Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. […] Le mot de Cour chez lui revient assez à ce qu’on a appelé depuis la bonne société. […] Mais la Cour, selon Vaugelas, ne suffit pas ; il faut encore compter les bons auteurs. Ils contribuent pour quelque chose au bon usage, — moins toutefois que la Cour ou le monde, comme nous dirions. […] Cette différence peut se résumer en deux mots : Cour et Démocratie.
En 1788, les idées tournant de plus en plus au sérieux, il eut la curiosité de connaître Mirabeau, et on le fit dîner avec lui chez le prince de Poix, à Versailles, où étaient réunis quelques convives, gens de cour. […] On remarquait enfin dans toute sa toilette une exagération des modes du jour qui ne s’accordait guère avec le bon goût des gens de cour. […] disait-il en parlant de la Cour (septembre 1789) ; ne voient-ils pas les abîmes qui se creusent sous leurs pas ? […] Soyez Richelieu sur la Cour pour la nation, et vous referez la monarchie, en agrandissant et consolidant la liberté publique. […] Et un peu après (27 janvier 1790) : Du côté de la Cour, oh !
Cette société faisait cause commune avec la cour contre le mauvais langage et les mauvaises manières, et eut peut-être la plus grande part à leur réprobation ; mais elle faisait cause commune avec les bonnes mœurs de sa préciosité contre la licence de la cour et contre celle des écrivains nouveaux et elle eut la plus grande part à leur défaite. […] Son existence dans le monde était finie depuis longtemps ; les traditions de sa société étaient dispersées et en faisaient fleurir de nouvelles ; la duchesse de Montausier, sa fille, était employée à la cour ; des honneurs de cour remplaçaient, dans ce reste de sa famille, les honneurs personnels que la marquise avait obtenus ; on ne connaissait plus qu’une gloire, celle qu’on tenait de la faveur de Louis XIV. […] L’imputation fut reconnue fausse par la suite ; mais personne à la cour n’était juge des preuves sur lesquelles le roi se décida au renvoi de madame de Navailles ; bien d’autres y auraient été trompés, et, certes, le fait était grave. […] « Cette calomnie, dit le président Hénault, en parlant de la lettre glissée dans le lit de la reine, fit perdre au mari et à la femme leur emploi… La duchesse fut obligée de se défaire de sa charge de dame d’honneur de la reine en faveur de madame de Montausier, pour 150 000 liv. » Hénault ajoute que le duc et la duchesse de Navailles étaient les plus honnêtes gens de la cour.
Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. […] Causant avec un homme de la vieille Cour, M. de Luynes, qui aimait ainsi à interroger chacun sur son coin d’histoire, tirait de lui cette jolie anecdote : Du temps du feu roi, toutes les petites circonstances par où on pouvait lui faire sa cour étaient des grâces importantes. […] Ce passage ne semble-t-il pas indiquer qu’à cette date de 1738 et autre part qu’à la Cour, lorsqu’on n’était pas en cérémonie, on dînait encore avec le chapeau sur la tête ? […] Il y a une jolie histoire sur le cuisinier du maréchal de Tessé, qui mystifia un jour son maître et le roi (Louis XIV) et toute la Cour. […] Le rusé cardinal, dans sa demi-retraite et ce qu’on appelait sa cour d’Issy, n’avait qu’à faire semblant de bouder, il les déjouait tous.
Le comte de Clermont et sa cour, par M. […] On a nommé, et moi-même j’ai rappelé à propos des divertissements de Berny, ceux de la Cour de Sceaux. […] Aussi vit-il enfermé dans son cercle, ce qu’on appelle sa Cour, et il n’en sort pas. […] oui, j’aurais aimé à vivre, ne fût-ce qu’une semaine, dans la petite Cour de Sceaux qu’on a appelée les galères du bel esprit. […] Voir dans Gustave III et la Cour de France, par M.
Le piccinino, pour cette fois, resta après nous dans la cour et fit tout seul la distribution des vivres aux prisonnières et aux prisonniers. […] Un pilier du cloître cachait la lucarne de cette dernière loge du fond de la cour aux autres prisonniers, en sorte qu’il y faisait sombre comme dans une caverne. […] Je ramassai les clefs, je balayai les tessons de la cruche dans la cour, et je revins sur mes pas, comme si j’allais chercher un autre vase pour porter son eau au meurtrier. […] Quand je fus peu à peu, en apparence, remise des confidences de la bonne femme, je repris le panier et je rentrai dans la cour pour distribuer la soupe du soir de loge en loge. […] Hormis les courts moments où mon service m’appelait dans la cour et où je pouvais entrer dans le cachot et baiser ses chaînes, nos seuls moyens de communication ensemble étaient donc la colombe et la zampogne.
M. le dauphin se mit la couverture sur le visage, mais ma princesse ne cessa de me parler avec une liberté d’esprit charmante, ne faisant non plus d’attention à ce peuple de Cour que s’il n’y avait eu personne dans la chambre. […] Il y avait dans la chambre tous les princes et princesses qui composent cette Cour, le roi, la reine, plus de cent femmes couvertes de pierreries et d’habits brillants. […] La position de notre armée était sûre, et, en attendant, on se serait plutôt cru à la Cour qu’à l’armée ; on ne voyait que spectacles, comédies et fêtes. […] L’automne où il mourut, il venait d’avoir une visite d’une élite de femmes de la Cour, une princesse du sang, Mademoiselle de Sens, à leur tête. […] Je leur donnerai des chasses dans les toiles, la comédie et le bal tout le jour, et pour cet effet j’ai arrêté la troupe des comédiens qui est des voyages de la Cour à Compiègne, à qui je ferai manger force biches et sangliers.
Tout commençait à sourire à Fénelon : le cœur de madame de Maintenon semblait lui ouvrir celui de la cour. […] Il était à Versailles aussi isolé qu’à Cambrai, attendant chaque jour l’ordre de s’éloigner de la cour. […] On se vengea de cette déception de l’animosité par l’expulsion de tous les amis de Fénelon de la cour du duc de Bourgogne. […] Le soulèvement de la cour contre lui fut soudain. […] La duchesse de Bourgogne, les délices de la cour et la passion de son mari, inopinément frappée, entraîna son mari au tombeau.
En 1626 éclata à la cour le grand procès instruit contre le prince de Chalais, accusé comme complice de la conspiration tendante à mettre Gaston sur le trône à la place du roi. […] Mademoiselle de Montpensier s’explique assez clairement sur les mœurs de la reine, à l’occasion de l’arrivée du roi d’Angleterre à la cour, où il venait dans l’intention d’épouser la princesse. […] Cette société et la cour étaient deux mondes différents, où les personnes même qui les fréquentaient ne se ressemblaient plus à elles-mêmes, dès qu’elles passaient de l’une à l’autre. […] En entrant à l’hôtel de Rambouillet on laissait la politique et les intrigues à la porte ; en allant à la cour, les habitudes de l’hôtel de Rambouillet se dissimulaient et cédaient au ton dominant. Plus la cour était agitée et corrompue, plus la société de Rambouillet était recherchée et florissante.
Quand la Cour était ailleurs, il aimait à revenir faire de petits voyages et des séjours dans la capitale ; il y mettait même une sorte de malice à l’égard du roi, à qui il se flattait que ces voyages déplaisaient : Mais c’est qu’en effet, nous dit Cosnac, ils lui donnaient à lui la joie d’avoir une cour particulière ; car il était ravi lorsqu’il voyait dans le Palais-Royal une grande affluence de beau monde, qui venait pour l’amour de lui, à ce qu’il disait, quoique ce ne fût que pour Madame. Il n’oubliait toutefois rien pour caresser chacun, et l’on remarquait visiblement qu’il était plus ou moins gai, selon qu’il y avait chez lui une plus grande ou plus petite cour. […] C’était dans le milieu de l’été : Madame s’allait baigner tous les jours ; elle partait en carrosse à cause de la chaleur, et revenait à cheval, suivie de toutes les dames, habillées galamment, avec mille plumes sur leur tête, accompagnées du roi et de la jeunesse de la Cour. […] Morte à vingt-six ans, et ayant été pendant neuf ans le centre de l’agrément et des plaisirs, Madame marque le plus beau ou du moins le plus gracieux moment de la cour de Louis XIV. Il y eut après elle, dans cette cour, plus de splendeur et de grandeur imposante peut-être, mais moins de distinction et de finesse.
Même après sa lettre anonyme à Louis XIV, si éloquente et si dure, soupçonné et, dans l’esprit, du roi, convaincu de l’avoir écrite, il resta à la cour. […] Saint-Simon pensa de bonne heure à être l’historien de son temps : à l’armée, à la cour, il a ramassé curieusement la plus ample information. […] N’était-ce pas faire son jeu que de prendre au sérieux les distinctions dont il amusait l’inutilité de toute cette noblesse ramassée à la cour ? […] Voilà comment Saint-Simon, qui peut être redressé ou démenti presque à chaque page, reste pourtant le seul peintre qui nous rende la cour de Louis XIV. […] Il écrit avec ses nerfs : il cherche les mots qui équivalent à son sentiment, mots à la mode, ou du vieux temps, mots de boutique ou de village, et mots de cour, vertes locutions, ou tours délicats.
Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry60. […] Du temps de Vaugelas, il y avait plusieurs langues encore distinctes et séparées, celle de la Cour, celle de la Ville, celle du Palais. […] La Cour se connaissait plus en soie, et Paris plus en serge. […] Toute la Cour alors disait : Je vas, et Paris disait : Je vais. […] C’est le suffrage universel qui fait les langues, même du temps où la Cour paraît être tout.
Devenus tous deux les favoris d’un monarque tel que le roi de Prusse, appellés & fixés à sa cour, obligés de se voir continuellement, la mésintelligence augmenta. […] Je ne connoissois presque personne des ministres & de tout ce qu’il y avoit à la cour, je ne rendois pas même les visites, quelquefois les plus indispensables. […] M. de Voltaire fut toujours libre de paroître à la cour. […] Il eut l’honneur d’être présenté à la cour ; mais ce triomphe même lui nuisit. […] Frédéric eût dû se sauver des petitesses de Christine, qui entroit dans les tracasseries des sçavans qu’elle avoit à sa cour, qui se faisoit un plaisir malin de les brouiller, qui mettoit souvent de l’autorité lorsqu’il n’en falloit pas, qui prit avec chaleur la défense de Saumaise contre Isaac Vossius.
Mais, une fois transportée sur ce terrain glissant de la Cour, elle ne put réaliser son idéal que bien imparfaitement. […] C’était un homme original, brusque, honnête, resté sincère à la Cour, sérieux avec son air de singe, trouvant des apologues ingénieux pour faire parler la vérité. […] Il n’est rien, dans ce boudoir enchanté, qui ne semble faire sa cour à la déesse, rien, pas même L’Esprit des lois et l’Encyclopédie. […] Cette gracieuse femme rajeunit la Cour, en y apportant la vivacité de ses goûts bien français, de ses goûts parisiens. […] Il y a une tribu à la Cour qui attend toujours l’extrême-onction pour tâcher d’augmenter son crédit.
La victoire paraît vouloir se décider pour la première, mais l’exemple du roi, et le désordre de la cour, et les habitudes générales, la suspendent encore. […] Il serait difficile peut-être de concevoir comment les mœurs de la capitale seraient revenues de leur débordement, lorsque le désordre de la cour avait passé toutes les bornes. […] En 1670, son histoire et celle de la bonne compagnie se confondent avec l’histoire des mœurs de la cour et celle du roi lui-même. […] Le maréchal d’Albret, alors comte de Miossens, lui avait fait la cour et n’avait pas réussi ; mais il avait conçu pour elle une estime et une tendresse qui ne finirent qu’avec sa vie, plus de vingt ans après. […] Elle prit alors la résolution d’aller en Portugal, ou elle trouvait une place à la cour.
Il était à la fleur de l’âge dans cette cour de Charles II, qu’il nous a si vivement décrite ; mais les Hamilton dont il parle sont ses frères, et il ne s’y donne à lui-même aucun rôle. […] On le voit recherché à Sceaux, où la duchesse du Maine tenait cour plénière de bel esprit. […] Ceux-là, par leur sœur, étaient fort mêlés dans la meilleure compagnie de notre Cour ; ils étaient pauvres et avaient leur bon coin de singularité. […] Quand son héros passe à la cour d’Angleterre, la manière de l’historien change un peu ; on entre dans une série de portraits et dans une complication d’aventures où l’on a quelque peine d’abord à se démêler. […] Hamilton n’est pas le Van Dyck de cette cour ; il n’a pas cette gravité du grand peintre royal ; mais il est un peintre à part avec son pinceau doué de mollesse, de finesse et de malice.
Que les hommes qui vivent dans une révolution, et qui en sont ou spectateurs éclairés ou acteurs principaux, lèguent à la postérité le dépôt fidèle de leurs souvenirs, c’est un devoir que nous réclamons d’eux ; que ceux mêmes qui, dans une situation secondaire, n’ont vu qu’un coin du vaste tableau et n’en ont observé que quelques scènes, nous apportent leur petit tribut de révélations, il sera encore reçu avec bienveillance ; et si surtout l’auteur nous peint l’intérieur d’une cour dans un temps où les affaires publiques n’étaient guère que des affaires privées, s’il nous montre au naturel d’augustes personnages dans cette transition cruelle de l’extrême fortune à l’extrême misère, notre curiosité avide pardonnera, agrandira les moindres détails ; impunément l’auteur nous entretiendra de lui, pourvu qu’il nous parle des autres ; à la faveur d’un mot heureux, on passera à madame Campan tous les riens de l’antichambre et du boudoir : mais que s’en vienne à nous d’un pas délibéré, force rubans et papiers à la main, mademoiselle Rose Bertin, modiste de la reine, enseigne du Trait galant, adressant ses Mémoires aux siècles à venir, la gravité du lecteur n’y tiendra pas ; et, pour mon compte, je suis tenté d’abord de demander le montant du mémoire. Ce livre est pauvre de faits : malgré son assiduité à la toilette, l’auteur n’y paraît que peu instruite des affaires de cour ; elle nous transmet çà et là des mots échappés à sa maîtresse ; elle la justifie d’avoir surnommé la duchesse de Noailles madame de l’étiquette, et d’avoir appelé des médailles les femmes qui avaient atteint leur cinquième lustre. […] Tel était l’ascendant de sa beauté et de ses manières, qu’elle subjugua tous ceux qui l’entourèrent et la connurent : pour ses femmes de chambre, ses fournisseurs, et les hommes de cour, il n’y a rien que de simple ; mais le charme s’étendit plus loin : l’allier Mirabeau fut peut-être autant amolli par ses douces paroles que par cet acte impur qui pèse sur sa mémoire ; quelques heures de conversation au retour de Varennes lui conquirent à jamais Barnave ; un mot de sa bouche fit tomber à ses pieds Dumouriez en pleurs ; les femmes du 20 juin elles-mêmes furent émues quand elles la virent. […] Cette femme lui avait prédit à Amiens, dans son enfance, qu’elle deviendrait une grande dame et qu’on lui porterait la robe à la cour. Un jour que mademoiselle Bertin allait présenter des modes à la reine, elle remarqua qu’elle était l’objet d’une attention malicieuse : étonnée, elle se retourne, et voit son rustaud de valet qui lui portait la robe ; il avait cru bien faire en imitant les laquais de cour.
En Italie, à Rome, pendant un voyage qu’il y fit en 1638, à l’âge de vingt-quatre ans, il résolut de ne donner sur lui aucune prise et de s’acquérir à tout hasard une bonne renommée dans une cour ecclésiastique. […] Au retour de l’armée, voyant le Parlement aux prises avec la Cour, la gloire de restaurateur du public fut la première idée du prince, celle de conservateur de l’autorité royale fut la seconde. […] Je sais que vous les comptez pour rien, parce que la Cour est armée ; mais je vous supplie de me permettre de vous dire qu’on les doit compter pour beaucoup, toutes les fois qu’ils se comptent eux-mêmes pour tout. […] Condé et Retz se séparent, chacun dans son opinion, mais avec estime ; l’un pour la Cour et se décidant, tout bien pesé, à la défendre ; l’autre, restant coadjuteur et, avant tout, défenseur de Paris. […] Parlant d’un magistrat prisonnier que l’insurrection réclame de la Cour, et qui est rendu à la liberté : « L’on ne voulut pas quitter les armes, dit Retz, que l’effet ne s’en fût ensuivi ; le Parlement même ne donna point d’arrêt pour les faire poser, qu’il n’eût vu Broussel dans sa place.
Mais elle négligea ces vues d’intérêt, et, comme tous les exilés de la Cour, elle n’était occupée en ce moment qu’à espérer la fin prochaine du cardinal de Richelieu, d’où elle attendait le retour de la faveur. […] Mme de Sénecé, Mme de Chevreuse, Mme de Hautefort, en revenant à la Cour, ont donc beaucoup à rapprendre, beaucoup à deviner. […] Elle conclurait volontiers sur le chapitre de la Cour comme a fait La Bruyère : « Un esprit sain puise à la Cour le goût de la solitude et de la retraite. » Elle aime dans ses Mémoires à moraliser, à donner des réflexions sérieuses qu’elle relève de citations agréables ; elle cite volontiers les poètes espagnols ou italiens, quelquefois Sénèque, plus souvent l’Écriture. […] Tous les hommes sont naturellement esclaves de la fortune ; et je puis dire n’avoir guère vu personne à la Cour qui ne fût flatteur, les uns plus, les autres moins. […] Mme de Motteville était dans une grande et véritable cour, auprès d’une reine qui, avec un esprit de médiocre étendue, mais commode et agréable, avait un cœur noble et généreux, et qui payait les services par l’estime.
Au milieu des fêtes mémorables de l’année 1666, c’était toujours madame de La Vallière que la cour regardait comme l’heureuse maîtresse du maître. […] De Compiègne, la cour revint à Versailles, et là le roi, dit toujours Mademoiselle, continua les mêmes visites particulières à madame de Montespan . […] Mais qu’il n’y ait pas trouvé quelque rapport avec ce qui se passait à la cour ; qu’il n’ait pas vu, pas soupçonné que la situation du marquis de Montespan eut quelque rapport avec celle d’Amphitryon, celle de Louis XIV avec celle de Jupiter, qu’il n’ait eu aucune intention en disant dans sa pièce : Un partage avec Jupiter N’a rien du tout qui déshonore, c’est ce qu’il est difficile de croire d’un homme qui était au courant de toutes les aventures galantes de la cour, et ne négligeait, que dis-je ? […] Pendant que la reine et le marquis de Montespan languissaient de jalousie, et que madame de Montausier se mourait d’humiliation, l’Amphitryon de Molière, c’est-à-dire le malheureux Montespan, divertissait la partie corrompue de la cour et de la ville. […] La nouvelle de cette mort, arrivée à la suite de trois années de retraite et de maladie, se perdit dans le mouvement et dans le bruit de la cour et du monde.
Les années 1677 et 1678 ne présentent que la continuation, à la fin très monotone, des mêmes alternatives de refroidissement et d’ardeur entre le roi et madame de Montespan ; de galanteries entre le roi et quelques femmes de la cour ; et au milieu de ces aventures d’un genre fort commun, le progrès lent, très peu dramatique, très peu sensible de l’empire que madame de Maintenon prenait sur l’esprit du roi, par la sagesse, la convenance, le charme de sa conversation121. […] Quand nous aurons vu le roi, je vous écrirai le jour que M. du Maine et moi partirons, etc. » La même lettre, dans l’édition de Nancy, renferme ces mots : « Ne vous croyez point mal à la cour, nous nous y soutiendrons. » Ce que madame de Maintenon attendait du roi était un accueil bienveillant, pas autre chose. […] Elle fut une des plus intéressantes victimes de l’empire que Louis XIV exerçait sur toutes les femmes de sa cour, et de l’empire qu’une d’elles exerçait sur lui. […] Ce qui mérite ici d’être observé, c’est l’effet que produisait le spectacle des mœurs de la cour sur la société d’élite dont madame de Maintenon avait fait partie. […] « Les avis d’une amie aimable, lui disait-elle, persuadent plus que ceux d’une sœur sévère. » Elle ajoutait : « Croyez-moi, ma belle demoiselle, car vous ne cesserez jamais de l’être, les intrigues de la cour sont bien moins agréables que le commerce de l’esprit.
C’est un grand art que de faire sa cour. […] Mais sous un habit de cour un lourdaud est plus lourd encore. […] La Bruyère, de la Cour, 133. […] La Bruyère, VIII, de la Cour. […] Voyez l’endroit où Panurge fait la cour à une dame de Paris.
« La reine ignore l’art de s’attacher des créatures dans sa propre Cour. […] La vieille Cour avait peu de peine à se persuader que Dieu, après avoir frappé le roi, toucherait son cœur. […] Cette variété d’occupations la menait jusqu’à six heures du soir environ, où la Cour s’assemblait chez elle pour jouer à ce fameux cavagnole, comme qui dirait au loto. […] Dans une Cour où la méchanceté était le genre transcendant et le bel-air, elle s’était fait avant tout une société sans médisance. […] Tressan, du temps qu’il était de cette Cour, risquait quelquefois de légères gaillardises qui faisaient sourire la bonne reine.
Le roi était tout-puissant sur la nation par sa gloire, par le noble usage qu’il faisait de sa gloire même : Molière était tout-puissant près du roi par le plaisir qu’il donnait à la cour, par la louange, par le concert de louanges que Racine et Boileau, ses jeunes amis, guidés par ses conseils et son exemple, prodiguaient à l’envi au monarque. […] Cette réunion de quatre grands poètes, leur concert pour favoriser les mœurs de la cour, célébrer les maîtresses, exalter, sous le nom de magnificence royale, des profusions ruineuses, étaient au grand préjudice des mœurs générales. […] Napoléon faisait la cour aux poètes de son temps, en déclarant qu’il l’eût faite à Corneille. […] Il était sage conseiller du roi quand il lui montrait ses flatteurs à La Cour du Lion, leur lâcheté envers Le Lion devenu vieux, leur bassesse dans Les Animaux malades de la peste ; le danger des maîtresses dans Le Lion amoureux ; l’esprit des courtisans, les uns à l’égard des autres, dans Le Lion, le Loup et le Renard ; le danger des petits ennemis dans Le Moucheron et le Lion ; la dissimulation des gens prudents à la cour des rois méchants, dans La Cour du Lion.
On lui procura des pensions de la cour. […] Il avoit des parens à la cour. […] Ses ballets ingénieux tenoient alors lieu d’opéra, & faisoient un des principaux amusemens de la cour. […] La ville & la cour furent également partagées. […] Mais au bruit de la cour & à la prière qui m’a été faite, ayant pris les lunettes de ma vieillesse, qui sont peut-être plus assurées que mes yeux du temps passé, je confesse que j’ai un peu modéré la violence de mon amour.
Dans cette cour raffinée et voluptueuse des Valois, gouvernée par une favorite, on l’élevait plutôt en courtisane accomplie qu’en reine future. […] Ils redoutaient sa partialité présumée pour le catholicisme, dont elle avait dû être nourrie à la cour des Guise et de Catherine de Médicis. […] Marie Stuart éprouva ce péril, et sa jeunesse, sa mélancolie, sa solitude au milieu d’une cour barbare ne la disposaient que trop à y succomber. […] Les troubles de la cour d’Édimbourg l’avaient attiré à Holyrood ; il y avait pressenti une plus large scène pour ses ambitions ou pour ses forfaits. […] La licence de ses mœurs et les victoires de son libertinage l’avaient rendu célèbre à la cour d’Holyrood ; il s’était attaché à plusieurs des femmes de cette cour, moins pour les posséder que pour les déshonorer.
Voilà pourquoi il intitule son livre : Louis XVI et sa Cour et il a raison. Tout le règne est là, entre la cour et le roi, dans cette monarchie qui s’en va crouler par leurs fautes réunies. […] Avec Louis XVI tout seul, et sa cour est une partie de lui-même, l’historien a assez de lumière pour regarder, bien voir et conclure… L’histoire est rarement aussi claire. […] » Et ailleurs : « Les traces qu’il gardait de ses occupations grossières, ses postures et ses formes pesantes, jusqu’à son énorme appétit, étaient un texte de moquerie pour la jeune cour. […] Louis XVI et sa Cour (Pays, 21 décembre 1858).
Je ne savais pas même, pour plaire, feindre par complaisance une hostilité que je n’éprouvais pas contre la cour. […] C’était une cour, mais un peu vieille cour ; les meubles étaient simples et usés ; quelques livres épars sur les guéridons, quelques bustes du temps de l’Empire sur les consoles, quelques paravents du siècle de Louis XV en formaient tout l’ornement. […] Un triple cercle de femmes, presque toutes femmes de cour, femmes de lettres ou chefs de partis politiques divers, occupait le milieu du salon. […] Pour jouir de cet orgueil maternel elle conduisit, un jour, son enfant à Versailles, à ce spectacle de la cour qu’on appelait le Grand Couvert. […] Sa maison de la rue du Mont-Blanc et sa villa de Clichy rappelaient presque seules dans Paris l’élégance et l’opulence des palais princiers démeublés par les confiscations ou les émigrations ; on y respirait un air de cour ; c’était la cour de la richesse, seule royauté qui restât à la France ; sa jeune femme était la reine de cette cour : elle restaurait l’empire de la société détruite dans Paris.
« Avant mon départ pour Londres, l’ambassadeur m’ayant offert de me présenter à la cour de Versailles, j’acceptai, curieux de voir une cour plus grande que celles que j’avais vues jusque alors, quoique parfaitement désabusé à l’égard des unes et des autres. […] Toute la cour se prit à rire ; le monarque lui-même daigna sourire, et passa outre pour se rendre à la messe qui l’attendait. […] La cour le traitait en héros digne d’une couronne ; le Dauphin lui-même, père de Louis XVI, lui laissait espérer un autre avenir avec un autre règne. […] Enfin le maréchal s’apprête à prendre congé de son hôte, quand un roulement de voiture se fait entendre dans la cour. […] La cour qu’il leur fait est innocente à ses yeux, pourvu que l’amour et sa vanité l’autorisent.
Louis XIV était parti de Fontainebleau après son dîner, et se trouvait à Montargis avec son fils, son frère et les principaux de sa Cour, pour la recevoir. […] On trouvera qu’il était bien prompt à se former une pensée et une impression ; mais cette première impression, en effet, était capitale dans une Cour et sur une scène où il s’agissait avant tout de réussir en entrant, et de représenter toujours. […] Un jour, douze ans après, la jeune princesse était devenue l’ornement et l’âme de la Cour, l’unique joie de cet intérieur du roi et de Mme de Maintenon, de ces vieillesses moroses. […] On y voit la jeune princesse se repentir du malheureux goût qu’elle avait pour le jeu et qu’elle partageait avec toute la Cour. […] Mais on aimait tant la duchesse de Bourgogne à la Cour, que c’était comme un parti pris pour tout le monde de lui garder le secret, et de n’épargner qu’elle seule dans la médisance universelle.
Mme de Sévigné, qui raconte ceci, paraît en conclure avec le commun de la Cour que la nouvelle Madame est « tout étonnée de sa grandeur », et qu’elle parle en personne qui n’est pas accoutumée à un si grand entourage. […] Le rôle que Madame concevait pour elle en France était donc de préserver son pays natal des horreurs de la guerre, de lui être utile dans les différents desseins qui s’agiteraient à la cour de France et qui étaient de nature à bouleverser l’Europe. […] L’érudit et bel esprit Chevreau, qui était dans cette cour de l’électeur palatin avec le titre de conseiller, se flatte d’y avoir beaucoup contribué par des entretiens de quatre heures par jour durant trois semaines environ. […] C’est par là qu’elle tient un coin unique dans la cour de Louis XIV. […] Chose rare à la Cour, elle aimait la joie pour elle-même : « La joie est très bonne pour la santé, pensait-elle ; ce qui est sot, c’est d’être triste. » Elle rompait la monotonie des formes cérémonieuses, des menuets en tout genre, des longs repas silencieux.
Saint-Simon n’appartient point à cette école française, discrète, imitatrice, esclave de la ville ou de la Cour, et qui, avant de lâcher une expression, s’informe si c’est convenable et usité. […] L’une de ces scènes sera le tableau qu’il trace de la Cour au moment de la mort de Monseigneur, fils de Louis XIV. […] M. et Mme la duchesse de Bourgogne y tenaient ouvertement la cour, et cette cour ressemblait à la première pointe de l’aurore. » Pendant cinq jours on reste dans ces fluctuations et ces incertitudes dont il ne nous laisse rien perdre. […] On apprend à Versailles cette extrême agonie, et, à l’instant, toute la Cour se porte d’un flot chez la duchesse de Bourgogne pour y adorer le soleil levant. […] Il oubliait que cette noblesse, de tout temps bien légère en France et dès lors sans base, n’était plus qu’une noblesse de cour, et il n’allait pas à pressentir que, moins de vingt-cinq ans après sa mort, les plus chevaleresques seraient les premiers à changer d’idole et à faire la cour aux révolutions.
il n’y voit qu’une nouvelle noblesse de cour qui est prête à singer l’ancienne. […] Ici, Louis, le modèle des rois, vivait (c’est le mot à la Cour) avec la femme Montespan, avec la fille La Vallière, avec toutes les femmes et les filles que son bon plaisir fut d’ôter à leurs maris, à leurs parents. […] La Cour… il n’y a ici ni femmes ni enfants, écoutez : la Cour est un lieu, etc. » C’est comme lorsque, dans un de ses derniers pamphlets, il nous peindra le confessionnal : « Confesser une femme, imaginez ce que c’est. […] Pour ce qui est de la Cour, toutes les fois qu’il a eu à en parler, il a fait aussi son tableau, un même tableau hideux, d’une seule couleur, gravé et noirci avec soin, sans compensation et sans nuance. […] Mais Frémont, mis en jugement, fut acquitté à l’unanimité par le jury devant la cour d’assises de Tours, le 3 septembre 1825.
La dévotion étoit alors en règne à la cour. […] La cour, fatiguée des plaintes qu’on lui faisoit, ordonna l’enlèvement de madame Guyon. […] Les gens de cour s’amusoient beaucoup du chapitre du Mariage de l’ame. […] Ils furent privés de leurs emplois, ou chassés de la cour. […] La seule chose qui le perdit à la cour, c’est sa réputation de quiétiste & d’homme à projets.
On entre de cette troisième cour dans la quatrième, par un escalier de marbre de douze marches. […] Le gouverneur, fils d’un des premiers seigneurs de la cour, le reçoit à sa maison de campagne. […] Il allait de temps en temps à la cour, le roi ne l’ayant ni exilé, ni chassé de sa présence. […] La cour de Louis XIV elle-même devait rougir d’une civilisation qui dépassait la sienne. […] Ces messieurs se rendirent à la cour, l’après-midi.
Nous avons vu la corruption des mœurs générales se répandre de la cour de François Ier sur la nation entière1, et le spectacle de la société infectée de ces mœurs nous a laissé de pénibles impressions. Mais un dédommagement s’offre à nous ; c’est le tableau d’une société d’élite, qui s’éleva, avec le xviie siècle, au sein de la capitale ; unit les deux sexes par de nouveaux liens, par de nouvelles affections ; mêla les hommes distingués de la cour et de la ville, les gens du monde poli et les gens de lettres ; créa des mœurs délicates et nobles, au milieu de la plus dégoûtante dissolution ; réforma et enrichit la langue, prépara l’essor d’une nouvelle littérature, éleva les esprits au sentiment et au besoin de jouissances ignorées du vulgaire. […] Plusieurs au bel esprit de Voiture ; D’autres à la cour de Marie de Médicis et à ses cercles, ou les pointes, les jeux de mots, les concetti, que sa cour apporta d’Italie, acquirent de la vogue ; D’autres à la cour d’Anne d’Autriche, belle-fille de Marie de Médicis, qui introduisit, dit-on, en France, l’esprit des romans espagnols.
. — État et mœurs de la cour, vers 1630. — Composition de la société de Rambouillet. — Montausier : son caractère. […] Au spectacle de cette période de terreur, c’est, je pense, une consolation de voir s’élever une autre grandeur que la grandeur de la cour, une autre autorité d’exemple et d’opinion, un autre modèle de société, une autre source de mœurs, d’idées, de principes ; c’est surtout un besoin pour les âmes douces et nobles, au milieu des tourments politiques qui les épuisent, d’entrevoir dans une société nouvelle un asile fermé à l’esprit de faction, et où se retrouvent les principales aménités de la vie civilisée. Dans la période que nous parcourons de 1630 à 1640, l’accroissement de la société de Rambouillet prouva l’éloignement que la terreur avait inspiré pour la cour. […] Montausier est sans contredit le plus beau caractère qui ait jamais étonné une cour corrompue. […] L’abbé Cottin était aumônier du roi, prédicateur de la cour, ses sermons furent suivis avec ardeur quinze carêmes de suite.
Toute la cour est chez madame de Montausier. […] Une autre circonstance est remarquable dans la lettre de madame Scarron, c’est cet empressement de la cour à se rendre chez madame de Montausier malade, presque mourante, au moment où chancelait la favorite qui avait causé sa maladie. […] Observons encore ici que madame Scarron, en apprenant à madame de Saint-Géran l’honorable intérêt témoigné par la cour à madame de Montausier, avait déjà plus d’une raison pour se croire destinée à hériter de sa considération. […] Elle était un des premiers sujets de l’école de Julie d’Angennes ; il y avait de la différence sans doute entre la place de gouvernante des enfants de France et celle des enfants naturels : il y avait aussi de la distance entre Julie d’Angennes, duchesse de Montausier, et Françoise d’Aubigné, veuve Scarron ; mais les traditions de la cour, depuis François Ier, l’élévation et l’insolence des maîtresses avouées, l’élévation, l’insolence et la turbulence des bâtards avaient habitué à regarder les légitimations de ceux-ci comme à peu près équivalentes à la légitimité. […] Sa joie est la plus solide qu’on puisse avoir dans ce monde. » Ces mots sont très significatifs sous la plume de madame de Sévigné, qui affectait toujours quelque chose d’énigmatique dans ce qui regardait la cour.
Déjà riche des libéralités de la Cour, il avait une jolie maison de campagne à Châtenay, et il y reçut la duchesse du Maine, qui l’honora de sa visite dans l’été de 1699, et à qui il donna une galante hospitalité ; elle y demeura étant enceinte, pendant le séjour de la Cour à Fontainebleau. […] Ce cardinal, si agréable de sa personne et si bel-esprit, semblait fait exprès pour cette cour à la Rambouillet. […] Elle se mit de bonne heure dans la condition de n’en pas éprouver, en s’enfermant dans cette petite cour de Sceaux, où tout était à elle et n’était qu’elle. […] La petite cour peu à peu se repeuple et se ranime ; le tourbillon recommence. […] On noterait encore d’autres apparitions de Voltaire dans la petite cour de la duchesse du Maine, et qui eurent leur singularité.
Elle avait de seize ans à vingt, et brillait au premier rang de la Cour, dans tout l’orgueil des espérances. […] Elle était particulièrement mal avec la reine et avec le cardinal Mazarin, et dès lors aussi peu disposée à être sage et sensée dans ces troubles naissants qu’aucune autre personne de la Cour. […] Le bruit courait que Gaston s’était accordé avec la Cour, en séparant ses intérêts de ceux du prince de Condé. […] Le premier usage qu’il prétend faire des immenses richesses de Mademoiselle, c’est de mettre, comme capitaine, toute sa compagnie à neuf, pour en faire sa cour. […] Avec ses dix années de plus que le roi, Mademoiselle fut toujours un peu arriérée et de la vieille Cour.
Louis XIV entoura donc son petit-fils de conseils ; lui-même il traça de sa main les règles qu’il crut les plus sages ; il composa la cour d’Espagne avec choix ; l’ambassadeur à Madrid, le duc d’Harcourt, fut en réalité le gouverneur du jeune roi, et la jeune reine reçut pour gouvernante, à titre de dame d’honneur, une Française célèbre par sa naissance et son mérite, Anne-Marie de la Trémoïlle, veuve du prince de Chalais, et depuis mariée en Italie à Flavio, prince des Ursins. […] Louis XIV, qui n’aimait pas les apparences de l’intrigue, bien qu’à cette heure sa propre cour en fût infestée, rappela madame des Ursins en France ; mais, la voyant de plus près, il l’apprécia mieux. […] Si sa majesté n’était pas dans des engagements bien différents, je crois, en vérité, qu’elle voudrait être une de vos élèves. » Berwick répara les affaires, et par la victoire d’Almanza rendit quelque sécurité à la cour. […] Je prends la liberté, Madame, de vous demander là-dessus une explication un peu plus intelligible, pourvu néanmoins que vous le puissiez faire. » Et comme on lui répond discrètement qu’en France on n’aime pas que les femmes parlent d’affaires, « tant mieux alors, s’écrie-t-elle avec l’orgueil de son sexe ; nous aurons bien des choses à reprocher aux hommes, puisque nous n’y aurons point eu de part. » Philippe et sa cour furent obligés d’abandonner Madrid pour la seconde fois devant les armes de l’archiduc. […] Elle n’instruisit qu’au dernier moment la cour de France et madame de Maintenon ; l’excuse qu’elle donne à cette dernière est bien trouvée.
Le vrai phénomène d’alors, c’était, dans une cour semi-asiatique et près d’un musée d’érudits, le naturel et la passion rendus à la poésie. […] Mais la protection lui manqua, comme la liberté, sous le long règne de Hiéron II ; et il tourna son espérance vers cette cour nouvelle d’Alexandrie, qui de toutes parts recueillait les savants et les livres. […] ce restaurateur de la naïveté homérique, ce peintre des champs et de la vie pastorale fut d’abord un poëte de cour. […] Le poëte, dans cet éloge de Ptolémée, sur un accent tout lyrique, imite au début Aratus, cet autre poëte de la même cour, qui chantait les merveilles des cieux. […] Mais c’est de Jupiter que j’attends la vertu. » Rien, ce semble, de plus élégant que le style de l’original, dans cet hymne de cour.
Pour une frivole cour, tenue longtemps sous une tutelle étroite et monastique, c’était le seul moyen éclatant de venger sa contrainte passée et de constater son émancipation. […] Fille d’un pauvre gentilhomme de province, au lieu, suivant l’usage, d’entrer au couvent, elle entra au service de la maîtresse favorite, et, femme de chambre à la cour, elle y resta simple et j’oserai dire naïve. […] Mais enfin elle en apprend assez pour faire connaître, mépriser, haïr même cette cour impure ; car c’est trop peu de la raillerie contre tant de honte, entretenue à si grands frais par un peuple. […] Ce malaise universel, symptôme de révolution, qui n’échappait pas aux yeux même les moins clairvoyants, est remarquable ; l’aveuglement imperturbable de Louis XV et de la cour ne l’est pas moins, et pourtant s’explique par la nature humaine. […] Pour ne pas les entendre, on s’abîma de plus en plus dans le tourbillon des voluptés et des intrigues ; en partie volonté, en partie fatalité, on s’étourdit sur les dangers de sa postérité et d’un avenir qu’on ne jugeait pas si prochain : l’illusion de cette cour usée semblait un rêve de la caducité délirante.
Dès les premières résistances du tiers état et les premières décisions de l’Assemblée constituante, nous voyons la cour s’effrayer, et, faible qu’elle est, recourir à la force, c’est-à-dire à l’armée, pour réduire au silence une tribune rivale du trône, quelle était donc celle armée sur laquelle la cour comptait si aveuglément ? […] Chérin, généalogiste de la cour. » Cette mesure partait d’on maréchal de France, et ce fut ensuite un cardinal qui l’appliqua en toute rigueur. […] Leur haine se tourna naturellement sur ces jeunes chefs, au profit desquels on déshéritait leurs services ; il y eut division dans chaque corps : et cependant la nation commençait de lutter avec la cour, celle-ci se couvrait de l’armée, à laquelle d’autre part on rappelait son origine citoyenne. […] A Berlin surtout, dans une cour timide, froide et naguère ennemie, en présence d’une Académie peut-être encore philosophique et frondeuse, en présence de cette colonie de réfugiés français qui n’avaient pas oublié les injures de leurs pères3, combien une noble contenance eût été séante, combien elle eût racheté de préjugés et d’erreurs !
Quand elle parle de solitude, on voit que c’était une solitude de cour, et encore très diversifiée. […] La régence de son fils ramena du monde de la Cour chez Madame, et d’ailleurs le séjour plus ordinaire à Paris durant cette régence lui permettait moins la retraite que ne l’avait fait le séjour à Versailles. […] De temps en temps, Madame regardait jouer, quelquefois même elle conseillait en écrivant ; d’autres fois elle entretenait ceux qui lui faisaient la cour. […] Un goût plus noble était celui des médailles, que Madame avait à un haut degré ; elle en recueillait de toutes parts, et c’était lui faire le plus délicatement sa cour que de lui en offrir. […] Elle a du cœur ; ne lui demandez pas l’agrément, mais dites : Il manquerait à cette cour une figure et une parole des plus originales si elle n’y était pas.
La partie littéraire, sans y tenir plus de place qu’elle n’en avait réellement à cette Cour et dans ce monde de magnificence et de plaisirs, n’y est jamais oubliée. […] Longtemps encore après l’installation intime et sous le règne réel de Mme de Maintenon, Mme de Montespan avait le même pied et quelque chose de la même attitude en cour. […] Bien souvent le soir, à la Cour, il y avait comédie : c’étaient des farces italiennes ou des opéras français, et quelquefois aussi de vraies comédies. […] L’inquiétude de tous, non seulement à la Cour, mais dans Paris et dans le royaume, fut extrême ; et, comme la guérison marcha à souhait, la joie aussi devint universelle. […] On a, dis-je, les apparences, le mouvement extérieur de la Cour et du monde, l’attitude et l’aspect des personnes, le courant des nouvelles, ce flux et reflux de chaque jour.
Il y épousa la fille de l’intendant de la duchesse d’Angoulême, et s’attacha dès lors à cette princesse, qui était de Bourgogne et née de La Guiche ; il eut un pied à la Cour. […] Être à la Cour était le rêve de Sénecé et le vœu le plus cher de son ambition. […] Il est de la Cour comme Benserade, comme le duc de Nevers ; mais il n’est pas du bon coin. […] Cet ouvrage n’eut pas autant de succès au Parnasse qu’il en avait eu à la Cour, et un poète de Paris s’en expliqua de cette manière… Je laisse l’épigramme, assez plate. […] Sénecé vécut assez pour voir paraître bien des mémoires sur le xviie siècle et sur l’ancienne Cour.
» Comment, au sujet de Mme de Maintenon encore et de l’estime due à son mérite, nous parler de l’honorabilité de son caractère, comme s’il s’agissait de qualifier un témoin devant une cour d’assises ? […] Il me dit d’abord qu’en prenant la fille de l’empereur, ce serait peut-être le moyen d’adoucir la cour de Vienne et de conserver le repos de la chrétienté ; mais, ayant fait de sages réflexions, il convint avec moi que le premier intérêt de la cour d’Espagne était de renoncer absolument à toutes autres liaisons pour mériter davantage l’amitié et la confiance de notre roi. […] Mon dessein serait, madame, d’aller jusqu’à Madrid, d’y demeurer tant qu’il plairait au roi, et de venir ensuite à la Cour rendre compte à Sa Majesté de mon voyage. […] Jugez après cela si je ne ferais pas la pluie et le beau temps en cette cour, et si c’est avec trop de vanité que je vous y offre mes services. […] Un moment elle craint que le peu de contentement où l’on est à la Cour de France de certains procédés équivoques habituels au duc de Savoie, ne fasse renoncer aux vues qu’on avait sur la princesse sa fille : « Si cette nouvelle est véritable, écrit Mme des Ursins, je vous supplie très humblement, madame, de m’informer sur ce qui pourra venir à votre connaissance, afin que je puisse prendre mes mesures de bonne heure. » Mais bientôt elle apprend que tout tient et achève de se conclure ; en attendant, elle ne s’en est pas fiée aux simples insinuations auprès de la cour de Turin ; elle a écrit, elle s’est décidément offerte.
Chapitre IV Agitations et corruption de la cour — Causes d’accroissement pour la société de Rambouillet entre 1610 et 1623. […] À la faveur des divisions de la cour, les espérances des protestants se réveillent : ils se cantonnent à Montauban ; ils y sont assiégés. […] Les personnages de la cour et leurs vicissitudes n’étaient pas de nature à y rappeler les esprits sages. […] Depuis la renaissance des lettres, sous Louis XII (non sous François Ier), ils étaient, pour la plupart, attachés à quelque grand, et faisaient partie de sa cour : la société de Rambouillet les fit entrer en société de pair à pair avec tous. […] Ce fut en 1607 que la marquise eut sa cinquième fille, Julie, devenue depuis si célèbre par la passion du duc de Montausier, et sa guirlande, par ses places à la cour, par sa mort, dont la cause est aussi honorable que le reste de sa vie.
Comment cette vocation historique si prononcée se forma-t-elle, et se rencontra-t-elle ainsi toute née au sein de la Cour et dans un si jeune âge ? […] Cette poursuite de mariage qu’il expose avec une vivacité si expressive a pour effet, même en échouant, de le lier étroitement avec le duc de Beauvillers et avec ce côté probe et sérieux de la Cour. […] On vit dans une époque, à la Cour, si c’est à une époque de cour ; on y passe sa vie à regarder, à écouter, et, quand on est Saint-Simon, à écouter et à regarder avec une curiosité, une avidité sans pareille, à tout boire et dévorer des oreilles et des yeux. […] Telle étoit à l’armée la vie de ce grand général, et telle encore à Paris, où la Cour et le grand monde occupaient ses journées, et les soirs ses plaisirs. […] Il ne se le fit pas dire deux fois, et dès ce moment il renonça à la Cour, vécut plus habituellement dans ses terres et s’occupa de la rédaction définitive de ses Mémoires.
Elle séparait la maison du bargello de la petite cour profonde et étroite de la prison, sur laquelle les cachots grillés des détenus prenaient leur jour. […] C’est ce que je fis, monsieur, jusqu’à ce qu’un bruit singulier, que je n’avais jamais entendu auparavant, montât du bas de la cour de la prison jusqu’à la meurtrière qui me servait de fenêtre, et que ce bruit me fît me dresser sur mes pieds, comme en sursaut, quand on se réveille d’un mauvais rêve. […] craindrais-tu de prendre service chez nous parce que nous sommes geôliers de la prison du duché, dont tu vois la cour par cette fenêtre, et parce que le monde méprise, bien à tort quelquefois, ceux qui portent le trousseau de clefs à la ceinture, pour ouvrir ou fermer les portes des malfaiteurs ou des innocents ? […] C’était une espèce de cloître entouré d’arcades basses tout autour d’une cour pavée, où il n’y avait qu’un puits et un gros if, taillé en croix, à côté du puits. […] Un petit mur à hauteur d’appui, dans lequel la grille était scellée par le bas, leur servait à s’accouder tout le jour pour respirer, pour regarder le puits et les colombes, ou pour causer de loin avec les prisonniers des autres loges qui leur faisaient face de l’autre côté de la cour.
Mme de Schomberg aimait dans La Rochefoucauld « des phrases et des manières qui sont plutôt d’un homme de cour que d’un auteur ». […] Elle resta à la cour, sur le conseil de ses amis, de son confesseur, pour guider le roi dans l’affaire de son salut. […] Il se fait nommer cardinal en 1651 par la cour, dont il s’était rapproché en haine des princes. […] Baudrillart, Philippe V et la cour de France, Didot, 2 vol. in-8. […] Baudrillart, Philippe V et la cour de France.
avoir vingt ans en 1774, quand on tenait à Versailles et à la cour, c’était moins grandiose, mais bien flatteur encore : on avait là devant soi quinze années à courir d’une vive, éblouissante et fabuleuse jeunesse. […] Jusqu’alors il n’avait fait qu’entremêler avec agrément les camps et la cour, cultiver la littérature légère, et arborer les goûts de son âge, non sans profiter vivement de toutes les occasions de s’éclairer ou de se mûrir au sein de ces inappréciables sociétés d’alors, qu’il appelle si bien des écoles brillantes de civilisation. […] Les autres personnages de la cour ne sont pas moins agréablement dessinés. « En s’étendant un peu longuement sur ce séjour en Russie, écrivions-nous il y a plus de quinze ans déjà, lors de l’apparition des Mémoires, l’auteur ou mieux le spirituel causeur a cédé sans doute à plus d’un attrait : là où lui-même a rencontré tant de plaisirs et de faveurs qu’il se plaît à redire, d’autres qui lui sont chers ont recueilli dans les dangers d’assez glorieux sujets à célébrer. […] Les succès qu’il avait eus dans la société avaient enflé son ambition, il crut avoir dans la Révolution une occasion de s’élever promptement, et se flattant, d’être l’oracle de l’Assemblée, il quitta une Cour (la Cour de Russie) où quelques agréments dans l’esprit et des connaissances en littérature lui avaient obtenu un accueil flatteur. […] Traité avec le plus grand mépris dans cette Cour, et privé de l’espoir de jouer un rôle à Paris, la mort lui parut être sa seule ressource ; mais il porta sur lui une main mal assurée ; le courage manqua à ce nouveau Caton, pour achever… L’amour de la vie prévalut, un chirurgien fut appelé, et le comte prouva qu’il ne savait ni vivre ni mourir. » Quand on a eu affaire dans sa vie à des haines aussi cruelles et aussi envenimées que cette page en fait supposer, on a quelque mérite à n’avoir jamais pratiqué qu’indulgence et bienveillance, comme l’a fait M. de Ségur.
« Voilà sans doute bien de l’agréable et de grands talents de Cour ; heureux s’il n’en avait point d’autres ! […] À la guerre, il est avantageux, c’est-à-dire faux brave ; à la Cour, sa grande politique est de protester beaucoup d’amitié à ceux qu’il veut perdre. […] Il est l’antipode du courtisan ; on l’appelle à la Cour d’Argenson la bête : c’est bien lui qui a un fond de cœur de citoyen ; mais l’écorce est revêche, la parole rustique et rude, même grossière. […] Un peu de folie dans son talent, un peu de vertu dans son égoïsme, ajoutaient aux variations de ce Protée que la Cour avait vu changer successivement de parti, de goûts, de mœurs, et qui probablement aussi eût changé d’amis s’il en avait eu. […] Pendant que le maréchal de Noailles le battait en brèche auprès du roi, les moqueurs tels que les Maurepas, duc d’Ayen et autres, le ruinaient en Cour par le ridicule.
Nous traversâmes sans bruit la cour de la prison ; le prêtre, l’enfant de chœur et moi, nous entrâmes dans la loge d’Hyeronimo. […] Le père Hilario se hâta de dépouiller ses habits de prêtre et m’entraîna avec lui hors de la cour avant que personne fût debout dans la prison ; je lui ouvris la porte de la rue. […] Il resta seul, et le jour s’éteignit dans la cour. […] Mais, pour répondre autant qu’il est en nous à la protection de la duchesse, voici, me dit-elle en me montrant du geste un hangar dans la cour, un lieu à la fois ouvert et renfermé le soir dans notre enceinte. […] Les sentinelles me laissèrent librement passer la grille de l’arsenal et entrer dans la cour intérieure des galériens.
Ce journal unique en effet, et dans lequel durant plus de trente ans Dangeau écrivit ou dicta tous les soirs ce qui s’était fait ou passé à la Cour dans la journée, n’est qu’une gazette, mais exacte et d’un prix qui augmente avec le temps. Oui, il serait à souhaiter qu’on en eût une pareille de tous les règnes, au moins de tous les grands règnes ; car ces mémoires « représentent avec la plus désirable précision, Saint-Simon le reconnaît un peu plus loin, le tableau extérieur de la Cour, de tout ce qui la compose, les occupations, les amusements, le partage de la vie du roi, le gros de celle de tout le monde ». […] Et à la Cour, car pour faire tant que de se figurer avoir vécu sous Louis XIV, c’est à la Cour qu’il faut aller, — à ce Versailles donc que d’embarras pour un nouveau venu du xixe siècle, que d’ignorances et de faux pas à éviter, que de pièges ! […] Les éditeurs se sont beaucoup servis, et avec raison, du charmant Éloge de Dangeau par Fontenelle ; car Dangeau, qui était de la Cour et de tant de choses, y compris l’Académie française, était aussi membre honoraire de l’Académie des sciences. […] [1re éd.] l’homme de cour qui se pique avant tout de l’être et qui se guinde à une fausse grandeur, est en grande partie celui de Dangeau.
Elle en mangea donc une douzaine, mais se garda bien d’en accepter davantage, car « c’était encore lui faire la cour que de n’en pas trop manger, parce qu’il en restait plus pour lui, qui était infiniment goulu en fait d’huîtres. » Tel était l’homme de qui elle dépendait, dont elle avait à manier l’humeur fantasque et brutale, et dont elle s’efforça assez longtemps de cacher le mieuxqu’elle put les folies et les turpitudes aux yeux de tous. […] Il avait, d’ailleurs, des amours publiques avec des femmes de la Cour, et il finit par entretenir une liaison affichée avec une des frailes ou dames d’honneur (Élisabeth Woronzoff), qui prit sur lui un empire absolu, et qui le poussait au divorce dès qu’il serait le maître. […] , elle résolut une bonne fois de l’en punir, et elle s’y prit pour cela comme les dames de la cour de Philippe le Bel s’y prirent, dit-on, avec le poëte Jean de Meung leur insulteur. […] Quand il nous vit, il voulut nous esquiver, mais nous lui donnâmes tant de coups avec nos verges et nos orties qu’il en eut les mains, les jambes et le visage enflés pendant deux ou trois jours, de telle façon qu’il ne put pas aller le lendemain à Péterhof avec nous au jour de Cour, mais fut obligé de rester dans sa chambre. […] Peut-être la fuite seule pourrait y remédier ; mais il y a des cas, des situations, des circonstances, où la fuite est impossible ; car comment fuir, éviter, tourner le dos au milieu d’une Cour ?
En 1658, ses amis lui conseillèrent de s’approcher de Paris, en faisant venir sa Troupe dans une Ville voisine : C’était le moyen de profiter du crédit que son mérite lui avait acquis auprès de plusieurs personnes de considération, qui s’intéressant à sa gloire, lui avaient promis de l’introduire à la Cour. […] Ses compagnons qu’il avait laissés à Rouen en partirent aussitôt, et le 24 Octobre 1658 cette Troupe commença de paraître devant leurs Majestés et toute la Cour, sur un Théâtre que le Roi avait fait dresser dans la Salle des Gardes du vieux Louvre. […] Ce compliment dont on ne rapporte que la substance fut si agréablement tourné, et si favorablement reçu, que toute la Cour y applaudit, et encore plus à la petite Comédie, qui fut celle du Docteur Amoureux. […] Ainsi il se fit remarquer à la Cour pour un homme civil et honnête, ne se prévalant point de son mérite et de son crédit, s’accommodant à l’humeur de ceux avec qui il était obligé de vivre, ayant l’âme belle, libérale ; en un mot, possédant, et exerçant toutes les qualités d’un parfaitement honnête homme. […] Cette Troupe est si nombreuse que fort souvent il y a Comédie à la Cour et à Paris en même jour sans que la Cour ni la Ville s’aperçoivent de cette division.
Mais il se trouva depuis, que l’ouvrage pouvait corriger et la cour et la ville. […] Ce prologue fut très-applaudi de toute la cour, et plut beaucoup à Louis XIV. […] Triste exemple de l’instabilité des fortunes de cour. […] On voulut donner au roi et à la cour pour l’hiver de 1670, un divertissement dans ce goût, et y ajouter des danses. […] Cette pièce ne fut jouée qu’à la cour, et ne pouvait guère réussir que par le mérite du divertissement et par celui de l’à-propos.
. — Mœurs de la cour. — Mœurs des précieuses. — Mœurs de la société d’élite. — Madame de Montausier, gouvernante de M. le Dauphin. — Mademoiselle de La Vallière, maîtresse du roi. Dans le commencement de cette période, l’esprit, les mœurs, le langage de la cour et des gens du monde de la capitale, sont plus que jamais en opposition avec les mœurs, l’esprit et le langage de la coterie dite des Précieuses. […] La satire et la comédie se rangent du côté de la cour ; la littérature tout entière se consacre à la célébrer. […] L’hôtel de Rambouillet est tout à fait hors de ces débats : l’ombre encore vivante de la marquise octogénaire plane fort au-dessus ; et la duchesse de Montausier est habituellement retenue à la cour par sa place de gouvernante.
Établis dans la capitale, ils se lièrent avec Molière, valet de chambre du roi, fort aimé de ce prince, et dispensé de faire la cour aux dames. […] Aujourd’hui que nous possédons les œuvres de ces quatre poètes, nous pouvons nous figurer quelle était la force de leur alliance par leur position dans le monde, par la puissance de leurs talents divers, par le besoin de produire dont ils étaient pressés, par l’émulation qui naissait de leur concours, par la combinaison de leurs efforts pour mériter la bienveillance d’un roi galant et la protection des femmes les plus séduisantes et les plus voluptueuses de sa cour. […] La Fontaine et Racine avaient besoin, l’un de l’imagination des femmes de la cour pour faire passer ses contes, l’autre de leur âme pour faire sentir plus vivement le pathétique dont la sienne renfermait le secret ; tous avaient besoin du roi pour obtenir la vogue, objet ordinaire de l’ambition des talents, et souvent leur unique récompense. […] Voilà donc un véritable quatrumvirat constitué à la cour, et par cette raison, constitué défenseur du système de galanterie qui régnait dans toutes ses habitudes.
Seulement, dans ses appétits de Raton, il regrette les dentelles des robes de cour de Madame Louise, qui feraient bien mieux ses affaires. […] Où donc est la hardiesse, où donc est la fierté dans cette Madame Louise, dans cette amazone, — comme il l’appelle, ce bon Bonhomme, qui de sa nature est peu équestre et qui, ébahi comme un badaud devant un cirque, la trouve très amazone parce qu’elle savait, comme toutes les femmes de la cour d’alors, faire un temps de galop aux chasses du roi ! […] Bonhomme n’a garde d’oublier qu’elle appelait sans se gêner Madame Louise : « Une folle, qui n’entrait au couvent que pour tracasser toute la cour au nom du ciel. » Mais Honoré Bonhomme, qui n’est pas duc, se contente seulement de regretter, dans sa petite condition de Bonhomme, que l’amazone et la sybarite « n’aient pas été mieux conseillées et qu’elles ne se soient pas dirigées elles-mêmes ». […] » C’était elle qui appelait les robes qu’elle avait portées à la cour : « les cilices du diable ». […] Avant de la prendre au pied de l’autel, elle l’avait déjà soulevée à la cour.
C’est une théorie de la cour, comme le Prince est une théorie de la royauté. Quoique à en croire Balzac, l’idée lui en fût venue de conversations entre de grands personnages, où il avait été mêlé, ces spéculations sur la cour, sur les bons et les mauvais ministres, sur le caractère des gens de la cour, n’étaient pas plus près de la réalité que la chimère de son Prince. […] Tous les mauvais ministres, tous les vilains traits des gens de cour servaient d’ombre au portrait du cardinal. […] La cour eût été un autre sujet non moins pratique, soit que l’on considérât les nouveaux rapports de la noblesse avec la royauté victorieux de toutes les souverainetés particulières, soit qu’on l’observât en moraliste et sur le lieu même. […] Presque tout Voiture n’est qu’une défroque de cour, dont les rubans fanés et les paillettes ternies ne peuvent plus servir, et qu’on garde par curiosité d’antiquaire.
Mais cet amour même et l’enthousiasme de la cour, à Turin, ne purent prévaloir sur l’inconstance du poète. […] C’est à ce prieur de Sainte-Anne qu’on attribue généralement les indignes traitements qui déshonorèrent la cour de Ferrare. […] Le duc de Ferrare n’hésita pas à consentir à la liberté et au départ du poète pour la cour de Mantoue. […] Au printemps de 1590, le grand-duc de Toscane l’invita à venir honorer sa cour et Florence de sa présence. […] Le grand-duc et les gentilshommes de sa cour comblèrent le poète d’accueil, d’honneurs et de libéralités.
« Il avait atteint l’âge de chevaucher vers la cour. […] On le vit s’avancer superbement en la cour avec ses guerriers. […] Sîfrit résolut de rester à la cour afin d’apercevoir Brunhilt. […] Et certes, ils pouvaient les porter avec plaisir à la cour lointaine. […] Puis elles firent prier Sîfrit de se rendre à la cour.
La grâce et l’élégance des manières passaient des habitudes de la cour dans les écrits des hommes de lettres. Le point le plus élevé, la source de toutes les faveurs, est l’objet de l’attention générale ; et comme dans les pays libres le gouvernement donne l’impulsion des vertus publiques, dans les monarchies la cour influe sur le genre d’esprit de la nation, parce qu’on veut imiter généralement ce qui distingue la classe la plus élevée. […] La cour voulait plaire à la nation, et la nation à la cour ; la cour prétendait à la philosophie, et la ville au bon ton.
Il assista au combat de Saint-Gotthard, fut blessé à Vienne comme second dans un duel, et revint à la Cour en avril 1665 en veine de succès et même de faveur : le roi, formant une compagnie de gendarmes pour le Dauphin son fils, choisit La Fare parmi toute la jeunesse de sa cour pour lui en donner le guidon. […] Louis XIV, même dans sa jeunesse et dans son train de galanterie, prétend-il établir un peu de décorum à la Cour, de la réserve dans les rapports extérieurs des hommes et des femmes, La Fare ne voit en lui qu’un roi d’une humeur naturellement pédante et austère, qui, en nuisant à l’ancienne galanterie, en viendra à ruiner la politesse et à introduire par contrecoup l’indécence. […] En attendant il se console de ne plus servir, de ne plus prendre sa part dans le drame public qui se continue, moyennant cette réflexion que « bien que depuis trente ans il se soit fait de grandes choses en ce royaume, il ne s’y est point fait de grands hommes ni pour la guerre, ni pour le ministère : non que les talents naturels aient manqué dans tout le monde, mais parce que la Cour ne les a ni reconnus ni employés… ». […] Sur Vardes si mêlé aux intrigues de la cour de Madame, et qui n’était plus de la première jeunesse, « mais plus aimable encore par son esprit, par ses manières insinuantes, et même par sa figure, que tous les jeunes gens » ; — sur Lauzun, « le plus insolent petit homme qu’on eût vu depuis un siècle », excellent comédien, non reconnu tout d’abord ; — sur Bellefonds qui était creux et faux en tout, « faux sur le courage, sur l’honneur et sur la dévotion » ; — sur La Feuillade « fou de beaucoup d’esprit, continuellement occupé à faire sa cour, et l’homme le plus pénétrant qui y fût, mais qui souvent passait le but » ; — sur Marcillac, fils de La Rochefoucauld, c’est-à-dire de l’homme de son temps le plus délié et le plus poli, et qui lui-même réussit dans la faveur, « étant homme de mérite, poli, et sage de bonne heure, caractère que le roi a toujours aimé » ; — sur le chevalier de Rohan, au contraire, qui fut décapité pour crime de lèse-majesté, « l’homme de son temps le mieux fait, de la plus grande mine, et qui avait les plus belles jambes » (car il ne faut pas mépriser les dons de la nature, pour petits qu’ils soient, quand on les a dans leur perfection)75 ; — sur tous ces originaux et bien d’autres le témoignage de La Fare est précieux, de même que son expression est parfaite. […] Je fus voir hier, à quatre heures après midi, M. le marquis de La Fare, en son nom de guerre M. de la Cochonière, croyant que c’était une heure propre à rendre une visite sérieuse76 ; mais je fus bien étonné d’entendre dès la cour des ris immodérés et toutes les marques d’une bacchanale complète.
D’Aubigné, calviniste opiniâtre ; Montluc, catholique cruel, nous peignent les deux camps ; la reine Marguerite nous peint la Cour. […] Quelques-uns estiment que c’est à la cour des rois qu’on parle le mieux, et que c’est là que s’apprend le vrai français : Pasquier le nie tout à plat. […] Est-ce donc à la cour du Palais et au Parlement qu’il faut aller demander cette école de bonne langue ? […] Pasquier, qui nous transmet cette noble tradition, ajoute : « Je crois que cette histoire est très vraie, parce que je la souhaite telle… et qu’elle soit empreinte au cœur de toute cour souveraine. » Tels étaient les grands exemples dont on se nourrissait en ce temps-là au Palais, et qui étaient, a dit excellemment M. […] Le même homme qui va écrire une lettre d’effusion et d’ivresse au sujet de la victoire d’Ivry, une lettre qui est comme le bulletin de triomphe et le cri populaire de la joie française, cet homme croit de son strict devoir d’avocat du roi près d’une cour souveraine, d’avertir son maître, de l’arrêter résolument dans une de ses volontés, au risque de lui déplaire.
Le Tasse, après Arioste, devait en être un mémorable exemple, à la même cour de Ferrare. […] Le cruel amour, envieux de mon bonheur, me fit paraître plus belle que toutes les autres belles de la cour aux yeux du duc d’Albanie. […] Elle aimait secrètement un jeune chevalier italien accompli, venu à la cour de son père avec son frère, et comblé de faveurs par la famille royale d’Écosse. […] Le désespoir de Ginevra est gémi en vers qui arrachent l’âme ; le bruit se répandit à la cour et dans tout le royaume qu’Ariodant s’était tué pour avoir trop vu. […] Renaud, le roi, la cour, le peuple, touchés de sa générosité et de sa constance, avaient supplié Ginevra de récompenser tant d’amour par le don de sa main.
Par son âge, elle appartenait tout à fait à la jeune cour ; et même avec moins de solidité dans l’esprit, elle n’aurait pas manqué d’en posséder encore les plus justes élégances. […] Le perfide Vardes et le fier M. de Guiche sont bien des figures qui siéraient d’emblée à la cour de Henri II ; et, à cette cour de Madame, il ne manquait pas même de chevalier de Lorraine. […] Mme de La Fayette, à un degré radouci, était un peu le Despréaux de la politesse de cour. […] Sans être liée directement avec Port-Royal, elle inclinait de ce côté, et l’hypocrisie de la cour l’y poussait encore plus. […] Madame, on le sait, avait été à la cour la première protectrice des nouveaux poëtes ; Racine lui avait dédié Andromaque.
Il s’est imprimé depuis quelques années à Londres une série d’ouvrages originaux et confidentiels sur la Cour de Russie au xviiie siècle ; on en doit la publication à M. […] Lorsque Catherine arriva avec sa mère à Moscou où la Cour était alors, en février 1744, elle trouva son fiancé très-enfant, quoiqu’il eût déjà seize ans, ne s’occupant dans ses chambres qu’à faire faire l’exercice à une couple de domestiques qu’il avait pour son service. […] La mère de Catherine, moins prudente et moins avisée que sa fille, court risque de la compromettre dans l’esprit de l’Impératrice ; elle entre dans des intrigues de cour. […] Je n’en fis pas secret à Mr Tchoglokoff qui le redit à l’oreille de deux ou trois personnes, et de bouche en bouche, au bout d’un quart d’heure à peu près, tout le monde le sut. » Avec une galanterie des ce genre et moyennant cette adroite flatterie pour un caprice souverain, la grande-duchesse réparait pour quelque temps, dans l’esprit futile d’Élisabeth, bien des préventions contre elle, qu’on lui avait inspirées. — Mais voici le mieux, et je ne crois pas qu’un peintre de femmes, fût-il un Hamilton, eût jamais pu mieux faire ni mieux dire, s’il s’était proposé de nous donner le portrait de Catherine, à l’âge de vingt et un ans : « Aux bals de la Cour, où le public n’assistait pas, je me mettais le plus simplement que je pouvais, et en cela je ne faisais pas mal ma cour à l’Impératrice, qui n’aimait pas beaucoup qu’on y parut fort parée. […] Il faut avouer que le manège de la coquetterie était alors (1750) fort grand à la Cour, et que c’était à qui raffinerait le plus sur la parure.
Sagon & la Huéterie avoient été les plus zélés partisans de Marot, dans le temps de sa gloire, lorsqu’il étoit en faveur à la cour de François premier, qu’il la divertissoit par l’enjouement & les saillies d’un esprit original : mais, du moment qu’ils virent ce poëte sorti de France pour des affaires de religion, ils le décrièrent. […] Sa plaisanterie est souvent d’un homme de cour. […] Jodelle lui fit cette épitaphe : Quercy, la cour, le Piémont, l’univers Me fit, me tint, m’enterra, me connut ; Quercy mon los, la cour tout mon temps eut, Piémont mes os, & l’univers mes vers.
Il parvint d’abord à en imiter parfaitement le style ; mais dans la suite, il y ajouta ces grâces piquantes que donne la cour, et ces beautés mâles que donne la philosophie. […] Pouvant être préfet du palais, c’est-à-dire avoir une des premières places de la cour, il aima mieux rester orateur et homme de lettres. […] Libanius ne se montra plus à la cour. […] Mis à la tête de l’empire, il y soutint son caractère ; on le vit à la cour dédaigner le faste, fuir la mollesse, combattre ses sens, dompter en tout la nature, se contenter de la nourriture la plus grossière ; souvent il la prenait debout, souvent se la refusait, dormait peu, n’avait d’autre lit qu’une peau étendue sur la terre, et passait une partie des nuits ou dans son cabinet, ou sous sa tente, occupé au travail et à l’étude. […] Ainsi, il s’occupa du soulagement des peuples ; mais d’autres empereurs qui eurent les mêmes vues, n’étant pas contredits sur le trône, purent être humains impunément : Julien, longtemps César, assujetti dans son pouvoir même à un tyran jaloux, qui l’avait créé par besoin et le haïssait par faiblesse, qui lui eût permis de faire le mal pour se déshonorer, et craignait qu’il ne fît le bien, qui, tout à la fois barbare et lâche, désirait que les peuples fussent malheureux, pour que le nouveau César fût moins redoutable ; Julien, environné dans les Gaules, des ministres de cette cour, qui étaient moins ses officiers que ses ennemis, et déployaient contre lui cette audace qui donne à des tyrans subalternes le secret de la cour, et l’orgueil d’être instruments et complices de la volonté du maître ; Julien enfin, traversé en tout par ces hommes qui s’enrichissent de la pauvreté publique, eut bien plus de mérite à arrêter les abus et à soulager les provinces.
L’approbation du Roi change subitement l’opinion de la cour. […] À ce chorus d’applaudissements vinrent encore se joindre ceux de la cour. […] Ce nom cité entre tous prouve que La Grange avait été mis au courant de la chronique amoureuse de la cour. […] C’était alors une politesse que les gens de cour prodiguaient aux personnes qu’ils connaissaient le moins. […] Le poète de cour chargea Molière de remplir la partie du cadre que devaient occuper Thalie et Euterpe.
Ensuite il retournait à la cour, ou allait dans quelque société, pour n’en sortir que vers minuit. […] Il tenta alors d’obtenir de la cour de Prusse trop obérée les subventions nécessaires à la publication de son premier voyage. […] Il eut alors, pendant deux ans et plus, une correspondance secrète mais avouée avec sa cour sur l’état des affaires de France. […] Le ministre de Prusse vint, au nom de sa cour, en porter quelques plaintes à M. […] Bastide communiqua cette injustice de la cour de Prusse à M.
La cour délicate et polie de Charles II eut en horreur l’homme et son poème. […] Louis XIV fut mécontent, fit asseoir Molière à sa table, et La Feuillade dut s’éloigner momentanément de la cour. […] La cour fut égayée et contente comme le roi. […] Le Misanthrope est une œuvre infiniment hardie ; car, si Alceste gronde, c’est sur la cour, plus que sur Célimène, et qu’est-ce que la cour, sinon le monde du roi arrangé pour lui et par lui ? […] À la ville comme à la cour, partout où étaient ses yeux et ses oreilles, il regardait, écoutait en silence.
Le Traité signé, Mlle d’Eon, que personne n’avoit reconnue à la Cour de Russie, fut chargée d’en porter la nouvelle au Roi. […] M. le Comte de Broglie la chargea de porter à la Cour de France la nouvelle du gain de la bataille de Prague, du 6 Mai 1757. A peine fut-elle partie, qu’elle se cassa la jambe ; mais ce cruel accident ne l’arrêta point, & son arrivée à Versailles précéda de 36 heures celle du Courrier dépêché par la Cour de Vienne à son Ambassadeur à celle de France. […] Elle fut envoyée à Londres en qualité de Secrétaire d’Ambassade, & se rendit si agréable à cette Cour, que, contre l’usage, le Roi de la Grande-Bretagne la choisit pour porter à Louis XV, & à M. le Duc de Bedford son Ambassadeur à Paris, la Ratification du Traité de paix conclu entre les deux Nations.
Mme de Sévigné donne des nouvelles de la cour, quelquefois de l’armée, quand elle y a son fils ou ses amis. […] Ses lettres sont une agréable gazette, où les grands événements sont touchés comme les nouvelles de cour et les nouvelles de cour comme les grands événements. […] Quand Saint-Simon parut à la cour, toutes les grandeurs du règne de Louis XIV étaient éclipsées. […] L’Empire romain, comme la France, était à la cour. […] Le journal de la mort de Louis XIV nous transporte au milieu de sa cour et jusque dans sa chambre.