Le comte de Frise (Friesen), jeune seigneur allemand et neveu du maréchal de Saxe, très fat, très spirituel, se met en tête, un matin, de jouer au naturel le rôle de Lovelace ; il choisit son objet, il choisit aussi son confident : Pour rendre le roman complet dit Besenval, il fallait encore un Belfort, et j’en remplis le rôle sans en avoir le dessein. […] De tels éclats de rire déchirent le cœur, et, si spirituels que soient les gens, rien ne ressemble plus à des rires de fous, quand on sait quels écroulements il s’en est suivi et quels rochers menaçaient déjà de tomber sur toutes les têtes.
Bien imprudent et insensé celui qui, en quelque ordre que ce soit, appelle de ses vœux l’excès du mal sous prétexte d’un total et prochain redressement, et qui se plaint lorsqu’à la tête des pouvoirs humains (pour ne parler ici qu’humainement) se rencontrent la modération et la sagesse ! […] On l’y retrouve surtout dans les premières années, engendrant encore les tracasseries jusque dans son bonheur, se montant la tête pour son éternelle Pucelle ; car s’il avait eu tort de la faire, elle l’en a bien puni ; il se créait des dangers en idée, se voyait déjà décrété par un parlement, et tenait parfois ses paquets tout prêts, même en plein hiver et pendant les mois de neige, pour pouvoir d’un saut, s’il le fallait, franchir la frontière.
Or, ce Dépôt qui n’est point gardé par un dragon à plusieurs têtes, comme le jardin des Hespérides ou comme les Archives des Affaires étrangères, mais où l’on est accueilli avec bienveillance et libéralité, contient, en ce qui concerne Louvois, une masse de correspondance qui va de 1661 à 1691 et ne remplit guère moins de neuf cents volumes. […] Vauban écrit pour lui, et à sa demande, un Mémoire pour servir d’instruction sur la conduite des sièges : « un livre, disait-il en hochant la tête, rempli de la plus fine marchandise qui soit dans ma boutique, et telle qu’il n’y a assurément que vous dans le royaume qui en puisse tirer de moi de semblable. » Il fait de Louvois son élève et son confident dans l’art des sièges.
Ce seigneur raconta à Montaigne que ce changement lui était venu en un instant, un jour qu’il était chez lui plein d’ennui pour la mort d’un sien frère que le duc d’Albe avait fait mourir comme complice des comtes d’Egmont et de Homes : il tenait sa tête appuyée sur la main à cet endroit ; de façon que les assistants pensèrent, quand il eut retiré sa main, que c’était de la farine qui lui était tombée là par hasard. […] Il juge très bien, à première vue, du changement de configuration du sol, et de l’ensevelissement de l’ancienne Rome : la forme des montagnes et des pentes n’est plus du tout la même, et il tenait pour certain « qu’en plusieurs endroits nous marchions sur la tête des vieux murs et sur le faîte des maisons tout entières. » La liberté de vie à Rome lui paraît bien différente de celle de Venise : la sûreté y manque.
La vignette qui figurait en tête des lettres d’invitation aux chasses impériales était de lui. […] Thiers, à cette époque de sa vie (et je ne sais s’il a persévéré dans cette théorie qui me paraît bien près d’être la vraie), pensait qu’on raisonne beaucoup trop sur l’idéal et qu’on se creuse terriblement la tête pour en demander l’expression aux œuvres des anciens maîtres.
Il avait secoué la tête comme fait un dormeur quand on lui passe doucement une plume sous le nez. […] Elle a tout à la fois des Pères de l’Église et du Voltaire, et du roman noir dans sa tête et du Byron, et avec cela de brusques éclats de joie enfantine ; mais ils sont courts.
s’écriait-il, si l’on veut me perdre auprès du roi, je prendrai la poste, j’irai le trouver ; je m’assure qu’un si grand monarque, et qui a tant de belles qualités personnelles, ne m’abandonnera point ; j’irai même servir de volontaire auprès de sa personne, en cas qu’il entreprenne quelque chose ; car j’ai fortement dans la tête de mériter son estime. » — « Mais, lui répondait-on, les princes comme Votre Altesse Royale n’ont point accoutumé d’aller ainsi ; une telle démarche surprendrait fort le roi de France. » — « Non, répliquait-il, je sais bien que je n’ai rien à craindre en me jetant entre les bras du roi, qui est aussi honnête homme que grand monarque. » Et Louis XIV, touché à l’endroit chatouilleux, s’adoucissait pour le jeune prince, dont les effusions lui arrivaient par le canal de M. de La Trousse et de Louvois, tandis que son envoyé officiel, l’abbé d’Estrades, lui écrivait dans le même temps : « L’on doit cette justice à M. le duc de Savoie que c’est un prince qui a beaucoup d’esprit, qui est fort éloigné de tous les amusements ordinaires aux personnes de son âge, et que toutes ses occupations marquent des sentiments fort élevés, et beaucoup d’inclination pour la guerre et pour les affaires. » Le duc de Savoie marchait sur ses dix-huit ans. […] Catinat, à la tête d’une petite armée, reparaît en Piémont en 1690 : c’est l’homme que Louvois aime à opposer de ce côté aux ennemis de la France et qui possède le mieux cet échiquier.
Entre Spenser et Milton, il faut placer Shakespeare à la tête de sa puissante pléiade dramatique. […] Et là-dessus, ajoute-t-il, nous convînmes de jeter sur le papier toutes les réflexions spontanées qui nous passeraient ainsi par la tête, tout le temps que nous serions ensemble.
Quand Ajax (dans Homère) s’efforce de lancer quelque énorme quartier de rocher, le vers aussi travaille et les mots marchent pesamment : autre chose, quand la légère Camille (chez Virgile) rase la plaine, vole sans les courber sur la tête des épis, ou effleure la cime des vagues. » De tels morceaux, on le conçoit, sont intraduisibles ; et quand Delille, avec sa grande habileté, imitant ce passage au quatrième livre de l’Homme des Champs, vient nous dire : Peignez en vers légers l’amant léger de Flore ; Qu’un doux ruisseau murmure en vers plus doux encore…, il manque tout d’abord à la précision et à la sobriété de Pope qui dit Zéphyr tout court et non pas l’amant de Flore. […] Ne serait-il pas temps, hommes éclairés et qui êtes à la tête des intelligences, de faire un effort de plus et de donner à tous un exemple ?
À un moment, un ami s’était joint à eux, Lanthenas, une de ces âmes tendres et de ces têtes peu sûres d’elles-mêmes qui ont besoin de s’appuyer et de se donner. […] Le préjugé vulgaire nommait Barbaroux, — « Barbaroux dont les peintres ne dédaigneraient pas de prendre les traits pour une tête d’Antinoüs !
Il s’agissait de montrer à l’Europe, dans la guerre inégale où l’on s’était engagé sur le pied d’auxiliaires et sans volonté ni plan arrêté au début, que la France avait décidément un roi, et de porter Louis XV à faire comme ses glorieux et redoutés prédécesseurs, à paraître à la tête de ses armées. […] Les exemples que j’en pourrais donner seraient trop fastidieux. — Au printemps suivant (mai 1744), à grand renfort de Mme de Châteauroux, du duc de Richelieu et du maréchal de Noailles, ligués et conspirant pour sa gloire, Louis XV se décide enfin ; il visite ses frontières du nord et se met à la tête de l’armée.
La marche fut ouverte par le régiment des gardes, le maréchal à la tête, ensuite les officiers et les archers de la maréchaussée, puis le duc de Gèvres, gouverneur de Paris, précédé des archers de ville et suivi du prévôt des marchands et de tout le Corps de ville. […] Au sortir, les princes et princesses allèrent à une grande collation qui leur avait été préparée à l’Hôtel de ville ; elle fut suivie d’un grand bal et d’un beau feu d’artifice qui finit toute cette fête, qui n’aura, je crois, de longtemps sa pareille. » C’est au sortir de cette cérémonie qu’un des ancêtres de Mirabeau qui servait dans le régiment des gardes, passant sur le Pont-Neuf à la tête de ses hommes, fit arrêter devant la statue d’Henri IV et saluant le premier de la pique, il s’écria : « Mes amis, saluons celui-ci, il en vaut bien un autre !
Parmi les lettres ajoutées à cette deuxième édition par M. d’Arneth, on trouve en tête une Instruction de l’impératrice à sa fille, datée du jour même du départ (21 avril 1770), un règlement de conduite à lire tous les mois et dont la première partie se rapporte toute à la religion, à la dévotion et aux prières. […] Si vous voulez, vous pouvez ajouter, pour rendre la chose plus énergique : « L’impératrice, ma mère, m’a expressément défendu de me charger d’aucune recommandation. » N’ayez point de honte de demander conseil à tout le monde et ne faites rien de votre propre tête… » Et en ce qui est des correspondances que peut entretenir la dauphine et des précautions à y apporter, les conseils ne sont pas moins sages, pleins de réserve et de restrictions.
A un endroit ils nous montrent une entrée de bal, un défilé de femmes au moment où elles arrivent dans le salon : il y en a six, six profils de suite décrits par eux avec un art, un soin, une ciselure, une miniature des plus achevées ; mais les peintres écrivains ont beau faire, ils ont beau dire, ils ont beau multiplier et différencier les comparaisons de médaillons et de camées, je ne me fais pas une idée distincte de ces six têtes, je les confonds malgré moi : six, c’est trop pour mon imagination un peu faible ; la prose n’y suffit pas : j’aurais besoin d’avoir les objets mêmes sous les yeux, ici la confusion des moyens d’expression entre un art et l’autre est sensible. […] Le mot Idées, qui est en tête du recueil, n’est pas ce qui y domine ; il y a moins de pensées et de réflexions proprement dites que de croquis, de coins de tableaux pris sur le fait, de sensations ou de boutades.
Sur trente têtes trente fagots sautillaient, et trente voix formaient, comme en partant, même concert avec même refrain. […] Jasmin peut se permettre, avec sa qualité, avec sa profession, bien des libertés et des familiarités railleuses ; il peut ne s’épargner aucun des bons mots qui naissent du sujet ; il dira que le peigne et la plume vont très-bien ensemble, et que tous deux font un travail de tête ; il dira à ses confrères poëtes qu’il les défie, et qu’il est bien sûr, après tout, de leur faire la barbe d’une façon ou d’une autre ; il ajoutera qu’il n’est pas moins sûr de ne jamais perdre son papier, et que, si ses vers sont mauvais,… eh bien, il en fait des papillotes.
Pareillement, à condition d’entretenir la halle et de fournir gratis les poids et mesures, il prélève un droit sur les denrées et les marchandises apportées à sa foire ou à son marché : à Angoulême le quarante-huitième des grains vendus ; à Combourg, près de Saint-Malo, tant par tête de bétail ; ailleurs, tant sur les vins, les comestibles et le poisson42. […] Dans la baronnie de Choiseul, près de Chaumont en Champagne, « les habitants sont tenus de labourer ses terres, de les semer, de les moissonner pour son compte, d’en amener le produit dans ses granges ; chaque pièce de terre, chaque maison, chaque tête de bétail lui paye une redevance ; les enfants ne succèdent aux parents qu’à condition de demeurer avec eux ; s’ils sont absents à l’époque du décès, c’est lui qui hérite ».
La tête, c’est en latin un tesson de pot ; la gorge est un gouffre, et le talent, un poids. […] Et chez nous c’est chicane de grammairien que de ne pas goûter ce fier début d’une ode de Malherbe : Donc un nouveau labeur à tes armes s’apprête ; Prends ta foudre, Louis, et va comme un lion Donner le dernier coup à la dernière tête De la rébellion.
Ils parlent peinture ou littérature avec les mêmes cris, les mêmes tapes sur l’épaule, les mêmes yeux hors de la tête, et presque le même style que les ouvriers zingueurs discutant de leur métier dans la noce à Coupeau, ou qu’un garçon de l’abattoir expliquant les finesses de son art devant le comptoir d’un marchand de vin. « … Bongrand l’arrêtait par un bouton de son paletot en lui répétant que cette sacrée peinture était un métier du tonnerre de Dieu. » — « Ça y est, mon vieux, crève-les tous ! […] Ses mains tâtonnantes étreignaient le vide, sa tête trop lourde pliait sur sa nuque délicate.
Hugo un exemple de comparaison symbolique : Il (Napoléon) a bâti si haut son aire impériale, Qu’il nous semble habiter cette sphère idéale Où jamais on n’entend un orage éclater ; Ce n’est plus qu’à ses pieds que gronde la tempête ; Il faudrait pour frapper sa tête Que la foudre pût remonter. […] Nous en prendrons un autre exemple dans René : « Souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête… Un secret instinct me tourmentait : je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur ; mais une voix du ciel semblait me dire : — Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. — Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie… » Nous pourrions multiplier les citations à l’infini ; car pour trouver des exemples de cette forme de style, il suffit presque de jeter au hasard les yeux sur quelques-uns des écrits qui ont fait bruit dans notre siècle, tandis qu’on se fatigue à en chercher dans la littérature classique.
À cette première nouvelle qu’il eut de l’appel du sultan Mahmoud, il tressaillit : « Mon étoile endormie, dit-il, s’éveilla ; une foule de pensées surgirent dans ma tête. […] Mon sort était écrit au-dessus de ma tête, et je devais mourir de la main de mon père.
Je ne demande pas qu’on soit précisément comme Goethe et qu’on ait toujours son front de marbre au-dessus de l’ardent nuage ; mais lui, M. de Balzac, il voulait (et il l’a écrit) que l’artiste se précipitât dans son œuvre tête baissée, « comme Curtius dans le gouffre ». […] Enfin, lui, qui admirait tant Napoléon, et que ce grand exemple, transposé et réfléchi dans la littérature, éblouissait comme il en a ébloui tant d’autres, j’aurais voulu qu’il laissât de côté, une bonne fois, ces comparaisons, ces émulations insensées et à l’usage des enfants, et, s’il lui fallait absolument chercher son idéal de puissance dans les choses militaires, qu’il se posât quelquefois cette question, bien faite pour trouver place dans toute bonne rhétorique française : « Lequel est le plus beau, un conquérant d’Asie entraînant à sa suite des hordes innombrables, ou M. de Turenne défendant le Rhin à la tête de trente mille hommes ?
Pourtant Frédéric se forma vite ; il se forme à vue d’œil dans cette correspondance, et il vient un moment où il possède et manie sa prose française de manière à tenir tête vraiment à Voltaire. […] Les honneurs d’ailleurs ne tournent point la tête à d’Alembert : il est touché, mais non enivré.
Le Précis historique sur les Maures, qui est en tête de Gonzalve de Cordoue, semble indiquer que, s’il avait pu s’affranchir d’un genre faux, il serait devenu capable d’études sérieuses. […] Il avait terminé l’un des livres de ses Fables par ces vers, qui pourraient être plus forts d’expression, mais qui sont pleins de sentiment et de philosophie, et qu’il a intitulés Le Voyage : Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain, où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s’endormir, On appelle cela naître, vivre et mourir : La volonté de Dieu soit faite !
On disait tout haut de lui à la Cour : « M. le procureur général est un séditieux. » Mandé un jour à Marly avec les autres membres du parquet, il crut que l’orage allait enfin éclater sur sa tête, et qu’il pourrait bien aller coucher le soir à la Bastille. […] Peut-être faut-il louer en cela la prudence ; mais la prudence n’est guère une vertu de poète ; plus j’étudie son caractère, plus il me paraît singulier ; à le voir, à l’entendre parler, on ne se défierait jamais qu’il pût sortir de sa tête d’aussi beaux vers que les siens, adeo ut plerique, etc.
Ce ton nous fait sentir déjà ce que devient aisément l’amour propre de La Harpe quand sa tête se monte et qu’il s’irrite de la contradiction même. […] Mme Suard, qui lui avait voulu du bien dans un temps, a dit de lui : « Il avait une belle tête et d’une expression aimable ; mais sa taille était petite et sans aucune élégance. » Certaine inégalité d’épaule semblait même indiquer une vague intention première de la nature de pousser plus loin l’irrégularité ; mais cette velléité primitive s’était arrêtée à temps.
Pendant les négociations de la paix des Pyrénées, Mazarin, s’entretenant avec le Premier ministre d’Espagne, don Louis de Haro, lui parlait des femmes politiques de la Fronde, de la duchesse de Longueville, de la duchesse de Chevreuse, de la princesse Palatine, comme étant capables chacune de renverser dix États : — Vous êtes bien heureux en Espagne, ajouta-t-il ; vous avez, comme partout ailleurs, deux sortes de femmes, des coquettes en abondance, et fort peu de femmes de bien : celles-là ne songent qu’à plaire à leurs galants, et celles-ci à leurs maris ; les unes ni les autres n’ont d’ambition que pour le luxe et la vanité ; elles ne savent écrire, les unes que pour des poulets, les autres que pour leur confession : les unes ni les autres ne savent comment vient le blé, et la tête leur tourne quand elles entendent parler d’affaires. […] Berwick, en signifiant à la Cour la nécessité de quitter Madrid, avait proposé un plan fait pour séduire : c’était que la reine vînt se mettre en personne à la tête de son armée, qu’elle lançât de là des proclamations et appelât tout ce qu’il y avait de loyaux sujets à combattre sous son étendard : « La princesse des Ursins et M.
Ils devraient, ce me semble, laisser leurs disputes jusqu’à ce que la paix générale fût faite, et ensuite recommencer leurs guerres civiles, s’arracher leurs bonnets de la tête, s’ils en avaient envie ; mais présentement nous avons des choses plus sérieuses ; et, pour moi, j’ai si fort regardé ces deux partis avec indifférence, que je n’ai pas voulu presque en entendre parler, et je cherche toujours mes confesseurs exempts de haine ou d’amitié pour eux. […] Mme de Maintenon, à la vue de tant de maux, s’incline, s’agenouille, et, pourvu qu’il y ait repos et relâche après cet excès de souffrances, elle ne recule devant aucune extrémité : Nous ne pouvons faire la guerre, dit-elle (24 juin 1709) : il faut bien baisser la tête sous la main de Dieu, quand elle veut renverser les rois et les royaumes ; voilà, madame, ce que j’ai toujours craint… Nous avons éprouvé une suite de malheurs dont la France ne peut se relever que par une longue paix ; et la famine, qui est le dernier et le plus grand de tous, nous met aux abois.
Vous n’ignorez pas, monsieur, que je m’occupe de ces études uniquement par goût, ou, pour mieux dire, par boutades et quand je n’ai point d’autre fantaisie ; que je n’y attache nulle importance et n’en tire nul profit ; que jamais on n’a vu mon nom en tête d’aucun livre… On entrevoit ici non seulement l’indépendance et le caprice, mais un peu la prétention et le travers. […] [NdA] Quand je dis que Courier est plus hardi que Gray, cela doit s’entendre de la hardiesse à se produire et à tenir tête au monde ; car, en ce qui est du goût, Gray a plus de hardiesse que Courier.
Ôtez ce mot de grandeur, ôtez ces noms de Platon et d’Aristote qui sont de trop, il reste vrai que l’abbé Barthélemy avait la plus belle tête ; trop de maigreur, mais tous les avantages extérieurs qui préviennent, et des manières qui faisaient de ce jeune savant le plus naturel des gens du monde : « L’abbé Barthélemy est fort aimable et n’a d’antiquaire qu’une très grande érudition » ; c’est ce que dit Gibbon et ce que répètent tous ceux qui l’ont connu. […] Je rougis mille fois par jour de ces infiniment petits monuments qui sont dans notre infiniment petit Cabinet des antiques ; je rougis de l’avoir montré aux étrangers : qu’auront-ils pensé de l’intérêt que je prenais à tous ces bronzes de 7 à 8 pouces de hauteur, à ces deux ou trois têtes mutilées dont je voulais leur faire admirer la grandeur et la rareté ?
Frédéric, en les recevant, en y reconnaissant cette inscription que Jordan mettait en tête de tous ses livres : « Jordani et amicorum », se sentit tout ému : Je vous avoue que j’ai eu les larmes aux yeux lorsque j’ai ouvert les livres de mon pauvre défunt Jordan, et que cela m’a fait une véritable peine de penser que cet homme que j’ai tant aimé n’est plus. […] Aussi souvent battu que victorieux ; seul, ayant la moitié de l’Europe sur les bras ; forcé de tenir tête avec cent vingt mille hommes (quand il est au complet) à trois cent mille ; calomnié par d’odieux libelles dont sa mémoire n’a triomphé encore aujourd’hui qu’imparfaitement, il a bien des paroles simples et magnanimes.
Nous avons dit que les idées sont des espèces et que la lutte des idées est une lutte d’espèces ; en voilà une preuve nouvelle : l’humanité porte dans sa tête les embranchements, les ordres, les classes, les familles, les genres des Cuvier, des Geoffroy Saint-Hilaire et des Jussieu. […] Dans la tête de Franklin, le paratonnerre était préparé d’avance, et l’accident en apparence fortuit, en réalité nécessaire, qui y lit se joindre les idées d’étincelle électrique et de foudre, introduisit dans le monde des idées une espèce nouvelle et viable.
Préface I Il a paru opportun à plusieurs personnes qu’en tête de ces Palais Nomades, qui furent, il y a dix ans, le livre d’origine du vers libre, l’auteur inscrivît à nouveau, sinon avec plus de détails, au moins avec plus d’ensemble, ce qu’il eut à dire sur la formule nouvelle de la poésie française ; et l’auteur admet que cela peut avoir quelque utilité, non seulement (il ne le cèle point) parce qu’il éprouve quelque fierté d’avoir donné le signal et l’orientation de ce mouvement poétique, mais aussi parce qu’il tient à assumer de cette tentative, bonne ou mauvaise, vis-à-vis des adversaires, toute sa part de responsabilité. […] Il me semblait insuffisant de mettre au sonnet la tête en bas, de jouer sur le rythme, d’agrandir les perspectives de la symétrie.
Vous comprendrez, d’ailleurs, que le secrétaire perpétuel ne puisse que se taire aujourd’hui, quand, demain, le directeur de l’Académie sera publiquement le digne et éloquent interprète des grands regrets de la compagnie, frappée au cœur et à la tête. […] Dumas, le chapeau sur la tête, est froid, poli, mais mordant.
D’après les Peulh, les gotteré ont une tête énorme. […] Le sabre qui coupe des têtes multiples d’un coup unique (Voir B.
La tête de mort). — « Un fils adoptif n’a pas pour son père les sentiments d’un fils » — (Guéhuel et damel). […] Guéhuel et damel, —La tête de mort, —Les bons coureurs, —Quels bons camarades !
Les fleurs, la fraîcheur de la chambre, l’ennui de bâiller seul, la gaieté du ciel, toutes ces idées, avec tous leurs détails, passent et reviennent dans votre tête, agréables ou fâcheuses, avec des commencements et des chocs de désirs contraires ; tout à coup vous apercevez un volume nouveau, les Contemplations de Victor Hugo. […] Quand vous aurez envie ou besoin de l’autre chose, prenez un port d’armes, et faites écrire en tête, en bien grosses lettres : Par permission de l’autorité. » 14.
Henri III lui-même avait institué des confréries, et, suivi de ses mignons, marchait à leur tête. […] Voyez la fin de l’éloge de Henri IV, par La Harpe, et l’estampe qui est à la tête du discours.
Seule tu peux assurer une tranquille paix aux mortels : car les rudes travaux de la guerre sont sous la loi de Mars tout-puissant, qui souvent se jette sur ton sein, comme enchaîné par la blessure d’un immortel amour ; et, les yeux élevés vers toi, la tête mollement renversée en arrière, nourrit d’amour ses regards avides, aspirant à toi, ô déesse ! […] Ainsi raisonnent les hommes, quand, à l’alentour d’une table, souvent ils tiennent la coupe, et que, couronnant leur tête de fleurs, ils disent volontiers : Ce plaisir n’a qu’un moment pour les pauvres humains ; tout à l’heure il aura passé, et il ne sera pas permis de le rappeler jamais. » Cette fois encore un prélude avait retenti, non pas sans doute de la lyre sacrée, mais de cette corde mélancolique et douce que devait bientôt toucher Horace avec plus d’insouciance que de triste certitude, et en égayant son âme par les douceurs de la vie sans prétendre la convaincre qu’elle doit à jamais mourir.
Elle dit le mot charmant, une tête charmante… jeune, charmant, etc., de manière, il paraît, à faire frémir l’auditoire de tendresse.
Déjà l’énergie du Comité, ou, pour mieux dire, du triumvirat qui en était sorti, n’était plus en rapport avec les besoins publics ; sa tyrannie, dès lors, parut exorbitante, intolérable, elle dut cesser ; et, comme les tyrannies ne cessent jamais de bon gré, et que celle-ci s’était fermé tout retour par ses excès, elle croula de force, et comme de toutes pièces, sur la tête des oppresseurs.
En ce moment surtout, il semble que pour l’Europe entière les anciennes générations expirent dans la personne de leurs plus augustes représentants ; il se fait un renouvellement solennel ; les têtes sacrées des maîtres de l’intelligence et de l’art tombent de toutes parts moissonnées.
Dans l’Avertissement placé en tête des second et troisième volumes de cet ouvrage24, qui parurent en 1836, j’ai dit, et il m’avait semblé, en effet, qu’un quatrième volume me suffirait pour épuiser les noms d’auteurs que je tenais à traiter encore.
Labitte en tête de ses Études littéraires.
Nous venons de, la lire à tête reposée, et de tâcher de nous former un avis sur cette œuvre controversée, qui résume l’observation de plusieurs années que l’auteur a données au mouvement du monde.
Le jour où, acculé contre une petite porte de l’Hôtel-de-Ville, monté sur une chaise de paille, visé par des canons de fusils, la pointe des sabres lui piquant les mains et le forçant à relever le menton, gesticulant d’un bras tandis que de l’autre il serrait sur sa poitrine un homme du peuple, un loqueteux qui fondait en larmes le jour où, tenant seul tête à la populace aveugle et irrésistible comme un élément, il l’arrêta — avec des mots — et fit tomber le drapeau rouge des mains de l’émeute la fable d’Orphée devint une réalité, et Lamartine fut aussi grand qu’il ait jamais été donné à un homme de l’être en ses jours périssables.
Il fit voir sa tête chez l’éditeur Lemerre.
Il y a, pour le moins, deux choses que les bonnes âmes de tous les pays et aussi, j’en suis sûr, du pays d’Allemagne trouveraient toutes naturelles et toutes simples, mais dont les politiques, je ne l’ignore pas, déclareraient l’entreprise impossible et absurde, bien que ces fortes têtes n’en apportent d’autres preuves que leurs affirmations et leur chétive expérience.
C’est, quelle qu’en soit la signification, un rappel aux choses du dehors, une voix qui arrive du monde ; cela ne fait pas partie intégrante du drame ; ces voix ne traversent pas l’œuvre comme tel souffle qui, dans les Aveugles, courbe toutes les têtes ; ici, à tel instant, le roi et la reine se doivent distraire du spectacle de la salle pour jeter les yeux vers ces hommes.
Des pieds à la tête, son ode frémit comme un peuplier.
(Le portrait en tête du volume : d’un Lohengrin écossais.)
Quant au « poète » sentimental, qui est l’autre face de ce « poète » philosophe, je pense qu’il a déjà rejoint dans l’ingrate mémoire des hommes les faiseurs de romances du premier Empire, et Reboul et Dupaty ; ses tendresses sucrées, sirupeuses, sont vaines en effet, et cet amant eut sans doute toujours la tête chenue.
Qu’il vaut bien mieux une belle et correcte nudité, de grandes murailles toutes simples, comme on dit, avec quelques ornements sobres et de bon goût : des oves et des volutes, un bouquet de bronze pour les corniches, un nuage de marbre avec des têtes d’anges pour les voûtes, une flamme de pierre pour les frises, et puis des oves et des volutes !
Il s’enfermoit dans des lieux souterreins pour y travailler à la lueur d’une lampe, la tête rasée à demi.
Il ne parloit que de sa maison, de ses prétendues alliances avec des têtes couronnées.
On trouvera donc, à la fin de chacune de ces notices, l’indication presque complète des œuvres, et des meilleures éditions des œuvres de chaque écrivain, avec leur date ; et, en tête, l’énumération des principales sources auxquelles on pourra, si l’on le veut, se reporter.
Ne valait-il pas autant le laisser à la tête de la création, où l’avaient placé Moïse, Aristote, Buffon et la nature ?
Il suffit aux poëtes tragiques de faire de belles têtes, et ils peuvent pour les rendre plus admirables s’écarter à un certain point des proportions que la nature observe ordinairement.
Il se plaint élegamment dans la préface en vers qu’il mit à la tête de ces tragedies, que Melpomene, pour qui la scéne fut inventée, n’y paroisse plus en Italie que comme une suivante de Polimnie ; enfin, qu’elle ne s’y montre plus que comme la vile esclave de la peinture, de la musique et de la sculpture.
La méprise vient de que Roland Lassé a pris à la tête de plusieurs oeuvres dont les paroles sont latines, le surplus d’Orlandus Lassus , en latinisant son surnom suivant l’usage de ce temps-là.
Je ne parle point de celle qui consiste dans le ton de voix et dans l’air de tête, cette espece de hauteur n’est qu’une morgue qui marque un esprit borné, et qui rend un homme plus méprisable aux yeux des philosophes, que ne l’est aux yeux des courtisans, le laquais chargé de la livrée d’un ministre disgracié.
Cela signifie, en propres termes, qu’on trouve d’abord des images quand on a du talent ou du génie, ce qui est, je crois, faire la part assez belle à la spontanéité et à l’inspiration. « On les découvre, déclarons-nous ensuite, par inspiration ou à tête reposée », autrement dit par l’effort, la réflexion et le travail ajoutés au talent naturel.
Les dîners pour le réveil de l’esprit français seront-ils moins heureux que les dîners du Caveau, qui ne réveillèrent pas non plus la gaîté française, mais qui, du moins, produisirent par mois leur ration de chansons lugubres ; car nous ne savons rien de plus triste que ces flons-flons païens, bachiques et grivois, enfantés par des têtes maniaques dans l’ivresse.
Un jour Guizot, qui a le triste génie des coalitions, et dont la tête d’homme d’État rêve des fusions qui ne seraient que des coalitions encore, avait écrit que le catholicisme et les diverses communions protestantes devaient unir leur effort contre ce socialisme qui menace la société moderne telle qu’après tant de siècles la voilà faite par le génie de la double Rome, la Rome politique et la Rome chrétienne.
Il paraît que la crinoline et l’ajustement tournent la tête de toutes les femmes ; on doit rogner sur le bœuf et le potage pour fournir aux rubans. » — La société française lui suggère cette âpre réflexion : « La France est organisée en faveur des paysans et des petits bourgeois, et c’est un triste produit.
Il y a aussi dans le gymnase un portrait de Corinne, la tête couronnée de bandelettes, pour la victoire qu’elle avait rem portée au concours de poésie, sur Pindare, à Thèbes.
Un portrait par Whistler, en tête du florilège Vers et Prose, évoque, comme le poète l’a voulu, sa figure en quelques traits sobres et choisis, de crayon. […] Il a mis les caresses les plus douces de son langage à évoquer ailleurs le « trésor présomptueux de tête » et « la considérable touffe ». […] Idée bien germanique, et qui ne devait naître, sous l’ombre d’Atta-Troll, que dans des têtes cubiques comme des pavés d’ours : systématiser l’ironie, en déduire l’absolu ! […] Torse ou tète seule que l’on prend et que l’on retourne comme une pièce rare, ainsi que lui-même, par ces vers, recueille dans ses mains et choie sous ses yeux une tête de femme, trésor. […] Le poème qui dans le plan de Mallarmé suivait la partie dialoguée d’Hérodiade, le cantique de Saint-Jean est l’hymne de la tête coupée volant, du tranchant du glaive, vers la lumière.
Sans doute, quand Avdotia lui dit qu’elle veut Vikhoref, il répond d’abord, comme pourrait faire Gorgibus : et Tais-toi, tête sans cervelle ! […] Les païens ont à leur tête l’émir de Babylone. […] Il faut voir cette tête rose, ces cheveux roses, on le jurerait ! […] Deux invités arrivent, deux amis de Henri Mirelet, également avec des têtes de circonstance. […] Elle le voit venir, hagard, la tête en avant, son poignard à la main, — et elle sourit.
Faire de la psychologie, c’est faire, comme il le dit, « des expériences dans la tête de l’homme » ; lui, fera des expériences « sur l’homme tout entier », si ce n’est qu’il oubliera régulièrement, comme on oublie ce qu’on ignore, que l’homme a une tête, et même qu’en certains cas, on a vu — prodige inouï ! — cette tête qui gouvernait ce corps. […] Que mon lit soit un lit de coin ou un lit de milieu, que mes rideaux soient à lambrequin ou à tête flamande, je serais vraiment curieux de savoir le renseignement que vous en tirerez sur mon caractère ? […] Il nous reste à montrer en terminant que toute cette discussion passe par-dessus la tête de M. […] Alors la tête se releva pour voir d’où venait le rayon capricieux.
Que m’importe que celui qui me cassera la tête soit un apache ou un fou furieux ? […] Un jour, chez un de ses disciples, il se cogne la tête à la suspension : « Maître, vous êtes-vous fait mal ? […] Un régiment passait, musique en tête et drapeau déployé. […] Un jour, vers l’année 1760, un jeune héros osa tenir tête à la bête mystérieuse. […] Ils ont b eau avoir perfectionné leur étalage, nous passons devant sans même tourner la tête.
Car une philosophie générale sans métaphysique ne saurait être qu’un corps sans tête. […] Mais les gens sérieux, quand ils n’ont rien dans la tête, sont un danger. […] Il y a toujours de la ressource avec une tête non meublée, ou meublée de simples manuels. Avec une tête qui se croit meublée, et qui l’est en effet d’idées fausses, il n’y a plus aucun espoir d’amendement. […] Hugo est le père du romantisme, mais il est le fils de l’aberration impériale napoléonienne, et il en a le cliquetis dans la tête.
Il a vu « une Bête colossale qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses cornes, dix diadèmes. Et les sept têtes de la Bête dépassaient les plus hautes montagnes, et, formant une immense couronne, plongeaient dans tous les horizons ». […] Sa tête apparaissait un peu petite, comme celle des statues grecques ; ses narines délicates et mobiles semblaient fouillées par un ciseau exquis dans un ivoire transparent. […] — Oui, mademoiselle, à mon sexe… Vous m’accorderez qu’il y a supplices et supplices… Je suppose qu’on me coupe la tête, c’est affreux. […] Daudet met en tête de son livre, lui qui, par bonheur, n’est pas coutumier de cette emphase.
Clodius, à la tête de satellites armés, l’insulta plusieurs fois, et osa même investir le sénat. […] Les triumvirs s’abandonnant l’un à l’autre le sang de leurs amis, sa tête fut demandée par Antoine. […] Il est de nouveau revêtu de la puissance tribunitienne et mis à la tête des légions de Germanie. […] Montagnes et collines, venez, venez ; écroulez-vous sur moi, et cachez ma tête à la colère du ciel ! […] Il n’a plus sa fierté, son audace ; il a la tête attachée avec les fils innombrables de Gulliver.
Qui ne se représente l’écolier de treize ou quatorze ans, la tête remplie de ses premières connaissances littéraires, l’esprit frappé peut-être de quelque représentation théâtrale, élevant, dans un transport poétique, l’animal qui va tomber sous ses coups à la dignité de victime, ou peut-être à celle de tyran ? […] La noblesse du second ordre, en se séparant des hauts barons pour se placer à la tête des communes, rentra, pour ainsi dire, dans le corps de la nation, et s’unit à ses mœurs comme à ses droits. […] Pour les tragédies, la salle était tendue en noir, et, dans l’inventaire des propriétés d’une troupe de comédiens, en 1598, on trouve des « membres de Maures, quatre têtes de Turcs et celle du vieux Méhémet, une roue pour le siège de Londres, un grand cheval avec ses jambes, un dragon, une bouche d’enfer, un rocher, une cage », etc. ; monument singulier des moyens d’intérêt dont le théâtre croyait avoir besoin. […] Lucrèce, pour charmer ses douleurs, s’arrête à contempler un tableau de la ruine de Troie ; le poëte, en le décrivant, représente avec complaisance les effets de la perspective « et le sommet de la tête de plusieurs personnages qui, presque cachés derrière les autres, semblent s’élever au-dessus pour décevoir l’esprit. » C’est là l’observation d’un homme bien récemment frappé des prestiges de l’art, et un symptôme de cette surprise poétique qu’excite la vue d’objets inconnus dans une imagination capable de s’en émouvoir. […] Le jugement général et constant qui a placé Roméo et Juliette, Hamlet, le Roi Lear, Macbeth et Othello à la tête de ses ouvrages, suffirait pour le prouver.
Souvent alors les palmes de l’Ange de paix ombragent notre tête abattue, et qui sait si cet Ange n’est pas l’objet même que nous regrettons ? […] Trois mois se sont écoulés, depuis la sentence de mort que la Reine a fait prononcer contre mon époux et contre moi, en punition de ce malheureux règne de neuf jours, de cette couronne d’épines, qui n’a reposé sur ma tête que pour la dévouer à la mort. […] Asham se mit à genoux devant moi, sa tête blanchie était inclinée en ma présence et couvrant ses yeux d’une de ses mains il me tendait de l’autre la ressource funeste qu’il m’avait préparée. […] — Cette mort, reprit-il, imposée par les hommes, par la hache meurtrière qu’un barbare osera lever sur votre tête royale !
On finissoit les têtes avec tant de soin, qu’on pouvoit compter les poils de la barbe et des cheveux. […] Enfin, on orna l’arc avec des bas-reliefs, où tout le monde reconnoissoit et où tout le monde reconnoît encore la tête de Trajan. […] Or, les médailles frappées en très-grand nombre à l’honneur et avec la tête des empereurs dans tous les païs de l’empire romain, où l’on parloit grec, sont mal gravées en comparaison de celles qui se frappoient à Rome en même-temps sous l’autorité du sénat, dont elles portent la marque. […] Nous reconnoissons le temps où plusieurs pierres gravées ont été faites, par les sujets et par les têtes qu’elles représentent.
On place ordinairement la haine des poètes après celle des femmes ; je ne sais si on ne ferait pas bien de placer entre deux, ou peut-être à la tête, celle des hommes dont je parle. […] Il semble que nous soyons actuellement dans une espèce d’échange avec l’Angleterre ; instruits et éclairés par elle, nous commençons à l’emporter, à lui tenir tête du moins pour les sciences exactes, et elle vient d’un autre côté puiser dans nos entretiens et dans nos livres, le goût, l’agrément, la méthode qui manque à ses productions. […] Je n’ai jusqu’à présent parlé que des amateurs qui se bornent à appuyer les gens de lettres de leur puissant crédit et de leur faible suffrage ; j’entends ici par crédit, celui qui se réduit à procurer des admirateurs, et non celui qui a le courage de tenir tête à des adversaires puissants. […] Lomellini, mettaient le nom de leurs amis à la tête de leurs ouvrages, parce qu’un ami leur était plus cher qu’un protecteur.
Crébillon, le tragique, qui le reçut, ne trouva à lui donner que ce vague éloge : « Votre génie a paru jusqu’ici tourner du côté de la poésie. » Dans les années qui suivirent sa réception, Bernis figure plus d’une fois à la tête de la compagnie, dans les occasions solennelles où il fallait représenter à Versailles. […] [NdA] « Dans sa jeunesse, l’abbé de Bernis avait langui dans la misère, ne vivant que du produit du travail qu’il faisait pour un libraire dont la femme lui était chère, et recevant quelquefois de ses amis ou de ses amies de quoi payer son fiacre. » (Tiré d’une notice manuscrite qui est en tête du Recueil des lettres de Bernis à Choiseul, dont il sera parlé ci-après.)
La première ode de Malherbe qui le mit en vue fut celle qu’il présenta, étant à Aix en 1600, à Marie de Médicis, la jeune reine qui venait prendre possession du trône : Peuples, qu’on mette sur la tête Tout ce que la terre a de fleurs… André Chénier, commentateur excellent, a remarqué les beautés rares, et à cette date toutes neuves, de cette ode qui aujourd’hui frappe bien plutôt le lecteur par ses côtés exagérés et faux. […] Son ode intitulée La Belle Vieille est célèbre ; elle s’adresse à une de ces beautés comme nous en avons connu, qui défient les années et dont les retours de saison ont des triomphes comme les printemps : Ce n’est pas d’aujourd’hui que je suis ta conquête : Huit lustres ont suivi le jour que tu me pris, Et j’ai fidèlement aimé ta belle tête Sous des cheveux châtains et sous des cheveux gris.
Quand Tallemant des Réaux, par exemple, s’appuyant du manuscrit d’un ancien secrétaire de Du Plessis-Mornay, c’est-à-dire d’un témoignage ennemi, s’amuse à nous conter que tous les soirs, à l’Arsenal, jusqu’à la mort de Henri IV, Sully, déjà arrivé à la cinquantaine, continuait d’aimer si fort la danse « qu’il dansait tout seul avec je ne sais quel bonnet extravagant en tête, qu’il avait d’ordinaire quand il était dans son cabinet », une telle anecdote, qui n’a aucun rapport prochain ni éloigné avec les actes publics de Sully et qui ne saurait être contrôlée, est indigne d’être recueillie par un historien et n’est propre (fût-elle exacte à quelque degré) qu’à déjouer et à dérouter le jugement général, bien loin d’y rien apporter de nouveau. […] Quelques années après, ayant eu à traiter avec lui de la part du roi de Navarre, et lui ayant été présenté par M. de Villeroi à Saint-Maur (1586) : Nous vous avons ouï dire, écrivent ses secrétaires, que vous le trouvâtes dans son cabinet, l’épée au côté, une cape sur les épaules, son petit toquet en tête et un panier pendu en écharpe au cou, comme ces vendeurs de fromages, dans lequel il y avait deux ou trois petits chiens pas plus gros que le poing.
Il existe des lettres très intéressantes, dit-on, adressées par Madame à cette seconde institutrice, Mme de Harling ; il en a été publié un extrait à Dantzig en 1791, avec une biographie de la princesse en tête. […] En tête de l’édition de 1822, il y a une notice par M.
Dans ce cours d’études de Tanneguy Le Fèvre, il se mêle de la gaieté, une sorte de plaisir qui réjouit le maître et anime l’enfant : « Car ôtez le plaisir des études, je suis fort persuadé qu’un enfant ne saurait les aimer. » C’est ainsi qu’à la lecture d’Homère, de Térence, même d’Aristophane (en y mettant du choix), il jouit de voir la jeune intelligence prendre et se divertir comme à une chose naturelle, et tirer d’elle-même plus d’une conclusion avant qu’on ait besoin de la lui montrer : « On m’a dit souvent, et je l’ai lu aussi, qu’il y a beaucoup de plaisir à voir croître un jeune arbre ; mais je crois qu’il y a plus de plaisir encore à voir croître un bel esprit. » C’est pendant qu’on élevait de la sorte l’un ou l’autre de ses frères que Mme Dacier enfant, et à laquelle on ne songeait pas, écoutait, profitait en silence ; et un jour que son frère interrogé ne répondait pas à une question, elle, sans lever la tête de son ouvrage, lui souffla ce qu’il devait répondre. […] Elle la dédiait à Huet ; dans la préface, elle justifiait son père que quelques-uns blâmaient d’avoir appliqué sa fille à ces doctes études de critique, au lieu de l’avoir accoutumée à filer la laine à la maison ; elle répond à ces censeurs un peu rudement et dans le goût du xvie siècle ; moyennant l’expression grecque ou latine dont elle se couvre, elle les appelle de pauvres têtes, elle les traite tout net de fous et d’imbéciles : « Ils auraient pu voir aisément, dit-elle, que mon père n’en a usé de la sorte que pour qu’il y eût quelqu’un qui pût leur faire honte de leur paresse et de leur lâcheté. » Mlle Le Fèvre, en parlant ainsi, n’était pas encore entrée dans la politesse du siècle ; elle n’y atteindra jamais entièrement.
Ici le cœur peut donner une utile leçon à la tête, et la Science devenir plus sage sans ses livres. […] Le Savoir habite les têtes remplies des pensées d’autrui ; la Sagesse, un esprit attentif aux siennes… Le Savoir est fier d’avoir tant appris ; la Sagesse est humble de sentir qu’elle n’en sait pas davantage.
douce, simple, m’aimant uniquement, crédule sur ma conduite qui était un peu irrégulière, mais dont la crédulité était aidée par le soin extrême que je prenais à l’entretenir, et par l’amitié tendre et véritable que je lui portais. » Mme Du Deffand est très bien traitée dans ces Mémoires, et s’y montre presque sans ombre, sous ses premières et charmantes couleurs ; mais la personne évidemment que le président a le plus aimée est Mme de Castelmoron, « qui a été pendant quarante ans, dit-il, l’objet principal de sa vie. » La page qui lui est consacrée est dictée par le cœur ; il y règne un ton d’affection profonde, et même d’affection pure : « Tout est fini pour moi, écrit le vieillard après nous avoir fait assister à la mort de cette amie ; il ne me reste plus qu’à mourir. » On raconte que dans les derniers instants de la vie du président et lorsqu’il n’avait plus bien sa tête, Mme Du Deffand, qui était dans sa chambre avec quelques amis, lui demanda, pour le tirer de son assoupissement, s’il se souvenait de Mme de Castelmoron : Ce nom réveilla le président, qui répondit qu’il se la rappelait fort bien. […] … Sans doute Voltaire data du jour où il avait reçu cette lettre l’affaiblissement de tête du président, et quand celui-ci fut mort (24 novembre 1770), il écrivit à Mme Du Deffand, moins d’un mois après : Je m’en étais douté il y a trente ans, que son âme n’était que molle, et point du tout sensible ; qu’il concentrait tout dans sa petite vanité ; qu’il avait l’esprit faible et le cœur dur ; qu’il était content pourvu que la reine trouvât son style meilleur que celui de Moncrif, et que deux femmes se le disputassent ; mais je ne le disais à personne.
Dans une même tête on trouve amassées les opinions de Pythagore et la philosophie de Kant, le pyrrhonisme de Voltaire et la croyance aux enchantements, etc. […] Elle témoigne assez peu de goût pour leur fille Mme de Staël : « Les enthousiastes ne sont pas mon fait, et j’ai remarqué, dit-elle, que leur chaleur cache très peu d’esprit ; c’est une nouvelle découverte pour moi. » Elle écrivait cela en mars 1789, et elle se trompait en croyant faire cette découverte ; car si l’enthousiasme de Mme Staël méritait de trouver grâce auprès des têtes froides, c’était eu faveur de tout l’esprit qu’il y avait derrière.
Il se livra à l’étude ; pendant deux années, il lut toutes sortes de livres ; il s’appliqua avec suite aux mathématiques : « J’ai conçu beaucoup de choses dans cette science, disait-il, mais je n’ai pas une tête à calcul, et ma santé est trop faible pour supporter l’extrême contention qu’exige cette étude. » Il se considérait dès lors comme un solitaire un peu cacochyme, que son organisation éloigne de la vie active et des affaires, et qui est plutôt fait pour se replier et se renfermer au dedans. […] Stapfer, pour la Biographie Michaud : Cependant, il y a des compensations, écrivait-il ; si je me tourmente aux heures de travail, quand j’ai en tête une composition de quelque étendue, je sens aussi plus d’énergie, plus d’aplomb au dedans de moi, plus de sérénité dans ma journée, quand j’ai travaillé avec un succès réel ou apparent, mais dont j’ai l’idée… Voilà ce que j’éprouve en terminant mon article « Leibnitz » le 1er juillet (1819).
A tout moment, il fait des trouées, tête baissée, dans l’avenir. […] Celle qui ne devrait avoir que des gens de premier ordre à sa tête… Que faisons-nous à cela, je le demande, quelles mesures, quel plan ?
Sa tête était toujours tendue à des objets sérieux, et ce pays ne fournit aucune distraction. […] Si une dame de haut rang entrait, elle se levait à demi de son siège ; pour toutes les autres, elle se contentait de les saluer d’un geste de la tête et de la main.
Ayant vu pour la première fois Paris en 1813, y arrivant avec tout un monde de préventions dans la tête, il les secoue ; il goûte la société et s’y plaît ; comme Mme d’Albany nous en voulait un peu et pour cause, il lui écrit ces paroles qui pourraient si bien s’adresser de tout temps à la plupart de nos ennemis en Europe : « Je sais que jugeant les Parisiens à distance, vous conservez contre eux de la rancune pour les maux qu’ils ont faits et ceux qu’ils ont soufferts. […] En quelque lieu qu’il s’arrête, sur quelque métairie qu’il porte ses regards, il voit tout ensemble devant lui, la vigne qui, élégamment suspendue en contre-espalier autour de chaque champ, l’environne de ses festons ; les peupliers, rapprochés les uns des autres, qui lui prêtent l’appui de leur tronc, et dont les cimes s’élèvent au-dessus d’elles ; l’herbe, qui croît au pied de ces élégants contre-espaliers et qui gazonne les bords des nombreux fossés, destinés à l’écoulement des eaux ; les mûriers qui, plantés sur deux lignes au milieu des champs, et à une distance assez grande pour ne pas les offusquer de leur ombre, dominent les moissons ; les arbres fruitiers qui, çà et là, sont entremêlés aux peupliers et à la vigne ; les blés de Turquie qui, s’élevant à six ou huit pieds au-dessus de terre, entourent leurs magnifiques épis de la plus riche verdure ; les trèfles annuels dont les fleurs incarnates se penchent sur leur épais feuillage ; les lupins dont le coup d’œil noirâtre et l’abondante végétation contraste avec la souplesse, l’élégance et la légèreté des seigles non moins vigoureux qu’eux et qui s’élèvent au-dessus de la tête des moissonneurs ; enfin, les blés dont les longs épis dorés sont agités par les vents et rappellent par leurs ondulations le doux mouvement des vagues d’un beau lac. » Le second morceau consacré aux Collines est comme un pendant au tableau des plaines ; celles-ci, dans aucun pays, ne peuvent plaire aux yeux que par l’abondance et la fertilité qui les caractérise.
Une nuit, les ennemis firent une sortie considérable à la tête d’une tranchée ; ils avaient déjà fait plier les troupes de garde et auraient causé un grand désordre, si Catinat « qui était de jour » n’eût ramené ces mêmes troupes avec tous les officiers du régiment d’Auvergne ; il y reçut un coup de mousquet qui, heureusement, ne fit que percer son chapeau et couper sa perruque. […] Ce rapport est des plus simples, et le vainqueur y paraît surtout occupé de rendre justice à tous ; après qu’il a nommé tout le monde, il craint encore d’avoir oublié quelqu’un : « Je puis manquer dans cette Relation, disait-il, à rendre les bons offices que plusieurs particuliers, et même des troupes, méritent dans cette occasion où tout le monde s’est bien employé ; je dois à leur bonne volonté et à leur secours la gloire qui peut retomber sur moi de ce combat. » Il faut lire d’autres relations que la sienne pour apprendre que Catinat, voyant que la lutte s’opiniâtrait, se mit à la tête de troupes fraîches tirées de la brigade Du Plessis-Bellière, les mena à la charge, et décida la victoire.
À tous les embarras dont le principe était en lui, il faut en ajouter un des plus singuliers et pour le moins égal : le duc de Savoie avait changé de parti ; il était en sa qualité de prince souverain le général en chef de toute l’armée, quand il y était présent ; mais il faisait toujours le même métier, un métier double ; il n’y allait pas franchement ; il s’entendait sous main avec le parti contraire et dénonçait, dit-on, nos mouvements à l’ennemi, bien que résolu dans le même temps de se battre en brave dans nos rangs et à notre tête. […] mais il a ses opiniâtretés, et dans le moment qu’il parle de remarcher aux ennemis, il songe à repasser l’Adda et dit qu’il n’y a que cela à faire… Au bout du compte, le roi doit être informé qu’il n’y a en vérité plus, comme l’on dit, personne au logis, et que sa pauvre tête s’échauffe, s’embarrasse et puis qu’il n’en sort rien. » En rabattant de ces vivacités d’esprit et de plume tout ce qu’on voudra, il reste bien démontré, quand on a lu les pièces, que Louis XIV avait raison d’être peu satisfait ; son armée d’Italie avait perdu confiance en son général et n’était plus conduite : « Je vous avais mandé, écrivait-il à cette même date à Catinat, que vous aviez affaire à un jeune prince entreprenant : il s’est engagé contre les règles de la guerre ; vous voulez les suivre et vous le laissez faire tout ce qu’il veut. » Ce n’est pas d’avoir remplacé Catinat, c’est de l’avoir remplacé par Villeroy qu’on peut blâmer Louis XIV.
Il donnait ses audiences à ses compatriotes dans son salon d’Hanover Square avec un chapeau rond sur la tête, au-devant duquel figurait une cocarde tricolore de six pouces carrés, tandis que se prélassaient, étendus tout au long sur les sophas, trois jeunes sans-culottes de Juillet, qu’il avait amenés avec lui pour se donner un air de républicanisme. […] J’ai sous les yeux, en traçant ce profil, un croquis de Talleyrand dessiné par le comte d’Orsay, et qui se voit en tête du tome III du Journal de Thomas Raikes, et aussi la page 263 du même volume.
Puis de là elle revint au théâtre de Rouen, où elle joua seulement les jeunes premières, toujours très accueillie et goûtée du public ; mais elle ne chantait plus : « À vingt ans, dit-elle, des peines profondes m’obligèrent de renoncer au chant, parce que ma voix me faisait pleurer ; mais la musique roulait dans ma tête malade, et une mesure toujours égale arrangeait mes idées, à l’insu de ma réflexion. » La musique commençait à tourner en elle à la poésie ; les larmes lui tombèrent dans la voix, et c’est ainsi qu’un matin l’élégie vint à éclore d’elle-même sur ses lèvres. […] Il était fils d’un père comédien qui avait pris le nom de Valmore. — Il est fait mention dans la Correspondance de Napoléon Ier , au tome XXII, page 283, d’un général Lanchantin, que Napoléon met à la tête d’une 2me brigade destinée à la formation d’un corps d’observation de l’Italie méridionale, après la dissolution de l’armée de Naples (24 juin 1811).
Il s’ensevelit sous la religion du silence, à l’exemple des gymnosophistes et de Pythagore ; il médita dans le mystère, et s’attacha par principes à demeurer inconnu, comme avait fait l’excellent Saint-Martin. « Les prétentions des moralistes, comme celles des théosophes, dit-il en tête des Libres Méditations, ont quelque chose de silencieux ; c’est une réserve conforme peut-être à la dignité du sujet. » Désabusé des succès bruyants, réfugié en une région inaltérable dont l’atmosphère tranquillise, il s’est convaincu que cette gloire qu’il n’avait pas eue ne le satisferait pas s’il la possédait, et s’il n’avait travaillé qu’en vue de l’obtenir : « Car, remarque-t-il, la gloire obtenue passe en quelque sorte derrière nous, et n’a plus d’éclat ; nous en aimions surtout ce qu’elle offrait dans l’avenir, ce que nous ne pouvions connaître que sous un point de vue favorable aux illusions. » Il n’est pas étonnant qu’avec cette manière de penser, le nom de M. de Sénancour soit resté à l’écart dans cette cohue journalière de candidatures à la gloire, et que, n’ayant pas revendiqué son indemnité d’écrivain, personne n’ait songé à la lui faire compter. […] Il revient longuement là-dessus en tête des Libres Méditations, et suppose que le manuscrit de ce dernier ouvrage a été trouvé dans l’espèce de grotte où vécut cet ouvrier, nommé Lallemant, et qu’il a été écrit par un autre solitaire plus lettré, son successeur.
cela est dit en quatre vers, que je veux bien vous écrire ici, afin que vous me mandiez si vous les approuvez : Mais aujourd’hui qu’enfin la vieillesse venue, Sous mes faux cheveux blonds déjà toute chenue, A jeté sur ma tête avec ses doigts pesants Onze lustres complets surchargés de deux ans. […] Daguesseau, l’abbé Renaudot, etc., etc., écrite par Valincour et publiée par Adry, à la fin de son édition de la Princesse de Clèves (1807). — Le fait est que Boileau, de bonne heure en possession du sceptre, passa la très-grande moitié de sa vie à converser et à tenir tête à tout venant : « Il est heureux comme un roi (écrivait Racine, 1698), dans sa solitude ou plutôt son hôtellerie d’Auteuil.
Une tête décharnée, un squelette, peuvent être regardés comme des symboles naturels ; mais le squelette armé de la faux est une figure allégorique : la faux est ici un emblème et suppose connue la métaphore « faucher les vies ». […] Vielé-Griffin est un conteur lyrique ; chez lui, — chaque fois qu’il apparaît accidentellement, — le vers sans image fait penser au geste d’un habile narrateur, lorsqu’après avoir longtemps parlé comme pour lui-même il lève soudain la tête, et lance le mot décisif en vous regardant en face.
Héros avorté de cette époque de Louis XVI qui n’a eu que des promesses, M. de Guibert entra dans le monde la tête haute et sur le pied d’un génie ; ce fut sa spécialité pour ainsi dire que d’avoir du génie, et vous ne trouvez pas une personne du temps qui ne prononce ce mot à son sujet. […] Je ne veux qu’y prendre çà et là quelques mots pour donner l’idée de ce qui est partout à l’état de lave et de torrent : Mon ami, je vous aime comme il faut aimer, avec excès, avec folie, transport et désespoir… Mon ami, je n’ai plus d’opium dans la tête ni dans le sang, j’y ai pis que cela, j’y ai ce qui ferait bénir le ciel, chérir la vie, si ce qu’on aime était animé du même mouvement.
L’auteur met en tête une note qui le peint lui-même par un de ses travers : « Il nous a semblé convenable, dit-il, d’avertir le lecteur qu’il va se trouver avec des gens de lettres. […] Il se retrouve homme de lettres sur ce point : entre deux ridicules, selon lui, et deux inconvénients, il choisit le moindre, et, pour le coup, il dirait volontiers comme cet autre de ma connaissance : « J’ai, pour un homme de lettres, le malheur d’appartenir à une nation qui n’est jamais plus fière que quand elle a un pompon sur la tête, et qu’elle obéit au mot d’ordre d’un caporal. » Son bourgeois de Paris nous est présenté par lui comme ayant éprouvé aux affaires du mois de juin (1832) un double accident : « il a gagné une extinction de voix et la croix d’honneur, deux malheurs dans la vie d’un homme raisonnable, qui craint également la médecine et le ridicule ».
Le grand Corneille, à travers ses hautes qualités, avait, je ne dirai pas beaucoup d’esprit, mais prodigieusement de bel esprit ; quand ils ne sont point passionnés et grandioses, et même alors, une fois que leur mot sublime est lâché, ses personnages continuent de raisonner, et ils le font avec subtilité et à outrance ; ils parlent de tête ; le cerveau chez eux prend la place du cœur ; ils raffinent et quintessencient les idées et les choses. […] à tout bruit, à tout éclat ; l’autre qui proclame et prêche à haute voix ses doctrines, qui sème les germes à pleines mains à tous les vents, en apostrophant l’avenir ; Fontenelle qui se rattache encore à Descartes et à quelques-uns des grands esprits réguliers du siècle précédent, ou, qui pis est, aux précieuses ; et Diderot qui, en ses accès, par le désordre et la fougue de sa parole, semble déjà faire appel aux générations ardentes qui auront à leur tête Mirabeau ou Danton.
Théodore Leclercq mit en tête de son premier volume en 1823 : J’ai aimé, disait-il, à jouer des proverbes, et j’en ai fait. […] Sophie, la fille de boutique, prend un chapeau et le pose ridiculement sur sa tête : Madame, qui est-ce qui met son chapeau comme cela ?
Et la nouvelle de sa touchante action faisant bruit déjà dans les prairies, tout le pays s’était pris d’amour pour elle : « C’étaient, la nuit, de longues sérénades, des guirlandes de fleurs à sa porte attachées, et le jour, des présents choisis que les filles enfin à sa cause entraînées venaient lui présenter avec des yeux tout amis. » Annette surtout était en tête de cette bonne jeunesse. […] » Et, comme un criminel, Jacques baissant la tête : « La mienne, monsieur le curé, la mienne… Je suis marié. » Un cri de femme part, le prêtre se retourne… Ce cri, on le sent, c’est celui de Marthe : mais ne croyez pas qu’elle pleure ni qu’elle soupire.
Avec Bonald, au contraire, on est comme si l’on s’embarquait d’abord sur un fleuve assez peu navigable ; puis le patron vous fait entrer dans un canal, et vous met à bord d’un bateau exactement fermé, où l’on descend et où l’on est sans plus voir la lumière ni le ciel, et l’on ne peut sortir la tête et regarder sur le pont que par intervalles, pour apercevoir en effet d’assez hautes et grandes perspectives, mais en regrettant de les perdre de vue si souvent. […] La Législation primitive qui paraissait tout à côté du Génie du christianisme, et dans le même sens réparateur, était d’un genre bien différent : La vérité dans les ouvrages de raisonnement, disait M. de Bonald, est un roi à la tête de son armée au jour du combat : dans l’ouvrage de M. de Chateaubriand, elle est comme une reine au jour de son couronnement, au milieu de la pompe des fêtes, de l’éclat de sa cour, des acclamations des peuples, des décorations et des parfums.
Ce sont là, Montaigne en tête, ses vrais juges. […] Dans son avertissement aux lecteurs, en tête des Vies de Plutarque, il s’excuse de ce que le langage de sa traduction ne paraîtra point peut-être aussi coulant que celui de ses traductions précédentes ; mais un traducteur, dit-il, doit être fidèle au ton, à la forme de style de son auteur, et si sa nouvelle traduction paraît moins aisée que les autres, il faut tenir compte de la façon d’écrire « plus aiguë, plus docte et pressée que claire, polie ou aisée », qui est propre à Plutarque.
Ce serait là l’épigraphe la meilleure à mettre en tête des écrits de Louis XIV, et elle se trouverait en partie justifiée en le lisant. […] Vu de plus près et dans l’intimité de la vie, Louis XIV ne cesse point d’être Louis le Grand ; on est charmé qu’un si beau buste n’ait point une tête vide, et que l’âme réponde à la noblesse des dehors.
Il avait mis en tête du volume la Lettre à M. […] J’ai imaginé aussi (car c’est mon plaisir d’opposer ces noms à la fois voisins et contraires), j’ai plus d’une fois, dans le courant de ce travail, imaginé à Paul-Louis Courier un interlocuteur et un contradicteur plus savant et non moins fait pour lui tenir tête, dans la personne de l’illustre et respectable Quatremère de Quincy, cette haute intelligence qui possédait si bien le génie de l’Antiquité, mais qui résistait absolument aux révolutions modernes.
Parlant de son ami le maréchal de Berwick et le montrant, dès l’adolescence, à la tête d’un régiment et gouverneur d’une province, Montesquieu disait : « Ainsi, à l’âge de dix-sept ans, il se trouva dans cette situation si flatteuse pour un homme qui a l’âme élevée, de voir le chemin de la gloire tout ouvert, et la possibilité de faire de grandes choses. » Sans prétendre rien dire de pareil de cette charge de président à mortier obtenue de bonne heure, Montesquieu du moins fut dès lors sur le pied de tout voir, de juger les hommes à leur niveau, et de n’avoir pas à faire d’effort pour arriver et s’insinuer jusqu’à eux ; il n’eut qu’à choisir entre les relations qui s’offraient. […] S’il voit le mal, Montesquieu apprécie très bien les avantages qui le compensent ; ce qu’il exprime ainsi : L’Angleterre est à présent le pays le plus libre qui soit au monde, je n’en excepte aucune république… Quand un homme, en Angleterre, aurait autant d’ennemis qu’il a de cheveux sur la tête, il ne lui en arriverait rien : c’est beaucoup, car la santé de l’âme est aussi nécessaire que celle du corps.
la grande et belle voix, la voix unique, s’écriait-il, toujours égale, toujours fraîche, brillante et légère, qui, par son talent, a appris à sa nation qu’on pouvait chanter en français, et qui, avec la même hardiesse, a osé donner une expression originale à la musique italienne. » Il ne sortait jamais de l’entendre « sans avoir la tête exaltée, sans être dans cette disposition qui fait qu’on se sent capable de dire ou de faire de belles et de grandes choses ». […] Ma chère amie, la nature agit lentement et imperceptiblement : elle vous a donné de beaux yeux ; servez-vous-en, et agissez, je vous prie, comme elle. » Tous ses soins vont à mûrir « cette bonne tête qui a de si beaux yeux ».
Il avait la tête grosse et le visage long ; c’était surtout la longueur du front, et plus encore celle du menton, qui excédait les proportions ordinaires. […] Necker, en s’attaquant à Turgot « comme n’ayant que le désir et le soupçon de la grandeur sans en avoir la force », semblait se désigner assez distinctement en plus d’un endroit à titre de ministre bien préférable : « S’il y avait constamment à la tête de l’administration, disait-il, un homme dont le génie étendu parcourût toutes les circonstances ; dont l’esprit moelleux et flexible sût y conformer ses desseins et ses volontés ; qui, doué d’une âme ardente et d’une raison tranquille, etc. » Si l’on ne pense pas à soi en parlant ainsi et en décrivant si complaisamment celui qu’on appelle, il y a au moins manque de tact, puisqu’on fait croire à tout le monde qu’on y a pensé.
Guizot, au début, l’avait aussi peu que possible, eu égard à sa distinction ; il a écrit peut-être quelques-unes des plus mauvaises pages qu’on ait lues en français (dans sa notice en tête de la traduction de Shakspeare) ; il s’est formé depuis au style écrit par l’habitude de la parole, et l’usage, le maniement si continuel et si décisif qu’il a eu de celle-ci, l’a conduit à porter dans tout ce qu’il écrit la netteté inséparable de sa pensée. — Cousin est peut-être celui des trois qui, sans effort, atteindrait le mieux au grand style d’autrefois et qui jouerait le plus spécieusement, plume ou parole en main, la majestueuse simplicité du siècle de Louis XIV. — Pour Villemain, par l’éclat même et les élégantes sinuosités de sa recherche, il trahit un âge un peu postérieur ; il enchérit à quelques égards sur le xviiie siècle, en même temps qu’il le rafraîchit, qu’il l’embellit avec charme et qu’il l’épure.
La Réponse qui se trouve en tête du tome III de la collection de M.
En tête du tome XIII des Nouveaux Lundis et dans Souvenirs et Indiscrétions
Non pas, sans doute, qu’une même tête d’homme, une même classe d’individus, suffise à un si vaste accomplissement ; les individus s’usent vite en révolution : mais les divers partis qui se succèdent y suppléent ; le développement se transmet de l’un à l’autre, et ne s’achève qu’à la dernière de ces générations politiques, rapides et pressées, qui s’entre-dévorent.
Dès lors son unique pensée est d’achever doucement de vivre, et de savourer à loisir la béatitude qu’elle s’est ménagée : dans sa lettre d’adieux à madame des Ursins, le rayonnement de l’amour-propre satisfait perce sous la froideur ascétique et les sentiments chrétiens : « Vous avez bien de la bonté, madame, d’avoir pensé à moi dans le grand événement qui vient de se passer ; il n’y a qu’à baisser la tête sous la main qui nous a frappés.
Tout étranger à la littérature active et militante que soit toujours resté M. de Lamartine, quelque réelles et profondes que paissent déjà paraître aujourd’hui les différences qui le séparent des générations poétiques plus jeunes et plus aventureuses, il ne demeure pas moins incontestable qu’il est avec M. de Chateaubriand, et le second par la renommée et par l’âge, à la tête de cette révolution dans l’art qui s’est ouverte avec le siècle.
On dirait en effet, après ce qui s’est passé dans les rues de Paris pendant trois jours, qu’il n’y a plus qu’à accorder le moins de nouvelle liberté possible ; car chaque part de liberté nouvelle devant augmenter l’appétit démocratique, nous serions bientôt en proie au parti populaire ; la chambre des députés, qui se trouve précisément dans le cas de la Constituante, serait vite dépassée par une Législative ; et Dieu sait ce qu’il adviendrait alors ; il n’y aurait plus qu’à se voiler la tête et à tendre le cou comme les Girondins, à moins d’oser être Montagnard : Di meliora piis !
Que j’eusse alors, tout fier, porté comme au martyre, Après Roland, Charlotte et le poète André, Ma tête radieuse à l’échafaud sacré !
L’idée qui la domine, laissée stationnaire par les événements, se diversifie de mille manières par le travail de la pensée, la tête s’enflamme et la raison devient moins puissante que jamais.
Malheur aussi à celui dont l’évolution trop violente et trop brusque a mal équilibré l’économie intérieure, et qui, par l’exagération de son appareil directeur, par l’altération de ses organes profonds, par l’appauvrissement graduel de sa substance vivante, est condamné aux coups de tête, à la débilité, à l’impuissance, au milieu de voisins mieux proportionnés et plus sains !
Quelques phrases au hasard : « Un ciel gris-perle avec des matités de cendre çà et là et des irisations de nacre vers le bas… Notre phoque familier allongeait sa tête de jeune chien entre les seins pointus et couleur de safran de ma petite amie, et parfois léchait doucement ses cheveux brillants d’huile.
Renan, dans sa préface, « ne réclame pour ces pages qu’un mérite, celui de montrer dans son naturel, atteint d’une forte encéphalite, un jeune homme vivant uniquement dans sa tête et croyant frénétiquement à la vérité ».
Parmi les pièces de cette « suite », qu’il nous agrée de voir placée en tête du livre, notons une Cléopâtre — de beauté étrangement nostalgique et dont les derniers vers ont la force pensive des paroles immuables.
À la tête de cette élite évaporée, reluit un président à son image.
Ils n’ont pas oublié que leurs aïeux, depuis des siècles, avaient pour profession de casser des têtes d’Anglais ou de se faire casser la leur ; c’était honorable, car c’était réciproque.
On est ravi de découvrir ce qu’il y peut avoir à redire ; et, pour tomber dans l’exemple, il y avait l’autre jours des femmes à cette comédie, vis-à-vis de la loge où nous étions, qui, par les mines qu’elles affectèrent durant toute la pièce, leurs détournements de tête, et leurs cachements de visage, firent dire de tous côtés cent sottises de leur conduite, que l’on n’aurait pas dites sans cela ; et quelqu’un même des laquais cria tout haut, qu’elles étaient plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps 59. » L’autorité que je reconnais à Molière ne m’empêchera pas de dire qu’il y a peu de bonne foi à reprocher aux critiques d’avoir donné un sens criminel aux plus innocentes paroles et de s’offenser de l’ombre des choses.
Un Homme de ce caractere devoit-il jamais s’attendre qu’après sa mort, son nom paroîtroit à la tête d’une Production aussi extravagante qu’odieuse ?
L’humble et grave artiste doit avoir le droit d’expliquer l’art, tête nue et l’œil baissé.
Il n’en a pas été de tous les temps comme il en est du nôtre, où le plus obscur écolier jette une main de papier à la tête du lecteur, en ayant soin de l’avertir que c’est tout simplement un chef-d’œuvre.
Je crains bien qu’une tête couverte de réseaux de perles et de diamants, ne laisse aucune place à l’épée186. » Ces paroles, adressées à des femmes qu’on conduisait tous les jours à l’échafaud, étincellent de courage et de foi.
Certains artistes stériles n’ont qu’un petit nombre de positions de corps, qu’un pied, une main, un bras, un dos, une jambe, une tête, qu’on retrouve partout.
Il est vrai que les dattes de ses pieces qu’on a mises dans une édition posthume de ses ouvrages disent le contraire ; mais ces dattes souvent démenties, même par la piece de poësie, à la tête de laquelle on les a placées, ne me paroissent d’aucun poids.
On a donc tort de mettre Euripide et Menandre à la tête des poëtes dédaignez par les spectateurs, afin de consoler par l’égalité des destinées ceux de nos auteurs dramatiques, sur les ouvrages desquels le public s’explique quelquefois hautement et désagréablement.
A la tête des animaux se trouve un roi qui est soit l’éléphant, soit le lion, soit même l’hyène102 et, qui pis est, l’araignée (chez les Agni).
On se rappelle le mot d’un officier français qui, à la tête d’une compagnie de gardes, venait d’assister à la dédicace d’une des statues de Louis XIV ; en revenant, il passa avec sa troupe devant la statue de Henri IV : « Mes amis, dit-il, saluons celui-ci, il en vaut bien un autre, et en même temps il fit baisser les drapeaux jusqu’à terre.
Lancelot, selon eux, portait en tout temps, hiver et été, sur la tête, un chapelet de rosés fraîches, excepté le vendredi et les vigiles des grandes fêtes. […] Bernardin avait pu épouser en Russie mademoiselle de La Tour, nièce du général du Bosquet ; il avait pu, à Berlin, épouser mademoiselle Virginie Taubenheim : un ressouvenir aimable lui a fait confondre et entrelacer ces deux noms sur la tête de sa plus chère créature. […] Je ne fais que rappeler tant de comparaisons, familières à l’auteur et éparses en toutes ses pages, de la solitude avec une montagne élevée, de la vie avec une petite tour, de la bienveillance avec une fleur, etc., etc. ; mais la plus illustre de ces images, et qui qualifie le plus magnifiquement cette partie du talent de Bernardin, est, dans la Chaumière, la belle réponse du Paria : « Le malheur ressemble à la Montagne-Noire de Bember, aux extrémités du royaume brûlant de Lahore : tant que vous la montez, vous ne voyez devant vous que de stériles rochers ; mais quand vous Êtes au sommet, vous apercevez le ciel sur votre tête, et à vos pieds le royaume de Cachemire. » Cela est aussi merveilleusement trouvé dans l’ordre des sentences morales, que Paul et Virginie dans l’ordre des compositions pastorales et touchantes.
Joubert, a dit une belle parole : « Les vieilles religions ressemblent à ces vieux vins généreux qui échauffent le cœur, mais qui n’enflamment plus la tête. » Combien je voudrais que cette parole se vérifiât parmi nous ! […] Je ne vois depuis quelques années que procédés et démarches qui sont les signes de têtes ardentes et enflammées. […] Il est spécialement et magnifiquement protégé, rémunéré ; il prime tout : il a de droit ses représentants des plus dignes, — les plus élevés en dignité, — les princes français de l’Église, au sein et à la tête de ce Sénat même.
Là, ma mère est assise sur un rocher, et sa vieille tête est branlante. […] Ils vont lier mes mains, bander mes yeux ; je monterai sur l’échafaud sanglant, et le tranchant du fer tombera sur ma tête… Ah ! […] Ce publiciste de la liberté et de la restauration venait d’appeler aux armes tous les cœurs et tous les bras contre le tyran qui s’approchait de la capitale ; son manifeste, devenu le dernier cri de la liberté, frémissait encore dans toutes les voix de l’Europe libre, quand on apprit que ce Caton, appelé d’un signe aux Tuileries et vêtu en courtisan de César, était devenu en vingt-quatre heures le conseiller intime et salarié du tyran, sur la tête duquel il venait de conjurer le poignard du monde.
Ce grand art, qui n’a pour ainsi dire point de passé, sort consommé de la tête de Corneille. […] Par un de ces instincts que développe et fortifie en nous l’éducation, nous cherchons l’idéal de la tragédie au-dessus de nos têtes, dans les événements considérables qui affectent directement des personnes illustres. […] Comment égaler deux forces si inégales, sans appeler l’esprit au secours de la première, et sans que le cœur, qui n’accepte le devoir qu’à demi, se fasse aider par la tête pour l’accepter tout entier ?
Il y a eu contre l’antiquité classique trois campagnes où figurent, en tête des combattants, trois hommes qui sont bien loin d’être méprisables, les deux derniers surtout : Desmarets de Saint-Sorlin, Charles Perrault et Lamotte-Houdart. […] Un Discours au roi, en tête du poème, prenait Louis XIV à témoin « qu’il n’y avait pas de présomption à un chrétien de croire que, par une supériorité dont il rendait honneur à Dieu, il faisait de la poésie mieux conçue, mieux conduite et plus sensée que celle des païens. » Boileau ne crut pas offenser Dieu ni déplaire au roi en ne ratifiant pas la bonne opinion que Desmarets avait de ses vers. […] A la peinture poignante que fait Homère de l’orphelin « marchant la tête toujours baissée », elle ajoute : « avec mille sujets de mortification. » Elle le trouve plus noble « mendiant de parte en porte », que « tirant par leur tunique ou par leur manteau les amis de son père. » Elle aime mieux Astyanax « nourri sur les genoux de son père avec tant de soin », que « mangeant la moelle et la meilleure graisse des brebis. » Lamotte mutilait la statue, Mme Dacier la badigeonnait.
A la tête de la cohue wagnérienne, quelques illuminés prophétisent dans un jargon décadent, auquel je déclare humblement ne rien comprendre. […] L’artiste en cheveux se trouvait être un mélomane fort au courant des choses et sachant son monde ; il reconnut le grand homme, et tout en faisant effort pour dominer son émotion : — N’ai-je pas, en ce moment, demanda-t-il, l’insigne honneur de tenir en mes mains la tête illustre qui a conçu Lohengrin ? […] Wagner, par contre, est comme à notre tête, roulant incessamment ses pensées de logicien et de poète, épris de vérité intime et d’unité.
La poussière des siècles lui monta à la tête en une sorte d’éblouissement lucide, d’hallucination précise, en une ivresse de vérité. […] La pensée bourdonne de tant de voix discordantes, rauques ou fausses, avinées ou doucereuses, éloquentes et criardes, qui proposent une loi ou demandent une tête. […] Sa tête mélodieuse tomba ; mais la Lyre avait frémi ; des mains pieuses la recueillirent et Vigny le premier, ensuite, en fit vibrer les grandes cordes. […] Je me souviens qu’une dame de nos amies prétendit même, à table, distinguer autour de la tête de son hôte une auréole lumineuse. […] Oscar Wilde est maintenant en prison, il a la tête rasée, porte un costume de grosse toile et subit le dur régime d’une dure détention.
Hantée du désir de jouer un grand rôle, elle avait fait choix de Bonaparte pour qu’il gouvernât d’après ses inspirations : elle aurait été la tête, il aurait été le bras. […] Au temps de la Révolution, il eût été Danton, eût fait couper des têtes et, sous la pression de la Terreur, poussé ses compatriotes aux frontières. […] Docile, elle suit où on la mène, sans savoir où et tête baissée, à moins pourtant qu’elle ne se révolte, ne s’échappe et ne se reprenne comme elle s’était donnée, sans raison. […] Supposez qu’une lubie d’amour lui passe par la tête. […] Son chapeau mou semblait lui-même se conformer à sa triste pensée, inclinant ses bords vagues tout autour de sa tête, espèce d’auréole noire à ce front soucieux.
Mistress Bute crie du haut de sa tête : « Jamais, tant que la nature me soutiendra, je ne déserterai la place où mon devoir m’enchaîne. […] Mon cher et excellent lecteur, ne savez-vous pas que Brutus fit couper la tête à ses propres fils ? […] — Un des écossais à tête noire, sir Pitt. […] Elle éblouit, elle fascine, elle tient tête coup sur coup à trois accusations prouvées ; elle réfute l’évidence ; tour à tour elle s’humilie, elle se glorifie, elle raille, elle adore, elle démontre, changeant vingt fois de tons, d’idées, d’expédients, dans le même quart d’heure. […] Lady Castlewood, arrivant pour la première fois au château, vient à lui dans la grande bibliothèque ; instruite par la femme de charge, elle rougit, s’éloigne ; un instant après, touchée de remords, elle revient. « Avec un regard de tendresse infinie, elle lui prit la main, lui posant son autre belle main sur la tête, et lui disant quelques mots si affectueux et d’une voix si douce, que l’enfant, qui jamais n’avait vu auparavant de créature si belle, sentit comme l’attouchement d’un être supérieur ou d’un ange qui le faisait fléchir jusqu’à terre, et baisa la belle main protectrice en s’agenouillant sur un genou.
La Raisin ne fut pas longtemps à savoir son malheur : animée par son Olivier, elle entra toute furieuse le lendemain matin dans la chambre de Molière, deux pistolets à la main, et lui dit que s’il ne lui rendait son acteur, elle allait lui casser la tête. […] dit le roi, les hypocrites permettent qu’on joue Dieu et le ciel, mais ne veulent pas qu’on les joue eux-mêmes. « Jouez-les toujours ; la fausse dévotion n’est qu’un mensonge ; les vices sont à vous. » Louis XIV, charmé du bon sens de Molière, se plaisait à l’entretenir quatre ou cinq heures tête à tête. […] Avec un mal de tête étrange à concevoir. […] Tant sa douleur de tête était encor cruelle !
serrez-moi encore un peu la grosse tête d’âne. […] Cette fois, il n’y a plus à en douter : Max Jacob n’est pas, ne peut être, seulement, un romancier ; il a beaucoup trop d’impatience et de primesaut dans la tête pour s’en tenir là. […] Il a écrit, en tête des deux livres qui ont suivi les Matorel, deux préfaces où la malice le dispute à la sagacité. […] L’homme-récepteur, dont le cerveau ressemble à cette réclame américaine pour machines à écrire, représentant une tête contenant une machine. […] Cette « collection de caractères », pour reprendre les mots de « l’avis » publié par Jacob en tête de l’ouvrage, est publiée en 1920 aux Éditions de la Sirène.
J’espère pouvoir, sans beaucoup de peine, faire dans peu de temps le 2e art., que je crois avoir tout entier dans la tête. […] L’essaim apprivoisé voltigeait autour d’elle, blond au-dessus de sa blonde tête, et semblait applaudir à sa voix. […] Que les passants viennent cueillir le mystère qui charge ma couronne et fait baisser ma tête. […] L’Éternité cueille les étoiles, cache les mondes sous le pli de sa robe, et reste enfin tête à tête avec le Néant ; mais le Néant a pour elle trop de consistance, et fait trop de bruit ; elle enterre le Néant, et reste seule dans son désert. […] Si déjà l’idée abstraite et générale de Dieu, placée en tête de notre morale, en agrandit la sphère, en élève la tendance, que ne fera pas une connaissance plus complète et plus précise de ce que l’on a appelé le caractère de Dieu ?
Mais Ion ne perd pas la tête : « Et mon père, Madame, qui est mon père ? […] Tu profanes cette tête si chère que ma mère et ma grand’mère ont caressée et lavée tant de fois ? […] c’est à perdre la tête ! […] avant d’être Têtes rondes ou Cavaliers, ou n’importe quoi, ils sont les quatre mousquetaires. […] Et c’est sa tête, fichée au bout d’une pique, qui chemine sous la terrasse.
Celles qui me plaisent je les garde dans ma tête et je les fredonne, à ce que du moins m’ont dit les autres. […] L’œuvre grandit, je l’étends toujours et la rends de plus en plus distincte, et la composition finit par être toute entière achevée dans ma tête, bien qu’elle soit longue. […] Il est trop logique ; il ne perd jamais la tête. […] La main du cavalier grandissait, grandissait, elle était déjà plus grande que la tête et prenait des proportions telles que je m’écriai : “Mais, mon cher maître, que faites-vous ? […] Voir l’esquisse de sa vie qu’il a placée en tête de ses Solutions sociales.
Et je ne me flatte guère d’empêcher les gens de se précipiter vers la baraque où l’on montre la princesse déclassée et le mouton à deux têtes. […] On me dira que chaque jour, en tête de chaque numéro de chaque journal, il y a une chronique. […] C’est la tête et non le cœur qui s’y révèle, dit-il. […] Mes préoccupations se sont reflétées dans les plaines du firmament. » Ainsi, quand Monsieur Bois est inquiet, c’est l’Éternel qui se gratte la tête. […] Le personnage « mauvaise tête et bon cœur » ne me plaît guère, hors des romans de Mme de Ségur.
Je ne dis pas qu’ils pensent très distinctement ce que je leur fais penser ; mais tout cela est dans leur tête, et je ne fais que débrouiller le chaos de leurs idées : j’expose en détail ce qu’ils sentent en gros, et voilà, pour ainsi dire, la monnaie de la pièce. […] C’est le propre encore de chaque personnage de Marivaux d’être ainsi doublé d’un second lui-même qui le regarde et qui l’analyse : J’étais alors assise, dit-elle, la tête penchée, laissant aller mes bras qui retombaient sur moi, et si absorbée dans mes pensées, que j’en oubliais en quel lieu je me trouvais.
» Le Kalender secoua la tête et leva la main en signe d’improbation. […] Mais ce ne sont point les auteurs que j’ai cités qui ont enflammé les têtes.
Les jambes étaient débiles, la tête paraissait un peu trop grosse pour le corps ; mais il avait une figure charmante, et des yeux dont une femme lui disait qu’ils étaient « doublés d’âme ». […] Il n’en tenait compte : « Les femmes même les plus honnêtes, dit-il, n’ont pas pu deviner ce que c’était que mon cœur ; voilà pourquoi elles n’ont pas pu se l’approprier. » Et il en donnait pour raison que ce cœur était « né sujet du royaume évangélique » ; et sur ces cœurs-là les sens ni la tête n’y peuvent rien ; il ne leur faut que le pur amour.
Poirson, l’un de nos anciens maîtres, l’un des premiers et des plus utiles fondateurs de l'enseignement de l’histoire dans nos collèges, qui a dirigé pendant nombre d’années le lycée Charlemagne et l’a maintenu avec éclat à la tête des concours universitaires, M. […] quels bras eût-il eus pour lever de terre cette couronne tombée et la placer sur sa tête ?
Mais, si on a dans la tête un grand ouvrage, il anéantit tout ce qui n’est pas lui. […] Une préface excellente est en tête de cette traduction et, je dois le dire, elle laisse de bien loin en arrière nos préface et avertissement pour l’intelligence élevée au sujet et pour la justesse des appréciations.
Royer-Collard releva la tête et reprit part au mouvement public, il adopta pour sa devise le contre-pied de celle de Danton ; nommé au Conseil des Cinq-Cents, le premier et le seul discours qu’il y fit et qui fut très-remarqué se terminait par ces mots : « Aux cris féroces de la démagogie invoquant l’audace et puis l’audace, et encore l’audace. […] Certes, la pensée de dissolution alors n’était pas décidée ni formulée, comme on dit, et le germe seul en était déposé dans l’esprit de Louis XVIII ; mais l’orateur semblait la présager, la prédire, la promener à l’avance sur toutes les têtes, et il faisait entendre à cette Chambre, au moment de se séparer, les considérants, pour ainsi dire, de son Arrêt de condamnation ; il en faisait planer la menace et briller l’éclair avant-coureur pour qui l’aurait su comprendre.
Est-il possible de mieux parer une tête que les dames font et feront à jamais ? […] accoutrement de tête mieux séant, quand elles s’accoutreront à l’espagnole, à la française, à l’allemande, à l’italienne, à la grecque ?
Je trouverais ainsi, en le voulant bien, à offrir des échantillons des différentes sortes d’épigrammes, mais je préfère aujourd’hui m’attacher à un seul nom, à un poète qui n’a été autre chose qu’un auteur d’épigrammes et qui me paraît au premier rang (les grands poètes exceptés), parmi ceux qui ont contribué à l’Anthologie dès son origine : Il s’agit de Léonidas de Tarente que la plupart ne connaissent sans doute que pour l’avoir vu mentionné en tête de quelque imitation d’André Chénier. […] Et comment a-t-on oublié de traduire le grand Préambule qu’Agatbias avait mis en tête de son Anthologie ?
Mais l’Empire, en se transportant à Byzance, rend au génie grec, subtil, raisonneur, inventeur, son ascendant et sa supériorité : dès lors, la Grèce byzantine va prendre la tête des arts, et mettre sa marque et comme sa signature à un style nouveau. […] Tressoir est le nom qu’on donnait à un grand peigne, au peigne à dents écartées, que nous appelons démêloir ; c’est peut-être aussi un ornement de tête et de la coiffure.
Les colonels, à la tête de régiments et menant des troupes, regardaient d’un certain œil les adjudants-commandants d’état-major, colonels par assimilation : de leur côté, ces officiers supérieurs d’état-major tenaient à se dire colonels. […] Tout était perdu ce jour-là sans la bonne contenance que fit Napoléon pendant trois heures à ce cimetière d’Eylau à la tête de sa Garde, de sa cavalerie et de son artillerie qu’il dirigeait lui-même.
Au lieu de cela, après toutes sortes de dégoûts et d’ennuis, la lutte terminée, il ne se voyait en position que de demeurer un grand consultant militaire sur le pied de paix, et de redevenir ce qu’il avait été tout d’abord, un écrivain tacticien, ce nom qu’on lui avait jeté si souvent à la tête en manière de raillerie ! […] Des raisons de politique extérieure et d’alliance anglaise firent alors prévaloir le choix d’Anvers comme une tête de pont qui permît à l’Angleterre de venir, en cas de péril, au secours de sa protégée.
Mais, en tête de la période qui a cessé et qui est close, ce qui est certain, c’est que nous retrouvons notre cher Du Bellay comme héraut d’armes et comme annonciateur un peu prophète. […] » On ne mérite jamais de tels éloges quand on ne s’amuse qu’à traduire : il faut oser plus et s’inspirer de l’esprit pour « faire tant qu’une langue, encore rampante à terre, puisse hausser la tête et s’élever sur pied ».
Chaque époque a sa folie et son ridicule ; en littérature nous avons déjà assisté (et trop aidé peut-être) à bien des manies ; le démon de l’élégie, du désespoir, a eu son temps ; l’art pur a eu son culte, sa mysticité ; mais voici que le masque change ; l’industrie pénètre dans le rêve et le fait à son image, tout en se faisant fantastique comme lui ; le démon de la propriété littéraire monte les têtes, et paraît constituer chez quelques-uns une vraie maladie pindarique, une danse de saint Guy curieuse à décrire. […] Je crois, par exemple, que ç’a été une faute au Journal des Débats, resté après tout à la tête de la littérature quotidienne, d’obéir en cette crise à son système de prudence, et de ne pas protester tout haut.
Il n’aimait guère mieux le quai Voltaire (antipathie de famille), et y passait le plus rapidement qu’il pouvait, baissant la tête, disait-il, et détournant ses regards vers la Seine. […] Il écrivait en style moins lyrique à un ami, en se faisant tout petit, non sans malice : « Dans l’impossibilité où je suis de comprendre cette faculté (du poëte) et pour ne pas avouer cette supériorité dans les autres, je pense que les poëtes ont quelque chose dans le poignet qui change la prose en vers à mesure qu’elle passe par là pour se rendre de la tête sur le papier ; en sorte qu’un poëte ne serait qu’une filière plus ou moins parfaite.
Ampère a rappelé la Chine à propos d’Ausone et de ses périphrases : « Il existe entre les lettrés, a-t-il dit, surtout quand ils écrivent en vers, une langue convenue comme celle des précieuses, et dans laquelle rien ne s’appelle par son nom. » Le Père Garasse sent si bien qu’il est sujet à cette espèce de chinoiserie de style, qu’en tête de sa Somme thèologique, voulant être grave, il avertit qu’il tâchera d’écrire nettement et sans déguisement de métaphores ; ce qui n’est pas chose aisée, ajoute-t-il, « car il en est des métaphores comme des femmes, c’est un mal nécessaire. » Le Père Lemoyne de la Dévotion aisée n’est pas moins ridicule (et dans le même sens) que le plus mauvais des rimeurs allégoriques du ive siècle. […] On rencontre dans l’histoire des opinions humaines une quantité d’accidents où il ne faudrait peut-être apporter que le rire de Voltaire et le branlement de tête de Montaigne.
C’est la Champmêlé elle-même, puis bientôt Despréaux en tête de la troupe comique, tenant flambeau à la main, qui viennent annoncer sa revanche et son triomphe au poëte. […] L’ancien répertoire, Racine en tête, a fait sa rentrée par mademoiselle Rachel : ç’a été toute une restauration.
On peut soupçonner toutefois qu’en y rattachant si expressément en tête le nom assez disparate du roi de Prusse, en serrant de près avec une exactitude sévère le règne de ce champion si empressé de la coalition, qui fut le premier à rengainer l’épée et à déserter dans l’action ses alliés compromis, M. de Ségur prenait à sa manière, et comme il lui convenait, sa revanche de la non-réussite de Berlin. […] Dans une Lettre à mes enfants et à mes petits-enfants, placée en tête du manuscrit de cette Histoire tout entier écrit de la main de madame de Ségur, on lit ces paroles touchantes : Paris, ce 1er décembre 1817.
Le fait principal était arrivé dans la Sainte-Chapelle ; les deux épisodes les plus caractéristiques sont aussi pour lui des choses vues : ne dut-il pas être à l’Académie le jour où Tallemant et Charpentier se jetèrent les dictionnaires à la tête, en s’apostrophant rudement ? […] Nous le dirions encore moins de l’Épître IV, ce fragment d’épopée élaboré par la tête la moins épique du monde, où chevauchent si étrangement cuirassiers et courtisans parmi des naïades effarouchées, où, selon l’exorde et la conclusion, l’intérêt principal se porte moins sur l’action que sur le poète si laborieusement vainqueur de la, dureté des noms hollandais.
Quand il faut agir de la tête autant que des bras, c’est son affaire. […] Après cinquante ans, il voit encore la toile peinte en bleu, qui revêtait le pavillon du soudan d’Égypte, la cotte vermeille à raies jaunes d’un garçon qui est venu en Syrie lui offrir ses services : quand il s’attendait à avoir la tête coupée, il entend la confession de son compagnon sans qu’il lui en reste un mot dans la mémoire, mais il voit le caleçon de toile écrue d’un Sarrasin, et ce caleçon toute sa vie lui restera devant les yeux.
Cela ressort des scènes qu’ils jouaient, à preuve celle qui est rapportée par Sauval : « Gros-Guillaume habillé en femme tâchait d’attendrir son mari Turlupin qui, armé d’un sabre de bois, voulait à toute force lui trancher la tête. […] Geoffrin-Jodelet conserva seul les traditions de la farce française : « Il n’y a de Farce qu’au théâtre du Marais, disait Tallemant des Réaux, et c’est à cause de lui qu’il y en a. » Aussi se trouva-t-il capable, avec un artiste formé dans la troupe de Molière, Duparc-Gros-René, de tenir tête aux Italiens sur leur propre terrain.
Tant qu’on n’avait vu au gouvernement qu’un roi moins la royauté, comme Richelieu, ou qu’un habile homme d’affaires comme Mazarin, personne n’avait eu au-dessus de sa tête quelque chose d’assez grand pour se trouver petit, et, par cette comparaison, arriver à une juste idée de soi. […] Elle consiste en seize divisions ou têtes de chapitres, qui comprennent à peu près toute la morale pratique dans une société monarchique et chrétienne.
Mille projets bouillonnaient dans sa tête. […] Baju s’était vite ressaisi et avait célébré son affranchissement en tête du premier numéro de la seconde série du Décadent, la seule qui compte, assure Verlaine, et c’est pour cette rédaction dès lors « homogène » que le maître écrivit la Ballade des bons écrivains : Quelques-uns dans tout ce Paris Nous vivons d’orgueil et de dèche.
Elle s’accoutuma à ces soins ingénieux et à ces aises nouvelles et, la tête appuyée sur un oreiller de strophes moelleuses, elle finit par s’endormir d’un profond et nouveau sommeil. […] L’étonnant métaphoriste Saint-Pol-Roux, en son Épilogue des saisons humaines, rivalisait avec Paul Claudel dans Tête d’or et dans la Ville.
Il faut marcher la tête haute et sans crainte vers ce qui est notre bien, et, quand nous faisons violence aux choses pour leur arracher leur secret, être bien convaincus que nous agissons pour nous, pour elles et pour Dieu. […] Quelle bonhomie, par exemple, que celle de savants souvent éminents, déclarant en tête de leurs ouvrages qu’ils n’ont pas eu l’intention d’empiéter sur le terrain de la religion, qu’ils ne sont pas théologiens et que les théologiens ne peuvent pas trouver mauvaises leurs tentatives d’humble philosophie naturelle.
Un courtisan ne rêve pas de châtiment plus pénible que d’être relégué dans ses terres en tête à tête avec des arbres, des vaches et des villageois.
Pourtant Huet devait apprécier, ce semble, Mme de La Fayette ; c’est pour lui complaire qu’il écrivit sa dissertation De l’origine des romans, qui parut d’abord en tête de l’histoire de Zayde, qu’elle avait composée. […] Le Journal de l’abbé Le Dieu, à la date du vendredi 21 décembre 1703, nous montre Huet dans sa chambre une après-midi, « en surtout et en cravate, un bonnet de cabinet sur la tête sans perruque, n’étant pas en état de descendre à la salle pour voir M. de Meaux (Bossuet, qui était venu visiter le père de La Chaise), ni M. de Meaux de monter quatre-vingts marches pour l’aller chercher si haut. » Ainsi ils ne se sont plus revus.
Mais ce qui doit étonner davantage, c’est qu’en octobre 1666, lors de la naissance d’une fille qui fut Mlle de Blois, Mme de La Vallière, qui était alors à Vincennes auprès de Madame, dissimula si bien jusqu’au dernier moment, qu’elle ne fit presque que passer de la chambre de la princesse entre les mains de la sage-femme qui était cachée tout près de là, et que, le soir même de son accouchement, elle reparut dans l’appartement devant toute la compagnie, veilla et fut la tête découverte, en coiffure de bal, comme si de rien n’était. […] Faisant allusion à cette chevelure coupée qui est le premier sacrifice de la vie religieuse et qui n’est pas le moindre, Bossuet empruntait la parole d’Isaïe : « J’ai vu les filles de Sion, la tête levée, marchant d’un pas affecté, avec des contenances étudiées, en faisant signe des yeux à droite et à gauche : pour cela, dit le Seigneur, je ferai tomber tous leurs cheveux. » — Quelle sorte de vengeance !
Placée, dès les premiers mois de son arrivée en France, à la tête d’une maison où elle recevait ce qu’il y avait de plus en vogue parmi les gens de lettres de Paris, jalouse d’y suffire et y parvenant, émule et disciple de Mme Geoffrin, elle eut à prendre sans cesse sur elle, sur sa santé, sur ses habitudes chéries, sur ses autres goûts : Je dois à cette occasion vous faire un aveu, écrivait-elle en 1771 à une amie de Suisse, c’est que, depuis le jour de mon arrivée à Paris, je n’ai pas vécu un seul instant sur le fonds d’idées que j’avais acquises ; j’en excepte la partie des mœurs, mais j’ai été obligée de refaire mon esprit tout à neuf pour les caractères, pour les circonstances, pour la conversation. […] Le sentiment, en elle, était parfait ; mais, dans sa tête, la pensée était souvent confuse et vague.
Quatre ou cinq camarades logeaient ensemble chez quelque artisan de la ville ; chaque écolier avait avec lui ses provisions pour la semaine, ses vivres qui lui venaient de la maison paternelle : Notre bourgeoise nous faisait la cuisine, et pour sa peine, son feu, sa lampe, ses lits, son logement, et même les légumes de son petit jardin qu’elle mettait au pot, nous lui donnions par tête vingt-cinq sols par mois ; en sorte que, tout calculé, hormis mon vêtement, je pouvais coûter à mon père de quatre à cinq louis par an. […] Navarre, receveur des tailles à Soissons, était, nous dit un homme non amoureux (Grosley), la plus brillante partie de sa famille ; elle visait au grand, à l’extraordinaire, et se fit aimer du maréchal de Saxe : « La beauté, les grâces, les talents, un esprit délicat, un cœur tendre, l’appelaient à cette brillante conquête… Sa conversation était délicieuse70. » Marmontel nous la montre de plus imprévue, capricieuse, avec plus d’éclat encore que de beauté : « Vêtue en Polonaise, de la manière la plus galante, deux longues tresses flottaient sur ses épaules ; et sur sa tête des fleurs jonquille, mêlées parmi ses cheveux, relevaient merveilleusement l’éclat de ce beau teint de brune qu’animaient de leurs feux deux yeux étincelants. » C’est cette amazone, cette belle guerrière qui, sacrifiant l’illustre maréchal au jeune poète, enleva un matin Marmontel à ses sociétés de Paris et le transporta d’un coup de baguette dans sa solitude d’Avenay, où elle le garda plusieurs mois enfermé au milieu des vignes de Champagne comme dans une île de Calypso.
Une réponse fut faite en ce sens par Marmont aux ouvertures du prince de Schwarzenberg, et, en attendant l’acceptation définitive, une autre lettre fut préparée par lui et adressée à l’Empereur, dans laquelle il lui disait qu’ayant rempli ce qu’il devait au salut de la patrie, il venait désormais remettre en ses mains sa tête et sa personne. […] Il allègue que M. de Bourmont, dans la liste de présentation au roi, avait placé le nom du maréchal Marmont en tête.
C’est là, c’est devant cette enfilade de colonnes encore debout et de fûts renversés que Volney établit son voyageur ou plutôt s’établit lui-même comme une espèce d’Ossian arabe ou turc, méditant après le coucher du soleil sur les vicissitudes des empires : « Je m’assis sur le tronc d’une colonne ; et là, le coude appuyé sur le genou, la tête soutenue sur la main, tantôt portant mes regards sur le désert, tantôt les fixant sur les ruines, je m’abandonnai à une rêverie profonde. » La gravure qui était en tête du volume, et qui a été souvent reproduite depuis, représente le voyageur dans cette pose un peu solennelle.
Le schéma de ses gestes serait alors identique chez lui et chez le dessinateur qui alternativement lève la tête et crayonne. […] Ni le style de Stendhal, ni celui de Mérimée, ni le style même du Code ne sont exempts d’images ; seulement ces images sont tellement usées, elles ont si longtemps roulé dans les vagues de la parole que voilà des galets unis et ronds où il semble que nul regard mental ne puisse découvrir les linéaments du paysage ancien. « Tout condamné à mort, dit le Code, aura la tête tranchée » ; cela est net, sec et froid ; cela ne laisse à l’entendement aucune alternative ; ce n’est plus une image, c’est une idée, mais une idée qui, à peine comprise, redevient l’image que les mots, sans le savoir, ont tracée avec du sang.
Ainsi que l’a dit Victor Hugo, La fauvette à la tête blonde Dans la goutte d’eau boit un monde : Immensités ! […] Les premiers poèmes et les premiers romans ont conté les aventures des dieux ou des rois ; dans ce temps-là, le héros marquant de tout drame devait nécessairement avoir la tête de plus que les autres hommes
Il m’aimoit ; j’ai forcé sa justice éternelle D’appesantir son bras sur ma tête rebelle : Je l’ai rendu barbare en sa sévérité ; Il punit à jamais, et je l’ai mérité. […] Un Pontife assisté d’un jeune garçon qui tient une boîte d’encens, et qui a une couronne de fleurs sur la tête.
Peut-être à votre vue elle a baissé la tête, Car, bien pauvre qu’elle est, sa naissance est honnête ; Elle eût pu, comme une autre, en de plus heureux jours, S’épanouir au monde et fleurir aux amours, etc. […] Regain obstiné qui poussait, malgré l’auteur, dans sa vie studieuse et assagie, épi rebelle qu’il avait beau peigner et couper, et qui se redressait toujours à un petit coin de sa tête, dont les cheveux n’avaient plus, hélas !
C’est une révélation qu’il fait à ses servantes, par-dessus la tête de leur archevêque. […] Visiblement elle a perdu la tête. […] Un premier messager, envoyé par Amurat pour demander la tête de Bajazet, a été supprimé sans bruit. […] Tous les personnages jouent leur tête et le savent. […] Ils ont tous la tête dans un nœud coulant qu’on n’aperçoit pas et dont le bout est là-bas, à Bagdad.
de ces deux solutions si conformes mais si diversement exposées du même problème historique, l’une figure à mon esprit le spectacle de ces constructions géométriques, à la fois élégantes et hardies, qui sont nées comme de toutes pièces dans la tête de l’inventeur ; l’autre plutôt me rappelle ces mouvements gradués d’une analyse moins ambitieuse, ces transformations qu’on quitte et reprend à son gré, et auxquelles, chemin faisant, l’esprit se complaît si fort, qu’il ne se souvient du but qu’à l’instant où il l’atteint.
Ils devraient, ce me semble, laisser leurs disputes jusqu’à ce que la paix générale fût faite, et ensuite recommencer leurs guerres civiles, s’arracher leurs bonnets de la tête, s’ils en avaient envie ; mais présentement nous avons des choses plus sérieuses ; et pour moi, j’ai si fort regardé ces deux partis avec indifférence, que je n’ai pas voulu presque en entendre parler, et que je cherche toujours mes confesseurs exempts de haine ou d’amitié pour eux. » Grâce à madame des Ursins et à la reine d’Espagne, princesse remplie de force et de prudence, l’intérieur de cette cour demeura libre de toute intrigue religieuse, quoique le roi Philippe méritât d’être appelé un grand saint ; et, malgré l’exemple de la France, on n’eut à s’occuper en Espagne que des soins de la guerre.
Celui qui par sa faute, ou par le hasard, a beaucoup souffert, cherche à diminuer la chance de ces cruels fléaux, qui ne cessent d’errer sur nos têtes, et son âme, encore ouverte à la douleur, a besoin de s’appuyer par le genre de prière qui lui semble le plus efficace.
On le voit représenté fort exactement en tête de sa Supplica imprimée à Venise en 1634 ; nous reproduisons ce dessin.
Les collaborateurs de la Renaissance prennent pour têtes de Turc : Dumas fils, d’Ennery, Pailleron, Victorien Sardou.
Ces fonctions sociales, auxquelles on suffisait autrefois avec du courage, de l’élégance et de l’honnêteté, supposent aujourd’hui des têtes puissantes, capables d’embrasser à la fois beaucoup d’idées et de les tenir toutes en même temps fixées sous le regard.
C’est là, d’ailleurs, un fait d’observation générale, que celui qui travaille de la tête est moins propre au travail des bras.
D’ailleurs, quelles que soient les fautes, quels que soient même les crimes, c’est le cas plus que jamais de prononcer le nom de Bourbon avec précaution, gravité et respect, maintenant que le vieillard qui a été le roi n’a plus sur la tête que des cheveux blancs.
Sa faction tenoit tête à la faction opposée.
Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu’il déracine Celui de qui la tête au ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts.
On en conclut que Descartes étoit un très-beau génie, mais qu’il n’est guéres sorti de sa tête que des romans de Philosophie.
Ceux qui enseignent l’art de la scéne, dit-il, dans un autre endroit du même chapitre, trouvent que le geste qu’on fait de la tête seule est un mauvais geste.
Ce classement des styles fait décidément perdre la tête à nos adversaires.
À travers toutes ces poésies on est saisi par cette belle appropriation dont il poussa quelquefois la personnification allégorique jusqu’à la hardiesse et à l’humorisme… » Franchement, était-ce bien à Jean-Paul, le plus grand humouriste qui ait chevauché jamais l’hippogriffe aux ailes d’or et à la tête de griffon de la Fantaisie, à adresser un pareil reproche à Hebel ?
Les quatre ans du règne de Napoléon III, rappelés en quelques pages, ne sont là que comme un prétexte pour parler d’un autre règne au Constitutionnel, la grande époque de Véron, quand cette forte tête gouvernementale passait des jours sans repos et des nuits sans sommeil : … On ne dort pas quand on a tant d’esprit !
, Napoléon, par les événements de son règne, devra influer sur cette tête française qu’on a dit n’être pas épique pendant si longtemps et avec tant de vérité.
C’est à la tête de ce discours qu’Isocrate se plaint que de son temps on aimait à louer des héros, qui peut-être n’avaient jamais existé, tandis qu’on refusait quelques éloges à d’excellents citoyens avec qui on avait vécu.
Cette épitaphe de vaillants hommes, ni la rouille ni le temps destructeur n’en éteindra l’éclat : cette tombe a réuni la renommée des enfants de la Grèce ; Léonidas l’atteste, le roi de Sparte, qui a transmis au monde un grand exemple de vertu, une gloire impérissable. » Ailleurs, sur ce même sujet, et faisant parler les Spartiates eux-mêmes, il disait100 : « Nous, les trois cents, pour Sparte, notre patrie, engagés contre les nombreux enfants d’Inachus, à l’entrée de la Grèce, sans tourner la tête, là où nous avions une fois empreint la trace de nos pas, nous avons laissé notre vie.
Ainsi, dans le cas où je représenterais un homme qui marcherait la tête en bas, j’aurais fait une œuvre d’art, si tel était mon sentiment personnel. […] Elle abandonne de son grand train, elle baisse peu à peu la tête sous le niveau égalitaire. […] Ce sont là des faits faciles à prouver et qui montrent le savant à la tête du mouvement, menant aujourd’hui l’intelligence humaine. […] La foudre passe sur sa tête, mais il a l’entêtement d’une brute. […] Voici une dizaine d’années que je l’ai vu débarquer à Paris, un beau matin, dans un de ces coups de tête littéraire qui désolent les familles.
Leur chef, le beau et resplendissant Lucifer, précipité du ciel, tombe la tête la première sur notre planète, qui est, selon l’astronomie du moyen âge, le centre du monde. […] Les trois furies, voulant en interdire l’entrée à Dante et à son guide, les menacent de la tête de la Gorgone, mais un envoyé du ciel vient à leur secours. […] Il tend vers lui les bras ; il le prie de permettre qu’il fasse quelques pas à ses côtés, et Dante baisse la tête en signe de révérence. […] En silence, elle s’était assise sur l’escabeau et reposait sur les genoux de son amie sa tête charmante. […] Quelles attitudes, quels airs de tête, quels beaux ajustements se contrastent et s’harmonisent dans le groupe qui l’entoure et l’écoute avec une intelligence avide !
C’est à peine si le prisonnier conserve l’espérance d’une liberté lointaine ; c’est à peine s’il entrevoit la chance d’échapper à la hache qui a déjà tranché tant de têtes. […] Il remercie le ciel d’avoir respecté la beauté de Fanny, et il célèbre en même temps la pieuse charité qui appelle sur sa tête la bénédiction des pauvres. […] Il est très vrai que l’aristocratie portait la tête haute dans les premières années du règne de Louis XIII ; mais elle résistait à Richelieu en levant des armées, et lorsqu’elle avait une grâce à demander, elle ne se présentait pas escortée comme un prince du sang. […] À lire, ou seulement à feuilleter ces récits sans fin que la presse livre chaque jour en pâture à l’avidité des salons désœuvrés, on dirait que l’ennui règne en souverain sur toute la France, et que toutes les têtes grisonnantes ont besoin d’être amusées comme des enfants. […] L’affection la plus sainte, le dévouement le plus complet ne suffit pas à la contenter ; car elle ne veut pas seulement se sentir aimée, elle veut être émue, et, pour satisfaire cette soif impérieuse d’émotion, elle ira tête baissée au-devant du danger.
Les gouttes d’eau roulantes luisent sur les feuilles comme des perles ; les têtes rondes des arbres, les larges feuillages étalés chuchotent sous la brise faible, et le bruit des larmes laissées par la dernière ondée est incessant sur leur pyramide. […] Si vous entrez dans un de ces docks, l’impression sera plus accablante encore ; chacun d’eux semble une ville ; toujours des navires, et encore des navires, alignés, montrant leur tête, leurs flancs évasés, leur poitrine de cuivre, comme de monstrueux poissons sous leur cuirasse d’écaille. […] Car remarquez qu’à l’inverse des autres aristocraties, ils sont instruits, libéraux, et marchent à la tête, non à la queue, dans la civilisation publique.
Cet extérieur était un des plus séduisants qu’on pût rencontrer dans les salons de l’Europe : une taille svelte, le buste en avant, comme le cœur, attribut des races militaires, un mouvement d’encolure de cheval arabe dans le port de la tête, des cheveux blonds à belles volutes de soie sur les tempes, des yeux grands, bleus et clairs, qui n’auraient pas pu cacher une mauvaise pensée, l’ovale et le teint d’une éternelle jeunesse, un sourire où le cœur nageait sur les lèvres, un geste accueillant, une parole franche, l’âme à fleur de peau ; seulement une certaine légèreté de physionomie, une certaine distraction d’attitude et de discours interrompus qui n’indiquaient pas une profondeur et une puissance de réflexion égale à la grâce de l’homme. […] Récamier fit à ses créanciers l’abandon de tout ce qu’il possédait, et reçut d’eux un témoignage honorable de leur confiance et de leur estime : il fut mis par eux à la tête de la liquidation de ses affaires. […] Le surlendemain Murat quittait Naples pour aller se mettre à la tête de ses troupes, laissant à sa femme la régence du royaume. » XXI Après ces scènes de palais, madame Récamier revint dans son salon de Paris.
Cependant Montesquieu n’avait pas toujours la même présence d’esprit et lord Chesterfield lui avait fait perdre la tête à Venise, en postant sur sa route un homme qui lui fit croire trop aisément que le Conseil des dix avait les yeux sur lui. […] Mais quel honneur y a-t-il à obéir servilement aux fantaisies d’un sultan qui vous demande votre tête sans jugement ? […] La peur n’est nullement le principe des despotismes, puisqu’un vice-roi qui apporte de trois cents lieues sa fortune et sa tête au roi de Perse, ou un pacha au sultan, n’agissent certainement pas par peur, mais par devoir.
Un grand cœur, des sens détraqués et exigeants, une tête faible, voilà Germinie. […] Il n’en est pas moins vrai que ce coup de tête est fort inattendu, qu’il y a là je ne sais quoi qui ressemble à une lâcheté et qui s’accorde mal avec le caractère de Renée tel que nous l’avions cru saisir. […] MM. de Goncourt écriront donc : « Elle se mit à regarder, dans l’obscurité pieuse, des agenouillements de femmes, leur châle sur la tête…, des vautrements de paysans enfonçant de leurs coudes la paille des chaises…, un prosternement général…, des prières de jupes de soie et de jupes d’indienne côte à côte couchant presque leurs génuflexions par terre…40 » — Ils écriront, toujours dans le même système : « Cette sculpture des poses, des lassitudes, des absorptions… Le tableau la frappa surtout des confessions élancées de femmes qui, debout…41 » — «… Des adorations d’hommes et de femmes à quatre pattes…42 » — « Et je ne voyais qu’une sauvage et toute brute idolâtrie, un peu de la ruée de l’Inde sous une idole de Jaggernat43. » — « Un mur de colère, gâché de couleurs redoutables, plaquait au fond l’avalanche et le précipitement des damnés…44 » — « Sur l’escalier se faisait l’ascension lente et balancée, la montée sculpturale des Romaines…45 » — « Leurs femmes étaient là… immobilisées… dans un arrêt qui hanchait 46. » Notons, pour finir, l’emploi presque continuel, dans le récit, de l’imparfait au lieu du passé défini, l’imparfait ayant quelque chose d’indéterminé et prolongeant l’action pour nous permettre de la mieux voir et de la suivre.
Comines a connu ce prince, qui se déroba toute sa vie à tout le monde ; qui avait, comme on l’a dit, son conseil dans sa tête, et laissait aux événements à faire connaître ses desseins. […] Ceux qui demeurèrent avec lui furent tués et le marquis eut la tête coupée. Les gens du pays envoyèrent la tête Joannis, et ce lui fut une des plus grandes joies qu’il eut jamais.
Ce n’est pas dans la vieille littérature prophétique qu’il faut classer ce livre, mais bien en tête de la littérature apocalyptique, comme premier modèle d’un genre de composition où devaient prendre place après lui les divers poèmes sibyllins, le Livre d’Hénoch, l’Apocalypse de Jean, l’Ascension d’Isaïe, le quatrième livre d’Esdras. […] On sait que chacun des quatre évangiles porte en tête le nom d’un personnage connu soit dans l’histoire apostolique, soit dans l’histoire évangélique elle-même. […] Un nom propre écrit en tête de ces sortes d’ouvrages ne dit pas grand’chose.
Lève la tête, et regarde cette femme qui s’est montrée à bien peu d’hommes. […] « Toutes ses amies étaient rangées autour d’elle ; alors avec sa main la mort arracha de cette blonde tête un cheveu d’or. […] L’envie, sous peine de manquer à sa nature, ne va jamais tête haute. […] La préface placée en tête de l’ouvrage et datée de Paris, révèle chez l’auteur une haute opinion de lui-même. […] Le roi, qui a payé de sa tête son aveugle obstination, n’était dans les mains de son favori qu’une marionnette impuissante : M.
— L’observation est juste, mais ne s’applique pas, je crois, à l’amour-passion, dont traite notre docteur, mais à l’amour de tête. L’amour de tête a son coup de foudre, et l’amour-passion a le sien, qui n’est pas le même. […] Stendhal avait à placer une étude de l’amour de tête ; il l’a mal placée. […] Je dis que tout le monde a perdu la tête sans aucune raison de la perdre. […] Ce qui a passé à cette époque par l’esprit des hommes, c’est que au commandement on pouvait substituer la résolution, c’est qu’il pouvait y avoir une société où le programme des choses à faire dans l’année ou dans le décennat sortit, non de la tête d’un homme, non de la tête de plusieurs hommes, mais de la tête de tous, régulièrement et périodiquement consultés.
Raconte que devant toi, seule de ton sexe, j’ai consenti à courber ma tête fière, j’ai spontanément offert mon cœur indompté. […] On dirait qu’en se dressant sur la pointe des pieds on donnerait de la tête dans la voûte céleste… » Vous le voyez, M. […] Il a la tête très grosse, le front large, si large que sa tête prend la forme d’une toupie. […] Il lit la lettre très vite, en accompagnant d’un mouvement de tête le mouvement des yeux et en murmurant des mots sans suite. […] Puisse la malédiction du ciel s’appesantir sur ma tête, si jamais il m’arrive de lui causer volontairement le moindre chagrin ou de froisser le plus petit sentiment de ce cœur parfait et adorable !
Moi, j’aurai porté une Société entière dans ma tête… » Traduisons cette phrase. […] L’avant-propos, mis par Balzac en tête d’une édition complète de ses œuvres, va nous renseigner. […] En tête de ce papier, un seul mot : « Feu. » Puis des cris : « Certitude, Certitude, Sentiment, Joie, Paix, Joie, Joie, Joie, Pleurs de joie… » Cette certitude, comment la faire partager ? […] Pour n’avoir pas bien saisi cette différence, les maîtres de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, Flaubert en tête, ont abouti à cette formule de la constatation brutale et sans signification qui s’est appelée le naturalisme. […] Pourquoi pas en se réclamant du mot inscrit en tête du programme révolutionnaire et démocratique : « Liberté ?
Sa parole passionnée la décide à le reconnaître pour le véritable Tsar et il envahit la Russie à la tête d’une armée nombreuse. […] Les Flandres, grâce à leur grand commerce, marchèrent en tête par la splendeur des couleurs, et leur superbe dessin gothique. […] « Avec le whiskey et les têtes cassées, nous vieillissons vite en Irlande. […] « L’Angleterre ne veut pas nous laisser casser la tête à nos coquins : elle ne veut pas les casser elle-même. […] Il hocherait la tête devant un grand nombre de nos institutions de bienfaisance.
Il avait cédé, jusqu’au vote à mort contre l’infortuné Louis XVI, à la terreur que lui inspirait la Montagne ; il avait donné une tête royale pour sauver la sienne ; il se taisait pour qu’on lui pardonnât de vivre. […] À la tête de ces lieutenants était Moreau, esprit lent, quelquefois indécis, mais solide, et dont les indécisions se terminaient en résolutions sages et fermes quand il était face à face avec le danger. […] M. de Talleyrand dépassait de toute la tête les hommes d’occasion dont le premier Consul était entouré. […] Tous les caprices de l’opinion, excités par les mille stimulants de la presse quotidienne, et réfléchis dans un parlement où ils prennent l’autorité de la souveraineté nationale, composent cette volonté mobile, tour à tour servile ou despotique, qu’il est nécessaire de captiver pour régner soi-même sur cette foule de têtes qui prétendent régner !
S’il va un jour dans ce monde qui lui sourit, mais où il sent qu’il ne peut se faire une place, il est en pleurs le lendemain ; et s’il se résigne, car il le faut bien, c’est la douleur dans l’âme et en baissant la tête. […] J’étais près d’elle dans l’alcôve ; J’étais près d’elle encor quand sur sa tête chauve Le linceul fit trois tours. […] En vain leurs mortelles compagnes Les comblaient de baisers de miel : Ils erraient seuls par les campagnes, Et montaient, de nuit, les montagnes, Pour revoir de plus près le Ciel ; Et si, plus prompt que la tempête, Un Ange pur, au rameau d’or, Vers un monde ou vers un prophète Volait, rasant du pied la tête Ou de l’Horeb ou du Thabor, Au noble exilé de sa race Il lançait vite un mot d’adieu, Et, tout suivant des yeux sa trace, L’autre espérait qu’un mot de grâce Irait jusqu’au trône de Dieu. […] Ils ont poussé, chacun selon sa nature ; leurs feuillages, d’abord entremêlés agréablement, ont commencé de se nuire et de s’étouffer : leurs têtes se sont entrechoquées dans l’orage ; quelques-uns sont morts sans soleil ; il a fallu les séparer, et les voilà maintenant, bien loin les uns des autres, verts sapins, châtaigniers superbes, au front des coteaux, au creux des vallons, ou saules éplorés au bord des fleuves.
Il n’est plus : Au vallon, de sa tête muette Dorment les débris jaunissants ; D’un reptile rongeur la dent lente et secrète A dévoré ses pieds naissants.
Le critique, un docteur Joulin, que ses amis appellent un homme d’esprit, me dénonçait pour ce discours comme faisant honte à l’Académie française, comme ne sachant pas un mot de français, sinon à la réflexion et à tête reposée, comme ne pouvant écrire couramment deux lignes sans pataquès ; et il notait dans ce seul discours jusqu’à cinquante-trois fautes de langue et de goût.
On recueillit à grands frais dans toutes les bibliothèques de l’Europe les détails épars d’une vie qui fut à la fois si malheureuse et si obscure, et après des années de recherches, à la tête des œuvres du poète, reproduites dans tout l’éclat du luxe typographique, l’illustre éditeur put enfin placer l’histoire complète de cette vie tant méditée, magnifique et pieux monument élevé à la mémoire du génie.
. — On serait tenté aujourd’hui, en le relisant tout entier (et en particulier ce qui a rapport à Lessing), d’en rapprocher, en guise d’opposition et de contraste, — en une sorte de tête à deux faces à la manière antique, telle que M.
Robespierre, et la plupart de ses complices, avaient habituellement des mouvements convulsifs dans les mains, dans la tête ; on voyait en eux l’agitation d’un constant effort.
Bientôt il est saisi d’un insurmontable dégoût pour les pensées étrangères à celle qui l’occupe ; elles ne s’enchaînent point dans sa tête, elles ne laissent point de trace dans sa mémoire.
Il apparaît une figure presque unique en Europe, aujourd’hui, non seulement par son œuvre, mais par sa vie, ses attitudes, tous les gestes de sa pensée, son influence sur une race entière, ce je ne sais quoi, ce fluide, ce halo dont sa tête et son nom s’auréolent.
Il portait longtemps son idée dans sa tête, sans en précipiter l’enfantement, et il ne la livrait au jour que sous une forme harmonieuse et parfaite.
Votre succès, dont j’aurais tort de suspecter l’aloi (et d’ailleurs, quand vous iriez au-devant de la clientèle, le cas n’est pas pendable), votre succès vient de ce que vous êtes un peu imaginatif, sans envolée fatigante, un peu réaliste, sans floraison de description à donner le mal de tête, et un peu beaucoup érotique.
le jour où ce gamin génial de Verlaine mit un sonnet la tête en bas !
L’abbé Testu m’y croit déjà ; mais dites-lui, s’il vous plaît, qu’il se contente de m’écrire de très froids billets et qu’il vous laisse faire des gazettes de tout ce qui vous viendra à la tête.
Ils s’empresserent d’adoucir ses mécontentemens ; &, par l’entremise de Boileau, Racine supprima une troisieme Lettre qu’il se proposoit de donner, à la tête de laquelle il avoit placé une Préface très-mordante, s’il faut en juger par le morceau qu’on nous en a transmis.
Le ministre dédaigne le vieillard qui n’est plus bon à rien et ne prise l’enfant que par le fruit qu’il en attend ; il n’y a qu’une vie précieuse pour lui, celle de l’homme fait, parce qu’elle seule est utile ; sa tête est comme une ruche où, à l’exemple des abeilles, il extermine toutes celles qui cessent de donner du miel.
La plûpart des jeunes gens fréquentent les théatres en France, et sans qu’ils y pensent, il leur demeure dans la tête une infinité de pieces de comparaison et de pierres de touche.
cela est certain, malgré la préoccupation éternelle que Napoléon a imposée à toutes les têtes de notre époque, on avait pourtant presque oublié le fond de la pensée du grand organisateur, interrompu à moitié de son œuvre.
Dans ces pages qu’on dirait écrites par quelque plaintive Aïssé du xviiie siècle, et non par une fille des sanctuaires fermés du Seigneur, on cherche en vain la Portugaise, la femme de ce pays où le soleil et la Dévotion font bouillir ces têtes virginales sous leurs frais et chastes bandeaux de lin, et les préparent aux incendies intérieurs et aux ravissements de l’extase.
Bohèmes, malgré tout, cependant, ces derniers, malgré leur attitude de Staters et d’olympiens, leur importance, leur influence, leur situation dans tous les mondes, officiels ou non officiels, leurs chaires quand ils sont professeurs, leurs bibliothèques quand ils sont bibliothécaires, leurs palmes d’académiciens quand ils sont de l’Académie : — le signe essentiel, caractéristique, du bohème, n’étant pas de n’avoir point d’habit, mais de n’avoir point de principes, de manquer de l’asile sacré d’une morale fixe autour de la tête et du cœur, de vagabonder dans ses écrits à tout vent de doctrine, et, comme déjà nous l’avons dit, de vivre, enfant de la balle politique ou littéraire venu ou trouvé sous le chou de la circonstance, sans feu ni lieu intellectuel, — c’est-à-dire sans une religion ou sans une philosophie.
Au-dessus, une épée mystérieuse, descendant du plafond, menaçait perpendiculairement sa tête.
Cet univers suspendu sur nos têtes, et qui semble rouler autour de la terre, c’est à toi qu’il obéit ; il marche, et se laisse en silence gouverner par ton ordre.
Que les bienfaits du prince soutiennent ceux que la confiance de ses vertus a fait naître ; négliger le peuple pour les grands, c’est croire que la tête peut subsister en affamant le corps ; c’est hâter la chute de l’État30.
Toutes les fois qu’un homme à grand caractère est à la tête d’une nation, les esprits s’agitent, les âmes s’élèvent, les lettres et les arts ou fleurissent, ou renaissent, ou font effort pour renaître, ou suspendent leur chute.
Ceux-ci n’iront pas. à leur exemple, s’emplir de viandes et de boissons brûlantes pour inonder leurs veines par un afflux soudain de sang grossier, pour porter dans leur cerveau la stupeur ou la violence ; on les voit à la porte de leur chaumière, qui mangent debout un peu de pain et leur soupe ; leur vin ne met dans leurs têtes que la vivacité et la belle humeur. […] Telle est bien la pensée de derrière la tête de tous ceux qui ont fondé la science historique moderne, introduit les méthodes historiques modernes, c’est-à-dire de tous ceux qui ont transporté en bloc dans le domaine de l’histoire les méthodes scientifiques empruntées aux sciences qui ne sont pas des sciences de l’histoire : une humanité toute maîtresse de toute son histoire ; une humanité ayant épuisé tout le détail de toute son histoire, ayant donc parcouru toute une indéfinité, toute une infinité de chemins indéfinis, infinis, ayant donc littéralement épuisé tout un univers indéfini, infini, de détail ; une humanité Dieu, ayant acquis, englobé toute connaissance dans l’univers de sa totale, mémoire. […] J’ai donc bien le droit, j’ai le devoir de chercher dans Renan et dans Taine la première pensée du monde moderne, la pensée de derrière la tête, comme on dit, qui est toujours la pensée profonde, la pensée intéressante, la pensée intérieure et mouvante, la pensée agissante, la pensée cause, la source et la ressource de la pensée, la pensée vraie ; et pour trouver l’arrière-pensée de Renan, passant à l’autre bout de sa pleine carrière, on sait que c’est dans les dialogues et les fragments philosophiques, dans les drames qu’il faut la chercher ; je me reporte aux Dialogues et fragments philosophiques, par Ernest Renan, de l’Académie française, quatrième édition ; je sais bien que la citation que je vais faire est empruntée à la troisième partie, qui est celle des rêves ; certitudes, probabilités, rêves ; je sais que mon personnage est celui de Théoctiste, celui qui fonde Dieu, si j’ai bonne mémoire ; je sais que les objections lui sont présentées par Eudoxe, qui doit avoir bonne opinion ; je n’oublie point toutes les précautions que Renan prend dans sa préface ; mais enfin mon personnage dit, et je copie tout au long ; je passe les passages où ce Théocrite rêve de la Terreur intellectuelle ; nous y reviendrons quelque jour ; car ils sont extrêmement importants, et graves ; et je m’en tiens à ceux où il rêve de la Déification intellectuelle : « Je vous ai dit que l’ordre d’idées où je me tiens en ce moment ne se rapporte qu’imparfaitement à la planète Terre, et qu’il faut entendre de pareilles spéculations comme visant au-delà de l’humanité. […] Nous parlons d’une intime transfusion, grâce à laquelle les forces que la nature a dirigées vers des opérations différentes seraient employées à une même fin. » Ces rêves, ces imaginations nous paraissent aujourd’hui monstrueuses, peut-être parce qu’elles sont monstrueuses en effet, surtout parce que les sciences naturelles ont depuis continué à marcher, et parce que de toutes parts nous avons reçu de la réalité de rudes avertissements ; nul aujourd’hui, de tous les historiens modernes, et de tous les savants, ne les endosserait ; et non seulement il n’est personne aujourd’hui qui ne les renie, mais il n’est personne au fond qui n’en veuille à l’ancien d’avoir aussi honteusement montré sa pensée de derrière la tête ; nous au contraire, qui n’avons aucun honneur professionnel engagé dans ce débat, remercions Renan d’avoir, à la fin de sa pleine carrière, à l’âge où l’homme fait son compte et sa caisse et le bilan de sa vie et la liquidation de sa pensée, achevé de nous éclairer sur les lointains arrière-plans de ses rêves ; par lui, en lui nous pouvons saisir enfin toute l’orientation de la pensée moderne, son désir secret, son rêve occulte. […] Les textes de Taine, et sur ces textes reportons-nous au même exemple manifeste, ne sont pas moins décisifs, ils ne révèlent pas moins la pensée de derrière la tête de tout le monde moderne ; reprenons ce La Fontaine et ses fables ; toutes les théories de la fin, qui elles-mêmes caractérisent si éminemment Taine, ses méthodes, les méthodes modernes, procèdent exactement du même esprit ; nous sommes aujourd’hui scandalisés de leur assurance roide et grossière, manipulant sans vergogne, et sans réussite, les tissus les plus fins, les mouvements les plus souples, les plus vivantes élaborations du génie même ; aujourd’hui je ne veux retenir, de tout ce scandale, que les indications qui me paraissent indispensables pour définir le débat même où nous allons nous trouver engagés.
Un Warwick, moins ambitieux et moins agité, non faiseur de rois, mais protecteur fidèle d’un seul roi, se faisant écouter et sachant écouter lui-même, grand ministre régulier d’une monarchie régulière, c’est un peu son rêve de derrière la tête. […] Et finalement ils eurent tous deux les têtes tranchées. […] « Qu’elle n’était de la nature des autres qui toutes, au rebours, ont la lune en tête. » L’amour a donc pour objet un être parfaitement instable, et nul ne s’abandonne au hasard plus que celui qui se laisse aller à l’amour. […] S’il y a songé, peut-être veut-il dire par là qu’on ne forme pas un caractère, qu’il naît bon ou mauvais, et qu’on ne peut, sur un caractère né bon, que mettre une tête bien faite et bien nourrie. […] Il leur crie : « Que pensent donc faire ces reblanchisseurs de murailles qui jour et nuit se rompent la tête à imiter, que dis-je imiter ?
Je ne dis rien du personnage d’Auguste des Préaux, qui soupire tendrement pour une femme digne de son amour, et qui joue sa tête avec une inconcevable étourderie. […] Louvois et Colbert, avant l’exécution, est empreint d’une cruauté froide, et appelle la haine sur la tête du roi sans exciter aucune sympathie en faveur de Louis de Rohan. […] Cette ignoble trahison, toutes ces têtes livrées au bourreau pour punir l’orgueilleuse vertu d’une jeune fille, font tache dans le récit, et compliquent tristement la marche de la tragédie. […] L’ode, en se divisant sur plusieurs têtes, se multiplie sans se transformer. […] Et qu’on ne dise pas que j’exagère à plaisir, que j’accumule sur la tête d’un seul homme toutes les folies qui se peuvent inventer.
Sturm ; on lui avait dit qu’il fallait faire tous les ans un discours d’ouverture d’environ une heure ; il plaçait sa montre devant lui, et quand il avait parlé une heure, en quelques développements qu’il fût engagé, il mettait un point et s’arrêtait court ; il tournait la tête à droite d’une façon grincheuse et désagréable, et disait, pendant qu’on attendait sa péroraison : « Messieurs, c’est fini ! […] Il suit cette marche des passions comme les médecins et les savants suivraient une maladie à travers les siècles ; il voit les derniers excès auxquels elles peuvent atteindre ; il rassemble tout cela sur une seule tête : celle d’un individu, qui devient alors typique et mythique, et la vérité même de la passion. […] On a beau savoir leurs intrigues et les connaître pour ce qu’ils sont, ils ne laissent pas pour cela d’être en crédit parmi les gens ; et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d’yeux rajustent dans le monde tout ce qu’ils peuvent faire. […] CÉSAR Avoue du moins que c’était pour une tête dure un mystère difficile à entendre que ta filiation avec Jupiter. […] ——— Hérodote raconte sérieusement qu’il existe dans une partie reculée de l’Afrique des hommes à tête de chien, et Marco Polo a rencontré en Chine des ingénieurs modestes.
Parmi eux, ou plutôt à leur tête, M. […] Sous l’influence de cette éclipse temporaire de la pensée. — je dirais presque de cette distraction, — un jeune paysan de dix-sept ans contemple le tranchant fraîchement aiguisé d’une hache, sous le banc où dort son vieux père ; soudain, il brandit la hache et regarde avec une curiosité hébétée comment le sang coule sur le banc de la tête fendue. […] Ils ont vu enfin l’épuisement des races actuelles et l’invasion barbare menaçante au-dessus de nos têtes, aussi fatale à présent que fut celle où s’effondra l’empire romain au ive siècle de l’ère chrétienne. […] Sans lécher le sang noir qui s’égoutte du flanc, Il érige sa tête aiguë en grommelant ; Et la haine, dans ses entrailles, brûle et gronde228. […] Rien de plus erroné ; et, pour s’en convaincre, il suffit de relire les pages où, en termes indiscutables, ils exposent les idées sur lesquelles ils prétendent appuyer leur réforme : il faut se rappeler la lettre qu’Alfred de Vigny plaçait en tête du More de Venise, et en particulier la célèbre préface du Cromwell de Victor Hugo, ce manifeste aussi explicite que catégorique de la jeune révolution.
Alors, il s’amuse à penser qu’il aurait pu lui tenir tête, lui prouver qu’elle n’aimait pas tant M. […] Or, Meyerbeer précisément partait pour la campagne, la tête pleine de musique, et la musique de Meyerbeer avait envie de se poser sur des paroles. […] Et « l’achèvement des sciences n’a jamais existé que dans la tête de M. […] En tête de l’un des livres de M. […] Sa tête nationale ne se distingue pas d’une autre fête populaire ; il ne l’a point marquée de traits singuliers.
Voltaire en tête, tous les prétendus poëtes de ce temps-là se traînent dans la plus plate et la plus servile obéissance aux injonctions des faiseurs de prosodies et de rhétoriques, et Shakespeare qui lui fut révélé n’illumine pas l’esprit aveugle de Voltaire ! […] On sent frémir leur sincérité et, si le devoir est de respecter ceux qui respectent, nous ne devons point prononcer négligemment, ces noms qui désignent les têtes de lumière du xixe siècle — et qui pourtant, sont, hélas ! […] C’est un charmeur si captieux que tête à tête on ne peut le juger : il séduit et désarme. […] le Satan est sincère dans son désespoir, il a l’éternité derrière et devant lui, l’éternité sur sa tête coupable, et si sa caresse déchire c’est que son rire gémit. […] Poe voit le grotesque, dans le cœur et surtout dans la tête ; c’est à notre âme, et non plus à nos yeux, qu’il s’adresse.
Dites, quel vol d’éclairs vient d’effleurer ma tête Pour que, ce soir, ma vie ait eu si peur de moi ? […] Dès l’instant qu’il tient fermement à son sol, l’Occidental n’a pas peur de porter sa tête droit dans le ciel. […] De plus, les notes aiguës nous paraissent produire des effets de résonances dans la tête, les notes graves dans la cage thoracique. […] Cette bonne tête-là, pendant des siècles, ne sut rien penser qui ne fût droit et fier. […] tu passes sans tête et sans bras, Victoire !
» Une fois la mère ainsi alarmée dans Chalciope, celle-ci ne se contient plus ; elle fait jurer à Médée le secret sur ce qu’elle va lui proposer, et la supplie de trouver un expédient de salut pour ses enfants ; dans son délire, elle s’emporte même un moment jusqu’à la menace ; puis elle embrasse les genoux de la jeune fille, puis elle abandonne sa tête sur ce sein désolé, et les deux sœurs sont là dans les bras l’une de l’autre, à pleurer de pitié l’une sur l’autre, et l’on entend à travers le palais leurs gémissements confondus. […] Mon teint devint bien des fois de la couleur du thapse109 ; tous les cheveux me coulaient de la tête, et il ne me restait plus que les os mêmes et la peau. […] En attendant, elle n’eut rien de plus pressé que de tirer de sa ceinture odorante l’herbe magique, qu’il reçut de sa main avec joie ; et certes, puisant son âme tout entière dans sa poitrine, elle la lui aurait livrée au besoin avec le même transport, tant l’amour en ce moment lançait d’aimables éclairs de la blonde tête du fils d’Éson !
C’est le tempérament et la stature ordinaire des poètes de plaisir, de raillerie et de bonne humeur ; c’est sous cette forme un peu obèse, dans ces grands yeux à fleur de tête et dans cette bouche souriante que la verve satirique, soldatesque ou épicurienne, de Béranger et de Désaugiers, ces Horaces du couplet, s’est complu à s’incarner de nos jours. […] XXI Tout, dans cette solitude, était occasion de vers : un arbre qui s’écroulait à côté de lui sous un coup de vent et qui menaçait sa tête, un loup qui lui apparaissait au carrefour d’un bois, une fontaine qui lui versait la fraîcheur dans son cristal, le sommeil à l’ombre dans son murmure ; il jetait son impression fugitive dans le moule gracieux et poli de la strophe, et il n’y pensait plus ; ce n’est qu’après sa mort qu’on retrouva et qu’on recueillit le plus grand nombre de ses petites pièces. […] Une source assez abondante pour former un ruisseau et lui donner son nom coule, aussi fraîche, aussi limpide que l’Hèbre qui baigne la Thrace ; son eau est salutaire à la tête, salutaire à l’estomac.
Venues de loin, issues d’une race étrangère, datées d’un temps presque passé, elles ont fait surgir dans mille têtes de jeunes gens, de jeunes filles de France, tout un monde de singulières imaginations, de lieux noirs et étranges, de faces grimées, touchantes, grotesques, risibles, effrayantes, d’aventures compliquées à faire peur, de scènes comiques ou pathétiques. […] Micawber, sa mère la femme geignarde, bavarde et sans tête qu’est Mme Nickleby, Charles Dickens fut élevé avec des frères et sœurs qui ne le valaient guère, d’abord à Chatam, au bord de la mer, puis dans une de ces désolantes petites maisons basses qui forment les faubourgs de Londres. […] La belle expansion vitale, la gaîté, les exubérants esprits animaux de la jeunesse qui donnaient à sa marche une élasticité particulière et lui faisaient porter sa tête plus haut que d’autres, s’étaient transformés, peu à peu, en une agitation nerveuse incessante, qui le poussait de lieu en lieu, qui lui fit développer et remanier autant ses entreprises que les arrangements de sa maison, qui le rendit peu à peu insupportable à sa femme dont il dut se séparer, qui le poussa enfin à déroger de sa dignité d’écrivain au point de parcourir toute l’Angleterre et l’Amérique en donnant des lectures payantes de ses œuvres, avec une gesticulation, des grimaces et des intonations qui étaient d’un déclamateur plutôt que d’un grand auteur.
Puis elle parut éclatante de blancheur, dans le ciel vide qu’elle éclarait, et alors se ralentissant, elle laissa tomber sur la rivière une grande tache qui faisait une infinité d’étoiles ; et cette lueur d’argent semblait s’y tordre jusqu’au fond, à la manière d’un serpent sans tête couvert d’écailles lumineuses. […] La Tentation de saint Antoine à son début, les voix qui susurrent aux oreilles de l’ascète des phrases insidieuses de crépuscule, les images qui passent sous ses yeux, continues et disconnexes, ont l’illogisme du rêve et l’appréhension de l’inconnu ; les visions se suivent et se lient imprévues ; des communions subites ont lieu : « Elle sanglotte, la tête appuyée contre une colonne, les cheveux pendants, le corps affaissé dans une longue simarre brune. […] Il ploya sa longue stature à la mesure des fauteuils, sédentaire, sortant à peine, crispant ses gros doigts gourds sur le fétu d’une plume ; et la tête courbée, le sang au front, les yeux injectés, il pesa des syllabes, accoupla des assonances, équilibra des rhythmes, dégagea le mot juste de ses similaires, lia des vocables par d’indissolubles relations ; il peina, geignit et souffla à mettre en une forme à laquelle il requérait des qualités compliquées et rares, de précises images de réalité ou de grands rêves de beauté, qui, s’efforçant de prendre forme, subjuguèrent à cette tâche toute l’intelligence et tout le corps de cet énorme et vigoureux et lourd tailleur de gemmes.
Il me regardait, la tête couchée sur l’herbe, avec des yeux où nageaient des larmes. […] « J’aurais voulu le guérir à tout prix ; mais je repris le fusil par pitié, et, en détournant la tête, je terminai son agonie du second coup. […] Il est tout mains et tout pieds, il est tout visage, toute tête, tout œil, tout oreille.
. — Attaques de Gerson ; — et de Christine de Pisan ; — témoignage de Pétrarque ; — « Puisque vous désirez un ouvrage étranger en langue vulgaire, écrit-il à Guy de Gonzague de Mantoue, je ne puis rien vous offrir de mieux que celui-ci [le Roman de la Rose], à moins que toute la France et Paris en tête ne se trompent sur son mérite. » — Nombreuses copies du poème ; — et, dès la première invention de l’imprimerie, nombreuses éditions du livre. […] IX. — Philippe de Commynes [Château de Commynes, 1447 ; † 1511, château d’Argenton] 1º Les Sources. — Lenglet du Fresnoy, dans son édition des Mémoires, 1747 ; — Mlle Dupont, « Notice », en tête de son édition des Mémoires, Paris, 1840 ; — Kervyn de Lettenhove, Lettres et négociations de Philippe de Commynes, Bruxelles, 1867, 1874 ; — Chantelauze, « Notice », en tête de son édition des Mémoires, Paris, 1880 ; — Fierville, Documents inédits sur Philippe de Commynes, Paris, 1881.
» Roederer, qui, sans être proprement un idéologue, était très au fait et assez imbu des doctrines philosophiques courantes, rappela alors au général plusieurs points, d’ailleurs incontestables : que les signes des idées abstraites et des modes mixtes sont nécessaires pour les arrêter, pour les enregistrer dans notre tête et pour nous donner les moyens de les comparer, etc., etc. […] De même que, dans ce passage qu’on n’a pas oublié, il a énergiquement rendu cette puissance d’organisation fatale qui semblait faite pour engendrer les tyrannies multiples, pour perpétuer l’hydre aux mille têtes et éterniser le chaos, de même ici il rend avec une précision inaccoutumée un idéal d’ordre, d’unité, de lumière, dont il avait sous les yeux l’exemplaire vivant ; en un mot, c’est le tableau de 1802, le contraire de 1792 ; c’est le monde jeune, renaissant merveilleusement après la ruine : Une commission est formée, dit-il, pour la composition d’un Code criminel, une autre pour un Code de commerce.
Chaulieu, dans une pièce badine, nous le représente à Saint-Maur ayant l’air assez ennuyé, se frottant la tête et comme regrettant les coups de mousquet qui se donnent sans lui. […] Il n’aimait la campagne que comme temps de repos, pour se remettre en vivacité et comme en appétit de société : Un homme qui a de l’esprit, disait-il, est plus aimable à la campagne qu’ailleurs ; on lui trouve la tête débarrassée des affaires et des intrigues du monde ; il est affamé de conversation, et son esprit, qui est reposé et rempli de mille réflexions qu’il a faites, est plus vif qu’à l’ordinaire.
il le craignait d’abord : « Vous êtes, lui écrivait-il, le cygne qui me passe sur la tête en me disant : Je vous chéris, addio ! […] — Savez-vous ce que j’avais en tête, ou plutôt dans mon cœur ?
Je m’applique ce vers de l’Œnomaus d’Euripide : L’ homme qui fait le plus de choses est celui qui fait le plus de fautes. » Il a renouvelé plus explicitement encore, s’il est possible, les mêmes aveux, les mêmes témoignages d’humilité dans la préface mise en tête d’un de ces auteurs des bas temps qu’il éditait pour la première fois, préface très joliment traduite par M. […] savoir le grec, ce n’est pas comme on pourrait se l’imaginer, comprendre le sens des auteurs, de certains auteurs, en gros, vaille que vaille (ce qui est déjà beaucoup), et les traduire à peu près ; savoir le grec, c’est la chose du monde la plus rare, la plus difficile, — j’en puis parler pour l’avoir tenté maintes fois et y avoir toujours échoué ; — c’est comprendre non pas seulement les mots, mais toutes les formes de la langue la plus complète, la plus savante, la plus nuancée, en distinguer les dialectes, les âges, en sentir le ton et l’accent, — cette accentuation variable et mobile, sans l’entente de laquelle on reste plus ou moins barbare ; — c’est avoir la tête assez ferme pour saisir chez des auteurs tels qu’un Thucydide le jeu de groupes entiers d’expressions qui n’en font qu’une seule dans la phrase et qui se comportent et se gouvernent comme un seul mot ; c’est, tout en embrassant l’ensemble du discours, jouir à chaque instant de ces contrastes continuels et de ces ingénieuses symétries qui en opposent et en balancent les membres ; c’est ne pas rester indifférent non plus à l’intention, à la signification légère de cette quantité de particules intraduisibles, mais non pas insaisissables, qui parsèment le dialogue et qui lui donnent avec un air de laisser aller toute sa finesse, son ironie et sa grâce ; c’est chez les lyriques, dans les chœurs des tragédies ou dans les odes de Pindare, deviner et suivre le fil délié d’une pensée sous des métaphores continues les plus imprévues et les plus diverses, sous des figures à dépayser les imaginations les plus hardies ; c’est, entre toutes les délicatesses des rhythmes, démêler ceux qui, au premier coup d’œil, semblent les mêmes, et qui pourtant diffèrent ; c’est reconnaître, par exemple, à la simple oreille, dans l’hexamètre pastoral de Théocrite autre chose, une autre allure, une autre légèreté que dans l’hexamètre plus grave des poètes épiques… Que vous dirais-je encore ?
Dans ce livre, l’auteur, animé des plus généreux sentiments, a trop confondu les bourreaux et les victimes, quand ces victimes n’étaient pas de son bord ; il a jeté trop de têtes pêle-mêle dans le même panier. […] Tout le Parlement y a été en corps, M. le premier président à la tête, et tous les présidents à mortier.
Tu nourris le jeune platane Sous ma fenêtre sans rideau, Et de sa tête diaphane À mes pleurs tu fais un bandeau. […] Car ce qu’on ne sait pas assez, ce que les aisés et les heureux oublient trop vite, c’est que lorsqu’une fois une maison, un humble ménage est tombé au-dessous de son courant, lorsqu’il y a eu chômage dans le travail, lorsqu’un arriéré s’est une fois formé et grossi jusqu’à la dette, on ne se rattrape jamais : on en a de ce poids sur la tête pour toute la vie.
Dans le temps d’ailleurs qu’il publiait ces productions de troisième ordre, productions peu authentiques, où il ne trempait souvent que comme collaborateur et auxquelles il n’attacha jamais son nom, M. de Balzac ne s’en exagérait pas la valeur, et trouvant un jour un de ses récents volumes aux mains d’un ami qui le lisait : « Ne lisez pas cela, lui dit-il ; j’ai bien dans la tête des romans que je crois bons, mais je ne sais quand ils pourront sortir. » Nous avons eu la curiosité de retrouver et de feuilleter la plupart de ces romans oubliés, espérant y saisir quelque trace du brillant écrivain d’aujourd’hui. […] Après la première représentation du Déserteur, il reçut des suppliques de toutes les belles dames sensibles de Paris, qui réclamaient la grâce de l’intéressant malheureux : « J’en suis bien fâché, répondait-il de son ton d’oracle, je suis et je serai inflexible ; il faut qu’on lui casse la tête. » Ce dénoûment était en effet nécessaire à la moralité qu’il voulait qu’on en tirât.
Il exploita, en homme d’esprit et d’imagination, ses rapides voyages et les impressions dont sa tête était remplie. […] Sue a très-bien démêlé ou construit ce caractère, qui passe à un certain moment du sincère à l’ambitieux, que la vanité et la gloire exaltent, qui, à peine à la tête des siens, s’aperçoit qu’il n’est pas là à sa place, et qui fait tout pour la gagner.
Trois tendances générales se sont tour à tour déclarées et accomplies : sous les deux premières races, tendance générale vers l’indépendance, qui finit par l’anarchie féodale ; sous la troisième, tendance générale vers l’ordre, qui finit par le pouvoir absolu ; et après le retour de l’ordre, tendance générale vers la liberté, qui finit par la révolution. » C’est de cette idée que M ignet partira bientôt pour entamer son Histoire de la Révolution ; l’Introduction qu’il mit en tête de celle-ci ne fait que développer la visée première ; même lorsqu’il aborda le sujet tout moderne, il ne le prenait pas de revers ni à court, comme on voit, il s’y poussait de tout le prolongement et comme de tout le poids de ses études antérieures. […] De même Richelieu, amoindri d’abord, demandait à être replacé à son vrai rang, et bien moins en tête des ambitieux ministres que dans la série même des rois.
Si les hommes appelés à diriger l’état n’ont point le secret de persuader les esprits, la nation ne s’éclaire point, et les individus conservent, sur toutes les affaires publiques, l’opinion que le hasard a fait naître dans leur tête. […] L’envie des méchants s’attache à ce rayon lumineux qui brille encore sur la tête de l’homme moral.
L’écrivain perd le droit de mettre en tête et en vedette l’objet ou le trait qui le frappe le plus vivement et d’abord : le cadre est fait, les places sont désignées d’avance. […] Siéyès a le plus profond dédain pour l’histoire, et « la politique est pour lui une science qu’il croit avoir achevée381 » du premier coup, par un effort de tête, à la façon de Descartes, qui trouva ainsi la géométrie analytique.
Ces inquiétudes étaient justifiées, à quelques égards, par les infirmités qui affligèrent Pierre pendant le petit nombre d’années qu’il fut à la tête du gouvernement de la république ; mais les talents de Laurent dissipèrent bientôt ces nuages d’un moment, et élevèrent sa famille à un degré d’illustration et d’éclat dont il est probable que Côme lui-même avait eu peine à se former l’idée. » VIII Bien qu’il fût âgé de soixante et quinze ans, sa taille élevée, la majesté de ses traits, la grâce de son visage, si conforme au titre de Père de la patrie que les Florentins avaient d’eux-mêmes ajouté à son nom, la bienveillance de son accueil, la cordialité de son amitié le rendaient aussi agréable que dans sa belle jeunesse. […] Un seul, Montesicco, avec le reste de loyauté qui honore toujours même le crime dans l’homme dévoué, ayant appris qu’il fallait frapper ses victimes dans une église, au pied de l’autel, au moment de l’élévation qui courbe toutes les têtes devant l’image de Dieu, se récusa, non pour le crime, mais pour le lieu de la scène ; les deux prêtres, Maffei et Bagnone persévérèrent.
Il mena une vaste enquête qui aboutit à classer, à trier, parmi l’immense et confus apport de ces cent années qui avaient trouvé le nouveau monde et ressaisi l’ancien, ce qui pouvait être utile, à Montaigne sans doute d’abord, mais du même coup à ses concitoyens, et à tous les hommes qui auraient la tête faite comme lui : tout ce qu’il garda fut soigneusement expertisé, « contre-rôlé », ajusté, adapté, pour l’usage de l’intelligence. […] Je remarque que toutes ces choses dont il doute et nous fait douter, sont justement celles pour lesquelles les hommes se cassent la tête, au propre comme au figuré.
Il a sa grosse face couturée de petite vérole, sa carrure de paysan, ses yeux à fleur de tête, ses gestes de fou et de rêveur quand ses grands projets le ressaisissent. […] oui, l’homme est ainsi fait, Rufin Capdepont, plus faible, eût été plus modéré peut-être… » Et quelle pédanterie naïve dans ce tour de phrase : « Sa tête surtout paraissait transfigurée.
Dans un banquet, ils se jettent à la tête les couteaux et les quartiers de viande. […] Une scène, une page, une ligne peuvent ainsi contenir une essence subtile qui monte à la tête des gens.
Les murailles d’albâtre qui entourent le Paradis terrestre, les diables qui, de géans qu’ils étoient se transforment en pygmées pour tenir moins de place au conseil, dans une grande salle toute d’or, bâtie en l’air ; les canons qu’on tire dans le ciel, les montagnes qu’on s’y jette à la tête ; des Anges à cheval qu’on coupe en deux, & dont les parties se rejoignent soudain ; tant d’autres extravagances n’ont cependant pas empêché qu’on compare Milton à Homere qui a aussi ses défauts, & qu’on le mette au-dessus du Dante, dont les imaginations sont encore plus extraordinaires. […] L’action de ce Roi de Sparte, qui à la tête de trois cents Lacédémoniens, disputa à Xerxès, Roi des Perses, le passage des Thermopyles, fit l’admiration de son tems, & passe encore pour un des plus beaux monumens du tendre amour que l’on doit à sa patrie.
» Le témoignage de ce grand poète est d’autant moins suspect en cette matière, qu’il a fait lui-même en s’amusant quelques vers latins, aussi bons, ce me semble, que ceux d’aucun moderne ; témoins ces deux-ci, qu’il a mis à la tête d’une dissertation sur le feu : Ignis ubique latet, naturam amplectitur omnem, Cuncta parit, renovat, dividit, unit, alit. […] Si vous vous êtes mis dans la tête que vous n’auriez jamais de guignon, rayez cela de vos papiers. » Je ne vais pas plus loin, pour ne pas abuser de la patience du lecteur.
Quelle existence mène-t-on dans le secteur atroce de la Tête de Faux ? […] A une heure, Jean Rival, en menant sa section, tombait frappé d’une balle à la tête.
Voici la fameuse tête de la Madeleine renversée, au sourire bizarre et mystérieux, et si surnaturellement belle qu’on ne sait si elle est auréolée par la mort, ou embellie par les pâmoisons de l’amour divin. […] Les tableaux nouveaux et inconnus du public sont les Deux Foscari, la Famille arabe, la Chasse aux Lions, une Tête de vieille femme (un portrait par M.
Le monstre cilicien aux cent têtes, Typhon, ne s’en sauva pas, ni le roi des géants ; ils furent domptés par le tonnerre et par les flèches de ce dieu Apollon, qui, d’un cœur bienveillant, a reçu le fils de Xénarque, revenant de Cirrha, couronné de l’herbe du Parnasse et des chants doriques22. » Et il poursuit cet éloge de la paix domestique, de la tranquille discipline des cités, dans la patrie de l’impétueux Achille : tant il semble surtout vouloir armer les hommes contre ce géant aux cent têtes, ce monstre populaire, dont la force brise tout, si la loi ne l’arrête !
« Car le cheval de Pharaon, avec ses chariots et ses cavaliers, est entré dans la mer ; et le Seigneur a ramené les flots sur leurs têtes : mais les enfants d’Israël ont traversé à pied sec, au milieu de la mer. » Cette nature de poésie, conforme à la tutelle divine dont les Hébreux se sentaient protégés, ils devaient la cultiver avec passion. […] Tel le parfum délire cieux qui, du sommet de la tête, s’étend sur la barbe d’Aaron et touche jusqu’aux bords de son vêtement.
L’imagination peut rêver sans terme l’allégresse triomphale et l’enthousiasme lyrique de ce dénouement, où le libérateur posait une couronne sur la tête du porte-flamme de l’humanité, en même temps qu’il le déliait de ses chaînes. […] Quand Lysandre, vainqueur à la tête de nombreux alliés, voulait achever la guerre du Péloponèse par la destruction d’Athènes, au banquet même de ces ennemis implacables, des larmes de pitié furent versées, aux premières paroles chantées d’un chœur d’Euripide : Fille d’Agamemnon, Électre !
. — Il se prépare ici une saison assez littéraire, assez poétique même : nous allons avoir dans une quinzaine un volume lyrique de Hugo ; il y aura des vers d’amour ; malgré toutes les hésitations, il se décide à son coup de tête, et bien que ce soit une unité de plus qu’il brise dans sa vie poétique (l’unité domestiqueaprès à politique et la religieuse), peu importe à nous autres frondeurs des unités et au public qui ne s’en soucie plus guère : les beaux vers, comme seront les siens, je n’en doute pas, couvriront et glorifieront le péché.
(Depuis l’espèce de résurrection que nous avons tentée d’Oberman, les admirateurs n’ont pas manqué à ce morne et triste génie ; il faut mettre en tête George Sand, qui a honoré la troisième édition d’une préface.
Il fallut monter à cet effet toute une machine : « Mon frère, écrit Mme de Tencin, ne serait pas très-éloigné de croire qu’il serait très-utile de l’engager à se mettre à la tête de ses armées.
Une pareille tactique avait l’avantage de réussir auprès de la masse, qui ressentait plus vivement que jamais le besoin du repos et du bien-être ; elle réussissait aussi auprès de quelques républicains sincères, comme Carnot, et de quelques têtes jeunes, ardentes et généreuses, comme Camille Jordan.
Dans une lettre à madame Cosway, qui est un ingénieux et délicat dialogue entre la tête et le cœur, à la manière de Sterne ou du Socrate de Philadelphie déjà tant de fois cité, notre philosophe balance les prérogatives des deux puissances rivales qui se partagent notre être, et il ne donne pas le dessous à la plus tendre.
Ils ne savent pas raisonner ; ils prouvent leur dire d’étrange façon, et l’on n’a pas idée des raisonnements biscornus qui peuvent sortir d’une tête saine pourtant. « La preuve que c’est vrai, c’est que c’était un vendredi, et que j’ai rencontré un moment après Mme…, qui était en noir, avec un chapeau neuf. » Comme si, pour mentir, on ne pouvait inventer ces coïncidences aussi bien que le gros du fait.
C’est devant des objections souvent répétées qu’on aura ajouté, en tête de l’évangile de Matthieu, des réserves dont la contradiction avec le reste du texte n’était pas assez flagrante pour qu’on se soit cru obligé de corriger les endroits qui avaient d’abord été écrits à un tout autre point de vue.
Quand je me rappelle que telle Lettre Provinciale a été refaite jusqu’à treize fois ; quand je vois surchargé de ratures le brouillon d’une fable de La Fontaine ; quand je pense à l’implacable, acharnement avec lequel Rousseau et Flaubert retournaient une phrase dans leur tête pour la rendre conforme à leur idéal esthétique, je me dis qu’au nombre des influences qui développent les facultés contenues dans l’organisme initial, qui font sortir la fleur et le fruit du germe où ils étaient cachés, cette action de la pensée sur la pensée ne saurait être laissée de côté comme une quantité négligeable.
En 1661, Louis XIV, délivré du cardinal Mazarin, se mit en tête de régner par lui-même ; il avait vingt-trois ans ; il était marié.
Même en sa jeunesse première, dans la gloire de sa beauté blonde, quand il portait fièrement la tête d’un Christ qui rêve d’être Madeleine : cet être à deux faces jouisseuses aima surtout les besognes crépusculaires et équivoques.
Du haut de la tour bâtie au milieu de ces couvents, on découvre des landes de sable, d’où s’élèvent les têtes grisâtres des pyramides, ou des bornes qui marquent le chemin au voyageur.
C’était un bon sens très guindé dans une tête excessivement aride, un homme né podagre du cerveau, travaillé par une infécondité infiniment douloureuse, moins heureux tout le temps qu’il vécut que le lion de Milton, auquel il ne ressemblait pas, lequel finit par tirer sa croupe du chaos ; car il ne put jamais, lui, se dépêtrer des embarras obstinés de sa pensée, du vague des mots et du vide des choses au fond desquels il est mort plongé.
À la lire, en beaucoup de ses écrits (particulièrement en ses Souvenirs et Impressions littéraires), elle s’est dite ignorante, inconsciente, spontanée, une pauvre tête poétique, quoiqu’elle ne soit pas aussi poétique qu’elle le dit, la rusée !
Telle est la plaisanterie de Swift, ce sanglier saxon, qui n’a pas d’articulation dans le cou et qui se retourne tout d’une pièce ; tel est l’esprit de ce Voltaire anglais, de ce bouffon au masque immobile, qui, à force de sérieux, finit par être sinistre, et qui l’a été, une fois, plus que les fossoyeurs de Shakespeare bouffonnant avec des têtes de mort dans le cimetière d’Elseneur.
M. de Gères, qui a de l’apologue dans la tête, porte jusque dans la mélancolie de l’élégiaque cette virilité.
En vain avait-il enflammé la tête et fait battre le cœur à toute une génération, et à une génération autrement vigoureuse que celle qui lui a succédé, on comparait ses poèmes, pour l’effet, à de vieux sujets de pendule, et le Sélim de La Fiancée d’Abydos, par exemple, semblait presque aussi faux et aussi ridicule que le Malek-Adel de madame Cottin, Ces outrageantes sottises ont été dites ; Baudelaire a partagé l’opinion de Gautier, qu’il a nommé « l’impeccable ».
Cette jeunesse à tête chaude n’en avait pas moins la passion de savoir. […] Le bœuf de labour remet sa tête sous le joug et dans la terre lourde trace le sillon pour de nouvelles semailles. […] La tête doit loger six lobes de cerveau et deux de cervelet ; sa figure doit donc répondre à cette destination. […] Gil Blas est charmant partout où il n’est que Français, travesti à l’espagnole, mais Français de la tête aux pieds et de corps et d’âme. […] Chaque tête même a son caractère : voyez dame Léonarde.
La tête leur tourna ; une grossière ivresse leur monta au cerveau. […] La tâche du premier péché pèse, selon la légende judaïque, sur la tête de la femme ; et de là son esclavage. Mais il lui a été promis qu’elle écraserait la tête du serpent. […] ma tête se perd ! […] Tu es la tête et je suis le bras.
Incapable de tenir tête à cette production, le public a demandé alors à la critique de vouloir bien le guider. […] On aperçut un homme debout, tête nue. […] En mettant la tête hors de l’entrepont, je fus frappé, d’un spectacle sublime. […] Ses imitateurs, Ronsard en tête, n’ont d’autre valeur que de rappeler quelquefois le chantre immortel de Sicile. […] Comme l’œuvre entière dépend de ce premier jet, noter sur le papier tout ce qui vous passe par la tête serait donc une méthode dangereuse.
La tête lourde, la fièvre au corps et l’esprit délirant à demi, il a senti qu’on l’emportait, qu’on le plaçait dans une automobile ; le vent le fouettait ; et il apercevait les halles d’Ypres qui flambaient. […] Lisons Notre avenir ; et nous saurons ce qui se passait, à la veille de la guerre, dans les têtes allemandes les mieux munies de leurs projets. […] On se creuse la tête pour trouver des sujets ; et, depuis des années, le plus beau de tous était là, sous mes yeux : mon métier. […] Les gens qui épiloguent sur les préambules de ce conflit, sur le crime de Serajevo, sur les actes de la diplomatie, ne le détournent pas de comprendre fort bien la guerre, l’immense guerre soulevée par la querelle des têtes rondes et carrées : « Nous, Dieu merci, on a la tête ronde, si bien qu’on sait qui on doit croire et avec qui on doit sympathiser. […] Certes, oui ; même si, consultant leur mémoire et leurs sympathies, les uns hochent la tête et insinuent que le modèle y est flatté, les autres qu’il y est calomnié.
Tous hochent la tête et la déclarent impossible. […] Il se frappe avec désespoir la tête contre cette colonne, mais il ne peut se donner la mort, car sa sentence est de souffrir ainsi jusqu’au jugement dernier. […] L’édition qu’il place en tête est de Leipzig, 1602, in-4°, mais elle porte sur le titre : Neulich gedruckt zu Leyden. […] Et quand sa tête fut essuyée, je commençai à parler, et je lui demandai de m’accorder une grâce que je voulais de lui. […] Notre auteur est le seul à mettre dans la tête de l’oiseau, et non dans son corps, la prétendue pierre précieuse.
» Et, prenant aux talons le cadavre du roi, Il marche à l’empereur qui chancelle d’effroi ; Il brandit le roi mort comme une arme, il en joue, Il tient dans ses deux poings les deux pieds, et secoue Au-dessus de sa tête en murmurant : « Tout beau ! […] En parcourant la rustique demeure, d’où rien n’a disparu, ni le poêle en faïence verte, ni le canapé dont « l’âge a roussi le cuir », ni les tables « écaillées », ni les vitrines, ni « les lits étroits sous leurs rideaux à fleurs », il a vu revivre ceux qui l’habitèrent, les quatre demoiselles « aux cheveux relevés et piqués d’une fleur rose et d’une aigrette verte », le fils Carl, et surtout le simple grand homme « en manches de chemise, la calotte verte sur la tête, le pardessus jaune jeté sur le bras. […] À Fampoux, près d’Arras, pendant les séjours quelquefois assez prolongés qu’il fit près de son oncle le fermier, il avalait, a. verres pleins, par curiosité, par fanfaronne veulerie, « de l’brenne et chel’blinque, et du gnief, sans compter les bistoules », — « mots amusants », nous dit-il, mais « choses dures pour un estomac de vingt ans et préjudiciables à une tête déjà en l’air ». […] Septembre se passe encore à ressasser tout ce « passé », tout ce « remords », qui se présente à la « lucarne » du prisonnier, Avec les yeux d’une tête de mort Que la lune encore décharne, et qui ricane près de lui. […] C’est ce passage qu’en tête de sa pièce, l’Art poétique, Verlaine a recopié — ou plutôt cité de mémoire : il parle, en effet, de Shakespeare « lu et relu dans le texte à coups de dictionnaire et enfin su par cœur, pour ainsi dire ».
Le beau portrait placé en tête du livre du Père Lebreton conserve le regard de ses yeux, à la fois rayonnants de vie intérieure et d’attention réfléchie. […] Je le sens, aujourd’hui que je tourne vers eux Ma tête, du milieu du chemin de la vie, Et que, me souvenant de cet essor si fier, Je me souviens aussi de quel réveil amer Cette espérance, haute et folle, fut suivie. […] Et il ajoute : « Je n’eusse pas eu la puissance de tuer un poulet, car j’étais si faible que rien plus. » Là-dessus, il se met à haranguer les magistrats de la ville, dont il savait qu’ils désespéraient et parlaient de se rendre à l’assiégeant lequel était le marquis de Marignan, le lieutenant de Charles-Quint, à la tête d’une puissante armée d’Allemands et d’Espagnols. […] Dans la notice le concernant et rédigée par la section historique de l’année, une parole de lui est rapportée où il a comme résumé lui-même ses quarante années de labeur obscur : « Quand on a eu l’honneur d’être à la tête d’un régiment, j’estime », a-t-il dit, « qu’on est bien payé d’une vie militaire. » C’était affirmer qu’il était fier d’avoir, durant près d’un demi-siècle, su obéir et commander. […] Il y tranche la tête du Diable, après un terrible combat.
Simyan caresse une fois de plus — et ce projet doit être lustré de la tête aux pieds, tant il a reçu de caresses, — M. […] Je demande sa tête et crains de l’obtenir ! […] Ce grand bourgeois est autoritaire et porte très haut la tête et le ton dans sa maison. […] Ce n’est ni Molière ni Lesage qu’on lui jette à la tête, c’est Regnard. […] Voltaire était né « cabotin » de la tête aux pieds.
Maximin, ayant poignardé Placidius, s’assied sur son corps, le poignarde deux fois encore, et dit aux gardes : « Amenez-moi l’impératrice et Porphyrius morts ; je veux braver le ciel une tête dans chaque main713. » Nourmahal, repoussée par le fils de son mari, insiste quatre fois avec l’indécente pédanterie que voici : « Pourquoi ces scrupules contre un plaisir où la nature rassemble toutes ses joies en une seule ? […] « Comme une belle tulipe opprimée par l’orage, — frissonnante, se ferme, et plie ses bras de soie pour s’endormir, — se courbe sous l’ouragan, toute pâle, et presque morte, — pendant que le vent sonore chante autour de sa tête courbée, — ainsi disparaît votre beauté voilée720. » — Quelle singulière entrée que ces concetti de Cortez qui débarque ! […] La pesante logique s’étale carrément dans les discours des princesses : « Deux si, dit Lyndaxara, font à peine une possibilité723. » Dryden met son bonnet de gradué sur la tête de ces pauvres femmes. […] On pense, en écoutant ces sanglots terribles, aux vétérans de Tacite, qui, au sortir des marais de la Germanie, la poitrine cicatrisée, la tête blanchie, les membres roidis par le service, baisaient les mains de Drusus, et lui mettaient les doigts dans leurs gencives, pour lui faire sentir leurs dents usées, tombées, incapables de mâcher le mauvais pain qu’on leur jetait. « Debout, debout, — vous usez vos heures endormies — dans une indolence désespérée que vous appelez faussement philosophie. — Douze légions vous attendent et ont hâte de vous nommer leur chef. — À force de pénibles marches, en dépit de la chaleur et de la faim, — je les ai conduites patientes — depuis la frontière des Parthes jusqu’au Nil. — Cela vous fera bien de voir leurs faces brûlées du soleil, — leurs joues cicatrisées, leurs mains entamées ; il y a de la vertu en eux. — Ils vendront ces membres plus cher — que ces jolis soldats pomponnés là-bas ne voudront les acheter733. » — Et quand tout est perdu, quand les Égyptiens ont trahi, et qu’il ne s’agit plus que de bien finir : « Il reste encore — trois légions dans la ville. […] Tu me verras encore une fois sous ma cuirasse, à la tête de ces vieilles troupes qui ont battu les Parthes, crier : en avant, suivez-moi735. » Il se croit à la bataille, et déjà sa fougue l’emporte.
Mon refus d’écrire en sa faveur pouvait être suivi de ma mort ; mais j’étais résolu de perdre la tête plutôt que ma conscience: et si le pouvoir et les bienfaits de ce despote, qui voyait à ses pieds la république consternée le combler d’adulations, et qui avait entre ses mains ma fortune et ma vie, n’ont pu me faire parler pour manquer à l’humanité, il n’est aucune puissance qui pût me faire écrire pour manquer à la Divinité, qui m’a donné le courage de ne pas fléchir le genou devant un tyran. […] Voyez comme l’esprit de parti aveugle les hommes, et leur fait méconnaître jusqu’aux faits qui sont sous leurs yeux: non-seulement cet hommage rendu à la Divinité existe au frontispice des anciennes églises qui servent aujourd’hui à rassembler les citoyens ; mais il est à la tête même de notre Constitution ; il en est le début, le témoignage, la sanction sacrée, c’est sous ses auspices qu’elle est faite. « Le peuple français, y est-il dit, proclame, en présence de l’Être suprême, la déclaration des droits et des devoirs de l’homme et du citoyen. » La classe des sciences morales et politiques rougirait-elle de terminer un rapport sur ces mêmes droits et ces mêmes devoirs, par un hommage dont l’Assemblée nationale s’est honorée à la tête de la Constitution ? […] Il n’y a pas dans l’Océan une seule goutte d’eau qui ne soit pleine d’êtres vivants qui ressortissent à nous ; et il n’existerait rien pour nous parmi tant d’astres qui roulent sur nos têtes !
Souvent elle tue de petits oiseaux en leur assénant de vigoureux coups de becs sur la tête, exactement comme la Pie-Grièche (Lanius), et bien des fois je l’ai entendue frapper à coups redoublés des graines d’if contre une branche, et les briser ainsi, comme ferait le Casse-Noix (Nucifraga caryocatactes). […] On considère généralement la peau nue de la tête du Vautour comme une adaptation pour permettre à cet oiseau de se vautrer dans des matières en putréfaction. […] Lorsque nous voyons que le Dindon mâle, qui pourtant vit d’aliments sains, a pareillement la tête dénudée, nous devenons forcément plus réservés dans nos conclusions sur cette question. […] La forme du bassin peut aussi affecter par pression la tête de l’embryon dans la matrice.
On se creusait la tête pour découvrir un moyen de rajeunissement. […] Tous deux n’avaient-ils pas un pudique entourage l’austère Morny en tête ! […] D’autre part, le monde organique, l’humanité en tête, persiste à fournir les mêmes tempéraments, les mêmes phénomènes de passions et d’intérêts, de vertus et de crimes. […] Elle se glorifie d’avoir des ancêtres, des prédécesseurs, Diderot en tête, duquel ses représentants prétendent procéder.
c’est lui qui, après avoir gémi dans ses écrits pendant vingt ans au seul nom d’invasion, et avoir demandé sur tous les tons, avec des cris de prophète, avec des cris d’aigle, qu’on relevât la France d’un humiliant désastre auquel il attribuait tous les maux, même civils, n’est pas content d’elle aujourd’hui qu’elle a, ce me semble, la tête assez haute et qu’elle s’est assez bien revanchée !
Taine l’a comparé à Tarquin abattant et cueillant à dessein dans ce vaste champ les têtes de pavots les plus pourprés, les plus superbes.
en tête de quelque bulletin littéraire .
Que cent couronnes soient tombées sur la tête du duc d’Orléans et l’aient écrasé avant qu’il eût accepté cette fonction !
En voici le résumé : « Aujourd’hui les destinées de l’homme et de l’humanité s’agitent ; elles sont représentées par le pays qui a toujours marché à la tête de la civilisation moderne, en sorte que, si ces destinées peuvent être trouvées par la France, elles le seront pour l’Europe et pour le monde entier.
Il y a du coup de tête heureux dans M.
Quoi qu’il en soit, en fait l’ouvrier littéraire, dans son imprévoyance, se multiplie et pullule chaque jour ; son existence est devenue une nécessité, un produit naturel et croissant de vie échauffée qui se porte à la tête et qui constitue la civilisation parisienne.
Enfin, un homme avait vu toutes les prospérités de la terre se réunir sur sa tête, la destinée humaine semblait s’être agrandie pour lui, et avoir emprunté quelque chose des rêves de l’imagination ; roi de vingt-cinq millions d’hommes, tous leurs moyens de bonheur étaient réunis dans ses mains pour valoir à lui seul la jouissance de les dispenser de nouveau ; né dans cette éclatante situation, son âme s’était formée pour la félicité, et le hasard qui, depuis tant de siècles, avait pris en faveur de sa race un caractère d’immutabilité, n’offrait à sa pensée aucune chance de revers, n’avait pas même exercé sa réflexion sur la possibilité de la douleur ; étranger au sentiment du remord, puisque dans sa conscience il se croyait vertueux, il n’avait éprouvé que des impressions paisibles.
Mais peut-être que tout à l’heure la musique de Haydn ou de Beethoven remplira vos yeux de larmes d’admiration, et me passera par-dessus la tête.
L’homme s’agite dans la Joie et dans la Tristesse mais tout effort tenté selon la vie est vain, donc douloureux : il faut ployer la tête et suivre son destin. — Cette philosophie est, il est vrai, trop peu clairement indiquée au long des œuvres de M. de Régnier pour que les lignes précédentes aient une signification autre que probable ; peut-être même ai-je complété ici ce que je devinais de la théorie pour en faire pressentir la consistance.
Pierrot est tout blanc, depuis la tête jusqu’aux pieds, comme Scaramouche est tout noir.
Le lendemain même, les journaux rendaient compte de cette solennité en termes dithyrambiques et la commentaient en articles de tête.
La philosophie est cette tête commune, cette région centrale du grand faisceau de la connaissance humaine, où tous les rayons se touchent dans une lumière identique.
Affronter la tempête De cent foudres d’airain tournés contre sa tête.
Ce censeur, judicieux à d’autres égards, ne vouloit pas comprendre que la voie qu’il recommandoit étoit la plus longue ; qu’on n’avoit que trop entassé de tout temps des puérilités pédantesques dans la tête d’un jeune homme qui veut se former à l’éloquence ; que les exemples en disent plus que les maîtres ; qu’un seul morceau choisi de Démosthène, de Cicéron & de Bossuet, rend plus éloquent celui qui est né avec du génie, que toutes les règles & tous les préceptes d’Aristote, de Cicéron, de Quintilien & de tous leurs commentateurs.
Il eut la constance d’aller voir, trois semaines de suite, un charlatan qui devait couper la tête à son coq, et la lui remettre sur le champ.
A l’autel, le souverain fléchit le genou, et sa tête s’incline sous la main du prêtre, comme celle du moindre des esclaves ; tous sont égaux dans l’enceinte où il préside, l’église.
La philosophie de l’auteur est plus dans son âme que dans sa tête : quand il ne veut que raisonner il est quelquefois commun, souvent sophiste, et de temps en temps obscur ; quand son objet l’échauffe, c’est alors qu’il est tout à la fois clair, précis, intéressant et sublime.
Toute cette métaphysique n’entre pas dans cette tête étroite.
Quand on a la tête carrée, il faut faire des œuvres carrées.
De plus, il grattait le papier chez cette noble canaille apostate de cardinal Odet de Chatillon, qui se fit protestant et que Pie IV raya du nombre des cardinaux ; mais rien n’indique qu’il fût, comme Rabelais, par exemple, la tête au-dessus de son métier et de son état.
ils n’ont plus qu’un pied dans le trumeau, mais ils en sont sortis par la tête et par la poitrine.
Ils n’ont plus qu’un pied dans le trumeau, mais ils en sont sortis par la tête et par la poitrine.
Dès sa jeunesse, il avait été une des têtes les plus comptées de ce parti royaliste qui périt, après avoir jeté son dernier cri de détresse inutile, en 89 !
Et ce n’est point difficile, quand on a la tête nette et qu’on ne se laisse pas envahir et entamer par la niaiserie des phrases et des livres.
Si l’on ne craignait pas d’offenser une tête théologique de sa force, on dirait que le P.
Mais un seul contrat d’atermoiement et le plus léger soupçon suffisaient pour le faire destituer ; car les habitants de Paris voulaient avoir à leur tête un homme qui résumât tous les nobles penchants de l’humanité. » Ce fut sous la minorité de saint Louis, de ce grand roi qui refit la morale publique de son temps, que la constitution des travailleurs fut fortement remaniée.
Nonobstant la note très modeste que Barthélemy Saint-Hilaire a placée en tête de son ouvrage, pour nous apprendre que son livre avait paru par articles dans le Journal des Savants, au fur et à mesure que William Muir, Sprenger et Caussin de Perceval publiaient les leurs, je suis sûr qu’avec les habitudes de sa pensée, avec sa préoccupation si singulièrement philosophique et religieuse prouvée par la dissertation que je trouve, dans ce volume sur Mahomet, concernant les devoirs mutuels de la religion et de la philosophie, Barthélemy Saint-Hilaire, l’auteur déjà d’un livre sur Bouddha et sa religion, devait aller — de son chef — à cette grande figure de Mahomet, qui nous apparaît, en ce moment, comme une figure neuve en histoire, tant jusqu’ici elle avait été offusquée et enténébrée par l’ignorance, le parti pris et toutes les sottises, volontaires ou involontaires, des passions et du préjugé !
Et c’est même à propos de cette éducation qu’il a osé ce rapprochement, qui fait dresser les cheveux sur la tête, entre le cordonnier Simon et son influence dépravatrice et meurtrière sur le malheureux enfant de Louis XVI, et l’évêque d’Hermopolis, qui aurait été, à sa manière, le cordonnier Simon sur l’esprit du duc de Bordeaux.
Esprit très élevé et très cultivé, heureux et fier dans sa pensée d’être un enfant du xixe siècle, — de ce xixe siècle qui a encore le temps, avec les vingt années qui lui restent à durer, de faire baisser la tête à ses fils et de diminuer l’orgueil et le bonheur d’en être un, — il a été la victime de la culture de son époque et de la culture de son esprit.
Un jour Hugo, qui n’était pas alors républicain, acheta un dais, un dais royal, pour dresser dessous sa tête orgueilleuse.
À ce compte-là, plus la civilisation se compliquerait et tordrait sa spirale, moins on serait capable de poésie épique, ce qui mettrait, du reste, la vanité des nations hors de cause et raierait d’un trait le fameux anathème physiologique : « les modernes (et particulièrement les Français) n’ont pas la tête épique », nul poème ne pouvant désormais étreindre le détail énorme de nos colossales civilisations.
Certainement elle ne lui aura pas coûté des efforts de tête bien formidables.
La mort seule fait disparaître l’envie, et donne leur place à ceux qui ont été grands. » Ce discours de Périclès, qu’il faut voir tout entier dans Thucydide, fit tant d’effet, que les mères et les femmes des guerriers coururent l’embrasser avec transport quand il descendit de la tribune, et le reconduisirent en triomphe, en chargeant sa tête de fleurs.
De là les χειροθεσίαι et les χειροτονίαι des Grecs : le premier mot désigne l’imposition des mains sur la tête du magistrat qu’on allait élire ; le second les acclamations des électeurs qui élevaient les mains.
C’est aussi la femme qu’on insulte, la femme qui, dans ce monde fermé de la bourgeoisie du moyen âge, semble avoir courbé la tête aussi bas qu’en aucun temps et qu’en aucun lieu du monde. […] Une phrase de la Notice de La Grange, en tête de l’édition de 1682, autorise l’hypothèse de M. […] Parcourez les longs commentaires explicatifs, justificatifs et laudatifs que Diderot a mis en tête de son Fils naturel et de son Père de famille. […] Les écrivains, avec autant d’empressement que d’habileté, saisirent cette grande occasion de popularité qui leur était offerte et se précipitèrent, tête baissée, dans la lutte. […] Nul ne fut d’humeur plus tyrannique, parce que nul ne fut plus aristocrate, aristocrate dès le berceau, aristocrate jusqu’à la mort, aristocrate depuis les pieds jusqu’à la tête.
Il a tourné les têtes de certains écrivains médiocres, qui avec raison ne comptent pas sur leur mérite et leur réputation pour pénétrer à l’Académie, mais restent dans les règles de la modestie en ne se jugeant pas inférieurs à ce devancier, et qui peuvent s’y guinder tout aussi bien que lui par le comitardisme ? […] Il suffit de leur donner des louanges massives tête à tête ou en toute occasion publique, et de ne les débiner que dans les conversations tout à fait intimes avec des personnes discrètes.
L’empereur Louis de Bavière avait pris parti pour l’une de ces opinions ; il avait marché à Rome, à la tête d’une armée d’Allemands, pour soutenir les cordeliers rebelles au pape. […] « De vieux hêtres, dont la tête touche les nues, défendent l’approche de cette forêt aux rayons du soleil. […] Il prit cette eau sanglante et fétide dans le creux de sa main, et il en aspergea la tête de son fils en le proclamant chevalier de la Victoire.
Ramené à Genève, il est placé chez un greffier qui n’en peut rien faire, puis chez un graveur qui le bat, à qui il vole ses asperges, ses pommes : il est alors enragé de lecture, il se farcit la tête de tout le cabinet de lecture voisin, malgré son maître qui brûle tous les livres qu’il attrape. […] Les germes qu’apercevait M. de Conzié dès 1738, se développent dans sa pauvre tête ; et une vraie folie l’envahit. […] Rousseau n’est pas un improvisateur ; les phrases s’arrangent lentement dans sa tête : il travaille, corrige, polit avec un soin d’artiste qui achève de le mettre à part parmi ses contemporains.
Il ne paraissait en public qu’au milieu d’un cortège de serviteurs — la couronne sacrée sur la tête, les pieds ornés de crépides d’airain retentissantes, les cheveux flottant sur les épaules, une branche de laurier à la main. […] Je vis un jour un enfant quelque temps pensif, puis tout à coup affirmer sérieusement et avec un étrange caractère d’insistance qu’il avait vu quelques jours auparavant une tête humaine dans le soleil. […] Syracuse ne voyait nulle bigoterie à faire figurer sur ses médailles la belle tête d’Aréthuse, ni Athènes celle de Minerve.
Les prosateurs, qui, tel Jean-Jacques, suivent la dictée d’une voix intérieure et retournent vingt fois dans leur tête les phrases qu’ils construisent ; ceux qui, tel Flaubert, les font passer par leur « gueuloir » pour en éprouver l’euphonie, attachent une légitime importance aux délicates combinaisons de syllabes qui forment ce qu’on appelle « le nombre ». […] Des cantilènes populaires sont l’origine et le noyau de nos chansons de geste, et, plus tard, les jongleurs qui les débitent en font une sorte de récitatif ou de mélopée, comme ce Taillefer « qui moult bien cantait » et qui, en tête de l’armée de Guillaume le Conquérant, lançait à pleine voix la Chanson de Roland, vraie Marseillaise de ce temps-là. […] Le Roman de la Rose est comme un animal chimérique, ayant une tête d’agneau et un corps de loup ; il passe de l’allégorie quintessenciée à l’attaque violente de l’Église et des autres puissances.
Et on a peut-être rarement dit de la musique de Wagner un mot plus vrai que celui qu’écrivait, déjà en 1838, Dorn : « … Ses pieds sont enracinés dans les œuvres de Beethoven, la tête oscille entre Bach et Bellini » (Glasenapp, Biogr. […] J’aurais pu lancer cette phrase, que je n’ai jamais vue citée, à la tête de ceux qui avilissent précisément cet acte et son auteur, en prêtant soit à l’un, soit à l’autre, des intentions philosophiques. […] /Tête à mourir promise !
J’ai déjà le commencement dans ma tête, ainsi que certaines parties plastiques, telles que la musique de Fafner. » Et cependant il était à la veille d’abandonner définitivement ce projet : il en avait la musique dans la tête, mais pas encore le poème ! […] Dans une lettre de 1849, par exemple (reproduite dans l’Allgemeine Musikzeitung), Wagner dit qu’outre La Mort de Siegfried et de Jésus, il a en tête deux projets de drames tragiques (sans doute, Wieland et Achille), et deux sujets comiques.
La partie philosophique, concurremment avec le plan complet de l’Œuvre » se développa ensuite sous le titre qui la plaçait en tête de l’Œuvre : En Méthode a l’Œuvre, en les éditions de 88 et 91 En 1904 est parue une dernière édition entièrement revue, augmentée, et arrêtée18. […] Van Bever et Léautaud cet émoi permettait ce rapprochement de mon nom de ceux de Verlaine et Mallarmé, mes aînés de vingt années… Judicieusement, le signataire de l’article signalait au nombre des promoteurs nouveaux, et en tête, Paul Verlaine. […] N’est-ce point cependant un plaisir, qu’avoir d’énergie latente pénétré et réduit à parler mes propres paroles, même des négateurs32… Je retiendrai & seulement, sans insistance qui serait déplacée, cette constatation générale apportée en tête d’une Etude pénétrante et avertie, remarquée, de M.
Le vide se fait dans ces têtes où ne pénètrent aucune idée, aucune notion nouvelles. […] Les médailles byzantines, les figures des cathédrales gothiques, avec leurs têtes grêles, étroites, leurs fronts comprimés, n’attestent-elles pas la décadence héréditaire d’une race d’hommes qui pendant mille ans avait cessé de penser ? […] A la tête se placent les Anglais et les Allemands, qui, par la découverte et le développement de la théorie de l’évolution, viennent de poser les bases d’une nouvelle période de haute culture intellectuelle.
Quand il causait, il penchait volontiers sa tête sur l’épaule gauche, dans une attitude réfléchie qui révélait le savant. […] La loyale physionomie de cet honnête homme, ces jeunes têtes groupées autour de lui, la cordialité de cet intérieur émurent une pitié dans le cœur de la terrible fille. […] J’ai lavé sa tête et je l’ai mise dans une attitude digne de lui. […] C’est alors que le sous-lieutenant, debout sur le parapet, tombe frappé d’une balle à la tête. […] Il fallut, une fois, pour lui faire passage, déblayer la tête de l’abri écrasé par un obus.
L’Empire est le seul régime qui ait mis à la tête de l’Université un pur homme de lettres, Fontanes, lequel fut par ailleurs leur manière de délégué permanent auprès de Napoléon et servit souvent leur cause avec courage. […] Ses passions et ses coups de tête, eux-mêmes, eux surtout, s’expliquent par un refus critique de se donner. […] Quand elle a un style, c’est qu’elle l’a demandé au passé avec Chénier et Chateaubriand, et une Genevoise sans style peut prendre la tête de la littérature de son temps. […] Jocelyn et la Chute d’un Ange suffisent d’ailleurs à faire de Lamartine la tête en somme la plus épique de notre poésie. […] Écrit peut-être dans les Pyrénées, il dit l’homme en méditation sur la montagne, et l’on remarquera l’intention de le placer en tête des Poèmes antiques et modernes, comme l’Isolement était placé en tête des Méditations.
Ce ne fut jamais le rayon direct et plein du soleil sur une tête radieuse de poète, montré à la foule et salué par elle dans le triomphe qui le porte au Capitole. […] Il faut plaindre le prisonnier sans doute ; mais il faut plaindre son cabanon, car ce cabanon est un martyr aussi ; il faut plaindre le condamné qui porte sa tête sur le billot ; mais plaignez le billot et la hache. La hache souffre autant que le corps, le billot autant que la tête. […] et ne prête-t-on pas un peu à rire quand on vient nous rappeler, à propos de ce pauvre réfractaire débile et chétif, que Tyrtée, lui, marchait à la tête des bataillons qu’il animait de ses chants ? […] Quand par hasard nous travaillons pour nous en faire applaudir, nous le traitons comme font ces rois qui, dans leurs jours de munificence, lui jettent des cervelas à la tête et le noient dans du vin frelaté.
Car le ton fait la chanson, l’éclairage fait le tableau, et mille nuances rendent aimable dans le discours oral, tête à tête ou devant un auditoire privé, ce qui paraîtrait dur ou excessif, mis par écrit et imprimé sans ce riche et souple accompagnement. […] Il a sa statue à deux pas du lieu où l’on ne voit que les têtes de Molière, Corneille, Racine et Hugo. […] Car il n’éprouvait pas cette répugnance des têtes trop pensantes, ni cette inaptitude aux activités vulgaires, que son émotion ennoblissait pour lui-même et pour ses lecteurs. […] On le lit pour avoir mal à la tête. […] Observons qu’en tête de ce chapitre M.
Sur ta tête ! […] Ô ma pauvre tête ! […] Il rédigea encore quelques lettres, et, à une heure de la nuit, se tira une halle dans la tête. […] Très jeune au moment de la mort de son mari, mais de tête solide et naturellement adroite, Anna-Amélie se tira honorablement des difficultés de sa tâche. […] Pourquoi faut-il que Goethe s’oublie à souffler, dans cette adorable tête de jeune fille, des pensées qui portent sa marque à lui — et pas toujours la meilleure ?
« L’homme est enfoncé dans le cœur, non dans la tête. […] Waldeck-Rousseau, Poincaré et Deschanel comme têtes de colonne. […] « Sa Majesté n’a plus sa tête. » On aime à le voir un jour dans cet état-là. […] Puis, peu à peu, je ne sais comment, l’auréole de Boche pâlit autour de sa tête. […] On a un piano qui fait des gammes au-dessous de vos pieds et son camarade fait la même chose que lui au-dessus de vos têtes.
Craignez, en traitant de mauvais maîtres si influents les romanciers et les poètes, de leur monter la tête : plutôt, laissez-les à un badinage innocent. […] Pierre Lasserre voulut bien lire et tâcher de comprendre Tête d’or. […] Bouve détourne la tête ; il lâche le bras de la Marie Bonheur ; il enfonce ses deux mains dans ses poches ; il épie les gens qui vont et viennent. […] … » Il n’y a plus à distinguer les hommes de la tête et les hommes de la main, puisque voici réconciliés le rêve et l’action, ou accordés le corps et l’âme. […] » Il vous aurait répondu ; « C’est un champ de bataille où, à vingt ans, à la tête de mes marsouins, je chargerai les Anglais pour venger Napoléon !
Ce sont des hommes dans la tête desquels rien de nouveau ne peut entrer. […] Quant à la nation, de même et par un mouvement de sympathie généreuse, il se sentait redevenir Français à mesure que la France était plus malheureuse et plus écrasée ; il aimait à se confondre avec nous dans une même douleur unanime : « J’ai toujours la même aversion, disait-il (mai 1814), pour la toute-puissance partout où elle se trouve, parce qu’en effet je la vois partout également immodérée dans son ambition et son orgueil… Je crains pour les plus forts l’ivresse du pouvoir à laquelle si peu de têtes résistent ; je la crains encore après la modération, vraiment digne des plus grands éloges, du premier moment.
Le premier Consul n’eut garde de se prêter à ce coup de tête d’ancien régime, et ce ne fut que trois ans plus tard qu’après mûre délibération il procéda à la réorganisation de l’Institut tout entier sur un plan conforme à ses vues de gouvernement. […] Littré, qui appartient déjà à une autre classe de l’institut, il a été trouvé indigne de faire partie de cette classe de littérature et de grammaire, la même qui s’était honorée précédemment de compter le respectable M. de Tracy en tête de sa liste ; et l’on sait quelles étaient en philosophie les idées de M. de Tracy.
Florence n’était qu’une scène de carnage où l’on portait à la pointe des lances les têtes des conjurés. […] Bannis de ton cœur la vaine espérance ; que la partie plus noble et plus calme reprenne son empire sur tes sens ; armée d’une force irrésistible et d’une prudence plus grande, qu’elle soumette à ses lois tout désir contraire à sa volonté, et que ton funeste ennemi, désormais terrassé, n’ose plus dresser contre toi sa tête venimeuse. » C’est ainsi qu’il méditait en vers longtemps avant l’époque des Méditations.
Tandis que je contemplais les feux réguliers des lignes romaines et les feux épars des hordes des Francs, tandis que, l’arc à demi tendu, je prêtais l’oreille au murmure de l’armée ennemie, au bruit de la mer et au cri des oiseaux sauvages qui volaient dans l’obscurité, je réfléchissais sur ma bizarre destinée… Que de fois, durant les marches pénibles, sous les pluies ou dans les fanges de la Batavie : que de fois à l’abri des huttes des bergers où nous passions la nuit ; que de fois autour du feu que nous allumions pour nos veilles à la tête du camp ; que de fois, dis-je, avec des jeunes gens exilés comme moi, je me suis entretenu de notre cher pays. » Et voilà à quoi sert d’avoir servi dans l’armée de Condé, septième compagnie bretonne, couleur bleu de roi avec retroussis à l’hermine659 ! […] Je ne puis que rappeler ici les canards sauvages, le cou tendu et l’aile sifflante, s’abattant tout d’un coup sur quelque étang, lorsque la vapeur du soir enveloppe la vallée — le jour bleuâtre et velouté de la lune descendant dans les intervalles des arbres, et ce gémissement de la hulotte qui avec la chute de quelques feuilles ou le passage d’un veut subit remplit seul le silence nocturne— les premiers reflets du jour glaçant de rose les ailes noires et lustrées des corbeaux de l’Acropole — ces Arabes accroupis autour d’un l’eu dont les reflets colorent leurs visages, tandis que quelques têtes de chameaux s’avançaient au-dessus de la troupe et se dessinaient dans l’ombre 664.
Il disait à la bourgeoisie : « Je voterai pour l’enseignement moderne, parce que la suppression de la culture classique, à laquelle, personnellement, je suis de tout mon cœur attaché, vous portera le coup le plus funeste. » Et il concluait en ces termes : « Lorsqu’il y a cinquante ou soixante ans, sous Louis-Philippe, la bourgeoisie est arrivée au pouvoir, au gouvernement, aux affaires, elle avait compris alors que le prestige de la seule richesse ne lui suffirait pas, et elle essayait, en appelant à sa tête des hommes imprégnés de la culture antique, en la défendant partout, d’ajouter pour elle au prestige grossier de l’argent le prestige d’une noble culture. […] Et si l’on me reproche de citer les « têtes », il n’y a qu’à se rappeler le grand nombre d’oratoriens ayant jeté leur froc par-dessus la guillotine qui, à la Convention et en mission, se donnaient des airs de proconsuls.
Tant de savoir dans des ordres d’idées si divers, tant de langues mêlées ensemble, tout cet amalgame de l’ancien et du moderne, de la matière et de l’esprit, de l’universel et du particulier, produisit dans cette tête vaste et active une sorte de fermentation d’où naquit cet ouvrage extraordinaire, dans lequel l’érudition est une ivresse, et le génie une débauche d’esprit. […] Dans un dizain en tête du livre II.
En tête, sont deux hommes d’un sens supérieur, les lumières du droit civil et du droit politique à cette époque, le plus grand jurisconsulte du xvie siècle Dumoulin et le plus grand économiste Bodin. […] Chez le plus grand nombre, Montaigne en tête, c’est l’esprit de curiosité et de libre examen.
Sieyès exprime cette méprise, trop naturelle à l’homme, par une image un peu bizarre, mais très ingénieuse : « Je crois que la tête de l’homme est une somme de petites cases ressemblant à des estomacs ; elles veulent se remplir n’importe comment, et tout y est bon (on les dirait à l’épreuve du poison). […] Ces calomnies sont réfutées par les pièces mêmes de la comptabilité officielle : elles le sont mieux encore par les Mémoires de Napoléon, qui reconnaît à la fois le faible de l’homme et son fonds d’intégrité ; il y est dit : « Il aimait l’argent, mais il était d’une probité sévère, ce qui plaisait fort à Napoléon ; c’était la qualité première qu’il estimait dans un homme public. » Il fut, en 1832, assez malade de la grippe pour que sa tête s’en ressentît.
Le lion dit, pensant rugir : « Je n’ai pas la tête si folle ; Moi renoncer aux dons que je viens d’acquérir ? […] je le sais bien, vous ne songez à rien, têtes folles !
Enfin, nous avons si peu la tête épique, comme on l’a dit un jour avec justesse, que du temps de Racine, par exemple, et c’est Sainte-Beuve qui en fait la remarque, les esprits choisis qui goûtaient Virgile l’estimaient plus pour ce qu’il avait de poli et de suprêmement élégant que pour sa manière et ses qualités véritablement originales et grandioses. […] Pour être toujours prêt à faire le décompte des misères de position et des faiblesses de toute nature qui se mêlent à nos œuvres comme des pailles à l’acier, pour avoir été casuiste à ses heures et avoir entendu les formulaires de Port-Royal, Sainte-Beuve méritait-il pour cela d’être accablé, par des ours aux regrets, de cet immense pavé qu’on lui jette à la tête d’une faculté inouïe qui fut la gloire spéciale de Shakespeare, de Walter Scott et de Balzac ?
que le catholicisme soit reçu nulle part sur un pied quelconque, n’a pu supporter, et, indignée, elle lança aussitôt sa Mademoiselle La Quintinie à la tête de la Sybille d’Octave Feuillet. […] » Et la tête qui a pensoté Sybille, s’est donné la migraine pour inventer un Borgia.
La veille du jour où l’on doit trancher la tête de la malheureuse, le père va passer sa soirée aux Cloches de Corneville. […] Rien ne lui gâterait cette journée heureuse, s’il n’avait la tête un peu lourde, et si, le soir, en rentrant chez lui, il n’était surpris par une grosse averse qui le trempe jusqu’aux os.
Qu’ils n’aient ni lyres muettes ni pas silencieux, les enfants, s’ils doivent un jour être initiés à l’hymen, raser leur tête devenue blanche et élever des murailles sur d’antiques fondements ! […] Comme le sillon s’est avancé dans la campagne, ou le cyprès dans le jardin, ou le coursier thessalien à la tête du char, ainsi Hélène, au teint de rose, est la parure de Lacédémone. » En vain les souvenirs helléniques se mêlent à ces vers, et plus loin, les noms de.
Dans des vers charmants que les lecteurs de cette Revue n’ont certes pas oubliés, Alfred de Musset, répondant à des vers non moins aimables du vieux maître190, lui disait, à propos de cette fraîcheur et presque de cette renaissance du talent : Si jamais ta tête qui penche Devient blanche, Ce sera comme l’amandier, Cher Nodier.
Hugo, avant d’être mises en français et en vers, ont été dans sa tête des rêveries originales, et quelques-unes de sublimes rêveries.
« J’aperçois, dit-il, des hommes vertueux et paisibles que leurs mœurs pures, leurs habitudes tranquilles, leur aisance et leurs lumières placent naturellement à la tête des populations qui les environnent.
En tête des anciens romans bretons, dans les généalogies qui figurent au commencement de ces poèmes, on saisit la trace des systèmes astronomiques, de ceux qui sont venus du Nord en particulier.
Tant que vous la montez, vous ne voyez devant vous que de stériles rochers ; mais quand vous êtes au sommet, le ciel est sur votre tête, et à vos pieds le royaume de Cachemire. » La Chaumière indienne, par Bernardin de Saint-Pierre.
Voyez passer ce jeune homme paré avec tant de recherche : il marche sur la pointe du pied, sur sa figure épanouie se lisent également et la certitude des succès, et le contentement de soi-même ; il va au bal, le voilà déjà sous la porte cochère, encombrée de lampions et de laquais ; il volait au plaisir, il tombe et se relève couvert de boue de la tête aux pieds ; ses gilets, jadis blancs et d’une coupe si savante, sa cravate nouée si élégamment, tout cela est rempli d’une boue noire et fétide.
« … Au moment où cette traînée de feu rouge, qui entrait par ce sabord de navire, s’éteignit, où le soleil équatorial disparut tout à fait dans les eaux dorées, on vit les yeux du petit-fils mourant se chavirer, se retourner vers le front comme pour disparaître dans la tête.
Dans la seconde, avec Diderot, avec Rousseau, avec Voltaire qui force le pas pour rester à la tête du mouvement, l’attaque devient plus violente et plus générale.
Sa tête, presque toujours inclinée en avant, a en général une expression triste, que parfois éclaire et déchire, en dépit de tout, le confiant sourire de la jeunesse, et, pour dernier trait, j’ajouterais, si ce n’était abuser même des privilèges excessifs de l’hypothèse, qu’en le regardant silencieux, je songe irrésistiblement aux quatrains adressés en 1829 à Ulric G.
Leur double passage reconstituait derrière moi, si je tournais la tête pour les voir, une ordonnance et une surprise nouvelles dont l’aspect se modifiait encore à mesure de mon progrès vers ce qui fournissait à mon changement la matière de sa variété. » C’est la précision même, une précision de myope, qui veut se rendre compte et, à défaut des couleurs, voir nettement les lignes.
Les cheveux de votre tête sont comptés.
Les Ninivites s’élèveront au jour du jugement contre cette génération et la condamneront, parce qu’ils firent pénitence à la prédication de Jonas ; or il y a ici plus que Jonas 913. » Sa vie vagabonde, d’abord pour lui pleine de charme, commençait aussi a lui peser. « Les renards, disait-il, ont leurs tanières et les oiseaux du ciel leurs nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête 914. » L’amertume et le reproche se faisaient de plus en plus jour en son cœur.
Tout part de sa tête ; rien n'annonce que son ame soit émue & pénétrée.
Nous n’avons pas besoin de monter en quelque sorte sur notre propre tête pour contempler un horizon de « vérité infinie, de réalité absolue ».
La première ne fut pas même lue : la seconde fut jouée trois fois, & c’étoit beaucoup, quoique l’auteur, dans un avertissement à la tête de cette tragédie imprimée avec ses autres œuvres dramatiques, prétendre qu’elle fut interrompue au milieu du plus grand succès.
En digne époux, il a voulu se mettre sous la même couverture que sa femme ; il a écrit, pour la présenter et la patronner, à la tête du livre de Mme Quinet, une de ces préfaces qu’elle aurait eu aussi bien que lui le talent de penser et d’écrire comme ça.
; supposez enfin que toute cette gourme d’esprits faussés, mais non pas faux, qui est en eux, tombe un jour comme elle doit tomber sous peine de perdre le talent dont ils ont le germe, et vous aurez deux écrivains, — ou un écrivain à deux têtes, comme l’aigle d’Autriche — d’une expression étincelante, et chez qui la race mettra son feu !
Swift, ce pamphlétaire redoutable ; Junius, ce bourreau masqué, comme celui qui trancha la tête de Charles d’Angleterre ; Swift et Junius eux-mêmes ne l’eurent pas.
il me fait l’effet plutôt d’un homme posé et reposé dans une érudition tranquille comme un chanoine dans sa stalle à vêpres ; d’un de ces calmes amoureux, à trois mentons, qui aime sa parémiographie sans que la tête lui tourne et qui la cultive à ses heures ; enfin d’un de ces esprits savants jusques aux dents, et ronds de la graisse des vieux livres, lesquels, quand ils trottent, trottent menu !
L’artiste de l’esprit et de la main s’était vingt fois, cent fois, attesté dans cette revue, dont le caractère est l’universalité des notions dans la perfection du détail ; mais pour l’architecture, pour celui qui jette la pierre ou le marbre dans les airs et l’y fait rester, à l’étonnement et à l’admiration éternelle des hommes l’artiste pratique, l’artiste réalisateur, n’avait pas encore répondu à ceux-là qui, sans idées générales dans la tête, reprochaient presque à Daly les fortes spéculations de sa pensée.
Ce peintre des charniers des Saints-Innocents qu’il hantait le soir, Hamlet en guenilles, en rêvant peut-être à la tête d’Yorick qu’il y apporterait un jour en y apportant la sienne, ce dessinateur de potences à la manière noire de Goya, Villon avait le génie manchot.
Il était dans la destinée de madame de Maintenon d’avoir contre elle les deux plus fortes influences qui pussent agir sur la tête d’un pays comme la France : la Philosophie du xviiie siècle, et, au xviie , la magie du Talent le plus atroce à ses ennemis qui ait peut-être jamais existé !
Au reçu de ce simple hommage, Sa Majesté Voltaire, dont la tête ne baissait pas encore (il avait cinquante ans), s’exalte et se met à faire pleuvoir un déluge de titres sur son modeste correspondant.
Le Christianisme avait pris le monde par la tête et par le cœur !
… Joubert, ce frêle et fragile Joubert, a une tête très ferme, et qui ne tremble pas comme une herbe dans la lumière… Ses Pensées et ses Maximes le prouvent avec éclat.
Au reçu de ce simple hommage, Sa Majesté Voltaire, dont la tête ne baissait pas encore (il avait cinquante ans), s’exalte et se met à faire pleuvoir un déluge de titres sur son modeste correspondant.
Malheureusement, il n’y a pas de ces cris-là, il n’y a pas de ces beautés dans l’œuvre posthume qu’on a publiée de Charles de Rémusat, tête, en somme, de peu de poésie, lettré philosophique à sang blanc et froid, et dont la froideur et la blancheur se retrouvent dans l’Abélard du drame comme dans l’Abélard du traité qui porte ce nom.
Il est, dans l’ordre du talent, et presque, si on ose le dire, dans l’ordre de la moralité, très au-dessus de Schopenhauer et de Hartmann, de ces deux Chimères bobynantes dans le vide d’une métaphysique laborieusement et logiquement imbécile, et qui n’ont pas dans la poitrine de quoi se faire pardonner le crime intellectuel de leurs misérables têtes, contre la vie et contre Dieu !
Burke, ce creux sonore, qui avait la malheureuse supériorité, anarchique dans une tête bien faite, de plus de talent que d’esprit !
Si nous ne l’avons pas démontré, c’est qu’on ne démontre pas plus la vie que le mouvement, et que le christianisme est toute la vie moderne, — que nous le sentions tous plus ou moins dans nos têtes et dans nos poitrines, — et qu’il est impossible, même à ceux-là qui le maudissent, de vivre deux secondes avec profondeur et puissance hors de l’étreinte de ce christianisme, notre vainqueur et notre maître à tous !
Avec les laboureurs, vous avez le plus beau poème didactique de l’Antiquité et vous pouvez avoir les plus charmants poèmes romanesques, comme les conçoit la tête moderne.
Il n’a point, lui, l’immoralité de ces réalistes impassibles, sans tête et sans cœur, qui se font une gloire de ne rien sentir de ce qu’ils décrivent, et, qu’on me pardonne un tel mot qui dit exactement l’abjection de leur procédé, qui ne sont rien de plus que les mouchards de la nature et de toute réalité, quelle qu’elle soit… Devant les monstruosités en ronde-bosse si extraordinairement entassées dans son ouvrage, M.
Sicambre qui ne baissa pas la tête, mais qui se retourna !
Balzac eut l’incroyable puissance de se planter sur les épaules la tête de Rabelais, et même d’un Rabelais supérieur à Rabelais de toute la force de l’idéalité et du pathétique, que l’auteur du Pantagruel n’avait pas !
Mais le grand observeur, dont un pareil sujet chaussait admirablement les facultés incomparables, mais cette tête qui pensait à tout ne pensa point précisément à ces Mémoires d’une femme de chambre, qui auraient si bien trouvé la place d’un chef-d’œuvre de plus parmi les chefs-d’œuvre de La Comédie humaine, et il nous a laissé, à nous qui vivons après lui, l’occasion de bénéficier, si nous pouvons, de cette distraction de son génie.
Entre deux guerriers pleins d’honneur, l’autorité devint commune. » Et au commencement de cet éloge funèbre, après avoir parlé des honneurs entassés sur la tête d’un seul homme : « Oublions ces titres vains qui ne servent plus qu’à orner la surface d’un tombeau ; ce n’est ni le marbre ni l’airain qui nous font révérer les grands.
Enfin, sur les monnaies de Macédoine, Alexandre voyait la tête de ce roi, son puissant prédécesseur, ornée des palmes remportées dans les grands jeux de la Grèce.
A la tête de chaque province siège un archevêque. […] Opinion traditionnelle et pieusement conservée d’ailleurs, chez les peuples latins, qui ont toujours inscrit, en tête de leur credo, le dogme de leur permanente, inscrutable et indélébile supériorité. […] Se croire supérieur, alors qu’on n’est plus supérieur en fait, comme certaines expériences malheureuses l’ont plus d’une fois établi, c’est attirer la foudre sur sa tête. […] J’en crois, je le répète, le succès beaucoup plus facile qu’on ne le pense, à condition que l’entreprise soit menée avec énergie et intelligence, sans précipitation, ni à-peu-près, ni coups de tête, suivant un plan longuement et mûrement conçu. […] D’une voix grêle et chevrotante, les habitants de Hod, en hochant la tête, se répètent les uns aux autres : — La Terre va mourir, certes, oui, mourir ; mais son âme est en nous, qui sommes son aboutissement, son essence elle-même.
Quand il ne travaille pas dans sa forge, il s’en va par les campagnes, la tête et les bras nus, et les campagnes flamandes lui disent des secrets qu’elles n’ont encore dit à personne. […] » Pour qualifier les hommes, ce sont des expressions d’une suggestivité homérique : « Les hommes aux épaules étroites. — Les hommes à la tête laide. — L’homme à la chevelure pouilleuse. — L’homme à la prunelle de jaspe. — Humains à la verge rouge. » D’autres d’une violence magnifiquement obscène : « Il se replace dans son attitude farouche et continue de regarder, avec un tremblement nerveux, la chasse à l’homme, et les grandes lèvres du vagin d’ombre, d’où découlent, sans cesse, comme un fleuve, d’immenses spermatozoïdes ténébreux qui prennent leur essor dans l’éther lugubre, en cachant, avec le vaste déploiement de leurs ailes de chauve-souris, la nature entière, et les légions solitaires de poulpes, devenues mornes à l’aspect de ces fulgurations sourdes et inexprimables. » (1868 : qu’on ne croie donc pas à des phrases imaginées sur quelque estampe d’Odilon Redon.) […] C’est la vie : écoutez, la source vive chante L’éternelle chanson sur la tête gluante D’un dieu marin tirant ses membres nus et verts Sur le lit de la Morgue… et les yeux grands ouverts. […] Si même un emportement capable de troubler la tête, et d’ôter presque la liberté, a laissé souvent une tache ineffaçable, quel dégoût n’inspirera pas un consentement donné de sang-froid ? […] Mais il ne roule pas la brute dans son vice ; il l’agenouille et lui fait relever la tête.
Dans la composition, les idées accessoires s’expriment, pour la plûpart, par des noms ou des prépositions qui se placent à la tête du mot primitif ; au lieu que dans la dérivation elles s’expriment par des inflexions qui terminent le mot primitif : fidi-cen, tibi-cinium, vati-cinari, vati-cinatio, ju-dex, ju-dicium, ju-dicare, ju-dicatio ; parti-ceps, parti-cipium, parti-cipare, parti-cipatio ; ac-cinere, con-cinere ; in-cinere, inter-cinere ; ad-dicere, con-dicere, in-dicere, inter-dicere ; ac-cipere, con-cipere, in-cipere, intercipere : voilà autant de mots qui appartiennent à la composition. […] On auroit pu dire, le nombre de vaisseaux qui partirent pour cette expédition est incroyable ; mais il faut convenir qu’au moyen de cet arrangement, aucune partie de la phrase n’est plus saillante que les autres : au lieu que dans la premiere, le mot incroyable qui se présente à la tête, contre l’usage ordinaire, paroît ne s’y trouver que pour fixer davantage l’attention de l’esprit sur le nombre des vaisseaux, & pour en exagérer en quelque sorte la multitude ; raison d’énergie. […] R. adoptée par l’auteur du Bureau typographique, le vrai nom de cette lettre est je, comme nous le prononçons dans le pronom de la premiere personne : car la valeur propre de ce caractere est de représenter l’articulation sifflante qui commence les mots Japon, j’ose, & qui est la foible de l’articulation forte qui est à la tête des mots presque semblables, chapon, chose.
Le lecteur trouvera en tête du volume le portrait de cet animal vraiment distingué et qui fait honneur au goût de son admiratrice. […] Avec un peu d’imagination et de bonne volonté, il serait facile de lire quelque chose de ce douloureux sentiment dans l’ardeur sombre qui anime sa tête nerveuse, et l’on dirait que ce sentiment est aussi partagé par son cavalier, beau Grec coiffé du pilos arcadien, dont la tête légèrement penchée en avant est empreinte d’une mélancolie tranquille et dédaigneuse. […] Je veux suivre son exemple, et en tête des pages que je vais lui consacrer il me plaît de placer le grand nom de Léonard de Vinci. […] Alexandre Dumas en tête. […] Nous connaissons bien la réponse : le dénouement est chose secondaire, car enfin il faut finir, et il y a de très grands auteurs dramatiques, Molière en tête, dont les dénouements n’existent à peu près pas.
Cet Ecrivain fut placé par les Grecs à la tête de leurs Historiens, & c’est par lui que vous devez commencer vos lectures. […] Vous pouvez mettre à la tête, l’Histoire de la ville de Constantinople depuis le regne de l’ancien Justin (en 518, ou plûtôt depuis Honorius & Arcadius en 395. […] Paris 1712. petit livre assez curieux, & qui se trouve réimprimé à la tête de l’Histoire de France du même auteur. […] “Il falloit (dit Clément dans ses nouvelles littéraires) avoir une tête de fer & un cul de plomb pour soutenir le travail immense qu’a dû coûter un si vaste projet.
Tenez ferme, tirez-nous de là et vous aurez des autels. » — Lamartine monta avec son monsieur dans une citadine près la rue du Grand-Chantier ; je le quittai et j’allais devant, lorsque à la hauteur de la rue Sainte-Avoie je fus arrêté, et la citadine qui venait derrière aussi, par la légion du quartier du Temple qui défilait en revenant de l’Hôtel de Ville et qui criait à tue tête : Vive la république !
Sophocle n’eût point trouvé dans sa tête le sujet de Tancrède, ni Voltaire celui d’Œdipe.
Les lettres parasites tombent ; on écrira tête pour teste, auteur pour autheur, purêt pour paroist, indontable pour indomptable, acomode pour accommode, etc. : les signes simplifiés n’en seront que plus maniables.
Plus l’homme se développe par la tête, plus il rêve le pôle contraire, c’est-à-dire l’irrationnel, le repos dans la complète ignorance, la femme qui n’est que femme, l’être instinctif qui n’agit que par l’impulsion d’une conscience obscure.
» Sa tête s’inclina sur sa poitrine, et il expira.
Enfin le coup dont Rousseau vouloit accabler son ennemi, retomba sur sa tête.
Cette belle symphonie donne même l’idée de celles dont Ciceron et Quintilien disent que les pythagoriciens se servoient pour appaiser, avant que de mettre la tête sur le chevet, les idées tumultueuses que les mouvemens de la journée laissent dans l’imagination, de même qu’ils emploïoient des symphonies d’un caractere opposé pour mieux mettre les esprits en mouvement lorsqu’ils s’éveilloient, et pour se rendre ainsi plus propres à l’application.
Seulement, si la spontanéité de ses facultés passait bien souvent par-dessus les faux cadres dans lesquels posait sa pensée, nul ne put croire tout d’abord que, la plume à la main, cette Belle Impétueuse, qui se faisait un peu trop de rayons autour de la tête avec ses longs tire-bouchons d’or pût se maintenir, comme en ces Lettres parisiennes, femme du monde spirituelle, moqueuse et adorablement frivole, dans cette simplicité qui devait être une compression, et que nous avons tant admirées dans Mlle Mars, à la scène, car le talent de Mme de Girardin dans ses Lettres parisiennes rappelle le jeu de Mlle Mars, comme dans ses Poésies les cris de Mme Desbordes-Valmore rappellent le pathétique de Dorval.
Il est certain que si elle eût moins su, elle aurait moins cité, qu’elle eût été obligée de penser par elle-même, ne tirer un livre de sa propre tête… et, si elle n’avait pu, de se taire.
Voici les paroles que l’on trouve presque en tête du livre qu’il publie sous le titre un peu gascon de l’Esprit dans l’histoire : « Je me donne là, — dit-il avec un joli mouvement de faon dans les bois, — je me donne là, je le sais, un labeur rude et téméraire ; et cependant, tant est vif mon désir de démolir le faux et d’arriver au vrai, tant est grande ma haine pour les banalités rebattues, pour les raisons non prouvées, pour le scandale et pour les crimes sans authenticité, je voulais étendre mon travail au-delà des limites que je me suis assignées ; mais j’ai reculé devant cet effort après l’avoir mesuré.
On pourrait dire d’elles, dans le sens moral, qu’elles dépassent de toute la tête la Messaline antique.
Publiée immédiatement après nos défaites, l’étude sur Gœthe fut regardée par les journaux allemands de ce temps-là comme une vengeance tardive de vaincu ; mais les opinions qui y étaient exprimées n’étaient pas de la veille à l’état fixe dans la tête de l’auteur, et pas n’était besoin de la guerre pour les en faire sortir.
. — Et cette goutte du génie de Rabelais dans une tête anglaise, voilà son originalité !
D’ailleurs, pour pénétrer impunément dans les institutions tapageuses, les mœurs brutales, les travaux fiévreux et les entreprises gigantesques de ce peuple d’Effrénés, qui a commencé par la révolte contre la mère patrie et qui est toujours à la veille de la guerre fratricide entre ses enfants, il faudrait une force et une froideur de tête inaccessibles au vertige, et ce n’était pas le cas de ce pauvre Tocqueville, qui, entré là-dedans, en ressortit sceptique pour toute sa vie, en en pensant tout et n’en pensant rien, Montesquieu Brid’oison !
À coup sûr, on ne rencontrait rien d’épique dans ce chef d’idées ou de parti, au front bas, à la tête presque crépue, chagrin, froncé, retors, vrai Chicaneau normand quand il s’agissait de questions de droit touchant son métier, comme il n’y avait rien non plus d’un grand artiste dans cet écrivain assez mâle de ton, — correct et brossé, — qui ne perdait de sa rigidité de tenue que dans la colère.
Il en a fait un homme politique, un de ces cuisiniers de révolutions et de gouvernements impossibles, qui empoisonnent la France depuis près d’un siècle… Le journalisme, qui, si l’on n’y prend garde, donne de si mauvaises habitudes à la pensée, a donné à Pelletan tous les défauts qui sautent aux yeux dans son nouveau livre : l’inconsistance, la frivolité, les passions de parti et leurs faux jugements et leurs injustices, et surtout cette terrible et misérable faculté de se monter la tête, de suer à froid, comme disait Beaumarchais, en parlant des avocats, ces journalistes du bec comme les journalistes sont les avocats de la plume, et de se faire illusion à soi-même pour mieux faire illusion aux autres.
Et il avait aussi de cette tête petite qu’avait Montesquieu, a dit profondément Joubert, et qui procédait d’ordinaire par finesses et par aperçus plus subtils que vastes.
Il était « tête », comme nous le sommes.
Sans ce don des pleurs de l’amour, qu’avait eu, comme lui, sainte Thérèse, et sans ce sourire de la charité qui avait fleuri autrefois sur les lèvres de François de Sales, savez-vous à qui il eût ressemblé, ce Curé d’Ars dont l’abbé Monnin a publié un portrait si stupéfiant, à la tête de son histoire ?
Ce nom, comme un feu, mûrira vos pensées, Semblable au soleil qui mûrit les blés d’or, Vous en formerez des gerbes enlacées Pour les mettre un jour sous vos têtes lassées Comme un faible oiseau qui chante et qui s’endort !
Seulement, pourquoi, dans ces premiers volumes dont je dirai tout à l’heure les mérites, cherche-t-on vainement la notice biographique et critique annoncée sur la couverture, et qui, naturellement, devrait se trouver à la tête du premier volume ?
Elle a fait son devoir, et on ne peut lui demander rien de plus, quand elle a signalé comme infiniment remarquables : Saint-Marc, déjà cité, Le Fils du Vicomte, où la satire et la comédie unissent leurs coups de fouet, Un beau mariage, — d’autant plus dangereuse, cette pièce, que, vraie en beaucoup de points et étincelante, mais d’inspiration basse, elle aura pour elle toutes les âmes basses hostiles à l’Église, — La Tête de mort, L’Exorcisme du ver, où l’on trouve ce vers baudelairien : Et qui ne craint pas Dieu ne craint pas sa vermine !
Du reste, cette tête indigente avoue très-bien sa pauvreté.
Julien, à la tête de cet éloge, annonce le sentiment qui le lui inspire.
Supposez l’homme dont parle Lucrèce, et qui, des bords de la mer, contemple un vaisseau qui fait naufrage, et suit de l’œil les mouvements de tant de malheureux qui périssent : si ce tableau a porté le trouble et l’agitation dans son âme ; si ses entrailles se sont émues ; si au moment où le vaisseau s’est enfoncé, il a senti ses cheveux se dresser d’horreur sur sa tête ; en peignant à d’autres le spectacle terrible dont il a été le témoin, cherchera-t-il à le relever par des oppositions et des contrastes étudiés ?
Il s’ouvrit une grande scène en Europe ; les dépouilles de la maison d’Autriche à partager, la France et l’Espagne unies contre l’Angleterre, la Hollande, la Sardaigne et l’Empire, une guerre importante, un jeune roi qui se montra à la tête de ses armées, les présages de l’espérance, les vœux des courtisans, enfin l’éclat des conquêtes et des victoires, et le caractère général de la nation, à qui il est bien plus aisé de ne pas sortir du repos que de s’arrêter dans son mouvement, tout donna aux esprits une sorte d’activité qu’ils n’avaient point eue peut-être depuis Louis XIV.
Il a recréé l’univers dans sa tête, il l’a repensé, si l’on peut dire, et même de plusieurs manières différentes. […] Chaque année, au moment du concours général, il fallait lui mettre des sangsues à la tête pour éviter le danger d’une congestion cérébrale. […] Il pouvait faire de tête des multiplications et des divisions de plusieurs chiffres. […] La préface qu’il a mise en tête du septième volume de son Histoire de France suffirait à montrer qu’il ne pouvait prétendre à un pareil rôle. […] On oubliait qu’il eût un corps, tant il était maigre et chétif, et l’on ne voyait que sa belle tête, trop grande, il est vrai, pour sa petite taille, et qu’on eût dit sculptée par son esprit, car elle en était la vivante image.
Les deux groupes ennemis, d’ailleurs, comprenaient également mal les textes qu’ils se jetaient à la tête. […] C’est qu’elle sait que l’homme progresse par la tête, malgré ses faux pas, malgré ses chutes. […] … Mais ici, des malins hochent la tête et insinuent que, si M. […] Brunetière accablera, sans appel, comme un substitut qui demande une tête à des jurés hésitants, ceux de nos écrivains qui, ayant une individualité et l’ayant observée, l’ont laissée s’étaler dans leurs œuvres : Stendhal, Baudelaire, Amiel, les Goncourt. […] En tête du groupe des négatifs, qu’il a fondé et qu’il dirige, marche M.
Il est probable que très peu d’entre eux eurent la tête assez forte pour résister à l’isolement absolu. […] En tête de telles notes, Pascal écrit volontiers ces mots énigmatiques : Raison des effets. […] L’envie demeurait sournoise ; elle redresse la tête désormais et formule des aphorismes. […] D’astucieux improvisateurs, pour capter notre indulgence, ont insinué qu’ils coupent et corrigent dans leur tête avant de prendre la plume. […] Albalat hoche la tête.
Quelques têtes de chameaux s’avançaient au-dessus de la troupe et se dessinaient dans l’ombre 24. » Ses comparaisons sont restées célèbres. […] Quand l’émeute de 1848 se répandit dans la ville, Lamartine put dire : « Voilà mon histoire des Girondins qui passe. » Elle le mit à la tête de l’État. […] Il admire le beau en soi-même, en sa personne, en son esprit et en son cœur ; il l’admire dans la nature qui pour lui est invariablement gracieuse et charmante ; il l’admire dans l’humanité dont il ne voit que les têtes glorieuses, qu’il entoure encore d’une gloire plus vive ; il l’adore en Dieu qui pour lui est moins toute bonté ou toute justice que toute beauté. […] A cause de l’espérance, qui est la source de toutes nos lâchetés… Pourquoi ne pas dire : Je sens sur ma tête le poids d’une condamnation que je subis toujours, ô Seigneur ! […] Il voit Mirabeau, son torse, ses épaules, son mouvement de tête ; il entend ses interruptions et il les cite.
Pour mon compte, je ne suis pas inquiet : quand une association, quelle qu’elle soit, a résolu de mettre un prince à sa tête, elle en trouve toujours un. […] Elle tend bravement au couteau sa tête ravissante, et si elle n’a pas su être sainte, elle est toute prête à devenir martyre. […] Après s’être « parfumé de la tête aux pieds », il y déjeune de « cédrats, de confitures et de sucre candi, et passe tout son temps à fumer du tabac levantin dans une pipe droite à bouquin d’ambre ». […] Dans une préface placée en tête de ce recueil, M. […] Veuillot de n’avoir pas placé son portrait en tête de son livre, comme cela se pratique assez souvent aujourd’hui quand l’auteur est un peu bien tourné.
La fantaisie est l’épreuve la plus périlleuse du talent ; les plus habiles s’y fourvoient comme des écoliers, parce que leur tête est seule de la partie. […] On sent que tout s’est composé d’abord dans la tête de l’auteur qui, à l’abri de toutes les sortes d’enivrement, ne prend jamais la plume trop tôt. […] Leur regard ne peut se poser sur les objets sans qu’il y contracte une ivresse qui, se communiquant à la page, étend jusqu’à nous sa contagion et nous monte un peu à la tête. […] Je suis placé pour ainsi dire sur une crête entre deux précipices ; cette crête, je l’ai gravie à grand péril et n’en puis redescendre sans péril plus grand encore, et je me tiens heureux pour autant que le ciel au-dessus de ma tête reste calme. […] En tête du volume, dans les quelques pages de souvenirs de M.
Pourquoi l’auteur, lui, en avait-il un autre, de derrière de tête ? […] On a peine à imaginer sur les planches la Jeune Fille Violaine, la Ville ou même l’éclatant Tête d’Or. […] On l’a vu djinn, ganté de la tête aux pieds de ténèbres, la poitrine moulée de paillettes feu, bleu et vert : il traversait la nuit d’un bond comme un mauvais songe et croulait en boule, comme un déchu. […] J’en excepte Tête d’Or, puissant essai d’un tout jeune homme, lourd de richesses, mais encore marqué d’influences (Eschyle, Shakespeare etc.) […] André Antoine (1858-1943) a largement contribué au renouvellement de la mise en scène et de la direction d’acteurs, à la tête de son Théâtre libre, fondé en 1897.
Selebos, qu’invoque le monstre comme le dieu et peut-être le mari de sa mère, passait pour être le diable ou le dieu des Patagons qui le représentaient, disait-on, avec des cornes à la tête. […] Son plus bel exploit est dans la dernière scène de l’acte précédent, où il tient bravement tête à ses collègues, le verre à la main, encore est-on oblige d’emporter ivre-mort ce troisième pilier de l’univers. […] Au moyen de ces renforts, Macdowald battit les troupes que le roi avait envoyées à sa rencontre, prit leur chef Malcolm, et, après la bataille, lui fit trancher la tête. […] Il n’y trouva plus que le cadavre de Macdowald au milieu de ceux de sa famille ; et la barbarie de ce temps fut révoltée de ce qu’insensible à ce tragique spectacle, Macbeth fit couper la tête de Macdowald pour l’envoyer au roi, et attacher le reste du corps à un gibet. […] Peu de temps après, Suénon, roi de Norvège, ayant fait une descente en Écosse, Duncan, pour lui résister, se mit à la tête de la portion la plus considérable de son armée, dont il confia le reste à Macbeth et à Banquo.
Et comment cette tête si petite, et serrée comme une jeune pomme de pin, peut-elle engendrer infailliblement ces myriades de questions et de réponses entre ces membres, et ces tâtonnements étourdissants qu’elle produit et reproduit, les répudiant incessamment, les recevant de la musique et les rendant tout aussitôt à la lumière. » Dans la Soirée avec M. […] Mon regard épelait mille petites figures, tombait sur une tête triste, ouvrait sur des bras, sur des gens, et enfin se brûlait. » Ce « morceau nu de femme » qui brillait dans la vapeur, Flaubert et Goncourt eussent fort admiré cela, mais ils l’eussent mis à la fin, en valeur, pour arrêter le regard. […] Et Valéry, pas plus que Mallarmé, n’a voulu quitter cet éther supérieur, sinon pour des jeux, des exercices présentés comme tels, et dont on ne trouve d’ailleurs d’exemples que dans ses Vers anciens, — une tête, une oreille, une figure en miroir. […] par l’étincellement De sa tête superbe, Que la tempête traite universellement Comme elle fait une herbe ! […] Qu’est-ce que je trouve en moi, qui m’oppose vivant à cette mort universelle, pleine, douce, calme, à ces réalités poreuses de la lumière, du grand midi étalé sur ma tête, de la mer massive et du cimetière où l’être reprend son niveau, — à ces deux moitiés du monde qui se coupent en moi, l’épaisseur de lumière en haut et l’épaisseur d’ombre en bas ?
On continuait d’être si piqué, que des vers gracieux et flatteurs, que l’auteur mit en tête par manière d’excuse (car Mme de Charrière tournait agréablement les vers), furent mal pris et regardés comme une ironie de plus. « Est-il donc si clair, disait à ce propos un homme d’esprit du lieu, qu’on ne puisse rien nous dire d’obligeant que dans le but de se moquer de nous ? […] J’entrevois des gens qui me protégent, d’autres qui me nuisent ; c’est un chaos, en un mot, que ma tête et mon cœur. […] « Alors Mlle de La Prise, qui depuis un moment avait la tête penchée sur son assiette et ses deux mains devant ses yeux, s’est glissée le long d’un tabouret qui était à moitié sous la table entre elle et son père, et sur lequel il avait les deux jambes, et s’est trouvée à genoux auprès de lui, les mains de son père dans les siennes, son visage collé dessus, ses yeux les mouillant de larmes, et sa bouche les marquant de baisers : nous l’entendions sangloter doucement.
» Ainsi veut la Nature, et je l’ai méconnue ; Et quand la main du Temps sur ma tête est venue, Je me suis trouvé seul et j’ai beaucoup gémi, Et je me suis assis sous l’arbre d’un ami. […] La jeunesse emportée et d’humeur indiscrète Est la meilleure encor ; sous son souffle jaloux Elle aime à rassembler tout ce qui flotte en nous De vif et d’immortel ; dans l’ombre ou la tempête Elle attise en marchant son brasier sur sa tête : L’encens monte et jaillit ! […] La tête lui tourna, et il fut précipité.
Dans l’Île des sorciers, Gulliver obtient de son hôte l’évocation et l’entretien des morts les plus illustres : « Je demandai, dit-il, que l’on fît apparaître Homère et Aristote à la tête de tous leurs commentateurs ; mais ceux-ci étaient si nombreux qu’il y en eut plusieurs centaines qui furent obligés d’attendre dans les antichambres et dans les cours du palais. […] D’un autre côté, leurs clameurs contre nous peuvent se résumer dans ces trois mots redoutables : le papisme, le pouvoir absolu, le prétendant28. » Éternelle tactique des partis ; certes les Whigs avaient derrière eux les ennemis de l’église et de la monarchie ; certes aussi les Tories avaient derrière eux, et cette fois à leur tête, des amis du papisme, du pouvoir absolu et du prétendant. […] Je ne puis répondre que la cité prête de l’argent au gouvernement35, à moins que mylord un tel ne soit président du conseil, etc… Voilà le langage que, pendant les dernières années, les sujets tenaient à leur prince… Cette façon de faire capituler le souverain, était déjà répandue de telle sorte que le moindre serviteur commençait à lever la tête et à prendre de l’importance.
On reconnaît les membres de l’une des castes neutres des Cryptocerus à une sorte de bouclier très singulier qu’ils portent sur la tête et dont l’usage nous est complétement inconnu. […] On peut donc se représenter une troupe d’ouvriers bâtissant ensemble une maison, quelques-uns ayant cinq pieds quatre pouces, et beaucoup d’autres seize pieds, mais supposant aux ouvriers les plus grands une tête quatre fois plus grosse qu’aux autres, au lieu de trois, et des mâchoires près de cinq fois aussi grandes. […] Mais le point le plus important à observer pour nous, c’est que ces neutres, bien que pouvant être classées en castes de différentes tailles, présentaient cependant une série complète de degrés de transition qui reliaient insensiblement ces castes l’une à l’autre, sous le rapport de la grandeur comme sous le rapport de la structure de la tête et des mâchoires.
Ainsi toutes les découvertes des anciens Égyptiens appartiennent à un Hermès ; la première constitution de Rome, même dans cette partie morale qui semble le produit des habitudes, sort tout armée de la tête de Romulus ; tous les exploits, tous les travaux de la Grèce héroïque composent la vie d’Hercule ; Homère enfin nous apparaît seul sur le passage des temps héroïques à ceux de l’histoire, comme le représentant d’une civilisation tout entière. […] Accablé par l’âge et les fatigues, usé par les chagrins domestiques, tourmenté de douleurs convulsives dans les cuisses et dans les jambes, en proie à un mal rongeur qui lui a déjà dévoré une partie considérable de la tête, il a renoncé entièrement aux études, et a envoyé au père Louis-Dominique, si recommandable par sa bonté et par son talent dans la poésie élégiaque, le manuscrit des notes sur la première édition de la Science nouvelle, avec l’inscription suivante : AU TIBULLE CHRÉTIEN AU PÈRE LOUIS DOMINIQUE JEAN BAPTISTE VICO POURSUIVI ET BATTU PAR LES ORAGES CONTINUELS D’UNE FORTUNE ENNEMIE ENVOIE CES DÉBRIS INFORTUNÉS DE LA SCIENCE NOUVELLE PUISSENT ILS TROUVER CHEZ LUI UN PORT UN LIEU DE REPOS [Après avoir rappelé les obstacles, les contradictions qu’il rencontra, il ajoute ce qui suit :] « Vico bénissait ces adversités qui le ramenaient à ses études. […] Quant à l’Idée de l’ouvrage, Vico avoue lui-même, en tête de l’édition de 1730, qu’il y avait mis d’abord une sorte de préface qu’il supprima, et qu’il écrivit cette explication du frontispice pour remplir exactement le même nombre de pages.
J’avoue que je ne redoute pas ceux de vos compatriotes, pourvu qu’ils n’oublient point qu’il n’existe en Allemagne aucun individu à qui j’aie volontairement nui, et qu’il s’y trouve plus d’une tête couronnée à qui je n’ai pas laissé d’être utile, du moins autant que je l’ai pu. […] D’un côté, des hommes politiques vieux et jeunes, des hommes d’État aux cheveux gris, se pressaient autour du foyer et causaient avec animation ; de l’autre, on remarquait un groupe de jeunes gens et de jeunes dames, dont les œillades et les gracieux murmures échangés à voix basse formaient un triste contraste avec les gémissements suprêmes du mourant. » La bibliothèque, dont la porte donnait dans la chambre mortuaire, était remplie également des gens de la maison et de domestiques aux aguets : de temps en temps la portière s’entrouvrait, une tête s’avançait à la découverte, et l’on aurait pu entendre chuchoter ces mots : « Voyons, a-t-il signé ?
Villemain a mis en tête du Dictionnaire de l’Académie touche à une infinité de questions, les pose et les retourne sans avoir la prétention de les vider : ce n’est pas à dire pour cela qu’il les éclaire moins. […] On pourra trouver encore qu’il s’est complu à élever un péristyle bien svelte et bien gracieux, en tête d’un Dictionnaire qui, par sa nature, est plutôt un produit et un meuble volumineux d’utilité qu’un monument.
La philosophie est perpétuellement à recommencer pour chaque génération depuis trois mille ans, et elle est bonne en cela ; c’est une exploration vers les hauts lieux, loin des objets voisins qui offusquent ; elle replace sur nos têtes à leur vrai point les questions éternelles, mais elle ne les résout et ne les rapproche jamais. […] Il n’a publié d’original que la préface en tête des Esquisses morales de Stewart, et ses articles, la plupart recueillis dans les Mélanges : l’introduction promise des œuvres de Reid n’a pas paru.
Héroïques comme individus, quoique asservis comme nations, supérieurs à leurs conquérants et maîtres de leurs maîtres dans tous les exercices de l’esprit humain : donnant leur religion, leurs lois, leurs arts, leur esprit, à ceux qui leur donnaient des fers, théologiens, législateurs, poètes, historiens, orateurs politiques, architectes, sculpteurs, musiciens, poètes, souverains en tout par droit de nature, et par droit d’aînesse, et par droit de génie ; grands généraux même quelquefois, quand les Allemands leur donnaient des armées de barbares à conduire, ou quand Borgia, ce héros des aventuriers, ce Garibaldi de l’Église, cherchait, à la pointe de son épée, un empire italien dans cette mêlée à la tête des braves façonnés par lui à la politique et à la discipline. […] Le coup de tête d’un cabinet sauvé par la France et égaré par l’Angleterre ne prévaudra pas contre le coup d’État des peuples revendiquant leurs noms, leurs personnalités, leurs capitales, leur gloire dans la famille italique.
Le monde passe et change en passant, à chaque petit hasard industriel qui apprend à coudre sans dé et sans main ou à faire un nœud servant de tête à un clou ou de tête à une épingle.
Croyez-vous que les « trois atlas » que Napoléon portait dans sa tête fussent vraiment complets ? […] Car « je hais, comme dit Montaigne, cruellement la cruauté », et j’aimerais mieux, je vous le jure, être privé des « bienfaits de la Révolution » et vivre dans la plus fâcheuse inégalité civile et qu’on n’eût pas coupé |a tête de Marie-Antoinette et celle d’André Chénier.
Comme Léonard de Vinci, qui regardait tout pour tout dessiner, jusqu’aux rides des vieilles murailles, où il trouvait des airs de tête, des figures étranges, des confusions de bataille, des habillements capricieux, le poète coloriste a tout regardé pour tout peindre. […] Un mot en dira plus que tout ce détail : tout y vient du cœur, même l’esprit, qui chez tant d’autres vient de la tête ; à plus forte raison la passion, si éloquente et si simple, dans les vers d’Alfred de Musset.
Il se monte la tête en écrivant, comme les orateurs à la tribune. […] On ne veut plus de généraux dans les armées, ni de roi à la tête des peuples ; de même l’intelligence groupant les sensations est inutile à nos modernes.
Le voyage de Munich à Paris est d’ailleurs le plus facile ; et puis c’est à Munich que nous retrouvons le plus grand nombre des artistes bayreuthiens, le capellmeister Levi en tête. […] Chacun des traits simples de notre plan représente une différence de niveau, plusieurs marches ; on sait que l’orchestre s’abaisse par degrés depuis les violons jusqu’aux trombones et timbales : la tête d’un homme debout au fond de l’orchestre, près des timbales, arrive au niveau du pied des altos, qui est lui-même de quelques marches plus bas que les violons.
Sauve maintenant ta tête des rets de Hel (ou Hella, divinité de la mort infernale), et livre moi la flamme des eaux, l’or brillant … » Andvari livre l’or ; il lui restait un anneau, Loke le lui enlève de force. […] La nomination d’un grand wagnérien, Maurice Kufferath, à la tête de cette maison, ajoutera encore à son lustre wagnérien.
Puis, comme il dit tout ce qui lui passe par la tête, le bavard incohérent prononce quelques paroles assez justes, encore que trop vagues ; « Ils chantent vraiment, ces vers d’Émile Boissier. […] Plutôt encore, grâce sans doute à quelque lointain atavisme, ce franc-comtois est un espagnol à la tête droite, au regard franc, à la parole grandiloquente jusque dans le concept.
Si on voit une foule courir dans une direction, on est poussé à tourner la tête du même côté et à suivre les autres : c’est là une impulsion produite par une perception. […] Souvent une idée traverse la tête sans apporter ses raisons avec elle.
En vain par le doute et ses désespoirs et de hautains appels à sonder le néant des Révélations, avait-on ainsi que rendu tressaillantes les sphères ouraniennes de l’Intellect : en vain, parce que le doute et la négation participent davantage de l’erreur ou du rêve d’où ils naissent, que de la vérité à laquelle ils aspirent sans pouvoir la produire… Et pourtant, au présent immédiat et là de nos poétiques Fastes, — alors que la science des Origines a environné nos têtes ainsi que de la tornade stellaire dont éternellement devient l’éternelle Fluence : voilà que, sans savoir que les apports de la sensation ne sont que les matériaux de l’Idée pour que de ses ondes intelligentes elle tente, en le plus d’unité-sciente, de reproduire en soi l’Univers et ses Rythmes, — la presque généralité des poètes n’est que la survie dégénérée des rapsodes du plaisir et de la douleur, et des philosophes qui ne peuvent se passer d’Eden ! […] Puisque nous allons aussi à la conception d’une tête humaine, ainsi que pétrie de radio-activités, pénétrant et mouvant tout de sa volonté, opérant en même temps de tous les signes phénoménaux l’Analyse et la Synthèse.
Il ne faudrait pas sourire si l’on prédisait que le mot pied quelque jour, signifiera tête. […] Quoi qu’il en soit, voici quelques-unes des explications que se donne à cette heure le peuple, des mots qu’il ne comprend pas : Voix de Centaure (Stentor) Cresson à la noix (Alénois, ollenois, orlenois, orléanais) Dernier adieu (Denier à Dieu) Souguenille (Souquenille) Soupoudrer (Saupoudrer) Trois-pieds (Trépied) Ruelle de veau (Rouelle) Semouille (Semoule) Tête d’oreiller (Taie) Bien découpé (Découplé) Écharpe (Echarde) Cette dernière mutation est due à écharper, verbe qui n’a aucun rapport de sens, ni d’origine, avec écharpe ; mais il en a avec charpie, avec l’idée de déchirer (carpire), par conséquent blesser.
Dès qu’à la tribune sacrée, De ses vieux défauts épurée, Il monte étincelant de génie et d’ardeur ; Des grands talents soudain la palme ceint sa tête, Et l’art dont il fait sa conquête Luit d’une plus vive splendeur. […] Guillemini bâtit à Florence une maison des bienfaits de Louis XIV ; il mit le nom de ce roi sur le frontispice, et vous ne voulez pas qu’il soit à la tête du siècle dont je parle !
Le reste de leur habit consistait en une cape d’étoffe blanche, et, sur la tête, un petit chapeau à l’anglaise, de taffetas de couleur, avec un galon d’argent. Elles ne nous rendirent notre salut, qu’en faisant une légère inclination de tête, marchant toujours avec une gravité de déesses, et ne daignant presque jeter les yeux sur nous, comme simples mortels que nous étions.
Il y a ceci, par exemple, ceci qui pourrait être mis en épigraphe, en tête des œuvres de La Fontaine, et l’épigraphe serait à demi menteuse comme la plupart des épigraphes, mais au moins elle répondrait à ce que La Fontaine a fait de plus beau, de plus charmant, de plus exquis. […] L’animal aussitôt, à cette double atteinte, A levé le derrière, et moi je suis glissé Aussitôt sur le col où je me suis blessé ; Mais le cheval mutin, après cette ruade, A relevé sa tête et fait une saccade Qui du col sur la croupe à l’instant m’a placé, Du maudit mousqueton toujours embarrassé : N’y souffrant rien, il a gambadé de plus belle Et m’a fait un pivot du pommeau de la selle.
Cette tête si bien assise, si dignement portée, se détache d’un buste éblouissant et magnifique, — se rattache à des épaules d’un blanc mat, dignes du marbre.
; Ô vieillards décrépits, têtes chauves et nues, etc.
Or, on y lit en tête une notice qu’on sait être de la plume du cardinal Loménie de Brienne.
Villemain en tête : ont-ils jamais daigné, pour la science, regarder au-delà du Rhin ?
Mais ailleurs, dans les alentours, et le monument excepté, c’est l’ironie qui joue, qui circule, qui déconcerte, qui raille et qui fouille, ou même qui hoche de la tête en regardant tout d’un air d’indifférence, si ce n’est vers le second volume où la fatalité s’accumule, écrase et foudroie ; en un mot, c’est Gringoire qui tient le dez de la moralité, jusqu’à ce que Frollo précipite la catastrophe.
Sabbatier, a mise en tête du volume, ne nous paraissait trop singulière à bien des égards pour devoir être passée sous silence.
Écoutez : Il y avait une fois une grande dame, qui ouvrait son salon à tous venants ; là surtout prêchait un novateur tudesque qui endoctrinait les jeunes têtes.
Le lendemain, aux bureaux du National, la foule qui circula et s’inscrivit fut immense ; on y remarqua nombre d’ouvriers, Il y avait, sans doute, dans cette démonstration profonde, intérêt amical pour l’homme même, pour l’individu atteint ; il y avait hommage à un talent énergique, infatigable ; quelque chose de ce respect qu’on porte en France à toute belle intelligence que la valeur accompagne, à tout noble front où l’éclair de la pensée s’est rencontré volontiers avec l’éclair d’une épée ; mais il y avait aussi un sentiment dominant de solidarité, d’adhésion à des principes communs, de reconnaissance pour des services rendus, de confiance placée sur une tête forte et rare.
Les saisons, qui parcourent sans cesse ce monde en discorde, retrouvent à leur retour ces deux êtres toujours heureux ; et le printemps applaudissant à leurs belles destinées, répand sur leur tête sa guirlande de roses.
J’ai eu, sans la chercher, une impression de cette espèce, m’étant donné la tâche de parcourir d’affilée cinq ou six volumes de chroniques parisiennes, cependant que des feuillages frissonnaient sur ma tête et que la Terre vivait autour de moi son éternelle vie.
La précieuse et grêle et agaçante gaieté d’oiseau de Miss Bell, et les petites images gracieuses qui dansotent perpétuellement dans sa tête frisotée, n’empêchent point cette esthète d’être « très habile à gagner de l’argent » et d’épouser pour son torse un bellâtre italien.
C’est alors aussi que les membres de la famille du fondateur, sous le titre de « frères du Seigneur », forment un groupe influent, qui fut longtemps à la tête de l’église de Jérusalem 442, et qui après le sac de la ville se réfugia en Batanée 443.
Des femmes venaient verser de l’huile sur sa tête et des parfums sur ses pieds.
Aucune révolution ne fera que nous ne nous rattachions en religion à la grande ligne intellectuelle et morale en tête de laquelle brille le nom de Jésus.
Elle écrit à sa fille, le 29 avril 1676 : « La reine a été deux fois aux Carmélites avec Quanto (madame de Montespan).Cette dernière se mit à la tête de faire une loterie ; elle se fit apporter tout ce qui peut convenir à des religieuses ; cela fit un grand jeu dans la communauté.
Mais on peut rêver une autre poésie cosmique, on peut rêver de dire l’élan étonné et vaillant pour sonder l’insondable ; on peut s’éloigner du charme hellénique de l’esprit qui se repose et se satisfait en une conception finie, pour se jeter dans les épouvantements barbares et sublimes en face de l’abîme qui s’ouvre sous nos pieds, et sur nos têtes, et autour de nous, nous emprisonnant d’infini.
On n’a pas oublié les ravissantes pages qu’il a mises en tête de son étude sur Jacqueline, sœur de Pascal ; il y a tracé avec amour tout un projet de galerie brillante.
. — Ô mère, mère chérie, ma tête me fait si mal, laissez-moi aller me promener quelque temps, me promener le long de la mer.
En présence du passé monstrueux, lançant toutes les foudres, exhalant tous les miasmes, soufflant toutes les ténèbres, allongeant toutes les griffes, horrible et terrible, le progrès, contraint aux mêmes armes, a eu brusquement cent bras, cent têtes, cent langues de flamme, cent rugissements.
Dans l’éloge de Dumarsais, qui se trouve à la tête d’un volume de l’Encyclopédie, on lui attribue, en partie, la gloire de ce changement, & l’on a raison.
N’est-ce pas comme si l’on disait : J’apprends la nouvelle de la mort d’un ami ; cette nouvelle imprime une secousse anormale à mon cerveau, et à la suite de cette secousse j’éprouve une grande douleur, d’où il suivrait que le chagrin causé par la mort d’un ami ne serait en réalité que la conséquence d’un mal de tête.
Dans les inscriptions qui sont à la tête des comedies de Terence, il est dit, que c’est Flaccus qui en a fait les modes, ou qui les a modulées ; pour dire que c’étoit ce Flaccus qui en avoit composé la déclamation.
De sa tête active et féconde, jaillissaient les idées de liberté, revêtues de formes piquantes ; jamais il ne dit plus de ces mots qui frappent l’imagination et qui restent dans la mémoire.
La France étant à la tête de la civilisation, il ne faut jamais oublier que ce que je dis porte, dans son sens le plus général, sur toute l’Europe.
Nul n’a mieux compris, et ne devait mieux comprendre, que cette intelligente tête d’officier, les mœurs familiales et guerrières de ces tribus qui se dressent encore avec tant de majesté devant les Européens, leurs vainqueurs et leur offrent, comme une leçon, le spectacle de Barbares qui ont conservé l’intelligence de la hiérarchie, quand les peuples éclairés, comme on dit, en ont perdu jusqu’à l’instinct… La Féodalité, qui n’existe plus qu’au désert, ce fragment du Moyen Age retrouvé vivant dans les sables du Sahara, a captivé singulièrement le Croisé de la civilisation, et, malgré ses réserves un peu trop discrètes de civilisé, l’on voit bien, aux caresses de son pinceau, l’ardeur attentive et charmée de sa sympathie !
Ernest Hello, il faut avouer cependant que ce n’est pas celui des titres… Déjà, dans ses Contes, qui certainement méritaient mieux, il avait mis à leur tête, pour les caractériser, l’épithète triviale et insuffisante d’extraordinaires.
Platon, qui, comme tête politique, est bien au-dessous d’Aristote, l’utopiste Platon, qui avait la beauté symbolique du langage si cher à ces Grecs, avait pour leur démocratie la répugnance des esprits délicats ; mais comme l’impuissance politique des Grecs ne venait pas seulement de cette démocratie tapageuse, il trouva Syracuse aussi dure et aussi sourde qu’Athènes, malgré l’engouement des Denys, ces Frédéric de Prusse de la Grèce.
Entre les deux dates dans lesquelles Cénac-Moncaut renferme son sujet, puisque la féodalité est toute l’histoire, c’était la féodalité qu’il devait regarder dans le fond de l’âme, par-dessus la tête des faits.
III Nous voilà enfin arrivés à l’une des deux places de son volume où l’auteur de ces délicieuses bribes d’histoire, enlevées comme des bulles de savon et aussi colorées, se métamorphose et se permet la fantaisie d’être profond… C’est justement quand, dans l’ordre de ses Notices, il arrive à madame de Maintenon, et que lui, l’amoureux de madame de Sévigné, il passe à l’ennemi, si on peut dire l’ennemi d’une femme qui, pour avoir la raison la plus haute qu’une tête féminine ait jamais possédée, avait autant d’agrément à sa manière que la vive et brillante Sévigné.
La nature lui avait donné une tête puissante et calme, un cerveau de Dieu de la terre… Mais la main de l’Espagne de saint Isidore s’était empreinte sur le crâne baptisé par elle, et cette marque, il ne put jamais l’effacer.
À l’heure qu’il est, et malgré les soixante ans qui, chronologiquement, nous en séparent, nous vivons la tête dans ses doctrines.
… Pour résister comme il aurait fallu, et dans la mesure qu’il aurait fallu, à l’Hérésie nouvelle, besoin était d’une tête catholique et politique et de premier ordre, d’une espèce de Charlemagne proportionné aux circonstances, et il n’y en avait pas.
C’est elle qui lui fit écrire ce mot d’avenir à la tête de son journal, le plus grand acte de sa vie, et ce fut elle encore qui le fit croire à l’avenir de l’humanité, avec l’obstination d’un utopiste de Bretagne.
Du reste, cette tête indigente avoue très bien sa pauvreté : « Je n’ai jamais écrit d’imagination », dit-il.
Locke, sorti de Bacon, est le créateur de cette étroite philosophie de la sensation, qui a créé à son tour le sensualisme corrompu et corrupteur du xviiie siècle, et Bacon, lui, le créateur de l’expérimentalisme, a créé encore, par-dessus la tête de Locke, ce Darwin qui a remplacé la métaphysique par de l’histoire naturelle, Darwin qui, en philosophie, a le même mérite que de Luynes, l’éleveur de pies-grièches, en politique.
L’auteur d’Armelle est, avant tout, un poète de sentiment, — une de ces sensibilités d’organisation qui semblent penser moins avec la tête qu’avec la poitrine.
Le moraliste, au trait, vise à tous les yeux, même les plus beaux, comme l’archer à l’œil de Philippe, et ni grandes dames ni courtisanes n’ont la puissance d’enivrer la tête de cet homme, qui a toujours à leur service une ironie embusquée dans sa barbe d’or.
De ce genre de roman-colosse, sous lequel ont péri des intelligences d’une force réelle, mais qui n’étaient pas aussi herculéennes qu’elles le croyaient, cariatides brisées par un entablement trop lourd pour elles, vous savez ce qui nous est resté… Deux à trois innocents cordiers littéraires qui, rien sur la tête et rien dedans, et le dos tourné au bon sens, à l’art et à la vraisemblance, allongent, allongent leur éternelle corde sans bout, pour des raisons qui ne sont nullement de la littérature.
Malgré ces imperfections, il a été dans le siècle de Louis XIV, et reste encore aujourd’hui à la tête de nos orateurs.
Souvent, du milieu des maux, ils relèvent les hommes abattus sur le sol noir de la terre ; souvent ils renversent et courbent, la tête en bas, ceux qui prospéraient ; puis arrivent de nouvelles misères ; et l’homme vague au hasard entre la vie qui lui manque et la raison d’où il s’écarte. » Ailleurs, c’est seulement un éclat d’images qui rappelle la forte poésie d’Horace et ses allégories si courtes et si vives : « Regarde, avait dit Archiloque51 : la mer profonde est soulevée dans ses flots.
Nous sommes très loin des passions de tête, comme on a dit, et de l’amour métaphysique ! […] Elle ne fera pas de coup de tête. […] » À ces mots, Pauline oublie sa leçon préparée, perd la tête, autant qu’elle peut la perdre, et retrouve son cœur. […] Il a eu une discussion plus aigre que douce avec Armande ; on lui a jeté Trissotin à la tête ; Philaminte vient de le railler sur son amour de l’ignorance. […] Et le premier gredin frotté de jargon mystique, qui leur monte la tête, prend sur eux un souverain empire.
On ira jusqu’à couper des têtes, si cela peut lui être agréable. […] Tous ceux que j’interrogeai là-dessus se trouvèrent d’ailleurs d’accord sur cet aspect de leur expérience : « Il affirmait une intention », « Il était pervers », « Il s’était mis en tête de détruire », « Il voulait montrer sa force », etc., etc. […] Le tremblement était « pervers » ; il avait son idée, « il s’était mis en tête de détruire ». […] Il s’agit toujours de répéter à tête reposée, en se persuadant qu’il est efficace, l’acte qui a donné la perception quasi hallucinatoire de son efficacité quand il était accompli dans un moment d’exaltation. […] Parfois le dieu qui a émergé de la forme animale refuse de l’abandonner tout à fait ; à son corps d’homme il superposera une tête d’animal.
On ne flâne pas sur le Zocodover ou le Miradero en pressant sur son cœur une tête de mort. […] Tête d’Or est le premier de ces drames de M. […] Simon Agnel, devenu général et nommé maintenant Tête d’Or, remporte une éclatante victoire qui rétablit la grandeur et la sécurité compromises de sa patrie. […] Au surplus, Tête d’Or, le conquérant, périt bientôt lui-même, comme Alexandre, sur les routes d’Asie. […] Besme, l’ingénieur philanthrope dont les révolutionnaires allaient bientôt promener la tête au bout d’une pique, avait deviné la valeur des poésies de Cœuvre.
Ce fut le contraire qui advint, d’abord avec Grégoire XVI, ensuite et surtout avec Pie IX, qui, ayant tenté l’expérience personnelle du libéralisme, écrasa ensuite, par le Syllabus, presque toutes les têtes de l’hydre libérale. […] Cette dernière tête de l’hydre ne se discernait pas. […] » Les jeunes gens qui entouraient Barrès s’amusèrent beaucoup, tant la séparation de l’Église et de l’État leur apparaissait comme une vieille lune, et Goblet une bonne tête du temps des barbes. […] La laïcité vraie, la laïcité de derrière les têtes, ne consiste pas dans la laïcité de la société, qu’on ne conteste plus, et dont la défense est déclassée comme un fort de Vauban. […] Le maire du pays, un brave homme, aujourd’hui sénateur, se tenait au milieu des électeurs comme une citadelle vivante, et, quand il eut ruminé toute l’explication en sa tête, il dit : « Mais c’est l’enquête du commodo !
Eux seuls tiennent la tête de la caravane humaine eux seuls l’emporteront à leur suite vers les cités futures où triompheront le Bien et le Beau. […] C’est à ce dernier secrétaire de Sainte-Beuve que nous devons, en tête de son ouvrage, le fragment d’autobiographie rédigé par Sainte-Beuve lui-même. […] Qui ne sait le culte filial dont l’armée honorait sa mémoire, son nom prononcé à l’appel, son cœur porté dans une botte d’argent, à la tête de la 41e demi-brigade ? […] « On voit aux regards fixes de cet homme quand il parle, à toute sa physionomie qui se recueille, à son accent harmonieux mais déterminé, que tout est arrêté dans cette tête, et la vie et la mort. […] Enfin il a mis son empreinte souveraine sur l’Épopée et démenti par son exemple cette assertion trop hâtive de Voltaire qui refusait « la tête épique à notre nation ».
Du reste, si l’on veut voir les pas que la philosophie avait faits depuis cinquante ans, on peut rapprocher L’Esprit des Lois du Traité des Lois que Domat avait mis à la tête de son livre. […] Il avait voulu réunir en un système les principes qu’il entendait professer autour de lui ; mais sa tête n’était ni assez vaste, ni assez forte pour accomplir un semblable projet. […] Leur tête est exaltée, ils ressentent avec une merveilleuse vivacité la passion du bien ; leur imagination ne voit rien que de pur, ne connaît rien de mauvais. […] Dans les opinions les plus sanguinaires prononcées à ce tribunal, où les juges avaient commencé par demander la tête de l’accusé, ou peut reconnaître quelque chose d’inquiet et de troublé, un besoin anticipé d’étourdir les remords par une exaltation bruyante et factice. […] Certes, il y avait là beaucoup d’hommes qui savaient faire le sacrifice de leur propre tête ; mais la crainte d’aggraver les chances qui menaçaient la tête royale rendait leurs paroles timides.
Ceux que sa faveur politique avait courbés ou accablés dans les affaires privées, relèvent la tête : marchands alléguant des contrats léonins ou frauduleux, nobles appelant d’arrêts injustes, travaillent à lui faire rendre gorge. […] (l’Histoire de Charles VI et de Charles VII, placée en tête de cette édition, n’est pas de Chartier, mais du héraut Berry, Gilles le Bouvier.) — À consulter : Delaunay, Étude sur Alain Chartier, Paris, 1876, in-8.
Mes genoux ploient encore, et ma tête est courbée comme la tienne, sous des larmes encore bien amères. » Les mots soulignés dans ce passage l’ont été par Marceline elle-même. — En 1838, le ménage Valmore est venu jouer à Milan. […] Ch. de Comberousse, placée en tête de la Correspondance de Clément XIV et de C.
* * * Il me disait un jour : « Quand je songe à quel point j’ai eu jadis la folie et l’orgueil de vivre, je me dis qu’il est juste que je souffre. » Je me suis rappelé ce propos d’héroïque résignation en voyant, parmi les roses qui jonchaient son lit de mort, sa tête devenue ascétique et, sur sa poitrine, le crucifix… La République Française On dira d’elle ce qu’on voudra : elle a ceci pour elle, qu’étant la plus révolutionnaire des républiques, elle est pourtant l’héritière d’un passé monarchique plus long et plus illustre que celui d’aucune des nations européennes. […] Un éclopé, pas loin de sœur Marie-Bernard, travaille à remuer sa jambe inerte ; un hydrocéphale balance sa tête avec un gloussement qui doit être une prière.
Printanière, dans l’aube éternelle du rêve Et dans l’aurore assise, Elle tisse en rêvant Des choses qu’Elle sait, et sourit ; et, devant Elle, au gré de sa main agile, court sans trêve La navette laborieuse, et le doux vent D’avril emmêle ses cheveux qu’Elle soulève Et rejette sur son épaule ; et, relevant La tête, Elle fredonne un air qu’Elle n’achève… De l’ombre, Elle apparaît, comme en un cadre d’or : Derrière Elle l’azur et des plaines qu’arrose Un fleuve ; et, sur sa tête, un rameau de laurose Étend ses fleurs contre l’azur clair ; — et l’effort Du métier, comme un chant monotone et morose Se plaint très doucement : — on envierait le sort De celui qui baiserait la main qu’Elle pose Négligemment, parfois, et lasse de l’effort… Mais moi, la voyant rire en rappelant sans doute Quelque doux jour mort de sa joie un soir de mai, Je songeai que, peut-être, pour avoir aimé Son rire, d’autres ont repris la lente route Tristes d’un souvenir et le cœur affamé D’un mets où nulle lèvre impunément ne goûte.
L’épisode du massacre des mutins, où Pym, pour terrifier ses adversaires, se farde de pustules, se ballonne et se déguise à l’imitation d’un marin mort dont la carcasse roule dans les balots, les scènes ignobles où les survivants tuent, dépècent et salent un des leurs, ayant soin d’en jeter la tête et les pieds, aboutissent à l’horrible rencontre par ces affamés, d’un brick désemparé et dépeuplé, roulant au hasard sur les lames, une cargaison empestée de cadavres en sanie que déchirent des oiseaux repus. […] Il semble que l’artiste pour son écrit le plus bref ou le plus étendu, avant ressenti, puis envisagé un effet émotionnel à produire, s’étant calmé même de la sorte d’excitation purement intellectuelle que lui a causée l’invention des moyens, s’est mis à l’œuvre la tête aussi libre qu’un mathématicien notant une belle démonstration, ou un biologiste sur le point d’écrire un mémoire concluant.
On voit que, malgré le grand nombre d’échelles encyclopédiques successivement proposées jusqu’à présent, la discussion n’a porté encore que sur une bien faible partie des dispositions possibles ; et néanmoins, je crois pouvoir dire, sans exagération, qu’en examinant chacune de ces 720 classifications, il n’en serait peut-être pas une seule en faveur de laquelle on ne pût faire valoir quelques motifs plausibles ; car, en observant les diverses dispositions qui ont été effectivement proposées, on remarque entre elles les plus extrêmes différences ; les sciences, qui sont placées par les uns à la tête du système encyclopédique, étant renvoyées par d’autres à l’extrémité opposée, et réciproquement. […] (2) Il est, du reste, évident qu’en plaçant ainsi la science mathématique à la tête de la philosophie positive, nous ne faisons qu’étendre davantage l’application de ce même principe de classification, fondé sur la dépendance successive des sciences en résultat du degré d’abstraction de leurs phénomènes respectifs, qui nous a fourni la série encyclopédique, établie dans cette leçon.
Il y a eu, pendant la seconde jeunesse de La Fontaine, il y a eu à Château-Thierry, un petit mouvement littéraire qui était plus ou moins ridicule, plus ou moins sérieux, à la tête duquel était Mlle de La Fontaine elle-même. […] Or, Chapelain était, à cette époque-là, une espèce de surintendant des lettres, il était tout à fait officiellement à la tête de la République des lettres, il était le chef des grands conseils de la littérature, il était le maître des pensions, etc.
Cousin de sa chaire, le plaça à la tête d’une branche de l’Université à laquelle il présida pendant dix-huit ans et lui conféra la haute main sur l’Ecole normale.
« Tu ne t’entends pas trop mal, se dit Octave à lui-même en se rendant justice, à exalter une pauvre tête, et tu pérores assez chaudement dans tes délires amoureux. » Le dernier chapitre, ce dîner en tête-à-tête de Brigitte et d’Octave aux Frères Provençaux, a du charme ; la résolution d’Octave part d’un noble cœur ; il s’immole, il renonce à Brigitte, il l’accorde à Smith, et, malgré l’étrangeté du procédé, on n’y sent pas le manque de délicatesse ; mais pour qu’on pût jouir un peu de cette situation nouvelle et plus reposée, pour qu’on y crût et qu’elle fût définitive aux yeux du lecteur, il faudrait des garanties dans ce qui précède.
Dans un système de religion quelconque, la terreur sait toujours à quel point elle doit s’arrêter ; elle se fonde toujours du moins sur quelques motifs raisonnés : mais le chaos de la magie jette dans la tête le désordre le plus complet.
Dans les états où la loi despotique frappe silencieusement sur les têtes, la considération appartient précisément à ce silence, qui laisse tout supposer au gré de la crainte ou de l’espoir ; mais quand le gouvernement entre avec la nation dans l’examen de ses intérêts, la noblesse et la simplicité des expressions qu’il emploie peuvent seules lui valoir la confiance nationale.
Ceux-ci n’iront pas, à leur exemple, s’emplir de viandes et de boissons brûlantes pour inonder leurs veines par un afflux soudain de sang grossier, pour porter dans leur cerveau la stupeur ou la violence ; on les voit à la porte de leur chaumière, qui mangent debout un peu de pain et leur soupe ; leur vin ne met dans leurs têtes que la vivacité et la belle humeur.
Comptez enfin les Arabes de Damas, reste du peuple des kalifes, race active, chevaleresque, fanatique, séditieuse d’habitude, torride de sang, toujours prête à prendre la torche, le poignard ou le fusil, et dont la capitale est en frémissement continuel contre les garnisons turques, qui ne la contiennent qu’en lui sacrifiant tous les dix ans la tête de leur pacha.
Maltère doit lui suffire avec ses deux femmes, de tête et de sens, ou sinon il est bien difficile. — Mais n’y a-t-il pas aussi trop de contact entre Barrès et son lecteur, et celui-là ne se préoccupe-t-il pas à l’excès de celui-ci ?
Croyez-vous que ce fanatique qui va poser avec joie sa tête sous les roues du char de Jagatnata n’est pas plus heureux et plus beau que vous, insipides marchands ?
Le haut sacerdoce de Jérusalem tenait, il est vrai, un rang fort élevé dans la nation ; mais il n’était nullement à la tête du mouvement religieux.
Alphonse Daudet répète avec mélancolie13 : « Tant de choses se perdent en ce voyage de la tête à la main !
Au reste, les critiques anglais, et Bain à leur tête, viennent de reconnaître en lui « un psychologiste d’un ordre peu commun » ; et nous nous associons pleinement à leur jugement : « que ses traités sont des plus suggestifs que l’École de l’expérience ait publiés en Angleterre, dans ces dernières années. » Signalons encore M.
Elle soutient encore le principe, si peu justifié par l’expérience, de la division dans le pouvoir exécutif, et elle persiste à penser, malgré les souvenirs laissés par le Directoire, qu’un corps à plusieurs têtes vaut mieux pour gouverner l’État que le pouvoir d’un seul.
Et n’est-ce pas à ces fins que nous ont préparés tous nos glorieux devanciers, grands initiés de tous les âges, prophètes et voyants, grands émancipateurs de la conscience humaine, dont nous ne pouvons évoquer le souvenir sans une étreinte au cœur, mais dont le verbe puissant sonne si haut tout au fond de notre rêve, que nous levons la tête pour les suivre ?
Annibal à la tête de cent mille soldats demandoit passage aux peuples qui habitoient le païs qu’on appelle aujourd’hui le Languedoc pour aller en Italie, et il s’offroit à païer tout ce que ses troupes prendroient, menaçant en même-temps de désoler le païs par le fer et par le feu si l’on traversoit sa marche.
Alterez tant soit peu le contour de Raphaël, vous ôtez l’énergie à son expression, et la noblesse à sa tête.
Ce qui suit n’est qu’une phrase nombreuse ; du reste, elle l’est à souhait, et sans affectation ni raffinement, par où elle est un vrai modèle : « Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, | la félicité sans bornes aussi bien que les misères, | une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’Univers, | tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulée sur une seule tête, | qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; | la bonne cause d’abord suivie de bon succès | et, depuis, des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus, | l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté, | une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes | et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil, | neuf voyages sur mer entrepris par une princesse malgré les tempêtes, | l’océan étonné de se voir traversé tant de fois en des appareils si divers et pour des causes si différentes, | un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Cette période est composée de membres de phrase d’une longueur inégale, mais non pas très inégale, de membres de phrase qui vont d’une longueur de vingt syllabes environ à une longueur de trente syllabes environ et c’est-à-dire qui sont réglées par le rythme de l’haleine sans s’astreindre à en remplir toujours toute la tenue, et qui ainsi se soutiennent bien les uns les autres et satisfont le besoin qu’a l’oreille de continuité à la fois et de variété, de rythme et de rythme qui ne soit pas monotone.
Je sais bien qu’il y a la lâche rubrique de « l’Église libre dans l’État libre », que les hypocrites, qui n’y croient pas, débitent aux imbéciles qui y croient, mais ce n’est là qu’une pierre d’attente, que le radicalisme, qui, comme son nom le dit, doit en finir avec les racines de tout, saura bien jeter un jour à la tête de la Papauté !
Mais c’est ici que je me sens un peu embarrassé, je l’avoue… Goethe, cet homme dont on a fait le plus grand poète et le plus grand inventeur de notre temps, ne m’a jamais, à moi, paru si grand que cela, et j’ai dit ailleurs24 la mesure exacte dans laquelle je reconnais son génie et admets sa sincérité… Or, c’est au milieu de ce travail que le livre de Paul de Saint-Victor m’est tombé sur la tête comme une tuile.
Ce château, vu de loin, doit envoyer à la tête de madame Bovary bien des rêves et des convoitises ; mais l’auteur ne se contente pas de ces fumées, de ces curiosités qui sont les incubations d’une corruption dont le principe sommeille, mais va tout à l’heure s’éveiller.
Nous sommes tellement accoutumés à ne décerner cette épithète qu’à un petit nombre d’objets, autorisés et catalogués, que nous détournons la tête avec dédain, si l’on veut nous insinuer que telle création considérée par tous comme vulgaire n’est peut-être pas inférieure en beauté, à tel chef-d’œuvre devant lequel nous passons, comme en prière, des heures d’extase.
je le sais trop ; rien n’est plus beau sous le soleil qu’un homme convaincu et conséquent avec lui-même, marchant la tête haute dans le sentier de sa conviction, quelle qu’elle soit ; cet homme-là, fût-il un athée, est plus chéri de Dieu que le chrétien de naissance au cœur timide, à demi croyant, à demi incrédule, qui veut se ménager une retraite et craint de brûler ses vaisseaux. […] Si Lesage regretta plus tard d’avoir donné des farces au théâtre de la foire, au lieu de persévérer dans la veine qui lui avait fait produire Turcaret, c’était un coup de tête, il ne put s’en prendre qu’à lui et non aux comédiens du Théâtre-Français, avec lesquels il avait eu le tort de se brouiller. […] Celles qui me plaisent, je les garde dans ma tête et je les fredonne… Une fois que je tiens mon air, un autre vient bientôt s’ajouter au premier… et tous ces morceaux finissent par former le pâté. […] L’œuvre grandit, je t’étends toujours et la rends de plus en plus distincte ; et la composition finit par être tout entière achevée dans ma tête, bien qu’elle soit longue. […] Tout est déjà parfaitement arrêté, et il est rare que ma partition diffère beaucoup de ce que j’avais précédemment dans la tête.
En fines phrases à double sens, Dangy « se paye la tête » du drôle et lui met soigneusement le nez dans son ordure. […] La ferme attendra… » Puis, tout à coup pris de gaîté : « Je ris en pensant à ma sœur… Je vais lui annoncer cela… en plusieurs fois… Je vois sa tête. […] Au petit monde fragile et chatoyant qu’il portait partout avec lui dans sa tête ronde d’ironique et taciturne Bouddha. […] L’enfant était figuré en cire, très joli, vêtu de pourpre, la tête penchée sur la poitrine, avec une plaie saignante au cou. […] Ce trait de rhétorique exaspère les mineurs, fait éclater la grève qui couvait, et vaut à Boussard une balle dans la tête. « La réponse du chacal au lion !
Il y avait un dîner intitulé les Têtes de pipes, où allaient certains poètes, qui donna à Vicaire et Bauclair des sources vagues. […] Parfois, la tête avait un joli mouvement minime en avant dans une attentivité non tendue. […] En effet, le comte est mort ; sa postérité avorte et bientôt le château est assiégé ; des soldats qui reviennent d’une sortie rapportent la tête d’Edam, son père. […] Ça se passe en enfer, parce que l’enfer est en bas, si le ciel est en haut, qu’aux yeux de Rimbaud il y a chez lui, en ce moment de son esprit, grouillement et non vol, et aussi parce que Baudelaire et, à côté de lui, Verlaine est saturnien qui parle du seul rire encore logique des têtes de mort. […] La Révolution a coupé bien des têtes, les guerres ont mangé bien des hommes.
Enfant de ce monde-là, pour avoir grandi au milieu, pour y être né, il en a tout naturellement le ton, la légèreté, la causerie sur tout sujet, le sentiment du ridicule ; mais il fait tout bas ses réserves, il a ses idées de derrière la tête (comme les appelle Pascal), et il ne les dit pas. […] Ce que je sais, c’est que nous étions trois d’abord, M. de Serre, Camille Jordan et moi. » Sans remonter si haut, sans nous reporter à cet âge presque mythologique du parti doctrinaire, nous trouvons, au moment où M. de Rémusat y fit son entrée, que la tête du groupe se composait exactement de M. […] La remarquable préface qu’il mit en tête, à côté du cachet métaphysique moderne dont elle est empreinte, offre des traces de sa préoccupation politique récente.
Placer les gens, manier l’argent, interpréter la loi, démêler les motifs des hommes, prévoir les altérations de l’opinion publique, être forcé de juger juste, vite et vingt fois par jour, sur des intérêts présents et grands, sous la surveillance du public et l’espionnage des adversaires, voilà les aliments qui ont nourri sa raison et soutenu ses entretiens ; un tel homme pouvait juger et conseiller l’homme ; ses jugements n’étaient pas des amplifications arrangées par un effort de tête, mais des observations contrôlées par l’expérience ; on pouvait l’écouter en des sujets moraux, comme on écoute un physicien en des matières de physique ; on le sentait autorisé et on se sentait instruit. […] Une phrase vraie vaut cent périodes nombreuses ; l’une est un document qui fixe pour toujours un mouvement du cœur ou des sens ; l’autre est un joujou bon pour amuser des têtes vides de versificateurs ; je donnerais vingt pages de Fléchier pour trois lignes de Saint-Simon. […] J’y pus distinguer des personnages revêtus d’habits glorieux avec des couronnes sur leurs têtes, les uns passant parmi les arbres, d’autres couchés au bord des fontaines, d’autres reposant sur des lits de fleurs, et j’entendis une harmonie confuse de chants d’oiseaux, d’eaux murmurantes, de voix humaines et d’instruments mélodieux. — La joie entra dans mon cœur à la vue d’une apparition si délicieuse.
Jésus-Christ en est la tête. […] Pendant plus de quarante ans, presque chaque jour, il tient tête à ses ennemis, c’est-à-dire aux ennemis du catholicisme et, pareillement, à ceux qui n’étaient pas catholiques de la même façon que lui ; bref, il tient tête à tout le monde, ou à peu près, successivement.
Les premiers poèmes et les premiers romans ont conté les aventures des dieux ou des rois ; dans ce temps-là, le héros marquant de tout drame devait nécessairement avoir la tête de plus que les autres hommes. […] Par note réaliste nous n’entendons, cela va de soi, que la reproduction exacte de détails de la vie réelle, sans embellissement. « Je n’arrivais point de fois ici que je ne les visse tous deux tout nus, suivant la coutume du pays, pouvant à peine marcher, se tenant par les mains et sous les bras… La nuit même ne pouvait les séparer, elle les surprenait souvent couchés dans le même berceau, joue contre joue, poitrine contre poitrine, les mains passées mutuellement autour de leurs cous, et endormis dans les bras l’un de l’autre… Un jour que je descendais de la montagne, j’aperçus, à l’extrémité du jardin, Virginie qui accourait vers la maison, la tête couverte de son jupon, qu’elle avait relevé par derrière pour se mettre à l’abri d’une ondée de pluie. […] quelles ténèbres sont répandues sur vos têtes, sur votre visage et autour de vos genoux débiles ?
» Et sa reconnaissance ira d’instinct vers la modeste amie qui possède ce qui manque aux déesses, même non dépourvues de tête et de bras : une physionomie ; dans les paupières cillées, des prunelles. […] — Assez d’écrivains, je l’espère, défendent contre l’imbécillité des cuistres universitaires et des pseudo-socialos le cher et grand poète Verlaine, pour qu’il me soit permis de désigner ici cet admirable Aloysius Bertran d, que Baudelaire lui-même nomme son maître en tête de ses poèmes en prose. […] S’il faut nommer celui de vous, mes blonds archanges, Avec lequel j’ai fait le plus d’essors étranges À travers la nuée opaque du réel Dans l’élargissement magnifique du ciel, Aspirant dans le gouffre où j’élançais ma tête L’ivresse dont l’azur avive les planètes Et de vierges désirs épandus dans les airs, Qui se glissaient comme une musique en ma chair ; S’il faut nommer celui des dieux dont la pensée S’est à bouillons de pourpre en mon âme versée Comme un vin exalté qui débordant d’ardeur Inonde toute la poitrine du buveur Et laisse dans la coupe une immortelle envie D’être soi-même à tous un vin qu’on sacrifie ; Ah !
Celui qui désirait son amour, devait sans faillir vaincre à trois jeux cette femme de haute naissance ; s’il perdait à un seul, sa tête était tranchée. […] De ses mains blanches elle souleva sa tête si belle. […] « Ces hommes d’élite arrivèrent là au nombre de onze cents et Sigemunt le riche était à leur tête. […] Ce n’est pas Hagene qui l’a fait. » XV Les obsèques du héros sont longues et pieuses ; Kriemhilt fait dire mille messes ; quand il est mis en terre elle demande à revoir encore sa belle tête ; elle tombe sans connaissance sur le corps de son époux, elle y reste trente-six heures.
J’ai besoin d’en appeler à l’avenir contre le présent, et, surtout à une époque où toutes les pensées qui sont recueillies dans les têtes éclairées n’osent en sortir, je répugne à croire que, le moule étant brisé, tout ce qu’il contient serait détruit. […] Les petites notices anonymes qui se lisent en tête des poésies de Chaulieu et de La Fare dans les stéréotypes d’Herhan, et qui parurent en 1803, sont de Fauriel. […] Il n’y a que quelques êtres comme vous qui me raccommodent avec lui. — (Et en post-scriptum) : Ma tête est bien mauvaise ; c’est par elle que je commence à médire de tout ce que je vois. » M. de Tracy, le solitaire d’Auteuil, comme il s’intitulait volontiers depuis le départ de Cabanis, éprouvé en ces années par des pertes cruelles, était lui-même sujet à de longs accès de découragement ; on aime à surprendre ces natures philosophiques sous un jour affectueux et attendri. […] Dans l’excellent et instructif Discours préliminaire qu’il a mis en tête du volume, Fauriel a caractérisé surtout cette dernière classe d’une manière charmante et d’un ton pénétré ; il nous fait à merveille sentir combien en Grèce la poésie est et n’a jamais cessé d’être l’organe habituel et inséparable de la vie, l’expression sérieuse et nullement exagérée d’un sentiment naturel plus exalté qu’ailleurs. […] En tête des Chefs-d’œuvre du Théâtre espagnol.
Elle se retourna, doucement inquiète De ne nous croire pas pleinement rassurés, Mais nous voyant joyeux d’être ses préférés, Elle reprit sa route et portait haut sa tête. […] Le labeur de la composition réfléchie est plus pénible que tout effort musculaire ou tout travail manuel ; il semble que l’on s’arrache de force les idées de la tête ; chez certains écrivains, c’est une véritable agonie30. […] Alors l’intelligence se rebute, on a la sensation douloureuse de l’effort à vide ; on se creuse en vain la tête. […] Il ne serait praticable que si l’on avait d’avance dans la tête un plan de l’œuvre assez détaillé, assez déterminé, pour être sûr de n’avoir à lui faire subir, au cours du développement, aucune modification essentielle ; alors en effet, l’œuvre serait vraiment composée d’avance, il n’y aurait plus qu’à l’écrire, et peu importerait par quel bout on commencerait. […] L’inspiration est certainement plus commode : si elle suffisait toujours, il est bien évident qu’on ne se fatiguerait jamais la tête à réfléchir.
L’auteur, ému mais toujours sensé, domine ses personnages, ses situations, les arrête, les prolonge ou les croise à son gré ; on y sent même trop cette combinaison de tête et l’absence de la réalité éprouvée et plus ou moins trahie. […] En tête des deux derniers (1804), il a soin d’avertir qu’une très-grande partie des pièces qui les composent sont de la même main qui avait signé P. dans les premiers.
Les plus indépendants, Descartes en tête, « seraient bien marris » d’être confondus avec ces spéculatifs chimériques qui, au lieu de suivre la grande route frayée par l’usage, se lancent à l’aveugle, en ligne droite, « à travers les montagnes et les précipices ». […] On n’imaginait pas la structure de son esprit encore primitif, la rareté et la ténacité de ses idées, l’étroitesse de sa vie routinière, machinale, livrée au travail manuel, absorbée par le souci du pain quotidien, confinée dans les limites de l’horizon visible, son attachement au saint local, aux rites, au prêtre, ses rancunes profondes, sa défiance invétérée, sa crédulité fondée sur l’imagination, son incapacité de concevoir le droit abstrait et les événements publics, le sourd travail par lequel les nouvelles politiques se transformaient dans sa tête en contes de revenant ou de nourrice, ses affolements contagieux pareils à ceux des moutons, ses fureurs aveugles pareilles à celle d’un taureau, et tous ces traits de caractère que la Révolution allait mettre au jour.
Peut-être qu’un peu d’argent apaiserait cette guerre de pensées diverses qui troublent sa tête. » Le Tasse n’attendit pas la réponse, et partit pour les États du duc d’Urbin, mari de Lucrézia d’Este. […] Je me tus et je suivis en silence ; il se retournait fréquemment et m’examinait de la tête aux pieds, comme pour deviner qui j’étais ; sentant qu’il était convenable de satisfaire jusqu’à un certain point sa curiosité, je lui dis : C’est la première fois que je vois ce pays, car quoique, dans un voyage en France, j’aie traversé autrefois le Piémont, c’était par une autre route ; mais je ne saurais regretter d’avoir pris celle-ci, car le pays est très beau et il est habité par des gens d’une parfaite courtoisie.
Les leçons de philosophie et de poésie, la correction des œuvres littéraires de Frédéric, l’amitié cultivée des princesses ses sœurs, les voyages de cour, les résidences dans les différentes demeures de plaisance de Sans-Souci et de Postdam, les soupers libres, les conversations sans frein, les entretiens par-dessus la tête des peuples, l’étude enfin, ce premier des plaisirs pour Voltaire, remplirent les premières années de cet exil auprès de Frédéric. […] Cette lutte, dans laquelle il échappait par l’anonyme, par le désaveu de ses ouvrages les plus notoires, et par les démonstrations extérieures de religion les plus sacriléges à la persécution toujours suspendue sur sa tête, fut une lutte de ruse autant que d’audace.
Le seizième siècle, personnifié dans ses libres penseurs, Montaigne en tête, était arrivé au doute par le savoir. […] Je reconnais là pour la première fois le goût, ce sentiment de la langue de chaque sujet, commun aux écrivains du dix-septième siècle, Descartes en tête, lesquels n’étonnent guère moins par ce qu’ils rejettent de leurs discours que par ce qu’ils y reçoivent.
Deux noms sont à la tête, qui ont été les héros de la saison, MM. […] Un étroit cercle d’or, plus semblable encore à une auréole qu’à une diadème, entoure sa tête blonde ; ses longues tresses retombent sous un voile léger le long des plis du satin blanc, sur lequel des passementeries d’argent découpent le pittoresque corsage des robes de cette époque.
. — Sans doute, répondrons-nous, on ne peut pas dessiner la différence ou la ressemblance comme on dessine deux têtes ; mais on ne peut pas dessiner non plus les paroles qui sortent de leur bouche ou les parfums que leurs cheveux répandent ; cependant tessons et les odeurs sont bien des manières de sentir. […] La différence des ténèbres à la lumière n’est assurément pas analogue aux ténèbres mêmes, ni à la lumière, la différence n’est pas une donnée des cinq sens ; mais ce n’est pas une raison pour croire qu’elle ne puisse se sentir, car on pourrait appliquer le même raisonnement au bien-être et au malaise, à la chaleur, au mal de tête ou, plus généralement, au sentiment d’une vie facile, d’une vie entravée, toutes choses qu’un peintre serait bien embarrassé de dessiner.
M. de Voltaire dit qu’un jour nos neveux, en voyant l’impertinent ouvrage de cet oratorien contre l’art des Sophocles & les œuvres de nos grands hommes imprimés en même-temps, s’écrieront : « Est-il possible que les François aient pu ainsi se contredire, & que la plus absurde barbarie ait levé si orgueilleusement la tête contre les plus belles productions de l’esprit humain ? […] Quelqu’un lui dit, en secouant la tête : Monsieur le fat, par trop vous vous vantez.
… La tête inclinée sur la flaccidité du torse, une fille s’essuie. […] Et la lune qui se lève hule, La lune hule à la tête horrible.
Et quand Sganarelle réussit à faire rentrer Pancrace et à l’enfermer à l’intérieur de la maison (j’allais dire au fond de la boîte), tout à coup la tête de Pancrace réapparaît par la fenêtre qui s’ouvre, comme si elle faisait sauter un couvercle. […] Voici par exemple (j’ai pris au hasard une « série d’Épinal ») un visiteur qui entre avec précipitation dans un salon : il pousse une dame, qui renverse sa tasse de thé sur un vieux monsieur, lequel glisse contre une vitre qui tombe dans la rue sur la tête d’un agent qui met la police sur pied, etc.
Vous êtes entré dans une voie que vous ne sauriez suivre jusqu’au bout sans mettre en péril une foule d’idées qui vous sont encore chères et sacrées. » Nous sommes avertis, en effet, par l’auteur dans la courte préface qu’il a mise en tête, que ce volume renferme « des manières de dire et de penser qui lui sont devenues à peu près étrangères ».
Il se produisit, à ce moment, un phénomène assez singulier : sur la fin et comme à l’arrière-saison d’un siècle si riche par l’ensemble et la réunion des plus belles facultés de l’esprit et de l’imagination, on vit paraître plusieurs hommes distingués, et quelques-uns même éminents par certaines parties de l’intelligence, mais notablement privés et dénués d’autres facultés qui se groupent d’ordinaire pour composer le faisceau de l’âme humaine : — Fontenelle en tête, le premier de tous, une intelligence du premier ordre, mais absolument dénué de sensibilité ; La Motte, l’abbé Terrasson, qui l’un et l’autre, avec l’esprit très perspicace sur bien des points, raisonnaient tout à côté comme s’ils étaient privés de la vue ou du goût, de l’un des sens qui avertissent.
» Voilà une bien grosse question que vous me jetez à la tête, et je dois dire que je m’y attendais.
Lachat, dans l’Introduction qu’il a mise en tête des Sermons au tome VIII de l’édition nouvelle, ne fait que résumer avec assez de soin et de bonne volonté les résultats obtenus par ses devanciers, et il s’applique à suivre, pour la reproduction exacte du texte, les excellents principes critiques qui ont prévalu depuis quelques années, que M.
Dupanloup, homme d’éloquence et de zèle, mais d’un zèle qui n’est pas toujours sûr, il lui sembla tomber dans un monde tout nouveau : au sortir d’une nourriture chrétienne classique, sévère et sobre, il était mis à un régime bien différent ; il avait affaire pour la première fois à ce catholicisme parisien et mondain, d’une espèce assez singulière, que nous avons vu, dans ses diverses variétés, naître, croître chaque jour et embellir ; catholicisme agité et agitant, superficiel et matériel, fiévreux, ardent à profiter de tous les bruits, de toutes les vogues et de toutes les modes du siècle, de tous les trains de plaisir ou de guerre qui passent, qui vous met à tout propos le feu sous le ventre et vous allume des charbons dans la tête : il en est sorti la belle jeunesse qu’on sait et qu’on voit à l’œuvre.
Jusque dans ses traits M. de Chateaubriand portait cet illustre combat de sa destinée contre elle-même : il y avait dans sa tête la majesté pensive de la foi, les rayons de la gloire et ceux de la solitude, mais non pas toute la paix du chrétien qui depuis longtemps s’est assis au Calvaire en face de la Croix.
Quoi qu’il en soit, en fait l’ouvrier littéraire, dans son imprévoyance, se multiplie et pullule chaque jour ; son existence est devenue une nécessité, un produit naturel et croissant de cette vie échauffée qui se porte à la tête et qui constitue la civilisation parisienne.
Ce qui est beau, ce qui est vraiment élevé, ce qui vient du cœur et non de la tête, c’est le sentiment qui, après tant de misères et d’affronts, l’oblige non à maudire, mais à bénir ses persécuteurs, à leur pardonner.
Une note, placée en tête de la première publication du Vengeur, nous avertit, comme motif d’excuse ou cas singulier, que le poëte a composé cette ode, de soixante-dix vers environ, en très-peu de jours et presque d’un seul jet.
Ces pages ont été écrites pour être publiées d’abord en tête du roman même.
Alors l’homme élu. dans les entrailles duquel toutes les souffrances de l’humanité doivent retentir ; qui doit sentir en son sein s’amasser douloureusement un amour immense ; qui doit concevoir en sa tête féconde la forme nouvelle, plus large et plus heureuse, de l’association humaine ; cet homme vraiment divin, ce poëte, cet artiste, ce révélateur fils de Dieu, est déjà né ; que ce soit Moïse, Orphée, Jésus, Confucius ou Mahomet, il grandit, se développe miraculeusement, se perfectionne avant tous ses contemporains ; véritable fruit providentiel, il mûrit et se dore sous un soleil encore voilé pour d’autres, mais dont la chaleur lui arrive déjà, à lui, parce qu’il est au foyer de l’univers, et qu’il ne perd pas un seul des rayons de Dieu.
« La figure était couleur de terre, les lèvres boursouflées et sèches, la langue ridée ; la peau rugueuse…, les yeux agrandis et liquoreux qui brûlaient d’un éclat fébrile dans cette tête de squelette hérissée de poils.
Mais on voulait s’aider du fanatisme politique, et mêler dans quelques têtes ce que certains principes ont de vrai, avec les conséquences iniques et féroces que les passions savaient en tirer.
Elle est toute de convention, et elle n’a assurément pas plus de vérité que celle de l’Allemand naïf, à la tête carrée, aux grands pieds et à la longue pipe, buvant des chopes et dissertant sur l’idéal et l’infini, se gavant de choucroute et volant des pendules, pour être, en fin de compte, roué de coups par un sous-officier imberbe4. » On se tiendra donc en garde contre de pareilles tentations, et avant de faire aucune induction, avant de poser une loi ou une règle, avant de rien généraliser, on s’assurera qu’on travaille bien sur une réalité, et non sur un fantôme, que les faits d’abord existent ; on aura soin ensuite de ne rien négliger dans les faits qu’on aura reconnus, de tenir compte de tous les éléments qui les composent, de n’y rien ajouter ni retrancher arbitrairement.
Une composition où une idée s’étend aux dépens des autres et au-delà de ce que comporte sa valeur, est laide à voir et disgracieuse, comme un corps où quelque membre est hypertrophié, comme une statue qui a la tête trop grosse ou les bras trop longs.
On a tort de lui jeter toujours à la tête le quatrain qui précède la Franciade : car il a posé nettement pour règle que les inventions du poète devront être « bien ordonnées et disposées, et bien qu’elles semblent passer celles du vulgaire, elles seront toutefois telles qu’elles pourront être facilement conçues et entendues d’un chacun ».
Cette imagination des états de l’âme, si exclusivement dominatrice dans cette tête de songeur, est la cause que ces poèmes expriment non pas une âme individuelle et spéciale, mais l’Âme elle-même, la Psyché vagabonde et nostalgique et son dialogue immortel avec Dieu, avec l’Amour, avec la Nature.
Je vous vois parcourir le vaste miroir des siécles écoulés, examiner les ressorts qui changent la face des Empires, pénétrer le jeu rapide des révolutions de la Fortune, percer les intrigues de l’Ambition, par les événemens passés prédire les événemens futurs, alors tout sert à vous affermir dans vos heureux principes ; vous les jugez, ces foibles humains, vous les jugez sans passion, vous les voyez tels qu’ils sont, composés de grandeur & de foiblesse, de vertus et de vices, mais qui doivent peut-être leurs crimes non à la Nature, qui a caché dans leurs cœurs le doux sentiment de la pitié, principe des vertus, mais à la Tyrannie, à l’affreuse Tyrannie, qui aggravant sur leur tête un joug humiliant les a fait gémir, haïr, détester leur existence & les a forcés d’être méchans en les rendant malheureux.
Un certain nombre d’autres pièces sont indiquées par Louis Riccoboni, dans la liste qu’il a placée en tête du Nouveau Théâtre italien, comme étant « très anciennes ».
Quand quelques millions d’hommes seront morts de faim, quand des milliers se seront dévorés les uns les autres, quand la tête des autres, égarée par ces funèbres scènes, sera lancée hors des voies de l’ordinaire, alors on recommencera à vivre.
Dans les tableaux des églises chrétiennes, on le voit entouré de têtes coupées ; les musulmans ont peur de lui.
Mais depuis la fin des Asmonéens, le rêve d’un descendant inconnu des anciens rois, qui vengerait la nation de ses ennemis, travaillait toutes les têtes.
Il était fils d’un protestant d’un grand caractère, qui lui fit jurer, sur les cadavres suspendus aux potences d’Amboise, sous peine de sa malédiction, de ne point épargner sa tête pour venger les généreuses victimes de la plus abominable trahison.
Les premières impressions que le roi avait faites sur madame Scarron, à son entrée dans Paris, étaient peut-être de celles que la beauté et la jeunesse font sur les sens d’une femme jeune et sympathique ; mais l’auréole de gloire qui environnait cette belle tête de Louis XIV, la douce et noble fierté de son attitude soumirent aussitôt les sympathies physiques aux sympathies morales.
Il a cinquante ans, mais il porte haut sa tête grisonnante, que l’âge semble poudrer plutôt que blanchir.
« Cet ouvrage, a dit Voisenon en parlant des Mémoires de Grammont, est à la tête de ceux qu’il faut régulièrement relire tous les ans. » C’est là un conseil qui vaut mieux qu’on ne l’attendrait de Voisenon.
Cette multitude de têtes ondule obscurément comme les vagues d’une mer nocturne.
D’ailleurs, dans son état de grandeur & de considération, elle n’eut pas été flattée en se mettant à la tête d’une espèce de parti.
Que le cerveau soit l’organe de la pensée et de l’intelligence, c’est ce qui paraît suffisamment attesté par le fait que nous sentons notre pensée dans la tête, que la contention du travail intellectuel nous y cause de la douleur, que toute affection cérébrale empêche ou altère les fonctions intellectuelles.
En groupant toutes ces têtes de femmes autour du beau visage du cardinal Jules, en l’entourant de cette guirlande de fleurs humaines, il nous a éclairé d’un reflet velouté qui nous les achève les traits charmants de ce ministre de la souplesse, de la grâce insinuante et de la flatterie, qui régna sur la France par une femme, et dont la politique fut la force dans la douceur.
Clemenceau ne put trouver de lecteurs, et laisser de côté un journaliste alors célèbre, dont les symbolistes firent à bon droit une de leurs têtes de turc, Henry Fouquier ?
Ce Waller, après avoir combattu et signalé son zèle pour Charles Ier, après avoir souffert, pour la cause des rois, la prison, l’exil, la perte d’une partie de ses biens, et sauvé à peine sa tête de l’échafaud, eut la bassesse de faire solliciter sa grâce auprès de son tyran, et la bassesse plus grande encore de louer publiquement son oppresseur et le bourreau de son maître : Milton, du moins, montra plus de courage ; lui qui avait servi Cromwell de son épée et de sa plume, après le rétablissement de Charles II, garda le silence, et resta pauvre et malheureux, sans flatter ni prier.
Ajoutez qu’on regarde généralement les Chaldéens comme les premiers sages du paganisme, en plaçant Zoroastre à leur tête.
Le reflet des armes illumine ses vers, lorsqu’on l’entend s’écrier : « La maison resplendit d’airain, et tout le lambris est orné pour Mars de casques étincelants, d’où pendent des crinières à décorer les têtes des guerriers.
Il faut que tu apprennes à connaître toutes choses et le fond réel de la vérité persuasive, et les opinions des mortels qui reposent non sur une foi véridique, mais sur l’erreur ; et tu connaîtras ainsi, comment il faut marcher prudemment à travers le tout, en faisant l’épreuve de toute chose. » En tête de cette philosophie poétique dont la Grèce allait recueillir les leçons, il reste à placer le personnage demi-fabuleux de Pythagore.
Ce n’est point sans doute aux pensionnats de demoiselles, où les notices placées en tête des éditions classiques des Fables suffisent largement. […] Mais Michelet n’a pas décrit la Champagne en tête d’une biographie de La Fontaine ou à l’intention de La Fontaine. […] Certains portent longtemps un sujet dans leur tête et n’écrivent que lorsque l’œuvre est à point. […] Dans l’Homme et la couleuvre, l’animal inoffensif tient tête à son bourreau et affronte la mort comme un personnage cornélien. […] Jean-Paul se laisse accabler et courbe la tête, comme un écolier pris en faute : il n’a pas plus de dignité que d’esprit de suite.
Le conseil féminin murmure d’abord contre un tel complot : on fait quelques grimaces, on se mord les lèvres, on hoche la tête avec humeur : il vaudrait mieux, dit-on, renoncer à vivre qu’à cela. […] Interrogez-le sur le dogue à deux têtes, sur l’autre dogue à quatre têtes, symboles des doubles peines, des quadruples amendes ; interrogez-le sur l’androgyne pronotaire, qui se nourrit de chair d’appellations ; Gagne-Beaucoup vous dira que toutes ces figures monstrueuses sont les emblèmes du parlement. […] Ces figures ne sont pas plus bizarres que celle de nos divinités, à qui nous donnons des attributs significatifs de leurs fonctions, Vous paraît-il monstrueux d’attacher des ailes à la tête et aux talons d’un homme ? […] Cependant ce nombre d’idées principales, inculqué dans sa tête, ne lui suffira pas pour en bien connaître les règles, s’il n’a pu suffire au savant Boileau lui-même pour ne se pas tromper. […] Quantité de personnes s’imaginent que leur propre honneur tient à celui de leurs femmes ; et depuis que cette étrange idée s’est enracinée en leurs têtes, les voilà pleines, comme on le dit populairement, de visions cornues.
À cette tête millionnaire, où fourmillaient les trésors des Mille et une Nuits monnayés à l’usage de la comédie humaine du dix-neuvième siècle, il a manqué une qualité de quelque importance, sans laquelle toute fécondité est stérile : la variété. […] La nature, pour se livrer dans toute la grâce de ses harmonies et de ses mystères, n’aime pas qu’on lui arrive le sceptre à la main et la couronne sur la tête. […] Il a pour chacun, en passant, un de ces traits caractéristiques qui prouvent une incroyable puissance d’analyse, et qui vous dessinent un homme de la tête aux pieds, sans qu’il soit possible de s’y tromper. […] Peindre « sa taille élevée et souple, ses cheveux abondants, soyeux, d’un blond sévère, son sein gonflé d’impression, son profil légèrement aquilin, l’énergie de sa structure, la gracieuse cambrure de son cou, sa tête et le port de sa tête rappelant trait pour trait en femme celle de l’Apollon du Belvédère en homme », est-ce donc de la critique ? […] Eh bien, Dieu envoie à Constantin une de ces grandes idées qui ne germent que dans les têtes vraiment souveraines.
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds, Je laisserai le vent baigner ma tête nue. […] … Il y avait une œuvre dans cette jeune tête. […] Dans la lettre-préface qu’en 1889 il mit en tête des Premières Armes du Symbolisme, où ses manifestes de 1885 et 86 étaient réimprimés, il maintient ses théories et se refuse à toute concession, mais il ajoute : « Répudions seulement l’Inintelligible, ce charlatan ! […] Voici des groupes de servantes en train de tasser des sacs d’engrais : mouchoirs rouges sur la tête, jupons bleus, sabots noirs, elles se baissent, leurs croupes semblent surgir du sol… Voici, au cabaret, les buveurs attablés, gros, mentons gluants, gilets ouverts, la bouche rieuse, le ventre lourd… Le dessin est presque toujours précis ; rien de flou, d’incertain, tous les détails sont en lumière. […] Et la tête de la dormeuse est lourde, lourde de sa langueur et lourde aussi de tout l’inconnu qu’elle recèle.
Le marqueur dit : « Tout le monde peut enseigner le grec ; mais pour jouer au golf, il faut de la tête. » Le professeur sourit de tout son cœur. […] Depuis que pour faire une épingle il faut trois ouvriers : l’un qui fait la pointe, l’autre qui fait la tête et l’autre qui unit la tête à la pointe, — et certainement il doit y en avoir six et non pas trois, — on n’admet point qu’un homme puisse faire telle année un roman bourgeois, et cinq ans après un poème épique. […] Fuyons ces vilains mots que tout le monde se jette à la tête et qui sont sujets à malentendu et à contresens ; c’en est un ici. […] Nerval n’a plus sa voix de tête et Gourd n’a plus sa voix de gourdin. […] Elle était vraiment gracieuse et toute « sympathique » de la tête aux pieds.
Un livre neuf, et qui n’est que l’idée de son auteur, une idée qui n’a point habité les têtes nombreuses d’une époque, ne possède pas toute sa signification. […] Alors, dit Maupassant, il levait la tête, haussait à ses yeux la feuille de papier, s’appuyait sur un coude et lisait, d’une voix forte et heureuse. […] Mais elles préparaient tous leurs dégâts, tandis que nous les admirions et tandis que nous étions si adroits à orner d’elles nos écrits et nos têtes. […] L’invention mathématique se fait, sans qu’on sache comment, dans une tête pourvue de ce génie ; et la divination de l’histoire, on l’a, ou non. […] Il dînait en la gaie compagnie de deux jeunes filles, affables toutes deux, l’une appuyant sa tête sur l’épaule du jeune homme et l’autre couronnant de roses ce frivole.
Vacquerie, Une nature encor dans votre tête est née Et le printemps aura son jumeau cette année. […] Il vit qu’un sourire, une rougeur, un air de tête, une épigramme trahissaient quelquefois plus d’ardeur, ou de violence même de passion, que n’en expriment, dans un autre monde, les interjections, les larmes ou les injures. […] Théophile Gautier, — dans la Notice qu’on peut lire en tête de l’édition la plus répandue des Fleurs du mal, — a tout dit à ce sujet, et en d’autres temps, j’en aurais peut-être à en rabattre, mais je n’y saurais rien ajouter. […] Je ne dis rien de la préface qui figurait en tête des premières éditions, et puisque le poète a cru devoir la supprimer, je n’en citerai rien. […] Gumplowicz, celle qui peut revendiquer, dans l’histoire humaine, les plus grands triomphes, c’est la première ; aujourd’hui la seconde, celle qui se réclame de la raison, lui tient tête victorieusement ; la troisième, elle, ne peut enregistrer que de timides tentatives et d’éclatants échecs. » Mais je crains ici que le traducteur n’ait un peu trahi l’auteur ; et ce que M.
Whistler, au frontispice de l’édition nouvelle de ses œuvres, la tête haute, les yeux levés, serein et dédaigneux ; mais combien d’autres qualités nous lui connaissons encore, que M. […] « La place que lui réservait le destin, dit-il, était la première à la tête de son pays, parce qu’elle était la première à la tête des travailleurs résolus de classe moyenne, derniers détenteurs des vertus morales délaissées par une noblesse dissolue… L’œuvre de cet homme, né bourgeois, est essentiellement bourgeoise ; grâce à lui la classe moyenne a pris pied dans les affaires de l’État. » Le caractère de Napoléon ? […] Après Lamartine et Victor Hugo, après Balzac, Michelet et Flaubert, qui avaient dominé la littérature de leur temps, ce sont deux critiques, Taine et Renan, qui figurent en tête de notre littérature d’à présent. […] Et, comme Marysia refusait d’absorber de cette herbe, même en tisane ou sirop, Chalek la regarda fixement dans les yeux : puis, il mit l’herbe sur la tête de la moribonde princesse ; et du premier coup elle fut guérie. […] J’inspectai la chambre, j’examinai les fermetures, je me plongeai la tête dans un baquet d’eau froide — toujours contre les hallucinations — et j’invitai mes hôtes à faire comme moi.
. — Là aussi, sans doute, quand, moi, je serai mort ou cassé par la vieillesse, là on couchera mon frère Yves ; il rendra à la terre bretonne sa tête incrédule et son corps qu’il lui avait pris. […] Nous nous jouions dans la lumière auprès des flots bleus du lac méditerranéen ; nos troubadours étaient gens de « gai sçavoir » ; nos poètes enchâssaient dans des rimes sonores des sentiments simples ; nos prosateurs mettaient une langue précise au service de pensées claires ; maintenant les brouillards du Nord passent au-dessus de nos têtes et les visions troubles des légendes germaniques frappent nos yeux étonnés. […] fit l’abbé en hochant la tête. […] Les prouesses guerrières et les faits d’armes auxquels se livraient, casque en tête et lance au poing, les chevaliers nos aïeux, et que les troubadours allaient chanter de castel en castel durant les soirées d’hiver, nous les accomplissons, nous, dans les méditations silencieuses de nos chambres d’étude, pendant les longues heures des nuits sans sommeil, où, corps à corps, nous luttons avec la destinée. […] Quand je serai fatigué, j’appuierai ma tête sur ton épaule.
Ajoûtez qu’elle a vû à la tête de mon livre une estampe où Homere lui-même conduit par Mercure, me met sa lyre entre les mains. […] Que quand on dit qu’une chose n’est pas naturelle, on ne prétend pas absolument qu’elle ne puisse tomber dans la tête de quelque homme ; on entend seulement qu’elle sort trop de l’ordre commun, et qu’elle blesse par une singularité excessive. […] on n’a jamais vû de toi une bonne action, ni entendu une bonne parole. ou ce Calchas le plus éclairé des devins, ce favori distingué d’Apollon, est bien avili par cette injure, si elle est fondée sur la vérité ; ou si elle est sans fondement, Agamemnon lui-même n’est qu’un menteur brutal, indigne de la confiance des grecs et de la protection des dieux qui l’ont mis à leur tête. […] Qu’est-ce que ce mêlange de pluye, de grêle, de neige, d’éclairs et de combats ; tout cela ne fait qu’une union monstrueuse semblable à cette image bizarre qu’Horace condamne à la tête de son art poëtique, pour en donner les prémiers élemens. […] Jupiter veut alors suspendre ce carnage ; mais en vain sur leur tête il répand un nuage.
… Tantôt il fait grimper en les enlaçant aux rameaux les jeunes pousses de la vigne, et, retranchant avec sa serpette les pampres gourmands, il épargne et il greffe ceux qui doivent porter les grappes ; tantôt sur les flancs d’un vallon fermé il regarde avec complaisance ses troupeaux qui le parcourent en le remplissant de leurs mugissements ; tantôt il pétrit le miel de ses ruches dans ses amphores purifiées avec soin ; et, quand l’automne fécond commence à élever au-dessus des champs sa tête couronnée de fruits mûrs, quelle joie pour lui de récolter ces poires greffées de sa main, et ces grappes de raisin teintes de leur pourpre, pour vous en porter en hommage les prémices, ô vous, dieu des jardins, et toi, dieu des forêts qui veilles sur la borne des héritages ! […] Attendez la saison d’hiver où un livre est une société toujours bienvenue au coin du feu ; attendez surtout la saison d’été, où un compagnon est agréable pour répercuter en vous les douces sensations du soleil, de l’ombre des bois, des eaux, de la montagne, de la mer ; achetez cette délicieuse miniature d’Horace illustrée par les Didot ; asseyez-vous à la lisière de vos bois au bord du ruisseau, sous les saules où les oiseaux gazouillent à l’envi de l’onde, et lisez, et prenez les heures comme elles viennent, et dites, comme Horace : Carpe diem, saisissez le jour, tout est pour le mieux, pourvu qu’on ait les pieds au soleil et la tête à l’ombre !
William James fait à ce sujet une confession sincère, dans laquelle il nous raconte ses vains efforts pour découvrir en lui-même une activité mentale, de quelque nature qu’elle soit, qui ne se ramène pas à des objets « dont l’entrée au sein de la conscience, sous forme de représentations, constitue tout ce que nous appelons activité. » Les actes d’attention, d’assentiment, de négation, d’effort, sont sentis « comme mouvements de quelque chose dans la tête ». […] Ne pourrait-on soutenir que la somme des mouvements de réaction centrifuge est non moins incalculable que celle des mouvements centripètes ; qu’il y a des réponses et réactions, avec un ton affectif plus ou moins sourd, depuis la tête jusqu’aux pieds ; que le mouvement d’ensemble est une perpétuelle ondulation, un va-et-vient de la périphérie aux centres, des centres à la périphérie ; que ce mouvement est surtout marqué dans le cerveau, dont toutes les cellules, après avoir été actionnées, actionnent à leur tour, s’accommodent ou ne s’accommodent pas du mouvement imprimé, l’acceptent ou le repoussent, elles aussi, pour leur part ?
Cornély ajouta : − Votre article passera dans le numéro de demain et en tête. […] Le lendemain matin, je me précipitai sur le Gaulois et, en tête du journal, à la place de mon article, je lus un récit de l’expulsion de tous les rédacteurs du Gaulois par suite d’un désaccord antérieur entre Arthur Meyer et l’administration financière du journal.
B Oileau est à la tête de cette classe de Poëtes. […] Dorat a donné à la tête de ses Fantaisies un discours dont nous ferons usage, parce qu’il contient à-peu-près tout ce que nous pouvons faire entrer dans ce Paragraphe.
Claude Bernard en tête, appellent le déterminisme, sorte de nécessité naturelle ou morale qui remplace, dans toute œuvre vraiment scientifique, la contingence arbitraire des réalités physiques ou morales dont la loi reste à déterminer. […] Platon, dont le spiritualisme va jusqu’à la parfaite indépendance d’une vie purement spirituelle dans un monde supérieur, fait résider les trois facultés de l’âme, l’intelligence, l’activité, l’appétit, dans les trois parties du corps, la tête, le cœur et le ventre.
En ce même point de l’espace où Fontenelle cause avec une grande dame, au milieu d’un parc, la Normandie va passer, puis une grande nappe d’eau, puis des Anglais qui causent politique, puis une mer immense, puis des Iroquois, puis la Terre de Jesso ; et voilà cent aspects divers : ici ce sont des chapeaux, là des turbans, et puis des têtes chevelues, et puis des têtes rases ; et tantôt des villes à clocher, tantôt des villes à longues aiguilles qui ont des croissants, et des villes à tours de porcelaine, et de grands pays qui ne montrent que des cabanes… Elle est charmante cette page. […] Puis, à un moment donné, perdant la tête : « Il faudra donc envoyer chez Mme Dutour. » Quel malheur ! […] » Avec cette connaissance qu’il avait des femmes, des sentiments qu’elles éprouvent et de ceux qu’elles inspirent, il avait tout un théâtre tout nouveau dans la tête. […] Mais Dalembert s’avise de lui écrire : « Rousseau, quoique exilé, se promène dans Paris la tête haute. […] Elle n’est pas universelle ; elle est fragmentaire ; elle éclate ici et là dans une tête élue ; mais elle existe ; et désormais elle va embarrasser Voltaire presque autant que l’autre.
Aussi n’est-ce point une vaine pensée de croire que les corps des hommes illustres ne sont pas tout à fait mortels, et qu’il y a quelque esprit au-dehors qui ne se détache jamais des linéaments admirables dont la nature marque les gens de cette condition, en sorte que dans leurs portraits on connaît leurs génies, et qu’on y voit toujours je ne sais quoi de vif : ainsi qu’aux médailles antiques on dirait que ces têtes romaines respirent encore dans le métal quelque chose de leur vieille vertu.
La préface de M. du Camp devient à cet endroit un champ de bataille ou plutôt une place d’exécution ; il prend corps à corps l’Académie française, il y établit des catégories, il promène sa liste d’amnistie ou de prescription sur la tête des quarante.
Je ne lis jamais de poète, ni d’ouvrage d’éloquence, qui ne laisse quelques traces dans mon cerveau ; elles se rouvrent dans les occasions, et je les couds à ma pensée sans le savoir ni le soupçonner ; mais lorsqu’elles ont passé sur le papier, que ma tête est dégagée, et que tout est sous mes yeux, je ris de l’effet singulier que fait cette bigarrure, et malheur à qui ça tombe !
Mais n’allons pas au-delà de la pensée de l’auteur, ne lui prêtons pas : malgré les deux épigraphes qu’il a mises en tête de son livre et dont je voudrais effacer la première38, il n’a songé sans doute qu’à nous offrir une application hardie d’analyse, en un cas splendide.
Ô vous tous, amis de l’idéal, je ne me ferai pas de querelle avec vous ; j’accorde qu’il y a un idéal ; mais, admettez aussi qu’il y en a un vrai et un faux ; et si jamais vous rencontrez un idéal, ou soi-disant tel, froid, monotone, triste, incolore sous air de noblesse, vaporeux, compassé, insipide, non pas brillant et varié comme le marbre, mais blanc comme le plâtre, non pas puissant et chaud comme aux jours de la florissante Grèce, quand le sang à flots de pourpre enflait les veines des demi-dieux et des héros, quand les gouttes d’un sang ambrosien coulaient dans les veines même des déesses, mais pâle, exsangue, mortifié comme en carême, s’interdisant les sources fécondes, vivant d’abstractions pures, rhumatisant de la tête aux pieds, imprégné, imbibé d’ennui, oh !
Veuillot ne tarda pas à renoncer aux journaux du gouvernement à la tête desquels son talent, apprécié déjà, l’allait placer ; il entra dans les journaux religieux (1842) et bientôt devint à l’Univers le rédacteur principal et le seul en vue, le champion qui, pendant près de dix-huit ans, porta le poids des discussions, des attaques et des colères.
Ils ont en tête une Notice biographique très complète, très exacte, de M.
Elle marchait en inclinant la tête, et tenait à sa main droite une petite lyre d’ébène. » Elle descend donc au milieu des Barbares, marchant à pas réglés et même un peu gênés à cause de je ne sais quelle chaînette d’or qu’elle traîne entre ses pieds, suivie d’un cortège de prêtres imberbes et efféminés qui chantent d’une voix aiguë un hymne à la déesse, et elle-même déplore la perte de ses poissons sacrés.
Je ne conçois plus rien à votre tête.
Paul Mesnard, qui s’en est chargé, et qui s’en acquitte en toute conscience, a mis en tête une Notice biographique puisée aux sources, la plus complète qu’on ait et, je dirai même, la seule vraiment critique jusqu’ici.
Nous ne le voyons quasi qu’en buste, pas tellement en buste pourtant que nous n’apprenions de lui que jeune homme, avocat instruit et plein d’espérances, très grand et beau garçon (ce qui ne gâte rien), il eut l’agrément d’être sur le pied d’ami et de familier ou de chevalier auprès de cette fameuse comtesse de Lamotte, l’un de ces jolis et affreux monstres, de ces harpies à tête de sirène comme en engendra la corruption avancée du XVIIIe siècle.
Des forêts à la mer poursuivez votre quête ; Qu’on redise après vous les Conscrits de Plô-Meûr : Ne chantez pas à pleine tête, Faites pleurer les yeux et soupirer le cœur.
Un organe pur, encore vibrant et à la fois attendri, un naturel, une beauté continue de diction, une décence tout antique de pose, de gestes, de draperies, ce goût suprême et discret qui ne cesse d’accompagner certains fronts vraiment nés pour le diadème, ce sont là les traits charmants sous lesquels Bérénice nous est apparue ; et lorsqu’au dernier acte, pendant le grand discours de Titus, elle reste appuyée sur le bras du fauteuil, la tête comme abîmée de douleur, puis lorsqu’à la fin elle se relève lentement, au débat des deux princes, et prend, elle aussi, sa résolution magnanime, la majesté tragique se retrouve alors, se déclare autant qu’il sied et comme l’a entendu le poëte ; l’idéal de la situation est devant nous. — Beauvallet, on lui doit cette justice, a fort bien rendu le rôle de Titus ; de son organe accentué, trop accentué, on le sait, il a du moins marqué le coin essentiel du rôle, et maintenu le côté toujours présent de la dignité impériale.
Des têtes fortes regardent les travaux de la pensée, les services rendus au genre humain, comme seuls dignes de l’estime des hommes.
De tout petits faits bien choisis, importants, significatifs, amplement circonstanciés et minutieusement notés, voilà aujourd’hui la matière de toute science ; chacun d’eux est un spécimen instructif, une tête de ligne, un exemplaire saillant, un type net auquel se ramène toute une file de cas analogues ; notre grande affaire est de savoir quels sont ses éléments, comment ils naissent, en quelles façons et à quelles conditions ils se combinent, et quels sont les effets constants des combinaisons ainsi formées.
Aussi, à l’ordinaire, nos amants resteront bien loin des ardeurs qui échauffent chaque ligne de l’Imitation : leur dame ne sera que l’idée de la dame, leur passion ne sera que l’idée de la passion ; tout se passera dans leur tête, en constructions abstraites, non dans leurs cœurs en vivantes émotions.
Tantôt elle est en tête, ou en queue, selon le caprice du poète, tantôt elle est double, tantôt elle est absente : deux récits se juxtaposent pour une seule morale.
Nous sommes plus proches, par le cœur et l’esprit, de Villon, de Joinville, de Villehardouin, de Téroulde, que ne l’ont été, du premier jusqu’au dernier, nos écrivains classiques, et nous renouons par-dessus leur tête la tradition nationale.
Ceux-ci voyaient alors à la tête de la musique royale un de leurs compatriotes, Jean-Baptiste Lulli, qu’on nommait Baptiste tout court, lequel était digne de lutter avec eux.
Malgré la curiosité des vers en noms propres En tête, les grands dieux : Hor, Knoum, Ptah, Neith, Hator ……………………………………………………………… Le blason de Hizen ou de Tokungawa, les sonnets orientaux sont très loin de tous les autres.
La superstition fait tourner les tables et les têtes.
Aussi écrivait-il en tête d’un de ses recueils de poésies ce titre significatif : Emaux et Camées.
Nous tournons la tête à droite et à gauche ; nous remuons notre corps et notre perception varie ; nous arrivons ainsi à distinguer les choses que nos mouvements font changer de place, des idées ou rêves qui varient d’eux-mêmes, quand nous sommes au repos.
Mais il me semble que j’en ai un peu moins présentement… Je me fais des retraites plus ou moins sévères, selon l’état où seront mes affaires ; j’avais dans la tête trois affaires dont il y a déjà deux de faites : ce sont des avis que j’ai demandés et obtenus, et sur lesquels le roi me donnera quelque somme : je ne sais pas encore ce que ce sera.
L’instant et l’éternité montent à sa tête, alcools puissants, et le grisent.
Le même jour où l’on a lu Childe-Harold ou Hamlet, René ou Werther, on lira Pascal, et il leur tiendra tête en nous, ou plutôt il nous fera comprendre et sentir un idéal moral et une beauté de cœur qui leur manque à tous, et qui, une fois entrevue, est un désespoir aussi.
Et il ajoute dans une note, en développant un peu la pensée de Descartes : « Il faut avouer que tous ces raisonnements abstraits sont assez inutiles, puisque la plupart des têtes ne les comprennent pas. » Il est heureux, au point de vue religieux et moral, que la croyance en Dieu trouve des appuis plus naturels et plus sentis dans le cœur de l’homme.
L’académicien Dubois mit à la tête de sa traduction une longue préface, qui étoit le développement de son systême.
Il falloit que les romains se fussent mis en tête que l’operation qu’on feroit à leurs pantomimes pour les rendre eunuques, leur conserveroit dans tout le corps une souplesse que des hommes ne peuvent point avoir.
Remarquons toutefois que cette littérature nouvelle doit avoir pour caractère particulier d’être européenne, en même temps qu’elle sera tout à fait française ; car la France ne peut qu’être à la tête des destinées de l’Europe.
L’auteur de la Cathédrale parle quelque part d’un religieux « qui, sortant de sa cellule, au mois de mai, se couvrait la tête de son capuchon pour ne pas voir la campagne et n’être pas ainsi empêché de regarder son âme. » L’erreur de M.
Pour comprendre, il suffit de comparer la situation politique des deux pays ; en France : Philippe-Auguste, saint Louis et Philippe le Bel ; en Italie : la catastrophe de Frédéric II ; il semblait désigné pour faire de l’Italie une nation ; les lettres et les sciences florissaient à sa cour, et sa mémoire est encore bénie par Dante ; mais le pape l’a vaincu, Manfred tombe à Bénévent, et Conradin livre sa tête blonde au bourreau.
Combattre, en philosophie, c’est, pour parler en jeune homme, mettre la couronne de la Victoire sur la tête de la Vérité.
Faites agir ou penser les grands hommes ; vous verrez naître vos idées en foule ; vous les verrez s’arranger, se combiner, se réfléchir les unes sur les autres ; vous verrez les principes marcher devant les actions, les actions éclairer les principes, les idées se fondre avec les faits, les réflexions générales sortir ou des succès, ou des obstacles, ou des moyens ; vous verrez l’histoire, la politique, la morale, les arts et les sciences, tout ce système de connaissances liées dans votre tête, féconder à chaque pas votre imagination, et joindre partout, aux idées principales, une foule d’idées accessoires.
C’est un doux péril, ô Bacchus, de suivre le dieu qui ceint sa tête du pampre verdoyant. » Ce sont les fêtes, ou plutôt c’est la poésie de la Grèce qui respire dans ce caprice savant d’Horace ; c’est la veillée des bacchantes d’Euripide : on voit les mille bras qui ont saisi la tige du frêne et l’ont arrachée de la terre.
Tous ceux qui connaissent leur art vous répondront : qu’en face d’une tête à représenter il y a une autre étude à faire que celle de la valeur positive des lignes et des tons. […] Ce mot reste en tête des poèmes le dernier vestige de la poésie des anciens jours. […] Dès sa jeunesse, et tandis qu’il était encore à la tête de son établissement d’imprimerie, il avait fait des travaux de mécanique. […] Sa tête semblait toujours éclairée par un sourire intérieur ; il n’y eut jamais rien en lui de cette morosité que produit souvent une longue expérience de la vie. […] Les classiques consternés baissent la tête au seul nom de l’ogive.
Insatiable d’inconnu, elle rêve à d’autres pays encore, et veut aller devant elle sans tourner la tête en arrière : Car j’ai quitté tous les pays. […] En un poème symbolique, qu’elle intitule Torches éteintes, elle compare sa vie à un festin voluptueux : Voici la place où ton corps chaud s’est détendu, Le coussin frais où s’est roulée ta chaude tête, …………… Tes ongles ont meurtri ma chair, parmi les soies, Et j’en porte la trace orgueilleuse.Tes fards S’envolent en poussière, et, sur les lits épars, Tes voiles oubliés sont témoins de nos joies. […] Ta tête Réfléchit déjà d’autres cieux Et c’est l’ombre de la tempête Qui déjà monte dans tes yeux. […] « Elle l’obligeait à rester avec elle, au bord de la fenêtre, le soir, sous la lune, et, la tête collée à son épaule dans la pose de l’alanguissement et du soupir, elle essayait qu’il fût, comme elle, empli d’une mélancolie indécise.
Scuderi furieux, criait à pleine tête : écoutez encore ce morceau. […] Il a besoin de faire venir un renfort d’Anges pour faire tête aux Démons. […] Les Français n’ont pas la tête épique, disait un homme de goût à M. de Voltaire. […] On a vu les femmes détourner la tête au cinquieme acte & proscrire le Drame entier. […] Mouret en jugea mieux, & la jalousie lui fit perdre la tête.
Tous ces mots équivalent à celui de pouvoir ; et, quel que soit le pouvoir, celui d’un chien qui peut courir, celui d’un mathématicien qui peut résoudre une équation, celui d’un roi absolu qui peut faire couper des têtes, ce mot ne fait jamais que poser comme présentes les conditions d’un événement ou d’une classe d’événements. — Rien de plus utile que la connaissance de pareilles conditions ; elle nous permet de prévoir les événements, ceux d’autrui comme les nôtres. […] Quand, aujourd’hui soir, je prévois que le soleil se lèvera demain, ce que j’ai actuellement dans l’esprit, c’est la représentation plus ou moins expresse du soleil à son lever, d’un cercle d’or surgissant au bord oriental du ciel, de rayons presque horizontaux qui éclairent d’abord la tête des collines, tout cela résumé dans un mot, dans un lambeau ressuscitant de sensation visuelle, en d’autres termes, dans une image présente.
Au fond, personne ne se trompait sur sa valeur : on savait bien que c’était un esprit médiocre, incapable de grandes combinaisons et entièrement dépourvu de génie politique ; mais on s’appuyait sur ses qualités réelles de général sage, prudent et vigoureux, pour en faire un capitaine supérieur et capable de tenir tête au vainqueur de l’Italie et de l’Égypte. […] « Si donc, à notre avis du moins, l’institution du consulat à vie avait été un acte sage et politique, le complément indispensable d’une dictature devenue nécessaire, le rétablissement de la monarchie sur la tête de Napoléon Bonaparte, était non pas une usurpation (mot emprunté à la langue de l’émigration), mais un acte de vanité de la part de celui qui s’y prêtait avec trop d’ardeur, et d’imprudente avidité de la part des nouveaux convertis, pressés de dévorer ce règne d’un moment.
Réduit à l’inaction depuis que l’état de la république exige qu’elle soit gouvernée par une seule tête, j’ai cru qu’il serait utile de mettre nos citoyens au fait de la philosophie, et que d’ailleurs il y allait de notre gloire, que de si belles et de si grandes matières fussent aussi traitées en notre langue. […] je n’avais pas hésité à affronter les plus terribles tempêtes, et, si je l’ose dire, la foudre elle-même, pour sauver mes concitoyens, et à dévouer ma tête pour le repos et la liberté de mon pays.
L’Imitation ne se reconnaît pas le droit de s’irriter ; son auteur ne propose à l’imitation que la tête couronnée d’épines et les mains liées du Christ. […] Il y séjourne plusieurs mois caché, la haine du peuple comme l’épée de Damoclès suspendue sur sa tête.
« Il faut cependant une grande connaissance de la langue poétique pour décrire ainsi noblement les objets qui prêtent le moins à l’imagination, et l’on a raison d’admirer quelques morceaux détachés de ces galeries de tableaux ; mais les transitions qui les lient entre eux sont nécessairement prosaïques, comme ce qui se passe dans la tête de l’écrivain. […] Je vais bientôt reposer sans regret ma tête blanchie dans le tombeau de mes pères, car ma fille est heureuse ; elle l’est, parce qu’elle sait qu’un Dieu paternel soigne notre âme par la douleur comme par le plaisir.
» En vérité, il est comme l’œuvre d’art elle-même qui ne peut pas être comprise avec la tête, mais seulement avec la sensibilité, avec le cœur. » Lohengrin n’est donc au fond rien autre chose que la protestation du sentiment artistique contre un monde sans naïveté, qui à force de vouloir expliquer tout, arrive à ne pas pouvoir comprendre ce qu’il y a de meilleur dans la vie. […] Cette opposition se manifeste sous des termes différents : intelligence et sensibilité, intellect et intuition, cœur et tête, entendement et intuition.
comme lentement, Mélancoliquement et douloureusement, Ses lèvres s’appuyaient sur cette tête blonde ! […] … Et comme les bravos étaient en tonnerre, Je vis passer dans mon esprit de visionnaire, Déguenillés, hurlants sur des tas de pavés, Des hommes aux cheveux épars, aux poings levés, Qui portaient, en roulant leurs yeux d’épileptiques Des têtes et des cœurs tout sanglants sur des piques.
Nous la voyons, nous la palpons, nous la foulons sous nos pieds sous forme de terre, nous la contemplons sur nos têtes sous forme d’air, de lumière, de feu, d’astres, de firmament. […] dans un temple plein d’avance de la majesté des pensées qu’on va traiter devant lui ; s’abandonner à l’inspiration, tantôt polémique, tantôt lyrique, souvent même extatique, de ses plus sublimes pensées ; parler sans contrôle et sans contradiction des choses les plus augustes, les plus intellectuelles, les plus saintes, devant des foules recueillies qui ne voient plus l’homme dans l’orateur, mais la parole incarnée ; entraîner à son gré ces auditeurs du ciel à la terre, de la terre au ciel ; être soi-même, dans cette tribune élevée au-dessus de ces milliers de têtes inclinées, l’intermédiaire transfiguré entre le fini et l’infini ; formuler des dogmes, sonder des mystères, promulguer des lois aux consciences, tourner et retourner tout le cœur humain dans ses mains, pour lui imprimer les terreurs, les espérances, les angoisses, les ravissements d’un monde surnaturel ; descendre de là tout rayonnant des foudres ou des miséricordes divines avec lesquelles on vient d’exciter les frissons ou de faire couler les larmes de tout ce peuple : n’y a-t-il pas là de quoi transporter un orateur sacré au-dessus de ses facultés naturelles, et de lui donner ce mens divinior, cette divinité de la poésie et de l’éloquence, dernier échelon du génie humain ?
Comme pour approcher de l’autel le prêtre idolâtre s’était paré d’un vêtement plus précieux et avait ceint sa tête de bandelettes, de même il avait relevé son langage par le mètre et l’harmonie. […] De nouveau je chanterai pour toi ; je monterai ma lyre sur tous les tons de l’harmonie. » Synésius, quoiqu’il ait certainement péri par la contagion ou le fer, à la tête de son troupeau, dans la ruine de Ptolémaïs, n’a pas reçu l’apothéose chrétienne.
Une seule fois, lui ou du moins son Saint-Preux, il s’est aventuré dans la zone supérieure, dans les montagnes du Valais ; on peut voir dans la première partie de La Nouvelle Héloïse la xxiiie lettre à Julie : « Tantôt d’immenses rochers pendaient en ruines au-dessus de ma tête ; tantôt de hautes et bruyantes cascades m’inondaient de leur épais brouillard ; tantôt un torrent éternel ouvrait à mes côtés un abîme, etc. » Cette peinture est bien, mais elle n’est qu’une première vue un peu générale, un peu confuse, et sans particularité bien distincte.
Dubray, s’inspirant du beau portrait de l’abbé Prévost par Schmidt, portrait qui fut placé d’abord en tête du tome Ier de l’Histoire générale des voyages (1746), y a changé ou adouci quelques traits.
Bouvart en tête, envoyèrent leur démission et se rangèrent au giron de la mère offensée.
Je suis toujours étonné de la singulière direction que l’on adopte pour devenir peintre : il me semble qu’elle est absurde ; car je ne peux pas me représenter un homme qui a quelque chose dans la tête, qui passe des années à copier.
C’est l’élément des bons esprits ; C’est par elle que j’ai compris L’art d’Apollon sans nulle étude… On sent dans tout cela l’harmonie, la facilité, mais aussi, comme il l’indique, un certain échauffement de tête et de fantaisie.
Dans cette vie d’amitié, de silence, de gracieuse causerie, elle a des soupirs, des velléités d’au-delà : Marie (l’amie chez qui elle était) fait de la musique dans le salon sous mes pieds, et je sens quelque chose qui lui répond dans ma tête.
De Brosses, visitant, de compagnie avec son ami Sainte-Palaye, la Bibliothèque de Modène sur la fin de l’hiver de 1740, y avait rencontré le docte Muratori : Nous trouvâmes ce bon vieillard, dit-il, avec ses quatre cheveux blancs et sa tête chauve, travaillant, malgré le froid extrême, sans feu et nu-tête dans cette galerie glaciale, au milieu d’un tas d’antiquités ou plutôt de vieilleries italiennes ; car, en vérité, je ne puis me résoudre à donner le nom d’antiquité à tout ce qui concerne ces vilains siècles d’ignorance.
J’ai visité nos primevères : chacune portait son petit fardeau de neige, et pliait la tête sous le poids.
Je crois le voir : son œil s’enflamme, sa tête se redresse, un éclair caresse son front, un souffle agite sa coiffure à ses tempes ; il a du prophète, il ne peut s’en empêcher.
Molé, seul ou presque seul, tenant tête à tous avec bon sens, noblesse, vivacité et même vigueur ; — montant et remontant coup sur coup à la tribune, où il trouvait des éclairs à lancer, sinon des tonnerres ; — et non loin de lui, M. de Lamartine, un volontaire brillant et magnifique, un chevalier auxiliaire, venu tout exprès d’Asie, qui eût dit volontiers en brisant une lance pour la défense du plus faible et en le couvrant de sa protection : « Je suis, moi ministériel et anti-dynastique : gloire aux courtois et aux généreux !
On y lit en tête ces lignes, qui traduisent sa vraie pensée : « Cet ouvrage est un des plus distingués qui aient paru sur ces matières.
Tout semble pousser Édouard vers l’écueil : l’attrait du triomphe désormais facile, les illusions d’une amitié impérieuse et généreuse, personnifiée dans Mortins ; les insinuations de la tendresse et de l’amour, qui lui parlent par la bouche adorée de lady Straffort ; enfin la menace d’un outrage assuré, non pas contre lui (il le mépriserait), mais sur la tête vénérée d’un père.
Dès le début, il voudrait nous faire croire qu’il est en lutte avec le génie comme avec Protée ; mais tout cet attirail convenu de regard furieux, de ministre terrible, de souffle invincible, de tête échevelée, de sainte manie, d’assaut victorieux, de joug impérieux, ne trompe pas le lecteur, et le soi-disant inspiré ressemble trop à ces faux braves qui, après s’être frotté le visage et ébouriffé la perruque, se prétendent échappés avec honneur d’une rencontre périlleuse.
12° Droit de boucherie ou de prendre la langue de toutes les bêtes tuées dans la ville, plus la tête et les pieds de tous les veaux.
Les philosophes du xviie siècle, Leibniz et Malebranche en tête, avaient nettement aperçu cette conséquence et concluaient hardiment qu’il y a là une harmonie préétablie, l’accord artificiel de deux horloges indépendantes, un ajustement extrinsèque et venu d’en haut, un décret spécial de Dieu. — Rien de moins conforme aux méthodes de l’induction scientifique, car elles excluent toute hypothèse qui n’explique pas, et, comme on le montrera, le principe de raison explicative est un axiome qui ne souffre aucune exception157.
Qu’on en détache encore la tête, et ce segment isolé vivra pendant près d’une heure avec son seul ganglion ; il agitera ses longs bras et saura très bien les tourner contre les doigts de l’expérimentateur qui tient le tronçon, et y imprimer douloureusement leur crochet. » Descendons encore d’un pas, la pluralité foncière de l’animal deviendra manifeste173.
Pendant la semaine sainte, étant allé entendre la messe à sa paroisse de Saint-Thomas d’Aquin, il inclina la tête à l’élévation et ne la releva plus.
Mais ce ne sont en somme que des indications sommaires : quand elle aura deux fois visité l’Allemagne, quand elle aura inventorié quelques-unes des meilleures têtes allemandes, elle nous donnera des jugements bien plus réfléchis, plus approfondis, plus lumineux.
C’est le premier Tartuffe seul qui vit pour les foules, justement parce qu’il n’est qu’une trogne haute en couleur, aux traits simplifiés et excessifs, une tête de jeu de massacre.
chaque tête dans chaque parti ?
L’hypocrisie des pharisiens, qui en priant tournaient la tête pour voir si on les regardait, qui faisaient leurs aumônes avec fracas, et mettaient sur leurs habits des signes qui les faisaient reconnaître pour personnes pieuses, toutes ces simagrées de la fausse dévotion le révoltaient. « Ils ont reçu leur récompense, disait-il ; pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton aumône reste dans le secret, et alors ton Père, qui voit dans le secret, te la rendra 252.
Mme de Mondonville était, tout l’atteste, une personne de tête et de capacité, ferme, altière, séduisante, ayant l’instinct et le génie de la domination.
Le pauvre Chastellard eut la tête tranchée ; il mourut en récitant, dit-on, un hymne de Ronsard, et en s’écriant tout haut : « Ô cruelle Dame !
Janin ne connaisse pas son xviiie siècle, mais il l’aime trop dans quelques parties pour le connaître de sang-froid et pour le peindre à tête reposée.
Nous méprisions toutes les vexations, mais ce dernier degré de grossièreté faisait toujours rougir ma tante et moi. » Le plus cruel moment pour elle fut celui où, après la mort de son père, après la disparition de sa mère, de sa tante, ignorant le sort définitif de ces deux têtes si chères, dans les semaines qui précédaient le 9 Thermidor, elle entendait de loin son frère, déjà en proie aux corrupteurs, et à qui le cordonnier Simon faisait chanter des chansons atroces : Pour moi, dit-elle, je ne demandais que le simple nécessaire ; souvent on me le refusait avec dureté.
La sordide saleté des mansardes, où rôde un solitaire, qu’empeste toute une famille, la puanteur des escaliers pauvres, la nourriture immangeable et rare, la nausée et la rage que met dans la tête le vide de l’estomac, l’existence farouche du déclassé dans l’étincellement des capitales, requièrent l’âpre insistance de son style ; et au-delà de ces choses physiques, il a vu les vices et les atroces indélicatesses auxquelles condamne l’inclémence de ce sort.
Huysmans appartiennent en général, comme ceux des écrivains qui sont à la tête du roman, à l’esthétique réaliste.
Plus votre cœur répugne à l’accepter Plus ce sera pour vous matière à mériter ; Mortifiez vos sens avec ce mariage, Et ne me rompez pas la tête davantage.
Nous avons vu, au commencement de cet ouvrage, que la société était nouvelle, dans la plus rigoureuse acception du mot : alors les hommes qui se sont trouvés à la tête de cette société nouvelle ont voulu fonder une aristocratie prise dans le terrain de la révolution, qui n’est point, comme nous l’avons démontré, la véritable terre sociale.
On ne saurait trop le redire : c’est ici ce que n’ont pas compris nos modernes naturalistes, Flaubert en tête, M.
Ce mot, séparément, réveilla une idée folle dans quelques têtes ; et le rire qu’elle excita, pensa nuire à la piéce. […] Ils résolurent de le perdre ; et sous prétexte d’honneur, ils l’envoyerent à une expédition à la tête de cent hommes qu’ils avoient chargés de l’assassiner. […] Ce n’est pas que dans la nature la variété des sentimens ne soit prodigieuse, et que les plus extraordinaires ne puissent tomber absolument dans quelque tête ; mais ces singularités trop grandes sont des exceptions précieuses à la vérité pour l’histoire, mais que la tragedie ne peut jamais admettre, parce que ne s’attirant pas de créance, elles ne sauroient faire le plaisir propre du théatre qui est celui de l’imitation. […] Elle va s’imaginer follement que Titus est jaloux d’Antiochus qu’elle a vû le matin, et qui lui a déclaré son amour : mais toute amoureuse qu’elle est, une pareille idée peut-elle jamais tomber dans la tête d’une personne sage comme on nous la donne ? […] Oüi dans des têtes déja renversées, mais non pas dans celles qu’on nous donne pour raisonnables.
S’ils ont mal commandé, l’homicide commis Tombera sur leur tête, et nous sera remis7. […] Il n’avait point ici la tiare à la tête Comme aux jours solennels de notre grande fête. […] En dépit de la mort du comte, Rodrigue aime toujours Chimène, et Chimène, en demandant la tête de Rodrigue, ne continue pas moins de l’aimer. […] Vous savez également que, si sa « philosophie », si sa « pensée de derrière la tête » est quelque part, elle est là, dans cette comédie, sur le sens ou la portée de laquelle nous disputons encore comme si c’était hier qu’elle eût paru pour la première fois. […] Mais, vous-même, vous ne le reconnaîtriez pas sous le costume de don Juan, avec l’épée au côté et le chapeau à plumes sur la tête ; vous donneriez d’autres noms à son hypocrisie ; vous la qualifierez des noms de méchanceté, de dilettantisme ; — à moins encore qu’il ne vous plût d’excuser le cynisme de ses paroles sur la sincérité de ses convictions, et la licence de ses actes sur la force de ses instincts, ou de son tempérament.
En 1848, à la nouvelle de la Révolution, Petöfi gagne en hâte Budapest, prend la tête du mouvement national, et devant la foule assemblée lance son chant héroïque : La patrie appelle, ô Hongrois ! […] Au moment où l’on croyait qu’il allait exprimer sa peine essentielle, il quittait la partie, détournait la tête, et se mettait à sourire. […] Un diadème auguste ceint sa tête. […] À ce dernier, il a rendu dans l’Encyclopédie un magnifique hommage, disant que les modernes ont eu quelques génies qu’ils peuvent opposer, et peut-être avec avantage, aux plus grands esprits de l’antiquité ; qu’on les prendrait volontiers pour des intermédiaires entre les hommes et les dieux ; qu’ils sont, en tout cas, à la tête de l’espèce humaine ; et ils s’appellent Descartes, Bayle, Newton, et Leibniz. […] (La note de Voltaire, que nous citons en tête de ses vers, est de 1742.)
« Il faudrait une tête blanche auprès de cet homme-là », lui disait-on en parlant d’Alexandre Ier. « — Oui, mais pas une tête poudrée », répondait-il. — C’est que les émigrés, il les connaît. […] De Maistre, plus que personne, est entraîné sur cette pente ; car c’est la tête la plus systématique qui soit au monde, et il n’est homme qui soit plus porté à prouver ce qui est clair par ce qui l’est moins. […] Je ne sais ; mais Mme de Staël versait tous ses sentiments dans ses idées ; de Maistre, qui disait d’elle que c’était la tête la plus pervertie et le cœur le meilleur du monde, n’a rien laissé entrer de son cœur dans sa tête, crainte sans doute de la pervertir. — Ce n’est pas une mauvaise précaution, sans doute ; mais poussé à l’excès, devenu un système, cela donne un singulier tour à l’esprit. […] Les Allemands l’ont dans le cœur autant que dans la tête.
Une toile futuriste invite l’œil à la cinématographier, comme une toile impressionniste invite l’œil à la recomposer avec des taches ; mais l’œil, si j’ose dire, n’en fait qu’à sa tête : s’il est jusqu’ici (je parle du mien) consentant aux invites de l’impressionniste, il ne veut rien savoir devant celles du futuriste, et il a beau tourner sa manivelle, le cinéma ne marche pas. […] Aujourd’hui cependant, sous un ciel plus indulgent et dans le premier printemps de la paix, il est permis peut-être de la voir sans nuages et de dire sans remords : il y avait même sous les obus, les bombes, les gaz empoisonnés, de l’ultima ratio regum et du jugement dernier des peuples, un jeu de balles idéal qui s’accomplissait solitairement en quelques têtes, le schématisme d’un certain rugby dont il ne faut pas médire puisqu’il se confond par un côté avec les valeurs supérieures de la guerre elle-même. […] Bourget, c’est que, derrière ses partis pris rigides et les manies après tout un peu extérieures de son dogmatisme étroit, il demeure une tête parfaitement équilibrée et toujours intelligente, un travailleur avisé, méthodique et sage, qui jusqu’ici n’a donné aucun signe de déclin ; lorsqu’il publie un roman médiocre ou mauvais, il ne tarde pas à en écrire un bon. […] Tête droite et obstinée, il s’est attaché à la lettre de la religion, et la lettre l’a trompé. […] Un timide ou n’agit pas, ou agit par coups de tête, ou est agi par autrui et l’on peut remplacer, si l’on veut, ou par et, car Adolphe présente selon les cas chacune des trois figures.
Lysidas, comme Minerve armée de pied en cap s’élança de la tête de Jupiter ? […] Ses maîtres lui avaient rempli la tête d’idées fausses, puériles, sur les conditions de la tragédie parfaite, et elle ajoutait foi à ces doctorales niaiseries non seulement avec candeur et soumission, mais avec l’ardeur fanatique d’un jeune esprit encore très ignorant, qui, ne voyant qu’une chose, plaint un peu et méprise beaucoup ceux qui ne la voient point.
D’excellentes têtes arrangeront plus tard ce que les toqués ont rapporté de leur randonnée fantaisiste. […] Chateaubriand, Narcisse-Néron, mettrait le feu à la Cité afin de gémir noblement sur des ruines ; Lamartine est un resplendissant cygne à cervelle de rossignol ; Vigny, faux Chatterton, se prend pour Moïse (ou bien pour Samson : quand Mme Dorval lui fait des misères) ; l’infortuné Musset pique une tête dans ses larmes, et l’absinthe, quand Mme Sand le traite comme Mme Dorval l’autre Alfred ; Mme Sand tutoie Dieu avant, et pond un roman après chaque coucherie ; Michelet, vieille fille à passions ; Renan, sous-Michelet : « Oui-non, non-oui » ; Anatole France, Renan sadique ; père Dumas n’a pas fait tout seul ses romans, mais, (il le croit !)
En deux pages, nous suivons la petite armée de Shulenburg, faisant tête à Charles XII en reculant, poursuivie et paraissant escortée, enfin lui échappant, avec la gloire de lui faire dire : « Aujourd’hui Shulenburg nous a vaincus. » On voudrait avoir le jugement de Montesquieu sur la bataille de Pultawa et la retraite de Charles XII, plus semblable à une fuite que celle de Shulenburg. […] Faire des chrétiens avec des livres païens est la tâche des sociétés modernes, surtout dans notre pays qui en tient la tête.
Il y aura toujours des spectateurs et des lecteurs pour les auteurs de comédies qui ont suivi les voies de Molière, pour Dufresny, quoiqu’il ne lui ait pas trouvé d’esprit, pour Marivaux, quand il n’abuse pas du sien, pour Dancourt, pour Lesage, pour Regnard, en tête de tous. […] Le juge du parterre ne se retrouvera donc pas dans le juge qui est en scène, et je le vois quittant la salle, soit en hochant la tête, si le portrait n’est pas beau, soit en se l’appliquant, s’il est flatté, dans l’alternative de ne pas se reconnaître du tout, ou de s’ignorer un peu plus qu’auparavant.
Il semble résulter de l’examen de ses contes que l’auteur en tenait exprès sa sensibilité à l’écart, pour les combiner mieux, ainsi, la tête plus froide et plus reposée que s’il eût éprouvé les terreurs et les angoisses qu’il s’entend à susciter. […] Que l’on joigne enfin à toutes ces supériorités de l’artiste, sa connaissance des douleurs humaines et sa commisération, le mécontentement même qui l’anime contre la société et le met à la tête des réformateurs et des révolutionnaires, qui le fait sans cesse préférer par son dédain des choses présentes, les choses meilleures et futures, — l’on aura un tableau approché des causes qui font à la fois sa grandeur et son affliction.
Il déchire ses habits, il se rase la tête en signe de deuil ; mais il n’accuse pas le Maître du bien et du mal ; il se prosterne et il adore. […] « C’est pourquoi, la tête inclinée devant vous, j’ai craint de proférer jusqu’ici devant vous ma pensée ; « Car j’espérais que l’âge, qui a le droit d’être prolixe de paroles, parlerait à ma place, et que le grand nombre des années multipliait et enseignait la vraie philosophie (la sagesse).
Dante lui-même était ce qu’on était déjà à Florence à cette époque, et ce qu’on fut bien davantage, quelques années après, à l’époque des Médicis et de Léon X : croyant et platonicien tout à la fois, associant dans son esprit la foi moderne à la philosophie grecque et romaine ; les pieds dans l’Église, la tête dans l’Olympe, l’âme dans les cieux, dans les épreuves ou dans les abîmes du monde chrétien. […] Mon poème, après que je l’eus contemplé quelques années, creva sur ma tête comme une de ces bulles de savon colorées, en ne me laissant que quelques gouttes d’eau sur les doigts, ou plutôt quelques gouttes d’encre, car la Chute d’un Ange, Jocelyn, le Poème des Pécheurs, que j’ai perdu dans mes voyages, et quelques autres ébauches épiques que j’ai avancées, puis suspendues, sont de ces gouttes d’encre.
Tout de suite je m’y penche pour voir la tête du bullbringé venir à ma rencontre, et pour y boire l’image des feuilles… Quelquefois, accroupie, acharnée, elle gratte la terre, peine, sue, et je m’anime tout autour, dans la joie d’une besogne utile qui m’est si familière… Qui m’expliquera le peu de fermeté de ses desseins ? […] Salomé, par dessus les âges, sur l’azur du ciel de Galilée, belle comme la rêva Gustave Moreau, belle comme au jour où elle demanda la tête de Jean, s’empare de l’imagination maladive de Pierre Servain, être chétif et disgracié, grandi parmi les objets pieux, statuettes et missels.
Vous ne combattez pas avec le bras, vous combattez avec l’entendement ; et, tout débile que vous étiez, vous avez lutté contre ce Géryon à trois têtes, et l’avez terrassé.
ce sont les manières du temps. » — Le duc de Richelieu, ce jeune fat qui tournait alors toutes les têtes et que des gens d’esprit aux abois ont cherché de notre temps à remettre à la mode dans le roman et au théâtre, est pour Madame l’objet d’une aversion singulière : il est peint par elle de main de maître (notamment pages 203, 221), parfaitement méprisable, avec ses charmes équivoques et légers, son vernis de politesse et tous ses vices.
Nous trouverons en une occasion à le rapprocher naturellement de Saint-Simon ; mais ce dernier avait la curiosité interne, concentrée, profonde et amère : Froissart a la sienne ouverte, riante et comme à fleur de tête.
Celui-ci aurait voulu que le jeune prince fît face à l’orage, qu’il demeurât à la tête de l’armée jusqu’à la fin de la campagne, qu’il cherchât à prendre quelque revanche sur la fortune ; il le lui disait non plus sur un ton de directeur spirituel et de précepteur, mais sur le ton d’homme d’honneur et de galant homme qui sent la générosité de conduite dans tous les sens : Quand un grand prince comme vous, Monseigneur, ne peut pas acquérir de la gloire par des succès éclatants, il faut au moins qu’il tâche d’en acquérir par sa fermeté, par son génie et par ses ressources dans les tristes événements.
[NdA] « Mais je vois en ceci avant tout une imagination qui s’exalte, une tête qui se monte », me dit quelqu’un. — Je n’entreprends pas d’analyser la nature de la croyance ni la qualité de la ferveur ; c’est assez qu’il y ait eu l’instant de ferveur et de croyance, et de le constater.
Si Dieu, qui est le maître, m’eût voulu tirer d’ici, il eût fallu obéir avec toute la soumission dont j’étais capable ; mais je suis assez content de revoir le soleil, même d’entendre les carrosses qui me rompent la tête ; ombre, livres et petits repas consumeront ce qu’il plaira à Dieu qu’il me reste de vie, et un peu de griffonnage45 !
Il est ici-bas logé au dernier et pire étage de ce monde, plus éloigné de la voûte céleste, en la cloaque et sentine de l’univers, avec la bourbe et la lie, avec les animaux de la pire condition…, et se fait croire qu’il est le maître commandant à tout, que toutes créatures, même ces grands corps lumineux, incorruptibles, desquels il ne peut savoir la moindre vertu, et est contraint tout transi les admirer, ne branlent que pour lui et son service… Ici Charron combine et resserre deux passages différents ; il écourte Montaigne, mais il ne saurait faire oublier ni supprimer cette admirable interrogation que l’on dirait de Pascal s’adressant des objections à lui-même : Qui lui a persuadé que ce branle admirable de la voûte céleste, la lumière éternelle de ces flambeaux roulant si fièrement sur sa tête, les mouvements épouvantables de cette mer infinie, soient établis et se continuent tant de siècles pour sa commodité et pour son service ?
Duplessis, que la mort a enlevé si inopinément et d’une manière si sensible pour sa famille et pour ses amis le 21 mai dernier74, avait préparé cette édition de La Rochefoucauld : c’est à lui qu’on en doit la distribution, l’ordre, les notes, toute l’économie en un mot ; il n’y manquait plus que quelques pages qu’il devait mettre en tête : on vient me demander, à son défaut, de les écrire et de le suppléer.
Il n’avait que vingt-sept ans (4625), Il s’est peint à nous petit, « la taille de deux ou trois doigts au-dessous de la médiocre, la tête assez belle, (ses portraits nous la montrent même très belle), les yeux doux, mais un peu égarés, et le visage assez niais ».
Il lui semblait, comme à Martial, que pour créer des poètes, et de grands poètes, il ne s’agissait que de les encourager par des largesses ; il pense là-dessus comme Clément Marot, comme les poètes valets de chambre (avant que Molière en fût) ; il n’a pas de doctrine plus relevée, et, dans une pièce imitée de Martial même, il le dit très lestement au maréchal de Noailles, l’un de ses patrons d’autrefois : Dans ce beau siècle où Paris est au faite, Grâce à son roi, des biens, des dignités, Où sous son ombre elle élève sa tête Cent pieds de haut sur les autres cités, À concevoir vous trouvez difficile Pourquoi ce roi, plus couvert de lauriers, Plus grand qu’Auguste, a manqué de Virgile Pour consacrer ses triomphes guerriers.
Je crains quel’embarras des richesses ne vous fasse perdre la tête… Ah çà !
Il resta le premier, trois années durant, et en tête de cette promotion très distinguée (1841-1844) qui comptait dans ses rangs les Corrard, les Janet, les Burnouf, les Thurot, Sommer, Denis, etc., tous noms justement estimés dans le monde universitaire, et quelques-uns bien connus dans le monde des académies.
De remplacer le plus fécond, le plus inventif, le plus adroit et le plus heureux des auteurs et arrangeurs dramatiques de ce temps ; de celui qui, pendant quarante ans, n’a cessé d’alimenter tous les théâtres et de desservir toutes les scènes ; qui est mort sur le champ de bataille, pour ainsi dire, en plein travail, au moment où, une idée en tête, il courait au galop chez un collaborateur.
Qu’Adam soit vêtu d’une tunique rouge, mais Ève d’un vêtement de femme blanc, avec un voile de soie blanc, et que tous deux se tiennent debout devant la Figure (la Figure, c’est le nom par lequel Dieu est habituellement désigné dans le courant de la pièce), Adam plus rapproché pourtant, le visage respectueux, Ève la tête un peu plus inclinée. » Tout ceci est pour la mise en scène ; ce qui suit est pour la récitation ; écoutez !
Foucault à pied y entra en tête de l’avant-garde.
Flaubert ; il est celui de presque tous les romanciers de ce temps, à commencer par Walter Scott, lequel, ayant à nous montrer un étranger entrant le soir dans une salle de festin, s’amuse à nous le décrire de la tête jusqu’aux pieds, y compris les bas, les souliers, comme si des convives assis pouvaient distinguer cette partie inférieure de l’individu, ce qui serait tout au plus possible de jour.
Le plus profond de nos moralistes, celui qui nous connaissait le mieux, a dit de l’homme en général ce qui est si vrai du Français en particulier : « Nous avons plus de force que de volonté. » Souhaitons que celle-ci ne nous fasse pas faute trop longtemps en bien des cas ; et, pour qu’elle soit efficace, il n’est rien de tel qu’un homme, une volonté déterminante et souveraine à la tête d’une nation.
C’est dans des Notes (comme il les intitule), mises en tête de sa petite comédie en vers, Corneille à la bulle Saint-Roch (Dentu, 1802).
Ce résumé, on peut le croire, ne terminait rien : la cohue d’opinions subsistait ; il y avait en ces jeunes têtes si doctes, si enivrées de leurs idées et si armées de la parole, excès d’intolérance, d’outrecuidance, c’était inévitable ; on s’injuriait, mais on ne se détestait pas ; les récréations, avec leur besoin de mouvement et d’exubérance physique, raccommodaient tout, et quelquefois le soir on dansait tous ensemble tandis que l’un d’eux jouait du violoncelle et un autre de la flûte.
Médita-t-il, en effet, de mettre sur sa tête cette couronne de roi, ce diadème qui lui fut offert publiquement un jour et qu’il fit semblant de repousser ?
Mais Talleyrand au pouvoir n’y regardait pas de si près ; il avait à gagner ses éperons ; il était depuis quelques semaines seulement à la tête du ministère des affaires étrangères, où il avait remplacé Charles Delacroix, père de l’illustre Eugène.
Il le sentait bien, et ne se livrait à elles que par instants, pour revenir ensuite avec plus d’ardeur à l’étude, à la poésie, à l’amitié. « Choqué, dit-il quelque part dans une prose énergique trop peu connue44, choqué de voir les lettres si prosternées et le genre humain ne pas songer à relever sa tête, je me livrai souvent aux distractions et aux égarements d’une jeunesse forte et fougueuse : mais, toujours dominé par l’amour de la poésie, des lettres et de l’étude, souvent chagrin et découragé par la fortune ou par moi-même, toujours soutenu par mes amis, je sentis que mes vers et ma prose, goûtés ou non, seraient mis au rang du petit nombre d’ouvrages qu’aucune bassesse n’a flétris.
Étienne mit en tête de la quatrième édition des Deux Gendres ; 2° la Fin du procès des Deux gendres, écrite en faveur de M.
Les opinions républicaines se confondaient dans quelques têtes avec les paroles rudes et les plaisanteries rebutantes de quelques républicains, et les affections non raisonnées s’éloignaient naturellement de la république.
Et après eux, qui tiendra la tête, avec 1 500 livres ?
Il est à la tête de l’édition des œuvres de Voltaire qui se publie à Kehl.
« Il était laid, nous dit un contemporain628 : sa taille ne présentait qu’un ensemble de contours massifs ; quand la vue s’attachait sur son visage, elle ne supportait qu’avec répugnance le teint gravé, olivâtre, les joues sillonnées de coutures ; l’œil s’enfonçant sous un haut sourcil, … la bouche irrégulièrement fendue ; enfin toute cette tête disproportionnée que portait une large poitrine… Sa voix n’était pas moins âpre que ses traits, et le reste d’une accentuation méridionale l’affectait encore ; mais il élevait cette voix, d’abord traînante et entrecoupée, peu à peu soutenue par les inflexions de l’esprit et du savoir, et tout à coup montait avec une souple mobilité au ton plein, varié, majestueux des pensées que développait son zèle. » Et Lemercier nous montre « les gestes prononcés et rares, le port altier » de Mirabeau, « le feu de ses regards, le tressaillement des muscles de son front, de sa face émue et pantelante ».
Contre la foi, nulle critique ne vaut : mais dès qu’on ne croit pas « comme un petit enfant », inutile de se monter la tête, inutile de se griser d’esthétique, de s’inventer des raisons de croire : de l’affirmation déterministe sort la dissolution des religions.
Richepin nous montre une bande d’oiseaux voyageurs passant très haut sur la tête des poules, des canards et des dindons.
Quand elle avait des petits à nourrir, elle venait encore avec moi, mais à un moment donné, elle m’abandonnait, s’enfuyait en courant, la tête basse, en évitant autant que possible mon regard et ma voix.
A certains moments, c’est telle ou telle province qui prend le premier rôle ; qui exerce une sorte de suprématie intellectuelle ; qui marche en tête de la France ; qui est en possession de lui fournir ses plus grands hommes.
Et le fantôme, branlant la tête, déclara : — Non, Léthé, toutes tes eaux ne suffiraient point à me faire oublier cette nuit désastreuse, cette nuit effroyable où, pendant que dormaient paisibles mes camarades d’École… Mais le démiurge ordonna sévèrement : — Tais-toi.
Portalis disait en termes exprès : « Dans une vaste monarchie comme la France, dont le gouvernement est à la fois commerçant, religieux, militaire et civil, et qui est composée de divers peuples gouvernés par des coutumes différentes, il est impossible d’avoir un corps complet de législation. » Cette possibilité d’un Code uniforme, il en doutera encore longtemps, et même sous le Directoire ; il ne prévoyait pas la main énergique et héroïque, l’épée toute-puissante sous laquelle il travaillerait en paix, pendant le Consulat, en tête du groupe des Prudents.
Joubert a dit a « qu’elles ressemblent aux vins vieux, qui échauffent le cœur, mais qui n’enflamment plus la tête ».
Guizot prenait part ; ou bien encore, ce sont d’anciennes préfaces et introductions qui avaient paru en tête de collections que M.
En effet, lorsqu’une haute et jeune destinée a subi de ces catastrophes soudaines et qui sont restées par quelque côté mystérieuses, lorsqu’un prince a disparu de manière à toucher les imaginations et à laisser quelque jour à l’incertitude, bien des têtes travaillent à l’envi sur ce thème émouvant ; les romanesques y rêvent, se bercent et attendent ; les plus faibles et ceux qui sont déjà malades peuvent sérieusement s’éprendre et finir par revêtir avec sincérité un rôle qui les flatte, et où trouve à se loger leur coin d’orgueilleuse manie ; quelques audacieux, en même temps, sont tentés d’y chercher une occasion d’usurper la fortune et de mentir impudemment au monde.
Il ne s’agit, selon lui, que de les conjurer le plus longtemps possible, et lorsque enfin ils se présentent, il n’y a plus qu’à se couvrir la tête de son manteau et à se soumettre à sa destinée.
La personnalité, la chimère, la moralité de tête, la sensualité, la déclamation, tels sont les vices que M.
Ne soyons plus étonnés de ce que la conservation de l’Europe soit tellement liée à la couronne de France, puisque la France est encore à la tête de la civilisation actuelle.
Ils font ordinairement une retraite de corps pour se garer de la chose vers laquelle ils tendent la tête… Aucun membre n’est raidi pour un effort ; aucun geste n’est rapide, ni violent.
L’Institut venait de couronner sur la tête de La Harpe la critique régulière et plate, et les esprits les plus fins ne faisaient que retourner ou expliquer le Traité des sensations et la Langue des calculs.
Ce n’est pas par la tête ou par le cœur qu’on est poète : c’est par l’oreille et c’est par les yeux. […] Edmond Scherer lui reprocha jadis avec quelque vivacité d’avoir, en tête de son XIXe siècle, recommandé le Victor Hugo de M. […] La carrure robuste, le port de tête, front haut et cheveux en brosse, le geste sobre, le ton de voix bref, toute l’allure volontaire et décidé semble d’un préfet à poigne. […] Sur les bas-côtés, des femmes et des jeunes filles en « cheveux » ; quelques-unes ont noué sur leur tête un fichu ou portent une capeline de laine. […] Un même modèle hante toutes ces têtes et les égare.
Les placets, imprimés aujourd’hui encore en tête de Tartuffe, attestent la confiance de l’auteur dans cette protection. […] Ce faisant, il a sacrifié un autre livre, qu’il portait dans sa tête depuis sa jeunesse, et qui devait être son testament philosophique, son Traité de la volonté. […] C’est à elle qu’il doit reporter l’influence que ses travaux peuvent avoir dans le monde. » Oui, c’est bien une frontière française que l’on défend, en défendant l’intelligence française, et ceux qui travaillent de leur tête, contre les égarements de ceux qui travaillent de leurs bras. […] « Petits », cela veut dire que ces têtes gallo-romaines demeurent réfractaires au « colossal », à ces remaniements énormes et hasardeux que des cerveaux germaniques conçoivent, sans critique, sans scrupule non plus. « Bourgeois », cela veut dire que ces Français gardent le respect de leur propre indépendance. […] Ceux de nos hommes qui ont l’âme sensible achèvent les blessés d’une balle dans la tête. » Et mon correspondant ajoute, devenu cruel lui-même, mais par son sentiment trop justifié : « Jamais nous ne vengerons assez nos morts.
C’est une tête bien meublée pourtant, remplie de souvenirs classiques ; il lisait peu de livres, mais il les relisait beaucoup. […] Qu’est-ce qui lui a mis en tête d’écrire ? […] Après diverses fortunes, et au milieu d’une carrière qui lui rapportait honneur et profit, on ne sait par quelle bizarrerie, vers 1588, Charron se mit en tête de devenir chartreux. […] Rousseau à leur tête) que le recueil des Maximes était « un livre désolant, qui ne serait jamais aimé des bonnes gens ». […] — Ainsi donc, à vous croire, il se serait dépensé beaucoup d’admiration en pure perte, et ces hommes que l’histoire place avec orgueil à la tête de l’humanité, ces héros.
Jamais, disait-elle, un bel homme ne me fera tourner la tête ». […] Il les énonce dans une brève préface, en tête du catalogue dressé par Edouard Champion. « Le goût de la propriété n’a, chez moi, jamais été bien vif, dit André Gide. […] Mais on pouvait s’y tromper en lisant le catalogue de la vente, établi par Édouard Champion, en tête duquel André Gide déclare : « … J’ai pris le parti de me séparer de livres acquis en un temps où j’étais moins sage, que je ne conservais que par faste ; d’autres enfin qui me sont demeurés chers entre tous aussi longtemps qu’ils n’éveillaient en moi que des souvenirs d’amitié. » Pour les morts, Mallarmé, Moréas, Barrès, Heredia ou autres, comme ils n’avaient pu dans leur tombe se brouiller avec Gide, on entendait bien qu’ils succombaient à la réforme somptuaire.
Le soleil brûlant, l’étrange végétation de cocotiers et de palmiers, le champ de riz, le réservoir d’eau, les arbres énormes, plus vieux que l’empire Mogol, sous lesquels s’assemblent les foules villageoises, le toit de chaume de la hutte du paysan, les riches arabesques de la mosquée où l’iman prie la face tournée vers la Mecque, les tambours et les bannières, les idoles parées, le pénitent balancé dans l’air, la gracieuse jeune fille, avec sa cruche sur la tête, descendant les marches de la rivière, les figures noires, les longues barbes, les bandes jaunes des sectaires, les turbans et les robes flottantes, les lances et les masses d’armes, les éléphants avec leurs pavillons de parade, le splendide palanquin du prince, la litière fermée de la noble dame ; toutes ces choses étaient pour lui comme les objets parmi lesquels sa vie s’était passée, comme les objets qui sont sur la route entre Beaconsfield et Saint-James Street. […] Celui qui, exposé à toutes les influences d’un état de société semblable au nôtre, craint de s’exposer aux influences de quelques vers grecs et latins, agit selon nous, comme le voleur qui demandait aux shérifs de lui faire tenir un parapluie au-dessus de la tête, depuis la porte de Newgate jusqu’à la potence, parce que la matinée était pluvieuse et qu’il craignait de prendre froid1376. […] Ils s’enfuiront le roi en tête, et les minutieuses anecdotes, éparses dans le récit des réceptions, des voyages et des cérémonies, auront annoncé la victoire des protestants.
çà, paraissez, venez en présence, développez-nous les énigmes de la nature, choisissez, ou ce qui est loin, ou ce qui est près, ou ce qui est à vos pieds, ou ce qui est bien haut suspendu sur vos têtes ! […] Massillon, encore un coup, inclinait vers l’erreur où les encyclopédistes allaient donner tête baissée. […] Voltaire en demandait la suppression, et fidèle à sa manie de traiter avec les puissances, passant par-dessus la tête de M. de Malesherbes, il s’était adressé directement au chancelier. […] Les grandes affaires donc se traitaient entre la France et l’Espagne, et passaient en quelque sorte par-dessus la tête de notre abbé. […] Je le crois très volontiers quand il nous dit qu’il avait la tête « tout à fait du caractère d’un ancien orateur », mais j’ajoute qu’il avait aussi quelque chose en lui de Caliban.
Donc ne vous rengorgez pas ; n’aspirez pas silencieusement l’encens avec une tête de bouddha. […] Jamais il n’aurait dit, comme Mérimée : « Défaites-vous de votre optimisme, et sachez qu’il n’y a rien de plus commun que de faire le mal pour le plaisir de le faire. » Jamais cette idée, pourtant si simple, ne lui est passée par la tête ; jamais cette observation, pourtant élémentaire, n’a été faite par ce grand, observateur. […] Certes, si je n’avais une certaine foi, Que Dieu par son esprit de grâce a mis en moi, Voyant la chrétienté n’être plus que risée, J’aurais houle d’avoir la tête baptisée. […] Remarquez, cependant, que ces grands poètes, qui étaient littérature personnelle tout entiers, des pieds à la tête, ont fait de la poésie lyrique une province de la littérature personnelle, à ce point qu’on n’imagine point, désormais, le lyrisme autrement que comme la confidence exaltée des sentiments les plus intimes, les plus profonds, et les plus secrets (ou qui devraient l’être) de l’auteur. […] Bernstein a mise en tête de son édition des œuvres de Lassalle ; des documents sur la vie de Lassalle réunis par M.
Derôme aux Œuvres de Pascal ; et, pour preuve, il en apporte une note « jusqu’ici presque inaperçue », que Nicole a mise en tête des trois Discours de Pascal sur la condition des grands. […] Une femme de la cour, ayant permis qu’on lui dédiât un ouvrage, en voulut voir la Dédicace avant qu’on l’imprimât, et, ne s’y trouvant pas assez bien louée à son gré, elle prit la peine d’en composer une de sa façon et de l’envoyer à l’auteur pour la mettre à la tête de son ouvrage. » Ces quelques lignes ne figuraient pas dans l’édition de 1707. […] Je n’ai jamais vu son esprit en défaut sur les expédients ; vous l’auriez crue timide, et il n’y avait point d’âme plus ferme, plus résolue, point de tête qui se démontât moins ; personne qui se souciât moins d’avoir fait une faute, personne en même temps qui se souciât plus de la couvrir ou de l’excuser, personne qui en craignît moins le reproche quand elle ne pouvait l’éviter ; et alors, vous parliez à une coupable si tranquille que sa faute ne vous paraissait plus rien. » A-t-on jamais mieux montré le rapport ou la correspondance entre les traits du visage et la physionomie morale ? […] Il y a quelques traits en lui de l’égoïsme savant de Fontenelle, il y en a quelques autres de l’élégante corruption de Mme de Tencin : un peu de cervelle à la place du cœur, ou, puisque je fais tant que de parler comme eux, tout son cœur dans sa tête. […] Mais le moine répond qu’il ne lui a fait visite qu’à la requête de son frère l’avocat, « en raison des bruits désavantageux qui se sont répandus à Hesdin » ; que, pour les importunités de ses créanciers, « il se plaît à croire qu’elles entrent dans les desseins de Dieu pour le remettre dans la voie du salut » ; et il signe charitablement : « Je suis cependant en Notre-Seigneur, etc. » Prévost perd la tête, à ce coup.
» Des deux portraits originaux qu’on a de Bourdaloue, il en est un qui, plus répandu et reproduit en tête des Œuvres, pourrait, ce me semble, à première vue, induire en erreur ; de ce que, dans ce portrait fait après la mort, Bourdaloue est représenté les yeux exactement fermés et les mains jointes, « dans la posture d’un homme qui médite », on en a trop conclu que c’était là son attitude et sa tenue habituelle ou constante en prêchant.
Or dans un exemplaire des Poésies de La Fare, annoté à la main par Douxmesnil, je trouve pour note en tête de ces vers : « C’est le commencement d’une ode de La Faye. » Et en effet le prétendu madrigal est bien une strophe.
En vérité, grand homme, vous avez besoin de toute votre tête en conduisant les leurs, et je vous compare à Jupiter pendant la guerre de Troie… Le groupe des quatre grands poètes du xviie siècle ne serait donc pas complet sans Chapelle, bien qu’il n’y ait eu que le moins beau rôle ; il est immortel grâce à eux ; tout aviné qu’il est et chancelant, il se voit, bon gré mal gré, reconduit à la postérité d’où il s’écarte, donnant un bras à Molière, l’autre à Despréaux.
Il n’en fut rien ; la mode s’en mêla ; on se fit nouvelliste et jugeur des événements du jour : « Et véritablement, dit-il, nous frondions quelquefois tout notre soûl. » L’abbé de Pomponne, homme d’esprit, mais tête de linotte, allait répétant partout l’opinion qu’il venait d’entendre, et ébruitait d’un air de mystère des conversations bonnes à huis clos.
La première lettre qui ouvre leur correspondance est de Frédéric, et datée de Custrin, où il était alors enfermé (1er novembre 1730), à la veille du conseil de guerre que son père avait convoqué pour le juger : il s’agissait de sa tête, et son père voulait qu’on lui appliquât la loi prussienne comme à un déserteur.
Je ne vois point ce pays-là des mêmes yeux ; j’y crois démêler des agréments qui peuvent toucher l’esprit ; je n’y vois point ce qui vous choque : j’y vois, au contraire, le centre du goût, du monde, de la politesse, le cœur, la tête de l’État, où tout aboutit et fermente, d’où le bien et le mal se répandent partout ; j’y vois le séjour des passions, où tout respire, où tout est animé, où tout est dans le mouvement, et, au bout de tout cela, le spectacle le plus orné, le plus varié, le plus vif que l’on trouve sur la terre.
Cependant des esprits courageux dans le Clergé, et M. de Lamennais en tête (rien ne saurait lui retirer l’honneur de cette initiative), ne désespérèrent pas de la situation si mauvaise qui leur était faite, qu’ils s’étaient faite eux-mêmes, et comme ils n’avaient point trempé du moins dans les ruses et les tortuosités du précédent régime, ils crurent qu’ils pouvaient affronter la lutte au grand jour sous un régime nouveau (1831).
Ici le poète prend la parole et semble prier pour un moment le peintre de lui céder la place ; car, pour ces poètes déclassés, la critique est comme une lucarne qu’on leur ouvre, et il leur est difficile, quand la chose les intéresse un peu vivement, de ne pas passer la tête à la fenêtre pour dire : Me voici !
. — Plus tard, quand Louvois voulut établir le règlement militaire, la discipline et l’uniforme, on vit de bons officiers, mais récalcitrants, un marquis de Coetquen par exemple, se faire casser à la tête de leur régiment. — Ici, d’excellents auteurs résistent dans leurs châteaux à la Montaigne, retranchés et crénelés dans leurs fautes de français, dans leurs à peu près d’exactitude et dans leurs inélégances.
Voyant le trouble d’Élisabeth, il voulut la rassurer par ses caresses, mais s’arrêta tout à coup en voyant apparaître sur sa tête une image lumineuse en forme de crucifix : il lui dit alors de continuer son chemin sans s’inquiéter de lui, et remonta lui-même à la Wartbourg, en méditant avec recueillement sur ce que Dieu faisait d’elle, et emportant avec lui une de ces roses merveilleuses qu’il garda toute sa vie. » Ce miracle des roses rend avec suavité le parfum que l’ensemble du livre exhale.
Quant à elle, au milieu des accidents de ce monde, elle incline la tête, et se réfugie dans une sorte de fatalisme providentiel, que ses liaisons avec Port-Royal et ses lectures de Nicole et de saint Augustin lui avaient inspiré.
Par combien de détours, de charmes, il faudra cacher votre surveillance à sa tête jeune et indépendante !
Colère du roi, douleur du prudhomme qui va avoir la tête tranchée : mais le saint, apparaissant, sans se ménager, aux trois filous, au roi, à son sénéchal, oblige les uns à restituer, les autres à retrouver le trésor.
Jamais ils ne perdent complètement la tête Dans le Roman d’un fataliste, Blanche de Servières a été léguée par son père à Marc de Bréan, qu’elle n’aime pas.
La révolution, ou en d’autres termes le messianisme, y faisait travailler toutes les têtes.
Il pose les trois fleurons de la couronne sur sa large tête de rigolade.
Tout en secouant à vos paroles enthousiastes une tête sceptique, j’aime votre pensée et le sentiment d’où elle jaillit.