Sa figure se détachait avec particularité entre celles des autres écrivains de cette école, mais avec l’école il était contesté, sinon combattu, et ne recueillait l’approbation complète que de ce public spécial, qui pense être d’élite parce qu’il s’informe avec soin des nouveautés littéraires. […] On sait, en effet, qu’il a donné aux livres qu’il a publiés dans ces dernières années ce titre d’ensemble : Mémoires pour servir à l’histoire de la Société et que l’un des plus fameux épisodes de cette série, les Souvenirs du vicomte de Courpière, sont, d’après leur titre complet, rassemblés censément par un témoin de sa vie — comme les mémoires de Grammont par Hamilton. […] La dilection particulière qu’il nourrit pour ce fantôme — je n’irai pas jusqu’à dire : la hantise qu’il en a — montre assez que c’est cette race d’hommes qui sollicite sa plus extrême curiosité : gens au cœur ondoyant qui les mène, sensibles qui se contiennent, esprits profondément concertés, qui abandonnent peu au hasard, mais dont cependant les calculs se trouvent déjoués par lui, intelligence limitée d’ailleurs(ce qui est singulier, car quel n’est point l’auteur qui se plaise à douer ses créatures » pour le moins, d’universel génie), toutes les grâces physiques de l’adolescence jointes à la plus complète habileté athlétique, enfin par surcroit manière exquise de tourner les billets et les madrigaux.
Chaque fois qu’une âme noble, pure de vulgarité et de bassesse, est tombée dans cette erreur, elle est arrivée à une incurable mélancolie, si ce n’est à une désespérance complète. […] Le lendemain de la première, revirement complet. […] L’Illustration peignit avec vivacité la surprise du public en découvrant Musset auteur dramatique : « Un événement inattendu pour tout le monde s’est passé au Théâtre-Français, le succès complet, gigantesque, étourdissant d’un tout petit acte de comédie. » Suit un éloge de Musset poète, puis le chroniqueur revient au Caprice : « Les mots rayonnent comme des diamants ; chaque scène est une féerie, et cependant c’est vrai, c’est la nature, et l’on est ravi » (4 décembre 1847).
Un chapitre De l’opportunité d’un opportunisme serait peut-être indiqué au cours de nos propos, si on les voulait plus complets. […] Une vraie et complète philosophie de la tradition est toujours agrarienne, et la liaison entre le traditionalisme chinois et le culte de l’agriculture aurait son équivalent chez ers Chinois de l’Europe, nous-mêmes. […] La laïcité apparaît alors comme le système complet d’une société de pensée, Il ne s’agit nullement de la neutralité en matière religieuse.
On aurait ainsi l’intelligence bien plus complète de ce charmant improvisateur de chefs-d’œuvre, le journal de son âme dans le journal de ses années ; la circonstance, l’aventure, l’âge donneraient à la pièce de poésie l’accent.
Le grand dîner eut lieu, et nul, au milieu du luxe qui environnait cette belle et souriante personne, ne put deviner l’angoisse que cachait son sourire et sur quel abîme était placée la maison dont elle faisait les honneurs avec une si complète apparence de tranquillité.
« Ainsi plongé dans cette vulgarité de vie, je tâche de préserver mon esprit de la moisissure d’une complète oisiveté, et je décharge la malignité du sort qui me poursuit, jouissant d’une satisfaction âpre et secrète de me sentir foulé ainsi aux pieds par la fortune, pour voir si à la fin elle n’en aura pas honte et n’en rougira pas !
Cela se sent, plutôt qu’on ne le démontre : on voit pourtant bien qu’à une âme naïve, la plus fausse des coquettes devait, dès la première rencontre, présenter son idéal plus complet et apparent qu’une simple honnête femme : le vrai a ses limites que le faux franchit aisément.
A défaut des exemples domestiques, le goût des spéculations de morale eût entretenu en lui la croyance du chrétien, tant il est impossible de s’occuper de morale sans rencontrer le christianisme, qui en est la science la plus complète.
Aussi ne suis-je point étonné que cet homme si modeste eût foi en des remarques qui, pour tous les mots, étaient comme autant d’arrêts prononcés après l’instruction la plus complète et la plus patiente.
Mais, aujourd’hui, ce serait vouloir braver l’opinion publique que d’imposer la musique d’un homme qui jouit d’une complète impopularité parmi les Français.
L’hypocrisie absolue est un idéal : elle n’est jamais complète chez l’homme ; réalisée jusqu’au bout, elle serait la contradiction même de la volonté avec soi.
Bourdaloue, est de ne s’écarter jamais de la morale chrétienne, d’y ramener tous ses sujets, & faire de chaque Sermon un petit traité complet en son genre.
L’apostasie fut complète, absolue, radicale.
Sa mère était « une personne exemplaire, célèbre dans tout le voisinage par ses aumônes430. » Son père, étudiant à Christ-Church et déshérité comme protestant, avait fait seul sa fortune, et, parmi ses occupations d’homme de loi, avait gardé le goût des lettres, n’ayant point voulu « quitter ses libérales et intelligentes inclinations jusqu’à se faire tout à fait esclave du monde » ; il écrivait des vers, était excellent musicien, l’un des meilleurs compositeurs de son temps ; il choisissait Cornélius Jansen pour faire le portrait de son fils qui n’avait encore que dix ans, et donnait à son enfant la plus large et la plus complète des éducations littéraires431. […] Libres d’enthousiasme, nous jugeons ses personnages ; nous exigeons qu’ils soient vivants, réels, complets, d’accord avec eux-mêmes, comme ceux d’un roman ou d’un drame.
Bossuet avait alors dans les mains la collection complète de toutes les professions de foi protestantes, depuis la Confession d’Augsbourg jusqu’aux plus récentes. […] On suit le grand docteur comme Dante suit Virgile, pas à pas ; on l’écoute sans défiance, dans un complet abandon, oubliant la réserve qu’on a faite de son indépendance en entrant dans cette étude ; et, alors même que l’on remporte ses doutes, il est admirable qu’on ne trouve pas faux ce qu’on n’a pas trouvé concluant.
Le tableau est complet. […] Chaque scène ainsi devient un tableau, qui s’arrange comme dans une toile suspendue sous les yeux du lecteur, complète en elle-même, isolée des autres, comme dans une galerie, par sa bordure, par son cadre, par un large pan de mur vide. […] Mais on peut affirmer en tout cas que de cette épreuve il ne sortira jamais, — je n’ai garde de dire une œuvre de premier ordre, — je dis seulement, dans tel genre secondaire que l’on voudra choisir, une œuvre complète et parfaite en ce genre. […] Vous le trouverez, non plus à l’état de simple et rapide indication, comme ici, mais à l’état de tableau complet, dans plusieurs endroits de Salammbô. […] Mais certainement ce triomphe de la notation psychologique n’a jamais paru plus complet et plus éclatant que dans l’œuvre de George Eliot.
On peut voir dans Valincour une théorie complète du roman historique très-bien exposée par un savant qu’il introduit, et cette théorie n’est autre que celle que Walter Scott a en partie réalisée.
Par leur résidence habituelle ou fréquente au centre, par leurs alliances ou leurs visites mutuelles, par leurs mœurs et leur luxe, par l’influence qu’ils exercent et les inimitiés qu’ils soulèvent, ils forment un groupe à part, et ce sont eux qui ont les plus vastes terres, les premières suzerainetés, les plus larges et les plus complètes juridictions.
I Une réduction semblable, mais un peu moins complète, peut être pratiquée sur les sensations de la vue76.
C’est une mort, un vol, une fuite, une dispute, une guerre, bref un événement complet, je veux dire un tout naturel.
La saine philosophie lui aurait enseigné que la guerre est si peu divine que le plus divin progrès de l’humanité est de la tempérer et de la diminuer jusqu’à sa complète extinction (si cela devient jamais possible) chez les hommes.
Si toutes les négociations entre les États étaient compulsées et écrites ainsi par un écrivain aussi érudit, la diplomatie, exhumée de ses cartons par une main créatrice, serait à elle seule la plus complète et la plus lumineuse des histoires.
Montesquieu l’admire, comme une histoire complète des superstitions païennes et des rites religieux du temps.
Mais, prématurément sensé, je croyais et je crois encore que, pour devenir législateur des sociétés humaines, il fallait un long et grave noviciat d’âge, d’études, de fréquentation des hommes, de pratique des affaires, de voyages parmi les peuples, les lois, les mœurs, les caractères des diverses contrées ; le spectacle des choses humaines parmi les hommes, en ordre ou en anarchie ; en un mot, une éducation complète et appropriée à l’auguste emploi que l’on se proposait de faire de sa sagesse, après l’avoir apprise ; j’y ajoutais encore la vertu, cette sagesse pratique sans laquelle il n’y a pas d’inspiration divine dans le législateur.
Voici comment il analyse cet instinct d’observation solitaire, ce dévouement à une innocente étude, cette abnégation de tous les soins matériels, cette force intellectuelle d’un homme qui, sans maître, fait toute son éducation d’histoire naturelle au fond des bois, et complète seul une branche de la science, branche importante que l’on désespérait de compléter jamais.
L’empereur voulait de moi une bassesse, mais une bassesse inutile ; car, dans un temps où le succès est divinisé, le ridicule n’eût pas été complet, si j’avais réussi à revenir à Paris, par quelque moyen que ce pût être.
Ce qui se dégage de son œuvre, c’est le pyrrhonisme complet, absolu, sans atténuation aucune dans ce qu’il a de paradoxalement outré. — C’est une machine à douter des autres et de lui-même.
N’est-ce pas lui qui s’avisa le premier de composer pour les écoliers une histoire ancienne, de leur mettre sous les yeux un tableau complet des guerres, des révolutions, des conquêtes de la Grèce et de Rome ?
On lui avait attribué une personnalité complète, avec toutes les manies d’un caractère réel, compliqué de toutes sortes de bêtises bourgeoises.
De 1789 à 1800 il y avait eu une solution complète de continuité dans la littérature française.
L’hypothèse de la destruction complète de tant d’espèces, ayant des habitudes semblables à celles du Biset, me semble donc une supposition bien hardie.
Quelques acteurs de cette ancienne troupe se joignirent à Molière, et il partit de Lyon pour les états de Languedoc, avec une troupe assez complète, composée principalement de deux frères nommés Gros-René, de Duparc, d’un pâtissier de la rue Saint-Honoré, de la Duparc, de la Béjart, et de la De Brie.
Si à cette liste il m’est permis d’ajouter mon nom, je dirai que l’Histoire de la Littérature française n’est devenue un ouvrage complet que longtemps après mon admission dans la Compagnie. […] Jamais catastrophe plus tragique n’inspira de sentiments plus passionnés à un homme courageux, hardi, compatissant aux faibles, n’ayant pas peur des forts, gardant aux plus durs moments une tête froide et la complète liberté du bien. […] » Et ce qui complète le portrait, sans que le peintre l’ait voulu, c’est que Dufaure élude l’interpellation et se tait.
Morisseaux, enfin les pièces extraites par Camille Lemonnier de ses romans, Un Mâle, Le Mort, Les Yeux qui ont vu, Édénie, et qui leur demeurent inférieures, sans doute aurons-nous esquissé un tableau à peu près complet de la littérature dramatique belge à la fin du xixe siècle et au commencement du xxe . […] Henri Liebrecht, avec lequel nous eûmes l’occasion déjà de nous rencontrer, publia une importante Histoire de la Littérature belge d’expression française, des origines à nos jours, travail sérieux, documenté, complet, d’une information sûre, clairement édifié, harmonieusement compris. […] Éd. complète, Mercure de France, 1912.
Giraud complète sa pensée ou qu’il la redresse à son gré, par une simple citation de Rieder, de Sarcey, de Prévost-Paradol et de Taine inédit. […] Nul, mieux que l’auteur des Maîtres de l’heure, n’a mis en relief l’originalité de ce singulier disciple de Taine, qui, sans se départir d’une complète admiration pour l’œuvre de son maître, réagit puissamment contre cette œuvre, par le seul fait de soupçonner, de rechercher et d’indiquer les limites de la science. […] Il pourrait rappeler aux réformateurs et aux déformateurs du vers français, à leurs disciples, s’il en reste, que les poètes les plus grands ont dû la moitié de leur gloire à la possession complète du métier : si l’on prétend trouver à cette règle une exception, ce n’est pas plus Verlaine que Gautier qui la fournit.
Nous tenterons d’embrasser ce grand sujet dans toute son étendue, et nous allons vous offrir au moins une esquisse d’une théorie régulière et complète de la beauté et de l’art. […] L’illusion est si peu le but de l’art, qu’elle peut être complète et n’avoir aucun charme. […] Elle est l’expression fidèle et complète de la nature humaine, et la nature humaine est tout entière dans chacun de nous et dans tout autre homme.
Littré, par rapport à Auguste Comte : il lui a rendu, dans une suite de publications dont la dernière et la plus complète sortira tôt ou tard61, le même service, et plus grand encore, que celui que Dumont, de Genève, a rendu à Bentham : il l’expose, il l’éclaircit, et l’on peut dire que, s’il en reçoit un peu d’ombre, il lui rend de la lumière.
M. de Vigny en effet, en les réimprimant dans l’édition de 1829 et ensuite dans ses œuvres complètes, a jugé bon de les vieillir après coup de quelques années.
Necker, Œuvres complètes, XV, 259.
« “L’intelligence humaine ne peut pas comprendre ma félicité actuelle ; elle n’attend que toi pour être complète, et j’ai laissé là-bas sous mes pieds ce beau voile de mon corps que tu as tant aimé !
XXXII Regardez ce premier tableau complet de Robert à côté du tableau de Corinne par Gérard : du premier coup d’œil vous vous sentez en pleine lumière comme en plein pathétique, comme en plein pittoresque, comme en pleine vérité.
C’est cette félicité de l’humanité naïve, laborieuse, opulente de peu, qu’il avait rêvée, qu’il avait vue, et qu’il voulait reproduire en un groupe, comme une image complète du bonheur terrestre, comme l’hymne sans mots de la création.
« Je vous dirai, à mon tour de compliment, que votre livre m’est enfin parvenu, après avoir fait le voyage complet des petits Cantons dans la poche de votre courrier.
Cette héroïque folie de l’esprit humain n’avait pas eu encore son expression complète dans une épopée.
De ce jour, l’expatriation complète du jeune Alfieri est accomplie.
On sait avec quelle ivresse Alfieri parle de cette période dans l’histoire de sa vie ; on se rappelle sa douleur quand la comtesse, encore soigneuse de sa renommée, revient passer l’hiver dans les États du pape, s’établit à Bologne, et oblige son compagnon à choisir une autre résidence ; on se rappelle aussi ses transports au moment où le mois d’août, trois ans de suite, le ramène à Colmar ; on se rappelle ces explosions d’enthousiasme, ce réveil d’activité poétique, cette soif de gloire qui le tourmente, sa joie de faire imprimer ses œuvres à Kehl dans l’admirable imprimerie de Beaumarchais ; puis ses deux voyages à Paris, son installation avec la comtesse dans une maison solitaire, tout près de la campagne, à l’extrémité de la rue du Montparnasse, et tous les soucis que lui donne la publication de ses œuvres complètes chez Didot l’aîné, « artiste passionné pour son art. » Tous ces détails sont racontés dans l’autobiographie du poète, nous n’avons pas à y revenir ici ; mais ce qu’Alfieri ne pouvait pas dire, et ce qui est pourtant un épisode essentiel de cette histoire, ce sont les dernières années de Charles-Édouard, ces années d’abandon et de malheur pendant lesquelles le triste vieillard, si longtemps dégradé, se relève enfin, et retrouve à sa dernière heure une certaine dignité vraiment noble et touchante. » III L’infortuné Charles-Édouard éprouva avant de mourir une consolation inattendue.
Mettez la fortune de Bonaparte dans la destinée de Balzac, il eût été complet ; car il aurait pu ce qu’il imaginait !
L’assentiment complet qu’il donna, après les plus sérieuses réflexions, au voyage que conseillait Cacault, me détermina à n’en pas différer plus longtemps la communication au Pape, pour ne point me rendre responsable des conséquences qui découleraient peut-être de mon silence ou de mon retard.
Une semaine ne s’était pas écoulée, qu’eux et moi nous étions sur un pied d’intimité complète.
Erckmann et Chatrian sont très-jeunes), c’est que ces jeunes gens, dis-je, aient pu avoir, à distance, une connaissance si vraie, si précise et si complète, et pour ainsi dire l’impression photographiée et toute vivante d’un souvenir personnel de ces événements.
Il est vrai que je m’en dédommageais en me trouvant quelque ressemblance avec leurs bons côtés ; aussi la purgation n’était-elle pas complète.
Le jugement sur Racine est également neuf et plus complet encore.
Mais le temps est une abstraction ou un extrait de quelque réalité : il n’a pas de sens appliqué au néant complet, qui est le néant de temps comme le néant de tout le reste.
Cet homme ; au premier abord un peu fermé ou plutôt comme enseveli au fond de lui-même, a un grand charme, et devient avec le temps sympathique au plus haut degré… Aujourd’hui, il nous disait que, lorsqu’il a voulu faire quelque chose de bien, il l’a toujours commencé en vers, parce qu’il existe chez lui une incertitude sur la prose, sur sa complète réussite, tandis qu’un vers, quand il est bon, est une chose frappée comme une médaille ; — mais il ajoutait que les exigences de la vie avaient fait des nouvelles en prose de bien des nouvelles, commencées par lui en vers.
Et nous voici, avec la complète sensation de notre refus dans la salle de lecture, où les acteurs débandés se décident à se traîner, en nous demandant « si ce sera très long ».
Couché, allongé sur son lit, en une complète immobilité, ainsi qu’un beau mort arabe à la barbe noire et blanche, il nous dit : « Je ne suis pas encore mort !
Cette salle, cette chambre, est le musée le plus complet de glaives, de chevalets, de fauteuils capitonnés de pointes, de brodequins à vis, de poires d’angoisse, de toutes les imaginations d’une mécanique meurtrière, pour faire, savamment et diversement, souffrir la chair humaine.
Maintenant réalisera-t-il jamais quelque chose de tout à fait complet ?
Une seule chose nous choque un peu, Mme Daudet, Porel et moi, c’est au quatrième acte, quand la mère fait la confession à sa fille : qu’elle, — aussi bien que toutes les autres femmes : — a été trompée par son austère mari, et qu’un moment, avant l’explication complète, la fille a la pensée que sa mère a été coupable… Une complication de scène, qui jette de l’antipathique sur la fille.
Je ne puis m’expliquer autrement cette fulguration de lumière, de divinité, de science, de sagesse, et même de langage, dans une si complète obscurité de la terre !
Les infirmes naissent jaloux : c’est la loi de la nature ; ils se vengent sur les êtres complets du malheur et de l’imperfection de leur être ; leur consolation, c’est de ravaler ce qui les dépasse.
C’est que l’émotion, par tout ce qui constitue le beau dans l’expression, y est complète et pour ainsi dire infinie : la jeunesse, la beauté, la naïve innocence de deux amants qui ne se défient ni d’eux-mêmes ni des autres ; leurs deux fronts penchés sur le même livre, qui, semblable à un miroir à peine terni par leur haleine confondue, leur retrace et leur révèle tout à coup leur propre image, et les précipite, par la fatale répercussion du livre contre leur cœur et du cœur contre le cœur, dans le même délire et dans la même faute.
Chaque partie est tellement complète en soi et la somme des parties conspire en un organisme tellement parfait que l’œuvre entière semble isolée et suspendue dans le vide comme la terre dans l’espace.
Je vous cite le titre complet. […] Il est complet ; il est beau par la peinture de l’âme violente de Rita, de l’âme incertaine d’Allmers et de leur souffrance à tous deux. […] — On a prétendu pourtant que Giraud n’était pas complet ; on aurait voulu le surprendre dans ses bureaux ou à la Bourse, si toutefois ce gros personnage s’y rend encore ; le voir à l’œuvre comme forban… Bref, on lui a reproché de n’être point Mercadet. […] Pour le reste, je vous renvoie au « Théâtre complet » de M.
Instruit que Lentulus, chef des factieux restés à Rome, cherchait à séduire les députés des Allobroges, il engagea ceux-ci à feindre, pour obtenir la preuve complète du crime. […] Les Amours de Théagène et de Chariclée forment donc le plus ancien monument complet qui nous soit parvenu d’un récit d’aventures supposées, mais vraisemblables, écrites en prose avec art pour le plaisir et l’instruction du lecteur. […] Encouragé par cette approbation, l’auteur, profitant des remarques de son célèbre traducteur, et de quelques recherches récentes du savant Collier, a cru devoir corriger et étendre son premier travail : il en a fait un ouvrage plus complet, et en grande partie nouveau, qu’il offre aux admirateurs étrangers et nationaux du poète anglais. […] À l’époque de la peste de 1665, Milton, qui avait quitté Londres, fit voir à Elvood, jeune quaker, son admirateur et son ami, une copie complète de son ouvrage, qui était alors partagé en dix chants.
Est-il seulement vrai que « sur le but, sur la nature, sur le principe même de la poésie », Malherbe et l’école de Ronsard « soient en complet désaccord », ainsi que le dit M. […] C’est en partie pour cela qu’il a composé son Discours, « dont les derniers chapitres de la seconde partie, nous dit l’abbé Ledieu, étaient pour lui la preuve complète de la vérité de la religion et de la certitude de la révélation des Livres saints contre les libertins ». […] L’esprit du xviiie siècle n’est pas sorti naturellement de celui du xviie siècle, comme l’effet sort de la cause, ou la conséquence du principe, comme le chêne sort du gland, ou l’oiseau de son œuf ; il y a fallu l’interposition ou l’intervention d’autre chose ; et je veux bien que la rupture entre eux n’ait pas été complète — puisque aussi bien, ni dans l’histoire ni dans la nature, on n’en connaît de telles, — mais ce que l’on ne saurait nier, c’est qu’il y ait eu déviation, inversion, renversement du pour au contre, et que, plus que personne, Bayle y ait contribué.
Ses personnages sont tous des hommes complets.
La princesse de Mantoue et Scipion de Gonzague son ami vinrent le visiter dans sa prison ; la princesse Marphise d’Este, cousine d’Alphonse, et le prince de Guastallo lui apportèrent des hommages et des présents ; le cardinal Albano, son protecteur à Rome, lui écrivit pour lui conseiller de mériter sa délivrance complète en parlant du duc de Ferrare en termes plus respectueux qu’il n’avait fait jusque-là.
Sans doute un sujet si immense, si complet, si universel et si individuel à la fois, n’a pas été inventé tout ensemble par Goethe.
Rousseau : « L’invention serait plus miraculeuse que le héros. » III Aussi, au premier moment, l’acceptation du livre fut complète.
Nous avons peine à croire cependant à la complète sincérité de cette ignorance de la langue d’Horace dans le poète des chansons politiques.
C’est pour cette raison que plus la valeur d’un ouvrage est intrinsèque et indépendante de l’opinion, moins on s’empresse de lui concilier le suffrage d’autrui ; de là vient cette satisfaction intérieure si pure et si complète que procure l’étude de la géométrie ; les progrès qu’on fait dans cette science, le degré auquel on y excelle, tout cela se toise, pour ainsi dire, à la rigueur, comme les objets dont elle s’occupe.
Il faut citer une fois de plus, d’une façon plus complète qu’on ne le fait d’ordinaire, ce fragment d’une lettre à Louise Colet : « Il y a en moi littérairement parlant deux bonshommes distincts, un qui est épris de gueulades, de lyrisme, de grands vols d’aigle, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l’idée ; un autre qui creuse et qui fouille le vrai tant qu’il peut, qui aime à accuser le petit fait aussi puissamment que le grand, qui voudrait vous faire sentir presque matériellement les choses qu’il reproduit.
Edison a fabriqué une femme électrique, une andréide d’une beauté merveilleuse, dont l’aspect, les mouvements et les paroles produisent l’illusion complète de la vie. […] La religion de la patrie ne serait pas complète, si elle ne mêlait à ses dogmes sacrés ces superstitions charmantes qui donnent à tous les cultes la vie avec la grâce. […] Je ne manquerai pas de publier le texte complet dès que j’en aurai achevé la lecture.
Il présente une rédaction complète et suivie. […] Pour que son éducation d’artiste fût complète, il ne lui manqua rien, sinon peut-être le commun et l’ordinaire. […] La question prouve à Ulysse une complète ignorance des choses de la mer. — Le mot άθηρηλοιγός signifie destruction des barbes de l’épi, et non destruction de la paille. […] Selon lui, le principe des mœurs est que l’homme doit vivre pour lui-même, c’est-à-dire pour le développement complet de ses facultés.
Et si Sophocle se complète de quelques nuances, il advient que le peu qui manque à Corneille et à Racine les rapproche de lui, plus que ne le fait le trop qui charge, — Shakespeare par exemple. […] Quelques souvenirs sur Iphigénie C’est un après-midi du printemps de 1896 que j’ai dicté le premier acte d’Iphigénie, complet (je n’y ai changé depuis qu’une demi-douzaine de mots), au docte et très cher ami dont il sera encore question plus loin. […] … Les branchages des tilleuls centenaires forment voûte, et dans l’avenue large et courte, l’ombre y est complète.
Un Bernardin plus complet en ressort, peint par lui-même, cette fois-ci, dans ses lettres intimes, et comme achevé de peindre dans les lettres de ses correspondantes, de ses « amies », — plus nombreuses encore que celles de Rousseau, — dans les lettres aussi de ses deux « femmes », la pauvre Félicité Didot, et l’heureuse Désirée de Pelleporc. […] Et il ajoute : « Mais tandis que Bulwer avait compris que, pour rendre vraisemblable la transformation si soudaine et l’interversion si complète du rang social de son héros, il fallait placer la scène dans un pays où toutes les situations venaient d’être bouleversées » — c’est-à-dire dans la France du Directoire — Hugo, lui, « a transporté son action dans le pays, à l’époque les moins appropriés, les plus contraires même au développement de son sujet, au caractère de son héros. » Que ne dit-il en propres termes qu’Hugo, l’ayant pillé d’abord, a ensuite gâté le drame de Bulwer ? […] À la condition donc de ne leur faire rien faire qui déroge à leur qualité, mais pour peu qu’on ait le talent de leur prêter un langage qui continue, qui complète, qui précise, et qui remplisse l’idée que leurs titres nous ont donnée d’eux, il n’est pas douteux que nous sachions gré à Jeanne Bérengère de Latour-Mesnil ou au commandant du Pas-Devant de Frémeuse de se nommer de leur nom. […] Les « monstres » ne manquent pas dans l’œuvre de Feuillet, — depuis madame de Campvallon, dans Monsieur de Camors, jusqu’à madame de Maurescamp dans l’Histoire d’une Parisienne ; — et je me trompe peut-être, mais je les trouverais moins complets, moins brillants et moins « beaux », s’ils se développaient moins harmonieusement dans le crime.
Voyages de Piron à Beaune, seule relation complète, publiée par M.