Henri Heine, que, pour mon compte j’aime infiniment, quoique ce phalène des clairs de lune de l’Allemagne soit tombé et ait embarbouillé ses ailes de gaze dans la crème fouettée de Voltaire, ce fouetteur ; Henri Heine, comme les gens d’esprit, les génies et les jolies femmes n’y manquent jamais, a tourné toutes les têtes jeunes qui se croient de l’humour parce qu’elles n’ont ni raison ni suite dans les idées, mais, à la place, beaucoup de fumée de cigare sur la netteté de leur esprit. […] La Bruyère l’a fasciné, La Bruyère, cet opulent misanthrope, sans violence et sans brusquerie, poli et méprisant, triste au fond comme Chateaubriand, et qui a les mêmes raisons de l’être ; La Bruyère, qui sait le néant de la vie, mais qui, comme les gens du xviie siècle qui n’étaient pas de Port-Royal comme Pascal, avait trop de convenance mondaine pour montrer sa tristesse, cette coquetterie des temps égoïstes et débraillés ; La Bruyère est une terrible menace pour l’originalité de l’homme qui l’admire.
Ces gens-là voudraient qu’on ne louât rien, et ils ont leurs raisons. […] Je ne puis finir cet article sur les éloges des gens de lettres et des savants, sans parler encore d’un ouvrage de ce genre, qui porte à la fois l’empreinte d’une imagination forte et d’un cœur sensible ; ouvrage plein de chaleur et de désordre, d’enthousiasme et d’idées, qui tantôt respire une mélancolie tendre, et tantôt un sentiment énergique et profond ; ouvrage qui doit révolter certaines âmes et en passionner d’autres, et qui ne peut être médiocrement ni critiqué ni senti : c’est l’éloge de Richardson, ou plutôt, ce n’est point un éloge, c’est un hymne.
Mais un est si à bout des beaux vers qu’il est plus que possible que ce recueil n’aura qu’un succès limité entre artistes et gens du métier. — Décidément l’École finit ; il faut en percer d’une autre : le public ne se réveillera qu’à quelque nouveauté bien imprévue.
. — Les Braves Gens, avec Paul Margueritte (1901).
Chapelle répondit à l’Auteur, qui lui en avoit envoyé un exemplaire, par un Rondeau qu’il finit ainsi : De ces Rondeaux un Livre tout nouveau A bien des gens n’a pas eu l’art de plaire ; Mais quant à moi, je trouve tout fort beau, Papier, dorure, image, caractere, Hormis les vers, qu’il falloit laisser faire A la Fontaine.
Et les ordres du Gouvernement, qui ont défendu l’impression de cette Tragédie, n’ont fait que lui épargner une seconde chute, déjà décidée par la réprobation des Gens de goût.
Celui-ci est plus connu dans la Littérature, & a acquis plus de droit sur la reconnoissance des Gens de Lettres, pour avoir professé avec distinction les Humanités pendant plus d’un demi-siecle.
Il est du nombre des Gens de Lettres estimables, qui ne sont pas de l’Académie Françoise, & qui ne seroient jugés que plus dignes d’en être, par le suffrage du Public, si les vrais talens étoient toujours des titres pour y parvenir.
En offrant aux Curieux & aux honnêtes Gens les monumens du zele & des lumieres consignées dans ces Lettres écrites par des Missionnaires de presque toutes les parties du Monde, on peut dire qu’il a fourni à la piété de quoi la consoler & l’instruire, & aux Sciences tout ce qui peut les éclaiter & les étendre.
Il est fait pour tourner la tête à deux sortes de gens ; son élégance, sa mignardise, sa galanterie romanesque, sa coquetterie, son goût, sa facilité, sa variété, son éclat, ses carnations fardées ; sa débauche, doivent captiver les petits-maîtres, les petites femmes, les jeunes gens, les gens du monde, la foule de ceux qui sont étrangers au vrai goût, à la vérité, aux idées justes, à la sévérité de l’art ; comment résisteraient-ils au saillant, au libertinage, à l’éclat, aux pompons, aux tétons, aux fesses, à l’épigramme de Boucher.
Ferme, appuyez, messieurs les gens de goût. […] Le dénouement. — C’est à tort qu’on le blâme ; il ne tombe pas des nues avec l’exempt ; il n’est pas amené par l’envie de faire l’éloge du roi, comme l’ont prétendu les ennemis de Molière, et comme le répètent les gens superficiels. […] Je le répète, les ennemis de Molière et les gens superficiels peuvent seuls blâmer ces deux motifs, puisque l’exempt et l’éloge du roi n’enlèvent pas au dénouement une seule des qualités prescrites par l’art. […] À ce triomphe remporté par Molière sur les gens d’épée devait en succéder un autre bien plus difficile et bien plus flatteur ; il triompha de la fausse dévotion, de la crédulité et de la politique. […] La multitude rit à la vérité, mais les gens de goût haussent les épaules.
Le jour où Louis XIV donna des pensions aux gens de lettres, au nom de l’Etat, il les mit hors de servitude. […] Louis XIV, en pensionnant les gens de lettres sur sa cassette, les enleva à la clientèle des nobles. […] Il ne rendait les gens ridicules que par la comparaison qu’on faisait d’eux avec ce type de décence, de noblesse et de naturel, qui se personnifiait en lui. […] Louis XIV fixa la condition des gens de lettres : il les honora dans sa faveur, il les respecta dans ses bienfaits. […] Louis XIV eut-il du poète l’idée que s’en font aujourd’hui tous les gens de goût, et l’estima-t-il jamais à son prix ?
. — Et tous ces gens-là, qui prennent le frais, à la chute du jour, ce sont nos joueurs, nos joueuses, nos politiques et nos galans. […] Plus loin des gens de mer occupés à charger ou décharger une nacelle ; dans le lointain, sur les eaux, un vaisseau à la voile ; fort au-delà, des montagnes vaporeuses et très-éloignées. […] Au loin, des pêcheurs et des gens de mer étaient diversement occupés. […] Un certain abbé De Maginville, qui dépensait fort bien vingt louis à nous donner un excellent dîner, nous volait au jeu un petit écu, qu’il abandonnait le soir à ses gens. […] Il n’y a plus moyen de faire des contes à nos gens.
Au fond les gens sages du clergé en passeront par ce Rapport et seront trop heureux si les conclusions en sont adoptées.
Si, ne consultant qu’une juste défiance de ses forces, l’auteur eût entouré ses observations de l’appareil inattaquable de ces formes dubitatives et élégantes, qui conviennent si bien à tout homme qui a le malheur de ne pas admirer tout ce qu’admirent les gens en possession de l’opinion publique, sans doute alors les intérêts de sa modestie eussent été parfaitement à couvert, mais il eût parlé bien plus longtemps, et par le temps qui court, il faut se presser, surtout lorsqu’il s’agit de bagatelles littéraires.
Tel est du moins le jugement qu’ont porté de cet Orateur les gens de goût & impartiaux, qui l’ont lu ou entendu.
La Déification d'Aristarchus Masso est un Ouvrage d'imagination ; c'est une fiction inventée pour représenter les défauts auxquels des Gens de Lettres se laissent aller.
Huet est assez formel à ce sujet dans ses Origines de Caën ; il l’est plus encore dans son Commentaire latin sur lui-même : « Des gens mal informés, y dit-il, ont pris pour une injure que j’aurois voulu causer à la renommée de Segrais ce que j’ai écrit dans les Origines de Caën ; mais je puis attester le fait sur la foi de mes propres yeux et d’après nombre de lettres de Mme de La Fayette elle-même ; car elle m’envoyoit chaque partie de cet ouvrage successivement, au fur et à mesure de la composition, et me les faisoit lire et revoir. » Enfin Mme de La Fayette disait souvent à Huet, qui avait mis en tête de Zayde son traité de l’Origine des Romans : « Savez-vous que nous avons marié nos enfants ensemble ? […] Je hais comme la mort que les gens de son âge puissent croire que j’ai des galanteries. Il leur semble qu’on leur paroît cent ans dès qu’on est plus vieille qu’eux, et ils sont tout propres à s’étonner qu’il soit encore question des gens ; et de plus il croiroit plus aisément ce qu’on lui diroit de M. de La Rochefoucauld que d’un autre. […] Ce mot charmant de la lettre, et que devraient méditer toutes les amours un peu tardives : « Je hais comme la mort que les gens de son âge puissent croire que j’ai des galanteries, » répond exactement à cette pensée de la Princesse de Clèves : « Mme de Clèves, qui étoit dans cet âge où l’on ne croit pas qu’une femme puisse être aimée quand elle a passé vingt-cinq ans, regardoit avec un extrême étonnement l’attachement que le roi avoit pour cette duchesse (de Valentinois). » Cette idée-là, comme on voit, était familière à Mme de La Fayette. […] Bussy, qui, dans ses lettres à Mme de Sévigné, parle assez longuement de la Princesse de Clèves, ajoute avec cette incroyable fatuité qui gâtait tout : « Notre critique est de gens de qualité qui ont de l’esprit : celle qui est imprimée est plus exacte et plaisante en beaucoup d’endroits. » Pour venger Mme de La Fayette de quelques malignités de cet avantageux personnage, il suffit de citer de lui ce trait-là119.
Là, les gens à tempérament amoureux, hommes et femmes, les femmes attifées de leur mieux dans leurs capotes grises, les hommes au bonnet de coton, posé sur la tête d’un air conquérant, prenaient leur place sur le premier rang de chaises du passage, où se promenait un infirmier, choisissant le côté, où ils ou elles pouvaient montrer un profil moins endommagé — car il y avait parmi eux beaucoup de scrofuleux, très avancés — et ainsi placés, chacun et chacune tenaient son livre de messe, de façon à faire voir le numéro de son lit, qui est inscrit dessus. […] les gens qui m’ont vendu cela, si je ne leur avais pas acheté, une autre fois, peut-être ne m’auraient-ils rien apporté. » Mercredi 2 avril C’est vraiment curieux le sentiment de la destruction chez les enfants. […] Mardi 13 mai Dans une société, on reconnaît les gens bien élevés à une chose assez simple ; ils vous parlent de ce qui vous intéresse. […] Jeudi 22 mai Il y aurait à dénoncer une série de bonnes blagues, inventées par de prétendus émetteurs d’idées, et dans lesquelles, au bout de quelque temps, coupent les gens d’esprit ; ainsi la théorie que les eaux-fortes, pour l’illustration des livres, ne doivent pas avoir le caractère d’art qu’on leur demande, quand elles ne font pas partie d’un volume. […] les gens raisonnables peuvent me dire : « Vous n’aviez qu’à placer les 200 000 que depuis dix ans vous avez mis en bibelots… » Mais si j’avais été raisonnable à leur image, est-ce bien sûr que j’aurais eu le talent, qui me les a fait gagner.
Les œuvres des gens de « talent » seront depuis longtemps en poudre que celles des gens de la nature, des simples, des mauvais travailleurs, seront encore pleines de force et de jeunesse. […] Aussi les gens difficiles comme moi n’arrivent-ils jamais à s’y trouver bien. […] les pauvres gens ! […] Elle n’est douce qu’aux gens de bon sens et d’intelligence claire. […] Heureusement que tout cela passe, et que les gens de talent regardent passer et continuent leur chemin.
Voici cette anecdote, telle que la racontent encore, dit-on, les gens de Stratford et ceux de Bidford, village voisin, renommé, dès les siècles passés, pour l’excellence de sa bière, et aussi, ajoute-t-on, pour l’inextinguible soif de ses habitants. […] Chez les gens de moindre condition, les ménestrels mêmes ne pourront entrer s’ils ne sont appelés ; et ils devront se contenter alors de « manger et de boire, et de telle courtoisie » qu’il plaira au maître de la maison d’y ajouter. […] L’empire de la littérature classique, fondé en France avant l’établissement du théâtre, y fut l’œuvre des savants et des gens de lettres, armés et fiers de la possession exclusive d’une érudition étrangère qui les séparait de la nation. La cour de France se soumit aux gens de lettres, et la nation disséminée, indécise, dépourvue d’institutions qui pussent donner de l’autorité à ses habitudes et du crédit à ses goûts, se groupa, se forma, pour ainsi dire, autour de la cour. […] La passion du spectacle fournissait de l’emploi à des gens de tout étage, depuis ceux qu’on dressait aux combats de Tours jusqu’aux enfants de Saint-Paul et aux sociétaires de Black-Friars.
» Les gens s’étonnaient ou s’amusaient de ces sorties ; j’y vois des sanglots et des cris, les explosions de longues méditations impérieuses ou amères : ce sont les soubresauts d’une âme indomptée qui frémit, se cabre, brise les barrières, se blesse, écrase ou froisse ceux qu’elle rencontre ou qui veulent l’arrêter. […] D’autre part, les gens établis, prudents et craintifs, se défient ; comme ils se trouvent bien, ils trouvent que tout est bien, et demandent que les choses restent comme elles sont. […] Ces gens-là n’auront pas assez d’esprit pour suivre une belle déduction ou pour entendre un principe abstrait. […] L’auteur a l’air d’un drapier, et ils n’ont confiance qu’aux gens de leur état. […] Swift a éteint un incendie, je le veux, mais comme Gulliver à Lilliput : les gens sauvés par lui restent suffoqués de leur délivrance, et le critique a besoin de se boucher le nez pour admirer la juste application du liquide et l’énergie de l’instrument libérateur.
… « si l’on juge par l’issue, bien des gens trouvent qu’il n’avait pas tort. […] Est-ce qu’un général, un chef d’État tient compte des pauvres gens qu’il fait tuer ? […] L’idée du moyen âge, de gens priant pour ceux qui n’ont pas le temps de prier, est très vraie. […] Ces gens-là eussent dit à Colomb regardant l’horizon de la mer vers l’Occident : “Pauvre fou, tu vois bien qu’il n’y a rien au-delà.” […] La foule des simples gens devinera son ennemi avec un instinct profond.
Il faut le reconnaître, si l’on veut être juste envers cet auteur à l’endroit de qui bien des gens manquent à l’être. […] Il y a des gens délicats que cela offusque en tout état de cause. Il y en a d’autres que l’indiscrétion divertit, relative à quelqu’un qui les intéresse — et bien des gens ne s’intéressent pas à M. […] Nous autres, gens du métier (Écrits sur le théâtre, p. 47). […] « L’Époque est triste, mais les gens sont gais » (Primerose).
Quelques-unes de ces injures provenaient de gens si méprisables qu’il n’y avait pas lieu de les relever. […] Il est vrai que, depuis longtemps, le ridicule ne tue plus en France, sans quoi nombre de gens seraient morts qui se portent à merveille. — Mais M. […] Il n’y a que les gens de la Révélation pour accorder, a priori, et en toutes circonstances, la supériorité à l’homme. […] Les gens qui vendent de la patrioterie à un sou la tranche pousseront des glapissements aigus. […] Des gens se suicident, d’autres crèvent de faim, d’autres ont péri parmi les miasmes du Chagre… On inflige quelques mois de prison à l’aigrefin.
» Il faudrait maintenant parler de la littérature et des gens de lettres, mais cela nous mènerait trop loin et demande un article à part. […] Une partie de nos gens de lettres n’admire plus que les ouvrages étrangers, tandis que l’autre tient fortement à notre ancienne école. […] Les glaces, le manque de vivres, et le découragement de ses gens ne lui permirent pas de descendre jusqu’à la mer, dont il était sans doute peu éloigné. […] Examinons maintenant les reproches que l’on fait aux gens de lettres. […] Je termine ici cette apologie des gens de lettres.
L’auteur du poème fut maltraité par les tribunaux ; mais le jugement du public lettré ne se laissa pas égarer, et tous les gens qui, pour crier « bravo ! […] Richepin devait aller aux gens de mer pour une autre raison. […] Les braves gens ! […] Les gens enquête d’idées toutes faites et d’opinions toutes mâchées ont adopté sans discussion cette formule dédaigneuse. […] « Les gens des fermes se sont levés dès trois heures du matin.
. — Bêtes et gens de lettres (1895). — Avant la fin du jour, un acte (1895). — La Demande, un acte, en collaboration avec Jules Renard (1895). — Paris sur le Pont, revue tabarinique (1895). — Le Petit Champ, farce tabarinique en vers (1896). — Pantomime de poche, récit animé (1896). — Lucas s’en va-t-aux Indes, farce tabarinique en vers (1896). — Compliment de la Parisienne à François Coppée (1896). — Le Pont aux ânes, farce en un acte, en vers (1897). — Théâtre bref, en collaboration avec Émile Coden (1897-1898). — Paris sur la route, revue, en collaboration avec Lucien Métivet (1897). — On demande un jeune ménage, un acte, en collaboration avec Em.
. — Gens de mer (1897). — Morgane (1898). — La Payse (1898). — Le Bois dormant (1889-1899-1900).
Je recommande encore, avec une admiration toute particulière : le Sonnet prologue, les vers À Célimène, Un Soir, le délicieux rondel intitulé : Calme plat, Mythologie, où revivent les grandes déesses, Crépuscule, le Retour de Marielle, Vers le jardin, très délicates terzo-rimes, et des vers bien langoureux et bien tristes aussi, la Fleur de larmes et encore le Masque ; presque tout enfin… M. de La Villehervé est un noble poète à qui manquera peut-être un applaudissement bruyant de la foule, mais non pas certes l’estime et l’admiration des gens de goût.
Cet Historien , dit-il, est plus impartial & plus instruit que beaucoup de gens ne l’ont cru .
Nous avons eu ensuite les Tablettes de Marcel, qui sont inexactes & mal digérées, & celles de l’Abbé du Fresney, qui, quoiqu’elles laissent désirer quelque chose quant à la méthode sont d’un grand secours pour tous les gens de Lettres.
Mais est-ce que ces gens-là n’ont jamais comparé leurs ouvrages à ceux de Loutherbourg ou de Vernet ?
Cette critique est le fondement d’un nouveau système du droit des gens.
On peut aussi faire agir des gens qui ne connaissent pas l’atrocité de l’action qu’ils commettent, et qui viennent ensuite à reconnaître la liaison qui était entre eux et ceux sur qui ils se sont vengés, comme l’Œdipe de Sophocle. […] La curiosité n’a plus rien à faire avec des gens heureux ; elle les abandonne, à moins qu’elle n’ait lieu de prévoir qu’ils retomberont bientôt dans le malheur : alors ce contraste diversifie très agréablement le spectacle qu’on offre à l’esprit, et les passions qui agitent le cœur. […] Souvent il échappe aux gens du peuple des aveux naïfs dont l’effet est toujours sûr au théâtre : c’est le secret de Molière dans presque toutes ses pièces de comique bourgeois. […] Pour sentir le mérite de la première, il ne faut que des oreilles et du bon sens ; mais la comédie chantée paraît être faite pour l’élite des gens d’esprit et de goût. […] Si vous laissez prendre une fois à vos personnages le ton de la déclamation ordinaire, vous en faites des gens comme nous ; et je ne vois plus de raison pour les faire chanter, sans blesser le bon sens.
M. de Meilhan était un grand ambitieux, un ambitieux incomplet, puisqu’il était paresseux et sans esprit de suite ; mais, comme les gens de beaucoup d’esprit que l’ambition soulève, il voyait bien de loin, et sa pensée s’offre souvent avec des sillons rapides et dans un jour lumineux. […] L’objet de M. de Meilhan est de présenter un tableau général exact du gouvernement de la France et de la société avant la Révolution, et de montrer qu’il n’y avait pas lieu ni motif à la révolte, qu’il y aurait eu moyen de la conjurer si on l’avait su craindre, et que lorsque la crainte est venue après l’extrême confiance, elle a, par son excès même, paralysé les moyens : « La légèreté d’esprit dans les classes supérieures a commencé la Révolution, la faiblesse du gouvernement l’a laissée faire des progrès, et la terreur a consommé l’ouvrage. » La description que donne l’auteur de l’ancien gouvernement de la France, de cette Constitution non écrite, éparse et flottante, mais réelle toutefois, est des plus fidèles ; il fait parfaitement sentir en quoi la France d’avant 89 ne pouvait nullement être considérée comme, un État despotique proprement dit ; il parle du roi et de la reine, du clergé, de la noblesse, du tiers état et du rapprochement des diverses conditions, des parlements, du mécanisme de l’administration, des lettres de cachet, de la dette, de l’influence des gens de lettres sous Louis XVI, avec une justesse et une précision qui me font considérer cet ouvrage comme la meilleure production de M. de Meilhan, après ses Considérations sur l’esprit et les mœurs, et comme pouvant se joindre à titre de supplément utile à l’Abrégé chronologique du président Hénault. […] Il peut servir à représenter à nos yeux toute une classe et une race de gens du monde, de gens d’esprit et d’administrateurs distingués, qui existaient tout formés à la fin de l’Ancien Régime, qui succombèrent avec l’ordre de choses, et qui ont péri dans l’intervalle, avant que la société reconstituée pût leur rendre une situation ou même leur donner un asile.
Il nous faudrait des chefs qui nous éduquassent mieux, qui eussent donner l’essor à nos mouvements, qui laissassent aller nos saillies pour mettre les esprits dans l’habitude d’un mouvement noble et d’un feu qui les élèverait, et rétablirait le génie et le goût comme dans le beau siècle de Louis XIV, et peut-être mieux ; des chefs qui récompenseraient à propos et ne puniraient les Français que par la privation des grâces, seule façon de diriger les gens à talents. […] Il est vrai que c’est une folie, de là vient que les philosophes ne sont pas propres à la guerre, au lieu que les gens à passions y sont propres ; les jeunes gens, les sanguins, s’y dévouent légèrement et franchement, mais tout philosophe qui réfléchit mûrement trouve que le plus grand bien est de vivre, et le plus grand mal du monde est l’anéantissement ; car les gens à passions trouvent, disent-ils, la vie plus mêlée, de maux que de biens, au lieu que les philosophes trouvent le contraire et ont raison, la vie leur est délicieuse.
Ils se tromperont ; ce que je rapporte est très vrai : les gens honnêtes, les bons citoyens gémirent, en 1793, d’être forcés d’assister aux luttes de ces hommes de sang, qui, en nous déshonorant aux yeux des nations civilisées, finirent par mettre le comble à leurs forfaits en assassinant un prince vertueux, qui ne pouvait être accusé que d’une seule chose, de ne pas savoir défendre sa couronne, et de n’avoir pas assez de tête pour présider à la réforme d’un passé gros d’abus et de haines. […] À Nîmes, repoussé tout net par les gens aisés qui le mettent à la porte, il allait être réduit à passer la nuit à la mairie sur un lit de camp, lorsqu’une bonne femme, dont le fils unique était à l’armée, le retira chez elle : Nous étions, dit-il, aussi pauvres l’un que l’autre ; elle vivait de son travail, et je n’avais qu’une modique solde en assignats dont personne ne voulait plus. […] Après avoir reçu d’un épicier un verre d’eau, des gens du peuple (ils étaient restés Français), Parisiens du faubourg, enfoncèrent les portes d’un hôtel, m’introduisirent dans les salons de MM.
Aujourd’hui nous lui devons une traduction fort bonne des Entretiens de Gœthe et d’Eckermann mais cette traduction, qu’il avait faite au complet, a été abrégée, taillée, — mise en coupe comme une forêt trop épaisse, — par les éditeurs, gens d’esprit et avisés, qui ont dû se soucier avant tout du succès auprès des lecteurs, et du goût français si aisé à dégoûter. […] Il y a des gens qui ne sauraient parler de lui sans le faire quelque peu grotesque et ridicule ; il ne l’est pas. […] La maison, à l’étage inférieur, était animée par le mouvement des gens de service, et l’on sentait la présence d’une famille.
La confiance de M. de Choiseul est revenue ; ils ont parlé de leur ancien temps, ils ont ri ; et vous savez qu’ils sont tous deux de nature à aimer les choses et les gens qui les font rire : ainsi ils ont été parfaitement bien ensemble. […] » C’est ce qu’elle écrit dans les mauvais jours, quand elle se laisse aller à son humeur ; mais cependant elle est obligée de convenir que cette maréchale juge très-bien les gens, qu’ils sont démêlés et sentis par elle à souhait, qu’elle rend toute justice particulièrement au mérite de cette charmante duchesse de Choiseul. […] Mme Geoffrin, morte quelques années auparavant, avait été célébrée sur tous les tons par Thomas, l’abbé Morellet et tout le chœur des gens de lettres, ce qui faisait dire avec malignité à Mme du Deffand : « Tout cela, c’est bien du bruit pour une omelette au lard5. » Mme de Luxembourg, cette crème du bon ton, n’eut rien ; mais plus tard et dès qu’on fut rassis, on se ressouvint, et tous ceux dont le suffrage compte ont parlé.
Les deux ou trois plâtres antiques qu’on voyait dans sa chambre quand on y allait, il ne songea à les y placer que depuis qu’il en eut besoin pour les jeter à la tête des gens. […] c’est de se précipiter dans mon pot à eau pour boire ; il a manqué s’y noyer, ce qui m’a expliqué les gens qui trouvent ce genre de mort dans un crachat. […] Les autres membres de la famille, comme je vous l’ai déjà dit, ne sont pas mal non plus ; en entendant le vieux Carle parler de son père Joseph, on éprouve du respect pour ces gens-là, et je prétends, moi, qu’ils sont nobles. » — Et c’est ainsi qu’une vive nature d’artiste sympathise avec ses semblables, les reconnaît à travers les diversités de genre et de langue, les salue, les aime, les fait revivre… et l’on est à cent lieues du cuistre, de l’être immonde, arrogant et dur.
Ce gracieux bagage de famille et de société172 offrait à la fin son étiquette et comme son cachet dans une spirituelle approbation et un privilège en parodie qui étaient censés émaner de la jeune épouse de l’auteur, petite-fille d’un illustre chancelier : D’Aguesseau de Ségur, par la grâce d’amour, L’ornement de Paris, l’ornement de la cour, A tous les gens à qui nous avons l’art de plaire, C’est-à-dire à tous ceux que le bon goût éclaire, Salut, honneur, plaisir, richesse et volupté, Presque point de raison et beaucoup de santé ! […] Voulons que le précis du présent privilège Soit écrit à la fin du livre qu’il protège ; Que l’on y fasse foi comme à l’original, Et que les gens de bien n’en disent point de mal. Ordonnons à celui de nos gens qui sait lire De bien exécuter ce que l’on vient d’écrire ; De soutenir partout prose, vers et couplets, Nonobstant les clameurs, nonobstant les sifflets : Tel est notre plaisir et telle est notre envie.
Des villages entiers, ruinés par les gens de guerre, venaient se réfugier auprès de lui. Ces pauvres gens étaient reçus comme des enfants, dont les plus malheureux avaient droit aux premiers soins. […] Les terres qui lui appartenaient, respectées par les ennemis, devenaient un refuge pour les paysans du voisinage qui, à l’approche des gens de guerre, y couraient avec leurs familles et tout ce qu’ils pouvaient emporter.
C’est un bon homme, dont la réelle élévation d’âme, le désintéressement, la bonté, la loyauté s’enveloppent de formes un peu âpres et brusques : économe, soigneux de son bien, un peu sensuel du côté de la table, aimant les bons dîners, les bons vins, les bons compagnons, rieur et railleur, éclatant en originales et plaisantes saillies, peu dévot et toujours prêt à se gausser des gens d’Église, très indépendant d’esprit et très soumis à l’autorité : le plus doux des hommes avec sa mine de satirique. […] Le public fut surpris d’abord de la vigueur et de l’insistance de ses attaques, et nombre de gens le prirent pour un médisant forcené : Montausier mit vingt ans à lui pardonner. […] Il faut en le lisant bien définir les mots dont il se sert, et l’on verra, par exemple, quand il trouve du sublime dans une phrase assez vulgaire d’Hérodote, ou quand Ménage en trouve dans la satire des Embarras de Paris, on verra que pour Boileau et pour Ménage, pour les gens de ce temps-là, le sublime répond à peu près à ce que nous appelons l’intensité expressive du langage.
C’était celui des gens d’esprit et des dames. […] De même sa prison n’est plus celle de Villon, ramassé par les gens du guet et enfermé au Châtelet pour quelque escroquerie. […] Il est une qualité que tout le monde se flatte d’avoir, dans une bonne mesure ; qu’on donne et refuse aux gens un peu au hasard : le nom en est dans toutes les bouches, la chose est encore et sera toujours à définir : c’est l’esprit.
En tout temps les esprits sont partagés ; en tout temps il y a des gens qui restent attachés au passé ou qui s’élancent dans l’avenir ; mais, en tout temps aussi, du conflit des opinions individuelles se dégage un courant plus fort, qui, malgré les remous et les contre-courants, entraîne la majorité de ceux qui pensent et la masse de ceux qui se reposent sur autrui de cette fatigue. […] Le premier, leste et court, s’adresse aux gens pressés ou paresseux. […] La plupart du temps, une certaine hostilité se trahit dans les opinions des gens de lettres à l’égard de la magistrature.
Je leur cède leur bonne chère, leurs riches ameublements, leurs chiens, leurs chevaux, leurs singes, leurs nains, leurs fous, et leurs flatteurs : mais je leur envie le bonheur d’avoir à leur service des gens qui les égalent par le cœur et par l’esprit, et qui les passent quelquefois. […] Malgré ce goût de l’esprit et des gens qui en avaient le plus, on ne saurait dire pourtant que l’influence de la cour de Sceaux ait été profitable aux lettres, ni qu’elle ait rien inspiré. […] En regard de ces gens nés demi-dieux et qui étaient le produit monstrueux de l’Ancien Régime, plaçons en idée les parvenus, qui sont le produit si habituel du régime nouveau.
Malgré l’excellent Traité de la Prosodie françoise, donné par M. l’Abbé d’Olivet, bien des gens ignorent encore si notre langue a une prosodie. […] &c., par une société de gens de lettres, en dix-neuf ou vingt volumes in-4°. […] Mais s’il ignoroit l’art de penser, il apprit du moins à bien des gens à parler purement.
L’obscurité consiste à ne point offrir de sens net à l’esprit, la finesse à en présenter deux, un clair et simple pour le vulgaire, un plus adroit et plus détourné que les gens d’esprit aperçoivent et saisissent ; et pourquoi n’y aurait-il pas dans un discours d’éloquence des traits uniquement réservés aux seuls hommes dont l’orateur doit réellement ambitionner l’estime ? c’est aux gens d’esprit à le juger, et à la multitude à lui obéir. […] Faut-il s’étonner après cela que l’éloquence de la chaire soit regardée comme un mauvais genre par un grand nombre de gens d’esprit, qui confondent le genre avec l’abus ?
Une fois lâchés à leur tour contre le clergé, la noblesse et les parlements, qui soutenaient leurs privilèges respectifs, les gens de lettres, à qui on remit le fléau qui doit broyer tous les gouvernements dans un pays du tempérament de la France, je veux dire la liberté de la presse, ne s’arrêtèrent que quand la révolution fut consommée. Enivrés, comme des gens qu’on consulte, ils brouillèrent toutes les nations par leur ignorance, leur importance, leur jalousie des classes supérieures ; ils puisèrent aux écrits des philosophes du xviiie siècle les théories qui y dormaient comme des tempêtes, et ils les versèrent dans l’esprit public avec leurs brochures. […] Ils ont répété ce mot, inventé par les sots pour empêcher les gens spirituels d’être neufs et vrais.
N’était-ce pas l’éternelle fable du bûcheron, que débitent sans cesse les gens heureux de vivre à ceux qui perdent leur temps à déplorer les conditions humaines ? […] C’était la maladie qui faisait peur à Leopardi : les gens habitués à souffrir la redoutent toujours beaucoup plus que les autres, parce qu’ils savent ce que c’est. […] Mais bientôt j’entendis des gens qui s’approchaient. […] L’expédition de Sicile, soufferte et encouragée par-dessous main par un gouvernement régulier, constitue une véritable violation du droit des gens. […] Comme les gens heureux, M. de Amicis est bon.
Bien des gens, même parmi les dilettantes et les lettrés, demanderont peut-être aujourd’hui ce que c’est que le poëme de Milianah. […] En somme, Lucrèce, début très supérieur aux Vêpres siciliennes, vraie tragédie de collège, était faite pour recommander aux gens de goût le nom de M. […] Dans la foule qui se pressait à la représentation d’Agnès, bien peu de gens eussent pu dire de quoi il s’agissait et de quels éléments se composait la pièce nouvelle. […] Et les gens de lettres ! […] Voilà ce qui est bien avéré, et ce que nous répètent, tous les jours, des gens aussi furieux quand la critique les discute que quand elle les oublie.
Ce sont celles du premier séminariste qui passera et, s’il les proférait, les gens reculeraient, humiliés de tant de sottise, qui s’y enivrent dans les Sermons et dans les Oraisons. […] Il n’est pas douteux que des gens se sont un jour sentis amenés ou ramenés aux idées religieuses, qui n’avaient ni le désir, ni la crainte, ni l’espoir de ce revirement. […] Les gens s’arrêtaient un instant devant ces simulacres ou les saluaient en passant, ainsi que font encore les paysans qui rencontrent un calvaire ou une Vierge. […] « Obstupuit gens » ; ce fut une épouvante universelle ; on se crut à la fin de l’amour et à la fin du monde. […] Gardez soigneusement cette parole dans votre cœur ; elle peut vous éviter bien des ennuis et vous sauver du naufrage auquel sont sujets même des gens de votre sorte.
» Quel tour de force que de dompter ces gens ! […] On ne saurait dans la société actuelle, séparer ces gens les uns des autres que par une fiction. […] La formule : la Révolution, sans épithète, est employée pour la première fois couramment par les gens de 1789. […] Ces gens vivent bourgeoisement, sont des bourgeois, et la plupart n’ont d’autres revenus que le produit de leur industrie. […] Si nos gens énonçaient cette formule, qui donc les écouterait ?
Et, on le sait, à toutes les époques, il y a des gens d’esprit ; seulement ils sont habillés autrement. […] « J’aime quand les coureurs font fuir gens et troupeaux. […] Cette légende du moyen âge atteste l’impression des contes orientaux sur l’esprit des gens de France et d’Italie. […] C’était le bel esprit de quelques grands seigneurs ; c’était le gagne-pain de quelques pauvres gens d’esprit. […] Saint Louis mettait l’entretien sur des sujets dignes de gens qui vont à la croisade.
Il entra en lice avec Ménage, Richelet, Mlle Scudéry, & quelques autres Gens de Lettres de son temps.
N’eût-il fait que ce Mémoire, M. de Beaumarchais mériteroit de figurer dans le petit nombre des Gens de Lettres qui, au mérite d’écrire avec autant de clarté que de corrections, réunissent le talent de nourrir la curiosité du Lecteur, par un style aussi varié que piquant.
Il faut cependant convenir qu’il mérite, à plusieurs égards, l’estime des gens de goût.
Le Tableau historique des Gens de Lettres, dont il a déjà publié plusieurs volumes, fait désirer qu’il puisse donner à cet Ouvrage toute son étendue.
Il est vrai qu’il a fait quelques Contes dont les enfans s’amusent, & qu’on peut lire encore dans un âge avancé, pour affoiblir un moment d’ennui ; mais un homme qui fait tomber un aune de boudin par la cheminée, qui occupe le grand Jupiter à attacher ce boudin au nez d’une Héroïne, n’a pas prétendu travailler pour les Gens de goût, encore moins se destiner par-là à figurer parmi les Coopérateurs du grand chef-d’œuvre de l’esprit humain.
On rira, sans doute, d'une telle méthode ; mais tant de gens en ont profité & en profitent tous les jours, qu'il faut croire qu'elle est bonne.
On envoyait au poète des amendements à son plan et comme des membres qu’il ajustait à ses personnages, soit pour les accommoder au goût du jour, soit pour complaire aux gens avec lesquels il en partageait la paternité. […] Il fait la pièce pour une maxime, et les personnages pour la propager ; j’y vois des gens du dix-huitième siècle dont le nom seul n’est pas du temps. […] Comme il n’y a pas de gens qui se mettent plus à l’aise que les grands hommes, il n’y a pas de discours qui soit plus simple que le sublime. […] Les gens désappointés ne sont pas bons juges.
Elles sont fort railleuses et moqueuses, même des gens qui ne leur en donnent pas de sujet. » Huet, évêque d’Avranches, a publié, en 1659, les portraits écrits par Mademoiselle, portraits dont celui des précieuses fait partie. […] « Dans le monde, dit Mademoiselle, et les affectent de paraître fort retirées, quoiqu’elles cherchent fort le monde, ne bougeant de toutes les maisons de qualité où il va le plus d’honnêtes gens ; et cela même ne leur suivit pas, puisqu’elles vont dans celles où la marchandise est la plus mêlée et qui reçoivent toute sorte de gens sans distinction. […] — Sont-elles deux ensemble ou un plus grand nombre, elles rient au nez des gens, trouvent à redire à tout ce qu’on dit… Ce sont les plus insupportables personnes du monde. » Mademoiselle de Montpensier fait une description assez grotesque de leur figure, et surtout de leurs minauderies. […] Molière, intéressé comme poète et comme comédien à plaire aux gens de cour et aux gens du monde, avait pu se laisser aller à leur aversion pour les mœurs opposées aux leurs : cette facilité était l’esprit de son état.
Dans une fête où je me suis trouvé il y a deux jours, j’ai aperçu, parmi les gens qui se tenaient à la porte, un homme que j’ai cru reconnaître. […] M. le Stolnik m’a demandé ce que je pensais de voir tant de gens se promener : je lui ai dit qu’en Russie c’était la danse favorite de l’Impératrice, et qu’elle me plaisait. […] On ne saigne point les gens qui viennent de perdre une jambe. […] Je ne saurais oublier les gens avec lesquels j’ai vécu.
J’insiste sur cet article de la contexture, parce que les trois quarts des gens jugent un livre d’après une page, sur une beauté ou un défaut, sur une impression isolée, et non par une idée recueillie de l’ensemble. Les très-jeunes gens surtout n’y regardent pas si longtemps, et sans marchander sur leurs impressions, comme les taureaux ardents qui n’aperçoivent que le voile de pourpre, ils s’y précipitent.
Je ne suis vu que de très-peu de gens, et toute mon application est pour mes livres et pour ce que j’imagine qui est de ma profession. […] C’est toujours un rôle délicat de donner des conseils sur un ouvrage dans lequel on se trouve loué, soit que, comme M. de La Rochefoucauld, on revoie d’avance l’article que Mme de Sablé écrivait pour le Journal des Savants sur le livre des Maximes, soit qu’ici, comme Rancé, on soit simplement consulté par l’auteur sur la Relation d’un voyage à la Trappe, et qu’on lui suggère quelque idée de ce dont il serait plus à propos de parler : « Comme, par exemple, du nouvel air que vous respirâtes en arrivant dans la terre où habitent des gens qui font précisément et uniquement dans le monde ce qu’ils sont obligés d’y faire, etc., etc. ; faire un petit éloge de la solitude et des solitaires, autant que le peu de moments que vous les avez vus vous ont permis de les connoître, etc., etc. » Hâtons-nous de corriger ce que notre remarque semblerait avoir d’un peu railleur et enjoué, en déclarant qu’à part ce passage, rien dans cette correspondance n’accuse le moindre vestige subsistant d’amour-propre mondain ni de vanité.
Volontiers il citerait Platon et remonterait au déluge pour expliquer les faits et les gestes d’une belette, et, si l’on juge par l’issue, bien des gens trouvent qu’il n’avait pas tort. […] La terre, un peu sèche et pierreuse, ne leur donne guère que du pain et du vin ; encore ce vin est-il léger, si léger que les gens du Nord, pour y prendre plaisir, le chargent d’eau-de-vie.
Le vrai crime aux yeux de ces gens-là, c’est d’être sans crime : ils vous haïssent par dépit de n’avoir rien à vous pardonner. […] Que le lecteur juge de ce grand crime commis en badinant ; il y a des gens auxquels il n’est permis ni de pleurer ni de sourire !
Ce n’est pas cette mesure timide des gens de goût poli qui masquent ou nient volontiers les réalités laides, et qui aiment à voir en beau les écrivains dont ils s’occupent. […] Pour nous autres, gens du Nord et du Centre, le Gascon est, nous aimons à nous figurer qu’il est, un personnage souple, spirituel, superficiel, causeur amusant sur toute chose, sans travail et sans connaissance exacte.
Voilà des semaines que je tarabuste Nouveau pour m’amener ici et Nouveau veut s’en aller parce qu’il y trouve du monde et que le monde lui fait peur, mais les gens que l’on rencontre chez Verlaine ne peuvent être que des amis. » Et, se tournant vers nous : « Je suis sûr que ces messieurs sont poètes ! […] Ils ne vous souffletaient pas de leur mépris, en se rengorgeant, comme ces bourgeois cossus qui font étalage de leurs vertus de façade, comme ces pharisiens dont l’égoïsme et l’hypocrisie faisaient dire à Thomas de Quincey : « Tous ceux qui ont excité mon dégoût, dans ce monde, étaient des gens riches et florissants. » 4.
Et sur celui-ci, sur sa candeur et sa modestie de juge, sur la droiture de sa méthode littéraire, et sur Fénelon et sur Voltaire, à ne les prendre tous deux que comme simples critiques et gens de goût, que ne dirait-on pas ? […] Peu de gens de nos jours se sont tués, eu égard à tous ceux qui ont songé à le faire.
Et c’est pour cela qu’on doit tant en vouloir à ceux qui ne négligent rien pour rendre Paris inhabitable et sauvage : laissez-les un instant à l’œuvre ; ce sont gens à faire baisser tout le niveau de la civilisation humaine en quelques jours, en quelques heures. […] Un public n’est jamais composé de sots, mais de gens de bon sens, prudents, hésitants, dispersés, qui ont besoin le plus souvent qu’on les rallie, qu’on leur dégage à eux-mêmes leur propre avis et qu’on leur indique nettement ce qu’ils pensent.
Il s’attacha à montrer que la plupart de ces gens-là n’étaient point des alliés pour lui, mais plutôt pour l’ennemi. […] Si j’en crois de bons renseignements, M. de Montalembert, dans son procédé de composition oratoire, a passé par les différentes phases qui sont familières aux gens du métier.
quoi, s’est dit le lecteur, moins philistin sans doute qu’on ne l’affirme entre gens intéressés, eh ! […] Et pour aller jusqu’au bout de notre pensée, nous déclarerons encore que le langage des vers, s’il ne doit exprimer que des choses mille fois redites, ou même simplement connues de tous, nous apparaît comme une futilité, vouée aux railleries sous cape des gens d’esprit.
Aussitôt que le char chemine Et qu’elle voit les gens marcher, Reprise du mouvement, du mouvement général ; changement de rythme. […] Un sergent de bataille, allant en chaque endroit, Faire avancer les gens et hâter la victoire.
Je les écoute parce qu’ils me flattent ; ils sont gens d’esprit et de raison puisqu’ils pensent comme moi. […] Et l’on espère convertir les gens par des louanges qui les affermissent dans leurs défauts, ou des conseils qu’ils suppriment !
Voués à la guerre et au mouvement par l’organisation que leur transmirent les gens de main et les héros d’audace accourus à la voix du nourrisson de la louve d’airain, les Romains reçurent en partage le génie des arts nécessaires aux hommes d’action. […] V Ainsi un artiste, — un peintre digne de l’histoire quand il voudra l’aborder, — voilà ce qu’est très sérieusement l’auteur de ce livre sur la main, qui, pour des gens plus graves que nous, ne serait pas sérieux.