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1211. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Bussy, tout léger qu’il est, a connu la vraie passion en effet, mais il ne l’a connue que tard ; il convient que, dans toutes ces premières et folles épreuves, il n’avait rien de sérieux d’engagé : « Pour revenir à mes amours, dit-il plaisamment en tout endroit, il est à remarquer que je ne pouvais plus souffrir ma maîtresse, tant elle m’aimait. » — « Mon heure d’aimer fortement et longtemps n’était pas encore venue » dit-il encore ; et, parlant d’une séparation qui eut lieu alors, et qui lui fut moins pénible qu’elle n’aurait dû l’être : « C’est que la grande jeunesse, ajoute-t-il, est incapable de réflexions ; elle est vive, pleine de feu, emportée et point tendre tout attachement lui est contrainte ; et l’union des cœurs, que les gens raisonnables trouvent le seul plaisir qu’il y ait dans la vie, lui paraît un joug insupportable. » Le véritable attachement de Bussy ne fut que tout à la fin pour la comtesse de Montglat, qui l’en paya si mal, et qui lui laissa au cœur, par sa perfidie, une plaie ulcérée et envenimée dont on voit qu’il eut bien de la peine à guérir. […] Il avait été destiné à l’Église ; mais les traverses de sa maison l’ayant jeté dans les armes, il y avait trouvé tant de goût, qu’il n’en était pas revenu. […] Elle est propre au dernier point, et l’air qu’elle souffle est plus pur que celui qu’elle respire… On remarquera ce mot de propre qui revient assez souvent chez Bussy, qu’on n’emploierait plus à présent, mais qui se disait alors avec convenance et dans le sens antique (simplex munditiis).

1212. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il montre ces efforts subversifs toujours renaissants et infatigables, et les oppose, pour la stimuler, à la tiédeur des honnêtes gens qui, ennemis de tout ce qui peut avoir l’air de violence, se reposant sur la bonté de leur cause, espérant trop des hommes, parce qu’ils savent que, tôt ou tard, ils reviennent à la raison ; espérant trop du temps, parce qu’ils savent que, tôt ou tard, il leur fait justice ; perdent les moments favorables, laissent dégénérer leur prudence en timidité, se découragent, composent avec l’avenir, et, enveloppés de leur conscience, finissent par s’endormir dans une bonne volonté immobile et dans une sorte d’innocence léthargique. […] Ce mot de brouillons revient perpétuellement dans sa bouche pour flétrir ses adversaires : c’est le stigmate imprimé par un esprit juste et ferme au genre de défaut qui lui est le plus antipathique et qui le fait le plus souffrir. […] Mais, tout à coup, devant les yeux lui repasse l’image des horreurs publiques, et alors le sentiment vertueux et stoïque revient dominer le sentiment poétique et tendre.

1213. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Veut-on savoir à combien revient celle-là ? […] Et ici nous revenons à notre point de départ. […] Cette usurpation va cesser, leur heure arrive enfin, leur prédominance éclate, la civilisation, revenue à l’éblouissement vrai, les reconnaît pour ses seuls fondateurs ; leur série s’illumine et éclipse le reste ; comme le passé, l’avenir leur appartient ; et désormais ce sont eux que Dieu continuera.

1214. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

À trois heures, elle revenait à sa chambre où d’ordinaire elle lisait la Visite au Saint Sacrement, par saint Alphonse de Liguori, ou bien la vie du saint du jour. […] Sa vie, qui n’a franchi que de quelques pas le seuil de cette chambre où, trois fois par jour, elle revenait prier, rappelle, en immobilité et en calme, les derniers jours du vieux Milton, éternellement assis sur une pierre à sa porte, et n’allant de cette pierre qu’à ce petit orgue placé dans le fond de la maison et dont les sons éclairaient sa cécité. […] L’hirondelle revint au vieux mur.

1215. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Pour le moment, j’attends dans une jolie petite ville de Bourgogne l’ordre de partir faire bravement mon devoir de Français et de bon citoyen, ordre qui ne tardera guère… Si je n’en reviens pas, conservez le souvenir de votre instituteur qui vous a bien aimés et qui vous embrasse tous en vous invitant à crier ; « Vivent les Républiques et les Peuples libres !  […] Souvent, depuis quatre mois m’était revenue à l’esprit la discussion qu’avait provoquée le « cas » d’Andler. […] Refusant de parvenir, l’homme qui travaille pour le peuple d’où il est sorti par l’éducation, où il revient par le sacrifice, apprend à le préférer dans ses vertus et se promet de le guérir de ses vices… Dès lors, un élargissement se produit du métier à la classe, de la classe à la nation, de la nation aux diverses confédérations nationales et à la confédération terrestre : l’ambition individuelle et les ambitions nationales se taisant, leur conflit cessera et le travail terrestre s’accomplira pour la première fois dans la paix,‌ Tout d’un coup, le 26 novembre, il s’élève sur son sommet et s’épanouît dans la note suivante :‌   « Considérant la guerre, je ne veux plus être révolutionnaire pour la classe ouvrière seule, mais pour tout l’homme.

1216. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Ce cœur, rappelé vers la maison d’Aix-en-Provence ou dispersé dans la nature, demeure pourtant fidèle au bataillon et ponctuel dans le métier :‌ Je voudrais que vous vissiez le cortège des poilus qui reviennent des tranchées à l’arrière ; ils ont de longues barbes et de longs cheveux ; ils sont vêtus de boue, appuyés sur des cannes et portent sur le dos un curieux et volumineux attirail de couverture, d’outils, de plats de campement. […] Puis nous sommes partis en traînant nos fusils sur le parquet… C’est comme une image d’Épinal, un de ces moments de poésie et de légende qu’on croirait n’exister que dans les livres…‌ Avant qu’il s’éloigne de chez nous et de cette Lorraine dont il disait « Lorraine si verte avec ses coteaux, ses rivières, ses pâturages et ses forêts, nous y reviendrons en pèlerinage après la guerre », avant qu’il meure, prenons de ce jeune Provençal une dernière image dans la campagne de Bar-le-Duc :‌ Nous étions dans un verger, couchés, attendant des ordres. […] A la vie éternelle sans doute, mais plus immédiatement à la vie terrestre… Quand je reviendrai, il faudra que je sois changé ; je n’aurai plus le droit d’être ce que j’étais ayant, sinon à quoi m’aurait servi cette guerre ?

1217. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Il va d’un pas rapide, jetant le Petit Journal, le Petit Parisien, la Lanterne, sous la porte d’un client, rattrapé par des gamins ou des femmes en cheveux, qui courent après lui, un sou au bout des doigts, et reviennent lentement vers la maison prochaine, le cou déjà plié et les yeux attentifs à la page imprimée. […] Tandis que nous écrivons, par une sorte d’instinct théâtral et de tradition, des chapitres qui gravitent tous autour d’une scène principale, un peu comme les actes d’une pièce dramatique ; tandis que nous faisons un livre très un et très serré, destiné à être lu sans arrêt, eux, ils écrivent une sorte de journal intime ; ils superposent les détails, sagement, posément, avec l’amour de l’heure présente qui ne connaît pas l’avenir, sans la même hâte vers le but, et ils songent aux misses qui parcourront vingt pages avant une course à cheval, au chasseur de renard qui revient au logis et qui a besoin d’une petite dose de lecture pour calmer la fièvre de ses veines, au commerçant de la Cité, à l’ouvrier anglais, libres avant le coucher du soleil, et qui prendront le livre et le poseront bientôt sur le coin du dressoir, heureux d’avoir trouvé l’occasion d’une larme ou d’un sourire qui n’étaient pas permis dans le travail du jour. […] Et, pour préciser, pour en revenir à la question même que je traite, comment soutenir que ce peuple qui dévore les romans, qui y trouve un attrait et veut y trouver une direction, soit condamné à n’en lire que de médiocres, d’insipides et de malsains, parce qu’il est peuple et que l’œuvre d’art n’est pas faite pour lui ?

1218. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

La splendeur du soleil, la magnificence des rois, les merveilles des arts, les palais, les fêtes, la solennité des sacrifices, la guerre avec ses terribles images et sa sanglante parure, les casques d’airain, les aigrettes flottantes plaisent également aux deux poëtes et leur reviennent d’un attrait si vif que ce qui semblerait parfois image vulgaire brille toujours nouveau sous leurs paroles de feu. […] Mais, habitantes du ciel, les âmes des justes chantent harmonieusement dans des hymnes le grand bienheureux15. » Cette dernière expression, qui n’a point été remarquée ni traduite, n’aurait-elle pas pu sortir de la bouche de Bossuet même, lorsqu’il parle de ces justes « jouissant de Dieu dans une bienheureuse paix qui réunit en lui tous leurs désirs, et le contemplant avec une insatiable admiration de ses grandeurs », ou bien encore, lorsqu’il se figure « les élus tombant, à la vue de Dieu, dans un tel ravissement d’amour qu’il leur faut toute l’éternité pour en revenir » ? […] Revient-il vers Athènes, qui brillait par-dessus toute la Grèce, et dont Eschyle alors doublait la gloire, en mettant sur la scène cette gloire toute sanglante encore, et en répétant au théâtre, dans les fêtes de sa patrie victorieuse, les chants de douleur d’Ecbatane sur Xerxès fugitif qui repasse la mer dans une barque, avec un carquois vide, il semble plutôt un conseiller qu’un flatteur de la cité triomphante.

1219. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

On aime aujourd’hui à revenir aux sources, et l’on se pique de former son jugement sur les pièces mêmes : il y aura toujours bien peu d’esprits, je le crois, qui prendront sérieusement cette peine, mais chacun aime du moins à se dire qu’il le peut. […] Qu’on remarque cette nuance d’éloges ; elle revient perpétuellement sous la plume de l’abbé Le Dieu, soit qu’il cite des témoins plus anciens que lui, soit qu’il, parle de ce qu’il a entendu lui-même.

1220. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Ils étaient déjà connus depuis longtemps ailleurs, loin de Paris, hors de France ; et en France, et à Paris qui est toute la France (au moins en littérature), on ne fait attention qu’à ce qui revient sans cesse sous les yeux, à ce qui résonne de près aux oreilles. […] Le parti pris est au point de départ et remplace, chez lui, le foyer de l’inspiration ; l’avocat revient et perce sans cesse, et prime tout.

1221. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

On a dû y revenir depuis et avec une investigation pleine d’ardeur, avec un besoin de précision qu’on n’avait pas à ce degré auparavant. […] Il y avait maintes choses qu’il n’aimait pas, qu’il n’entendait pas ou (ce qui revient au même) auxquelles il ne voulait pas entendre.

1222. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Certes, l’homme qui s’exprime ainsi n’est pas irréligieux : il me paraîtrait même conserver et introduire dans sa conclusion dernière une légère part de mysticisme ou d’indéterminé sous le nom d’idéal ; et je serais plutôt tenté, quand je considère l’histoire du monde, la vanité de notre expérience, la variété et le recommencement perpétuel de nos sottises ; quand je viens à me représenter combien de lacunes en effet dans ce cabinet des types et échantillons qu’il appelle magnifiquement la conscience du genre humain, combien de pertes irréparables et que de hasard dans ce qui a péri et ce qui s’est conservé, combien d’arbitraire et de caprice dans le classement de ce qui reste, et que ce restant dont nous sommes si fiers, si l’on excepte les tout derniers siècles qui nous encombrent, et dont, nous regorgeons, n’est, en définitive, qu’un trésor composé d’épaves comme après un naufrage ; — quand je me représente toutes ces interruptions, ces oublis, ces brusqueries et ces croquis de souvenirs, ces ignorances complètes ou ces à-peu-près, et à vrai dire, ces quiproquos qui ne sauraient pourtant revenir tout à fait au même, — je serais, je l’avoue, plutôt tenté de trouver que M.  […] J’y reviendrai.

1223. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Je reviendrai bientôt sur ce moment de 1831 à 1837 qui fut une des phases mémorables de l’opinion religieuse en France dans notre XIXe siècle. […] J’y reviens : cette lettre si spirituelle et si bien troussée me rappelle, par je ne sais quelle réverbération, le joli billet de Pline écrivant à Tacite qu’il a pris trois sangliers dans une forêt, étant assis ses tablettes à la main.

1224. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Poussé par la force de l’induction, il revenait à regretter, à désirer de grands propriétaires, d’utiles patronages, des influences d’élite, en partie désintéressées ; il aspirait à nous rendre des mœurs, tant à la ville qu’aux champs. […] On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poète préféré : on lui adresse son admiration, on, lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ?

1225. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Entré adolescent chez les Jésuites, il en sortit pour être soldat ; puis il y rentra comme novice, pour en sortir encore ; il revint aux armes, il les quitta de nouveau, et parut vouloir faire une fin , en prenant l’habit de bénédictin en 1724. […] Cet article complète à quelques égards celui que nous avons déjà donné sur l’abbé Prevost, et qui se trouve au tome I des Portraits littéraires. — On est encore revenu sur lui au tome IX des Causeries du Lundi.

1226. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Il est une molécule vivante, incessamment excitée et modifiée par l’organisme social dont elle fait partie intégrante ; arrêter la molécule, la monade, au point où on la trouve, la détacher du tout, la soumettre au microscope ou au creuset expérimental, la retourner, la décomposer, la dissoudre, et conclure de là à la nature et à la destinée du tout, c’est absurde ; conclure seulement à la nature et à la destinée de la molécule, c’est encore se méprendre étrangement ; c’est supprimer d’abord, dût-on y revenir plus tard et trop tard, c’est supprimer le mode l’influence que l’individu reçoit du tout, à peu près comme Condillac faisait pour les détails organiques de sa statue, qu’il recomposait ensuite pièce à pièce sans jamais parvenir à l’animer ; c’est, comme lui, par cette suppression arbitraire, rompre l’équilibre dans les facultés du moi et se donner à observer une nature humaine qui n’est plus la véritable et complète nature ; c’est décerner d’emblée à la partie rationnelle de nous-mêmes une supériorité sur les facultés sentimentale et active, une souveraineté de contrôle qu’une vue plus générale de l’humanité dans ses phases successives ne justifierait pas ; c’est immobiliser la monade humaine, lui couper la source intarissable de vie et de perfectibilité ; c’est raisonner comme si elle n’avait jamais été modifiée, transformée et perfectionnée par l’action du tout, ou du moins comme si elle ne pouvait plus l’être ; c’est supposer gratuitement, et le lendemain du jour où l’humanité a acquis la conscience réfléchie de sa perfectibilité, que l’individu de 1830, le chrétien indifférent et sans foi, ne croyant qu’à sa raison personnelle, porte en lui, indépendamment de ce qui pourrait lui venir du dehors, indépendamment de toute conception sociale et de toute interprétation nouvelle de la nature, un avenir facile et paisible qui va découler, pour chacun, des opinions et des habitudes mi-partie chrétiennes, mi-partie philosophiques, mélangées à toutes doses. […] Nous aurons plus d’une occasion d’y revenir.

1227. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Cela revient à se demander : Comment l’opinion s’est-elle réveillée ? […] » Mais un autre jour, on revenait à la charge, on insistait encore, et l’on disait : « Mais prenez garde !

1228. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Les palmes du génie tiennent à une respectueuse distance de leur vainqueur ; les dons de la fortune rapprochent, pressent autour de vous, et comme ils ne laissent après eux aucun droit à l’estime, lorsqu’ils vous sont ravis, tous vos liens sont rompus, ou si quelque pudeur retient encore quelques amis, tant de regrets personnels reviennent à leur pensée, qu’ils reprochent sans cesse à celui qui perd tout, la part qu’ils avaient dans ses jouissances, lui-même ne peut échapper à ses souvenirs ; les privations les plus douloureuses sont celles qui touchent à la fois à l’ensemble et aux détails de toute la vie. […] Non : jamais un effort impuissant ne laisse revenir au point dont il voulait vous sortir, la réaction fait redescendre plus bas ; et le grand et cruel caractère des passions c’est d’imprimer leur mouvement à toute la vie, et leur bonheur à peu d’instants.

1229. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Il a tenu dans ses mains le tiers des terres, la moitié du revenu, les chaux tiers du capital de l’Europe. […] Spinæ et vepres, ce mot revient sans cesse dans les Vies des saints.

1230. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Amour coup de foudre, amour-passion, amour-caprice, amour-galanterie, tous les amours que ce grand fendeur de cheveux en quatre qui est Stendhal a décrits et classés, je comprends tout, j’excuse tout ; parfois même j’envie… Mais ce qu’il préfère, je crois, c’est une espèce d’amour en même temps idyllique et mondain, franchement sensuel, mais relevé d’un peu d’illusion, de rêve, d’« idéal » (ce mot revient souvent sous sa plume), l’Oaristys de Théocrite dans un salon de nos jours. […] Ce qu’il doit porter en lui, c’est une immense fierté, une curiosité infinie, une infinie pitié, peut-être aussi une terreur de son propre pouvoir, et une obscure désespérance, de ne pouvoir aimer une femme, une seule, à jamais… Je reviens à M. 

1231. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

lui dit la Vellini : tu me reviendras ! » Et il lui revient, tout en continuant d’aimer IHermengarde.

1232. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Mais il est intéressant d’étudier de plus près quelle est dans l’histoire de la Science la part qui revient à l’une et à l’autre. […] Laissons là cette comparaison et revenons aux Mathématiques.

1233. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Mais moi, je suis le bon berger ; je connais mes brebis ; mes brebis me connaissent ; et je donne ma vie pour elles 977. » L’idée d’une prochaine solution à la crise de l’humanité lui revenait fréquemment : « Quand le figuier, disait-il, se couvre de jeunes pousses et de feuilles tendres, vous savez que l’été approche. […] La Sagesse de Dieu a eu bien raison de dire 987 : « Je vous enverrai des prophètes, des sages, des savants ; vous tuerez et crucifierez les uns, vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de ville en ville ; afin qu’un jour retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie 988, que vous avez tué entre le temple et l’autel. » Je vous le dis, c’est à la génération présente que tout ce sang sera redemandé 989. » Son dogme terrible de la substitution des gentils, cette idée que le royaume de Dieu allait être transféré à d’autres, ceux à qui il était destiné n’en ayant pas voulu 990, revenait comme une menace sanglante contre l’aristocratie, et son titre de Fils de Dieu qu’il avouait ouvertement dans de vives paraboles 991, où ses ennemis jouaient le rôle de meurtriers des envoyés célestes, était un défi au judaïsme légal.

1234. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Il serait difficile peut-être de concevoir comment les mœurs de la capitale seraient revenues de leur débordement, lorsque le désordre de la cour avait passé toutes les bornes. […] Sa veuve revint en France, laissant en gage, comme je l’ai dit, sa fille, âgée de sept ans, à un créancier de son mari, qui se lassa bientôt de la nourrir et la renvoya à sa mère.

1235. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Nous voici revenus à cette fée absente, la seule, disions-nous, qui ait fait défaut au berceau du poète. […] S’il veut nous faire regretter Milly, c’est pour les images de tendresse qui ont peuplé, vivifié, enchanté cet enclos ; il s’enveloppe de ce sol, de ces arbres, de ces plantes nées avec lui ; il revient visiter ses souvenirs, ses apparitions, ses regrets.

1236. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

supposez un moment qu’après tout à l’heure deux siècles, d’Hacqueville soit revenu au monde, qu’il se mette à se ressouvenir de ce temps-là, à nous entretenir de Mme de Sévigné et de ses amis, à vouloir tout nous dire et ne rien oublier ; imaginez le récit intime, abondant, interminable, que cela ferait, un récit doublé et redoublé de circuits sans nombre et de toutes sortes de parenthèses ; ou, mieux encore, imaginez une promenade que nous ferions à Saint-Germain ou à Versailles en pleine cour de Louis XIV, avec d’Hacqueville pour maître des cérémonies et pour guide : il donne le bras à Mme de Sévigné, mais il s’arrête à chaque pas, avec chaque personne qu’il rencontre, car il connaît tous les masques, il les accoste un à un, il les questionne pour mieux nous informer ; il revient à Mme de Sévigné toujours, et elle lui dirait : « Mais, les d’Hacqueville, à ce train-là, nous n’en sortirons jamais. » C’est tout à fait l’idée qu’on peut prendre du livre de M. 

1237. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Après tout, on n’a jamais tant d’efforts à faire en France pour revenir à cette netteté, car elle n’est pas seulement de forme chez nous, elle constitue le fond de la langue et de l’esprit de notre nation ; elle en a été la disposition et la qualité évidente durant des siècles, et, au milieu de tout ce qui s’est fait pour l’altérer, on en retrouverait encore de nombreux et d’excellents témoignages aujourd’hui. […] Je compte bien, à propos des réimpressions modernes de nos classiques, me donner ainsi la permission de revenir de temps en temps sur ces auteurs d'autrefois qui, de tous, sont encore les plus vivants.

1238. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Il n’y a point à y revenir. […] V Écartons, pour y revenir plus tard, la question de l’art contemporain, et rentrons dans le point de vue général.

1239. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Guizot, après avoir tant souffert des luttes politiques, n’aurait pu cependant revenir paisiblement aux froides contemplations de la science qui avaient charmé sa jeunesse. […] Guizot revient à son point de départ : le christianisme a besoin de la liberté ; la liberté a besoin du christianisme.

1240. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Or, cette distinction étant faite et si vous l’admettez, revenons à notre question : quand faut-il lire le critique ? […] Cela revient à ceci : ne dites rien à l’élève sur le Cid ne lui laissez rien lire sur le Cid, faites-lui lire le Cid et puis demandez-lui ce qu’il en pense.

1241. (1915) La philosophie française « I »

Plus d’un naturaliste revient aujourd’hui à Lamarck, soit pour combiner ensemble lamarckisme et darwinisme, soit même pour remplacer le darwinisme par un lamarckisme perfectionné. […] Il revient ainsi, implicitement, à la métaphysique ; mais il borne l’horizon de cette métaphysique à l’homme et aux choses humaines.

1242. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Julien le sentit, et revint à lui ; quoiqu’empereur, il fit les premières démarches. […] Pour résoudre ce problème, jetons un coup d’œil sur son siècle ; nous reviendrons ensuite à Julien, et la question sera peut-être aisée à résoudre.

1243. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Mais s’il revenait un seul génie véritablement comique, il aurait bientôt fait justice de toutes ces subtilités qui sont comme les toiles d’araignée dans les espaces vides.

1244. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

Une discussion, qui s’est passée un jour sous nos yeux, au moment même de l’apparition du livre, et dont les termes me reviennent presque textuellement, en sera la meilleure preuve.

1245. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

Pour revenir à mademoiselle Bertin, elle n’est pas toujours heureuse dans ses justifications.

1246. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note II. Sur l’hallucination progressive avec intégrité de la raison » pp. 396-399

Et le plus doucement possible, avec lenteur et circonspection, déplaçant sous le drap celui de ses bras qui se trouvait le plus éloigné de la figure imaginaire, il l’allongea avec précaution dans la direction opposée, afin de sortir sa main aussi loin que possible de celle qu’il contemplait et de revenir sur celle-ci par un détour fait en l’air, bien lentement, comme on fait quelquefois pour atteindre un papillon ; il s’attendait à voir la main s’envoler avant de l’avoir touchée ; mais pas du tout, les légers plis de la couverture qui se firent malgré ses soins pendant cette grande opération ne modifièrent en rien l’apparence de cette main charmante : voilà que la sienne en est tout près et va pouvoir la saisir.

1247. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mikhaël, Éphraïm (1866-1890) »

Henri de Régnier Sur un vers d’Éphraïm Mikhaël Vers le marbre funèbre où ta cendre repose, Ton ombre transparente et divine revient Voir le sombre laurier survivre aux rouges roses Dont la jeunesse ardente embauma ses deux mains.

1248. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 145-150

Quand on est né avec le sentiment du vrai, on y revient toujours, quoiqu’un enthousiasme mal entendu puisse nous en éloigner quelquefois.

1249. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 122-127

Ce n'est pas tout, Ronsard égara une foule d'Imitateurs, qui crurent, d'après son exemple, ne pouvoir mériter le suffrage des Lecteurs, qu'en entassant des mots barbares, qu'en étalant une folle érudition, & qu'en s'enveloppant dans un entortillage de pensées ; abus ridicule dont on ne tarda pas à revenir, & que tout esprit censé auroit rejeté avec indignation.

1250. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — V. L’avare et l’étranger »

L’étranger sortit et, par un détour, revint sur la route qui l’avait conduit à la case de l’avare.

1251. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

Un autre livre de Nibelle, mais qui nous a paru très inférieur aux Légendes de la Vallée, est un petit volume de Récits antiques réunis sous le titre collectif et assez mystérieux de la Fin d’un Songe 7… Nous acceptons le titre comme excellent s’il veut dire que ces récits n’ont pas d’autre valeur qu’un rêve de rhétorique, et que l’auteur, éveillé de cette griserie au souper de Nicias, n’y reviendra plus.

1252. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

Après un long détour, d’ailleurs nécessaire, nous en revenons à la sagesse des philosophes grecs ; l’analyse minutieuse n’a vu longtemps dans la diversité les choses qu’un vaste désordre et s’est divertie à étiqueter ces contradictions apparentes ; la synthèse retrouvera peu à peu l’ordre et le rythme, plus beaux encore dans l’effort humain que dans la marche des étoiles.

1253. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

. — Alors revinrent avec plus de vérité le pura et pia bella des peuples héroïques.

1254. (1887) Essais sur l’école romantique

L’inspiration n’a qu’un moment pour se produire, revenir sur elle et s’épurer. […] Il y avait, dans ses premiers recueils, des vers sur cet homme, tels qu’on pouvait craindre pour le poète qu’il ne revînt avec désavantage sur un sujet qui avait eu les prémices de sa pensée. […] Nos jeunes poètes se font honneur d’être revenus au naïf. […] Certains tours harmonieux, certaines formes de prédilection, lui reviennent à son insu, comme « au musicien qui improvise les motifs qui l’ont une première fois charmé. […] « Pour moi, je revins d’Angleterre entièrement guéri.

1255. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

C’est à lui que revient l’honneur d’avoir exercé une influence décisive sur la marche de la physiologie et de l’avoir définitivement rendue tributaire de l’expérimentation. […] Nous avons observé en outre un fait important sur lequel nous aurons à revenir plus tard. […] Pour ma part j’ai vu des anguillules revenir à la vie après avoir été conservées pendant quatre années, dans un flacon très sec et bien bouché. […] Nous reviendrons sur ces faits à propos de l’étude des phénomènes de créations organiques. […] On sait la part qui revient au noyau dans la division des cellules et l’initiative qui lui appartient.

1256. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

L’italien date du jour où, dans les rues de Ravenne, tout un peuple montra du doigt celui qui revenait de l’enfer. […] Despois y revient et rapproche, comme une autre erreur célèbre du goût public, l’insuccès de Turcaret en 1709. […] Despois lui-même avait soutenu jadis cette opinion, mais depuis lors il en était judicieusement revenu. […] Mais comme il en est promptement et pour longtemps revenu ! […] Il accepte le dispositif, mais il pense qu’il y a lieu de revenir sur les considérants.

1257. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Je suis donc fort incapable de vous dire ce qui, dans le Chariot de terre cuite, tel qu’il fut représenté l’autre jour au théâtre de l’Œuvre, revient au bon roi Soudraka et ce qui revient à M.  […] Quand le vieux chacal (le précepteur) et le cocher reviendront, ils seront bien surpris. […] Il ne devait revenir que lorsqu’on ne jouerait plus la pièce, tant elle le dégoûtait. « Il revint avant, car la pièce fut jouée trois cents fois. […] Mais je ne puis revenir sur ce reniement que par un reniement nouveau.

1258. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Comme tout comédien doit jouer une fois Tartuffe, toute comédienne doit jouer une fois Phèdre, quitte à n’y pas revenir. […] Il en reviendra. […] — Revenons au boulevard et au livre de M.  […] Enfin, en 1830, trois choses reviennent aux théâtres du boulevard, véhémentement : l’antiroyalisme, l’anticléricalisme et la napoléonite. […] Son dernier drame en vers est le Roi s’amuse (1832) et il ne reviendra au drame en vers que par Ruy Blas, en 1838.

1259. (1896) Le livre des masques

M. de Régnier est un poète mélancolique et somptueux : les deux mots qui éclatent le plus souvent dans ses vers sont les mots or et mort, et il est des poèmes où revient jusqu’à faire peur l’insistance de cette rime automnale et royale. […] Retté, revenu d’un voyage à l’Archipel en fleurs, s’était enrichi d’une nouvelle cueillaison de rêves. […] Né à Morlaix, en 1845, Tristan y revint mourir d’une fluxion de poitrine en 1875. […] Poictevin diaphanéiserait encore un fantôme, un arc-en-ciel, une illusion, une fleur d’azalée ; ceci : « Une main de phtisique en l’angustie de sa quasi diaphanéité, posée, non paresseuse, mais qui n’appréhende plus, semblerait avertir, moins exaltée que déjà et indulgemment revenue ?  […] Par la vulgarisation de l’art l’amour nous est enfin revenu du nu.

1260. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Et qu’on ne dise pas que les enfants qui reviennent de l’école prenaient seuls plaisir à ces sottises ; elles furent l’engouement du monde. […] Pour revenir aux peintures religieuses, dites-moi si vous vîtes jamais mieux exprimée la solennité nécessaire de la Mise au tombeau. […] Les soldats reviennent par bandes, montant et descendant les ondulations du terrain avec une désinvolture nonchalante et régulière. […] D’ailleurs, pour revenir à l’Eve de M.  […] Permettez-moi, mon cher, de revenir encore à ma manie, je veux dire aux regrets que j’éprouve de voir la part de l’imagination dans le paysage de plus en plus réduite.

1261. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Mais, pour y revenir, c’est précisément ce serment que les Français, d’ordinaire, même quand ils ne l’ont pas fait, tiennent toujours. […] La loi revint en seconde lecture au Sénat en 1904. […] Ou se contenter de cette affirmation du contribuable : « Mon revenu ? […] Eh bien, il est à croire que c’est précisément parce qu’il n’y a, en impôt sur le revenu, que la taxation arbitraire qui soit pratique, que certain parti tient tellement à l’impôt sur le revenu. L’impôt sur le revenu sera un moyen de frapper qui déplaît et d’épargner qui plaît.

1262. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

L’esprit humain ne peut pas concevoir la réalité sans idéal : donc il reviendra à l’idéal. […] Il n’est athée que parce qu’il est de sa nature de croire en Dieu et d’aimer Dieu : donc il quittera l’athéisme et reviendra à Dieu. […] La vie reviendra à cette société, quand elle aura bien compris toute sa misère, et goûté jusqu’à la lie son adversité. […] Ensuite la vie nous revient. La vie reviendra pour la société quand elle se connaîtra bien elle-même, et que, sentant le mal qui est en elle, elle se repentira.

1263. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

(Cela revient au même). […] Elle ne revient pas sur elle-même. […] Et il faut toujours en revenir là. […] (Aussitôt que la chaleur reviendrait, la vie serait capable de revenir). […] Quand on cesse de contrepeser la pesée revient.

1264. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

La butte entière sait que je reviens du Mirliton. […] C’est un jeune héros qui revient de la guerre et cherche à gagner le cœur de sa bien-aimée. […] Lorsqu’il revint à Paris, ce qu’il y avait d’artificiel se démasqua. […] Pas maintenant, car je perdrais le fil de ma conversation et je reviens à mon argument. […] Oui, Verlaine, ce nom me revient toujours à la bouche, parce que l’homme est toujours devant moi.

1265. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

» Par-dessus tout nous reviendra, hélas ! […] » Puis il revint à des pensées plus graves. […] D’autres personnes, un peu plus raisonnables, vont aux Salons et y reviennent, afin d’exercer leurs facultés critiques. […] Il est revenu à Paris. […] Ils revinrent à leur goût inné pour les belles entreprises et pour les hommes intelligents.

1266. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Quels noms y reviennent avec le plus de fréquence et d’enthousiasme avec celui d’un Maurice Barrès ? […] Balzac y est revenu maintes fois dans son œuvre, sur ce danger des petits vices. […] Les maîtres de la spiritualité reviennent sans cesse sur ce point. […] Le thème lui était si cher qu’il y est revenu à plusieurs reprises. […] J’y suis revenu depuis si souvent !

1267. (1894) Critique de combat

— Ce qui reviendrait à dire que ce n’est pas la peine de changer quoi que ce soit au train des choses. […] Le cardinal de Rohan s’exclame : « Comment un homme de qualité peut-il vivre avec moins de 1 500 000 livres de revenu ?  […] Zola-Prudhomme s’est senti, paraît-il, des démangeaisons de revenir à la foi religieuse, comme si une bombe était un argument théologique ! […] Nous revenons ainsi, par un détour, aux livres du docteur Pioger. […] Je ne reviens pas sur l’influence déprimante de l’internat ; j’en ai déjà parlé longuement ici même.

1268. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

Ce sont des effusions sans travail, sans réflexion, de vagues crayons sur lesquels l’étude ne revient pas.

1269. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LI » pp. 198-202

On revient aisément aux vieilles images classiques en parlant du Constitutionnel.

1270. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXII » pp. 286-290

., dans lesquels il y avait de grands excès du mot propre et des descriptions impitoyables de crudité : c’est un converti qui revient à mieux et qui s’amende, qui se fait satirique un peu dans le genre, mais dans un meilleur sens que Barthélemy. — Quoi qu’il en soit, c’est moins par des satires directes, ce nous semble, qu’il faut combattre l’ennemi, que par des exemples plus calmes et en continuant de marcher de plus en plus, et chacun de son mieux, dans sa direction littéraire, sans s’en laisser détourner.

1271. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Il est pénible de venir tout d’abord récuser le témoignage de Mme Récamier ; son raisonnement, qui est bien celui d’une femme, revient à dire : « Benjamin Constant m’a aimée, donc il était sensible. » Mais, en vérité, de ce qu’un homme a été amoureux d’une femme et l’a désirée ardemment, de ce qu’il lui a écrit mille choses vives, spirituelles et en apparence passionnées, pour tâcher de l’attendrir et de la posséder, qu’est-ce qu’on en peut raisonnablement conclure pour la sensibilité véritable de cet homme ?

1272. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

Prisonnière de son temps et de son milieu, horrifiée par ce que nous appelons notre civilisation occidentale (agio, machinisme, canons perfectionnés), elle s’en évade pour revenir aux pays chatoyants de son rêve, la Perse antique, l’Égypte, l’Inde, le Céleste-Empire, le Royaume du Soleil-Levant.

1273. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) »

Il quitte Baïf, revient à Mme Swetchine, se repose avec Théophile Gautier, caresse l’antiquité, coquette avec la nouveauté, effleure tout, illumine tout, ne se contredit jamais, se modifie sans cesse, fait étinceler les points saillants, arrive aux profondeurs, ne s’y attarde pas, et ne s’arrête que si un scrupule de millésime ou une erreur de nom propre le met en désarroi.

1274. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Dès 1672, Barbier d’Aucour revint à la charge.

1275. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Nous reviendrons sur les détails.

1276. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

« Ô Jupiter, et vous tous, dieux de l’Olympe, que mon fils règne, comme moi, sur Ilion ; faites qu’il obtienne l’empire entre les guerriers ; qu’en le voyant revenir chargé des dépouilles de l’ennemi, on s’écrie : Celui-ci est encore plus vaillant que son père ! 

1277. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

L’épouse, en entrant sous le toit de son mari, sait qu’elle se donne tout entière36, « qu’elle n’aura avec lui qu’un corps, qu’une vie ; qu’elle n’aura nulle pensée, nul désir au-delà ; qu’elle sera la compagne de ses périls et de ses travaux ; qu’elle souffrira et osera autant que lui dans la paix et dans la guerre. » Comme elle, il sait se donner : quand il a choisi son chef, il s’oublie en lui, il lui attribue sa gloire, il se fait tuer pour lui ; « celui-là est infâme pour toute sa vie, qui revient sans son chef du champ de bataille37. » C’est sur cette subordination volontaire que s’assiéra la société féodale. […] Elle a égorgé les enfants qu’elle a eus d’Atli, elle lui donne à manger leurs cœurs dans du miel, un jour qu’il revient du carnage, et rit froidement en lui découvrant de quelle pâture il s’est repu. […] Je pense à mourir au côté de mon seigneur, près de cet homme que j’ai tant aimé… Il tint sa parole, la parole qu’il avait donnée à son chef, au distributeur des trésors, lui promettant qu’ils reviendraient ensemble à la ville, sains et saufs dans leurs maisons, ou que tous les deux ils tomberaient dans l’armée, à l’endroit du carnage, expirant de leurs blessures. […] Coup sur coup, ils reviennent sur leur idée, et la répètent : « Le soleil là-haut ! […] — Ils sentirent la crainte jusqu’au fond de leur cœur. —  L’armée aurait bien voulu — rentrer dans son pays. —  Leur orgueil était abattu. —  Une seconde fois le terrible roulement des flots — vint les saisir. —  Il n’y avait pas un d’eux qui pût revenir,  — pas un des guerriers qui pût rentrer dans sa maison. —  La Destinée, au milieu de leur course,  — par derrière, les avait enfermés. —  Là où tout à l’heure la voie était ouverte,  — roulait la mer furieuse. —  L’armée fut engloutie. —  Les flots s’enflaient. —  La tempête montait — bien haut dans le ciel. —  L’armée se lamentait. —  Ils criaient, ô douleur ! 

1278. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Il partit et ne revint plus. […] XXIX Chaque fois que je revenais de l’étranger à Paris, le désir ou le hasard me faisait connaître ou aimer quelques nouveaux venus à la célébrité ou au génie pendant ces fertiles années de 1820 à 1830. […] XXXV Mais voici une date pour moi : Un jour, c’était quelques mois avant la révolution de 1830, un de mes amis, dont j’ai parlé au commencement de cette revue, Auguste Bernard, qui revenait riche et élevé en dignité des Antilles, me dit : — « Je voudrais rapprocher une fois les deux hommes que j’ai le plus aimés et dont j’ai le mieux espéré dans ma vie, c’est toi et M.  […] Le crime est comme le reflux de cette mer, il revient sur ses pas et il noie. […] Je revenais de l’attaque des grandes barricades du faubourg du Temple, emportées à la fin du jour par la Garde mobile, par les troupes et par l’artillerie.

1279. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Et, au bout de tout cela, quand on se demande quels sont enfin les résultats de cette débauche de critique, les fortes paroles de Bossuet sont encore celles qui reviennent invinciblement en mémoire : « Qu’on me dise s’il n’est pas constant que, de toutes les versions et de tout le texte quel qu’il soit, il en reviendra toujours les mêmes lois, les mêmes miracles, les mêmes prédictions, la même suite d’histoire, le même corps de doctrine et enfin la même substance ? […] Il a donc voulu revenir, à plusieurs fois, sur cette grande question, et on lit, dans la Lettre aux cardinaux français, du 3 mai 1892 : Nous l’avons expliqué, et nous tenons à le redire, pour que personne ne se méprenne sur notre enseignement. […] L’une et l’autre opinion, si différentes qu’elles puissent paraître, n’en reviennent pas moins au même point, qui est de faire de la morale une invention ou une conquête de l’humanité. […] Ce qui revient à dire, sans métaphore, que la volonté ne se détermine qu’en se dégageant de la nature. […] Je reviendrai d’ailleurs sur ce point dans un instant.

1280. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Si l’évolution naturaliste prend, aujourd’hui, des proportions inquiétantes, la plus grande part de responsabilité leur en revient. […] Revenons à la Terre. […] Diderot dans ses critiques sur l’art qui s’appliquent également aux lettres, fait à chaque page appel au goût, et il comprend ce terme dans son acception la plus haute le goût, c’est-à-dire le sentiment élevé de l’ordonnance des choses, assignant à chacune d’elles la place qui lui revient suivant sa valeur esthétique, intellectuelle ou morale. […] Nous nous sommes suffisamment étendue sur ce point pour n’y plus revenir. […] Ceci fait, il n’y revient plus dans le cours de l’ouvrage.

1281. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Louis XIV aimait les poètes ; Louis XV ne les aimait pas, mais il les craignait, ce qui revient presque au même. […] Je tombai malade : mon médecin m’ordonna de voyager ; j’allai en Suisse, j’y restai trois mois, j’en revins avec une foule de souvenirs. […] Nous nous croyions, nous autres auteurs, peu habitués à ce bruit flatteur et caressant, revenus à cet âge d’argent où la critique était juste, parlait selon sa conscience, écrivait selon sa pensée. […] Buloz, ayant, en outre, quand j’avais affaire à eux, l’avantage d’avoir affaire à des gens qui savent vivre, lorsque je revins de Florence avec les quatre volumes du Chevalier d’Harmental. […] Revenons à ce qu’a fait M. 

1282. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Les chapitres sur Marseille sont à la fois plein d’amour et de réflexion : on n’a jamais mieux rendu, ni d’un trait plus approprié, la beauté de ligne et de lumière de ce golfe de Marseille, cette végétation rare et pâle, si odorante de près, la silhouette et les échancrures des rivages, la Tour Saint-Jean qui les termine, « au couchant, enfin, la Méditerranée qui pousse dans les terres des lames argentées ; la Méditerranée avec les îles de Pomègue et de Ratoneau, avec le château d’If, avec ses flots tantôt calmes ou agités, éclatants ou sombres, et son horizon immense où l’œil revient et erre sans cesse en décrivant des arcs de cercle éternels. » L’histoire civile de Marseille, avec ses vicissitudes et ses revirements, s’y résume très à fond ; son génie s’y révèle à nu, raconté avec feu par le plus avisé de ses enfants. […] Revenons aux débuts. […] Thiers, ministre de l’intérieur, donnait à dîner au capitaine Laplace, qui revenait de son expédition avec son monde décimé par les fatigues et les maladies. […] Le célèbre poëte, après une longue absence, était revenu se fixer à Paris au commencement de 1830 ; il publiait ses Harmonies poétiques et obtenait place enfin à l’Académie française. […] Je ne crains pas de me répéter un peu, d’aller et de revenir plus d’une fois sur les mêmes traces en un sujet dont je ne puis faire tout le tour.

1283. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Napoléon, revenu à Iéna, s’occupait, suivant son usage, de faire ramasser les blessés, et entendait les cris de Vive l’Empereur ! […] Il revient en Espagne ; sa présence n’y produit qu’une seconde impulsion de ses armées vers Madrid. […] L’Autriche, qui cède toujours pour revenir toujours sur ce qu’elle a cédé, ne marchande ni les concessions ni l’honneur. […] Ce même homme, deux années auparavant revenu d’Autriche, ayant réfléchi un instant à la leçon d’Essling, avait songé à rendre la paix au monde et à son empire, à donner à son trône la stabilité de l’hérédité, à son caractère l’apparence des goûts de famille, et dans cette pensée avait contracté un mariage avec l’Autriche, la cour la plus vieille, la plus constante dans ses desseins. […] Nul ne sait ce qu’il serait advenu de la France si le Directoire ou si les autres gouvernements nationaux que la France libre allait se donner sous d’autres formes n’avaient pas été sabrés par le général revenu du Caire à Paris ; mais, s’il est douteux que ces gouvernements eussent fait passer en triomphe la France de Rome et de Madrid à Vienne, à Berlin, à Moscou, par toutes les capitales de l’Europe, il est douteux aussi que ces gouvernements eussent anéanti sous les pieds des soldats tous les fruits si chèrement achetés de la révolution de 1789, et qu’ils eussent ramené deux fois sur leurs pas les invasions étrangères au cœur de Paris.

1284. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

On en revenait. Un atelier de feuilletons bien achalandé, s’il ne procurait pas la gloire, garantissait des revenus solides. […] Ce sont de vieux romans au complet qu’ils rebaptisent d’une étiquette toute fraîche et dont ils ne traînent pas à toucher les revenus, en lieu et place des auteurs défunts. […] Si, maintenant, pour finir, nous ajoutons qu’il existe de certaines agences ayant le monopole des fonds de romans, qu’il est des cabinets d’affaires spéciaux où l’on recherche les manuscrits au dernier rabais, afin de les écouler ensuite sous forme de reproduction dans cent ou deux cents journaux de province, que les dites agences ont leur installation bien connue des miséreux de la profession ; qu’elles ne cachent point leur enseigne, mais, au contraire, la relèvent et la décorent d’étiquettes alléchantes, telles que celle-ci : À la Providence des romanciers ; qu’elles sont comme le Mont-de-Piété de la basse pègre écrivante, avec cette réserve que les objets engagés y changent aussitôt de nom et ne reviennent jamais à leurs propriétaires ; et nous aurons à peu près tout dit sur les secrets d’un trafic plus heureux qu’honorable. […] Vieux jeu, direz-vous ; mais on y revient à ce vieux jeu et la preuve c’est que le livre comme le théâtre se meurent du nouveau jeu.

1285. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Sans doute vous pourrez étudier l’œuvre à loisir et vos yeux et votre esprit scruteront successivement tous les détails de la composition et de l’exécution, mais vous ne les entendrez bien qu’à la condition de revenir sans cesse au point qui les relie, où s’accumulent les détails et qui leur permet de produire une immédiate impression d’ensemble. […] En sorte, comme le disait avec l’accent délicieux qui lui était propre, Théodore de Banville, en sorte que « Grâce à l’égalité du luxe que nous avons tristement conquise, nous voilà revenus au temps du paradis terrestre où il n’y avait qu’un homme et qu’une femme : un veston en vaut un autre, et la première dame venue, honnête ou frivole, n’a pas plutôt dépensé trente billets de mille francs qu’elle est mise comme tout le monde et de façon à ne pas se faire remarquer ». […] Le monde oscille entre ces deux instants de crise, qui reviennent périodiquement dans la suite de son développement. […] Il lui faut corriger bien des erreurs, revenir sur ses pas, souvent même changer de route. […] On reviendra sur les concessions jadis faites et qui le furent injustement : la conscience et l’intelligence, l’imagination et la sensibilité, échappant aux théologies, redeviendront définitivement humaines : à la charité nous substituerons l’amour.

1286. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Si une personne est interrompue quand elle chante ou quand elle récite quelque chose de mémoire, elle est presque toujours obligée de revenir en arrière pour retrouver la suite d’idées qui lui était accoutumée. […] Cependant au bout d’un quart d’heure, et peu de moments après que les quelques Formica flava qui étaient demeurées attachées au fragment de leur nid se furent retirées, les esclavagistes reprirent courage, revinrent chercher les nymphes et les emportèrent dans leur fourmilière. Un soir que j’allais visiter une autre communauté de Fourmis sanguines, j’en trouvai une troupe qui revenait au logis. […] Il est réellement curieux d’observer dans les cas difficiles, tels que la rencontre de deux rayons sous un angle quelconque, combien de fois il arrive que les Abeilles renversent une cellule déjà construite, et la reconstruisent d’une autre manière, pour revenir quelquefois à une forme qu’elles avaient d’abord rejetée. […] Les Aphis se trouvent vis-à-vis des Fourmis dans la même situation que notre bétail par rapport à nous ; et il est certain que nos meilleures vaches laitières seraient fortement incommodées par l’abondance de leur lait si elles recouvraient la liberté de l’état sauvage, sans variations correspondantes qui les fissent revenir à leur ancien type.

1287. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Un auteur ne peut pas dire tout à la fois ; et cependant on le juge souvent d’abord, comme s’il avoit tout dit, après quoi on a peine à revenir de ses préventions, quelque éclaircissement qui survienne. […] Je reviens à dire que toute la tragedie doit être action, et s’il se peut, la premiere scene aussi-bien que les autres. […] Quand on a vû le théatre si animé, on ne revient qu’avec peine au simple dialogue ; et la scene paroîtroit d’autant plus déserte, qu’on l’auroit vûë plus peuplée auparavant. […] Combien de gens, dupes à la fois de la malignité de l’auteur et de la leur propre, reviennent de ces spectacles presque convaincus que tout ce qu’ils ont vû tourner en ridicule l’est en effet. […] Les rieurs ne seront pas pour l’apologiste : d’ailleurs, telle est nôtre pente, on passe plus aisément de la loüange au blâme, qu’on ne revient du blâme à la loüange.

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