Je suis assis dans ma chambre, un objet est posé sur ma table ; je ne bouge pas pendant une seconde, personne ne touche à l’objet ; je suis tenté de dire que le point A qu’occupait cet objet au début de cette seconde est identique au point B qu’il occupe à la fin ; pas du tout : du point A au point B il y a 30 kilomètres, car l’objet a été entraîné dans le mouvement de la Terre.
Il y a certains métiers qui devraient être les métiers réservés des philosophes, comme labourer la terre, scier les pierres, pousser la navette du tisserand, et autres fonctions qui ne demandent absolument que le mouvement de la main 180.
Le roi réunit à la couronne, par des tribunaux qu’il établit à Metz et à Brissac, les terres qui avaient autrefois fait partie de l’Alsace ou des trois Évêchés.
Cela tient du salmigondis et du logogriphe ; autant vaudrait suivre sous terre le travail des taupes.
Y a-t-il de quoi se vanter d’être sorti de terre ici plutôt que là ?
Dans le sang répandu des héros tyroliens, il n’a vu encore qu’un parfum de poésie : « Tu as raison, écrivait-il à Bettina, de dire que le sang des héros répandu sur la terre renaît dans chaque fleur. » Encore un coup, l’héroïsme n’est pas le côté supérieur de Goethe.
Voici de lui un mot que cite Spence et qui rentre bien dans la philosophie de Gil Blas : quelqu’un faisait de grands récits des doléances qu’on entend perpétuellement en Angleterre, en dépit de tous les droits et des avantages dont on jouit : « Certainement, dit Lesage, le peuple anglais est le plus malheureux peuple de la terre, avec la liberté, la propriété, et trois repas par jour. » 21.
Ne pleure point pour des tombes dispersées, ni pour des temples renversés à terre.
Pendant les séjours un peu forcés qu’elle fit dans les terres de ses apanages, elle prit goût aux lettres et au bel esprit.
Les trois principaux personnages en jeu sont la reine, Mirabeau et le comte de La Marck lui-même, ce dernier bien digne d’être associé aux deux autres par son jugement excellent, sa finesse et sa fermeté d’observation, sa connaissance des hommes et des choses, par son dévouement au malheur d’une reine et à l’amitié d’un grand homme, et qui justifie pleinement aujourd’hui aux yeux de la postérité ce qu’il écrivait un jour à Mirabeau : « Dieu ne m’a mis sur la terre que pour aimer et surveiller votre gloire. » Rien, en effet, de plus honorable pour la réputation politique de Mirabeau que le contenu de ces diverses notes et l’esprit général qui les anime.
Et abordant courageusement ce chapitre de la beauté, c’est encore à elle-même qu’elle pense, lorsqu’elle dit : Encore que vous m’entendiez parler de Sapho comme de la plus merveilleuse et de la plus charmante personne de toute la Grèce, il ne faut pourtant pas vous imaginer que sa beauté soit une de ces grandes beautés en qui l’envie même ne saurait trouver aucun défaut… Elle est pourtant capable d’inspirer de plus grandes passions que les plus grandes beautés de la terre.
Je tombai la face contre terre, baigné de larmes, étouffé de sanglots, jetant des cris et des paroles entrecoupées.
Il lui fallait la garantie que la mort n’est pas une subite inconscience, une boîte en bois dans de la terre grasse.
Le mouvement de la terre a été condamné au nom d’un texte sacré, et la circulation du sang au nom d’un texte profane.
Avec plus de fougue que de mesure, avec plus d’enthousiasme que de sens critique, l’auteur du Sang des races, glorifiait le culte de la Tradition, de la terre et des morts, l’Âme, la Race, l’Épée.
Monsieur, j’ai eu une maîtresse juive qui s’appelait Morpurgo et qui est la propre nièce de Madame Bourget ; aussi, voyez-vous, nous sommes un peu parents. » (p. 67) Bourget se saisit alors des seins de métal et assomme Apollinaire, qui crie à l’aide : ses amis qui encerclaient le Lapin agile entrent, étendent Bourget à terre et, à l’invitation insistante d’Apollinaire, Cocteau place son pied sur la tête de Bourget.
Les cieux instruisent la terre À révérer leur auteur ; Tout ce que leur globe enserre Célèbre un Dieu créateur.
Il aura été plus fort que le barbier de Midas, qui creusa la terre pour y mettre sa confidence.
. — Dans une forêt, des brigands et leurs femmes mangent et se reposent auprès d’un chêne, où un pendu, déjà long et maigre, prend le frais de haut et respire la rosée, le nez incliné vers la terre et les pointes des pieds correctement alignées comme celles d’un danseur.
C’est alors que l’assemblée s’émut, comme si, dans ce moment, elle avait vu le fantôme percer la terre, et s’élever.
Vous connaissez les belles strophes, souvent citées : La terreur de son nom rendra nos villes fortes, On n’en gardera plus ni les murs ni les portes, Les veilles cesseront au sommet de nos tours, Le fer mieux employé cultivera la terre, Et le peuple qui tremble aux frayeurs de la guerre, Si ce n’est pour danser n’orra plus les tambours… Jamais encore — si assurément, dans les vers de Ronsard, ou de Desportes même, on avait senti passer des caresses plus légères, un frisson plus voluptueux, quelque chose de plus ailé, — jamais la poésie n’avait parlé chez nous une langue plus pleine, plus ferme, plus mâle, disons plus fière et plus forte de sa seule justesse… Mais ce n’est pas plus du poète que de l’homme qu’il s’agit aujourd’hui pour nous ; et ce que nous proposons d’étudier uniquement en Malherbe, c’est le versificateur, c’est le grammairien, c’est aussi le critique. […] On s’est imaginé autrefois que c’étaient les intérêts des maîtres qui mettaient en feu toute la terre, et c’étaient les passions des valets. […] Il y a seulement cette différence, ou cette nuance, que tandis que les uns, les précieux, cherchent plutôt leurs effets dans la subtilité des pensées et dans le raffinement de l’expression, les autres les demandent plutôt à l’énormité des hyperboles ou à l’ampleur des mots : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre… Balzac est plus « emphatique », et Voiture est plus « précieux », mais le grand Corneille a souvent trouvé le secret d’être à la fois l’un et l’autre… Impatients désirs d’une illustre vengeance, A qui la mort d’un père a donné la naissance, Enfans impétueux de mon ressentiment… Si d’ailleurs vous étiez curieux de bien préciser la nuance, la recherche en serait intéressante, et même le sujet serait à peu près neuf. […] J’emprunte une strophe au second de ces trois ouvrages : Il vous sied bien, monsieur le Tibre, De faire ainsi tant de, façon, Vous dans qui le moindre poisson A peine a le mouvement libre ; Il vous sied bien de vous vanter D’avoir de quoi le disputer à tous les fleuves de la terre, Vous qui, comblé de trois moulins, N’oseriez délier en guerre La rivière des Gobelins… Il y en avait sur ce ton un peu plus de mille vers ; et, aux environs de 1640, c’était là ce que l’on appelait de l’esprit ; et quand on voulait rire, c’était à cela que l’on se délassait. […] Ce sont les cours de Villemain qui paraissent lui avoir indiqué sa véritable voie, en lui procurant en même temps les moyens d’y pousser plus avant que Villemain lui-même ; et les linéaments de la critique biographique, encore un peu brouillés, comme je vous l’ai dit, dans l’œuvre de Villemain, se dessinent avec netteté dans un article sur Pierre Corneille, daté de 1828 : En fait de critique et d’histoire littéraire, il n’est point, ce me semble, de lecture plus récréante, plus délectable, et à la fois plus féconde en enseignements de toute espèce que les biographies bien faites des grands hommes : non pas les biographies minces et sèches, les notices exiguës et précieuses, où l’écrivain a la pensée de briller, et dont chaque paragraphe est aiguisé en épigramme — il songe peut-être à Villemain lui-même, et certainement à Suard, à d’Alembert, à Fontenelle, — mais de larges, copieuses, diffuses histoires de l’homme et de ses œuvres : entrer en son auteur, s’y installer, le produire sous ses aspects divers ; le faire vivre/se mouvoir et parler, comme il a dû faire ; le suivre en son intérieur et dans ses mœurs domestiques aussi avant que l’on peut ; le rattacher par tous côtés à cette terre, à cette existence réelle, à ces habitudes de chaque jour dont les grands hommes ne dépendent pas moins que nous autres.
Ce fut elle qui prêta ses Lettres à mon père, et son portrait, bien loin d’être relégué au grenier, resta dans le salon ou la galerie de Bonneval, jusqu’au moment où cette belle terre fut vendue à un parent d’une autre branche. […] Parmi les feuilles, le vent verse les unes à terre, et la forêt verdoyante fait pousser les autres sitôt que revient la saison du printemps : c’est ainsi que les races des hommes tantôt fleurissent, et tantôt finissent93. » Tenons-nous à ce qui ne meurt pas.
Un dernier rideau se leva de devant ses yeux, et ce nouveau monde politique et philosophique, qu’il n’avait encore vu que dans les nuages, se dessina désormais comme une terre promise et comme une conquête. […] Qu’il nous soit permis d’apporter ici, à l’appui de notre opinion, un exemple que nous ne saurions nous empêcher de trouver fort remarquable ; c’est le petit écrit qu’a inspiré à un jeune homme la lecture de l’ouvrage de Mme de Staël ; sans doute les semences que contient cet ouvrage trouveront rarement une terre aussi promptement, aussi richement féconde.
Mais le stoïcien, que Perse veut nous faire admirer, s’expose aux railleries grossières du centurion, quand, tout en se promenant, il se passionne pour une question abstraite : « Ce n’est pas moi qui voudrais être un philosophe, un Arcésilas, un Solon morose32, de ces gens qui s’en vont la tête baissée, l’œil fixé à terre, murmurant, rongeant, rageant ; on n’entend pas ce qu’ils disent ; ils ont l’air de peser des mots sur leur lèvre qui s’avance comme un plateau. […] Ce n’est pas moi qui voudrais être un philosophe, un Arcésilas, un Solon morose, de ces gens qui s’en vont la tête baissée, l’œil fixé à terre, murmurant, rongeant, rageant » : Arcésilas, philosophe grec (Pitane, Eolide −315 ou −314 — −241 ou −240), sans doute cité ici parce qu’il prôna entre autres, contre le dogmatisme des stoïciens, la suspension universelle du jugement ; Solon, le célèbre législateur athénien (v.-640 — v. 558) qui est est à l’origine de la vaste réforme sociale et politique qui fonde le commencement de la démocratie athénienne.
Et quand on songe que Gœthe, cet arrangeur, avait derrière lui, pour s’en inspirer, cette ribambelle et cette ribaudaille de démons : lago, Lovelace, Tartufe, don Juan, Valmont, le Satan de Milton et celui de Byron dans la Vision du Jugement, tous les dandies de la terre, Voltaire dans Candide et Talleyrand pendant quatre-vingts ans d’existence, on est tout étonné que Gœthe, ce tondeur sur tous les œufs pour en rapporter quelque chose, n’ait pas tondu sur ces œufs-là, qui sont des œufs d’autruche, et ne nous ait pas donné mieux que son grand diable, déhanché et maigre, qui ne paraît à l’imagination éveillée, pour peu qu’elle ait une conception juste du diable, qu’un Crispin, — un Crispin de l’Enfer, écrasé par ce nom de Méphistophélès que le polisson ose porter ! […] c’est Rousseau, dont le monde était plein à l’heure où écrivait Gœthe, et auquel toute la terre pouvait dire alors, comme dans la chanson grecque : « Tu as craché sur moi et j’en suis tout empoisonnée !
Alors, on retombe à terre, on redevient « le petit ânon qui s’en va paissant ». […] D’abord s’altèrent les mouvements les plus délicats, ceux de la parole qui s’embarrasse, des doigts qui perdent leur précision ; plus tard, les mouvements semi-automatiques qui composent la marche, le corps titube ; plus tard encore, l’ivrogne n’est pas même capable de se tenir assis, il tombe à terre ; enfin, perte des réflexes, il est ivre mort ; à l’extrême, perte des mouvements respiratoires. […] Il est agréable de manger de la terre, de la paille, du tabac, de la suie Les mêmes tendances se rencontrent chez certains sujets, hystériques, chlorotiques, névropathes Le commencement de la folie est quelquefois marqué par un régime alimentaire excentrique et désordonné.
. — Des deux saintes femmes, la première rampe convulsivement à terre, encore revêtue des bijoux et des insignes du luxe ; l’autre, blonde et dorée, s’affaisse plus mollement sous le poids énorme de son désespoir. […] Otez Delacroix, la grande chaîne de l’histoire est rompue et s’écroule à terre. […] Apollon, délivrant la terre du serpent Python, sera plus fort ; Apollon, cherchant à plaire à Daphné, aura des traits plus délicats18. » VIII.
« Que d’années déjà depuis ce jour d’Athènes où nous nous sommes rencontrés pour la première fois entre ciel et terre sur un échafaudage du Parthénon ! […] Il a une terre, une tradition, et, pour reprendre la formule que Nietzsche s’appliquait à lui-même, il se déclare « un loyal Suisse ». […] Ce jeune Normand ne se soucie pas de sa terre puisqu’il ne la possède plus, c’est sur l’État qu’il porte tout son intérêt, le sentiment barrésien de la grandeur et les ressources d’un art paresseux, fait de phrases à cran d’arrêt, de raccourcis, d’images soudain somptueuses. […] Si le temps lui en est laissé, espérons qu’il prendra le même soin, qu’à utiliser l’intelligence et le talent, à décorer son ministère ; croyez bien qu’ici, je ne fais allusion qu’à ceux des bureaux et des appartements où sont appelés à vivre, à parler en beauté, les grands de la terre, les ministres, les diplomates ou les souverains en voyage.
L’enthousiasme, en effet, en détachant l’âme des choses de la terre, donne à toutes les paroles qui s’échappent de nos lèvres une ardeur, une sérénité qui, seules, forment déjà la meilleure partie de la poésie ; mais la satire lyrique, par la nature même de la mission qu’elle se donne, est incessamment ramenée vers la réalité. […] Barbier a donc bien fait dose proposer l’Italie connue thème, malgré les poèmes nombreux que cette terre consacrée a déjà inspirés ; il a bien fait de se confier dans ses forces, et de ne pas reculer devant les difficultés d’une pareille tâche. […] Les premières stances sont graves, et le lecteur croirait volontiers que la plainte va tourner à la satire ; mais peu à peu le souvenir des belles collines d’Irlande donne à la pensée du pauvre paysan une sérénité pleine de grandeur ; en pleurant ses collines chéries, il cède au besoin de les chanter, de les peindre ; il en décrit la beauté avec tant de précision, tant de pureté, qu’il oublie un instant sa douleur dans l’admiration de la terre absente. […] Si, au lieu de déplorer la cruelle nécessité qui ravit à la terre le grand poète aussi bien que l’homme inutile et justement ignoré, ce qui n’est pas un thème très neuf, il se fût contenté de rapprocher la grande image de Shakespeare et la société anglaise contemporaine, le génie universel qui nous a légué une si glorieuse famille et l’égoïsme cupide qui domine maintenant la patrie de Shakespeare, je suis sûr que la pièce eût été plus belle encore, parce qu’elle fût devenue plus vraie. […] Mais la gloire de Sophocle est précisément d’avoir vaincu le Destin, ou du moins d’avoir rendu aux dieux et aux hommes une part de liberté ; s’il n’a pas donné aux habitants de l’Olympe et de la terre l’indépendance attribuée par le christianisme au Créateur et à la première de ses créatures, il est juste cependant de reconnaître qu’il a fait faire un grand pas à la tragédie, en mettant l’élément divin et l’élément humain en regard de l’élément fatal, au lieu de mettre les dieux et les hommes sous les pieds du Destin.
. — Nous avons placé dans de la terre sèche des graines également desséchées qui sont à une température et dans une atmosphère convenables pour la végétation. […] Cette nécessité d’un air assez riche en oxygène pour opérer la germination nous explique comment il se fait que des graines longtemps enfouies dans la terre y restent à l’état de vie latente et viennent à germer quand on les remet à la surface du sol. […] Exposés à des variations hygrométriques excessives, ils vivent tantôt dans l’eau qui baigne le sable des gouttières, comme de véritables êtres aquatiques, tantôt comme des vers de terre. […] Cependant on ne pourrait pas conclure d’une manière absolue que le maintien illimité de la vie latente exige la dessiccation, car des graines enfouies dans la terre ou au fond de l’eau se sont conservées en état de vie latente pendant des temps indéterminés mais certainement très considérables (au moins un siècle). […] D’où il conclut que la source de la vie est le feu et que les conditions de la vie ont été satisfaites précisément à l’époque où la terre était incanheadente : Das Leben entstamml also dem Feuer.
Il est souligné comme aussi bien dans le même paragraphe les expressions se diffamer… , un monstre sur la terre… , être brûlée avec ses livres… , et comme généralement, dans la Relation sur le quiétisme, les propres expressions de Fénelon partout où Bossuet les cite. […] « Transporter dans le champ du Seigneur ce qui occupe inutilement de la terre dans le nôtre43 », c’est faire d’Église les cadets de bonne maison, pour assurer aux aînés de quoi soutenir l’éclat héréditaire d’une grande famille. […] Massillon prend un texte : Beati qui lugent , mais il ne l’a pas plus tôt prononcé qu’il l’abandonne, et qu’il prêche en quelque sorte à côté, pour établir dans son premier point « que les justes ne sont pas aussi malheureux que le monde s’imagine », et dans son second point « non seulement qu’ils ne sont malheureux, mais qu’ils sont les seuls heureux de la terre ». […] J’en tremble, ou plutôt je l’espère, car il vaut cent fois mieux que je sois un fou, un étourdi digne de votre disgrâce, et qu’il reste un homme de bien de plus sur la terre. […] C’est à peine s’il a mis le pied sur la terre de France qu’il se trahit déjà comme un observateur malveillant.
Grandir dans les ténèbres, ne rien apercevoir au-delà des murs d’une chambre solitaire, relire chaque jour d’une voix soumise et tremblante le programme de sa tâche ; ne connaître du monde que le bruit confus qui vient mourir au pied de la maison ; espérer Dieu dans le ciel, et sur la terre craindre le démon ; s’interdire l’échange des pensées, comme une profanation des saintes paroles que le religion dépose dans les âmes élues ; s’éloigner des hommes comme d’un troupeau décimé par la peste ; vivre en soi-même, et n’avoir pour s’encourager aux jours à venir que le spectacle uniforme des mêmes rêveries et des mêmes souvenirs ; assurément ce n’est pas se préparer à la vertu, ce n’est pas s’initier aux devoirs d’épouse et de mère. […] Il se traîne jusqu’au dauphin, qui avait déjà essayé la couronne sur sa tête, il trébuche en la lui disputant, la couronne tombe à terre ; le roi chancelle et meurt. […] Arrivée à soixante ans, elle n’a plus rien à espérer sur la terre : elle attend chaque jour l’ordre divin qui doit la rappeler ; mais elle veut porter à Dieu une âme clairvoyante et désabusée, elle veut comparaître au tribunal céleste sans souillure et sans tache. […] Pourquoi Dieu m’a-t-il envoyé sur la terre ? […] Ce qu’il voulait, il l’a conquis ; il a touché la terre inconnue ; il a réalisé, sous des formes choisies et rêvées depuis longtemps, chacune de ses pensées ; il n’en est plus à dire qu’un art nouveau est possible en France ; cet art, il l’a personnifié dans des œuvres nombreuses ; il a jeté sa volonté dans tous les moules ; il a écrit sa fantaisie sur la pierre et le marbre ; il est donc naturel que sa pensée ait changé de style en changeant de puissance, et que la parole du novateur ait pris avec les années le ton du commandement et presque de la dictature.
Être des Êtres, ayez pitié de ces chères femmes, écoutez leurs prières, et faites-moi la grâce de les revoir quand j’aurai accompli les jours que vous voulez que je passe sur la terre ; mais, mon Dieu, donnez-moi, non pas ce que je souhaite, mais ce que vous savez qui m’est nécessaire, et que vos ordres éternels s’accomplissent !
Ce n’est qu’en Allemagne que la bonté est toujours bonne… » À mesure qu’il s’avançait vers le Nord proprement dit, il sentait le calme descendre en lui, sa gaieté prête à renaître, même au milieu de la mélancolie légère que lui apportait l’aspect des landes uniformes et des horizons voilés : « L’atmosphère brumeuse était partout embellie par le caractère et la bonté des habitants. » Sortant d’un pays où il laissait ses biens en séquestre, sa réputation calomniée, où il avait entendu siffler de toutes parts l’envie, et vu se dresser la haine, il entrait dans des régions paisibles où la bienveillance venait au-devant de lui : « Les hommes, dit-il spirituellement, qui ne témoignent leur bienveillance qu’après y avoir bien pensé, me font l’effet de ces juifs besogneux qui ne livrent leur marchandise qu’après en avoir reçu le payement. » Je ne puis ici raconter tout ce qu’il apprit et découvrit dans ces régions du Nord. « Pour écrire sur l’histoire de ce pays, il faut vivre aux bords de la Baltique, avec les hommes distingués et les livres que l’on ne trouve que là. » Il ne s’en tint pas au Danemark ; il fit une petite excursion en Scanie, et en reçut des impressions vives : « Quand j’eus passé la Baltique, je me sentis dans un pays nouveau : le ciel, la terre, les hommes, leur langage, n’étaient plus les mêmes pour moi.
Lorsque, vainqueur et conquérant de Valence, il a fait hommage de sa terre au roi Alphonse comme à son seigneur et a obtenu de lui de laisser venir Chimène et ses deux filles qu’il n’a pas revues depuis cet adieu déchirant, le Cid va à leur rencontre ; il les reçoit avec honneur dans cette belle ville qu’il se flatte de leur avoir gagnée en héritage, et il les fait monter sur un endroit élevé pour qu’elles puissent embrasser du regard leur conquête ; mais un ennemi nouveau se présente ; le roi de Maroc vient de delà la mer, pour assiéger le conquérant à son tour.
Nous avions pour sièges et pour lit de repos de larges blocs de grès, masses hétérogènes descendues jadis de la colline et enfouies dans la terre, que leur dos use et arrondi perce de place en place… Ces beaux grès, propres et sains, semés dans l’herbe sous un clair ombrage, invitent au repos.
Avait-il bien dessein en cela, comme il le déclare dans la préface de la Vigie, d’amener, d’induire, par les critiques mêmes qu’on lui ferait, le parti libéral et philosophique à reconnaître qu’il n’est pas de bonheur pour l’homme sur la terre si on lui arrache toute illusion ?
Avant que l’innovation, cet autre pied aventureux, réussisse à enlever de terre le pied lent et solide, il lui faut piaffer longtemps en vain.
pour le coup, nos bons premiers éditeurs n’avaient en rien l’idée de ce genre de beauté tronquée qui tient de celle de la Vénus de Milo, et, toutes les fois qu’ils avaient rencontré un audacieux fragment ainsi debout, ils l’avaient incliné doucement et couché par terre.
Et c’est pareillement un coin d’idylle qui fleurit en pleine aridité de la métaphysique amoureuse, quand le poète fait dire à son amant : Je ressemble le paysan Qui jette en terre sa semence, Et il a joie à regarder Comme elle est belle et drue en herbe : Mais avant qu’il en cueille gerbe, Par malheur l’empire et la grève Une male nue, qui crève Quand les épis doivent fleurir : Et fait le grain dedans mourir, Et ravit l’espoir du vilain.
Rien en somme ne manque que ce qui s’est trouvé en dehors de son observation : la province, sur laquelle il n’a qu’une page, injuste et insuffisante ; le peuple des villes, qu’il ne soupçonne pas ; le paysan, dont il devine la dure condition, parce qu’il en a aperçu la silhouette courbée sur la terre, et dont il ne pénètre pas le caractère, parce qu’il n’a pas eu de contact, parce qu’il n’a pas vécu avec lui.
Grand redresseur des petits abus, protecteur des petits fonctionnaires, terreur des administrations et des Compagnies, hygiéniste convaincu, épris avant tout d’utilité, capable de s’intéresser à, tout ce qui touche à notre « guenille », vivant bien sur la terre et aimant y vivre, pareil en cela à ses ancêtres du XVIIIe siècle dont il a l’ardeur d’humanité et l’activité d’esprit — moins la sensiblerie et les illusions que de questions n’a-t-il pas remuées et que de services n’a-t-il pas rendus ou voulu rendre !
Tel qu’un cadavre, j’étais gisant dans le désert, et la voix de Dieu m’appela : Lève-toi, prophète, vois, écoute, et parcourant et les mers et les terres, brûle par la Parole les cœurs des humains. » 1.
Un de ces enfants perdus, Lamettrie, justifiait l’athéisme, définissait le remords une faiblesse d’éducation, faisait sortir l’homme du limon de la terre comme un végétal, qualifiait le vol de vice, le vice et la vertu d’effets du sang ; donnait à la vie pour but suprême le bonheur par les sens, par l’opium, le rêve ou la folie, et pour fin le néant.
Faudra-t-il donc que je cultive mes terres de mes propres mains ?
Il avait, en un mot, cru à la Terre promise avant le passage de la mer Rouge.
Celle-ci était partie pour ses terres.
Il montre que cette société, et toutes celles qui en dépendent, ces confréries usurpatrices, « se tenant toutes par la main, forment une sorte de chaîne électrique autour de la France » ; qu’elles forment un « État dans l’État » ; que « l’organisation de ces sociétés est le système le plus complet de désorganisation sociale qu’il y ait jamais eu sur la terre ».
Le Génie de l’Espèce qui les possède leur promet un bonheur hors de proportion avec tous ceux qu’ils ont pu jusqu’alors imaginer, c’est par l’appât de cette promesse qu’il les contraint à réaliser son propre vœu qui est unique : assurer la vie de l’espèce, faire naître des êtres en abondance dont le type perpétue celui des êtres de la même espèce, de ces vivants qui vont mourir et qui, s’il n’y prend garde, emporteront avec eux dans la terre, où ils vont se dissoudre, le secret de cette forme particulière que la vie, au prix de tant d’efforts, et de tâtonnements, a créée.
Un jour, que la clef avait été laissée sur l’armoire, le prince les retira toutes, et les posant sur le plancher, se mit à jouer avec les petits soldats, couché à plat ventre par terre.
Ô terre d’économie !
Sans préjudice des cultes particuliers, que ses membres professent ou révèrent, elle a un culte général, commun à tous, comme son dogme, c’est d’établir le règne de Dieu sur la terre comme au ciel , de faire passer dans les faits l’action des lois que l’intelligence a découvertes dans le domaine des idées.
Ai-je besoin de vous citer la fameuse fable de Garo, de Garo prétendant que la Providence aurait dû suspendre les citrouilles au chêne, et adapter les glands à une plante qui rasât la terre ?
C’est le mouvement de rotation de la Terre.
Le pauvre homme paya cher tant d’esprit et de grâce ; il fut mis à la Bastille, puis exilé dans ses terres, où il passa la plus grande partie de sa vie ; ce fut pour lui une rude pénitence, car il aimait bien la cour. […] Pendant sa première ariette un tremblement de terre se fit sentir : le chanteur ne trembla pas ; uniquement occupé de son début, il ne s’aperçut de rien, et continua son ariette jusqu’à la fin, sans se troubler. […] Dans sa colère, elle outrage Agamemnon par des invectives abominables ; elle lui reproche de l’avoir enlevée à Tantale, d’avoir arraché de sa mamelle l’enfant qu’elle avait eu de ce premier époux, et de l’avoir écrasé en le jetant contre terre : atrocité qui fait frémir ‘d’horreur, et rend Agamemnon très odieux. […] L’histoire des Juifs, d’ailleurs très authentique, a cela de commun avec l’épopée, que tout s’y fait par le ministère de Dieu : le ciel y entretient un commerce continuel avec la terre ; Dieu s’y montre, il y parle ; il a ses messagers, ses anges, ses ambassadeurs. […] Si le théâtre de l’univers, si le spectacle du ciel et de la terre ne porte pas dans l’âme de l’incrédule le sentiment d’un créateur, ce n’est pas en allant à la Comédie-Française qu’il apprend à croire en Dieu : la scène supprimée est bien faite et bien raisonnée, mais froide et peu théâtrale.
Bref, il en est de l’histoire comme de la géographie : sur certaines parties de la terre, on possède des documents assez complets et assez bien classés, dans des publications maniables, pour que l’on puisse en raisonner utilement, au coin du feu, sans se déranger ; tandis que la moindre monographie d’une région inexplorée ou mal explorée suppose une exertion de forces physiques et une dépense de temps considérables. […] Des siècles se sont écoulés, en des âges de civilisation brillante, avant que les premières lueurs de Critique se soient manifestées parmi les peuples les plus intelligents de la terre. […] Toute trouvaille procure une jouissance ; or, dans le domaine de l’érudition il y a d’innombrables trouvailles à faire, soit à fleur de terre, soit à travers de quadruples obstacles, pour ceux qui aiment et pour ceux qui n’aiment pas à jouer la difficulté. […] Il n’y a eu qu’une seule évolution de la terre, de la vie animale, de l’humanité. […] C’est ce qui est arrivé pour les tremblements de terre, les cas de rage, les baleines échouées sur les côtes. — En outre, beaucoup de faits, même bien connus des contemporains, ne sont pas notés, parce que l’autorité officielle empêche de les divulguer ; c’est ce qui arrive pour les actes des gouvernements secrets et les plaintes des classes inférieures.
On le voit bien dans cette belle page des Élévations sur les Mystères, si littérale et si symbolique à la fois : « Contenons les vives saillies de nos pensées vagabondes… nous commanderons en quelque sorte aux oiseaux du ciel ; empêchons nos pensées de ramper toujours dans les nécessités corporelles, comme font les reptiles sur la terre… Ce sera dompter des lions que d’assujettir notre impétueuse colère. […] Mais grâce aux « progrès de la science », on n’a pas plus tôt encerclé la frontière d’une ceinture de terre, de pierre et de fer, qu’il faut que l’on recommence ; et en voilà pour des centaines de millions !
« Je défie le physicien le plus habile de trouver à cette phrase un sens raisonnable, à moins que la neige, soustraite aux lois de la gravitation, ne parle du centre de la terre pour arriver à sa surface ; encore resterait-il à deviner comment la chute de la neige est à l’avalanche, ce que les fautes d’une génération sont aux malheurs de la génération suivante. […] Dieu lui-même n’est que la poésie universelle de la terre réunie au ciel.
Mais le système nerveux peut-il se concevoir vivant sans l’organisme qui le nourrit, sans l’atmosphère où l’organisme respire, sans la terre que cette atmosphère baigne, sans le soleil autour duquel la terre gravite ?
Tous les rayons étaient égaux avant qu’on eut tracé de circonférence de cercle, et ce n’est pas Galilée qui a mis la terre en mouvement autour du soleil ! […] Chacun sait maintenant ce qu’il veut dire, on ne se paye plus de tirades ; on ne déclame plus ; on n’ouvre plus la bouche comme si chaque parole qu’on prononce allait ébranler le ciel et la terre » [Cf. […] Le « théologien de la Providence » ; — et comment tous les ouvrages de J. de Maistre se rapportent à l’intention de prouver le gouvernement de Dieu sur le monde. — Les Considérations sur la France ; — et qu’à la lumière de l’idée de la Providence, personne n’a mieux vu que J. de Maistre le caractère « apocalyptique » de la Révolution française. — Son admiration pour la France ; — et comment elle perce jusque dans ses invectives. — Des livres de l’Église gallicane et du Pape ; — et que l’objet en est de montrer le mal que la France s’est fait à elle-même ; — toutes les fois qu’elle s’est éloignée de la Papauté ; — considérée comme l’instrument de la Providence sur la terre ; — et le centre dont on ne saurait s’éloigner sans errer. — Les Soirées de Saint-Pétersbourg ; — combien le sous-titre d’Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence en est caractéristique ; — et du rapport des Soirées de Saint-Pétersbourg avec l’Examen de la philosophie de Bacon ; — si ce que Joseph de Maistre a surtout attaqué dans Voltaire, c’est la philosophie de l’Essai sur les mœurs ; — et, dans l’Essai sur les mœurs, la conception baconienne qui, en excluant la considération des causes finales, — exclut Dieu même de toute action sur le monde. […] Le Premier Regret, Milly ou la terre natale] ; — mais de le montrer s’échappant à lui-même ; — ne se préoccupant désormais ni de choisir entre ses idées ; — ni de donner des digues au flot toujours plus abondant de son improvisation ; — et se préparant ainsi à écrire La Chute d’un ange. — S’il faut regretter que Lamartine se soit tourné vers la politique ; — et qu’il semble bien qu’en tout cas son inspiration poétique fut dès lors sinon tarie ; — mais assurément « dépersonnalisée ». — Qu’il appartient d’ailleurs encore à l’histoire de la littérature ; — par quelques-uns de ses Discours [Cf. […] Avec nos camps vainqueurs, dans l’Europe asservie J’errai, je parcourus la terre avant la vie !
Près de quitter la terre, séparé du monde des vivants, il aurait honte de conserver dans son cœur un sentiment d’égoïsme et d’envie ; seul avec ses espérances défaillantes, il n’est pas jaloux du bonheur de ceux qu’il attendait, et qui ne sont pas venus. […] Parler de l’amitié et vivre seul avec soi-même, c’est décrire une terre inconnue, c’est bégayer au hasard un idiome ignoré. […] Lors même que l’auteur des Orientales s’enfermerait obstinément dans le système littéraire qu’il a fondé, et soutiendrait que la terre finit à l’horizon de son regard, son passage dans la littérature contemporaine mériterait cependant d’être signalé, sinon comme une ère de fécondité, du moins comme une crise salutaire. […] Jean sans Terre était pour le roi de France un rival beaucoup moins redoutable, car il n’avait ni la ruse de Henri, ni le courage de Richard.
Comme le shrapnell, éclatant avant de toucher terre, couvre d’un indivisible danger la zone d’explosion, ainsi la flèche qui va de A en B déploie d’un seul coup, quoique sur une certaine étendue de durée, son indivisible mobilité. […] On croit avoir serré d’assez près le fait quand on l’a caractérisé globalement : c’est un mouvement vers le bas, c’est la tendance vers un centre, c’est le mouvement naturel d’un corps qui, séparé de la terre à laquelle il appartenait, y va maintenant retrouver sa place. […] La science moderne est fille de l’astronomie ; elle est descendue du ciel sur la terre le long du plan incliné de Galilée, car c’est par Galilée que Newton et ses successeurs se relient à Kepler.
Au contraire, lorsque j’allai voir l’abbé Lacordaire qui était dans une chambre au premier étage, je fus frappé du contraste ; celui-ci ne parlait qu’avec une extrême réserve et soumission des mécomptes qu’ils avaient éprouvés, et il employa notamment cette comparaison du grain « qui, même en le supposant de bonne nature, a besoin d’être retardé dans sa germination et de dormir tout « un hiver sous terre » : c’est ainsi qu’il expliquait et justifiait, même en admettant une part de vérité dans les doctrines de l’Avenir, la sévérité et la résistance du Saint-Siège.
« En arrivant, j’ai trouvé, comme vous me l’aviez dit, une lettre de vous datée du 9, mon cher Delaroche ; quoique vous ayant vu depuis, j’y réponds par la raison toute simple qu’elle traite des questions graves qu’il m’importe à mon tour de traiter de vous à moi ; car je veux et je dois vous ouvrir mon cœur tout entier, au risque de vous déplaire sous certains rapports, et peut-être de voir nos relations se refroidir de nouveau ; mais il est des circonstances où ce serait un crime de se taire, puisqu’il y va de votre bonheur à venir et de vous préserver du plus affreux de tous les malheurs, de cette douleur sans compensation de rester seul sur la terre !
. — Il compare encore ces écrivains uniquement élégants, qui prennent tant de peine aux mots, aux nombres, et si peu à la pensée, à ceux « qui s’amusent à cribler de la terre avec un grand soin pour n’y mettre ensuite que des tulipes et des anémones » ; belles fleurs, il est vrai, agréables à la vue, mais de peu de durée et de nul rapport.
Le début de cette Correspondance avec Brissot ressemble fort à celui de la Correspondance avec Bancal : « Si mon excellent ami, écrit Mme Roland à Brissot dans les premiers mois de 90, eût eu quelques années de moins, l’Amérique nous aurait déjà reçus dans son sein : nous regrettons moins cette terre promise depuis que nous espérons une patrie.
Les fondations ne plongent pas en terre : l’édifice roule, il est mouvant, il tombera ; mais qu’importe ?
Enfermée d’abord dans le réservoir aristocratique, la doctrine a filtré par tous les interstices comme une eau glissante, et se répand insensiblement dans tout l’étage inférieur Déjà en 1727, Barbier, qui est un bourgeois de l’ancienne roche et ne connaît guère que de nom la philosophie et les philosophes, écrit dans son journal : « On retranche à cent pauvres familles des rentes viagères qui les faisaient subsister, acquises avec des effets dont le roi était débiteur et dont le fonds est éteint ; on donne cinquante-six mille livres de pension à des gens qui ont été dans les grands postes où ils ont amassé des biens considérables, toujours aux dépens du peuple, et cela pour se reposer et ne rien faire578 » Une à une, les idées de réforme pénètrent dans son cabinet d’avocat consultant ; il a suffi de la conversation pour les propager, et le gros sens commun n’a pas besoin de philosophie pour les admettre. « La taxe des impositions sur les biens, dit-il en 1750, doit être proportionnelle et répartie également sur tous les sujets du roi et membres de l’État, à proportion des biens que chacun possède réellement dans le royaume ; en Angleterre, les terres de la noblesse, du clergé et du Tiers-état payent également sans distinction ; rien n’est plus juste. » — Dans les dix années qui suivent, le flot grossit ; on parle en mal du gouvernement dans les cafés, aux promenades, et la police n’ose arrêter les frondeurs, « parce qu’il faudrait arrêter tout le monde ».
S’inquiétant des mêmes soucis qui agitent les esprits actuels, Sainte-Beuve disait notamment : « Ne pas avoir le sentiment des Lettres, cela, chez les anciens, voulait dire ne pas avoir le sentiment de la vertu, de la gloire, de la beauté, en un mot de tout ce qu’il y a de véritablement divin sur la terre : que ce soit là encore notre symbole.
Mais cet amour était quand même de l’amour, et rien n’est beau comme d’aimer les lettres, de se réfugier même sous terre pour les adorer, lorsque la grande foule les ignore et les dédaigne.
Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits !
A voir de quelle hauteur le premier regarde les choses, on pourrait croire qu’il n’aperçoit rien sur la terre qui soit digne d’admiration, sinon ce qu’il appelle le dessein de Dieu dans les choses humaines.
La Cité, qui donna à cette expérience sacrée un théâtre, imprime à la terre le Sceau universel.
Erda est la déesse de la terre, mère des Nornes, équivalent germanique des Parques.
Comme il s’adresse au peuple le plus spirituel de la terre, il agrémente le texte du barbare, qu’il traduit.
Tout en maintenant que « chaque état de conscience, pris en lui-même, n’est qu’une lumière sans efficacité, la simple révélation d’un travail inconscient », il ajoute : « Au seul point de vue de la survivance du plus apte, l’apparition de la conscience sur la terre a été un fait capital.
La doctrine de la chute n’explique rien de ce qu’il s’agit d’expliquer ; par exemple, elle n’explique pas une grande partie du mal qui couvre la terre, la douleur chez les animaux, leur appliquera-t-on la doctrine du péché originel, et, pour rappeler le mot de Malebranche, « ont-ils donc mangé du foin défendu ?
Le moyen d’être jaloux de pauvres diables qui ne seraient pas enterrés en terre sainte, et qui devaient brûler inévitablement et sans rémission dans le feu éternel ?