La Cour… il n’y a ici ni femmes ni enfants, écoutez : la Cour est un lieu, etc. » C’est comme lorsque, dans un de ses derniers pamphlets, il nous peindra le confessionnal : « Confesser une femme, imaginez ce que c’est.
Il remarque que, de son temps, les ambassadeurs ou ministres étrangers ne connaissaient pas plus l’Angleterre qu’un enfant de six mois ; la liberté de la presse les abusait : « Comme on voit le diable dans les papiers périodiques, on croit que le peuple va se révolter demain ; mais il faut seulement se mettre dans l’esprit qu’en Angleterre comme ailleurs le peuple est mécontent des ministres, et que le peuple y écrit ce que l’on pense ailleurs. » Montesquieu apprécie cette liberté dont chacun veut là-bas et sait jouir : « Un couvreur se faisait apporter la gazette sur les toits pour la lire. » Il ne se fait point d’ailleurs d’illusion en beau sur l’état du pays et des institutions ; il juge au vrai la corruption des mœurs politiques, la vénalité des consciences et des votes, le côté positif et calculateur, cette peur d’être dupe, qui mène à la dureté.
Le père de Franklin émigra jeune, en 1682, et emmena femme et enfants en Amérique, dans la Nouvelle-Angleterre.
Dans cette succession royale si soudainement ouverte par un assassinat, la couronne conquise par Henri IV n’était tenue, comme dans l’autre Fronde, que par la main d’une femme sur la tête d’un enfant.
§ IV Sous Élisabeth, en dépit des puritains très en colère, il y avait à Londres huit troupes de comédiens, ceux de Hewington Butts, la compagnie du comte de Pembroke, les serviteurs de lord Strange, la troupe du lord-chambellan, la troupe du lord-amiral, les associés de Black-Friars, les Enfants de Saint-Paul, et, au premier rang, les Montreurs d’ours.
Quelquefois ils défient l’intelligence la plus pénétrante par la profondeur et la subtilité de leurs spéculations ; ailleurs ils peuvent être lus même par des enfants.
Le Jésuite blâme les Prédicateurs qui citent les auteurs payens, parce que, dit-il, c’est donner une pierre à un enfant au lieu de pain, un scorpion au lieu de poisson.
C’est le contraire de Michelet, que l’histoire enivre et entraîne… — on sait bien où — comme l’enfant aveugle de Wordsworth, perdu sur la mer, dans son écaille de tortue !
Nous, les enfants du xviiie siècle, généreux au nom de la gloire de nos pères, nous avons trop longtemps laissé passer cette idée avec le sourire de la tolérance.
C’est un jalon, planté magnifiquement et avec une franchise d’une noblesse plus haute que le talent, à nos yeux, dans un champ où, pour sa récompense et pour sa gloire, Heine trouvé le genre d’inspiration qui convient le mieux à son génie, — à son génie qu’il a pris jusqu’ici à contre-sens de sa nature, comme bien des poètes, du reste, ces enfants gâtés et terribles, si souvent inconscients de leurs facultés et capricieux comme la puissance !
Les Saints d’Ernest Hello ne ressemblent nullement aux Saints juste-milieu d’Augustin et d’Amédée Thierry, ces Iconoclastes tempérés, qui n’en brisent point les grandes images, mais qui les liment… Sous la plume de Hello, ils apparaissent dans leur intégralité complète, surhumaine et splendide, et on ne les chasse pas à coups de bonnet de docteur jusque dans le fond des Légendes, — ces Contes de fées de l’Histoire, auxquels ne croient même pas nos enfants, ces majestueux polissons !
C’est, je crois, un des plus beaux traits qu’il soit possible d’enlever à cette sublime poésie, et de rendre sensible et vivant pour nous, en le détachant de l’ode sur la victoire athlétique de Cléandre, enfant d’Égine, la cité favorite de Pindare, parmi les glorieux confédérés de la liberté grecque.
Point de concessions aux femmes : on ne les estimait faites, comme Mlle de Montaigne, que pour tenir le ménage de monsieur leur mari, lui donner des enfants, perpétuer sa race, ou — comme les Cassandre, les Marie de Ronsard, la Francine de Baïf, l’Hippolyte de Desportes — pour leur être un instrument de plaisir et un moyen de réputation littéraire. […] [Cf. les Sermons sur la Mort du pécheur et la Mort du juste ou sur l’Enfant prodigue.] — Comparaison à ce propos des procédés de Massillon et des moyens de Bourdaloue. — De l’importance des détails dans les sermons de Massillon. — Affectation de préciosité. […] Si l’on met à part les Oraisons funèbres, les douze sermons qui forment le Petit Carême ont seuls une date absolument certaine ; ils sont de 1718, et ont été prêches dans la chapelle des Tuileries, pour et devant Louis XV encore enfant. […] Le Tuteur, 1695 ; — Les Enfants de Paris, 1699 ; — Les Trois Cousines, 1700 ; — Madame Artus, 1708] — et le fourbe démasqué : [Cf. Le Chevalier à la mode, 1687 ; — L’Été des coquettes, 1690 ; — La Femme d’intrigues, 1692 ; — Les Agioteurs, 1710]. — Mais, dans cette ressemblance générale, des traits nouveaux se distinguent. — C’est toute une catégorie sociale que Dancourt met en scène, — et c’est ce qu’indique le pluriel de ses titres [Les Enfants de Paris, Les Bourgeoises à la mode, Les Agioteurs]. — Plusieurs personnages, désormais, sont chargés d’exprimer ce qu’un seul représentait jusqu’alors ; — et de là, la dispersion de la satire, qui devient plus superficielle ; — mais, en revanche, de là aussi son caractère d’actualité [Cf.
Une statistique des suicides, des mariages jeunes, des mariages vieux, des mariages sans dot, des enfants naturels, voilà qui est sérieux, non les confidences amoureuses que Stendhal a pu recevoir en Italie, fussent-elles au nombre de deux ou trois cents. […] Mme de Rénal n’a pas aimé ; elle a trente ans ; Julien paraît ; elle sent le besoin de le protéger contre la hauteur balourde de M. de Rénal ; elle lui parle doucement, lui recommande ses enfants ; ses enfants aiment Julien ; l’intimité chaste et périlleuse s’établit. — On comprend beaucoup moins l’amour de Mlle de La Môle pour Julien. […] Et cependant mon père était un brave homme, ma mère une digne femme, mes aïeux d’honnêtes paysans ; moi, je n’ai jamais trompé un enfant, fait tort à une jeune fille, manqué à un vieillard, ni calomnié un adversaire. […] « A un certain âge de la vie, si votre maison ne se peuple pas d’enfants, elle se remplit de manies et de vices. » — « Mûrir, mûrir ! […] Il est l’enfant fasciné par Napoléon Ier éperdu d’ambition et brisé enfin par la tension trop violente de la volonté en partie factice qu’il a exaspérée en lui.
James Sully explique la facilité avec laquelle les enfants admettent le merveilleux par l’inconsistance de leurs images mentales ; dans le conte le plus fantastique, à peine s’aperçoivent-ils que la réalité soit altérée. […] « Dès ma première enfance, j’avais besoin de me faire un monde intérieur à ma guise, un monde fantastique et poétique… Me voilà donc, enfant rêveur, candide, isolé, abandonnée à moi-même, lancée à la recherche d’un idéal et ne pouvant pas rêver un monde, une humanité idéalisée, sans placer au faîte un Dieu, l’idéal même… Et voilà qu’en rêvant la nuit, il me vint une figure et un nom. […] Ceci me plut particulièrement et son existence, en se déroulant dans mon imagination (je n’oserais dire par l’effet de ma volonté, tant ces rêves me parurent bientôt se formuler d’eux-mêmes), m’offrit une série d’épreuves, de souffrances, de persécutions et de martyres… Le rêve arriva à une sorte d’hallucination douce, mais si fréquente et si complète parfois que j’en étais comme ravie hors du monde réel. » L’imagination de l’enfant s’exalte ; elle dresse un autel à l’objet secret de son adoration. […] On s’attendrit sur la fleur qui va s’épanouir ; et c’est en effet une chose qui prête à la rêverie : la vue d’un enfant au berceau, de ce petit être qui s’ouvre peu à peu à la vie consciente, qui commence à s’avancer, souriant et indécis, vers ses mystérieuses destinées, est un objet de contemplation autrement poétique. […] Je relis le Petit roi de Galice : Ils sont là tous les dix, les enfants d’Asturie.
La pauvre enfant seule a été sauvée sans qu’on pût découvrir trace de son origine ; elle a été déposée dans le pays chez un curé dont la sœur l’a élevée.
Ne lui reprochez pourtant pas, si vous êtes un émigré comme lui, de faire par là l’éloge de la Révolution : Si je vous disais, répond-il, que j’ai vu des enfants qui, au sortir d’une terrible maladie, avaient considérablement grandi, serait-ce faire l’éloge de la maladie ?
L’abbé de Pons ne songe même pas aux langues étrangères vivantes, et il en laisse passer le vrai moment : il n’a jamais observé l’enfant à cet âge où il aime à répéter tous les sons, et où tous les ramages ne demandent qu’à se poser sur ses lèvres et à entrer sans effort dans sa jeune mémoire.
Une femme devant qui l’on parlait d’âge lit cette remarque : « Il n’y a qu’un âge pour les femmes, c’est quand elles ne sont plus aimées. » Louise Labé, elle, aurait dit : « Il n’y a qu’un âge fatal pour les femmes, c’est quand elles n’aiment plus. » Elle était de cette famille de poètes dont l’un, et qui était hier encore un d’entre nous, l’Enfant du siècle, s’écriait : « Le bonheur !
Conseils à une mère sur l’éducation littéraire de ses enfants, par M.
» — « Non, ma mère », répondit l’enfant. — « C’est M.
Enfin, après tout cela, il n’a plus qu’à emboucher la trompette, exhortant de toutes ses forces les Français de son temps à partir pour la grande croisade française, et à marcher derechef, en vrais enfants des Gaulois, à la conquête de Delphes et du Capitole.
1843 Les critiques de nos jours, ceux qui, depuis une vingtaine d’années déjà, ont commencé de se produire et de battre le pays, songent tous plus ou moins à se recueillir, à ramasser ce qu’ils avaient lancé d’abord à l’aventure, à se refaire, pour le reste de la marche, un gros assez imposant de ces troupes légères qui n’avaient donné dès le matin qu’en éclaireurs et comme en enfants perdus.
Il le console, en sage tendre, de la mort d’un jeune enfant : « Ces êtres d’un jour ne doivent pas être pleures longuement comme des hommes ; mais les larmes qu’ils font couler sont amères.
Dans une Lettre à mes enfants et à mes petits-enfants, placée en tête du manuscrit de cette Histoire tout entier écrit de la main de madame de Ségur, on lit ces paroles touchantes : Paris, ce 1er décembre 1817.
Ici, au contraire, on maudit le traître du bout des lèvres, comme de faibles parents cachent mal sous des mots sévères le ravissement où les jette la précoce malignité d’un garnement d’enfant.
Il y a dans Amadis une fantasmagorie d’héroïsme, des héros occis, des géants pourfendus, des chevaliers vaincus par deux et par trois à la fois, des hommes d’armes par huit ou dix, des soldats par milliers sur le champ de bataille, un seul preux, tantôt Amadis, et tantôt Galaor, ou un autre, pour toutes ces besognes : des enfants perdus et retrouvés, des époux ou des amants séparés, des amours foudroyants ou ineffablement profonds, des enchantements, des oracles, une géographie fabuleuse.
Vous croyez voir un enfant qui croit & s’éleve comme un géant.
Et quant au retour dont il aurait été payé, une épigramme de 1527 nous apprend que le poëte en fut pour ses avances : Je pense en vous et au fallacieux Enfant Amour, qui par trop sottement A fait mon cueur aimer si haultement, Si haultement, hélas que de ma peine N’ose esperer un brin d’allégement, Quelque doulceur de quoi vous soyez pleine.
On s’arrêtera d’abord quand on arrivera à un objet qui tombe sous nos sens ou que nous pouvons nous représenter ; la définition deviendra alors inutile, on ne définit pas le mouton à un enfant, on lui dit : voici un mouton.
Il ne parlait jamais de sa profession et rougissait comme un enfant pris en faute, à la moindre allusion.
Enfant, il eut la prescience, des réalités supérieures et il s’obstina d’autant plus fièrement dans les révoltes qu’insuffle au cœur le premier sentiment de notre tragique misère.
Un enfant parle comme un maître des cérémonies.
Ce n’est pas sans motif qu’après avoir protégé les lettres dans les siècles où elles végétaient, dociles comme des enfants, dans la tranquillité close des, monastères, elle les a poursuivies de son hostilité, combattues, condamnées, une fois que, douées par l’imprimerie d’une force inouïe d’expansion, elles se sont lancées hardiment à travers le vaste monde et ont appelé aux joies et aux luttes de la pensée les élites d’abord et les foules ensuite.
Au moment de sa transformation démocratique, après les Paroles d’un croyant, il est allé à Béranger comme un auxiliaire, comme un enfant plein de ferveur, pour le voir et pour causer, et Béranger, par son charme, l’a séduit.
Quand Laure le fait passer pour son frère et qu’elle le présente sur ce pied à toute la troupe, le respect avec lequel il est reçu par tous, depuis les premiers sujets jusqu’au souffleur, la curiosité et la civilité avec lesquelles on le considère, touchent de près à l’une des prétentions les plus sensibles de ce monde des comédiens d’autrefois : « Il semblait, dit-il, que tous ces gens-là fussent des enfants trouvés qui n’avaient jamais vu de frère. » C’est qu’en effet les comédiens (je parle toujours de ceux d’autrefois), précisément parce qu’ils étaient le plus souvent peu pourvus du côté de la famille, étaient d’autant plus fiers et attentifs quand ils en pouvaient montrer quelques membres comme échantillon.
La Harpe eut de sa femme deux enfants qui ne vécurent pas.
« Le mensonge n’est un vice que quand il fait du mal, écrivait Voltaire à Thieriot ; c’est une très grande vertu quand il fait du bien. » Il ne songeait, en écrivant ainsi, qu’à désavouer son Enfant prodigue et à tâcher que l’ouvrage ne passât point pour être de lui : « Si vous avez mis Sauveau du secret, ajoutait-il, mettez-le du mensonge.
C’est parce que le toucher est ainsi le sens de la vie qu’il a pris une si grande importance dans le rapport des sexes ainsi que dans ceux des parents et des enfants.
Pindare fut certainement un grand poète ; plus à portée que nous d’en décider, toute l’antiquité l’a jugé tel, et elle s’y connaissait ; mais est-ce une raison pour que nous l’admirions comme des enfants jusque dans ses écarts même ?
La langue hébraïque, quoique perdue pour les Juifs eux-mêmes, continue d’enchaîner les enfants d’Israël dans ses liens immortels : ils ne peuvent se fondre parmi les nations au milieu desquelles ils vivent dispersés.
Nettement, doivent tenir pour la vérité, ce fut cet enfant gâté de la Fortune qui passa toute sa vie à se plaindre d’elle, et qui, ingrat avec ses maîtres comme il l’était avec la Gloire, ne vit jamais, dans les idées ou les événements qui créent des devoirs aux âmes élevées, rien de plus que des occasions de colorer sa pensée et d’ajouter à sa popularité.
Enfants gâtés de la paresse, Dans une coupe enchanteresse, L’amour vous versait son ivresse, Les fleurs jonchaient tous vos chemins !
Vous direz, par exemple, de tel enfant ou de tel homme dont on voudrait voir les façons d’être se transformer, qu’il faut l’envoyer au lycée ou le faire voyager.
On présentait les accusés en deuil, les pères avancés en âge qui redemandaient leurs fils, les femmes et les enfants désolés.
Il avait fait de bonnes études, il jouait convenablement du piano, il avait appris l’harmonie ; il en savait même assez pour composer ; Mme Fœrster-Nietzsche rapporte même qu’étant enfant, son frère manifestait de telles dispositions pour la musique qu’on hésita sur la direction à donner à ses études. […] Aussi longtemps qu’on est encore enfant, encore wagnérien, on considère Wagner comme riche, comme le summum de la prodigalité, comme un grand propriétaire dans le domaine du son. […] Dans la chanson du mendiant et de l’enfant des rues, dans la mélopée monotone des Italiens vagabonds, dans la danse au cabaret de village ou dans les nuits de carnaval, c’est là qu’il découvrait ses “mélodies” : il les récoltait comme une abeille, saisissant au vol, ici ou là, un son ou un court dessin. […] Dans le chapitre où il écrit ce qu’on vient de lire, il ajoute : « Lorsque nous étions encore enfant, nous avons goûté pour la première fois le miel de beaucoup de choses ; jamais plus le miel n’a été aussi doux ; il nous incitait à la vie, à la vie la plus longue, sous les apparences du printemps, des premières fleurs, des premiers papillons, de la première amitié. […] Elle chante ; et ce qu’elle chante, vous le voyez là-haut sur la scène ; c’est dans ce but qu’elle vous a assemblés : car ce qu’elle est, vous ne pouvez jamais que le soupçonner ; c’est pourquoi elle se révèle à vos yeux par le symbole scénique, à peu près comme la mère expose à ses enfants les mystères de la Religion par le récit de la Légende. » Cela me paraît tout à fait décisif.
J’aime son chuchotement mystique, sa grâce d’enfant étonné, sa simplicité de pauvre homme, son charme naïf et familial de rimeur populaire à qui se trouve lié — par quel don bienheureux ! […] Car il porte, — pas très consciemment — la poésie du xixe siècle, comme, en nos rêves d’enfants, Atlas étayait l’univers.
La religion statique attache l’homme à la vie, et par conséquent l’individu à la société, en lui racontant des histoires comparables à celles dont on berce les enfants. […] Le philosophe peut se plaire à des spéculations de ce genre dans la solitude de son cabinet : qu’en pensera-t-il, devant une mère qui vient de voir mourir son enfant ?
Aux phrases de volume égal qui se répondent comme des vers, une longue à une longue, une brève à une brève, succéderont des espèces de stances où longue et brève alterneront : MARTINE J’ai quatre pauvres petits enfants sur les bras. […] Le protagoniste de toutes ses pièces sera le personnage qui y participe le moins, le raisonneur, c’est-à-dire lui-même qui a toujours son mot à dire sur le mariage et sur le divorce, sur l’adultère et sur les enfants naturels. […] Ce public très mêlé, — toute une paroisse — composé d’enfants et de femmes, d’artisans et de bourgeois, de primaires et d’intellectuels, dont l’opinion peut différer sur tout le reste, il n’en a qu’une sur la foi : la même conception du monde, naturel et surnaturel, de l’homme et de ses devoirs, de l’âme et de son destin, du dogme, des préceptes, de la réalité du Dieu fait homme, du Père et de l’Esprit.
De ce que le fils d’un maître d’armes est devenu, beaucoup plus vite que son père, un tireur excellent, on ne peut conclure que l’habitude du parent se soit transmise à l’enfant, car certaines dispositions naturelles en voie d’accroissement ont pu passer du germen producteur du père au germen producteur du fils, grandir en route par l’effet de l’élan primitif et assurer au fils une souplesse plus grande que celle du père, sans se soucier, pour ainsi dire, de ce que le père faisait. […] Il en sera comme de l’hérédité de la tare alcoolique : celle-ci passe sans doute du père aux enfants, mais elle peut prendre chez chacun des enfants une forme différente, et chez aucun d’eux ne ressembler à ce qu’elle était chez le père.
Sarcey : reproduisez ses mots les plus « bon enfant », ses jugements les plus sans-gêne, ses élans de verve les plus bouffons ; laissez tout le reste de côté ; il est probable que vous ferez rire. […] Rappelez-vous votre Horace : “Le vieillard a peur de l’avenir ; il est d’humeur difficile et chagrine ; il vante le bon vieux temps où il était enfant, il aime à gronder et à censurer la jeunesse.” […] Il veut que dans le mariage le jeune homme apporte une innocence immaculée et la jeune fille au moins un enfant. » Mais M. […] Le romancier donne à ces enfants de son imagination une morbidesse qui décèle les plus profonds instincts de leur père, et si, par hasard, il esquisse au passage un homme robuste et sain, à la solide carrure, au caractère fermement équilibré, il semble qu’il ait tantôt une nuance de mépris, tantôt une sorte de jalousie inavouée à l’égard de ce bel animal trop bien portant. […] Des enfants irlandais, candides et frais sous leurs haillons, lui rappellent « ces frêles églantines qui, le long des routes, ont poussé par la fente d’un mur et qui épanouissent leurs pâles roses que le premier vent disperse43 ».
Dans tous les trois elle prend également le ton de la douleur & de la joie ; car c’est sur-tout dans l’élégie que l’Amour est un enfant qui pour rien s’irrite & s’appaise, qui pleure & rit en même tems. […] On peut être enfant aux genoux de Corine ; mais il faut être homme devant l’empereur. […] C’est encore pis, lorsque l’ignorance grosse d’enfant, accouche d’admiration, de demoiselle opinion, & qu’on fait venir l’orgueil & la paresse pour nommer l’enfant, qu’ils appellent la vérité. […] C’est comme si on disoit : Qu’importe la qualité des alimens dont on nourrit un enfant, pourvû qu’il mange avec plaisir ? […] Tamerlan, l’effroi de l’Asie, n’en sera plus que la fable ; quatre hommes suffisent pour l’enchaîner comme un furieux, pour le châtier comme un enfant.
Et, enfin, idées générales ou souvenirs classiques, pour lier ensemble tout cela, des « passages », comme on disait alors, des « transitions », comme nous disons aujourd’hui, qu’un enfant même au besoin trouverait. […] Ne serait-ce pas se conduire comme les enfants, qui n’ont pas plus tôt bâti un château de cartes qu’ils le défont et qu’ils le renversent ? […] … La première chose que ferait un père, s’il le pouvait, serait de fournir à ses enfants le don de se bien servir de tous les biens qu’il leur voudrait communiquer ; car sans cela, les autres présents qu’il leur fait sont plutôt un piège qu’une faveur, quand on sait qu’ils inspireront une conduite dont il faudra que la punition serve d’exemple. […] Et je ne dirai pas que, sans lui, sans son exemple, Montesquieu n’eût pas conçu la pensée de son Esprit des lois — qu’il a grand tort, après cela, d’appeler un enfant sans mère, — mais, pour des raisons que je donnerai peut-être un jour, j’ose affirmer que l’Esprit des lois serait autre, et, en tout cas, qu’une génération formée par la critique et préparée par la lecture de Bayle a seule pu le comprendre. […] Entrez ici : la foule des beaux-arts, Enfants du goût, se montre à nos regards.
Enfin, quand ce serait un peu à vos dépens que j’aurais voulu faire réussir votre enfant, en bon père vous devriez m’en savoir gré et reconnaître à ma conduite le zèle de l’amitié.
Voyez comme toute interruption dans les études enrouille les enfants et les rend indociles, et dites-vous que votre inapplication et l’irrégularité ou la nullité de vos travaux sont la véritable cause de la stagnation de vos idées, que vous attribuez faussement à l’âge.
Fontainius in Conspicillis,La Fontaine dans le conte des Limettes ; Rulhierus in Ludis, Rulhière dans le poème des Jeux de main ; Voltairius in Asoto, etc, Voltaire dans l’Enfant prodigue, etc.
Me voici devant vous, moi et vos filles qui sont enfants et bien jeunes, ainsi que ces miennes dames par qui je suis servie.
Benjamin Constant, grâce à l’atmosphère environnante qui favorisait la nature de son esprit, était à douze ans un enfant de Voltaire5.
. — M. l’abbé Flottes cite un passage de Mme Perier qui dit de son frère que, dans son enfance et sa première jeunesse, cet esprit si précoce, si actif sur d’autres points, restait soumis comme un enfant en ce qui concernait la foi, et que cette simplicité a régné en lui toute sa vie.
L’embarras du bon M. de Renoncour quand son élève veut épouser sa nièce, les représentations qu’il adresse à la pauvre enfant, en lui disant du jeune homme : Avez-vous oublié ce qu’il est né ?
Bayle est, dit-on, fort vif ; et, s’il peut embrasser L’occasion d’un trait piquant et satirique, Il la saisit, Dieu sait, en homme adroit et fin : Il trancheroit sur tout, comme enfant de Calvin, S’il osoit ; car il a le goût avec l’étude.
Cessons donc le plus tôt possible, hommes et femmes, d’être des enfants : ce sera difficile à bien des femmes, direz-vous, — à bien des hommes aussi.
Montesquieu, dans son sublime ouvrage sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, a traité, tout ensemble, les causes diverses qui ont influé sur le sort de cet Empire ; il faudrait apprendre dans son livre, et démêler dans l’histoire de tous les autres peuples, les événements qui sont la suite immédiate des constitutions, et peut-être trouverait-on que tous les événements dérivent de cette cause : les nations sont élevées par leur gouvernement, comme les enfants par l’autorité paternelle.
Il avait un parrain, l’abbé de Châteauneuf, qui réalisa ses premiers rêves : par lui, tout enfant, Voltaire entrevit Ninon, qui s’intéressa, dit-on, à ce spirituel gamin et lui légua de quoi acheter des livres.
Et puis, quand, grâce à l’équité de nos « doux juges », on a payé des dommages-intérêts à la Sainte-Enfance et qu’on figure malgré soi sur ses registres comme un des plus gros donateurs pour n’avoir pas cru que ce fût en Chine un usage courant d’engraisser des cochons violets avec la chair des petits enfants, on a bien le droit d’en garder quelque rancune.
Contribuable soumis, ensuite, il paie de son assentiment l’impôt conforme au trésor d’une patrie envers ses enfants.
s’il pouvait tout réduire en cubes, comme font les peintres, l’univers ne serait plus qu’un jeu d’enfant et la pensée nous deviendrait légère comme la plume au vent !
Comme tous les enfants du siècle, j’ai eu mes accès de scepticisme ; autant que Sténio j’ai aimé Lélia ; mais par la critique j’ai touché la terre, et, lors même que telle croyance ne paraît pas aussi scientifique qu’on pourrait le désirer, je dis encore sans hésiter : il y a là du vrai, bien que je ne possède pas la formule pour l’extraire.
L’enfant qui, ayant brûlé son doigt, se garde de l’approcher du feu, a raisonné et conclu, bien qu’il n’ait jamais pensé au principe général : « Le feu brûle » il ne généralise pas ; il infère un fait particulier d’un autre fait particulier.
Ce prochain démagogue fait un aveu peu propre à encourager : « Le peuple est un éternel enfant. » Et rien n’empêche chez lui de croire l’aveu sincère.
Elle est la sœur de cette enfant, à qui Baudelaire dédiait son poème des « Bienfaits de la lune », et à qui l’astre prédit : « Tu aimeras… le lieu où tu ne seras pas, l’amant que tu ne connaîtras pas. » On voit en elle un principe insatiabilité, un principe de rupture de tout équilibre, de toute harmonie, de toute paix, de tout repos, un principe de fuite où l’on distinguera plus tard un des ressorts essentiels de la nature humaine, la source du mouvement et du changement.
Il s’agit dans cette Tragédie informe des aventures d’un enfant depuis sa naissance jusqu’à ce qu’il eut vengé ses parens ; ainsi l’action de la piéce dure environ vingt ans.
Que le concept de point mathématique soit d’ailleurs naturel, c’est ce que savent bien ceux qui ont enseigné un peu de géométrie à des enfants.
Les salons du xviiie siècle ne préparent pas seulement l’égalité des hommes parce qu’ils réunissent et confondent seigneurs et hommes de lettres, mais parce que, prisant l’esprit par-dessus tout, ils fournissent aux roturiers l’occasion de racheter par la supériorité du talent l’infériorité de la naissance : dans le royaume de l’esprit un enfant trouvé peut être roi.
France nous raconte qu’aux temps de son enfance, il avait parmi ses joujoux « une arche de Noé, peinte en rouge, avec tous les animaux par couple, et Noé et ses enfants faits au tour ». […] Tout original qu’il soit, Vigny n’est cependant pas sans ancêtres littéraires, ni surtout sans prédécesseurs : on est toujours « le fils de quelqu’un », et l’originalité ne consiste point à être « l’enfant de personne ». […] pour quels enfants trouvés, qui n’auraient jamais eu de père ? […] Elle avait compté sans son fils qui prétend, lui, garder l’enfant pour lui tout seul, et qui, pour le soustraire à l’envahissante affection de l’excellente grand-mère, n’imagine rien d’autre ni de mieux que de déménager. […] Il y a moyen d’expliquer à des enfants de dix ou douze ans les lois de la formation historique de leur langue : il ne faut que les dégager de ces grands mots savants dont on les enveloppe, et au lieu de les confier aux mémoires, les faire découvrir par les intelligences.
Les choses s’éclaircissent si l’on va ainsi de la périphérie de la représentation au centre, comme le fait l’enfant, comme nous y invitent l’expérience immédiate et le sens commun. […] Un certain temps s’écoule avant que l’enfant arrive à toucher du doigt le point précis de la peau où il a été piqué.
J’avais vu que tout était prêt pour l’explosion… Les paysans accouraient au-devant de moi ; ils me suivaient avec leurs femmes, leurs enfants, tous chantant des rimes, improvisées pour la circonstance, dans lesquelles ils traitaient assez mal le Sénat.