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2179. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Le hasard eut pour moi quelque attention malicieuse : il diversifia mon supplice, me fit rencontrer trois variétés assez distinctes de l’écœurante espèce. […] *** Cécile Cassot montre alternativement son impuissance dans toutes les espèces du roman ; à son comptoir vous trouverez un grand assortiment de rossignols ridicules feuilletons, illisibles romans historiques, idylles naïves, — oh ! […] A chaque page, elle leur demande l’explication de phrases comme celle-ci : « Quant à sa pseudo-écriture (une espèce de gribouillis hiéroglyphique, des c en convulsion de limaces, des e hydrocéphales, des t plus tordus que la fée Carabosse…) sa soi-disant écriture, il eût fallu, pour la déchiffrer, un nouveau Champollion. » *** Mme Constant Améro, qui signe aussi Marie Améro et Daniel Arnauld, combat l’esprit d’aventures en personne qui craint de s’y laisser séduire. […] Le 31 janvier 1893, elle avoue, à propos de l’art : « Peut-être, comme la science, est-il d’un domaine trop lointain pour nos habitudes d’observation immédiate. » Mais il serait juste, proclame-t-elle, de faire dans la vie une place plus large à la femme et de mieux « employer ce don naturel d’inertie et de passivité qui, si puissamment, fit de notre cramponnante espèce le frein, le régulateur de l’impatiente activité masculine, excitée à certaines heures de l’histoire par des fièvres artificielles ou excessives. » Il y a peut-être une vérité dans cette phrase belge.

2180. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Baudelaire eût éprouvé probablement une sombre joie à lire ces lignes que Brunetière écrivait en 1887 : « Avec Stendhal, et pour d’autres raisons, mais entre lesquelles on trouverait plus d’une analogie, Baudelaire est une des idoles de ce temps, — une espèce d’idole orientale, monstrueuse et difforme, dont la difformité naturelle est rehaussée de couleurs étranges, — et sa chapelle une des plus fréquentées. » Baudelaire avait tiré Jeanne Duval de la prostitution parisienne comme une idole africaine, et nous n’avons pas besoin d’aller aux expositions très parisiennes d’art nègre pour savoir ce que l’extrême raffinement peut toucher et annexer de bestialité primitive. […] Ce voyage nous ouvre un jour curieux sur le caractère timoré de la famille Fromentin, sur l’espèce de mésentente et de défiance qui séparait Eugène de ses parents. […] Et l’espèce d’hypocondrie froide et élégante qui perçait dans toute sa personne prouvait que, si quelque chose survivait au découragement de beaucoup d’ambitions si vulgaires, c’était à la fois le dégoût de lui-même avec l’amour excessif du bien-être. » Le découragement vient de ce qu’il ne sert à personne. […] J’aime tout et ne déteste qu’une chose, savoir l’emprisonnement irrémédiable de mon être dans une forme arbitraire, même choisie par moi. » Ce monologue d’Amiel, un poète philosophe pourrait l’attribuer à la vie elle-même, qui traverse toutes les espèces et tous les individus sans s’emprisonner dans aucune de leurs formes.

2181. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Dans les anciennes grandes manœuvres, n’est-ce pas, un chaume c’était une espèce de grande brosse à l’envers sur laquelle on marchait, une brosse immense, à perte de vue, couchée sur le dos, sur laquelle on marchait, (comme on pouvait). […] Ils disent, se sentant d’une chétive espèce : « Bah ! […] Qui est même si mauvaise que cette espèce de protection qu’il fait à cette vieille chanson en se l’épinglant comme épigraphe, en l’adoptant, pour la rendre immortelle sans doute, pour la faire passer à la postérité, cette agrégation, ce rattachement qu’il s’en fait, cette adoption, (vous suivez le mouvement : la ballade quatrième ira sûrement à la postérité, plutôt deux fois qu’une, puisque c’est du Hugo. […] On m’accordera que l’autre était peut-être bien le génie de la Guerre ; le parallélisme de ces deux verticales avait été poussé si loin dans les esprits que Vendôme avait fini par devenir une espèce de nom de mois. […] Cela n’aura plus aucune importance, aucune espèce d’importance, une importance mathématiquement égale à zéro.

2182. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

II « C’est une espèce de Sarrasin, disait Michelet, — C’est un mauvais général, hasardait Lanfrey. […] On eût dit une espèce de temple. […] Nous sommes, à présent, délivrés de l’espèce d’horreur sacrée que nous inspiraient jadis ces choses inouïes, inaccessibles, extravagantes. […] L’empereur est une espèce d’idole, jalousement cachée aux yeux des simples mortels et qu’on doit approcher en tremblant. […] Le décor où s’encadra l’aurore de son idylle était bizarre à souhait, comme la plupart des choses et des gens de ce pays étrange où les hommes, imberbes, ressemblent à des femmes, où les femmes sont des espèces de gamins inquiétants, où l’on se coiffe d’un abat-jour, et où l’on adore des dieux qui sont des magots.

2183. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

C’est un disciple uu peu moins vif, mais doux, et qui fait bien comprendre, et par principes en quelque sorte, cette manière honnête et non sauvage de vivre avec le sexe ; l’abbé Goussault, dans cet écrit où il recommande « les réduits de gens d’esprit et de qualité », ne fait qu’imiter Fléchier, dans l’oraison funèbre de la duchesse de Montausier, se souvenant si complaisamment « de ces cabinets que l’on regarde encore avec tant de vénération, où l’esprit se purifiait, où la vertu était révérée sous le nom de l’incomparable Arthénice… » Ce que Saint-Simon a vivement exprimé et résumé à sa manière lorsqu’au sujet de M. de Montausier, dans ses notes sur Dangeau, il a dit : « L’hôtel de Rambouillet était dans Paris, une espèce d’académie des beaux esprits, — de galanterie, de vertu et de science —, car toutes ces choses-là s’accommodaient alors merveilleusement ensemble. » Je crois maintenant que nous sommes préparés à bien entendre le Fléchier des Grands Jours, celui qui même dans la bagatelle et le divertissement ne déroge jamais à l’homme comme il faut, et annonce par endroits l’homme vertueux : mais il était jeune, mais il voulait plaire, mais il avait sa fortune et sa réputation d’esprit à faire ; mais on lui avait dit en partant de Paris : « M. 

2184. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Je ne puis m’empêcher d’abord de remarquer l’espèce de superstition ou de pédanterie (on l’appellera comme on voudra) qui devient une des manies de ce temps-ci : c’est de vouloir tout traiter et tout remettre en question à l’aide de pièces dites positives, de documents et de procès-verbaux.

2185. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

La seule espèce de créatures humaines qu’il ne comprenne pas bien, ce sont celles qui sont sincèrement attachées à une opinion, quelles qu’en puissent être les suites ; Bonaparte considère de tels hommes comme des niais ou comme des marchands qui surfont, c’est-à-dire, qui veulent se vendre trop cher.

2186. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Commynes est un intellectuel, espèce rare alors, et c’est bien la première fois que nous rencontrons ce type pur.

2187. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Mais pourtant il me semble que l’espèce de poésie vague, très naïve et très cherchée, que je m’efforçais de définir tout à l’heure, est un peu celle de l’auteur des Poèmes saturniens et de Sagesse dans ses meilleures pages.

2188. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Nous avons une espèce de vaudeville livresque et d’opérette de librairie qui ne valent pas mieux que les pièces les plus médiocres.

2189. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Ces lois (celles de l’attraction des accords) sont, il est vrai, des espèces de Rythmes latents, mais, et seulement, à la manière de la pesanteur d’un objet lequel n’a d’autre force que son inertie même.

2190. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Il est le premier de cette famille de poètes qui n’a aucune des petites vertus de la vie civile, et pour lesquels on a épuisé les comparaisons de lions, d’aigles et autres espèces d’animaux fiers et solitaires.

2191. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Et cette vie si puissante, participant du sentiment populaire et du sentiment féminin, cet art « pur simple » devenant le sauveur de l’art vieillissant, n’est-ce pas cette jeunesse que l’espèce, peuple et femme, doit rendre continuellement à notre vie vieillie par l’artificialisme, ne renaissant que par le naturalisme, à travers les cahots de l’évolution individuelle, sociale et sexuelle ?

2192. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Et pour qui donc sont faits Gobseck et Shylock et leurs jeux d’oie et leurs damiers complétant des prêts en espèces, si ce n’est pour les amoureux de sa sorte ?

2193. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Poe se marie ; et les circonstances lui ayant ainsi permis d’augmenter le rayon de ses souffrances, voici les désastres qui reviennent et se suivent, que chassé de ville en ville et de rédaction en rédaction, restant besoigneux, lent à travailler, querelleur, aigri, affolé par le spectacle de la maladie qui minait sa femme, semblait l’abandonner et la ressaisissait, il se jeta dans le vice qui consomma sa ruine, se mit à boire les redoutables liqueurs que l’on débite en Amérique, ces délabrants mélanges d’alcool, d’aromates et de glace ; et toujours luttant contre sa tentation et toujours succombant, reportant l’amour enfantin qui purifiait sa pauvre âme, de sa femme morte à sa belle-mère, quêtant un peu de sympathie auprès de toutes les femmes qu’il trouvait sur un chemin et ne recevant qu’une sorte de pitié timide, ayant tenté de se suicider pour une déconvenue de cette espèce, atteint enfin de la peur de la bête pourchassée, du délire des persécutions, multipliant ses dernières ivresses qui le menaient de chute en chute à la mort, — il en vint, l’homme en qui se résumaient la beauté, la pensée, la force masculine, à avoir cette face de vieille femme hagarde et blanche que nous montre un dernier portrait, cette face creusée, tuméfiée, striée de toutes les rides de la douleur et de la raison chancelante, où sur des yeux caves, meurtris, tristes et lointains, trône, seul trait indéformé, le front magnifique, haut et dur, derrière lequel son âme s’éteignait.

2194. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Voilà des mouvements mécaniques qui sont bien, en vérité, ce que nous appelons tous des sentiments et qui en sont, sinon exactement l’image, du moins une espèce de contrefaçon, de parodie ; et cela donne déjà à réfléchir.

2195. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Il n’est qu’un appareil à description, une espèce de machine qui amène sous les yeux l’objet, le retourne, et le remporte après l’avoir montré.

2196. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Les adversaires des Jésuites, et l’on sait de quelle espèce d’hommes ce nombre se compose en France, traiteront le livre de Clément XIV comme ils ont traité l’histoire de la Compagnie.

2197. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Ses amis pourtant le disaient bon, d’une nature inoffensive, quoique bruyante ; mais la haine du bourgeois était chez lui une espèce de folie, clabaudante et sonore.

2198. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

» « — Autant que possible ni l’un ni l’autre, monseigneur. » « Et l’Empereur de rire de son bon rire d’enfant qui lui faisait sauteries épaules. » Rien n’échappe à l’investigation passionnée de ce poète épris des splendeurs impériales : « Le cabinet particulier de l’Impératrice se compose de deux pièces réunies par une espèce d’arcade, cela est un pur rêve, un nid de fée, de reine, d’oiseau bleu. […] Ses contemporains, même ceux qui, par une espèce de tour de force, réussirent à ne point l’aimer, ne le séparaient pas de la pléiade où il chercha constamment des maîtres et des amis. […] Le duc d’Aumale disait, en 1871 : « La France est cassée, mais les morceaux en sont bons. »   L’historien des zouaves et des chasseurs à pied semble avoir prévu les dangers que courait notre nation, lorsqu’il publia en 1867 — l’année même de cette Exposition universelle où la France se grisa de vain prestige et de fausse sécurité — cette espèce de méditation rétrospective qu’il intitula : les Institutions militaires de la France ; Louvois-Carnot-Saint-Cyr. […] » L’auteur des Morts qui parlent considère le Palais-Bourbon comme une espèce de « colossal tombeau, sépulcre où se décompose la vie nationale ». […] J’ai essayé, un jour, de résumer la prédication de ce célèbre professeur Ruskin, qui est, comme on sait, une espèce de cicérone génial63.

2199. (1927) Approximations. Deuxième série

Si l’effet qu’il produit à cet égard est par-delà toute espèce de technique, ai-je besoin d’ajouter que ce n’est qu’à travers son métier, et jamais aux dépens de celui-ci, qu’il l’obtient. […] On dirait que la douleur donne à certaines âmes une espèce de conscience. […] Une qualité de cette espèce trouve dans le poème en prose son débouché le plus naturel, et elle est certainement au nombre de celles qui parvinrent à l’imposer comme genre littéraire distinct. […] « Projet qu’il n’abandonna jamais, mais que la vie d’abord, chargée, difficile, urgente, puis la mort l’empêchèrent de réaliserjm », dit l’Avertissement ; et Claudel dans sa préface conclut en ces termes : « Toute sa destinée pendant les huit années qui suivirent ne fut plus que la constatation, une espèce de maniement comme d’un manuscrit qu’on s’applique à relire une dernière fois, une espèce de constatation testamentaire de ces choses qu’au fond de lui-même il avait déjà abandonnéesjn ».

2200. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Aussi y a-t-il plus d’hommes pendus en Angleterre en un an pour vol à main armée et pour meurtre, qu’il y en a de pendus en France pour la même espèce de crime en sept ans… Si l’Anglais est pauvre et voit un autre homme ayant des richesses qu’on puisse lui prendre par force, il ne manquera pas de le faire, à moins qu’il ne soit lui-même tout à fait honnête150. » Ceci jette un jour subit et terrible sur l’état violent de cette société armée où les coups de main sont journaliers, et où chacun riche ou pauvre, vit la main sur la garde de son épée. […] C’est pourquoi ils sont contraints par nécessité de tellement veiller, travailler, fouiller le sol pour vivre, que leur corps est tout appauvri et leur espèce réduite à néant.

2201. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Si jamais il y eut une âme violente et follement sensible, mais incapable de se déprendre d’elle-même, toujours bouleversée, mais dans une enceinte fermée, prédestinée par sa fougue native à la poésie, mais limitée par ses barrières naturelles à une seule espèce de poésie, c’est celle-là. […] S’il s’est enfoncé dans les arts magiques, ce n’est point par curiosité d’alchimiste, c’est par audace de révolté. « Dès ma jeunesse, mon âme n’a point marché avec les âmes des hommes, —  et n’a point regardé la terre avec des yeux d’homme. —  La soif de leur ambition n’était point la mienne. —  Le but de leur vie n’était pas le mien. —  Mes joies, mes peines, mes passions, mes facultés — me faisaient étranger dans leur bande ; je portais leur forme, —  mais je n’avais point de sympathie avec la chair vivante… —  Je ne pouvais point dompter et plier ma nature, car celui-là — doit servir qui veut commander ; il doit caresser, supplier, —  épier tous les moments, s’insinuer dans toutes les places, —  être un mensonge vivant, s’il veut devenir — une créature puissante parmi les viles, —  et telle est la foule ; je dédaignais de me mêler dans un troupeau, —  troupeau de loups, même pour les conduire1290… —  Ma joie était dans la solitude, pour respirer — l’air difficile de la cime glacée des montagnes, —  où les oiseaux n’osent point bâtir, où l’aile des insectes — ne vient point effleurer le granit sans herbe, pour me plonger — dans le torrent et m’y rouler — dans le rapide tourbillon des vagues entre-choquées, —  pour suivre à travers la nuit la lune mouvante, —  les étoiles et leur marche, pour saisir — les éclairs éblouissants jusqu’à ce que mes yeux devinssent troubles, —  ou pour regarder, l’oreille attentive, les feuilles dispersées, —  lorsque les vents d’automne chantaient leur chanson du soir. —  C’étaient là mes passe-temps, et surtout d’être seul ; —  car si les créatures de l’espèce dont j’étais, —  avec dégoût d’en être, me croisaient dans mon sentier, —  je me sentais dégradé et retombé jusqu’à elles, et je n’étais plus qu’argile1291. » Il vit seul, et il ne peut pas vivre seul.

2202. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Les romans se font rarement conscience de distiller et de vendre de bien dangereuses inventions ; la concurrence de ces négociants est souvent basée sur la pire espèce de leur marchandise ; mais les romans connaissent trop bien les acheteurs qu’il s’agit d’affriander pour offrir leur denrée dans du papier gris. […] Sainte-Beuve est d’une nature bien particulière, et on peut dire qu’il a inventé une espèce nouvelle de critique.

2203. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Vous comprenez, j’avais mis une espèce d’orgueil à me faire une vie toute belle et glorieuse, je la regardais avec cet amour égoïste de peintre, qui travaille au tableau dont il veut faire son chef-d’œuvre. […] J’ai la tête pleine de peinture, et ces personnes-là ne peuvent pas comprendre les nobles préoccupations des gens de notre espèce et puis, il faut l’avouer, je suis finie jusqu’à nouvel ordre. […] Je fais une espèce de discours sur la jalousie.

2204. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

François I crut devoir accorder quelque chose à leur zèle : il établit une espèce de tribunal pour les affaires de la religion, & en fit président un docteur de Sorbonne, nommé Bouchard. […] Cette clause, dit-il, est une espèce de mission apostolique, comme le pouvoir d’annoncer l’évangile & la parole de Dieu à tous les hommes, dans quelque partie du monde que ce soit (*). […] Il ne se livra qu’avec une espèce de fureur à l’étude. […] Une Grammaire, une Rhétorique, une Poëtique & un Dictionnaire, voilà ce qu’il jugea devoir être le fond des occupations de cette espèce de tribunal ; tribunal dont un critique(*) a dit : Aussitôt qu’il a décidé, le peuple casse ses arrêts & lui impose des loix qu’il est obligé de suivre.

2205. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Nicole tout simplement. » Au tome XII des Ouvrages de morale et de politique de l’abbé de Saint-Pierre, on trouve sur le genre d’esprit et la qualité intellectuelle de Mme de Longueville ce témoignage assez particulier qu’on n’aurait guère l’idée d’aller chercher là, et dont l’espèce de bizarrerie n’est pas sans piquant176 : « Je demandai un jour à M.

2206. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Napoléon, dont la forme d’esprit inclinait à une manière de déisme fataliste, de déisme sémitique, disait : « Nul doute que mon espèce d’incrédulité ne fût, en ma qualité d’empereur, un bienfait pour les peuples ; et comment autrement aurais-je pu exercer une véritable tolérance ?

2207. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Autant vaudrait prescrire à leurs femmes, qui tous les soirs vont au théâtre et jouent la comédie à domicile, de ne pas attirer chez elles les acteurs et chanteurs en renom, Jelyotte, Sainval, Préville, le jeune Molé qui, malade et ayant besoin de réconfortants, « reçoit en un jour plus de deux mille bouteilles de vins de toute espèce des différentes dames de la cour », Mlle Clairon qui, enfermée par ordre à For l’Évêque, y attire « une affluence prodigieuse de carrosses », et trône, au milieu du plus beau cercle, dans le plus bel appartement de la prison498.

2208. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

La cour et le peuple avaient accepté sans discussion cette espèce de partage de l’empire entre le souverain légal et le souverain intellectuel du nord de l’Allemagne.

2209. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Au bout de quelques instants, un des rameurs dit en riant : « Voyons donc quelle espèce de dame nous avons là ? 

2210. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Mais doit-on oublier que c’est là un des expédients nécessaires par lesquels s’est faite l’adaptation du christianisme à son rôle de religion universelle, et que ces subtilités de procédure théologique qui aboutissent à tourner la loi par la considération des espèces, ont l’avantage de laisser théoriquement entier l’idéal chrétien ?

2211. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Quelques réflexions, qui n’ôteront rien à la gloire de Corneille, sont nécessaires sur ce point, soit pour justifier le goût de la nation, soit pour apprécier l’espèce d’autorité que voudraient tirer des défauts do Corneille certaines innovations téméraires dans le poème dramatique.

2212. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Et l’on peut dans la vie remarquer constamment des jugements de cette espèce, avec la beauté poétique en moins.

2213. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Puis, lorsque j’ai voulu descendre à celles qui étaient plus particulières, il s’en est tant présenté à moi de diverses, que je n’ai pas cru qu’il fût possible à l’esprit humain de distinguer les formes ou espèces de corps qui sont sur la terre, d’une infinité d’autres qui pourraient y être si c’eut été le vouloir de Dieu de les y mettre, ni par conséquent de les rapporter à notre usage, si ce n’est qu’on vienne au devant des causes par les effets, et qu’on se serve de plusieurs expériences particulières.

2214. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

La presse entière, hors trois journaux, dont l’appréciation est dépourvue de toute espèce de valeur, a manifesté un même sentiment d’admiration.

2215. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

S'il est foible en quelque chose, ce n'est pas, selon moi, dans l'Histoire, mais dans ce qui a rapport au physique de l'Homme, à la constitution animale de notre espece ; car il donne presque toujours à gauche toutes les fois qu'il raisonne sur ces matieres.

2216. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Même doctrine, sauf quelques détails, sur l’essence du beau, sur la nécessité de l’idéal, sur la réduction de toute espèce de beauté à la beauté intellectuelle et morale.

2217. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Ils ne peuvent pas arriver à voir que la responsabilité est un vain mot quand il s’agit de l’homme et que des forces supérieures, que les investigations scientifiques ne sont pas parvenues à saisir, agissent beaucoup plus sur l’espèce que toute prétendue volonté particulière.

2218. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Vous comprenez alors le degré d’énormité, et même de difformité, que les choses prennent sous ces deux espèces de verres grossissants.

2219. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Je n’ai pas à rappeler la volte-face de M. de Bouhélier qui, insuffisamment encensé par notre ami Retté, lui refusa, du jour au lendemain, toute espèce de talent, et se mit à faire de timides courbettes devant M. de Régnier qu’il avait assuré maintes fois de son mépris littéraire. […] Désormais, en dehors des corps constitués et des rouages d’État, il existe donc une puissance sociale et intellectuelle, composée de toutes les intelligences de la nation, dont le grand rôle est de préserver contre certaines tentatives rétrogrades les acquisitions de l’espèce humaine.

2220. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

J’ai recours à des comparaisons, ne trouvant pas de manière droite pour caractériser cette espèce de dépravation de l’art, où il y a moins d’art que d’artifice, moins de choses que de figures, et où l’esprit, faute d’avoir à s’employer au service de la raison et de la vérité, en arrive à jouer avec ses qualités comme avec ses défauts, et à s’amuser de soi-même. […] Les meilleurs n’échappent pas à cette condition. « J’ai une espèce de confusion, écrit Boileau à M. le Verrier, d’avoir employé quelques heures à faire des vers d’amourette, et d’être tombé moi-même dans le ridicule dont j’accuse les autres. » Voilà donc un homme qui se connaît, et un poète qui n’est que cet homme-là se faisant voir dans ses vers106 !

2221. (1925) Dissociations

Mais ce qui nous avait manqué jusqu’ici, c’étaient des danseuses et nous ne pouvions en avoir, parce que nous avions la manie de les costumer d’une façon ridicule et de les transformer en des espèces de têtons de l’aspect l’e plus rébarbatif. […] Mais pour le juge, et surtout pour le juge pressé, le juge qui déblaie à la pelle le tas de quatorze mille affaires en retard, là où nous voyons des espèces particulières, il n’y a que des catégories.

2222. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Au moyen des sensations colorées, le peintre pourra nous suggérer des sensations de toute autre espèce. […] Entre les innombrables spécimens d’humanité réels ou possibles, l’artiste fait forcément un choix, puisqu’il ne peut en représenter que quelques-uns : qu’il choisisse donc les plus significatifs, ceux qui peuvent être regardés comme le type de toute une espèce d’hommes ! […] On sait avec quel soin Léonard de Vinci choisissait ses modèles, et ses patientes investigations, prolongées des mois durant, à la poursuite de quelque spécimen de l’espèce humaine qui répondît à son idéal. […] Pour parler ainsi on s’appuie sur ce principe, qu’en formant un organisme la nature doit chercher à se rapprocher le plus possible d’un certain idéal, qui est le type même de l’espèce. […] C’est lui, non le sculpteur ou le peintre, qui de la complication des formes individuelles sait dégager le type simple, le schème de l’espèce.

2223. (1910) Rousseau contre Molière

Dans les deux cas, on n’est plus dans la vérité et le spectateur ne se sent plus dans la vérité, même approximative, et, du moment qu’il ne s’y sent plus, toute communication morale entre les personnages et lui disparaît ; car il n’y a communication morale qu’entre êtres de la même espèce. […] Tout le contraire ; un courtisan ; un pur et simple courtisan, qui fait l’éloge de la cour dans les Femmes savantes, où l’on ne voit pas très précisément qu’il ait affaire ; qui fait l’éloge du roi dans Tartuffe, pour permettre que Tartuffe soit joué ; qui, s’il donne des conseils au roi, ne lui donne que ceux qui peuvent être contenus dans Amphitryon ; un courtisan, un « franc courtisan » comme il aurait dit, et c’est-à-dire de l’espèce d’hommes que Rousseau, après celle des philosophes, déteste le plus et le plus cordialement méprise. […]   Rien ne marque mieux que ceci la profonde conviction de Rousseau, non seulement sur l’infériorité radicale de la femme, mais sur ceci qu’elle appartient à une autre espèce que l’homme ; car enfin voilà un protestant, très pénétré de protestantisme, resté fidèle au moins au principe protestant : nous sommes juges de notre croyance et elle n’existe que si nous en sommes juges ; et c’est lui qui de cette loi générale excepte formellement la femme, comme incapable de se constituer à elle-même une foi. « Hors d’état d’être juges elles-mêmes… »   Pour ce qui est de ce qu’on appelle communément l’instruction, Sophie ne saura rien de ce que l’on apprend aux garçons même de la classe la plus ignorante de la nation. […] Les gens qui, comme dit Pascal, masquent la nature et la déguisent, ce sont « précieuses de toute espèce, marquis ridicules, prudes sur le retour, barbons amoureux, bourgeois qui veulent faire les gentilshommes, mères de famille qui jouent à la philosophie, sacristains ou grands seigneurs qui couvrent de l’intérêt du ciel leur fier ressentiment, les Don Juan et les Tartuffe, les Philaminte et les Jourdain, les Arnolphe, les Arsinoé, les Acaste et les Madelon, les Diafoirus et les Purgon. » Le trouble de la théorie se marque ici au pêle-mêle des personnages assemblés comme représentants « d’antiphysis » et comme êtres contre nature.

2224. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Thierry eût mieux fait de ne se livrer à aucune espèce de transposition, et de ne pas coller le nez de Corneille sur son menton. […] « Avec ses poutres mal taillées et ses murs blanchis, c’était une espèce de grange que cet appartement pauvre et nu. […] ———— Certaines gens ne trouvent pas de plus bel éloge à faire d’un jeune homme que celui-ci : « C’est un garçon qui a du bon sens. » Savez-vous ce que signifie, dans l’espèce, avoir du bon sens ? […] Allons, mon beau, ne soyez pas si dur aux nourriciers, de notre espèce, — et, pour aujourd’hui, restons-en là… Vous m’avez mis en colère. » III Les plus secs s’attendrissent à cette cordialité pour les pauvres gens ; — les plus sceptiques se sentent pénétrés de respect devant le poète, s’ils ont l’heur de le rencontrer et de causer avec lui : tant les naïfs comme F. 

2225. (1921) Esquisses critiques. Première série

Cultivant des espèces rares du pléonasme, on redouble par le verbe l’idée qu’exprime le substantif : mon rêve rêvera . […] Nous ne saurions trouver plus de sel à leurs définitions burlesques : Moïse est une espèce d’honnête femme 56 [que l’on ne peut sans scrupule rapprocher de cette autre qui la suit à vingt répliques : une honnête femme c’est une femme qui a eu de la chance 57] — non plus qu’à leurs aphorismes gratuits : on est bête dans les salons parce qu’il n’y a pas d’arbres 58, les seuls serments qu’on tient sont ceux que l’on fait en riant 59, le rose et l’oubli c’est ce qui va le mieux aux blondes 60, les lettres d’amour brûlent mal 61, chapeau du matin, chagrin 62. […] * *    * En outre de cela, il sait donner au vocabulaire dont il use et qui est d’excellent aloi, une saveur singulière par l’incorporation d’éléments qui ne lui sont pas indigènes, qui viennent de l’argot ou de l’étranger, et qu’il n’utilise qu’après les avoir gallicisés, leur faisant subir cette espèce de digestion par laquelle les mots étrangers étaient aisément naturalisés dans la regrettable époque — nous voulons dire qu’il la faut regretter — où une orthographe encore mal fixée permettait une assimilation rapide des vocables qui s’aventuraient dans nos discours80.

2226. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

P. » On aura remarqué cette espèce d’aveu que fait Parny qu’il n’est pas maître, à certains moments, de ses idées, et que sa verve l’emporte : c’est qu’en effet, sous sa froideur apparente et sa sobriété habituelle de langage, il avait, jusqu’à la fin, de ces courants secrets et rapides de pensée qui tiennent aux poëtes ; aux saisons heureuses, et quand il ne fait pas encore froid au dehors, cela s’appelle la veine.

2227. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

On avait détruit le moi de la plus jalouse espèce, le moi littéraire.

2228. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Que l’influence, l’autorité soient d’ailleurs attachées à certaines qualités généralement utiles à l’espèce, cela est assez vraisemblable.

2229. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Une espèce d’éclat à la fois doux et terrible, une force divine, si j’ose le dire, souligne ces paroles, les détache du contexte et les rend pour le critique facilement reconnaissables.

2230. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Dans cette espèce de phraséologie, l’esprit apparaît souvent comme une sorte de champ dans lequel la perception, la mémoire, l’imagination, la raison, la volonté, la conscience, les passions produisent leurs opérations, comme autant de puissances alliées entre elles ou en hostilité.

2231. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Dira-t-on que l’acte indépendant ou la volition indépendante doivent être affranchis de toute espèce de causes et de raisons ?

2232. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

XXVII Parvenu avec moi sur la galerie, M. de Valmont, au lieu d’ouvrir une des portes de la maison, monta devant moi une échelle de bois appliquée contre la muraille ; cette échelle conduisait dans une espèce de grenier formé par un petit pavillon un peu plus élevé que le reste du toit.

2233. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Car, en France, nous sommes ainsi faits, que le progrès ne nous suffit pas par lui-même et qu’il faut qu’il paye sa bienvenue en belles espèces sonnantes et trébuchantes.

2234. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

De toutes les fleurs écloses au soleil du Midi sous la main des deux grands paganismes, il cueillait librement les plus parfumées et les plus exquises, mais sans se tacher à la boue qui les entourait. « Je prends Dieu à témoin, écrivait-il plus tard, que dans tous ces endroits où il y a tant de licence, j’ai vécu pur et exempt de toute espèce de vice et d’infamie, portant continuellement dans mon esprit cette pensée, que si je pouvais échapper aux regards des hommes, je ne pouvais pas échapper à ceux de Dieu434. » Au milieu des galanteries licencieuses et des sonnets vides, tels que les sigisbés et les académiciens les prodiguaient, il avait gardé sa sublime idée de la poésie ; il songeait à choisir un sujet héroïque dans l’ancienne histoire d’Angleterre, et se confirmait dans l’opinion435 « que celui qui veut bien écrire sur des choses louables, doit, pour ne pas être frustré de son espérance, être lui-même un vrai poëme, c’est-à-dire un ensemble et un modèle des choses les plus honorables et les meilleures ; n’ayant pas la présomption de chanter les hautes louanges des hommes héroïques ou des cités fameuses, sans avoir en lui-même l’expérience et la pratique de tout ce qui est digne de louange436. » Entre tous il aimait Dante et Pétrarque à cause de leur pureté, se disant à lui-même « que si l’impudicité dans la femme que saint Paul appelle la gloire de l’homme est un si grand scandale et un si grand déshonneur, certainement dans l’homme, qui est à la fois l’image et la gloire de Dieu, elle doit être, quoique communément on ne pense pas ainsi, un vice bien plus déshonorant et bien plus infâme437. » Il pensa « que toute âme noble et libre doit être de naissance et sans serment un chevalier », pour la pratique et la défense de la chasteté, et garda sa virginité jusqu’à son mariage438. […] Beaucoup d’hommes vivent, fardeaux inutiles de la terre ; mais un bon livre est le précieux sang vital d’un esprit supérieur, embaumé et conservé religieusement comme un trésor pour une vie au-delà de sa vie… Prenons donc garde à la persécution que nous élevons contre les vivants travaux des hommes publics ; ne répandons pas cette vie incorruptible, gardée et amassée dans les livres, puisque nous voyons que cette destruction peut être une sorte d’homicide, quelquefois un martyre, et, si elle s’étend à toute la presse, une espèce de massacre dont les ravages ne s’arrêtent pas au meurtre d’une simple vie, mais frappent la quintescence éthérée qui est le souffle de la raison même, en sorte que ce n’est point une vie qu’ils égorgent, mais une immortalité477. » Cette énergie est sublime ; l’homme vaut la cause, et jamais une plus haute éloquence n’égala une plus haute vérité.

2235. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Il fallut bien des révolutions, il fallut surtout l’émigration de l’art vers les pays du Nord pour consommer cette espèce de divorce qui se préparait depuis longtemps entre l’homme et la réalité sensible. […] Il a bien observé la convexité de la mer arrondie en dos, la teinte sombre qu’elle prend tout à coup quand elle est ridée par la brise ; il désigne les animaux par leur race et leur espèce, les arbres par leur essence. […] L’information : l’observation, l’érudition L’observation, ou, pour corriger un langage légèrement inexact, l’information, qui a pour but la découverte du « document », se fait par deux voies : l’observation directe de la vie présente ; l’érudition, espèce d’observation rétrospective qui fouille les livres et tous les recueils de renseignements. […] Nous avons vu Diderot et Sébastien Mercier protester contre toute règle, contre toute défense et tout restriction, contre toute espèce de barrières, de cloisons et de murs de refend.

2236. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

La condition naturelle de l’armée d’Afrique, résultant des points de vue et des intérêts qui étaient propres à ses chefs, était donc de vivre dans une espèce d’opposition ministérielle permanente ; de se plaindre du peu d’égard qu’on avait à Paris pour les propositions des généraux en chef et gouverneurs, et de ne pas approuver la politique générale, avant tout conciliante et accommodante, qui présidait aux relations avec les autres puissances : « Quelle marche prend le ministère !

2237. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Espèce de plante.

2238. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Le Lyonnais est une espèce d’Ionie française où la beauté des femmes fleurit en tout temps sous un ciel tempéré, entre les feux trop ardents du Midi et les formes trop frêles du Nord ; les yeux y ont en général la teinte azurée du Rhône, qui baigne la ville, la langueur de la Saône, la douceur du ciel.

2239. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Ici, dans une revue satirique très plaisante de toutes les folies de l’espèce humaine, l’Arioste énumère les inanités de ce bas monde et les illusions dont se composent nos passions ; des montagnes de sottises s’élèvent sous ses yeux.

2240. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

VI Son disciple, Platon, était un homme d’une tout autre nature : beaucoup plus lettré, beaucoup moins inspiré que son maître ; élégant, éloquent, poétique, épilogueur, rêveur, dissertateur, nuageux en philosophie, utopiste en politique ; espèce de J.

2241. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

« Enfin la mort d’un autre de mes domestiques, ayant tous les droits à mon estime à cause de la fidélité et de l’attachement avec lesquels il me servait, mit le comble aux afflictions de cette espèce, afflictions, je l’ai dit, par lesquelles mon âme a toujours été très éprouvée. » VI Consalvi ressentit quelque amertume du refus du pape de le choisir pour successeur du cardinal Negroni dans un emploi inférieur auquel il avait droit.

2242. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Irréligieux jusqu’au scepticisme, fanatique de révolutions, misanthrope jusqu’au mépris le moins déguisé pour l’espèce humaine, paradoxal jusqu’à l’absurde, Childe Harold est partout et toujours, dans ce cinquième chant, le contraste le plus prononcé avec les idées, les opinions, les affections, les sentiments de l’auteur français ; et peut être M. de Lamartine pourrait-il affirmer avec vérité qu’il n’y a pas dans tout ce poème quatre vers qui soient pour lui l’expression d’un sentiment personnel.

2243. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Je me rappelai ces vers fameux de Claudien, dans lesquels il exprime l’espèce de doute qui s’élève dans les âmes les plus religieuses lorsqu’elles voient la terre abandonnée aux méchants et le sort des mortels comme flottant au gré du hasard.

2244. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Sorte de petit Tartufe littéraire, dont l’espèce n’est pas rare d’ailleurs, il flatte le travers de la mère pour arriver à la fille, et par la fille à la dot.

2245. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

À ce point de vue, la civilisation triomphe toujours ; or il serait par trop étrange qu’un poids invincible entraînât en ce sens l’espèce humaine, si ce n’était qu’une dégénération.

2246. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Il n’y a pas lieu de montrer que ces trois espèces de choses suivent dans leur évolution une marche analogue à celle du mouvement littéraire ; elles en font en effet partie intégrante ; il suffit d’indiquer quelles impulsions elles donnent ou reçoivent tour à tour ; comment elles modifient les œuvres d’une époque et comment elles en sont modifiées.

2247. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Nous apportons en naissant dans notre cerveau le trou de l’espace, héritage de l’espèce, et nous y plongeons, rangeons, mettons en ordre toutes choses, comme un poisson qui, n’ayant jamais atteint le fond ni la surface de la mer, ne pourrait rien se figurer qui ne fût dans l’eau de toutes parts.

2248. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Comme M. de Maupassant le dit dans sa préface aux lettres de Flaubert à George Sand, même les romans, Madame Bovary, l’Éducation, bien que réalistes, pleins d’actes et de lieux précis, ont pour personnages principaux des êtres-si parfaitement choisis entre une foule de similaires, qu’ils représentent une classe, ou une espèce plutôt qu’un individu.

2249. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Rien n’était plus faux ; Nicole s’adressait au poète Saint-Sorlin, espèce de fou qui se donnait pour prophète.

2250. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

À la matière morte il demande mieux qu’elle, à ses lois qu’il borne une espèce de magie noire ou blanche qui les expliquent.

2251. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Il peut porter ses pas jusqu’aux sentiers dite vins, celui-là qui reconnaît un Dieu né de soi-même dans le monde des vivants, un Christ sauveur des mortels, qui eut un jour pitié des maux de l’espèce humaine, et se fit mortel, étant Dieu, jusqu’à ce qu’il eût délivré par son sang tous ceux qui gémissaient dans l’enfer.

2252. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Sand se lève et reçoit le poète vêtue d’une espèce de sarrau. […] Il disait : — Quand on a guéri du choléra, on attrape une autre maladie qui vient du traitement, une espèce d’inflammation des intestins… Avec des restes de fièvre, il demeurait sans cesse entre le manque d’appétit et la gloutonnerie. […] Tout cela est assez pauvre et coriace ; mais Népomucène Lemercier avait eu des dons et une espèce de fougue avortée.

2253. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Les métissages font souvent les plus fortes espèces d’hommes. […] Nous ignorons le but de l’univers et si les destinées de notre espèce lui importent ou non ; par conséquent, l’inutilité probable de notre vie ou de notre espèce est une vérité qui ne nous regarde qu’indirectement et qui reste pour nous en suspens.

2254. (1901) Figures et caractères

On sait ce que devint cette entreprise qui voulait être « un peu en général et superficiellement une espèce de relation des événements de ce temps et principalement des choses de la Cour », on sait où elle parvint à force de prodigieuse patience et d’inlassable curiosité, par l’acharnement minutieux de toute une vie, du fait d’un génie unique, en sa sorte, à saisir, dans ce qui passe, la réalité de ce qui se passe. […] Il n’était ni de l’espèce des « enfants sublimes » à la Hugo, le front chargé de pensées, l’œil grave et méditatif, ni de l’espèce, non plus, des « enfants terribles » à la Musset, hardis, débraillés et désabusés. […] Ils voyagent comme s’ils avaient pris au départ un billet Cook d’une espèce particulière.

2255. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Le sentiment de ces époques antérieures à l’homme et à l’humanité, plus grandes que notre faible espèce, qui en embrassent et en dépassent les limites, et qui sont mesurées sur un tout autre compas que nos cadrans particuliers, y respire et y règne sans partage avec une sorte de tristesse sereine.

2256. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

« Le roi, nous dit M. de Luynes, vient d’accorder une pension de 1,200 livres à M. de Vigny, écuyer de quartier, fils de M. de Vigny, lieutenant général de bombardiers, à qui l’on doit l’invention des carcasses (espèce de bombe de forme oblongue et chargée de mitraille)68.

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