En convenant que plusieurs sujets de ses Fables ont été tirés d’Esope, de Phédre, de Locman, on sera certainement autorisé à dire que la maniere neuve, originale, naïve, pleine de grace & de fécondité, dont il les a présentés, l’en rend le créateur.
Le même ange va trouver ensuite une vierge qui demeurait en Israël , et lui dit : « Je vous salue, ô pleine de grâce !
Nous serons ramenés à cette époque glorieuse où de véritables écoliers qui se nommaient Amyot, Ronsard, Montaigne et de moins illustres autour d’eux semblaient ne vivre que parmi les maîtres évoqués et ne respirer à pleine poitrine que l’air natal de l’antiquité !
J’ai connu un jeune homme plein de goût qui avant de jeter le moindre trait sur sa toile, se mettait à genoux et disait, Mon Dieu, délivrez-moi du modèle.
— et que sous l’empire de cette Grâce, elle avait quitté son mari comme on ne le quitte guère dans les ouvrages de son père et de son frère, pour se jeter en pleines œuvres de haute dévotion et de prosélytisme, mais tout cela avec une telle gesticulation théâtrale, que les prêtres français de Jérusalem s’étaient inquiétés en leur prudence, de ce trop de gesticulation… Revenue en France, ajoutait-on, elle était entrée chez des religieuses de Passy, sans pourtant se faire religieuse, et elle y vivait dans une piété exaltée, peignant des sujets religieux ; mortifiant ainsi de la toile, si elle ne se mortifiait pas elle-même ; s’entretenant la main de cette façon et mortifiant toujours quelque chose !
Le Tintamarre est un journal plein de hardiesse et d’originalité, qui porte, et qui ne cache pas, car il le montre assez !
Son libertinage est sérieux et plein de conviction.
Voltaire vainement nous répète vingt fois Que, sur ses douze chants, on peut en lire trois ; Que le reste est absurde et plein d’extravagances, Grossier, bizarre, obscur, chargé d’invraisemblances ; C’est par là qu’il nous plaît \ l’ombre sert aux tableaux ; Verrait-on ses beautés, s’il n’avait des défauts ?
Daunou, n’a pas tardé à publier, sous le titre de Documents biographiques, un excellent volume où le texte tout entier de cette vie si pleine est, en quelque sorte, établi, où toutes les pièces à l’appui sont compulsées, mises en œuvre, et les moindres curiosités littéraires soigneusement indiquées : on n’a plus guère, pour le fond, qu’à puiser là. […] Cours public et discours politique, il rédigeait le tout comme un rapport, il couvrait des pages entières d’une écriture serrée, minutieuse, distincte, des pages écrites jusqu’au bord, sans marge, et pleines comme sa vie. […] Puis, sur l’autel de la patrie, qu’entouraient des groupes de peupliers et des candélabres supportant des cassolettes fumantes d’encens, aux pieds de la statue de la Liberté, le Directoire ayant pris séance, La Revellière-Lépeaux célébra le.héros dans un discours plein de bons sentiments et de déclamations théophilanthropiques. […] Il savait très-bien l’italien classique, celui de l’Arioste et du Tasse, lisait la prose anglaise, celle du temps de la reine Anne, ne savait pas l’allemand, ne lisait pas Hérodote ni Thucydide à plein courant, mais assez pour vérifier exactement les textes des citations. […] Daunou en des termes pleins de sympathie et d’élévation : on peut lire l’article reproduit dans les Dix Ans d’Études historiques.
Il remarque que pour1370 leur faire comprendre une tempête, le seul moyen est de leur rappeler tel orage qu’ils ont vu de leurs yeux, entendu de leurs oreilles, dont leur mémoire est encore pleine, et qui, par contre-coup, bruisse encore dans tous leurs sens. […] En voici un exemple : Macaulay réfute ceux qui ne veulent pas qu’on imprime les auteurs classiques indécents : Nous avons peine à croire, dit-il, que dans un monde aussi plein de tentations que celui-ci, un homme, qui aurait été vertueux s’il n’avait pas lu Aristophane et Juvénal, devienne vicieux parce qu’il les a lus. […] Ces généreuses paroles partent du cœur ; la source est pleine, elle a beau couler, elle ne tarit pas ; dès que l’écrivain parle de la cause qu’il aime, dès qu’il voit se lever devant lui la Liberté, l’Humanité et la Justice, la Poésie naît d’elle-même dans son âme, et vient poser sa couronne sur le front de ses nobles sœurs. […] Un quaker, qui fait une déclaration de foi en termes généraux, obtient le plein bénéfice de l’acte, sans signer un seul des trente-neuf articles ; un ministre indépendant, qui est parfaitement disposé à faire la déclaration demandée au quaker, mais qui a des doutes sur six ou sept des articles, demeure sous le coup des lois pénales. […] Là-dessus, Macaulay insère une dissertation de quatre pages, fort bien faite, pleine d’intérêt et de science, dont la diversité nous repose, qui nous fait voyager à travers toutes sortes d’exemples historiques, et toutes sortes de leçons morales.
Le dipsomane, en face d’un verre plein, l’avale ; et si une fée malfaisante le remplissait à mesure qu’il est vide, il ne s’arrêterait pas. […] Nous prions donc le lecteur de considérer ce qui va suivre comme un essai plein de lacunes. […] Mais lui, il avait toujours pleine conscience que les images qui étaient devant ses yeux n’étaient qu’un jeu de son imagination. » Une médication appropriée et quelques explications très lucides données par un professeur améliorèrent sa situation. « Le voile qui couvrait son esprit, après avoir été enlevé pour ce qui concernait les grands billets de banque, persista encore pour les petites valeurs, comme celle de cinquante centimes, dont l’image continuait à lui apparaître. » Puis finalement tous les troubles disparurent. […] Comme il y a des intermittences, des changements momentanés de direction, ces malades, qui ont une intelligence vive et une culture peu commune, ont pleine conscience de l’absurdité de leur état : l’idée fixe leur apparaît comme un corps étranger, logé en eux, qu’ils ne peuvent expulser ; mais elle ne parvient pas à les envahir tout entiers, elle reste une « idée délirante avortée ». […] Elle peut d’ailleurs nous inspirer pleine confiance.
Afin de rendre l’enseignement de la Parole plus direct et la réalité secrète plus sensible, les clercs s’avisèrent un jour de personnifier devant l’autel les Vertus Théologales et Cardinales, d’y faire défiler en somptueuses dalmatiques Moïse, Isaïe et tous les prophètes qui annoncèrent la venue du Christ, puis de dramatiser les Paraboles : celle des Vierges Sages et des Vierges Folles, avec leurs lampes pleines et leurs lampes vides, devant la porte où va passer l’Époux. […] Ses plus grandes œuvres sont pleines d’intermèdes comiques, de saillies burlesques, d’obscénités, par quoi il retenait l’attention des débardeurs de la Tamise, quitte aussitôt après à ravir les plus délicats par le débordement d’une ineffable poésie. […] À tout le moins, il sut opposer en son temps au vaudeville ainsi qu’au mélodrame où l’intrigue maîtresse se substitue à l’action, conséquence éloignée de la technique racinienne déchue, une forme moins abstraite, moins intellectuelle, pleine de ressources imprévues où la vie et la poésie pourront jouer. […] Mettons à part les sombres drames réalistes d’un homme de très grand talent, Stève Passeur, l’œuvre intellectuelle en milieu bourgeois de Gabriel Marcel, pleine de ressources puissantes et le premier essai dramatique de François Mauriac, Asmodée, entièrement conforme — faut-il le regretter ? […] François Porché qui n’a qu’à demi réussi à rendre à la « pièce en vers » son plein souffle.
On le trouve dans leur cabinet, à leur table, d’où il sort le dernier, plein d’admirations pour ce qu’ils ont dit et pour ce qu’ils diront. […] Or il sent qu’il mourrait, si, très nettement à ses yeux, avec une pleine évidence, sa vie n’avait pas de but, par conséquent pas de règle, pas de loi, pas de direction. […] La vérité est toujours devant lui, pleine et éclatante, en lui pleine et jaillissante ; et elle est ce qu’il croit pour le moment et ce qu’il croit toujours coin me s’il l’avait toujours cru, et ce qu’il est sûr d’avoir cru toujours. […] Un gallican est un catholique qui est plein de condescendance pour le pape et d’obéissance pour le roi de France. […] Sa coupe est pleine, son orgueil rassasié.
Le renard, le loup sont pleins d’initiative. […] La nature est pleine de contradictions. […] On le voyait tour à tour expansif ou taciturne, replié en lui-même ou plein d’une charmante gaîté. […] Son regard était plein d’angoisse. […] Des gens pleins de morale parlent.
Le luxe gothique s’y donna pleine carrière. […] On était en pleines luttes civiles. […] comme dit un autre poète, « nous sommes trop pleins du lait de l’humaine tendresse ». […] Il demeura debout, pour une génération nouvelle, comme le presque unique représentant du grand siècle, comme le dernier survivant de tant de grands hommes, et c’est alors qu’il conquit cette pleine autorité dont on a si souvent depuis et si vainement essayé de le déposséder. […] Le visage est plein, les lignes en sont fermes et nettes, dans les yeux et sur les lèvres un léger sourire dont la sérénité, dont la douceur étonnent.
Ce qu’il y a de pur dans les affections terrestres, l’âme des sens, l’étincelle créatrice, la particule sublime mêlée à l’alliage des passions grossières, tout cela lui appartient de plein droit. […] tu l’arrêtais par tes paroles pleines de bonté, par tes discours affables ? […] Le miel corrompu coule à pleins bords ; on marche jusqu’aux genoux dans les fleurettes artificielles de la décadence. […] C’est le type de la méchanceté jeune, grandiose, florissante, pleine de génie et d’avenir. […] On pourrait se représenter son œuvre comme un cabinet de consultations politiques plein de circuits et de dédales, avec des entrées et des issues doubles.
Mais ce testament plein de jolie extravagance, il le compose sur le modèle des testaments authentiques. […] Seulement, les yeux pleins de rêve. […] Il lui a semblé que cette existence était pleine de mensonges, de duperie et de vilenie. […] Ce sont de précieux livrets, tous pleins de bons préceptes et, en outre, de moquerie. […] D’ailleurs, il est tout plein de niaiserie.
Trop tôt ; car si elle eût tardé jusqu’à la Restauration, si elle eût débuté fraîchement à l’origine, elle aurait eu quinze années de pleine liberté et d’ouverte carrière à courir tout d’une haleine. […] Pour savoir le Nodier d’alors, c’est bien moins le Nodier d’aujourd’hui, trop lassé de s’entendre, qu’il eût fallu interroger, que le témoin mémoratif et glorieux d’un tel ami, lorsque dans la belle promenade de Chamars, si pleine de souvenirs (avant que le Génie militaire eût gâté Chamars), il s’épanchait en abondants et naïfs récits, et faisait revivre sous les grands feuillages d’automne les confidences des printemps d’autrefois, désespoirs ardents, philtres mortels, consolations promptes, complots, terreurs crédules, fuites errantes, une fenêtre escaladée, les années légères. […] Dans le Nodier d’aujourd’hui, à travers la fatigue, il y a encore, par accès, du montagnard élancé à haute et large poitrine, de même que dans celui d’autrefois et jusqu’en sa pleine force, on dut entrevoir toujours quelque chose de ce qui a promptement fléchi.
On en doute après cette froide controverse pleine de rhétorique et de pédanterie. […] »179 Ces détails de tendresse prévoyante et alarmée, cette émotion plaintive, ce ton plein de langueur et d’amour, sont dans Virgile. […] Je nourris celui-ci depuis longues années ; Il n’a sans mes bienfaits passé nulles journées, Tout n’est pas pour lui seul : mon lait et mes enfants Le font à la maison revenir les mains pleines ; Même j’ai rétabli sa santé, que les ans Avaient altérée, et mes peines Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin.
Ses odes sont pleines de leurs noms ; ses passions ou ses dégoûts, légers comme lui, leur donnaient tour à tour la vogue de son attachement ou l’infamie de ses injures. […] ……………………………………………………… ……………………………………………………… Tes vers en tout pays sont cités d’âge en âge ; J’ai vécu plus que toi, mes vers dureront moins ; Mais au bord du tombeau je mettrai tous mes soins À suivre les leçons de ta philosophie, À mépriser la mort en savourant la vie, À lire tes écrits pleins de grâce et de sens, Comme on boit d’un vin vieux qui rajeunit les sens. […] ……………………………………………………… ……………………………………………………… Profitons bien du temps, ce sont là tes maximes : Cher Horace, plains-moi de les tracer en rimes ; La rime est nécessaire à nos jargons nouveaux, Enfants demi-polis des Normands et des Goths ; Elle flatte l’oreille, et souvent la césure Plaît je ne sais comment en rompant la mesure ; Des beaux vers pleins de sens le lecteur est charmé ; Corneille, Despréaux et Racine ont rimé ; Mais j’apprends qu’aujourd’hui Melpomène propose D’abaisser son cothurne et de chanter en prose !
Je ne sais quel bon sens sauvage et naïf animait ses discours rares et pleins de justesse, de modération et de feu. […] Il me présentait la science sous un point de vue coloré et plein d’intérêt, au lieu de la réduire à je ne sais quelle analyse anatomique et morte, qui fait de la nature un squelette. […] Je m’arrêtai plein d’étonnement, je ressentais une ardente soif que j’étanchai dans le ruisseau voisin.
Molière eût pu trouver dans l’observation de la nature un moyen de la lui arracher une dernière fois ; mais soit fatigue après cinq actes si pleins, soit pitié pour la passion d’Arnolphe et souvenir de son propre cœur, Molière termine la pièce par un dénoûment postiche : il fait retrouver à Agnès un père dans un personnage venu d’Amérique, et son fiancé dans son amant. […] Ses colères contre sa fille Armande, sur le dos de laquelle il battrait volontiers sa femme, s’il n’était si bon homme ; sa résolution de résister à Philaminte, quand elle est loin ; sa première charge, pleine de vigueur, quand elle paraît ; le secours qu’il tire d’abord de son bon sens et de la révolte involontaire d’un esprit droit contre un esprit faux, puis, à mesure que Philaminte élève la voix, sa fermeté tombant, son caractère retirant peu à peu ce que son bon sens a avancé, le mari cédant avec la persuasion qu’il ne fait que transiger ; tout cela, c’est la nature observée avec profondeur et rendue avec la plus fine gaieté. […] Quant à l’Alceste du Misanthrope, si ce n’est pas là Molière tout entier, quoi de plus probable que, déjà trompé, mais toujours épris et plein de pardons, il ait peint dans Alceste ses emportements et son indulgence ?
J’ai le cerveau plein de terre. […] Tout ce qu’on prend d’abord pour une vérité Est comme ces beaux fruits des bords de la mer Morte, Qui, lorsqu’un voyageur à sa bouche les porte, Sont pleins de cendre noire et n’ont qu’un goût amer. […] Je ne suis plus ta dupe, Et jusqu’au dernier oripeau Je vais te dévêtir de ta royale jupe Pour te fouailler à pleine peau Quand il apostrophe l’Idée, il la traite de « catin » : Et pourtant, ces catins immondes, les Idées, On les engrosse pour engendrer le Savoir.
Et si la beauté rayonne dans Salammbô, la Tentation, Hérodias, la Légende, elle y est définie et corroborée par un réalisme historique plein de minutie. […] D’autres, pris, semble-t-il, avec une particulière conscience, au plein milieu de l’humanité courante, Charles Bovary, cet être essentiellement médiocre et chez qui une bonté molle ajoute à l’insupportable pesanteur morale, — Jacques Arnoux, plus canaille et plus réjoui, mais non moins irresponsable, béat, et odieux, traduisent tout ce que le type humain social de la moyenne contient de lourde bassesse et de haïssable laisser-aller. […] Comme M. de Maupassant le dit dans sa préface aux lettres de Flaubert à George Sand, même les romans, Madame Bovary, l’Éducation, bien que réalistes, pleins d’actes et de lieux précis, ont pour personnages principaux des êtres-si parfaitement choisis entre une foule de similaires, qu’ils représentent une classe, ou une espèce plutôt qu’un individu.
Les sens usés au service d’une intelligence immortelle, qui tombent comme l’écorce vermoulue de l’arbre, pour laisser cette intelligence, dégagée de la matière, prendre plus librement les larges proportions de son immatérialité ; les cheveux blancs, ce symbole d’hiver après tant d’étés traversés sans regret sous les cheveux bruns ; les rides, sillons des années, pleines de mystères, de souvenirs, d’expérience, sentiers creusés sur le front par les innombrables impressions qui ont labouré le visage humain ; le front élargi qui contient en science tout ce que les fronts plus jeunes contiennent en illusions ; les tempes creusées par la tension forte de l’organe de la pensée sous les doigts du temps ; les yeux caves, les paupières lourdes qui se referment sur un monde de souvenirs ; les lèvres plissées par la longue habitude de dédaigner ce qui passionne le monde, ou de plaindre avec indulgence ce qui le trompe ; le rire à jamais envolé avec les légèretés et les malignités de la vie qui l’excitent sur les bouches neuves ; les sourires de mélancolie, de bonté ou de tendre pitié qui le remplacent ; le fond de tristesse sereine, mais inconsolée, que les hommes qui ont perdu beaucoup de compagnons sur la longue route rapportent de tant de sépultures et de tant de deuils ; la résignation, cette prière désintéressée qui ne porte au ciel ni espérance, ni désirs, ni vœux, mais qui glorifie dans la douleur une volonté supérieure à notre volonté subalterne, sang de la victime qui monte en fumée et qui plaît au ciel ; la mort prochaine qui jette déjà la gravité et la sainteté de son ombre sur l’espérance immortelle, cette seconde espérance qui se lève déjà derrière les sommets ténébreux de la vie sur tant de jours éteints, comme une pleine lune sur la montagne au commencement d’une claire nuit ; enfin, la seconde vie dont cette première existence accomplie est le gage et qu’on croit voir déjà transpercer à travers la pâleur morbide d’un visage qui n’est plus éclairé que par en haut : voilà la beauté de vieillir, voilà les beautés des trois âges de l’homme ! […] Je ne compte que sur mes propres sentiments, et ce que je cherche avec elles, c’est moins la tendresse de leur cœur que celle du mien. » X Quinze jours avant sa fin, il écrivit encore des vers pleins des souvenirs de son amoureuse jeunesse.
Thucydide, historien des vingt-huit années de la Guerre de Péloponèse, est serré, avare de mots, plein de sentences, vif et subtil. […] Pindare, le chantre des Jeux olympiques, plein de hauteur et de verve, est hérissé de difficultés. […] Mais il est plein de peintures licencieuses, et pour en rendre l’usage innocent il faudrait l’estropier partout.
Ainsi, dans des hymnes sans exemple, rêveurs et dogmatiques, pleins d’imagination et de foi, le christianisme était chanté par le solitaire, comme il était fixé par les conciles et consacré sur les autels. […] Voici ce langage nouveau : « L’âme est un souffle de Dieu ; elle a, quoique céleste, admis le mélange de l’élément terrestre, lumière enfouie dans un antre obscur, mais divine et immortelle. » Parmi bien d’autres effusions poétiques de Grégoire de Nazianze, toutes pleines de l’esprit, souvent des expressions littérales de l’Écriture sainte, se rencontrent aussi de véritables hymnes, offrandes de l’évêque à son église, ou pieuses exclamations de sa solitude. […] Sans avoir la riche variété des mètres de Pindare ni l’audace de son langage, partout elle est élégante, neuve, singulière avec grâce, pleine du sentiment de la nature, et çà et là de quelques reflets égarés de l’imagination des sectaires orientaux.
Redemandant cette même faveur d’être aide de camp du roi pour la campagne qui suivit celle de Namur, et qui fut la dernière que fit Louis XIV, Lassay savait bien qu’il allait au cœur de Mme de Maintenon lorsqu’il insistait sur la prudence et qu’il disait bien plus en courtisan qu’en soldat : Si je ne regardais que mon intérêt particulier, par toutes sortes de raisons je souhaiterais ardemment qu’il (le roi) allât commander ses armées, mais je crois qu’il n’y a pas de bon Français qui doive souhaiter qu’il y aille : quand je songe à Namur, je tremble encore ; sans compter les autres périls, le roi passait tous les jours au milieu des bois qui pouvaient être pleins de petits partis ennemis ; on n’oserait seulement porter sa pensée à ce qui pouvait arriver : que serait devenu l’État, et que serions-nous devenus ? […] Je tiens ce détail d’un homme de ce temps-là et du nôtre, plein de littérature et de bons souvenirs, M.
Benoist s’est donné pleine carrière : c’est à l’endroit des Géorgiques (livre I, 322) où le poète, décrivant une tempête dévastatrice des moissons, montre les épais nuages qui viennent de la mer : Collectæ ex alto nubes. […] Paul Grimblot ; je mets ici le résultat de ces diverses consultations auxquelles Virgile trouve toujours son compte par quelque à-propos heureux et plein de grandeur : « En 1723, Swift publia à Dublin un de ses plus célèbres pamphlets, les Lettres d’un Drapier, contre le privilège donné à un certain Wood de frapper de la petite monnaie de cuivre pour la circulation exclusive de l’Irlande.
Jamais je ne serais sorti de moi-même de mes éternelles irrésolutions ; mais Dieu m’avait préparé en ce pays le secours dont j’avais besoin ; sa Providence, par un enchaînement de grâces admirable, m’a conduit au terme où elle m’attendait ; pleine d’amour pour un enfant rebelle, pour le plus indigne des pécheurs, elle m’arrache à ma patrie, à ma famille, à mes amis, à ce fantôme de repos que je m’épuisais à poursuivre, et m’amène aux pieds de son ministre pour y confesser mes égarements et m’y déclarer ses volontés. […] Il se cabrait en dedans ; il n’avançait qu’à son corps défendant et par manière de corvée dans cette carrière où, du dehors et pour le public, il avait l’air d’être lancé à plein collier et de vouloir distancer tous les autres : « (27 décembre 1817)… Je ne saurais prendre sur moi de travailler à mon deuxième volume.
Il est l’homme de la conversation à huis clos et des aparté pleins d’agrément. […] La réponse, fort détaillée, est pleine de modération, de maturité et de grâce.
Un biographe élégant, l’abbé de Marsollier, nous l’a peint avec une sorte de complaisance : « Il étoit à la fleur de l’âge, n’ayant qu’environ vingt-cinq ans ; sa taille étoit au-dessus de la médiocre, bien prise et bien proportionnée ; sa physionomie étoit heureuse et spirituelle ; il avoit le front élevé, le nez grand et bien tiré sans être aquilin ; ses yeux étoient pleins de feu, sa bouche et tout le reste du visage avoient tous les agréments qu’on peut souhaiter dans un homme. […] Vers 1672, la Trappe était arrivée à sa haute perfection, à sa pleine renommée monastique, et un monument original de plus s’ajoutait dans l’ombre à l’admirable splendeur qui éclaire ce moment de Louis XIV.
Ce n’est pas ce qui nous occupera chez Bayle ; nous ne saisirons et ne relèverons en lui que les traits essentiels du génie critique qu’il représente à un degré merveilleux dans sa pureté et son plein, dans son empressement discursif, dans sa curiosité affamée, dans sa sagacité pénétrante, dans sa versatilité perpétuelle et son appropriation à chaque chose : ce génie, selon nous, domine même son rôle philosophique et cette mission morale qu’il a remplie ; il peut servir du moins à en expliquer le plus naturellement les phases et les incertitudes. […] Il y a de ces existences pareilles à des arches de pont qui, sans entrer dans le plein de la rivière, l’embrassent et unissent, les deux rives.
Une comparaison fera mieux sentir ma pensée : à la renaissance des lettres, les premiers écrits qu’on a composé, ont été pleins de recherche et d’affectation. […] Vos paroles, votre voix, vos accents, l’air qui vous environne, tout vous semble empreint de ce que vous êtes réellement, et l’on ne croit pas à la possibilité d’être longtemps mal jugé ; c’est avec ce sentiment de confiance qu’on vogue à pleine voile dans la vie ; tout ce qu’on a su, tout ce qu’on vous a dit de la mauvaise nature d’un grand nombre d’hommes, s’est classé dans votre tête comme l’histoire, comme tout ce qu’on apprend en morale sans l’avoir éprouvé.
La perception extérieure d’un fauteuil n’est rien en dehors du fantôme de ce fauteuil ; quand, selon l’habitude, nous considérons ce fantôme comme un objet extérieur et réel, nous retranchons de la perception tout ce qui la constitue, et, d’un acte plein, nous faisons un acte vide ou abstrait. — Nous avons déjà vu plusieurs exemples de cette illusion ; nous en verrons encore d’autres ; c’est ainsi que naissent les êtres et les actes spirituels dont la métaphysique et la psychologie sont encore remplies. […] « Un soir, au moment où elle se couchait, l’appartement étant éclairé par une pâle lueur, elle voit son mari s’approcher d’elle avec précaution ; elle l’entend prononcer quelques paroles à voix basse, et sent sa main pressée par celle du défunt. » Pleine de doute et de surprise, elle retient sa respiration, le fantôme disparaît, et elle reconnaît qu’elle a été dupe d’une hallucination. — « Deux individus, dit Griesinger, peu de temps avant l’explosion de la folie, s’étaient beaucoup adonnés à la chasse ; chez eux, le délire roula longtemps sur des aventures de chasse.
René Gillouin Qu’il y ait depuis un certain nombre d’années un renouveau de la critique française, dans le sens large et plein du mot critique cela me paraît évident : les noms d’un Péguy, d’un Maurras, d’un Sorel suffiraient à indiquer les principales directions dans lesquelles s’est produit ce renouveau. […] René Gillouin qu’il est « évident », à prendre le mot critique « dans le sens large et plein », et M.
Il y a là encore des portraits, ceux de nos pères par l’esprit, de ces beaux génies qui, selon les paroles de Voltaire, « ont préparé des plaisirs purs et durables aux hommes qui ne sont point encore nés. » Rien n’a vieilli des jugements sommaires et pourtant si pleins qu’il en a portés ; la critique la plus profonde ne réussit qu’à nous en donner les motifs. […] Voltaire est plein de ce « superflu si nécessaire. » Mais à quoi bon énumérer lourdement des choses si légères ?
Les livres des Proverbes et de l’Ecclésiaste sont pleins de sentences qui, sous leur splendeur orientale, ne recèlent, comme les fruits de la mer Morte, que poison et cendres. « À une grande sagesse se joint un grand chagrin ; augmenter la science, c’est augmenter la douleur. » — « Et j’ai haï la vie, car tout ce qui se fait sous le soleil me déplaisait. » — « J’ai trouvé la femme plus amère que la mort, la femme qui est un piège, dont le cœur est un filet, et dont les mains sont des liens. » — Aux lueurs du bûcher de Sardanapale, les rêveurs de l’inassouvi et de l’impossible entrevoient en lui un ancêtre. […] Ses fragments sont pleins de pensées plaintives sur les misères de la vie et de la nature, pareilles à des fioles lacrymatoires qu’on trouverait, parmi des masques brisés, dans les ruines d’un théâtre.
Puis, tout à côté, parlant des journalistes du temps, il fait presque un éloge de Marat, dans lequel il ne voit guère qu’un Scythe ou un paysan du Danube dans la grande Babylone, et dont il dit pour toute critique : « il eut une âme pleine de sens, mais trop inquièt. ». […] Ce jeune homme blond, à la coiffure soignée, si plein de respect pour lui-même, et qui portait sa tête comme un saint sacrement, débitait ses discours écrits, à la tribune, carrément, symétriquement, d’un air impassible et compassé, d’une voix âpre et sèche, mais quelquefois aussi avec des adoucissements hypocrites de ton qui simulaient les caresses et les ondulations perfides du chat-tigre.
La foule, pleine de pitié, était sur le point de forcer les gendarmes et de venir à l’aide du malheureux qui avait subi cinq fois son arrêt de mort. […] Un écrivain plein d’âme et de talent l’a dit avant nous : C’est une horrible chose de conserver le bourreau après avoir ôté le confesseur !
Après avoir entendu la lecture (comme on aurait désiré que vous pussiez l’entendre, messieurs), de cette composition vraiment classique et pleine d’urbanité, le jury n’a pas été surpris de rencontrer le nom de l’auteur, M. […] N’écrivant que sous la pression d’une idée, son style serait toujours plein, vrai, naturel.
L’air était peint de cent couleurs : Jamais parterre plein de fleurs N’eut tant de sortes de muances. […] On lui donna le loisir de considérer les dernières beautés du jour, puis la lune étant en son plein, nos voyageurs et le cocher qui les conduisait la voulurent bien pour leur guide. » Ainsi se termine cette histoire de curiosité et d’amour, cette jolie histoire mythologique, par Acante, c’est-à-dire par Racine (et peut-être par La Fontaine) en extase devant un beau coucher de soleil ; puis revenant de Versailles à Paris par des paysages délicieux, sous la douce clarté de la lune.
J’ai entendu louer quelquefois des ouvrages latins modernes, en disant que le tour des phrases était très latin, que l’ouvrage était plein de latinismes. […] Mais Molière dont nous parlions tout à l’heure, et qu’on ne saurait trop citer ici, est plein de gallicismes ; aucun auteur n’est si riche en tours de phrases propres la langue française ; il est même, pour le dire en passant, beaucoup plus correct dans sa diction qu’on ne pense communément : d’après cette idée, un étranger qui écrirait en français, croirait, bien faire que d’emprunter beaucoup de phrases de Molière et se ferait moquer de lui ; faute d’avoir appris à distinguer dans les gallicismes, ceux qui sont admis dans le genre le plus noble, ceux qui sont permis dans le genre moins élevé, mais sérieux, et ceux qui ne sont propres qu’au genre familier.
Action et rêve se combinent ; il combat pour l’amour et rêve de liberté plus entière, il lutte pour la liberté et rêve d’amour plus chaleureux, avec les mêmes paroles ardentes et bouillonnantes où s’enfle et tourbillonne un plein souffle de nature. […] Aussi, en disant que Walt Whitman a le premier reconnu pleinement le caractère sacré de toute réalité, qu’il a contemplé d’un œil radicalement nouveau la plus infime partie d’univers, qu’il a enrichi d’un sens divin les plus coutumières actions de nos vies, qu’il a créé le sentiment de pleine confiance et de liberté envers nous-mêmes et envers les autres, qu’il a enfin (et c’est le point capital pour nous) positivement découvert un nouveau de la vie, je n’aurais fait que tracer la pâle esquisse d’une scène géante.
Qui n’a suivi parfois un de ces crieurs qui vont, le long des rues de faubourgs, portant en bandoulière un sac plein de journaux et de livraisons à bon marché ? […] Autour de moi, des abricotiers, non pas grêles et difformes comme ceux de nos vergers, mais des arbres de haute venue, aux formes pleines, aux feuilles luisantes et groupées en corbeilles ouvertes, couvraient le sol de leur ombre étoilée.
Dominium optimum signifia bien une pleine propriété, mais non plus domaine par excellence (domaine éminent). […] Mais Thucydide, cet écrivain plein de sens et de sagacité, nous en donne une indication précieuse : Les cités héroïques, dit-il, étaient toutes sans murailles , comme Sparte dans la Grèce, comme Numance, la Sparte de l’Espagne ; telle était, ajoute-t-il, la fierté indomptable et la violence naturelle des héros, que tous les jours ils se chassaient les uns les autres de leurs établissements .
Malgré le grand creux qu’il trouvait, dit-il quelque part, dans l’antiquité profane, il était en intelligence, en harmonie de l’âme avec cette poésie morale venue de Pythagore et déclarée sainte par Platon, toute pleine d’éclatantes peintures et de graves pensées, et souvent si chaste et si haute, que les premiers pères de l’Église l’accusaient d’avoir dérobé la parole de Dieu, comme Israël les vases d’Égypte, et que Clément d’Alexandrie en particulier prétendait noter dans Pindare bien des traits empruntés aux chants de David et à la sagesse de Salomon. […] C’est déjà la pleine lumière de ce bel âge de la Grèce qui commence à Eschyle et que couronne Platon, âge où le sublime, soit de la passion, soit même de la réflexion, a toujours la forme et l’accent de la poésie.
Il est vrai qu’il en a donné une légère parodie dans cet autre poème qu’on ne nomme pas, en disant : L’heureux Villars, fanfaron plein de cœur… Nous avons fini.
La prétendue incapacité était fondée sur le défaut corporel : « Le sieur de Pons a un corps bossu et contrefait ; il est moins homme que nain ; la singularité de son extérieur frappe de surprise et peut scandaliser les faibles. » — Je ne sais, répliquait l’abbé de Pons dans un factum plein de convenance, si l’amour-propre m’a fasciné les yeux, mais il me paraît que mon peintre n’a pas flatté son modèle, et que je puis à présent me montrer avec confiance.
Un grand bon sens, joint à des convictions religieuses très-sincères et à des affections monarchiques très-profondes ; beaucoup d’études, beaucoup de modération, quoique dans la première et fervente jeunesse, une probité pleine de désintéressement et même d’esprit de sacrifice, à un âge et dans des situations facilement accessibles aux vues ambitieuses : tels étaient les mérites et la physionomie bien rare de cette école du Correspondant, qui poursuit encore aujourd’hui ses honorables travaux dans la Revue européenne.
En vain les grands esprits de l’époque, Montesquieu, Buffon, Rousseau, tentèrent de s’élever à de hautes théories morales ou scientifiques ; ou bien ils s’égaraient dans de pleines chimères, dans des utopies de rêveurs sublimes, ou bien, infidèles à leur dessein, ils retombaient malgré eux, à tout moment, sous l’empire du fait, et le discutaient, le battaient en brèche, au lieu de rien construire.
Mais celle-ci n’aide point seulement les autres à produire leur plein effet : elle ajoute réellement quelque chose, elle ajoute beaucoup à l’ouvrage.
Mais sa prose est ferme, nette, toute pleine de pensée et chaude de sincérité.
« L’absurdité grandit comme une fleur fatale », grandit davantage aux jardins pleins d’odeurs mortelles de son cerveau — et, impitoyablement, il y répand de nouveaux poisons.
Ainsi, le jour même où le Symbolisme se croyait assuré de sa pleine cohésion et de la victoire définitive, un léger craquement lui présageait une scission prochaine.
Toutefois, dans le cours de ces soixante-quinze ans si pleins d’ardeur, d’élan, de foi en l’avenir, animés d’un si vif désir de changer les bases de la société existante, il y a un instant où les esprits conçoivent des pensées nouvelles et les cœurs des sentiments nouveaux.
Pétri de la plus vive sensibilité, emporté par un tempérament plein de bile & de feu, aigri par les contradictions, les circonstances de sa vie ont été la source de sa misanthropie, & cette misanthropie est devenue, à son tour, le véhicule de ses talens, En adoptant ces réflexions, il ne sera pas impossible d’expliquer pourquoi, avec des lumieres si supérieures, cet Ecrivain a avancé avec tant de sécurité tous les paradoxes qui se sont trouvés d’accord avec les dispositions de son humeur & la tournure de ses idées ; pourquoi le pour & le contre sont traités, dans ses Ecrits, avec la même force.
Le comedien recite ; mais celui qui joüe la tragedie crie à pleine tête.
Les poètes anciens sont pleins de ces sortes de présages.
Ces Philippiques 36 effroyables, ces furies lyriques, insinuées d’abord dans l’opinion comme un secret, puis y détonant comme une indiscrétion, n’étaient pas d’un pauvre poète obscur, plein de courage et de génie, qui aurait eu le temps de mourir de faim avant qu’on eût entendu s’élever sur sa lyre la voix divine de la justice.
Tel est le genre de phrases et d’odieux baragouin qu’on peut cueillir à pleines plates-bandes dans la partie de cette Correspondance où Madame Sand n’est que l’obscure Aurore Dudevant, et où, comme elle le dit avec une originalité si puissante, elle ne s’est pas encore « embarquée sur la mer orageuse de la littérature ».
Charrière, le secret politique ou social de son pays : Le voilà donc connu, ce secret plein d’horreur !
Et cependant, disons-le à son honneur, s’il ne l’a pas vu d’une pleine vue comme l’homme supérieur voit… il l’avait entrevu.
Il voit le capucin de l’Église romaine avec un dégoût, plein d’entrailles, il est vrai, car M.
c’est un panthéiste à pleines bordées ; panthéiste aujourd’hui comme il était matérialiste hier.
Et si Delille n’avait pas existé non plus, il aurait imité Fontanes ou quelque autre poète, — n’importe lequel, — et il l’eût imité non en se grimant péniblement, comme les faibles imitateurs, mais facilement, avec une appropriation pleine de force, en homme qui, s’il n’a pas les facultés créatrices du poète, a du moins des facultés poétiques d’une certaine puissance.
Il nous a rappelé cette torture sublime… Il ne l’aurait pas eue que sa Vie inquiète n’aurait plus été la Vie inquiète, au même degré du moins, et que sa poésie aurait manqué de ce qui touche le plus en elle : Heureux l’homme qui, jeune et le cœur plein de songes Meurt sans avoir douté de son cher Idéal, À l’âge où les deux mains n’ayant pas fait de mal Nos remords les plus vrais sont de pieux mensonges.
On trouve encore dans ce discours un morceau plein de force sur la lâcheté du tyran, qui, vaincu et sans ressource, n’avait pas eu, dit l’orateur, assez de courage pour ne pas tomber entre les mains du vainqueur.
Le spiritualisme circule à pleines bouffées dans toutes ces pages, dissipant de son souffle pur et salubre les nuages et les brouillards. […] Historiens de l’esprit, non seulement ils savent très bien ce qu’ils racontent, mais ils sont pleins de leur sujet. […] « Il avait alors, nous dit son historien, un peu plus de quatre ans ; sa taille était fine, svelte, cambrée, et sa démarche pleine de grâce ; son front large et découvert, ses sourcils arqués. […] Tous ses mouvements étaient pleins de grâce et de vivacité ; il y avait dans ses manières, dans son maintien, une distinction exquise, et je ne sais quelle loyauté enfantine qui séduisait tous ceux qui l’approchaient. […] Parfois, le sérieux de sa pensée donnait à sa parole un caractère plein de noblesse ; parfois, le naïf enjouement de son âge rayonnait, au contraire, sans désirs et sans regrets.
Brunetière dans son article de la Grande Encyclopédie, d’ailleurs magistral et plein d’idées solides. […] rougis de la réclame, et, plein d’une généreuse fierté, abandonne-la avec mépris à la médiocrité tapageuse. […] Une foule en marche, c’est la foule dans le plein sens du mot ; debout et immobile, elle a encore virtuellement toute sa force, puisqu’elle peut s’ébranler ; mais une foule assise n’est plus la foule, s’asseoir, comme M. […] Qu’elle se hâtât et amoncelât tout autour de moi, plus épaisse qu’allongée, plus pleine que durable. […] Hugo, en ce siècle, enfoncera tout le monde, quoiqu’il soit plein de mauvaises choses, mais quel souffle !
De la pleine lucidité d’esprit à l’activité mentale qui peut subsister dans le sommeil profond, il y a des degrés à l’infini. […] En quelques minutes à peine, nous aurions récapitulé tous les souvenirs précis qui nous restent de la journée la plus pleine d’incidents. […] Nous avons indiqué la marche typique, dans laquelle l’imagination atteint par degrés son plein développement. […] Jusqu’au terme de ma lecture, j’ai gardé ma pleine lucidité d’esprit. […] Le langage courant est plein de métaphores dégradées, atténuées, dernier résidu de ces images dont on s’était servi comme de symbole, dans la transition du concret à l’abstrait.
Hanotaux, qu’il considérait comme « un jeune publiciste, plein d’avenir ». […] Deux fois par semaine, il reçoit les solliciteurs dans un beau bureau blanc et or, exempt de moleskines administratives, et tout à fait ajusté à l’élégance de sa charge… Peintres en quête d’une commande, sculpteurs gros d’un chef-d’œuvre, musiciens pleins de chansons, comédiens frais rasés, collectionneurs, marchands, comédiennes gazouillantes, salonniers qui désirent les palmes, architectes à la recherche d’une bâtisse, décorateurs non décorés, gens de lettres qui voudraient inspecter quelque chose, c’est un long défilé dont s’amuse évidemment, sous un air de gravité obligatoire, la philosophie subtile et bienveillante de M. le Directeur. […] Je songeais aux enchantements de cette nuit unique, avec l’égoïste regret d’un buveur dont la coupe s’est brisée, encore pleine, et je ne plaignais que moi-même, en me rappelant l’hymen parjuré. […] Trop jeune et trop fleurie pour ne pas plaire, mais trop modeste pour songer à plaire, elle ne tient compte aux hommes que de leur mérite et ne croit avoir que des amis ; pleine de vivacité et capable de sentiments, elle surprend et elle intéresse et, sans rien ignorer de ce qui peut entrer de plus délicat et de plus fin dans les conversations, elle a encore ces saillies heureuses qui, entre autres plaisirs qu’elles font, dispensent toujours de la réplique : elle vous parlé comme celle qui n’est pas savante, qui doute et qui cherche à s’éclaircir, et elle vous écoute comme celle qui sait beaucoup, qui connaît le prix de ce que vous lui dites, et auprès de qui vous ne perdez rien de ce qui vous échappe. […] Belle et pleine d’amour à tes derniers moments, Pour que ceux qui liront ces paroles écrites En aiment mieux la vie et soient doux aux amants.
Au-delà du Rhin, la pensée religieuse, au contraire, se donnait un plein essor. […] Renan aux environs de ses vingt-cinq ans, fût enivré par la liqueur que l’Allemagne d’alors lui offrait à pleine coupe. […] Le révolutionnaire se réveille aussi dévot qu’aux heures d’enfance, et le désespéré aussi plein du songe bleu d’un paradis. […] Ils auraient développé leur pleine vigueur s’ils étaient nés dans un monde plus jeune. […] Taine sur les jeunes Français qui ont eu vingt ans vers 1880 et qui arrivent maintenant à leur pleine maturité.
Modérer la pensée, pour assurer la pleine énergie à l’action, — tel est le plus urgent principe d’hygiène sociale. […] Sa morale de résignation se trouve exercer ici son plein bienfait. […] que la pleine est triste autour du boulevard ! […] Ce roman ne doit-il pas, pour avoir sa pleine valeur de démonstration, épuiser les termes divers de tout problème moral et social qu’il aura soulevé ? […] Barbey prenait pour ce travail trois jours pleins, du jeudi au samedi d’ordinaire.
Le lecteur se console en s’empressant d’acheter un nouveau livre de Dumas, et en se replongeant à nouveau dans ce style animé, clair, vif, plein d’entrain et de verve. […] Tous les deux se formèrent par des voyages, tous les deux publièrent leur chef-d’œuvre dans la pleine maturité de l’âge, l’un à quarante-cinq ans, l’autre à quarante-quatre. […] Depuis le matin, le portail attendait ouvert à deux battants ; les bergeries étaient pleines de paille fraîche. […] C’est ainsi que nous ne saurions trop louer cet admirable tableau d’un prêtre plein de foi qui dit la messe dans une pauvre église de village. […] La petite église, l’étable blanchie, fut comme pleine d’une foule tiède.
On se demande où le poète a trouvé cette histoire pleine de héros et de traîtres : elle est sortie tout armée de son cerveau. […] Elle est à lui, bien à lui, et il n’y a pas de risque qu’on lui en conteste la pleine et entière propriété. […] Tarde, que l’avenir est à une conversation tranquille et douce, pleine de courtoisie et d’aménité. » On ne s’en douterait guère. […] Cela est plein de conséquences, parmi lesquelles il peut en être de fâcheuses ; car encore reste-t-il à savoir qui seront ces quelques hommes et qui mènera les meneurs. […] Il cultive ce genre de plaisanterie qui n’a toute sa saveur et son plein succès qu’autant que la galerie en est dupe.
Le terrain où il marche est glissant et plein de pièges. […] Le voici maintenant plein et achevé, « archipatelin, vrai Tartufe », tout confit de mielleuses et pieuses paroles. […] Nous savons leurs conditions, leurs caractères, leur langage ; nous voyons leurs habits, leurs demeures ; nous entendons les inflexions de leurs voix ; nous suivons les mouvements de leurs âmes ; nous les connaissons, nous nous intéressons à eux ; j’étais tout à l’heure involontairement plein d’irritation, de mépris, de pitié, de gaieté ; j’aimais ou je haïssais ; La Fontaine nous menait à Versailles ; nous apercevions par une échappée Louis XIV en manteau royal, les seigneurs pliés en deux dans les antichambres, les courtisans accrochant une pension ou une survivance, les bourgeois à leur comptoir et dans leur hôtel-de-ville, le curé expédiant sa messe, le paysan au travail, las et roidi dans sa souquenille trouée. […] Notre tête était pleine de formes, de couleurs, d’accents, de mouvements ; le spectacle des passions vivantes éveillait en nous des passions vivantes.
Ses observations sont si touchantes, les lois qu’il découvre si pleines de sagesse, qu’on se réjouit de ses victoires, et qu’on ne lui oppose qu’en tremblant les objections qui pourraient en arrêter le cours. […] Son style, plein de pompe et d’harmonie, manque de nuances, de sensibilité et de douceur, tandis que celui de Bernardin de Saint-Pierre, simple comme la nature, semble destiné à la peindre dans sa grâce et dans sa sublimité. […] Tantôt il voulait l’abattre, parce qu’il lui rendait trop sensible la longueur du temps qui s’était écoulé depuis le départ de Virginie ; tantôt, le considérant comme un monument de sa bienfaisance, il baisait son tronc et lui adressait des paroles pleines d’amour et de regrets. […] Il n’y a pas dans l’Océan une seule goutte d’eau qui ne soit pleine d’êtres vivants qui ressortissent à nous ; et il n’existerait rien pour nous parmi tant d’astres qui roulent sur nos têtes !
Un grand génie peut naître au sein d’une époque orageuse ; mais il y naît tout seul, et ses œuvres, pleines de cette grandeur déréglée qui ne plaît qu’à certains esprits, manquent de l’ordre et du goût qui rendent les écrits populaires. […] Les lettres, qui sont pleines de condescendance pour tout ce qui est de l’homme, et surtout pour les faiblesses des grandes âmes exprimèrent, sous mille formes cette faveur de l’opinion. […] Il fait pour la première époque des pièces toutes pleines d’amour : c’était le temps de la gloire sans revers, des amours qu’excusaient, aux yeux indulgents des contemporains, la jeunesse du prince, la froideur d’un mariage politique, le sérieux de la passion toujours conciliée avec les devoirs de la royauté. […] Ce fut Bossuet qui lui parla le premier, « avec le respect d’un sujet, mais aussi avec la liberté d’un prédicateur. » A ce jeune prince si porté à la tendresse, si bien fait, si magnifique, « dont les belles qualités, dit Mme de Motteville, causaient toutes les inquiétudes des dames », il peignit la violence des désirs de la jeunesse, « ces cœurs enivrés du vin de leurs passions et de leurs délices criminelles, l’habitude qui succède à la première ardeur des passions, et qui est quelquefois plus tyrannique247. » Il lui découvrit les pièges de l’impudicité, « laquelle va tête levée, et semble digne des héros, si peu qu’elle s’étudie à se couvrir de belles couleurs de fidélité, de discrétion, de douceur, de persévérance 248. » Il lui représenta le « plaisir sublime que goûtent ceux qui sont nés pour commander, quand ils conservent à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions ; qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, qui rend l’homme maître en lui-même249. » A ce roi si absolu, si maître de tout, si obéi, il montra le cœur d’un Nabuchodonosor ou d’un Balthasar, dans l’histoire sainte, d’un Néron, d’un Domitien dans les histoires profanes, « pour qu’il vît avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l’oubli de Dieu, et cette terrible pensée de n’avoir rien sur sa tête250. » Le premier, devant ce roi si plein de vie, et qui paraissait si loin de la mort, devant cette cour si attachée aux choses du monde, il ne craignit pas de soulever la pierre d’un tombeau, et d’y faire voir « cette chair qui va changer de nature, ce corps qui va prendre un autre nom, ce je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes251. » A ce roi entouré de tant de faveur, d’une si grande complaisance des jugements humains, il révéla les secrets de la justice « de ce Dieu qui tient un journal de notre vie, et qui nous en demandera compte dans ces grandes assises, dans cette solennelle convocation, dans cette assemblée générale du genre humain252. » Ce qui sied le mieux à l’âge où l’imagination et la passion dominent, ce sont de fortes peintures.
Il arrive ainsi qu’une série secondaire d’images et d’actes corrélatifs se développe automatiquement, au milieu de ma conscience non pas vide, mais très pleine et presque tout entière occupée par d’autres idées. […] Supposez maintenant que mon esprit, au lieu d’être plein, soit relativement vide, que l’oubli porte sur mes idées ou motifs personnels, que toute mon attention disponible soit au contraire concentrée sur l’idée fixe et impulsive que la suggestion a introduite artificiellement en moi, le seul mot de canif, prononcé par l’hypnotiseur, éveillera l’image du canif et de son emploi, avec les autres idées associées et avec les mouvements associés aux idées. […] Quand arrive l’occasion extérieure indiquée pour l’exécution de l’ordre, l’idée reparaît tout à coup par association dans la conscience, sans que le moi du plein jour sache de quelles profondeurs nocturnes elle lui est venue : c’est l’analogue du chiffre cinq qui semble surgir par la volonté de l’hystérique alors qu’il a été suggéré du dehors. […] L’hystérique joue deux rôles à la fois et s’identifie avec ses deux rôles, comme un acteur qui jouerait un duo à lui seul, et qui serait tellement plein de son sujet qu’il se croirait successivement Pauline et Polyeucte, oubliant Polyeucte quand il est Pauline, Pauline, quand il est Polyeucte.
……………………………………………………… ……………………………………………………… XI Après nous être écrit tous les hivers d’innombrables lettres et des volumes de vers sur nos impressions, sur nos lectures, sur nos philosophies, sur nos rêves d’adolescents, nous nous réunissions tout l’été et tout l’automne, tantôt au Grand-Lemps, dans la sévère maison de madame de Virieu, semblable en tout à un cloître autour d’un tombeau, plein de tristesse, de méditation et de silence ; tantôt dans la vallée de Chambéry, dans la petite maison de Bissy, chez une tante hospitalière de Louis de Vignet ; plus habituellement et plus longuement chez Prosper de Bienassis. […] Je cherchai un abri contre les premières ondées de pluie sous un petit rocher qui s’avançait en demi-voûte le long du rivage ; deux petits bergers du pays, et un vieux mendiant de Genève qui regagnait la ville, sa besace pleine de châtaignes et de morceaux de pain, s’y étaient abrités avant moi. […] Son salon était plein de promesses, presque toutes ont été justifiées depuis ; elle avait le tact de l’avenir d’un homme. […] Au comte d’Orsay Quand le bronze écumant dans ton moule d’argile, Lèguera par ta main mon image fragile À l’œil indifférent des hommes qui naîtront, Et que, passant leurs doigts dans ces tempes ridées Comme un lit dévasté du torrent des idées, Pleins de doute, ils diront entre eux : de qui ce front ?
Balzac était l’aurore, Zola était le plein jour. […] Les savants, malgré leur persévérance et leurs travaux assidus, sont loin d’avoir la pleine connaissance du cosmos ce qu’ils en savent n’est rien en comparaison de ce qu’ils en ignorent. […] Zola en profite pour esquisser la silhouette du scieur de long qui se découpe en vigueur sur la terre aride par un plein soleil. Il profite aussi de la pleine lune pour nous faire observer que les piles de bois, rangées en carrés réguliers, projettent leur ombre et figurent assez bien un gigantesque damier.
Swift est devenu comme le bouc émissaire de ce volume qu’il termine et qui est, à tous les autres endroits, si plein de rayons.
Si Racine, dans les vingt-six années environ qui forment sa pleine carrière depuis les Frères ennemis jusqu’à Athalie, avait eu le temps de voir une couple de révolutions politiques et littéraires, s’il avait été traversé deux fois par un soudain changement dans les mœurs publiques et dans le goût, il aurait eu fort à faire assurément, tout Racine qu’il était, pour soutenir cette harmonie d’ensemble qui nous paraît sa principale beauté : il n’aurait pas évité çà et là dans la pureté de sa ligne quelque brisure.
Lorsque Tibulle, le plus affectueux après Virgile, et le plus doux des Romains, dit à sa Délie, en des vers pleins de tendresse, qu’il ne demande avec elle qu’une chaumière et la pauvreté, il mêle encore à l’idéal de son bonheur ces images du labour : Ipse boves, mea, sim tecum modo, Delia, possim Jungere, et in solo pascere monte pecus ; Et te dum liceat teneris retinere lacertis, Mollis et inculta sit mihi somnus humo.
Tous ses tableaux sont pleins d’imagination ; et ses harangues sont, comme celles de Tite-Live, de la plus belle éloquence : lorsqu’il raconte les malheurs attachés aux troubles civils, il jette de grandes lumières sur les passions politiques, et doit paraître supérieur aux écrivains modernes qui n’ont que l’histoire des guerres et des rois à raconter.
Mais il paraît que Prétextat, vieux prêtre blanchi dans le saint ministère, et plein d’une terrible expérience, — d’ailleurs préparé au choc par les précédents aveux de la reine, déjà si semblables à de cyniques défis, — doit être surpris par sa dernière révélation, au point d’en perdre subitement et complètement la tête.
Ce type lui est d’abord apparu sous les traits de Saint-Mégrin, dans son drame de Henri III ; puis quand il a cédé à l’influence transitoire de la passion révolutionnaire, sous les traits de Robespierre dans l’histoire, d’Antony dans le drame ; dès que la passion de 1830 est refroidie, on voit reparaître dans ses ouvrages toute une famille de personnages dont Saint-Mégrin est l’aîné, intelligences avisées et pleines de ressources, caractères sans peur et sans scrupules, poignets vigoureux, beaux joueurs qui se font place dans le monde à la pointe de l’épée et de l’esprit : Saint-Mégrin, dans Henri III ; d’Artagnan, dans les Mousquetaires ; Bussy, dans la Dame de Monsoreau… Sans doute, M.
Vielé-Griffin, après quelques tâtonnements, écouta des cantilènes victorieuses dire les paroles de sa pensée, laissa toutes ses idées s’épanouir sans contrainte à la pleine joie du soleil.
Thomassin (Tommaso-Antonio Vicentini), le fameux Trivelin du dix-huitième siècle, lorsque, valet de Don Juan, son maître l’obligeait à faire raison à la statue du commandeur, faisait la culbute, le verre plein à la main et retombait sur ses pieds sans avoir répandu une goutte de vin.
Elle me paraît toute pleine de Lucifers.
À la vérité, il a excellé dans ses portraits et je trouve ses comédies si pleines de sens, qu’on devrait les lire comme des instructions aux jeunes gens, pour leur faire connaître le monde tel qu’il est… » Il ne faut accueillir toutes ces assertions qu’avec beaucoup de réserve.
J’y déplorai la mort d’un familier, d’un probe écrivain qui n’a pas eu le temps de donner sa mesure pleine, mais que j’aimais : Léon Dequillebec, ancien secrétaire de rédaction de la Plume, et mon éminent ami Laurent Tailhade avait dû subir une cruelle épreuve, l’ablation de l’œil droit.
Mais c’est rue de Vaugirard, dans un confortable hôtel tout proche de l’Odéon, où il avait été installé, dans la suite, sous les auspices de Maurice Barrès, que les mercredis de Verlaine battirent leur plein.
Au reste, le style de cette pièce est plein de verve et rachète, autant qu’il est possible, le défaut du sujet85.
Tantôt agréable & piquant, un bon mot lui suffit pour faire sentir l’absurdité d’un Ouvrage : tantôt plein de force & d’énergie, un seul trait parti de sa plume devient le fléau du vice & l’hommage de la vertu.
D’ailleurs tout est pour cet âge l’occasion d’un plaisir plein d’attraits.
Toute la Grece étoit encore pleine d’asyles également respectez des deux partis.
Il est étonnant que ce problème si exactement formulé par un esprit aussi juste et aussi plein de raison n’ait pas été le simple corollaire du don primitif de la parole.
C’est ce style faux, guindé, prétentieux, plein de cailletage, mortel à la gaieté, qu’il veut inspirer, et dont la sécheresse n’empêche pas la prolixité.
Le récit qu’elle nous fait est si spontané, qu’il est plein de choses contradictoires, et c’est là même une garantie de sa vérité d’impression.
Toute cette partie de l’ouvrage de Huc, avec sa science très vivante et très appuyée, n’en justifie pas moins l’épigraphe chinoise pleine de tristesse qu’il a mise au frontispice de son histoire : « Oh !
L’histoire est pleine de favoritismes de tous les genres… On sait comment Alberoni s’y prit pour se concilier la faveur du duc de Vendôme, mais sans être immonde comme cet homme d’esprit, un sot, oui !
Or, il est bien certain que cette chose est commune à Hérodote, ancien et véritable historien, aussi bien qu’à ces poètes, afin que je passe sous silence ce qu’il a de particulier en ce qui sent à plein son vrai chrétien. » L’expression va peut-être un peu loin, mais au fond Saliat a raison.
Elles sont, de détails épinglés, trop allemandes, et elles attendent la main d’un artiste qui taillera là-dedans quelque grande œuvre pleine d’unité, d’autorité et de mouvement.
Il est plein d’un talent impétueux, sanguin, souvent incorrect et confus, quelquefois grossier, mais toujours passionné et chaudement pittoresque.
déshonoré en l’écrivant… Un immense mensonge s’est étendu sur elle, comme la nuée, pleine de feu, qui devait pleuvoir sur Sodome… L’auteur des Ruines de la Monarchie française — de cette histoire d’où il ressort pour conclusion la thèse historique de la vérité absolue de la Monarchie — ne sera pas même discuté par les petits traîneurs de fétus qui fourmillent dans le journalisme contemporain.
Avec leurs tourbillons, leur vide et leur plein, leur dynamique, leurs harmonies préétablies, leurs idéalismes impossibles, ce sont de grands poëtes, mais abstraits, — des faiseurs, comme dit le mot poëte, des créateurs de puissantes ou d’impuissantes chimères, car l’homme n’invente réellement que sur le terrain de l’imagination : mais Dieu lui donne et il reçoit seulement sur celui de la vérité.
Il résulterait de cet exposé rapide et plein, qu’Étienne Boileau et ses successeurs auraient appliqué ce principe éternel et sauveur de l’association sur la plus vaste échelle, et que les résultats qu’ils avaient obtenus étonneraient et raviraient notre sentiment démocratique d’aujourd’hui.
Les rois qui restent encore en Europe à cette heure ont déjà plein la bouche de ce flot révolutionnaire, qu’ils n’ont pas la force de rejeter et qui les étouffera demain.
l’auteur de l’Être social n’est pas un rhéteur, une âme vide de rhéteur ; c’est, au contraire, une âme pleine d’illusions généreuses, quand il faudrait être, pour peu qu’on ait à juger l’anarchie des opinions et des sentiments moraux de cette babélique époque, un moraliste sans pitié.
Et soyez sûr qu’il a conscience de ce privilège de jeunesse immortelle, qui ne révèle sa durée que par le temps qu’il faut aux choses humaines pour atteindre à leur perfection ; soyez-en sûr, car, aujourd’hui, dans le plein jour de ses Œuvres complètes, il a daté avec insouciance tous ses poèmes et s’est vanté très-haut de son droit d’aînesse dans la littérature du xixe siècle.
C’est un poëme d’haleine longue et de touche franche, — trop forte pour être un effort, — et qui a douze chants pleins, ni plus ni moins qu’une épopée !
Puisqu’il a résisté si longtemps aux gymnastiques assassines pratiquées sur les organes de son génie, c’est qu’il était né plein de force, fait pour croître, robuste et gracieux, dans la simplicité et dans la lumière, semblable à l’Astyanax nu du tableau, au bonnet d’azur, parsemé d’étoiles !
Il est des gens qui s’y tromperont sans doute, qui prendront le mur plein d’ombre pour l’homme qui s’y appuie, la matière qui se montre, en ces poésies, pour l’âme qui s’y cache, et le dessus pour le dessous.
Dans Le Drack, où il nous fait passer par toutes les nuances de la peur surnaturelle, il entremêle au pathétique de son sujet des vers charmants : Ce sont les fleurs les plus étranges Et des fruits d’un goût sans pareil, Des orangers remplis d’oranges, Dans des champs tout pleins de soleil !
Levallois est Normand, mais je le crois même de la ville de Corneille, ou s’il n’en est pas, il y a beaucoup vécu, dans cette ville plus pleine à présent de Corneille, privilège de la mort et de la gloire !
Jamais la question du mariage du prêtre et des épouvantables conséquences individuelles et sociales dont il est plein n’a été éclairée d’une lueur plus pénétrante et plus belle.
On peut y reconnaître la dernière lie de cet esprit gaulois, déjà entaché de grossièreté vulgaire dans son plus beau temps, de cet esprit sensé et ironique qui s’étend, croit-il, à la pratique de la vie, et dont Molière fut la coupe pleine et Béranger la dernière gouttelette, car La Fontaine eut beau être Gaulois, il aima l’idéal, le divin bonhomme, et plus que Louis Tieck, il a du bleu autour de la pensée.
Car s’ils ont la pensée, ce serait l’acte, au sens plein du terme.
Toute l’ancienne géographie est pleine de semblables aræ ; et pour commencer par l’Asie, Cellarius observe que toutes les cités de la Syrie prenaient le nom d’Are, avant ou après leurs noms particuliers ; ce qui faisait donner à la Syrie elle-même celui d’Aramea ou Aramia.
Mais ce que ces vers décrivent nous frappe du moins par une vérité de couleur qu’atteste un voyageur érudit, plein des souvenirs du même lieu.
Même Joseph Delorme, le seul de ses livres qui semble appartenir au mouvement de 1830, est plein de choses qu’on n’a comprises qu’en 1880 et qui ont été bafouées dans leur nouveauté. […] D’un rêve d’or et de sang, bellement théâtral, il fait des poëmes sans pensées et pleins de mouvement et de couleur, des vers sonores et rudes. […] La Ville lui apprit que les Champs, pour elle, constituent une ultima Thule et il chante les Champs avec l’accent d’un campagnard qui sait, plein de ruse, comment présenter aux citadins, pour les étonner, les simples fruits. […] Carrière, le plus contesté des artistes par la critique officielle, parce que, sans doute, il apporte les plus précieuses nouveautés, a été blessé par l’erreur où nous induisent les effets de l’immédiat, les pleins jours, les midis de la distance. […] Quelques poëtes très jeunes et pleins de bonne volonté, mais qui, sans doute, ignoraient trop, sont, j’espère, en train d’acquérir ce qui leur manque.
Plein de bonne foi, il soutenoit des gens qu’on accusoit d’en manquer. […] Plein d’une noble audace, il s’élança contre ses ennemis, & les attaqua par l’endroit le plus sensible. […] « Ce seroit, dans leurs principes, faire injure à la divinité d’imaginer que cet être, plein de bonté & de justice, fût capable de punir nos fautes par une éternité de tourmens ». […] La palme n’indique pas toujours le martyre : des phioles teintes de rouge ne constatent pas des phioles qui ont été pleines de sang. […] Son stile est plein de feu, mais sans correction & sans décence.
Des amis (jamais assez remerciés), qui présumaient trop bien de moi et du public, avaient cru pouvoir tenter, avec mon plein consentement, cet appel à l’intérêt de la nation, appel glorieux quand il est entendu, pénible quand il trouve les contemporains sourds. […] la religion recevra des hommes les temps qu’ils doivent au Tien (Dieu). » Les cinquante-huit chapitres du livre de Confucius sont partout pleins de ces maximes de religion rationnelle et de ces règles de gouvernement par la conscience. […] Plein de mépris pour de tels souverains, pourrait-il me tomber en pensée de marcher sur leurs traces ?
Les cheveux flottaient sur ce front en grandes boucles, les yeux noirs perçaient comme des dards émoussés par la bienveillance ; ils entraient en confidence dans les vôtres comme des amis ; les joues étaient pleines, roses, d’un teint fortement coloré ; le nez bien modelé, quoique un peu long ; les lèvres découpées avec grâce, mais amples, relevées par les coins ; les dents inégales, ébréchées, noircies par la fumée du cigare ; la tête souvent penchée de côté sur le cou, et se relevant avec une fierté héroïque en s’animant dans le discours. […] « Peu habitué à être fêté ainsi, Honoré revint à Tours la tête pleine de joyeux souvenirs, le cœur rempli d’affection pour ces chers grands parents dont il me parlait sans cesse, les décrivant de son mieux, ainsi que leur maison, leur beau jardin, sans oublier Mouche, le gros chien de garde avec lequel il s’était lié intimement. […] « “La vivacité d’impression que mes chagrins te causent devrait m’interdire de t’en parler, mais le moyen de ne pas épancher mon cœur trop plein près de toi ?
— Toi, tu ne partiras pas, me dit cette femme pleine d’entêtement, je ne veux pas que tu partes ; tu te sauveras dans les bois avec Jean Kraft, Louis Bême et tous les plus courageux garçons d’ici ; vous irez par les montagnes, en Suisse, et Catherine et moi nous irons près de vous jusqu’à la fin de l’extermination. » Alors la tante Grédel se tut d’elle-même. […] Goulden rassurèrent la tante Grédel et Catherine, qui s’en retournèrent aux Quatre-Vents, pleines de bonnes espérances. […] M. le sous-préfet dit : « Voilà un garçon plein de santé. » Ces mots me mirent en colère ; malgré cela, je répondis honnêtement : « Mais je suis boiteux, monsieur le sous-préfet. » Les chirurgiens me regardèrent, et celui de l’hôpital, à qui M. le commandant de place avait sans doute parlé de moi, dit : « La jambe gauche est un peu courte.
Tu m’avais abandonnée sur un rocher ; mais mon âme était toujours pleine de ton image. […] Ce fut dans une de ces fêtes qu’on vit la tendre Minona s’avancer, pleine de charmes. […] La voix d’Alpin était pleine de charmes ; l’âme de Ryno était de feu ; mais alors ils étaient descendus dans la tombe, et leur voix ne retentissait plus dans Selma.
Bref je suis né en 1862 et tout plein de reproches contre mille choses que j’ai vues, je n’imagine cependant rien de mieux que l’air que j’ai respiré de ma naissance à cette année 1922. […] Léon Daudet a formulé, lyriquement, une opinion qui est à retenir : « Tu es faible aujourd’hui, jeune homme plein d’espoir. […] Han Ryner Les cent années écoulées de 1800 à 1900 sont trop pleines et glorieuses pour ne pas former deux siècles au moins.
Notre esprit est plein des images du Dieu des Oraisons funèbres, de ce « grand Dieu » qui tient dans ses mains le fil des affaires humaines, et qui fait et défait les empires. […] C’est plus qu’un style, c’est l’image même d’un homme de génie sortant du recueillement où il a préparé son âme plutôt que ses paroles, et jetant de fougue sur le papier des pensées dont il est plein et des expressions qui vont s’y ajuster d’elles-mêmes. […] Il avait à la fois la facilité et le feu, une voix pleine et pénétrante.
L’isthme qui rattachait le promontoire du mont Athos à la terre ferme, avait été coupé par un canal assez large pour que deux trirèmes pussent y passer de front, à pleines voiles. […] Le Macédonien lui apportait le plein pardon de Xerxès, la restitution de son territoire augmenté du morceau de la Grèce qu’elle voudrait y joindre, la reconstruction des temples détruits. — Quelle folie ce serait aux Athéniens de poursuivre cette guerre sans espoir ! […] La Grèce, se sentant à la fleur de l’âge, pleine de sève et de vie, prenait pour patronne l’immortelle Jeunesse.
Sadia Lévy : le tourment comme sacré du Verbe et du Rythme, leur essence et leur mystère en l’entre-pénétration émotive des Formes, ce poète plein de merveilles les incarne et les exprime avec intensité. […] Pierre Fons, plein de méditation, évocateur en un sens évolutionniste. […] De l’intuition et de la science en poésie Si nous nous en tenons à l’acception vulgaire et d’ailleurs originelle du mot : « inspiration », pour caractériser le suprême, le plein et comme impersonnel instant du chaleureux travail poétique, nous le trouvons l’expression d’une sorte de désordre vaticinateur que l’on entend encore du génie, d’un enthousiasme surnaturel, et comme d’une horreur sacrée de Visitation divine.
3 janvier Dans le petit salon d’Édouard Fournier, tout plein de monde à ne pas respirer, je m’assieds sur une chaise, près d’une table, en face d’un couple étrange. […] Il a monté, à Vaugirard, une imprimerie toute pleine de prêtres interdits, de sacripants défroqués, de Trompe-la-mort, en rupture de grâce, qui, à la vue d’un commissaire de police, s’effarouchent vers la porte. […] Il nous disait encore que, lorsque le fils du ministre de Turquie est pris de nostalgie, il vient s’enfermer une journée chez lui, regarde ses tableaux, prend une tasse de café fait à la mode des siens, dans une tasse de son pays, et s’en va plein de son soleil et de sa patrie pour huit jours.
La suppression de la vanité vient d’une mesure exacte de soi, d’une coordination meilleure des phénomènes mentaux ; ayez pleine conscience de vous-même, réfléchissez sur vous-même, et vous vous ramènerez pour vos propres yeux à de justes proportions. […] Qui ne connaît les vers tant cités sur Une charogne : Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d’été si doux : Au détour d’un sentier une charogne infâme, Sur un lit semé de cailloux, Les jambes en l’air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d’exhalaisons. […] J’ai peur du sommeil comme on a peur d’un grand trou, Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où ; Je ne vois qu’infini par toutes les fenêtres314… A toute heure, à tout propos il a l’esprit rempli de la l’idée de mort : Plus encor que la Vie, La Mort nous tient souvent par des liens subtils315.
Parmi les hommes, les uns meurent pleins de jours, riches et heureux, les autres dans l’amertume de leur âme, sans avoir goûté aucun bien ; et cependant tous dorment ensuite également dans la poussière, et les vers rampent également sur leurs cadavres ! […] « Mais je me sens plein de réponses, et l’inspiration qui m’oppresse soulève mes flancs. […] Ce monde n’est qu’un crépuscule, la pleine lumière n’est qu’au-delà du tombeau.
VIII Dante ne trouvait donc rien d’épique autour de lui dans l’histoire d’Italie qui pût servir de texte à son imagination ; mais le monde théologique était plein de dogmes nouveaux, de foi savante ou de foi populaire, de croyances surnaturelles, de vérités morales ou de fantômes imaginaires, flottant pêle-mêle dans le vide de l’esprit humain, comme les figures tronquées des rêves au moment d’un réveil. […] XIX Mais, avant de feuilleter avec vous page à page, ces trois poèmes en un, l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis, poèmes pleins de tant de splendeur de style et de tant de ténèbres d’idées, disons un mot des différentes interprétations que les traducteurs ou commentateurs français ont données du sens métaphysique de la Divine Comédie. […] À neuf ans, à un âge dont l’innocence ne laisse rien soupçonner d’impur, il rencontra dans une fête de famille Béatrice, jeune enfant, pleine de noblesse et de grâce.
Lucrèce, Virgile, Horace, sont pleins de cette contradiction. […] I Dès qu’il se prit à réfléchir, l’homme dut jeter sur le monde animal un regard plein d’une curiosité inquiète et troublée. […] Lewes, ordinairement sévère jusqu’à l’injustice pour les écrits scientifiques d’Aristote, s’avoue désarmée devant la magistrale ordonnance, les vues pleines de pénétration et de grandeur du Περί ζώων γενέσεως.
Je me trompe peut-être, mais j’espère, à cette heure, qu’un vent rafraîchissant va souffler, et que, pour peu que les esprits s’apaisent, cette terre française est encore assez riche, généreuse et pleine de suc nourricier pour faire pousser et lever une génération, une moisson d’hommes, une légion nouvelle de penseurs. […] Cela est vrai, elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. […] Ce misérable Kotzebue, par exemple, qui écrivit Misanthropie et repentir, était un chantre de l’humanité heureuse, parfaite, morale ; il se disait plein de mansuétude pour toute chose, et au fond, on sait trop ce qu’il aimait : l’argent et l’intrigue. […] Loin de vous quereller allez songer à vous unir, pour bien divertir les dieux. » La péroraison de cette oraison funèbre est pleine de la pompe du temps : c’est du Bossuet excentrique : « Ah ! […] Sans doute, les dépouilles de Molière sont enfouies dans le vaste ossuaire des catacombes, parmi ces générations accumulées de Parisiens qui forment comme la poussière d’un passé sur lequel vit, s’agite, va, vient et palpite la grande ville toute pleine encore du génie, de la pensée et du rire de ce Mort.
Et pourtant la tradition est là, elle coule à pleins bords, et en nous, et autour de nous. […] La critique du capitalisme est déchaînée, coule à pleins bords. […] Comme lui, il est mal à l’aise dans le viager, ce viager qui coule aujourd’hui à pleins bords. […] Dans cette Église spéculative et enseignante, le laïcisme coule à pleins bords. […] Et il s’offre aux électeurs avec des affiches pleines.
C’est un mot générique qui a toûjours besoin d’un autre mot qui le détermine ; & quand on dit, voilà un ouvrage plein d’esprit, un homme qui a de l’esprit, on a grande raison de demander duquel. […] Ces deux vers pleins de force & d’élégance, sont le meilleur modele de la Poésie. […] La liberté & la douceur de la société n’ayant été long-tems connues qu’en France, le langage en a reçu une délicatesse d’expression, & une finesse pleine de naturel qui ne se trouve guere ailleurs. […] On peut dire en vers : Un coursier plein de feu levant sa tête altiere. […] croira-t-on aisément sur la foi de Tite-Live, que le roi Porsenna s’enfuit plein d’admiration pour les Romains, parce qu’un fanatique avoit voulu l’assassiner ?
Chaque fois qu’il parlait du Maître, c’était avec des yeux pleins de larmes. […] Toujours plein d’égards pour lui, Daudet ne disait jamais que : « Mon vieux Goncourt. » Cet ancêtre illustre, ce Chateaubriand du Réalisme, était alors en pleine renommée. […] Il avait une conversation curieuse et, en art et en peinture, pleine de fines remarques. […] La pension Laveur avait encore en 1895 ses salles pleines d’étudiants, médecins ou futurs magistrats, qui allaient demander à sa saine cuisine l’illusion de la vie provinciale et bourgeoise. […] Le domestique de Chateaubriand donnait des leçons d’exactitude à l’auteur d’Atala ; celui de Maupassant est un homme plein d’admiration et de respect pour son maître.
la science obligeant la liberté de l’esprit humain au joug des lois de la nature et s’imposant comme d’autorité ; l’art, au contraire, échappant à la contrainte de ces lois et rendant l’intelligence à la pleine possession d’elle-même ! […] Où sont-ils, dans Werther, dans René, dans Oberman, dans Adolphe, ces « princes qui se promènent incognito avec des diamants plein leur poche » ? […] Agir en roi, parler en médecin, ces expressions ont du sens, un sens plein et déterminé. […] C’était, avec cela, le plein monde réaliste, et vous eussiez dit un chapitre détaché des Souffrances du professeur Deltheil. […] Boulard, libraire de Monseigneur, de lui envoyer quelque chose de fameux pour une personne du sexe, qui était pleine d’esprit.
Dès qu’il arrive à la pleine possession de son talent, le dessin l’emporte chez lui sur la couleur. […] Il n’est pas encore arrivé à la pleine conscience de lui-même ; il est bien près d’y atteindre. […] Immobiles et pensives, les forêts reposent pleines de ténèbres, projetant leurs grandes ombres. […] Il posa son fusil, et plein de tristesse, il s’assit sur le rivage de la mer. […] Les relations de l’autocrate avec Gogol sont pleines d’enseignements ; elles nous montrent l’impuissance du pouvoir absolu contre ses propres conséquences.
Il a le teint assez blanc, est blond de poil, et le visage plein. […] Couat est intéressant, bien écrit, plein d’aperçus et de rapprochements ingénieux, de ne pas lui donner précisément une bonne note. […] Le présent est plein d’odieuses choses. […] Ils vont : le jaune blé tombe à faucille pleine. […] … Je sens mon cœur aussi plein de sentiments délicieux et tristes que dans les premiers accès de fièvre de ma jeunesse.
Par la vengeance de ma fille, par Até, par Erinnys, à qui j’ai sacrifié cet homme, non, je l’espère, jamais on ne me verra mettre les pieds dans le temple de la Crainte, tant que sur mon autel domestique le feu brûlera entretenu par Égisthe, toujours, comme par le passé, plein d’amour pour moi. […] Vous n’imaginez pas la quantité de litotes, de prétéritions et de périphrases par lesquelles il a su exprimer le cas de Georges Dandin, — tranquillement et en douceur, mais avec des sourires plein la moustache. […] L’épopée de Rabelais, pleine de mangeailles et de buveries, est pleine aussi de ce qui suit les buveries et les mangeailles ; et, si, dans un chapitre célèbre, Pantagruel traite si joyeusement des différentes façons de s’essuyer… les mains, c’est qu’ils se souvient du plaisir qu’il a eu à les promener dans les plats. […] » Et bientôt nous le voyons reparaître, roulant, lui aussi, une barrique pleine. […] Cette espèce de roman qu’ils croyaient découvrir aux origines du christianisme les ravissait, les rendait pleins d’indulgence pour la religion de leurs mères.
La valeur des livres de Sainte-Beuve, c’est donc d’être avant tout de l’histoire enregistrée dans une appréciation facile, courante, pleine de verve et de nuances. […] Ce mérite, Virgile lui-même ne l’a pas toujours eu dans ses Bucoliques, pleines de bergers raisonneurs et prophétiseurs. […] Les Mémoires d’Outre-tombe sont trop pleins (Telle pour douter que Chateaubriand appréciât à sa juste valeur cette réconfortante affection. […] La littérature est encore pleine d’exemples qui le prouvent. […] On n’arrive à bien rendre que si l’on a bien senti, et l’on ne sent bien que si l’on est plein de son sujet, il faut pour cela une incubation sérieuse.
On employait de vieux mots, des locutions rudes ou enchevêtrées : on disait un affaire pour une affaire ; on y prononçait autrement qu’à la Cour : tandis qu’à la Cour ou dans les Cercles polis, on prononçait Je faisais comme avec un a, au Palais on prononçait Je faisois à pleine bouche comme avec un o. […] « La netteté, on l’a dit depuis, est le vernis des maîtres. » Aristote donnait, entre autres éloges, cette louange à Homère ; il lui reconnaît une qualité entre mille autres, qu’il définit très-bien par le mot ένάργεια, lequel signifie une peinture toute distincte, toute pleine d’évidence, de lumière et de clarté : blancheur, éclat parfait, comme venant άργός, d’où argentum.
Pour ne pas appuyer plus longtemps sur des souvenirs pleins de charmes pour moi, mais trop longs pour vous, je joins ici la Maison de ma mère 86, où mon cœur a essayé de répandre cette passion malheureuse et charmante du pays natal, quitté violemment à dix ans pour ne jamais le revoir… J’ai peur de cela. […] On y lit une bien belle et touchante lettre, où Mme Tastu raconte elle-même, d’un accent poétique et spirituel, l’odyssée de sa vie, — une véritable odyssée pleine de péripéties et de tristesses : l’expression de courage ressort naturellement de cette lecture, non exempte d’une certaine teinte de gaieté, la gaieté de la résignation.
On m’assure pourtant qu’il ne sera ni tout à fait inutile, ni désagréable pour ceux mêmes qui le savent déjà, de citer le sonnet célèbre, qu’on s’attend à lire chaque fois qu’il est question de Du Bellay ; j’obéis donc à cette observation qui m’est faite au dernier moment, d’autant plus que c’est la meilleure preuve que je n’ai pas surfait le poète : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! […] Que ne dut-il pas dire à plus forte raison lorsqu’on lui fit voir ce dernier Recueil tout plein, dans sa dernière partie, d’amourettes et de légèretés ?
» À côté de la maison calme et bénie de l’aïeule, il y a Monchoix, le joyeux et turbulent manoir de l’oncle, plein de chasseurs, de fanfares et de festins. […] Retiré le soir dans son donjon à part, le jeune homme, plein des légendes et du Génie du lieu, commençait à son tour une poétique incantation ; il évoquait sa Sylphide.
Une lettre à Brissot, du 7 janvier 91, finit par ces mots précipités : « Adieu tout court ; la femme de Caton ne s’amuse point à faire des compliments à Brutus. » A partir du mois de février, époque où Mme Roland vient à Paris, jusqu’au mois de septembre, époque de son retour à Lyon, durant ces six mois si pleins, si effervescents, qui comprennent la fuite du roi et les événements du Champ-de-Mars, nous voyons ses dispositions agressives se déployer de plus en plus et s’exalter au plus haut degré dans l’atmosphère tourbillonnante où elle vit. […] Elle aime à associer les noms de l’amitié aux émotions publiques qui envahissent son âme et la transportent : « C’est ajouter, » dit-elle en un style plein de nombre et dont le tour accompli rappelle le parler de Mme de Wolmar, « c’est ajouter au grand intérêt d’une superbe histoire l’intérêt touchant d’un sentiment particulier ; c’est réunir au patriotisme qui généralise, élève les affections, le charme de l’amitié qui les embellit toutes et les perfectionne encore. » Les lettres du 24 et du 26 janvier 91 à Bancal, alors à Londres, par lesquelles elle essaie de le consoler de la mort d’un père, méritent une place à côté des plus élevées et des plus éloquentes effusions d’une philosophie forte, mais sensible.
Là ils « trouvent en force et le ton haut » les autres qui ont eu l’honneur de manger avec Son Altesse et « qui ne manquent pas de saluer les arrivants avec une complaisance pleine de protection594 ». […] En 1789, elle est pleine et va crever. « Le titre le plus respectable de la noblesse française, écrit Chamfort, c’est de descendre immédiatement de quelque trente mille hommes casqués, cuirassés, brassardés, cuissardés, qui, sur de grands chevaux bardés de fer, foulaient aux pieds huit ou dix millions d’hommes nus, ancêtres de la nation actuelle.
Retranchez de l’image tout ce qui la constitue et toutes les propriétés positives par lesquelles elle ressemble à la sensation, pour les reporter sur la sensation elle-même ; elle était un acte plein, vous faites d’elle un acte abstrait ; comme cet acte ne renferme plus rien, on n’en peut rien dire ; on le nomme, et voilà la science faite. […] Chacun sait qu’à l’état primitif elle est un souvenir, un souvenir plein et circonstancié.
C’était une diatribe pleine de mépris et de calomnies, sciemment calomnies, contre Napoléon ; arme peu loyale, car aucune calomnie n’est de bonne guerre contre l’ennemi ; pas plus celle qui impute à Napoléon d’avoir été à Fontainebleau traîner par ses cheveux blancs le pape sur le parquet, que celle du même écrivain qui accuse le bon et honnête M. […] Il faut bien, ajoutai-je lentement, que l’affliction soit de quelque profit aux hommes, puisque Dieu si bon a pu se résoudre à les affliger. » XV Ainsi finit le livre par une réflexion morose sur la vie, et par une réflexion juste et consolante, pleine de confiance en Dieu qui a fait ou permis la douleur.
Il était comme s’il avait la tête pleine de fumée ; des éclairs lui passaient entre les cils ; ses idées s’évanouissaient ; il lui semblait qu’il accomplissait un acte religieux et qu’il commettait une profanation. […] « Ils ne sentaient ni la nuit fraîche, ni la pierre froide, ni la terre humide, ni l’herbe mouillée ; ils se regardaient et ils avaient le cœur plein de pensées.
Si Chateaubriand eût été un grand poëte au lieu d’être un grand prosateur, et s’il eût conçu son poëme rationnel sur les vérités les plus acceptées de son siècle, en morale, en politique, en religion ; s’il eût vulgarisé quelque vérité nouvelle, pleine de Dieu, comme elles le sont toutes, et qu’il eût popularisé et divinisé ces vérités par un style en vers digne de Dieu et des hommes, il est à croire que le genre humain posséderait un poëme épique de plus, et la France un véritable et immortel poëte épique. […] J’entrai avec elle dans l’église pleine de musique et d’encens.
Les exemples de cet auteur sont de ceux qui ont le plus de poids aux yeux de Vaugelas, si embarrassé et si plein de scrupules quand il lui faut prononcer entre les deux plus grandes autorités, selon lui, du langage, l’Usage et Monsieur de Coeffeteau. […] Il faut du courage pour aller chercher quelques tours heureux et neufs, qui manquaient à notre langue et y sont demeurés, dans cette multitude de lettres « toutes pures d’amour, pleines de feux, de flèches et de cœurs navrés », dont l’auteur, selon Mlle de Bourbon, une des plus agréables précieuses de la cour, « devrait être conservé dans du sucre. » Voiture, doué d’un esprit vif et ingénieux, très goûté des princes et des gens de la cour, agréable au grand Condé et au comte duc d’Olivarès, chargé de missions diplomatiques, ayant sur Balzac, qui rêvait, dans son orgueilleuse solitude, des cours et des princes imaginaires, l’avantage de voir de très près la cour et les princes de son époque, Voiture aurait pu employer sa finesse d’esprit à pénétrer le fond de tant d’intrigues politiques, et sa plume à en écrire gravement.
Le vide fait quelquefois le même effet que le plein. […] Ma philosophie, selon laquelle le monde dans son ensemble est plein d’un souffle divin, n’admet pas les volontés particulières dans le gouvernement de l’univers.
Cette littérature, fondamentalement Wagnérienne, est née, où réellement vit une pleine sensation de l’être, — où, dans les mots, des visions tout plastiques éclatent, ces musiques sonnent, — où, obsédé d’images, obsédé de sonorités, et décrivant littérairement, le poète a senti son idée vue, et en a oui les harmoniques accordances, — où flottent, étrangement, à travers les rayonnements et les enchantements des phrases, les paysages et les mélodies que le Wagner de l’avenir aurait dites en dessins et en orchestrations : une littérature Wagnérienne, cette littérature, absolument suggestive, — moins simple, moins précise, moins large, moins grandiose que l’art de Wagner, — plus hermétique ! […] Maintenant, retrouvant dans l’expiation la Connaissance, la Walküre va, de son plein gré, mourir sur le bûcher de son Waelsung, Siegfried, — et, rendant aux Filles-du-Rhin, pour le détruire, le fatal talisman, enlever au Monde la malédiction de l’Anneau du Nibelung.
Pour s’épargner la peine d’imaginer, il a puisé chez les Etrangers des sujets & des plans, qu’il a habillés ensuite à sa mode ; Zadig, Memnon, le Monde comme il va, sont presque entiérement tirés de l’Anglois : mais, il faut l’avouer, la maniere dont il s’est approprié ces sujets, dont il les a enluminés ; mais les réflexions ingénieuses & pleines de sens dont il les a enrichis ; mais les traits sins & agréables dont il les a assaisonnés, l’en rendent comme le Créateur. […] La marche du Philosophe, quand il est ce qu'il doit être, est toujours lumineuse, conséquente, égale, pleine de franchise & de dignité.
Il avait, à ses débuts, la figure la plus charmante, « enfant de l’Amour, beau comme lui, plein de feu, de gaieté, impétueux et malin, studieux et espiègle ». […] Le retour de ma santé ; les bontés que j’ai éprouvées de tout le monde ; ce bonheur, si indépendant de tout mérite, mais si commode et si doux, d’inspirer de l’intérêt à tous ceux dont je me suis occupé ; quelques avantages réels et positifs76 ; les espérances les mieux fondées et les plus avouées par la raison la plus sévère ; le bonheur public (on était alors sous le ministère Turgot), et celui de quelques personnes à qui je ne suis ni inconnu ni indifférent ; le souvenir tendre de mes anciens amis ; le charme d’une amitié nouvelle, mais solide, avec un des hommes les plus vertueux du royaume, plein d’esprit, de talent et de simplicité, M.
Ainsi, rien que par le titre de la chose représentée, on savait si l’on allait voir des gens du monde ou des gens du peuple, des bouffons ou des sénateurs, des élégances chastes, ou des satyres pleines de vin et de licences. […] — Il se mit au travail tout de suite, et il appela à son aide tous les comédiens dont il plaidait la cause : Brécourt, La Grange, Ducroisy, et ces belles comédiennes dont on répète encore les grâces et les amours : mademoiselle du Parc, mademoiselle de Brie, la Béjart, spirituel débris d’une beauté qui se défend encore, et surtout mademoiselle Molière, sa femme, si pleine d’adorables caprices et de charmantes bouderies, et qui avait un si grand air !
Le lion, c’est bien un roi et pas autre chose ; son discours est un discours détrôné, à son éloge et à sa pleine satisfaction, avec des menaces sourdes qui courent sous les compliments et sous la bonhomie affectée. […] Que les fous vont l’emportant ; La mesure en est plus pleine.
Pour un poète et pour un critique qui a l’expérience de la vie et qui jette sur les œuvres de la pensée le regard serein d’une maturité pleine et contenue, quelle plus belle place et quelle plus noble attitude que de faire asseoir sa renommée, en lui reployant ses longues ailes, aux pieds d’Homère et de Virgile, — de ce groupe souverain qui couronne le sommet de l’Histoire ; d’être à Virgile à son tour, par l’interprétation de son génie, ce que fut Virgile à Homère, et d’éclairer pieusement d’un flambeau le radieux guide qui conduit à travers les siècles le grand aveugle dans la nuit ! […] C’était, si vous le voulez, un homme d’esprit, une intelligence très sensible aux choses littéraires, qui les dégustait avec un goût plein de finesse, mais qui les dégustait comme on déguste avec sa propre sensation.
Zola a tort de l’oublier, — que nous sommes surtout redevables de cette pleine liberté dont il profite avec beaucoup d’autres. […] Delaplanche, je sens qu’il y a là une façon saine et robuste de regarder la nature ; il me semble pressentir là comme un art nouveau, plein d’espérances et de promesses, original sans renier les traditions, déjà grand et qui doit grandir encore ; celui-là fortifie les cœurs et les intelligences.
Necker, M. d’Alton-Shée n’a répondu qu’en faisant ces jours derniers une conférence toute littéraire, où il a retracé « l’histoire de la calomnie », en la prenant depuis Thersite jusqu’à Iago et à Basile : cette conférence, pleine d’intérêt et de talent, et à laquelle n’a cessé de présider un goût sévère, était traversée pourtant d’éclairs soudains et d’allusions vibrantes.
Pleins d’un amour sincère pour la patrie, ils sont prêts à faire pour elle de grands sacrifices : cependant la civilisation trouve souvent en eux des adversaires ; ils confondent ses abus avec ses bienfaits, et dans leur esprit l’idée du mal est indissolublement unie à celle du nouveau. » Cette absence de lien entre les opinions et les goûts, entre les actes et les sentiments, entre l’énergie des désirs et la justesse des vues, ce divorce trop habituel entre les convictions chrétiennes restantes et les sympathies de l’avenir, toute cette confusion morale attriste le jeune philosophe et lui semble un symptôme presque unique dans l’histoire.
Il était jeune alors, plein d’espoir, le cœur haut, tout dressé aux grandes pensées.
, par Alfred de Musset : « Toi si plein, front pâli », etc. ; et pour trancher le mot, il a, en 1873, quoique avec la simplicité et la tenue élégante d’un parfait gentleman, quelque chose de foncièrement romantique !
Vie prise à plein ; franchise avec soi-même.
Les évangiles apocryphes sont pleins de pareilles histoires poussées au grotesque.
Les légendes d’Élie et d’Élisée en étaient pleines.
Les Ninivites s’élèveront au jour du jugement contre cette génération et la condamneront, parce qu’ils firent pénitence à la prédication de Jonas ; or il y a ici plus que Jonas 913. » Sa vie vagabonde, d’abord pour lui pleine de charme, commençait aussi a lui peser. « Les renards, disait-il, ont leurs tanières et les oiseaux du ciel leurs nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête 914. » L’amertume et le reproche se faisaient de plus en plus jour en son cœur.
On supposait que le grand-prêtre possédait un certain don de prophétie ; le mot devint ainsi pour la communauté chrétienne un oracle plein de sens profonds.
Le style en est simple et noble ; les pensées en sont justes et pleines de raison ; les sentiments en sont vrais, élevés et profonds : on peut dans ces écrits rendre tout à la fois une idée juste de la portée et des directions de la marquise de Rambouillet, et des conversations qui avaient lieu dans son intimité.
Il fallait, dit la princesse, que madame de La Sablière fut bonne à quelque intrigue, parce qu’elle était vieille, laide, et avait eu quelque galanterie 65. » Rochefort avait sans doute ajouté ces particularités mensongères pour ne point inquiéter Mademoiselle ; car à cette époque, madame de La Sablière n’avait que 23 ans, était d’une beauté remarquable, pleine d’esprit.
Ils n'offrent à l'esprit qu'un Recueil de réflexions pleines d'enflure & de phrases si peu liées les unes avec les autres, qu'on pourroit en renverser l'ordre sans déranger l'économie du style.
Saisie dans le jour blanc d’un musée ou fixée aux panneaux futilement ornés d’un salon, la toile dont les pigments réfléchissent les diaprures incluses du rayonnement solaire, refleurira par les mots, dans l’accord heurté ou doux à l’œil de ses nuances stridentes ou tragiquement mortes ; et il y aura des cadences de phrase pour la langueur innocente d’un beau corps nu, et des aurores verbales pour l’éveil religieux d’un blond rayon de lumière entre les ténèbres d’un fond où s’effacent de torturés ou humbles visages, et de pénétrantes périodes pour la sagace analyse de quelque froide et mince tète de roi ou de moine surgie du passé, avec ses yeux pleins de pensées mortes et ses traits sillonnés par des passions définitivement réprimées.
Par la même raison l’ouvrage qui ne touche point et qui n’attache pas ne vaut rien, et si la critique n’y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c’est qu’un ouvrage peut être mauvais sans qu’il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Il est plein de promesses chatoyantes et chattemites… Et puis, rien !
Valfrey, qui sent à plein nez l’air du bureau ministériel, a l’importance dans le ton qui doit le faire accepter sur le pied d’un privilégié, possédant une érudition spéciale, — l’érudition des choses d’État, — érudition mystérieuse, presque hiératique, car, si enragé d’érudition qu’on veuille être, tout le monde n’a pas la clé du bureau où tous ces renseignements se puisent… Il n’y a que des favorisés qui pénètrent, par grâce, dans les arcanes des correspondances secrètes ; et quoique Valfrey n’ait presque rien rapporté de ces cartons, dans lesquels on l’a autorisé à pratiquer ses petites fouilles, il a l’avantage d’en revenir, et il en revient, pour y retourner !
si l’on tordait un peu ses idées si pleines sur le symbolisme, ou trouverait peut-être pour conclusion que l’art n’est, après tout, qu’il en soit fier ou modeste s’il veut !
., pleins de ténèbres et de clartés vives, d’un langage à lui comme le langage des solitaires… Intuitif et visionnaire tout à la fois, Carlyle est également mystique et grossier, ivre de ses idées comme on l’est de gin, mais voyant dans l’ivresse comme tous les ivrognes, qui ont dans l’ivresse détonnantes et d’inexplicables perceptions.
— pleine de la puissance d’enthousiasme et de foi que le catholicisme avait développée dans leurs pères.
Il le trouva dans cette circonstance qu’il était piquant autant qu’il était utile d’opposer à l’éructation gongorienne de Victor Hugo, ce Pousse-vent énorme, quelque chose de résistant, de substantiel et de plein, qui dégonflât avec l’infatigable piqûre d’épingle des faits, de creuses et d’hyperboliques déclamations.
Avec cette différence, pourtant, que le sanglier n’est pas un animal très gai, et que Grenier, ce gaulois, ce fils de Montaigne, est plein de rondeur et de bonhomie et de bonne humeur, alors même qu’il vous expédie !
Et un éditeur qui nous donne les Lettres inédites de Collé, et qui, plus tard, doit nous donner une réimpression de son Journal, de ce Journal qu’on ne lit pas assez et qui contient mieux que des anecdotes ; car il contient des jugements pleins de fermeté et d’indépendance.
Nous avions lu Humboldt ; nous avions l’esprit plein de tous les mirages des Schlegel ; nous nous asseyions sur « le Divan » de Goethe.
Boileau avait trop de rigueur, mais s’il condamnait La Bruyère, que dirait-il de M. l’abbé Gorini, lequel a aussi son langage d’un alinéa à un autre, et un langage d’une correction pleine de clarté, où passent çà et là d’aimables sourires… ?
Il en reconnaît la grandeur, quand la plupart des médecins modernes, métaphysiciens pourtant, mais malgré eux, et aveugles, l’insultent et la repoussent, comme un piège, plein de trahison, que l’esprit humain se tend à lui-même.
Il n’a pas tremblé, comme on l’a dit, devant les épaules du Père Didon ; car il les connaissait, car il en avait mesuré la largeur, quand, tous les deux, ils s’étaient, embrassés à pleins bras dans la question de l’Appel au Christ, et, franchement !
Si l’on nous demandait les noms de quelques-uns de ces grands hommes, nous répondrions avec saint Jean Chrysostôme parlant de ceux qui l’ont précédé, que c’est un Évode, la bonne odeur de l’Église, disciple et imitateur des Apôtres ; que c’est un saint Ignace, qui porte Dieu lui-même dans sa personne ; un saint Denis l’Aréopagite, qui poussait son essor jusque dans le ciel ; un saint Hippolyte-le-Grand, si plein de douceur et de bienveillance ; un saint Basile-le-Grand, presque égal aux apôtres ; un saint Athanase, si riche de vertus ; un saint Grégoire-le-Thaumaturge, soldat invincible de Jésus-Christ ; un autre du même nom et du même génie, un saint Éphrem, dont le cœur semblait être le temple particulier de l’Esprit-Saint !
Bâti très logiquement, le docteur Favrot est un de ces petits boulets très pleins, qui ne font point de paraboles.
L’incroyable magie de Ronsard est précisément que sa poésie est d’autant plus charmante et quelquefois plus belle que sa langue n’est pas encore une langue venue, à contours pleins, arrêtés et purs.
Dans ces Mémoires de Lamartine, il n’y a que le jeune homme vêtu de noir d’Alfred de Musset ; le mystérieux rêveur, qui porte son rêve comme un verre plein, sans le répandre ; enfin, le jeune homme inconnu qui n’a que sa jeunesse : Mais qui sera Virgile un jour !
J’ai toujours rendu pleine justice à M.
L’Asiatique, voulant donner à l’artiste qui se montrait si plein de bonne volonté une preuve de sa reconnaissance, vint sur-le-champ lui offrir une prise— sachant qu’il ne prenait pas de tabac. […] Les millions en moins, le caudataire ressemble aux anciens rustauds de finance qui consentaient à vider l’humiliation à pleine tasse, et à verser les écus à plein sac, pour être aperçus du vulgaire, montant dans les carrosses des grands seigneurs. […] Son grand geste sculptural, ses fières allures, ses hautaines attitudes, cet organe sonore, plein, l’un des plus magnifiques instruments qui eussent depuis longtemps exprimé la passion, firent dissonnance avec les petites phrases, alternées de petits couplets, de ce petit drame. — L’actrice n’eut qu’un succès d’estime. […] Mais ce rajeunissement de l’homme par la jeunesse d’une nature en floraison est une idée poétique, une fiction, si on veut, mais une fiction pleine de charme et qui amène une scène d’amour, une vraie scène d’amour comme on n’en avait pas entendu au théâtre depuis le dialogue de Valentin avec Cécile, dans Il ne faut jurer de rien ! […] — Soyez témoin pour elle, Bois sombre et plein de mousse où rit la tourterelle.
Louis Roche est-il en mesure de nous révéler des secrets pleins d’horreur ? […] Ta rêverie religieuse était pleine de jeunes femmes… Dès que le sentiment te parut vain, tu ne t’obstinas pas à te faire aimer et vers le même temps tu cessas de vouloir croire. […] Mais avec les réserves qu’on peut faire, ce petit livre, un peu inégal, n’en est pas moins brillant d’originalité et plein de suc. […] Donnez à ma peine cruelle La pleine vision de la vie éternelle ! […] Et les arbres de son petit bois sont pleins de nids de rossignols.
L’Histoire travestie perdit son exactitude & sa sévérité ; les Romans, digne nourriture des esprits vides & inappliqués, pleins d’un merveilleux absurde, firent les délices d’une imbécille oisiveté. […] Malherbe enfin toucha sa lyre ; ses accords réguliers, ses chants, pleins d’une harmonie nouvelle, triomphèrent de la dureté de la langue, & n’en firent sentir que la douceur & les beautés. […] Abondante sans superfluité, riche sans faux brillans, naturelle sans bassesse, simple avec majesté, élevée sans affectation, sublime sans efforts, leur éloquence mâle & nerveuse, tantôt préférant la force du raisonnement aux tours ingénieux & fleuris, s’attachoit moins à plaire qu’à instruire, qu’à convaincre & persuader ; tantôt s’élevant avec le vol de l’aigle jusqu’au sein de la Divinité dont elle sembloit être l’organe, elle étonnoit, ravissoit, arrachoit des larmes & des sanglots : dans les uns, pleine de candeur, animée du seul coloris des graces, tendre, harmonieuse & touchante, elle pénétroit l’ame de la plus douce émotion, & couvroit de fleurs les vérités qu’elle vouloit annoncer aux Peuples comme aux Rois ; dans les autres, brillante, énergique & pittoresque, elle traçoit les mœurs, les vices & les erreurs du temps, & prenoit des mains de la vérité les armes dont elle les combattoit. […] Celle de toutes les Langues qui approche le plus de la langue Grecque, la langue Françoise, adoptée par toutes les Nations, claire, précise, énergique, sublime, pleine de douceur & d’harmonie, susceptible des plus grands effets, n’est plus qu’une langue sourde & monotone, peu propre aux chants de Polymnie.
Ce pauvre Verlaine, plein de talent, mais inquiet, mais double, pour ainsi dire. […] Ni même des jeunes pleins de talent comme M. […] Et je considère son dernier livre, son Jardin de Bérénice comme un pur chef-d’œuvre ; c’est très grand, très élevé, cela, et c’est plein de préoccupations très nobles. […] Mirbeau, est pleine de choses pareilles, il n’y a qu’à le lire ! […] Un troisième ami, Paul Margueritte, me donna pleins pouvoirs par lettre et nous mandâmes Guiches et Rosny.
Le Voyage d’Orient est tout plein de ces premières grandes bouffées d’ambition qui ressemblaient de loin à des vapeurs.
Au 9 thermidor, la dictature républicaine a cessé, et pour la seconde fois l’anarchie recommence, non plus cette anarchie vive, confiante, aventureuse, animée au fond d’une seule pensée et d’une seule espérance, telle qu’on la vit du 14 juillet au 10 août, dans les luttes du peuple avec le trône ; mais une anarchie plus triste et parfois même Hideuse, plus en proie aux petites intrigues qu’aux grandes passions, pleine de peurs et de remords, de mécomptes et de rancunes, de découragement et de désespoir, espèce d’acharnement misérable entre des vaincus et des blessés sur un champ de bataille tout sanglant.
Il voulait un rythme impeccable, une forme pleine et parfaite, et qu’on ne plaignît pas sa peine.
Le charme est à toutes les pages de ce livre, si plein d’expérience, de naturel, de simplicité, de goût.
Il était plein d’érudition.
C’est-là qu’il est véritablement grand, sublime, harmonieux, divin, fécond en pensées neuves, hardies & lumineuses, en tours heureux & pleins d’énergie.
. ; car, parmi les auteurs où il y a le plus à changer, c’est assurément chez les romanciers Anglois, & nommément chez le docteur Swift, écrivain plein d’esprit & original ; mais à qui l’on reproche, en Angleterre même, d’être un à low author, un auteur qui tombe souvent dans le bas.
Pour nous réconcilier parfaitement, je voudrais bien vous faire entendre quelques fables qui me paraissent devoir être tout à fait de votre goût, et où la philosophie la plus éclairée, la plus utile, la plus pleine de sentiment, se trouve jointe à la poésie la plus agréable2.
Le verre funèbre, plein de délices et d’angoisses, dans lequel Mme Craven a bu à la mémoire des siens, ne devait plus servir à personne.
Dumas, « la Vierge pleine de grâce, — si on veut, — n’est qu’une légende poétique, embarrassante pour le christianisme et qui l’empêchera de triompher !
Pour un esprit comme le sien, pour un esprit jeune alors, animé, plein de sève, et par-dessus tout cela poétique (il venait de publier un volume de vers), c’était une charge, mais non une charge d’âme, que de continuer Sismondi, — Sismondi, l’historien érudit, si l’on veut, mais l’historien sans vie réelle, sans mouvement, sans chaleur, et l’un des écrivains de cette belle école grise de Genève qui, pour le gris, le pesant et le froid, a remplacé avantageusement Port-Royal !
Et, chose dont il faut leur tenir compte encore plus que de l’enthousiasme et de la vie dont ce livre déborde par-dessus les frivolités dont il est plein, c’est le sentiment moral opposé bien souvent à l’enthousiasme que le xviiie siècle leur inspire, et créant même, à certains moments, un enthousiasme contraire.
Il se donne à plein cœur à Chénier.
Quoique pleine de choses connues déjà, l’Étude de M.
Il y a là, dans cette publication de chez les frères Garnier, huit à dix volumes qui ne sont que la fleur d’un panier très plein et très profond, dans le fond duquel je ne plongerai pas mes mains indignes, mais je me permettrai de toucher, sans appuyer, au velouté de toute cette fleur.
Matter exprime sur Swedenborg une idée vraie, pleine de hardiesse, de profondeur et de nouveauté.
Trouvant, comme médecin, le mot d’Hyppel d’une vérité pleine de justesse : « L’imagination est le poumon de l’âme », il avait développé sa poitrine morale et ne craignait plus les courants d’air !
Enfin, il se faisait lentement ce Bossuet dont un moine de ces derniers temps a pu dire, pour montrer qu’il avait aussi bien en lui la douceur résignée, le sentiment de l’immolation, — toute la mélancolie chrétienne qu’on lui refuse, — que la force qu’on ne lui nie pas : « Il avait la main droite sur le lion de Juda, et la gauche sur l’Agneau immolé avant tous les siècles. » Mot le plus plein et le plus résumant qui ait été dit sur Bossuet !
Poème humain, poétique humaine ; car elle est pleine d’une bonté pour la faiblesse humaine, poétique très étonnante de la part d’un jeune homme si fort !
Les mains pleines de dons avaient plus d’efficace près d’elles que les sourires et les promesses.
Il s’en va avec la beauté et la jeunesse, laissant aux femmes qui ont vécu par lui les yeux pleins de ces larmes qui tacheraient l’honneur de la vieillesse, si on osait les essuyer avec des cheveux blancs !
pour les âmes humaines On voudrait ne pas rire, car on souffre… On souffre de voir ces radotages, ces décrépitudes avant le temps, dans un livre qui n’est plein que de ces sortes de choses et sur lequel traîne et brille un des plus beaux noms de la poésie contemporaine.
Le poète qui a métamorphosé ses nobles Cariatides en clowns femelles dansant le cancan sur la corde lâche ou roide ou le fil d’archal de son vers, doit, il est vrai, avoir une redoutable force de versifaiseur pour lancer ses strophes à la hauteur où elles bondissent, mais préférer ces pirouettes de mots et de Rythme et ces enlèvements de ballon au vol cadencé et plein d’une Poésie qui doit toujours emporter du sentiment ou de la pensée sur ses ailes, c’est tuer en soi le poète par le jongleur.
… Serait-ce madame George Sand, par hasard, elle qui depuis si longtemps a quitté l’ombre chaste de la famille et de la maison pour entrer dans le plein jour de l’opinion publique affrontée et effrontée aussi ?
… Serait-ce Mme George Sand, par hasard, elle qui depuis si longtemps a quitté l’ombre chaste de la famille et de la maison pour entrer dans le plein jour de l’opinion publique affrontée et effrontée aussi ?
Mais voyez avec quelle sobriété pleine et forte Shakespeare use de ce moyen physiologique à outrance pour arriver à des effets de terreur écrasants !
Gallien, qui fut à la fois voluptueux et brave, et qui se rendit célèbre par des victoires et des bons mots, avait le talent de bien écrire, et fit des vers pleins de volupté et de goût.
Cette forêt, trop pleine de ronces, de houx et d’épines, lui a paru infernale. […] Il en revient plein de sang et de colère, lui, le philosophe ironique et froid, contre le philosophe lyrique. […] De cette fonction très importante, Sainte-Beuve, à partir d’un certain moment, du moins, eut pleine conscience. […] Les langues sont pleines de ces balancements esthétiques. […] Et qui vient de publier un Sainte-Beuve des plus attachants et tout plein de faits nouveaux et curieux.
Si nos pièces de théâtre et nos romans sont pleins de thèses ou de discussions souvent étrangères au sujet, — c’est à l’imitation de la Nouvelle Héloïse, dont on pourrait supprimer les trois quarts sans nuire au développement du récit. […] Il faut comparer cet art à l’art grossier d’un Zola, pour bien apprécier dans Ragotte, par exemple, des pages pleines d’une pitié à laquelle on peut s’abandonner sans déchoir. […] Il réalise à peu près notre idéal à toutes et l’on ne nous décidera que malaisément à dédaigner un garçon si délicat et plein de cette tendresse dont nous avons besoin plus que de toute autre chose. […] Lucien Corpechot nous fait assister aux progrès de leur art, qui avait besoin, pour atteindre son plein épanouissement, de la volonté des hommes et de l’agrément du sort, des circonstances sociales et de l’intervention du génie : la France eut Louis XIV, et. […] Ainsi ce petit livre, tout plein des voix du siècle, contribua à mon avancement spirituel, en me rappelant le devoir.
Il subit la crise classique de vertige mental dans sa pleine frénésie, C’est pour cacher aux autres cette maladive émotivité que Saint-Clair se marque de froideur. […] Peut-être y avait-il en lui, dès cette époque, cet obscur pressentiment de l’artiste frappé à mort et qui ne veut pas s’en aller sans avoir donné sa pleine mesure. […] Vous sentez que l’écrivain ne se ménage plus pour un prochain travail, qu’il vous prodigue à pleines mains le trésor complet de son expérience. […] Couchés en pleins champs sous les obus. […] Jetez-le, pendant des mois, au plein d’une mêlée comme l’humanité n’en a pas connu.
Biré que l’histoire de notre ancien régime en est pleine, et qu’un Alberoni, qu’un Dubois, qu’un Mazarin en sont peut-être des exemples assez fameux ? […] Une famille d’Angers, la famille Pavie, étroitement mêlée à l’histoire du romantisme, lui a permis de puiser librement dans ses « cartons », tous pleins de lettres d’Hugo, de madame Hugo, de Sainte-Beuve, de David d’Angers… qui encore ? […] Et en effet, avant tout, — et avant même d’être pleins de pensées profondes, — il se pourrait que des vers dussent être des vers. […] Mais cependant ne le nions pas en tout ; et, pour n’être pas aussi plein de sens que nous le voudrions, ni surtout aussi riche de promesses, ne croyons pourtant pas que le mot en soit tout à fait vide ! […] Non moins remarquables, pour d’autres qualités, sont les travaux qu’il consacra, dans le même recueil, à la rivalité des Anglais et des Russes dans l’Asie centrale : grande question, pleine encore d’obscurités redoutables, et dont il a bien vu, l’un des premiers chez nous, l’importance future.
Quelque inexprimables que soient ses sujets, qu’il erre en plein ciel ou eu pleine nuit, ou qu’il écoute les paroles de la bouche d’ombre, il tend toujours à se rapprocher de la forme matérielle, à expliquer l’invisible par ce qu’on peut voir et l’intangible par ce qu’on peut toucher. […] Il en a examiné les moindres détails, depuis la médiocre statue d’Érasme qui se dresse sur une place de Rotterdam jusqu’au merveilleux Taureau de Putter ; depuis ces paisibles paysages verts où seul quelque héron, immobile sur une patte, représente la vie, jusqu’aux rues d’Amsterdam si pleines de mouvement, jusqu’aux vastes parcs de la Haye, où des arbres énormes abritent une patriarcale résidence. […] Et, pour se rendre compte de la patience et de la sagacité du voyageur italien, il faut lire dans Constantinople le chapitre plein d’observations curieuses qu’il consacre aux chiens errants. […] Le coup de foudre est immédiat et réciproque… Sa loge était pleine, « les insupportables ennuyeux assommaient ma pauvre amie des plus fades et insipides discours. […] Voilà les seuls mots dont je me rappelle… … « Je la quittai ce soir-là plein d’espérances, d’amour, de regrets et de remords.
Étant la source de tout avancement et de toute grâce, il est naturel qu’il regorge ; dans notre société égalitaire, celui d’un mince député, d’un médiocre journaliste, d’une femme à la mode, est plein de courtisans sous le nom de visiteurs et d’amis. — D’ailleurs ici la présence est d’obligation ; on pourrait dire qu’elle est une continuation de l’ancien hommage féodal ; l’état-major des nobles est tenu de faire cortège à son général-né. […] Aux réceptions d’ambassadeurs, les quatorze appartements sont pleins et combles de seigneurs et de femmes parées. […] Cinq fois par semaine, chez le duc de Choiseul, à dix heures du soir, le maître d’hôtel vient jeter un coup d’œil dans les salons, dans l’immense galerie pleine, et, au juger, fait mettre cinquante, soixante, quatre-vingts couverts197 ; bientôt, sur cet exemple, toutes les riches maisons se font gloire de tenir table ouverte à tous venants Naturellement, les parvenus, les financiers qui achètent ou se donnent un nom de terre, tous ces traitants et fils de traitants qui, depuis Law, frayent avec la noblesse, copient ses façons.
Encore est-il bon de sentir et de penser avant d’écrire ; il faut une source pleine d’idées vives et de passions franches pour faire un vrai poëte, et à le voir de près on trouve qu’en lui, jusqu’à la personne, tout est étriqué ou artificiel ; c’est un nabot, haut de quatre pieds, tortu, bossu, maigre, valétudinaire, et qui arrivé à l’âge mûr ne semble plus capable de vivre. […] D’ailleurs, sous la rhétorique et la facture uniforme des vers, on sent de la chaleur et de la passion, on aperçoit de riches peintures, une sorte de magnificence et l’épanchement d’une imagination trop pleine. […] « Simplicité d’enfant, écrivait Pope, esprit d’homme. » Il vivait, comme La Fontaine, aux dépens des grands, voyageait autant qu’il pouvait à leurs frais, perdait son argent dans les spéculations de la mer du Sud, souhaitait une place à la cour, écrivait des fables pleines d’humanité pour former le cœur du duc de Cumberland1127, finissait par s’établir en parasite aimé, en poëte domestique, chez le duc et la duchesse de Queensbury.
Ce traité contient des germes nouveaux de guerre : l’Autriche est dépouillée ; la Russie, humiliée et impatiente de venger sa malheureuse apparition sur le champ de bataille d’Austerlitz, se réfugie dans un isolement plein de rancunes ; elle impute sa défaite à la lâcheté de l’Allemagne, mais elle ne peut consentir sans amertume à laisser triompher impunément Napoléon du continent. […] L’officier d’état-major César de Laville, envoyé à Masséna, le trouva assis sur des décombres, harassé de fatigue, les yeux enflammés, mais toujours plein de la même énergie. […] On avait lu aux troupes, qui étaient pleines d’ardeur, une proclamation courte et énergique, conçue dans les termes suivants : « “Soldats, la seconde guerre de Pologne est commencée…” » « Ainsi le sort en était jeté !
Si vous êtes ce Benvenuto dont j’ai appris tant de choses, ajouta-t-il, faites selon votre coutume, je vous en donne pleine licence. — Il me suffit de conserver les bonnes grâces de Votre Majesté, lui répartis-je ; je ne crains rien pour le reste. — Hé bien, allez, me répondit ce prince en souriant, elles ne vous manqueront jamais. […] Un jour même que le duc causait avec lui sur mon ouvrage, Bernardone, venant à l’appui de cet envieux, lui dit qu’autre chose était de faire de grandes figures ou d’en faire de petites ; et, avec des paroles pleines de fiel et de mensonges, il tâchait de me nuire et de se venger. […] À ces paroles pleines de courroux, il me dit avec plus de colère encore : Gardez-vous bien de partir !
Voltaire a pleine raison quand il établit que c’est l’esprit philosophique qui conduit tous les arts, guidés par lui secrètement et à leur insu. […] Puis, en même temps, nous regardant avec un sourire plein de douceur : Je ne saurais venir à bout, mes amis, de persuader à Criton que je suis le Socrate qui s’entretient avec vous, et qui ordonne toutes les parties de son discours. […] Considérons ce qu’elle peut devenir, lorsque, se livrant tout entière à cette poursuite, elle s’élève par ce noble élan du fond des flots qui la couvrent aujourd’hui, et qu’elle se débarrasse des cailloux et des coquillages qu’amasse autour d’elle la vase dont elle se nourrit, croûte épaisse et grossière de terre et de sable10. » Puis, dans cette sage conciliation que Platon a tentée entre le sensualisme ionien et l’idéalisme de Mégare, il employait la douce ironie qu’il avait apprise de Socrate, à se moquer « de ces hommes semés par Cadmus, de ces vrais fils de la terre, qui soutiennent hardiment que tout ce qu’ils ne peuvent pas palper n’existe en aucune manière ; de ces terribles gens qui voudraient saisir l’âme, la justice, la sagesse, ou leurs contraires, comme ils saisissent à pleines mains les pierres et les arbres qu’ils rencontrent, et qui n’ont que du mépris, et n’en veulent pas entendre davantage, quand on vient leur dire qu’il y a quelque chose d’incorporel11 ».
. — Ce n’est ici, je le répète, qu’un commentaire large et plein de sous-entendus. […] Les états simples de l’âme sont exprimés depuis longtemps : mais les esprits dont je parle, et qui se recommandent de très grands poètes, estiment qu’il y a beaucoup d’art et du meilleur dans l’expression de ces heures sénescentes où le regret l’emporte sur le désir, où l’âme pleine d’expérience perce d’un regard subtil les apparences premières de la nature et, par d’exquis artifices de rhythme et de style, évoque le sens dernier des choses. […] Ainsi, comme une artillerie céleste, pleine de foudroiements et des flammes, cette mystérieuse humanité flamboie en files grandioses, en successions rapides, à travers l’abîme inconnu.
Richard Wagner est, plus que tout, un allemand, et il éprouve, excellemment, le besoin qui est aux âmes allemandes de réfléchir, de raisonner sur tout, et, dans une pleine indépendance de l’esprit, d’aller jusqu’au bout, en toutes choses. […] « Le symphoniste se rattachait encore timidement à la forme dansante primitive, il ne se hasardait jamais à perdre de vue, fût-ce dans l’intérêt de l’expression, les routes qui le tenaient en relation avec cette forme ; et voici que maintenant le poète lui crie : « Lance-toi sans crainte dans les flots sans limites, dans la pleine mer de la musique ! […] L’école de musique n’aura une pleine valeur que si la musique y est enseignée comme une partie de l’art complet, non comme un tout séparé.
Nous savions que notre mère aimait à lire dans ces volumes d’autel pleins de prières et qui conservaient encore dans leurs pages l’odeur d’encens dont l’encensoir des enfants de chœur les avait jadis parfumés. […] Une femme de charge de la maison veillait nuit et jour dans cet endroit et gardait ces trésors avec un esprit plein de prévoyance. […] Peut-on empêcher le cœur d’éclater quand il est trop plein ?
Comme dans des circonstances pareilles et avec des intérêts semblables, les hommes voient à peu près les mêmes choses, je ne doute pas que plusieurs gens de lettres n’aient fait les mêmes observations que moi ; tant pis même pour ceux à qui elles seront nouvelles : mais la plupart d’entre eux ne peuvent faire part aux autres de ces observations, parce qu’ils sont en quelque sorte établis dans le pays où je n’ai fait que passer, et qu’il faut être de retour chez soi pour parler à son aise des nations qu’on a parcourues ; je souhaite que mes réflexions puissent être de quelque secours à ceux qui me suivront dans la même carrière ; et quand je ne me proposerais pas un but si raisonnable, je serais du moins semblable à la plupart des voyageurs, assez rassasiés de leurs courses pour n’avoir nulle envie de les recommencer, mais en même temps assez pleins de ce qu’ils ont vu pour vouloir en entretenir les autres. […] Un homme de lettres, plein de probité et de talents, est sans comparaison plus estimé qu’un ministre incapable de sa place, ou qu’un grand seigneur déshonoré : cependant qu’ils se trouvent ensemble dans le même lieu, toutes les attentions seront pour le rang, et l’homme de lettres oublié pourrait dire alors comme Philopœmen, je paie l’intérêt de ma mauvaise mine . […] Telle est l’utilité principale de ces récompenses, surtout lorsqu’elles sont répandues pêle-mêle et à pleines mains.
Isolement plein de grandeur, mais plein de tristesse ! […] Voltaire n’a dit qu’un mot en faveur des Jésuites, — ce qui, par parenthèse, aurait dû apprendre à réfléchir à Béranger, — mais il aurait écrit pour eux à pleine plume qu’il n’aurait pas été, en les défendant, plus spirituel et plus gai que Paul Féval.
Les Mémoires retentissants d’une princesse royale ne disent-ils pas comment elle a dû fuir la cour pour ne pas y étouffer et pour vivre ailleurs sa « pleine vie », d’ailleurs moins tragique que celle d’Emma Bovary ? […] Je laisse de côté ses premières pièces, toutes pleines encore de lyrisme et d’épopée, pour examiner ses douze drames. […] En effet, le spectateur est plein de bonnes intentions ; il ne demande qu’à oublier les médiocrités de la journée et à collaborer avec l’auteur ; il apporte en lui une force précieuse, à laquelle je faisais allusion tout à l’heure : l’imagination, par sympathie.
Après une jeunesse pleine de misère, étant entré lui-même dans cette humble condition de recteur de village ou de bourg, il en a retracé les alentours, les accidents de ridicule, de sujétion ou de souffrance, avec une vigueur sagace et mordante. […] S’il est curieux de détail en un endroit, c’est comme par accident ; il s’élance de là ensuite d’un plein vol, et ne cherche pas à lier le petit au grand par une subtilité symbolisante, heureuse peut-être, mais détournée.
Appelé par le hasard à formuler et à motiver en une seule nuit cette diplomatie, dont tous les liens et toutes les traditions venaient de se briser en un seul jour, je ne manquai pas d’évoquer en silence l’esprit de l’Assemblée constituante, qui avait toujours été l’âme de M. de Talleyrand tant que Napoléon avait souffert la sagesse dans ses conseils, et je me demandai, avant d’écrire le manifeste de la république au dehors, quel serait dans ce cabinet, plein de ses souvenirs et de sa supériorité, l’avis de ce grand héritier du cardinal de Richelieu, du duc de Choiseul et de Mirabeau. […] Je pus dire à la tribune, sans être contredit par personne en Europe, le jour où la France, debout dans sa représentation souveraine, eut à nous demander compte de sa diplomatie : « Nous nous présentons à vous avec la paix conservée et avec les mains pleines d’alliances ; vous choisirez !
Par la moyenne de 11 mesures, instituées à l’aide d’un appareil prismatique, sir John Herschel trouva que la pleine Lune est 27 408 fois plus brillante que α du Centaure. Or, d’après Wollaston, le Soleil est 801 072 fois plus brillant que la pleine Lune.
Ma vie passée n’a été qu’une suite de malheurs ; ma vie actuelle est pleine d’agitations et de trouble. […] La maison, pleine d’ouvriers qui riaient, chantaient, cognaient, était chauffée avec des copeaux allumés, et éclairée par des bouts de chandelles ; elle ressemblait à un ermitage illuminé la nuit par des pèlerins dans les bois.
Au temps même de l’Art poétique, en 1671, dans la pleine maturité de son admirable raison, Boileau, qui approche de ses trente-cinq ans, fréquente chez la Champmeslé et chez Ninon de Lenclos. […] … Périr tant de chrétiens, martyrs d’une diphtongue… … Et, sans distinction, dans tout sein hérétique, Pleins de joie, enfoncer un poignard catholique.
Quant à de la sensibilité pour les malheurs individuels des hommes et à ce qu’on nomme de la philanthropie, le cœur de Werther en est plein par moments. […] Il a devant lui des chrétiens pleins d’enthousiasme, qui veulent faire revivre le Christianisme ; et il songe à revêtir Mahomet de leurs couleurs.
Mais lorsqu’on arrive à jouer sur cette lyre, elle rend le plein comme aucune autre. […] Mais l’homme malheureux ne se contente pas, fût-il aigri et plein de Heine, de faire de petites chansons avec ses grandes douleurs : il construit, dans ses vers, les pays heureux où il voudrait vivre… et ne point mourir.
Des hommes du plus grand savoir, un cardinal Duperron, fort bon écrivain lui-même dans les matières de théologie, le louaient, mort, « d’avoir annoncé et exposé aux hommes de sa nation les mystères de la poésie ; d’avoir fait parler le premier la muse en françois, et le premier estendu la gloire de nos paroles et les limites de notre langue109. » Ôtez la double exagération de l’oraison funèbre, et de l’éloge dans la bouche d’un contemporain, c’est avoir au moins du bonheur que de donner cette idée à sa nation, et de la laisser, en mourant, pleine de cette estime et de cette ambition pour sa langue110. […] Ces vers, sont beaux ; le sens en est plein, l’expression forte et nombreuse.
On ne s’interroge pas sur les affirmations violentes dont ils sont pleins ; on ne descend pas en soi-même pour en vérifier la justesse ; on n’en accepte pas la leçon. […] Vu du côté de la politique, ce livre est plein d’utiles leçons pour les gouvernements qui veulent durer.
L’église de Saint-Michel, du seuil de laquelle on apercevait la pleine mer, avait été détruite par la foudre, et il s’y passait encore des choses merveilleuses. […] La cathédrale était pleine tout l’après-midi d’un murmure nasillard ; c’était la prière d’un pauvre fou, qui en valait bien une autre.
Montrons, autant qu’il sera en nous, par des documents d’ordre privé, des souvenirs, des notes familières, ce qui fut l’homme en ce créateur prodigieux qui a tiré de soi-même un art complet, à jamais vivant ; racontons s’il se peut, la genèse de ses ouvrages, de la conception première au plein épanouissement de l’exécution et, tout au moins, efforçons-nous d’en traduire le frisson particulier ; descendons à l’examen des procédés techniques — surtout des moyens expressifs ; répandons, enfin, notre admiration profonde et raisonnée pour ce génie hors de pair qui a ramené le Théâtre musical à l’humanité, à la vérité, à la musique. […] Peu à peu vous trouvez dans ces accords un charme inconnu qui vous attire ; vous vous livrez sans résistance, vous appartenez tout entier à la pensée du maître qui vous pénètre et vous envahit. » Il ne semble pas cependant que Gasperini eut la pleine intelligence de Tristan : il arrivait, voyant Wagner tout dans Tannhæuser et Lohengrin, ayant voulu trouver dans Tannhæuser et Lohengrin les « motifs intérieurs » et la « mélodie de la forêt » : il fut étonné, déconcerté, et il avoua une déception.
; Gerdès, dont l’imprimerie avait été occupée par la troupe, hanté par l’idée qu’on pouvait prendre certaines phrases d’un chapitre politique du livre pour des allusions à l’événement du jour, et au fond tout plein de méfiance pour ce titre bizarre, incompréhensible, cabalistique, et dans lequel il craignait qu’on ne vît un rappel dissimulé du 18 brumaire ; Gerdès, qui manquait d’héroïsme, avait, de son propre mouvement, jeté le paquet d’affiches au feu. […] Cet affreux déchirement du voile que nous avions devant les yeux, c’est comme l’autopsie d’une poche pleine d’horribles choses dans une morte tout à coup ouverte… Par ce qui nous est dit, j’entrevois soudainement tout ce qu’elle a dû souffrir depuis dix ans : et les craintes près de nous d’une lettre anonyme, d’une dénonciation de fournisseur, et la trépidation continuelle à propos de l’argent qu’on lui réclamait et qu’elle ne pouvait rendre, et la honte éprouvée par l’orgueilleuse créature pervertie, en cet abominable quartier Saint-Georges, à la suite de ses fréquentations avec de basses gens qu’elle méprisait, et la vue douloureuse de la sénilité prématurée que lui apportait l’ivrognerie, et les exigences et les duretés inhumaines des maquereaux du ruisseau, et les tentations de suicide qui me la faisaient un jour retirer d’une fenêtre, où elle était complètement penchée en dehors… et enfin toutes ces larmes que nous croyions sans causes ; — cela mêlé à une tendresse d’entrailles très profonde pour nous, à un dévouement, comme pris de fièvre, dans les maladies de l’un ou de l’autre.
Quand elle se réveillait dans son petit lit, elle voyait toujours sa mère travaillant dans l’ombre transparente d’un abat-jour de lampe, une vision qui la faisait se rendormir pleine de sécurité. […] La consigne était donnée autrefois au ministère des Affaires étrangères de ne jamais en recevoir un… Mais Freycinet s’est abouché avec Garnier, et fatalement… » * * * — Dans la pénombre des soirées, le teint des femmes est couleur de perle rose, avec, dans les étroites touches de pleine lumière sur le bord des contours, des luminosités de la peau, qui semblent produites par un éclairage intérieur.
Sa délicatesse de vieux lettré plein de belles-lettres classiques est un peu craintive et vraiment pessimiste. […] Nodier, plein de grec, affirme que déraison est un barbarisme ; les grammairiens de son temps écartent comme incongrus aventureux, valeureux, vaillance.
Ceux-là semblent avoir écrit et mesuré avec le doigt de Dieu les astres, la nature, les animaux, les grandeurs, les formes, les âmes répandues dans les êtres de la création, toute pleine pour eux d’évidence divine, d’intelligence animale et d’amour universel. […] Au banquet de la vie à peine commencé, Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encor pleine.
des mélancolies de lunes éteintes : deux, très secs, étaient dans leur plein ; le troisième, dans son deuxième quartier, coulait, se vidait d’une crème blanche, étalée en lac, ravageant les minces planchettes, à l’aide desquelles on avait vainement essayé de le contenir… « … Un romantour, vêtu de son papier d’argent, donnait le rêve d’une barre de nougat, d’un fromage sucré, égaré parmi ces fermentations âcres. […] Les aveugles seuls ne le voient pas : le xixe siècle coule à pleins bords du côté du Matérialisme, du Positivisme et des sciences physiques, et y pousse M.
Toute lutte a cessé, et la volonté, heureuse d’un empire facile, gouverne presque sans y penser, et fait des prodiges avec un abandon plein de grâce. […] Aussi tout ce qu’elle fait est plein et achevé28. » Qui ne reconnaît à ce tableau les heureux moments de sa vie où il s’est senti en pleine possession de lui-même, maître incontesté, sinon absolu, dans son empire ?
Sainte-Beuve, il donna ce qui suit : [1863] Elle a le front haut et fier, fait pour le diadème ; les cheveux, d’un blond cendré, relevés en arrière, découvrent de côté des tempes larges et pures, et se rassemblent, se renouent en masse ondoyante sur un cou plein et élégant.
Émile Gaume, en présence de la tombe, a prononcé un discours plein de convenance et d’affection, dans lequel il a rappelé la pensée et le but de cette réunion commémorative.
Écrivain exquis et consommé, il s’est mêlé aux instincts, aux ironies, à la malice et aux émotions de tous, et, s’emparant de cette faculté chantante qui avait longtemps détonné, il en a tiré un parti plein d’à-propos, de finesse et de grandeur.
Cette comparaison de la muse à ces deux saisons, qu’un été si brûlant sépare, est pleine d’enseignements sur la vie.
Le jeune homme a le cœur plein ; qu’il parle, qu’il chante, qu’il soupire !
Tandis qu’avec une aisance pleine de grâce, et d’un vol qui plane nonchalamment, M. de Lamartine s’élançait aux plus hautes régions qu’on eût jusqu’alors tentées, M.
Sabbatier ne soient que celles de l’auteur même, traduites par un disciple et plutôt grossies que dénaturées, il n’est pas moins à regretter que le biographe se soit donné ainsi pleine carrière, et que sa misanthropie, en s’ajoutant aux humeurs noires d’Auguste Fabre et de Victorin, vienne aujourd’hui compromettre, sous une teinte aussi fâcheuse et trois fois morose, une publication qui, présentée sous un meilleur jour et ne réclamant que d’équitables éloges, eût mérité de tous indulgence et sympathie.
Au milieu de cette admiration haletante et morcelée, l’idée de l’ensemble, le mouvement du fond, l’effet général de l’œuvre, ne saurait trouver place ; rien de largement naïf ni de plein ne se réfléchit dans ce miroir grossissant, taillé à mille facettes.
Soumet a eu plus d’une manière : la première atteignit son plein développement dans Saül et dans Clytemnestre ; la seconde, de plus en plus vaste et qui se ressentait des exemples d’alentour, qui y puisait des redoublements d’émulation et des surcroîts de veine, ne se déclara en toute profusion que par la Divine Épopée.
Chacun a pu lire d’ailleurs, soit dans la Revue des Deux Mondes, soit dans le Journal des Débats, de grands extraits pleins d’élévation et d’éloquence sur Dieu, sur le mysticisme, sur le beau.
Les lois orageuses, et toutes pleines de perturbation, du monde extérieur, ne se réfléchissaient qu’obscurément dans la pensée terne et stagnante de l’homme.
Ils étaient trop pleins de leur sujet et, en quelque sorte, trop près d’eux-mêmes ; dans leur patriotisme exclusif, ils avaient trop peu comparé et n’étaient point assez sortis de chez eux.
voilà une réponse charmante et pleine de bonne foi.
Jupiter descend en pluie dans la puissante terre qu’il féconde, et les grandes formes des pins vivants et des montagnes ondulent sous la lune dans la nuit « pleine de dieux. » Aujourd’hui dans cet abattis universel des dogmes, parmi l’encombrement des idées entassées par la philosophie, l’histoire et les sciences, parmi les désirs excessifs et les dégoûts prématurés, la paix ne nous revient que par le sentiment des choses divines.
» Non seulement il savait tout, mais il était plein d’allégresse et s’efforçait de cacher sa joie.
Sully-Prudhomme écrit : Les villages sont pleins de ces petites filles Roses avec des yeux rafraîchissants à voir, Qui jasent en courant sous le toit du lavoir ; Leur enfance joyeuse enrichit leurs guenilles, il exclut, par le choix et la combinaison des mots, toutes les images désagréables ou répugnantes que la misère et les guenilles peuvent suggérer : s’il en surgissait une seule, tout le morceau en serait gâté et manquerait son effet.
Appuyée sur l’antiquité, l’Italie prenait confiance en la nature humaine, confiance en la raison ; écartant la contrainte du dogme, la tristesse de l’ascétisme, elle faisait en tous sens l’expérience des forces de l’esprit : forte de la première et saisissante victoire de la raison sur la théologie dans la découverte de Colomb, elle affranchissait les sciences et la philosophie, et s’essayait librement, par toute sorte de pointes hardies, à les constituer dans leur pleine indépendance.
Ainsi, elle s’est trouvée subitement riche, veuve quoique vierge, et pleine d’expérience quoique innocente. » Cela, c’est du bizarre, du surprenant, du diabolique, du satanique, et Baudelaire a dû être particulièrement satisfait de cette invention.
Vaniteux, ivrogne, plein de vices, naïf et pervers, il estime que sa vie de crapule contient déjà, au fond, les premiers linéaments de la vie évangélique selon le bon saint François.
Arlequin, épouvanté, fait la culbute en arrière, le verre plein à la main.
Comme ces fils de famille dont s’étonnait spirituellement M. de Wyzewa dans l’avant-propos de son Mouvement socialiste, qui pleins de sève et de santé, avec deux cent mille francs de rente par an, s’interrompent de la lecture d’Auteuil-Longchamp pour lire Le Socialiste de M.
Autant le principe des nations est juste et légitime, autant celui du droit primordial des races est étroit et plein de danger pour le véritable progrès.
Mais c’était un naturalisme profond et moral, un embrassement amoureux de la nature par l’homme, une poésie délicieuse, pleine du sentiment de l’infini, le principe enfin de tout ce que le génie germanique et celtique, de ce qu’un Shakspeare, de ce qu’un Goethe devaient exprimer plus tard.
Le sentiment qui a fait de « mondain » l’antithèse de « chrétien » a, dans les pensées du maître, sa pleine justification 366.
Parole pleine de bienveillance et de considération98.
Nous assistons, sous la pleine clarté de l’idéal, à la majestueuse jonction du beau avec l’utile.
C’est d’abord un fait reconnu par les médecins les plus judicieux et les plus éclairés que l’anatomie pathologique, dans les maladies cérébrales, est pleine de pièges, de mystères, de contradictions.
Nisard, est pleine de périls et d’égarements, et la discipline ajoute à la force réelle ce qu’elle ôte de forces capricieuses et factices ».
De jeunes métaphysiciens pleins de sève et de prudente audace mûrissent dans la solitude les fruits d’une pensée inquiète et pénétrante qui ne se contente plus de lieux communs.
Or, le parterre de ce temps-là, sage et plein de réserve, trouvait très naturelle cette héroïque persévérance ; il applaudissait, de la façon la plus loyale et la plus sincère son unique comédien ; seulement, un jour que ce jeune homme de quatre-vingts ans était aux pieds de sa maîtresse, et comme ses deux laquais tardaient à le venir relever, quelques étourdis du parterre se mirent à rire un peu trop haut.
La Fontaine est toujours animé, toujours plein de mouvement et d’abondance, lorsqu’il s’agit d’inspirer l’amour de la retraite, de la douce incurie, de la médiocrité dans les désirs.
quand vous m’écrivez, dit Ovide à un ami qui lui mandoit que Médée ou quelque autre piece de la composition de ce poëte étoit fort suivie, que le théatre est plein lorsqu’on y danse notre piece, et qu’on y applaudit à mes vers.
Rien n’est plus plein de finesse et de vérité que les fictions de la poésie ancienne ; mais rien n’est aujourd’hui plus usé que ces fictions.
Damiron et l’auteur de l’article du Globe du souvenir si plein de bienveillance qu’ils ont accordé à l’Essai sur les Institutions sociales, publié en 1818.
un style plein de couleur et de mélodie, et le mot, plus rare que le style, qui le diamante et le couronne, le mot qu’elle recherche et qu’elle aime, la parure de sa phrase de femme, aux mêmes contours qu’elle, mais qui n’a ni les attaches, ni les articulations, ni les manières de marcher, animalement puissantes, de la phrase des hommes de génie.
Mais elle a la modération, pleine d’un ancien bon goût, étonnant avec ses attitudes, de n’envoyer de cartel à personne, tandis que la femme la plus joliment blonde et ronde du bas-bleuisme contemporain (Mme Olympe Audouard) a, un jour, proposé un duel à un directeur de journal qui s’amusa beaucoup de cette bravacherie !
Elles ont la poitrine trop étroite ou trop pleine pour pouvoir respirer à l’aise dans l’atmosphère des idées générales, et l’Histoire littéraire est là pour l’attester.
C’était un document presque officiel, un livre pour les hommes du métier, et quoiqu’on y reconnût la souplesse nerveuse et la propriété d’expression qui indiquent que l’écrivain est tout près et qu’on sent battre son artère, cependant la méthode sévère, exacte et presque géométrique de l’homme spécial, dominait et contenait un style plein de feu, qui ne demandait qu’à jaillir et qu’à s’échapper.
Voilà pourquoi l’auteur, un Montesquieu de demi-teinte, fut proclamé un vrai Montesquieu de plein jour.
Or, à part la démocratie qui y coule à pleins bords, — comme dit la vieille phrase consacrée, — le livre de Barot n’est que cela.
Malgré la forme de ses vers, il était tout autre chose qu’un poète : il était un habile versificateur, un écrivain plein de sécurité, un linguiste, un artiste en mots ; mais ces mots n’étaient pas même poétiques, car, pour que les mots soient poétiques, a dit un adorable connaisseur, il faut qu’ils soient chauds du souffle de l’âme ou humides de son haleine.
Mais l’histoire est restée silencieuse ; elle est restée comme cet Amour, fils du Mystère, que l’iconologie nous représente un doigt sur les lèvres, carquois plein, arc renversé : car le silence, c’est le désarmement de l’histoire.
Pour les attardés qui parlent encore de Dieu, et qui bourrent leurs livres de ce vieux fagot avec lequel les hommes ne veulent plus se chauffer, il n’y a désormais, par ce temps sans Dieu, que l’enterrement vivant du silence, et le sacrifice des œuvres les plus belles et les plus pleines de lui, à brûler comme un dernier encens sur l’autel secret des Catacombes !
Il est dans ce temps-ci un autre homme que Champagny qui a commis le même oubli et la même faute, dans un livre important comme le sien, et attestant, comme le sien, des facultés pleines de puissance.
Il aime mieux la creuser dans un espace resserré, d’un point à un autre, que de l’embrasser à vaste et pleine ceinture, par conséquent de la mal étreindre.
Le livre d’Eckermann est plein de ces belles choses, mais il contient plus encore de sagacité et de finesse.
Il y a un écrivain plein de noblesse, et, pour Saint Louis, d’une sympathie respectueuse, mais qui, selon moi, n’est pas assez du xiiie siècle.
« Tous les premiers ouvrages de Michelet — dit Hello — étaient pleins de coups d’ailes.
Il en avait la gaieté, la bonne humeur, la verte allure la nature à pleine main, ce Jacques, défenseur des jésuites et du Pape, qui n’avait ni peur de souper chez ses ennemis ni scrupule de se montrer, tous les soirs, dans les coulisses de l’Opéra.
Cependant, quelquefois sa raillerie s’éteignait dans une ironie pleine de tristesse, et c’était cette tristesse qui empoisonnait la morsure : « C’est une houlette qu’il lui fallait — (à Charles X) — et il l’aura peut-être, mais il est triste, à son âge, de devenir berger. » Certes !
Il a vécu une vie pleine de jours, comme dit la Bible, et il a eu beau faire le dégoûté, le hautain, le railleur avec soi-même et avec les autres, dans ses lettres, il ne l’était pas tant que cela !
— mais longs et comme mi-fermés avec une grâce pleine de morbidesse.
Cette introduction est de la placidité pleine de force qu’ont les chrétiens, quand ils regardent deux choses tristes, — le monde et un tombeau.
Prêtre égaré par un bon motif, je le veux bien, mais égaré pourtant, il a spéculé sur le fond de la tendresse humaine pour faire aimer son Dieu, en montrant l’homme aux âmes déjà si pleines de l’homme, qu’elles s’en vont faiblissant dans leur ancien amour de Dieu !
Quant au talent d’écrivain dont ce livre éclate, il est presque aussi grand que les erreurs dont il est plein.
« Je suis en tout de la plus grande faiblesse, dit-elle, mais, appuyée à la colonne de l’Oraison, j’en partage la force. » Malade, pendant de longues années, de maladies entremêlées et terribles qui étonnent la science par la singularité des]symptômes et par l’acuité suraiguë des douleurs, Térèse, le mal vivant, le tétanos qui dure, a vécu soixante-sept ans de l’existence la plus pleine, la plus active, la plus féconde, découvrant des horizons inconnus dans le ciel de la mysticité, et sur le terrain des réalités de ce monde, fondant, visitant et dirigeant trente monastères, quatorze d’hommes et seize de filles.
Cette plume est grave, orthodoxe, renseignée, pleine de droiture, très au courant des obligations de l’histoire et de l’historien, que celui qui s’en sert a exposées avec netteté dans une introduction fort bien faite, mais où il a un peu trop insisté peut-être sur les critiques dont son premier livre a été l’objet.
Les soixante premières pages du livre de l’Idée de Dieu exposent avec une netteté pleine de force les idées qui pénètrent et dissolvent la philosophie du moment, et que l’auteur ne caractérise que par la rigueur de leur absurdité.
Intéressante boîte pleine de curiosités.
c’est-à-dire sans expérience et pleins d’illusions, nous étions indulgents à toute espèce de livres, pour peu qu’ils ne fussent pas dans la tradition du xviie siècle !
La gloire vraie y va de plus pleine main.
Nous n’ébrécherons pas, en la rompant ici et là, cette citation de madame Ackermann qui va vous échantillonner une poésie belle surtout d’ensemble, et qui, quelle que soit son étendue, va jusqu’au bout d’une pleine et forte coulée.
La Louise 10 d’Édouard Gourdon est, au contraire, une œuvre courte, fine, passionnée, sans grands événements extérieurs, un de ces livres dont le sens se perd un jour mais se retrouve l’autre, car il est éternel comme le cœur ; livres brefs, mais pleins, qui n’ont besoin pour intéresser le lecteur que d’une seule situation profondément creusée ou d’un seul sentiment éloquemment exprimé.
Après une telle déception, je n’ai plus rendu justice à rien, ni aux conversations du livre, où le coup de raquette enlève le volant avec une précision et une rapidité d’escrime, ni aux analyses de sentiments et d’idées, légères, dentelées, à jour, ni aux masses de fleurs artificielles supérieurement exécutées et dont le livre est plein, il faut bien l’avouer.
ce qu’il vaut quand il se met à plein dans son siècle à lui.
Il reprend son ouvrage en sous-œuvre et il le refait dans le fondement même… Et de ce qui était faible de langage et immoral de sentiment et de tendance, il tire un livre parsemé d’aperçus, vivant de drame, abondant, familier, terrible, à pleine main dans l’observation et dans la vie, profond lorsqu’il paraît trivial, sévèrement écrit, d’un style pur, et pourtant ardent, comme du fer passé dans la flamme ; beau livre, enfin, moral et chrétien, comme Diderot aurait pu l’écrire, s’il n’eût pas été l’athée Diderot !
Ils la prennent à pleine main, vaillamment et la brassent comme le sculpteur sa glaise.
Pourtant il a, même à cette époque, fait de grandes lithographies très-importantes, entre autres des courses de taureaux pleines de foule et de fourmillement, planches admirables, vastes tableaux en miniature, — preuves nouvelles à l’appui de cette loi singulière qui préside à la destinée des grands artistes, et qui veut que, la vie se gouvernant à l’inverse de l’intelligence, ils gagnent d’un côté ce qu’ils perdent de l’autre, et qu’ils aillent ainsi, suivant une jeunesse progressive, se renforçant, se ragaillardissant, et croissant en audace jusqu’au bord de la tombe.
Le génie se monta ensuite à une élévation pleine de grandeur, mais inégale.
Quand on le veut il est facile De s’assûrer un repos plein d’appas. […] Ainsi, il, de s’assûrer un repos plein d’appas, est le sujet de la proposition, & est facile en est l’attribut. […] A pleines mains. […] En Latin oe & ai étoient de véritables diphthongues, où l’a conservoit toûjours un son plein & entier, comme Plutarque l’a remarqué dans son Traité des Festins, ainsi ai que nous entendons le son de l’a dans notre interjection, hai, hai, hai ! […] Une analogie tirée de la ressemblance extérieure des objets, pour en conclurre leur ressemblance intérieure, n’est pas une regle infaillible : elle n’est pas universellement vraie, elle ne l’est que ut plurimùm ; ainsi l’on en tire moins une pleine certitude, qu’une grande probabilité.
Seulement Piron, qui était poète et capable de comprendre la beauté des idées religieuses, Piron, converti, se purifia pour mourir dans le christianisme, tandis que Diderot est mort, comme un chien, de trop plein, après avoir dîné. […] Partout Diderot rentre à pleines voiles dans la grande voie et la grande tradition spiritualiste, et même sa haine insolente et stupide contre l’affreux conte du Christianisme, comme il l’appelle, ne l’empêche nullement de rendre justice aux tableaux d’une inspiration chrétienne, parce qu’elle est morale puisqu’elle est chrétienne, et que la morale est suffisante, à son estime, pour faire passer sur tous les détails de ce conte affreux. […] Il n’avait pas été mis à la tête, ou plutôt à la queue de l’édition des frères Garnier, pour juger Diderot avec la fière impartialité d’un critique qui se sent du sang dans les veines, mais pour tintinnabuler à pleines volées en l’honneur du xviii° siècle et de l’homme dont ils publiaient les Œuvres complètes pour la première fois. […] Villemain (l’un des premiers), Lerminier, Sainte-Beuve, Janin, Damiron, et plus tard Bersot, Vinet, Barny et une foule d’autres, parlèrent de Diderot comme le xviiie siècle, qui n’avait la bouche pleine que de son Voltaire et de son Rousseau, n’en avait jamais parlé.
C’est plein de Lafargues. […] Il reste très fort, très pénétrant, plein de vues jusqu’alors nouvelles, depuis presque toutes vérifiées avec une exactitude qui fait réfléchir. […] Sa correspondance est pleine de « lettres de direction ». […] On sait que les aimables plaisants du temps, connaissant cette respectable manie, inventèrent une Madeleine cherchant le salut, et lui écrivirent une « lettre de femme » pleine d’angoisse, d’aspiration au relèvement, et de confiance. […] Aucune faculté n’a son plein exercice dans l’être humain quand il n’a pas suivi la voie normale, à la fois naturelle et sociale, telle que la tracent les conditions mêmes où vil l’humanité.
Ouvrons toute notre âme à ces douces tendresses Qu’inspirent aux amants les pleines allégresses, Et d’un commun accord chérissons nos ennuis Dont nous voyons sortir de si précieux fruits. […] Autre ressource, non moins féconde : l’histoire, vous le savez, n’est pleine, elle ne l’était surtout au temps de Corneille, que de personnes souveraines, que de princesses ou d’impératrices, que de satrapes et de généraux d’armée, que de consuls, que de rois, que d’empereurs ; et vous savez aussi, Messieurs, ce que ces grands de la terre tiennent de place dans notre tragédie. […] Et il voulait mettre enfin sous la sauvegarde et la protection du roi ce qu’il y avait dans sa pièce de plus audacieux encore que les attaques dont elle était pleine… disons, si vous le voulez, contre la fausse dévotion… On raconte, que lorsque Piron débarqua du coche à Paris pour la première fois, il se rendit dès le jour même à la Comédie, où l’on jouait précisément Tartufe. […] Il convient cependant de noter qu’au regard même des contemporains, les comédies de Molière sont pleines de personnalités, de personnalités directes, et généralement offensantes. […] Ils ne se proposent que d’imiter la nature, que de la copier, mais ils la copient quelquefois tout entière ; et alors, l’imagé qu’ils nous en donnent équivaut à la nature même, aussi pleine de sens, aussi instructive, et, comme nous disons, aussi suggestive qu’elle.
En particulier son interprétation des rêves et des lapsus, qui est pleine de remarques profondes, me semble tout de même dans l’ensemble, beaucoup plus factice et beaucoup moins convaincante que sa théorie des névroses. […] Et Swann aperçut, immobile en face de ce bonheur revécu, un malheureux qui lui fit pitié parce qu’il ne le reconnut pas tout de suite, si bien qu’il dut baisser les yeux pour qu’on ne vît pas qu’ils étaient pleins de larmes. […] Et sans doute la voix de Swann était plus clairvoyante que lui-même, quand elle se refusait à prononcer ces mots pleins de dégoût pour le milieu Verdurin et de la joie d’en avoir fini avec lui, autrement que sur un ton factice et comme s’ils étaient choisis plutôt pour assouvir sa colère que pour exprimer sa pensée. […] Je veux dire que la pleine réalité psychique n’était attribuée qu’aux faits intérieurs qui ou bien aboutissaient à une décision, ou bien s’y opposaient ; les autres n’étaient pas inconnus, mais formaient autour des premiers une « aura », un halo considéré comme négligeable, ou qu’en mettant tout au mieux, l’écrivain se contentait de suggérer. […] Et Swann aperçut, immobile en face de ce bonheur revécu, un malheureux qui lui fit pitié parce qu’il ne le reconnut pas tout de suite, si bien qu’il dût baisser les yeux pour qu’on ne vît pas qu’ils étaient pleins de larmes.
Brunetière pour une époque « où la démocratie coule à pleins bords », comme disait un de ses ancêtres. […] Dans un article, d’ailleurs plein de suc, il remarque avec raison que la passion est vraiment reine dans les romans de l’abbé Prévost. […] Et cependant il écrit par devoir, semblable à cet homme à la cervelle d’or que la vie oblige à dépenser en menue monnaie le trésor dont sa tête est pleine. […] Mais s’il laisse aux auteurs pleine liberté de choisir le sujet et la forme qu’il leur plaira, il estime que pour le fond ils n’ont rien de mieux à faire que de s’en tenir à la tradition nationale. […] À ces rapprochements pleins d’une poésie attendrie se mêlent d’ingénieuses expressions qui sentent le causeur rompu à l’escrime agile de la conversation du monde.
Arthur Chuquet intervient, les bras chargés de dossiers, la mémoire gonflée de renseignements, la bouche pleine de paroles instructives4. […] Ces deux fonctionnaires, pleins de zèle, avaient exactement la même conception de leurs devoirs. […] Le prévoyant Savary, plein de confiance dans le conseil de guerre, s’était occupé, avant l’audience, de faire apprêter les armes et creuser la fosse… Pauvre général Hulin ! […] Partout, partout des cadavres ; les routes, les maisons, les champs, les bois en étaient pleins. […] C’est dans ce musée composite et bariolé, plein de reliques immémoriales, que M.
Le roi alors nommait un tribunal extraordinaire exerçant une justice souveraine ; les lettres patentes qui conféraient aux juges-commissaires cette pleine autorité étaient soumises à la formalité de l’enregistrement, et rien ne manquait à l’appareil de ce parlement improvisé et sans appel. […] Durant quatre mois pleins, depuis le 25 septembre 1665, jour d’arrivée à Clermont, jusqu’au 4 février suivant, jour du départ, la maison de M. de Caumartin fut un centre de réunion et pour MM. des Grands Jours, et pour les principaux de la ville, et même pour ceux de la noblesse qui se rassurèrent à la fin jusqu’à venir affronter la vue des terribles juges.
— Vos dernières pages sont pleines d’une onction et d’une sensibilité qui m’enchantent. Cet article est composé comme une vie de ce temps-là même, finissant par une retraite pieuse après une gloire pleine de gravité. — On dit que vous avez été souffrant ces jours-ci, je serais allé vous voir sans ce temps affreux et le désordre du jour de l’an.
Ses lettres à Mme de Sablé, dans le temps de la confection des Maximes, nous le montrent plein de verve, mais de préoccupation littéraire aussi ; c’était une émulation entre elle et lui, et M. […] Dans l’ode sérieuse qu’elle lui adresse, Mme Des Houlières, lui parlant de la mort en des termes virils, avait dit : Oui, soyez alors plus ferme Que ces vulgaires humains Qui près de leur dernier terme De vaines terreurs sont pleins.
Or penser tout haut, devant tous, opérer sur les idées devant témoins, est un exercice brillant, un jeu plein de charme, et qui finit par envahir. […] Par malheur, en 1815, pendant les Cent-Jours, quelques circonstances particulières, que sans doute elle s’exagéra, la poussèrent à craindre pour des papiers si pleins de choses et de noms : ce qui est véridique est presque toujours terrible.
Ce jeune homme de dix-huit ans, élancé de taille, et dont la tête penchait volontiers comme légèrement lassée, blond, rougissant, se montrait d’une timidité extrême ; après une visite où il avait écouté longtemps, parlé peu, il vous écrivait des lettres pleines de naturel et d’abandon : plume en main, il triomphait de sa rougeur. […] Si Lucrèce nous rend avec une saveur amère les angoisses des mortels, nul aussi n’a peint plus fermement et plus fièrement que lui la majesté sacrée de la nature, le calme et la sérénité du sage ; à ce titre auguste, le pieux Virgile lui-même, en un passage célèbre, le proclame heureux : Félix qui potuit rerum , etc… Quoi qu’il en soit cependant de l’énigme que le poëte nous propose, et si tant est qu’il y ait vraiment énigme dans son œuvre, c’était aux expressions de trouble et de douleur que s’attachait surtout notre ami ; le livre III, où il est traité à fond de l’âme humaine et de la mort, avait attiré particulièrement son attention ; dans son exemplaire, chaque trait saillant des admirables peintures de la fin est surchargé de coups de crayon et de notes marginales, et il s’arrêtait avec réflexion sur cette dernière et fatale pensée, comme devant l’inévitable perspective : « Que nous ayons vécu peu de jours, ou que nous ayons poussé au-delà d’un siècle, une fois morts, nous n’en sommes pas moins morts pour une éternité ; et celui-là ne sera pas couché moins longtemps désormais, qui a terminé sa vie aujourd’hui même, et celui qui est tombé depuis bien des mois et bien des ans : Mors aeterna tamen nihilominus illa manebit ; Nec minus ille diu jam non erit, ex hodierno Lumine qui finem vitaï fecit, et ille Mensibus atque annis qui multis occidit ante. » Notre ami était donc en train d’attacher ses travaux à des sujets et à des noms déjà éprouvés, et les moins périssables de tous sur cette terre fragile ; il voguait à plein courant dans la vie de l’intelligence ; des pensées plus douces de cœur et d’avenir s’y ajoutaient tout bas, lorsque tout d’un coup il fut saisi d’une indisposition violente, sans siège local bien déterminé, et c’est alors, durant une fièvre orageuse, qu’en deux jours, sans que la science et l’amitié consternées pussent se rendre compte ni avoir prévu, sans aucune cause appréciable suffisante, la vie subitement lui fit faute ; et le vendredi 19 septembre 1845, vers six heures du soir, il était mort quand il ne semblait qu’endormi.
Regardez ce bel enfant de trois mois qui dort, tout rose, sur sa coupe blanche et toujours pleine ; c’est pourtant un fruit d’une veille de mort. […] Il jeta sur le plancher sa besace, plus pleine de provisions qu’à l’ordinaire ; il en tira du pain, du caccia cavallo (fromage de buffle des Maremmes), une fiasque de vin de Lucques, et dit à mes vieux parents : — Ne vous inquiétez pas comment vous vivrez en l’absence de ces enfants, je vous en apporterai toutes les semaines autant ; l’aumône est la récolte des abandonnés, je ne fais que vous rendre ce que vous m’avez tant de fois donné dans vos jours de richesse.
Je sais de reste qu’à toutes les pages de l’Histoire il y en a d’affreuses, pleines de sang et de larmes, et que les annales de ce monde ne nous offrent que le spectacle de révoltes, de colères, de renversements. […] Taine en sa Conspiration jacobine, dans les assemblées qui constituent directement ou indirectement tous les pouvoirs publics, et qui, pour exprimer la volonté générale, auraient dû être pleines, il manquait « SIX MILLIONS trois cent mille électeurs sur SEPT MILLIONS !
La suite des scènes est pleine d’intérêt.
Dès les premiers jours d’avril 1814, un parti exagéré et qui n’était que l’organe le plus fidèle, le plus selon le cœur de l’ancienne race royale, prétendait forcer la main aux pouvoirs intermédiaires et encore arbitres de la situation, et obtenir la rentrée de plein droit et sans condition aucune.
La correspondance est très riche, pleine de cœur et de pensée.
Toutes les fenêtres étaient garnies de têtes, toutes les rues remplies de curieux ; la place d’armes fut pleine en un instant, et nous fûmes obligés de traverser une foule innombrable qui venait voir ses vainqueurs.
Rousseau, s’autorisant de l’exemple donné par ce singulier ecclésiastique, nous dit : « Un célèbre auteur de ce siècle, dont les livres sont pleins de grands projets et de petites vues, avait fait vœu, comme tous les prêtres de sa communion, de n’avoir point de femme en propre ; mais se trouvant plus scrupuleux que les autres sur l’adultère, on dit qu’il prit le parti d’avoir de jolies servantes, avec lesquelles il réparait de son mieux l’outrage qu’il avait fait à son espèce par ce téméraire engagement.
Cependant, au milieu de ces développements pleins d’éclat et de cette restitution opérée dans les dehors de la littérature, il restait beaucoup à faire au dedans pour les études positives, et chez un grand nombre d’esprits, comme il arrive si souvent en France, le sentiment allait plus vite que la connaissance et le labeur.
Il fait sentir cette impression redoutable, ce frisson glacé qu’éprouve l’homme, alors que, plein de vie, il apprend qu’il va périr.
Cette liberté excessive est celle qui asservit la science à des caprices individuels ; nous ne trouverons notre vraie, notre pleine liberté que dans la discipline, la saine discipline des méthodes exactes.
Maître, qui fus Celui, un instant, pour nous, Tu dois, de ceux qui se passent le flambeau, L’éternel flambeau, qui nous éclaire, nous, Recevoir le tribut des hymnes clairs et beaux : « Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères.
. — Ou bien, c’est Burattino dupé par deux larrons : « Burattino, ayant été chercher des provisions pour l’hôtellerie, revient avec un panier plein de victuailles.
Mais on se console en songeant que, si sa puissance interne est diminuée, sa création est bien plus personnelle, qu’il possède plus éminemment son œuvre, qu’il en est l’auteur à un titre plus élevé ; en songeant que l’état actuel n’est qu’un état pénible, difficile, plein d’efforts et de sueurs, que l’esprit humain aura dû traverser pour arriver à un état supérieur ; en songeant enfin que le progrès de l’état réfléchi amènera une autre phase, où l’esprit sera de nouveau créateur, mais librement et avec conscience.
Pleins d’égards à cette époque pour les religions étrangères, quand elles restaient sur leur propre territoire 604, les Romains s’interdirent l’entrée du sanctuaire ; des inscriptions grecques et latines marquaient le point jusqu’où il était permis aux non-Juifs de s’avancer 605.
Paris alors était plein d’architectes italiens qui, depuis Catherine de Médicis, bâtissaient avec goût et magnificence.
Sa critique, à cet égard, est pleine d’invention et de fertilité.
Voulez-vous savoir si le monde reprend à la vie, si la société se remet à flot et rentre à pleines voiles dans ses élégances et ses largesses ?
En effet, à ne le prendre que dans cette carrière déjà si pleine qu’il a fournie durant treize années au sein de la Chambre des pairs, je vois en lui un orateur des plus distingués, l’avocat ou plutôt le champion, le chevalier intrépide et brillant d’une cause ; mais tous ses développements d’alors roulent sur deux ou trois idées absolues, opiniâtres, presque fixes : il défend la Pologne, il attaque l’Université, il revendique une liberté illimitée pour l’enseignement ecclésiastique, pour les ordres religieux ; il a deux ou trois grands thèmes, ou plutôt un seul, la liberté absolue.
Et enfin, comment nos aînés voici quinze ou vingt ans reçurent-ils des mains des derniers Parnassiens, le vers encore si plein naguère, si puissant et si varié de la grande Légende, des Poèmes Barbares, des Fleurs du Mal, en quel état ?
quelques-unes semblent pleines du songe d’un monde antérieur.
Aux innocents les mains pleines !
. — Théâtre satirique et philosophique C’est le théâtre dit injouable, parce qu’il paraît trop plein de pensées ou de paroles neuves et éternelles aux frivolités de notre public.
Cet écrivain plein d’honneur et de probité, étoit de plus si galand homme, que lui-même il me pardonneroit la remarque que je vais faire.
Sans doute, quand je m’y conforme de mon plein gré, cette coercition ne se fait pas ou se fait peu sentir, y étant inutile.
Comme rythme général, deux grandes demi-périodes, l’une largement ouverte et comme à pleines ailes, montrant l’aigle évoluant dans le ciel, puis fondant sur sa proie ; l’autre plus courte, plus pressée et plus pressante, donnant cette sensation que non seulement aussi vite et aussi foudroyant, mais plus vite et plus foudroyant encore était le vol du prince de Condé.
Nous avions cité au hasard des pages de Stendhal, criblées de répétitions insipides, écrites avec les mêmes épithètes banales, pleines d’incompréhensibles négligences, vocabulaire monotone, composé de deux ou trois mots, de deux ou trois verbes qui reviennent toujours.
Il est vain dans les deux sens du mot, et quoique plein, il est très vide… Le mot de la fin sur Byron ne sera jamais dit.
Si les enfants tombaient quelque jour dans les idées ridiculement irréligieuses que j’ai eues quelquefois moi-même, fais-leur lire cette lettre et dis-leur que l’oncle Gaston qui, plein de vie, de force et de raison, est mort entre les mains d’un prêtre, était cependant un homme intrépide… » Comparez en beauté morale, et même en beauté dramatique, la mort de Raousset à celle de Lara, et vous verrez si la vérité historique n’est pas plus grande que l’invention du grand poète !
Le nom de l’homme, nous le savons bien, était lumineux, mais la lumière ne tombait pas assez à plein sur toute sa vie.
c’est contre un tel obstacle à la bienvenue et à l’établissement de la vérité que M. de Chalambert s’avise de lutter aujourd’hui avec deux volumes, pleins de notions exactes, quand on se tient au point de vue du détail des faits, mais qui, selon nous, ne creusent pas assez dans la question des origines, cette seule question qui éclaire tout en histoire et que M. de Chalambert, il faut le dire, n’a point oubliée.
Non pas celui de Luther ou de Calvin ou de personne, ni même l’apostolique du comte de Gasparin, — cette pointillerie, comme aurait dit Bossuet, dans le dédain de son bon sens, cette pointillerie à examiner, travail de Pénélope toujours repris par qui a la fantaisie de le reprendre, — mais le protestantisme primitif, éternel, qui date du paradis terrestre, disait Lacordaire, et qui naquit le jour où Satan dressa contre Dieu le pourquoi de toutes les révoltes… Le chez soi du comte de Gasparin, c’est l’individualisme sans limites, c’est le plein vent de la liberté, c’est le radicalisme absolu !
Mais Soury, ce docteur Tant pis qui pense Tant mieux, la déclare manifestement rachitique : « Madame dernière, — dit-il, — celle-là même — ajoute-t-il avec une ironie pleine de colère — dont la catholicité attend la béatification, c’était un être débile, chétif, manifestement rachitique.
C’est elle-même, cette fleur de dix-sept ans et du mal, dirait Baudelaire, qui, dans cette auberge pleine, descend le matin, tire les verrous et se jette à Desgrieux qui l’enlève !
Cette résolution, qui ne dure qu’une minute, est la seule circonstance étrangère au magnifique développement d’amour qui est l’intérêt profond de ce roman par lettres sans égal ; car Clarisse et Delphine et les Lettres de deux jeunes mariées sont pleines d’événements.
Avec cette vigueur de caractère, il devait avoir une éloquence pleine de hauteur et de force ; aussi trouvait-il que Cicéron manquait de reins , pour me servir de son expression13.
Mais quand tu pourrais obtenir Que la mort laissât, revenir Celle dont tu pleures l’absence, La voudrais-tu remettre en un siècle effronté Qui, plein d’une extrême licence. […] On pouvait dire de lui, bien plus encore que de Spinosa, que ses livres étaient pleins de Dieu ; mais son Dieu dont les volontés générales enveloppaient des conséquences quelquefois regrettables, n’était déjà plus celui de l’Écriture ; et sa manière de traiter le miracle ne tendait à rien moins qu’à le nier, en le faisant rentrer dans des lois qu’il faut qu’il interrompe, ou qu’il contrarie, ou qu’il renverse, pour être le miracle. […] « De la manière que l’homme est fait, un conte lascif, disait-il, est une chose qui réveille extrêmement sa curiosité, et qui l’attire par des charmes presque insurmontables. » Et aussi, ses écrits sont-ils pleins de « contes lascifs ». […] Mais, comme il y a plus de cent ans déjà que, tout ce que nous pensons, nous pouvons le dire à pleine bouche, en quelque sorte, sans déguisement ni circonlocutions, nous avons oublié que nos pères ne pouvaient, eux, se faire entendre, mais surtout se faire tolérer qu’à force d’adresse et de politique. […] Ils remplissaient la ville, et la cour même en était pleine.
Vous avez passé votre vie comme le Paterfamilias antique, maître chez vous dans un loisir plein de dignité, fidèle à des opinions qui ne triomphaient pas, le chien du fusil abattu sur le bassinet, parce que la guerre des chouans s’était éteinte dans la splendeur militaire de l’Empire, et sous la gloire de Napoléon. […] Mon âme est comme un colombier tout plein de colombes. […] Il en avait une pleine conscience, et il essayait raisonnements sur raisonnements, ou mieux sophismes sur sophismes, pour venir à bout de ses révoltes intimes contre la démocratie grandissante. […] Concluons que le roman social n’atteint sa pleine valeur qu’à la condition d’avoir de la portée. […] Je fondais en larmes… » Ce père si plein d’espérance envoya ce fils d’une émotivité trop précoce, d’abord dans une petite pension du quartier, puis au lycée Charlemagne.
Une chanson de lui, pleine de sentiment, intitulée le Retour ou le mois de juin 1820, nous le montrerait abandonnant, abjurant à cette heure une querelle qu’il jugeait désespérée, et se retournant vers des dieux plus indulgents : Je le sens trop, les jours de mon jeune âge A de faux dieux étaient sacrifiés ; Deux ans d’erreur m’ont enfin rendu sage, Et la raison me ramène à tes pieds. […] C’était un moment plein de solennité que celui où l’on consacrait ainsi à une juste cause un feu et un talent qu’on croyait inépuisables comme elle. […] Et tandis que l’écolier libertin chante tout plein d’ivresse et de folie, le maître se lève, jeune aussi et beau, mais au front pâle : « Folâtre jeune homme, est-ce que tu ne sais pas que tout est sérieux ?
Thiers daigne faire de la constitution de Sieyès est pleine de sens politique et d’expérience anticipée, mais elle est un peu trop étendue ; on n’analyse pas le néant, on souffle sur le rêve, et tout est dit. […] Les ministères, les assemblées en sont aussi pleines en France que les armées. […] N’ayant aucune opinion bien arrêtée, seulement une modération naturelle qui répugnait à toutes les exagérations ; s’appropriant à l’instant même les idées de ceux auxquels il voulait plaire par goût ou par intérêt ; s’exprimant dans un langage unique, particulier à cette société dont Voltaire avait été l’instituteur ; plein de réparties vives, poignantes, qui le rendaient redoutable autant qu’il était attrayant ; tour à tour caressant ou dédaigneux, démonstratif ou impénétrable, nonchalant, digne, boiteux sans y perdre de sa grâce, personnage enfin des plus singuliers et tel qu’une révolution seule en peut produire, il était le plus séduisant des négociateurs, mais en même temps incapable de diriger comme chef les affaires d’un grand État ; car, pour diriger, il faut de la volonté, des vues et du travail, et il n’avait aucune de ces choses.
« Je suis loin de regretter, dit alors Lucullus, les heures employées à ces entretiens ; quand nous nous trouverons réunis, surtout dans nos jardins de Tusculum, nous pourrons souvent débattre ensemble ces belles questions, etc. » Et ils s’embarquent à la fin du jour dans un silence plein de pensées. […] « Tout est plein, cependant, de traités philosophiques où l’on se propose de le prouver. […] Plût à Dieu que nous y fussions menés à pleines voiles !
Il tient à son gendre ce discours plein de sens : « Le mari est celui qui « fait de l’argent », comme nous disons, pour subvenir aux besoins et aux caprices de sa femme. […] Bref, les Transatlantiques sont pleins de fragments de comédie sérieuse et quelquefois profonde. […] Après ses pertes d’argent, le père Pétermann est admirable de résignation souriante, de courageux optimisme ; et c’est très sincèrement que, après l’aventure de Lia, Mme Pétermann, décidée à quitter la ville et ne pouvant plus respirer cet air « tout plein de la mauvaise renommée de son enfant », déclare que la pauvreté n’a rien qui l’effraie.
Les œuvres des hommes de génie sont pleines de la femme, mais, ne l’oubliez pas ! […] c’est Rousseau, dont le monde était plein à l’heure où écrivait Gœthe, et auquel toute la terre pouvait dire alors, comme dans la chanson grecque : « Tu as craché sur moi et j’en suis tout empoisonnée ! […] Pour ma part, j’ai connu, étant enfant, un vieillard qui en était plein, qui en débordait, de Voltaire !
… Ce qu’il faut, c’est boire à pleine gorge les ruisseaux du champ, et cueillir des roses, et mordre à tous les fruits suaves. […] comme tout est vaste, antique et plein de choses ! […] Tout était plein de fleurs et d’oiseaux ; on entendait chanter les rossignols. […] Il n’a pas rendu pleine justice à Taine, ni à Renan, qu’on ne peut pourtant pas assimiler aux pédants modernistes. […] On construit une ligne de chemin de fer : le village devient commune de plein exercice.
Renan, c’est la façon dont il accepte les découvertes de la science, en idéaliste plein de souplesse, qui utilise tout pour continuer et élargir ses rêves. […] Il vit au fond d’une bibliothèque, loin du bruit de la rue, dans un commerce plein de douceur avec les Muses. […] Tallemant est ainsi plein d’histoires de pensions et de sommes d’argent données à des auteurs. […] Où est l’affirmation pleine et complète de la personnalité ? […] Et pourquoi donc ne ferions-nous pas le plein jour, pourquoi n’assainirions-nous pas nos faubourgs à coup de pioche, en y faisant entrer le grand air ?
Des entremetteurs et des dévergondées, des courtisans spadassins ou bourreaux qui vont voir éventrer Harrison ou qui mutilent Coventry, des filles d’honneur qui accouchent au bal, ou vendent aux planteurs les condamnés qu’on leur livre, un palais plein de chiens qui aboient et de joueurs qui crient, un roi qui en public lutte de gros mots avec ses maîtresses en chemise719, voilà cet illustre monde ; ils n’ont pris des façons françaises que le costume, et des sentiments nobles que les grands mots. […] Sur un tissu plein et solide se détachent des fils habilement noués ou éclatants. […] Les collines pleines de soleil brillaient dans le lointain sous les rayons splendides, et, dans les prairies au-dessous d’elles, les ruisseaux polis semblaient rouler de l’or liquide. […] Il avait perdu les deux places qui le faisaient vivre ; il subsistait misérablement, chargé de famille, obligé de soutenir ses fils à l’étranger, traité en mercenaire par un libraire grossier, forcé de lui demander de l’argent pour payer une montre qu’on ne voulait pas lui laisser à crédit, priant lord Bolingbroke de le protéger contre ses injures, vilipendé par son boutiquier quand la page promise n’était pas pleine au jour dit.
Les sources vives dans ce cœur étaient trop pleines et dégorgeaient impétueusement le bien, le mal au moindre choc. […] Byron a trouvé la sienne, qui est celle des sentiments tendres et tristes ; c’est une lande, et pleine de ruines, mais il est chez lui, et il est seul. […] Ils virent leurs yeux noirs darder une flamme — chacun dans ceux de l’autre, et voyant cela, — leurs lèvres se rapprochèrent et se collèrent en un baiser1311… — Ils étaient seuls, mais non point seuls comme ceux — qui renfermés dans une chambre prennent cela pour la solitude, — L’Océan silencieux, la baie sous le ciel plein d’étoiles, — la rougeur du crépuscule qui de moment en moment baissait, — les sables sans voix, les cavernes où l’on entendait l’eau tomber goutte à goutte, — tout autour d’eux resserrait leurs bras entrelacés, — comme s’il n’y eût point de vie sous le ciel — hors la leur, et comme si cette vie n’eût pu jamais mourir1312. » Excellent moment, n’est-ce pas, pour apporter ici vos formulaires et vos catéchismes ! […] ils étaient si jeunes, si beaux, — si seuls, si aimants, si livrés à eux-mêmes, et l’heure — était celle où le cœur est toujours plein — et, n’ayant plus sur soi de pouvoir, — suggère des actions que l’éternité ne peut défaire1314 !
On voit qu’avant d’être diplomate et voyageur, l’auteur de l’Essai sur l’Inégalité des Races Humaines, des magnifiques récits de voyage en Asie, de la Renaissance et des Pléiades, avait été journaliste et que curieux de tout, l’esprit plein de ce feu qui a l’éclat du diamant, il attendait la carrière brillante qu’un avenir prochain lui réservait en pourvoyant de ses écrits les colonnes des revues et journaux les plus cotés de cette attrayante époque. […] Nous rendons pleine justice à ce que ces œuvres ont de bon ; mais chacune nous fait un peu l’effet d’une bluette plus ou moins réussie, et ce n’est pas assez pour une nouvelle. […] Rabelais, Érasme, n’auraient plus besoin d’abuser les maîtres du pouvoir par des gentillesses ; ils passeraient de plein droit entre les sentinelles. […] Sainte-Beuve ; il se fit le généalogiste du romantisme et s’efforça de planter un arbre héraldique auquel tous les esprits furent forcés d’accorder pleine créance.
Aussi éprouvait-il pour la première une antipathie toute mêlée d’amour ; et pour la seconde, une affection toute pleine d’ironie. […] Non parce que j’envie ton heureux destin, mais parce que je suis ivre de ton bonheur, toi qui, Dryade ailée des arbres, dans quelques mélodieux entrelacs de hêtres verts et d’ombrages infinis, chantes à plein gosier le calme de l’été. […] Si je voulais choisir, entre toutes les attitudes de Hugo, celle qui caractérise le mieux l’idée que je me fais de son génie, je l’évoquerais sans doute en contemplation devant l’Océan ; ou bien encore dans ce look out de sa maison de Guernesey, où il était heureux de se sentir en « plein ciel ». […] L’histoire littéraire est pleine de jugements sévères portés sur des poèmes qui nous paraissent admirables, mais qui durent, jadis, payer chèrement le prix de leur nouveauté. […] Voilà, je crois, tout ce qu’il y a d’essentiel à la poésie. » C’est lui qui, continuant d’une marche assurée, a critiqué Homère, a montré qu’il était plein de défauts, l’a massacré pour l’embellir, a resserré en douze chants les vingt-quatre chants de l’Iliade ; et encore a-t-il fait comparaître l’ombre d’Homère, pour le féliciter personnellement, lui, La Motte, d’avoir accompli un si beau travail.
Et La Chartreuse de Parme n’est-elle pas pleine de conspirations, d’évasions, de forteresses de cent pieds de haut, d’où le héros s’échappe avec la complicité de la fille du geôlier ? […] Une étrange politesse et, ce qui est encore une des caractéristiques de l’admirable style de France, l’emploi des adjectifs les plus simples, relevés, grandis, par la place où il les sait mettre : « les jours nombreux, égaux et pleins » de Crainquebille. […] Voici Delteil, regrettant que Barrès ait « manqué » Napoléon : « Il eût senti le Corse chaleureusement ; il nous en eût livré une peinture pleine de vigueur et de vert-de-gris, une peinture tigrée. » Des idéologies passionnées ! […] Chose à remarquer : il a fallu, pour Morte la Bête, que Sacha Guitry transportât cette brève nouvelle au théâtre pour qu’un public nombreux s’aperçût de la profondeur d’émotion et de vérité dont elle est pleine. […] Luc Durtain, d’ailleurs pleine de talent ; ce sont de magnifiques bouffonneries comme Les Copains de M.
Elle était née avec toutes les qualités qui peuvent recommander une personne de son sexe dans le monde ; elle avait le don de beauté, et avec cela « sérieuse, douce, tranquille dès l’enfance, et toutefois très sensible ; ferme, hardie, et néanmoins mesurée et pleine de tous les égards nécessaires pour s’établir une réputation hors d’atteinte ». […] M. de Nivernais n’a ni la simplicité d’Ésope, ni la naïveté de La Fontaine : mais son style est plein de raison et d’élégance ; on y retrouve le vieillard et l’homme de bonne compagnie 6. » C’est sur cet éloge que nous finirons.
Mais les esprits essentiellement critiques et moralistes n’ont le plus souvent besoin ni de grands mécomptes ni de désabusements directs pour arriver à leur plein exercice et à leur entier développement ; ils sont moralistes en un clin d’œil, par instinct, par faculté décidée, non par lassitude ni par retour. […] En fait de bonheur et de malheur, ma vie a été si pleine, si vive, que je ne puis, sans que la main me tremble, toucher à quelqu’une de ses profondeurs.
Godeau, évêque de Grasse, qui sont toutes pleines de myrtes et de roses. […] Malgré toute notre déférence pour ses paroles, et notre admiration pour les belles pages, pleines de largeur comme toujours, dont il a fait la bordure de sa publication, nous ne saurions lui concéder un tel jugement.
Le moment est donc venu, messieurs, où cette tolérance respectueuse, qui a été successivement et péniblement conquise par la force des choses encore plus que par la sagesse des hommes, pour les protestants, pour les juifs, pour les diverses sectes religieuses, pour les musulmans eux-mêmes, doit être acquise aujourd’hui, et dorénavant s’étendre de plein droit aux esprits philosophiques et scientifiques et aux doctrines qu’ils professent en toute sincérité. […] Dans le rapport d’ailleurs excellent et plein d’esprit (c’est tout simple), et de justesse quant aux conclusions, que vous avez entendu, l’honorable rapporteur, M.
Il aime les sons beaux et purs, il est plein d’enthousiasme pour les harmonies nobles, il a autant de cœur que de génie402. […] J’en appelle à toutes les institutions politiques, civiles et religieuses ; examinez-les profondément, et je me trompe fort, ou vous verrez l’espèce humaine pliée de siècle en siècle au joug qu’une poignée de fripons se permettait de lui imposer… Méfiez-vous de celui qui veut mettre l’ordre ; ordonner, c’est toujours se rendre maître des autres en les gênant. » Plus de gêne ; les passions sont bonnes, et, si le troupeau veut enfin manger à pleine bouche, son premier soin sera de fouler sous ses sabots les animaux mitrés et couronnés qui le parquent pour l’exploiter409.
Les paroles sont devenues des actions, et tous les cœurs sensibles vantent avec transport un mémoire que l’humanité anime et qui paraît plein de talent, parce qu’il est plein d’âme ».
C’est qu’il est plus aisé de rêver que de penser ; c’est que le vide a plus de vertiges que le plein ; c’est que Montesquieu était la science, et que Jean-Jacques était le délire. […] XVII Ce besoin divin de la souveraineté administrée par des gouvernements plus ou moins parfaits, est le travail le plus persévérant de l’humanité, ce qu’on appelle la civilisation, ou le perfectionnement des conditions sociales, le progrès ; travail pénible, lent, quelquefois heureux, souvent déçu, plein d’illusions, d’utopies, de déceptions, de révolutions ou de contre-révolutions, selon que les peuples et leurs législateurs s’éloignent ou se rapprochent davantage dans leurs lois précaires des lois non écrites de la nature sociale révélées par Dieu lui-même à l’humanité.
Sans avoir en 1803 cette humeur chagrine et bourrue, Fabre, esprit sérieux, intelligent, causeur instruit et plein de ressources, connaisseur du premier ordre en matière d’art, ne brillait ni par le charme ni par l’élévation du talent. […] Sa taille moyenne n’était ni grande ni petite : la taille qui exclut la majesté, mais qui permet l’agrément ; ses cheveux étaient blonds, son front poli et divisé au milieu en deux zones légèrement arrondies, qui indiquent la facilité de l’intelligence ; ses joues d’un contour élastique, son nez un peu grossi et retroussé qu’on ne voit jamais en Italie, mais qui dans la jeunesse donne à la figure un mordant et un éveillé très propre à mordre et à éveiller le regard, sa bouche entr’ouverte et souriante, douce, fine, pleine de réticence sans malignité ; le plus beau de ses traits, c’étaient ses yeux, d’un bleu noir, larges, confiants, obéissants à sa pensée ; elle leur commandait.
Elle avait jonché de toutes sortes de fleurs le tombeau et la terre alentour ; un beau tapis de damas était étendu sous ses genoux ; sur le tapis il y avait quelques vases de fleurs et une corbeille pleine de figues et de galettes d’orge, car cette femme devait passer la journée entière à pleurer ainsi. […] Le foyer s’éteignait, mais la lune se levait pleine et éclatante dans le ciel limpide, et passant à travers les crénelures d’un grand mur de pierres blanches et les dentelures d’une fenêtre en arabesques, qui bornaient la cour du côté du désert, elle éclairait l’enceinte d’une clarté qui rejaillissait sur toutes les pierres.
Il y a d’ailleurs une preuve que, même au plus fort de ses spéculations, loin de négliger l’antiquité, il y puisait des sujets de méditation, et il en portait des jugements pleins de goût. […] Montaigne est tout plein de ce naturel ; il a plus rarement celui qui vient de la raison appliquée à la recherche de la vérité.
Un bûchage, coupé seulement de pleines eaux dans la Seine, le soir. […] Là ce fut autre chose, l’acier pénétrait dans les chairs comme dans une pomme qui jute…, oui, une pomme pleine de suc. » Mercredi 27 décembre Aujourd’hui que mon livre de La Fille Élisa est presque terminé, commence à apparaître et à se dessiner vaguement dans mon esprit le roman, avec lequel je rêve de faire mes adieux à l’imagination.
Les Grecs n’en mettoient point dans les leurs, & les nôtres en sont pleines. […] Il faut convenir que la pièce est charmante, pleine de sentiment & de chaleur.
De cette traduction de Lucrèce nous ne dirons qu’un mot : elle révèle une industrie, une patience rares ; mais le vers, trop substantiel et plein de choses, est souvent rude et obscur. […] La première reflète un pessimisme plein d’amertume et porte pour ainsi dire la date des sinistres événements qui avaient détruit la confiance du poète dans la dignité humaine.
Plein d’une bienveillance amène. […] — Plein d’ulcères.
Zola dans sa Curée, et j’entre dans un livre clair, ému, sobre d’effets et de longueurs, et peint (car il est peint aussi) avec une harmonie de ton pleine de transparence et de nuances. […] « La table est pleine », comme dit Macbeth.
Je pourrais, comme on dit, chercher la petite bête dans un livre qui en est plein, de petites bêtes… Mais je dédaigne cette manière taquine de critiquer un homme, et je la laisse à mes pieds, par respect pour l’ancien talent d’Hugo. […] Sans doute, je savais bien que si Victor Hugo, l’Olympien du Romantisme, ne bouge pas dans l’Empyrée de son génie, il n’a pas tout à fait la même immobilité de dieu dans ses opinions, et que la statue de Memnon, à la bouche pleine de soleil et à laquelle il s’est comparé autrefois : Napoléon !
Combien de fois n’a-t-on pas dit que le rire du spectateur, au théâtre, est d’autant plus large que la salle est plus pleine ; Combien de fois n’a-t-on pas fait remarquer, d’autre part, que beaucoup d’effets comiques sont intraduisibles d’une langue dans une autre, relatifs par conséquent aux mœurs et aux idées d’une société particulière ? […] Un personnage de tragédie ne changera rien à sa conduite parce qu’il saura comment nous la jugeons ; il y pourra persévérer, même avec la pleine conscience de ce qu’il est, même avec le sentiment très net de l’horreur qu’il nous inspire.
Attendez ; voici un de ces soupers et un de leurs personnages : « Madame Panache était une petite et fort vieille créature avec des lippes et des yeux éraillés à faire mal à ceux qui la regardaient, une espèce de gueuse qui s’était introduite à la cour sur le pied d’une manière de folle, qui était tantôt au souper du roi, tantôt au dîner de Monseigneur et de madame la Dauphine, où chacun se divertissait de la mettre en colère, et qui chantait pouille aux gens à ces dîners-là pour faire rire, mais quelquefois fort sérieusement et avec des injures qui embarrassaient et divertissaient encore plus les princes et les princesses, qui lui emplissaient ses poches de viandes et de ragoûts, dont la sauce découlait tout du long de ses jupes ; les autres lui donnaient une pistole ou un écu, les autres des chiquenaudes et des croquignoles dont elle entrait en furie ; parce qu’avec des yeux pleins de chassie, elle ne voyait pas au bout de son nez, ni qui l’avait frappée, et c’était le passe-temps de la cour. » Aujourd’hui l’homme qui s’amuserait d’un tel passe-temps passerait probablement pour un goujat de bas étage, et je ne raconterai pas ici ceux qu’on prit avec la princesse d’Harcourt. […] Saint-Simon ne fut qu’un homme « plein de vues », c’est-à-dire romanesque comme Fénelon, quoique préservé des pastorales.
Ainsi partait à toute bride le jeune général, pour arriver à temps au terme glorieux de sa destinée, pour s’illustrer à Essling, et, plein d’un pressentiment de mort, pour tomber frappé d’une balle au front l’après-midi de Wagram, à l’heure du triomphean.
Scherer, et qui touchent à des contemporains pleins de vie.
Ces camarades, qu’il ne nomme pas, outre Varignon, l’ardent géomètre, c’était quelquefois l’abbé de Vertot, Normand aussi et d’une imagination vive, qui venait les visiter et loger sous leur toit ; c’était ce penseur fin et neuf, et alors très hardi, Fontenelle : J’étais leur compatriote, nous dit celui-ci, et j’allais les voir assez souvent, et quelquefois passer deux ou trois jours avec eux : il y avait encore de la place pour un survenant… Nous nous rassemblions avec un extrême plaisir, jeunes, pleins de la première ardeur du savoir, fort unis et, ce que nous ne comptions peut-être pas alors pour un assez grand bien, peu connus.
Les vers sont beaux, fermes, pleins, et d’un épicuréisme hardi qui rappelle Lucrèce.
Frochot est zélé, dévoué, tout entier à son œuvre d’exécution et d’obéissance intelligente, animé d’un sentiment personnel d’humanité dans les réformes qui tiennent à l’assistance publique, au régime des prisons, paternel et plein de sollicitude pour les établissements d’instruction publique avant la création de l’Université, bienveillant pour les personnes, attentif aux talents naissants ; en un mot, doué de vertus, mais, on l’entrevoit, un peu faible : le nerf, on le pressent, le jour où il en aura besoin, est ce qui lui manquera.
Rodolphe Topffer, ce romancier sensible et spirituel, ce dessinateur plein de naturel et d’originalité, dont les Nouvelles et les Voyages avaient obtenu, dans ces dernières années, tant de succès parmi nous, vient de mourir à Genève, après une longue et cruelle maladie, le 8 juin, à l’âge de quarante-sept ans… » Et, après quelques détails biographiques rapides, nous ajoutions : « Pendant assez longtemps le nom de M.
Il a montré le gouvernement, comme la société, en quête de l’idée nouvelle et ne la possédant pas ; l’ordre moral nul, l’ordre matériel ne subsistant que parce que tout le monde se rend compte du péril et y prend garde ; il n’a vu dans la liberté et dans les diverses conséquences qu’on en réclame que des moyens pour atteindre à un but inconnu ; et durant tout le temps qu’il appuyait ainsi le doigt sur ces plaies du siècle, l’auditoire jeune et fervent, comme un malade plein de vie, palpitait ; il était suspendu en silence aux lèvres du maître éloquent, et il attendait jusqu’au bout le remède : le remède n’est pas venu.
Oubliez ce que vous savez, ce que vous redoutez de tels ou tels hommes ; livrez-vous à vos pensées, à vos émotions ; voguez à pleines voiles, et malgré tous les écueils, tous les obstacles, vous arriverez ; vous entraînerez avec vous toutes les affections libres, tous les esprits qui n’ont reçu ni l’empreinte d’aucun joug, ni le prix de la servitude.
Dans les situations communes de la vie, on se fait illusion sur son propre mérite ; mais un sentiment actif fait découvrir à l’ambitieux la mesure de ses moyens, et sa passion l’éclaire sur lui-même, non comme la raison qui détache, mais comme le désir qui s’inquiète ; alors, il n’est plus occupé qu’à tromper les autres, et pour y parvenir, il ne se perd pas de vue ; l’oubli d’un instant lui serait fatal, il faut qu’il arrange avec art ce qu’il sait, et ce qu’il pense, que tout ce qu’il dit ne soit destiné qu’à indiquer ce qu’il est censé cacher : il faut qu’il cherche des instruments habiles, qui le secondent, sans trahir ce qui lui manque, et des supérieurs pleins d’ignorance et de vanité, qu’on puisse détourner du jugement par la louange ; il doit faire illusion à ceux qui dépendent de lui par de la réserve, et tromper ceux dont il espère par de l’exagération.
S’il est excellent de se mesurer avec certaines opinions hautaines, extrêmes, injustes, proclamées par des esprits puissants et sincères en un bon style, on ne saurait trop éviter l’erreur terne et sans relief, capable de s’insinuer parce qu’elle n’a pas la force de choquer, les demi-vérités dont les esprits vulgaires et laborieux, cherchant la gloire du paradoxe, font de pleines et plates erreurs.
La défense et illustration de la langue française Un jeune gentilhomme vendomois, Pierre de Ronsard192, obligé, dit-on, par une surdité précoce, de renoncer à la cour, se remet à l’étude : pendant sept ans, avec un de ses amis, Antoine de Baïf, il travaille le grec et pratique les écrivains anciens sous la direction de l’hélléniste Daurat ; il rêve de fabriquer à sa patrie une littérature égale aux chefs-d’œuvre qu’il admire : il rencontre dans une hôtellerie Joachim du Bellay, le doux Angevin, plein des mêmes ambitions et des mêmes espérances.
C’est l’hymne large et radieux de la pleine mer, d’où se détachent le bruit des brisants sur les rocs et la retombée gémissante de l’écume.
Or il n’y a pas une de ces austères vérités qui ne soit écrite dans Adolphe en caractères ineffaçables : c’est un livre plein d’enseignements et de conseils pour ceux qui aiment et qui souffrent.
Au moins faut-il distinguer profondément les sociétés comme la nôtre, où tout se passe au plein jour de la réflexion, des sociétés naïves et crédules, où sont nées les croyances qui ont dominé les siècles.
Le système nerveux peut ainsi se comparer à un orgue, dont les soufflets sont constamment pleins d’air, et se déchargent dans telle ou telle direction, selon les touches particulières qui sont mises en jeu.
Au moment où l’on s’impatiente et où l’on désespère, tout à coup le talent reparaît vif, facile, plein de fraîcheur, et l’on se sent reprendre avec lui.
Frappé de l’amour du bien & de l’humanité, plein de la lecture des anciens, il développa toutes ses idées dans le Télémaque.
Un certain baron, Walef, rimailleur subalterne, s’étoit mêlé de faire réussir, en Espagne, une négociation, & avoit présenté, au cardinal Albéroni, un Mémoire plein de visions & d’extravagances, dans lequel cette princesse étoit compromise.
En général, les localisations subjectives sont pleines d’incertitude.
Les nier métaphysiquement, c’est nier la liberté divine et entrer à pleines voiles dans le panthéisme et le fatalisme.
Les poètes grecs, pleins du génie d’Homère, y trouvèrent, sans contredit, ce balancement de raisons, de mouvements, d’intérêts et de passions, qui tient les esprits suspendus et qui pique jusqu’à la fin la curiosité des auditeurs.
Ce sont là des idées modernes appliquées rétrospectivement et plus ou moins témérairement à l’histoire, Je ne sais pas si Michel de l’Hôpital eut conscience pleine et volonté entière de la liberté religieuse, telle que l’entendent et que la veulent les philosophes du xixe siècle, par la seule raison qu’il rédigea le fameux Édit de tolérance qui fut, jusqu’à l’édit de Nantes, le manifeste sans cesse repris des protestants et le prétexte de leurs rébellions obstinées, mais ce que je crois savoir, c’est qu’on n’est pas au-dessus de tous les partis parce qu’on se met entre tous les partis, et ce que je sais certainement, c’est que le portrait de cet homme de juste-milieu, de cette espèce de La Fayette en toge au xvie siècle a pris, sous le pinceau de M.
« Elle avait une taille souple et élégante, des épaules de la plus admirable forme, une bouche petite et vermeille, des bras charmants… des cheveux châtains naturellement bouclés, le nez délicat et régulier mais bien français, — (comme la narration) ; — une physionomie pleine de candeur et quelquefois de malice, et que l’expression de la bonté rendait — (malgré la malice ?)
Supposez que le plus intéressant, le plus plein et le plus brillant sans contredit des voyageurs du xixe siècle, le marquis de Custine, n’eût pas pris pour une vocation la paresse trop aristocratique et l’inquiétude trop troublante de son esprit, et qu’il nous eût donné moins de Voyages, nous aurions des œuvres sévères, creusées et profondes comme ce génie dépensé sur les chemins était capable d’en produire, et cela ne vaudrait-il pas mieux que les quelques belles pages au-dessus desquelles surnage, déjà obscurément, son nom ?
Ils supposent l’esprit de l’homme plein et comblé d’idées de toutes sortes, entrées par cent sortes de voies, obscures, confuses, perverties par les mots, telles que nous les avons lorsque nous commençons à réfléchir sur nous-mêmes, après avoir pensé longtemps et au hasard.
La critique qu’on fait ici du caractère de Julien, a quelque rapport avec celle qui en a été faite dans un ouvrage très estimable, plein de connaissances, de vues et d’esprit, qui a paru depuis peu, et qui est intitulé : De la félicité publique.
On a de lui un éloge funèbre de Cromwell, plein d’imagination et de grandeur : le même homme loua ensuite Charles II.
. — Si nous considérons, d’un côté, que la vie d’Hippocrate est toute fabuleuse, et que, de l’autre, il est l’auteur incontestable d’ouvrages écrits en prose et en caractères vulgaires, nous rapporterons son existence au temps d’Hérodote qui écrivit de même en prose et dont l’histoire est pleine de fables.
À part deux comédies, sous le titre de Phaon, l’une de Platon le poëte, l’autre d’Antiphane ; il part une comédie, la Leucadienne, par Ménandre, et une pièce d’Antiphane, le Leucadien, on joua dans Athènes six comédies de différents auteurs, portant toutes le titre de Sapho, et pleines d’allusions à sa gloire poétique et aux événements fabuleux ou vrais de sa vie.
Platon était un Athénien dans la pleine acception du mot et dans la plus noble. […] Le plaisir de manger vient de la faim et n’est que la cessation d’une souffrance et par conséquent naît de la souffrance même, mais en soi il n’en est pas mêlé, en soi il a quelque chose de complet et de plein. […] Elle doit être douce, elle doit être pleine de sollicitude, elle doit être continue et de tous les instants, elle doit être un dévouement réciproque ; et elle doit être libre. […] Il me semble qu’elle n’a besoin que d’être un peu rectifiée, pour, être complètement acceptable et pour sortir, si l’on me permet de parler ainsi, son plein et entier effet. […] Pleine fantaisie avec, seulement, la logique superficielle et extérieure propre à la fantaisie.
Son procédé, à la longue, m’a rendu ma pleine liberté. […] Il avait le vent en poupe, et il voguait à pleines voiles. […] Or, ce dernier but semble désormais le seul que poursuivent la plupart de nos grands auteurs. « Ne me lisez pas, dit Lamartine à quiconque lui parle des Girondins, je n’écris pas pour vous, mais pour les ateliers, pour le peuple. » Et tutti quanti… CXLVII S…, suborné par le style de Lamartine, se tue à me dire que son Histoire est pleine de talent et que cela aurait eu le plus magnifique succès en feuilletons ; que cela est composé, coupé admirablement en vue du feuilleton, de manière à satisfaire un jour celui-ci, un autre jour celui-là, à tenir tout le monde en suspens. […] Cousin est plein de ces mots qui sont justes à la volée.
dans ce souvenir, inquiète, troublée, Je ne me sentais pas assez dissimulée ; De mon front effrayé je craignais la pâleur ; Je trouvais mes regards trop pleins de ma douleur, Sans cesse il me semblait que Néron en colère Me venait reprocher trop de soins de vous plaire ; Je craignais mon amour vainement renfermé ; Enfin, j’aurais voulu n’avoir jamais aimé. […] Il faut au poète une grande connaissance du cœur humain, pour saisir le moment où le personnage doit laisser échapper le sentiment dont il est plein. […] Nos ouvrages dramatiques et nos bons romans sont pleins de traits de cette espèce ; et les Français ont en ce genre poussé très loin la science du cœur. […] Sa fureur contre vous se répand en injures : Votre bouche, dit-il, est pleine d’impostures ; Il soutient qu’Aride a son cœur, a sa foi, Qu’il l’aime… PHÈDRE.
C’est toujours une chose très curieuse que de feuilleter ces albums d’artistes, pleins de croquis sténographiques, avec quelques rehauts de couleur pour échantillonner les teintes, quelquefois même des indications verbales, des signes tout conventionnels. […] Son œuvre est subjective en quelque sorte, et n’a sa pleine valeur d’art que pour lui. […] Fleurs, insectes, oiseaux, reptiles, poissons, quadrupèdes et l’homme même, tous les êtres animés peuvent entrer dans votre œuvre, vous n’avez qu’à puiser à pleines mains dans ce prodigieux répertoire. […] Nous attribuons au contraire sa pleine valeur à l’original, bien qu’il ait été fait lui aussi d’après un modèle ; mais ce modèle, c’était la nature, qu’on ne peut copier servilement ; il a fallu l’interpréter : c’est par là que l’œuvre est artistique. […] Non seulement on marquera la ligne sur les contours, mais on la cherchera dans les pleins.
Il n’y avait, grâce à ce regard en complète sécurité, ni matin, ni soir, ni nuit, sur cette physionomie ; tout y était plein soleil de l’âme. […] À gauche du spectateur, une cheminée pleine de charbon de terre allumé. […] vos yeux sont pleins de larmes, et vous souriez.
Et pleins de respect pour le grand siècle qui va finir, le Siècle de la Science, dont il sont les fils, ils en distinguent chez Zola la vivante incarnation, et dans l’épopée des Rougon-Macquart, le grandiose déroulement. […] La sève ancestrale se divise en deux grandes branches, d’un côté la branche légitime, forte et puissante, aboutissant à Eugène Rougon, « l’aigle de la famille se dégage des vulgaires intérêts, aimant la force pour la force et conquérant Paris en vieilles bottes » ; de l’autre, la branche bâtarde, pleine de vitalité et de sang, elle aussi, mais qui, jetée dans les bas-fonds prolétariens, victime de l’alcool, de la faim, de la misère finit par produire les Gervaise Macquart, les Lantier ou les Nana, ces déchets de l’arbre social. […] Je n’oublierai jamais l’extraordinaire et sinistre spectacle de cette grande salle de Harlay pleine d’une tourbe en folie qui reçut l’annonce du verdict comme une hyène son morceau de charogne… Ah !
« Une des conditions principales de la création artistique est la pleine indépendance de l’artiste. […] Le ciel gris de l’abstraction est déchiré par des éclairs ; la lumière devient si intense, que nous saisissons les filigranes des choses ; les grands problèmes deviennent nets ; nous contemplons le monde comme des hauteurs d’une montagne. » Il se proposait sans doute d’exposer ses idées définitives (je souligne le mot, car Nietzsche est plein d’idées qui ne sont point définitives) sur la musique dans la Physiologie de l’art qu’il méditait d’écrire. […] Aux yeux de son enthousiaste panégyriste, il était le génie dramatique arrivé à sa pleine maturité, l’artiste vraiment libre qui ne peut pas faire autrement que de penser simultanément dans toutes les branches particulières de l’art ; Wagner lui apparaissait comme le médiateur réconciliant les deux mondes en apparence opposés de la poésie et de la musique et qui restaurait l’unité, l’intégralité de notre faculté artistique. […] Ce sont deux pamphlets d’une violence extrême ; la verve en est étincelante, pleine d’un sarcasme amer ; on y rencontre encore çà et là d’éblouissantes lueurs ; au demeurant, on n’y démêle aucune idée esthétique directrice, l’incohérence la plus complète règne dans les appréciations et les faits. […] Et cependant, c’était le moment de la pleine maturité de quelques-uns des maîtres dont notre siècle musical aura le plus à s’honorer : Berlioz, Mendelssohn, Schumann, Chopin, Richard Wagner, sans parler des maîtres de second rang, Meyerbeer, Gounod, A.
La phrase de Maupassant, d’une harmonie pleine et d’un dessin arrêté, n’est pas musicale. […] Ces nuits étaient pâmées de chaleur, pleines de phosphore, et toute cette immensité éteinte couvait de la lumière, et toutes ces eaux enfermaient de la vie latente à l’état rudimentaire, comme jadis les eaux mornes du monde primitif23. […] Et nous aussi nous sommes de plein cœur avec lui, et avec les êtres dont il nous montre la misère, voisine de la nôtre. […] Ce critique, qu’on a si souvent taxé d’irrévérence, est plein d’égards pour tous ceux qui représentent le parisianisme à quelque degré que ce soit. […] L’église est pleine ; c’est donc qu’il y a dans cette population misérable des hommes et des femmes pour préférer, le soir après la journée laborieuse, l’église au cabaret.
Les livres de Jules Vallès, ces monographies si vivantes d’un homme « qui avait de l’inouï plein ses poches », n’ont eu que très peu d’éditions. […] Barbey d’Aurevilly blâme cette rage d’intervention dans les Misérables, ouvrage plein de vaticinations et de hors-d’œuvre. « Hugo, dit-il, qui ne veut plus de l’art pour l’art, n’en a aucun dans sa manière de conter. […] Celui qui connaîtrait parfaitement l’état actuel de la littérature et des esprits n’en serait pas moins incapable de prévoir ce que sera la littérature dans cinquante ans, et même cette impossibilité où nous sommes de deviner l’avenir est, quand on y songe, pleine d’angoisse. […] Et l’épée tomba de sa main contre terre et il tournoya près d’une table, dispersant les mets et les coupes pleines ; et lui-même se renversa en se tordant et en gémissant, et il frappa du front la terre, repoussant un thrône de ses deux pieds et l’obscurité se répandit sur ses yeux. […] Charles Monselet qui est un jeune homme plein de mérite, qui a une charmante écriture, et que je vous engage à prendre avec vous pour mettre vos livres à jour, faire la correspondance et vous servir d’intermédiaire.
Donc, que chacun tâche de ses moyens, en le commun travail ; et saluons l’ouverture de cette saison, très pleine d’espérances. […] Ces mots désignent donc un état positif de l’âme, état de satisfaction pleine et profonde.
L’ensemble des connaissances humaines ressemble ainsi à un grand fleuve coulant à pleins bords, sous un ciel resplendissant de lumière, mais dont on ignore la source et l’embouchure, qui naît et meurt dans les nuages. […] Le poëte le conçoit à l’image du nôtre, mais plus beau, plus harmonieux ; la vie y est plus pleine et plus largement savourée : il y contemple des formes visibles et palpables, concrètes, vivantes, plus réelles pour lui que la réalité.
— « Un jour, raconte René, j’étais au sommet de l’Etna… plein de passions, assis sur la bouche de ce volcan qui brûle au milieu d’une île. » Cette phrase paraîtra prétentieusement ridicule au lecteur de 1896 ; mais en 1802 elle rappelait des événements récents. […] Le Mercure (16 brumaire an X) rapportait que huit modernes Empédocles étaient descendus dans le cratère du Vésuve ; ce qui était d’un pittoresque plus réussi que de naître ou de s’asseoir plein de passions sur la bouche de l’Etna
Sacountala, tenant son fils par la main, s’avance avec une timidité pleine de crainte et de grâce : « Ô roi », dit-elle, « les temps sont accomplis où un jeune enfant, fruit de notre légitime union, doit être sacré ! […] De mon heureuse retraite je vais jouir de leur conversation, pleine du plus charmant abandon !
Aristote, qui comprend tout autrement l’origine de la poésie, fait d’Homère un génie aussi libre, aussi personnel que les poëtes des époques postérieures, tels que Pindare, Eschyle, Sophocle ou Euripide ; génie critique autant que créateur, ayant pleine conscience de ce qu’il fait, possédant son art aussi complètement que Virgile ou tel poëte des époques de réflexion. […] Tous ont compris, tous ont plus ou moins fortement exprimé cette vérité que les acteurs d’un pareil drame n’ont jamais eu leur pleine liberté d’action, soit pour le mal, soit pour le bien, dans le fort de la crise ; que l’âme de la France révolutionnaire est en eux avec ses idées, ses sentiments généreux et enthousiastes, ses passions mobiles et violentes, surexcitées par le danger, aigries par la défiance, exaspérées par la peur.
Ce n’est pas qu’à l’Académie il n’eût rendu des services, et plus même qu’on ne supposerait d’après cette ligne de conduite que j’ai indiquée ; mais chez Duclos il faut s’attendre à une ligne toujours très brisée et pleine de saccades.
Et lors ils virent tout à plein Constantinople.
On a ici, en suivant Dangeau pas à pas, une impression bien nette de ce qu’était un de ces fameux sièges classiques de Louis XIV, solennels, réguliers, un peu courts à notre gré, toujours sûrs de résultat, pleins d’éclat pourtant, de nobles actions, de dangers et de belles morts.
On était arrivé cependant, en examinant bien les divers écrits de Vauvenargues, à n’y pas voir seulement un jeune homme plein de nobles et généreux sentiments, de pensées honorables à l’humanité, doué d’un talent d’expression singulièrement pur, et d’une sorte d’ingénuité élevée de langage, — le meilleur des bons sujets et le modèle des fils de famille ; ce premier Vauvenargues qui se dessine, en effet, dans quelques réflexions et maximes souvent citées de lui, ce premier Vauvenargues que chaque âme honnête porte en soi à l’origine avant le contact de l’expérience et la flétrissure des choses, était dépassé de beaucoup et se compliquait évidemment d’un autre en bien des points de ses ouvrages.
Plein de passion et d’ardeur, dévoué, dans une existence partagée, au noble culte de l’art, il saura se donner cette plus large carrière ; il la médite et l’embrasse déjà.
Ambassadeur à Rome en 1828 et 1829, il écrit de là à Mme Récamier des lettres qui ont de beaux passages, et qui, à travers les infirmités de caractère désormais trop en vue, montrent le talent encore dans tout son plein et dans sa plus grande manière : Rome, mercredi 15 avril 1829.
Son fils, le duc de Chevreuse, l’élève de Lancelot et l’ami de Fénelon, est une autre espèce de curieux, toujours dans les projets, dans les mémoires, dans le travail du cabinet, dans les entreprises nouvelles, dont il s’engoue, qu’il étudie à fond, mais qu’il ne mène pas toujours pour cela à bonne fin : on peut voir, sur son compte, ce que Saint-Simon et Fénelon, tous deux d’ailleurs pleins de respect pour lui, s’accordent à dire.
Et de cette même ville de Trente, après des succès auxquels il ne manquait plus que la seconde expédition dans le Tyrol allemand pour atteindre à leur plein éclat, il écrivait à son père encore, plus ambitieux que lui et qui le poussait à tous les genres d’ambition : J’ai reçu votre lettre ; vous m’y supposez bien des qualités que je n’ai pas.
Je suis dans le vrai du faible et du travers de M. de Laprade critique, dans le plein de sa théorie favorite, en la dégageant des précautions de forme.
Que de personnages importants et agités, tout pleins d’eux-mêmes, qui posent complaisamment, sans songer qu’ils sont là devant Charlet, devant Gavarni ou Daumier, ou même devant Nadar !
Il est abondant, débordant (exundans), irrégulier ; mais quand on est à ce degré chez soi, dans le plein de la langue et de la veine françaises, on peut tout oser et se permettre, on peut hardiment écrire comme on parle et comme on sent, on n’est pas hasardé.
En 1806-1807, il est en Espagne avec Arago ; celui-ci, dans les pages pleines d’animation où il a raconté les accidents et aventures de cette expédition scientifique (Histoire de ma jeunesse), nous fait entrevoir que, vers la fin, Biot le laissa un peu en peine et le quitta peut-être un peu plus tôt qu’il n’aurait dû.
Tantôt je suis fier, tantôt égoïste, tantôt plein d’envie contre les jeunes-talents, tantôt enfoncé dans la sensualité, tantôt sans christianisme, et enfin sans aucun amour pour ma patrie et pour mes chers Allemands.
Chez un maître flamand, les figures, les poses peuvent être vulgaires, mais le ton est solide, ferme, éclatant, relevé, plein de ragoût ; il y a du style dans la diction.
Louvois, qui donna bientôt à plein collier dans cette méthode, trouva d’abord que le zèle de Foucault allait trop loin, et à la proposition que nous venons de voir faire à l’intendant, il répondit en ternes secs : A Fontainebleau, le 7 août 1681.
Tout au haut de l’Acropole, dans le bois de cyprès, les chevaux d’Eschmoûn, sentant venir la lumière, posaient leurs sabots sur le parapet de marbre et hennissaient du côté du soleil. » Puis, après l’aube, l’aurore, Carthage s’éveille ; « Tout s’agitait dans une rougeur épandue, car le Dieu, comme se déchirant, versait à pleins rayons sur Carthage la pluie d’or de ses veines.
Clotilde est belle, de sa pleine et entière beauté, jeune encore, trente-quatre ans et demi, pas davantage ; elle est dans l’âge de la crise, mais le danger n’est pas le même pour elle que pour l’épouse précédente ; car elle, elle aime son mari, son Fernand ; elle fait, il est vrai, ménage on étage à part depuis huit ou dix ans, mais elle guette le moment de le reconquérir.
Les vicissitudes de sa captivité nous mèneraient trop loin, à les raconter en détail ; il passa successivement au service de trois maîtres et se fit considérer en même temps que redouter d’eux par les tentatives réitérées et pleines de hardiesse qu’il fit pour recouvrer sa liberté et la procurer à ses compagnons de chaîne.
Après avoir rempli différentes missions et même exercé de pleins pouvoirs d’administrateur financier dans les pays conquis, il fut envoyé à Varsovie en qualité de résident français au commencement de 1811.
« L’immensité des moyens, des efforts et des pertes que révéla cette expédition porta au comble, pensait-il, l’effet tragique de la guerre : il fallait que la pitié et l’épouvante coulassent à pleins bords. » Nous avons là l’expression fidèle, l’écho direct de la pensée allemande en 1813.
Ne faisons pas comme d’autres, n’allons pas oublier, dans cette gloire posthume des deux noms, celui de l’humble éditeur à qui nous devons de les connaître en entier et de les posséder dans leur pleine auréole.
On le voit plein des secrets de Dieu, mais on voit qu’il n’en est pas étonné comme les autres mortels à qui Dieu se communique : il en parle naturellement, comme étant né dans ce secret et dans cette gloire ; et ce qu’il a sans mesure, il le répand avec mesure, afin que notre faiblesse le puisse porter. » Ces pages sont de toute beauté.
Je ne saurais non plus admettre que les Romains, dès le siècle de Cicéron, et plus tard au temps de Virgile, de Sénèque, de Pline, à cette grande époque de l’unité de l’Empire et de la paix romaine, n’aient pas eu une pleine et vive conscience de ce que nous appelons civilisation, curiosité élevée, progrès des sciences, amélioration de la vie dans tous les sens ; vita, comme ils disaient.
J’ai signé tout plein de lettres que votre courrier vous apporte.
Bérénice entre en scène comme aurait fait La Vallière, si elle eût osé ; elle entre le cœur tout plein de son amour, empressée de se dérober à la foule des courtisans, ne pensant qu’à l’objet aimé, n’aimant en lui que lui-même.
Absent, il y pensa toujours ; elle exerça sur lui, à distance et à travers toutes les vicissitudes de fortune, une attraction puissante et pleine de secrètes alternatives.
On peut croire, en Allemagne, que Crébillon et Dorat sont des écrivains pleins de grâce, et charger la copie d’un style déjà si maniéré, qu’il est presque insupportable aux Français.
Il en coûte de le dire, de peur de modifier l’horreur que doit inspirer le crime ; il y a, dans la révolution, des hommes dont la conduite publique est détestable, et qui, dans les relations privées, s’étaient montrés pleins de vertus.
« L’amour est une grande chose, un grand bien, qui rend tout fardeau léger… L’amour pousse aux grandes actions, et excite à désirer toujours une perfection plus haute… Rien n’est plus doux que l’amour, rien n’est plus fort, ni plus liant, ni plus large, ni plus doux, ni plus plein, ni meilleur au ciel ni sur la terre… L’amour vole, court, il a la joie.
Mais il est amoureux aussi de l’esprit humain, de l’exercice intellectuel, des livres, et de tous les livres : Je chéris l’Arioste et j’estime le Tasse ; Plein de Machiavel, entêté de Boccace, J’en parle si souvent qu’on en est étourdi.
Elle est singulière, cette tête si connue : longue, maigre jadis, au front proéminent, aux pommettes saillantes, aux yeux enfoncés, aux lèvres serrées, au nez un peu court et comme arrêté d’un coup de ciseau qui a trop mordu : tête tourmentée et bizarre, pleine de protubérances et de méplats, surmontée d’un toupet comme on en voit flamboyer sous le lustre des cirques, et où il y a, en effet, du Méphisto et du clown, et peut-être aussi du chevalier de la triste figure.
Si, lors du mouvement symboliste, à peine terminé depuis trois ans après avoir occupé douze années, lors de cette confuse aspiration de la jeunesse française vers une réunion de tous les arts sous l’influence de Wagner et de l’internationalisme, un critique de haut sens moral s’était levé pour arrêter les polémiques inutiles et substituer la logique aux dédains des critiques et aux saillies des nouveaux venus, il aurait précisé l’un des plus curieux mouvements intellectuels du siècle, et peut-être développé deux ou trois conséquences fécondes de cette crise pleine d’intentions et de promesses ; il y avait là un rôle considérable et bienfaisant à remplir, le rôle de Heine dans le second romantisme allemand, après Schlegel et Tieck, le rôle de Baudelaire, de Gautier et de Nerval, en 1840, le rôle de Taine dans les débuts du rationalisme, le rôle de William Morris dans les tentatives de socialisation d’art qui suivirent le préraphaélisme, le rôle professoral de César Franck dans l’école symphonique après Wagner ; ce rôle, personne ne se présenta pour le tenir, et si le symbolisme a avorté, s’est restreint à un dilettantisme de chapelle alors qu’il était parti pour une bien plus grande tentative, c’est à cause des obstinées plaisanteries des critiques superficiels, à cause du manque d’intelligence logique dans l’école, autant et plus qu’à cause des défauts eux-mêmes des symbolistes.
Ses premiers vers sont pleins de reflets dorés, d’images qui brillent et chatoient ; mais cet éclat — qui fut d’ailleurs en quelque sorte « traditionnel » et nullement doué d’un coloris spécial, — s’est apaisé à mesure que le poète devenait moins exclusivement objectif.
Leur catholicisme farouche, violent et outré, pue l’hérésie à plein nez, et, s’ils eussent vécu au temps des papes Farnèse et Ghisléri, il n’eût pas été prudent de les envoyer faire un tour aux environs du Saint-Office.
Bien peu de choses ont été tout d’abord prises à plein et par leur milieu.
Jean-Jacques Rousseau, Lamartine sont pleins d’un souffle religieux qui s’exhale en prières, en hymnes, en tirades lyriques.
Or, quel est le caractère dominant de celui-ci dès son début, mais surtout dans sa pleine maturité.
Elle est créole de Saint-Domingue ; orpheline, élevée avec les filles de la Légion d’honneur, mariée à dix-sept ans de son plein gré à un vieillard, savant illustre, qui n’est pour elle et ne veut être qu’un père (elle insiste très nettement sur ce point), Julie est atteinte d’un mal singulier qui la consume, et qui lui interdit, même au prix d’une faiblesse, de donner ni de recevoir le bonheur.
Mais, de ce que nous ne désirons pas l’objet en lui-même et pour lui-même, il n’en résulte pas que nous désirions simplement la représentation dans sa pleine mesure d’intensité 48.
Despréaux & lui s’écrivirent des lettres pleines de témoignages d’estime & d’amitié ; mais cela n’empêcha point que le satyrique, en parlant des dangers d’épouser une femme coquette, ne lâchât ce vers : Me mettre au rang des saints qu’a célébrés Bussi.
Ils parlent l’un & l’autre purement & correctement ; mais autant l’Italien est plein d’onction, d’ame & de vie, autant l’Anglois est simple & naturel partout, dans ses divisions, dans ses preuves, dans ses réflexions, dans ses passages trop fréquens.
L’un meurt vuide de sang, l’autre plein de sené.
Saint Cyprien, dans la lettre qu’il écrivit à Donat pour lui exposer les motifs de sa conversion à la religion chrétienne, dit que les spectacles qui font une partie du culte des païens, sont pleins d’infamies et de barbarie.
Des hommes impatients, qui craignaient de ne pas arriver assez tôt à la pleine jouissance de ce nouvel avenir qui leur était offert, crurent qu’ils ne pouvaient obtenir de garantie à cet égard que par un changement de dynastie.
dire que tu vas ce soir au Ranelagh, tandis que moi je reste assis plein de tristesse dans ma solitude, comme le prophète quand la voix lui parla et lui dit : Que fais-tu donc, Élie ?
Un avenir de félicité nous est promis, si nous avons traversé la vie sans nous mêler aux souillures dont elle est pleine.
Cent ans plus tard, en France, Balzac écrit Le Prince, sous Richelieu, préparant Louis XIV ; tandis qu’en Italie le grand patriote Machiavel ne peut s’inspirer que d’hommes tels que Cesare Borgia, Giuliano di Medici ou Lorenzo di Piero di Medici ; aventuriers, tyranneaux de province… En 1494 déjà, une invasion française interrompait l’épopée de Boiardo ; au xvie siècle Arioste se réfugie dans les domaines intangibles de la fantaisie, il écrit une œuvre de beauté durable, universelle, mais inefficace pour la patrie ; ses prophéties sur l’avenir de la maison d’Este sont pleines de rhétorique et… d’ironie involontaire aussi ; après lui, Torquato Tasso subit à la fois la réaction catholique et le joug des traditions académiques. — En France, le triomphe du catholicisme est aussi celui de l’unité nationale ; « Paris vaut bien une messe » n’est pas une boutade, c’est un mot qui résume une grande nécessité ; ce catholicisme-là n’asservit pas la pensée ; pour plusieurs écrivains, qui nous l’ont dit expressément, il est la liberté ; il ne soumet pas la France à la Papauté, il mène au gallicanisme de Bossuet ; de même, la tradition académique, malgré tous ses défauts, contribue à la discipline nationale.
Camille Mauclair écrit des pages pleines de verve sur l’hypocrisie du mariage bourgeois, sur le ridicule d’une journée de noces et l’odieux fréquent de la nuit qui la suit.
Aujourd’hui, dans le plein épanouissement de la science, nous voyons les plus beaux raisonnements du monde s’écrouler devant une expérience : rien ne résiste aux faits. […] Les récits des missionnaires sont pleins de détails à ce sujet. […] De cette marge d’imprévu elle peut d’ailleurs avoir pleine connaissance. […] A moi, il voulait simplement manifester la pleine signification de son nom. […] Justement parce que l’intelligence est une réussite, comme d’ailleurs l’instinct, elle ne peut pas être posée sans que l’accompagne une tendance à écarter ce qui l’empêcherait de produire son plein effet.
Milton haïssait à plein cœur. […] Il me semble la voir comme un aigle qui revêt son héroïque jeunesse, qui allume ses yeux inéblouis dans le plein rayon du soleil, qui arrache les écailles de ses paupières, qui baigne sa vue longtemps abusée à la source même de la splendeur céleste, pendant que tout le ramas des oiseaux craintifs et criards, et aussi ceux qui aiment le crépuscule, voltigent à l’entour, étonnés de ce qu’il veut faire, et, dans leurs croassements envieux, tâchent de prédire une année de sectes et de schismes467. » C’est Milton qui parle, et, sans le savoir, c’est Milton qu’il décrit. […] Elles vous l’ont débitée ; voici une scène de votre ménage : « Ainsi parla la mère du genre humain, et avec des regards pleins d’un charme conjugal non repoussé, dans un doux abandon, elle s’appuie, embrassant à demi notre premier père ; lui, ravi de sa beauté et de ses charmes soumis, sourit avec un amour digne, et presse sa lèvre matronale d’un pur baiser506. » Cet Adam a passé par l’Angleterre avant d’entrer dans le paradis terrestre. […] « Il remontre humblement : « Que le 17 février 1630 il fut appréhendé, revenant du sermon, par un mandat de la haute commission, et traîné le long des rues avec des haches et des bâtons jusqu’à la prison de Londres. — Que le geôlier de Newgate, étant appelé, lui mit les fers et l’emmena de haute force dans un trou à chien, infect et tombant en ruine, plein de rats et de souris, n’ayant de jour que par un petit grillage, le toit étant effondré, de sorte que la pluie et la neige battaient sur lui ; n’ayant point de lit, ni de place pour faire du feu, hormis les ruines d’une vieille cheminée qui fumait : dans ce lamentable endroit, il fut enfermé environ quinze semaines, personne n’ayant permission de venir le voir, jusqu’à ce qu’enfin sa femme seule fut admise. — Que le quatrième jour après son emprisonnement, le poursuivant, avec une grande multitude, vint dans sa maison pour chercher des livres de jésuites, et traita sa femme d’une façon si barbare et si inhumaine qu’il a honte de la raconter, qu’ils dépouillèrent toutes les chambres et toutes les personnes, portant un pistolet sur la poitrine d’un enfant de cinq ans et le menaçant de le tuer s’il ne découvrait les livres… — Que pour lui il fut malade, et, dans l’opinion de quatre médecins, empoisonné, parce que tous ses cheveux et sa peau tombèrent. — Qu’au plus fort de cette maladie la cruelle sentence fut prononcée contre lui et exécutée le 26 novembre, où il reçut sur son dos nu trente-six coups d’une corde à trois brins, ses mains étant liées à un poteau. — Qu’il fut debout près de deux heures au pilori par le froid et par la neige, puis marqué d’un fer rouge au visage, le nez fendu et les oreilles coupées.
Je sais bien que pour Voltaire elle n’est qu’emphatique, décousue et ridicule ; les sentiments dont elle est pleine sont hors de proportion avec les sentiments français. […] Il expliquait le mot εὐχαριστεῖν en chaire avec tous les agréments d’un dictionnaire, commentant, traduisant, divisant et subdivisant comme le plus hérissé des scoliastes829, ne se souciant pas plus du public que de lui-même, si bien qu’une fois ayant parlé trois heures et demie devant le lord-maire, il répondit à ceux qui lui demandaient s’il n’était pas fatigué : « Oui, en effet, je commençais à être las d’être debout si longtemps. » Mais le cœur et l’esprit étaient si pleins et si riches que ses défauts se tournaient en puissance. […] Et heureuses ces personnes religieuses, ces dames qui peuvent avoir pour confesseurs de tels hommes, si pleins d’abnégation, si prospères, si capables ! […] Il reste à demi barbare, empâté dans l’exagération et la violence ; mais sa fougue est si soutenue, sa conviction si forte, son émotion si chaleureuse et si surabondante, qu’on se laisse aller, qu’on oublie toute répugnance, qu’on ne voit plus dans ses irrégularités et ses débordements que les effusions d’un grand cœur et d’un profond esprit trop ouverts et trop pleins, et qu’on admire avec une sorte de vénération inconnue cet épanchement extraordinaire, impétueux comme un torrent, large comme une mer, où ondoie l’inépuisable variété des couleurs et des formes sous le soleil d’une imagination magnifique qui communique à cette houle limoneuse toute la splendeur de ses rayons.
Deux choses deviennent nécessaires pour expliquer le monde, le temps et la tendance au progrès. « Une sorte de ressort interne poussant tout à la vie, voilà l’hypothèse nécessaire… Il y a une conscience obscure de l’univers qui tend à se faire, un secret ressort poussant le possible à exister. » Ainsi l’âme de l’univers est une sorte d’instinct, c’est ce je ne sais quoi de divin qui se manifeste « dans l’instinct des animaux, dans les tendances innées de l’homme, dans les dictées de la conscience, dans cette harmonie suprême qui fait que le monde est plein de nombre, de poids et de mesure. » La nature est une sorte d’artiste qui agit par inspiration et sans aucune science. […] Réduire toutes les forces de la pâture à une seule et tout expliquer par les transformations insensibles d’une même substance, c’est revenir à Thalès et à la philosophie juvénile des premiers temps de la Grèce, c’est ne tenir compte d’aucun des progrès que la pensée a su accomplir depuis cette période brillante et féconde, mais pleine d’inexpérience. […] Ce goût des idées pures donne à son livre De la Métaphysique et de la Science, ouvrage plein de talent, quoique sans art, une sérénité, une placidité touchante malgré l’aridité de certaines conclusions. […] Cournot, ouvrage ingénieux, plein de vues et de recherches, qui mériterait à lui seul un examen approfondi.
« Le loyer est grand, à la vérité, plein de contentement et de satisfaction à soi-même ; mais les hommes sont hommes, et leur ennuie à la fin de bien faire quand ils n’en reçoivent autre récompense que le bien faire. » Tout le traité de Montchrétien fourmille de fines observations psychologiques. […] Alors, tout le génie de l’homme peut se ramasser et s’exprimer dans un ou deux volumes : ces œuvres sont pleines, fortes, gonflées de substance, inépuisables à la pensée qui s’y nourrit. […] Molière serait trop grand ; et il y a dans son œuvre quelque chose d’incommunicable qui ne saurait se léguer : au lieu que les talents très distingués de Regnard, Le Sage et Dancourt, ne sont point tellement supérieurs au temps qui les produit, qu’ils n’en découvrent à plein le véritable caractère. […] Mme Panache, les poches pleines de potage et de sauce, fait la joie du grand roi, et la duchesse de Bourgogne joue à son chaste époux le bon tour de lui mettre une dame d’honneur dans son lit, pour s’amuser de la figure qu’il fera. […] En effet, plus certaines pièces, certains mots nous paraissent aujourd’hui vides ou pâles, plus l’enthousiasme qui les accueillit devient significatif ; mais ce succès ne nous révèle que l’état moral du public, qui, tout plein de certaines doctrines, en reconnaissait, en applaudissait les moindres traces.
On voit des insectes engourdis le matin, après une nuit de fraîcheur, se montrer pleins d’activité au soleil de la journée. […] Tout au contraire, c’est particulièrement dans le mécanisme de la vie constante ou libre que ces relations étroites se montrent dans leur pleine évidence. […] La cellule, formation déjà complexe, a pour point de départ une masse protoplasmique pleine. […] La cellule nous apparaît alors comme un petit corps plein, avec noyau et couche corticale. […] L’une consiste à considérer le nucléole comme une masse protoplasmique pleine, véritable germe de la cellule.
Mais il continue, ou plutôt il récidive, et il écrit : « Cette dame ajoute quelques détails sur de prétendus supplices que Pascal s’imposait pour éviter le péril desconversations mondaines, et parle d’une ceinture de fer pleine de pointes qu’il se mettait à nu sur la chair. […] C’est pourquoi jurisprudence et casuistique sont sœurs : toutes les deux, dans leur principe et à leur origine, également légitimes, puisqu’elles sont également indispensables, mais toutes les deux également subtiles, et pleines de pièges, si l’on peut ainsi dire, qu’elles n’ont point tendus. […] Qu’au surplus la déclamation soit l’écueil inévitable de l’éloquence judiciaire, on le sait ; elle l’a toujours été, elle le sera toujours ; et le plus grand des avocats lui-même, — c’est Cicéron que je veux dire, — est plein de ces « fausses beautés ». […] sont pleines de pas. […] Mais c’est elle surtout qui lui a fait entrevoir le sens caché des choses ; qui, par la quantité « d’infini » qu’elle renferme, l’a familiarisé, pour ainsi dire, avec l’ombre et le mystère ; et qui a fait de lui, enfin, le poète, s’il y en eut jamais un, de « l’insondable » et de « l’inaccessible », celui de Pleine mer et de Plein ciel, de la Vision de Dante et de la Trompette du jugement.
Au bivouac de Raz-Gueber, en pleins Nemenchas, il rencontre des ruines de temples chrétiens : son imagination s’exalte, ce rayon de Génie du christianisme, auquel nous l’avons déjà vu enclin et accessible, revient le frapper : « J’ai un aumônier, l’abbé Parabère, que je viens de faire recevoir chevalier de la Légion d’honneur devant la deuxième brigade. […] Le résumé du message présidentiel le frappe ; il le trouve remarquablement bien : « Le général d’Hautpoul dit qu’il est de la main du président ; mais alors c’est un homme, c’est plein de cœur et d’esprit. » L’expédition de la petite Kabylie ou Kabylie orientale, que le général Saint-Arnaud entreprend pour affermir son autorité dans sa province et agrandir sa réputation africaine, sera pourtant l’occasion imprévue de sa première initiation très intime à la politique de Paris et de la France.
Il y songea dès 1811, et il est à croire que, dans sa pensée primitive, l’amour sans bonheur de la pieuse Antigone et du généreux Hémon devait consacrer sous une forme idéale et antique les sentiments dont il était plein : « L’amour et le malheur ont été une même chose pour eux : pour eux la mort et l’hymen devaient aussi être une même chose. » Mais peu à peu, et quoiqu’à le bien entendre ce fonds personnel soit encore ce qui anime le reste, la pensée du poëte se généralisa, s’agrandit, et, chemin faisant, recueillit des impressions successives. […] Ballanche publia, en 1819, le Vieillard et le Jeune Homme, enseignement philosophique plein d’autorité et de grâce.
Après qu’il eut achevé ses complies devant moi, il m’adressa des paroles si pleines de bonté, que je ne pourrai jamais les oublier tant que je vivrai. […] Il termina par la déclaration qu’il ne doutait pas du plein consentement de Son Éminence.
» auprès du monologue grandiose de Brünnhilde, dans la Tétralogie, alors que le drame à son apogée, éclate en une intensité pleine d’allégresse, et évoque, comme la fin de Tristan, la vision d’une transfiguration radieuse, produite par cet optimisme pur qui s’appelle foi et amour, et surgie des profondeurs même de l’âme humaine ! […] Tous les auteurs dramatiques ont, souvent sans une pleine conscience, compris ainsi le drame ; mais, au-dessus de tous, le plus extraordinaire, Shakespeare, qui n’a aucune ressemblante à ses devanciers, et qui nous donne, non le drame poétique ou une œuvre d’art, mais la représentation immédiate du monde.
(chant du matelot) en ce chant de naïve tristesse d’une âme que bercerait un doux amour éloigné et plein d’espérances ; puis, surgissante la passion, et ses cris où elle s’épanche, ses féroces silences, sa vie jubilante et désespérée… Oh, comme par les yeux de l’esprit je les vois, les âmes aimantes qu’attire et qu’emmène et qu’engouffre le gouffre du désir d’aimer, les pauvres âmes mortellement saisies et qui vainement se débattent sous le philtre spirituel de l’advenu irrévocable ! […] Gœtterdæmmerung écrite en la pleine tempête de l’édification du théâtre de Bayreuth, est l’essor d’un génie las de compromis, las de mauvaises luttes, las de se contrarier, las des obstacles, las d’être autre chose que le pur musicien qu’il devait être, et las par les matérielles batailles presque autant que par les intellectuelles ; c’est l’essor d’une âme qui se libère au dehors des contingences vers l’absolu natal de son art.
Ce Bonvin, qui a l’aspect farouchement sanguin d’un Vallès, n’est pas seulement l’un des hommes les plus documentaires que j’aie rencontrés, il est tout plein de choses délicates, de sensations joliment distinguées. […] Et là-dessus, il se mettait à nous parler de son procédé de travail, de ce facile labeur de poète méridional, qui consiste dans la confection de quelques vers, fabriqués aux heures crépusculaires, à l’heure de l’endormement de la nature : le matin, dans les champs, selon Mistral, étant trop plein du bruyant éveil de l’animalité.
Car nous connaissons assez mal cette longue période qui s’est étendue de l’avènement, des premiers Valois jusqu’à l’époque de la pleine Renaissance. […] C’est vraiment la reine de village dont Pascal parlera quelque part, la « jolie demoiselle toute pleine de miroirs et de chaînes, qui s’admire, mais qui fait rire ».
Les peuples avaient eux-mêmes des droits défendus par les princes contre les usurpations du pouvoir impérial, et garantis contre les princes eux-mêmes par des institutions qui n’ont jamais été entièrement détruites : civilisation rude encore, il est vrai, mais pleine de force ; la liberté germanique, appuyée sur une unité religieuse qui trouvait dans tous les cœurs et dans tous les esprits une croyance absolue, fait alors de l’Allemagne une nation vraiment grande, respectée et redoutée de l’Europe entière. […] L’idée de la nécessité ne se forme pas par morceaux et en détail, elle s’introduit pleine et entière dans l’intelligence.
Michelet n’est qu’un fantaisiste, j’allais presque dire un fabuliste, plein de génie, et un fantastique qui se prend à l’illusion qu’il a créée, comme on s’enferre sur le glaive qu’on a forgé. […] Il en a les nerfs, ces nerfs qui sont les cordes de la lyre, qui, tendus, donnent les sons purs des cordes d’argent et les sons pleins des cordes d’or, mais qui se relâchent ou se brisent au moindre contact, à l’impression du moindre souffle.
Le fromage vient de tomber devant celui qui le convoite, mais qui va rester immobile : « Le friand lascif frémit et brûle, et frissonne tout entier de convoitise (ces deux vers dans le texte sont pleins d’expression) ; mais il n’en touche une seule miette, car encore, s’il peut en venir à bout, voudrait-il bien tenir Tiècelin. » Tout son art alors est d’attirer le Corbeau lui-même et de lui persuader de descendre.
Il est plein d’abus de goût ; il s’amuse, il folâtre, il se joue.
Le président avait raison d’écrire en cette occasion au secrétaire d’État M. de Villeroi : « Monsieur, les affaires ont des saisons, et sont quelquefois pleines de difficultés, puis tout à coup deviennent faciles. » Cependant l’affaire générale de la paix n’avançait pas et la saison évidemment n’en était pas venue.
Sa mémoire est riche en images que son imagination embellit ; son discours est plein d’enthousiasme ; il ne récite pas, mais il peint.
Il a d’ailleurs des aperçus moraux pleins de finesse sur ce qu’il appelle l’âge d’or.
C’est après avoir lu ces belles pages des Notes sur la Suisse que Buffon, accueillant l’auteur, lui disait magnifiquement : « Monsieur, vous écrivez comme Rousseau. » Et en effet, ces parties du premier Voyage de Ramond rappellent notablement les formes et le ton du maître ; et, parmi les écrivains célèbres que nous avons vus depuis, Lamennais, George Sand, ces grands élèves de Rousseau, n’ont rien écrit de mieux, de plus plein, de plus nombreux et de plus correct dans leurs descriptions de nature.
La Bruyère en fait un type de toute l’espèce : « Un Pamphile est plein de lui-même, ne se perd pas de vue, ne sort point de l’idée de sa grandeur, de ses alliances, de sa charge, de sa dignité ; il ramasse, pour ainsi dire, toutes ses pièces, s’en enveloppe pour se faire valoir.
C’est un beau sujet et qui, bien circonscrit, bien approfondi, doit amener des découvertes ou des nouveautés d’aspect au sein de cette époque confuse et si pleine, qu’on ne saurait entamer par trop de côtés.
Villars est plein de verve et d’ardeur, il se dévore ; il conçoit à tous moments des plans, des possibilités d’entreprise là où d’autres jugent qu’il n’y a rien à faire.
Il parle une langue excellente, d’une grande propriété d’acceptions, pleine d’idiotismes, familière, parisienne, et qui sent son fruit.
Thiers, comme j’inclinerais à le penser, il n’aurait jamais eu son jour, — j’entends son jour plein, son tour entier de soleil, la carrière ouverte au libre essai de sa politique ; et après quelques mois d’espérance à deux reprises, après avoir passé par le pouvoir, comme on dit, il se serait senti déçu, déjoué, évincé, et se serait rejeté dans l’étude, dans quelque œuvre individuelle : heureux qui peut se réfugier dans un monument !
D’une telle éducation, avec un prince qui était plein de zèle, d’émulation et d’esprit, il dut résulter, ce semble, une merveille, et en effet tous les contemporains et les proches témoins qui nous ont entretenus du duc de Bourgogne n’ont pas manqué de crier à la merveille !
Dans cette pleurésie qu’elle a et qu’on traite tout de travers (car l’absurdité autour d’elle éclate de toutes parts et sous toutes les formes), elle a près de son lit des dames placées par l’Impératrice, et elle entend d’elles, à leur insu, et devine beaucoup de choses qu’elle a intérêt à connaître : « Je m’étais accoutumée, dit-elle, pendant ma maladie, d’être les yeux fermés ; on me croyait endormie, et alors la comtesse Roumianzoff et les femmes disaient entre elles ce qu’elles avaient sur le cœur, et par là j’apprenais quantité de choses. » Elle sait qu’avant tout, à ses débuts, il faut plaire, — plaire à l’Impératrice d’abord, personne faible, crédule, pleine de préventions et de petitesses ; plaire à la nation aussi, et paraître soi-même en être éprise.
Si amis des champs que nous soyons, nous sommes lettrés et amis des lettrés ; nous aimons à nous promener dans la campagne, un Virgile à la main : Épris du doux Virgile et plein de ses leçons, J’aime les prés touffus et les grasses moissons ; J’aime toute culture, et tout ce que renferme, Petit monde ignoré, le chalet ou la ferme ; J’aime les bons semeurs, habiles aux labours, Qui portent vaillamment le poids des plus longs jours, Prodiguant sans relâche à la terre altérée Le généreux ferment d’une sueur sacrée ; Et ces pasteurs aussi qui, pour des mois entiers, Des habitations désertant les sentiers, Dirigent d’un pas lent vers la montagne en herbe Et la chèvre au flanc creux et l’aumaille superbe, Pasteurs et laboureurs !
Les archives de l’État en sont pleines.
Ilm’en était resté dans les yeux et en même temps dans le cœur une première impression très-agréable ; des yeux très-noirs (Bonstetten avait dit seulement bleu foncé, mais Alfieri dut y regarder de plus près) et pleins d’une douce flamme, joints, chose rare !
Ceux qui ont le plus étudié et le mieux pénétré le caractère des poésies sacrées et des cantiques des Hébreux, les Lowth, les Herder, n’ont rien dit que Bossuet n’ait exprimé avant eux d’une parole pleine et sommaire.
Et plus loin : Comme un lion plein de rage Le mal a brisé mes os ; Le tombeau m’ouvre un passage Dans ses lugubres cachots.
Le voir saler son poisson à la salière, prendre sa fourchette à pleine main, manger comme un pauvre enfant, c’est trop… » Troubles organiques encore que ces « pétrifications, ces immobilités d’une demi-heure avec des battements de paupières sur des pupilles remuantes et roulantes. » 9 mai : Première crise légère.
L’un deux disait : « Messieurs, mon mérite et ma gloire Sont connus en bon lieu ; le roi m’a voulu voir, Et si je meurs, il veut avoir Un manchon de ma peau, tant elle est bigarrée, Pleine de taches, marquetée, Et vergetée, et mouchetée. » La bigarrure plaît : partant, chacun le vit.
Sa principale matière, c’est l’homme dans la société : il est plein de ces remarques que l’on sent bien venir d’une femme, qu’elle a dû faire dans quelque salon, au courant d’une causerie.
De plus en plus, tombe avec le romantisme, l’idée qui en autorisait les oripeaux et les déclamations, l’idée que la littérature et l’art sont des carrières brillantes, honorifiques et amusantes, alors que ce sont des missions lourdes, graves, appauvrissantes et pleines de désenchantement, qui incombent à certains êtres et ne portent pas en elles de quoi les pousser à la ripaille et au costume rodomont.
Mais les Pensées comme les Maximes vivent par le fond ; et c’est faute de vue ou d’impartialité qu’on prend pour des figures peintes des corps pleins d’embonpoint et de vie.
Son dialogue est souvent plein de vigueur et de naturel, et tous ses personnages sont fièrement dessinés.
C’est plein de bon sens et de justesse, d’un bon style et nourri de mots fins et heureux.
Les Lettres d’une Péruvienne ont aujourd’hui pour moi le mérite d’avoir inspiré à Turgot des réflexions pleines de force, de bon sens, de philosophie politique et pratique.
Un des commissaires chargés de visiter la jeune princesse au Temple l’a représentée dans son attitude digne, souffrante et appauvrie ; tricotant, assise près de la fenêtre et loin du feu (car elle ne voyait pas assez clair pour son travail près de la cheminée), les mains enflées par le froid et pleines d’engelures (car on ne lui donnait pas assez de bois pour la chauffer à cette distance).
C’est cette génération, accoutumée au pouvoir durant dix-huit ans, pleine encore de force, de capacité, d’intelligence, se ramifiant dans les classes élevées et dans les moyennes, qui, frappée à son tour, est malade en ce moment du genre d’irritation que je signale.
La correspondance de Thomas avec Ducis (1778-1785) commence à nous donner jour sur la vie intérieure du tragique plein de bonhomie, que Thomas comparait au père Bridaine : « Vous êtes, lui disait-il, le missionnaire du théâtre ; vous faites la tragédie comme le père Bridaine faisait ses sermons, parlant d’une voix de tonnerre, criant, pleurant, effrayant l’auditoire comme on effraie des enfants par des contes terribles… » Il exprimait assez bien par là ce que son ami avait d’inculte, d’outré et de populaire.
Comme chez les romantiques, le pessimisme et la misanthropie coulaient, aussi, à pleins bords.
Ce livre singulier et fascinant, plein de pages perverses, exquises, souffreteuses, d’analyses qui révèlent et de descriptions qui montrent, peut surprendre quand on le confronte avec les œuvres antérieures de M.
Il n’est pas necessaire d’inventer son sujet ni de créer ses personnages, pour être reputé un poëte plein de verve.
Et, quand c’est l’élève de Tartuffe qui parle, même non plus devant lui, mais répétant une leçon qu’autrefois il a apprise de lui, voyez le style sinueux, tortueux, serpentin, voyez la démarche de Tartuffe dans le style d’Orgon : Ce fut pour un motif de cas de conscience : J’allais droit à mon traître en faire confidence Et son raisonnement me vint persuader De lui donner plutôt la cassette à garder, Afin que pour nier, en cas de quelque enquête, J’eusse d’un faux-fuyant la faveur toute prête, Par où ma conscience eût pleine sûreté A faire des serments contre la vérité.
Comment condamneraient-ils les mots banals ; ils en sont pleins ; et rejetteraient-ils les clichés : leur prose en est faite.
Une voix inconnue se fit jadis entendre à un homme qui s’est appelé Homère ; et cette voix ensuite a retenti, pleine de mille doux charmes, parmi les générations humaines.
» Or, comme avoir diablement de talent est la grande affaire dans ce diable de pays qu’on appelle la France, Mme George Sand a joui, sans conteste, d’une inaltérable félicité d’écrivain, et elle mourra pleine de jours, d’argent et de célébrité, sans qu’il y ait un seul pli de roses à sa couchette.
C’est, au contraire, un écrivain plein de fraîcheur et d’une sensibilité charmante.
Cette contradiction est d’ailleurs pleine d’enseignement.
Comme dans L’Assommoir le fameux couple Boche, comme dans Pot-Bouille l’oncle Josserand et l’inénarrable Trublot, La Terre est pleine de Fouan et de Bateau, de Delhomme et de Macqueron, d’Hilaire et de Palmyre, qui n’ayant qu’une idée n’ont aussi qu’une façon de la traduire, comme les Krampach et les Nonancourt du vaudeville classique.
Seules, elles peuvent être populaires, parce que seules elles peuvent être comprises sans peine ; seules, elles peuvent être traitées en beau style, parce qu’étant du domaine public, elles ne demandent pas un langage spécial ; seules, elles ouvrent une pleine carrière à l’orateur, parce qu’avec le devoir de convaincre, elles lui imposent l’obligation de toucher et de plaire ; seules, elles donnent des œuvres d’art, parce qu’avec la logique, elles ont à leur service la passion et le bon goût.
On sait que Gray, déjà classiquement érudit, et plein du spectacle et des souvenirs littéraires de la France et de l’Italie, avait passé six années dans la lecture assidue des écrivains grecs, projetant une édition critique de Platon, puis de Strabon, philologue, métaphysicien, historien, géographe, et alliant la patience continue des recherches aux rares saillies de l’enthousiasme.
Et il est bien certain que celui-ci ne les fera point qui se sera juré de ne pas faire un pas au-delà de la pleine clarté et de l’évidence éblouissante. […] La France est pleine de grands hommes inconnus de tous, mais très manifestes à eux-mêmes, que le silence accable, et de très honnêtes petits employés des contributions indirectes qui se répètent sans cesse à eux-mêmes : « Qualis artifex pereo ! […] Rien ne peut être à la fois plus insupportable à la vanité du Français et plus propre à exciter sa raillerie, pleine de vanité encore, que cette double formule : « Vous ne savez rien et êtes incapable de rien savoir ; et, du reste, nous sommes exactement dans les mêmes conditions ». […] A un universitaire qui était partisan — naturellement — du monopole universitaire, je disais, il y a trente-cinq ans : « Il y a un moyen bien simple d’assurer en pratique le monopole universitaire, tout en affirmant qu’on ne monopolise rien et que la liberté d’enseignement est pleine et entière. […] Cet article donnait pleine faculté d’arbitraire et de bon plaisir au gouvernement.
bien, oui, j’ai toujours confiance, pleine et robuste confiance ! […] Mais l’inconnaissable n’est pas autour de l’île seulement : il pénètre dans l’île, toute pleine des brumes de cet océan. […] Elle est robuste, pleine de sève. […] Lui, Rémy de Gourmont, n’a pas redouté de lire le latin de cet Anglais, vu qu’il est futile de se fier à la traduction de La Salle, toute pleine d’arrangement. […] Au bout de sept ans d’un labeur subtil et opiniâtre, il publia L’Aventure d’une âme en peine, roman, mais un roman tout plein d’histoire.
À chacune il ne suffit pas d’être quelque chose, mais elle se veut le tout, le plein et le vif de la critique. […] Il s’agit là en effet d’une critique historique, puisque c’est l’histoire littéraire seule qui permet cet ordre et ce mouvement, fournit au critique cette épaisseur de passé, cette réalité de durée, cette continuité, ce solide et ce plein. […] Pleine de regrets stériles, de désirs impuissants, et de rancunes inexorables, elle traduit au public indifférent et paresseux ce qu’elle ne comprend pas. » On pense bien que « à peu d’exceptions près » concerne les critiques qui, montés sur le dos du poète, s’en vont criant : « Voilà l’éléphant blanc des éléphants blancs, tous les autres sont noirs. » Le Journal des Goncourt entasse les témoignages comiques de l’antagonisme entre les artistes et la critique professorale, de la lutte entre les chantres et les chanoines du Lutrin littéraire. […] L’élan profond de la critique se confond avec l’élan profond du romantisme français, mais du romantisme dans son plein sens européen : sympathie avec toutes les formes religieuses, historiques, ethniques, esthétiques, tentative pour les revivre dans leur mouvement original, pour en extraire non plus des signes extérieurs, conventionnels, pratiques, mais des phrases musicales qui en donneraient l’essence. […] Au critique devant les chefs-d’œuvre on peut appliquer les mots de Diotime : « Parcourant et contemplant la pleine mer de la beauté, il enfantera en une philosophie inépuisable nombre de beaux et magnifiques discours. » Et c’est l’abondance et la qualité de ces discours qui mesurent, d’une certaine façon, le degré de la beauté littéraire, son importance dans la nature et la vie humaine.
Rosny, quoiqu’il ait déjà beaucoup écrit, est peu connu, et ses livres, tout pleins qu’ils soient de talent, ont peu de lecteurs. […] Certains jours, « il mâchait d’instinct une petite balle élastique pleine. […] L’autre est infiniment plus séduisante et pleine d’imprévu. […] Du coup nous entrons dans la vie, nous sommes dans le plein de la réalité. […] Maurice du Plessys a reconquis le style plein et vigoureux de Malherbe.
« L’homme n’est point une énigme, comme vous vous le figurez pour avoir le plaisir de la deviner Il n’y a pas plus de contradiction apparente dans l’homme que dans le reste de la nature… Quel est l’homme sage qui sera plein de désespoir parce qu’il ne connaît que quelques attributs de la matière ? […] Nous les aurions donc lus d’une manière bien distraite, car le fait est qu’ils en sont pleins. […] Et il est vrai que, de franche et d’un peu rude, mais de pleine, et de libre, et de familière qu’elle était jadis, en même temps qu’éloquente, la langue s’est transformée pour subvenir aux besoins de leur propagande. […] « Il n’est rien tel qu’un heureux climat pour faire servir à la félicité de l’homme les passions qui font ailleurs son tourment » [Nouvelle Héloïse, partie I, lettre 23] ; et c’est la nature seule qui a procuré à Rousseau lui-même « quelques instants de ce bonheur plein et parfait, qui ne laisse dans l’âme aucun vide qu’elle sente le besoin de remplir » [Cf. […] Des moindres écrits de Montesquieu : Le Temple de Gnide, 1725 ; — le Voyage à Paphos, 1727 ; — le dialogue de Sylla et d’Eucrate, 1745 ; — Lysimaque, 1751-1754 ; — Arsace et Isménie, 1754 ; et l’Essai sur le goût, 1757. — Des qualités du style de Montesquieu ; — et qu’il est bien de la famille du style de Fontenelle ; — quoique d’ailleurs plus grave, plus plein, et plus dense ; — et, à cette occasion, de la préciosité de Montesquieu. — De l’art et de la capacité de former des idées générales ; — et qu’ils font encore un caractère éminent du style de Montesquieu ; — ainsi que le pouvoir d’exprimer en peu de mots non seulement beaucoup de choses, — mais beaucoup de choses différentes et conséquemment beaucoup de rapports. — Les dernières années de Montesquieu. — Il fréquente chez Mme de Tencin et chez Mme Geoffrin [Cf.
Le sort plein d’injustice M’ayant, enfin, rendu Ce reste un pur supplice, Je serais plus heureux si j’avais tout perdu. […] Scuderi furieux, criait à pleine tête : écoutez encore ce morceau. […] Panard, plein d’esprit & de feu, juste & précis, imagine vivement, écrit avec force, & peint avec vérité. […] Cette Musique a été refaite par un amateur plein de talent & de goût : mais il a conservé la sublime invocation des Prêtres du Destin, telle que le premier Auteur l’avait composée. […] Sa Musique est savante, pleine de force & fertile en tableaux.
La Harpe, après en avoir entendu des extraits, le jugeait par avance un ouvrage dont les idées sont un peu usées, mais plein de détails charmants 28 L’auteur de l’Année littéraire, qui d’ailleurs allégea toujours sa férule pour Delille, prononçait29 que le poëme de l’abbé Delille était un véritable jardin anglais : « On pourrait, dit-il, être tenté de croire que le poëme est construit de morceaux détachés et de pièces de rapport réunies sous le même titre. […] Ducis, vers le munie temps, écrivait à Thomas au retour d’une course dans les montagnes du Dauphiné, et plein encore de l’impression magnifique qu’il en avait rapportée : « Le poème des Jardins, dont vous me parlez avec tant de goût, avec le goût de l’âme qui est le bon, ne m’a point donné de ces émotions-là. » Un peu avant la publication et au sortir d’une séance de l’Académie où Delille avait lu des morceaux, le même Ducis écrivait : « Parlons un peu du poème des Jardins ; on ne peut pas se tromper sur le charme de la lecture.
Lorsqu’on a écouté un beau timbre plein et frappant, par exemple une note haute et prolongée de violoncelle, une note moyenne et prolongée de clarinette ou de cor, si tout d’un coup ce son cesse, on continue pendant quelques secondes à l’entendre mentalement, et quoique, au bout de quelques secondes, son image s’affaiblisse et s’obscurcisse, on continue, pour peu que le plaisir ait été vif, à la répéter intérieurement avec une justesse singulière, sans laisser échapper presque aucune parcelle de son velouté et de son mordant. […] Il s’amusait à concevoir la présence d’un objet bizarre, et, à peine formé dans son imagination, cet objet se traduisait fidèlement à ses yeux… J’ai moi-même recueilli un cas de ce genre… chez un monomaniaque, homme d’un esprit fort cultivé et d’un caractère plein de sincérité, qui m’a assuré à plusieurs reprises qu’il n’avait qu’à se rappeler ou à concevoir une personne ou une chose, pour qu’aussitôt cette chose ou cette personne lui parussent douées d’une apparence d’extériorité. » Il n’y a pas même besoin d’être malade ou sur le bord du sommeil pour assister à la métamorphose par laquelle l’image se projette ainsi à demeure dans le dehors.
On le voyait toujours simple et modeste avec une figure si séduisante, ses mœurs étaient pures et irréprochables, son éloquence naturelle était entraînante et irrésistible, on aurait dit qu’il tenait les cœurs dans sa main et les tournait à son gré ; plein de candeur et de franchise, ses lettres et ses entretiens découvraient tout ce qu’il avait dans l’âme, on croyait y lire… » V Heureux en amitié, le jeune poète ne le fut pas moins en amour. […] Les cendres du foyer des poètes sont pleines de mystères semés ainsi au vent.
Une galerie couverte circulait autour de la maison, avec sa balustrade de sapin sculpté ; un escalier extérieur montait du seuil à la galerie ; un bûcher de rondins et d’éclats de bûches blanches de sapin était symétriquement rangé sous l’escalier ; un pont de planches menait de la cour à la grange ; le foin et la paille débordaient comme d’un grenier trop plein par les ouvertures ; des filles et des enfants déchargeaient un chariot de fourrage embaumé, tandis que deux bœufs, dételés du timon, mais encore appareillés au joug, léchaient de leurs langues écumantes les brins des longues herbes qu’ils pouvaient saisir à travers les ridelles du char. […] La Fornarina n’a pas un ovale plus parfait et plus déprimé, un regard à pleine paupière où entre plus de ciel et d’où sorte plus de pensée secrète, une lèvre plus dédaigneuse, une fossette dans la joue plus prête à sourire et à pardonner à l’excès d’ivresse de son fiancé.
De grands beaux yeux bleus pleins de lumière, encadrés dans des sourcils encore noirs, un nez carré, des joues fermes, une bouche large et façonnée à plaisir par la nature pour l’éloquence, un menton solide, relevé, presque provoquant, une expression hardie, un demi-sourire moitié de bienveillance, moitié de sarcasme, complétaient cette figure. […] XV Le comte arriva à Pétersbourg plein de pensées vagues pour son roi, pour la Russie, pour lui-même.
Une telle constitution masquée était mille fois plus pleine d’anarchie que si elle avait dit franchement et courageusement son nom. […] Une commission militaire jugea rigoureusement les officiers coupables ; le roi Victor-Emmanuel confirma son abdication ; son frère, le duc de Génevois, devenu roi sous le nom de Charles-Félix, régna appuyé sur l’Autriche, plein de défiance contre le prince de Carignan son neveu, dont l’ingratitude ou la légèreté avait profondément aigri son âme ; il voyait en lui le premier conspirateur du royaume.
Plein du bruit que son nom, son éloquence et sa magistrature heureuse faisaient en Italie, Cicéron s’étonna, en revenant à Rome, de trouver ce nom et ce bruit étouffés par le tumulte tous les jours nouveau d’une immense capitale absorbée dans ses propres rumeurs, dans ses passions, dans ses intérêts, dans ses jeux, et divisée entre ses tribuns, ses agitateurs et ses orateurs. […] Et nous, hommes pleins de courage, nous croyons faire assez pour la patrie si nous évitons sa fureur et ses poignards !
Il y avait donc un mois environ que mes jours s’écoulaient heureux et pleins, sans qu’il s’y mêlât d’autre pensée amère que celle-ci, déjà si horrible : Un mois encore, un mois au plus, et il faudra nous séparer de nouveau. […] Mais, plein de colère et d’emportement, et méconnaissant alors le danger, ou, si l’on veut, assez dominé par la passion pour m’exposer à la grandeur du péril qui menaçait nos têtes, je parvins jusqu’à trois fois à reprendre mon passeport, m’écriant à haute voix : “Voyez et écoutez-moi : Je me nomme Alfieri ; je ne suis pas Français, je suis Italien ; grand, maigre, pâle, les cheveux roux ; c’est bien moi, regardez plutôt.
Cependant les écrits de Rousseau sont pleins de vérités de détail, finement ou fortement exprimées, sur la nature humaine. […] Son style, plein de force, a je ne sais quoi de bourgeois.
Je n’imagine pas comment l’opulent peut jouir de plein cœur de son opulence, tandis qu’il est obligé de se voiler la face devant la misère d’une portion de ses semblables. […] Guizot, qui ont pleine confiance dans la nature humaine.
……………………………………………………………………………………………………… Par ces altitudes sans arbres et sans herbes, par la nuit qui commençait à tomber, par ces ténèbres éclairées de la blancheur de l’écume des gouffres, ce sentier d’abîmes, avec ses ponts du Diable, avec ses tours et ses détours sans fin dans les anfractuosités du rocher plein d’horreur, me donnait la sensation d’une terre finissante, à l’entrée d’un monde inconnu. […] Puis viennent les premières feuilles, où ma pensée est dans le cadre d’une page, mais encore dansante, et toute pleine de maculatures et de grosses fautes bêtes, puis enfin se succèdent les secondes, les troisièmes feuilles, où peu à peu, dans le nettoyage spirituel et matériel, m’apparaît le livre qui sera mon livre.
Mon ami, tu es plein de grâce, tu peins, tu dessines à merveille ; mais tu n’as ni imagination ni esprit. […] Ma composition seroit pleine de vie, de variété et de ce que les artistes appellent ragoût.
Mais le Génie, l’exceptionnel Génie qui, créé pour le vrai, se joue puissamment dans le faux, parce que, s’il est grand, il est plus fort que ses atmosphères, n’aurait pas arrêté un critique en possession de sa pleine vigueur. […] Nous l’avons dit plus haut, les esprits élevés, à études sévères, dont le nombre n’est jamais assez considérable pour constituer un public, furent à peu près les seuls en France qui, pendant dix pleines années, prirent garde à cet éminent historien, plus connu et plus salué dans la patrie des Hurter et des Léopold Ranke que dans la sienne.
On n’a pas besoin du catéchisme de Heidelberg pour apprendre à ne pas trop s’attacher à ce monde, surtout en ce pays où tout est si plein de fausseté, d’envie et de méchanceté, et où les vices les plus inouïs s’étalent sans retenue ; mais désirer la mort est une chose tout à fait opposée à la nature.
Sa vie, son caractère sont pleins de naturel et d’originalité, et merveilleusement assortis à son œuvre.
Il avait en lui un ressort qui dérangeait le train de vie où il s’était mis et qui empêchait la suite, la persévérance nécessaire au plein succès.
Ces générations plus jeunes et pleines de nouveaux désirs, qui souffraient impatiemment le long règne et la sujétion muette imposée par Louis XIV, devraient, ce semble, se tourner avec faveur du côté d’un héritier plus ou moins prochain qui s’annonce avec des maximes contraires ; mais loin de là : au lieu de cette faveur, elles n’ont que rage à l’avance et fureur de calomnie contre ce futur roi, parce qu’on le sait vertueux et religieux.
Jaloux, de mon bonheur si bien persuadés, Voyez si vos soupçons ne sont pas mal fondés, Si l’on peut m’accuser de la moindre licence, Et si jamais Amour fut si plein d’innocence.
Causeur excellent et plein de traits dans un salon, écrivain élégant et, on l’a vu, éloquent, il n’était pourtant pas essentiellement orateur, ni surtout improvisateur : « C’est une des nombreuses infirmités de ma nature, disait-il, de ne pouvoir dominer qu’à force de temps ces vérités que de meilleurs esprits dominent à force de supériorité. » Cette sorte de lenteur qui tient au besoin d’approfondir, jointe à de la vivacité d’humeur et d’impression, lui fit faire quelques fautes de tribune.
Nous n’avions pas faute d’outils, car monsieur le maréchal en avait grande quantité, et aussi les pionniers qui se dérobaient laissaient les leurs… Comme je m’en vins à la courtine, je commençai à mettre la main le premier à remuer la terre, et tous les capitaines après : j’y fis apporter une barrique de vin, ensemble mon dîner, beaucoup plus grand que je n’avais accoutumé, et les capitaines le leur, et un sac plein de sous que je montrai aux soldats ; et après avoir travaillé une pièce (un bon bout de temps), chaque capitaine dîna avec sa compagnie ; et à chaque soldat nous donnions demi-pain, du vin et quelque peu de chair, en favorisant les uns plus que les autres, disant qu’ils avaient mieux travaillé que leurs compagnons, afin de les accourager.
Il a adressé une épître en vers à Dangeau, toute pleine de louanges ; il était lui-même, à son degré, de cette race des Dangeau, et bon nombre de ses pièces (ce ne sont pas les meilleures) annoncent simplement en lui un poète suivant la Cour.
La politique de Venise convenait à Rohan, général plein de réflexions et de vues, et qui, en fait de république, se devait mieux accommoder d’une aristocratie que de conseils bourgeois ou populaires.
On se donne souvent bien de la peine pour réveiller des choses passées, pour ressusciter d’anciens auteurs, des ouvrages que personne ne lit plus guère et auxquels on rend un éclair d’intérêt et un semblant de vie : mais quand des œuvres vraies et vives passent devant nous, à notre portée, à pleines voiles et pavillon flottant, d’un air de dire : Qu’en dites-vous ?
Il fit tâter le terrain, reçut pleine satisfaction, et put traiter de la charge dans laquelle il entra avec grand honneur.
Il fut manifeste dès lors à tous qu’il était entré à pleines voiles dans un océan nouveau.
Belmontet vient d’annoncer, de poser, comme on dit, sa candidature par une lettre pleine d’un beau feu, où il parle en vétéran de la poésie, en homme qui est entré dans la carrière par une Fête sous Néron, en compagnie de Soumet, et qui n’a cessé de produire et de mériter depuis : Grand Art, j’ai combattu quarante ans pour ta gloire !
Vauvenargues, mort trop tôt et incomplet comme écrivain, rouvre un ordre d’idées et de sentiments qui est plein de fécondité et d’avenir.
Et Gœthe faisait l’application de son idée à des talents en vue, à Mérimée qui montrait tant de maturité dans cette première œuvre de Clara Gazul ; et il cherchait un autre exemple saillant dans Béranger, non plus jeune, mais plein de grâce, d’esprit, d’ironie fine, bien que sorti d’une classe vulgaire.
L’ancien théâtre, qui ne compte pas moins de trois siècles pleins, depuis le xvie jusqu’au xixe siècle, a eu les Mystères : le théâtre classique, qui embrasse à peu près la même durée (un peu moins) du xve au xixe siècle, a eu la tragédie.
comment se la figurer, cette forme, en la prenant dans son plein et dans son beau ?
M. de Villèle notamment, sans éclat de parole, sans agrément de débit, nasillonneur, mais plein de ressources et d’habileté sur le terrain positif de la discussion et dans le pied-à-pied des débats, M. de Villèle, vers la fin de la session, fit ses preuves de tacticien parlementaire consommé.
Pour moi seul tant d’objets dont la maison est pleine !
Jullien d’un air tout à fait pénétré et plein de commisération à notre égard11, rien n’est assurément plus fâcheux dans la critique littéraire que ce parti pris d’admiration, qui nous fait louer, même contre notre sentiment, les œuvres consacrées par l’enthousiasme ou la vénération des siècles.
Guizot se prononce décisivement en faveur de celles-ci : « Pour moi, dit-il, arrivé au terme d’une longue vie pleine de travail, de réflexions et d’épreuves, d’épreuves dans la pensée comme dans l’action, je demeure convaincu que les dogmes chrétiens sont les légitimes et efficaces solutions des problèmes religieux naturels que l’homme porte en lui-même, et auxquels il ne saurait échapper. » L’auteur, ou plutôt le penseur chrétien, ne s’arrête point, dans les Méditations qu’il nous offre aujourd’hui, à ce qui divise entre eux les chrétiens des diverses communions ; il ne s’attache en ce moment qu’aux dogmes fondamentaux dont la suite exacte et l’enchaînement satisfait aux doutes qui agitent l’âme humaine, dès qu’elle se recueille et s’interroge à la manière de Pascal.
Aussi ne trouve-t-on réellement à Rome, dès le principe, « qu’un seul art grand et original, l’architecture, parce qu’il est le plus utile. » De même « un seul des dons de l’esprit y naît naturellement, y atteint de soi-même tout son développement, et étend son influence sur tous les autres, l’éloquence. » Ici encore, une de ces pages concises et pleines, qui résument toute une perspective et une suite de vues : « Par leur caractère, par leurs institutions, les Romains sont naturellement un peuple, je ne dirai pas éloquent, mais oratoire.
L’abbé d’Olivet eut la principale part dans ce travail ; il fut en réalité le secrétaire et la plume de l’Académie ; elle avait fini, de guerre lasse, par lui donner pleins pouvoirs ; il s’en explique lui-même dans une lettre au président Bouhier, du 1er janvier 1736, et l’on est initié par lui aux coulisses du Dictionnaire.
Les modèles pleins de grâce que nous avons dans la langue, pourront servir de guide aux François, mais comme ils en servent aux nations étrangères.
« Il était laid, nous dit un contemporain628 : sa taille ne présentait qu’un ensemble de contours massifs ; quand la vue s’attachait sur son visage, elle ne supportait qu’avec répugnance le teint gravé, olivâtre, les joues sillonnées de coutures ; l’œil s’enfonçant sous un haut sourcil, … la bouche irrégulièrement fendue ; enfin toute cette tête disproportionnée que portait une large poitrine… Sa voix n’était pas moins âpre que ses traits, et le reste d’une accentuation méridionale l’affectait encore ; mais il élevait cette voix, d’abord traînante et entrecoupée, peu à peu soutenue par les inflexions de l’esprit et du savoir, et tout à coup montait avec une souple mobilité au ton plein, varié, majestueux des pensées que développait son zèle. » Et Lemercier nous montre « les gestes prononcés et rares, le port altier » de Mirabeau, « le feu de ses regards, le tressaillement des muscles de son front, de sa face émue et pantelante ».
Et ailleurs : Notre bonheur n’est point le fade cataplasme ; C’est le vésicatoire aigu qui donne un spasme… Vos amours, ô bourgeois, sont des fromages mous ; Le nôtre, un océan d’alcool plein de remous.
Elle a été le refuge des druides et la forteresse inexpugnable des Celtes ; fidèle à elle-même, elle se cramponne aujourd’hui d’une étreinte désespérée au catholicisme qui décline et à la monarchie qui s’en va ; et en même temps vaincue dans sa lutte contre les vagues, perdant chaque mois, presque chaque jour, quelques-uns des siens au milieu des écueils, elle a peur encore des sorciers et des korrigans ; elle est convaincue que tous les ans, à la Toussaint, les noyés remontent à la surface des eaux et pour rien au monde elle ne mettrait une barque à flot ce jour-là ; elle abonde en légendes tristes ; elle est pleine de fantômes vagabonds ; et par cela même elle a gardé une physionomie archaïque, qui, non seulement se reflète dans les œuvres de ses enfants, mais l’a rendue chère aux écrivains et aux artistes de notre siècle.
L’orateur qui, au Parlement, remet et tire sans cesse son lorgnon, l’écolier qui, en récitant sa leçon, remue quelque chose entre ses doigts, les actes automatiques de certains avocats ou autres gens parlant en public : ce sont là autant d’exemples de la manière dont le trop plein des émotions peut se dépenser, et empêcher par suite qu’elles ne paralysent l’intelligence.
aux corps harmonieux et pleins de la statuaire antique, et aux grêles madones, aux Christs émaciés, aux saints maladifs des primitifs.
Le prince de Condé, grand admirateur des beaux vers, toujours plein de mépris pour tout ce qui lui rappelait Mazarin, protégeait Racine.
J’aimais Le voyage de Shakspeare, étude curieuse de la formation d’un génie, et l’Astre noir, étude âpre de l’écrivain génial dans sa pleine et complexe maturité.
Le Code français a muré cette porte ; il ne lui offre qu’une triste et sombre impasse, pleine de risques et de scandales : un procès en séparation.
Il serait temps, aujourd’hui que l’expérience a suffisamment parlé, et que les hommes de mérite qui se sont chargés par pur zèle de ces humbles lectures ont assez montré dans quel sens utile et désintéressé ils les conçoivent, que de son côté aussi le public a montré dans quel esprit de bienséance et d’attention il les vient chercher, il serait temps, je crois, de donner à cette forme d’enseignement la consistance, l’ensemble, l’organisation enfin qui peut, seule, en assurer le plein effet et la durée.
Le roi, plein de dépit, annonça la nouvelle d’un seul mot aux courtisans qui l’entouraient : « La duchesse de Bourgogne est blessée. » Là-dessus, tous de se récrier et de dire que c’était un grand malheur et qui pourrait compromettre ses couches à l’avenir.
Disons-le donc en concluant, et sans craindre d’offenser ses mânes, il a fait fausse route à un certain moment ; il s’est trompé, non pas tant en manquant le succès, ce qui peut arriver à tout homme noble et sensé, mais en s’obstinant dans une voie sans issue et dans une cause pleine de pièges et de ténèbres.
Étienne, né aux lettres avec le Consulat, éclos à la faveur au temps du camp de Boulogne, arrivant à son plein triomphe, tout jeune encore, à l’heure de l’apogée extrême de l’Empire.
Heureusement que, dans mon sommeil, je ne rêve pas souvent de ces situations désagréables, autrement j’en viendrais à redouter ce qui fait maintenant mes seules heures de repos… Et tous ceux qu’on lui recommande sont, notez-le bien, « des officiers expérimentés, braves comme leur épée, pleins de courage, de talents et de zèle pour notre cause, en un mot, dit-il, de vrais Césars, dont chacun doit être une acquisition inestimable pour l’Amérique ».
Pénélope, pleine de respect pour son fils, savait qu’il était revêtu d’une autorité qui allait jusqu’au droit de lui donner un époux.
Je le dis simplement pour caractériser Chasles, et sa manière et sa critique, à lui, qui s’était plongé à plein corps dans la littérature anglaise et qui s’en est retiré ruisselant d’elle, qui était ressorti Anglais de cette littérature, comme Achille était ressorti invulnérable du Styx, Seulement, pour Chasles, anglais ne veut pas dire invulnérable.
Ce livre même de la Mer, quoiqu’il soit de tendance impie, semé d’erreurs et d’ignorances, assoté par une préoccupation de démocratie déplacée que l’auteur transporte de l’histoire politique à l’histoire naturelle, et qui le fait être du côté du fretin contre le gros poisson, si vous exceptez les baleines pour lesquelles il a un sentiment ; ce livre de la Mer est plein de choses puissantes et charmantes.
Il semble apparaître enfin au jour, mais c’est pour tenter de reconquérir la vie qui lui échappe, qu’il sent s’éloigner de lui, et pour la possession de laquelle il luttera, plein d’une rage sourde, jusqu’à ses derniers instants.
Paul a cinquante ans environ ; il est un peu courbé, maladif et maigre ; ses traits sont amincis, et tirés par l’habitude de la réflexion, et ses beaux yeux noirs, pleins de pénétration et d’ardeur, semblent ordinairement voir autre chose que ce qu’il regarde.
Ils se promenoient autour des allées du jardin, en discourant ainsi ; & je les trouvai pleins d’esprit & aimables. […] s’écria un homme plein de raison, eh ! […] C’est elle qui pare de jolis chiffons tout ce monde que vous voyez, qui donne des talons rouges à celui-ci, des équipages à celui-là, qui répand l’or à pleines mains jusque chez l’artisan, qui opere, en un mot, des phénomenes en tout genre ; car il faut l’avouer, Paris lui-même, oui Paris, doit presque tout son lustre à l’intrigue. […] mylord, auriez-vous donc oublié, ou n’auriez-vous point vu nos délicieuses maisons de campagne, où l’utile se joint à l’agréable de la maniere la plus intéressante, où sur-tout on n’a point trop raffiné sur la propreté, en jetant dans les appartemens du sable à pleines mains, c’est-à-dire, en commençant par les salir, dans la crainte qu’ils ne soient pas assez propres, comme c’est la mode chez vous. […] Un personnage plein de bon sens & de génie, disoit qu’il lui suffisoit d’entendre lire un bon ouvrage dans quelque société, pour discerner ceux qui avoient du goût de ceux qui n’en avoient pas.
Si l’on compare grossièrement l’intelligence à une éponge, on comprendra fort bien que cette éponge peut être ou pleine d’eau, ou vide, sèche, sans que sa capacité soit augmentée ou diminuée. […] De cela nous pouvons lui savoir un plein gré, car sans les oiseaux tout paysage est triste. […] Cela constitue son idéal, et c’est très rarement de son plein gré qu’elle se résigne à ne pas les réaliser. […] Certains poèmes de Victor Hugo, tels que Pleine Mer, Plein Ciel, ne font-ils pas un effet analogue ? […] L’une d’elles raconta au voyageur Spencer que, buvant à une source sacrée, et par conséquent pleine d’esprits, elle entendit une voix d’enfant qui criait : mia, mia (maman).
La théologie n’est pas une science qui existe, comme l’algèbre ou comme la physique, indépendamment de ses conséquences, qui leur soit en quelque sorte antérieure ou supérieure, et il n’est pas ici question du « vide », ni du « plein », ni du « plein du vide », mais d’agir, et de se résoudre, et de se conduire. […] Et l’on sait, d’autre part, qu’après avoir presque débuté, en 1728, par s’en prendre à Pascal comme au grand adversaire dont il lui fallait combattre et renverser l’autorité, s’il le pouvait, c’est encore contre lui que, en 1778, plein de jours et de gloire, il livrait sa dernière bataille. […] Descartes est plein de raisonnements ou de théories qui ne lui appartiennent pas en propre, mais, d’un autre côté, Bossuet et Fénelon abondent en idées qui ne leur viennent point de Descartes. […] Ils étaient hommes l’un et l’autre, et Descartes, plein de lui-même, avait certainement blessé le jeune amour-propre de Pascal autant que celui du quinteux Roberval, ou de l’aimable et savant Fermat ! […] Au travers de son masque on voit à plein le traître.
Washington paraît bien grand, en effet, au milieu de cette guerre difficile, qui se traîne sur de vastes espaces, pleine de misères, de lenteurs, de revers, entravée par les rivalités et les jalousies soit du Congrès, soit des autres généraux : « Simple soldat, dit excellemment La Fayette en le caractérisant, il eût été le plus brave ; citoyen obscur, tous ses voisins l’eussent respecté. […] Jeune et célèbre, déjà plein d’actions, chevaleresque parrain de treize républiques, il parcourait et étudiait l’Europe, les cours absolues, assistait aux revues et aux soupers du grand Frédéric, et, de retour en France, par ses liaisons, par ses propos, par son attitude à l’Assemblée des notables, poussait hardiment à des réformes, dont le seul mot, étonnement de la cour, électrisait le public, et que rien ne compromettait encore. […] Je serai pour mes amis plein de vie, et pour le public une espèce de tableau de muséum ou de livre de bibliothèque. » Jamais, sans doute, son cœur ne se sentit plus jeune ; les excès qui ont dégoûté de la liberté les demi-amateurs, étant encore plus opposés à cette sainte liberté que le despotisme, ne l’ont pas guéri, lui, de son idéal amour ; mais il apprécie la société, son égoïsme, son peu de ressort généreux.
Mais avec les réserves qu’on peut faire, ce petit livre, un peu inégal, n’en est pas moins brillant d’originalité et plein de suc. […] Le secret, plein d’horreur, qu’il confie à sa discrétion, c’est que le pape, à la suite de deux encycliques anti-maçonniques, a été enlevé du Vatican et emprisonné dans les cachots du Château Saint Ange par les francs-maçons avec la complicité du Quirinal. […] La vente d’André Gide apparaît comme pleine de promesses, et nous vaudra sans doute un nouveau Retour de l’Enfant prodigue, ou un autre Traité du Narcisse.
Et, à la vérité, le proverbe n’empêche pas que saint Thomas d’Aquin, pour ne nommer que lui, ne soit plein d’Aristote. […] Le naturalisme y coule à pleins bords, si cette conviction le remplit que tous les maux de l’humanité ne viennent que de ne pas suivre d’assez près, et assez fidèlement, la nature. […] Quelques mots sur les Arts Poétiques de Pierre Fabri, 1521 ; [L’Art de pleine rhétorique] de Gracien du Pont, 1539 ; et de Thomas Sibilet, 1548. — Que, pour comprendre la Défense, il faut la rapporter à l’intention de réagir contre l’école de Marot ; — et que l’on voit alors que ce que les auteurs en ont voulu, ç’a été : 1º Le Renouvellement des thèmes d’inspiration ; — et en effet, depuis deux cents ans, même dans Marot, la poésie n’était que de la « chronique rimée » ; — tandis qu’il s’agit maintenant de chanter le passé, la nature, la gloire et l’amour. — Mais pour y réussir, il faut avant tout se débarrasser de la contrainte qu’exerce sur la liberté du poète la tyrannie des genres à forme fixe ; et de là : — 2º Le Renouvellement des genres ; — qui seront ceux de l’antiquité : poème épique, ode, satire, comédie, tragédie, etc. — On fait pourtant grâce au sonnet en faveur de Pétrarque. — Et pour enfin remplir ces formes d’un contenu qui soit digne de leur beauté, il faut : 3º Réformer la Langue : — en en faisant une œuvre d’art. — Théories linguistiques de la Défense. — Combien elles diffèrent de celles des « Grécaniseurs »‘et « Latiniseurs » dont s’était moqué Rabelais dans son Pantagruel. — Insignifiance des innovations métriques de la Pléiade. — Les innovations rythmiques seront l’œuvre personnelle du génie de Ronsard.
et, pour nous, qui le sommes encore moins que lui, des on-dit, des fragments de lettres, une longue dissertation sur le plein, sur le vide, et sur le plein du vide, tout cela suffit-il à terminer le débat ? […] C’est un genre qui ne se meut pas dans sa propre et pleine indépendance. […] Prévost, il est d’Hesdin, fils du procureur du roi de cette ville ; c’est un homme d’une taille médiocre, blond, yeux bleus et bien fendus, teint vermeil, visage plein. […] Et il est plein de ces trouvailles que l’on voudrait pouvoir sauver du vaste naufrage de son œuvre ! […] » Ses lettres à d’Argental, à d’Alembert, à Damilaville sont pleines de ces sortes de plaintes.
Et ajoutez que le livre en est plein, que M. […] Jusqu’à la fin sa vie fut précaire et pleine de craintes. […] Mais en même temps il était doux, plein de ménagements, de tendresses, prompt aux affections, « tout sentiment et tout cœur ». […] C’est alors qu’il était lui-même au spectacle, et goûtait au centuple l’élégance et la dignité, la passion et la vertu qu’il répandait à pleines mains sur ses héros. […] Joseph en sortit plein d’angoisses, obsédé du besoin d’une religion, ne sachant laquelle choisir, et peu de temps après, s’étant retiré dans un petit bois, il eut une vision.
Il y a surtout dans la première édition, dans celle de 1781, quantité d’aperçus pleins d’invention et de fraîcheur.
Cette scène d’arrivée et de débarquement en vue de l’ennemi est vive chez Joinville, et pleine de couleur : Le jeudi après Pentecôte arriva le roi devant Damiette, et trouvâmes là toute l’armée du Soudan sur la rive de la mer, de très belles gens à regarder ; car le Soudan porte les armes (armoiries) d’or, sur lesquelles le soleil frappait, qui faisait les armes resplendir.
Ce discours de l’abbé de Caumartin était fort éloquent et fort agréable, plein de louanges ; mais on prétend qu’elles étaient malignes.
Mais si la distinction et l’esprit de choix lui font faute habituellement, il a au plus haut degré la véracité, la bonhomie pleine de sens, le cœur dans les choses essentielles, la naïveté dans les moindres ; cela lui donne quelquefois l’expression.
Il ne l’effleure pas d’un œil d’artiste ; il la caresse à pleins bras, comme l’amoureux du Cantique des cantiques : Veni, et inebriemur uberibus… « Quel plaisir autrefois de me rouler dans les hautes herbes, que j’aurais voulu brouter, comme mes vaches ; de courir pieds nus sur les sentiers unis, le long des haies ; d’enfoncer mes jambes, en rehaussant (rebinant) les verts turquies, dans la terre profonde et fraîche !
Il y avait en Charles-Quint à Saint-Just un homme double, deux hommes distincts, séparés par une mince cloison, un politique persistant et un moine affilié, un conseiller d’État plein de sagesse et un catholique assiégé de terreurs.
Horace trouve partout des sujets pour ses pinceaux, et il peint tour à tour une chasse, des chevaux, des batailles, des marines, des caricatures pleines d’esprit, d’effet et de vérité.
Quand il revint en France, sur la fin de l’été de 1851, il était riche d’observations, plein de sujets, plus que jamais rompu à la science du dessinateur, capable d’oser et d’entreprendre en dehors même du champ aimable et si varié qu’on lui avait reconnu jusque là pour son domaine.
Je ne vois à mettre en regard, et comme pendant, que certain écran que le cardinal d’Estrées avait donné, il y avait quelques mois, à Madame Royale en manière de surprise, et dont Mme de La Fayette, amie de la Régente, avait soigné les détails et fourni le dessin : « Vous savez, écrivait Mme de Sévigné, la tète pleine de ce galant cadeau, et voulant en donner idée à sa fille (13 décembre 1679), que Madame Royale ne souhaite rien tant au monde que l’accomplissement du mariage de son fils avec l’infante de Portugal ; c’est l’évangile du jour.
On était alors dans le plein torrent du mouvement thermidorien, et tout ce qui était dans ce sens en faveur des proscrits de la veille, avait la vogue et faisait fureur.
La taille est pleine et n’est pas belle ; mais l’ensemble est du plus grand air.
Je vous avoue que, passant dans un pays si plein de toutes choses, j’ai été surpris que cette grande obéissance ait subsisté pendant quatre jours sans châtiment exemplaire… » Sans « châtiment exemplaire », notez ce mot.
Je sais qu’on m’a mené vite à Paris ; mais, Dieu merci, je n’ai eu qu’un effort dans le col, lequel a dégénéré en rhumatisme, dont je me sens encore un peu, mais qui ne m’empêche de rien, et mon sang est resté tout entier dans mes veines, sans qu’il en soit sorti plus d’une goutte, occasionnée par une coupure que je me suis faite au petit doigt, en soupant, dimanche dernier, au grand couvert. » Je ne sais si c’est la Correspondance de Napoléon dont je suis plein, qui me gâte et me rend plus difficile, mais il me semble qu’il est impossible d’écrire une phrase telle que celle qu’on vient de lire, à la Louis XV, et de partir vaillamment en guerre le lendemain pour être un héros.
Si vous voulez, vous pouvez ajouter, pour rendre la chose plus énergique : « L’impératrice, ma mère, m’a expressément défendu de me charger d’aucune recommandation. » N’ayez point de honte de demander conseil à tout le monde et ne faites rien de votre propre tête… » Et en ce qui est des correspondances que peut entretenir la dauphine et des précautions à y apporter, les conseils ne sont pas moins sages, pleins de réserve et de restrictions.
Tout est bon au peintre écrivain pour arriver, non au fac-similé direct des choses (toujours impossible par un coin et toujours infidèle), mais à l’impression pleine et juste qu’il veut en laisser.
Le sujet de la conversation était le roi Joseph qui, de Madrid, se plaignait de son frère, se prétendait contrecarré en tout, voulait faire le militaire, être roi indépendant, et, dans des lettres à la reine sa femme et à l’empereur, menaçait par dégoût, si on ne lui laissait pleins pouvoirs, de rentrer dans la vie privée et de revenir planter ses choux à Morfontaine.
Le grotesque de ce temps-là et de ces gens-là diffère essentiellement de celui d’aujourd’hui : le leur était abandon, bouillonnement et débordement, plein de naturel et de coulant jusque dans son épaisseur ; le nôtre est tout prétention et affectation, pur procédé d’art, un grotesque fabriqué à froid, besoin de paraître gai dans une époque triste, et chez quelques-uns, je gage, parti-pris de se singulariser, en désespoir de ne savoir se distinguer simplement et noblement.
Benoist, fils du conseiller d’État, jeune homme aimable, plein de qualités sérieuses, et de la plus agréable figure : mais avec tout cela, et bien qu’accueilli sur le pied de la plus parfaite amitié, il ne pouvait dans ce monde-là faire un mari.
Mais tous ces adjectifs ne le définissent pas ; ils indiquent seulement quelque analogie lointaine entre notre impression totale et des impressions d’une autre nature ; ils sont de simples étiquettes littéraires comme les noms que nous employons à l’endroit des odeurs, lorsque nous disons que l’odeur de l’héliotrope est fine, celle du lis pleine et riche, celle du musc pénétrante, etc.
Elle était pleine de monde en deuil que les cloches, annonçant le supplice, et la prière des morts, avaient réveillé et rassemblé dès le matin ; un cordon de sbires les tenait à distance ; les pénitents, en longues files, m’entouraient et me suivaient : un petit enfant, à côté du père Hilario, marchait devant moi et tendait une bourse aux spectateurs pour les parents du meurtrier.
Mais aussi, si jamais œuvres ne furent plus robustes, plus pleines, plus solidement édifiées sur le fond humain qui ne change pas, si jamais art ne fut plus sincère, plus probe et plus sûr, si jamais plus de grandeur ne fut unie à plus de clarté, et plus proportionnée à la capacité moyenne des esprits, en sorte que chacun peut trouver à comprendre et de quoi jouir même dans ce qui le dépasse infiniment, et qu’on ne saurait en épuiser la suggestivité ni en limiter la réceptivité, Boileau nous dit ou nous fait deviner comment cela s’est fait : sa doctrine met en lumière et ramène à son principe ce qui fait la beauté propre de la littérature classique et en assure la durée.
Hugo écrit : Vos régiments, pareils à l’hydre qui serpente, Vos Austerlitz tonnants, vos Lutzen, vos Lépante, Vos Iena sonnant du clairon, Vos camps pleins de tambours que la mort pâle éveille Passent pendant qu’il (Dieu) songe, et font à son oreille Le même bruit qu’un moucheron ; l’esprit, n’ayant besoin d’aucun effort pour ramener l’idée du mot propre, les batailles et les victoires, n’ayant même pas à repasser par ce mot propre, s’abandonne tout entier à l’impression de la figure, et l’imagination voit défiler toutes les scènes terribles ou glorieuses que ces grands noms font surgir de la mémoire.
Jean Bodel a mis tout cela dans un drame bizarre, bien supérieur à son insipide et romanesque Chanson des Saxons : la nécessité d’aller au cœur de son public, la nouveauté d’un genre encore dénué de traditions ont maintenu le poète dans la simple sincérité, et comme dans le plein courant, de la vie.
Cependant Michelet écrira encore d’admirables pages, toutes pleines d’idées profondes et suggestives, sur la Renaissance, sur la Réforme, sur les guerres de religion : il nous donnera en tableaux merveilleux une vision précise, colorée du xvie siècle.
» Si vous voulez mon sincère avis, je trouve que ces propos sentent à plein la secte et l’école.
Ta voix est pleine de larmes quand tu parles de son « déshonneur légal ».
Je recommande la lecture du chapitre vi, qui traite de la campagne de 1757, cette campagne si pleine de vicissitudes et de retours, et dans laquelle Frédéric, réduit aux abois, eut sa victoire facile et brillante de Rossbach, sa victoire savante et classique de Leuthen.
M. de Guibert nous a rapporté dans son Journal de voyage une de ces confidences pleines de noirceur et de perfidie, et à laquelle il se montre trop crédule.
C’est dans les pages mêmes du fils qu’il faut apprendre à aimer l’expression modérée, continue et pleine, de cette belle vie antique de M. d’Aguesseau le père ; c’est là qu’il faut voir briller, sous des cheveux de plus en plus blancs, la vertu toujours égale du vieillard dans toute la fleur de sa première innocence.
Il y a certainement des coins du génie russe que Rulhière n’a point pénétrés ni appréciés ; n’ayant vécu qu’à Saint-Pétersbourg et dans le grand monde, il a vu surtout dans ce peuple plein de disparates les mœurs d’un Bas-Empire, il a cru y voir une sorte d’Empire grec finissant, et il n’a pas assez signalé, sous ce vernis de civilisation avancée, un peuple jeune qui commence.
Saint-Simon, qui nous l’a peinte à ravir dans sa première forme, nous la montre encore dans le plein de sa beauté et dans la grandeur de sa représentation, qu’elle sut soutenir à travers toutes les fortunes : C’était une femme plutôt grande que petite, brune avec des yeux bleus qui disaient sans cesse tout ce qui lui plaisait, avec une taille parfaite, une belle gorge, et un visage qui, sans beauté, était charmant ; l’air extrêmement noble, quelque chose de majestueux en tout son maintien, et des grâces si naturelles et si continuelles en tout, jusque dans les choses les plus petites et les plus indifférentes, que je n’ai jamais vu personne en approcher, soit dans le corps, soit dans l’esprit, dont elle avait infiniment et de toutes les sortes ; flatteuse, caressante, insinuante, mesurée, voulant plaire pour plaire, et avec des charmes dont il n’était pas possible de se défendre quand elle voulait gagner et séduire ; avec cela un air qui, avec de la grandeur, attirait au lieu d’effaroucher ; une conversation délicieuse, intarissable, et d’ailleurs fort amusante par tout ce qu’elle avait vu et connu de pays et de personnes ; une voix et un parler extrêmement agréables, avec un air de douceur ; elle avait aussi beaucoup lu, et elle était personne à beaucoup de réflexion.
C’était le temps des conspirations militaires contre la Restauration (1820-1823), il y trempait, et ses chefs pourtant ne pouvaient s’empêcher de distinguer ce sous-lieutenant des plus incommodes comme un jeune officier instruit, studieux et plein l’avenir.
L’instruction que nous laissèrent les romantiques est pleine de choses excellentes, apprises du xvie siècle, et aussi découvertes au xixe ; mais comme les règles des trois unités, excellentes en certains cas, elle ne peut s’appliquer à tous.
Il ouvrit le rouleau renfermant la pièce d’Augier et la repoussa, avec un geste plein de mépris.
Supposez-moi de retour d’un voyage d’Italie, et l’imagination pleine des chefs-d’œuvre que la peinture ancienne a produits dans cette contrée.
En mil six cens quarante-trois Toricelli mécanicien du grand duc Ferdinand II remarqua en essaïant de faire des expériences, que lorsqu’un tuïau fermé par l’orifice supérieur et ouvert par l’orifice inferieur, étoit tenu debout plongé dans un vase plein de vif-argent, le vif-argent demeuroit suspendu à une certaine hauteur dans ce tuïau, et que le vif-argent suspendu tomboit tout entier dans le vase, si l’on ouvroit le tuïau par son orifice superieur.
… Allons, une faute de français ici, — un détail écœurant à la fin de cette phrase… (Second soupir plein d’amertume.
— Je n’en ai pas, ai-je répondu — Mets des cailloux dans ta chéchia » Je l’ai fait et après quelques tours de passe-passe il me l’a rendue pleine de kolas.
Les plus connus sont : Louise Michel, Kropotkine, Sébastien Faure, Charles Malato, Paterne Berrichon, Henri Cholin, Octave Mirbeau, Élisée Reclus, Pouget, Veidaux, Émile Gautier, Chincholle, Ernest Gégout, Alexandre Tisserand, Lucien Muhlfeld, André Gide, Zo d’Axa, Guillaume Le Rouge, Alain Desveaux, La Purge, chansonnier plein de verve, Michel Zévaco, Hamon.
Mais il en est un second, sur lequel j’insisterai avec plus de précision encore parce qu’il est l’honneur de cet esprit gonflé, éclatant, plein de sève, et notre espérance à nous tous de le voir aboutir un jour, cet esprit à plusieurs puissances, et ce point, c’est l’idée générale, vers laquelle il remonte toujours de la critique la plus particulière.
— Laissez-moi dire ; j’en ai le cœur plein.
Nous avons été longtemps des barbares pleins d’imagination et de gaieté, qui savions danser et combattre, mais qui ne savions pas écrire.
Il est plein de trouble et de passion : il a quelque chose de cette fougue effrénée qu’à certaines époques le talent affecte de se donner par système.
On les écrit pour donner à la liberté de l’imagination une pleine carrière ; et c’est pour sortir par eux de la réalité, c’est pour courir en pensée les grandes aventures, c’est pour chevaucher avec eux l’hippogriffe et la Chimère qu’on les lit. […] — il donna dès lors à Chapelain une pleine autorité sur eux. […] Unique en son genre, je n’en sache pas qui soit sous ce rapport plus curieux ni plus instructif ; et, comme d’ailleurs, parmi tous ses défauts, il est plein d’observations justes et ingénieuses, je vous en recommande en passant la lecture. […] Il est plein de défauts, de vrais défauts ou, mieux encore, de véritables trous, mais c’est un grand livre ; et Sainte-Beuve — que son Port-Royal eût pourtant dû préserver de toute jalousie — y a usé ses dents. […] On oppose à l’une qu’elle n’est pas de bon goût, et à l’autre qu’elle est pleine de folies.
Si quelqu’un avait les joues pleines, il passait pour tiède538. […] La Chambre des communes, tout à l’heure reine, encore pleine de presbytériens, de rebelles et de vainqueurs, vota « que ni elle ni le peuple d’Angleterre ne pouvaient être exempts du crime horrible de rébellion et de sa juste peine, s’ils ne s’appliquaient formellement la grâce et le pardon accordés par Sa Majesté dans la déclaration de Breda. » Puis tous ces héros allèrent en corps se jeter avec contrition aux pieds sacrés de leur monarque. […] On tirerait des comédies du temps un volume de sentences ; elles sont pleines de morceaux littéraires qui annoncent déjà le Spectator 603. […] Entre les diverses sortes d’imaginations, il y en a une monarchique, toute pleine de cérémonies officielles et magnifiques, de gestes contenus et d’apparat, de figures correctes et commandantes, uniforme et imposante comme l’ameublement d’un palais : c’est d’elle que les classiques et Denham tirent toutes leurs couleurs poétiques ; les objets, les événements prennent sa teinte, parce qu’ils sont contraints de la traverser. […] si ma vie pouvait couler comme ton onde, si je pouvais prendre ton cours pour modèle comme je l’ai pris pour sujet, limpide, quoique profond, doux et non endormi, puissant sans fureur, plein sans débordements625 !
Le livre de me Dacier annoncé depuis long-temps, parut quelques jours après que j’eus récité cette espece de préface dans l’academie ; je le lûs avec attention pour y chercher mes erreurs ; et comme j’avois promis de pardonner les injures à qui me détromperoit, je m’accoûtumai aisément à celles dont il est plein, dans l’espérance qu’on rempliroit la condition ; mais après avoir achevé tout le livre, je trouvay qu’il n’y avoit que la moitié de l’ouvrage fait. […] Sur cette apparence Me D s’est hâtée de conclure que j’étois coupable de cet orgüeil plein d’envie et de malignité, qu’elle déteste sur la parole d’un fort honnête ancien. […] Tout pleins qu’ils en sont, ils vous la citent avec emphase, et si vous ne partagez pas leur enthousiasme, ah ! […] Après que Calchas a révélé aux grecs le sujet du courroux d’Apollon, Agamemnon se leve plein de fureur, et dit à ce Calchas si respectable dans l’armée. […] Et au contraire, un poëme plein de sentences, pourroit être très contraire à la morale, s’il n’y avoit que des idées fausses et incertaines sur les actions et les sentimens des hommes, et si les dieux et les héros admirez par le poëte, y donnoient à l’envi, de mauvais exemples.
« Ayant empoisonné, dit-il, une jeune poule pleine de vie au moyen d’une piqûre faite à la cuisse avec une flèche empoisonnée, la poule n’en parut nullement incommodée. […] Dans l’émotion, il y a toujours une impression initiale qui surprend en quelque sorte et arrête très-légèrement le cœur, et par suite une faible secousse cérébrale qui amène une pâleur fugace ; aussitôt le cœur, comme un animal piqué par un aiguillon, réagit, accélère ses mouvements et envoie le sang à plein calibre par l’aorte et par toutes les artères. […] C’est ce qui fait que, dans la science même, le connu perd son attrait, tandis que l’inconnu est toujours plein de charmes. […] Les uns, imbus de l’idée que la vie a pour essence de résister à la mort, c’est-à-dire aux forces physiques et chimiques, devaient croire naturellement que l’être vivant, arrivé à son plein développement, n’avait plus qu’à se maintenir dans l’équilibre le plus stable possible en neutralisant l’influence destructive des agents extérieurs ; les autres, comprenant mieux le phénomène et appréciant la perpétuelle mutation de l’organisme, ont refusé d’admettre que ce mouvement de rénovation moléculaire fût produit par les forces générales de la nature, et ils l’ont attribué à une force vitale. […] Un être vivant qui est dans la plénitude de son activité fonctionnelle ne nous manifeste donc pas l’énergie plus grande d’une force vitale mystérieuse ; il nous offre simplement dans son organisme la pleine activité des phénomènes chimiques de combustion et de destruction organique.
Par contre, il se déclarait plein de vénération pour le bouddhisme (voir travaux, aujourd’hui bien désuets, d’Eugène Burnouf), lequel semble une confusion sans nom de toutes les vases réunies de la sociologie et de la morale, brassées entre l’Orient et l’Occident au cours des âges, et dont la misère intellectuelle est saisissante. […] L’amer et orgueilleux breuvage de la méconnaissance lui fut ainsi versé à pleines coupes, suprême libation d’un siècle détaché du lyrisme naturel, uniquement attentif aux rhéteurs, aux hurleurs et aux échevelés des deux sexes. […] Barbey d’Aurevilly respire largement, à pleins poumons, sur son promontoire, devant la lande, la forêt et la mer. […] Une fois admis, après bien des rebuffades, et pleins de rancœur, ces gens de valeur prennent en grippe les collègues qui les ont ainsi humiliés et ne songent plus qu’à se venger d’eux, ou à susciter des candidats qu’ils pourront, à leur tour, brimer et molester. […] De tels papillons, égarés ou morts sur place, les vitres des cinquante années dont je parle sont pleines, à travers lesquelles ne filtrait plus — de 1870 à 1914 — aucun soleil réchauffant.
Non pas le Paris spacieux et rectiligne des quartiers riches, pleins de chevaux qui steppent, de domestiques solennels, de magasins pompeux, de femmes cambrées et qui piaffent. […] Plein d’aphorismes et de maximes qui ne valent pas les sentences de La Rochefoucauld. […] Comme c’est plein de substance et de moelle ! […] Rien de plus n’y est ajouté que l’adjectif possessif par lequel, avec des râles de fureur, on lui constitue la pleine et large disposition de la chose nommée, comme pour qu’elle l’emporte où elle voudra et qu’elle n’asseye plus jamais ça dans la maison. […] Ces documents, qui se pressent en foule autour de lui, à l’envahissement desquels il ne peut échapper, sont chauds encore de la main qui les a écrits et tout pleins de la pensée qui en a médité la sagesse ou dicté l’imprudence.
Vous pourriez, pour ainsi dire, gagner tout un peuple un à un, si chaque individu qui le compose avait le bonheur de s’entretenir un quart d’heure avec Vous, mais à côté de cette affabilité pleine de grâces, Votre mâle énergie Vous attache tous les caractères forts. […] Une femme d’esprit a dit que l’ennui se mêlait à toutes les peines , et cette réflexion est pleine de profondeur.
Mais que Jonson rencontre des passions âpres, visiblement méchantes et viles, il trouvera dans son énergie et dans sa colère le talent de les rendre odieuses et visibles, et produira le Volpone, œuvre sublime, la plus vive peinture des mœurs du siècle, où s’étale la pleine beauté des convoitises méchantes, où la luxure, la cruauté, l’amour de l’or, l’impudeur du vice, déploient une poésie sinistre et splendide, digne d’une bacchanale du Titien138. […] Figurez-vous, au lieu de cette pauvre idée sèche, étayée par cette misérable logique d’arpenteur, une image complète, c’est-à-dire une représentation intérieure, si abondante et si pleine qu’elle épuise toutes les propriétés et toutes les attaches de l’objet, tous ses dedans et tous ses dehors ; qu’elle les épuise en un instant ; qu’elle figure l’animal entier, sa couleur, le jeu de la lumière sur son poil, sa forme, le tressaillement de ses membres tendus, l’éclair de ses yeux, et en même temps sa passion présente, son agitation, son élan, puis par-dessous tout cela ses instincts, leur structure, leurs causes, leur passé, en telle sorte que les cent mille caractères qui composent son état et sa nature trouvent leurs correspondants dans l’imagination qui les concentre et les réfléchit : voilà la conception de l’artiste, du poëte, de Shakspeare, si supérieure à celle du logicien, du simple savant ou de l’homme du monde, seule capable de pénétrer jusqu’au fond des êtres, de démêler l’homme intérieur sous l’homme extérieur, de sentir par sympathie et d’imiter sans effort le va-et-vient désordonné des imaginations et des impressions humaines, de reproduire la vie avec ses ondoiements infinis, avec ses contradictions apparentes, avec sa logique cachée, bref de créer comme la nature.
Avec une haute intelligence il a fait comprendre la fierté de Chatterton dans sa lutte perpétuelle, opposée à la candeur juvénile de son caractère ; la profondeur de ses douleurs et de ses travaux, en contraste avec la douceur paisible de ses penchants ; son accablement, chaque fois que le rocher qu’il roule retombe sur lui pour l’écraser ; sa dernière indignation et sa résolution subite de mourir, et par-dessus tous ces traits, exprimés avec un talent souple, fort et plein d’avenir, l’élévation de sa joie lorsque enfin il a délivré son âme et la sent libre de retourner dans sa véritable patrie. […] Ensuite, à propos de rien, je lui donnai une poignée de main pleine d’enthousiasme.
« L’établissement des autorités, tel que le propose Socrate, offre encore bien des dangers : il les veut perpétuelles ; cela seul suffirait pour causer des guerres civiles, même chez des hommes peu jaloux de leur dignité, à plus forte raison parmi des gens belliqueux et pleins de cœur. […] Le seul parti que naturellement tous les citoyens semblent devoir adopter, est de se soumettre de leur plein gré à ce grand homme, et de le prendre pour roi durant sa vie entière. » XXIV Il conclut ici que la royauté ne peut être reconnue à moins que l’individu couronné ne soit évidemment supérieur en talent et en vertu à tous les autres.
Ainsi, nous reconnûmes que, pour toute chose, il faut un génie et une vraie vocation, conditions que, dans ce cas, nous accordions de plein cœur à M. […] Et si vos cœurs restent vides, lorsque vos mains seront pleines de faveurs pour les hommes, laissez en paix vos cœurs et remplissez de faveurs pour les hommes, toujours, vos mains !
Mais s’il est certain que de la simple action réflexe par laquelle l’enfant tette, jusqu’aux raisonnements compliqués de l’homme adulte, le progrès se fait chaque jour par degré infinitésimal ; il est certain aussi qu’entre les actes automatiques des êtres les plus bas et les plus hautes actions conscientes de la race humaine, on peut disposer toute une série d’actions manifestées par les diverses tribus du règne animal, de telle façon qu’il soit impossible de dire à un certain moment de la série : Ici commence l’intelligence. » Si du savant qui poursuit ses recherches avec la pleine conscience des procédés de raisonnement et d’induction qu’il emploie, nous descendons à l’homme d’une éducation ordinaire, qui raisonne bien et d’une manière intelligente, mais sans savoir comment ; si de là nous descendons au villageois, dont les plus hautes généralisations ne dépassent guère les faits locaux ; si de là nous tombons aux races humaines inférieures qu’on ne peut considérer comme pensantes, dont les conceptions numériques dépassent à peine celles du chien ; si nous mettons à côté les plus élevés des primates, dont les actions sont tout aussi raisonnables que celles d’un petit écolier ; si de là nous arrivons aux animaux domestiques ; puis des quadrupèdes les plus sagaces à ceux qui le sont de moins en moins, c’est-à-dire qui ne peuvent plus modifier leurs actions selon les circonstances et sont guidés par un immuable instinct ; puis si nous remarquons que l’instinct, qui consistait d’abord en une combinaison compliquée de mouvements produits par une combinaison compliquée de stimulus, prend des formes inférieures dans lesquelles stimulus et mouvements deviennent de moins en moins complexes ; si de là nous en venons à l’action réflexe et « si des animaux chez qui cette action implique l’irritation d’un nerf et la contraction d’un muscle, nous descendons encore plus bas chez les animaux dépourvus de système nerveux et musculaire, et que nous découvrions qu’ici c’est le même tissu qui manifeste l’irritabilité et la contractilité, lequel tissu remplit aussi les fonctions d’assimilation, sécrétion, respiration et reproduction ; et si, finalement, nous remarquons que chacune des phases de l’intelligence, énumérées ici, se fond dans les voisines par des modifications trop nombreuses pour être distinguées spécifiquement, et trop imperceptibles pour être décrites, nous aurons en une certaine mesure montré la réalité de ce fait : qu’on ne peut effectuer de séparation précise entre les phénomènes de l’intelligence et ceux de la vie en général. » L’autre base de la doctrine, c’est la corrélation nécessaire de l’être et de son milieu, que l’auteur exprime en disant que la vie est une correspondance, « un ajustement continu des rapports internes aux rapports externes. » L’être vivant quel qu’il soit, arbre, infusoire ou homme, ne peut subsister s’il n’y a harmonie entre son organisme et son milieu ; et si à la vie physique s’ajoute la vie psychique, l’ajustement deviendra plus complexe. […] Si maintenant, prenant une intelligence humaine adulte dans le plein exercice de ses facultés, c’est-à-dire le type le plus élevé que nous puissions connaître de la vie psychologique, nous la résolvons par l’analyse dans ses éléments, allant du très composé au moins composé, du composé au simple, du simple au très simple et à l’irréductible, nous parcourons cette progression descendante : raisonnement quantitatif composé, raisonnement quantitatif simple, raisonnement quantitatif simple et imparfait, raisonnement qualitatif parfait, raisonnement qualitatif imparfait, raisonnement en général.
L’image de la fenêtre tendra à évoquer successivement l’image de la bougie soufflée et l’image de l’obscurité, parce qu’elle était elle-même à des phases variables d’intensité lorsqu’elle fut présente à la conscience avec ces autres présentations ; en outre, elle tendra à les rappeler avec leur pleine intensité et clarté, parce qu’elles possédaient toutes ce degré au moment de sa combinaison avec elles. […] De plus, elle ne tendra pas à les rappeler avec leur plein degré d’intensité, mais seulement avec le degré qu’ils avaient au moment de la combinaison.
Ils étaient pleins d’espoir dans un meilleur avenir pour la révolution régulière, mais ils ne confondaient pas une conquête héroïque avec une philosophie. […] Désaugiers, son contemporain, délire plus sincèrement ; il est ivre lui-même de l’ivresse de verve qu’il répand à plein verre autour de lui ; le plaisir est la seule politique de cet Anacréon de Paris.
Il est clair que Louvois, cette froide canaille, ce ministre à la Canovas, la Maintenon fourbe et cruelle, Le Tellier, dont le comte de Grammont disait, en le voyant sortir du cabinet du roi : « Je crois voir sortir une fouine qui vient d’égorger des poulets en se léchant le museau plein de sang » ; le jésuite La Chaise, confesseur du roi, l’archevêque de Paris Harlai, le secrétaire d’État Chateauneuf, les intendants Marillac, Foucault, Basville, prirent une part active aux massacres et à l’iniquité, et que Louis XIV, le médiocre infatué, encourt, de par le fait même de son autorité, une responsabilité terrible. […] La volonté motrice de cet enchaînement de crimes n’est autre, au dix-septième comme au seizième siècle, que celle de l’Église, de ce clergé de France, tout plein du ressentiment d’avoir été contenu depuis Richelieu, inquiet de cette longue trêve durant laquelle les protestants s’étaient accrus en nombre et en valeur, avide de voir s’ouvrir à nouveau l’ère des massacres.
L’idolâtrie fut nécessaire au monde, sous le rapport social : quelle autre puissance que celle d’une religion pleine de terreurs, aurait dompté le stupide orgueil de la force, qui jusque-là isolait les individus ? […] Plein de mémoire, imitateur au plus haut degré, son imagination est puissante en proportion de son incapacité d’abstraire.
Et puis Bernis conclut par quelques mots, ou du moins il rend justice au génie, si plein de ressort, de la race française : « Il faudrait changer nos mœurs, s’écrie-t-il, et cet ouvrage, qui demande des siècles dans un autre pays, serait fait en un an dans celui-ci, s’il y avait des faiseurs. » Cette remarque est profondément vraie, en l’appliquant je ne dis pas aux mœurs, mais aux sentiments et à l’esprit de notre nation, qu’on a vue plus d’une fois se retourner tout d’un coup et en un instant sous une main puissante.
Tombée au milieu d’une cour brillante et fausse, toute pleine alors de galanterie et de plaisirs qui cachaient bien des rivalités et des ambitions, elle démêla, avec un instinct de bon sens et une certaine fierté de race, à qui elle pouvait s’attacher parmi tout ce monde, et elle s’adressa avec droiture au plus honnête homme encore de tous, c’est-à-dire à Louis XIV lui-même.
on voulait une satisfaction pleine et exclusive, on voulait la domination.
Je me complaisais dans les espérances qu’il me donnait ; il avait la sagesse d’un homme formé, avec le feu de son âge ; il avait le cœur noble et plein d’émulation, se poussant à tout de lui-même, apprenant ce qu’il ne savait pas avec passion.
Eugène, plein de confiance, venait d’investir Landrecies, qui était de ce côté la clef du royaume ; il tirait ses munitions et ses vivres de Marchiennes, un peu éloignée, et croyait sa communication assurée par le camp retranché de Denain.
Voici le passage dans lequel il parle du mariage de Mlle Soymonof (c’était le nom de famille de Mme Swetchine), âgée pour lors de dix-sept ans, et du choix que son père fit pour elle du général Swetchine, protecteur encore plus qu’époux : « C’était un homme d’une taille élevée et d’un aspect imposant, d’un caractère ferme, droit, d’un esprit calme et plein d’aménité.
Grâce à Dieu, cette moralité de convention est chaque jour démentie dans la réalité et dans la pratique : les filles de femmes célèbres et même trop célèbres, de celles qui ont été le plus bruyamment admirées ou critiquées, ont chance, si elles sont belles et pleines de mérite, de devenir, selon les rangs et les fortunes, ou femmes d’avocats distingués, ou marquises et même duchesses.
De là cette dent pleine de venin qu’on lui gardait.
Le triomphe si bien ménagé de M. de Harlay en cette circonstance achève de nous le montrer dans tout son beau, j’allais dire dans tout son plein ; et, après tant de témoignages déjà produits, je ne saurais mieux le définir encore qu’avec les excellentes paroles de d’Olivet, qui cette fois (chose unique dans sa vie de grammairien et d’écrivain correct) a eu un ou deux traits de pinceau : « Personne ne reçut de la nature un plus merveilleux talent pour l’éloquence.
Elle avait des maximes pleines de sens : « Il y a un âge où il faut se contenter du bien sans chercher le mieux. » — « Le bonheur est comme chacun l’entend, il est relatif. » — « La santé et les affaires d’intérêt sont les deux bases du bonheur, il faut les soigner et les ménager. » Chez elle la passion était usée et éteinte il y avait beau jour.
À cette date, l’on ouvrit le cercueil pour enlever le plomb ; mais les gens du lieu, toujours pleins de vénération pour les restes illustres, les remirent religieusement dans la tombe.
La gloire dont il venait de goûter à pleine coupe dans l’applaudissement universel lui fut amère ; il parut sentir que c’était un breuvage trop fort pour lui, et il s’en détourna.
On le voit, dès l’âge de douze ans, dans une lettre pleine de grâce (et à laquelle je n’ai attaché d’ailleurs qu’une importance secondaire, car l’authenticité ne m’en est pas complétement démontrée), on le voit allant dans le monde avec son gouverneur, comme un petit monsieur, l’épée au côté, et déjà très-attentif aux louis d’or qui roulent sur les tables de jeu.
Quoique Mme de Ferriol, femme exigeante, pleine de sécheresse et d’aigreur, n’eût pas pour Mlle Aïssé ces égards délicats qu’inspire la bienveillance de l’âme, la jeune Grecque, comme on l’appelait, était l’idole de cette société aimable, sinon sévère : Mme de Parabère, Mme du Deffand, lady Bolingbroke, la recherchaient à l’envi.
Dans ces pages que les yeux contemporains, atteints du même mal et épris de la même couleur jaunissante, admirent comme également belles, et qu’une sorte d’unanimité complaisante proclame, le temps, d’une aile humide, flétrit vite ce qui doit passer, et laisse, au plein milieu des objets décrits, de grandes plaques injurieuses qui font mieux ressortir l’inaltérable du petit nombre des couleurs légitimes et respectées.
La nature en tous les ordres n’est pleine que de cela.
La nature féconde de l’île de France, cette végétation active et multipliée que l’on retrouve sous la ligne, ces tempêtes effrayantes qui succèdent rapidement aux jours les plus calmes, s’unissent dans notre imagination avec le retour de Paul et Virginie revenant ensemble, portés par leur nègre fidèle, pleins de jeunesse, d’espérance et d’amour, et se livrant avec confiance à la vie, dont les orages allaient bientôt les anéantir.
VIII Fénelon entremêlait à ces travaux et à ces devoirs de sa profession des correspondances intimes, pleines d’onction sainte et d’enjouement avec ses amis.
Non, ces mains ne pouvaient bénir ; Maudites, certes, étaient-elles ; Puisque j’ai désiré mourir D’avoir vu leurs pâleurs mortelles ; Puisque le vin de mes amours, Amertumeux et plein de larmes, Endolorit le pain des jours, Depuis leur signe aux fatals charmes.
Il est encore très peu de branches dans la philologie et l’histoire où les travaux généraux soient possibles avec une pleine sécurité.
Aux « latiniseurs » s’unissent les « grécaniseurs » ; courtisans et catholiques, au grand scandale des huguenots, puisent à pleines mains dans l’italien et l’espagnol ; le Nord fait concurrence au Midi dans cette inondation de néologismes ; le réformé Du Bartas forge des mots composés à l’allemande.
Les choses employées par la main de l’homme se personnifiaient vite dans ces temps de mythologie luxuriante, la vie divine coulait à plein bord et pénétrait tout.
Séraphine, c’est le vice en herbe et en fleur ; le vice naissant et plein d’avenir.
Elle en souffre déjà, elle se reproche d’en souffrir ; elle vient de recevoir une lettre de M. de Mora, toute pleine de confiance en elle ; elle est prête à lui tout sacrifier, « mais il y a deux mois, ajoute-t-elle, je n’avais pas de sacrifice à lui faire ».
Cet esprit plein de grâce et de finesse acquit par lui toute sa trempe ; il démêla en elle et mit en valeur le trait qui la distinguait particulièrement ; « une droiture de sens fine et profonde ».
La reine Caroline ne lui pardonna jamais ; ce fut le premier échec de la fortune politique de lord Chesterfield, pour lors âgé de trente-trois ans et dans la pleine vogue des espérances.
Théodore Leclercq est plein de ces mots fins.
En revanche, la conversation de Montesquieu était pleine de traits, de saillies et d’images, et ressemblait à ses écrits.
En arrivant sur le grand théâtre de Paris, il trouva une nation en masse pleine d’illusions, et surtout enivrée dans la personne de ses conducteurs ; une nation en proie aux théories illimitées et à toutes les espérances.
N’oublions jamais toutefois que c’est par ce dernier côté qu’il a eu prise sur son temps, qu’il a fait son service public à certain jour, et qu’il est entré dans la pleine possession de lui-même.
Cette conversation, pleine de chaleur et de projets, l’inspirait à son tour.
L’expérience, en effet, nous fait voir elle-même des lignes sensiblement droites, des cercles sensiblement ronds, comme celui de la pleine lune ou du soleil, des surfaces sensiblement planes, comme celle de la mer.
Par ce commerce avec la nature humaine profonde, infiniment fugace et variable, il est resté plein de compassion, s’abstenant également des conclusions optimistes et de la misanthropie, dans une humeur large et patiente, propice à lui laisser découvrir en tout acte et en tout caractère une part de fatalité, quelque chose d’inévitable méritant l’excuse.
Boileau n’est pas, comme on l’a cru, un poëte de cour ou un poëte académique : c’est un poëte vrai, plus fort qu’élégant, plus mâle que délicat, c’est une raison vivante, un cœur sans molle tendresse, mais plein d’ardeur pour la vertu, c’est une âme d’honnête homme.
Ce faible pour la transaction, sur lequel il faut insister parce qu’on a trop fait d’Innocent III un pontife plein d’arrogance et de colère, sa mémoire l’a cruellement et singulièrement expié, comme la vraie faute de sa politique et de sa vie.
« Quand cet être si fort, si fier, si plein de lui-même, si exclusivement préoccupé de ses intérêts dans l’enceinte des cités et parmi la foule de ses semblables, se trouve par hasard jeté au milieu d’une immense nature, qu’il se trouve seul en face de ce ciel sans fin, en face de cet horizon qui s’étend au loin et au-delà duquel il y a d’autres horizons encore, au milieu de ces grandes productions de la nature qui l’écrasent, sinon par leur intelligence, du moins par leur masse ; lorsque, voyant à ses pieds, du haut d’une montagne et sous la lumière des astres, de petits villages se perdre dans de petites forêts, qui se perdent elles-mêmes dans l’étendue de la perspective, il songe que ces villages sont peuplés d’êtres infirmes comme lui, qu’il compare ces êtres et leurs misérables habitations avec la nature qui les environne, cette nature elle-même avec notre monde sur la surface duquel elle n’est qu’un point, et ce monde à son tour avec les mille autres mondes qui flottent dans les airs et auprès desquels il n’est rien : à la vue de ce spectacle, l’homme prend en pitié ses misérables passions toujours contrariées, ses misérables bonheurs qui aboutissent invariablement au dégoût. » Il se demande si la vie est bonne à quelque chose, et ce qu’il est venu faire dans le petit coin où il est perdu.
Dans ces beaux jours du génie des Hellènes, à ce second âge, c’est-à-dire à cette pleine jeunesse d’une poésie déjà savante, mais surtout naturelle et passionnée, le poëte n’aspirait pas à l’universalité, à la primauté dans les genres divers.
Puisse cet enseignement hâter cet avenir, et attirer l’attention et l’intérêt de tant de jeunes esprits pleins d’ardeur et de force sur la philosophie et sur son histoire ! […] La guerre est le spectacle que présente l’histoire, spectacle au premier coup d’œil plein de tristesse. […] Essayez de retrancher une de ces époques ; en n’en faisant que deux, vous ôtez le plein et entier développement de l’un des éléments constitutifs de l’humanité. […] Il n’y a pas une idée seule dans une époque : encore une fois, tout ce qui est réel, tout ce qui vit est complexe, mélangé, divers, plein de différences. […] Toute individualité, quand elle est détachée de l’esprit général qu’elle exprime, est pleine de misères.
Guerrier nous apprend que les annales de la médecine sont pleines de semblables guérisons. […] Guerrier l’avait reprise, croit-il que par hasard les chapitres qu’il consacre à la Grande Controverse n’en eussent pas été plus pleins, plus substantiels, plus nouveaux, et sans en être plus longs ? […] On peut rencontrer sans peine le nom de Dieu dans un genre d’écrire tel que le mien, plein de mœurs et de sentiments, moins romanesque et presque aussi grave que la tragédie. […] Et Mme de Luxembourg est si touchée de la patience que déploie Malesherbes qu’elle lui écrit : Vous êtes plein de bonté et d’humanité, monsieur. […] « L’ouvrage lui a paru dur, sec, plein d’humeur et pauvre d’idées.
Ne croyez pas que sa vieillesse lui soit à charge ou lui apporte quelques angoisses sur l’Au-delà : il ne demande plus qu’une mort douce et subite ; il ne désire pas une autre vie, ayant trop joui de celle-là ; et si par hasard il y en a une, il est plein de confiance en la bonté infinie qu’il a rencontrée en ce monde. […] Ce n’est plus une plante de plein air, de plein soleil, c’est une créature abâtardie, dont les crises peuvent aussi bien tourner au vice qu’à la vertu. » N’est-ce pas charmant de naïveté, de conviction et de sûreté ? […] Quelquefois, c’est vrai, il paraît s’intéresser à ses personnages et souffrir avec eux : il est plein de tendresse pour cette pauvre petite Lalie de l’Assommoir, que le fouet brutal de son père fait tourner comme une toupie dans sa mansarde démeublée ; et dans Germinal, il laisse éclater sa compassion pour les mineurs épuisés par le travail, affamés par la grève. […] Et cette bête était vêtue de pourpre et d’écarlate, elle était parée d’or, de pierres précieuses et de perles, elle tenait en ses mains blanches comme du lait un veau d’or plein des abominations et des impuretés de Babylone, de Sodome et de Lesbos… » (Lettre à M. […] tout cela, jeunesse, amour, joie et pensée, Chants de la mer et des forêts, souffles du ciel Emportant à plein vol l’espérance insensée, Qu’est-ce que tout cela qui n’est pas éternel ?
Un françois qui sait sa langue entend cette phrase aussi clairement & avec plus de plaisir, que si on employoit l’expression pleine, mais diffuse, lâche & pesante, vous avez un beau sujet de dire ; c’est ici une raison de briéveté. […] ) ; suppléez turpitudo, & vous aurez la construction pleine : sunt homines quos turpitudo infamiae suae neque pudeat neque taedeat. […] Dans l’édition de Leyde 1742, l’éditeur Henri Hoogeveen y a ajoûté plusieurs idiotismes, & des notes très-savantes & pleines de bonnes recherches. […] Personne n’ignore que les meilleurs auteurs de la latinité sont pleins d’hellénismes : & si tous les littérateurs conviennent qu’il est plus facile de traduire du grec que du latin en françois, c’est que le génie de notre langue approche plus de celui de la langue greque que de celui de la langue latine, & que notre langage est presque un hellénisme continuel. […] Nous préférons dans ces phrases le mérite de la briéveté à une locution pleine, qui sans avoir plus de clarté, auroit le désagrément inséparable des longueurs superflues.
Oui, ce poème est plein de pressentiments. […] Le Protecteur, qui était au courant de tout, eût même préféré que le roi s’échappât et qu’il prît ce bateau, car dans la soute et sous les cabines des passagers se trouvent des barriques qui ressemblent à des barriques de vin, et qui sont pleines de poudre. […] Mais il est même arrivé qu’il n’est plus exceptionnel tant que ça, — du moins dans les livres, — depuis que l’évangélisme coule à pleins bords dans notre littérature. […] » Et elle fourrage à pleines mains dans le « million d’or vierge » que vous savez, et elle le jette autour d’elle à la volée… Ici, il semble bien que les deux influences se confondent, et qu’elles conspirent à perdre la belle enragée. […] Ainsi, la paternité offensée de Chambray continue d’agir en lui, à son insu, et déjà avec un plein désintéressement.
C’est la pitié émue qui frémit dans ces quelques mots pathétiques du tendre Virgile : Pendent opera interrupta… Ils prennent un caractère plus poignant pour ceux qui gardent un souvenir personnel de l’écrivain dont la destinée a pour toujours immobilisé la main, surtout quand, jeune encore, son intime génie avait devant lui un avenir où nous imaginons qu’il eût donné sa pleine mesure. […] Ce que le poète exilé à Rome désire, c’est de rentrer, pour vieillir parmi les siens, dans la demeure héréditaire, en repos, « plein d’usage et raison ». […] Choisis-la glorieuse et pleine de passé Mais n’ayant rien gardé de ses splendeurs antiques Qu’un plus vaste silence autour de ses portiques. […] Mais c’est dans Monsieur de Camors que son double génie de psychologue et de moraliste me paraît avoir donné sa pleine mesure. […] J’ai eu le douloureux privilège d’être admis à saluer le maréchal Joffre quatre jours avant sa mort, alors qu’il avait encore sa pleine connaissance.
L’Université de Paris, composée de particuliers qui ne forment d’ailleurs entre eux aucun corps régulier ni ecclésiastique, aura moins de peine à secouer le joug des préjugés dont les écoles sont encore pleines. […] La prose de Molière est toute pleine de vers. […] Ces fades harangueurs peuvent se convaincre par la lecture réfléchie des sermons de Massillon, surtout de ceux qu’on appelle le Petit-Carême, combien la véritable éloquence de la chaire est opposée à l’affectation du style ; nous ne citerons ici que le sermon qui a pour titre de l’Humanité des Grands, modèle le plus parfait que nous connaissions en ce genre ; discours plein de vérité, de simplicité et de noblesse, que les princes devraient lire sans cesse pour se former le cœur, et les orateurs chrétiens pour se former le goût.
Pourtant, Laplace, Biot, alors jeune, plein de zèle et de vivacité pour les sciences (comme il l’est encore aujourd’hui), ne l’agréaient pas ; les hommes du coin de Fontanes, et dont le cœur était pour les grands écrivains du xviie siècle, ne le pouvaient agréer non plus.
Le président de Longueil disait quelquefois en montrant la tête de son jeune élève : « Il y a du monde au logis. » Dans la conversation, M. de Meilhan devait être brillant, imprévu, fertile, plein de coup d’œil, ouvrant à tout moment des perspectives, donnant le sentiment et l’aperçu de grandes choses qu’il ne s’agissait plus que d’exécuter.
Dès l’instant où il hérita du sceptre, de ce sceptre de saint Louis, et où il reçut les serments de la noblesse près du lit ensanglanté de Henri III, Henri IV avait dû, par une déclaration expresse (3 août 1589), donner à la religion catholique toutes les promesses rassurantes pour le maintien de sa prédominance à titre de religion, du royaume, en même temps qu’il garantissait aux calvinistes une pleine liberté de conscience, et l’exercice public de leur culte dans de justes limites : il ne pouvait faire moins.
Le même démon familier lui soufflait dans ses nuits d’insomnie : « Tout se flétrit, tout passe, ayons eu, au moins, dans cette fuite rapide, un moment de pleine vie. » Et ce moment, plus heureuse que d’autres, elle l’a consacré dans des vers qui nous sont arrivés tout brûlants après trois siècles, et que répétera l’avenir.
A la nouvelle du fâcheux accident, Philippe II fut plein d’inquiétude et manifesta le plus grand intérêt pour l’état de son fils.
Tous les cœurs français étaient en émoi ; on sortait d’une grande crise ; on respirait plus librement et à pleine poitrine.
. — Et pour en finir avec toutes ces prêcheries vertueuses sur Mme Favart et avec ceux qui seraient tentés de les renouveler, je mettrai ici la page de M. de Lauraguais, que peu de gens iraient chercher ailleurs et qui sent à pleine gorge son xviiie siècle : il ne songe qu’à donner une preuve de la confusion d’idées de l’abbé de Voisenon, à la fois libertin indévot, scandaleux, et avec cela scrupuleux sur un seul point qui était de ne pas manquer à dire son bréviaire ; or voici ce dont M. de Lauraguais fut témoin comme bien d’autres et ce qu’il raconte : « Personne n’ignore que Favart, sa femme et l’abbé de Voisenon vivaient en famille, et furent pères de Gertrude, de l’Anglais à Bordeaux, sans compter d’autres enfants.
Le crayon fut offert au général qui, revenant à ses premiers goûts, se mit à tracer aussitôt sur les murs de sa chambre des dessins pleins d’âme et de talent.
Les principaux propriétaires de Saint-Domingue, le voyant si bien accueilli de plusieurs membres du Cabinet anglais, lui confièrent leurs intérêts et lui donnèrent leurs pleins pouvoirs « pour solliciter auprès du Gouvernement anglais des moyens de protection contre l’insurrection des nègres, qui était notoirement suscitée par la Convention. » Le point délicat à traiter dans cette affaire, c’était, tout en demandant et en acceptant l’appui de l’Angleterre, de ne pas abjurer sa qualité de Français et de ne pas prétendre disposer de la souveraineté de l’île : il s’agissait donc de constituer une sorte de séquestre provisoire de la colonie sous la garde du Gouvernement anglais, en réservant la question de droit et de souveraineté jusqu’au prochain traité de paix qui interviendrait entre les deux nations.
Mais ce ne fut que quelques années après qu’à Paris elle eut sa pleine revanche.
J’aime aussi (sauf retour) la méthode d’un esprit ingénieux, hardi, habile, plein de mouvement, qui ose deviner, reconstruire, et qui m’associe à ses courageuses et doctes aventures.
Le volume intitulé Recueil de Famille nous le montre, en ces années de ruine, plein de sérénité et de philosophie, adonné aux vertus domestiques, égayant, dès que le grand moment de Terreur fut passé, les tristesses et les misères des êtres chéris qui l’entouraient.
VII Quand j’avais passé une heure auprès d’elle, je la quittais, le cœur plein de délire, l’oreille tintante du timbre mélodieux de sa voix, l’âme affamée du désir du lendemain.
Le service militaire réduit à cinq ans de présence sous les drapeaux ; les pensions aux invalides servies dans leurs familles, pour être dépensées dans leurs villages, au lieu d’être dilapidées dans l’oisiveté et dans la débauche du Palais des Invalides dans la capitale ; Jamais de guerre générale contre toute l’Europe ; Un système d’alliance variant avec les intérêts légitimes de la patrie ; Un état régulier et public des recettes et des dépenses de l’État ; Une assiette fixe et cadastrée des impôts ; Le vote et la répartition de ces subsides par les représentants des provinces ; Des assemblées provinciales ; La suppression de la survivance et de l’hérédité des fonctions ; Les États généraux du royaume convertis en assemblées nationales ; La noblesse dépouillée de tout privilége et de toute autorité féodale, réduite à une illustration consacrée par le titre de la famille ; La justice gratuite et non héréditaire ; La liberté réglée de commerce ; L’encouragement aux manufactures ; Les monts-de-piété, les caisses d’épargne ; Le sol français ouvert de plein droit à tous les étrangers qui voudraient s’y naturaliser ; Les propriétés de l’Église imposées au profit de l’État ; Les évêques et les ministres du culte élus par leurs pairs ou par le peuple ; La liberté des cultes ; L’abstention du pouvoir civil dans la conscience du citoyen, etc.
Et bien semblait flotte qui dût conquérir le monde : car autant que l’œil pouvait voir, on ne voyait que voiles de nefs et de vaisseaux, en sorte que les cœurs des hommes s’en réjouissaient fort. » C’est, enfin et surtout, l’éblouissement des yeux et de toute l’âme, quand, le 23 juin 1203, veille de saint Jean-Baptiste, nos barons français, de leurs vaisseaux ancrés à San Stefano, « virent tout à plein Constantinople ».
À part quelques contes assez décents, comme le Vilain Mire, qui est purement comique, ou la Housse partie, qui donne à la faiblesse des parents une sage instruction, la même qu’on dégagerait du Roi Lear ou du Père Goriot, à part encore certain exemple de vertu féminine qui nous est offert dans la Bourse pleine de sens, la moralité ou, si ce mot paraît impropre ici, la conception de la vie qu’impliquent les fabliaux est ce qu’on peut imaginer de plus grossier de plus brutal, et de plus triste.
Dans des œuvres sincères, en un style étrangement vibrant et intense, Loti a dit quelques-unes des impressions qu’il a recueillies en ses campagnes : dans le Spahi, les soleils du Sénégal ; dans Mon frère Yves, les vastes paysages de pleine mer, quand le vaisseau fuit et que « l’étendue miroite sous le soleil éternel », des coins de Bretagne pluvieuse rendus avec une singulière délicatesse ; dans Pêcheurs d’Islande, la Bretagne encore, et la mer boréale, et le Tonkin, et les mers tropicales.
Ce sont des êtres mystérieux tout pleins d’inconnu, dont on peut tout attendre et dont on ne sait jamais au juste ce qui va sortir.
On n’a de visions un peu curieuses, on ne découvre à plein les hommes qu’en temps d’émeute et de révolution.
La pièce italienne, qui est en prose, est pleine des bizarreries les plus choquantes ; Molière l’a ramenée aux convenances, à la noblesse et à la dignité même du genre mixte où il s’essayait.
Nous sommes tous pleins d’idées accessoires.
Tous ces ouvrages sont pleins de sa personne ; personne très diversement jugée, qui n’a guère moins mérité le mal que le bien qu’on en a dit, mais, après tout, personne si naturelle, si française et de tant d’esprit, que pour en avoir plus que lui il faut, comme on l’a dit, être tout le monde.
Et vu leur nature même, essentiellement empirique, il est impossible que l’on soit nouveau, dans l’acception pleine du moi, et autrement qu’en imprimant à ce que l’on s’est assimilé sa marque personnelle qui, pour l’écrivain, est son mode de sentir.
Chez les peuples primitifs, toutes les oeuvres merveilleuses de l’intelligence sont rapportées à la Divinité ; les sages se croient inspirés et se vantent avec une pleine conviction de relations mystérieuses avec des êtres supérieurs.
Au début, toutes les œuvres littéraires sont pleines d’une piété sincère et naïve.
Le bon sens est sa Muse, et s’il lui inspire des ouvrages bien ordonnés, des vers solides et pleins qui deviennent facilement proverbiaux, il ne peut, hélas !
Aux innocents les mains pleines.
Monsieur Alphonse Un instant fourvoyé dans d’obscurs sentiers, pleins d’illusions et de dédales, pareils à ceux qui mènent au sabbat, M.
Le plein éclat, la splendeur de ce qu’on nommait les Grandes Nuits de Sceaux, se rapporte à ces années mêmes de désastres.
cet homme dont Mlle de Lespinasse disait : « La figure de M. de Condorcet annonce la qualité la plus distinctive et la plus absolue de son âme, c’est la bonté » ; celui dont Grimm disait encore : C’est un très bon esprit, plein de raison et de philosophie ; sur son visage résident le calme et la paix ; la bonté brille dans ses yeux : il aurait plus de tort qu’un autre de n’être pas honnête homme, parce qu’il tromperait davantage par sa physionomie, qui annonce les qualités les plus paisibles et les plus douces… ; quoi !
Et en général recueil, le malheur de Mme de Girardin comme écrivain, ça été qu’une organisation aussi forte, qui semble même puissante par accès, et qui, dans tous les cas, est si pleine de ressources, s’est jouée toujours dans un cercle artificiel et factice duquel, plume en main, ou lyre en main, elle n’est point sortie.
C’était un talent laborieux, flexible, facile, actif, abondant, se contentant beaucoup trop d’à-peu-près dans l’ordre de la poésie et de l’art, et y portant du faux, mais plein de ressources, d’idées, et d’une expression élégante et précise dans tout ce qui n’était que travail littéraire ; de plus, excellent conteur, non pas tant dans ses Contes proprement dits que dans les récits d’anecdotes qui se présentent sous sa plume dans ses Mémoires ; excellent peintre pour les portraits de société, sachant et rendant à merveille le monde de son temps, avec une teinte d’optimisme qui n’exclut pas la finesse et qui n’altère pas la ressemblance.
Notre enfance a vécu là-dessus et s’y est laissé porter comme sur un courant plein, sûr et facile.
La vie de Bernardin de Saint-Pierre se partage donc très distinctement en deux parties : dans la première, il court le monde à l’aventure, il va de mécompte en mécompte ; jeune, beau, plein de séduction au premier abord et généralement bien accueilli, il manque tout, parce qu’en réalité il ne s’applique sérieusement à aucune carrière, et que, dans ce qu’il entreprend, il a toujours son arrière-pensée secrète de colonisateur à demi mythologique, sa chimère d’être Orphée ou Amphion.
L’excommunication eut son plein effet ; on nomma aux quatre places vacantes M. de Roquelaure, évêque de Senlis, l’historien Gaillard, le prince de Beauvau et l’abbé Arnaud.
L’éternel semeur qui ne se trompe jamais n’a pas ouvert sur ces terres ingrates sa main pleine de génies.
Corneille & Moliere en sont pleins.
L’ouvrage de Voltaire est plein de choses ; leurs ouvrages sont vides.