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2191. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

La femme de chambre (car ici Mme de Motteville l’est bien un peu) nous montre avec admiration et avec amour sa royale maîtresse depuis l’instant où elle s’éveille, depuis celui où elle se lève et où on lui présente la chemise, jusqu’à son souper et à son coucher : Après avoir mis son corps de jupe avec un peignoir, elle entendait la messe fort dévotement ; et, cette sainte action finie, elle venait à sa toilette. […] Voulant dire, par exemple, que les rois ne voient jamais le mal et le danger qu’à la dernière extrémité, et qu’on le leur déguise au travers de mille nuages : « La Vérité, dit-elle, que les poètes et les peintres représentent toute nue, est-toujours devant eux habillée de mille façons ; et jamais mondaine n’a si souvent changé de mode que celle-là en change quand elle va dans les palais des rois. » À propos du chapeau de cardinal qu’on avait promis depuis des années à l’abbé de La Rivière, favori de Monsieur, et que réclamait tout à coup le prince de Condé pour son frère le prince de Conti, elle dira que « la Discorde vint jeter une pomme vermeille dans le cabinet ». Montrant Mazarin, habile à tirer parti de l’excès même des accusations et des haines, à les neutraliser et à les tourner à son profit : Le cardinal Mazarin, dit-elle, avait fait des injures ce que Mithridate avait fait du poison, qui, au lieu de le tuer, vint enfin, par la coutume, à lui servir de nourriture. […] N’ayant pu suivre dans les premiers jours de 1649 la reine fugitive à Saint-Germain et l’ayant voulu rejoindre ensuite, elle fut arrêtée avec sa sœur à la porte Saint-Honoré par une populace furieuse, et elle dut se réfugier au pied du maître-autel à Saint-Roch, où il fallut que quelques-uns de ses amis, avertis au plus tôt, vinssent la délivrer.

2192. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Je passe, et j’en viens au ménage politique. […] Est-ce d’une galante manière de venir les appeler tout uniment des ânes et de s’écrier : « Ce qui me fâche le plus, c’est que je vois s’accomplir cette prédiction que me fit autrefois mon père : “Tu ne seras jamais rien”… Tu ne seras jamais rien, c’est-à-dire tu ne seras ni gendarme, ni rat de cave, ni espion, ni duc, ni laquais, ni académicien. » Deux ou trois savants hasardés sont restés marqués au front de ces flétrissures brûlantes de Courier, mais lui-même s’est trouvé marqué aussi et atteint pour avoir cédé si complaisamment à sa colère. […] Depuis ce jour, averti par le danger, il n’imprima plus en son nom, mais il laissait tomber dans la rue ses ouvrages manuscrits, que le premier venu ramassait, disait-il ; et ils s’imprimaient d’eux-mêmes. […] Dans sa Pétition pour des villageois, qui est une pièce des plus achevées, il se pose tout à fait en vieux soldat laboureur, devenu bûcheron et vigneron, ami de la vieille gloire nationale ; et, quand ce jeune curé d’Azay ou de Fondettes, sorti du séminaire de Tours où il a été élevé par un frère Picpus, interdit la danse sur la place de l’endroit, Courier s’écrie : Ainsi, l’horreur de ces jeunes gens pour le plus simple amusement, leur vient du triste Picpus, qui lui-même tient d’ailleurs sa morale farouche.

2193. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Une simple traduction des sensations de son en sensations de la vue ou du toucher : nous nous figurons voir ou sentir un mouvement de va et vient, comme l’onde visible de la mer ou la pulsation tangible du diapason. […] Mais l’intelligence en vient à se demander s’il n’y a pas de l’inconnu qui ne serait ni phénomène ni loi de phénomènes, et qui, à ce titre, serait inconnaissable en vertu de sa nature et de la nôtre. […] Enfin, comme ce qui ne dépend d’aucune condition est entièrement indépendant et ne peut exister que par soi-même, non par l’effet d’autre chose, on en vient à définir l’absolu l’être par soi. […] Le naturalisme matérialiste se figure un monde complet en soi indépendamment de tout élément d’ordre mental, de tout rudiment de conscience, de sentiment, de désir, une sorte d’univers qui existerait et se suffirait alors même que nulle part il n’arriverait à sentir, à penser, à vouloir ; mais alors, d’où viendrait cette pensée surajoutée au monde par surcroît, étrangère à sa nature essentielle et pourtant capable de surgir du sein des choses, de sentir et de comprendre l’insensible et inintelligent univers ?

2194. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Si donc l’art en venait à n’avoir plus d’autre fin que de charmer les yeux et les oreilles, il pourrait se réduire un jour à un système de règles techniques, à une question de savoir-faire, ou même de savoir pur et simple. […] Désormais nous serons soutenus par l’idée que le fidèle accomplissement de notre tâche ajoutera un nouveau maillon à la grande chaîne du savoir humain… (1er janvier 1883.) » — L’hiver passé : — « Adieu, San-Mayen (c’est le nom de l’île où l’expédition scientifique a hiverné)… Après nous il viendra d’autres hommes pourvus d’instruments meilleurs, comme nous sommes venus prendre la place des sept Hollandais qui, il y a deux cent cinquante ans, ont payé de leur vie leur tentative d’hivernage. […] Le charme des récits populaires vient peut-être de ce que les humbles nous y sont montrés simples et presque inconscients dans leur héroïsme ou dans leur dévouement, comme dans leur vie de chaque jour, spontanés en un mot, et sincères.

2195. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Chateaubriand, après autant d’années, Chateaubriand, génie de rêverie, de mélancolie et de silence, n’avait pas pardonné à Rivarol cette supériorité de conversation écrasante qu’il avait eu à subir quand il le rencontra dans sa jeunesse, et le vaniteux des Mémoires d’outre-tombe, le jaloux de Napoléon et de lord Byron, associa Rivarol aux deux seules jalousies de son âme, et le grandit par ses ressentiments… Quant à nous, venus longtemps après Rivarol, le piano de Liszt ou le violon de Paganini ont pu seuls nous donner la sensation de cette conversation inspirée qu’il exécutait, a dit Sainte-Beuve, à la manière d’un virtuose ; mais les idées, ces idées qu’exprime la parole et que n’exprime pas la musique, elles ne sont plus, et rien ne saurait les rappeler ! […] Elles venaient à lui dans le regard des hommes… Comme les lys qui ne filent point et qui ont leur blancheur, Rivarol ne travaillait jamais sa causerie comme Chamfort et comme Sheridan. […] Rivarol, à l’heure qu’il est venu, n’était ni le de Maistre, ni le Bonald qui allaient venir ; mais, précurseur de ces grands esprits, il devait balayer devant eux la place où ils allaient établir leurs doctrines chrétiennes.

2196. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

L’espèce d’insurrection épiscopale qui venait d’y lever la tête à propos de l’Enseignement trouvait sa raison d’être dans l’idée d’une réaction à laquelle on travaille en la proclamant bien haut, et la conversion de Hurter, comme l’Histoire de la Papauté, comme la Vie d’Innocent III 2, a été donnée comme une preuve de plus en faveur de ce retour vers les idées du Moyen Âge, vers ce catholicisme ultramontain accepté enfin, et après expérience, par la raison et la science du xixe  siècle. […] Voici les paroles que nous trouvons dans l’introduction dont Saint-Chéron a fait précéder sa traduction de l’Histoire d’Innocent III : « Recevons le beau tableau historique de Hurter comme un témoignage du bien immense qu’un souverain pontife a pu accomplir dans un siècle reculé, mais encore du bien que l’institution, reconnue comme nécessaire aux intérêts les plus élevés du genre humain, pourra faire dans les siècles à venir où il se rencontrera un Grégoire, un Innocent, au milieu des hommes ramenés par une pénible et douloureuse expérience, aux vrais principes sociaux. » Comme on le voit, s’il n’est guère possible d’être plus lourd, il n’est guère possible d’être plus clair. […] Parce qu’une opinion vient d’Allemagne, ce n’est pas une raison pour que nous ne lui demandions pas son droit à notre respect, ce droit qui n’est d’aucun pays. […] Quand la plus belle occasion de réaliser cette unité désirée et de fermer la grande plaie du schisme qui dévorait l’Église vint à se présenter, comment Innocent l’accueillit-il et l’envisagea-t-il ?

2197. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

ni son séjour à la cour de Russie quand Catherine II, affolée de philosophes, malgré son bon sens d’homme d’État, l’y fit venir, le roulant, ce bourgeois dépaysé, dans les mêmes flatteries et les mêmes fourrures que Voltaire, qui, du moins, savait les porter. […] Il faudrait, pour le remettre à flot, quelque homme de génie qui ne viendra pas. […] Pour lui, l’esthétique vient après la morale. […] Mais c’est ici que vient se placer l’expiation des mauvaises doctrines. […] Diderot, de son côté, occupé à Paris quand il y venait, se désoccupait aussi à la campagne, chez le baron d’Holbach, le Crésus philosophique du temps, chez qui on faisait journellement tronçon de chière lie, de polissonnerie et d’impiété.

2198. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Il eût été fort possible, par exemple, et l’on conçoit très-bien que Villemain, né en d’autres temps, et venu un peu plus tôt, n’eût jamais parlé, comme il l’a fait, de Shakspeare. […] Il est venu jeune à Paris, de Lyon je crois ; il s’appelait Genou.

2199. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Deux ordres de considérations se présentaient presque à la fois et venaient se combiner entre elles. […] Quant à la langue, à la philologie, les considérations se pressent, elles concourent au même point, elles viennent en quelque sorte aboutir au même lieu comme à un centre tout désigné de lumière et de perfectionnement.

2200. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

La génération surtout qui était venue trop tard pour participer à l’effervescence politique et s’embraser à l’illusion révolutionnaire évanouie vers 1824 ; cette génération étouffée, qui était au collège durant la plus belle ardeur de la Charbonnerie ; qui manquait la classe, le jour où l’on chassait Manuel, et qui, à son premier pas dans le monde, trouvant tout obstrué, allait se ronger dans la solitude ou se rétrécir dans les coteries ; cette génération cadette, dont Bories et ses compagnons furent les aînés, intelligente, ouverte, passionnée sans but, amoureuse indifféremment de Napoléon et de la République, de madame de Staël et de madame Roland, folle de René et des lettres de Mirabeau à Sophie, emportant sous le bras Diderot à la classe de rhétorique et Béranger à la classe de philosophie ; noble et chaleureuse jeunesse, qui se consuma trop longtemps dans des idées sans suite, dans des causeries sans résultat, dans d’interminables analyses ; dont les plus pressés s’affadirent si vite aux tièdes clartés des bougies, et s’énervèrent chaque soir dans l’embrasure de quelque fenêtre d’un salon doctrinaire ; cette génération-là surtout a souffert profondément, et a ressenti jusque dans la moelle de ses os la consomption de l’ennui et le mal rêveur. […] Sans doute vers la fin de sa carrière il en était venu à chérir ses amis et à reconnaître Dieu ; mais c’était chez lui amitié domestique et religion presque mystique ; c’était une tendresse de solitaire pour quelques êtres absents et un mouvement de piété monacale vers le Dieu intérieur.

2201. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

De là vient que la même idée peut être traduite par une infinité de phrases métaphoriques, dont chacune lui donnera une nuance particulière, et affectera différemment la sensibilité ou l’imagination. […] De là vient aussi que plus l’homme est passionné, plus il redouble les figures, moins l’expression propre et nue de l’idée lui suffit.

2202. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

La raison de ce « passer sous silence » vient-elle de ce que ce poète n’a pas, avant d’œuvrer, inscrit son dogmatique catéchisme en bons et dits statuts à l’usage des disciples fidèles et des assimilateurs habiles ? […] La Chanson de vieille mortalité — dit l’alliance par les automnes et par les soirs des doux messagers de vie, « passés, venus, puis disparus ».

2203. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Zola vous évoque, je pense, un ouvrier typographe condamné à « recomposer » sans fin le même livre dont il vient, toutes feuilles tirées, de « distribuer » les caractères, à le recomposer sans autre notable changement que sur la suscription de la couverture, et, conséquemment, vous déclarez fallacieuse et superflue cette puissance qui s’use à recommencer indéfiniment le même geste. […] À coup sûr, il est venu pour de mal avouables raisons ; mais en bonne équité, c’est à ceux qui le firent, non à celui qui en profita, qu’en va la responsabilité.

2204. (1890) L’avenir de la science « VII »

L’impression profondément triste que produit l’entrée dans une bibliothèque vient en grande partie de la pensée que les neuf dixièmes des livres qui sont là entassés ont porté à faux, et, soit par la faute de l’auteur, soit par celle des circonstances, n’ont eu et n’auront jamais aucune action directe sur la marche de l’humanité. […] D’où vient que l’on regarde comme une occupation sérieuse de lire Corneille, Goethe, Byron, et que l’on ne se permet de lire tel roman, tel drame moderne qu’à titre de passe-temps ?

2205. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

Magnan, d’un Pere Kéli, qui se mêloient de faire des Tragédies ; &, si la Tradition est vraie, la Piece, après avoir paru sur un Théatre de Collége, seroit venue se montrer sur celui de la Capitale, sans autre façon que de petits changemens, qui, dit-on, ne l’ont pas embellie. […] Après cela, que M. de la Harpe vienne se plaindre de l’Auteur des Trois Siecles !

2206. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre II. Bovarysme essentiel de l’être et de l’Humanité »

Par la vertu de cette illusion, les hommes ressemblent à des sujets hypnotisés qui, ayant reçu pendant leur sommeil une suggestion, créent pour l’accomplir, sitôt que l’heure est venue, les circonstances et le décor qui leur sont nécessaires, modifiant et travestissant s’il, le faut le monde extérieur, et suscitant aussi dans leur âme toute nue germination de motifs, afin d’enraciner l’acte dans les régions profondes de leur volonté, de lui imprimer le sceau de leur personnalité coutumière. […] À savoir qu’ils ne peuvent rien changer à la forme de leur volonté, aux modes de leur activité, à la fatalité de leurs passions, non plus qu’aux circonstances avec lesquelles leur personne doit en venir aux prises, la plupart des hommes seraient atteints de désespoir ou frappés de torpeur.

2207. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — La vision d’où est sorti ce livre (1857) »

*                                   Du côté de l’aurore, L’esprit de l’Orestie, avec un fauve bruit, Passait ; en même temps, du côté de la nuit, Noir génie effaré fuyant dans une éclipse, Formidable, venait l’immense Apocalypse ; Et leur double tonnerre à travers la vapeur, À ma droite, à ma gauche, approchait, et j’eus peur Comme si j’étais pris entre deux chars de l’ombre. […] * De l’empreinte profonde et grave qu’a laissée Ce chaos de la vie à ma sombre pensée, De cette vision du mouvant genre humain, Ce livre, où près d’hier on entrevoit demain, Est sorti, reflétant de poëme en poëme Toute cette clarté vertigineuse et blême ; Pendant que mon cerveau douloureux le couvait, La légende est parfois venue à mon chevet, Mystérieuse sœur de l’histoire sinistre ; Et toutes deux ont mis leur doigt sur ce registre.

2208. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Baile dit qu’à l’occasion de cette dispute, on en vint à convoquer l’arrière-ban de la république des lettres. […] Ayant sçu qu’il devoit venir dîner chez M. le président de Mesme, un jour qu’ils étoient également invités, ils profitent de cette occasion.

2209. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Il vint des plaintes de tous côtés. […] La plus grande difficulté qu’il y a, selon ce même écrivain, à posséder une langue morte, vient sur-tout de la propriété des termes.

2210. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Tout le monde sent qu’il y aurait un parfait ridicule à venir dire aux gens : Voilà un livre que je vous offre : vous pouvez le lire et non le juger. […] Jean Carrère s’écrie : « Peut-être que demain l’âme hellène, venue à nous par les flots qui baignent Marseille, réveillant au passage les mânes assoupis des vieux consuls d’Arles, et définitivement épanouie dans la maison blanche de Maillane, aux pieds du Parnasse resplendissant des Alpilles, va remplir de nouveau l’Europe rajeunie pour la plus grande joie du monde et le relèvement des nobles esprits » (Revue Encyclopédique, 31 juillet 1897).

2211. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Toutefois on aurait dû remarquer qu’il y a deux sortes de clartés : l’une tient à un ordre vulgaire d’idées (un lieu commun s’explique nettement) ; l’autre vient d’une admirable faculté de concevoir et d’exprimer clairement une pensée forte et composée. […] Les plus belles choses qu’un auteur puisse mettre dans un livre sont les sentiments qui lui viennent, par réminiscence, des premiers jours de sa jeunesse.

2212. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Voilà l’ordonnance générale, venons aux détails. […] Les deux servantes debout, au fond de la chambre, nonchalamment penchées l’une contre l’autre, semblent dire d’attitude et de visage : Quand est-ce que notre tour viendra ?

2213. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

la gloire manquée, venant tard, mais enfin venue, et non pas d’en bas d’où elle vient souvent, mais d’en haut, d’où elle devrait toujours descendre.

2214. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Madame Sand a fait le sien comme Feuillet ; seulement ce bruit, qui ne vient pas du mérite intrinsèque des œuvres, s’est promptement dissipé, et quoique nous ne soyons pas très loin du moment où il s’est produit, il semble qu’il y ait longtemps déjà qu’on ne l’entend plus ! […] Si vous ajoutez, en effet, aux livres que je viens d’énumérer, le livre de Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, le Victor Hugo chez lui par un passant… qui n’a pas assez vite passé !

2215. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

Les législateurs vinrent ensuite, et ils reçurent aussi des hommages ; car les lois étaient un besoin pour le faible. […] On les plaçait au centre des armées : « Viens nous voir combattre et mourir, et tu nous chanteras. » Et le guerrier qui tombait percé de coups, tournait ses regards mourants vers le poète qui était chargé de l’immortaliser.

2216. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

On se rappelle le mot d’un officier français qui, à la tête d’une compagnie de gardes, venait d’assister à la dédicace d’une des statues de Louis XIV ; en revenant, il passa avec sa troupe devant la statue de Henri IV : « Mes amis, dit-il, saluons celui-ci, il en vaut bien un autre, et en même temps il fit baisser les drapeaux jusqu’à terre. […] qui est descendu plus avant dans les profondeurs de la politique ; a mieux tiré de grands résultats des plus petits événements ; a mieux fait à chaque ligne, dans l’histoire d’un homme, l’histoire de l’esprit humain et de tous les siècles ; a mieux surpris la bassesse qui se cache et s’enveloppe ; a mieux démêlé tous les genres de crainte, tous les genres de courage, tous les secrets des passions, tous les motifs des discours, tous les contrastes entre les sentiments et les actions, tous les mouvements que l’âme se dissimule ; a mieux tracé le mélange bizarre des vertus et des vices, l’assemblage des qualités différentes et quelquefois contraires ; la férocité froide et sombre dans Tibère, la férocité ardente dans Caligula, la férocité imbécile dans Claude, la férocité sans frein comme sans honte dans Néron, la férocité hypocrite et timide dans Domitien, les crimes de la domination et ceux de l’esclavage, la fierté qui sert d’un côté pour commander de l’autre, la corruption tranquille et lente, et la corruption impétueuse et hardie, le caractère et l’esprit des révolutions, les vues opposées des chefs, l’instinct féroce et avide du soldat, l’instinct tumultueux et faible de la multitude, et dans Rome la stupidité d’un grand peuple à qui le vaincu, le vainqueur, sont également indifférents, et qui sans choix, sans regret, sans désir, assis aux spectacles, attend froidement qu’on lui annonce son maître ; prêt à battre des mains au hasard à celui qui viendra, et qu’il aurait foulé aux pieds si un autre eût vaincu ?

2217. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Toutes les fois qu’on vient à toucher cette tige de Jessé, comme ils l’appellent, il s’en exhale poésie et parfum. […] Venu immédiatement après ces deux grands peintres, Bernardin de Saint-Pierre sut être neuf et distinct à côté d’eux. […] Il marquait une sympathie presque fraternelle aux divers animaux ; il y a l’histoire d’un chat, laquelle plus tard, racontée par lui à Jean-Jacques, faisait fondre en larmes celui qui, d’après Pythagore, s’indignait que l’homme en fût venu à manger la chair des bêtes. […] Avec les gens simples et sans vanité, comme Mustel, comme le Genevois Duval, Taubenheim et Ducis, il était tel que ses ouvrages le montrent, tel que nous le voyons dans ses promenades au mont Valérien avec Rousseau, quand il reçut de lui, comme on l’a dit heureusement, le manteau d’Élie, tel enfin que l’aimait sa vieille bonne Marie Talbot ; mais il ne fallait qu’un certain vent venu du monde pour réveiller ses âcretés et ses humeurs. […] S’il n’a plus rencontré de sujet aussi admirablement venu que Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre a trouvé moyen encore, dans le Café de Surate, dans la Chaumière indienne, de déployer avec bonheur quelques-unes des qualités distinctives de son talent.

2218. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Le ressort et la direction venaient d’ailleurs ; la croyance et l’obéissance étaient des héritages ; un homme était chrétien et sujet parce qu’il était né chrétien et sujet  Autour de la philosophie naissante et de la raison qui entreprend son grand examen, il y a des lois observées, un pouvoir reconnu, une religion régnante ; dans cet édifice, toutes les pierres se tiennent, et chaque étage s’appuie sur le précédent. […] Un archevêque suzerain d’une demi-province, un chapitre propriétaire de douze mille serfs, un abbé de salon bien renté sur un monastère qu’il n’a jamais vu, un seigneur largement pensionné pour figurer dans les antichambres, un magistrat qui achète le droit de rendre la justice, un colonel qui sort du collège pour venir commander son régiment héréditaire, un négociant de Paris qui, ayant loué pour un an une maison de Franche-Comté, aliène par cela seul la propriété de ses biens et de sa personne, quels paradoxes vivants ! […] Voici que d’un autre côté le même cri s’élève ; c’est le bataillon de Rousseau et des socialistes qui, à son tour, vient donner l’assaut au régime établi. […] — L’essieu de sa chaise vient-il à se rompre, tout vole à son secours. — Fait-on du bruit à sa porte, il dit un mot et tout se tait. — La foule l’incommode-t-elle, il fait un signe et tout se range. — Un charretier se trouve-t-il sur son passage, ses gens sont prêts à l’assommer, et cinquante honnêtes piétons seraient plutôt écrasés qu’un faquin retardé dans son équipage. — Tous ces égards ne lui coûtent pas un sol ; ils sont le droit de l’homme riche, et non le prix de la richesse. — Que le tableau du pauvre est différent ! […] Il n’en fut jamais un meilleur, un plus tendre, un plus juste… Tous mes malheurs ne me viennent que de mes vertus. » — À Mme de la Tour. « Celui qui ne s’enthousiasme pas pour moi n’est pas digne de moi. » 412.

2219. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Comme extension vers l’Allemagne, comme assimilation de la Pologne, comme annexion des provinces danubiennes ou des provinces dalmates, serviennes, bulgares de la Turquie d’Europe, l’intérêt de la France libérale ne peut s’allier avec les usurpateurs de la Pologne, et avec un empire démesuré et toujours croissant, qui viendrait écraser l’Autriche, notre seul boulevard contre cette pression des successeurs de Souwarof sur l’Italie et sur nous-mêmes. […] Or ne venons-nous pas de vous démontrer que l’unité allemande, dans les mains de la Prusse, ce serait la coalition en permanence adossée à la Russie et inspirée par l’Angleterre contre nous ? […] XII Quant au gouvernement de l’empire ottoman sur ces multitudes fixes ou errantes, une ou deux batailles suffiraient sans doute pour le changer, en refoulant la race d’Othman d’où elle est venue, ou en l’exterminant sur place, comme Timour ou Gengis-Kan, ces exterminateurs de race. […] De là vient que l’Italie a beaucoup gémi, beaucoup maudit, beaucoup conspiré avant d’agir. […] Que la Toscane, pays le plus mûr pour la liberté, parce qu’il a été mûri par les institutions de Léopold Ier, s’affranchisse d’une dynastie qu’elle aime, mais qu’elle suspecte, et se donne les lois de son ancienne république, nous devons regarder avec respect cette résolution spontanée de Florence, et empêcher qu’une intervention autrichienne ne vienne contester ce mouvement de vie dans une terre toujours vivante.

2220. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Peu de temps avant la mort d’Alfieri, Fabre vint habiter comme maître de maison le palais de la comtesse. […] Une admirable actrice italienne, rivale plus débordante de feu que Mlle Rachel, Mme Ristori, est venue à Paris et à Londres représenter devant le pays de Racine et de Shakespeare quelques scènes de ces tragédies toscanes d’Alfieri. […] D’où viennent ces alarmes ? […] Dieu sait ce qui viendra ensuite, si ce sera le partage de la France, ou la guerre civile, ou le despotisme, ou l’anarchie, ou enfin la paix et la liberté, que les proclamations du jour feraient espérer. […] Fabre, après avoir accompli tout ce qu’il devait à son amie et à la ville de Florence, obtint du prince l’autorisation de se retirer, avec tous ses trésors d’art et de littérature, dans la patrie de son enfance ; il vint mourir à Montpellier, se faisant de sa ville natale une famille, et léguant son nom au musée qu’il y forma, en sanctifiant ainsi sa bonne fortune.

2221. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Or, dans tous ces pays, qu’on ne l’oublie pas, explorateurs et commerçants sont entrés les premiers ; soldats, marins, et à plus forte raison écrivains et artistes ne sont venus qu’à la suite de ces précurseurs. […] si à l’heure qu’il est, nous voyions arriver un chevalier armé de pied en cap, portant écu, haubert et gorgerin, et qui viendrait tranquillement lancer des javelots contre des batteries de canons. […] quand donc viendra-t-il, ce jour que je rêvais, Tardif réparateur de tant de jour mauvais, Ce niveau qui, selon les écrivains prophètes, Léger et caressant, passera sur les têtes ? […] Mais à leur tour ces œuvres militantes apportent des plans d’organisation, des idées directrices, des conceptions neuves de la vie ; elles contiennent en germe les lois à venir, la société de demain. […] Ce tout-puissant personnage vient-il à changer d’avis, à faire volte-face ?

2222. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

D’un autre côté, nos idées, ainsi que nous l’avons dit, nous viennent à la vue de faits qui ont été préalablement observés et que nous interprétons ensuite. […] L’idée, qui nous vient à la vue d’un phénomène, est dite a priori. […] Il suffit, pour se convaincre de ce que j’avance, d’ouvrir le premier venu des traités de pathologie. […] On le voit, la médecine expérimentale n’exclut pas la médecine clinique d’observation ; au contraire, elle ne vient qu’après elle. […] Cette observation d’acidité de l’urine chez les lapins me fit venir la pensée que ces animaux devaient être dans la condition alimentaire des carnivores.

2223. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Certes, il n’en fût pas venu là, si quelque bonne classification eût marqué les différences et les limites des genres. […] Combien d’objets variés viennent s’y fondre avec éclat ! […] Détrompez-vous : le paladin vient se reposer de ses courses chez un pâtre. […] Le cyclope à qui le héros vient d’arracher le seul œil qui l’éclairé, appelle à grands cris les autres cyclopes de l’île. […] Bientôt viendra l’heure où les deux partis seront confondus chez les morts.

2224. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

. — Un temps vient ensuite où la scolarité enterre un auteur. […] D’où lui vient ce souvenir ? […] Si savoir c’est se souvenir, l’âme existait donc avant, bien avant ce corps qu’elle est venue animer. […] Le sens du beau vient aux hommes, au moins en très grande partie, par l’amour. […] D’où vient cela ?

2225. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

mon bon, viens-tu ?  […] Le romancier eût été pourtant mal venu à se plaindre de l’indifférence publique, et à y trouver un prétexte de découragement. […] Les articles de journaux ou de revues se multiplièrent ; de toutes parts, les félicitations vinrent saluer celui que l’on qualifiait déjà de continuateur de Balzac. […] Sinon, le lecteur, avec un peu d’habitude, les connaît rapidement et les voit venir au bout des vers avant qu’il ne les ait lus. […] Dernier venu des romantiques, ainsi que l’a remarqué M. 

2226. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Ce petit Breton possède un grand fond de sagesse, qui lui vient d’une hérédité gasconne. […] Le ciel métaphysique, dont nous venons d’entrevoir les hypothétiques splendeurs, n’est ouvert qu’à un petit nombre d’élus. […] C’est là son malheur, c’est de là que vient le malentendu qui lui a aliéné une notable partie de la génération actuelle. […] Mais une fois le premier étonnement passé, il importe d’examiner si l’original qui vient d’attirer notre attention n’aurait peut-être pas raison. […] Albert Bataille, sont l’œuvre d’un homme rompu aux idées que nous venons d’analyser.

2227. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Outre qu’on a le plaisir, çà et là, de faire d’agréables découvertes et qui reposent, on voit se dégager peu à peu la physionomie d’un poète intéressant qui n’est pas du tout de Paris et qui n’est presque pas d’aujourd’hui, mais qui semble être venu d’Italie et dater de la Renaissance ; qui n’a subi que très peu l’influence des poètes contemporains et qui, par bien des points et par ses qualités aussi bien que par ses défauts, est comme en dehors et à part du mouvement poétique de notre temps. […] L’essentiel est que ces mots cherchés, et qui ne s’imposaient pas plutôt que d’autres, paraissent venus spontanément, ou que, s’ils semblent tirés d’un peu loin, ce défaut de naturel soit compensé par le plaisir que donne le sentiment de la difficulté vaincue, ou par quelque effet de rythme, d’harmonie, de sonorité. […] Et, tandis qu’on grelotte, il vient par intervalle Regarder plaisamment, l’œil au trou du rideau, La grimace que fait son public dans la salle.

2228. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Emmanuel Des Essarts Qu’on proclame l’Aède éternisé parmi Les maîtres du grand Art radieux et prospère, J’adorerai Celui dont il fut dit : « le Père » Et dont nous disions, fils respectueux : « l’Ami », Mâle raison, courage ardemment affermi, Qui, de rares vertus immuable exemplaire, Vint embrasser Paris dans la chance contraire, Et ne sut ni vouloir ni souffrir à demi ; Être indulgent et bon, soulevant les poètes, Tel qu’on voit Apollon sur un socle romain Tenir un petit dieu d’ivoire dans sa main, Et qui, plein de pudeur en ses fiertés muettes, Voilait discrètement, hormis pour notre chœur, Le plus beau, le plus pur des diamants, son cœur ! […] Auguste Vacquerie Toi qu’on disait l’artiste ardent mais l’homme tiède, Le rimeur égoïste et sourd à tous nos cris, Le jour où l’Allemagne assiégea ce Paris Haï des nations parce qu’il les précède, Quand sachant que Paris difficilement cède Et que, criblé, haché, broyé sous les débris, Les obus n’obtiendraient de lui que son mépris, L’Allemagne appela la famine à son aide, Quand plusieurs étaient pris du goût de voyager, Toi qui dans ce moment étais à l’étranger, Chez des amis, avec une fille chérie, Dans un libre pays, au bord d’un lac divin, Pouvant vivre tranquille et manger à ta faim, Tu choisis de venir mourir pour la patrie. […] Être accusé de manquer de cœur est le sort commun de tous les artistes non effrontés, qui ne font pas de leur cœur métier et marchandise, et qui ne l’accommodent pas en mélodie pour piano ; peut-être faut-il qu’on soit resté simple et instinctif pour deviner l’être aimant et divinement tendre, en lisant le Triomphe de Pétrarque et l’héroïque Thermodon ; mais il me semble difficile que le premier venu puisse lire sans pleurer les strophes émues et déchirantes inspirées à Théophile Gautier par la mort de sa mère.

2229. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Peu lui importait que les vents vinssent du sud ou du nord, de l’est ou de l’occident, pourvu qu’ils la fissent vibrer ; peu lui importait qu’ils apportassent l’orage ou qu’ils balayassent le ciel de ses nuages. […] Chez Lamartine seul, aucun alliage n’est venu déformer ou compléter — comme on voudra — le génie primitif. […] Delà ce chant qui est la voix du cœur qui médite, un chant où tout se dispose pour la complète libération de l’âme, un chant où les émotions allégées semblent venir du fond d’un rêve.

2230. (1842) Essai sur Adolphe

Si l’image menaçante des larmes qui sillonnaient la joue du vieillard vient chaque nuit troubler mon sommeil, est-ce en désertant mon amour que je fléchirai l’ombre indignée ? […] Quand les larmes ne se mêlent pas à des larmes amies, quand une bouche adorée ne vient pas les boire dans nos yeux, et rafraîchir de ses baisers la paupière enflammée, l’homme s’avilit aux yeux de sa maîtresse, il se dégrade, il abdique sa grandeur : le nuage grossit et devient orage. […] S’il aimait une autre femme, s’il s’était laissé prendre à une affection passagère, je concevrais le pardon ; ce serait générosité pure, et la reconnaissance pourrait assurer la fidélité à venir.

2231. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Mais elle avait lieu trois ans après celle où madame Scarron était venue remercier de sa pension. […] Elle en avait besoin pour se défendre des jalousies de la favorite, si la bienveillance que le roi lui accorderait venait à l’exciter. Elle en avait besoin enfin comme d’une précaution contre elle-même, contre son inclination pour le roi, dans le cas où la bienveillance de ce prince, réputé si galant, viendrait à passer avec elle les bornes de la protection.

2232. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

On aurait donc dû se dispenser de ces arguments, qui, outre leur faiblesse intrinsèque, ont un grand inconvénient : c’est que si à un jour donné la science venait à démontrer la doctrine des localisations (ce qui n’a rien d’impossible), le spiritualisme se trouverait battu par ses propres armes. […] Il faisait venir des portefaix, les enivrait, afin que l’abandon du vin lui révélât leur vrai caractère ; puis il tâtait leurs bosses et cherchait des analogies et des rencontres entre le caractère qu’il avait cru découvrir et les protubérances de leurs crânes. […] Leuret, par exemple, fait observer qu’à mesure que l’on descend de l’homme aux animaux inférieurs, ce ne sont pas les parties antérieures du cerveau qui viennent à manquer, ce sont les postérieures, celles-là précisément où Gall localise les facultés animales.

2233. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

D’une part, ils soutiennent avec Condillac que toutes nos idées viennent des sens, et par là ils sont logiquement conduits à nier tout ce qui est au-delà ; de l’autre ils invoquent une prétendue loi historique d’après laquelle l’homme passerait de l’état théologique à l’état métaphysique, et de l’état métaphysique à l’état positif. […] Fondé sur une méthode arbitraire, niant résolument l’expérience, le panthéisme vient échouer devant la conscience et les instincts éternels du cœur humain. […] Par ces dogmes, l’homme sait d’où il vient, où il va ; il sait ce qui le détourne du chemin du salut et ce qui l’y ramène.

2234. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

L’homme entre en colère, il est attentif, il est curieux, il aime, il hait, il méprise, il dédaigne, il admire ; et chacun des mouvements de son âme vient se peindre sur son visage en caractères clairs, évidents, auxquels nous ne nous méprenons jamais. […] Vous attendez mes papiers qui ne viennent point. […] C’est que, quand au sortir du temple le peuple venait à reconnaître ces qualités dans quelques individus, il en était bien autrement touché.

2235. (1761) Apologie de l’étude

Digne imitateur de ce poète, qui exhortait les Romains à jeter dans la mer tout leur argent pour être parfaitement heureux, venez-vous nous conseiller, pour être plus heureux aussi, de mettre le feu à nos bibliothèques ? […] Si l’état dont nous jouissons parmi nos semblables nous met à portée de satisfaire sans, aucun travail les besoins physiques et réels, les besoins factices et métaphysiques viennent s’offrir alors comme un aliment nécessaire à nos désirs, et par conséquent à notre existence. […] Sans des lumières supérieures à la raison, qui ont servi plus d’une fois à consoler mon ignorance, aucun livre n’aurait pu m’apprendre ce que je suis, d’où je viens et où je dois aller ; et je dirais de moi-même, jeté comme au hasard dans cet univers, ce que le doge de Gênes disait de Versailles ; ce qui m’étonne le plus ici, c’est de m’y voir.

2236. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Et d’où qu’il vienne, — le génie dans la femme est toujours ici la question. […] Pour nous autres catholiques, il est vrai, son génie est spécial et, théologiquement parlant, surnaturel ; mais pour ceux-mêmes qui ne sont pas catholiques, le génie, dans un autre sens, est surnaturel encore… Celui de la sœur Emmerich ne vient ni de son organisation physique, ni de ses facultés. […] Et parce que la cause de ce résultat est surnaturelle, faut-il renoncer à caractériser, comme nous le ferions dans un poëte inconnu s’il venait à naître, le genre de beauté qu’elle a laissé derrière elle à la Critique et à la Littérature, ces deux jouisseuses, dont l’adorable âme en Dieu qu’elle était, cette sœur Emmerich ne se doutait pas !

2237. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Ici, Madame Récamier n’est pas remplacée, parce qu’elle n’est pas peinte, parce que la personne qui tient le dé pour elle dans ce livre de Souvenirs n’a pas plus pénétré cette femme et ne l’a pas plus reproduite que ne l’aurait fait la première venue qui sait écrire quatre lignes de narration française, dans cette société myope de regard et effacée de langage qu’on appelle la bonne compagnie ; parce qu’enfin sur cette femme, dont la supériorité fait l’originalité la plus rare et la plus exquise, on n’a eu à dire que des banalités élégantes, qui roulent sur tous les parquets depuis qu’il y a au monde des parquets ! […] Cette forme légère que nous avions dans l’esprit comme une peinture d’Herculanum, vient d’y tomber en poussière au souffle de ces lettres, papotage de toutes les femmes du monde qui disent : « C’est charmant !  […] Je ne vois nulle part, dans ces deux vagues et confuses publications, le portrait que j’aurais voulu, — le portrait net, précis, essuyé de tout rêve et de toute rêverie, d’une matérialité vivante, qui crochèterait la pensée de la force de sa réalité et l’empêcherait d’errer jamais sur le compte de ce beau visage que les hommes ne reverront plus ; car le Léonard de Vinci de cette Joconde du xixe  siècle, qu’aurait pu être Chateaubriand qui ne l’a pas été, ne viendra jamais.

2238. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Or, c’est ce tableau, ou plutôt ce livre, que nous demanderons aujourd’hui à deux voyageurs contemporains qui viennent chacun de publier son voyage, tous deux appartenant à cette race d’écrivains préoccupés du pittoresque, qui ne vivent que pour le pittoresque, et qui vont l’un et l’autre justifier, l’un malgré des qualités souvent charmantes, et l’autre par ses défauts très réels et très persistants, ce que nous venons de dire des livres de voyages. […] Tous les autres qui viendront après lui pourront l’imiter, le recommencer, le modifier, l’expliquer, le réfuter même. […] Je ne parle pas de l’intrépidité de l’historien, qui a égalé le courage des plus intrépides quand il a osé écrire cette histoire terrible sous les cent mille fusils qui l’ajustent déjà, en attendant l’heure de tirer, qu’avec son coup d’œil d’historien il doit voir venir !

2239. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Cela m’a fait tressaillir le cœur de t’avoir vue, et il ne me vient plus de voix ; mais ma langue est liée ; et sous le tissu éteint de la peau je sens circuler une flamme. […] Vint-elle en Sicile pour y suivre Phaon ? […] S’il fuit maintenant, il poursuivra bientôt ; s’il n’a pas accepté de dons, il en offrira ; s’il n’aime pas, bientôt il aimera, même en dépit des refus. — Viens à moi encore aujourd’hui, ô déesse !

2240. (1902) Le critique mort jeune

C’est là que je viendrai dormir. […] Je ne pense pas qu’il soit jamais venu à l’idée de M.  […] Rare succès de l’intelligence et que vient achever un art supérieur. […] Et non seulement il se met dans des postures ridicules, mais encore les voluptés qu’il attend ne viennent jamais. […] Lucien Muhlfeld est arrivée quand cet article venait d’être écrit.

2241. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Les religions, non plus que l’homme individuel, ne se rappellent leur enfance, et il est bien rare que des documents étrangers viennent lever l’obscurité qui entoure leur berceau. […] Œuvre admirable que j’envie à celui qui la réalisera, et qui sera celle de mon âge mûr, si la mort et tant de fatalités extérieures, qui font souvent dévier si fortement les existences, ne viennent m’en empêcher ! […] Puis viendraient les mythes plus réfléchis où les instincts de la nature humaine s’expriment d’une façon plus distincte, c’est-à-dire déjà avec une certaine analyse, mais sans réflexion, ni aucune vue de symbolisme allégorique. […] Il vient un certain jour où les résultats de la science se répandent dans l’air, si j’ose le dire, et forment le ton général de la littérature. […] Or il était évident que cette pensée venait d’éclore de son cerveau, en se combinant peut-être de quelque souvenir d’almanach.

2242. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Tout cela viendra, et il viendra encore autre chose : une grande lessive. […] Ça en est venu à un tel point que nombre de magasins ouvrent des crédits à leur clientes, qui ne payent plus que l’intérêt de leurs achats. […] 19 mars X… est venu nous voir ce matin. […] 16 avril Gavarni vient nous demander à déjeuner. […] » C’est l’originale phrase dont nous salue notre fermier Foissey des Gouttes, et comme nous lui demandons de faire manger sa fille avec nous, la mère, en train de faire des toutelots à la cuisine, nous crie : « Elle n’ose pas venir, elle dit qu’elle est trop maigre ! 

2243. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Nous avons vu cela en Grèce, en Égypte et en Perse, quand les Romains, ces brigands de l’univers, y sont venus balayer des trônes et des républiques vermoulues, et emporter des dépouilles dans la caverne agrandie de Romulus. […] Les siècles qui sont venus après, Charlemagne, Charles-Quint, Léon X, Louis XIV, le dix-huitième siècle, le dix-neuvième lui-même, nous ont appris et nous apprennent assez qu’il n’y a ni progrès continu ni décadence irrémédiable dans l’esprit humain. […] Que l’unité fédérale, la seule unité possible aujourd’hui en Italie, vienne à se renouer, et le monde sera étonné de la supériorité intellectuelle dans tous les genres de culture d’esprit dont la nature a doué les Italiens modernes. […] C’étaient les opulents cultivateurs des nombreux domaines du prince dans les maremmes de Pise et dans les vallées du Vulturne, qui venaient, le jour de la fête de la princesse, défiler annuellement devant leurs maîtres, et étaler sous leurs yeux le luxe de leurs étables ou de leurs sillons. […] J’avais lu aussi ses mémoires, qui venaient d’être publiés par la comtesse d’Albany, peu de temps après la mort de son ami.

2244. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

L’Angleterre, après l’Allemagne, est en littérature la seule nation dont le génie vienne du Nord sans avoir passé par la Grèce et par Rome ; elle a la supériorité de l’originalité. […] Son génie, s’il lui en vient un autre que celui de la vieille Europe, sa mère, est à l’état de croissance. […] On voit par cette définition que l’esprit ainsi entendu ne vient pas seulement de l’intelligence, mais qu’il vient aussi du caractère. […] Et puis vient la cohue, et les abois féroces         Roulent de vallons en vallons ; Chiens courants et limiers, et dogues, et molosses,         Tout s’élance, et tout crie : Allons ! […] Que maudit soit le jour où cette vanité Vint ici de nos mœurs souiller la pureté !

2245. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Au contraire, pendant les périodes d’affaissement, l’étendue des régions habitables allant en diminuant, le nombre de leurs habitants doit décroître, si l’on en excepte toutefois les espèces qui vivent sur le littoral d’un continent, quand il vient à se transformer en archipel. […] Ce résultat ne m’était nullement agréable, car il venait encore ajouter un exemple de plus aux brusques apparitions de groupes entiers d’espèces ; du moins le pensais-je ainsi. […] Lorsqu’on regarde de ce point de vue les objections que nous venons d’examiner, ne semblent-elles pas moins fortes, si même elles ne disparaissent complétement ? […] Il en est de même dans le cas où une terre émergée s’affaisse lentement ; mais alors, si la vitesse d’affaissement est supérieure à la vitesse de dénudation, la formation côtière est encore en partie conservée, parce qu’il ne saurait plus y avoir de dénudation au-dessous du niveau de la mer ; si, au contraire, c’est la vitesse de dénudation qui l’emporte sur la vitesse d’affaissement, la dénudation sera d’autant plus considérable, qu’à mesure qu’elle agira, d’autres points du sol émergé viendront d’eux-mêmes se livrer à son action destructive. […] Quelques Ibis égyptiens étant venus à émigrer auraient donné naissance à une variété nouvelle, que la souche demeurée en Égypte sous des conditions de vie constantes n’en aurait point été altérée.

2246. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Celui-cy vint un jour essayer d’en tirer quelque chose. […] On prendroit tout au plus ces deux personnages pour deux parents de cette femme à qui ils sont venus indiscrètement annoncer une fâcheuse nouvelle. […] Il vient un tems où la liberté du ton ne pouvant plus rendre les mœurs suspectes, nous ne balançons pas à préférer l’expression cinique qui est toujours la plus simple. […] Vous ne scavez donc pas ce qu’elle est venue faire là ? […] Voyez ce vaisseau, il vient d’être lancé à l’eau ; et sa proue dorée sort de chez Guibert.

2247. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Ces vers sont fort jolis ; mais il ne faut pas, après ces petites gaîtés, venir nous rabâcher que le théâtre est une école de vertu. […] Après la guerre, le peuple qu’on avait pillé venait se plaindre et demandait des indemnités. […] « Ou mon cœur est un fou, ou j’ai la plus grande raison quand je dis que les remords de Cinna viennent trop tard. » Son cœur n’était pas fou, mais il était envieux. […] Venons maintenant à la raison pour laquelle Corneille a composé le Menteur ; elle est encore plus curieuse. […] D’où vient ce tendre intérêt que Voltaire affecte de prendre à l’honneur d’un plagiaire ?

2248. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Est-elle venue ici peser homicide pour homicide, et nommer restitution notre dépouillement ? […] Quant au merveilleux, les formes seules en furent imaginaires : mais l’instruction vint à mon aide pour le fonds. […] Quand nous en viendrons à la condition du style, nous rapprocherons les deux traductions que Lebrun et Delille ont faites du beau morceau d’Euryale et Nisus. […] « Voici l’instant du glaive, et voilà notre route, « Dit Nisus, le fer nu ; viens Euryale ! […] « D’où vient, où va, que veut votre course furtive ?

2249. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Ce qui me paraît surtout à remarquer en lui comme en plusieurs personnages du haut clergé français au xviiie  siècle, c’est ce mélange de monde, de philosophie, de grâce, qui peu à peu sut s’allier avec bon sens et bon goût à la considération et à l’estime ; ces prélats de qualité, engagés un peu légèrement dans leur état, en prennent cependant l’esprit avec l’âge ; ils deviennent, à un moment, des hommes d’Église dans la meilleure acception du mot, sans cesser pour cela d’être des hommes du monde et des gens aimables ; puis, quand viendra la persécution, quand sonnera l’heure de l’épreuve et du danger, ils trouveront eu eux du courage et de la constance ; ils auront l’honneur de leur état ; vrais gentilshommes de l’Église, ils en voudront partager les disgrâces et les infortunes comme ils en avaient recueilli par avance les bénéfices et possédé les privilèges. […] Notons-y seulement au passage cette main invisible qui n’est pas dans Horace et à laquelle Bernis se confie, et sachons que, lorsque viendront les heures d’adversité sérieuse et de ruine, le cardinal-archevêque, de ce séjour à Rome où il apprend les dépouillements successifs et rigoureux dont il est menacé ainsi que tout le clergé de France, écrira à M. de Montmorin : Vous avez pu remarquer, monsieur, que, dans cent occasions, il n’y a jamais eu d’évêque ministre du roi à Rome plus modéré que moi, plus ami de la paix, ni plus conciliant ; mais, si on me pousse à bout par des sommations injustes et peu délicates, je me souviendrai que, dans un âge avancé, on ne doit s’occuper qu’à rendre au Juge suprême un compte satisfaisant de l’accomplissement de ses devoirs. […] Ce n’était point tout à fait dans cette intention que Voltaire les lui avait envoyées, et la vraie leçon littéraire sérieuse vient ici de celui qu’on aurait pu croire le moins sérieux. […] Les événements de la Révolution vinrent mettre à l’épreuve sa fermeté : il vit cette opulence presque royale dont il jouissait depuis plus de vingt ans et dont il usait avec une libéralité vraiment auguste, lui échapper tout à coup, et la misère, à soixante-seize ans, lui apparaître ; il fut le même : « À soixante-seize ans révolus, disait-il, on ne doit pas craindre la misère, mais bien de ne pas remplir exactement ses devoirs. » J’ai déjà cité quelques-unes de ses nobles paroles.

2250. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Roederer, en agissant ainsi, obéissait à son zèle pour l’établissement consulaire, et le journaliste en lui venait en aide au conseiller d’État. […] Avant d’en venir au système qui prévalut et qui présida à la réorganisation de l’Université sous Fontanes, on avait à passer par des épreuves successives : le système de Roederer fut un de ces essais intermédiaires. […] Dès ce moment, à bien juger de la portée des actes, l’Empire était fait, il l’était en principe ; ce qui vint après ne devait plus être qu’une consécration, une conséquence. […] Pourtant l’âge venait ; Louis XIV se tempérait à son tour, et une femme sortie du plus pur milieu de la société de Mme de Rambouillet et qui en était moralement l’héritière, une femme accomplie par le ton, la raison ornée, la justesse du langage et le sentiment des convenances, Mme de Maintenon, s’y prenait si bien qu’elle faisait asseoir sur le trône, dans un demi-jour modeste, tous les genres d’esprit et de mérite qui composent la perfection de la société française dans son meilleur temps.

2251. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

La feuille en renom au xviiie  siècle pour la rigidité de ses principes classiques, L’Année littéraire, avait parlé de son livre des Considérations sur les mœurs, et en assez bons termes ; Mme de Créqui n’en était pas très mécontente : Venons à la critique de L’Année littéraire, lui écrivait-elle ; elle est à quelques égards assez obligeante, et à d’autres détestable. […] Un jour viendra où dans le calme on examinera ces nombreuses discussions enfantées au milieu du tumulte et de l’effervescence de l’esprit de parti, et l’on fera paisiblement un choix éclairé de résultats utiles à l’humanité. […] Ce qui est assez particulier, c’est que ce comte de Saint-Alban, dessiné de la sorte, nous est donné de son propre aveu comme ayant été à l’origine, et presque dès le collège, un libéral sans préjugés et un ambitieux de la belle gloire, de celle qui s’acquérait dans les luttes de la parole publique et de l’antique forum ; ce serait un grand citoyen manqué, un Chatam venu trop tard ou trop tôt, désœuvré dans le pays de Mme de Pompadour, et qui, voyant le noble but impossible, en aurait dédaigné de moindres, et se serait jeté, de dégoui et de pitié, dans les délices : Les plaisirs sont la seule ressource de l’homme ardent et passionné dont l’ambition est contrariée ! […] Ce Saint-Alban, dont la vie s’est passée dans un cercle de plaisirs et d’émotions agréables, est décidé à ne pas attendre que la Révolution vienne le prendre au collet, et l’atteignant dans sa personne le soumettre à une série d’épreuves cruelles et de tortures : il porte toujours sur lui un poison subtil pour s’y soustraire à temps.

2252. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Fauste Andrelin venait d’Italie enseigner les secrets de la versification antique. […] De là vient que pensant comme Genève, il ne put vivre à Genève. […] Rien de profond en lui, rien d’intime : mais de là même vient la perfection du type qu’il réalise. […] Privé depuis bientôt trois siècles de sa langue, il vient enfin verser sa richesse et sa fécondité dans la langue du Nord ; et pour son début il lui donne Marot, Montluc, et Montaigne.

2253. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

En 1688, il n’avait voulu que « les rendre raisonnables, par des voies simples et communes. » D’où vient la différence ? […] C’est ainsi que, de la cinquième à la neuvième édition, chaque division du livre forma comme une salle particulière, où vinrent se ranger, à mesure que le siècle les faisait passer devant lui, les originaux les plus marquants de la même famille. […] Il en est une infinité d’autres qui, quoique justes et d’une application de tous les jours, ne nous viennent à l’esprit qu’à la suite de quelque avertissement qui nous les rend nouvelles. […] « Maximilien m’est venu voir à Auteuil, etc., etc., etc. » 107.

2254. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Et dès lors, qu’il nous transporte en Arabie avec Mahomet, en Amérique avec Alzire, en Chine ou en Palestine, tous les héros du poète viendront tour à tour prêcher le déisme et la tolérance. […] L’éloquence sacrée, si retentissante au siècle précédent, se tait ou du moins ne trouve guère de voix énergiques qui viennent du cœur et qui aillent au cœur. […] Critiques sévères, ils déclarent qu’il faut viser au cœur, non à l’esprit ; ils blâment ces gens qui auraient laissé déborder le torrent des vices et périr le christianisme sans s’échauffer, de peur qu’un mot bas ou familier ne vînt à leur échapper ou que la symétrie de leurs périodes ne fût rompue. […] J’ose dire que l’idée d’une pareille apologie ne fût pas venue à un protestant.

2255. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Plus tard il venait, dit-on, lui dicter en songe ses tragédies. […] Dans l’interlocuteur qui lui vient, le héros trouve un appui ou une résistance, il ne raconte pas seulement, il agit. […] Le poète s’en vante dans les Grenouilles d’Aristophane : — « Vous souvient-il d’avoir vu ces Phrygiens qui venaient chez Achille, avec Priam, pour racheter le cadavre d’Hector, et combien de figures diverses ils ont faites ?  […] A peine venue au monde de l’histoire, elle transforma et rajeunit les vieux dieux ; elle les refit à son image et les doua de son âme.

2256. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

» Un jour, Goethe était déjà un beau jeune homme, le plus beau de ceux de son âge ; il aimait fort l’exercice du patin, et il engagea sa mère à venir voir comment il y réussissait. […] Il me venait un courant d’air de son côté. […] C’était un être nouveau et plein de grâce, qui venait s’offrir à son observation de poète et de naturaliste. […] Il est enchanté et ravi de voir un si grand individu que Beethoven venir augmenter sa collection et sa connaissance : « J’ai eu bien du plaisir, dit-il, à voir se refléter en moi cette image d’un génie original. » Ce grand miroir de l’intelligence de Goethe tressaille involontairement, quand un nouvel objet digne de lui s’y réfléchit.

2257. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il vint à Paris en 1759 en qualité de secrétaire d’ambassade, et, à part de courtes absences, il y résida jusqu’en 1769, c’est-à-dire pendant dix années : il ne comptait avoir vécu d’une vraie vie que durant ce temps-là. […] Voilà bien nos philosophes pris sur le fait, les voilà, comme tous les épicuriens du monde, faisant des questions les plus graves de la destinée et de la morale humaine un spectacle, une pure joute de loisir où le pour et le contre se traitent également à la légère, et tout étonnés ensuite (je parle de ceux qui survécurent, comme l’abbé Morellet) si, un jour, toutes ces théories de huis clos viennent à éclater, et, en tombant dans la rue, à se résumer sur la place de la Révolution dans les fêtes de la Raison et autres déesses. […] Quand on le lit aujourd’hui, s’échappant sur ces matières dans sa Correspondance, il faut faire la part des idées hasardées, des paradoxes, du besoin d’amuser qui le tourmentait toujours, de sa manie de prédire et de prophétiser, enfin des bouffonneries perpétuelles qui viennent se mêler à tout cela. […] Cette théorie, très vraie peut-être, se trouve en défaut par rapport à lui dès qu’il est en présence d’une perte vive et qui lui tient réellement au cœur ; il n’en est pas venu encore à l’insensibilité qu’il suppose : « Le temps, remarque-t-il, efface les petits sillons, mais les profondes gravures restent.

2258. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Le troupeau de la bergerie de Saint-Thomas habillait de sa laine tantôt les femmes et tantôt les enfants ; mes tantes la filaient ; elles filaient aussi le chanvre du champ qui nous donnait du linge ; et les soirées où, à la lueur d’une lampe qu’alimentait l’huile de nos noyers, la jeunesse du voisinage venait teiller avec nous ce beau chanvre, formaient un tableau ravissant. […] Par malheur, quelques fausses touches de pinceau viennent trop souvent traverser les tons simples et en gâter l’impression. […] Orry vient d’être disgracié (décembre 1745) : il reste au jeune homme sa plume et son courage. […] Il avait rencontré chez Voltaire Vauvenargues, qui, déjà mourant, venait habiter Paris : Marmontel se logea en face de lui, l’assista, l’entretint, recueillit ses leçons, et dans son âme trop mobile, trop sujette aux influences d’alentour, mais foncièrement honnête et droite, il conserva jusqu’à la fin, et à travers tous les philtres qui l’égarèrent, un goût de cette philosophie saine et pure qu’y avait versée l’éloquence de Vauvenargues.

2259. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Marmontel vient voir Voltaire à Ferney. […] Il suffit de lire le premier vers venu d’Eschyle ou du Juvénal pour trouver cette escarboucle du cerveau humain. […] Ce qui ne l’empêche pas de s’occuper de vous, spectateur ou lecteur, de vous faire de la morale, de vous donner des conseils, et d’être votre ami, comme le premier bonhomme La Fontaine venu, et de vous rendre de petits services. […] De temps en temps il vient sur ce globe un de ces esprits.

2260. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Grâce au malentendu que nous venons d’expliquer, la cause de la liberté de penser, quelques progrès qu’elle ait faits dans la société moderne depuis le xvie  siècle, est loin d’être entièrement gagnée, même auprès des esprits éclairés. […] La lumière luit pour tout le monde, et elle éclaire tout homme venant en ce monde ; de là vient que chacun a le droit d’atteindre à cette vérité par ses forces individuelles, par ses propres lumières, à la condition en même temps de ne point négliger les lumières des autres, ce qui est implicitement contenu dans l’idée que tous les hommes ont une seule et même raison. […] On voit bien à la vérité que dans telle société particulière, où règne l’autorité d’une foi non discutée, il y a une sorte d’unité de croyances, une paix apparente qui vient à se dissiper lorsque s’élèvent l’examen et à sa suite le doute ; mais ce à quoi on ne pense pas, c’est que grâce à des croyances contraires, également intolérantes, les hommes étaient partagés en mille camps ennemis, et que le genre humain, vu dans son ensemble, offrait un spectacle d’anarchie au moins égal à celui qui résulte, dit-on, de la libre discussion. […] Dans ce va-et-vient des puissances de ce monde, dans ces oscillations de principes qui se renversent l’un l’autre et viennent successivement se déclarer principes absolus, il n’y a qu’une garantie pour tous, c’est la liberté réciproque.

2261. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent. […] D’où vient que l’on rit si librement au théâtre, et que l’on a honte d’y pleurer ? […] Il semble que le roman et la comédie pourraient être aussi utiles qu’ils sont nuisibles ; l’on y voit de si grands exemples de constance, de vertu, de tendresse et de désintéressement, de si beaux et de si parfaits caractères, que quand une jeune personne jette de là sa vue sur tout ce qui l’entoure, ne trouvant que des sujets indignes et fort au-dessous de ce qu’elle vient d’admirer, je m’étonne qu’elle soit capable pour eux de la moindre faiblesse. […] La critique souvent n’est pas une science, c’est un métier, où il faut plus de santé que d’esprit, plus de travail que de capacité, plus d’habitude que de génie ; si elle vient d’un homme qui ait moins de discernement que de lecture, et qu’elle s’exerce sur de certains chapitres, elle corrompt et les lecteurs et l’écrivain.

2262. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Boileau le cherche et le trouve souvent ; il semble venir au devant de Racine. […] Sur l’extrémité d’une de ces roches ceintrées du fond, la plus isolée, la plus loin jettée sur les flots, un spectateur, les bras étendus, effrayé, stupéfait et regardant les flots en un endroit où vraisemblablement des malheureux viennent d’être brisés, submergés. […] Dans ces rochers, trois arcades pratiquées ; au long de ces arcades un torrent dont les eaux resserrées par une autre masse de roches qui s’avancent encore plus sur le devant, viennent se briser, bondir, couvrir de leur écume un gros quartier de pierre brute et s’échappent ensuite en petites nappes sur les côtés de cet obstacle. […] Avec cela c’est un furieux garçon et qui n’en restera pas où il en est, surtout si en s’assujettissant un peu plus à l’étude du vrai, ses compositions viennent à perdre je ne sais quoi de romanesque et de faux qu’on y sent plus aisément qu’on ne le peut dire.

2263. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Voilà d’où vient l’avantage des langues meres sur les langues dérivées. […] La plûpart de ses mots viennent du latin. […] Il arrive encore à quelques sons de blesser l’oreille lorsqu’ils viennent la frapper immediatement après de certains sons, qui feroient plaisir à l’oreille s’ils se presentoient après d’autres sons. […] Les romains étoient tellement épris de l’effet que le rithme produisoit, que leurs écrivains en prose s’y attacherent avec tant d’affection, qu’ils en vinrent par dégrez jusques à sacrifier le sens et l’énergie du discours au nombre et à la cadence des phrases.

2264. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

On rend avec netteté ce que l’on conçoit bien ; de même on énonce avec chaleur ce que l’on sent avec enthousiasme, et les mots viennent aussi aisément pour exprimer une émotion vive qu’une idée claire. […] Venons à l’harmonie, un des ornements les plus indispensables du discours oratoire. […] Comme dans la musique l’agrément de la mélodie vient non seulement du rapport des sons, mais de celui que les phrases de chant doivent avoir entre elles, de même l’harmonie oratoire (plus analogue qu’on ne pense à l’harmonie musicale) consiste à ne pas mettre trop d’inégalité entre les membres d’une même phrase, et surtout à ne pas faire ses derniers membres trop courts par rapport aux premiers ; à éviter également les périodes trop longues, et les phrases trop étranglées et pour ainsi dire à demi closes ; le style qui fait perdre haleine, et celui qui oblige à chaque instant de la reprendre, et qui ressemble à une sorte de marqueterie ; à savoir enfin entremêler les périodes arrondies et soutenues, avec d’autres qui le soient moins, et qui servent comme de repos à l’oreille. […] Cicéron, déjà tant cité, et qui ne saurait trop l’être dans un écrit sur l’éloquence, doit un de ses plus grands charmes à la facilité inimitable de son style : si on y aperçoit quelque légère étude, c’est dans le soin d’arranger les mots ; mais on sent que ce soin même lui a peu coûté, et que les mots, après s’être offerts à son esprit sans qu’il les cherchât, sont venus d’eux-mêmes, et sans effort, s’arranger sous sa plume.

2265. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Il ne s’agit que d’événements communs, de règlements de chancelleries, de diplomatie plus ou moins fine, de guerres régulières en douze temps, comme l’exercice, mais, quand il est question d’Attila, du maillet du Seigneur, comme disaient les moines, qui avaient le sentiment plus juste de leur époque que les écrivains du xixe  siècle, venus maintenant pour l’expliquer ; quand il est question du monde romain qui s’écroule sous cet effroyable maillet emmanché dans une si compacte masse d’hommes, il n’y a plus de Gibbon ni de Montesquieu qui puissent arracher le sens à cette exceptionnelle histoire ! […] On a beaucoup trop parlé (et nous-même) de la pureté, de la santé et de la vigueur du sang barbare, de la généreuse transfusion qu’il venait opérer dans les sources mêmes de la vie des vieux peuples. […] Égal à son frère en tant de parties que je viens d’énumérer, c’est par le style, c’est-à-dire par la vie de l’histoire (non par son intelligence), que M.  […] Thierry venait d’être nommé sénateur.

2266. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Les ovules de la pensée risquent fort d’aboutir au fœtus, si l’action fécondante du sexe ne vient participer à leur développement. […] Panizza citer plus haut une phrase empruntée au volume : L’abstinence sexuelle comme nécessité monde, vient d’en faire paraître un second, où son formidable individualisme éclate et resplendit dans toute sa puissance. […] Or voici que, enfin, un siècle après Kant, cette solution vient d’être trouvée ! […] Il semblerait plutôt que les sens sont en repos lorsqu’ils sont normalement satisfaits et que l’esprit est libre, lorsque le désir du sexe pleinement rempli, ne vient pas le détourner de sa fonction qui est de penser.

2267. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Comme elle venait régner en France, il en aurait tiré un augure favorable pour les arts et la littérature de ce pays. […] Non certainement ; et tous les traits que je viens d’assembler suffiraient à m’en empêcher si j’en avais pu concevoir le dessein. […] Évidemment, pour les générations qui viennent, la question est de vivre : primum vivere. […] Viens défendre, Perrault, la France qui l’appelle ; Viens combattre avec moi cette troupe rebelle. […] Louvois venait précisément alors de lui faire des loisirs.

2268. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Et puis, une fois que l’idée était venue d’un tel choix, comment résister à la mettre à exécution ? […] Si l’on a péché par une opposition opiniâtre et continue, par une coalition à tout prix et qu’on regrette d’avoir faite, si l’on a péché ou péri par là, pourquoi, dirai-je, venir la refaire contre d’autres, sous prétexte que le cas actuel est tout différent ?

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