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1721. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

et dont le premier venu ne se tirera pas.

1722. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Un traducteur comme Dieu ne devrait en envoyer qu’aux grands inventeurs et aux grands écrivains tire le livre de son obscurité.

1723. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Les objets qui l’environnent et qui le frappent, c’est l’architecture qu’il a créée, les métaux qu’il a tirés du sein de la terre, les richesses qu’il a cherchées au-delà de l’océan, les différentes parties du monde unies par la navigation, enfin tout ce qu’a de brillant le tableau de la société, des lois et des arts ; mais dans les campagnes, l’homme disparaît, et la divinité seule se montre.

1724. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

C’est elle qui a fait les noces du peuple de Romulus avec les Sabines, d’où elle a tiré les Rhamnes et les Quirites, et pour postérité de Romulus, le père et la génération des Césars.

1725. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Je tire ce passage d’une brochure anonyme de lui, publiée en 1792, lorsque déjà la conciliation était très-compromise ; on y recueille sa dernière parole aux approches du 10 août, et comme son dernier cri d’alarme. […] Comme nous ne prétendons nullement donner ici une biographie complète, nous pourrions nous taire sur ces divers contre-projets de Daunou, ou nous borner à en louer la sagesse, du moins la sagesse relative ; mais il y a lieu d’en tirer quelques vues directes pour l’étude de l’homme et de l’écrivain. […] La seule conclusion que je veuille tirer de pareils traits d’originalité naïve, c’est que, même en ces années de familiarité et de liberté, où il jouait un grand personnage public et où il voyait le plus de monde ; même quand il était le parrain désigné de toutes les Constitutions, filles de celles de l’an III, quand il allait par delà les monts, en qualité de commissaire, organiser la république romaine et y rétablir les comices et les consuls, Daunou n’aurait point mérité qu’on dit de lui, comme d’Ulysse, qu’il était un grand visiteur d’hommes. […] Daunou ne fait guère qu’en tirer prétexte pour retracer en douze leçons un tableau succinct de l’histoire universelle, dès avant Homère, jusqu’à la mort de Voltaire. […] Il en est de l’érudit comme du moraliste : il sait une quantité de points dans le vaste champ de la littérature et de la critique, comme l’autre dans le champ de l’observation humaine ; il s’y attache, il s’y enfonce, il en tire lumière ou plaisir, il se les exagère parfois.

1726. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

C’est d’ailleurs un jeu habituel, chez ceux qui s’occupent de jurisprudence, que de se servir des articles du code pour les appliquer de manière à en tirer des conséquences absolument différentes de leur signification première, que d’agir contrairement à l’esprit du texte, sans cependant l’enfreindre si on le prend dans le sens littéral. […] La fameuse objection tirée des « tiers » a toujours été — et est aujourd’hui encore — un merveilleux épouvantail, un véritable attrape-nigaud, destiné à empêcher la diffusion de la pensée des écrivains, qui sont entrés définitivement dans le public. […] Or, quelle que soit la manière dont on la conçoive, les plus grandes joies que l’homme puisse tirer des biens qu’elle lui apporte sont les joies qu’il saura extraire de la pensée et de l’art. […] Elles sont tirées des « papiers » qu’il publie chaque semaine dans les Nouvelles Littéraires. […] Le 16 mars 1914, Mme Caillaux tire sur Gaston Calmette, le directeur du Figaro, de crainte que son passé sentimental ne soit étalé sur la place publique.

1727. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Semblables à des femmes très impressionnables, ils tirent des moindres généralités les applications particulières. […] Du spectacle que donne le monde extérieur ils tireront surtout des comparaisons morales. […] Le chapitre qui concerne les ouvriers tire un intérêt capital des préoccupations actuelles. […] Tirer ainsi la philosophie de l’actualité, voilà l’ambition du moraliste. […] Elle tire ses moyens de Dargelle.

1728. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Mais, au lieu de tirer sur la bride, comme font les mauvais cavaliers, il faut qu’on nous stimule et nous enlève. […] Or, le premier des prophètes, n’était-ce pas ce Mosé qui tira le peuple d’Égypte ? […] Ici, votre voisin, qui discute chaudement, vous tire par la manche en criant : « N’est-ce pas, monsieur, que le gigot d’Orthez ne donne point de crampes à l’estomac ?  […] Suivez le fil de celle-ci et tirez toutes les conséquences qu’elle renferme. […] Ces métaphores, tirées de la vaseline et de la graisse, sont faites pour offenser le goût des personnes délicates.

1729. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Mais il ne faut pas tirer de cette première apparence une induction trop exclusive. […] Marmontel en a tiré le plus touchant de ses contes moraux. […] Il serait impossible de tirer de là une peinture fidèle, un sentiment vrai, une seule expression naturelle et vive. […] Non, je suis ce que je suis ; et que ceux qui tirent sur mes fautes comptent les  leurs. […] Shakspeare, dans les élans de son cœur, tire parti de son ignorance.

1730. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Enseigner, raconter, peindre, donner le frisson ou tirer des larmes, à tout cela suffirait largement la prose, dont c’est aussi bien l’objet naturel. […] Une lecture rapide, cinq minutes de méditation l’ont trouvé prêt à tirer mon discours au clair, à l’exposer, à le juger, à l’exécuter, et, ma foi ! […] Une fois dépistés, tirés de leurs cachettes et mis en procession, vous aurez épuisé le contenu du poème, sans qu’il reste un seul mot que la poésie puisse dire sien. […] Nous faisons ici figure, non de critique, mais de philosophe. à travers le particulier qui nous est soumis-un poème quelconque-nous voulons atteindre l’universel ; de l’impression produite par ce poème nous voulons tirer une loi qui s’applique à tous les poèmes. […] La phonétique le sait fort bien… là-dessus, il tire de sa vaste serviette une foule de menus engins et de ficelles dont je me vois investi sur l’heure, non sans effroi.

1731. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Ma Bohême, la plus gentille sans doute de ces gentilles choses : Comme des lyres je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur... […] Vous annoncez pour le prochain numéro en question une « déclaration de principes » : grosse tâche dont comment me tirer ? […] Et après ça, on peut tirer l’échelle, croyez-Vous ? […] Barbey d’Aurevilly tire un feu d’artifice qui éclipse tous ceux de tous les Ruggieri : « Homme étonnant qui n’a besoin que d’une syllabe pour vous enchanter, si vous avez en vous un écho de poète, — qui serait Liszt encore sur une épinette, et Tulou dans un mirliton. » etc., etc. […] Il y a échoué peut-être, mais, à coup sûr, il a ; tout fait pour s’en tirer à son honneur.

1732. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Il a, par avance, pris soin d’en tirer un parti savoureux. […] Si l’on manque à leur répondre, on est conduit dans une prison d’où l’on a beaucoup de peine à se tirer. […] Je crois bien qu’on a parlé de chef-d’œuvre… La plupart des lecteurs tireront de cet ouvrage, à divers points de vue, de vives satisfactions. […] Il n’y a d’ailleurs aucun argument à tirer de ces variations ni contre l’une ou l’autre des doctrines que M.  […] La réalité ne l’intéresse que pour les idées qu’il en tire ».

1733. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Che fais fus tire fotre nom réel. […] Quel coup de génie si, dans l’un des segments tirés entre le v de l’Atelier du Sculpteur, on lisait enfin : Vénus, réduction Kaulla ! […] Elle, chaste, tirait ses cheveux sur son sein. […] Seulement, de sa manche il tire un maigre bras, Comme pour ramasser et lancer une pierre. […] Mais notre plus haute gloire, nous ne la tirerons pas de notre œuvre même ; nous la devrons à celui ou à ceux qui procéderont de nous.

1734. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Heureux cependant celui qui peut s’en tirer à aussi bon compte que Wilhelm et que Goethe ! […] Quels hymnes radieux pour la Fête-Dieu ou la Trinité on tirerait des beaux passages du Paradis ! Quelles touchantes prières pour la Toussaint et le jour des Morts on tirerait du Purgatoire ! […] Cette première période du spleen est donc pleine de charme et de dangereux attrait ; l’âme s’y laisse doucement aller et apprend à tirer de son infortune même un funeste plaisir. […] Comme mon ami l’hypocondriaque, elle tire maintenant son bonheur de son impuissance, et place dans le néant son suprême espoir et sa dernière récompense.

1735. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il s’en tirait en bredouillant ou en interrogeant les autres avec une naïveté très crâne. […] Il s’en tirait en bredouillant ou en interrogeant les autres avec une naïveté très crâne. […] J’ai pensé qu’elle vous amuserait, et peut-être vous sera-t-il possible de tirer la chose au clair. […] J’ai pensé qu’elle vous amuserait, et peut-être vous sera-t-il possible de tirer la chose au clair. […] Il en tirait même des effets comiques.

1736. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Vous avez répandu sur de nombreux chapitres obscurs de la psychiatrie, du droit criminel, de la politique et de la sociologie, un véritable flot de lumière que seuls n’ont point perçu ceux qui se bouchent les yeux par entêtement ou qui ont la vue trop obtuse pour tirer profit d’une clarté quelconque. […] L’homme sain est capable de tirer de ses perceptions immédiates des aperceptions à contours nets et de saisir leur véritable rapport. […] Son enfer, son purgatoire, son paradis, il les construisit avec la science de son temps, qui tirait exclusivement sa notion du monde de la théologie dogmatique. […] Forcée de trouver le mobile de la tentative de meurtre, la conscience tombe immédiatement sur le seul raisonnable dans le cas donné, et elle s’imagine qu’elle en est venue à l’idée de meurtre pour tirer vengeance d’un tort subi. […] Mais quelques-uns de ses camarades prirent implacablement le sonnet au pied de la lettre, et en tirèrent une théorie d’art.

1737. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Ils ont tiré du panthéisme autre chose que le stoïcisme. […] Paul Fort, né à Reims, a su tirer des paysages de l’Ile de France un doux enseignement. […] le diable qui me tire par les jambes ! […] À mesure qu’une œuvre s’élève dans le ciel de l’abstraction, elle tire sur ses racines, épuise sa sève, d’où la facilité avec laquelle nous pouvons l’enfermer dans nos schémas mathématiques. […] Les poètes de la génération de Mockel ont obscurément pressenti le parti à tirer, au point de vue de l’art, de ces fines analyses de la conscience considérée comme une « continuité d’écoulement ».

1738. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Dans La Vagabonde, Renée montre une délicieuse habileté, pour se tirer des occasions périlleuses. […] André Rivoire s’en tire très joliment ; c’est une négligence tout de même. […] Ainsi, l’aide que l’une de ses divinations tire des autres, les autres l’ont tirée d’elle pareillement. […] Elle tire un poignard de sa ceinture et le plonge dans le cœur de l’enfant qui ne saura pas qu’elle était moins belle. […] Il n’ajoute pas à la réalité la foi ; mais il tire la foi de la réalité.

1739. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Cette vie de marche, jour et nuit, par monts et par vaux, à travers les ronces et les épines, l’atteint aux entrailles, lui donne la fièvre et l’abat : « Si l’on se battait, si l’on se tirait des coups de fusil, passe au moins, cela reposerait. […] Dans cela, il y a trois idées ; le reste est remplissage, tiré par les cheveux, détestable ; mais le vieux général pleurait, et il est venu m’embrasser. […] Cette nomination de général de division qui lui arrive en même temps que la nouvelle que son fils a passé un bon examen pour Saint-Cyr, lui tire de la plume et du cœur cette lettre charmante et qui décèle en Saint-Arnaud des qualités, des jets de source qu’on ne peut s’empêcher d’aimer : Cher enfant, tu es admissible, et moi je suis général de division.

1740. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Ces pleurs que lui tirait l’humaine charité Retombaient sur Didon en même piété. […] Sainte-Beuve lui ont entendu raconter l’épisode suivant des absurdes et à jamais odieuses journées, où l’on ne savait plus pourquoi on tirait des coups de fusil dans la rue. […] Sainte-Beuve descend, va voir ce que c’est ; il trouve une compagnie de gardes nationaux de Versailles, qui venaient d’arriver, campés sur la place ; c’étaient eux qui avaient tiré sur l’Institut.

1741. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Dès lors, quand nous réfléchissons sur lui, nous nous laissons duper par le langage ; nous oublions que sa permanence est apparente ; que, s’il semble fixe, c’est qu’il est incessamment répété ; qu’en soi il n’est qu’un extrait des événements internes ; qu’il tire d’eux tout son être ; que cet être emprunté, détaché par fiction, isolé par l’oubli de ses attaches, n’est rien en soi et à part. Si nous ne sommes pas détrompés par une analyse sévère, nous tombons dans l’illusion métaphysique ; nous sommes enclins à le concevoir comme une chose distincte, stable, indépendante de ses modes et même capable de subsister après que la série d’où il est tiré a disparu. […] Par cet accolement d’une sensation contradictoire, la représentation de la bille paraît chose interne, événement passé ; et, à ce titre, elle éveille d’autres représentations analogues, parmi lesquelles elle s’emboîte pour constituer avec elles une file d’événements internes ; cette file s’oppose aux autres groupes, parce que tous ses éléments présentent un caractère constant qui, étant toujours répété, semble persistant, à savoir la particularité d’être un dedans par opposition au dehors : ce qui fournira plus tard à la réflexion et au langage la tentation de l’isoler sous le nom de sujet et de moi. — Dans cette chaîne immense, chaque classe d’événements internes, sensations, perceptions, émotions, chaque espèce de perceptions, de sensations et d’émotions a son image associée avec celle de ses conditions et de ses effets internes et externes ; et cela forme une infinité de couples nouveaux, dont les deux anneaux se tirent l’un l’autre à la lumière ; en sorte que nous ne pouvons pas imaginer telle douleur, sans en imaginer la condition qui est telle lésion nerveuse, et sans en imaginer l’effet qui est telle contraction ou telle plainte. — Maintenant, par une suggestion forcée, lorsqu’un corps extérieur nous présente les conditions et les effets du nôtre, le groupe de sensations qui le représente évoque en nous un groupe d’images analogues à celles par lesquelles nous nous représentons nos propres événements ; ce qui fait un dernier composé, le plus vaste de tous, puisqu’il comprend un corps et une âme, avec toutes leurs attaches mutuelles et toutes les attaches qui soudent leurs événements aux événements d’autrui. — Ainsi, dans notre esprit, tout composé est couple : couple d’une sensation et d’une image ; couple d’une sensation et d’un groupe ou de plusieurs groupes d’images ; couples plus compliqués dans lesquels une sensation, jointe à son cortège d’images, contredit une représentation ou groupe d’images ; couples encore plus vastes dans lesquels une sensation, présente, avec son cortège d’images, refoule dans le passé les images abréviatives d’un grand fragment de notre vie ; couples les plus compréhensifs de tous, où, par des abréviations encore plus sommaires, la sensation et les images qui nous représentent toutes les propriétés d’un corps évoquent le groupe d’images qui nous représentent toutes les propriétés d’une âme.

1742. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

Tantôt il tirait ses expressions des onomatopées qu’il proférait lui-même. » Ainsi, tout petit, il faisait mm pour exprimer son plaisir quand il voyait arriver la bouillie. […] Bien mieux, par une réduction plus profonde, il se trouve que le point et le mouvement suffisent pour reconstituer les deux autres sortes de limites que nous avons nommées la ligne et la surface, et, en outre, ce corps solide duquel nous avons tiré, avec les idées de surface et de ligne, celles de point et de mouvement. — En effet, supposez un point, c’est-à-dire la limite d’une ligne, et admettez qu’il se meuve ; la série continue des positions qu’il occupe fait une ligne. […] Soit un corps en mouvement ; il va d’un point à un autre en décrivant une ligne ; nous avons beaucoup d’occasions de remarquer que, selon les circonstances, cette même ligne est décrite en plus ou moins de temps, et nous tirons de là une nouvelle idée élémentaire, celle de vitesse. — Soit un corps qui passe du repos au mouvement ; la plupart du temps, nous découvrons que quelque autre chose a changé en lui ou dans ses alentours, et, après un certain nombre d’expériences, nous constatons ou nous croyons constater que ce changement interne ou externe est toujours suivi par le mouvement du corps.

1743. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

J’ai été curieux de revoir mes livres, de les tirer des coffres où ils étaient renfermés, pour leur faire voir le jour et les remettre sous les yeux de leur maître. […] Il savait que je suis pauvre : je ne l’ai jamais caché ; quand il m’a vu prêt à partir de Venise (il était fort tard), il m’a tiré à l’écart dans un coin de sa maison, et, voyant qu’il ne pouvait pas par ses discours me faire accepter les marques de sa libéralité, il a allongé ses mains de géant pour porter dans mes bras ce qu’il voulait me donner. […] Venez ; je vous procurerai le repos de l’âme après lequel je sais que vous soupirez. » « Pourrais-je, répond le poète dans sa lettre, pourrais-je ne pas désirer ardemment de voir un grand homme que Dieu a suscité pour tirer son Église de ce cachot fétide d’Avignon où elle croupissait ?

1744. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

J’aimais à observer le progrès lent de quelques oiseaux vers la perfection de leur être, et à voir certaines espèces à peine écloses fuir à tire d’aile et secouer en volant les débris de leur coque transparente. […] Je tirai de ma poche une belle montre à répétition, et je dis à cette femme : — Il est tard, je suis las : j’ai faim, pourriez-vous me donner à manger ?  […] Rarement, entre ses mains, son instrument s’embrouille et se mêle, tandis qu’avec une incomparable dextérité il les tire de l’eau l’un après l’autre.

1745. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Par quelle magie auront lieu ces soudaines créations de sensations dont chacune apparaît comme un monde tiré du néant ? […] De ce que je ne puis exprimer ni traduire ma sensation du rouge dans la langue du raisonnement, comment inférer, avec Wundt, qu’elle soit la conclusion d’un raisonnement, sauf à se tirer ensuite d’affaire en disant que ce raisonnement est inconscient ? […] Bien loin que le mouvement suffise à tout expliquer sans la sensation, qui ne serait ainsi qu’une lumière surajoutée, le plus probable, d’après les indications tirées de la psychologie, c’est que l’élément sensationnel existe déjà jusque dans les mouvements qui semblent les plus insensibles ; que la sensation distincte, au lieu de se produire à côté et à part du mouvement, dans je ne sais quel monde de purs reflets, est la simple accumulation et amplification de ce qui existait déjà dans le processus réel et intime des choses : le mouvement n’en est que la forme extérieure, la traduction pour les sens de la vue et du toucher.

1746. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

. — Pareillement, dirons-nous, s’il faut que je reconnaisse l’étendue effective de deux objets ou l’extensité effective de deux sensations pour appliquer ma forme a priori de l’espace, cette forme vient trop tard, le problème est résolu, L’application des formes a priori serait donc arbitraire s’il n’y avait pas des raisons et marques tirées des sensations mêmes qui motivent et règlent cette application, c’est-à-dire au fond qui les rendent inutiles. […] Qui ne connaît l’objection tirée des sons simultanés d’un accord, lesquels ne sont pas une simultanéité dans l’espace ? […] En un mot, notre cerveau réagit naturellement selon les lois géométriques et spatiales ; de ce mécanisme naturel résulte une série d’impressions sui generis et de réactions également spécifiques : il suffit de réfléchir ensuite sur ces actions et réactions pour en tirer ce qu’elles contiennent, des relations spatiales ; enfin, ces relations ne sont jamais si nettes que quand nous les réalisons.

1747. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

De là on a voulu conclure qu’on ne pouvait tirer aucune induction des races domestiques aux races sauvages. […] Nous préférons ce nom de Biset à celui de Pigeon de roche que nous avions employé dans notre première édition, à l’exemple de quelques naturalistes, parce que ce dernier terme, tiré des mœurs particulières de l’espèce, pourrait aussi bien s’appliquer à quelques espèces sauvages très différentes, mais ayant des mœurs analogues, ainsi qu’on peut le voir ci-après. […] L’homme a cultivé des plantes et apprivoisé ou dompté des animaux, modifiés par la nature à leur propre avantage et lentement, parce que de ces avantages propres il s’est lui-même accoutumé à tirer une utilité quelconque, que depuis il a sans cesse cherché à accroître.

1748. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Entre les conditions subalternes de la société, il n’y en a point à laquelle l’histoire naturelle ne fût plus ou moins utile ; tout ce qu’on voit, tout ce qu’on touche, tout ce qu’on emploie, tout ce qu’on vend, tout ce qu’on achète, est tiré des animaux, des minéraux ou des végétaux. […] À cela je réponds qu’on peut exercer et étendre la mémoire des enfants aussi facilement et plus utilement avec d’autres connaissances que des mots grecs et latins ; qu’il faut autant de mémoire pour apprendre exactement la chronologie, la géographie et l’histoire, que le dictionnaire et la syntaxe ; que les exemples d’hommes qui n’ont jamais su ni grec ni latin, et dont la mémoire n’en est ni moins fidèle, ni moins étendue, ne sont pas rares ; qu’il est faux qu’on ne puisse tirer parti que de la mémoire des enfants ; qu’ils ont plus de raison que n’en exigent des éléments d’arithmétique, de géométrie et d’histoire ; qu’il est d’expérience qu’ils retiennent tout indistinctement ; que quand ils n’auraient pas cette dose de raison qui convient aux sciences que je viens de nommer, ce n’est point à l’étude des langues qu’il faudrait accorder la préférence, à moins qu’on ne se proposât de les enseigner comme on apprend la langue maternelle, par usage, par un exercice journalier, méthode très avantageuse sans cloute, mais impraticable dans un enseignement public, dans une école mêlée de commensaux et d’externes ; que l’enseignement des langues se fait par des rudiments et d’autres livres ; c’est-à-dire qu’elle y est montrée par principes raisonnes, et que je ne connais pas de science plus épineuse ; que c’est l’application continuelle d’une logique très-fine, d’une métaphysique subtile, que je ne crois pas seulement supérieure à la capacité de l’enfance, mais encore à l’intelligence de la généralité des hommes faits, et la preuve en est consignée dans l’Encyclopédie, à l’article CONSTRUCTION, du célèbre Dumarsais, et à tous les articles de grammaire ; que si les langues sont des connaissances instrumentales, ce n’est pas pour les élèves, mais pour les maîtres ; que c’est mettre à la main d’un apprenti forgeron un marteau dont il ne peut ni empoigner le manche, ni vaincre le poids ; que si ce sont des clefs, ces clefs sont trèsdifficiles à saisir, très-dures à tourner ; qu’elles ne sont à l’usage que d’un très-petit nombre de conditions ; qu’à consulter l’expérience et à interroger les meilleurs étudiants de nos classes, on trouvera que l’étude s’en fait mal dans la jeunesse ; qu’elle excède de fatigue et d’ennui ; qu’elle occupe cinq ou six années, au bout desquelles on n’en entend pas seulement les mots techniques ; que les définitions rigoureuses des termes génitif, ablatif, verbes personnels, impersonnels sont peut-être encore à faire ; que la théorie précise des temps des verbes ne le cède guère en difficulté aux propositions de la philosophie de Newton, et je demande qu’on en fasse l’essai dans l’Encyclopédie, où ce sujet est supérieurement traité à l’article TEMPS ; que les jeunes étudiants ne savent ni le grec ni le latin qu’on leur a si longtemps enseigné, ni les sciences auxquelles on les aurait initiés ; que les plus habiles sont forcés à les réétudier au sortir de l’école, sous peine de les ignorer toute leur vie, et que la peine qu’ils ont endurée en expliquant Virgile, les pleurs dont ils ont trempé les satires plaisantes d’Horace, les ont à tel point dégoûtés de ces auteurs qu’ils ne les regardent plus qu’en frémissant : d’où je puis conclure, ce me semble, que ces langues savantes propres à si peu, si difficiles pour tous, doivent être renvoyées à un temps où l’esprit soit mûr, et placées dans un ordre d’enseignement postérieur à celui d’un grand nombre de connaissances plus généralement utiles et plus aisées, et avec d’autant plus de raison qu’à dix-huit ans on y fait des progrès plus sûrs et plus rapides, et qu’on en sait plus et mieux dans un an et demi, qu’un enfant n’en peut apprendre en six ou sept ans. […] « Dialecte a été d’abord du féminin, suivant le genre que ce mot a dans le grec, d’où il est tiré, et on ne sait pas pourquoi on ne l’a pas laissé féminin », LITTRÉ, Dictionnaire historique de la langue française.

1749. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Si distraite par des motifs également puissans, elle tire l’homme en deux sens contraires, l’homme suit une ligne moyenne sur laquelle il s’arme d’un pistolet ou d’un poignard, une direction intermédiaire qui le conduit la tête la première au fond d’une rivière ou d’un précipice. […] On ne peut se tirer avec succès d’un pareil sujet que par la magie de la peinture, aussi Robert l’a-t-il fait : son tableau est très-beau et de très-grand effet. […] Ce mur latéral gauche est ouvert proche du fond d’une grande porte ou fenêtre très-éclairée ; c’est de là que la cuisine tire son jour.

1750. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Tiré, tout le temps qu’il vécut, aux quatre chevaux des choses les plus contraires, c’est un sublime écartelé ! […] Et qu’on ne dise pas que nous tirons des déductions par trop dures de tel passage échappé à la plume titubante de M.  […] Troublé comme tous les philosophes qui ont altéré ou ruiné la grande notion de la famille chrétienne, il ne sait plus que faire de la femme qu’il a tirée de la fonction sublime entre le père et l’enfant, pour la voir sur la place publique et, que sais-je ?

1751. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Ils tirent de l’honneur de votre association ; leur infériorité ne diminue point votre autorité personnelle. […] Le seul indice qu’il soit naturel de tirer de cette petite supercherie ou espièglerie bibliographique, c’est que de tout temps Roederer se soucia des femmes, de leur éducation et de leur rôle dans la société polie.

1752. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Les écrivains, les poètes et les journalistes, relevés de cette sorte de dégradation civile qui n’admettait pas la partie égale entre eux et leurs adversaires, devraient bien, en se ressouvenant du passé, en tirer du moins cette morale, que c’est leur devoir, aujourd’hui que tout le monde les respecte ou est disposé à le faire, de se respecter également entre eux, de ne point renouveler les uns contre les autres ces dégradantes attaques qui ne sont autre chose que des bastonnades au moral et qui ont même introduit un infâme et odieux mot dans l’usage littéraire. […] Il eut à essuyer, dans le cours de sa longue carrière, plus d’une attaque vigoureuse, à commencer par celles des Racine, des Despréaux et des La Bruyère : il s’en tira moyennant prudence, patience, dignité, et par la force d’un vrai mérite.

1753. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Il y a peut-être de l’art dans ces couplets de Thyrsis, mais il n’y a pas de bon sens ; la pensée est tirée par les cheveux. […] Les manuscrits consultés ne donnent rien de plus clair, et l’on est obligé de tirer à soi.

1754. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Cette idée-là,  légèrement vaniteuse, mais pas du tout chimérique, me rend courage pour ces essais, et me réconcilie avec les avantages incomplets, actuellement réalisables, que le critique et biographe attentif peut tirer de sa position près des vivants modèles. […] La guerre déclarée par l’école nouvelle à la classification des genres lui a paru devoir affranchir le sien de l’infériorité classique, d’où il ne l’avait tiré qu’à la faveur d’un privilège tout personnel.

1755. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Son Dernier Chouan, en 1829, l’avait fait remarquer pour la première fois, mais sans le tirer encore de la foule ; sa Physiologie du Mariage lui avait acquis la réputation d’un homme d’esprit, observateur sans scrupules, un peu graveleusement expert sur une matière plus scabreuse que celle dont avait traité Brillat-Savarin ; mais c’est à partir de la Peau de Chagrin seulement que M. de Balzac est entré à pleine verve dans le public, et qu’il l’a, sinon conquis tout entier, du moins remué, sillonné en tout sens, étonné, émerveillé, choqué ou chatouillé en mille manières. […] Après la première représentation du Déserteur, il reçut des suppliques de toutes les belles dames sensibles de Paris, qui réclamaient la grâce de l’intéressant malheureux : « J’en suis bien fâché, répondait-il de son ton d’oracle, je suis et je serai inflexible ; il faut qu’on lui casse la tête. » Ce dénoûment était en effet nécessaire à la moralité qu’il voulait qu’on en tirât.

1756. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

La Chrestomathie française n’est, comme son nom l’indique, qu’un recueil, un choix utile de morceaux de vers et de prose, tirés des meilleurs auteurs français, distribués et gradués en trois volumes pour les âges : 1° l’enfance, 2° l’adolescence, 3° la jeunesse et l’âge mûr. […] L’impression, même simplement intellectuelle et sensible, qu’on en tire, au lieu de s’égarer volontiers à l’admiration, à la spéculation, est déjà voisine de la pratique.

1757. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard a inséré dans le Dictionnaire de la Conversation, et a fait tirer à part un Précis sur l’Histoire de la Littérature française, qui forme un petit ouvrage. […] Nisard nous semble l’avoir continuée à certains égards dans cet article sur Carrel où de fort bonnes pages et des vues justes sur l’homme sont compromises par une singulière préoccupation de le tirer à soi, et par une dilatation extrême des parties du biographe les moins correspondantes à son modèle.

1758. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Placée en face des choses, elle reçoit l’impression plus ou moins exacte, complète et profonde ; ensuite, quittant les choses, elle décompose son impression, et classe, distribue, exprime plus ou moins habilement les idées qu’elle en tire  Dans la seconde de ces opérations, le classique est supérieur. […] Voir, au Cabinet des Estampes, les costumes peints des principaux personnages du théâtre au milieu du dix-huitième siècle. — Rien de plus contraire à l’esprit du théâtre classique que de jouer, comme on le fait aujourd’hui, Britannicus, Esther, avec des costumes et un décor exact, tirés des dernières fouilles de Pompéi et de Ninive.

1759. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

En effet, on le croyait raisonnable et même bon par essence  Raisonnable, c’est-à-dire capable de donner son assentiment à un principe clair, de suivre la filière des raisonnements ultérieurs, d’entendre et d’accepter la conclusion finale, pour en tirer soi-même à l’occasion les conséquences variées qu’elle renferme : tel est l’homme ordinaire aux yeux des écrivains du temps : c’est qu’ils le jugent d’après eux-mêmes. […] Prenez des femmes qui ont faim et des hommes qui ont bu ; mettez-en mille ensemble, laissez-les s’échauffer par leurs cris, par l’attente, par la contagion mutuelle de leur émotion croissante ; au bout de quelques heures, vous n’aurez plus qu’une cohue de fous dangereux ; dès 1789 on le saura et de reste  Maintenant, interrogez la psychologie : la plus simple opération mentale, une perception des sens, un souvenir, l’application d’un nom, un jugement ordinaire est le jeu d’une mécanique compliquée, l’œuvre commune et finale437 de plusieurs millions de rouages qui, pareils à ceux d’une horloge, tirent et poussent à l’aveugle, chacun pour soi, chacun entraîné par sa propre force, chacun maintenu dans son office par des compensations et des contrepoids.

1760. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Je viendrai demain avec mes serviteurs tirer de l’arc sur la colline ; je tirerai trois flèches comme pour atteindre la pierre ; j’enverrai un de mes serviteurs pour me les rapporter.

1761. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

De l’amour de la nature, le respect de l’antiquité tire à la fois son meilleur sens et sa plus salutaire vertu. […] En art, en poésie, comme en science, la création n’est qu’observation et intuition ; en sorte que l’invention ne consiste pas à tirer de son esprit ce qui n’a d’existence nulle part ailleurs, mais bien à extraire de la nature ce qui y est, et ce qu’on s’étonnera de n’y pas avoir vu, dès qu’un homme de génie l’aura montré.

1762. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

La Rochefoucauld La vie de La Rochefoucauld peut se résumer en deux mots : une période d’action furieuse, où l’amour, l’ambition, la passion de jouer un rôle, ne lui attirent que déconvenues, désastres, ruine de ses affaires et de son corps ; une période de méditation amère, lorsque, infirme et vieilli avant l’âge, il se remet en mémoire ce que lui ont valu ses hautes aspirations, lorsqu’il raconte les faits auxquels il a pris part, dans ses Mémoires, et en tire la philosophie, dans ses Maximes. […] C’est la perfection — pour la première fois manifestée — du style mondain, point artiste, qui tire toute sa valeur de ses propriétés intelligibles.

1763. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Quelqu’un nous citerait au hasard des vers ou même des couplets de Victor Hugo et nous demanderait d’où ils sont tirés. […] C’est une cloche retentissante dont les plus grandes, ou, pour mieux dire, les plus grosses idées de la première moitié de ce siècle sont venues tour à tour tirer la corde… Si donc on veut définir le génie de Hugo par ce qui lui est essentiel, je crois qu’il convient d’écarter ses idées et sa philosophie.

1764. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Si reclus que médite dans le laboratoire de sa dilection, en mystagogue, j’accepte, un, qui joue sa part sur quelques rêveries à déterminer ; la démarche capable de l’en tirer, loyauté, presque devoir, s’impose d’épancher à l’adolescence une ferveur tenue d’aînés ; j’affectionne cette habitude : il ne faut, dans mon pays ni au vôtre, convînmes-nous, qu’une lacune se déclare dans la succession du fait littéraire, même un désaccord. […] Près, eux, se réservent, au loin, comme pour une occasion, ils offensent le fait divers : que dérobent-ils, toujours jettent-ils ainsi du discrédit, moins qu’une bombe, sur ce que de mieux, indisputablement et à grands frais, fournit une capitale comme rédaction courante de ses apothéoses : à condition qu’elle ne le décrète pas dernier mot, ni le premier, relativement à certains éblouissements, aussi, que peut d’elle-même tirer la parole.

1765. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Goethe, j’en suis sûr, n’a jamais été tenté de se tirer un coup de pistolet. […] La ligne que depuis on a tirée entre l’Église orthodoxe et les sectes gnostiques était alors bien indécise ; tout cela faisait corps, et il y avait solidarité des uns aux autres.

1766. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Ce ne sont pas là de fausses citations, & ces citations ne sont pas tirées d’Ouvrages désavoués par les Philosophes : au contraire, les Philosophes se glorifient d’en être les Auteurs. […] Depuis que ces hautes Intelligences s’appliquent à éclairer les hommes, elles ne leur montrent la vérité, qu’en leur faisant tirer des conséquences presque toujours aussi justes que celle que je viens d’indiquer.

1767. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Quand Achille, furieux du rapt de Briséis « aux belles joues », tire son glaive et veut le tuer, Pallas descend tout exprès du ciel, et le saisit aux cheveux, comme pour le détourner d’un crime de lèse-majesté. […] Ils s’excitent contre le tyran, tirent du fourreau leurs épées rouillées : on dirait des Harmodios et des Aristogiton en cheveux blancs.

1768. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

André Chénier en tire sujet d’adjurations éloquentes et véritablement patriotiques : Ô vous tous, dont l’âme sait sentir ce qui est honnête et bon ; vous tous qui avez une patrie, et qui savez ce que c’est qu’une patrie ! […] Les témoins et les gens de parti tirent de leur mieux pour envenimer cette dissidence des deux frères, laquelle, du reste, n’eut jamais le caractère qu’on a voulu lui prêter.

1769. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Il a tout apprêté dans sa vie en vue de cette éventualité qui ne se réalise pas, et ce faux espoir le dissuade de tenter tout effort pour tirer parti de facultés plus modestes, qu’il renie, dont il est doué, et qui l’eussent mis dans la vie à sa vraie place. […] Une aussi flagrante disproportion a vulgarisé à notre époque et tiré à une infinité d’exemplaires le type du parvenu, du Bourgeois scientifique, dont on a vu que Flaubert avait donné avec Homais une première ébauche, et dont Bouvard et Pécuchet sont une représentation plus typique, plus bienveillante aussi, car aucun sentiment mauvais ou bas ne leur est attribué et, si extraordinairement comiques qu’ils apparaissent, leur bonhomie pourtant commande la sympathie.

1770. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Voici donc l’homme : rigoureusement déterminé quant à la qualité, quant au degré de sa force — physique, intellectuelle et morale — par des causes situées dans le passé et intangibles, façonné par des circonstances dont il n’est pas maître, qui surgissent ou ne surgissent pas, et qui décident quel parti sera tiré de l’élasticité rigoureusement limitée elle-même de ses instincts hérités, cet homme dont la faculté de s’efforcer, de réagir, de se résoudre, sort de l’inconnu, cet homme se croit libre. […] * Une telle conception n’est pas restée stérile : on en a tiré des conséquences.

1771. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Ce ne sont qu’évêques dégingandés au pas saltateur de Dupré, grands prêtres de bacchanales, anges qui tiennent le saint-ciboire avec le geste d’un arc qu’un Amour détend, saints qui se renversent sur le crucifix avec des attitudes de violonistes, effets de lumière derrière les autels qui ressemblent à une gloire derrière une conque de Vénus : toute une religion descendue du Corrège, et que Noverre semble avoir réglée comme le plus délicieux opéra de Dieu ; — si bien qu’au son des flûtes, des bassons, de la musique la plus chatouillante, la plus enivrante, la plus ambrée, si l’on peut dire, on s’attend à voir un joli homme d’évêque, avec le geste sautillant d’un marquis tirer l’hostie d’une boîte d’or, et l’offrir comme une pastille ou une prise de tabac d’Espagne. […] » De là, la parole de Sainte-Beuve saute à Flaubert : « On ne doit pas être si longtemps à faire un livre… Alors on arrive trop tard pour son temps… Pour des œuvres comme Virgile, ça se comprend… Et puis après Madame Bovary, il devait donner des œuvres vivantes… des œuvres, où l’on sente l’auteur touché personnellement… tandis qu’il n’a fait que recommencer Les Martyrs de Chateaubriand… S’il avait fait cela, son nom serait resté à la bataille, à la grande bataille du roman, au lieu que j’ai été forcé de porter la lutte sur un moins bon terrain, sur Fanny… Alors, Sainte-Beuve s’étend sur l’ennui de sauter de sujet en sujet, de siècle en siècle… On n’a pas le temps d’aimer… Il ne faut pas s’attacher… Cela brise la tête : c’est comme les chevaux dont on casse la bouche en les faisant tourner à gauche, à droite, — et il fait le geste d’un homme qui tire sur un mors. — « Tenez, me voilà engagé pour trois ans… à moins d’un accident.

1772. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Tiré à quelques exemplaires pour être placé sous des yeux choisis, discret, pudique et presque mystérieux, ce petit volume n’était pas un livre, dans le sens retentissant du mot. […] Tirée de sa campagne, amenée en parure, comme une princesse des contes de fées, sous l’éclat intimidant des lustres, elle y vint sans embarras, sans disgrâce, avec un aplomb chaste et patricien qui disait bien, malgré les torts de la fortune, pour quel rôle social elle était faite.

1773. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Ayant aperçu l’ennemi, il tira tant qu’il eut des munitions ; au moment où il allait rejoindre ses camarades, une balle lui traversa la tête et blessa son lieutenant qui se trouvait à son côté. […] Le petit-fils du philosophe Jules Lachelier, François Lachelier, mort à dix-neuf ans au champ d’honneur, écrit à sa mère, au matin même du jour où il va être tué (le 8 juillet 1916) :‌ Les gens de ma pièce… matois, finauds, rouspéteurs, frondeurs, toujours prêts à se plaindre de la soupe ou de la guerre ou des officiers, mais au fond bons cœurs et qui savent supporter en blaguant les pires fatigues et se tirer des cas les plus difficiles.

1774. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Lorsqu’on y est rentré après des siècles, on a relevé celles des statues brisées qui jonchaient encore le parvis ; on a recueilli les débris reconnaissables, on a tiré parti des moindres parcelles : le palais est remeublé à l’œil ; les lacunes sont, tant bien que mal, dissimulées.

1775. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Je pourrais bien le clore, comme j’ai fait pour d’autres, par une sorte de préface en Post-scriptum ; je devrais peut-être répondre à quelques critiques, à des attaques même (car j’en ai essuyé de violentes et vraiment d’injustes) ; mais j’aime mieux tirer de mon tiroir quelques-unes de ces pensées familières que je n’écris guère que pour moi.

1776. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

non pas seulement l’art théorique, l’art esthétique et raisonneur, mais l’art qui produit et qui excelle en créant ; l’art qui se complaît aux détails, qui réalise en idéalisant, qui cisèle et qui peint : nous pourrions en citer vingt exemples tirés de ces lettres dont nous parlons.

1777. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Desmarest, un commentaire de Gordon ou de Machiavel sur Tacite ou Tite-Live ; il y saisit un passage qui développait cette pensée : « Que les gens chargés de l’exécution des grands attentats n’en tirent jamais les fruits qu’ils espèrent ; car ceux qui, par leur position, sont appelés à en profiter, qu’ils l’aient commandé ou non, ont soin de cacher un instrument honteux, si même ils ne le brisent comme dangereux. » Georges, en montrant le livre à M. 

1778. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Souvent, le soir, regardant quelque coin de ciel, des toits lointains, çà et là un rare feuillage, je me suis dit qu’un tableau qui retracerait exactement cette vue si simple serait divin ; puis j’ai compris que cette fidélité entière était impossible à saisir directement ; que mon émotion résultait du tableau en lui-même et de ma disposition sentimentale à le réfléchir ; que, de l’observation directe de l’objet, et aussi de la réflexion modifiée de cet objet au sein du miroir intérieur, l’art devait tirer une troisième image créée qui n’était tout à fait ni la copie de la nature, ni la traduction aux yeux de l’impression insaisissable, mais qui avait d’autant plus de prix et de vérité, qu’elle participait davantage de l’une et de l’autre19.

1779. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

S’affranchissant des liens étroits d’une nationalité égoïste, il admirait et glorifiait aux yeux de la France les grands poëtes de l’Angleterre et de l’Allemagne ; il généralisait les idées d’art, les tirait de l’ornière des derniers siècles, provoquait des œuvres, applaudissait sans flatterie aux essais nationaux et méritait que Goethe déclarât apercevoir dans cet ensemble de travaux et d’efforts les symptômes d’une littérature européenne nouvelle.

1780. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Mais vous avez tort de tirer de ce sentiment si juste des propositions universelles et des règles absolues sur le caractère nécessaire du génie comique, et sur l’essence éternelle de la comédie.

1781. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

C’est que, lorsque je me trouvais seul dans un endroit nouveau, j’étais comme un enfant nouveau-né, comme Gaspard Hauser au sortir de sa cave, ne reconnaissant plus rien, incapable de tirer de mes sensations perverties aucune indication pour me conduire. » Puis, revenant sur l’histoire de sa maladie, il ajoute : « La première sensation que j’aie éprouvée était une bouffée qui me montait à la tête.

1782. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Il interrogeait sans cesse, âprement, avec une insistance de juge d’instruction, femmes, ministres, généraux, courtisans, diplomates, médecins, et même valets de chambre : de chacun il tirait une bribe du présent ou du passé.

1783. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Il tire constamment l’âme et l’esprit au dehors ; il ne laisse pas l’homme rentrer en lui-même, élaborer une lente et solide pensée.

1784. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Mais ce que j’ai à vous confier, on en peut tirer une morale : vous y verrez à quelles préventions involontaires on est exposé, même quand on travaille continuellement (comme je vous affirme que je fais) à se maintenir l’esprit aussi libre que possible.

1785. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Quelques lignes d’À vau-l’eau, une lointaine plaquette de Huysmans, annonçaient déjà : « Le spleen n’a pas de prise sur les âmes pieuses… Le mysticisme pourrait seul panser la plaie qui me tire… » M. 

1786. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

« La versification est l’art de choisir et d’adonner les mots de manière à en tirer une expression musicale qui en complète l’expression littérale.

1787. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

Mallarmé l’a découvert et en a tiré une application nouvelle.

1788. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Les Samaritains avaient, alors comme aujourd’hui, l’habitude de donner à toutes les localités de leur vallée des noms tirés des souvenirs patriarcaux ; ils regardaient ce puits comme ayant été donné par Jacob à Joseph ; c’était probablement celui-là même qui s’appelle encore maintenant Bir-Iakoub.

1789. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Cependant un séjour dispendieux et long, la honte d’appeler de chez soi de nouveaux secours vous jettent dans la plus fâcheuse détresse, et l’on s’en tire comme on peut, avec le secours d’un pauvre philosophe, d’un ambassadeur humain et bienfaisant, et d’une souveraine généreuse.

1790. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Un homme qui sent ne passe pas là-devant sans être tiré par la manche.

1791. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Ce port de voix extraordinaire dans la déclamation, étoit excellent pour marquer le désordre d’esprit où Monime doit être dans l’instant qu’elle apperçoit que sa facilité à croire Mithridate, qui ne cherchoit qu’à tirer son secret, vient de jetter, elle et son amant dans un péril extrême.

1792. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

Ceux-ci, sans doute, il faut les laisser sur le vert, et je ne vois guère quel profit on en pourrait tirer ; car de penser, à propos d’eux ce qu’ils n’ont point pensé et ce qu’ils auraient pu penser s’ils avaient pensé quelque chose, cela est un peu vain et si hasardeux qu’il vaut mieux penser directement pour son compte.

1793. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Ce qui fait le fond de l’enseignement qu’il combat, le labeur, l’effort, la refonte, les corrections, la vie, le relief, la création, l’originalité, l’assimilation, la formation, les procédés, le mécanisme des phrases, la démonstration par les preuves irréfutables, tirées des manuscrits, tout cela M. 

1794. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Il a tiré son marquis de Grignan de sa poussière de marquis, et il nous a montré le rien historique de cet homme, qui ne fut rien par lui-même, quoique par sa naissance, son éducation, tout son être, et par la plénitude de son dévouement au roi du monde d’alors, il fût parfaitement apte à être tout, et qui vécut si peu, a dit éloquemment Frédéric Masson dans les admirables pages qui commencent son livre, qu’on ne peut pas dire qu’il mourut, mais qu’il décéda : une manière silencieuse de s’en aller et de disparaître !

1795. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

C’était un bon sens très guindé dans une tête excessivement aride, un homme né podagre du cerveau, travaillé par une infécondité infiniment douloureuse, moins heureux tout le temps qu’il vécut que le lion de Milton, auquel il ne ressemblait pas, lequel finit par tirer sa croupe du chaos ; car il ne put jamais, lui, se dépêtrer des embarras obstinés de sa pensée, du vague des mots et du vide des choses au fond desquels il est mort plongé.

1796. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

La conclusion qui doit sortir de ces événements et de ces récits, prémisses du raisonnement que tout historien impose ou fait faire à son lecteur, il ne la tire pas avec cette force qui en serait l’évidence.

1797. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Avec un peu de hardiesse, un peu de confiance dans un esprit qu’il n’a pas assez tiré des brassières des La Harpe, des Auger et des d’Olivet, et qui aurait pu très bien se mouvoir tout seul, Destailleur nous aurait donné un commentaire qui aurait valu par le renseignement ce que son édition vaut par la correction du texte et l’exactitude méthodique des tables, et sa publication n’eût rien laissé à désirer.

1798. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

Et c’est précisément l’homme, que nous donne ce Journal de Louis XVI tiré à la lumière.

1799. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Un homme dont il parle dans sa Dramaturgie avec le sentiment du respect le plus profond, mais de l’apparition duquel dans l’histoire littéraire il n’a pas tiré les conséquences qu’il aurait fallu, aurait dû lui apprendre que l’ancien monde dramatique était clos et forclos, et qu’il sortirait de cet homme-prodige une théorie qui ne serait même plus une théorie et qui emporterait les théories anciennes, comme des pailles dans un ouragan !

1800. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Amyot (tiré à cent exemplaires).

1801. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Jules de Gères qui, s’il le voulait, trouverait bien en lui assez de talent pour n’imiter personne, n’a point naturellement l’électricité négative du laurier qui repousse la foudre et qu’ont les génies d’exception, ces esprits vierges qui tirent d’eux seuls leur fécondité et peuvent vivre impunément, n’importe où.

1802. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

L’auteur du Roman d’une conspiration n’a pas tiré de la foule de tous les conspirateurs qui mettent leur vie au jeu, et bravement l’y laissent, ce Goujet, et surtout ce Rochereuil, qu’il fallait marquer d’un signe à part, — comme ce Redgauntlet, par exemple, qui est aussi un conspirateur, et que le génie de Walter Scott a marqué, pour que l’imagination le revoie toujours dans ses rêves, de ce fer à cheval sur le front, signe du malheur de toute une race, qui perd toutes les causes pour lesquelles elle combat, sans que jamais son courage faiblisse sous le poids de cette sombre et désespérante fatalité !

1803. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Mais on peut dire du moins qu’on a rarement touché d’une main plus délicate, plus femme et plus fée, à une situation plus commune, pour en tirer des effets tout à la fois plus amers et plus doux.

1804. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

On a élevé jusqu’au ciel comme de sages législateurs les Lycurgue, les Solon, les décemvirs, parce qu’on a cru jusqu’ici qu’ils avaient foulé par leurs institutions les trois cités les plus illustres, celles qui brillèrent de tout l’éclat des vertus civiles ; et pourtant, que sont Athènes, Sparte et Rome pour la durée et pour l’étendue, en comparaison de cette république de l’univers, fondée sur des institutions qui tirent de leur corruption même la forme nouvelle qui peut seule en assurer la perpétuité ?

1805. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Des sermons mêmes de Massillon sur la Pécheresse et sur l’Enfant prodigue, il tirait des émotions sensuelles. […] Il n’y a pas de quoi « se frapper » ; il s’agit seulement d’en tirer des leçons s’il est possible. […] On peut très bien vivre sans souffrance en s’ennuyant tout le temps, pourvu qu’on n’ait pas de trop grands malheurs précis et concrets : car on tire une douceur de son ennui même. […] Un prince qui n’aurait dans la tête que deux ou trois idées communes, mais utiles, serait un souverain plus convenable à une nation qu’un aventurier extraordinaire, enfantant sans cesse de nouveaux plans… Et enfin il tirait obligeamment, de la personne physique de Louis XVIII, tout ce qu’un très grand artiste en pouvait tirer. […] De ces productions incohérentes du siècle, il tira l’Empire ; songe immense, mais rapide comme la nuit désordonnée qui l’avait enfanté.

1806. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

On le tira par force (Id. […] L’expérience ne prouve que trop qu’il n’est ni aussi commun ni aussi facile qu’on l’imaginerait de se tirer avec noblesse et fermeté de cette dangereuse alternative. […] « Il ne faut pas prêcher aux autres ce qu’on est incapable de faire. » J’ai dit assez d’absurdités en ma vie pour m’y connaître, et j’aurais bien perdu le seul fruit que j’en pouvais tirer, si cette maxime ne m’en paraissait pas une bien conditionnée. […] Agrippine, le milieu du corps avancé vers le centurion, qui tirait son glaive, lui dit : Frappe mon ventre… ; et elle expire percée de plusieurs coups145. […] Il défend de fouiller les décombres : on en tire à son profit les restes de la fortune des incendiés ; et, pour la réparation du désastre, il exige des contributions qui ruinent la ville et les provinces169.

1807. (1900) La culture des idées

Pour écrire un bon roman ou quelque drame viable, il faut ou élire un sujet si banal qu’il en soit nul ou en imaginer un si nouveau qu’il faille du génie pour en tirer parti, Roméo et Juliette ou Don Quichotte. […] Il ne faudrait pas croire cependant que l’Homme des champs, d’où sont tirées ces charades, soit un poème entièrement méprisable. […] Que d’hystériques abbés, que de femmes folles de leurs nerfs se sont laissé prendre au réalisme du fameux tableau de la Messe Noire, entièrement tiré cependant d’une imagination, alors satanique. […] On sait qu’une lampe brûlait perpétuellement, dans certains temples, dans ceux de Minerve, d’Apollon, de Jupiter Ammon ; et déjà l’huile devait être pure et tirée des seules olives. […] Comme Platon est supérieur, aux deux livres VIII et IX de cette même République, où il considère l’histoire pour en tirer une philosophie !

1808. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

En effet, à Londres, on se tire encore des coups de pistolet dans les rues, et sous Henri VIII, sous son fils et sous ses filles, des reines, un protecteur, les premiers des nobles s’agenouilleront sous la hache du bourreau. […] Il est tiré éternellement et invinciblement par la même pensée, et les comparaisons qui semblent lointaines ne font qu’exprimer la présence incessante et la puissance souveraine de l’image dont il est obsédé. […] Il voit venir sa dame assise sur le char de l’Amour que tirent des cygnes et des colombes. […] Elle bande son arc et tire contre lui ses flèches. […] Tiré des Masques de Ben-Jonson.

1809. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Arrivé devant les Anglais, il jeta trois fois sa lance, puis son épée en l’air, les recevant toujours par la poignée ; et les pesants fantassins d’Harold, qui ne savaient que pourfendre les armures à coups de hache, « s’émerveillèrent, l’un disant à l’autre que c’était enchantement. » Pour Guillaume, entre vingt actions prudentes ou matoises, il fit deux bons calculs qui, dans ce grand embarras, le tirèrent d’affaire. Il ordonna à ses archers de tirer en l’air ; ses flèches blessèrent beaucoup de Saxons au visage, et crevèrent l’œil d’Harold. […] Pareillement ici Robert de Brunne traduit en vers le Manuel des péchés de l’évêque Grosthead ; Adam Davie113 versifie des histoires tirées de l’Écriture ; Hampole114 compose l’Aiguillon de conscience. […] En effet, c’est le héros national : Saxon d’abord, et armé en guerre contre les gens de loi, « contre les évêques et archevêques », dont les juridictions sont si pesantes ; généreux de plus, et donnant à un pauvre chevalier ruiné des habits, un cheval et de l’argent pour racheter sa terre engagée à un abbé rapace ; compatissant d’ailleurs et bon envers le pauvre monde, recommandant à ses gens de ne pas faire de mal aux yeomen ni aux laboureurs ; mais par-dessus tout hasardeux, hardi, fier, allant tirer de l’arc sous les yeux du shérif et à sa barbe, et prompt aux coups, soit pour les embourser, soit pour les rendre. […] — N’était la peur de faire éclater mon arc,  — Jean, je te casserais la tête. » Il va donc seul, et rencontre le robuste yeomen, Gui de Gisborne. « Quiconque n’eût été ni leur allié ni leur parent,  — eût eu un bien beau spectacle,  — de voir comment les deux yeomen arrivèrent l’un contre l’autre — avec leurs lames brunes et brillantes ; — de voir comment les deux yeomen se combattirent — deux heures d’un jour d’été. —  Et tout ce temps, ni Robin Hood, ni messire Guy,  — ne songèrent à fuir143. » Vous voyez que Guy le yeoman est aussi brave que Robin Hood : il est venu le chercher dans le bois, et tire de l’arc presque aussi bien que lui.

1810. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Tous les jours, pendant de longues heures, il boxe, il tire le pistolet, il s’exerce au sabre, il court et saute, il monte à cheval, il dompte des résistances. […] Childe Harold, Lara, le Giaour, le Corsaire, Manfred, Sardanapale, Caïn, son Tasse, son Dante et le reste sont toujours un même homme, représenté sous divers costumes, dans plusieurs paysages, avec des expressions différentes, mais comme en font les peintres, lorsque par des changements de vêtements, de décors et d’attitudes, ils tirent du même modèle cinquante portraits. […] Les ficelles mélodramatiques viennent tirer à propos son personnage pour obtenir la grimace qui fera frémir le public : « Écoutez ! […] Il y a un moyen sûr d’attirer la foule autour de soi, c’est de crier fort ; avec des naufrages, des siéges, des meurtres et des combats, on l’intéressera toujours ; montrez-lui des forbans, des aventuriers désespérés : ces figures contractées ou furieuses la tireront de sa vie régulière et monotone ; elle ira les voir comme elle va aux théâtres du boulevard et par le même instinct qui lui fait lire les romans à quatre sous. […] Tout au plus ils déduisent, c’est-à-dire qu’ayant deviné, sur deux ou trois traits, le fond de l’homme qui est en eux et des hommes qui sont autour d’eux, ils en tirent, par un raisonnement subit dont ils n’ont point conscience, l’écheveau nuancé des actions et des sentiments.

1811. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Mais que de qualités il sut tirer de son propre fond ! […] « La chasse tirait à sa fin, mais n’était pas encore complétement terminée. […] Il y avait tant de chiens que nul n’osait tirer. […] Ils devaient porter la peine de sa mort et n’en point tirer avantage. […] « Priez-les de consentir à ce que le roi leur demande et à me tirer ainsi de ma peine, car les Hiunen pourraient croire que je suis sans nul ami.

1812. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Quand il veut être ingénieux, Benserade et Voiture sont surpassés en afféterie ; quand il veut être tendre et amoureux, il est sec, guindé ; les mots se tirent les uns les autres avec effort comme une bande de danseurs. […] Il était dans son élément et a tiré parti de tous ses moyens. […] Ici l’impuissance a dû s’avouer honteusement, on ne pouvait toucher aux idées, on n’avait pas le pouvoir de changer une chose dont on ne disposait pas librement, aussi par quelle escobarderie s’en est-on tiré ? […] Toussenel qui avait encore du bon sens, quoiqu’il fût franc chasseur, a compris les devoirs que lui imposait sa nouvelle croyance : il hésite quelquefois maintenant avant de tirer un coup de fusil sur un être animé. […] ne faites donc jamais les Mécène, cela rappelle trop l’histoire de ces marrons qu’on tire du feu.

1813. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Enfin, dans son esquisse de la volonté, Taine tire des ouvrages de Stendhal, et notamment de la Chartreuse de Parme, un grand nombre de preuves ». […] Claretie, cette fois, est entièrement juste, aussi juste que sont fausses les conclusions qu’il en tire. […] L’observation est bonne ; mais les conclusions qu’en tirent les hommes sont absolument fausses. […] D’une idée aussi fausse, aussi antinaturelle, antiscientifique, que l’idée d’égalité, on ne peut tirer, par la logique la plus droite, que des conclusions insensées. […] Le tout par des exemples tirés des Ecrivains les plus estimés, et qui se sont distingués par l’élégance du style. — A Paris, chez Saugrin, 1770, in-12.

1814. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Oui, c’est le sublime divin de l’art que ce Torse qui tire sa beauté de la représentation vivante de la vie, avec ce morceau de poitrine qui respire, ces muscles en travail, ces entrailles palpitantes dans ce ventre qui digère : — car c’est sa beauté de digérer contrairement à l’assertion de cet imbécile de Winckelmann qui croit relever et exhausser ce chef-d’œuvre, en disant qu’il ne digère pas. […] Elle reste en ce jardin, presque nue, par le froid de la soirée qui nous gèle tous, dégageant autour d’elle la froideur d’un marbre, et manquant de l’éducation, de l’amabilité, de l’acquit, du tact, sans la douceur du charme, sans la caresse de la politesse, sans le liant de la femme, sans même l’excitant de la fille, et sotte tout le temps, — mais jamais bête, et vous surprenant, à tout moment, par quelque réflexion empruntée à la vie pratique ou au secret des affaires, par des idées personnelles, par des axiomes qui semblent l’expérience de la Fortune, par une originalité sèche et antipathique qu’elle paraît tirer de sa religion, de sa race, des hauts et des bas prodigieux de son existence, des contrastes de son destin d’aventurière de l’amour. […] Une batterie française, aux portes de Paris, avait devant elle du brouillard ; et des formes à peine visibles se montraient, un instant, dans ce brouillard, tiraient et disparaissaient, en se jetant à plat ventre au milieu de broussailles. […] Les femmes tirent un aspect fantastique de leur éclat, de leur blancheur crue, de leurs cheveux fulgurants, un aspect qui leur donne l’apparence de prostituées de l’Apocalypse ; elles ont quelque chose d’inhumain, d’alarmant, d’effrayant.

1815. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Il nous le dit lui-même en de bien jolis vers : voyant qu’on ne voulait pas du vin qu’il offrait et qu’il tirait de sa vigne, il l’a mis et couché bien cacheté au fond du cellier : que si dans trente ans on le découvre, on accordera peut-être à la vieille bouteille ce qu’on a refusé à la neuve : de mon clairet, dit-il, on fera du mâcon.

1816. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Le moment où, pendant la chasse, apprenant qu’Indiana est renversée et expirante, sir Ralph tire flegmatiquement son couteau pour se couper la gorge, me paraît d’un sublime effet.

1817. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Les talents surtout sont jamais été plus nombreux ; c’est un devoir de la critique de ne pas se lasser à les compter, et d’en tirer avec soin et plaisir tout ce qui s’y distingue et qui s’en détache… Romantisme, humanitarisme, ce sont là des formes de passions et comme de maladies, que les jeunes talents doivent presque nécessairement traverser ; ils deviennent d’autant plus mûrs qu’ils s’en dégagent plus complétement.

1818. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

sur tous les points on est à l’œuvre ; en physique, en chimie, en zoologie, en botanique, dans toutes les branches de l’histoire naturelle, en critique historique, philosophique, en études orientales, en archéologie, tout insensiblement change de face ; et le jour où le siècle prendra la peine de tirer ses conclusions, on verra qu’il est à cent lieues, à mille lieues de son point de départ.

1819. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Jouffroy d’être sorti enfin de tout le passé dans lequel il se plongeait pour l’explorer, l’inventorier à plaisir, sans jamais rien en tirer de vivant pour l’avenir de l’humanité.

1820. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Mais il y avait surtout les indifférents curieux, les badauds de toute classe, s’attendant, sur la foi de je ne sais quelles sottes rumeurs, à des excentricités bien révoltantes et bien récréantes ; on aurait tiré un coup de canon en plein drame, que cela n’eût pas été trop au-dessus de leurs espérances.

1821. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Le théisme des hommes éclairés, des âmes sensibles, est de la véritable philosophie, et c’est en considérant toutes les ressources que l’homme peut tirer de sa raison, qu’il faut compter cette idée, trop grande en elle-même, pour n’être pas d’un poids immense encore, malgré ses incertitudes.

1822. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Ou plutôt il est une leçon, banale mais consolante, que vous en pouviez tirer.

1823. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Le Pantalon Turi, toujours querelleur, s’était sauvé, vers 1670, après avoir tiré un coup de pistolet sur Ottavio et l’avoir manqué ; il s’était fait prêtre en Italie.

1824. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

Ce n’est pas chose indifférente de savoir que Corneille pour ses tragédies puisa surtout dans l’histoire romaine et que Racine tira la plupart de ses pièces de la légende grecque ou de la Bible qu’Augustin Thierry s’enferma dans le moyen âge ; que Zola n’est pas sorti des mœurs contemporaines.

1825. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Un poète qui peint des caractères fait comme le peintre de paysage : il emprunte des détails partout où il en trouve qui rient à son imagination et conviennent à ses vues ; il les rapproche, il les sépare de manière à en tirer des effets.

1826. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Parmi les propositions qu’on anathémarisoit dans ses ouvrages, on remarquoit celles-ci : Il faut examiner avant que de croire… Nous ne tirons point d’Adam la couple du péché, mais seulement la peine… Il n’y a de péché que dans le consentement au péché… On ne commet aucun péché par la concupiscence, la délectation, ni l’ignorance : ce ne sont que des dispositions naturelles.

1827. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Rien n’en avoit plus imposé que la mort du grand Pan, annoncée par le pilote Thamus ; qu’une réponse de l’oracle Sérapis à Thulis roi d’Egypte ; que celle d’un autre oracle à l’empereur Auguste sur l’enfant Hébreu ; que les oracles tirés par Eusèbe des écrits mêmes de Porphyre, ce grand ennemi des chrétiens.

1828. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Je ne pourrais donc approuver la politique qui regarderait le clergé avec la même indifférence que les autres corporations, et qui permettrait à chacun d’être prêtre, bon ou mauvais prêtre, comme il est permis, dans les contrées assez bien policées, pour que chaque citoyen puisse sans obstacle tirer parti de son talent, d’être bon ou mauvais tailleur, bon ou mauvais cordonnier.

1829. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Il ne suffit pas aux peintres de concevoir des idées nobles, d’imaginer les compositions les plus élegantes, et de trouver les expressions les plus pathétiques, il faut encore que leur main ait été renduë docile à se fléchir avec précision en cent manieres differentes, pour se trouver capable de tirer avec justesse la ligne que l’imagination lui demande.

1830. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Lorsque Dieu tira les étoiles du néant, et qu’il les appela chacune par son nom, il leur marqua l’aire de l’espace qu’elles devaient parcourir jusqu’à la fin des temps ; depuis elles ont invariablement décrit leurs ellipses immenses.

1831. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Elle avait contracté, sur ses derniers jours, une humeur horriblement peccante qui faisait d’elle le plus insupportable coqueluchon de lettres qu’on ait peut-être jamais vu Saint-Simon en aurait tiré parti, s’il l’avait connue.

1832. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Les livres des femmes tirent leur distinction, quand ils en ont, bien plus des sentiments que des idées, et ces sentiments s’y entassent et s’y mêlent un peu comme dans leurs âmes.

1833. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Alors aussi la Critique n’aura plus devant elle, comme aujourd’hui, ce tas de livres, faciles à bâcler avec des correspondances et des confidences tirées de l’oubli dans lequel elles pouvaient rester.

1834. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Talbot, n’avait songé à l’en tirer !

1835. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Ce romanesque manuscrit dont nous parle Debay, sans nous dire quelle en était la teneur, sans déterminer où commencent et où s’arrêtent les notions qu’il y a puisées, ne nous apprend que des faits déjà connus ou insignifiants, à l’aide desquels il est facile de composer une mosaïque de pièces de rapport, jointes ensemble par le procédé d’imagination, à présent vieilli et délaissé, de Barthélemy et de Wieland, mais dont il est impossible de tirer le détail intime qui nous illumine une figure, et nous la fait réellement comprendre en la ressuscitant devant nous.

1836. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Mais l’intérêt d’un règne dont on est sorti, c’est brûlant, cela, comme le bronze d’un canon qu’on vient de tirer !

1837. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Mais la vie commune sans des chefs serait le pêle-mêle de l’anarchie, et ce n’est pas pour y trouver de tels spectacles que les hommes étudient l’histoire, mais pour tirer de ces spectacles de vigoureuses conclusions.

1838. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

C’est que la morale ne peut pas exister par elle-même, et qu’où elle est seule, avec ses principes tirés de soi, sans le Dieu personnel et rémunérateur qui punit ou qui récompense, elle n’est plus qu’une sotte et intolérable dérision !

1839. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Qu’il prenne, s’il veut, Fénelon, l’auteur du Télémaque et le précepteur du duc de Bourgogne, mais qu’il ne mette la main ni sur Suarez, ni sur Bellarmin, ni sur Bossuet lui-même, car Bossuet, comme saint Augustin, n’a pas cessé d’être un évêque, et sa politique n’est point tirée de l’ordre philosophique, mais de l’Écriture Sainte.

1840. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Né peut-être historien par le bon sens, il voit assez exactement dans son livre les faits contemporains ; mais il les voit sans les creuser, sans tirer d’eux vigoureusement ce qu’ils contiennent, et quand il faut conclure de ce qu’il voit il s’en remet à l’avenir et à une science qui n’est pas faite.

1841. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

, porte, il est vrai, une préface en vers de 1852 ; mais nous n’acceptons pas plus pour ces Poésies complètes d’Augier que pour les Odes funambulesques dont nous parlions récemment, la fin de non-recevoir tirée de la longueur du temps qui s’est écoulé depuis qu’un livre a été produit, et que certaines personnes trop indulgentes invoquent au bénéfice de l’écrivain.

1842. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Frédéric Mistral a tiré sa colossale idylle est l’amour de la fille d’une fermière pour un pauvre vannier, à qui ses parents la refusent en mariage.

1843. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Moralité, préoccupation, métaphores, tout dans ce livre est tiré du monde artificiel des planches, l’idéal de la vie et de l’art pour tant de folles imaginations !

1844. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

Et sur nos amours tirons le rideau !

1845. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Excepté l’enjambement renouvelé de Ronsard, des vieux tours duquel on avait tiré une poétique, on ne trouvait pas dans le livre de M. 

1846. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Mais quelqu’un d’aussi littéraire que Feuillet de Conches, quelqu’un qui passe sa vie en habit de soie dans le détail d’une fonction de cour qui demande un perpétuel sous les armes, ne pouvait pas aller chercher le conte où il est réellement le plus, et où de mâles observateurs comme Fielding, le juge de paix, et Walter Scott, le greffier, sont allés le chercher, au péril de leurs habitudes de gentlemen tirés à quatre épingles, de la délicatesse de leurs sensations, et parfois de leur dignité.

1847. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

» C’est de cette déduction — ou plutôt de cette intuition, puisque la bio-sociologie était encore loin d’être fondée — que les premiers théoriciens du jus inter gentes ont tiré l’idée d’un droit international, qui n’est au fond qu’une extension du rôle de la justice dans le monde civilisé.‌

1848. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois La succession constante et non interrompue des révolutions politiques liées les unes aux autres par un si étroit enchaînement de causes et d’effets, doit nous forcer d’admettre comme vrais les principes de la Science nouvelle.

1849. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

. — De là nous tirerons deux corollaires de la plus haute importance.

1850. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

C’est tout le sens que je puis tirer de cette partie du récit. […] Il a tiré trop tôt. […] À Eylau, l’empereur vint lui-même le tirer du plateau balayé par la mitraille. […] Une seule circonstance est tirée, comme on verra, d’une autre source. […] Je suis curieux de voir comment il se tirera d’affaire.

1851. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Mais en somme, l’ouvrage est merveilleusement bien illustré, et la moyenne des gens qui étudient l’Art sera en état d’en tirer quelques conclusions utiles. […] Comme exemples, nous eûmes un charmant Boccace imprimé à Ulm, et une page tirée de La Mer des Histoires, imprimée en 1488. […] Sladen a tirées assez étourdîment de leur obscurité aussi modeste que méritée. […] Pumper, dont les touchants tableaux de la vie moderne tirent tant de larmes au public, et le mardi elles posent en péplum pour M.  […] Voici un passage tiré d’une pièce intitulée  : Un mot avec le Vent.

1852. (1929) Dialogues critiques

Bergson de s’effrayer devant les conséquences qu’on tire de son système, et de se déclarer plus intellectualiste qu’on ne l’a cru. […] Paul Les poètes et les romanciers s’en tirent très bien, offrent leurs livres avec des dédicaces autographes et dithyrambiques, qui font un heureux effet sur les guéridons. […] Après quelques abatages, le plus veinard tire une bûche.

1853. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

. — Raisons tirées du caractère français […] — Raisons tirées du ton de la cour en France. — Cette vie devient de plus en plus agréable et absorbante. […] M. de Choiseul répondit qu’il se ferait bien fort d’en avoir un pareil pour 5 000 ou 6 000 livres, mais « que Sa Majesté, payant en roi et ne payant pas toujours comptant, devait le payer 8 000. — Vous êtes loin de compte, répartit le roi, car cette voiture, telle que vous la voyez, me revient à 30 000 francs… Les voleries dans ma maison sont énormes, mais il est impossible de les faire cesser ». — En effet, les grands tirent à eux comme les petits, soit en argent, soit en nature, soit en services.

1854. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Pendant que le poète décrit, le soir tombe ; les ouvriers rentrent des champs ; la belle Mireille (la fille du mas) apporte, pour faire souper au frais ses travailleurs, « sur la table de pierre, la salade de légumes, et, du large plat chavirant sous le poids, chaque valet de la ferme tirait déjà à pleine cuillère de buis les fèves ; et le vieillard et son fils continuaient à tresser l’osier à l’écart ». […] …” Le garçon aussitôt plonge sa main dans la cavité de l’arbre ; et sa main, qui retourne pleine, en tire quatre du creux. […] Au moment où le soleil touchait la mer, la tige de l’arbre, dont la sève est de l’encens, sortit tout à coup de ses nœuds gonflés de vie comme un glaive qu’une main robuste tire du fourreau pour le faire reluire au soleil, et la fleur d’un quart de siècle éclata au sommet de la tige dans un bruyant épanouissement semblable à l’explosion végétale d’un obus qui sort du mortier.

1855. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

« Quelle fut ma surprise, quand je vis l’abbé Bernier m’offrir la copie qu’il avait tirée de son rouleau comme pour me la faire signer sans examen, et qu’en y jetant les yeux, afin de m’assurer de son exactitude, je m’aperçus que ce traité ecclésiastique n’était pas celui dont les commissaires respectifs étaient convenus entre eux, dont était convenu le premier consul lui-même, mais un tout autre ! […] Les ministres conclurent en annonçant que, dans notre lettre, nous pouvions très bien affirmer que nous n’avions pas comploté, que nous n’étions pas coupables de rébellion et d’autres actes semblables ; mais que nous ne devions pas expliquer le motif de notre abstention, c’est-à-dire qu’il importait de ne pas revenir sur la non-intervention du Pape dans l’affaire, car cette non-intervention était ce qui irritait le plus et ce qui donnait lieu aux conséquences tirées contre le nouveau mariage et la descendance future ; que dans cette lettre, il fallait arguer d’un motif indifférent, par exemple la maladie, la difficulté d’arriver à temps à cause de la foule, ou une autre excuse banale. […] Je réussis ainsi à nous tirer de ce mauvais pas, et tous ensemble nous nous rendîmes chez le cardinal Mattei, qui demeurait à très peu de distance.

1856. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

L’œuvre de Béranger fournirait, au besoin, mille preuves du profit qu’il a tiré de cette contrainte heureuse. […] Nous félicitons un habile homme de savoir tirer son épingle du jeu, et beaucoup de personnes ignorent qu’elles font là un emprunt à un jeu de petites filles. […] La poésie dramatique et la poésie lyrique en ont surtout tiré profit.

1857. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Le seul fait d’avoir agi de telle manière dans telles circonstances crée un précédent qui entraîne notre activité dans la même voie : c’est la ligne de l’action la plus facile, c’est le résultat d’une force positive et d’une vitesse acquise ; les tendances négatives tirées de notre ignorance n’ont qu’une valeur abstraite et hypothétique, non une action réelle. […] Les divers changements qui se suivent en nous ne se suivent donc pas comme des fantômes inertes entre lesquels il n’y aurait qu’un ordre abstrait : leur série n‘est pas pour la conscience un objet de contemplation indifférente et comme de calcul algébrique ; la succession est un entraînement, une transition forcée d’un terme à l’autre, un lien qui vous tire comme quand un câble vous saisit et vous soulève progressivement par une traction invincible. […] Enfin, avant à démontrer le principe des causes finales comme différent du mécanisme, on commence par supposer que le mécanisme même est impossible sans les causes finales ; de la dépendance réciproque des diverses parties de l’univers on tire immédiatement, sans démonstration, la conclusion suivante : « Il faut donc que, dans la nature, l’idée du tout ait précédé et déterminé l’existence des parties. » Cela revient à dire que la nécessité réciproque des parties dans un tout présuppose toujours l’idée de ce tout comme cause, conséquemment une cause idéale ou finale ; or, c’est précisément ce qui est en question : il s’agit de savoir si la soudure indestructible des parties d’un mécanisme suppose partout un ouvrier qui les ait soudées d’après une idée, ou si, au contraire, les lois du déterminisme et du mécanisme ne suffisent pas à expliquer cette détermination réciproque et mécanique des parties.

1858. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

On parle de la femme d’un haut fonctionnaire, dont on n’a pu me citer le nom, qui a tiré de son gendre 30 000 francs sur la corbeille de noces et avec lesquels elle a acquitté les dettes de son couturier. […] la belle chose de n’avoir rien dérangé dans l’instinct et l’idée préconçue du petit boutiquier, d’en avoir tiré toute sa fable, et d’avoir fait une révolution à côté de l’autre — une révolution plus typique, plus historique, et populaire à la façon d’une imagerie de canard. […] Le théâtre étant encombré de pièces dans le moment, Les Hommes de lettres ne sont pas reçus… Dans la journée, nous songeons à livrer encore une bataille sur le terrain choisi par nous, à faire tout le contraire de ce qui se fait ordinairement, — à tirer un roman de notre pièce.

1859. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Dimanche 8 janvier Aujourd’hui, mon jardinier, se promenant avec moi dans mon jardin, a tiré une serpette, a entaillé le déodora, et m’a dit : « Il est gelé, il est mort !  […] Il est au moment de partir, quand il a l’heureuse inspiration de vouloir montrer à ses hôtes qu’il n’est pas seulement un musicien, et il tire de son sac un portrait, dans la manière des crayonnages de Prud’hon. […] Sur ces décombres de nature, fuyant à tire d’ailes, de temps en temps, un oiseau jetait un petit cri effrayé : c’était tout le bruit et toute la vie de cet endroit.

1860. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

On utilisait, à l’époque, la mère de toutes les façons ; elle était déjà la grande ficelle dramatique : c’était le souvenir de la mère qui au théâtre paralysait le bras de l’assassin prêt à frapper ; c’était la croix de la mère, qui exhibée au moment psychologique, prévenait le viol, l’inceste et sauvait l’héroïne ; c’était la mort de sa mère, qui du Chateaubriand sceptique et disciple de Jean-Jacques de 1797, tira le Chateaubriand mystagogique d’Atala et du Génie du Christianisme de 1800. […] Il s’éleva sans difficulté jusqu’au niveau de la grossière irréligion de ses lecteurs : car on ne lui demandait pas de sacrifier les effets de banale poésie que le romantisme tirait de l’idée de Dieu et de la Charité chrétienne, sur qui les libres-penseurs se déchargent du soin de soulager les misères que crée leur exploitation ; il put même continuer à faire l’éloge du prêtre et de la religieuse, ces gendarmes moraux que la bourgeoisie salarie pour compléter l’œuvre répressive du sergot et du soldat26. […] Il se signait dévotement devant la formule sacramentelle du romantisme : l’art pour l’art ; mais, ainsi que tous bourgeois ne songeant qu’à faire fortune, il consacrait son talent à flatter les goûts du public qui paie, et selon les circonstances il chantait la royauté ou la république, proclamait la liberté ou approuvait le bâillonnement de la presse ; et quand il était besoin d’éveiller l’attention publique il tirait des coups de pistolets : — le beau, c’est le laid est le plus bruyant de ses pétards.

1861. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

» Des voyages souterrains sur le dos d’une bête amphibie, en croupe derrière Virgile ; des nuées d’allusions, d’images, de prophéties, d’énigmes aujourd’hui sans mots ; des promenades de bastion en bastion sur les remparts de l’horrible enceinte ; des damnés qui ont le cou tordu, dont le visage regarde les reins, et dont les larmes des yeux baignaient la croupe (encore ici n’employons-nous pas le mot cynique employé par le poète) ; des démons qui mordent la langue tirée contre eux par le chef de leur bande ; des damnés jouant au cheval fondu sur les épaules les uns des autres au-dessus d’un lac d’asphalte qui englue leurs ailes ; des dialogues sans intérêt et sans fin entre le poète florentin et les obscurs concitoyens de sa ville, qu’il cherche dans la foule et qu’il interpelle ; des serpents qui lancent le feu, au lieu de venin, dans la blessure, et qui font flamboyer le damné plus vite que la plume n’écrit un o ou un i : Ne o si tosto maï ne i si scrisse ; Des énigmes rebutantes d’obscurité, dégoûtantes de lasciveté, mais souvent merveilleuses de versification ; des flammes qui parlent ; des schismatiques le ventre troué par le glaive, et laissant, comme des tonneaux qui fuient par les douves, pendre leurs boyaux entre leurs jambes : Rotto dal mento insin dove si trulla ! […] » Puis il invoque, aussitôt après, le bon Apollon et le Parnasse au double sommet, afin que ce dieu de l’Olympe le tire, comme il tira Marsyas, de la gaine de ses membres.

1862. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Vous ne tirerez jamais d’une idée par vous construite ce que vous n’y aurez point mis, et si l’unité avec laquelle vous composez votre nombre est l’unité d’un acte, et non d’un objet, aucun effort d’analyse n’en fera sortir autre chose, que l’unité pure ou simple. […] De la comparaison de ces deux réalités naît une représentation symbolique de la durée, tirée de l’espace. […] Bref, le nombre des coups frappés a été perçu comme qualité, et non comme quantité ; la durée se présente ainsi à la conscience immédiate, et elle conserve cette forme tant qu’elle ne cède pas la place à une représentation symbolique, tirée de l’étendue. — Distinguons donc, pour conclure, deux formes de la multiplicité, deux appréciations bien différentes de la durée, deux aspects de la vie consciente.

1863. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Mais la question est de savoir si certaines conditions, que nous tenons d’ordinaire pour fondamentales, ne concerneraient pas l’usage à faire des choses, le parti pratique à en tirer, bien plus que la connaissance pure que nous en pouvons avoir. […] Tirons d’ailleurs la conclusion de tout ce qui précède : II. — Il y a des mouvements réels. […] Mais n’insistons pas sur ces divers points, non plus que sur les arguments contestables tirés de l’observation des aveugles opérés : la théorie, classique depuis Berkeley, des perceptions acquises de la vue ne paraît pas devoir résister aux assauts multipliés de la psychologie contemporaine 106.

1864. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Il ne pourra rien considérer sans être tenu d’en tirer une grande image, une comparaison inouïe, une idée vaste, ce qui lui sera facile. […] Une formule ne ferait que brouiller la tête aux adversaires et aux amis, on ne pourrait l’appliquer à la conception d’aucune œuvre et on en tirerait mille bouillies de dissertations. […] Cet écrit n’a été tiré qu’à cent exemplaires, il est fait d’une façon toute allemande, méthodiquement et philosophiquement distribué, plein de phrases singulières et inusitées qui rendent étrange à mes yeux cet écrivain français. […] Le prince, mécontent de son fils en qui il soupçonne de la passion pour la Manimonbanda (c’est le nom de la sultane reine), est homme à tirer de tous les deux la vengeance la plus cruelle. […] Les citations suivantes sont tirées du Magasin pittoresque, recueil qui contient des études souvent très bien faites.

1865. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Emporté par ses propres ailes, il veut aller au hasard, tout tirer de son propre fonds et découvrir tout sans rien chercher. […] Ce poète métaphysicien s’est approprié mon Faust, et il en a tiré une puissante nourriture pour son amour hypocondriaque. […] Le caporal me tirait de toutes ses forces pour me faire cacher ; je refusai, mais je me serrai contre la colonne ; j’examinai la figure et les gestes du prisonnier. […] J’ai tiré mes forces d’où tu as tiré les tiennes, car toi, tu ne les as pas cherchées… tu les possèdes, tu ne crains pas de les perdre… et moi, je ne le crains pas non plus ! […] Il en avait pris la donnée, et, frappé du parti qu’on en pouvait tirer, il avait improvisé, sans y songer, un chef-d’œuvre.

1866. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Vous avez été trop indulgent, et d’avance je reconnais très fondée l’objection qu’on a tirée de Madame de Pontivy. […] Frédéric Chavannes a tiré des conséquences excessives. […] Il me semble que, dans son dessein, l’auteur pouvait tirer un grand parti de cet amour. […] Cette religion tire à conséquence. […] C’est le rendre impropre, inégal au genre humain, qui, d’un christianisme ainsi fait, ne peut tirer aucun parti.

1867. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Le digne curé, au lieu de tirer parti de cette jeune âme volontiers heureuse, sembla s’attacher à la noircir de terreurs : il envoyait son élève à la nuit close, seul, invoquer le Saint-Esprit dans l’église ; il fallait traverser le cimetière, c’étaient des transes mortelles. […] Rien n’est donc nouveau, ni l’audace, ni le cri d’alarme, ni l’injure dans un sens et dans l’autre ; ne nous attachons qu’au talent, ont beau se renouveler, se vouloir rajeunir, et, même en n’y réussissant pas toujours, faire pâlir du moins la couleur des styles précédents ; les idées, sinon la pratique, en matière de goût et d’art sévère, ont beau s’élever, s’affermir, s’agrandir, je le crois, par une comparaison plus studieuse et plus étendue : il est des impressions heureuses, faciles, touchantes, qui, dans de courtes productions, tirent leur principal intérêt du cœur, et qui durent sous un crayon un peu effacé. […] Il avait bien plus nettement que Delille le sentiment champêtre et mélancolique, qui distingue la poésie des Gray, des Goldsmith, des Cowper : son imagination, où tout se terminait, en aurait tiré d’heureux points de vue, et aurait importé, au lieu du descriptif diffus d’alors, des scènes bien touchées et choisies. […] » Durant toute cette proscription, Fontanes, luttant contre le flot, et cherchant à tirer son épopée du naufrage, me fait l’effet de Camoëns qui soulève ses Lusiades d’un bras courageux : par malheur, la Grèce sauvée ne s’en est tirée qu’en lambeaux. […] Dans une seule journée le libraire Migneret vendait pour mille écus, et il parlait déjà d’une seconde édition ; la première était tirée à quatre mille exemplaires.

1868. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Sa caravane pourtant tire à sa fin ; il ne se tue pas, il ne meurt pas de fatigue ; il arrive par monts et par vaux chez un ami de son père, qui lui refait la bourse et le remet sur un bon pied, sa monture et lui. […] On sait que Mme de Staël écrivait de lui, pendant leurs excursions et leurs séjours en province : « Le pauvre Schlegel se meurt d’ennui ; Benjamin Constant se tire mieux d’affaire avec les bêtes. » Les bêtes et les sots, il avait appris de bonne heure à en tirer parti et plaisir : cette petite cour de Brunswick lui fournit une ample matière ; mais, à la façon dont il y débute, on voit qu’il n’en était plus depuis longtemps à ses premières armes. […] et par les mœurs, visant au nouveau par la tête et par les tentatives, il fut heureux qu’à une heure décisive, un génie cordial et puissant, le génie de l’avenir en quelque sorte, lui apparût, lui apprît le sentiment, si absent jusqu’alors, de l’admiration, et le tirât des lentes et misérables agonies où il se traînait. […] Il est évident que la famille de Benjamin Constant s’était fort alarmée de ce séjour à Colombier et y avait vu plus de mystère qu’il n’y en avait peut-être au fond ; on le croyait dans une île de Calypso, et on en voulait tirer au plus vite ce Télémaque, déjà bien endommagé d’ailleurs. […] Si par le malade vous entendez la royauté, le clergé, la noblesse, les riches, je crois bien que l’émétique de Ferrand peut seul les tirer d’affaire ; mais je ne suis pas fâché qu’il n’y ait pas d’émétique à avoir.

1869. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Il part dès l’aube, siffle son chien, s’en va droit devant lui, s’arrête, aux heures chaudes du jour, sous les arbres au large feuillage et tire de sa poche, tantôt un album sur lequel il crayonne quelques vers, tantôt les livres qui sont ses livres favoris. […] Lamartine a d’abord beaucoup lu la Bible ; il en a tiré le grand caractère, l’allure épique, les tableaux champêtres. […] Je n’accorde pas à ces exercices plus d’importance qu’ils n’en ont ; mais c’est que Victor Hugo sait toujours tirer de là des effets merveilleux. […] De même, Théophile Gautier dit : « Moi, ce qui fait ma supériorité, le voici : je suis très fort, j’amène cinq cents au dynamomètre, et je fais des métaphores qui se suivent. » Eh bien, si Théophile Gautier, en frappant sur la tête de turc dans les foires faisait monter tout en haut le système, il se peut qu’il en tire vanité : mais ce qui nous importe, c’est ceci : c’est qu’il fait des métaphores qui se suivent. […] Leurs blouses sont très bien tirées, Leurs pantalons en bon état, Leurs chaussures toujours cirées ; Ils ont l’air sage et délicat.

1870. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Werther est artiste ; au milieu de toutes ses expansions et ses abandons, il a souci de son talent : en face de cette belle vallée, par une matinée du printemps, il ne songe pas seulement à en jouir, il songe à en tirer quelque parti comme peintre, et, s’il reste inactif, il a du regret : Je suis si heureux, mon ami, dit-il54, si abimé dans le sentiment de ma tranquille existence que mon talent en souffre. […] Il en avait tiré l’usage principal qu’il en désirait, l’œuvre !

1871. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Cependant, avec un bon récit, on pourrait s’en tirer. » Il s’en tira, comme on sait ; il en lit son champ de Mars en longueur, un tableau unique de dimension et d’apparence, comme il ne s’en était pas vu encore, moins un tableau sans doute qu’un panorama, une suite de bas-reliefs, d’épisodes animés et vivants.

1872. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Il voulait, aux approches du jour de l’an de 1560, envoyer à ses amis d’ingénieuses étrennes, et, selon le goût du temps, selon le goût aussi des Anciens qui ont souvent joué sur les noms (nomen omen), il composa en distiques latins une suite d’Allusions 115, dans lesquelles, prenant successivement chaque nom propre des contemporains célèbres, il en tirait, bon gré mal gré, un sens plus ou moins analogue au talent et au caractère du personnage : par exemple, Michel de l’Hôpital semblait avoir reçu son nom tout exprès, puisqu’il était l’hospice des Muses, auxquelles sa maison était toujours ouverte. […] Tout cela nous semble aujourd’hui assez puéril et bien tiré par les cheveux, quoique Du Bellay s’y autorise de l’exemple de Platon dans le Cratyle et aussi de quelques plaisanteries de Cicéron sur Verres ( Verres à verrendo ).

1873. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Je me bornerai donc à dire que j’ai éprouvé des angoisses cruelles, car j’avais pour ennemis des hommes dont l’habileté égalait la puissance, et bien décidés à consommer ma ruine par tous les moyens dont ils pourraient disposer ; tandis que, d’un autre côté, n’ayant à opposer à de si formidables ennemis que ma jeunesse et mon inexpérience (et, je dois le dire aussi, l’assistance que je tirais de la bonté divine), je me vis réduit à un tel degré d’infortune, que j’eus en même temps à supporter la terreur religieuse d’une excommunication et le pillage de mes propriétés, à résister aux efforts qu’on faisait pour me dépouiller de mon crédit dans l’État, mettre le désordre dans ma famille, et me priver de la vie par des attentats sans cesse renouvelés, en sorte que la mort même me paraissait le moindre des maux que j’avais à éviter. […] Son Ode à Horace égale son modèle et rend à Laurent l’honneur de cette résurrection : « Poëte dont les accents sont plus doux que ceux du chantre de la Thrace ; soit qu’épris d’admiration, les fleuves impétueux suspendent leur course pour t’entendre ; soit que tu veuilles, par le charme de tes accords, adoucir la férocité des hôtes des bois, ou attendrir les rochers mêmes qui leur servent d’asile ; « Rival heureux des poëtes de l’Eolie, toi qui le premier sus tirer des sons harmonieux de la lyre latine, dont le vers audacieux et sévère imprima l’opprobre et la honte sur le front coupable des pervers, « Quelle main propice a rompu tes indignes entraves, et, dissipant le nuage épais et sombre où t’avaient enseveli des siècles de barbarie, te rend aux danses légères paré de toutes tes grâces, et brillant d’une jeunesse nouvelle ?

1874. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Comme si cette foi exigée du spectateur ne devait pas être précisément la résultante par lui tirée du concours de tous les arts suscitant le miracle, autrement inerte et nul, de la scène ! […] Wagner, avec l’art de l’avenir, n’a d’ailleurs pas fait autre chose qu’une application expérimentale de la physiologie intuitive, qui faisait son génie, et d’où l’on pourrait tirer dès à présent les lois fondamentales de l’expérimentation esthétique.

1875. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Joseph Dupont, s’est tiré à son grand honneur d’une tâche à coup sûr redoutable. […] Georges Servières vient de nous donner des documents qui permettent de se rendre compte du mouvement wagnérien ; quoi qu’aucune critique n’ait présidé au classement des matériaux et que ce livre eût besoin d’être refait avec la préoccupation de grouper les différents mouvements des esprits sous quelques influences générales, on peut dès à présent tirer de la lecture de ce catalogue chronologique cette conclusion que, pas plus chez les défenseurs de Wagner que chez ses ennemis, il n’y a eu aucun effort sérieux pour comprendre son œuvre et le but qu’il poursuivait.

1876. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Le prophète, tiré de sa caverne, fut contraint de se joindre aux six autres Chefs. […] Ici l’art disparaît, le son étouffe la parole, la poésie fait place à une musique déchirante qui tire de chaque mot la note du cri, l’éclat du sanglot.

1877. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

« Lorsqu’une idée, dit à son tour Maudsley, devient de nouveau active, c’est simplement que le même courant nerveux se reproduit, avec la conscience que ce n’est qu’une reproduction : c’est la même idée, plus la conscience qu’elle est la même. » Mais cette conscience est précisément ce qu’il y a de moins « simple » à expliquer, et elle ne saurait se confondre avec la reproduction pure : il ne suffit pas, comme fait Spencer, de déclarer les deux choses identiques pour se tirer d’embarras. […] Elles nous paraissent contraires aux inductions qu’on peut tirer du passé même.

1878. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

8 heures Un cœur tumultueux soulevant comme les os et la peau de sa poitrine, et une respiration stridente qu’il semble tirer du creux de son estomac. […] Pour aller au cimetière, nous prenons le chemin qui nous a conduits si souvent chez la princesse, puis nous passons par des parties de boulevards extérieurs, où nous avons tant de fois vagué pour Germinie Lacerteux et Manette Salomon… Des arbres étêtés à la porte d’un cabaret, me rappellent une comparaison qui est dans un de nos livres… Puis je tombe dans une espèce de somnolence, dont je suis tiré par la secousse d’un tournant raide, le tournant du cimetière.

1879. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Dès 1822, dans la préface aux Odes et Ballades, il explique pourquoi l’ode française est restée monotone et impuissante : c’est qu’elle a été jusqu’alors faite de procédés, de « machines poétiques », comme on disait alors, de figures de rhétorique, l’exclamation depuis et l’apostrophe jusqu’à la prosopopée ; au lieu de tout cela, il faut « asseoir la composition sur une idée fondamentale » tirée du cœur du sujet, « placer le mouvement de l’ode dans les idées, plutôt que dans les mots ». […] Byron, qui exerça sur Lamartine tant d’influence, avait concentré toutes les objections à Dieu tirées du mal dans quelques lignes de Caïn : « Abel.

1880. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Ces raisons après tout ne sont que des raisons humaines, tirées de la nature de notre intelligence et fondées sur des raisonnements tout humains. […] J’ajoute que l’analogie tirée de l’hérédité des maux physiques est très-imparfaite dans le cas qui nous occupe, car la source de ces maux n’est pas toujours coupable.

1881. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Voilà cette histoire ; elle est bien simple, elle est facile à raconter ; et si vous n’étiez pas venu me chagriner par votre sortie contre Molière, je ne m’en serais pas mal tiré. […] Mais le ridicule qui est quelque part, il faut l’y voir, l’en tirer avec grâce et d’une manière qui plaise et qui instruise. » Il disait aussi, et l’on croirait entendre Molière, mais un Molière plus correct et plus châtié : « Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use son esprit à en démêler les vices et les ridicules.

1882. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Les tragédies qui ont eu le plus de succès en France sont ou purement d’invention, parce qu’alors elles n’exigent que très-peu de notions préalables, ou tirées soit de la mythologie grecque, soit de l’histoire romaine, parce que l’étude de cette mythologie et de cette histoire fait partie de notre première éducation. […] En interdisant à nos poëtes des moyens de succès trop faciles, on les force à tirer un meilleur parti des ressources qui leur restent et qui sont bien supérieures, le développement des caractères, la lutte des passions, la connaissance, en un mot, du cœur humain.

1883. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Les novices croient s’en tirer par un procédé bien naïf. […] Elle répond qu’elle serait disqualifiée, qu’au lieu d’être une créatrice d’œuvres personnelles, je ne puis dire tirées, mais portées à un seul exemplaire, elle conduirait une fabrique où le modèle, copié et recopié cent fois, deviendrait banal.

1884. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Il ne s’agit pas seulement d’avoir de bons yeux, ni myopes, ni presbytes, voyant de loin, voyant de près, voyant juste et rapidement, et une âme claire, qui ne déforme pas l’image ; il faut entendre par là une acuité de tous les sens, la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, une aptitude singulière à toutes les perceptions externes dont l’art peut tirer parti, et à laquelle se joint, ordinairement, la mémoire spéciale des images. […] Je ne crois donc pas qu’on puisse tirer argument contre le roman de Fromentin, ou du paysage, ou du style, ou de l’étude psychologique, ou de ce qu’il aurait mal compris le caractère de la passion qu’il a décrite.

1885. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Cependant ils ont été utiles à notre scene lyrique par le parti ingénieux qu’a su en tirer un de nos plus agréables Poetes modernes*. […] Par là on les dérobe à certains regards ; mais on tire soi-même de temps à autre le rideau qui les couvre.

1886. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Refoulé en quelque sorte sur lui-même, ce net et vaillant esprit a cherché à tirer parti de ses souvenirs ; mais écrire vrai n’est facile en aucun temps, et dans tout ce qui se rapporte à des confessions, celles qu’on fait de soi touchent de bien près à celles des autres.

1887. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

On tirera de là des indications et des directions précieuses.

1888. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

On les tâte de tous les côtés, on commence plusieurs fois ; cela ne va pas, on tire un fil, puis un autre, jusqu’à ce qu’on ait mis la main sur celui qui déroulera tout après lui.

1889. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

L’œuvre la plus significative de Fontenelle est son Histoire des oracles (1687), qu’il tira d’un ouvrage latin, lourdement érudit, du Hollandais Van Dale.

1890. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Quelques-uns des médaillons de dix vers qu’il a intitulés : Promenades et intérieurs, sont de petits chefs-d’œuvre, et telle est la puissance de la forme, que cela existe et palpite de vie et resplendit dans la lumière, bien que la matière qu’il a mise en œuvre se réduise au plus bas minimum possible ; mais l’artiste est vraiment le créateur qui tire des êtres du néant.

1891. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Maizeroy n’a jamais tiré d’un sac une demi-mouture, mais bien plutôt trois que deux.

1892. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

Montesquieu a dit : « La liberté, c’est le droit de faire ce que la loi ne défend pas. » Les démocrates répètent après lui : « La liberté, c’est le règne de la loi. » Il est clair qu’on peut tirer de cette définition de la liberté un despotisme épouvantable91.

1893. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Une vaste exégèse allégorique s’appliquait à tous ces livres et cherchait à en tirer ce qui n’y est pas, mais ce qui répondait aux aspirations du temps.

1894. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Il se garda bien de s’égarer en un monde irréligieux, qui voulait tirer de lui un vain amusement ; il n’aspirait à gagner que le peuple ; il garda pour les simples des moyens bons pour eux seuls.

1895. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Si on trouvait leurs lettres, on en tirerait de grands avantages… On apprendrait toute la politesse du style et la plus délicate manière de parler sur toute chose Elles ont su les affaires de tous les états du monde, toutes les intrigues des particuliers, soit de galanterie ou d’autres choses où leurs avis ont été nécessaires… C’étaient des personnes par les mains desquelles le secret de tout le monde avait à passer.

1896. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Thomas, est de tirer ses métaphores précisément des objets qui auroient besoin eux-mêmes de métaphores pour être entendus.

1897. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Il tirait, chaque année, vingt mille talents d’or de ses États tributaires ; les peuples dépourvus de métaux payaient en nature.

1898. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Quelle morale y a-t-il à tirer de-là ?

1899. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

Ma seconde réponse à l’objection tirée des vers de Mithridate, c’est que le public ne fait pas le procès en un jour aux ouvrages qui réellement ont du mérite.

1900. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

ne s’en est si bien tiré dans une circonstance si difficile !

1901. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Il a eu l’idée d’une telle histoire et il l’a dégrossie, mais il ne l’a pas chassée, toute vibrante, du bloc de travaux où elle sommeillait renfermée, et d’où une main plus violente, sinon plus vigoureuse que la sienne, ne la tirera qu’à force d’obstination et d’effort hardi.

1902. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Cette théorie, d’une si originale simplicité qu’elle plonge l’esprit dans l’étonnement qu’inspirent ces vers qui semblent si faciles à trouver, et pour lesquels cependant il ne fallait rien moins que du génie, cette théorie, que son auteur a exposée dans son écrit intitulé : Symbolisme dans l’Architecture, est intégralement, pour qui sait l’y voir, en cet axiome, d’une concentration si profonde ; « L’art tout entier est symbolique de l’état matériel, moral et intellectuel de l’humanité aux diverses époques de son développement. » Mais, de cette profonde concentration, Daly l’a puissamment tirée.

1903. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Il ne s’est pas demandé si cette manière de traiter l’histoire ne conduisait pas aux nomenclatures et aux sécheresses des statistiques, et si l’ennui ne naîtrait pas de tous ces noms propres qu’il tire pour la première fois de leur oubli et de leur silence, et qui ne sont, après tout, que ceux de beaucoup de comparses dans ce drame éparpillé de l’exil.

1904. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Quoi qu’il devînt plus tard, il bénéficia toute sa vie de ce coup d’État, galant et bien troussé, accompli sans un seul coup de feu, parce qu’on était bien résolu à en tirer dix mille s’il le fallait.

1905. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

L’idée chrétienne, fortement et savamment entendue, quel grand parti n’en aurait-il pas tiré !

1906. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Comme lord Byron, il a jusqu’à ses heures de prière… Encore une fois, un pareil homme devait, un jour ou l’autre, être à couteaux tirés avec Voltaire, qui n’aimait pas les capucins de Saint-François, mais qui n’en était pas moins le capucin de la philosophie, quêtant perpétuellement pour son Ordre, et qui croyait avoir recruté Vauvenargues parmi les Frères de son couvent.

1907. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Il est vrai qu’on a publié en Angleterre les Lettres et la Correspondance de Nelson, et c’est là un recueil spécial — technique et intime — dont un homme qui serait historien dans tous les sens du mot eût tiré un grand parti : mais M. 

1908. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

C’est avec les citations tirées des Mémoires ou des écrits de ces gens-là, que l’histoire de M. 

1909. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Mais il est une preuve plus frappante et plus intime encore, qu’on tirerait aisément de l’inspiration même du recueil et non de quelques-uns de ses détails.

1910. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Il est vrai qu’on a publié en Angleterre les Lettres et la Correspondance de Nelson, et c’est là un recueil spécial, — technique et intime, — dont un homme qui serait historien dans tous les sens du mot eût tiré un grand parti ; mais M. 

1911. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Honoré Bonhomme, qui fait précisément une édition très soignée des irrévérences du maraud, transforme Collé, pour l’excuser de son audacieuse raison, en enfant terrible, en malin, en plaisant, et en vingt autres personnages, tous plus ou moins tortillés et tirés par les cheveux, mais tous rentrant toujours dans le chansonnier.

1912. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Il tire de l’ensemble de ses notions des certitudes nécessaires au critique, et que le mobile Doudan, moelleux comme son nom, ne connaissait pas.

1913. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Le cri d’une femme qui aimait, comme elle, dans la splendeur d’une pureté et d’une sécurité terribles, et qui subitement cria à elle, se sentant entraînée, perdue, fut le coup de tonnerre qui tira Mademoiselle de Condé de l’abîme de son bonheur et qui fit cabrer cette âme de race.

1914. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Il chassa tout, en fait d’erreurs, la grosse et la petite bête, et parfois même il préféra la petite, comme plus difficile à tirer !

1915. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Comme lord Byron, il a jusqu’à ses heures de prière… Encore une fois, un pareil homme devait, un jour ou l’autre, être à couteaux tirés avec Voltaire, qui n’aimait pas les capucins de Saint-François, mais qui n’en était pas moins le capucin de la philosophie, quêtant perpétuellement pour son Ordre, et qui croyait avoir recruté Vauvenargues parmi les Frères de son couvent.

1916. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Mais il est une preuve plus frappante et plus intime encore, qu’on tirerait aisément de l’inspiration même du recueil de M. 

1917. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Il était né, ce Benoît Labre, dans l’obscurité la plus profonde, et il allait y vivre jusqu’au jour où l’Église l’en tirerait.

1918. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

… Le divorce est une conséquence des plus rigoureuses et des mieux tirées du principe même de la Révolution.

1919. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Georges Caumont a beaucoup souffert, et, comme tant d’autres, il a tiré de sa souffrance tout ce qu’il vaut.

1920. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Je ne sais rien des croyances de Gustave Doré ni des conseils qu’il peut recevoir ou demander, mais je ne crois pas que le génie, sans une foi complète, puisse se tirer de l’interprétation de l’Évangile, tandis que pour l’Ancien Testament il ne s’agit pas d’être Juif pour en comprendre, au moins, la beauté tonitruante et l’effroyable sublime : il ne s’agit que d’avoir l’électrique organisation de l’artiste, et cette colonne vertébrale le long de laquelle court le frisson de l’imagination épouvantée, qui met debout tout ce que nous avons de génie et nous cabre sans nous renverser !

1921. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Étonnés et touchés de l’épouvantable et idéal dénûment de cet hôte mélancolique et digne qui leur fait un si bon visage du fond de sa détresse, ils l’engagent à se joindre à eux, qui tirent vers Paris, où il trouvera peut-être fortune, et le jeune noble y consent d’autant plus vite, qu’il se sent invinciblement attiré par une jeune comédienne de la troupe.

1922. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Tiré en pleine chambre du Sénat et de la main gantée d’écarlate d’un cardinal, il a forcé l’attention publique.

1923. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

En général, ces grandes vues du ministère, qui s’occupent de projets d’humanité, et qui, par des établissements utiles, cherchent à tirer le plus grand parti possible et de la terre et des hommes, semblent lui avoir été peu connues.

1924. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Ces grandes vues d’un ministère qui s’occupe de projets d’humanité et du bonheur des nations, et qui veut tirer le plus grand parti possible et de la terre et des hommes, lui étaient entièrement inconnues : il ne paraît pas même qu’il en eût le talent.

1925. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

. — Arrivé à la péripétie finale, l’auteur, pour mieux en faire comprendre l’impression dramatique, — tire un pistolet de sa poche et fait feu, — et tombe en se roulant aux pieds des sociétaires en s’écriant : «  Adieu ! […] Il compte cependant des grands cordons dans sa famille : son père en tirait un à l’hôtel du comte de H., où sa mère était cuisinière. […] N’ayant pu néanmoins rien tirer au clair, M.  […] Il en tira facilement cette conclusion, que les deux premiers artistes subventionnaient à leurs frais, — et chacun de son côté, — une brigade d’enthousiasme, et que les deux groupes, se croyant rivaux, pensaient se montrer plus agréables à leur commettant en faisant de la contradiction systématique. […] Mais, tout à coup, le monsieur qui s’occupe de littérature tire son mouchoir de poche et pousse un cri d’étonnement— Qu’est-ce donc ?

1926. (1876) Romanciers contemporains

À eux deux ils ont promis de tirer vengeance et ils tiendront cette promesse. […] Sandeau, après celui que l’on tire de son propre mérite ». […] Ses jambes, en bas bleus, sortaient d’un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. […] Il a assez de talent pour affronter les échéances les plus lointaines, pour tirer à vue sur la postérité. […] Comment notre guide va-t-il nous tirer de là ?

1927. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

c’est un peu fort, dit Mme de Staël ; j’y étais, et je trouve qu’elle n’a pas bien joué du tout. » — « Mais, reprit M. de Chastellux, elle me semble s’être très bien tirée de telle et telle scène », et il essayait de les indiquer. […] CXXX Quelques sottises qu’on fasse ou qu’on dise de nos jours, pourvu qu’on ait un certain talent et une certaine audace, on s’en tire, et, comme dit M.  […] — Talma tirait parti de tout pour son art ; en toute situation, il observait la nature. […] Démosthène méditait ses harangues et faisait provision d’exordes ; M. de Talleyrand prévoyait à l’avance ses bons mots, que la circonstance lui tirait ensuite à l’impromptu ; si Bonaparte, dans les revues, savait nommer chaque soldat par son nom, c’est qu’il s’était couché la veille en étudiant à fond ce qu’on appelle les cadres de l’armée. […] CCIII Je ne sais comment la postérité s’en tirera, mais avec la cohue de critiques et de chroniqueurs qui s’abattent chaque matin sur tout sujet, on va de bévue en bévue, de contrevérité en contrevérité ; et cela se lit, et cela passe, et cela sera donné un jour comme des témoignages de contemporains !

1928. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Selon mes propres conjectures, cette secte n’est qu’une modification appropriée à notre temps de la superstition primitive, appelée culte de soi-même1406. » Cela posé, il tire les conséquences […] Il veut tirer de l’histoire une loi positive et active pour lui-même et pour nous. […] Car il le façonne et façonne le nôtre à l’image de son propre esprit ; il le définit par les émotions qu’il en tire et le figure par les impressions qu’il en reçoit. […] C’est d’Allemagne que Carlyle a tiré ses plus grandes idées. […] Ils s’en sont servis partout comme d’une méthode, Hegel pour saisir la formule de toute chose, Gœthe pour se donner la vision de toute chose ; ils s’en sont imbus si profondément, qu’ils en ont tiré leurs sentiments intérieurs et habituels, leur morale et leur conduite.

1929. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Mais ce miroir-là ne tire pas à lui que l’aspect. […] Je voudrais les voir tirés à des milliers d’exemplaires, je voudrais les entendre bercer l’âme enfantine et puissante du peuple. […] Le Blond croit se tirer d’affaire en reprochant à son tour à M.  […] Mais on ne peut nier, toutefois, la beauté plastique de certains passages : Autrefois je tirais de mes flûtes légères Des fredons variés qui plaisaient aux bergères, Et rendaient attentifs, celui qui dans la mer Jette ses lourds filets, et celui qui dans l’air Dresse un piège invisible et ceux qui d’aiguillons Poussent parmi les champs les bœufs-creuse-sillons. […] On le devine facilement ; son but véritable, son but immédiat était de ternir la mémoire napoléonienne, d’abaisser cette ancienne gloire, dont le troisième Empire tirait sa force et tout son éclat.

1930. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Je le vis là, tout naturellement, pendant le repas, tirer de sa poche l’un des petits papiers et écrire rapidement, tandis qu’indulgemment Mme et Mlle Mallarmé se récriaient doucement : — Tu t’oublies ! […] La théorie était posée, qui, par la suite, ne devait que s’assurer par l’apport de sa documentation science, et en tirer de plus larges possibilités. […] Mais de l’incohérent ramas des indignations d’alors, tirons au hasard quelques exemples de spirituelle véhémence de quelques gardiens de la « saine tradition ». […] Moralité assez haute, vraiment tirée par un critique de haute probité : et c’est pourquoi nous avons retenu cet incident Sarcey-Risette. […] René Ghil, des données évolutives a su tirer une très curieuse hypothèse.

1931. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Les moyens dont il se sert pour tirer des aveux de ceux-là qu’il suppose ou qu’il veut coupables, ne sont-ils pas, presque toujours, soit des délits caractérisés, soit même des crimes ? […] — il faut savoir tirer parti de la copie des autres, et que l’on peut être, à bon compte, sans jamais écrire soi-même, un intarissable et prestigieux écrivain. […] Cela n’a rien d’étonnant… C’est ma fonction naturelle, en somme… Il n’y a donc pas lieu que je tire de cette incontestable supériorité un orgueil quelconque… Non… Ce par quoi je suis vraiment particulier — dirai-je, surhumain, pourquoi pas ? […] » C’est que, par mille questions insidieuses, il sait envelopper son modèle et l’amener au point précis de confidence, où il n’y a plus qu’à tirer de lui l’essence intime de son esprit. […] On peut y réfléchir et en tirer, peut-être, un bienfait.

1932. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Quelque classique et peu nouvelle que soit cette plaisanterie, le sûr moyen de se faire lapider eut été de la rappeler le jour où l’Académie fut tout à coup tirée de sa langueur accoutumée par la voix du rapporteur de son dictionnaire, appelant le mot fatal Romantique entre les mots Romarin et Romaniste. […] Auger, vous êtes un homme perdu. » Deux de nos amis, que nos voix plus animées avaient tirés de la rêverie, ajoutent : « Ah ! […] Quoique fort ennemis de la prose en leur qualité de fabricants de vers à l’usage de l’hôtel de Rambouillet, et détestant surtout une prose simple, correcte, sans ambition, modelée sur celle de Voltaire, ils ne peuvent sans se contredire eux-mêmes s’opposer à l’apparition d’une tragédie qui tirera ses principaux effets des passions violentes et des mœurs terribles du moyen-âge. […] Non, dès qu’il s’agit de cette tragédie qui tire ses effets de la peinture exacte des mouvements de l’âme et des incidents de la vie des modernes.

1933. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Thackeray se joue d’elle, comme un enfant d’un hanneton, la laissant grimper péniblement au haut de l’échelle pour la tirer par le pied et la faire honteusement choir. […] Quand lord Castlewood mourant lui révèle qu’il n’est point bâtard, que le titre et la fortune lui appartiennent, il brûle sans rien dire la confession qui pourrait le tirer de la pauvreté et de l’humiliation où il a langui si longtemps. […] « Franck, veuillez avancer un siége pour Sa Majesté, dit le colonel ; et, ouvrant le secret au-dessus de la cheminée, il en tira les papiers qui y étaient demeurés si longtemps. […] Je le mets à vos pieds et je marche dessus ; je tire cette épée, et je la brise, et je vous renie.

1934. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Victor Cousin n’a exploité les romans de Mlle de Scudéry que pour en tirer des portraits de grandes dames… Avec un peu de patience, et un jugement plus libre, on trouvera bien autre chose dans le roman du xviie  siècle. — On a reconstruit toute l’histoire du théâtre au xviie  siècle, on en a montré les étapes par Hardy, par Mairet, par l’Académie ; mais on s’est attaché trop exclusivement aux formes et à la fameuse règle des unités ; quand on compte les œuvres réalisées, les œuvres vraiment dramatiques, sans se laisser éblouir par trois grands noms, on a le sentiment très net de l’avortement d’un idéal académique, idéal contraire au goût véritable du public. […] J’ai dit précédemment que la satire est de toutes les époques, qu’elle se glisse dans tous les genres, dans toutes les formes ; c’est elle qui donne un succès passager aux fabliaux, à la farce, sans qu’on puisse tirer de ces formes rudimentaires une conclusion quelconque sur le genre épique ou dramatique. […] Les formes se vident comme les épis battus en grange ; les hommes retournent à la nuit d’où l’amour les avait tirés ; mais l’humanité se renouvelle et s’en va, sans lassitude, de fructidor à nivôse, de nivôse à germinal, de germinal à fructidor. […] En ce moment, je ne me rappelle aucun exemple antérieur à Sapho (drame), où ce « truc » du sommeil subit aurait servi à tirer l’auteur d’une situation embarrassante.

1935. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Rigault a tiré bon parti de ces exactes ressemblances et de cette espèce de miroir où son sujet se dessine à l’avance et se réfléchit.

1936. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

La lettre d’où je tire ces lignes est adressée au pieux fils de Mme Desbordes-Valmore : Vous êtes, lui disait cet ami au cœur reconnaissant, vous êtes, monsieur, le fils d’un ange : la patrie des lettres et de la poésie n’en produit que bien rarement de tels.

1937. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Aujourd’hui, c’est un coin politique et historique ; demain, une poésie ou une rêverie mélancolique ; après-demain, quelque roman sanguinaire ou licencieux, puis tout d’un coup une chaste et grave et religieuse production ; il faut que la pauvre critique aille toujours à travers cela, il faut qu’elle s’en tire, qu’elle s’en teigne tour à tour, qu’elle voie assez de chaque objet pour en jaser pertinemment et d’un ton approprié.

1938. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Plus d’une fois il a cherché à rétablir au complet, et dans un sens différent, des citations que de Maistre tirait à lui ; cette discussion positive a de l’utilité.

1939. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Le comique taille sa plume et raconte : Micromégas tira une paire de ciseaux dont il se coupa les ongles, et d’une rognure de l’ongle de son pouce, il fit sur-le-champ une espèce de grande trompette parlante, comme un vaste entonnoir, dont il mit le tuyau dans son oreille.

1940. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

Peu à peu l’Académie prit conscience de son rôle : elle entama l’examen des écrits de ses membres pour en tirer des règles et des exemples de l’emploi de la langue ; elle fit à Malherbe mort l’honneur d’examiner certaines de ses odes.

1941. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

On nous conte ses petits malheurs, et une tristesse en sort d’autant plus vive que Poil de Carotte est plus philosophe, d’une résignation précoce qui désole : « Tout le monde ne peut pas être orphelin. » Le mal n’est pas d’avoir les oreilles tirées ; c’est, tout jeune, de n’apprendre pas l’art d’espérer qui est tout l’art de vivre.

1942. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Les exécuteurs, auxquels on abandonnait d’ordinaire les menues dépouilles (pannicularia) des suppliciés 1176, tirèrent au sort ses vêtements, et, assis au pied de la croix, le gardaient 1177.

1943. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Mais il leur arrive aussi, pauvres fils de soldat, d’écrire des énormités telles : « Comme aux tirs de foires autrefois, sur le mail, avec un plaisir d’enfant, fouetté d’un âpre vertige, il charge, épaule, tire.

1944. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

Les mots articulez ne tirent leur signification et leur valeur que de l’institution des hommes qui n’ont pû leur donner cours que dans un certain païs.

1945. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Nous avons une comédie italienne intitulée, Don Piloné , que Monsieur Gigli son auteur dit avoir tirée de la piece du Tartuffe de Moliere.

1946. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

L’engouement était tel, qu’on en tirait des pièces.

1947. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Mais encore une fois ne craignez rien, notre conférence sera en prose ; je veux bien m’abaisser jusque-là, sans tirer à conséquence pour la prééminence de la poésie.

1948. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Il avait un redoutable esprit ; mais, génie noué par la bâtardise, il n’existe déjà plus, quoiqu’on le réimprime, que pour les esprits sans famille, comme l’était le sien, lesquels confondent le moraliste, cet éclaireur du cœur humain, avec l’aveugle d’orgueil et de ressentiment qui tire sur le cœur à balles forcées.

1949. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Or, ces mots, qui sont la grande affaire de Fournier, croyez-vous qu’il y en ait beaucoup qui restent à terre sous sa massue, ou qu’il nous en tire d’autres de l’obscurité qui doivent briller désormais comme les escarboucles de l’histoire ?

1950. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Malgré beaucoup d’écrits publiés sur Louis XIV et sur son siècle, la dernière portion du règne de ce roi, la seule qui soit à juger (l’autre, on l’admire, ce qui est plus agréable et plus facile), n’est point encore jugée comme elle doit l’être, et si l’on peut tirer une induction des opinions d’un premier volume qu’on a lu à celles des volumes qui n’ont pas été publiés et qui doivent suivre, il est à craindre que le livre de Moret ne contribue pas beaucoup à ce jugement définitif.

1951. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Dans le feu de l’enthousiasme, les convives avaient tiré l’épée.

1952. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Jérusalem se tua, et Gœthe tira un premier livre de son cercueil.

1953. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Sainte-Beuve, d’un si spécial génie, n’a pu tirer pourtant (c’est significatif) que deux anecdotes de ces quatre immenses volumes, dont l’une, je crois, sur Louis XIV, qui, ennuyé du joug qu’il faisait porter aux autres et à lui-même, jetait parfois, pour se divertir, des oranges à la tête des dames, à souper, lesquelles lui envoyaient des pommes et parfois même des salades avec leur huile ; gaminerie piquante par son contraste avec la pose éternelle du grand roi !

1954. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Tous, et je passe les noms de ces marionnettes d’historiens, à qui l’Histoire a tiré le fil quand elle ne l’a pas cassé, furent pris ou d’une admiration ou d’une horreur qui n’étaient plus des sentiments, mais des vertiges… L’historien froid, l’historien que l’Histoire ne mène pas, et qui, même, ne mène pas l’Histoire, — car être mené par l’Histoire ou la mener, c’est tout un pour la vérité, et c’est ici que l’esclave vaut bien le despote, — l’historien impartial qui ne se soucie que de l’exactitude ou de la justesse de son observation, a manqué jusqu’alors.

1955. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Et pourquoi n’avouerions-nous pas avec calme que, pour une nature comme la sienne, plus apostolique que narquoise, pour un disciple de Lamartine, qui n’aimait pas non plus de Maistre, dont le génie positif était désagréable au « dadais » que le cruel Chateaubriand disait exister au fond du poète des Méditations, Pelletan s’est mieux tiré qu’on n’aurait cru de sa besogne de journaliste irrévérent et pittoresquement gouailleur.

1956. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

III Telles sont cependant cette Correspondance et ces Œuvres inédites d’où l’on a tiré un Tocqueville de pure fantaisie et qui nous en ont dévoilé un autre, lequel, lui, avait la sienne, pendant que le Tocqueville de la réalité était, de fait, moins grand dans ces Œuvres inédites et cette Correspondance que dans les livres officiels, écrits laborieusement pour le public, et qu’il a lui-même publiés.

1957. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Une fois qu’il fut bien sûr de son génie, Lord Byron ne tira plus que douze coups de pistolet par jour et sut, à un pas près, le nombre de temps de galop qu’il exigeait de son cheval le long de la mer de Venise.

1958. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Vera, qui nous donnera un jour l’Hegel complet, ne nous donne aujourd’hui qu’une partie des œuvres et la partie la plus difficile à comprendre, la plus aride et, pour ainsi parler, la moins traduisible, cette affreuse Logique dont Hegel tire tout, en forçant tout.

1959. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Gui, sous les lignes brisées de ce grand dessin géométrique qu’on aperçoit encore en ces Pensées, comme le plan interrompu d’une Pompéï quelconque après le tremblement de terre qui l’a engloutie, il y a une poésie, une poésie qu’on ne connaissait pas avant Pascal, dans son siècle réglé et tiré à quatre épingles ; la poésie du désespoir, de la foi par désespoir, de l’amour de Dieu par désespoir !

1960. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Mais à ces traductions fragmentées, nous aurions préféré une traduction intégrale des livres dont ces fragments sont tirés, et pour les transcriptions, c’est de même.

1961. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Il y a des interprétations de textes, des recherches philologiques dont je ne suis pas juge, n’étant pas philologue, et dont je ne voudrais pas être juge, étant chrétien et catholique, et ne reconnaissant que l’Église et la Vulgate, — les seules autorités qui fassent taire ces disputes de mots et cesser toutes ces chiffes tirées entre pédants.

1962. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Là, enfin il s’enveloppa dans sa fonction de simple chanoine, vivant entre sa maison studieuse et sa cathédrale, embrassant tous les soirs sa sœur et la quittant pour s’en aller à matines ; et cette vie régulière et cachée, racontée pour la première fois par Floquet, cette vie devenue de l’inconnu par l’éloignement et par le temps, cette pénombre au fond de la gloire, cette brune draperie tirée contre le jour, qui tombe toujours plus fort par la fenêtre de cette cellule, tout cela nous prend au cœur et nous fait entrevoir un Bossuet inattendu et touchant.

1963. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Pour notre compte, nous attendions avec impatience cette occasion de parler du chef de l’école éclectique, — mort depuis longtemps comme expression d’idées, après s’être tiré dans la tête ce coup de pistolet d’enfant, chargé à bonbons, qu’on appelle l’Histoire de madame de Longueville.

1964. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Les deux seuls ouvrages, en résumé, qui, dans l’ordre poétique, méritent de tirer la Critique de son abîme d’indifférence réfléchie, et d’être mis par elle l’un à côté de l’autre, comme on y mettrait deux cariatides de marbre ou d’airain différents.

1965. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Ainsi, une œuvre supérieure dans un genre inférieur et borné, voilà le dernier mot à dire et la conclusion à tirer de ces Sonnets humouristiques qui classent d’emblée, du reste, M. 

1966. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

à ce rutilant et truculent Gautier, obligé à vanter des tragédies jetées dans le vieux moule classique et écrites comme si le moule était si usé qu’il ne marque plus… Pour la Cléopâtre, il s’en tire habilement en nous donnant un médaillon de Cléopâtre, un Émail et Camée de sa façon : mais pour la Judith, il y reste, sentant bien, au fond de sa conscience, — poids fâcheux !

1967. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Elle tira à cible plus large.

1968. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Il débutait, en 1876, par La Chanson des gueux, qui le fit célèbre tout de suite, qui le tira de ces antichambres de la Renommée où tant de gens se morfondent ; car, insolente comme l’Attila de Corneille, elle fait parfois attendre jusqu’aux rois, — les rois futurs de la pensée !

1969. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

…), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait : c’est que le roman de madame Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur, comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de madame Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine — de cette haine après l’amour qui est peut-être de l’amour encore ! 

1970. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Certes, tout cela est assez haut, assez pur, assez lumineux, assez beau pour que l’imagination en tire des effets d’une beauté touchante ou grandiose.

1971. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

…), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait, c’est que le roman actuel de Mme Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion, comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de Mme Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine, — de cette haine, après l’amour, qui est peut-être de l’amour encore, — au poids accablant de la formidable déclaration de M. 

1972. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Une fois qu’il fut bien sûr de son génie, lord Byron ne tira plus que douze coups de pistolet par jour et sut, à un pas près, le nombre de temps de galop qu’il exigeait de son cheval le long de la mer de Venise.

1973. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Il prêche, il tire argument de ses morts pour réconforter les fidèles de Castres.

1974. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

À vouloir tirer trop tôt parti de la science, on risque de l’empêcher de porter ses fruits.

1975. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Ce fut elle qui tira Julien de son obscurité, et le fit nommer César.

1976. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Les ravageurs de l’ile de Scio, les massacreurs du clergé grec de 1825, protestaient naguère contre l’agression étrangère qui avait confondu dans le désastre de leur flotte les habitants d’une de leurs villes maritimes ; ils invoquaient le droit et l’humanité, au milieu de l’esclavage domestique et du renfort de barbarie qu’ils tirent de leurs hordes asiatiques : chaos bizarre qui ne peut durer, et qui prépare un changement du monde !

1977. (1894) Critique de combat

Il tirait tout son prestige de lui-même. […] Ce qui nous intéresse, c’est le parti poétique que Marc Amanieux a tiré de ses doctrines. […] Ils n’auraient plus la précieuse liberté de se quereller, à toute heure et de tirer chacun de son côté. […] Il leur tire sa révérence et il passe son chemin ! […] L’esprit frondeur consiste à poser des prémisses révolutionnaires pour en tirer des conclusions conservatrices.

1978. (1897) Aspects pp. -215

Et non seulement ils paient pour avoir le droit de vivre, mais encore ils entretiennent quiconque acquit par vol, emploi, héritage ou astuce le privilège de tirer sa substance d’autrui : le baron Ghetto, le patron, l’actionnaire, le fonctionnaire et tous les suceurs subalternes. […] » Tirez la morale. […] On sait la phrase qu’il prête au monsignor qui reçoit la princesse : « Nous sommes des espèces de fripiers qui tirons gloire des vieux habits qui restent dans nos magasins. » Stendhal fut violemment amoureux de ses salons et de ses monuments. […] Enfin, si l’on coupa le col à ce pauvre diable de Louis XVI, elle put revendiquer une large part de responsabilité dans cette vivisection opérée par les Bourgeois de 1793 et que les Bourgeois d’aujourd’hui déplorent afin de détourner le peuple de leur en faire autant quand viendra pour eux le moment de rendre des comptes c’est-à-dire d’entrer en relation avec cette guillotine dont ils tirèrent et dont ils tirent encore un si charmant parti. […] L’idée choisit, se nourrit des fruits de ce labeur et en tire des floraisons qui peuvent être éternelles.

1979. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

La vraie est plus simple, plus naturelle, et il n’est pas besoin de la tirer de si loin. […] Nous en sommes trop affranchis, et nous en tirons trop volontiers vanité. […] Une fois certain de la trahison, il s’est tiré un coup de pistolet. Vous êtes-vous jamais tiré un coup de pistolet, vous ? […] C’est son habitude de tirer parti de ce qu’on lui prête ; il emprunte un qui vaut dix.

1980. (1896) Les Jeunes, études et portraits

De même il a dédaigné de tirer parti des derniers perfectionnements de l’art de la réclame. […] D’une rencontre accidentelle on ne saurait tirer une conclusion générale. […] Ce n’est pas seulement notre vanité d’homme qui en décide et ce ne sont pas même les raisons tirées des conséquences sociales. […] Le poète romantique tire toute son inspiration des accidents de sa vie sentimentale. […] -M. de Hercedia. » Jeux d’enfant que cela, simples essais et qu’on ne daigne pas tirer du cahier de brouillons !

1981. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Ces braves gens parlaient d’abord de la pièce qu’ils avaient vue : de fil en aiguille ils arrivaient à leurs affaires ; la mère tirait son enfant par la main sans écouter ni ses plaintes ni ses demandes. […] Comme ce temps est loin déjà   Ces éblouissants feux d’artifice que Méry tirait en plein jour, à tout moment, sont éteints à jamais ; car personne n’eut plus d’esprit que ce Marseillais si Parisien, et n’en fut plus prodigue. […] Quels merveilleux feuilletons il semait insouciamment sur les trottoirs, dont il eût pu tirer gloire et profil ! […] Aucun d’eux ne cherchait à tirer la gloire à soi, et ce travail unique, fait par deux cerveaux, reste encore un mystère que nul n’a pénétré. […] Les conséquences excessives tirées d’une idée heureuse et qui a fait sa réputation — les animaux jouant la comédie humaine — ont donné au talent de Grandville quelque chose de contraint, de pénible et de peu naturel.

1982. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Mais la principale démonstration se tire de l’examen du sang avant et après le foie. […] L’analyse du sang tiré des veines superficielles, et qu’on a répétée mille fois, ne pouvait donc le déceler dans ces conditions. […] Si sur l’animal en repos on tire alors du sang de la veine jugulaire, on n’y trouvera pas sensiblement de traces de matières sucrées. […] Quelle conclusion tirera-t-il de là ? […] Cela vous prouve une fois de plus combien un problème physiologique est complexe, et quelle circonspection il faut garder dans les conclusions qu’on peut tirer de faits isolés.

1983. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

je lui tirai sa perruque par derrière et découvris sa tête polie avec une rare prestesse. […] Je reviens au cicerone, notant au passage quelques points qui puissent donner idée de la façon dont il s’est tiré de cette besogne colossale. […] Ils savent se disposer à merveille, ne se pressent jamais pour tirer, profitent des moindres accidents de terrain et ont une intelligence parfaite de cette guerre qu’ils font depuis cinq ans. […] J’ai vu plusieurs de ces femmes encore belles, et drapées comme les juives de la Bible, rouler toutes ensemble dans la boue, d’où elles ne voulaient plus se relever, et où elles seraient mortes si nos soldats ne les en avaient tirées. […] Le Te Deum fut chanté par l’archevêque et son clergé ; une salve de 101 coups de canon tirée ; puis on passa la revue de la garde nationale et de la garnison.

1984. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Ce n’est pas seulement un objet d’art, c’est un livre, une sorte de procès-verbal qui étale sous les yeux du lecteur un nombre défaits, d’observations, le laissant libre d’en tirer ses déductions. […] Et malgré cela, le talent perce partout, et l’on sent que ce coup de pistolet une fois tiré, celui qui a cherché le bruit pourra faire plus lisable. […] Ricard vient de publier chez Calmann-Lévy, lui laissant, d’abord le soin de plaider sa cause ; il est avocat et saura bien se tirer d’affaire. […] Le canot filait, se dirigeant sur le vapeur qui tirait des bordées, l’ancre levée, attendant sa proie. […] Il lui appartiendra le jour où elle sera assez instruite pour en tirer profit et assez sage pour n’en jamais abuser.

1985. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Autrement dit, ou les mots n’ont pas du tout de sens, elle se propose de vider l’infini.Par définition elle est impuissante. — Dira-t-on que c’est quelque chose que de l’infini tirer quelque chose et l’expliquer, le rendre clair, le faire comprendre ? […] Comment vous tirez-vous de cette difficulté ? […] Cette idée d’égalité, l’espèce inférieure, soit la tire de la religion, soit invente une religion pour la confirmer. […] Elle acceptait d’être serve de n’importe qui ; elle acceptait de ne plus tirer de son sein un gouvernement de sa race et de sa tradition ; elle cessait d’être aristocrate et productrice d’aristocratie. […] C’est pour cela que — outre le plaisir exquis souvent, pervers quelquefois, qu’on prend à le lire — on tire encore un singulier profit d’avoir lié commerce pour quelque temps avec ce « don Juan de la connaissance » et cet aventurier de l’esprit.

1986. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et le grand Velasquez fut, de son côté, un réaliste scrupuleux, ayant seulement une autre âme, d’autres yeux, d’où il tirait d’autres visions. […] Ainsi l’art restitue, par degrés, une vie de notions plus détaillée : il prend un sujet total sans cesse plus restreint, afin d’en tirer des éléments plus nombreux. […] C’était plutôt un bel exemplaire, très pur et très complet, d’un type tiré dans son pays à beaucoup d’éditions. […] Et la conclusion qu’en tire M.  […] Il a repris, à douze siècles d’intervalle, l’œuvre divine de Jésus, il a voulu tirer les hommes des mains de la souffrance et de l’inquiétude pour les conduire à l’unique refuge où les attendait le repos.

1987. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

« Monaldo Leopardi » Un juge compétent à qui ce travail manuscrit a été communiqué, Creuzer, dans le 3e volume de son Plotin, en a tiré le sujet de plusieurs pages de ses addenda. […] Il oubliait un peu que Socrate déjà avait dit qu’il était impossible de vaquer aux choses publiques en honnête homme et de s’en tirer sain et sauf, et que Simonide avait déjà déploré amèrement la misère de la race des hommes ; ou plutôt il ne l’oubliait pas, mais il croyait qu’à travers ces plaintes et ces écueils inévitables, il y avait lieu, en ces temps-là, de vivre d’une vraie vie, au lieu d’être, comme aujourd’hui, jeté dans le monde des ombres. […] … » Et l’un des morts lui apprend que ce réveillon ne tire pas à conséquence, que c’est la première célébration de la grande année mathématique qui s’accomplit en ce moment, et que les morts n’en ont plus de ce rare sabbat périodique que pour un quart d’heure. — Ruysch en profite pour les interroger sur tant de choses qu’ils doivent savoir mieux que les vivants ; et le quart d’heure est bientôt passé, même un peu trop vite pour le philosophe et avant qu’il ait obtenu toutes les réponses satisfaisantes152. — Dans le dialogue intitulé Parini, ou de la Gloire, Leopardi met dans la bouche du sage poëte Parini, sous forme de conseils à un jeune homme, ses propres réflexions, qui sont comme le développement des paroles de l’antique Théophraste.

1988. (1813) Réflexions sur le suicide

Je ne m’arrêterai point aux consolations communes qu’on peut tirer de l’espoir d’un changement dans les circonstances : il est des genres de peines qui ne sont pas susceptibles de cette sorte de soulagement ; mais je crois qu’on peut hardiment prononcer qu’un travail fort et suivi a soulagé la plupart de ceux qui s’y sont livrés. […] Il ne s’attendait pas, je pense, que le genre humain se réunît un jour pour abdiquer le don de la vie à la clarté du soleil : et cependant quelle autre conséquence faudrait-il tirer du Suicide de ces deux personnes auxquelles on ne connaissait d’autre malheur que celui d’exister ? […] Je me rappelai combien de fois nous avions admiré ensemble de certaines morts volontaires parmi les anciens, et je tombai dans des réflexions profondes comme si les lumières du Christianisme s’étaient tout à coup éteintes en moi, et que je fusse livrée à cette indécision, dont l’homme même dans les plus simples occurrences a tant de peine à se tirer.

1989. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Les Russes la mettent en batterie et tirent confusément sur leurs soldats et sur les nôtres, s’inquiétant peu de mitrailler amis et ennemis, pourvu qu’ils se débarrassent de nos redoutables cavaliers. […] « Pendant que notre cavalerie est ainsi aux prises avec la seconde ligne de l’infanterie russe, quelques parties de la première se relèvent çà et là pour tirer encore. […] Ici nous pourrions, si nous le voulions bien, tirer une vigoureuse représaille de cette théorie de l’intelligence sans l’art et sans le génie, théorie exposée par M. 

1990. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Les partisans de ce Gulliver, qui ne laissent pas que d’être en fort grand nombre chez nous, soutiennent que son livre durera autant que notre langue, parce qu’il ne tire pas son mérite de certaines modes ou manières de penser et de dire, mais d’une suite d’observations sur les imperfections, les folies et les vices de l’homme. » C’est à l’homme, en effet, qu’en veut Gulliver et à tout ce que l’on voit de plus excellent en lui-même et dans le monde où il domine. […] Il se brouillait et se réconciliait sans cesse avec ceux qui l’entouraient, et perdait par degrés, avec le commerce du monde, les consolations qui se tirent de la mémoire et de la pensée. […] Si l’homme ne vivait que pour lui-même, et s’il fallait juger toutes ses actions par le profit qu’il en tire, le passage de Swift en ce monde ne serait qu’une rigueur inutile de la destinée, et ce serait à bon droit qu’il demandait compte au ciel de cette existence, qui avait commencé dans les dégoûts, langui dans les déceptions, et qui devait finir dans les tortures.

1991. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

« Quoique nous regardions communément la vie mentale et la vie corporelle comme distinctes, il suffit cependant de s’élever un peu au-dessus du point de vue ordinaire, pour voir que ce ne sont là que des subdivisions de la vie en général, et que toute ligne de démarcation qu’on tire entre elles est arbitraire. […] Strictement parlant, on ne peut tirer de ligne de démarcation entre lui et l’action réflexe simple, de laquelle il sort par des complications successives. » Tandis que dans l’action réflexe simple, une seule impression est suivie d’une seule contraction ; tandis que dans les formes plus développées de l’action réflexe, une seule impression est suivie d’une combinaison de contractions ; dans celle que nous distinguons sous le nom d’instinct, une combinaison d’impressions produit une combinaison de contractions ; et dans la forme la plus élevée, dans l’instinct le plus complexe, il y a des coordinations qui tendent à la fois à diriger et à exécuter. […] Et comme il adopte la méthode positive, qu’il est complètement imbu de l’esprit positif, et qu’il tire les matériaux de son système uniquement des sciences positives, on ne peut que se poser la question : « En quelle relation est-il avec la philosophie positive ? 

1992. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

On peut juger du soin avec lequel elle est faite, & du style de l’auteur, par la description de la peste, tirée du sixiéme Livre, que l’Abbé des Fontaines a insérée dans ses remarques sur le troisiéme Livre des Georgiques de Virgile. […] Le goût romanesque qui regne dans l’ouvrage de la Chapelle caractèrise aussi, à peu de chose près, la vie de Tibulle tirée de ses écrits, publiée à Paris 1743. en deux vol. […] A l’esprit des Romains sa plume a retracé Les utiles leçons d’un esclave sensé ; De ses termes choisis l’élégante justesse Sert chez lui de grandeur, de tour & de finesses Sans tirer de l’esprit un éclat emprunté, Le vrai plaît en ses vers par sa simplicité.

1993. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Mais, bien qu’il n’y ait aucune preuve qu’un animal quelconque accomplisse un acte exclusivement pour le bien d’une autre d’espèce distincte, néanmoins, chaque espèce essaye de tirer quelque avantage des instincts des autres, comme elle profite de leur faiblesse relative d’organisation. […] Si l’oiseau adulte a tiré quelque avantage de cette circonstance, ou si les jeunes oisillons abandonnés sont devenus plus vigoureux en profitant ainsi des méprises de l’instinct chez une mère adoptive, qu’en demeurant aux soins de leur propre mère, gênée, comme elle ne pouvait guère manquer de l’être, entre ses œufs et ses oisillons de différents âges qu’il lui fallait à la fois couver et nourrir, et de plus, pressée qu’elle était d’émigrer à une époque hâtive et bien avant la saison froide, on conçoit qu’un fait d’abord accidentel ait pu devenir peu à peu une habitude avantageuse à l’espèce. […] Un certain nombre de sphères étant disposées de manière que tous leurs centres soient situés sur deux plans parallèles, et que le centre de chacune de ces sphères soit à une distance égale au rayon × √2, c’est-à-dire le rayon × 1, 41421, ou à quelque autre moindre distance du centre de chacune des six sphères contiguës situées dans le même plan, et à la même distance des centres de chacune des sphères adjacentes qui sont situées dans l’autre plan parallèle ; si des plans d’intersection sont tirés entre les diverses sphères des deux rangées parallèles, il en résulte un double rang de prismes hexagones, unis les uns aux autres par des bases pyramidales formées de trois rhombes.

1994. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Les beautez qu’on tire du nud dans les corps representez en action, n’avoient point été imaginées de personne. […] Enfin, le génie des arts et des sciences disparoît jusqu’à ce que la révolution des siecles le vienne encore tirer une autre fois des tombeaux, où il semble qu’il s’ensevelisse pour plusieurs siecles, après s’être montré durant quelques années. […] Mais comme les arcs triomphaux des romains ne se dressoient que pour éterniser la mémoire d’un triomphe réel, les ornemens tirez des dépoüilles qui avoient paru dans un triomphe, et qui étoient propres pour orner l’arc qu’on dressoit afin d’en perpetuer la mémoire, n’étoient point propres pour embellir l’arc qu’on élevoit en mémoire d’un autre triomphe, principalement si la victoire avoit été remportée sur un autre peuple que celui sur qui avoit été remportée la victoire, laquelle avoit donné lieu au premier triomphe comme au premier arc.

1995. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Bossuet en a tiré des effets prodigieux qui stupéfièrent et qui stupéfient encore tous ceux qui ne demandent pas à être convaincus. […] Lorsqu’on parcourt soit telle oraison funèbre, soit tel chapitre de la Politique tirée de l’Écriture sainte, en tenant compte même des mœurs de la monarchie absolue, il est impossible de ne pas être frappé de la platitude des épithètes dont l’évêque accable le roi. […]  »‌ Nous voici donc pourvus de la base indispensable pour tirer notre conclusion, qui est imminente et que l’on entrevoit déjà.

1996. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

« L’attention, dit-il, contracte le frontal : ce muscle… tire à lui le sourcil, l’élève, et détermine des rides transversales sur le front… Dans les cas extrêmes, la bouche s’ouvre largement. […] Un coup de canon tiré à nos oreilles, une lumière éblouissante s’allumant tout à coup, nous enlèvent pendant un instant la conscience de notre personnalité ; cet état pourra même se prolonger chez un sujet prédisposé. […] Delbœuf dans les conclusions qu’il a tirées de ces remarquables expériences : la question essentielle, la question unique, selon nous, est de savoir si un contraste AB, formé des éléments A et B, est réellement égal à un contraste BC, composé différemment.

1997. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Il n’avait pas, en ce genre de recherches, le flair et la piste ; il ne savait pas tirer un fait d’un autre ; dès qu’il s’offrait une difficulté, une différence, il était désarçonné. […] Des parties d’érudition fine, tirées des livres dont M. 

1998. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Sainte-Beuve reçut un grand nombre de lettres et documents de toute espèce, dont il se proposait de tirer parti pour écrire ici, en manière d’appendice ou de post-scriptum, un article final et inédit, qui eût été un dernier mot sur Talleyrand. […] Sur la fin de l’Empire, ils étaient à couteaux tirés.

1999. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Les objections au genre de succès que nous appelons de tous nos vœux et qui nous semble désirable pour l’honneur moral d’une nation chez qui la classe moyenne adopterait Jocelyn, autant que pour la fortune de Jocelyn lui-même, ces objections se tireraient plutôt, selon nous, des longueurs du livre et de certaines abondances descriptives ; car on peut dire plus que jamais de Lamartine en ce poëme, comme il dit de certains arbres des Alpes au printemps :   La sève débordant d’abondance et de force  Coulait en gommes d’or aux fentes de l’écorce. […] Avec le poëte, pourtant, cela tire moins à conséquence : l’imagination aisément répare, surtout quand elle est plus riche que jamais.

2000. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Villemain, ajoutait avec sa vivacité pittoresque de critique : « Mais lorsqu’on est aguerri au feu, si j’ose ainsi parler, c’est alors qu’on est frappé de la fécondité, de la sagacité, de l’étendue et de la justesse des vues du professeur. » Benjamin Constant, dans un charmant portrait de femme, a parlé de ces traits d’esprit, qui sont comme des coups de fusil tirés sur les idées, et qui mettent la conversation en déroute. […] L’impression que je tire de cette lecture, c’est que, quand le fond de la langue est chaque jour remué, grossi, déplacé, quand la synonymie inutile y abonde, quand les disparates de tous genres et mille affluents peu limpides s’y dégorgent, qu’importe ?

2001. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Il voulait qu’au lieu de tirer au sort les députés qu’on enverrait à Vespasien pour lui décerner l’empire, on lui envoyât des députés choisis au mérite et aux opinions, parmi les hommes les plus vertueux du sénat, afin, disait-il, que ce choix indiquât à ce prince ceux qu’il devait estimer, ceux qu’il devait éloigner, car, ajoutait-il, il n’y a pas de meilleurs instruments d’un bon gouvernement que des hommes de bien. » XXIX Tacite, après une longue et splendide digression sur la guerre de Civilis en Germanie, revient à Rome. […] LX Voyez enfin l’impatience de l’affranchi qui se propose résolument pour l’exécution et pour le prix du meurtre, et la reconnaissance de Néron, tiré par ce hardi scélérat d’embarras et d’angoisses, et qui s’écrie : « Je ne règne que d’aujourd’hui, et c’est à Anicétus que je dois l’empire. » LXI Est-ce la vertu enfin, la moralité, la flétrissure, qui manquent dans ce récit de Tacite ?

2002. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Or, de bonne foi, nous ne voyons guère d’autre conclusion à tirer de ce beau livre des songes où tout est coupable, excepté le coupable lui-même, et où la société est responsable de tout le mal qu’on fait ou qu’on subit contre ses prescriptions ou contre ses institutions. […] La bergère s’en aperçoit trop tard, lance le chien après les chevreaux pour les ramener dans ses limites ; les gardes, aux ordres de leur chef, se découvrent, tirent sur le troupeau, tuent les chevreaux, cassent une jambe au petit chien, atteignent de grains de plomb égarés les vêtements et le cou de la jeune fille.

2003. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Il le fait avec d’autant plus de confiance que l’Église elle-même peut tirer avantage de ses recherches sur la durée de l’année et sur les mouvements de la lune”. […] L’abeille forestière (genre mélipone et genre euglosse) est presque partout réduite à tirer sa nourriture de la sève sucrée que distillent les arbres ou des excréments que les oiseaux déposent sur les feuilles. » Lamartine.

2004. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Ce qui est vrai encore, c’est qu’il lui est arrivé de tirer à lui les documents, de les présenter de la façon la plus favorable à sa thèse. […] Je crois, pour ma part, à la bonne foi d’une femme qui ne craint pas de nous faire cet aveu : « Je finis par souffrir de mes espérances trompées, de mes affections déçues, des erreurs de quelques-uns de mes calculs. » Cette confession ne me semble pas d’une âme vulgaire, et j’en tire des conclusions absolument opposées à celles du prince Napoléon  Mais, dira-t-on, si elle avait sur l’empereur l’opinion qu’elle nous a livrée, elle n’avait qu’à s’en aller, et même elle le devait.

2005. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais quelle conséquence peut-on tirer de cette individualité unique, pour nier le caractère général que nous assignons à la poésie de notre époque ? […] Ne pouvant les suivre dans leurs utopies, il songeait, dans sa force, ou si l’on veut dans sa faiblesse, à tirer d’eux un utile parti ; avec ces hommes de foi, qu’il avait sous les yeux, il songeait à faire de l’art ; il ne s’abandonnait pas à leurs idées, il voulait seulement, comme un miroir fidèle, réfléchir leur image : il travaillait à son Mahomet 6.

2006. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Ainsi, ce qui importe le plus pour se faire entendre, ce n’est pas de posséder une voix forte et puissante, c’est de savoir tirer parti de celle qu’on a, quelque défectueuse qu’elle soit. […] « Les femmes, dont surtout il cherche le suffrage, « En faveur du lecteur applaudiront l’ouvrage. » Aussitôt fait que dit : le jeune homme charmé De ses doigts délicats tire un gant parfumé, Caresse, d’une main plus blanche que l’ivoire, Sa blonde chevelure et sa moustache noire, Et, se levant au bruit d’un murmure flatteur, Reçoit le manuscrit sans regarder l’auteur.

2007. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Quand on lui demanda de déclarer ce qu’il avait perdu : « Je n’avais rien, dit-il, je n’ai pu rien perdre. » On ne réussit pas à tirer de lui autre réponse, et il resta pauvre comme auparavant. […] On ne put tirer d’elle une seule parole.

2008. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Cette gravure, très soignée et très réussie, a été tirée à plusieurs états sur différents papiers (voir, plus loin, l’annonce) ; son format est celui des partitions Wagnériennes. […] Séroff organisa une série de concerts et Wagner dirigea des symphonies de Beethoven ainsi que des pièces orchestrales tirées de ses opéras.

2009. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Mais je m’écarte soigneusement de Willy que Laurent Tailhade appela avec vérité « marchand en gros de pornographies achetées en détail à des écrivains faméliques » ; de Willy qui n’est plus même la fille avec qui l’on couche mais la matrone qui tire profit des charmes d’autrui. […] Gebhart est un automate qui tire au mur et, s’il rit, c’est qu’on a fait rire quelqu’un dans le phonographe qui lui sert de cerveau.

2010. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

On peut faire appel aux faits pour confirmer ces notions ou les conclusions qu’on en tire. […] C’est donc qu’il n’a pas reconnu leur existence en observant de quelles conditions dépendait la chose qu’il étudie ; car alors il eût commencé par exposer les expériences d’où il a tiré cette conclusion.

2011. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Alors, le poète, en proie à lui-même, jette des vers comme ceux-ci, par exemple, tirés d’une poésie (Le Prisonnier) où la Haine, que je disais plus haut une Muse, ne l’a pas été ce jour-là ! […] … Victor Hugo a tiré du fond de sa cervelle cette création qui n’avait pas besoin de la force de quarante chevaux pour en sortir et dont il est aisé de rendre compte en quatre mots, et les voici : Le Pape dort : La pensée a grandi ; car le rêve est venu !

2012. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

En tout cas, que la religion soit œuvre d’imagination ou besoin de foi, la conclusion à tirer de tous ces essais de définition tentés par les naturalistes psychologues, c’est que leur méthode est impuissante à donner une véritable idée de notre nature. […] Si l’école de la conscience soutient la liberté d’indifférence, la volonté sans motifs, par peur du déterminisme, et rejette toute espèce de loi dans la production des phénomènes volontaires, c’est qu’elle prétend tirer la science entière de l’homme des simples données de la conscience.

2013. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

J’ai calculé qu’à pareil jour, à pareille heure, on tirait sur lui de Paris le coup de canon qui devait le chasser de Rome.

2014. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Après une dernière volée de coups de canon tirée par son ordre, il allait entrer dans un carré et s’y enfermer, quand Soult, qui était près de lui, lui dit : « Ah !

2015. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Il ne manque jamais de critiques circonspects qui sont gens, en vérité, à proclamer hautement un génie visible depuis dix ans ; ils tirent gravement leur montre et vous annoncent que le jour va paraître, quand il est déjà onze heures du matin.

2016. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Dans la première moitié du volume, tant que la passion n’en est qu’aux tristesses, aux espérances, aux pressentiments qui envahissent toutes les âmes ainsi affectées, on regrette que de ce fonds un peu confus, étalé devant nous en longs épanchements, le poëte n’ait pas su tirer des scènes plus distinctes, plus détachées, plus parlantes aux yeux, de ces tableaux qu’on pourrait peindre sur la toile et qui vivent dans la mémoire.

2017. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

A propos d’un passage du poëme, il remarque que M. de La Fontaine aurait pu en tirer parti pour une fable, et sa manière de dire fait entendre assez clairement que M. de La Fontaine ne le connaissait pas.

2018. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

En fait de poëme épique, il n’y avait plus qu’à tirer l’échelle après lui.

2019. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Il croit par là embarrasser beaucoup ses adversaires ; mais il oublie trop que nous-mêmes n’avons jamais préconisé les théâtres étrangers actuels, et que, si nous avons proposé Shakspeare Gœthe et Schiller, non pas à l’imitation, mais à l’admiration, à la méditation de nos poètes, nous avons les premiers signalé, à l’occasion du théâtre anglais, cette manie d’importations exotiques, de vaudevilles lourdement travestis, dont l’académicien voyageur semble tirer un sujet de triomphe.

2020. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Si demain ou l’an deux mil, nous avions dit non à toute monarchie, ce ne serait pas encore la vraie République que nous aurions nécessairement acquises il y aurait encore lieu de prendre garde ; l’écueil d’où Jefferson a tiré le noble vaisseau américain ne serait pas évité du nôtre, si l’on n’y veillait dès l’abord.

2021. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Le gros livre que d’honnêtes personnages se préparaient à remorquer pour le tirer de sa fange, y est resté en plein.

2022. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

L’armée des assiégeants se partage : une partie, sous la conduite du kockevoï, s’en retourne au pays de l’est pour tirer vengeance des Tatars ; une partie demeure devant la place, sous les ordres de Tarass Boulba lui-même, élu ataman pour la circonstance.

2023. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

La Revue contemporaine publie sous ce titre une suite de chapitres tirés d’un ouvrage que M. 

2024. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

» Je pourrais récuser une objection tirée de Virgile, puisque je l’ai cité comme le poète le plus sensible ; mais en acceptant même cette objection, je dirai que, lorsque Racine a voulu mettre Andromaque sur la scène, il a cru que la délicatesse des sentiments exigeait qu’il lui attribuât la résolution de se tuer, si elle se voyait contrainte à épouser Pirrhus ; et Virgile donne à son Andromaque deux maris depuis la mort d’Hector, Pirrhus et Hélénus, sans penser que cette circonstance puisse nuire en rien à l’intérêt qu’elle doit inspirer.

2025. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Ce n’est pas l’invention poétique qui fait le mérite de cet ouvrage ; le sujet est presque entièrement tiré de la Genèse ; ce que l’auteur y a ajouté d’allégorique en quelques endroits, est réprouvé par le goût.

2026. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

La poésie, qui se perdait dans l’imitation artificielle et les froides éruditions, se rapprocha de la réalité, elle apprit à puiser aux vraies sources des sentiments profonds et généraux : la foi catholique de Ronsard, le zèle protestant de d’Aubigné tira d’eux le meilleur et le plus pur de leur poésie.

2027. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Il tire notre vide et froide tragédie vers l’action animée, pittoresque, violente.

2028. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Il mérite de nous arrêter un moment, car il offre un cas fort singulier et qui suffirait à le tirer de pair.

2029. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Contre les visées sociocratiques des morales, la protestation de l’individu qui veut être lui-même, qui veut tirer de lui-même ses sentiments et ses raisons d’agir et non les demander à des croyances religieuses ou à des impératifs sociaux, la protestation de l’individualité peut prendre deux formes. — Il y a un individualisme négatif qui est l’immoralisme pur et simple, la négation de toute idée morale considérée comme un préjugé destiné à asservir l’individu.

2030. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Les voici : Jacques Ferny, beaucoup plus spi    rituel que Roqu’laure, Sait, avec art, tirer parti    Des chroniqu’s de Roch’fore… Dreling, dreling, dreling, dreling… Marcel Legay s’enflamme, Et tendre ou fougueux, son refrain Fait un bruit d’grelots ou d’tocsin Mais c’est la fin.

2031. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Jésus aimait cet aspect gai et animé, et tirait de là des paraboles 528.

2032. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

A peine quelques vues sur le Père, le Fils, l’Esprit 845, dont on tirera plus tard la Trinité et l’Incarnation, mais qui restaient encore à l’état d’images indéterminées.

2033. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre III : Théorie psychologique de la matière et de l’esprit. »

Le scepticisme du philosophe écossais aboutissait à des conclusions si étranges, qu’avec lui on est en plein dans l’inexplicable, et qu’il ne s’en tire qu’avec les mots « habitude, croyance, instinct. » Dans un monde où il n’y a, par hypothèse, que des attributs et des états de conscience sans liens connus qui les unissent, rien n’est plus étonnant que leur harmonie.

2034. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

« Mais je ne vois rien qui nous défende de songer à notre repos et à nous tirer d’un état qui nous trouble à tout moment.

2035. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Elle les avait éludés avant même de les abolir : lorsque la liturgie trop précise imposait une victime humaine, on s’en tirait par un pieux subterfuge.

2036. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Nous en tirerons ensuite des conclusions générales sur la valeur et le rôle de l’idée du moi.

2037. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Afin de faire un peu d’exercice, de ne pas tomber malades, nous ne nous permettons qu’une promenade après dîner, une promenade dans les ténèbres des boulevards extérieurs, pour n’être point tirés, par la distraction des yeux, de notre travail, de notre enfoncement spirituel en notre œuvre.

2038. (1902) L’humanisme. Figaro

» Malheureusement, vous n’ayez pas même ce bon vent en poupe, Vous ressemblez à ces chasseurs qui, faute de gibier, tirent sur d’innocentes hirondelles.

2039. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Il se dit, sans se dissimuler le peu qu’il est et le peu qu’il vaut, que de ce voyage il fallait tirer une œuvre, que de cette poésie il fallait extraire un poème.

2040. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Mais je ne vois pas quel avantage le matérialisme pourrait tirer de cette concession, à moins de poser en principe que toute maladie est une maladie du corps, et c’est précisément ce qui est en question.

2041. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Quelque intéressants que soient par eux-mêmes les faits que nous venons de rapporter, il est difficile d’en tirer une théorie générale, et c’est assez arbitrairement qu’on désigne des phénomènes si différents sous le nom général d’aphasie, à moins qu’on ne convienne que c’est là une étiquette purement arbitraire, qui sert à dénommer tous les troubles, de quelque nature qu’ils soient, qui peuvent affecter les rapports du langage et de la pensée.

2042. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

De ce nouveau principe, il tire cette conséquence : « que l’homme de génie ne doit être que l’organe de tous et non une personne privilégiée ayant des pensées particulières », que « c’estcelui qui dit ce que tout le monde sait », qu’il n’est que « l’écho intelligent de la foule ».

2043. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

L’épreuve tirée, pas une lettre qui fût transposée, pas un mot qui grimpât sur le dos du mot voisin, pas une virgule qui ne fût à son poste.

2044. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Ses goûts s’annoncèrent dès son enfance ; il parlait à peine, qu’il chantait déjà : sa vie ne fut, pour ainsi dire, qu’une longue fête ; parvenu à son dix-septième lustre, il tirait encore des sons mélodieux de sa lyre octogénaire ; enfin, les Muses avaient présidé à sa naissance, et les Muses ont reçu son dernier soupir.

2045. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Nous devons apporter toute notre attention à éviter de nouveaux regrets pour l’avenir ; il faut au moins tirer ce fruit de la funeste expérience que nous avons faite.

2046. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

cette Institutrice du peuple, cette doctoresse du baccalauréat, ignorante, comme une carpe, des choses qu’elle devrait le mieux savoir, puisqu’elle les attaque et qu’elle a l’ambition de les détruire, elle est surtout, et mesquinement, jalouse des Frères de la Doctrine chrétienne, de ces robustes éducateurs du peuple, tirés des entrailles mêmes du peuple et à qui elle voudrait arracher renseignement pour le remplacer par le sien.

2047. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Le parti tragique et brûlant que Balzac a tiré de cette méprise, aurait dû épouvanter la mémoire de Mme de Chandeneux et arrêter sa plume dans les tremblements du respect, quand elle ose cette réminiscence.

2048. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Patientes pour filer leur laine (quand elles la filaient), et tirer leur fil, elles peuvent très bien travailler sur le métier de l’érudition, comme sur leur métier à dentelles.

2049. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

L’Afrique n’a pas été qu’un grand exercice de tactique et de spécialité d’armes, un Vincennes colossal et éparpillé, dont les cibles, faites avec des masses d’hommes, rendaient les coups qu’on leur tirait.

2050. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Il s’en est tiré… en y restant, en faisant de l’histoire évasive et mesquine, au lieu de l’histoire impassible et courageuse.

2051. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Du moins, l’Horace de Passy, dont la gloire est déjà baissée, sentait la patrie et pleura Sainte-Hélène… Et quant à l’autre Horace français dont Louis XIV fut l’Auguste, ce Boileau qui n’admettait pas Dieu pour être tranquille, cette âme droite, sérieuse, austère, qui tira toute sa poésie de la raison, cette maîtresse faculté de l’homme, l’Horace latin ne sert qu’à montrer combien il est grand, malgré l’imagination qui lui manque.

2052. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Joubert — disait-elle — a l’air d’une âme qui a rencontré un corps par hasard, et qui s’en tire comme elle peut. » Ce corps, d’ailleurs, était à ce qu’il paraît un à peu près de corps.

2053. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Ils sont les semeurs d’un grain invisible qu’ils jettent, pour ainsi dire, par-dessus le mur de leur œuvre et qui doit lever plus loin… Cependant, ne soyons pas injuste : si l’histoire de la Grèce antique par Lerminier est un ouvrage où nul mot n’a été écrit en dehors ou à côté du sujet qu’il traite, si le respect des faits et de l’unité de leur ensemble y est poussé jusqu’à la stoïque abstinence de ces déductions ou de ces inductions qui s’en élancent naturellement, et qui devaient tenter la verve philosophique de l’auteur, n’oublions pas qu’au seuil de ce livre il y a une préface dans laquelle l’historien, qui s’est imposé une réserve si haute et si sévère, signale néanmoins fort bien renseignement pratique qu’on peut tirer de son histoire.

2054. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

On a bâclé contre lui un jugement superficiel et grossier qu’on tire bien plus des impossibilités de sa position que de la connaissance approfondie de son intelligence et de son âme.

2055. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

L’embrassade, c’est cette appellation sentimentale du « bon Roi René », et la procédure, c’est son histoire, étouffée sous ces deux mots d’où Lecoy de la Marche la tire pour nous la dérouler.

2056. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Eh bien, c’est cette peine, ce labeur, cette conscience et cette perfection dans l’ennui, dans cet ennui que l’on tire de l’histoire la plus intéressante avec une force de plusieurs chevaux, qu’Hippolyte Babou n’a pas voulu prendre à sa charge !

2057. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Ces élégants ou fastueux traîneurs de robes et de toges, ces dandys à la ceinture lâche, qui comprenaient probablement l’histoire comme Blaze de Bury, étaient trop artistes, trop préoccupés de l’effet esthétique dans leurs œuvres, pour se perdre en ces chicanes minutieuses où s’usent des milliers d’yeux et d’esprits modernes… La Critique historique, telle que l’esprit moderne la conçoit et l’exige, était inconnue au temps de Tacite et de Suétone, qui se tirent de toute chose douteuse avec un mot ou deux : Rumor ou ut referunt, dits de très haut, et passent… Esprits superbes, qui n’insistent pas, qui ne s’attachent pas à un texte.

2058. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Le savant critique de cet historien examine et ruine le seul argument sur lequel la thèse gauloise s’appuie, et qui est tiré (par les cheveux) de ces chansons galloises qui furent traduites et remaniées en français du temps, au douzième siècle.

2059. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Le Rationalisme contemporain, qui n’entend pas grand-chose aux questions spirituelles et auquel, par là, bien des grandeurs se trouvent naturellement fermées, se tire, comme il peut, de la difficulté en refaisant, une millième fois, le mauvais vieux livre de l’Influence du physique sur le moral, de Cabanis.

2060. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Parce que ce grand Justicier a fait justice envers et contre tous, et même contre lui-même, quand il renonça, par exemple, aux droits injustement acquis que les traités de ses prédécesseurs lui avaient donnés sur l’Angleterre ; — parce que, dans son différend avec l’évêque de Beauvais, il ne céda ni à l’évêque, ni même au pape ; — parce que, dans la honteuse défection de Thibaut de Champagne, violateur de ses engagements, Saint Louis ne s’arrêta ni devant sa qualité de croisé, ni devant la défense de l’attaquer que lui fit le pape et tira l’épée ; — les historiens ennemis, sortant des limites de son droit dans lequel il resta toujours, ont trouvé plaisant d’opposer à la Papauté un Saint reconnu par la Papauté, et lui ont fait de cette circonstance une impertinente et impossible gloire.

2061. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

V Voilà ce que la Critique historique qui discute, pourra, par surcroît, tirer encore du livre de Gobineau, qui ne discute pas.

2062. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Il adore les images tirées de cette honnête industrie.

2063. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

C’est toujours enfin de la pure logique qu’il tire, lorsqu’elle est belle, toute la beauté de sa pensée.

2064. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Mais, selon nous, si les faits cités sont incontestables, nous croyons que le savant jésuite en a tiré de fausses conclusions ; et c’est surtout quand on a lu cette histoire des Études classiques que M. 

2065. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Pelletan, lequel, par parenthèse, est bien pittoresque et a le sang bien chaud pour être un métaphysicien, un œil retourné en dedans, comme disait l’abbé Morellet, avec une spirituelle exactitude, pose des lois absolues qu’il tire de tout ce qu’il y a de moins absolu au monde, l’analogie ; l’analogie, cette fille trompeuse de l’imagination, qui a si souvent donné le vertige aux plus fermés observateurs !

2066. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Nous avons dit plus haut : Toute philosophie gît dans une seule question, l’existence de Dieu en face de l’existence du monde, et il serait aisé de montrer que, quelque solution qu’on adopte sur cette question, et toutes peuvent se ramener à deux principales ; en d’autres termes, soit que Dieu et la matière soit congénères, soit que Dieu l’ait tirée de lui-même, le panthéisme inévitable et menaçant revient toujours !

2067. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

L’esprit de Brucker était plus vivant que le livre le plus vivant, Seulement, quels que soient ses livres, qui certainement ne donnent pas la valeur intégrale de l’homme, il y a dans tous — comme dans ces Docteurs du jour qu’on a republiés — des beautés de points de vue, d’idées et d’éloquence qui devraient le défendre contre l’indifférence méprisante de la génération présente, dépravée par l’éducation des œuvres busses, et le tirer de cette insolente obscurité qu’on a fait tomber et qui s’épaissit sur son nom !

2068. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Foucher de Careil (un philosophe de France) ; c’est de cet état contemplatif, absorbé, rigide, anéanti, et par conséquent d’indifférence absolue, que Schopenhauer essaye de tirer une incompréhensible sympathie, par un tour de gobelet ou de force que j’appelle, moi, hardiment, une contradiction !

2069. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Est un moraliste encore quelque pauvre déiste, d’honnête volonté, qui tire comme il peut un traité de conduite de la notion de Dieu, établie tant bien que mal dans sa judiciaire de philosophe.

2070. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Alexandre VI, par le pontificat duquel a fini le xve  siècle, est tiré présentement de dessous les pieds et la plume des imbéciles, des ignorants et des impies, qui croient lapider la papauté avec son cadavre.

2071. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Seulement, il faut avoir le courage d’aller le chercher sous la croûte de sa fumée… il faut tirer la strophe et la stance du fatras (disons-le !

2072. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Laid de couverture comme un livre utilitaire et tiré à cent exemplaires, pour que le gros public, le Jocrisse aux trois cent mille têtes, s’en torchât le bec, comme dit l’expression populaire avec une insolence qu’ici j’aime.

2073. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

le génie du romancier à tirer un jour du fourreau, a passé, pour nous raconter cette histoire d’amour intitulée Louise, par-dessus ses occupations et ses préoccupations habituelles, et à cela nous disons : Tant mieux !

2074. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Mais ni Turcaret, qu’on prit longtemps pour un chef-d’œuvre, ni Crispin rival de son maître, ne tirent plus rouler carrosse au pauvre Le Sage que le Gil Blas et Le Diable boiteux.

2075. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Il reprend son ouvrage en sous-œuvre et il le refait dans le fondement même… Et de ce qui était faible de langage et immoral de sentiment et de tendance, il tire un livre parsemé d’aperçus, vivant de drame, abondant, familier, terrible, à pleine main dans l’observation et dans la vie, profond lorsqu’il paraît trivial, sévèrement écrit, d’un style pur, et pourtant ardent, comme du fer passé dans la flamme ; beau livre, enfin, moral et chrétien, comme Diderot aurait pu l’écrire, s’il n’eût pas été l’athée Diderot !

2076. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

J’ai souvent entendu dire de Hogarth : « C’est l’enterrement du comique. » Je le veux bien ; le mot peut être pris pour spirituel, mais je désire qu’il soit entendu comme éloge ; je tire de cette formule malveillante le symptôme, le diagnostic d’un mérite tout particulier.

2077. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Il s’y rencontre moins de comparaisons tirées et du soleil levant et du soleil couchant, et des torrents et des tempêtes, et des rayons et des éclairs.

2078. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Tous les objets dont on s’y occupe sont grands, et en même temps sont utiles ; c’est l’empire des connaissances humaines ; c’est là que vous voyez paraître tour à tour la géométrie qui analyse les grandeurs, et ouvre à la physique les portes de la nature ; l’algèbre, espèce de langue qui représente, par un signe, une suite innombrable de pensées, espèce de guide, qui marche un bandeau sur les yeux, et qui, à travers les nuages, poursuit et atteint ce qu’il ne connaît pas ; l’astronomie, qui mesure le soleil, compte les mondes, et de cent soixante-cinq millions de lieues, tire des lignes de communication avec l’homme ; la géographie, qui connaît la terre par les cieux ; la navigation, qui demande sa route aux satellites de Jupiter, et que ces astres guident en s’éclipsant ; la manœuvre, qui, par le calcul des résistances et des forces, apprend à marcher sur les mers ; la science des eaux, qui mesure, sépare, unit, fait voyager, fait monter, fait descendre les fleuves, et les travaille, pour ainsi dire, de la main de l’homme ; le génie qui sert dans les combats ; la mécanique qui multiplie les forces par le mouvement, et les arts par l’industrie, et sous des mains stupides crée des prodiges ; l’optique qui donne à l’homme un nouveau sens, comme la mécanique lui donne de nouveaux bras ; enfin les sciences qui s’occupent uniquement de notre conservation ; l’anatomie par l’étude des corps organisés et sensibles ; la botanique par celle des végétaux ; la chimie par la décomposition des liqueurs, des minéraux et des plantes ; et la science, aussi dangereuse que sublime, qui naît des trois ensemble, et qui applique leurs lumières réunies aux maux physiques qui nous désolent.

2079. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Tout ce qui, en effet, marche sur le sol, ou traverse la mer, ou vole dans les airs, tire sa nourriture de toi et de ta richesse !

2080. (1888) Poètes et romanciers

Donc la matière pend à l’idéal, et tire L’esprit vers l’animal, l’ange vers le satyre. […] Vous voulez dormir, vous tirez les rideaux de votre lit, c’est une âme qui gémit. — Vous vous chauffez — à quel prix ! […] Ce grand homme pouvait seul tirer la France de l’abîme où le Directoire avait fini par la précipiter. […] Quand il composait ces lestes refrains, il n’avait pas encore vu tout le parti qu’on pouvait tirer de la chanson. […] Il convient admirablement à l’inspiration courte des jeunes parnassiens, qui en ont tiré de charmants effets.

2081. (1927) André Gide pp. 8-126

A l’artiste qui se joue à la surface, il oppose le savant qui creuse, et cette opposition ne serait certes pas conforme à la pensée de Valéry, ni même à celle de La Fontaine, car enfin si l’abeille va de fleur en fleur, c’est pour en tirer le suc et l’essence. […] André Gide écrit à son tour : « Je sais de reste le tort que je me fais en racontant ceci et ce qui va suivre ; je pressens le parti qu’on en peut tirer contre moi. […] Il lui arrive de tirer hors commerce. […] … Une première édition en a été tirée en 1922 à 70 exemplaires non mis dans le commerce et sans nom d’auteur (masque et domino, comme au bal de l’Opéra).

2082. (1902) Le critique mort jeune

Pas un seul qui ait beaucoup tiré de lui-même. […] Tautain, qui, ayant exhumé Minerva, a tiré ces essais de jeunesse de la boîte funèbre où ils couraient le risque d’être à jamais enfouis. […] Par un inestimable bonheur, il possédait le don précieux de l’ironie qui devait le tirer des désordres où il avait failli se perdre. […] Dans son essai sur Voltaire — essai qui fut célèbre et qu’on lui a beaucoup reproché — il tire de ce procédé des effets de haut goût. […] Il comprend à merveille tout le parti que peut tirer des circonstances un homme de sa souplesse.

2083. (1891) Esquisses contemporaines

Voici deux passages tirés du Journal intime, qui, pour être moins amers que le cri du poète, n’en sont pas moins significatifs. […] Croyez-vous que, dans le coup de pistolet que vient de se tirer René, il n’y ait pas un peu de l’influence de ces deux apologies du suicide ? […] Il préféra gagner par la violence les ressources plus amples qu’il aurait dû tirer du sol. […] De déduction en déduction, la dernière, tirée de toutes les autres, s’impose et se légitime irrésistiblement. […] Ce fragment est tiré de l’un des derniers articles littéraires de Scherer au journal le Temps, (24 janvier 1889) peu de semaines avant sa mort.

2084. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il dédaigna cette chétive humanité qui, dans les premières forêts, n’a pu se tirer d’affaire que par ses ruses. […] Quand il était enfermé dans son cabinet de travail, on eût dit que rien ne l’en tirerait. […] De pauvres destinées soumises à tous les maux de l’esprit, du cœur, du corps, sans énergie pour se tirer de leur turpitude, sans remèdes pour se guérir. […] Il réfléchit à sa trouvaille et il en tire les conséquences. […] Soit un petit nombre de propositions évidentes, une juste dialectique en tire une chaîne de propositions nouvelles.

2085. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Charles Bonaparte, dès qu’il eut fait sa soumission, sut en tirer beaucoup d’avantages et de bénéfices. […] Hulin lâcha donc sa plume, que Savary tirait avec force. […] L’arrivée imprévue d’un de ses secrétaires le tira du demi-sommeil où il savourait les douceurs du far niente. […] Il faut tirer la jeunesse de toutes ces salles d’attente où elle végète et s’aigrit. […] Les étrangers exploitent méthodiquement la contrée, en tirent tout le suc, et rentrent aux États-Unis ou en Europe après fortune faite.

2086. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

J’ai lu dans le temps son Ode à l’armée ; ce jeune homme a de la verve, mais on dit qu’il s’endort. » Ce mot, cet aiguillon rapporté au poëte, tira de lui, en réponse, des stances émues, pleines de grâce. […] ) On me cite encore la funèbre apostrophe que voici, tirée de la première scène de Rubena par le poëte portugais Gil Vicente, de la fin du xve  siècle : c’est l’héroïne qui, dans les transes étouffées d’un enfantement mortel, s’écrie : « Sombres et tristes nuées qui passez si rapides, oh !

2087. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Est-ce donc qu’Amour a tiré de trois arcs, comme pour blesser, non pas un seul cœur en moi, mais trois cœurs ?  […] Il y aurait eu moyen sans doute de tirer des cent vingt-neuf épigrammes ou petites pièces restantes de Méléagre d’autres gracieux détails et des considérations littéraires plus approfondies, plus sûres ; j’en ai dit assez du moins pour faire entrevoir l’espèce d’imagination et de sensibilité, de subtilité passionnée et de vif agrément encore, d’un poëte qui en représente pour nous beaucoup d’autres.

2088. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Car, dans toute question générale, il y a quelque notion capitale et simple de laquelle le reste dépend, celles d’unité, de mesure, de masse, de mouvement en mathématiques, celles d’organe, de fonction, de vie en physiologie, celles de sensation, de peine, de plaisir, de désir en psychologie, celles d’utilité, de contrat, de loi en politique et en morale, celles d’avances, de produit, de valeur, d’échange en économie politique, et de même dans les autres sciences, toutes notions tirées de l’expérience courante, d’où il suit qu’en faisant appel à l’expérience ordinaire, au moyen de quelques exemples familiers, avec des historiettes, des anecdotes, de petits récits qui peuvent être agréables, on peut reformer ces notions et les préciser. […] Si alertes et si brillants que soient les personnages de Voltaire, ce sont toujours des mannequins ; leur mouvement est emprunté ; on entrevoit toujours derrière eux l’auteur qui tire la ficelle.

2089. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Il est grand ou petit selon que les forces fondamentales sont grandes ou petites, et tirent plus ou moins exactement dans le même sens, selon que les effets distincts de la race, du milieu et du moment se combinent pour s’ajouter l’un à l’autre ou pour s’annuler l’un par l’autre. […] C’est dans ses écrits, chez Sainte-Beuve, chez les critiques allemands que le lecteur verra tout le parti qu’on peut tirer d’un document littéraire ; quand ce document est riche et qu’on sait l’interpréter, on y trouve la psychologie d’une âme, souvent celle d’un siècle, et parfois celle d’une race.

2090. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Dans ce retranchement étaient compris d’abord le champ défriché de maïs d’où nous tirions le meilleur et le plus sûr de notre nourriture, le bois de lauriers qui chauffait le four, la plantation de mûriers qui nous donnait la feuille pour les vers à soie (une once de soie avec quoi nous achetions le sel et l’huile pour toute l’année), enfin le petit pré avec la grotte, la source et le bassin où Fior d’Aliza lavait les agneaux et où pâturaient les brebis et les chevreaux. […] Tous les jours, comme si nous avions été des voleurs, des agents du sbire rôdaient ici et là dans nos alentours, épiant les chèvres et les moutons qui nous donnaient le lait et la laine dans notre pauvreté toujours croissante ; l’huile de la lampe, que nous entretenions dans la cabane, le soir, devant la Madone, ne pouvant plus en acheter à la ville, semblait leur faire envie ; ils prétendaient que Fior d’Aliza, sa mère et Hyeronimo, nous n’avions pas le droit d’aller cueillir les noisettes que nous pilions dans le mortier pour en tirer quelques gouttes.

2091. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Le dévot aime, sous le nom de Dieu, la beauté et la bonté des choses finies d’où il a tiré son idéal  et le chevalier mystique aimait cet idéal à travers et par-delà la forme finie de sa maîtresse. […] Ce qui rend le sonnet difficile à saisir, c’est que l’expression de sentiments assez clairs en eux-mêmes y est coupée de menus détails, tirés précis, mais dont on ne sait d’où ils viennent ni à quoi ils sont empruntés.

2092. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Un jour elle s’intéresse à un jeune forçat repentant, arrive à le tirer du bagne, fait une quête pour lui. […] J’ai horreur d’interrompre ces grands missionnaires de Dieu. » Auber missionnaire de Dieu… Après celle-là, il faut tirer l’échelle, — l’échelle de Jacob.

2093. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

On le lui accorde et, si de ce jour, il ne tire rien de précis, il part et ne reviendra plus. […] L’auteur dramatique charpente, assemble, groupe ; il s’efforce de faire vivre, par effets de mise en scène, une action, d’exprimer par des synthèses expressives des caractères d’humanité, de tirer des effets compliqués de certains conflits personnels, presque toujours les mêmes.

2094. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Quelle conclusion peut-on tirer de là ? […] Ce poème est tiré de ces admirables romances espagnoles, qu’on a si bien nommées une Iliade sans Homère.

2095. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Dans l’Horoscope La Fontaine met en lumière par deux exemples combien sont trompeuses les prédications ou les prévisions que certains pensent tirer de la conjonction des astres ; puis il se met à raisonner : De ces exemples il résulte Que cet art, s’il est vrai, fait tomber dans les maux Que craint celui qui le consulte ; Mais je l’en justifie et maintiens qu’il est faux. […] Vous savez comme la fin de la fable est rapidement menée, brusquement précipitée ; la nature devient hostile, l’atmosphère est pleine de clameurs, l’univers semble s’acharner contre les êtres, contre les animaux et contre les végétaux ; l’orgueilleux est brisé et l’humble se tire d’affaire ; le calme revient.

2096. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Nul artiste, en effet, nul penseur, ne tire de sa tête, si riche qu’elle soit, la notion de l’élégance à l’état pur. […] Il fait la loi, je le veux bien, mais il est obligé de la tirer de la coutume.

2097. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

À quelques pas de là, nous tirions de notre poche un crayon et du papier, et nous luttions séparément à qui décrirait un plus grand nombre d’objets que nous avions pu saisir au passage… Il arrivait souvent à mon fils d’inscrire une quarantaine d’objets… » Le but de cette éducation spéciale était de mettre l’enfant à même de saisir d’un seul coup d’œil, dans une salle de spectacle, tous les objets portés sur eux par tous les assistants : alors, les yeux bandés, il simulait la seconde-vue en décrivant, sur un signe conventionnel de son père, un objet choisi au hasard par un des spectateurs. […] Entre l’impulsion et l’attraction, entre la cause « efficiente » et la « cause finale », il y a, croyons-nous, quelque chose d’intermédiaire, une forme d’activité d’où les philosophes ont tiré par voie d’appauvrissement et de dissociation, en passant aux deux limites opposées et extrêmes, l’idée de cause efficiente, d’une part, et celle de cause finale de l’autre.

2098. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Les faits qui sont rassemblés dans cet ouvrage sont moins neufs que l’auteur ne le supposait d’après ses lectures assez récentes ; mais les conséquences qu’il en tire sont extrêmes et singulières.

2099. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Joubert se voit chargé encore de tirer les conséquences dernières du succès de Rivoli, c’est-à-dire d’envahir le Tyrol italien jusqu’à Trente.

2100. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

» — On sait son mot à Mme Geoffrin qui, après une soirée passée entre eux deux en tête-à-tête, et où elle avait tiré de lui tout le parti possible, lui faisait compliment : « Je suis un mauvais instrument dont vous avez bien joué. » — Âgé de quatre-vingt-cinq ans et près de sa fin, il répondit à Voltaire qui lui demandait comment il considérait ce passage de la vie à la mort : « Comme un voyage à la campagne. » — Avec une suite de ces mots-là on ferait de lui un portrait agréable et un peu menteur.

2101. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

L’excellent et savant Villoison fut le premier bien étonné des résultats extrêmes qu’on tirait de sa découverte ; il n’avait jamais prétendu à tant de bouleversement.

2102. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Garat, dans ses Leçons aux Écoles normales, modèle de perfection en ce genre, et Rivarol, malgré quelques expressions recherchées, font concevoir parfaitement la possibilité de cette concordance entre l’image tirée de la nature physique, et l’idée qui sert à former la chaîne des principes et de leurs déductions dans l’ordre moral.

2103. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

La Fortune, semblable à la servante agile Qui tire l’eau du puits pour sa cruche d’argile, Élevant le seau double au chanvre suspendu, Le laisse retomber quand il est répandu ; Ainsi, pour donner l’âme à des foules avides, Elle nous monta pleins et nous descendit vides.

2104. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Il affirme la nécessité de tout soumettre au bon sens, au jugement, et il tire les règles absolues des genres des ouvrages des anciens.

2105. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Armand Silvestre Ô jardinier des fleurs du Mal, ô Baudelaire, Qui, des venins amers aux lis sombres cachés, Sus tirer la liqueur exquise des péchés.

2106. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Jean-Jacques, au hasard de ses courses vagabondes, arrive un soir, mourant de faim, chez un paysan français qui commence par lui dire qu’il n’a rien à lui donner ; puis, petit à petit, son hôte tire d’une cachette du pain, du jambon, du vin ; il avoue qu’il avait dissimulé tout cela par crainte des collecteurs d’impôts.

2107. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

« Il est certainement vrai que la psychologie de l’association représente plusieurs des états mentaux supérieurs comme étant en un certain sens le développement des états inférieurs. » Mais dans d’autres cas semblables, comme le fait remarquer finement l’auteur, on a exalté précisément la sagesse et l’art merveilleux de la nature qui tire, dit-on, le meilleur du pire et le noble du bas.

2108. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Il est vrai que ces formes se trouvent au fond de nos connaissances puisqu’on peut les en tirer ; mais comment s’y trouvent-elles ?

2109. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

En pleurant ce prince, on lui reprocha sa mort même ; ce furent en effet son malheureux amour pour la femme de son neveu, la persécution du jeune époux, et les préparatifs d’une guerre sans autre objet que celui de tirer la belle Charlotte de la cour de Bruxelles où le prince de Condé l’avait conduite, qui rallumèrent cet esprit de la Ligue que Henri alors dans sa sagesse et dans sa vertu avait pris tant de soin à calmer et à éteindre, cet esprit qui arma un bras fanatique contre lui4.

2110. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Car nous ne sommes pas seulement destinés à reproduire des sites humides, à cadencer l’élocution des strophes mobiles, à tirer hors des blocs de marbre des groupes héroïques et parfaits : il nous reste à donner un équilibre interne à un monde qui n’en possède plus.

2111. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Car — et j’exagère à dessein — par définition il crée son œuvre de toutes pièces, de rien, ainsi que Dieu créa le monde ; il tire de lui-même son monde : à ce point qu’on peut dire, que « à la poésie, il est une seule condition, le poète ».

2112. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Le second argument dont on se sert pour prouver que le mouvement peut se convertir en pensée se tire de la transformation de la chaleur en mouvement et du mouvement en chaleur.

2113. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

« Ulysse, prenant dans sa forte main un pan de son superbe manteau de pourpre, le tirait sur sa tête pour cacher son noble visage, et pour dérober aux Phéaciens les pleurs qui lui tombaient des yeux.

2114. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Or, les qualitez des plantes ne dépendent pas autant du lieu d’où l’on a tiré la graine, que du lieu où l’on l’a semée, les qualitez des animaux dépendent moins de leur origine que du païs où ils naissent et où ils deviennent grands.

2115. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

On en a tiré les hymnes à Calliope, à Nemesis et à Appollon aussi-bien que la strophe d’une des odes de Pindare que Monsieur Burette nous a données avec la note antique et la note moderne.

2116. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

L’Empire Chinois16 Enfin, voici un livre qui nous tire du roman et du paravent, et des traductions incertaines !

2117. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Il l’a surtout tirée de ses papiers et de sa correspondance ; car cet homme, qui savait écrire comme il agissait, a beaucoup écrit, et nous avons dans ses diverses lettres une relation vivante et presque haletante de ses efforts, de ses intentions et de ses projets, qui nous émeut, nous, les admirateurs de tant d’âme, mais que les gouvernements aux longues pensées doivent un jour méditer.

2118. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Il se passa bravement autour du corps les bricoles de son entreprise et tira ferme… Un Suisse, c’est presque un Auvergnat !

2119. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Il frappe comme un sourd sur toute pierre, pour en tirer l’étincelle, mais, comme le cheval qui fait feu, quand il butte il se déferre, — et ses déferrements sont nombreux.

2120. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Il fallait Dieu pour l’en tirer !

2121. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Engagé et embarrassé dans cette période grandiose et orageuse du Moyen Âge, le comte de Gasparin, sans être Tartuffe, tire parfois de sa poche la montre de Tartuffe : « … Monsieur, il est trois heures et demie. » Ces « trois heures et demie », dans ses Conférences, sonnent souvent… Pouvait-il en être autrement, du reste ?

2122. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Malheureusement, le fait subsiste, et les conséquences que nous en avons tirées, le P. 

2123. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Salammbô, — pour laquelle les amis de l’auteur ont tiré tellement les cordes de toutes les grosses cloches qu’ils les ont cassées et qu’elles ne sonnent plus, — Salammbô est tombée définitivement dans le plus juste oubli.

2124. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Un autre s’appela Macédonien, parce qu’il avait fait de la Macédoine un vaste désert ; mais toi, prince, je veux que tu tires ton nom de la nation que tu as sauvée ; ainsi nous nommons les dieux, des pays qu’ils protègent. » Outre l’humanité et la clémence qui sont les premiers devoirs, l’orateur parcourt toutes les autres qualités du prince.

2125. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

George Sand tira de cela cinq ou six romans admirables. […] Yeux tirés par les combats intérieurs. […] Il s’en est tiré quatre-vingt-dix éditions. […] Tirez-vous de là ! Vous vous en tirez en disant des choses qui sont magnifiques à se contredire.

2126. (1927) Approximations. Deuxième série

Les membres de phrases ne s’additionnent pas, ne se commandent pas d’une manière rigoureuse et apparente ; chacun d’eux est un coup de feu tiré par un tireur individuel, et c’est seulement parce que tous les tireurs tirent sur la ligne du combat que le lecteur perçoit un crépitement ininterrompu. […] Comme il est bien vu que seul un bruit matériel soit capable de tirer Julien de cet état ! […] Les conclusions, que l’auteur nous laisse partout tirer, en prennent une portée toute générale. […] Ils n’en tirent que du plaisir, de la douleur, et des actes indispensables, comme de vivre. […] On pouvait enfin tout dire et tout faire, rire de ces lieux communs, bien râpés, bien usagés, dont on avait tiré un si beau rendement.

2127. (1902) Propos littéraires. Première série

Exemples tirés du théâtre. […] Et, en effet, on en a tiré une pièce de théâtre. […] On ne tire rien de rien. […] Il s’est fort bien tiré de cette affaire. […] Il s’en tira à merveille.

2128. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Crésus, malgré l’excès de ses malheurs domestiques, touché des cris d’Adraste, en prit pitié, et lui dit : « Ô malheureux hôte, tu satisfais à toute la vengeance que je pouvais tirer de toi, en te condamnant toi-même : va, tu n’es pas la cause de mon malheur, ton action fut involontaire. […] « Telle fut la vengeance qu’Astyage tira d’Harpagus. […] « Tandis que Xerxès balançait sur le parti à prendre, un Mélien nommé Épialte, fils d’Eurydémus, étant venu le trouver, dans l’espoir d’en tirer une grande récompense, lui apprit qu’il existait dans la montagne un sentier qui conduisait aux Thermopyles, et par une si funeste révélation causa la perte de tous les Grecs placés à la défense du défilé.

2129. (1925) La fin de l’art

C’est au point que les derniers spectacles imaginés par M. d’Annunzio tirent presque tout leur attrait de décorations russes. […] Car cela semble bien dans cette vue qu’elle gave la jeunesse et il semble bien aussi que cette vue ne soit plus absolument compatible avec le parti que cette jeunesse entend tirer de la vie. […] Le vin de Lunel. » C’est l’art de transformer le vin d’Argenteuil en vin de Lunel et de le vendre en cette qualité… Un autre moyen de faire fortune est de tirer de l’alcool des pommes de terre, d’y ajouter « quelques gouttes d’alcali » et de le vendre pour de l’excellente fine Champagne.

2130. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Mais si c’est pour faire une énumération vide de sens, de laquelle ne doit se dégager aucune impression véritable, si c’est le fastidieux plaisir de voir pour voir, non pour comprendre et sentir, mieux vaut laisser dans l’ombre ce qui ne mérite pas d’en être tiré ou peut-être ce qu’on n’a pas su en faire sortir. […] La tâche de l’artiste naturaliste, nous l’avons vu, est de tirer d’objets vulgaires des émotions neuves, fraîches, poétiques, et pour cela de dérouter les associations d’idées habituelles et triviales qu’éveille en nous un objet trivial. […] Même les écrivains qui se croient le plus coloristes et qui pensent faire de la peinture en écrivant, ne tirent en réalité la prétendue couleur de leurs descriptions que de l’art avec lequel ils savent éveiller par association des sensations fortes (le plus souvent très différentes des sensations visuelles).

2131. (1940) Quatre études pp. -154

Manzoni prend comme sujet de son inspiration les grandes fêtes de l’Église romaine, la Noël, la Pentecôte ; et lorsque meurt Napoléon, au lieu d’exalter l’Individu qui a porté la puissance de l’homme au-delà de toute limite imaginable, il tire de son exemple une leçon d’humilité chrétienne. […] D’une part, en effet, il l’avait tirée non de quelque observation vraie, mais des jeux de sa fantaisie. […] S’ils assimilent cette nourriture étrangère, nos génies créateurs n’en tirent que plus de vigueur originale ; ils gardent leur qualité spécifique, en vertu de leur individualité propre ; et, comme nous l’avons montré, en vertu des caractères ineffaçables de leur nation, qui vit en eux. […] Que si la mathématique peut sembler un simple jeu, qui ne crée rien, qui se contente de tirer des conséquences ingénieuses enfermées dans des principes a priori, la physique du moins, la physique expérimentale, prend possession des réalités ; et que si la physique elle-même comporte encore une part d’arbitraire, les sciences naturelles, étroitement appliquées à la vie, offrent enfin le type d’une connaissance positive à laquelle l’Europe, vers le milieu du dix-huitième siècle, consacre décidément ses efforts. […] La morale d’Épicure, tirée de ses propres écrits, par M. l’abbé Batteux, Paris, 1758. — Voir Walter Menzel, Der Kampf gegen den Epicureismus in der französischen Literatur des 18.

2132. (1896) Études et portraits littéraires

Eu géométrie, par exemple, les propriétés des surfaces, des solides et de toutes les formes concevables dérivent des propriétés des ligues, qui se tirent de deux ou trois notions primordiales. […] Il s’en tire d’ailleurs gaillardement et aux applaudissements de la troupe. […] Une autre fois, il tire son crayon en pleine rue de Paris, et il dessine les pentes de Montmartre escaladées par les bâtisses. […] Et il ne tire pas cette opinion d’une balance des biens et des maux physiques ou autres ; évaluation forcément incomplète et arbitraire, inspection superficielle, écrivait spirituellement William Hurrell Mallock, inspection du douanier qui soupèse une valise pour la laisser passer aussitôt. […]   Mon ami vient de tirer une tenture et me montre les livres étagés sur des rayons : — Un pot-pourri, me dit-il… Mon grand-père ne se piquait pas de méthode ; sa lecture était décousue ; vous allez voir.

2133. (1888) Études sur le XIXe siècle

Il y a déjà quelque temps que j’ai écrit à mon père, en lui rappelant les circonstances où je me trouve ; je lui ai exposé tous les efforts faits par moi jusqu’à présent pour subvenir à mon entretien sans incommoder ma famille : je lui ai montré comment et pourquoi cela m’est devenu impossible, et j’ai fini en le priant de bien vouloir m’accorder un subside mensuel de douze francesconi, à l’aide desquels je pourrais péniblement me tirer d’affaire. […] Les réalistes sont venus protester contre les habitudes académiques, contre les poses de théâtre, les sujets tirés de la mythologie, l’imitation de la statuaire antique. […] S’il n’a guère à sa disposition que des idées banales et des sentiments superficiels, Victor Hugo possède une faculté de grossissement qui lui permet de tirer un merveilleux parti de cette pauvre matière première. […] Pendant plusieurs années, il a écrit pour lui-même, publiant à ses frais des livres qu’il faisait tirer à cent exemplaires, en éditions excentriques et luxueuses. […] Son père, qui le tire d’embarras, profite de l’occasion pour lui donner une leçon de modestie : « Tu te crois le seul jeune homme fait pour devenir ministre d’emblée, et d’emblée être banquier, industriel, spéculateur ; et cet amour-propre ne te fait pas même admettre à toi-même que tu aies pu être trompé… Il n’est pas douteux que la Providence t’a donné des moyens, de la perspicacité, des connaissances dont tu aurais pu, pour le passé, tirer un grand parti, si tu avais été moins persuadé de ta supériorité… » Tout confiant qu’il était en lui-même et en l’avenir de son pays, Cavour avait des heures de découragement, voyait s’éloigner le but de son ambition, jugeait alors sa vie manquée, les forces qu’il sentait en lui inutiles et perdues.

2134. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Faut-il rappeler le cantique de Racine tiré de l’épître de saint Paul aux Romains : Mon Dieu, quelle guerre cruelle ! […] C’est comme une expérience psychologique à laquelle nous assistons, et dont nous tirons des conséquences vérifiées sur la bienfaisance ou la malfaisance de tel prétendu préjugé, de telle prétendue réforme. […] Et de cette conformité d’application, on tire une puissante conjecture d’une conformité d’idée ; mais cela n’est pas absolument convaincant de la dernière conviction. » Le Relativisme n’est-il pas là tout entier ? […] Chez lui, aucune hâte d’arriver, pour employer un verbe grossier dont on a tiré les termes, plus grossiers encore, d’arrivisme et d’arriviste. […] Jamais il n’a tiré un bénéfice matériel d’une attitude qui l’a séparé de quelques-uns des meilleurs amis de sa jeunesse.

2135. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Je donnerai ici tout ce passage tiré de ses manuscrits, et dont je ne vois pas qu’on ait fait jusqu’ici d’usage. […] Le duc de Nivernais était, en effet, plus propre que personne à servir d’exemple ; à une époque où l’on se piquait avant tout d’être, non pas féroce, mais ce qu’on appelait un homme aimable et même un petit-maître, et en l’étant lui-même, il n’avait rien négligé de ce qui orne intérieurement l’esprit, il se préparait à devenir insensiblement raisonnable ; il savait toutes les langues vivantes, il lisait les auteurs étrangers et en tirait des imitations faciles ; il ne songeait qu’à embellir, à égayer honorablement une grande et magnifique existence, et, sans le savoir, il ménageait à son âme des consolations imprévues pour son extrême vieillesse, dans la plus violente crise sociale qui ait assailli les hommes civilisés.

2136. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

. — « Enfin j’ai cherché de l’eau dans mon puits », disait-il en 1778, sous cette forme d’image orientale qui lui est si familière ; cela signifiait qu’il travaillait sérieusement à tirer de lui-même sa principale ressource et à se faire jour par ses écrits. […] Il nous serait doux pourtant, il serait pieux d’accompagner encore Bernardin de Saint-Pierre lentement occupé de ses Harmonies, de le suivre un peu à Essonne, à Éragny, dans son ermitage, et de tirer de ses lettres et de ses derniers écrits assez de rayons pour lui composer un soir d’idylle, le soir d’un beau jour, si son biographe ne nous avait devancé dans cette tâche heureuse.

2137. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Je maintiens de toute la force de la conscience scientifique que, dans l’enseignement de la physiologie comme des autres sciences, les faits résultant de l’observation et de l’expérience doivent être acceptés, quels qu’ils soient : les déductions dernières à en tirer appartiennent ensuite à chacun. […] De savants hommes toutefois, et qui ne font pas si bon marché de la métaphysique64, soutiennent que là même le jeune auteur, à la suite de ses maîtres, abuse dans les conséquences qu’il prétend tirer.

2138. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

VIII Quand Rousseau touche à la question des gouvernements, il devient plus inintelligible encore ; il est impossible de tirer de ses divisions, subdivisions, pondérations, un seul mode de gouvernement applicable. […] On se demande si le droit d’aînesse, cette espèce de jugement de Dieu, qui tire au sort la propriété, ce droit du premier occupant dans la vie, doit être la loi de l’hérédité.

2139. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Cette guerre, qui flattait l’ambition de gloire de l’armée, était surtout politique, en ce qu’elle engageait l’armée mécontente à servir sous un Bourbon pour un Bourbon, et à tirer un premier coup de feu pour leur cause. […] Il me semblait, en parcourant ces deux volumes, que je naviguais moi-même, comme dans ma jeunesse, sur ces flots classiques, et qu’au réveil des nuits pendant lesquelles le flot mouvant fait franchir les distances, le brouillard du matin, dissipé au souffle du vent d’été, tirait le rideau du ciel sur l’une ou l’autre de ces îles, et les faisait repasser sous mes yeux avec leur nom, leur histoire, leur poésie, leurs costumes, leur population : pittoresques étoiles de la mer bleue, resplendissantes au matin sur le fond clair de ce ciel d’eau.

2140. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Le poète, atteint de quelques légères blessures, tira sa dague, para les coups, fondit à son tour sur ses assassins, en blessa quelques-uns et contraignit les autres à la fuite. […] Un soir, dans l’appartement de la duchesse d’Urbin, au palais, il tira son poignard du fourreau et le lança contre un des serviteurs de la duchesse, dans lequel il crut reconnaître un traître ou un ennemi.

2141. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Je n’ai pas pu tirer de l’impression posthume de ce sonnet une autre conjecture. […] Se pouvait-il que l’armée tirât sur un général qui l’avait menée vingt années à la victoire ?

2142. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Ces trois femmes, toutes les trois jeunes et belles aussi, aux formes sveltes et au profil aquilin des nègres de l’Abyssinie, étaient groupées dans des attitudes diverses comme trois statues tirées d’un seul bloc. […] Les profondes et larges carrières qui déchirent, comme des gorges de vallées, les flancs noirs de l’Anti-Liban, ouvraient déjà leurs abîmes sous les pas de nos chevaux ; ces vastes bassins de pierre dont les parois gardent encore les traces profondes du ciseau qui les a creusées pour en tirer d’autres collines de pierre, montraient encore quelques blocs gigantesques à demi détachés de leur base, et d’autres entièrement taillés sur leurs quatre faces, et qui semblent n’attendre que les chars ou les bras des générations de géants pour les mouvoir.

2143. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Adam tire encore une fois Ève de son flanc. […] La poésie de Victor Hugo est parce qu’elle est, voilà tout ; tout y est réinventé et créé à nouveau ; le sens du mystère et le sens du lyrisme par elles ont été restitués à la poésie française ; c’est d’elle que nous tirons notre existence, tous ; elle est l’air que chacun de nous respire : nous ne le saurions décomposer et vivre.

2144. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Certes ma philosophie du fieri était l’hétérodoxie même, mais je ne tirais pas les conséquences. […]  » Comme il arrive souvent, ce qu’il y a de meilleur en ce livre, ce sont les notes, c’est-à-dire une foule d’extraits et de morceaux choisis, tirés des écrivains célèbres des deux derniers siècles, surtout de Rousseau.

2145. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

L’État impersonnel prend la place du monarque ; des institutions permanentes, comme nos diverses Académies, distribuent des prix qui ne sont pas toujours des faveurs ou des aumônes déguisées ; enfin et surtout l’écrivain s’habitue à tirer un profit régulier de ce qu’il publie ; lecteurs, spectateurs, auditeurs lui apportent chacun leur tribut modeste qui, multiplié par dizaines et centaines de mille, dépasse les largesses les plus princières. […] Mais que les marchands de prose ou de vers tirent à eux la grosse part du profit au détriment de ceux qui ont eu la peine et l’honneur de créer, c’est un mal plus capable d’influer sur la quantité que sur la qualité de la production littéraire.

2146. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

La seule maniere d’y répondre, sans descendre au niveau de ses adversaires, c’est lorsque l’Ecrivain attaqué, s’occupant moins de sa propre cause que de l’intérêt des vérités qu’il défend, cite au tribunal de la raison & de la décence les passions qui le combattent, les suit dans leurs détours, met en évidence leurs bassesses, leur perversité, tire de leurs travers & de leurs excès, de nouvelles lumieres, de nouvelles preuves, &, par un nouveau genre de sacrifice, immole à l’instruction publique les dégoûts de sa propre justification. […] une Lettre, dans laquelle on me reproche deux petits Contes imprimés dans les Etrennes du Parnasse de 1772 ; & l'on s'efforce d'en tirer des armes victorieuses, en les mettant en opposition avec la vivacité de mes censures contre les talens corrupteurs.

2147. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Pendant ce, un fantassin français, qui le regardait, sans tirer, lui criait en riant : Gros cochon ! […] Eh bien de cet inspecteur, depuis des années, des parties génitales affectées à messieurs les militaires, je n’ai pu tirer un renseignement, une anecdote, un mot.

2148. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

La proposition générale qu’il tâche d’établir est celle-ci : « Les comédies, de leur nature & prises en elles-mêmes, indépendamment de toute circonstance bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. » Il tire ses autorités, 1°. […] On lui a répondu que, de quelques cas particuliers, il ne pouvoit pas tirer une preuve générale en faveur de son sentiment.

2149. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Il mêle à ses expansions lyriques des didactismes agréables, des leçons de morale antique : Tire un plaisir secret de l’amour et des larmes,                     De ses molles beautés Découvre sous chacun quelques-uns de ces charmes                     Qui font la volupté… ……………………………………………………… Sache-le, tu bâtis, sainte et spirituelle,                     Ta maison dans le vent, Toute blanche, elle est faite avec un bloc puissant Non de plâtre et de chaux, mais de chair et de sang                     Et de vie éternelle ! […] La voix pure, au lointain, des beaux pêcheurs de sable, Redit aux longs échos du fleuve un air ancien Au rythme d’or, tandis qu’ils tirent sur les câbles, Dans la limpidité du soir Languedocien, M. 

2150. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

L’histoire de l’insurrection des Pays-Bas, racontée par Forneron sans déclamation d’aucune sorte et avec une précision de détails tirés des correspondances de Philippe II et cités en espagnol au bas des pages, établit dans les esprits la conviction de cette impossibilité. […] Henri IV n’a pas le fanatisme religieux qui fut la plus honorable passion du xvie  siècle, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, mais qui est la plus puissante, il est peut-être la seule figure de son histoire qui soit entièrement sympathique à Forneron, l’écrivain politique de ce temps, qui, au temps de Henri IV, se serait certainement rangé dans le parti des politiques qui mirent fin à la guerre civile, et tirèrent de la vieille Constitution de la monarchie catholique, qui avait été la monarchie française, une monarchie d’un autre ordre, — la monarchie des temps modernes.

2151. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Elle mérite d’être appelée classique, s’il est vrai que l’art classique soit celui qui ne prétend pas tirer de l’effet plus qu’il n’a mis dans la cause. […] Qu’elle tombe maintenant au fond d’une cuve, son mari refusera de l’en tirer : « cela n’est pas sur son rôlet ».

2152. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

À la fin nous vîmes Flessingue, première ville de Zélande ; et quelque devoir que fissent les matelots, il était sept heures de nuit que nous étions encore à trois milles du port, où les vaisseaux ne pouvaient entrer qu’au lendemain et au retour de la marée qui nous venait de faillir ; cela n’empêcha point que cet homme sans peur, contre le conseil du pilote, ne se mît à la nuit et par un mauvais temps dans la chaloupe du vaisseau, duquel on tira quelques coups de pièces pour avertir que l’ambassadeur arrivait.

2153. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

En général, le procédé de critique qu’il applique en toute branche d’étude, et qu’il a élevé jusqu’à l’art, est celui-ci : Il s’attache à tirer la formule, l’idée, l’image abrégée de chaque pays, de chaque race, de chaque groupe historique, de chaque individu marquant, pour l’admettre à son rang, à son point, dans cette représentation idéale que porte avec elle l’élite successive de l’humanité.

2154. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Jamais, dans son travail, il n’a fait fléchir la méthode : sa description est claire, nette, exacte, complète, mais toute positive et scientifique ; il a réservé les considérations morales, et les conclusions qu’il était induit à tirer de ses tableaux comparatifs, pour des appendices qu’il y a joints.

2155. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

« Vous n’avez rien voulu accepter de moi, lui disait Mirabeau, je vous lègue à mes amis. » L’amitié du grand homme, en effet, fut elle-même un legs suprême ; elle tira Frochot de l’ombre où il s’était un peu effacé.

2156. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

c’est surtout fatigue et ride intérieure, Et sentiment d’un joug difficile à tirer.

2157. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

C’est alors que la critique et la poésie comme ncèrent à tirer chacune de leur côté, et, quelles qu’aient pu être les incertitudes et les déviations à certains moments, l’honneur véritable du directeur de la Revue est de n’avoir jamais laissé rompre l’équilibre aux dépens de la critique, et d’avoir maintenu, fait prévaloir en définitive l’indépendance des jugements.

2158. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Cependant on m’écrit de province qu’un visiteur, se vantant à table d’avoir contribué à m’y faire venir, en a donné pour raison que j’y serois moins dangereux qu’autre part, et qu’il falloit d’ailleurs tirer de moi tout ce qu’on peut du côté des sciences, puisqu’il seroit contre la prudence de me confier des emplois.

2159. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

C’est un instrument dont le Corps législatif aura incontinent à tirer tout le parti qu’il jugera à propos.

2160. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Elle a présidé, de l’aveu formel des de Goncourt, à la genèse douloureuse de leur œuvre totale ; et c’est peut-être son originalité, écrivait Edmond à Zola, au lendemain de la mort de son frère, « que ces peintures de la maladie, nous les avons tirées de nous-mêmes, et qu’à force de nous détailler, de nous étudier, de nous disséquer, nous sommes arrivés à une sensibilité supra-aiguë que blessaient les infiniment petits de la vie.

2161. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

S’il est intelligent et bon fermier d’hommes, s’il veut tirer meilleur profit de sa terre, il relâche ou laisse se relâcher par degrés les mailles du rets où ses vilains et ses serfs travaillent mal parce qu’ils sont trop serrés.

2162. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Dans une étude récente sur la Vie morale selon les Essais de Montaigne (Revue des Deux Mondes, 1er-15 février 1924), j’ai essayé de distinguer nettement la pensée de Montaigne, telle qu’elle peut apparaître quand on l’étudie historiquement selon les règles d’une exacte critique, et l’interprétation qu’une conscience d’aujourd’hui, se plaçant dans une attitude analogue à celle de Montaigne, mais développant sans embarras ou dépassant selon les besoins et selon les lumières du temps présent les indications des Essais, pourrait en tirer pour l’usage présent de la vie.

2163. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Désirer la possession d’un corps afin d’en tirer, pour soi, d’agréables secousses nerveuses… quoi de commun entre cela — et aimer ?

2164. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Ils semblent vouloir jouir de sa défaite, ou tirer de lui quelque aveu favorable à leur puissance, mais si cet homme opulent n’est qu’un protecteur ou un être ennuyé, qui veut tenter le dernier remede à ses maux, l’homme de génie n’est pas longtems sans se délier, & il le laisse avec ses statues, son parc immense, & les cordons qui le chamarrent.

2165. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Elle n’est jamais si vive que lorsqu’on l’a tirée au clair.

2166. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Nietzsche nous paraît avoir tiré de son principe de la volonté de puissance une esthétique trop exclusive qui se résume en un classicisme intransigeant52.

2167. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Le monde croulerait qu’il faudrait philosopher encore, et j’ai la confiance que si jamais notre planète est victime d’un nouveau cataclysme, à ce moment redoutable, il se trouvera encore des âmes d’hommes qui, au milieu du bouleversement et du chaos, auront une pensée désintéressée et scientifique et qui, oubliant leur mort prochaine, discuteront le phénomène et chercheront à en tirer des conséquences pour le système général des choses 188.

2168. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Il entrait dans la synagogue, se levait pour lire ; le hazzan lui tendait le livre, il le déroulait, et lisant la parascha ou la haphtara du jour, il tirait de cette lecture quelque développement conforme à ses idées 396.

2169. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Les Sadducéens tiraient de là des conséquences subtiles contre la résurrection.

2170. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

En général, il se tirait d’embarras avec beaucoup de finesse.

2171. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Juda était présent ; peut-être Jésus, qui avait depuis quelque temps des raisons de se défier de lui, chercha-t-il par ce mot à tirer de ses regards ou de son maintien embarrassé l’aveu de sa faute.

2172. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Plusieurs explications cependant sont en germe dans Millier, et l’auteur déclare, à diverses reprises, en avoir tiré bon parti164.

2173. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Un notaire, qui est son parrain et l’ami dévoué de sa mère, est bien forcé de lui apprendre qu’il est enfant naturel ; il lui révèle, en même temps, le nom de son père, Jacques court à ce père, qui s’excuse comme il peut de ne l’avoir pas reconnu et lui refuse la main de sa nièce, par toute sorte de raisons tirées des lois du monde.

2174. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Rien de plus curieux en ce genre que le parti qu’on tirait de saint Christophe.

2175. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Lamy de l’Oratoire, entreprit de le tirer de l’obscurité.

2176. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

C’est comme nos poètes de théâtre qui n’ont jamais su tirer aucun parti du lieu de la scène.

2177. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

De ces concordances sporadiques et fragmentaires, on ne peut tirer aucune conclusion générale.

2178. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Ce magot révolté de cardinal de Retz, qui lui tire éternellement la jarretière dans ses Mémoires, parce qu’en s’allongeant de toute sa haine comme un serpent il ne lui vient jamais que là, le cardinal de Retz ne peut affecter ce visage, serein comme la Beauté Antique, des contorsions de son injure et des grimaces de son dédain.

2179. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Je ne parle pas de l’intrépidité de l’historien, qui a égalé le courage des plus intrépides quand il a osé écrire cette histoire terrible sous les cent mille fusils qui l’ajustent déjà, en attendant l’heure de tirer, qu’avec son coup d’œil d’historien il doit voir venir !

2180. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Loin de moi, l’idée de lui faire un reproche de cette heureuse faculté, dont elle tire une grande part de son charme aux yeux des hommes.

2181. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

En d’autres termes, procédons comme avec une lunette d’approche dont on tire les tubes dehors pour les emboîter ensuite de nouveau les uns dans les autres.

2182. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Verlaine étant déjà fourbu quand le symbolisme l’adopta et le tira de l’obscurité.

2183. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

On ne peut douter qu’Empédocle n’ait visité surtout l’Égypte, d’où Hérodote et Platon devaient tirer des faits certains en histoire, et, ce qui n’est pas moins précieux, des vérités en morale.

2184. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

La scène est admirable et tire des larmes de tous les yeux. […] C’est presque un jeu de patience, un défi oisif que l’auteur se porte à lui-même, dont il se tire à merveille, mais auquel il a bien fait de renoncer. […] Ainsi, pas un de ces caractères n’est tiré de l’humanité à laquelle nous appartenons. […] L’airain qui coule dans le sable est tiré d’une mine où nous pouvons fouiller comme lui. […] Hugo, dans l’intérêt de sa gloire, n’aurait jamais dû tirer de la poussière où il était enseveli.

2185. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Mais, Messieurs, il faut encore ajouter que, si ces déductions anatomiques ont paru servir dans les cas cités plus haut, il y en a beaucoup d’autres dans lesquels on n’a pu tirer aucune espèce d’utilité. […] Nous parlons ici de l’anatomie à un autre point de vue, ainsi que nous l’avons déjà dit, car autre chose est de se servir des notions anatomiques pour instituer une expérience, autre chose est de vouloir en tirer l’explication d’un mécanisme vital. […] Vous allez voir d’ailleurs combien il faut être prudent dans les conclusions qu’il faut tirer de ces sortes d’expériences. […] Mais, indépendamment de cette vérification tirée des considérations anatomiques, nous avons une preuve bien plus directe à fournir de l’action spéciale du suc pancréatique sur les matières grasses. […] La preuve tirée de l’examen de la fonction chez l’animal vivant sera donnée plus tard.

2186. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Lièvre me tire de mon extase. […] J’espère qu’ils sont bien astiqués et tirés à quatre épingles ces trois calicots, avec leur chapeau numéro un et leurs gants de chevreau à trois soixante-quinze ! […] Le Nord pauvre continuait à tirer vers lui, par la violence ou par la persuasion, le Midi riche. […] Ce récit véridique est tiré d’un très gros, très savant et très beau livre que M.  […] Un peu plus loin, la Ligue achéenne a consacré un magnifique ex-voto : sur une longue base sont rangés les neuf chefs qui tirèrent au sort l’honneur de combattre Hector.

2187. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

On n’obtiendra pas davantage un résultat satisfaisant si l’on essaie de tirer une politique et une morale des conceptions, plus ou moins justifiées, que nous nous formons aujourd’hui sur l’origine et le développement des espèces, ou sur les localisations cérébrales et les conditions de la personnalité. […] Il en a tiré des conséquences, par exemple sa célèbre « opinion sur la peine due au sacrilège », dont la dure logique lui est encore reprochée. […] Je n’aperçois guère le profit que l’homme du peuple tirera d’un contact qui ne peut que le faire participer aux incohérences d’une pensée, elle-même si faible encore, si peu réelle. […] J’en voudrais hasarder une aujourd’hui, tirée justement de ce fait, trop négligé par les biographes et pourtant essentiel, que ces deux amants furent avant tout et par-dessus tout des artistes, et que leur roman d’amour fut en même temps une intimité entre deux hommes de lettres. […] Comment en tirer une philosophie, alors qu’elle ne permet pas, à cause de sa brièveté, les développements contradictoires qui sont la loi du roman à thèse.

2188. (1925) Dissociations

L’astrologie Ce qui maintient un certain crédit à l’astrologie, dont un procès récent rappelait l’existence, c’est l’antiquité de son origine, les mages, la Chaldée, son rôle dans l’histoire de France, la célébrité de quelques-uns de ses adeptes et même de ses maîtres, car enfin Képler ne fut pas seulement un des fondateurs de l’astronomie, il tirait des horoscopes et y gagnait sa vie. […] Ils ont été longtemps à comprendre qu’il vaut peut-être mieux en tirer parti que de les persécuter ; mais ils y sont venus enfin, et voilà qu’ils convient les sectes chrétiennes à prier pour la nouvelle République. […] Il est vrai qu’étant donné la pose de son génie, le sculpteur ne pouvait s’en tirer qu’on lui donnant un corps de femme. […] Quel paradis de liberté que la France pour une Anglaise, et avec quelle sagacité elle en tire aussitôt le plaisir qui lui convient le mieux !

2189. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il a compris quel parti la littérature pouvait tirer de l’érudition et comment l’archéologie, l’épigraphie, avaient renouvelé notre conception du passé. […] Sandeau et sa femme, à ma grande joie, sont arrivés peu de moments après moi et m’ont tiré de mon isolement. […] Paris incendié fut un vaste brasier où de pauvres diables tirèrent, pour les autres, les marrons du feu. […] Il « tire son année » le plus doucement qu’il peut. […] Le papillotement universel, qui faisait cligner ses yeux, en tirait ordinairement des larmes.

2190. (1924) Critiques et romanciers

et qui débarquait de son village, mais tiré à quatre épingles. […] Brr… je vais me chauffer dans la cuisine, — aujourd’hui, 17 août. » Évidemment, Brunetière ne s’en fût pas tiré ainsi : Brunetière concluait. […] Une autre fois, un moine qui mendie de porte en porte, la besace vide, se débat contre un chien furieux qui déjà tire sur un pan du froc. […] Du moins, disait-il, « je me suis gardé de rien tirer de mon propre fonds, ayant tâché seulement d’éviter les gens qui mentent. […] Ne vous attendez pas que l’auteur de ce roman tire de grands effets de cette rencontre.

2191. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Je devrais commencer à être blasé sur ce que c’est que de donner un bon à tirer. […] Je ne donne jamais un bon à tirer que dans le tremblement. […] Une poussait, l’autre tirait. […] L’autre le tire de la poche de son pardessus. […] — C’est pour cela que Corneille était tiré de toutes parts vers Polyeucte.

2192. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

C’est une beauté trahie qui empoisonne par jalousie son amant, qui jouit de ses tortures dont il ignore la cause, et qui au moment de son dernier soupir lui révèle son crime, par un vers qui éclate comme la lueur d’un poignard tiré du fourreau : Le reste du poison qu’hier je t’ai versé ! […] dit-il ensuite à l’exécuteur qui était là, et n’avait pas encore tiré son couperet d’un méchant sac qu’il avait apporté. […] Kitty Bell monte à demi évanouie en s’accrochant à la rampe de chaque marche ; elle fait effort pour tirer à elle la porte, qui résiste et s’ouvre enfin.

2193. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Indépendamment de ce que lui avait valu le prix des Études et surtout de Paul et Virginie, et de quelques modiques pensions littéraires que Louis XVI et le duc d’Orléans lui avaient données pour récompenser ses ouvrages et secourir sa pauvreté, il avait reçu la dot de sa femme et il appartenait par elle à une famille riche qui pouvait l’aider à tirer parti de ses œuvres. […] Ils sentirent bientôt sans se le dire que les convenances leur commandaient de se séparer ; mais, comme Bernardin de Saint-Pierre avait légué toutes ses œuvres imprimées, tous ses manuscrits et toutes ses notes à mademoiselle de Pelleport, et qu’elle ne pouvait les confier qu’à celui qui en avait la clef, elle les lui remit, avec la mission de les recueillir et d’en tirer parti pour elle et pour sa famille. […] Croyez-vous que cette même puissance, qui avait revêtu cette âme si noble d’une forme si belle, où vous sentiez un art divin, n’aurait pu la tirer des flots ?

2194. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Pendant les courtes heures nocturnes où je tirai un à un ces souvenirs, ces noms, ces figures de ma mémoire avec toutes les circonstances qui marquaient leur rencontre, leur apparition, leur intimité dans ma vie passée, je puis dire que je vivais deux fois. […] Il semblait toujours avoir des planches sous les pieds ; la nature pour lui était un théâtre ; la mort même, comme on le voit dans ses Mémoires, ne fut qu’un rideau tiré sur la pièce ; mais c’était une grande sensibilité littéraire, et le plus grand style qu’un homme puisse avoir en dehors du naturel, le génie des ignorants. […] … Nous sommes d’honnêtes ouvriers, descendus de nos maisons au bruit du canon, et détestant comme vous ceux qui tirent sur leurs frères !

2195. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Une fois passé à l’état de mystère, le père de la Chouette, de Tortillard et de la Goualeuse, et de tant d’autres charmantes créations, se serait vu entouré d’une prestigieuse auréole, dont les plus entêtés critiques n’auraient osé nier l’éclat… Malheureusement, les hommes entourés de la faveur publique ne consentent jamais à se tirer un coup de pistolet, même par-dessus la tête. […] Buloz comprit tout le parti qu’il pouvait tirer de cette rare universalité contemporaine ; il accapara, comme on dit en termes de librairie, Mme Sand ; il devint non seulement son publicateur, mais son éditeur. […] « Cet exemple, tiré d’un ordre inférieur, vous aidera peut-être à vous consoler, cher ami ; car il vous prouvera qu’à la Revue il y a décidément un niveau.

2196. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Sinon, je me contenterai de tirer ma révérence et je m’en irai causer avec ces sceptiques et délicats esprits de race française, vraiment intelligents, qui ont su percer le néant des dogmes et des affirmations, qui n’ont cru ni à leur œuvre, ni à l’œuvre humaine, avec Montaigne et avec Renan. » Il le dit, il le fera, il faussera bravement compagnie à tous les Romney du monde pour retourner lire les Essais de Montaigne, les Romans de Voltaire, ou les Dialogues philosophiques de Renan ; mais soyez sûrs que bien vite il reviendra auprès de cette noble Élisabeth Browning « l’âme extraordinaire, brûlée de foi, d’enthousiasme et d’amour », qui a créé en même temps que la figure de Romney celle d’Aurora Leigh et qui a écrit les « Sonnets from the Portuguese ». […] Un grand poète peut en tirer des effets d’harmonie merveilleux, mais les « fumistes », je l’avoue, en obtiennent des cacophonies épouvantables, car une telle forme ne supporte pas aussi facilement la médiocrité qu’une strophe rigide. […] Mais les purs littérateurs du xixe  siècle avaient vu plus consciemment peut-être le parti qu’on pouvait tirer de cette forme.

2197. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

On s’en tirera en considérant séparément l’idée féminisme et l’idée Femmes savantes, en épiloguant sur le mot « savant » qui a pris récemment une signification très précise. […] L’homme se figure être libre et tire de cette illusion de la joie et de la fierté. […] Une intelligence bien portante n’a pas le temps de tirer du conflit une telle conclusion, c’est la besogne des valétudinaires. […] Il y a là une suite de réponses dont il faut tirer quelques phrases. […] Ces éditions de cabinet de lecture, tirées à trois cents exemplaires, et moins, se sont nécessairement usées en proportion de leur succès.

2198. (1888) Portraits de maîtres

Nous pouvons en tirer cette conséquence : il lui manqua comme à presque tous les hommes de son époque la ligne arrêtée dans le style, la pureté des contours. […] À ce propos le récit de Michelet contient des épisodes piquants et dont on peut tirer profit. […] On avait dit autrefois de Lamartine que c’était une malencontreuse idée de tirer un poème du Phédon. […] La France en aurait pu tirer avantage, mais aucun des avertissements que dans son intérêt Quinet multiplia, ne fut écouté par notre nation trop confiante et trop légère. […] Le premier il retrouve les épopées inédites du xiie  siècle, découverte dont tous ont tiré parti, dont personne ne lui a fait honneur.

2199. (1887) George Sand

Je reconnais volontiers, avec Mme Sand, la grandeur du sujet, et, plus libéral qu’elle envers elle-même, je reconnais qu’elle en a tiré le plus souvent un grand parti, par l’intérêt de l’intrigue, le charme étrange de certaines situations, la vive peinture des sentiments et des caractères. […] Malgré cela et quelques autres raisons tirées du charme sentimental de l’écrivain tardivement retrouvé, on peut dire que Mme Sand ne réussit que deux fois, d’une manière durable, au théâtre : dans le Mariage de Victorine et dans le Marquis de Villemer. […] Comment tirer un pacte irrévocable d’éléments aussi changeants, aussi fugaces que l’amour ? […] Non, on ne s’en tire pas. […] Je ne les veux même pas tirer de ce fameux Journal d’un Voyageur pendant la guerre, que la Revue des Deux Mondes publia avec tant de succès, au grand scandale de quelques lecteurs, mais de la Correspondance elle-même, un témoin qui ne peut pas mentir.

2200. (1932) Les idées politiques de la France

Il me souvient qu’en pleine époque de Pie X, en 1911, voyageant dans un compartiment de séminaristes qui partaient en vacances (et qui appartenaient au diocèse de Julien Sorel), je fus surpris en voyant cette jeunesse, libérée de l’œil des supérieurs, tirer des poches l’organe du Sillon, comme les soldats de 1815 la cocarde tricolore cachée au fond des sacs. […] Bossuet, dans la Politique tirée de l’Écriture sainte, rappelle que Jésus a eu une pensée particulière pour son pays, et qu’il a pleuré en annonçant la ruine de Jérusalem comme en perdant son ami Lazare. […] » et d’en tirer une théorie de la France mais, qu’il impute à l’esprit républicain. […] On tirerait, non de ses livres filandreux et morts, mais de tant d’admirables discours, une idéologie saisissante du radicalisme proconsulaire. […] Elles tirent leur valeur et leur efficace de l’adhésion d’un parti, et de leur adhérence à un parti.

2201. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Il les reconnaît, il les devine à distance, il les dénonce et les démasque ; il semble, à la manière dont il les tire au jour et les dévisage, y prendre un plaisir amer et s’y acharner. […] Et avec cela il est artiste, et il l’est doublement : il a un coup d’œil et un flair 93 qui, dans cette foule dorée et cette cohue apparente de Versailles, vont trouver à se satisfaire amplement et à se repaître ; et puis, écrivain en secret, écrivain avec délices et dans le mystère, le soir, à huis-clos, le verrou tiré, il va jeter sur le papier avec feu et flamme ce qu’il a observé tout le jour, ce qu’il a senti sur ces hommes qu’il a bien vus, qu’il a trop vus, mais qu’il a pris sur un point qui souvent le touchait et l’intéressait.

2202. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Déjà pèse sur toi la sombre nuit des Mânes et s’avance sur tes pas l’ombre des vides demeures de Pluton, où, une fois entré, tu ne pourras plus tirer au sort la royauté des festins, ni admirer les grâces de ce tendre enfant Lycidas (sans doute son fils) que toute la jeunesse romaine envie, et qui, bientôt, fera palpiter le cœur ému des jeunes vierges. […] « Pendant que tu le peux, et que la Fortune conserve un visage souriant, reviens à Rome… Quelle que soit la divinité qui tire pour toi de l’urne une heure acceptable, prends-la d’une main reconnaissante ; ne remets pas les plaisirs présents à une autre année !

2203. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

et passe ainsi tes jours dans les extases d’une passion pétrifiée et toute divine, et ne te mêle ni à la politique, ni à l’ambition, ni à rien de ce qui passe ; enrichis ton âme et la nôtre des seuls biens qui ne passent pas, la contemplation de ce qui est éternellement beau dans les lieux, dans les formes, dans la pensée, dans la poésie, sans en tirer ni salaire, ni orgueil, ni gloire vaine, mais en en tirant le bonheur de vivre et d’entrevoir ainsi avec certitude le but de la vie et de la mort, le grand et le beau. […] Le Parthénon était entièrement construit de marbre blanc, dit marbre pentélique, du nom de la montagne voisine d’où on le tirait.

2204. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Le voici qui s’affermit sur ses jambes avant de préluder ; après quoi il tire de son luth un accord baroque. […] Que Wagner eût trouvé là des renseignements dont-il avait tiré parti pour écrire le livret des Maîtres Chanteurs, tout le monde le savait ; mais jusqu’à quel point s’étendaient les emprunts faits au vieil incunable ?

2205. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Nous ne croyons donc nullement que Viciée de tirer « un coup de pistolet », par exemple, agisse sur le cerveau comme le doigt agit sur la détente. […] — C’est cette volonté qui donne aux idées et représentations leur vraie « force » ; c’est elle qui les tire de l’indifférence passive où elles demeureraient abîmées si elles n’étaient que les reflets d’un monde complet sans elles.

2206. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

« Ce qui nous regarde, nous, contribuables, disait-elle, c’est de savoir si nous devons, dans un temps où l’on parle tant d’économies, continuer à sacrifier trois ou quatre cent mille francs, par an, pour le plus grand profit d’une entreprise ministérielle, qui sait si bien tirer profit même du scandale… Ce même jour, l’administrateur du Théâtre-Français, M.  […] Notre envie de voir jouer les Hommes de lettres s’était un peu usée dans le travail que nous avions entrepris de tirer de la pièce un roman avec tous les développements du livre.

2207. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Mardi 11 avril Dîner chez Daudet, à l’effet d’entendre la lecture de la pièce Les Rois en exil, tirée du roman, et fabriquée par Delair, sous l’aile de Coquelin aîné. […] Il ajoute que Got est un fin regardeur, qu’il attrape des jeux de physionomie, des attitudes, des mouvements de mains des gens, avec lesquels il se trouve, mais qu’il est incapable de tirer la moindre chose de lui-même ; or, un bouffon, ça ne se rencontre pas, dans la rue, ça ne s’observe pas, ça ne se photographie pas.

2208. (1914) Boulevard et coulisses

Et Galilée lui-même s’en est admirablement tiré. […] La jeunesse et les salons se passionnaient non point parce que tel roman, Germinal ou le Nabab, se tirait à cent cinquante mille exemplaires, mais parce qu’il apportait une forme, un style que l’on ne connaissait point encore, une observation personnelle, une expression neuve des sentiments et des caractères.

2209. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Ce Cheval fossile eût encore été vivant, quoique rare, il eût semblé tout naturel de penser, d’après les analogies tirées des autres mammifères, même de l’Éléphant, ce lent reproducteur, et surtout d’après la naturalisation rapide du Cheval domestique dans cette même région, que sous des conditions de vie plus favorables cette même espèce aurait pu en peu d’années peupler le continent tout entier. […] Voyons maintenant jusqu’où ces divers faits, et les inductions qu’on en peut tirer, s’accordent avec la théorie de descendance modifiée.

2210. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Cependant, comme nous avons de fortes raisons pour croire que quelques espèces ont gardé la même forme spécifique pendant des périodes très longues, énormément longues même, si on les mesure au nombre des années, il ne faut pas accorder trop d’importance aux objections qu’on peut tirer de la diffusion parfois considérable de ces mêmes espèces ; car, pendant de si longues périodes, elles auront toujours eu des occasions favorables et des moyens nombreux de dispersion lointaine. […] On ne peut tirer une objection valable de ce que la science, en son état actuel, ne jette encore aucune lumière sur le problème bien plus élevé de l’essence ou de l’origine de la vie.

2211. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Une leçon littéraire à tirer de ceci, c’est que bien des gens, tribuns ou poètes, veulent se donner des airs féroces en temps de révolution, ils ne sont qu’ampoulés.

2212. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Pendant qu’il le soutient, et indépendamment des assauts du dehors, Montluc a au-dedans à se tirer de deux circonstances difficiles : dans la première, il lui faut renvoyer les troupes allemandes qui s’accommodent peu du jeûne et qui vont affamer trop tôt la place : il les fait sortir de nuit avec adresse, et sans rien communiquer au Sénat ; et il raccommode ensuite cette dissimulation par de belles paroles, si bien que le courage des habitants n’est point ébranlé, mais bien plutôt accru par cette diminution de défenseurs.

2213. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Le xviiie  siècle ne devait point tirer son incrédulité par forme de déduction lente et, en quelque sorte, l’épeler mot à mot.

2214. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Mais qui nous dit que si, dès l’âge de vingt-cinq ans La Bruyère, dans un siècle différent du sien, avait été obligé pour vivre, pour se faire connaître, de tailler sa plume, d’écrire moins bien d’abord, mais vite, mais toujours, il n’aurait point tiré de lui autre chose encore que ce que nous en avons, et je veux dire autre chose de bien, qui sait ?

2215. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Chevrier vient de publier et qui sont tirées des papiers de famille, achèveront de le dessiner heureusement et de l’entourer d’une lumière morale complète.

2216. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

On n’est pas journaliste pour mettre de temps en temps des articles dans les journaux ; on l’est, pour être prêt à y écrire n’importe sur quoi, à toute heure et à toute minute ; il faut tirer au vol et ne pas manquer : « Le talent du journaliste, dit-il, c’est la promptitude, le trait, avant tout la clarté.

2217. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Comme, par moments, je suis tenté d’y céder moi-même, et de m’impatienter aussi, j’ai voulu tirer la question au clair pour Mme de Sévigné ; j’ai examiné, j’ai comparé ; j’ai de plus interrogé M. 

2218. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Il faut, après cela, tirer l’échelle, ou, de dépit et de désespoir, faire comme un de mes amis, grand amateur de poésies populaires, se rejeter sur les Perrault de la Bibliothèque bleue à quatre sous.

2219. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il était fier, et avec raison, de cette découverte : « Auparavant, disait-il, les chimistes ressemblaient à des architectes qui, pour connaître un édifice, auraient commencé par le démolir et auraient prétendu ensuite juger de sa structure intérieure d’après la nature, le nombre et le poids des matériaux bruts, au lieu que maintenant, dans bien des cas, on peut saisir la constitution intime des corps sans les endommager, et distinguer les propriétés essentielles des particules mêmes en situation. » — Se plaignant que les chimistes tardassent trop à user de ce nouveau moyen d’investigation délicate : « Les chimistes ne sont que des cuisiniers, disait-il encore ; ils ne savent pas tirer parti de l’admirable instrument que je leur ai mis entre les mains. » Mais, enfin, il y eut de jeunes et habiles chimistes qui en essayèrent et qui donnèrent à M. 

2220. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

On parle toujours du vis comica ; l’expression est tirée de cette épigramme latine de César.

2221. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Le Dey d’Alger disait de lui que « quand il tenait sous bonne garde le manchot espagnol, il tenait en sûreté ses esclaves, ses galères et même toute la ville. » Dans l’Histoire du Captif, Cervantes, faisant raconter à ce personnage réel ou fictif bien des choses dont lui-même avait été témoin et les horreurs qui avaient affligé sous ses yeux l’humanité, lui fait dire encore : « Un seul captif s’en tira bien avec lui (avec le Dey) ; c’est un soldat espagnol, nommé un tel de Saavedra, lequel fit des choses qui resteront de longues années dans la mémoire des gens de ce pays, et toutes pour recouvrer sa liberté.

2222. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

On sait bien d’où il vient, celui-là ; il est tiré des grenadiers. — Et qu’est-ce qui t’a dit que ce n’était pas des tambours-majors ?

2223. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Son Altesse Sérénissime répondit tout en piss… : « Mortaigne, prenez garde de prendre votre c… pour vos chausses. » Sans doute, ajoute M. de Voyer, que ce prince sentit l’absurdité de tirer d’un point aussi éloigné que la droite le secours nécessaire à la gauche ; mais il eut la faiblesse de ne pas s’opposer à ce ridicule arrangement. » Supposez un moment en imagination que le prince de Condé, dans la gloire des journées de Rocroy et de Lens, et à la faveur d’un songe comme le figurent les poëtes épiques, aperçoive tout à coup, dans l’avenir, un de ses descendants perdant une bataille dans une telle posture et sur un tel mot, et demandez-vous ce qu’il en dira !

2224. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Et en même temps il tournait nonchalamment entre ses doigts un petit pistolet qu’il avait tiré de sa poche comme par mégarde, et dont il promettait bien de se servir.

2225. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

C’est que dans l’intervalle l’auteur comprenant quel parti il y avait poétiquement à tirer de cette contrée bretonne où un simple retour de cœur l’avait porté au début, s’y était enfoncé avec une sorte d’amour sauvage et d’ivresse impétueuse.

2226. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Un génie naturel décidé se tirerait de là, je le crois bien.

2227. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Ceux-ci tâchent de tirer de Versailles un secours d’argent pour les routes demandées.

2228. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Dès que les premières bases vous conviennent, vous adoptez, pour maintenir la secte, toutes les conséquences que le maître tire de ses principes.

2229. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

… C’est d’une telle supposition que les anciens ont tiré les plus terribles effets de leurs tragédies : ils attribuent à la fatalité les actions coupables d’une âme vertueuse ; cette invention poétique, qui fait du rôle d’Oreste le plus déchirant de tous les spectacles, l’esprit de parti peut la réaliser ; la main de fer du destin n’est pas plus puissante que cet asservissement à l’empire d’une seule idée, que le délire que toute pensée unique fait naître dans la tête de celui qui s’y abandonne ; c’est la fatalité, pour ces temps-ci, que l’esprit de parti, et peu d’hommes sont assez forts pour lui échapper.

2230. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Le monde extérieur n’était pour nous qu’un objet intelligible : et quand notre intelligence trop faible encore ne s’y appliquait pas pour en tirer des concepts, notre volonté en faisait le champ de son action : nous ne voyions dans la nature que nous-mêmes, l’objet qu’elle présentait et l’obstacle qu’elle opposait à nos ambitions.

2231. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Ce n’est là qu’un exercice littéraire qui ne tire point à conséquence.

2232. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Émile Faguet, qui est évidemment le plus sérieusement intellectuel et la plus solide personne morale de tous nos critiques, s’est tiré de ce mauvais pas par la large franchise de son intelligence, qu’illumine la clarté d’un beau caractère dédaigneux des intrigues et des mesquineries de l’arrivisme.

2233. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Dans son rez-de-chaussée de l’avenue Trudaine, bas et sombre, il vit seul, les rideaux tirés sur la lumière du jour, occupé à explorer les arcanes de la science spagirique.

2234. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Tarde193 a bien saisi, sans en tirer tout le parti possible, cette vérité indéniable : que dans une société l’affirmation crée la négation, la thèse l’antithèse, et qu’ainsi s’engagent en tous les domaines une quantité de « duels logiques », comme il les appelle.

2235. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Entre la conscience de l’étendue et la conscience d’un plaisir, il y a la ligne de démarcation la plus large que l’expérience humaine puisse tirer dans la totalité de l’univers existant.

2236. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

J’ai composé un long chapitre pour dire ce que je viens de résumer en dix lignes ; mais ce chapitre est un assemblage de fragments tirés des écrits de mesdames de Sévigné et de Maintenon, et je n’ai pu résister au plaisir de les transcrire.

2237. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

C’est ensuite cette autre visite que fait le jeune poète, son manuscrit des Méditations en main, chez l’imprimeur Didot : la physionomie de l’estimable libraire classique, son refus, ses motifs, tout cela est raconté avec esprit et malice ; le poète en a tiré une charmante vengeance.

2238. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Rester en France, y rentrer du moins dès qu’on le peut honorablement, et, pour cela, désirer simplement y revenir, y achever ou y entreprendre de ces œuvres d’esprit desquelles la politique distrait trop souvent et sans compensation suffisante ; s’adresser dans ces nobles études à la société française, qui est toujours prête à vous entendre, et jamais à cette métaphore changeante qu’on appelle le peuple français ; ne pas mêler à ces œuvres plus ou moins sérieuses ou agréables de ces traits qui ne sont là qu’à titre d’épigramme ou d’ironie, et pour constater qu’on est un vaincu ; s’élever sur les faits accomplis d’hier à un jugement historique, et par conséquent grave et respectueux ; tirer parti avec franchise, et sans arrière-pensée, d’une société pacifiée, mais tout industrielle et matérielle, pour y relever, avec un redoublement de zèle et avec une certaine appropriation au temps présent, les goûts de l’esprit, de la vérité littéraire et historique sous ses mille formes, de tout ce qui n’est incompatible avec un gouvernement ferme que s’il s’y mêle des idées hostiles.

2239. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

L’application étoit un outrage : mais, quelle vengeance en tirer ?

2240. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Une dernière difficulté contre l’hypothèse d’une corrélation déterminée entre la forme et les fonctions du cerveau se tirera du fait même qui paraît le plus favorable à cette hypothèse, — la similitude du cerveau chez le singe et chez l’homme.

2241. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Quel sens peut-on tirer de cette fable ?

2242. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Pylade avoit composé son recueil, de gestes tirez, pour m’exprimer ainsi, des trois recueils de gestes dont nous avons déja parlé, et qui servoient pour la tragédie, pour la comédie et pour ce poëme dramatique que les anciens appelloient satyres.

2243. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

De cette esquisse d’une psychologie des titres que nous avons tentée, on pourra donc tirer cette conclusion que les appellations des livres varient selon les époques et les mœurs, mais reflètent toujours fidèlement les genres et les habitudes littéraires.

2244. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

C’est un petit roman corrompu, ratatiné et idiot, dont le théâtre est dans les Pyrénées et qui ne devrait pas s’appeler les Derniers Marquis, car il n’y en a qu’un, et pas plus le Dernier Marquis que le Dernier Bourgeois, — la Dernière Actrice — le Dernier Écolier, — le Dernier Aubergiste, car il y a un bourgeois, — une actrice, — un écolier et un aubergiste dans ce pauvre roman, et tout aussi insignifiants et aussi plats que le marquis de carton, dont l’auteur tire les fils !

2245. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

et il en tira un bon parti de douces plaisanteries mélancoliques.

2246. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Afin que la propagation d’une idée dans un milieu se laisse comprendre, il faut des raisons tirées de l’observation de ce milieu même.

2247. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Pierre Janet a fait une étude clinique de cristallisation pathologique ; on tirerait des deux premiers chapitres de l’Essai sur les données immédiates de la conscience un schème élégant et profond de la cristallisation ; et c’est cette même cristallisation, appliquée à l’ordre même de l’amour qu’étudie en Allemagne avec un pédantisme qui ne doit pas nous faire méconnaître de profonds coups de sonde, l’école de Freud.

2248. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

J’aurais voulu tirer aujourd’hui de ce gros livre un volume plus maniable et d’une lecture plus facile. […] Il ne tirait sa matière poétique que de lui. : Or un lyrique, s’Il a de l’étoffe, cherche toujours à dépasser le lyrisme. […] Cette douleur de vivre, qui tire ses raisons du labeur littéraire, Flaubert nous a rendus familiers avec elle. […] Terme, d’ailleurs, à signification très large, et qui fut tiré vers toutes les directions de ’la langue littéraire. […] D’avoir dix-huit ans tenu Victor Hugo à Guernesey, de l’avoir, en brisant sa divagation politique, contraint, par un forçage de serre, à accumuler, pour ne point périr d’ennui, un Olympe de poésie, Napoléon III tire son meilleur droit à notre gratitude.

2249. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

De cette division, l’auteur tire trois genres de développements pour faire apprécier le génie véritable du christianisme, si méconnu dans les temps qui venaient de s’écouler. […] Plus il y a de fixité dans les rapports, plus il y a de force, de raison et de durée. » Des exemples tirés de l’histoire appuient cette préférence donnée par M. de Bonald aux sociétés constituées sous l’empire de l’hérédité. […] Les écoles normales fondées, l’Institut établi, lui ouvrirent leurs portes vers 1795, et, comme les hommes en qui elle se personnifia à sa renaissance appartenaient à l’époque qui avait précédé la crise révolutionnaire, elle se montra d’abord avec le drapeau de Condillac, le plus modéré des chefs de l’école sensualiste dans les conséquences qu’il tire de son système, quoique le plus dangereux peut-être en raison de cette circonstance ; car les conséquences n’en existent pas moins, qu’elles soient dissimulées ou avouées. […] Berkeley alla plus loin ; il tira du principe de Descartes sa véritable conséquence, en déclarant que la matière était un raffinement philosophique, et nia son existence, non seulement comme dénuée de preuves, mais comme impossible. […] Royer-Collard, après avoir fait justice de tant de suppositions gratuites, prises par les philosophes comme bases de leurs systèmes, eût maintenu cette supposition non moins gratuite d’après laquelle l’homme, isolé de tout secours, tirerait par sa propre force toutes ses idées de l’exercice de ses facultés, tandis que tant d’idées lui sont communiquées en même temps que le langage et par le langage, cet instrument intellectuel qui est en même temps une révélation traditionnelle.

2250. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Grimm, dans sa Correspondance34, donne des extraits de ce charmant ouvrage comme il l’appelle, dont il ne fut tiré d’abord qu’une vingtaine d’exemplaires, mais qui, malgré les réserves infinies de la distribution, ne put bientôt échapper à l’honneur d’une édition publique. […] Il tire grand parti de cette contradiction, qui n’est qu’apparente. […] L’étonnante conversation de Benjamin Constant conjurait à grand’peine cette vapeur : « Le pauvre Schlegel, disait-elle, se meurt d’ennui ; Benjamin Constant se tire mieux d’affaire avec les bêtes. » Voyageant plus tard, en 1808, en Allemagne, elle disait : « Tout ce que je vois ici est meilleur, plus instruit, plus éclairé peut-être que la France, mais un petit morceau de France ferait bien mieux mon affaire. » Deux ans auparavant, en France, en province, elle ne disait pas cela, ou elle le disait alors de Paris, qui seul existait pour elle. […] La passion divine d’un être qu’on ne peut croire imaginaire introduit, le long des cirques antiques, une victime de plus, qu’on n’oubliera jamais ; le génie, qui l’a tirée de son sein, est un vainqueur de plus, et non pas le moindre dans cette cité de tous les vainqueurs.

2251. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Taine se contente de dire avec Condillac et Locke que ces prétendues idées innées se tirent des idées sensibles par le moyen de l’analyse et de l’abstraction. […] Pour celle-ci, le droit n’est que le résultat de la transformation successive des choses, il est le résumé d’un état donné de civilisation ; pour celle-là, le droit est une idée à priori qui se tire de l’essence même de l’humanité et doit l’imposer aux faits, au lieu d’en être l’expression et le résultat. […] Elle chercherait à tirer des sciences extérieures une idée philosophique et raisonnée des corps et une idée de la nature. […] Par exemple, il n’y a pas sans doute grande nouveauté à faire remarquer que la philosophie est divisée en écoles et en systèmes, tandis que dans les sciences proprement dites on voit chaque jour augmenter le nombre des vérités incontestées sur lesquelles tout le monde est d’accord ; il n’y a pas là, je le répète, une grande découverte, et cependant c’est là un fait si remarquable, si important, si fâcheux, que si l’école positive s’était contentée d’y insister, et de tirer de là une ligne de démarcation entre la philosophie et les autres sciences, on eût bien été obligé de reconnaître qu’elle avait raison.

2252. (1930) Le roman français pp. 1-197

Mais tout cela, sauf pour ce qu’on en peut tirer d’éclaircissement, n’est que de médiocre importance. […] Son talent en eût tiré quelques-uns de ces effets dont il était avide. […] Il en tire, avec irrévérence, la conclusion que le Romantisme agonise. […] Les femmes, exclusivement subjectives, et toutes de sentiment avec un minimum d’idées générales, s’y accrochent, tandis que les hommes l’abandonnent… » Il est possible : mais comme le roman a pour objet principal la passion, on peut aussi en tirer la conséquence qu’elles peuvent faire d’excellents romans. […] Ainsi les romanciers semblent capables de tirer de leur cerveau des femmes en chair, en os et en cœur, aussi bien que des hommes.

2253. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Dans cet escalier de marbre, je vois tirés par les pieds, les deux gardes du corps, décapités en bas, et dont les têtes furent frisées au bout des piques, qui les portaient. […] Mercredi 29 juillet Aujourd’hui, je tirais de Lavoix quelques renseignements sur l’helléniste Hase, qui a laissé des Souvenirs polissons manuscrits écrits dans le grec le plus pur, et dont je voudrais faire, sous un pseudonyme, un des personnages d’une plaquette érotique, où je tenterais d’introduire les conversations les plus hautes sur l’amour physique. […] Il ajoutait : « Cependant, j’en avais fait un à quinze ans qui s’est perdu, mais qui était imbécile… ce qu’il y a de certain, c’est que la première chose que j’ai faite, je l’ai tirée de moi-même. » Puis au bout de quelques instants de silence, il reprend : « C’est vraiment curieux, chez moi, depuis 1858 — je ne vous connaissais pas — ce sont de petits cahiers, ce sont des notes jetées, au jour le jour, certes moins poussées que les vôtres, mais enfin c’est le même procédé de travail.

2254. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Il appelle l’homme quelque part : tête auguste du nombre ; et nous avons vu que les images tirées du nombre sont chez lui fréquentes. […] Tu n’es pas responsable ; Ris de l’inaccessible, étant l’insaisissable171. » Puis Hugo répond en énumérant les conséquences morales qu’on peut tirer, à l’en croire, du système matérialiste : Pour tout dogme : « Il n’est point de vertus ni de vices ;  » Sois tigre, si tu peux. […] lumière… Ces pieds nus, ces bras nus, ces haillons, ces ignorances, ces abjections, ces ténèbres peuvent être employés à la conquête de l’idéal… Ce vil sable que vous foulez aux pieds, qu’on le jette dans la fournaise, qu’il y fonde et qu’il y bouillonne, il deviendra cristal splendide ; et c’est grâce à lui que Galilée et Newton découvriront les astres. » Hugo conclut que « les deux premiers fonctionnaires de l’Etat, c’est la nourrice et le maître d’école221. » Il se persuade que « l’éducation sociale bien faite peut toujours tirer d’une âme, quelle qu’elle soit, l’utilité contient qu’elle222 ».

2255. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Daburon tirèrent le jeune émule de Pascal de son embarras, et l’introduisirent dans la haute analyse. […] Bredin, de Lyon, je trouve : « On peut rapporter tous les phénomènes psychologiques à trois systèmes : sensitif, cognitif, intellectuel. » Ce système cognitif et ce système intellectuel, qui semblent un double emploi, sont différents pour lui, en ce qu’il attribue seulement au système cognitif la distinction du moi et du non-moi, qui se tire de l’activité propre de l’être d’après M. de Biran : il réservait au système intellectuel, proprement dit, la perception de tous les autres rapports.

2256. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Nous connaissons le mode d’action de l’air ou de l’éther ; c’est une ondulation dont nous calculons la longueur et la vitesse ; nous pouvons donc en tirer des inductions sur les sensations correspondantes. […] On lui attacha avec un lacet, et sans le prévenir, un poids d’un kilogramme au poignet ; il supposa qu’on lui tirait le bras.

2257. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« L’exclamation du chevalier nous avait tirés de notre rêverie. […] Il ne tint même qu’à lui d’y apprendre quelque chose de bien plus curieux, puisqu’on y savait de toute antiquité que Mercure, pour tirer une déesse du plus grand embarras, joua aux échecs avec la lune et lui gagna la soixante-douzième partie du jour.

2258. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Quand on ne sait pas tirer parti des réalités, on s’impatiente contre les sociétés, et on se jette dans ces violences de l’esprit qu’on appelle le radicalisme. […] et ce mot seul lui tirait des larmes. — Ah !

2259. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Emil Giani, s’est tiré de toutes les difficultés d’exécution et de style ; et les deux solistes, Mlle Pauline Mailhac, du théâtre de Carlsruhe, et M.  […] Bien sûr, les opinions de Wagner sur Bach comme sur Mozart ne se limitent pas, loin de là, à ces seules citations tirées de leur contexte.

2260. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

En attendant, je tirai de ma poche un volume de ces restes des poèmes épiques de l’Inde, et je m’efforçai de me distraire par la lecture. […] Je suis Celui qui tire les êtres du néant et qui les y fait rentrer.

2261. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Je tirai du pan boutonné de mon habit mon manuscrit relié en album et je le posai timidement sur la table. […] Deux infidèles rois tour à tour l’ont bravé : Il faut que sur le trône un roi soit élevé Qui se souvienne un jour qu’au rang de ses ancêtres Dieu l’a fait remonter par la main de ses prêtres, L’a tiré par leur main de l’oubli du tombeau, Et de David éteint rallumé le flambeau… Grand Dieu !

2262. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Samson tire la machine comme un cheval ; il marche pesamment et voûté avec une naïveté grossière — une naïveté de lion dépossédé ; la tristesse résignée et presque l’abrutissement du roi des forêts, à qui l’on ferait traîner une charrette de vidanges ou du mou pour les chats. […] Corot est actuellement visible dans presque toutes les œuvres des jeunes paysagistes — surtout de quelques-uns qui avaient déjà le bon esprit de l’imiter et de tirer parti de sa manière avant qu’il fût célèbre et sa réputation ne dépassant pas encore le monde des artistes.

2263. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Dans la source divine demeure encore ce qui en est sorti, la sagesse du Père, la splendeur de la beauté suprême ; mais à toi qu’il enfante le Père a donné d’enfanter : tu es du Père même la puissance génératrice et cachée ; car il t’a donné pour créateur au monde, en te chargeant de tirer des types intellectuels les formes des corps : c’est toi qui diriges le cercle intelligent des deux, toi qui es le pasteur du troupeau des astres ! […] À ce sourire, l’Ether, père de l’harmonie, tira de sa lyre à sept cordes le chant triomphal.

2264. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Ce n’est pas le moment de discuter quelques-uns des noms qu’il met en cause : il apprécie les talents célèbres et en vogue, moins encore en eux-mêmes, ce semble, que d’après leurs disciples et leurs influences ; il a de ces condamnations décisives, anticipées, qu’entre contemporains et artistes qui courent plus ou moins la même carrière, il faut laisser au temps seul le soin de tirer entièrement.

2265. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Enfin, monseigneur, souffrez que je tire un peu d’avantage de la conduite que j’ai tenue depuis huit mois d’absence, soit à Bruxelles, soit à Francfort.

2266. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

M. de Meilhan avait beaucoup lu le cardinal de Retz et les auteurs du xviie  siècle ; il s’était amusé à tirer de là un pastiche qu’il ne s’était point attaché à rendre trop fidèle : il aurait été bien fâché, a-t-on remarqué, que la petite fraude eût trop réussi, et qu’on ne devinât point le nouvel auteur sous le masque.

2267. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

C’était, en effet, le dédale, en apparence inextricable, d’où le président avait su tirer un résultat politique et juste39.

2268. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Il représente une phase nouvelle et un progrès social dans la science qu’il cultivait avec succès ; il contribua plus que personne en son moment à la rendre facile, accessible, même élégante de forme, en la laissant sérieuse et solide ; à la tirer des écoles, sans la rendre pour cela frivole et sans la profaner.

2269. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

On peut lire toutes choses, surtout les choses déjà anciennes, et en tirer quelques remarques sérieuses, quelques notions au moins sur les mœurs et sur les temps qui ne sont plus.

2270. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

À dix-huit ans, le père de Bonstetten le tira de cette vie d’idylle et le plaça à Genève chez le ministre Prévost, père de celui qui devint le célèbre professeur Pierre Prévost.

2271. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

On les loue comme on tire au blanc ; on les crible de louanges.

2272. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Quant aux passions qui circulent au-dehors, et qui émeuvent la masse, il faut les connaître et jusqu’à un certain point les ressentir, non pour les partager, mais pour en tirer parti, pour les conjurer ou les diriger. — Il y reste, lui, trop étranger ; il les traite de haut en bas ou les ignore.

2273. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Cousin, de tout temps poëte par l’imagination, entendant le dramatique à merveille, et qui alors aimait assez le théâtre, refaisait volontiers, en conversation du moins, les pièces qu’il avait vues, et ce jour-là au dessert, se sentant plus en verve encore que de coutume, il s’écria (je ne réponds que du sens et non des paroles) : « Je veux faire un drame, un opéra, j’en inventerai l’action, j’en tracerai le plan : toi (s’adressant à l’un des convives), tu l’écriras en vers ; vous, mon cher (se tournant vers un autre convive), vous en composerez la musique, vous en ferez les chœurs et les chants ; et quand l’ouvrage sera fini, nous le donnerons à Feydeau ou au Grand-Opéra. » Le poëte ainsi désigné, c’était Loyson ; le musicien, c’était Halévy ; le sujet de la pièce eût même été, dit-on, tiré d’un conte de Marmontel, les Quatre Flacons.

2274. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

La fourmi n’est pas prêteuse, ou ne prête qu’à bon escient ; c’est la moralité qui se tire du poète d’Ascré, moralité toute de calcul et d’expérience.

2275. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Bossuet, qui tire tout à lui, a voulu y voir, de la part du plus sage des philosophes, une espèce de pressentiment divin, une manière de prédiction sans le savoir.

2276. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Ce fils d’un rhéteur grec et d’une fille campanienne sent tout le parti qu’il peut tirer de cet Africain robuste, brutal, superstitieux et brave ; lui, il est lâche à l’action, mais hardi partout ailleurs, fertile en idées, l’homme aux expédients : tous deux ils se doublent et se complètent.

2277. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Saint-René Taillandier, où l’auteur réagit en quelque sorte contre son propre sujet et tire sur ses troupes, me paraît sortir tout à fait du ton qui sied à ces biographies aimables.

2278. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Si nous analysons les édifices des Grecs, nous rencontrons toujours cet esprit fin, délicat, qui sait tirer parti de toute difficulté, de tout obstacle, au profit de l’art, jusque dans les moindres détails.

2279. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Les personnages mis en scène sont si bien venus et si vivants, ils sont nés sous une si heureuse étoile, ils sont d’une physionomie si originale et ont un caractère si marqué (y compris leurs deux montures, inséparables des deux maîtres), qu’on s’attache et qu’on s’affectionne à eux tout d’abord, indépendamment de la moralité finale que l’auteur prétend tirer de leurs actions.

2280. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Thiers fut annoncée et vint, en quelque sorte, déboucher, défiler comme une grande armée, à dater de 1845, et pendant près de vingt ans occuper le devant de la scène, envahir et posséder l’attention publique : lui, l’historien diplomatique, qui avait puisé aux mêmes sources, qui en avait par endroits creusé plus avant quelques-unes, qui y avait réfléchi bien longtemps avant d’oser en tirer les inductions, les conséquences essentielles, mais qui, une fois les résultats obtenus, y tenait comme à un ensemble de vérités, il se trouvait du coup distancé, effacé, jeté de côté avec son noyau de forces.

2281. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

On lit dans son Journal à cette date : « Le poëte sans fortune est le plus malheureux des hommes : la courtisane ne livre que son corps, libre de garder au fond du cœur les sentiments qui lui restent ; l’autre, au contraire, doit, pour vivre, livrer ses soupirs, ses émotions, les pensées qui lui sont chères, et jusqu’aux plus secrètes profondeurs de son âme, et cela à un public libre de noircir le tout de la plus injurieuse critique ou du mépris le plus insultant. » — C’est le Journal d’où sont tirées ces paroles si senties, qu’il serait curieux de connaître : on nous le doit.

2282. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quoi qu’il en soit, quand on ne veut pas faire une épopée historique et classique dans le genre de Lucain, mais une épopée qui ait en soi du sacré, du merveilleux et du populaire, essayons de voir quel parti on peut tirer de Napoléon.

2283. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Quoi qu’il en soit, il y avait à tirer parti du sujet.

2284. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

8 heures : Un cœur tumultueux soulevant comme les os et la peau de sa poitrine, et une respiration stridente qu’il semble tirer de son estomac… » Nuit de dimanche (19 juin) à lundi : « … Toute la nuit, ce bruit déchirant d’une respiration qui ressemble au bruit d’une scie dans du bois mouillé et que scandent à tout moment des plaintes douloureuses et des “han” plaintifs.

2285. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Depuis 20 ans, par négligence ou autrement, il n’en a rien tiré.

2286. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Il supporta avec la constance d’un néophyte convaincu les injures de son ordre, et ne témoigna aucun repentir de sa témérité jusqu’au jour où un crime, la mort de son frère chéri, l’épouvanta des conséquences que la démocratie furieuse tirait de son dévouement.

2287. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Enfin toutes les forces qui devaient concourir à la défense de l’ordre religieux et politique étaient divisées : les Jansénistes tiraient sur les Jésuites, le Parlement faisait échec à la royauté ; dans ces discordes, il était rare que les philosophes n’eussent pas quelqu’un avec eux.

2288. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Et quand on serait parvenu à tirer le critique au clair, l’homme resterait, plus complexe et plus surprenant encore.

2289. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

À peine aurait-il tiré la sonnette, il n’eût pas attendu qu’on lui ouvrît et aurait redescendu précipitamment l’escalier, en grommelant dans sa moustache : « Cette maison est sinistre… » Puis, se disant des vers à lui-même, il serait allé s’asseoir tranquillement au café d’en face.

2290. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

J’ai lu ce factum moral ; à l’heure d’en écrire je le feuillette encore à toutes ses pages, et je ne puis en tirer un mot précis sur l’origine et l’objet du devoir proposé.

2291. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

C’est là le secret de ce grand style qui n’orne pas sa matière et qui tire toute sa beauté de son exactitude.

2292. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Il voudrait qu’on nous montrât Zilia française, après nous l’avoir fait voir péruvienne ; qu’on la montrât non plus jugeant selon ses préjugés, mais comparant les siens et les nôtres ; qu’on lui fît remarquer combien elle avait tort d’être d’abord étonnée de la plupart des choses ; qu’on lui fît suivre en détail les causes de ces mesures tirées de l’antique constitution du gouvernement, et tenant à la distribution primitive ou graduelle des conditions, ainsi qu’aux progrès des connaissances.

2293. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Ce Ducis, auteur dramatique, qui fut très contesté en son temps, mais qui réussit, somme toute, en dépit des résistances de Le Kain, des impatiences de Voltaire, des rudesses de Geoffroy, ce Ducis, qui fit couler bien des larmes sous Louis XVI, et que Talma, dans notre jeunesse, nous a ressuscité parfois avec génie, est aujourd’hui mort, ou à peu près mort ; et, s’il n’y avait que ce côté-là en lui, nous ne viendrions pas le tirer de ses limbes.

2294. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Réfugié dans les admirations, il tiré sa gloire personnelle des œuvres des autres.

2295. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Ils dépeignent la vie avec détachement, et il semble qu’ils ne tiennent à la montrer soit eu sa totalité, soit en sa misère, que pour obtenir le droit d’en dire le sens et d’en tirer un enseignement.

2296. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

On arriverait ainsi à comprendre ce que c’est que l’esprit du savant, de quel point de vue il considère les choses, comment il associe les idées, comment il passe du connu à l’inconnu, comment il se trompe, comment il se corrige, comment il invente, et on pourrait tirer de là de grandes conséquences pour l’éducation même de l’esprit humain ; mais laissons là ces vues ambitieuses, et bornons-nous, quant à présent, à bien faire connaître le livre que nous avons sous les yeux, et qui vient enrichir d’une œuvre nouvelle cette histoire de la logique faite par les savants dont nous avons esquissé quelques traits.

2297. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Si j’avais eu à composer un tableau pour une chambre criminelle, espèce d’inquisition d’où le crime intrépide, subtil, hardi s’échappe quelquefois par les formes, qui immolent d’autres fois l’innocence timide, effrayée, alarmée ; au lieu d’inviter des hommes, devenus cruels par habitude, à redoubler de férocité par le spectacle hideux des monstres qu’ils ont à détruire, j’aurais feuilleté l’histoire ; au défaut de l’histoire, j’aurais creusé mon imagination jusqu’à ce que j’en eusse tiré quelques traits capables de les inviter à la commisération, à la méfiance, à faire sentir la faiblesse de l’homme, l’atrocité des peines capitales et le prix de la vie.

2298. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Le siècle de Louis XIV fut goûté de nouveau ; et, pour le remarquer en passant, on sentait, surtout dans les feuilles quotidiennes, un instinct monarchique dont il était bien facile de tirer parti, mais que l’on sut tourner habilement au seul profit du despotisme.

2299. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Le sentiment de l’avenir repose d’ordinaire dans le passé ; s’il est vrai que le passé nous échappe, nous ne pouvons pas en tirer des documents pour l’avenir.

2300. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Oui, c’est nous contre qui elle se révolte aujourd’hui et tire son petit pistolet de livre !

2301. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Au point de vue de l’esprit seul, voilà qui tire, d’un coup, le livre de Gustave Droz de la cohue des productions de notre époque, et qui l’élève au-dessus d’elles.

2302. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Et j’oserai avancer que la perfection de cette forme littéraire exige tant de conditions et de si subtiles, qu’il faut, pour la comprendre et pour la goûter complètement, pour en tirer un autre profit que celui, très banal souvent, d’une anecdote, une intelligence déjà mûre et ornée.

2303. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Puisque c’est là tout ce qu’on a supposé dans le cerveau, c’est là tout ce qui s’y trouve et tout ce qu’on en peut tirer.

2304. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Les romantiques, au xvie  siècle, portèrent une première atteinte à la césure en décrétant qu’il y avait des partis heureux à tirer de son déplacement.

2305. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

La moitié de son livre semble tirée du Journal des savants.

2306. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Beyle, qui est de l’école sensualiste du xviiie  siècle, tire ici la conclusion très légitime des doctrines qu’il a héritées d’Helvétius et de Cabanis. […] … » « Les lois ont été faites par des vieillards ; les femmes s’en aperçoivent  J’étais un être auparavant, et je suis maintenant une chose 88. » Et, comme pour tirer la conclusion morale qui sort de ces prémisses, l’auteur met dans la bouche d’une de ses héroïnes cette aspiration au plaisir, le seul Dieu qu’elles semblent adorer : « Oh ! […] Non, sophistes qui voulez faire l’Évangile complice de votre commode morale ; non, Jésus ne tire pas, comme vous le dites, des plaies mêmes de ces âmes blessées le baume qui les guérit. […] « Quel fruit tirons-nous des labeurs « Qui courbent nos maigres échines ? […] je saurais maintenant que le succès va, non à celui qui le mérite, mais à celui qui le mendie, et que pour tirer parti de l’existence il faut être un de ces hommes de liège qui flottent avec l’écume à la surface de tous les événements… « Je croyais qu’avec le sentiment du bien dans le cœur, on était assez fort pour porter le monde… Folie !

2307. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

D’autres chasseurs tirèrent sur lui du bord opposé ; il fut frappé, et ne dut la vie qu’à la chaîne d’acier, de sa gibecière : Que serais-je devenu, dit-il, si Dieu m’avait appelé dans ce moment ? […] Mais ce sont là louanges un peu convenues, et qui ne sont pas données sans un certain air de négligence, ou procédés pour tirer à soi et ranger bon gré mal gré dans son camp les héros du jour. […] Œuvres en prose, journaux, histoires, Confident de jeunesses arrangées en roman, Entretiens de éditique, ou plutôt d’impressions littéraires, ouvrages très mêlés, souvent mauvais, éclatants d’éloquence, de grâce, de sensibilité, ou seulement de style, par endroits, et dont il faudrait tirer deux ou trois volumes qui seraient exquis, absorbèrent ses dernières années. […]  » — « L’emphase frissonna dans sa fraise espagnole. » — « J’ai de la périphrase écrasé les spirales. » — « Sur le Racine mort le Campistron pullule » (excellent). — On rencontre encore souvent cette forme de la satire par le grotesque dans Napoléon le Petit, livre qu’on ne lit déjà plus, parce que c’est une œuvre de circonstance ; mais dont il faudrait tirer quelques pages, superbes de vraie éloquence, ou étincelantes d’ironie. […] Quand il n’est pas simple facteur de guitares, il s’en tire d’autre sorte et très habilement ; car il sait son métier.

2308. (1886) Le naturalisme

Une littérature nouvelle, qui n’est ni classique ni romantique, mais qui tire son origine des deux écoles et tend à les équilibrer dans une juste proportion, s’empare de la seconde moitié du xixe  siècle et peu à peu la domine. […] Nous, nous abandonnions la riche veine ouverte par Cervantès, tandis que les Français l’exploitaient fort à leur goût et en tiraient de l’or pur. […] Au lieu de se tirer d’affaire comme tant d’écrivains, en s’écriant : « Je ne trouve pas d’expressions pour dépeindre ceci, cela ou le reste », les Goncourt se proposèrent de trouver toujours des mots, quand ils devraient les inventer. […] On peut assurer qu’il n’y a pas de détails, pas de caractères, pas d’évènements dans ses romans qui ne soient tirés de ses carnets ou du riche trésor de sa mémoire. […] Un écrivain réaliste se décide à tirer parti du moindre détail observé chez un ami, même chez un indifférent ou un ennemi juré.

2309. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Ses deux vocations le tiraient en sens contraire : il dut opter entre elles à une certaine heure. […] S’il y a réminiscence de Milton et de Klopstock, ou encore, parmi les modernes, de Thomas Moore et de Byron, la combinaison que l’imitateur en avait su tirer montrait qu’on avait affaire ici à une maîtresse abeille et qu’un coin de génie existait.

2310. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

C’est qu’étant lui-même l’expression harmonieuse ou éloquente des joies, des douleurs, des désirs de son époque, il a fait vibrer à un moment la corde cachée qui aurait peut-être toujours sommeillé sans lui ; il a tiré du silence et du néant la note intime et profonde qui n’attendait que lui pour résonner, mais que lui seul pouvait apprendre à l’âme mystérieuse qui la contenait sans le savoir. […] J’en tire cette page qui est dans une lettre à Grimm ; Mme d’Épinay vient de parler des indiscrétions dont Margency ne se fait pas faute au sujet de Mme de Verdelin : « On dit qu’elle lui a résisté longtemps, car on n’ignore rien de ce qui les concerne.

2311. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

” me tirèrent du doux sommeil dans lequel j’étais tombé. […] Je le tire avec violence : un garçon paraît.

2312. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Tirez ! tirez !

2313. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Vous voyez que je tire parti de tout. […] « Votre lettre, mon cher et vieil ami, est venue à la fois me tirer de mon inquiétude et m’y replonger.

2314. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Il nous fit apercevoir autant de sinets pendants en bas des pages qu’il y en a ordinairement dans un livre d’église à demi couché sur le pupitre à gauche de l’autel. « Voilà vos limites, dit-il avec un sourire grave au professeur, à la comtesse Léna, à Thérésina et à moi ; vous ne les franchirez pas : mais, entre ces limites, vous pourrez vous promener à votre aise à travers les plus riants paysages, les plus merveilleuses aventures et les plus poétiques badinages qui soient jamais sortis de l’imagination d’une créature de Dieu. » Nous promîmes tous de respecter religieusement les sinets sacrés que le canonico avait certainement empruntés à un de ses vieux bréviaires, et nous prîmes séance dans les attitudes diverses du plaisir anticipé de la curiosité et du repos : le chanoine sur un grand fauteuil de chêne noir sculpté, adossé au fond de la grotte, et qu’on avait tiré autrefois de la chapelle pour préparer au bonhomme une sieste commode dans les jours de canicule ; le professeur sur une espèce de chaise de marbre formée par deux piédestaux de nymphes sculptés, dont les statues étaient depuis longtemps couchées à terre, toutes mutilées par leur chute et toutes vernies par l’écume verdâtre de l’eau courante ; la comtesse Léna à demi assise, à demi couchée sur un vieux divan de paille qu’on transportait en été du salon dans la grotte, les pieds sur le torse d’une des nymphes qui lui servait de tabouret, le coude posé sur le bras du canapé, la tête appuyée sur sa main ; sa fille Thérésina à côté d’elle, laissant incliner sa charmante joue d’enfant sur l’épaule demi-nue de sa mère ; moi couché aux pieds des deux femmes, à l’ouverture de la grotte, sur le gazon jauni par le soleil, le bras passé autour du cou de la seconde nymphe et le front élevé vers le professeur, pour que ni parole, ni physionomie, ni geste, n’échappassent à mon application. […] Continuons. » Le professeur nous lut alors, sans l’interrompre, tout le premier chant ; on y voit avec plus de charme que de clarté comment Charlemagne, à la tête de l’armée d’Occident, attendait au pied des Pyrénées l’armée des Sarrasins commandée par Agramant ; comment le paladin Roland, neveu de Charlemagne et revenant des Indes avec Angélique, reine du Cathay, dont il était amoureux jusqu’au délire, arriva au camp de Charlemagne pour lui prêter son invincible épée ; comment Charlemagne, craignant que la passion de Roland pour Angélique ne lui fît oublier ses devoirs de chevalier et de chrétien, lui enleva Angélique, dont Renaud de Montauban, son autre neveu, était également épris ; comment Angélique fut confiée par Charlemagne au vieux duc de Bavière, afin de la donner comme prix de la valeur à celui de ses deux neveux qui aurait combattu avec le plus d’héroïsme ; comment les chrétiens sont défaits par les Sarrasins ; comment Angélique s’évade pendant la bataille à travers la forêt ; comment elle y aperçoit Renaud courant à pied après son cheval Bayard, qui s’était échappé ; comment Angélique, qui a Renaud en aversion alors, s’éloigne de lui à toute bride ; comment, arrivée au bord d’une rivière, elle est aperçue par le chevalier sarrasin Ferragus qui a laissé tomber son casque au fond de l’eau en buvant au courant du fleuve ; comment Ferragus, enflammé à l’instant par la merveilleuse beauté d’Angélique, tire l’épée pour la défendre contre Renaud ; comment Angélique profite de leur combat pour échapper à l’un et à l’autre ; comment Renaud et Ferragus, s’apercevant trop tard de sa fuite, montent sur le même cheval pour la poursuivre, l’un en selle, l’autre en croupe ; comment ils se séparent à un carrefour de la forêt pour chercher chacun de leur côté la trace d’Angélique ; comment Renaud retrouve son bon cheval ; comment Angélique, après une course effrénée de trois jours, descend de cheval dans une clairière obscure de la forêt.

2315. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Je tire tout de là, car vraiment, sur la terre, je trouve bien peu de choses à mon goût. […] L’immortalité nous fera sentir le prix de la vie et tout ce que nous devons à Dieu pour nous avoir tirés du néant.

2316. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Et cependant, moi, ce superbe Alfieri, me faisant précéder de l’offre de mon beau volume, que le Saint-Père reçut avec bienveillance, ouvrit et reposa sur sa petite table, avec beaucoup d’éloges et sans vouloir me laisser lui baiser le pied, mais me relevant au contraire lui-même, car j’étais à genoux ; dans cette humble posture il me caressait la joue avec une complaisance toute paternelle ; moi donc, ce même Alfieri, l’auteur de ce fier sonnet sur Rome, répliquant alors avec la grâce doucereuse d’un courtisan aux louanges que le pontife me donnait sur la composition et la représentation de l’Antigone, dont il avait, m’assurait-il, ouï dire merveille, et saisissant le moment où il me demandait si je ferais encore des tragédies, louant fort du reste un art si ingénieux et si noble, je lui répondis que j’en avais achevé beaucoup d’autres, et dans le nombre un Saül, dont le sujet, tiré de l’Écriture, m’enhardissait à en offrir la dédicace à Sa Sainteté, si elle daignait me le permettre. […] Je me hâtais autant que je pouvais, mais ainsi ne faisaient pas les ouvriers de l’imprimerie de Didot, qui, nouvellement travestis en politiques et en hommes libres, passaient les journées entières à lire les journaux et à faire des lois, au lieu de composer, de corriger, de tirer les épreuves que j’attendais.

2317. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

On lui avait fort conseillé la lecture des grands auteurs, particulièrement de Schiller et de Klopstock ; il les admira, mais sans tirer grand profit de leurs œuvres. […] Dans quelques jours vous me tirerez vos présages là-dessus. » * * * Jeudi, 13 novembre 1823.

2318. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Ce qu’on y trouve c’est une émulation effrénée d’écoliers sans maîtres, non pas plus favorable aux arts qu’un pontificat de Léon X ou un règne de Louis XIV, mais qui tire de l’homme quelque chose que les époques ordonnées ne donnent pas. […] Je crois que ceux qui, comme moi, sont nés à peu près dans le dernier quart du xixe  siècle ont tiré un bon numéro à la loterie des Destinées.

2319. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Quant aux mots essentiels, les « splendeurs de Walhall », ils s’en tirent comme ils peuvent, sous le temps faible de la phrase musicale. […] Au dernier acte, des pièces d’artifice malencontreusement tirées pendant l’Incantation du feu ont nui à l’effet eu merveilleux final et les spectateurs se sont levés précipitamment.

2320. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

ma phrase de Denoisel, dans Renée Mauperin, et qu’a citée Guesde, lors de la représentation de la pièce, tirée du roman. […] Mardi 11 octobre Ce soir au Théâtre-Libre, on joue Sœur Philomène, la pièce originale, tirée de notre roman, par Jules Vidal et Arthur Byl.

2321. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

L’action tire toujours une grande partie de son caractère agréable de la fin qui la justifie : un but de promenade rend la promenade meilleure ; on n’aime pas à lever même un doigt sans raison ; il en est ainsi pour tout. […] C’est ainsi qu’on a tiré des amnésies partielles de la mémoire, et de la personnalité des lois importantes sur la formation de la mémoire et de la personnalité.

2322. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Prononcer l’un ou l’autre de ces mots, Nature, Art, c’est faire une évocation, c’est extraire des profondeurs l’idéal, c’est tirer l’un des deux grands rideaux de la création divine. […] Pourtant ces myriologies composites, les grands testaments de l’Inde surtout, étendues de poésie plutôt que poëmes, expression à la fois sidérale et bestiale des humanités passées, tirent de leur difformité même on ne sait quel air surnaturel.

2323. (1894) Textes critiques

. — Figures contemporaines, tirées de l’Album Mariani, 76 biographies, notices, autographes et portraits gravés sur bois par A. […] Comme plus tard il tirera à un Fourmies quelconque, parce qu’il a associé tel monosyllabique commandement à une crispation de la deuxième phalange de l’index dextre, ce à quoi il ne doit se refuser, puisqu’il a cru lire Darwin et Spencer. — Sensation ennuyeuse : trop de faits-divers superposés en tiroirs, explosions célèbres, etc.

2324. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

« Le fer est tiré du sein de la terre, l’airain est arraché à la pierre. […] Quand on a vécu un certain nombre d’années sur cette terre et qu’on a sondé jusqu’au tuf le sol de cette vie, il n’y a que deux conclusions à tirer et deux partis extrêmes à prendre : le mépris de soi-même, de l’homme et du monde créé, ou le respect de l’œuvre divine et l’adoration de l’ouvrier divin ; en d’autres termes, le sarcasme, le suicide, ou la résignation et la prière.

2325. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Écoutez-en seulement les derniers vers ; ils rappellent, par leur fruste énergie, le poil hérissé et la gueule sanglante de ce sanglier de Calydon qu’on voit sur la place du marché de Florence : Ainsi, quand, désertant sa bauge solitaire,         Le sanglier, frappé de mort, Est là, tout palpitant, étendu sur la terre,         Et sous le soleil qui le mord ; Lorsque, blanchi de bave et la langue tirée,         Ne bougeant plus en ses liens, Il meurt, et que la trompe a sonné la curée         À toute la meute des chiens ; Toute la meute, alors, comme une vague immense,         Bondit ; alors chaque mâtin Hurle en signe de joie, et prépare d’avance         Ses larges crocs pour le festin. […] « Si tu pouvais t’arracher aux spectacles du Cirque », dit-il à son interlocuteur imaginaire, « tu pourrais te construire à Sora ou à Frosinone une maison convenable, à moindre prix que tu ne payes à Rome le loyer d’un réduit ténébreux ; là tu aurais à toi un petit jardin, un puits peu profond, dont l’eau, tirée sans roue et sans corde, désaltérerait d’une facile ondée tes plantes naissantes et tendres.

2326. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Seulement je les engage à viser plus juste, et à ne pas tirer sur leurs meilleurs amis en croyant tirer sur leurs ennemis.

2327. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Mais nous sommes si habitués à renverser, pour le plus grand avantage de la pratique, l’ordre réel des choses, nous subissons à un tel degré l’obsession des images tirées de l’espace, que nous ne pouvons nous empêcher de demander où se conserve le souvenir. […] Or, il n’y a pas de différence essentielle entre l’opération par laquelle cet acide tire du sel sa base et l’acte de la plante qui extrait invariablement des sols les plus divers les mêmes éléments qui doivent lui servir de nourriture.

2328. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

[NdA] On lit dans un chapitre de Huet (Origines de Caen), où il donne l’étymologie des noms de plusieurs lieux de Normandie tirés du latin : « Mazure, Maceries. — Mézeray, Maceriatum, lieu bâti à pierre sèche. » 27.

2329. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Mais les mille pensées qu’éveille la comparaison de la société à ces deux époques, avec ce qu’il y a de ressemblances réelles et de dissemblances profondes, me mèneraient trop loin, et me tireraient surtout des cadres tout littéraires où j’aime à me renfermer, sauf à les agrandir le plus que je puis.

2330. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Si Dieu, qui est le maître, m’eût voulu tirer d’ici, il eût fallu obéir avec toute la soumission dont j’étais capable ; mais je suis assez content de revoir le soleil, même d’entendre les carrosses qui me rompent la tête ; ombre, livres et petits repas consumeront ce qu’il plaira à Dieu qu’il me reste de vie, et un peu de griffonnage45 !

2331. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

C’est un recueil de vers tiré, dit-on, à douze exemplaires, intitulé Son bouquet, et vos étrennes, hommage offert à Mme Bailly, épouse du maire de Paris, par M. 

2332. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

On a remarqué qu’il en voulut toute sa vie aux Girondins qu’il avait eus pour adversaires directs ; je le crois bien : il leur en voulait pour leurs torts réels, pour leur esprit de sédition et d’anarchie, pour leurs manœuvres imprudentes et fatales, et aussi pour ses propres fautes dont ils avaient tiré parti et qu’ils avaient tournées plus d’une fois à leur avantage.

2333. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Il parle de la mort du frère de M. de Strozzi, le prieur de Capoue, tué en Toscane, dans une reconnaissance, de la main d’un paysan qui lui tira une arquebusade de derrière un buisson : « Voyez quel malheur qu’un grand capitaine meure de la main d’un vilain avec son bâton à feu ! 

2334. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

L’auteur a possédé sa matière et l’a tirée de son propre fonds (c’est le contraire), y mettant beaucoup de réflexions particulières ; donnant un tour singulier à celles qui sont communes, s’énonçant d’une manière propre à faire penser plus qu’il ne dit, et réveillant l’attention par la vivacité de ses expressions, quelque usées qu’elles commencent d’être… » Mais ce ne sont pas seulement les pensées, ce sont le plus souvent les expressions mêmes de Charron qui sont prises de Montaigne.

2335. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Il s’en tira en habile chasseur qui sait tous les sentiers.

2336. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Il est de la race des graves, des contrariés et des moroses, dont le brillant même est rembruni et sombre, qui ont eu plus de mérite que d’occasion et de bonheur, estimés quoique souvent battus, et qui tirent tout le parti possible de causes morcelées et rebelles : il est de la famille, en un mot, des Coligny, des Guillaume d’Orange ; moins Français peut-être qu’étranger de physionomie.

2337. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Il se souvenait toujours d’avoir été condamné par le parlement de Toulouse à être tiré à quatre chevaux et d’avoir été exécuté en effigie.

2338. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Il n’avait pas en sa veine de quoi justifier cet autre mot du même poète, et qui porte avec lui sa preuve lumineuse : « Elle vit plus longtemps que les actions, la parole que la langue a tirée d’un esprit profond avec la rencontre des grâces. » Les grâces, il les rencontrait souvent, il les accostait volontiers, mais c’étaient les grâces familières ; et cette autre condition que veut Pindare, la profondeur, était absente.

2339. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Pourquoi mériter qu’on vous dise : « Moraliste, vous savez tout, mais vous êtes cruel. » Le livre, certes, a une moralité : l’auteur ne l’a pas cherchée, mais il ne tient qu’au lecteur de la tirer, et même terrible.

2340. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Enfin l’étranger, impatienté de leur maussaderie, tira par la manche celui qui l’avait amené, et lui demanda : « Quand est-ce qu’ils commenceront ? 

2341. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Le fait est que Laclos, l’auteur des Liaisons dangereuses, du moment qu’il fut devenu l’âme du parti d’Orléans, n’eut qu’à appliquer son art et sa faculté d’intrigue à la politique pour en tirer, dans un autre ordre, des combinaisons non moins perverses et vénéneuses.

2342. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

C’est probablement ce qu’il voulait ; ce fut comme le coup de canon qu’on tire en mer pour dissiper le brouillard.

2343. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il était à l’affût : le royalisme de la Chambre introuvable fit lever le gibier devant lui ; il n’avait plus qu’à tirer sans se mettre en quête d’autre chose.

2344. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Il est alors comme les monarques de l’Orient dont un regard tire l’esclave de sa poussière et l’y laisse retomber. » « À l’égard des princes, je dirais comme les Protestants pour un plus haut Maître : le service sans le culte. » « La plus dangereuse des flatteries est l’infériorité de ce qui nous entoure. » « C’est prodigieux tout ce que ne peuvent pas ceux qui peuvent tout ! 

2345. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Il ne serait pas impossible de tirer de cette simplicité, à laquelle il se soumet sans trace d’effort, un sujet d’éloge : n’est-il pas touchant de voir un homme de génie, au comble de la renommée, célèbre par tant de chefs-d’œuvre, continuer d’écrire avec cette modestie et dans cette uniformité de ton à une sœur, ne l’entretenir que de détails de famille, de sollicitudes paternelles, de soins de nourrice ?

2346. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Le profit que Gœthe tira de l’étude de la nature devait être moins direct qu’indirect, moins public qu’individuel, et servir moins à sa gloire qu’à son perfectionnement.

2347. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Pour le tirer d’affaire et le mettre au-dessus du soupçon, Pilate n’imagine rien de mieux que de lui faire épouser la veuve de ce Ruben, femme d’honneur et qui a du bien ; on brusque les choses, on passe sur la différence des âges ; c’est comme un mariage d’intérêt et d’argent.

2348. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

L’amour de la vieille Carthage, puisqu’amour il y avait, y aurait trouvé son compte : on en aurait refait l’histoire, en indiquant les lacunes, en restituant, à l’aide des fragments et du parti raisonnable qu’on en peut tirer, la religion, la politique, le caractère, les mœurs.

2349. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

J’ai présents à la pensée, en parlant comme je le fais, quelques-uns de ces hommes modérés et sages qui étaient alors au timon de l’État, dans le ministère, et qui tentaient honorablement et, comme on dit, contre vent et marée, de tirer la Restauration de ces passes dangereuses, et de faire sortir du principe de la légitimité un gouvernement réparateur.

2350. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Il va même trop loin dans les lettres de ce temps que j’ai sous les yeux73 ; il joue, il plaisante imprudemment avec le bizarre ermite comme avec un caractère bien fait et qui entendrait la raillerie ; il s’égaye beaucoup trop aux dépens de son humeur belliqueuse, à propos du fusil que Rousseau tenait toujours chargé contre les voleurs et qu’il s’amusait parfois à tirer sur les loirs.

2351. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Tout le temps qu’en exil vivra mon Clinias, Je veux tirer de moi quelque bonne vengeance, Amasser, travailler sans la moindre dépense, Épargner pour lui seul. » Aussitôt fait que dit : Je jette tout dehors, jusqu’à mon dernier lit ; Je ressemble en un tas meubles, outils, vaisselle ; Servantes et valets, je vends tout pêle-mêle, Y compris la maison, sauf, toutefois, les gens Dont le travail pouvait m’indemniser aux champs ; Et, des quinze talents que j’en obtins à peine, Pour bien m’y tourmenter, j’achète ce domaine, Pensant que, plus j’endure et vis en me privant, Moins j’aggrave mes torts envers mon pauvre enfant.

2352. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

En procédant ainsi, il a mille fois raison de s’affranchir et de nous tirer du lieu commun et du convenu.

2353. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Ayant navigué autrefois, il prit pour son département la marine et s’en tira, somme toute, avec honneur.

2354. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

On fit une revue des princesses à marier en Europe, et l’on en trouva de prime abord jusqu’à quatre-vingt-dix-neuf : de cette foule le comte de Morville, ministre des Affaires étrangères, avait tiré une élite, une liste de dix-huit princesses réellement en état d’être mariées avec le roi.

2355. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Jamais il ne tirera la barre après lui.

2356. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Le Play, averti par lui et sentant qu’on ne pouvait de soi-même chercher et trouver dans bon grand in-folio les mille inductions éparses qui résultaient de cet ensemble d’observations particulières, a pris le soin de résumer les idées, d’élever les points de vue, de grouper et de serrer les comparaisons, de les développer en même temps et de les mettre dans leur vrai jour, d’en tirer les conclusions plus ou moins pratiques, plus ou moins immédiates, mais toutes fondées sur une connaissance exacte des sociétés et des peuples.

2357. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Il y a des lois auxquelles la spontanéité humaine ne saurait se soustraire ; elle peut, selon son génie primitif, tirer plus ou moins parti de certaines conditions extérieures, non s’y dérober ; laissez-lui le temps, laissez-la croître et s’étendre et mûrir selon le cours des saisons et des âges, laissez les causes complexes agir, se produire et se combiner : tout, à la fin, s’harmonise et concorde, tout se coordonne.

2358. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

C’est ainsi qu’à Dresde, en mai 1812, tous les souverains venus pour saluer humblement Napoléon, à son départ pour la campagne de Russie, eurent des conférences secrètes afin de s’entendre sur le parti à tirer de nos revers possibles en cette aventure lointaine ; et même, sans conférence et sans parole, il leur suffisait, pour s’entendre, de se regarder dans le blanc des yeux, tant ils étaient unanimes dans leur intime révolte et dans une haine commune !

2359. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Le maréchal fit la sourde oreille et répondit avec une profonde révérence « qu’il souhaitait de mourir au service de Sa Majesté comme le maréchal de Turenne. » C’était s’en tirer en homme d’esprit. — Voilà des honneurs assurément, voilà de l’influence ; mais il y a encore loin de ce haut degré à gouverner la France et la Cour.

2360. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Je tire d’un des premiers mémoires qu’il composa pour un des comités de l’Assemblée cette page curieuse, qui se rapporte à son intendance de Toulon, et qui achève de nous édifier sur ce que c’était que l’ancien régime, confié même aux meilleures mains : « J’ai quatre-vingts commis sous mes ordres qui travaillent du matin au soir ; ils expédient annuellement pour le ministre plus de vingt rames de papier ; ils tiennent plus de quatre cents registres et plus de huit cents rôles.

2361. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Ambitieux et négligent à la fois, il a voulu y ajouter des cordes en tous sens ; au lieu d’une lyre, c’est-à-dire un instrument chéri, à soi, qu’on serre sur son cœur, qui palpite avec vous, qu’on élève au-dessus des flots au sein du naufrage, qu’on emporte de l’incendie comme un trésor, il a fait une espèce de machine-monstre qui n’est plus à lui, un corridor sans fin tendu de cordes disparates, à travers lequel passant, courant nonchalamment, et avec la baguette, avec le bras, avec le coude autant qu’avec les doigts, il peut tirer tous les sons imaginables, puissants, bronzés, cuivrés, mais sans plus d’harmonie entre eux, sans mélodie surtout.

2362. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Lebrun-Tossa, son ami alors et son collaborateur en perspective, non pas un projet de canevas, mais une véritable pièce en trois actes et en vers, presque semblable en tout à celle qui est imprimée sous le titre de Conaxa, et qu’il en tira, comme c’est le droit et l’usage de tout poëte dramatique admis à reprendre son bien où il le trouve, une comédie en cinq actes et en vers, appropriée aux mœurs et au goût de 1810, marquée à neuf par les caractères de l’ambitieux et du philanthrope, et qui mérita son succès.

2363. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Considérer tour à tour chaque province distincte de l’action humaine, décomposer les notions capitales sous lesquelles nous la concevons, celles de religion, de société et de gouvernement, celles d’utilité, de richesse et d’échange, celles de justice, de droit et de devoir ; remonter jusqu’aux faits palpables, aux expériences premières, aux événements simples dans lesquels les éléments de la notion sont inclus ; en retirer ces précieux filons sans omission ni mélange ; recomposer avec eux la notion, fixer son sens, déterminer sa valeur ; remplacer l’idée vague et vulgaire de laquelle on est parti par la définition précise et scientifique à laquelle on aboutit et le métal impur qu’on a reçu par le métal affiné qu’on obtient : voilà la méthode générale que les philosophes enseignent alors sous le nom d’analyse et qui résume tout le progrès du siècle  Jusqu’ici et non plus loin ils ont raison : la vérité, toute vérité est dans les choses observables et c’est de là uniquement qu’on peut la tirer ; il n’y a pas d’autre voie qui conduise aux découvertes. — Sans doute l’opération n’est fructueuse que si la gangue est abondante et si l’on possède les procédés d’extraction ; pour avoir une notion juste de l’État, de la religion, du droit, de la richesse, il faut être au préalable historien, jurisconsulte, économiste, avoir recueilli des myriades de faits et posséder, outre une vaste érudition, une finesse très exercée et toute spéciale.

2364. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Il était allé en Espagne (1764) pour défendre une de ses sœurs abandonnée par un certain Clavijo : de cette aventure il tire son premier drame, Eugénie (1767), suivi bientôt des Deux Amis (1770).

2365. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Puis, ces mots qui nous tirent l’œil nous empêchent de voir le tableau.

2366. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

C’est, bien évidemment, de profiter des bénéfices que j’en puis tirer, et de repousser de mon mieux les charges qu’elle prétend m’imposer en échange.

2367. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

On voit assez que ce n’est ni par calcul ni pour en tirer profit.

2368. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Mais un jour, fatigué d’avoir enfin tiré, Ô Satan !

2369. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

L’orateur qui, au Parlement, remet et tire sans cesse son lorgnon, l’écolier qui, en récitant sa leçon, remue quelque chose entre ses doigts, les actes automatiques de certains avocats ou autres gens parlant en public : ce sont là autant d’exemples de la manière dont le trop plein des émotions peut se dépenser, et empêcher par suite qu’elles ne paralysent l’intelligence.

2370. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Grâce à lui, nous avons la « satisfaction », sans jamais prendre la peine de connaître ce dont il s’agit, d’en « tirer une leçon morale, chrétienne, intéressante et substantielle ».

2371. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Elle y a envoyé aujourd’hui un huissier de sa chambre pour nous tirer de nos guenillons, et parce que M. de Béthune scandalisait souvent, par l’usure de ses habits, toutes les filles d’honneur.

2372. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Droz, du rivage élevé où il est assis, et avec la réflexion du sage, se plaît à nous indiquer du doigt quels eussent pu être ces moments fugitifs : mais qu’étaient-ils sans l’homme capable et supérieur qui, seul, eût pu en tirer parti, leur donner en quelque sorte l’existence historique, et en faire des époques véritables ?

2373. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Portalis faisait de cette affreuse époque de la veille un tableau vrai, avec des traits tirés de Tacite ; il ajoutait avec une observation fine qui n’était qu’à lui : On poursuivait les talents, on redoutait la science, on bannissait les arts ; la fortune, l’éducation, les qualités aimables, les manières douces, un tour heureux de physionomie, les grâces du corps, la culture de l’esprit, tous les dons de la nature, étaient autant de causes infaillibles de proscription… Par un genre d’hypocrisie inconnu jusqu’à nos jours, des hommes qui n’étaient pas vicieux se croyaient obligés de le paraître… On craignait même d’être soi ; on changeait de nom ; on se déguisait sous des costumes grossiers et dégoûtants ; chacun redoutait de se ressembler à lui-même.

2374. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Il est revenu plus d’une fois, dans des pages dignes d’un vrai politique et d’un historien, sur ce que c’est que l’heure de l’entraînement dans une nation, et sur le parti qu’on en peut tirer pour de grandes choses : Il y a de profonds politiques, dit-il avec raillerie (26 septembre 1831), qui ne croient pas qu’on puisse faire autre chose que du désordre par l’entraînement, et qui prétendent que c’est la ressource de l’incapacité… Il y a aussi, dans l’opposition, des hommes qui ont lu l’histoire, et qui se sont persuadé qu’en politique comme en guerre, ce qui distingue le génie de la capacité vulgaire, c’est de saisir l’entraînement et de s’en servir.

2375. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

On y joue à quelques jeux : on y tire quelque loterie, et, pour qu’il soit dit que personne ne perdra, il est convenu que l’abbé Gerbet fera des vers pour le perdant, pour celui qui s’appelle, je crois, le nigaud.

2376. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Il nous montre un de ses interlocuteurs, l’avocat orateur Antoine, qui se pique peu de littérature grecque, discourant toutefois à merveille des historiens de cette nation, et les ayant lus plus qu’on ne croirait : Si je lis quelquefois ces auteurs et d’autres de la même nation, dit Antoine, ce n’est pas en vue d’en tirer quelque profit par rapport à l’éloquence, c’est pour mon agrément quand je suis de loisir.

2377. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

On n’a pas trop de temps pour se faire une position. « Tu liras quand tu seras vieux, quand tu te seras tiré d’affaire. » Il y a bien quelque bon sens là-dedans.

2378. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Je n’ignore point qu’il y a une véritable appréciation à faire du système de l’égalité ; et que même cette appréciation a été faite par de fort bons esprits ; mais il n’en est pas moins vrai que ce système, proclamé sans précaution, a jeté dans bien des erreurs, et que les conséquences rigoureuses qu’on en a tirées ont produit bien des crimes.

2379. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Ce sont des généralités sur les équilibres du gouvernement anglais, sur la cohésion ou l’opposition des partis, sur le mélange d’aristocratie et de démocratie qui fait — disent les doctes — la solidité de l’Angleterre, tous sujets sur lesquels on peut tirer et qu’on allonge comme du caoutchouc, quand on sait bien s’y prendre !

2380. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Dieu créateur, qui a tiré le monde du néant, est une antique notion que Michelet a depuis longtemps rejetée aussi bien de ses livres d’histoire que de ses livres d’histoire naturelle.

2381. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Le meilleur de ces drames est Chatterton, tiré tout entier de Stello ; mais il est dans Stello beaucoup plus beau et plus complet, puisque l’analyse, et l’imagination qui décrit, y ajoutent leur profondeur et leur éclat de la passion et des caractères.

2382. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

L’univers entier est pour lui un motif de joie, d’amour et d’étude. « Celui qui se renferme en lui-même, ajoute la même critique, pour rêver d’après ses goûts des types de perfection idéale… n’est certainement pas l’homme qui sait le mieux… tirer des campagnes et des buissons qui entourent sa demeure le contentement et les inspirations qu’ils pourraient fournir, — et ce n’est pas lui non plus qui sera le plus grand artiste. » Ceci nous montre tout ce qui sépare la riche émotivité de Ruskin, l’homme qui « découvre le côté frappant de chaque chose », de la sèche artificialité des Préraphaélites, de Rossetti et de Burne-Jones notamment, « rêvant d’après leur goût des types de perfection idéale ».

2383. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Paul a cinquante ans environ ; il est un peu courbé, maladif et maigre ; ses traits sont amincis, et tirés par l’habitude de la réflexion, et ses beaux yeux noirs, pleins de pénétration et d’ardeur, semblent ordinairement voir autre chose que ce qu’il regarde.

2384. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

25 janvier Lire les auteurs anciens, quelques centaines de volumes, en tirer des notes sur des cartes, faire un livre sur la façon dont les Romains se chaussaient ou mangeaient couchés, — voici ce qui s’appelle l’érudition. […] Mais prenez un siècle près du nôtre, un siècle immense, brassez une montagne de documents, trente mille brochures, deux mille journaux, tirez de tout cela, non une monographie, mais le tableau d’une société, vous ne serez rien qu’un aimable fureteur, un joli curieux, un gentil indiscret. […] Et Voltaire amène chez Sainte-Beuve un éloge de Rousseau, dont il parle comme un esprit de sa famille, comme un homme de sa race, éloge qu’un brutal coupe par ces mots : « Rousseau, un laquais qui se tire la q…. » Renan devant cette violence de la pensée et du verbe, un peu effarouché, reste à peu près muet, curieux pourtant, attentif, intéressé, buvant le cynisme des paroles, ainsi qu’une femme honnête dans un souper de filles.

2385. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Supposez un élastique que vous tireriez de A en B ; pourriez-vous en diviser l’extension ? […] La philosophie pourra donc, des termes du premier genre, tirer ceux du second, mais non pas du second le premier : c’est du premier que la spéculation devrait partir. […] Ils se sont bornés à en tirer les conséquences et, en général, ils nous ont signalé des points de vue sur elle plutôt qu’ils ne nous l’ont présentée elle-même. […] Supposer a priori que la totalité du réel est résoluble en éléments de ce genre, ou du moins que le mécanisme pourrait donner une traduction intégrale de ce qui se passe dans le monde, c’est opter pour une certaine métaphysique, celle même dont un Spinoza et un Leibniz ont posé les principes, tiré les conséquences.

2386. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Renan aime à se tirer à lui-même, pour le plaisir de penser d’une façon plus riche et plus complète, — virtuose prestigieux de sa propre intelligence qui s’enivre d’idées comme les musiciens se grisent de sons, et les peintres, de couleurs ! […] Flaubert y consacre vingt pages, et quelles pages, toutes bourrées de citations ironiques tirées des comptes rendus analytiques des travaux de l’Académie de Rouen. […] Qu’on puisse tirer de la vérité des effets utiles, il ne l’a jamais soupçonné… — Mais vous êtes marié ? […] Abandonnée sur sa chaise longue, elle lit au hasard, et comme elle n’a pas de signet sous sa main, il lui arrive, quand elle s’interrompt de sa lecture, de tirer une épingle de ses beaux cheveux et de la glisser entre les feuillets. […] Il porte en épigraphe cette phrase tirée des papiers du mort : « Qu’ai-je été ?

2387. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Mézeray ne se laissait trop tirer par personne.

2388. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Saint Louis, né le 25 avril 1214 ou 121588, roi en 1226 à l’âge de douze ans sous la tutelle de sa sage et prudente mère, arrivé à sa majorité vers 1236, avait grandement commencé à ordonner son royaume d’après de bonnes lois, à y réprimer les entreprises des seigneurs, à y faire prévaloir la justice, la piété, à se faire respecter de ses voisins pour son amour de la paix et sa fidélité à ses engagements, lorsque, ayant été pris d’une grande maladie (décembre 1244), et étant tombé dans un tel état qu’on le crut mort, et qu’une dame qui le gardait voulait déjà lui tirer le drap sur le visage, il conçut au fond de son âme la pensée de se croiser ; au premier moment où il se sentit mieux et où il recouvra l’usage de ses sens, il appela à son lit l’évêque de Paris.

2389. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

La conduite de Fabrice, sa fuite extravagante, et les conséquences que l’auteur en a tirées, seraient inexplicables si l’on cherchait, je le répète, la vraisemblance et la suite dans ce roman, qui n’est guère d’un bout à l’autre (j’en excepte le commencement) qu’une spirituelle mascarade italienne.

2390. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Je voulus, comme son serviteur, lui en faire quelque remontrance ; je n’en tirai d’autre réponse que : Ou buvez avec nous, ou allez, etc… J’acceptai le premier parti et en sortis à six heures du soir quasi ivre-mort.

2391. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

La composition et la publication de son premier recueil n’avaient fait que le mettre en train et en verve ; il sentait que ce n’était qu’en écrivant, et en écrivant des vers, qu’il pouvait échapper complètement à sa mélancolie : Il y a, disait-il vers ce temps, il y a dans la peine et le travail poétique un plaisir que le poète seul connaît : les tours et les détours, les expédients et les inventions de toute sorte auxquels a recours l’esprit, à la poursuite des termes les plus propres, mais qui se cachent et qui ne se laissent point prendre aisément ; — savoir arrêter les fugitives images qui remplissent le miroir de l’âme, les retenir, les serrer de près, et les forcer de se fixer jusqu’à ce que le crayon en ait tiré dans toutes leurs parties une ressemblance fidèle ; alors disposer ses tableaux avec un tel art que chacun soit vu dans son jour le plus propice, et qu’il brille presque autant par la place qui lui est faite, que par le travail et le talent qu’il nous a coûtés : ce sont là des occupations d’un esprit de poète, si chères, si ravissantes pour sa pensée, et de nature à le distraire si adroitement des sujets de tristesse, que, perdu dans ses propres rêveries, heureux homme !

2392. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Mais, regret ou non, il en faut prendre son parti, et, comme l’a dit il y a longtemps Euripide (c’est bien lui en effet qui l’a dit, et non pas un autre) : « Il n’y a pas à se fâcher contre les choses, car cela ne leur fait rien du tout50. » L’esprit des générations a donc changé, c’est un fait ; elles sont devenues peut-être plus capables d’une direction précise et appropriée ; elles en ont plus besoin aussi, et il me semble que la pensée qui a présidé à l’Instruction présente et qui s’y diversifie en nombreuses applications est de nature à convenir à ces générations nouvelles, à soutenir, à développer leur bon sens, leurs qualités intelligentes et solides, à tirer le meilleur parti de leur faculté de travail, à les préparer sans illusion, mais sans faiblesse, pour la société telle qu’elle est faite, pour le monde physique tel quelles ont à le connaître et à le posséder : — et tout cela en respectant le plus possible la partie délicate à côté de l’utile, et en laissant aussi debout que jamais ces antiques images du beau, impérissables et toujours vivantes pour qui sait les adorer.

2393. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Rien n’est laid comme les cailloux crayeux qu’on tire d’une carrière ; ces déterrés semblent froids et humides dans leur linceul blanchâtre ; ils ne sont point habitués au soleil ; ils font contraste avec le reste.

2394. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Il a fait la physiologie du Centaure, si tant est qu’il y ait une telle physiologie possible ; il en a tiré et rendu, certainement, toute la poésie imaginable.

2395. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Aussi il a fallu, en ce qui est du célèbre dominicain, qu’on le tirât de son cadre, qu’on l’amenât, bon gré, mal gré, dans l’arène académique (c’est trop souvent une arène aujourd’hui), pour que je me permisse de mêler quelques restrictions de forme et de fond aux hommages que je me suis plu toujours à rendre à ses talents92.

2396. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Tel est le triste spectateur final que Gavarni va donner à la farce humaine après que le bal est fini, quand le feu d’artifice est tiré, et qu’il ne reste plus que les lampions fumants et des décors vus à l’envers.

2397. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Giselle, qu’il fit pour Carlotta Grisi (1841), et qui a été le plus grand succès de ballet en notre temps, était tiré d’un livre de Henri Heine, l’un des trois ou quatre poètes qui dardèrent le plus en plein sur lui leur rayon.

2398. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Cependant, le ministre influent, jusque-là créature de la France et instrument de Madame Royale, le marquis de Pianesse, pressentant le naturel du duc et sa force future, se retournait un matin de son côté, lui faisait conseiller sous main de se tirer de la tutelle où il était, et lui offrait pour cela ses services.

2399. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Émile, blessé au bras gauche et qui s’abstient de tirer, a fait désormais ses preuves : il aura le droit d’être plus patient et moins susceptible à l’avenir.

2400. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Guadet, écrivant la Vie de ce girondin, et se trouvant en face de la difficulté, c’est-à-dire de la tendre liaison présumée entre Mme Roland et Buzot, s’en tirait d’une manière évasive et sauvait la situation dans les termes suivants : « On a dit que des relations d’un autre genre avaient existé entre Buzot et Mme Roland.

2401. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

La reine, dans ce cercle resserré qu’elle parcourt d’un coup d’œil juste, se rend compte désormais de tous les périls : du premier jour elle s’est mise à la raison par nécessité ; c’en est fait de toutes ses vivacités passées : « Le seul moyen, pense-t-elle, de nous tirer d’ici est la patience, le temps, et une grande confiance qu’il faut leur inspirer. » Elle se fait d’ailleurs bien peu d’illusions ; après les premiers mois écoulés, elle ne voit qu’accroissement de dangers autour d’elle et sombres présages pour l’avenir ; de faibles et rares retours de l’opinion, des fluctuations d’une heure en sens favorable ne l’abusent point ; le courant général est trop fort ; les violents et les ardents entraînent les faibles.

2402. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Il y avait auprès du duc de Mantoue un chargé d’affaires de Louis XIV, fort sage, fort entendu, l’abbé Morel, un « parfaitement bon esprit » ; pourtant on ne se fia pas à lui d’abord pour traiter et trancher des questions plus militaires que politiques ; Catinat eut ordre d’aller en personne à Mantoue pour forcer la main le plus doucement possible au duc et tirer de lui plus qu’il n’avait été convenu.

2403. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Ici je m’insurge : c’est décidément une fausse note tirée de trop loin : car si l’on est de Paris pour se rappeler la Joconde du Louvre, on est aussi de Paris pour bien d’autres choses.

2404. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Flammarion a toute raison de considérer comme établi que « la terre n’a aucune prééminence marquée dans le système solaire, de manière à être le seul monde habité », et que, « astronomiquement parlant, les autres planètes sont disposées aussi bien qu’elle au séjour de la vie. » Jusqu’ici on est entièrement de son avis, et il ne tire aucune conclusion que celles que l’analogie, la probabilité scientifique indiquent et suggèrent.

2405. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

» — « Sire, le moyen a été bien simple : j’ai acheté des rentes la veille du 18 Brumaire, et je les ai vendues le lendemain. » Il n’y eut pas moyen de se fâcher ce jour-là ; le renard, par un tour de son métier, s’était tiré des griffes du lion.

2406. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

» Et elle tire un couteau pour s’en frapper.

2407. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

il a su tirer d’un passé récent un type non encore réalisé ou prévu, un type qui en achève et en décore le souvenir. — L’apparition d’Eugène fut saluée d’un quatrain de Mme d’Houdetot.

2408. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Christel s’était prêtée à l’illusion et en avait tiré parti pour tracer à Hervé, avec un détail rempli tout bas de vœux et de conseils, une vie de bonheur et de vertu, où lui, qui l’écoutait, la supposait active et présente en personne, mais où elle se savait d’avance absente, excepté d’en haut et pour le bénir : « Vous vivrez beaucoup dans vos terres, lui disait-elle ; Paris et le monde ne vous rappelleront pas trop ; il y a tant à faire autour de soi pour le bien le plus durable et le plus sûr !

2409. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Un peloton d’une douzaine de sbires, commandés par un officier et armés de leurs carabines, chargèrent leurs armes devant moi, et se rangèrent, leur fusil en joue, pour attendre le commandement de tirer.

2410. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Il réussit à tirer le théâtre français de son obscurité, et du mépris où le tenaient les classes aristocratiques.

2411. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il a raison aussi d’insister sur la capacité philosophique du genre dramatique : plus la forme devient réaliste, plus il est nécessaire qu’une idée profonde, une conception générale des rapports naturels ou sociaux tirent hors de l’insignifiance pittoresque la représentation exacte des apparences.

2412. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Il en tira parti avec une allégresse, une activité, une intelligence admirables.

2413. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Mais enfin, on peut les tirer, ces conséquences, et aussi utiliser ces applications avec un succès relatif. —  Encore ne faudrait-il pas s’exagérer la puissance et l’efficacité de cette tactique.

2414. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Il n’est point, selon la vieille image jolie, l’abeille qui tire des fleurs un miel personnel, un miel dont le parfum et la saveur dureront.

2415. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Bergeret, vous les prenez donc pour « des énergies précieuses », les basses avidités ouvertes vers les misérables et fangeux royaumes qui sont de ce monde — Votre intelligence vive, alerte, capable de tout comprendre successivement, inégale à la vue synthétique qui seule donne la sérénité, hésite entre Spinoza qui put tirer de ses richesses intérieures un univers harmonieux et le pauvre Napoléon dont l’Europe conquise ne remplissait pas le vide décidément incurable.

2416. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

La moralité que tire le poète de cette histoire pleine de larmes est tout antique, tout orientale.

2417. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Suard ont été, après sa mort, infidèles à son esprit par la manière dont ils l’ont tiré à eux de ce côté.

2418. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

[NdA] Ce recueil avait été imprimé en Prusse en 1750 et en 1752 ; mais ces deux premières éditions, toutes confidentielles, avaient été tirées à très peu d’exemplaires et destinées uniquement aux amis du roi.

2419. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

L’un d’eux, pour exprimer qu’il était « prompt et dru à la besogne », ajouta, en lui parlant, qu’il était franc au trait : « métaphore, nous dit Pasquier, qui est tirée des bons chevaux qui sont au harnois ; dont je ne me fusse jamais avisé, pour n’avoir été charretier ; un pitault de village me l’apprit ».

2420. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Mais, pour bien étudier un tel exemple et en tirer toute la leçon qu’il renferme, il faut oser introduire dans l’idée de ce caractère de d’Aguesseau tous les vrais éléments tels que les donnent les témoins les plus clairvoyants et les plus sagaces.

2421. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Il s’amuse lui-même, dès qu’il a quitté Rulhière, à lui faire l’application de sa propre méthode, et à tirer sur lui un jugement dans lequel il entre un grain de critique et d’ironie.

2422. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Vous n’ignorez pas, monsieur, que je m’occupe de ces études uniquement par goût, ou, pour mieux dire, par boutades et quand je n’ai point d’autre fantaisie ; que je n’y attache nulle importance et n’en tire nul profit ; que jamais on n’a vu mon nom en tête d’aucun livre… On entrevoit ici non seulement l’indépendance et le caprice, mais un peu la prétention et le travers.

2423. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Villemain, de notre éloquent secrétaire perpétuel, si j’avais besoin de m’excuser, je dirais hautement : Membre de l’Académie française, j’ai le droit de relever, de la seule manière qui puisse le toucher, l’organe de la compagnie là où il abuse publiquement de son rôle de rapporteur pour y glisser contrairement aux convenances, contrairement aux intentions de beaucoup de membres, ses passions personnelles : biographe littéraire, je souffre toutes les fois que je vois des critiques éminents à tant d’égards et en possession d’un art merveilleux, mais des esprits plus nés évidemment pour la louange ou la fine satire que pour l’histoire, ne songer à tirer parti des faits que pour les fausser dans le sens de l’effet passager et de l’applaudissement.

2424. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Voici l’une de ces anecdotes qui est toute neuve ; je la tire d’une lettre du père Quesnel à Arnauld ; les deux poètes ne sont point à l’armée cette fois, mais, simplement à Versailles, et il leur arrive néanmoins mésaventure : Mme de Montespan, écrit le père Quesnel (vers 1680), a deux ours qui vont et viennent comme bon leur semble.

2425. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Vis-à-vis de ce bâtiment, en un clin d’œil, avec ma baguette de fée, j’en construis un autre, où je réunis à la file les modèles tirés des creux de toutes les plus fameuses statues.

2426. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Ce curieux investigateur ayant recouvré le livre de dépenses, tenu par Frotté, le secrétaire de Marguerite, en a tiré tout le parti possible et en a fait aisément ressortir la preuve journalière de l’humeur bienfaisante et de la libéralité inépuisable de la bonne reine.

2427. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Cela est sensible dans les deux premières guerres de Silésie ; cela le sera jusqu’à la fin et au milieu des plus belles combinaisons de la guerre de Sept Ans : « Je ne mérite pas, écrivait-il à Algarotti (4 janvier 1759), toutes les louanges que vous me donnez : nous nous sommes tirés d’affaire par des à-peu-près. » Ainsi en pleine guerre, et si habilement qu’il la fasse, Frédéric n’est pas tout à fait dans son élément.

2428. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

C’est là se tirer d’affaire par un mode occulte d’intelligence, le « raisonnement inconscient » ; c’est recourir à une hypothèse d’autant plus commode qu’elle dispense de toute vérification et de toute démonstration.

2429. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Je ne doute pas qu’avant que le romantisme eût régénéré le lyrisme, la poésie, auparavant dite légère, ne tirât sa minime raison d’être que de la difficulté vaincue ; ne pouvant être émouvant, ni poétique, on était ingénieux ; on jouait à un jeu de bague avec chances égalisées pour tous par la règle.

2430. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Quelques conséquences que vous tirerez bien de là sans que je m’en mêle, c’est l’impossibilité confirmée par l’expérience de tous les tems et de tous les peuples, que les beaux-arts aient chez un même peuple, plusieurs beaux siècles ; c’est que ces principes s’étendent également à l’éloquence, à la poésie et peut-être aux langues.

2431. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Abandonné à lui-même, jamais l’individu n’aurait pu tirer de soi les matériaux nécessaires pour une telle construction.

2432. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

L’homme assez brave pour rester calme à leur aspect a des chances de se tirer indemne du mauvais pas.

2433. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Il y a des bas-bleus très coquets, qui tirent très bien leurs bas sur des jambes ravissantes ; mais Mme Stern devait porter les siens triboulés ou à l’envers comme La Fontaine, non par distraction, mais par une superbe et intellectuelle non-curance !

2434. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

C’était bien là, du reste, la pensée que devait avoir sur l’erreur l’écrivain qui, en 1827, tirait l’innocence de Machiavel de la culpabilité universelle de son époque, et qui, en 1833, réduisit cette impudente thèse historique en axiome, quand il dit dans son Robert Walpole, innocenté comme Machiavel et encore mieux, car il était whig : « qu’on ne peut pas blâmer un homme de ce qu’il n’est pas supérieur à son siècle par sa vertu… » Certes !

2435. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Plus tard encore, une Correspondance diplomatique, tirée de l’ombre des chancelleries épaissie par la précaution, et misérablement altérée dans un intérêt de parti, révélait encore assez du de Maistre des Œuvres complètes pour qu’à côté du mensonge de l’altération on vît éclater la vérité de l’irréductible génie et tomber et passer sur l’imposture comme une rature sublime !

2436. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

On tire avec des muscles fessiers de cheval de brasseur sur ces misérables toiles d’araignée, qu’on eût déchirées rien qu’en soufflant !

2437. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

On m’avait mis au poste de secours, là-bas… Je ne voyais rien, je n’ai pu y rester, et quand j’ai vu mes enfants (le 79e) s’élancer si superbement et puis être fauchés, j’ai couru aux artilleurs… Je leur criais : « Mais plus vite, tirez donc plus vite ; vous ne voyez donc pas que ce sont mes gosses qui se font tuer ! 

2438. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Duperron tira des larmes de toute l’assemblée.

2439. (1893) Alfred de Musset

Madame Maurice Sand m’a communiqué, avec une confiance dont je lui suis profondément reconnaissant, un grand nombre de lettres inédites tirées des archives de Nohant. […] — Avec de la mémoire On se tire de tout : — allez voir pour y croire. […] La situation apparut dans toute son extravagance, et les trois amis furent brutalement tirés de leur rêve par les rires des badauds. […] Au moins serait-il juste de ne pas méconnaître qu’il a tiré un magnifique parti des ressources techniques auxquelles il s’était volontairement limité. […] Enfin, les scrupules, justes ou faux, qui empêchaient Musset de disloquer ses alexandrins, ne s’opposaient nullement au mélange des mètres, et il en a tiré à maintes reprises le plus heureux parti, en particulier dans « La Nuit d’octobre ».

2440. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

« La seconde confirmation de la théorie se tire de l’expérience directe pratiquée selon la méthode de différence. […] De là deux conséquences, l’une qui concerne la ligne entière, l’autre qui concerne ses diverses portions. — Si, à partir du premier point, on trace une autre ligne qui se meut aussi vers le même second point, et vers celui-là seulement, ce second tracé ne fait que répéter exactement le premier ; car tous ses caractères, comme tous ceux du premier, dérivent complètement et uniquement du rapport qu’il a, comme le premier, avec ce seul second point ; d’où l’on voit que les caractères des deux lignes, quels qu’ils soient, connus ou inconnus, sont tous absolument les mêmes, en d’autres termes, que ces deux lignes se confondent et n’en font qu’une101 : ce qu’on exprime de différentes façons, en disant qu’entre deux points on ne peut mener qu’une seule ligne droite, que deux points suffisent à déterminer la ligne droite interposée, que deux droites ayant deux points communs coïncident dans toute leur étendue intermédiaire, d’où l’on tire aisément que deux droites qui sa coupent ne peuvent enclore un espace102. — Voilà pour la ligne entière ; considérons maintenant ses diverses portions. […] À mesure que la droite visible remonte, cette série d’identités se déroule plus ou moins nettement dans l’esprit ; un anneau de la chaîne en tire un autre ; nous avons vaguement conscience qu’au commencement, à la fin et à tous les moments intermédiaires de l’opération, la droite ascendante non seulement demeure intacte, mais demeure toujours la mesure de la distance qu’elle établit entre les verticales qu’elle trace par ses deux extrémités ; que non seulement elle reste invariablement la même, mais qu’elle fait invariablement le même office.

2441. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Ils le sentent bien ; et, pour tirer de leur originalité le droit de nous ennuyer d’eux, ils s’en composent, ils essaient péniblement de s’en composer une, ce qui ne tarde pas à les jeter dans la bizarrerie ou dans la monstruosité. […] Mais il suffit ici du pressentiment, puisque aussi bien d’autres que Sainte-Beuve en allaient tirer bientôt toute une conception nouvelle de la critique ; — et c’est ainsi qu’après avoir été l’un des plus solides appuis du romantisme naissant, nul n’a plus fait contre lui que l’auteur des Confessions de Joseph Delorme, en devenant, dans sa maturité, l’auteur des Causeries du lundi. […] Si le lecteur ne tire pas d’un livre la moralité qui doit s’y trouver, c’est que le lecteur est un imbécile, ou que le livre est faux au point de vue de l’exactitude » [Cf.  […] — Observations à ce sujet ; — et qu’avec d’autres qualités, plus lyriques, — sa méthode est substantiellement analogue à celle d’Augustin Thierry ; — mais son inspiration sensiblement plus catholique ou moins hostile à l’Église. — C’est ce qui rend plus surprenant que ces premiers volumes n’aient pas tiré tout de suite Michelet de pair ; — et que les « romantiques » n’aient pas reconnu d’abord en lui l’un des plus grands d’entre eux. — Mais d’autres travaux, à ce moment même, le détournent de l’histoire pittoresque, — vers la philosophie de l’histoire ; — en même temps que son ami Quinet ; — et sa nomination au Collège de France, 1837, — les précipite ensemble tous les deux dans la politique militante. […] Le Christ au Mont des Oliviers]. — Qu’à tous ces égards le pessimisme de Vigny est de la nature de celui de Pascal ; — et qu’on en trouve au surplus la preuve dans les conséquences qu’il en tire ; — si son horreur de la condition humaine se change en pitié de ses semblables [Cf. son Journal, à dater de 1835] ; — cette pitié en amour [Cf. 

2442. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Elle devait chanter à côté de lui, il devait l’accompagner : tout est oublié ; il la regarde marcher et s’arrêter et prendre sa musique : « Je la regardais avec un air si extraordinaire, à ce que l’on m’a dit depuis, que je ne doute pas que ce ne fût cela qui la fit rougir, car je la vis rougir jusqu’aux yeux ; elle laissa tomber sa musique, sans que j’eusse l’esprit de la relever ; et quand il fut question de prendre mon violon, il fallut que mon voisin me tirât par la manche. […] L’indulgence qu’on a pour les autres, on ne doit point sans doute la porter à l’égard de soi-même ; il faut autant que possible ne se rien passer : mais, enfin, c’est une règle bien essentielle dans la conduite, de ne jamais tirer raison d’une première faute pour en commettre une nouvelle, comme un désespéré qui le sait et qui s’abandonne.

2443. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

C’est pis qu’une cantatrice, c’est un auteur ; on regarde au dos pour savoir si elle n’a pas écrit : « Bon à tirer, porter vite à l’imprimerie. » Pope a donné quelque part la recette avec laquelle on peut faire un poëme épique : prendre une tempête, un songe, cinq ou six batailles, trois sacrifices, des jeux funèbres, une douzaine de dieux en deux compartiments, remuer le tout jusqu’à ce qu’on voie mousser l’écume du grand style. […] Dire que le bon goût est rare, qu’il faut réfléchir et s’instruire avant de décider, que les règles de l’art sont tirées de la nature, que l’orgueil, l’ignorance, le préjugé, la partialité, l’envie pervertissent notre jugement, qu’un critique doit être sincère, modeste, poli, bienveillant, toutes ces vérités pouvaient alors être des découvertes, aujourd’hui point.

2444. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Napoléon tira de cette opposition une puérile vengeance, en ordonnant à M. de Talleyrand de recevoir les princes espagnols prisonniers dans son château de Valencay, changé en prison royale, comme pour compromettre par là son ministre dans la mesure qu’il avait le plus réprouvée, en donnant à ce ministre l’apparence du rôle de geôlier de la dynastie des Bourbons. […] Wagram effaça cette défaite, mais à condition de se hâter d’en tirer une paix douteuse.

2445. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Cette timidité l’a forcé d’user des petits ressorts de la magie, tandis qu’il pouvait tirer un parti immense du tombeau de Jésus-Christ qu’il nomme à peine, et d’une terre consacrée par tant de prodiges. […] Il ne me convient plus, dans un tel état, de parler de ma mauvaise fortune obstinée, ou de me plaindre de l’ingratitude du monde qui a remporté sa victoire en me conduisant indigent à ma tombe, tandis que j’avais toujours espéré que cette gloire (quelque chose que soit la gloire) que mon siècle va tirer de mes écrits ne m’aurait pas laissé mourir sans récompense.

2446. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Je ne m’en glorifie pas, puisque les berceaux sont tirés au sort pour ceux qui viennent au monde, mais je ne m’en humilie pas non plus, puisque le premier bonheur de la vie est de naître à une bonne place au soleil et à une bonne place dans le cœur de ses contemporains. […] Elles détellent les mules et les laissent en liberté, près du fleuve rapide, brouter les gras pâturages ; puis de leurs mains elles tirent du chariot le linge et le plongent dans l’onde ; elles le foulent à l’envi dans ces profonds bassins.

2447. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

— ne fut d’une construction plus simple, dans sa donnée et dans ses éléments ; jamais bulle de savon ne fut mieux, d’un souffle, tirée d’un plus humble fuseau ; mais ce souffle est d’une délicieuse pureté, et jamais détails, d’une si simple donnée, ne furent plus inattendus et plus charmants. […] Les ennemis du catholicisme n’avaient pas manqué de voir le parti qu’ils pouvaient tirer, dans l’intérêt de leurs passions et de leurs idées, de ces hommes si romanesquement, si surnaturellement historiques, et dont la gloire trempait, par en bas, dans des calomnies qu’il s’agissait de faire monter toujours plus haut.

2448. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Je vis que ce qu’on y appelait utile n’était autre chose qu’une influence étroite et précaire sur quelques objets la plupart minutieux, influence qui tirait son principe du sein des abus mêmes ; je répugnai dans cette pensée à des engagements irrévocables dans de pareilles voies.

2449. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Joinville puisa cette fois dans son bon sens encore plus que dans aucune interprétation superstitieuse la force de résister à son saint maître : il lui opposa, pour ne pas le suivre, les plus légitimes raisons, les raisons tirées de l’intérêt de ses vassaux et de son peuple, les seules qui, auprès de saint Louis, pussent faire balance à l’intérêt de la foi.

2450. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Il en est tiré d’abord, et peut-être il s’en plaint tout bas ; il est saisi d’une main sévère et appliqué avec toutes ses forces à des labeurs qui semblent longtemps ingrats et durs.

2451. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Si cette rhétorique ne lui réussissait pas assez vite, il se mettait à prendre le pan de mon habit entre ses dents et à le tirer de toute sa force.

2452. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Ce n’est plus en compagnie de son amie, c’est seul, à une saison moins belle et quand un pied de femme ne se tirerait pas aisément des mauvais pas, qu’il fait ses excursions et qu’il va à la découverte du pays.

2453. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

douce, simple, m’aimant uniquement, crédule sur ma conduite qui était un peu irrégulière, mais dont la crédulité était aidée par le soin extrême que je prenais à l’entretenir, et par l’amitié tendre et véritable que je lui portais. » Mme Du Deffand est très bien traitée dans ces Mémoires, et s’y montre presque sans ombre, sous ses premières et charmantes couleurs ; mais la personne évidemment que le président a le plus aimée est Mme de Castelmoron, « qui a été pendant quarante ans, dit-il, l’objet principal de sa vie. » La page qui lui est consacrée est dictée par le cœur ; il y règne un ton d’affection profonde, et même d’affection pure : « Tout est fini pour moi, écrit le vieillard après nous avoir fait assister à la mort de cette amie ; il ne me reste plus qu’à mourir. » On raconte que dans les derniers instants de la vie du président et lorsqu’il n’avait plus bien sa tête, Mme Du Deffand, qui était dans sa chambre avec quelques amis, lui demanda, pour le tirer de son assoupissement, s’il se souvenait de Mme de Castelmoron : Ce nom réveilla le président, qui répondit qu’il se la rappelait fort bien.

2454. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Il était réellement sous le charme : il l’admirait, il la proclamait sublimée, il la trouvait belle ; il se plaît, dans ses lettres à Falkener, à donner son adresse chez elle, au château de Cirey : « Là, disait-il, vit une jeune dame, la marquise du Châtelet, à qui j’ai appris l’anglais, etc. » Trois choses pourtant me gâtent Cirey, a dit un fin observateur : — d’abord, cette manie de géométrie et de physique qui allait très peu à Voltaire, qui n’était chez lui qu’une imitation de la marquise, et par laquelle il se détournait de sa vocation vraie et des heureux domaines où il était maître ; — en second lieu ces scènes orageuses, ces querelles de ménage soudaines, rapides mais burlesques, dont nous sommes, bon gré mal gré, informés, et qui faisaient dire à un critique de nos jours qu’il n’aurait jamais cru que l’expression à couteaux tirés fût si près de n’être pas une métaphore ; — en troisième lieu, cette impossibilité pour Voltaire, même châtelain, même amoureux, même physicien et géomètre de rencontre, de n’être pas un homme de lettres depuis le bout des nerfs jusqu’à la moelle des os ; et dès lors ses démêlés avec les libraires, ses insomnies et ses agitations extraordinaires au sujet des copies de La Pucelle (voir là-dessus les lettres de Mme de Grafigny), ses fureurs et ses cris de possédé contre Desfontaines et les pamphlets de Paris.

2455. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

La Beaumelle ne se donne pas tant de souci ; il ne tire ses additions que de lui-même, et les prend, comme on dit, sous son bonnet.

2456. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

C’était un chapitre du troisième volume des Causeries d’un Curieux, alors sous presse ; l’auteur en avait fait un extrait à part, tiré à 240 exemplaires ; imprimerie de Pion, rue Garancière, 8.

2457. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Quelques citations nous familiariseront vite avec la manière du peintre ; outre qu’elles sont agréables, elles sont nécessaires pour motiver notre jugement et pour associer le lecteur aux conclusions que nous allons tirer au fur et à mesure : « Onze heures.

2458. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Je ne saurais dire si le musicien qui jouait du biniou s’en acquittait avec talent, mais il en jouait du moins avec une violence telle, il en tirait des sons si longuement prolongés, si perçants et qui déchiraient avec tant d’aigreur l’air sonore et calme de la nuit, que je ne m’étonnais plus, en l’écoutant, que le bruit d’un pareil instrument nous fût parvenu de si loin ; à une demi-lieue à la ronde, on pouvait l’entendre… Les garçons avaient seulement ôté leurs vestes, les filles avaient changé de coiffes et relevé leurs tabliers de ratine : mais tous avaient gardé leurs sabots, — disons comme eux leurs bots, — sans doute pour se donner plus d’aplomb et pour mieux marquer, avec ces lourds patins, la mesure de cette lourde et sautante pantomime appelée la bourrée.

2459. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Honoré Bonhomme va demandant la vérité vraie, que l’histoire ne dit pas toujours… » Et à la suite de ce préambule, on nous prouve, moyennant citations louangeuses tirées d’articles de journaux, et conséquemment au système de la vérité vraie, que M. 

2460. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Je m’en suis tirée en Dauphine un peu novice, mais cela n’a pas mal fait… » J’aime à observer ce premier développement d’une nature pure, honnête et droite ; c’est, quoi qu’il arrive, un premier fonds inestimable.

2461. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Telle est parmi nous la situation des femmes, et, malgré l’exception qu’a formée le nouveau récipiendaire de l’Académie, je crois que, généralement parlant, il est vrai de dire que, pour atteindre maintenant au degré d’intérêt dont elle est susceptible, l’Élégie doit parler par la bouche des femmes, ou du moins en leur nom ; elles seules, dit-on, savent donner de la grâce aux passions malheureuses : en vérité, on peut leur laisser cet avantage-là. » Nulle femme ne se trouva plus que Mme Valmore dans la situation supposée par Mme Guizot, et aucun poëte élégiaque n’a tiré en effet de son cœur des accents plus plaintifs et plus déchirants.

2462. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Le plus court et le plus sûr est de le renvoyer, car les Nouvelles ecclésiastiques 30 triompheront sur un homme de ce caractère… » J’ai cité cette lettre parce qu’elle me paraît caractériser à merveille, dans le ton paterne du bon octogénaire, le genre de libertinage, comme il disait, dont la muse de Gresset s’était rendue coupable ; c’est un petit libertinage léger et sans trop de fond, une gaieté de jeunesse très-émoustillée, et qui ne tire pas tellement à conséquence qu’elle ne fasse encore sourire le digne cardinal au moment où il la condamne : on sent que, s’il ne faut plus garder Gresset chez les jésuites, il n’est pas perdu sans ressources pour cela, et qu’il pourra revenir à résipiscence, comme y revint ce Vert-Vert lui-même qu’il a si gentiment chanté.

2463. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Si j’avais à choisir entre les pièces pour achever l’idée du portrait, au lieu des joujoux gothiques déjà indiqués, au lieu des tulipes hollandaises et des miniatures sur émail de Japon qui ne font faute, je tirerais de préférence, du sixième livre intitulé les Silves, les trois pages de nature et de sentiment, Ma Chaumière, Sur les Rochers de Chévremorte, et Encore un Printemps.

2464. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Si vous n’avez pas acquis une idée de plus par la cause même de votre impression, si la tragédie qui vous a fait pleurer ne laisse après elle ni le souvenir d’une observation morale, ni celui d’une situation nouvelle tirée du mouvement même des passions, l’émotion qu’elle excite en vous est un plaisir plus innocent que le combat des gladiateurs ; mais cette émotion n’agrandit pas davantage la pensée et le sentiment.

2465. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Cette idée, il l’a tirée d’une première vue d’ensemble de notre littérature.

2466. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Duruy, est un moraliste qui tire, à mesure, la morale de l’énorme drame dont sa scrupuleuse érudition a vérifié les innombrables scènes.

2467. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Griffin en tire presque une richesse de plus.

2468. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

L’analyse de ce principe n’avait révélé aucune trace d’art ; mais puisqu’il était ruineux, ne nous étonnons pas qu’on n’en ait pu tirer qu’une solution esthétique négative.

2469. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

L’analyse de ce principe n’avait révélé aucune trace d’art ; mais, puisqu’il était ruineux, ne nous étonnons pas qu’on n’en ait pu tirer qu’une solution esthétique négative.

2470. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Je crois, par exemple, qu’Aristote eût été fort surpris des choses que les scolastiques lui faisaient dire et même des préceptes tyranniques qu’un abbé d’Aubignac prétendait tirer de sa Poétique.

2471. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Elle en eut besoin dans sa condition pour se tirer de l’état social inférieur où la comédienne se trouvait encore au commencement du xviiie  siècle.

2472. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Cette parole est celle qui lui échappa dans la séance du 23 juillet 1789, à l’occasion des assassinats de Foulon et de Bertier, dont Lally-Tollendal tirait politiquement parti en les dénonçant : « Le sang qui vient de se répandre était-il donc si pur ? 

2473. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Mme Du Deffand n’eut de cesse qu’elle n’eût tiré cette jeune personne de sa province, et qu’elle ne l’eût logée avec elle au couvent de Saint-Joseph pour lui tenir compagnie, lui servir de lectrice et lui être d’une ressource continuelle.

2474. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Bazin était l’homme le plus propre à traverser sans ennui ces époques intermédiaires de l’histoire, et à en tirer un bon parti, un parti adroit et judicieux.

2475. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Ici le rideau se tire, et le second acte nous fait assister le matin à un lever d’une humeur bien différente.

2476. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

C’est alors qu’il conçut le projet de tirer de sa position au Jardin du roi un grand parti et de devenir l’historien de la nature.

2477. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Montrant Mazarin, habile à tirer parti de l’excès même des accusations et des haines, à les neutraliser et à les tourner à son profit : Le cardinal Mazarin, dit-elle, avait fait des injures ce que Mithridate avait fait du poison, qui, au lieu de le tuer, vint enfin, par la coutume, à lui servir de nourriture.

2478. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Me fiant peu à sa docilité, je me déterminai à m’y rendre moi-même, et, après avoir jeté un dernier coup d’œil du haut de l’Arapiles sur l’ensemble des mouvements de l’armée ennemie, je venais de replier ma lunette et me mettais en marche pour joindre mon cheval, quand un seul coup de canon, tiré de l’armée anglaise, de la batterie de deux pièces que l’ennemi avait placée sur l’autre Arapiles (le plateau d’en face), me fracassa le bras et me fit deux larges et profondes blessures aux côtes et aux reins, et me mit ainsi hors de combat.

2479. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Il s’en tire à merveille durant une page, mais à la longue cela s’aperçoit ; durant tout un livre, ce serait intolérable.

2480. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Aussi y eut-il un si merveilleux effet de bénédiction de Dieu envers elle, que, par un subit changement, tous ceux qui assistèrent au triste spectacle de sa mort devinrent tout autres hommes, noyèrent leurs yeux de larmes de pitié de cette désolée… Je supprime quelques traits de mauvais goût ; et il finit par remarquer que ce qu’il en dit n’est point par l’effet d’aucune partialité, que c’est la vérité seule qui l’oblige à parler ainsi, « vu qu’il n’y a personne si odieuse qui, finissant ses jours en public avec résolution et modestie, ne change la haine en pitié, et ne tire des larmes de ceux mêmes qui, auparavant, eussent désiré voir répandre son sang ».

2481. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Je ne vois pas pourquoi tant résister à ses invitations ; il faut tâcher d’être bien avec lui, et d’en tirer parti comme de l’homme le plus séduisant, le plus agréable et le plus célèbre de l’Europe ; pourvu que vous rien vouliez pas faire votre ami intime, tout ira bien.

2482. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il est donc faux de dire qu’il ne faut point avoir de goût exclusif, si l’on entend par là qu’il faut supporter dans les ouvrages de l’art la médiocrité, et même tirer parti du mauvais.

2483. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker d’avoir tiré de cette grande intelligence les dernières paroles où il salue l’idée du souverain Être et de l’immortalité.

2484. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

[NdA] Je tire ce récit non des Souvenirs d’Arnault, mais de sa Vie politique et militaire de Napoléon, publiée en 2 vol. in-folio en 1822 : c’est une histoire en tableaux et faite pour les planches lithographiées ; mais le texte a de l’intérêt et un mérite de rapidité et de concision.

2485. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Ce que je ne puis comprendre, c’est que l’on ne sente pas l’extrême originalité, la profondeur de ce système, les rares et merveilleuses beautés que Racine et Corneille en ont tirées.

2486. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

D’une simplicité toute féconde, cette conception a du moins pour elle l’innocence, si elle n’a pas le réel de la vérité, L’Église, en laquelle nous croyons, nous ; l’Église qui a tiré le voile du mystère sur le bonheur réservé à ses Justes, n’a pas défendu, que je sache, à l’imagination des hommes de se figurer cette félicité des élus, pourvu qu’on n’altérât jamais la pureté sans tache de cette félicité divine.

2487. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Même ceux qui tiennent pour certain que le Catholicisme doit périr et qui glorifient tous ceux qui l’attaquent ou par devant avec le glaive bravement tiré des doctrines franches, ou par derrière avec le stylet des réserves et des faux-fuyants, ne feront pas à M. 

2488. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Seul les caducs sont annihilés ; les forts au contraire tirent de tout ce qui les entoure des germes de force nouvelle et font servir le monde extérieur au renouvellement de leur propre personnalité.

2489. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Comment, plus tard, le minutieux Denys d’Halicarnasse, Longin, et ce qui reste d’élégants sophistes, Aristide, Dion, Thémiste, Libanius, Julien ; comment nul de ces Pères si lettrés, depuis Clément d’Alexandrie jusqu’à saint Basile, dans son traité du Profit à tirer de la poésie païenne ; comment nul scoliaste, depuis les fragments d’Aristarque jusqu’aux volumes d’Eustathe, n’auraient-ils jamais emprunté une citation, un fait, une parole, aux dix-sept tragédies du grand poëte lyrique ?

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