/ 1800
817. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Dès ce moment, Mlle de Lespinasse vécut à part et devint, par son salon et par son influence sur d’Alembert, une des puissances reconnues du xviiie  siècle. […] Comme écrivain, là où elle ne songe pas à l’être, c’est-à-dire dans sa correspondance, sa plume est nette, ferme, excellente, sauf quelques mots tels que ceux de sensible et de vertueux, qui reviennent trop souvent, et qui attestent l’influence de Jean-Jacques.

818. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Mais, n’étant qu’une personne très aimable, très spirituelle, et non supérieure, elle subit les influences de son moment. […] La nature l’avait faite très timide, et elle fut longtemps avant de se dégager de l’influence et de l’esprit des autres, avant d’être elle-même.

819. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il ne comparait point toutefois les deux scènes, quant à l’importance des débats et à l’influence politique qu’on y pouvait acquérir : Il est inouï, disait-il plus tard de Pitt, au moment où ce grand orateur consentit à entrer dans la chambre haute sous le titre de lord Chatham, il est inouï qu’un homme, dans la plénitude de sa puissance, au moment même où son ambition venait d’obtenir le triomphe le plus complet, ait quitté la Chambre qui lui avait procuré cette puissance, et qui seule pouvait lui en assurer le maintien, pour se retirer dans l’hôpital des incurables, la Chambre des pairs. […] Mais cet homme habile, en voulant se tourner du côté du soleil levant, ne sut pas s’orienter avec une parfaite justesse : il avait fait de longue main sa cour à la maîtresse du prince, la croyant destinée à l’influence, et il avait négligé la femme légitime, la future reine, qui pourtant eut seule le crédit réel.

820. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Il y a dans un siècle de ces courants d’influence morale auxquels on n’échappe pas. […] Quicherat, qui a examiné de si près les choses, ces témoins survivants étaient déjà eux-mêmes sous l’influence de la légende universelle, et ils ne parvinrent peut-être pas à s’y soustraire entièrement dans leurs dépositions.

821. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Très lié, malgré sa vertu, avec le duc d’Orléans, futur régent, il tint ferme pour lui dans les infâmes accusations qui le poursuivirent, et il eut ensuite une influence très réelle et très active dans les premières mesures de la Régence. […] Si Saint-Simon n’a pu faire rendre si tard à la noblesse française une influence politique et aristocratique qui n’était point sans doute dans les conditions de notre génie national et dans nos destinées, il a fait pour elle tout ce qu’il y a de mieux après l’action, il lui a donné, en sa propre personne, le plus grand écrivain qu’elle ait jamais porté, la plume la plus fière, la plus libre, la plus honnête, la plus vigoureusement trempée et la plus éblouissante, et ce duc et pair dont on souriait alors se trouve être aujourd’hui, entre Molière et Bossuet (un peu au-dessous, je le sais, mais entre les deux certainement), une des premières gloires de la France27.

822. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Voyons-la, — profane que je suis, j’allais dire, étudions-la, dans ce genre d’influence par où elle corrigea le ton de l’hôtel Rambouillet et des précieuses, et par où elle seconda l’action judicieuse de Mme de La Fayette. […] Elle revint à son quartier du Marais, et là, entourée d’amis, vivant à sa guise, mais avertie par l’air du dehors et par l’influence régnante de Louis XIV, elle rangea sa vie, elle la réduisit petit à petit sur le pied véritablement honorable où on la vit finir, et qui a pu faire dire au sévère Saint-Simon : Ninon eut des amis illustres de toutes les sortes, et eut tant d’esprit qu’elle se les conserva tous, et qu’elle les tint unis entre eux, ou pour le moins sans le moindre bruit.

823. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Il y montrait l’influence d’une belle église sur la population du Midi, qui aime à se figurer dès ici-bas le ciel ouvert, et dont la piété dépend quelque peu des représentations extérieures. […] » — C’est après avoir entendu ce poème et tant de pièces inspirées par un même sentiment moral élevé, qu’on a pu dire avec raison : « Si la France possédait dix poètes comme Jasmin, dix poètes de cette influence, elle n’aurait pas à craindre de révolutions. » J’allais oublier de dire que ce troisième volume de Jasmin est dédié à M. 

824. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Mis même en circulation et livré à la publicité, il n’aurait pu avoir d’ailleurs aucune influence à cause de sa forme obscure, difficile et dogmatique. […] M. de Bonald, qui est le premier dans sa préface à reconnaître les défauts de sa manière, pense pourtant que les livres sont faits pour exercer de l’influence, et c’est pour cela qu’il écrit.

825. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Ce principe, qui féconde tout et met tout en mouvement dans la nature, donne aux hommes venus sous son influence particulière un cachet que rien ne peut effacer. […] Ayant écrit pour l’un de ses ouvrages, et peut-être pour ses Mémoires, quelques pages où il se ressouvenait, avec une sorte de complaisance, de l’influence salutaire qu’il avait exercée sur les troupes soumises à ses ordres, soit en 1804 dans ce commandement de l’armée gallo-batave, soit en 1805 à l’armée de Dalmatie, soit en 1811 à l’armée de Portugal, et bien qu’il terminât sa récapitulation par ces seuls mots : « L’ensemble de ces souvenirs fait la consolation de ma vieillesse », il craignit d’en avoir trop dit, il raya les pages, et j’ai sous les yeux les feuillets condamnés avec ces mots en marge de sa main : « Je me décide à supprimer ce dernier paragraphe, qui avait été inspiré par un mouvement d’amour-propre 1. » Dans la campagne d’Austerlitz, Marmont, après avoir contribué à la prise d’Ulm, reçut ordre de se mettre à la tête des troupes occupant la Dalmatie ; elles étaient composées de ce qu’avait de moins bon l’armée d’Italie, il les organisa, les exerça, les anima de son zèle.

826. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Il existe nombre d’études de caractères sur le prises vif, parfaitement vraies, qui n’exerceront pourtant jamais d’influence notable dans la littérature ; pourquoi ? […] Le style, c’est l’homme même, conséquemment l’individu ; ajoutez que c’est en même temps la société présente à cet individu, c’est l’ensemble des imperceptibles modifications qu’apporte au sentiment personnel l’influence de toute une époque, c’est le « siècle », qui nécessairement passe.

827. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Influences étrangères possibles. […] Il n’a pas, comme nous, cet atavisme de morale religieuse dont l’influence persiste même chez les « libres-penseurs » les plus dégagés, en apparence, de l’étreinte du passé et qui nous fait nous effaroucher devant le récit d’actes ou d’événements somme toute conformes à la loi de Nature.

828. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Si supérieure qu’elle puisse être, en réalité, cette forme non plus n’a pas échappé à la double influence qui lutte dans le poète, — la spontanéité et le parti pris. […] On comprend qu’il en ait la douce influence sur le cœur.

829. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

La littérature dramatique a été prise au dépourvu ; on lui demande presque le contraire de ce qu’on était accoutumé à désirer d’elle depuis longtemps ; on lui demande des émotions vives, profondes et passionnées, mais pures s’il est possible, et, dans tous les cas, salutaires et fortifiantes ; on lui demande, au milieu de toutes les libertés d’inspiration auxquelles le talent a droit et qui lui sont reconnues, de songer à sa propre influence sur les mœurs publiques et sur les âmes, de se souvenir un peu, en un mot, et sans devenir pour cela trop sévère, de tout ce qui est à guérir parmi nous et à réparer.

830. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Trois hommes éminents ont exercé la plus grande influence sur la direction des esprits et des études en France depuis vingt-cinq ans, et on peut dire qu’ils ont été véritablement les régents de cet âge : Guizot, Cousin et Villemain.

831. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

— Quant à l’ancien Globe, celui d’avant la révolution de Juillet, « à l’influence considérable qu’il a eue dans l’histoire des lettres et de la philosophie au xixe  siècle, on peut s’en faire une idée en lisant les deux tableaux que M. 

832. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Il convient aux hommes qui ont crédit et valeur dans la Compagnie de mettre fin une fois pour toutes à ces sottes prétentions, et de ne pas laisser interrompre cette série de choix graves et glorieux, qui d’abord donnent du lustre à l’Académie, et qui bientôt pourront lui assurer sur notre littérature une influence réelle, active et salutaire.

833. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

Mais lorsque l’opinion publique et la réputation populaire ont la première influence, l’ambition délaisse ce dont l’ambition n’a pas besoin, et l’esprit ne s’exerce point à saisir ce qui est fugitif quand il n’a point d’intérêt à le deviner.

834. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Il n’est rien qui exige plus de délicatesse de la part des parents, que la méthode qu’il faut suivre pour diriger la vie de leurs enfants sans aliéner leur cœur ; car il n’est pas même possible de sacrifier leur affection à l’espoir de leur être utile, toute influence durable sur la conduite finissant avec le pouvoir du sentiment, le point juste n’est presque jamais atteint dans cette relation.

835. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Dans son dernier recueil, nous avons beaucoup goûté ce Au pont des Morts où la mâle et fougueuse influence de Verhaeren se laisse assez heureusement sentir.

836. (1890) L’avenir de la science « VII »

Les lexicographes ne sont pas en général de très grands philosophes, et pourtant le plus beau livre de généralités n’a pas eu sur la haute science une aussi grande influence que le dictionnaire très médiocrement philosophique par lequel Wilson a rendu possibles en Europe les études sanscrites.

837. (1890) L’avenir de la science « XIV »

Avec un million, je ferais pénétrer plus profondément les idées modernes dans la masse que ne ferait une génération de penseurs pauvres et sans influence.

838. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

portera-t-il des cornes, sauvera-t-il son liront de la maligne influence ?

839. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Peut-être, en effet, ai-je un peu trop subi l’influence du texte que j’étudiais, et trop souvent approuvé les ratures du grand écrivain.

840. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Alaux. La Religion progressive » pp. 391-400

En fait, une religion qui progresse est une religion à l’envers de toutes les religions connues, qui, comme on le sait, ont très peu progressé, mais sont restées, au contraire, parfaitement immobiles dans la majesté de leur établissement et de leur influence sur le monde.

841. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

On ne peut concevoir l’influence que ces panégyriques guerriers avaient sur ces peuples.

842. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

De ces trois vertus gouvernementales dans la race anglo-saxonne est résulté le phénomène que nous voyons : une richesse incommensurable chez eux, une légitime influence sur les continents, une monarchie véritablement universelle sur les mers ou sur toutes les contrées desservies par les Océans. […] L’orgueil légitime de l’Angleterre n’abdiquera jamais (et nous ne l’en blâmons pas) une grande part d’influence et d’action sur le continent européen. […] Entre la France et l’Angleterre, il y aura donc toujours, et organiquement, trois grandes choses : la mer d’abord, l’influence continentale ensuite, enfin la passion, troisième élément plus indomptable encore que les deux autres ; la passion de la rivalité, qu’une grande nécessité peut faire taire un moment, mais qui ne mourra jamais entre ces deux jumeaux, qui se combattent dans le sein de leur mère, l’Europe.

843. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Ne s’y mêle-t-il pas quelque chose du dehors, l’influence des mœurs locales, et ce que le roi lui-même appelle un point d’honneur32? […] Ces causes n’ont pas été sans influence, mais je les crois secondaires. […] Telle fut l’influence du goût espagnol sur le génie de Corneille.

844. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

. — Si le degré de prospérité du pays influence ainsi la marche de la langue et la littérature, il en est de même de la forme particulière ou dominante que prend le travail national. […] Ce n’est pas le moment de détailler les caractères bons et mauvais que la littérature de notre siècle a pu devoir à ce déplacement d’influence ; mais on peut être sûr qu’ils ont été nombreux et importants. […] Cette théorie, qui consiste à donner la première place aux facteurs économiques dans l’évolution humaine, serait fort insuffisante à expliquer en totalité l’évolution littéraire ; mais elle appelle l’attention sur quelques-unes des causes les plus profondes dont la littérature subit l’influence et je n’ai pas craint d’insister sur les rapports étroits qui existent entre des phénomènes qu’on néglige trop souvent de rapprocher les uns des autres.

845. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Par l’intermédiaire des insectes, les différents individus de la même variété hybride peuvent alors croiser librement, de manière à prévenir l’influence nuisible des croisements entre proches. […] Mais un hybride ne participe qu’à moitié de la nature et de la constitution de sa mère ; par conséquent, avant de naître, c’est-à-dire aussi longtemps qu’il est nourri dans la matrice, dans la graine, ou qu’il demeure dans l’œuf produit par sa mère, il peut être placé sous des conditions de vie nuisibles, et conséquemment exposé à périr à l’état d’embryon, et d’autant que plus un être vivant est jeune, plus en général il paraît sensible à l’influence des conditions de vie défavorables ou contre nature. […] Rien ne confirme mieux ce que j’ai déjà dit sur les causes ordinaires de la variabilité, qui provient, selon moi, des altérations dont le système reproducteur est éminemment passible sous l’influence des moindres changements dans les conditions de vie, au point de devenir ou complétement impuissant, ou du moins incapable de remplir ses fonctions d’une manière normale et de produire une postérité identique à la forme mère.

846. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Au sein de cette nature qui l’enveloppe et le pénètre de ses influences, comment l’homme peut-il être assuré de son autonomie ? […] Chacun sait ce que c’est que l’influence, l’inspiration d’un homme vis-à-vis d’un autre ; chacun sait également ce que c’est que l’influence, l’impression de la nature sur un être humain.

847. (1884) La légende du Parnasse contemporain

On ne sait pas assez quelle influence désastreuse sur la destinée d’un homme de lettres et sur l’opinion de ses contemporains peut avoir sa chevelure ! […] De là cette influence toujours continuée sur les esprits environnants. […] Et si vous n’ajoutez point foi à leur rêverie, vous subirez l’influence pourtant de tout ce que leur rêverie contiendra de bon, de noble, de pur. […] Et si visible qu’y fût l’influence de Charles Baudelaire, on était bien forcé d’y reconnaître aussi une saveur perverse, très personnelle. […] Cependant, — la question ne manque pas d’importance, — quelle sera l’influence sur l’avenir de cette Renaissance poétique ?

848. (1887) George Sand

Je prends les années déjà lointaines de 1846 et 1847, parce qu’elles marquent l’apogée d’influence et de gloire où s’éleva le nom de George Sand, une gloire formée dans la tempête. […] Que d’influences contradictoires s’étaient croisées et mêlées en elle ! […] George Sand resta toute sa vie dans une dépendance assez étroite des influences qui pesèrent sur son berceau. […] Sous l’influence de Pierre Leroux, il semble bien qu’il soit devenu le commencement et le terme du circulus universel. […] auprès du prince Louis-Napoléon lui-même, d’abord président, puis empereur, qui lui accordait un crédit presque illimité d’influence.

849. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Mais c’est encore sous l’influence d’idées préconçues, et pour satisfaire aux exigences d’une théorie, qu’on parle d’habitudes héréditaires et surtout qu’on croit la transmission assez régulière pour opérer une transformation. […] L’influence exercée ne serait d’ailleurs pas grande, si l’idée d’âme ne venait rejoindre l’idée d’esprit. […] De leur côté, les âmes détachées des corps seraient sans influence sur les phénomènes naturels si elles n’étaient du même genre que les esprits, et plus ou moins capables de prendre place parmi eux. […] Que d’ailleurs il ait tout de suite pratiqué la magie, on le comprend aisément : tout de suite il a reconnu que la limite de son influence normale sur le monde extérieur était vite atteinte, et il ne se résignait pas à ne pas aller plus loin. […] D’après les poètes védiques, leurs diverses zones d’influence sont le ciel, la terre, et l’atmosphère intermédiaire.

850. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Telle est pour Damiron, toute l’influence du langage sur la pensée. […] De même, il exagère, avec Condillac, l’influence de la parole sur la mémoire ; il la dit une fois nécessaire pour l’exercice de la mémoire active 84 ; puis, revenant sur cette question, il ne parle plus que de sa très grande utilité pour la mémoire tant active que passive85 [ch. […] II, p. 82, notes), il indique l’influence des mœurs, c’est-à-dire des caractères, sur la rudesse ou la douceur des mots ; dans les Réponses a quelques objections, p. 233, il aperçoit la fécondité de l’association des idées. […] Cf. le Mémoire sur l’habitude (1802) [Le titre précis de l’ouvrage de Maine de Biran est Influence de l’habitude sur la faculté de penser (1802).], p. 39 (Œuvres philosophiques, éd. […] Quant à la philosophie, il publie en 1800 à Paris Des signes envisagés relativement à leur influence sur la formation des idées, et à Genève en 1804, les deux volumes d’Essais de philosophie qui sont cités par Egger, et où il adopte en partie les idées de l’école écossaise.

851. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Nous verrons qu’il les a dépassées aussi, et que si, rien que par elles, il est déjà l’initiateur de l’art moderne, par le tour de son génie et l’influence qu’il a exercée sur les imaginations, il a ouvert plus de chemins encore, et encore agrandi l’empire de l’art. […] Comme critique, comme moraliste et comme croyant, il a écrit le Génie du Christianisme, dont l’influence devait être si grande ; comme artiste, il l’a dépassé, créant un art et exerçant une influence plus grands encore. […] Son influence sur les mœurs a été considérable, à ce point qu’il les a touchés en leur source, au fond de l’âme. […] A cette date Moïse, Eloa, la Neige, le Cor sont de véritables révélations, et l’influence en a été très grande sur les générations qui ont suivi. […] Cette opinion d’Hugo n’a pas laissé d’avoir quelque influence sur ses œuvres, surtout les dernières.

852. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Il était digne de l’homme qui nous a peint en traits admirables Condé et Corneille, Descartes et Pascal, l’héroïsme militaire et l’héroïsme intellectuel, de faire justice de ces ridicules fadeurs, et de nous montrer que c’est en échappant à leur influence que les grands hommes de cette époque ont conservé intacts leur génie et leur gloire. […] — ont une influence plus immédiate, une gloire plus prompte, un rôle plus décisif. […] Sans doute, Abailard, tel qu’ils nous le donnent dans leur belle esquisse, nous intéresse comme une victime d’autorités ombrageuses et de persécutions jalouses ; mais on sent qu’il n’a été dans son siècle qu’une superfétation brillante, un éloquent anachronisme, condamné d’avance dans son influence directe sur ses contemporains, et destiné à expier l’inexcusable tort de raisonner trop tôt. […] Un sentiment excessif, obstiné, du pouvoir des doctrines dans le gouvernement du monde, du côté métaphysique de la politique, et de ce que peuvent y ajouter de force et d’influence les talents et les caractères individuels, n’est-ce pas là le vague penchant, la secrète faiblesse de cette école d’où est sorti M.  […] À cette phase de renouvellement général, de floraison printanière, éclose sous les douces influences d’un régime admirablement favorable au développement de la pensée, il fallait, quoi ?

853. (1902) La poésie nouvelle

Et, dans le Forgeron, on sent l’influence un peu trop proche de tel poème de la Légende des siècles où sont vilipendés des rois par des manants. […] Il est vrai ; et si l’on considère l’histoire de la langue, on s’aperçoit que l’initiative individuelle, volontaire et raisonnée, y a plus d’influence qu’on ne le supposerait tout d’abord. […] Il s’effraye de l’influence des littératures étrangères sur notre génie propre, — influence qui s’est développée chez nous sous la forme principalement du pessimisme. […] L’inspiration ne s’en est pas modifiée capricieusement au gré d’influences fortuites ou de circonstances extérieures ; mais elle s’est renouvelée d’elle-même dans sa hautaine et somptueuse indépendance.‌ […] L’œuvre est dédiée à André Chénier ; elle pourrait l’être aussi à José-Maria de Hérédia, dont l’influence ici n’est pas contestable.

854. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Il ne pense pas à distinguer entre les sciences et les arts, dont il semble pourtant que l’influence corruptrice ne saurait être tout à fait la même. […] Que ce livre ait eu un tel retentissement et une telle influence, voilà une des plus fortes démonstrations qu’on ait vues de la bêtise humaine. […] Et il attend que, sous l’influence de ce mauvais chien de Grimm, madame d’Épinay, qui est déjà à Genève, lui signifie son congé. […] Et il devait nécessairement concevoir l’éducation comme l’art de respecter chez l’enfant la nature, de la laisser se développer à l’aise, en se contentant de la défendre contre la pernicieuse influence des conventions sociales. […] Donc, l’enfant ainsi isolé, il s’agit de laisser la nature agir sur lui, et seulement d’en protéger le développement contre les influences funestes.

855. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Car l’opinion du confrère « influence » toujours comme on dit maintenant, en un sens ou en un autre. […] Il faut craindre ces influences en sens contraires, également intimidantes et également destructives de tout jugement personnel, réfléchi et cohérent. […] Mon frère, disais-tu, De ce sort qui nous nuit conjurons l’influence. […] Corneille a cédé à l’influence de l’abbé d’Aubignac et de Chapelain à partir du Cid, et obéi à ces fameuses règles, dont auparavant il ne connaissait même pas l’existence. […] L’influence de Béranger est très sensible dans cette œuvre.

856. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

L’influence anglaise a été dix fois plus forte sur le romantisme français que l’influence allemande. […] Chateaubriand n’a eu aucune influence sur Musset. […] Musset est le seul romantique français sur qui Chateaubriand n’ait pas eu d’influence. […] Évidemment, les Burgraves ont eu leur influence subconsciente sur le travail de M.  […] Immense influence du public !

857. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Il est présent partout où son influence se fait sentir. […] A cette absence d’ordre le réaliste et l’idéaliste croient penser l’un et l’autre, le réaliste quand il parle de la réglementation que les lois « objectives » imposent effectivement à un désordre possible de la nature, l’idéaliste quand il suppose une « diversité sensible » qui se coordonnerait — étant par conséquent sans ordre — sous l’influence organisatrice de notre entendement. […] Nous avons vu plus haut ce qu’il faut penser de cette dernière thèse, et combien il est difficile de la concilier avec l’idée d’une influence réciproque de toutes les parties de la matière les unes sur les autres, influence à laquelle on prétend justement ici faire appel. […] Et si c’est une science profonde qui est à l’œuvre, comment comprendre l’influence exercée sur la Matière sans forme par cette forme sans matière ? […] N’apercevant, dans un organisme, que des parties extérieures à des parties, l’entendement n’a le choix qu’entre deux systèmes d’explication : on tenir l’organisation infiniment compliquée (et, par là, infiniment savante) pour un assemblage fortuit, ou la rapporter à l’influence incompréhensible d’une force extérieure qui en aurait groupé, les éléments.

858. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Bernis arrivé à Rome en mars 1769, et entré au conclave qui était ouvert depuis un mois, n’y eut point d’abord l’influence capitale qu’on suppose, et dont on l’a plus d’une fois félicité. […] Bernis qui, plein d’autorité, cette fois, et d’influence au sein du conclave, contribua pour sa bonne part à ménager l’élection du nouveau pape Pie VI (février 1775), obtint également son amitié et avec un degré de plus de confiance.

859. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

L’objet de M. de Meilhan est de présenter un tableau général exact du gouvernement de la France et de la société avant la Révolution, et de montrer qu’il n’y avait pas lieu ni motif à la révolte, qu’il y aurait eu moyen de la conjurer si on l’avait su craindre, et que lorsque la crainte est venue après l’extrême confiance, elle a, par son excès même, paralysé les moyens : « La légèreté d’esprit dans les classes supérieures a commencé la Révolution, la faiblesse du gouvernement l’a laissée faire des progrès, et la terreur a consommé l’ouvrage. » La description que donne l’auteur de l’ancien gouvernement de la France, de cette Constitution non écrite, éparse et flottante, mais réelle toutefois, est des plus fidèles ; il fait parfaitement sentir en quoi la France d’avant 89 ne pouvait nullement être considérée comme, un État despotique proprement dit ; il parle du roi et de la reine, du clergé, de la noblesse, du tiers état et du rapprochement des diverses conditions, des parlements, du mécanisme de l’administration, des lettres de cachet, de la dette, de l’influence des gens de lettres sous Louis XVI, avec une justesse et une précision qui me font considérer cet ouvrage comme la meilleure production de M. de Meilhan, après ses Considérations sur l’esprit et les mœurs, et comme pouvant se joindre à titre de supplément utile à l’Abrégé chronologique du président Hénault. […] M. de Meilhan montre très bien ce duel engagé entre un monarque armé, qui se tient sur la défensive, et des agresseurs à outrance, pour qui tous les moyens sont bons : « Dans cette lutte sanglante de la royauté et de la démocratie, on croit voir, dit-il ingénieusement, deux combattants, dont l’un, bien supérieur en force, se contente de parer, et ménageant sans cesse la vie de son adversaire, finit par tomber sous les coups qu’il aurait pu prévenir. » Revenant sur sa distinction entre ce qui a été véritablement principe, cause, ou occasion, M. de Meilhan (et ceci est chez lui une vue originale) insiste sur cette idée favorite, qu’on a exagéré l’influence directe des écrivains sur la Révolution française.

860. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Voici un homme des plus singuliers dans la littérature et la philosophie du xviiie  siècle ; il a publié ses ouvrages sans nom d’auteur ou sous le seul titre de Philosophe inconnu, d’Amateur des choses sacrées ; ses livres ont été peu lus, mais sa personne et sa parole ont été fort goûtées de quelques-uns ; il a eu son influence vers la fin : pour nous aujourd’hui il a surtout une signification de contraste, d’opposition, de protestation dans le courant d’idées alors régnantes. […] Le maréchal de Richelieu, la marquise de Coislin, le duc de Bouillon, la duchesse de Bourbon, le duc d’Orléans (Égalité), quantité de princes russes, tout ce monde aristocratique aimait à connaître, à rencontrer M. de Saint-Martin, homme de qualité, ancien militaire et, vers la fin, chevalier de Saint-Louis, très protégé des Montbarrey ; et Saint-Martin, doux, poli, curieux, naïf, toujours digne pourtant, s’y prêtait, sans s’exagérer auprès d’eux son genre d’action et d’influence : « J’abhorre l’esprit du monde, disait-il, et cependant j’aime le monde et la société ; voilà où les trois quarts et demi de mes juges se sont trompés. » Il y a un très joli mot de lui sur les gens du monde qu’il faut prendre au vol pour les convertir : Les gens des grandes villes et surtout des villes de plaisir et de frivolité comme Paris, sont des êtres qu’il faudrait en quelque sorte tirer à la volée, si l’on voulait les atteindre.

861. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Cette première accointance avec Danton, si singulière qu’elle puisse paraître à distance et au point de vue définitif des deux personnages, eut de l’influence sur M.  […] Dans la Chambre de 1815, un tel homme, l’homme du bon conseil, ne put manquer d’exercer, au sein de la minorité dont il faisait le lien, une influence des plus actives et des plus heureuses, et celle qui parut publiquement n’est que la moindre ; mais dans ces conférences de chaque jour où les chefs de la minorité discutaient les plans de défense, se distribuaient entre eux les rôles et se concertaient sous main avec quelques membres du Cabinet, que de bons et prudents avis, que de moyens ingénieux de tourner les difficultés, que de biais adroitement ménagés, il dut trouver et faire prévaloir !

862. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

La justesse de son esprit lui faisait apercevoir tout ce qu’exigeait sa position ; mais la faiblesse de son caractère ne lui permettait aucune mesure forte et décisive ; et la reine entretenait son indécision par l’exagération de ses espérances dans l’influence et les plans de l’empereur son frère et du roi de Prusse, quoique Louis xvi eût de l’inquiétude sur le résultat de leur intervention et beaucoup de répugnance à mêler les étrangers aux affaires de la France. […] Je ne crois pas que la meilleure manière de servir la mémoire de Malouet soit d’exagérer ses mérites ni d’amplifier son influence, et encore moins de chercher auprès de lui une occasion banale de déclamer contre la Révolution ; mais il manquerait quelque chose à la connaissance de ces temps orageux, si on ne l’écoutait et si l’on ne tenait grand compte de son témoignage.

863. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

. — Importance d’action et d’influence par ses écrits […] De même pour les mouvements du maréchal Ney dans la seconde quinzaine de mai 1813, dans les jours qui précédèrent la bataille de Bautzen, le colonel Lecomte, en discutant la Correspondance impériale, y signale des lacunes et s’attache à montrer d’ailleurs que, même avec les éléments qu’on a, il y a tout à fait lieu et moyen d’attribuer à l’influence directe de Jomini le changement de résolution qui détourna le maréchal Ney de faire front vers Berlin pour se rabattre sur Bautzen.

864. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Son génie préexistait à toute influence lointaine. […] En faisant ici la part de ce qu’il y a de spontané et d’évolutif dans ce progrès du talent, nous croyons qu’il nous est permis de noter une influence heureuse du dehors.

865. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

L’état général de la littérature au moment où un nouvel auteur y débute, l’éducation particulière qu’a reçue cet auteur, et le génie propre que lui a départi la nature, voilà trois influences qu’il importe de démêler dans son premier chef-d’œuvre pour faire à chacune sa part, et déterminer nettement ce qui revient de droit au pur génie. […] Ajoutez à ces imperfections naturelles l’influence d’une poétique superficielle et méticuleuse, dont Corneille s’inquiétait outre mesure, et vous aurez le secret de tout ce qu’il y a de louche, d’indécis et d’incomplètement calculé dans l’ordonnance de ses tragédies.

866. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Les événements de 1815 surtout, et le rôle qu’y prit Mme de Krüdner par son influence sur l’empereur Alexandre, sont présentés sous un jour intéressant, dans un détail positif et neuf, emprunté aux meilleures sources. […] Du moment surtout qu’elle eut découvert en elle cette faculté merveilleuse de prédication qui pouvait lui rendre l’action et l’influence, tout fut dit, elle eut un débouché pour son âme et pour son talent ; sa vocation nouvelle fut trouvée.

867. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

On s’inquiétait de l’influence qu’il exerçait, non plus comme maître, mais comme ami, sur son élève. […] Pour s’assurer éventuellement une prolongation d’influence, elle voulait acheter la reconnaissance du successeur.

868. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Une seule branche de Renart est provenue directement de ce fonds classique et clérical, qui pourtant n’a pas laissé d’exercer une réelle influence sur la formation de certaines parties du roman. […] Il fut remplacé, après un intervalle, par les nouvelles en prose : l’inutilité des vers, du moment qu’on lisait, et l’influence des nouvellistes italiens décidèrent au xve  siècle l’emploi de la prose dans les contes de ce genre.

869. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Elles subissent profondément les influences de la température : elles s’abandonnent plus volontiers les jours d’orage. […] Octave Feuillet avance dans son œuvre, on dirait que, subissant indirectement, malgré lui et comme par contre-coup, l’influence de l’école naturaliste, il a été pris d’un besoin croissant d’être vrai (ce qui est bien), de frapper fort (ce qui est moins heureux), et aussi, par un mouvement contraire et en manière de protestation, d’un besoin d’être moral (ce qui lui a moins réussi).

870. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

A peine né, son père l’enlève à sa mère, craignant pour lui l’air de Paris et plus tard « l’influence de ces femmes élégantes dont Madame la Princesse était toujours entourée », et l’envoie au château de Montrond, en Berry, sous la garde de mercenaires. […] Il fait l’histoire non pas, comme le politique ou l’écrivain, par des préparations et influences éloignées ; il fait l’histoire directement, sur place ; il y met la main, sans métaphore.

871. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Le Roy n’est pas seulement nominaliste ; elle a encore un autre caractère qu’elle doit sans doute à l’influence de M.  […] Je suppose que des êtres soient sensibles à l’influence de ce fluide et insensibles à celle de notre matière.

872. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Il est visible que la France, qui chasse les protestants, qui combat l’Europe coalisée, resserre ainsi son unité et cherche à se soustraire de plus en plus à l’influence du dehors, mais qu’elle va la ressentir par l’intermédiaire même de ces Français qu’elle a violemment déracinés. […] On peut commencer par passer rapidement en revue tout ce qui environne la littérature, les milieux divers où elle se développe, les influences qui agissent sur elle du fond des pays étrangers ou des siècles passés, la condition faite alors aux écrivains.

873. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Il croit à son influence connue à une sorcellerie malfaisante. […] C’est étrangement surfaire l’industrie de ces paperasses que de leur prêter une pareille influence.

874. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Quant à sa fille, bien que Mme Necker l’admirât, elle l’eût voulue certainement tout autre, et il serait difficile de suivre en elle l’influence de sa mère. Mais cette influence serait plus aisée à retrouver en d’autres membres de leur descendance, et la forme d’esprit de Mme Necker, adoucie, assouplie après la première génération, a dû entrer pour beaucoup dans le tour d’idées si élevé et dans le fonds moral, toujours éminent, d’une famille illustre31.

875. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Ces qualités qui tiennent à la personne physique ont beaucoup plus d’influence au moral qu’on ne l’imagine. […] Sous ces influences combinées, La Harpe s’était mis à lire pour la première fois les livres saints, les Psaumes, l’Imitation de Jésus-Christ, lorsqu’il reçut la secousse intérieure décisive dont il a rendu compte en ces termes : J’étais dans ma prison, seul dans une petite chambre et profondément triste.

876. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

L’abbé Pierre est le fils d’un savant irréligieux et d’une mère croyante, dont les influences contraires vont, surtout après Ieur mort, se disputer sa vie. […] L’influence du prêtre sur notre époque, bien que fort restreinte, n’en est pas moins néfaste.

877. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Imprégnant de son influence les images qui occupent à ce moment le champ visuel, la sensation tactile pourra en modifier la forme et la signification. […] Je crois, en effet, que lorsque l’esprit crée, lorsqu’il donne l’effort que réclame la composition d’une œuvre ou la solution d’un problème, il n’y a pas sommeil ; — du moins la partie de l’esprit qui travaille n’est-elle pas la même que celle qui rêve ; celle-là poursuit, dans le subconscient, une recherche qui reste sans influence sur le rêve et qui ne se manifeste qu’au réveil.

878. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Leroux, sur l’influence philosophique des études orientales ; ce sont des pages, sinon vraies de tout point, du moins d’une verve hardie et d’un remarquable éclat littéraire.

879. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

L’importance des devoirs est bien mieux classée chez les modernes ; les relations avec ses semblables y tiennent le premier rang ; ce qui nous concerne nous-mêmes mérite surtout d’être considéré, relativement à l’influence que nous pouvons avoir sur la destinée des autres.

880. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Depuis, les assauts qu’a subis la religion ayant tourné vers les dogmes et les pratiques l’attention de l’âme croyante, l’influence qu’a exercée malgré tout sur elle la philosophie, ayant fait passer au premier rang l’exercice des vertus bienfaisantes et la poursuite du bien extérieur, la dévotion n’est plus aussi fréquemment qu’autrefois accompagnée d’un progrès intellectuel.

881. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Cependant une grande œuvre seule doit nous arrêter, hors de toute proportion avec les autres et par son mérite et par son influence : c’est le Plutarque d’Amyot.

882. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Voici un des plus beaux cas de l’influence de l’individu dans l’évolution littéraire.

883. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Ils se trouvaient ensemble dans les résidences royales, participaient souvent aux mêmes fêtes, aux mêmes spectacles ; ils assistaient à de communs repas : « Molière, dit Palaprat, vivait dans une étroite familiarité avec les Italiens, parce qu’ils étaient bons acteurs et fort honnêtes gens. » On s’explique parfaitement l’influence qu’un de ces théâtres eut sur l’autre.

884. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

« Les fonctions du cerveau, dit Cuvier, supposent l’influence mutuelle, à jamais incompréhensible, de la matière divisible et du moi indivisible, hiatus infranchissable dans le système de nos idées et pierre éternelle d’achoppement dans toutes les philosophies.

885. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Elle pense que la crainte des peines à venir a beaucoup d’influence sur les actions des hommes, et que la méchanceté que la vue du gibet n’arrête pas, peut être retenue par la crainte d’un châtiment éloigné.

886. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Le reste s’est perdu de débauche par l’imitation et l’influence du libertinage des grands.

887. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment » pp. 341-353

Comme nous reprochons aujourd’hui aux anciens d’avoir cru l’horreur du vuide et l’influence des astres, nos petits neveux nous reprocheront un jour de semblables erreurs, que le raisonnement entreprendroit en vain de démêler, mais que l’expérience et le temps sçauront bien mettre en évidence.

888. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Croire que la contemplation des choses naturelles, que la solitude dans les bois ou sur les rivages a cette puissance de retremper la volonté, viciée en son principe, dans l’homme, et de le rendre un être moral plus fort et plus profond qu’avant de se promener sur ce rivage et dans ces bois, s’imaginer qu’on devient vertueux par l’influence du paysage, c’est la rêverie et l’illusion de quelqu’un qui aime mieux la nature qu’il ne comprend l’humanité.

889. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Il a de la grâce comme nous en avons en France, quand nous en avons, C’est dans un verre mousseline qu’il boit la neige rose de ses glaciers maternels, dorés par l’Aurore, et si quelque chose se mêle à ces primitives et simples saveurs, c’est une goutte, une innocente goutte de vin du Rhin, une influence de ce père des choses rêveuses et naïves ; car Topffer est aussi Allemand que Français.

890. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Malgré ces quelques livres cependant, auxquels la Critique d’un journal, qui s’écrit toujours un peu debout, devait de s’asseoir pour en parler plus à l’aise, comme dit Montesquieu d’Alexandre, malgré ces productions trop clairsemées et plus distinguées que les autres, tous ceux qui suivent le mouvement littéraire contemporain ont pu s’assurer que la littérature n’a point encore reçu des événements politiques qui ont changé la face de notre pays, et l’ont pénétré de meilleures influences, ce qu’ils se permettaient d’espérer.

891. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Belmontet en a ressenti l’influence.

892. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Celles que nous allons remuer n’ont pas reçu encore cette influence des années, qui, comme un lent soleil, peut seule les mûrir. […] La censure, la force qui préside au refoulement, ce sont en partie des apports extérieurs ; elles sont créées principalement par l’éducation ; elles représentent l’influence de la Société sur l’individu. […] Mais il n’avait été informé de l’un comme de l’autre que tout récemment, et je peux affirmer qu’aucune influence n’en était résultée sur son œuvre. […] Eh bien, plus généralement, dans toute sa conception psychologique il y a une tendance à considérer comme séparés absolument, comme sans influence les uns sur les autres, tous les objets que son intelligence peut distinguer. […] Je compris tout de suite que c’était la grande œuvre de notre époque et que son influence, son succès allaient être immenses.

893. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« J’examinerai d’abord les rapports que les lois ont avec la nature et avec le principe de chaque gouvernement ; et, comme ce principe a sur les lois une suprême influence, je m’attacherai à le bien connaître ; et si je puis une fois l’établir on en verra couler les lois comme de leur source. […] XXI Ce qu’il dit de l’influence du terrain sur la population n’est pas moins démenti par les faits. […] Les influences des lois et leurs causes sont dans les mœurs, dans les habitudes, dans les territoires, dans les terres, dans les mers, dans les circonstances, dans les religions, dans les ambitions, dans les grands hommes des peuples qui les communiquent à leurs nationaux et à leur temps.

/ 1800