D’une manière générale, d’ailleurs, ils reconnaissent quelle force défensive est la vie. […] Et, pour qu’au premier coup d’œil nous reconnaissions les siens, Loti nous donne leur signalement. […] À terre, les marins se reconnaissent aisément à la démarche. […] On y reconnaît, au surplus, sa marque, son tour, et il nous renseigne curieusement sur son degré de formation littéraire à vingt-six ans. […] Il reconnaît en elle la grande vertu unifiante.
On ne lit plus guère aujourd’hui Les Ruines, — si ce n’est peut-être en Allemagne, où l’on ne se lasse pas de les réimprimer, — mais il faut reconnaître en Volney l’un des fondateurs de l’exégèse et des rénovateurs de la philologie. […] On reconnaît, on avoue qu’au théâtre il faut que le moi se subordonne à quelque chose d’autre que lui-même ; et c’est comme si nous disions que le théâtre ne rentre en possession de ses moyens qu’en cessant d’être romantique. […] Si les mots sont plus ambitieux, — depuis que le romantisme en a élevé le diapason, — nous n’avons pourtant pas de peine à reconnaître ici des idées qui furent chères jadis aux plus illustres de nos classiques ; et en effet, pour la simplicité du plan comme pour la force de l’expression, il n’y a pas de roman plus « classique » que Madame Bovary. […] Je ne m’en reconnais pas le droit. […] — Qu’à tout le moins, quand on a reconnu la vérité de ces reproches ; — et, à tous ces défauts, quand on a joint encore une manière de poser ses sujets, — qui ressemble à du charlatanisme ; — ou une perpétuelle affectation de profondeur, — qui se traduit par des maximes dont l’enflure ne renferme souvent que du vide ; — on est bien obligé de lui reconnaître une « puissance d’évocation » unique ; — et le don, comme il disait lui-même, d’avoir fait avec les personnages de sa comédie : « concurrence à l’état civil ». — Une question s’élève là-dessus, que l’on a déjà rencontrée [Cf. l’article Molière] ; — à savoir si cette manière d’écrire, inégale, confuse et mêlée comme la vie même, — ne serait pas une condition de la représentation de la vie ?
Non ; Molière, le sage, l’Ariste pour les bienséances, l’ennemi de tous les excès de l’esprit et des ridicules, le père de ce Philinte qu’eussent reconnu Lélius, Érasme et Atticus, ne devait rien avoir de cette forfanterie libertine et cynique des Saint-Amant, Boisrobert et Des Barreaux. […] Ce qu’il faut reconnaître, c’est que les imitations chez Molière sont de toute source et infinies ; elles ont un caractère de loyauté en même temps que de sans-façon, quelque chose de cette première vie où tout était en commun, bien qu’aussi d’ordinaire elles soient parfaitement combinées et descendant quelquefois à de purs détails. […] Boileau, reconnaissons-le, malgré ce qu’on a pu reprocher à ses réserves un peu fortes de l’Art poétique ou à son étonnement bien innocent et bien permis sur les rimes de Molière, fut souverainement équitable en tout ce qui concerne le poëte son ami, celui qu’il appelait le Contemplateur. […] Voilà bien la preuve du don, de ce qui n’est pas explicable par la seule observation sagace, par le seul talent de peindre : faculté magique de certains hommes, qui, enfants, leur fait jouer des scènes, imiter, reproduire et inventer des caractères avant presque d’en avoir observé ; qui plus tard, quand la connaissance du monde leur est venue, réalise à leur gré des originaux en foule, qu’on reconnaît pour vrais sans les pouvoir confondre avec aucun des êtres déjà existants, l’inventeur s’effaçant et se perdant lui-même dans cette foule bruyante, comme un spectateur obscur. […] Comme acteur, ses contemporains s’accordent à lui reconnaître une grande perfection dans le jeu comique, mais une perfection acquise à force d’étude et de volonté. « La nature, dit encore Mademoiselle Poisson, lui avoit refusé ces dons extérieurs si nécessaires au théâtre, surtout pour les rôles tragiques.
Nous avons exploré en géologues un grand pays, depuis ses plus hauts sommets jusqu’à ses côtes, et, à travers tous les accidents du sol, nous avons reconnu une même assise qui supporte toutes les diversités du terrain. […] Tous ceux d’entre vous qui ont examiné les effets de l’émotion chez le rat intact doivent reconnaître qu’ils offrent complètement ici les mêmes caractères. » — Enfin l’action de la protubérance est encore la condition nécessaire et suffisante des sensations du goût121. […] Le foyer d’activité cérébrale étant ainsi bien reconnu, il n’est pas permis de douter que ce ne soit là le point de départ véritable de la démence et de la manie. » Cette écorce grise132 est composée de plusieurs couches alternativement grises et blanches ; « on y voit des noyaux et de nombreuses cellules nerveuses de petites dimensions, multipolaires » ; quantité de fibres relient entre elles les diverses provinces de l’écorce grise du même lobe et d’un lobe à l’autre ; et d’autres fibres relient toute la surface de l’écorce grise aux corps striés et aux couches optiques. […] Au plus bas degré, dans la moelle, elle est à un état plus incomplet encore, où nous ne pouvons la définir exactement, parce qu’en cet endroit nous n’avons pas conscience d’elle, mais où elle se reconnaît justement à cette incapacité d’apparaître à la conscience, et où probablement elle ressemble à ces sensations élémentaires qui, séparées, sont nulles pour la conscience et ne constituent une sensation ordinaire qu’en s’agglomérant avec d’autres pour faire un total. — Pareillement il y aurait trois degrés de complication dans l’action des centres nerveux. […] De ces deux bureaux inférieurs au bureau supérieur, les cellules de la même famille sont reliées entre elles par des filets nerveux, et l’on comprend comment la danse d’une cellule tactile dans la protubérance ou d’une cellule olfactive dans les couches optiques provoque la danse semblable d’une cellule tactile ou olfactive dans l’écorce, en d’autres termes, comment la sensation proprement dite se répète et devient une image. — Examinons maintenant quel mécanisme physiologique est requis pour que les images aient les propriétés qu’on leur a reconnues.
Et parmi le jeu des persiflages on a pu y reconnaître — à cet égard des sentiments analogues aux nôtres. […] Bourget, les Tables d’Hôte et les Kursaals, il n’est soumis à aucun site, il ne reconnaîtra, nulle part, la frontière de sa patrie. […] Comme je reconnais là une idée de dilettante. […] * * * Cette poétique barbare et primitive, il faut reconnaître que M. […] Il faut certes reconnaître l’empressement, l’enthousiasme de nos aînés à proclamer le poète, mais ils n’ont guère ressenti son influence, dirais-je qu’ils ne l’ont souvent pas compris.
Médée, qui, d’habitude, se rend dès le matin au temple d’Hécate, dont elle est prêtresse, a été retenue ce jour-là au palais par une suggestion intime de Junon ; elle aperçoit les étrangers au moment où elle passe de son appartement dans celui de sa sœur ; elle pousse un cri de surprise ; Chalciope accourt et reconnaît ses fils, qui se jettent dans ses bras. […] Et d’abord on aura reconnu la belle description naturelle que Virgile a si bien transportée à sa dernière nuit de Didon : Nox erat et placidum carpebant fessa soporem Corpora per terras……… At non infelix animi Phœnissa….. […] Et plus tard, dès qu’elle est satisfaite et guérie, il se peut même, si la femme n’a pas en elle d’aimables sentiments accessoires, si avec de la passion elle manque de sensibilité proprement dite (ce qui s’est vu quelquefois), — il se peut qu’elle ne vous reconnaisse plus et qu’elle traite comme moins qu’un homme celui qu’elle avait mis tout à l’heure au-dessus d’un Dieu. […] Le premier, le fils d’Éson reconnut qu’elle était tombée dans le mal sacré, et, d’une voix caressante, il lui tint ce langage… » L’admirable comparaison des deux arbres est du genre de celles qui abondent dans les littératures anciennes, qui sont assez rares dans les littératures modernes, mais dont en particulier la poésie française dite classique s’est scrupuleusement préservée.
Si vous pouviez le lire dans la langue où il est psalmodié plutôt qu’écrit, vous reconnaîtriez, dans l’accent des vers, l’accent d’airain de la cloche funèbre qui tinte sur la tombe des morts ! […] Reconnu sous le déguisement qu’il avait revêtu pour s’évader du Capitole, il fut percé de mille coups de poignard et traîné aux fourches patibulaires, où la ville entière outragea son cadavre. […] Comme on reconnaît au naturel et à la simplicité cet homme qui n’a jamais tendu son style une seule fois dans sa vie, et qui n’a cherché, en écrivant, que le charme d’écrire ! […] Mon premier mouvement a été d’aller sur le tombeau de mon père lui dire les derniers adieux et mêler mes larmes aux vôtres ; mais, depuis que j’explique ici en public la Divine Comédie du Dante, il y a dix mois, je suis attaqué d’une maladie de langueur qui m’a tellement affaibli et changé que vous ne me reconnaîtriez plus.
Elle me protégea vivement, ainsi que la duchesse de Broglie, son amie, auprès des ministres d’alors pour obtenir mon premier poste diplomatique ; je ne l’ai jamais oublié, et j’ai eu une occasion de reconnaître tant de bonté dans une circonstance où il me fut donné d’être agréable à mon tour à sa famille1. […] Il y régnait cette liberté complète qui ne reconnaît de joug que la bienséance, que cette égalité affectueuse qui est la république du talent. […] — Monsieur le Ministre, lui répondis-je en resserrant les lèvres et en contenant mes tristes prévisions dans mon cœur, puisque vous me faites, au nom du roi et du ministère, de telles offres, c’est qu’apparemment le ministère, le roi et vous-même, vous reconnaissez en moi un esprit politique, malgré les dénigrements de vos journaux et de vos amis, qui me relèguent au rang des rêveurs et des chimériques ? […] Dites-moi nettement vos intentions, j’y conformerai les miennes. — Tranquillisez-vous, lui dis-je en lui serrant les mains avec cette affection pleine de déférence que je devais à toutes les bienveillances et même à toutes les protections dont j’avais été comblé jadis par cette puissante et aimable famille ; je ne veux ni de Londres, ni de Vienne, ni de Paris ; je suis décidé à ne jamais m’engager avec cette dynastie ; mais, lors même que j’aurais l’ambition de l’ambassade de Londres, je la sacrifierais à l’instant et sans hésiter au bonheur de reconnaître par ce sacrifice toutes les bontés dont vous m’avez comblé à mon entrée dans le monde.
Ce serait donc de ma part une étrange contradiction, ô Athéniens, si, après avoir gardé fidèlement, comme un bon soldat, tous les postes où j’ai été placé par vos généraux, à Potidée, à Amphipolis, à Délium, aujourd’hui que le dieu de l’oracle intérieur m’ordonne de passer mes jours dans la philosophie, la peur de la mort ou de quelque autre danger me faisait abandonner ce poste ; et ce serait bien alors qu’il faudrait me citer devant ce tribunal, comme un impie qui ne reconnaît point de Dieu, qui désobéit à l’oracle, qui se dit sage et qui ne l’est pas ; car craindre la mort, Athéniens, c’est croire connaître ce qu’on ne connaît pas. […] Saint Augustin dans son livre de la Cité de Dieu, Voltaire dans ses recherches philosophiques, Scaliger lui-même, n’hésitent pas à reconnaître dans ce livre la main d’un sage Égyptien. […] « Ceux qui sont reconnus avoir vécu de manière qu’ils ne sont ni entièrement criminels, ni entièrement innocents, après avoir subi la peine des fautes qu’ils ont pu commettre, sont délivrés, et reçoivent la récompense de leurs bonnes actions, chacun selon ses mérites. Ceux qui sont reconnus incurables, à cause de l’énormité de leurs crimes, sont précipités dans le Tartare, d’où ils ne remontent jamais. » On est étonné ici de trouver dans un génie aussi doux que celui de Socrate le dogme de l’éternité des supplices.
L’Imitation ne se reconnaît pas le droit de s’irriter ; son auteur ne propose à l’imitation que la tête couronnée d’épines et les mains liées du Christ. […] Quelle que soit notre pensée sur les dogmes, si diversement interprétés, du christianisme, il nous est impossible de ne pas reconnaître que, comme corps de philosophie pratique et de philosophie morale, le christianisme a franchement, énergiquement et saintement promulgué ou adopté la philosophie réelle, c’est-à-dire la philosophie de la douleur méritoire ou expiatoire ; et ajoutons ici la plus belle, car le sacrifice est plus beau que la jouissance, excepté aux yeux d’un épicurien. […] Lorsque, avec une volonté droite, l’homme est troublé, tenté, affligé de mauvaises pensées, il reconnaît alors combien Dieu lui est nécessaire, et qu’il n’est capable d’aucun bien sans lui. […] Rendez gloire à Dieu de ses grâces, et reconnaissez que n’ayant rien à vous que le péché, rien ne vous est dû que la peine du péché.
On sait seulement que le premier consul, en sortant de cet entretien, témoigna son étonnement du vide d’idées qu’il avait reconnu sous l’emphase de ce caractère. […] ne sait pas même les respecter ; il n’y a ni passé ni avenir pour lui ; son âme impérieuse et méprisante ne veut rien reconnaître de sacré pour l’opinion ; il n’admet le respect que pour la force existante. […] Il ne reconnaît que deux classes d’hommes, ceux qui le servent et ceux qui s’avisent, non de lui nuire, mais d’exister par eux-mêmes. […] Si le gémissement est disproportionné au malheur chez une exilée au sein de sa famille, de son opulence et de ses jardins dans l’Oasis enchantée du lac de Genève, on ne peut s’empêcher de reconnaître que madame de Staël, qui pouvait se relever de la proscription par une phrase d’éloge au despotisme, montra un véritable courage en la refusant.
Il faut reconnaître que l’individu isolé n’existe pas et que les influences sociales interviennent incessamment dans la formation et l’évolution des consciences individuelles. […] Il les reconnaît sans doute pour le passé, mais il les nie pour l’avenir. […] Objecte-t-on que le pouvoir de ces individus sur la société est au fond presque illusoire, parce que leur situation spéciale fait qu’ils se confondent en quelque sorte avec la société elle-même, parce que c’est la société et non pas leurs propres pouvoirs qui donne à leurs projets toute l’efficacité indispensable ; nous devons reconnaître la justesse de cette remarque, mais constater aussi que l’individu a bien la possibilité de se confondre avec la société, au point que sa volonté et la nécessité sociale ne fassent qu’un. […] Draghicesco reconnaisse à l’individu, c’est l’originalité de l’unification et de l’obéissance.
Malgré l’antagonisme de nos deux pensées sur beaucoup de points, je suis obligé de reconnaître que Drumont est un homme, qui a la vaillance d’esprit d’une autre époque, et presque l’appétit du martyre. […] À ce dîner, le colonel Yung disait que l’intelligence de Mac-Mahon, — reconnue par tous assez médiocre — fouettée par la mitraille, s’éclairait, grandissait, devenait surprenante, tandis que celle de Bourbaki, cependant d’une valeur héroïque, se perdait, tombait en enfance. […] Dimanche 2 mai L’ennui des yeux, avec une bouche qui dit les phrases les plus stupidement admiratives, et avec des mains, — des mains de jolie femme, s’il vous plaît — qui ont des maladresses et des lourdeurs de patte de rustre : c’est à quoi l’on reconnaît chez les femmes de la société, la prétention de paraître aimer l’objet d’art, sans en avoir la moindre connaissance, même la moindre curiosité. […] Et elle marchant en tête, le volume des Mémoires d’outre-tombe entrouvert, et Daudet et les enfants et moi, suivant à la queu-leu-leu, le landau vide derrière nous, nous allons par les rues, comme une troupe d’Anglais, demandant aux gens sur leurs portes, le fameux « chemin de Henri IV » qui était tout proche de l’habitation, et qui doit nous la faire reconnaître.
Mon père, du reste, était né dans le Comtat-Venaissin, et malgré une excellente éducation, on pouvait reconnaître à son accent l’ancien sujet du pape. […] La mienne était telle, et la configuration des lieux s’y était si bien gravée qu’après plus de quarante ans j’ai pu reconnaître, dans la rue qui mène au Mercadieu, la maison où je naquis. […] Ayant vécu depuis avec eux, j’ai reconnu qu’ils n’étaient pas si noirs qu’ils en avaient l’air, étaient assez bons diables et même ne manquaient pas de talent. […] Rabelais, Beroalde de Verville, Eutrapel, le Pogge, Straparole, la reine de Navarre et tous les docteurs de la gaie science eussent reconnu en lui un disciple et un maître ! […] On les reconnaît seulement à leur forme et à leur allure.
Le vert y domine, cru, brillant, étalé, mais les fraîcheurs de l’endroit s’y reconnaissent aussi, et aussi ces menus détails, ces neuves finesses qui échappent souvent au rapide regard de l’artiste exercé, pour se laisser retracer par l’amateur inhabile, réduit qu’il en est à se faire scrupuleux par gaucherie et copiste par inexpérience. […] Et ne croyez pas que ce dernier mot soit une épigramme ; car tout aussitôt, dans une page très belle et pleine d’onction, tout en réservant son principe de foi, il va rendre hommage à ce trait d’ingénue et d’absolue soumission qui est obtenue plus facilement par la religion catholique et qui procède du dogme établi de l’autorité même ; il y reconnaît un vrai signe de l’esprit religieux sincère : Et en effet, dit-il, être chrétien, être vrai disciple de Jésus-Christ, c’est bien moins, à l’en croire lui-même, admettre ou ne pas admettre telle doctrine théologique, entendre dans tel ou tel sens un dogme ou un passage, que ce n’est assujettir son âme tout entière, ignorante ou docte, intelligente ou simple, à la parole d’en haut, pas toujours comprise, mais toujours révérée.
La gloire de Bossuet est devenue l’une des religions de la France ; on la reconnaît, on la proclame, on s’honore soi-même en y apportant chaque jour un nouveau tribut, en lui trouvant de nouvelles raisons d’être et de s’accroître ; on ne la discute plus. […] On reconnaissait le lévite dans l’adolescent.
Gandar, qui est un adorateur d’Homère (et j’appelle adorateurs ceux qui le sont par un vœu tout spécial et par une pratique fidèle), lui qui a fait le pèlerinage d’Ithaque, qui a visité le port de Phorcys et la grotte des nymphes, qui a reconnu le lieu certain des étables d’Eumée, et déterminé l’endroit probable de la maison d’Ulysse7, M. […] Bernardin de Saint-Pierre, par une grâce du ciel, avait déjà reconnu de loin la grande plage antique, et, sans y aborder, il l’avait saluée à l’horizon.
Il reconnaît si bien Regnier comme son parent et son auteur, qu’étant allé en Pologne, où il s’était bien trouvé de boire à la polonaise, tandis que Desportes, oncle de Regnier, qui y était allé en son temps à la suite de Henri III, s’en était fort repenti, il dit qu’il n’y a rien là d’étonnant : C’était un mignon de cour Qui ne respirait qu’amour : Il sentait le musc et l’ambre, On le voit bien à ses vers ; Et jamais soif en sa chambre Ne mit bouteille à l’envers. […] La rhétorique regarde Buchanan le docte : pour ce qui est de Saint-Amant, Saint-Évremond lui reconnaît de la naïveté, en en regrettant l’abus et le faux emploi.
En général il semble reconnu de la plupart des critiques qu’Homère est un excellent peintre d’après nature, qu’il décrit tout pour l’avoir vu ou comme s’il l’avait vu, les lieux, les rivages, les navigations et les manœuvres de la marine, la guerre jour par jour et ses opérations. […] Grenier est venu résolument s’inscrire en faux contre une telle superstition, comme il la qualifie ; et tandis que ses camarades et confrères de l’École d’Athènes, les Gandar, les Lévêque, à la suite d’Ampère et de presque tous les voyageurs, reconnaissaient la vérité d’Homère à chaque pas et la proclamaient avec louange, lui, esprit ferme, original, un peu humoriste, un peu sombre, destiné aux luttes de chaque jour avec la rude et poignante réalité, il disait non, et ne voyait dans la plupart des épithètes homériques que des banalités convenues, vagues ou fausses, et si générales qu’on n’en peut rien conclure.
Le pape régnant, Clément XIV, se refusa à le reconnaître sous le caractère officiel de roi et reine d’Angleterre. […] Le biographe se plaît singulièrement à relever la conduite de cette fille naturelle, reconnue et légitimée par son père, et à mettre son dévouement, fort respectable assurément, mais fort explicable, en opposition avec l’éloignement et la séparation de l’épouse.
On sait cette énumération grandiose des victoires et conquêtes d’Auguste, qui se termine par ces simples mots : « … Les Indes recherchent son alliance ; ses armes se font sentir aux Rhètes ou Grisons… ; la Pannonie le reconnaît ; la Germanie le redoute, et le Weser reçoit ses lois : victorieux par mer et par terre, il ferme le temple de Janus : tout l’univers vit en paix sous sa puissance, et Jésus-Christ vient au monde. » Ici Bossuet arrive à sa région propre : on dirait qu’il va prendre l’essor, ou du moins l’aile s’entr’ouvre et se fait sentir ; mais il se réserve ; il attendra, pour se déployer, la seconde partie. […] Moïse promet et prédit un prophète semblable à lui et en qui les fidèles reconnaissent Jésus-Christ ; Moïse, vu dans la perspective où Bossuet concentre l’histoire, est le plus grand des hommes d’avant Jésus-Christ, comme, de l’autre côté de Jésus Christ, de ce côté-ci, on a saint Paul.
A quoi il ajoute qu’il supplie très-humblement la Mère Abbesse et les Religieuses de vouloir bien lui accorder cet honneur, quoiqu’il s’en reconnaisse, dit-il, très-indigne et par les scandales de sa vie passée et par le peu d’usage qu’il a fait de l’excellente éducation qu’il a reçue autrefois dans cette maison, et des grands exemples de piété et de pénitence qu’il y a vus, et dont il avoue n’avoir été qu’un stérile admirateur ; mais que plus il a offensé Dieu, plus il a besoin des prières d’une si sainte Communauté, qu’il supplie aussi de vouloir bien accepter une somme de 800 livres qu’il a ordonné (par le même acte olographe du 10 octobre 1698) qu’on lui donnât après sa mort. […] Il se plairait à reconnaître encore la nature et à la suivre jusqu’à travers les formes opposées sous lesquelles elle se déguise ou elle se trahit.
Molé, il me semblait reconnaître une teinte marquée de cette époque qui se réfléchissait dans son discours ; c’était un certain accent de doctrines religieuses, sociales, conservatrices, réparatrices. […] Il est juste de reconnaître que le discours de réception qui est, à proprement parler, le menuet du bal, n’a pas été inventé par Richelieu.
Il faut dans cet examen reconnaître d’abord, combien, des événements semblables en apparence, diffèrent, selon le caractère de ceux qui les éprouvent. […] C’est dans la crise d’une révolution qu’on entend répéter sans cesse, que la pitié est un sentiment puérile, qui s’oppose à toute action nécessaire, à l’intérêt général, et qu’il faut la reléguer avec les affections efféminées, indignes des hommes d’état ou des chefs de parti ; c’est au contraire au milieu d’une révolution que la pitié, ce mouvement involontaire dans toute autre circonstance, devrait être une règle de conduite ; tous les liens qui retenaient sont déliés, l’intérêt de parti devient pour tous les hommes le but par excellence : ce but, étant censé renfermer et la véritable vertu et le seul bonheur général, prend momentanément la place de toute autre espèce de loi : hors dans un temps où la passion s’est mise dans le raisonnement, il n’y a qu’une sensation, c’est-à-dire, quelque chose qui est un peu de la nature de la passion même, qu’il soit possible de lui opposer avec succès ; lorsque la justice est reconnue, on peut se passer de pitié ; mais une révolution, quel que soit son but, suspend l’état social, et il faut remonter à la source de toutes les lois, dans un moment où ce qu’on appelle un pouvoir légal, est un nom qui n’a plus de sens.
., à 5 sous par feu et par an, ce qui fut exécuté. « Ce n’est que depuis peu qu’on en a cessé la perception, quoique, par les reconnaissances modernes, tous les habitants se soient reconnus sujets auxdits guet et garde du château. » 10° Droit de péage pour toutes les marchandises et denrées qui passent par la ville de Blet, sauf les blés, grains, farines et légumes. […] Transaction de 1537 entre le seigneur et ses vassaux : il leur accorde d’avoir dans leur maison un petit four de trois carreaux, d’un demi-pied chaque, pour y cuire pâtés, galettes et tourteaux ; d’autre part ils se reconnaissent sujets à la banalité.
Je reconnus le beau mousquetaire de la revue de 1814, aux traits charmants du duc de Rohan. […] Il jouissait d’être l’objet de la contemplation envieuse de tous ceux à qui ces magnificences et sa belle figure le faisaient reconnaître ; il tenait le sceptre de l’ostentation.
Tandis que D’Aubigné attendait maladroitement l’apaisement universel pour publier ses vers enragés, Du Bartas215 se faisait reconnaître pour un grand poète protestant. […] Mais ce sujet n’en est pas moins tout descriptif, et je reconnais là l’esprit de la Pléiade dégénérée.
Un charme infini s’exhalait de sa personne, et ceux qui l’avaient vu jusque-là ne le reconnaissaient plus 225. […] L’hypocrisie des pharisiens, qui en priant tournaient la tête pour voir si on les regardait, qui faisaient leurs aumônes avec fracas, et mettaient sur leurs habits des signes qui les faisaient reconnaître pour personnes pieuses, toutes ces simagrées de la fausse dévotion le révoltaient. « Ils ont reçu leur récompense, disait-il ; pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton aumône reste dans le secret, et alors ton Père, qui voit dans le secret, te la rendra 252.
Quoi qu’on puisse penser de l’explication qui va suivre, il faut du moins reconnaître que l’auteur a très nettement vu qu’une théorie de l’induction est au fond une théorie de la cause. […] Ex. : L’homme est un animal raisonnable. » « Ou bien on applique à la même chose des noms ayant l’un moins, l’autre plus d’extension : L’homme est un animal. » Dans le premier cas, l’équivalence des deux mots est reconnue par l’association : homme et animal raisonnable sont deux mots pour un même état de conscience ; ils s’associent comme marques à un même groupe d’idées.
En effet, la langue française ne recevra toute sa perfection qu’en allant chez ses voisins pour commercer et pour reconnaître ses vraies richesses ; en fouillant dans l’antiquité à qui elle doit son premier levain, et en cherchant les limites qui la séparent des autres langues. […] Il suppose aussi, d’après les anciens, que les ombres parlent la bouche béante, parce que la parole leur sort toute formée du fond de la poitrine ; et il est reconnu lui-même pour un homme encore vivant, aux mouvements de ses lèvres.
Après toutes les folies du début, la naissance de Gargantua par l’oreille gauche, la description mirifique de sa layette, les premiers signes qu’il donne de son intelligence et certaine réponse très coquecigrue qu’il fait à son père et à laquelle celui-ci reconnaît avec admiration le merveilleux entendement de son fils, on lui donne un maître, un sophiste en lettres latines ; et c’est alors que commence la satire la plus ingénieuse et la plus frappante de la mauvaise éducation de ce temps-là. […] On y reconnaît à chaque pas le médecin éclairé, le physiologiste, le philosophe.
Qu’il nous suffise de reconnaître qu’il demeura en tout temps, et au milieu des diverses illusions qu’il put traverser, l’honnête Ducis. […] Les lettres qu’on a de lui mériteraient d’être recueillies à part dans un volume ; elles disposent à être moins sévère pour ses tragédies, elles y révèlent la trace de talent qui s’y noie trop dans le mauvais goût du siècle, et on en vient à reconnaître qu’avec tous ses défauts, et en usant d’une moins bonne langue, Ducis, dans la série de nos tragiques, va tendre la main à Rotrou par-delà Corneille.
Son attitude, son sang-froid, la promptitude et la propriété de ses réponses, sa profonde connaissance de la matière et des conséquences politiques qu’elle recelait, son intrépidité à maintenir les droits de ses compatriotes, ses expressions pleines de trait et de caractère, tout contribue à faire de cet interrogatoire un des actes historiques les plus significatifs et l’un de ces grands pronostics vérifiés par l’événement : Si l’acte du Timbre était révoqué, lui demanda-t-on en finissant, cela engagerait-il les assemblées d’Amérique à reconnaître le droit du Parlement à les taxer, et annuleraient-elles leurs résolutions ? […] L’effet de ces lettres circulant dans le pays, puis produites dans l’Assemblée à Boston, et reconnues pour être de la main du gouverneur et de son lieutenant, fut prodigieux, et amena une pétition au roi qui fut transmise à Franklin, et pour la défense de laquelle il fut assigné à jour fixe devant le Conseil privé, le 29 janvier 1774.
Les lecteurs reconnurent en ces livres frustes le don suprême de susciter des émotions nouvelles ; l’on y sentit une âme farouche et sombre, interprétant le spectacle de la vie et l’agitation des âmes en sensations primitives ou barbarement subtiles ; et le sérieux profond, l’âpre signification humaine d’écrits aussi tristes qu’Humiliés et offensés, Crime et châtiment n’échappa à aucun de ceux que sollicite le penchant à comprendre ce qu’ils lisent. […] Masloboïef, dans Humilies, reconnaît sans impudence sa coquinerie, et avec une sorte de tristesse matoise offre ses services au pauvre écrivain dont il tâche, malgré son métier, de rester l’ami.
Je lui répondrai que, pour ma part, j’aime infiniment les savants ; mais enfin il faut reconnaître que, tout en s’aimant beaucoup, philosophes et savants sont assez disposés à prendre leurs avantages un peu aux dépens les uns des autres. […] Il arrive même qu’un fait ou une observation reste longtemps devant les yeux d’un savant sans lui rien inspirer ; puis tout à coup vient un trait de lumière. — L’idée neuve apparaît avec la rapidité de l’éclair comme une révélation subite. — La méthode expérimentale ne donnera donc pas des idées vraies et fécondes à ceux qui n’en ont pas ; elle servira seulement à diriger les idées chez ceux qui en ont. » Au reste, il est encore juste de reconnaître que ces réclamations en faveur de l’hypothèse dans les sciences expérimentales ne sont pas absolument neuves, et que les philosophes ont sur ce point précédé les savants.
Tout en éprouvant une instinctive répugnance pour cette sorte de rime, qui d’ailleurs n’amène guère d’effets imprévus — car la rime de voile avec étoiles n’est pas moins banale que celle de voile avec étoile, — je reconnais que ma répugnance n’a point de motif qui soit valable d’une façon générale ; il me serait impossible de rimer ainsi ; cela n’empêche point que rimer ainsi ne soit loisible à tous les autres. […] « Les poésies couronnées peuvent inaugurer toute innovation où la majorité du jury reconnaîtrait soit un amendement rationnel, soit l’évolution normale de la poétique française, c’est-à-dire toute innovation qui lui semblerait ou respecter ou accuser la distinction de plus en plus couramment indiquée par l’oreille entre la prose et le vers. » Qu’est-ce à dire, sinon qu’en matière poétique on doit, désormais, rejeter résolument le précepte indolent et commode formulé par Horace : Quid sit futurum cras fuge quærere… 1.
Vous reconnaissez dans ce morceau tout l’art des maîtres. […] Une Allemande, dit Gœthe, reconnut que son amant commençait à la tromper, parce qu’il se mettait à lui écrire en français.
Il y paraît, commue le lecteur ne tardera pas à le reconnaître ; il trouvera plus loin des expressions dix fois répétées, des tours de phrase d’une correction douteuse, et un pitoyable désordre. […] Après cinq ou six quinzaines échues, quand le propriétaire du lieu reconnaissait que l’un des Parnassiens paraissait absolument décidé à ne pas payer un sou de loyer, — hélas ! […] Quand elle m’aura reconnu. […] Celui que vous reconnaissez pour un de vos plus chers maîtres, apprenez à tous qu’il est un maître en effet. […] Et si visible qu’y fût l’influence de Charles Baudelaire, on était bien forcé d’y reconnaître aussi une saveur perverse, très personnelle.
Je ne puis contempler certaines de ces figures que, dans son rêve maladif et mystique, le peintre anglais Burne-Jones se plut à répéter, sans y reconnaître comme l’image frappante de nous-mêmes. […] Malgré la brièveté de ces notations, qui ne reconnaîtrait, je le demande, en ces traits de dégénérescence, le fruit de la civilisation romaine ? […] Dans les pays malades, anormaux, déséquilibrés, je reconnais la nécessité, à titre temporaire, de certaines prohibitions essentielles et parfois le besoin d’une tutelle. […] Il est donc des violences inéluctables dont, en les haïssant intrinsèquement, nous sommes contraints de reconnaître loyalement l’impérieuse et amère nécessité, pour le présent du moins. […] Jetons les yeux autour de nous et reconnaissons la marche du monde qui s’effectue à côté de nous, sur des points que, dans notre ignorance et notre vanité, nous ignorons presque.
Il y a, nous le savons, neuf ans et demi de séparation : aussi on n’a garde de se reconnaître ; mais Berte est toujours belle, et Pépin toujours galant.
Lire un livre pour en jouir, ce n’est pas le lire pour oublier le reste, mais c’est laisser ce reste s’évoquer librement en nous, au hasard charmant de la mémoire ; ce n’est pas couper une œuvre de ses rapports avec le demeurant de la production humaine, mais c’est accueillir avec bienveillance tous ces rapports, n’en point choisir et presser un aux dépens des autres, respecter le charme propre du livre que l’on tient et lui permettre d’agir en nous… Et comme, au bout du compte, ce qui constitue ce charme, ce sont toujours des réminiscences de choses senties et que nous reconnaissons ; comme notre sensibilité est un grand mystère, que nous ne sommes sensibles que parce que nous sommes au milieu du temps et de l’espace, et que l’origine de chacune de nos impressions se perd dans l’infini des causes et dans le plus impénétrable passé, on peut dire que l’univers nous est aussi présent dans nos naïves lectures qu’il l’est au critique-juge dans ses défiantes enquêtes.
En admirant ses poésies, où l’on aperçoit plusieurs des parties des grands poètes, on y verra aussi la marque de l’inexpérience et de l’inachèvement ; on les regardera, non comme des pièces accomplies, mais comme des fragments, des ébauches, qui ne présentent guère, si ce n’est dans une ou deux pièces, une page entière où l’on ne reconnaisse, à côté des plus heureuses qualités de l’harmonie, de la sensibilité, de la grâce, les traces de l’affectation et de faux goût.
On a reconnu les sources où s’alimentait son génie ; on a expliqué de quels théâtres antérieurs procède son théâtre.
La gloire de Molière et celle des femmes illustres du temps sont intéressées à ce que la postérité reconnaisse la différence de leur tâche, qui n’avait rien d’opposé, l’une étant de purger la société d’un ridicule, l’autre d’y introduire un mérite nouveau ; cette tâche, il faut leur savoir gré de l’avoir également bien remplie.
Mais ceci un fait généralement reconnu que la fin de la campagne le ramena dans les bras de madame de Montespan.
Gréard l’a reconnu dans un rapport sur la réforme de l’orthographe : si l’on écrit rapsode, trésor, trône, il n’y a aucun motif raisonnable d’écrire chrome, rhododendron, thésauriser 54.
Il convient que le démon de l’envie & de la rime l’a jetté dans d’étranges égaremens ; il reconnoît l’insolence qu’il a eue d’attaquer son maître dans l’art des vers.
Il dit, et soudain le cœur et les genoux de Pénélope lui manquent à la fois ; elle reconnaît Ulysse à cette marque certaine.
Ciceron, continuë-t’il, a reconnu lui-même la convenance de ce chant voilé pour ainsi dire.
Quand il fut tout près du vieillard-aux-yeux-de-soleil, il reconnut quantité de crânes humains épars sur le sol.
Malgré l’intelligence qu’il lui reconnaît, il n’a pas fait héroïque et fulminant cet athée qui voudrait tuer Dieu pour avoir la paix, comme il a tué l’homme pour avoir l’argent ; car on a beau se dessiner en Ajax contre le ciel, le poing dont on menace Dieu est toujours un poing canaille et qui mérite d’être abattu sur le billot !
… » Voilà le questionnaire que dresse Sainte-Beuve, et ne reconnaissez-vous pas là précisément le dessin des interviews qu’on fait subir à nos « hommes en vue » ?
Aussi les Épicuriens qui ne voient dans le monde que matière et hasard, les Stoïciens qui, semblables en ceci aux Spinosistes, reconnaissent pour Divinité une intelligence infinie animant une matière infinie et soumise au destin, ne pourront raisonner de législation ni de politique.
Qu’est-ce donc que la gloire des livres, sinon l’accord de tous les lecteurs éclairés pour s’y reconnaître ? […] Après avoir lu de mes yeux que l’Angleterre, en refusant, sur l’avis complaisant de ses jurisconsultes, de recevoir comme hôte un tel vaincu, puis, en l’enchaînant sur le rocher de Sainte-Hélène, n’avait fait qu’user du droit de « toutes les sociétés d’enchaîner les êtres reconnus dangereux », il m’avait paru que, légitime ou non, ce n’était pas à un historien français à reconnaître ce droit, et j’avais relevé la chose en termes vifs. […] Le même Mignet, dans le cours du même entretien, avait bien voulu me reconnaître, entre autres traits, le goût. […] Tout autre est la joie attachée à la découverte des vérités scientifiques, dont le propre est d’être universellement et unanimement reconnues. […] Je me retournai et je reconnus M.
Dès qu’il le fait, on peut dire qu’il prend qualité lui-même, qu’il se donne pour homme de talent, et qu’il demande au public qu’il ait à le reconnoître pour tel. […] Quand Eumée a reconnu son maître, ils raisonnent ensemble sur les mesures qu’ils ont à prendre. Quand Ulisse a reconnu son fils, ils en font de même ; et quand Penelope a reconnu Ulisse, ce ne sont plus entr’eux que plaintes languissantes en comparaison d’un si beau moment. […] On veut reconnoître l’homme partout. […] Il a reconnu dans Inés la vertu la plus héroïque ; et il voit de plus, des enfans, ses petits-fils, et les héritiers nécessaires de l’empire.
Mais il faut reconnaître qu’il y a des finales fluides et langoureuses, tandis que d’autres sont fortes, rudes, abruptes, etc. […] Le genre étant admis et le sujet, tel quel, accepté, on doit reconnaître la sûreté de touche et l’habileté qui se révèlent dans ces petits tableaux réalistes, et la sobriété même de l’exécution. […] n’est-ce pas en lui que ton destin se reconnaît ? […] s’irritant de voir les musées exhiber, comme en des lieux publics, la Beauté, il refuse de reconnaître à « tous les épiciers » le droit de contempler, dimanches et fêtes, la Vénus !… Quinze ans plus tard, il protestera contre la tentative, qu’il reconnaît aussi généreuse que vaine, de certains qui voudront « aller au peuple ».
Aristodème ne pouvait se rappeler cet entretien dont il n’avait pas entendu le commencement, à cause du sommeil qui l’accablait encore ; mais il me dit en gros que Socrate força ses deux interlocuteurs à reconnaître qu’il appartient au même homme de savoir traiter la comédie et la tragédie, et que le vrai pacte tragique, qui l’est avec art, est en même temps poète comique5. » Le Banquet se termine par ce piquant paradoxe de Socrate. […] Que si enfin, animé par une veine heureuse de folie, le poète comique se joue de ses propres inventions, les exagérant à dessein et transformant ses portraits en caricatures, alors il s’élève jusqu’à la farce, et les critiques en chœur s’écrient qu’il dégrade et avilit son talent, qu’il écrit pour la foule, et que Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe On ne reconnaît plus l’auteur du Misanthrope. Ma foi, tant mieux, si on ne le reconnaît pas49. […] L’on trouve même dans ses pièces en prose, des indices de cette humeur satirique et didactique qui est proprement étrangère à la comédie ; on peut la reconnaître dans la manière dont il s’attaque continuellement aux médecins et aux procureurs, dans ses dissertations sur le ton du grand monde, et en général partout où l’on voit qu’il ne se contente pas d’amuser, mais qu’il veut combattre ou défendre des opinions, en un mot que son intention est d’instruire. […] Quant aux obligations qu’il avait, dit-on, contractées envers Le Médecin malgré lui, elles sont faciles à reconnaître, puisque ce ne fut qu’à la douzième représentation de cette farce qu’on la donna avec ce chef-d’œuvre, et cela cinq fois seulement ».
Je dois reconnaître toutefois qu’au contact de Musset j’ai frissonné avec une émotion plus pénétrante, plus intime, plus douce à mon souvenir. […] La jeunesse se reconnaît plus spécialement dans la fièvre d’espérance de Musset, dans son entraînement fougueux, dans ses colères et ses révoltes, dans son désir de tout entreprendre, de tout réformer et de tout braver, c’est pourquoi il est et demeure mon poète préféré. Il ne chante le plus souvent que les angoisses de son cœur ; mais il le fait avec une telle intensité de pensée et de style que ses cris de douleur deviennent comme impersonnels, et se transforment ainsi en chefs-d’œuvre, où nous reconnaissons nos propres souffrances, nos secrètes convoitises, les passions de tous les siècles et de toute la terre. […] Mais voyons aux conséquences sérieuses : Que chacun se reconnaisse disciple d’une école ? […] Toute la pensée est assez bouffon ; si, au point de vue poétique, il peut d’abord apparaître comme un dominateur énorme, il faut vite reconnaître qu’il y a place à ses côtés pour d’autres génies.
D’ailleurs, il faut le reconnaître, les faits sont venus eux-mêmes démontrer que la dualité vitale ne pouvait exister sous la forme absolue qu’elle avait revêtue. […] On reconnut (Remak, 1852 ; Max. […] Il montrait que la fibre nerveuse était composée d’articles placés bout à bout, véritables cellules, que leur longueur considérable (1 millimètre chez les mammifères adultes) avait empêché de reconnaître jusque-là au microscope. […] Il faut y reconnaître en un mot, de même que pour le blastème, des corps quaternaires, ternaires, et des matières terreuses. […] Cependant nous reconnaissons qu’il existe dans les êtres vivants des phénomènes vitaux et des composés chimiques qui leur sont propres.
Tout à fait libre alors, et prenant son grand vol, chantre adopté de la jeunesse et de la patrie, amoureux de ses gloires, attristé de ses deuils, la consolant par ses souvenirs et ses espérances, il ne voulut point d’autre rôle ; et, dans sa vieillesse, quand il vit s’accomplir plus d’événements qu’il n’en avait sans doute attendu, quand il se reconnut meilleur prophète encore qu’il ne l’avait pensé, il eut la sagesse, et de vouloir rester le même, le simple et grand chansonnier comme devant, et à la fois de ne point répudier les prodigieux résultats publics auxquels, pour sa part, il avait concouru.
Est-il bien désintéressé de sa part de dire de mademoiselle de Necker, qu’elle apprit à parler vite et beaucoup, et que c’est ainsi qu’elle écrit ; qu’elle n’eut que peu d’instruction, qu’elle n’approndit rien, etc ; et n’eût-il pas été plus convenable et plus noble à elle de reconnaître naïvement une gloire rivale qui honore son sexe et la France ?
Coblentz même, l’incomparable Coblentz, cette arche sainte aux yeux de nous autres profanes, ce sanctuaire unique, ce nous semble, d’honneur et de zèle, Coblentz était entaché de modérantisme, et on le réputait trop monarchien pour le reconnaître monarchique.
Il est malheureusement trop reconnu que M.
D’autant que le régime social, par l’indépendance, par le droit souverain qu’il reconnaît à l’individu, exalte les énergies, et rend plus nécessaire l’action d’un irrésistible frein.
Telle n’est pas, il faut bien le reconnaître, l’âme de nos polytechniciens. — Imposer à des camarades des souffrances réelles et de réelles humiliations, les contraindre à de stupides et pénibles corvées, les priver de nourriture et de sommeil, — et y trouver plaisir, tranchons le mot : cela est odieux.
Elles reconnaissent un esprit intelligent et travailleur, un esprit probe qui ne veut pas se laisser imposer de vérité du dehors, soit un esprit cartésien : sur le doute provisoire, que bâtir ?
Mais avait-il la philosophie de reconnaître que le triomphe si légitime de L’Assommoir ou de Germinal relevait des raisons les moins esthétiques ?
Les historiens qui ont vu dans Rousseau et les philosophes, ses contemporains, les précurseurs et, pour mieux dire, les préparateurs de la Révolution française ; les moralistes qui attaquent ou recommandent un livre, parce qu’il leur paraît susceptible de corrompre ou d’améliorer les mœurs ; les législateurs qui punissent les provocations au crime commises et propagées par le journal ; tous ces hommes ont reconnu implicitement la répercussion que les âmes ont sur d’autres âmes, l’espèce de suggestion qui s’opère par l’intermédiaire de la parole ou de l’écriture.
Le Traité signé, Mlle d’Eon, que personne n’avoit reconnue à la Cour de Russie, fut chargée d’en porter la nouvelle au Roi.
— « J’affirme que les conversations données par moi, dans les quatre volumes parus, sont pour ainsi des sténographies, reproduisant non seulement les idées des causeurs, mais le plus souvent leurs expressions, et j’ai la foi que tout lecteur désintéressé et clairvoyant, reconnaîtra que mon désir, mon ambition a été de faire vrais, les hommes que je portraiturais, et que pour rien au monde, je n’aurais voulu leur prêter des paroles qu’ils n’auraient pas dites.
Une fois que le livre est publié, une fois que le sexe de l’œuvre, virile ou non, a été reconnu et proclamé, une fois que l’enfant a poussé son premier cri, il est né, le voilà, il est ainsi fait, père ni mère n’y peuvent plus rien, il appartient à l’air et au soleil, laissez-le vivre ou mourir comme il est.
Mais on reconnaît toujours deux élèves de Le Sueur.
Suivant les apparences, on choisissoit un chanteur dont la voix approchât, autant qu’il étoit possible, de la voix du comédien, et l’on peut croire qu’il n’étoit plus possible de reconnoître les deux voix et de les distinguer quand elles avoient passé par le masque.
Il ne s’agit pas de dire : « Taine a écrit en coloriste parce qu’un beau jour il s’est reconnu coloriste. » Non, Taine a voulu peindre ; il a voulu colorer, et il a essayé, il a travaillé, il a lu, il s’est assimilé les auteurs, et c’est ainsi qu’il s’est découvert un talent qu’il n’aurait peut-être pas soupçonné sans cela.
Mais il reconnaît cependant que dans la somme des acquisitions littéraires de ce temps, — le journalisme, pernicieux ailleurs, n’aura pas été entièrement stérile, puisqu’il a introduit dans la littérature, une forme de plus — une forme svelte, rapide, retroussée, presque militaire et que cette traîneuse de robe à longs plis, dans les livres, ne connaissait pas.
Il aime à dire, à laisser dire qu’il reconnaît Dieu le père : c’est pour mieux étrangler le Fils.
Quand il revit Paris dix années après son départ, le monde avait changé, et, en se rencontrant l’un l’autre, ils ne se reconnurent plus. […] Il se penche, il s’avance des lèvres vers l’auditoire : si le premier banc, légèrement reconnu, ne le préoccupe pas trop, ne le gêne point par quelques figures peu compatibles et contradictoires, sa parole se lance ; il s’inquiète encore de son auditoire sans doute, mais c’est de tous alors et non de quelques-uns. […] A qui conviendrait-il mieux d’en reconnaître l’influence et le profit, qu’à nous en particulier, qui de plus, dans notre faible rôle, l’avons rencontré toujours si ami, si indulgent ?