Les contemporains de Mme de Staël qui n’entendaient pas grand’chose à la physiologie et qui avaient dans la tête le type de beauté dont Pauline Borghèse et Mme Récamier étaient l’idéal, n’ont rien compris à ces traits un peu gros, à ce large nez de lionne, à ces lèvres roulées plus amoureuses encore qu’éloquentes, aux orbes solaires de ces yeux, sincèrement ouverts jusqu’à l’âme, qui ont trempé tant de fois leurs feux dans les larmes, comme le soleil trempe les siens dans les mers ! […] c’est cette Mme de Staël, restituée à la vérité de sa nature par un éditeur qui serait capable de la comprendre et de l’expliquer, que je voudrais voir revenir en pleine lumière, dans quelque splendide édition, où nous trouverions de ces lettres qui, comme plusieurs de celles de Weymar et Coppet, mais en trop petit nombre, éclairent le génie par la vie — comme les neiges tombées éclairent le ciel par en dessous !
une population de Phidias-Téniers, concevant l’Art comme Hugo l’a compris, et tirant de la Laideur qui est infinie un bien autre parti que ces pauvres Grecs de la Beauté, qui ne l’est pas. […] Au lieu de ce tombereau de faits insignifiants et qu’on a balayés partout, vidé dans le barathre obscur de ces deux volumes, nous aurions voulu une Chine clarifiée et comprise, une Chine vue à travers le cristal de la critique, essuyé, purifié, éclairci.
S’il avait été réellement un observateur historique, il aurait vu et il aurait dit que les Bourbons, de Henri IV à Louis XVI, n’avaient rien compris à l’esprit chrétien de la France, à priori héroïque et docile, qui n’a de dangereux que la tête facile à enivrer. […] On doit renoncer de le faire « comprendre aux âmes médiocres qui ne l’ont jamais « ressenti. » Est-ce M.
Il comprend l’action et la réalité humaine, et il ne les surfait pas, même en Montesquieu. […] Montesquieu, tout majestueux président qu’il pensait rester, était d’une époque où l’amour des sens, ce diable déchaîné, secouait les plus graves, et il eut comme les autres ses aventures de boudoir ; mais, de l’imagination, comme les poètes qui aiment, il montra le peu qu’il en avait dans des madrigaux absolument et détestable ment médiocres, et dans ce poème en prose du Temple de Gnide que la marquise du Deffand appelait : « l’Apocalypse de la galanterie », parce que la pauvre diablesse aveugle ne comprenait rien à celui de Saint Jean !
Il aurait vu, enfin, que l’Europe, à son tour, cette Europe qui, à elle toute seule, est le monde, n’est, au fond, qu’une seule famille : la famille d’Abraham, dominant la terre par les juifs, les chrétiens et les musulmans, et il aurait compris que les luttes de l’Europe, quelles qu’elles aient été et quelles qu’elles soient encore, sont des luttes dans le même esprit, et que le glaive qu’elle tient, comme le glaive qui tournait dans la main du chérubin de l’Éden, n’est que le même glaive. […] voilà certainement ce qu’en se détournant de ses Pyrénées Cénac-Moncaut aurait compris, et alors, au lieu de se parquer dans des histoires locales et d’y abîmer son regard, il ne les aurait envisagées que comme les rayons du centre auquel tout se rapporte, et vers lequel tout historien doit remonter comme vers le plexus solaire de l’Histoire, Il n’aurait été ni du pays de Comminges, ni du pays de Foix, ni du Bigorre, ni du Roussillon, ni de la Cerdagne : il aurait été européen, universel, latin, en un mot.
Voilà pourtant ce que l’auteur du livre de La Femme et l’Enfant n’a pas compris, ou ne s’est pas rappelé, quand il a pensé à alléger la masse de douleurs et de misères pour lesquelles l’Église catholique a plus fait que toutes les civilisations réunies. […] Il a parfaitement compris que, pour la France, la meilleure source de prospérité était dans le développement de sa production agricole : « L’agriculture, — dit-il, — cet atelier inépuisable de toutes les productions essentielles, se détache sur le fond assombri de nos misères, et quand une fois on a sondé le gouffre des souffrances humaines, c’est en reportant les yeux sur la terre que l’on voit poindre l’espérance. » Brutus embrassa la terre et l’appela sa mère.
Un poète, il est vrai, Lord Byron, mais Lord Byron malade, spleenétique, agacé, mâchant du mastic et buvant du soda-water, a fait un jour l’éloge osé et peut-être ironique de l’avarice, la passion la plus intellectuelle, disait-il ; ce qui n’est pas une recommandation bien forte pour Bellegarrigue, lequel comprend, lui, l’amour de l’or sous des formes moins concrètes et moins immobiles. […] Les ayant étudiées tout en les admirant, il nous en donne le délicieux camée suivant, qui a l’inflexibilité et la plénitude d’une définition : « Les Américaines — dit Bellegarrigue, page 8, — sont des femmes vivant en contemplation d’elles-mêmes, dédaignant les hommes et adorant la monnaie (toujours la monnaie). » Et pour être mieux compris, pour mieux faire briller le diamant de sa découverte psychologique, le foudroyant moraliste ajoute à la page 9, après avoir froncé son terrible front de penseur : « La sensibilité étant inhérente au cœur humain, les Américaines ne l’ont détournée des objets auxquels l’appliquent ordinairement les femmes d’Europe que pour se l’approprier, ce qui revient à dire (bien obligé, nous avions entendu !)
Amédée Renée nous a raconté avec toutes les nuances du détail cette vie, cette mort, et enfin ce survivre, le pire des malheurs pour l’âme humaine, a dit un homme qui se connaissait en douleur, et de tout cela il a tiré un chef-d’œuvre d’intérêt légitime qui ne sera peut-être pas compris à cette époque d’adultère, mais qui, s’il l’était, aurait l’éloquence d’une leçon. […] … D’un esprit politique trop ferme pour ne pas comprendre la grandeur de Richelieu, tout en l’accusant, il a été entraîné, charmé, par son sujet ; mais il reprendrait tout son regard demain, s’il rencontrait Richelieu ailleurs qu’entre l’échafaud de Montmorency et la cellule de sa femme.
Je le comprends, c’est à en dégoûter… Il a fait du Vieux neuf mieux que Fournier. […] Il se joue comme le poisson dans l’eau dans les idées mystiques, qu’il comprend très bien, et avec ce sentiment catholique qui va jusqu’à la règle, mais ne la déborde jamais.
Ces élégants ou fastueux traîneurs de robes et de toges, ces dandys à la ceinture lâche, qui comprenaient probablement l’histoire comme Blaze de Bury, étaient trop artistes, trop préoccupés de l’effet esthétique dans leurs œuvres, pour se perdre en ces chicanes minutieuses où s’usent des milliers d’yeux et d’esprits modernes… La Critique historique, telle que l’esprit moderne la conçoit et l’exige, était inconnue au temps de Tacite et de Suétone, qui se tirent de toute chose douteuse avec un mot ou deux : Rumor ou ut referunt, dits de très haut, et passent… Esprits superbes, qui n’insistent pas, qui ne s’attachent pas à un texte. […] Pour eux, on peut dire justement que l’Histoire est un art… Mais l’Histoire, comprise par les Modernes, dont les besoins de vérité et de moralité sont bien supérieurs à ceux des Anciens, l’Histoire a la noble ambition d’être une science indépendante de l’historien, et d’arriver à l’objet de toute Science, qui est la Certitude, quel que soit le talent ou l’art de celui qui s’est donné fonction de l’écrire.
Il était ce que nous avons tous le droit d’être quand nous avons la faculté de regarder et de comprendre. […] Aussi comprend-on qu’il soit faible en idées générales ; mais les Entretiens d’Eckermann dépassent tout ce qu’on pouvait penser de cette incroyable débilité.
Et vous comprenez s’ils doivent être, ces rêveurs, méprisés des brutes qui règnent actuellement dans l’ordre intellectuel ! […] Il comprend celles-là !
Quoique fort entichée de noblesse, cette marquise a compris qu’il y avait un mariage à faire entre son fils et mademoiselle Caroline Adam, et elle s’aide, pour arriver à la réussite de ce beau projet, d’un certain baron, sigisbé discret de sa jeunesse, ami ou plutôt parasite de Μ. […] Nous comprenons très bien le double sens de cette évolution.
Comme cela, vous comprenez ? […] voilà qui produit un rude effet sur l’ignorant et qui l’agenouille, tandis qu’au contraire la facilité de comprendre le système, très peu compliqué de M.
Même les grandes passions d’une époque n’éterniseront point ce qu’on appelle quelques jours de l’éloquence, et ne feront pas comprendre que c’en était. […] Lacordaire a compris.
Hurter, le célèbre converti, a compris et retracé le pontificat d’Innocent III, en jurisconsulte et en théologien. […] Il n’y a d’imposant et de fort que les thèses désintéressées… Est-ce que l’abbé Christophe ne le comprendrait pas assez ?
Ne le comprend-on pas ? […] N’est-il pas des esprits dont la misère est d’avoir besoin d’une tautologie pour comprendre, et qui n’entendraient rien aux mots les plus profonds dits par la religion aux hommes, si la philosophie ne venait les leur répéter ?
C’est ce que les bâtards de la philosophie n’avaient pas compris ! […] quand on les mérite, j’ai la faiblesse de les aimer, et qu’au contraire il y traite les gens, dont bien évidemment il méprise les doctrines ou l’intelligence, avec cette incroyable politesse qui, à la réflexion, fait comprendre, après tout, que ce qui est le plus coupant dans le langage, comme sur les glaives, c’est ce qui est le plus poli !
Après cela, on comprendra sans doute le genre de génie qui sourit dans le livre, tout à la fois riant et mélancolique, que M. […] On comprendra jusqu’au titre même du recueil, ce titre de « Colombes et Couleuvres » qui n’est pas là une vaine opposition d’idées, mais l’antithèse atrocement moqueuse de la vie — l’amour et la haine, la calomnie et l’innocence, les nectars et les poisons.
Certainement, je comprends très bien que M. […] C’était un déiste du xviiie siècle, d’un déisme invalidé de scepticisme et d’indifférence, mais quelle que fût la philosophie d’André Chénier, dans un temps où tout le monde se vantait d’être philosophe, il était encore assurément le meilleur d’un siècle si violemment hostile aux idées religieuses comme nous, chrétiens, les comprenons.
Et, cependant, nous ne terminerons pas ce chapitre sans une citation qui fasse comprendre à quel genre de poète rare nous avons affaire. […] Les airs n’ont pas besoin, ni les vagues stupides, Pour frissonner, d’avoir compris.
Dans une société toujours en chemin de fer, même quand elle n’y est pas, et beaucoup trop pressée pour lire attentivement et avec suite, il faut écrire à son usage, de manière à ce qu’elle comprenne et même s’intéresse, si cela se peut, à ce qu’elle lit, en pensant au sort de ses colis et de ses affaires ; il faut enfin une littérature de transport, de défaite et de pacotille, et M. About l’a compris !
Au lieu d’aborder hardiment cette œuvre immense du roman qui comprend l’étude de l’homme et de la société, invariablement unis l’un à l’autre, M. […] Trop philosophe et trop libertin pour avoir le génie de la passion, cette source inépuisable du roman de grande nature humaine, le dix-huitième siècle, le siècle de l’abstraction littéraire comme de l’abstraction philosophique, qui n’eut ni la couleur locale ni aucune autre couleur, — qui ne peignit jamais rien en littérature, — car Rousseau, dans ses Promenades, n’est qu’un lavis, et Buffon dans ses plus belles pages qu’un dessin grandiose, — ce siècle, qui ne comprenait pas qu’on pût être Persan, dut trouver, le fin connaisseur qu’il était en mœurs étrangères !
Grâce à elle on admirera, on comprendra d’autant mieux les chefs-d’œuvre du grand siècle qu’on se les représentera plus franchement à distance, dans le lointain où ils sont, et à leur vrai jour.
Il n’y a là pas un mot, pas une image que ne puisse comprendre le plus simple de ces laboureurs berrichons à qui M.
Cette tendance à mieux comprendre la vie s’accentue dans Sous le Soleil, pour s’affirmer définitivement dans le Parc enchanté et Bouquet d’avril.
Camille Mauclair, littérairement, a touché à tout, et l’on peut dire qu’il n’est pas de beautés ni d’idées qu’il n’ait goûtées et comprises, ni de façons de sentir et de penser auxquelles il ne se soit prêté pour nous en donner ensuite, soit en des poèmes, soit en des conférences, soit en des essais de métaphysique ou d’esthétique, soit en des études de critique, soit encore en des romans ou en des contes, sa notation propre et toujours intéressante.
On a compris qu’un Roi imbécille, sottement disposé à croire le premier qui lui parle ; qu’une Princesse indéfinissable, occupée sans cesse à gémir & à hésiter ; qu’un Amant enthousiaste qui ne sait ni ce qu’il dit ni ce qu’il fait ; que des Prêtres en délire qui ne se rencontrent que pour disputer & s’injurier ; que des incidens accumulés sans vraisemblance & sans nécessité ; que des Scenes déclamatoires absolument décousues, étoient le comble du ridicule.
Gaullieur ne comprend pas moins les devoirs rigoureux de discrétion que cette possession délicate impose. […] Il n’y a pas un stathoudérien qui n’y soit compris. […] Si c’est une naïveté, je l’aime ; si c’est une raillerie, je la comprends. […] Je ne comprends ni le but, ni l’architecte, ni le peintre, ni les figures de cette lanterne magique dont j’ai l’honneur de faire partie. […] « Je ne comprends pas bien, écrit-il, ce que vous voulez dire par votre incertitude entre Ferrand et Mallet.
Xanrof ; il faut être Parisien achevé pour comprendre tout ce qu’il y a de gai sous son aspect sérieux, de délicat sous son réalisme voulu et d’observation dans ses croquis instantanés.
Le sentiment religieux se comprend difficilement en dehors de toute sociabilité.
On comprend aisément combien des préceptes sentis & annoncés de cette maniere sont propres à se faire goûter.
Comment Voltaire, avec tant de goût et un esprit si juste, ne comprit-il pas le danger d’une lutte corps à corps avec Bossuet et Pascal ?
J’avais terminé le cours entier des études, y compris ma rhétorique, à treize ans et demi. […] Dès ma jeunesse, j’ai toujours compris la critique autrement : modeste, mais digne. […] « Né dans l’honnête bourgeoisie, mais dans la plus modeste des conditions, Charles-Augustin fit ses études dans sa ville natale et y acheva même toutes ses classes, y compris la rhétorique, dans la pension laïque de M. […] quand les Méditations parurent, disait-il, j’étais encore en classe (1820) ; j’avais seize ans ; on nous laissait assez libres, à la pension Landry, de lire tout ce que nous voulions : nous n’étions pas, comme les écoliers d’aujourd’hui, obligés de nous cacher pour connaître ce qui se publiait au dehors de beau et de grand ; il y avait un esprit plus large, un souffle plus généreux et plus libéral (sans prétention à vouloir le paraître) dans la façon de ce temps-là de comprendre l’enseignement. […] Sainte-Beuve chez sa mère, ce qui ne laissait pas de la troubler un peu : sans cesse préoccupée sur le sort et l’avenir de son fils, en bonne et simple bourgeoise qu’elle était, vivant dans la retraite, ayant connu dans son enfance des temps orageux et terribles, elle redoutait qu’il ne fût entraîné trop loin par une relation trop chevaleresque. — Et ce que toutes les mères et les pères aussi qui s’intéressent à la carrière d’un fils, lancé dans cette voie épineuse des Lettres, comprendront, elle ne crut véritablement le sien sauvé que le jour où il fut reçu de l’Académie française. — Je retrouve à l’instant même une lettre qui avait beaucoup touché M.
Visconti laissait trois fils, entre lesquels fut partagé son vaste héritage, qui comprenait toute la Lombardie. […] Qu’on ne m’accuse pas de vouloir porter atteinte à sa réputation ; je connais peut-être mieux les beautés de ses ouvrages que tant de gens qui se déclarent ses fanatiques sans les avoir lus. » (N’est-ce pas l’enthousiasme d’aujourd’hui en France, où tout le monde exalte et où si peu de personnes ont lu et compris ce livre ?) […] Vous comprenez le sujet de ma douleur. […] L’amitié en ce temps était une passion entre les esprits capables de se comprendre : on mourait de regret comme on meurt aujourd’hui d’envie. […] Pour tout homme sensible qui comprend les sonnets de Pétrarque dans la langue où ils ont été pleurés ou gémis, les sonnets du poète de Vaucluse sont un manuel qu’il faut porter sur son cœur ou dans sa mémoire comme un confident ou un consolateur dans toutes les vicissitudes des attachements humains ; ils calment comme des versets de l’Imitation, et de plus ils enchantent par des mélodies intérieures toujours en concordance du son et des sens.
Les Français aiment trop Horace (je le comprends, car Horace est certainement l’esprit le plus français de toute l’antiquité). […] Chaque fois que j’ai rencontré un homme, comme on en rencontre beaucoup, dont La Fontaine est le catéchisme et dont Horace est le manuel, je me suis défié et éloigné de cet homme ; je me suis dit : Ou cet homme n’a pas assez de sérieux dans l’esprit pour comprendre que l’agrément n’est pas le fond de la vie, ou cet homme n’a pas assez d’aversion pour ce qui est moralement dépravé dans l’art des lettres. […] Mais, pour bien comprendre Horace, ce La Fontaine lyrique des Latins, il faut d’abord vous raconter sa vie dans les plus intimes détails, car les œuvres d’Horace et sa vie c’est une même chose. […] S’il avait étudié plus profondément la nature des choses, il aurait compris pourquoi le succès est presque toujours ici-bas du côté des mauvaises causes : c’est que le nombre fait le succès, et que, le plus grand nombre des hommes étant ignorant ou pervers, il est toujours facile aux méchants de trouver des complices et d’écraser la justice, la vérité ou la vertu sous le nombre. […] Le Poussin a merveilleusement compris et rendu ces paysages d’Ustica ; c’est le vrai peintre de la Sabine ; il y passait ses étés pour y retremper ses pinceaux dans les grandes ombres noires, dans le ciel bleu, dans les lacs dormants de ces montagnes classiques.
« Il est facile de comprendre qu’à un semblable discours, prononcé avec cette grâce, cet air de majesté jointe à la plus pénétrante douceur, et cette amabilité qui étaient particulières à Pie VI, les expressions me manquèrent absolument pour lui répondre. […] Il comprit donc que le parti Mattei n’aurait qu’à choisir le nouveau Pape dans le sein du parti Bellisomi. […] « Le cardinal Braschi répondit qu’il lui était impossible d’exprimer sa surprise et de comprendre comment Son Éminence (Antonelli) avait songé au cardinal Chiaramonti, à cause justement des difficultés extrinsèques qu’il avait indiquées sommairement ; que malgré leur nature, lui, Braschi, ne les croyait pas absolument invincibles près de ceux de son parti, tant à cause des mérites personnels du sujet qu’en vue des circonstances particulières dans lesquelles on se trouvait ; que la longueur excessive du conclave, l’inutilité des épreuves faites sur les candidats des deux partis que l’on ne pouvait parvenir à nommer, la lassitude des électeurs, aucune exception personnelle contre le sujet et une satisfaction naturelle de voir l’un d’entre eux succéder à saint Pierre, lèveraient beaucoup d’obstacles. Quant à lui, Son Éminence saurait bien comprendre par elle-même que personne ne devait être plus content de cette élection, mais que, par rapport aux relations existant entre lui et Chiaramonti, il croyait convenable à sa délicatesse de ne pas prendre la plus petite initiative dans sa promotion, même à l’égard de ceux du parti dont il était le chef. […] Les cardinaux comprenaient la nécessité d’en finir, et tous furent persuadés qu’ils ne pouvaient terminer autrement.
Le mot littérature, dans sa signification la plus universelle, comprend donc la religion, la morale, la philosophie, la législation, la politique, l’histoire, la science, l’éloquence, la poésie, c’est-à-dire tout ce qui sanctifie, tout ce qui civilise, tout ce qui enseigne, tout ce qui gouverne, tout ce qui perpétue, tout ce qui charme le genre humain. […] … Je n’ai jamais compris qu’il y eût des hommes assez doués de l’obstination des chimères pour croire au progrès indéfini et au bonheur absolu sur une pareille claie qui les traîne à la voirie de leur néant. […] Je le comprenais, et je m’accusais comme s’il avait parlé avec la voix. […] XXXII « Cette lecture me fit comprendre et sentir, mieux que la lecture même des dogmes religieux de l’Inde, la beauté, la vérité, la sainteté de cette doctrine, qui interdit aux hommes, non seulement le meurtre sans nécessité absolue, mais même le mépris des animaux, ces compagnons et ces hôtes de notre habitation terrestre, hôtes dont nous devons compte à notre Père commun, comme des êtres supérieurs d’intelligence et de force doivent compte des êtres inférieurs qui leur sont soumis. […] « Quand tu vois toutes les différentes espèces d’êtres qui sont dans la nature comprises dans un seul être, de qui elles émanent et se répandent au dehors, alors tu conçois Dieu !
Il avait compris que la nation, intimidée et abattue, n’avait plus besoin que d’être relevée, caressée et séduite par les manèges et par les bienfaits d’une politique de négociation. […] Toutefois nous en dirons assez ici pour faire bien comprendre la naissance et la perfection de l’œuvre d’Athalie à nos lecteurs. […] D’ailleurs, il faut l’avouer, et cet aveu n’est pas cette fois à la gloire du poète chrétien, Racine voulait que son sujet même, tout biblique qu’il était, fût une adulation indirecte, mais comprise, à la nouvelle favorite et au roi. […] Boileau, à qui la moindre originalité faisait peur, ne comprenait de route vers la gloire que sur les traces des poètes olympiens. […] » Mme de la Fayette, femme d’un goût sûr, parle avec le même sentiment, mais avec plus de sang-froid, de l’effet d’Esther sur la cour et sur le public ; mais on voit qu’elle en attribue le succès à la passion des applications religieuses et politiques qui en étaient faites ouvertement à la cour : « Ce succès ne se comprend pas, car il n’y eut ni petit ni grand qui n’y voulût aller ; et ce qui devait être regardé comme une comédie de couvent, devint l’affaire la plus sérieuse de la cour.
Mais l’histoire d’une nation est essentiellement une, et, à parler rigoureusement, il est presque impossible de bien comprendre la situation morale de l’Allemagne à la fin du xviiie siècle, si l’on ne connaît dans une certaine mesure les temps qui ont précédé et préparé celui qu’on étudie ; en sorte qu’il me paraît nécessaire de présenter ici une esquisse rapide de l’histoire de la civilisation germanique depuis ses plus faibles commencemens jusqu’à l’époque où Kant a paru, afin de faire bien saisir l’esprit fondamental et permanent de la grande nation à laquelle notre philosophe appartient, et dont il est le représentant. […] En vain Klopstock présenta à Frédéric, en vers sublimes, l’apologie de la muse germanique : le grand roi ne comprit pas le loyal patriote ; mais l’Allemagne l’entendit. […] Ce n’est pas tout : indépendamment de cette langue, rude encore et mal exercée à la décomposition de la pensée, Kant a une autre langue qui lui est propre, une terminologie qui, une fois bien comprise, est d’une netteté parfaite et même d’un usage commode, mais qui, brusquement présentée et sans les préliminaires nécessaires, offusque tout, donne à tout une apparence obscure et bizarre. […] Kant avait la conscience de la révolution qu’il entreprenait ; il avait jugé son époque et compris ses besoins. […] On comprend maintenant la signification et la portée du titre de l’ouvrage de Kant.
Mais pour voir cela et le comprendre, il faut être un peu plus qu’un poète qui se contente d’une fausse image, ou bien qu’un révolutionnaire, dont l’idée est plus fausse encore. […] Certes, après cela, on comprend aisément tout ce qui peut suivre et jusqu’à l’histoire elle-même que M. […] on la comprend ! […] Michelet a compris ses biographies. […] Les femmes qu’il expose… et propose à nos admirations n’ont pas pour lui (et on le comprend bien du reste,) la même valeur, la même grandeur, le même héroïsme.
Toutes ces magnifiques images, ces secousses de la pensée, ces élans de tendresse ou de douleur, ces dialogues de Dieu avec l’âme et de l’âme avec elle-même, toutes ces surprises, toutes ces épouvantes du drame lyrique de David, ne se retrouvent pas sans doute dans les hexamètres d’Apollinaire ; et cependant là même, ces belles hymnes, dont les premiers versets latins sont, pour ainsi dire, le titre vulgaire connu de ceux même qui ne le comprennent pas : Quare fremuerunt gentes ? […] Mais, s’il y a là quelque chose pour la raison philosophique, pour la conception spéculative de l’essence divine, il n’y a rien pour le cœur ; rien de cette touchante médiation et de cette mystérieuse unité qui fait quelque peu comprendre la Divinité, par l’infini même des différences que sa miséricorde a comblées pour l’homme, en s’assimilant, par une naissance humaine, à l’être faible et déchu qu’elle voulait sauver. […] Cela seul peut être nous fait bien comprendre la vie fervente de ces temps, et les prodiges d’imagination et de force, de grandeur et d’humilité, qui sortaient de cette extase presque ininterrompue, dont l’exemple, donné par quelques âmes supérieures, se reproduisait dans une foule obscure, non sans y susciter de grandes choses aussi. […] Conduis-moi, aujourd’hui même, au but de ma route. » On le comprend, au reste : quelque belle que soit par moment cette poésie, les tons doivent en être peu variés ; la tristesse religieuse qui en est l’âme en fait l’uniformité. […] Mais, vous le voyez, il comprend, il exprime le dogme aussi bien que le ferait Athanase lui-même.
La branche d’étude qui est comprise sous le titre de littérature comparée ne date en France que du commencement de ce siècle. […] La littérature se fait avec des textes bien compris. Ampère ne comprend pas directement les textes, il ne sait pas les premiers éléments du norrain. […] Aussi, je le répète, ne puis-je rien comprendre à la question faite par M. […] Ampère père, une telle alliance lui paraissait tout réunir, et il ne pouvait comprendre les hésitations de son fils.
La comprenez-vous, Manon ? […] Il lisait et ne comprenait pas. […] Et, de ne pas comprendre ? […] … Mais vous comprenez ? […] Mais l’on se console à se dire, avec beaucoup d’apparence, que, si l’on avait compris, l’on aurait pas compris grand-chose.
Mais quand il s’agit de faire entendre une langue étrangère, on doit alors traduire litéralement, afin de faire comprendre le tour original de cette langue. […] En ce sens cette figure comprend tous les autres tropes ; car dans tous les tropes, un mot n’étant pas pris dans le sens qui lui est propre, il réveille une idée qui pouroit être exprimée par un autre mot. […] Sanadon croit que (…) comprend ici, même les jeunes filles : voici sa traduction : les combats, qui sont pour les femmes un objet d’horreur. […] Dans le premier cas, on veut faire entendre que la persone ou la chose dont on parle excèle sur toutes celles qui peuvent être comprises sous le nom comun : et dans le second cas, on fait entendre que celui dont on parle ressemble à ceux dont le nom propre est célèbre par quelque vice ou par quelque vertu. […] On ménage par ces expressions l’amour propre de ceux à qui on adresse la parole, en paroissant partager avec eux le blame de ce qu’on leur reproche ; la remontrance étant moins personèle, et paroissant comprendre celui qui la fait, en est moins aigre et devient souvent plus utile.
Marc Legrand « Lorsque nous contemplons l’antiquité avec le désir sincère de la prendre pour modèle, il nous semble que, dès ce moment seulement, nous comprenons notre dignité. » Ce mot de Goethe se vérifie à lire le recueil que M.
Aujourd’hui, mieux regardée et mieux comprise, c’est l’œuvre entière que j’aime en sa beauté diverse et savante, en la haute signification de son ensemble.
D’ailleurs, on me comprendra quand on aura lu le sonnet suivant, qui est une merveille : Quand nous serons vieux, étendus parmi D’antiques coussins à fleurs démodées, Nous échangerons nos vieilles idées En parlant tout bas d’un ton endormi.
tous ceux qui comprennent que le génie français doit être pur et non barbouillé d’obscurités septentrionales, me rejoindront !
Il est vrai que cette liberté de prononcer sur les Ecrivains, qui, en général, ne demandent que des Panégyristes, lui attira des disgraces, & en occasionna la suppression pour quelque temps : mais l’autorité comprit bientôt qu’il n’étoit pas moins essentiel de maintenir les loix de la Littérature, que celle de la subordination dans les autres ordres de l’Etat ; qu’il sera toujours avantageux aux Littérateurs d’être instruits, redressés, & contenus dans les bornes qu’ils ne doivent pas franchir ; que le bon usage des connoissances & des talens est un objet essentiel à l’intérêt & aux agrémens de la société ; que l’abus de ces deux puissans ressorts, dignes de toute l’attention de la Politique, entraîne toujours des suites dangereuses ; qu’un esprit éclairé, courageux, inflexible, mérite de l’encouragement, & ne doit point être livré à d’injustes persécutions.
Voilà toute la première partie de ce livre, y comprises les notes sur la Déformation.
Il peut, aujourd’hui que ses Odes ont subi l’épreuve hasardeuse de la publication, livrer au lecteur la pensée qui les a inspirées, et qu’il a eu la satisfaction de voir déjà, sinon approuvée, du moins comprise en partie.
Le dernier mot que doit ajouter ici l’auteur, c’est que dans cette époque livrée à l’attente et à la transition, dans cette époque où la discussion est si acharnée, si tranchée, si absolument arrivée à l’extrême, qu’il n’y a guère aujourd’hui d’écoutés, de compris et d’applaudis que deux mots, le Oui et le Non, il n’est pourtant, lui, ni de ceux qui nient, ni de ceux qui affirment.
Préface Maurice Delafosse, Administrateur en Chef des Colonies Pour bien connaître une race humaine, pour apprécier sa mentalité, pour dégager ses procédés de raisonnement, pour comprendre sa vie intellectuelle et morale, il n’est rien de tel que d’étudier son folklore, c’est-à-dire la littérature naïve et sans apprêts issue de l’âme populaire et nous la livrant dans sa nudité primitive.
» Le matin, au balcon, Mlle Newton lisait de l’anglais, Le Lay du dernier ménestrel de Walter Scott, alors sous sa première forme de poète et avant le roman ; Le Voyage du pèlerin de Bunyan, « ce livre que ma mère m’a donné, et qu’elle aimait tant, qui présente une ingénieuse allégorie des progrès que peut faire un pèlerin chrétien à travers les misères humaines ; et plus on le relit, mieux on le comprend. » Elle lisait et relisait Shakespeare, c’était son livre de chaise de poste : « Bientôt je le saurai tout entier par cœur. […] Il n’a rien compris à ce que Mme de Coigny lui a dit ; moi, je n’ai pu que lui rire au nez encore plus fort. […] Comprendre chaque Père de l’Église, le rendre avec la physionomie qui lui est propre, lui faire parler sa langue, le faire agir sur la scène où il a vécu, c’était son ambition première, et elle excédait ses forces : de plus savants qu’elle sont restés en chemin.
Ce pauvre Motte ne comprit pas qu’il avait une belle occasion pour se faire tuer, en léguant à ses camarades un bel et utile exemple à suivre. […] » Masséna s’approcha aussi et fit cette harangue d’un autre ton : « Camarades, vous avez devant vous 4000 jeunes gens appartenant aux plus riches familles de Vienne ; ils sont venus en poste jusqu’à Bassano : je vous les recommande. » — « Cette harangue, parfaitement comprise, ajoute Pelleport, nous fit rire. » Dans tout ceci, il n’est guère question d’avancement pour Pelleport, toujours brave, toujours sous-lieutenant, et jamais pressé. […] Elle a confiance dans son chef, mais, en s’abandonnant à sa fortune, elle ne le comprend et ne le devine qu’à demi ; on s’abstient même de trop se demander où l’on va et dans quel but.
alors ce fut tout autre chose ; il sentit un bonheur, un charme indicible ; rien ne l’arrêtait dans ces poésies de la vie, où une riche individualité venait se peindre sous mille formes sensibles ; il en comprenait tout ; là, rien de savant, pas d’allusions à des faits lointains et oubliés, pas de noms de divinités et de contrées que l’on ne connaît plus : il y retrouvait le cœur humain et le sien propre avec ses désirs, ses joies, ses chagrins ; il y voyait une nature allemande claire comme le jour, la réalité pure, en pleine lumière et doucement idéalisée. […] Et c’est justement là l’avantage des petits sujets. » Tout se tient et se complète dans cette suite de recommandations poétiques : en conseillant la poésie naturelle, Gœthe ne dit pas de copier des scènes vulgaires ; en invitant le poëte à s’écouter lui-même, il ne dit pas non plus de roucouler des sentiments et des mélodies plus ou moins connus sur des thèmes et des sujets vagues : il veut un motif, un cadre et un dessin déterminés, et il demande que tout cela soit vu, observé, pris sur le fait, inspiré par la circonstance, dans les moyens et les données de celui qui chante et qui y met son accent, sa manière de comprendre et de sentir. Qu’on parcoure l’admirable volume de ses poésies à lui, chansons, paraboles, élégies, épigrammes50, vaste prairie de fleurs et de verdure où, quelque part que le regard tombe, chaque point vit, reluit ou scintille de sa couleur propre, et l’on comprendra tout le sens de ce conseil. — « Il n’y a pas une seule ligne de mes poésies, disait-il, qui n’ait été vécue. » Nous avons tous plus ou moins, sur la foi des premiers témoins et visiteurs qui nous en ont parlé, cru Gœthe plus insensible qu’il ne l’était.
Or, pour cela, quoi de mieux, en présence d’un tableau vivant, intéressant, animé, où tout parle, se comprend, où là foule s’arrête, et qui est signé d’un nom célèbre, que de hocher la tête, de pousser un profond soupir ou de hausser les épaulés de pitié ? […] Vernet lorsque je ne trouverai plus dans ses œuvres les qualités qui le distinguent, et que je ne comprends pas qu’on puisse lui disputer ; mais tant que je verrai cette verve, cette adresse et cette vigueur, je ne chercherai pas les ombres de ces précieux rayons de lumière. » Touches heureuses de critique, qui sentent le poète, qui consolent et qui vengent du pédant10 ! […] Ses lettres vont nous aider à le mieux comprendre encore.
Au diable le Chateaubriand, le Forbin et autres marchands d’esprit qui n’ont su s’exalter que sur des restes de pierre et qui n’ont pas compris que les scènes qui se représentaient à chaque minute sous leurs yeux étaient la représentation vivante de l’Ancien et du Nouveau Testament ! […] Quand on le voit ensuite se remettre d’arrache-pied à ses toiles, on comprend que sa peinture aime le grand air et ne sente en rien le renfermé. […] … » Et comme Horace lui exprimait son désir de faire une visite en France : « L’empereur m’a dit alors, les larmes dans les yeux : « Allez, vous ferez ce qu’un galant homme doit faire ; si vous voyez le roi des Français, dites-lui bien que je partage tout son malheur ; que personne plus que moi ne peut le comprendre davantage, car je lui dois de connaître le bonheur dont vous me voyez jouir chaque jour : dites-lui tout ce qui pourra le convaincre de l’estime que j’ai pour ses grandes vertus et pour la fermeté de son caractère. » — « L’empereur me tenait la main ; nous sommes restés quelques minutes sans prononcer une parole, en proie à la plus vive émotion, et lorsque j’ai pu parler, je lui ai demandé s’il m’autorisait à répéter textuellement cette conversation.
L’empereur chercha à lui faire comprendre alors que, s’il y avait un pareil nombre de ses pages qui eussent cherché à s’emparer de lui, il lui aurait bien fallu prendre la fuite : il répliqua tout en colère, au milieu des éclats d’admiration et de rire de l’empereur et des personnes qui étaient présentes, que lui jamais ne se serait enfui. » Je doute que ce trait d’obstination d’un Charles le Téméraire en herbe ait causé autant d’admiration à l’empereur qu’on le dit. […] Sa voix est fine et fluette ; il éprouve de la gêne quand il commence à parler, et les mots sortent difficilement de sa bouche ; il prononce mal les r et les l ; en somme toutefois, il sait dire ce qu’il veut, et parvient à se faire comprendre assez bien. » Suivent quelques détails sur son moral, un peu mêlés, et où il entre du pour et du contre. […] En même temps le roi faisait clouer les fenêtres de sa chambre, enlever toutes les armes et pièces de fer, y compris les chenets.
Roger Bacon, ce moine de génie, aborde les sciences, envisage en face l’autorité et la réduit à ce qu’elle est : « L’autorité n’a pas de valeur, dit-il, si l’on n’en rend compte : elle ne fait rien comprendre, elle fait seulement croire. » Lui, il ne veut plus croire, mais vérifier ; et, arrachant à l’antiquité son titre même, le retournant au profit de l’avenir, il pose ce principe du progrès moderne, que « les plus jeunes sont en réalité les plus vieux ». […] Il pourra paraître jusqu’ici assez difficile de comprendre comment M. […] On comprend les avantages et le profit qu’un esprit juste, élevé, a pu tirer ensuite de tous ces détails et de tout cet acquit pour la pratique de son art.
Ce n’est pas moi pourtant qui lui ferai un reproche d’être resté au fond mécontent de lui ; d’avoir eu comme une teinte de tristesse répandue jusqu’à la fin sur ses souvenirs, et, sans regretter précisément ce qu’il avait fait, d’avoir compris qu’il y avait sur cette partie de sa vie sinon une tache, du moins une obscurité qui demandait un éclaircissement. […] Et quand on songe qu’une telle histoire est ainsi continuée d’un cours égal et plein à travers la Convention et le Directoire jusques et y compris l’époque du Consulat et les victoires de Marengo et de Hohenlinden, on appréciera tout ce que Jomini a préparé de matière toute digérée et de besogne, relativement facile, aux historiens de la Révolution qui ont succédé. […] J’ai donc tâché d’y apporter toute lumière et, sans rien voiler, rien qu’en exposant, de faire en sorte que tous ceux qui sont et seront plus ou moins ses disciples puissent l’apprécier, le voir tel qu’il était en effet, le bien comprendre dans ses vicissitudes de sentiments et de destinée, le plaindre, l’excuser s’il le faut, pour tout ce qu’il a dû souffrir, l’aborder, l’entendre, le connaître enfin de près et comme il sied, d’homme à homme, et peut-être l’affectionner
Être humaniste, c’était se borner à lire les Anciens, et, entre les modernes, ceux qui paraissaient dignes, par endroits, de s’appareiller aux Anciens ; c’était les comprendre, s’en pénétrer, les posséder, et en être venu, dans cette familiarité de chaque heure, à y découvrir chaque fois de nouvelles délicatesses, de nouvelles beautés. […] On comprend qu’après une telle exhortation les poètes modernes soient sortis en conquérants de l’école de Dorat comme les Grecs s’élancèrent du cheval de bois sous Ilion. […] Cette lecture, ainsi faite et comprise, est toute une aménité littéraire.
Tout ce qu’on a introduit dans cette édition du Lépreux perfectionné se trouve compris, par manière d’indication, entre crochets, absolument comme dans les histoires de l’excellent Tillemont, qui craint tout au contraire de confondre rien de lui (le scrupuleux véridique) avec la pureté des textes originaux. […] En parcourant les ouvrages à la mode, il s’est effrayé d’abord, il s’est demandé si notre langue n’avait pas changé durant ce long espace de temps qu’il avait vécu à l’étranger : « Pourtant ce qui me tranquillise un peu, ajoutait-il, c’est que, si l’on écrit tout autrement, la plupart des personnes que je rencontre parlent encore la même langue que moi. » En assistant à quelques séances de nos Chambres, il s’est trouvé bien dérouté de tant de paroles ; au sortir du silence des villas et du calme des monarchies absolues, il comprenait peu l’utilité de tout ce bruit, et l’on aurait eu peine, je l’avoue, à la lui démontrer pour le moment. […] Il écrivait en style moins lyrique à un ami, en se faisant tout petit, non sans malice : « Dans l’impossibilité où je suis de comprendre cette faculté (du poëte) et pour ne pas avouer cette supériorité dans les autres, je pense que les poëtes ont quelque chose dans le poignet qui change la prose en vers à mesure qu’elle passe par là pour se rendre de la tête sur le papier ; en sorte qu’un poëte ne serait qu’une filière plus ou moins parfaite.
Le musicien collaborateur ne comprit pas tout le parti qu’il pouvait tirer d’une telle veine ; M. […] Homme heureux, il a compris de bonne heure que ce n’était plus le temps de l’élévation ni de la grande gloire, et il s’est mis à le dire sous toutes les formes les plus agréables, les plus flattées. […] Scribe comprit, avec son tact rapide, qu’il y avait une nouvelle veine, et plus forte, à exploiter.
Il comprit qu’il avait manqué ; il se confessa coupable de n’avoir pas saisi à l’instant cette même impression. […] ce n’est pas l’automne, c’est un coup de soleil, disait-il ; c’est ce pauvre arbuste des îles qui se dépouille avant l’heure. » Mais, le soir, quand les nuages eurent fui, et qu’il vit vers les collines, sur un horizon transparent et froid, la lune naissante, il comprit que c’était l’automne, venu cette année-là plus tôt, et il en tirait présage, se demandant et demandant à ce croissant, à ce ciel pâli, à la nuit, si c’était déjà aussi l’automne de l’amour. […] Après plus d’une heure d’attente et de propos saccadés, frivoles, par où s’exhalait une irritation étouffée, après avoir essuyé quelques traits de Mme de Noyon, et avoir fait une espèce de paix suffisante pour le moment, M. de Murçay, allant droit à Mme de Pontivy, toujours entourée, lui dit assez haut pour que sa voisine du coin de la cheminée l’entendît, qu’il désirait l’entretenir quelques instants de ce qu’elle savait, et qu’il lui en demandait la faveur avant qu’elle se retirât. « Certainement, » répondit Mme de Pontivy ; et la voisine, qui voulut bien comprendre à demi, se leva après quelques minutes.
Mais ce motif unique et tout particulier ne fut pas compris de loin ni même de près ; on en supposa d’autres plus graves. […] Il avait été invité par l’impératrice à l’une des résidences d’été, Czarskozélo ou toute autre, et divers indices, jusqu’au choix de l’appartement qu’on lui avait assigné, semblaient annoncer ce qu’avec les reines il est toujours un peu plus difficile de comprendre. […] Une autre publication de M. de Ségur, qui date de la même année (1801), est sa Décade historique, ou son tableau des dix années que comprend le règne du roi de Prusse Frédéric-Guillaume II (1786-1797).
Il ne comprit d’elle que son mouvement, non sa direction. […] Homme de tempérament plus que de pensée, élément plus qu’intelligence, il fut homme d’État, cependant, plus qu’aucun de ceux qui essayèrent de manier les choses et les hommes dans ce temps d’utopies ; plus que Mirabeau lui-même, si l’on entend par homme d’État un homme qui comprend le mécanisme du gouvernement. […] XIII « Une intention droite au commencement ; un dévouement volontaire au peuple représentant à ses yeux la portion opprimée de l’humanité ; un attrait passionné pour une révolution qui devait rendre la liberté aux opprimés, l’égalité aux humiliés, la fraternité à la famille humaine ; des travaux infatigables consacrés à se rendre digne d’être un des premiers ouvriers de cette régénération ; des humiliations cruelles patiemment subies dans son nom, dans son talent, dans ses idées, dans sa renommée, pour sortir de l’obscurité où le confinaient les noms, les talents, les supériorités des Mirabeau, des Barnave, des La Fayette ; sa popularité conquise pièce à pièce et toujours déchirée par la calomnie ; sa retraite volontaire dans les rangs les plus obscurs du peuple ; sa vie usée dans toutes les privations ; son indigence, qui ne lui laissait partager avec sa famille, plus indigente encore, que le morceau de pain que la nation donnait à ses représentants ; son désintéressement appelé hypocrisie par ceux qui étaient incapables de le comprendre ; son triomphe enfin : un trône écroulé ; le peuple affranchi ; son nom associé à la victoire et aux enthousiasmes de la multitude ; mais l’anarchie déchirant à l’instant le règne du peuple ; d’indignes rivaux, tels que les Hébert et les Marat, lui disputant la direction de la Révolution et la poussant à sa ruine ; une lutte criminelle de vengeances et de cruautés s’établissant entre ces rivaux et lui pour se disputer l’empire de l’opinion ; des sacrifices coupables, faits, pendant trois ans, à cette popularité qui avait voulu être nourrie de sang ; la tête du roi demandée et obtenue ; celle de la reine ; celle de la princesse Élisabeth ; celles de milliers de vaincus immolés après le combat ; les Girondins sacrifiés malgré l’estime qu’il portait à leurs principaux orateurs ; Danton lui-même, son plus fier émule, Camille Desmoulins, son jeune disciple, jetés au peuple sur un soupçon, pour qu’il n’y eût plus d’autre nom que le sien dans la bouche des patriotes ; la toute-puissance enfin obtenue dans l’opinion, mais à la condition de la maintenir sans cesse par de nouveaux crimes ; le peuple ne voulant plus dans son législateur suprême qu’un accusateur ; des aspirations à la clémence refoulées par la prétendue nécessité d’immoler encore ; une tête demandée ou livrée au besoin de chaque jour ; la victoire espérée pour le lendemain, mais rien d’arrêté dans l’esprit pour consolider et utiliser cette victoire ; des idées confuses, contradictoires ; l’horreur de la tyrannie, et la nécessité de la dictature ; des plans imaginaires pleins de l’âme de la Révolution, mais sans organisation pour les contenir, sans appui, sans force pour les faire durer ; des mots pour institutions ; la vertu sur les lèvres et l’arrêt de mort dans la main ; un peuple fiévreux ; une Convention servile ; des comités corrompus ; la république reposant sur une seule tête ; une vie odieuse ; une mort sans fruit ; une mémoire souillée, un nom néfaste ; le cri du sang qu’on n’apaise plus, s’élevant dans la postérité contre lui : toutes ces pensées assaillirent sans doute l’âme de Robespierre pendant cet examen de son ambition.
Budé avait vingt-quatre ans, il avait terminé son droit, quand, vers 1491 ou 1492, il reprit les auteurs latins, surtout les poètes, et commença de les comprendre ; Erasme avait près de trente ans, en 1496, quand il s’enferma comme boursier au collège Montaigu. […] On ne l’a pas toujours comprise. […] Les huit premiers seuls (1549-1548) ont été traduits par d’Herberay des Essarts, ils comprennent : Amadis de Gaule (I-IV) ; Esplandian (V) ; Perion et Lisuard de Grèce (VI) ; Amadis de Grèce (VII et VIII).
Ces sollicitations ont bien quelque rapport éloigné avec les tentatives malicieuses de Marinette ayant cherché Éraste et ne l’ayant trouvé Au temple, au cours, chez lui, ni dans la grande place ; mais la scène est beaucoup moins délicate, beaucoup plus brutale ; ce qui se comprend, du reste, Lisette étant désignée non comme une soubrette, mais comme une ruffiana. […] Craignant d’avoir éveillé les soupçons du valet, Tebaldo lui dit qu’il faisait comprendre à Lelio en quelle triste position se trouvait sa sœur Virginia, et il adresse les plus violents reproches et les plus terribles menaces à Zucca, qui cherche vainement à s’excuser d’être pour rien dans ce malheur, et qui ne sait plus, comme on dit, à quel saint se vouer. […] La surprise des autres ne fait qu’augmenter, tandis que Pandolfo, consterné, comprend enfin tout ce qui s’est passé.
Pareils à ces Juifs dont parle Pascal, qui gardaient d’autant plus fidèlement le dépôt des divines promesses, qu’ils en comprenaient moins le sens, les catholiques, du fond de leur ignorance, avaient défendu la tradition sans la comprendre, par les vaines arguties de la scolastique et par la violence. […] Outre les Métamorphoses, Marot avait lu et probablement très-bien compris l’Art d’aimer ; Si l’Art d’aymer tu as leu de bien près.
Rousseau se vante que l’amour du vrai l’a fait auteur et que la vertu fut « son premier docteur. » Il dit avoir compris tout d’abord qu’aux œuvres du génie L’âme toujours a la première part, Et que le cœur ne parle point par art. […] On comprend le dépit de Montesquieu insultant par la bouche d’Usbek à l’art des lyriques, qu’il traite « d’harmonieuse extravagance. » Les lyriques ont à demander compte à J. […] Je comprends Buffon les mettant au même rang que les Saisons de Saint-Lambert et les Mois de Roucher, dans cette boutade à madame Necker : « Saint-Lambert, au Parnasse, n’est qu’une froide grenouille, Delille un hanneton, et Roucher un oiseau de nuit. » Le jugement, pour être rendu de mauvaise humeur, n’en est pas moins juste ; encore aujourd’hui, ce n’est pas sans mauvaise humeur qu’on lit ces poésies, surtout les Saisons.
Le lecteur aura moins à comprendre qu’à deviner. […] Le Symbole est le couronnement d’une série d’opérations intellectuelles qui commencent au mot même, passent par l’image et la métamorphose comprennent l’emblème et l’allégorie. […] Tout en parlant poésie, me voici insensiblement arrivé aux poètes, mais c’était déjà parler d’eux que de parler de la façon dont ils ont compris la Poésie.
On en revient aux annexions de territoires, fondées non plus sur la volonté des habitants, mais sur le succès des armes ; et pour défendre cet abandon des principes modernes, ce retour aux brutalités des âges barbares, on s’appuie sur la science mal comprise. […] Puis elle devient thème à discussion passionnée ; la vertu des sacrifices humains est mise en doute ; on se demande si la suppression du criminel est utile et légitime, si au contraire elle ne doit pas être condamnée au nom de l’Évangile, de la pitié, de la justice largement comprise, si la rosée sanglante tombée des échafauds n’est pas une semence de haine et de cruauté. […] Pas plus que la gloire future de l’écrivain, la langue et le style ne se trouvent bien de ces perpétuelles improvisations ; en revanche, certains genres naissent ou prospèrent ; la polémique sur les affaires publiques prend une intensité et aussi une violence extrêmes ; la critique au jour le jour, le roman débité en tranches, la nouvelle, l’essai, en un mot l’exposé, le commentaire et la discussion de tout ce qui est actuel, susceptible d’être présenté en peu d’espace et compris sans effort, croissent et fleurissent avec énergie.
Il adore le gracieux, le joli ; il a pour le beau simple une admiration froide, ou plutôt encore une estime de commande ; il ne comprend guère le sublime. […] Dirai-je la critique et l’histoire impuissantes à comprendre les âges barbares, parce qu’elles se les figuraient à l’image des époques civilisées ; la poésie lyrique à peu près tuée en son germe, parce que toute effusion personnelle est d’un homme « mal élevé », ainsi que disait Buffon en parlant de Jean-Jacques ; enfin la vie du peuple et celle de la famille proscrites de la littérature comme choses basses et indignes de son attention ? […] Qui saura suivre ainsi dans ses variations sans fin la vie mondaine comprendra pourquoi la littérature française diffère si profondément de la littérature anglaise ou allemande durant notre période classique, et pourquoi elle s’en rapproche à partir du romantisme.
Alors cet homme de paix et de vertu, drapé en juste, posé en martyr, nous paraîtrait étrangement implacable, et nous comprendrions la colère de la suppliante rejetée. […] Cependant voici la femme de chambre qui tombe aux genoux de Claude et lui dénonce, en pleurant, tous les méfaits de sa maîtresse, y compris son vol projeté des manuscrits contenant le secret du fameux canon. […] Madame Guichard a tout compris, mais le secret sera bien gardé.
On comprend déjà ce que j’ai voulu dire quand j’ai parlé de cette perfection de culture et de goût chez une personne qui, à l’âge de quinze ans, vit naître Esther, qui en respira le premier parfum et en pénétra si bien l’esprit, qu’elle semblait, par l’émotion de sa voix, y ajouter quelque chose. […] Ajoutez à cette page de Mme de Caylus une Conversation au siège devant Lille, que nous a rapportée Pellisson, et vous comprendrez le côté, si j’ose dire littéraire de Louis XIV, et comment la langue, par le sens et le tour, était excellente et encore royale quand il la parlait. […] Voyons donc un peu ce que l’aimable abbé comprenait sous ce mot ; c’est nous occuper de Mme de Caylus toujours.