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1089. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Qui aura le droit d’accuser ici celle qu’ils ont déclarée irréprochable ? […] C’était avoir acquis de grands droits à la reconnaissance d’une bonne Espagnole140 ». […] J’écris pour les historiens, et je me crois plus obligé à une exactitude scrupuleuse que si j’étais historien moi-même ; or il est de fait que je n’ai trouvé aucun document historique sur le personnel de madame de Maintenon à l’âge de quarante-cinq ans ; mais comme j’aime autant qu’un autre à me la figurer agréable, j’emprunterai ici la peinture que madame de Genlis en a faite : j’aimerais à la croire vraie, quoique je sois eu droit de la regarder comme un ouvrage d’imagination.

1090. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Elle est la tante de Camille ; il l’a couverte de son patronage lorsqu’elle a plaidé en séparation contre son mari ; il a donc deux fois le droit de lui redemander son enfant. […] Qu’on se récrie tant qu’on voudra contre ce phénomène humiliant ; puisqu’il existe dans la nature humaine, le droit du poète est de le montrer. […] Mademoiselle de Birague, que ses assiduités importunent, lui tend un piège à déclaration, pour avoir le droit de le congédier tout à fait.

1091. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Hennin, qui vient d’aider Bernardin de sa bourse, a le droit de lui donner ces bons conseils ; il lui parle le langage d’un esprit juste qui suppose à son correspondant le désir réel de fixer sa fortune et sa destinée. […] Je l’ai donnée à mon copiste qui n’a pu l’expédier que ce matin. » Bernardin, qui vit dans la solitude, dont les nerfs sont excités, qui n’a pas de cesse qu’il n’ait reçu réponse, a le tort de se croire des droits là où il ne peut demander encore que des grâces. […] Je suis très fâché de ne l’avoir pas reçue avant de partir, j’aurais été vous gronder de la bonne sorte, comme l’amitié m’en donne le droit.

1092. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

En effet, je sens la tension sur le côté droit de la tête lorsque je meus le bras droit, tandis que la décharge motrice a lieu dans le côté gauche du cerveau. […] Donc, pour l’expérience positive, abstraction faite de toute spéculation philosophique, nous avons le droit de conclure qu’il existe un fait original appelé le vouloir, lequel est à la fois inséparable et distinct de tout fait de discernement.

1093. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Ailleurs c’est dans une chambre d’auberge d’une petite ville perdue du Harz, le fantôme du docteur « Saul Ascher qui apparaît la nuit au poète avec ses jambes héronnières, son habit étriqué, d’un gris tout philosophique, avec son visage droit, froid et comme congelé, éminemment apte à servir de frontispice à un manuel de géométrie ». […] Tous ces gnomes en toque lui présentent en criaillant « leurs petits » systèmes de droit romain, leurs petites doctrines sur les emphythéoses, lorsque tout à coup la déesse se soulève avec un cri : « Taisez-vous ! […] Ce mince homme blond, au regard aigu et doux, au visage finement creusé, aux mains saturnines, élancé, la bouche sardonique sur un menton un peu lourd qu’équilibrait un magnifique front blanc, net, droit, fémininement incurvé, porta dans sa vie active, comme dans ses spéculations religieuses, l’éclectisme et l’humeur changeante qui marque son œuvre.

1094. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Un curieux genre pudibond tend à prévaloir ; nous rougissons de la façon grossière dont les grenadiers se font tuer ; la rhétorique a pour les héros des feuilles de vigne qu’on appelle périphrases ; il est convenu que le bivouac parle comme le couvent, les propos de corps de garde sont une calomnie ; un vétéran baisse les yeux au souvenir de Waterloo, on donne la croix d’honneur à ces yeux baissés ; de certains mots qui sont dans l’histoire n’ont pas droit à l’histoire, et il est bien entendu, par exemple, que le gendarme qui tira un coup de pistolet sur Robespierre à l’Hôtel-de-Ville se nommait La-garde-meurt-et-ne-se-rend-pas. […] on doit faire un peu attention aux autres, un seul n’a pas droit à tout, la virilité toujours, l’inspiration partout, autant de métaphores que la prairie, autant d’antithèses que le chêne, autant de contrastes et de profondeurs que l’univers, sans cesse la génération, l’éclosion, l’hymen, l’enfantement, l’ensemble vaste, le détail exquis et robuste, la communication vivante, la fécondation, la plénitude, la production, c’est trop ; cela viole le droit des neutres.

1095. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Mais comme le juste et l’homme de bien est le miracle de sa grâce et le chef-d’œuvre de sa main puissante, il est aussi le spectacle le plus agréable à ses yeux217 : Oculi Domini super justos : « Les yeux de Dieu, dit le saint psalmiste, sont attachés sur les justes », non seulement parce qu’il veille sur eux pour les protéger, mais encore parce qu’il aime à les regarder du plus haut des cieux comme le plus cher objet de ses complaisances218. « N’avez-vous point vu, dit-il, mon serviteur Job, comme il est droit et juste, et craignant Dieu, comme il évite le mal avec soin, et n’a point son semblable sur la terre ?  […] De là vient que nous admirons dans ses admirables épîtres une certaine vertu plus qu’humaine, qui persuade contre les règles, ou plutôt qui ne persuade pas tant qu’elle captive les entendements, qui ne flatte pas les oreilles, mais qui porte ses coups droit au cœur. […] Le Père Sicard, parlant d’un petit temple situé au milieu des grottes de la Thébaïde, dit : « La voûte, les murailles, le dedans, le dehors, tout est peint, mais avec des couleurs si brillantes et si douces, qu’il faut les avoir vues pour le croire… » Au côté droit, on voit un homme debout, avec une canne de chaque main, appuyé sur un crocodile, et une fille auprès de lui, ayant une canne à la main.

1096. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Pour le pâtre et tout le côté droit du tableau, s’il paraît un peu sourd, c’est peut-être le défaut de l’exposition, l’effet de la demi-teinte qui est forte. […] Sur un plan entre les chevaux et le bouc, un autre pâtre ; proche de celui-ci, un ânon ; autour de l’ânon, en allant vers la droite, quelques moutons ; au-dessus des moutons, sur le fond, vaches s’acheminant avec le reste des animaux vers une grande porte ouverte à droite à l’angle intérieur du mur latéral droit. […] La terrasse est chaudement faite, heurtée, coloriée. à l’angle droit on escalade un fort ; la teinte y est très-vaporeuse, les soldats ajustés à la manière de Salvator Rosa, mais ce n’est pas la touche fière de celui-ci.

1097. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Mais j’achète par là le droit de vous dire que vous n’êtes que des crétins et des idiots — ce qui entretient ma verve de journaliste militant. […] Je suis resté bien souvent une heure entière en contemplation devant cette figure froide et ratatinée, coupée en deux par un nez droit à l’arête aiguë où chevauchait une paire de lunettes dont les branches allaient se perdre dans les pattes d’oie des tempes. […] Si nous le laissons aller encore un peu, il passera bientôt, — par droit d’ancienneté, — au rang de chose inattaquable.

1098. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Après ces exemples, n’est-on pas en droit de conclure que M.  […] Il y a ici, ce n’est pas contestable, une primogéniture dans le talent, un droit d’aînesse de toute évidence dont le très noble cœur de M.  […] Augustin Thierry en ses Récits mérovingiens, ces Récits très distribués, très entendus, très bien faits, dans le sens d’un art bien plus consommé qu’inspiré, n’ont point, la coloration énergique qu’on est en droit d’attendre d’un homme qui a traversé ce fleuve rouge des Chroniques et qui doit plaquer du feu et du sang sur tout ce qu’il touche !

1099. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Si un talent pareil, sans grand ressort naturel, comme on vient de le voir, s’anime donc quelque part, et se met à vivre, comme dans cette histoire littéraire de la Restauration, par exemple, avec une intensité qui étonne, il faut chercher, dans la loyauté des convictions et la profondeur des croyances, le secret de cette vie soudaine et de cette inspiration sur laquelle, avec le talent, un peu cotonneux de l’auteur, on n’était pas en droit de compter. […] Mais, chez nous, chez nous qui vivons dans l’intimité de notre propre littérature, pour qu’on se croie le droit de toiser les hommes et les œuvres, il faut, si on n’est pas un maître, en savoir pourtant un peu plus long que le premier venu littéraire, il faut une personnalité. […] Spéculant sans doute sur tous ces amours-propres qu’il flatte, l’historien de la Littérature semble être de l’avis du Fabuliste : « Mieux vaut goujat debout qu’empereur enterré », et on le conçoit, si c’est moins l’histoire du passé qu’il écrit que l’histoire d’un avenir qu’il espère… Sans cela, comment expliquerait-on que, dans cette histoire, pleine de titubations singulières, certains talents et certaines renommées tinssent hardiment et presque effrontément la place à laquelle d’autres talents et d’autres renommées auraient droit ?

1100. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Il tenait son droit de sa mère Béatrix, fille aînée de Malcolm : la cadette, Doada, était mère de Macbeth, qui se trouvait ainsi cousin-germain de Duncan. […] Macduff, prévenu du danger, forma le projet de passer en Angleterre pour engager Malcolm, qui s’y était réfugié, à venir réclamer ses droits. […] Ce dénouement a été changé par Tatel, et Cordélia rétablie dans ses droits. […] Le choix entre différentes versions est d’ailleurs le droit le moins contesté et le moins contestable des auteurs dramatiques. […] --Bien, mon fils, dit le roi avec un grand soupir, quel droit j’y avais, Dieu le sait !

1101. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Dira-t-on que c’était leur droit ? […] Le poète n’a pas le droit de s’écrier qu’« il a son cœur humain », à lui, ou du moins nous avons le droit, nous, de lui dire qu’il se trompe ! […] Je ne m’en reconnais pas le droit. […] qui ont le droit de ne pas l’être ? […] Sur quelles idées fondamentales de droit et de justice a-t-il établi les rapports des hommes entre eux ? 

1102. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Louis Veuillot, parlant de Molière et de sa vie privée, n’a le droit d’ignorer ni les travaux de M.  […] Il raisonne toujours, et très droit, et très net, et va d’un bond aux dernières conséquences. […] Elle a l’esprit plus droit qu’Orgon ; cela est possible, cela est même certain. […] Tous trois sortent, et les deux jeunes gens, comme il serait de droit, vont prendre le pas devant. […] — C’est votre droit, mon ami, vous avez en effet toujours le droit de ne pas admettre une convention ; tout ce qui en résulte, c’est qu’il n’y a plus de pièce.

1103. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XX » pp. 84-86

de l’élément même qui la fit la première fois, du cœur et du sang de l’homme, des libres mouvements de l’âme qui ont remué ces pierres, et sous ces masses où l’autorité pèse impérieusement sur nous, je montrai quelque chose de plus ancien, de plus vivant, qui nia l’autorité même, je veux dire la liberté… » J'ai suivi la même marche, porté la même préoccupation des causes morales, du libre génie humain dans la littérature, dans le droit, dans toutes les formes de l’activité.

1104. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXX » pp. 126-128

Or convient-il maintenant, par scrupule excessif et par tendresse plus que délicate de conscience, de respecter leur zèle violent et de les laisser faire, parce qu’ils sont peut-être convaincus et qu’ils argumentent assez bien du droit ? 

1105. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PENSÉES ET FRAGMENTS. » pp. 495-496

Ceux qui ont le sentiment de l’exactitude littéraire sont très-sensibles à ces taches déshonorantes, dont le gros des lecteurs ne se doute même pas ; ceux qu’on a surtout accusés d’incorrection, de barbarie, et qui ne sont coupables que de chercher des raffinements de pureté et des rajeunissements d’élégance, ont presque droit de s’en alarmer.

1106. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meurice, Paul (1818-1905) »

Fondateur de l’Événement de 1848, il a payé de neuf mois de prison cette audace, et pendant toute la durée du second Empire il s’est montré au premier rang parmi les inflexibles défenseurs du droit violé.

1107. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

Pourtant, Villon et Marot, La Fontaine, puis Banville et Glatigny se commémorent ici de fait et de droit.

1108. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IV. Petits Symbolards » pp. 49-52

Le militaire se remet en route, aperçoit la personne du sexe, et, cette fois, court droit sur elle.

1109. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre II. Pourquoi il faut préférer la méthode inductive » pp. 13-14

Mais il faut se garder de confondre le point d’arrivée avec le point de départ ; l’on a droit d’espérer qu’un jour, dans quelques siècles peut-être, on pourra comprendre ainsi l’histoire des littératures ; mais aujourd’hui elle n’est pas, non plus que les autres branches des sciences sociales, assez avancée pour se prêter à de rigoureuses déductions.

1110. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 465-468

Nous ne doutons pas que M. l’Abbé Guérin ne s’en acquitte, de maniere à s’acquérir de nouveaux droits sur l’admiration & l’estime du Public.

1111. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 58-61

Si cependant le brillant de l’esprit, la fécondité de l’imagination, de l’élégance du dessin, peuvent excuser ces défauts, personne n’aura plus de droit à l’indulgence que M. l’Abbé Raynal.

1112. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 66-69

S'il avoit eu soin d'unir la morale à la force comique ; de suivre les regles indispensables de la Comédie, destinée par son institution à instruire & à corriger ; de donner aux travers qu'il expose, les couleurs qui en font sentir & détester la difformité ; de punir sur la Scene les Personnages vicieux qu'il y introduit ; en un mot, de travailler à rendre les hommes meilleurs, autant qu'il s'appliquoit à les amuser : il est certain qu'il auroit droit de prétendre à une gloire plus brillante & plus solide que celle dont il est en possession.

1113. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Vassé » pp. 323-324

Elle est assise et de repos, la jambe droite croisée sur la jambe gauche, le bras gauche nu, tombant mollement, et la main allant se poser sur le bord de son bouclier ; le bras droit aussi nu, amené avec le même naturel, la même grâce, la même mollesse et presque parallèlement au premier, vers la cuisse où la main tient négligemment une couronne.

1114. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IX. Chassez le naturel… »

— (Il se grattait le flanc droit comme pour désigner la place où le coup avait porté) là !

1115. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

César montait droit à l’Olympe ; la pensée à sa suite y visait de son mieux, mais le style n’allait pas du tout. […] La façon du vers, libre dans sa forme, et souvent hardi sans système, ne rompait pas absolument avec l’ancien genre, mais jurait encore moins avec le goût nouveau99, avec le rhythme émancipé de 1828 ; et nous alors, poëtes de nouvelle volée, en le lisant, en notant ses coupes, en insistant sur ses mots familiers et simples, sur les gaietés de klefte lâchées à l’écho : Du pistolet joyeux il fait siffler la balle, nous disions, nous avions droit de dire : Il est des nôtres. […] Ce serait sortir de notre sujet, et presque de notre droit, que de toucher dans l’homme l’esprit disert, sociable, fidèle à ses amitiés, assorti aux choses, et faisant honneur à son passé en se montrant à l’aise en chaque emploi. […] L’affluence du public était la même, mais les dispositions étaient autres, et la pièce, convenablement écoutée, n’a pas manqué d’obtenir tout le succès auquel elle avait droit.

1116. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

De là ces mesquines théories de la séparation des deux pouvoirs, des droits respectifs de la raison et de la foi. […] Nous avons donc droit de parler de religion, puisque nous avons l’analogue, sinon la chose même, puisque le besoin qui autrefois était satisfait par les religions positives l’est chez nous par quelque chose d’équivalent, qui peut à bon droit s’appeler du même nom. […] Sa masse est son droit. […] Et quel droit avaient-ils que nous n’ayons ?

1117. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

c’est pourtant ce qu’on voulait et ce qu’on osait ; et si l’on n’a pas réalisé tout cela, on a du moins le droit de mettre le résultat à côté du vœu, et l’on peut, sans trop rougir, confronter le total de l’œuvre avec les premières espérances. […] Qu’autour du vase pur, trop beau pour la bacchante, La verveine se mêle à des feuilles d’acanthe ; Et plus bas, lentement, que des vierges d’Argos S’avancent d’un pas sûr en deux chœurs inégaux, Les bras pendants le long de leurs tuniques droites, Et les cheveux tressés sur leurs têtes étroites Le bas-relief est parfait ; on croit voir un beau vase antique. — Je ne trouve à redire qu’à ce mot d’extase un peu excessif, et que la rime a imposé au lieu d’enthousiasme.

1118. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet. […] Dès les premiers jours d’avril 1814, un parti exagéré et qui n’était que l’organe le plus fidèle, le plus selon le cœur de l’ancienne race royale, prétendait forcer la main aux pouvoirs intermédiaires et encore arbitres de la situation, et obtenir la rentrée de plein droit et sans condition aucune.

1119. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

C’est bien là véritablement celui qui a le droit de se rendre avec sincérité ce témoignage : « Ce que je puis vous dire, Monsieur, c’est qu’il y a longtemps que les hommes parlent de moi comme il leur plaît ; cependant ils ne sont pas venus à bout de changer la couleur d’un seul de mes cheveux. » L’abbé Nicaise, toujours aux aguets et le nez au vent, met bien des fois la patience du saint à l’épreuve et agace en quelque sorte sa curiosité. […] Mais il y a mieux : le même Nicaise ne s’avise-t-il pas, un autre jour, de composer une Dissertation sur les Sirènes, ou Discours sur leur forme et figure, et d’envoyer son écrit tout droit à la Trappe ?

1120. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Ce sermon l’ennuie ; il n’aime pas les cérémonies, trouve les alignements trop droits et l’orgue trop ronflant. […] Nous ne savons marcher qu’au signal d’autrui sous un chef, et dans les compartiments du grand établissement latin qui, par l’Eglise, l’Etat, le droit, la langue, la foi, les lettres, nous enrégimente et nous mène depuis dix-huit cents ans.

1121. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Dans un groupe, c’est toujours un peu un scandale quand un individu réclame en faveur du droit d’arranger sa vie à sa guise, en faveur de la liberté des goûts, des poursuites, de la conduite privée ou publique. […] Chez nous, Lazare n’aurait nul droit à ressusciter.

1122. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Il proclame les droits de l’homme, non les droits du juif ; la religion de l’homme, non la religion du juif ; la délivrance de l’homme, non la délivrance du juif 634.

1123. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Cette fois ce n’était pas la jalousie seulement qui faisait le tourment de la reine, c’était une fort légitime inquiétude sur son sort, sur le sort de son fils ; et comme Henri IV avait répudié Marguerite de Valois pour l’épouser, elle craignait d’être répudiée à son tour pour faire place à la princesse de Condé : ainsi, au supplice de l’amour négligé se joignaient le tourment de l’orgueil profondément blessé, le sentiment des droits les plus sacrés, outrageusement menacés, un esprit de vengeance sans retenue. […] Quelle que soit la corruption générale d’une grande nation, même d’une grande cour, il s’y trouve toujours quelques familles où se conserve l’honnêteté des mœurs, où la raison, le droit sens, la bienséance exercent leur légitime empire, où les bons principes sont héréditaires, comme certaines conformations : ici est d’ordinaire le privilège des familles nombreuses qui s’entretiennent, par les sympathies mutuelles de leurs membres, dans les traditions de vertus où elles sont nées.

1124. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Maintenir le droit de la France sans blesser la nationalité de l’Allemagne, c’était là le beau problème dont celui qui écrit ces lignes avait, dans sa course sur le Rhin, cru entrevoir la solution. […] Si l’auteur avait publié cette correspondance de voyageur dans un but purement personnel, il lui eût probablement fait subir de notables altérations ; il eût supprimé beaucoup de détails ; il eût effacé partout l’intimité et le sourire ; il eût extirpé et sarclé avec soin le moi, cette mauvaise herbe qui repousse toujours sous la plume de l’écrivain livré aux épanchements familiers ; il eût peut-être renoncé absolument, par le sentiment même de son infériorité, à la forme épistolaire, que les très grands esprits ont seuls, à son avis, le droit d’employer vis-à-vis du public.

1125. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Ceux-là pensent que les libertés d’un peuple résultent de ses droits, et non point des concessions des princes, non plus que d’états antérieurs ; ils pensent que l’homme fait une sorte d’acte libre en entrant dans une association politique, et qu’à cet instant, qui est une fiction convenue, il cède une partie de ses droits, pour jouir de certains avantages qu’il n’aurait pas sans la société, comme, par exemple, celui de la propriété.

1126. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Et, en effet, à dater d’Auguste, selon l’auteur de La Religion romaine, tout tournait au Christianisme, puisque tout tournait à la dévotion : — la religion, qui n’avait guères été jusque-là qu’une formule de droit religieux et une tradition patriotique, la philosophie, et même la rhétorique. […] — Sénèque avait mis les esclaves dans le droit romain, mais, avant Sénèque, Cicéron aussi.

1127. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Elle n’avait pas le droit de prendre un corps, de devenir Église, de s’organiser comme tout être vivant qui tend à sa fin. […] Ici, la Critique purement littéraire reprend ses droits, et il me tardait qu’elle les reprît !

1128. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Mais la Critique, qui a ses convictions, qui n’examine, ne raisonne et ne conclut que du milieu d’elles, a le droit de demander au philosophe pourquoi, dans un livre où toutes les questions liées à son sujet sont touchées de manière à les faire vibrer dans les esprits, il a négligé d’appuyer plus longtemps et plus fort sa juste et pénétrante analyse sur le côté fécond et sanctifié du mysticisme. […] Caro nous montre très bien comment le Catholicisme les traite et quel droit indéfectible il a pour les condamner et pour les punir.

1129. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Que Monselet, à propos du Sifflet d’argent (journal dont il nous conte l’histoire), nous montre jusqu’à quel point la Critique peut descendre sous des plumes cupides et honteuses, il est assurément dans son droit de moraliste et d’écrivain ; mais, à côté de ce tableau, qui a sa vérité relative, il doit indiquer que cette dégradation de la Critique n’est plus que de la piraterie littéraire. […] Or, quelles que soient les sévérités contre les œuvres, le dictame à mettre sur l’amour-propre d’un homme est toujours souverain quand le miel en est composé avec les fleurs de l’espérance et quand la Critique a le droit de dire : Son esprit vaut mieux que ses livres, et voilà pourquoi il peut et même il doit faire mieux.

1130. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Il se prétendait de la famille des Constantins ; mais ce droit n’était rien sans la victoire ; il fut vaincu. […] Prince, s’écrie l’orateur, puisqu’il a rejeté la clémence du tyran, il a droit à la tienne. » Il l’invite à conserver les semences et les restes épars des connaissances et des lettres : « Ce sont elles qui font la gloire d’un siècle et d’un empire ; c’est donc à elles qu’il faut confier le souvenir immortel de ton nom. » Alors il lui fait observer que tant qu’il y aura des hommes sur la terre, il y en aura qui cultiveront la philosophie et les arts ; ce sont eux qui font la renommée : ils se transmettent de siècle en siècle les noms de leurs bienfaiteurs, et ces bienfaiteurs sont immortels comme leur reconnaissance.

1131. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Je crois que le scandale de ma suspension a fait un grand bien à la cause du droit. […] Je reconnais volontiers que, parlant dans ma robe de doyen au nom de la Faculté des lettres de Bordeaux, je n’avais pas le droit de l’engager tout entière dans mon sentiment particulier et personnel. […] Et comment ai-je pu oublier aussi qu’aucun homme n’aie droit de mépriser les hommes ? […] » Le droit le plus précieux du critique est le droit à l’erreur, c’est-à-dire la liberté. […] Voilà six mois de travail qui aboutissent à me faire passer la plus f… des journées… L’amour de la gloire, passion menteuse, feu follet ridicule, qui conduit toujours droit au gouffre de, tristesse et de vanité ! 

1132. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Les papes cependant s’efforçaient de transformer par la magnificence des édifices Avignon en une Rome des Gaules ; la vie qu’on y menait était élégante et raffinée ; les jeunes gens même à qui la tonsure donnait droit aux bénéfices ecclésiastiques sans leur imposer les devoirs du sacerdoce, fréquentaient les académies et les palais des femmes plus que les églises ; leur costume était recherché et efféminé, « Souvenez-vous », dit Pétrarque dans une lettre à son frère Gérard, où il lui retrace ces vanités de leur jeunesse, « souvenez-vous que nous portions des tuniques de laine fine et blanche où la moindre tache, un pli mal séant auraient été pour nous un grand sujet de honte ; que nos souliers, où nous évitions soigneusement la plus petite grimace, étaient si étroits que nous souffrions le martyre, à tel point qu’il m’aurait été impossible de marcher si je n’avais senti qu’il valait mieux blesser les yeux des autres que mes propres nerfs ; quand nous allions dans les rues, quel soin, quelle attention pour nous garantir des coups de vent qui auraient dérangé notre chevelure, ou pour éviter la boue qui aurait pu ternir l’éclat de nos tuniques !  […] Le sonnet funéraire de Pétrarque, jeté par lui dans son cercueil et retrouvé quand ce cercueil fut ouvert, atteste ce droit d’Avignon à s’appeler la patrie natale de Laure. […] Les moines alors se mêlaient à tout ; les cordeliers s’étaient divisés en deux sectes, dont l’une voulait s’abstenir totalement du droit de propriété, dont l’autre voulait conserver ses biens immenses. […] La pompe fut digne du peuple romain et du premier des poètes vivants ; le Capitole revit les jours antiques ; le procès-verbal de la cérémonie, que nous avons sous les yeux, porte : « Pétrarque a mérité le titre de grand poète et de grand historien, et, en conséquence, tant par l’autorité du roi Robert de Naples que par celle du sénat et du peuple romain, on lui a décerné le droit de porter la couronne de laurier, de hêtre ou de myrte, à son choix ; enfin on le déclare citoyen romain, en récompense de l’amour qu’il a constamment manifesté pour Rome, le peuple, la république, etc. » Cette gloire officielle ne fit rien à son bonheur et déchaîna contre lui plus d’envie. […] Sujet irréprochable aux yeux du pape, dont il affectait de rétablir l’autorité sur les princes romains ; citoyen libérateur aux yeux du peuple, dont il prenait en main les droits et les intérêts, cette double politique l’éleva bientôt au rôle d’arbitre et de dictateur de Rome.

1133. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Si la piété filiale a son culte, elle a aussi son fanatisme ; nous nous en défendrons : c’est le droit de la postérité. […] par l’amitié du duc de Rovigo (Savary), accusé alors, à tort ou à droit, de l’exécution sanglante du duc d’Enghien. […] Arrivé en France, je n’ai plus de titre ; le droit publie cesse de me protéger, et je ne suis plus qu’un simple particulier comme un autre sous la main du gouvernement. […] Je sens d’ailleurs et je proteste que c’est une grâce, et que je n’y ai pas le moindre droit ; mais, pour la rendre moins difficile, ou pour rendre au moins la demande moins défavorable, je ne fais aucune difficulté de faire à M. le général Savary les trois déclarations suivantes : « 1º Si l’Empereur des Français avait l’extrême bonté de m’entendre, j’aurais sans doute l’honneur de lui parler de la maison de Savoie ; « 2º Je ne prononcerais pas le mot de restitution ; « 3º Je ne ferais aucune demande qui ne serait pas provoquée. […] Les traités de 1815 nous reprirent la Savoie tout entière et agrandirent sans prévoyance et sans justice la maison de Savoie, en lui octroyant, du droit de sa convoitise, la république de Gênes.

1134. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

… « Quand Honoré fut d’âge à comprendre et à apprécier son père, c’était un beau vieillard, fort énergique encore, aux manières courtoises, parlant peu et rarement de lui, indulgent pour la jeunesse qui lui était sympathique, laissant à tous une liberté qu’il voulait pour lui, d’un jugement sain et droit, malgré ses excentricités, d’une humeur si égale et d’un caractère si doux qu’il rendait heureux tous ceux qui l’entouraient. […] XI « Mon frère était fort occupé à cette époque, dit Mme de Surville, car, indépendamment de son cours de droit et des travaux dont le chargeaient ses patrons, il avait encore à se préparer pour ses examens successifs ; mais son activité, sa mémoire, sa facilité, étaient telles qu’il trouvait encore le temps d’achever ses soirées à la table de boston ou de whist de ma grand-mère, où cette douce et aimable femme lui faisait gagner, à force d’imprudences ou de distractions volontaires, l’argent qu’il consacrait à l’acquisition de ses livres. […] « À vingt et un ans, il avait terminé son droit et passé ses examens. […] Mettez deux chefs ou dix chefs avec des droits égaux à la tête de votre armée : elle cesse d’exister ; elle a deux esprits ou dix volontés, c’est-à-dire pas une. Voilà pourquoi les gouvernements parlementaires les plus libres n’ont jamais reconnu à l’armée sous les armes le droit électoral.

1135. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Aujourd’hui on est en droit d’exiger qu’un écrivain ait raison : d’abord parce que l’erreur coûte cher ; ensuite parce que l’œuvre d’art se sent toujours des bassesses du cœur et plus encore des vices de la pensée : il suffit d’ouvrir un recueil de Victor Hugo, un roman d’Émile Zola. […] Rosny, Jeune, de l’Académie Goncourt Soyez sûr que le xixe  siècle est le nœud de la haute civilisation : il n’a pas le droit de mépriser les autres siècles, mais il peut affirmer que jamais héritier n’a mieux fait valoir un admirable héritage. […] Il n’en faudrait pas moins subir stoïquement cette calamité, si elle nous était imposée par les droits supérieurs de la raison et du goût. […] Seuls, les marxistes seraient en droit de mépriser le xixe  siècle, parce que leurs doctrine est allemande. […] Et puis, de quel droit s’ériger soudain en détenteurs exclusifs de l’intelligence ?

1136. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Tracer des divisions absolues dans la littérature, déclarer que toute œuvre sera une épopée, ou une ode, ou un roman, et critiquer les œuvres du passé d’après les règles qu’on s’est posées pour chacun de ces genres, blâmer Dante d’avoir fait une œuvre qui n’est ni une épopée, ni un drame, ni un poème didactique, blâmer Klopstock d’avoir pris un héros trop parfait, c’est méconnaître la liberté de l’inspiration et le droit qu’a l’esprit de souffler où il veut. Toute manière de réaliser le beau est légitime, et le génie a toujours le même droit de créer. […] Le savant seul a le droit d’admirer. […] Des immenses travaux déjà accomplis par les indianistes modernes, quelques atomes à peine sont déjà devenus de droit commun. […] Les Védas auraient beaucoup plus de droit que la Bible à être le livre sacré de l’Europe.

1137. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

et sur mon poil qui tout droit se relève Mainte fois de la Peur je sens passer le vent. […] Tous ont le droit et le devoir de constater l’accroissement ou la diminution de la vitalité dans l’organisme dont ils étudient les lois. […] En définitive, c’est la dissolution vitale qui est le caractère commun de la décadence dans la société et dans l’art : la littérature des décadents, comme celle des déséquilibres, a pour caractéristique la prédominance des instincts qui tendent à dissoudre la société même, et c’est au nom des lois de la vie individuelle ou collective qu’on a le droit de la juger. […] De plus, l’accroissement de la sociabilité est parallèle à l’accroissement de l’activité ; or, plus on agit et voit agir, plus aussi on voit s’ouvrir des voies divergentes pour l’action, lesquelles sont loin d’être toujours des voies « droites ». […] C’est pour cela qu’on s’est quelquefois demandé si la société n’aurait pas droit d’intervenir ici, non restreindre les pour dépenses de luxe, mais pour restreindre le gaspillage qu’elles provoquent, en prélevant sur ces dépenses par l’impôt une réserve sociale, qui pourrait s’employer utilement et transformerait ainsi des dépenses infructueuses en dépenses partiellement reproductives.

1138. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Le premier devoir et le premier droit d’un homme qui écrit sur la littérature universelle du genre humain, c’est d’être lui-même universel, c’est de s’élever par conséquent au-dessus des amours-propres, des préjugés, des superstitions d’esprit, des fanatismes nationaux de sa patrie et de son temps, pour juger les hommes par leurs œuvres et non par leurs prétentions. […] Il n’y a pas de droit d’aubaine pour la pensée : le génie est du domaine commun. […] Si Boileau n’avait pas été maladif il n’aurait pas écrit des satires, et si lord Byron, de nos jours, n’avait pas été boiteux, il n’aurait pas écrit Don Juan, cette vengeance d’un esprit perverti par l’orgueil souffrant contre ceux qui marchent droit. […] Ils sont tous vêtus uniformément, les cheveux coupés court, droits et peignés seulement avec soin aujourd’hui par respect pour mes convives. […] C’était un esprit probe et droit, c’était de plus un cœur courageux et honnête.

1139. (1879) À propos de « l’Assommoir »

l’indignation a le droit de revêtir toutes les formes : elle peut se cacher sous les habits bariolés du roman comme dans les pièces auxquelles on permet tout, parce qu’elles sont en vers. […] Et qu’on reconnaisse enfin au romancier le droit de laisser l’indignation parler un langage indigné, de montrer à son époque l’image de ses vices, de faire saiguer aux yeux de tous des plaies qu’on ne guérit pas, parce qu’on les a trop cachées ! […] Il semble pourtant que chacun a le droit de dire ce qu’il pense, et peut le dire sans forfaire à l’honneur. […] Zola dans la logique de son talent comme dans la plénitude de son droit. […] Généralement, pourtant, ce drame tant décrié a eu l’étrange avantage de gagner la cause du roman ; on a reconnu que le livre pouvait étudier les plaies sociales ; on reconnaîtra bien une fois que le théâtre a les mêmes droits.

1140. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

En poésie, il en va autrement qu’en amour ; on n’a pas le droit d’être exclusif. […] Mais enfin il y a ces questions si complexes, si indéfinissables, de direction intellectuelle, de parenté psychique, de cousinage d’esprit, de tendance cérébrale, de tempérament enfin… Or, en ce qui me concerne, mon admiration « cordiale », ma reconnaissance intellectuelle, mon affection « d’âme » vont tout droit à celui qui, en poésie, a créé la Musique, l’Harmonie, et qui a su si bien Aimer ! […] Je laisse aux érudits le soin d’avoir lu tous les Poètes, et de juger, si un érudit, qui ne saurait être un poète, a droit de décider en cette affaire. […] On consent trop actuellement de considérer les artistes comme des individus auxquels un talent d’inspiration et de labeur confère le droit à une autonomie rigoureuse. […] Si dans le grand banquet du Parnasse le « plat de résistance » (passez-moi le mot vulgaire) est vraiment Victor Hugo, nous n’avons pas le droit de négliger certaines douceurs savoureuses, certains desserts de goût délicat qui complètent le bonheur des convives.

1141. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Ce n’en sont pas moins des fables, que des esprits critiques accepteront souvent en fait, comme nous l’avons vu, mais qu’en droit ils devraient rejeter. […] Puis elle se laisse porter, droit en avant. […] On répondra que la vérification était possible en droit, sinon en fait, que d’autres voyageurs étaient libres d’y aller voir, que d’ailleurs la carte dressée sur les indications d’un voyageur unique était provisoire et attendait que des explorations ultérieures la rendissent définitive. Je l’accorde ; mais le mystique, lui aussi, a fait un voyage que d’autres peuvent refaire en droit, sinon eu fait ; et ceux qui en sont effectivement capables sont au moins aussi nombreux que ceux qui auraient l’audace et l’énergie d’un Stanley allant retrouver Livingstone. […] Mais cette question présuppose que la réalité remplit un vide, que sous l’être il y a le néant, qu’en droit il n’y aurait rien, qu’il faut alors expliquer pourquoi, en fait, il y a quelque chose.

1142. (1881) Le roman expérimental

Celui qui écrira le mieux ne sera pas celui qui galopera le plus follement parmi les hypothèses, mais celui qui marchera droit au milieu des vérités. […] De tous temps, on a nié la marche en avant, on a refusé aux nouveaux venus le pouvoir et le droit d’accomplir ce que n’avaient pas fait les aînés. […] Reste, il est vrai, à examiner si les cordonniers et les tailleurs, par exemple, n’auraient pas le droit de se plaindre ; eux aussi parfois n’arrivent qu’à la misère, après trente ans de travail, sans pourtant se croire en droit de dire au pays : « Je n’ai pu amasser du pain, donne-m’en !  […] J’ai assez péché pour avoir le droit de reconnaître la vérité. […] nous avons donné droit de cité au peuple dans le domaine littéraire, et derrière nous, tout de suite, il n’y aurait plus rien à dire sur lui !

1143. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIV » pp. 209-212

Saisset a beau dire des injures (car il en a dit) aux sceptiques, aux matérialistes ; il a beau dire que ces systèmes n’ont de prise aujourd’hui que sur les âmes basses et les esprits obtus (page 472), il échappe très-difficilement lui-même et les siens à ce scepticisme qui ne diffère pas notablement du matérialisme quant au résultat moral ; de plus il viole les droits de la philosophie qu’il prétend défendre en s’exprimant de la sorte sur des doctrines peu hautes et peu consolantes à coup sûr, mais envers qui les philosophes proprement dits n’ont pas à se montrer si injurieux.

1144. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

A côté des scènes plaisantes d’hôtel garni et d’atelier, d’étudiants en droit et d’artistes, l’auteur sait introduire de fraîches descriptions de la nature, et même de touchantes situations de cœur.

1145. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Palissot se donne trop de peine pour enlever cette conquête à l’incrédulité ; on peut la lui abandonner, sans qu’elle ait droit de s’en appuyer & de s’en glorifier.

1146. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 121-125

En continuant le genre pour lequel il semble né, le Fabuliste en écartera ce qui le dépare ; & ses talens, perfectionnés par ce moyen, n’auront même plus besoin de l’indulgence, qu’ils sont en droit d’obtenir aujourd’hui par le mérite qui les annonce.

1147. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

À cet égard, l’exemple le plus instructif est celui de la dame opérée par Waldrop. — Elle était beaucoup plus aveugle que les autres ; car non seulement elle était née avec deux cataractes, mais, à l’âge de six mois, un chirurgien maladroit lui avait détruit l’œil droit et bouché la pupille de l’œil gauche. […] M. de Jaager dit à la personne sur laquelle il fait l’expérience de toucher la clef électrique de la main gauche lorsqu’elle recevra le choc électrique du côté droit, et de la main droite quand elle recevra le choc électrique du côté gauche. […] Tantôt la personne sait d’avance que le choc viendra de tel côté, du côté droit par exemple ; alors l’intervalle entre le choc qu’elle reçoit et le signal consécutif qu’elle donne est de vingt centièmes de seconde. Tantôt la personne ne sait pas d’avance de quel côté viendra le choc, et le choc vient du côté droit par exemple ; alors l’intervalle entre le choc qu’elle reçoit et le signal consécutif qu’elle donne est de vingt-sept centièmes de seconde. La différence entre les deux cas est donc de sept centièmes de seconde. — Dans les deux cas évidemment, la sensation brute se produit au même instant ; mais, dans le premier, l’image du côté droit est toute prête à entrer en scène et n’est pas contrebalancée, comme dans le second cas, par l’image également prête du côté gauche.

1148. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

La littérature de ces dernières années s’est plu à nous faire croire à l’existence bien réelle de tous ces emphatiques impotents ; c’est donc un droit de la critique d’aller les troubler dans le dédaigneux isolement où ils cherchent à se renfermer. […] Là, nous allons chercher, nous sommes en droit de demander du mouvement, de l’activité, de l’air, de la passion, et comme jusqu’ici, ce ne sont point ces qualités qui ont manqué à l’auteur, nous espérons. […] Théophile Gautier, aucun n’a des droits certains à prendre le pas sur les autres, nous allons saisir au hasard le premier qui se rencontrera. […] Rabelais, Érasme, n’auraient plus besoin d’abuser les maîtres du pouvoir par des gentillesses ; ils passeraient de plein droit entre les sentinelles. […] C’est peut-être pour n’avoir pas assez étudié ce genre nouveau et reconnu toute l’ampleur de ses droits, qu’on s’est si fort fâché contre M. 

1149. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Elle est selon lui « le droit de faire ce que la loi ne défend pas ». […] Ce domaine réservé des droits individuels devant lequel doit s’arrêter même la loi, il ne me paraît pas qu’il le connaisse. […] La prison pour qui l’attaque sera toujours tenue par lui comme son droit strict. […] … Vous vous sacrifiez un peu trop dans cette belle préface de vos Mémoires… N’aviez-vous pas des droits très réels ? […] Il est l’immolation du droit de l’homme au droit de l’État pour la patrie.

1150. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Mais il faut que vous soyez aptes à sentir la beauté ; car comme aucun d’entre vous ne peut aujourd’hui se passer de puissance, nul n’a le droit de se passer de poésie. […] Les aristocrates de la pensée, les distributeurs de l’éloge et du blâme, les accapareurs des choses spirituelles, vous ont dit que vous n’aviez pas le droit de sentir et de jouir : — ce sont des pharisiens. […] Eugène Delacroix Le romantisme et la couleur me conduisent droit à Eugène Delacroix. […] Delacroix l’injure d’un éloge exagéré pour avoir si bien vaincu la concavité de sa toile et y avoir placé des figures droites. […] Peu d’hommes ont le droit de régner, car peu d’hommes ont une grande passion.

1151. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Je reconnais que, lorsque j’ai vu plusieurs tiroirs tomber d’un meuble, je n’ai plus le droit de dire que le meuble était tout d’une pièce. […] A vrai dire, pour que j’aie le droit de parler d’individualité, il n’est pas nécessaire que l’organisme ne puisse se scinder en fragments viables. […] En réalité, la vie n’est pas plus faite d’éléments physico-chimiques qu’une courbe n’est composée de lignes droites. […] Notre raison, incurablement présomptueuse, s’imagine posséder par droit de naissance ou par droit de conquête, innés ou appris, tous les éléments essentiels de la connaissance de la vérité. […] Enfin, s’il y a un cas où l’on semble avoir le droit d’invoquer l’adaptation, c’est celui-ci.

1152. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Pour les bien juger, voyez-les l’un et l’autre dans le dernier asile des vivants et des morts, jusqu’alors respecté par les poètes dramatiques ; voyez-les, ces chevaliers errants de la fantaisie, entrer dans le cimetière, un lieu sacré, que Molière et Shakespeare ont envahi par droit de conquête et par droit de naissance. […] les droits de l’histoire, dans ce royaume de France, livré à toutes les corruptions de l’esprit et des sens. […] L’art avant tout, pour les hommes athéniens, et quand enfin les devoirs et les droits de l’art étaient sauvés, venait la leçon qui n’était que plus profitable pour être assaisonnée de gaieté, de bienveillance, de grâce, d’enjouement. […] Alors de quel droit nous fâcher contre la tragédie anglaise, et même de quel droit nous en moquer ? […] nous avons renoncé à tant de droits qu’il nous est bien permis d’en usurper quelques-uns.

1153. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

On passe, sans dire de quel droit, de la notion de force morale ou métaphysique à la notion de force mécanique. […] Les Économistes supposent que les hommes, à l’état de nature, possédaient, comme des droits imprescriptibles, la liberté et la propriété. De ces droits les gouvernements les ont plus ou moins dépouillés, sous prétexte qu’il y aurait incompatibilité entre la liberté individuelle et l’intérêt public. […] Ne se peut-il donc pas que tout, en droit, lui appartienne, et que tout par conséquent soit déterminé et nécessité ? […] Il serait maintenant inexact de dire que la mécanique est à elle seule, au moins en droit, toute la science du réel.

1154. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Véron.] » pp. 530-531

Mais Turenne fit toujours la sourde oreille et refusa de délivrer un titre pour autoriser une chose si contraire à la vérité : « C’est ainsi, disais-je, qu’il m’a toujours paru, si parva licet componere magnis, qu’un vrai critique ne devait pas accorder à Véron la seule qualité précisément à laquelle il n’avait aucun droit. » Règle générale et qui, du petit au grand, ne souffre pas d’exception : il n’est jamais permis à un homme réputé expert dans un métier de mentir et d’aider à tromper le public sur une chose essentielle au métier.

1155. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elskamp, Max (1862-1931) »

Leurs rêves bleus ont des lignes courtes, un peu sèches, droites et brusquées : Marie épandez vos cheveux : Voici rire les Anges bleus, Et dans vos bras Jésus qui bouge Avec ses pieds et ses mains rouges, Et puis encore les Anges blonds Jouant de tous leurs violons… Ce sont pieuses gens qui laissent leurs paroles suivre la pente des litanies.

1156. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième cours d’études. Une classe de perspective et de dessin. » pp. 495-496

Ces trois cours d’études achevés, le petit nombre des élèves qui les auront suivis jusqu’à la fin, se trouveront sur le seuil des trois grandes facultés, la faculté de médecine, la faculté de droit, la faculté de théologie, et ils s’y trouveront pourvus des connaissances que j’ai appelées primitives, ou propres à toutes les conditions de la société, à l’homme bien élevé, au sujet fidèle, au bon citoyen, toutes préliminaires, et quelques-unes d’entre elles communes aux études des trois facultés dans lesquelles ils voudront entrer91.

1157. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — De l’état de savant. » pp. 519-520

Si une nation n’est pas instruite, peut-être sera-t-elle nombreuse et puissante, mais elle sera barbare, et l’on ne me persuadera jamais que la barbarie soit l’état le plus heureux d’une nation, ni qu’un peuple s’achemine vers le malheur à mesure qu’il s’éclaire ou se civilise ou que les droits de la propriété lui sont plus sacrés.

1158. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite » pp. 57-61

Enfin nous souffrons plus volontiers le mediocre dans le genre tragique que dans le genre comique, qui semble n’avoir pas le même droit sur notre attention que le premier, habet comoedia tanto… etc. .

1159. (1887) George Sand

Il arriva enfin un jour où Mme Dudevant reconquit son droit entier à l’indépendance qu’elle avait tant de fois souhaitée. […] Avant d’avoir aimé, on ne vivait pas ; quand on n’aime plus ou qu’on n’est plus aimé, à peine a-t-on le droit de vivre encore. […] Tu as disposé de toi, tu étais libre, personne n’a le droit de t’humilier. » Ceux mêmes qui auraient quelque droit de se plaindre, comme les maris abandonnés, sont les premiers, quand ils ont de grandes âmes, à répandre leur bénédiction héroïque sur le couple adultère : « Ne maudis pas ces deux amants, écrit Jacques à Sylvia. […] Que deviendrait la société si chacun, armant sa passion de la force, la jetait en guerre à travers les intérêts légitimes ou les droits contraires ? […] Son nez est simplement un nez droit et ordinaire.

1160. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Dans la Poésie et dans l’Art, un homme sans enthousiasme, c’est-à-dire sans Dieu et ne sachant pas souffrir, n’a rien à faire et n’a pas même le droit d’exister. […] Il serait puéril de répondre qu’une aussi mortifiante servitude n’a pas le droit d’exister. […] Qu’importe même la rengaine décrépite et mille fois avachie des Droits de l’homme et de la fraternité révolutionnaire ? […] Le bronze n’a plus de colère, tu le sais bien, depuis qu’il ne coûte plus un sou aux fils pieux qui s’en font de la réclame et des droits d’auteur. […] Mais, il faut bien le dire, c’était une pente effroyable qui descendait de Louis XIV et s’en allait, à travers trois règnes de boue, droit au panier de la guillotine.

1161. (1911) Nos directions

Plus y chardonne l’anarchie que la liberté n’y verdoie : car tous ont le droit de parler, quoi qu’ils disent — et ceux qui disent quelque chose n’ont pas le droit de se faire entendre — car, en même temps qu’eux, parlent ceux qui ne disent rien. […] Le poète a le droit de n’en pas tenir compte, — en tout cas, c’est pour lui une secondaire pensée. […] Une si complexe émotion ne saurait toucher une foule d’un coup droit, théâtral, impossible à parer. […] Les pommettes saillantes, les joues en plan droit, les lèvres fortes… — mais vais-je tenter un portrait ? […] Cette préciosité toute verbale, nul n’a le droit de la condamner en principe ; elle a, en certains cas, sa légitimité, sa valeur.

1162. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

L’artiste a bien le droit de dire une fois sa pensée tout entière. […] Le dandy aussi demandait à faire valoir ses droits. […] Enfin, ceci n’est rien ; puisqu’il y a des amateurs de ce genre, ils ont le droit de s’amuser comme il leur plaît, — nous sommes tous égaux. […] Convaincu du sérieux qui le guidait, il faisait valoir ses droits et ceux de ses confrères à être pris au sérieux par la société. […] Chez Renard, ce fut à ce moment l’homme qui parlait et qui maintenait les droits sacrés de son métier.

1163. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

De torte bûche fait-on feu droit ? […] Cette page est extraite d’un livre que je n’ai ni le droit de louer ni le désir de blâmer4. […] Beaucoup de romanciers vont chercher là-bas des occasions de rire ; et c’est leur droit. […] Mais il comptait, en marquant ainsi un droit coquet aux privautés, forcer enfin sur lui l’attention des femmes et s’introniser quelque peu dans leur camp, à elles. […] Fort bien, c’est son droit !

1164. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Il passa son baccalauréat ès lettres pour entrer ensuite à l’École de droit. […] Est-ce ma faute si cette poésie n’est pas simple et si (à meilleur droit que les Précieuses) « j’entends là-dessous un million de choses » ? […] Mais cette douzaine-là aurait bien le droit de réclamer contre l’injustice des hommes ou des choses. […] Mais il ne faut pas le dire : c’est trop difficile, et on n’a pas le droit d’être banal en exprimant sa plus chère pensée. […] Renan n’a pas le droit d’être gai.

1165. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Mais en admettant la vérité du premier tableau dont je ne suis pas juge, je me crois le droit de contester la fidélité du second. […] Dès qu’il doute, il n’a plus le droit de chanter. […] C’est leur droit et leur devoir. […] On se battait pour des droits encore mal définis. […] Or, dans Lélia, ce droit n’a pas été méconnu.

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