Ces plates figures bourgeoises, ce salon de province trivial et mesquin, participent des imaginations du rêve ; les formes s’allongent, se raccourcissent, se déplacent, s’exagèrent, se mêlent ; l’ordinaire devient l’étrange… le fantastique — familier est créé ! […] D’ordinaire, tout en faisant assez large la part de l’analyse, nos romanciers donnent la plus grande place au développement des situations, au drame, au fait. […] Meilhac n’est donc pas un élève ordinaire. […] Le public, rebelle d’ordinaire aux œuvres élevées, et qui sourit méchamment aux sublimités de Corneille, était là, béant d’admiration, de respect et de terreur. […] ———— C’est l’ordinaire que ceux qui n’ont pas de style reprochent aux autres de n’avoir pas d’idées.
On n’osait lui répondre, et alarmer son allégresse : il y a aussi la destinée, mais qui, d’ordinaire, ne vaut pas l’amour. […] Il leur déroule une série d’incidents, presque toujours tristes et analogues aux péripéties d’une destinée ordinaire. […] Mais enfin ce qui rend Cécile une personne que l’on ne saurait confondre avec une autre ne l’a point détachée de la vie ordinaire. Elle a, dans la vie ordinaire, son trantran, pour ainsi parler. […] Il fallait donc que Cécile Pommier fût la plus ordinaire femme et à qui rien n’arrive de très extraordinaire.
Gautier qu’elle ait dépassé les termes ordinaires de l’admiration. […] Mais peu à peu il se lasse des thèmes ordinaires du lyrisme de son temps : émotions de l’amour, sentiments de famille, hymnes à la nature, célébration des gloires nationales. […] Je ne songe pas même à l’essor inouï qu’elle a fait prendre à sa renommée ; mais elle a fait entrer dans ses préoccupations ordinaires certaines données sur lesquelles son imagination a commencé le travail qui lui était propre. […] Tel est bien l’ordinaire progrès qui se fait dans notre pensée. […] À les entendre, dans l’état si avancé où sont les sciences, l’esprit humain ne saurait plus admettre aucune notion qui ne puisse être contrôlée par les méthodes ordinaires de la science.
Dans l’une était le linge de table, aussi beau qu’il soit possible de le désirer, sur une infinité de rayons ; dans l’autre, la vaisselle, de cette magnifique porcelaine de vieux saxe fleuronnée, moulée et dorée : les piles d’assiettes en bas, les services de toute sorte, les soupières rebondies, les tasses, les sucriers au-dessus ; puis l’argenterie ordinaire dans une corbeille. […] Et quand, dans cette même chambre où nous sommes, il te faisait sauter sur ses genoux, et que tu disais mille sottises, comme à l’ordinaire, était-il heureux le pauvre homme ! […] Seulement, je vous en prie, monsieur Kobus, réfléchissez.… réfléchissez bien à ce que nous sommes et à ce que vous êtes… Réfléchissez, que vous êtes d’un autre rang que nous ; que nous sommes des gens de travail, des gens ordinaires, et que vous êtes d’une famille distinguée depuis longtemps non-seulement par la fortune, mais encore par l’estime que vos ancêtres et vous-même avez méritée.
Ces choses sont d’ordinaire fort indifférentes aux lecteurs. […] Disons mieux : tout cela mourra dans l’opération ; et c’est ainsi que les mutilateurs dogmatiques arrivent à leur résultat ordinaire : ce qui était vivant dans la chronique est mort dans la tragédie. […] Mais si ce miroir est un miroir ordinaire, une surface plane et unie, il ne renverra des objets qu’une image terne et sans relief, fidèle, mais décolorée ; on sait ce que la couleur et la lumière perdent à la réflexion simple.
Partez en effet de mon corps, comme on le fait d’ordinaire ; vous ne me ferez jamais comprendre comment des impressions reçues à la surface de mon corps, et qui n’intéressent que ce corps, vont se constituer pour moi en objets indépendants et former un monde extérieur. […] On se donne d’ordinaire des sensations élémentaires, correspondant aux impressions reçues par les cônes et bâtonnets de la rétine. […] Au contraire la matière, telle que le réalisme la pose d’ordinaire, évolue de façon qu’on puisse passer d’un moment au moment suivant par voie de déduction mathématique.
Sans doute, me sentant soutenue, j’étais plus diabolique qu’à l’ordinaire ; car elle dut faire lever bien des punitions. […] Les tantes, qui d’ordinaire ne prêtaient pas grande attention à mes histoires, parurent terrifiées de celle-là. […] Avec ma turbulence ordinaire, je m’élançai pour la pousser et j’appuyai, de toute ma force, mes deux mains contre la vitre. […] À cet effet, des bancs étaient rangés dans le chœur des religieuses et cela nous amusait d’être en ce lieu sacré, si sévèrement interdit d’ordinaire. […] Il arriva en bel appareil, avec une suite nombreuse, et le cloître, si fermé d’ordinaire, se laissa fouler par les pas de beaucoup d’hommes.
L’idée de la forme, du beau est inintelligente et païenne, il ne faut plus que le beau ait toute la place mais seulement une place ; le xixe siècle a affranchi l’ordinaire, le général, le vrai. La beauté ne veut rien dire sinon la beauté ; le reste, l’ordinaire, le réel est autrement complet et étendu ; chaque visage d’homme ordinaire crie vice, passion, douleur, esprit, méchanceté. […] Pour faire le roman historique, voici le procédé ordinaire : on collationne un certain nombre de duels, d’orgies, de batailles, d’enlèvements ; on a un traître, un vertueux, un sacripant, un imbécile, une ingénue, une lorette ; on habille ses personnages en mousquetaires, en mignons, en rois, en princes, en ducs, en hôtelières, en duchesses, et on les fait manœuvrer le plus obscurément, le plus étrangement possible, seulement on ajoute la couleur locale ; on prend quelques gravures du temps, on en décrit scrupuleusement les costumes, on met dans la bouche de ses héros quelques jurons historiques, et le tour est fait. […] Ainsi l’homme ordinaire soulève mille idées contre une ou deux qu’agite la vue de l’autre, et qui sont celles de la difficulté et de la santé. […] Tout ce qui affecte les sens agréablement ou désagréablement produit une excitation intellectuelle qui n’est pas ordinaire et qui ne ressemble en rien au travail de la raison.
On n’a pas beaucoup de détails sur son séjour en Angleterre ; mais il s’est plu lui-même à rapporter une réponse qu’il fit à la reine d’Angleterre, et qui prouve qu’il savait, au besoin, être bon courtisan. « Je dînais chez le duc de Richemond, le gentilhomme ordinaire de La Boine, qui étant un fat quoique envoyé de France en Angleterre, soutint que l’Angleterre n’était pas plus grande que la Guyenne. […] Pour peu qu’on voie les choses avec une certaine étendue, les saillies s’évanouissent ; elles ne naissent d’ordinaire que parce que l’esprit se jette tout d’un côté et abandonne tous les autres.
La tragi-comédie et la pastorale, qui étaient plus en faveur que la tragédie même, enfermaient quelques éléments de la comédie : les autres étaient détenus par la farce, dont la représentation suivait à l’ordinaire la tragédie et la comédie. […] De là le ton d’amertume de la comédie, si différent du ton ordinaire de Lesage. — À consulter : Brunetière, Époq. du th. fr.
Rien de plus ordinaire, ni, en un sens, de plus naturel. […] La logique ordinaire est ici outrageusement violée, mais l’homme sent, pense et agit contradictoirement, en conformité avec sa nature contradictoire, pour parer à des conditions de vie contradictoires aussi, et, de ce point de vue, il est très logique.
Par un contraste assez ordinaire, ces survivants, parfois hideux, de luttes titaniques étaient devenus des agneaux. […] Je me suis défié de la cause ordinaire de mes erreurs ; j’ai pris le contrepied de mes instincts ; je me suis rais en garde contre mon idéalisme.
La psychologie ordinaire, se plaçant soit au point de vue purement intellectualiste, soit au point de vue matérialiste (les deux se ressemblent), ne considère le plus souvent que le contenu et les qualités des idées ou images mentales, à l’état immobile et « statique » ; elle les traite comme des espèces de tableaux ayant une forme propre dans un cadre propre et, de plus, répondant à des objets dont elles sont les portraits. […] Est-ce un acte nouveau et original de l’esprit, comme on le prétend d’ordinaire, ou n’est-ce qu’une combinaison de fonctions plus primitives, notamment de souvenirs et d’appétitions ?
Les événements de la révolution avaient été si imprévus, leur succession si soudaine et leur action sur la vie et la fortune des individus si violente et si brusque, que les notions ordinaires sur l’ordre des choses étaient bouleversées. Afin de comprendre ces phénomènes sociaux qui frappaient et détruisaient comme la foudre, les explications ordinaires devenaient insuffisantes ; les esprits terrorisés ne les attribuaient pas à des causes naturelles, mais à des causes mystérieuses, à des conspirations, à des complots ténébreux, à l’or de Pitt, du duc d’Orléans, à des causes tenant du miracle.
Ses lèvres articulaient à peine un léger et imperceptible mouvement ; mais ses yeux tour à tour baissés sur la page ou levés vers le ciel, la pâleur et la rougeur alternative de ses joues, ses mains qui se joignaient quelquefois en déposant pour un moment le livre sur ses genoux, l’émotion qui gonflait sa poitrine et qui se révélait à moi par une respiration plus forte qu’à l’ordinaire, tout me faisait conclure, dans mon intelligence enfantine, qu’elle disait à ce livre ou que ce livre lui disait des choses inentendues de moi, mais bien intéressantes, puisqu’elle, habituellement si indulgente à nos jeux et si gracieuse à nous répondre, me faisait signe de ne pas interrompre l’entretien silencieux ! […] XL D’acteur que je fus pendant vingt ans dans ce triste drame oratoire ou populaire de ma patrie, le prompt dégoût du peuple et la mobilité ordinaire des choses humaines m’ont rejeté au rang des spectateurs les plus oubliés ; je ne m’en plains pas : c’est le bon côté des disgrâces ; quand la foule se précipite où l’on ne veut pas aller, heureux l’homme seul !
C’étoit un homme de grand sens plûtôt qu’un homme d’esprit, ou plûtôt qu’un homme d’imagination, à prendre ces termes dans le sens qu’on y attache d’ordinaire. […] Un auteur, qui sans concurrens, abandonne un ouvrage au public, se contente d’ordinaire de le trouver bon ; celui qui dispute un prix, veut que son ouvrage soit le meilleur.
Ce fait important ne peut en aucune façon s’expliquer au point de vue ordinaire des créations indépendantes ; tandis que, d’après les idées que j’ai exposées ici, il est de toute évidence que les îles Galapagos sont situées de manière à recevoir des colonies américaines, à l’aide de transports occasionnels. […] Or, chacune de ces lois est complétement incompréhensible d’après la théorie ordinaire de la création indépendante de chaque espèce ; mais elles sont aisément explicables au point de vue de la colonisation de chaque station par les habitants de la région la plus voisine et la plus favorable aux migrations des espèces, combinées avec la faculté de modification et d’adaptation de ces colons à leur nouvelle patrie.
Ils ont inventé de véritables logogriphes pour dire les choses les plus ordinaires. […] Suivez bien ses phrases ampoulées, développez ses traînantes périphrases, soulevez ses images vieillies, et vous trouverez quelques pauvres allusions qu’on débite courageusement, car il n’y a pas de danger à les dire ; vous y verrez à chaque phrase, à chaque mot, l’éloge du temps où il avait voix délibérative dans les affaires du pays ; vous y sentirez, cachée sous des réticences, l’attaque envieuse contre tout ce qui est jeune, contre tout ce qui vit, contre tout ce qui a de l’avenir ; c’est la malédiction de la mort contre la vie ; c’est l’exaltation de tout ce qui est médiocre, mesquin, incolore, ordinaire, connu, ressassé, pauvre et croulant !
À l’Académie, dans les séances ordinaires, Duclos faisait un peu comme partout, il tempêtait au besoin et ne se refusait pas ses jurons d’habitude.
Daru très jeune, lui ayant écrit en 1788 pour le consulter sur l’opportunité de publier à celle date un poème épique dont la guerre d’Amérique serait le sujet, et ayant paru attribuer la préséance dans la famille des Muses à celle qui présidait aux sciences, Ramond, en répondant, lui rappelait que c’est la poésie au contraire à laquelle il appartient de donner à tout la vie et l’immortalité ; et convenant d’ailleurs que les circonstances étaient peu propices à l’épopée, il ajoutait : Mais c’est la destinée ordinaire des grands ouvrages de ce genre de n’être jamais des ouvrages de circonstance ; et si, par cette raison, leur succès est plus lent et plus difficile, leur gloire est plus pure et moins mortelle.
D’ordinaire elle est dans celui qui a le droit de se croire trompé, dans le mari : ici elle est dans l’amant.
Si elle intervenait, c’était discrètement, pour glisser une remarque fine, pour placer une anecdote choisie et dont le trait d’ordinaire amenait un sourire.
L’abbé Le Dieu, ancien secrétaire de Bossuet, étant allé visiter Fénelon à Cambrai en septembre 1704, fut invité à dîner et à souper avec le prélat, et il nous a laissé un détail minutieux de tout ce dont il fut témoin en ce palais où régnait la politesse : « M. l’archevêque, dit-il, prit la peine de me servir de sa main de tout ce qu’il y avait de plus délicat sur sa table ; je le remerciai chaque fois en grand respect, le chapeau à la main, et chaque fois aussi il ne manqua jamais de m’ôter son chapeau, et il me fit l’honneur de boire à ma santé. » Du temps de M. de Luynes, il paraît que l’usage ordinaire de dîner le chapeau sur la tête subsistait encore, puisqu’il remarque qu’on se découvre quand on dîne avec le roi.
Le caractère de Madeleine se peint dans ses paroles, non pas tout à fait tel qu’on aime à se le figurer d’après la tradition ordinaire, non pas celui d’une femme tendre, passionnée et abandonnée.
Mon intention est que vous le traitiez comme à l’ordinaire et que ceci reste un secret.
Aussi, à l’ordinaire, nos amants resteront bien loin des ardeurs qui échauffent chaque ligne de l’Imitation : leur dame ne sera que l’idée de la dame, leur passion ne sera que l’idée de la passion ; tout se passera dans leur tête, en constructions abstraites, non dans leurs cœurs en vivantes émotions.
Mais, selon la tradition du genre, les hommes ne sont pas à l’ordinaire présentés dans leurs formes et leurs actes d’hommes : toute la nature fournit de transparents symboles, où le poète enferme ce que son analyse a découvert de nos vices et de nos travers.
Les dépenses assez modestes des divertissements qu’ils donnaient à la cour prouvent que, d’ordinaire, ils étaient simplement appelés à y jouer leurs canevas, sans grand appareil.
Le poète n’a pas été à lui ; point la condescendance habituelle après l’ordinaire éclat.
Seulement — il faut bien mettre les pieds dans le plat, et prendre à notre tour l’offensive, — seulement pour l’ordinaire, on ne sait pas le français, mon cher confrère3.
Dieu merci, ce reproche est immérité d’ordinaire.
Bain n’ait pas essayé de montrer en détail comment son explication peut remplacer la théorie ordinaire des facultés, et comment chacune de celles-ci se ramène à un mode particulier d’association.
« Le roi arriva dimanche matin à Versailles ; la reine, madame de Montespan, et toutes les dames étaient allées, dès le samedi, reprendre tous leurs appartements ordinaires.
Les défauts qui y circulent, et qui souvent y débordent, sont précisément les défauts de notre temps, c’est-à-dire ceux auxquels les lecteurs ordinaires sont le moins sensibles, tellement que quelques-uns vont peut-être jusqu’à y être sensibles dans un sens inverse et à y voir des beautés.
Les lettres de celui-ci, adressées à Mme Récamier, y aideraient beaucoup ; mais elles seraient très insuffisantes, au point de vue de la vérité, si l’on n’y ajoutait la contrepartie, ce qu’il écrivait pour lui seul au sortir de là, et que bien des gens ont lu, et enfin si l’on n’éclairait le tout par les explications de moraliste qui ne se trouvent point d’ordinaire dans les plaidoiries des avocats.
Ce n’est pas au moment où M. de Musset s’élevait le plus haut que cette vogue mondaine s’est déclarée ; elle n’est venue qu’après, comme il arrive d’ordinaire, mais elle existe.
… Les plus sages parurent aussi fous que le peuple, le peuple me parut plus fou que jamais. » La gaieté de certains endroits de son récit ne peut nous couvrir qu’incomplètement le dégoût de ce régime anarchique, contradictoire, et dont ceux qui y étaient plongés, par une illusion trop ordinaire, ne s’apercevaient pas.
Il sait en temps ordinaire les tenants et les aboutissants de chacun, les parentés, les voisinages.
Dans les développements qu’il y donne, il me permettra de regretter que là, comme il lui arrive d’ordinaire en pareille matière, il se soit trop asservi aux formes philosophiques du jour, et que lui, esprit si vif et si français quand il le veut, il ne perce pas d’outre en outre, une fois pour toutes, ces expressions vagues et vaines, ces métaphores abstraites qui donnent un air de réalité à ce qui n’est que le nuage subtilisé du raisonnement.
Son conseil est composé de tous les professeurs ordinaires et publics, qui se partagent l’administration des biens de l’université, et jugent avec lui tout ce qui est du ressort de sa juridiction.
Pour l’ordinaire, ces titres étaient rédigés comme il suit : Très élégante et délicieuse histoire du très noble et victorieux et excellentissime roy Perceforest, roy de la Grande-Bretagne (1528).
Peut-être serons-nous conduits à croire que, contre le cours ordinaire des choses, il faut laisser l’opinion suivre sa pente naturelle, indépendamment des mœurs.
Les génies élevés tels que Corneille sont sujets à ces écarts et à ces faiblesses qui nous avertissent qu’ils sont hommes ; ils manquent de cette souplesse des esprits ordinaires ; ils ne savent qu’être sublimes ; et de cette hauteur où ils étonnent l’imagination, on les voit souvent descendre à des naïvetés qui sont, pour les hommes médiocres, un sujet de consolation et de plaisanterie. […] Voltaire se moque, à son ordinaire, de cette inconstance du public ; il s’égaie dans des anecdotes plaisantes. […] Permettez donc que, si cette faible tragédie peut durer quelque temps après moi, on sache que l’auteur ne vous a pas été indifférent ; permettez qu’on apprenne que, si votre oncle fonda les beaux-arts en France, vous les avez soutenus dans leur décadence. » Le style de ce morceau est négligé, même un peu lourd ; il n’en a qu’un plus grand air de vérité : ce n’est pas là le brillant, la légèreté ordinaire de l’auteur ; c’est quelque chose de mieux, c’est de la douceur et du sentiment. […] Il est question d’une de ces filles-mères dont la fécondité précoce, grâce à la philosophie, est devenue la source la plus ordinaire de l’intérêt théâtral. […] C’est sur ce principe que sont fondées les fausses confidences du valet ; mais ce principe, vrai en lui-même, suppose toujours que c’est à une femme honnête et sensible qu’on s’adresse : avec toute autre, cette grande passion pourrait bien n’aboutir qu’à rendre l’amant ridicule et ennuyeux : l’esprit de contradiction, qui domine dans les femmes ordinaires, les porte souvent à aimer de préférence ceux qui ne les aiment pas.
Le style en est grand, mâle, éclairé d’images, simple d’ordinaire, avec des taches d’affectation ; si on peut noter du mauvais goût par points, on n’y rencontre jamais du moins de déclamation ni de phrases. […] Vers la fin de décembre 1820, de graves symptômes se déclarèrent ; sa démarche, ordinairement si ferme et si rapide, devint chancelante, et on n’osait plus le laisser sortir seul : « Nous nous apercevions bien qu’il perdait ses forces, écrivait un témoin ami, mais nous étions loin de le croire en danger ; nous supposions plutôt cet affaiblissement dû à l’âge, dont les effets se hâtaient plus que d’ordinaire et s’accumulaient plus rapidement. […] En effet, il cessa de faire des visites ; mais il continuait à s’occuper et à travailler comme à son ordinaire ; il n’avait ni fièvre ni aucune maladie appréciable, seulement un dégoût de la nourriture qui augmentait de jour en jour, sans pourtant qu’elle lui fît mal. […] Bolingbroke parle d’un écrit de Pope et du bien qui peut en résulter pour le genre humain : « J’ai pensé quelquefois, dit-il, que si les prédicateurs, les bourreaux, et les auteurs qui écrivent sur la morale, arrêtent ou même retardent un peu les progrès du vice, ils font tout ce dont la nature humaine est capable ; une réformation réelle ne saurait être produite par des moyens ordinaires : elle en exige qui puissent servir à la fois de châtiments et de leçons ; c’est par des calamités nationales qu’une corruption nationale doit se guérir. » 198.
Tous ces légistes en perruque solennelle et en hermine, ces évêques en dentelles, ces lords brodés et dorés, ce beau gouvernement adroitement équilibré est porté sur le dos d’une brute énorme et redoutable qui d’ordinaire chemine docilement, quoique grondante, mais qui tout d’un coup, d’un caprice, peut le secouer et l’écraser. […] D’ordinaire le roi régnant déteste son fils ; ce fils fait des dettes, demande au parlement d’augmenter sa pension, et se ligue avec les ennemis de son père. […] Et je m’efforcerai d’établir cette vérité de trois façons : premièrement par une preuve directe ; secondement en montrant par contraste la folie et l’ignorance de l’irréligion et du vice ; troisièmement en défendant la religion contre les accusations ordinaires qui semblent la taxer d’ignorance ou de déraison. […] « Nous pouvons observer, dit-il, que c’est ordinairement dans le milieu des cités, aux endroits les mieux garantis, les plus beaux et les plus marquants, qu’on choisit une place pour les statues et les monuments dédiés à la mémoire des hommes de bien qui ont noblement mérité de leur patrie ; pareillement nous devrions dans le cœur et le centre de notre âme, dans le meilleur et le plus riche de ses logis, dans les endroits les plus exposés à la vue ordinaire et les mieux défendus contre les invasions des pensées mondaines, élever des effigies vivantes et des commémorations durables de la bonté de Dieu832. » Il y a ici comme une effusion de gratitude, et sur la fin du discours, quand on le croit épuisé, l’épanchement devient plus abondant par l’énumération des biens infinis, où nous nageons comme les poissons dans la mer, sans les apercevoir, parce que nous en sommes entourés et inondés.
Là, les lettrés pourront trouver plaisir de choix, plaisir à leur goût qui est raffiné, soit que l’analyse psychologique y marche sur des pointes d’aiguille, soit que la poésie ne s’y déploie que dans sa plus subtile expression, soit que le thème de l’ouvrage bouleverse les notions intellectuelles et morales courantes sur lesquelles les hommes sont à l’ordinaire d’accord. […] Le mélodrame romantique, ce sera Frédéric Lemaître, et, quelques décades après, Sarah Bernhardt plutôt que leurs fournisseurs ordinaires, Auguste Maquet et Sardou : l’instrument se rend maître de l’ouvrier. […] Il n’y a plus de bon à peindre que l’homme de la rue, tel qu’il se présente à nous tous les jours, avec ses habits, avec son parler, avec ses gestes ordinaires et sans aucune modification. […] J’essayai et j’y mis tous mes soins ; j’ignorais le milieu et son répertoire ordinaire ; je m’efforçai uniquement d’être simple, sincère et direct.
D’ordinaire, c’est une circonstance, un hasard impérieux qui a forcé les grands écrivains à le devenir, quand ils étaient loin d’y songer. […] C’est une façon aussi de ramasser ses idées en les exprimant, quand, sous le coup des événements, on sent comme le besoin de s’en rendre compte plus précisément qu’à l’ordinaire. […] La même énergie, utile à l’État en temps ordinaire, devient nuisible eu temps de crise. […] — A montrer aux hommes, à forcer les hommes d’avouer, sous la pression contraignante que l’analogie exerce d’ordinaire sur les esprits, que la monarchie est le vrai. […] C’est pour cela que l’observation psychologique sert d’ordinaire de soutien ou de ragoût aux œuvres d’imagination, et n’y entre que pour une part dans l’ensemble.
Mais s’il n’a pas attaqué la propriété en elle-même, il a dit très nettement, lui qui d’ordinaire n’est pas net, que tout l’usage de la propriété peut être, doit être réglé par la loi, contrôlé par la loi, limité par la loi. […] Or, depuis des siècles, l’Église catholique était pour elle-même autoritaire, et, de plus, soutenait d’ordinaire les autorités établies, autres qu’elle. […] Il ne connaissait que le sien, qui n’était pas le tempérament ordinaire d’un catholique, et qui, à bien des égards, était le contraire, et c’est ainsi que, de la meilleure foi du monde, il proposa à l’Église catholique de se renoncer pour se renouveler. […] Ce qu’il vient de nous montrer, c’est le désert créant Jéhovah, et voilà une théorie qui fait dépendre l’idée religieuse des choses, et non les choses de l’idée religieuse ; dans son système ordinaire, c’est Jéhovah qui devrait nécessiter le désert. […] L’homme a des raisons d’être et de durer dont une est certainement l’instinct religieux, et quand cet instinct est fort, l’homme existe certainement plus qu’à l’ordinaire ; mais il a d’autres raisons d’être aussi, qu’il faut connaître et dont il faut tenir compte.
L’attente ordinaire, l’attente permanente, c’est-à-dire l’état où nous nous trouvons continuellement suffit très bien. […] Selon ma méthode ordinaire. […] Jules Lemaître a pris jadis les choses ainsi), qui est, à la vérité, un des jeux ordinaires de la muse cornélienne. […] Donc, si vous peignez une époque ordinaire, le personnage principal sera mené, pressé, roulé par cette époque, même si vous voulez le peindre au vrai ; il sera passif. […] Il ose dire que les personnages de sa tragédie « doivent être regardés d’un autre œil que nous ne regardons d’ordinaire les personnages que nous avons vus de près ».
Mais à l’ordinaire, c’est directement, par une harmonie naturelle, et non par le contraste, que le climat se réfléchit dans la littérature et dans les arts. […] Autre chose est l’esprit, quel qu’en soit le degré ; autre chose le travail et l’exercice de cette intelligence, soit ordinaire, soit supérieure. […] Quand un homme de grande taille a une voix de ténor, c’est une voix de gorge, qu’il perd d’ordinaire entre trente et quarante ans. […] Les grandes belles femmes ont d’ordinaire une voix de contralto, jamais un soprano pur. […] « Les plus beaux hommes ont d’ordinaire une voix de baryton.
Mais, c’est pourtant un problème malaisé à résoudre : l’Espagne et l’Italie aussi sont catholiques, et les romans y sont d’ordinaire beaucoup moins psychologiques que chez nous. […] » Retenant au moins la première partie de ce jugement jaloux, on veut d’ordinaire faire de Maupassant le plus grand conteur du xixe siècle, le meilleur, le premier. […] Tout au plus peut-on signaler chez lui l’emploi instinctif d’un procédé qui consiste à n’employer que les épithètes les plus générales, en apparence les plus ordinaires, pour qualifier les détails les plus neufs, inouïs, caractéristiques, et à réserver les épithètes rares — en petit nombre — aux choses connues, générales. […] Je ne crois pas qu’on puisse découvrir, dans toute l’œuvre de Loti un seul mot qui ne soit de la conversation la plus usuelle, la plus ordinaire. […] Il est vrai d’ailleurs que ce Français fournit d’ordinaire, individuellement, un effort considérable.
Vous-même, mon cher monsieur, vous oubliez votre sieste ordinaire après dîner, et vous vous trouvez tout d’un coup (quoique vous perdiez invariablement) très-amoureux du whist. […] L’indignation, la douleur, le mépris, le dégoût, sont ses sentiments ordinaires. […] Là-dessus, pour l’encourager, elle lui dit avec ses ménagements et sa franchise ordinaires : « Pincott, je vous renverrai, car vous êtes beaucoup trop faible, et vos yeux vous manquent, et vous êtes toujours à gémir, à pleurnicher, à demander le médecin ; mais je sais que vos parents ont besoin de vos gages, et je vous garde pour l’amour d’eux !
si nous appliquions d’ordinaire notre esprit à la minutieuse analyse des psychologues, comme il nous tenterait de retrouver en ses ascendants, les principaux sentiments dont M. […] « On attache beaucoup trop d’importance, pour l’ordinaire, aux circonstances de la vie, dit Maurice Barrès dans ses Idéologies Passionnées. […] Bien que, parmi les jeunes poètes, on soit d’ordinaire peu instruit à ce sujet, je ne ferai point au lecteur l’injure d’analyser, ici, le naturalisme dans son ensemble.
J’y avais, je crois, déjà critiqué Balzac, ou ne l’avais pas loué suffisamment pour quelqu’un de ses romans, et, dans un de ces accès d’amour-propre qui lui étaient ordinaires, il s’était écrié : « Je lui passerai ma plume au travers du corps. » Je n’attribue pas exclusivement à ces diverses raisons le succès moindre des Pensées d’Août ; mais à coup sûr elles furent pour quelque chose dans l’accueil tout à fait hostile et sauvage qu’on fit à un Recueil qui se recommandait par des tentatives d’art, incomplètes sans doute, mais neuves et sincères. […] Ce n’est qu’alors que, par nécessité de vivre et en ayant trouvé l’occasion, j’allai en octobre 1848 professer à l’université de Liège, où je fus pendant une année en qualité de professeur ordinaire.
Parmi ses notes dernières et ses instructions d’économie à sa femme, je trouve encore ces lignes expressives, qui se rapportent à ce fils de qui il attendait tout : « Il s’en faut beaucoup, ma chère amie, que je te laisse riche, et même une aisance ordinaire ; tu ne peux l’imputer à ma mauvaise conduite ni à aucune dissipation. […] Chacun de ces commencements, d’ordinaire, forme deux ou trois feuillets de sa grosse écriture d’écolier, de cette écriture qui avait comme peur sans cesse de ne pas être assez lisible ; et la tirade s’arrête brusquement, coupée le plus souvent par des x et y, par la formule générale pour former immédiatement toutes les puissances d’un polynôme quelconque : je ne fais que copier.
M. Ordinaire, de M. […] M. Ordinaire avait été le premier.
Combattre un ennemi pour le salut de tous, Et contre un inconnu s’exposer seul aux coups, D’une simple vertu c’est l’effet ordinaire : Mille l’ont déjà fait, mille pourraient le faire. […] Il ajoute des mots vivants, « un menton qui nourrit une barbe touffue », de puissantes expressions latines186, « le regard de travers », et par-ci par-là un mot gai, « cet homme ainsi bâti, un ours mal léché » ; car le fabuliste ne peut tout de suite quitter son ton ordinaire ; et il écrit ce début énergique et simple : Son menton nourrissait une barbe touffue, Toute sa personne velue Représentait un ours, mais un ours mal léché.
« À en juger donc par sa conduite ordinaire et constante, l’homme a besoin d’une croyance religieuse. […] Comme à l’ordinaire encore, l’historien applaudit et témoigne seulement quelques craintes timides sur les excès de victoire et de puissance à venir, comme à chacune des périodes civiles ou guerrières de son héros : réflexion vide, tardive ou prématurée, selon nous, à la fin d’un si beau récit ; car, s’il a applaudi au dix-huit brumaire, pourquoi répugne-t-il au consulat ?
La France, comme à l’ordinaire, n’entend plus rien que le bronze, quand ce bronze sonne de la gloire. […] Nous n’eûmes point d’autre pensée en plus de vingt rencontres ; mais un jour nous trouvâmes plus de liberté, et nous fûmes moins empêchés par les visiteurs que d’ordinaire.
Eugénie trouva des charmes tout nouveaux dans l’aspect de ces choses, auparavant si ordinaires pour elle. […] Elle avait le médecin ordinaire de sa chambre, son grand aumônier, son chambellan, sa première dame d’atours, son premier ministre, son chancelier surtout, un chancelier qui voulait lui tout dire.
Ainsi, pour expliquer la construction de l’étendue dans notre conscience, les intellectualistes partisans de l’association des idées supposent d’abord, comme nous l’avons vu, des éléments tout intensifs, — sentiments d’effort, a, b, c, d, sensations oculaires, f, g h, i, sensations tactuelles, r, s, t, u, v ; puis ils associent ces éléments soit par association ordinaire, soit par synthèse mentale (comme Wundt) ou, ce qui revient au même, par chimie mentale ; et ils concluent que le résultat de ces éléments intensifs est quelque chose d’extensif. […] Il ne faut pas confondre, comme on le fait d’ordinaire, les impressions de mouvement avec celles d’effort et de résistance.
Et quand je repasse toute mon existence, ça été toujours comme ça, rien qui sort du train-train des événements ordinaires et j’ai le droit d’appeler la Providence une marâtre. […] Oui, c’est étrange, je le répète, nous qui avons horreur de la souffrance, des excitations cruelles, nous nous sentons plus qu’à l’ordinaire en veine d’amour.
Je le trouve dans son atelier du boulevard de Vaugirard, l’atelier ordinaire du sculpteur, avec ses murs éclaboussés de plâtre, son malheureux poêle de fonte, la froide humidité venant de toutes ces grandes machines de terre mouillée, enveloppées de loques, et avec tous ces moulages de têtes, de bras, de jambes, au milieu desquels, deux chats desséchés dessinent des effigies de griffons fantastiques. […] » Un moment il dit : « Je tape trop sur le fer, je ferraille… il y a chez moi de l’indécision sur ce que je veux faire… je ne tire pas de suite, comme Laurent. » Et il ajoute qu’il veut se battre trois fois, après quoi, il trouve que ce sera satisfaisant, et qu’il cherchera un joint pour rentrer dans la vie ordinaire.
A la vérité, ce ne sont pas tant les humbles qu’il a remarqués dans notre société que les ordinaires ; et dans leur vie, c’est le côté ordinaire, habituel, commun à tous qu’il a cherché à faire saillir.
et quand la contemplation extatique de l’Être des êtres lui fait oublier le monde des temps pour le monde de l’éternité ; enfin quand, dans ses heures de loisir ici-bas, il se détache, sur l’aile de son imagination, du monde réel pour s’égarer dans le monde idéal, comme un vaisseau qui laisse jouer le vent dans sa voilure et qui dérive insensiblement du rivage sur la grande mer ; quand il se donne l’ineffable et dangereuse volupté des songes aux yeux ouverts, ces berceurs de l’homme éveillé, alors les impressions de l’instrument humain sont si fortes, si profondes, si pieuses, si infinies dans leurs vibrations, si rêveuses, si supérieures à ses impressions ordinaires, que l’homme cherche naturellement pour les exprimer un langage plus pénétrant, plus harmonieux, plus sensible, plus imagé, plus crié, plus chanté que sa langue habituelle, et qu’il invente le vers, ce chant de l’âme, comme la musique invente la mélodie, ce chant de l’oreille ; comme la peinture invente la couleur, ce chant des yeux ; comme la sculpture invente les contours, ce chant des formes ; car chaque art chante pour un de nos sens, quand l’enthousiasme, qui n’est que l’émotion à sa suprême puissance, saisit l’artiste. […] Tout ce qui a sa poésie demande à être exprimé dans une langue supérieure à la langue usuelle, expression des choses ordinaires.
Les premiers vers qu’il composa, à l’imitation des lyriques grecs et latins, sur la solitude des forêts, sur les charmes de la nature, sur la paix religieuse du monastère de Port-Royal ; sur les hymnes traduites du Bréviaire, et enfin son ode sur le mariage du roi, intitulée la Nymphe de la Seine, sont des exercices très ordinaires d’un novice de l’art, et des imitations très pâles des odes de David ou de Pindare. […] « Il est juste », écrivait-il à cette époque, « que l’auteur laborieux tire de son travail une rémunération légitime. » Le roi ajouta à cette aisance des gratifications annuelles s’élevant de 500 jusqu’à 1 000 louis pendant huit ans et plus, une charge de gentilhomme ordinaire de sa chambre avec une nouvelle pension de 4 000 livres, et enfin la charge à la fois politique et littéraire d’historiographe de son règne et de ses campagnes, avec Boileau, son collègue et son ami.
Il ne faut qu’un sens ordinaire ; et l’enfant de treize ans qui n’est pas capable de cette étude, n’est bon à rien ; il faut le renvoyer. […] Je crois qu’il s’est chargé de l’éducation de cet enfant qui ne s’est montré dans le reste qu’un sujet ordinaire.
des choses inaccoutumées qui les distinguent de l’ordinaire nature humaine et les parquent en dehors de son grand courant d’intuitions simples et primitives. […] C’est à partir de cette soirée, qu’un mois passé, Poe, qui n’est pas retourné chez Legrand, voit arriver Jupiter, chargé d’une lettre qui n’est ni dans le style ordinaire, ni dans les habitudes épistolaires de son ami.
Dans le dernier discours sur Jouffroy, il me semble avoir sacrifié plus que d’ordinaire à la mise en scène ; il y a mêlé un but étranger au sujet même qu’il étudiait ; il a voilé en un sens et drapé son personnage ; il a pris parti, plus finement qu’il ne convient, pour la malice et la rancune des grands sophistes et des grands rhéteurs dont l’histoire sera un jour l’un des curieux chapitres de notre temps, intolérants et ligués comme les encyclopédistes, jaloux de dominer partout où ils sont, et qui, depuis que l’influence décidément leur échappe, s’agitent en tous sens pour prouver que le monde ne peut qu’aller de mal en pis.
C’est une espèce de chanson ou de ronde qui se chantait d’ordinaire avec accompagnement de vielle.
On conçoit qu’avec tous ces souvenirs vivants, en présence de ces membres d’une famille qui est encore aujourd’hui pour la cité ce qu’elle était il y a plus d’un siècle, la fête qui se célébrait, il y a quinze jours, dans la jolie ville d’Hesdin n’était pas une solennité ordinaire, toute d’apparat et de curiosité ; il s’y mêlait un intérêt amical et commun, et ce n’était que justice.
Villehardouin, par exemple, pour nous en tenir à lui, possédait à un haut degré le don de la parole et l’art d’insinuer les conseils que d’ordinaire la prudence lui dictait : c’est un témoignage qu’ont rendu de lui ses contemporains, et c’est ce qui ressort et s’entrevoit aussi d’après l’Histoire qu’il a laissée.
Fénelon, dans ses effusions de parole publique ou particulière, a des instants d’énergie et de grande force2, mais ce ne sont que des instants ; la familiarité, la grâce, l’insinuation, sont sa plus ordinaire habitude et son allure naturelle.
On y voit Reynier, officier savant et d’ordinaire peu heureux, ayant en lui je ne sais quel défaut qui paralysait ses excellentes qualités et justifiait cette défaveur de la fortune, « fort possédé du goût d’écrire sur les événements auxquels il assistait, et dissertant sur les opérations qu’on aurait pu entreprendre ».
Cette pièce est d’un sentiment très vrai ; il n’y a pas trop de charge, contre l’ordinaire de Saint-Amant ; il n’y manque qu’un certain vernis, un certain éclat et un tissu plus serré d’expression, pour l’élever à fart et en faire un petit chef-d’œuvre.
Le roi passait les étés à la frontière, où l’on se battait rudement ; il revenait ensuite d’ordinaire passer les hivers à Paris, et tous les divertissements étaient alors de saison, jeu, billard, paume, chasse, comédie, mascarade, loterie, tout ce qu’engendre une entière oisiveté, mais surtout l’amour.
Dans un autre voyage et séjour à Forges, bien des années après, on le voit conversant de toutes sortes de sujets, et notamment de l’astrologie judiciaire, dans la chambre de la princesse avec les doctes visiteurs qu’il y rencontre : « C’est ainsi, ajoute-t-il après le résumé d’un de ces entretiens où il a brillé, que nous agitions tous les jours quelque belle question pour le divertissement de celle qui nous ordonnait de parler, et qui se plaisait en cette sorte d’entretiens. » Pendant vingt ans et plus (1623-1645) l’abbé de Marolles fut ainsi l’homme de lettres familier, le latiniste ordinaire, une façon de bibliothécaire de la princesse Marie ; sa curiosité y trouvait son compte.
dans cette maison de silence et de paix, un jeune homme obscur, timide, que Lamennais, distrait par ses visions sociales apocalyptiques, ne distingua jamais des autres, à qui il ne supposait que des facultés très ordinaires, et qui dans ce même temps où le maître forgeait sur son enclume ces foudres qu’on appelle les Paroles d’un croyant, écrivait, — lui —, des pages intimes beaucoup plus naturelles, plus fraîches, — tranchons le mot, plus belles —, et faites pour toucher à jamais les âmes éprises de cette vie universelle qui s’exhale et se respire au sein des bois, au bord des mers.