vouloir envers lui, et nous nous trouvons capables non-seulement de lui souhaiter du bien, mais encore en quelque façon de lui en faire en concourant avec lui à l’accomplissement des choses qu’il approuve et dont il se réjouit831. […] Et heureuses ces personnes religieuses, ces dames qui peuvent avoir pour confesseurs de tels hommes, si pleins d’abnégation, si prospères, si capables ! Et trois fois heureuses les familles où ils daignent prendre leur collation du vendredi, pour prouver au monde quelle abstinence chrétienne, quelle vigueur antique, quel zèle pour les mortifications il y a dans l’abandon d’un dîner qui leur rend l’estomac plus dispos pour le souper834 ! […] Il y a un homme, Charles Fox, qui s’est trouvé heureux dès le berceau, qui a tout appris sans études, que son père a élevé dans la prodigalité et l’insouciance, que, dès vingt et un ans, la voix publique a désigné comme le prince de l’éloquence et le chef d’un grand parti, libéral, humain, sociable, fidèle aux généreuses espérances, à qui ses ennemis eux-mêmes pardonnaient ses fautes, que ses amis adoraient, que le travail n’avait point lassé, que les rivalités n’avaient point aigri, que le pouvoir n’avait point gâté, amateur de la conversation, des lettres, du plaisir, et qui a laissé l’empreinte de son riche génie dans l’abondance persuasive, dans le beau naturel, dans la clarté et la facilité continue de ses discours.
J’écris pour que, le jour où je ne serai plus, On sache comme l’air et le plaisir m’ont plu, Et que mon livre porte à la foule future Comme j’aimais la vie et l’heureuse nature. […] Les midis accablants de juillet lui donnent cette impression de repos dans la langueur : « On n’a pas de regrets, pas de désir, pas d’âge. » La vie est arrêtée, et comme éternisée : À l’ombre des volets, la chambre s’acclimate ; Le silence est heureux, calme, doux, attiédi, Pareil au lait qui dort dans une fraîche jatte ; La pendule de bois fait un bruit lent, hardi, Semblable à quelque chat qui pousse avec sa patte Les instants, dont l’un chante et l’autre est assourdi. […] En lisant le Cœur magnifique, où les rimes s’abattent l’une sur l’autre comme des vagues en furie, je regrettais la féminine précision de cette strophe : Je ne sens plus mon cœur ni mon rêve béant, Je suis une harmonie étroite et paresseuse, Et, si je le voulais, je serais presque heureuse, Mais je crains ce bonheur comme on craint le néant. […] Avec quelle sagesse, cette Muse nous dit qu’il faut jouir des minutes de la vie et ne rien désirer au-delà : Heureux qui met sa chair au soleil et l’y gonfle D’un puéril orgueil et d’un sucre d’été, Comme l’insecte noir qui butine et qui ronfle.
Si tous les hommes avaient cette idée, inébranlable et vive en leur âme comme une foi, dès aujourd’hui tous les hommes seraient heureux. […] rien ne peut détacher la raison des idées fécondes en résultats heureux. « — Mais pourquoi votre raison fait-elle des résultats heureux la marque de la vérité ? […] La prise, cette fois, fut heureuse, et elle trouva qui lui répondît. […] Même leur chimère d’égalité avait son côté heureux.
Rostand possèderait « des qualités indéniables de verve gaie, de grâce déjà apprêtée, de banalité heureuse », mais présenterait « un grave défaut aussi, le manque de conscience ». […] Et les voisins, en chœur parlé, trouvaille entre toutes heureuse, soutenaient de leur rude avis le vieux fermier : « Tiens bon, Sans-Quartier ! […] Mais écoutez Candaule : — N’est-ce pas qu’il n’est digne que des pauvres De se préoccuper d’être heureux ? […] Henri Ghéon explique que tous les peuples de l’Occident se touchent en nous, se fondent et s’équilibrent et que la France, la France spécifique est réalisée au point où cet équilibre heureux s’accomplit. […] Cette comédie poétique révèle des qualités indéniables de verve gaie, de grâce déjà apprêtée, de banalité heureuse : un grave défaut aussi, le manque de conscience.
Et c’est ainsi qu’une œuvre d’art demeure l’heureux résultat de ses Noces merveilleuses avec la Nature. […] Les essais qu’on fît — nous l’avons constaté — ne furent pas très heureux. […] « Je voudrais rencontrer, dit-il, une brute, un être primitif et sensitif, frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris sans le savoir, de quelque Ève, apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules.
Mais à Rome, plus d’argent, et les voyageurs sans le sou, quand un peintre dont ils avaient fait connaissance, aide Raffaëlli à vendre un tableau, avec l’argent duquel il peut gagner Naples, où un hasard heureux le met en rapport avec une famille anglaise, qui lui demande des leçons pour deux grandes filles. […] » Devant le jeu de Mme Raucourt, un peu grisée par les compliments, soulignant trop la méchanceté noire de son rôle, il s’écrie : « Vous êtes heureux qu’on ne vous joue pas dans un port de mer, les marins monteraient sur le théâtre, battre Mme Jupillon et son fils. » Réjane me contait, que sa petite fille âgée de deux ans, disait au sujet de sa fluxion : « Maman joue Geminie de M. […] Je suis resté jusqu’au bout, au fond de la loge, sans donner un signe de faiblesse, mais pensant tristement, que mon frère et moi nous n’étions pas nés sous une heureuse étoile, — étonné, et doucement remué, à la tombée de la toile, par la poignée de main d’un homme, qui m’avait été jusqu’alors hostile, par la brave et réconfortante poignée de main de Bauër.
Les Cirripèdes me parurent longtemps faire exception à cet égard ; mais, grâce à un heureux hasard, j’ai déjà pu prouver autre part que deux individus, tous deux hermaphrodites et capables de se féconder eux-mêmes, se croisent cependant quelquefois. […] Au surplus, de vastes régions, aujourd’hui continentales par suite de récentes oscillations de niveau, doivent avoir existé antérieurement à l’état d’archipels, de sorte que les heureux effets de l’isolement ont dû concourir pour leur part à former leur population actuelle. […] Comme l’on voit ici et là un jet fragile et mince s’élancer d’un des nœuds inférieurs d’un arbre, et arriver plein de vie jusqu’à son sommet, lorsque des chances heureuses le favorisent ; de même nous voyons de rares animaux, tels que l’Ornithorynque et le Lepidosirène, qui, à quelques égards, rattachent l’un à l’autre par leurs affinités deux embranchements principaux de l’organisation, arriver jusqu’à notre époque, apparemment soustraits aux fatalités de la concurrence par la situation protectrice de leur station.
Vers ce même temps, par une coïncidence heureuse, un Corpus pœtarum latinorum, ouvert au hasard, lui offrit quelques vers d’Horace dont l’harmonie, dans sa douleur, le transporta, et lui révéla la muse latine. […] Combien ils sont heureux !
« Il y avait deux pigeons qui vivaient heureux dans leurs nids, à couvert de toutes les injures du temps, et contents d’un peu d’eau et de grain. […] Nous cultivons en paix d’heureux champs ; et nos mains Etaient propres aux arts ainsi qu’au labourage.
Je fis remarquer à mon voisin cette vocation pour la royauté, déjà si manifeste. » « J’allai, suivant mon heureuse coutume, passer l’été auprès de mon père. […] Je vais bientôt reposer sans regret ma tête blanchie dans le tombeau de mes pères, car ma fille est heureuse ; elle l’est, parce qu’elle sait qu’un Dieu paternel soigne notre âme par la douleur comme par le plaisir.
Le chancelier, le chef de la justice, est trop heureux en un moment critique de pouvoir se cacher dans une armoire. […] Ainsi au temps de Louis XIV, la flatterie se gonfle en hyperboles énormes, quand Boileau s’écrie : Grand roi, cesse de vaincre ou je cesse d’écrire ; quand l’Académie met au concours ce sujet : De toutes les vertus du prince laquelle mérite la préférence ; quand la même Académie reçoit comme un de ses membres, le duc du Maine, âgé seulement de treize ans, mais bâtard du roi ; quand Racine l’assure que, s’il n’y eût pas eu de place vacante, chacun des académiciens existants aurait été heureux de mourir pour lui en faire une.
C’est à ce travail incessant que les cénacles consacrent leur énergie et c’est pour cela qu’ils ont tous leur moment de succès et d’éclat, de vogue tout au moins, et leur influence heureuse sur la marche de la littérature. […] Heureux ceux qui savent se détacher du troupeau, où ils se sont fourvoyés, assez à temps pour redevenir eux-mêmes !
Haydn et Mozart avaient, pour toujours, légitimée, était le résultat heureux d’un compromis entre l’esprit musical allemand et l’esprit italien. […] Nous serions heureux de pouvoir, pour cette fin, trouver un renseignement précieux dans la contemplation des procédés que suivit Beethoven vers le développement de son génie musical.
Heureux hommes, ils auront vécu, ils seront morts encore endormis ! […] « Un chevreuil innocent et heureux bondissait de joie dans les serpolets trempés de rosée sur la lisière d’un bois.
» dit-elle, « cet arbre est heureux au milieu de la forêt, c’est le souverain des bois environné des festons de lianes qu’il soutient et qui lui donnent la joie. […] « — Remarque, ô roi, ces signes heureux”, lui répond Nala ; “cette étoile sur le front, ces deux taches sur la tête, ces deux fois deux épis sur chaque flanc, autant au poitrail ; cette large tache de poil sombre sur le dos.
Heureux les hommes qui parlent ou qui écrivent en français ! […] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant, je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint. » XXX La langue française prit dans cette bouche un accent qu’elle ne retrouva pas après lui ; mais il en reste un certain écho dans la voix des grands orateurs de la chaire qui lui succèdent sans l’égaler.
Elles font peut-être si peu de bonheur au riche stupide qui les possède, et elles me rendraient si heureux ! […] Alors je me relèverai, je m’en reviendrai, mais je n’en reviendrai pas sans m’arrêter, sans retourner la tête, sans fixer mes regards sur l’endroit où je fus heureux avec toi et sans toi.
Edgar Poe37 I38 La Bibliothèque des chemins de fer a eu l’heureuse idée de publier en un volume deux Nouvelles d’un homme récemment célèbre dans son pays, et dont la renommée commence de frapper l’opinion publique dans le nôtre. […] Mais, après tout, Milton avait eu le quart d’heure d’ambition heureuse qui dédommage du malheur d’avoir du génie.
Daru, que cette quatrième croisade n’eut guère pour résultat définitif que d’agrandir la suprématie maritime de Venise : « Le reste de l’Europe y perdit beaucoup de vaillants hommes et de monuments précieux, et n’y gagna que l’introduction de la culture du millet, dont le marquis de Montferrat envoya des graines en Italie. » S’il était vrai que la prise de Constantinople par les croisés et le sac de cette ville eussent fait périr, comme il est trop probable, des monuments de l’ancienne littérature grecque qui avaient échappé précédemment, il faudrait, nous les lettrés et les disciples des doctes, le déplorer avec regret, avec amertume : mais vouloir que toute une époque soit heureuse de la manière dont nous l’entendons, et que les chevaliers du siècle de Villehardouin conçoivent l’emploi de leurs facultés et de leur temps comme les hommes de cabinet de nos jours, c’est demander beaucoup trop.
S’adressant au prince Maurice, au comte Guillaume son cousin et aux divers membres de cette maison, qui sont tout-puissants en Zélande, il les adjure de ne pas s’opposer, mais d’aider à la réunion de tous, et il rappelle au prince Maurice en particulier le noble exemple de Phocion, grand et sage capitaine, lequel, à l’occasion d’un conseil qu’il avait dissuadé et qui réussit pourtant à l’exécution, disait « qu’il ne se repentait pas d’avoir rejeté un conseil qu’il avait jugé en sa conscience devoir être dommageable, mais qu’il était très aise que le succès en eût été meilleur et plus heureux qu’il n’avait pensé ».
Il y a de ces heureux détails, de ces choses bien dites en passant, dans les éloges de Vicq d’Azyr.
Enfin, pour tout dire, la postérité, cette suprême indifférente, profite de tout ce qu’elle trouve d’utile et à sa convenance en chacun : trop heureux ceux en qui elle trouve quelque chose !
Louis Ratisbonne, en a tenté en vers une traduction complète qu’il poursuit : noble effort, en partie heureux, et qui est encore à saluer là même où il semble à peu près impraticable.
N’allez pas me demander de définir l’atticisme ; l’aticisme chez un peuple, et au moment heureux de sa société ou de sa littérature, est une qualité légère qui ne tient pas moins à ceux qui la sentent qu’à celui qui parle ou qui écrit ; je me contenterai de dire que c’est une propriété dans les termes et un naturel dans le tour, une simplicité et netteté, une aisance et familiarité entre gens qui s’entendent sans appuyer trop, et qui sont tous de la maison.
Mais qu’a-t-on besoin de particularités insignifiantes qui ne révéleront rien de plus caractéristique sur cet homme facile et heureux ?
» Et cependant Rousseau eut jusqu’à la fin des moments de bonheur et d’intime jouissance ; il aimait, il sentait trop vivement la nature pour haïr la vie ; et s’il était besoin d’un témoignage pour prouver que la vie, somme toute, est bonne, si après le bûcheron de La Fontaine, après l’heureux Mécénas, après l’ombre d’Achille qu’Homère nous a montrée dans la prairie d’Asphodèle redésirant à tout prix la lumière du jour, il fallait quelqu’un qui renouvelât ce même aveuaa, ce n’est pas à un autre qu’à Rousseau, à cet aîné de Werther, à cet oncle de René, que nous l’irions demander.
Un jour, à un de ces bals, je la regardais danser un menuet : quand elle eut fini, elle vint à moi ; je pris la liberté de lui dire qu’il était fort heureux pour les femmes qu’elle ne fût pas homme, et que son portrait seul ainsi peint pourrait tourner la tête à plus d’une.
A quoi tiennent ces veines, ces courants heureux et rapides, trop vite épuisés ?
Comme son Bourgoin « qui a renoncé à faire un chef-d’œuvre », il jette au vent d’heureux dons, de l’imagination, de la fantaisie, de l’esprit sans jargon, de la malice souvent fort leste, mais sans fiel : il y joint du sens, un fonds de raison, un avis à lui et bien ferme.
Il y ajouta quelques mots sur la tempête qui s’était élevée contre la maison et qui avait obligé des personnes qui s’y étaient retirées à s’en séparer ; que, pour le défunt, les ronces et les épines avaient étouffé pendant un temps ces précieuses semences que son cœur y avait reçues ; mais que, comme on avait lieu d’avoir une humble créance qu’il était une de ces heureuses plantes que le Père céleste a plantées lui-même pour ne souffrir jamais qu’elles fassent entièrement déracinées 108, elle avait repris vigueur et avait porté son fruit en son temps.
Le régime n’eut tout son éclat et tout son développement heureux que vers 1828.
Depuis lors, sans doute, il y eut encore, — et nous en avons vu, — quelques mémorables guerres ; mais les plus heureuses, si l’on excepte la dernière (celle de 1866), n’ont produit pour les vainqueurs que des résultats incomplets, peu décisifs, chèrement achetés, et elles n’ont mis en lumière aucun génie ; l’enthousiasme n’a pas duré, et la pensée pacifique a fait chaque jour des progrès que l’émulation industrielle dans les odieux moyens de destruction n’est certes pas de nature à ralentir.
Et nous, dans notre nuit, grand Dieu, Dieu des armées, Nous bénirons ton sceau sur nos lèvres fermées, Et ta blessure dans nos cœurs. » Enfin, comme autre exemple heureux et large de la poésie de M.
Il est sensible à un entremets, il est heureux d’un vêtement neuf. » 18 juin : Attaque épileptiforme : « Avant-hier, jeudi, il me lisait encore les Mémoires d’outre-tombe, car c’était le seul intérêt et la seule distraction du pauvre enfant.
On voudrait rendre les hommes heureux et jouir délicieusement de leur reconnaissance.
Il ne peut voir des êtres souffrants, heureux, passionnés, sans ressentir leur souffrance, leur bonheur, leur passion.
J’ai dit les deux combinaisons de mètres les plus heureuses qu’offre la strophe de 6 vers.
Voici que pour la première fois l’éloquence politique semble se constituer chez nous, par la coïncidence heureuse du retour à l’antiquité, qui offre les grands modèles, et d’un demi-siècle de discordes, qui, affaiblissant le pouvoir central, ouvrent aux divers corps de l’État la liberté de la parole218.
Mais, sans prétendre juger les œuvres d’aujourd’hui comme fixes et complètes, nous pouvons nous en figurer assez nettement le caractère et la direction : d’autant que, par une heureuse rencontre, nous sommes évidemment placés à un point de partage, ou, si l’on veut, à un tournant de la littérature.
Weiss se soucie de nous l’expliquer Au reste, ce fervent de Parny est ravi, transporté par la Tour de Nesle, non seulement par le drame, mais par le style. « Le récit de Buridan : En 1293, la Bourgogne était heureuse, est comme le récit de Théramène du grand Dumas.
Mais Mimi est un être qui ne sait pas se reprendre, qui meurt d’un mirage déçu et qui, arrachée à une vie tranquille et sûre, à un avenir peut être heureux, à une future union de cœur et d’esprit grave à quelque honnête homme, par le bellâtre Rodolphe, meurt moins encore de phtisie que de dégoût secret devant la déchéance, la paresse et la veulerie de ce flâneur qui a l’audace de se déclarer fatigué d’elle.
Or, le savant déçu par la science, même poursuivie avec succès, est aussi dramatique personnage que l’artiste heureux dégoûté de son art.
Heureux si nous ne sommes pas dans le cercle d’application, et pour ainsi dire sous le coup de quelque maxime humiliante !
Le mot juste ne lui venait pas toujours qu’il remplaçait soit par le terme anglais, soit par un équivalent français, hasardé au petit bonheur, et dont le choix n’était pas toujours heureux.
Quelquefois une finesse remarquable, ce que nous appelons de l’esprit, relevait ses aphorismes ; d’autres fois, leur forme vive tenait à l’heureux emploi de proverbes populaires. « Comment peux-tu dire à ton frère : Permets que j’ôte cette paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ?
John Stuart Mill, « est peut-être le moins heureux de tout l’ouvrage. » (Note 35.)
Pour renverser ces deux colosses, ils n’employèrent d’autres armes que le ridicule, ce contraste naturel de la terreur humaine (Quelle plus juste et plus heureuse définition !
Les réflexions du jeune prince se mêlaient sans cesse à celles du maréchal et souvent les résumaient d’une manière heureuse.
Or on peut présumer que ces deux circonstances heureuses auront d’autant plus de chance de se rencontrer que l’entité quelconque, individuelle ou collective, où s’exercera la conception bovaryque sera de formation plus récente, c’est-à-dire, en même temps plus riche en force virtuelle et plus pauvre en perfection héritée, plus simple et moins déterminée.
Comme, au bout du compte, la raison hésite à condamner celui qui, étant mauvais et complaisant sans inquiétude pour tout ce que ses instincts l’incitent à assouvir, sourd, aveugle, insensible, fut triste cependant, puis étonné à de plus hauts appels, sut payer de sa vie sa tentative vaine d’être noblement heureux.
Par un choc en retour imprévu mais légitime, de même que les spectacles communément tenus pour beaux déplaisent au mélancolique, les spectacles jugés laids par les gens à tempérament heureux doivent confirmer l’état d’âme où il se complaît, le dispenser de toute négation et de toute révolte, évoquer sa tristesse et la laisser s’épancher.
En chimie, sans remonter jusqu’à Lavoisier, dont la préface si souvent citée rend hommage à l’influence heureuse de la logique de Condillac sur son esprit, on trouvera encore chez les chimistes de nos jours de remarquables travaux de méthodologie scientifique.
C’est à toi qu’il appartient aussi de célébrer, d’éterniser les grandes et belles actions, d’honorer la vertu malheureuse et flétrie, de flétrir le vice heureux et honoré, d’effrayer les tyrans.
Le succès de leurs secours avoüez, ne fut pas plus heureux que celui de leurs secours secrets.
Quand j’y songe, je trouve Shakspeare bien heureux d’être Anglais.
Je suis heureux de vous voir ici ».
Le platonisme fut, sous quelques rapports, une heureuse préparation à la religion de Jésus-Christ.
Sera-t-il plus heureux que Guérin, qui n’a pas vu sa gloire ?
Comment cet homme heureux a-t-il pu, sans mourir, supporter cet excès de félicité céleste ?
André ; mais l’heureux auteur de la découverte se réserve la partie la plus précieuse, les lettres échangées entre André et Malebranche.
Il a quelques formules heureuses, par exemple quand il dit que pour Platon les idées ne sont pas des créations, mais des créatrices. […] Thiers, à Arcachon, et fut assez heureux pour le faire revenir sur un jugement qu’ils considéraient tous deux comme défavorable à Montaigne. […] Strowski lui-même en faisait état quelques jours auparavant, dans un article qui nous avait échappé d’abord et que nous avons retrouvé par un heureux hasard, en classant des papiers. […] Les vingt dernières années du patriarche de Ferney, enfin libre et son seul maître, seront les plus heureuses et les plus fécondes de sa vie. […] Lui, si fervent adorateur du beau, n’était-il pas heureux de servir son dieu ?
Qu’il ne nous soit pas interdit de nous promener dans le chantier avec des paroles conciliantes, * * * Il y a, écrit Voltaire, beaucoup de gens de lettres qui ne sont point auteurs, et ce sont probablement les plus heureux. […] Cette critique idéale appartient au même domaine que la chemise de l’homme heureux. […] La vie heureuse, dit Pascal, est celle qui commence par l’amour et qui finit par l’ambition. […] Comme les peuples heureux n’ont pas d’histoire, ces gens de goût ne font pas de livres, mais il faut bien prendre ici son exemple dans les livres, je le prendrai donc dans le livre qui de tous les livres écrits est le moins un livre, dans l’auteur qui est le moins un auteur, dans Montaigne. […] Là encore nous ne connaissons qu’une exception heureuse.
Il a eu des débuts faciles, une carrière heureuse. […] Il vous voit heureux, honoré, aimé. […] Célèbre, il n’est pas heureux. […] C’est une idiote, Désirée, qu’il nous montre heureuse et saine au milieu de ses bêtes et tout près d’elles. […] Il n’est guère d’exemple en effet d’une carrière plus heureuse, d’un talent plus universellement reconnu, d’une œuvre qui ait plus continûment désarmé la critique.
18 juillet Je ne suis pas malade, mais mon corps ne veut ni marcher ni agir, il a horreur de tout mouvement, et serait heureux d’une immobilité de fakir ; avec cela, j’éprouve à l’état continu, au creux de l’estomac, ce sentiment nerveux du vide que donnent les profondes émotions, et que fait plus douloureux encore l’anxiété de cette grande guerre qui va s’ouvrir. […] Burty est de la commission des Papiers et de la Correspondance de l’Empereur ; il est heureux comme un pêcheur à la ligne, à qui l’on permettrait de pêcher dans la pièce d’eau de Fontainebleau. […] … Vous pensez comme ça a réussi… nous avons tout perdu : quinze mille livres de rente… J’étais destiné à entrer dans la vie en homme heureux, en homme de loisir ; il a fallu gagner sa vie… Enfin, après des années, j’avais assez bien arrangé mon affaire, j’avais une petite maison, j’avais une petite voiture, j’avais même deux petits chevaux… Février met tout à bas… À la suite de beaucoup d’autres années, je retrouve l’équilibre, j’allais être nommé à l’Académie… au Sénat. […] Pas une invention, pas une trouvaille, pas une audace heureuse. […] Enfin, étant parvenu à abréger la visite, et tout heureux de l’entraîner, avant qu’on pût se rendre compte de ce qu’il était devenu, il arrivait qu’au moment de passer la porte, — son adieu, le malheureux enfant se mettait à le bégayer.
C’est ce qui nous permet d’en mieux voir les effets et de dire qu’ils n’ont pas d’abord été très heureux. […] « Il n’est rien tel qu’un heureux climat pour faire servir à la félicité de l’homme les passions qui font ailleurs son tourment » [Nouvelle Héloïse, partie I, lettre 23] ; et c’est la nature seule qui a procuré à Rousseau lui-même « quelques instants de ce bonheur plein et parfait, qui ne laisse dans l’âme aucun vide qu’elle sente le besoin de remplir » [Cf. […] Vers le même temps, et moins heureuse en ce sens qu’elle ne nous a rien laissé, je ne dis pas qui soit comparable au Barbier de Séville ou au Mariage de Figaro, mais dont on soutienne aujourd’hui la lecture, il semble que, comme la comédie, la tragédie retourne à ses premières origines. […] 2º Son théâtre, composé de 34 pièces en tout, dont les principales sont : Arlequin poli par l’amour, 1720 ; — La Surprise de l’amour, 1722 ; — La Double Inconstance, 1723 ; — Le Prince travesti, 1724 ; — La Seconde Surprise de l’amour, 1727 ; — Le Jeu de l’amour et du hasard, 1730 ; — Les Serments indiscrets, 1732 ; — L’Heureux Stratagème, 1733 ; — La Mère confidente, 1735 ; — Le Legs, 1736 ; — Les Fausses Confidences, 1737 ; — L’Épreuve, 1740 ; — et Le Préjugé vaincu, 1746. […] De l’éducation des enfants, Paris, 1721]. — Le grand défaut de l’Émile ; — et qu’ayant formé le dessein de composer un traité d’éducation, — il est fâcheux que l’auteur ait débuté par poser ou supposer un enfant sans père ni mère ; — un enfant riche ; — un enfant sans hérédité, tempérament ni caractère ; — et d’autre part un précepteur dont toute la vie soit subordonnée à celle dudit enfant ; — ce qui fait deux suppositions également contraires à la vérité de la nature, — et de la société. — Que sous cette réserve, dont on ne saurait exagérer l’importance, — trois grandes raisons expliquent le succès de l’Émile, à savoir : — l’exaltation du sentiment moral [Cf. en particulier la Profession de foi du vicaire savoyard] ; — une ardeur de spiritualisme qu’on était heureux d’opposer au lourd matérialisme de l’Encyclopédie ; — et une confiance entière dans la possibilité du progrès moral par l’éducation. — Comparaison à cet égard de l’Émile et du livre De l’esprit ; — et de quelques idées communes à Helvétius et à Rousseau. — L’Émile est d’ailleurs le chef-d’œuvre littéraire de Rousseau ; — moins guindé que La Nouvelle Héloïse ; — plus souple, plus varié que le Contrat social ; — et toujours oratoire, mais moins déclamatoire que les Discours de 1750 et 1755. — De quelques idées secondaires de l’Émile ; — sur l’allaitement maternel ; — sur l’importance de l’éducation physique ; — sur l’utilité d’un métier manuel ; — sur ce que l’on a depuis lors appelé les « leçons de choses » ; — et qu’elles n’ont pas moins fait pour le succès du livre, — que les idées générales qui en sont l’armature, — et que les persécutions dont il allait être l’objet.
Ils profiteront sur-le-champ de cette heureuse circonstance pour écrire a priori l’histoire naturelle, et communiquer ainsi à certaines parties de cette science un caractère nouveau de certitude rationnelle, que l’empirisme est incapable de lui donner. […] Mais, s’il était au fond indifférent, nous ne disons pas incrédule, il sauvait toutes les formes de l’orthodoxie, et lorsqu’une de ses tragédies avait réussi, il expliquait très bien son succès par les règles : « Je ne suis point étonné que ce caractère ait eu un succès si heureux du temps d’Euripide, et qu’il ait encore si bien réussi dans notre siècle, puisqu’il a toutes les qualités qu’Aristote demande dans le héros de la tragédie.
Heureuse la postérité quand elle choisit bien, et quand elle immortalise, au lieu du succès de la violence et de la conquête, le vrai génie du bien, la vérité, la sagesse et la vertu ! […] Sa gloire est de faire des heureux.
III Nous sommes allé une fois à Ferrare, uniquement pour visiter la terre où l’Arioste chanta et la maison qu’il construisit du prix de ses chants ; plus sage ou plus heureux que le Tasse, qui ne se construisit, dans la même ville, qu’une loge dans un hôpital de fous ! […] Ce poète, c’est Voltaire ; Voltaire, l’adorateur et souvent le plagiaire heureux ou malheureux de l’Arioste.
Plein du bruit que son nom, son éloquence et sa magistrature heureuse faisaient en Italie, Cicéron s’étonna, en revenant à Rome, de trouver ce nom et ce bruit étouffés par le tumulte tous les jours nouveau d’une immense capitale absorbée dans ses propres rumeurs, dans ses passions, dans ses intérêts, dans ses jeux, et divisée entre ses tribuns, ses agitateurs et ses orateurs. […] Il était sage, honoré, aimé, heureux, pas encore envié.
Entre la science grecque et la science moderne, il y a bien une différence de degré ; mais il n’y a pas une différence de nature ; et, pour rappeler une très équitable opinion de Leibniz, Aristote n’est pas du tout inconciliable avec des successeurs dont les travaux n’eussent peut-être point été aussi heureux, si les siens ne les eussent précédés. […] Les abeilles vivent six ans ; quelques-unes vont jusqu’à sept : on regarde comme heureux qu’une ruche dure neuf ou dix ans.
exclusivement — une certaine anarchie a cet heureux effet d’arracher à l’homme des cris qu’il n’eût pas poussés dans un bon état. […] Heureux siècle, et grand siècle aussi, celui qui par ses facultés d’enthousiasme, son désintéressement, sa curiosité et son activité intellectuelle à su accorder une si large place à l’art, aux lettres, aux idées !
Par un hasard heureux, Guillaume de Lorris et Jean de Meung représentent les deux faces principales de l’esprit français : d’une part, cette bonne foi aimable qu’on a qualifiée de naïveté, et, d’autre part, cette philosophie hardie et positive qui ne s’étonne de rien et qui juge tout. […] Le basochien, espiègle, tapageur, libertin, larron, hauteur de mauvais lieux, détroussant les petits marchands, poursuivi par les soldats du guet, heureux des troubles publics, enchanté de la guerre parce que la police y est plus relâchée : tel est Villon.
Voici, par exemple, un homme qui professe, entre autres maximes, « qu’on ne gagne point les hommes sans les tromper ; que l’honneur est la chimère des fous, qu’il y a peu de sciences certaines ; que l’homme du monde le plus digne d’envie est celui qui a le plus d’empire sur l’esprit d’autrui ; que l’homme le plus heureux et le plus libre est celui qui a le moins de préjugés et de devoirs. » Quel est au juste ce personnage ? […] L’homme désavouait le héros ; leur réputation rougissait de la bassesse de leurs mœurs et de leurs penchants ; la familiarité trahissait la gloire de leurs succès. » Il dit de certains établissements religieux, que « le vice sauvé du naufrage y trouve un port heureux », et qu’ils « mettent la postérité dans les intérêts » des princes qui les ont fondés.
La cause réelle de l’esprit d’utopie n’est pas le désir naturel du mieux, tel que l’éprouvent de très honnêtes gens qui savent se faire estimer, et se rendre relativement heureux dans la société où ils vivent ; c’est en général une fureur de perfection absolue, où s’emportent les gens incapables du bien qui est à la portée de tous. […] Il a eu des jours heureux, parce qu’il a eu ces jours-là un goût naïf et la faculté de s’y oublier.
La cause était jugée, la guerre serait heureuse, puisque les dieux la voulaient : elle fut aussitôt résolue. […] D’abord le Roi des rois se déclara très heureux, devant ce déploiement de sa force : puis son regard réduisit en cendre les millions d’hommes qui se mouvaient sous ses pieds, cet horizon fourmillant lui apparut vide comme un champ funèbre, et il se mit à pleurer.
Il y a rarement chez nous cette noblesse de déclin, cette race de la vieillesse, cette beauté de Franklin et de grand seigneur, sous la couronne d’un reste de cheveux blancs, et ces yeux heureux, et cette belle bouche, et ces beaux regards humains ; enfin ce type d’une vie toute droite et bien remplie, d’une conscience satisfaite, d’une âme limpide. […] 30 septembre Quinze jours passés dans l’arrangement de cette maison, qui est la maison du restant de notre vie, dans le rêve de trouvailles pour l’orner, la parer d’art : nos yeux tout heureux de ce que son jour illumine et transfigure, en jouant sur nos dessins, nos terres cuites, nos tapisseries ; — quinze jours à la parcourir du haut en bas, en y cherchant des contrastes et des harmonies sur les murs.
1er mai Quel heureux métier, le métier de peintre comparé au métier de l’homme de lettres ! chez le premier, une fonction heureuse de la main et de l’œil, en regard du supplice du cerveau du second ; et chez l’un le travail qui est une jouissance et chez l’autre une peine.
Quant au maître de la maison, au milieu de ses bibelots, largement nourri et abreuvé de tout ce qu’il y a de mieux, gavé jusqu’au goulot de toutes les jouissances de la gueule, il est heureux comme un coq en pâte japonais. […] Et cela, toujours dit avec d’énormes difficultés, et des mots estropiés, comme Vichy, qui devient Vichin, et la physionomie d’un homme qui a l’air de trouver cela farce, s’entretenant avec une sorte de complaisance, de l’heureuse somnolence sans irritation, qu’il éprouvait dans cet état, et qui lui donnait, c’est son expression, comme des hallucinations de blanc, — l’entourant pour ainsi dire complètement de blancheur.
En d’autres cas, de grands arbres fossiles, encore demeurés debout sur le sol où ils ont vécu, nous fournissent la preuve que de longs intervalles de temps se sont écoulés, et que de fréquents changements de niveau ont eu lieu pendant le procédé d’accumulation : ce que nul n’aurait jamais supposé, si ces muets témoins des choses passées ne s’étaient conservés par un heureux hasard. […] Sans les traces de pieds d’oiseaux qui se sont conservées par un heureux hasard sur les strates du Nouveau Grès Rouge des États-Unis, qui se serait aventuré à supposer que, outre des reptiles, cette époque reculée eût possédé au moins une trentaine d’espèces d’oiseaux dont quelques-uns d’une taille gigantesque ?
Que vous peignez mal, Mr La Grenée ; mais que vous êtes heureux d’ignorer tout cela. […] La terre sera la mieux cultivée qu’il est possible ; ses productions diversifiées, abondantes, multipliées, amèneront la plus grande richesse, et la plus grande richesse engendrera le plus grand luxe : car si l’on ne mange pas l’or, à quoi servira-t-il, si ce n’est à multiplier les jouissances, ou les moyens infinis d’être heureux, la poésie, la peinture, la sculpture, la musique, les glaces, les tapisseries, les dorures, les porcelaines et les magots ?
Entre ces deux extrêmes se place l’heureuse disposition d’une mémoire assez docile pour suivre avec précision les contours de la situation présente, mais assez énergique pour résister à tout autre appel. […] Par quelle heureuse chance mettrions-nous justement la main sur un nombre croissant de souvenirs intercalaires ?
Pendant l’exécution le peuple disait : « Quand on fait quelque chose personnellement contre le Régent, il pardonne tout, mais quand on fait quelque chose contre nous, il n’entend point raillerie et nous rend justice. » Le Régent racontait ce mot à sa mère avec sensibilité et émotion, et elle en était heureuse.
Quant au bonheur même dont il voudrait nous donner directement l’idée, bonheur tout spirituel et tout intérieur de l’âme dans l’autre vie, il le résume dans une expression qui termine tout un développement heureux, et il le définit : « la raison toujours attentive et toujours contente ».
Pourquoi il avait été moins heureux à la guerre depuis son changement de parti ?
Comme il est écrit qu’avec Bailly on ne sortira des âges d’or qu’à la dernière extrémité, on rencontre ici le moins prévu assurément de tous ces âges fortunés en temps de révolution, celui dans lequel il se donne comme le plus heureux des présidents d’assemblée.
De même dans l’ordre purement physique et en présence de la nature des montagnes, il va jusqu’au bout, il ne recule pas devant les sites bouleversés et désolés : mais il est surtout heureux si là où l’on s’y attendrait le moins, et en sortant des horreurs convulsives qui marquent les déchirements du globe, il retrouve tout d’un coup dans le spectacle de l’ensemble, et sous l’effet du soleil, de l’ombre et de la lumière, cette harmonie suprême qui fait le beau grandiose et le sublime.
Ce sont des grandes âmes, riches, heureuses.
Quelqu’un qui l’avait écouté pendant tout un semestre, et qui était plus attentif à l’homme qu’à ce qu’il débitait, fit de lui le portrait suivant, pris sur nature : Pancirole professe, il est heureux ; sa joue s’enfle plus qu’à l’ordinaire ; sa poitrine s’arrondit, la couleur noir-cerise de sa joue est plus foncée et plus dense ; il jouit.
Il ne publia rien de son vivant ; il ne disposa rien pour l’avenir ; heureux de jouir à l’instant même, il mit une négligence de galant homme à assurer le sort futur de ses œuvres, et il sembla ne viser qu’à une gloire, à faire que ceux qui l’avaient connu et goûté dissent après lui : « Il n’y a eu, il n’y aura jamais qu’un Voiture. » La livrée qu’avait l’esprit en son temps, il la prit, il la donna aux autres en renchérissant, et se contentant de la marquer d’un tour unique qui était le sien.
C’est très heureux ; il a, je crois, une conduite parfaite, et j’espère qu’un jour on saura l’apprécier. — Tous ses ingrats amis sont dans un moment de presse pénible ; il y en a bien quelques-uns qui ont eu la bassesse de chercher à se rattacher à lui.
Nous nous en allons vers notre vraie patrie, vers la maison de notre père : mais, à l’entrée, il y a un passage où deux ne sauraient marcher de front, et où l’on cesse un moment de se voir : c’est là tout. » A Mme de Senfft encore, au moment où il agitait de publier les Paroles d’un Croyant (19 février 1834) : « Vous allez entrer dans le printemps, plus hâtif qu’en France dans le pays que vous habitez (Florence) : j’espère qu’il aura sur votre santé une influence heureuse : abandonnez-vous à ce qu’a de si doux cette saison de renaissance ; faites-vous fleur avec les fleurs.
Il avait été auparavant, et sans doute après quelque revers de famille, dans une condition moins heureuse, et l’un de ses contemporains nous l’a montré dans une chambre voisine du ciel et « séparée en deux par une légère tapisserie que le vent soulevait », — une pauvre chambre d’étudiant.
Louis XIV n’avait nullement une santé robuste et, selon une expression heureuse, il n’avait de la santé elle-même que la représentation.
Il est des saisons plus ou moins fécondes pour l’esprit humain, des siècles plus ou moins heureux par des conjonctions d’astres et des apparitions inespérées, mais ne proclamons jamais que le Messie est venu en littérature et qu’il n’y a plus personne à attendre ; au lieu de nous asseoir pour toujours, faisons notre Pâque debout comme les Hébreux et le bâton à la main.
Il a l’idée heureuse d’employer des troupes qui sont sous sa main, celles du marquis de Boufflers, sans en demander exprès ; il n’a besoin que d’avoir toute latitude pour en user à son choix, avec discrétion.
Et plus tard, quand les siècles historiques commencent, pour une ou deux races heureuses qui courent d’elles-mêmes dans la carrière de la civilisation, combien d’autres en voit-on, qui ne demandent qu’à demeurer immobiles et à croupir !
La capitulation si aisée de Strasbourg avait mis en gaieté Louis XIV ; lui, si grave dans l’habitude, il lui échappa de faire une plaisanterie sur son heureux ministre qui, cette fois, avait tout conclu sans lui et n’avait pas eu besoin de sa présence.
La double opinion de ceux qui préfèrent ouvertement Corneille à Racine et de ceux qui, au contraire, préfèrent incomparablement Racine à Corneille, ou encore le suffrage impartial et équitable des arbitres entre ces deux illustres rivaux, ont été exprimés d’une façon heureuse et sans réplique par ces plumes fines et d’une qualité rare, Saint-Évremond, Fontenelle, Fénelon, Vauvenargues, La Bruyère, Voltaire, même La Harpe ; nous nous tourmentons fort pour dire autrement ; nous ne dirons jamais mieux ni aussi bien.
On n’y réussit d’abord qu’incomplétement, et l’on pourrait citer plus d’une exception heureuse, plus d’un élève distingué qui, par son tour et son ressort d’esprit déjoua le régime mortifiant de ces froides années, — l’israélite Bréal, l’ingénieux mythologue de l’école de Renan ; le protestant George Perrot, savant archéologue et voyageur ; le spirituel voltairien Goumy, et bien d’autres encore. — (Voir à l’Appendice, à la fin du volume, une lettre d’un ancien élève sur l’École normale de ce temps ; j’aime à noter et à recueillir ces témoignages directs.)
Les tourments que lui causa cette guerre de 1778, et les inquiétudes qui se prolongèrent plus d’une année, durent hâter sa fin, La dernière lettre de Marie-Thérèse à sa fille est du 3 novembre 1780 : elle mourait le 29 du même mois, à l’âge de soixante-trois ans, heureuse de n’avoir pas plus longtemps vécu67.
Je relève dans ce Mémoire un heureux coup de crayon donné en passant, et qui caractérise en beau M. de Choiseul : « M. le duc de Choiseul, un des hommes de notre siècle qui a eu le plus d’avenir dans l’esprit ; qui déjà, en 1769, prévoyait la séparation de l’Amérique d’avec l’Angleterre et craignait le partage de la Pologne, cherchait dès cette époque à préparer par des négociations la cession de l’Égypte à la France, pour se trouver prêt à remplacer, par les mêmes productions et par un commerce plus étendu, les colonies américaines le jour où elles nous échapperaient… » Voilà un éloge relevé par un joli mot : un joli mot, en France, a toujours chance de l’emporter sur un jugement.
Le ralentissement de ceux-ci, l’échouement de ceux-là, la difficulté des vents pour les heureux même, les ont à peu près tous jetés en vue des mêmes rivages : ce n’est plus certes le navire Argo qui peut voguer d’une proue magique à la conquête de la toison d’or ; mais de toutes ces nefs restantes, de tous ces débris d’espérances littéraires et de naufrages, n’y aurait-il donc pas à refaire encore une noble escadre, un grand radeau ?
Ses manuscrits présentent beaucoup de ratures et de changements ; les mêmes morceaux y sont recopiés plusieurs fois, et souvent avec des corrections heureuses.
. — Un enfant a vu sa mère mettre pour une soirée une robe blanche ; il a retenu ce mot, et désormais, sitôt qu’une femme est en toilette, que sa robe soit rose ou bleue, il lui dit de sa voix chantante, étonnée, heureuse : « Tu as mis ta robe blanche ?
Si Gil Blas a tant d’équilibre et de ressort, c’est qu’une fois l’aventure achevée, heureuse ou malheureuse, l’auteur a hâte de l’engager dans une autre.
Il fallait bien qu’il y eût chez Mallarmé, pour justifier son emprise, autre chose qu’un charme personnel et qu’une heureuse coïncidence.
Sa méthode expérimentale, très bonne quand elle s’applique aux simples phénomènes psychiques, ne nous paraît pas aussi heureuse ici, ou il s’agit moins des faits que d’un idéal, moins de ce qui est que de ce qui doit être.
Sa manière est large, facile, heureuse ; son talent comme son cœur a de l’effusion.
Après tout, nous remettre en présence de l’abbé de Chaulieu, c’est par cela seul nous procurer une heureuse et agréable rencontre.
Au départ de l’abbé pour Rome (1706), on remarqua beaucoup « que Mme la duchesse de Bourgogne lui souhaita un heureux voyage d’une tout autre façon qu’elle n’avait coutume de congédier ceux qui prenaient congé d’elle ».
La première page est heureuse ; elle débute par un mouvement vif, mais qui ne se soutient pas et qui tourne vite au commun, au faux sensible et au faux élégant.
Un jeune homme de dix-neuf ans, qui, passant par Florence, y aurait rencontré l’harmonieux poète, et aurait brûlé de l’interroger sur la réalité de ces tendres sentiments, si voilés de mysticité et de mélodie, peut nous donner quelque idée de ce qu’était Patru dans son pèlerinage auprès de d’Urfé : Lorsqu’en mon voyage d’Italie, raconte-t-il, je passai par le Piémont, je vis l’illustre d’Urfé, et je le vis avec tant de joie qu’encore aujourd’hui je ne puis penser sans plaisir à des heures si heureuses.
La dernière fois que je le vis, c’était en 1834 : après avoir touché quelques-uns des inconvénients croissants de sa situation, avoir exprimé son regret de ne pouvoir revenir aux grandes études d’histoire, il ajouta ces seuls mots : « Vous êtes bien heureux, vous !
Chez les Orientaux, à l’origine, quand la sagesse primitive s’y déguisait sous d’heureuses paraboles pour parler aux rois, elle pouvait avoir son élévation et sa grandeur ; mais, transplantée dans notre Occident et réduite à n’être qu’un récit tout court qui amène après lui son distique ou son quatrain moral, je n’y vois qu’une forme d’instruction véritablement à l’usage des enfants.
. — Enfin, vous êtes heureux ?
Il est vrai que Banville possédait une façon féerique et charmante de dire les choses, qui enlève de la rigueur à ses axiomes, surtout quand il les formule si nets et si courts ; quand il est certain d’avoir enclos une loi scientifique dans la brièveté d’un verset de décalogue, c’est le plus souvent un trait heureux qu’il nous a donné.
Ce bon goût dans les manières, cette fleur de la conversation, cette mesure en toutes choses, ce tact exquis des convenances, nous ne perdrons point tout cela tant que nous n’aurons pas renoncé à la société des femmes ; et il faut espérer que nous n’y renoncerons jamais, ou plutôt nous sommes dans cette heureuse nécessité.
Qu’il échoue ou qu’il réussisse, il a soulevé toute la science, et il a prouvé souvent plus de génie que le physicien le plus adroit et le plus heureux.
Bref, il était heureux, il était aimable ; il avait à Juilly sa petite maison au bout du jardin, et, lorsque le jeune Oratoire, quelque peu imbu des idées philosophiques du jour, sentait des velléités de révolte et de rupture, et les exprimait devant lui, il donnait de bons conseils, ou du moins des conseils de soumission, de prudence, tels qu’un Érasme et un Fontenelle dans le cloître les eussent aisément trouvés. […] Combien de fois, causant avec lui sur les conditions d’une existence heureuse, studieuse, socialement agréable et sérieuse à la fois, agitant en sa présence les diverses époques où l’on aurait aimé à vivre, il m’exprima son choix sans hésiter ! […] Daunou consigne dans ce dernier mot ce vœu le plus cher d’une vie philosophique heureuse et non périlleuse, qui lui échappait souvent : c’était son idéal à lui.
Elle est surtout heureuse quand elle peut saisir tout entière la chose qu’elle examine, la comprendre, la faire sienne pour ainsi dire. […] Qui donc pratiquant le bien, n’est pas heureux de voir les autres le pratiquer comme lui ? […] La nécessité de l’adaptation au milieu suscite dans l’organisme de l’être d’heureuses modifications qui le perfectionnent. […] Le beau est l’état normal de l’art : le joli en est un caprice ; le sublime, un heureux accident. […] Ce n’était d’abord qu’une habitude heureuse, donnant à l’animal qui en était doué une supériorité sur ses semblables.
On lui souhaitait de vivre heureuse sous la terre. […] Toute l’antiquité a été persuadée que sans la sépulture l’âme était misérable, et que par la sépulture elle devenait à jamais heureuse. […] On croit à une seconde vie dans le tombeau, vie heureuse et calme, si les repas funèbres sont régulièrement offerts. […] Les dispositions les plus habiles, les circonstances les plus heureuses ne servent de rien, si les dieux ne permettent pas le combat. […] Il ne serait pas vrai de dire que le premier qui y fut roi fut un soldat heureux.
J’avais lu Carl Sand, qui m’avait paru un livre remarquable, et je fus heureux d’en voir l’auteur. […] Mme Valmore, qu’un voyage à Paris m’a rendu assez heureux pour y rencontrer, appartenait anciennement au théâtre ; mais, ce qui est surprenant, à mon avis, c’est qu’elle y était fort médiocre. […] Bohain ayant quitté ses fonctions publiques, se voua aux entreprises de librairie, et celle du Dictionnaire Général et Grammatical, fut une des plus heureuses. […] Mais une idée fort heureuse qu’a eue M.
Heureuse de m’échapper, je grimpais vite le petit escalier de bois, qui montait de la cour dans la salle à manger. […] — Tu es bien heureuse, ajouta-t-elle, moi, je n’en ai pas du tout. […] J’avais cru d’abord qu’elles subissaient une pénitence, pour le rachat de quelque faute très grave, et j’eus beaucoup de peine à comprendre, et même je ne compris pas du tout, comment elles y étaient de leur plein gré, pour toute leur vie, et heureuses d’y être. […] Je ne tarissais pas de questions sur cette fontaine ; sur ces deux personnages si jolis, qui avaient l’air si altérés et si heureux. « Est-ce que Vaucluse était loin de chez la tante Mion ? […] Quel contraste avec la sœur Sainte-Barbe, rayonnante de santé et de joie, sous son voile noir, et qui ne manquait jamais de me crier, quand je la rencontrais : — Tu vois, comme je suis heureuse !
il en serait trop heureux ; il veut dire simplement que la capacité générale d’aimer, qui est la sympathie, devient de l’égoïsme à deux, quand elle se détermine à un sujet particulier : l’observation n’est pas très neuve. » Le mot de Baudelaire, lié à toute une sensibilité d’artiste, et la glose pédantesque du critique, se ressemblent tout juste comme un violon et une boîte à violon. […] Enfin je ne sais quelle verve heureuse, quel emportement bien inspiré font de ce tableau justement ce qu’il fallait qu’il devînt, un tableau de mort triviale et d’apothéose. » Tous les éléments d’intérêt du tableau sont admirablement discernés, analysés, mis côte à côte. […] Mais après ces deux œuvres parallèles de l’absence, dans cet accord entre Madeleine rêvée par Dominique et Madeleine transformée loin de lui, l’amour solitaire et secret de l’adolescent entre dans sa phase heureuse et lyrique. […] Qu’on lise l’admirable morceau mystique du 2 janvier 1880, cette effusion de bien-être négatif où le contemplateur existe purement à l’état de conscience nue, « heureux, d’accord, sans agitation, sans tension quelconque. […] Il se plaint de sa condition, tout comme Napoléon a pu se plaindre de la sienne, parce que toute vie humaine est partielle, implique un sacrifice et une exclusion, et que la chemise de l’homme heureux n’existe pas.
Natalis de Wailly eut l’heureuse idée, en 1865, de donner l’Histoire de saint Louis de Joinville dans un texte rapproché du français moderne et mis à la portée de tous : et il fit cette sorte de traduction avec une précision scrupuleuse, en homme qui ne se contente pas d’à-peu-près et qui sait à fond la vieille langue.
Il eut de tout temps de ces mots et des plus heureux, comme lorsque plus tard un candidat à l’Académie lui donnant à entendre qu’il était malade, infirme, et qu’il n’occuperait le fauteuil que peu de temps, Duclos repartit : « L’Académie n’est pas faite pour donner l’extrême-onction. » Mais d’autres fois il manquait son effet et n’arrivait qu’à la crudité, lorsqu’il disait, par exemple, des drames larmoyants, alors à la mode : « Je n’aime pas ces pièces qui font tant pleurer : ça tord la peau. » On n’a ici que la rudesse de la secousse et le choc sans l’aiguillon.
viens, vole à mon secours, M’écriai-je dans ma souffrance ; Prends pitié de mes derniers jours… Et il définissait cette dernière sorte d’amours qui lui étaient venus en aide, et qui étaient les moins célestes de tous, les plus libertins, si ce n’est les plus vulgaires : Heureux si de mes ans je puis finir le cours Avec ces folâtres Amours !
On serait animé par une idée bien flatteuse et par un puissant mobile, par la pensée qu’on l’instruit, lui aussi, qu’on lui fait faire un pas de plus dans la connaissance de lui-même et de la place qu’il tient dans la renommée ; on jouirait de sentir qu’on lui développe un côté de sa gloire, qu’on lui lève un voile qui lui en cachait quelque portion, qu’on lui explique mieux qu’il ne le savait son action sur les hommes, en quoi elle a été utile et salutaire, et croissante ; on oserait ajouter en quoi aussi elle a été moins heureuse et parfois funeste.
Nouer un commerce intime et de tête-à-tête avec les plus grands hommes d’un grand siècle ; tenir entre ses mains les lettres originales de Louis XIV, de Louvois, de Turenne, de Condé, de Vauban, de Luxembourg et de tant d’autres, dont l’écriture semble encore fraîche, comme si elle était tracée d’hier ; démêler sans peine tous les secrets de la politique et de la guerre ; assister à la conception et à l’éclosion des événements ; surprendre l’histoire, pour ainsi dire, à l’état natif, quelle plus heureuse fortune et quelle plus grande joie !
C’était dans cette guerre de 1667, entreprise contre l’Espagne pour soutenir les droits de la reine sur les Pays-bas espagnols, et qui fut marquée par une suite ininterrompue de succès et de sièges heureux : « Je ne trouvai dans mon chemin, dit-il, que mes bons, fidèles et anciens amis les Hollandais, qui, au lieu de s’intéresser à ma fortune comme à la base de leur État, voulurent m’imposer des lois et m’obliger à faire la paix, et osèrent même user de menaces en cas que je refusasse d’accepter leur médiation.
Lorsqu’il ne s’agit pas d’étudier pour gagner sa vie, et si l’étudiant est assez heureux pour que le Ciel lui ait donné des parents qui lui assurent du pain, je serais volontiers d’avis qu’on le laissât suivre la science pour laquelle il se sentirait le plus d’inclination ; et bien que celle de la poésie soit moins utile qu’agréable, du moins elle n’est pas de ces sciences qui déshonorent ceux qui les cultivent La poésie, seigneur hidalgo, est, à mon avis, comme une jeune fille d’un âge tendre et d’une beauté parfaite, que prennent soin de parer et d’enrichir plusieurs autres jeunes filles, qui sont toutes les autres sciences ; car elle doit se servir de toutes, et toutes doivent se rehausser par elle.
Mais les preuves manquaient : elles sortent aujourd’hui, elles se produisent ; et c’est ici véritablement un trait essentiel, caractéristique, qu’on est heureux de ressaisir et de voir se dessiner avec éclat.
Plus heureux dans les camps, l’on nous croit : leur entrée Aux plaintes des proscrits n’a point été livrée… Ainsi ces Girondins, qui osaient combattre les Jacobins et mourir, n’osaient sortir de la phraséologie fade et plate en poésie.
Heureuses les sociétés qui ne sont égayées que par des incidents de cette innocence !
La reine le lui rappela, et pour lors il reprit avec esprit : « Messieurs, vous êtes bien plus heureux que si je « ne m’étais pas trompé. » Ce fut beaucoup de cris de : Vive le Roi !
Il avait eu dans cette campagne un de ces mots heureux et bien français qui courent et qu’ensuite tout Paris répète.
Les esprits dont la qualité principale est le bon sens ont cela d’heureux ou de malheureux, mais d’irrésistible, que lorsqu’ils sont en présence d’actes ou de projets démesurés, imprudents, déraisonnables, rien n’y fait, ni affection ni intérêt ; un peu plus tôt, un peu plus tard, ils ne peuvent s’empêcher de désapprouver.
Ourika rapportée du Sénégal, comme Mlle Aïssé l’avait été de Constantinople, reçoit, comme en son temps cette jeune Circassienne, une éducation accomplie ; mais, moins heureuse qu’elle, elle n’a pas la blancheur.
À propos des droits féodaux dont le livre de Boncerf demandait l’abolition, l’avocat général Séguier disait en 1775 : « Nos rois ont déclaré eux-mêmes qu’ils sont dans l’heureuse impuissance de porter atteinte à la propriété. » 31.
Ni les uns ni les autres ne sont proprement des « caractères » : ils représentent des « moments » de la vie, ces moments de jeunesse heureuse, épanouie, belle de sa plénitude et du sentiment qu’elle en a.
Plus heureuse est l’épopée symbolique du Bonheur : ni les sens, ni la pensée, ni la science ne donnent le bonheur ; il est uniquement, absolument dans le sacrifice.
. — L’intégration ainsi entendue rend-elle les individus plus libres et plus heureux ?
Les hommes alors vivront heureux ; la terre sera comme une plaine ; il n’y aura qu’une langue, une loi et un gouvernement pour tous les hommes.
Tu ne jouis pas de la pensée : tu jouis un peu de l’espoir et du désir de la pensée ; tu es heureux surtout de voir que nous croyons à tes bonnes fortunes.
En 1826, il sut choisir comme matière d’histoire un sujet qui était alors le plus heureux par les analogies avec notre situation politique, et qui s’appropriait, de plus, à son talent par toutes les sortes de convenances : il entreprit l’Histoire de la révolution d’Angleterre.
Elle m’avait fait promettre d’en prendre soin la dernière fois que je la vis ; ce que je ferai très religieusement, et je rendrai la pauvre bête aussi heureuse que possible. » Je n’ai pas voulu faire comme Buffon, et oublier le chien de l’aveugle.
Mais, dans son Cours de littérature, en reprenant une à une les pièces de Racine, La Harpe, développe d’heureuses ressources d’analyse, et il fait l’éducation de ses auditeurs.
Il dira de Cromwell, au moment où il se saisit du pouvoir, en chassant les indépendants : Il fut heureux pour l’Angleterre qu’un tel homme prît sur lui la responsabilité d’une violence inévitable, parce que l’ordre vint de l’usurpation au lieu de l’anarchie, et que l’ordre était nécessaire.
Avant 1815, on a un autre Courier, qui a devancé l’autre et qui l’explique, mais qui n’a rien encore de l’homme de parti ; soldat déjà trop peu discipliné sous la République, devenu incompatible et tout à fait récalcitrant sous l’Empire, mais curieux de l’étude, amateur du beau en tout ; un Grec, un Napolitain, un Italien des beaux temps, le moins Gaulois possible ; s’abandonnant tant qu’il peut à tous les caprices de sa libre vocation ; indépendant avec délices ; délicat et quinteux ; misanthrope et pourtant heureux ; jouissant des beautés de la nature, adorant les anciens, méprisant les hommes, ne croyant surtout pas aux grands hommes, faisant son choix de très peu d’amis.
Montaigne relève ce propos et se demande à quoi pouvait servir, en un tel moment, cette idée de protection et de faveur divine : « Ce n’est pas par cette preuve seulement, ajoute-t-il, qu’on pourrait vérifier que les femmes ne sont guère propres à traiter les matières de la théologie. » Aussi n’était-ce pas une théologienne que Marguerite : c’était une personne de piété réelle et de cœur, de science et d’humanité, et qui mêlait à une vie grave un heureux enjouement d’humeur, faisant de tout cela un ensemble très sincère et qui nous étonne un peu aujourd’hui.
Rien n’est comparable à l’état, à la fois stupide et heureux, que vous donne une journée de jardinage, à l’air vif et froid de ce premier mois de l’hiver.
Je suis trop heureux que mon meilleur ouvrage appartienne à un homme qui en connoisse le prix.
Nos peintres sont en cela bien plus heureux que nos poëtes.
Ces unions ne sont pas heureuses et finissent de façon fâcheuse ; aussi se contractent-elles généralement grâce à l’insincérité du prétendant qui dissimule sa véritable nature avant et même, dans la plupart des cas, après le mariage.
Avec nous, aurait-il été plus heureux ?
Pour nous, en effet, comme pour Saint-Simon, Louis XIV n’est qu’un despote heureux, une espèce de kalife d’Orient, en Occident.
ces institutions dans l’esprit dont l’absence fait qu’un despote de génie dans l’ordre de l’intelligence n’est, comme dans l’ordre politique, rien de plus qu’un accident heureux, il a de la pensée et il n’a point l’anarchie de faire de l’image, qu’il a aussi, autre chose que ce qu’elle est : — la servante de la pensée.
Le livre de Saint-Bonnet, que j’oserais critiquer dans l’architecture de sa composition s’il n’était pas bien moins un livre écrit pour le public que les Élévations solitaires d’un admirable penseur devant Dieu, ce livre de près de six cents pages étincelle de beautés de toute espèce, de rencontres heureuses, de détails charmants et de traits de génie, qui, comme des éclairs, vous entrouvrent un monde, où il n’y avait qu’un horizon !
Le comte de Maistre, qui avait senti l’angoisse de cela avec son maître, — comme Mirabeau avec le sien, — avec l’Empereur de Russie aurait-il été plus heureux ?
La centralisation contribue avec d’autres conditions au triomphe des idées égalitaires ; si, par un heureux concours, ces autres conditions se rencontrent, à un très haut degré, dans quelque société, quoi d’étonnant à ce que celle-ci, même peu centralisée, soit poussée pourtant dans le sens de la démocratie ?
L’indignation même que l’on éprouve contre le mensonge, est utile ; elle affermit dans l’heureuse habitude d’être libre, et dans le besoin d’être vrai.
À l’heure présente, sans avoir une aussi haute origine, les ouvrages de provenance orale peuvent être, sur la façon d’écrire, de la plus heureuse influence. […] L’homme n’a pas été mis en ce monde pour être heureux, mais pour être grand. […] Sans la réflexion qui sait distinguer, séparer, faire un choix, l’artiste est incapable de maîtriser le sujet qu’il veut mettre en œuvre ; il est ridicule de s’imaginer que le véritable artiste n’a pas conscience de ce qu’il fait. » Cette dernière phrase du penseur allemand nous prouve que ce n’est pas seulement en France que l’on a tenu l’imagination pour une faculté folle et livrée au caprice, et pensé qu’une espèce de hasard heureux est la source des productions de l’art. […] Si, plus heureux que moi, un voyageur ami a vu de ses yeux ce que j’ai rêvé, s’il revient d’Athènes, de Delphes et de Corinthe, il m’apparaît environné de tout le prestige des temps héroïques : depuis Ulysse, fils de Laërte, devisant des Cyclopes, des Lestrygonsd et de Circé à la table d’Alcinoüs, roi des Phéaciens, jamais navigateur ne fut écouté d’une oreille plus avide ; et, tandis que la vapeur du cigare s’élève entre nous comme celle des trépieds antiques, je me crois un moment contemporain d’Eschyle ou de Démosthènee, j’entends bourdonner les abeilles de l’Hymettef, ou frémir les chênes prophétiques de Dodone.
. — Un heureux lot que j’ai eu là ! […] Ils ont des étoffes de bonne laine pour tous leurs vêtements ; même ils ont quantité de couvertures dans leurs maisons, et de toutes les choses qu’on fait en laine ; ils sont riches en mobiliers, en instruments de culture, et en toutes les choses qui servent à mener une vie tranquille et heureuse, chacun selon son état. » Tout cela vient de la constitution du pays, et de la distribution de la terre. […] On n’y peut point vivre nonchalamment étendu sous la belle lumière, dans l’air tiède et clair, les yeux occupés par les nobles formes et l’heureuse sérénité du paysage.
Il eut une vie de famille, un intérieur probablement heureux. […] Il l’écrit d’ailleurs pour préparer une exception et s’occuper — de façon peu heureuse — d’une question pratique, vérifier cette parole quand il croit y manquer. […] Donne, ô matière, L’oubli de l’Idéal cruel et du péché, A ce martyr qui vient partager la litière Où le bétail heureux des hommes est couché. […] Et ainsi la Dernière Mode s’ingéniait à ce que, de la maison à la toilette, de la toilette aux bijoux, des bijoux au livre feuilleté que leur or passager allumait, Comme sous un corps heureux et frais, circulât un même sang, de beauté, un souci perspicace de les harmoniser. […] ne valent pas ce regard qui sort de sa chair heureuse ».
Prenons-le pour ce qu’il fut vraiment, un descendant de petits bourgeois du Midi, chez qui, depuis des générations, la vie fut modeste, mais douce, agréable, heureuse, même dans une demi-pauvreté. […] Notez qu’il est, je crois, d’origine catholique, mais il y a chez lui une tradition protestante, et qui pourrait s’exprimer ainsi : l’homme et la femme sont toujours sous le poids de la condamnation qui les chassa du paradis terrestre ; ils ne sont pas faits, sur cette terre, pour être heureux. […] Heureuse science : c’est à elle que nous devons ce chef-d’œuvre, Crainquebille, où l’agent de police, modeste représentant de la force publique, parle aussi juste, avec une philosophie aussi profonde, que, de ses misères, le pauvre bougre auquel il dresse contravention. […] Il semblerait que le choix de Proust n’ait pas été beaucoup plus heureux. […] Et quand Jérôme reverra la sœur, Juliette, mariée, mère de quatre enfants, en apparence heureuse, celle-ci fondra en larmes.
Il naquit en février 1609, sur la paroisse Saint-Méry, de parents bourgeois, qui, voyant ses heureuses dispositions, le mirent de bonne heure aux études. […] Les amateurs de tableaux en mettent toujours dans leur cabinet ; il faut qu’un connaisseur en livres en mette dans sa bibliothèque. » Nulle part ce que j’appellerai l’idéal du vieux livre renfrogné, l’idéal du bouquin, n’a été mieux exprimé qu’en cette page heureuse ; mais M.
Son goût pour la flûte lui procura un apprenti et l’occasion d’un heureux mariage. […] Puisque le ciel m’en impose la loi, Je serai ta compagne encore ; Oui, des jours plus heureux vont se lever, je croi, Et déjà j’en ai vu l’aurore.
» Le choix fut heureux au Petit-Bayreuth : Madame Hellman, qui si elle n’était une femme du monde, serait bien aujourd’hui l’une de nos premières chanteuses dramatiques, M. […] Nous les croyons heureux.
« Heureux ceux, dit Homère, qui sont nés de race libre. » La race libre, avant le temps meilleur où tous furent libres, c’était nous. […] On reconnaît aisément la postérité d’un homme à qui les dieux ont filé d’heureuses destinées à deux choses : au jour de leur naissance et au jour de leur mariage. » — « Remarquez, dit mon père, combien, dès ces temps reculés, être né d’une famille honnête passait pour une bonne fortune de la vie.
Au début de la vie et dans sa première fermentation intellectuelle, il avait aspiré à l’honneur, dangereux souvent, mais qui séduit les esprits doués d’audace, d’être un penseur et un découvreur en histoire, c’est-à-dire d’y chercher, en remuant et retournant les faits, la justification d’idées préconçues, d’à priori plus ou moins heureux. […] il est bien heureux !
Croce identifie l’intuition avec l’expression, je suis heureux de le voir si pleinement d’accord avec un vieux critique qu’ailleurs il ne ménage guère ; c’est Boileau, qui a dit : Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. […] Tu tires, sans toucher ; tu imagines, sans créer ; tu parles, sans convaincre ; et je devrais m’excuser d’être plus heureux que toi !
Réservons-le donc pour ce second rôle mieux abrité et plus pacifique où, borné à l’exécution diplomatique et à la représentation, il retrouvera l’emploi et tout le développement de ses qualités heureuses et de sa courtoisie utile.
Dans les conversations qu’il a avec Henri, il cite également son prophète et son auteur : Sire, dit-il au roi de Navarre à Meudon, au moment où l’on apprend que Henri III vient d’être assassiné à Saint-Cloud, j’espère que Votre Majesté sera un jour paisible et bien heureuse, mais ce ne sera pas sans beaucoup travailler et sans courir de grands hasards.
Heureux dès sa jeunesse, ayant reçu du ciel la fortune, la bonne mine, le désir de plaire et l’art de jouir, il vécut de bonne heure dans le meilleur monde ; il respira, sur la fin du règne de Louis XIV, cet air civilisé le plus doux et le plus tempéré pour lequel il était fait ; il continua sa carrière fort avant dans le xviiie siècle sans en partager les licences ni les ardeurs, fut l’ami intime et le familier de tous les gens en place, le patron ou l’amphitryon des gens de lettres, parmi lesquels il prit un rang distingué que chacun s’empressa de lui offrir.
Ce mariage, qui paraît avoir été assez heureux, fut de courte durée, et la laissa veuve à vingt-six ans (1744) avec un fils unique ; une fille qu’elle avait eue était morte peu après sa naissance.
Il aurait bien voulu pour récompense l’épée de connétable, cette épée de du Guesclin, trop profanée par de Luynes, enterrée avec Lesdiguières, refusée à Turenne lui-même, et que lui, Villars, poursuivit toujours ; il aurait désiré du moins (car il ne faisait pas fi des pis-aller) être nommé chef du conseil des finances, cette charge étant venue à vaquer en ce temps-là ; mais elle fut donnée au maréchal de Villeroy. « Pour moi, madame, écrivait-il à ce propos à Mme de Maintenon, je me trouve toujours trop heureux quand je songe qu’ayant le bonheur d’approcher le plus grand et le meilleur maître du monde, je ne lui rappelle pas de fâcheuses idées ; qu’il peut penser : Celui-là m’a plusieurs fois mis en péril, et cet autre m’en a tiré.
En lui envoyant copie de la Lettre latine de Bossuet au pape Innocent XI sur l’éducation du dauphin, il dit : « Je le fais bien valoir à cet abbé par la lettre que je lui écris, parce qu’avec de pareilles gens si méprisants il faut faire le gascon… Nous verrons comment notre abbé le recevra ; je veux qu’il sente le besoin qu’il a de moi. » — D’ailleurs il est heureux à sa manière, il s’arrange et s’acoquine à Meaux ; il achète une maison, grande affaire ; il se cache pour cela sous le nom du chanoine Blouin ; dès qu’on le sait, les anciennes jalousies contre lui se réveillent.
Demander à l’Assemblée, par une motion spéciale, le rappel à Paris d’un écrivain célèbre, frappé d’un arrêt injuste sous le précédent régime, était chose toute simple et jouable, de la part surtout d’un ami de quinze ans ; mais voir là une occasion de faire la leçon à l’Assemblée, présenter, ériger tout d’un coup un pareil homme en censeur de la Révolution, lui l’écrivain en nom et l’endosseur avoué de tant de tirades révolutionnaires, ce n’était pas une idée heureuse ni un à-propos.
Que je suis heureux de pouvoir être si franc en étant si poli !
Son existence heureuse n’avait duré qu’un éclair, alors, dit-elle avec souffle, Alors que dans l’orgueil des amantes aimées Je confiais mon âme aux cordes animées.
Mais ceci n’est qu’un aspect immédiat, et il suffirait de deux ou trois de ces nobles esprits qui sont toujours une exception, et qui peuvent toujours sortir de la grande loterie providentielle, pour donner à la conjecture d’heureux démentis.
De ces premières saisons de Bertrand, en ce qu’elles avaient de suave, de franc malgré tout et d’heureux, rien ne saurait nous laisser une meilleure idée qu’une page toute naturelle, qu’il a retranchée ensuite de son volume de choix, précisément comme trop naturelle et trop prolongée sans doute, car il aimait à réfléchir à l’infini ses impressions et à les concentrer, pour ainsi dire, sous le cristal de l’art.
Sais-je ce que je ferais si d’aventure je découvrais qu’au temps où j’étais enfant un fort galant homme a fait tuer mon père étant donné que le meurtier, aimé de ma mère et follement épris d’elle, l’a épousée et rendue parfaitement heureuse, et qu’il va du reste mourir sous peu d’une maladie de foie ?
Les yeux toujours à demi clos, il ruminait confusément l’affranchissement des nationalités, l’établissement d’une démocratie un peu socialiste et pourtant césarienne et, par là, l’achèvement historique de la Révolution française : grands desseins dont les moyens d’exécution se précisaient mal dans son imagination de doux fataliste qui, ébloui par un destin prodigieux dont il était l’heureux jouet et dont il se croyait le héros, comptait indolemment sur la vertu de son étoile.
Elle est commune, je crois, à tous ceux pour qui l’idée ne surgit pas avec sa forme visible, à ceux qui se préoccupent du sentiment humain avant qu’ils ne l’expriment et qui écriraient alors des allégories s’ils le voulaient traduire objectivement par une métaphore ; mais elle produit, chez d’autres, des effets moins heureux.
» — Un vœu touchant sur ces bouches de vierges, est celui qu’Artémis, la chasseresse, patronne des couches heureuses, « visite les épouses, au jour de l’enfantement ». — La gloire poétique n’est même pas oubliée dans ces sorts propices jetés sur Argos ; les Danaïdes lui promettent le sourire des Muses et le chant des lyres : — « Que les chanteuses divines accordent ici leurs voix, et que le son de la cithare se mêle harmonieusement au son de leurs bouches sacrées !
Ton père, un jour, rentra plus froid qu’à l’ordinaire, Et, d’un air singulier, regardant mes habits : « Prends donc plus soin de toi, me dit-il : tu vieillis. » Il venait d’entrevoir riche, heureuse et soignée, La femme qu’autrefois il avait dédaignée !
» Je crois sentir, en un mot, dans ce style si régulier, si ferme, si admirable aux pages heureuses, un fond de prononciation âcre et forte, qui prend au gosier, un reste d’accent de province.
Heureux temps !
Son capitaine Maupertuis, son ami Coëtquen, sont touchés en quelques traits heureux, et, en la personne de Maupertuis, il commence déjà à critiquer et à démolir la noblesse de ceux dont il parle, ce qu’il fera ensuite continuellement.
Se reportant aux âges antérieurs et à l’esprit de ce qui subsistait alors, il définit en termes singulièrement heureux l’antique et vague Constitution de la France, ce qu’il appelle le mystère de l’État : Chaque monarchie a le sien ; celui de la France consiste dans cette espèce de silence religieux et sacré dans lequel on ensevelit, en obéissant presque toujours aveuglément aux rois, le droit que l’on ne veut croire avoir de s’en dispenser que dans les occasions où il ne serait pas même de leur service de leur plaire.
Une certaine justesse et une certaine hardiesse d’esprit : n’admirez-vous pas le choix excellent et la rencontre heureuse de ces paroles, et quelle grande et noble manière il porte naturellement dans ces choses simples ?
Il le citera toujours ensuite comme un exemple de ces généraux plus heureux qu’habiles, et qui ont eu pour eux la fortune sans la mériter.
Il les lut ; il lut surtout les Vies de Plutarque, qui, par un heureux hasard, s’y étaient mêlées.
Il connaissait à fond cette âme malade, jointe à un si prestigieux talent ; il redressait à chaque instant les fausses vues indulgentes où retombait sa gracieuse et trop prompte amie : « Je suis persuadée, disait de Rousseau Mme d’Épinay, qu’il n’y a que façon de prendre cet homme pour le rendre heureux : c’est de feindre de ne pas prendre garde à lui, et de s’en occuper sans cesse. » Grimm se mettait à rire et lui disait : « Que vous connaissez mal votre Rousseau !
« J’aimerais mieux, dit-il quelque part, avoir dit une chose sublime dans ma vie que d’avoir imprimé douze volumes de petites choses. » Les choses dont a parlé Fontenelle ne sont point petites ; mais, malgré les qualités heureuses de clarté, de netteté et de précision qu’il y introduit, il y a mêlé aussi des petitesses.
Pour nous, une année de travail heureux est écoulée.
Ce que nous y aimons, c’est cette Christine si bonne, si douce, sensée, aimante, d’une si belle noblesse d’âme et toute simple ; c’est même cette brute de Lantier, qui, s’il ne mettait une grossièreté de manœuvre à clamer des théories ridicules, serait en somme un être bon, simple et fort, qui eût pu être un brave homme faisant des heureux autour de lui, s’il n’était allé se perdre dans une carrière où il est, malgré son intransigeance, un médiocre et un raté ; c’est Sandoz, d’une si belle fermeté, têtu, paisible et solide, ayant une idée en tête et la réalisant patiemment sans se tourner aux clameurs sur ses talons.
Admirateur des Grecs & des Romains, il en devint l’heureux interprête.
l’homme heureux enfin et vainqueur de la destinée, qui a mis la main sur son rêve et qui caresse sa chimère, qui maintenant n’est plus une chimère !