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2472. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

27 avril De l’ennui, de l’ennui plus noir, plus profond, plus intense, et nous nous y enfonçons, non sans une certaine jouissance amère et rageuse.

2473. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Une fois ces infortunés arrêtés, la colère indignée que nous avait inspirée leur attentat s’est changée, chez nous comme chez tout le monde, en une profonde pitié.

2474. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

C’est ce qu’il faudra voir, et c’est ici que M. de Tocqueville est pénétrant et profond.

2475. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Ce qui paroît obscur, n’est peut-être qu’extrêmement profond ; & l’on peut appliquer à M.

2476. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Il n’avait jamais été en Italie ; à la bonne heure : il n’avait jamais parlé que français aux Italiens qu’il avait vus ; cela n’est guère vraisemblable, mais passe encore : on conviendra du moins qu’il avait eu avec ces Italiens de fréquentes et de profondes conférences sur leur langue ; or cela suffisait à la rigueur pour la bien savoir, et croit-on qu’il ne les consultât pas sur ses productions italiennes, et qu’il ne se corrigeât pas d’après leurs avis ?

2477. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Nous avons tous une beauté divine, la seule qu’on doive aimer, la seule qu’on doive conserver pure et fraîche pour Dieu qui nous aime. » Simple et profonde manière de se voir et de s’accepter qu’elle eut toute sa vie et qui aurait sauvé Mme de Staël, qu’on appelle une laide de génie, de ses tristesses sans grandeur !

2478. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Ainsi, qu’on l’envisage dans le temps ou dans l’espace, la liberté paraît toujours pousser dans la nécessité des racines profondes et s’organiser intimement avec elle.

2479. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Celui-là porta la ruine chez les hommes ; celui-là ne m’a laissé le plaisir ni de me couronner de fleurs, ni de savourer la coupe profonde, ni de prolonger la douce harmonie des flûtes et les joies de la nuit.

2480. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Tel est bien le cas de Dancourt, qui n’a point de génie, dont le talent est mince, le comique peu profond, la plaisanterie souvent grossière, mais dont le théâtre abonde en détails de mœurs, en bouts de dialogues pris sur le fait, rendus au vif, et je n’ose pas dire en portraits, ce serait trop d’honneur, mais en silhouettes au moins de personnages qui s’habillent et qui parlent, qui marchent ou qui s’agitent, qui sentent et qui pensent à la mode de l’an 1700. […] Béroalde de Verville, dans son Moyen de parvenir, et Tallemant des Réaux, dans ses Historiettes]. — Elle a enrichi la langue : — par détermination du sens précis des mots ; — par acquisition, invention ou création de manières de parler nouvelles ; — et surtout en enseignant « le pouvoir d’un mot mis en sa place ». — Enfin la préciosité a ennobli la langue ; — et il est vrai d’ailleurs qu’en l’ennoblissant elle a établi entre l’usage du vulgaire et celui des « honnêtes gens » une ligne de démarcation trop profonde. […] 4º Tactique nouvelle des Libertins. — C’est à dater de ce moment que les libertins changent de tactique. — Ils gardent leurs idées ; — mais ils vont s’abstenir de les exprimer publiquement ; — ou du moins, comme Saint-Évremond et comme La Mothe Le Vayer, ils vont y mettre une sourdine ; — ou un masque. — Leurs convictions ne sont pas assez profondes pour qu’ils essaient de les faire prévaloir contre l’opinion commune ; — et pourvu qu’on les laisse vivre à leur gré, c’est tout ce qu’ils demanderont. — De là, par contrecoup, le discrédit qui les atteint ; — et dont ils ne se relèveront guère qu’après un demi-siècle avec Bayle. […] Taine, Nouveaux essais de critique et d’histoire]. — Cette observation une fois faite, on peut et on doit convenir : — que les indignations de La Bruyère ont assurément quelque chose de plus profond que celles de La Fontaine ; — qu’il s’est moins aisément arrangé que Molière de la société de son temps ; — et qu’on voit percer une pitié chez lui qui n’est pas dans Boileau. — C’est l’idée d’humanité qui commence à se faire jour. […] Le Chevalier à la mode, 1687 ; — Les Bourgeoises à la mode, 1692 ; — La Femme d’intrigues, 1692], —  Comparaison du théâtre de Dancourt et du roman de Le Sage. — Les commencements de l’art réaliste ; — et en quoi il diffère de l’art naturaliste. — Les dernières pièces de Dancourt : Sancho Pança, 1713 ; — Le Vert galant, 1714 ; — Le Prix de l’arquebuse, 1717 ; — La Déroute de Pharaon, 1718. — Ce qui lui a manqué pour laisser une trace plus profonde dans l’histoire du théâtre français.

2481. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il y a en cette ville quantité de profondes caves, où le peuple va puiser l’eau à boire. […] À l’entrée de cette cour, il y a à gauche une de ces profondes caves dont l’on a parlé, et à droite une volière.

2482. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Oui, je le déclare, ça me ferait un bonheur plus profond, d’avoir une de mes deux pièces, jouée par des acteurs de talent. […] D’épais sourcils, de ces arcades sourcilières profondes, comme il y en a dans les bustes antiques, avec au fond, des yeux d’un gris d’aigle : les beaux traits d’un prélat romain.

2483. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Et par suite, l’interruption brusque de la conduction optique a eu pour effet essentiel, profond, de supprimer toute une partie des sollicitations de mon activité : or cette sollicitation, comme nous l’avons vu, est la perception même. […] Rétablissons au contraire le caractère véritable de la perception ; montrons, dans la perception pure, un système d’actions naissantes qui plonge dans le réel par ses racines profondes : cette perception se distinguera radicalement du souvenir ; la réalité des choses ne sera plus construite ou reconstruite, mais touchée, pénétrée, vécue ; et le problème pendant entre le réalisme et l’idéalisme, au lieu de se perpétuer dans des discussions métaphysiques, devra être tranché par l’intuition.

2484. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Lorsqu’on feuillette tour à tour l’œuvre des peintres de la cour sous Charles Ier, puis sous Charles II, et qu’on quitte les nobles portraits de Van-Dyck pour les figures de Lely, la chute est subite et profonde : on sortait d’un palais, on tombe dans un mauvais lieu. […] On pardonne à Rabelais quand on a senti la séve profonde de joie et de jeunesse virile qui regorge dans ses ripailles : on en est quitte pour se boucher le nez, et l’on suit avec admiration, même avec sympathie, le torrent d’idées et de fantaisies qui roule à travers sa fange. […] Les bizarreries, les profondes percées, l’originalité sans frein, les irruptions toutes-puissantes du génie lancé au centre de la vérité à travers les extrêmes folies, tous les traits de la grande invention ont disparu. […] si ma vie pouvait couler comme ton onde, si je pouvais prendre ton cours pour modèle comme je l’ai pris pour sujet, limpide, quoique profond, doux et non endormi, puissant sans fureur, plein sans débordements625 ! 

2485. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Benjamin Vallotton, qui confie à ce simple bonhomme le soin d’exprimer les plus poignantes pensées, les sentiments les plus profonds de son pays, au moment où un cas de conscience terrible se pose et s’impose à toutes les nations, le romancier publiciste a bien choisi son interprète. […] Quand il m’est apparu dans le jardin où, depuis quelques minutes, sa mère nous promenait autour de la pelouse, tout mon sang a reflué vers ses demeures profondes… » Aymon Lheureux fait de la peinture : si ce n’est pas raisonnable, ce n’est pas un crime non plus. […] … Et, s’il est mort du génie, dans les tranchées profondes, — du génie inconnu de lui-même et qui n’avait pas encore de nom, — le cours de l’avenir ne sera pas ce qui était probable. […] Ne vous étonnez plus de voir tant de systèmes et de croyances joncher l’histoire : l’intelligence, qui avait l’air de les bâtir, obéissait aux velléités profondes de sa nature et ne faisait que des décombres. […] Il a mis dans ce roman de jadis et d’hier sa méditation la plus profonde et la plus originale, ses idées d’historien, de philosophe, son habileté d’artiste ingénu et malin, très audacieux, cette fois plus attentif que jamais à ne point dépasser l’audace utile.

2486. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Quel œil noir, profond comme la mer ! […] Du reste, le talent auquel est parvenu ce romancier explique assez, à la réflexion, ces profondes et longues études. […] Alors George Sand eut l’insigne bonté de nous prier de prendre le thé chez elle après l’opéra ; nous acceptâmes, moi avec une humilité profonde, mon compatriote avec la confiance d’un homme qui a déjà son acte joué à l’Ambigu, et nous nous quittâmes jusqu’à plus tard.

2487. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Enfin les choses, une fois constituées, manifestent à la surface, par leurs changements de situation, les modifications profondes qui s’accomplissent au sein du Tout. […] La différence est profonde. […] Elle ne retient que les événements ou systèmes d’événements qu’on peut isoler ainsi sans leur faire subir une déformation trop profonde, parce que ceux-là seuls se prêtent à l’application de sa méthode.

2488. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

On a entendu la plainte profonde du talent ; et lorsque ce talent réussit à se faire jour et à trouver des sujets tout préparés qui se détachent au milieu de ces exubérantes images, l’ivresse est complète, et il semble qu’il ne manque rien à la jouissance du promeneur.

2489. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

C’est donc avec un profond regret que j’ai vu encore cette année le Salon veuf de vos ouvrages… » Et le reproche est suivi d’une allocution chaleureuse.

2490. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Un caractère saillant de la Cour romaine à cette époque était l’exaltation soudaine de quelques-uns qui n’étaient rien la veille, et leur chute profonde le lendemain.

2491. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Anoblissement des pères par les actes héroïques ou vertueux des enfants, dans les générations les plus reculées : spiritualisme profond dans ce législateur qui personnifie la solidarité de race, la responsabilité paternelle, le rémunérateur filial dans l’unité morale de la famille, continuité de l’être moral descendant et remontant du père à Dieu, du père aux fils, des fils aux pères, et qui rend la vertu aussi héréditaire de bas en haut que de haut en bas !

2492. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Au bout de cette anse profonde que protègent contre les vents du nord la colline et les grands pins de votre palais de France, vous voyez cet îlot ou plutôt cet écueil, si près de la rive qu’on peut l’atteindre sans nager ?

2493. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Il était né triste, parce qu’il était né profond, comme les autres naissent gais, parce qu’ils sont légers.

2494. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Il est possible que ce réaliste, qui fut si peu psychologue, n’ait pas senti ce qu’il y a de vérité profonde, d’humanité vivante dans les farces de Molière.

2495. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Ces vers légers, qu’ils sont profonds !

2496. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

2497. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Je m’imagine qu’il ferait mieux nos affaires par cette profonde connaissance de nos traditions, que le plus habile empirique par la plus grande richesse d’expédients.

2498. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il préférait d’ailleurs les Latins aux Grecs, moitié par esprit de réaction contre la trop grande part que l’école de Ronsard avait faite à ceux-ci, moitié par un instinct supérieur qui lui faisait voir les profondes analogies et en quelque sorte la filiation directe du français et du latin.

2499. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Comme les choses ne saisissent les Hommes que selon la proportion qu’elles ont avec leur intelligence, & que les lumieres de la multitude ne sont ni justes ni profondes ; comme la maniere d’exprimer une pensée décide de tout chez la plupart des Lecteurs : il n’est pas étonnant que par l’art de se mettre à la portée du commun des esprits, de rendre ses idées avec agrément, il ne se fasse goûter, & n’enleve des suffrages.

2500. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Qu’il relise Virgile, le chantre de la Phénicienne Didon, et le Carthaginois Térence, peintre si doux de la sympathie humaine ; qu’il songe à ces paroles si tendres, si profondes : sunt lacrymæ rerum , et qu’il achève le vers en le méditant : mentem mortalia tangunt .

2501. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Cependant il s’agit du mot latin lacertus, lequel veut dire lézard, et que les poètes ont maintes fois employé pour désigner le bras d’un héros ou d’un athlète.  » Mais s’il est surprenant déjà qu’une telle image ait été formée une fois, car elle est très étrange, quoi que très juste, et elle aurait pu, certes, ne jamais sortir du réservoir profond des sensations, quel étonnement de la voir périodiquement retrouvée, qu’il s’agisse de lézard ou de souris, au cours des siècles et des langues !

2502. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Shakespeare a exprimé avec une mélancolie profonde cette analogie finale de la réalité et du rêve, de la nature et de l’art, de la vie et de l’illusion universelle : « Nos divertissements sont maintenant finis.

2503. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Ainsi la doctrine de l’épreuve, la doctrine de l’optimisme, les belles et profondes considérations de Platon, de Lebniz et de Malebranche sur la question du mal, tout cela mérite à peine l’honneur d’une discussion.

2504. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Mais la signification profonde et la portée voulue du livre est dans les certitudes.

2505. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Mais parmi les sensations moins graves et moins profondes qu’il cause, on en éprouve plusieurs de vraiment ravissantes.

2506. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

… Le caractère rompu peut se ressouder, la passion reprendre si elle est profonde… Et c’est ici qu’il y a une marquise de Talyas à montrer qui n’est pas sortie de celle de Feuillet ; qui n’est pas plus sortie que la scène du commencement du roman, restée en puissance une si belle chose !

2507. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Une intoxication légère peut donner lieu à des troubles déjà profonds de l’intelligence, de la sensibilité et de la volonté.

2508. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Si je trouvais dans ces livres nouveaux une profonde sympathie pour les humbles et les déshérités de notre société, je me sentirais disposé à leur égard à une certaine indulgence ; mais je l’avouerai franchement, j’y trouve plus de curiosité que d’intérêt véritable.

2509. (1900) La culture des idées

Jamais peut-être une phrase, la plus laborieuse, ne fut écrite ou dite en accord absolu avec la volonté ; la seule quête du mot dans le vaste et profond réservoir de la mémoire verbale est un acte qui échappe si bien à la volonté que, souvent, le mot qui venait s’enfuit au moment où la conscience allait l’apercevoir et le saisir. […] Les termes ne sont pas contradictoires, car il est certain qu’alors l’état second, devenant périodique, peut n’en devenir que plus profond. […] Il y eut des tentatives d’explication au moyen du préraphaélisme ; elles ne furent pas décisives ; elles furent même un peu ridicules, tant l’ignorance était de tous côtés profonde et invulnérable. […] Que l’on se figure une société où l’amour, en quelque condition de hasard qu’il s’accomplisse, n’a jamais de graves conséquences morbides ; où les baisers les plus profonds n’entraînent guère plus de dangers physiques que les caresses maternelles ou les manifestations de l’amitié ; elle différera de la nôtre à un tel point qu’il nous est difficile de la concevoir, car les désirs charnels y évoluent librement selon leur force naturelle, sans peur et sans pudeur. […] Le patronage littéraire de la France s’étend encore aujourd’hui sur la plus grande partie du monde civilisé ; il est plus vaste qu’au dernier siècle ; s’il est moins profond, c’est qu’il n’a plus pour appui la suprématie militaire.

2510. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Pour ce sceptique, le sourire est un signe de sagesse, et lui-même se confie à nous en de pareils termes : « À certains jours, nous sommes aussi capables de prendre plaisir à des plaisanteries faciles sur ce qu’il y a de plus profond et d’essentiel en nos âmes. […] Il ne pense pas que pour le poète, la littérature doive, seule, exister ; mais il croit qu’aux révolutions esthétiques nous devons chercher les causes plus profondes.

2511. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Tantôt nous nous remémorons ainsi ce que nous avons auparavant lu ou entendu ; tantôt et plus souvent, notre pensée, futile ou profonde, est nouvelle, et le langage secret qui la suit fidèlement dans ses détours est nouveau comme elle. […] Mais chez tous sans exception, chez les esprits étroits et lourds qui parcourent sans cesse un même cercle d’idées, chez les esprits légers, vagabonds, superficiels, chez ces derniers comme chez les plus profonds penseurs, chez l’orateur le plus abondant et le plus disposé à répandre au dehors une verve intarissable, comme chez le plus timide et le plus respectueux des disciples, le langage intérieur occupe dans l’existence une place plus grande que le langage extérieur énoncé ou entendu.

2512. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Veuillez en effet vous souvenir, récapitulez en idée la vie passée de Talleyrand, depuis son début sous Calonne, ou, si vous aimez mieux, depuis sa messe à la Fédération, ou encore depuis certain traité fructueux entamé avec le Portugal sous le Directoire, premier point de départ de sa nouvelle et soudaine opulence, et voyez où tout cela aboutit, à quels honneurs, à quels profonds témoignages de respect, et de la part des hommes les plus purs et les plus autorisés, les maîtres jurés en matière de moralité sociale.

2513. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Puis, à mesure que, dans cette analyse prise sur le fait, il suit plus avant les progrès de la passion, le trait devient plus profond aussi, et le ton s’élève.

2514. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Ils dissèquent et étalent toutes les moindres de nos pensées, comme un prisme fait les couleurs. » Mais les beautés d’idées ici se multiplient ; le moraliste profond se déclare et se termine souvent en poëte : « Les mêmes passions générales forment la constitution générale des hommes.

2515. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Une lente et profonde révolution a détruit la hiérarchie intime des suprématies acceptées et des déférences volontaires.

2516. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

mes amis, droit et profond !

2517. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

… » XXIX C’est ainsi, selon nous, qu’aurait parlé le sage et profond patriote italien Machiavel, si son esprit avait pu être évoqué dans un comice italien, la veille des annexions de Gênes, de Milan, de la Lombardie, des Romagnes, de Florence, de la Toscane, de la Sicile, et bientôt de Rome et de Naples !

2518. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Les vers de Laprade m’avaient semblé avoir la transparence sereine, profonde, étoilée, des songes de Platon.

2519. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

J’appris, dans une longue conversation, que cette jeune fille était une Irlandaise, d’une famille aristocratique et opulente dans l’île d’Émeraude ; qu’elle était fille unique d’une mère veuve qui la faisait voyager pour que l’univers fût son livre d’éducation, et qu’elle épelât le monde vivant et en relief sous ses yeux, au lieu d’épeler les alphabets morts des bibliothèques ; qu’elle cherchait à connaître dans toutes les nations les hommes dont le nom, prononcé par hasard à ses oreilles, avait retenti un peu plus profond que les autres noms dans son âme d’enfant ; que le mien, à tort ou à raison, était du nombre ; que j’avais parlé, à mon insu, à son imagination naissante ; qu’enfant, elle avait balbutié mes poèmes ; que, plus tard, elle avait confondu mon nom avec les belles causes perdues des nations ; que, debout sur les brèches de la société, elle avait adressé à Dieu des prières inconnues et inexaucées pour moi ; que, renversé et foulé aux pieds, elle m’avait voué des larmes.… les larmes, seule justice du cœur qu’il soit donné à une femme de rendre à ce qu’elle ne peut venger ; qu’elle était poète malgré elle ; que ses émotions coulaient de ses lèvres en rythmes mélodieux et en images colorées.

2520. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Je sentis que la société, qui est mon idole, recevait là un coup très rude, pas mortel, car elle est de Dieu, et rien de divin ne peut périr de main d’homme ; mais une de ces contusions sourdes, une de ces blessures profondes sur lesquelles il faut verser beaucoup d’huile et de baume pour en éteindre le feu, et en assainir la malignité.

2521. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

En annonçant au gouvernement français la perte que le monde venait de faire, le duc de Laval-Montmorency, ambassadeur du Roi Très-Chrétien près le Saint-Siège, écrivit : « Il ne faut aujourd’hui que célébrer cette mémoire honorée par les pleurs de Léon XII, par le silence des ennemis, enfin par la profonde douleur dont la ville est remplie, et par les regrets des étrangers et surtout de ceux qui, comme moi, ont eu le bonheur de connaître ce ministre, si agréable dans ses rapports politiques, et si attachant par le charme de son commerce particulier. » IX C’était le 24 janvier 1824.

2522. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

LX Après le souper, je demandai timidement, en regardant tour à tour l’aïeule, le père, la fille, le récit qui m’avait été promis pour m’expliquer la profonde blessure du châtaignier.

2523. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Plus l’homme est grand, plus grand est le vide, plus il est impossible de le remplir, excepté par la vertu ou par l’amour ; aussi, voyez comme ce vide est vaste en lui ; il croit le combler par la gloire, il l’acquiert jeune et elle lui laisse un profond ennui ; il passe à la politique, à l’ambition même coupable, la politique et l’ambition le laissent plus ennuyé que jamais ; de rien à une ambassade, ennui ; d’une ambassade au ministère, ennui ; d’un ministère à une révolution, des Tuileries à Gand en 1815, ennui ; de Gand à Rome au retour, ennui ; de Rome à Londres, ennui, ennui toujours ; il s’impatiente et croit s’en défaire par ses vices ; il se met à attaquer ce qu’il a défendu, il renverse ce qu’il a construit ; il triomphe, et l’ennui triomphe avec lui ; il redevient royaliste et recherche une popularité équivoque, mais il est vaincu, et l’ennui de son impuissance le ressaisit pour la dernière fois ; il s’adresse à la plus belle des femmes, et croit aimer ; mais l’ennui est plus constant que l’amour ; il se livre tard aux voluptés de la jeunesse, l’ennui l’obsède ; il revient repentant à la femme aimée, puis il meurt à la fin d’ennui.

2524. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Pour rivière, le grand égout qui coulait à ciel ouvert ; puis la butte Montmartre, avec « les antres profonds de ses plâtrières » et ses trente moulins ; la plaine Saint-Denis, plate et maigre.

2525. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

… Celui-ci se relève pour continuer, intarissable et subtil, à commenter les vers de Baudelaire : Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

2526. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Pour achever son éducation, son nouvel ami lui esquisse le plan du demi-monde, en traits mordants et profonds qui se gravent dans la mémoire pour n’en plus sortir.

2527. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Cet affreux déchirement du voile que nous avions devant les yeux, c’est comme l’autopsie d’une poche pleine d’horribles choses dans une morte tout à coup ouverte… Par ce qui nous est dit, j’entrevois soudainement tout ce qu’elle a dû souffrir depuis dix ans : et les craintes près de nous d’une lettre anonyme, d’une dénonciation de fournisseur, et la trépidation continuelle à propos de l’argent qu’on lui réclamait et qu’elle ne pouvait rendre, et la honte éprouvée par l’orgueilleuse créature pervertie, en cet abominable quartier Saint-Georges, à la suite de ses fréquentations avec de basses gens qu’elle méprisait, et la vue douloureuse de la sénilité prématurée que lui apportait l’ivrognerie, et les exigences et les duretés inhumaines des maquereaux du ruisseau, et les tentations de suicide qui me la faisaient un jour retirer d’une fenêtre, où elle était complètement penchée en dehors… et enfin toutes ces larmes que nous croyions sans causes ; — cela mêlé à une tendresse d’entrailles très profonde pour nous, à un dévouement, comme pris de fièvre, dans les maladies de l’un ou de l’autre.

2528. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Là, il avait pour maîtresse, une grande fille, nommée Esperanza qui l’aimait beaucoup, et qui dans les récréations, s’asseyait sur les marches de l’escalier, lui renversant la tête sur ses genoux, et lui caressant les cheveux, pendant que le petit fouillait de son regard amoureux le bleu profond du ciel.

2529. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Désespérant de jamais sentir la différence trop profonde qu’il y a entre colorer et colorier, le peuple s’en tire en fabricant couleurer qui répond à tous ses besoins dans cet ordre d’idées.

2530. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

On ne monte plus et l’on ne descend pas encore ; on plonge à son gré ses regards, selon qu’on se retourne au levant ou au couchant, sur l’immense plaine du Mâconnais, de la Bresse et de la Saône, ou sur les noires et profondes vallées de Saint-Point, sur les cimes entrecroisées, les pentes ardues et les défilés rocheux, arides ou boisés, qui s’amoncellent ou glissent vers le creux du pays.

2531. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Renan, pour nous l’expliquer, s’en prend alors à la « science anglaise », qui, dit-il « n’a jamais compris d’une façon bien profonde la philosophie des choses. » Ce jeune homme parle là bien irrévérencieusement de Newton !

2532. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

      C’est lorsqu’en sa douleur profonde,       Pour fermer le convoi du monde, Il scelle le cercueil de l’empire romain, Et qu’il élève alors ses accents prophétiques       À travers les débris antiques       Et la poudre du genre humain !

2533. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Vos événements, pressés les uns sur les autres selon votre bon plaisir, sont plus romanesques qu’intéressants : ils se composent de la proscription d’un noble devenu chef de brigands, ce qui n’est pas nouveau ; d’un acte de générosité fait par un vieillard rodomont, jaloux et bavard, faible et fausse imitation du beau don Diègue de Corneille ; d’un galantin devenu empereur et philosophe profond au moment de son couronnement ; enfin, de la noce d’une demoiselle tant soit peu dévergondée ; et tout cela finit au bruit d’un cor merveilleux, qui force deux tendres amants, près de s’enivrer de la coupe du plaisir, à s’empoisonner de compagnie, le tout pour satisfaire la vengeance d’un vieillard stupide ; car c’est ainsi que vous l’appelez vous-même.

2534. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Comment ne pas remarquer que l’on peut être profond mathématicien, savant physicien, psychologue délicat en tant que s’analysant soi-même, et pourtant comprendre de travers les actions d’autrui, mal calculer les siennes, ne jamais s’adapter au milieu, enfin manquer de bon sens ? […] La gravité de cette affection, sa résistance obstinée à tout traitement, le fait qu’on en trouve généralement des prodromes dans le plus lointain passé du malade, tout cela semble bien indiquer qu’il s’agit d’une insuffisance psychique profonde, congénitale, et nettement délimitée. […] La multiplication des habitudes au cours des siècles a dû en effet s’opérer chez eux d’une manière différente, en surface, par un passage de l’analogue à l’analogue et sous l’influence de circonstances accidentelles, taudis que le progrès de la technique, des connaissances, de la civilisation enfin, se fait pendant des périodes assez longues dans un seul et même sens, en hauteur, par des variations qui se superposent ou s’anastomosent, aboutissant ainsi à des transformations profondes et non plus seulement à des complications superficielles.

2535. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Ils ont une autre source et une source plus profonde. […] C’est qu’avec un sens profond de notre puissance, ils n’ont point eu la vue exacte de nos limites.

2536. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Un mot profond : « pour en être », c’est-à-dire avoir sa main dans toutes les choses secrètes et ténébreuses de la vie parisienne. […] Nous nous sommes assis dans ce cabinet, garni de rideaux de mousseline tamponnés, y faisant le jour blanc et discret d’un cabinet de bain, et nos regards ont été aux tapisseries mythologiques du plafond, comme dans une invocation à notre xviiie  siècle chéri… puis ainsi que dans les grandes émotions de la vie, nous sommes tombés dans une de ces profondes et bêtes attentions machinales, allant du bout du nez d’un buste en terre cuite à sa gaine.

2537. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Ils ont une autre source et une source plus profonde. […] C’est qu’avec un sens profond de notre puissance, ils n’ont point eu la vue exacte de nos limites.

2538. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Les yeux s’enfoncent sous l’arcade profonde des sourcils ; elle les recouvre de son ombre, elle les frappe de cette sublime cécité des dieux, dont le regard, aveugle au monde extérieur, retire en lui sa lumière et la répand sur tous les points de leur être. […] Bientôt une paix profonde coulera dans votre âme. […] Imaginez un homme dont le regard percerait le sol ; il aurait, en Egypte, l’effroyable vision d’un monde souterrain correspondant au monde du dehors, dix fois plus vaste, cent fois plus profond, mille fois plus peuplé. […] Jamais siècle n’eut une admiration si naïve et si profonde pour les chefs-d’œuvre de la main humaine. […] Quelle tranquillité profonde respirent les tombeaux romains !

2539. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

C’est seulement à la dixième année de l’ère Kwanseï (1789) que le public, pour la première fois, lit, au bas des impressions du maître, le nom d’Hokousaï (Hokousaï, Tokimasa Taïto) nom qu’il prit, dit-on, à cause de sa profonde vénération pour le dieu Hokoushin-Miôkén. […] Planche qui devrait s’appeler la Vague et qui en est comme le dessin un peu divinisé par un peintre sous la terreur religieuse de la mer redoutable entourant de toute part sa patrie : dessin qui vous donne le coléreux de sa montée dans le ciel, l’azur profond de l’intérieur transparent de sa courbe, le déchirement de sa crête qui s’éparpille en une pluie de gouttelettes ayant la forme de griffes d’animaux. […] C’est un front sillonné de rides profondes ; des yeux à la patte d’oie, aux poches de dessous tuméfiées et où il y a, en leur demi-fermeture, comme un peu de cette buée que les sculpteurs de nétzkés mettent dans le regard de leurs ascètes ; c’est un grand nez décharné ; c’est une bouche démeublée à la rentrée sous le pli de la joue ; c’est le menton carré d’une volonté résolue, attaché au cou par des fanons. […] Amusante scène se détachant de profonds lointains, mais d’un faire un peu miniaturé, un peu petit.

2540. (1802) Études sur Molière pp. -355

Molière, philosophe profond, a surtout donné une nouvelle force à la moralité de sa pièce, en nous faisant voir ce que l’hypocrisie est par elle-même, et ce qu’elle peut devenir, à l’aide des vices auxquels elle ne s’allie que trop souvent. […] Quel trait profond de caractère ! […] Pour le rôle de Sbrigani, superbe par sa coupe, par la manière dont il est tracé, n’ayant jamais qu’un caractère, celui d’un intrigant profond ; il est mal joué, si l’acteur n’en est fortement persuadé. […] Scapin, dans la belle scène où il démasque si bien la chicane, est un intrigant moraliste de la première force ; il devient un valet plus plaisant que profond dans celle du Carteau de vin et du Loup garou ; il rentre dans la farce en cachant son maître dans un sac, et finit par être un scélérat à pendre lorsqu’il a l’audace de le maltraiter indignement. […] Ce n’est pas pour rien que Molière, toujours profond, toujours juste, disait à ses amis les plus intimes : « Si Les Femmes savantes ne me conduisent pas à l’immortalité, je n’y parviendrai jamais. » Lisez la pièce de Molière.

2541. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Si, par quelques traits profonds, naturels, par quelques élancements de passion, ces deux grandes poésies se peuvent rapprocher comme dans un éclair, elles sont séparées par toutes les différences de race, de civilisation, par un abîme : elles n’ont pu être violemment rapprochées et confondues que par des esprits inexpérimentés et sans goût, qui n’avaient pénétré le génie de l’une ni de l’autre.

2542. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Le Maheustre, ainsi nommé par une sorte de sobriquet, représente l’homme d’armes ou le noble sans conviction bien profonde et passé sous les drapeaux du roi de Navarre ; le manant représente le franc paroissien de Paris, le ligueur- ultra, et qui serait, au besoin, plus catholique que le pape.

2543. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

La chute fut longue, profonde, terrible, du trône à l’échafaud.

2544. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

L’histoire naturelle a dans ce sens d’immenses connaissances à acquérir, des mystères profonds à sonder par l’intelligence et surtout par la charité, cette langue instinctive, qui balbutie à peine entre la nation animée, la nation végétale et la nation humaine.

2545. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

À ces mots, il s’approcha, avec un geste désespéré et pitoyable, les bras en l’air, de l’entaille déjà profonde de l’arbre, et, tout pâle de douleur, il pleura un moment en silence comme on pleure sur la blessure d’un homme mourant d’un coup de feu.

2546. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Jugez quelle est sa mère par le sentiment énergique et profond qu’à cet âge déjà elle a su lui inspirer !

2547. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Et dans cette exaltation arrive à se dégager spontanément comme une âme nationale, un profond et encore inconscient patriotisme, qui devance la réalité même d’une patrie.

2548. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Il faut bien reconnaître qu’au temps de Racine on n’avait pas, au même degré qu’aujourd’hui, l’intelligence du passé, le sentiment et le goût de l’exotique, la notion de la variété profonde des types humains.

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