Elle termine en disant, avec raison et d’une voix colère, que le peuple n’a pas d’argent pour faire des provisions, qu’il a besoin d’acheter, au jour le jour, et que toujours, toujours, les choses sont arrangées pour que le pauvre pâtisse, et que le riche soit épargné. […] Alors, cette femme, lente à revenir de sa rêvasserie à la réalité, d’une voix, qui est comme une plainte de malade, me dit : « Je vous remercie de votre bon cœur ; je n’ai pas besoin, je suis seulement chagrine ! […] Et puis, qu’est-ce que ce décret qui rappelle les vieux retraités, quand on a besoin de jeunes, de capacités qui se développent, d’un général qui se révèle ? […] Jeudi 10 novembre C’est général, comme dans ces temps-ci, tout le monde que je vois, a un besoin instant de tranquillité d’âme, de repos d’esprit, de fuite de Paris. […] Si ce terrible hiver continue, tous les arbres de Paris tomberont, sous le besoin urgent de calorique.
Il faut que les autres n’aient pas le même besoin que moi ; car, si l’on cherche un cœur, on trouverait le mien. » Elle n’est pourtant pas toujours aussi plaintive ni aussi découragée qu’en ce moment ; mais, le matin même, sa mère a renvoyé une ancienne domestique qui les servait depuis dix ans, et la tristesse de l’aimable fille a débordé. […] elle n’aura pas besoin de travailler plus qu’il ne lui convient ? […] disait l’abbé de La Tour. — Pour moi, dit la baronne. — On ne pense, on ne rêve que politique, continua l’abbé. — J’ai la politique en horreur, répliqua la baronne, et les maux que la guerre fait à mon pays me donnent un extrême besoin de distraction. […] Comme corollaire à ceci, j’ai besoin d’ajouter un point tout d’expérience, un précepte également contraire au Tout ou rien d’une morale inaccessible.
Peu après, Pierre Du Puy, qui l’estimait fort, parla de lui au cardinal de Bagni, ancien nonce en France, qui avait besoin d’un bibliothécaire et secrétaire. […] On a besoin, pour comprendre que ce livre de Naudé a été utile et presque courageux, de se représenter l’état des opinions en France au moment où il parut. […] En France, à Paris, parmi les riches bibliothèques alors renommées, y compris celle du Roi, il n’y en avait aucune qui répondît au vœu de Naudé, c’est-à-dire qui fût ouverte à chacun et de facile entrée, et fondée dans le but de n’en dénier jamais la communication au moindre des hommes qui en pourra avoir besoin. […] Il donne la recette de ce qu’il croit permis au besoin, assassinat, empoisonnement, massacre ; il divise et subdivise le tout avec un sang-froid inimaginable.
Nul élan, rien de naturel ou de viril ; il n’a pas plus d’idées que de passions, j’entends de ces idées qu’on a besoin d’écrire et pour lesquelles on oublie les mots. […] Nous comprenons enfin que, même en cet âge correct et dans cette poésie artificielle, l’antique imagination subsiste ; qu’elle se nourrit, comme autrefois, de bizarreries et de contrastes, que le goût, en dépit de toutes les cultures, ne réussira jamais à s’acclimater chez elle, que les disparates, au lieu de la choquer, la réjouissent, qu’elle est insensible à nos douceurs et à nos finesses ; qu’elle a besoin de voir passer devant elle une suite de figures expressives, inattendues et grimaçantes, qu’elle préfère ce rude carnaval à nos insinuations délicates, que Pope est de son pays en dépit de sa politesse classique et de ses élégances voulues, et que sa fantaisie désagréable et vigoureuse est parente de celle de Swift. […] Je suppose que sous Pope, Dryden et Boileau, les hommes avaient surtout besoin de mettre leurs idées en ordre, et de les voir bien claires en des phrases bien nettes. Aujourd’hui que ce besoin est satisfait, il a disparu : ce sont des idées qu’on demande, et non des arrangements d’idées ; le casier est fabriqué ; remplissez les cases.
« Le sérénissime prince, dit-il, me laisse bien circuler dans toute la ville de Mantoue, suivi par un seul page ; mais je ne me sens pas sûr d’être libre ; d’ailleurs je suis aussi mélancolique ici qu’à Ferrare, j’ai besoin d’être guéri ailleurs. » Plus loin : « Je ne puis continuer, écrit-il, à vivre dans une ville où toute la noblesse ne me cède pas le premier rang ; c’est là mon humeur et mon principe ! […] « Comme nos besoins, nos désirs sont bornés ; mes enfants gardent mon troupeau, et je ne dois rien à des mains mercenaires. […] « Les derniers liens qui arrêtaient son âme se brisaient l’un après l’autre : elle allait suivre l’âme de son amante, quand le hasard ou le besoin amena dans ces lieux une troupe de chrétiens. […] « J’ai retrouvé ici », écrit-il, « toutes mes peines, mais non mes amis ; je n’ai pas même de quoi acquitter les droits de douane pour mes livres et mes hardes ; j’ai grand besoin de six écus, et je vous conjure de me les prêter.
L’autorité, établie d’elle-même par l’habitude et par le respect, avait à peine besoin du commandement pour être obéie. […] Cette source, ces beaux arbres, cet étang qui brille entre les joncs, ces hirondelles qui y boivent au vol, votre père, votre oncle qui se reposent dans des attitudes pensives sur ces bancs, vous-mêmes qui m’écoutez, les yeux ouverts, au pied de ces peupliers qui se balancent sur vos têtes blondes, moi enfin, mon livre antique à la main, qui vous raconte des choses antiques et toujours jeunes, tout cela ne serait-il pas au besoin une scène d’Homère, s’il y avait un Homère parmi nous ? […] Je n’aurai pas besoin de solliciter votre attention ; vous écouterez de vous-mêmes. […] Un immense besoin de larmes s’élève dans tous les deux ; ils laissent enfin éclater des cris plus pressés que ceux des aigles et des éperviers auxquels des laboureurs ont enlevé leurs petits avant qu’ils puissent voler. » — « Pourquoi me reprochez-vous quelquefois de pleurer de tendresse au retour de votre père ou de mes enfants, dit notre mère, quand vous voyez deux héros, le père et le fils, crier comme des aigles en s’embrassant et en gémissant ainsi que des femmes ?
Ainsi il nous paraît évident qu’on éprouve une douleur plus intense à se sentir arracher une dent qu’un cheveu ; l’artiste sait, à n’en pas douter, qu’un tableau de maître lui procure un plaisir plus intense qu’une enseigne de magasin ; et point n’est besoin d’avoir jamais entendu parler des forces de cohésion pour affirmer qu’on dépense moins d’effort à ployer une lame d’acier qu’à vouloir courber une barre de fer. […] Il est possible que ce sentiment d’horreur se trouve à l’origine de la pitié ; mais un élément nouveau ne tarde pas à s’y joindre, un besoin d’aider nos semblables et de soulager leur souffrance. […] L’essence de la pitié est donc un besoin de s’humilier, une aspiration à descendre. […] Et que sera donc le passage du premier état au second, sinon un acte de votre pensée, qui assimile arbitrairement, et pour le besoin de la cause, une succession de deux états à une différenciation de deux grandeurs ?
) Ils s’étaient dispersés dans la vaste forêt qui couvrait la terre, tout entiers aux besoins physiques, farouches, sans loi, sans Dieu. […] Ainsi le besoin de l’ordre et de la sécurité fonde les monarchies. […] Alors revinrent les guerres pieuses de l’antiquité (pura et pia bella) ; mêmes cérémonies pour les déclarer : on appelait hors des murs d’une ville assiégée les saints, protecteurs de l’ennemi ; et l’on cherchait à dérober leurs reliques. — Les jugements divins reparurent sous le nom de purgations canoniques ; les duels en furent une espèce, quoique non reconnue par les canons. — Les brigandages et les représailles de l’antiquité, la dureté des servitudes héroïques se renouvelèrent, surtout entre les infidèles et les chrétiens. — Les asiles du monde ancien se rouvrirent chez les évêques, chez les abbés ; c’est le besoin de cette protection qui motive la plupart des constitutions de fiefs. […] On y trouve le passage suivant : « Je suis né dans cette ville, et j’ai eu affaire à bien des gens pour mes besoins.
Son genre d’esprit et de génie avait besoin d’ailleurs d’un régime fixe, régulier ; l’ordre public rétabli par Henri IV devait naturellement appuyer et précéder cet ordre tout nouveau à établir également dans les lettres et dans les rimes. […] On voit que Maynard prêterait un peu au ridicule et qu’il offrirait au besoin un type de l’écrivain atteint du mal de province et qui a la peur d’être devenu suranné avant l’âge.
Cette admiration pour un empire de plus de deux cents millions d’hommes, où il n’y a pas un seul homme qui ait le droit de se dire libre ; cette philosophie efféminée qui donne plus d’éloges au luxe et aux plaisirs qu’aux vertus ; ce style toujours élégant et jamais énergique, annoncent tout au plus l’esclave d’un électeur de Hanovre. » Ce jour-là Mirabeau avait évidemment besoin de faire l’orateur et de se donner un adversaire qu’il pût invectiver ; il se figura Gibbon en face de lui et lança son apostrophe. […] Lord Sheffield, livré par goût à la vie active et publique, était à quelques égards plus difficile à contenter que lui ; il avait besoin des ressources d’un monde dont Gibbon se passait très bien : Vous êtes toujours, lui écrivait ce dernier, à la recherche du savoir, et vous n’êtes content de votre monde qu’autant que vous en pouvez tirer information ou amusement peu commun.
Mais au moment où ce défaut sommeille, en ces instants reposés où il redevient Italien, Milanais, ou Parisien du bon temps ; quand il se trouve dans un cercle de gens qui l’entendent, et de la bienveillance de qui il est sûr (car ce moqueur à la prompte attaque avait, notez-le, un secret besoin de bienveillance), l’esprit de Beyle, tranquillisé du côté de son faible, se joue en saillies vives, en aperçus hardis, heureux et gais, et en parlant des arts, de leur charme pour l’imagination, et de leur divine influence pour la félicité des délicats, il laisse même entrevoir je ne sais quoi de doux et de tendre dans ses sentiments, ou du moins l’éclair d’une mélancolie rapide : Un salon de huit ou dix personnes aimables, a-t-il dit, où la conversation est gaie, anecdotique et où l’on prend du punch léger à minuit et demi73, est l’endroit du monde où je me trouve le mieux. […] Le Français est sociable, et il l’est surtout par la parole ; la forme qu’il préfère est celle encore qu’il donne à la pensée en causant, en raisonnant, en jugeant et en raillant : le chant, la peinture, la poésie, dans l’ordre de ses goûts, ne viennent qu’après, et les arts ont besoin en général, pour lui plaire et pour réussir tout à fait chez lui, de rencontrer cette disposition première de son esprit et de s’identifier au moins en passant avec elle.
Ce serait une occasion naturelle pour parler de l’ouvrage et de l’auteur, s’il était besoin pour cela d’une occasion, et si le nom de M. […] Daru au milieu de cette école poétique régnante de la fin du xviiie siècle à laquelle il est mêlé, et dont il ne se séparera jamais d’une manière tranchée, c’est l’étude, l’amour de l’investigation et des recherches, le besoin en tout de ne pas s’en tenir à l’aperçu, à la fleur et à la cime des choses, mais de les prendre, en quelque sorte, par la base, de s’en informer avec suite, avec étendue, par couches successives, et d’en dresser, soit dans des préfaces, soit dans des rapports académiques, soit dans des comptes rendus destinés à lui seul, un exposé judicieux, fidèle, qui donne un fond aux discussions et qui souvent les abrège.
Juvénal n’est pas mieux disposé que lui pour les femmes savantes ; il veut, au besoin, pouvoir faire un solécisme sans être repris. […] Dans ce cours d’études de Tanneguy Le Fèvre, il se mêle de la gaieté, une sorte de plaisir qui réjouit le maître et anime l’enfant : « Car ôtez le plaisir des études, je suis fort persuadé qu’un enfant ne saurait les aimer. » C’est ainsi qu’à la lecture d’Homère, de Térence, même d’Aristophane (en y mettant du choix), il jouit de voir la jeune intelligence prendre et se divertir comme à une chose naturelle, et tirer d’elle-même plus d’une conclusion avant qu’on ait besoin de la lui montrer : « On m’a dit souvent, et je l’ai lu aussi, qu’il y a beaucoup de plaisir à voir croître un jeune arbre ; mais je crois qu’il y a plus de plaisir encore à voir croître un bel esprit. » C’est pendant qu’on élevait de la sorte l’un ou l’autre de ses frères que Mme Dacier enfant, et à laquelle on ne songeait pas, écoutait, profitait en silence ; et un jour que son frère interrogé ne répondait pas à une question, elle, sans lever la tête de son ouvrage, lui souffla ce qu’il devait répondre.
En les lisant, on n’y retrouve pas seulement l’affectueuse émotion qui serait dans le cœur de bien des fils à la vue de ce qui ramène vers les années heureuses, mais on y reconnaît aussi ce qu’il y avait de particulièrement sensible, de tendrement sensitif et douloureux dans cette nature de Cowper, qui avait avant tout besoin de la tiédeur et de l’abri du nid domestique : En recevant le portrait de ma mère Oh ! […] En 1774, il était mieux, mais incapable de toute lecture et de toute distraction de société, et il avait toutefois besoin absolument de s’occuper à quelque chose, mais sans fatiguer son attention.
Tu n’as point de somptueux atours ; tu n’as pas besoin, comme la Nuit, de relever des traits ordinaires par des grappes de diamants : une étoile ou deux luisant sur ton front te suffisent, sans compter que la lune t’appartient non moins qu’à elle, une lune modeste, non étalée d’en haut avec faste, mais attachée pourtant dans sa pleine rondeur à un pli de sa ceinture de pourpre. […] De nos jours, des essais ont été tentés dans ce genre intime, familier, et pourtant relevé d’art, et qui a besoin d’un détail curieux et de fini.
Balzac, s’il avait été ici mieux avisé, et si le besoin de fumée et d’encens ne l’avait séduit, se serait pourtant méfié de Costar, caractère peu droit, très compliqué, atteint non seulement de la passion mais du vice littéraire, ne songeant qu’à se faire un nom, à faire preuve d’esprit curieux et superfin, et qui, une fois amorcé sur cette question chatouilleuse, n’y devait plus voir qu’une occasion de s’insinuer dans la renommée, à la suite et à la faveur du nom de Voiture. […] Girac exposait le procédé de l’archidiacre qui avait eu l’air de se piquer, au nom de tous les amis de Voiture, d’une dissertation ignorée qu’il avait été le premier à divulguer et à faire connaître : « Avouez le vrai, lui disait Girac, c’est que vous aviez besoin de matière pour exercer votre bel esprit, fût-ce aux dépens de vos meilleurs amis, et pour ne pas perdre tant de bons mots que vous gardiez dans vos recueils. » Observant la méthode que lui avait tracée Costar, Girac repassait en revue la plupart des assertions de l’adversaire ; il revenait par conséquent sur les défauts de Voiture et insistait particulièrement sur le peu de solidité de ce bel esprit en matière de science.
Ce qui la rapproche surtout de cet homme de grand esprit et qui avait laissé jusqu à présent trop peu de souvenir, c’est une certaine conformité dans la manière de juger les choses et les personnes, le besoin de causer à cœur ouvert, d’être entendue de quelqu’un. […] Celle-ci (1783), j’ai été plus courageuse, parce qu’il ma pris un besoin d’être entendue que je n’éprouve pas souvent ; je sens que je l’ai été, et je m’en trouve si bien, que je continuerai jusqu’à votre retour.
Il me parut que ce caractère d’autorité était chez elle un besoin. […] Ce qu’elle disait à trente ans, elle put le répéter à soixante-dix : « J’éprouve, j’inspire de la bienveillance ; mon besoin d’estime est satisfait ; j’ai rencontré les êtres les plus distingués. » On me demande quel est mon avis sur ses œuvres : je le dirai avec toute l’attention et la déférence dont je suis capable, mais un autre jour.
Est-il donc besoin de rappeler ces choses à l’écrivain qui se présente en redresseur de tous ses confrères ; et est-ce au moment où le critique élève la voix pour parler de haut, qu’il lui est permis à ce point de détonner ? […] Cousin, il lui accorde toutes les prétentions et presque toutes les conclusions de ses brillants ouvrages, et, après avoir proclamé le chef-d’œuvre, il n’apporte dans le compte rendu aucun de ces correctifs de détail qui seraient nécessaires à chaque instant pour remettre le lecteur dans le vrai ; car selon la parole d’un des hommes qui connaissent le mieux l’illustre auteur, « c’est un des esprits qui ont le plus besoin de garde-fou ; et quand ce n’est pas dans le fond, c’est dans la forme, il excède toujours. » Mais M. de Pontmartin, une fois qu’il a pris parti pour quelqu’un, n’est pas homme à mettre des garde-fous d’aucun côté ; il les ôterait plutôt ; il lui suffit qu’un courant général de spiritualisme élevé le rapproche de M.
Son attachement pour vous lui assure à jamais mon estime et mes bons offices, toutes les fois qu’elle en aura besoin et que je pourrai lui être utile. […] Je crains que vous n’ayez besoin d’argent, et cette appréhension est pour moi une peine des plus grandes.
Il y avait une nuance très-particulière qu’il eut toujours le tact d’observer : il était comme un homme à qui l’on n’avait pas besoin de faire ressouvenir que, s’il succédait à Alfieri, il ne le remplaçait pas. […] Je suis fâché que ce cœur, fortifié et soutenu par Alfieri, ait eu besoin d’un autre appui. » M. de Chateaubriand ne tient aucun compte, dans ce portrait dénigrant, d’un certain « air majestueux » que d’autres ont reconnu jusqu’à la fin à Mme d’Albany.
Il avait de la causticité tant qu’il vécut avec ses égaux : plus tard, en élargissant son cercle de société, en s’élevant au-dessus de sa sphère et en vivant avec les grands, il s’appliqua à se guérir de cette disposition au sarcasme, et il chercha dans sa plaisanterie à ne mordre sur personne en particulier, il avait de la finesse, et sentait le besoin de plaire. […] Un de ces critiques qu’on méprise aujourd’hui et qu’on se flatte d’avoir enterrés, La Harpe, a dit à ce sujet excellemment : « Il est bien vrai que la gaîté qui tient à la licence est plus facile qu’aucune autre ; mais celle de Collé est si originale et si franche, qu’on pourrait croire qu’elle n’avait pas besoin de si mauvaises mœurs pour trouver où se placer. » Nous allons plus loin que La Harpe, et nous disons que ces mœurs mêmes, prises sur le fait et rendues avec cette touche facile et hardie, ajoutent, du point de vue où nous sommes, un prix tout particulier au tableau : elles y mettent la signature d’une époque.
La toile se lève pour la troisième fois, et l’on voit, sur un lit, Desdémona couchée ; aussitôt on se met à crier : “Apportez un pot de c…, elle en a besoin.” […] Garat consent… Soit amour, soit habitude, soit le besoin de trouver là quelqu’un pour grogner, il désirait la ravoir près de lui.
Mais, avant d’être coulé près d’elle, il avait su s’en faire aimer, et rien ne prouverait mieux au besoin qu’il n’y a dans l’amour que ce qu’on y met, et que l’objet de la flamme n’y est presque en réalité pour rien. […] J’ai grand besoin de philosophie pour soutenir les assauts qui se préparent : j’en ai fait provision ; je suis comme Ulysse accroché au figuier : j’attends que le reflux me rende mon vaisseau. » M.
Le réveil ne fut que plus rude ; ce coup de collier en politique l’avait mis tout hors d’haleine ; l’artiste en lui sentait le besoin de respirer. […] La vie matérielle revenait chaque jour avec ses exigences, et, si sobres, si modiques que fussent les besoins de Bertrand, il avait à y pourvoir.
À la porte du Grand Café, tout l’été, stationne une foule avide de saisir les notes aigrelettes d’approximatives tziganes ; — en face du passage des Panoramas, un autre groupe approuve chaque soir la succession d’annonces d’un transparent ; — place du Théâtre-Français, à minuit, une haie respectueuse admire la sortie des sociétaires ; — dans la rue, un cheval glisse, deux cochers se querellent, un agent paraît : c’est assez pour retenir les passants amusés… D’abord, on aime les spectacles et leur cuisine (à preuve, dans les journaux obséquieux, le développement de la rédaction théâtrale : critiques, soireux, échotiers, indiscrétionistes) : au besoin, on se contente du spectacle de tout ce qui se laisse écouter ou regarder. […] si le besoin de tuer le temps nous conserve le théâtre, si le goût du spectacle nous sauve un art ?
À la porte du Grand Café, tout l’été, stationne une foule avide de saisir les notes aigrelettes d’approximatifs tziganes ; — en face du passage des Panoramas, un autre groupe approuve chaque soir la succession d’annonces d’un transparent ; — place du Théâtre-Français, à minuit, une haie respectueuse admire la sortie des sociétaires ; — dans la rue, un cheval glisse, deux cochers se querellent, un agent paraît : c’est assez pour retenir les passants amusés… D’abord, on aime les spectacles et leur cuisine (à preuve, dans les journaux obséquieux, le développement de la rédaction théâtrale : critiques, soireux, échotiers, indiscrétionistes) : au besoin, on se contente du spectacle de tout ce qui se laisse écouter ou regarder. […] si le besoin de tuer le temps nous conserve le théâtre, si le goût du spectacle nous sauve un art ?
La dame n’avait guère besoin de ce sédatif ; M. des Targettes était un calmant suffisant. […] L’invraisemblance excessive des situations où l’auteur le place, son intrusion fantastique dans la vie intime de tous et de toutes, ce droit de visite, aussi outrageant que le droit de jambage des temps féodaux, qu’il s’arroge sur le cœur des autres, font de lui un être de raison, sans réalité, sans modèle, créé ou plutôt forgé pour les besoins de la pièce.
Elle en eut besoin dans sa condition pour se tirer de l’état social inférieur où la comédienne se trouvait encore au commencement du xviiie siècle. […] L’usage du monde, le temps et un peu de raison m’ont convaincue qu’il faut beaucoup d’indulgence dans la vie ; mais ceux qui en ont le moins de besoin ne perdent rien avec moi : je leur donne, à la place, tout autant d’estime et d’admiration qu’il me paraît qu’ils en méritent.
Elle prétend s’impatroniser dans cette riche maison, avoir la clef de tous les secrets, et en tirer double parti au besoin. […] Mais point : elle ne fit qu’augmenter ; la tristesse s’empara de moi, et je me sentais le besoin de dire que j’étais triste.
Il remarque que nulle part il ne se rencontre plus de cordialité, plus de facilité de commerce et d’égalité véritable qu’entre avocats : « Nulle part, dit-il, la réputation, l’âge, le talent, ne font moins sentir leur supériorité et n’exigent moins de déférence que dans cette corporation singulière où les relations sont presque toujours hostiles. » Pourtant, avec tous les mérites solides et fins qu’il allait posséder, et en partie à cause de ces mérites mêmes, il manquait de ce qui procure le succès au barreau ; quand il avait donné les bonnes raisons en bons termes, il ne savait pas se répéter et au besoin en trouver d’autres : Le juge y compte, dit-il malicieusement ; et peut-être l’avocat qui serait le plus disposé à s’en corriger, est-il obligé de reproduire une seconde série des mêmes raisonnements, quand il voit que le tribunal n’a pas écouté la première. […] L’historien de Mazarin avait besoin d’une patience au moins égale, pour se débrouiller et se dégager des intrigues, des éclats et des triomphes turbulents de la Fronde.
Il en est de même de certaines époques ; et, vers la fin, le règne de Louis XIV avait grand besoin de cette sorte de gravité et de cérémonial à distance, pour se défendre contre les esprits trop perçants. […] Saint-Simon est sincère et véridique, et ici il va nous prouver par ses aveux qu’il sait chérir la vérité au besoin jusque contre lui-même.
Pour prouver la religion des premières familles et le sacerdoce des premiers patriarches, qu’avait-il besoin de passer par des espèces d’équations et de proportions où il fait entrer ses termes favoris, cause, moyen, effet, qui répondent ici à père, mère, enfant, et tout ce qui s’ensuit ? […] L’avenir, je le crois, réservera à M. de Bonald une assez haute place : à mesure que les âges s’éloignent et que les institutions s’évanouissent, on sent le besoin d’en résumer de loin l’esprit dans quelques figures et dans quelques noms.
Il la mérite, nous dit Montaigne, excellent juge, pour la « naïveté et pureté du langage en quoi il surpasse tous les autres », pour la « constance d’un si long travail », pour la « profondeur de son savoir », ayant pu développer si heureusement un « auteur si épineux et ferré » que Plutarque (car il n’est pas besoin de savoir le grec pour sentir qu’on est porté avec Amyot dans un courant de sens continu, et que, sauf tel ou tel point de détail, il est maître de son sujet et dans l’esprit de l’ensemble). […] J’ai parlé de Rollin, et ce nom revient à propos ici ; car il me semble que cet homme de bien, que Montesquieu a appelé « l’abeille de la France », appartenait aussi à cette classe d’esprits modérés, humbles, je dirais presque un peu bas quand ils étaient livrés à eux-mêmes, et qui, pour avoir toute leur valeur, avaient besoin d’être doublés et soutenus de l’Antiquité.
« Je suis un philosophe, disait-il (et quand je cite ses paroles, figurez-vous-les toujours relevées et comme redoublées par l’accent) ; un philosophe n’a besoin que de la besace et du manteau ; mais encore faut-il que la besace soit pleine et que le manteau soit propre. » Dès qu’il eut acquis ce nécessaire, il revint à Paris sous le Consulat, et, cette fois, bien résolu à ne plus lâcher pied. […] En relisant aujourd’hui cette pièce, on se demande à quoi a tenu un tel succès, et on sent le besoin de se l’expliquer.
J’ai voulu glisser cette réserve parce que j’admire toujours à quel point les natures étroites et négatives sont empressées de dire à tout génie supérieur : « Tu n’as fait que ceci dans ta vie jusqu’à présent ; la fortune t’a empêché de t’essayer dans une plus large et plus ouverte carrière, donc tu n’aurais pu faire autre chose. » Ces gens-là ont besoin, de temps en temps, de recevoir quelques démentis comme celui que leur donne, par exemple, un Dumouriez aux défilés de l’Argonne. […] Après ces quatre premières années de la régence, durant lesquelles le mouvement d’impulsion donné par le cardinal de Richelieu continua de pousser le vaisseau de l’État sans qu’il fût besoin d’imprimer de secousse nouvelle, après ces quatre années de calme parfait, de sourire et d’indulgence, on entre, sans s’en apercevoir d’abord, dans de nouvelles eaux, et un nouveau souffle peu à peu se fait sentir : c’est le souffle des réformes, des révolutions.
» Quand on n’a lu que ces quelques strophes de Le Brun, on s’explique peu la stérilité générale de son œuvre, l’avortement de tant de hauts desseins, et on a besoin d’en chercher les raisons autre part encore que dans son talent. […] Mais on n’a pas même besoin d’en venir à cette conjecture infamante pour juger Le Brun bien sévèrement ; il ressort du factum et des dépositions des témoins que, quels qu’aient pu être les torts de la femme, ceux du mari furent tels qu’aucun honnête homme, aucun homme bien né ne s’en permettra jamais de semblables, soit en paroles, soit en actes.
Ceci devait mourir dans le même lieu qui l’a fait naître ; mais ceux qui vivent dans une société ont des devoirs à remplir ; nous devons compte à la nôtre de nos moindres amusements. » Il semble même qu’en terminant ce mémoire, Montesquieu s’attache trop à diminuer le mérite de l’observateur, lequel a souvent besoin de toute sa subtilité d’esprit et de son invention ingénieuse pour amener le fait sous son regard : Il ne faut pas avoir beaucoup d’esprit, disait Montesquieu, pour avoir vu le Panthéon, le Colisée, des Pyramides ; il n’en faut pas davantage pour voir un ciron dans le microscope ou une étoile par le moyen des grandes lunettes ; et c’est en cela que la physique est si admirable : grands génies, esprits étroits, gens médiocres, tout y joue son personnage. […] Mais, dans le même temps où il travaillait à ce petit mémoire sur des objets d’histoire naturelle, il laissait échapper un autre ouvrage pour lequel il n’avait pas eu besoin de microscope, et où son coup d’œil propre l’avait naturellement servi.
Inquiet, égaré dans cette espèce de vide, mon âme, encore active, a senti le besoin d’une occupation. […] plus on a connu le monde, ses fantômes et ses vains prestiges, plus on a senti le besoin d’une grande idée pour élever son âme au-dessus de tant d’événements qui viennent la décourager ou la flétrir.
. — Il est bien vrai, peut-on répondre à Platon et à Kant, que nous construisons par la pensée des figures d’une exactitude parfaite dont l’expérience ne nous montre jamais une complète réalisation, comme une ligne exactement droite ou exactement circulaire ; mais nous n’avons besoin pour cela que de l’abstraction. […] La volonté, répandue partout dans l’univers, n’a besoin que de se réfléchir progressivement sur soi et, par cela même, d’acquérir une plus grande intensité de conscience pour devenir en nous sentiment et pensée.
L’aurore est-elle moins magnifique, a-t-elle moins de pourpre et moins d’émeraude, subit-elle une décroissance quelconque de majesté, de grâce et d’éblouissement, parce que, prévoyant la soif d’une mouche, elle sécrète soigneusement dans la fleur la goutte de rosée dont a besoin l’abeille ? […] » Cette parole, détournée, involontairement sans doute, de son vrai sens pour les besoins de la polémique, a pris plus tard, à la grande surprise de celui dont elle avait été l’interjection, les proportions d’une formule.
On cherchoit, non ce qui orne la vérité, mais ce qui la farde ; & l’on croyoit n’avoir ni esprit, ni délicatesse, si ce qu’on disoit pouvoir s’entendre facilement, & sans avoir besoin d’interprêtes. […] Le rôle le plus imposant que puisse jouer un Orateur profane, c’est d’être l’interprête de son Roi ou l’organe de la patrie ; le théatre le plus brillant qu’il puisse s’ouvrir, c’est un Sénat, une Cour, une place publique ; les sujets les plus frappans qu’il puisse traiter sont l’homme & ses besoins, le tems & ses vicissitudes.
Il avait en lui deux génies fraternels : le génie de la conversation, qui a besoin des autres pour exister, et le génie littéraire, qui n’a besoin que d’étude et de solitude pour chercher son idéal et pour le trouver.
Mon Dieu, c’est le Temps, le Temps très bon et très puissant. » Enfin, à la veille de sa mort, cette belle page : J’ai été purement stoïcien entre quinze et dix-sept ans ; j’avais alors Marc-Aurèle constamment sur ma table et je me grisais à froid d’Epictète… Depuis la guerre, j’ai dépassé et abandonné la doctrine stoïcienne ; je n’avais plus besoin de cet échafaudage, je l’ai mis à bas. […] Vous êtes, j’en suis sûr, une infirmière admirable, mais je n’aurai pas pour cette fois besoin de vos soins.
Solidarité inter-nationale ne signifie pas alliance, fusion, ni même — pour l’instant — fédération, mais uniquement, lien entre les parties correspondantes de chacun des corps sociaux, liens d’individus ou de groupes, politiquement étrangers, mais humainement solidaires, par le fait même de leur existence, de leurs désirs, de leurs actions, de leur idéal, de leurs besoins ou de leur nature, conservant non seulement leur personnalité, mais celle du groupe social auquel ils appartiennent, et en plus vivant de cette part de la vie générale de l’humanité qui les affecte plus spécialement. […] La cité antique — à son origine du moins — se suffisait à elle-même et ses relations commerciales avec l’étranger se bornaient à un minimum d’objets de nécessité secondaire ; la cité moderne, dont les besoins se sont immensément accrus, dépend du monde entier.
Si nous n’avons pas à tracer ici de programme à une noble pensée, nous ne prétendons pas non plus en présenter un idéal anticipé ; ce que nous voudrions, ce serait, en remerciant M. de Salvandy de son heureuse initiative, de l’y encourager, si ce mot nous est permis, et de maintenir, pour peu qu’il en fût besoin, l’idée première dans sa libre et large voie d’exécution : ce qui rapetisserait, ce qui réduirait trop cette idée, ce qui la ferait rentrer dans les routines ordinaires, en compromettrait par là même la fécondité et en tuerait l’avenir.
Par malheur, il n’en est point absolument ainsi ; ce qu’on recueille dans de gros volumes n’est pas sauvé par là même, et ce qui reste dans des feuilles éparses n’est pas tellement perdu que cela ne pèse encore après vous pour surcharger au besoin votre démarche littéraire, et, plus tard, voire mémoire (si mémoire il y a), de mille réminiscences traînantes et confuses… Il convient donc de ne répondre littérairement que de ce qu’on a admis, et, sans avoir à désavouer le reste, de le rejeter au fond.
Le même besoin de condoléance et de chuchotage la rapprochait de Villeroi : « Notre maréchal de Villeroi et moi, écrit-elle avec une sorte de satisfaction chagrine, déplorons souvent nos pertes et critiquons tout ce qui se passe. » Le vieux favori mécontent compatissait de grand cœur, comme on peut croire, aux plaintes éternelles de sa désolée confidente, et tous deux se consolaient à l’envi dans ces épanchements lamentables.
Or, il arrive souvent que les hommes de génie qui commencent les révolutions dans l’art se lassent sitôt que leur œuvre individuelle est achevée ; il arrive qu’un matin ils ressentent pour eux-mêmes un soudain besoin de repos et désespèrent volontiers : que d’autres puissent jamais aller plus loin.
On substitue aux objets réels qu’on imaginait d’abord des chiffres qui les remplacent partiellement ; ils les remplacent au seul point de vue qu’on avait besoin de considérer en eux, je veux dire au point de vue du nombre.
Ainsi parfois, on interroge, sachant très bien ce qu’on demande ; on doute, étant certain ; on interpelle son lecteur, sans avoir besoin qu’il réponde ; on fait des questions, pour faire soi-même les réponses ; on s’écrie, voulant affirmer ; on n’achève pas sa pensée, pour la faire mieux entendre ; on dit qu’on ne parlera pas d’une chose, et l’on en parle.
Mais l’homme qui écrit par besoin, pour défendre ce qu’il croit ou ce qu’il aime, pour réaliser un idéal d’art, ou même pour satisfaire son ambition, son égoïsme ou ses vices, ne songe qu’à parler juste, et qu’à trouver les mots qui rendent sa pensée et l’approchent de son but : celui-là est aussi éloigné de concerter ses figures que l’homme du peuple, qui, en jurant, ne pense guère à faire une imprécation.
Création spontanée du peuple, elle est à son image et pour son besoin : langue de la vie quotidienne, de l’usage pratique et de la sensation physique, langue de rudes soldats, de forts paysans, qui ont peu d’idées et ne raisonnent guère.
Elle a une imagination qui, naturellement et par un besoin irrésistible, transforme et embellit la réalité et trouve des combinaisons de faits imprévues et charmantes.
Mais on souffre ; et, par la porte de la souffrance, entrent la réflexion, la curiosité, l’inquiétude et l’appréhension de l’inconnu et, sous une forme ou sous une autre, l’idéalisme, et le rêve, et des besoins d’expliquer ce qui échappe aux sens… À partir d’un certain moment, cela est visible, Maupassant s’attendrit.
Enfin, mes chers camarades, je n’ai pas besoin de vous prêcher la tolérance religieuse, mais je vous la prêche tout de même.
Mallarmé, par le spectacle prométhéen d’un immense génie foudroyé, nous a donné le goût de l’héroïsme et l’impérieux besoin de la victoire.
Dubois-Desaulle éprouve le besoin de conclure : « Ce qu’il y a de bon dans tout cela, c’est que ça m’a permis d’écrire un livre !
Disons-le franchement : une telle excuse n’était bonne que pour un public devant lequel Molière, approuvé par la cour et autorisé par la licence générale des mœurs, n’avait pas besoin d’excuse.
Pour nous, qui connoissons & la nature de la planete dont il dirige les mouvemens, & les besoins de la République dont il est le Dictateur, bien loin de blâmer sa conduite, nous conviendrons qu’elle est plus sage qu’on ne l’imagine.
Sa prévoyance attentive ne cesse de pourvoir à tous les besoins de la Société.
ces ressorts l’un à l’autre liés, Pour nos besoins, féconds & variés, Assujettis aux loix de la matiere, Par le hasard seroient modifiés !
Il avoit une de ces imaginations qui, pour être remuées, ont besoin de la présence des objets, & qui se refroidissent dans le silence du cabinet & dans la lenteur de la composition.
Comment exprimer en latin les changemens arrivés par rapport à la religion, à la morale, aux coutumes, aux habillemens, aux commodités & aux besoins de la vie, aux sciences & aux arts ?
L’hébreu veut-il composer un verbe, il n’a besoin que de connaître les trois lettres radicales qui forment au singulier la troisième personne du prétérit.
Ils tiennent donc l’ame dans une espece d’extase, et ils l’y tiennent encore sans qu’il soit besoin qu’elle contribuë à son plaisir par une attention serieuse dont notre paresse naturelle cherche toujours à se dispenser.
C’est pour inventer des images qui peignent bien ce que le poëte veut dire, c’est pour trouver les expressions propres à leur donner l’être, qu’il a besoin d’un feu divin, et non pas pour rimer.
Alaux croit, avec juste raison, que le besoin d’une religion est au plus profond de l’esprit humain.
Selon nous, il ne fallait pas prendre tant de peine pour refaire le lit à l’amour-propre blessé qui sait bien lécher ses blessures et qui n’a pas besoin que qui les lui fait les lui panse.
Ils n’en ont pas besoin.
Il a ragaillardi cette belle société, qui n’en avait pas déjà un si grand besoin, par cette petite invasion romano-sicilienne ; avec ces Olympe, ces Marie et ces Hortense, il y a semé d’éclatantes variétés de grandes existences, et l’a sillonnée de fredaines imprévues et bizarres. […] Amédée Renée (est-il besoin de le rappeler aux lecteurs de cette revue ?) […] Qu’on veuille penser à tout ce qu’il y avait de réfléchi et de profond d’éclairé au sens chrétien, dans cette piété qui sentait le besoin d’expier et de payer pour les autres, — pour son époux, le prince de Conti, fauteur de guerres civiles et artisan de désastres dans tant de villages et de chaumières, — pour son oncle le cardinal, acquéreur avide et si peu scrupuleux de richesses innombrables.
Le duc ou marquis qui siège à la Chambre Haute à côté des évêques a besoin de leurs votes pour faire passer un bill, et de leur assistance pour rallier à son parti les quinze mille curés qui disposent des voix rurales. […] Autant vaudrait prescrire à leurs femmes, qui tous les soirs vont au théâtre et jouent la comédie à domicile, de ne pas attirer chez elles les acteurs et chanteurs en renom, Jelyotte, Sainval, Préville, le jeune Molé qui, malade et ayant besoin de réconfortants, « reçoit en un jour plus de deux mille bouteilles de vins de toute espèce des différentes dames de la cour », Mlle Clairon qui, enfermée par ordre à For l’Évêque, y attire « une affluence prodigieuse de carrosses », et trône, au milieu du plus beau cercle, dans le plus bel appartement de la prison498. […] Tout homme que je rencontre, et encore plus toute femme, croirait manquer au plus indispensable des devoirs, si elle ne m’adressait un long et ingénieux discours à ma gloire. » Présenté à Versailles, le futur Louis XVI âgé de dix ans, le futur Louis XVIII âgé de huit ans et le futur Charles X âgé de quatre ans, lui récitent chacun un compliment sur son livre Je n’ai pas besoin de conter le retour de Voltaire, son triomphe, l’Académie en corps venant le recevoir, sa voiture arrêtée par la foule, les rues comblées, les fenêtres, les escaliers et les balcons chargés d’admirateurs, au théâtre une salle enivrée qui ne cesse de l’applaudir, au dehors un peuple entier qui le reconduit avec des vivats, dans ses salons une affluence aussi continue que chez le roi, de grands seigneurs pressés contre la porte et tendant l’oreille pour saisir un de ses mots, de grandes dames debout sur la pointe du pied épiant son moindre geste501. « Pour concevoir ce que j’éprouvais, dit un des assistants, il faudrait être dans l’atmosphère où je vivais : c’était celle de l’enthousiasme. » — « Je lui ai parlé », ce seul mot faisait alors du premier venu un personnage.
Heureusement, la vérité n’a pas besoin de style. […] Je n’ai pas besoin de ces procédés vulgaires : je suis moi, j’ai mon talisman en main, j’ai mes ailes au talon, je vais où je veux ; qui m’aime me suive ! […] Puis le besoin de venir en aide à mon pays, ce grand misérable, m’enlevait le loisir nécessaire à mon œuvre ; puis les calamités réelles de la misère relative m’atteignaient en me forçant à un travail de manœuvre arriéré pour que d’autres ne souffrissent pas par ma faute ; je fermais dans mon cœur la source de larmes sympathiques, et je travaillais saignant, comme je saigne encore, sous le fouet de la nécessité.
Il faut beaucoup d’illusion pour assimiler les coupes de D’Aubigné à celles de Victor Hugo : ce qui est science chez celui-ci, n’est chez l’autre qu’insouciance ; dans les Tragiques, les enjambements, les vers disloqués produisent des effets puissants, quand la pensée y donne lieu, mais ils sont aussi bien employés à ne rien produire du tout ; et du moment qu’ils ne sont pas expressifs, ils sont forcément prosaïques En revanche, que de morceaux sont d’un rare, d’un grand poète, et n’auraient eu besoin presque de rien, ici d’une relouche, là surtout d’un retranchement, pour atteindre à la perfection de leur caractère ! […] A vrai dire, il n’était pas en la puissance du passé de barrer la route à l’avenir ; et contre l’école de Malherbe, ce n’était pas Ronsard, ni Desportes, ni Bertaut, et leurs suivants, c’était quelque chose d’aussi moderne, d’aussi nouveau, de conforme aussi à certains besoins du présent, qui pouvait seul lutter avec succès. […] Un besoin étrange d’aventures emporte alors les âmes, et se traduit parallèlement dans l’histoire par tous les troubles, les intrigues, les révoltes que l’on sait, dans la littérature par la vogue des genres et des œuvres où s’étale le plus extravagant héroïsme.
Du Vergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, directeur de la maison à partir de 1636, y implanta la doctrine de Jansénius avec qui il était lié, et fit de ces filles les croyantes obstinées, au besoin les inflexibles martyres de ce qu’elles regardèrent comme la pure vérité de Jésus-Christ. […] Je n’ai pas besoin de dire que Pascal riait seulement des jésuites, et qu’il respectait la religion autant qu’aucun de ses adversaires, en la comprenant mieux. […] Celles qui sont essentiellement chrétiennes, lui sont communes avec les grands docteurs de l’Église ; Bossuet les exprimera, sans avoir besoin de s’inspirer de Pascal.
Chacun de ses ouvrages signale un perfectionnement très sensible dans l’instrument littéraire ; mais tous, pourtant, sont empreints d’un commun caractère : ils procèdent plutôt de la pensée solitaire et recueillie, écoutant au-dedans d’elle-même les voies confuses de la rêverie et de l’imagination, que d’un besoin logique de systématiser sous la forme épique et dramatique les développements d’une passion observée dans la vie sociale ou d’une anecdote compliquée d’incidents variés. […] Charles Gounod Pour dire tout ce qu’il aura été, point ne sera besoin d’un maximum de six lignes : il suffira de le nommer. […] Un beau visage n’a pas besoin du fard ou des grains de beauté ».
Comme ils ont besoin de bonnes raisons pour justifier ou dissimuler leur prévention, il leur arrive, tout en ne cherchant qu’à donner tort aux écrivains, de trouver à quel prix se font les écrits qui durent. […] Il étudiait l’influence de ses affections morales sur son appétit ; il expérimentait toutes choses, son sommeil, son réveil ; d’une condescendance pour les besoins de son corps qui venait moins d’un désir excessif de prolonger sa vie, que de la curiosité d’éprouver sur lui-même ce qu’il jugeait le plus propre à conserver la santé. […] Descartes n’avait plus besoin de l’antiquité ; mais elle était dans ses veines.
Les soties que jouaient les Enfants sans souci répondaient à un autre besoin d’où est née la comédie. […] Ce qui prouve à quel point l’art dramatique avait besoin de l’antiquité païenne, c’est l’oubli profond où sont tombés les ouvrages composés depuis lors par quelques superstitieux de l’ancienne mode, derniers représentants de ce qu’ils appelaient le théâtre national. […] Le trop d’esprit est le trait de gens qui ont besoin de justifier leur passion ou de s’exagérer leur devoir.
Mais à peine entachée qu’elle est par des médisances anodines, la fortune de ce Roussel ne justifie ni les outrages de M. de Trélan, ni les rumeurs un peu tardives de l’opinion publique qui semblent n’éclater, au dénouement, que pour les besoins de la cause. […] Landara, un pianiste incompris et idéologue qui fait de la musique philosophique et transcendantale, et qui, au besoin, vous traduirait, sur le piano, à livre ouvert, la Critique de la raison pure, de Kant, ou le système de Hegel. […] C’est l’instinct de la Pie voleuse qui se réveille ; versez dans son nid les diamants de la Couronne, elle n’en happera pas moins la première fourchette d’argent qu’elle verra briller ; mais, encore une fois, la vérité crue ne suffit pas au théâtre ; elle a besoin d’être préparée, assaisonnée, servie, selon certaines règles de ménagement et d’insinuation qu’il est toujours imprudent d’enfreindre.
Son lyrisme se pose sur des bases inébranlables, mais il dévoile aussi un cœur avide, pris d’un forcené besoin de tendresse et qui, s’il ne se désespère pas de savoir la mort victorieuse de la beauté, se plaît au jeu divin des rythmes qui masquent mal son humanité chancelante. […] Quand nous sentant, un soir, trop seuls dans la maison, Le besoin nous prendra de pleurer sans raison, Et que, malgré le feu, nous aurons froid peut-être, Ô mon Âme, en voyant, dehors par la fenêtre, Tomber la neige immense autour de la maison. […] Elle dira à la nature : « Voyez de quel désir, de quel amour charnel, De quel besoin jaloux et vif, de quelle force, Je respire le goût des champs et des écorces !
Mais il n’est pas besoin d’être Cuvier et de faire de la paléontologie pour le classer, et nous le classerons. […] fait, par l’âme et la vie, avec Rousseau, le plus magnifique des contrastes, et si on avait besoin d’un argument contre Proudhon lui-même, le grand égalitaire, pour lui prouver qu’un homme n’est jamais l’égal d’un autre homme, on pourrait se servir victorieusement de celui-là. […] Sans cela, cet homme de si peu de besoins, d’un tempérament si philosophique, serait aisément stoïque contre elles.
Hugo, auquel la concentration est inconnue, a toujours eu besoin de place pour se mouvoir, et c’est même une des raisons de M. […] Dante n’avait pas besoin d’être un grand génie et un grand caractère. Il n’avait pas besoin de produire son triple chef-d’œuvre.
Il serait peut-être curieux de rechercher, et peut-être facile de trouver, comment des écrivains de cette valeur et de celle élégance, qui, par le fait de leurs études, ont vécu dans la société du xviiie siècle, et qui ont montré presque de l’enthousiasme pour cette société artificielle et raffinée, aient pu pencher de ce côté inférieur qui aurait dû leur être si antipathique, et même y verser un jour tout à fait… Vous vous rappelez ce fameux drame d’Henriette Maréchal, joué au Théâtre-Français, et dans lequel les deux auteurs abordèrent si audacieusement la langue la plus verte des bals masqués les plus pourris de Paris, que le public en fut révolté et la pièce outrageusement sifflée… Ceci n’est réellement explicable que par le besoin de nouveauté qui saisit les esprits hardis, quand les vieilles formes littéraires expirent. […] M. de Goncourt n’avait pas besoin, comme il le fait dans une note, de tirer sa révérence à MM. […] « J’en réclame la paternité, la regardant, cette expression, comme la formule définissant le mieux et le plus significativement le mode nouveau de travail de l’école qui a succédé au Romantisme. » Or, ce nom de baptême du document humain, donné après coup au Naturalisme, n’est, en somme et en effet, que le nom du Naturalisme en deux mots, et, en supposant qu’il soit autre chose qu’une Lapalissade que des niais veulent faire prendre pour une idée à des niais plus sots qu’eux, — attendu que tous les romanciers qu’il y ait jamais eu dans le monde se sont nécessairement occupés du document humain, puisqu’ils avaient à peindre l’âme de l’homme en action dans ses vices et dans ses vertus, sans avoir besoin d’employer pour cela une formule si ridiculement pédantesque, — en réclamer la paternité, comme le fait M. de Goncourt, c’est se poser, en termes doux et furtifs, le chef de cette École qui a succédé au Romantisme, et noyer du coup l’auteur de Pot-Bouille dans le bouillon qu’il a inventé, et qu’il est, présentement, en train de boire… Et ce document humain, dont il est fier comme d’une découverte de génie, M. de Goncourt lui sacrifie jusqu’à la fierté de son attitude et de sa pensée ; car, le croirait-on si on n’avait pas sous les yeux l’étonnante préface de son livre ?
Il semble que le rire ait besoin d’un écho. […] Il faudra que la raideur mécanique n’ait plus besoin, pour se révéler, d’un obstacle placé devant elle par le hasard des circonstances ou par la malice de l’homme. […] Nous l’aurons surtout quand on nous montrera l’âme taquinée par les besoins du corps, — d’un côté la personnalité morale avec son énergie intelligemment variée, de l’autre le corps stupidement monotone, intervenant et interrompant avec son obstination de machine.
Est-il besoin de rappeler toutes les formes sous lesquelles cette même combinaison se présente ? […] Il n’aura rien besoin d’acquérir pour cela ; il aurait plutôt à perdre quelque chose. […] Point ne sera besoin, d’ailleurs, de nous présenter effectivement les deux expressions de la même idée, l’expression transposée et l’expression naturelle.
Il est trop vrai qu’ils ont besoin d’être écoutés, qu’ils sont souvent tentés de faire des sacrifices aux sympathies hésitantes, possibles. […] Après le mortel ensommeillement du xviiie siècle le sang avait un furieux besoin de circuler dans les veines modernes. […] Obligez la Fourmi, qui a des qualités d’économie et qui est armée : vous pourrez avoir besoin d’elle. […] Au besoin et de hasard il fait intervenir un mobile physique. […] Le « tout en un » fait que personne n’a besoin de personne.
Le poète, est-il besoin de le dire ? […] Je n’ai pas besoin d’indiquer tout ce qu’il est permis d’y opposer, encore qu’en ces matières tout soit à peu près également probable et également indémontrable. […] Que si les barbares de l’Occident ont embrassé le christianisme avec tant de ferveur, c’est sans doute qu’il répondait à quelque besoin de leur âme grossière et rêveuse. […] Elle s’en est allée son œuvre faite et quand son frère n’avait presque plus besoin d’elle. […] Sincèrement, j’ai beau faire, j’ai toujours besoin d’un effort pour lire Bossuet.
Mais, chose étrange, il semblait que la charité publique diminuât à mesure qu’il en avait plus besoin. […] Seulement le commerce ne va pas fort… Si t’avais besoin d’un bon cocher au mois, ça ferait joliment mon affaire… Non ? […] Par là s’explique tout un côté de ses œuvres, où l’on aperçoit la cruauté du talent et le besoin de faire souffrir. […] — Ai-je besoin de me défendre sur ce point, Monseigneur ? Ai-je besoin de vous dire que je ne suis pas venu ici pour vous offenser ?
C’est alors que les passions se développent, et qu’on sent le besoin d’une compagne. […] Quand on reprend la liberté, je n’ai aucun besoin de traiter pour recouvrer la mienne ? […] La saison du besoin est bien loin, et ma nullité est un oracle plus sûr que le vôtre. […] J’en ai besoin ici. […] Je n’ai pas besoin de dire un mot de l’esprit éclairé et du jugement du comte de Crillon.
Il n’a pas besoin de les chercher si loin ; de prime-saut il les a saisies. […] Ils n’ont pas besoin, comme les Français, qu’on leur développe les idées, qu’on les explique en beau langage clair, qu’on les modère et qu’on les lie346. […] Pour réprimander les grands qui s’approprient les communaux par des enclos, il leur fait le détail des nécessités du paysan, sans le moindre souci des convenances ; c’est qu’il ne s’agit point ici de garder des convenances, mais de produire des convictions. « Une terre à labour a besoin de moutons, car il leur faut des moutons pour fumer leur terre, s’ils veulent qu’elle porte du grain ; en effet, s’ils n’ont point de moutons pour les aider à engraisser leur terre, ils n’auront que du pauvre blé et maigre. Ils ont aussi besoin de porcs pour leur nourriture, afin d’avoir du lard ; le lard est leur venaison ; vous savez bien que le justice est là avec son latin et sa potence, s’ils veulent en avoir une autre ; en sorte que le lard est leur nourriture nécessaire, de laquelle ils ne peuvent se passer. […] Si par sa structure politique l’Église anglicane est persécutrice, par sa structure doctrinale elle est tolérante ; elle a trop besoin de la raison laïque pour tout refuser à la raison laïque ; elle vit dans un monde trop cultivé et trop pensant pour proscrire la pensée et la culture.
… Il est tellement vrai qu’en tout nous avons fui le sérieux, que jusqu’au procès-verbal a affecté d’être agréable et qu’il a même renchéri quelquefois sur la frivolité des auditeurs… Le besoin effréné de rire est un grand malheur. […] Ce ne serait pas la peine d’avoir étudié à Berlin si on n’en trouvait pas une raison gründlich : « Il y a donc en moi quelque chose qui satisfait, flatte ou apaise ce besoin profond de la femme : n’est-ce pas le besoin d’être comprise et de recevoir l’étincelle ? […] Et il y aurait besoin d’idéaliser fortement. […] Vous auriez besoin d’une protection journalière, car vous vous confiez trop et ne vous défiez pas assez. » Le mariage dut cependant être exclu de cette protection journalière. […] Quand un Français a besoin d’une périphrase pour désigner Genève, il écrit : l’austère cité de Calvin.
Un castor enfermé dans un enclos du Jardin des Plantes, et qui ramasse des morceaux de bois et du mortier pour construire la digue dont il n’a pas besoin à Paris et dont il a besoin en Amérique, est un animal en qui se développe un système spontané d’images ; de même un oiseau qui au printemps fait son nid ; à l’aspect de la paille, de la bourre, du duvet, les notions de leurs attaches et de leurs usages naissent en lui sans expérience préalable, sans tâtonnements, dans un ordre tout fait, par une sagesse qui n’est pas acquise. […] Au-dessous des sensations ordinaires sont leurs composantes, à savoir les sensations élémentaires qui, pour arriver jusqu’à la conscience, ont besoin de s’agglomérer en totaux. À côté des images et des idées ordinaires sont leurs collatérales, je veux dire les images et les idées latentes qui, pour arriver jusqu’à la conscience, ont besoin de prendre à leur tour la première place et l’ascendant. […] Au point de vue physiologique, il est le jeu d’un organe qui, comme tous les organes, s’altère par son propre jeu et, pour fonctionner de nouveau, a besoin d’une réparation sanguine. — Mais, par tous ces points de vue, nous n’atteignons dans l’événement que des caractères abstraits et des effets d’ensemble ; nous ne le saisissons point en lui-même et dans ses détails, tel que nous le verrions si, avec des yeux ou des microscopes plus perçants, nous pouvions le suivre, du commencement à la fin, à travers tous ses éléments et d’un bout à l’autre de son histoire.
N’écrivant que pour les personnes qui ont besoin de connoissances utiles, sans pouvoir en acquérir de profondes, je supprime quantité d’événemens étrangers à mon objet, pour m’attacher aux choses les plus curieuses & les plus instructives ; j’évite scrupuleusement de surcharger la mémoire de dattes, de noms propres, de détails toujours fatigans lorsqu’ils ne sont pas nécessaires. […] Ceux dont l’imagination flegmatique a besoin d’être échauffée par un écrivain, liront avec plaisir ces cinq morceaux dont la narration est aisée & le style vif & léger. […] On a fait depuis lui des découvertes dont il n’a pas pu profiter, & cette histoire, telle qu’elle est, auroit besoin d’être refondue pour les faits, & retouchée pour le style quelquefois lâche, souvent négligé. […] Mais nous avions besoin d’une pareille entreprise, nous n’avions point de bonne histoire d’Allemagne ; vous sçavez combien la moins mauvaise, celle de Heiss est imparfaite : n’êtes-vous pas trop heureux qu’il se trouve un homme au monde qui donne sa vie à la retraite, à la lecture, &c. pour avoir l’honneur de vous conduire dans les détours de ce curieux labyrinthe, où vous ne seriez jamais entré sans lui, ou dont vous ne vous seriez jamais tiré. […] les consulter quelquefois dans le besoin pour en tirer quelque lumiere, ainsi qu’un architecte emploie des décombres dans un édifice.
Maintenant, je vais parler de choses que je sais à peine, que j’apprends à mesure que je les dis : j’ai besoin, et ce n’est pas une phrase faite ni apportée de chez moi, j’ai besoin d’une double indulgence. […] C’est que le génie espagnol n’était pas encore dans sa voie ; il n’avait pas fait les grandes choses dont il avait besoin pour s’enorgueillir et s’animer. […] Il avait grand besoin, sans doute, de ce saint pèlerinage ; car il avait fait dans sa vie des choses bien difficiles à expier ; il en est que je ne puis même rappeler. […] Les monuments de cette époque sont déjà du français ; on n’a plus besoin de les traduire. […] Je n’aurai plus besoin d’être pour vous un interprète, et de vous traduire votre langue.
Ces conoissances ne sont d’aucun usage pour faire un compte, ni pour bien conduire une maison, come dit Me Jourdain, mais elles sont utiles et nécessaires à ceux qui ont besoin de savoir l’art de parler et d’écrire ; elles mettent de l’ordre dans les idées qu’on se forme des mots ; elles servent à démêler le vrai sens des paroles, à rendre raison du discours, et donent de la précision et de la justesse. […] Perse dit que le ventre c’est-à-dire, la faim, le besoin, a fait aprendre aux pies et aux corbeaux à parler. […] Par la même figure (…) signifie encore manquer (…) être tel que les autres aient besoin de nous. « les thébains, etc. » Cornelius Nepos dit encore que Ménéclide jaloux de la gloire d’Epaminondas, exhortoit continuèlement les thébains à la paix, afin qu’ils ne sentissent point le besoin qu’ils avoient de ce général. (…). […] On dit encore qu’un bois sacré est apelé (…), par antiphrase : car ces bois étoient fort sombres, (…), c’est par une raison contraire à l’antiphrase ; car come il n’étoit pas permis par respect de couper de ces bois, ils étoient fort épais et par conséquent fort sombres, ainsi le besoin, autant que la superstition avoit introduit l’usage d’y alumer des flambeaux. […] Le besoin d’une certaine mesure dans les vers a souvent obligé les anciens poètes d’avoir recours à ces façons de parler, et il faut convenir qu’elles ont quelquefois de la grace : aussi les a-t-on élevées à la dignité d’expressions figurées ; et en ceci les anciens l’emportent bien sur les modernes à qui on ne fera de long-tems le même honeur.
Pour suivre les indications de l’instinct, point n’est besoin de percevoir des objets, il suffit de distinguer des propriétés. […] A priori elle acceptera une conception mécanistique de la nature entière, conception irréfléchie et même inconsciente, issue du besoin matériel. […] Une fois en possession de la forme d’espace, il s’en sert comme d’un filet aux mailles faisables et défaisables à volonté, lequel, jeté sur la matière, la divise comme les besoins de notre action l’exigent. […] L’idée de désordre aurait alors une signification nette dans la pratique courante de la vie ; elle objectiverait, pour la commodité du langage, la déception d’un esprit qui trouve devant lui un ordre différent de celui dont il a besoin, ordre dont il n’a que faire pour le moment, et qui, en ce sens, n’existe pas pour lui. […] Il fallait prouver que l’ordre géométrique n’a pas besoin d’explication, étant purement et simplement la suppression de l’ordre inverse.
Nommé archevêque d’Albi cette même année (mai 1764), Bernis eut à s’occuper de son diocèse plus longtemps qu’il ne l’avait cru ; il le fit avec convenance, même avec zèle, car il était bon et avait cette humanité qui, au besoin, fait quelque temps office et fonction de la charité. […] Je sais m’occuper ; mais je suis assez sage pour ne pas faire part au public de mes occupations ; je n’avais besoin pour être heureux que de cette liberté dont parle Virgile : « Quae sera tamen respexit inertem ».
Il est, si j’en ose parler d’après ceux qui le connaissent, de ces natures élevées, originales, qui ont besoin d’admirer, d’aimer, et qui, même dans l’ordre intellectuel, n’ont de satisfaction réelle que de se dévouer exclusivement à ce qu’ils aiment, à la mémoire illustre en qui leur sentiment de vénération et d’idéal s’est une fois logé. […] L’avantage de ces sortes de liaisons, c’est de pouvoir commencer bien plus tard que les amitiés d’hommes, lesquelles, pour être tout à fait vives et profondes, ont besoin de s’être nouées dans la jeunesse.
De telles choses ne se trouvent point, est-il besoin de le dire ? […] Cette somme, quoique modique, fut d’un très grand secours dans les besoins où l’on était ; et le premier soin du Dauphin, lorsqu’il fut parvenu à la couronne, fut de retirer cette croix et ce hanap, et de les rendre aux religieux de Saint-Antoine.
Il montre à quoi se réduisent pour l’homme naturel et grossier, commandé par le besoin, par la faim de chaque jour, tous ces sentiments compliqués et souvent enchanteurs que l’homme civilisé prolonge et orne à plaisir de rêveries, de souvenirs ou d’espérances. […] [NdA] Comme pendant et contrepartie de cette idée qu’on doit faire peu de confidences à l’âge où l’on vieillit et où l’on perd, M. de Meilhan avait dit, une autre fois, avec beaucoup de justesse : « L’homme a besoin, quand il est jeune, de se répandre ; il se plaît à faire des confidences ; il ne se connaît pas et se croit un être curieux et rare ; il n’a pas enfin la force de garder son secret, et la présomption le porte à croire qu’il inspire un intérêt sincère qui le fera écouter avec plaisir. »
Il disait : « Tous les hommes peuvent m’être utiles, il n’y en a aucun qui puisse me suffire ; il me faut Dieu. » Son second besoin était de communiquer ce qu’il croyait si bien posséder, et de tout diviniser autour de lui. […] Le vieux siècle blasé se faisait mystique au besoin, par curiosité, par ennui.
Joignant à cela une grande application, qui amène nécessairement quelque intelligence, il est impossible qu’on ne soit pas recherché de degrés en degrés pour les premiers emplois, car on a besoin de vous. […] Le marquis d’Argenson, du reste, a exprimé cette séparation de vues et d’inspiration dans des pages fort belles, mais qui auraient besoin d’être légèrement dégagées.
J’ai la confiance qu’avec votre courage et votre discipline vous sortirez glorieusement de cette position ; de l’autre côté de l’Apennin, vous trouverez un pays fertile qui pourvoira à tous vos besoins ; avant d’y pénétrer, vous aurez des marches forcées à faire, de nombreux combats à livrer : nos efforts réunis surmonteront toutes les difficultés. » Ce discours, que j’ai trouvé dans les archives de la 18e demi-brigade, ne produisit qu’un médiocre effet sur la troupe ; elle ne pouvait avoir confiance dans les promesses d’un jeune homme dont elle connaissait à peine le nom. […] La retraite allait commencer ; le 18 octobre (1812), à Moscou, dans la cour du Kremlin, l’empereur passant une revue du 3e corps, Ney lui propose Pelleport pour le grade de général de brigade ; l’empereur répondit : « Après la campagne ; j’ai besoin de mes bons colonels pour me sortir d’ici. » À tous les pas de cette retraite terrible, Pelleport fit office du plus brave et du plus humain des colonels.
Vivant solitaire, aimant mieux, au besoin, comme Malherbe, causer avec les bateliers du port qu’avec tous ces robins musqués, il se fit remarquer, après juillet 89, par une improvisation dans une assemblée des électeurs de Paris ; il fut élu membre du conseil de la Commune ou municipalité d’alors, par la section de l’île où il habitait. […] Cette doctrine particulière, qu’il étudia et analysa avec une fermeté ingénieuse, ne fut jamais chez lui que secondaire et subordonnée à des principes religieux et moraux supérieurs ; il ne poussa jamais l’examen à ses dernières limites, et les aventures, les constructions de système de ceux qui affectaient en toute occasion de se proclamer ses disciples, par un sentiment de reconnaissance et de déférence sans doute, mais aussi pour se couvrir au besoin de lui, lui restèrent choses extérieures et presque étrangères.
Les deux ou trois plâtres antiques qu’on voyait dans sa chambre quand on y allait, il ne songea à les y placer que depuis qu’il en eut besoin pour les jeter à la tête des gens. […] « Pour en revenir au but de mon voyage, disait Horace Vernet en terminant sa lettre, j’ai dessiné d’une part et recueilli de l’autre tout ce dont j’aurai besoin pour mon grand tableau.
Nous avons besoin, pour ne pas sourire de pitié à la vue de ces conceptions grandioses, envolées en fumée et pour jamais évanouie, de nous souvenir de cette parole même du marquis de Posa : « Dites-lui, quand il sera homme, de garder du respect pour les rêves de sa jeunesse. » C’étaient en effet de purs rêves, c’étaient des jeux d’enfant sublime que ces scènes de Schiller ; ce sont des monstruosités de grandeur comme se les figure volontiers l’enfance dans ses contes d’ogres et de géants : et la première jeunesse, après l’enfance, est sujette à avoir aussi ses contes d’ogres et de géants au moral. […] Philippe II, ayant besoin d’argent, avait décidé de convoquer les cortès de Castille, et en même temps il voulut que les représentants de la nation reconnussent pour son futur héritier le prince des Asturies, ce don Carlos déjà si compromis de santé morale et physique.
Plusieurs écrivains, de ceux qui sont chaque jour sur la brèche, ont donc senti le besoin de varier et d’accroître leurs moyens, de perfectionner leurs instruments et, si j’osais dire, leur outillage, afin de pouvoir lutter avec les autres arts rivaux et pour satisfaire à cette exigence de plus en plus positive des lecteurs qui veulent en tout des résultats. […] Sans doute, à ce métier de prêcheur un peu nomade, il faut quelque condescendance parfois, quelque concession au goût du jour et à Celui des lieux où l’on passe ; mais ce n’est point pourtant le cas des sophistes de l’Empire romain qui, eux, traitaient de purs thèmes de rhétorique et faisaient des déclamations, soutenant au besoin le pour et le contre, prêts à plaider, par exemple, devant les Troyens, et pour leur complaire, que l’antique Ilion n’avait jamais été prise par les Grecs, sauf à plaider la thèse contraire devant les Argiens.
Je crois ce duc bien fâché ; je ne sais cette fois-ci ce qu’il mangera. » On voit que Louis XV savait au besoin se donner des airs de soldat. […] Il ne peut certes y avoir qu’un sentiment pour le blâmer d’avoir eu recours à de si odieux, à de si détestables moyens, et on plaint l’époque où ils étaient en usage, à la disposition et sous la main des puissants ; mais ce n’était point précisément pour séduire qu’il les employait : la séduction (si tant est qu’il en ait eu besoin) était fort antérieure ; la liaison datait au moins de deux ans : il y avait sans cesse des brouilles ; la petite fée était un démon que le caprice de l’amour conjugal ressaisissait jusque dans ses infidélités ; et la faiblesse, en ceci, du grand capitaine était simplement de vouloir fixer ce qui s’échappait et reconquérir ce qu’il avait perdu.
L’ennui engendre l’impatience et le besoin de trouver. […] Tout ce qu’il croit savoir, c’est que la négligence de nos ancêtres a laissé notre langue « si pauvre et si nue, qu’elle a besoin présentement des ornements et comme des plumes d’autrui ».
Veillez, veillez, jeunes gens ; recueillez vos forces, vous en aurez besoin le jour de la bataille : les faibles oiseaux prennent leur vol tout d’un trait ; les aigles rampent avant de s’élever sur leurs ailes. » Et pourtant son hardi et heureux frère ne rampait déjà plus. […] Cependant Hugo, par son humeur active et militante, par son peu de penchant à la rêverie sentimentale, par son amour presque sensuel de la matière, et des formes, et des couleurs, par ses violents instincts dramatiques et son besoin de la foule, par son intelligence complète du Moyen-Âge, même laid et grotesque, et les conquêtes infatigables qu’il méditait sur le présent, par tous les bords enfin et dans tous les sens, dépassait et devait bientôt briser le cadre étroit, l’étouffant huis clos, où les autres jouaient à l’aise, et dans lequel, sous forme de sylphe ou de gnome, il s’était fait tenir un moment.
Il me fit surtout l’effet, quand je le connus, de l’homme sensible (the man of feeling), égaré dans les voies romanesques, pratiquant l’élégie et en ayant tous les accents : Du besoin du passé notre âme est poursuivie, Et sur les pas du temps l’homme aime à revenir. […] Sage comme je m’imaginais l’être, je n’avais plus d’autre vœu qu’une société choisie et moins éparse, ma famille, la campagne sans l’isolement, quelques livres, surtout la poésie, celle qui répondait à mes besoins, à mes sentiments, et çà et là encore, non loin de moi, quelque liaison délicate et tendre, pour achever d’aimer.
L’impulsion dont tout esprit a besoin, et qui arrive à son heure, lui était venue. […] ne nous exagérons rien) on le cite quelquefois, on feuillette au besoin son recueil pour le consulter comme un témoin véridique, on rappelle son jugement sur ces livres, un moment fameux, qu’on ne lit plus et qu’on ne juge en abrégé que par quelques mots tirés de lui.
Ce petit volume, qui présentait moins des développements que des résultats, a trop bien réussi, il a trop contribué à répandre et à faire accepter de tous aujourd’hui les conclusions qu’il exprimait, pour qu’on n’ait pas besoin de se reporter au moment où il parut, si l’on veut en apprécier l’originalité. […] Ces Mémoires, qui parurent à la première Restauration et qui en promulguaient assurément les titres les plus glorieux, n’avaient d’ailleurs (est-il besoin de le dire ?)
Il s’y trouvait en prison, et sentait que pour produire il avait besoin de la clef des champs. […] Quand il y avait pourtant nécessité absolue que l’action se passât en deux lieux différents, voici l’expédient qu’imaginait Corneille pour éluder la règle : « C’étoit que ces deux lieux n’eussent point besoin de diverses décorations, et qu’aucun des deux ne fût jamais nommé, mais seulement le lieu général où tous les deux sont compris, comme Paris, Rome ; Lyon, Constantinople, etc.
Il ne s’expose pas sans besoin, comme il ne se ménage pas au besoin : car, comme il ne s’emballe pas, il ne s’effare jamais.
Si maintenant Corneille a souvent besoin de prendre plus que la formule des doctes n’accorde, s’il n’arrive guère à faire coïncider dans le temps et l’espace l’action réelle et la représentation de l’action, tandis que Racine n’a jamais subi la gêne des règles, la raison principale en est que les passions se manifestent tout entières par des impulsions instantanées, tandis que la volonté se reconnaît surtout à la constance des effets, et il n’y a pas de constance sans une certaine durée. […] Il n’est pas besoin qu’elle s’arme, pour écraser les petits ennemis qui la menacent : le mépris suffit.
Mais voici par où il sort du romantisme : il a senti le besoin de dompter son imagination, et il s’est mis à la rude école de la nature. […] Talent robuste plutôt que fin, sans besoin d’expansion sympathique, sans inquiétude intellectuelle, Maupassant n’avait ni affections ni idées qui le portassent à déformer la réalité : ni son cœur ne réclamait une illusion, ni son esprit ne cherchait une démonstration.
Aussi tous les grands hommes de guerre ont-ils eu besoin de croire à leur étoile, c’est-à-dire à une volonté divine, plus forte que tout, et qui leur donnait la victoire. […] Et le nouveau secrétaire d’État, Michel Le Tellier, écrivit à Gassion cette lettre que M. le duc d’Aumale ne cite pas et n’avait pas à citer, et dont les termes me paraissent très significatifs : Monsieur, la bonne part que vous avez eue en la gloire de la bataille de Rocroy a été publiée si hautement et est si connue de tout le monde, qu’il n’a pas été besoin que vos amis se soient mis en peine de faire savoir à la reine de combien de valeur et de prudence a été accompagnée la conduite que vous avez tenue en cette occasion si importante, etc.
Il n’avait pas eu besoin de me confier qu’il était pauvre. […] On sentait dans ces attaques, dont l’outrance soulignait l’enfantillage, un besoin de piquer au vif l’opinion ; Cabrion se plaît à scandaliser Pipelet.
Madame Gros fait à ce sujet une réflexion que nous recommandons à ceux qui s’occupent, dans la philosophie de l’histoire, du chapitre important : « Comment le brigand devient gendarme. » « En général, dit madame Gros, ils se communiquent leurs qualités nouvelles, au besoin par des voies de fait, en faveur du bon ordre. » Walch est évidemment un des naufragés dont le sauvetage a laissé le plus profond souvenir dans le cœur de madame Gros, « Il avait quinze ans ; carrure, tournure, visage, crinière, regard, caractère, le tout représentant à merveille le lion du désert dans sa force sauvage. » Quatre années l’avaient à peine apprivoisé, lorsqu’un jour une dame vient à l’école avec une rose rouge jetée coquettement sur un chapeau de velours noir. — Voyez, Mesdames, comme il faut peu de chose pour ramener l’homme à la vertu ! […] Sauver est pour ces deux frères une vocation, un besoin.
Depuis lors, suivant les moments et les besoins, l’Eglise a essayé soit de faire alliance avec la démocratie montante, comme on l’a vu un instant lors de la révolution de 1848 et dans les premières années du pontificat de Léon XIII, soit, ce qui est plus conforme à sa tradition, d’enrayer la marche du peuple en s’unissant aux partis conservateurs, représentants, comme elle, du passé. […] Une crainte de l’art dramatique, si puissante et si durable, que les Genevois, il y a cent ans, brûlèrent la première salle de spectacle qui se fut élevée sur leur territoire, et que la création d’un théâtre dans la ville de Lausanne rencontra, voici une trentaine d’années, une vive opposition religieuse ; un goût persistant pour le roman sérieux, moral et volontiers prêcheur ; une philosophie, qui, grâce à l’élasticité de la doctrine protestante, n’a pas eu besoin, comme en pays catholique, de secouer un joug pesant et est demeurée par cela même en bon accord avec la théologie108.
Descartes n’est, pas sûr que la nature existe ; il se défie là-dessus du témoignage de ses sens ; il a besoin de se prouver à lui-même que le monde — tel qu’il le voit, tel qu’il le touche — n’est pas une illusion, et c’est par un long raisonnement qu’il arrive à établir que la terre, les arbres, les autres hommes sont bien des êtres réels. […] La Fontaine, avec sa grâce nonchalante, sa naïveté malicieuse, son talent de composer de vivants tableaux, a besoin que Molière se porte garant de son mérite.
Un automate, spécialement fabriqué pour les besoins de la cause, serait peut-être capable d’un tel héroïsme ; mais il devient incroyable dès qu’il s’agit d’un homme en chair et en os. […] Un drame naturel et vrai n’aurait nul besoin de ce factice appareil.
En parlant si librement de Bettina, j’ai presque besoin de m’en excuser, car Bettina Brentano, devenue Mme d’Arnim, veuve aujourd’hui d’Achim d’Arnim, l’un des poètes distingués de l’Allemagne, vit à Berlin, entourée des hommes les plus remarquables, jouissant d’une considération qui n’est pas due seulement aux facultés élevées de l’esprit, mais qui tient aussi aux vertus excellentes de l’âme et du caractère. […] Nous avons besoin de nous rappeler que nous sommes en Allemagne pour nous rassurer.
Quand on le lit aujourd’hui, s’échappant sur ces matières dans sa Correspondance, il faut faire la part des idées hasardées, des paradoxes, du besoin d’amuser qui le tourmentait toujours, de sa manie de prédire et de prophétiser, enfin des bouffonneries perpétuelles qui viennent se mêler à tout cela. […] Galiani avait pris à dessein cette forme du dialogue, comme plus française : « Cela est naturel, disait-il ; le langage du peuple le plus social de l’univers, le langage d’une nation qui parle plus qu’elle ne pense, d’une nation qui a besoin de parler pour penser, et qui ne pense que pour parler, doit être le langage le plus dialoguant. » Quant au fond, en combattant les idées absolues et les raisonnements des économistes, Galiani visait à faire entrevoir les idées politiques qui doivent régir et dominer même ces matières.
Je dis première manière, car Mme de Girardin a déjà eu trois manières, s’il vous plaît, trois formes poétiques distinctes : la première forme, régulière, classique, brillante et sonore, qu’on peut rapporter à Soumet ; la seconde forme, qui date de Napoline, plus libre, plus fringante, avec la coupe moderne, et où Musset intervient ; la troisième forme enfin, qu’elle a déployée dans Cléopâtre, et où elle ose au besoin tout ce que se permet en versification le drame moderne. […] Ces cris du premier poète expirant, que Napoline nous rend à l’état d’emblème et de demi ironie, on les trouverait encore avec un peu de sagacité, et sous forme directe, dans les pièces de vers intitulées Découragement, Désenchantement, Désespoir, dans les vers à Mme la marquise de La B… Ces élégies mises à la suite et isolées de ce qui les entoure, donneraient une espèce de fil d’Ariane, s’il en était besoin dans un labyrinthe qui n’en est pas un ; ici le fil d’Ariane est peu nécessaire, et il est assez vite brisé.
On a besoin de se quitter quelque temps, afin de se retrouver plus tard sans trop de déplaisir. […] J’en parle ici avec plaisir : j’ai passé mon enfance avec elle… Ici Choisy a vu et senti, il parle de source et n’a eu besoin de personne pour s’inspirer.
elle avait besoin de vendre ses livres, de les voir placés sous d’illustres patronages. […] Sapho n’était pas au-dessus de toutes ces petites raisons de métier : « Ma foi, dit Tallemant, elle a besoin de mettre toutes pierres en œuvre ; quand j’y pense bien, je lui pardonne. » Petits cadeaux, gratifications, pensions, elle aimait à joindre ces preuves positives à la considération, qui ne lui a jamais manqué.
Elle était belle, de cette beauté pure, virginale, qui a besoin de la première jeunesse. […] Son goût de l’esprit y trouve son compte, ses besoins de cœur commencent à la faire souffrir : « Quel pays stérile en amitié !
Carrel dit quelque chose d’approchant de la seconde réalité, essentielle encore, selon lui, à toute constitution politique qui dérive de la Révolution bien comprise : ce second pouvoir, c’est une certaine aristocratie, qui tient de l’ancienne noblesse et qui se rapporte assez exactement à la classe des grands propriétaires : « Nous la transformerons en pairie, dit-il, et nous vivrons bien désormais avec elle. » Cet article, un peu enveloppé à cause du but, est d’ailleurs plein de sens et fait bon marché des doctrines abstraites ou mystiques en sens inverse, tant de celle du droit divin que de celle des disciples de Rousseau : Que si, croyant nous pousser à bout, vous nous demandez où réside enfin suivant nous la souveraineté, nous vous répondrons que ce mot n’a plus de sens ; que l’idée qu’il exprime a disparu par la Révolution comme tant de choses ; que nous ne voyons nulle utilité à la vouloir ressusciter ; que le peuple n’a plus besoin d’être souverain et se moque d’être ou non la source des pouvoirs politiques, pourvu qu’il soit représenté, qu’il vote l’impôt, qu’il ait la liberté individuelle, la presse, etc. ; enfin le pouvoir d’arrêter une administration dangereuse en lui refusant les subsides, c’est-à-dire l’existence même. […] Non seulement Le National ne voit point d’opposition à faire, « mais il croit que le mieux est de s’intéresser à cette administration si entravée sur son terrain couvert de débris, de la conseiller, de la pousser avec bienveillance, de la soutenir au besoin contre de ridicules inimitiés. » Le National restera donc à la fois favorable au ministère et indépendant : c’est là sa ligne, et c’est le vœu bien sincère alors, on peut le croire, de celui qui écrit.
Quand Louis XIV eut besoin d’évêques capables et à lui dans ses dissentiments avec la cour de Rome, il songea à l’évêque de Valence, et le trouva tout disposé. […] Ce grand poste fut l’archevêché d’Aix, dont Cosnac n’aurait pas voulu d’abord pour plusieurs raisons, parmi lesquelles il en était de très positives, telles que le peu de revenus de cet archevêché ; mais le roi avait besoin, dans cette province difficile, en face de ces esprits fâcheux et par trop libres des Provençaux, d’un homme ferme et qui ne reculât point devant l’obstacle.
Disons toute notre pensée : si Bernardin n’avait sollicité de la sorte qu’en ces années dont nous parlons, quand il en avait si absolument besoin, quand il était comme un père ou comme une mère voulant produire le fruit ignoré de son génie, l’enfant de ses entrailles, s’il n’avait pas conservé ces habitudes de plainte et de sollicitation jusque dans des temps plus heureux et fait alterner perpétuellement l’idylle et le livre de comptes, ce serait simplement touchant, ce serait respectable et sacré. […] Ces lettres, dont je n’ai cité dans l’article précédent que quelques mots, se rapportent, la première, au refus de la gratification accordée par M. de Vergennes, et la seconde, au refus de la gratification sur le Mercure, accordée par M. de Breteuil : ces deux refus de Bernardin, est-il besoin de le dire ?
Donnez le nom qui vous plaira à ce mouvement vers l’avenir (avenir qui n’a pas besoin d’être conçu), toujours est-il que ce mouvement existe. […] De même qu’on trouve les actions contraires de l’attraction et de la répulsion dans la physique moléculaire, de la gravitation et de l’inertie dans la physique des masses, de même l’équilibre mobile des centres nerveux dépend des effets opposés de la décharge et de l’inhibition ; mais il n’y a pas besoin pour cela d’organes absolument spéciaux.
Toujours est-il que les cellules de l’organisme, qui forment une société de vivants, ont besoin de vibrer sympathiquement et solidairement pour produire la conscience générale, la cœnesthésie. […] Les abstractions mêmes ont besoin de paraître vivre pour devenir belles.
Pour le moment la littérature française se trouve représentée à Luchon par un artiste pédicure qui rédige ses affiches en vers épiques : quelque lauréat des Jeux Floraux dans le besoin ! […] Et, lorsqu’il n’y aura plus de Français en France, naturellement nous nous emparons du pays, — pour rentrer dans nos frais. » Et l’Anglais a persuadé, à force de schellings, aux restaurateurs et aux hôteliers, de réviser leurs cartes constitutionnelles, — et il a été décidé que le besoin d’une hausse sur les petits pois se faisait généralement sentir.
Est-elle décrépite à ce point qu’elle ait besoin de se refaire un visage en se maquillant en Stendhal ou en Michelet ? […] Il n’a trouvé, enfin, en Galilée, qu’un pauvre caractère, qui n’avait rien de ce qui fait le grand homme quoiqu’il fût un formidable mathématicien, un de ces êtres infirmes qu’on punit maternellement, comme un vieil enfant plein de génie, mais aussi d’obstination et de désobéissance, en lui donnant pour noir cachot un palais Italien, au centre d’une belle terre italienne de douze arpents sur laquelle il pouvait promener ses soixante-quinze ans et ses gouttes, en y ajoutant pour geôliers son ami, l’archevêque de Sienne, et ses propres filles, à lui, Galilée, ses filles qu’il adorait, deux religieuses qui lui parlaient de Dieu, ce dont il avait très probablement grand besoin.
À la désolation du Werther indécis qui agaça la languette de son pistolet, mais qui ne lira pas, à la sauvagerie hagarde du solitaire de la plaine crayeuse de Montrouge, qui, le soir Venu, s’apprivoisait sous les réverbères des faubourgs, a succédé la convenance sociale, religieuse et poétique, d’un faiseur de vers voués au blanc et qu’on peut donner sans inconvénient aux jeunes filles qui n’ont pas besoin d’être consolées… La seule convenance que je n’y trouve pas, c’est l’emploi abusif et presque insolent des images empruntées à ce que nos Évangiles ont de plus divin pour dire… quoi ? […] Sainte-Beuve, en ces Pensées d’août qu’aucun soleil d’août n’avait besoin de brûler pour les rendre arides.
Je veux parler maintenant de l’un des hommes les plus importants, je ne dirai pas seulement de la caricature, mais encore de l’art moderne, d’un homme qui, tous les matins, divertit la population parisienne, qui, chaque jour, satisfait aux besoins de la gaieté publique et lui donne sa pâture. […] Les commencements d’Honoré Daumier ne furent pas très-éclatants ; il dessina, parce qu’il avait besoin de dessiner, vocation inéluctable.
C’était le renoncement, accepté, voulu, dans la grandeur désolée des existences hors nature. » Il va quitter Lourdes, l’âme encore plus endolorie qu’à l’arrivée, avec son cœur mort, son intelligence froide, ne gardant qu’une immense pitié pour le monde des souffrants, lorsqu’une grande lueur se fait jour en lui : la nécessité pour le monde d’une religion nouvelle, qui satisfasse aux nouveaux besoins de l’âme humaine, jaillit à ses yeux : « Une religion nouvelle, une espérance nouvelle, un paradis nouveau, oui ! […] A moins que l’absurde ne soit le mot de l’énigme du monde, je ne vois aucune possibilité de concilier le besoin de vérité et le culte du mensonge.
Il n’est besoin de redire où la veuve de Pedro Sabater a dû placer les siennes, mais dans la prière même elle trouvait la poésie ; de là, son Hymne à la Croix. […] « Élevez-le ; car la chancelante humanité a besoin de son appui.
Au reste, est-il besoin de dire une fois de plus que tout est dans Molière, et qu’il ne faut, pour l’y voir, qu’un peu de bonne volonté ? […] Et quelle joie d’applaudir à ce très grand succès de deux des plus « galants hommes » de la littérature contemporaine (je n’ai pas besoin de rappeler ici leurs autres mérites) ! […] En somme, la pièce de Biœrnson est traversée des plus beaux cris que puisse faire entendre le besoin de la certitude exaspéré jusqu’à la douleur. […] Et qu’avons-nous besoin d’être informés par le menu de la politique et du caractère de la vieille reine qui tue l’enfant Tintagiles ? […] Silvestre et Morand est tout à fait à la mesure des femmes du monde, et pareillement des bourgeoises, et très exactement appropriée à leurs besoins spirituels.
J’ai besoin de le répéter, parce que je viens de le relire : vous avez vraiment créé une critique haute qui vous appartient en propre, et votre manière de passer de l’homme à l’œuvre et de chercher dans ses entrailles le germe de ses productions est une source intarissable d’aperçus nouveaux et de vues profondes. » On peut rabattre tout ce qu’on voudra de l’éloge, mais M. de Vigny admettait évidemment cette méthode critique en 1829.
Et maintenant, si de ces hauteurs nous descendons à de menus détails littéraires, à ces petites choses auxquelles pour ma part j’attache de l’importance, j’ai besoin de rectifier sur quelques points le passage, très-bienveillant d’ailleurs et tout favorable, qui m’est accordé dans le livre de biographie domestique intitulé : Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie ; on y lit (t.
Je n’ai pas besoin de faire remarquer que, dans la lettre qu’on va lire, M.
En examinant sous le rapport du style ce premier livre des Histoires, traduit par l’illustre auteur, nous l’avons trouvé plus digne qu’on ne croit de Tacite et de lui, par le ton libre et ferme qui y respire, et je ne sais quelle séve de grand écrivain qui y circule ; on sent qu’il y traite son émule d’égal à égal, et que même, au besoin, il s’inquiète assez peu de le brusquer.
Si nous revenons sur un sujet aussi fastidieux que facile, c’est moins pour nous acharner aux côtés faibles et honteux d’un homme de génie, que pour confirmer notre critique dans l’esprit de nos lecteurs, et justifier, s’il est besoin, notre jugement.
Mais si l’on veut trouver le sentiment chrétien avec ses espérances, ses besoins, ses angoisses intimes, tel qu’il agite et ronge en ce moment bien des âmes, c’est à d’autres pièces qu’il faut s’adresser, véritables méditations de métaphysique religieuse, où le poète, seul avec lui-même, cherche, interroge, doute, passe de la défaillance à l’espoir, et le plus souvent, dès qu’il a entrevu la lueur, se prosterne au lieu de conclure.
La manière poétique de M. de Lamartine est trop connue pour que nous ayons besoin d’y insister beaucoup en faussant ; c’est toujours cette même facilité dans l’élévation, cette même abondance dans le développement, ce même éclat de poésie continue .
De plus, en poursuivant l’image, en supposant le fleuve détourné, brisé, fatigué à travers les canaux, les usines, saigné à droite et à gauche, comme le Rhin dans les sables et la vase hollandaise, on retrouve la critique telle exactement que la font les besoins de chaque jour, dans sa marche sans cesse coupée et reprise.
Je n’ai donc nul besoin d’y aller.
si douce survivra à cette nuit, Mais j’éprouve un grand besoin d’être seule… Accordez-moi cette grâce, vous que j’ai tant fait souffrir.
Francis Vielé-Griffin ne s’est point seulement — comme tant d’autres — consacré à l’unique conception du vers libre ; l’asservissant à ses besoins, il a de son principe rénovateur fait jaillir une œuvre féconde.
C’est de cela que l’heure actuelle a besoin… « Nous venons d’assister à des déroutes d’armées ; le moment est arrivé où la légion des esprits doit donner.
L’auteur sent le besoin d’expliquer son absence à ceux qui veulent bien se souvenir de lui.
Les besoins le forçoient d’avilir sa plume, de tenir toute prête une collection d’épigrammes, de madrigaux, d’épithalames, de complimens, &c., & de vendre chaque pièce à raison de sa longueur.
Je n’ai pas besoin de dire que dans cet ordre d’études, un des premiers noms qui se présentent est celui de M.
Cette objection n’est pas très-démonstrative, car, outre que beaucoup de savants physiologistes soutiennent aujourd’hui que les nerfs sont creux, cela importe assez médiocrement ; si l’on considère, en effet, les esprits, animaux comme un fluide analogue aux fluides impondérables, ils n’auraient guère besoin, pour traverser les nerfs, d’un tube visible à nos sens, la lumière et la chaleur traversant des corps qui nous paraissent parfaitement pleins.
Il y a d’excellentes choses dans ce cours ; mais il a besoin d’être rectifié & suppléé en bien des endroits ; & pour cela, il faut avoir les livres qui ont paru depuis.
La comedie n’a pas besoin d’élever ses personnages favoris sur des piédestaux, puisque son but principal n’est point de les faire admirer pour les faire plaindre plus facilement : elle veut tout au plus nous donner quelqu’inquiétude pour eux par les contretems fâcheux qui leur arrivent, et qui doivent être plûtôt des traverses que de veritables infortunes, afin que nous soïons plus satisfaits de les voir heureux à la fin de la piece.
Le peuple, par des évenemens qui ne sont pas de notre sujet, s’y étant encore multiplié plus qu’il ne l’a fait en aucun autre endroit de l’Europe, le besoin et la facilité d’avoir des légumes et du laitage dans une prairie continuelle, la facilité d’avoir du poisson au milieu de tant d’eaux douces et salées, ont accoutumé les habitans à se sustenter avec ces alimens flegmatiques, au lieu que leurs anciens prédecesseurs se nourrissoient de la chair de leurs troupeaux, et de celle des animaux domestiques devenus sauvages, dont on voit par Tacite et par d’autres écrivains de l’antiquité que leurs bois étoient remplis.
Monsieur De Gourville eut besoin d’un médecin.
Ce n’est pas que la doctrine n’ait grand besoin d’être refondue et repensée à nouveau par un esprit plus vigoureux, plus apte aux vues d’ensemble et muni d’une culture scientifique beaucoup plus étendue.
et il dit à ceux qui le regardent ou qui ne le regardent pas, il leur dit, avec ce besoin d’être vu qui est l’âme de ces Insurgés solitaires : « Tenez !
Nous n’aurions pas parlé si sévèrement de ce volume, nous n’aurions pas attaché le plomb de notre critique à cette gaze que le premier vent emportera sans avoir besoin de la déchirer, si, par-dessus la tête et l’ouvrage d’About, nous n’avions vu toute une plaie d’Égypte, nous n’avions aperçu le long zigzag de tous les touristes de France venant apporter leurs notes de voyage à toute bibliothèque qui se croira obligée de les accepter !
Il a ce don charmant, cette faculté ailée, aérienne, l’alouette de l’esprit, qui tournoie, babille, rit et s’envole, dans toute époque, à la portée de toutes les âmes, mais qui, dans la nôtre, vieille et ennuyée, est le besoin le plus vivement senti de tous les esprits.
Attiré, entraîné par le besoin chaque jour plus vif des améliorations matérielles, l’esprit public, perdu de sensations, se détacherait-il des travaux purement intellectuels pour appliquer son effort aux choses de la science utile et de l’industrie ?
C’est là une question de biographie intellectuelle que la Critique n’a pas besoin de se poser pour être sûre qu’il s’est trompé, et pour le rappeler au sentiment de son talent vrai… et possible.
Pourquoi ne pas installer là tous ces rêves religieux qui satisferaient notre besoin de poésie, qui autoriseraient notre conception morale de la vie ?
Et si, en attendant, est désirée, baisée, voire épousée quelque négresse de bordel, que ni honte, ni vanité ne soient tirées d’un commerce qui n’a besoin de visa, non plus que d’excuse, puisque s’en trouve au moins donné un plaisir épithélial à ne point dédaigner. […] Plus même besoin d’aller en Afrique. […] Elle n’avait pas besoin de sommeil. […] Mais, ici, le déterminatif abstrait n’a pas à faire le vampire, à vider de leur sang, pour les momifier l’homme et ceux de ses besoins qu’un vocabulaire abusivement analytique taxe d’immatériels. […] De position idéologique, la bourgeoisie ne sut jamais prendre, ni chercher d’autre que celle commandée par le plus grossier, le plus immédiat des besoins.
Le lionceau n’a pas besoin de hochets ; il ne réclame pas le tendre et perpétuel babillage d’une bonne nourrice : mais l’enfant ne fait que pleurer. Le lion n’a pas besoin d’armes ni de murailles. […] Mais Rod resta un réaliste, à bien prendre ce mot : il avait besoin, ce rêveur, de l’appui qui prête la réalité. […] … Des axiomes, — c’est-à-dire des vérités « qui n’ont pas besoin de démonstration ». Et l’on affirme que ces vérités n’ont pas besoin de démonstration, parce qu’on ne réussit pas à leur en trouver une.
Là il est hors de conteste ; il n’a pas même besoin d’être affirmé. […] Comme il a besoin d’oxygène pour subsister, ne pouvant l’emprunter directement, il se trouve dans l’alternative ou de périr ou de se le procurer par un autre précédé. […] Alors, les « vibrions ferments qui n’ont pas besoin de ce gaz pour vivre commencent à se montrer et la putréfaction se déclare aussitôt. […] La cellule vivante n’a donc nul besoin de chlorophylle ou de matière verte, ni de radiations solaires pour édifier ces principes immédiats les plus élevés de l’organisation. […] Pasteur n’ont eu besoin d’aucune plante à chlorophylle antérieure, non plus que de la radiation solaire.
Ainsi l’on sent incontestablement que s’il écrit en vers c’est pour obéir à un impérieux besoin d’user de ce mode d’expression — et cependant jamais sa poésie ne semble spontanée ou jaillissante. […] Chacune lui a enseigné quelque imprévu raffinement, l’a doté d’un besoin, augmenté d’une façon de comprendre, de sentir ou de désirer. […] Plus simplement encore, toute la compagnie sort pour aller voir la lune au fond du parc et la scène reste à la disposition de ceux qui en ont besoin. […] Il semble que ce soit chez lui, à de certaines heures, un besoin de conscience d’exprimer son sentiment sur tel auteur vanté ou méconnu. […] Une étrange inquiétude, un besoin de mobilité qui ne saurait s’apaiser, le mène et le conduit.
Je ne les ai recueillis que pour le besoin présent ; et ce n’est qu’une doctrine de passage, qui apparemment m’échapera bien-tôt. […] Tout ouvrage qui a besoin de commentateurs pour en déterminer le dessein, est par cela même défectueux ; encore plus, si les commentateurs ne s’accordent pas entr’eux ; autant de différences de sentimens, autant de preuves du défaut de l’ouvrage. […] Pourquoi ne s’est-elle pas servie de cet art si familier aux commentateurs, de trouver toûjours le sens dont on a besoin dans les passages qui embarrassent le plus ? […] Il n’est pas besoin d’étendre davantage ces réfléxions, pour faire voir l’incompétence de Me D même, à juger exactement de l’expression d’Homere. […] Mais quand les comparaisons d’Homere seroient suffisamment variées, on pourroit encore lui reprocher cette intempérance d’imagination qui les accumule sans besoin, et ce défaut de justesse qui lui fait comparer les objets par où ils ne sont pas comparables.
C’est elle dont l’instinct enseigne à prendre d’abord un air, un ton modeste avec ceux dont on a besoin. […] C’est un mot générique qui a toûjours besoin d’un autre mot qui le détermine ; & quand on dit, voilà un ouvrage plein d’esprit, un homme qui a de l’esprit, on a grande raison de demander duquel. […] Il n’en est pas ainsi dans les ouvrages didactiques : c’est-là qu’on a besoin d’art pour paroître facile. […] Dans un art, dans une profession, celui qui a passé de loin ses rivaux, ou qui a la réputation de les avoir surpassés, est appellé grand dans son art, & semble n’avoir eu besoin que d’un seul mérite. […] Cette imagination passive n’a pas certainement besoin du secours de notre volonté, ni dans le sommeil, ni dans la veille ; elle se peint malgré nous ce que nos yeux ont vû, elle entend ce que nous avons entendu, & touche ce que nous avons touché ; elle y ajoûte, elle en diminue : c’est un sens intérieur qui agit avec empire ; aussi rien n’est-il plus commun que d’entendre dire, on n’est pas le maître de son imagination.
Le détour est si court pour arriver au but, et l’opération, pour rétablir l’ordre, si aisée et si rapide, qu’on sent bien que l’inversion ne tardera pas à disparaître ainsi, même aux époques où notre langue l’a subie, elle a su l’accommoder à ce besoin de clarté qui est le trait distinctif de l’esprit français. […] Je ne sais même pas si la vraisemblance, en ce qui regarde l’histoire, est d’un rang inférieur à la vérité, et un motif de jugement moins certain ; outre que celle-ci, pour être reconnue, a besoin d’être conforme à celle-là. […] Mais tel est le besoin qu’ont les esprits élevés, même dans les temps les plus corrompus, d’une règle du bien et du mal, qu’à défaut de la morale générale qui eût fait voir à Comines le mal dans le succès, il le voit du moins dans les revers, qu’il attribue à l’ignorance des princes et à leur peu de foi.
« Pour exactitude, dit-il naïvement dans ses Remarques, c’est un mot que j’ai vu naître comme un monstre, contre qui tout le monde s’écriait ; mais enfin on s’y est apprivoisé, et dès lors je fis ce jugement, qui se peut faire de même de beaucoup de mots, qu’à cause qu’on en avait besoin et qu’il était commode, il ne manquerait pas de s’établir. » Il regrettait les mots perdus, mais sans les vouloir restaurer. […] Le mal eût été grand si, à cette époque privilégiée, où la mode même avait plus de bon que de mauvais, le besoin de produire n’eût pas été plus fort que celui de choisir les termes, et s’il n’y avait eu plus d’ardeur pour enrichir la langue que pour l’épurer. […] Il ne s’estimait ni l’inventeur de ce que les autres auraient pu penser comme lui, ni l’auteur de ce que lui commandait l’esprit ou le besoin de la communauté.
Isolde a le besoin de Tristan, toujours, l’attend, imprudemment l’attire. […] Il est à peine besoin de le dire, ce qui dans l’œuvre de Wagner relève de l’art est la création propre et exclusive du maître. […] » s’il ne sentait en lui l’ardent besoin d’expansion, la flamme innée, toujours prête aux effluves, sans lesquels il n’y a pas de poète et pas de chanteur ?
. — Dans sa phase de repentir, elle éprouve un besoin fiévreux de s’humilier, de servir les bons. […] Il débute par des considérations générales sur le Communisme, le besoin de légitimer à nouveau la Propriété, l’apaisement dernier des égoïsmes dans le Communisme (p. 11 à 19). […] Le besoin de les pénétrer dans leur ensemble et dans leur enchaînement se fait donc sentir en proportion.
Mercredi 4 janvier Aujourd’hui la princesse est allée voir un peintre de ma connaissance… Tout à coup, elle s’est mise à pleurer, et a dit « qu’elle ne savait que faire de ses journées… qu’elle voulait voir des choses qui la sortent un peu de son chagrin », ajoutant « qu’elle a besoin que ses amis l’adoptent un peu. » Il y a vraiment de grandes qualités de cœur chez cette Altesse. […] « Moi, dit-elle, j’ai cent amis… oui, il me faut ce compte-là… Je suis reconnaissante aux gens qui me font occuper d’eux… c’est ma vie… mon activité a besoin d’obliger… ça tient peut-être à ce que je suis Picarde… la femme de cette province est une femme qui porte les culottes… l’homme n’y est rien ». […] La joie intérieure que cette ruine universelle de la plupart de ses connaissances a causée à Charles, ça l’a distrait, pour un moment, de la persécution, qu’il a besoin d’exercer sur ceux qui vivent, côte à côte, avec lui. » * * * — Un mot drôle de Baron, l’acteur.
Inquiétés dans leur asile, ils se précipitent avec rage sur les chasseurs acharnés à leur poursuite, et ceux-ci ont besoin de toute leur adresse et de toute leur vigueur pour se rendre maîtres d’une aussi terrible proie. […] VIII Cependant les chasseurs, aiguillonnés par le pressant besoin de la faim, dépècent un certain nombre de cerfs et autres bêtes fauves qui, échappés à la dent meurtrière des animaux féroces, étaient aussi tombés sous leurs coups. […] Il n’en est pas besoin ; le charme de vos paroles est pour moi la plus agréable offrande.
Je n’ai pas besoin de rappeler la déclaration de Psyché et la réponse de l’Amour. […] Ai-je besoin de dire que le Malade imaginaire ne me scandalise en aucune façon ? […] Ai-je besoin de dire que la forme est ravissante ? […] Nous avons besoin que l’univers ait un sens, et qu’il ait celui-là. Ce besoin, ceux qui l’éprouvent le plus vivement sont les meilleurs d’entre nous : mais, puisque nous reconnaissons ceux-là pour « les meilleurs », c’est donc que ce besoin est au fond de toutes les âmes.
Que vous seriez bien surpris si, tout à coup, elle s’écroulait à votre premier souffle, cette littérature, notre besoin de tous les jours ! […] Plus n’est besoin, pour se retrouver dans ces lignes qui s’entrecroisent, de savoir quelles constellations répondent à ces lignes mêlées. […] « Tu vois bien, lui disait-elle, qu’il n’est pas besoin de tant de jeux de cartes pour deviner toutes ces petites douleurs qui vous tueraient, pauvres âmes ! […] Dans ce parti royaliste, dont il était un des chefs les plus considérés, il s’est placé naturellement du côté des vaincus ; mais ceci a besoin de quelques explications. […] Au besoin, celui qui écrit ces lignes, avec une douleur profonde et une conviction bien sentie, pourrait attester toute l’amitié que cet excellent homme portait à la jeunesse.
Quand il se trouvait en face de Voltaire, lui grand, robuste, un colosse de verve et de gaîté, et qu’il avait devant lui ce corps maigre, chétif, tout esprit et vif-argent, mais armé à la légère, il se disait en lui-même, et il disait aux autres : « Je le roulerai quand je voudrai. » Dans cette espèce de duel qu’il engagea plus d’une fois, et où la riposte, bonne ou mauvaise, suffit si elle est roide et prompte, il avait ses avantages, et Voltaire le craignait avec raison ; hors de là, Voltaire méprisait, et il en avait bien un peu le droit, un esprit, un génie même, mais si confiné, si localisé, qui, pourvu qu’il eût ses coudées franches, se complaisait à demeure dans un assez bas étage et ne sentait pas le besoin d’en sortir. […] Son hôte m’en parla fort mal et me dit surtout qu’il avait plus besoin de demeurer chez un apothicaire que chez un marchand de vins. […] La vie domestique de Piron est éclairée aujourd’hui, plus même qu’il n’était besoin. […] Mais, en y regardant mieux, on s’aperçoit que la pièce si osée n’est qu’une imitation libre de l’épigramme de Martial : Uxor, vade foras, aut moribus utere nostris… Piron n’avait nul besoin d’être marié pour trouver cette leçon-là.
C’est qu’il offrait aux Anglais la peinture de la raison anglaise ; le talent et la doctrine se trouvaient conformes aux besoins du siècle et du pays. […] Elle emploie pour arguments l’utilité publique, l’exemple des grands hommes, la grosse logique, l’interprétation littérale et les textes palpables ; quel meilleur moyen de gouverner la foule que de rabaisser les preuves jusqu’à la vulgarité de son intelligence et de ses besoins ! […] Il est pénétré par la présence de l’invisible ; il a besoin de dépasser les intérêts et les espérances de la vie mesquine où nous rampons940. […] On sent qu’il se plaît dans ce monde magnifique et fantastique ; c’est une sorte d’opéra qu’il se donne ; ses yeux ont besoin de contempler des couleurs.
As-tu dans le cœur des secrets qui, pour se faire absoudre, aient besoin des miens ? […] était-ce besoin d’essayer leurs forces, ou manque de pitié ? […] L’imposante châtelaine me vit le front en sueur ; peut-être aussi devina-t-elle les larmes, car elle m’offrit ce dont je pouvais avoir besoin, en exprimant une bonté consolante qui me rendit la parole. […] Cette explication corrobora mon espoir en un moment où j’avais besoin de secours.
Aussi, quoique les belles vies n’aient pas besoin d’un autre souvenir que celui de Dieu, on a toujours cherché à fixer leur image. […] Aux épouvantes du crime commis contre la nature succède le besoin, la volonté du châtiment. […] Rochefort avait le besoin et le désir de gagner sa vie. […] Nous avons besoin de mouvement, de nouveauté, et même de qualités voyantes. […] Affaires de Pologne, de Danemark, de Mexique et d’Allemagne, élections de Paris et faiblesses à l’intérieur, tout cet ensemble de fautes avait besoin d’être expliqué.
C’est qu’en France l’intention purement littéraire a été dominée par l’intention sociale, et la manie de se singulariser par le besoin d’avoir en foule des approbateurs de sa singularité. […] Si, par exemple, ils avaient besoin d’un Dieu qui leur fît des loisirs, — et comment, en un temps où l’on ne concevait pas l’idée qu’un écrivain pût vivre de sa plume, s’en seraient-ils passés ? […] C’est ainsi que, comme les Caractères, le roman de Fénelon répond à ce besoin nouveau de connaître ou de savoir. […] Prends soin d’elle, ma haine a besoin de sa vie [Baj. […] 2º Importance de la querelle ; — et du tort qu’on a eu de la réduire à une querelle de pédants. — Le livre estimable de Rigault sur ce sujet a besoin d’être complété par une leçon d’Auguste Comte [Cf.
Je lui dis que c’était une des plus puissantes affections de l’homme. « Un cœur paternel, repris-je ; non, il n’y a que ceux qui ont été pères qui sachent ce que c’est ; c’est un secret heureusement ignoré même des enfants. » Puis continuant, j’ajoutai : « Les premières années que je passai à Paris avaient été fort peu réglées ; ma conduite suffisait de reste pour irriter mon père, sans qu’il fût besoin de la lui exagérer.
Auprès du philosophe il était besoin d’insister particulièrement sur l’esprit chrétien et sur l’influence de la pensée théologique ; auprès du millénaire, il fallait insister davantage sur la forme catholique et l’action sociale de la hiérarchie.
Un jeune homme, de vieille race, mais pauvre, André de Mercy, intelligent, cultivé, très loyal et très bon, petit employé dans un ministère (sa mère ne lui ayant pas permis de se faire soldat), épouse une petite provinciale sans fortune ; car il a le cœur trop haut pour trafiquer de son nom et faire un mariage d’argent, et, d’autre part, il est de ceux qui ne peuvent résister à la solitude et qui ont besoin d’un foyer.
Qui donne là où besoin est acquiert une légitime louange.
Dès l’instant que ces aimables bouquets à Clitoris sont sans prétention artistique, j’y applaudis, et au besoin, j’y mets le nez.
C’est un fait encore que, chez les nations peu avancées, tout l’ordre intellectuel est confié à cette langue, et que, chez les peuples où une activité intellectuelle plus énergique s’est créé un nouvel instrument mieux adapté à ses besoins, la langue antique conserve un rôle grave et religieux, celui de faire l’éducation de la pensée et de l’initier aux choses de l’esprit.
À l’époque de son mariage, Montausier avait à peine trente-cinq ans ; depuis l’âge de vingt ans, il était au service et engagé dans des guerres successives, en Italie, en Lorraine, en Alsace ; en 1638, parvenu au grade de maréchal de camp, bien qu’âgé seulement de vingt-huit ans, il fut nommé gouverneur de l’Alsace, province alors d’une soumission équivoque, où le roi avait besoin d’un homme qui réunit l’art et le courage du guerrier au tarent et à la sagesse de l’administrateur ; en 1638, il se signala au siège de Brissac ; revenu à Paris pendant l’hiver de 1641, il fut rappelé à l’ouverture de la campagne par Guébriant devenu général en chef de l’armée d’Allemagne et peu après maréchal de France ; le maréchal, qui avait une grande confiance en Montausier, ayant été tué en 1643, celui-ci fut fait prisonnier, peu de temps après, à la déroute de Dillingen ; il ne recouvra la liberté qu’en 1644 ; alors enfin il lui restait encore un obstacle à franchir pour se marier ; c’était sa religion.
Ma vie, dites-vous, n’a pas besoin de réforme ; le P.
» Mais cette imputation réitérée de changement ne tarda pas à être dissipée, par une visite d’affection que madame de Maintenon alla faire à madame de Coulanges, qui était malade, au plus tard, le 12 novembre 1677, dans le premier éclat de sa faveur, elle écrivait à mademoiselle de Lenclos, pour l’engager à continuer ses conseils à son frère, qui en avait grand besoin.
Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde, On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
Est-il besoin d’imaginer ici un mode de liaison spécifiquement distinct des lois nécessaires de similarité ou de contiguïté ?
Goulu, le représentèrent comme un ivrogne, buvant nuit & jour dans un verre fait exprès & plus grand que la coupe de Nestor ; comme un gourmand, faisant très-bonne chère en gras, quoiqu’il eût le teint si frais & l’embonpoint si excellent qu’on ne croyoit pas qu’il eut besoin d’être dispensé de la règle du maigre ; comme un religieux très-éloigné de l’esprit de son ordre, le plus sévère de tous dans son institution, suivant un auteur*.
Il fallait faire voir que la bienfaisance qui peut tourner contre nous-mêmes, ou contre la société, est souvent un mal plutôt qu’un bien ; que, pour être louable, elle a besoin d’être éclairée.
Or, je le proclame au nom de tous ceux qui vous connaissent, de ceux dont l’expérience m’autoriserait au besoin, vous ne savez plus, hélas !
Qu’il en soit de la classe des médecins ainsi que des autres classes de citoyens entre lesquelles les besoins établis sent le niveau, je ne le pense pas.
Notre vie est un perpetuel embarras, ou bien pour faire une fortune capable de satisfaire à nos besoins qui sont sans bornes, ou bien pour la maintenir dans un païs où il n’est pas moins difficile de conserver du bien que d’en acquérir.
Le diable fourre sa queue partout, dit gaiement le proverbe, mais nous n’avons pas besoin de cette queue-là pour expliquer les détails passionnés des Mémoires de cette tête romanesque, qui a l’habitude d’écrire des romans et d’en faire, cela suffisait !
… D’ailleurs, ces lettres ont-elles eu besoin d’être altérées ?
» s’il n’avait été enfin qu’un faiseur de pamphlets vulgaires, est-ce que le mystère qui l’enveloppe eût tourmenté longtemps l’imagination excitée qui a besoin de mettre une suscription à ses hommages ?
Dupont n’est pas, ainsi que le grand paysan de l’Écosse, un génie vraiment autochtone et primesautier comme les productions d’un sol qui, pour les donner, n’a pas besoin de, culture, mais un esprit qui s’est longtemps cherché avant de s’atteindre, qui a scié longtemps le marbre de la langue et du rythme avant d’y découvrir sa veine, brillant enfin dans les chansons !
Mais, pour la rapprocher de nous, point n’était besoin d’aller jusqu’à la faire coïncider avec notre esprit lui-même.
Dans ces temps de crise, où les gouvernements changent, et où les peuples agités passent de la liberté républicaine à une autre constitution, l’homme d’état a besoin de l’homme d’esprit ; Horace, par le genre du sien, était un instrument utile à Octave ; ses chansons voluptueuses adoucissaient des esprits rendus féroces par les guerres de liberté ; ses satires détournaient sur les ridicules, des regards qui auparavant se portaient sur le gouvernement et sur l’État ; sa philosophie, tenant à un esprit moins ardent que sage, prenant le milieu de tout, évitant l’excès de tout, calmait l’impétuosité des caractères et plaçait la sagesse à côté du repos ; enfin ses éloges éternels d’Octave accoutumaient au respect et faisaient illusion sur les crimes ; la génération, qui ne les avait pas vus, était trompée ; celle qui s’en souvenait, doutait presque si elle les avait vus.
Cela est juste ; c’est la médiocrité qui a besoin de récompense ; mais on suppose que le génie, qui a le sentiment de ses forces, se suffit à lui-même.
Je ne veux point ici blesser la modestie Des prosateurs fameux qu’admire ma patrie ; Mais je loûrai leur style et leurs descriptions, La grâce et la clarté de leurs inversions, Le fracas de leurs mots, et ces phrases sublimes, Qui, pour être des vers, n’ont besoin que de rimes.
Le chœur est une voix gémissante qui témoigne du danger des grandeurs, du besoin de l’obscurité, sous la tyrannie.
Nous avons besoin de causer, de nous enthousiasmer, de raisonner sur des opinions spéculatives, tout cela fort légèrement, environ une heure par jour, ne livrant à ce goût que la superficie de nous-mêmes, si bien nivelés, qu’au fond nous pensons tous de même, et qu’à voir justement les choses on ne trouvera dans notre pays que deux partis, celui des hommes de vingt ans et celui des hommes de quarante ans. […] De preuves, nulle trace : il n’y a pas besoin de preuves pour convaincre le peuple ; il suffit de répéter plusieurs fois la même injure, d’abonder en exemples sensibles, de frapper ses yeux et ses oreilles. […] En un instant, par besoin d’action, il frappe, caresse, change cent fois de ton, de visage, avec de brusques mouvements, d’impétueuses saillies, quelquefois enfant, toujours homme du monde, de goût et de conversation. […] Jamais d’épithètes ; il laisse sa pensée telle qu’elle est, l’estimant pour elle-même et pour elle seule, n’ayant besoin ni d’ornements, ni de préparation, ni d’allongements ; élevé au-dessus des procédés de métier, des conventions d’école, de la vanité de rimailleur, des difficultés de l’art, maître de son sujet et de lui-même. […] Swift a éteint un incendie, je le veux, mais comme Gulliver à Lilliput : les gens sauvés par lui restent suffoqués de leur délivrance, et le critique a besoin de se boucher le nez pour admirer la juste application du liquide et l’énergie de l’instrument libérateur.
D’autre part, cependant, elles ne sont point l’œuvre de l’expérience, car nous n’avons pas besoin de voir effectivement et avec nos yeux deux lignes droites pour savoir qu’elles ne peuvent enclore un espace ; il nous suffit de consulter la conception intérieure que nous en avons : le témoignage de nos sens à cet égard est inutile ; notre croyance naît tout entière, et avec toute sa force, de la simple comparaison de nos idées. […] Vous n’avez pas besoin pour cela de les suivre à l’infini, vous n’avez qu’à vous transporter par l’imagination à endroit où elles convergent, et vous avez à cet endroit l’impression d’une ligne qui se courbe, c’est-à-dire qui cesse d’être droite1484. […] Il est donc vrai que nous avons besoin de l’expérience pour nous apprendre à quel degré, dans quels cas, dans quelles sortes de cas, nous pouvons nous fier à l’expérience. […] Il ne s’occupe pas de la force intime et de la vertu génératrice que certaines philosophies insèrent entre le producteur et le produit. « La seule notion, dit-il1488, dont l’induction ait besoin à cet égard peut être donnée par l’expérience. […] On veut dire que l’antécédent est suffisant et complet, qu’il n’y a pas besoin d’en supposer un autre que lui, qu’il contient toutes les conditions requises, que nulle autre condition n’est exigée.
» se contenta de dire : « Je ne le prendrai ni ne le lirai, car je ne suis plus un jeune homme », et, en s’abstenant, il ne perdit que la fatigue de l’avoir pris et que l’ennui de l’avoir lu… On n’a pas besoin d’être roi de Prusse. […] Il n’était pas, d’ailleurs, besoin du souvenir de la révolution française, fille de la philosophie du xviiie siècle, pour applaudir aux sifflets vengeurs de 1811. […] Les monuments d’une science incrédule comme le fut l’Encyclopédie au xviiie siècle ne répondent, eux, qu’à des besoins de destruction qui ne peuvent pas être éternels : autrement le monde finirait. […] Personne, pour être pénétré de part en part par la Critique, comme il faut que tout écrivain le soit, dans la triple personnalité de son talent, de son tempérament et de son caractère, n’eut besoin moins que Diderot du mystère dévoilé et des cachets rompus d’une correspondance. […] Son matérialisme, poétisé par une imagination qui jetait un réseau d’or sur sa fange, ne suffit plus aux besoins abjects des générations qui se sont appelées positives.
D’autre part, cependant, elles ne sont point l’œuvre de l’expérience, car nous n’avons pas besoin de voir effectivement et avec nos yeux deux lignes droites pour savoir qu’elles ne peuvent enclore un espace ; il nous suffit de consulter la conception intérieure que nous en avons : le témoignage de nos sens à cet égard est inutile ; notre croyance naît tout entière, et avec toute sa force, de la simple comparaison de nos idées. […] Vous n’avez pas besoin pour cela de les suivre à l’infini, vous n’avez qu’à vous transporter par l’imagination à l’endroit où elles convergent, et vous avez à cet endroit l’impression d’une ligne qui se courbe, c’est-à-dire qui cesse d’être droite13. […] Il est donc vrai que nous avons besoin de l’expérience pour nous apprendre à quel degré, dans quels cas, dans quelles sortes de cas, nous pouvons nous fier à l’expérience. […] « La seule notion, dit-il17, dont l’induction ait besoin à cet égard peut être donnée par l’expérience. […] On veut dire que l’antécédent est suffisant et complet, qu’il n’y a pas besoin d’en supposer un autre que lui, qu’il contient toutes les conditions requises, que nulle autre condition n’est exigée.
Mais pour cela j’ai besoin de toi, Edouard. […] dit enfin Edouard, si la décision est irrévocable, qu’as-tu besoin d’aide ? […] Si c’est, comme on a dit, le besoin qui « crée l’organe », c’est l’organe qui perpétue le besoin. […] Ils sont tout chauds d’un prurit d’encanaillement et tout tortillés d’un besoin de sensations brutales. […] J’aurais besoin de lire la pièce, ou de la revoir, pour en porter un jugement assuré.
L’absolu de la théorie une fois posé, la pratique, à son tour, pose ses conditions et elles sont inévitablement relatives, relatives à l’homme, à ses limites, à ses besoins, à ses moyens. […] La vie qu’il lui infuse est un appel à la vie de l’acteur et pour prendre tout accent elle a besoin d’une autre vie : rien de plus, rien de moins. […] III Quand Antoine parut, il est absolument certain que l’instrument aux cordes détendues avait besoin d’aller chez le luthier. […] En ce temps, c’est-à-dire entre 1880 et 1890, l’auteur et l’acteur avaient grand besoin d’être rappelés à la réalité de la vie. […] On sent partout le besoin de communion ; on adresse partout une sorte d’appel au public ; on s’efforce partout de sortir de soi, de peindre autrui et de communiquer avec autrui.
De plus, elles abondent tellement dans votre sens que je vous les envoie, puisque vous voulez bien avoir besoin de mon avis, en forme d’absolue adhésion à votre vaillant entêtement dans une cause si bonne, aussi ! […] Il laisse cela au terrible Dante qui a besoin de nous raconter les infortunes de la Pia, ou comment les Françoise de Rimini succombent, pour nous intéresser à son fabuleux enfer. […] Barbey d’Aurevilly tire un feu d’artifice qui éclipse tous ceux de tous les Ruggieri : « Homme étonnant qui n’a besoin que d’une syllabe pour vous enchanter, si vous avez en vous un écho de poète, — qui serait Liszt encore sur une épinette, et Tulou dans un mirliton. » etc., etc. […] Douai n’a pas d’ailleurs besoin d’apologie, avec ses rues si calmes et vertes d’herbe entre les pavés, son magnifique hôtel-de-ville et ses églises vraiment religieuses. […] Mais au philosophe, à l’artiste comme à l’industriel, il n’est que juste de dire qu’elles offrent un champ nouveau d’observation, et de précieuses occasions, en même temps que d’agrandir leurs connaissances, — et qui n’en a besoin, même ou plutôt surtout, parmi ceux qui ont le plus d’acquis et sont le mieux doués ?
il y a ici quelque chose de semblable : Molière a besoin, pour être estimé à sa juste valeur, d’être lancé, par-dessus la rampe, à un public nombreux. […] Coquelin n’a pas besoin qu’on le loue. […] Je n’ai pas besoin de vous dire qu’en sortant de la représentation, nous continuâmes tous deux de philosopher sur ce thème. […] Il y en a d’autres qu’il a dû, j’imagine, écrire en simple prose, au courant de la plume, parce qu’elles n’ont pas besoin d’un autre langage que celui de la prose. […] Orgon n’a pas besoin de donner d’explications ; c’est la suite naturelle de son entêtement.
Besoin de signification, telle est, pour la poésie dans son effort vers une essence de lyrisme, la pierre d’achoppement. […] (Est-il besoin de dire qu’il faut mettre les troisième et quatrième vers dans une parenthèse, et traiter le septième en ablatif absolu ?) […] Et il n’est pas besoin, pour vivre avec le Livre, pour le posséder en Idée et pour analyser, comme on feuillette, cette Idée, d’amasser la matière brute et vulgaire d’une bibliothèque ancienne. […] Certes les images ne suffisent pas plus à une création qu’une carrière à une cathédrale : il y faut l’ouvrier, l’architecte, le besoin, le travail. […] Bergson ce soit cette nature motrice qui constitue l’élément superposé par réflexion, dicté par l’intelligence et le besoin de serrer de plus près la vérité.
je n’ai pas besoin de le dire. […] Notre génération aurait grand besoin de se remettre à Diderot ; car elle n’a plus ni la grâce, ni la souplesse, ni la légèreté, ni le mouvement, ni la passion, rien enfin de ce qui fait l’honneur des lettres françaises. […] Nous avons besoin qu’un directeur de théâtre nous invite au respect de nos gloires et nous avertisse que Pierre Corneille est peut-être aussi national que Béranger. […] « Nul besoin d’être original, au contraire : on vous le défend, heureux homme ! […] Et quel besoin de refaire ce qui a été fait ?
De plus, elle naît autrement ; elle n’a pas besoin, comme l’autre, d’une action chimique pour se produire ; un simple contact l’excite ; une barbe de plume, les doigts enfoncés dans le gosier donnent la sensation du dégoût. — En troisième lieu89, « beaucoup d’impressions réputées sapides sont uniquement tactiles » : telles sont les saveurs âcres, irritantes, astringentes ; elles sont des sensations du tact, et non du goût. — En quatrième lieu, certaines saveurs sont mélangées d’une sensation de chaud ou de froid ; on connaît la sensation de chaleur qui entre comme élément dans la saveur des liqueurs fortes, et la sensation de fraîcheur qui entre comme élément dans la saveur de plusieurs bonbons. — Enfin les divers points de la bouche, soumis à l’action du même corps, éveillent des sensations différentes, non seulement différentes sensations adjointes, mais différentes sensations de saveur proprement dite90. […] En effet, nous n’avons pas besoin de supposer, avec plusieurs physiologistes qu’il y a trois sortes de nerfs chargés de nous transmettre, les uns l’impression du contact, les autres l’impression du froid et du chaud, les autres l’impression de la douleur, chacune de ces trois classes de nerfs pouvant être paralysée isolément et nous retrancher ainsi une sorte de sensation, sans que pour cela les deux autres soient abolies. […] Ainsi dans tous les cas, ce qui s’éveille en nous, c’est un type spécial d’action pour le nerf, et ce qui éveille dans le nerf ce type spécial d’action, c’est une modification spéciale de ses appendices et de ses dépendances. — Par conséquent, pour expliquer les trois sortes de sensations tactiles, et pour comprendre qu’elles peuvent être abolies isolément, nous n’avons pas besoin de supposer qu’elles sont excitées en nous par des nerfs distincts et de trois espèces différentes ; c’est là une hypothèse gratuite que nulle vivisection, nulle observation micrographique n’a confirmée.
Il n’est pas même besoin toujours que les mots soient transmis, de propos délibéré, et par une bouche humaine : parfois l’enfant les prend dans les sons involontaires qu’il profère ou dans les sons accidentels qu’il surprend81. […] Sitôt que nous sommes pris de ce désir, un premier besoin se déclare ; il y a des lacunes dans nos idées ; il faut combler ces lacunes. — Par exemple, la notion qu’un homme ordinaire a du corps humain est fort pauvre et incomplète ; il ne le connaît qu’en gros ; pour lui, c’est une tête, un tronc, un cou, quatre membres, de telle couleur et de telle forme ; cela lui suffit pour la pratique. […] De même enfin, nous concevons de l’eau ou de l’oxygène absolument purs, du platine ou du plomb exempts de tout alliage, sans être sûrs qu’en aucun cas la nature les fournisse ou que l’art les obtienne tels que nous les concevons. — Parmi les types mentaux ainsi fabriqués, il y en a qui nous intéressent plus particulièrement ; ce sont ceux auxquels nous souhaitons que les choses se conforment, et dans ce cas le besoin de conformité devient pour nous un ressort d’action.
» VI Ainsi toute son âme se répandait en vers qui sont des larmes, et en prières qui sont à la fois de la religion et de l’amour : afin d’innocenter sa passion il éprouvait le besoin de la confondre avec sa piété. […] Je jouis par le souvenir de tout ce que j’ai aimé, de la société de tous les amis avec lesquels j’ai vécu et de ceux qui sont morts avant ma naissance et que je ne connais que par leurs ouvrages. » Cette amitié avec les morts est le besoin comme elle est la consolation de toutes les grandes âmes. […] Les femmes, plus faibles que nous dans ces occasions, ont besoin de notre secours.
Horace avait besoin d’un patron, Mécène d’un ami ; ces deux hommes, d’autant d’esprit l’un que l’autre, se complétaient pour leur félicité commune. […] Le revenu du domaine d’Ustica ne pouvait pas être considérable : on sait ce que rend de nos jours une métairie exploitée par huit paysans ; mais il y vivait, sans avoir besoin d’argent, des produits en nature du domaine : les troupeaux, les fruits, les légumes, le vin et l’huile de la métairie. […] « Jusqu’ici, écrit Auguste à Mécène dans une lettre citée par Suétone, je n’ai eu besoin de personne pour les lettres que j’écrivais à mes amis ; mais actuellement que je fléchis sous la multiplicité des affaires et sous le poids de l’âge, je désire vous enlever Horace ; qu’il vienne donc échanger votre table hospitalière et ouverte à tous, contre une table frugalement royale ; il nous aidera à écrire nos lettres. » Mécène était magnifique, Auguste économe et sobre.
Les veines de cuivre, d’argent et d’or, quoique très cachées, nous les trouvons et nous les employons à nos besoins ou à des ornements. […] Et c’est dans ces réflexions que l’esprit humain a puisé la connaissance des dieux, connaissance qui produit la piété, la justice, toutes les vertus, d’où résulte une heureuse vie, semblable à celle des dieux, puisque dès lors nous les égalons, à l’immortalité près, dont nous n’avons nul besoin pour bien vivre. […] Car notre patrie ne nous a point donné les trésors de la vie et de l’éducation pour ne point en attendre un jour les fruits, pour servir sans retour nos propres intérêts, protéger notre repos et abriter nos paisibles jouissances ; mais pour avoir un titre sacré sur toutes les meilleures facultés de notre âme, de notre esprit, de notre raison, les employer à la servir elle-même, et ne nous en abandonner l’usage qu’après en avoir tiré tout le parti que ses besoins réclament.
Une méthode a besoin d’avoir fait ses preuves, d’avoir produit, provisoirement du moins, des fruits estimables, pour forcer l’entrée des programmes d’enseignement. […] Ce n’est pas trop d’une série de questions entrecroisées pour saisir à toute époque la tendance maîtresse (sans compter les autres) qu’avait l’éducation dans les divers organes qui ont eu mission de répondre à ce besoin social. […] La jeune génération, le jour où elle sent le besoin de quelque chose de nouveau, traite de haut la génération qui l’a précédée, et elle brûle sans pitié ce que celle-ci avait adoré.
Mais les œuvres, pour qu’elles transforment une race, n’ont pas le besoin de ce qu’elles soient connues. […] Au fond c’était le besoin d’aimer dont son âme était remplie. […] Il cherchait la femme, près de laquelle il n’eût pas besoin de s’expliquer, ni de se justifier, mais qui l’aimat sans condition.
Cette naïveté originale de ce style gaulois aurait produit sans doute des chefs-d’œuvre de grâce, de finesse, de câlinerie de langue, si l’on peut se servir de ce mot ; mais cette langue et ce style seraient restés entachés et comme noués d’une certaine puérilité irrémédiable, qui aurait enlevé au génie français la maturité, la majesté, la force dont ce génie avait besoin pour parler plus tard à l’univers, soit dans sa chaire sacrée, soit dans ses tribunes politiques, soit sur son théâtre, soit dans ses poèmes. […] Le français se moule, au besoin, rude, âpre, disproportionné, colossal, fruste, sur le génie incorrect et démesuré de ce Michel-Ange de notre langue. […] Le français, depuis la Bruyère, devint propre à être au besoin l’algèbre des pensées.
Je commence l’enseignement par l’arithmétique, l’algèbre et la géométrie, parce que, dans toutes les conditions de la vie, depuis la plus relevée jusqu’au dernier des arts mécaniques, on a besoin de ces connaissances. […] C’est le catalogue des richesses que la nature a destinées à nos besoins et à nos fantaisies. […] S’il n’y avait que trois sciences à apprendre, et que le choix s’en fît pour nos besoins, ils préféreraient la mécanique, l’histoire naturelle et la chimie.
Gui Patin ne ressemble, est-il besoin de le remarquer ? […] Il aime à vivre en garçon en sa maison de Blancmesnil à trois lieues de Paris : Quand il a besoin de mon conseil, nous dit Gui Patin, il m’envoie un coureur gris qui me porte là en cinq quarts d’heure ; et, après y avoir bien soupé et bien causé fort avant dans la nuit, nous deux seuls (car il n’a ni femme ni enfants ni n’en veut avoir, ni valets même), je dors le reste de la nuit pour en partir le lendemain de grand matin.
Mais, si pressé que je sois d’entamer l’étude précise de notre littérature et d’entreprendre avec vous la revue de nos principales œuvres littéraires dans notre siècle le plus brillant, j’ai besoin de vous dire, au préalable, quelques mots, et de l’esprit que j’apporterai dans cet examen, et de celui dans lequel je vous demanderai de vouloir bien m’écouter. Ayant beaucoup écrit depuis plus de trente ans, c’est-à-dire m’étant beaucoup dispersé, j’ai à me recueillir avant d’aborder un enseignement proprement dit, et à poser quelques règles ou principes, qui marqueront du moins la direction générale de ma pensée ; j’en ai besoin, pour qu’il n’y ait entre nous aucun malentendu, et que ma parole puisse aller ensuite devant vous avec d’autant plus de liberté et de confiance.
Qui n’a pas, qui n’aura pas besoin d’indulgence pour soi-même ? […] D’ordinaire il avait besoin de prendre ses aises et de vaquer à ses scrupules.
Il n’a pas cet amour de la louange, cette élévation de dessein, ce besoin de renom durable et immortel qu’avait Montesquieu, et sans quoi il ne se fait rien de grand ni dans la vie ni dans l’éloquence. […] « Ainsi mourut cette duchesse avec une fermeté digne vraiment de l’ancienne Rome, mais qui n’est pas aussi du goût de la nouvelle162. » Or Saint-Évremond, dans sa lettre au marquis de Canaples sur la mort même de la duchesse, disait : « Vous ne pouviez pas, Monsieur, me donner de meilleures marques de votre amitié qu’en une occasion où j’ai besoin de la tendresse de mes amis et de la force de mon esprit pour me consoler.
Béranger en 1832 Dans ces esquisses, où nous tâchons de nous prendre à des œuvres d’hier et à des auteurs vivants, où la biographie de l’homme empiète, aussi loin qu’elle le peut, sur le jugement littéraire ; où ce jugement toutefois s’entremêle et supplée au besoin à une biographie nécessairement inachevée ; dans cette espèce de genre intermédiaire, qui, en allant au delà du livre, touche aussitôt à des sensibilités mystérieuses, inégales, non encore sondées, et s’arrête de toutes parts à mille difficultés de morale et de convenance, nous reconnaissons aussi vivement que personne, et avec bien du regret, combien notre travail se produit incomplet et fautif, lors même que notre pensée en possède par devers elle les plus exacts éléments. […] Ce fut le temps où il se mêla de plus près à toutes les classes et à toutes les conditions de la vie, où il apprit à se sentir vraiment du peuple, à s’y confirmer et à contracter avec lui alliance éternelle ; ce fut le temps où, dépouillant sans retour le factice et le convenu de la société, il imposa à ses besoins des limites étroites qu’ils n’ont plus franchies, trouvant moyen d’y laisser place pour les naïves jouissances.
Né dans la Réforme, à un moment où le besoin d’un réveil religieux s’y faisait sentir, il participa tout à fait à ce mouvement de réveil, sans le pousser jamais jusqu’à la séparation, à l’exclusion et à la secte. […] Vinet a été ramené dix ans après par les circonstances à discuter les mêmes questions ; il s’y est cru plus obligé peut-être qu’il n’était besoin ; on peut du reste trouver sa théorie complète, reprise et déduite, dans son Essai sur la manifestation des convictions religieuses (1842).
la vivacité de son injustice témoignerait au besoin de l’intimité de ses études sur le grand règne. […] — Il y a quelqu’un de très-connu qui a dit : « Quand je vois un tas de boue, j’y vas, et je crois que tout le monde est comme moi. » C’est là un bien vilain mot et une bien diabolique pensée ; je ne serais pourtant pas étonné du tout (et j’en pourrais donner au besoin plus d’une raison) que l’auteur, osant tout ce qu’il savait, se fût dit ce mot-là pour article premier de sa poétique, lorsqu’il transporta d’abord ses lecteurs dans la rue aux Fèves.
Si ces doctrines vous paraissent exagérées, transitoires, avoir besoin d’amendement, d’interprétation nouvelle, c’est une autre question ; mais, en fait, elles demeurent radicalement et primitivement chrétiennes, ou rien ne l’est. […] sM augère (tome II, page 169) explique très-bien et justifie au besoin, quant au sens, ce mot abêtira, qui ne reste pas moins malencontreux.
Cette position centrale de haute administration et d’études est celle que l’historien a gardée depuis, et qu’il a même su défendre au besoin contre les tentations politiques dont plus d’une l’est venue chercher. […] Mais on ne saurait non plus, par le besoin de tout bien savoir, se réduire désormais à ce régime d’histoire purement diplomatique, dont l’objet est surtout d’enregistrer les textes et de faire passer avec continuité sous les yeux la teneur même des dépêches, actes et traités.
Les autres ont besoin de naître en des circonstances propices, d’être cultivés par l’éducation et de mûrir au soleil ; ils se développent lentement, sciemment, se fécondent par l’étude et s’accouchent eux-mêmes avec art. […] Il trouve les passions du Midi violentes et portées à l’excès ; pour lui, sensible et tempéré, il vit de réflexion et de silence ; il garde la chambre et lit beaucoup, sans même éprouver le besoin de composer.
Mais si la postérité s’en tient, dans l’essor de son coup d’œil, à cette brève compréhension d’un homme, à ce relevé rapide d’une œuvre, il y a, jusque dans son sein, des curiosités plus scrupuleuses et plus patientes qui éprouvent le besoin d’insister davantage, de revenir à la connaissance des portions disparues, et de retrouver épars dans l’ensemble, plus mélangés sans doute mais aussi plus étalés, la plupart des mérites dont la pièce principale se compose. […] Ainsi rétabli dans la vie paisible, et désormais au-dessus du besoin, Prévost, jeune encore, partagea son temps entre la composition de nombreux ouvrages et les soins de la société brillante où il se délassait.
Le discours que je fais imprimer43, pour être tout à fait compris, a besoin d’être rapproché d’un incident antérieur. […] Mais vous avez vengé devant le Sénat la liberté de pensée avec trop de courage, ai-je besoin d’ajouter avec trop de talent, pour que ce ne soit pas un devoir à tout esprit libéral de vous en témoigner sa reconnaissance.
Au dix-septième siècle, on les appelle « les honnêtes gens », et c’est à eux désormais que s’adresse l’écrivain, même le plus abstrait. « L’honnête homme, dit Descartes, n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles » ; et il intitule son dernier traité « Recherche de la vérité selon les lumières naturelles qui, à elles seules et sans le secours de la religion et de la philosophie, déterminent les opinions que doit avoir un honnête homme sur toutes les choses qui doivent faire l’objet de ses pensées349 ». […] Il lui est si bien inné, qu’on le rencontre également dans les deux siècles, chez Descartes, Malebranche379 et les partisans des idées pures, comme chez les partisans de la sensation, du besoin physique, de l’instinct primitif, Condillac, Rousseau, Helvétius, plus tard Condorcet, Volney, Siéyès, Cabanis et Destutt de Tracy.
Dans la seule province de Normandie, je trouve des séditions en 1725, en 1737, en 1739, en 1752, en 1764, 1765, 1766, 1767, 1768619, et toujours au sujet du pain. « Des hameaux entiers, écrit le Parlement, manquant des choses les plus nécessaires à la vie, étaient obligés, par le besoin, de se réduire aux aliments des bêtes… Encore deux jours et Rouen se trouvait sans provisions, sans grains et sans pain. » Aussi la dernière émeute est terrible, et, cette fois encore, la populace, maîtresse de la ville pendant trois jours, pille tous les greniers publics, tous les magasins des communautés Jusqu’à la fin et au-delà, en 1770 à Reims, en 1775 à Dijon, Versailles, Saint-Germain, Pontoise et Paris, en 1782 à Poitiers, en 1785 à Aix en Provence, en 1788 et 1789 à Paris et dans toute la France, vous verrez des explosions semblables620 Sans doute, sous Louis XVI, le gouvernement s’adoucit, les intendants sont humains, l’administration s’améliore, la taille devient moins inégale, la corvée s’allège en se transformant, bref la misère est moindre. […] L’intendant d’Orléans annonce « qu’en Sologne de pauvres veuves ont brûlé leurs bois de lit, d’autres leurs arbres fruitiers », pour se préserver du froid et il ajoute : « Rien n’est exagéré dans ce tableau, le cri du besoin ne peut se rendre, il faut voir de près la misère des campagnes pour s’en faire une idée. » De Riom, de La Rochelle, de Limoges, de Lyon, de Montauban, de Caen, d’Alençon, des Flandres, de Moulins, les autres intendants mandent des nouvelles semblables.
Car enfin la durée et l’universalité de la réputation d’un écrivain sont des effets, qui ont une cause suffisante : et c’est cette cause qu’il faut trouver, et chercher au besoin avec patience et humilité, jusqu’à ce qu’on la trouve, au lieu de croire facilement qu’on a soi seul plus d’esprit que tout le monde. […] Il n’est pas besoin, comme le suggérait assez ridiculement d’Aubignac, que Camille se jette par mégarde sur l’épée d’Horace : le fratricide conscient, volontaire, est plus beau dans son immoralité barbare.
La nature prescrit, à l’homme ses besoins, et par là lui prescrit aussi ses désirs : tonie passion qui va au-delà du besoin naturel est factice et mauvaise.
Quand on les a lus à la file, comme on doit le faire quand on est critique de son état, on éprouve d’abord le besoin de respirer. […] Ce style leur paraît être en harmonie avec la dignité de leur fonction ; et ils en ont, au surplus, souvent besoin, ayant à enseigner nombre de vérités indémontrables et qui, par suite, ne sauraient être développées que par des procédés oratoires.
Cela revient à rechercher la conception que les différents groupes sociaux se font de l’amour et du mariage ; et il est à peine besoin de faire remarquer quel rôle immense cette conception changeante joue dans l’histoire littéraire de la France. […] Amazones, diplomates, aventurières de haut vol, elles gouvernent, intriguent, négocient, conduisent des armées, soutiennent des sièges, manient les armes au besoin.
Je le crois bien ; il n’est pas étonnant que Charles X n’eût jamais lu beaucoup de ces grands écrits de M. de Chateaubriand : « J’en veux à M. de La Vauguyon, disait un jour cet aimable prince, de m’avoir si mal élevé que je n’ai jamais pu lire quatre pages de suite, même quatre pages de Gil Blas, sans m’ennuyer. » Mais un homme politique, un ambitieux véritable, qui tient réellement à gouverner les choses de ce monde, ne se décourage pas pour si peu, et ne se comporte pas comme un auteur qui a besoin avant tout d’une louange un peu creuse ; il vise au solide. […] Que ces sept hommes-là soient à Dieu et au roi, je réponds du reste… Quant à ces hommes capables, mais dont l’esprit est faussé par la Révolution, à ces hommes qui ne peuvent comprendre que le trône de saint Louis a besoin d’être soutenu par l’autel et environné des vieilles mœurs comme des vieilles traditions de la monarchie, qu’ils aillent cultiver leur champ.
Voilà une autre variété de l’inspiration ; mais, comme la première, — et nous le montrons ici même, — elle suppose dans le passé de longs efforts de réflexion, dont nous profitons aujourd’hui sans avoir besoin de les renouveler ; la qualité des concepts usuels que chacun de nos mots porte avec lui fait pour une grande part la qualité de nos jugements nouveaux ; et l’influence du passé ne se borne pas là : les jugements nouveaux supposent nécessairement des concepts préétablis dans l’esprit ; mais la réunion de ces concepts, pour être imprévue, n’est pas absolument nouvelle ; un jugement nouveau imite toujours des jugements anciens ; il suit des habitudes dont il s’écarte ; or ces habitudes n’existent pas dans la pensée sans correspondre à certaines habitudes du langage ; certains mots sont dans notre mémoire à l’état de camaraderie, pour ainsi dire [ch. […] Le mot sagacité vient enfin, et mon idée l’adopte comme son expression propre ; et alors seulement, mais à l’instant, elle se manifeste dans mon esprit dans toute sa plénitude… Nous éprouvons tous les jours le besoin qu’un nom, un mot rappelle à notre esprit une personne que nous devons voir, un lieu où nous devons aller, une affaire que nous devons traiter ; … on se souvient vaguement…, faute d’un mot qui aurait rappelé l’idée précise… Ainsi l’on oublie les expressions et non pas précisément les idées, puisque l’idée se montre aussitôt que l’expression se présente.
Ai-je besoin de vous citer la fameuse fable de Garo, de Garo prétendant que la Providence aurait dû suspendre les citrouilles au chêne, et adapter les glands à une plante qui rasât la terre ? […] Il croyait à l’âme des bêtes, oui, mais il a senti le besoin de faire une sorte d’exception, de faire une sorte de répartition particulière que je vous ai indiquée déjà tout à l’heure.
Nous nous répétons cela, nous socialistes soldats, car nous avons besoin d’y croire. […] Cet amour du beau travail, ce besoin d’une discipline librement consentie et en quelque sorte discutée se trouvent chez beaucoup qui ne sont pas socialistes.
Quel besoin de former, à travers le temps et l’espace, une unité indissoluble avec les êtres capables de construire ! […] Au milieu du péril, ces jeunes êtres font leur déclaration d’amour à la lumière, à l’espace, au mouvement, à l’espérance ; mais ils préfèrent la France, et Jean Rival écrit à une jeune parente une lettre où le chant du départ, l’éternel chant de la vingtième année, se mêle et se subordonne au cantique de l’acceptation : Je sens en moi une telle intensité de vie, un tel besoin d’aimer et d’être aimé, de me répandre, d’admirer, de respirer en plein air, que je ne peux croire que la mort puisse me toucher.
Ils croyaient avoir besoin d’adoucir ce qui s’éloignait trop de nos idées et de nos mœurs ; ils le voilaient, par discrétion, et le gâtaient un peu par zèle. […] La voix, dont les hardis préludes chantant, il y a plus d’un quart de siècle, la grandeur du conquérant de l’Europe en cellule il Sainte-Hélène, célébraient cet aigle qui, abattu et captif, Manque d’air dans la cage, où l’exposent les rois ; cette voix, aujourd’hui proscrite par un contrebas de la fortune, ne serait pas embarrassée pour rendre l’expression littérale et l’accent même du poëte thébain, pour nommer l’oiseau domestique, non moins que sa cage ; et, sans avoir besoin de l’aigle, personnage noble en tout temps, elle dirait ce coq guerroyant au logis (ἐνδομάχης), dont s’effrayait le bon abbé Massieu.
Si vous m’en croyez, vous ne vous abandonnerez pas à Vinache, quoique ses discours séduisants, l’art de réunir l’influence des sept planètes avec les minéraux et les sept parties nobles du corps, et le besoin de trois ou quatre javottes, donnent de l’admiration.
Cette vérité est bonne à rappeler dans un temps où les vocations littéraires ont été considérées comme superflues, et où tout le monde au besoin se croit appelé au métier.
Charles Nodier, que certes on ne récusera pas comme l’un des types les plus actuels et les plus contemporains, assure qu’il a besoin de remettre au net même de simples articles de journal.
Dans cette grande route humaine où il marche, dans cette voie sacrée qu’il affecte, l’orateur, comme un héros d’armes, salue à droite et à gauche les groupes de marbre sur leur piédestal, il a besoin d’apostropher des statues de demi-dieux ; il fait faire place à l’entour ; il crie au large aux hommes médiocres qui empêchent de mesurer les grands ; il écrase un peu les uns : pour les autres est l’apothéose !
Si vous dites, pour citer une théorie qui jouit aujourd’hui d’une faveur incroyable, non seulement parmi les pauvres sols tout éplorés qu’Alfred de Musset traîne à ses talons, mais auprès des esprits les plus graves de notre époque, si vous dites que le vrai poète doit être une espèce de don Juan fatal, victime prédestinée de cet insatiable besoin d’aimer qu’on appelle le génie, et semblable au pélican qui donne à ses petits son propre cœur en pâture, s’il vous plaît de répéter cette déclamation, nous vous laisserons faire, et, quand vous aurez fini, nous vous rappellerons simplement l’admirable possession de soi d’un Cervantes et surtout d’un Shakespeare, qui dans la force de l’âge et du talent, cesse tout à coup d’écrire et se met à cultiver son jardin, comme Candide, après avoir eu la tête traversée par un effroyable torrent d’idées et d’images, dont quelques flots auraient suffi pour faire perdre l’équilibre à la plus ferme de nos cervelles.
Chaque vérité est mise à sa place par rapport au but : elle prépare, elle amène, elle appuie une autre vérité qui a besoin de son secours…..
J’entendais dire qu’il avait du talent, mais je n’éprouvais pas le besoin d’y aller voir.
Enfin, ménageons-nous une foi, soit dans une confession religieuse, soit dans une doctrine scientifique, ou dans un credo philosophique ; l’essentiel est de mettre un fil qui ne casse pas entre nos jours mal attachés une bonne manie suffit au besoin ; des individus trouvent une raison de vivre dans une collection de tabatières à parachever… Jérôme Coignard est un sage hardi et prudent.
Les Symbolistes n’avaient pas besoin de ce coup de grâce.
L’extrême simplicité de la vie dans de telles contrées, en écartant le besoin de confortable, rend le privilège du riche presque inutile, et fait de tout le monde des pauvres volontaires.
Qu’on se figure la multitude de tours, d’images, de mouvements qui ont dû naître de ces conversations, où les sens, l’imagination, le cœur, étaient en jeu ; où l’émulation de plaire et d’étonner excitait les amours-propres ; où la critique n’était pas moins exaltée par les rivalités que le besoin de produire par l’émulation de plaire !
Ce courage dans Rotrou lui fait d’autant plus d’honneur, qu’étant pauvre & grand joueur, il avoit besoin des graces de la cour.
L’imagination, vers tes murs élancée, Chercha le saint repos, leur long recueillement ; Mais mon âme a besoin d’un plus doux sentiment.
Le pauvre philosophe qui est sensible à la misère parce qu’il l’a éprouvée, le pauvre philosophe qui a besoin de son temps et qui le donne au premier venu, le pauvre philosophe s’est tourmenté pendant neuf mois pour mendier de l’ouvrage à la prussienne.
Ce que je regarde comme un mauvais présage, c’est qu’un jeune homme soit peu touché de l’excellence des productions des grands maîtres : c’est qu’il n’entre point dans une espece d’enthousiasme en les lisant : c’est qu’il ait besoin, pour connoître s’il doit les estimer, de calculer les beautez et les défauts qu’il y compte, et qu’il ne forme son avis sur leur mérite qu’après avoir soudé son calcul.
Ainsi ce ne sont pas les atheniens qui ont besoin ici d’être excusez.
Mais ses convictions ressemblent à l’intolérance ; les affirmations d’autrui l’irritent ; le besoin de contredire, le pousse au paradoxe.
Ainsi le commerce nous rend citoyens de tous les pays : et le dogme de la confraternité de tous les hommes qui habitent la terre nous est enseigné par le besoin que nous avons les uns des autres.
Excepté pour ceux qui n’en auraient pas besoin, ce livre est vague et ajoute aux incertitudes.
Suleau, dont on se souvenait peut-être à cause de son horrible mort, que par parenthèse Michelet a excusée, fut le tribun d’une royauté qui s’était assez abandonnée elle-même pour avoir, comme le peuple, besoin de tribuns pour la défendre.
Intellectuellement, elle ressemblait à ces femmes d’un de ces embonpoints trop lâches, qui ont besoin de la cuirasse d’un corset pour être… intrépide et ne plus trembler.
Il prouve, comme on ne l’avait jamais prouvé avant lui et comme on ne le prouvera jamais (on n’en a plus besoin), que même ceux-là qui ont le plus parlé d’Aristote ne l’entendaient pas.
Gervinus, il n’ose pas s’inscrire en faux contre cet Allemand qui lui impose comme tout Allemand, mais ailleurs, quand il a besoin de flétrir, je crois, les vieux catholiques intolérants, il oublie que Machiavel « est un grand cœur pur de citoyen », finement ironique seulement quand il est atroce, et il se permet une tournure hautaine.
Enfantin ait eu le besoin de répondre pour le compte du saint-simonisme attaqué !
Il y a un morceau très curieux de lui, sur Pétrarque, où il pose en fait et en doctrine que la passion a un tel besoin de presser et de tordre son expression qu’elle arrive aux concetti les plus inattendus et aux fioritures les plus compliquées.
D’illusions plus n’est besoin.
L’auteur des Idylles héroïques, qui a fait un poème intitulé Konrad, lequel est un Manfred vertueux, un Manfred retourné, car, de fait, il retourne au monde et à la vie morale en sortant de la solitude, l’auteur n’a pas besoin de s’appuyer sur lord Byron pour justifier ce que j’appelle nettement un défaut de composition permanente.
Mais combien malheureux celui qui, comme moi, Brise à moitié le joug et guérit de la foi Sans guérir du besoin généreux du martyre !
Qui peut dédommager un homme de talent, surtout quand il commence à naître et qu’il a besoin d’un peu de succès pour se développer ; qui peut le dédommager de l’inattention, du silence, de l’oubli, de toutes ces horribles choses qui viennent s’entasser autour de son livre et l’intercepter au public, qui le lirait, si la Critique, vigie infidèle, avait dit le mot qu’elle doit dire et avait averti ?
« Et moi aussi, dit Socrate, j’ai une famille, j’ai trois fils, dont l’un est sorti de l’enfance et les deux autres ont encore besoin des secours de leur père ; je n’en ferai cependant paraître aucun pour vous attendrir, et ce n’est ni par mépris ni par orgueil, ces sentiments ne peuvent entrer dans le cœur de Socrate ; mais la gloire de ses juges, la sienne, celle de la république lui défendent de donner un tel exemple, à son âge surtout, et avec le nom qu’il porte ; car, dit-il, que ce nom soit mérité ou ne le soit pas, on est persuadé que Socrate est au-dessus des hommes ordinaires.
Considérons en dernier lieu si nous pouvons concevoir dans telle occasion, dans tel lieu, dans tel temps, quelques bienfaits divins qui eussent pu mieux conduire et conserver la société humaine, au milieu des besoins et des maux éprouvés par les hommes ; voilà les preuves que nous fournit l’éternelle bonté de Dieu. — Ces trois sortes de preuves peuvent se ramener à une seule : Dans toute la série des choses possibles, notre esprit peut-il imaginer des causes plus nombreuses, moins nombreuses, ou autres, que celles dont le monde social est résulté ?
Il n’est besoin de rappeler ce que même l’épicurien Horace a trouvé de touchant sur la brièveté de la vie et les regrets de l’amitié qui survit.
Il paraît qu’à cette époque de barbarie les gens qui s’attachaient à la fortune d’un ambitieux avaient de grands besoins d’argent, et s’en faisaient donner beaucoup quand leur chef avait touché le but. […] Je ne croyais pas à cette réaction néo-classique qui ne répondait à aucun instinct, à aucun besoin de notre siècle, et qui me paraissait tout simplement un caprice de lettrés. […] Les premiers — est-il besoin de le dire ? […] Et encore les besoins de mon hémistiche me font commettre une grave injustice ! […] On nous avait raconté que M. de Narbonne ayant besoin d’argent, ce qui lui arrivait quelquefois, et madame de Staël ayant demandé pour lui trente mille francs à son mari, le digne homme lui répondit : « Ah !
J’ai besoin de grimper aux arbres, de courir, De voir joyeusement près de moi tout fleurir ! […] D’un côté la populace, mais sublimée ; de l’autre le peuple, mais transfiguré… Les révolutions ont un besoin de liberté, c’est leur but ; et un besoin d’autorité, c’est leur moyen, la convulsion étant donnée… La Convention de France et la Commune de Paris sont deux quantités de révolution… Il y a plus de civilisation dans la Convention et plus de révolution dans la Commune. […] Guizot des généralisations trop ambitieuses et trop compréhensives : il a pu se tromper ; mais ses systèmes n’étaient point bâtis en l’air, ils avaient un fondement, et l’esprit humain ne peut pas se contenter de notions empiriques, il a besoin de théories. […] J’ai à peine besoin de dire que cette édition définitive est celle qui fait partie de la collection des Grands écrivains de la France, honneur de la maison Hachette. […] Il n’en voulait que parce qu’il est l’outil universel et afin de le dépenser « noblement. » Il en eut particulièrement besoin, au jour le plus sombre de sa jeunesse, pour pouvoir rester à Paris où la femme qu’il adorait allait mourir.
Ai-je besoin de vous prévenir que, presque partout où j’ai écrit « Meilhac » tout seul, il faut lire « Meilhac et Halévy » ? […] Dans l’instant où j’exprimais le chagrin que m’avaient causé leur prose ou leurs vers, je sous-entendais (mais était-il donc besoin de le dire ?) […] Elle n’aurait plus alors besoin de se confesser, et s’épargnerait ainsi deux sottises. […] Cela décide Livaray à l’aller trouver : car l’honnête banquier vient d’être éprouvé par un krach, et il aurait bien besoin de la concession de certain chemin de fer africain. […] Il y faudrait une société parfaitement oisive et sans besoins, un monde idéal de cours d’amour.
C’est pourquoi ceux-ci, transformés, se dégourdirent vite : la race fabriquée se trouva d’esprit alerte, bien plus avisée que les Saxons, ses voisins d’outre-Manche, toute semblable à ses voisines de Picardie, de Champagne et d’Île-de-France. « Les Saxons82, dit un vieil auteur, buvaient à l’envi, et consumaient jour et nuit leurs revenus en festins, tandis qu’ils se contentaient d’habitations misérables : tout au contraire des Français et des Normands qui faisaient peu de dépense dans leurs belles et vastes maisons, étant d’ailleurs délicats dans leur nourriture et soigneux dans leurs habits, jusqu’à la recherche. » Les uns, encore alourdis par le flegme germanique, étaient des ivrognes gloutons que secouait par accès l’enthousiasme poétique ; les autres, allégés par leur transplantation et leur mélange, sentaient déjà se développer en eux les besoins de l’esprit. « Vous auriez pu voir, chez eux, des églises s’élever dans chaque village, et des monastères dans les cités, construits dans un style inconnu auparavant », en Normandie d’abord et tout à l’heure en Angleterre83. […] Le Saxon ne maîtrisait point son besoin d’exaltation ; le Français ne contient pas la volubilité de sa langue. […] Le besoin de rire est le trait national, si particulier que les étrangers n’y entendent mot et s’en scandalisent. […] Ce goût n’a rien de commun non plus avec la franche satire, qui est laide parce qu’elle est cruelle ; au contraire, il provoque la bonne humeur ; on voit vite que le railleur n’est point méchant, qu’il ne veut point blesser ; s’il pique, c’est comme une abeille sans venin ; un instant après il n’y pense plus ; au besoin il se prendra lui-même pour objet de plaisanterie ; tout son désir est d’entretenir en lui-même et en nous un pétillement d’idées agréables. […] Ce qui les révolte contre la pompe et l’insolence ecclésiastique, ce n’est ni l’envie du plébéien pauvre, ni la colère de l’homme exploité, ni le besoin révolutionnaire d’appliquer la vérité abstraite, mais la conscience ; ils tremblent de ne point faire leur salut, s’ils restent dans une église corrompue ; ils ont peur des menaces de Dieu, et n’osent point s’embarquer avec des guides douteux pour le grand voyage
Bien, vous allez avoir pis ; voilà pour votre peine. » Cet instinct de révolte est dans la race ; il y a tout un faisceau de passions sauvages1245, nées du climat et qui le nourrissent : l’humeur noire, l’imagination violente, l’orgueil indompté, le goût du danger, le besoin de la lutte, l’exaltation intérieure qui ne s’assouvit que par la destruction, et cette folie sombre qui poussait en avant les berserkers scandinaves lorsque, dans une barque ouverte, sous un ciel fendu par la foudre, ils se livraient à la tempête dont ils avaient respiré la fureur. […] C’est parmi ces éclats et ces anxiétés qu’il passait sa vie ; l’angoisse endurée, le danger bravé, la résistance domptée, la douleur savourée, toutes les grandeurs et toutes les tristesses de la noire manie belliqueuse, voilà les images qu’il avait besoin de faire flotter devant lui. […] III Ce n’était pas assez pour lui de la description et du monologue ; il avait besoin, pour exprimer son personnage idéal, d’événements et d’actions. […] Enfin, les voilà, nos dieux ; nous ne les travestissons plus, comme nos ancêtres, en idoles ou en personnes ; nous les apercevons tels qu’ils sont en eux-mêmes, et nous n’avons pas besoin pour cela de renoncer à la poésie, ni de rompre avec le passé. […] L’idée unique, le besoin présent, absorbe le reste : c’est en cela qu’une femme est femme.
Est-il besoin d’ajouter qu’au lieu de suivre le procédé un peu trop commode de M. […] Arcadi Pavlitch est d’une taille moyenne, sa tournure est élégante, ses traits ne manquent point d’agrément, et il a un soin tout particulier de ses mains et de ses ongles ; ses joues et ses lèvres vermeilles respirent la santé, il rit avec éclat, de bon cœur, et sait au besoin imprimer à ses yeux clairs un clignotement gracieux qui ajoute encore à la séduction de ses prévenances. […] À la fin le meunier entr’ouvre sa porte, il les engage à aller passer la nuit dans un hangar à quelque distance, leur fait allumer du feu et leur envoie sa femme pour veiller à leurs besoins. […] Je suis organisé de telle sorte que… rien ne m’indigne plus, j’ose le dire, que l’ingratitude… Je n’ai pas besoin de vous le répéter, vous connaissez ma femme ; c’est un ange sous forme humaine ; elle est d’une bonté inexprimable.
Un gouvernement a encore plus besoin qu’un homme, de donner de lui l’idée qu’il est capable de se battre. […] * * * — Quand l’homme vieillit, il éprouve le besoin d’une chose qui ne lui manquait pas du tout dans sa jeunesse : le silence. […] Vous ne me prêteriez pas cent francs, si j’en avais besoin ! […] ” Et comme je ne voulais pas parler, il ajouta : “Quand vous aurez besoin de moi, vous me trouverez toujours, adressez-vous directement à moi par le comte Orloff.” » La princesse laisse glisser tout ça d’elle, mot par mot, rêveusement, au milieu de silences où il semble que vont s’arrêter ses confessions, touchant d’une main distraite des choses sur la table, laissant tomber et errer ses yeux sur le tapis.
L’enfant grandit et perfectionne son langage ; ce qu’il veut, c’est toujours se faire entendre ; il juge s’il a bien dit ce qu’il voulait d’après les sons qu’il émet et qu’il entend, et non d’après les tacta buccaux ; et ceux-ci lui deviennent de plus en plus indifférents à mesure que son langage devient plus facile et plus correct, c’est-à-dire à mesure que ses organes vocaux sont mieux assouplis, mieux adaptés à toutes les variétés du langage audible ; alors, en effet, il n’est aucunement besoin de réfléchir aux moyens, il lui suffit de vouloir le but. […] Cardaillac lui-même ne parle que d’un « frémissement presque imperceptible »153 ; il ajoute que « l’habitude tend à le diminuer et finit par le faire disparaître entièrement », et il ne pense pas que « les hommes studieux, habitués à la méditation », puissent réussir à l’apercevoir, à moins de suivre le conseil qu’il leur donne de « s’écouter avec attention » ; alors, dit-il, « ils le retrouveront quelquefois, surtout lorsqu’ils s’occuperont d’objets qui leur sont moins familiers, ou bien lorsqu’ils sentiront le besoin de se rendre plus vivement sensibles leurs idées et les expressions dont ils les revêtent », c’est-à-dire lorsqu’une difficulté dans le problème étudié excitant les puissances de l’âme et donnant plus d’énergie à la parole intérieure, celle-ci se trouvera ressembler davantage à la parole extérieure. […] Mais nous gardons nos pensées, nos souvenirs, l’intention ou l’espoir qui guide notre marche, et, pour cela, il n’est pas besoin d’un second jugement, corrélatif du premier ; la perception externe suffît à la tâche : car une seule ligne tracée sur un plan le partage en deux parties ; ce que je n’ai pas perdu, je l’ai encore ; ce que je ne refuse pas, je l’accepte ; ce qui n’est pas non-mien est mien. […] Il y a lieu de retenir, pour pouvoir, au besoin, se les remémorer intérieurement ou les proclamer à haute voix, non seulement les termes exacts, mais encore le jour, l’heure, le lieu, l’occasion, les faits concomitants.
On ne connaissait pas encore de grands talents ; on les cherchait, on les espérait, on y croyait, par l’habitude de voir la France produire toujours ce dont elle a besoin.
De quelque manière qu’on veuille interpréter ces symptômes évidents, qu’on y voie, comme les plus illuminés semblent le croire, l’annonce de je ne sais quelle femme miraculeuse destinée à tout pacifier ; qu’on y voie simplement, comme certains esprits plus positifs, la nécessité de réformer trois ou quatre articles du Code civil, nous pensons qu’il doit y avoir sous ce singulier phénomène littéraire une indication sociale assez grave ; nous aimons surtout à y voir un noble effort de la femme pour entrer en partage intellectuel plus égal avec l’homme, pour manier toutes sortes d’idées et s’exprimer au besoin en sérieux langage.
Ce qui devient bizarre, ce qui devient mensonger et adultère, c’est l’appropriation prétendue littérale, c’est le détournement frauduleux de l’Églogue à un avènement qui n’avait pas besoin d’un tel précurseur.
XXII On a besoin de renouveler, de rafraîchir perpétuellement son observation et sa vue des hommes, même de ceux qu’on connaît le mieux et qu’on a peints, sans quoi l’on court risque de les oublier en partie et de les imaginer en se ressouvenant. — Nul n’a droit de dire : « Je connais les hommes. » Tout ce qu’on peut dire de juste, c’est : « Je suis en train de les connaître. » XXIII Assembler, soutenir et mettre en jeu à la fois dans un instant donné le plus de rapports, agir en masse et avec concert, c’est là le difficile et le grand art, qu’on soit général d’armée, orateur ou écrivain.
George Sand est en possession d’exciter bien des sentiments, mais point de malveillance ; ceux mêmes qui s’irritent, ceux mêmes qui se portent les défenseurs empressés de bien des causes que l’illustre auteur n’attaque pas, rendent hommage sur de certains points, et n’auraient besoin que de quelque accident de rencontre, de quelque hasard lumineux pour faire volte-face à leurs préventions.
Sous la Restauration, cette littérature était encore contenue par des doctrines et des espèces de principes ; sous le régime des dix-huit années, elle n’a plus rien eu qui la contînt, et le désir du gain, joint au besoin de faire du bruit, a produit beaucoup d’œuvres qui ont contribué à la dissolution des pouvoirs publics et des idées.
Je n’ai pas besoin de dire que votre ambition doit être bornée.
Elle appelle à l’existence juridique de nouvelles forces, de nouveaux besoins, de nouveaux sentiments qui veulent se faire jour.
Il se console, avec un bon conseil, du lien peu sûr des amitiés courantes : Si vous avez besoin d’amis, Commencez par avoir des louis.
Le Symbolisme profite du désarroi créé dans les esprits par la vénalité des pouvoirs publics, le Wilsonisme et la série des scandales qui fait que l’on éprouve le besoin de changer d’air.
Prenez les mythologies, qui nous donnent la vraie mesure des besoins spirituels de l’homme ; elles s’ouvrent toute par une cosmogonie ; les mythes cosmologiques y occupent une place au moins aussi considérable que les mythes moraux et les théologoumènes.
Il n’est pas besoin d’un œil bien exercé pour saisir la différence qui sépare la période harmonieuse et vigoureuse de Jean-Jacques du babil sémillant et coquet de Marivaux.
L’Homme-montagne n’a besoin que de se secouer, pour renverser tous les Lilliputiens.
Il rappelle quantité de contes puériles, de livres apocryphes, de subterfuges qu’on imaginoit dans les premiers siècles de l’église pour l’accréditer, & dont elle n’avoit pas besoin.
l’ignorance & quelquefois même le mépris des grands modèles ; 4°. la manie qu’ont les uns d’être auteurs, & les autres connoisseurs ; 5°. le défaut capital de ne pas sçavoir connoître son genre de talent, & s’y renfermer ; 6°. l’imprudence d’applaudir trop tôt à de jeunes auteurs qu’on perd au lieu d’encourager ; 7°. la nécessité des besoins, ne faut-il pas commencer par vivre avant que de songer à devenir immortel ?
Sans une élocution élevée & sublime, le grand paroît toujours grand : le vrai & le beau, pour saisir l’ame, n’ont pas besoin d’ornement étranger.
C’est à l’archevêque Platon à revoir toute cette partie de l’éducation publique, c’est à lui à en concilier la forme et l’objet avec les usages, les lois, les mœurs et les besoins de l’empire de Russie, et c’est à Sa Majesté Impériale à rectifier ce qu’un zèle de profession, qui domine secrètement les hommes les plus instruits et les mieux intentionnés, pourrait suggérer de dangereux ou d’irrégulier à l’archevêque Platon.
Quand l’auteur des Deux Masques va, par exemple, chercher l’Histoire, — dont il a besoin pour montrer jusqu’où plongent les racines du génie d’Eschyle et faire le lumineux décompte de ce qui est de la personnalité et de la race, — et qu’à travers l’antique Hérodote, et plus haut et plus loin qu’Hérodote, il va la chercher, cette fuyante histoire, jusque dans les derniers éloignements et les derniers effacements du passé, il la saisit et l’amène sous le regard par la force de la couleur, et il la pousse sur nous, pour ainsi dire, vainqueur des âges et des lointains !
Demogeot n’a pas eu peut-être besoin de se glacer à la réflexion et à main posée.
Ce rapsode, qui mérite d’autant plus son nom que les ennemis de l’histoire légendaire ont traité brutalement ses histoires de rapsodies, a d’autant plus besoin pour sa traduction d’une langue poétique qu’il est plus poète.
C’est un Anglais inventé par un lettré ingénieux qui parle à des blasés, et qui a besoin d’une forme littéraire un peu neuve pour donner à ce qu’il va dire de l’inattendu et du piquant.
Cette partie de sa vie qui a l’intérêt des romans où l’on a le mieux peint la lutte de l’homme contre les choses, le danger, l’obstacle, l’ennemi, fait regretter amèrement qu’aux jours difficiles où les gouvernements qu’il servit curent besoin de fortes épaules, sur lesquelles ils pussent s’appuyer, on n’eut pas pensé à la sienne.
En toutes choses, l’idéal est loin et recule, mais ici, il est si loin qu’il n’a plus besoin de reculer. » L’homme qui écrivait les lignes précédentes, en 1828, dans un des recueils périodiques les plus estimés de l’Angleterre, devait plus tard devenir lui-même un historien, et il serait piquant de savoir si, quand il écrivait ainsi, il pensait déjà à le devenir, et s’il ne méritait pas qu’on lui appliquât le mot de Pope sur Addison : « Addison — disait Pope — ressemble à ces sultans d’Asie, qui ne croient jamais régner en sûreté qu’après avoir fait périr tous leurs frères. » En décapitant tous les historiens d’un seul revers de plume, Macaulay songeait-il à se préparer un royaume ?
Il s’était toujours, dit Prescott, étudié à leur plaire (aux femmes), même quand il n’avait pas besoin pour cela de coquetterie, — comme en Angleterre, lors de son mariage avec Marie, qui était folle de lui-même avant de l’avoir vu, — galant, mais hautain, et, malgré sa galanterie, peu d’humeur à jouer le rôle de mari de la Reine, fait, plus tard, pour des Cobourg !
L’abbé Galiani démontrait, en effet, par la petitesse de sa personne, que l’esprit n’a pas besoin d’espace comme la matière, et que toutes ses puissances accumulées peuvent tenir dans une imperceptibilité… Et c’est bien là la beauté de l’esprit, sa force et sa gloire !
Ôtez, en effet, les vérités indémontrables et nécessaires à la vie et à la pensée humaines, qu’on savait avant les philosophes, et auxquelles ils n’ont pas donné un degré de certitude de plus, — le nombre infini de leurs sophismes laborieux, — les forces d’Hercule perdues par eux pour saisir le faux ou le vide, — le mal social de leurs doctrines qui n’ont pas même besoin d’être grandes pour produire les plus grands maux, — ôtez cela après l’avoir pesé, et dites-moi ce qui reste de tous ces philosophes et de toutes ces philosophies, même de ceux ou de celles qui paraissent le plus des colosses !
La religion est une Thétis qui trempe les cœurs dans des eaux dont ils ressortent Achille et qui leur dit : « La peur seule est mortelle. » Et d’ailleurs, avait-il besoin de courage ?
… Le réveil des peuples, c’est aussi fabuleux que le réveil d’Épiménide, dont on ne parlerait jamais plus si les rhéteurs, dans leurs discours et dans leur néant, n’avaient eu besoin de cette figure de rhétorique.
Autant en emporte le vent, ce bon vent du xixe siècle, qui emporte tout doucement tant de choses, sans avoir besoin de souffler !
La science proprement juridique est ici secondaire ; et s’il en était besoin, on pourrait leur adjoindre des jurisconsultes.
Ils tâchent d’étendre et d’agrandir la raison universelle ; de reculer les limites de toutes les connaissances ; d’élever la nature morale ; de dompter et d’assujettir à l’homme la nature physique ; d’établir pour nos besoins une correspondance entre les cieux et la terre, entre la terre et les mers, entre leur siècle et les siècles qui ne sont plus, ou ceux qui seront un jour ; de contribuer, s’il est possible, à la félicité publique, par la réunion des lumières, comme ceux qui gouvernent y travaillent par la réunion des forces.
De la géographie poétique La géographie poétique, l’autre œil de l’histoire fabuleuse, n’a pas moins besoin d’être éclaircie que la chronologie poétique.
La liberté fit la législation, et de la législation sortit la philosophie.Tout ceci est une nouvelle réfutation du mot de Polybe que nous avons déjà cité ( Si les hommes étaient philosophes, il n’y aurait plus besoin de religion ).
L’idée d’étudier le vieux français, de remonter au-delà d’Amyot, de Montaigne et de Rabelais, ne vint que tard ; le grand siècle se suffisait à lui-même ; les grands écrivains des règnes de Louis XIV et de Louis XV se trouvaient trop bien chez eux, surtout en fait de langage, pour sentir le besoin d’en sortir. […] Ne dites point que c’est la maison d’Horace, mais tout simplement celle du savant le plus étranger aux besoins et le plus aisément content de peu. […] Littré et sur ce modèle : aucune ambition, aucune gloriole, aucun luxe, aucun besoin factice ou sensuel ; le brouet des Spartiates lui suffit.
« Ma maison ressemble à celle de Fabricius ou de Caton ; tout mon intérieur domestique consiste en un chien et en un serviteur ; ce serviteur a sa maison attenante à la mienne ; quand j’ai besoin de lui je l’appelle, quand je n’en ai plus besoin il retourne dans sa chaumière. […] En un mot, ils m’ouvrent la porte de tous les arts et de toutes les sciences : je les trouve dans tous mes besoins.
— Non, non, me dit-il tout de suite, en me montrant sur le coin de sa cheminée sa bourse de cuir entrouverte ; je n’ai aucun besoin ni de soins ni d’argent, grâce à mon excellent frère, qui remplace mon père, et à ma bonne sœur qui me tient lieu de mère. […] Ne me méprisez pas, j’ai besoin de prier, ou bien donnez-moi une autre langue que celle de ma mère ou de l’Évangile ! […] C’est le besoin d’aimer.
Le lendemain du jour où elle est émancipée de ses besoins et de sa reconnaissance, elle quitte le couvent des Ursulines de Rome, et rentre dans le palais de la Chancellerie, bâti par Bramante. […] Si nous ne possédons pas cette correspondance où tant de choses sans doute nous seraient révélées, on montre du moins à Florence un document assez bizarre qui appartient précisément à cette date, et n’a pas besoin de commentaire. […] « Après avoir ainsi disposé et mis en ordre mon second patrimoine poétique, je cuirassai mon cœur, et j’attendis les événements…… « Après avoir ainsi réglé ma manière de vivre, j’encaissai tous mes livres, excepté ceux dont j’avais besoin, et je les envoyai dans une villa, hors de Florence, pour voir si je pourrais éviter de les perdre une seconde fois.
En conséquence, saisissant chacun de mes gros oiseaux, je les lançai l’un après l’autre sur la rive opposée, puis mon fusil, ma poire à poudre et mon carnier, et, tirant du fourreau mon couteau de chasse pour me défendre, s’il en était besoin, contre les alligators, j’entrai dans l’eau, suivi de mon chien fidèle. […] Pourvoir aux besoins de cinq personnes n’était pas tâche facile dans ces lieux sauvages : d’autant plus qu’au premier signal de l’étonnante disparition de cette famille extraordinaire, ils se virent traqués de tous côtés, et sans relâche. […] Il aime à plonger ses serres dans le sang ; le carnage fait ses délices, alors même qu’il n’a pas besoin d’une proie à dévorer.
Chacun se reconnaît dans son image et l’intérêt qui s’attache à l’événement n’a aucun besoin de rien feindre pour être touché. […] Puis, au bout d’un instant, il dit à sa femme : « Va donc chercher une de nos galettes ; ce jeune homme prendra un verre de vin, et nous le laisserons ensuite dormir en paix, car il a besoin de repos. » Il poussa la table devant moi, de sorte que j’avais les pieds dans la baignoire, ce qui me faisait du bien, et que j’étais devant la cruche. […] La tante Grédel et Catherine, à leur porte, regardaient s’écouler ce convoi funèbre ; leurs pensées, je n’ai pas besoin de le dire !
Qu’on qualifie le xixe siècle de stupide ou de génial, les quelques âmes qui ont besoin du secours de la pensée méditée et de l’art sincère sauront toujours où s’adresser. […] La vérité, c’est que pour courir les plus belles aventures, l’esprit a besoin d’un guide qui l’arrête au bord des précipices et l’empêche de s’égarer. […] Étrange manière de juger la littérature en songeant uniquement à servir les besoins d’une cause ou d’un parti, et la passion politique peut-elle aveugler à ce point ?
* * * — Cette maison, — notre maison pendant une semaine — nous a donné le goût, presque le besoin de nous réveiller, le matin, en du jour jouant dans un jardin à travers des feuilles. […] Mercredi 12 août Le docteur Phillips, le grand opérateur des vessies malades de ce temps, le casseur de pierres, comme il s’appelle, nous disait aujourd’hui qu’une opération lui donnait un appétit énorme, et qu’en deux minutes, le temps qu’il ne dépasse jamais, il se faisait en lui une telle dépense d’attention pressée et de fluide, qu’il avait besoin de manger n’importe quoi après. […] Il nous parle de la difficulté de sa vie, du désir et du besoin qu’il aurait d’un éditeur l’achetant, pour six ans, 30 000 francs, et qui lui assurerait ainsi, chaque année, 6 000 francs : le pain pour lui et sa mère, — et par là lui donnerait la faculté de faire « l’Histoire d’une famille », un roman en huit volumes.
Dieu n’a pas besoin de faire aider Shakespeare ou Calderon par un morceau de bois. […] Les religions, ayant besoin de ce livre, ont pris le parti de le vénérer ; mais, pour n’être pas jeté à la voirie, il fallait qu’il fût mis sur l’autel. […] L’auteur de Tout y ajoute un nom quand les besoins du progrès l’exigent.
Or voici ceux qui les incarnent : Johannes Vockerat tout intellect ; Kaethe toute sensibilité, qu’imitatrice elle mêlera de quelques germes moins sympathiques que cérébraux, d’après Anna Mahr : par faiblesse et besoin n’appui. […] Dans ces conditions, toute partie de décor dont on aura un besoin spécial, fenêtre qu’on ouvre, porte qu’on enfonce, est un accessoire et peut être apportée comme une table ou un flambeau. […] Comme on apprend que les figures géométriques, leurs lignes étant extérieurement prolongées, construisent d’autres figures de propriétés semblables et de plus grandes dimensions, l’homme s’est aperçu assez tard que ses muscles pouvaient mouvoir, par pression et non plus par traction, un squelette extérieur à lui-même et préférable locomoteur parce qu’il n’a pas besoin de l’évolution des siècles pour se transformer selon la direction du plus de force utilisée.
Cette image le transformait tellement, en se présentant à lui à chaque pas de sa vie et à chaque mouvement de sa pensée, que, quand il voulut se consacrer entièrement à la philosophie théologique, muse sévère de son épopée, il éprouva le besoin de donner à cette philosophie et à cette théologie personnifiées le nom, la forme, le regard, la voix, la beauté de sa Béatrice. […] « La philosophie scolastique, celle du moyen âge, menacée d’une décadence plus rapide, éprouvait le besoin d’être consolée par un grand poète. […] En effet, selon les lois qui régissent le monde spirituel, pour qu’une âme s’élève, elle a besoin de l’attraction d’une autre âme.
Le cœur sera rempli de cet amour parfait qui exclut l’égoïsme et la crainte ; la volonté, affranchie du péché, n’aura plus besoin d’une loi qui la gouverne, mais sera à elle-même sa propre loi. […] On ne peut nier que les conditions du milieu ne sollicitent et ne modifient de mille manières les besoins, et par eux n’exercent une influence considérable sur l’état économique, politique, social, d’une nation. […] Elle est pour l’humanité l’obligation, sourdement sentie d’abord comme un besoin, acceptée plus tard librement comme une dignité et un devoir, de tendre dans toutes les directions vers un idéal de beauté, de vérité, de bonheur, de perfection.
Molière avait vraiment bien besoin de modèle ! […] Il y a, en effet, chez la femme, un besoin naturel de dévouement qui empêche la misanthropie de se développer à l’état aigu, si je puis dire ; mais la misanthropie n’en existe pas moins dans certains cœurs féminins, qui sont des cœurs d’élite, seulement elle se dissimule sous une tristesse souriante qui peut donner le change. […] Encore un coup, ce n’était pas le goût des discours et le prurit de la langue qui poussaient Molière à parler en public, mais l’âpre besoin d’expliquer ses idées et son but. […] Les calomniateurs de Molière Ces pages ne sont point — ai-je besoin de le dire à présent ? […] Nous sommes les premiers à rire aujourd’hui de ce Limousin si cruellement berné, mais pendant longtemps nos cadets eurent besoin d’avoir le pied ferme et la garde solide pour repousser les épigrammes qu’il attira sur leur tête.
Il n’est rien de plus sage, ni de plus raisonnable, que le peuple français dans ses familles, ses besoins, son labeur et ses remarques proverbiales. […] Les pères, mes contemporains, ont besoin d’être désengourdis et instruits. […] C’est dire qu’il renonce à toute métaphysique, comme le positivisme lui-même et qu’il en décrète le besoin frivole. […] Car le besoin métaphysique, le besoin du pourquoi est fondamental dans l’esprit humain, au point d’être une caractéristique de cet esprit ; et le philosophe qui l’éteint en soi, ou qui l’amoindrit et le dénigre, est comme un ascensionniste qui commencerait par se couper les pieds. […] Il y a un air moral, comme un air physique, composé de besoin d’originalité et de besoin d’imitation, diversement dosés suivant les générations.
Le danger d’un pareil choix est de se laisser guider par la pente des défauts que l’on a, bien plus que par le besoin des qualités que l’on cherche. […] Baragnon, un des plus habiles pasticheurs que je connaisse, me disait qu’à une époque de sa vie, il ne pouvait lire un auteur sans céder au besoin de l’imiter. […] Mistral n’a pas eu besoin de savoir le grec pour exploiter magistralement le procédé homérique. […] Comment ferai-je, si j’ai besoin de peindre ce phénomène ? […] L’auteur disparaît et semble n’avoir pas eu besoin d’artifice pour opposer ses idées.
(J’éprouve ici le besoin de déclarer qu’évidemment il y a de très beaux poèmes parnassiens, et que je les admire. […] » Or, suivant les époques, l’oreille a des besoins différents. […] Cet ample poème, qui s’enrichira, sans doute, encore de nouveaux épisodes, apparaît comme une merveilleuse image du monde, d’une frappante réalité et si expressive qu’elle n’a pas besoin de commentaire. […] Mais il y a loin de là, peut-être, à lui faire remonter le cours qu’elle a suivi durant des siècles… Il est admissible qu’un écrivain puisse agir sur une langue, mais dans le sens des besoins nouveaux qu’elle ressent. […] Les poètes qui, entre 1886 et 1890, cherchèrent et trouvèrent une forme inédite du langage rythmé étaient animés à cette recherche par le besoin qu’ils avaient d’un vers nouveau pour une pensée nouvelle.
Il n’est pas besoin de mobiliser toute la pensée de Leibnitz pour comprendre que notre monde littéraire est, après tout, le meilleur des mondes littéraires possibles. […] Il se raconte pour satisfaire le même besoin, se procurer le même plaisir et faire la même découverte qu’on éprouve et qu’on obtient à l’entendre se raconter. […] Toutes les autres affections ont besoin du passé : l’amour crée, comme par enchantement, un passé dont il nous entoure. […] » Et ailleurs : « Est-ce que les hommes ont besoin de vouloir pour faire souffrir ? […] Estaunié la nie, et même il a écrit son roman pour la nier : « Est-ce que les hommes ont besoin de vouloir pour faire souffrir ?
Est-ce que j’ai besoin, moi qui vous parle, à mon réveil, de rencontrer de si beau style ? […] Pas n’est besoin de vous faire remarquer que Shakespeare, pour l’unité de son drame, aussi bien que Molière, a recours à un mort qui revient au monde, et qui raconte aux vivants ce qu’il a vu chez les morts. […] Malheur à vous et malheur à nous qui avions besoin de la paix du monde et de la paix de nos consciences ! […] Bulwer se plaint que jusqu’à présent Louis XIV ait échappé à la résurrection du théâtre, et il promet de ressusciter Louis XIV : avec son égoïsme somptueux et royal, son besoin maladif d’amusement, les propriétés de son tempérament susceptible, malgré sa froideur, aux énergies dorlotées, aux ressources sans culture, « et cætera ». […] J’ai besoin de vous avertir que c’est ici le même Lauzun qui fut le plus brillant cavalier et le plus aimé de la cour de Louis XIV ; que c’est le même chevalier de Grammont un bel esprit à la Voltaire dont Hamilton a fait son charmant héros.
Un besoin de voyager les poursuivit alors. […] Ce besoin de déplacer le corps quand on ne peut faire agir l’esprit, est un phénomène moral, qui se retrouve à toutes les époques fortement tenues, où l’on respire un air douteux, mêlé. — La veille de la révolution d’Angleterre, Pyne, Hampden et Cromwell allaient partir. […] Aussi est-il du devoir de tous ceux qui luttent de s’entraider, d’attirer au besoin les colères des médiocrités, d’être solides dans leurs opinions, sérieux dans leurs jugements, et de ne pas imiter la prudence du vieillard Fontenelle. […] Ils devancent l’opinion, ils la forment, précisément parce qu’ils n’ont pas besoin de la consulter pour asseoir leur jugement. […] Après de pareilles citations, continue le critique, et nous pourrions les prolonger longtemps, avons-nous besoin de dire que M.
Ceux-ci à leur tour, aisément restrictifs et négatifs dans leur prudence, n’hésitant pas au besoin, dans leur système complexe, à limiter, à entamer le droit par la raison d’État, le rendent bien en inimitié aux esprits de nature girondine, que tantôt ils ont l’air de mépriser comme de pauvres politiques, et que tantôt ils confondent en une commune injure avec la secte jacobine pour les montrer dangereux. […] Elle l’est ; on la retrouve telle, sous sa philosophie et sa sagesse, par le besoin d’agir sinon de paraître, de faire jouer les ressorts sinon de s’en vanter.
On a remarqué souvent combien la beauté humaine de son cœur se déclare énergiquement à travers la science inexorable de son esprit : « Il faut des saisies de terre, des enlèvements de meubles, des prisons et des supplices, je l’avoue ; mais, justice, lois et besoins à part, ce m’est une chose toujours nouvelle de contempler avec quelle férocité les hommes traitent les autres hommes. » Que de réformes, poursuivies depuis lors et non encore menées à fin, contient cette parole ! […] La dialectique de ce chapitre est forte et sincère ; mais l’auteur en avait besoin pour racheter plus d’un mot qui dénote le philosophe aisément dégagé du temps où il vit, pour appuyer surtout et couvrir ses attaques contre la fausse dévotion alors régnante.
Je n’ai pas besoin de vous dire avec quelle admiration je l’ai lu, mais aussi avec quelle sévérité de jugement je vous le rends. […] Je n’en avais pas besoin, ce système fut écarté par tous ; à la première lecture, on reconnut que ce législateur en phrases était le dernier en sens commun.
* * * Cette maladive manie de se séparer du reste des hommes n’empêche pas le décadent d’aimer le bifteck saignant, de recourir, quand il a besoin de protection, aux agents de cette société qu’il dédaigne, d’avoir un tailleur qui l’habille à la dernière mode et de pratiquer sans effort les règles de la civilité puérile et honnête dans ses rapports avec ses contemporains. […] Pour le moment, il est permis de constater qu’il n’y a rien en eux de bien spécial à notre génération : ce dédain des sentiments qui constituent le fond de la vie morale, ce névrosiaque besoin de s’isoler du reste des hommes, cette façon d’entendre l’art comme un dilettantisme à la portée exclusive de quelques raffinés, ces affectations de corruption et d’horreur, tout cela est en germe dans les Jeune-France de 1835.
Ses mœurs, non pires que celles des autres, mais qu’il ne prenait pas soin de cacher, soit paresse, soit qu’il trouvât innocent ce qu’il ne sentait pas le besoin de dissimuler, ses mœurs lui rendirent ce service, qu’en le faisant écarter de la cour elles lui conservèrent son naturel. […] En parler pour les blâmer serait pruderie ; les louer, ils n’en ont pas besoin.
Chaque branche de la connaissance humaine a ses résultats spéciaux qu’elle apporte en tribut à la science générale des choses et à la critique universelle, l’un des premiers besoins de l’homme pensant. […] Entraîné vers l’antiquité par ce besoin nécessaire qui porte toutes les nations néo-latines vers leurs origines intellectuelles, il n’a pu la connaître dans sa vérité, faute de l’instrument nécessaire 73.
Une simple adjonction orchestrale change du tout au tout, annulant son principe même, l’ancien théâtre ; et c’est comme strictement allégorique, que l’acte scénique maintenant, vide et abstrait en soi, impersonnel, a besoin, pour s’ébranler avec vraisemblance, de l’emploi du vivifiant effluve qu’épand la Musique. […] Mais nous, la multitude, que tient une héréditaire ignorance du technique, une héréditaire paresse intellectuelle, qu’une éducation primitive et rustique laisse grossiers, nous qui ne savons pas entendre les partitions seulement lues, — car de même qu’il fallait aux hommes, il y a dix siècles, parler le poème, il nous faut encore, aujourd’hui, que des voix et des instruments nous chantent et nous jouent la symphonie ; — ne pouvant pas lire le Livre de musique et de paroles, nous avons besoin, pour connaître l’Œuvre d’art, du théâtre matériel.
Souvent, Wagner a ressenti le besoin de s’expliquer à lui-même cet ouvrage ; ses explications, les contradictions qu’elles renferment, l’étude approfondie de l’œuvre telle que nous la possédons sur le théâtre, tout concourt pour nous démontrer que — du point de vue qui nous occupe actuellement, celui de l’état d’âme du Maître pendant cette période de la genèse de Lohengrin — c’est le doute qui caractérisa sa pensée. […] On se passionne pour un contour mélodique, comme on s’habitue à une formule harmonique ; puis, avec le temps on se lasse de l’une et de l’autre ; le changement s’impose comme un besoin, et chaque conquête nouvelle est marquée par le bris de quelque entrave.
Si le métaphysicien objecte que la réalité de l’esprit est prouvée par la conscience, et par le fait que je dis mon corps ; le biologiste répliquera que le témoignage de la conscience a besoin d’être modifié par l’analyse, et que si je dis mon corps, je dis aussi mon esprit. […] Ces explications naïves supposaient une sorte d’imagination autocrate, sans sentir aucunement le besoin de découvrir un mécanisme particulier pour la production des résultats.
De quelles ressources d'imagination n'ont-ils pas eu besoin pour lui intéresser au sort de leur Héros, pour lui concilier successivement l'admiration, l'amour, tous les sentimens dont une ame sensible est capable ! […] L’amour de l’indépendance qu’il prêche dans ses Ecrits, amour qui flatte naturellement tous les Hommes ; l’apologie qu’il fait souvent des foiblesses humaines ; la tolérance & l’humanité, qu’il ne cesse de recommander, & dont tout le monde a besoin, n’ont pas peu contribué à décider en sa faveur les Hommes de tous les états, de tous les âges, assez foibles pour croire sur parole, & trop peu réfléchis pour rien approfondir.
« Je n’ai pas eu besoin d’une médiocre patience, disait Goethe, pour supporter le supplice que m’a infligé cette lecture. […] Il avait besoin d’un silence énorme pour préparer l’esprit à ces effets grandioses.
Il faut s’attendre qu’un peuple qui ne connut pas d’abord le mérite du Misanthrope et d’Athalie, et qui applaudit à tant de monstrueuses farces, sera toujours un peuple ignorant et faible, qui a besoin d’être conduit par le petit nombre des hommes éclairés. […] Il n’en parle jamais qu’en des termes qui marquent un attendrissement profond : Lorsque mon cœur a besoin d’attendrissement, je me rappelle la perte des amis que je n’ai plus, des femmes que la mort m’a ravies ; j’habite leur cercueil, j’envoie mon âme errer autour des leurs.
Mais l’art, dont l’objet est de plier et d’accommoder les faits à nos besoins et à nos jouissances, l’art est à nous. […] Bossuet, par exemple, doué d’une parole naturelle puissante, abondante, qui se verse d’elle-même et tombe, comme les fleuves, du sein de Jupiter, n’a pas besoin de chercher des idées, ni un ordre de choses autre part qu’autour de lui.
Dressée à cette politique de l’intrigue et de la coterie, comme un faucon qui n’a pas même besoin du sifflet de ses fauconniers pour obéir, ils la lançaient et la ramenaient à leur gré… Elle avait la souplesse, la docilité et les jolis mouvements de la femme qui reste femme. […] Certes, nous ne croyons pas que jamais démence ait été plus complète et qu’il soit besoin de faire saillir, même pour des enfants, s’il en est qui nous lisent, les différences de moralité, de situation et de génie, qu’on verra toujours entre ces deux femmes, dont l’une est la gloire de son sexe et dont l’autre… assurément n’en est pas l’honneur !
Est-ce besoin, comme Alcibiade, pour faire jaser la ville, de couper la queue à son chien ? […] … Mais l’opinion d’un peuple qui n’en avait plus, n’avait pas besoin d’être subjuguée.
Il n’avait besoin que d’un dénouement, du coup de théâtre final, et il a tranché tout, comme au théâtre ; et l’homme de théâtre qu’est Feuillet, de préoccupation, avant tout, a sacrifié le romancier. […] J’aurais dit qu’il aurait sacrifié à des besoins et à d’inférieures considérations dramatiques la plus grande forme humaine et littéraire de la pensée au xixe siècle.
Le cas étoit pressant & le motif excusable ; supposé toutefois qu’en aucun cas une Fée eût besoin d’excuse. […] Le mauvais goût ressemble à ces plantes parasites que le cultivateur ne cesse d’arracher, & qui ne cessent de revenir sans avoir besoin de culture.
Les autres n’achèvent même celles-ci que dans une année ; et ils ont besoin de plus d’un an pour les premières. […] ayant besoin de sommeil, en effet, il te fallait dormir et laisser la jeune fille, avec ses compagnes, jouer auprès de sa mère chérie jusqu’au point du jour, puisque, et le matin, et à l’aurore, et d’années en années, ô Ménélas, elle est ton épouse.
De ce génie des arts, déjà levé sur l’Occident, la Turquie n’empruntait encore que des instruments de force matérielle, l’artillerie, la construction des forts et quelques notions de marine appliquées par des renégats ; mais, loin que la confiance des Turcs fut diminuée par ce besoin de secours étrangers, elle devenait plus ambitieuse et plus hautaine, comme se sentant prédestinée à prendre captive la chrétienté tout entière, avec ses richesses et ses arts. […] Dans la tradition moderne, et entre ses instincts nationaux maintenus à degrés divers, il n’est pas de vérité plus sentie que l’aversion pour la barbarie mahométane, et ce besoin de l’éloigner de l’Europe, partout attesté dans l’histoire.
Pour apercevoir, par exemple, dans la destinée de Napoléon autre chose qu’un objet d’amour ou de haine, qu’un phénomène politique utile ou funeste, pour y voir une force énergique, immense, majestueuse, qui saisit et subjugue, il n’est pas besoin d’être poète, et il suffit d’être homme, de même encore que cela suffit pour voir dans une belle nuit ou dans une tempête autre chose que du sec ou de l’humide, du vent qui rafraîchit ou de la pluie qui enrhume.
Le talent se mettait au service de certaines idées religieuses ou philosophiques qui avaient besoin d’en combattre et d’en détruire d’autres.
La brièveté consiste à prendre son point de départ où il faut, sans remonter trop haut ; à ne point énumérer les parties où il suffit de montrer le tout (souvent on peut se contenter de dire le fait sans entrer dans le détail ni dire le comment) ; à ne point prolonger la narration au-delà de ce qu’on a besoin de savoir ; à n’y point mêler de choses étrangères ; à faire entendre parfois ce qu’on ne dit pas par le moyen de ce qu’on dit ; à écarter non seulement ce qui nuit au récit, mais aussi cc qui ne lui nuit ni ne lui sert, à ne dire chaque chose qu’une fois ; à ne point recommencer ce qu’on vient justement d’achever de dire.
Un chagrin le frappe, la vieillesse vient, il se sent homme, et voici s’éveiller en lui un immense besoin d’aller aussi prier obscurément dans les recoins des églises et d’y déposer sa souffrance, et de savoir qu’il est écouté… Mais c’est Dieu maintenant qui le traite ironiquement en égal, qui discute et raisonne et lui renvoie les questions qu’il lui posait, et le promène en raillant par la chaîne des cercles vicieux qu’il avait forgée.
Même conscience dans les analyses psychologiques ; M. de Régnier alourdira au besoin sa phrase, dans des constructions à la manière de M.
On dirait que, dans ces moments de guerre contre les besoins les plus légitimes du cœur, il avait oublié le plaisir de vivre, d’aimer, de voir, de sentir.
… Auguste suivait le conseil de la nature, qui veut que tout ce qui travaille se repose, qui entretient la durée par la modération, et menace la violence de fin… Ce repos, ces distractions sont des besoins de la vie humaine, quelque riche et suffisante à soi-même qu’elle puisse être d’ailleurs… Ce sont, à proprement parler, les voluptés de la raison et les délices de l’intelligence… Un grand philosophe28 n’a pas craint de dire que le repos et le divertissement n’étaient pas moins nécessaires à la vie que les repas et la nourriture… Mais il ne veut pas que les sages passent le temps comme le vulgaire.
Madame de Montespan elle-même, malgré le plaisir qu’elle avait trouvé autrefois dans ces conversations, les tourna après en ridicule pour divertir le roi63. » Il était fort naturel sans doute qu’à la cour, où tant d’intrigues étaient toujours en action, soit pour la galanterie ou pour la fortune, on regardât comme oisifs les gens qui faisaient les plaisir de la conversation, et que le roi et madame de Montespan, dans les ébats d’un double adultère, eussent besoin de donner un nom ridicule aux personnes spirituelles de mœurs régulières et décentes.
Thomas, est de tirer ses métaphores précisément des objets qui auroient besoin eux-mêmes de métaphores pour être entendus.
Quand le métal était refroidi, on brisait le vase où la masse s’était moulée en lingot compacte, et on le coupait ensuite selon les besoins.
Du moment qu’on récuse les traductions, est-il besoin d’ajouter que l’on condamne toute imitation homérique ?
… Qu’avait-il besoin d’autre chose ?
Si, comme je le crois, l’histoire des patois, ces langues roulantes qui ont précédé les langues assises et sont à ces dernières ce que sont les tentes et les quatre piquets des premiers âges aux palais des civilisations, si l’histoire des patois est un magnifique sujet à traiter en philologie, il en est un plus beau encore, c’est l’histoire des proverbes, car les patois ont été créés plus particulièrement par les besoins généraux des hommes, et les proverbes par l’intelligence individuelle de l’humanité !
Stuart Mill, bien moins connu chez nous que Carlyle, a été cette personnalité dont il était besoin et que M.
Grand poète, malgré le calus qu’il a à l’esprit et qui l’empêche de sentir la nature que le génie gaulois sent dans tous ses poètes, lui seul excepté, — étonnant de n’avoir pas galvaudé et perdu des facultés qu’il a traînées dans tous les désordres de la vie, Villon n’a pas besoin qu’on l’exagère pour qu’on reconnaisse sa réelle supériorité.
Il eût cherché si cette révocation de l’Édit de Nantes, qu’on s’obstine à juger en l’isolant, n’était pas la conséquence d’un système d’unité dans le pouvoir qui n’est pas seulement un besoin impérieux de la pensée politique, mais qui, de plus, avait été appliqué par les prédécesseurs de Louis XIV avec une logique imperturbable, et particulièrement par ce glorieux cardinal de Richelieu dont il était le continuateur.
À en juger par ce volume-ci, nous pensons que son ouvrage n’aura pas besoin d’être recommencé : il sera complet.
— ni du choix des relations, ni des dettes, ni des partis politiques, et, puisque la religion n’est pas une seule fois invoquée, ni du confesseur (est-il donc besoin de le dire ?)
Elle n’avait pas même besoin de la tendre pour qu’elle y tombât, spontanément offerte qu’elle était, cette aumône, par la foi et l’enthousiasme fraternel des premiers Chrétiens !
Mais le mépris en bloc de ces grands esprits n’était compris que de quelques-uns, tandis qu’après le livre de Grenier il le sera, en détail, par tout le monde, — qui ne croit qu’au détail, qui a besoin qu’on lui mette une multitude de petits faits, toute une poussière de petits faits dans les yeux, pour l’éclairer, en l’en aveuglant !!
Héloïse, elle, qui n’a pas besoin qu’on la mutile pour cesser d’être femme, Héloïse qui ne le fut jamais, tant elle est, de tempérament et d’âme, philosophe, Héloïse brave le mépris du monde parce que l’homme qui l’a perdue est un de ces fascinateurs de passage qui traversent de temps en temps l’Histoire et qui voient pendant quelques minutes le monde idolâtre et imbécile à leurs pieds.
Il était un de ceux-là qui n’ont besoin de personne pour s’intéresser à quelque chose.
Il lisait d’ailleurs, comme on lit quand on n’a que très peu de livres, avec une mémoire qui retient tout et une intelligence avivée par le besoin et devenue intuitive, qui devine ce qui manque et dégage l’inconnue de l’équation.
Héloïse, elle, qui n’a pas besoin qu’on la mutile pour cesser d’être femme, Héloïse qui ne le fut jamais, tant elle est, de tempérament et d’âme, philosophe !
M. le docteur Tessier n’est pas uniquement préoccupé de spiritualiser l’instruction et de tenir compte de la magnifique duplicité humaine, même dans l’intérêt de l’observation physiologique ; il va plus loin et plus haut… « Le rationalisme dogmatique, dit-il, ne saurait coordonner les phénomènes physiologiques, et comprendre les rapports de la physiologie et de la médecine, mais, sur le terrain de la pathologie, ce rationalisme devient la négation de TOUTE vérité. » Ainsi, comme on le voit, l’enseignement n’est pas seulement matérialiste ; il est de plus arbitraire et antimédical, et l’habile écrivain le prouve avec une rigueur dont, certes, il n’avait pas besoin aux yeux de ceux qui savent jusqu’où peut porter une idée.
Heureusement que l’ange de l’Église n’a pas eu besoin de dessécher le nerf de la cuisse d’un Jacob qui n’était plus jeune quand il voulait lutter encore, et qui ne fut jamais musculeux… L’Église, qui a condamné, en concile, Abélard, n’assemblera pas de concile pour juger les Abélards modernes.
Dumas n’a pas inventée, mais qu’il a répétée, remâchée, rabâchée en quatre cent dix-sept pages, sans rien ajouter à sa force, qui n’avait pas besoin de lui !
qu’une bonne poitrine en acier de Sheffield, si l’on pouvait, par quelque vivisection bien savante, l’introduire et la substituer à ma pauvre poitrine de chair, qui n’est plus que plaie et poussière, qu’une telle machine, jouante et sifflante, bien pompante et aspirante, rendrait donc non seulement à mon corps assaini vie et souplesse, mais à mon esprit dilaté, élargi, aéré, non plus comprimé, non plus moisi, et toutes fenêtres ouvertes, lucidité, largeur, verve, originalité, puissance ; à mon cœur, non plus racorni par la souffrance, non plus isolé par la faiblesse, et, malgré lui, ployé par mille besoins à tous les égoïsmes, mais soulevé par le souffle vivifiant du bien-être et rafraîchi par tous les jeunes courants qui le fuient maintenant, sensibilité, poésie, relèvement moral, apaisement intérieur, tous les trésors de l’âme… » Et la phrase tout à coup s’interrompt, jugulée brutalement par le mot : FIN !
Voici une histoire qui n’est ni de Tacite ni de Suétone, mais d’un de nous, d’un moderne, à l’esprit sobre, aux besoins de vérité positive, sagace, de bon sens, et surtout de bonne humeur, ce que n’étaient ni Suétone ni Tacite, et qui de sa plume sans prétention, mais non pas, certes !
Cette vie accablante et terrible, à ce qui semble, pour l’imagination d’un poète, il ne se révolta jamais contre elle ; il y a plus : il l’aima et l’étreignit sur son cœur stoïque, qui n’avait besoin ni de se résigner, ni de se consoler.
Certes oui, ces cent ans-là n’ont pas été perdus, et ont dû donner à l’exécution du Diderot du dix-neuvième siècle, sur l’exécution du Diderot du dix-huitième, une supériorité des plus nettes et des plus tranchées, car les bénéfices du temps sont toujours une magnifique succession ouverte au génie, même à celui qui a le moins besoin d’hériter.
En effet, il a pu le reprendre pendant cette période comme un ouvrier reprend son ouvrage matériel, et, pour l’achever, il n’a pas eu plus besoin de verve qu’il n’en faut à une femme pour continuer un ancien tricot ou quelque vieux morceau de tapisserie… Et d’autant que Le Capitaine Fracasse n’est que cela !
On sait qu’il était né dans cette ville où la plus étonnante des institutions avait créé une nature nouvelle ; où l’on était citoyen avant que d’être homme ; où le sexe le plus faible était grand ; où la loi n’avait laissé de besoins que ceux de la nature ; de passions que celle du bien public ; où les femmes n’étaient épouses et mères que pour l’État ; où il y avait des terres et point d’inégalité ; des monnaies et point de richesse ; où le peuple était souverain quoiqu’il y eût deux rois ; où les rois absolus dans les armées, étaient ailleurs soumis à une magistrature terrible ; où un sénat de vieillards servait de contrepoids au peuple et de conseil au prince ; où enfin tous les pouvoirs étaient balancés, et toutes vertus extrêmes.
Mais, comme je n’ai pas eu besoin de « vertu » pour être un « prodigieux poète », souffrez, Monsieur Le Blond, que je vous renvoie vos fourrures. […] Et il n’est pas besoin de rechercher des cas extrêmement rares et singuliers, comme le fait M. […] Mais, ces voix, ont-elles besoin, pour être écoutées, de retentir à la tribune parlementaire ? […] Saint-Georges de Bouhélier, mais celui-ci est assez fort et n’a nul besoin qu’on le défende. […] Ce poète nous apprend donc que l’on peut posséder le culte de la sensibilité, sans avoir besoin de renoncer pour cela à celui du style ; il nous enseigne que les excès mêmes de ses émois ne doivent pas autoriser l’écrivain à négliger le respect qu’il doit à la logique, à l’intelligence, à la langue française.
Maeterlinck vient à une heure où nous avons le plus besoin d’être surélevés et fortifiés, à une heure où il n’est pas indifférent qu’on nous dise que le but suprême de la vie c’est « de tenir ouvertes les grandes routes qui mènent de ce qu’on voit à ce qu’on ne voit pas ». […] En « poésie » comme en religion, il faut la foi, et la foi n’a pas besoin de voir avec les yeux du corps pour contempler ce qu’elle reconnaît bien mieux en elle-même… » De telles idées furent maintes fois, sous de multiples formes toujours nouvelles, toujours rares, exprimées par Villiers de l’Isle-Adam dans son œuvre. […] Un romancier encore a besoin d’une large érudition et de toutes sortes de notions que l’on n’acquiert solides que lentement, par hasard, par le bon vouloir des choses et la complaisance des événements. […] L’homme qui a parlé le plus librement de l’amour, Senancour, dit de ces liaisons inharmoniques, où la femelle tombe si bas qu’elle n’a de nom qu’en l’argot le plus boueux : « Que dans une situation très particulière le besoin occasionne une minute d’égarement, on le pardonnera peut-être à des hommes tout à fait vulgaires, ou du moins on en écartera le souvenir ; mais comment comprendre que ce soit une habitude, un attachement ? […] De ses vers beaucoup sont comme roussis par une glaciale affectation de naïveté, parler d’enfant trop chéri, de petite fille trop écoutée, — mais signe aussi d’un vrai besoin d’affection et d’une pure douceur de cœur, — adolescent de génie qui eût voulu encore poser sur les genoux de sa mère son « front équatorial, serre d’anomalies » ; — mais beaucoup ont la beauté des topazes flambées, la mélancolie des opales, la fraîcheur des pierres de lune, et telles pages, celle qui commence ainsi : Noire bise, averse glapissante Et fleuve noir, et maisons closes… ont la grâce triste, mais tout de même consolante, des aveux éternels : l’éternellement la même chose, Laforgue la redit en tel mode qu’elle semble rêvée et avouée pour la première fois3.
Souvent le poète a besoin de renforcer un caractère, pour fonder un événement nécessaire à la constitution de son poème. […] Dès-lors, on ne vit plus, sur la scène tragique, que de fades romans dialogués ; et des auteurs qui semblaient n’avoir pas besoin de cette ressource, le firent entrer dans des sujets où il était absolument étranger. […] Si les acteurs agissent par vertu, voilà notre sensibilité exercée ; mais si la passion et la vertu sont d’accord, voilà tous nos besoins remplis. […] Non seulement il en a besoin pour l’invention de l’ordonnance du drame lyrique, mais il ne peut se passer d’interprète dans toutes les occasions où la précision du discours devient indispensable, où la langue musicale entraînerait le spectateur dans l’incertitude. Le musicien n’a besoin d’aucun secours pour exprimer la douleur, le désespoir, le délire d’une femme menacée d’un grand malheur ; mais son poète nous dit : Cette femme éplorée que vous voyez, est une mère qui redoute quelque catastrophe funeste pour un fils unique ; … cette mère est Sara, qui ne voyant pas revenir son fils du sacrifice, se rappelle le mystère avec lequel ce sacrifice a été préparé, et le soin avec lequel elle en a été écartée ; elle se porte à questionner les compagnons de son fils, conçoit de l’effroi de leur embarras et de leur silence, et monte ainsi, par degrés, des soupçons à l’inquiétude, de l’inquiétude à la terreur, jusqu’à en perdre la raison.
Il est dominé par deux besoins égaux. […] Nerval, pour être poète, n’avait pas besoin des signes extérieurs de la césure et de la rime. […] Aussi, pour mettre en jeu le « petit monde » dont il possède toutes les attitudes et tous les mobiles, n’a-t-il pas besoin de personnages exceptionnels et d’événements compliqués. […] Est-il besoin d’autre preuve de ce que j’avance, que la merveilleuse ingéniosité dont font montre certains de nos concitoyens pour acquérir le bien d’autrui et que la diligence qu’ils mettent à se l’approprier ? […] Il leur ordonne de répondre à notre besoin de symétrie et de régularité.
Peu de temps après, un homme, dont le nom de famille était Mignot, et Mondorge celui de comédien, se trouvant dans une triste situation, prit la résolution d’aller à Auteuil, où Molière avait une maison et où il était actuellement, pour tâcher d’en tirer quelques secours pour les besoins pressants d’une famille qui était dans une misère affreuse. […] » Baron se défendit de fixer le plaisir que Molière voulait faire à Mondorge, qui, pendant que l’on décidait sur le secours dont il avait besoin, dévorait dans la cuisine, où Baron lui avait fait donner à manger. « Non, répondit Molière, je veux que vous déterminiez ce que je dois lui donner. » Baron, ne pouvant s’en défendre, statua sur quatre pistoles, qu’il croyait suffisantes pour donner à Mondorge la facilité de joindre une troupe. « Eh bien, je vais lui donner quatre pistoles pour moi, dit Molière à Baron, puisque vous le jugez à propos ; mais en voilà vingt autres que je lui donnerai pour vous : je veux qu’il connaisse que c’est à vous qu’il a l’obligation du service que je lui rends. J’ai aussi, ajouta-t-il, un habit de théâtre dont je crois que je n’aurai plus besoin : qu’on le lui donne ; le pauvre homme y trouvera de la ressource pour sa profession. » Cependant cet habit, que Molière donnait avec tant de plaisir, lui avait coûté deux mille cinq cents livres, et il était presque tout neuf. […] Elle fait des tableaux couvrir les nudités ; Mais elle a de l’amour pour les réalités. » Pour moi, contre chacun je pris votre défense, Et leur assurai fort que c’était médisance ; Mais tous les sentiments combattirent le mien, Et leur conclusion fut que vous feriez bien De prendre moins de soin des actions des autres, Et de vous mettre un peu plus en peine des vôtres ; Qu’on doit se regarder soi-même un fort long temps Avant que de songer à condamner les gens ; Qu’il faut mettre le poids d’une vie exemplaire Dans les corrections qu’aux autres on veut faire ; Et qu’encor vaut-il mieux s’en remettre, au besoin, À ceux à qui le ciel en a commis le soin.
Et elle ajoute qu’elle n’est pas attirée par le livre, mais bien par le théâtre, déclarant, du haut d’une vue assez profonde de l’époque, que dans ce moment, où tout se précipite, il est besoin du succès immédiat, qu’il n’y a pas pour les gens de l’heure présente, à attendre les revanches, que des oseurs, comme mon frère et moi, ont obtenues, que du reste, elle trouve, que le théâtre est un meilleur metteur en scène de la passion que le livre. […] voici la pauvre bête, dans sa souffrance ayant besoin qu’on soit près d’elle, et elle vous suit de ses deux grands yeux tristes, quand on s’éloigne, et elle vous salue d’un petit miaulement, quand on revient, et elle vous remercie de votre caresse, par un petit ronronnement tout doux. […] Il peint l’activité dévorante de cet homme, qui tout à coup, dans un endroit où il paresse inactif, le sollicite de se remuer, de se mettre en route, de faire un voyage, et l’idée du voyage entrée dans sa tête, il a besoin de décamper de suite, disant à son monde : « Le bateau part à quatre heures, il faut un quart d’heure pour y aller… Oh ! […] » Samedi 5 novembre Je reconnais que j’ai la fièvre, non pas tant à la chaleur de mes mains, qu’à la sensation de mes yeux jetant des éclairs : sensation, que je n’ai pas besoin de vérifier, pour en avoir la certitude.
Il ne pourrait que constater l’universelle antithèse du bien et du mal, de la lumière et des ténèbres, sans éprouver ce besoin d’unité qui n’est si impérieux que quand il est moral, que quand il s’agit de l’unité du bien. « Unité du bien » et, en contraste, « ubiquité du mal », voilà ce qui a frappé Victor Hugo ; et c’est ce qui, à chaque instant, dans le domaine de la pensée pure, le fait pencher vers le manichéisme. […] Les œuvres inédites de Victor Hugo contiennent des pages dignes de Montesquieu sur les effets sociaux du luxe et sur le peuple : « Le luxe est un besoin des grands Etats et des grandes civilisations ; cependant il y a des heures où il ne faut pas que le peuple le voie… Quand on montre le luxe au peuple dans des jours de disette et de détresse, son esprit, qui est un esprit d’enfant, franchit tout de suite une foule de degrés ; il ne se dit pas que ce luxe le fait vivre, que ce luxe lui est utile, que ce luxe lui est nécessaire ; il se dit qu’il souffre et que voilà des gens qui jouissent ; il se demande pourquoi tout cela n’est pas à lui, il examine toutes ces choses, non avec sa pauvreté qui a besoin de travail et par conséquent besoin des riches, mais avec son envie.
Les lois ne font que consacrer une étape dans l’évolution des mœurs ; jamais un arrêt du Parlement n’aurait mis fin aux mistères, si ceux-ci avaient encore répondu à un besoin de l’esprit général (on l’a bien vu au xviiie siècle dans la guerre des théâtres) ; de fait, les mistères végéteront, malgré la loi, pendant une cinquantaine d’années, et s’ils meurent, c’est d’épuisement, de mort naturelle. […] Pour nous qui n’avons plus besoin de soutenir Hernani contre les classiques, qui voyons Ruy Blas alterner avec Andromaque au Théâtre-Français, nous osons dire que le théâtre de cette période est tout, sauf dramatique. […] De cette crise prochaine se dégagera le principe nouveau que notre myopie ne distingue pas aujourd’hui, la foi dont l’homme a besoin pour vivre. — Notre époque est intéressante : pour celui qui pense, la vie actuelle est une belle douleur. […] Et qu’on ne parle pas des besoins pratiques de l’école !
vous l’êtes encore plus que vous ne le croyez, je vous en réponds ; mais usez de votre force au besoin, prenez sur vous, et vous serez appuyé. » — « (L.)
De plus, en poursuivant l’image, en supposant le fleuve détourné, brisé, fatigué à travers les canaux, les usines, saigné à droite et à gauche, comme le Rhin dans les sables et la vase hollandaise, on retrouve la critique telle exactement que la font les besoins de chaque jour, dans sa marche sans cesse coupée et reprise.
Thiers, il n’était pas besoin de tels sacrifices pour satisfaire les mânes du jeune Féraud : il suffisait des honneurs touchants rendus à sa mémoire. » La Convention décréta pour loi une séance funèbre.
La réalité a pour symbole une planche partagée en cases sur laquelle le poète peut jouer le vulgaire jeu de dames ou le royal jeu d’échecs, selon qu’il ne possède que de simples morceaux de bois rond, ou des figures artistement taillées164 — Le besoin d’effacer en soi toute originalité pour se faire une surface unie a donné aux Français pour les termes généraux un goût contraire au vrai style comique.
Le Dictionnaire académique vaut pour Racine : il est trop pauvre pour Molière et pour La Fontaine, qui ont besoin de signes moins éloignés et moins dépouillés des sensations naturelles.
Aurais-tu besoin que j’écrivisse la démonstration tout au long ?
Cela se sent à ses articles, à ses livres ; et son besoin de se renouveler s’affirme par tout un travail pour la présentation de l’idée ; que ce travail soit d’apparence clownesque comme ici, sérieux comme entre d’autres choses de lui, il n’en existe pas moins, précieux à constater.
J’ai lu sans prendre de notes, et ne puis citer de mémoire un passage justificatif de cette critique, mais je le ferais au besoin.
Dans ces Maritimes où s’étalent tant d’exemples de couardise et le continuel besoin de paraître sans être, le Paul Adam qui, depuis quelques années, flagorne toutes les puissances, prétend, avec l’incompréhension la plus voulue et la plus lâche, rencontrer je ne sais quel « héroïsme des idées et des actes ».
Souvent la rime qu’un Poëte va chercher bien loin, le réduit à alonger & à faire languir son discours ; il lui faut deux ou trois vers postiches, pour en amener un dont il a besoin.
Toutes ces entreprises ont été frappées de stérilité, et, quoique dignes d’intérêt précisément parce qu’elles témoignent du besoin énergique que nous signalons, elles ne peuvent inspirer à aucun esprit sensé le désir de les renouveler.
Monsieur Despreaux a dit cent fois qu’il n’avoit songé qu’à opposer le sentiment de ceux qui faisoient tourner le soleil sur son axe au sentiment de ceux qui n’avoient pas voulu qu’il tournât sur son axe, et le vers le dit même assez distinctement pour n’avoir pas besoin d’être interpreté.
J’ai besoin d’avoir un petit éclaircissement avec vous : il faut commencer par vous dire mon nom ; vous ne me connaissez guères, quoique vous vous mêliez de me juger.
Une psychologie des peuples, est-il besoin de le faire remarquer, exigerait, outre la connaissance des événements artistiques, matière de l’esthopsychologie, celle des événements économiques, juridiques (moraux, religieux) et intellectuels (développement des sciences, etc.).
Il n’a pas de ces petites adresses et il n’en a pas besoin.
L’Église n’a nul besoin qu’on exagère son action à aucune période de l’histoire pour que cette action soit ce qu’elle a toujours été quand des passions ou des gouvernements hérétiques ne l’ont pas entravée, c’est-à-dire légitime, nécessaire, pacificatrice et grandiose.
Au moins il y avait là une idée, sinon un système, un essai de philosophie, malheureux, j’en conviens, défaillant, impossible à organiser, mais qui montrait dans les tendances de son auteur des besoins de zénith et d’horizon que sa pensée, ramenée sur la terre par la politique au jour le jour, ne connaît plus… Pelletan était jeune encore dans ce temps-là ; plein d’un enthousiasme, qui avait l’excuse de son inexpérience, pour des idées qui lui paraissaient généreuses.
Elle n’avait ni les engouements, ni les dégoûts, ni les besoins mendiants de société de cette femme d’un esprit qui tenait tête à Voltaire et qui périssait dans la solitude, tout en se croyant la fière philosophie de Diogène parce qu’elle avait donné à son fauteuil du coin du feu la forme étrange d’un tonneau.
La postérité n’aura pas besoin de briser de sa main sérieuse le verre vide où cet agaçant harmonica aura vibré.
Elle est allée d’abord à ce qui brillait le plus et par conséquent n’avait pas besoin d’être éclairé.
Doublet lui-même n’est pas si convaincu de la solidité de cette théorie qu’il ne sente le besoin de l’appuyer sur autre chose… et vous douteriez-vous jamais sur quoi il l’appuie ?
Comme écrivain, opérant sur une langue qu’il n’inventa pas, quoiqu’on l’ait dit, car nous avons un si effroyable besoin de flatter que nous finissons par flatter la gloire, il imita Montaigne, et l’imitateur ne fit pas oublier l’imité.
Flourens, — rien de pareil en fait de style scientifique ne s’est vu pour la transparence presque aérienne de la phrase et cette précision, sûre d’elle-même, qui n’a pas besoin d’appuyer.
Dans un temps où l’inétanchable besoin de merveilleux fait accepter à la pauvre imagination publique, qui semble tombée en enfance, les abjectes et les bêtes inventions des Esprits frappeurs et des tables tournantes, Swedenborg, l’illuminé Swedenborg est-il donc un sujet trop élevé pour elle ?
Et il commençait ainsi sa journée, sa moisson de cœurs repentants, bien avant l’aurore î Et ces foules qui venaient à lui, sans qu’il eût besoin d’aller à elles, se sont tellement renouvelées, pendant toute sa vie, qu’en prenant la moyenne de ses confessions on a trouvé plus d’un million d’âmes converties puisqu’il les avait confessées.
C’est un enfant dérobé… et adopté pour les besoins de l’impuissance aux abois !
Mais en ce beau pays de France, qui est très lâche en littérature, on prit peur de ce mot « d’arabesques » qui pouvait déconcerter les petites têtes françaises et tromper leur besoin de petite clarté… et on le ratura pour le remplacer par le mot « d’extraordinaires », bête comme une affiche de théâtre, un jour de solennelle représentation !
Il a (regardez-y et même vous n’avez pas besoin d’y regarder pour en être frappé) la fécondité, la force, la profondeur, la grâce, la variété dans l’inspiration et cette unité dans le sentiment qui fait l’originalité d’un homme et qui lui crée son moi poétique, mais dans quelle proportion a-t-il tout cela, si ce n’est dans celle qui étouffe, en le restreignant, le génie, le génie à qui la place est nécessaire et qui ne peut jamais se passer d’horizons !
Elle fut aussi la Campistron d’Alfred de Musset dans La Faute du Mari ; mais elle ne le fut même pas de Molière dans Lady Tartuffe, comédie sans comique, écrite pour la tragédienne Mlle Rachel, mascarade d’un type d’homme qui ne peut jamais être un type de femme, car l’hypocrisie, odieuse dans l’homme parce qu’il est fort et qu’il n’a pas besoin d’être hypocrite, l’est beaucoup moins dans la femme, être faible, souvent opprimé.
II Elle ne l’augmentera pas, car c’est impossible, mais elle répondra noblement aux besoins impérieux de cette popularité sans exemple que La Fontaine doit à ses Fables.
Ici, au contraire, c’était aussi du patriotisme, mais d’une inspiration plus haute, parce qu’elle était moins collective, exprimé dans des vers qui n’avaient pas besoin de musique pour paraître beaux, et comme, avant eux, la langue française n’en connaissait pas.
C’est ainsi que l’enfant vrai peut arracher du cœur de Thérèse, de ce cœur enragé ou plutôt dépravé par des besoins de maternité insatiables, l’amour faux de ce faux enfant d’amant, qu’elle s’obstine, jusqu’au dernier moment du livre, à traiter avec la lâcheté sublime que les mères ont parfois pour leurs fils !
C’est ainsi que l’enfant vrai peut arracher du cœur de Thérèse, de ce cœur enragé ou plutôt dépravé par des besoins de maternité insatiables, l’amour faux de ce faux enfant d’amant, qu’elle s’obstine, jusqu’au dernier moment du livre, à traiter avec la lâcheté sublime que les mères ont parfois pour leurs fils !
« Je n’ai jamais écrit d’imagination, dit-il » ; — et plus loin : « J’avais besoin pour travailler d’infiniment plus de notions qu’un autre. » Et voilà qu’après avoir confessé son indigence intellectuelle, il se fait mendiant hardiment en sa Correspondance et quête, pour finir son livre, aux renseignements et aux détails.
Les originaires d’Alsace, Français de la même manière que les habitants de Nantes ou de Marseille, ont en plus un besoin personnel de la victoire, un intérêt immense à l’écrasement de l’Allemagne.
Le panégyrique du roi est fondé sur les faits qui se sont passés depuis 1744 jusqu’en 1748 ; et cette époque, comme on sait, fut celle de nos victoires ; ce qu’il n’est pas inutile de remarquer, c’est que l’auteur se cacha pour louer son prince, comme l’envie se cache pour calomnier ; mais les grands peintres n’ont pas besoin de mettre leurs noms à leurs tableaux ; celui-ci fut reconnu à son coloris facile et brillant, à certains traits qui peignent les nations et les hommes, et surtout au caractère de philosophie et d’humanité répandu dans tout le cours de l’ouvrage.
De là, chez Mme de La Fayette, cet art discret, mesuré et si puissant encore, sans avoir besoin de contorsions ou de secousses. […] Nous avons grand besoin de son secours. […] J’en ai grandement besoin. […] Pourtant, la tragédie plus haute des Grecs n’en avait nul besoin : un seul ton fondamental y règne harmonieusement. […] Il a besoin de tirer la moralité de sa tragédie, qui a un sens religieux, qui est une sorte de mystère païen.
L’excès irrite l’envie : à la hauteur qui vous place audessus d’elle et de toutes les choses de la terre, vous lui échappez ; mais elle pèse sur moi, et j’ai besoin d’un appui. […] Je préviens l’un, je m’acquitte avec un autre ; je secours celui-ci, j’ai pitié de celui-là ; je pourvois au besoin d’un troisième. […] Je lis qu’il consola Pauline et ses amis ; mais je ne lis point qu’il se soit désolé… Qu’il eut besoin de son exemple. […] Nous n’avons pas besoin de l’exemple de Sénèque pour savoir qu’il est plus aisé de donner un bon conseil que de le suivre. […] Cette impartialité rigoureuse n’est guère exercée que par ceux qui ont le plus besoin d’indulgence.
Peut-être, d’ailleurs, est-ce chez lui besoin autant que volonté et calcul. […] Même dans la pure philosophie, dans la définition des lois de l’esprit, il a besoin d’illustrer sa pensée ; il lui faut du sensible, du voyant, mieux encore, du chatoyant et de l’éclatant. […] Relisons-les surtout aux heures grises où l’on a besoin d’une débauche de couleur et de lumière. […] Et, si son « orgueil » finit par capituler, s’il devint, pour le besoin de son placet, oncle de Sirena, n’est-ce pas Gil Blas, plus encore que Pédrille, qui le lui persuada ? […] Si bien qu’on nous l’offre maintenant appauvri, et qu’on sent le besoin d’excuser son indigence.
Le besoin même qu’elle éprouve de se perpétuer dans le temps la condamne à n’être jamais complète dans l’espace. […] Plus généralement, les corps inorganisés, qui sont ceux dont nous avons besoin pour agir et sur lesquels nous avons modelé notre façon de penser, sont régis par cette loi simple : « le présent ne contient rien de plus que le passé, et ce qu’on trouve dans l’effet était déjà dans sa cause ». […] Oui, si l’on convient, a priori, d’assimiler le corps vivant aux autres corps de la nature et de l’identifier, pour les besoins de la cause, avec les systèmes artificiels sur lesquels opèrent le chimiste, le physicien et l’astronome. […] Après avoir résolu l’aspect biologique des phénomènes en facteurs physico-chimiques, nous sauterons, au besoin, par-dessus la physique et la chimie elles-mêmes : nous irons des masses aux molécules, des molécules aux atomes, des atomes aux corpuscules, il faudra bien que nous arrivions enfin à quelque chose qui se puisse traiter comme une espèce de système solaire, astronomiquement. […] Les deux principes disent la même chose dans leurs deux langues, parce qu’ils répondent au même besoin.
Que si, de plus, elle est tendre, elle a pourtant besoin de chercher autour d’elle des équivalents. […] Ç’a été par suite de ce même courage, qu’étant amené par mes recherches à une philosophie désespérante, je n’ai pas hésité à l’embrasser tout entière, tandis que, de l’autre côté, ce n’a été que par effet de la lâcheté des hommes, qui ont besoin d’être persuadés du mérite de l’existence, que l’on a voulu considérer mes opinions philosophiques comme le résultat de mes souffrances particulières, et que l’on s’obstine à attribuer à mes circonstances matérielles ce qu’on ne doit qu’à mon entendement. […] Ce point de vue, où l’on fait ressortir certains avantages de l’Italie quant à la langue poétique, a besoin d’être balancé et un peu rabaissé par la considération de quelques inconvénients très-réels.
S’il existait sur terre un homme capable d’écrire Faust, et qui eût besoin d’un écho, je me ferais muraille pour répercuter cette voix d’en haut ! […] « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, dit Goethe, et surtout il n’est pas bon qu’il travaille seul ; il a besoin, pour réussir, qu’on prenne intérêt à ce qu’il fait, qu’on l’excite. […] C’était une nature vigoureuse qui avait besoin de beaucoup d’années pour mûrir.
Quiconque alors, aimable Malvina, m’eût osé dire qu’un jour, aveugle et infirme, je passerais les nuits dans la solitude, eût eu besoin d’avoir une cotte d’armes d’une trempe bien forte, et un bras invincible. […] Mais qu’ai-je besoin de le demander : ce sont leurs voix que m’apportent le vent du matin. […] Mon épée reluira sur cette colline : elle sera l’appui de mon peuple ; mais puissiez-vous n’avoir jamais besoin de son secours, tandis que le fils de Morni va combattre à ma place !
Il est bon, en effet, qu’un raisonnement ait de la grâce : or, la grâce est incompatible avec une trop rigide précision. » Et cette autre : « L’histoire a besoin de lointain, comme la perspective. […] Cet ennemi de l’esprit classique a, dans son besoin d’unité, soumis le réel aux simplifications et aux généralisations les plus impérieuses Sa philosophie se retrouve, dramatisée, dans le roman naturaliste ; et l’on sait que le roman naturaliste lui faisait horreur. […] Coppée ressemble à celui des romanciers anglais ou russes, si j’avais besoin, pour goûter nos écrivains à nous, de constater qu’ils ressemblent aux étrangers.
Ces ambitions coalisées, ayant besoin de recruter des forces dans le peuple qui ne comprend que les idées simples, s’avisèrent de raviver l’esprit de conquête éteint, de souffler sur la gloire assoupie, de verser des larmes très hypocrites sur les cendres de l’empereur, dont les libéraux avaient été les premiers déserteurs et les plus acharnés blasphémateurs en 1814. […] Un enfant voué à l’établi, à l’aiguille et aux ciseaux, n’aurait pas eu besoin de passer six ans dans une maison d’études libérales de Paris. […] Je n’ai pas voulu entendre parler des affaires pour moi-même, mais j’ai toujours été apte à les bien comprendre et à les bien conseiller dans les autres : les puissances financières, les Laffitte, les Pereire, qui ont été et qui sont mes amis, vous en rendraient au besoin témoignage.
Cependant nous ne croyons pas, dit M. de Querlon, qu’après cette traduction on ait besoin d’autre chose. […] Enfin il a étendu ou resserré les pensées du Poëte, suivant le besoin des transitions, & les contraintes de la rime. […] Cette abondance excessive est comme le fond de son caractère ; & les exemples en sont si fréquens dans ses Elégies sur-tout, qu’elle n’a pas besoin d’être prouvée.
Cette qualité inconnue aux anciens, qui composaient grandement l’histoire, mais qui n’y jetaient pas la vie dans les proportions où la pensée moderne a le besoin de l’y verser, est le mérite le plus en saillie du talent très riche et très complexe de Cassagnac. […] Il l’a écrite le plus souvent pour les besoins d’une cause politique. […] Et, en effet, tout aurait dû préserver de l’œil du jettatore cette tête carrée d’un sens si recte, d’une bonne humeur si gauloise, d’un besoin si tyrannique d’ordre et de clarté, de notions certaines et de méthodes sûres, que le mot d’argot, une sorbonne, peut seul bien caractériser.
Écoutons l’histoire : « Chaque assemblée quinquennale redoublait, au moment du vote du don gratuit, d’instances pour la destruction de l’hérésie : « Nous ne demandons pas, Sire, disaient les évêques, que votre Majesté bannisse à présent de son royaume cette malheureuse liberté de conscience, qui détruit la véritable liberté des enfants de Dieu, parce que nous ne jugeons pas que l’exécution en soit facile ; mais nous souhaitons que si votre autorité ne peut étouffer tout d’un coup ce mal, elle le rende languissant et le faire périr peu à peu73 » Sous ce langage patelin, ne reconnaissons-nous pas ce fait positif, que l’épiscopat n’accordait au roi l’argent dont il avait besoin pour entretenir sa valetaille, que contre une promesse formelle de persécution 74 ? […] Quoique gentilhomme catholique, Saint-Simon fut assez large d’esprit et de cœur pour ne pas dissimuler la sympathie profonde que lui inspirèrent ces victimes de la théocratie : « La révocation de l’édit de Nantes, écrit-il, sans le moindre prétexte et sans aucun besoin, et les diverses proscriptions plutôt que déclarations qui la suivirent, furent les fruits de ce complot affreux qui dépeupla un quart du royaume, qui ruina son commerce, qui l’affaiblit dans toutes ses parties, qui le mit si longtemps au pillage public et avoué des dragons, qui autorisa les tourments et les supplices dans lesquels ils firent réellement mourir tant d’innocents de tout sexe par milliers, qui ruina un peuple si nombreux, qui déchira un monde de familles, qui arma les parents contre les parents pour avoir leur bien et les laisser mourir de faim ; qui fit passer nos manufactures aux étrangers, fit fleurir et regorger leurs États aux dépens du nôtre et leur fit bâtir de nouvelles villes, qui leur donna le spectacle d’un si prodigieux peuple proscrit, nu, fugitif, errant sans crime, cherchant asile loin de sa patrie ; qui mit nobles, riches, vieillards, gens souvent très estimés pour leur piété, leur savoir, leur vertu, des gens aisés, faibles, délicats, à la rame, et sous le nerf très effectif du Comité, pour cause unique de religion ; enfin qui, pour comble de toutes horreurs, remplit toutes les provinces du royaume de parjures et de sacrilèges, où tout retentissoit de hurlements de ces infortunées victimes de l’erreur, pendant que tant d’autres sacrifioient leur conscience à leurs biens et à leur repos, et achetoient l’un et l’autre par des abjurations simulées d’où sans intervalle on les traînoit à adorer ce qu’ils ne croyoient point, et à recevoir réellement le divin corps du Saint des saints, tandis qu’ils demeuroient persuadés qu’ils ne mangeaient que du pain, qu’ils devoient encore abhorrer. […] Un exemple seul suffirait, s’il était besoin d’un exemple pour confirmer une vérité tellement éclatante : la situation de l’Écosse avant et après Knox.
Croce, dans un même besoin de réaction contre le positivisme, je dois beaucoup à Brunetière. […] Est-il besoin d’insister ? […] Car D’Annunzio n’a aucun besoin de concentration ; non content de mener de front un hymne à la terre, un roman et une tragédie, il conçoit ses œuvres par séries entières.
L’érudition, le goût d’un Boissonade, n’y seraient pas de trop, et de plus il y aurait besoin, pour animer et dorer la scholie, de tout ce jeune amour moderne que nous avons porté à André. […] Cette étude qu’il avait faite de Rabelais me justifierait, s’il en était besoin, de l’avoir autrefois rapproché longuement de Regnier.
Convoquée par le gouvernement, dirigée par lui, contenue ou interrompue au besoin, toujours sous sa main, employée par lui à des fins politiques, elle reste néanmoins un asile pour le clergé qu’elle représente. […] Ils sont ses familiers, les hôtes de son salon, des gens de race comme lui, ses clients naturels, les seuls avec lesquels il cause et qu’il ait besoin de voir contents ; il ne peut s’empêcher de les assister.
« Que Vitellius retrouve à Rome son frère, son épouse, ses enfants : quant à moi, je n’ai besoin ni d’être consolé, ni d’être vengé. […] « Elle envoie son affranchi Agérinus annoncer à son fils que, par la protection des Dieux et par l’heureuse fortune de l’empereur, elle vient d’échapper à un grave accident, et le conjurer en même temps, malgré l’émotion que va lui causer le péril de sa mère, de vouloir bien différer sa visite, ayant elle-même, pour le moment, besoin d’un repos absolu.
il n’y en a pas d’autre ; je vous défie tous d’en trouver une autre : donc il n’y a pas d’organisation du travail, de distribution des richesses forcée, autre que la distribution par la liberté, par la concurrence, par l’économie des travailleurs, et par les besoins des consommations libres, des capitalistes, etc. […] J’ai besoin de revoir ce que j’ai combattu, De jeter sur l’impie un dernier anathème, De te dire, à toi, que je t’aime, Et de chanter encore un hymne à la vertu !
J’avais besoin de me reposer un moment, et de m’abreuver à une source. […] Mais ce serait trop long à vous raconter ; vous devez avoir besoin de dormir.
J’eus à peine besoin de lire deux fois ces vers délicieux pour les savoir à jamais. […] Par doux besoin d’aimer dès l’aube evigilée.
Mais l’homme qui, sous un ciel moins indulgent, dans une nature moins affectueuse, travaille et lutte contre les hommes et les choses et sent qu’il joue son sort, celui-là éprouve le besoin de chanter son amertume, son impatience, sa détresse. […] La création artistique ou littéraire a besoin d’être stimulée par cet échange d’idées, de sentiments, d’impressions qui est possible seulement dans un cercle où règne la curiosité des choses de l’esprit.
Et encore aujourd’hui nous n’avons guère de façons de parler nobles et magnifiques qu’il ne nous ait laissées ; et quoique nous ayons retranché la moitié de ses mots et de ses phrases, nous ne laissons pas de trouver dans l’autre moitié presque toutes les richesses dont nous nous vantons132. » Le choix qu’Amyot fit de Plutarque est de ces convenances que j’ai déjà signalées dans le cours de cet écrit entre les besoins du temps et le génie de l’écrivain appelé à y pourvoir. […] Le caractère de Montaigne, tel que nous le montrent les Essais, est celui d’un homme nonchalant par humeur, non moins que par la faveur d’une condition qui lui permettait le repos ; irrésolu, tantôt par l’effet des lumières, qui font voir autant de raisons pour s’abstenir que pour agir, tantôt par la fatigue de délibérer, détestant l’embarras des affaires domestiques, et préférant l’inconvénient d’être volé à l’ennui de veiller sur son bien ; ennemi de toute contrainte, jusqu’à regarder comme un gain d’être détaché de certaines personnes par leur ingratitude ; ne donnant prise sur lui à rien ni à personne, ne se mettant au travail qu’alléché par quelque plaisir simple, naïf, vrai avec lui-même et avec les autres ; ayant le droit de parler de sa facilité, de sa foi, de sa conscience, de sa haine pour la dissimulation, dans un temps où toutes ces qualités étaient autant de périls142 ; « ouvert, dit-il, jusqu’à décliner vers l’indiscrétion et l’incivilité » ; délicat à l’observation de ses promesses jusqu’à la superstition, et pour cela prenant soin de les faire en tous sujets incertaines et conditionnelles143 ; franc avec les grands, doux avec les petits ; le même homme que le besoin d’ouverture pouvait rendre incivil ; poussant la civilité jusqu’à être prodigue de bonnetades 144, notamment en été, dit-il, sans doute parce qu’on risque moins en cette saison de s’enrhumer en général, ayant les vertus de l’honnête homme, et sachant, en un cas pressant, en montrer ce qu’il en fallait, mais n’en cherchant pas l’occasion un mélange de naïveté et de finesse, d’ouverture et de prudence, de franchise et de souplesse ; modérant ses vertus comme d’autres modèrent leurs vices ; mettant pour frein à chacune ce grand amour de soi, dont il ne se cache pas et qui formait son état habituel ; enfin, s’il fut vain, ne l’étant guère moins de ses défauts que de ses qualités.
La musique des mots, qui est la poésie, avait d’abord le besoin, pour émouvoir, d’être dite : aujourd’hui nous la lisons : et ses sonorités nous procurent plus entièrement l’émotion, sans l’intermédiaire de la voix. […] Ces demandes ne m’ont été adressées que par des amis de ma musique et ceux qui de toutes leurs forces travaillent à la représentation de mon œuvre … Mais je croirais préjudiciel par avance à la représentation de cette œuvre préparée d’une patience si persévérante ; il n’est plus besoin de tant de peine pour organiser une vraie représentation, si mes amis t’ont morcelée par des exécutions de concert et théâtre.
Là, il était besoin de voix : M. […] Comme en littérature le drame et le roman-feuilleton, elle suffira aux besoins artistiques d’âmes nombreuses et pareilles.
Qu’un nouveau son éclate, l’écho reçoit une force nouvelle, et il n’a besoin que de se renforcer ainsi pour coïncider avec l’image de l’impression primitive. […] L’habitude et la mémoire produisent dans le cerveau quelque chose d’analogue : à l’origine il faut, dans le centre cérébral, un acte de conscience et d’attention personnelle ; puis le travail se distribue entre les diverses cellules et entre les centres secondaires de la moelle ; il n’y a plus besoin ensuite que d’un rajustement des vibrations diverses pour reproduire sans effort l’image précise de l’objet.
l’hiver », me répondit-il, « il y a le feu dans le foyer, le bruit des sabots des enfants dans la maison, les châtaignes qu’on écorce, les pois qu’on écosse, le maïs qu’on égrène, le chanvre qu’on file : tous ces travaux n’ont pas besoin des yeux. […] J’ai passé la soirée à vous écrire : ce cœur a besoin de crier quand il est frappé.
De menus détails, capables de piquer la curiosité des esprits actifs et de servir de passe-temps à ceux qui n’ont rien de mieux à faire, fort indifférens pour celui qui voit dans la vie une chose sérieuse, et se préoccupe avant tout des besoins religieux et moraux de l’homme.La science ne vaut qu’autant qu’elle peut rechercher ce que la révélation prétend enseigner5. » Ai-je besoin de citer encore ?
Mais, rigoureusement parlant, qu’avions-nous besoin de ces faits ? […] Pour conclure comme lui, il n’était besoin que des faits connus, éclatants, généraux, sans toute cette résurrection de choses bien mortes, sans ce réagencement d’événements, chétifs et affreux, pulvérisés par le temps et ensevelis dans un juste oubli.
Certes, cette dimension additionnelle est de nature toute spéciale, puisque l’invariant serait dx 2 + dy 2 + dt 2 sans qu’il fût besoin d’un artifice d’écriture pour l’amener à cette forme, si le temps était une dimension comme les autres. […] Point n’est besoin de se placer dans l’hypothèse de la Relativité : de toute manière (nous le faisions remarquer, il y a plus de trente ans) le temps mathématique pourra être traité comme une dimension additionnelle de l’espace.
J’aime mieux essayer de les faire sentir que de repasser sèchement toutes les grandes batailles où il fut un des vigoureux artisans, Austerlitz, Auerstaedt, Eylau, Eckmuhl, Wagram, Smolensk, la Moskowa : — une intrépidité de premier ordre, cela va sans dire ; — l’affection de ses troupes qui lui permettait de tirer d’elles de merveilleux surcroîts de fatigue et des combats acharnés au sortir des marches les plus rudes : — « Cet homme me fera toujours des siennes », disait l’empereur, en apprenant une de ces marches sans exemple à la veille d’Austerlitz ; — l’habileté des manœuvres et le coup d’œil sur le terrain, le tact qui lui faisait sentir l’instant décisif, ce talent pratique qui est du tacticien et du capitaine, et qui montre l’homme né pour son art (cela se voit surtout dans sa conduite à Auerstaedt, à Eckmuhl) ; — oser prendre, au besoin, la responsabilité de ses mouvements dans les circonstances critiques, sans se tenir à la stricte exécution des ordres ; et, quand il se bornait à les exécuter, une activité sans trêve.
en imposa à l’ennemi et rassura nos troupes qui en avaient besoin ; car Bülow, à ce moment même, menaçait le flanc et les derrières de notre armée ; sa canonnade prolongée étonnait les nôtres ; il était important de ne faire de mouvement rétrograde nulle part et de se maintenir dans la position prise, quoiqu’on se fût trop hâté.
Il voulait être un des premiers à jouir de cette découverte ; il tenait à la faire valoir, à la rendre viable, offrait et, au besoin, imposait son concours, et cela sans arrière-pensée, avec une modestie admirable, cherchant ensuite à s’effacer, et uniquement par amour de la science.
Or il y a dans l’Académie et hors de l’Académie un parti qui a besoin de se recruter, parce qu’il se meurt ; et qui, en même temps, ne veut que des recrues inoffensives, parce que toute supériorité l’offusque et l’effraye.
Les descriptions, les analyses de cœur, les conversations rapportées, les pièces diplomatiques citées au long, nous font plus d’une fois perdre de vue l’auditoire ; et quand le chien Rask remue la queue, ou que le sergent Thadée pousse une exclamation, on a besoin de quelques efforts pour se rappeler le lieu et les circonstances.
Nous sentions le besoin de justifier, aux yeux de nos lecteurs et aux nôtres, les expressions de profond mépris qui éclateront plus d’une fois dans notre jugement sur ce pitoyable ouvrage.
Ils ne parlent qu’à leur coterie, et ce n’est pas là que se font les réputations durables ; ils en savent eux-mêmes quelque chose, et s’humanisent volontiers lorsqu’ils ont besoin d’appeler l’attention publique sur leurs propres productions.
« Notre gouvernement, dit-il, avait besoin d’un lien plus fort ; mais il faut bien nous garder de passer d’un extrême à l’autre et de resserrer le nœud outre mesure. » Il regrette l’absence d’une déclaration explicite de droits ; il craint aussi que l’abandon absolu du principe de rotation pour les fonctions de président et de sénateur ne dégénère en abus, et que ces magistrats, perpétuellement rééligibles, ne soient par là même réélus indéfiniment. à son retour d’Europe, en mars 1790, Jefferson, arrivant à New-York, et entrant, comme secrétaire d’État, dans le Conseil de Washington, trouva déjà d’étranges idées ébauchées sur la représentation et l’étiquette, sur la centralisation et la pondération des pouvoirs.
Hugo avait besoin d’une victoire évidente ; il l’a remportée.
Était-il donc besoin, pour inspirer à Claire de l’amour pour Reinal, de recourir à cette opération presque fabuleuse de la transfusion du sang ?
Son ouvrage est surtout remarquable par la pensée ; la poésie qu’on y admire a été inspirée par le besoin d’égaler les images aux conceptions de l’esprit : c’est pour faire comprendre ses idées intellectuelles, que le poète a eu recours aux plus terribles tableaux qui puissent frapper l’imagination.
Dans toutes les langues, la littérature peut avoir des succès pendant quelque temps, sans recourir à la philosophie ; mais quand la fleur des expressions, des images, des tournures poétiques n’est plus nouvelle ; quand toutes les beautés antiques sont adaptées au génie moderne, on sent le besoin de cette raison progressive qui fait atteindre chaque jour un but utile, et qui présente un terme indéfini.
Une fois l’esprit habitué à ce procédé, vous n’aurez plus besoin de faire les demandes : les réponses précéderont les questions ; vous penserez naturellement selon la méthode que vous vous serez imposée, et votre réflexion conformera sa marche à l’ordre accoutumé.
Mais le besoin qu’on a des expressions espérer, s’attendre, voilà où nous en sommes, amène ces formes toutes faites qui les contiennent, et la pensée se coule comme elle peut dans ce moule d’occasion.
Mais partout, dans l’aise élégante de la vie comme dans l’élan hardi de la pensée, une sensation esthétique se dégageait : dans la politique, l’amour, la philosophie, la science, le besoin s’enveloppait d’art, et l’activité humaine, s’affranchissant des fins particulières qu’elle poursuivait, les dépassant, se complaisait dans la grâce de son libre jeu, ou se réalisait en formes d’une absolue beauté.
La mélancolie des Nuits d’Young, les effrénées et vagues effusions de YOssian de Macpherson donnent à la loi une satisfaction et un stimulant aux besoins intimes qui portent les cœurs vers les nobles rêveries et les ardents enthousiasmes.
De rares gazettes, pendant les deux derniers siècles, contentaient amplement le besoin qu’ont les hommes de savoir (pourquoi ?
Piombino salue le docteur de la part de la signora Vittoria ; il le prie de prêter à la comédienne un bassin d’argent avec son vase, dont elle a besoin dans une pièce qu’elle va représenter.
Mais, quant à l’ensemble de la pièce, nous croyons que le scénario, tracé par Gueulette d’après les notes de l’Arlequin Dominique, nous a conservé assez exactement la physionomie originale du Convitato di pietra accommodé aux besoins de la commedia dell’arte 35.
Le vrai dans les livres est la vertu dans la conduite ; aussi, est-il grand besoin qu’on nous le recommande.
Cette conversion a eu besoin de près de mille ans pour se faire.
Tout ce qui est fait pour réussir doit répondre à ces deux besoins ; car le monde veut à la fois changer et durer.
Un mot pénétrant, un regard tombant sur une conscience naïve, qui n’avait besoin que d’être éveillée, lui faisaient un ardent disciple.
Madame de Montespan, qui avait satisfait longtemps à ses deux besoins, n’y suffisait plus ; plus de jeunesse dans sa figure, ni dans sa taille : son esprit même avait vieilli : plus de ces saillies qui étonnent, qui égalent, qui font étincelle au milieu d’une cour.
Je n’ai pas besoin de vérifier les dates pour avancer que José-Maria de Heredia, ce Leconte de Lisle de poche, est entré à l’Académie plus jeune que Leconte de Lisle.
Frappe cette Phrygienne qui prétend dominer les chants harmonieux du poète ; brûle ce roseau qui dessèche les lèvres, dont la voix criarde outrage le rythme et la mélodie, dont le corps a besoin de la tarière pour se façonner.
Chaque cellule est déjà un petit animal ; les grands organes, comme le cœur, l’estomac, le cerveau, sont des associations particulières en vue de besoins particuliers, au sein de l’association générale.
» Le meilleur des hommes et le marchand le plus paresseux, le plus flâneur, le plus boubouilleur, le plus incapable de tirer un gain d’une chose qu’il vend, — et qui, 365 fois par an, a besoin de voir, autour de son dîner, cinq ou six figures, si ce n’est au moins autour de la table, où, du matin au soir, se vident les canettes.
C’est ainsi que M. de Voltaire, dans son séjour à Léipsig, malgré tous ses maux, & malgré les menaces du géomètre, soutenoit le ton qu’il avoit pris : mais il fut saisi de douleur & d’étonnement, lorsqu’il lut ces paroles rapportées dans une gazette d’Utrecht, & qu’on disoit faussement lui avoir été adressées par le roi de Prusse : « Il n’étoit pas besoin de faire le malade pour obtenir votre congé… Je hais les gens à cabale. » Etant encore à Léipsig, il fut invité, par la plupart des princes d’Allemagne, à venir à leur cour.
Il n’est pas besoin de faire intervenir une cause organique pour comprendre que le chagrin puisse produire la folie.
Nous aurons besoin plus d’une fois de supposer que les anciens se soient permis cette espece d’inexactitude.
L’orateur qui parloit, n’avoit pas besoin d’emploïer ces gestes artificiels pour se faire entendre.
Elle y a suprêmement ce ton maîtresse d’école, faisant la classe à la Démocratie, cette enfant terrible qui a tant besoin de leçons !
… On pourrait alors ramener à un seul tous les procédés qu’elle emploie pour créer les situations dont elle a besoin.
II Et si j’avais besoin d’une preuve et d’un exemple de plus, pour étayer cette opinion que les femmes trouvent probablement oppressive, je prendrais Mme Bader elle-même.
et c’est ce livre qu’on éprouve le besoin de relire pour ne pas se brouiller entièrement avec la Chine, quand on sort, comme on sort d’une fondrière, de la compilation de Bazin et Pauthier, lesquels, hélas !
le nécessaire social du peuple arabe y est complet, et si, comme on l’a ingénieusement et justement remarqué, le caractère du poème épique est de renfermer tous les éléments de la civilisation qu’il chante, un poète qui aurait le génie d’un tel poème n’aurait besoin, pour en faire un sur les Arabes, que de consulter les œuvres de Daumas.
Aussi, pour prendre exactement la mesure d’une civilisation dans l’histoire, il n’est besoin que de se servir comme mesure de la civilisation chrétienne… Et c’est, malheureusement pour lui et pour nous, ce que l’auteur des Études sur les civilisations n’a pas fait.
Si la furie égalitaire de ce temps avait besoin d’une philosophie de l’histoire, elle n’en choisirait pas d’autre que celle d’Emerson, qui ose bien écrire cette phrase, impie au génie individuel de l’homme : « Toute originalité est relative et tout penseur rétrospectif. » Le rang et l’étendue, dit-il ( the rang and extend ), voilà le mérite réel et absolu, et c’est, ajoute-t-il, le mérite de Shakespeare, et non pas l’originalité.
Et qu’avait-il besoin de le faire, du reste ?
Il n’y a pas longtemps encore que l’effroyable et froide hypocrisie de Cromwell était passée en force de chose jugée historique, et Thomas Carlyle, qui n’a pas eu besoin de son génie pour cela, a démontré, preuves en main, que s’il fut jamais un homme convaincu de ses idées religieuses, un homme vrai, sincère et croyant, c’était ce vieux diable d’Olivier Cromwell !
Il ne fut besoin pour l’éclipser que des femmes de sa propre maison.
D’ailleurs, ce grand faucheur, qui avait pris au sérieux la méthode de Tarquin, n’abattit point de fleurs innocentes ; toutes, plus ou moins, étaient empoisonnées, et si « les successeurs de Richelieu — nous dit Renée dans un dernier trait — n’eurent pas besoin de cette politique de sang pour réussir », c’est que la besogne avait été bien faite.
Pour eux, on peut dire justement que l’Histoire est un art… Mais l’Histoire, comprise par les Modernes, dont les besoins de vérité et de moralité sont bien supérieurs à ceux des Anciens, l’Histoire a la noble ambition d’être une science indépendante de l’historien, et d’arriver à l’objet de toute Science, qui est la Certitude, quel que soit le talent ou l’art de celui qui s’est donné fonction de l’écrire.
Sigismond Sklower, avait, en 1842, publié sur Gœthe un livre intéressant, à la fin duquel il traduisit avec beaucoup de vivacité Eckermann, qui a si grand besoin qu’on soit vif pour lui, le pauvre homme !
Le 26 juin 1765, Voltaire mandait à Helvétius : « Nous aurions besoin d’un ouvrage qui fit voir combien la morale des vrais philosophes l’emporte sur celle du christianisme.
Ce n’est point comme Pape qu’il y parle, parce que, comme Pape, il n’avait pas besoin d’y parler, puisque lui, Alexandre, comme Pape, doctrinalement, n’a jamais été incriminé.
Sans amitié, sans préférence, sans chaleur, sans passion, indifférent à tout, et ne faisant acte de pouvoir, et d’un pouvoir jaloux, que dans la liste des invités de ses soupers, Louis XV apparaissait, dans le fond des petits appartements de Versailles, comme un grand et maussade et triste enfant, avec quelque chose dans l’esprit de sec, de méchant, de sarcastique, qui était comme la vengeance des malaises de son humeur… Un sentiment de vide, de solitude, un grand embarras de la volonté et de la liberté, joint à des besoins physiques impérieux et dont l’emportementrappelait les premiers Bourbons, c’est là Louis XV à vingt ans, c’est là le souverain en lequel existait une vague aspiration au plaisir et le désir et l’attente inquiète de la domination d’une femme passionnée, ou intelligente, ou amusante… Il appelait, sans se l’avouer à lui-même une liaison qui l’enlevât à la persistance de ses tristesses, à la paresse de ses caprices, qui réveillât ou étourdît sa vie en lui apportant les violences de la passion ou le tapage de la gaieté.
Rodrigues, qui ne paraît pas et qui n’a pas besoin de paraître dans les combinaisons de l’auteur.
Et plus loin : « J’avais besoin pour travailler d’infiniment plus de notions qu’un autre. » Et voilà qu’après avoir confessé son indigence intellectuelle, il se fait mendiant hardiment en sa Correspondance et quête, pour finir son livre, aux renseignements et aux détails.
Il s’imagine que Dieu, comme l’homme, a son chemin à faire et qu’il a besoin d’expérience !
On pourrait dire de Donoso Cortès qu’il a de l’aperçu par développement, tandis que pour de Maistre, l’aperçu point d’abord et le développement vient ensuite, s’il en est besoin.
Si M. de Rémusat s’en était tenu, pour les besoins d’une cause qui est la sienne, à un commentaire sur les dissertations métaphysiques du grand abbé du Bec, nous n’aurions rien à ajouter à ce que nous avons dit de ce commentaire.
Pater Familias qui n’avait pas eu besoin de licteur pour se faire obéir d’un enfant révolté, mais qui, au geste de son père, avait eu cet héroïsme, plus difficile que l’autre, d’obéir !
Il s’est fait presque de lui-même, avec les premières impressions de la vie, ces premières impressions qui n’ont pas besoin d’appuyer pour laisser en nous d’ineffaçables empreintes, et il n’a demandé d’autre travail à son auteur que de se souvenir.
Seulement, les grands et les petits faits font plus spectacle à l’imagination fastueuse d’un homme qui a besoin du luxe des mots pour couvrir l’indigence de sa pensée.
Du Clésieux, dans son poème, est resté jusqu’à la dernière page et jusqu’à son dernier vers dans la beauté du sentiment chrétien le plus pur, et cette beauté s’ajoute à celle de l’émotion humaine qui fait palpiter tout son poème, comme un cœur vivant… IV Rien de plus simple que ce roman en vers qui pourrait bien être une histoire, et cette simplicité est si grande que la donnée du poème peut se raconter en deux mots… Le héros du livre, qui n’est pas nommé dans le poème, l’amant d’Armelle, est un Childe Harold de ce temps où toute âme un peu haute est plus ou moins Childe Harold, et n’a pas besoin d’aller au fond de toutes les coupes que nous tend le monde pour s’en détourner et revenir à la solitude, — et pour s’essuyer, comme un enfant à la robe de sa mère, de ses souillures et de ses dégoûts, à la Nature.
Malheureux par la famille, et malgré les passions et les entraînements de sa vie, ayant gardé dans son cœur brisé, que les autres et lui-même peut-être déchirèrent, ce besoin primitif et inaliénable des saintes affections du foyer, le poète de Colombes et Couleuvres a répété le cri d’angoisse qu’avait jeté déjà lord Byron, et il ne l’a point énervé, en le répétant.
La pensée contemporaine, qui n’est point une reine pour qu’on la flatte, se soucie médiocrement des livres didactiques où la réflexion a remplacé l’action, et dans lesquels l’originalité de la forme heurte ce besoin d’égalité qui est aussi bien dans nos mœurs intellectuelles que dans nos autres mœurs.
elle est trop bête pour pouvoir entrer dans un livre qui, comme un roman, a besoin d’une âme et d’une intelligence pour intéresser.
Lorsque les Champis triomphent sur toute la ligne, lorsque des paysans et des ouvriers de fantaisie, aussi faux que ceux de Watteau et moins jolis, ont, grâce à une plume qui n’est pas pourtant une baguette de fée, le privilège de tourner la tête à l’Opinion superstitieuse, le moment n’est pas mal choisi, ce nous semble, pour nous rappeler à la réalité de cette nature populaire qu’il n’est pas besoin de flatter pour qu’elle intéresse, et pour nous la montrer éloquemment et simplement, dans tous les plis de sa forte étoffe, ample et sincère, — parlant français et non faux patois !
M. de La Madelène est un de ces esprits qui n’ont pas besoin de l’amour, cette tyrannie des imaginations françaises, pour se montrer moraliste profond et peintre dramatique passionné.
Mais pour la majorité des esprits qui pensent, avant tout, à être littéraires quand ils écrivent, on peut dire qu’on est revenu de toute part maintenant au roman de moyenne proportion, qui n’a pas la prétention napoléonienne de brasser tout un monde de caractères et de passion comme Napoléon brassait les masses dans ses carrés de bataille ; à ce genre de roman, enfin, qui n’est que l’étude de l’individualité humaine et qui, sans avoir pour cela besoin d’être modeste, se contente d’une passion (tout un infini) à creuser, d’une situation à frapper de lumière et d’un caractère à faire vivre.
Bossuet a la familiarité des grands hommes, qui ne redoutent pas d’être vus de près : il est sûr de ses forces, et saura les retrouver au besoin.
À mesure qu’on s’élève dans l’échelle des êtres vivants, l’organisation se complique, les éléments organiques deviennent plus délicats et ont besoin d’un milieu intérieur plus perfectionné. […] Cette confusion s’est pourtant fréquemment présentée dans la science biologique qui, à raison de sa complexité, a besoin du secours de toutes les autres sciences. […] De sorte que le physiologiste en est réduit à exécuter lui-même le plus ordinairement les recherches anatomiques dont il a besoin pour instituer ses expériences. […] La médecine est née du besoin, a dit Baglivi, c’est-à-dire que, dès qu’il a existé un malade, on lui a porté secours et l’on a cherché à le guérir. […] Sans cela, ainsi que nous l’avons dit souvent (voy. p. 61), nous conclurions par la seule logique et sans avoir besoin de vérification expérimentale.
J’ai fait dix-sept enfants, et tous assez beaux… On peut voir les échantillons… Mais se livrer à l’amour, une fois par an, je vous assure que c’est bien suffisant… Ça me laisse le plus grand sang-froid… je pourrais faire des opérations mathématiques… Puis je trouve humiliant qu’une gaupe puisse croire que vous avez besoin de sauter dessus ! […] À mesure que l’individu sort de la plèbe et s’en distingue, il a un plus grand besoin de plaisirs personnels et faits pour lui seul. […] Dans ce dernier, on écrit tout ce dont on a besoin, en indiquant son nom et sa chambre. J’ai eu besoin d’un peigne.
Ai-je besoin d’apporter ici le nom de cet Étienne Dolet, que l’on appelle quelquefois « le martyr de la Renaissance », et qui ne le fut à vrai dire que de l’orgueilleuse violence de son caractère ou du débordement excessif de sa personnalité ? […] Ils éprouvent en même temps le besoin d’égaler à la perfection de la forme, qu’ils croient avoir atteinte [Cf. […] » Est-il besoin d’être Aristide pour avoir connu l’ingratitude des hommes ? […] Puisque nous avons tous un continuel besoin les uns des autres, établissons entre nous les bases d’une « honnête amitié » qui, d’un secours ou d’une aide, nous deviendra tôt ou tard une jouissance.
Comme Gautier, et nous tous, nous nous récrions, Renan proclame que l’art doit se juger avec l’élément rationnel, qu’il n’y a pas besoin d’autre chose, et le voici délirant publiquement. […] Puis j’ai besoin de quelques bonnes nuits, de nuits où je puisse dormir, et le coucher à la cave est une chose abominable : quelque couvert qu’on soit, on a toujours froid, et il semble qu’on vous souffle sur la figure un air ayant passé sur de la neige. […] J’ai besoin de voir des fleurs et d’élégantes bêtes. […] Pour n’être pas ennuyeux, à défaut d’autre chose, il n’est que besoin d’être tout simplement un peu passionné. […] J’ai besoin de voir, de savoir.
elle n’a plus besoin de secours : Ah ! […] Pour remettre les choses de l’esprit, dans notre idiome vulgaire, en digne et haute posture, il était besoin d’un sursaut, d’un assaut, d’un coup de main vaillant dont Marot et ses amis n’étaient pas capables, d’un coup de collier vigoureux ; car c’est ainsi que j’envisage, c’est par ces termes expressifs que j’aime à caractériser la Poétique de Du Bellay et de Ronsard, Poétique toute de circonstance, mais qui fut d’une extrême utilité.
IV En poursuivant la lecture de ces odes ou de ces psaumes, on croit voir que, peu de jours après, le poète eut besoin pour lui-même de la consolation et de la confiance que sa harpe avait apportées à son roi. […] Quant à moi, lorsque mon âme, ou enthousiaste, ou pieuse, ou triste, a besoin de chercher un écho à ses enthousiasmes, à ses piétés ou à ses mélancolies dans un poète, je n’ouvre ni Pindare, ni Horace, ni Hafiz, poètes purement académiques ; je ne cherche pas même sur mes propres lèvres des balbutiements plus ou moins expressifs pour mes émotions ; j’ouvre les psaumes et j’y prends les paroles qui semblent sourdre du fond de l’âme des siècles et qui pénètrent jusqu’au fond de l’âme des générations.
Je trouvai le plus aimable petit vieillard que la tradition oubliée dans un coin de Paris eût pu préserver pour être au besoin consulté par les hommes d’un autre âge. […] — Non, répliqua le duc d’Orléans, je te remercie ; mais je ne veux d’autre œil que le mien dans ma conscience, et je n’ai besoin que de moi seul pour mourir en bon citoyen. » Il se fit servir à déjeuner, mangea et but avec appétit, mais non jusqu’à l’ivresse.
« Qu’il ne prouve pas, qu’il enchante ; qu’il file la soie de son sein, qu’il pétrisse son miel, qu’il chante son propre ramage, il a son arbre ; qu’a-t-il besoin de citations et de ressources étrangères ? […] qui n’a senti quelquefois le besoin de se régénérer, de se rajeunir aux eaux du torrent, de retremper son âme à la fontaine de vie ?
Marguerite ne fait pas de phrase ; elle ne se pose pas en martyre, elle se donne pour ce qu’elle est : une femme vendue, nerveuse, malade, qui a besoin de cent mille francs par an pour vivre et qui les prend où elle les trouve. […] Son caractère est une sincérité presque effrayante, et je ne sais quel irrésistible besoin d’étreindre la vie jusqu’au sang, et de lui faire rendre tous ses cris et toutes ses larmes.
C’est une vérité si resplendissante, si étonnamment multipliée, détaillée, épuisée, que le livre n’avait pas besoin d’une autre beauté que celle-là, et, heureusement, il n’en a pas ! […] Il se laissa stupidement faire… « lui qui a tout fait sans chefs et contre ses chefs, et qui n’avait pas besoin de chefs pour lui voler sa gloire », a dit Michelet, de tous les historiens le plus impudent, s’il n’est pas le plus égaré !
Il fut une époque où de telles précautions pouvaient être utiles, mais avec le mouvement actuel des esprits, le déchaînement, pour mieux dire, y a-t-il moyen de tromper ces curiosités insatiables et ces besoins de connaître, chaque jour davantage excités ? […] Cette guerre pour les besoins de laquelle l’Institut des Jésuites avait été fondé, et qui devait finir par la défection d’un Souverain Pontife, avait changé de face et d’armes, mais se poursuivait avec acharnement.
Il nous reste deux grands débris des antiquités égyptiennes ; 1º Les Égyptiens divisaient tout le temps antérieurement écoulé en trois âges, âge des dieux, âge des héros, âge des hommes ; 2º Pendant ces trois âges, trois langues correspondantes se parlèrent, langue hiéroglyphique ou sacrée, langue symbolique ou héroïque, langue vulgaire ou épistolaire, celle dans laquelle les hommes expriment par des signes convenus les besoins ordinaires de la vie. […] Ces noms se rapportaient à autant de besoins de la vie naturelle, morale, économique, ou civile des premiers temps. — Concluons des trois traditions qui viennent d’être rapportées que, partout la société a commencé par la religion.
La Force s’étant excusé, d’Aubigné fit alors un de ces discours dont il aime à se ressouvenir, et où il résume avec énergie et talent tout l’esprit d’une situation et d’une crise : Sire, vous avez plus de besoin de conseil que de consolation ; ce que vous ferez dans une heure donnera bon ou mauvais branle à tout le reste de votre vie, et vous fera roi ou rien.
Ce n’est pas à des hommes politiques qui, tous les jours, appliquent cette manière de voir aux principes de 89, qu’il est besoin de démontrer cette vérité : de ce qu’on ne va pas aussi loin que tout le monde, et de ce que même, à un moment, on recule un peu, il ne s’ensuit pas qu’on se convertisse ni qu’on renonce à tout.
Il fallut toute la grâce et les gentillesses de la mère Agnès pour l’apaiser, pour la faire revenir de sa bouderie ; il fallut surtout ce post-scriptum rassurant, — car Mme de Sablé, en enfant gâté, ne se contentait pas de la promesse qu’on ne ferait plus de bougie, elle disait : Vous en ferez, vous en avez besoin, je veux que vous en fassiez, je ne veux pas vous gêner, mais je m’en irai ; il fallait donc lui prouver qu’on en pouvait faire sans que l’odeur lui en arrivât : « Depuis ma lettre écrite, lui disait la mère Agnès dans les dernières lignes, nos sœurs ont été faire la ronde pour chercher un lieu, s’il en faut un absolument pour vous satisfaire ; elles en ont trouvé un dans les derniers jardins, tout à l’autre bout, proche l’apothicairerie. » — Le choix de ce lieu-là hors de toute portée tranquillisa peut-être Mme de Sablé jusqu’à nouvel ordre et nouveau caprice, jusqu’à nouvelle lune.
Et puis, tenez, une idée philosophique à laquelle je tiens beaucoup, c’est que le génie des peuples modernes n’a pas tant besoin d’être ni excité ni endoctriné par tels ou tels hommes.
Tout occupé des études présentes et de saisir au passage ce qu’une curiosité insatiable apportait de tous bords, on a perdu de vue, dans ce tumulte de l’avant-scène, les lignes essentielles et pures du cadre, les proportions discrètes et décentes où l’œil et l’âme ont besoin de se reposer.
Il en est résulté qu’il n’a pas toujours dit assez ; le lecteur a besoin d’être guidé à chaque pas plus qu’on n’imagine.
Quant à Casanova lui-même, il ne tarda pas à se perfectionner, et sans avoir besoin de lire beaucoup de romans, je crois.
Celui qui souffre, celui qui meurt en produisant un grand effet quelconque de terreur ou de pitié, échappe à ce qu’il éprouve pour observer ce qu’il inspire ; mais ce qui est énergique dans le talent du poète ; ce qui suppose même un caractère à l’égal du talent, c’est d’avoir conçu la douleur pesant tout entière sur la victime : et tandis que l’homme a besoin d’appuyer sur ceux qui l’entourent jusqu’au sentiment même de sa prospérité, l’énergique et sombre imagination des Anglais nous représente l’infortuné séparé par ses revers, comme par une contagion funeste, de tous les regards, de tous les souvenirs, de tous les amis.
Aujourd’hui, je ne succombe pas, mais je chancelle sous le poids de beaucoup de choses plus lourdes que les années : je suis pauvre des besoins d’autrui ; sous ma fausse apparence de bien-être je ne suis pas heureux ; je n’éblouis personne de tous mes prestiges éteints ou éclipsés ; je dispute des proches, des amis, des clients, un berceau, un sépulcre, à l’encan des revendeurs de tombes ; je suis désarmé, je veux l’être ; il n’y a ni mérite, ni force, ni gloire à m’outrager ; il y en aurait à m’aider dans mon travail si l’on avait un autre cœur !
Sans géographie l’histoire n’existe pas, la politique est aveugle, la guerre ne sait ni attaquer ni défendre, la paix ignore sur quels fleuves, sur quelles mers, sur quelles montagnes il faut construire ses forteresses ou asseoir ses limites ; la navigation ne peut se servir de ses boussoles, le commerce s’égare sur les océans, inhabile à découvrir quelles sont les productions ou les consommations qu’il doit emprunter ou porter aux climats divers dont il ne connaît ni la route, ni les richesses, ni les besoins, ni les langues, ni les mœurs, ni les philosophies, ni les religions.
Henri Estienne (152S-159S), fils de Robert, élève de Toussain et de Turnèbe, voyagea en Italie, en Angleterre, en Flandre, suivit son père à Genève, quand il y transporta son imprimerie, fut censuré et même emprisonné par le Consistoire, à propos de ses Dialogues, et eut besoin de la protection du roi de France pour n’être pas chassé de Genève, d’ou son humeur vagabonde l’éloignait souvent.
J’ai d’ailleurs remarqué que cette amabilité des citations l’avait suivi dans toute sa carrière : alors qu’il était arrivé, n’ayant besoin de personne, il aimait à citer des travaux secondaires d’inconnus, de jeunes gens, sans intérêt alors assurément, par souci d’exactitude et minutie d’information.
Alfred de Vigny J’ai besoin de vous dire combien de ces Fleurs du mal sont pour moi des fleurs du bien, et me charment ; combien aussi je vous trouve injuste envers ce bouquet, souvent si délicieusement parfumé de printanières odeurs, pour lui avoir donné ce titre indigne de lui, et combien je vous en veux de l’avoir empoisonné quelquefois par je ne sais quelles émanations du cimetière de Hamlet.
Le plus simple de tous les phénomènes, une sensation extérieure, a besoin, selon elle, d’un élément mental pour être une perception, et pour devenir ainsi, au lieu d’un état passif et fugitif de notre propre être, un objet durable extérieur à l’esprit.
Les Oreilles ont été suivies d’une Lettre, supposée écrite par un pere à son fils, faisant l’Auteur & le Bel-esprit à Paris ; rapsodie où le Bon-homme qui sermone, auroit besoin, pour premier avis, de celui de ne pas si platement extravaguer.
Et pour nous ravir de cette sorte, ils n’ont pas besoin de créer : ils n’ont qu’à découvrir la grâce qui décore tout.
Elle a besoin d’eux pour se donner à elle-même toute son originalité et tout son piquant, pour égayer à temps son sérieux, qui, en se prolongeant, pourrait tourner au subtil.
Ici Sainte-Beuve revient à son ambiguïté du début, et dit tout d’une haleine : « Chaque ouvrage d’un auteur, vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre, et entouré de toutes les circonstances qui font vu naître, acquiert tout son sens, son sens historique, son sens littéraire… Être en histoire littéraire et en critique, un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. » Sainte-Beuve développe plus loin l’idée exprimée dans ce second membre de phrase, et conseille, pour apprécier un auteur, de le comparer à ses antagonistes et à ses disciples, de distinguer les diverses manières de son talent, de déterminer ses opinions sur certains sujets d’ordre général, enfin de résumer sa nature morale dans une formule exacte et concise.
Les points de vue sont déplacés, et la poésie éternelle a besoin de nouveaux modes d’expression.
En eux seuls l’on sent cet idéal supérieur, ce besoin impérieux qui les unit malgré toutes les dissemblances de manière, malgré les rivalités individuelles et les pousse à une action commune et presque inconsciente pour constituer et imposer un Art grandiose et nouveau.
Ulysse fait à Télémaque un long raisonnement pour lui prouver qu’il est son père : Joseph n’a pas besoin de tant de paroles avec les fils de Jacob.
Elle est sur un plan entre le satyre et Midas ; elle écoute, mais elle est bien froide, bien raide, bien immobile ; bras, jambes et cuisses bien parallèles, grand mannequin, malade pressé d’un besoin, qui n’a eu que le temps de jetter autour de soi sa couverture et de gagner sa chaise percée où il est.
Il étoit admiré avant que d’avoir eu besoin d’être traduit, et c’est aussi au succès de ses vers qu’il doit ses premiers commentateurs.
Sous cette unique expression, on confond des phénomènes très différents et qui auraient besoin d’être distingués.
C’est à Paris que s’impriment tous les journaux qu’on lit ; c’est à Paris que s’éditent tous les livres qu’on achète ; c’est le train de Paris que prennent obstinément tous les talents robustes et hardis ; Paris est la ville sainte, où toute royauté intellectuelle a besoin de se faire sacrer pour être reconnue et acclamée ; rien de beau, rien de grand, qui ne se fasse et ne se défasse à Paris… Tout pour Paris et par Paris !
On contente ainsi ce besoin si impérieux de la jeunesse de communiquer ses impressions et de répandre ses sentiments.
Pour bien raconter cette brûlante existence, si vite foudroyée, il semble qu’on aurait besoin du sentiment du poète qui a écrit les poèmes les plus chers à l’imagination contemporaine.
Fils des circonstances, comme Napoléon, ç’a été sa seule manière de lui ressembler, car il n’était guère besoin de génie pour deviner que l’établissement d’une revue était une excellente affaire au moment où il se trouva pour une moitié d’idée dans l’établissement de la sienne.
si les gens du monde, endoctrinés par les faux docteurs du cœur humain, ont vu la passion suprême dans les pages frelatées d’une religieuse de fantaisie, inventée plus ou moins pour les besoins d’un parti ou les intérêts de la vanité d’un homme, ils pourront du moins apprendre aussi dans ces œuvres de sainte Térèse, traduites pour eux, ce que c’est qu’une vraie religieuse, et ils en pourront étudier le merveilleux idéal.
L’auteur de l’Innocent III, — qui ne veut pas plus en religion de gouvernement que de sacrements, qui a rejeté Luther et vomi Calvin, parce que ces deux Révoltés contre le gouvernement de l’Église ont essayé tous deux de bâtir une église et un gouvernement avec les ruines qu’ils avaient faites, — l’auteur de l’Innocent III a inventé, pour les besoins de sa thèse contre l’Église romaine, deux principes et deux définitions qu’il oppose l’un à l’autre et qu’il appelle : l’un, le principe païen ; l’autre, le principe chrétien.
Gasner, Cagliostro, Mesmer, ces puissants jongleurs, se jouaient de l’imagination et des passions de l’Europe incrédule… folle d’un besoin de croire qu’elle avait voulu supprimer.
Madame Louise n’a pas besoin d’excuse ; elle était née pour être ce qu’elle est devenue.
L’écrivain qui a enlevé d’une main si sûre et si habile ce petit chef-d’œuvre de récit et de drame : Un beau brin de fille, n’a pas besoin de collationner de vieilles histoires pour nous intéresser et nous émouvoir.
Il en a le besoin d’idéal vague et tourmenté.
Tu n’as pas besoin d’apprendre d’un autre ce qu’il en coûte de sueurs et de peines au laboureur ; tu connais la hardiesse de l’exacteur, l’adresse du commis, l’avarice du soldat.
Le vieux monde, l’old world, a toujours eu besoin d’observer ou de rêver une Salente idéale, afin d’y retremper sa force usée et d’y rajeunir sa décrépitude. […] On conçoit que quelques-uns d’entre nous aient éprouvé le besoin de fuir cette atmosphère et cette compagnie. […] Pas n’était besoin de recourir, en pareil cas, aux conventions puériles d’un passé mort. […] Il fallait mettre les gêneurs à la porte et employer la force au besoin. […] Le rire de Labiche, les plaisanteries de l’illustre Gaudissart et, au besoin, les indignations de M.
Ces vers et les suivants, récités à haute voix, n’auraient eu besoin, pour émouvoir et enlever tous les cœurs, pour renouveler, à leur manière, les anciens triomphes dus à la veine lyrique, et faire éclater les larmes avec les applaudissements, que de rencontrer réunis dans une salle du Louvre ou du Palais les bons citoyens du Parlement, de l’Université, de la bourgeoisie sauvée par Henri IV et encore reconnaissante : Il n’a point son espoir au nombre des armées, Étant bien assuré que ces vaines fumées N’ajoutent que de l’ombre à nos obscurités L’aide qu’il veut avoir, c’est que tu le conseilles ; Si tu le fais, Seigneur, il fera des merveilles, Et vaincra nos souhaits par nos prospérités. […] On a voulu impliquer la reine Marie de Médicis dans l’attentat qui lui ravit, à la France et à elle, son héroïque époux : une réfutation morale qui suffirait (s’il en était besoin), c’est la manière dont Malherbe, cet homme de sens, ce clairvoyant et probe témoin, lui parle de Henri IV, le lendemain de cette lamentable mort. […] Il avait, à sept ou huit lieues de cette ville, une maison embellie de toutes les diversités propres au soulagement d’un esprit que les affaires ont accablé : il a oublié le plaisir qu’il en recevait, ou plutôt le besoin qu’il en avait, pour se résoudre à la vendre, et on a employé les deniers à l’achat de cette place.
Tout homme qui entreprend une œuvre surhumaine éprouve le besoin d’invoquer en dehors de lui une puissance plus forte que lui. […] Tant que dure le matin et que s’élève l’astre sacré du jour, la foule jonche le sol ; mais, à l’heure où le bûcheron apprête son repas dans les clairières de la forêt, quand ses bras se sont fatigués à couper les grands arbres et que le besoin de prendre une salutaire nourriture se fait sentir, alors, etc. » Remarquez avec quelle complaisance habile et gracieuse à la fois Homère rappelle l’esprit détendu de l’horreur des combats aux plus sereines scènes de la vie rurale ! […] Les Grecs de ce temps, qui avaient gravé ce poème dans leur mémoire, avaient-ils besoin d’autre livre ?
« Mais, puisque j’ai parlé du pouvoir et de l’inconstance de la fortune, je n’ai besoin, pour en donner des preuves éclatantes, que de citer ces mêmes hommes que j’ai choisis pour mes interlocuteurs dans ces trois dialogues que je mets aujourd’hui sous vos yeux. […] « Oui, Romains, vous que j’honore et que je révère à l’égal des dieux immortels, oui, mon vœu le plus ardent, le premier besoin de mon cœur sera toujours de paraître à vos yeux, aux yeux de votre postérité et de toutes les nations, digne d’une cité qui, par ses unanimes suffrages, a déclaré qu’elle ne se croirait rétablie dans sa majesté que lorsqu’elle m’aurait rétabli moi-même dans tous mes droits. » XVI Dix volumes contiendraient à peine ces plaidoyers et ces harangues politiques, autant de chefs-d’œuvre de pensée, de sentiment et d’élocution, que nous parcourrons bientôt ensemble quand nous traiterons spécialement de l’éloquence. […] Mais vous, Lucius, continua-t-il, est-il besoin de vous y exhorter, et ne vous y sentez-vous pas tout naturellement enclin ?
L’article premier de vos nouveaux statuts, fruit d’une expérience généreuse, définit ainsi votre objet : « La Société des Visiteurs a pour but de venir en aide à des familles qui, se trouvant dans l’impossibilité momentanée de subvenir à leurs besoins, sont reconnues susceptibles d’échapper, grâce à un appui temporaire, à la misère définitive ». […] Il tient à son gendre ce discours plein de sens : « Le mari est celui qui « fait de l’argent », comme nous disons, pour subvenir aux besoins et aux caprices de sa femme. […] Ici apparaît un des plus graves inconvénients du « romanesque », qui, étant une déformation optimiste du monde réel, ne peut absolument pas souffrir que la vertu soit longtemps malheureuse, et qui, dans son désir de la récompenser, ne s’aperçoit pas toujours qu’il lui communique trop à elle-même ce besoin de récompense et qu’il lui ôte quelques-unes des marques auxquelles précisément on la reconnaît.
Mais les conditions peu avantageuses qu’il acceptait prouvent bien que son but, en écrivant ses romans, était bien plus de satisfaire à ses goûts de travailleur, à ses besoins d’artiste, que de gagner beaucoup d’argent. […] Les paresses l’amolissaient, son besoin d’être heureuse lui faisait tirer tout le bonheur possible de ses embêtements. […] Victor Hugo l’a défendu, a donné des théories et des exemples, l’a fait vaincre Puis, les besoins de l’esprit ont changé ; ils nous portent aujourd’hui vers une étude plus exacte des faits, vers une forme plus hardie, et le vieux mouvement naturaliste, que le génie de Balzac n’avait pas pu faire triompher à un moment qui n’était pas le sien, semble reprendre l’avantage.
il avait bien besoin d’argent… Il vendait son argenterie, et il ne la vendait pas cher… J’en ai eu vingt-cinq mille francs pour vingt-trois mille… Si j’étais arrivé plus tôt… Il en a vendu pour deux cent mille… C’est que j’avais quinze mille bouches à nourrir… sa garde. […] … J’ai besoin d’être fixé. […] La même vieille demoiselle nous racontait qu’une des distractions des religieuses du couvent, où elle se trouvait, — la chose est délicate, et aurait besoin pour être contée de la plume de Béroalde de Verville, mais ma foi tant pis, — elle nous racontait donc que cette distraction était de p…. dans des carafes, oui, de mettre du vent en bouteille, pour se régaler la vue des irisations du gaz captif.
Mercredi 4 janvier Robert de Montesquiou, venu aujourd’hui chez moi, pour me remercier d’une lettre écrite à son sujet à la comtesse Greffulhe, devient bientôt expansif, me parle avec une horreur rétrospective de son enfance passée chez les jésuites de Vaugirard, me dit que ses premières années auraient eu besoin d’un bain-marie de jupes de femmes, au lieu des sales soutanes de ces prêtres, me conte qu’à l’âge de quatorze ans, faisant déjà des vers amoureux de la lune, un jour, en se rendant au réfectoire, où l’on mangeait de si mauvais veau, le gros jésuite qui les conduisait, lui avait jeté avec une ironie asthmatique, « lueur rêveuse et blême, le morceau d’un vers sur la lune, que l’espionnage de l’endroit avait surpris en fouillant dans son pupitre, et que le sifflement méprisant de l’ironie de ce gros jésuite, l’avait fait se recroqueviller sur lui-même, et soigneusement en cacher la tendresse et l’exaltation. […] Un jour, où j’étais réduit aux derniers expédients, ce tableau que j’avais acheté quelques années auparavant, je le portais à votre père, en lui disant : J’ai besoin de 600 francs…. […] Alors ma voisine me dit : « Quand une femme est arrivée au moment, où l’essai de ses robes ne lui prend plus tout son temps, où l’amour ne l’amuse plus, où la religion ne s’en est pas emparée, elle a besoin de s’occuper d’une maladie, et d’occuper un médecin de sa personne. » Mardi 4 juillet Là, en ce centre de Paris, au milieu de ces habitations, toutes vivantes à l’intérieur, là, en ce plein éclairage a giorno de la ville, sur cette Maison Tortoni ; 22, cette maison avec ses lanternes non allumées, avec ses volets blancs fermés, son petit perron aux trois marches, où dans mon enfance, se tenaient appuyés, un moment, sur les deux rampes, de vieux beaux mâchonnant un cure-dent, aujourd’hui vide, il me semble lire une bande de papier, écrite à la main : « Fermé pour cause de décès du Boulevard Italien. » Samedi 8 juillet Enterrement de Maupassant, dans cette église de Chaillot, où j’ai assisté au mariage de Louise L… que j’ai eu, un moment, l’idée d’épouser.
Dans la réalité, les grandes scènes d’une vie humaine sont préparées de longue main par cette vie même : l’individu des heures sublimes peut se révéler dans les moindres actes : il se fait pressentir à tout le moins, car celui qui sera capable ne fût-ce que d’un élan, et dût-il avoir besoin de toute une vie pour le préparer, n’est pas absolument semblable à celui qui ne renferme rien en soi. […] — Ça a donc besoin de beaucoup de drogues ? […] On n’a pas besoin d’en avoir mangé pour savoir qu’elle est à faire vomir. » M.
Quelle que soit l’influence qu’un long usage d’un côté, et le défaut d’exercice de l’autre, puissent avoir, pour modifier un organe, cette influence affectera surtout l’animal adulte, qui a acquis toute l’activité de ses facultés, et qui doit pourvoir à ses besoins. […] N’est-ce point une conséquence nécessaire, d’abord de ce que, durant le cours des modifications successives que l’espèce a subies pendant un grand nombre de générations, les jeunes individus, même pendant les premières phases de leur développement, ont dû pourvoir eux-mêmes à leurs besoins comme les adultes, et, secondement, de ce qu’ils doivent suivre exactement les mêmes habitudes de vie que leurs parents ? […] D’après ce même principe, si l’on se souvient que, lorsque des organes s’atrophient, soit par défaut d’exercice, soit par sélection naturelle, ce ne peut être en général qu’à une période de la vie où l’être organisé doit pourvoir à ses besoins ; et si l’on songe d’autre part quelle est la force du principe d’hérédité, l’existence d’organes rudimentaires, de même que leur avortement complet, résultant de leur lente résorption, ne nous offre plus aucune difficulté particulière, et leur présence aurait même pu être prévue.
— Je n’éprouve le besoin d’exclure aucune source d’extase ou d’émotion. […] Hugo a besoin d’être complété par Baudelaire et par Verlaine. […] Dire qu’Hugo fut toute la pensée et toute la poésie du sien n’est qu’un raccourci violent forgé par l’impérieux besoin de généralisation — j’allais écrire d’injustice — que tout cerveau humain détient comme le plus infaillible moyen de se tromper.
« La seule notion, dit Stuart Mill, dont nous ayons besoin à cet endroit, peut nous être donnée par l’expérience. […] Cela établi, il est prouvé que, lorsque la résistance est nulle, le ralentissement est nul. — Voilà la proposition que tout à l’heure nous n’avons pu établir par l’expérience ; mais à présent nous n’avons plus besoin de l’établir par l’expérience ; la lacune est comblée ; on peut se passer de l’observation ; on a son équivalent. […] Si on ne les démontre point, c’est qu’on les déclare évidentes par elles-mêmes ; du moins il semble au lecteur attentif que, pour les admettre, il n’a pas besoin de preuve : il lui suffit de les comprendre. […] Dans le cercle étroit où notre expérience est confinée, nous pouvons bien, par induction, établir qu’approximativement les données sensibles correspondantes sont liées ; mais affirmer qu’en tout lieu et en tout temps ces données abstraites sont liées et liées nécessairement, cela ne nous est pas permis ; nous n’avons pas le droit d’imposer aux faits une soudure qui n’appartient qu’à nos idées, ni d’ériger en loi des objets un besoin du sujet.
Dimanche 27 janvier Une veuve confessait, ce soir, le besoin que la femme a d’un mari, d’un amant, en disant qu’elle se sentait le besoin d’un appui moral. […] Je n’ai pas besoin de te dire que je ne voudrais pas que ma proposition exerçât la moindre pression sur ta volonté. […] Il appuyait aussi sur la nature enfantine de ces hommes, sur le besoin qu’ils ont tous les matins de venir faire des plaintes fantastiques, et qui s’en vont bien contents, et disent : « Merci, capitaine !
Puis il parle du besoin de s’entraîner, de se monter, des quatre heures qu’il lui faut, pour attraper l’assurance, quatre heures au bout desquelles, il est quelquefois mort de fatigue. […] Il faut que je m’en aille, parce que le lendemain matin, je quitte la ville, et que j’ai besoin de faire ma malle. […] Mardi 28 août Un jour arrivera-t-il, où la science pourra traduire les tentatives parlantes de l’animal, voulant dire à l’homme, ses sensations, ses besoins, ses désirs, et ne pouvant les exprimer ? […] Intriguée par ce que pouvait écrire, à toute minute, sur un tableau, le garçon, elle s’adresse à son voisin, un mauvais plaisant qui lui répond : « Ma sœur, c’est chaque fois, qu’on satisfait un petit besoin !
Chacun priant pour tous ses frères doit compter qu’il profitera du concours de ces frères dans tous ses besoins particuliers. […] Nous avons là deux portraits psychologiques, qui, mis en regard de celui du Père Léonce, nous représentent deux âmes tourmentées de besoins mystiques. […] Ai-je besoin de dire avec quelle fièvre je m’y rendais, quand son indulgente amitié m’y conviait ? […] Taine n’avait pas senti un besoin passionné de le rencontrer, ce geste révélateur, d’y croire, à ce Père céleste, aurait-il éprouvé devant l’Église cette admiration si douloureuse dans son impuissance, car il est mort sans y avoir cédé ? […] Arrivé à cette place il se taisait, mais je n’avais besoin d’aucun commentaire pour deviner ses impressions.
Rossetti, dans un bel accès de Ruban bleu6, s’écrie avec enthousiasme : « Assurément personne n’a besoin de boire du vin pour se préparer à goûter la mélodie d’un rossignol, soit au sens propre, soit au sens figuré ». […] D’ailleurs, on peut dire que la poésie a bien, plus que la prose, besoin de la contrainte volontaire. […] Sans mains, sans force il pourvoit à vos besoins, Celui qui du « Néant » construisit le « que cela soit ! […] Il y a quelque temps, l’un d’eux se rendit chez un peintre fort connu qui, se trouvant pour le moment, avoir besoin de ses services, l’engagea, et, pour commencer, lui dit de s’agenouiller dans l’attitude de la prière. […] Voici quelques-unes de ses vues ; nous ne les appellerons pas ses idées : « La Chambre des Lords ne demande rien à la Nation : elle est donc la seule tutrice sincère et désintéressée des besoins et des ressources du peuple.
Pourtant Mme de Longueville manquait de direction encore, et avec son genre de caractère, avec cette habitude de ne suivre jamais que des sentiments adoptifs, et de ne les régler que sur une volonté préférée, elle avait plus que personne besoin d’un guide très-ferme. […] Singlin, une fois introduit, revint souvent ; il faisait ses visites déguisé en médecin et sous l’énorme perruque qui était alors de rigueur ; il avait besoin de se dire, pour se justifier à lui-même ce déguisement, qu’il était bien médecin en effet.
Il est aussi un grand diocèse, messieurs, celui-là sans circonscription fixe, qui s’étend par toute la France, par tout le monde, qui a ses ramifications et ses enclaves jusque dans les diocèses de messeigneurs les prélats ; qui gagne et s’augmente sans cesse, insensiblement et peu à peu, plutôt encore que par violence et avec éclat ; qui comprend dans sa largeur et sa latitude des esprits émancipés à divers degrés, mais tous d’accord sur ce point qu’il est besoin avant tout d’être affranchi d’une autorité absolue et d’une soumission aveugle ; un diocèse immense (ou, si vous aimez mieux, une province indéterminée, illimitée) ; qui compte par milliers des déistes, des spiritualistes et disciples de la religion dite naturelle, des panthéistes, des positivistes, des réalistes, … des sceptiques et chercheurs de toute sorte, des adeptes du sens commun et des sectateurs de la science pure : ce diocèse (ce lieu que vous nommerez comme vous le voulez), il est partout, il vient de se déclarer assez manifestement au cœur de l’Autriche elle-même par des actes d’émancipation et de justice, et je conseillerais à tous ceux qui aiment les comparaisons et qui ne fuient pas la lumière, de lire le discours prononcé par le savant médecin et professeur Rokitansky dans la Chambre des seigneurs de Vienne, le 30 mars dernier, sur le sujet même qui nous occupe, la séparation de la science et de l’Église. […] La science n’a pas besoin d’excuses quand elle procède sincèrement et selon son véritable esprit : elle peut sur certains points aller trop vite, avoir ses hypothèses anticipées, hasardées même ; mais qu’on la réfute alors ; qu’on oppose raison à raison, expérience à expérience.
Je suis fâché que ce cœur, fortifié et soutenu par Alfieri, ait eu besoin d’un autre appui.” […] Les ressorts par lesquels il maintenait un pouvoir si démesuré, quelque violents qu’ils nous parussent, étaient modérés, si on les compare à l’effort dont il avait besoin et à la résistance qu’il éprouvait.
Le ministre de l’intérieur, en France, me refuse l’autorisation d’une loterie de souscription qui m’avait été accordée il y a deux ans, et dont j’avais rendu la moitié au gouvernement, disant : « Je n’en ai pas besoin, je ne désire pas m’enrichir, mais payer strictement mes dettes. […] Il y a quatre ans qu’il nous a préparé la petite économie dont le besoin était prévu pour notre voyage, il devait nous accompagner, une maladie l’a retenu.
On voit souvent ce phénomène dans les révolutions au moment où les partis fatigués ou impuissants ont besoin de se mentir à eux-mêmes et aux autres, pour feindre une transaction nécessaire à tous, et pour attendre une occasion de rompre la trêve. […] Elle ne lui gardait pas de haine dans sa chute ; mais elle haïssait l’autorité de ses exemples, la corruption funeste qu’ils avaient répandue, et cette doctrine de la fatalité, du mensonge et de la force qu’elle sentait et qu’elle prévoyait survivante après lui ; avec quelle admiration curieuse nous l’avions encore entendue remuer tant de questions naguère interdites et comme inconnues en France, les principes de l’ancien droit public de l’Europe, les causes populaires de la victoire actuelle des droits coalisés, le travail tardif et la solidarité pour longtemps indissoluble de la coalition, les instincts différents et pourtant compatibles des monarques héréditaires et des parvenus au trône, d’Alexandre et de Bernadotte ; enfin le génie collectif et pourtant inépuisable de l’Angleterre pouvant au besoin se passer du hasard d’un grand homme pour faire de grandes choses, et, forte d’une institution qui lui fournit toujours à temps des hommes résolus et capables, achevant, par la ténacité de lord Liverpool et de lord Castelreagh, ce qui avait consumé le génie et l’espérance de Pitt !
De plus, l’Écosse, sans cesse menacée de domination ou d’envahissement par l’Angleterre, avait besoin de puissantes alliances étrangères, en Europe, pour l’aider à conserver son indépendance et pour lui fournir l’appui moral et l’appui matériel nécessaires pour contre-balancer l’or et les armes des Anglais. […] Un complot, pour ainsi dire national, s’ourdit entre eux et Darnley, pour la mort du favori, l’emprisonnement de la reine, la restauration du pouvoir royal dans les mains du roi outragé ; le clergé et le peuple étaient d’avance dans la conjuration ; on n’avait pas besoin de se cacher d’eux ; on n’était sûr non-seulement de l’impunité, mais de l’applaudissement public.
Dirai-je qu’il se l’est donné bonne et que peut-être il a eu besoin plus tôt qu’il ne le dit que l’expérience vint au devant de lui pour lui faire voir quel serait son événement. […] Il veut qu’il n’ait eu besoin que l’expérience vînt au devant de lui que quand il a voulu descendre aux choses qui étaient plus particulières.
Pour se développer, ces dispositions à l’éveil avaient besoin de temps et de circonstances favorables. […] Saint-Nicolas fut, durant le premier tiers du siècle, un obscur établissement religieux ; les études y étaient faibles ; le nombre des élèves restait fort au-dessous des besoins du diocèse.
Ils ne pensaient pas que le dogme eût besoin d’être mitigé, déguisé, costumé à la jeune France. […] Les natures absolues ont besoin de ces partis tranchés.
Ce genre, à la vérité original et neuf, répond à un besoin de notre imagination. […] Sans doute cherche-t-il à composer une synthèse impersonnelle et probe de la complexité des luttes qui — au milieu de la contradiction des théories — déchirent aujourd’hui la masse des producteurs et celle des travailleurs ; sans doute l’énigme des lois propres à l’organisation sociale existante et l’impossibilité d’échapper à leur force inexorable demeure-t-elle au fond de livres comme Un vainqueur ou comme l’Indocile ; mais, chez l’auteur, le résultat est moins une révolte, une thèse de rébellion ou d’anarchie, qu’un besoin de large et tendre sympathie.
Villeroi ni Jeannin (est-il besoin de le dire ?)
Comme les saints Pères, il accommodait ses instructions ou ses répréhensions à des besoins présents ; c’est pourquoi le long d’un Avent ou d’un carême il ne pouvait se préparer que dans l’intervalle d’un sermon à l’autre.
Cette similitude du Français et de l’enfant, qui ne se bornait pas à un simple aperçu comme en ont les gens d’esprit, mais qui était l’idée favorite de l’abbé, revient continuellement dans ces notes de Rousseau : « Il était mal reçu des ministres et, sans vouloir s’apercevoir de leur mauvais accueil, il allait toujours à ses fins ; c’est alors surtout qu’il avait besoin de se souvenir qu’il parlait à des enfants très fiers de jouer avec de grandes poupées. » — « En s’adressant aux princes, il ne devait pas ignorer qu’il parlait à des enfants beaucoup plus enfants que les autres, et il ne laissait pas de leur parler raison, comme à des sages. » Rousseau, à qui tant de gens feront la leçon pour sa politique trop logique et ses théories toutes rationnelles, sent très bien le défaut de l’abbé de Saint-Pierre et insiste sur la plus frappante de ses inconséquences : « Les hommes, disait l’abbé, sont comme des enfants ; il faut leur répéter cent fois la même chose pour qu’ils la retiennent. » — « Mais, remarquait Rousseau, un enfant à qui on dit la même chose deux fois, bâille la seconde et n’écoute plus si on ne l’y force.
L’un de ces hommes rares, chez qui la conscience en tout est un besoin de première nécessité et dont le plus grand plaisir comme la récompense est dans la poursuite même d’un travail et dans l’accomplissement absolu d’une fonction, il fit ainsi son métier de métallurgiste avec passion et scrupule ; il épuisa la connaissance détaillée qu’on en peut avoir.
(Mon désir d’être exact me fait ajouter un seul mot : ce portrait, jugé par des personnes qui voient de près l’auteur, leur a paru présenter l’idée d’une personne plus agitée ou plus résignée que ne l’est, que n’a besoin de l’être une âme si calme, si réglée, si bien établie dans les affections douces et dans les études solides.
Une fois écrits et livrés, ces morceaux ne m’appartenaient plus. » Les pages qui vont suivre n’ont pas besoin d’autre Préface ni d’autre explication.
Nous n’avons pas besoin d’atteindre, rencontrer ou imaginer cette chose ; nous tenons sa formule, et cela suffit.
Il a besoin qu’un choc du dehors mette en mouvement les tourbillons de sa pensée, il ne peut donner lui-même la chiquenaude.
La direction de l’esprit public n’appartenait plus à la littérature, qui demandait à la critique les moyens de se mettre en harmonie avec les besoins nouveaux des intelligences.
Dans une étude récente sur la Vie morale selon les Essais de Montaigne (Revue des Deux Mondes, 1er-15 février 1924), j’ai essayé de distinguer nettement la pensée de Montaigne, telle qu’elle peut apparaître quand on l’étudie historiquement selon les règles d’une exacte critique, et l’interprétation qu’une conscience d’aujourd’hui, se plaçant dans une attitude analogue à celle de Montaigne, mais développant sans embarras ou dépassant selon les besoins et selon les lumières du temps présent les indications des Essais, pourrait en tirer pour l’usage présent de la vie.
Il est certain que la fin du premier vers et tout le second forment une cheville ou que, tout au moins, si le poète avait écrit en prose, il n’aurait guère senti le besoin d’apostropher ici son cœur.
Lorsque celle-ci vint s’installer en France, elle apporta par conséquent à notre théâtre les exemples dont il avait le plus grand besoin ; elle enseignait l’action à notre comédie qui penchait naturellement vers la conversation et la tirade, et qui finit toujours par tomber de ce côté-là.
Bernagasso demande la charité à coups de bâton ; quand on lui donne un quart d’écu, il répond qu’un quart d’écu est capable de le faire tomber dans le désordre, et qu’il n’a besoin que d’un sou.
D’après la thèse sociologique, l’art est chose essentiellement sociale ; il a son origine dans les besoins et les sentiments sociaux ; il exprime moins l’originalité sentimentale des individus que l’âme collective.
Par une singularité fort étrange, c’étaient ces incrédules, niant la résurrection, la loi orale, l’existence des anges, qui étaient les vrais Juifs, ou pour mieux dire, la vieille loi dans sa simplicité ne satisfaisant plus aux besoins religieux du temps, ceux qui s’y tenaient strictement et repoussaient les inventions modernes faisaient aux dévots l’effet d’impies, à peu près comme un protestant évangélique paraît aujourd’hui un mécréant dans les pays orthodoxes.
Le chien qui, le matin, dépense en courses folles sa surabondance d’activité, ne suit que son instinct ; mais c’est juste au moment où il est épuisé que le besoin de nourriture se fait sentir, et qu’il lui faudrait agir pour s’en procurer.
« Il est impossible de dire combien il faut de conjonctions fortuites pour produire une adhésion assez forte pour nous élever au-dessus des indécisions d’un commencement spontané. » Peu de besoins sont aussi pressants que la soif ; cependant l’animal ne devine pas tout d’abord que l’eau des étangs peut l’apaiser : le lait maternel, l’humidité de sa nourriture lui suffisent d’abord ; ce n’est que plus tard, dans ses courses, qu’il en vient à appliquer sa langue sur la surface de l’eau, à en ressentir du soulagement et à apprendre ainsi ce qu’il doit vouloir.
Albertine avait besoin d’un homme à tout faire, le voilà trouvé.
Il parlera lui-même, au besoin, pour l’indépendance de son art.
Tel cerveau, moins pesant que tel autre, peut lui être supérieur, si les parties consacrées à l’exercice de la pensée l’emportent, et si l’infériorité de poids ne tient qu’à la faiblesse des parties grossières, consacrées aux appétits des sens et aux besoins de la vie organique.
Jérusalem, par exemple, la Jérusalem du matin de la passion du Christ, apparaît non comme un Herculanum retrouvé, figé et conservé merveilleusement sous sa poussière, mais comme un Herculanum tout chaud, tout vivant, tout mouvant et tout éclatant sans la couche de poussière qu’il n’a pas eu besoin d’essuyer.
C’est aussi la faculté de découvrir des vérités, car les contes eux-mêmes ont besoin d’être vrais, au moins par un côté, pour être bons.
Plus que personne, Stendhal avait besoin qu’une grande et généreuse doctrine ajoutât à ses facultés et les étoffât.
Plus que personne, Stendhal avait besoin qu’une grande et généreuse doctrine ajoutât à ses facultés et les étoffât.
Et qu’avait-elle besoin de les signer ?
Je parle de deux vérités historiques, dont l’une nous a été conservée par Hérodote : 1º Ils divisaient tout le temps antérieurement écoulé en trois âges, âge des dieux, âge des héros, âge des hommes ; 2º pendant ces trois âges, trois langues correspondantes se parlèrent, langue hiéroglyphique ou sacrée, langue symbolique ou héroïque, langue vulgaire, celle dans laquelle les hommes expriment par des signes convenus les besoins ordinaires de la vie.
Tout le monde sait que l’enseignement du Collège de France est d’une autre nature que celui des facultés, qu’il répond à d’autres besoins, qu’il s’adresse à un autre public, que sa manière de procéder est essentiellement différente. […] L’élévation de la température est aussi un produit vital, qui a son rôle dans l’organisme, et dont la source a besoin d’être cherchée et connue. […] Alors, au lieu d’accepter purement et simplement le foie comme un organe sécréteur du sucre, ce qui est prouvé par des considérations de toute nature, on torture pour le besoin de théories l’explication des phénomènes. […] Tout ce qu’on voit, tout ce qu’on observe, doit absolument rentrer dans la théorie, et l’on déclare au besoin impossibles et absurdes les faits qui la contredisent. […] Comme nous avons besoin de prendre cette salive avant l’injection, vous allez voir qu’elle va couler en abondance quand nous allons porter une excitation sur la muqueuse buccale en y versant du vinaigre, ainsi que nous le faisons en ce moment.
Pour aimer et pour souffrir en ce monde, les images suffisent ; il n’est pas besoin que leur objectivité soit démontrée. […] Aussitôt qu’elle s’empare de l’empire des âmes, aussitôt qu’elle est reine enfin, elle édicte des lois morales en rapport avec les besoins et les aspirations de ses sujets. […] Louis XIV, qui aimait trop la guerre, — il l’a confessé lui-même, — eut besoin de deux, de trois, de quatre cent mille hommes à la fois. […] Est-ce qu’il n’arrive pas pour chacun de nous un moment où nous avons besoin de mourir ? […] « La conscience, disait-il, non moins que l’esprit, a besoin de culture.
Pourquoi éprouveraient-ils tout à coup le besoin de devenir sédentaires ? […] Je sens bien que j’ai besoin de m’expliquer et qu’on n’entrera pas volontiers dans ma pensée. […] C’est une vérité qu’il n’y a pas besoin de démontrer. […] La foi était, au contraire, le premier besoin de son âme. […] Je suis un pauvre homme, je n’ai besoin d’aucun plaisir.
Pour eux, ils gesticulent, ils jurent en italien, en français, en anglais2 ; ils plaisantent tout haut avec des mots recherchés, composites, colorés ; bref, ils ont les manières énergiques, originales et gaies des artistes, la même verve, le même sans-gêne, et, pour achever la ressemblance, la même envie de se singulariser, les mêmes besoins d’imagination, les mêmes inventions saugrenues et pittoresques, la barbe taillée en éventail, en pointe, en bêche, en T, les habits voyants et riches, empruntés aux cinq ou six nations voisines, brodés, dorés, bariolés, incessamment exagérés et remplacés par d’autres ; il y a un carnaval dans leur tête comme sur leur dos. […] Pour les apaiser, pour obtenir vingt-quatre ans de puissance, il donne son âme, sans peur, sans avoir besoin d’être tenté, du premier coup, de lui-même, tant l’aiguillon intérieur est âpre52 ! […] Tout ce que nous appelons proportion et commodité fait défaut ; ils ne s’en embarrassent pas, ils n’en ont pas besoin. […] Faut-il que votre prurit, votre chaleur de luxure se soient gorgés jusqu’au trop-plein, et aviez-vous besoin de me trier entre cent pour être le manteau de vos tours secrets, de vos tours d’alcôve ?
Leurs yeux ont besoin d’une fête perpétuelle, et, si les choses leur paraissent ennuyeuses, ils les décorent et les parent, pour en voiler la triste nudité. […] Il n’y a là rien de personnel, ai-je besoin de vous l’affirmer ? […] On voyait en lui une de ces natures trop chargées de l’électricité du temps, qui ont besoin que les commotions les soulagent sans cesse. […] Et le régime a grand besoin d’argent. […] Contre qui le besoin de lutte, les instincts turbulents se tourneraient-ils, sinon contre l’autorité ?
Je n’avais jamais fait à loisir cette revue, parce que je n’avais jamais eu besoin de me grouper à moi-même en faisceau cette multitude de talents et de caractères pour donner un démenti à ce prétendu appauvrissement de la nature en France. […] On était convaincu sans avoir eu besoin de réfléchir : il n’y a pas de sophisme contre la nature. […] Est-ce qu’un homme habile a jamais besoin de crimes ?
Sept ou huit numéros du journal la Patrie, où Glatigny avait tracé des zébrures blanches et roses, représentaient la souquenille de Scapin ou de Mascarille, et de la sorte, le comédien-poète n’avait pas besoin de coffre ni de malle, car il pouvait mettre sa garde-robe, pliée, dans son portefeuille, en place de billets de banque. […] Plusieurs d’entre vous se souviennent peut-être de l’avoir connu improvisateur au café-concert de l’Alcazar, où il alternait avec des messieurs en pantalon montant jusqu’au milieu de la poitrine qui éprouvent le besoin de faire savoir à leurs contemporains qu’ils arrivent de Pontoise, dans le département de l’Oise. […] Il est à propos d’appeler le concours, et, au besoin, l’énergie des gens sérieux sur la valeur et les résultats pécuniaires de la découverte inespérée dont nous parlons. […] Il prenait une grande résolution, le brave homme II entrait dans la chambre du lyrique insolvable, et, d’un air à la fois contrit et ferme, il déclarait qu’il avait besoin de l’appartement, — il appelait cela des appartements ! […] Nous avons tant besoin d’exemples, hélas !
… Est-il besoin de faire remarquer qu’au xvie siècle ombre comme tige étaient des substantifs masculins ? […] Il méditait, fort ennuyé sans doute, lorsque soudain il entendit quelques jeunes garçons qui disaient : — M. l’évèque du Puy a besoin d’un secrétaire. […] Vous voyez bien pourquoi, et je n’ai pas besoin de m’en expliquer davantage. […] Pour me faire sans cesse adorer cette belle Il n’était pas besoin des efforts de ton art ; Mon cœur, sans ce portrait, se souvient assez d’elle. […] « C’est qu’avec beaucoup d’imagination, remarque-t-il, il est naturellement peu coloriste, et qu’il a besoin, pour arriver à une expression vivante, d’évoquer, comme par un soubresaut galvanique, les êtres de l’ancienne mythologie.
Ses travaux cependant avaient altéré sa santé naturellement maladive ; il éprouvait le besoin de changer l’air épais de Rome contre l’air vital et léger d’Athènes ; il voulait surtout voir de ses yeux, avant de les décrire, les mers et les rivages d’Ilion : Campos ubi Troia fuit ! […] Mais si vous êtes seulement un homme de bon sens et de goût exquis, un amateur des délicatesses de l’esprit et des grâces de la poésie ; si vous ne sentez plus dans votre cœur ou si votre nature tempérée n’a jamais senti les brûlures sacrées ni les stigmates toujours saignants des fortes passions : amour, dévouement, religion, soif de l’infini ; si une félicité facile et constante vous a servi à souhait dans les différents âges de votre vie ; si vous avez passé l’âge des tempêtes, l’équinoxe de cette vie ; si vous êtes détrompé des hommes et de leurs vains efforts pour se retourner sur leur lit de chimères ; si vous avez vu dix révolutions et cent batailles soulever pendant soixante ans la poussière des places publiques et des champs de mort sans rien changer dans le sort des peuples que le nom de leur servitude et de leurs déceptions ; si vous avez vu les prétendus sages de la veille déclarés fous le lendemain, et les philosophies et les systèmes qui avaient fanatisé les pères devenir la dérision de leurs fils ; si la pensée humaine, toujours active et toujours trompée, vous a attristé d’abord par ce perpétuel enfantement du néant ; si, après avoir pleuré sur ce tonneau retentissant des Danaïdes qu’on appelle Vérité, vous avez fini par en rire ; si, sans chercher plus longtemps cette impénétrable moquerie du destin qui pousse le genre humain à tâtons de la vie à la mort, vous avez pris le parti de douter de tout, de laisser son secret à la Providence, qui, décidément, ne veut le dire à aucun mortel, à aucun peuple et à aucun siècle ; si vous vous laissez glisser ainsi sur la pente, comme l’eau de l’Anio qui glisse en gazouillant sous le verger d’Horace ; si vous n’avez ni femme ni enfant qui doublent et qui perpétuent pour vous les soucis de la vie ; si votre cœur, un peu rétréci par cet égoïsme qui se replie uniquement sur lui-même, a besoin d’amusement plus que de sentiment ; si vous possédez cet Hoc erat in votis , ce vœu d’Horace, un joli domaine aux champs pour l’été, une maison chaude l’hiver, tapissée de bons vieux livres ( nunc veterum libri ) ; si votre fortune est suffisante pour votre bien-être borné ; si vous avez pour amis quelques amis puissants, amis eux-mêmes des maîtres du monde, avec lesquels vous soupez gaiement en regardant combattre Pompée et mourir Cicéron pour cette vertu que Brutus appelle un vain nom en mourant lui-même ; enfin, si vous n’avez pas grand souci des dieux, et si les étoiles vous semblent trop haut pour élever vos courtes mains vers les choses célestes ; oh !
Machiavel sentait pour l’Italie le besoin de la force nationalisée ; cette force qui lui a toujours manqué, à cette noble race, et qui lui manque encore, semblait se personnifier, aux yeux de Machiavel, dans César Borgia, grand général et habile politique, le premier des condottieri et le plus ambitieux des princes lieutenants de la papauté. […] Les Guelfes étant les partisans de la papauté souveraine, les Gibelins étant les partisans des empereurs ; les Guelfes rêvant l’indépendance de ce qui restait d’Italie, les Gibelins soutenant l’indépendance des rois et des peuples, on voit qu’il était difficile de savoir lequel était le parti de la liberté ; aussi tous les grands hommes de l’Italie furent-ils tour à tour Guelfes et Gibelins, selon qu’ils avaient besoin de l’indépendance des papes ou de l’indépendance des peuples.
Ici nous n’avons même pas besoin de remonter aux anciens : Charles Estienne, Ronsard, Baïf373 se mettent en face de Térence, d’Aristophane ou de Plaute ; mais leur exemple n’est pas suivi. […] Molière est impitoyable contre les parents qui veulent faire servir leurs enfants à la satisfaction de leurs idées et de leurs besoins, quand ceux-ci ont l’âge de vivre par et pour eux-mêmes.
Si elle est réellement belle, je saurai l’admirer et rendre justice au génie de l’auteur, tout en méprisant son caractère, Je n’ai pas besoin, pour arriver à cet éclectisme, que l’on me commente éloquemment la fameuse maxime : « L’art ne connaît point de patrie. » J’ai l’esprit plus terre à terre. […] Il faut espérer que les nombreux artistes à qui elle a rendu service réuniront leurs efforts pour lui obtenir l’appui efficace du gouvernement, dont elle a grand besoin, à ce qu’il paraît.
Ces sociétés où primitivement la coopération était de tous les instants, où les besoins et les tâches étaient les mêmes pour tous, où tous étaient de même race, où la lutte encore ardue contre tout l’ambiant absorbait toute la force vitale de l’homme, le formait et le pétrissait, peuvent être conçues comme homogènesdi, comme formées de membres presque semblables en tout, de corps et d’âme, et s’il y fût né quelque individu original, différent, doué d’inclinations et de pensées qui n’étaient qu’à lui, cet individu, par la force même des choses, par l’oppression de ses compatriotes, aurait été assurément contraint de revenir au module commun. […] A mesure que l’individu fera partie d’un ensemble social plus divers et plus étendu, doué d’une organisation meilleure et qui exigera pour subsister moins de sacrifices moraux de la part de ses citoyens15, ceux-ci pourront plus facilement conserver leurs facultés propres, sans qu’elles aient besoin d’être portées à une extrême intensité pour résister à une extrême pression.
Jamais œuvre ne vint plus à propos, ne répondit mieux aux besoins du public et ne s’adapta plus exactement aux goûts du siècle. […] Mais il n’aurait pas eu besoin de quitter Paris pour subir l’influence des écrivains d’outre-Manche.
Je connaissais cette expression, j’y devinais je ne sais quelle conversation muette avec un autre que moi, et, sans qu’elle eût besoin de me faire un signe, je rentrais dans le silence et je respectais sa lecture. […] XXXI Cette impression croissante se renouvela et s’accrut, connue on le pense bien, par les hautes études de mon adolescence, par les ennuis d’une longue oisiveté dans ma jeunesse inoccupée, qui ne trouvait son aliment que dans la lecture, par le besoin d’exprimer dans la solitude ces premières passions, qui, après avoir parlé en ardeur et en larmes, s’amortissent en parlant en vers ou en prose ; enfin par ces premières amours de l’imagination ou du cœur qui empruntent tous la voix de la poésie : la poésie !
Le sujet trouve au contraire que ce qu’il éprouve est normal ; il a parfois besoin de cette impression, il la cherche quand elle lui manque et la croit d’ailleurs plus continue qu’elle ne l’est en réalité. […] En creusant encore au-dessous de cette illusion, on trouverait à sa racine le besoin, inné à notre esprit, de se représenter le tout de notre vie intérieure sur le modèle de la très petite partie de nous-mêmes qui est insérée dans la réalité présente, qui la perçoit et qui agit sur elle.
À l’Académie, dans les séances ordinaires, Duclos faisait un peu comme partout, il tempêtait au besoin et ne se refusait pas ses jurons d’habitude.
Et quant au caractère même de l’homme, du guerrier si noblement historien, je dirai pour conclure : Villehardouin, tel qu’il apparaît et se dessine dans son Histoire, est bien un homme de son temps, non pas supérieur à son époque, mais y embrassant tous les horizons ; preux, loyal, croyant, crédule même, mais sans petitesse ; des plus capables d’ailleurs de s’entremettre aux grandes affaires ; homme de conciliation, de prudence, et même d’expédients ; visant avec suite à son but ; éloquent à bonne fin ; non pas de ceux qui mènent, mais de première qualité dans le second rang, et sachant au besoin faire tête dans les intervalles ; attaché féalement, avec reconnaissance, mais sans partialité, à ses princes et seigneurs, et gardant sous son armure de fer et du haut de ses châteaux de Macédoine ou de Thrace des mouvements de cœur et des attaches pour son pays de Champagne.
À ce siège devant Thionville, il inventa un perfectionnement dans la pratique des tranchées ; c’était d’y faire, de distance en distance, et tantôt à droite, tantôt à gauche, des espèces de retours ou arrière-coins propres à loger des soldats qui défendraient au besoin la tranchée, si l’ennemi y sautait pour la détruire.
Cet appesantissement en partie physique qui augmentait avec l’âge, cet enchaînement aux habitudes, ce besoin d’avoir toujours autour de soi une grosse Cour, finirent par retenir le monarque à Versailles et dans ses maisons.
Au reste, en discutant cette portion de la préface de M. du Camp, et en trouvant sa recette insuffisante, sa conclusion trop directe et trop roide, je suis loin de méconnaître le besoin vrai dont il est tourmenté.
Quand il fait dire à chaque portion souffrante de la société et de la famille, à l’enfant, à la jeune fille, à l’épouse indigente, à l’aïeule glacée, quand il leur fait dire tour à tour à chacun : Cherchez l’or, nous en avons besoin pour vivre, pour grandir, pour travailler même et avoir toutes nos vertus, pour vieillir et pour mourir, — il a touché les fibres de tous et il arrache des larmes.
Son Éminence a besoin de repos ; elle a l’estomac dérangé : M. de Luynes sait dans la dernière exactitude tous les détails de santé qui font rire quand Molière nous les étale, mais qu’on n’écrit plus ; il les note ; on a le compte, le chiffre exact des coliques du cardinal dans les vingt-quatre heures ; et « d’ailleurs, les différentes situations de la santé de M. le cardinal se remarquent aisément, se reflètent — sur le visage du roi. » Quant au cardinal, il continue de s’occuper d’affaires dans ses intervalles de répit ; il reçoit le viatique, mais il ne songe pas à lâcher le ministère ; il n’a pas l’idée qu’il puisse s’en aller déjà, et il le dit même assez agréablement à l’adresse de ceux qui attendent.
» — « Je lui parlai alors de Joubert, ajoute Fouché, comme d’un général pur et désintéressé, que j’avais été à portée de bien connaître en Italie, et auquel on pourrait, au besoin, donner sans danger une influence forte : il n’y avait à craindre ni son ambition, ni son épée, qu’il ne tournerait jamais contre la liberté de sa patrie. — Sieyès, m’ayant écouté attentivement jusqu’au bout, ne me répondit que par un C’est bien.
Pecquet est ravi de songer que la petite n’a plus de besoin ; on voyait qu’elle en avait et qu’elle cherchait toujours.
On a besoin, il faut bien le dire, de quelque défaut secondaire et d’un travers qu’on ne sait trop où placer, pour s’expliquer le guignon constant de Cervantes.
Je m’acquitterai du devoir de l’offrir à Dieu et en même temps tous ceux qui y ont part, afin qu’il daigne se trouver à ces noces chrétiennes et y apporter de ce bon vin que lui seul peut donner, qui met la vraie joie dans le cœur, et qui donne aux vierges une sainte fécondité en plus d’une manière : Vimim germinans virgities, comme parle un prophète. » Vous éprouvez sans doute, monsieur, qu’il n’est besoin de vous nommer l’auteur, ni de vous le désigner plus clairement. » Ainsi échangeaient de loin leurs bénédictions, ainsi s’exprimaient entre eux avec une prudence mystérieuse ces hommes de piété et de ferveur dont le commerce semblait un crime, et en qui l’esprit de parti prétendait découvrir de dangereux conspirateurs.
Laborie, dans cette visite, l’avait suffisamment tâté ; il avait répondu de lui, de son acceptation au besoin.
Elle a besoin d’en parler à quelqu’un, d’épancher sa reconnaissance, de répéter en cent façons dans ses discours ce nom adoré de Titus en y mariant le sien.
Comme Florian, comme Legouvé, comme Millevoye, comme bien des talents de cet ordre et de cette famille, Léonard ne put franchir cet âge critique pour l’homme sensible, pour le poëte aimable, et qui a besoin de la jeunesse.
De l’Italie, et de l’antiquité, même de l’antiquité grecque qu’il eut le rare talent de percevoir à travers les insuffisantes traductions, il a tiré son goût délicat, et ce sens de la forme, ce besoin d’une perfection difficile, qui ont réglé l’emploi de ses facultés poétiques : c’est par là qu’il est devenu un artiste, et qu’il a travaillé sa matière en œuvre d’art.
Nodier, fureteur et voyageur, est épris de sentimentalité, de fantastique, d’exotisme, possédé du besoin de romancer l’histoire et d’y machiner des dessous ténébreux ou singuliers ; avec lui, Emile et Antony Deschamps721, Vigny, Soumet, Chênedollé, Jules Lefèvre, forment le premier Cénacle722.
Mais il est vrai, en principe, que si la critique dramatique demeure puissante, parce qu’elle est financièrement indispensable aux directeurs de théâtres, et contente une foule d’intérêts matériels, dans le même sens que la publicité de bourse ou de négoce, — la critique littéraire se meurt parce qu’elle s’occupe de questions de pensée qui n’intéressent qu’une minorité, ou alors de livres à succès facile que la réclame payée lance sans avoir besoin de critique sérieuse.
Leconte de Lisle, Heredia, Coppée, Dierx, Mendès, Mallarmé possédaient de la prosodie tous les tours, et au besoin les tours de force.
Au contraire, que sous la pression de circonstances durables ou passagères, elle ressente le besoin d’imposer à tous un conformisme rigoureux, tout ce qui peut provoquer outre mesure l’initiative des intelligences sera proscrit63. » Ainsi donc, il y aura d’après M.
Mais nous aurons travaillé à avancer la manière d’envisager les choses, nous aurons conduit l’avenir à n’avoir pas besoin de nous lire, nous aurons avancé le jour où la connaissance égalera le monde et où, le sujet et l’objet étant identifiés, le Dieu sera complet.
Patru l’avait servi de ses bons mots et de sa plume au besoin, dans les rencontres.
Pascal, il faudrait y rectifier en beaucoup d’endroits les idées imparfaites qu’il y donne de la philosophie du paganisme ; la véritable religion n’a pas besoin de supposer, dans ses adversaires ou dans ses émules, des défauts qui n’y sont pas.
On peut donc être un génie créateur de premier ordre sans avoir besoin de tant de cerveau.
Alfred de Vigny, lui-même, ce cygne, s’abattit un instant, sur cette mare… Avec une vanité littéraire qui ressemblait à de l’hystérie, Mme Louise Colet, ce bas-bleu putipharéen, aux Joseph récalcitrants parmi les faiseurs d’articles — comme Sainte-Beuve, par exemple, qui n’entendit jamais à rien et qui lui jeta, à cette lamproie, son secrétaire, Octave Lacroix, pour s’en débarrasser, Mme Colet avait trop d’impétuosité dans l’amour-propre pour être habile ; mais elle n’en était pas moins intrigante au profit du talent qu’elle croyait avoir ; dévouée, corps et âme, à sa fortune littéraire et à des besoins de publicité dont aucune femme n’eut la rage au même degré qu’elle… Son ambition était d’être poëte, encore plus qu’écrivain…, mais cette femme du pays de la poésie facile, cette Phocéenne plus de Marseille que de Phocée, était, en poésie, à ses compatriotes Barthélémy et Méry, ce qu’un sureau vidé est à des flûtes.
Est-il besoin de dire que, malgré les nombreuses statistiques que manient MM.
Le mouvement littéraire, commencé vers 1200 (d’après les textes conservés), brillamment développé par le « dolce stil nuovo », s’arrête brusquement avant le milieu du xive siècle ; ce n’est pas une évolution, c’est une interruption, et je n’ai plus besoin d’en dire les causes.
Ce livre n’a pas eu besoin d’être habillé de vert par Alcan pour exprimer une philosophie authentique et pour proposer sur l’éternel sujet des idées neuves et bien pesantes.
Heureusement l’artiste, l’écrivain relativiste, n’a pas besoin de demander a la philosophie la théorie de sa relativité je veux dire du monde des rapports où il se meut. […] Le Socrate d’Eupalinos estime que de tous les Socrates abandonnés par lui sur sa route et devenus Idées, le plus digne de regrets c’est l’architecte qu’il aurait pu être : « Si donc l’univers est à l’effet de quelque acte, cet acte résultant lui-même d’un Être, et d’un besoin, d’une pensée, d’une science qui appartiennent à cet Être, c’est par un acte seulement que tu peux rejoindre le grand dessein, et te proposer l’imitation de ce qui a fait toutes choses. […] je n’ai plus besoin de ta race naïve celle-là solitaire encore, mais pleine intérieurement de richesse et d’amour, Tout peut naître ici-bas d’une attente infinie. […] La critique qui cherche à ramener à un signe algébrique, à un « caractère » unique, des réalités en apparence si distinctes aurait besoin ici d’une sorte d’idée platonicienne (ou de schème dynamique) du feu.
L’évêque de Montpellier disoit que l’on avoit moins besoin d’évêques que de bons exemples. […] A-t-on besoin des uns ou des autres, on change de langage. […] Pour concilier sa soumission au prince & le ménagement qu’il avoit résolu d’avoir à leur égard, il donna un écrit modéré, plein de termes équivoques, & qu’on pouvoit, au besoin, prendre dans un sens favorable. […] Partout on lui rendit des honneurs ; mais il avoit besoin de fortune. […] On parla de sa naissance, des situations où les besoins l’avoient réduit dans sa jeunesse, de la manière dont il étoit parvenu.
Dimanche 26 février Rodin m’avoue que les choses qu’il exécute, pour qu’elles le satisfassent complètement, quand elles sont terminées, il a besoin qu’elles soient exécutées tout d’abord, dans leur grandeur dernière, parce que les détails qu’il y met à la fin, enlèvent du mouvement, et que ce n’est qu’en considérant ces ébauches dans leur grandeur nature, et pendant de longs mois, qu’il se rend compte de ce qu’elles ont perdu de mouvement, et que ce mouvement, il le leur rend, en leur détachant les bras, etc., etc., en y remettant enfin toute l’action, toute l’envolée, tout le détachement de terre, atténués, dissimulés par les derniers détails du travail. […] Elle confessait, qu’au bout de trois ou quatre jours, toute pudeur était évanouie, et qu’on faisait ses besoins, l’un devant l’autre, et elle ajoutait qu’à la fin, les aliments manquant, on allait chercher dans les excréments, les haricots non digérés, pour les remanger. […] Lundi 15 octobre Avoir besoin de rationner ses lectures dans un moment d’oisiveté de l’esprit, où l’on voudrait lire tout ce qu’on n’a pas lu.
Il paraîtrait que parmi les plus beaux spécimens de Pigeons culbutants à bec court, il en périt un plus grand nombre, dans l’œuf, qu’il n’en est qui réussissent à en sortir, si bien que les amateurs sont obligés de guetter le moment de leur éclosion pour les secourir au besoin. […] J’ai à peine besoin de dire ici que la science, dans son état actuel, n’admet pas en général que des êtres vivants s’élaborent encore de nos jours au sein de la matière inorganique75. […] Il est admis en physiologie que le cerveau, pour acquérir une grande activité, a besoin d’être baigné de sang chaud, ce qui exige une respiration aérienne ; de sorte que les mammifères à sang chaud qui habitent les eaux y vivent à quelques égards avec quelque désavantage, comparativement aux poissons.
« Votre demande, répondit Blake, lui est déjà parvenue… Nous n’avons pas besoin de paroles ; voici sa réponse un peu plus longue qu’il ne me l’a donnée ; vous ne comprendriez pas le langage des esprits. — Il dit que ce que vous appelez meurtre et carnage n’est rien ; que, en égorgeant quinze ou vingt mille hommes, on ne leur fait aucun mal, que la partie immortelle de leur être non seulement se conserve, mais passe dans un meilleur monde, que l’homme assassiné qui adresserait des reproches à son assassin se rendrait coupable d’ingratitude, puisque ce dernier n’a fait que lui procurer un logement plus commode et une existence plus parfaite. […] Animal ou homme, l’être intelligent ne pourvoit à ses besoins, ne conserve sa vie, n’améliore sa condition que par l’accord exact de sa prévision présente et de l’avenir prochain ou même lointain. — Si parfois cette harmonie manque, c’est quand il s’agit d’objets ou de circonstances sur lesquels l’observation antérieure n’a pas fourni assez d’indices.
Ces deux femmes se séparèrent avec le besoin réciproque de se revoir le lendemain. […] XXXIV Celui de madame Récamier était, par la nature neutre des affaires de son mari, accessible à toute cette jeunesse ; un banquier est l’homme de toutes les nations et de tous les partis ; tout le monde a besoin de lui et il prospère de ses relations avec tout le monde.
Il m’était prouvé qu’elle ne pouvait plus être heureuse ici-bas ; quant à Thérèse, je n’ai jamais senti la moindre étincelle d’amour pour elle ; les besoins sensuels satisfaits près d’elle n’ont jamais eu rien de spécial à sa personne. » Ce fut à cette époque, le milieu de la vie déjà passé, que Rousseau chercha dans sa seule imagination le fantôme de cet amour que son cœur ne lui avait jamais fait éprouver. […] ) Voilà un philosophe qui compose un système d’éducation exclusif pour l’aristocratie, cette exception du peuple, système tel qu’une nourrice de bonne maison n’oserait pas y débiter tant de chimères dans un conte de fées ; système tel qu’un Aristote, dans la cour d’Alexandre, aurait besoin pour le proposer et pour l’exécuter que chaque père et chaque enfant appartinssent à la caste des opulents dans un peuple de satrapes !
Edmond Clay, si elle n’est sanctifiée par la sagesse, est en effet chose vile ; et, si les parents n’avaient d’autre titre que celui-là au respect de leurs enfants, c’est au mépris de leurs enfants qu’ils auraient logiquement droit. » — Mais, répondrons-nous, les autres titres au respect et à l’affection ne manquent pas, sans qu’on ait besoin de les demander à « la sagesse » ; il n’y a rien de méprisable dans l’amour même qui unit deux êtres, et qui a en vue de perpétuer dans un autre être toutes les qualités supérieures de la race humaine. […] Besoin inassouvi de notre âme impuissante, Du monde où nous vivons la justice est absente.
L’homme, par un instinct occulte, mais universel, semble avoir senti, dès le commencement des temps, le besoin d’exprimer dans un langage différent ces choses différentes. […] L’homme n’a pas besoin de le discerner, il le sent.
Cette importante intervention du pouvoir sélectif de l’homme rend aisément compte des adaptations si extraordinaires de la structure ou des habitudes des races domestiques à nos besoins ou à nos caprices. […] Qu’on ne pense pas cependant qu’une déviation de structure ait besoin d’être très apparente pour attirer l’attention d’un amateur.
Est-il besoin de le rappeler ? […] Michelet, qui n’est pas taillé pour boire à de telles coupes, et qui n’a eu besoin, pour se griser, que de la première tasse de café du succès, a pris aussi pour la France entière le public qui assistait à son cours !
Il est besoin que même le mortel vienne au secours des cieux, devant la langue insensée qui fait outrage à la Divinité, en nous dégradant aussi nous-mêmes. […] Là, en effet, où le ciel est moins beau, la nature moins riche, la vie moins extérieure et moins libre, la cité moins retentissante de fêtes et de triomphes, l’homme moins jeune, moins ardent, moins passionné de patrie et de gloire, la voix la plus expressive, n’ayant pas pour s’animer les grands spectacles du dehors, aura besoin des méditations les plus intérieures de l’âme ; et l’élévation, la contemplation abstraite et lyrique devra naître surtout de la solitude.
Pour exécuter son dessein, il avait besoin des secours d’une grande bibliothèque ; il désira naturellement être placé à Saint-Germain-des-Prés, capitale de l’ordre, au centre de toutes les ressources et des trésors manuscrits.
Et je suis un vieil homme et faible de corps et infirme, partant j’aurais dorénavant besoin de me reposer ; mais je ne vois, pour le moment, aucun homme parmi nous qui, plus que moi, sût vous conduire ni guerroyer.
Mais ceux qui ont pu mettre cette affection en l’esprit du roi de le rappeler et honorer… ont négligé de s’y employer, et moi qui l’ai voulu essayer, n’ai été assez puissant pour lui procurer ce bien dont il n’a plus besoin.
Hâtons-nous de dire que Bailly ne paraît nullement avoir songé à en faire une arme contre la tradition ni contre des croyances révérées, comme plus tard cela se vit dans l’arsenal de Dupuis où s’arma Volney ; Bailly, plaidant entre Buffon et Voltaire, ne songeait qu’à défendre avec agrément et vraisemblance une opinion qui lui avait souri en étudiant les anciens peuples, à tirer tout le parti possible d’un jeu de la science et de l’imagination, et à satisfaire ce besoin d’un âge d’or en grand, qui était un des caractères optimistes de son temps et de son propre esprit.
Ramond, à cet âge, portait son activité, son besoin de nouveauté et de découverte dans tous les sens.
Quelques femmes n’avaient pas eu besoin de cet exemple pour rester ou redevenir naturelles de leur côté et fidèles à la plus saine diction.
Les autres écrivains et citoyens genevois, restés plus fidèles que lui, ont besoin, pour être appréciés, d’une étude attentive, et d’être écoutés de très près ; et ils en sont dignes.
Remarquez bien qu’on leur demande d’indiquer le poison ; car, en ces temps de soupçon et de haine, on n’hésite pas, on a besoin de croire à toutes les sinistres rumeurs ; elles font partie de l’exaltation publique et la soutiennent ; et c’est Robespierre, le plus soupçonneux des hommes par tempérament et par système, qui préside le Comité.
Je montrais un grand respect à ma mère, une obéissance sans bornes à l’Impératrice, la considération la plus profonde au grand-duc, et je cherchais avec la plus profonde étude l’affection du public. » Et encore « Je m’attachais plus que jamais à gagner l’affection de tout le monde en général : grands et petits, personne n’était négligé de ma part, et je me fis une règle de croire que j’avais besoin de tout le monde, et d’agir en conséquence pour m’acquérir la bienveillance ; en quoi je réussis. » Elle rencontra, à ce moment difficile et décisif, un conseiller excellent : c’était un Suédois de beaucoup d’esprit, qui n’était plus jeune, le comte Gyllenbourg.
Il embrasse la pensée des mondes comme Lucrèce, mais il se rabat par choix et par goût à une philosophie moindre et plus pratique, plus d’accord aussi avec les besoins et les désirs des humbles mortels.
Pureté, désintéressement ; douceur, esprit de justice, esprit de paix, et de miséricorde ; guerre, aux hypocrites et aux menteurs, aux Pharisiens de tout bord et de toute robe ; besoin de s’immoler pour tous ceux qui souffrent, de racheter et de sauver tous ceux qui croient, en la promesse ; dites : ne le voilà-t-il pas encore une fois défini ?
On ne voit agir, en fait de divinités, que Pan et les Nymphes : on n’en nomme guère d’autres, et on voit en même temps que ces divinités suffisent aux besoins des bergers. » — « Et cependant, ajoutait Goethe, obéissant a la suggestion de son interlocuteur et continuant la pensée d’Eckermann ou plutôt la sienne propre, cependant, avec toute cette mesure, là se développe un monde tout entier : nous voyons des bergers de toute nature, des laboureurs, des jardiniers, des vendangeurs, des mariniers, des voleurs, des soldats, de nobles citadins, des grands seigneurs et des esclaves. » C’est tout ce dialogue qui manque, pour le dire en passant, dans la page de préface ajoutée à ta présente édition, où elle fait d’ailleurs une si digne et si magistrale figure.
Comme on est homme pourtant, on a besoin de moyens artificiels et de méthode.
. — Notre lignée, à nous critiques français, c’est Bayle, Despréaux ; au besoin j’y mettrais cent fois La Harpe plutôt que Fréron : celui-ci jamais.
Vous avez besoin de repos ; vous ne l’aurez que dans la solitude ; quittez Paris où tout vous enlève au sentiment de vous-même ; votre cœur n’est pas fait pour les dévorantes émotions de cette ville.
A quoi il ajoute qu’il supplie très-humblement la Mère Abbesse et les Religieuses de vouloir bien lui accorder cet honneur, quoiqu’il s’en reconnaisse, dit-il, très-indigne et par les scandales de sa vie passée et par le peu d’usage qu’il a fait de l’excellente éducation qu’il a reçue autrefois dans cette maison, et des grands exemples de piété et de pénitence qu’il y a vus, et dont il avoue n’avoir été qu’un stérile admirateur ; mais que plus il a offensé Dieu, plus il a besoin des prières d’une si sainte Communauté, qu’il supplie aussi de vouloir bien accepter une somme de 800 livres qu’il a ordonné (par le même acte olographe du 10 octobre 1698) qu’on lui donnât après sa mort.
Ses plans sortaient des données habituelles à la timidité du règne de Louis XV, et il n’aurait pas même eu besoin d’être dans le royaume des timides pour paraître hardi ; il allait de lui-même à l’extraordinaire et semblait partout et toujours sûr de son fait : son étoile avait de bonne heure triomphé de tant d’influences contraires.
Il n’éprouva pas le besoin d’aller goûter dans la retraite le souvenir de ses sacrifices.
Mahomet, en satisfaisant ce besoin, fit naître un fanatisme avec la plus étonnante facilité.
Tel est le livre que les philosophes tâchent d’entendre ; devant le barbouillage final de la première écriture, et devant les lacunes énormes de la seconde, ils s’arrêtent embarrassés, et chacun d’eux décide, non d’après les faits constatés, mais d’après les habitudes de son esprit et les besoins de son cœur. — Les savants proprement dits, les physiciens, les physiologistes, qui ont commencé le livre par le commencement, disent qu’il n’y a là qu’une langue, celle de l’écriture interlinéaire, et que l’autre se ramène à celle-ci ; supposition énorme, puisque les deux langues sont tout à fait différentes. — Les moralistes, les psychologues, les esprits religieux qui ont commencé le livre par la fin et sont pourtant forcés d’avouer que le gros de l’ouvrage est écrit dans un autre idiome, trouvent un mystère inexplicable dans cet assemblage de deux langues, et disent communément qu’il y a là deux livres juxtaposés et bout à bout.
Elle savait que la jeunesse a besoin d’indulgence et que la discrétion est la vertu des mères.
Et déjà la technique assure à ces œuvres une perfection qui les fasse durer ; je n’ai pas besoin de citer ce que tout le monde connaît : Mignonne, allons voir si la rose, ou Nous vivons, ma Panias, ou Quand vous serez bien vieille ou l’Elégie contre les bûcherons de la forêt de Gâtine et mainte autre pièce.
Mme de Staël a fourni aux romantiques des idées, des théories, une critique : de Chateaubriand ils ont reçu un idéal, des jouissances et des besoins ; elle a défini, il a réalisé.
Un moment est venu où les meilleurs parmi les jeunes naturalistes ont senti le besoin de s’affranchir : ils ont pris le premier prétexte de lâcher le maître951 .
Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention, ne peuvent être que d’un terrible pince-sans-rire et d’un railleur raffiné et hardi.
Sans être précisément des corsaires, comme on l’a dit, nous avons besoin de courir nos bordées au large ; il nous faut nos coudées franches.
On rappelle les passages des anciens qui en ont parlé ; au besoin on se fait apporter les livres ; sans s’en apercevoir, l’élève devient aussi savant qu’un Pline, « et n’étoit médecin alors qui en sût la moitié autant qu’il faisoit ».
Enfin, que ce soit Horace ou tout autre, quel que soit l’auteur qu’on préfère et qui nous rende nos propres pensées en toute richesse et maturité, on va demander alors à quelqu’un de ces bons et antiques esprits un entretien de tous les instants, une amitié qui ne trompe pas, qui ne saurait nous manquer, et cette impression habituelle de sérénité et d’aménité qui nous réconcilie, nous en avons souvent besoin, avec les hommes et avec nous-même.
Mais l’essentiel est que ce droit un peu vague, bien que si réel, ne soit jamais supprimé, et que jamais les doctrines régnantes, au nom même du salut commun, ne puissent dire au poète, au littérateur, à l’érudit curieux, comme dans la banlieue d’une place de guerre le génie militaire dit à l’honnête homme, qui a sa métairie avec son petit bois et sa source d’eau vive : « Monsieur, nous avons besoin de ce petit coin qui vous sourit : il entre dans nos lignes, il nous le faut ; voilà le prix, soyez content, mais vous n’y rentrerez pas. » Ceux qui vivent des lettres, de l’amour des livres et des études, de ces passions après tout innocentes et désintéressées, peuvent céder un moment ce coin de leur être et le prêter à la chose et à la pensée publique, ils le doivent dans les cas urgents ; mais, ce cas cessant, ils rentrent de plein droit dans leur domaine.
L’abbé Edgeworth, en leur donnant ses soins, avait contracté cette maladie, une espèce de typhus ; et c’est en ces circonstances extrêmes que Mme d’Angoulême ne voulut jamais l’abandonner : « Moins il a connaissance de ses besoins et de sa position, disait-elle, plus la présence d’une amie lui est nécessaire… Rien ne m’empêchera de soigner moi-même l’abbé Edgeworth ; je ne demande à personne de m’accompagner. » Elle voulait lui rendre, autant qu’il était en elle, ce qu’il avait apporté de consolation et de secours à Louis XVI mourant.
Favorisé par ces circonstances, il se développe simultanément chez plusieurs sujets prédestinés qu’un même dénûment et un même besoin de simulation assemblent en coterie.
L’emploi d’une forme de style, l’expression d’une conception particulière quelconque, que cet emploi soit original ou qu’il puisse paraître entaché d’imitation, est un fait ayant pour cause prochaine, comme tout le livre, la toile, la partition dont il s’agit, un acte physique de leur auteur, poussé par quelque besoin de gloire, d’argent, par un mobile, instinctif, n’importe, de faire une de ces œuvres.
Les hommes ont commencé par améliorer leur situation sur la terre, soit par un instinct plus ou moins semblable à celui des animaux, soit par une sorte de tâtonnement empirique, se développant au jour le jour, en raison des circonstances et des besoins : c’est ainsi que se formèrent les premières industries et les premières sociétés ; puis un premier degré de réflexion survint.
C’était le moment où de toutes parts commençait à éclater un évident besoin d’émancipation à l’égard de la philosophie régnante.
Si Rubens avoit besoin de figures nuës pour faire valoir son dessein et son coloris, il pouvoit introduire dans son tableau des forçats aidans au débarquement et les mettre en telle attitude qu’il auroit voulu.
. — Puisqu’il parle et qu’il s’exprime de manière à être compris, le Romantisme n’a pas besoin qu’on parle pour lui et qu’on lui fasse dire officieusement que « la forme est le principal, et la pensée l’accessoire », lorsqu’il dit tout le contraire.
Ecrivant beaucoup, convaincus qu’ils écrivent bien, ils proclament que le style ne s’apprend pas, et avec raison, car, s’il s’apprenait, s’il était vrai qu’on a besoin de travail pour avoir du talent, ils seraient forcés d’en rabattre et de s’estimer moins.
Pour avoir cette ambition noble et pour la croire possible, il suffit de se rappeler que, au-delà du début de la vie, il y a une égalité au moins parmi les hommes : qu’ils ont tous souffert, qu’ils ont tous crié, et que, si variées que soient les peines et les plaintes, tout se résume dans le même besoin d’une infinie justice.
Rien n’a pu éteindre, en son âme, la foi, dont elle est imprégnée, et dont au besoin les Mystiques, sa lecture habituelle, lui rendraient aussitôt la notion. […] Quel effet profond est produit par cette fin horrible, par ce dénouement désenchanteur et d’un scepticisme raffiné, nous n’avons pas besoin de le dire. […] Le talent de l’auteur n’a certes pas besoin d’être indiqué aux lecteurs de Feu Follet : ils savent quel art moderniste M. […] Mais si l’œil du maître n’a rien vu, la valetaille, si vite au fait des faiblesses de sa femme, n’a pas besoin qu’on l’éclaire, pour deviner où en sont les amoureux. […] Le grand public a-t-il besoin de chefs-d’œuvre ?
., la seule inspection anatomique a suffi pour déduire les usages des organes sans qu’on ait eu besoin, pour ainsi dire, d’expérimentation sur le vivant ? […] Ce sentiment est bien l’expression du besoin général causé par la diminution de quantité des liquides du corps. […] L’anatomie comparée vient confirmer d’une autre manière les données expérimentales de la physiologie, en ce que nous voyons disparaître la glande sous-maxillaire partout où la gustation n’a plus besoin de s’accomplir. […] Il suffira de citer les faits, leurs résultats parleront d’eux-mêmes, sans qu’il soit besoin d’aucun commentaire. […] Plus tard, nous étudierons chez d’autres animaux les diverses conditions d’écoulement du liquide pancréatique dans l’intestin, à mesure que nous en aurons besoin pour l’explication de nos expériences.
Et il est vrai que, de franche et d’un peu rude, mais de pleine, et de libre, et de familière qu’elle était jadis, en même temps qu’éloquente, la langue s’est transformée pour subvenir aux besoins de leur propagande. […] « Dans l’ordre naturel, les hommes étant tous égaux, leur vocation commune est l’état d’homme, et quiconque est bien élevé pour celui-là, ne peut mal remplir ceux qui s’y rapportent… En sortant de nos mains notre élève ne sera ni magistrat, ni soldat, ni prêtre, il sera premièrement homme : tout ce qu’un homme doit être, il saura l’être au besoin tout aussi bien que qui que ce soit » [Émile, I, 1]. Avons-nous besoin de faire observer que c’est ici le renversement de l’ancienne discipline, celle qui se proposait avant tout de former l’homme pour la société ? […] « Il n’est rien tel qu’un heureux climat pour faire servir à la félicité de l’homme les passions qui font ailleurs son tourment » [Nouvelle Héloïse, partie I, lettre 23] ; et c’est la nature seule qui a procuré à Rousseau lui-même « quelques instants de ce bonheur plein et parfait, qui ne laisse dans l’âme aucun vide qu’elle sente le besoin de remplir » [Cf. […] Desnoiresterres, La Comédie satirique au xviiie siècle, Paris, 1885]. — Que cette tolérance du gouvernement n’a pas été sans quelque rapport avec la crainte qu’on éprouvait de voir une entreprise interdite en France — s’achever à l’étranger, à Berlin peut-être ou à Saint-Pétersbourg ; — et d’autre part, avec le besoin qu’on avait de ménager les philosophes, — à la veille de l’expulsion des Jésuites, 1762. — L’ouvrage de D’Alembert : De la destruction des Jésuites en France ; — et qu’il est curieux de constater la coïncidence de sa publication avec la distribution des dix derniers volumes de l’Encyclopédie. — Observations à ce sujet ; — et de la difficulté de distribuer « sous le manteau » dix volumes in-folio. — Indifférence relative au milieu de laquelle ils paraissent ; — et raisons naturelles de cette indifférence ; — s’ils ne contiennent en effet presque rien qui ne fût plus qu’« amorcé » dans les sept premiers volumes ; — et si, tout l’effet qu’on pouvait attendre de l’œuvre, ces sept premiers volumes l’avaient déjà réalisé.
Au reste, ce grand procès a besoin d’être discuté de part & d’autre. […] Il a besoin de faire venir un renfort d’Anges pour faire tête aux Démons. […] C’est presque toujours au besoin qu’on est redevable des meilleures découvertes. […] Notre scene Lyrique avait besoin d’un nouveau genre. […] Elle a besoin de se voiler pour être accueillie.
» Dès la fin du ive siècle, le résultat était obtenu ; l’homme du peuple n’avait plus besoin d’interprète, il parlait lui-même le latin ; il en jargonnait assez pour se faire comprendre. […] Il n’eut pas besoin fois de répéter la question, il fut compris à l’instant16
Je n’avais pas besoin d’une plus longue séance ; j’enlevais la toile et je passais à une autre personne. […] Il s’amusait à concevoir la présence d’un objet bizarre, et, à peine formé dans son imagination, cet objet se traduisait fidèlement à ses yeux… J’ai moi-même recueilli un cas de ce genre… chez un monomaniaque, homme d’un esprit fort cultivé et d’un caractère plein de sincérité, qui m’a assuré à plusieurs reprises qu’il n’avait qu’à se rappeler ou à concevoir une personne ou une chose, pour qu’aussitôt cette chose ou cette personne lui parussent douées d’une apparence d’extériorité. » Il n’y a pas même besoin d’être malade ou sur le bord du sommeil pour assister à la métamorphose par laquelle l’image se projette ainsi à demeure dans le dehors.
Ce gouvernement, Dieu l’a donné tout fait par instinct à diverses tribus d’animaux, tels que les fourmis et les abeilles ; il a laissé aux hommes le mérite de l’inventer, de le choisir, de le changer, de l’approprier à leur caractère et à leurs besoins, et de se faire à eux-mêmes leur propre sort, en se faisant un gouvernement plus ou moins conforme à la conscience, à la justice, à la raison. […] Il les interrogeait ensuite sur la nature et les propriétés du terrain dont ils étaient possesseurs, sur la qualité et la quantité des productions qu’ils en retiraient annuellement ; il leur demandait si, en donnant à leurs champs une culture plus soignée, ils ne les rendraient pas d’un plus grand et d’un meilleur rapport ; s’ils n’en recueilleraient pas avec plus de facilité et plus abondamment des récoltes d’un genre différent de celui qu’ils avaient coutume d’en exiger, et autres choses semblables sur lesquelles, après avoir reçu les éclaircissements dont il avait besoin, il intimait ses ordres.
(On reconnaît également ici l’horizon des lagunes de Venise dans le tableau des Pêcheurs de Léopold Robert ; on voit que cette image d’enfance, restée dans ses yeux, avait besoin d’en sortir et de se reproduire sur la toile. […] Le génie à ses commencements a besoin de larmes pour tremper la plume ou le pinceau dans la tristesse, cette vérité pathétique du cœur humain.
Il n’a pas eu besoin de dénaturer le costume moderne pour peindre des hommes et des femmes d’hier en habits antiques ; son œil groupe la toile, le drap, le cuir, comme il groupe les personnages ; en restant vrai il transfigure tout en beau : le vulgaire devient idéal sous sa touche. […] Cependant il éprouva le besoin, à la voix de ses amis et de ses protecteurs en France, de venir à Paris étudier son succès afin de le dépasser encore.
Tout ceci éveillait dans mon jeune cœur d’incertains désirs et un besoin de solitude tellement en harmonie avec mes dispositions à la gravité rêveuse et aux vagues pressentiments que je ne tardai pas à en être visiblement influencé. […] Je ne suis ni demoiselle ni belle, et je n’ai besoin de personne pour me conduire à la maison.
Je serai bientôt près de vous ; j’ai besoin de ces entretiens que vous seul vous pouvez me donner. » Goethe lui-même venait d’avoir un fils. […] XXI La mort de Schiller, de Goethe, du grand Frédéric, de Klopstock, de Herder, de Wieland, de Kant et de leurs contemporains les plus rapprochés par l’âge, tels que les Stolberg, les Guillaume de Humboldt, les Schlegel, les Jacob, etc., etc., laissa l’Allemagne littéraire et philosophique vide, froide et inanimée comme une terre épuisée qui a perdu sa vigueur et qui a besoin de renouveler sa sève par le temps avant de produire de nouvelles moissons de grands hommes.
C’est de cette double faculté qu’est né le genre héroï-comique ; ce genre a besoin, pour être cultivé et senti, d’une dose égale d’enthousiasme dans le cœur et de raillerie dans l’esprit. […] le pauvre poète, ajouta-t-il, il n’avait pas besoin d’enfler sa voix pour célébrer la générosité de ses souverains, qui ne le payèrent presque jamais qu’en applaudissements et en familiarité.
On oublia Bourdaloue pour Massillon, qui le remplaça bientôt dans cette chaire à peine vide un moment, où se renouvelaient pour les besoins religieux de Louis XIV les grands orateurs, de même que les grands poètes s’étaient succédé pour ses plaisirs, les grands généraux et les hommes d’Etat pour ses affaires. […] Beaucoup d’esprit sans justesse, la recherche de ces choses qui flottent entre le vrai et le faux, et qu’on appelle complaisamment le neuf, nul besoin de penser pour croire, la fureur de se distinguer des autres par laquelle on arrive si vite à ressembler à tout le monde : tels sont les traits de beaucoup de ceux qui font du bruit dans les lettres au temps de Vauvenargues.
— Et pendant ce temps, il paraît à Paris des douzaines de livres sur Wagner : nulle part on ne trouve une semblable surexcitation, un tel besoin de communiquer au public ses idées et ses appréciations sur ce maître. […] Rien d’objectif ; seulement, de l’obscurité et du silence qui précédaient et nous donnaient le besoin devoir et d’entendre avec avidité, est sortie une impression subjective destinée à orienter d’avance notre compréhension et à familiariser notre entendement avec la révélation mystiquement réalisée du drame dont nous sentons déjà le caractère si profond qu’on l’a cru religieux.
Nous admirons l’offre que vous nous faites de nourrir nos familles, et de pourvoir aux besoins d’un peuple dont les maisons sont écroulées ; mais nous subsisterons comme nous pourrons, sans vous être à charge. » — On croit voir le fier sourire d’Athènes refusant, avec les présents de Xerxès, les aumônes de Sparte. […] Hérodote, habituellement si sobre de blâme, a marqué d’un mot sévère cette indifférence : « Je n’en puis donner d’autre raison que celle-ci : l’isthme étant fermé, ils croyaient n’avoir plus besoin des Athéniens. » Un Tégéen leur fit enfin comprendre que leur mur de l’isthme n’était qu’un barrage inutile, que cent accès restaient ouverts sur le Péloponèse, en dehors de ce boulevard ébréché.
Sa fébrilité a besoin d’être remontée, de recevoir une impulsion, un la. […] D’Auteuil nous gagnons le pont de Sèvres, nous avons besoin de marcher.
Vous ne pouvez pas seulement vous servir dans vos besoins… Mais quelles ambitions pouvez-vous donc avoir encore ? […] C’est la***, une de ces hétaïres à huit ressorts, à cinq chevaux dans l’écurie, à maison montée, de ces filles entretenues à trois cent mille francs par an, et qui ont toujours besoin de cinq louis : une blonde Alsacienne au grain de beauté sur la plus blanche poitrine du monde, décolletée en carré.
C’est sans doute en partie à ce besoin mal satisfait qu’il faut attribuer le succès de la plupart des écrivains étrangers que nous venons d’étudier comme plus Lard à la cruelle rudesse de nos naturalistes, à leur accent de haine plus que de pitié. […] S’il trouve qu’en vivant avec ses pareils, ses besoins sont plus aisément satisfaits que s’il vivait de ses seuls efforts, la société n’existe qu’en apparence.
Sa santé altérée par les fièvres a besoin de bien des mois pour se remettre.
Prendre un texte de l’Écriture et nous l’interpréter moralement selon nos besoins actuels, le déplier et retendre dans tous les sens en nous le traduisant dans un langage qui soit nôtre et qui réponde à tous les points de nos habitudes et de nos cœurs, faire ainsi des tableaux sensibles qui, sans être des portraits, ne soient point des lieux communs vagues, et atteindre à la finesse sans sortir de la généralité et de la noblesse des termes, c’est là en quoi Massillon excelle.
C’était de la bonne bourgeoisie, ayant ses armes au besoin.
L’homme peut donc non seulement faire servir à ses besoins, à son usage, tous les individus de l’univers, mais il peut encore, avec le temps, changer, modifier et perfectionner les espèces ; c’est même le plus beau droit qu’il ait sur la nature.
Quand tout bas elle soupire, N’en soyez pas interdit : Écoutez ce qu’on veut dire, Et non pas ce que l’on dit… Il y a ainsi de Maucroix en sa jeunesse quantité de couplets, épigrammes, madrigaux, épîtres familières, desquels il aurait pu dire comme Pline le Jeune envoyant à un ami ses hendécasyllabes : « Ce sont de petits vers dans lesquels tour à tour je raille, je badine, je suis amoureux, je me plains, je soupire, je me fâche. » Il aurait eu grand besoin, comme Pline, de demander pardon des légèretés et des endroits libres, en se couvrant des illustres exemples d’hommes réputés graves dont les mœurs, dit-on, valaient mieux que les paroles ; mais il n’aurait pu ajouter, comme le docte et ingénieux Romain, qu’il avait été, dans sa manière, tantôt plus serré, tantôt plus élevé et plus étendu (modo pressius, modo elatius) : Maucroix n’est jamais ni resserré ni élevé ; il a du naturel et une certaine douceur de rêverie, il n’a pas de force ni de travail.
Eu extrayant et citant des passages de Léopold Robert, ce qui est mon principal objet, ai-je besoin de faire remarquer que sa plume a une sorte d’inexpérience et de gaucherie en s’exprimant ?
Et quant à l’objection qu’on ne peut chanter dignement et prendre tout son essor quand on est occupé des soins vulgaires et des besoins de la vie, il n’a qu’une réponse à faire au triste Acanthe, il n’a, dit-il, à lui donner qu’un avis pour que les bienfaits du maître l’aillent chercher ; Le voici, cher Acanthe, en un seul mot : Excelle.
M. le cardinal de Noailles, à qui j’ai communiqué cette vue, vous réchauffera encore s’il est besoin.
Il y a même à ce sujet deux ou trois particularités qui seraient piquantes, mais qui n’ont d’autorité pour elles que celle de l’éditeur anglais qui a continué le récit : nous aurions besoin, pour nous y arrêter, que Mme Elliott nous l’eût dit elle-même.
Voici pourtant (car nous autres, du commun des hommes, et qui ne sommes point à cette sublime hauteur de stoïcien et de panthéiste, nous avons besoin de tableaux plus doux), voici une pièce qui a son charme : elle a pour titre le Bernica.
Puis, après cette conquête, obtenue si chèrement et payée d’affreux désastres, on a besoin d’une réparation.
Ce résumé, on peut le croire, ne terminait rien : la cohue d’opinions subsistait ; il y avait en ces jeunes têtes si doctes, si enivrées de leurs idées et si armées de la parole, excès d’intolérance, d’outrecuidance, c’était inévitable ; on s’injuriait, mais on ne se détestait pas ; les récréations, avec leur besoin de mouvement et d’exubérance physique, raccommodaient tout, et quelquefois le soir on dansait tous ensemble tandis que l’un d’eux jouait du violoncelle et un autre de la flûte.
Il a besoin de la chute et du péché originel, pour expliquer le mauvais instinct de l’homme, son penchant obstiné à la désobéissance, et aussi le vague sentiment, le souvenir comme héréditaire d’un premier âge antérieur d’innocence et de félicité.
Il explique l’animosité des Jésuites contre lui par un passage du livre des Progrès de la Révolution (1829), et il ajoute après avoir cité ce passage : « On conçoit donc pourquoi leur institut ne nous paraissait pas suffisamment approprié aux besoins d’une époque de lutte entre le pouvoir absolu des princes et la liberté des peuples, dont le triomphe à nos yeux est assuré, » et il oublie que, pour l’accord logique, il faudrait était assuré, ce qui serait inexact en fait, et même entièrement faux, puisqu’en 1829 ce n’était point par ce côté, mais par l’autre bout, qu’il remuait les questions sociales.
Mais il y a un jour où se ramassent dans une explosion unique tous les sentiments de toute nature, moraux, politiques, sociaux, que l’œuvre des philosophes avait développés dans les cœurs, joie de vivre, avidité de jouir, intense excitation de l’intelligence, haine et mépris du présent, des abus, des traditions, espoir et besoin d’autre chose : ce jour de folie intellectuelle où toute la société de l’ancien régime applaudit aux idées dont elle va périr, c’est la première représentation du Mariage de Figaro (27 avril 1784).
La jeunesse n’était pas instruite de ces choses, mais elle les respirait dans l’air du temps et en recevait, à son insu, une fièvre de spiritualité et tous se sentaient aussi aspirés par un besoin effréné d’affranchissement qui leur vient d’une autre source, du fond des doctrines libertaires.
On n’a jamais tant décrit et chanté les Alpes que depuis le moment où l’art des ingénieurs y a tracé des routes praticables, facilité l’accès des sommets et des gorges, où aussi les habitants des plaines, fatigués du spectacle uniforme de la campagne fertile et bien soignée, ont éprouvé le besoin d’un contraste violent et de nouveaux aspects.
Ai-je besoin de vous dire à quel point je compte sur votre concours pour pouvoir en tenter la réalisation ?
Ce qui était un besoin chez le grand homme surabondant, le petit verdâtre vide s’en fait un procédé.
Il y avait deux hommes dans Patru, celui des jours solennels, des plaidoyers et des harangues, à qui l’on s’adressait quand on avait besoin d’une belle épître dédicatoire, d’une belle préface, d’une belle inscription laudative, d’un placet à la reine ; on allait alors à Patru comme on irait à un écrivain public, à un calligraphe qui a une belle main : il avait une belle langue.
Quand est-ce que, par un clin d’œil seulement, Votre Majesté a fait pour moi ce que les maîtres font pour leurs esclaves les plus misérables, ce qu’il est besoin que Dieu fasse pour tous les hommes et pour les rois même, qui est de les menacer avant que de les punir ?
Dans ce statu quo de l’Ancien Régime, Portalis va jusqu’à penser qu’une législation uniforme, qui peut convenir à une cité et à un gouvernement de peu d’étendue, ne saurait s’appliquer dans la pratique à un grand État, composé de peuples divers, ayant des besoins et des caractères différents, des lois fondamentales antérieures, des capitulations et des traités « que les souverains sont dans l’heureuse impuissance de changer ».
Le Lac, si admirable d’inspiration et de souffle, n’est pas lui-même si bien dessiné que Les Deux Pigeons ; et, quand j’entends réciter aujourd’hui, à quelques années de distance, quelqu’une de ces belles pièces lyriques qui sont de Lamartine ou de son école, j’ai besoin, moi-même qui ai été malade en mon temps de ce mal-là, d’y appliquer toute mon attention pour la saisir, tandis que La Fontaine me parle et me rit dès l’abord dans ses peintures : Du palais d’un jeune Lapin Dame Belette, un beau matin, S’empara ; c’est une rusée.
Tantôt c’est l’imagination qui s’exalte, qui a besoin de chants et de musique, et croit entendre des concerts divins : elle va même quelquefois jusqu’à produire des vers avec facilité et avec verve, ce dont elle était incapable dans l’état sain.
Il n’est pas besoin, du reste, de supposer que toutes les variétés ou espèces naissantes atteignent nécessairement le rang d’espèce.
Par un certain besoin de réaction contre soi-même et pour ne pas tomber du côté où l’on sent qu’on penche, c’est quelquefois le penseur très abstrait et l’homme d’examen intérieur qui aime, souvent du moins, lire des ouvrages de pure narration, et l’on a cité tel très digne héritier de Montesquieu qui faisait ses délices de Ponson du Terrail.