Il ne change rien à l’ordre naturel, non plus qu’aux tournures simples. […] Son sujet le mène, comme un courant d’eau conduit et meut une feuille qui tournoie ; les mots viennent d’eux-mêmes, et les phrases aussi avec leur ordre, leur ton, leur longueur, capables de s’enfler, de s’abaisser, d’être tonnantes ou humbles, d’imiter par la majesté ou la nonchalance de leur mouvement toutes les faces et tous les accidents du spectacle qui se déroule en ce moment sous ses yeux.
Celui-ci, s’il peut gagner passablement sa vie par une occupation quelconque, s’apercevra à peine qu’il a changé de condition ; tandis que celui-là, d’un ordre supérieur, regardera comme le plus grand des maux de se voir obligé de renoncer aux facultés de son âme, de faire sa compagnie de manœuvres, dont les idées sont confinées autour du bloc qu’ils scient, ou de passer ses jours, dans l’âge de la raison et de la pensée, à faire répéter des mots aux stupides enfants de son voisin. […] « Lorsque les chances de la destinée nous jettent hors de la société, la surabondance de notre âme, faute d’objet réel, se répand jusque sur l’ordre muet de la création, et nous y trouvons une sorte de plaisir que nous n’aurions jamais soupçonné.
Ce qui rend une femme de cet ordre parfaitement inintelligible à un libertin, c’est qu’il s’est habitué, lui, à séparer les choses du plaisir des choses du cœur et à goûter le plaisir dans des conditions avilissantes ; au lieu que la femme romanesque, et qui aime, n’ayant connu le plaisir qu’associé à la plus noble exaltation, reporte sur ses jouissances le culte qu’elle a pour ses émotions morales. […] Il le faut, afin qu’un jour, devant le mal qu’il a fait, il soit pris d’épouvante et touché jusqu’au fond du cœur, et qu’il sente s’éveiller en lui le chrétien, et que la question de la responsabilité morale et toutes les autres du même ordre se posent de nouveau pour lui, et qu’il voie, dans un éclair, toute la misère de la vie — et tout son mystère.
Les travaux de cet ordre sont les seuls qui, dans l’état actuel de la science, aient une valeur réelle et durable. […] Tout y est ; mais avec si peu d’ordre et de classification que tout y est comme s’il n’était pas.
Ainsi quand on voit, dans notre moyen âge, nos chansons de geste se former comme les poèmes homériques, puis les trois grands genres littéraires, (épique, lyrique, dramatique) se succéder dans le même ordre que dans la Grèce ancienne, comme il est impossible d’attribuer à l’ignorance de nos ancêtres une imitation voulue ou même inconsciente de la civilisation hellénique, il faut bien convenir que la marche de l’évolution en France a dû être déterminée par une similitude des conditions ambiantes ou par une loi générale gouvernant le développement intellectuel des nations dans leur âge primitif. […] Il faut suivre avec un soin extrême l’ordre des dates, si l’on veut rendre à César ce qui appartient à César.
J’avais demandé mardi la permission de vous voir, dans le dessein de vous parler avec confiance et de vous demander vos ordres. […] Une comédienne était alors aux ordres de toute une classe privilégiée.
Elle s’y refusa, et, sur l’ordre du gouverneur, quatre fusiliers arrivèrent pour l’y décider. […] Barnave, prévenu de l’affront fait à sa femme, survint et l’emmena en disant : « Je sors par ordre du gouverneur. » Tout le public, toute la bourgeoisie ressentit l’injure faite aux Barnave et le leur témoigna hautement.
Il ne craindra pas de nous le montrer, à un moment, comme s’offrant à Louis XIII pour un message des moins honorables auprès de Mlle d’Hautefort, et rappelé à l’ordre par le roi même. […] On est en avril 1711, et la famille royale est encore au complet, lorsque tout à coup on apprend que le fils de Louis XIV, Monseigneur, gros homme d’une cinquantaine d’années, et à qui le trône semblait destiné prochainement selon l’ordre naturel, vient de tomber dangereusement malade à Meudon.
On en ferait un excellent chapitre de la force de l’unité. » Diderot en tout ceci est grand critique, et dans cet ordre de critique générale auquel aucun art, sous prétexte de technique, ne saurait se dérober : Il me semble, dit-il, que quand on prend le pinceau, il faudrait avoir quelque idée forte, ingénieuse, délicate ou piquante, et se proposer quelque effet, quelque impression… Il y a bien peu d’artistes qui aient des idées, et il n’y en a presque pas un seul qui puisse s’en passer… Point de milieu, ou des idées intéressantes, un sujet original, ou un faire étonnant. […] On y parle de la nature, de l’art, et de leurs rapports délicats ; on y parle du monde ; de l’ordre universel, et du point de vue relatif à l’optique humaine.
Au comte de Choiseul, qui l’ennuyait un peu, et qui, un jour qu’il avait été d’une promotion, se mirait revêtu de tous ses ordres : « Prenez garde, monsieur le comte, lui dit-elle devant toute la compagnie ; si je vous y prends encore, je vais vous nommer vos camarades. » Il y avait eu, en effet, de déplorables choix. — Atteinte dans sa jeunesse d’une grave maladie et dont on désespérait, on se lamentait autour d’elle ; chacun, à son exemple, voulait mourir, et elle, raillant un peu tout ce jeune monde, même en le consolant : « Bah ! […] On sent mieux qu’eux encore tout ce qui leur manque dans un ordre d’espérances élevées.
« C’est un lambeau que je veux laisser tomber en marchant mon chemin, dit-elle de quelqu’un de ces épisodes de rencontre ; il trouvera sa place avec les autres de même nature : et, comme il ne sera pas traité avec plus d’ordre et de suite, il n’aura pas aussi plus de prix ni de valeur. » Le bon esprit de Mme de Motteville, qui l’a portée à ne consulter sur ces choses éloignées que de bons témoins et qui faisait que les plus dignes de foi aimaient à s’en ouvrir avec elle, donne à ces parties accessoires et à ces hors-d’œuvre plus d’intérêt qu’elle n’ose en prétendre. […] Elle montre les gens de bien, par leur obstination à créer contre les impôts et ceux qui en abusent, venant en aide aux turbulents et leur prêtant main-forte comme il arrive si souvent : Les gens de bien, sans considérer que c’est un mal quelquefois nécessaire, et que tous les temps à cet égard ont été quasi égaux28, espéraient par le désordre quelque plus grand ordre ; et ce mot de réformation leur plaisait autant par un bon principe, qu’il était agréable à ceux qui souhaitaient le mal par l’excès de leur folie et de leur ambition.
On lui disait un jour que, dans l’ordre de ses études politiques habituelles, il devait beaucoup lire l’histoire. […] Fiévée, se montra avec lui « simple, spirituel, coquet et confiant », comme il savait l’être quand il voulait séduire, et, pour conclusion, il l’envoya en Angleterre, avec ordre d’observer ce pays, avec qui on était nouvellement en trêve, et de lui en écrire.
Mais la réponse que l’on peut faire à Saint-Simon, c’est Louis XIV qui va la lui faire, et dans des termes dignes de tous deux : À peine remarquons-nous, dit ce roi sensé, l’ordre admirable du monde, et le cours si réglé et si utile du soleil, jusqu’à ce que quelque dérèglement des saisons ou quelque désordre apparent dans la machine nous y fasse faire un peu plus de réflexion. […] Et, puisqu’il est question cette fois de Louis XIV écrivain et l’un des modèles de la parole, je signalerai de lui en finissant un bienfait direct et qui embrasse tout l’ordre littéraire.
La solitude achèvera de noircir son imagination ; il verra tous ses amis injustes, ingrats, et vous toute la première, si vous refusez une seule fois d’être à ses ordres… Je vois déjà le germe de ses accusations dans la tournure des lettres que vous m’avez montrées. […] C’est son esprit qui en a dicté les principales parties, et il n’est pas difficile d’y suivre une pensée originale, qui ne ressemble ni à celle de La Harpe, ni à celle de Marmontel ; qui est d’un tout autre ordre, et qui ne craint pas le parallèle, en ses bons moments, avec celle de Voltaire.
On finit par considérer cette volonté comme un ordre de la nature, et toutes les oppositions cessent. […] Le monarque parle, tout est peuple, et tout obéit » ; c’est-à-dire que, par suite du relâchement excessif des pouvoirs, de l’affaiblissement des mœurs et d’une sorte de dissolution lente et universelle, il n’y avait plus en France alors de digue véritable et solide entre la masse entière de la nation et le roi ; que les divers corps et ordres de l’État n’avaient plus de force pour subsister par eux-mêmes et pour résister, le jour où ils seraient mis sérieusement en question, et qu’il n’y avait plus qu’un trône debout, au milieu d’une plaine immense, d’une plaine mobile.
Il est une autre cause d’un ordre tout différent qui empêche encore M. […] Que ce procédé revient à déranger l’ordre vrai des faits pour instituer d’artificielles coïncidences, il est inutile de le montrer.
Ou bien il faut reconnaître qu’il y a un genre de beautés dont l’ordre et la règle ne sont pas le principe, ou il faut condamner les Pensées de Pascal comme une œuvre déréglée où quelques beautés sublimes ne compensent pas le dangereux exemple d’une raison fière et solitaire, qui dans l’obéissance même a tous les caractères de la révolte, et, tout en se soumettant, ne veut se soumettre qu’à sa manière et ne servir que comme un roi vaincu. […] Ce que Bossuet ne savait pas, ce qu’on ne savait pas de son temps, c’était l’histoire de notre pays, de ses crises, de ses révolutions, de ses institutions changeantes, autrefois libres dans une certaine mesure, peu à peu supprimées et absorbées par le pouvoir absolu ; c’était l’histoire de l’Europe au moyen âge, au xve , au xvie siècle, dans ces temps où l’ordre politique des temps modernes s’était lentement et péniblement élaboré.
Aussi cette image est-elle présentée la dernière, aussi présentée la dernière sauve-t-elle le dégoût de l’image qui précède ; aussi y a-t-il bien de la différence entre ces images rangées dans l’ordre qui suit : je vois les corneilles qui battent les ailes autour de ton cadavre et qui t’arrachent les yeux de la tête… ou rangées dans l’ordre du poëte : je vois les corneilles rassemblées autour de ton cadavre, t’arracher les yeux de la tête, en battant les ailes de joie.
il n’en eut jamais un second, — de pure munificence divine, l’homme le plus admirablement doué du xviiie siècle, de ce temps qui fourmillait de gens d’esprit, et dans lequel planaient ces trois hommes qu’il est convenu d’appeler des génies jusqu’à nouvel ordre, Voltaire, Buffon et Montesquieu. […] Mais le jeune roi grandissait pour devenir grand, et tout rentra « dans l’ordre… Quel Bourbon ne faudra-t-il pas après notre affreuse Révolution ?
Rien n’est plus désagréable au savant de profession que de voir introduire, dans une science de même ordre que la sienne, des procédés de recherche et de vérification dont il s’est toujours soigneusement abstenu. […] On s’empara donc du cerveau, on s’attacha au fait cérébral — dont on ne connaît certes pas la nature, mais dont on sait qu’il doit pouvoir se résoudre finalement en mouvements de molécules et d’atonies, c’est-à-dire en faits d’ordre mécanique — et l’on convint de procéder comme si le cérébral était l’équivalent du mental.
Si on songe, d’ailleurs, à cette orchestique, ou danse mêlée de chants, qui formait une des représentations de la scène antique, et si d’autre part on remarque, dans la liste non contestée des chants du poëte thébain, un ordre de poésies lié, sous le nom d’Hyporchèmes, aux danses religieuses et guerrières, on concevra sans peine que, dans la critique indigeste de Suidas, ce titre ait pu se confondre avec l’idée du drame orchestique, et que la mention en ait ainsi créé, par double emploi, un théâtre de Pindare dont l’antiquité n’avait pas ouï parler. […] Ailleurs même il l’appelle « cet inintelligible et boursouflé Thébain, auquel M. de Chabanon veut bien prêter, en le traduisant, de l’ordre et de la clarté », au lieu de faire de son chef quelque tragédie nouvelle, ou quelque opéra.
Dans le chaos des idées, on espère que l’art renseignera sur l’ordre qui doit succéder ; à la confusion. […] Les hystériques se laissent donc, sans plus de façons, convaincre de la magnificence d’une œuvre, et ils y trouvent même ensuite des beautés de l’ordre le plus élevé, auxquelles son auteur et les trompettes de la renommée de celui-ci n’ont pas le moins du monde pensé. […] C’est environ le moment où est née la génération qui a assisté à l’irruption des nouvelles découvertes dans tous les ordres d’idées et de faits et subi en personne les transformations qui en sont la conséquence. […] C’est elle qui apporte de l’ordre dans le chaos des représentations éveillées par l’association d’idées, et qui les fait servir à la connaissance et au jugement. […] Peut-être Rossetti s’imagine-t-il qu’il y a une unité supérieure où l’année proprement dite se comporte comme un jour vis-à-vis un an, qu’en conséquence 365 années feraient une espèce d’année d’un ordre plus élevé.
Ici, monsieur le ministre, la Commission a pu regretter que le second Théâtre-Français, dont l’objet est de concourir le plus possible avec la première scène française dans les mêmes genres à la fois dramatiques et littéraires, n’eût point obtenu, dans l’arrêté, un article à part qui permît de considérer en elles-mêmes les pièces qui y sont représentées, sans qu’on fût obligé de les comparer avec des ouvrages d’un genre et souvent d’un ordre tout différent.
Au moment d’agir, Cinq-Mars fut arrêté ; une copie du traité, livrée au cardinal et montrée par celui-ci au roi, avait arraché l’ordre : convaincu d’avoir conspiré contre son premier ministre, Louis XIII n’avait pu mieux témoigner sa repentance qu’en livrant ses complices.
Qui veut comprendre un poète, doit le suivre dans l’ordre d’idées où son instinct le place de préférence : avant de juger son expression, il faut étudier les aspects qu’il a su découvrir, hors des voies battues par la foule.
L’éducation, sans doute, influe beaucoup sur l’esprit et le caractère, mais il est plus aisé d’inspirer à son élève ses opinions que ses volontés ; le moi de votre enfant se compose de vos leçons, des livres que vous lui avez donnés, des personnes dont vous l’avez entouré, mais quoique vous puissiez reconnaître partout vos traces, vos ordres n’ont plus le même empire ; vous avez formé un homme, mais ce qu’il a pris de vous est devenu lui, et sert autant que ses propres réflexions à composer son indépendance : enfin, les générations successives étant souvent appelées par la durée de la vie de l’homme à exister simultanément, les pères et les enfants, dans la réciprocité de sentiments qu’ils veulent les uns des autres, oublient presque toujours de quel différent point de vue ils considèrent le monde ; la glace, qui renverse les objets qu’elle présente, les dénature moins que l’âge qui les place dans l’avenir ou dans le passé.
Les années, avec tout ce qu’elles amènent avec elles, se succèdent tranquillement suivant l’intention de la nature, et l’homme participe au calme de l’ordre universel.
Qu’il entasse enfin sophisme sur sophisme, calomnie sur calomnie : son autorité sera toujours, aux yeux du vrai Sage & même du Politique éclairé, le ressort le plus puissant pour rétablir l’ordre général & assurer la félicité de chaque individu.
Ses profondes passions y brillent dans leur ordre.
La matière est traitée, dans cet ouvrage, avec assez d’ordre, de lumières & de goût.
Un nommé le Gras, avocat sans occupation & qui se croyoit un écrivain du premier ordre, pour avoir donné au public une mauvaise rhétorique Françoise, déclama contre la réforme projettée.
Un argument négatif, dans l’ordre expérimental, n’a jamais la valeur d’une démonstration rigoureuse : c’est ce dont je conviens le premier.
Soldats, exécutez l’ordre que j’ai donné.
Si l’on n’entend que moi, on me reprochera d’être décousu, peut-être même obscur, surtout aux endroits où j’examine les ouvrages de Sénèque ; et l’on me lira, je ne dis pas avec autant de plaisir, comme on lit les Maximes de La Rochefoucauld, et un chapitre de La Bruyère : mais si l’on jette alternativement les yeux sur la page de Sénèque et sur la mienne, on remarquera dans celle-ci plus d’ordre, plus de clarté, selon qu’on se mettra plus fidèlement à ma place, qu’on aura plus ou moins d’analogie avec le philosophe et avec moi ; et l’on ne tardera pas à s’apercevoir que c’est autant mon âme que je peins, que celle des différents personnages qui s’offrent à mon récit.
Malgré les efforts des papes pour abolir les combats de taureaux ils subsistent encore, et la nation espagnole, qui se pique de paroître du moins leur obéir avec soumission, n’a point eu dans ce cas-là de déference pour leurs remontrances et pour leurs ordres.
On n’examine pas long-temps les ouvrages des grands maîtres sans s’appercevoir qu’ils n’ont pas regardé la régularité et les beautez de l’execution comme le dernier but de leur art, mais bien comme les moïens de mettre en oeuvre des beautez d’un ordre superieur.
Il a jugé du general avant que d’être pleinement instruit, et de la contrainte où le jettoient les ordres de son prince ou de sa republique, et des traverses que lui causoient ceux dont l’emploi étoit de l’aider, et des assistances promises et non données.
Les notres ne sont point sujets à de pareils orages, et le calme et l’ordre y regnent avec une tranquilité qu’il ne sembloit pas possible d’établir dans des assemblées qu’une nation aussi vive que la nôtre forme pour se divertir, et où une partie des citoïens vient armée et l’autre désarmée.
Nous conseillions même de lire les auteurs de second ordre.
Il oppose l’homme au gouvernement, et la justice, qui n’est pas de ce monde dans son absolu, à l’ordre, qui peut l’être et doit l’être pour que les sociétés valent quelque chose… Certes !
Madame George Sand, dont le talent vieillit et prend des fanons de plus en plus tombants, a voulu — dans l’ordre des idées, bien entendu !
Quoique Tacite n’ait composé aucun panégyrique de prince, Cependant l’ordre des temps, la liaison des idées, le mérite de ce grand homme et le caractère particulier de ses ouvrages, semblent exiger que nous en parlions ici.
Mme Guizot l’a dit en je ne sais plus quel endroit : « Quand il se produit dans un ordre de choses un inconvénient qui se renouvelle et dure, toujours il survient, et bientôt, des gens d’esprit pour y remédier. » Mme Guizot a été plus connue et classée jusqu’ici comme auteur de remarquables traités sur l’éducation que comme moraliste à proprement parler. […] C’est dans le cours de cette longue collaboration au Publiciste qu’eut lieu un incident souvent raconté, presque romanesque, autant du moins qu’il était possible entre personnes d’ordre et d’intelligence, et qui eut des conséquences souveraines sur la destinée de Mlle de Meulan. […] Ce n’est plus à un moraliste de la fin du dix-huitième siècle que nous aurons affaire, c’est à un écrivain de l’ère nouvelle et laborieuse, à une mère attentive et enseignante, qui sait les épreuves et qui prépare des hommes ; à un philosophe vertueux occupé de faire sentir en chaque ordre l’accord du droit et du devoir, de l’examen et de la foi, de la règle et de la liberté.
Elle quitte Bordeaux par ordre de la cour, s’avance jusqu’à Montreuil-Bellay, domaine de son mari, en Anjou, et de là jusqu’à Moulins. […] Un mois après sa mort, l’archevêque de Paris, M. de Harlay, se rendit en personne à cette abbaye pour signifier, par ordre du roi, aux religieuses, de renvoyer leurs pensionnaires et leurs postulantes et pour leur défendre d’en recevoir à l’avenir. […] Résidu de Saint-Germain, paquet 4, n° 6, 7e portefeuille. — (Je maintiens ces indications techniques, qui marquent ma priorité dans cet ordre de recherches si couru et si exploité depuis.)
J’aime mieux y voir ce qui est fait pour attendrir, la pauvreté et la détresse ôtant à la dignité du génie, ce génie ne craignant pas de mendier comme une mère pour l’enfant qu’elle sent près de naître, le peintre ne demandant qu’un gîte, le vivre et une toile pour déployer à l’aise ses couleurs et ses pinceaux : « J’ai à mettre en ordre des matériaux fort intéressants, et ce n’est qu’à la vue du ciel que je peux recouvrer mes forces. […] Je ne fais que rappeler tant de comparaisons, familières à l’auteur et éparses en toutes ses pages, de la solitude avec une montagne élevée, de la vie avec une petite tour, de la bienveillance avec une fleur, etc., etc. ; mais la plus illustre de ces images, et qui qualifie le plus magnifiquement cette partie du talent de Bernardin, est, dans la Chaumière, la belle réponse du Paria : « Le malheur ressemble à la Montagne-Noire de Bember, aux extrémités du royaume brûlant de Lahore : tant que vous la montez, vous ne voyez devant vous que de stériles rochers ; mais quand vous Êtes au sommet, vous apercevez le ciel sur votre tête, et à vos pieds le royaume de Cachemire. » Cela est aussi merveilleusement trouvé dans l’ordre des sentences morales, que Paul et Virginie dans l’ordre des compositions pastorales et touchantes.
Sans avoir en 1803 cette humeur chagrine et bourrue, Fabre, esprit sérieux, intelligent, causeur instruit et plein de ressources, connaisseur du premier ordre en matière d’art, ne brillait ni par le charme ni par l’élévation du talent. […] Véridique autant que bourru, il avait son franc-parler sur toutes les choses, et il n’a songé en cette circonstance qu’à dire la vérité, brutalement ou non, peu importe. » III Fabre fils, d’une famille obscure de Montpellier, élève de David, homme de bon sens et de cœur droit, était allé à Rome étudier l’art dans lequel il devint érudit de premier ordre, sans sortir tout à fait d’une élégante et savante médiocrité dans l’exécution. […] Mme de Staël n’avait point attendu le voyage long et incertain de M. de Sabran, elle avait donné ordre à son libraire de vous expédier cet ouvrage au moment où il paraîtrait.
Qui m’aurait dit alors, que quinze ans plus tard, la poésie inonderait l’âme de toute la jeunesse française, qu’une foule de talents d’un ordre divers et nouveau, auraient surgi de cette terre morte et froide ; que la presse multipliée à l’infini ne suffirait pas à répandre les idées ferventes d’une armée de jeunes écrivains ; que les drames se heurteraient à la porte de tous les théâtres ; que l’âme lyrique et religieuse d’une génération de bardes chrétiens inventerait une nouvelle langue pour révéler des enthousiasmes inconnus ; que la liberté, la foi, la philosophie, la politique, les doctrines les plus antiques comme les plus neuves, lutteraient, à la face du soleil, de génie, de gloire, de talents et d’ardeur, et qu’une vaste et sublime mêlée des intelligences, couvrirait la France et le monde du plus beau comme du plus hardi mouvement intellectuel qu’aucun de nos siècles eût encore vu ? […] La poésie de nos jours a déjà tenté cette forme, et des talents d’un ordre élevé se sont abaissés pour tendre la main au peuple ; la poésie s’est faite chanson, pour courir sur l’aile du refrain dans les camps ou dans les chaumières ; elle y a porté quelques nobles souvenirs, quelques généreuses inspirations, quelques sentiments de morale sociale ; mais cependant il faut le déplorer, elle n’a guère popularisé que des passions, des haines ou des envies. […] Non, sans doute, rien ne meurt dans l’ordre éternel des choses, tout se transforme : la poésie est l’ange gardien de l’humanité à tous ses âges.
Ces remarques s’appliquent exclusivement aux pièces de Corneille qui peuvent être dites de second ordre dans son théâtre. […] On peut avec du talent traiter heureusement une situation ; c’est un bonheur échu à bon nombre d’auteurs du second ordre. […] Si la poésie est à la fois un langage, une peinture et une musique, si elle doit plaire à l’âme, à l’imagination et à l’oreille, il restait à faire connaître, après le style de Corneille, plus oratoire que poétique, plus énergique qu’harmonieux, plus ferme que varié, où il y a plus de feu que de douceur et plus de mouvement que d’images, un style qui réunît à toutes les beautés du style de Corneille, dans des vérités dramatiques du même ordre, toutes les beautés propres aux vérités dramatiques qui restaient à exprimer ; un style qui contentât la raison par l’exactitude des paroles, l’âme par leur accent, l’imagination par leur éclat, l’oreille par leur harmonie.
La science qui explique la nature et la marche des corps célestes pourra trouver des expressions plus grandes, mais non plus vives, pour graver dans notre esprit les deux plus grandes idées, après celle de Dieu, l’ordre universel et l’infini. […] Tout ce qu’il écrit, il le sent, sinon avec le cœur, du moins avec la raison doucement émue d’un sage qui voit, dans les vertus des hommes, d’aimables images de l’ordre universel. […] Enfant du dix-huitième siècle, je serais ingrat si je ne rapportais à ses écrivains ma part dans les biens de l’ordre moral qui ont élevé la condition humaine au dix-neuvième.
Ils s’accordent parfois, ils se combattent souvent, car la société n’existe pas réellement encore et ses éléments de divers ordres restent assez indépendants. […] Les Pères de l’Église, en tout ordre de choses, sont volontiers près de l’hérésie. […] De même l’instinct égoïste reconnaît la supériorité de l’instinct social, il accepte ses ordres.
Cauchy fut à la fois un mathématicien de premier ordre et un fidèle des plus dociles ; de la même manière que l’Académie des sciences possède encore aujourd’hui dans son sein un grand nombre de croyants. […] Ce nom vient de ce que le livre fit partie d’un cours complet d’études ecclésiastiques rédigé il y a une centaine d’années par l’ordre de M. de Montazet, l’archevêque janséniste de Lyon. […] Plus tard, j’éprouvai une sorte d’agacement à voir la réputation exagérée d’Auguste Comte, érigé en grand homme de premier ordre pour avoir dit, en mauvais français, ce que tous les esprits scientifiques, depuis deux cents ans, ont vu aussi clairement que lui.
Lamoureux a été mandé chez M. le président du Conseil qui l’a mis en demeure de renoncer à donner, jusqu’à nouvel ordre, Lohengrin à l’Eden-Théâtre. […] C’est pour des raisons d’un ordre supérieur que je m’abstiens, avec la conscience d’avoir agi exclusivement en artiste, et avec la certitude d’être approuvé par tous les honnêtes gens. […] Le président du Conseil a déclaré que, ne se croyant pas le droit d’interdire une représentation théâtrale tant qu’il n’y avait pas de troubles dans la salle, il avait pris toutes les mesures nécessaires pour assurer l’ordre dans la rue, en prévision de la seconde représentation de Lohengrin qui était fixée à ce soir, lorsque ce matin, M.
On le voit, au-dessus d’une inscription numide, gravée par ordre de Massinissa, représenté comme le Bacchus champêtre, avec des bras ramifiés en grappes. […] Au milieu de la libre mythologie hellénique, elle introduit un Ordre presque monastique, ayant sa règle et sa discipline, ses rituels et ses pénitences, qui prétend l’épurer et la réformer. […] On lui demande ce qu’il voit : « Je vois, répond-il, un orage furieux du côté d’Ostie. » — L’orage accourt en effet subit, écrasant, avec Claude averti, les centurions en armes, les chars qui roulent, les messagers qui se pressent, les chaînes préparées, les ordres de mort.
Vingt fois pendant ces détails, involontairement je l’ai vu, en chaise de poste, sur la route de Blaye, avec un ordre du roi qui le renvoie dans ses terres. […] C’était au siège de Namur, en 1692 : quarante ans de gloire, point de revers encore ; les plus grands réduits, les trois Ordres empressés sous le despotisme. […] « La mesure et toute espèce de décence et de bienséance étaient chez elle dans leur centre, et la plus exquise superbe sur son trône. » Cette même phrase, qu’il a cassée à demi, montre, par ses deux commencements différents, l’ordre habituel de ses pensées.
Telles des grives ou des colombes se prennent au filet dans les buissons de l’enclos qu’elles envahissent et goûtent un triste repos : telles ces femmes rangées en ordre ont la tête serrée en des lacets qui les font périr ignominieusement. […] Nul n’a poussé la minutie plus loin que lui quand il énumère des costumes, quand il produit en long ordre des « montres » et des cortèges. […] Des hommes de second ordre, Sorel, Furetière, Scarron, protestèrent contre les fictions poétiques qui faussaient la peinture de la vie pour l’embellir. […] Car, pour l’art établi, « tous les ordres de citoyens ne le goûtent pas également ». […] De notre temps, on a rendu leur importance légitime à toute une classe de personnages, à tout un ordre de sentiments injustement dédaignés.
Jusqu’à la lecture de cet ordre du jour j’avais toujours cru que nos soldats étaient les fils les plus heureux, comme ils sont les fils les plus honorés de la grande famille française. […] En terminant, M. le maréchal Magnan propose aux troupes qui sont sous ses ordres de le prendre pour confident dans leurs peines. […] Les sénateurs ont passé à l’ordre du jour ; faisons comme eux ; une fois n’est pas coutume. […] Pour se compléter, on le verrait peut-être chercher dans quelque monstrueux renversement de l’ordre naturel les éléments de vie sans lesquels une nation devrait s’éteindre. […] On a donc dit que les fauteuils ne pouvaient être accordés à de nouveaux titulaires que d’après leur ordre de vacance, et que, par conséquent, M.
Mais ces taches, combien sont-elles rachetées par des beautés de premier ordre ! […] Suivez attentivement l’ordre et la marche, et vous comprendrez que M. […] La figure de Frédérique est une création de premier ordre. […] Il y en a deux ou trois de premier ordre, celle surtout de la consultation. […] À ces qualités d’ordre supérieur, se joignent la vivacité, la souplesse, la familiarité distinguée.
Il a ainsi rouvert lu voie à toute une série d’idées, à tout un ordre d’émotions. […] Ni ordre, ni proportions, ni choix, ni goût. […] Joséphin Péladan a restitué à son profit l’ordre de la Rose-Croix. […] On l’a envoyé porter un ordre. […] La raison ne perçoit rien hors ce qui se moule dans ses cadres et se plie à son ordre logique.
Mais naturellement, tout est bien perdu, flambé et fricassé, surtout en France, où l’abus de tous les dons a été porté à un excès incroyable, et l’on peut affirmer sans témérité que l’ordre essentiel ne sera pas ressuscité par les Naturalistes et les Parnassiens. […] Le Père Didon est un triste moine vaniteux, affligé du mal de son Ordre, le plus superbe et le plus honteusement avide de popularité qui soit dans l’Église au dix-neuvième siècle. […] Voici, par exemple, le Père Didon, de l’ordre des Frères Prêcheurs, que j’appelle un Savonarole, parce qu’il voudrait ressembler à ce braillard. […] Le duc de Chartres, depuis duc d’Orléans et Philippe Égalité, est proclamé Grand Maître le 24 juin 1771, à la fête de Saint-Jean qui est celle de l’Ordre Maçonnique. […] Tout poète, c’est-à-dire toute âme supérieure est au premier rang dans l’ordre de préséance de la Chute ; c’est là sa place privilégiée et la meilleure de toutes les places pour la plus parfaite ascension de son cri !
… Jamais ne mêlant le type de l’une avec l’autre (quel esprit d’ordre) ! […] Populaire avec tous les grimauds de lettres du dernier ordre, comme un arc trop violemment tendu, c’est en souffletant le génie qu’il se redresse et qu’il se venge de l’abaissement auquel le condamnent les besoins d’une vanité hystérique. […] » — Mme Bosio est une cantatrice de premier ordre, mais chez laquelle la passion ne s’est point éveillée encore. […] À la vérité, la Ristori n’est ici qu’un prétexte dont s’est servi l’écrivain pour écrire, à la suite des moralistes du dernier ordre, sur « la décadence du goût et la décadence des mœurs, le sens du beau qui se perd avec le sens du bien, etc. ». […] Enfin arrive la situation touchante où, désobéissant à l’ordre homicide de l’intendant du mari de Geneviève, un serviteur sauve l’infortunée. « Brave cœur !
…119 » Le monde moral, où l’ordre et le nombre devraient surtout régner, n’est pas moins troublé et obscur que l’autre : Le mal semble identique au bien dans la pénombre ; On ne voit que le pied de l’échelle du Nombre, Et l’on n’ose monter vers l’obscur infini120. […] Les frottements de la machine, c’est là ce que nous nommons le mal, « démenti latent à l’ordre divin, blasphème implicite du fait rebelle à l’idéal. […] On pourrait renverser l’ordre d’affirmation : l’idéal avant le réel. […] L’absolu véritable est donc dans l’ordre de la qualité, non dans celui de l’existence. […] 191. » On pourrait ainsi parodier et ramener à de pures banalités bien des pages célèbres non seulement de Bossuet, qui a en effet la sublime éloquence du lieu commun, mais de Pascal et de maint philosophe. — L’infiniment petit n’est pas moins insondable que l’infiniment grand (le Double Infini) ; L’homme est faible par le corps, mais puissant par la pensée (le Roseau pensant) ; Si la pensée est plus grande que la matière, l’amour est plus grand encore que la pensée (les Trois Ordres), etc.
Suarez et Sanchez, Vasquez et Escobar, Lessius et Lugo, Molina et Valentia ne sont-ils pas d’ailleurs eux-mêmes des « gloires » de l’ordre ? […] — « Le cœur a son ordre, l’esprit a le sien, qui est par principes et par démonstration : le cœur en a un autre. On ne prouve pas qu’on doit être aimé en exposant d’ordre les causes de l’amour : cela serait ridicule. » — Là, dans cette distinction, est le principe de la philosophie de Pascal. […] Qui donc a dit que l’intelligence de Montesquieu était en quelque sorte fragmentaire, peu capable d’ordre, et tout à fait inhabile à la composition ? […] Sorel ; tout y est au même plan, s’y éclaire de la même lumière ; ce n’est pas seulement l’unité qu’on y regrette, c’est encore la suite, c’est surtout l’ordre et la clarté.
Il a l’esprit de mesure et d’ordre qui est celui de notre race. […] Il a réussi du moins à faire une œuvre d’art d’un ordre supérieur, un beau conte. […] Il est vrai que nos hallucinations sont constantes et habituelles, d’un ordre général et coutumier. […] Donnant dans cette ville de nouveaux sujets de plainte, il reçut l’ordre de garder les arrêts forcés. […] Abandon lamentable et désastreux que nous ne lui reprocherons pas, car elle ne partit que sur l’ordre réitéré de Napoléon.
Mais peste soit, dans la vie, de ces colosses manqués qui ne sont ni du premier ordre de génies, ni du second ! […] Il n’y a que lorsqu’on entre par le cœur dans l’ordre chrétien, dans l’ordre de charité et de Jésus-Christ, qu’on sort du La Rochefoucauld ; il n’y a que le christianisme qui renverse l’homme : et encore il reste à savoir si ce renversement n’est pas lui-même une dernière forme, la plus subtile de toutes, le dernier tour de force et la sublimité de l’amour de soi. […] L’ordre renaît, c’est alors qu’il retrouve toute sa valeur ; son jugement excellent, n’étant plus troublé par la peur ni traversé par l’intérêt, s’applique aux choses avec calme, avec étendue et lucidité ; son caractère obligeant fait merveille. […] En rentrant de chanter La Marseillaise avec un si saisissant effet, elle disait dans la coulisse : « La farce est jouée. » La nature de Talma était autrement probe : il vivait dans ses personnages, et aussi l’impression qu’il a laissée chez tous ceux qui l’ont vu est-elle autrement profonde et d’un ordre plus historique (si je puis dire) que les prodiges passagers de Rachel. […] C’est là un art, peut-être nécessaire, pour mettre quelque ordre dans le fouillis des opinions humaines ; c’est une méthode créée pour permettre de les étudier.
Anne de Boleyn dit sérieusement avant de livrer sa tête : « Je prie Dieu de conserver le roi, et de lui envoyer un long règne, car jamais il n’y eut prince meilleur et plus compatissant20. » La société est comme en état de siége, si tendue que chacun enferme dans l’idée de l’ordre ; l’idée de l’échafaud. […] Il aura des esprits qu’il enverra chercher de l’or dans l’Inde, et « fouiller l’Océan pour entasser devant lui les perles orientales », qui lui apprendront les secrets des rois, qui, à son ordre, enfermeront l’Allemagne d’un mur d’airain, ou feront couler les flots du Rhin autour de Wittenberg, qui marcheront devant lui « sous la forme de lions, pour lui servir de garde, ou comme des géants de Laponie, ou comme des femmes et des vierges, dont le front sublime ombragera plus de beauté que la gorge blanche de la reine de l’Amour. » Quels rêves éclatants, quels désirs, quelles curiosités gigantesques ou voluptueuses, dignes d’un César romain ou d’un poëte d’Orient, ne viennent pas tourbillonner dans cette cervelle fourmillante ! […] » Et sur cela il se donne carrière, il veut tout savoir, tout avoir : un livre où il puisse contempler toutes les herbes et tous les arbres qui croissent sur la terre ; un autre où soient marquées toutes les constellations et les planètes ; un autre qui lui apporte de l’or quand il voudra, et aussi les plus belles des femmes ; un autre, qui évoque des hommes armés pour exécuter ses ordres, et qui déchaîne à sa volonté les tonnerres et les tempêtes. […] Ce que les Grecs et les Latins, inventeurs de celui-ci, ont cherché en toutes choses, c’est l’agrément et l’ordre. […] Toutes les scènes se tiennent et coulent insensiblement l’une dans l’autre ; et chaque scène, comme la pièce entière, a son ordre et son progrès.
Il n’y avait pas à parler aux souverains de leurs affaires, la chose n’eût pas été de leur goût ; ni des grands sujets de la pensée, religion, politique, philosophie : la domination espagnole en Italie, en Espagne l’inquisition y eût mis bon ordre. […] Attaquer Chapelain, c’était presque un délit contre l’ordre public. […] Il manque de proportion et d’ordre ; ses digressions, au lieu d’être calculées pour la variété, sont des divagations ingénieuses auxquelles le caprice l’a entraîné. […] Eût-il été plus beau, pour ne rien devoir à personne, d’omettre des vérités propres au sujet, du même ordre, et, pour ainsi dire, de la même famille ? […] Je suis sûr que les pensées empruntées n’y viennent ni dans leur ordre, ni par un enchaînement nécessaire ; et s’il arrive qu’elles soient exprimées heureusement, le bonheur de ce passage fait d’autant plus de tort au reste.
Cette position de ministre en expectative se prolongea assez longtemps pour M. d’Argenson, qui s’en accommodait fort bien ; on sentait autour de lui qu’il le deviendrait tôt ou tard : « Mes bonnes intentions, dit-il, et des méditations fort sérieuses que j’ai faites sur les affaires d’État, commencent à percer beaucoup dans le monde ; à quoi joignant de la retraite qui me donne de la rareté, cela me fait passer pour un homme singulier dans le bien, et bien des gens qui ne me connaissent que d’imagination me prônent et m’élèvent. » Il lui venait des offres de services ; on lui proposait de le pousser auprès du roi par les domesticités ; des financiers habiles et administrateurs émérites (un M. de Bercy, gendre de l’ancien contrôleur général Desmarets), lui proposaient de servir sous lui en second, de travailler sous ses ordres, ce qu’ils ne feraient avec personne autre, et qu’il se laissât porter au ministère des finances : « Voilà de l’intrigue, car il en faut, ajoute en toute bonhomie M. d’Argenson, et heureusement j’y suis passivement. […] À un autre endroit, se montrant, non pas avare mais homme d’ordre et d’économie, qui aime mieux améliorer ses terres que de les étendre, et conserver son bien que de convoiter celui d’autrui, il ajoute sans qu’on soit tenté de le contredire : « Je me crois le contraire de Catilina, dont Salluste dit, etc. » Quand il se considère ainsi en face et qu’il s’applique à se définir lui-même, d’Argenson se peint à nous, mais moins bien que lorsqu’il se compare et s’oppose à son frère, plus homme de Cour et futur ministre également.
L’infante, par ordre du roi, lui chausse les éperons, et ces éperons piquent au même moment le cœur de Chimène. […] Le roi entouré de ses gentilshommes est dans l’embarras : il a appris la désobéissance du comte à l’ordre qui lui avait été donné, de sa part, de faire des soumissions à don Diègue : il envoie un de ses gentilshommes pour s’assurer de lui ; c’est un peu tard.
De même, dans l’ordre politique et littéraire, on suivrait à la trace un retour presque parallèle. […] » L’instant d’auparavant elle avait fait, pour ainsi dire, les honneurs de l’échafaud à ce compagnon de mort qui n’avait pas tout à fait autant de fermeté qu’elle, et elle lui avait dit avec grâce, en donnant la plus belle excuse à sa faiblesse : « Montez le premier, vous n’auriez pas la force de me voir mourir. » — Et à l’exécuteur qui hésitait à intervertir l’ordre des suppliciés : « Pouvez-vous refuser, avait-elle dit, la dernière prière d’une femme ?
En commençant par les Œuvres françoises de Joachim Du Bellay, dont nous n’avons encore que le premier volume, l’éditeur a dérogé à son ordre, et la notice biographique qui nous est promise ne viendra qu’avec le second tome. […] Qu’on regrette qu’il y ait eu interruption depuis deux cents ans déjà avec les sources premières du moyen âge et que la déviation ait été si profonde, je le comprends ; mais qu’on en fasse un crime à de jeunes hommes qui n’ont eu encore le temps que d’embrasser et d’épouser un seul ordre d’études, le plus noble de tous, et qui, la plupart, vont s’y consumer par trop de zèle et s’y dévorer, cela est souverainement injuste, et c’est méconnaître le rôle et la vocation assignés par la nature des choses et par la loi de l’histoire aux générations successives.
En religion, en politique, dans tous les ordres de rivalités, le xvie siècle a été dit par excellence le siècle des tumultes et des combats. […] Sa conclusion, c’est qu’il ne faut pas traduire les poètes, à moins d’y être obligé par ordre exprès et commandement des rois et des grands (ceci est une précaution de politesse).
Lorsqu’il y a tout à l’heure dix ans une brusque révolution vint rompre la série d’études et d’idées qui étaient en plein développement, une première et longue anarchie s’ensuivit ; dans cette confusion inévitable, du moins de nouveaux talents se produisirent ; les anciens n’avaient pas péri ; on pouvait espérer dans un ordre renaissant une marche littéraire satisfaisante au cœur et glorieuse. […] Il y a peut-être, à l’heure qu’il est, des personnes qui se croient les représentants uniques et jurés de la littérature française, prêts à vous demander compte des bons ou méchants mots, et à vous citer par-devant eux pour la plus grande dignité de l’Ordre.
Pensers mystérieux, espace, éternité, Ordre, beauté, vertu, justice, vérité, Héritage immortel dont j’ai perdu les titres, D’où m’êtes-vous venus ? […] Outre le journal qu’il rédigeait, de Loy chantait l’impératrice ; il devint (ses amis l’assurent et moi je n’en réponds pas) commandeur de l’ordre du Christ ; il était, ajoute-t-on, gentilhomme de la chambre ; mais laissons-le dire, et faisons-nous à sa manière courante, quelque peu négligée, mais bien facile et mélodieuse : Me voici dans Rio, mon volontaire exil, Rio, fille du Tage et mère du Brésil.
Il a consigné plus tard dans un colloque (ΊὙθυοφαΥία) ses souvenirs de Montaigu : l’ascétisme imbécile et inélégant, la nourriture sordide, l’écœurante malpropreté, les manières brutales ; et de telles rancunes exprimées après vingt ans attestent bien qu’avec l’étude des anciens se développe une conception absolument nouvelle de l’ordre général de la vie. […] Biographie : Mellin de Saint-Gelais (1487-1558), fils du poète Octovian de Saint-Gelais, évêque d’Angoulème, fut très bien instruit en langues, sciences, armes, arts libéraux, étudia le droit aux universités de Poitiers, Bologne, Padoue, entra dans les ordres en 1524, et devint aumônier du dauphin.
On peut, à ce compte, recueillir des impressions précises et variées sur tout ce que la réalité offre d’intéressant, et on le peut encore plus aisément si l’on a eu soin de se conserver libre et d’éviter le mariage, qui, comme dit La Bruyère, « remet chacun dans son ordre ». […] Laissant Gassion sur sa droite avec quelques escadrons pour dissiper tout nouveau rassemblement de la cavalerie wallonne, il fait exécuter à sa ligne de colonnes un changement de front presque complet à gauche, et aussitôt, avec un élan incomparable, il la lance ou plutôt il la mène en ordre oblique sur les bataillons qui lui tournent le dos.
Ils eurent dans l’esprit de la sagesse, de la fermeté et de l’ordre. […] J’emprunte à l’écrivain déjà cité la définition du sens et de la portée de cet Idéalisme « Une vérité nouvelle est entrée récemment, dans la littérature, nous dit-il, et dans l’art, et c’est une vérité toute métaphysique et vraiment neuve puisqu’elle n’avait pas encore servi dans l’ordre esthétique.
Grand naturaliste et poète, il étudie chaque objet et le voit à la fois dans la réalité et dans l’idéal ; il l’étudie en tant qu’individu, et il l’élève, il le place à son rang dans l’ordre général de la nature ; et cependant il en respire le parfum de poésie que toute chose recèle en soi. […] Léonidas et Pascal, surtout le dernier, il n’est pas bien sûr qu’il ne les ait pas considérés comme deux énormités et deux monstruosités dans l’ordre de la nature.
Basset m’apprend ce que c’est que les ordres sacrés ; je regarde dans la lune avec le père de Fontenai ; je parle du pilotage avec notre enseigne Chammoreau, qui en sait beaucoup ; et tout cela en passant, sans empressement, en se promenant. […] La seule chose sérieuse qu’il y fait, c’est d’entrer au séminaire et d’y recevoir les ordres sacrés en quatre jours, des mains d’un évêque in partibus.
Quelque jugement qu’on porte sur ce genre d’émotion singulière que confesse ici La Harpe et qui rappelle beaucoup d’autres exemples analogues dans l’ordre spirituel, on n’en saurait suspecter la sincérité, et il est dommage que sa conduite n’ait pas mieux répondu dans la suite à une révolution de cœur décrite d’une manière si touchante. […] J’en dirai ce que j’ai dit des vers de Gilbert et de Le Brun contre La Harpe : il est fâcheux à lui d’y avoir prêté, et jamais un grand critique ni un esprit judicieux du premier ordre ne s’arrangera de telle sorte d’avoir ainsi les rieurs, gens d’esprit, contre soi.
Rollin n’est pas dénué de finesse et d’esprit quand il parle en son nom ; mais il faut chercher ces rares endroits où son expression s’anime et s’évertue d’elle-même Après avoir cité quelques passages des Éloges de Fontenelle et les avoir loués, il y remarque un défaut : S’il était permis, dit-il, de chercher quelque tache parmi tant de beautés, on pourrait peut-être en soupçonner quelqu’une dans un certain tour de pensées un peu trop uniforme, quoique les pensées soient fort diversifiées, qui termine la plupart des articles par un trait court et vif en forme de sentence, et qui semble avoir ordre de s’emparer de la fin des périodes comme d’un poste qui lui appartient à l’exclusion de tout autre. […] Sa vie entière se présente comme une de ces années orageuses et frappées de stérilité, où l’on dirait que le cours des saisons et l’ordre de la nature sont intervertis ; et, dans cette confusion, les facultés les plus heureuses se sont tournées contre elles-mêmes.
Elle mérite qu’on ne la chicane point trop sur son mode et son ordre, et qu’on n’exige pas d’elle plus qu’il n’est juste. […] La leçon de ce long et éclatant scandale sera l’avertissement que la Providence s’est plu à donner à l’avenir par la rencontre en un même règne de trois règnes de femmes, et la domination successive de la femme des trois ordres du temps, de la femme de la noblesse : Mme de la Tournelle ; de la femme de la bourgeoisie : Mme de Pompadour ; de la femme du peuple : Mme du Barry.
La diversité constante de son moi eut en sa pensée et en sa vie le résultat que l’on pouvait prévoir : le scepticisme, l’incurie du vrai dans l’ordre de l’esprit et du véritable dans l’ordre de la pensée.
Shakespeare — Son œuvre Les points culminants I Le propre des génies du premier ordre, c’est de produire chacun un exemplaire de l’homme. […] Cela du reste est vrai de tous les esprits de cet ordre.
On a dû faire du style ce qu’on a fait de l’architecture ; on a entièrement abandonné l’ordre gothique que la barbarie avait introduit pour les palais et pour les temples ; on a rappelé le dorique, l’ionique et le corinthien : ce qu’on ne voyait plus que dans les ruines de l’ancienne Rome et de la vieille Grèce, devenu moderne, éclate dans nos portiques et dans nos péristyle. […] L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement française ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avaient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit.
Vous faites des vers, vous le croyez parce que vous avez appris de Richelet à arranger des mots et des syllabes dans un certain ordre et selon certaines conditions données, parce que vous avez acquis la facilité de terminer ces mots et ces syllabes ordonnées par des consonnances. […] J’aimerais bien mieux remarquer au milieu de ce fracas un général tranquille, oubliant le danger qui l’environne de toutes parts, pour assurer la gloire d’une grande journée, ayant l’œil à tout, la tête fière, et donnant ses ordres sur un champ de bataille comme dans son palais.
Ils savent que dans les races d’idées c’est comme dans les races physiologiques, et qu’on peut dire à tout être, à toute chose, à toute créature : « Que je sache d’où tu viens et je saurai ce que tu vaux. » Si, comme on le verra, Cassagnac a réussi, il a rendu le plus grand service que, dans les circonstances présentes, un écrivain isolé pût rendre à la cause de l’Ordre et du Pouvoir, et il a bien mérité des gouvernements de l’Europe. […] Quand Cassagnac écrira une Histoire de la monarchie française, c’est-à-dire des trois ordres, avec son esprit incisif et si audacieux à prendre le vrai où qu’il soit, je ne doute pas de la réponse qu’il saura faire à cette question.
Le nouveau poète de l’Enfer est une imagination plastique du premier ordre. […] Il avait toute sa vie assez montré ce qu’il pouvait faire dans l’ordre de la pensée poétique, et il y reviendra bientôt encore.
Ici encore, c’est le spectacle des phénomènes d’ordre économique qui donne l’éveil : il est trop évident que la grande quantité des collaborateurs influe sur les procédés qu’ils emploient pour produire les richesses : elle est, par exemple, la condition sine qua non de ces économies de temps et d’espace qui caractérisent l’industrie moderne. […] Si le nombre des individus associés doit agir sur les idées sociales, c’est d’abord, pensera-t-on, par l’intermédiaire des transformations d’ordre pratique qui résultent, pour un gouvernement, de l’augmentation du nombre des gouvernés.
Dans le mois de juillet 1823, notre régiment reçut l’ordre de se rendre de Strasbourg à Bordeaux pour y tenir garnison.
Si les faiseurs d’ordre public essayaient d’une exécution politique, et que quatre hommes de cœur voulussent faire une émeute pour sauver les victimes, je serais le cinquième.
Soumet, sur le ton solennel d’un prône ou d’un ordre du jour : « Les lettres sont aujourd’hui comme la politique et la religion ; elles ont leur profession de foi, et c’est en ne méconnaissant plus l’obligation qui leur est imposée que nos écrivains pourront se réunir, comme les prêtres d’un même culte, autour des autels de la vérité ; ils auront aussi leur sainte alliance ; ils n’useront pas à s’attaquer mutuellement des forces destinées à un plus noble usage ; ils voudront que leurs ouvrages soient jugés comme des actions, avant de l’être comme des écrits ; ils ne reculeront jamais devant les conséquences, devant les dangers d’une parole courageuse, et ils se rappelleront que le dieu qui rendait les oracles du temple de Delphes, avait été représenté sortant d’un combat. » Une fois qu’on en venait à un combat dans les formes avec les idées dominantes, on était certain de ne pas vaincre.
L’armée française partit d’Om-Dinar le 3 thermidor, à deux heures du matin ; elle rencontra bientôt, pour la première fois depuis Chébréis, un corps de mameluks ; c’était l’arrière-garde de Murad-Bey, qui se replia avec ordre et sans rien tester.
Les quatre Harmonies qui ont pour unité l’idée de Jéhovah, appartiennent encore à cet ordre majestueux de poésie biblique.
Shakspeare le premier, homme du nord, un peu païen par l’âme, audacieux à sa façon comme Luther, réveilla dans l’ordre poétique ces incertitudes longtemps apaisées, et dès Hamlet et Macbeth, prépara ces solutions sceptiques ou rebelles que Gœthe et Byron ont poussées à bout de nos jours.
Ainsi donc, il y a peu de distinction entre vous et nous, sinon que nous vous accordons d’être les braves des braves, l’avant-garde des grandes Thermopyles ; mais vous et nous, d’ailleurs, c’est le même peuple et la même cause. » Il y avait peut-être, dans cet ordre plus expansif de sentiments, une inspiration poétique et une vérité politique qui n’auraient pas nui, d’ailleurs, à tout ce que M.
La délicatesse du point d’honneur, l’un des prestiges de l’ordre privilégié, obligeait les nobles à décorer la soumission la plus dévouée des formes de la liberté.
Il y a toute une éducation de la sensibilité, qui met de l’ordre et des nuances dans le chaos des émotions, qui surtout rend nettes et perceptibles les impressions confuses et faibles, qui développe le tact de l’âme, et fait qu’au plus léger attouchement elle frémit de joie et de peine, enregistrant les moindres phénomènes comme un instrument délicat.
Dans cette division du travail à laquelle nous assistons, il faut faire une place à part à deux ordres de travaux érudits qui intéressent particulièrement la langue et la littérature.
Elle vient tous les samedis, et aussi la veille des fêtes, parer l’autel, mettre en ordre les vêtements sacerdotaux.
Scapin s’empresse d’exécuter ces ordres, mais au profit de son véritable maître.
Elles apprennent encore à ne point désespérer d’une époque parce qu’elle n’enfante point des œuvres artistiques ou littéraires de premier ordre : elle les ébauche, elle les rend possibles, elle les prépare peut-être.
Les lois sont plus simples, mais elles sont de toute autre nature et pour ne citer qu’une de ces différences, pour les harmoniques d’ordre élevé le nombre des vibrations tend vers une limite finie ; au lieu de croître indéfiniment.
Pour ne plus travailler comme les autres esclaves, ces « penseurs » pensèrent en esclaves, sur l’ordre du maître, à l’heure du maître, ce que voulut le maître.
Son ami lui suggéra alors de donner pour passeport à son vilain brigand islandais quelque chose qui pût le mettre à la mode et le faire sympathiser avec le siècle, soit plaisanteries fines contre les marquises, soit amers sarcasmes contre les prêtres, soit ingénieuses allusions contre les nonnes, les capucins, et autres monstres de l’ordre social.
— Ceci n’est plus qu’une question de second ordre, la question de succès, la question du libraire et non du poëte.
Pour les prévenir, on ne sçauroit mettre assez d’ordre dans nos salles de spectacles.
Je n’ai pas besoin de dire que dans cet ordre d’études, un des premiers noms qui se présentent est celui de M.
Balzac appartenait à la classe de ces voyants, mais dans l’ordre intellectuel.
Il envoïa un domestique de confiance à la porte des écoles de médecine un jour que la faculté s’assembloit, avec ordre de lui amener sans autre information celui des médecins dont il jugeroit la complexion la plus conforme à celle de son maître.
Il y a deux sortes d’imitations ; l’une est un exercice littéraire d’ordre privé, excellent moyen de former son style… L’autre, la vraie, est une imprégnation générale.
Ainsi il y a dans le genre humain un sentiment intime et profond qui l’avertit que Dieu veille sur les destinées de sa noble créature, sur les destinées de l’ordre social où il a voulu qu’elle fût placée.
ce malheureux peuple a cessé d’être à l’ordre du jour.
C’est par là qu’il se fera pardonner tout ce qu’il a de supérieur, et, par exemple, son style, qui est de premier ordre pour l’envergure, les articulations, la richesse des vocables, et toutes les qualités diaphanes et substantielles des grands maîtres.
… Dans de telles circonstances, qui sont les circonstances présentes, les grandes ou fortes œuvres tarissent et les petits livres abondent, les petits livres qui sont aux œuvres dignes de ce nom ce que le tableau de genre est aux grandes toiles ; les petits livres qui ne demandent que des facultés secondaires et qui dispensent de tout ce qui est difficile : la profondeur dans l’inspiration, la combinaison, l’ordre, la distribution de la lumière dans le fourmillement des détails, l’étoffe de l’ensemble enfin ; les petits livres dont ce brillant dandy, Mirabeau manqué dans l’intrigue, lord Bolingbroke, disait, avec sa fatuité épigrammatique, « qu’au moins ils avaient le mérite d’être bientôt lus ».
Sommes-nous donc placés pour porter sur l’ordre social un de ces regards à la Burke, qui plongent jusqu’au cœur des choses et font dire le mot : Où en sommes-nous ?
La poésie individuelle ne doit pas plus périr que l’âme de l’homme dont elle est la fille, et ce nous semble une erreur du même ordre en littérature qu’en politique de croire que le sentiment social puisse entièrement se substituer à l’action libre de l’individualité humaine.
à force d’ordre et de calme. » — Tudieu ! […] Les stalactites sont groupées par ordre et par famille, « comme si les génies de la grotte avaient pris la peine de les classer ». […] En tous cas, ces trois petits romans se lisent avec beaucoup de plaisir, et le premier est d’ordre supérieur. […] À supposer que le christianisme ait fait banqueroute, il faut confesser que, dans le même ordre d’idées, la science l’a faite aussi. […] Son discours, sans dessein arrêté et sans ordre, ne nous a fait connaître ni Jules Janin ni Sainte-Beuve.
Nous n’avons qu’une capacité limitée de recevoir des impressions d’un certain ordre. […] Peu de temps après, l’armée française étant entrée à Berlin, il eut l’ordre de s’y rendre. […] Cette rigueur s’explique par des raisons d’un autre ordre, et dont la première est une raison d’argent. […] Elle règne dans la beauté des femmes, dans l’harmonie des musiques, dans le rythme des poésies et dans l’ordre des pensées. […] Par les ordres de Constance, il avait été formé dès l’enfance à la piété galiléenne ; même il avait reçu les ordres mineurs et lu l’Évangile au peuple, dans l’église de Césarée.
Les ordres des dieux sont cruels : ils sont les dieux. […] C’est l’ordre d’Hercule et de Jupiter. […] Elle sert, le plus souvent, à tirer de l’oubli plus ou moins profond un écrivain français, estimé de second ou de troisième ordre. […] Monime a voulu devancer son ordre. […] Il a son ordre, qui est un désordre apparent mais très médité, très préparé et très surveillé.
Quelqu’un se levait qui devait mettre ordre à cela. […] Bien couperont la corde qui te touche De si très près ; car j’y mettrai bon ordre. […] C’est certainement l’ordre d’idées que lui est le plus fermé, et où le médecin, le naturaliste, le savant, le « positiviste » pouvait le plus difficilement entrer. […] Cette réaction formidable, ce retour violent, dans le temps, au primitif, dans l’ordre des idées, à l’absolu, est, sans doute, un effort admirable et d’esprit et de conscience. […] Il est l’illusion d’un être qui croit remplir une mission parce qu’il la connaît, exécuter un ordre parce qu’il l’entend, aller au but parce qu’il y est porté par un fleuve qui l’entraîne.
Venu à Paris, à Versailles, il y rejoignit son compatriote et camarade Bertin, qui sortait également des études ; ils se lièrent étroitement, et dans ces années 1770-1773 on les trouve tous deux membres de cette joyeuse et poétique confrérie qui s’intitulait l’Ordre de la Caserne ou de Feuillancour : « Représentez-vous, madame, écrivait Bertin dans son Voyage de Bourgogne, une douzaine de jeunes militaires dont le plus âgé ne compte pas encore cinq lustres ; transplantés la plupart d’un autre hémisphère, unis entre eux par la plus tendre amitié, passionnés pour tous les arts et pour tous les talents, faisant de la musique, griffonnant quelquefois des vers ; paresseux, délicats et voluptueux par excellence : passant l’hiver à Paris et la belle saison dans leur délicieuse vallée de Feuillancour 166 ; l’un et l’autre asile est nommé par eux la Caserne… » Et Parny, au moment où il venait de se séparer de cette chère coterie, écrivait à son frère, durant les ennuis de la traversée : « … Mon cœur m’avertit que le bonheur n’est pas dans la solitude, et l’Espérance vint me dire à l’oreille : Tu les reverras, ces épicuriens aimables, qui portent en écharpe le ruban gris de lin et la grappe de raisin couronnée de myrte ; tu la reverras cette maison, non pas de plaisance, mais de plaisir, où l’œil des profanes ne pénètre jamais… » C’est ainsi, je le soupçonne, si l’on pouvait y pénétrer, que commencent bien des jeunesses, même de celles qui doivent se couronner plus tard de la plus respectable maturité ; mais toutes ne s’organisent point aussi directement, pour ainsi dire, que celle de Parny pour l’épicuréisme et le plaisir. […] Ce fut alors seulement qu’il distribua ses pièces avec gradation et selon l’ordre où elles se présentent aujourd’hui : dans le premier livre, la jouissance pure et simple ; dans le second, une fausse alarme d’infidélité ; dans le troisième, le bonheur ressaisi, d’autant plus vif et plus doux ; dans le quatrième, l’infidélité trop réelle et le désespoir amer qu’elle entraîne. […] Le début du Consulat s’ouvre dans une assez belle proportion encore d’ordre et de liberté, et on sait quelles œuvres brillantes ont honoré cette date glorieuse.
Le détour est si court pour arriver au but, et l’opération, pour rétablir l’ordre, si aisée et si rapide, qu’on sent bien que l’inversion ne tardera pas à disparaître ainsi, même aux époques où notre langue l’a subie, elle a su l’accommoder à ce besoin de clarté qui est le trait distinctif de l’esprit français. […] Le premier dans l’ordre chronologique est Villehardouin. […] Pour le tour, l’ordre et la suite des faits, le naturel du récit on n’y peut guère changer, même pour perfectionner, sans péril ; et le trait des gens du marquis, « qui commencèrent à laisser leur chef, quand ils virent qu’ils n’auroient nulle aide de lui », est une de ces vérités universelles qui trouvent même dans une langue au berceau des formes déjà parfaites, et qui ne changeront pas.
Nous ne nous faisons pas d’illusions ; si l’on peut espérer qu’un jour les autres ouvrages de Richard Wagner deviendront populaires en France, il ne faut pas, à l’égard de celui-ci, former le même rêve ; l’Anneau du Niebelung est une composition d’un ordre particulier ; la légende interprétée ou, pour mieux dire, renouvelée par Richard Wagner est tellement imprégnée de l’esprit de la race à qui elle s’adresse, que, certainement, transportée devant d’autres spectateurs, elle perdrait la plus grande partie de son intérêt. […] Nous avons devant nous une création dramatique d’un ordre inconnu, où le génie du maître, sans s’abdiquer en rien, se fait voir en belle humeur. […] Glasenapp devient un ami de la famille ce qui lui permet d’avoir accès à des documents de tout premier ordre mais qui le conduisent à rédiger une version « officielle », controlée par Richard et Cosima eux-mêmes.
L’ordre des vrais faits de conscience constitutifs du processus psychique — sensation, émotion, réaction — n’apparaît nullement comme arbitraire, ni comme un fait brut sans aucune explication. […] En d’autres termes, les lois vraiment psychologiques ne sont plus une pure coordination causale de phénomènes dans le temps ; nous ne nous contentons plus de ranger le phénomène A au premier moment, le phénomène B au second moment, etc., et d’ajouter que, dans les mêmes circonstances, le même ordre se reproduira. […] Nous aborderons ainsi la transformation dernière du problème psychologique : dans l’être tendant à une fin et doué de volonté existe-t-il vraiment une activité d’ordre mental, qui justifie l’expression d’idées-forces ?
Toute nouveauté brusque et non encore approfondie est tenue jusqu’à nouvel ordre pour un danger ; les animaux n’ont commencé par être ni des contemplateurs curieux de choses nouvelles, ni des novateurs, mais des conservateurs toujours tremblants devant l’inconnu. […] Passons donc à ce second ordre d’explications, pour en marquer l’étendue et les limites. […] Ces muscles se contractent encore sous l’influence des mêmes émotions (terreur extrême) qui font hérisser les poils des animaux placés aux derniers échelons de l’ordre auquel l’homme appartient. » (Expression des émotions, p. 335).
Voici déjà notre chef de retour avec l’ordre du roi : ainsi, notre ami, bientôt tu vas être rendu à tes chers poissons, ou servir de proie aux chacals et aux vautours. […] « À cet ordre terrible elle s’arrête, remplie de frayeur, et jette encore sur moi, moi si cruel, un regard suppliant troublé par les flots de larmes qui s’échappaient de ses yeux… Ah ! […] Des gens portant des baguettes pour maintenir l’ordre prendront des postes différents, et des hommes armés garderont les avenues.
L’ordre est de marcher sur Thionville (où commande Wimpfen). […] « Si les vertus sont des émanations du Tout-Puissant ; si elles sont nécessairement plus nombreuses dans l’ordre social que dans l’ordre naturel, l’état de la société qui nous rapproche davantage de la Divinité est donc un état supérieur à celui de la nature. » (Mais alors, cette glorification de l’homme naturel que devaient être les Natchez ?) […] À propos du sacrement de l’ordre, ingénieux développement sur les charmes de la virginité. […] Eudore a reçu l’ordre de partir pour Rome. […] C’est l’ordre de la morale et de la justice.
Toujours on sent sous sa critique un fonds solide et étendu de connaissances multiples et précises, placées dans un bon ordre. […] Par exemple, celle de Madame Bovary lui paraît bonne, mais de second ordre : pourquoi ? […] Je ne vois pas comment et par où l’observation du « milieu intérieur » est d’un ordre plus élevé que l’étude des effets du dehors sur ce milieu. […] professeurs éminents que vous êtes, bon goût, bon sens, bon ordre, moralité, idéal, c’est ce que tout honnête lettré peut mettre dans un livre ! […] L’ordre est rétabli par la troupe.
Peut-on donner les ordres majeurs à un clerc dont le cheval, emporté, a tué une femme ? […] Le mensonge est à l’ordre du jour… Ne croyez point du tout sur ce début que je veuille faire un article politique. […] La Restauration accepta l’ordre nouveau et rétablit en partie l’ordre ancien. […] Il y avait deux noblesses, l’ancienne et la nouvelle ; mais ni l’une ni l’autre ne formait un ordre particulier dans l’État. […] On peut dire, sans une exagération trop violente, que la noblesse française de second ordre date, pour une bonne moitié de son contingent, du règne de Louis-Philippe.
Mais ni les malheurs futurs des Troyens, de ma mère Hécube elle-même, ni ceux du roi Priam et de mes frères ne me touchent autant que ton propre sort, quand un Grec féroce t’entraînera tout en pleurs, privée de ta douce liberté ; quand dans Argos tu tisseras la toile sous les ordres d’une femme étrangère, et que, forcée par l’inflexible nécessité, tu iras chercher l’eau des fontaines de Messéide ou d’Hypérée. […] Et si on ajoute à cette admiration que cet interprète si intelligent, si fidèle et si éloquent, décrit, parle et chante dans une langue aussi divine et aussi harmonieuse que sa pensée ; si on ajoute que cette langue cadencée et transparente comme les vagues et comme l’éther dont il est entouré dans ses paroles rythmées, l’ordre logique des idées, le nœud puissant et serré du verbe qui relie en faisceau la phrase, la clarté du plein jour sous un soleil d’Orient, la force de l’expression, la délicatesse des nuances, la saillie du marbre, la vivacité des couleurs, la sonorité des armures d’airain dans le combat, des vagues de la mer dans les cavernes du rivage, le sifflement de la tempête dans les vergues et dans les voiles, le susurrement du zéphire dans les brins d’herbe ou dans les feuilles des forêts, enfin jusqu’aux plus imperceptibles palpitations du cœur dans la poitrine des hommes, on reste confondu, en présence d’un tel prodige d’expression, de tout ce que les sens perçoivent, de tout ce que l’âme sent et pense, et l’on se demande par quel étrange phénomène le plus ancien des poètes en est en même temps le plus parfait, par quel contresens apparent le génie poétique de la Grèce sort des ténèbres le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre à la main ; et on ne peut s’empêcher de se récrier sur le blasphème ou sur la cécité de ceux qui préconisent notre vieille jeunesse au détriment de cette jeune antiquité. […] « Aussitôt, dit le poète, la belle Junon, docile aux ordres de son époux, vole des sommets de l’Ida jusque dans le vaste Olympe. […] Thétis, mère d’Achille, se rend à l’ordre de Jupiter, et va dans la tente d’Achille parler à son fils.
Il y a un ordre administratif qui ôte tout effet à cette exhibition. […] Après tout, ces filles ne me sont point déplaisantes, elles tranchent sur la monotonie, la correction, l’ordre de la société, elles mettent un peu de folie dans le monde, elles soufflettent le billet de banque, et elles sont le caprice lâché, nu et libre et vainqueur, à travers un monde de notaires et ses raisonnables et économiques joies. […] D’ordinaire, le grand-père le faisait dîner avec les domestiques, ne donnant l’ordre de mettre son couvert à table que dans les grandes occasions. […] Et quels hommes, même de second ordre : Rivarol, Chamfort.
Dans ces mêmes plaines de la Plata vivent l’Agouti et la Viscache, représentants américains de nos Lièvres et de nos Lapins, ayant les mêmes habitudes et appartenant au même ordre des Rongeurs, mais présentant dans leur structure un type tout américain. […] Il est bon de noter que certains ordres se montrèrent beaucoup moins capables que d’autres de supporter cette épreuve : j’expérimentai sur neuf Légumineuses, et, à l’exception d’une seule, elles résistèrent assez mal à l’eau salée : sept espèces des deux ordres alliés, les Hydrophyllacées et les Polémoniacées, furent toutes tuées par un mois d’immersion. […] Il en est de même de l’ordre, il en est de même de la classe.
Et c’est ainsi qu’il a pu être tout à la fois un artiste incomparable et un savant de premier ordre. […] Taine sera un professeur très distingué, mais de plus et surtout un savant de premier ordre, si sa santé lui permet de fournir une longue carrière. […] Mais en même temps il est fidèle à ses habitudes d’ordre méthodique et de construction régulière. […] Elle fut la gardienne vigilante de son travail, elle fit respecter sa solitude, elle mit autour de lui l’ordre et le calme. […] Taine est un esprit distingué qui, tôt ou tard, fera honneur à l’École par des publications d’un ordre sérieux.
tout est parfait et magnifique, à cause de l’étendue, de la variété, de l’ordre, du commencement et de la fin. […] Le moine défroqué lui demanda s’il oserait entreprendre de remettre en ordre ses cheveux déformés par un long voyage et le défaut de talent de celui qui les avait coupés en dernier lieu. […] Cependant on pourrait très bien classer les articles d’une revue ou d’un journal dans l’ordre d’un dîner. […] * * * Il se forme un ordre de chevaliers pour la destruction du Réalisme, les chevaliers de la Grâce fugitive. […] Il bâtit ses aperçus sur le retour de ces similaires, ce qui le rend apte à juger de tout ce qui est dans l’ordre ; mais en tout ce qui se présente pour la première fois, sa science retourne à son origine.
Toutes ces petites coteries littéraires qui s’étaient formées à l’imitation de l’hôtel de Rambouillet, et qui n’en étaient, à vrai dire, que la caricature, témoignaient d’un besoin de voir régner, jusque dans les choses de l’esprit, quelque ordre et quelque discipline. […] Sous l’influence de cette action souveraine on voyait l’ordre se rétablir, la paix régner dans les provinces, la justice y pénétrer, la probité rentrer dans les affaires, le commerce, l’industrie, les arts, attirés et transplantés de Flandre ou d’Italie en France, y prendre comme un nouvel essor. […] Galamment et tout doucement, ils font entrer pour la première fois dans la littérature tout un ordre d’idées ou de faits qui jusqu’alors y étaient demeurés étrangers. […] Il ajoute plus loin : « L’on a mis dans le discours tout l’ordre et la netteté dont il était capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » C’est ce qu’il a fait lui-même, et c’est ce que son exemple encourage les autres à faire. […] Enfin et plus récemment ils ont été de nouveau révisés, et classés pour la première fois dans l’ordre chronologique, par M. l’abbé Lebarq, dans son édition ses Œuvres oratoires de Bossuet, Paris, 6 vol. in-8º, 1890-1896 ; Desclée et de Brouwer.
Aujourd’hui que, selon une expression mémorable, la pyramide a été retournée et replacée dans son vrai sens, quand la société est remise sur sa large base et dans son stable équilibre, ne serait-il pas plus simple, dans cet ordre aussi de récompenses dramatiques, de rendre aux choses leur vrai nom, d’encourager ce qui a toujours été la gloire de l’esprit aux grandes époques, ce qui est à la fois la morale et l’art, c’est-à-dire l’Art même dans sa plus haute expression, l’Art élevé, sous ses diverses formes, la tragédie ou le drame en vers, la haute comédie dans toute sa mâle vigueur et sa franchise ?
Il dira, en parlant de l’illustre critique hollandais : « le grand Valckenaer », mais en même temps il applaudira le grand Mirabeau ; il palpite pour la liberté qu’il ne sépare point, une fois gagnée et reconquise, de l’ordre et du respect pour les lois.
Je n’ai pas été peu surpris, il y a un ou deux mois, de lire un matin (7 juin 1866), dans le journal intitulé l’Événement et qui n’est censé s’occuper que de sujets à l’ordre du jour, la critique d’un discours que j’avais prononcé autrefois sur la tombe d’un de mes amis, le docteur Armand Paulin, discours qui n’avait pas moins de neuf années de date (ce que le critique se gardait bien de dire), discours oublié de moi-même et que je n’avais jamais songé à recueillir dans aucun de mes volumes de Mélanges, publiés depuis.
Ce livre est le premier qui paraisse, résumant cet ordre de conférences institué depuis un an environ.
Tel fut Eugène ; il mérita d’être compté au nombre des premiers disciples du maître dont il embrassa la foi, et maintenant il reçoit au milieu de nous la récompense de ses mérites. » Eugène fut un théologien du premier ordre ; né dans la religion juive, il ne passa point ses premières années au milieu de cette indifférence convenue et de cette tiédeur morale qui est la plaie de tant de familles chrétiennes.
Il n’en est pas à son coup d’essai ; c’est le troisième volume qu’il donne dans le même ordre d’idées religieuses.
Il la regarde et l’interprète selon le besoin de son cœur ; il y réalise son rêve d’ordre, d’harmonie, de bonté universelle, que la société avait trompé.
Un général qui commande une armée et dirige une bataille, compte sur l’obéissance de ses officiers et de ses soldats : est-il moins confiant dans le résultat de ses ordres que quand il accomplit quelque acte matériel, comme tirer une épée ou sceller une dépêche ?
La dissolution de la société de Rambouillet fut l’époque ou commencèrent des sociétés d’un autre ordre, et où s’introduisit dans la langue un mot nouveau, dont la naissance atteste celle de la chose ou de l’espèce de personnes qu’il désigne, le mot précieuse.
Mais c’est précisément par la variété & le charme inexprimable de son style, que ce Poëte mérite, de l’aveu de tous les gens de goût, d’être placé parmi les Ecrivains du premier ordre.
La maniere de concevoir & de sentir, le mouvement & l’ordre des idées, la tournure de l’expression, une certaine forme d’exister & de vivre dans ses Ouvrages, qui lui est particuliere.
J’y ai vu ce que peu de livres laissent transparaître : le souci de l’avenir des races, l’intérêt de leur ordre et de leur force, la passion d’un art plus humain et plus réel, le solennel amour de la vie harmonieuse, la pitié et la charité à toutes les pages.
Nous avons vu que Spencer admet une association spontanée de chaque état de conscience avec la classe, l’ordre, le genre, la variété des états de conscience antérieurs et semblables ; cette association est un acte de pensée qui ne peut jamais manquer dans un être doué de cerveau ; elle enveloppe la reconnaissance même de chaque état de conscience : c’est grâce à elle que les changements intérieurs, au lieu d’être une pure succession de changements sans lien, deviennent une combinaison de changements organisés et conscients de leurs rapports.
Un grand poète est un écrivain d’un ordre supérieur aux autres ; quand on a cette prétention, il est juste de la payer.
Les individualités assez fières pour se mettre à l’écart de leur temps et se consacrer vaillamment à un travail qui n’importe qu’à quelques esprits d’un ordre élevé sont des exceptions qui, chaque jour, deviennent plus rares, et l’Histoire des ducs de Normandie n’en a pas révélé une de plus.
Seulement, puisque aujourd’hui on la réimprime, comme on réimprimait hier aussi les Lettres d’Héloïse et d’Abailard, — une production du même ordre pour la fétidité de l’inspiration et la nullité du talent, — il faut bien que la Critique littéraire, indignée d’un tel choix de publications, y fasse barre avec son mépris !
n’a pas pu faire une comédie, même de second ordre.
D’un autre côté, la Critique pourrait admettre encore que si Alexandre Dumas fils n’avait pas cette puissance de détails qu’ont les grands inventeurs dans l’ordre du roman comme Balzac, il était bien capable — lui qui passe pour l’esprit le plus dramatique de notre temps quand il s’agit de mettre en œuvre une idée quelconque, lui qui fait de l’arrangement d’un drame une espèce de création, lui, enfin, l’orthopédiste dramatique qui redresse les enfants mal venus, mal bâtis, bossus ou bancroches, et qui dernièrement a failli faire de ce talent-là une industrie, — de tailler quelque chose de grand, de profond et de nouveau, dans l’idée commune de son roman que lui ont soufflée ses habitudes de théâtre, et de se rattraper de son impuissance radicale de romancier sur son habileté de grand poète dramatique, puisqu’on dit qu’il l’est ?
Je vois bien que le métaphysicien de ce livre de métaphysique est un physicien de premier ordre, que le psychologue est un fameux physiologiste et aussi un algébriste et un géomètre, et je crois jusqu’au crocodile !
III Césara, le héros du roman que Paul Meurice soude à toute cette étincelante philosophie, est donc un Chevalier de l’Esprit, mais dans l’ordre et l’action politiques.
En suivant l’ordre des temps, nous trouvons un panégyrique prononcé par Eumène pour l’établissement des écoles publiques d’Autun.
» À travers nos suppressions, ce petit monument d’ordre composite ressemble à ces œuvres d’architecture étayées et retouchées à des époques diverses.
Ce talent n’était pas assez fort ni assez original pour se créer à lui-même un genre, une langue et un rythme, et il ne fallait rien moins que tout cela alors, du moins dans l’ordre lyrique, dans tout ce qui était odes, élégies, méditations, si l’on voulait être un poète de la jeunesse, un de ceux dont elle saluerait l’avènement avec transport. […] Dans ses chambres sans ordre et remplies de livres, Ampère avait un placard caché où se trouvaient ces chères reliques qu’il a été donné à bien peu de ses amis, même de ceux qui vivaient le plus près de lui, de voir et de connaître. […] Ils appartenaient chacun à un ordre et à un mouvement d’idées antérieur. […] Il n’aurait plus été aux ordres de l’une ou de l’autre de ses nombreuses et brillantes facultés à toute heure : il n’en aurait pas eu seulement la dépense et le plaisir, il en aurait eu l’économie. […] (Lettre de M. de Chantelauze.) » — Il n’y a rien là qui ne rentre dans l’ordre des évolutions que nous voyons tous les jours s’accomplir (non sans quelque surprise) chez des esprits distingués et vieillissants de la même génération qu’Ampère.
. — Voyons donc dans quel ordre se déroule la comédie de M. […] Le Sultan la rappelle à l’ordre « Ah ! […] Est-ce encor par votre ordre ? […] Car, ne vous y trompez pas, c’est bien un événement du même ordre que l’on célébrait l’autre jour. […] Ils se rangent en bon ordre des deux côtés de la scène et ne bougent plus.
Car enfin, dans l’ordre de la civilisation, comme dans l’ordre de la nature, nous sommes gouvernés par la nécessité. […] Cet ordre assure la sécurité de la vie. […] Mais, c’est l’ordre universel. […] L’ordre de la pensée fait tout le style ; le reste n’est que manie, grimace et caprice. […] Pourtant c’est à ce seul prix qu’on entre heureusement dans les ordres.
Mais elle est restée grande artiste par la vie donnée aux personnages, et écrivain de premier ordre par la beauté magistrale des récits. […] Jamais sa fougue n’a pu s’enchaîner à l’ordre, à la proportion des divers épisodes d’un récit. […] Comme il y a mis de l’ordre et de la clarté ! […] Tes désirs sont pour nous des ordres. […] Le Beau Solignac est, dans l’ordre des temps, postérieur de vingt années environ aux Muscadins.
Quoi qu’il en soit, succédant, par l’ordre de la réimpression, aux Fêtes Galantes et aux Romances sans Paroles, voici, après vingt-deux ans de quelque oubli, mon œuvre de début dans toute sa naïveté parfois écolière, non sans, je crois, quelque touche par-ci par-là du définitif écrivain qu’il se peut que je sois de nos jours. […] Et jusqu’à nouvel ordre je m’en tiendrai là. […] Quoi qu’il en soit, voici, seulement expurgé des apocryphes en question et classé aussi soigneusement que possible par ordre de dates, mais, hélas ! […] Ce que je reprochais l’autre fois à l’écrivain en question reposant sur le même ordre de choses, c’est-à-dire, pour tout résumer en deux mots, sur le passionisme et l’inspirantisme transcendantaux de ce critique consciencieux, mais égaré, je prendrai la liberté de vous renvoyer pour toute appréciation générale des doctrines au n°1 du présent journal et me contenterai, dans ce court aperçu, de relever quelques détails par trop gais. […] Elle est à l’ordre du jour, — et M.
Ce faisant, loin de troubler l’ordre établi, il y concourt, son rôle étant de transmuer en inquiétudes intellectuelles et morales les appétits de la brute innocente et par conséquent de créer un mouvement vers des sphères plus hautes. […] L’épée flamboyante, au fourreau, lui bat les mollets, soutenue par un baudrier de cuir qui porte également les armes de Démiourge et, en outre, cette inscription : Ordre céleste. […] Il prétend encore qu’à la suite du jugement, vous soyez sous ses ordres, comme il fut si longtemps sous les vôtres. […] Ce qu’il voit, en ce moment, contrarie par trop violemment l’ordre habituel de ses pensées pour ne pas le troubler. […] Sur l’invitation de Grymalkin, tous prennent place autour de la table dans l’ordre suivant : à droite et à gauche du Démon, le baron Ghetto et M.
Voici qu’à ces causes d’ordre privé qui peuvent déjà si gravement fausser la vérité, s’ajoutent les divisions politiques, religieuses, littéraires, nationales ! […] Sarcey et s’impose ainsi pour les discuter un ordre quasi géométrique. […] « L’œuvre, avec les qualités dont elle porte le vivant témoignage, pouvait être d’un certain ordre ; elle n’est déjà plus que de l’ordre immédiatement inférieur17. » Ainsi encore « la grande histoire » est pour lui celle des rois, des traités et des batailles : celle des peuples, des mœurs, des idées, n’est, paraît-il, que la petite histoire. […] D’ordinaire il s’avance avec ordre, lenteur, solennité ; il s’espace, il prend du champ ; il se plaint de n’avoir jamais assez de place. […] Mais c’est bien autre chose, quand celui qui parle est à la fois un être très sensible et un analyste de premier ordre : il sent plus que le commun des mortels et il sait mieux aussi débrouiller ce qu’il a senti.
Quoique l’ordre, selon lequel le traducteur en a rangé les traités, ne soit pas celui de leur date, je m’y conformerai, parce que je ne vois aucun avantage à m’en éloigner. […] Sénèque a du style et de l’ordre ; pour s’en convaincre, il suffirait de suivre les énoncés des chapitres d’un de ses traités les plus étendus, celui de la Colère. […] Ces traits que j’ai transcrits sans ordre, se trouvent, les uns dans les Lettres qui précèdent, les autres dans celles qui suivent. […] J’obéis plus volontiers, quand la raison des ordres que je reçois m’est connue. Lorsque notre philosophe dit ailleurs que les lois contribuent au bonheur quand elles sont autant des enseignements que des ordres, ne se réfute-t-il pas lui-même ?
À l’égard de Gorgias, il m’était assurément fort utile pour m’exercer à la déclamation, mais j’ai obéi aux ordres de mon père, qui a voulu que je cessasse de le voir. » On sait d’ailleurs que ce Gorgias était un corrupteur de la jeunesse, redouté des parents. […] Horace commanda, en effet, une légion sous les ordres de Cassius, et il la commanda avec honneur. […] Les repas qu’il donnait à ses amis étaient de la plus extrême simplicité ; il les égayait seulement pour ses convives d’un peu de musique. » Horace, informé par Mécène de ce désir d’Auguste, qui eût été pour tout autre un ordre, s’excusa sur sa mauvaise santé, préférant son indépendance à une fortune tardive et inutile à son bonheur.
Quant aux éventualités que peut faire naître le départ de Rome du souverain-pontife et son arrivée en France, je puis d’autant moins vous en entretenir en ce moment, qu’avant de rien arrêter sur une matière aussi grave, nous aurions à prendre les ordres de l’Assemblée nationale. […] Il résulte qu’aussitôt l’évasion du pape connue, ordre fut donné à M. de Corcelles de considérer sa mission comme terminée, à la brigade réunie à Marseille de ne point s’embarquer. […] Un dictateur n’aurait point laissé écrire par son ministre qu’à l’Assemblée nationale seule il appartient de déterminer la ligne politique à suivre, et qu’avant de rien statuer, il aura à prendre les ordres de l’Assemblée.
Après Terracine, le chemin était couvert de postes de soldats volontaires qui ne recevaient d’ordre que de leur caprice, et qui, voyant en moi un agent diplomatique français, se figuraient que j’apportais à la révolution l’appui de la France contre la Sainte-Alliance, et m’accueillaient de leurs acclamations. […] Il était l’oracle secret de la monarchie absolue, oracle que nous avions l’ordre d’interroger dans tous les cas soudains et difficiles. […] Se doutait-il alors qu’il régnerait vingt ans en Piémont sous la tutelle de l’Autriche et sous l’influence absolue des jésuites, et qu’il reprendrait, vingt ans après, les ordres des carbonari, les armes contre l’Autriche, les conspirations contre le pape, le patronage de la France révolutionnaire, et qu’il laisserait l’Italie conquise et tous les princes, ses collègues et ses parents, chassés par son fils de ces mêmes palais où lui-même avait reçu l’hospitalité de famille ?
Les discussions passionnées sur l’éducation se produisent chez un peuple à tous les moments de crise morale, quand la société, lasse de ce qui existe, aspire à un ordre nouveau ; elles annoncent, elles marquent la fin d’un régime. […] Compayré rappelle164 qu’au début du xviie siècle les cahiers d’un rhéteur de la décadence nommé Aphtonius jouirent dans les collèges d’une estime singulière ; or les exercices littéraires imaginés par cet obscur praticien en l’art de bien dire étaient d’une rigoureuse uniformité ; l’ordre des développements y était toujours le même ; la marche de la pensée y était réglée comme celle d’un automate. […] Elle ne daignera jamais admettre Molière, ce moqueur ; elle ne subira Boileau que sur un ordre formel de Louis XIV ; elle recevra de mauvaise grâce La Bruyère ; c’est presque à contre-cœur qu’elle se laissera envahir par les maîtres de la génération nouvelle.
Nous achetons les Débats, et nous trouvons dix-huit colonnes d’éreintement, dans lesquelles Janin nous accuse d’avoir fait un pamphlet contre notre ordre, un tableau poussant au mépris des lettres. […] Il envoyait aussitôt à Pélissier l’ordre de tenter l’assaut sur un endroit qu’il lui indiquait, toutefois sans pouvoir lui mander sur quoi il fondait la certitude de son succès. […] Et chose étrange, l’horreur du dessous est si bien dissimulée sous les draps blancs, la propreté, l’ordre, la tenue, qu’il nous reste de cette visite — c’est très difficile à donner la note juste — quelque chose de presque voluptueux et de mystérieusement irritant ; il nous reste de ces femmes entrevues sur ces oreillers bleuâtres, et transfigurées par la souffrance et l’immobilité, une image qui chatouille sensuellement l’âme et qui vous attire par ce voilé qui fait peur.
Les préceptes religieux qui sont généralement de cet ordre ont pu prendre l’imagination, modifier nos spéculations, inspirer même des actes antinaturels ; ils n’ont jamais dicté de conduite ni réformé de peuple, et la permanence des grands traits de la nature humaine, dans tous les âges et dans toutes les contrées, est garante de cette impuissance des morales édictées. […] Il est donc évident, si l’on passe à un ordre de sentiments plus complexes, qu’un écrivain qui aura ressenti, pour quelque personnage de son imagination, une disposition particulière, n’en changera pas ; car il n’y aura aucune raison pour qu’elle cesse ou qu’elle se transforme tant que la conception du personnage restera la même, et, en soi, une disposition est un état d’âme un, peu susceptible de nuances ; tant que l’on déteste une personne c’est de la même façon, et tant qu’on en chérit une autre c’est de la même façon aussi. […] Les passions qu’il étudie sont des passions de second ordre et il ne lui est pas venu le désir de s’occuper des grands intérêts et des grands instincts de l’homme.
Cet ordre de mots et les autres, les plus ordinaires et les plus rares sont assemblés en phrases par une syntaxe constamment correcte et concise. […] La suite des visions n’est pas clairement symbolique ; chacune d’elles est non de fantaisie, mais extraite de livres et condense en quelques lignes tout un ordre de renseignements positifs ; enfin elles sont choisies aussi pour leur beauté et leur mystère ; à tel point que l’on peut tour à tour considérer la Tentation soit comme un poème didactique, soit comme un tableau des époques antiques jusqu’au bas-empire, soit comme un admirable et précieux ballet où se mêlent la fantaisie et les magnificences. […] Le mot, qui, selon les linguistes allemands (Steinthal, Geiger), est à l’idée ce que le cri est à l’émotion, ne peut constituer l’antécédent de l’idée, que lorsque le langage, énormément développé par des génies verbaux de premier ordre, devient quelque chose que l’on apprend, que l’on emmagasine, et non un mince bagage traditionnel, qu’il faut utiliser et augmenter selon ses besoins.
Sa troupe et lui représentèrent la même année devant leurs Majestés la tragédie de Nicomède, sur un théâtre élevé par ordre du roi dans la salle des gardes du vieux Louvre. […] Le lendemain on allait la rejouer ; l’assemblée était la plus nombreuse qu’on eût jamais vue ; il y avait des dames de la première distinction aux troisièmes loges ; les acteurs allaient commencer, lorsqu’il arriva un ordre du premier président du parlement, portant défense de jouer la pièce. […] Au bout de quelque temps, Molière fut délivré de la persécution ; il obtint un ordre du roi par écrit de représenter Le Tartuffe.
Il publia en 1815 un volume de Pensées sur divers objets de bien public, et une brochure toute politique, du Pacte fédéral ; c’était poser sa candidature pour le nouvel ordre de choses. […] Tous les ans d’ailleurs, un ou deux voyages servaient à convaincre l’actif vieillard « qu’il n’appartenait pas encore à la glèbe, que ses ailes n’étaient pas coupées, et que le grand livre de la nature n’était pas encore réduit pour lui à un simple feuillet. » Dans la solitude de son cabinet, quand il y trouvait la solitude, Bonstetten s’occupait continuellement de deux projets que la multitude de ses distractions et le caractère désultoire de ses goûts l’empêchèrent d’exécuter î l’un était d’écrire les mémoires de sa vie, l’autre de mettre en ordre ses papiers.
Mais ce n’est que dans ses écrits subséquents, ou d’un ordre moins local, dans les discours de sa Chrestomathie d’abord, que nous trouvons M. […] Vinet, d’une manière moins éparse heureusement, représente et réalise, en écrivain de premier ordre, tout l’autre côté de prose ingénieuse, d’originale et savante culture.
Rome luttait avec l’Allemagne, tantôt lui résistant comme parti guelfe au nom de l’indépendance sacrée de l’Italie, tantôt s’unissant à elle comme parti gibelin, au nom de l’ordre dans la Péninsule. […] Cela lui donne occasion de développer les dogmes philosophiques de Platon ; et après avoir soigneusement examiné la valeur réelle de tous les biens d’un ordre inférieur, de tous les avantages purement matériels et temporels, il conclut que ce n’est ni dans la condition brillante et élevée de l’un, ni dans l’état humble et obscur de l’autre, qu’il faut chercher le véritable et solide bonheur ; mais qu’on ne saurait le trouver, en dernière analyse, que dans la connaissance et l’amour de la première cause, de l’Être suprême et infini.
Toute cette correspondance est d’un écrivain de premier ordre : Mme de Maintenon a une propriété, une netteté, une brièveté sans sécheresse, une justesse aisée, une grâce de bon sens naturel et limpide, qui faisait rendre les armes à Saint-Simon même. […] Je veux parler des érudits, les Du Cange364, les Baluze, et tous ces bénédictins dont l’immense labeur a illustré le nom de l’ordre, les Luc d’Achery, les Mabillon, les Ruynart, les Montfaucon.
Il a donc abusé de l’antithèse et a fini par ne plus avoir, dans l’ordre physique et dans l’ordre moral, que des visions antithétiques.
Ajoutons que les inversions auxquelles elle peut obliger parfois n’apportent dans le vers ni étrangeté ni obscurité, la relation des mots les uns avec les autres n’étant pas marquée par leur ordre dans la phrase, mais par des désinences caractéristiques. […] Elle ne pouvait douter que son fils ne fût mort, car il avait expiré entre ses bras, et elle croyait qu’il avait été assassiné par ordre de Boris.
C’est un certain ordre où les gens comme lui ont toutes leurs aises, y compris, j’en conviens, un besoin de justice générale satisfait. […] Dirai-je aussi que chez lui l’horreur du mal sent son voluptueux, devant qui l’on parlerait d’une opération douloureuse, plutôt que la mâle aversion d’un honnête homme, et que son amour du bien est surtout l’amour de l’ordre ?
C’est pour cela qu’il est si cher à une certaine classe de lettrés, outre son désordre, dont l’attrait n’est pas médiocre pour les gens qui ne goûtent pas l’ordre. […] Les pères endettés pour les mois de nourrice de leurs enfants, s’y réfugieraient contre les gens de justice, et nul n’y pourrait être arrêté que sur un ordre du roi, signé de sa main.
Nulle ne fut plus pénétrée de l’inutilité de l’effort et de son impuissance à changer quoi que ce soit à l’ordre établi du destin. […] Après l’orgie révolutionnaire, l’Ordre rétabli le remet à l’attache.
Laffemas a reçu ordre du cardinal de découvrir celui que Diane aime ; car il lui faut la vie de celui qui a conspiré sa mort. En présence de celle qu’il aime, le sbire, qui soupçonne de Pienne, vient lui remettre un ordre de départ pour l’armée qui l’envoie à la brèche, au péril, à l’avant-garde, et il épie, d’un regard oblique, l’impassible physionomie de Diane, qui pressent le piège et contient son cœur.
Vous avez encore, dans le même ordre d’idées, le Loup et le Chien. […] Il est envoyé, par les ordres de la Destinée qui préside au sort des Follets, il est envoyé des Indes en Norvège, dans les pays du Nord.
En s’exerçant avec Clymène, La Fontaine n’a pas fait autre chose qu’expérimenter son talent et s’essayer dans l’ordre d’art qu’il devait plus tard adopter et ne jamais quitter. […] Une goutte d’huile tombe sur lui, il se réveille et il est forcé d’accomplir les ordres du destin : Psyché est renvoyée, chassée et repoussée au fond du désert, et les dieux lui infligent une série d’épreuves qui, je vous le dis tout de suite, ne sont pas bien amusantes dans Apulée, et le sont à peine davantage dans La Fontaine.
On pourrait y trouver vingt autres exemples du même ordre. […] Quand un homme écrit en vue d’un public déterminé, il s’asservit inconsciemment à lui ; il en prend les préjugés, les goûts, le langage, les travers, il se condamne à évoluer dans un certain ordre de sentiments et d’idées qui sont ceux d’une coterie, d’une école et d’une mode.
L’ordre en fut donné, exécuté, et le malheureux poète, après avoir été battu, fut encore emprisonné.
Tout cela s’est passé officiellement ; c’était dans l’ordre.
nous avons la philosophie de l’histoire, qui a mis et mettra bon ordre à tout cela.
Quelques individus tout à fait supérieurs s’élèvent au-dessus, mais de combien peu ils s’élèvent, si l’on considère l’ordre général et infini !
La vraie morale à en tirer, c’est, sans s’exagérer le présent, et tout en y reconnaissant bien des grossièretés et des vices, de ne jamais pourtant regretter sérieusement un passé où de telles monstruosités étaient possibles, étaient inévitables dans l’ordre habituel.
On était dans un siècle d’analyse et de destruction, on s’inquiétait bien moins d’opposer aux idées en décadence des systèmes complets, réfléchis, désintéressés, dans lesquels les idées nouvelles de philosophie, de religion, de morale et de politique s’édifiassent selon l’ordre le plus général et le plus vrai, que de combattre et de renverser ce dont on ne voulait plus, ce à quoi on ne croyait plus, et ce qui pourtant subsistait toujours.
La ville où l’on séjourne a beau être embrouillée, inégale, tortueuse, sans ordre et sans plan, pleine de carrefours, de tréteaux de charlatans, de passages et de ruelles, de monuments inachevés dont les pierres encombrent les places, d’arcs de triomphe sans chars ni statues de vainqueurs, de clochers et de coupoles sans croix : quand le soleil est couché, quand, du haut des collines prochaines, le voyageur qui n’est pas entré dans cette ville et qui n’y a pas vécu, l’aperçoit à l’horizon dessinant sa silhouette déjà sombre sur le ciel encore rougi du couchant, il la voit toute différente ; il y distingue des étages naturels, des accidents dominants, des masses imposantes et combinées ; les édifices que la distance et l’obscurité achèvent et idéalisent à ses yeux, lui apparaissent selon des hauteurs bien diverses.
Il y avait sans doute une autre manière plus rigoureuse, plus analytique et scientifique de traiter ce sujet de l’influence de la philosophie sur la législation ; c’eût été, dans une sorte de dépouillement des écrits des philosophes, de dénombrer les propositions essentielles le plus applicables à la société selon l’ordre religieux, civil ou politique ; de suivre la fortune positive de ces propositions diverses depuis leur mise en circulation jusqu’à leur avènement régulier, depuis leur naissance à l’état d’idées jusqu’à leur terminaison en lois ; d’épier leur entrée plus ou moins incomplète dans les codes, et d’apprécier ceux-ci dans leur raison et leur mesure.
Les qualifications naturelles de la forme de Céard, c’est, d’abord, la carrure : il sertit ses vigoureuses pensées dans les formules solides qui ne les laissent point s’échapper ; c’est, ensuite, l’ordre tout musical de la composition : il y a dans ses comédies, dans ses romans, même dans ses chroniques, un thème et un rythme.
Comment l’ordre de l’univers était-il compris par les anciens ; par exemple par Pythagore, Platon ou Aristote ?
Elle s’en souciera comme d’une guigne, cela est dans l’ordre des choses, mais de tels exemples ne sont jamais complètement perdus, car il y a, en bas, toute une poussée d’esprits neufs et réfléchis — les générations de demain — qui comparent et qui jugent. » J’aurais, aujourd’hui, bien des choses à reprendre à cet article.
L’expression de « frère du Seigneur » constitua évidemment, dans l’Église primitive, une espèce d’ordre parallèle à celui des apôtres.
Souvent, il est vrai, on croit trouver dans les ordres qu’il donne à ses disciples une tendance toute contraire : il semble leur recommander de ne prêcher le salut qu’aux seuls Juifs orthodoxes 654 ; il parle des païens d’une manière conforme aux préjugés des Juifs 655.
Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur On pense bien que les causes, que l’historien cherche à surprendre, varient suivant les cas particuliers.
Il faut avouer que la Lettre de Rousseau est sans ordre, sans liaison, semée de digressions, quelquefois diffuse ; mais ce désordre est celui du génie, la lumiere & la chaleur s’annoncent par-tout.
Cet abbé, au mépris des ordres réitérés de la Sorbonne, prononçoit partout avec affectation quisquis & quanquam.
C’est cet inventaire que j’entreprends de parcourir avec vous, non par ordre de date, ce qui serait trop fastidieux, mais par catégorie de chefs-d’œuvre, ce qui nous permettra de passer d’un peuple à l’autre, et de l’antiquité à nos jours, avec une diversité de temps, de sujets et d’écrivains, qui soutiendra l’intérêt dans cette étude.
Je lui dis : comment demander, en dépit de ce qu’en pourront penser les artistes de ce pays qui à cet égard en vaut bien un autre, de l’ouvrage pour une étrangère à des ministres qui refusent des àcomptes sur celui qu’ils ont ordonné à des hommes du premier ordre ?
Ce jour la place du louvre est couverte d’artistes, d’élèves et de citoyens de tous les ordres ; on y attend en silence la nomination de l’académie.
Deux novateurs de cet ordre, deux créateurs de cette puissance ont pu imposer leurs œuvres, comme points de départ et premiers modèles d’une évolution littéraire dont l’origine et les conséquences sont ineffaçables.
Nous dirons pourquoi tout à l’heure ; mais nous commençons par l’affirmer, sans craindre qu’on le nie ou qu’on le conteste : la critique vraie, — sympathique et sévère, — qui s’adresse au public de tous les lieux et de tous les temps, et non plus au petit public du carrefour ou du quart d’heure ; la critique, ce symbole d’ordre universel, est complètement étrangère à notre temps de mœurs lâches et d’individualités mesquines.
Seulement, Harpagon est fou dans le moment de la pièce, et lui, Louis XVI, dans son Journal, a le calme, la raison, la méthode, la clarté, la mémoire, la ponctualité d’un homme d’ordre, qui, chaque soir, fait sa caisse et épluche son budget ; — et je doute même que le fameux compte rendu de Necker fût aussi exact, aussi pointilleux que le sien.
Philippiques ; Lettres sur la Liste civile ; Bilan du 15 mars 1831 ; Lettres sur la condamnation de la « Tribune » ; Pétition pour le droit électoral ; Rendez-moi mes lapins ; Questions scandaleuses d’un Jacobin au sujet d’une dotation (1840) ; Avis aux contribuables (1842) ; Ordre du jour sur la corruption électorale et parlementaire ; Défense de l’évêque d’Angers, de l’évêque de Périgueux, du cardinal de Bonald ; Feu !
Magnier a cherché à hiérarchiser par ordre de mérite les trois parties de ce poème prodigieux : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis, et il a montré une grande sûreté de tact et de jugement dans cette opération difficile.
Même saint Thomas dans le problème humain, dans l’ordre des connaissances naturelles, ne peut rien quand il s’agit d’ajouter une certitude à celles que l’esprit de l’homme craint de ne pas avoir.
Quand on a lu ce triste et traître morceau, impossible de se méprendre sur l’incurable faiblesse d’esprit d’un homme qui a osé écrire au front de son livre les mots d’histoire et de philosophie religieuse et qui, précisément dans ces deux grands ordres d’idées, ne procède que par sophismes vulgaires et a démontré qu’il n’y avait en lui que la pauvreté de l’erreur.
L’Enfant sublime n’était qu’un enfant· Celui qui, dans l’ordre de la Poésie, représente le mieux la jeunesse interrompue d’Achille, Byron lui-même, Byron dont je viens de tant parler, n’a pas été poète du soir au matin.
Quoi qu’il en soit, avant de prononcer tant de panégyriques en l’honneur de ce prince, il eût peut-être fallu en demander la permission aux enfants, aux pères et aux épouses de tous les malheureux que ses soldats avaient assassinés par son ordre.
C’est pour la fête du martyr, dont il occupait la chaire épiscopale, qu’il revint aux goûts poétiques de sa jeunesse, et exprima dans un des mètres d’Horace ces sentiments d’un ordre si nouveau.
Alors, j’ai donné au sacristain l’ordre de fermer l’église. […] Le commandant du fort communique au prisonnier les instructions officielles, venues de Paris : « Ordre de faire feu sur le détenu à la moindre tentative d’évasion, et, si on tentait de l’enlever, ordre de le fusiller sur-le-champ et de ne livrer aux assaillants qu’un cadavre. » C’est le carcere duro. […] On l’accueille à la table des maisons bourgeoises, et même de certains châteaux, comme un des derniers défenseurs de l’ordre, comme le boulevard de la propriété et le rempart du capital. […] Je croirais plutôt que M. le président et M. le ministre, en signant et en contresignant cet ordre ingénieux, ont obéi à une arrière-pensée de littérature. […] Les casinos, les hôtels (tous de premier ordre, naturellement), les cabines, les cafés, les villas se multiplient dans les vallées de la Bidouze, de la Nive et de la Nivelle.
Il contribue, pour sa part, au règne de l’ordre, si profitable aux mortels. […] Mais les ordres étaient pressants ; l’échéance souvent très rapprochée. […] Enfin, à la suite de la banqueroute du Père Lavalette, la suppression de l’Ordre est résolue. […] Bref, le 3 mai 1762, le Collège Louis-le-Grand reçut l’ordre de congédier au plus tôt maîtres et élèves. […] Mais, pendant que les orages battaient les murs, l’ordre y régnait.
Redoutable Dieu, qui ne ressemble guère à la calme intelligence qui sert aux philosophes pour expliquer l’ordre des choses, ni à ce Dieu tolérant, sorte de roi constitutionnel que Voltaire atteint au bout d’un raisonnement, que Béranger chante en camarade et qu’il salue « sans lui demander rien. » C’est le juste Juge impeccable et rigide, qui exige de l’homme un compte exact de sa conduite visible et de tous ses sentiments invisibles, qui ne tolère pas un oubli, un abandon, une défaillance, devant qui tout commencement de faiblesse ou de faute est un attentat et une trahison. […] Le cardinal Wolsey écrit au pape que « les prêtres séculiers et réguliers commettent habituellement des crimes atroces pour lesquels, s’ils n’étaient pas dans les ordres, ils seraient promptement exécutés334, et que les laïques sont scandalisés de les voir non-seulement échapper à la dégradation, mais jouir d’une impunité parfaite. » Un prêtre convaincu d’inceste avec la prieure de Kilbourne est condamné pour toute peine à porter une croix à la procession et à payer trois shillings et quatre pence ; à ce taux, je réponds qu’il recommencera. […] En vain nous essayons, nous autres descendants des races ariennes, de nous figurer ce Dieu dévorateur ; nous laissons toujours quelque beauté, quelque intérêt, quelque portion de vie libre à la nature ; nous n’atteignons le Créateur qu’à demi, avec peine, au bout d’un raisonnement, comme Voltaire et Kant ; nous faisons de lui plus volontiers un architecte ; nous croyons naturellement aux lois naturelles ; nous savons que l’ordre du monde est fixe ; nous n’écrasons pas les choses et leurs attaches sous le poids d’une souveraineté arbitraire ; nous ne nous figurons pas le sentiment sublime de Job qui voit le monde frissonner et s’abîmer sous l’attouchement de la main foudroyante ; nous ne nous sentons plus capables de soutenir l’émotion intense et de répéter l’accent extraordinaire des Psaumes, où, dans le silence des êtres pulvérisés, rien ne subsiste que le dialogue du cœur de l’homme et du Dominateur éternel. […] Abroger, c’est abolir ou réduire à néant ; et ainsi la loi des commandements qui consistaient dans les décrets et les cérémonies est abolie ; les sacrifices, repas, fêtes et toutes les cérémonies extérieures sont abrogés ; tout ordre de clergé est abrogé. » L’est-il, et comment se fait-il que les évêques s’arrogent encore le droit de prescrire la foi, le culte, et de tyranniser les consciences chrétiennes ? […] En 1644, dit le docteur Featly, « les anabaptistes rebaptisèrent cent hommes et femmes ensemble au crépuscule, dans des ruisseaux, dans des bras de la Tamise et ailleurs, les plongeant dans l’eau par-dessus la tête et les oreilles. » Un certain Oates, dans le comté d’Essex, « fut traduit devant le jury pour le meurtre d’Anne Martin, qui était morte, quelques jours après son baptême, d’un froid qui l’avait saisie. » Fox conversait avec le Seigneur, et témoignait à haute voix, dans les rues et dans les marchés, contre les péchés du siècle. « William Simpson397 (un de ses disciples) reçut l’ordre du Seigneur d’aller à plusieurs reprises, pendant trois ans, nu et sans chaussures devant eux, comme un signe pour eux, dans les marchés, dans les cours, dans les villes, dans les cités, dans les maisons des prêtres, dans les maisons des hommes puissants, leur disant : Vous serez tous dépouillés et mis à nu, comme je suis dépouillé et mis à nu. — Et d’autres fois il reçut l’ordre de mettre un sac sur sa tête, et de barbouiller sa figure, et de leur dire : Le Seigneur barbouillera votre religion, tout comme je suis barbouillé moi-même. » Une femme entra dans la chapelle de White-Hall complétement nue, au milieu du service, le lord Protecteur étant présent.
Bien qu’avec le grand roi l’ordre et la discipline s’établissent dans les esprits comme dans l’état, cette société si bien réglée recèle encore quelques indices de trouble moral. […] Cependant, par une anomalie assez bizarre, la poésie de la Révolution et de l’Empire est restée, dans cet ordre d’idées, fort au-dessous de la prose. […] Quand la Terreur eut cessé, quand la France retrouva un peu d’ordre et de calme, Mme de Beaumont rentra à Paris ; elle ouvrit un salon dont Chateaubriand fut bientôt le centre. […] Avant Lamartine, il n’est sous la Restauration qu’un poète qui, dans le même ordre d’idées, soit digne d’être signalé. […] L’infirmité d’Olivier, la couleur d’Ourika, la naissance d’Édouard ne sont que des preuves d’ordres divers à l’appui de cette proposition désolante.
La première partie est, au contraire, de tout premier ordre. […] Ce sont les hommes de second ordre, les hommes qu’on appelle « hommes de talent » qui en ont une. […] Tous les « types » qu’il a créés et qui resteront sont de cet ordre et comme de ce département de l’espèce humaine. […] Le général n’attend qu’un ordre du préfet pour faire tirer. […] C’était de tout premier ordre.
. — L’ordre et l’agrément. — Quel genre de beauté et quelle sorte d’idées les Français ont apportés dans le monde. […] Il faut, pour qu’il comprenne, que la seconde idée soit contiguë à la première, sinon il est dérouté et s’arrête ; il ne sait pas bondir irrégulièrement ; il ne va que pas à pas, par un chemin droit ; l’ordre lui est inné ; sans étude et de prime abord, il désarticule et décompose l’objet ou l’événement tout compliqué, tout embrouillé, quel qu’il soit, et pose une à une les pièces à la suite des autres, en file, suivant leurs liaisons naturelles. […] Solidarité et lutte : voilà les deux effets de ce grand établissement réglementé qui forme et maintient en corps, d’un côté l’aristocratie conquérante, de l’autre la nation conquise ; de même qu’à Rome l’importation systématique des vaincus dans la plèbe, et l’organisation forcée des patriciens en face de la plèbe, enrégimenta les particuliers en deux ordres dont l’opposition et l’union formèrent l’État. […] Ils maintiennent les garanties du sujet aux dépens de la sécurité du public et préfèrent la liberté turbulente à l’ordre arbitraire : mieux vaut souffrir des maraudeurs qu’on peut combattre que des prévôts sous lesquels il faudrait plier. […] La guerre des Deux Roses releva encore les communes : avant les batailles, ordre fut donné souvent de tuer les nobles et d’épargner les roturiers.
Et, d’abord, le suicide rentre dans les moyens extraordinaires employés par la tragédie du second ordre. […] Or, voici comment s’aperçut Jean Monteil que l’ordre revenait peu à peu. […] Lucain, ce grand poète, aimé à bon droit de Corneille, se hâte de lire la Pharsale avant que le tyran lui envoie l’ordre de mourir. […] Tout en prêchant l’ordre et l’obéissance, il était lui-même un de ces esprits indisciplinés qui ne savent jamais obéir bien longtemps. […] On a sous ses ordres des espèces de soldats indisciplinés, qui tiennent une plume et qui n’obéissent guère.
Après ce qui précède on ne saurait demander à ces leçons les qualités d’ordre et de suite qu’on est en droit d’exiger d’un traité dogmatique, et on doit leur appliquer une critique d’une tout autre nature. […] Le rôle réel des fluides salivaires, celui qu’avaient, du reste, déjà adopté les anciens, est d’ordre purement mécanique, et sert à la mastication, à la gustation et à la déglutition. […] Une autre question se présente ici : celle de savoir si le suc pancréatique est identique chez les différents animaux, herbivores, carnivores, ou chez ceux appartenant à des ordres ou à des classes différentes. Nous l’avons trouvé à peu près semblable chez des animaux d’ordres différents : il a les mêmes caractères chez le chien et chez le cheval ; il se présente de même chez le lapin, ainsi que nous l’avons constaté. […] Un autre ordre de preuves, intéressant à plusieurs égards, consiste à supprimer la sécrétion pancréatique autant que possible, et à donner à l’animal des substances grasses à manger.
Ce que le récit perd en ampleur et en ordre, il le gagne en fougue, en clartés brusques, en saveur vigoureuse et âpre. […] Ce soin de choix et d’exactitude profite à maints auteurs de second ordre jusqu’à prêter l’apparence d’être du premier. […] Le branle-bas sonne ; les porte-voix transmettent-les ordres, les sabords s’ouvrent ; les grappins aident l’abordage ; les boulets trouent les carènes. […] Le dix-septième siècle fut, en tout, une époque d’ordre et de logique. […] Ils eurent dans l’esprit de la sagesse, de la fermeté et de l’ordre.
Aussi, dès que le drapeau interdit se montre, arrestations, bousculades, ordre de faire feu ; il reste sur le carreau cinq ou six cents victimes, dont une soixantaine de femmes ou d’enfants. […] Le socialisme est à l’ordre du jour ; il le sera plus encore cet hiver. […] Tout cela prouve l’intérêt grandissant qui s’attache à cet ordre de connaissances. […] Loin de séparer par des abîmes les différents ordres de phénomènes, l’auteur s’attache à passer de l’un à l’autre par une transition insensible. […] Or, la réforme de notre enseignement supérieur est à l’ordre du jour, — depuis longtemps, hélas !
Les voyages, les séjours dans le Midi, à Nice et à Sorrente, échouèrent à remettre en ordre cet organisme trop surmené. […] Déjà deux gros volumes ont paru, de cinq cents pages chacun, où se trouvent réunis et classés par ordre chronologique tous les papiers de Nietzsche datant de 1869 à 1876, c’est-à-dire des années de son séjour à l’Université de Bâle. […] Martin qu’il travaillait à une biographie de Disraeli, il ajoutait : « Il n’y a plus désormais rien à l’ordre du jour sinon la décomposition, intellectuelle, morale, sociale et politique. […] Marcellus Emants, en tout cas, rachètent par plus d’une qualité de premier ordre ce qu’elles ont toujours d’un peu fatigant. […] Le cercle était trop étroit, et d’un ordre trop bas.
Leur intelligence n’avait supposé aucune intelligence dans l’arrangement du globe ; tout y était dispersé sans dessein, sans ordre, et les sublimes harmonies de l’univers échappaient à leur admiration. […] Il ne voit que le désordre apparent du monde, et son génie ne peut s’élever jusqu’à l’ordre éternel qui le gouverne. […] Sa parole est un ordre, il faut lui céder ou être haï. […] IV Cependant il avait échappé aux dangers de la révolution ; le 9 thermidor et le 18 brumaire avaient tari le sang et ramené l’ordre, quand Bernardin, veuf de mademoiselle Didot et père de deux enfants, nommé membre du premier Tribunat national, comme le premier écrivain de sentiment de la France et investi d’une considération immense et d’une aisance due à son logement du Louvre, à ses opérations littéraires, à ses pensions, éprouva le désir d’assurer une seconde mère à ses enfants.
Des bulletins emphatiques, des ordres du jour d’une brièveté soldatesque, des harangues officielles de M. de Fontanes qui rappelaient les prosternements d’éloquence de Cicéron courtisan devant César, enfin quelques poésies de collège, sans âme, sans virilité dans l’accent, efféminèrent et aplatirent la langue comme le despotisme effémine les cœurs et aplatit les idées. […] J’en appelle à tous ceux qui l’ont vu ; car tous ont dû subir le charme qui l’enveloppait comme d’une atmosphère sympathique qui lui gagnait tous les cœurs. » Voici ce qu’en dit le poète Moore : « La beauté de lord Byron était du premier ordre, réunissant la régularité des formes avec l’expression la plus variée et la plus intéressante. […] … « “Nous ne demandons que l’ordre ! […] … L’ordre et la paix entre nous, voilà ce que nous voulons !
2° Quel est, d’après les événements de l’histoire et les détails que nous avons sur la vie de Virgile, l’ordre de ces petits poëmes ?
La poésie du Midi, loin de s’accorder comme celle du Nord, avec la méditation, et d’inspirer, pour ainsi dire, ce que la réflexion doit prouver, la poésie voluptueuse exclut presque entièrement les idées d’un certain ordre.
J’ai besoin de répéter que je ne comprends pas dans cette discussion, ces idées religieuses d’un ordre plus relevé qui, sans influer sur chaque détail de la vie, anoblissent son but, donnent au sentiment et à la pensée quelques points de repos dans l’abîme de l’infini.
Ce sont des hommes doux, bien meilleurs que moi, et qui ont coutume de découvrir, chaque saison, dans les pièces qui leur sont soumises, une bonne douzaine de « scènes supérieures » et de « scènes de premier ordre. » J’estime tout naturel que vous ayez plus de confiance en eux qu’en moi et que vous mettiez leur jugement fort au-dessus du mien ; mais enfin c’est le mien, et non le leur, que vous me demandiez, quand, avec l’espoir effréné que je vous trouverais du génie, vous m’avez convié à la représentation de votre drame et m’en avez même envoyé la brochure.
La plupart des acteurs fameux de la commedia dell’arte furent des gymnastes de premier ordre ; ils durent leur réputation autant à leurs tours de force ou d’adresse qu’à la vivacité de leurs reparties.
On a l’illusion qu’une révolution immense se prépare et qu’on assiste à l’enfantement d’un ordre nouveau.
D epuis long-temps, les maux qui désolent la République des Lettres, sont assez semblables à ceux qui, dans l’ordre politique, furent les présages & la cause de la ruine des Empires les mieux affermis.
L’Auteur a trop oublié que, dans un Poëme comme dans un Tableau, tout doit se rapporter au personnage principal ; que les figures du second ordre ne doivent avoir d’action, d’attitude, & d’énergie, que pour faire ressortir la figure essentielle.
Les ordres de l’état, les dignités, les places, l’argent, on prend tout, on veut tout, on pille tout.
Nous déclarons aussi tous les sectateurs & défenseurs de ses opinions, excommuniés. » La lettre du pape étoit accompagnée d’un ordre secret, aux mêmes archevêques, de faire enfermer Abailard.
Cet ordre fut la suite de sa confiance en quelques confrères du P.
On objectera sans doute que les propositions générales dans l’ordre moral, comme celles de l’abbé Dubos, souffrent des exceptions, & peuvent n’être pas moins vraies ; & que d’ailleurs il n’assigne pas une cause, mais plusieurs, qui concourent au même effet.
Elle ignore s’il a sa raison d’être, s’il existe créé par l’opinion seule ou indépendant de cette opinion que Pascal appelait la reine du monde ; s’il est enfin la transgression d’une loi d’ordre et d’harmonie ou simplement une grimace, un faux pli de l’organisation humaine, une faute ou une infirmité.
Lenient n’est qu’un professeur, et professeur d’ordre moyen.
Mais, malgré tout, la question de l’Italie, la question des gouvernements, la question de l’Ordre et de la Justice dominait cette voix qui montait d’une prison d’État méritée et qui sortait, il faut bien le dire, des lèvres d’un conspirateur !
Les religions, les gouvernements, les ordres religieux, les grands hommes et même les grands scélérats, ont eu leur histoire.
Mais, malgré tout, la question de l’Italie, la question des gouvernements, la question de l’Ordre et de la Justice dominait cette voix qui montait d’une prison d’État méritée et qui sortait, il faut bien le dire, des lèvres d’un conspirateur !
Pleine d’admiration pour les premiers siècles de l’Église qui furent si grands, pour cette période de l’histoire, la Genèse d’un nouvel univers moral dressée devant les yeux humiliés de l’Économie politique, comme ce bouclier de diamants qu’Ubald, dans le Tasse, présente à Renaud pour qu’il y mire son impuissance et sa honte, l’Académie n’a pas su conclure nettement dans le sens de cette admiration franche et souveraine, et ce n’est pas le livre véritablement chrétien, imbibé de ce catholicisme qui est le sang pur de la vérité chrétienne qu’elle a couronné, mais des livres infectés plus ou moins de ce protestantisme qui est le commencement de la philosophie, comme, dans un autre ordre, la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse.
Or, pour rester dans l’ordre littéraire, qui oserait dire que le dix-neuvième siècle n’est pas arrivé à l’heure de l’abaissement dans l’Idéal ?
En résumé c’est un poète ému, sincère, d’une nuance charmante et — puisque la poésie est l’intensité — intense à la manière des poètes de nuance, dont l’intensité, en ordre inverse des poètes de relief et d’énergie, est la transparence et la morbidesse.
Henri Heine, cet intuitif dans l’ordre des idées, qui en voit le néant et qui, de sa flèche railleuse, en traverse le vide ; ce divinateur de l’âme par le sentiment ; Henri Heine, ce prodige d’adorable esprit, a été aussi bête que Goethe (toujours Jupiter : la bêtise dans l’immensité !)
Seulement, si ces ivres admirations de la jeunesse font souvent tache, pour toute la vie, sur l’originalité qui s’en essuie plus tard sans en effacer l’influence ; si ces admirations imitatrices sont toujours en raison inverse de la force qu’on a, l’objet, d’ailleurs, en serait-il Gœthe, Lord Byron ou Balzac, je demande ce qu’elles prouvent et ce qu’elles annoncent, quand leur objet n’est qu’un écrivain d’un ordre infime, malgré des prétentions exorbitantes.
C’est du style d’ordre composite, fait de deux ou trois autres qui ont joué sur la pensée de l’écrivain, qui l’ont teinte et qui l’ont embrasée.
La cour suprême qui s’occuperait en temps ordinaire des affaires courantes de droit international, jugerait également « les difficultés de frontières, les graves questions de droit public, et même les affaires d’honneur que les nations seraient bientôt amenés à lui soumettre par une irrésistible progression. » Comme conséquence de ce vœu, la Chambre des Représentants de Belgique vient d’adopter à l’unanimité un ordre du jour « affirmant le désir de voir confier à l’arbitrage la solution des conflits internationaux et organiser à cet effet une juridiction permanente » ; et le Sénat belge vient également de voter une motion affirmant son espoir dans la contribution du gouvernement à la formation d’une cour internationale.
On composa son oraison funèbre, et elle eût été prononcée sans un ordre de la cour, qui arriva au moment où on était assemblé pour l’entendre.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté32. […] La nature, sous le pouvoir de ses yeux, prend de l’ordre. […] S’en séparer, c’est troubler l’ordre de la vie, c’est briser la mesure du chœur. […] Telle est la prescription par laquelle l’ordre est établi dans le Monde. […] Tout a eu son prix ; les choses ont été évaluées par l’or ; on s’est mis à les échanger, à violer de cette nouvelle façon l’ordre incommutable du monde.
Saint-Lambert eut le crédit et le tort d’obtenir un ordre pour faire conduire Clément au For-l’Évêque, et pour faire saisir l’édition (encore sous presse) de sa critique. […] Ce qu’il n’y a pas ajouté, et ce qui était incommunicable, à moins de l’avoir tout d’abord senti, c’est un certain art et style poétique qui fait que, dans la lutte de poëte à poëte, indépendamment de la fidélité littérale, des beautés du même ordre éclatent en regard, et comme un prompt équivalent d’autres beautés forcément négligées. […] Le comte d’Artois, devenu l’un des protecteurs les plus affectueux du poëte, le fit d’abord nommer chanoine de Moissac, dans le Quercy, puis il lui donna l’abbaye de Saint-Severin, dépendante de la généralité d’Artois, et qui n’astreignait qu’aux Ordres moindres.
Paul Contre elles, Paul Valéry est venu rétablir l’ordre et assurer le triomphe de l’esprit, en prouvant par ses chefs-d’œuvre que le dégoût de ce chaos n’est pas un préjugé bourgeois, mais s’allie très bien avec l’ascension sur les cimes et avec tous les raffinements d’un art souverain. […] Concevoir un ordre quelconque est ardu. […] » Notez que Jules Huret était un très bon journaliste, un grand reporter de premier ordre.
Tous les deux sont dans l’ordre de la nature, puisque la perpétuité de la race humaine a été attachée à cet instinct dans les êtres vulgaires, et ce sentiment dans les êtres d’élite. […] À son retour de cette téméraire expédition, Jacques Colonna, quoiqu’il ne fût pas encore dans les ordres, reçut en récompense l’évêché de Lombez. […] Mes livres, ce sont des gens de tous les pays et de tous les siècles : distingués à la guerre, dans la robe et dans les lettres ; aisés à vivre, toujours à mes ordres ; je les fais venir quand je veux, et je les renvoie de même ; ils n’ont jamais d’humeur et répondent à toutes mes questions.
Ceux qui veulent écrire ne peuvent, sous peine de faillir à leur ordre, à leur Église ou à leur trône, écrire qu’une de ces deux choses : des badinages d’esprit ou des traditions du moyen âge. […] « Ce qu’il y a de plus admirable dans l’ordre universel des choses, c’est l’action libre des êtres libres sous la main divine. […] Sa puissance opère en se jouant ; entre ses mains tout est souple, rien ne lui résiste ; pour lui tout est moyen, même l’obstacle, et les irrégularités produites par l’opération des êtres libres viennent se ranger dans l’ordre général. » Cela continue ainsi pendant plusieurs pages, pages plus semblables à une ode d’Orphée célébrant la Divinité dans ses lois qu’à un pamphlet de publiciste dépaysé contre la révolution qui l’exile.
. — Je crois que pour Wagner le poème était — pour ainsi dire — une chose bien plus fortuite que la musique ; celle-ci, au contraire, était nécessaire, elle ne pouvait être autrement, elle répondait à un ordre de vérité plus vague dans un certain sens et pour lequel la fable dramatique pouvait en conséquence varier, mais de vérité plus profonde dans sa généralité, plus certaine, plus absolue. […] Et même les soi-disant « faits », lorsqu’ils ne sont pas, comme je l’ai dit, très petits, d’un ordre tout à fait matériel, tels que chiffres et dates, sont sujets à caution, car ils sont ou bien littéralement faux, ou bien dénaturés et présentés sous une fausse lumière. […] Œsterlein seul la mise en ordre de ces trésors et l’ensemble de mesures qui les rendrait utilisables.
Me voilà devant le papier : c’est comme un clown sur le tremplin… Et puis, j’ai une syntaxe très en ordre dans la tête. […] Elle-même n’a nullement gardé rancune d’avoir été, sur les ordres de notre grand-père, plusieurs fois plongée dans la pièce d’eau, pour lui rafraîchir le sang, quand elle éprouvait la tentation de se marier. […] Personne n’a dit Balzac homme d’État, et c’est peut-être le plus grand homme d’État de notre temps, le seul qui ait plongé au fond de notre malaise, le seul qui ait vu d’en haut le déséquilibrement de la France depuis 1789, les mœurs sous les lois, les faits sous les mots, l’anarchie des intérêts débridés sous l’ordre apparent, les abus remplacés par les influences, l’égalité devant la loi annihilée par l’inégalité devant le juge, enfin le mensonge de ce programme de 89 qui a remplacé le nom par la pièce de cent sous, fait des marquis des banquiers — rien de plus.
Une heure après, surpris comme tout le monde, je crus (comme je crois encore) que le seul moyen de raffermir d’un mot le sol fondamental était de proclamer sur les ruines de cette monarchie disparue une république de nécessité et de salut, pour l’interposer entre tout le monde et pour donner au peuple la patience d’attendre une assemblée nationale souveraine, seule puissance toujours légale qu’on pût évoquer pour imposer l’ordre et le respect d’elle-même à la France. […] J’étais un républicain improvisé, un républicain politique, un républicain conservateur de tout ce qui doit être conservé sous peine de mort dans une société, ordre, vies, religion libre, fortunes, industrie, liberté légale, respect de toutes les classes de citoyens les unes envers les autres, paix des nations entre elles dans leur indépendance réciproque et dans l’esprit de leurs traités, droit public de l’Europe. […] Le jour où les revers de Charles-Albert furent pressentis à Paris, l’ordre de marche de l’armée des Alpes fut préparé sans hésiter par le gouvernement de la république.
Dorénavant, si l’on veut connaître le fin mot sur cet écrivain de dernier ordre, ce n’est point dans ses articles qu’on l’ira chercher, mais dans les conversations des dîners Magny, si fidèlement croquées par MM. de Goncourt. […] Rod ne dément point les promesses du titre : c’est du Schopenhauer en action, et, si l’on veut, par endroits, du Schopenhauer de premier ordre. […] Richepin, Péladan, Villiers de l’Isle-Adam, celui-ci zingari, celui-là mage, cet autre chevalier de l’Ordre de Malte, nous entrons dans un romantisme plus honnête et quelquefois aussi plus original. […] J’ai réussi à établir un peu d’ordre dans un livre comme celui-ci, qui embrasse un cycle assez large ; la chose eût été impossible, si je m’en étais strictement tenu aux deux ou trois dernières années. […] Moréas, poète, et de premier ordre souvent, voir Nos poètes, de M.
Le soir, selon vos ordres, je l’ai fait sortir et je l’ai promené moi-même. […] Puis, Bertulf enferma sa femme, sous la garde d’un valet brutal, qui avait ordre de ne lui donner qu’un petit morceau de pain par jour. […] J’ai été bien surpris de les rencontrer dans un vieux petit bouquin intitulé Recueil de poésies du second ordre que j’avais pris au hasard dans la bibliothèque de mes hôtes pour lire en voyage. […] Tout est étiqueté, catalogué, classé par ordre chronologique. […] Il constate enfin, et avec douleur, que « Mgr Darboy a été plus chrétien que prêtre, plus prêtre qu’évêque, et que le baptême avait laissé plus de traces dans son âme que le sacrement de l’ordre ».
Dans un premier mouvement de colère et de prudence, il écrivit au Parquet sans donner de noms, mais en faisant allusion à tout un ordre de faits. […] Ceux-ci enquêtés, vaguement donc, par la gendarmerie, détournèrent les chiens et dénoncèrent A… comme ayant, il y avait moins de trois ans, fait des menaces sous conditions et avec ordres contre… une tierce personne qui ne s’était jamais plaint et dont des misérables exploitaient odieusement le grand âge. […] Un ordre parfait, pas besoin de sonnette ; ni sévérité du règlement, ni rien d’analogue. Rappels à l’ordre, inconnus au bataillon, inscriptions au procès-verbal, qu’est-ce que c’est que ça ? […] L’un et l’autre s’appellent Comme ça « et toujours l’ordre éclate » !
Quelques mètres plus loin, le chemin formait un coude, et, grâce au brouillard du bas, on aurait pu se croire à l’extrême bord de quelque précipice Un ordre fut donné. […] Et les corps constitués se présentaient toujours, et la neige s’amoncelait, pendant que l’homme à la chaîne introduisait pêle-mêle, sans ordre hiérarchique : « Messieurs de l’École de Droit ! […] » n’y eût point été ; en lui donnant cet ordre de la part de Dieu, Moïse a été obéi et la race a vécu. […] Je tremble d’entendre les chaînes de l’ordre légal se briser avec fracas et le monstre déchaîné rugir. […] Que les verrous et les chaînes de l’ordre légal tombent n’importe comment, que l’anarchie éclate, c’est alors qu’on voit ce qu’est l’homme.
— Dites-lui que je viens lui remettre un ordre de Sa Majesté l’empereur. […] — Je suis aux ordres de Votre Majesté, mais elle voudra bien me permettre de retourner chez moi pour mettre mes affaires en état avant d’entreprendre un aussi long et aussi périlleux voyage. […] Les nouveaux venus modifièrent profondément l’ordre social et le régime politique de leur pays ; mais il est sûr qu’ils ont été séduits par le dandysme de ceux qui les avaient précédés dans la possession des biens de la terre. […] Il a, d’autre part, trop d’esprit pour croire que le petit bataillon d’écrivains qu’il a mobilisé avec tant de fermeté et de décision, lui donnera, sans interruption, des ouvrages de premier ordre. […] Ils s’occupèrent à rassembler la petite troupe qui devait, en peu de temps, devenir l’ordre puissant de la Visitation.
La troupe des prophètes, celle des martyrs et celle des confesseurs « te salueront en bon ordre », ils t’embrasseront et te souhaiteront la bienvenue, et « tu leur rendras leur salut ». […] Un ordre paternel l’oblige à m’épouser ; Mais mon dessein n’est pas de la tyranniser. […] Car « une actrice ne peut pas travailler avec des préoccupations de cet ordre. » (Au fait, pourquoi ai-je l’air de railler ? […] J’agis par ordre du roi. » Et le vieux Semblançay, crédule, donne l’argent et prend le papier. […] Ici, le déni de justice n’est pas du même ordre, il n’est pas criant et je n’exprime, en me séparant du jury, qu’une opinion personnelle.
dans toutes les vicissitudes de mon ouvrage, ces mêmes faits m’ont suffi à tout ; je n’ai eu qu’à m’en servir comme on se sert de soldats, en changeant de temps en temps l’ordre de bataille123. » Une circonstance caractéristique de cette première ébauche, c’est qu’elle ait été écrite au revers de cartes à jouer : fatal et bizarre présage ! […] Penser à vous dans de grandes assemblées est fort pénible et fort désobligeant pour les autres : aussi j’ai pris le parti d’avoir toujours une lettre commencée que je continue sans ordre et où je verse, jusqu’au jour du courrier, tout ce que j’ai besoin de vous dire, tantôt une demi-phrase, tantôt une longue dissertation, n’importe. […] Vous lui avez écrit quinze fois en douze semaines, et vous ne voulez m’écrire que douze fois par an. — Comme je me suis fait une loi de répondre à tout ce que vous me dites ou me demandez (loi que j’espère que vous voudrez bien adopter aussi), je relis vos lettres sans ordre et répondrai à chaque article comme il se présente… Vous ne pouvez rien cacher de votre esprit sans y perdre, me dites-vous. […] Tout cela voulait dire : J’ai plus de talent que vous, monsieur le girondin. — Riouffe, au milieu d’une discussion très-orageuse, a ainsi analysé les révolutions de France depuis cinq ans : — « Il y a eu en France trois révolutions : une contre les privilèges, vous l’avez faite ; une contre le trône, nous l’avons faite ; une contre l’ordre social, elle fut l’ouvrage des jacobins, et nous les avons terrassés. […] Nous soutenions l’ordre social, et nous le rétablissons. » L’excellent Riouffe se donne à lui et à ses amis un rôle qui pourra bien paraître un peu flatté : on assiste là, du moins, aux conversations du jour et au premier début de Benjamin Constant dans le monde politique.
C’est ainsi qu’en France, au sortir de la Révolution, un nouvel ordre de sentiments inverses et tout opposés remplaça ceux de la veille : « Quand cette Église, dit-il dans cette même lettre à Channing, eut été renversée en France par le double effort des encyclopédistes et des révolutionnaires, quand surtout un peu de calme eut succédé à la tempête, le besoin des affections tendres des cœurs, le besoin de confiance et d’espérance, l’admiration pour la création, le sentiment de la spiritualité de notre être, la soif de l’immortalité se firent sentir dans les âmes. […] Il n’a aucun de ces partis pris décisifs, plus ou moins brillants ou séduisants, aucun de ces coups de clairon qui coordonnent les faits, les rangent à l’instant et les font marcher en bon ordre comme sous une bannière ; l’histoire avec lui va comme elle peut ; mais il est décidément trop long, et il n’a pas de courant qui vous entraîne.
Poétiquement, il employa les années qui suivirent son retour à mettre en ordre ses derniers vers et à les publier : vers français, vers latins, il donna tout. […] Bien que de loin, de très loin, et pour la postérité dernière, il ne subsiste que les grandes œuvres et les grands noms auxquels le temps va ajoutant sans cesse ce qu’il retire de plus en plus aux autres, c’est plaisir et devoir pour le critique et l’historien littéraire de rendre justice de près à ces talents réels et distingués, interceptés trop tôt, dans quelque ordre que ce soit, les Vauvenargues, les André Chénier, les Joachim Du Bellay, à ces esprits de plus de générosité que de fortune, qui ont eu à leur jour leur part d’originalité, et qui ont servi dans une noble mesure le progrès de la pensée ou de l’art117.
Tel devait être, au xviiie siècle, l’homme fait pour présider à l’atelier philosophique, le chef du camp indiscipliné des penseurs, celui qui avait puissance pour les organiser en volontaires, les rallier librement, les exalter, par son entrain chaleureux, dans la conspiration contre l’ordre encore subsistant. […] On était dans un siècle d’analyse et de destruction, on s’inquiétait bien moins d’opposer aux idées en décadence des systèmes complets, réfléchis, désintéressés, dans lesquels les idées nouvelles de philosophie, de religion, de morale et de politique s’édifiassent selon l’ordre le plus général et le plus vrai, que de combattre et de renverser ce dont on ne voulait plus, ce à quoi on ne croyait plus, et ce qui pourtant subsistait toujours.
La première nécessité de l’homme en société, c’est l’ordre conservé ou rétabli ; l’idéal ne vient qu’après. […] XXXI Le gamin de Paris n’eut qu’un beau jour : celui où, du balcon de l’Hôtel-de-Ville, au milieu de la tempête qui tourbillonnait à mes pieds, menaçant de tout engloutir, je l’évoquai du fond du désordre et j’en fis la garde mobile de 1848, une armée de héros, les Marseillais de l’ordre !
Si, malgré ses prétentions, il n’a pas eu un rôle politique de premier ordre, la faute en est à son caractère et à son esthétique, qui l’ont écarté du pouvoir. […] Il y a même dans René un dilettante de la révolte et du crime qui se fait une volupté d’être seul contre toute la société : « Se sentir innocent et être condamné par la loi était dans la nature des idées de René une espèce de triomphe sur l’ordre social ».
Tout ce mouvement autour du mourant, d’abord de respect et d’intérêt pour une vie de si grande importance, puis, à mesure que les chances de guérison diminuent, d’ambition et de précautions avec le règne futur ; ces appartements du duc d’Orléans encombrés, « à n’y pas mettre une épingle », quand le roi est désespéré, vides et déserts sur le bruit qu’il est mieux ; ces valets qui pleurent, les seuls vrais amis du monarque ; la froide et triste octogénaire qui assiste l’œil sec à sa longue agonie, profitant des courts répits du mal pour faire ajouter à la part des bâtards, et quand le roi n’est plus qu’un moribond qui ne peut plus ni ôter ni donner, n’attendant pas la fin et se sauvant à Saint-Cyr ; ces grandes et touchantes paroles du roi ; cette attente de la mort dans la majesté qu’il mettait à toutes ses actions, sans défaillances, sauf celles de la nature quand le combat va finir ; cette inquiétude du chrétien, qui craint que ses souffrances ne soient une trop faible expiation de ses fautes ; tout cela raconté au jour le jour, dans l’ordre où chaque chose arrive, parmi des détails sur le service intérieur, l’étiquette, les allées et les venues des courtisans et des gens de service, les messes entendues dans le lit et les derniers repas du mourant ; tout cela, dans son abandon, égale l’art le plus consommé. […] Il n’a pas composé ces portraits dans un ordre régulier, à la façon du peintre qui dessine d’abord la figure, puis le modèle, et met la couleur en dernier lieu.
Mais il ne faut pas oublier qu’en Allemagne, certaines résidences de quatrième ordre mettent leur orgueil à posséder des théâtres absolument supérieurs : on sait que la troupe de Meiningen passe pour la meilleure compagnie qu’il y ait, dirigée qu’elle est par le grand-duc régnant. […] Et puis, je me rappelle un plantureux repas, un de ces repas du nord où l’on mange de tout sans ordre, viande, confitures et salade en même temps.
Je voudrais dépeindre et montrer Chamfort au point de vue de la société de son temps, dans ses rapports avec l’ancien ordre social, dans sa rupture éclatante avec le régime qui avait tout fait pour se le concilier, et dans son acceptation ardente du régime nouveau. […] Chamfort fut ainsi précepteur dans deux maisons ; mais bientôt sa jolie figure et son peu de timidité lui valaient des succès qui dérangeaient le bon ordre domestique.
Et c’est le marteau de Louis XVI forgé par ses mains royales, et c’est le sablier de Henri I II, et ce sont les boucles de soulier de Louis XV, et c’est le couteau de chasse de Charles VIII, et c’est l’ordre de payer 1 500 livres à Lajouski le septembriseur, ordre signé : Philippe-Égalité.
Non, ce n’est plus une lettre de cachet d’un ministre tyrannique qui vous jette dans un cachot, mais c’est le jugement d’un tribunal correctionnel, qui est aux ordres d’un ministère rétrograde et imbécile. […] On a évoqué le nom de M. de Germiny « moins digne d’une punition que moi », et un journal a été jusqu’à demander, que l’auteur de La Fille Élisa soit enfermé dans une maison de fous, ainsi que l’auteur de Justine, le fut par ordre de l’empereur Napoléon Ier.
Le polonais qui a le verbe zrzeniac, commencer à mûrir, appela zrzenica la prunelle de l’œil ; je ne sais dans quel ordre il faut établir les rapports de ces deux mots201. […] Les langues sont nommées dans l’ordre de la fréquence de leurs métaphores identiques aux métaphores françaises.
Par ces combinaisons, il reproduit sans doute bien souvent les types mêmes de la nature ; d’autres fois, il manque son œuvre et aboutit à des êtres monstrueux, non viables dans l’ordre de la nature ; mais d’autres fois aussi, — et c’est là l’un des espoirs les plus hauts, l’une des marques du vrai génie, — il peut aboutir à créer des types parfaitement viables, parfaitement capables d’exister, d’agir, de faire souche dans la nature, et qui cependant n’ont jamais existé en fait, n’existeront peut-être, jamais. […] Ce qui caractérise le génie de premier ordre, c’est précisément d’être ainsi orchestral et d’avoir à la fois ou successivement les tonalités les plus variées ; de paraître impersonnel non parce qu’il l’est réellement, mais parce qu’il réussit à concentrer et à associer plusieurs individualités dans la sienne propre ; il est capable de faire à tour de rôle prédominer tel sentiment sur tous les autres et à travers tous les autres ; il obtient ainsi plusieurs unités d’âme, plusieurs types qu’il réalise en lui-même et dont il est le lien.
Ce Wallstein, à la vérité, ne porta jamais les armes que pour la maison d’Autriche ; mais l’armée qu’il commandait était à lui, réunie en son nom, payée par ses ordres, et avec les contributions qu’il levait sur l’Allemagne, de sa propre autorité. […] J’ai renoncé de même, mais avec plus de regret, à traduire ou à imiter une autre scène, dans laquelle Wallstein, commençant à se déshabiller sur le théâtre pour aller prendre du repos, voit se casser tout à coup la chaîne à laquelle est suspendu l’ordre de la Toison-d’Or.
Un jour il écrivit, Dieu merci, car le renseignement est admirable pour nous, il écrivit ceci à Mme Herwart, touchant La Fontaine : Je voudrais bien le voir aussi Dans ces charmants détours que votre parc enserre, Parler de paix, parler de guerre, Parler de vers, de vin et d’amoureux soucis, Former de vingt projets le plan imaginaire, Changer à sa façon l’ordre de l’univers, Sans douter, proposer mille doutes divers ; Puis tout seul s’écarter, comme il fait d’ordinaire, Non pour rêver à vous qui rêvez tant à lui, Non pour rêver à quelque affaire, Mais pour varier son ennui. […] Je vous dis cela pour vous préparer et pour vous faire comprendre ce qu’il y a de véritable passion, de passion sincère et profonde, dans des vers comme ceux-ci, que Corneille fait dire à une jeune femme dans la Suite du Menteur ; vous les connaissez pour la plupart, mais enfin je veux vous les citer encore : Quand les ordres du ciel nous ont faits l’un pour l’autre, Lyse, c’est un accord bientôt fait que le nôtre : Sa main entre les cœurs, par un secret pouvoir, Sème l’intelligence avant que de se voir.
Cunisset-Carnot, qui est un botaniste, un forestier et un animalier de tout premier ordre, a montré, dans un détail sur lequel je ne puis m’étendre, qu’il ne peut y avoir un mot de vrai dans cette fable, de vraisemblable du moins ; car M. […] Comme ils la reçoivent sans étude, ils n’ont pas le bonheur de la conserver, et toutes les fois quelle leur est donnée, elle leur est toute nouvelle, puisque la nature n’ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire toujours égale », etc… Une science toujours égale, mais qui quelquefois est inégale et change complètement selon les besoins !
D’ailleurs, une critique un peu large et qui se pique de justice n’a point à faire de chicanes à des facultés qui naissent tard, pourvu qu’elles naissent ; à des œuvres inespérées et qui rompent une série de travaux sur lesquels on pouvait compter, pourvu toutefois que l’œuvre nouvelle vaille ce qu’on perd dans un autre ordre. […] Dans ce temps où Richelieu et Mazarin avaient contre eux les linottes coiffées, il n’y a rien, ce nous semble, de plus petit, de plus nauséabond, que cette conspiration des filles de chambre contre les hommes qui voulaient l’ordre dans la maison et la nationalité dans le pays.
Le rappel à l’ordre de la réalité vient de lui. […] Pour moi le monde religieux, divin, idéal, quoique latent uniquement dans l’humanité, a une existence aussi réelle que la chimie ou tout autre ordre de phénomènes ; et la gloire des savants consiste en cela qu’ils ouvrent les voies à une théologie plus splendide, à des chants plus divins que la théologie et les chants du passé15.
En général, les mots disparaissent alors dans un ordre déterminé, comme si la maladie connaissait la grammaire : les noms propres s’éclipsent les premiers, puis les noms communs, ensuite les adjectifs, enfin les verbes. […] Oui, mais la maladie peut tenir aux causes les plus diverses, prendre les formes les plus variées, débuter en un point quelconque de la région cérébrale intéressée et progresser dans n’importe quelle direction : l’ordre de disparition des souvenirs reste le même.
Toutefois, au milieu de ce déchet de la dignité humaine chez les Grecs, dans cet abaissement de la vertu civile qui suivit la conquête d’Alexandre et marqua la domination de ses indignes successeurs en Macédoine, en Égypte, en Syrie, il semble incontestable que, dans l’ordre moral, dans la forme et l’action du sentiment religieux, quelques clartés nouvelles avaient lui, quelques vérités de plus agissaient sur le monde. […] Un lettré païen du second siècle, appelé déjà à mêler tous les souvenirs par syncrétisme littéraire, dit, dans un hymne en prose à Minerve : « Pindare nous enseigne qu’assise à la main droite du père, elle reçoit ses commandements, pour les transmettre aux dieux ; car elle est au-dessus d’un ange, et c’est elle qui aux divers anges transmet les ordres divins qu’elle a recueillis de la bouche du Père149. » Avec cette littérature bigarrée de souvenirs, cette mosaïque savante que travaillait Alexandrie, il y a donc souvent à hésiter sur les vraies sources de l’imitation, et la première apparence peut tromper.
En vain l’on dirait qu’elle n’y mettait pas grande importance, politiquement parlant ; que dans cette suite de favoris venant à la file, dont on sait les noms et le numéro d’ordre, depuis Soltikoff, depuis Orlof jusqu’à Zoubof, elle sut garder pour ministres investis de sa confiance les serviteurs habiles, fussent-ils même disgraciés à ses yeux à titre d’amants, et qu’elle ne prit, entre ceux-ci, pour serviteurs de l’État, que ceux qui en étaient réellement capables.
Lui a-t-elle semblé devoir engendrer avec les siècles un ordre de choses devant lequel pâliraient les puissances et les gloires du passé, et qui serait un âge d’or incomparable pour le genre humain ?
» Un ne pouvait dire plus de choses en moins de mots : mais, comme il suffisait de dire : « Je ne le trouvai pas chez lui », le grand nombre des circonstances fait longueur… La clarté consiste à dire d’abord ce qui s’est fait dès le premier instant, à garder l’ordre des temps et des faits, à raconter les choses comme elles se sont passées ou auront pu se passer.
Dans sa première œuvre, dans Œdipe, il bannissait l’amour, et n’introduisait l’idylle surannée de Philoctète et de Jocaste que sur l’ordre des comédiens, trop jeune encore et trop inconnu pour leur imposer sa volonté.
Ce rang et cette action sont de premier ordre.
L’avénement du Messie avec ses gloires et ses terreurs, les nations s’écroulant les unes sur les autres, le cataclysme du ciel et de la terre furent l’aliment familier de son imagination, et comme ces révolutions étaient censées prochaines, qu’une foule de personnes cherchaient à en supputer les temps, l’ordre surnaturel où nous transportent de telles visions lui parut tout d’abord parfaitement naturel et simple.
Ils essayèrent d’intéresser à leur querelle les partisans du nouvel ordre politique qui s’était établi 937.
La politesse passa du sénat aux ordres inférieurs, voire au plus bas étage du menu peuple ; et si en leur cause, on doit croire leur témoignage, ils ont effacé ensuite toutes les grâces et toutes ces vertus de la Grèce, et ont laissé son atticisme bien loin derrière leur urbanité. » Ici Balzac nous apprend que de son temps ce mot d’urbanité n’était pas encore reçu en France : il pense que quand l’usage l’aura mûri, et aura corrigé l’amertume de la nouveauté, nous nous y accoutumerons , comme à d’autres que nous avons empruntés de la même langue.
Il est fâcheux, ce me semble, que l’ordre chronologique amène à la suite du premier éclat que fit l’intrigue du roi avec madame de Montespan et de la colère du mari, la première représentation de la comédie d’Amphitryon, qui eut lieu le 3 janvier 1668.
Ils n'offrent à l'esprit qu'un Recueil de réflexions pleines d'enflure & de phrases si peu liées les unes avec les autres, qu'on pourroit en renverser l'ordre sans déranger l'économie du style.
Un coup qu’un autre nous donne, un objet qu’il nous enlève, nous fait faire tout de suite connaissance avec un ordre de phénomènes qui dépend si peu de nos désirs qu’il les contrarie : c’est le non-moi ; et ce non-moi ne reste pas à l’état d’entité métaphysique, abstraite, car il a la forme, par exemple, d’un homme qui nous frappe ou qui nous prend notre morceau de pain, d’un animal qui nous mord, etc.
Avant d’user de cette méthode et de la mettre à profit en l’appliquant à divers ordres de phénomènes, on peut rechercher à quelles conditions mentales est liée la faculté bovaryque ; à mieux connaître le mécanisme de cette lorgnette, il sera possible d’en faire par la suite un meilleur usage.
Les vers blancs des Italiens & des Anglois, dont la langue comporte les inversions & les enjambemens d’un vers sur un autre, ne sçauroient être une décision pour nous qui voulons que notre langue, toujours claire, toujours élégante, marche, en vers comme en prose, dans l’ordre précis de nos idées.
Et, en effet, pour ce génie mystiquement politique, la souveraineté était un fait de l’ordre supranaturel et divin que les fautes, les excès, les aveuglements, les folies des familles dépositaires de cette chose — la souveraineté — ne pouvaient elles-mêmes jamais invalider, et contre laquelle tout ce qu’on faisait était, comme le dit Bossuet, nul de soi.
Ils allèrent jusqu’à le chamarrer des Ordres du Roi, alors la dignité suprême, et l’ornementèrent de ce cordon bleu qui paraissait le ciel même à ceux à qui on le passait autour du cou.
Nulle théorie, du reste, plus faite que celle-là pour les lâchetés d’un temps comme le nôtre, où tous les genres de législation s’amollissent et où ce fameux mot de femme : « Tout comprendre, c’est tout pardonner », a été pourri par les hommes, qui en ont fait, jusque dans l’ordre littéraire : « Tout comprendre, c’est tout accepter !
À une autre époque que la nôtre, dans un temps où l’on n’eût pas interverti l’ordre de tous les problèmes sociaux, on ne se fût peut-être pas tant préoccupé des conséquences d’une mesure plus haute que des intérêts matériels, et on eût souri du chirurgien, non de la dernière heure, mais de l’heure passée, qui aurait pris avec tant de soins les dimensions qu’il n’a pas à guérir, mais qu’il veut montrer.
Forcément attaché à l’ordre des temps, Lavallée nous dessine aujourd’hui le profil virginal et charmant.
Ce passionné du devoir, qui, dans son dernier ordre du jour et le plus beau, ne devait rien trouver de mieux à dire aux marins anglais que ces mots tout-puissants : « L’Angleterre espère que chacun de vous fera son devoir », oublia le sien envers un être auquel il brisa froidement le cœur, envers son pays dont il choquait les mœurs et dont l’opinion était le meilleur de sa gloire, et envers cette gloire elle-même dont il était couvert et qu’il aurait dû respecter !
Ils ont cru qu’elle datait de la Régence et de ses libertinages d’esprit et de sens, du règne de Louis XV qui la surpassa en cette double espèce de libertinage, et surtout de cette Philosophie — autre libertinage aussi mais dans l’ordre de la pensée — qui acheva l’œuvre de destruction commencée, et donna, de sa plume, le coup de balai final !
Ce passionné du devoir, qui, dans son dernier ordre du jour et le plus beau, ne devait rien trouver de mieux à dire aux marins anglais que ces mots tout puissants : « L’Angleterre espère que chacun de vous fera son devoir », oublia le sien envers un être auquel il brisa froidement le cœur, envers son pays dont il choquait les mœurs et dont l’opinion était le meilleur de sa gloire, et envers cette gloire elle-même dont il était couvert et qu’il aurait dû respecter !
C’est un métaphysicien d’un ordre élevé.
N’y eût-il que la grande Sainte Thérèse, — et il y en a d’autres, — il est des mystiques d’un ordre bien plus translucide, bien plus embrasé, bien plus enlevant que l’auteur de limitation, quel qu’il ait été… On dit même, chose étrange et assez ignorée !
Charles de Rémusat, qui, en sa qualité de philosophe, aurait dû plus que personne se préoccuper de l’ordre et de la déduction nécessaires à toute œuvre de l’esprit, a oublié également l’un et l’autre dans la sienne… Au lieu de nous construire et de nous équilibrer un drame avec ses proportions harmonieuses, il s’est laissé couler et tomber dans le drame anarchique, grossier, élémentaire, qui lâche tout et ne s’astreint à rien, et est bien moins l’ensemble qu’on appelle un drame digne de ce nom, qu’une puérile succession de spectacles.
Elle ne fut jamais suspendue à l’existence de ces constitutions d’Ordres dont Richelieu lui-même fut la dupe sublime, si le mot qu’on lui prête est vrai.
Les races qui servent sont aussi nécessaires dans l’ordre universel que celles qui commandent ; et, d’ailleurs, servitude n’a jamais voulu dire oppression.
Changer les figures de côté, mettre à gauche ce qui était à droite, à droite ce qui était à gauche, intervertir l’ordre des groupes, distraire un personnage de la scène ou du milieu dans lequel il était placé pour le placer dans une autre scène et quelquefois sous un autre costume, toutes ces choses, et bien d’autres que j’omets, se font et se sont faites, et la Gloire elle-même y a été prise… La Gloire un peu trop vite venue, fille du sentiment exalté d’une époque, a transformé parfois en grand peintre tel grand archéologue, qui avait assez d’exécution et de rétorsion dans la main pour cacher aux ignorants ses… butins, et c’est le critique d’art qui doit réviser ces méprises de la Gloire.
c’est le fils de l’occasion et d’un de ces hasards de la vie qui pouvaient n’être pas, et qui, alors, auraient supprimé le génie… Pascal, par exemple, le prodigieux Pascal, le divinateur d’Euclide, qui, sans avoir appris les mathématiques, trouva, en maniant des jetons dans le grenier de son père, les trois premiers livres de la géométrie ; Pascal, qui dans l’ordre des idées a une profondeur qui donne le vertige et qui même le lui a donné, ne serait plus, selon ces théories interprétatrices, le Pascal connu, le grand Pascal, s’il n’avait pas été janséniste !
Au point de vue de l’art et de la sensation esthétique, elles perdraient donc beaucoup à n’être pas lues dans l’ordre où le poète, qui sait bien ce qu’il fait, les a rangées.
Pour faire comprendre ce que je dis, voyez ces vers sur les Sirènes : Elles, d’ordre, — et flanc à flanc Oisives, — au front des ondes, D’un peigne d’ivoire blanc Frisottaient leurs tresses blondes ; Et mignottant de leurs yeux Les attraits délicieux, Aguignaient la nef passante D’une œillade languissante !
Lemon, trouva, tout en faisant sa charge, parmi les dépêches que Milton avait rédigées dans le temps qu’il était secrétaire d’État au département des affaires étrangères, un large manuscrit latin, qui fut immédiatement publié, par ordre du gouvernement anglais, sous le titre : « Traité de la doctrine chrétienne d’après les seules Écritures (Treatise on Christian doctrine compiled from the Holy scriptures alone) ».
C’est un sentimental, et la sentimentalité, dans l’ordre esthétique et moral, est encore quelque chose.
Quand il parut, il y a quelques mois, et qu’attiré par ce titre que je m’obstine à trouver très-piquant et plein de promesses, je lus cette platitude qui voulait avoir de la pointe, je me laissai aisément persuader qu’il ne fallait attacher sur chose de cet ordre la cocarde d’aucune critique.
» Aucune objection d’ordre public ou social ne peut nous être opposée.
Le même orateur a traité deux autres sujets moins pathétiques, sans doute, mais non moins intéressants, ce sont les éloges funèbres de deux grands hommes ; l’un était ce maréchal de Luxembourg, élève de Condé ; impétueux et ardent comme lui, mais vigilant et ferme comme Turenne, quand il le fallait ; persécuté par les ministres, et servant l’État ; fameux par les victoires de Fleurus, de Leuze, de Steinkerque et de Nerwinde, et qui, de dessus un champ de bataille, écrivit à Louis XIV cette lettre : « Sire, vos ennemis ont fait des merveilles ; vos troupes encore mieux : pour moi, je n’ai d’autre mérite que d’avoir exécuté vos ordres ; vous m’avez dit de prendre une ville et de gagner une bataille, je l’ai prise et je l’ai gagnée. » L’autre, qui avait un genre de mérite tout différent, était ce maréchal de Boufflers, fameux par la défense de Lille, appliqué et infatigable ; d’ailleurs excellent citoyen, et dans une monarchie, capable d’une vertu républicaine.
Deux choses à remarquer, cependant : le siècle d’Alexandre, si l’on peut appeler ainsi la course de dix ans du jeune héros, et les fondations d’empires qui, jetées sur son passage, s’achevèrent après lui, le siècle d’Alexandre fut bien loin d’atteindre, dans l’ordre des arts et du génie, à la gloire du siècle de Périclès, ou plutôt d’Athènes, dans sa période la plus étendue, de la naissance d’Eschyle à la mort de Platon.
La Mort en a décidé autrement, et nous voici aujourd’hui chargé de la lourde responsabilité d’entreprendre sans lui ce que nous eussions été si joyeux et si fier d’achever sous ses ordres. […] Nous avons partagé les notices en cinq groupes : — Littérateurs, — Peintres, — Sculpteurs, — Musiciens, — Comédiens, — et classé chaque groupe par ordre chronologique. […] Les autres, non moins solides, mais plus sages, occupaient le parterre, rangés en bon ordre sous l’œil de leurs chefs et prêts à donner avec ensemble sur les philistins au moindre signe d’hostilité. […] Hernani est maintenant Jean d’Aragon, grand maître d’Avis, duc de Segorbe et duc de Cardona, marquis de Monroy, comte Albatera, et les bras de doña Sol se rejoignent autour de son cou sur l’ordre de la Toison d’or. […] Berlioz n’était pas seulement un compositeur de premier ordre, c’était un écrivain plein de sens, d’esprit et d’humour.
« 3º La poésie des cochons consiste à reconnaître universellement l’excellence des relavures et de l’orge moulue, ainsi que la félicité des cochons dont l’auge est en bon ordre, et qui ont le ventre plein. […] III Il semble qu’une âme si violente, si enthousiaste et si sauvage, si abandonnée aux folies de l’imagination, si dépourvue de goût, d’ordre et de mesure, ne soit capable que de divaguer et de s’user en hallucinations pleines de douleur et de danger. […] Il est du même ordre que celui de la Renaissance et celui de l’âge classique. […] D’autre part, l’histoire, le roman et la critique, aiguisés par les raffinements de la culture parisienne, ont fait toucher les lois des événements humains ; la nature s’est montrée comme un ordre de faits, l’homme comme une continuation de la nature ; et l’on a vu un esprit supérieur, le plus délicat, le plus élevé qui se soit montré de nos jours, reprenant et modérant les divinations allemandes, exposer en style français tout ce que la science des mythes, des religions et des langues, emmagasine au-delà du Rhin depuis soixante ans1422. […] Cet ordre exact, ces belles proportions, ce perpétuel souci de l’agréable et du convenable, cette architecture harmonieuse d’idées claires et suivies, cette peinture délicate de la société, cette perfection du style, rien de ce qui nous touche n’a de prise sur lui.
Il a été pendant l’avant-dernière période d’anarchie intellectuelle le défenseur des règles classiques, de l’équilibre et de l’ordre. […] Le grand travail est de mettre un ordre hiérarchique et symétrique dans nos émotions, de les orchestrer comme une symphonie. […] Mais il n’y règne pas que la sérénité, il y règne encore et surtout l’ordre, cette essentielle qualité, si rare à notre époque. […] Le livre est plein de ces transports, et l’auteur revient sans cesse au même ordre d’idées : « … Je demeure toujours avec l’âme de ma bien-aimée. […] Voilà donc un écrivain de premier ordre, et le premier, parmi toute une jeunesse, il aura écrit un livre qui n’est pas un livre d’initiés, mais un livre dont les phrases limpides pourront aller à tous les cœurs.
Les pensées suggérées par l’aspect de ce Salon sont d’un ordre si simple, si ancien, si classique, que peu de pages me suffiront sans doute pour les développer. […] Ajoutez, si vous voulez, toutes les épithètes les plus honorables et les plus gracieuses qui peuvent s’appliquer à la poésie de second ordre, à ce qui n’est pas absolument le grand, nu et simple. […] Il est certain que tout cet ordre et toute cette harmonie n’en gardent pas moins la qualité inspiratrice qui y est providentiellement déposée ; mais, dans ce cas, faute d’une intelligence qu’elle pût inspirer, cette qualité serait comme si elle n’était pas. […] L’usurpation de ces talents de second ordre ne peut pas avoir lieu sans créer des injustices. […] Je veux dire que dans les talents de second ordre cultivant avec succès un genre inférieur, il y en a plusieurs qui valent bien M.
Le tailleur lui dit qu’il fallait descendre dans l’appartement de Molière pour le remercier. « C’est bien mon intention, répondit le petit homme ; mais je ne crois pas qu’il soit encore levé. » Le tailleur l’ayant assuré du contraire, il descendit, et fit un compliment de reconnaissance à Molière, qui en fut très satisfait, et qui ne se contenta pas de l’avoir si bien fait accommoder ; il lui donna encore six louis d’or, avec ordre de les dépenser à ses plaisirs. […] lui dit Molière, c’est une chose faite ; le roi vient de m’accorder un ordre pour vous ôter de la troupe où vous êtes. » Molière, qui s’était levé dès quatre heures du matin, avait été à Saint-Germain supplier Sa Majesté de lui accorder cette grâce ; et l’ordre avait été expédié sur-le-champ. […] lui dit-il, le roi veut que je le retire de votre troupe : voilà son ordre. » La Raisin, voyant qu’il n’y avait plus d’espérance, pria Molière de lui accorder du moins que le petit Baron jouât encore trois jours dans sa troupe. « Non seulement trois, répondit Molière, mais huit, à condition pourtant qu’il n’ira point chez vous, et que je le ferai toujours accompagner par un homme qui le ramènera dès que la pièce sera finie. » Et cela de peur que cette femme et Olivier ne séduisissent l’esprit du jeune homme, pour le faire retourner avec eux.
l’ordre des interviews. […] Mais nous qui sommes appelés à faire la synthèse du cerveau classique, de la vision et de la passion romantiques et du bassin naturaliste, nous ne pouvons pas nous grouper ; il faut s’isoler pour une besogne de cet ordre. […] L’œuvre née du symbole ne peut être qu’une allégorie, et c’est pourquoi l’esprit latin, ami de l’ordre et de la certitude, me semble plus enclin à l’allégorie qu’au symbole. […] C’est qu’il entre là dans un ordre d’idées nouveau pour lui ! […] Dans un autre ordre d’idées, dans un autre esprit, M.
Il s’est flatté même en tous les points de surpasser les anciens ; il a voulu par le raisonnement réformer l’imagination, la poésie, comme le reste ; et ce qui était une révolution très légitime dans l’ordre de la pensée et de la science est devenu une insurrection contestée dans le domaine de la littérature.
On le vit bien quand, par une démarche généreuse, Robert Lindet, Carnot et Prieur de la Côte-d’Or réclamèrent, comme membres de l’ancien gouvernement, leur part de responsabilité dans l’accusation de Billaud, Collot et Barrère ; la signature de Carnot et de Prieur se trouvait en effet sur les ordres les plus reprochés aux accusés.
C’est dans les chœurs que sont reléguées les réflexions, les incertitudes, les délibérations et les craintes ; les héros agissent toujours par l’ordre des dieux.
Secondement (je ne suis point ici l’ordre des dates), Beyle s’est juré à lui-même d’être un grand poète, et un grand poète comique.
Jules Barbey d’Aurevilly On peut être trompé, surtout en fait d’âmes, dans ce monde épais et sans transparence, mais, jusqu’à nouvel ordre, il me fait l’effet d’en avoir une, ce monsieur Richepin.
Même il siérait de joindre à ces deux ordres d’éloquence, du prêtre et du tribun, celle du pédagogue, celle du professeur de faculté, et de distinguer bien ces trois types d’orateur du quatrième qui est le conférencier.
Ici l’ordre des faits amène sur la scène une personne dont le nom rappelle les plus agréables souvenirs, c’est madame de Sévigné.
Filles à soldats Nul effort ne parviendrait à mettre dans la revue que je commence un ordre réel.
Le chancelier réprimanda le lieutenant criminel, qui n’avoit tenu cette étrange conduite que sur les ordres, en forme de sollicitation, des deux secrétaires d’état, protecteurs de Rousseau.
On desire de connoître, d’après lui, Tacite, cet historien qui a si bien peint l’ame fausse, impérieuse, dissimulée & cruelle de Tibère, exécrable imposteur, modèle de Cromwel pour les grandes qualités & les grands vices ; cet historien, qui a si bien nuancé le caractère des Romains, qui veut prouver que tout, dans le sénat & chez Tibère, se faisoit par une combinaison de crimes ; cet historien dans qui l’on remarque un esprit d’ordre & de suite, des réflexions & des vues profondes & lumineuses, un talent merveilleux pour faire des tableaux.
Supposez toutes les religions disparaissant tout à coup, il se fera certainement un grand vide dans l’âme humaine, et il y aura, si j’ose le dire, une perte effroyable de force vive dans l’ordre moral ; ce que l’on gagnerait en lumière ne compenserait que très-imparfaitement ce que l’on perdrait en énergie et en vitalité morale.
Tous les peuples ont eu des instrumens propres à la guerre, et ils s’y sont servi de leur chant inarticulé, non-seulement pour faire entendre à ceux qui devoient obéïr, les ordres de leurs commandans, mais encore pour animer le courage des combattans, et même quelquefois pour le retenir.
Les difficultés de l’art sont faites pour ajouter au mérite des bons vers, mais non pour faire excuser les médiocres, parce qu’il n’y a point d’ordre du roi qui oblige personne à versifier.
Le père Didon (de l’ordre des Dominicains) et M.
Les prêtres concubinaires voulaient le mariage, et Grégoire, en s’opposant à cette ambition sacrilège, « en s’attaquant à un ordre de choses que le temps avait affermi, n’entreprenait pas moins — dit Renée — que de briser les mœurs et la vie habituelle de plusieurs millions d’hommes ».
… Pour ma part, je n’ai pas très bien vu ce que l’information pure et simple a gagné au livre de Fournier ; je n’ai pas vu quelles modifications importantes en sont résultées dans l’ordre des connaissances, ordinaires ou vulgaires, — et, excepté le divertissement qui vient de toute nouveauté pour la masse des esprits ennuyés et superficiels, heureux et surpris de trouver un passe-temps dans des études qui devraient toujours rester sévères, excepté le divertissement des enfants et des femmes qui a fait son succès, je ne vois rien en l’Esprit dans l’histoire qui le recommande aux esprits seulement curieux.
Le grand homme qui avait régné si longtemps, élevé de si grandes choses, mis en avant de tout l’Église, incrusté l’ordre à une si énorme profondeur dans le sol de sa société, avait armé ses successeurs de son influence, et, grâce à eux, il échauffa encore le monde comme l’échauffe le soleil après qu’il en est disparu.
Toujours est-il que rien de pareil ne s’était vu dans l’histoire littéraire, et même dans aucune histoire. « Un homme s’est rencontré », a dit un jour Bossuet en parlant de Cromwell, — voulant, par cette forme frappante, exprimer l’étonnement que lui causait l’élévation d’un homme bien moins étonnant, dans son ordre de faits, que Gœthe dans le sien.
Je ne parle pas de Thiers, le premier historien de la Révolution dans l’ordre des temps, trop sceptique pour n’être pas la toupie, très peu ronflante, du reste, de l’histoire qu’il écrivit à l’époque de sa jeunesse, ni de Michelet, cette Tricoteuse nymphomane, — mais le pur, le noble Lamartine, écrivit Les Girondins, et ce fut la démence de son génie.
Madame de Créqui Lettres inédites de la marquise de Créqui à Sénac de Meilhan (1782-1789), mises en ordre et annotées par Édouard Fournier, précédées d’une Introduction par Sainte-Beuve, de l’Académie française.
On est impatient de sortir de la science telle qu’il nous la montre dans ce profil perdu, mais qui fait trembler, et de rentrer dans la famille, dans l’ordre, dans l’histoire, toutes choses ignorées du bourgeois célibataire, jongleur et parisien, lequel cherche à chercher un objet de recherche d’un goût recherché, car voilà toute la philosophie de M.
Les critiques à classification et à catégories, les nomenclateurs qui croient aux familles d’esprits, ont été complètement déroutés par ce grand Singulier, sceptique et dévot, géomètre et poëte, l’ordre et le désordre, qui se bat contre sa tête avec son cœur.
Jésus-Christ n’était qu’un fou, réservé aux gâteux dans un temps qui aurait été court s’il n’avait pas été crucifié, rien n’est plus difficile à dire dans l’ordre du sophisme enragé et de la fureur démoniaque.
C’est sur ce principe que « l’idée est la mère du fait », que le baron de Feuchtersleben aurait bâti son système, s’il avait su bâtir ; car ce principe, que l’Allemagne a depuis vingt ans appliqué aux sciences, aux religions, à l’art, à l’histoire, l’avait pénétré, et il aurait pu l’appliquer à son ordre de connaissances et d’études, à la condition de posséder la vigueur de déduction que doivent avoir tous les grands esprits secondaires qui viennent après les inventeurs.
Selon moi, la vie du Curé d’Ars est une véritable originalité dans l’ordre hagiographique, et j’en connais peu qui fassent plus penser.
Guizot, qui a opposé l’ordre et la liberté dans une antithèse connue, digne de Victor Hugo, comme il oppose aujourd’hui saint Louis à Calvin, dans une autre antithèse, n’entend sous aucun prétexte être un révolté, si protestant qu’il puisse être, et il tripote dans l’histoire pour nous prouver que cela fait deux.
Les deux seuls ouvrages, en résumé, qui, dans l’ordre poétique, méritent de tirer la Critique de son abîme d’indifférence réfléchie, et d’être mis par elle l’un à côté de l’autre, comme on y mettrait deux cariatides de marbre ou d’airain différents.
Mme de Staël, ce grand poète en prose, — comme on peut l’être en prose, — qui avait fait chanter Corinne, n’existait plus… Tout à coup, comme pour nous consoler de cette perte et pour la réparer, se mit à jaillir dans la vie (le mot n’est pas trop fort pour dire l’impétuosité de cette jeunesse) une jeune fille qui, elle, chantait de vraies poésies, car elle parlait cette langue des vers que rien, dans l’ordre poétique, ne peut remplacer.
Ces Idylles prussiennes, sur lesquelles je veux particulièrement insister, ne sont pas seulement les plus belles poésies du volume, mais elles portent avec elles un caractère de nouveauté si peu attendu et si étonnant, qu’en vérité on peut tout croire de la puissance d’un poète qui, après trente ans de vie poétique de la plus stricte unité, apparaît poète tout à coup dans un tout autre ordre de sentiments et d’idées, — et poète, certainement, comme, jusque-là, il ne l’avait jamais été !
Le xviie siècle et le xixe se rejoignaient en lui et s’y étreignaient pour faire un poète d’ordre composite, très rare et très équilibré, et dans lequel on ne savait qui, des deux génies de ces deux siècles, dominait le plus.
Si je cherchais dans l’ordre physique une ressemblance avec son talent, je dirais qu’il me fait penser à l’élève, héroïquement râblé, du Centaure Chiron, dans le beau tableau de L’Éducation d’Achille.
Ce n’est pas non plus simplement par le titre que La Dame au manteau rouge rappelle la Femme en blanc : elle la rappelle aussi par la curiosité qu’elle inspire, quoique cette curiosité soit d’un ordre différent.
Charrière, un homme du premier ni du second ordre, que Nicolas Gogol, l’auteur des Ames mortes.
Aussi arrive-t-il un moment, quand on ne lit pas l’ouvrage comme il a été fait, dans l’ordre suspendu du feuilleton avec ses interruptions et ses coupures, où le lecteur le plus intrépide et le plus cuirassé contre le mal au cœur est tenté de rejeter le livre dont un pareil homme est le héros.
Ses deux citations à l’ordre de l’armée en témoignent.
« Ainsi que Dieu a des génies qui exécutent ses ordres dans l’univers, le prince a des hommes qui commandent sous lui dans ses États.
Il semble que vivement frappé de l’idée de l’ordre, qui peut-être n’est que la perfection des êtres faibles, il ait voulu l’appliquer à tout.
Alors s’élevèrent deux écrivains d’un ordre distingué, mais nés tous deux avec cette justesse qui analyse et qui raisonne, bien plus qu’avec la chaleur qui fait les orateurs et les poètes.
À part les révolutions de palais qui interrompaient le cours régulier de cet ordre de choses et en changeaient les principaux personnages, en dehors de ces accidents naturels et de ces sinistres compensations du pouvoir absolu, il y avait, durant toute cette époque dont votre théorie préconise la salutaire immobilité, il y avait alors sans cesse la plus active rébellion du sentiment moral, le plus ardent foyer pour les intelligences et les cœurs.
Elle en partageait la tendance, et, en tout cas, elle pensait que dans cet ordre de pensées intimes, exprimées avec mesure, chacun doit donner ce qui est en lui avec une entière liberté. […] Il parle à la duchesse, en honnête homme blessé, et, quand il croit avoir tout remis en ordre, va faire un tour à sa ferme. […] » Tournez-vous de ce côté ; voici les religieuses de Valenciennes ; elles sont parties au moment du siège ; elles sont revenues plus tard sur l’ordre de la Mère abbesse ; elles ignorent absolument ce qui se passe. […] D’un autre côté, le vol étant à l’ordre du jour, et le cambriolage se multipliant aussi bien à la ville qu’à la campagne, pourquoi l’État ne fonderait-il pas une assurance contre le cambriolage. […] Je fouille Robespierre, je lui prends son portefeuille et sa montre que je remets à Léonard Bourdon, qui vient en ce moment me féliciter sur ma victoire et donner des ordres de police.
La pièce a été mise en scène par Silvain, c’est-à-dire avec science, à propos, ordre et amour. […] Clotaire envoya des soldats avec ordre de lui amener aussitôt son fils. […] Ils obéissent aussitôt, et assis en ordre sur les bancs, ils frappent de leurs rames la mer blanchissante. […] Ils s’asseyent en ordre sur les bancs, et frappent de leurs rames la mer blanchissante. […] Lorsqu’on le compare à ses contemporains, on s’étonne de la mesure et de l’ordre que possédait son esprit.
Et tout cela ramené dans le même ordre. […] Il entendait montrer que nous ne pouvons rien, dans l’ordre du salut, sans la grâce de Dieu. […] Je n’y veux point manquer pour un ordre odieux Et, de peur d’un mortel, mécontenter les dieux. […] Mais je sais surtout gré à Chantavoine d’avoir marqué la plus vive estime pour les comédies de Casimir Delavigne et d’avoir, notamment, signalé la Popularité comme une œuvre de premier ordre. […] A ce moment, l’un des officiers de cosaques envoyés pour rétablir l’ordre dans le pays vient demander au vieux juif ses papiers et son permis de séjour.
Il doit y avoir des notations de premier ordre. […] Heredia n’éprouvait pas une grande tendresse pour l’œuvre réaliste de Zola, bien qu’il déclarât l’Assommoir et Germinal deux ouvrages de premier ordre. […] Il appelait le docteur Doyen : « Le Cancer classique, le Cancer Européen. » Le surprenait-on en train de mettre de l’ordre dans ses papiers : « je pense, disait-il, donc j’essuie ». […] On a accusé le Père Didon d’être un tribun plutôt qu’un apôtre et d’avoir, par ses opinions imprudentes, compromis l’ordre des Dominicains. […] Jean Aicard a dû certainement une partie de sa réputation à sa merveilleuse voix d’or et à sa diction dramatique de premier ordre.
Mais étant parvenu à quelque maturité d’années, et voyant quelle tyrannie avait envahi l’Église, une tyrannie si grande que quiconque voulait prendre les ordres devait se déclarer esclave par serment et sous son seing, en sorte qu’à moins de trouver sa promesse au goût de sa conscience, il fallait se parjurer ou souffrir le naufrage de sa foi, je crus meilleur de choisir un silence sans reproche plutôt que l’office sacré de la parole acheté et commencé avec la servitude et le parjure. » Il refusait d’être prêtre de la même façon qu’il avait voulu être prêtre ; espérances et renoncement, tout chez lui partait de la même source, la volonté fixe d’agir noblement. […] Et cependant l’ordre manque, la question n’est point ramenée à une idée unique ; on ne voit point sa route ; les preuves se succèdent sans se suivre ; on est plutôt fatigué que convaincu. […] Viens donc, ô toi qui as les sept étoiles dans ta main droite ; établis tes prêtres choisis, selon leur ordre et leurs rites antiques, pour accomplir devant tes yeux leur office et verser religieusement l’huile consacrée dans tes lampes saintes toujours brûlantes. […] Avec quel ordre industrieux, pour éviter la confusion des goûts, pour ne pas les mal assortir, pour qu’une saveur suive une saveur relevée par le plus heureux contraste ? […] On y trouve des ordres du jour, une hiérarchie, une soumission exacte, des corvées527, des disputes, des cérémonies réglées, des prosternements, une étiquette, des armes fourbies, des arsenaux, des dépôts de chariots et de munitions.
Un prêtre de l’endroit, l’abbé Sanchini, lui enseigna les premiers éléments du latin ; quant au grec, l’apprenant dès l’âge de huit ans dans la grammaire dite de Padoue, l’enfant jugea cette grammaire insuffisante, et, décidé à s’en passer, il se mit à aborder directement les textes qu’il trouvait dans la bibliothèque de son père ; il lut ainsi sans maître, et bientôt avec une surprenante facilité, les auteurs ecclésiastiques, les saints Pères, tout ce que lui fournissait en ce genre cette très-riche bibliothèque domestique ; le premier débrouillement fait, il lut méthodiquement, par ordre chronologique, plume en main, et, de même que chez Pascal, avec qui on l’a comparé, le génie mathématique éclata comme par miracle ; ainsi le génie philologique se fit jour merveilleusement chez le jeune Leopardi ; il devint un véritable érudit à l’âge où les autres en sont encore à répéter sur les bancs la dictée du maître. […] Mais, en tout, il semble que Leopardi, parmi les modernes, puisse être dit un poëte du même ordre et de la même variété que Simonide parmi les anciens. […] Nos idées et nos lumières ont pu améliorer l’ordre social, mais je ne sais si les hommes des temps modernes sont meilleurs pour être plus faibles, et les progrès ne sont pas des vertus. » Cette page est un beau commentaire de la manière de sentir de Leopardi.
Je voudrais qu’elle fût bien gaie et qu’elle ne pleurât qu’un peu ; car elle pleurera ; cela est, dit-on, dans l’ordre. » Ce sont des riens, mais on a le ton ; comme c’est net et bien dit ! […] … Ce n’était pas l’intention, et cela n’est pas dans l’ordre. — J’ai bien craint, après coup, madame, que je n’eusse eu tort, lui répondis-je ; mais il était trop tard, et j’aurais mieux aimé à ne point venir ici, quelque envie que j’en eusse, que de reprendre le billet et de venir sans mon ami. […] Le culte de Jean-Jacques et de Voltaire au Panthéon, un clergé-philosophe substitué à un clergé-prêtre, la liberté, l’éducation, tous ces sujets à l’ordre du jour, y sont touchés : aucun engouement, chaque chose jugée à sa valeur, même Mme de Sillery (de Genlis) : « J’admire, dit Constance, quelques-unes de ses petites comédies ; je fais cas de cet esprit roide et expéditif que je trouve dans tous ses ouvrages ; j’y reconnais à la fois sa vocation et le talent de la remplir.
Jonson a pris dans le commerce des anciens l’habitude de décomposer les idées, de les dérouler pièce à pièce et dans leur ordre naturel, de se faire comprendre et de se faire croire. […] Il ne prend pas comme Shakspeare un roman de Greene, une chronique d’Holinshed, une vie de Plutarque, tels quels, pour les découper en scènes, sans calcul des vraisemblances, indifférent à l’ordre, à l’unité, occupé seulement de mettre en pied des hommes, parfois égaré dans des rêveries poétiques, et au besoin concluant subitement la pièce par une reconnaissance ou une tuerie. […] Mais il n’y a là qu’une apparence, et les dangereuses forces primitives subsistent indomptées et indépendantes sous l’ordre qui semble les contenir ; qu’un grand danger se montre, qu’une révolution éclate, elles feront éruption et explosion, presque aussi terriblement qu’aux premiers jours.
Par une expérience ingénieuse et fort connue, Pythagore prouva qu’il avait le pressentiment de cette belle pensée de Leibniz : « La musique est un calcul secret que l’âme fait à son insu. » Définition admirable, qui semble dérobée à la langue de Platon, et qui concilie la liberté indéfinie du génie créateur de l’homme avec l’ordre absolu qui règne dans la nature. […] Le même jour, à onze heures, je reçus l’ordre de me rendre à Schœnbrunn. […] Dès qu’on sut que nous étions à Vienne, on nous transmit l’ordre de paraître à la cour.
Voltaire n’a donc été remarquable que dans le léger, et le léger n’est jamais que de second ordre. […] Il m’a montré tous les trésors de la caisse de David, maintenant mis en ordre. […] Il semble appeler sur son pays l’influence des principes français, et se lancer hardiment dans la sphère des bouleversements téméraires, d’où doit sortir un ordre nouveau.
Il ne faisait pas partie d’un ordre rigoureusement cloîtré. « C’est une chose louable pour un religieux, dit-il, de sortir rarement. » Donc il pouvait sortir. « N’ayez de familiarité avec aucune femme, mais recommandez à Dieu, en général, toutes les femmes de vertu. » Donc il connaissait des femmes. […] Relisez les pages sur les deux extrémités du vieil ordre social, le peuple et la cour (« L’on parle d’une région… » etc., et « L’on voit certains animaux farouches… » etc.), et sur la guerre (« Petits hommes, hauts de six pieds… » etc.). […] Il y a celles dont le défunt n’eut qu’une célébrité viagère, bruyante peut-être à son heure, mais d’ordre subalterne, et qui nous étonnent par le faste de leur culte, car nous ne savons déjà plus de quoi elles se souviennent.
Quant à vouloir enchaîner les aventures avec ordre, quant à conduire l’action au dénouement par un fil logique, on ne saurait s’embarrasser que le moins possible de cette gênante préoccupation. […] Il y a seulement deux cents ans, le peuple grattait la terre, servait les trois ordres (tiers-état compris), et ne connaissait d’autre littérature que quelques vagues complaintes patoises. […] Et c’est parce que sa pièce renferme des beautés de premier ordre, qui sont de simples beautés dramatiques, par exemple les fiançailles de l’ingénieur devant le puits de la catastrophe, que son éloquent plaidoyer, par moment beau comme du Bossuet, arrive au public.
Les ouvrages théoriques de Richard Wagner, depuis le Projet pour l’organisation d’un théâtre national allemand dans le royaume de Saxe, écrit en 1849, jusque le traité sur la Religion et l’Art, publié dans le journal de Bayreuth, en 1880, peuvent être considérés, dans leur ordre chronologique, comme des réponses successives à trois questions : 1° Quelle doit être l’œuvre d’art idéale ; 2° Quelles doivent être les conditions idéales de sa représentation ; 3° A quel public se doit elle adresser10. […] La musique de la Passion, par exemple, reflète les sentiments les plus profonds de l’âme ; n’évoque-t-elle pas en même temps des visions d’un ordre supérieur à tout ce que peut nous donner le théâtre contemporain, ce théâtre qui a pour but principal la distraction ? […] La séance aura lieu à Munich (Hôtel Roth) ; l’ordre du jour est ainsi fixé : 1° Rapport et décision sur les affaires de la fondation ; 2° Motions des membres (selon l’article 18 des statuts).
Il y a en lui une irrésistible sympathie par tous les points avec la Vie universelle, et il cherche ensuite à réprimer cette expansion, à la ramener dans un ordre régulier de foi ; il y a en lui, si je l’ose dire, du bouddhiste qui tâche d’être méthodiste. […] On sent dans ce magnifique sonnet ce qu’il en coûte à la noble muse druidique des bois, à la muse des contemplations et des superstitions solitaires, pour saluer ainsi ce qui ravage déjà son empire et la doit en partie détrôner ; c’est presque une abdication auguste : je m’en attendris comme quand Moïse a sacré Josué et salué le nouvel élu du Tout-Puissant, comme quand Énée, par ordre du Destin, s’arrache à la Didon aimée, pour fonder la Ville inconnue.
Par l’ordre de sa date, par le rang éminent où il s’est placé d’abord, par la vive influence qu’il a longuement exercée, par le progrès et l’accroissement où il n’a pas cessé de se tenir, en même temps qu’il reste pour nous du très-petit nombre des maîtres illustres, il est de ceux dont l’autorité continue de vivre, et qu’on est certain, en avançant, de toujours et de plus en plus retrouver. […] Villemain, même dans l’ordre des sentiments publics et nationaux, gradation par nuances avec les années, acquisition croissante sans rupture, modification en mieux sans disparate et sans oubli.
On déjeuna, on dîna, on chanta beaucoup ; Cornus, Momus et Bacchus furent à l’ordre du jour : c’était bien le moins après la déesse Raison. […] Est-il besoin de rappeler avant tout que Béranger est un esprit d’un tout autre ordre, un talent hors de pair, qui a créé son domaine et qui a ouvert, ne fût-ce que pour lui seul, des voies nouvelles ?
Pour Chateaubriand et pour la plupart des romantiques, l’inquiétude est d’ordre sentimental : chez Senancour, c’est l’intelligence surtout qui est tourmentée ; il s’agit moins de jouir que de savoir. […] La vertu, c’est l’effort de l’être pour réaliser sa loi ; c’est l’effort vers l’ordre.
Au surplus, ces prix échoient de temps en temps à un jeune écrivain de talent, tandis qu’un échec de cet ordre n’a jamais empêché personne de réussir. […] Il y a tendance à ne pas lancer le nouveau venu dont le tempérament présage un concurrent aux ventes prochainement redoutables, mais à nommer plutôt un obligé de second ordre « qui ne cassera rien ».
De là, dans ses œuvres, distinguées plutôt que de premier ordre, la délicatesse tournant à la manière, la finesse à l’énigme ; de là un poète qui, pour se dérober aux yeux des profanes, s’enveloppe d’ombres, et finit par se perdre de vue lui-même. […] S’agit-il, par exemple, de l’usage des passions dans le drame, elle recueille dans les auteurs dramatiques les plus divers et les plus inégaux les traits vrais ou spécieux dont ils ont peint une passion ; elle compare les morceaux, non pour donner des rangs, mais pour faire profiter de ces rapprochements la vérité et le goût ; elle y ajoute ses propres pensées, et de ce travail de comparaison et de critique elle fait ressortir quelque vérité de l’ordre moral.
Mais s’il accumule les traits sans ordre, sans gradation, si tout est confus chez lui, il n’en reste pas moins un orateur qui plaide une cause, il cherche un effet, d’une autre façon sans doute que ses écrivains abhorrés, mais il le cherche, et, que voulez-vous, je préfère l’éloquence de Bossuet, celle de Joseph de Maistre, son grand ennemi, même celle de Massillon, à cette avalanche de citations et d’exemples mal soudés les uns aux autres et enjolivés d’un commentaire criard. […] Le sens de la composition en art est une qualité, paraît-il, inférieure, comme le jugement et l’ordre.
Montrons, autant qu’il sera en nous, par des documents d’ordre privé, des souvenirs, des notes familières, ce qui fut l’homme en ce créateur prodigieux qui a tiré de soi-même un art complet, à jamais vivant ; racontons s’il se peut, la genèse de ses ouvrages, de la conception première au plein épanouissement de l’exécution et, tout au moins, efforçons-nous d’en traduire le frisson particulier ; descendons à l’examen des procédés techniques — surtout des moyens expressifs ; répandons, enfin, notre admiration profonde et raisonnée pour ce génie hors de pair qui a ramené le Théâtre musical à l’humanité, à la vérité, à la musique. […] Au bout de quelque temps d’une vie sauvage adoucie seulement par l’amour et la harpe de Tristan, qui est poète et musicien, Iseult est rappelée par son mari qui s’ennuie d’être veuf : la bonté de Marc’h ne va cependant pas jusqu’à rappeler son coupable neveu, et il reçoit ordre de ne plus se montrer à la cour.
Cette fatale représentation de Tannhjeuser à Paris en 1861 ne peut être considérée comme un commencement ; elle a été une plante sans racines, importée par l’ordre de l’empereur Napoléon, détruite par le Jockey-Clubr. […] L’audition a en lien dans le salon du théâtre Costanzi, avec le concours d’interprètes de premier ordre, comme orchestra et comme chant, et devant un public très nombreux composé de l’élite du monde romain.
Adolphe Samuel, aujourd’hui directeur du Conservatoire de Gand, alors professeur au Conservatoire de Bruxelles et placé sous les ordres de Fétis, une menace de révocation qui, fort heureusement pour la dignité de l’institution, ne put être sanctionnée. […] Dans l’intervalle, Bruxelles voyait se fonder une institution destinée à modifier insensiblement le goût du public et à le porter de préférence vers un ordre de compositions musicales de style élevé.
S’il voulut sincèrement faire œuvre vivante et ramener de l’oubli un écrivain de second ordre qui eut des frémissements de vraie poésie, je le félicite de son intention. […] Il lui faut une nouvelle entreprise, et d’un autre ordre.
La réponse sera donnée par un nouvel ordre de faits que nous allons développer. […] Cette nullité, cette simplification et ce grossissement du fond, sont unis aux propriétés caractéristiques de la forme non par des relations de causes à effets ou d’effets à cause, mais par un rapport indissoluble qui permet de considérer ces deux ordres de faits comme résultant à la fois d’une cause unique.
Ce qui autorise à le croire, c’est qu’on s’est permis de retrancher plusieurs des anciennes, et qu’on a souvent divisé les autres, sous prétexte que le premier ordre était arbitraire, de manière à ce qu’elles ne donnent plus le même sens. […] Si une puce les a mordus, ce sont des infiniment petits du premier ordre qui les incommodent.
Grâce à cette troisième dimension d’Espace, toutes les images constituant tous les moments passés et futurs de l’univers sont données d’un seul coup avec l’image présente, non pas disposées les unes par rapport aux autres comme les photographies le long d’un film (pour cela, en effet, il n’y aurait pas de place), mais arrangées dans un ordre différent, que nous n’arrivons pas à imaginer, que nous pouvons cependant concevoir. […] Ce qui ne pouvait être construit que dans un certain ordre peut être détruit n’importe comment.
Quoique le sien n’ait rien d’exclusif, elle fait grande acception des genres : elle maintient le premier rang dans son estime à la peinture d’histoire, et ne considère rien tant que la réunion des qualités que les compositions de cet ordre exigent.
Il a aimé la liberté, il l’a voulue et comprise au sein de l’ordre ; il l’a défendue de sa plume avec habileté, vigueur et courage ; il est mort sur l’échafaud en la confessant, et non sans avoir auparavant transpercé les bourreaux barbouilleurs de loix de son ïambe vengeur.
Salons affamés de nouvelles, de sujets à l’ordre du jour, auxquels l’ancien régime parlementaire, avec ses joutes et tournois, fournissait, toutes les quinzaines à peu près, un aliment nouveau, un nouveau train de conversation ; qui sont à jeun depuis bien des années et n’ont pour ressource que de se jeter avec rage sur ces pauvres sujets littéraires, drames ou romans, qui n’en peuvent mais !
Il n’y a pas de danger qu’on se méprenne sur ce mot Éloge : il ne saurait s’appliquer qu’au grand écrivain toujours debout et subsistant ; l’homme et le caractère sont dorénavant trop connus, trop percés et mis à jour pour que l’éloge puisse y prendre pied décidément, et quoique les appréciations de ce genre soient sujettes à de perpétuelles vicissitudes, quoiqu’il semble qu’en littérature et en morale les choses ne se passent point comme dans la science proprement dite et que ce soit toujours à recommencer, je pense toutefois qu’il y a, dans cet ordre d’observations aussi, de certaines conclusions acquises et démontrées sur lesquelles il n’y a pas lieu pour les bons esprits à revenir.
Mais, si le volume n’avait contenu que ces deux ordres de pièces, les plus neuves et originales beautés qui illustrent celui-ci y auraient manqué.
Nous n’avons pas à nous inquiéter ici du retentissement que doit avoir cet éclat de M. de La Mennais dans l’ordre purement ecclésiastique.
Sabbatier voit partout les doctrinaires comme d’autres les jésuites), marchant constamment à son but de brouiller toutes les idées pour dénaturer tous les sentiments nationaux, tous les principes patriotiques, avait travaillé dix ans à faire une renommée colossale à un romancier anglais mille fois inférieur à Richardson, à Fielding, à Goldsmith, mais bien digne de sa tendresse puisque à sa qualité d’étranger il joignait le titre encore plus sacré de pamphlétaire aux ordres de l’aristocratie bretonne pour déchirer la France et tout ce qui faisait sa gloire et sa prospérité. » Ce sont là de ces douceurs judicieuses que le biographe de Victorin Fabre répand comme le lait et le miel sur la tombe de son héros.
Au xviiie siècle, la philosophie, en imprimant son cachet à tout, mit bon ordre à ces récidives de tendresse auxquelles les poëtes sont sujets si on les abandonne à eux-mêmes ; elle confisqua d’ailleurs pour son propre compte toutes les activités, toutes les effervescences, et ne sut pas elle-même en séparer toutes les manies.
Mais, malgré ces différences profondes, et qui intéressent surtout notre avenir et notre destinée (car il s’ensuit que la décadence dont on nous menace par analogie n’est nullement nécessaire), malgré cet élément essentiellement nouveau d’une industrie libre marchant au flambeau de la science, et travaillant non pas à corrompre, mais à améliorer la vie, il y a des ressemblances frappantes dans l’ordre politique.
Les lumières de l’expérience et de l’observation n’existent-elles pas aussi dans l’ordre moral, et ne donnent-elles pas aussi d’utiles secours aux développements successifs de tous les genres de réflexions ?
Sans examiner ici philosophiquement la destinée des femmes dans l’ordre social, ce qui est certain, en général, c’est que leurs vertus domestiques obtiennent seules des hommes toute la tendresse de cœur dont ils sont capables.
Ces instants délicieux et si rares d’illusion parfaite ne peuvent se rencontrer que dans la chaleur d’une scène animée, lorsque les répliques des acteurs se pressent ; par exemple, quand Hermione dit à Oreste, qui vient d’assassiner Pyrrhus par son ordre : Qui te l’a dit ?
La raison limitée et oratoire se complut à ce bel ordre des puissances civiles, et le transporta dans les puissances naturelles.
Une fois l’esprit habitué à ce procédé, vous n’aurez plus besoin de faire les demandes : les réponses précéderont les questions ; vous penserez naturellement selon la méthode que vous vous serez imposée, et votre réflexion conformera sa marche à l’ordre accoutumé.
Il tient apparemment de ses origines espagnoles et créoles la grandiloquence de ses vers, la « grandesse » de ses sentiments et l’opulence de sa vision ; mais il a aussi du sang normand dans les veines, et il est permis de croire que c’est par là que lui sont venues ses bonnes habitudes classiques, son goût de l’ordre et de la clarté.
Il n’intimera pas d’ordres ; il procédera par lentes pressions sur l’opinion publique, par propagande, par exhortations et conseils. — Cela revient à dire que l’art moral sera une morale persuasive et non une morale impérative.
Dans la tribu et la cité antiques, le fait de la race avait, nous le reconnaissons, une importance de premier ordre.
La Magdaléenne lui fut fidèle jusqu’au Golgotha, et joua le surlendemain de sa mort un rôle de premier ordre ; car elle fut l’organe principal par lequel s’établit la foi à la résurrection, ainsi que nous le verrons plus tard.
Les ordres mendiants, les innombrables sectes communistes du moyen âge (Pauvres de Lyon, Bégards, Bons-Hommes, Fratricelles, Humiliés, Pauvres évangéliques, etc.), groupés sous la bannière de « l’Évangile Éternel », prétendirent être et furent en effet les vrais disciples de Jésus.
Un certain ordre rythma par degrés cette symphonie confuse : le Chœur s’isola du récitateur, l’Antistrophe répliqua symétriquement à la Strophe, les danses évoluèrent régulièrement autour de l’autel.
Il a distribué aussi ses mélanges littéraires dans un ordre plus méthodique et les a assortis d’une façon agréable.
* * * — Prière d’un vieillard de ma connaissance : « Faites, mon Dieu, que mes urines soient moins chargées, faites que les moumouches ne me piquent pas, faites, que je vive pour gagner encore cent mille francs, faites que l’Empereur reste pour que mes rentes augmentent, faites que la hausse se soutienne sur les charbons d’Anzin. » Et sa gouvernante avait ordre de lui lire cela, tous les soirs, et il le répétait, les mains jointes.
Il aspiroit à paroître un romancier du premier ordre : mais il n’avoit ni le goût, ni l’imagination nécessaires pour réussir en ces sortes d’ouvrages.
Sa majesté daigna même le nommer d’un voyage de Postzdam : elle lui rendit la clef de chambellan, & le cordon de l’ordre du mérite que ce grand poëte lui avoit remis, & qu’il ne perdit réellement que quelque temps après.
Il n’appartient qu’aux prédicateurs du premier ordre de sçavoir tirer parti de la fréquentation des spectacles & du jeu des grands comédiens ; témoin le P.
Il écrivait, donnait ses ordres, entretenait une active correspondance comme par le passé ; il n’était donc aphasique que par la parole, mais il ne l’était ni par l’écriture ni par les gestes51. » M.
Voilà la science et la justice aux ordres du plus fort, comme il arrive, et n’épargnant pas les injures, ce pelé, ce galeux, etc.
Donnez-lui d’abord des notions claires de ses devoirs moraux et religieux ; enseignez-lui les lettres humaines et divines : ensuite, quand vous aurez donné les soins nécessaires à l’éducation du cœur de votre élève, quand son cerveau sera suffisamment rempli d’objets de comparaison et de principes certains, mettez-y de l’ordre, si vous le voulez, avec la géométrie.
Comme l’art du geste se subdivisoit encore en plusieurs especes, on ne doit pas être surpris qu’il se soit trouvé chez les anciens un nombre de danses differentes, assez grand pour mettre Meursius en état de composer de leurs noms, rangez suivant l’ordre alphabetique, un dictionnaire entier.
Voilà encore, Messieurs, ce, que nous dit Molière, et ce que nous confirme Dancourt, historien du second ordre, mais qui n’en est ni moins fidèle ni mains véridique.
Cette peinture, je puis l’avouer, sera toute d’imagination ; car c’est un ordre de phénomènes peu appréciables à la vue de l’esprit, et qui se passent au fond des cœurs.
Elle serait moins dans l’ordre absolu de toute vérité.
En tant qu’il faille se rattacher à son siècle par une sottise, voilà celle par laquelle Mme Gustave Haller se rattache au sien ; car la sottise à la mode au xixe siècle où tout meurt, usé et fini dans tous les ordres de faits et d’idées, c’est de croire béatement à l’avenir.
Michel-Ange et Raphaël sont donc des inutiles, non pas encore aux yeux de Barot, qui vaut mieux que ses doctrines et qui a de l’âme, malgré son matérialisme systématique, — la lèpre entre cuir et chair de son livre, — mais aux yeux de plus hardis et, dans son ordre d’idées, de plus forts raisonneurs que lui.
Enfin, à propos d’Horace, il se remet à souffler dans ce vieux cornet à bouquin qu’on appelle l’ordre et la liberté, et nous assure qu’Horace était conservateur.
tout un ordre d’impressions ou d’idées qui n’a point péri avec elle.
Comment croire qu’il n’eût pas montré que ces institutions ayant seules rendu l’ordre à une société qui le demandait à toutes les formes de l’élection depuis dix ans, le triomphe du Consulat était précisément, et devait être, de placer le pouvoir exécutif en dehors de l’élection et de ses erreurs ?
Mais il n’en était pas de même pour Jacques Cœur, Ce grand honnête homme de génie était aussi une haute et robuste vertu, et tranchait bien, par l’ordre de sa vie et la beauté de ses instincts, sur le sombre et sanglant repoussoir des vices et des crimes de son siècle.
C’était elle surtout, et peut-être uniquement elle, dont il devait nous montrer le travail autour de la grande pyramide romaine, en nous expliquant ses alliances, sa loi salique, ses mariages, équivalant à ses conquêtes, et le secret de son immense force quand, de morcelée sur des espaces restreints, comme les plateaux pyrénéens, par exemple, elle se résolut en un ordre organique dans de plus vastes espaces ; sujet superbe, touché et manqué déjà par tant de mains auxquelles on prêtait du génie.
En effet, son admiration a des manières tellement ingénieuses de se traduire et de s’affirmer, que très souvent on se demande, en le lisant, si l’homme qui a écrit de telles pages, qui brûle un encens de ce fumet pour la plus grande gloire des dames américaines, s’entend lui-même, ou s’il ne serait pas plutôt un mystificateur de premier ordre, un ironique profond, un Masque-de-Fer d’ironie, comme on a prétendu que l’avait été Machiavel-le-Sphinx quand il écrivit la tactique de la Tyrannie.
Et c’est là, c’est la vilenie de cette chose qui, jusqu’à nouvel ordre et nouveaux renseignements, me fait douter du Grec qui a écrit une œuvre si peu grecque, de ce romancier grossier et pataud qui est du pays de Lucien, de ce comique épais et sans goût qui continue si étrangement le doux Ménandre et le grand Aristophane.
On dirait un ordre donné et une même manière d’y obéir.
Venu le dernier dans l’ordre des historiens modernes, M.
Machiavel, qui se permettait aussi des comédies, mais non crépusculaires, qui inventait avant Molière un Tartufe d’une bien autre fierté et d’une bien autre profondeur, était un lettré, lui, et un lettré de premier ordre.
Il est trop lyrique pour s’occuper de mettre de l’ordre dans ses idées et pour s’embarrasser des contradictions.
Charrière, un homme du premier ni du second ordre, que Nicolas Gogol, l’auteur des Âmes mortes.
Daniel a les entrailles de son Ordre pour un genre d’enseignement qui en a fait la gloire.
en faisant cela, il a risqué de faire un mal immense, et dans l’ordre moral, qui risque le mal l’a déjà fait !
C’est un coup manqué dans l’ordre de la pensée.
En se limitant dans l’ordre des choses naturelles, la science de Dieu n’existe pas, à proprement parler ; car, pour qu’une science soit, il faut en connaître tous les termes, et Dieu, c’est le terme infini ; mais la croyance en Dieu scientifiquement doit être, parce que, si cette croyance n’était pas, aucune explication ne serait possible, et que rien de ce qui ne serait pas Dieu ne s’entendrait.
Dans l’ordre philosophique, M.
En faisant précéder le système qui viendra plus tard par une théodicée, l’abbé Gratry a suivi la marche de la Nature et l’ordre des vérités prises en elles-mêmes.
Messieurs de l’Ordre Composite en philosophie, les Compliqués d’Hegel et de Strauss, de Condillac et d’Auguste Comte, les hommes du dédain transcendant, comme Renan, qui en est l’inventeur et le professeur, ou de la plaisanterie athée, comme Taine, sont bien capables de comparer à un verre d’eau ce livre d’une simplicité transparente et brillante à la fois, et qui ressemble vraiment à de l’eau de source, traversée par un rayon du jour !
Réaume et de Caussade, ont extrait, à force d’efforts, ces pépites… Et si, dans l’ordre interverti des volumes, le troisième a paru avant le second, c’est que dans le troisième se trouvent les vers inédits et absolument inconnus de d’Aubigné, et qu’on a cru intéresser au succès immédiat de l’édition qu’on publie par cet attrait de nouveauté.
Et comme avant Darwin et Proudhon, ces grands scélérats intellectuels, on n’avait pas encore vu ces abominations qui sont le fond de l’abîme dans l’ordre de la pensée et après lesquelles il n’y a plus que la mort de l’Esprit humain à plat ventre dans ses ténèbres, on n’avait pas entendu non plus — car dans les vieilles civilisations les poètes ne viennent qu’après les philosophes — de poésie vibrant à l’unisson de ces épouvantables et damnés penseurs.
L’éditeur de Le Sage32 a trouvé là une réputation bien établie, un écrivain réputé pour un des premiers dans l’ordre du roman ; une de ces célébrités faites par le siècle qu’elle amusa et acceptées sans bénéfice d’inventaire par le nôtre, qu’elle n’amuse plus ; un homme enfin qui passe toujours presque pour une des gloires de la Littérature française.
En vain l’a-t-il fait aussi, comme Christian, victime de l’absence d’éducation morale, cette plaie du siècle, et le ramène-t-il à l’ordre et à la vraie destinée par le sentiment paternel, comme il y a ramené Christian par l’amour ; en vain la scène du verre de champagne accepté, qui l’introduit dans le roman, est-elle charmante et attendrie, ce personnage de Chambornay nuit plus qu’il ne sert au développement du livre, et, avec le talent mâle, sobre et qui se ménage si peu de l’auteur, avec ce talent qui sait revenir si courageusement sur lui-même pour s’opérer de ses propres mains, on est étonné qu’il n’ait pas sacrifié et remplacé cette figure selon nous malvenue à travers toutes les autres qui le sontsi bien.
Cet art, outre une imagination très vive et prompte à s’enflammer, supposait encore en eux des études très longues ; il supposait une étude raisonnée de la langue et de tous ses signes, l’étude approfondie de tous les écrivains, et surtout de ceux qui avaient dans le style, le plus de fécondité et de souplesse ; la lecture assidue des poètes, parce que les poètes ébranlent plus fortement l’imagination, et qu’ils pouvaient servir à couvrir le petit nombre des idées par l’éclat des images ; le choix particulier de quelque grand orateur avec qui leur talent et leur âme avaient quelque rapport ; une mémoire prompte, et qui avait la disposition rapide de toutes ses richesses pour servir leur imagination ; l’exercice habituel de la parole, d’où devait naître l’habitude de lier rapidement des idées ; des méditations profondes sur tous les genres de sentiments et de passions ; beaucoup d’idées générales sur les vertus et les vices, et peut-être des morceaux d’éclat et prémédités, une étude réfléchie de l’histoire et de tous les grands événements, que l’éloquence pouvait ramener ; des formules d’exorde toutes prêtes et convenables aux lieux, aux temps, à l’âge de l’orateur ; peut-être un art technique de classer leurs idées sur tous les objets, pour les retrouver à chaque instant et sur le premier ordre ; peut-être un art de méditer et de prévoir d’avance tous les sujets possibles, par des divisions générales ou de situations, ou de passions, ou d’objets politiques, ou d’objets de morale, ou d’objets religieux, ou d’objets d’éloge et de censure ; peut-être enfin la facilité d’exciter en eux, par l’habitude, une espèce de sensibilité factice et rapide, en prononçant avec action des mots qui leur rappelaient des sentiments déjà éprouvés, à peu près comme les grands acteurs qui, hors du théâtre, froids et tranquilles, en prononçant certains sons, peuvent tout à coup frémir, s’indigner, s’attendrir, verser et arracher des larmes : et ne sait-on pas que l’action même et le progrès du discours entraîne l’orateur, l’échauffe, le pousse, et, par un mécanisme involontaire, lui communique une sensibilité qu’il n’avait point d’abord.
On peut y joindre, quoique dans un ordre un peu inférieur, ceux de Tournefort, de Boherhaave, de Malebranche, du marquis de L’Hôpital, du grand Cassini, de Renau, qui eut le mérite ou le malheur d’inventer les galiotes à bombes ; de Homberg, premier médecin et chimiste du duc d’Orléans, régent ; du fameux géographe de Lisle, qui raccourcit la mer Méditerranée de 300 lieues, et l’Asie de 500 ; et de Ruisch, célèbre anatomiste hollandais, avec qui le czar Pierre passait des jours entiers pour admirer ou pour s’instruire, et dont le cabinet fut transporté de La Haye à Pétersbourg.
— L’intérêt de l’Etat est de n’avoir qu’un roi Qui, d’un ordre constant gouvernant ses provinces, Accoutume à ses lois et le peuple et les princes. […] Par un ordre souvent l’un à l’autre contraire, Un frère détruirait ce qu’aurait fait un frère. […] On devine que la pauvreté réelle, quotidienne, constante, lui couperait les jambes, à cet animal de l’ordre des échassiers. […] La fille se plaint ; la mère lui donne la première consolation qui se présente à son esprit, et comme elle est ce que vous savez, sa première consolation est d’ordre philosophique. […] Maurice Albert a suivi l’ordre chronologique qui, ce me semble, réflexions faites, s’imposait.
En cela il a suivi le préjugé commun qui n’aime à voir, en général, dans les Mémoires que des écrits d’ordre inférieur, des matériaux incultes et disproportionnés pour l’histoire qu’il appartient à de futurs Tites-Lives de débrouiller. […] Elle est pauvre, il est riche ; cela est dans l’ordre ; quand il la quittera, elle ne songera pas plus à lui faire des reproches qu’elle ne songerait à invectiver la grêle. […] Que si tu sens encore quelque bon mouvement pour moi, exécute promptement les ordres de la justice et ne me laisse pas vivre plus longtemps malheureuse de t’avoir plu. » Ces fleurettes ne sont-elles pas bien mignonnes sur un échafaud ? […] Durant trente années et plus, en effet, qu’il vécut encore, il ne s’occupa que de diriger ou de mettre en ordre ses Mémoires et de sentir et de penser. […] Si l’on songe à ses théories sur le tiers état, « si disproportionné de l’ordre de la noblesse », on voit déjà Mirabeau Coblentz, futur député de la Chambre introuvable, qui suspend la cocarde tricolore à la queue de son cheval et dénonce aux princes assemblés le jacobinisme du comte de Provence.
Flaubert eussent dû se succéder, dans un bel ordre : chaque effort nouveau marquant un nouveau progrès de l’auteur vers la perfection de son genre ; et chaque œuvre nouvelle offrant à la critique une occasion nouvelle de louer, de motiver ses éloges, d’y ajouter un éloge nouveau. […] Comme un peintre, qui s’avisant un beau jour de mettre de l’ordre dans ses portefeuilles, y reprendrait les esquisses, les ébauches, les études dont il s’est autrefois servi pour la préparation d’une grande toile, on dirait que M. […] L’œuvre, avec les qualités dont elle porte le vivant témoignage, pouvait être d’un certain ordre ; elle n’est déjà plus que de l’ordre immédiatement inférieur. […] Mais on peut affirmer en tout cas que de cette épreuve il ne sortira jamais, — je n’ai garde de dire une œuvre de premier ordre, — je dis seulement, dans tel genre secondaire que l’on voudra choisir, une œuvre complète et parfaite en ce genre. […] Développez le contenu de cette exclamation ; prolongez la confession ; mettez de l’ordre dans la confusion lointaine de ces réminiscences ; — vous avez le procédé dont nous parlons.
Il se sent homme en retrouvant partout autour de lui la marque de son labeur et de sa pensée ; il est satisfait « de voir toutes les choses si prêtes sous sa main, et tous ses biens en si bon ordre, et son magasin d’objets nécessaires si grand1030. » Il rentre volontiers chez lui, parce qu’il y est maître et auteur de toutes les commodités qu’il y rencontre ; il y dîne gravement « et en roi. » Voilà les contentements du home. […] Celui qui, par inquiétude de conscience, s’occupe à démêler les motifs bons ou mauvais de ses actions apparentes, qui aperçoit les vices et les vertus à leur naissance, qui suit le progrès insensible des pensées coupables et l’affermissement secret des résolutions honnêtes, qui peut marquer la force, l’espèce et le moment des tentations et des résistances, tient sous sa main presque toutes les cordes humaines, et n’a qu’à les faire vibrer avec ordre pour en tirer les plus puissants accords. […] Sa plume le mène : ni suite, ni plan ; tout au contraire, quand il rencontre l’ordre, il le défait exprès ; d’un coup de pied, il fait rouler sur son histoire commencée la pile des in-folio voisins et gambade par-dessus. […] Bien plus, il est anglican, passionné pour la hiérarchie, admirateur de l’ordre établi, hostile aux dissidents.
Elle veut en faire un bijou, une espèce d’ordre et à la fois un bouquet de côté, pour porter dans ses soirées. […] Au fond il semble qu’il veuille avoir la main forcée, de façon à être couvert par un ordre ministériel. […] Le commissaire de police leur avait répondu qu’il n’avait pas d’ordres. […] Il y a un ordre froid, une symétrie inanimée, rien ne flâne, rien ne traîne, rien ne met aux meubles la trace d’un hier à vous, un livre, un objet oublié.
On ne croit plus que l’objet de chacun soit le libre développement des puissances que la nature peut avoir mises en lui ; et on ne croit pas davantage, avec l’auteur des Essais, que, comme des noix dans un sac, ainsi les hommes finissent toujours par « s’appiler » et se tasser dans une espèce d’inertie coutumière qui ressemble à de l’ordre. […] — Ce qu’il y a de certain, c’est l’influence que ce mince volume a exercée sur la Pléiade. — Témoignages tirés des Œuvres de Ronsard et de Remy Belleau. — De quelques autres écrivains grecs édités pour la première fois par Henri Estienne ; — qu’ils sont tous du second ou du troisième ordre ; — et qu’il les traduit tous en latin. — Du goût d’Estienne pour les Analecta. […] Possevini de quibiisdam scriptis… judicium, 1583]. — Premières études de Bodin. — Il débute par une traduction des Cynégétiques d’Oppien. — Sa Réponse à M. de Malestroit, et les origines de l’économie politique. — Sa Méthode pour la connaissance de l’histoire, et sa querelle avec Cujas. — Comment sa protestation contre l’autorité du droit romain, — est du même ordre que les protestations de ses contemporains contre la souveraineté d’Aristote. […] 3º Les Œuvres. — Les éditions de Du Vair étant très nombreuses, nous suivons ici pour l’énumération de ses œuvres l’ordre de la plus complète, qui nous a paru être celle de 1617 à Cologne, chez Pierre Aubert. — 1º Actions et Traités oratoires, 1586-1614, parmi lesquels on notera : Exhortation à la paix adressée à ceux de la Ligue et la Suasion de l’arrêt pour la loi salique au Parlement ; — 2º De l’éloquence française, comprenant le traité proprement dit et les trois traductions ci-dessus citées ; — 3º Arrêts prononcés en robe rouge, dont il y a trois de plus dans l’édition de 1641, in-fº, que dans l’édition de 1617, soit en tout huit ; — 4º Traités philosophiques, comprenant, en plus des ouvrages déjà mentionnés, un Traité de la Constance et une Exhortation à la vie civile ; — 5º Traités de piété et méditations, comprenant le Traité de la sainte philosophie, et des Méditations sur l’Oraison dominicale, sur le cantique d’Ézéchiel, sur les Psaumes de la Pénitence, etc., etc.
Dans cet ordre d’idées, on ne fait peut-être pas assez attention aux récits et aux dessins des voyageurs, qui doivent être naturellement saisis par les scènes sociales, générales des pays qu’ils visitent et où ils ne peuvent être sollicités par des détails spéciaux, n’étant pas assez initiés aux mœurs et usages pour y devenir indifférents et se mettre à chercher des étrangetés. […] Il n’a pas, dites-vous, « de révoltes contre Dieu et contre la société ; pas d’excentricités, pas de délires sacrés comme Shakespearej et Byron… Dans le détail, rien ne semble livré à la fantaisie… La forme de ses récits est si logique et si droite, qu’elle exclut toute emphase descriptive, toute tentative de l’auteur pour imposer son émotion au lecteur » ; et vous avez fait de toutes ces qualités des qualités d’un « ordre inférieur » ! […] Son aliénation consiste à n’avoir pas d’ordre et d’assiette dans les idées. […] Que veut-elle expliquer avec ce procédé qui consiste à transposer des idées en appliquant par exemple au Mont-Blanc tout un ordre d’idées applicable à un pain de sucre ? […] « Balzac a abusé de tout : idéalisme, illuminisme, réalisme, sensualisme, passion, mariage, ordre, désordre, religion, absolutisme. » C’est vrai, là est sa force et sa faiblesse.
Non seulement l’abbé ne pouvait admettre l’intervention d’une divinité féminine, la sainte Vierge bouleversant, à son gré, l’ordre des forces qui déterminent l’univers, mais encore le spectacle donné par la foule délirante livrée, autour de lui, aux pratiques du fétichisme le plus grossier, lui inspirait un invincible dégoût. […] Jésus est destructeur de tout ordre, de tout travail, de toute vie. […] Les pisse-froid de l’histoire officielle découvriront de multiples ressemblances entre ses écrits et ceux des Rambaud, des Hanotaux et autres gratte-papier d’ordre inférieur. […] Les coups de trique, les dénis de justice les plus flagrants ne tirent de lui que des votes de flétrissure ou des ordres du jour d’indignation, fadaises dont se gaussent passablement ses spoliateurs. […] On s’indigne à cause des moyens employés par quelques désespérés pour réagir contre l’ordre social dont ils furent les victimes.
Ses révoltes contre l’ordre de la vie n’ont-elles pas un caractère plus violemment protestataire que les aberrations charnelles en qui demeure, au moins, le simulacre de la procréation et ne déshabitue pas de l’amour ? […] Jules Huret est un admirable interviewer, et j’entends que cet éloge ne soit pas un mince éloge, car il suppose l’existence de qualités intellectuelles de premier ordre, et la connaissance très profonde des sujets sur lesquels, avec une bonhomie terrible, l’enquêteur va poser des questions aux gens. […] Seulement, l’Ordre ayant été rétabli, vous avez changé de place. […] Suivant l’ordre des dates, je ne parlerai aujourd’hui que du Mauvais désir. […] La foule ne cessait, curieuse, indiscrète et bavarde, d’envahir les allées étroites, les petites pelouses qui entourent les architectures, d’un bel ordre barbare, dont mon ami avait la garde.
A cette époque de renaissance pour la société et pour les lettres, l’ordre des études et des âges n’était pas très-bien observé ; il y avait dans tous les genres une émancipation rapide, une confusion assez aimable et non sans profit pour les essors généreux. […] 82, Ulysse, personnage épique, ou tout au plus personnage dramatique du second ordre, ne pouvait être le héros d’une tragédie ; il a trop de finesse pour cela.
ittré ne rentre pas dans l’ordre d’idées plus expressément littéraires que nous recherchons), on peut se demander quelle œuvre s’est produite en France qui mette l’antiquité grecque de pair avec le mouvement moderne et qui la fasse circuler. […] Mais de tels vœux et de telles plaintes, qui supposent si aisément l’infidélité de l’amante, sont trop ordinaires à tous les élégiaques antiques ; ce qui nous peut indiquer que l’amour de Méléagre pour Héliodora s’est élevé à quelque chose de plus particulier et de plus senti dans l’ordre du cœur, ce sont des accents comme ceux-ci ; il est à table avec ses amis, les coupes circulent, la joie déborde ; lui, il regrette celle qui, la veille, était à ses côtés : « Verse, et dis encore, encore, encore, A Héliodora !
L’article que Charles Labitte lui consacrait, et qui n’offrait encore ni l’ordre ni même toute l’exactitude auxquels il atteindra plus tard, ressaisissait du moins et rendait vivement la physionomie du modèle ; le vieil esprit gaulois y débordait en jeune sève. […] Non, dans l’ordre naturel, la Satyre Ménippée ne saurait venir (comme paraît le désirer M.
» Puis, passant sans transition de l’ordre matériel à l’ordre moral, le poète chante en strophes réfléchies la sagesse de Jéhovah empreinte dans la conscience de l’homme vertueux.
N’ayez pas peur, Bartholomeo, mon compère ; l’argent, s’il en faut, ne vous manquera pas, le crédit non plus ; je suis l’ami du camérier du duc ; les juges de Lucques ne peuvent pas exécuter un de leurs arrêts sans moi ; le chef de la police du duché a épousé la fille de ma sœur ; tous les sbires de la campagne sont sous mes ordres ; c’est moi qui préserve contre les braconniers les chasses du souverain ; on m’aime et l’on me craint partout, là-haut et là-bas, comme un grand inquisiteur des forêts du duché. […] Ordre donc, ci-dessous, du tribunal souverain de Lucques de procéder au partage du domaine et du podere (métairie), et d’en remettre les trois quarts aux héritiers Bardi di Bonvisi, légitimes propriétaires du reste, se réservant, lesdits héritiers, de revendiquer contre vous, quand ils le jugeront opportun, leur part arriérée de jouissance des fruits dudit domaine, injustement retenus par vous et vos ascendants depuis l’année 1694.
Nous cédons à ses menaces pour ne pas ensanglanter le débat, nous prenons acte de son délit et nous réservons les droits à l’exécution de l’ordre, auquel nous sommes délégués, pour les faire exécuter en leur temps par la force publique. […] CXXXVII Mon père et ma tante, déjà ébranlés par la violence de ma résolution et par l’obstination de ma pensée, n’osèrent plus résister à cette voix du frère quêteur, qu’ils étaient habitués à considérer comme l’ordre du ciel.
Elle est évidemment dans la pensée de Michel-Ange une allusion à l’ordre dans l’infini. […] Michel-Ange, qui flairait le piége, ajourna longtemps l’exécution des ordres du pape ; à la fin, la colère de son protecteur ne lui laissa plus d’excuse.
Toute ton indulgence sur le talent, que je dédaignerais complètement sans le prix que ton goût y attache, ne me console pas d’une arrière-pensée pénible qu’il aura fait naître en moi… Tu vois que j’avais raison, mon bon ange, en n’éprouvant pas l’ombre de contentement d’avoir employé du temps à barbouiller du papier au lieu de coudre nos chemises, que j’ai pourtant tâché de tenir bien en ordre, tu le sais, toi, cher camarade d’une vie qui n’a été à charge à personne. » Il suit peut-être de ces jalousies sans cesse recommençantes que, dans cette union bizarre, c’était le jeune mari qui aimait le plus ; et cela est assurément flatteur pour notre Marceline. […] Joignez à cela une pauvreté qui dura toute sa vie, la perpétuelle angoisse du loyer, des billets à ordre, même du repas du lendemain ; il lui arrive de commencer le mois avec un franc dans son tiroir, et de n’avoir pas de quoi affranchir ses lettres… Ce fut une malheureuse, une crucifiée… Or, — et ceci est magnifique, — sans doute elle se lamente, mais jamais elle ne désespère, — et jamais elle n’exprime un sentiment où l’on puisse surprendre même un commencement de méchanceté ou de dureté, ou seulement de révolte.
L’âme de Voltaire n’était pas assez tendre pour inventer dans un ordre de sentiments où l’imagination n’est d’aucune aide. […] On n’est pas un poète tragique même de troisième ordre sans avoir beaucoup de talent ; on n’a pas beaucoup de talent sans avoir exprimé en perfection quelques vérités du cœur humain, c’est-à-dire sans avoir eu par accident ce que l’homme de génie a d’habitude.
Pouvait-il résister à l’ordre d’un Dieu ? […] Pour que l’humanité fût délivrée des traditions de mort qui pesaient sur elle, il fallait que des dieux meilleurs l’eussent emporté sur les divinités féroces des vieux âges, il fallait aussi que ces divinités de terreur, subalternisées mais non abolies, se transformassent elles-mêmes, en se ralliant à l’ordre nouveau.
Abd-Allatif a vu, vers 1220, à Alexandrie, « la colonne des piliers supportant une coupole », et il dit : « là était la bibliothèque que brûla Amrou-ben-Alas, par permission d’Omar. » Abulfaradge, en 1260, dans son Histoire dynastique, raconte en propres termes que, sur l’ordre d’Omar, on prit les livres, de la bibliothèque, et qu’on en chauffa pendant six mois les bains d’Alexandrie. […] Ses lieutenants nous ont conservé son ordre : « Si ces livres contiennent des mensonges, au feu.
Il nous donne aussi cette maxime qu’avait Henri IV, et qui faisait de lui un homme de guerre pratique si excellent, « qu’il se fallait bien garder de croire que l’ennemi eût mis ordre à ce qu’il devait, et qu’un bon capitaine devait essayer les défauts de l’adversaire en les tâtant ».
Tandis que, dans un autre ordre parallèle, de nobles poètes, qui procèdent plutôt de M.
Les ordonnances émanées directement du roi n’étaient pas moins au rebours que les paroles de ses conseillers : par l’une, il modifiait l’organisation de la Légion d’honneur et supprimait plusieurs des établissements consacrés à l’éducation gratuite des orphelines des membres pauvres de cet Ordre ; par une autre, il déclarait supprimées les Écoles militaires de Saint-Cyr, de Saint-Germain et de La Flèche, qui devaient être remplacées par une école unique, analogue à celle que Louis XV avait fondée en 1751.
Ne maudissons pas ceux à qui nous devons les commencements de l’égalité devant la loi, la première ébauche de l’ordre moderne qui nous a affranchis, nous et nos pères, et le tiers-état tout entier, de cette quantité de petits tyrans qui couvraient le sol, grands seigneurs ou hobereaux.
Tel il fut au lycée, dans les concours ; tel, à l’École normale dans cette première génération qui datait de la fondation même : partout le plus en vue, le plus désigné, l’âme et la vie, le prince de la jeunesse pensante, le grand promoteur et agitateur dans l’ordre des idées.
Vous seriez bien frappé et charmé de la tenue de ces cours et de ces étudiants, et de leur maintien et de leur ton et de leur mise, et des cahiers qu’ils tiennent à chaque cours avec tant d’ordre.
Si l’amour appelé vertueux, l’amour dans l’ordre et le mariage, lui paraissait peu favorable à son cadre de roman, s’il voulait l’amour libre et sans engagements consacrés, eh bien, c’était une conclusion encore satisfaisante et noble, encore digne d’être proposée de nos jours, non-seulement sans scandale, mais même avec fruit, au commun de la jeunesse ; du moins l’art, qui n’est pas si scrupuleux que la morale exacte, y trouvait un but idéal, une terminaison harmonieuse.
Quel attendrissement n’éprouve-t-on pas lorsqu’on entend les plaintes d’Arthur, jeune enfant dévoué à la mort par l’ordre du roi Jean, ou lorsque l’assassin Tirrel vient raconter à Richard III le paisible sommeil des enfants d’Édouard !
Au reste, il estime, autant que Boileau, les qualités d’ordre, de composition, de régularité.
Ceux qui méprisent l’homme, ceux qui contestent la doctrine, ceux que Rousseau enfièvre, tous sont unanimes à répéter avec Mirabeau : « Voltaire fut au théâtre un génie de premier ordre, dans tous ses vers un grand poète ».
Brunetière, le Lys Rouge ou les Morticoles : la structure est identique ; seul, l’ordre des éléments est parfois renversé.
Ces Idylles prussiennes, sur lesquelles je veux particulièrement insister, ne sont pas seulement les plus belles poésies du volume, mais elles portent avec elles un caractère de nouveauté si peu attendu et si étonnant, qu’en vérité on peut tout croire de la puissance d’un poète qui, après trente ans de la vie poétique de la plus stricte unité, apparaît poète tout à coup dans un tout autre ordre de sentiments et d’idées, — et poète, comme certainement jusque-là il ne l’avait jamais été !
Française, elle l’est par la clarté, par la concision, par la netteté si franche des termes qu’elle emploie, par une science de composition, par un amour de l’ordre et de la règle qui, très rigoureusement, procèdent du xviie siècle ; originale, nui ne le lui a contesté ; ç’a été le grand éloge et le grand reproche que lui ont sans cesse adressés ses amis et ses ennemis ; nouvelle, j’insiste là-dessus ; elle a été, elle est, elle restera étonnamment nouvelle et primesautière ; ceci est sa gloire, la meilleure et la plus vraie, dont rien ne peut la déshériter.
On y lisait ce souci de rectitude et de correction qui désolait Alexandre Dumas père chez son fils et qui lui faisait dire : « Tu as trop d’ordre, tu ne seras jamais qu’un bourgeois !
Nul ne sait, dans l’ordre social, où est le bien.
Il voudrait qu’on déterminât d’abord les émotions les plus générales, celles qui sont communes à tous les animaux ; puis celles qui nous sont communes avec les races inférieures ; puis celles qui nous sont propres ; puis l’ordre d’évolution de celles qui nous sont propres.
Loin de se soumettre aux faits, il voulut qu’ils vinssent corroborer une idée préconçue : cette idée, par malheur, ne fut pas l’idée de beauté antérieure à toute production de l’art, mais une idée d’ordre scientifique, mais une vérité.
On aura distingué les deux ordres de recherches que Sainte-Beuve confond et prescrit.
Et nous répondrons incontinent que, dans cet ordre d’idées, il n’est pas non plus indispensable pour vivre, boire, manger, dormir, et, par surcroît, se distraire et voyager, au siècle d’Edison, de Pasteur, de Tolstoï, de Nietzsche, et de tant d’autres génies, de savoir comment on naît et comment on meurt, pourquoi l’on souffre et pourquoi l’on espère, mais que nous ne sommes pas fâchés d’être un peu plus fixés à ce sujet chaque jour, et que c’est peut-être là ce qui constitue notre supériorité sur le Malgache ou le Huron rencontré sur nos boulevards, ou sur le chimpanzé Consul — cependant de mœurs fort civiles, dit-on.
Rivollet, adaptateur qui sait avec art réduire les belles œuvres : dans un ordre quelque peu différent, mais parallèle, voici MM.
Nous prendrons l’ordre inverse de nos premières bases ; c’est-à-dire, que nous commencerons par les lieux d’oraison dont on peut citer des traits courts et détachés (tels que le sublime et les comparaisons), pour finir par la simplicité et l’antiquité des mœurs.
Les mauvais succès de ses tentatives pour reformer les abus et pour établir l’ordre qu’il avoit imaginé dans son cabinet, les lumieres que donne l’expérience et qu’elle seule peut donner, lui font bien-tôt connoître que son prédecesseur s’étoit bien conduit, et que le monde avoit raison de le loüer.
Ainsi le plus grand mérite d’un poëme nous échappe quand nous n’entendons pas les mots choisis par le poëte même, et quand nous ne les voïons point dans l’ordre où il les avoit arrangez pour plaire à l’oreille, et pour former des images capables de remuer le coeur.
— Dans l’ordre intellectuel, le frottement n’use jamais, il dilate, il étend — il féconde.
De comprendre une intelligence de premier ordre, de comprendre une intelligence supérieure à nous et par conséquent, sans doute, d’avoir développé la nôtre.
Comme la plupart des grands hommes — et des grands hommes dans l’ordre de l’imagination qui, semblables à l’univers, ont été livrés aux disputes des sages, — lord Byron attend toujours son historien complet, définitif, irrévocable, qui ferait finir la discussion.
Ils savent que là l’ordre est donné d’éreinter systématiquement tous les producteurs qui ne portent pas leur miel à la ruche, et de ne plus reconnaître de talent à ceux qui l’ont abandonnée.
Ce sont des faits corrélatifs, quoiqu’ils ne soient pas du même ordre, et quand il parlera du Christianisme avec plus de légèreté qu’il ne comporte, c’est toujours par le fait de la corruption romaine, qui ne pouvait être vaincue que par quelque chose de supérieur à l’humanité, qu’on lui répondra.
Dans l’ordre des passions qui ont vécu, que sont en comparaison les Lettres de la religieuse portugaise ou celles de mademoiselle de l’Espinasse, traditionnellement admirées ?
C’est le concours des philosophes et des poètes qui perfectionne les langues ; c’est aux philosophes qu’elles doivent cette universalité de signes qui rend une langue le tableau de l’univers ; cette justesse qui marque avec précision tous les rapports et toutes les différences des objets ; cette finesse qui distingue tous les progrès d’actions, de passions et de mouvements ; cette analogie qui dans la création des signes les fait naître les uns des autres, et les enchaîne comme les idées analogues se tiennent dans la pensée, ou les êtres voisins dans la nature ; cet arrangement qui, de la combinaison des mots, fait sortir avec clarté l’ordre et la combinaison des idées ; enfin cette régularité qui, comme dans un plan de législation, embrasse tout et suit partout le même principe et la même loi.
Sais-tu pourquoi tu as mis cet ordre dans les finances de l’empire ?
À cet ordre il faut obéir. […] Ordre vint aux Confrères de la Passion de fermer leur théâtre et de ne plus se montrer à l’avenir. […] Non pas, certes, et nous y mettrons bon ordre. […] Il en dit tant, il en fait tant, qu’il reçoit l’ordre de quitter le duché en vingt-quatre heures. […] Ni choix, ni goût, ni méthode ; pas d’ordre et pas de nœud, rien qui se noue et se dénoue.
Il est arrivé aux Césars les plus méchants ou les plus fous d’opérer d’excellentes réformes dans l’ordre administratif. […] Elle mettra dans notre plaisir un ordre non point rigoureux, mais suffisant et commode, qui nous rendra ce plaisir plus profitable et qui nous fera plus aisément repasser les aspects extrêmement divers de ce riche, mobile et capricieux génie que fut J. […] Vous êtes heureux et fier de les apporter à votre public ; vous les lui imposez. » 3e Il faut mettre vos idées en ordre ; il faut composer. […] Dans ces deux ordres extrêmes d’interprétation des choses, l’auteur ne sait pas bien ce qu’il fait. […] Il a pour spécialité de défendre les bases de l’ordre social.
« Avoir de l’ordre ! […] Et le génie, qu’est-ce qu’il deviendra pendant que j’aurai de l’ordre ? […] Comme toutes les comédies de cet ordre, elle implique un mensonge et une absurdité. […] L’état de conscience d’un spécialiste de cet ordre et de cette force me paraît même très difficile à concevoir. […] » Je n’aurai pas le mauvais goût de leur donner des rangs, etje remercie de tout mon cœur, dans l’ordre de l’affiche, MM.
La critique peut aider à l’institution de l’ordre. […] L’art n’est-il pas la volonté de l’ordre, imposée au multiple hasard de la réalité ? […] « Qu’est-ce qu’un ordre qu’aucun enthousiasme ne vient plus animer ? […] La raison n’y est pas en honneur ; l’amour de l’ordre y a l’air d’une pauvreté. […] Dans l’ordre de la vie morale et sociale, on découvre ce qu’elle a démoli, sans rien bâtir.
Mais il n’y a pas là dedans de philosophie véritable ; et quoique Arlequin dise encore, à la barbe de la noblesse, en promulguant la charte de ses futurs neveux : « Ma suprématie aura soin de les égaliser : les cadets seront frères de leurs aînés, et, l’inégalité détruite, je réponds du bon ordre et de la félicité universelle » ; malgré ces boutades d’un bon sens bariolé d’humeur, il ne faut voir en toutes ces pages que de la gaîté gauloise, narquoise, des hardiesses comme du temps du bon roi Louis XII, et non des révoltes comme au lendemain de J. […] Gœthe, très au fait de cette partie de notre littérature, a dit, à ce propos, avec bien de la justesse : « Jamais Piron ne put démentir sa nature indisciplinée ; ses vives saillies, ses épigrammes mordantes, l’esprit et la gaîté qui toujours étaient à ses ordres, lui donnèrent une telle valeur aux yeux de ses contemporains qu’il put, sans paraître ridicule, se comparer à Voltaire, qui lui était pourtant si supérieur, et se poser, non pas seulement comme son adversaire, mais comme son rival. » Et les premiers traducteurs de Gœthe, renchérissant sur sa pensée et jaloux de la compléter, ajoutent assez spirituellement et par une image qu’il n’eût point démentie : « Comme il était le Voltaire du moment, on l’excusait de se mettre en parallèle avec le Voltaire des siècles. […] Le parallèle entre Voltaire et Piron était donc à l’ordre du jour parmi les contemporains, mais dans la petite littérature seulement.
Vraiment il faudrait être né ennemi de la clarté et du bel ordre pour ne pas suivre en esthétique la ligne droite des conséquences logiques, quand on voit à quel point cette science en est simplifiée. […] Ils se conscient de l’ennui des drames de Destouches en constatant à leur honneur que ce sont des comédies de caractère, et ils rabaissent leur siècle, si fécond en merveilles dans l’ordre du vaudeville, leur siècle qui a produit Le Désespoir de Jocrisse 51, en s’écriant que la grande comédie est morte. […] On reproche à la comédie d’intrigue de sortir de l’ordre naturel des choses, en un mot d’être invraisemblable53.
une âme, une âme seule qui jettera un peu de sable humide de ses larmes sur ma poussière, et qui mettra en ordre ce que je laisserai ici-bas pour que nul ne dise : « Il m’a emporté en mourant quelque chose de ce qui était à moi » ; mais plutôt : « Il est mort pauvre, mais il n’a appauvri personne. » Quant à l’éternelle réunion de ces âmes chéries dans le sein du maître doux, clément et miséricordieux, je ne m’en inquiète pas, je m’y fie comme l’enfant se fie à sa mère, et ma confiance même est ma preuve d’immortalité. […] Moi-même elle m’avait répudié comme un homme d’ordre, et mes dix nominations de 1848 m’avaient remplacé par dix montagnards ! […] Chaque jour de plus, passé en cette vie périssable, la voit s’enfoncer davantage dans l’ordre magnifique qui s’ouvre devant elle à l’infini, et si elle a beaucoup aimé et beaucoup pleuré, si elle est tendre, l’intelligence des choses d’au-delà ne la remplit qu’imparfaitement ; elle en revient à l’Amour ; c’est l’Amour surtout qui l’élève et l’initie, comme Dante, et dont les rayons pénétrants l’attirent de sphère en sphère comme le soleil aspire la rosée.
Ce pleutre ayant continué d’entretenir sa maîtresse avec l’argent de sa femme et se trouvant de nouveau criblé de dettes, le beau-père, Jerry Shaw, vient remettre les choses en ordre. […] Il y avait dans Thermidor plusieurs forts « clous » : le chœur des tricoteuses, le cantique des religieuses dans la charrette, la séance de la Convention, — sans compter, dans un ordre d’intérêt plus rare, l’admirable scène des dossiers. […] Il dit au banquier Tasselin (j’abrège ses propos et j’en intervertis l’ordre, mais cela vous est égal) : « Vous êtes, quoique personne ne s’en doute encore, dans de mauvaises affaires.
George Elliot elle-même a écrit : « En vérité, il n’y a pas un seul portrait dans Adam Bede, mais seulement les suggestions de l’expérience arrangées en nouvelles combinaisons. » Ce qui est vrai de George Elliot, génie de second ordre pour l’invention et la composition, le sera encore plus pour les grands génies littéraires ou artistiques. […] L’art naît avec la réflexion ; comme la Psyché de la fable, la réflexion est chargée de débrouiller ce tas informe de souvenirs ; elle y procède avec la patience des fourmis ; elle range tous ces grains de sable en un certain ordre, leur donne une certaine forme, en fait un édifice : la forme extérieure que prend cet édifice, la disposition générale qu’il affecte, c’est ce que nous appelons le temps. […] La poésie doit aller dans le sens et selon les degrés de l’évolution scientifique, graduer tous ses points de comparaison, grandir les êtres et la vie qui est en eux sans les déformer, sans en faire des monstres aussi ridicules dans l’ordre de la pensée que dans celui de la nature.
Il n’y a pas, comme on l’avait dit souvent, deux ordres de sciences celles-ci d’une précision absolue, celles-là toujours en crainte d’être dérangées par des forces mystérieuses. […] Je n’essaye même pas de mettre de l’ordre dans ces notes, je les transcris au hasard, et je tire de chacune d’elles les quelques réflexions qui intéressent mon sujet. […] Regardez, d’ailleurs, dans l’ordre politique, il n’y a pas de mouvement sans excès ; chaque pas, dans une société, est marqué par des luttes et des effondrements. […] Prenez au contraire des faits vrais que vous avez observés autour de vous, classez-les d’après un ordre logique, comblez les trous par l’intuition, obtenez ce merveilleux résultat de donner la vie à des documents humains, une vie propre et complète, adaptée à un milieu, et vous aurez exercé dans un ordre supérieur vos facultés d’imaginer. […] Il n’y a pas de beauté particulière, et cette beauté ne consiste pas à aligner des mots dans un certain ordre ; il n’y a que des phénomènes humains, venant en leur temps et ayant la beauté de leur temps.
Car l’ordre est la vie et la durée ; et l’art, qui est le vœu de la durée, ne fait qu’organiser le désordre. […] Mais la raison pour laquelle il refuse les doctrines indique au moins la volonté qu’il a placée hors de toute incertitude : la volonté de conquérir, condottière, une ample réalité, que l’art organise, l’art étant l’ordre et, l’ordre, la vie. […] L’action véritable, c’est l’empire de l’ordre sur le désordre. […] L’avenir, mieux garanti que nous contre ses duperies, changera parmi nos contemporains l’ordre des valeurs. […] L’hérétique a mis en ordre ses maléfices dans un pamphlet qu’il intitule : Hakeldama.
Ainsi se forme son œuvre, écho de l’universelle nature, gigantesque chœur où les dieux, les hommes, le passé, le présent, tous les moments de l’histoire, toutes les conditions de la vie, tous les ordres de l’être viennent s’accorder sans se confondre, et où le génie flexible du musicien, qui tour à tour s’est métamorphosé en chacun d’eux pour les interpréter et les comprendre, ne témoigne de sa pensée propre qu’en faisant entrevoir, par-delà cette immense harmonie, le groupe de lois idéales d’où elle dérive et la raison intérieure qui la soutient. […] Son imperfection innée est dans l’ordre, comme l’avortement constant d’une étamine dans une plante, comme l’irrégularité foncière de quatre facettes dans un cristal. […] Quoi d’étonnant si les éléments de l’être, comme les éléments de la quantité, reçoivent de leur nature même des lois indestructibles qui les contraignent et les réduisent à un certain genre et un certain ordre de formations ? […] Qui enfin ne se trouvera ennobli en découvrant que ce faisceau de lois aboutit à un ordre de formes, que la matière a pour terme la pensée, que la nature s’achève par la raison, et que cet idéal auquel se suspendent, à travers tant d’erreurs, toutes les aspirations de l’homme, est aussi la fin à laquelle concourent, à travers tant d’obstacles, toutes les forces de l’univers ?
Nous autres, écrivains et raisonneurs, nous pouvons noter précisément par un mot chaque membre isolé d’une idée et représenter l’ordre exact de ses parties par l’ordre exact de nos expressions : nous avançons par degrés, nous suivons les filiations, nous nous reportons incessamment aux racines, nous essayons de traiter nos mots comme des chiffres, et nos phrases comme des équations ; nous n’employons que les termes généraux que tout esprit peut comprendre et les constructions régulières dans lesquelles tout esprit doit pouvoir entrer ; nous atteignons la justesse et la clarté, mais non la vie. […] Il y a tel mot d’Hamlet ou d’Othello qui pour être expliqué demanderait trois pages de commentaires ; chacune des pensées sous-entendues que découvrirait le commentaire laissait sa trace dans le tour de la phrase, dans l’espèce de la métaphore, dans l’ordre des mots ; aujourd’hui, en comptant ces traces, nous devinons les pensées. […] Sur le vaisseau, il a écrit l’ordre de décapiter Rosencrantz et Guildenstern, et de les décapiter sans confession. […] Rejetant la logique ordinaire, elle en crée une nouvelle ; elle unit les faits et les idées dans un ordre nouveau, absurde en apparence, au fond légitime ; elle ouvre le pays du rêve, et son rêve fait illusion comme la vérité.
Notre compatriote P……, qui vient d’être nommé avec succès au parterre de l’Ambigu-Comique, et qui se trouve conséquemment au moins écuyer dans le grand ordre de la chevalerie littéraire, se déboîta pour moi de sa stalle et me conduisit au foyer, afin de me faire voir les illustrations du jour (Je ne dis pas du siècle, mon cher Monsieur). […] Mon cher Monsieur Si le moment en était venu, si je ne tenais pas immensément à ne vous écrire que dans l’ordre des révélations qui m’ont été faites, j’aurais ici une scène fort plaisante à vous raconter. […] Tout ce qu’il m’est permis de vous dire, c’est que, suivant l’ordre nouveau d’idées où va entrer cet écrivain, il ne me paraît pas devoir jamais composer des livres qui se rattachent à Lélia et à Indiana par les idées. […] Fulgence Girard est un des jeunes poètes de France dont le talent a le plus de grâce et de force à la fois, qualités qui s’excluent moins dans l’ordre moral que dans l’ordre physique, comme vous savez.
Aussi réglera-t-il tour à tour ses comptes avec les professeurs de la Sorbonne, ce « musée Dupuytren de toutes les servilités », avec les idéalistes qui préfèrent les « rêves de pierres » au mouvement de la vie, avec l’Eglise et « Dieu l’immobile », Dieu, « celui qui ne bande pas, qui décide les plus fiers bandeurs à ne plus bander »… Il s’en prend au masochisme chrétien qui condamne le corps et la jouissance, il dénonce les hypocrisies du colonialisme (rappelons que l’exposition coloniale s’est déroulée à Paris en 1931), il s’attaque à la droite maurassienne et au conformisme des bourgeois bien-pensants… À ces règlements de compte avec la société s’ajoutent des règlements de compte, d’ordre bien plus personnel, avec la famille, et notamment avec la mère, cette mère qui incarne à ses yeux l’austérité bourgeoise, cette mère qui lui a confisqué dans son enfance ses aquarelles parce qu’il avait eu l’audace de barbouiller un palmier rose vif, mais surtout, cette mère qui l’a conduit devant le corps pendu de son père, lequel s’est suicidé alors que Crevel n’avait que quatorze ans. […] Cravates de commandeur, robes universitaires, uniformes académiques, tous ces oripeaux dont la troisième République n’a même pas le mérite de les avoir inventés, bien que, depuis belle lurette, les mites s’y soient mises, au conformisme de la majorité des intellectuels, ils n’ont cessé de signifier un ordre, dont, ces messieurs sont les serveurs. […] Or, voici que, malgré les bobards dostoïevskiens sur la résurrection des filles perdues, déjà, la condescendance, la politesse fabriquée et même un goût un peu particulier pour les putains, nous semblent autant d’hypocrisies qui sanctionnent l’ordre établi, car il ne s’agit ni de pitié, ni de l’hommage qui pourrait bien représenter, à l’égard d’une créature socialement déchue, un bel envoi de sperme, mais de la très élémentaire justice — ici simple oubli des injustices codifiées — qui devrait permettre de ne point prendre en considération, cette déchéance sociale. […] C’était dans l’ordre. C’était un ordre de sa psychanalyse primaire, intransigeante.
Copiste de la nature extérieure, à l’influence de laquelle il attribue les déterminations de la volonté, Zola met systématiquement au second plan cet ordre de vérités qui ne sont pas à leur de réalité, pas incrustées, disons-le ainsi, dans les entrailles du réel, et qui ne peuvent être par cela même découvertes que par des yeux perspicaces et de très fins scalpels. […] J’ai tout exprès réservé la dernière place au chef de l’école naturaliste et j’ai parlé d’abord de Flaubert, de Daudet et des Goncourt, non pas tant pour m’astreindre à l’ordre chronologique que pour n’en venir pas au romancier qu’on discute tant, sans étudier auparavant les physionomies variées de ses camarades, variété qui est un argument puissant en faveur du réalisme. […] S’il n’y avait d’autre vie que celle-ci, si, dans un autre monde de vérité et de justice, chacun n’était pas récompensé selon ses mérites, la morale exigerait que dans cette vallée de larmes toutes choses fussent dans l’ordre ; mais vouloir qu’un romancier modifie et corrige les desseins de la Providence, cela me semble un souci ridicule. […] Cependant, alors comme aujourd’hui, Galdos était pour moi un romancier de premier ordre, le soleil du firmament littéraire, parce qu’il a en même temps l’équilibre et l’harmonie, l’abondance et la vigueur ; parce que son style, s’il ne se renferme pas dans l’amphore étroite et ciselée de Valera, coule à flots d’une urne précieuse ; parce qu’il possède une invention heureuse et ce don de la fécondité, don funeste pour les mauvais écrivains et même pour les écrivains médiocres qui ont une tendance à sommeiller, qualité d’une valeur extraordinaire pour les grands artistes. […] La postérité, c’est-à-dire les savants, les érudits et les critiques de l’avenir, procédant avec ordre et avec logique, mettront chaque écrivain où il doit se trouver, diviseront, classeront et considéreront les plus indiscutables génies, comme les représentants d’une époque littéraire.
Des tributs du même ordre devaient infailliblement aboutir à La Mer. […] N’est-ce pas ce qui éclaire et fait saillir les figures qu’il nous dépeint, ce qui rend le frisson de joie ou de douleur aux âmes qu’il interprète, ce qui, dans ses évocations d’âge et d’ordre divers, fait vivre le présent, rajeunit le passé, ressuscite l’histoire ? […] I Au premier coup d’œil et rangés dans l’ordre chronologique, les ouvrages de Victor Giraud semblent s’acheminer vers des voies assez différentes. […] C’est avec des préoccupations de cet ordre qu’en 1900 M. […] Mais ni Brunetière, ni Émile Faguet n’ont écrit leurs confessions, n’ont jamais prodigué les confidences d’ordre intime.
Oui, toute la biographie quelquefois un peu puérile, un peu niaise même, de l’évêque Myriel, de sa sœur, de sa dame de compagnie, la description de sa pauvreté volontaire, de son dévouement à Dieu et aux pauvres, ces privilégiés de la miséricorde, de son hôpital, de ses meubles, de son jardinet, de sa messe sur l’autel de bois, de ses visites pastorales parmi les pasteurs des Hautes-Alpes, tout cela a un charme, une vérité un peu exagérée, un peu ostentatoire, un peu déclamée, mais en réalité très touchante et fidèlement peinte par un peintre de premier ordre. […] L’infini, c’est-à-dire l’œuvre inépuisable, perpétuelle, à mille aspects, bonne, mauvaise, intelligible et inintelligible du Créateur ; l’œuvre de l’univers, dont l’homme ne voit qu’un fil ; la bonté, la perversité ; le bien, le mal ; la nuit, le jour ; l’ordre et le chaos, confondus pêle-mêle, avec l’auteur de tout et le seul explicateur de tout, dans une unité sans liens : le panthéisme, enfin, dernier mot de l’absurde, est prononcé !
Le messager d’Angleterre m’a rapporté plusieurs beaux habillements de ce pays esquels, si me venez voir promptement, aurez bonne part qui vous doit bien engager à partir du lieu où vous estes et à faire activement vos préparatifs pour me demeurer quelque temps, et donnerai bon ordre pour qu’il vous soit pourvu à tout. […] Darnley lui-même ouvrit une fenêtre de la tour fatale, et pria le peuple de se retirer, l’assurant que tout s’était fait sur l’ordre de la reine, et qu’il serait instruit le lendemain.
.… Ces choses estant ainsy préparées, et les forces, tant dedans que dehors le royaulme toutes prestes, il fauldra alors mettre les six gentilshommes en besoigne, et donner ordre que leur desseing estant effectué, je puisse quant et quant estre tirée hors d’icy, et que toutes vos forces soyent en ung mesmes temps en campaigne pour me recevoir pendant qu’on attendra le secours estranger, qu’il fauldra alors haster en toute diligence...... […] Vostre affectionnée cousine et parfaitte amye, Marie, R. d’Écosse, D. de France. » Quand on lui lut la ratification de son jugement et l’ordre d’exécution signé par Élisabeth : « C’est bien, dit-elle tranquillement ; voilà la générosité de la reine Élisabeth !
Quoique leurs talents, aussi supérieurs chez l’orateur romain que chez le poëte et le prosateur français, fussent d’un ordre très-différent, ils se ressemblent plus qu’on ne pense par ces trois caractères de leur génie : la justesse, l’universalité et l’action. […] Un poëte impie, médiocre et trivial, nommé Piron, qui avait fait par hasard une comédie de premier ordre, la Métromanie, et qui ne faisait plus que des épigrammes, ces chefs-d’œuvre des esprits courts et des mauvais cœurs, harcela Voltaire depuis ce moment jusqu’au tombeau.
Dans sa Messe des Morts, restée si moderne, malgré son âge vénérable de près d’un demi siècle déjà (1840), le début de l’Agnus est conforme à la conclusion du morceau précédant, tandis que, au milieu de ce Final, le compositeur ramène la seconde moitié du premier morceau, le Te decet Hymnus même, en dépit de l’ordre du texte rituel, avec les mêmes paroles de cette partie de l’Introitus. […] Nous trouverions devant nous maintenant, dans l’ordre chronologique, l’Etoile du Nord, Faust, le Pardon, l’Africaine, etc., mais je m’arrête, car le plus ancien de ces ouvrages date déjà de 1854, et j’ai dû m’imposer la limite de 1845-1850 : l’avènement du Leitmotiv wagnérien dans Tannhauser et Lohengrin.
Depuis cette époque, Lohengrin a été joué dans toutes les capitales d’Europe, et même en des villes de second et de troisième ordre — hors en France. […] Nous n’insisterons pas plus longtemps sur la technique de l’art wagnérien ; et nous allons la montrer appliquée au drame de Parsifal en suivant comme ordre dans notre étude l’observation des différentes espèces de mimique, que Wagner a indiquées.
Son but étoit de la porter à solliciter des ordres contre ma liberté, sous prétexte que les hommes que je décriois étoient des hommes de génie & la gloire du Génie François. […] Je n’en espere même pas ; je ne suis point dans les Ordres sacrés, & ma délicatesse ne me permettra jamais d’y entrer, comme tant d’autres, dans la vûe d’en obtenir.
Mais le cas est rare, et l’écueil le plus redoutable de cet appel fait aux séductions de la décadence réside dans l’imitation imbécile et plate que cherchent à réaliser des scribes du dernier ordre, innommables ravaudeurs du vice, séduits par le succès de quelques privilégiés. […] Qui pourrait ne pas trouver qu’il est beau d’étudier une intelligence aux prises avec les problèmes les plus vivants qui soient : la dépense prodigieuse d’énergie que suppose une affaire prospère ; la lutte contre la concurrence, et les angoisses, et l’orgueil des triomphes rapides ; l’obéissance d’un personnel nombreux aux ordres d’un seul homme : ces milliers d’industries qui sont autant de petits États dans l’État, ayant chacun sa politique extérieure et intérieure, sa dynastie, ses drames ?
Ils répugnent à tout ordre. […] C’est elle, cette terre, qui met de l’ordre dans son esprit.
La fécondité des croisements entre variétés, c’est-à-dire entre des formes que l’on sait ou que l’on croit descendues de communs parents, de même que la fécondité de leurs métis, est d’aussi grande importance pour ma théorie que la stérilité des espèces ; car ces deux ordres de phénomènes si opposés semblent établir une ligne de démarcation large et bien définie entre les variétés et les espèces. […] Bien que Gærtner ait établi que la faculté de croisement n’est pas en rapport constant avec celle de greffement, c’est-à-dire que les espèces capables d’être greffées les unes sur les autres ne sont pas toujours celles qui croisent le plus aisément et qui se montrent les plus fécondes, il reste néanmoins très probable que la faculté générale, mais inégalement constatée chez les diverses espèces, de pouvoir être greffées les unes sur les autres, est une conséquence générale de leur faculté de croisement, c’est-à-dire que les deux ordres de phénomènes ont quelque chose de commun et dérivent des mêmes causes, tout en suivant jusqu’à un certain point d’autres lois.
— Religieux d’un ordre monastique fondé par saint Romuald ; costume blanc. […] Hante le lit emblématoire à l’ordre de l’heure impérieuse.
Il n’y a là, comme on le voit, ni ombre de combinaison, ni dessin de composition, ni ordre quelconque. […] Malgré les beautés de premier ordre des pièces comme Aymerillot, Rathbert, Eviradnus, Le Petit roi de Galice, M.
Par la crainte qu’il inspire, il réprime les excentricités, tient constamment en éveil et en contact réciproque certaines activités d’ordre accessoire qui risqueraient de s’isoler et de s’endormir, assouplit enfin tout ce qui peut rester de raideur mécanique à la surface du corps social. […] Il y a donc une logique de l’imagination qui n’est pas la logique de la raison, qui s’y oppose même parfois, et avec laquelle il faudra pourtant que la philosophie compte, non seulement pour l’étude du comique, mais encore pour d’autres recherches du même ordre.
Dans une amusante petite comédie de Benedix, Der Eigensinn, l’ordre est inverse ; ce sont les maîtres qui reproduisent une scène d’obstination dont les domestiques leur ont donné l’exemple. […] Introduire dans les événements un certain ordre mathématique en leur conservant néanmoins l’aspect de la vraisemblance, c’est-à-dire de la vie, voilà toujours ici le but.
Edmond Scherer s’est fait une réputation solide et originale, non seulement comme hébraïsant, mais comme critique théologien, comme investigateur historique aussi précis que hardi dans l’examen des textes du Nouveau Testament, et aussi comme écrivain philosophique du premier ordre.
La pitié était un sentiment pénible et même insupportable à son âme. » Un autre jour, quatre ans plus tard, la Cour étant à Moscou, Catherine eut à entrer dans les appartements du grand-duc pour remettre la paix et le bon ordre parmi ses gens, avec qui il avait l’habitude de boire, qu’il traitait de pair à compagnon, et qu’ensuite il rossait à coups de bâton ou de plat de sabre sans pouvoir les réduire, tandis qu’elle, d’ordinaire, elle y réussissait avec une parole ; et il se voyait quelquefois obligé de recourir à elle pour se tirer d’aflaire.
A la demande qui lui fut faite d’ouvrir une salle de l’Hôtel-de-Ville pour y assembler le Gouvernement provisoire, il ne sut que consentir et donner à son monde l’ordre de tout préparer… On souffre de cette candeur excessive chez un magistrat si digne d’ailleurs de respect et si recommandable.
On dirait que les injures à l’O’Connell ont passé le détroit, et qu’elles sont à l’ordre du jour en France : c’est là, je crois, dans son vrai sens cette fameuse brigade irlandaise qu’il se vantait de nous prêter.
C’est une remarque à faire qu’aux approches des grandes crises politiques et au milieu des sociétés en dissolution, sont souvent jetées d’avance, et comme par une ébauche anticipée, quelques âmes douées vivement des trois ou quatre idées qui ne tarderont pas à se dégager et qui prévaudront dans l’ordre nouveau.
Ou dans un autre sens : Le temps des abstractions est passé ; l’ordre social est raffermi sur ses bases, etc.
Une femme ne peut exister par elle ; la gloire même ne lui servirait pas d’un appui suffisant, et l’insurmontable faiblesse de sa nature et de sa situation dans l’ordre social, l’a placée dans une dépendance de tous les jours dont un génie immortel ne pourrait encore la sauver.
L’erreur de la Pléiade Son but, c’est par les rythmes, par le choix et l’ordre des mots, de créer une forme belle. « Tu te dois travailler, dit-il, d’être copieux en vocables, et tirer les plus nobles et signifiants pour servir de nerfs et de force à tes carmes, qui reluiront d’autant plus que les mots seront significatifs, propres et choisis. » Voilà qui est excellent.
On pourrait dire aussi que, le nombre des femmes auteurs étant relativement très petit, il y avait beaucoup moins de chances pour qu’il se rencontrât parmi elles un génie qui fût de premier ordre par le don de l’invention.
Comprenez-vous qu’au moment même où je cherche à mettre mes impressions en ordre, il m’en reste encore quelque ahurissement ?
Or la haine des corruptions sociales, si l’on n’y prend garde, est toute proche de la haine des élégances, qui est toute proche de la haine des richesses, qui est toute proche de la haine des riches, qui implique aisément la condamnation de l’ordre social lui-même.
Pour parler dignement de l’outil qui sert si bien cette passion du Beau, je veux dire de son style, il ne faudrait jouir de ressources pareilles, de cette connaissance de la langue qui n’est jamais en défaut, de ce magnifique dictionnaire dont les feuillets, remués par un souffle divin, s’ouvrent toujours juste pour laisser jaillir le mot propre, le mot unique, enfin de ce sentiment de l’ordre qui met chaque trait et chaque touche à sa place naturelle et n’omet aucune nuance.
Le valet n’imagine rien de mieux, pour exécuter l’ordre de son maître que de faire passer Flavia pour cette Emilia, et d’arracher au père qui n’a jamais vu sa fille l’argent nécessaire à la rançon de l’esclave.
Dire qu’un livre m’a paru bon, dire qu’il m’a amusé et s’est laissé lire en trois heures, c’est dans l’ordre du jugement ou du fait, dire une même chose.
L’aura-t-on compris même quand, par un effort de mémoire, on sera devenu capable de répéter cette démonstration en reproduisant toutes ces opérations élémentaires dans l’ordre même où les avait rangées l’inventeur ?
C’était une salle rectangulaire, assez petite, avec un portique, que l’on décorait des ordres grecs.
Ce meurtre est le dernier dans la liste des meurtres d’hommes justes, dressée selon l’ordre où ils se présentent dans la Bible.
Hamilton a mis bon ordre au pronostic de Bussy, et il a rendu à Grammont tout son accent, si même il ne lui a point prêté.
Comme eux, nous croyons que le droit est inséparable d’un ordre intelligible et moral dont nous sommes les citoyens, et dont le souverain, c’est-à-dire Dieu, est le type absolu de la sainteté et de la justice.
Le roman de Scarron, chef-d’œuvre de verve imaginative, d’invention et de fantaisie, appartient excellemment à l’ordre des récits d’intrigues et d’aventures ; c’est un roman romanesque, admirable assurément.
Contre un intérêt de cet ordre, rien ne peut prévaloir de la part de ceux dont le métier est déjuger, ni superficialité, ni engourdissement, ni ignorance, puisque, avant d’être des critiques, ils sont des hommes !
— la situation ou le mot, seraient de l’indécence, et qui les rase, comme le martin-pêcheur rase l’eau, sans y entrer jamais, sans y mouiller le plus petit bout de son aile… Son Hélène, dans un tout autre ordre de faits, agit absolument comme elle.
On doit considérer aussi comme un fait, jusqu’à nouvel ordre, la constance de la vitesse de la lumière pour un système qui change de vitesse comme on voudra, et dont la vitesse peut descendre par conséquent jusqu’à zéro.
On sait qu’à l’humanité de détail qui soulage dans le moment le malheureux qui souffre, il joignit cette humanité plus étendue qui prévoit les maux, rétablit l’ordre, substitue les grandes vues à la pitié, et sans le secours de cette sensibilité d’organes qui est aussi souvent une faiblesse qu’une vertu, sait faire un bien même éloigné, et s’attendrir sur des malheurs qu’elle ne voit pas.
Supposons en effet, pour un moment, qu’il y eût des qualités de premier ordre cachées et comme enfouies dans la Phèdre de Gilbert ou dans l’Iphigénie de Rotrou. […] Mais, d’un autre côté, je ne pouvais pas sauter comme à pieds joints par-dessus quarante ans d’histoire ; je ne pouvais pas ne pas essayer de vous montrer ce qui se préparait sous ce néant apparent ; — et c’est ce que je viens de faire… J’ajoute qu’aussi bien le Turcaret de Le Sage résume en lui, pour ainsi parler, tout ce que nous venons de dire, et qu’avec des qualités qui seraient de premier ordre, si Tartufe n’existait pas, la pièce a justement les défauts qu’il nous faut pour achever de nous ouvrir les yeux sur la transformation de la comédie de caractères en drame ou en roman. […] Turcaret prêta, l’année passée, trois mille livres… et dont l’oncle, avec toute la famille, travaille actuellement à le perdre » ; — ou ce caissier « qu’il avait cautionné et qui, par son ordre, vient de faire banqueroute de deux cent mille écus » ; — ou encore « ce grand homme sec qui lui donna deux mille francs pour une direction qu’il lui avait fait avoir à Valogne », si Le Sage nous les avait montrés ! […] De quel front osez-vous, soldat de Corbulon, M’apporter, dans ma cour, les ordres de Néron ? […] La comédie de Marivaux, c’est, en effet, Mesdames et Messieurs, la tragédie de Racine, transportée ou transposée de l’ordre de choses où les événements se dénouent par la mort, dans l’ordre de choses où ils se terminent au mariage : et cette formule vous explique, à la fois, la nouveauté de ses intrigues, sa conception du comique et de la comédie, et cette singularité de style qu’on lui a si souvent reprochée.
Pas une scène de l’Apollonide qui ne soit dans Ion ; et l’ordre des scènes est le même dans les deux ouvrages. […] Pars, c’est l’ordre du dieu, et va-t’en à la recherche de ta mère. — Oh ! […] Ici c’est donc lui, l’homme de famille, qui viole en réalité la Règle divine, humaine et sociale, qu’il sacrifie à une prétendue bienséance ; c’est lui, en un sens, qui est le réfractaire, et c’est Magda, à son tour, qui agit « selon l’ordre ». […] Le jeune orateur « épuise » vraiment tous les arguments de sa cause, et il les place dans le meilleur ordre, de façon que la force du discours aille toujours grandissant. […] Mais c’est entre deux devoirs égaux, et non seulement égaux, mais pareils, de même ordre et de même essence, qu’est partagé le héros de Deux Patries.
Et, pour comble de plaisir, c’est une scène à « revirement », une scène « bien faite », car une scène bien faite n’est qu’une scène qui met de l’ordre dans une scène réelle. […] Sans doute il dut y avoir, sous l’ancien régime, des bourgeois-gentilshommes de la littérature, surtout parmi les écrivains du second ou du troisième ordre. […] Ses vanités, ses caprices, ses absurdes illusions et ses stupides exigences n’ont rien du tout de vénérable ; et je ne verrais, pour ma part, nul inconvénient à ce qu’un aussi pauvre être fût maintenu dans l’ordre par voie d’autorité, ou même par un peu de terreur. […] Hoche se soumet. — Le soir même du jour où il s’est marié (à Thionville), il reçoit l’ordre d’aller rejoindre l’armée d’Italie. […] Les Corbeaux ont le double mérite de « marquer une date » et d’être une comédie de premier ordre.
Il n’y a pas trop à gronder : c’est un ordre acceptable. […] Il y a de l’ordre de Malte dans tout cela. […] Autre chose dans le même, tout à fait dans le même ordre d’idées. […] Cette progression dans le sacrifice, qui n’est qu’une progression de l’appétit, est une chose d’ordre inférieur qui ne peut donner un acte bien « mouvementé ». […] Et, en même temps, on annonce qu’il y a coup d’État au château, comme il y a émeute dans la rue ; que la reine mère, par ordre du roi, est prisonnière chez elle.
Si je préfère Valentine à la Cousine Bette, à quel titre et de quel droit prétendra-t-on me faire changer ou renverser l’ordre de mes préférences ? […] Mais comment ne voient-ils pas qu’en transportant dans l’ordre social, qu’en essayant du moins d’y transporter, les lois de l’ordre naturel, c’est l’égoïsme dont ils ont fait la règle des actions humaines, comme il est celle des actions de l’animal ? […] Peu importe, d’ailleurs, que cette vérité soit d’ordre naturel ou moral, qu’elle tende à l’explication de l’énigme du monde, ou qu’on nous la propose comme une règle de la conduite humaine, mais il faut qu’elle y soit. […] Les considérations qui devraient quelquefois les empêcher de traiter de certains sujets, — comme la Fille Élisa, par exemple, et comme Germinie Lacerteux, — sont d’un autre ordre, purement morales, nullement esthétiques ; et on a tort de les confondre. […] Rien que de renverser l’ordre des mots d’une phrase, on la rend claire d’obscure qu’elle était ; vive et légère celle qui était lourde ; nombreuse et harmonieuse, de rude et de cacophonique.
Une vérité nouvelle, il y en a une, pourtant, qui est entrée récemment dans la littérature et dans l’art, c’est une vérité toute métaphysique et toute d’a priori (en apparence), toute jeune, puisqu’elle n’a qu’un siècle et vraiment neuve, puisqu’elle n’avait pas encore servi dans l’ordre esthétique. […] Maintenant, il faut prévenir que l’ordre de ces portraits, sans être tout à fait arbitraire, n’implique aucune classification de palmarès, il y a même, hors de la galerie, des absents notoires, qu’une occasion nous ramènera ; il y a des cadres vides et aussi des places nues ; quant aux portraits mêmes, si quelques-uns les jugent incomplets et trop brefs, nous répondrons les avoir voulus ainsi, n’ayant la prétention que de donner des indications, que de montrer, d’un geste du bras, la route. […] La morale mystique ignore donc toute œuvre qui n’est point marquée à la fois du double sceau humain et divin ; ainsi fut-elle toujours redoutée des clergés et des magistratures, car niant toute hiérarchie d’apparence, elle nie, au moins par abstention, tout l’ordre social : un mystique peut consentir à tous les esclavages, mais non à celui d’être un citoyen. […] c’est tiré des singulières Poésies : « Les perturbations, les anxiétés, les dépravations, la mort, les exceptions dans l’ordre physique ou moral, l’esprit de négation, les abrutissements, les hallucinations servies par la volonté, les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements, les imaginations creusantes, les romans, ce qui est inattendu, ce qu’il ne faut pas faire, les singularités chimiques du vautour mystérieux qui guette la charogne de quelque illusion morte, les expériences précoces et avortées, les obscurités à carapace de punaise, la monomanie terrible de l’orgueil, l’inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyrannies, les impiétés, les irritations, les acrimonies, les incartades agressives, la démence, le spleen, les épouvantements raisonnés, les inquiétudes étranges, que le lecteur préférerait ne pas éprouver, les grimaces, les névroses, les filières sanglantes par lesquelles on fait passer la logique aux abois, les exagérations, l’absence de sincérité, les scies, les platitudes, le sombre, le lugubre, les enfantements pires que les meurtres, les passions, le clan des romanciers de cour d’assises, les tragédies, les odes, les mélodrames, les extrêmes présentés à perpétuité, la raison impunément sifflée, les odeurs de poule mouillée, les affadissements, les grenouilles, les poulpes, les requins, le simoun des déserts, ce qui est somnambule, louche, nocturne, somnifère, noctambule, visqueux, phoque parlant, équivoque, poitrinaire, spasmodique, aphrodisiaque, anémique, borgne, hermaphrodite, bâtard, albinos, pédéraste, phénomène d’aquarium et femme à barbe, les heures soûles du découragement taciturne, les fantaisies, les âcretés, les monstres, les syllogismes démoralisateurs, les ordures, ce qui ne réfléchit pas comme l’enfant, la désolation, ce mancenillier intellectuel, les chancres parfumés, les cuisses des camélias, la culpabilité d’un écrivain qui roule sur la pente du néant et se méprise lui-même avec des cris joyeux, les remords, les hypocrisies, les perspectives vagues qui vous broient dans leurs engrenages imperceptibles, les crachats sérieux sur les axiomes sacrés, la vermine et ses chatouillements insinuants, les préfaces insensées comme celles de Cromwell, de Mademoiselle de Maupin et de Dumas fils, les caducités, les impuissances, les blasphèmes, les asphyxies, les étouffements, les rages, — devant ces charniers immondes, que je rougis de nommer, il est temps de réagir enfin contre ce qui nous choque et nous courbe souverainement. » Maldoror (ou Lautréamont) semble s’être jugé lui-même en se faisant apostropher ainsi par son énigmatique Crapaud : « Ton esprit est tellement malade qu’il ne s’en aperçoit pas, et que tu crois être dans ton naturel chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensées, quoique pleines d’une infernale grandeur. » Tristan Corbière Laforgue, au courant d’une lecture, crayonna sur Corbière des notes qui, non rédigées, sont tout de même définitives ; parmi : « Bohème de l’Océan — picaresque et falot — cassant, concis, cinglant le vers à la cravache — strident comme le cri des mouettes et comme elles jamais las — sans esthétisme — pas de la poésie et pas du vers, à peine de la littérature — sensuel, il ne montre jamais la chair — voyou et byronien — toujours le mot net — il n’est un autre artiste en vers plus dégagé que lui du langage poétique — il a un métier sans intérêt plastique — l’intérêt, l’effet est dans le cinglé, la pointe-sèche, le calembour, la fringance, le haché romantique — il veut être indéfinissable, incatalogable, pas être aimé, pas être haï ; bref, déclassé detoutes les latitudes, de toutes les mœurs, en deçà et au-delà des Pyrénées. » Ceci est sans doute la vérité : Corbière fut toute sa vie dominé et mené par le démon de la contradiction.
Toute la librairie a suspendu l’ordre de ses nouveautés pour faire place à Numa Roumestan ; il n’est que juste de modifier l’ordre de mes articles et de pourtraicturer l’auteur du Nabab avant celui de l’Assommoir et de Nana. […] Voilà, rappelé à la hâte, sans ordre et sans précision, ce qu’il y a de grand dans ce livre et en même temps dans ce qu’il peint de la vie des prêtres. […] — durant l’agonie étrange de l’amant, de l’amant qui ne se réveille, avant de mourir, que pour jeter d’une voix brève aux valets l’ordre de chasser cette femme. […] Qu’il lise de sainte Thérèse l’admirable Vie écrite sur l’ordre de son confesseur et les non moins admirables Moradas ! […] Ce qui serait remarquable chez un écrivain de second ordre devient faible chez un maître, car maîtrise oblige plus que noblesse.
La religion, emprisonnée dans le vieil édifice politique, véritable cachot de l’Église, ne reprendra son ascendant qu’en recouvrant sa liberté, et c’est là le service que ses ennemis, instruments aveugles d’une puissance qu’ils méconnaissent, ont reçu d’en haut l’ordre de lui rendre. […] Tout le monde aujourd’hui agit contre soi, et c’est à mes yeux une des plus fortes preuves que tout ce qui est, est réprouvé, et que Dieu a pris en main le gouvernement du monde pour y établir un ordre nouveau. […] La Bible est formée d’un certain nombre de livres, — historiques, prophétiques, poétiques, etc., — et ces livres, assignés par la tradition à de certains auteurs, sont classés dans un certain ordre : le seul droit que M. […] Fondée sur l’hostilité naturelle des races, elle est aussi nécessaire ou fatale « que l’est en tout ordre de choses la perpétuité d’action des forces qui y prennent part ». […] Et, secondement, les considérations d’ordre moral qu’il semble que l’on puisse faire valoir contre le polygénisme ne sont-elles pas peut-être beaucoup plus fortes qu’on ne le croit !
Tout changeait autour de lui, Fritz Kobus seul ne changeait pas ; tous ses anciens camarades montaient en grade, et Kobus ne leur portait pas envie ; au contraire, lisait-il dans son journal que Yéri Hans venait d’être nommé capitaine de hussards, à cause de son courage ; que Frantz Sépel venait d’inventer une machine pour filer le chanvre à moitié prix ; que Pétrus venait d’obtenir une chaire de métaphysique à Munich ; que Nickel Bischof venait d’être décoré de l’ordre du Mérite pour ses belles poésies, aussitôt il se réjouissait et disait : « Voyez comme ces gaillards-là se donnent de la peine : les uns se font casser bras et jambes pour me garder mon bien ; les autres font des inventions pour m’obtenir les choses à bon marché ; les autres suent sang et eau pour écrire des poésies et me faire passer un bon quart d’heure quand je m’ennuie… Ah ! […] Toute chose doit venir en ordre et selon son temps : l’huilier sur la cheminée, le sel et le poivre sur la table : rien ne manque plus, et j’ose me flatter… Ah ! […] Bockel soupirait la basse lointaine des torrents, et le grand Andrès marquait la mesure de traits rapides et joyeux comme de cris d’hirondelles fendant l’air ; car si l’inspiration vient du ciel et ne connaît que sa fantaisie, l’ordre et la mesure doivent régner sur la terre !
Tout ce premier ordre de différences constitue une infériorité de la parole intérieure sur la parole extérieure. […] Les premiers sont souvent reliés entre eux par un rapport spécial, qui est l’acte propre de l’esprit, le rapport d’analogie, racine et type de tous les rapports logiques ; ils ont encore un autre lien, celui-ci plus constant : c’est l’action toujours sensible d’une force permanente, la volonté mentale ou l’attention, qui, à différents degrés, s’exerce à chaque moment sur eux et de laquelle dépendent, dans une certaine mesure, leur intensité, leur durée, leur ordre même. […] On remarquera que, dans tout le cours de cette étude, nous employons le mot extériorité et les mots de la même famille, comme externer, etc., pour désigner une tout autre idée que celle de l’étendue : externer = aliéner, déclarer non-moi ; extérieur = aliéné par le moi, étranger au moi, ou cru tel ; extériorité remplace les barbarismes non-moi-ité, atién-ité, étranger-ité ; on voit que la langue française ne nous fournissait aucune famille de mots préférable, pour énoncer cet ordre d’idées, à celle que nous avons adoptée en désespoir de cause ; les termes aliéner et étranger sont excellents, mais isolés dans la langue, et ne suffiraient pas à un exposé doctrinal suivi. — L’inconvénient des mots externer, etc., vient de leur origine ; ils ont reçu leur sens actuel de l’association même que nous essayons de dissoudre, et, bien que la philosophie les emploie surtout (dans les locutions comme perception externe) pour désigner la non-moi-ité, ils gardent encore, même chez les philosophes, quelque chose de leur sens primitif ; ce sont des métaphores, des mots à sens mixte, et, par suite, équivoques ; ils signifient, dans leur acception usuelle, le non-moi spatial, et non pas le non-moi, abstraction faite de la spatialité.
C’étaient des bourgeois français, dans le meilleur sens du mot, respectueux de l’ordre et même des préjugés. […] » Enfin l’orateur finit en adjurant la foule d’avoir patience, M’attendre les événements, de ne point troubler l’ordre intérieur, de songer que l’ennemi foule le sol de la patrie… cent autres badineries ! […] Ainsi le jour se passa dans le tumulte et les alarmes, mais au coucher du soleil l’ordre régnait à Athènes. […] Par bonheur l’inconstance y vint mettre de l’ordre. […] Il paraît que quelqu’un a dit de Victor Hugo, fort plaisamment : « En fait d’ordres grecs, il entend surtout le cyclopéen. »
. — L’ordre des idées dans Molière. — Les idées générales dans Molière. — Comment chez Molière l’odieux est dissimulé, quoique la vérité soit peinte. — Comment chez Molière l’honnête homme reste homme du monde. — Comment l’honnête homme de Molière est un modèle français. […] Le duc de Monmouth, son ami, le fit assaillir en trahison, sur l’ordre du roi, par d’honnêtes gens dévoués, qui lui fendirent le nez jusqu’à l’os. […] À ses yeux, la philosophie est du même ordre. « Si la sagesse est utile, c’est qu’elle est de quelque secours ; si elle est désirable en soi, c’est qu’elle est agréable. » Ainsi nulle dignité dans la science : c’est un passe-temps ou une aide, bonne au même titre qu’un domestique ou un pantin. […] Ils mettent l’immoralité en maximes et raisonnent leur vice. « Donnez-moi, dit l’un d’eux, un homme qui tienne ses cinq sens aiguisés et brillants comme son épée, qui les garde toujours dégainés dans l’ordre convenable, avec toute la portée possible, ayant sa raison comme général, pour les détacher tour à tour sur tout plaisir qui s’offre à propos, et pour ordonner la retraite à la moindre apparence de désavantage et de danger. […] Tout cela défile et se heurte sans trop d’ordre à travers les surprises d’une intrigue double, à force d’expédients et de rencontres, sans le gouvernement ample et régulier d’une idée maîtresse.
Il s’agirait de disposer du bénéfice entier de la représentation qui sera donnée à l’occasion de la centenaire de Molière, pour élever une statue à ce grand homme dans le foyer de la nouvelle salle de spectacle qui va se bâtir sous vos ordres. […] On a trouvé dans les Archives de Pézenas l’ordre donné aux consuls de mettre en réquisition les charrettes nécessaires pour transporter le petit théâtre de Molière et sa troupe 13. […] Sa Majesté donna en même temps 6000 livres de pension à la troupe qui prit congé de Monsieur, lui demanda la continuation de sa protection, et prit ce titre : La troupe du roi. » « Le vendredi 12 juin 1665, la troupe est allée à Versailles par ordre du roi ; on a joué le Favori dans le jardin, sur un théâtre tout garni d’orangers. […] Molière dut supprimer la scène du pauvre à la seconde représentation de Dom Juan, et la rancune des ennemis du pauvre diable d’homme de génie était si forte et si puissante que dix-sept ans plus tard, lorsque Vinot et La Grange réimprimèrent Dom Juan, ou le Festin de Pierre, tel qu’on l’avait représenté la première fois, un ordre supérieur enjoignit aux éditeurs de faire disparaître « le pauvre » et « l’humanité » de Dom Juan au moyen de cartons. […] Ce changement obligea les compagnons de Molière à chercher un autre lieu, et ils s’établirent avec permission et sur les ordres de Sa Majesté, rue Mazarine, au bout de la rue Guénégaud, toujours sous le même titre de la troupe du Roi. » 22.
« C’est donc en vain que les dieux, dans leur prévoyance, ont séparé les terres des terres par l’insociable Océan, si, malgré leurs ordres, des nefs impies tentent de traverser ses détroits inviolables à leurs sacrilèges ! […] Les Latins, avant Horace, ignoraient ce beau désordre de l’enthousiasme qui n’est que l’ordre suprême de l’inspiration ; celui qui voit tout, abrège tout !
Le désespoir du prince s’exprima en sanglots contre ce coup de foudre, c’est son expression ; il voulut au moins revoir celle qu’il avait tant aimée et qu’il se flattait de ramener encore ; un rendez-vous fut concerté entre lui et madame Récamier à Schaffhouse ; Coppet n’était qu’à quelques pas de Schaffhouse sur le territoire libre et neutre de la Suisse ; sous prétexte d’un ordre d’exil de l’Empereur, qui lui interdisait Paris, madame Récamier éluda le rendez-vous de Schaffhouse, qui ne lui était aucunement interdit. […] Un de mes amis, M. de Genoude, protégé alors par la femme célèbre, et très assidu dès l’aurore aux devoirs de l’amitié, l’accompagnait tous les jours à l’église ; il m’a raconté souvent, avant l’époque où lui-même entra dans les ordres sacrés, que M. de Chateaubriand ne manquait jamais de se rencontrer dans l’église à l’heure où madame Récamier s’y rendait, qu’il s’agenouillait pour entendre la messe derrière la chaise de son amie, et qu’il oubliait quelquefois l’ardeur de ses prières pour s’extasier à demi-voix sur tant de charmes.
Les événements de la révolution avaient été si imprévus, leur succession si soudaine et leur action sur la vie et la fortune des individus si violente et si brusque, que les notions ordinaires sur l’ordre des choses étaient bouleversées. […] Les romans à thèse étaient à l’ordre du jour.
Je lus et relus vingt fois ma première composition ; je l’envoyai à ma mère par l’ordre de mes maîtres ; on la lut à la fin de l’année, à la cérémonie publique de la distribution des prix, au collège des Jésuites, devant les mères et devant les enfants qui l’applaudirent. […] Suivant ses ennemis, il s’était lassé de cet ordre ; il en était sorti pour aller en Hollande et de là en Prusse, où son scepticisme avait convenu au roi Frédéric II.
En architecture nous voyons la confusion de tous les ordres et rien de nouveau. […] Derrière, en bel ordre, s’avance la grosse cavalerie des dramaturges, armés de toutes pièces ; tragiques et comiques confondent leurs rangs et marchent aux sons des mêmes trompettes.
Comme ces faits sont complexes et présentent pourtant un certain ordre dans leur complication, son premier mouvement est de les rapporter à une cause agissante, capable d’en organiser les éléments. […] Ce seraient des faits d’un ordre particulier, dont la psychologie devrait enfermer l’étude dans un chapitre à part, après quoi elle serait quitte envers eux.
Pour la tirer au clair, il faudrait s’engager dans un ordre de recherches assez nouveau, analyser la sympathie artificielle que nous apportons au théâtre, déterminer dans quels cas nous acceptons, dans quels cas nous refusons de partager des joies et des souffrances imaginaires. […] Rappelons-nous le joueur de Régnard, s’exprimant avec tant d’originalité en termes de jeu, faisant prendre à son valet le nom d’Hector, en attendant qu’il appelle sa fiancée Pallas, du nom connu de la Dame de Pique, ou encore les Femmes savantes, dont le comique consiste, pour une bonne part, en ce qu’elles transposent les idées d’ordre scientifique en termes de sensibilité féminine : « Épicure me plaît… », « J’aime les tourbillons », etc.
En devenant médecin de la reine en 1789, Vicq d’Azyr va entrer dans tout un ordre de troubles, d’inquiétudes et de confidences pour lesquels il n’était pas assez fortement trempé.
Cet autre esprit d’un ordre élevé, M. de Vigny, depuis des années aussi, et par une préoccupation de chasteté trop idéale qu’il vaincra enfin, nous l’espérons toujours, se tient à l’écart dans un recueillement mystérieux qui a passé en proverbe.
Un poète de l’ordre spiritualiste et mystique, et qui avait la clef du monde intérieur, s’est plu à dire : « Chez moi, toutes choses plutôt ressenties que senties », donnant à entendre que la sensation ne lui revenait qu’épurée dans le miroir de la réflexion et du souvenir.
Votre domaine à vous est aussi l’intimité des sentiments ; mais, croyez-moi, vous avez à vos ordres le génie de la musique, des fleurs, des longues rêveries et de l’élégance.
Je sais qu’en somme l’ordre d’idées qu’il embrasse et qu’il soutient est celui qui date de Platon et qui a partagé le vieux monde par opposition à la méthode d’observation, à celle d’Aristote.
Serve de la pensée, La phrase saine et souple, en son ordre placée, Vit, commande déjà : le poète aux abois Poursuit encor la rime à travers champs et bois.
Oui, oui, mon bon, ce n’est pas seulement en faisant des poésies et des pièces de théâtre que l’on est fécond ; il y a aussi une fécondité d’actions qui en maintes circonstances est la première de toutes… Génie et fécondité sont choses très-voisines… » Et une fois lancé, il ne s’arrêtait pas dans cette veine d’idées ; il montrait dans tous les ordres la force fécondante comme le signe le plus caractéristique du génie : Mozart, Phidias et Raphaël, Dürer et Holbein, il les prenait tous, et celui qui a trouvé le premier la forme de l’architecture gothique, et qui a rendu possible par la suite des temps un munster de Strasbourg, un dôme de Cologne ; et Luther, ce génie de la grande race, et dont la force d’action sur l’avenir n’est pas épuisée.
Les officiers sont impuissants à maintenir l’ordre ; plusieurs y périssent : dans ces cohues d’étrangers de toute nation, il n’y avait, nous dit Polybe, que le mot frappe qui fût entendu de tous indistinctement et qui semblât de toute langue, parce qu’il était sans cesse en usage et pratiqué.
Comme Florian, comme Legouvé, comme Millevoye, comme bien des talents de cet ordre et de cette famille, Léonard ne put franchir cet âge critique pour l’homme sensible, pour le poëte aimable, et qui a besoin de la jeunesse.
Cette certitude, cette confiance, si douce à la faiblesse, est souvent importune à la force ; la faiblesse se repose, la force s’enchaîne ; et dans la réunion des contrastes dont l’homme veut former son bonheur, plus la nature l’a fait pour régner, plus il aime à trouver d’obstacles : les femmes, au contraire, se défiant d’un empire sans fondement réel, cherchent un maître, et se plaisent à s’abandonner à sa protection ; c’est donc presque une conséquence de cet ordre fatal, que les femmes détachent en se livrant, et perdent par l’excès même de leur dévouement.
On apprendrait de lui la façon dont les figures se forment dans son esprit, sa manière de voir mentalement les objets imaginaires, l’ordre dans lequel ils lui apparaissent, si c’est par saccades involontaires ou grâce à un procédé constant, etc.
Or ces deux sentiments, confiance ou soumission à l’ordre éternel des choses, ont assurément un caractère religieux.
Ils obtinrent d’alterner de nouveau avec la troupe de Molière ; ils prirent à leur tour les jours extraordinaires, et, sur l’ordre du roi, ils restituèrent aux Français les quinze cents livres qu’ils avaient reçues de ceux-ci en 1658, contribuant ainsi pour leur part aux frais d’établissement de la salle du Palais-Royal.
» Qu’un artiste pourvu d’outils variés, comme dit Coppée, produise des travaux subtils, voilà qui est dans l’ordre.
En voici la loi : « Au moyen de l’association, l’esprit a le pouvoir de former des combinaisons ou agrégats, différents de tout ce qui lui a été présenté dans le cours de l’expérience. » L’étude sur l’association constructive ou théorie de l’imagination, est au niveau des meilleures analyses de l’ouvrage par son ordre, sa netteté, l’ampleur et l’exactitude de ses détails, l’intérêt des questions qu’elle soulève.
Mais celles-ci sont grandes, et d’un tel ordre, qu’elles rachètent tout.
Si Louis XVI avait été autre, et s’il avait offert quelque prise à une impulsion active énergique, il n’y a nul doute qu’à un moment ou à un autre, sous l’inspiration de la reine, il ne se fût tenté quelque entreprise qui aurait bien pu être un coup de tête, mais qui peut-être aussi aurait rétabli pour quelque temps l’ordre monarchique ébranlé.
Walckenaer appartient au mouvement scientifique de la fin du xviiie siècle et à cette impulsion généreuse dans l’ordre de l’intelligence.
II Mais de même que parmi les faits multiples que présentent les choses et qui constituent les sciences, certains sont attirés à l’étude de la matière morte, certains autres à celle du monde organique, et parmi ces derniers certains par la matière vivante en ses éléments, certains par les ensembles que forment ces unités, il intervient chez les hommes de lettres réalistes un biais individuel, une prédisposition de l’œil à voir, une aptitude de la mémoire à retenir, un ordre de faits particulier, un caractère dans les phénomènes, un moment dans les physionomies, les gestes, les émotions, les âmes.
On essaya de trouver un certain ordre entre ces empires successifs contemporains des diverses couches géologiques, et l’expression d’histoire naturelle, qui n’avait signifié d’abord que science de la nature, se retrouva justifiée dans son acception nouvelle.
Il ne tient pas à lui… M. le dauphin, qu’on appelait monseigneur, père du duc de Bourgogne, commandait l’armée d’Allemagne, et avait, sous ses ordres, et pour conseil, MM. les maréchaux de Duras, de Boufflers et d’Humières.
Les autres nations peuvent mettre en ligne à tel ou tel moment des prosateurs de premier ordre comme des tirailleurs isolés : chez nous seulement, depuis le narrateur de la conquête de Constantinople jusqu’au romancier de Mauprat, la Prose s’appelle légion et se présente comme une armée toujours accrue de renforts et continuellement en marche.
et qu’on ait mis jusqu’aux Vapeurs de l’État, aux ordres de cette pèlerine de la Révolution, en tournée.
Il y a plus encore : les nécessités immédiates d’une nation à faire, c’est-à-dire la politique, l’industrie, le commerce, l’agriculture, l’armée, l’école, la législation, tous ces devoirs impérieux ont absorbé et absorbent encore une quantité d’intelligences de premier ordre, qui, en d’autres circonstances, se seraient orientées vers les arts et la littérature.
Ajoutez le panégyrique du roi, commencé par Bussy-Rabutin, dans le temps même où il était, par ordre du roi, à la Bastille ; ouvrage où, avec toute la sincérité d’un homme disgracié qui veut plaire, Bussy parle à chaque ligne et de sa tendresse passionnée, et de sa profonde admiration pour le plus grand des princes, qui n’en voulut jamais rien croire.
Mettons, pour ne pas trop raffiner, que l’idéaliste est un homme qui est beaucoup plus frappé des beautés de tout ordre que contient le monde que de ses laideurs, et qui s’élève volontiers à la contemplation, ou à l’hypothèse, d’une persistance et d’un triomphe permanent du beau dans l’ensemble des choses. […] La vérité est que Victor Hugo fut un caractère ordinaire et de moyen ordre. […] Pourquoi relever un défaut de dixième ordre chez un homme qui a des facultés de premier rang ? […] Il n’était pas chrétien depuis 1850 environ ; mais il aimait Jésus, comme une personnification de la bonté, et d’une croyance en un ordre général fait de justice et de clémence. Il semble sensible à l’argument de l’ordre universel et des beautés du monde visible : Maintenant qu’attendri par ces divins spectacles, Plaines, forêts, rochers, vallons, fleuve argenté, Voyant ma petitesse et voyant vos miracles, Je reprends ma raison devant l’immensité… Il aimait à voir le monde comme la grande œuvre harmonieuse d’une belle intelligence, où l’ordre moral trouve en définitive son compte.
Il est plus probable que ce furent les agents de celui-ci qui eurent ordre de s’en défaire. […] Mérimée, des moments, dans l’histoire d’un peuple, où les maux de l’anarchie sont devenus si intolérables, qu’il est prêt à acheter l’ordre et la paix au prix de tous les sacrifices. » Un dernier trait, le plus curieux, hélas ! […] Lorsque les écrivains de premier ordre, qui avaient passé de la littérature dans les affaires, ont été éloignés du gouvernement par nos dernières crises politiques, ceux qui applaudissaient à ce changement leur ont dit d’un air de sympathie et de déférence : « C’est un grand bonheur ! […] Michaud et Frayssinous, sont des modèles de ce genre, aujourd’hui si perfectionné, où des esprits de premier ordre parviennent à introduire un vrai sentiment littéraire, de l’agrément, du naturel et de la vie, à travers les formes traditionnelles. […] Tout homme intéressé de cœur et de biens au maintien de l’ordre, ou, pour mieux dire, au salut de la France, ne pouvant plus s’en reposer sur rien et sur personne, dut faire sur lui-même un énergique retour, embrasser d’un coup d’œil sévère et rapide les points par où l’ennemi avait pénétré, et trouver, dans le sentiment de ce péril immédiat et pressant, ces ressources suprêmes qui sauvent les cas désespérés.
Mais il avait un talent lyrique de premier ordre. […] Je n’ai qu’à louer pour toutes les observations d’ordre purement littéraire que contient le volume de M. […] Ensuite, je laisse de côté un certain nombre de corrections d’ordre secondaire. […] Bourget exploite ses moralistes, à tel point que tel de ses livres, et il n’en est pas désagréable, est composé : d’un récit, — d’une liste de citations curieuses habilement disposée en ordre dispersé — et des propres réflexions de l’auteur, suggérées par son récit d’une part et ses citations de l’autre. […] C’était donc un romantique de second ordre, qui aurait paru très mince personnage, avec son style gros et lourd et incorrect, aux environs de 1830 ; mais ce qui est plus intéressant, c’est de voir comment le romantisme s’est déformé en lui.
L’instruction livresque ne sert de rien aux sots et les hommes de génie n’en ont pas besoin ; entre ces deux classes sont les gens de moyen ordre pour qui elle est un agrément honnête et incontestablement recommandable, si bien qu’à tout hasard il faut conseiller à tout le monde de se considérer comme de moyen ordre. […] Amphitryon Amphitryon est certainement le chef-d’œuvre de Molière comme versificateur ; mais, même comme comédie, il a une valeur de premier ordre. […] Qu’est-ce donc que Tartuffe dans l’ordre tragique et Monsieur Jourdain dans l’ordre comique ? […] Il a été législateur du goût : guerre aux précieux, guerre aux subtils, guerre aux pédants, guerre au jargon des charlatans, guerre à toutes les affectations dans l’ordre des choses de l’esprit. […] Démasqué, il est très beau à ne pas vouloir retenir le masque et à se montrer dans toute sa scélératesse qui croit avoir mis avec elle de quoi être invincible : « C’est à vous d’en sortir… » Foudroyé par un ordre du Roi qui brise tout son dessein et toute sa vie, il est plus beau encore, dans un silence absolu qu’il faut comprendre, je crois, comme signe d’impassibilité et non d’effondrement.
Villard soutenait que la qualité du Français et sa supériorité sur tous les autres Européens, étant l’ordre, la méthode, l’économie, on ne savait pourquoi, dans tout l’univers, sa grande réputation était sa légèreté. […] La pensée de Constans est que la Cochinchine, bien administrée, rapporterait dans quelques années cent millions ; mais il nous donne connaissance de mesures extraordinaires, d’ordres imbéciles venus de Paris, et imposés par des tout-puissants du ministère, ne se doutant pas ce que c’est un pays de là-bas. […] Lundi 8 juin « Oui, l’année prochaine, je serai prêt à recommencer, comme si de rien n’était… mais en ce moment, je suis heureux d’arriver à la fin. » Antoine dit cela, à la fois découragé et exaspéré, en arpentant le théâtre, et donnant les ordres pour la plantation d’un décor, et défendant qu’on le mette en rapport avec je ne sais qui, parce qu’il est dans son état nerveux.
Ces quatre pièces, quoique du même ordre que le Menteur, et dans le même genre, sont plus près de la comédie de caractère. […] Il n’en reste qu’une à toucher : c’est cette réunion extraordinaire de talents qui fit de ce grand homme un poète hors de pair et un acteur de premier ordre.
Glasenapp, solennelles de respectueuse admiration, de culte presque religieux pour le Père de la musique, — les pages, dont les principales seront traduites en cette revue, sur Beethoven, enthousiastes jusque le lyrisme, où l’essence de la musique est, à jamais, définie, et le caractère divinement génial de Beethoven, « le Révélateur », avec des adorations agenouillées, — les pages sur Gluck, sur Weber, sur Spontini, — et celles où il proclame le culte des vieux Maîtres, inviolable, sacré, nécessaire, d’ordre divin. […] Les considérant dans l’ordre de leur succession, nous assistons à la mystérieuse pénétration, toujours plus profonde et plus manifeste, de la forme musicale par le génie de la musique.
Les sciences de la nature transcrivent tous les phénomènes en termes de mouvement ; mais les mouvements eux-mêmes ne sont encore qu’une langue dérivée, une algèbre propre à exprimer des rapports : le fond même de la vie, l’original de l’existence échappe à toutes ces translations mécaniques et ne se saisit qu’en termes de l’ordre mental. […] Tout état de conscience est plus ou moins localisable ; chacun a une grandeur intensive qui est implicitement ou explicitement extensive, car l’extensif n’est que de l’intensif répété et représenté dans un certain ordre simultané.
Que m’importent ton ordre apparent et tes lois. […] Puis un ordre écrasant, dont nul couvent n’approche : Repas, sommeil, amour, tout au son de la cloche.
Lors même que ce dernier ordre de faits serait plus exactement et plus généralement vrai qu’il ne me semble l’être en réalité, que prouverait-il, sinon que quelques-unes de nos races existaient en ces contrées il y a plus de quatre ou cinq mille ans ? […] Je viens de discuter assez longuement l’origine probable de nos Pigeons domestiques, et cependant d’une manière encore insuffisante ; car, dans les premiers temps que je rassemblai des Pigeons pour les observer, voyant avec quelle fidélité les diverses races se reproduisaient, j’éprouvais autant de répugnance à croire qu’elles descendissent toutes d’une même espèce mère, que pourrait en ressentir tout naturaliste pour admettre la même conclusion à l’égard des nombreuses espèces de l’ordre des Passereaux, ou de tout autre groupe naturel d’oiseaux sauvages.
Constructeur de l’équilibre européen, mais créateur de l’ordre, lucidus ordo, qui vaut mieux que tous les équilibres, il rendit possible Louis XIV ; dictateur, par-là, de l’espérance, et non pas, comme l’a dit M. […] Il a cru que la Démocratie française se composait de quelques nobles jeunes gens, innocents à force de jeunesse, et d’une poignée de dévoyés de l’Ordre et de la Famille, étudiants de quinzième année, réfugiés politiques, cherchant le grain de la révolte n’importe où il tombe, le tout orné d’une guirlande fanée de bas-bleus, bons à mettre aux Incurables de l’Adultère et aux Impossibles de la Maternité.
À ce titre, et dans cet ordre de sentiments, ce que le poëte thébain avait peine à rencontrer au travers de l’éclat des fêtes, ce que le voluptueux Horace cherchait encore moins, sera dans la poésie le feu sacré de l’évêque des premiers temps. […] Quelque chose de leurs accents altiers ou gracieux semble se retrouver ici, pour un ordre de croyances et d’émotions si peu soupçonné de ces poëtes et si nouveau pour le monde.
Cette armée de pèlerins, formée en vue de conquérir la Palestine, va se trouver subsidiairement engagée à des expéditions d’un autre ordre et qui la détourneront de son but : il semble donc qu’il y a une raison morale, et peut-être un devoir chrétien, de se dérober à ces incidents successifs qui allongent le chemin et qui profanent l’épée.
Quand il parle de la Fête-Dieu, du Saint-Sacrement ou de la Vierge, chevalier naïf de l’ordre de Dieu, il n’a pas seulement le saint nom gravé sur la poitrine, il porte au bras les rubans et les couleurs.
La popularité du président Jeannin dans les Provinces-Unies était à son comble ; tous les ordres de l’État l’aimaient et le considéraient comme l’auteur de leur bien ; le peuple même le suivait avidement quand il sortait.
Ce qui est certain, c’est que les critiques purement classiques et qui se flattent de n’avoir pas varié depuis trente ans, ceux qui n’ont cessé de rester fidèles dans leurs recommandations à tous les procédés et à toutes les routines d’académie et d’atelier, ne sauraient le revendiquer exactement comme un des leurs : Il le faut ranger parmi les classiques d’un ordre à part, et parmi les André Chénier de la peinture.
Cette famille revendique l’honneur d’avoir donné des grands maîtres à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, des cardinaux à l’Église, et un troubadour au beau ciel languedocien. « Garins d’Apchier, disent les manuscrits cités par Raynouard, fut un gentil châtelain du Gévaudan, vaillant et bon guerrier, et généreux, et bon trouvère et beau cavalier ; et il sut tout ce qu’on peut savoir du bel art de galanterie et d’amour. » Il passe même pour avoir inventé une forme nouvelle de poésie.
C’est beaucoup d’en approcher, et, comme on est ici dans l’ordre moral, c’est quelque chose déjà d’avoir le sentiment de cette formule.
Or ce qu’avait surtout Guérin, c’est le jet, c’est la veine, c’est le charme, c’est la largeur et la puissance : l’auteur du Centaure est d’un autre ordre que le discret amoureux de Marie.
Guizot, « espérait peu en entreprenant beaucoup. » Ce sauveur de la société, comme on l’appelait dans le parti de l’ordre, était obsédé lui-même d’une idée sinistre et funèbre.
… La question générale ainsi posée, en ces termes abstraits, serait d’une solution peut-être trop commode ; mais la vraie solution pratique consiste à savoir si telle nation, dans telles circonstances données, avec son humeur, son génie, son passé récent, son culte de souvenirs, ses besoins d’ordre et de réparation, ses autres besoins innés et non moins réels d’initiative, de prépondérance et de grandeur, peut et veut se gouverner de la première manière, si elle en est avide, désireuse et capable, si ce gouvernement de soi par soi-même n’aboutirait pas à la ruine de tout gouvernement, à l’anarchie et à la subversion.
On ne pouvait lui demander comme à un Quatremère de Quincy de marquer plus expressément les degrés de mérite de chaque artiste dans son ordre ; il était lui-même trop artiste et trop intéressé dans un art voisin, trop collatéral en quelque sorte pour cela ; il ne pouvait guère juger ses pareils et ses confrères que de côté et comme de profil : il était en train de le faire avec bien de l’esprit et de la grâce.
Depuis que ces animaux ont été vus à Bethléem dans la crèche du divin Enfant, il semble qu’ils se soient rapprochés et élevés d’un degré dans l’ordre de la domesticité et de la société humaine : La vache !
Qu’on veuille songer à ce qu’on doit de reconnaissance à celui qui, dans une publication continue de vingt années, nous a initiés à ce degré, tous tant que nous sommes, à l’esprit et au détail politique, administratif, militaire, de la plus grande époque et la plus invoquée dans les entretiens de chaque jour ; qui, sans que nous soyons hommes d’État ni politiques de métier, nous a fait assister, par le dépouillement des pièces les plus secrètes et les plus sûres, aux conseils et aux débats diplomatiques d’où sont sorties les destinées de l’Europe et de la France pendant l’ère la plus mémorable ; qui, sans que nous soyons financiers, nous permet, avec un peu d’attention, de nous rendre compte des belles et simples créations modernes en ce genre ; sans que nous soyons administrateurs, nous montre par le dedans ce que c’est que le mécanisme et les rouages de tout cet ordre civil et social où nous vivons ; sans que nous soyons militaires, nous fait comprendre la série des mouvements les mieux combinés, et par où ils ont réussi, et par où ils ont échoué en venant se briser à des causes morales et générales plus fortes.
» On n’a jamais vu de femme, dans le cas de Clotilde, adresser de telles paroles à un homme distingué et de cet ordre, à quelque illustre membre de l’Académie des sciences à qui elle aurait tant fait que de se donner.
Ce besoin de transfiguration qui éclate et se consacre assez visiblement dans la sphère religieuse est le même que celui qui tend, dans l’ordre poétique, je ne dis pas à surfaire, mais à surnaturaliser les génies.
Masséna eut ordre de se porter sur Naples et courut à un triomphe facile.
Il avait été reçu par M. de La Chapelle, directeur, qui ne parla pas mal non plus et qui dit même des choses assez neuves et très à propos à cette date de 1699, fin d’un siècle, sur les heures de perfection et de décadence littéraire pour les nations : il développa une pensée de l’historien Velleius Paterculus, et parla de cette sorte de fatalité qui fixe dans tous les arts, chez tous les peuples du monde, un point d’excellence qui ne s’avance ni ne s’étend jamais : « Ce même ordre immuable, disait-il, détermine un nombre certain d’hommes illustres, qui naissent, fleurissent, se trouvent ensemble dans un court espace de temps, où ils sont séparés du reste des hommes communs que les autres temps produisent, et comme enfermés dans un cercle, hors duquel il n’y a rien qui ne tienne ou de l’imperfection de ce qui commence ou de la corruption de ce qui vieillit. » C’était bien pensé et bien dit.
Il s’agissait de sauver son père, il fallait pénétrer aux sections, solliciter les meneurs, les intéresser, arracher un ordre de délivrance.
Le procédé en est d’ordinaire analytique et abstrait ; chaque personnage principal, au lieu de répandre sa passion au dehors en ne faisant qu’un avec elle, regarde le plus souvent cette passion au dedans de lui-même, et la raconte par ses paroles telle qu’il la voit au sein de ce monde intérieur, au sein de ce moi, comme disent les philosophes : de là une manière générale d’exposition et de récit qui suppose toujours dans chaque héros ou chaque héroïne un certain loisir pour s’examiner préalablement ; de là encore tout un ordre d’images délicates, et un tendre coloris de demi-jour, emprunté à une savante métaphysique du cœur ; mais peu ou point de réalité, et aucun de ces détails qui nous ramènent à l’aspect humain de cette vie.
Ce qu’il y avait de plus clair, c’est que l’ordre ancien dépérissait, que la religion était en péril, et qu’on se précipitait dans un avenir mauvais et fatal.
Dans la strophe de 12 vers, voici l’ordre des rimes : a b a b c c d d e f e g.
Ce jour-là il n’y aura plus de roman spirite à écrire ; on aura fait passer dans l’ordre scientifique ce qui aujourd’hui encore appartient à la fantaisie.
Le dandysme apparaît, quand sous la menace de la confusion générale, quelques modalités de l’ancien ordre jaillissent plus riches de sens et qu’une ligne de démarcation subsiste encore entre l’aristocratie déclinante et le flot démagogique envahisseur.
Ses relations intimes et libres, mais d’un ordre tout moral, avec des femmes d’une conduite équivoque s’expliquent de même par la passion qui l’attachait à la gloire de son Père, et lui inspirait une sorte de jalousie pour toutes les belles créatures qui pouvaient y servir 212.
C’est ce point de vue tout nouveau, non pas du tout la justification complète, mais les explications et les raisons de notre état social, que Turgot aborde et expose dans des considérations critiques de l’ordre le plus élevé, et qui dépassaient de beaucoup, on ne craint pas de le dire, l’horizon de Mme de Graffigny.
C’était donc un romantique de second ordre, qui aurait paru très mince personnage, avec son style gros et lourd et incorrect, aux environs de 1830 ; mais ce qui est plus intéressant c’est de voir comment le romantisme s’est déformé en lui.
La névrose après avoir causé l’incapacité sociale du duc Jean, affiné son intelligence jusqu’à l’amincir, apparaît en lui plus ouvertement, le poursuit d’hallucinations, le force une première fois — dans l’épisode du voyage ébauché à Londres à tenter de rentrer dans la vie, l’anémie le mine et l’accable dans une prostration finale jusqu’à ce que la folie et la phtisie le menaçant — le duc Jean se résolve sur l’ordre de son médecin à revenir au monde pour mourir plus lentement.
En un mot, le fait suggère l’idée, l’idée suggère l’expérience, et l’expérience juge l’idée : voilà l’ordre logique et naturel des opérations scientifiques.
Un être qui fuit et s’écoule sans cesse, un être qui ne peut jamais s’arrêter ni se contenir, et à ce point de vue on peut dire que cet être lui-même n’est encore qu’un phénomène ; mais c’est un phénomène d’un ordre supérieur, puisqu’il est le lien et le centre de tous les autres phénomènes qui composent notre vie.
J’ose proposer au plus intrépide de nos artistes de nous effrayer autant par son pinceau que nous le sommes par le simple récit du gazetier, de cette foule d’Anglais expirants, étouffés dans un cachot trop étroit, par les ordres d’un nabab.
Un autre s’attache à l’ordre et aux rangs d’une scéance.
Voilà qu’un beau jour tout changea d’une façon inattendue : voyant qu’on regimbait à rentrer dans l’ordre ancien et que la littérature vagabondait obstinément loin des principes si longtemps frayés, le chevalier du madrigal, le cérémonieux émigré de Coblentz, se mit en colère.
Vous avez tous cru — même vous, Monsieur Sainte-Beuve, qui voulez que mes opinions en morale soient la religion de l’avenir, — que j’étais un écrivain d’ordre philosophique, ayant des idées sociales à faire triompher, écrivant des romans comme Rousseau pour prêcher et enseigner quelque chose ; espérant arriver à soulever par l’imagination, cette grande force, tous les sentiments de la vie contre la Loi et l’Opinion, — ces choses mal faites.
En dehors de la stance où l’ordre des rimes doit être toujours le même (la stance était une « forme musicale » autrefois), pourquoi faire toujours succéder une rime féminine à une rime masculine.
Ce sont là tous les procédés employés plus haut pour former les axiomes, employés dans le même ordre, avec le même effet.
Se figure-t-on que les critiques sont des gendarmes, et les autres écrivains des malfaiteurs, en sorte qu’il faut absolument opter, et pour toujours, entre ces deux ordres de fonctions ? […] L’ordre des choses est renversé. […] Ceci posé, ce qui se passe dans l’âme de Rodion après le meurtre ne saurait être tout à fait du même ordre que ce qui se pourrait passer chez un Pranzim un peu nerveux. […] Elle manque à un devoir dont la violation n’atteint qu’elle-même, afin d’accomplir un devoir d’ordre supérieur, celui qui nous oblige envers les autres. […] Tandis que les Zizines de tout ordre et de tout âge se récriaient d’horreur derrière leurs éventails, nous nous conjouissions, nous, les sincères, justement parce que « c’était raide ».
De la clarté, de l’ordre, du bon sens, nul souci ; c’est une fête et c’est une folie ; l’absurdité leur plaît. […] Comme Homère, il est toujours simple et clair, il ne sursaute point, il n’omet aucune raison, il ne détourne aucun mot du sens primitif et ordinaire, il garde l’ordre naturel des idées. […] Quand dans son jardin de Vénus nous voyons les formes infinies de toutes les choses vivantes rangées par ordre, en lits pressés, attendant l’être, nous concevons avec lui l’enfantement de l’amour universel, la fécondité incessante de la grande mère et le fourmillement mystérieux des créatures qui s’élèvent tour à tour hors de son sein profond. […] Ceux-ci n’ont pas l’esprit d’analyse qui est l’art de suivre pas à pas l’ordre naturel des idées, ni l’esprit de conversation qui est le talent de ne jamais ennuyer ou choquer autrui. […] Figurez-vous le remue-ménage qu’une telle disposition produit dans la tête humaine, combien l’ordre régulier des idées s’en trouve dérangé, comme chaque objet, avec le pêle-mêle infini de ses formes, de ses propriétés, de ses appendices, va désormais s’accrocher par cent attaches imprévues aux autres, et amener devant l’esprit une file et une famille ; quel relief en prendra le langage, quels mots familiers, pittoresques, saugrenus y éclateront coup sur coup ; comme la verve, l’imprévu, l’originalité, les inégalités de l’invention y feront saillie.
Nous respectons trop les œuvres de la pensée et de l’intelligence pour ne pas les rattacher sans cesse à un ordre supérieur, immortel, divin, où le doute n’est pas possible, où l’indifférence est funeste, où la neutralité est coupable. […] C’est ici que le livre de M. de Tocqueville va nous offrir des leçons d’une portée aussi instructive et d’un ordre encore plus élevé. […] Ainsi le moment où il eût été le plus nécessaire de procéder lentement et par gradations insensibles, de ne pas placer l’idéal des intelligences trop loin de l’ordre établi, était justement celui où on les séparait par un abîme si large, qu’au lieu de le franchir on ne pouvait que tomber au fond. […] Pourtant ne chicanons pas trop l’éminent écrivain, et ne nous plaignons pas de voir les penseurs rester attachés à ce que la pensée humaine peut concevoir, dans l’ordre politique, de plus généreux et de plus grand. […] Passionnés pour l’ordre et l’unité, ils comprennent tout ce qu’il y a là de moyens d’action et de discipline ; ils sont frappés de ce modèle d’organisation, de hiérarchie et d’obéissance, des ressorts harmonieux et puissants de ce gouvernement intérieur agissant sur les consciences pour mieux conduire la vie.
L’expression habituelle de la figure était une sorte d’hilarité puissante, de joie rabelaisienne et monacale — le froc contribuait sans doute à faire naître cette idée — qui vous faisaient penser à frère Jean des Entommeures, mais agrandi et relevé par un esprit de premier ordre. […] Il permettait les lettres ; « cela formait le style. » Moyennant ce régime, il promettait de faire de nous, avec les dispositions naturelles qu’il se plaisait à nous reconnaître, un écrivain de premier ordre. […] Depuis la fondation de l’ordre, sans compter Balzac, le grand maître, ce qu’il est mort de simples Chevaux rouges, nous n’osons le dire. […] Il consacra à des cultes exaltés, sans en rien réserver pour lui-même, des facultés de premier ordre. […] Un grand nombre d’esquisses et de dessins du plus grand mérite étaient accrochés à la muraille dans un ordre parfait.
Le grand-duc lui a demandé si elle avait quelqu’un de sa famille décoré de l’ordre de Saint-Georges (c’était une messe à l’occasion de la fête des chevaliers de Saint-Georges). […] J’ai la tête pleine de peinture, et ces personnes-là ne peuvent pas comprendre les nobles préoccupations des gens de notre espèce et puis, il faut l’avouer, je suis finie jusqu’à nouvel ordre. […] Le paysan français qui met à sac le château en disant qu’il en est désolé, mais que le roi le veut ainsi, est le frère du Russe qui prétend avoir l’ordre de massacrer les Juifs. […] Une grande publicité est donnée aux concours d’admission et aux expulsions, ce qui ne contribue pas peu à maintenir l’ordre à l’École. […] Il est vrai que l’exécution seule en ferait au besoin un chef d’œuvre, mais la pensée et la portée que lui a donnée l’artiste en font une conception d’un ordre absolument élevé.
La peinture, dans chacune de ces villes ou de ces nations, prit non seulement le caractère du chef d’école, mais elle prit le caractère de l’école et du peuple où elle fut cultivée par ces grands hommes du pinceau : Titanesque avec Michel-Ange, plus païen que chrétien dans ses œuvres, et qui semble avoir fait poser des Titans devant lui ; Tantôt mythologique, tantôt biblique, tantôt évangélique, toujours divine avec Raphaël, selon qu’il fait poser devant sa palette des Psychés, des saintes familles, des philosophes de l’école d’Athènes, le Dieu-homme se transfigurant dans les rayons de sa divinité devant ses disciples, des Vierges-mères adorant d’un double amour le Dieu de l’avenir dans l’enfant allaité par leur chaste sein ; Païenne avec les Carrache, décorateurs indifférents de l’Olympe ou du Paradis ; Pastorale et simple avec le Corrége, qui peint, dans les anges, l’enfance divinisée, et dont le pinceau a la mollesse et la grâce des bucoliques virgiliennes ; Souveraine et orientale avec Titien, qui règne à Venise pendant une vie de quatre-vingt-quinze ans sur la peinture comme sur son empire, roi de la couleur qu’il fond et nuance sur sa toile comme le soleil la fond et la nuance sur toute la nature ; Pensive et philosophique à Milan avec Léonard de Vinci, qui fait de la Cène de Jésus-Christ et de ses disciples un festin de Socrate discourant avec Platon des choses éternelles ; quelquefois voluptueux, mais avec le déboire et l’amertume de la coupe d’ivresse, comme dans Joconde, cette figure tant de fois répétée par lui du plaisir cuisant ; Monacale et mystique avec Vélasquez et Murillo en Espagne, faisant leurs tableaux, à l’image de leur pays, avec des chevaliers et des moines sur la terre et des houris célestes dans leur paradis chrétien ; Éblouissante avec Rubens, moins peintre que décorateur sublime, Michel-Ange flamand, romancier historique qui fait de l’histoire avec de la fable, et qui descend de l’Empyrée des dieux à la cour des princes et de la cour des princes au Calvaire de la descente de croix, avec la souplesse et l’indifférence d’un génie exubérant, mais universel ; Profonde et sobre avec Van-Dyck, qui peint la pensée à travers les traits ; Familière avec les mille peintres d’intérieur, ou de paysage, ou de marine, hollandais ; artistes bourgeois qui, pour une bourgeoisie riche et sédentaire, font de l’art un mobilier de la méditation ; Enfin mobile et capricieuse en France, comme le génie divers et fantastique de cette nation du mouvement : Pieuse avec Lesueur ; Grave et réfléchie avec Philippe de Champagne ; Rêveuse avec Poussin ; Lumineuse avec Claude Lorrain ; Fastueuse et vide avec Lebrun, ce décorateur de l’orgueil de Louis XIV ; Légère et licencieuse avec les Vanloo, les Wateau, les Boucher, sous Louis XV ; Correcte, romaine et guindée comme un squelette en attitude avec David, sous la République ; Militaire, triomphale, éclatante et monotone, alignée comme les uniformes d’une armée en revue, sous l’Empire ; Renaissante, luxuriante, variée comme la liberté, sous la Restauration ; tentant tous les genres, inventant des genres nouveaux, se pliant à tous les caprices de l’individualité, et non plus aux ordres d’un monarque ou d’un pontife ; Corrégienne avec Prud’hon ; Michelangelesque avec Géricault dans sa Méduse ; Raphaëlesque avec Ingres ; Flamande avec éclectisme et avec idéal dans Meyssonnier ; Sévère et poussinesque dans le paysage réfléchi avec Paul Huet ; Hollandaise avec le soleil d’Italie sous le pinceau trempé de rayons de Gudin ; Bolonaise avec Giroux, qui semble un fils des Carrache ; Idéale et expressive avec Ary Scheffer ; Italienne, espagnole, hollandaise, vénitienne, française de toutes les dates avec vingt autres maîtres d’écoles indépendantes, mais transcendantes ; Vaste manufacture de chefs-d’œuvre d’où le génie de la peinture moderne, émancipée de l’imitation, inonde la France et déborde sur l’Europe et sur l’Amérique ; magnifique époque où la liberté, conquise au moins par l’art, fait ce que n’a pu faire l’autorité ; république du génie qui se gouverne par son libre arbitre, qui se donne des lois par son propre goût, et qui se rémunère par son immense et glorieux travail. […] Ce spectacle de l’industrie sédentaire de l’horloger, mêlé aux travaux champêtres du paysan des hautes montagnes, présentait un aspect de bien-être et de bon ordre qui faisait penser aux premiers temps du vieux monde.
Assis sur une botte de foin des buffles, il témoigne de son rang et de son autorité en posant avec une impérieuse douceur la main sur le bras d’un serviteur qui replie, à l’ordre de son maître, les toiles étendues tout à l’heure sur le char pour le garantir contre le soleil. […] Une révolution voulue et faite par tout le monde n’est plus une révolution ; c’est un progrès dans l’ordre.
Comme tout respire ici la paix, l’ordre et le contentement ! […] Je sens, jeune fille, ton esprit d’ordre et d’économie murmurer autour de moi ; cet esprit d’arrangement nature là ton sexe, qui te souffle comment on étend proprement le tapis sur la table cirée, comment on saupoudre le parquet de sable !
Le premier des Gracques essayait contre l’ordre établi des innovations dangereuses ; un illustre citoyen, le grand pontife P. […] Ni la sagesse des consuls, ni l’autorité de cet ordre, ne manquent à la république ; nous seuls, je le dis ouvertement, nous seuls, consuls sans vertu, nous manquons à nos devoirs…… Rappelle à ta mémoire l’avant-dernière nuit, et tu comprendras que je veille encore avec plus d’activité pour le salut de la république que toi pour sa perte.
J’ai toujours eu de la gravité dans mes mœurs et dans mes manières, sans hypocrisie toutefois, mettant de l’ordre, je le dirais volontiers, dans le désordre même, et n’ayant presque jamais failli qu’à bon escient. […] Aussitôt qu’il aété descendu de carrosse pour entrer dans le cul-de-sac de l’Opéra, M. de Vaudreuil, major du régiment des gardes, lui a dit qu’il était chargé de l’ordre du roi pour l’arrêter, et, dans le moment même, six sergents aux gardes, qui étaient en habits bourgeois, l’ont saisi par les deux bras et par les deux jambes et l’ont enlevé de terre ; on lui a jeté et passé sur-le-champ un cordon de soie, qui lui a embrassé et serré les deux bras… Il s’est, dit-on, un peu trouvé mal ; on l’a passé ainsi par la porte du fond du cul-de-sac qui rend dans la cour des cuisines du Palais-Royal ; on l’a mis dans un carrosse de remise dans lequel M. de Vaudreuil l’a accompagné.”
Je donnai des ordres formels pour que personne n’entrât dans la caverne, ni même n’en approchât, et pour qu’on ne détruisît aucun nid d’oiseau sur la plantation. […] Du même coup je relevai et j’armai mon fusil ; je n’apercevais point encore l’individu qui m’avait intimé un ordre si péremptoire, mais j’étais déterminé à combattre avec lui pour mon libre passage sur notre libre terre.
Au-dessus de nous, le capitaine Vidal donnait des ordres. […] Nous resterons donc ici jusqu’à nouvel ordre.
Rousseau peint avec attendrissement la simplicité de la vie de famille dans les classes moyennes, tout le tracas vulgaire et charmant du ménage, les tâches journalières de la maîtresse de maison et de son monde, la propreté, l’ordre, l’aisance large et hospitalière d’une maison bourgeoise568, la gaieté des vendanges, l’intimité des veillées. […] Son séjour à l’Ermitage est une idylle réaliste, et les Confessions abondent en petites scènes du même goût, un dîner chez un paysan, le passage d’un gué, une cueillette de cerises : ce sont les faits les plus insignifiants de l’ordre commun, dont le sentiment de Rousseau fait des tableaux exquis.
On dirait un ministre, qui a reçu des ordres d’un souverain, mais qui l’éclipsé ensuite par la façon brillante dont il les interprète et les exécute. […] Sans doute toutes les œuvres ainsi provoquées n’ont pas été de premier ordre.
Non seulement l’existence même du plaisir et de la douleur, comme faits d’ordre mental, reste inexplicable au darwinisme, mais leur relation primitive avec la vie n’est pas elle-même complètement expliquée. […] L’ordre et l’harmonie sont donc encore des moyens de conserver et d’augmenter la force.
Dans l’ordre des hauts génies, Rabelais suit chronologiquement Dante ; après le front sévère, la face ricanante. […] Dans l’ordre des faits intellectuels, le génie germanique a d’autres frontières que l’Allemagne.
À cela près, Juvénal, soit dans l’imprécation contre les vices, soit dans la peinture des vertus pures et douces qui font contraste aux horreurs de ces vices, était véritablement un écrivain de premier ordre dans la force comme dans la grâce. […] L’épître ici est égale à la tragédie, et les deux écrivains amis sont, dans des ordres de poésie différents, au même niveau de diction poétique.
Quand nous aurons cité sans ordre, Jacques et Marie Nervat auteurs de Célina Landrot (mœurs calédoniennes), Georges Ducrocq auteur de Pauvre et Douce Corée, Paul Reboux, l’évocateur de la Maison de Danses, nous reviendrons à Marius-Ary Leblond qui semblent s’être consacrés au roman colonial. […] « J’ai beaucoup réfléchi sur le Beau et j’ai cru pouvoir conclure que toute beauté se codifie sous la forme d’un rythme : nous avons du génie si nous avons, à quelque moment, créé un rythme, en art, en littérature, en morale, en tout. — Et si ce rythme est en harmonie avec le rythme des mondes qui s’évitent, c’est-à-dire avec l’ordre éternel.
Puisqu’il n’y a qu’un jugement sur ces deux morceaux, et qu’ils sont à moi, il seroit dans l’ordre que j’en ignorasse ou que j’en celasse les défauts. […] C’est sous une pareille constitution que les beaux-arts n’ont que le rebut des conditions subalternes ; c’est sous un ordre de choses aussi extraordinaire, aussi pervers qu’ils sont ou subordonnés à la fantaisie et aux caprices d’une poignée d’hommes riches, ennuyés, fastidieux, dont le goût est aussi corrompu que les mœurs, ou abandonnés à la merci de la multitude indigente qui s’efforce, par de mauvaises productions en tout genre, de se donner le crédit et le relief de la richesse.
Au fond de cette poétique pauvreté, on croit apercevoir déjà, comme un fruit sous une fleur indigente, l’ordre et l’économie qui produiront tout à l’heure la richesse, et l’on aime ce jeune homme de vingt-trois ans, ce Caleb commercial de bonne humeur, qui cache les vides de sa boutique avec ses chers livres de chevet pour faire honneur à la maison qu’il veut élever. […] Depuis, en effet, que l’Église romaine a posé dans le monde le principe de l’autorité sur les débris de l’oppression et de l’usurpation antiques, il n’y a pas eu et il ne pouvait pas y avoir un fait d’ordre intellectuel plus considérable dans les annales de l’Esprit humain que la négation et le renversement de ce principe qui avait régné quinze cents ans.
Après Lacy, plus complet et qui unissait l’éclair et le sang-froid, il n’estimait rien tant que Laudon, grand homme de guerre dès qu’on était dans l’action : « J’étais tout en feu moi-même par cet être qui tient plus du dieu à la guerre que de l’homme. » Après la prise de Belgrade, le prince de Ligne, qui s’était vu quelque temps dans une demi-disgrâce, obtient une distinction due au seul mérite : il est nommé commandeur de l’ordre militaire de Marie-Thérèse.
Niel n’a pas voulu traiter encore les questions délicates d’art et d’école que cet ordre de dessins soulève : il n’a fait que les indiquer dans son avant-propos, réservant ce sujet pour une époque plus avancée de sa publication, lorsque les pièces seront rassemblées en grand nombre et qu’il en ressortira plus de lumière.
C’est Terrasson qui fit le mieux voir qu’on ne devait envisager cette querelle que comme un cas particulier et une application de plus de la révolution opérée par Descartes dans l’ordre intellectuel.
Qu’il nous suffise d’avoir reconnu et, en quelque sorte, surpris sa sincérité, là seulement où nous avons droit de l’interroger et de l’atteindre, — sa sincérité, je ne dis pas de fidèle (cet ordre supérieur et intime nous échappe), mais sa sincérité d’artiste et d’écrivain.
Ce fut une razzia qui rétablit l’ordre dans le pays, et qui eut son contrecoup pittoresque inattendu.
Cela paraissait tout simple et au roi et aux courtisans, et à Dangeau qui enregistre ces succès avec une parfaite bonne foi, de telle sorte que lorsqu’il écrit dans son journal, à la date du 19 octobre de cette année 1685 : « Outre la cassation de l’Édit de Nantes de 1598, on casse l’édit de Nîmes de 1629, et tous les édits et déclarations donnés en faveur de ceux de la religion prétendue réformée ; ordre à tous les ministres de sortir du royaume dans quinze jours ; les enfants qui naîtront seront baptisés et élevés dans la religion catholique, etc., etc. » ; et que lorsqu’à la date du 22, il ajoute : « Ce jour-là on enregistra dans tout le royaume la cassation de l’Édit de Nantes, et l’on commença à raser tous les temples qui restaient » ; en prenant note de ces actes considérables, il semble ne faire que constater un fait accompli et que rendre compte d’une formalité dernière.
Dans tout cet ordre moral et pratique, Charron, à son heure, est un instituteur utile et l’un des artisans éclairés qui préparent l’esprit de la société moderne.
Tu le sauras de moi à Nérac ; hâte, cours, viens, vole : c’est l’ordre de ton maître, et la prière de ton ami.
César, le premier des écrivains de son ordre et le plus comme il faut des grands hommes, a réuni en lui tous les talents et tous les arts.
Arnauld est mort chef d’un parti déclaré contre l’Église, étant lui-même ecclésiastique et d’un ordre dont la doctrine a toujours été sans reproche, eût voulu louer et préconiser un hérésiarque, reconnu par l’Église et la France pour tel, et que si le roi savait cela, etc… Santeul effrayé, et qui avait une pension du roi de huit cents livres, s’excusa en paroles, désavoua les vers comme il put ; mais Jouvency voulait une rétractation non pas seulement verbale, mais écrite.
Ubicini, qui s’est fait connaître avec distinction dans les dernières années par des études et des travaux d’un ordre différent, avait de longue main fréquenté Voiture et noué une étroite connaissance avec lui ; il avait préparé les matériaux de l’édition qu’il vient de donner, et il l’a fait précéder d’une notice vive, spirituelle, dans laquelle il juge son auteur avec goût, sans l’exagérer et sans en être ébloui, et d’un ton tout à fait aisé.
Il se compare à Clément Marot, poète et valet de chambre également, et qui s’est mal trouvé en Cour des accusations et calomnies de ses ennemis ; mais Sénecé n’a pas d’ennemis, il n’a pas été calomnié ; à lui, il ne lui est arrivé qu’un accident bien simple : une mort de reine l’a dégagé d’une domesticité honorifique, d’une chaîne dorée ; il est retombé dans son ordre et dans sa classe : c’est assez pour son malheur, pour son incurable ennui, car le bonheur le plus souvent dépend pour nous de ce premier cadre idéal dans lequel l’imagination, dès la tendre jeunesse, s’est accoutumée à placer et à découper la perspective flatteuse de la vie.
Enfin, avec des qualités d’un ordre supérieur qu’il aura eu sans cesse à exercer et à combiner, à tenir en échec les unes par les autres, il ne trouvera jamais cette occasion pleine et entière qu’il avait une fois espérée, l’une de ces journées de gloire éclatante et incontestable qui consacrent un nom ; et même après ses plus belles campagnes, par quelque accident final qui en rompt l’effet, il aura toujours besoin d’éclaircissement et d’apologie.
Cela dit, ne confondons point les ordres ; laissons les existences diverses et les personnages du passé dans les cadres naturels que la réalité nous offre et où notre observation les décrit.
Voilà donc Emma devenue Mme Bovary, installée dans la petite maison de Tostes, dans un intérieur étroit, avec un petit jardin plus long que large, qui donne sur les champs ; elle introduit partout, aussitôt l’ordre, la propreté, un air d’élégance ; son mari, qui ne songe qu’à lui complaire, achète une voiture, un boc d’occasion pour qu’elle puisse se promener, quand elle le voudra, sur la grande route ou aux environs.
Mme des Ursins, en recevant les ordres du roi par Torcy, ne se sent pas de joie ; Mme de Noailles en a la première effusion et le rejaillissement : « Au reste, madame, je suis transportée de joie, et depuis le matin jusqu’au soir je ne suis occupée qu’à penser combien vous êtes aimable. » Il est curieux de voir comme d’abord elle diminue la portée et la visée de sa mission : elle est choisie pour accompagner Mme la princesse de Savoie jusqu’à Madrid ; voilà tout ; rien au-delà ; qu’elle mette le pied en Espagne, cela lui suffit ; elle ne restera que juste autant qu’il le faudra pour ses affaires et autant que le roi le lui commandera : elle n’est qu’un instrument docile, obéissant et presque inerte dans la main des puissances de Versailles.
Paul Boiteau, à qui l’on doit de la reconnaissance pour la peine infinie qu’il a prise à la rassembler, à la mettre en ordre et à l’éclaircir, s’est trop prodigué ; il a oublié que la parfaite bienséance, pour un éditeur, est de se considérer comme une femme de chambre qui ne se montre plus, dès que sa maîtresse est habillée.
J’indique les défauts qui font que, pour moi et jusqu’à nouvel ordre, malgré l’arrêt un peu empressé de certains oracles, Mme Swetchine n’est pas encore un classique.
Quoique le récit de Mme Lenormant soit net et spirituel, j’eusse préféré pourtant les lettres mêmes de Mme de Staël toutes seules, mises dans l’ordre des dates et complètes.
Je ne sais s’il y a un rapport exact à établir entre ces deux ordres de faits dont l’un survécut si fort à l’autre.
Là aussi, dans cet ordre de royauté, la Fortune aime à transférer les sceptres d’une race à l’autre ; les dynasties littéraires ne se perpétuent pas.
Ces injures, dites aux plus grands dans notre ordre et aux meilleurs, nous font rentrer en nous, quand, insultés, nous sommes tentés de nous plaindre, et nous consolent.
Relisons la belle page de Guillaume Schlegel dans laquelle il compare les chefs-d’œuvre de la tragédie antique aux groupes du Laocoon et de la Niobé : voilà les images qui conviennent à cet ordre de beautés nobles, sublimes ou tendres.
Il a mis l’ordre partout ; pourquoi laissons-nous le désordre pénétrer dans notre âme ?
J’ai essayé de donner un aperçu de ce talent aimable et vif, de ce comique sincère et touchant que chacun aime à se représenter sous le nom de Térence ; j’achèverai de le définir en quelques traits assemblés sans beaucoup d’ordre, mais qui se rejoindront d’eux-mêmes.
Cet homme d’État lettré, avec lequel il n’avait guère jamais eu d’entretien pour prendre ses ordres sans qu’après l’affaire traitée il ne fût dit quelques mots de la Grèce et d’Homère, était alors malade, et presque à l’extrémité, de la maladie dont il mourut peu de jours après.
Les Anglais, plus faits pour nous comprendre, et qui entrent mieux dans l’esprit de détail de notre littérature, sont loin pourtant d’accepter tous nos jugements : l’un des plus bienveillants et des plus judicieux, Hallam, parlant très-pertinemment et avec beaucoup d’équité de Corneille, ne le place pas dans le premier ordre des génies.
M. de Mortemart, premier gentilhomme, qui pénétra jusqu’à lui en ce moment, et qui l’encouragea dans sa pensée de révolte, fut dépêché sur l’heure à M. le Duc avec injonction pour lui d’envoyer sans retard à Issy et de notifier à M. de Fréjus l’ordre de revenir.
Cette femme superbe, dévorée d’ambition, voulait aller à la gloire par tous les chemins ; elle mit dans ses finances un ordre inconnu à ses ancêtres, et non seulement répara par de bons arrangements ce qu’elle avait perdu par les provinces cédées au roi de Prusse et au roi de Sardaigne, mais elle augmenta encore considérablement ses revenus.
Rien de grand, je le répète, même dans l’ordre politique, ne peut sortir d’un tel fonds.
Par son ordre ses licteurs saisissent M.
L’excellent Regnier, né et grandi pendant les guerres civiles, s’était endormi en bon bourgeois et en joyeux compagnon au sein de l’ordre rétabli par Henri IV.
“Il vint à elle cérémonieusement, et la saluant avec toutes les marques du respect : on m’assure, princesse, que vous voulez me voir, dit-il, me voici à vos ordres”.
Dans un tel ordre de choses, il fallait que les patriciens se respectassent mutuellement pour en imposer au reste de la nation ; il fallait obtenir une estime de durée ; il fallait que chacun eût des qualités sérieuses et graves, qui pussent honorer ses pareils, et servir à leur existence, autant qu’à la sienne propre.
L’autorité politique est l’inconvénient nécessaire d’un très grand bien, de l’ordre et de la sécurité ; mais le dépositaire de cette autorité doit toujours s’en justifier, en quelque sorte, par ses manières comme par ses actions.
Rhétoriciens excellents — mais purs rhétoriciens, — ils font apparaître les anciens, et même Homère, Comme d’incomparables maîtres de rhétorique : en dix ans de commerce assidu avec les chefs-d’œuvre latins ou grecs, un jeune homme acquiert un trésor de pensées belles à citer dans leur forme parfaite, et l’art d’étendre lui-même des lieux communs ou de les condenser en sentences ; jamais il n’aura senti vivre dans un texte grec l’âme de la Grèce, ou de tel Grec ; il ne se doutera pas qu’on peut tirer d’une phrase d’orateur ou d’une période poétique des émotions aussi profondes et de même ordre que celles qu’excite un temple ou une statue.
Les moines, selon le vœu et l’esprit de leur ordre, chantent au chœur, au lieu de courir à l’ennemi : sottise.
Il y a affinité entre tous les ordres de choses et vous.
La basse crapule même a une saveur de révolte ; c’est le retour à la vie animale, chez des êtres qui l’avaient dépassée : cette vie n’est donc plus innocente et sans signification comme chez les bêtes ; il s’y mêle la joie d’une perversité et d’une protestation contre l’ordre prétendu de l’univers.
Ainsi Joseph de Maistre trouvait dans le bourreau le fondement de l’ordre social que d’autres croient reconnaître dans la justice, dans l’amour ou dans la concurrence.
René Ghil en profite pour partir en guerre contre l’école symboliste de laquelle il voulait se distinguer et entend démontrer que son symbolisme à lui, d’ordre philosophique, n’a rien à voir avec ce prétendu symbole qui n’est qu’un déroulement d’images successives.
Nisard, un des derniers professeurs qui l’ait pratiquée avec éclat, le déclarait ouvertement : « Qui connaît les anciens et notre grand siècle, disait-il en 1855, en prenant possession de la chaire d’éloquence française vacante depuis la mort de Villemain, a trouvé, dans l’ordre des choses de l’esprit, son idéal, sa règle, et, s’il est professeur, son autorité. » C’était clair et simple.
Peut-être aussi la besogne mécanique de remonter ses vieilles marionnettes et de ranger dans un ordre différent toute sa vieille armée de formules invariables, lui était nécessaire comme un mouvement endormeur, comme un balancement monotone sans lequel il eût craint de s’éveiller enfin à la douleur de penser.
Nous passons en revue les divers ordres de l’État, les diverses classes de la société, aux approches du règne de Louis XVI.
Et elle ajoute naïvement en y mêlant son érudition chrétienne : « Il eut volontiers dit comme saint Pierre : Faisons ici nos tabernacles, si le courage tout royal qu’il avait et la générosité de son âme ne l’eussent appelé à choses plus grandes. » Pour elle, on conçoit qu’elle y serait volontiers restée, prolongeant sans regret l’enchantement ; elle eût arrangé volontiers la vie comme ce beau jardin de Nérac dont elle nous parle encore « qui avait des allées de lauriers et de cyprès fort longues », ou comme ce parc qu’elle y avait fait faire, avec des promenoirs de trois mille pas de long au bord de la rivière, la chapelle étant tout près de là pour la messe du matin, et les violons à ses ordres pour le bal tous les soirs.
Il continua d’être heureux dans le second ordre.
Mais au premier rang dans l’ordre de la beauté, il faut placer ces grandes fables morales Le Berger et le Roi, Le Paysan du Danube, où il entre un sentiment éloquent de l’histoire et presque de la politique ; puis ces autres fables qui, dans leur ensemble, sont un tableau complet, d’un tour plus terminé, et pleines également de philosophie, Le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes, Le Savetier et le Financier, cette dernière parfaite en soi comme une grande scène, comme une comédie resserrée de Molière.
Il faut conclure qu’on n’a trouvé aucun rapport précis entre la constitution et la supériorité intellectuelle, et que, jusqu’à nouvel ordre, il est permis de penser que le génie n’est pas une maladie.
Si vous admettez l’inversion vous détruisez le rythme de la strophe qui doit, comme la phrase, donner au lecteur l’ordre des idées.
Mais s’il concentre son attention sur une seule classe dans une seule contrée, il parvient assez vite à ranger selon leur ordre les formes douteuses.
Un ordre du conseil empêcha leur départ !!! […] La loi, en exigeant que l’écrivain assume la responsabilité de son écrit, lui rend, même dans l’ordre littéraire, ce caractère particulier au génie du dix-neuvième siècle. […] Du moment qu’une sensation nouvelle n’est pas fixée dans notre cerveau à l’aide du livre, du tableau, de la symphonie, on peut affirmer que ce sont des œuvres de second ordre. […] L’Enterrement à Ornans est un chef-d’œuvre : depuis le Marat assassiné de David, rien, dans cet ordre d’idées, n’a été peint de plus saisissant en France.
Pauline, qui avait cinq ou six ans, était naturellement la moins soumise à mes volontés, elle me résistait quelquefois et, vite rappelée à l’ordre, demeurait boudeuse, avec, je le crois, de la jalousie. […] Cette combinaison, fruit de profondes réflexions, embarrassait beaucoup l’autorité ; sous peine de renverser l’ordre établi par elle et de rapporter ses propres décrets, elle était bien forcée d’accepter les rançons qu’elle avait fixées, et de subir mes infractions. […] Les tantes ne parlaient que par lambeaux de phrases, par sous-entendus énigmatiques, et leurs narrations manquaient d’ordre. […] Se fiant à ma promesse, il m’installa sur la table même, et je fus chargée de lui passer les planches, à mesure qu’il en avait besoin, puis de les reprendre et de les remettre en ordre. […] La terrasse était ordinairement notre scène ; mais, pour bien tomber mort, sans se faire du mal, le grand lit était plus commode : et la pauvre Marianne, effarée de trouver la chambre au pillage, se hâtait, en gémissant, de remettre tout en ordre, pour nous empêcher d’être grondées.
Colomb, ami intime de Beyle, et qui eut à mettre en ordre ses papiers, a lui-même certifié le fait.
Si Bernier, dans cette lettre, ne se réconcilie pas nettement avec Descartes qu’il continue de considérer comme un philosophe trop affirmatif en ses solutions, il y rétracte du moins aussi formellement que possible les doctrines de Lucrèce et d’Épicure et toutes les assertions purement matérialistes nées de la théorie des atomes ; il y insiste particulièrement sur l’impossibilité d’expliquer par la matière seule et par le mouvement de corpuscules, si petits qu’on les fasse, des opérations d’un ordre aussi élevé que celles qui constituent l’intelligence, le raisonnement, la perception de certaines idées, la conscience qu’on a d’avoir ces idées, la volonté, le choix dans les déterminations, etc. ; en un mot, il y combat au long et avec détail l’épicuréisme, auquel il sait bien que Chapelle incline et est d’humeur, soit en théorie, soit en pratique, à s’abandonner : Je me promets, lui dit-il, que vous donnerez bien ceci à ma prière, qui est de repasser un moment sur ces pensées si ingénieuses et si agréablement tournées qu’on a su tirer de vos mémoires (apparemment quelques écrits et cahiers de philosophie et de littérature de Chapelle), sur tant d’autres fragments de même force que je sais qui y ont resté, et généralement sur tous ces enthousiasmes et emportements poétiques de votre Homère, Virgile et Horace, qui semblent tenir quelque chose de divin.
Cependant ici, dans cette description si parfaite qu’on vient de lire, Cowper a su concilier les deux ordres de qualités, la finesse et le relief de chaque détail (je dirai même le brillanté sur un ou deux points), et la gradation et la fuite aérienne de la perspective.
Il n’est point épiscopal par rapport à moi, car il manque au respect qu’il me doit par la soumission établie dans l’ordre de la juridiction ecclésiastique.
Elle a prêté des armes enfin contre l’ordre de choses qui était le sien, et qu'elle ne désirait ni avilir ni voir détruire.
Si l’on est critique, si l’on veut rester dans les voies de la science et de l’histoire littéraire, on paraîtra complet dès le début ; on ne sera pas de ceux qui se jettent dans la mêlée à l’improviste et ont dû achever de s’armer vaille que vaille tout en combattant ; on aura sa méthode, son ordre de bataille, son art de phalange macédonienne à travers les idées et les hommes.
Et les gouvernements sont également fondés sur les mœurs et sur les lois ; détruisez les uns ou les autres, et vous renverserez l’édifice… L’emploi de l’esprit aux dépens de l’ordre public est une des plus grandes scélératesses, parce que de sa nature elle est ou la plus impunissable ou la plus impunie ; et de toutes la plus dangereuse, parce que le mal qu’elle produit s’étend et se promulgue par la peine même infligée au coupable, et des siècles après lui.
Mais ce n’était qu’un premier pas : de Thou estimait n’avoir rien fait pour un homme de cette valeur, s’il ne le plaçait au foyer des études et en vue de tous, à Paris, et il s’aida pour cela d’un de ses amis, M. de Vic, qui attira Casaubon à Lyon, et de là, sur l’ordre du roi, l’amena à la Cour.
» Il me semble que ceci, dans l’ordre de la religion naturelle, ne le cède à rien et s’élève jusqu’à la grandeur.
Cette littérature, grande à son tour et neuve, ne pouvait coïncider avec les choses extraordinaires accomplies dans l’ordre de l’action ; car « un peuple, prétendait-il, n’est jamais grand que dans un genre à la fois. » Les victoires de l’esprit ne devaient donc venir qu’après celles de l’épée.
Elle est le modèle et comme le type idéal, dans l’ordre poétique, des sœurs aînées, admiratrices, inquiètes vigilantes, prêtes à se sacrifier pour le salut ou la gloire d’un frère chéri.
.” — “Donnez donc des ordres, dit Sa Majesté, pour que les obsèques se commencent cette après-midi.” — Cela se fit ainsi.
Ducis ne l’y laissait point trop seul ; après une visite de quelques jours, il l’emmenait ou à Versailles ou d’autres fois à Paris ; ils y allaient voir ensemble Rousseau, encore logé rue Plâtrière, et qui, « malgré ses plaintes contre le genre humain, ne laissait pas de montrer une assez bonne gaieté72. » Ducis craignait pour son ami songeur le trop de solitude et le manque de distractions ; il aurait voulu lui en procurer d’un ordre élevé pour chasser les vapeurs : « Vous n’êtes pas encore obstrué, mais vous n’avez que trop de dispositions à le devenir : Annibal ad portas.
Soulié d’achever le portrait conjectural de cette jeune femme d’ordre et de solide élégance, Mme Poquelin.
« M. de La Rochefoucauld avait l’esprit trop élevé, l’intelligence trop haute, le sens moral trop profond pour ne pas être un catholique véritable ; la société au milieu de laquelle il vivait était essentiellement chrétienne, et, on aura beau faire, il faudra nous laisser cette grande illustration et renoncer à la joindre à la cour, trop brillante malheureusement, de l’incrédulité. » Rien n’est plus estimable que d’être catholique fidèle et docile, surtout si l’on est à la fois chrétien de cœur ; je suis loin de prétendre que l’élévation de l’intelligence ne fût point compatible, en ce grand siècle, avec la croyance régnante, et l’on y eut d’assez beaux exemples de cette concorde et de cette union ; mais, en vérité, raisonner comme vous le faites, avec cette légèreté, cette sérénité imperturbable, et trancher ainsi une question de foi chez un moraliste de cet ordre et de cette école, chez un raffiné de la qualité et de la trempe de M. de La Rochefoucauld, c’est montrer que vous ne vous doutez même pas de la difficulté.
» Mais se serait-on attendu, je vous prie, que le peintre dont le crayon railleur a tant dévoilé de misères et de duplicités féminines dans un ordre vulgaire, nous conduirait à étudier sous sa plume discrète une telle femme, une telle distinction maladive de la sensibilité ?
Les discours prononcés chaque année à la rentrée des Cours impériales et de la Cour de cassation roulent d’ordinaire sur d’importants sujets, et sont quelquefois de véritables études concernant des personnages historiques qui n’appartiennent pas seulement à la magistrature, et qui intéressent tous les ordres de lecteurs.
Doué d’un coup d’œil économique précis, il comprit surtout cette vérité moderne, et qui régira de plus en plus tous les ordres d’activité, à savoir que c’est à tous désormais qu’il faut s’adresser pour réussir, et qu’il n’y a rien de tel pour fonder quelque chose et pour être quelqu’un que d’avoir notoriété et crédit chez chacun, chez tout le monde.
Herman, en présence du baron Fritz, ce beau-frère entiché de sa noblesse et des vieux préjugés germaniques, maintient lui-même le rôle du noble moderne converti aux idées du siècle : il répond à l’accusation banale d’être un déserteur de sa caste et de n’avoir ni foi ni principes : « Croyez plutôt, dit-il en parlant des Biron, des Custine, des La Fayette, qu’il a fallu une foi bien ferme à ces déserteurs qui, dans la solitude de leur conscience, se sont voués à la haine de ceux qu’ils abandonnaient, à la méfiance de ceux qu’ils voulaient servir, sans autre espoir que la justice tardive de la postérité. » Mais ce commencement de discussion entre Herman et Fritz est arrêté à temps par un-geste d’Emma qui n’entend pas que ses deux adorateurs, comme elle dit, combattent sur ce terrain, et qui les rappelle à l’ordre.
Tout un ordre de considérations nouvelles s’ouvre devant nous et se développe comme à l’infini ; on a élargi de toutes parts ses horizons ; on ne parle de Don Quichotte qu’au sortir de la lecture de Dante, de la chanson de Roland, du poëme du Cid et de tant d’autres œuvres poétiques antérieures qui donnent lieu à des comparaisons, à des contrastes.
cet homme qui a vécu en pleine tourmente, au milieu des Jacobins, qui a entendu tous les jours Danton, Robespierre, les fait parler dans le style élégamment délayé de la tragédie classique du troisième ordre : c’est une troisième décoction de Campistron.
Au moment le plus beau et le moins endommagé encore de son règne, Louis XVI, pénétré de la lecture des Voyages de Cook et jaloux pour la France de cette gloire des conquêtes géographiques, voulut donner lui-même à Laperouse, en le chargeant d’une expédition lointaine, des instructions en quelque sorte morales, et, dans sa sollicitude de philanthrope, il les rédigeait ainsi : « Si des circonstances impérieuses, qu’il est de la prudence de prévoir, obligeaient jamais le sieur de La Peyrouse à faire usage de la supériorité de ses armes sur celles des peuples sauvages, pour se procurer, malgré leur opposition, les objets nécessaires à la vie, telles que des subsistances, du bois, de l’eau, il n’userait de la force qu’avec la plus grande modération et punirait avec une extrême rigueur ceux de ses gens qui auraient outrepassé ses ordres.
Saint-Simon n’était fait, à aucun degré, pour être ni ministre, ni général, ni homme de finance et de budget ; il est, pour un homme d’esprit, singulièrement court, j’allais dire inepte, sur tous ces divers objets qui font les branches principales du gouvernement des États ; il n’est pas, même dans l’ordre philosophique, un esprit supérieur ; il reste soumis et astreint aux croyances les plus étroites de son temps ; s’il lui arrive de varier en religion, c’est pour passer par les préventions des sectes et des opinions particulières, plus porté dans le principe qu’il ne l’a dit pour les Jésuites et leurs adhérents, puis tournant plus tard et avec une sorte d’âpreté au Jansénisme et à l’anti-Constitutionnalisme.
Comme ce n’est point de l’histoire sévère que j’écris en ce moment, et que je ne vise qu’à mettre en lumière quelques traits essentiels d’un haut et curieux personnage, je veux marquer encore par un contraste sensible ce qu’il avait de supérieur en son genre et en quoi, par exemple, il l’emportait incomparablement pour la tenue, pour le secret, l’esprit de conduite et une dignité naturelle sur des acolytes, gens de beaucoup d’esprit, mais légers, intempérants, et qui ne venaient que bien loin à sa suite dans l’ordre de la politique et de l’intrigue.
de quel ordre précisément est-il, et à quel degré sur la colline ?
L’Europe, au sortir des troubles religieux et à travers les phases de la guerre de Trente ans, enfantait laborieusement un ordre politique nouveau ; la France à l’intérieur épuisait son reste de discordes civiles.
Adèle de Sénange en effet, dans l’ordre des conceptions romanesques qui ont atteint à la réalité vivante, est bien sœur de Valérie, comme elle l’est aussi de Virginie, de mademoiselle de Clermont, de la princesse de Clèves, comme Eugène de Rothelin est un noble frère d’Adolphe, d’Édouard, du Lépreux, de ce chevalier des Grieux si fragile et si pardonné : je laisse à part le grand René dans sa solitude et sa prédominance.
Il y avait là en germe l’idée d’une histoire générale de la civilisation, et d’une histoire particulière de chaque ordre de connaissances.
Que fait le poète, en effet, que fait tout artiste, et que font en général tous les hommes, sinon substituer continuellement le sensible aux conceptions pures, ou en d’autres termes saisir des rapports et leur substituer des rapports identiques pris dans un autre ordre d’idées, de même que le géomètre substitue à volonté des nombres aux surfaces, des surfaces aux nombres ?
Mahmoud insensiblement se refroidit ; ses ministres s’en aperçurent et exécutèrent plus négligemment ses ordres ; ils payaient mal le poète, qui se trouvait ainsi dans la gêne au milieu de l’or.
Avec un talent du premier ordre et tel qu’on n’en trouverait pas de supérieur en notre littérature dès l’origine, elle semble craindre que ce talent, dans son activité et dans sa puissance, ne manque de sujet, ne manque de pâture.
Par la nature de défauts qu’il démêle si bien dans les Mémoires et par les beautés de premier ordre qu’il y relève aussi, il me paraît résumer toute la vérité sur l’ensemble.
Je ne répondrais même pas qu’on n’ait point surfait quelquefois ces deux renommées diversement aimables, mais non pas dissemblables dans des ordres si différents, et qu’on n’ait point mis à les louer de cette exagération et de cette déclamation qui leur étaient si antipathiques à eux-mêmes.
J’en avais ôté Richelieu, Saint-Lambert m’en a chassé ; cela est dans l’ordre ; un clou chasse l’autre : ainsi vont les choses de ce monde. » Mme du Châtelet avait à peine fermé les yeux, que Voltaire écrivait à Mme Du Deffand, avant toute autre personne, pour lui annoncer cette mort : « C’est à la sensibilité de votre cœur que j’ai recours dans le désespoir où je suis. » Rappelons-nous le portrait satirique ; en vérité, l’ami au désespoir s’adressait bien !
Il raillait volontiers la géométrie transcendante comme inutile, et il se faisait rappeler à l’ordre sur ce point par d’Alembert.
qui nous rendra l’opinion régnante dans l’Ordre des avocats, alors si entier et comme investi de sa première intégrité, l’esprit général de la magistrature d’alors, si stable, si courageuse et parfois si héroïque ?
Au retour, confiée aux soins d’une tante calviniste, elle fut, bien que née catholique, rejetée dans l’hérésie, d’où il fallut qu’une autre parente, Mme de Neuillant, la vînt arracher avec un ordre de la Cour.
Il plaidait l’ordre et l’harmonie de la nature contre les partisans du désordre et du hasard, et il trouvait dans cette plaidoirie, qu’il se plaisait à prolonger, d’admirables thèmes et des ouvertures pour son talent, en même temps que des prétextes pour ses subtilités bienveillantes et pour les nuances infinies de ses rêveries.
Les sujets en sont assez petits, ou, quand l’auteur les prend dans l’ordre moral, ils tournent au lieu commun : ainsi la Satire à l’abbé Le Vayer sur les folies humaines, ainsi celle à Dangeau sur la noblesse.
Elle continua d’acquérir tant qu’elle vécut ; elle protégea de tout son cœur et de tout son crédit les savants et les hommes de lettres de tout ordre et de tout genre, profitant d’eux et de leur commerce pour son propre usage, femme à tenir tête à Marot dans le jeu des vers comme à répondre à Érasme sur les plus nobles études.
Originairement, l’intelligence n’a pas d’autre objet que les différents plaisirs ou déplaisirs : c’est la première chose qui l’intéresse et l’éveille ; en se développant, elle est obligée de faire attention aux ressemblances ou aux différences, à l’ordre des phénomènes, et elle finit par y faire une attention telle qu’elle cesse de se rappeler le plaisir et la peine ; absorbée dans la relation, elle oublie les termes de la relation même, qui deviennent peu à peu pour elle de simples moyens secondaires, des signes, des symboles de plus en plus dépouillés de leur caractère affectif et émouvant.
Mais procédons par ordre.
Avons-nous un auteur que nous puissions opposer à Quintilien pour l’ordre et pour la solidité des raisonnemens ?