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1798. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Nous l’émulons et nous y parviendrons ; nos esprits cherchent à se montrer libres, et l’on sait qu’après avoir imité, nous perfectionnons, puis nous surpassons. […] Je ne veux pas faire d’Argenson plus grand ni plus élevé qu’il n’est, je ne veux que le montrer avec quelque ressemblance.

1799. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

La Révolution, vue du côté de la haute société et des salons, y est ainsi montrée au naturel, moyennant quantité de petites circonstances que je ne vois pas si bien relevées ailleurs et qui sont vivement saisiesal. […] Molé, les vices de son temps, et il se piquait trop de les avoir pour négliger de se peindre par ce dernier aspect : il s’est donc montré aussi dans le père du jeune Saint-Alban, dans ce second personnage sybarite et relâché qui fait contraste avec le président, et qu’il a traité également avec complaisance.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Il était très bon connaisseur en telle matière, et savait à quoi l’on pouvait appliquer chacun, et aussi que chacun n’est pas toujours le même ; il a de curieuses paroles à ce sujet, et qui montrent qu’il y a un moraliste caché intérieur dans tous les chefs qui ont le don du commandement : Ce que je connais tous les jours dans la pratique des hommes, écrit-il à Chamillart, c’est que l’on ne les connaît point. […] Villars gagne à être contenu, à ne pas se montrer trop fastueux.

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Elle parle au reste librement d’elle-même et de ce qu’elle avait été ; J’ai retrouvé, écrivait-elle après des années, Mme de Castellane ; elle est toujours la même, et elle s’est montrée plus charmante pour moi que jamais. […] Un paysan qui se trouvait là nous en a montré un qui passe pour avoir trois cents ans : il surpasse en hauteur et en grosseur tous les autres, et il est bien conservé pour son âge.

1802. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Necker ne prévoyait point l’expédition d’Égypte ; mais il vit un jeune officier qui lui parut plus sérieux et plus réfléchi que beaucoup d’autres, et il voulut lui procurer une lecture solide, qui montrait, dans un parfait exemple, comment on peut tirer profit de ses observations en tout voyage. […] Thiers nous a montré ce modèle accompli des modestes et fortes vertus guerrières, au tome xiv, p. 168 de son Histoire de l’Empire. — Voir aussi la Vie militaire du comte Friant, publiée par son fils (un vol, 1857), et un article au tome  xv de ces Causeries.

1803. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Prenant la Chambre à partie pour chaque projet de loi qu’elle avait ainsi transformé et dénaturé, il aboutit a résumer ses griefs et son acte d’accusation sous cette forme saisissante : « Proposer la loi, c’est régner. » Il alla même d’audace en audace, à mesure que croissait l’irritation autour de lui, et puisqu’il était en veine de la braver, jusqu’à ne pas craindre de réveiller le plus terrible souvenir et à montrer au bout de cette voie fatale, et comme conséquence extrême de ces empiétements illégitimes, la liberté d’action du souverain et la sanction royale enchaînée au point de n’être plus que le Veto de l’infortuné Louis XVI ! […] Pasquier se montrait là ce qu’on l’a vu plus tard soit au Luxembourg, soit dans sa vie dernière de retraite et de société, un lien entre les hommes ; mais c’était un lien actif, pénétrant, et il avait déjà doucement préparé les esprits quand il les mettait en présence.

1804. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Vénus, pour le toucher et l’apitoyer, énumère et rappelle tous les grands moments où elle a dû déjà recourir à son père et où il s’est montré bon pour elle : — quand elle fut blessée par Diomède ; — quand elle voulut sauver Énée ; — quand elle perdit Adonis, etc. […]   Enfin, il y a ce dernier sonnet d’elle, qui est également un vœu de mort, non plus de mort au sein du bonheur, mais de mort plus triste et plus terne, quand il n’y a plus pour le cœur de bonheur possible, plus un seul reste de jeunesse et de flamme : Tant que mes yeux pourront larmes épandre, A l’heur65 ; passé avec toi regretter, Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth pour tes grâces chanter ; Tant que l’esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre ; Je ne souhaite encore point mourir : Mais quand mes yeux je sentirai tarir, Ma voix cassée et ma main impuissante, Et mon esprit en ce mortel séjour Ne pouvant plus montrer signe d’amante, Prierai la mort noircir mon plus clair jour.

1805. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Tout peut se dire ; toutes les opinions sincères ont le droit de sortir et de s’exprimer ; il y a, certes, lieu pour des critiques doctes et fins de disserter longuement et de faire mainte distinction à propos d’Horace Vernet ; mais le ton de Gustave Planche parlant d’un homme de ce talent et de cette renommée, d’un homme de ce passé et de cet avenir, qui était à la veille de se développer de plus en plus, et qui allait nous traduire aux yeux notre guerre d’Afrique, nous montrer notre jeune armée en action, à l’œuvre, dans sa physionomie toute moderne et expressive, ce ton est d’une insolence et d’une fatuité vraiment ineffables : « À ne peser que les cendres de sa gloire, s’écrie-t-il, nous les trouvons légères, et nous les jetons au vent ! […] Tout ce qui se piquait d’art pur se montra deux fois plus rigoureux pour lui.

1806. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Vêtu avec magnificence, monté sur un cheval blanc richement caparaçonné, sa mine chétive et blême contrastait singulièrement avec celle de son jeune oncle, don Juan d’Autriche, qui était à sa gauche dans le cortège, et qui montrait à la foule, dans toute sa fleur de bonne grâce et d’audace, le futur vainqueur de Lépante. […] Lorsque ensuite on s’aperçut que ce projet de voyage royal n’était qu’une feinte, il s’en montra très irrité et pensa à s’y rendre lui-même ; c’était moins sans doute dans la vue de se lier avec un parti politique et avec des hérétiques que pour échapper au joug paternel trop pesant de près, et pour pouvoir se livrer avec plus de liberté à son agitation turbulente.

1807. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Victoire cependant, qui ne le cède à nulle autre, et dont l’honneur rejaillit sur le règne même de Louis XIII et de ce Richelieu qui s’est trop montré jaloux de Corneille : il est, malgré tout, impossible de ne pas confondre le triomphe du Cid avec le leur et avec le plus beau moment de leur gloire. […] Quand il a fini, elle plaide au long contre lui devant lui-même : « Je ne t’accuse point, je pleure mes malheurs… Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi… » Lui-même il accepte son arrêt, il se met à genoux et lui tend la tête.

1808. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Faugère le désir qu’il en fît usage pour rétablir la vérité et montrer que la part de gloire qui revenait légitimement à Mme Roland était assez grande sans qu’il fût besoin d’y rien ajouter aux dépens de son mari : « J’acceptai cette mission avec empressement, nous dit le nouvel éditeur, et je m’occupai dès lors à compléter les éléments d’un ouvrage qui sera consacré à faire connaître plus intimement Roland de La Platière, en même temps que la femme supérieure qui ne fut pas tout dans sa destinée, mais qui, en s’unissant à lui, a contribué à donner à son nom un éclat que son seul mérite n’aurait point produit. » Oserai-je dire à M.  […] Encore une fois, Mme Roland, si courageuse qu’elle fût et qu’elle parût à la dernière heure, était femme et ne cessa de l’être, même dans cet acte suprême où elle montra une sérénité qu’auraient enviée bien des hommes.

1809. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Sa vie et sa correspondance (suite) Mardi 4 mai 1869 Il me reste à indiquer des portions de correspondance qui offrent des tons un peu plus variés, à montrer pourtant jusqu’à la fin la note fondamentale, et aussi à recueillir les principaux hommages qui n’ont pas manqué de son vivant à ce tendre et sympathique génie. […] » Emportée elle-même par son sort, par les nécessités de chaque heure, par la violence de son talent ou de ses passions, qui ne faisaient qu’un, Mme Dorval en son naufrage avait-elle le temps de montrer aux deux discrètes et silencieuses amies les nuances de sentiment qu’il aurait fallu et les grâces du cœur ?

1810. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Napoléon l’attendait avec des trépignements d’impatience ; enfin, à une heure, il se montra sur les hauteurs de droite, poussant devant lui les brigades détachées de l’ennemi, et venant rétablir les affaires. […] Et il lui montra un ordre qu’il était chargé de porter, écrit de la main de l’Empereur et parfaitement illisible.

1811. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Les principaux et les plus fins de la littérature moderne y ont passé ; très-peu d’essentiels y manquent encore, et nous n’allons bientôt plus avoir qu’à nous tenir au courant des nouveaux-venus et des chefs-d’œuvre quotidiens qui pourront surgir : nous aurons épuisé tout ce passé d’hier auquel nous nous sommes montré si attentif et si fidèle. […] Deux signes sont à relever, qui montrent en général qu’une école est à bout, ou du moins qu’elle n’a plus à gagner et que ce n’est plus qu’une suite : 1° quand les chefs ne se renouvellent plus ; 2° quand les disciples et les survenants en foule pratiquent presque aussi bien que les maîtres pour le détail, et que la main-d’œuvre du genre a haussé et gagné de façon à faire douter de l’art.

1812. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

La critique ainsi faite, l’histoire littéraire ainsi arrosée par des sources secrètes reparues à temps et largement brillantes au soleil, ressemblerait dans ses plus heureuses perspectives à ces fertiles contrées merveilleusement touchées par le poëte : A l’horizon déjà, par leurs eaux signalées, De Luze et d’Argelès se montraient les vallées166. […] J’en pourrais glaner des exemples, montrer, après lui, l’indépendance gallicane se marquant du premier jour dès saint Irénée, l’éloquence girondine bien célèbre dès avant Ausone, l’itinéraire pittoresque et mélancolique s’essayant avec Rutilius ; mais, pour mieux faire apprécier le motif profond de M.

1813. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Tel il s’est montré dans tout son rôle, depuis miss Smithson jusqu’à Mlle Rachel, depuis Hernani jusqu’à Lucrèce ; sur Homère, sur l’abbesse Hrosvitha, sur la reine Nantechild, sur Ahasvérus, il a émis, accepté et soutenu des doctrines, des vues, qui témoignent de l’ouverture de sa pensée et de sa flexibilité ingénieuse presque indéfinie ; ce qui me fait dire et répéter de plus en plus : « Le critique n’est jamais chez lui, il va, il voyage ; il prend le ton et l’air des divers milieux : c’est l’hôte perpétuel180. » Chez beaucoup de ceux qui avaient épousé très-vivement la cause nouvelle au début et qui avaient entonné à haute voix le Chant du départ, le mécompte a suivi et s’est fait amèrement sentir. […] Magnin insère, chemin faisant, dans son récit, peuvent, je crois, être considérés comme des modèles, et montrent dans quelle mesure on doit se faire littéral avec un poëte étranger, tout en se conservant français, lisible, et même élégant.

1814. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Il tient à montrer les Carlovingiens aquitains d’origine plutôt qu’austrasiens. […] Cependant, si les vices qui ont déshonoré la Grèce s’y retrouvent dans toute leur laideur, ils ne s’y montrent plus dans leur audace ; ils ne sont plus attribués qu’à des êtres difformes ou ridicules, placés par l’esprit, le cœur et le sang, au dernier degré de l’échelle sociale.

1815. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

» dit-elle, et elle montra du doigt une lettre qu’elle venait de recevoir, et qui était restée entrouverte sur le banc du berceau. […] Son esprit si juste allait par moments jusqu’à l’exagération sur ce point, et quand il se la représentait, elle, sa chère idole, comme au milieu d’un arsenal et d’une fournaise théologique, et qu’il lui recommandait de ne pas s’y fausser les yeux, elle n’avait qu’un mot à dire pour lui montrer qu’il se grossissait un peu le fantôme, et qu’il oubliait les du Deffand, les Caylus et les Parabère (sans compter lui-même), qui apportaient parfois à cette monotonie de bulles et de conciles un assez agréable rafraîchissement.

1816. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

C’était comme le murmure lointain du vent dans les bois, qui vous frappe l’oreille avec les bruissements des feuillages et qui vous dit : « Tu es seul, tu es mélancolique ; resserre ton cœur ; jouis de ta solitude et de ta tristesse, et laisse les autres jouir du bruit qu’ils font ; ce qui t’attend ce soir vaut mieux que ce vain tumulte. » IV Quand mon ami, avant d’aller dans le monde, entrait un moment dans ma chambre pour étaler son costume devant ma cheminée, je le regardais en souriant d’une certaine pitié sans envie, et je lui disais : « Va te montrer, mais voici l’heure où, quand tu seras parti, je m’isolerai dans mon manteau ; je me glisserai sans bruit le long des murailles et j’irai attendre, sur le quai du Louvre, qu’une lumière solitaire s’allume, entre deux persiennes, pour m’annoncer que le dernier visiteur est retiré du salon, et pour laisser place à l’ami inconnu qui rôde dans le voisinage, comme l’âme cherchant son corps et n’en voulant point d’autre dans la foule de ceux qui ne sont pas nés. » V Il sortait, et je restais seul au coin de mon feu, un livre à la main, jusqu’à ce que la cloche de Saint-Roch sonnât onze heures, et que ce même onzième coup sonnât de l’autre côté de la Seine, dans un cœur qu’il faisait transir ou frissonner. […] Essayerai-je de montrer le parti qu’on peut tirer de la condition la plus misérable ?

1817. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

C’est affaire à l’expérience de montrer s’il y a des formes mixtes qui soient légitimes, c’est-à-dire viables et permanentes. […] La querelle des anciens et des modernes, dont nous parlerons en son temps, montra que l’accord n’était pas parfait entre l’auteur de l’Art poétique et le monde qui l’admirait.

1818. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Il a essayé de comprendre, de voir et de faire voir comment avaient pu vivre des Carthaginois, ainsi qu’il avait montré des Normands. […] Ou plutôt, il l’a demandé à sa science : ses manuels de médecine lui ont montré des cas pathologiques ; ses manuels de physiologie lui ont expliqué les fonctions de la vie animale.

1819. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Pour qu’aucune des études par où notre siècle s’est signalé ne lui échappât, il écrivit un jour sur les Contes de Perrault un dialogue exquis où il nous montrait comment sont sortis, des mythes solaires inventés par les anciens hommes, ces récits qui amusent nos petits enfants. […] Anatole France a su nous la montrer très vivante et très particulière.

1820. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

« Il vivait, écrit-il, en philosophe, avec quelques amis et ses livres ; il avait l’humeur agréable, point d’ambition, pas même celle de montrer de l’esprit. » Ce dernier trait contredirait ce que Boileau en a écrit : « Qu’il ne lui manquerait rien si la nature l’avait fait aussi agréable qu’il a envie de l’être. » Il est vrai que Boileau dit de l’auteur ce que d’Olivet dit de l’homme. […] Au lieu de nous accabler, comme Pascal, et de nous désarmer au moment du combat, il excite notre activité ; il nous fortifie par cet art de montrer à la fois à qui nous avons affaire, et qu’il y a presque toujours pire que nous.

1821. (1890) L’avenir de la science « II »

Il est facile de montrer que la plupart des préjugés sur lesquels reposait l’ancienne société, le privilège de la noblesse, le droit d’aînesse, la légitimité, etc., sont irrationnels et absurdes au point de vue de la raison abstraite, que, dans une société normalement constituée, de telles superstitions n’auraient point de place. […] En philologie, les grammairiens du temps s’amusaient à montrer l’inconséquence, les fautes du langage, tel que le peuple l’a fait, et à corriger les écarts de l’usage par la raison logique, sans s’apercevoir que les tours qu’ils voulaient supprimer étaient plus logiques, plus clairs, plus faciles que ceux qu’ils voulaient y substituer.

1822. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Mais je ne veux pas discuter moi-même, et j’aimerais simplement à montrer dans son vrai jour cet homme docte, aimable, poli, qui sut tout, tout ce qui pouvait être su alors, et qui est la dernière grande figure, et l’une des plus fines, de ces savants robustes d’un autre âge. […] Le talent poétique que montra Huet, il dut l’avoir hérité de lui.

1823. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Ginguené, dans une bonne Notice sur Galiani, s’est attaché à montrer que le petit abbé était patriote au vrai sens du mot ; qu’il n’a cessé, à travers ses plaisanteries, de chercher à être utile, à améliorer la vie humaine autour de lui, et qu’il n’a pas démenti en effet cette maxime de son Chevalier dans ses Dialogues : « La corvée du sage est de faire du bien aux hommes. » Sur ce point, Ginguené me paraît avoir tout à fait raison ; mais il s’avance beaucoup quand il nous assure que, loin d’être incrédule, Galiani fut toujours religieux. […] Mais l’éditeur a fait précéder ce léger recueil d’extraits, assez agréable d’ailleurs à parcourir, d’une Introduction, c’est-à-dire d’une dizaine de pages, où il a tenu à se montrer le plus qu’il a pu désobligeant et maussade pour tous ceux qui l’ont précédé sur ce même sujet et dont il n’a eu vraiment qu’à profiter.

1824. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Elle l’a peint, d’ailleurs, dans un portrait officiel et fait pour être montré. […] Il est impossible, pour un savant qui sait la physique, de mieux noter qu’il ne le fait chaque éclair avant-coureur, et de se montrer moins effrayé de l’orage.

1825. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Quelques pièces de vers publiées par elle dans ces dernières années nous montrent qu’elle n’est pas encore complètement guérie de cette idée là, et qu’il y a des moments où elle parle comme si elle avait réellement manié dès le berceau l’épée de Charlemagne. […] Si nous croyions à la métempsycose, nous dirions que l’âme de quelque peintre de paysage, malheureux en amour, avait passé dans le corps de ce noble cerf, tant il s’est montré artiste dans toutes ses promenades et jusque dans sa chute… Tout cela est poussé un peu loin, un peu marivaudé peut-être ; le conteur s’amuse et abuse : il tient à son joli dire, et, une fois mis en train, il ne le lâche pas.

1826. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Quand il est arrivé au terme de son voyage, dans ce royaume de Siam où il rêvait une si belle conquête, et que d’autres voyageurs nous montrent si misérable, Choisy devient un guide très superficiel, peu exact, se prenant en tout aux dehors, aux idoles, comme dirait Platon, et tout amusé au détail des parades, cérémonies et harangues. […] Puisque nous sommes en un jour de récréation, ne nous montrons pas trop sévère ; Choisy a des titres à l’indulgence : il fut plus frivole et léger que corrompu : il resta naturel au milieu de ses bizarreries les plus étranges ; il eut, à un certain jour, des sentiments sincères de piété qu’il tâcha de nourrir ; il fit tout, dans ses trente dernières années, pour devenir sérieux et grave, il ne put jamais s’empêcher d’être amusant et aimable.

1827. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Il montra Colardeau semblable à ses écrits, doux, sentimental, modeste, affligé de la critique et se promettant bien de ne l’exercer jamais contre personne : « Voilà, monsieur, dans un homme de lettres un caractère intéressant ! […] Colnet, dans un petit volume spirituel et gai qu’il a écrit sur les chutes et les rechutes de La Harpe (Correspondance turque), nous l’a ainsi montré à table, en flagrant délit de gourmandise, et s’en repentant pour y retomber tout aussitôt.

1828. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Toujours il débutera vivement, brillamment, mêlant l’esprit à l’audace, la repartie à la bravoure ; il se montrera capable, des plus prompts à l’occasion, plein de promesses qu’il ne tient qu’à lui, ce semble, de réaliser : puis tout à coup, à un certain moment, une affaire d’honneur, de vrai ou de faux point d’honneur, l’arrêtera court, le fera sortir de la route tracée et le lancera dans une sphère d’action différente : il a en lui comme une force excentrique secrète qui le déjoue. […] Tirant une clef de sa poche, il ouvre ; et, au lieu d’in-folio, je vois des rangées de bouteilles des meilleurs vins, et nous nous mîmes tous deux à rire de grand cœur : « C’est là, me dit le pacha, ma bibliothèque et mon harem ; car, étant vieux, les femmes abrégeraient ma vie, tandis que le bon vin ne peut que me la conserver, ou du moins me la rendre plus agréable. » Les détails qui suivent montrent que le spirituel pacha avait cherché à tirer tout le meilleur parti de sa position nouvelle ; qu’il avait réuni autour de lui ce qu’on pouvait appeler les honnêtes gens de là-bas, et fait rendre à la Turquie tout ce qu’elle renfermait de ressources de société.

1829. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Bain a le premier montré l’importance morale du tact, qui est le sens fondamental ; nous pouvons maintenant nous expliquer mieux cette importance. […] Dans nos Problèmes d’esthétique contemporaine, nous avons montré que le sentiment de l’utile n’exclut pas toujours le plaisir du beau ; nous avons réfuté ainsi certaines exagérations de Kant et des évolutionnistes, qui rejettent de la beauté toute finalité, même immédiatement sentie.

1830. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Shakespeare était pour Voltaire une occasion de montrer son adresse au tir. […] Une savane qui ne se peigne point, un lion qui ne fait pas ses ongles, un torrent pas tamisé, le nombril de la mer qui se laisse voir, la nuée qui se retrousse jusqu’à montrer Aldébaran, c’est choquant.

1831. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Est-il vrai que le prophète Osée, pour montrer son amour de sa patrie, même tombée en opprobre et devenue infâme, ait épousé une prostituée, et ait nommé ses enfants Deuil, Famine, Honte, Peste, et Misère ? […] Partout, dans toutes les rues, sur toutes les places, à chaque pas, de gigantesques points d’admiration sous forme de colonnes : colonne au duc d’York, qui devrait, celle-là, être faite en points d’interrogation ; colonne à Nelson, montrée du doigt par le spectre de Caracciolo ; colonne à Wellington déjà nommé ; colonnes pour tout le monde ; il suffit d’avoir un peu traîné un sabre.

1832. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

On désireroit seulement qu’il eût montré plus de finesse en les distinguant. […] Ce point étoit cependant essentiel dans un livre fait pour apprendre l’usage de la langue, & pour montrer l’emploi des mots qui la composent.

1833. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Il voit le mal, mais il le voile, et ce n’est pas, comme Sainte-Beuve, pour mieux le montrer. […] Au moment où lord Byron était insulté physiquement et moralement en Angleterre, nous avons tenu à montrer que nous n’avions perdu le sens ni de l’homme ni du poète.

1834. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Mais il me semble s’être tout à fait mépris lorsqu’en finissant il nous a montré M. de Tocqueville « penché vers l’antiquité », relisant ses anciens auteurs, admirant non seulement Platon, mais Zénon, préférant même Lucain à ces poètes courtisans, Virgile et Horace.

1835. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

Je pardonnerais de grand cœur au poëte de nous ranger, Gaulois ou Germains, parmi les barbares : pourtant n’y aurait-il pas eu plus de vérité à la fois et de pensée progressive ou même inspiratrice à montrer cette main noblement suppliante que l’Italie nous tend, que l’égoïsme de nos gouvernants a lassée jusqu’ici, mais que nous irons étreindre un jour d’une main de frères ?

1836. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Vinet consiste à montrer qu’en mettant à part la qualité si incomparable du talent, tout homme a dans Pascal un semblable et un miroir, s’il sait bien s’y regarder.

1837. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Ce dernier même, qui donne, en apparence, à la théorie de Dussault, un si superbe démenti, nous saura quelque gré peut-être de montrer que cette théorie au fond ne contrarie nullement l’hommage dû au plus digne interprète de Tacite, et que, puisqu’elle put s’accommoder autrefois avec le Pline de M. 

1838. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Et nous nous disions : Si, au lieu d’une Vie de Napoléon Bonaparte, Walter Scott avait eu l’idée d’écrire un roman historique où ce personnage eût joué un rôle, s’il avait saisi cette occasion pour peindre des scènes de la Révolution française et pour montrer en action quelques-uns des caractères principaux qui s’y rencontrent, il eût fait un ouvrage plus intéressant à coup sûr que son histoire, mais également plein de vues fausses, de descriptions superficielles, et de portraits de fantaisie : et pourtant Walter Scott a eu sur cette période contemporaine autant et plus de renseignements que sur les époques d’Ivanhoë, de Quentin Dthrward, d’Élisabeth, de Cromwell et des Puritains.

1839. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

On aurait tort, selon nous, de voir là-dedans un pas rétrograde de M. de Lamartine vers la philosophie humaine et un ébranlement de cette conviction ferme et durable dans laquelle ses Méditations nous font montré établi.

1840. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

En même temps que les Vies de Plutarque enivrent les âmes imprégnées de l’amour de la gloire, et à qui ces éloges des plus hautes manifestations de l’énergie personnelle qui se soient produites dans la vie de l’humanité, montrent la voie où elles voudraient marcher, toute l’œuvre de Plutarque séduit comme déterminant assez exactement le domaine de ce que devra être la littérature : morale et dramatique.

1841. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Il s’agit de les sanctifier, d’en montrer les relations sacrées avec la vie même de l’univers.

1842. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

ACTE DEUXIÈME L’étudiant Cintio Fidenzio vient acheter Celia ; il dit à Mezzetin de remettre la jeune fille à la personne qui viendra de sa part et montrera son anneau.

1843. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Flaminia l’admirait ; Scapin le prenait afin qu’elle pût le voir mieux, le lui montrait de près, puis l’assurait que Pantalon la suppliait de l’accepter.

1844. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

n’eut-on pas ridée, en 1883, de désigner pour présider à notre distribution des prix, au lycée Louis-le-Grand, un homme, inoffensif assurément, mais le dernier qu’il aurait fallu choisir à un moment où il s’agissait avant tout de relever l’autorité, de se montrer ferme et de faire chaleureusement le convicium seculi ?

1845. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre V : Rapports du physique et du moral. »

Bain a montré le rapport entre la question qui nous occupe et celle de la corrélation des forces.

1846. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

Combien nous sommes peu à montrer le calme courage de la franchise, à mi-côte, à égale distance des saints qui pensent et travaillent et des absolus prostitués qui vendent âprement et habilement des mots vides et des grimaces de pensées.

1847. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Quoique ces diverses formules, au dire du discret conseiller, ne fussent pas sans quelque vertu tentatrice, l’auteur de ce livre ne se sentit pas assez d’humilité et d’indifférence paternelle pour exposer son ouvrage au désenchantement et à l’exigence du lecteur qui aurait vu ces magnifiques apologies, ni assez d’effronterie pour imiter ces baladins des foires, qui montrent, comme appât à la curiosité du public, un crocodile peint sur une toile, derrière laquelle, après avoir payé, il ne trouve qu’un lézard.

1848. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Averti du jour où l’on devoit les représenter, il se rend le premier au spectacle, s’y place de façon à pouvoir être vu de tout le monde, applaudit aux endroits qui faisoient le plus rire à ses dépens, se lève plusieurs fois, afin de se montrer à des étrangers qui demandoient à le voir, & ne sort que le dernier de l’assemblée.

1849. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Non-seulement nous ne comprenons pas et nous ne comprendrons jamais comment des traces quelconques imprimées dans notre cervelle peuvent être perçues de notre esprit ou y produire des images, mais, quelque délicates que soient nos recherches, ces traces ne se montrent en aucune façon à nos yeux, et nous ignorons entièrement quelle est leur nature. » Le savant et profond physiologiste allemand Müller s’exprime en termes non moins significatifs.

1850. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Le roseau, dans sa réponse, rend d’abord justice à la bonté du cœur que le chêne a montrée.

1851. (1879) Balzac, sa méthode de travail

Quand il s’adresse au public, il prend des tons de général Bonaparte à la bataille des Pyramides ; en particulier, l’homme se montrait parfois aussi inquiet sur la durée de son œuvre qu’un grand artiste qui constate que les couleurs qu’il emploie détruiront sa toile et ne laisseront guère plus de traces du tableau que si un liquide corrosif y avait été jeté.

1852. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Peut-être n’appartiendrait-il qu’à un grand maître de déchirer le nuage qui enveloppait Enée, et de me le montrer comme il apparut à la crédule et facile reine de Carthage : Circumfusa repente Scindit se nubes, et in aethera purgat apertum.

1853. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Mon mot sur l’architecture Il ne s’agit point ici, mon ami, d’examiner le caractère des différents ordres d’architecture ; encore moins de balancer les avantages de l’architecture grecque et romaine avec les prérogatives de l’architecture gothique, de vous montrer celle-ci étendant l’espace au-dedans par la hauteur de ses voûtes et la légèreté de ses colonnes, détruisant au-dehors l’imposant de la masse par la multitude et le mauvais goût des ornements ; de faire valoir l’analogie de l’obscurité des vitraux colorés, avec la nature incompréhensible de l’être adoré et les idées sombres de l’adorateur ; mais de vous convaincre que sans architecture, il n’y a ni peinture ni sculpture, et que c’est à l’art qui n’a point de modèle subsistant sous le ciel que les deux arts imitateurs de la nature doivent leur origine et leur progrès.

1854. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines J’ai rapporté plusieurs raisons pour montrer que les poëtes tragiques doivent placer leur scene dans des tems éloignez de nous.

1855. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment » pp. 341-353

Les juges qui n’ont lû qu’un très-petit nombre de livres, mais à qui l’expérience journaliere a montré quels sont les motifs de décision qui déterminent les tribunaux dans le jugement des procez, ne se trompent presque jamais dans leurs prédictions sur l’évenement d’une cause.

1856. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Quintilien écrit par la même raison que non seulement il faut sçavoir la musique pour être orateur ; mais qu’on ne sçauroit même être bon grammairien sans l’avoir apprise, puisqu’on ne pouvoit pas bien enseigner la grammaire sans montrer l’usage dont y étoient le metre et le rithme.

1857. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

C’est une figure dont Quintilien se sert pour montrer qu’un orateur ne doit pas déclamer comme un comedien, à cause de la necessité où il se jette en déclamant ainsi.

1858. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Si donc son entreprise demande à être reprise, il a eu l’honneur de montrer la route où il convient de s’engager.

1859. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Est-ce à nous d’ailleurs à nous montrer si difficiles, nous qui ne cessons de nous parer de nos trophées militaires ?

1860. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Critique sagace et parole comptée quand il s’agit de l’appréciation des livres et des hommes, Rapetti, qui réunit la capacité étendue et diverse de l’historien au sens incessamment aiguisé du jurisconsulte, a été plus frappé que personne du caractère qu’offrent ces mémoires de Raguse où l’inconsistance essaie d’être retorse et réussit à se montrer telle, et où les machiavélismes et les sophismes de la défense brouillent la faute pour la couvrir.

1861. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Après Barthélemy, Choiseul-Gouffier et Chateaubriand, il aborde les augustes ruines de la Grèce et leur récrépissage moderne avec l’irrévérencieuse plaisanterie d’un enfant de Paris (pour ne pas dire un autre mot), et, comme ce gros obèse intellectuel d’allemand qui sautait par la fenêtre pour se faire vif, il saute, lui, en pleine ironie, — tenant infiniment, sans doute, à nous montrer qu’il sait, quand il le faut, s’éponger de sa science et s’alléger du pédantisme de ses études et de ses fonctions !

1862. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

cette chimère du passé, des réalités la plus terriblement réelle, cette inévitable fatalité du souvenir que Manfred maudit, dans Byron, et qu’il appelle l’impossibilité d’oublier, voilà, malgré les tours de force du linguiste et les travaux de joaillier que Gramont exécute sur le rhythme, ce qui distingue ses poésies et communique un charme profond à ce recueil, qui est, on le sent à travers les ciselures passionnées du poète et de l’idolâtre matériel, un fragment rompu de la vie et non un livre de vers écrit seulement pour montrer qu’on sait faire des vers !

1863. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

et ce que j’aime et veux vous montrer, c’est le Monselet nouveau, le Monselet inconnu tendre et chaste, et de cette nuance de mélancolie qui est le velouté de l’âme des poètes et que rien de la vie qu’ils ont menée ne détruit, quand une fois ils l’ont.

1864. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Nous ne parlons pas du Sacrifice d’Abraham, une grande diablesse d’histoire dont Rembrandt est le héros, laquelle n’a pas de raison pour être plutôt dans ce volume que dans tout autre volume de nouvelles, et qui en aurait une que je sais bien de n’y être pas… Enfin, dans les Contes de la montagne, où l’auteur se détire de son fantastique et commence de s’en dégager, vous ne trouverez que deux contes de cette espèce : Le Violon du pendu et L’Héritage de mon oncle Christian, aussi faibles d’ailleurs que tout le reste ; car pour le Conte qui a presque proportion de roman, et qui envahit, à lui seul, tout le volume, ce très beau Conte de Hugues-le-Loup, je ne le mets point parmi les tentatives fantastiques de l’auteur, malgré la donnée somnambulique qui en fait le dénouement et qui a été si rabâchée depuis Shakespeare, mais je le place plutôt parmi les autres récits, où le talent d’Erckmann-Chatrian, son talent réel et lumineux, — son talent antifantastique — s’est montré avec le plus de suite et d’éclats.

1865. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

Dès que le mérite parut, l’envie naquit, et la persécution se montra ; mais au même instant la nature créa la gloire, et lui ordonna de servir de contrepoids au malheur.

1866. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

L’idée nous revenait par instants de voir recueillis ces fragments, ces restes, disjecti membra pœtæ, de savoir où trouver enfin, où montrer l’urne close et décente d’un chantre aimable qui fut à la fois un dernier-venu et un précurseur. […] J’ose au moins sans terreur me montrer à vos yeux. […] S’il ne montrait d’ordinaire que de la sensibilité dans le talent, il portait de la passion dans le goût. […] « Vous aviez montré pour la vieillesse et le caractère du chef de l’Église des égards qui vous avaient honoré. […] Nous n’avons plus qu’un moment pour le trouver encore simple homme de lettres : il est vrai que ce court moment ne fut pas perdu et va nous le montrer sous un nouveau jour.

1867. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Y… Car il existe deux façons — je l’ai montré autre part1 — d’être agréable à qui l’on commente. […] Loin de nous en montrer surpris, nous allons en dégager des conséquences favorables à l’auteur : nous y trouverons sa réelle originalité. […] Mais cette prédominance en eux de la sensation, pourquoi la chercher ailleurs qu’en Mme de Noailles, quand nous la voyons absorbante au point où nous la montrent certains de ses poèmes ? […] Je sais d’illustres Bretons qui en tirèrent argument pour exalter leur sol natal aux dépens du voisin, et poussèrent en plus d’une circonstance l’aveuglement filial jusqu’à se montrer iniques pour toute une catégorie de richesses naturelles qu’ils prétendaient rabaisser. […] Il serait aisé de montrer, citations en mains, que la technique de la Maison du Péché est sensiblement analogue à celle de Gustave Flaubert.

1868. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

L’éloquence véritable commença à se montrer dans Rome du tems des Gracques, & ne fut perfectionnée que du tems de Cicéron. […] C’est un défaut dans lequel Virgile n’est jamais tombé, & qu’on peut quelquefois reprocher au Tasse, tout admirable qu’il est d’ailleurs : ce défaut vient de ce que l’auteur trop plein de ses idées veut se montrer lui-même, lorsqu’il ne doit montrer que ses personnages. […] Cette expression n’est point employée pour les hommes d’un rang médiocre, mais pour ceux qui par leur état sont obligés à montrer de l’élévation. […] Voici des vers techniques qu’on propose (quelque foibles qu’ils soient) pour montrer par quelle méthode on doit rompre cette monotonie, que la loi de l’hémistiche semble entraîner avec elle. […] La France non entamée sous Louis XIV. après neuf ans de la guerre la plus malheureuse, montrera évidemment l’utilité des places frontieres qu’il construisit.

1869. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Elle accepta sans plaintes, sans ostentation, avec une sereine fermeté, le bouleversement de sa fortune, et montra, dans cette cruelle circonstance, une promptitude et une résolution qui ne se démentirent dans aucune des épreuves de sa vie. […] ” dit-il, et en même temps il montra de la main à madame Récamier la flotte anglaise entrant à toutes voiles dans le port de Naples ; puis, se jetant sur un canapé et fondant en larmes, il couvrit sa figure de ses mains. […] Joachim et la reine montèrent en voiture, parcoururent la ville et furent accueillis par d’enthousiastes acclamations ; le soir, au Grand-Théâtre, ils se montrèrent dans leur loge, accompagnés de l’ambassadeur extraordinaire d’Autriche, négociateur du traité, et du commandant des forces anglaises, et ne recueillirent pas de moins ardentes marques de sympathie.

1870. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Au reste, elle était paresseuse, n’aimant pas à prendre la peine de montrer son esprit, et c’était une faveur qu’elle n’accordait pas à tout le monde. […] Lorsqu’elle commence à se montrer, je souffre ordinairement davantage ; la maladie diminue ensuite, et semble changer de nature : ma peau se dessèche et blanchit, et je ne sens presque plus mon mal ; mais il serait toujours supportable sans les insomnies affreuses qu’il me cause. […] Du ciel, où j’espère aller, je veillerai sur toi ; je prierai Dieu qu’il te donne le courage de supporter la vie avec résignation, jusqu’à ce qu’il lui plaise de nous réunir dans un autre monde : alors je pourrai te montrer toute mon affection ; rien ne m’empêchera plus de t’approcher, et rien ne pourra nous séparer.

1871. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Songez seulement à montrer un visage serein : changer de visage est toujours un signe de crainte. — Laissez tout le reste à mes soins. […] Craindras-tu de montrer tes actions et ta puissance égales à ton désir ? […] Sorcières impures, pourquoi me montrez-vous ces objets ?

1872. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Si nos études nous ont donné un peu de justice, et quelquefois un peu de regret pour le passé, nous croyons que nous avons montré dans nos livres historiques assez d’indépendance pour mécontenter toutes les opinions ; et nous avons cette conscience que nos romans se sont assez intéressés aux misères populaires du présent, et aux larmes des pauvres. […] Maréchal par le jeune Paul de Bréville, j’aurais introduit sur les planches un adultère plus immérité, plus indigne, plus infâme, plus laid que les adultères jusqu’ici mis en scène par mes confrères en adultère au théâtre… comme si nous ne voyions pas journellement les trois quarts des messieurs Maréchal se montrer de vrais saints Vincent de Paul à l’endroit de l’homme qui les trompe. […] * * * * * Nous avions montré jusque-là devant les attaques, les insultes, le barrage de notre carrière, que nous ne nous découragions pas facilement, et notre mémorable chute ne nous faisait point renoncer au théâtre.

1873. (1914) Boulevard et coulisses

Dès que j’en eus écrit quelques scènes, je les portai à Koning, pour lui montrer mon obéissance à ses ordres. […] Jamais, je crois, une génération de jeunes Français n’a montré moins d’allégresse à son départ et ne s’est avancée vers son destin d’un pas aussi hésitant. […] Je n’ai pas la prétention de vous dire en quel état nous vous les laisserons, mais cependant il y a un des aspects de notre situation morale qui, après vingt-cinq ans de luttes, d’angoisses, de troubles, de discussions ardentes, commence à se montrer assez clairement.

1874. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

On abandonne le détail de ses révolutions, ou l’on ne fait, pour ainsi dire, que le montrer. […] L’auteur écrit agréablement, & il seme ses anecdotes de divers morceaux de poésie, qui montrent communément une Muse facile & un heureux naturel. […] Et sera-t’il permis, après avoir montré les beautés, d’indiquer quelques taches légeres, d’après les gens de goût.

1875. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Qui n’a rien à celer peut se montrer au grand jour. […] -elle doit la prendre corps à corps, lui arracher un à un les vêtements de convention dont on l’entoure malgré elle, et la montrer aux hommes étonnés telle qu’elle est, jeune, charmante, souriante, indulgente et radieuse. […] Il vous racontera les histoires imposantes des mondes planétaires, il vous décrira en phrases magnifiques le déchirement de la voie lactée ; il vous dira les aventures des étoiles disparues et les destinées des étoiles qui doivent apparaître, il vous montrera les splendeurs des végétations tropicales, il vous fera gravir les Cordillères les plus hautes, les Chimborazo les plus élevés, et vous décrira les flores singulières qui vont se dégradant et s’amoindrissant depuis le palmier jusqu’au lichen ; comme un Moïse nouveau, il ouvrira les océans devant vous et vous conduira jusque dans ces forêts de fucus crespelés où les polypiers industrieux travaillent incessamment à combler les détroits et à rapprocher les continents.

1876. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Ce sont là de ces contrats faits après coup par les philosophes, et dont il serait bien difficile de montrer les titres. […] Cependant, plusieurs de ceux-là même qui avaient cédé de la manière la plus complète à cet attrait montrèrent, dans des occasions graves, qu’ils n’avaient pas abdiqué le respect d’eux-mêmes, et qu’il y avait des bornes à leur dévouement. […] Fontanes avait montré dans ce discours les deux qualités distinctives de son talent, une mesure et une convenance parfaites ; et, depuis ce moment, se manifesta le goût que Napoléon eut toujours pour lui. […] Royer-Collard n’attira point la foule : les préoccupations, nous l’avons dit, étaient ailleurs ; mais il attira un auditoire d’élite, des élèves destinés à devenir des maîtres, et qui se montraient passionnés pour un tel professeur. […] Guizot, quand il fut nommé par M. de Fontanes professeur d’histoire moderne, montra la même disposition d’esprit.

1877. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Quoique whig très-décidé et très-fidèle, il resta modéré dans la polémique, et dans un temps où les vainqueurs tâchaient légalement d’assassiner ou de ruiner les vaincus, il se borna à montrer les fautes de raisonnement que faisaient les tories ou à railler courtoisement leurs préjugés. […] Elles ne sont plus élues dans les clubs quand on nomme les belles dont on boit la santé ; elles sont obligées par leurs principes de se coller une mouche sur le côté du front où cela va le plus mal ; elles se condamnent à perdre les toilettes du jour de naissance ; il ne leur sert de rien qu’il y ait une armée et tant de jeunes gens porteurs de chapeaux à plumes ; elles sont forcées de vivre à la campagne et de nourrir leurs poulets, juste dans le temps où elles auraient pu se montrer à la cour et étaler une robe de brocart, si elles voulaient se bien conduire… Un homme est choqué de voir un beau sein soulevé par une rage politique qui est déplaisante même dans un sexe plus rude et plus âpre… Et cependant nous avons souvent le chagrin de voir un corset près d’être rompu par l’effort d’une colère séditieuse, et d’entendre les passions les plus viriles exprimées par les plus douces voix… » Mais, heureusement, ce chagrin est rare ; « là où croissent un grand nombre de fleurs, la terre de loin en semble couverte ; on est obligé d’avancer et d’entrer, avant de distinguer le petit nombre de mauvaises herbes qui ont poussé dans ce bel assemblage de couleurs. » Cette galanterie est trop posée ; on est un peu choqué de voir une femme touchée de si près par des mains si réfléchies. […] Il allègue très-noblement comme excuse qu’il ne joue pas pour le gain ; qu’il se livre à un plaisir innocent ; qu’il vaut mieux passer sa soirée de cette façon qu’à jouer ou à boire… Le caractère de ce gentleman est un si heureux mélange de douceur et de férocité qu’il surpasse ses deux prédécesseurs et attire de plus grandes foules de spectateurs qu’on n’en vit de mémoire d’homme… J’ai raconté ce combat du lion pour montrer quels sont à présent les divertissements favoris des gens bien élevés de la Grande-Bretagne. » Il y a beaucoup d’originalité dans cette gaieté grave. […] Son maintien respirait la dignité et la sérénité riante, et, quoique avancée en âge, son visage montrait tant d’animation et de vivacité, qu’elle paraissait à la fois âgée et immortelle.

1878. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Les ouvrages où la raison et l’imagination se montrent seules ne touchent pas. […] Son dessein étant de montrer sur la scène les effets de la passion, et plutôt le mal qu’on se fait en y cédant que la gloire de la résistance, il dut choisir, parmi tous les cœurs sujets à ses ravages, celui où la passion est toute la vie morale, le cœur d’une femme. […] Le plus difficile dans la peinture de l’amour au théâtre, c’est de le montrer chez tous les personnages qui aiment, absolu et parfait, et d’en varier l’expression selon les situations et les caractères. […] S’il est un soin à prendre dans la peinture des grands hommes, c’est de ne montrer que les côtés par où ils sont grands.

1879. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Les filles de Gautier ont un charme singulier, une espèce de langueur orientale, des regards lents et profonds, voilés de l’ombre de belles paupières lourdes, une paresse et une cadence de gestes et de mouvements qu’elles tiennent de leur père, mais élégantifiées par la grâce de la femme : un charme qui n’est pas tout à fait français, mais mêlé de toutes sortes de choses françaises, de gamineries un peu masculines, de paroles garçonnières, de petites mines, de moues, de haussements d’épaules, d’ironies montrées avec les gestes parlants de l’enfance ; toutes choses qui en font des êtres tout différents des jeunes filles du monde, de jolis petits êtres personnels, d’où se dégagent franchement, et d’une manière presque transparente, les antipathies et les sympathies. […] On pouvait aussi leur enfoncer des épingles, des épingles non pas très longues, longues seulement comme ça, et il nous montrait le bout de son doigt. « Oui, on voyait le sang ! […] Non, ça ne me touche pas, comme cette femme qui, tout à l’heure me montrait, à table, le haut de la tête de la Charité d’André del Sarte et la bouche de la goule des Mille et une Nuits… non, ça ne me touche pas comme la causerie d’hier, la causerie alerte et cruelle du fils B… sur Mirès. […] * * * — On me montrait hier un jeune jardinier, un garçon de 25 ans, qui vient d’épouser une cuisinière de 60 ans, pour une rente de 40 boisseaux de blé.

1880. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Voici maintenant le texte authentique : « Qui se considérera de la sorte, — s’effraiera de soi-même ; — et, se considérant soutenu dans la masse que la nature lui a donnée, — entre ces deux abîmes de l’infini et du néant, — il tremblera à la vue de ces merveilles. » La phrase ainsi ordonnée tend à prendre encore la forme d’une strophe ; le troisième vers seul serait trop long, mais il ne fait que mieux nous montrer par contraste la brièveté des deux derniers, qui contiennent précisément des idées et des images d’une ampleur immense : abîme, infini, néant, — trembler, merveilles. […] Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. […] Je me suis montré tel que je fus ; méprisable et vil quand je l’ai été, bon, généreux, sublime, quand je l’ai été. […] Ce qui est vrai, c’est que la prose tend, comme nous venons de le montrer, à s’organiser d’une manière à la fois plus savante et plus libre, mais en conservant ce qui a toujours fait le fond commun de la poésie et de la prose, à savoir l’image et le rythme, l’une s’adressant aux yeux, l’autre aux oreilles, tous deux cherchant à atteindre le cœur.

1881. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Là encore, il sera facile de montrer en deux mots que l’esthétique symboliste., mieux que toute autre, permet au poète d’exprimer ses passions dans toute leur vérité, sans rien leur ôter de leur intensité intérieure, et d’atteindre jusqu’aux nappes profondes de la Vie. […] La chaîne d’associations d’idées au long de laquelle court leur esprit, ils ne s’attardent pas à la dérouler à nos yeux, ils nous en montrent les deux bouts, cela leur suffit. […] Taine en effet, a montré que « l’altération des rapports réels des choses », en vue d’un effet à obtenir, a été le principe essentiel de très grandes écoles. […] Il est clair, comme j’ai tendu à le montrer au début de cette étude, qu’il existe un fond permanent grâce auquel l’Iliade, la Divine Comédie, Andromaque, demeureront toujours actuelles.

1882. (1897) Aspects pp. -215

J’y ai montré un parti-pris constant c’est-à-dire que je ne me suis jamais écarté des convictions de vie et d’art qui forment ma philosophie. […] Plusieurs ont montré de la mauvaise foi dans l’appréciation de mes dires. […] Or ne leur montrez-vous pas leurs ulcères ? […] Puis l’idée rectrice s’en dégage à la fin, comme je le montrerai tout à l’heure et c’était là l’essentiel. […] Du seuil de l’étable, le Père leur montra le poing.

1883. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Il a été répondu encore, et d’une manière plus directe (toujours au point de vue dont la commission n’avait point à s’écarter), que, toute part faite et toute justice rendue au talent de l’auteur, sur lequel il n’y avait qu’une voix, on ne pouvait découvrir réellement dans sa pièce d’autre intention dominante que celle de peindre ; qu’il avait porté son miroir où il avait voulu, qu’il avait fait une exhibition fidèle, inexorable, de ce qu’il avait observé, et avait montré les gens vicieux tels qu’il les avait saisis ; que ce n’était pas un reproche qu’on lui faisait, mais que c’était le caractère de sa comédie qu’on se bornait à relever, et que ce serait lui prêter gratuitement que de voir autre chose dans son Demi-Monde qu’une peinture attachante, ressemblante et vraie, digne d’être applaudie sans doute, mais non pas d’être récompensée comme ayant atteint un but auquel l’auteur n’avait point songé.

1884. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Il faut savoir que l’incorruptible auteur de la Némésis a cessé autrefois ses pamphlets hebdomadaires parce qu’il s’était raccommodé avec le gouvernement qui se montra touché de son silence.

1885. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

C’est donc rendre service aux poètes, c’est ouvrir de nouvelles sources à leurs inspirations, que de leur mettre sous les yeux quelques scènes des tropiques envisagées sous cet aspect, et de leur montrer en même temps comme exemple la couleur particulière qu’elles répandent sur la poésie des indigènes.

1886. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

L’Éducation du genre humain par Lessing, qui termine ce volume, montrera que des philosophes avaient pu pressentir et rêver déjà ce que le révélateur a prédit et prêché, sur un nouvel évangile éternel, et ce que ces disciples travaillent à réaliser aujourd’hui.

1887. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Il évitait de mettre les modernes au-dessus des anciens dans tous les genres ; mais il montrait qu’il y avait des compensations, et que, plus faibles ici, les modernes, là, étaient supérieurs.

1888. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Rousseau nous montrait Montmorency, la Savoie, la Suisse : une nature connue et familière.

1889. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Je voudrais essayer de montrer, en m’en tenant aux cinq morceaux dont j’ai cité les titres, en quoi ces œuvres d’un art raffiné traduisent quelques-unes des plus profondes aspirations de l’âme contemporaine.

1890. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

(Ici, d’ailleurs, le reproche réfuté tout à l’heure deviendrait fondé : que vous ne nous montrez que des exceptions.)

1891. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Or, c’est là une question de fait : et les exemples abondent pour montrer que, dans beaucoup de cas, les circonstances étant déterminées, nos actes peuvent être prédits ; et qu’il y a des causes régulières qui nous déterminent à vouloir, comme il y a des causes physiques qui produisent les divers faits matériels.

1892. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

On le lui montra.

1893. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Cette méthode n’est-elle pas plus agréable, plus instructive, plus sûre, que d’enseigner sans cesse ce qu’il faut faire, sans montrer comment on le fait ?

1894. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Le grand Corneille sembloit avoir fixé sur lui tous les suffrages, & épuisé l’admiration par la force, la hauteur & la fécondité de son génie, qui, comme un souffle impétueux, avoit tout fait plier devant lui ; Racine ne craignit pas de paroître sur la Scène, &, prenant une autre route, il se montra bientôt digne de le remplacer : la tendresse, l’harmonie, une connoissance profonde du cœur humain, furent les nouveaux ressorts de sa Muse tragique, & le conduisirent rapidement aux mêmes succès.

1895. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

Helmholtz a montré, dans son Optique physiologique, combien il y a de sensations visuelles dont nous ne nous apercevons pas : taches aveugles, mouches volantes, images consécutives, irradiation, franges chromatiques, changements marginaux de couleur, doubles images, astigmatisme, mouvements d’accommodation et de convergence, antagonisme des deux rétines, etc.

1896. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

J’ai dit plus haut que l’Être, sous toutes ses faces, s’ouvre — champ d’espace infini — aux investigations du poète ; j’ai montré que beaucoup, pour avoir volontairement clos d’une limite leur horizon, n’ont exprimé que la Beauté partielle et furent incomplets : Parnassiens et Symbolistes.

1897. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

« Seigneur, je n’ose me montrer à vous, parce que je suis nu. » — « Comment sais-tu que tu es nu ?

1898. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Bientôt le firmament étincela de vivants saphirs : l’étoile du soir, à la tête de l’armée des astres, se montra longtemps la plus brillante ; mais enfin la reine des nuits, se levant avec majesté à travers les nuages, répandit sa tendre lumière, et jeta son manteau d’argent sur le dos des ombres14.

1899. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Lacombe, s’il se fût toujours montré un censeur impartial, s’il eût toujours eu soin de couvrir de fleurs l’épine dont il piquoit.

1900. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

C’est l’abbé Trublet qui s’est montré, et j’ai l’air ironique.

1901. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Nous montrons cette sensibilité.

1902. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

On ne me reprochera point de citer des témoins recusables pour montrer que bien des asiatiques parlent encore à leurs chevaux comme Hector parloit aux siens en Asie.

1903. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Mais les visions mêmes de Neron et de ses pareils, montrent en quelle consideration tous les arts où la beauté de la voix est d’un grand avantage, se trouvoient dans ces temps-là.

1904. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

IV Voilà ce que les Souvenirs de Vaultier, très significatifs dans leur insignifiance, nous ont montré avec une clarté qui abrégera furieusement les offices de l’Histoire, si jamais on est tenté d’en écrire une sur le fédéralisme pendant la Révolution.

1905. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

C’est un esprit d’après la Révolution française, sans hostilité (du moins montrée) contre le catholicisme, mais parfaitement indifférent à sa destinée et trouvant même bon, dans les intérêts de la civilisation comme il la comprend, qu’il ait perdu la partie au temps de Philippe II ; car, il faut bien le dire, nous, les vaincus, il l’a perdue !

1906. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

dans le temps une autre Religieuse, plus complète en désordre, en impiétés, en horreurs de toutes sortes, l’épouvantable Religieuse de Diderot, qui, du moins, est un affreux chef-d’œuvre, et pour laquelle le talent de l’exécution a dû se montrer au moins l’égal de la scélératesse de la pensée ?

1907. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

Pour qu’un billet passe dans la circulation, il faut deux signatures. » Montrez-nous la seconde, s’il vous plaît !

1908. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Il ne sait ni la figurer ni la montrer dans son individualité profonde, ni la dessiner dans ses attributs invariables.

1909. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

L’auteur, Paul Meurice, n’avait jamais montré de prétentions si hautes ; mais tout finit par pousser dans la vanité des hommes, et il arrive toujours un moment où le melon est mûr… Quoiqu’il eût romancé déjà, Paul Meurice n’est guères connu comme romancier.

1910. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Dans ce dernier genre d’héroïsme, les Romains se montrèrent supérieurs à tous les peuples de la terre, puisqu’ils surent également Parcere subjectis, et debellare superbos.

1911. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

En le créant exprès pour cette révolution, la nature se fit honneur à elle-même, et, pour montrer son ouvrage, elle le plaça de manière à faire échouer chaque qualité, si elle n’eût été soutenue de toutes les autres. » Il y a dans ces Mémoires bien des endroits de cette sorte, qu’on dirait avoir été écrits par une plume historique profonde et familière avec tous les replis. […] A lire les détails de la lutte commençante et les vicissitudes si prolongées, si tiraillées, on comprend, à moins d’avoir un système de philosophie de l’histoire préexistant, combien la destinée de l’Amérique du Nord était liée à lui, et combien, un homme manquant, il pouvait de ce côté ne pas se former d’empire. — On parlait de Washington : « C’est un bien grand homme, disais-je, et les Mémoires du général La Fayette montrent que sans lui la révolution d’Amérique aurait pu de reste ne pas réussir. »  — « Oui, répondit un philosophe74, il était bien nécessaire ; mais quand les choses sont mûres, ces sortes d’hommes nécessaires se rencontrent toujours. »  — A la bonne heure ! […] Le temps montrera comment nous aurons su nous en acquitter. […] Personne, depuis César, n’a autant montré cette prodigieuse activité de calcul et d’exécution qui, au bout d’un temps donné, doit assurer à Bonaparte l’avantage sur ses rivaux. […] Dumouriez, qui n’avait joué jusqu’alors que des rôles subalternes, se montra fort supérieur à ce qu’on devait attendre de lui.

1912. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide aura voulu montrer avec une ironie de pince-sans-rire ce que deviendrait l’éthique de Nietzsche pratiquée par des gens d’intelligence médiocre. […] Gide a si justement montré que ce n’est point un pessimiste, mais un croyant, si peu exclusivement démolisseur qu’au contraire « il construit à bras raccourcis » ; sur Mallarmé, Villiers de l’Isle-Adam, la traduction des Mille et une nuits du docteur Mardrus, M.  […] Tagore et montrer lui aussi une âme profondément religieuse. […] L’immoraliste Gide a toujours montré, au contraire, une propension au renoncement et à l’ascétisme. […] Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi. » Vous avez reconnu le célèbre début des Confessions.

1913. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Il trouva un vieillard de quatre-vingts ans, sec, vif, pétulant, qui l’accueillit de bonne amitié, et qui en moins d’un quart d’heure lui eut montré son cabinet, ses dessins, ses plans, une centaine de volumes sur le génie militaire, qui formaient toute sa bibliothèque. […] Il arriva à Honfleur au milieu du jour, et s’achemina aussitôt vers le couvent de sa sœur, dont on lui montra de loin le clocher gothique, qui s’élevait à mi-côte à l’entrée d’un bois. […] Si Paul venait à se plaindre, on lui montrait Virginie ; à sa vue, il souriait et s’apaisait. […] Je fuis mon maître, qui est un riche habitant de la Rivière-Noire: il m’a traitée comme vous le voyez. » En même temps, elle lui montra son corps sillonné de cicatrices profondes, par les coups de fouet qu’elle en avait reçus. […] Il me l’a montrée attachée, avec une chaîne au pied, à un billot de bois, et avec un collier de fer à trois crochets autour du cou.

1914. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

D’ailleurs n’y a t-il pas certains exemples probants qui montrent l’inanité de cet article 1382, dont les juristes sont aussi fiers que les Juifs du Talmud, les théologiens de leurs explications symboliques des livres sacrés ? […] Et cependant ces divers « entretiens » avec lui, qui ont paru en volumes22, qui nous l’ont montré dans l’intimité, dans le laisser-aller quotidien de sa robe de chambre23, n’ont en rien diminué véritablement l’homme qu’il a été, sauf pour les imbéciles qui s’étaient fait de lui une image conforme au sage idéal des manuels de morale primaire. […] Dans le chapitre précédent, j’ai montré que la famille a la faculté de s’opposer comme il lui plaît à la publication des missives du défunt. […] J’ai montré ici quelle est la situation présente de l’écrivain ou des savants. […] Il peut conserver votre lettre ou la détruire, la montrer à qui lui plaît, en faire l’objet d’un prêt, d’une donation, d’un legs, d’une vente : d’où le commerce des marchands d’autographes.

1915. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Si quelque habitant d’une autre planète descendait ici pour nous demander où en est notre espèce, il faudrait lui montrer les cinq ou six grandes idées que nous avons sur l’esprit et le monde. […] C’est pourquoi exposons la même substance en faisant varier le plus possible l’état de sa surface (ce qui est un nouvel emploi de la méthode des variations concomitantes), et une nouvelle échelle d’intensité se montrera. […] Seulement ces désignations ne sont pas des définitions ; elles exposent une propriété caractéristique et dérivée, non une propriété génératrice et première ; elles ne ramènent pas la chose à ses facteurs, elles ne la recréent pas sous nos yeux, elles ne montrent pas sa nature intime et ses éléments irréductibles. […] Ils ont essayé de les atteindre et de retrouver par la pensée pure le monde tel que l’observation nous l’a montré. […] Si quelqu’un recueillait les trois ou quatre grandes idées où aboutissent nos sciences, et les trois ou quatre genres d’existence qui résument notre univers ; s’il comparait ces deux étranges quantités qu’on nomme la durée et l’étendue, ces principales formes ou détermination de la quantité qu’on appelle les lois physiques, les types chimiques et les espèces vivantes, et cette merveilleuse puissance représentative qui est l’esprit, et qui, sans tomber dans la quantité, reproduit les deux autres et elle-même ; s’il découvrait, entre ces trois termes, la quantité pure, la quantité déterminée et la quantité supprimée47, un ordre tel que la première appelât la seconde, et la seconde la troisième ; s’il établissait ainsi que la quantité pure est le commencement nécessaire de la nature, et que la pensée est le terme extrême auquel la nature est tout entière suspendue ; si ensuite, isolant les éléments de ces données, il montrait qu’ils doivent se combiner comme ils sont combinés, et non autrement ; s’il prouvait enfin qu’il n’y a point d’autres d’éléments, et qu’il ne peut y en avoir d’autres, il aurait esquissé une métaphysique sans empiéter sur les sciences positives, et touché la source sans être obligé de descendre jusqu’au terme de tous les ruisseaux.

1916. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Il s’amusait à montrer l’impuissance misérable de l’esprit classique et les échecs où court la raison raisonnante lorsqu’elle entreprend de lutter par un jeu logique contre la croyance au surnaturel. […] Il fallait montrer Renan dans son véritable milieu, penché vers ses gros livres, écoutant dévotement ses maîtres préférés, qui étaient, non des rhéteurs, mais des savants : Eugène Burnouf, Egger, Joseph-Victor Leclerc. […] Certains instincts, un reste d’habitude, la crainte des gendarmes, quelques conventions mondaines, des sentiments dont on n’a pas encore montré la vanité, suppléent, dans l’âme contemporaine, aux certitudes anciennes. […] Il faut que décidément la société soit bien immonde, pour que Dieu n’ait plus le droit de se montrer difficile, pour qu’il en soit réduit à se contenter, pour les ramener à lui, des gens comme moi ! […] Livre singulier, monotone, agaçant et poignant J’en ai montré les verrues, parce qu’elles sautent aux yeux avec un relief agressif.

1917. (1842) Discours sur l’esprit positif

L’aptitude fondamentale de l’esprit positif étant assez caractérisée désormais par rapport à la vie spéculative, il ne nous reste plus qu’à l’apprécier aussi envers la vie active, qui, sans pouvoir montrer en lui aucune propriété vraiment nouvelle, manifeste, d’une manière beaucoup plus complète et surtout plus décisive, l’ensemble des attributs que nous lui avons reconnus. […] Malgré sa tendance anti-anarchique, l’école théologique s’est montrée, de nos jours, radicalement impuissante à empêcher l’essor des opinions subversives, qui, après s’être développées surtout pendant sa principale restauration, sont souvent propagées par elle, pour de frivoles calculs dynastiques. […] Par exemple, le catholicisme a toujours montré, à l’égard du polythéisme antique, une tendance aussi aveuglément critique que celle qu’il reproche justement aujourd’hui, envers lui-même, à l’esprit révolutionnaire proprement dit. […] Ces nombreux adversaires du régime théologique qui, il y a un demi-siècle, garantirent, avec tant d’héroïsme, notre indépendance nationale contre la coalition rétrograde, ne montrèrent pas, sans doute, une moins pleine et moins constante abnégation que les bandes superstitieuses, qui, au sein de la France, secondèrent l’agression extérieure. […] Outre ses travaux d’avenir, l’école positive s’associe immédiatement à cette importante opération par sa tendance directe à discréditer radicalement les diverses écoles actuelles, en remplissant déjà mieux que chacune d’elles les offices opposés qui leur restent encore, et qu’elle seule combine spontanément, de façon à se montrer aussitôt plus organique que l’école théologique et plus progressive que l’école métaphysique, sans pouvoir jamais comporter les dangers de rétrogradation ou d’anarchie qui leur sont respectivement propres.

1918. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Léger Chérelle a déjà montré au public ce tableau avec de légères variantes. […] Mais les artistes, même ceux qui n’ont qu’une originalité médiocre, ont montré depuis longtemps au public de la vraie peinture, exécutée avec une main sûre et d’après les règles les plus simples de l’art : aussi s’est-il dégoûté peu à peu de la peinture invisible, et il est aujourd’hui, à l’endroit de M.  […] Après de nombreux échecs, il nous a montré enfin un tableau qui, s’il n’est pas très-original, a du moins une assez belle tournure. […] La nature n’a d’autre morale que le fait, parce qu’elle est la morale elle-même : et néanmoins il s’agit de la reconstruire et de l’ordonner d’après des règles plus saines et plus pures, règles qui ne se trouvent pas dans le pur enthousiasme de l’idéal, mais dans des codes bizarres que les adeptes ne montrent à personne. […] Borget a franchi les frontières de la Chine, et nous a montré des paysages mexicains, péruviens et indiens.

1919. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

On m’a montré un lieutenant dont la puissance de sommeil était prodigieuse. […] Taine montrera les influences de la race, du milieu, du moment, sur l’écrivain. […] Il en profite pour montrer à quel point ses réactions à lui sont nationales, et peu discutables. […] Il est loyal de lui montrer nos différences. […] Mais je ne pense pas que Ramuz dut s’en montrer si dépité.

1920. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Eh bien, nos mercredis seront employés à montrer en quoi ceux que l’on appelle classiques furent d’abord des romantiques, tel sera l’un des deux sujets de notre étude. […] Après avoir montré d’abord sa mine farouche, il fait ensuite le gracieux, en pensant à sa maîtresse. […] Apprenez leur langue ; elle est aisée ; je m’offre de vous montrer ce que j’en sais, et de vous traduire quelques endroits de Guillem de Castro. » Corneille accepta la proposition avec joie. […] De quoi qu’en ta faveur notre amour m’entretienne, Ma générosité doit répondre à la tienne : Tu t’es, en m’offensant, montré digne de moi ; Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi. […] L’idée mère de la pièce est celle que je vous ai montrée tout à l’heure, en deux ou trois exemplaires successifs, dans les Vies des Saints.

1921. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Les conceptions générales, les grandes vues viendront après, s’il y a lieu ; mais le grade avant tout : c’est la première condition pour pouvoir montrer à tous ce qu’on est et ce qu’on vaut. […] Il a quitté le Maroc et s’est montré en deçà de la frontière : « Cela ne finira jamais ; tant mieux, nous aurons le temps d’entrer dans les constellations », c’est-à-dire dans les étoiles de l’épaulette de général. […] J’userai de préférence, pour ce qui me reste à dire, de lettres du maréchal non encore imprimées, et qui montrent à nu les mouvements, les battements de son cœur dans une entière franchise.

1922. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Il m’est impossible (quelque réserve qu’on doive mettre à juger de soi-même les Anciens) de ne pas le trouver en cet endroit un grand poëte, ou du moins un poëte supérieur ; il sort tout à fait de l’æquali mediocritate dont l’a qualifié Quintilien ; il fait mieux que de ne jamais tomber, comme l’en a loué Longin, il s’élève ; et, si ce n’est pas du grandiose ni du sublime, à proprement parler, il a du moins plus d’un trait admirable dans le gracieux ; on ne l’a pas assez dit, et j’espère parvenir, sans beaucoup de peine, à le montrer à l’aide de l’analyse et des traductions suivantes. […] Virgile aussi a montré, en un des plus beaux passages du ive livre, l’impuissance des devins ; c’est quand Didon perd sa peine à consulter les oracles des Dieux et à interroger les entrailles des victimes : Heu vatum ignaræ mentes ! […] » « C’est ainsi qu’il parlait, en la touchant avec des entretiens pleins de miel ; mais elle, des amertumes très-douloureuses irritaient son cœur, et elle ne sut que lui répondre en gémissant : « C’est en Grèce qu’il peut être beau de songer à de tels accords ; mais Éétès n’est point un de ces hommes tels que tu viens de me montrer Minos, l’époux de Pasiphaé ; et je ne m’égale point non plus à Ariane : c’est pourquoi ne me parle en rien de ces alliances hospitalières.

1923. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

Lieber, montra dans sa première enfance une tendance particulière à former de nouveaux mots. […] Au commencement du siècle, la découverte du potassium et du sodium a montré qu’au contact de certains métaux l’eau se décompose à froid ; c’était là un caractère nouveau. […] Nous construisons l’utile, le beau et le bien, et nous agissons de manière à rapprocher les choses, autant que possible, de nos constructions. — Par exemple, étant données des pierres éparses et brutes, nous les supposons équarries, transportées, empilées à l’endroit où nous voulons habiter, et, conformément à l’idée du mur ainsi construit, nous construisons le mur réel qui nous préservera du vent. — Étant donnés les hommes qui vivent autour de nous, nous sommes frappés d’une certaine forme générale qui leur est propre ; nous remarquons à un plus haut degré, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, les signes extérieurs de telle qualité ou disposition bienfaisante pour l’individu ou pour l’espèce, agilité, vigueur, santé, finesse ou énergie93 ; nous recueillons par degrés tous ces signes ; nous souhaitons contempler un corps humain en qui les caractères que nous jugeons les plus importants et les plus précieux se manifestent par une empreinte plus universelle et plus forte, et, s’il se trouve un artiste chez qui ce groupe de conditions conçues aboutisse à une image expresse, à une représentation sensible, à une demi-vision intérieure, il prend un bloc de marbre et y taille la forme idéale que la nature n’a pas su nous montrer. — Enfin, étant donnés les divers motifs qui poussent les hommes à vouloir, nous constatons que l’individu agit le plus souvent en vue de son bien personnel, c’est-à-dire par intérêt, souvent en vue du bien d’un autre individu qu’il aime, c’est-à-dire par sympathie, très rarement en vue du bien général, abstraction faite de son intérêt ou de ses sympathies, sans plus d’égard pour lui-même ou pour ses amis que pour tout autre homme, sans autre intention que d’être utile à la communauté présente ou future de tous les êtres sensibles et intelligents.

1924. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

On me montrait la fleur, l’arbre, le gazon ; et non seulement je m’en amusais comme font les autres enfants, mais je m’attachais à eux. […] Il leva la tête, me montra du doigt un de ses yeux sorti de son orbite, et le sang ruisselant sur son visage ; puis, de l’œil qui lui restait, il lança sur moi un regard singulièrement significatif. […] La mère les attira vers l’extrémité opposée de la hutte, me montra du doigt, et dans une longue conférence discuta sans doute avec ses dignes fils les moyens de se défaire de moi et de s’approprier la montre fatale qui avait tenté sa cupidité.

1925. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

On ne songerait pas à noter ces imperfections dans une œuvre si forte, si Molière n’eût pas fait mieux encore, et s’il ne nous eût montré enfin la comédie épurée de tous ces moyens d’effet, et le cœur de l’homme, dans la seule diversité de ses mouvements, fournissant à tous les plaisirs de surprise, d’émotion, de rire, que nous venons chercher au théâtre. […] Montrer les ravages de la manie du bel esprit dans une honnête maison, voilà la pensée de la pièce. […] Un an après, il mettait dans la bouche de la Climène des Fâcheux, une vigoureuse apologie des jaloux, défendant ainsi son propre penchant, ou, peut-être, par un scrupule d’honnête homme, voulant se montrer avec ses défauts à cette fille à laquelle il avait fait voir ses beaux côtés dans le rôle d’Ariste.

1926. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Il n’y a pas lieu de montrer que ces trois espèces de choses suivent dans leur évolution une marche analogue à celle du mouvement littéraire ; elles en font en effet partie intégrante ; il suffit d’indiquer quelles impulsions elles donnent ou reçoivent tour à tour ; comment elles modifient les œuvres d’une époque et comment elles en sont modifiées. […] Les plus anciens d’entre nous rapportaient qu’à la veille des nouveaux événements le prix de composition de rhétorique s’était débattu entre deux plaidoyers à la manière de Sénèque l’orateur en faveur de Brutus l’ancien et de Brutus le jeune… Le lauréat fut encouragé par l’intendant, félicité par le gouverneur, couronné par l’archevêque. » Des jeunes gens ainsi encouragés, félicités, couronnés, pour s’être montrés bons avocats des actes les plus farouches qu’ait inspirés aux Romains l’amour de la liberté, étaient tout disposés à transporter dans la société moderne les idées antiques dont ils étaient remplis. […] Hugo, quand vous m’aurez montré quatre vers de lui qui soient seulement médiocres165 » Chacun sait les impertinences qu’Alfred de Vigny dut essuyer au cours de ses visites à ses futurs collègues.

1927. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Il avait à révéler la plus intime vision de l’Univers Musical, et sous les formes même, où la musique, avant lui, devait se montrer, seulement, comme un art agréable. […] Les prédécesseurs de Beethoven nous montraient un tableau que la lumière du jour, passant au travers de la toile, semblait éclairer : et, cependant, le dessin, la couleur n’y étaient point comparables aux œuvres du peintre ; et c’était, en somme, un art inférieur, et méprisé, comme tel, des vrais connaisseurs, et un Pseudo-Art, seulement ; et cela était fait pour égayer les fêtes aux tables des princes, pour distraire des sociétés frivoles ; et l’adresse du virtuose était la lumière la meilleure à éclairer ce tableau. […] Toutes les parties de cette musique nous montrent, — lorsque nous avons l’esprit dans l’état de veille, et les sens à jeun, — uniquement, un art d’accordance technique avec les lois de la Forme ; maintenant, se révèle à nous une vie tout faite d’esprit, une sensibilité douce tantôt, tantôt effrayante ; nous éprouvons, fiévreusement, le trouble, puis la paix, et les soupirs, et l’angoisse, et la plainte, et le transport ; tout cela semble avoir été pris au sol le plus profond de notre âme, et lui être rendu.

1928. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Tel l’Univers parut aux artistes ; tel nous l’a montré le maître de cette époque, Racine, la noble essence du génie classique, l’insigne psychologue, réaliste, qui dit le monde vrai de l’âme, — mais le monde qu’il voyait, rationnel, affranchi du temps et du lieu, un monde d’esprits sans corps. […] Cet instinct, comme nous l’avons montré au début de notre recherche, s’est trouvé d’accord avec l’effort de Beethoven à conserver, pour la conscience, la bonté première de la nature humaine, contre toutes les inspirations de la vie positive tournée vers la seule Apparence ; à la conserver, ou peut-être à la gagner de nouveau. […] Schopenhauer dit : « Chaque œuvre d’art s’efforce à nous montrer les choses telles qu’elles sont en vérité et en réalité, mais telles qu’elles ne peuvent être reconnues par chacun, à cause du voile que jettent autour d’elles les impressions fortuites, de nature objective ou subjective.

1929. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Mais c’est aussi pourquoi, si la pompe quasi liturgique des Mystères a d’abord continué dans la rue les cérémonies que l’on célébrait dans l’intérieur de l’église ; s’ils ont été, comme les processions, une manière d’intéresser les sens du populaire, son avidité naturelle de divertissements et de spectacle à la durée de la religion ; et enfin, s’ils ne sont morts, comme on le montrerait, que de l’anathème que l’Église a jeté sur eux, on peut dire et il faut dire que, comme la poésie, courtoise exprimait l’idéal de la noblesse et les Fabliaux celui du vilain, pareillement les Mystères ont commencé par exprimer l’idéal du clergé. […] On pourrait soutenir, sans exagération, que, déjà, les « droits de l’homme » sont inscrits dans la deuxième partie du Roman de la Rose, celle de Jean de Meung, et, ce qui est mieux, on pourrait le montrer. […] Renaud de Montauban], dont les héros sont les barons en révolte contre une royauté qui ne remplit plus son office. — Coïncidence notable des chansons de ce dernier cycle avec le recul de l’Islam. — Le même temps doit être aussi celui des chansons qui nous montrent les nationalités intérieures en lutte les unes contre les autres [Ex. la Chanson de Garin le Loherain] ; — et celui des poèmes généalogiques [Ex.

1930. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Je crois qu’il s’est chargé de l’éducation de cet enfant qui ne s’est montré dans le reste qu’un sujet ordinaire. […] À cela je réponds qu’on peut exercer et étendre la mémoire des enfants aussi facilement et plus utilement avec d’autres connaissances que des mots grecs et latins ; qu’il faut autant de mémoire pour apprendre exactement la chronologie, la géographie et l’histoire, que le dictionnaire et la syntaxe ; que les exemples d’hommes qui n’ont jamais su ni grec ni latin, et dont la mémoire n’en est ni moins fidèle, ni moins étendue, ne sont pas rares ; qu’il est faux qu’on ne puisse tirer parti que de la mémoire des enfants ; qu’ils ont plus de raison que n’en exigent des éléments d’arithmétique, de géométrie et d’histoire ; qu’il est d’expérience qu’ils retiennent tout indistinctement ; que quand ils n’auraient pas cette dose de raison qui convient aux sciences que je viens de nommer, ce n’est point à l’étude des langues qu’il faudrait accorder la préférence, à moins qu’on ne se proposât de les enseigner comme on apprend la langue maternelle, par usage, par un exercice journalier, méthode très avantageuse sans cloute, mais impraticable dans un enseignement public, dans une école mêlée de commensaux et d’externes ; que l’enseignement des langues se fait par des rudiments et d’autres livres ; c’est-à-dire qu’elle y est montrée par principes raisonnes, et que je ne connais pas de science plus épineuse ; que c’est l’application continuelle d’une logique très-fine, d’une métaphysique subtile, que je ne crois pas seulement supérieure à la capacité de l’enfance, mais encore à l’intelligence de la généralité des hommes faits, et la preuve en est consignée dans l’Encyclopédie, à l’article CONSTRUCTION, du célèbre Dumarsais, et à tous les articles de grammaire ; que si les langues sont des connaissances instrumentales, ce n’est pas pour les élèves, mais pour les maîtres ; que c’est mettre à la main d’un apprenti forgeron un marteau dont il ne peut ni empoigner le manche, ni vaincre le poids ; que si ce sont des clefs, ces clefs sont trèsdifficiles à saisir, très-dures à tourner ; qu’elles ne sont à l’usage que d’un très-petit nombre de conditions ; qu’à consulter l’expérience et à interroger les meilleurs étudiants de nos classes, on trouvera que l’étude s’en fait mal dans la jeunesse ; qu’elle excède de fatigue et d’ennui ; qu’elle occupe cinq ou six années, au bout desquelles on n’en entend pas seulement les mots techniques ; que les définitions rigoureuses des termes génitif, ablatif, verbes personnels, impersonnels sont peut-être encore à faire ; que la théorie précise des temps des verbes ne le cède guère en difficulté aux propositions de la philosophie de Newton, et je demande qu’on en fasse l’essai dans l’Encyclopédie, où ce sujet est supérieurement traité à l’article TEMPS ; que les jeunes étudiants ne savent ni le grec ni le latin qu’on leur a si longtemps enseigné, ni les sciences auxquelles on les aurait initiés ; que les plus habiles sont forcés à les réétudier au sortir de l’école, sous peine de les ignorer toute leur vie, et que la peine qu’ils ont endurée en expliquant Virgile, les pleurs dont ils ont trempé les satires plaisantes d’Horace, les ont à tel point dégoûtés de ces auteurs qu’ils ne les regardent plus qu’en frémissant : d’où je puis conclure, ce me semble, que ces langues savantes propres à si peu, si difficiles pour tous, doivent être renvoyées à un temps où l’esprit soit mûr, et placées dans un ordre d’enseignement postérieur à celui d’un grand nombre de connaissances plus généralement utiles et plus aisées, et avec d’autant plus de raison qu’à dix-huit ans on y fait des progrès plus sûrs et plus rapides, et qu’on en sait plus et mieux dans un an et demi, qu’un enfant n’en peut apprendre en six ou sept ans. Mais accordons qu’au sortir des écoles, les enfants possèdent les langues anciennes qu’on leur a montrées : que deviennent ces enfants ?

1931. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

tu as enfin montré toi-même aux hommes la route du ciel. […] L’auteur était un sage, avec une imagination élevée et gracieuse ; et il montra, dans les dernières épreuves, un dévouement héroïque à ses concitoyens. […] Pour achever la peinture de ces temps extraordinaires, il resterait à montrer, près du poëte chrétien, sublime de courage et de charité, une dernière image du poëte païen, hiérophante et rêveur.

1932. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Il avait peut-être, sur ce point de mécanique sociale, des idées un peu subtiles et compliquées ; mais en fait, dans ces jours décisifs, il se montra à l’œuvre un grand praticien de l’opinion et un tacticien consommé. […] C’est là que le premier consul a montré cette puissance d’attention et cette sagacité d’analyse qu’il peut porter vingt heures de suite sur une même affaire, si sa complication l’exige, ou sur divers objets, sans en mêler aucun, sans que le souvenir de la discussion qui vient de finir, la préoccupation de celle qui va suivre le distraient le moins du monde de la chose à laquelle il est actuellement occupé.

1933. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

(forcés par crainte du bâton à être sages et à se contenter de plaire). » Voltaire faisait mieux alors que de se montrer, il cherchait le chevalier de Rohan pour avoir raison de lui l’épée à la main, en galant homme, et celui-ci le faisait emprisonner : « (3 mai 1726) — Voltaire a été enfin mis à la Bastille ; il avait toujours sa folie dans la tête de poursuivre le chevalier de Rohan qui n’est pas si fâché qu’il soit là. […] Malherbe et Voiture pensèrent le gâter, il le dit lui-même ; mais, à la fin, il vit le faux des brillants, il trouva la nature au gîte et la prit, et elle ne l’a point quitté depuis. » Du moment qu’il s’agit des Fables, il ne plaisante plus, et parlant de celles de La Motte, il devient même trop sévère et trop méprisant quand il dit : « Il vient de faire des Fables à l’envi de La Fontaine, et a montré qu’il ne peut écrire que pour les cafés, et qu’il n’est pas permis de travailler après les grands hommes qui ont emporté la palme en certain genre. » Marais ne veut pas (et c’est là sa limite) qu’on essaye de rouvrir la carrière après les maîtres.

1934. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Les premières lettres nous le montrent à l’âge de vingt-six ans, partant pour son voyage d’Amérique où il allait, chargé par le Gouvernement français d’une mission, à l’effet d’étudier le système pénitentiaire, mais en réalité pour y observer la société, les lois, les mœurs, et rapporter les éléments du grand ouvrage qui a fondé sa réputation. […] Nous les déposerons demain dans les solitudes de l’Arkansas. » C’est là, convenons-en, une manière bien française, — française de l’ancienne école, — de voir les choses et de les montrer.

1935. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Benoist s’est montré préoccupé de ce soin : en faisant plus et mieux que d’autres, il est si indulgent pour ses devanciers, et pour l’un d’eux en particulier, qu’il me rend presque embarrassé dans l’expression des éloges que je lui dois ainsi que tout lecteur. […] Ce sont les Anglais qui en fourniraient la meilleure partie : leurs hommes d’État osent montrer en toute rencontre qu’ils ont été nourris dans le commerce des grands auteurs de l’Antiquité.

1936. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Est-ce que les tristes Amschaspands ne vous ont pas montré le fond d’une âme découragée ? […] En définitive, le public y retrouve à peu près son compte. — Je ne finirai point sans citer de La Mennais une belle pensée admirablement exprimée ; car je n’ai en tout ceci aucun but de sévérité ni d’indulgence ; je ne tiens qu’à montrer l’homme d’après nature, et je voudrais avoir le temps d’extraire tout ce que j’ai noté de remarquable.

1937. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

On a essayé dans les vers suivants, qui lui sont adressés, de faire saillir cette loi progressive de son génie, et de montrer en même temps combien toutes choses sur la scène du monde étaient disposées pour sa venue. […] À rangs égaux, en lignes sourcilleuses, Dès le matin des luttes fabuleuses, Aux flancs des monts vaguement éclairés, Les noirs soldats s’ébranlaient par degrés ; Dès qu’un rayon aux collines prochaines Montrait l’aurore, ils saluaient César ; Puis, tout le jour, à son jeu de hasard, Silencieux, ils épuisaient leurs veines ; Tant qu’à la fin, dans l’excès des combats, Noble immolée, ô France, tu tombas !

1938. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Mais au moment où commença de se prononcer l’émancipation des peuples, le Saint-Siège devint inhabile, les princes et les sujets se montrèrent récalcitrants ; ces derniers s’entendirent pour ne plus recourir à l’autre, sauf à vider bientôt leurs différends réciproques sans arbitre et dans un duel irréconciliable. […] « Pendant qu’ils passaient, mille ombres vaines se présentèrent à leurs regards : le monde que le Christ a maudit leur montra ses grandeurs, ses richesses, ses voluptés ; ils les virent, et soudain ils ne virent plus que l’éternité.

1939. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Les Lettres écrites de Lausanne, délicieux roman de Mme de Charrière, montrent combien le goût, le naturel choisi et l’imagination aimable étaient possibles, à la fin du dernier siècle, dans la bonne société de Lausanne, plus littéraire peut-être et moins scientifique que ne l’était alors celle de Genève. Les romans de Mme de Montolieu montrent seulement le côté romanesque et vaguement pathétique, qui s’exaltait de Rousseau, tout en se troublant de l’Allemagne.

1940. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard, ancien élève et très-fort élève de la Sainte-Barbe-Nicole, et rédacteur encore secondaire aux Débats, se montrait fort attentif, vers 1829, au mouvement littéraire et poétique qui s’émancipait de plus belle alors. […] La révolution de Juillet, en rompant brusquement le concert poétique, montrait bien ce qu’il ne fallait plus faire, mais non pas ce qu’il fallait.

1941. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Je crois toutefois en avoir assez dit pour montrer qu’elle mérita de vivre. […] Voltaire, si plein de tact en courant quand il est désintéressé, nous indique du doigt, dans son Temple du Goût, « le doux mais faible Pavillon, faisant sa cour humblement à Mme Des Houlières, qui est placée fort au-dessus de lui. » Pour revenir à l’école même qu’elle représente, et que nous avons montrée un peu jetée de côté dans le dix septième siècle, il semble qu’elle ait eu sa revanche au dix-huitième ; je veux dire que, même sans qu’on s’en rendît compte, cette manière avant tout spirituelle, métaphysique, moraliste et à la fois pomponnée, de faire des vers prévalut et marqua désormais au front la poésie du siècle, avec quelques différences de rubans et de nœuds seulement.

1942. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Aussi lui sera-t-il beaucoup pardonné, pour avoir écrit çà et là quelques vives pages, où le conteur de choses folles a montré quelque sens de la vie réelle et quelque intuition de ce qui se passe dans les âmes moyennes. […] Un autre narrateur, qui vers le même temps que Robert de Boron, et sans doute sans le connaître, traitait la même matière, montrait l’adultère Lancelot et le léger Gauvain s’épuisant en vains efforts, malgré leurs chevaleresques vertus, pour conquérir le précieux plat : cet honneur était réservé à l’impeccable Perceval.

1943. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Le troisième livre, tout nouveau, montrait le progrès de l’âge de l’auteur : il est plus grave (n’entendez pas plus réservé), plus posé, que les deux premiers, les contes y tiennent moins de place, les idées s’y élancent moins en pointes, s’étalent davantage, semblent plus fermes, plus arrêtées. […] Ainsi montrait-il son « pas naturel et ordinaire, aussi détraqué qu’il est » ; comme, de plus, « la relation et la conformité ne se trouvent point en telles âmes que les nôtres », comme nos actions, toujours « doubles, bigarrées, et à divers lustres », ne se peuvent « attacher les unes aux autres », la vérité voulait qu’il « prononçât sa sentence par articles décousus232 ».

1944. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Vous montrerez avec un imprudent orgueil ces pages où l’on vous traite, direz-vous, comme Hugo, Flaubert et Baudelaire étaient traités par les grands journaux de leur temps. […] Tout n’est pas dans le dénigrement, et, ce n’est pas se montrer un bien bel Aristarque que subordonner la critique, cette fonction si haute, à des rancunes athéistes, ou religieuses, au point de vue étroit d’une politique de secte.

1945. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Car où le stoïcisme faisait voir un maître et un esclave rapprochés par une sorte de condescendance volontaire du premier pour le second, le christianisme a montré deux êtres de la même valeur aux yeux de Dieu, dont le plus grand selon le monde doit effacer par la charité la distance qui le sépare du plus petit. […] Voilà ce qui fit une si grande nouveauté de ce livre, où Calvin se montrait à la fois profond hébraïsant, latiniste consommé, également savant dans les deux antiquités, et rendant sensible toute cette science par le langage le plus approprié et le plus clair.

1946. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Mais j’ai grand’peur pour le devoir, quand, au lieu de nous montrer pourquoi nous y sommes tenus de nous-mêmes, on nous enseigne comment on peut nous y forcer. […] L’aspect sévère sous lequel nous la montrent les moralistes du dix-septième siècle avait effarouché sa douce raison, outre peut-être un désir secret de s’absoudre de certaines pages des Lettres persanes.

1947. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Sachant quelle bizarre énigme vivante il allait montrer au public, l’auteur a voulu la déchiffrer d’avance par l’hérédité. […] On s’étonne que Lionnette le laisse parler si longtemps sans courir à sa sonnette, pour lui faire montrer la porte par un de ses gens.

1948. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Aujourd’hui, c’est un autre portrait que je voudrais montrer en regard, et d’une nature toute différente, d’un caractère non moins enviable et cher aux gens de bien. […] … élevez donc la voix, montrez-vous… Ce moment est le seul qui nous reste : c’est le moment précis où nous allons décider de notre avenir… La perte d’un poste est peu de chose, mais l’honneur de la France a été plus compromis par de détestables actions qu’il ne l’avait été depuis des siècles.

1949. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

si par hasard il voulait se montrer méchant, ou si Antonelli faisait quelque tour. […] Ici il ne mange plus, — car nous dînions, — sa voix devient amoureuse, son œil, plus vif, prend de la fixité, et avec sa haute parole, il nous emporte comme dans un monde de rêves et d’idées, où il fait jaillir, sous des mots, des éclairs qui nous montrent des sommets.

1950. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Un des premiers, il a montré le lien étroit qui unit le panthéisme et l’esprit de démocratie exagéré. […] C’est principalement vers elle que l’esprit des moralistes de nos jours doit se tourner. » Sans doute il est bon d’éclairer l’intérêt et de montrer que le bien de tous peut se concilier avec le bien de chacun ; mais faut-il s’en tenir là et laisser aux siècles aristocratiques l’honneur de parler des beautés de la vertu, tandis que nous ne parlerons que de ses avantages ?

1951. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Quand je vois un orateur latin employer des mots de Térence, sur ce fondement que Térence est un auteur de la bonne latinité, c’est à peu près comme si un orateur français employait des phrases de Molière par la raison que Molière est un de nos meilleurs auteurs : « Messieurs, pourrait dire à son auditoire, ce harangueur si heureux en imitation, c’est une étrange affaire que d’avoir à se montrer face à face devant vous, et l’exemple de ceux qui s’y sont frottés est une leçon bien parlante pour moi. […] Je dis plus ; il ne serait peut-être pas difficile de montrer par des exemples, qu’un écrivain français, qui pour paraître bien posséder sa langue affecterait dans ses ouvrages beaucoup de gallicismes (même de ceux qu’on peut se permettre en écrivant), se ferait un style qu’il faudrait bien se garder d’imiter.

1952. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

En ces heures où, à chaque instant, on expose sa vie, ils se montrent tels qu’ils sont, n’ayant plus la forfanterie du bien ni du mal. […] Sans rien écarter de ce qui faisait notre trésor (car ils montrent au moins autant que nous les aptitudes positives et le sens des réalités de surface), ils ne laissent rien de morne dans les parties mystérieuses de leur être et ils ont retrouvé les puissances des siècles de l’enthousiasme, Par là ils sont des natures plus complètes que n’étaient leurs aînés et s’approchent davantage du type de l’homme intégral.‌

1953. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Si j’avais à juger l’école naturaliste française, non dans sa formule, où il entre beaucoup de vérité, non pas même dans l’œuvre de tel ou tel auteur, mais dans l’ensemble des livres qui se réclament du naturalisme, je dirais que son principal défaut littéraire a été de méconnaître la réalité ; je montrerais ce qu’il y a de contraire aux règles de l’observation et de la sincérité, dans le procédé qui consiste à ne peindre de l’homme que les instincts, à supprimer les âmes, à expliquer le monde moral par des causes inégales aux effets, à murer toutes les fenêtres que l’homme, accablé tant qu’on le voudra par la misère, le travail, la maladie, l’influence du milieu, continue et continuera d’ouvrir sur le ciel. […] J’ai donc montré, par des exemples, que le roman populaire avait déjà un commencement d’histoire ; par un rapide exposé de nos mœurs, qu’il était nécessaire ; par des citations dont j’aurais pu augmenter le nombre, que la pensée d’un art et d’une littérature s’adressant à la foule, familière autrefois à beaucoup d’esprits, n’est pas sans écho dans le monde où nous vivons.

1954. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Un Homère entr’ouvert sur ma table, et que j’avais lu la veille avant l’Euphorion, me montra qu’il y avait encore une Providence jusque dans les plus grands hasards littéraires, et me remit un peu.

1955. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Ainsi cette Assemblée terrible, sans peur et sans repentir, se montrait à sa dernière heure encore fidèle au mot d’ordre du 10 août ; ainsi elle gardait, même en finissant, quelque chose d’illégal, et il y avait, jusqu’au bout, de la colère dans sa manière de fonder la liberté.

1956. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

« Faisons en sorte, mon amie, que notre vie soit sans mensonge ; plus je vous estimerai, plus vous me serez chère ; plus je vous montrerai de vertus, plus vous m’aimerez… J’ai élevé dans mon cœur une statue que je ne voudrais jamais briser ; quelle douleur si je me rendais coupable d’une action qui m’avilît à ses yeux ! 

1957. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Le peu de lignes qui précèdent le décalogue de conduite écrit pour son petit-fils un an avant sa mort, nous montrent le vieillard bénissant, déjà délivré à demi de sa dépouille et ayant fait un pas dans la majesté de la tombe.

1958. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Je crois pouvoir affirmer que tout écrivain qui a ce qu’on appelle du succès, c’est-à-dire, qui réunit des lecteurs autour de son œuvre ; que tout homme qui est assez heureux, assez malheureux veux-je dire, pour être en butte à l’admiration, aux éloges, à la haine et aux critiques, n’a pas un moment laissé reposer sa plume sur ses compositions… Dans mon enfance on m’a montré, comme un glorieux témoignage du génie de Bernardin de Saint-Pierre, la première page de Paul et Virginie, écrite quatorze fois de sa main.

1959. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

Lerminier a voulu une fois encore montrer, comme il le dit, l’image des pères aux générations qui chaque jour s’en éloignent et n’ont pas reçu, ainsi que nous, cette tradition toute vivante.

1960. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

Aujourd’hui que le Globe est placé plus qu’il ne l’a jamais été depuis la révolution de Juillet sur un terrain solide et nettement dessiné ; aujourd’hui que sa nouvelle position en politique, en économie, en philosophie, en art et en religion, devient de plus en plus appréciable et notoire ; aujourd’hui enfin, pour tout dire, que le Globe est le journal reconnu et avoué de la doctrine saint-simonienne ; nous, qui ne l’avons abandonné dans aucune de ses phases, nous qui avons assisté et contribué à sa naissance il y a sept ans, coopéré à ses divers travaux depuis lors, qui avons provoqué et produit plus particulièrement ses transformations récentes ; nous qui avons suivi toujours, et, dans quelques-unes des dernières circonstances, dirigé sa marche ; qui, sciemment et dans la plénitude de notre loyauté, l’avons poussé et mis là où il est présentement, nous croyons bon, utile, honorable de nous expliquer une première et dernière fois par devant le public, sur les variations successives du journal auquel notre nom est demeuré attaché ; de rendre un compte sincère des idées et des sentiments qui nous ont amené où nous sommes ; et de montrer la raison secrète, la logique véritable de ce qui a pu sembler pur hasard et inconsistance dans les destinées d’une feuille que le pays a toujours trouvée dans des voies d’honneur et de conviction.

1961. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Les comptes rendus des tribunaux, les faits divers assouvissent chaque jour et entretiennent en nous un besoin d’émotions et de sensations brutales : tout ce qu’on craignait jadis de montrer dans les livres ou sur la scène, s’étale là ; et la littérature serait vite insipide à nos palais, si elle ne nous offrait le ragoût auquel les journaux nous ont habitués.

1962. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

De bonne heure le généreux ermite de Croisset, pensant bien faire, a dû prendre à tâche de le déniaiser, de lui montrer les choses comme elles sont, de lui enseigner sa philosophie brutale et sa misanthropie truculente.

1963. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Quoique né avec les plus grands talens, il a eu la sage précaution de ne se montrer au Public, que quand il s’est cru capable de l’étonner par ses premiers essais, & de nourrir son admiration par de nouvelles Productions aussi vigoureuses que les premieres.

1964. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Ces variations montrent combien les idées de La Fontaine étaient, à certains égards, peu fixes et peu arrêtées.

1965. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

Nous avons parlé des couvents européens dans l’histoire de René et retracé quelques-uns de leurs effets au milieu des scènes de la nature ; pour achever de montrer au lecteur ces monuments, nous lui donnerons ici un morceau précieux que nous devons à l’amitié.

1966. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Souvent il la voit mieux que ceux qui prétendent la lui montrer.

1967. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Le tour original qu’il donne à ses traductions, la hardiesse de ses expressions, aussi peu contraintes que si elles étoient nées avec sa pensée, montrent presque autant d’invention, qu’en montre la production d’une pensée toute nouvelle.

1968. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Tourgueneff sont charmantes, et son traducteur a montré un tel talent d’expression qu’on dirait le livre écrit primitivement en français, tant on y sent bien l’originalité de l’auteur.

1969. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

fut un philosophe plus et mieux que Kant et Hegel, par exemple, les Veaux non pas d’or, mais d’idées, de la philosophie contemporaine ; montrer qu’on peut très bien dégager de son œuvre théologique une philosophie complète avec tous ses compartiments, et que le monde d’un instant qui l’a pris pour une tête énorme, ce grand Bœuf de Sicile dont les mugissements ont ébranlé l’univers, ne fut dupe ni de l’illusion ni de l’ignorance, demander enfin pardon au dix-neuvième siècle pour une telle gloire, voilà le programme de l’Académie et le livre de son lauréat.

1970. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Taillandier, qui a la prétention de remuer ses petites idées générales tout comme un autre, s’efforce de résumer et de bloquer celles qu’il a dispersées dans les articles de son livre, et comme ici nous n’avons pas de romans allemands à exposer ou des cancans d’érudition allemande à faire, nous montrons mieux ce que nous sommes par nous-même dans cette introduction, d’une clarté tout à la fois innocente et cruelle.

1971. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Victor de Laprade ont insisté sur sa manière, mais n’ont pas, selon nous, assez montré quel est le genre d’invention, bien incontestablement à lui, qui distingue (l’ennui n’est pas une distinction) parmi les autres poètes contemporains, ce lakiste, si spécial dans son lakisme, et qui est bien plus pour les montagnes que pour les lacs.

1972. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Quand on est jeune, l’imagination aime assez la passion pour vouloir toujours la peindre belle et irrésistible, mais la montrer rapetissée, humiliée sous les habitudes de la vie, sacrifiée à la tyrannie de ces habitudes, et la prose de la réalité venant à bout de la dernière poésie de nos cœurs, suppose un désintéressement d’observation qui ne se voit guère que chez les hommes qui ont vécu et qui savent comme la vie est faite.

1973. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Or, en matière historique — sans parler de la rareté avec laquelle se montrent des rapports constants entre deux phénomènes — qui ne sait combien il est difficile de dire avec précision quand commence ou, quand finit chacun d’eux, et d’établir, par suite, celui qui est apparu le premier ?

1974. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Nous montrons dans les fables l’histoire civile des premiers peuples, lesquels se trouvent avoir été partout naturellement poètes. 2º Même accord avec les locutions héroïques, qui s’expliqueront dans toute la vérité du sens, dans toute la propriété de l’expression ; 3º et avec les étymologies des langues indigènes, qui nous donnent l’histoire des choses exprimées par les mots, en examinant d’abord leur sens propre et originaire, et en suivant le progrès naturel du sens figuré, conformément à l’ordre des idées dans lequel se développe l’histoire des langues (axiomes 64, 65). 4º Nous trouvons encore expliqué par le même système le vocabulaire mental des choses relatives à la société 40, qui, prises dans leur substance, ont été perçues d’une manière uniforme par le sens de toutes les nations, et qui dans leurs modifications diverses, ont été diversement exprimées par les langues. 5º Nous séparons le vrai du faux en tout ce que nous ont conservé les traditions vulgaires pendant une longue suite de siècles.

1975. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

Ils durent tomber dans cette erreur par un conseil exprès de la Providence : chez des peuples barbares, encore incapables de raisonnement, les guerres auraient toujours produit des guerres, s’ils n’eussent jugé que le parti auquel les dieux se montraient contraires, était le parti injuste.

1976. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

La seconde montrait une férocité généreuse dont on pouvait se défendre ou par la force ou par la fuite ; l’autre barbarie est jointe à une lâche férocité, qui au milieu des caresses et des embrassements en veut aux biens et à la vie de l’ami le plus cher.

1977. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Est-ce une raison pour nous montrer injuste envers elle ? […] En outre, Mniszeck était criblé de dettes ; son gendre futur s’engageait à les payer, toujours lorsqu’il serait tzar ; montrer aux gens endettés une fortune à refaire, n’est-ce pas, depuis Catilina et César, la première tactique des aventuriers ? […] Tous les spectateurs auraient pu, avant la représentation de Lucrèce, annoncer d’acte en acte ce que l’auteur allait leur montrer. […] Cousin : plus tard, il se montrera moins accommodant et moins traitable ; c’est qu’il s’agira du véritable amant et du véritable homme de génie. […] Il est bon de montrer que les sophismes, les folies et les enluminures de notre temps n’ont, en définitive, rien changé au dictionnaire de l’Histoire, et que les mots et les choses y gardent leur signification véritable.

1978. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

André Hallays, si partial en leur faveur, avoue pourtant qu’ils montrèrent tous dans leurs idées comme dans la conduite de leur vie quelque chose d’irrégulier et de paradoxal. […] André Hallays le loue d’avoir été, entre tous les hommes de lettres du dix-septième siècle, celui qui montra le plus d’inclination pour les beaux-arts. […] Impossible de mieux montrer qu’on n’a rien compris à l’invention littéraire. […] Mais les origines de sa vocation politique montrent bien que ce ne fut jamais un véritable intellectuel. […] Même avant ses Poisons, toute son œuvre le montrait dénigrant ou même diffamant ses meilleurs contemporains, à commencer par Balzac et Stendhal, que M. 

1979. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

La beauté est si bien sexuelle que les seules œuvres d’art incontestées sont celles qui montrent tout bonnement le corps humain dans sa nudité. […] Nouet, jésuite, le trouvait bon la marquise la pria de lui faire mettre cela par écrit, après lui avoir promis de ne le montrer à personne. L’autre lui apporta cet écrit ; mais la marquise le montra à Arnauld, qui fit sur cela le livre de la fréquente Communion. […] Il suffirait seul à montrer combien la jeune fille de France est restée naïve et saine. […] Un seul exemple pour montrer ce que l’idée de racine à d’illusoire.

1980. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

. — Que l’histoire ou la vie des hommes ait fait pour lui plus que pour aucun autre, même que pour la Hollande sa voisine, cela serait facile à montrer. […] Pirenne nous montrera comment cela s’est produit. […] Ce qu’elle apporte de sien, ce qu’elle crée à l’aide de combinaisons nouvelles, c’est à l’auteur de ce livre à nous le montrer. […] Car ce que la préhistoire nous montrera, c’est la densité de la vie dans cette région, l’activité robuste de ses habitants, c’est-à-dire des choses que la Belgique possède toujours. […] Chez les maîtres de Héristal, il y avait l’éducation romaine, le contact avec les choses classiques dont la grande villa ne cessa de leur montrer les restes.

1981. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

À la fin, nous lui montrâmes le pardon du roi et la laissâmes aller. Je vous ai conté cette histoire pour vous montrer que nous ne devons point être trop précipités à croire un rapport, mais que nous devons plutôt suspendre nos jugements jusqu’à ce que nous sachions la vérité358. » Quand un homme prêche ainsi, on le croit ; on est sûr qu’il ne récite pas une leçon, on sent qu’il a vu, qu’il tire sa morale, non des livres, mais des faits, que ses conseils sortent du solide fonds d’où tout doit sortir, je veux dire de l’expérience multipliée et personnelle. […] La loi déclare que « toute personne au-dessus de seize ans qui, pendant un mois, refusera d’assister à l’office établi, sera enfermée jusqu’à ce qu’elle se soumette ; que si elle ne se soumet pas au bout de trois mois, elle sera bannie du royaume, et si elle revient, mise à mort. » Ils se laissent faire et montrent autant de fermeté pour souffrir que de scrupule pour croire ; sur un iota, pour recevoir la communion assis plutôt qu’à genoux, ou debout plutôt qu’assis, ils abandonnent leurs places, leur bien, leur liberté, leur patrie. […] En 1648, après de fausses manœuvres, ils se trouvèrent en danger, placés entre le roi et le Parlement ; là-dessus ils s’assemblèrent plusieurs jours de suite à Windsor pour se confesser devant Dieu et lui demander son aide, et découvrirent que tout le mal venait des conférences qu’ils avaient eu la faiblesse de proposer au roi. « Et dans ce sentier, dit l’adjudant général Allen, le Seigneur nous mena pour nous montrer non-seulement notre péché, mais notre devoir. […] Cela me confondit par le sentiment de mon ignorance, parce que jamais pensée n’était venue auparavant dans mon cœur qui me montrât si bien la beauté de Jésus-Christ.

1982. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

De loin en loin, les arbres étaient plus espacés, une éclaircie se montrait, et le tarantass entrait dans une petite plaine sablonneuse, nouvellement défrichée. […] Maria Dmitriévna l’avait épousé par amour ; il était assez bien de figure, avait de l’esprit et pouvait, quand il le voulait, se montrer fort aimable. […] Il finit par montrer sa musique à son hôte, lui joua et lui chanta même d’une voix éteinte quelques fragments de ses compositions ; entre autres, toute une ballade de Schiller, Fridolin, qu’il avait mise en musique. […] Tout reposait et, dans ce repos, la vie se montrait pleine de sève et de jeunesse. […] Il put entretenir Lise, et une demi-heure environ, bien que la veille la mère eût recommandé à sa fille de montrer moins de familiarité avec un homme « qui avait un si grand ridicule. » Il observa en elle quelque changement.

1983. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

L’artiste ne peut donc nous montrer le beau qu’en ayant perpétuellement sous le regard de la pensée, lorsqu’il compose, un modèle idéal. […] Toutes les traditions nous montrent la cité primitive fondée par un meurtrier. […] Pourquoi reprocher à Homère les mœurs bibliques, et se montrer plus exigeant pour Achille et Agamemnon que pour Abraham et Jacob ? […] L’apologue osa se montrer, mais avec quelles précautions, au sein même de l’Orient sacerdotal. […] Nous avons montré cependant que l’objet est sérieux, et qu’on pourrait le rattacher aux problèmes dont la gravité est le moins contestée.

1984. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Ceci n’est que le préambule du roman, qui est l’histoire du fils que l’ambassadeur chinois a eu de la femme japonaise, — roman où il y a, chez Bakin, la tentative de montrer que cet enfant, au sang mêlé de deux races, n’a pas l’énergie du caractère japonais. […] Elle lui indiquait la montagne Ishiyama où son corps, lui disait-elle, faisait sept fois et demie le tour de la montagne et lui montrait, dans le moment, une masse brillante qui luisait au soleil comme un bloc de diamant : c’était l’oeil de l’insecte colossal dans lequel Hidésato mettait une flèche mortelle. […] Je lui ai répondu que le meilleur moyen était un jeu qui consistait de chercher à former les dessins d’après les lettres, et j’ai pris mon pinceau, et lui ai montré comment on peut facilement dessiner. […] Les deux premières pages vous montrent : l’une, le poète écrivant à main levée, au pinceau, tandis qu’un enfant lui prépare l’encre de Chine ; l’autre, le peintre peignant à l’encre de Chine sur un kakémono des oies sauvages, dans l’étonnement de ses disciples. […] Un barbouillage d’encre de Chine, rehaussé de blanc, avec un ton de chair sur la figure et les mains ; et où les petits yeux écarquillés, le nez en point d’interrogation, la bouche égueulée du marchand, montrent, sous quatre coups de pinceau, toute la narquoiserie d’une physionomie japonaise.

1985. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Mais ce qui a subsisté suffit et au-delà pour montrer l’étrange et puissant génie poétique qui est dans la race, et pour faire voir d’avance la fleur dans le bourgeon.Si jamais il y eut quelque part un profond et sérieux sentiment poétique, c’est ici. […] Un d’entre eux, dont le poëme est mutilé, a conté l’histoire de Judith ; avec quel souffle, on va le voir ; il n’y a qu’un barbare pour montrer en traits si forts l’orgie, le tumulte, le meurtre, la vengeance et le combat : « Alors and Holopherne — fut échauffé par le vin. —  Dans les salles de ses convives,  — il poussa des éclats de rire et des cris,  — il hurla et rugit,  — de sorte que les enfants des hommes — purent entendre de loin — quelle clameur, quelle tempête de cris — poussait le chef terrible,  — excité et enflammé par le vin. —  Les coupes profondes — furent souvent portées — derrière les bancs. —  De sorte que l’homme pervers,  — le farouche distributeur de richesses,  — lui et ses hommes,  — pendant tout le jour — s’enivrèrent de vin,  — jusqu’à ce qu’ils fussent tombés,  — gisants et soûlés ; — toute sa noblesse,  — comme s’ils étaient morts. » La nuit venue, il commande que l’on conduise dans sa tente « la vierge illustre, la jeune fille brillante comme une fée  » ; puis, étant allé la retrouver, il s’affaisse ivre au milieu de son lit. […] Sitôt que Judith est rentrée, « Les hommes sous leurs casques — sortent de la sainte cité — dès l’aurore. —  Ils font gronder les boucliers. —  Ils rugissent bruyamment. —  À ce cri se réjouissent — dans les bois le loup maigre — et le corbeau décharné,  — l’oiseau avide de carnage ; — tous les deux accourent de l’Ouest,  — parce que les fils des hommes ont — pensé à leur préparer — leur soûlée de cadavres. —  Et vers eux volent dans leurs sentiers — le rapide dévorateur, l’aigle — aux plumes grises ; — le milan de son bec recourbé — chante la chanson d’Hilda. —  Les nobles guerriers s’avancèrent,  — les hommes aux cottes de mailles, vers la bataille,  — armés de boucliers,  — les bannières gonflées… —  Promptement ils firent voler — des pluies de flèches,  — serpents d’Hilda,  — de leurs arcs de corne. —  Il y avait dans la plaine — une tempête de lances. —  Furieusement se déchaînaient — les ravageurs de la bataille. —  Ils envoyaient leurs dards — dans la foule des chefs… —  Eux qui auparavant avaient enduré — les reproches des étrangers,  — les insultes des païens,  — leur payèrent à ce jeu des épées — tout ce qu’ils avaient souffert. » Entre tous ces poëtes inconnus65, il y en a un dont on sait le nom, Cœdmon, peut-être l’ancien Cœdmon, l’inventeur du premier hymne, en tout cas semblable à l’autre, et qui, repensant la Bible avec la vigueur et l’exaltation barbare, a montré la grandeur et la fureur du sentiment avec lequel les hommes de ce temps entraient dans leur nouvelle religion. […] Kemble, 1, 407, a montré que l’analogie subsiste jusque dans les images de ce chant et du morceau correspondant de l’Edda.

1986. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

À travers ces dévergondages d’esprit, parmi ces exigences raffinées et cette exaltation inassouvie de l’imagination et des sens, il y avait une passion, l’amour, qui, les réunissant toutes, s’était développée à l’extrême, et montrait en abrégé le charme maladif, l’exagération foncière et fatale, qui sont les traits propres de cet âge, et que la civilisation espagnole reproduisit plus tard en florissant et en périssant. […] Écoutez plutôt l’histoire210 de ce moine qu’un ange conduisit en vision jusque dans l’enfer pour lui montrer Satan. […] Songez que je n’ai traduit le texte qu’en partie, et dispensez-moi de montrer jusqu’au bout comment les gravelures françaises ont passé dans le poëme anglais. […] Il y en a bien d’autres qui achèvent de montrer les brutalités grivoises, les grosses finasseries et les naïvetés de la vie populaire, comme aussi les repues franches, et la plantureuse bombance de la vie corporelle : tantôt de braves soudards qui apprêtent leurs poings et retroussent leurs manches, tantôt des bedeaux contents qui, lorsqu’ils ont bu, ne veulent plus parler que latin.

1987. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Il s’était rapproché de la vieille ferme, dont la façade était couverte d’un lattis où grimpaient, jusque sous le toit, six ou sept gros ceps de vigne noueux ; mais les bourgeons se montraient à peine. […] — Attends, dit Fritz, je vais te jouer quelque chose de gai pour te réjouir. » Il était heureux de montrer son talent à Sûzel, et commença la Reine de Prusse. […] Vous savez, quand vous êtes venu la dernière fois à la ferme, je vous ai montré deux bœufs à l’engrais. […] » Sûzel se tenait à son bras, les yeux baissés, les joues rouges ; et le père Christel, la regardant d’un air heureux, lui demanda : « Mais Sûzel, qui donc t’a montré la danse ?

1988. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Nous avons essayé autrefois de caractériser le genre de mérite et d’intérêt de ce premier ouvrage, mais sans faire assez ressortir peut-être l’inspiration philosophique et l’esprit de révolte contre la société qui perçait en maint endroit ; ce même esprit, qui ne s’était montré dans Valentine que sous des nuances moins directes et plus distrayantes, vient d’éclater avec toute son énergie et sa plénitude dans Lélia, roman lyrique et philosophique.

1989. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

C’est montrer qu’on est embarrassé de ses ressources mêmes.

1990. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Éludiez Pascal, et la vie intense des acteurs de la comédie théologique qu’il dénonce à l’opinion des mondains : observez le père jésuite de la Quatrième Provinciale, doux et accueillant, ami des gens curieux, expert en logique, à cheval sur les textes et les autorités, n’ouvrant qu’avec révérence la Somme des péchés du père Bauny, « et de la cinquième édition encore, pour vous montrer que c’est un bon livre », et les écrits du P. 

1991. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Dubout, comme l’ont insinué quelques médisants, ait obéi à un autre sentiment qu’au zèle pur de la vérité ; pas un instant je n’ai cru qu’il cédait, dans sa poursuite grotesquement acharnée, à un dépit cuisant d’auteur tombé, à une rage de vanité déçue, à une démangeaison de réclame, à une humeur processive et hargneuse d’homme d’affaires et de chicanou provincial, ou encore au désir têtu de montrer aux habitants de sa petite ville, témoins de son retour humilié, que ces gens de Paris ne lui faisaient pas peur et qu’ils n’auraient pas avec lui le dernier mot. » Qu’auriez-vous à dire ?

1992. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Théodore de Banville Je voudrais le montrer non tel que l’a dessiné Gavarni en cette lithographie exquise où le dandy-poète, déjà fatigué de la lutte, pâli par les veilles, ferme à demi ses yeux et regarde tristement le fantôme de la vie ; — mais fier, charmant, jeune, beau comme dans le médaillon où David nous conserva l’image de son enfance adorable, et tel qu’il apparut à cette soirée chez Charles Nodier, où il lut pour la première fois les Contes d’Espagne et d’Italie, et d’où il sortit célèbre.

1993. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Parfois aussi, lorsque les pièces devinrent très compliquées, très chargées de personnages et d’incidents, les canevas entraient dans tous les détails de l’action ; la trame était tissue avec soin ; à l’acteur d’y broder les arabesques d’une libre fantaisie, suivant la disposition du moment et celle que montrait le public.

1994. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Au-dessus de la file des dos courbés, c’est, en tête, l’éternel cahot du corbillard et la danse obstinée d’une énorme couronne dont le vent pille les fleurs, au point qu’elle commence à montrer des coins de carcasse nue.

1995. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

« Montrons, dans un prince admiré de tout l’univers, que ce qui fait les héros, ce qui porte la gloire du monde jusqu’au comble : valeur, magnanimité, bonté naturelle, voilà pour le cœur ; vivacité, pénétration, grandeur et sublimité de génie, voilà pour l’esprit ; ne seraient qu’une illusion, si la piété ne s’y était jointe, et enfin que la piété est le tout de l’homme. » 10.

1996. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Le besoin de vengeance pour la cour et pour lui-même, et de précaution contre des malveillances au moins incommodes, se montrent fort à découvert dans des scènes où paraissent les deux savants et surtout dans celle où Clitandre, homme de la cour, les traite avec le plus insultant mépris.

1997. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

L’album, montré à Hayashi, en le priant de désigner Otaka dans les quarante-sept ronins représentés, et en lui demandant s’il ne connaissait pas quelque détail imprimé sur l’homme, il me dit en feuilletant l’album : « Le voici, Otaka !

1998. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Il doit marcher devant les peuples comme une lumière et leur montrer le chemin.

1999. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Quelque envie secrette qu’eut saint Bernard de mortifier le seul homme qui pût disputer avec lui d’esprit & d’érudition, il jugea plus convenable de montrer de la modération & de la douceur.

2000. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Cette hauteur de bonne opinion que montrent les poëtes médiocres, est donc souvent affectée.

2001. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Peut-être serait-on fondé à lui reprocher de n’avoir pas mis assez de variété dans le genre d’intérêt qu’il inspire : c’est toujours l’expression d’un sentiment vif et violent ; il l’aurait pu montrer vif et doux, et passer de l’amour effréné à l’amour tendre, de l’amour timide à l’amour heureux.

2002. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Il a donc montré le tuf sur lequel est assis l’édifice.

2003. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Donner à causer (on causait alors), lire ses romans à ses intimes, recevoir dans sa loge à l’Opéra les littérateurs qui, à Paris, sont toujours un peu femmes et qui aiment à se montrer à leur public ; un soir exhiber dans son salon le jeune Victor Hugo, l’enfant du génie, qui a commencé (ce qui n’est ni très poétique, ni très sauvage) par des succès de société, comme M. 

2004. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Quand l’auteur des Deux Masques va, par exemple, chercher l’Histoire, — dont il a besoin pour montrer jusqu’où plongent les racines du génie d’Eschyle et faire le lumineux décompte de ce qui est de la personnalité et de la race, — et qu’à travers l’antique Hérodote, et plus haut et plus loin qu’Hérodote, il va la chercher, cette fuyante histoire, jusque dans les derniers éloignements et les derniers effacements du passé, il la saisit et l’amène sous le regard par la force de la couleur, et il la pousse sur nous, pour ainsi dire, vainqueur des âges et des lointains !

2005. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Nous aurions le plus singulier des anonymes, un anonyme d’idées et dédoublé de tout, nous n’eussions eu à vous présenter que ce phénomène d’un homme de goût qui, pendant un gros volume in-8º de cinq cents pages, à l’exception du dernier chapitre, —  indiscret comme le post-scriptum de la lettre d’une pauvre femme qui a fait tout ce qu’elle a pu pour bien se tenir, mais qui s’échappe, — ne se serait montré absolument rien de plus qu’un dilettante de littérature et… un homme de goût.

2006. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Ou il fallait condenser l’esprit des choses dans un miroir ardent de réflexions et d’images qui nous les eût renvoyées en quelques tout-puissants rayons, ou il fallait nous montrer les choses elles-mêmes, sans omission et sans superficialité.

2007. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Ce fut un homme qui, dans la mesure ou le désordre de ses opinions, se montra toujours d’une moralité individuelle supérieure.

2008. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

C’est un moraliste aussi, je le sais, et je le montrerai ; mais c’est un moraliste qui, si je ne me trompe pas, a commencé d’étudier son latin de moraliste à l’École des Chartes.

2009. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

En effet, il aurait été au pouvoir ce qu’il avait été pendant sa proscription, et il y eût certainement montré l’esprit de ressource et l’intrépidité froide et rusée qui forment le génie des hommes d’action en politique comme à la guerre.

2010. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Dans ce livre important sur la Babylone écarlate, le protestant Ranke avait montré pour quelques grandes figures, la gloire éternelle du catholicisme et du monde, une admiration si indépendante et si simple, qu’elle fit croire à ces esprits qu’un mot enlève et qui font de leur désir une espérance, que Ranke pourrait bien finir comme le poète Zacharias Werner ou le fameux Frédéric Hürter, l’illustre chroniqueur d’Innocent III, et qu’il embrasserait le Catholicisme.

2011. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Joseph de Maistre et Bonald ont péri, avec tout leur génie, à dire les mêmes choses que cet esprit de leur famille, qui prouve la même vérité qu’eux sous des formes qui lui appartiennent ; car la Vérité, qui est infinie, a trente-six mille côtés par lesquels on peut la prendre et la montrer aux hommes, et elle n’en est pas moins la Vérité, une et souveraine.

2012. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Beaucoup plus à son aise quand il n’est qu’un simple rapporteur, qu’un simple dépouilleur de catalogues, que quand il s’agit de se montrer homme politique dans l’appréciation de cette force du journalisme qui alors se constituait, Μ. 

2013. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

… Les lettres, cette causerie par écrit, l’écho prolongé et soutenu de cette autre causerie de vive voix dont il ne reste plus rien quand elle est finie ; les lettres, cette immortalité de la causerie, sont d’ordinaire le triomphe des femmes, et même des femmes les moins faites, à ce qu’il semble, pour triompher… Presque toutes — c’est affaire de sexe et d’organisation sans doute — montrent dans leurs correspondances des grâces d’esprit, humbles ou fières, des aisances, des spontanéités, des finesses, des manières de dire ou de sous-entendre, que sur place bien souvent elles n’ont pas dans la conversation.

2014. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Saisset a vu très juste dans les circonstances contemporaines, et si la question morale et intellectuelle du monde doit s’agiter entre les conséquents du catholicisme ou les conséquents du panthéisme, a-t-il vu également juste en croyant possible d’établir, ou, pour parler aussi modestement que lui, de pressentir une troisième solution à introduire en catimini, sous les regards de l’opinion, avec des patelinages de plume qui montrent au moins de la souplesse dans le talent de M. 

2015. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Pour montrer cela, il ne suffit que de quelques pages.

2016. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Il les a vues et montrées, sans aucune défaillance de regard ou de cœur.

2017. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

On pourrait très bien supposer que le poète fruste, salin et amer, découvert aujourd’hui comme une perle dont on ne m’a pas assez montré l’huître, fût, par hasard, quelque lettré moderne qui, blasé des corruptions et des hauts goûts de nos décadences, aurait reculé, par impatience de sensation nouvelle, jusqu’aux formes délaissées de la Bible et d’Homère, et eût fait de l’archaïsme en provençal, avec une habileté plus ou moins scélérate… Seulement, quoiqu’il en pût être, imitateur ou spontané, l’homme quelconque qui a enlevé ces douze chants sur un sujet qui serait vulgaire, si ce n’était pas la rabâcherie immortelle de l’amour, et donné à Daphnis et Chloé des proportions d’Iliade, est en définitive un poète que l’on peut mettre, ici ou là !

2018. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Il y plonge, il s’y baigne, il s’y berce et, qu’on nous passe le mot, il y pique d’épouvantables têtes, car avec l’homme qui a eu l’idée, — cette idée de sauteur, — d’unir Mme Saqui et Pindare et d’ajouter à cet auguste nom d’Odes l’épithète de funambulesques, il faut parler la langue de sa prétention ou de sa manie et montrer ce que l’acrobate a fait du poète dans cet homme-là !

2019. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

Tous ceux qui avaient été étudiants pauvres, déchirés, dérangés, déboutonnés, et c’est à peu près tout le monde à un certain niveau social, furent touchés, du fond de la tenue qu’impose plus tard la vie, de toutes les bêtises qu’ils avaient dites ou faites, et qu’on leur montrait dans cette lanterne magique de leur libre jeunesse, et ils parlèrent de M. 

2020. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Il a cette flexibilité qu’on pourrait appeler encyclopédique, qui se ploie trop aisément à tous les sujets pour s’attacher opiniâtrément à un seul dans lequel il se montrerait incomparable et maître.

2021. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Supposons que, dans ce moment même, Thémistocle, vainqueur de Salamine, parût au milieu des jeux : on sait que lorsqu’il s’y montra après sa victoire, tout retentit d’acclamations et de battements de mains ; les jeux furent interrompus, et l’on oublia pendant une journée entière les combattants, pour voir et regarder un grand homme.

2022. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Patte prise oiseau pris, qu’on a baptisé en français La Puissance des ténèbres et où il montrait le remords stérilisant le crime de ses bénéfices. […] Il n’a pas d’idées à leur montrer, il n’a que des pensées à leur proposer. […] Mais plaint-il l’Âne que tout à l’heure il va nous montrer ridicule auprès du Petit Chien ? […] Ils n’essaient même pas de reconstruire l’appareil d’une vie sociale dominée, inspirée par une grande foi ou de nous montrer le beau duel de la foi chrétienne et de l’amour. […] Mais il n’y a que la musique pour franchir ainsi les bornes du monde, elle qui est une lumière spirituelle, elle qui, sans rien montrer, fait tout voir.

2023. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Le goût des arts, des lettres, les sentiments d’un esprit vif et honnête, s’y montrent selon les traditions reçues. […] Les Mémoires du temps, la Correspondance de Grimm, les Souvenirs, récemment publiés, de madame Lebrun, nous le montrent dans toute la vivacité et la naïveté de sa gentillesse. […] Geoffroy, quoique du même parti politique que Delille, s’est montré beaucoup plus sévère dans la nouvelle Année littéraire qu’il essaya alors, et il ménagea moins l’aimable auteur que l’ancienne Année littéraire ne l’avait fait.

2024. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Lorsqu’il arrive une fois à Théocrite d’introduire un moissonneur amoureux, il a soin de nous montrer son camarade qui le raille d’importance ; et, à la chanson langoureuse du premier, le vaillant compagnon oppose des couplets à Cérès pleins de vigueur et de préceptes, et capables de réjouir le cœur de Caton l’Ancien. […] La sensibilité naïve et compatissante qui sait nous intéresser à cette chétive et laborieuse existence, à la pauvreté toujours en éveil dès avant l’aurore, cette expression simple du réel qui rappelle presque le poète anglais Crabbe, mise surtout en regard des richesses de ton où s’est complu l’ami de Phrasidame, montrerait à quel point Théocrite eut véritablement toutes les cordes en lui. […] Comme cet amour de Phèdre la jette dans de grands crimes, elle ne pouvait être excusable que par l’ivresse de ses sens (c’est Vénus tout entière, etc., etc.) ; et d’ailleurs, puisque cet amour est combattu, on regagne à la noblesse des remords ce qu’on perdait à la grossièreté des désirs. » Il serait fort aisé de railler La Motte, et, comme dernier terme de ce perfectionnement amoureux dont il parle, de le montrer lui-même, le soupirant platonique et perclus de la duchesse du Maine, à qui il adressait tant d’agréables fadeurs ; l’Altesse y répondait comme une bergère de vingt ans, quand elle en avait cinquante.

2025. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Mais ces peintures mélancoliques ne le montraient point tout entier ; on allait avec lui dans le pays du soleil, vers les molles voluptés des mers méridionales ; on revenait par un attrait insensible aux vers où il peint les compagnons d’Ulysse qui, assoupis sur la terre des Lotos, rêveurs heureux comme lui-même, oubliaient la patrie et renonçaient à l’action. […] Je n’en montrerai qu’une, Elaine, « le lis d’Astolat », qui, ayant vu Lancelot une seule fois, l’aime à présent qu’il est parti, et pour toute sa vie. […] Il a arraché avec désespoir de ses entrailles l’idée qu’il avait conçue, et l’a montrée aux yeux de tous sanglante, mais vivante.

2026. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Comme les faits y sont racontés en peu de mots et tels qu’ils sont, leurs causes et leurs effets, leur enchaînement et leur ensemble, dont il lui est si aisé de se faire le commentaire, lui présentent un miroir où il se voit tel qu’il est et tel que l’histoire le montrera aux siècles futurs. […] Tout ce qu’il nous convient d’en dire ici, c’est que ce qu’on y trouve dissiperait bien des préjugés en Occident sur la Chine, montrerait l’importance de bien des choses qui n’y sont pas assez prisées, et y ferait sentir que la société politique et civile gagne beaucoup à tout ce qui fixe tous les devoirs réciproques et oblige tout le monde à des attentions, prévenances et honnêtetés continuelles. […] Nous le disons hardiment ; si on pouvait montrer sur les cartes d’aujourd’hui le pays de chacun et ses limites, les savants et les antiquaires d’Europe se mettraient à genoux pour avoir ce morceau, qui manque totalement à l’Europe et est en effet très piquant et très curieux.

2027. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Goethe plus sensible lui aurait paru un homme ; il ne se montra qu’en divinité. […] Elle entrouvrit sa robe et me montra une place sur son beau sein ; ses yeux resplendissaient de joie. […] Conserver la beauté dans la douleur, ne dégrader jamais l’homme intellectuel par le déchirement de ses sensations, montrer toujours l’intelligence impassible survivant au cœur torturé, voilà le comble de l’art antique, voilà la loi du beau ; c’est cette loi du beau dans l’art que quelques grands artistes de notre époque ont voulu nier et renverser en cherchant l’expression dans la seule vérité imitative, en peignant le laid avec autant de recherche que le beau, et en inventant ce paradoxe artistique et littéraire qu’ils ont appelé l’art pour l’art !

2028. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Malgré les théories plus chimériques que réelles de ce soi-disant progrès indéfini et continu, qui conduit les peuples, par des degrés toujours ascendants, à je ne sais quel apogée, indéfini aussi, de la nature humaine, l’histoire religieuse, l’histoire militaire, l’histoire politique, l’histoire littéraire, l’histoire artistique, ne nous montrent pas un seul peuple qui, après la perfection, ne soit tombé dans la décadence. […] ajoutons, ce qui est plus juste, qu’elles ne nous en montrent presque aucun qui, de la décadence, soit remonté à la perfection. […] Il se montra de bonne heure digne de cette tutelle sur sa famille par la sagesse de sa conduite, le bon sens de son esprit, la gravité précoce de ses mœurs, l’élégance de ses manières à la cour des princes de la maison d’Este.

2029. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

« Mais quand, les mules attelées et les précieux vêtements ployés, il faut retourner à la maison, Minerve invente un autre artifice pour réveiller Ulysse et lui montrer la jeune fille aux beaux yeux qui doit le conduire à la ville des Phéaciens. […] Elle est debout et attend ; mais Ulysse délibère : ira-t-il en suppliant toucher les genoux de la jeune fille aux beaux yeux, ou la suppliera-t-il de loin, par des paroles persuasives, de lui donner des vêtements et de lui montrer la ville ? […] Il n’est point d’autre que lui ; et tu verrais aisément tout le reste si tu l’avais vu lui-même ; mais auparavant je veux te montrer ici-bas, ô mon fils !

2030. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Je me souviens néanmoins qu’il montrait déjà son imagination dans ces jeux de l’enfance que George Sand a si bien décrits dans ses Mémoires. […] Or donc, comme Honoré ne peut se montrer chez son père, pourquoi n’irait-il pas chez le bon M. de Villers, qui l’aime jusqu’à soutenir le pauvre rebelle ? […] …”   « Mon frère était alors accablé par un grand chagrin de cœur ; je ne peux publier de sa volumineuse correspondance que ce qui a rapport à lui ou à ses œuvres, et le montrer que sous l’aspect de fils ou de frère ; ces restrictions privent le public de quelques pages intéressantes, notamment de celles qu’il m’adressa après la mort d’une personne bien chère.

2031. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Jean de Meung sent qu’il est trop long ; mais, au lieu de se réduire, il se contente de montrer qu’il n’est pas dupe de ses longueurs. […] Mais la grande nouveauté du Roman de la Rose, c’est qu’en aucun autre ouvrage en vers l’esprit français ne s’était montré plus librement et sous plus de faces. […] Il y a longtemps que César a montré les Gaulois, nos pères, à la fois disputeurs difficiles aux puissances, badauds curieux et crédules, se pressant, sur la place de leur ville, autour de l’étranger qui apporte des nouvelles du pays voisin.

2032. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

… Comment, on ne vous l’a jamais montré ? […] Pour un homme de génie ou de talent : se montrer, c’est se diminuer. […] Et Rops est vraiment éloquent, en peignant la cruauté d’aspect de la femme contemporaine, son regard d’acier, et son mauvais vouloir contre l’homme, non caché, non dissimulé, mais montré ostensiblement sur toute sa personne.

2033. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

On se contente parfois d’invoquer, pour prouver la décadence, le souci extrême que poètes et prosateurs montrent de la forme et du mot, souci qui prime celui des idées. […] Alors se montrent les vrais vices de la décadence morale et intellectuelle. […] Non, mais ils ne montraient pas ainsi leur moi.

2034. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Ton soleil, trop brillant pour une humble paupière, Semble épancher sur toi la gloire et la lumière ; Et la voile qui vient de sillonner tes mers, Quand tes grands horizons se montrent dans les airs, Sensible et frémissante à ces grandes images, S’abaisse d’elle-même en touchant tes rivages. […] Je voulais qu’elle montrât une fois à l’Europe qu’il y avait compatibilité complète entre la France libre et les puissances géographiques voisines, respectées dans leurs frontières comme dans leur indépendance. […] Vous voulez sentir, il faut bien vous montrer un cœur.

2035. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Comme on voit dans l’été, sur les herbes fauchées, Deux louves, remuant les feuilles desséchées, S’arrêter face à face, et se montrer la dent ; La rage les excite au combat ; cependant Elles tournent en rond lentement, et s’attendent ; Leurs mufles amaigris l’un vers l’autre se tendent. […] Si je l’avais mordu, le sein de la nourrice ; Si je l’avais meurtri d’une telle façon Qu’elle en puisse à jamais garder la cicatrice, Et montrer sur son cœur les dents du nourrisson ? […] Mon intention était de lui montrer, par mon propre exemple, la supériorité, même en jouissance, de l’amour spiritualiste sur l’amour sensuel.

2036. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Si la notion de Dieu, la religiosité, est vraiment, comme l’a montré M. de Quatrefages, le caractère distinctif de l’espèce humaine, on s’explique aisément pourquoi, de tous les animaux, l’homme seul est progressif. […] Lorsqu’il voit que le jour et la nuit s’égalisent, c’est-à-dire que les peuples qui s’agitaient dans les ténèbres se convertissent à la pure lumière, il fait retentir sa voix d’heure en heure, nuit et jour, cherchant la proie qui lui échappe. » Ainsi encore à propos du castor, dont on croyait qu’il s’arrachait lui-même les organes de la génération pour arrêter la poursuite des chasseurs : « De même tous ceux qui veulent vivre chastes en Jésus-Christ doivent arracher les vices de leur âme et de leur corps pour les jeter à la face du démon. » Et ne trouvons-nous pas comme un dernier écho de ce symbolisme dans Bossuet lui-même quand il dit : « Il semble que Dieu ait voulu nous donner, dans les animaux, une image de raisonnement, une image de finesse ; bien plus, une image de vertu et une image de vice ; une image de piété dans le soin qu’ils montrent tous pour leurs petits et quelques-uns pour leurs pères ; une image de prévoyance, une image de fidélité, une image de flatterie, une image de jalousie et d’orgueil, une image de cruauté, une image de fierté et de courage. […] Anaxagore, d’après un récit de Plutarque, disséqua un bouc qui n’avait qu’une seule corne au milieu du front, prodige qui mettait tous les Athéniens en émoi ; le philosophe montra, par l’anatomie du crâne, que ce fait n’avait rien de surnaturel.

2037. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Eugène Le Roy, dont le premier roman le Moulin du Frau passa inaperçu, mettait en scène des individus « semblables à ces personnes aux manières simples qui sans tant de politesse, montrent leur âme à nu ». […] Après le Pays Natal, il a montré par le Lac Noir qu’il pouvait, tout comme un autre, prétendre à la couleur. […] Marcel Boulenger, qui connaît notre belle langue et l’étudie tous les jours, ne s’est jamais montré critique tendre à l’égard des solécismes d’autrui.

2038. (1926) L’esprit contre la raison

Ainsi, entre autres bienfaits, un livre du genre du Manifeste du surréalisme eut celui de nous montrer combien, au fond de l’homme, dur doit être le noyau d’injustice, d’indignité à devenir libre pour qu’il ait si aisément consenti à se laisser enfermer sans regimber au milieu du bric-à-brac réaliste. […] Valéry vient de montrer en quoi la guerre de 1914-1918 est le symptôme d’une crise de l’esprit, qu’elle aggrave considérablement. « Personne ne peut dire ce qui demain sera mort ou vivant en littérature, en philosophie, en esthétique. […] Marcel Arland emploie l’expression dans un article que lui a commandé Rivière et qu’il intitule : « Sur un nouveau mal du siècle », dans La NRF n°125, février 1924 ; il s’attire une réponse de Jacques Rivière dans les « Notes de la rédaction » du même numéro, dénonçant cette « erreur » d’un très jeune écrivain qui conçoit la littérature comme subordonnée : « Si l’on interroge Paul Valéry sur le sens de son activité, il s’efforce aussitôt de la montrer transcendante par rapport à la littérature, la forme écrite qu’il lui donne n’étant, pour sa pensée, qu’un accident. » Cette allusion à un débat interne à la NRF montre encore combien le texte de Crevel est réactif, prend place dans un échange crucial sur la relation de la littérature au politique.

2039. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Pour moi, bornant ma tâche à celle d’un humble scholiaste, je me suis montré dans ce livre plus soucieux de l’application des formules que des formules elles-mêmes. […] Ainsi depuis dix ans… Et l’on vous montrera, dans l’auberge de Mlle  Gaud, la table boiteuse, où, quand il habitait Paimpol, venait s’accouder, les soirs, Loti. […] Il reconnaîtra qu’il est injuste de ne montrer que les moindres côtés des grandes choses et de ne voir dans l’armée que les laides humilités de la vie de garnison. » Lire encore de M.  […] Lamennais, dans sa préface à l’Imitation, a très bien montré en quoi et par quoi l’Imitation se distingue des livres de morale profane : « L’auteur ne se borne pas, dit-il, à nous montrer nos misères : il en indique le remède ; il nous le fait goûter ; et c’est un de ces caractères qui distingue les écrivains ascétiques des simples moralistes. […] J’hésite ; je ne serais pas éloigné de croire que c’est plutôt l’extérieur, la surface, l’enveloppe, ce qu’il voulait montrer de lui pour occuper les yeux.

2040. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Molière montrait aux hommes ce qu’ils sont pour les châtier (29 janvier 1826). […] Fillon nous a montré Molière dans le Poitou10. […] Il prend le masque de Tartuffe, ce don Juan, et le met sur son visage comme pour en montrer la laideur. […] Molière le força même à supprimer certain passage de La Mort de Lusse-tu-cru qu’il montrait lapidé par les femmes. […] Cette estampe, supprimée après le procès intenté par Molière devant la grand’ chambre du Parlement de Paris, montrait Scaramouche enseignant et Élomire étudiant.

2041. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Simplement une baraque vide, sans enseigne, déjetée, misérable, en haillons… « Celui qui l’installa n’avait rien à montrer que l’inanité de son famélique cauchemar ». […] C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet, et en dégager un état d’âme par une série de déchiffrements ». […] Or un miroir soudainement montré fait en ce cas l’effet d’un obstacle contre un flot rapide. […] Mais ce premier quatrain, isolé, ici, suffit, je crois, à nous montrer juxtaposés, un peu hostiles, les deux ordres d’images et de figures qui en se distinguant se mettent l’un l’autre en valeur dans la poésie de Mallarmé. […] Ses premières œuvres le montrent découragé par la maigreur de sa veine, par la sécheresse de son développement.

2042. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Il a montré la continuité supérieure de la grande tradition intellectuelle, sous les apparences d’antagonismes et de révolutions. […] Pas une fois en cinq ans, on ne lui reprocha d’avoir dépassé ses instructions : au contraire il fut repris avec une extrême violence pour s’être montré trop conciliant. […] L’avenir montrera si l’entreprise philologique de Mistral était féconde. […] Paul Bourget lui-même, après en avoir montré les dangers à propos de Baudelaire, ajoute à propos de Stendhal qu’elle peut simplement aviver la sensibilité. […] Il y a des gens très raisonnables qui montrent dans le retour au latin un remède à l’abaissement trop prouvé de la culture française, mais qui n’en font point une panacée.

2043. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Les personnages qu’elle consacre, moins saillants que ceux des temps fabuleux, se montrent tels qu’elle les vit, effacés dans le frottement des intrigues d’état. […] Notre goût se montra plus juste envers la merveille de Milton que celui de sa patrie. […] C’est là ce qu’a montré Virgile dans les reproches du malheureux père et dans l’inhumanité du vainqueur. […] L’Arioste s’est montré par là le plus ingénieux à lier les incidences au fonds principal, et son talent excelle en cette partie. […] Delille veut-il montrer l’épée que donne le prince à son messager ?

2044. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

— mais j’ai eu soin de montrer que les communications n’existaient pas entre Carthage et l’armée ! […] L’homme qui tue plus loin les Mercenaires de la façon que j’ai montrée (ce qui est un joli trait de son fils Hannibal, en Italie), est bien le même qui fait falsifier ses marchandises et fouetter à outrance ses esclaves.

2045. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Mme de Chabot, la comtesse de Boigne qu’il nomme à part et distingue, lui montrèrent qu’on pouvait être jeune et continuer l’esprit, les grâces, la parfaite amabilité du passé. […] Napoléon, recevant Sismondi dans le jardin de l’Élysée et s’y promenant avec lui, commença par l’assurer du plaisir qu’il avait trouvé à la lecture de ses ouvrages, « lus tous et dès longtemps avec beaucoup d’intérêt. » Sismondi, en répondant, insista sur la conviction qui avait dicté son dernier écrit (l’Examen de la Constitution française, publié dans le Moniteur), et se montra affligé de l’opposition violente avec laquelle cette Constitution avait été accueillie.

2046. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Le premier, il s’est retourné contre le xviiie siècle et lui a montré le bouclier inattendu, éblouissant de lumière, et dont quelques parties étaient de vrai diamant. […] Essayerai-je de montrer le parti qu’on peut tirer de la condition la plus misérable ?

2047. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

C’est que presque toujours les personnages qu’on s’est habitué à considérer d’après des types fantastiques et de convention, ou d’après les statues historiques qu’on leur a dressées, s’y montrent à nous sous un autre jour plus intérieur et souvent satisfaisant, meilleurs d’ordinaire que leur renommée, bons, ou tâchant par moments de l’être, avec leurs doutes, leurs variations, leurs infirmités, étant des nôtres à beaucoup d’égards, et, comme tels, des moules à imperfections et à sentiments contraires et sincères. […] Victor Hugo ; jamais notre langue n’avait rendu tant de chocs et d’éclairs ; jamais le despotisme du génie tribunitien n’avait été inauguré dans une telle pompe ; jamais cette sorte de bête fauve, comme l’écrivain l’appelle, ne s’était montrée si puissamment déchaînée : nous regrettons un certain souffle moral que nous n’avons nulle part senti circuler.

2048. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Le jeune Diderot s’y montra bon écolier et surtout excellent camarade. […] Diderot s’en montra très-mécontent.

2049. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Cette fois la leçon lui vint de Boileau, à qui il montra ses vers en demandant un avis. […] Montaigne, qui était de la génération suivante, nous a montré son digne père, homme de plus de zèle que de savoir, « eschauffé de cette ardeur nouvelle, de quoy le roy François premier embrassa les lettres et les mit en crédit », et l’imitant de son mieux dans sa maison, toujours ouverte aux hommes doctes, qu’il accueillait chez lui comme personnes saintes.

2050. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

« Nous penserions faire injure aux lecteurs en nous arrêtant à montrer comment l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu se prouvent par cette voix intérieure appelée conscience652 » : une citation de Cicéron par là-dessus, et voilà qui est fait. […] Tirer la conclusion définitive de la querelle des anciens et des modernes, montrer qu’à l’art moderne il faut une inspiration moderne (Chateaubriand disait chrétienne), ne pas mépriser l’antiquité, mais, en dehors d’elle, reconnaître les beautés des littératures italienne, anglaise, allemande, écarter les anciennes règles qui ne sont plus que mécanisme et chicane, et juger des œuvres par la vérité de l’expression et l’intensité de l’impression, mettre le christianisme à sa place comme une riche source de poésie et de pittoresque, et détruire le préjugé classique que Boileau a consacré avec le christianisme, rétablir le moyen âge. l’art gothique, l’histoire de France, classer la Bible parmi les chefs-d’œuvre littéraires de l’humanité, rejeter la mythologie comme rapetissant la nature, et découvrir une nature plus grande, plus pathétique, plus belle, dans cette immensité débarrassée des petites personnes divines qui y allaient, venaient, et tracassaient, faire de la représentation de cette nature un des principaux objets de l’art, et l’autre de l’expression des plus intimes émotions de l’âme, ramener partout le travail littéraire à la création artistique, et lui assigner toujours pour fin la manifestation ou l’invention du beau, ouvrir en passant toutes les sources du lyrisme comme du naturalisme, et mettre d’un coup la littérature dans la voie dont elle n’atteindra pas le bout en un siècle : voilà, pêle-mêle et sommairement, quelques-unes des divinations supérieures qui placent ce livre à côté de l’étude de Mme de Staël sur l’Allemagne.

2051. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Peut-être même Charron est-il le seul de nos moralistes : qui, nous ayant montré les diverses faiblesses de notre nature, nous ait indiqué pour chacune les moyens d’y remédier. […] L’Académie française, dans le choix qu’elle fit de quelques écrivains pour servir de modèles de la langue, ne se montra que juste en y joignant saint François de Sales à Malherbe.

2052. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Mais le maître y a été surpassé par le disciple, et ce fut Balzac qui montra le premier ce que gagne un bon naturel à recevoir une règle qui l’aide à mettre au jour ses qualités et à vaincre ses défauts. […] Ce mérite de composition, après tant d’ouvrages sans méthode et sans plan ; cet art de persuader ce dont on est convaincu, après ce doute et cette peur de s’engager dans quelque vérité à laquelle il eût fallu faire des sacrifices ; cette harmonie, cette pureté de l’élocution, après ce mélange de toutes les langues et de tous les tons dans un discours dont les parties ne tiraient pas leur valeur de l’ensemble ; le caractère de l’homme, pour accréditer les principes de l’écrivain, et pour montrer que le plus homme de bien est l’écrivain le plus habile : tout cela était si nouveau que Balzac put faire impression même sur un homme de génie ; avec combien plus de raison sur tous les esprits cultivés de l’époque !

2053. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

C’est en ce point surtout qu’il s’est montré oseur. […] C’est au plus fort de son goût pour Voiture que son ami Maucroix et Pintrel son parent, tous deux de Reims, où sont « charmants objets en abondance », Par ce point-là je n’entends, quant à moi, Tours ni portaulx, mais gentilles Galloises80, lui montrèrent les anciens.

2054. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

C’est un luxe puéril et blâmable que de casser un carreau de vitre, Bastiat l’a joliment montré depuis longtemps mais « ce qu’on ne voit pas » a des ramifications infinies. […] L’âme sociale lui montrera que l’homme n’existe et ne vaut que par la société, qu’il en est un produit et un élément, qu’il n’a qu’en elle sa raison d’être et qu’elle seule fait son prix.

2055. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Qui ne s'apperçoit en effet que ses Personnages montrent trop de penchant à discourir ; qu'ils raisonnent le plus souvent, lorsqu'ils devroient agir ; que le Poëte se met indiscrétement à leur place, mal-adresse qui nuit toujours à l'illusion & affoiblit l'intérêt ? […] Notre intention est de le représenter tel qu'il s'est montré dans ses propres Ouvrages ; & quel vaste champ n'y offre-t-il pas aux réflexions du vrai Philosophe !

2056. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Un grand bas-relief qui montrerait à l’un de ses angles une vierge plaintive, à l’autre, deux guerriers s’entretuant corps à corps ; mais dont le centre serait rempli par une bataille enveloppant une Ville au front crénelé ; c’est l’image des Sept contre Thèbes. […] La femme grecque fut le coryphée de cette longue file de pleureuses : on la voit, dès les plus hauts âges, chargée de gémir pour tous sur les morts, de leur parler et de les prier, de leur montrer la pince vide qu’ils laissent au foyer de ceux qui survivent.

2057. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Je m’attacherai avant tout à montrer l’homme et à bien dessiner cette forme d’esprit, l’une des plus hautes et des plus absolues qui soient sorties des mains de la nature. […] La révision des connaissances ou la vérification des leçons reçues ne se fait plus dans les générations éduquées, si leur malheur a permis que ces signes postiches s’opposassent à cette opération, la montrassent comme périlleuse, ou même comme impossible.

2058. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Maître Rabelais s’est montré moins conséquent sans doute : son Pantagruel et son Gargantua se rapetissent et s’humanisent assez fréquemment ; mais du moins quand ils sont géants, ils le sont de meilleure foi et avec plus de bonhomie que celui de M. 

2059. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Nous n’essaierons pas ici d’aborder ces mystères d’avenir dans toute leur vague étendue, nous y reviendrons souvent par quelques points ; aujourd’hui, nous bornant à ce qui concerne le mouvement littéraire et poétique proprement dit, nous tâcherons de montrer dans quel sens nous concevons le changement inévitable que l’art va subir et pour lequel il est mûr.

2060. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Des personnages symboliques, à noms typiques, baron Sinaï, Madame de Transpor, Madame de Fryleuse, les Granton, s’agitent en des schèmes de passions, ne montrent que des projections d’aventures, planes, sans émotion, mais en une déformation systématique, saccadée et briseuse.

2061. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

Ostrogorski a bien raison de montrer que le système des partis « décourage, par le formalisme qu’il établit, l’indépendance d’esprit du citoyen, l’énergie de sa volonté et l’autonomie de sa conscience94 ».

2062. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Quelques-uns des monuments qu’on y voit aujourd’hui étaient peut-être ces cénotaphes en l’honneur des anciens prophètes 1002 que Jésus montrait du doigt, quand, assis sous le portique, il foudroyait les classes officielles, qui abritaient derrière ces masses colossales leur hypocrisie ou leur vanité 1003.

2063. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Le premier discours est en partie le résumé, et en partie le développement d’une conversation sur la grandeur du caractère romain ; Balzac y peint, d’après Polybe et Tite-Live, l’âme d’un citoyen de la république ; après l’avoir montré impénétrable à la vanité, à la peur, à l’avarice, ensuite sensible à la faveur de l’étranger, ou d’un usurpateur, il le fait voir à la dernière épreuve de sa vertu ; c’est l’injustice de la république à son égard. « La république, madame, ne le peut perdre, quelque négligente qu’elle soit à le conserver ; il souffre non seulement avec patience, mais encore avec dignité, ses mépris et ses injustices.

2064. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Elle dit que de tous les millions de lettres que madame de Richelieu a reçues, celle de M. de Grignan était la meilleure ; qu’elle l’a eue longtemps dans sa poche, qu’elle l’a montrée, qu’on ne saurait mieux écrire, ni plus galamment, ni plus noblement, ni plus tendrement pour feu madame de Montausier. »

2065. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

Les conceptions bovaryques sont donc fréquentes à toutes les époques de civilisation avancée : elles s’y montrent tributaires d’un défaut de critique.

2066. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Les Grecs & les Romains sont les deux peuples de la terre qui ont le mieux entendu cette partie, qui ont le plus montré de délicatesse d’oreilles, en mesurant les syllabes brèves & longues, & les combinant ensemble pour le rithme & le métre.

2067. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

III Mais s’il fallait, d’ailleurs, un exemple de l’inanité de l’esprit de salon et de l’innocuité de cette catapulte, on le trouverait ici, — précisément dans ces lettres de Mme de Staël, qui la montrent aujourd’hui seulement femme du monde, et par le fait seul qu’elle n’y est que cela, l’exilant de son esprit comme elle était exilée de France, alors qu’elle vivait en Russie… Ah !

2068. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

analyser Paris, analyser la province, montrer ce que l’un et l’autre et ce que tous les deux sont à la société française dont on lit l’histoire, voilà ce à quoi un écrivain sérieux était obligé.

2069. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Encore une fois, c’était le fond de pareilles âmes que l’historien digne d’un pareil sujet devait nous montrer.

2070. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Et, en effet, prendre un chef-d’œuvre où il a été laissé, le continuer ou le réparer dans ses parties endommagées ou croulantes, n’est-ce pas montrer que, si l’on n’est pas le créateur même du chef-d’œuvre, on en est aussi près que possible, puisqu’on peut le suppléer dans l’achèvement de sa création ?

2071. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Seulement, si bien qu’il se tienne sous la garde de cette prudence en ces deux volumes qu’il offre au public, il a glissé, et en glissant, dans une toute petite phrase sur Fontenelle il a montré les parties honteuses de sa pensée : — « Fontenelle — nous dit-il — respecte tout COMME IL CONVIENT, mais, partout où il est passé, rien n’est resté debout. » Sentez-vous la joie ?

2072. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Jusqu’à l’Étude sur Stuart Mill, où il s’affirme davantage, l’auteur des Philosophes français, depuis qu’il avait renoncé au scepticisme et à la moquerie, n’avait guère, en philosophie absolue, montré nettement que des tendances.

2073. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

À une autre époque que la nôtre, dans un temps où l’on n’eût pas interverti l’ordre de tous les problèmes sociaux, on ne se fût peut-être pas tant préoccupé des conséquences d’une mesure plus haute que des intérêts matériels, et on eût souri du chirurgien, non de la dernière heure, mais de l’heure passée, qui aurait pris avec tant de soins les dimensions qu’il n’a pas à guérir, mais qu’il veut montrer.

2074. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Quand madame de Maintenon aura trouvé un peintre qui s’ajuste à elle, nous serons tout étonnés de n’avoir pas vu dans cette femme ce que très aisément il nous montrera.

2075. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Forgues ne vient pas de se montrer cet historien-là.

2076. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Il y est un rieur d’esprit qui a pris l’histoire officielle, l’histoire majestueuse, par le bas bout, pour nous la montrer, comme il faut la voir, cul sur tête.

2077. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Pendant que les Chrétiens, avec l’ardeur de je ne sais quelle bassesse, découronnent jusqu’à Jésus-Christ et nous le montrent strictement dans la nature nue de son humanité, comme l’a fait le P. 

2078. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

En effet, nous la retrouvons en ces deux volumes (une vraie bonne fortune pour ceux qui aiment les correspondances) telle que ses lettres à Horace Walpole, son ami aussi singulier qu’elle, nous l’avaient montrée.

2079. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Forgues ne s’est pas montré cet historien-là.

2080. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Il nous cite dans son Introduction des fragments d’écrits politiques retrouvés à la Bibliothèque du Louvre et dans lesquels, à différentes époques, ce La Gervaisais aurait montré une sagacité politique d’une grande acuité.

2081. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Les détails mêmes, les arabesques si chères à la Fantaisie, à cette Belle au Bois dormant qui s’est assoupie au branle monotone de la littérature de Louis XIV et que la gloire du xixe  siècle sera d’avoir réveillée, toutes ces choses qui ne sont pas la poésie elle-même, mais qui y touchent, ne paraissent point là en réalité ce qu’on les croyait à distance : « Pour faire un paradis persan, — disait Lord Byron en plaisantant, — il faut beaucoup de ruisseaux de limonade et des milliers de longs yeux noirs. » Pour faire un poème indien, la méthode ne serait peut-être pas beaucoup plus compliquée… Les fragments de Colbrooke et la Sacountala, quoique traduite avec la bégueulerie française par M. de Chézy (un homme qui aurait appris la Trénis aux Bayadères), ont suffisamment montré que la métaphore indienne était vite épuisée, comme il doit arriver toujours chez les peuples immobiles, qui n’observent pas, qui n’agissent point, et qui vivent de la vie végétale de l’humanité.

2082. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Pendant que des Chrétiens, avec l’ardeur de je ne sais quelle bassesse, découronnent jusqu’à Jésus-Christ, et nous le montrent strictement dans la nature nue de son humanité, comme l’a fait le P. 

2083. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

il n’est pas au bout de son travail, puisque nous n’avons aujourd’hui que la première partie d’un ouvrage qui devra montrer, dans tous les rameaux de l’enseignement, la filiation de ces erreurs.

2084. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

Pour les âmes circoncises qui habitent la thébaïde des monastères, ce qui est dit dans l’Imitation de l’amour et des autres passions humaines peut sembler des découvertes terribles et le cœur humain montré jusque dans ses fondements, mais qui a passé par les vieilles civilisations, qui a lu les moralistes modernes n’est ni révolté ni surpris de cette balbutie.

2085. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Ils gardent et montrent le sérail d’autrui… Abélards eux-mêmes, naturellement et sans crime î Charles de Rémusat ne s’est pas contenté d’écrire la monographie d’Abélard, il a écrit celle de saint Anselme3, et même celle de bien d’autres, pour le dictionnaire de la Revue des Deux Mondes.

2086. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

IV Si ce qu’il a fait avait été du moins un beau livre, si la discussion à laquelle il s’était livré avait, à défaut de vérité sur le fond, montré les qualités d’un esprit fécond et vigoureux, je l’aurais signalé, malgré mon désespoir historique, parce que je parle ici littérature.

2087. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Ainsi complété, le livre de Mgr Salvado résume bien l’état des connaissances possibles jusqu’à ce jour sur l’Australie ; et voilà comme la science a contracté une dette de plus vis-à-vis de ces missionnaires qui lui ont rendu tant de services à toutes les époques, et qui, au milieu de leurs travaux apostoliques, se sont montrés partout des investigateurs si sagaces et de si profonds observateurs !

2088. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Quand on ne croit pas au hasard, aussi bête que les couleuvres africaines adorées par Soulouque et dont d’Alaux se moque avec juste raison, lorsqu’on a le bon sens d’admettre la variété providentielle des fonctions pour tous les peuples, les nègres, qui probablement ont leurs origines comme les autres races, semblent avoir été mis particulièrement dans le monde pour montrer combien est pesant aux créatures humaines le fardeau de la liberté.

2089. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Il n’a pas montré les initiatives que j’attendais de cet esprit qui n’a pas peur.

2090. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Forcément donc, pour faire acte de Critique (je ne dis pas intelligente, mais seulement juste), il faut prendre l’inspiration à part du détail et y mettre l’œil ; il faut dire ce que l’auteur eût dû penser, indépendamment de ce qu’il a pensé, et montrer ce qu’il eût dû faire, pour lui mieux reprocher ce qu’il a fait (si ce qu’il a fait est inférieur).

2091. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

IV En effet, la grande réserve maintenue, en faveur de Diderot, de la conception de ce Neveu de Rameau, qui est le type deviné de l’artiste moderne tel que nos décadences l’ont fait et montré, éblouissant et sinistre, dans ce qu’il y a de plus brillant et de plus abject, comparez, de ces deux Neveux de Rameau qui n’en font qu’un, celui que Diderot nous a peint et celui que M ; Jules Janin vient de nous peindre !

2092. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

une fois la plume dans l’écritoire, le tempérament, les habitudes, l’amour du pittoresque sentimental ou plastique, la rage de montrer de l’esprit, — de celui qu’on a et… aussi de l’autre, — les éblouissements de la paillette, l’idolâtrie des pétards et des feux d’artifice, les admirations et les souvenirs, ces tyrans charmants de leur pensée, Chamfort, Rivarol, Marivaux, Diderot et même M. 

2093. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Théophile Gautier, l’ornemaniste avant tout, le descriptif qui a tout décrit et qui semble trouver que le détail matériel n’est jamais assez montré, assez accusé dans les choses, très-capable, comme il l’a quelquefois prouvé, d’écrire un conte fantastique, parce que dans ce genre-là on se permet tout, M. 

2094. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Pour mieux montrer l’abjection de la Bohême littéraire, nous choisirons son plus beau cadavre.

2095. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Il n’a que trois étoiles, — très insuffisantes pour éclairer le monde et pour nous y faire voir distinctement ce qu’il tient à nous y montrer.

2096. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

J’ai essayé de montrer comment l’originalité de Baudelaire, poète de Paris, avait été de créer une poésie urbaine, une poésie des grandes capitales, ce qui dérangeait l’idée de la poésie acceptée jusqu’à lui, et ce qui explique en partie l’hostilité de la province. […] Un jour qu’il venait de terminer une de ses jolies toiles, il me la montra, et levant les épaules avec impatience il me dit : “Je suis condamné à ça à perpétuité.” » Il resta pourtant laborieux et chercheur, échappa à l’abdication et à la routine d’un Henner et d’un Ziem. […] Possible, parce que, plus que Gautier, Fromentin possède l’esprit de discipline et d’humanisme qui fait qu’il se contente de se montrer capable de ces qualités et n’en use que par moments. […] La Philosophie de l’Art et le Voyage en Italie ne montrent qu’une connaissance superficielle des procédés de la peinture. […] Et enfin les Maîtres d’autrefois nous montrent l’effort de Fromentin critique d’art restreint sur un domaine d’où peut-être il lui eût été dangereux de sortir pour étudier ses contemporains, qu’il comprend médiocrement, ou l’art italien, bâti sur de grandes idées plastiques qui n’entraient guère plus que l’art de Rembrandt dans son cerveau précis et timide.

2097. (1896) Le livre des masques

Maintenant, il faut prévenir que l’ordre de ces portraits, sans être tout à fait arbitraire, n’implique aucune classification de palmarès, il y a même, hors de la galerie, des absents notoires, qu’une occasion nous ramènera ; il y a des cadres vides et aussi des places nues ; quant aux portraits mêmes, si quelques-uns les jugent incomplets et trop brefs, nous répondrons les avoir voulus ainsi, n’ayant la prétention que de donner des indications, que de montrer, d’un geste du bras, la route. […] Ceux-là qui ne portent pas en eux l’âme de tout ce que le monde peut leur montrer, auront beau le regarder : ils ne le reconnaîtront pas, toute chose n’étant belle que selon la pensée de celui qui la regarde et la réfléchit en lui-même. […] Des pages comme la Panthère ou les Vendanges de Sodome montrent qu’une femme peut avoir des phases de virilité, écrire, à telle heure, sans le souci des coquetteries obligées ou des attitudes coutumières, faire de l’art avec rien qu’une idée et des mots, créer. […] En Rade développa encore ce système dont la fécondité est illimitée — tandis que la méthode naturaliste s’est montrée plus stérile encore que ses ennemis n’auraient osé l’espérer — système de la plus stricte logique et d’une si merveilleuse souplesse qu’il permet, sans forfaire à la vraisemblance, d’intercaler, en des scènes exactes de vie campagnarde, des pages comme « Esther », comme le « Voyage sélénien ». […] Il n’usa ni de nos ménagements, ni de nos délicatesses ; il publia les vices, il les sculpta sur les porches de ses cathédrales et dans les strophes de ses poètes ; il eut moins souci de ne pas effaroucher les timoraisons des âmes mômières que de fendre les robes et montrer à l’homme, pour lui faire honte, toutes les laideurs de sa basse animalité.

2098. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

L’on m’a montré une baronne qui ne manque jamais de s’évanouir, si le hasard vient à la placer dans un trop grand jour. […] Un négociant qui n’avoit encore rien dit, ouvrit la fenêtre, & nous montra un homme assis le long des arcades qui mendioit des yeux des complimens & des salutations. […] Nous lui trouvâmes plus d’esprit qu’il n’en avoit montré, & il faut avouer que cela ne vint pas mal-à-propos ; il réveilla nos idées, & sans avoir avec nous des auteurs & des académiciens, on dit des choses assez plaisantes. […] L’esprit s’y trouve comme la violette sous les feuilles, sans se montrer, sans vouloir briller. […] On en connoîtra mieux les besoins de l’état, & chaque habitant de la ville comme de la campagne, fera tous ses efforts pour se montrer bon citoyen.

2099. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Barrès montra la pleine possession et la pleine jouissance de soi-même ; comme moyen, la séduction des Barbares qui nous entourent, entravent nos voies, s’opposent, par leur masse, au développement de nos activités et de nos plaisirs. […] Mazel voulût un jour ou l’autre la systématiser, dans l’ordre sociologique, et nous montrer enfin clairement ce que nous avons gagné et ce que nous avons perdu par les transformations brusques de la fin du dernier siècle. […] On nous montrera peut-être prochainement que trente ans après 1793, l’ancienne France s’était reconstituée avec la simplicité instinctive d’une fourmilière. […] Malheureusement, la critique influente, si peu qu’elle le soit encore, étant devenue prudente ou servile, il est nécessaire de la contredire de temps à autre, rien que pour montrer que l’on n’est pas dupe : cela seul induisit Aurier à contester non le talent, mais le génie de M.  […] Tous ces détails, que les gens graves de l’an 1855 taxaient d’enfantillages, ne les empêchèrent pas de dégager les premiers le véritable rôle de la reine et de montrer que tous les fils venaient se nouer autour de ses doigts fins et redoutables.

2100. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Il en traduit encore plus manifestement l’esprit même, si Voltaire n’a conçu son Essai sur les mœurs qu’à dessein de montrer la supériorité de son siècle sur les autres ; et si Montesquieu, de son côté, convaincu que « l’histoire n’a rien à comparer à la puissance de l’Europe de son temps » s’est efforcé d’en trouver la raison dans la supériorité de ses lois ? […] Taine, L’Ancien Régime] ; il faut essayer de dissiper cette confusion, et de montrer qu’entre eux, comme entre l’esprit de la Renaissance et l’esprit de la Réforme, il peut bien se rencontrer un ou deux traits de communs, mais tout le reste, à vrai dire, n’a été qu’opposition et que contradiction. […] En voici une seconde : si l’esprit classique s’était montré, depuis Ronsard jusqu’à Boileau, cent cinquante ou deux cents ans durant, plus que respectueux des anciens et de la tradition, au contraire, l’esprit encyclopédique n’est composé que du mépris des anciens et de la haine de la tradition. […] Mais une génération nouvelle s’était déjà montrée plus juste. […] Et il est vrai que de la façon qu’il s’y est pris, il a bien montré qu’il n’était pas ce que l’on appelait alors une « tête pensante ».

2101. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Nous quittons ici la conscience qui ne peut plus nous rien apprendre et nous allons sur l’autre continent pour voir si l’anatomie et la physiologie ne nous montreront pas, sur leur terrain propre, quelque roche prolongée qui se relie au nôtre, au fond de la mer obscure qui semble séparer à jamais les deux pays. […] Or, en plusieurs endroits de l’écorce cérébrale, les vivisections et l’anatomie pathologique ont montré cet abouchement. […] D’autres expériences ont montré que le cervelet n’intervient pas dans la sensation ; on verra tout à l’heure les fonctions des tubercules quadrijumeaux. […] J’ai montré par les expériences 6, 7 et 8, qu’une simple section transversale de la moelle, quoiqu’elle interrompe sa continuité, laisse subsister le pouvoir réflexe, l’excitabilité des nerfs, la contractilité et la nutrition des muscles, dans toutes les parties paralysées de la sensibilité et du mouvement… Chaque segment de la moelle est donc un véritable centre d’innervation… Ainsi on peut considérer le cordon médullaire comme constitué par une série de centres nerveux, à propriétés identiques, mais pourtant affectés à des fonctions différentes suivant les organes auxquels se rendent les nerfs qui en proviennent… Cela serait d’accord avec l’anatomie comparée, qui montre la moelle se segmentant peu à peu, à mesure qu’on descend des mammifères aux poissons, et de ceux-ci aux animaux plus inférieurs encore, les crustacés par exemple… » 150.

2102. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Oui, il montrerait la mère amenant l’enfant au couvent, et abrégeant les adieux par la hâte qu’elle a de se morphiner… Alors viendrait l’étude de l’élevage de la jeune fille, puis sa sortie, le jour où sa mère serait assassinée, puis sa rentrée au couvent : une existence qui n’aurait qu’un jour de la vie du monde. […] À quelque temps de là, à une représentation du Théâtre-Français, il tombait, dans un coin, sur la bonne tête et la grosse lippe de Dumas, qui s’offrait à lui montrer les coulisses. […] Daudet, là-dedans, voudrait montrer l’intelligence apportant le malheur dans un intérieur tout aimant, tout heureux. Il aurait aussi l’ambition de faire cette petite pièce très nature, de montrer son monde au milieu d’anguilles d’argent frétillantes, et tout grelottant de fièvre, comme la famille qui lui sert de modèle dans son souvenir.

2103. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Je préfère infiniment conter ton humeur et, montrer comment tu as toujours su rester un ange sur un théâtre où l’on est trop souvent obligé d’être complaisant à la force et à la farce. […] Un soir que j’étais allé chez mes amis, selon la coutume de paix, ma sœur, pour me faire honte, me conta l’héroïsme d’un homme qui était parti contre l’ennemi, abandonnant sa femme à Dieu ; et au contraire elle me montrait avec fureur ceux qui profitaient de la guerre pour abandonner leurs anciennes maîtresses. […] J’ai montré la vie terne et recluse d’un monde livré aux seules ressources de son esprit. […] Son geste typique, c’est de serrer sur son cœur l’humanité entière et les choses, c’est de consoler les déshérités de la vie et de leur montrer ce qu’il y a encore de beau malgré tout.

2104. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Si l’auteur a voulu faire la critique des orgies du jour et montrer l’esclave ivre au jeune Lacédémonien, il a trop bien réussi : Pour vos petits boudoirs il faut des priapées.

2105. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Cela me désoriente et me scandalise que le poète des Blasphèmes ait eu le front de nous montrer de si braves gens, des âmes si vraiment religieuses et si entièrement soumises à la loi du devoir.

2106. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Hervieu opérait dans le monde, affaires étrangères, sports, militaires, belles madames, il en montrait les marionnettes comme un qui connaît bien leurs ficelles, qui sait ce qu’elles valent et qui n’en clame point.

2107. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Analyser les pièces du programme, en lire les fragments essentiels, souligner les passages typiques, avec gentillesse pour en montrer la valeur, comme le voisin complaisant qui vous tire par le coude aux bons endroits, ou avec malveillance pour vous en insinuer le ridicule, ce ridicule inséparable de toute beauté un peu neuve ?

2108. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

L’intention d’édifier ou de montrer l’accomplissement des prophéties s’y fait sentir.

2109. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Au contraire, les lettres qui nous manquent nous montreraient madame de Sévigné livrée à elle-même, jetant ses premiers regards sur la société, sur ses connaissances, sur ses amis ; réglant son esprit à mesure qu’il se développe, sa conduite, à mesure qu’elle avance entre les écueils du grand monde ; répandant l’admiration, faisant naître l’amour dans tout ce qui l’entoure, et restant attentive et vigilante sur elle-même.

2110. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

L’Iliade a pour but de montrer les suites funestes de la désunion parmi les Chefs d’une armée ; l’Odyssée, de faire sentir ce que peut la prudence soutenue par la valeur ; l’Enéide, de développer la piété jointe au courage & à la constance.

2111. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Il en montra la nécéssité, en même temps qu’il en découvrit les obstacles.

2112. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Le catholicisme lui-même, quoi qu’en disent ses adversaires prévenus, a montré dans l’histoire une assez grande flexibilité, car il a pu s’accommoder en même temps au moyen âge et au xviie  siècle, à la foi naïve d’une société ignorante et à la foi savante de la société la plus raffinée.

2113. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Quant au style de Télémaque, nous croyons en avoir surabondamment montré la banalité, par le témoignage même de ses corrections manuscrites.‌

2114. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Non, non, ne craignez rien ; cependant si je prenais la liberté de vous aborder avec des vers semblables à ceux que vous venez d’entendre, je ne vous conseillerais pas, pour votre honneur, de vous montrer si difficile.

2115. (1757) Réflexions sur le goût

chacun supposera sans peine qu’il aime mieux voir son fils vainqueur que victime du combat : le seul sentiment qu’il doive montrer, et qui convienne à l’État violent ou il est, est ce courage héroïque qui lui fait préférer la mort de son fils à la honte.

2116. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Parce qu’on a eu une adorable et admirable grand’mère, qui s’est peinte en pied dans un tableau qui s’appelle Corinne, on veut se montrer la petite-fille de cette grand’mère, fût-ce en miniature.

2117. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Or, justement, n’était-ce pas là ce qu’un moraliste et un penseur, touchant à ce siècle de Louis XIV, eût dû nous montrer effrayant et visible dans ces récits narquois et consternants pour qui comprend des Réaux ?

2118. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Il ne craignit pas de se montrer, dans la difîérence de ses facultés et l’indépendance de son allure, à la suite du considérable écrivain.

2119. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Il en avait assez pour montrer l’injustice de l’histoire et pour vouloir la réparer.

2120. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

On n’avait pas montré à ses ouvrages ce dédain et cette hostilité qu’on a pour tous les livres forts dans ce monde quand ils touchent à des idées faites ; car l’homme n’aime pas plus à être dérangé dans son esprit que dans son corps.

2121. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Préoccupé surtout des résultats généraux, il nous a montré presque exclusivement par les côtés de leur action publique les hommes qui s’y meuvent, et en cela il a obéi aux exigences de son sujet.

2122. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Malgré des travaux qui ont eu pour prétention de nous l’apprendre, malgré l’hypocrisie ou la duperie d’impartialité de la critique de ces derniers temps, le Moyen Âge n’a encore été montré par personne dans l’énergie sublime de son esprit et la grandeur cordiale de ses institutions.

2123. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

Il l’a tellement que, les faits montrés, il conclut à peine dans l’expression contre les hommes coupables de ces faits, et qu’il épargne à Henri IV, par exemple, ce que certainement un autre catholique, moins terrassé que lui dans son espérance, n’eût jamais voulu lui épargner !

2124. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Il eût pu montrer des blessures.

2125. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

… Je n’ai point l’avantage de connaître M. le duc de Luynes actuel ; mais si, avec son nom, il est royaliste, comment donc n’a-t-il pas senti que c’est un crime en royalisme que de publier des mémoires comme ceux dont il autorise la publication, et où la royauté est montrée périssant dans les vanités d’une étiquette imbécile !

2126. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Un autre petit homme dans l’Histoire avait, comme Carlyle, écrit précisément celle de la Révolution française, n’ayant souci de rien que de se montrer révolutionnaire dans cette histoire, — le long de laquelle il passa à travers toutes les opinions, comme le singe de la Fable à travers son cerceau, avec les souplesses d’un esprit que le scepticisme rend plus souple encore ; — Thiers, qui grimpe sur toutes les idées comme il en dégringole, avec la même facilité, n’est que l’écureuil de la Politique et de l’Histoire ; mais quelle que soit l’alacrité des mouvements de l’écureuil, son genre historique, sobre de couleur, n’en a pas moins la gravité, il faut bien dire le mot, d’un homme qui est souvent un Prud’homme littéraire.

2127. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Il l’a ouverte aussi, cette petite tête vaniteuse et vipérine, grosse et verdâtre comme un œuf de canard, et il a montré que cette tête n’avait qu’une pincée de cervelle, et qu’en fin de compte cet homme, colossalisé par ses crimes et par les partis, cet homme — la terreur de la France ! 

2128. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Sainte-Beuve, le critique littéraire et le poète, a bien montré le côté intime et curieux de cette vie, mais la beauté morale qu’elle révèle plus que tout l’a-t-elle assez frappé ?

2129. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Si quelqu’un eût pu s’opposer à la publication de ces Lettres, — qui ne sont pas une Correspondance puisque les réponses n’y sont pas, — c’eût été tout au plus quelque parent de Benjamin Constant, pour peu qu’il eût tenu au genre de renommée qu’a laissée derrière lui l’auteur d’Adolphe… L’idée, en effet, qu’on a de Benjamin Constant, comparé pour l’esprit par ses contemporains à rien moins que Voltaire, se trouve légèrement entamée par ces lettres, qui nous le montrent tout à coup sous l’aspect étonnant d’un sentimental aussi niais que le premier amoureux venu !

2130. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

… Pouvons-nous admettre autrement que comme une précaution, — que certes Diderot, plus franc, n’aurait pas eue, et qui tient à l’hypocrisie de ce siècle, lequel a déplacé Tartuffe, — pouvons-nous admettre autrement que comme une précaution ce respect pour le christianisme, cette religion qui n’est pas la science et qu’Hegel a voulu montrer, en expliquant à sa manière le dogme de la Sainte-Trinité ?

2131. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

En effet, je ne sais guère, — pas plus que M. de Montalembert, — ce que deviendra son histoire ici présente, mais je crois savoir ce qu’elle vaut, et je veux même essayer, s’il veut bien me le permettre, de le lui montrer.

2132. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Ces idées, le Dr Athanase Renard, qui les a discutées dans la partie critique de son livre, en a montré le creux et fait voler au loin la poussière.

2133. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Des plumes très catholiques se sont montrées très incapables, par le talent, de faire une auréole à cette tête d’archange, mais elles ne l’ont pas, du moins, profanée ; tandis que tous les historiens non catholiques de la Pucelle se sont traînés, plus ou moins, comme des limaces, sur sa mémoire.

2134. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Assurément, en tant qu’on ne devait pas nous le montrer plus vivant que cela, plus caractérisé, plus vrai, plus ressemblant, plus pénétré, la publication des Reliquiæ suffisait.

2135. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

IV Ces qualités, je les ai dites sans presque les montrer ; car les beautés du Poème humain, réelles et nombreuses, ne sont guères citables, par le fait de l’ampleur de leurs développements et de ce long souffle qui les emporte tellement d’ensemble qu’on ne peut pas plus les détacher que les planches unies du vaisseau qui cingle au fil d’un flot puissant et qui monte toujours !

2136. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Il y a un proverbe anglais, cité par lord Byron dans son extravagante et cependant admirable polémique en faveur de Pope contre Shakespeare, — et dans laquelle le grand poète de génie prouva qu’il avait sur son beau front ce coin de la démence, comme les Anglais l’appellent, et qu’ils y montrent, pour excuser leur infâme conduite à son égard, — il y a un proverbe anglais qui dit qu’on peut faire une bourse de soie avec une oreille de cochon.

2137. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Après avoir fait résonner les fibres saignantes de son cœur, il nous les a dénudées pour nous montrer avec quoi est faite la voix du poète… Historiquement, lord Byron n’a rien laissé à écrire sur son compte à ceux qui viendront après lui.

2138. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Dans son coquet chapeau de paille d’Italie, Dès qu’elle se montrait, les moineaux, fol essaim, S’en venaient picorer dans le creux de sa main La cerise pour eux sur la branche cueillie.

2139. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Laurent Pichat vient, parmi eux, de gagner sa place,· — mais, il faut en convenir, Baudelaire, la mâle Ackermann, et, plus près de nous, Jean Richepin, l’auteur de La Chanson des Gueux, — qui couvait son volume des Blasphèmes, — Richepin le toréador, qui prétend traiter Dieu comme le vil taureau auquel on passe une épée à travers le ventre, Richepin qui rirait bien de Pichat avec sa religion du progrès, qui n’est que du Christianisme déplacé, sont des blasphémateurs d’un autre poing montré au ciel et d’un autre calibre de passion impie que Pichat, l’égorgeur de songes, comme il s’appelle, et le pleureur sur les légendes religieuses auxquelles il a cru, et que, du fond de sa stérile et vide raison, il a l’air de regretter encore.

2140. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Sûr, d’ailleurs, de retrouver son œuvre plus tard ; sûr de la sauver du massacre qu’on lui avait fait subir, et de montrer — du même coup, en la publiant, — la double intégralité de l’œuvre et de la bêtise de ceux qui l’avaient massacrée !

2141. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Seulement, quand c’est elle, la vie privée, qui abat le mur et passe par la brèche ; quand c’est elle, elle que le législateur voulait préserver et défendre, qui déborde dans la vie publique, et fastueusement ou méchamment s’y étale, je ne vois plus ce qu’on lui doit, si ce n’est peut-être le châtiment de l’y suivre et de la montrer.

2142. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Je sais bien cependant qu’on a dit, et c’est même un axiome qui a force de bon sens et force de loi, que la vie privée doit être murée ; seulement, quand c’est elle, la vie privée, qui abat le mur et passe par la brèche ; quand c’est elle, elle que le législateur voulait préserver et défendre, qui déborde dans la vie publique, et fastueusement ou méchamment s’y étale, je ne vois plus ce qu’on lui doit, si ce n’est peut-être le châtiment de l’y suivre et de la montrer.

2143. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Nous a-t-il montré une maladie à formes nouvelles, une affection ou une combinaison inattendue d’affections, dans ce terrible principe morbide omnipotent et menaçant que nous portons dans nos poitrines et que nous appelons notre cœur ?

2144. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Ce qui les préoccupe et les entraîne, c’est la passion montrée à tout prix, c’est la furie d’un tempérament qu’ils transportent d’eux-mêmes dans les personnages de leur affreux drame.

2145. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Ces Ames mortes, qui veulent être un roman de mœurs gigantesque, devaient nous montrer la Russie sous tous ses aspects.

2146. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Si la science sociale est incapable de dire pourquoi il faut réaliser l’égalité, elle pourra montrer comment.

2147. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Sa fille Christine eut le même honneur, et à plusieurs égards s’en montra digne.

2148. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Le P. — Montrez-moi donc votre plus bel almanach. […] Féré, il l’a déjà montré dans un essai fort intéressant sur l’instinct sexuel, a des tendances mystiques, ou, si l’on veut, morales. […] Alors il montrait les pages déjà remplies de cette jolie écriture si nette et si fine : « Tu vois, disait-il, comme c’est bien écrit ! […] Ceci dit, et dit pour bien montrer que la question est des plus sérieuses, j’aborde aussitôt l’examen du rapport. […] C’est la grande époque de la prose ; nulle autre peut-être ne montra jamais une telle audace créatrice.

2149. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Ils croyaient tous les quatre que le principe de l’art consiste essentiellement dans l’imitation de la nature, et, à ce propos, je me suis efforcé de montrer, en plus d’une occasion, que, ce qu’ils admiraient dans les anciens, c’était la fidélité de cette imitation [Cf.  […] Il semblait, — dit un historien, dont je me reprocherais d’emprunter l’idée sans en reproduire aussi la phrase, — « il semblait que la volupté s’empressât d’entourer de ses guirlandes et de couvrir de ses fleurs ce trône qu’elle se montrait jalouse de disputer à la gloire » [Cf.  […] C’est pourquoi cette pensée d’une part, et de l’autre cette langue, deviennent la plus ressemblante image qu’il y ait de l’esprit français, si cet esprit, comme nous avons tâché de le montrer, est surtout un esprit de « sociabilité ». […] II, a publié une importante Correspondance de Malebranche, dont l’intérêt littéraire est de nous le montrer en relations avec Mairan et le groupe de Fontenelle. […] « Les dames mêmes, entraînées par la mode, ont l’audace de venir se montrer à des assemblées si savantes. » — Elles courent de même en foule aux dissections de Du Verney ; — ce que font également de nombreux étrangers [Cf. 

2150. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Il doit, en un mot, s’efforcer de mériter les applaudissements du public, mais se montrer sévère sur les moyens de les lui arracher. […] Le Bourgeois gentilhomme est là pour nous montrer combien était ridicule un bourgeois voulant trancher du grand seigneur. […] À quoi servirait-il de nous montrer une colonne de marbre, si une colonne de carton peint nous produit l’effet du marbre ? […] oses-tu bien te montrer devant moi ? […] Mais ici, je ne critique pas, j’analyse et j’expose les théories d’une école, en cherchant au contraire à les montrer dans leur jour le plus favorable.

2151. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Pour l’apaiser, César lui montra un matin le corps de Ramiro coupé en quartiers sur la place publique de Césène, et le coutelas sanglant à côté du cadavre. […] Qu’on sache qu’après la vision que j’ai racontée, il me resta sur la tête une lueur miraculeuse qui a été parfaitement vue par le petit nombre d’amis à qui je l’ai montrée. […] On croit voir deux femmes de la Gaule sortant indignées d’un cirque romain, au moment où le gladiateur tombe, et où les Vestales lui montrent le pouce. […] Philippe III, son aïeul, se montra d’abord merveilleusement conservé ; mais l’air, mortel aux morts, le fit subitement tomber en poussière. […] Montrer des ours, tondre des mules, jouer des gobelets, dire la bonne aventure, c’est avec cette monnaie de singe qu’il gagne et paye l’écot de sa vie.

2152. (1927) Approximations. Deuxième série

Le romancier excelle à montrer le malaise dans l’être humain. […] En regard de cette manière de sentir si intimement féminine, il serait intéressant de montrer les points par où en différent les réactions d’un homme supérieur. […] Pour ce dernier, les idées étaient un moyen de voir et de montrer la réalité. […] Oui, en faveur de son acte Blaise n’a presque rien à faire valoir, et au retour que peut-il montrer ? […] Assurément je ne songeais pas tous les jours à cette petite armoire où votre mari cachait sa correspondance, car quel espoir avais-je de me montrer utile ?

2153. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Je voudrais, d’après cette méthode critique, analyser l’œuvre de quelques femmes poètes et montrer que, par leur poésie, elles créent en elles, et projettent devant elles, comme les méduses des grandes profondeurs, leur propre lumière. […] Mais je voudrais montrer encore un autre aspect du talent de Gérard d’Houville, ce don qu’elle possède d’évoquer les images les plus belles du paganisme, en les vivifiant de la sève de sa sensibilité féminine. […] Au seuil de son livre, Jeanne Perdriel-Vaissière nous montrait celles qui attendent, penchées « au balcon de leur longue espérance » : Avec la main ouverte au-dessus de leurs yeux, elles ont interrogé toutes les voiles qui passent sur la mer, elles ont vécu, de longues années, dans l’attente du bien-aimé qui n’est jamais revenu ; elles sont devenues celles qui n’attendent plus rien : Celles qui n’attendaient plus rien Étaient plus mortes que les mortes. […] Voici que la poétesse a trouvé la stabilité de son être, et son prochain recueil nous la montrera, toujours inquiète, mais dans ce prolongement d’elle-même que sont ses enfants. […] Il faut, pour qu’un romancier évite ce qualificatif infamant d’immoraliste, qu’il sache montrer les inconvénients et les laideurs du vice.

2154. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

A ceux-là nous allons tout droit, à celle-ci nous ne venons que par un détour ; car c’est seulement à travers Dieu, en Dieu, que la religion convie l’homme à aimer le genre humain ; comme aussi c’est seulement à travers la Raison, dans la Raison par où nous communions tous, que les philosophes nous font regarder l’humanité pour nous montrer l’éminente dignité de la personne humaine, le droit de tous au respect. […] L’héroïsme, d’ailleurs, ne se prêche pas ; il n’a qu’à se montrer, et sa seule présence pourra mettre d’autres hommes en mouvement. […] Nul exemple ne montrera mieux que celui-ci la double origine de la morale et les deux composantes de l’obligation. […] Notre admiration pour la fonction spéculative de l’esprit peut être grande ; mais quand des philosophes avancent qu’elle suffirait à faire taire l’égoïsme et la passion, ils nous montrent — et nous devons les en féliciter — qu’ils n’ont jamais entendu résonner bien fort chez eux la voix de l’un ni de l’autre. […] Profitant de ce que toutes les fins sociales se compénètrent et de ce que chacune d’elles, posée en quelque sorte sur cet équilibre et sur ce mouvement, semble se doubler de ces deux forces, ils n’ont pas de peine à reconstituer le contenu de la morale avec l’une quelconque des fins prise pour principe, et à montrer alors que cette morale est obligatoire.

2155. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Notre hôte fit honneur surtout à la soupe et, pendant le repas resté plutôt taciturne, ne répondant que peu à Cros, qui peut-être ce premier soir-là se montrait un peu bien interrogeant, aussi ! […] En voilà assez, j’espère, pour montrer toute l’inanité d’une critique qui n’a pour guide qu’un enthousiasme irréfléchi, et pour flambeau que la lumière trouble si souvent de ce qu’on nomme assez improprement l’instinct poétique. […] Qu’on écoute encore Roger Marx expliquer, avec les réserves qu’il faut, l’agrément des pavillons destinés aux Arts libéraux et aux Beaux-Arts : « Le plus communément, l’éloge était provoqué par l’accord des nuances de turquoise et de chair, accord caressant et rare obtenu avec des matières méprisées, réputées grossières et que l’on montrait capables de toutes les délicatesses ». […] Voltairiens aussi, mesquins, étroits, bêtes aussi se montrèrent, en répétant les fades et platement grotesques « critiques » du triste rimailleur de Nanine et d’Alzire, les enragés adversaires du romantisme, et « enragés » ici n’est pas de trop. […] D’autres poètes, après ses contemporains ou immédiats, tels que Gautier et Musset, ou parallèles comme Alfred de Vigny et Lamartine, prédécesseurs qui ne voulurent pas se reposer et qui firent si bien, ou postérieurs, tels Banville, Leconte de Lisle, Baudelaire, accentuèrent sans, néanmoins, la forcer, sa note superbe qu’ils transmirent aux Parnassiens, dignes et révérends continuateurs, qu’aujourd’hui des continuateurs d’eux-mêmes se montrent peut-être bien impatients de ne continuer qu’en les reniant d’abord.

2156. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

C’est toi seul que je désire, ce n’est rien de ce que tu pouvais donner ; ce n’est point un mariage, une dot ; je n’ai jamais songé à faire mon plaisir ou ma volonté, tu le sais bien, mais la tienne. » Puis des mots passionnés, de vrais mots d’amour1105 ; puis ces mots si libres de la pénitente qui dit tout, qui ose tout, parce qu’elle veut guérir, parce qu’il faut montrer au confesseur sa plaie, même la plus honteuse, peut-être aussi parce que dans l’extrême angoisse, comme dans l’accouchement, la pudeur s’en va. […] Comme lui, il combattait la frivolité contemporaine et mettait en regard les anciennes républiques, « dont les désirs héroïques planaient si fort au-dessus de la petite sphère égoïste de notre vie sceptique. » Comme lui, il louait le sérieux, le patriotisme, la liberté, la vertu, s’élevait du spectacle de la nature à la contemplation de Dieu et montrait à l’homme par-delà le tombeau les perspectives de la vie immortelle. […] Ils montrent un esprit libéral, une modération continue, une raison impartiale.

2157. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Mirabeau, Danton, Sieyès, Dumouriez, Talleyrand, pensaient, au contraire, qu’il fallait, pour faire accepter la révolution et la liberté française à l’Europe, la montrer inoffensive à tous ceux qui ne l’offenseraient pas dans son territoire ou dans son indépendance. […] Avant même que le jeune général d’Italie et d’Égypte eût déclaré son ambition de dictateur civil et militaire à ses confidents, M. de Talleyrand s’était insinué résolument dans sa pensée, et lui avait montré en perspective un coup d’État facile, un abandon certain de la France à toute usurpation de puissance qui lui promettrait la paix, la réconciliation avec l’Europe, la reconstruction d’un ordre civil personnifié dans un héros. […] M. de Talleyrand se montra, et tout convergea vers lui : son intervention fut le salut de son pays.

2158. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« Entre ces deux personnages s’est montrée, dans toute la pureté idéale de sa forme, Kitty Bell, l’une des rêveries de Stello. […] Ayant vu sa cocarde blanche, je me contentai de montrer la manche de mon habit rouge, et il remit son fusil dans la charrette, en disant : « — Ah ! […] « Il ne répondit pas, et se mit à décrire toutes les sortes de canots que peut porter un brick, et leur position dans le bâtiment ; et puis, sans ordre dans ses idées, il continua son récit avec cet air affecté d’insouciance que de longs services donnent infailliblement, parce qu’il faut montrer à ses inférieurs le mépris du danger, le mépris des hommes, le mépris de la vie, le mépris de la mort et le mépris de soi-même ; et tout cela cache, sous une dure enveloppe, presque toujours une sensibilité profonde. — La dureté de l’homme de guerre est comme un masque de fer sur un noble visage, comme un cachot de pierre qui renferme un prisonnier royal.

2159. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

« On le détruit, quand on prétend établir cette unité excessive de l’État, de même qu’on enlève encore à deux autres vertus toute occasion de s’exercer : d’abord à la continence, car c’est une vertu que de respecter par sagesse la femme d’autrui ; et en second lieu, à la générosité, qui ne va qu’avec la propriété ; car, dans cette république, le citoyen ne peut jamais se montrer libéral, ni faire aucun acte de générosité, puisque cette vertu ne peut naître que de l’emploi de ce qu’on possède. […] Voilà aussi l’origine de l’ostracisme dans les États démocratiques, qui, plus que tous les autres, se montrent jaloux de l’égalité. […] « Ces considérations suffisent pour montrer quel est le meilleur gouvernement, et ce qui en fait l’excellence.

2160. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

XXI Quand ils furent tous arrivés sur l’autre rive, le Roi se mit à demander: « Qui nous montrera le bon chemin, afin que nous ne nous égarions pas ?  […] Pouvait-il se montrer plus brave ? […] si vraiment, sire Dietrîch, noble et bon chevalier, montrez aujourd’hui votre vertu et votre courage, en m’aidant à sortir d’ici, ou bien j’y trouverai la mort.

2161. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Son jeune courage ne montrera plus en lui le digne rejeton des rois. […] Tous deux le réclamèrent, et la mort se montrait souvent à la pointe de leur acier. […] Renvoie, au travers des mers, l’épée d’Orla à sa tendre épouse, afin que, les yeux trempés de larmes, elle puisse la montrer à son fils et allumer dans son cœur l’amour de la guerre.

2162. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Et peut-être parviendrai-je à vous montrer, bien loin que son rôle se réduise à quelque secondaire emploi de gracieuse inutilité, que la poésie détient la principale force et la plus précieuse richesse de l’humanité moderne. […] Est-ce sans bénéfice que la Chine et le Japon vous ont montré leurs merveilles, et tant de conquêtes n’ont-elles pas élargi votre empire de rêve ? […] Or, cette identification de chacun avec tous, ce souci unique de la jouissance immédiate et du confort, ce soin jaloux que nous avons de nous dissimuler les uns aux autres notre personnelle originalité afin, précisément, de ne pas troubler la jouissance individuelle de la vie, tous ces signes joints à la conception basse que la science vulgaire s’est faite de la vérité, ont compromis dans la plupart des esprits le sentiment juste de la civilisation, nous ramènent à un état de barbarie paisible, satisfaite, et, dans le mouvement perpétuel de la vapeur, à la lumière brutale de l’électricité, montreront bientôt à la nature épouvantée, sous nos chapeaux ridicules, la face cruellement béate du singe ancestral.

2163. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Et, d’abord, il s’est montré impartial et sage dans la grande lutte dynastique entre Cronos et Zeus, qui mit aux prises les factions célestes. […] Mais prédire au Dieu suprême sa chute imminente, lui montrer le néant où il va tomber, et le successeur qui le détrônera de l’autel, l’impiété semble flagrante : on bétonne que les temples n’en aient pas frémi. […] Quand les Érétriens étaient venus assiéger Tanagre, Hermès s’était mis à la tête des jeunes gens de la ville, et, n’ayant pour toute arme que l’étrille gymnique, il avait repoussé l’ennemi hors des murs, comme pour montrer que la palestre était l’école de la guerre.

2164. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Quelquefois même l’attente suffit à produire la sensation attendue, qui devient ainsi hallucinatoire ; c’est ce qu’ont bien montré James Sully et Richet. […] Nous l’avons montré ailleurs, il est inexact de se figurer la pensée dans un état de repos, attachée à une représentation fixe ou à un mot. […] Pour montrer cette identité, on intercale la proposition intermédiaire : Pierre est homme.

2165. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Un jour qu’il s’était rencontré avec Gavarret, et qu’il s’était montré très causant, très charmant, quand il fut sorti, après un long silence, Royer-Collard s’écriait : « Un homme fatal cependant, l’homme qui sort d’ici, le premier ministre qui a acheté un député français à beaux deniers comptants !  […] Mardi 7 octobre Dîner avec un Russe, un chambellan de l’Empereur, qui affirme que Tourguéneff n’était pas un Russe sincère, qu’il jouait à Paris le nihiliste, tandis que là-bas, il se montrait un aristocrate renforcé. […] Il nous a montré, grâce à son talent descriptif, des localités, des perspectives, des milieux que, sans son évocation magique, nous ne connaîtrions pas.

2166. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

que je n’entendrai plus dans mon escalier) ; des bas gris ou bleus de filosèle, souvent mouchetés d’une tache entre le soulier et le pantalon ; le pantalon relevé pour le préserver de la boue ou de la poussière de la rue ; un gilet d’indienne propre, mais commune, un peu débraillé sur sa large poitrine, et laissant voir un linge blanc, mais grossier, tel que les ménagères de campagne en filent avec leur propre chanvre pour le tisserand de la maison ; une redingote de drap grisâtre, dont le tissu râpé montrait le fil sur les coudes, et dont les basques inégalement pendantes battaient très bas ses jambes à chaque pas sur le pavé. […] Le buveur illettré croyait se montrer aussi fin que lui en affectant de l’entendre, et l’amour-propre flatté du peuple concourait à la popularité du chansonnier ! […] Cette jeune fille, d’une taille élevée, d’une souplesse énergique d’avant-bras, d’une physionomie noble et douce, d’un regard de reine tempéré par une délicate réserve, montrait encore à quatre-vingts ans les traces d’une beauté qui avait dû éblouir les élèves du maître d’armes.

2167. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Géruzez, héritier des papiers de Farcy, la communication d’une note qui me concernait moi-même, et qui m’a montré que Farcy avait bien voulu s’occuper de mes essais poétiques d’alors : il y juge Joseph Delorme et les Consolation, d’une manière psychologique et morale qui est à lui. […] « Ces goûts changeront ; cette sincérité s’altérera ; le poëte se révélera avec plus de pudeur, il nous montrera les blessures de son âme, les pleurs de ses yeux, mais non plus les flétrissures livides de ses membres, les égarements obscurs de ses sens, les haillons de son indigence morale.

2168. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Contre le collecteur et le receveur il n’a qu’une ressource, sa pauvreté simulée ou réelle, involontaire ou volontaire. « Tout taillable, dit encore l’assemblée provinciale du Berry, redoute de montrer ses facultés ; il s’en refuse l’usage dans ses meubles, dans ses vêtements, dans sa nourriture et dans tout ce qui est soumis à la vue d’autrui. » — M. de Choiseul-Gouffier683 voulant faire à ses frais couvrir de tuiles les maisons de ses paysans exposées à des incendies, ils le remercièrent de sa bonté et le prièrent de laisser leurs maisons comme elles étaient, disant que, si elles étaient couvertes de tuiles au lieu de chaume, les subdélégués augmenteraient leurs tailles. » — « On travaille, mais c’est pour satisfaire les premiers besoins… La crainte de payer un écu de plus fait négliger au commun des hommes un profit qui serait quadruple684 » — «… De là, de pauvres bestiaux, de misérables outils et des fumiers mal tenus, même chez ceux qui en pourraient avoir d’autres685. » — « Si je gagnais davantage, disait un paysan, ce serait pour le collecteur. » La spoliation annuelle et illimitée « leur ôte jusqu’au désir de l’aisance ». […] Il suffit de repasser l’histoire de ses crues périodiques pour montrer à l’homme du Tiers que, seul ou presque seul, il a payé et paye698 pour la construction des ponts, chaussées, canaux et palais de justice, pour le rachat des offices, pour l’établissement et l’entretien des maisons de refuge, des asiles d’aliénés, des pépinières, des postes aux chevaux, des académies d’escrime et d’équitation, pour l’entreprise des boues et pavés de Paris, pour les appointements des lieutenants généraux, gouverneurs et commandants de province, pour les honoraires des baillis, sénéchaux et vice-baillis, pour les traitements des bureaux de finances, des bureaux d’élection et des commissaires envoyés dans les provinces, pour les salaires de la maréchaussée, des chevaliers du guet, et pour je ne sais combien d’autres choses  Dans les pays d’États, où la taille semble devoir être mieux répartie, l’inégalité est pareille.

2169. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Il avait vingt ans, mais il n’en montrait que seize sur son visage. […] Les garçons et les filles se montrèrent alors, et, s’avançant en ricanant vers lui : « Pauvre innocent, lui criait-on de toutes parts, tu ne vois donc pas qu’on se moque de toi depuis ce matin ?

2170. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Les coups d’État ont besoin de prétexte, la ridicule Montagne de 1849 le fournit au pouvoir exécutif ; elle fit peur à la France d’elle-même, la France s’enfuit dans une dictature : que la responsabilité de l’occasion perdue retombe à jamais sur ceux qui donnent ces paniques aux peuples, et qui montrent les spoliations et les terreurs comme perspective de la liberté ! […] Mais j’ai fait connaître le vrai coupable, le popularisme jusqu’au sang, et j’ai montré le vrai Danton, noyé dans un forfait dont il se repent, en cherchant vainement à regagner le bord de l’innocence, qu’on ne regagne jamais qu’au ciel, par le repentir et par l’expiation.

2171. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Elle commence par nous montrer la place où cet événement va se passer, un site, un paysage, une ville, une maison, un palais, un temple, un champ de bataille, une assemblée publique, un peuple en ébullition ou en silence, mêlé ou attentif à un événement : puis elle nous montre un personnage qui arrive sur cette scène pour y figurer au premier plan, son visage, son attitude, sa démarche, sa physionomie calme ou convulsive, son costume même et jusqu’à l’ombre que son corps projette à côté ou derrière lui sur la place ou sur la foule au milieu de laquelle il apparaît. […] Elle a montré si une république manquait d’unité et de centralisation pour défendre une nationalité continentale.

2172. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Rigaud a montré que ces taches, dont Acosta dit nettement qu’elles sont visibles au Pérou et non en Europe, et qu’elles se meuvent, comme des étoiles, autour du pôle Sud, ont été prises par un célèbre astronome pour la première ébauche des taches du soleil. […] Un géomètre, un physicien plus avancé viendra, qui inventera une nouvelle puissance matérielle, et un télescope plus parfait nous montrera un Cosmos plus complet.

2173. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Montrez-moi une chose qui n’ait pas subi cette loi, ou montrez-moi un mortel qui y ait échappé ?

2174. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Ainsi la mort, à cause de l’amertume de la vie, est pour l’homme le refuge le plus désirable, et la divinité qui nous fait goûter quelque douceur à vivre s’en montre aussitôt jalouse9. » — Prométhée, l’Orestie, Œdipe roi nous montrent l’homme instrument et jouet du destin. […] Pour une fois qu’elle est douce comme dans les dernières strophes des Clairs de lune, délicieuse comme dans la Bernica, sublime comme dans le Sommeil du Condor  l’Effet de lune, et surtout les Hurleurs nous la montrent pleine de désespoirs et d’épouvantements.

2175. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Taine se plaignant qu’on n’ait pas donné toute la correspondance de Napoléon Ier, le prince répond : « En principe, j’établis qu’héritiers de Napoléon, nous devions nous inspirer de ses désirs avant tout, et le faire paraître devant la postérité comme il aurait voulu s’y montrer lui-même. » C’est pourquoi l’on a exclu de la Correspondance « les lettres ayant un caractère purement privé ». […] La planète humaine voyage depuis si longtemps que l’humanité a disparu du globe terrestre : des strophes colorées (d’une imagination nette, mais peut-être un peu courte) nous le montrent entièrement reconquis par les plantes et par les animaux.

2176. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

La personne est si bien cachée derrière l’auteur, que si la vie de nos grands poètes n’avait eu des témoins, ou s’il n’était resté d’eux quelques lettres où ils se sont montrés sans le vouloir, à grand’peine pourrait-on, par la conjecture, s’en faire des images nettes d’après leurs ouvrages. […] Si son objet est élevé, si elle ne fait tort ni à l’esprit humain, qu’elle étudie dans son imposante unité, ni au génie de la France, qu’elle veut montrer toujours semblable à lui-même, ni à notre langue, qu’elle défend contre les caprices de la mode, il faut avouer qu’elle se prive des grâces que donnent aux trois premières sortes de critique la diversité, la liberté, l’histoire mêlée aux lettres, la beauté des tableaux, la vie des portraits, les rapprochements de la littérature comparée.

2177. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

L’intelligence du xixe  siècle n’a rien montré de si inintelligent, de si peu digne d’elle que cette admiration irraisonnée, aveugle, folle pour certains écrivains, si ce n’est la haine, l’indifférence ou le mépris qu’elle a témoigné au génie véritable. […] Les Hollandais ont peint des buveurs ivres, de grasses commères sans coquetterie ; Cervantès nous a montré des brigands et des catins, Callot a dessiné des gueux, et il est certain que tous ont pris plaisir à nous présenter leurs personnages.

2178. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

L’une a dû son titre au roi de France, et a montré au plus haut degré les défauts et les qualités ordinaires de la noblesse française ; l’autre était d’origine celtique et vraiment bretonne. […] L’avocat général montra du tact, et sans faire une dissertation sur un cas de rare physiologie amoureuse, il abandonna l’accusation.

2179. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Le chemin de cette humanité idéale ne nous est pas montré dans Tristan, mais dans Parsifal : là l’amour n’est plus attaché par les sens aux manifestations de la vie, mais elle devient la compassion agissante pour les souffrances du monde, elle devient la volonté qui renonce à l’égoïsme et à la sensualité, la volonté pour tous, pour l’humanité. […] Schiller traduisit des pièces françaises, Gœthe, comme intendant du théâtre de Weimar, se montra incapable de susciter un développement du théâtre allemand, et finit par laisser aller les choses leur vieux train.

2180. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Jusqu’à la fin, les interprètes ont montré autant de zèle ; les chefs d’orchestre, MM.  […] Dowdeswell, un grand nombre de faits pour Montrer que le titre de « Prophète de Richard Wagner », employé depuis des années par les ennemis et les amis, pour désigner Ferdinand Praeger, était bien mérité par lui.

2181. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

La vraie sincérité, celle qui n’est pas une attitude vaine d’arriviste politique ou littéraire, celle qui est dans la vie et non dans les professions de foi, dans les mœurs et non dans les mœurs oratoires, celle qui est « l’horreur du servilisme, de la palinodie et des concessions hypocrites », loin de se montrer banale comme une préface de Saint-Georges de Bouhélier, « ne semble plus que la vertu des seuls prédestinés ». […] Ce ne sont pas les fleurs du bord de la route qui font la beauté du voyage et les rares que je vais montrer ne peuvent guère aider à juger une œuvre aussi considérable.

2182. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Louis Arnould a voulu montrer « d’une façon vivante les choses vivantes » ; il s’est efforcé de suivre « Sainte-Beuve, l’incomparable miniaturiste des physionomies littéraires ». […] Pierre Brun voulait me montrer sous la « Majesté effacée ».

2183. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

En apparence, ses mœurs, ses manières, ses dehors, son langage, sont les mêmes que ceux du vrai monde ; mais approchez, et les fêlures paraissent, les dissonances éclatent, les vernis s’écaillent, les fausses positions se trahissent, les fortunes scandaleuses montrent le vert-de-gris qui les ronge, les corruptions fardées développent leurs miasmes. […] Cornélies équivoques qui montrent leurs filles avec le faux sourire de l’entremetteuse et semblent dire, en parodiant l’auguste Romaine : « Voilà mes bijoux ! 

2184. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Cette pseudo-terreur de paroles, puérile plagiat de la Convention, n’intimida personne et servit de prétexte aux ennemis de la démocratie constituée ; ils prirent la société tremblante sous leur égide, ils lui montrèrent du doigt les faux terroristes comme les Spartiates montraient aux enfants les ilotes ivres pour les dégoûter de l’ivresse.

2185. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Un ou deux grains jetés comme au hasard montrent que la nature n’a pas voulu pourtant que cette pureté classique de lignes se pût confondre avec aucune autre.

2186. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Feydeau, et je ne pense pas en cela me montrer un critique courtisan de la fortune (autre aménité qui m’a été dite et qui, de la part dont elle vient, a tout son prix à mes yeux et toute son honnêteté).

2187. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

Le merveilleux et rajeuni capitaine de 1814, que son foudroyant retour de l’île d’Elbe avait montré plus présent de génie et de hardiesse que jamais, a-t-il failli et s’est-il ralenti en juin 1815 ?

2188. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

» ils répondaient : « Nous n’aimons point, nous obéissons. » « Et quand on leur montrait les autels du Dieu qui a créé l’homme et du Christ qui l’a sauvé, ils s’écriaient : « Ce sont là les dieux de la patrie ; nos dieux à nous sont les dieux de ses maîtres, la Fidélité et l’Honneur. » « Je vous le dis en vérité, depuis la séduction de la première femme par le serpent, il n’y a point eu de séduction plus effrayante que celle-là.

2189. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Dans une lettre à Charles Perrault (1701), Boileau, voulant montrer qu’on n’a point envié la gloire aux poëtes modernes dans ce siècle, dit : « Avec quels battements de mains n’y a-t-on point reçu les ouvrages de Voiture, de Sarasin et de La Fontaine !

2190. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Les mutins se montrèrent alors si disposés à prendre la fuite, qu’ils se fussent assurément dispersés, si un corps de troupes eût paru. » Et ailleurs, « Il est bien vrai que, si la sortie des Suisses (au 10 août) eût été appuyée par un corps suffisant de cavalerie, la Révolution eût pu être terminée ce jour-ci là. » Et ailleurs, « Cinq cents hommes distingués par  leur rang et leur bravoure, cinq cents…., cinq cents  seulement… de ceux qui cueillaient sous Condé des  lauriers stériles ou vivaient de la pitié des nations  étrangères, réunis alors (après le 10 août et avant le  21 janvier) dans Paris, auraient été probablement  soutenus par les habitants de cette ville, et, en attaquant franchement les fédérés, auraient peut-être, par un coup de main hardi, réussi à leur arracher leur victime. » Et ailleurs, « La facilité avec laquelle les jacobins furent dispersés par les sections (au 1er prairial) fit voir combien, à d’autres époques, avec de l’accord et de la résolution, il eût été aisé de triompher du crime.

2191. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Il a pour but d’y montrer que le théâtre allemand se compose en grande partie de traductions françaises, et que le peu de compositions originales qu’on y représente sont médiocres ou absurdes.

2192. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Les autres nouvelles du volume nous offrent moins d’intérêt que celle de Tarass Boulba ; elles montrent la variété du talent de M. 

2193. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Il y a beaucoup de fautes de goût dans un poëme de Pope, qui était destiné particulièrement à montrer de la grâce, La Boucle de cheveux enlevée.

2194. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Cette question semble usée en France, et cependant l’on n’y a jamais entendu que les arguments d’un seul parti ; les journaux les plus divisés par leurs opinions politiques, la Quotidienne, comme le Constitutionnel, ne se montrent d’accord que pour une seule chose, pour proclamer le théâtre français, non seulement le premier théâtre du monde, mais encore le seul raisonnable.

2195. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Rois et nobles, courtisans et bourgeois, il y a dans ses fables une galerie de portraits qui, comme ceux de Saint-Simon et mieux que ceux de La Bruyère, montrent en abrégé tout le siècle.

2196. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Certaines pastourelles qui parfois ne gardent même pas le thème fondamental de la rencontre d’un chevalier et d’une bergère, sont de charmants tableaux de genre avec leurs rythmes alertes et leurs refrains joyeux ou goguenards ; elles nous montrent tout un côté de la vie rurale : les jeux, les danses, la gaieté bruyante du village, les coquetteries et les jalousies, les cadeaux idylliques de gâteaux et de fromages, la séduction des souliers à la mode et des fines cottes neuves, les gros rires et les lourds ébats terminés en rixes, coups de poing, musettes crevées, dents cassées.

2197. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Poésie tout proche des sonnets mythologiques, car elle célèbre l’œuvre la plus extraordinaire qu’aient accomplie les hommes à travers les âges, une aventure où ils se sont vraiment montrés « pareils à des dieux », puisqu’ils ont agrandi une planète et créé en quelque sorte un autre monde.

2198. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Il est candide puisque, étant compliqué, il s’est toujours montré tel qu’il était.

2199. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Les destins, comme dit le poète, n’ont fait que la montrer à la terre.

2200. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Sorel a montré l’existence d’un « sublime » moral à l’état latent dans l’âme ouvrière ; d’une aptitude au sacrifice dans la lutte sans merci que la classe ouvrière soutient contre les classes possédantes qui représentent pour elle l’immoralité. — L’ouvrier anticlérical confond volontiers casuistique et jésuitisme ; de plus il est intolérant dans les choses qui touchent à la conduite comme dans celles qui touchent aux opinions et il ne respecte guère la liberté individuelle.

2201. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Dès lors, sans doute, il avait renoncé à la politique ; l’exemple de Juda le Gaulonite lui avait montré l’inutilité des séditions populaires.

2202. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Phrynicos avait mis en scène l’horrible désastre de Milet, l’alliée et la sœur d’Athènes ; il avait montré la ville pillée et incendiée par les Perses, ses défenseurs massacrés, l’oracle menaçant de Delphes accompli : « Les femmes de Milet laveront les pieds de beaucoup d’hommes à la longue chevelure. » Le peuple pleura à ce spectacle navrant ; mais, le lendemain, les yeux essuyés, il s’irrita contre le poète qui, par ces larmes brûlantes, avait ravivé sa plaie domestique ; il condamna Phrynicos à une amende de dix mines et interdit à jamais son drame.

2203. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Il a mis dans sa préface : les auteurs qui vont louer leurs livres au cabinet de lecture… Et ce Pyat… J’ai voulu devant les magistrats dire toute ma conduite, montrer toute ma vie… Mais quand on me dit que je ne sais pas le français, moi, qui ne sais que cela… car je ne sais ni l’histoire, ni la géographie, ni rien… mais le français, cela me paraît prodigieux… Tout de même, ils ne m’empêcheront pas d’avoir tout Paris à mon enterrement ! 

2204. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Chicard au contrôle, en culotte de peau, bottes à l’écuyère, gilet de marquis, habit, casque et plumeau, se montrait très difficile sur l’admission des hommes.

2205. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre III »

Cette liste montrera l’étendue et la gravité du mal qui opprime la langue française.

2206. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Autant vaudroit, lui a-t-on répondu, qu’il y en eut une pour montrer le goût du chant.

2207. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

interrompit une d’elles, je n’oserai jamais me montrer en compagnie d’un pareil individu : il est toujours mis comme une révolution !!!

2208. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Messieurs, ne soyons pas plus sévères que l’inflexible Boileau, et montrons-nous fiers d’une supériorité que peut-être nous dédaignerions moins si on nous la disputait davantage.

2209. (1760) Réflexions sur la poésie

Celui qui le premier a peint l’amour sous les traits d’un enfant, avec des ailes, un bandeau, et des flèches, a montré beaucoup d’esprit : il n’y en a point à le répéter.

2210. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Fabre d’Olivet a voulu montrer une langue dérivée tout entière du signe : c’est là l’objet de sa Grammaire hébraïque, publiée en 1815.

2211. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

II Et pour ne parler que de celle-là, à qui l’Opinion, cette femelle, décerne actuellement le titre d’homme de génie, Mme George Sand, qui, dans sa Lélia, ayant voulu montrer des abstractions et des types revêtus d’une humanité agrandie, a glissé bien vite, de cette hauteur de conception et de résolution, dans cette fatalité des portraits, imposés, de par la nature, à la femme, laquelle ne pense guère que quand elle se souvient.

2212. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Toujours est-il que dernièrement, dans un journal, je l’ai vu rouler, ce nom qui a la condescendance d’être resté féminin, parmi ceux des hommes forts qu’on appelle : la Société des gens de lettres et franchement il avait bien le droit de se montrer parmi eux !

2213. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Ce ne fut pas, du reste, dans son premier ouvrage que Daumas montra, dans toute leur plénitude, les vives qualités d’écrivain qui allaient distinguer sa manière.

2214. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Nous avons montré la valeur substantielle du livre de Tocqueville, soit qu’on le prenne pour un livre d’histoire indépendante écrit pour la postérité, soit qu’il veuille être, sous un autre aspect, un ouvrage de parti et de circonstance.

2215. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Il faut que la critique le sache : en exaltant le comédien comme elle le fait depuis trente ans, en quintuplant son importance, en s’occupant de lui avec un dilettantisme si passionné et si exclusif, la critique n’a pas seulement montré ce genre peu touchant de reconnaissance — la reconnaissance du plaisir goûté — que des voluptueux, plus ou moins blasés, peuvent avoir pour de toutes-puissantes courtisanes, mais, à part son abaissement à elle-même, elle a exercé sur la société de son temps une action visible et funeste.

2216. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Un incomparable éventeur de gibier, un admirable limier littéraire, Philarète Chasles, presque Anglais lui-même, tant il savait l’anglais l’avait un jour parlé de Carlyle et montré, dans un fragment de traduction, combien il était difficile de traduire ce rude génie saxon compliqué de germanisme ; mais il en eut bientôt assez, malgré sa vaillance, et personne, après Chasles, ne fut tenté de s’y frotter.

2217. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Seul de tous les souverains, Louis XIV, dont Richelieu et Mazarin avaient préparé la besogne de roi absolu, fut noblement désintéressé dans son action contre le duel, et seul il se montra, dans toute la prudente et sévère beauté de cette fonction auguste, un véritable législateur !

2218. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Paul de Raynal qui nous l’a montré.

2219. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Il semble même s’être attendu pour l’écrire, mais, tout en s’attendant, il a montré dans une grande quantité d’écrits de ces qualités de vue, de groupement et de style, qui pouvaient faire tout espère ?

2220. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Distinction importante et nécessaire, et qu’il fallait faire, entre l’histoire ancienne et l’histoire moderne, pour culbuter, dès qu’elle se serait montrée, le système historique de Blaze de Bury, si brillamment qu’il l’eût pavoisé !

2221. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Nous voulons seulement montrer aujourd’hui un peu de la doublure de l’histoire de M. 

2222. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Mais Charles-Quint, de sa stalle au chœur, dans son monastère de l’Estramadure, continue de se montrer implacable.

2223. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Mais l’Église, qui n’avait pas brûlé Abélard, — qui s’était contentée de le cloîtrer, — l’Église, dans cette guerre des Albigeois qui menaçait la chrétienté tout entière et la civilisation du monde, crut devoir se montrer terrible.

2224. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Et tant qu’on ne l’aura pas montré avec une évidence, si claire que sa scélératesse soit une opinion à laquelle personne n’ose plus toucher ni contredire, on n’en aura jamais fini avec le xviiie  siècle.

2225. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Sous ce masque imposant, terrifiant, qui n’a jamais souri que comme Oreste, dans l’ironie de la fureur ou dans l’âpre joie du sarcasme, nous allons à présent montrer un esprit auquel certainement on devra moins s’attendre encore.

2226. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

D’injustice véritable, nous venons de montrer qu’il n’y en avait point ; et, d’ailleurs, tout s’arrange avec le temps, — le temps, ce grand Juste, qui finit toujours par mettre chacun à sa place.

2227. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Voilà ce que les nouvelles Lettres publiées nous montrent de cet homme, qui avait en lui du signor Pococurante, du cousin Pons, alors inconnu, et du dandy qui commençait à poindre.

2228. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

au lieu de cacher, il montrait… Ressource, du reste, de toutes les femmes qui aiment trop loin d’elles dans la vie !

2229. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Ces Âmes mortes, qui veulent être un roman de mœurs gigantesque, devaient nous montrer la Russie sous tous Ses aspects.

2230. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Son mérite le plus net, à nos yeux, le plus grand honneur de sa pensée, c’est d’avoir ajouté à une preuve infinie ; c’est, après tant de penseurs et d’apologistes, qui, depuis dix-huit cents ans, ont dévoilé tous les côtés de la vérité chrétienne, d’avoir montré, à son tour, dans cette vérité, des côtés que le monde ne voyait pas ; c’est, enfin, d’avoir, sur la Chute, sur le Mal, sur la Guerre, sur la Société domestique et politique, été nouveau après le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, ces imposants derniers venus !

2231. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

D’injustice véritable, nous venons de montrer qu’il n’y en avait point ; et d’ailleurs, tout s’arrange avec le temps, le temps, ce grand Juste, qui finit toujours par mettre chacun à sa place.

2232. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

voilà surtout ce dont le siècle s’est montré touché et reconnaissant.

2233. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

L’histoire de cette sophistique, toujours la même sous des noms changeants, soit qu’elle s’appelle « l’éristique », dans l’Antiquité, soit « l’antinomistique », dans les temps modernes, et montrée exclusivement dans son essence et dans ses résultats généraux, suffisait.

2234. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Assurément les prêtres ont le devoir et le droit d’écrire les annales de l’Église et la vie de leurs Saints, et le cardinal Pitra nous a montré comme ils s’y prennent quand ils se mêlent de les écrire ; mais de Maistre et de Bonald étaient des laïques, et quel prêtre de ce temps a plus mérité de l’Église que ces cardinaux… oubliés ?

2235. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Les littératures n’ont point trop de ces livres vrais qui disent la vie et nous montrent à nu la racine de cette plante amère, dont les fleurs ne nous paraissent jamais plus belles que quand une fois elles sont flétries et qu’il n’y a plus à en cueillir.

2236. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

… Assurément, quand on parcourt l’inventaire d’hommes et de choses que nous venons de traverser d’un regard, et qui forme la philosophie française au xixe  siècle, il faut bien avouer qu’un philosophe un peu carré de base n’a pas besoin de l’être beaucoup du sommet pour se faire à bon marché une très belle gloire, à plus forte raison quand il a les facultés de grande volée que l’abbé Gratry a montrées en ces deux volumes qui ne sont, nous le répétons, que les prodromes d’un système intégral arrêté et creusé depuis de longues années dans la pensée de son auteur.

2237. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Rien, en effet, de tout ce que j’en pourrais dire ne donnerait une idée suffisante de cet amphigouri transcendantal, si on ne se risquait à la citation, si on ne montrait, par des exemples, comment l’auteur de la Création procède pour donner confiance aux savants et les engager à lire son livre, et pour se maintenir bien avec les poètes.

2238. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Pendant que les autres, depuis Fourier jusqu’à Cabet, enflaient et crevaient leurs bulles de savon, lui, du Clésieux, réalisait au profit des masses pauvres, qu’il christianisait et auxquelles il donnait l’intérêt du travail, des choses superbes et solides, et dans l’exercice de sa charité il montrait presque des facultés de gouvernement.

2239. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Presque à partir de cette époque, il avait montré ces facultés dangereusement faciles, souples, variées et résonnantes, qui s’attestèrent par des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des voyages et des conversations pour lesquelles, hélas !

2240. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Seulement, ne vous y trompez pas, l’objet unique d’un pareil poème n’est pas de nous montrer, comme on pourrait le croire, dans un cadre colossal, les ombres chinoises ou les marionnettes historiques.

2241. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Le poète des Poésies philosophiques est une aigle, qui déplace beaucoup d’air autour d’elle quand elle vole… Rien que le livre qu’elle a publié ne peut montrer intégralement cela.

2242. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Elle aurait dû le dépasser, — Si paresseuse à se lever, cette aurore, attardée jusqu’au crépuscule, a souvent montré combien, dans les vrais poètes, immortels d’esprit et de cœur, le couchant ressemble à l’aurore.

2243. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

La Critique, qui n’a pas littérairement eu grand-chose à reprendre dans le cours de l’ouvrage, est obligée d’intervenir au dénouement pour en montrer l’indécision et le vague, étonnants dans un esprit qu’on sent très net même quand, le long du roman, il est le plus dans ces parages de la rêverie qui appartiennent à l’amour.

2244. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Ce qui distingue particulièrement et toujours davantage son genre de talent, lequel se développe dans le sens de ses premiers ouvrages et de sa native personnalité, c’est l’éclat à tout prix et l’aperçu à tout prix, et pour les avoir, à tout prix, il met souvent à la vérité des atournements pour lesquels elle n’est point faite, et il va même parfois jusqu’à la renverser la tête en bas, pour la montrer par où on ne l’avait pas vue encore.

2245. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Lorsque les Champis triomphent sur toute la ligne, lorsque des paysans et des ouvriers de fantaisie, aussi faux que ceux de Watteau et moins jolis, ont, grâce à une plume qui n’est pas pourtant une baguette de fée, le privilège de tourner la tête à l’Opinion superstitieuse, le moment n’est pas mal choisi, ce nous semble, pour nous rappeler à la réalité de cette nature populaire qu’il n’est pas besoin de flatter pour qu’elle intéresse, et pour nous la montrer éloquemment et simplement, dans tous les plis de sa forte étoffe, ample et sincère, — parlant français et non faux patois !

2246. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Seulement, comme il n’est pas ministre ou ambassadeur, et qu’il n’a pas renoncé à la littérature, nous voulons montrer comment la sienne est faite, et, dans l’intérêt des dupes généreuses qui aiment les lettres pour elles-mêmes, prendre la longueur et la force de ce bâton des lettres dans une main habile, quand elles ne sont plus qu’un bâton.

2247. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Féval, à qui je voudrais montrer ses qualités et ses défauts à la lumière de ces grands noms, a, lui, l’ironie, l’ironie qui lui a fait rechercher souvent les sujets où l’auteur se moque de lui-même.

2248. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Comme eux, c’est un concentrateur dont la force porte bien plus en dedans qu’en dehors, ainsi que nous l’avons montré en racontant son livre ; et l’on peut même douter, à la vigueur expérimentée de son esprit et à la décision de sa pensée, dont les plis sont trop marqués pour s’effacer, qu’il élargisse beaucoup cette « cuiller à café » dans laquelle Chamfort voulait faire tenir toutes les émotions et tous les efforts de la vie.

2249. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Et en parlant de la simplicité de ce grand homme, « Qu’il ne se cachait point, qu’il ne se montrait point, qu’il était aussi éloigné du faste de la modestie, que de celui de l’orgueil ».

2250. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Ce qui caractérise l’auteur de ces éloges, c’est une philosophie pleine de fermeté, et quelquefois de hauteur ; une âme qui ne craint pas de se montrer, qui ose afficher son estime ou sa haine, qui ne blesse point les convenances, mais qui, en ôtant à la vérité ce qu’elle a de révoltant, lui laisse tout ce qu’elle a de noble ; un esprit à la fois sage et profond ; l’étendue des idées jointe à la méthode ; un style précis qui n’orne point sa pensée, qui ne l’étend pas, dont la clarté fait le développement, et dont la parure est la force ; et quelquefois l’art de saisir le ridicule et de le peindre avec toute la vigueur que donne le mépris, quand ce mépris est commandé par la raison.

2251. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Tel est le caractère de l’hymne homérique à la Terre, à cette déité matérielle que, sous le beau ciel de l’Inde, célébraient les poëtes, et qu’ils montrent dans leurs vers féconde et inépuisable, ruisselante de fleuves et pavée de montagnes .

2252. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Montrons pourquoi Lycurgue recueillit ses œuvres et en fit un don à Sparte, dont il fut le législateur. […] Le poète épique n’étant que le narrateur d’une action peinte par le récit, ne dut jamais paraître dans sa fable ni parler en son nom, mais faire parler et agir les seuls personnages après les avoir montrés. […] ou par d’illustres coups « Montrons qui doit céder des mortels ou de nous. […] La Discorde continue sa harangue, et se glorifiant de la mort de Coligny, et regrettant les jours où les Français étaient massacrés par leurs frères, elle commande aux prêtres de se montrer au peuple, et de sanctifier les mêmes furies. […] Que le poète épique soit donc vrai ; mais qu’il choisisse bien l’objet dont il doit montrer la ressemblance.

2253. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Assez communément, la raison de ces irrégularités apparentes, de ces permutations, se tire de la conformation de l’organe ; on l’a vû au mot Fréquentatif, où nous avons montré comment ago & lego ont produit d’abord les supins agitum, legitum, & ensuite, à l’occasion de la syncope, actum, lectum. […] Nous allons montrer ici que leur prétendu régime au génitif est le régime déterminatif du nom qui leur sert de sujet ; & que ce qu’on envisage ordinairement comme leur sujet sous la dénomination ridicule de nominatif, est véritablement leur régime objectif. […] « Je sais bien, dit M. du Marsais, Meth. pour apprendre la langue latine, pag. 14, que cette traduction littérale fait d’abord de la peine à ceux qui n’en connoissent point le motif ; ils ne voyent pas que le but que l’on se propose dans cette maniere de traduire, n’est que de montrer comment on parloit latin ; ce qui ne peut se faire qu’en expliquant chaque mot latin par le mot françois qui lui répond. […] On avoit pourtant l’exemple de la langue greque ; & la facilité que nous avons de la traduire littéralement dans ces circonstances, devoit montrer sensiblement dans nos verbes ce prétérit de l’impératif. […] en faisant l’éloge de sa justice & de sa douceur, at verb hoec tua justitia & lenitas florescit quotidie magis : peut-on penser qu’il ait voulu lui dire que tous les jours il cessoit d’avoir de la justice & de la douceur pour recommencer chaque jour à en montrer davantage ?

2254. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Moins que jamais nous devons nous montrer mutuellement indulgents à de pareils écarts de plume, aujourd’hui, surtout, qu’un scandale récent vient de fournir à quelques oisifs du monde un prétexte nouveau et admirablement trouvé de calomnier les journalistes. […] Je conçois qu’il est fâcheux pour vous et pour vos admirateurs qu’elle soit venue, qu’elle se soit montrée et qu’elle ait vaincu. […] Dans la bourrasque de sifflets qui emporta l’opéra d’Hector Berlioz, madame Stoltz, charmante dans le rôle d’Ascagno, se montra, jusqu’au dernier jour, dévouée au musicien que tous abandonnaient : cela empêcha-t-il, quelques années plus tard, Berlioz-Brutus d’immoler madame Stoltz et sa reconnaissance au succès de la coalition qui devait emporter M.  […] et lorsque son style, flairant l’impiété, semble montrer les dents aux grandes figures de Rabelais, de Montaigne, de La Fontaine, de Molière, de Voltaire et de Rousseau, — ne prenons pas le change ! […] Pour ne se montrer ni Racheliste, ni Ristoriste, il se fait bravement Chauvin.

2255. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Le crime succéda au crime, la honte à la honte, jusqu’à ce que la race maudite de Dieu et des hommes fût une seconde fois chassée pour errer sur la face de la terre, pour servir de proverbe aux peuples et pour être montrée au doigt par les nations1368. Je n’ai pu traduire toutes les métaphores bibliques de ce morceau, qui a gardé quelque chose de l’accent de Milton et des prophètes puritains ; il suffit cependant pour montrer vers quelle issue se portent les diverses tendances de ce grand esprit, quelle est sa pente, comment l’esprit pratique, la science et le talent historique, la présence incessante des idées morales et religieuses, l’amour de la patrie et de la justice, concourent à faire de lui l’historien de la liberté. […] Là, se montraient les charmes voluptueux de celle à qui l’héritier du trône avait en secret engagé sa foi ; là aussi était cette beauté, mère d’une race si belle, la sainte Cécile dont les traits délicats, illuminés par l’amour et la musique, ont été dérobés par l’art à la destruction commune ; là étaient les membres de cette brillante société qui citait, critiquait et échangeait des reparties sous les riches tentures en plumes de paon qui ornaient la maison de mistress Montague ; là enfin, ces dames dont les lèvres, plus persuasives que celles de Fox lui-même, avaient emporté l’élection de Westminster en dépit de la cour et de la trésorerie, brillaient autour de Georgiana, duchesse de Devonshire1380. […] L’antithèse de la fin l’explique ; l’auteur l’a faite pour montrer que les gens de Glencoe étaient les plus grands brigands du pays.

2256. (1887) George Sand

Pendant cette période, disputée au roman et en partie usurpée par des tentatives dramatiques, Mme Sand n’abandonnait pas la voie que lui montrait sa vraie vocation. […] « J’ignorais alors que ma bien-aimée fût une femme de plume ; elle me l’avoua au bout de quelque temps ; elle alla même jusqu’à me montrer le manuscrit d’un roman où elle avait imité à la fois Walter Scott et Scarron. […] Elle me montra sur une table très simple une pile de grandes feuilles de papier bleu, coupées d’avance dans le format in-quarto. […] Vous riez, vous autres, mais bien plus tristement que nous ne pleurions. » Elle s’étonnait surtout que les jeunes talents s’obstinassent « à voir et à montrer uniquement la vie de manière à révolter douloureusement tout ce que l’on a d’honnêteté dans le cœur. […] Le roman russe nous a montré souvent, dans ces derniers temps, ce type d’une Yseult nihiliste.

2257. (1903) Le problème de l’avenir latin

L’Eglise douée déjà de la prudence et de la perspicacité qui feront sa force à travers les siècles, bien loin de se montrer brutalement hostile au vainqueur barbare et païen, le flatte et le favorise. […] On a fait un crime au Chérusque libérateur de s’être montré traître envers Rome qui lui avait confié un commandement militaire. […] Il nous suffira de montrer par quels liens étroits la Réforme et la Révolution se rattachent aux circonstances mêmes de nos origines nationales et comment la romanisation initiale des peuplades gauloises a pu influer sur l’issue de nos deux grandes tentatives de libération. […] Plus clairvoyant, il se montrerait moins orgueilleux de ce qui fait essentiellement sa faiblesse et donne à craindre pour son ultérieure existence. […] Le rôle de l’élite a toujours été de féconder la masse — après d’ailleurs avoir été fécondée par elle, — de lui montrer la route et de l’entraîner sur ses pas.

2258. (1900) La culture des idées

Brunetière a parlé avec une ingénieuse hardiesse de l’évolution des genres ; il a montré que la prose de Bossuet n’est qu’une des coupes de la grande forêt lyrique où Victor Hugo plus tard se fit bûcheron. […] Un tableau statistique de la natalité européenne montrera aux raisonneurs les plus entêtés qu’il y a un lien très strict, un lien de cause à effet, entre l’intellectualité des peuples et leur fécondité. […] Les jeunes gens confient en secret leurs désirs à ces maîtres qui savent d’ailleurs les pénétrer à la fougue que montrent les adultes dans les jeux publics. […] Ainsi vous aurez montré à la fois l’indépendance de votre jugement et la tendresse de votre cœur. […] L’histoire de la langue française l’a montré clairement, quoique à rebours, et l’évolution de l’espagnol dans l’Amérique du Sud sera prochainement un argument pour cette thèse, qui n’est pas d’ailleurs contestable.

2259. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il y avait aussi, dans toute sa façon d’être, cette même tristesse, mais animée de stoïcisme et fière assez pour se montrer sereine et gracieuse dans la douleur. […] Ibsen était pessimiste : ce qu’il a montré d’émouvant, c’est le duel de l’individu contre les foules. […] Ses meilleurs efforts dérivent de là ; et c’est ce qu’Albert Vandal a montré avec une clarté admirable. […] Avant celui-ci, un David Hume et d’autres s’amusaient à montrer les antinomies de la raison, l’irréalité des principes métaphysiques. […] Il y a des candidats qui auraient d’autres motifs de ne pas se montrer.

2260. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Jamais la pensée du siècle ne s’est montrée sous un déguisement qui la rendît plus visible, ni sous une parure qui la rendît plus attrayante. […] Émile , lettre IV, 193. « Il faut bien que les gens du monde se déguisent ; s’ils se montraient tels qu’ils sont, ils feraient horreur, etc. » 485.

2261. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Les rochers, plus vieux apparemment que la cause des climats, se montrent les mêmes sur les deux hémisphères. […] Emmanuel Arago, qui venait de montrer beaucoup de courage et beaucoup de modération dans le proconsulat de Lyon.

2262. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Le meurtrier, qui avait paru au premier moment à sa lucarne, les deux mains crispées à ses barreaux, ne s’y montrait plus ; j’en fus réjouie malgré l’impatience que j’avais de le voir ; je compris qu’il avait reconnu l’instrument de son père, et qu’il s’attendait à quelque chose de moi, semblable à la surprise qu’il avait eue la nuit, du haut de la tour, en entendant l’air d’Hyeronimo et de Fior d’Aliza, que l’un de nous deux seul pouvait jouer à l’autre, puisque nous ne l’avions appris à personne. […] Je mis un doigt sur mes lèvres pour lui dire, sans parler, de se taire, et, déposant ma cruche de l’autre main, j’ouvris, comme on me l’avait montré le matin, la première grille, et j’entrai tout entière dans la première moitié du cachot où je n’étais séparée d’Hyeronimo que par la seconde grille.

2263. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

La colonie française et le fort Rosalie se montraient sur la droite, au bord du fleuve. […] Il portait en secret un cœur compatissant, mais il montrait au dehors un caractère inflexible ; la sensibilité du Sachem le fit sortir du silence.

2264. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Mais dans les endroits, plus nombreux, où il parlait au nom de la raison, il a montré une puissance que ses amis même attendaient à peine de lui. […] On n’était pas fâché de montrer à cet empereur, de bonne famille sans doute, qu’on n’était pas non plus sans papiers et qu’on avait même des ancêtres assez reluisants.

2265. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Il fallait ou céder au charme tout à fait, ou savoir mieux s’en défendre ; et puisque la Harpe regardait aux fautes jusqu’à les compter, il eût pu se montrer meilleur gardien de la langue et de la logique, sans rabaisser cette charmante création. […] Mais encore faudrait-il que le reste de la pièce nous montrât Gengis-kan et Mahomet tels qu’ils sont ou tels que nous les imaginons.

2266. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Le Hir m’enchanta, il se montra pour moi plein d’attentions ; il était Breton comme moi ; nos caractères avaient beaucoup de ressemblance ; au bout de quelques semaines, je fus son élève presque unique. […] Mon initiation aux études allemandes me mettait ainsi dans la situation la plus fausse ; car, d’une part, elle me montrait l’impossibilité d’une exégèse sans concessions ; de l’autre, je voyais parfaitement que ces messieurs de Saint-Sulpice avaient raison de ne pas faire de concessions, puisqu’un seul aveu d’erreur ruine l’édifice de la vérité absolue et la ravale au rang des autorités humaines, où chacun fait son choix, selon son goût personnel.

2267. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

« La première partie d’une précieuse, dit Somaise, est d’avoir de l’esprit, ou la prétention d’en montrer. » « Une précieuse, dit de Pure, est un précis de l’esprit et un extrait de l’intelligence humaine. […] Pour achever d’éclaircir la vérité sur la maison de Rambouillet, et écarter d’elle toute application de la comédie de Molière, il faut revenir à mademoiselle de Scudéry, et montrer que c’est à elle et à ses cercles qu’en voulait Molière, s’il en voulait à quelqu’un.

2268. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Dans ce même palais de Suse, un poète aurait pu montrer les nobles vierges des Panathénées, marchant derrière la vieille reine, en habits d’esclaves, le parasol ou le chasse-mouches à la main. […] Eschyle a montré Darius grand et sage, Atossa touchante, après tout, par son amour maternel ; à l’endroit de Xerxès, il est implacable.

2269. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Telles sont ces lettres que j’ai voulu laisser dans toute leur naïveté et avec tout leur caractère, pour montrer dans leur juste proportion les différentes parties, tant poétiques et morales que prosaïques et vulgaires, de l’âme et de l’habitude ordinaire de Bernardin. […] [NdA] Je laisse exprès ces détails, qui montrent la part que tenaient ces petites affaires d’intérêt et d’économie au milieu des rêveries et des spéculations morales de Bernardin : autrement on ne connaît pas tout l’homme.

2270. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Une sainte, trois fois canonisée par l’Église, sainte Brigitte, a bien osé nous montrer Jésus-Christ offrant à Satan une grâce pleine et entière, sous la condition d’une parole de repentir, et l’invincible orgueilleux se refusant à ces charges de la clémence divine ! […] Sganarelle, en riant, lui réclamait ses gages, Tandis que don Luis, avec un doigt tremblant, Montrait à tous les morts errant sur les rivages Le fils audacieux qui railla son front blanc.

2271. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Ces vers ne sont certainement pas aussi bons que les premiers, mais il était absolument nécessaire de vous montrer La Fontaine dans ce très beau rôle de protecteur de son ancien protecteur, de protecteur et de défenseur du malheureux imprudent. […] Pour vous montrer la manière dont quelquefois ceux qui n’ont pas tout l’esprit qu’il faut avoir pour en avoir assez, parlent aux hommes de génie ; pour vous donner aussi l’idée d’un ton qui, certainement depuis, a complètement disparu des usages de l’Académie, je vous lirai le fragment suivant du discours de M. de La Chambre : « Ne comptez pour rien, monsieur, tout ce que vous avez fait par le passé.

2272. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

C’est aussi la cause de la répugnance que montraient les sénateurs pour accorder cette législation : mores patrios servandos ; leges ferri non oportere . […] Ces trois axiomes montrent que les systèmes de Grotius, de Selden et de Pufendorf, manquent dans leurs principes mêmes.

2273. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

On se demande, la Charte une fois promulguée, et dans les choses du gouvernement proprement dit, ce que faisait pendant toute cette année la prudence, la sagesse de Louis XVIII qui en a montré, en effet, depuis, et qui n’était pas alors affaibli de santé comme on l’a trop vu sur la fin : retranché derrière M. de Blacas et comme invisible, il disparaît profondément dans son fauteuil.

2274. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Jusque dans la dernière crise, il s’est montré courageux et résigné avec simplicité ; et, si je ne craignais d’altérer la tristesse de cette impression, j’ajouterais à l’appui d’une de vos remarques que, jusque dans les suprêmes douleurs, je l’ai vu sensible à l’impropriété de quelques mots qui blessaient la pureté de la langue. » — L’homme de goût fut le dernier à mourir en lui.

2275. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Ce que nous voudrions ici, c’est de rappeler parfois les regards et de reporter les nôtres particulièrement vers ce fond de majesté et de grâce que le Parthénon couronne, et plus loin aux rivages d’Ionie, là où de siècle en siècle s’est montré le tombeau d’Achille.

2276. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Il nous l’a peint cependant plus criminel encore que Macbeth ; mais il voulait montrer ce caractère sans remords, sans combats, sans mouvements involontaires, cruel comme un animal féroce, non comme un homme coupable, dont les premiers sentiments avaient été vertueux.

2277. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Est-ce que nous avons montré une arme chargée dans nos mains ailleurs que sur le champ de bataille de Paris, pour défendre la société civile attaquée non pas par la liberté, mais par le meurtre ?

2278. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Les livres des médiocres ne contiennent pas d’instruction ; mais les chutes des grands hommes nous montrent les précipices : qui oserait se flatter de marcher sûrement où Taine et Brunetière ont glissé ?

2279. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Vous avez montré, selon moi, dans les Odes funambulesques, un mérite plus rare et plus imprévu, mérite singulier que je ne puis exprimer suffisamment que par des comparaisons très singulières.

2280. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Leconte de Lisle lui déchire le visage avec ses ongles, pour le montrer plus sanglant.

2281. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Une préoccupation sociale et littéraire, formulée sans éclat, cela semble de l’ironie, — car on m’a montré cette phrase comme telle.

2282. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

De là, cette mauvaise humeur que les représentants actuels du catholicisme montrent contre toutes les réformes les plus rationnelles des abus du passé, réforme de la justice, réforme de la pénalité, etc.

2283. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Cependant il est nécessaire de revenir sur les dix dernières années du règne de Henri IV, ainsi que sur la régence de Marie de Médicis, et de faire connaître avec détail les mœurs de la cour de 1600 à 1620, pour montrer clairement comment s’échappa de cette cour dissolue la grande exception qui donne naissance à une société de mœurs pures et d’esprits délicats, dont la filiation et les traditions sont venues jusqu’à nous, et dont l’existence a été illustrée par le respect des étrangers.

2284. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Étienne, dans son Histoire du Théâtre-Français pendant la Révolution, a dit : « L’expérience a montré que les comédiens ne s’administrent bien que par eux-mêmes : c’est la seule république du monde où la puissance soit mal exercée par un chef. » Le mot est piquant.

2285. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Il est inutile de montrer ici que dans l’état actuel de la science, ces influences, marquées pour les masses auxquelles est applicable la loi des moyennes, exercent une action extrêmement irrégulière et peu discernable sur la formation des écrivains et qu’au surplus elles n’augmentent ni ne diminuent en rien la valeur de ce qu’ils ont pu produirecd.

2286. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

On pourrait au besoin montrer aux curieux, s’il y en avait pour de si petites choses, toutes les pièces de ce journal d’un voyageur authentiquement timbrées et datées par la poste.

2287. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Montrer à l’homme le but humain, améliorer l’intelligence d’abord, l’animal ensuite, dédaigner la chair tant qu’on méprisera la pensée, et donner sur sa propre chair l’exemple, tel est le devoir actuel, immédiat, urgent, des écrivains.

2288. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Gasquet nous montrent ce que sera ce théâtre historique, idéaliste, idéologique, vivant conflit de sentiments éternels, différent néanmoins du théâtre classique.

2289. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Mais j’ajoûterai encore à ce que j’ai dit une refléxion, pour montrer combien il est probable que l’esprit et les inclinations des hommes dépendent de l’air qu’ils respirent, et de la terre sur laquelle ils sont élevez.

2290. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Pour imprimer de la veneration, il ne leur suffit pas de se montrer quelquefois dans des fonctions ou dans des significations honorables, il faut aussi qu’ils ne se présentent jamais dans des fonctions viles ou dans des significations basses.

2291. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Comme mon opinion est nouvelle dans le republique des lettres, je ne dois rien omettre pour montrer que du moins je n’ai point grand tort de la soûtenir.

2292. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

C’est cette raison qui le fit se montrer toujours en palanquin, dans un costume où les couleurs impériales, le rouge et le jaune, foudroyaient les yeux terrifiés des Chinois.

2293. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Pendant vingt-cinq ans, Buloz a pu se montrer impunément Buloz !

2294. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

En restant dans l’ordre purement humain de la logique, cette biographie est évidemment une promesse, et qui ne sera suivie d’aucune surprise, car, avant d’être Léon XIII, celui qui porte maintenant ce nom a, toute sa longue vie, montré l’aptitude la plus haute, la plus appliquée et la plus soutenue au gouvernement moral et politique des hommes.

2295. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Roselly de Lorgues ne s’est pas contenté de tirer de pareilles données tout ce qu’elles contenaient, mais, prenant de plus les faits d’une vie dont voilà l’effort et la pensée, il a montré qu’ils étaient providentiellement en harmonie avec la sainteté de Colomb, et nous avons eu une histoire dans laquelle le merveilleux et le romanesque, diront nos ennemis, mais la vérité catholique, dirons-nous, dominent les chétives clairvoyances et les clignotantes explications !

2296. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Fustel de Coulanges, ce robuste, nous frappe deux ou trois livres avec cette force qu’il a montrée dans son premier, il faudra bien que la Critique et l’opinion littéraire s’occupent de ce premier livre, où une méthode nouvelle et un talent neuf se révèlent.

2297. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Personnellement, il est correct, presque Anglais de tenue ; les mains blanches, qu’il sait montrer.

2298. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

En détaillant, sous son analyse, l’individualité de Saint-Martin, il a compris que cette plante étrange avait pourtant sa racine dans le terrain de son siècle, et, pour qu’on ne pût s’y méprendre, il nous a retourné le siècle en quelques traits justes et profonds, et nous en a ainsi montré le fond et la superficie.

2299. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Soury, l’orthopédiste, tord le texte du duc de Luynes pour faire de Madame Louise une rachitique, une misérable larve à l’esprit borné et baroque, moqueuse, orgueilleuse, volontaire et gourmande ; mais la goutte de lumière, la petite lampe sur le tombeau de la Carmélite, suffit pour nous montrer ce qu’elle était à tous les moments de sa vie.

2300. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

… Par ce temps d’imbécile clarté qui tombe sur tout avec indifférence, on se cache quelquefois pour mieux se montrer… Le voile impatiente, et, pour l’écarter, tente la main.

2301. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Les quelques portraits qu’on rencontre dans les Pléiades montrent bien qu’il aurait, s’il la développait, la puissance du portrait.

2302. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

La nouvelle Maison du Peuple de Bruxelles, qu’achève en ce moment Horta, sera de nature à montrer ce que l’art moderne peut attendre de lui ; car si son œuvre n’est pas encore considérable par le nombre, combien grande est sa signification pour ceux qui savent voir !

2303. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

On se demande en effet si l’acte pouvait ou ne pouvait pas être prévu, étant donné l’ensemble de ses conditions ; et soit qu’on l’affirme, soit qu’on le nie, on admet que cet ensemble de conditions pouvait se concevoir comme donné à l’avance : ce qui revient, ainsi que nous l’avons montré, à traiter la durée comme une chose homogène et les intensités comme des grandeurs.

2304. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Il était beau à Cicéron, au retour de son bannissement, d’invoquer ces dieux du Capitole, qu’il avait préservés des flammes étant consul, ce sénat qu’il avait sauvé du carnage, ce peuple romain qu’il avait dérobé au joug et à la servitude, et de montrer d’un autre côté son nom effacé, ses monuments détruits, ses maisons démolies et réduites en cendres pour prix de ses bienfaits.

2305. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Nous l’avons montré, c’est par un effet de la faiblesse du raisonnement de l’homme, que la poésie s’est trouvée si sublime à sa naissance, et qu’avec tous les secours de la philosophie, de la poétique et de la critique, qui sont venues plus tard, on n’a jamais pu, je ne dirai point surpasser, mais égaler son premier essor45.

2306. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Stésichore cependant s’était toujours montré peu docile à ce pouvoir suprême, personnifié de son temps, il est vrai, par un odieux oppresseur dont les crimes et le nom semblent fabuleux, tant ils font horreur !

2307. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

On n’a pas le droit, quand on est libéral, de montrer une cornette à un mourant. […] Cette devise peut et doit s’appliquer à ce journalisme intensif, dont le XIXe siècle, dit « des lumières », s’est montré si vain. […] C’est tout juste si Renan et les renaniens ne nous montrent pas, dans le criticisme, la véritable raison du triomphe allemand de 70. […] Ils n’attendaient qu’une occasion pathétique pour se manifester, se montrer tels qu’ils étaient, laisser sourdre leurs profondeurs. […] Tu boites  Non, j’ai des grosseurs comme aux mains (il les montra, déformées en effet par des exostoses).

2308. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Et c’est précisément ce que je veux montrer. […] Ceci suffirait à montrer que la Touraine n’est pas uniquement féconde en inspirations sensualistes. […] Montrons-lui notre warrant, et plus un mot. […] « Pascal, dit le docteur Lélut, avait montré dès le berceau une de ces organisations supra-nerveuses, presque toujours en dehors de l’état de santé, et excessives jusque dans leurs maladies. […] Les Yankees ont montré de l’esprit en acceptant la charge des Anglais pour la faire jouer sur les champs de bataille contre ceux qui l’avaient faite.

2309. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Il se dit pourtant qu’il fallait aborder la haute scène et le grand genre pour montrer ce dont il était capable. […] Si l’on n’v trouve pas un certain intérêt de cœur, il y a un intérêt d’esprit qui le remplace  La pure imagination ne fut jamais si heureuse. » Ce jour-là, jour bien inspiré, Piron se montra en vers de l’école de Régnier, de Molière, de Regnard. […] et ses voisins s’étant montrés curieux de savoir pourquoi : « Ah !

2310. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Les Registres de la paroisse Saint-Eustache, à la date du 21 décembre 1700, nous montrent damoiselle Charlotte Haidée 66 et le petit Antoine de Ferriol (Pont-de-Veyle), représentant tous deux le parrain et la marraine absents au baptême de d’Argental, « lesquels, est-il dit des deux enfants témoins, ont déclaré ne savoir signer. » Aïssé pouvait avoir sept ans au plus à cette date de 1700, ayant été achetée en 1697 ou 1698. […] Nous donnerons ici au long son portrait tracé par Mme du Deffand ; elle soupçonnait, mais elle ne marque pas assez profondément (car le monde ne sait pas tout) ce qui était le trait distinctif de son être, la sensibilité, la passion et surtout la tendre fidélité dont il se montra capable : ce sera à Mlle Aïssé de compléter Mme du Deffand sur ces points-là. […] Les lettres qu’on a de lui, écrites à Mme du Deffand (1733-1754), nous le montrent établi dans la vie domestique, à la fois fidèle et consolé.

2311. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Nous n’aurons que trop souvent, dans ce commentaire, à montrer combien cet amour pour l’homme du siècle fait pallier à M.  […] Tout ce qui était venu des armées du Rhin montrait peu de penchant pour l’expédition d’Égypte ; au contraire les officiers originaires de l’armée d’Italie, quoique fort tristes de se voir si loin de la France, étaient favorables à cette expédition, parce qu’elle était l’œuvre de leur général en chef. […] Cet avis rencontra néanmoins des contradicteurs ; quelques généraux, tels que Lanusse, Menou, Davout, Desaix surtout, osèrent montrer d’autres sentiments.

2312. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Tu auras été ivre de sécurité et de joie en voyant cette république, qui se craignait elle-même, abolir courageusement la peine de mort le lendemain de son avènement imprévu, de peur d’abuser jamais des armes que tous les régimes s’étaient transmises jusque-là les uns aux autres pour immoler leurs ennemis ; tu auras frémi d’espérance en voyant cette démocratie philosophique déclarer la paix au monde étonné ; tu auras eu le délire de l’admiration en voyant quelques citoyens obéis par le peuple et pressés par d’innombrables prétoriens de la multitude de perpétuer leur dictature ; tu les auras vus, au contraire, appeler la nation entière à se lever debout dans ses comices afin de remettre plus vite cette dictature à la nation représentant cette légitimité des interrègnes ; et quand la nation, relevée par la main de ces hommes de sauvetage, aura repris son aplomb et son sang-froid, tu n’auras eu pour ces citoyens, victimes émissaires de leur dévouement, que des calomnies, des mépris, des outrages, des abandons, pour décourager les abnégations futures, et pour montrer à l’avenir qu’on ne sauve sa patrie qu’à la condition de se perdre soi-même : mauvais exemple qui ne profitera pas à la nation. […] On m’accusait seulement de me tenir trop dans les théories et dans les nuages, de ne pas descendre assez vers la chambre, de l’élever avec moi au lieu de m’abaisser avec elle, de ne prendre aucun parti vif et passionné dans les questions ministérielles, de ne donner aucun gage à la monarchie d’Orléans, dont je me tenais soigneusement écarté, ni au parti conservateur, auquel je restais suspect tout en défendant souvent sa cause, ni au parti de l’opposition radicale, dont je combattais la turbulence et les anarchies, ni au parti légitimiste, que je respectais dans son malheur, mais que je n’approuvais pas dans ses coalitions malséantes avec l’esprit de désordre, de mauvaise foi et de démolition ; en un mot, de me montrer trop homme de gouvernement dans mon indépendance et trop homme d’indépendance dans mon opposition. […] XLII J’étais au coin de la cheminée, muet et consterné de la résolution, selon moi si fatale, conseillée ou acceptée par tous ; mais je n’étais que témoin sans responsabilité officielle dans le débat ; mon visage seul, triste et désapprobateur malgré moi, montrait sans doute que la résolution de dissoudre la chambre en ce moment m’inspirait un trop juste effroi.

2313. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Le jour où je m’accusai d’avoir maudit l’existence, mon confesseur me montra le ciel où fleurissait la palme promise pour les Beati qui lugent  ! […] Mais, dit-il en se reprenant, elle y est allée dernièrement, au passage du duc d’Angoulême qui s’est montré fort gracieux pour monsieur de Mortsauf. […] Enfant de la Touraine à qui la Touraine était inconnue, elle voyait en moi un jeune homme affaibli par des travaux immodérés, envoyé à Frapesle pour s’y divertir, et auquel il avait montré sa terre, où je venais pour la première fois.

2314. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Il est bon de noter que certains ordres se montrèrent beaucoup moins capables que d’autres de supporter cette épreuve : j’expérimentai sur neuf Légumineuses, et, à l’exception d’une seule, elles résistèrent assez mal à l’eau salée : sept espèces des deux ordres alliés, les Hydrophyllacées et les Polémoniacées, furent toutes tuées par un mois d’immersion. […] Alph. de Candolle a montré que de telles plantes ont généralement une extension limitée. […] En Angleterre, le docteur Hooker a montré qu’environ quarante à cinquante espèces de plantes phanérogames de la Terre de Feu, formant une partie considérable d’une flore aussi pauvre, se retrouvent en Europe en dépit de l’immense distance qui sépare ces deux points du globe ; et que, de plus, on y constate encore beaucoup d’espèces proche-alliées.

2315. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Nous vous montrons ici le principe de nos maux et leur remède. […] Les sens me montrent deux boules, l’une qui commence à se mouvoir, l’autre qui se meut après elle. […] Avec quels caractères se sont-ils montrés d’abord, avant d’avoir pris ceux dont ils sont maintenant revêtus et qui ne peuvent guère être leurs caractères primitifs ? […] Reid et Kant se sont montrés bien autrement observateurs en se renfermant dans les limites du présent, de peur de se perdre dans les ténèbres du passé. […] Saint Pierre et saint Paul montrent à saint Benoît le séjour où sa sœur va goûter la paix éternelle.

2316. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Mévisto me demande, de la manière la plus pressante, de créer le rôle du général Perrin, qu’il veut montrer sous l’aspect d’un général plébéien. […] Les gens de mon Grenier, dans mon désastre, se sont montrés gentils, affectueux. […] le petit affronteur que c’était, quand il était enfant… il avait par bravade, la manie de se jeter sous les pieds des chevaux de mes voitures et de celles des d’Andlau. » Mardi 3 septembre Le général Obernitz, le général vurtembergeois qui, après Reichshoffen avait établi son quartier général à Jean-d’Heurs, et qui se montra un vainqueur supportable, disait à Rattier, quand il quitta le château : « Oh ! […] Le compartiment de première est envahi par des Allemands, qui se montrent mal élevés, autant que des Anglais en voyage, avec une note de jovialité peut-être plus blessante.

2317. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Les deux volumes recueillis sous le titre de Conseils de Morale la montrent pourtant sous ce jour, mais pas aussi à l’origine, pas aussi nativement, si je puis dire, qu’une étude attentive de son talent nous l’a appris à connaître. […] Dans un article des Archives littéraires (tome III, page 395) : « Les anciens, écrivait-elle, ont dit souvent rapide comme l’éclair ; mais, si je ne me trompe, rapide comme la pensée doit être d’une origine moderne. » Sur ce point particulier elle se trompait, comme Boissonade (édit. d’Aristænète, page 318) et Dugas-Montbel (Observations sur l’Iliade, livre XV) l’ont montré par beaucoup d’exemples.

2318. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Mlle de Bourbon avait vingt-trois ans (1642) lorsqu’on la maria au duc de Longueville, âgé de quarante-sept ans, déjà veuf d’une princesse de plus de vertu que d’esprit, que j’ai montrée ailleurs159 très-liée avec les Mères de Port-Royal durant l’époque dite de l’Institut du Saint-Sacrement et dans la période de M. […] Mlle de Vertus n’avait qu’à se montrer ; ce retour si précipité marquoit bien quelque chose de funeste.

2319. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Me plaçant, messieurs, à un point de vue qui n’est peut-être celui d’aucun d’entre vous, pour parler de ces choses qui intéressent à quelque degré les croyances, je voudrais que vous me permissiez d’exposer brièvement mon principe en telle matière : non que j’espère vous le faire accepter, mais au moins pour vous montrer que je ne parle point à la légère devant une aussi grave assemblée, ni sans y avoir mûrement réfléchi. […] … mais vous ne nous montrez pas la lumière… (On rit.)

2320. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Vous êtes brave comme le meilleur de mes hommes d’armes ; et si les femmes se battaient comme aux temps anciens, j’estime que vous sauriez bien mourir. » — Il me reste à montrer, reprit-elle, à mes amis et à mes ennemis, de quel lieu je sors. » « Elle avait demandé son aumônier Préau ; on lui envoya deux ministres protestants […] Il la montra par la fenêtre aux assistants et au peuple en s’écriant suivant l’usage : « Ainsi périssent tous les ennemis de notre reine ! 

2321. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Cependant il eut maille à partir avec les précieux, qui lui trouvaient encore trop de sens et trop peu de pointe : en vain se fâcha-t-il contre les orateurs frisés de ce siècle coquet ; on lui montra bien, quand il reparut à Paris après la mort de Richelieu, que ses vers et lui étaient des provinciaux. […] T. de Larroque) nous montrent ce qu’en 1639 le mieux informé des français connaît de la littérature espagnole. — À consulter : Morel Fatio, Études sur l’Espagne, t. 

2322. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

L’institut de Saint-Sulpice a exercé sur moi une telle influence et a si complètement décidé de la direction de ma vie, que je suis obligé d’en esquisser rapidement l’histoire, d’en exposer les principes et l’esprit, pour montrer en quoi cet esprit est resté la loi la plus profonde de tout mon développement intellectuel et moral. […] Manier me faisait remarquer que cette philosophie changeait trop vite et que, pour la juger, il fallait attendre qu’elle eût achevé son développement. « L’Écosse rassérène, me disait-il, et conduit au christianisme » ; et il me montrait ce bon Thomas Reid à la fois philosophe et ministre du saint Évangile.

2323. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

De prouver qu'aucune des Lettres, dont on cite des morceaux, pag. 17, 18, 19 & suiv. ait été écrite audit Abbé, comme l'assure le Libelliste : je dis plus, de me montrer dans toutes ces Lettres une seule expression, un seul mot écrit de ma main, qui dénote que ce soit à un Abbé, ou à un Ami, ou même à un François qu'elles ont été adressées. […] Je le répete, le Libelliste anonyme peut se montrer sans avoir à craindre d'autre vengeance de ma part, que d'être convaincu de son injustice.

2324. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

En étudiant la sensation en elle-même, nous avons déjà vu qu’elle se détermine et se développe par la sélection naturelle, par l’action du milieu et par la réaction de l’appétit ou de la volonté chez l’être vivant90 ; il nous reste à montrer maintenant que cette même action réciproque de l’appétit et du milieu dégage les rapports intelligibles entre les sensations, rapports attribués par les platoniciens à l’action du pur esprit. […] Nous croyons que la nouvelle psychologie devra insister de plus en plus sur cet aspect des faits intérieurs, dont nous avons montré plus haut l’importance.

2325. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Quand, tout à coup, s’ouvrait dans la muraille de pierres de taille, une baie qui me montrait sur un petit théâtre, éclairé par une rampe de gaz, deux femmes de la prison de Clermont, deux femmes de la prison de mon livre. […] Oui, — et il continuait avec le triste haussement d’épaules d’un homme qui se sent au bout de la traîne de sa vie, — oui je voudrais écrire un livre, qui montrerait comment se fait la production dans un cerveau.

2326. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Grâce à cette Correspondance, je l’ai mis debout devant vous, ce naïf, ce cordial, ce vertueux, cet Alceste sans talon rouge et sans rubans verts, et cet Orgon aussi, cet Orgon qui croyait aux peuples et à l’égalité absolue aussi bêtement qu’Orgon croyait à Tartufe ; je vous l’ai montré lui-même, ce bonhomme, ce bon ours, qui casse la tête de l’homme, de son ami, avec le pavé de ses théories, pour lui ôter les mouches qui le dévorent, croit-il, et qu’il a sur le nez : les religions, le capital, les polices, les hiérarchies, les gouvernements ! […] La Correspondance et la Pornocratie suffisent pour remplacer l’étude spéciale projetée et montrer amplement ce qu’étaient devenues la métaphysique et la morale, c’est-à-dire la Philosophie tout entière, dans une tête Conformée ou plutôt déformée comme celle de Proudhon.

2327. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Roederer s’est beaucoup essayé dans le genre des scènes historiques ; il a tâché d’en reproduire du xvie  siècle et du temps de la Ligue ; il a voulu, à l’exemple du président Hénault (lequel lui-même se ressouvenait de Shakespeare), représenter et nous rendre l’histoire en action, nous montrer les personnages avec leurs mœurs, leur ton de tous les jours et dans la familiarité.

2328. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Les deux volumes qu’il publie nous le montrent à chaque page sous ce jour et dans ce cadre qui est le sien.

2329. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Je ne crains pas le sourcil jaloux des censeurs ; qu’ils viennent se montrer, s’ils osent, en ces matières aimables.

2330. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Tout d’ailleurs, jusque dans cette disgrâce où elle vivait, lui montrait du doigt et lui promettait l’Empire ; son vieux chirurgien Gyon, son jardinier d’Oranienbaum, Lamberti, le lui prédisaient au milieu de ses plantations et de ses amusements solitaires, la voix du peuple et des soldats, quand elle passait, le lui murmurait à ses oreilles ; son démon secret, le plus sûr oracle, lui disait, à toute heure : Tu régneras.

2331. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Il faudrait, pour montrer ce Bossuet de treize ans parmi les docteurs et déjà lui-même chanoine de Metz, un pinceau pur, fin et chaste, qui ne se trouvera plus.

2332. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Ne tromper personne, à commencer par soi-même, ne s’en faire accroire ni à soi ni aux autres ; n’être ni dupe, ni charlatan à aucun degré ; ne jamais aller prendre et montrer des vessies pour des lanternes (je parle à la Rabelais), ou des phrases brillantes pour des idées, ou de pures idées pour des faits ; mettre en tout la parfaite bonne foi avant la foi ; c’est aussi là un programme très-sain et un bon régime salubre pour l’esprit.

2333. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Ces idées qu’il jetait à l’état de questions, à la fin de son premier ouvrage, montraient que le second était déjà en germe dans son esprit.

2334. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Caustique et irascible, il se montra souvent injuste par vengeance ou mauvaise humeur.

2335. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Il a montré le gouvernement, comme la société, en quête de l’idée nouvelle et ne la possédant pas ; l’ordre moral nul, l’ordre matériel ne subsistant que parce que tout le monde se rend compte du péril et y prend garde ; il n’a vu dans la liberté et dans les diverses conséquences qu’on en réclame que des moyens pour atteindre à un but inconnu ; et durant tout le temps qu’il appuyait ainsi le doigt sur ces plaies du siècle, l’auditoire jeune et fervent, comme un malade plein de vie, palpitait ; il était suspendu en silence aux lèvres du maître éloquent, et il attendait jusqu’au bout le remède : le remède n’est pas venu.

2336. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Quelle honte cependant que de montrer de l’esprit à l’appui des actes de rigueur ou de servitude !

2337. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Il se soutient, peut-être, par l’espoir de se montrer lui-même alors qu’il aura atteint son but ; mais s’il faisait naufrage avant d’arriver au port, s’il était banni, pendant, qu’à l’imitation de Brutus, il contrefait l’insensé, vainement voudrait-il expliquer quelle fut son intention, son espoir ?

2338. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Vous conclurez alors que Molière n’a voulu en somme que montrer combien le monde s’accommode peu de la parfaite vertu, qui le gêne, et dont il se venge par le ridicule, et combien aussi l’humaine faiblesse en est peu susceptible, puisque dans la plus belle âme elle s’exagère, s’aigrit et s’attache à des riens.

2339. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Il arrive que, dans cette liberté vagabonde qu’on donnait à sa pensée, lorsqu’on rêvait sur le sujet à traiter, on a rencontré des idées gracieuses, spirituelles, originales : elles ne tiennent peut-être pas de très près au sujet ; il faudra se détourner un peu pour les montrer au lecteur ; elles ne sont pas non plus toujours d’accord avec les vraies raisons ou les faits essentiels, avec le ton ou le sens général du développement.

2340. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

« Les alexandrins tiennent la place en notre langue, telle que les vers héroïques entre les Grecs et les Latins. » Voilà la vraie trouvaille de Ronsard en fait de rythme, et le grand service rendu par la Pléiade à la poésie : sous l’influence de l’hexamètre latin, l’alexandrin, création du moyen âge, et dont Rutebeuf avait montré la force et la souplesse, l’alexandrin, délaissé au xive et au xve siècle, ignoré ou à peu près de Marot, est retrouvé, relevé, remis à sa vraie place, qui est la première : ce n’est pas tant le vers noble de notre poésie, que le vers ample ; et c’est par là qu’il vaut.

2341. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Aderer, avait une méthode plus précise et plus fine : il s’appliquait au détail et montrait du doigt, ou d’un clin d’œil, les généralités ; il excellait à sous-entendre, à suggérer, à donner le désir d’ajouter par une recherche personnelle à ce qu’il avait fait entrevoir.

2342. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

L’examen de ce sonnet nous montrera ce qu’est M. 

2343. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Cette influence, il nous l’a montrée bienfaisante — et restrictive : comment les femmes, par les salons, ont imposé et appris aux écrivains la décence et l’agrément, comment aussi elles ont émoussé l’originalité de quelques-uns et les ont, par trop de souci de l’agrément, détourné de certains problèmes et d’une vue complète de la vie.

2344. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Presque tous ceux de nos écrivains qui ont « professé » sur l’amour ont tenu principalement à montrer qu’ils n’étaient pas dupes de la femme et qu’ils étaient munis de la plus féroce expérience ; qu’ils étaient capables des plus subtiles et défiantes analyses, et qu’ils n’étaient pas incapables eux-mêmes de perversité.

2345. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

L’art décadent exprime, comme l’a montré M. 

2346. (1842) Essai sur Adolphe

Il y a dans la possession de cette femme un aliment magnifique pour sa vanité ; il sera envié par ceux-là mêmes qui médisent d’elle, et qui se vengent de ses dédains en redoublant son isolement ; il sera montré au doigt par la ville comme un lutteur adroit, comme un rusé jouteur : chaque fois qu’il entrera dans un salon, il entendra autour de lui le chuchotement glorieux de ses rivaux.

2347. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Mais nous, qui avons commence à penser en 1830, nés sous les influences de Mercure, le monde nous est apparu comme une machine régulièrement organisée ; la paix nous a semblé le milieu naturel de l’esprit humain, la lutte ne s’est montrée à nous que sous les mesquines proportions d’une opposition toute personnelle.

2348. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Déjà peut-être couraient sur son enfance plus d’une anecdote conçue en vue de montrer dans sa biographie l’accomplissement de l’idéal messianique 687, ou, pour mieux dire, des prophéties que l’exégèse allégorique du temps rapportait au Messie.

2349. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Eschyle peut voiler le supplice, il a montré la torture.

2350. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Quant à ce qui est des services réels en cette campagne, le maréchal Ney écrivait de Berlin, le 23 janvier 1813, au ministre de la Guerre, beau-père de M. de Fezensac : « Ce jeune homme s’est trouvé dans des circonstances fort critiques, et s’y est toujours montré supérieur.

2351. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Seulement, disons-le, en nous résumant sur le grave ouvrage, vis-à-vis duquel nous voulons nous montrer plus juste que les amis de M. 

2352. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

C’est cette plume qui ne s’est jamais amollie, même quand elle a voulu être tendre, que la Correspondance de Stendhal montrera mieux encore que les livres qu’il nous a laissés.

2353. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

C’est cette plume qui ne s’est jamais amollie, même quand elle a voulu être tendre, que la Correspondance de Stendhal montrera mieux encore que les livres qu’il nous a laissés.

2354. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Victor Hugo, il est vrai, n’a pas inventé de mètres nouveaux, mais d’une part le symbolisme lui-même a montré par ses essais que le champ ouvert à l’invention métrique est fort limité, et d’autre part, Victor Hugo a dépassé de loin Ronsard dans l’invention de combinaisons métriques nouvelles, de strophes ou plutôt d’associations de strophes selon le mouvement oratoire ou poétique (ce qui est en somme de l’invention métrique).

2355. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Libanius ne se montra plus à la cour.

2356. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Ce Waller, après avoir combattu et signalé son zèle pour Charles Ier, après avoir souffert, pour la cause des rois, la prison, l’exil, la perte d’une partie de ses biens, et sauvé à peine sa tête de l’échafaud, eut la bassesse de faire solliciter sa grâce auprès de son tyran, et la bassesse plus grande encore de louer publiquement son oppresseur et le bourreau de son maître : Milton, du moins, montra plus de courage ; lui qui avait servi Cromwell de son épée et de sa plume, après le rétablissement de Charles II, garda le silence, et resta pauvre et malheureux, sans flatter ni prier.

2357. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

En récompense nous y tirons des ténèbres profondes où ils étaient restés ensevelis, des hommes et des faits remarquables, qui ont puissamment influé sur le cours des choses humaines ; et nous montrons combien les explications qu’on a données sur l’origine de la civilisation, présentent d’incertitude, de frivolité et d’inconséquence.

2358. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Il ne suffit pas pour cela de la sévérité de son dialogue avec Alcée, tel que le cite Aristote69 : « Je veux », disait le hardi poëte, « te dire quelque chose ; mais la pudeur m’empêche. » Et Sapho de répondre : « Si tu avais le désir de choses nobles et belles, ni ta langue ne serait liée de peur de dire le mal, ni la pudeur ne retiendrait tes regards ; mais tu parlerais librement de ce qui est légitime. » Rien de mieux raisonné, sans doute ; mais tant d’autres témoignages nous la montrent différente !

2359. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Cet examen nous servira peut-être à montrer le but et le résultat de ses ouvrages. […] Rousseau attaque sans cesse leur frivolité, leur inconstance, leur coquetterie ; personne n’en a dit plus de mal et n’en a été plus aimé: il les traite de grands enfants, il se plaît à les montrer faibles ; les plus parfaites succombent dans ses écrits. […] Ne pouvant réfuter ses principes, ils essayèrent d’en affaiblir l’effet en publiant que le clergé lui faisait une pension, voulant montrer une âme vénale où l’on voyait une âme religieuse.

2360. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Scènes de notre enfance, après quinze ans rêvées, Au plus pur de mon cœur impressions gravées, Lieux, noms, demeure, et vous, aimables habitants, Je vous revois encore après un si long temps, Aussi présents à l’œil que le sont des rivages À l’onde dont le cours reflète les images, Aussi frais, aussi doux, que si jamais les pleurs N’en avaient de mes yeux altéré les couleurs ; Et vos riants tableaux sont à mon âme aimante Ce qu’au navigateur battu par la tourmente Sont les songes dorés qui lui montrent de loin Le rivage chéri de son bonheur témoin, L’ondoyante moisson que sa main a semée, Et du toit paternel le seuil, ou la fumée ! […] L’éclair prolongé qui me l’avait montré le déroba, en s’éteignant, à ma vue. […] Il s’abandonna au courant du jour ; il jugea sans haine, mais avec une sévérité tempérée seulement par ses égards pour moi, la situation de Charles X et celle du duc d’Orléans, dont il me montrait de la main les fenêtres de l’autre côté du jardin.

2361. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

« À propos, monsieur le commissaire, dit le directeur au moment où celui-ci prenait sa canne et son chapeau, avant de vous en aller, lisez donc cette affiche. » Et du doigt il lui montra l’affiche, collée sur la glace avec quatre pains à cacheter. […] Buloz ne se montrent-elles jamais. […] Nul mieux que vous ne possède l’art de lutter, par le nombre et la profusion des images, avec la peinture la plus franche et la plus vive ; vous avez pour chacune de vos pensées des traits et des nuances qui feraient envie aux héritiers du Titien et de Paul Véronèse ; quand il vous plaît de nous montrer les lignes d’un paysage ou l’armure d’un guerrier, le pinceau n’a plus rien à faire : pour achever son œuvre, il n’a qu’à mettre sur la toile les masses de lumière et d’ombres que vous avez choisies comme les meilleures. » Suivent trois pages d’éloges.

2362. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

On ne lui en fait point accroire, et il ne craint même pas de montrer du parti pris. […] Il dit que les ratures de Télémaque montrent jusqu’à l’évidence en quoi consiste le mauvais style. […] Stendhal fit le fanfaron, il se montra d’une gaieté folle, il se grisa. […] Les roses doivent ici se montrer réunies en gerbes ou en bouquets. […] Rallis s’est montré bien convenable et Delyannis également.

2363. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Tout au plus, en reconnaissant la continuité des principes qui ont guidé de tout temps les artistes créateurs, peut-elle affirmer l’unité de l’idéal auquel ils aspirent et montrer qu’il n’est, après tout, qu’une abstraction de la vie même. […] Un philosophe pourrait lui donner pour pendant une œuvre correspondante, mais ou le même sujet, au lieu de nous apparaître sous la forme d’images et d’événements, nous serait montré en une série de notions. […] J’ai montré combien sa thèse était contestable en ce qui concerne la musique spécialement européenne. […] Si peu que nous en connaissions, ce peu suffit pour nous montrer qu’il y a incompatibilité entre cette musique et la nôtre, encore qu’il y ait des liens historiques entre les deux. […] Il est le premier qui ait montré clairement la nature du rythme.

2364. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Il me montrait tous les avocats de deux sous, tous les avocats sans cause, tous les avocats sans talent et sans honorabilité, aidés, poussés par Crémieux, dans la curée des places de la haute administration. […] Tout, dans ces jours, semble arriver à plaisir pour montrer le néant de l’expérience humaine. […] Ce soir, dans les groupes, les communards se montrent pleins d’ironie à l’endroit de la charité. […] Les longues-vues leur montraient le Point-du-Jour complètement abandonné, et sans le capitaine Trêves, l’entrée eût été encore retardée. […] » — « Un brun qui grisonne. » — « Montrez votre poitrine, vos bras. » Et sur toutes ces parties mises à nu, l’œil du commissaire semblait chercher les marques d’un tatouage.

2365. (1932) Les idées politiques de la France

Enfin, dans un pays de peuplement et de régime aussi divers que la France, ne faut-il pas faire intervenir des questions de race, de climat, et même, comme le montrent certaines cartes de M.  […] Et l’on montrerait sans peine que la France est le pays de l’Europe le plus héréditaire qui soit. […] Bonald l’avait déjà montré, par un mémoire célèbre, dans ce début du xixe  siècle où, en trente ans, les directions maîtresses dont a vécu notre politique et notre économique ont été formulées : le principe héréditaire est lié à l’ordre agricole, non à l’ordre industriel. […] Cette action, cette concurrence terrible de la presse, à laquelle le clerc n’est pas adapté et à la rude matérialité de laquelle, comme l’ont montré les maladresses des Assomptionnistes, il ne pourrait s’adapter sans déchoir, telle est la situation nouvelle illustrée et rendue consciente, en 1832, par la condamnation non plus d’un homme et d’un in-folio, Jansénius et l’Augustinus, mais d’une équipe et d’une feuille volante, qui portent ce nom, gros de menaces ou de promesses, qu’elles ont réalisées : le mouvement de l’Avenir, — mouvement et avenir. […] André Siegfried a rencontré, au cours de son étude sur le terrain, ce type du radical proconsulaire ; il n’a pas eu de peine à montrer qu’il était à peine besoin de gratter le radical proconsulaire pour trouver le radical consulaire.

2366. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Un ou deux ans après, à l’occasion d’une quête que Saint-Simon ne voulut point laisser faire à la duchesse sa femme, ni aux autres duchesses, comme étant préjudiciable au rang des ducs vis-à-vis des princes, le roi se fâcha, et un orage gronda sur l’opiniâtre et le récalcitrant : « C’est une chose étrange, dit à ce propos Louis XIV, que depuis qu’il a quitté le service, M. de Saint-Simon ne songe qu’à étudier les rangs et à faire des procès à tout le monde. » Saint-Simon averti se décida à demander au roi une audience particulière dans son cabinet ; il l’obtint, il s’expliqua, il crut avoir au moins en partie ramené le roi sur son compte, et les minutieux détails qu’il nous donne sur cette scène, et qui en font toucher au doigt chaque circonstance, montrent assez que pour lui l’inconvénient d’avoir été dans le cas de demander l’audience est bien compensé par le curieux plaisir d’y avoir observé de plus près le maître, et par cet autre plaisir inséparable du premier, de tout peindre et raconter. […] Saint-Simon s’appliquait donc en secret dès lors à réformer l’État ; et comme il faisait chaque chose avec suite et en poussant jusqu’au bout sans se pouvoir déprendre, il avait tout écrit, ses plans, ses voies et moyens, ses combinaisons de conseils substitués à la toute-puissance des secrétaires d’État ; il avait, lui aussi, son royaume de Salente tout prêt, et sa république de Platon en portefeuille, avec cela de particulier qu’en homme précis, il avait déjà écrit les noms des gens qu’il croyait bons à mettre en place, les appointements, la dépense, en un mot la chose minutée et supposée faite : et un jour que le duc de Chevreuse venait le voir pour gémir avec lui des maux de l’État et discourir des remèdes possibles, il n’eut d’autre réponse à faire qu’à ouvrir son armoire et à lui montrer ses cahiers tout dressés.

2367. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

XXIII Après le déjeuner tu passes le reste du jour à visiter tes châtaigniers battus du vent chaud, dont les fruits tombent d’eux-mêmes à tes pieds, l’écorce fendue, comme pour te montrer la belle couleur appétissante de leur seconde enveloppe à faire cuire sous la cendre après ton souper : Castaneæque molles mea quas Amaryllis amabat  ; tes étables, tes champs déjà ensemencés pour l’hiver prochain, tes vignes où les vendangeurs ont laissé çà et là quelques grappes transparentes que tu égrènes en passant, et auxquelles tu trouves le goût des belles grappes de Samos ! […] Gropius vint obligeamment se mettre à notre disposition pour nous montrer et nous commenter Athènes.

2368. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

« Nous ne montrerons donc rien de tout ce suave petit remue-ménage du réveil de Cosette. […] « Le père lui montra les cygnes.

2369. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

IV On voit que Montesquieu ne se montrait pas extraordinairement sévère sur le choix de ses connaissances, pendant son voyage ; le scepticisme de son esprit ne fit que s’accroître, et l’on raconte que, dans la ville éternelle, il dégagea spirituellement sa bourse des étreintes de la fiscalité du Vatican. […] C’est ce qui fit qu’il marqua tant de respect pour la femme et pour la mère de Darius, et qu’il montra tant de continence ; c’est ce qui le fit tant regretter des Perses.

2370. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Il créa une comédie à peine comique, toute spirituelle, qui était la peinture, non la satire ni la charge, de la société précieuse : il y introduisait des honnêtes gens sans ridicules, qui avaient le ton, les manières, les idées du monde ; il montrait avec un goût curieux de réalité certains lieux connus de Paris, la galerie du Palais avec ses marchands, ses boutiques, son va-et-vient d’acheteurs et d’oisifs. […] Mais les réalités que Molière voulait montrer, ce n’était pas les particularités du costume, du geste ou de la démarche, le petit train des occupations journalières : c’étaient les dessous de l’âme, les motifs, les ressorts, les essences ; et il ne prenait des dehors que ce qui correspondait à ces dessous.

2371. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Mais, à l’ordinaire, il contenait sa sensibilité ; il montrait un jugement net, une volonté ferme ; il avait la notion du possible et du pratique, le besoin de l’action efficace et précise. […] Il savait que toutes les pièces du dogme se tenaient : aussi se montrait-il intraitable contre tous ceux qui en altéraient quelque partie.

2372. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Vigny lui avait montré la voie : il s’y engagea755 hardiment, et fit Jocelyn et la Chute d’un ange. […] Çà et là quelques chefs-d’œuvre : des souvenirs des Feuillantines, charmants de pittoresque ému ; la Tristesse d’Olympio, si paisible en somme et si peu désespérée dans l’antithèse de nos joies éphémères et de l’éternelle impassibilité de la nature, presque consolée par le déploiement des formes magnifiques Que la nature prend dans les champs pacifiques ; enfin cette fantaisie, Écrit sur la vitre d’une fenêtre flamande, où l’artiste se plaît à montrer par un court et triomphal exemple ce que son imagination sait faire des mots et du rythme.

2373. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

MM. de Goncourt ont éprouvé par deux fois le besoin d’exprimer leur peur de la femme, leur préjugé contre le mariage, et de montrer que l’artiste doit vivre seul pour être tout entier à son démon intime. […] Une fois la sottise faite, la forme que prend son repentir, son volontaire abrutissement par l’absinthe, son suicide, tout cela est-il d’accord avec l’idée qu’on nous a donnée de son caractère   Dans Marthe et dans Manette, telles qu’elles nous sont d’abord présentées et telles qu’elles se montrent un assez long temps, qui pourrait soupçonner la petite créature haineuse et féroce et l’épouvantable juive sous qui succombent la raison de Charles et la dignité et le talent de Coriolis ?

2374. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Nous dire cela ne peut être réservé qu’à des poètes sortis directement des trois grands peuples qui se pressent l’un contre l’autre au centre de l’Humanité, la France, l’Allemagne et l’Angleterre ; qu’à des poètes qui auront porté avec douleur les graves pensées de notre âge ; qu’à des poètes qui auront senti l’impulsion des philosophes du Dix-Huitième Siècle, ces prédécesseurs des poètes actuels ; qu’à des poètes, enfin, qui nous montreront leur ligne de parenté avec Rousseau, Diderot et Voltaire, la Révolution Française et Napoléon, soit qu’ils se soient mis en lutte ouverte ou qu’ils vivent en harmonie avec tous ou quelques-uns de ces grands colosses qui avaient dernièrement en eux la vie du monde, et qui, glacés dans leur tombeau, tiennent encore en main le sceptre de l’avenir. […] Ces deux poésies, qui se sont montrées simultanément en France, en Angleterre, en Allemagne, rentrent tout à fait dans le principe que nous avons émis sur la loi du développement de l’art ; car toutes deux sont l’expression de l’époque, toutes deux ont été engendrées par la réalité actuelle, par la nature du temps où nous vivons.

2375. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ces qualités pour ainsi dire organiques de notre langue ne se montrent d’ailleurs que dans les récits. […] Les caractères de l’histoire se montrent, dans ces chroniques, par plusieurs qualités propres à Comines, et dont s’est enrichi l’esprit français.

2376. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Pourquoi cet homme qui tout enfant jouait avec des problèmes de mathématiques, qui composait des traités à seize ans, qui plus tard dans des problèmes de physique montrait la même profondeur précoce et la même force d’invention ; pourquoi, pouvant être Leibnitz et Newton, Pascal, après quelques hésitations et sauf quelques retours passagers40, quitta-t-il la science pour la morale, et finit-il par s’abîmer dans la foi ? […] Descartes nous avait montré l’idée de Dieu dans l’idée de l’infini, avec laquelle nous naissons.

2377. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Ceci convient mieux à la philosophie, ou aux religions peu mystiques, qui, parlant au cœur humain avec moins de force et moins d’autorité, ont besoin de se montrer en quelques points plus accommodantes ou plus souples. […] Il n’aurait pas à redouter la critique, il chercherait moins à en imposer s’il imposait davantage, et il ne présenterait pas à l’individu comme un ordre intérieur et une révélation sacrée ce qu’il n’aurait qu’à montrer à l’esprit pour le lui faire volontairement accepter.

2378. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Les races et les climats produisent simultanément dans l’humanité les mêmes différences que le temps a montrées successives dans la suite de ses développements. […] Ozanam a montré d’une façon non subtile que Dante a conçu l’unité de l’humanité d’une façon presque aussi avancée que les modernes.

2379. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

croupir dans une boutique, s’abrutir dans un métier, quand des gueux de la veille, bien connus et qu’on peut montrer au doigt, roulent carrosse, habitent des hôtels, se pavanent chamarrés d’or et couverts de bijoux et se carrent dans les ministères. […] Quelques années après les bourgeois de Paris devaient montrer leur patriotisme en léchant les bottes des Prussiens de Blücher et des Cosaques d’Alexandre qui ravageaient et pillaient la France vaincue.

2380. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Tantôt c’était un Montesquieu, ce prophète de l’expérience, qui montrait la source et les effets des législations ; tantôt un J. […] Ces années, comme les fantômes de Macbeth, passant leurs mains par-dessus mon épaule, me montrent du doigt non des couronnes, mais un sépulcre ; et plût à Dieu que j’y fusse déjà couché !

2381. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

… Il faut que cette imprécation ait été lancée contre moi dans un moment où mon âme était toute concentrée dans l’objet de mon amour, et que mes compagnes seules l’aient entendue ; car je me rappelle fort bien ces paroles qu’elles m’ont dites à mon départ, d’un ton de voix qui trahissait leur inquiétude : « Si le roi refusait de te reconnaître, n’oublie pas de lui montrer son anneau. » Hélas ! […] Lorsque tout le monde sera assis, les acteurs entreront, chanteront certains airs : la principale danseuse soulèvera le rideau et se montrera ; puis, après avoir semé des fleurs dans l’assemblée, elle déploiera son talent et les grâces de son art. » XI Ces représentations étaient rares, car les deux plus grands poètes dramatiques de l’Inde, Kalidasa et Bavahbouti, n’ont composé chacun que trois drames.

2382. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Dans les temps qui ont précédé et suivi la Terreur, sous la Constituante, sous le Directoire, sous le Consulat, il y a eu de tels hommes ; il serait curieux d’en pouvoir étudier de près quelques-uns, et dans leurs mémoires, dans leur correspondance, de pouvoir montrer ces preuves de bon conseil et de rare jugement qui les recommandaient de près, même aux adversaires, et qui les ont ensuite naturellement portés aux premiers rangs civils dans la société rétablie.

2383. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Il en tire, selon son habitude, l’occasion d’une petite moralité à l’usage des capitaines ses compagnons qui lui feront l’honneur de lire sa vie : l’important, c’est de chercher dès ses débuts à montrer ce qu’on vaut et ce qu’on peut faire ; ainsi les grands et chefs vous connaissent, les soldats vous désirent et veulent être avec vous, et par ce moyen on a toute chance d’être employé : « Car c’est le plus grand dépit qu’un homme de bon cœur puisse avoir, lorsque les autres prennent les charges d’exécuter les entreprises, et cependant il mange la poule du bonhomme auprès du feu. » M. de Lautrec, à la première occasion, donne à Montluc une compagnie ; celui-ci n’avait guère que vingt ans.

2384. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Car il voulait montrer, dit-il, que pour être allé voir madame sa femme, il n’avait rien oublié de ce qu’il avait coutume de faire.

2385. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

. — Ces hommes, nul ne les a remplacés ; ils sont encore les plus élevés et les plus vigoureux malgré l’âge qui vient et les événements qui les oppriment… Je ne veux pas abuser des citations, mais il est impossible de ne pas montrer tout d’abord à l’auteur combien son appréciation des faits est arbitraire et sa classification des hommes inexacte.

2386. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Le désir extrême qu’avait Vauvenargues de venir à Paris, et pour cela son besoin de trouver 2000 livres à tout prix, nous le montrent dans une singulière veine d’inquiétude et dans une espèce de fièvre qui lui fait écrire à Saint-Vincens des choses assez étranges comme lorsqu’on en est aux expédients, des choses qui dérangent un peu l’idée du Vauvenargues-Grandisson auquel on était généralement accoutumé, et qui n’avait jamais été mieux développé que dans le discours d’un des derniers et des plus honorables concurrents, M. 

2387. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Tout est décrit et montré dans Fanny, tout est vu et rendu visible ; mais il n’y a point (à part celle de la cabane désolée) de description proprement dite : j’en sais gré à M. 

2388. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

. — En disant ces nobles paroles, Napoléon se montrait serein, caressant, rajeuni… Il n’y avait, malheureusement, de vrai dans sa conclusion que la gloire.

2389. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Colbert lui montra que, bien loin de lui avoir coûté, elle lui avait valu plus d’un million, tous frais faits.

2390. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Un guerrier qui pensait ainsi était bon à montrer aux amis comme aux ennemis, et dans la paix comme dans la guerre.

2391. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Un écrivain de beaucoup d’esprit, un jeune maître en ironie, a pris en main la défense de cette faculté déliée, de cette arme qui est la sienne, en rendant compte du livre de M. de Laprade3 ; il a très-bien montré qu’avoir au plus haut degré le sentiment du ridicule et de la sottise, ce n’était point nécessairement n’être sensible qu’au mal.

2392. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Les hommes publics s’y montrent en pied, et, grâce à leurs mouvements, on en a vite fait le tour.

2393. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Avant son intervention cependant et son installation au cœur du sujet, pour persuader aux hommes instruits qui sont entrés dans la pensée de cette édition nouvelle, qu’elle était importante, qu’elle était indispensable, qu’il ne s’agissait pas seulement de quelques points à rectifier çà et là, mais qu’il y avait lieu, en effet, à une réparation et presque à une restitution continue, il a fallu bien des instances, bien des pas et bien des paroles (je le sais, moi qui en ai été quelquefois le porteur et le messager), il a fallu montrer à l’avance bien des passages et des exemples comme preuve décisive de l’étendue du ravage et du mal profond qu’on avait à réparer.

2394. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

C’est ici qu’il me faudrait la plume d’un Théophile Gautier pour traduire à mon tour ces dessins et les montrer à tous dans un langage aussi pittoresque que le leur ; mais je ne sais nommer toutes ces choses, je n’ai pas à mon service tous les vocabulaires, et je ne puis que dire que ces dessins me semblent fort beaux, d’un tour riche et opulent, qu’ils ont un caractère grandiose qui renouvelle (je répète le mot) l’aspect de ces humbles Contes et leur rend de leur premier merveilleux antérieur à Perrault même, qu’ils se ressentent un peu du voisinage de l’Allemagne et des bords du Rhin (M. 

2395. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Oui, oui, mon bon, ce n’est pas seulement en faisant des poésies et des pièces de théâtre que l’on est fécond ; il y a aussi une fécondité d’actions qui en maintes circonstances est la première de toutes… Génie et fécondité sont choses très-voisines… » Et une fois lancé, il ne s’arrêtait pas dans cette veine d’idées ; il montrait dans tous les ordres la force fécondante comme le signe le plus caractéristique du génie : Mozart, Phidias et Raphaël, Dürer et Holbein, il les prenait tous, et celui qui a trouvé le premier la forme de l’architecture gothique, et qui a rendu possible par la suite des temps un munster de Strasbourg, un dôme de Cologne ; et Luther, ce génie de la grande race, et dont la force d’action sur l’avenir n’est pas épuisée.

2396. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Toutes ces circonstances de l’histoire de Jésus, tous ces personnages si connus de nom et montrés aux yeux, semblables aux gens d’à présent, devaient toucher les simples, les ignorants, qui étaient alors le grand nombre, et devenaient un enseignement vivant, parlant à tous.

2397. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Depuis que Madame Bovary avait paru, la question du réalisme revenait perpétuellement sur le tapis ; on se demandait entre critiques si la vérité était tout, s’il ne fallait pas choisir, et puisqu’on ne pouvait tout montrer indistinctement, où donc il convenait de s’arrêter.

2398. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Feuillet nous a montré une comédienne en quête à la fois d’un amant et d’une croyance, et, à ce double coup de dés, faisant dépendre l’un de l’autre, tellement que le jour où elle a trouvé un amant honnête homme et sincère, elle écrit au curé : « Je crois en Dieu ! 

2399. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Cette partie honnête et nombreuse de l’ancien public, qui vous était bonnement reconnaissante de lui montrer ou de lui faire entrevoir ce qu’elle n’eût fait que soupçonner sans vous, existe peu ou n’existe plus.

2400. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Esprit supérieur et courageux, il a su, seul de ses collègues, se montrer toujours au-dessus de ses fonctions et même de la faveur.

2401. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Les Saxons envisageaient d’un mauvais œil ce grand-duché érigé par Napoléon, et ils se montraient jaloux de tout ce que leur roi croyait devoir faire de ce côté : toute attention et faveur accordée aux Polonais était considérée comme un larcin fait à eux-mêmes.

2402. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Dans le discours que Victor Hugo me fit l’honneur de m’adresser, quand il me reçut il y a vingt ans à l’Académie dont il était alors directeur, il eut à parler de Port-Royal, des personnages célèbres qui s’y rattachaient, des solitaires, et il les montra « cherchant dans la création la glorification du Créateur, et l’œil fixé uniquement sur Dieu, méditant les livres sacrés et la nature éternelle, la Bible ouverte dans l’église et le soleil épanoui dans les cieux. » C’était magnifique, mais à côté ; la description ne se rapportait pas exactement même aux plus grands des Jansénistes, cœurs profonds, mais à l’œil étroit et qui n’osaient regarder en face, la nature ni le soleil.

2403. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Je ne fatiguerai pas le lecteur à suivre chez lui cette interprétation et cette vue du Messie montré de loin à tous les pas, à tous les degrés et à travers tous les accidents de l’histoire juive : cette vue est capitale chez l’auteur ; il ne peut un seul instant la laisser absente ni s’en distraire.

2404. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Mais c’est sur eux, la plupart, que nous vivons dans cette série dès longtemps entreprise ; ce sont eux qui formeront en définitive le corps de réserve et d’élite de la poésie du dix-neuvième siècle contre le choc du formidable avenir, et qui montreront que les gloires de quelques-uns n’ont pas été des exceptions ni des accidents.

2405. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

L’amour est l’histoire de la vie des femmes, c’est une épisode dans celle des hommes ; réputation, honneur, estime, tout dépend de la conduite qu’à cet égard les femmes ont tenue, tandis que les lois de la moralité même, selon l’opinion d’un monde injuste, semblent suspendues dans les rapports des hommes avec les femmes ; ils peuvent passer pour bons, et leur avoir causé la plus affreuse douleur, que la puissance humaine puisse produire dans une autre âme ; ils peuvent passer pour vrais, et les avoir trompées : enfin, ils peuvent avoir reçu d’une femme les services, les marques de dévouement qui lieraient ensemble deux amis, deux compagnons d’armes, qui déshonoreraient l’un des deux s’il se montrait capable de les oublier ; ils peuvent les avoir reçus d’une femme, et se dégager de tout, en attribuant tout à l’amour, comme si un sentiment, un don de plus, diminuait le prix des autres.

2406. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Ce travail est un de ceux qui nous montrent le mieux comment l’examen d’une question très particulière peut servir à l’éclaircissement de questions essentielles et très générales, et quel rapport il peut y avoir entre l’effort obscur d’un vieil archiviste acharné sur quelque manuscrit poudreux et l’œuvre glorieuse d’un Mommsen ou d’un Renan.

2407. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Même aujourd’hui, et en ces Morceaux choisis, intitulé scolaire de pages classiques, Mallarmé méprise se montrer le poète aisé des anciens jours, dénie recevoir des adhésions aux vers jadis, renonce les admirations douteuses qu’eussent décernées, par inadvertance, au Placet des lectrices de Coppée, au Guignon des sonneurs de Rollinat.

2408. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

« En prétendant négliger les accidents de temps et d’espace pour ne nous montrer que des vérités éternelles, vous méconnaissez une loi de la vie, qui est de réaliser l’universel, mais seulement dans les individus. » C’est au plus un reproche imputable aux romantiques, et plus exactement aux derniers classiques.

2409. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Le libéralisme politique, comme l’a fort bien montré Stirner, est toujours un libéralisme très relatif.

2410. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Tous les actes de Pilate qui nous sont connus le montrent comme un bon administrateur 1123.

2411. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

La plupart du temps, on peut déterminer sans grande peine si une œuvre est d’esprit pessimiste ou optimiste, si elle présente le monde de façon qu’on l’aime et l’approuve tel qu’il existe, ou tout au moins qu’on le croie susceptible d’être amendé, ou bien si elle s’obstine à le montrer incurablement mauvais de façon à tuer l’espérance du mieux.

2412. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Bain n’ait pas essayé de montrer en détail comment son explication peut remplacer la théorie ordinaire des facultés, et comment chacune de celles-ci se ramène à un mode particulier d’association.

2413. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

« Il est très vrai », écrit-elle, le 6 février, à madame de Coulanges, « que le roi m’a nommée madame de Maintenon et que j’ai eu l’imbécillité d’en rougir, et tout aussi vrai que jamais de plus grandes complaisances pour lui que de porter le nom d’une terre qu’il m’a donnée. » Ce nom échappé au roi comme un mot dès longtemps usité, cette rougeur de celle qui le reçoit pour la première fois, cette expression d’étonnement et de reconnaissance, qu’aucun autre bienfait antérieur ne paraît avoir excité dans madame de Maintenon, montrent qu’elle sentit à l’instant tout ce que renfermait de bon pour elle cette substitution d’un nom nouveau à celui qu’elle portait.

2414. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

L’école anglaise a excellemment montré comment le désir d’un objet comme tel (de l’or, par exemple) peut se substituer au désir des plaisirs qu’il donne122.

2415. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Ce dernier se rendit célèbre, par la valeur et les talens qu’il montra dans les journées de Fleurus et de Nervinde.

2416. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Je vous ai montré, l’an dernier, l’émulation de nos troubadours du Midi, créant la poésie italienne en Toscane et la poésie allemande dans l’école des Minnesinger.

2417. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Il peut bien, pour donner à comprendre le soupçon qu’avoit Germanicus que Tibere fut l’auteur de sa mort, faire montrer par Germanicus à sa femme Agrippine une statuë de Tibere avec un geste et avec un air de visage propres à caracteriser ce sentiment ; mais il faut qu’il emploïe tout son tableau à l’expression de ce sentiment là.

2418. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Sainte Thérèse avait d’ailleurs montré la voie avec ses Sept châteaux de l’âme.

2419. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Il le croit consul, sur la foi de César Auguste, le fondateur ou le restaurateur de tous les temples, qui, dans sa visite du temple de Jupiter Férétrius, dont il releva la ruine amenée par le temps, avait lu ce nom, disait-il, sur la cuirasse de lin formant partie du trophée élevé par le vainqueur : « Je me serais cru presque sacrilège187 », s’écrie l’historien flatteur, « de ne point laisser à Cossus, en preuve de ses glorieuses dépouilles, l’attestation de César, le fondateur du temple même. » De tels souvenirs, un tel langage, suffisent à nous montrer quel prestige de grandeur et de respect public pouvait encore, dans les mœurs romaines, s’attacher au zèle affecté d’Auguste pour effacer une des traces de la violence et de l’incurie destructive reprochées à la guerre civile.

2420. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

On ne rencontrera chez nous ni le charlatanisme de l’ignorance, qui veut à tout prix paraître savante, ni le pédantisme de l’érudition, qui n’a qu’à se montrer pour être ennuyeuse. […] L’amitié — et cette remarque est à sa louange — l’avait sans doute égaré ; mais si l’amour a le droit d’être aveugle, franchement l’amitié n’a pas celui de se montrer si peu clairvoyante. […] Le romantisme se faisait vieux, et il avait beau se montrer d’autant plus aimable et plus empressé qu’il vieillissait davantage, les jolies femmes se retiraient de lui. […] Ici, il s’est montré véritablement poète ; et, pour vous le prouver, selon ma promesse de tout à l’heure, je pourrais citer mainte page de cette notice ; les limites étroites de cet article ne me le permettent pas. […] Cette affaire, dans laquelle les deux adversaires ont montré autant de sang-froid que de courage, répondrait victorieusement, s’il en était besoin, après le jugement d’une cour impériale, aux bruits mensongers dont M. 

2421. (1929) Amiel ou la part du rêve

à quelques pas de Genève on lui eût bien montré Ferney. […] À l’étroitesse réelle du pays et du milieu genevois, se joignit pour lui celle de la cloche pneumatique où il se croyait enfermé (Töpffer eût montré dans une caricature le Journal de Genève à la pompe). […] Amiel, dans sa famille, ne s’est brouillé avec personne, mais il a toujours pensé qu’il se montrait meilleur parent qu’on ne l’était avec lui. […] Ainsi, par une rencontre bizarre, le dévouement de fait que j’ai montré depuis et pendant vingt et un ans serait oublié en un jour, et ce serait un passant, qui avait tué l’enseignement de l’histoire à notre Faculté, qui récolterait les remerciements ! […] Si le biographe d’Amiel travaillait ici à la loupe, il montrerait sa vie parfois prise et tiraillée dans les problèmes genevois de l’élévation, matérielle et morale, aussi compliqués alors que ceux de l’étiquette mondaine pour les personnages de Marcel Proust.

2422. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

—  « Premièrement, j’examinerai la nature de ce vice et ce en quoi il consiste ; secondement, je considérerai jusqu’où s’étend la défense qui nous est faite de nous y livrer ; troisièmement, je montrerai le mal de cette habitude tant dans ses causes que dans ses effets ; quatrièmement, j’ajouterai quelques considérations supplémentaires pour en détourner les hommes ; cinquièmement, je donnerai quelques règles et directions qui serviront à l’éviter et à le guérir827. » Quel style ! […] La haute spéculation, qui seule peut en tenir lieu, s’est montrée ou déclarée impuissante. […] Un seul point leur manque, la haute spéculation ; c’est justement ce point qui, dans le manque du reste, fait à ce moment la gloire de la France, et leurs caricatures montrent avec un bon sens burlesque, face à face et dans une opposition étrange, d’un côté le Français dans une chaumière lézardée, grelottant, les dents longues, maigre, ayant pour tout repas des escargots et une poignée de racines, du reste enchanté de son sort, consolé par une cocarde républicaine et des proclamations humanitaires ; de l’autre l’Anglais rouge et bouffi de graisse, attablé dans une chambre confortable devant le plus succulent des roastbeefs, avec un pot de bière écumante, occupé à gronder contre la détresse publique et ces traîtres de ministres qui vont tout ruiner. […] Jamais le contraste des deux esprits et des deux civilisations ne s’est marqué en caractères plus visibles, et c’est encore Burke, qui, avec la supériorité d’un penseur et l’hostilité d’un Anglais, s’est chargé de nous les montrer.

2423. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Jules Simon, dans son livre sur la Religion naturelle, avaient montré la voie est M.  […] Littré nous dit que l’on se tromperait gravement en se persuadant que les critiques dirigées contre le matérialisme tombent sur la philosophie positive, et il prend de là occasion pour séparer de nouveau ces deux idées, et montrer que le positivisme, désintéressé entre toutes les écoles spéculatives, n’est pas moins indifférent au matérialisme qu’au spiritualisme. […] Il est facile de montrer que les positivistes tombent dans la même inconséquence à l’égard de Dieu, car tantôt ils se contentent de dire que l’homme ne peut rien savoir des causes premières et des causes finales, tantôt ils nient toute cause première (en dehors du monde) et toute cause finale. — Tantôt il semble que, pour eux, Dieu soit un inconnu qui échappe à toute définition et à toute détermination scientifique (ce qui n’en exclut pas la possibilité) ; tantôt ils déclarent expressément qu’il n’y a rien en dehors de la nature et de ses lois. […] Et enfin, lors même qu’on n’accorderait aucune réalité objective à ces notions de cause, de substance, de temps, d’espace, d’infini, qui nous enveloppent et s’imposent impérieusement à toutes nos pensées, il y aurait toujours à analyser et à critiquer ces idées, à montrer le lien qui les unit, à en faire un système, et la métaphysique subsisterait encore à titre d’idéologie.

2424. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Pareillement, comme l’a montré Albert Sorel, les légistes de la Révolution n’ont fait qu’appliquer aux émigrés et au clergé le droit que les légistes de Louis XIV avaient créé pour dépouiller les religionnaires et détruire leurs familles. […] L’ouvrage est destiné moins à montrer, à exposer le christianisme, qu’à le servir, en dégageant de lui des richesses encore insoupçonnées. […] Pour se montrer raisonnable la psychologie de l’Éducation progressive n’en paraît pas moins neuve, attentive et fine, forte de l’expérience d’une société, celle de la rue des Granges, prêcheuse et pédagogique. […] Les noms des deux grands disciples des idéologues, Stendhal et Taine, suffisent à nous montrer qu’elles ne pouvaient prendre forme, voix, troisième dimension, qu’en buvant le sang noir, en s’incorporant un romantisme. […] Mais il ne serait pas difficile de montrer qu’ils sont bien plutôt des décompositions ou des transformations du romantisme.

2425. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Où il se montrait tout à fait supérieur, mon marchand, c’est lorsqu’il parlait de l’utilité de faire attendre longtemps l’homme, qui est venu pour une affaire, parce que, dans l’attente, l’homme s’amollit, que les arguments qu’il a tout prêts, en montant l’escalier, à l’appui de ses prétentions, ces arguments perdent leur conviction entêtée dans le travail de l’impatience nerveuse, que son boniment préparé d’avance, lui-même se désagrège, — et qu’enfin le vendeur d’une chose, qui a attendu trois quarts d’heure, est tout près d’une concession, qu’il n’aurait peut-être jamais faite, si on l’avait reçu tout de suite. […] Samedi 11 avril Ce soir, l’avant-veille de mon enterrement, je trouve de bon goût de me montrer au théâtre, et de remercier mes acteurs. […] Tout le temps de la pièce, Daudet ne voulant pas se montrer dans la salle, — j’ai été le téléphone entre le mari et la femme. — Daudet repris à dîner bien mal à propos de ses douleurs, et qui a pris du chloral, se tient enfermé dans le cabinet de Koning, sourd aux applaudissements.

2426. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Comme il sépare l’habitude et la mémoire100, sans paraître se douter que la mémoire n’est qu’un cas particulier de l’habitude, tout ce qu’il dit des rapports de la parole intérieur avec l’habitude est vague et de peu de portée ; et, quand ses vues sont exactes, il est impossible d’en montrer la justesse sans les formuler en un langage plus précis. […] Il contient sur l’union de la parole et de la pensée une fine et lumineuse esquisse, où la présence ordinaire de la parole intérieure dans la méditation silencieuse est comme montrée à la conscience de chacun de nous en quelques pages limpides et persuasives123. […] Ces chapitres sont loin d’épuiser le sujet dont les discussions qui précèdent viennent de montrer l’étendue : leur objet propre est la définition de la parole intérieure comme fait psychique ; or la parole intérieure n’est pas seulement un fait intéressant par ses caractères distinctifs : ce fait est à peu près universel dans l’humanité, à peu près constant en chacun de nous ; on ne saurait pourtant dire qu’il est nécessaire, et en tout cas, il ne saurait être primitif ; son extension, son histoire, ses causes, mériteraient d’être étudiées à part ; de même aussi les perturbations qu’il éprouve dans certains états de l’âme qui ne sont pas l’état normal.

2427. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Il n’y a que Versailles pour se montrer, faire figure, se pousser, pour s’amuser, converser ou causer, au centre des nouvelles, de l’action et des affaires, avec l’élite du royaume et les arbitres du ton, de l’élégance et du goût. « Sire, disait M. de Vardes à Louis XIV, quand on est loin de Votre Majesté, non seulement on est malheureux, mais encore on est ridicule. » Il ne reste en province que la noblesse pauvre et rustique ; pour y vivre, il faut être arriéré, dégoûté ou exilé. […] Boutin de la Coulommière, fils d’un receveur général des finances, se récria à la vue de ce mécanisme ingénieux dont il se plaisait à faire jouer les ressorts, et se tournant vers l’abbé de Canillac : « Cela, dit-il, est admirable sans doute ; mais ce qui me semble plus admirable encore, c’est que Son Éminence, étant au-dessus des faiblesses humaines, veuille bien s’y accommoder. » Mot précieux et seul capable de montrer le rang, la position d’un prélat grand seigneur en province.

2428. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Seulement nous savons que ces systèmes sont tous des ondes, et nous mesurons la vitesse de chaque onde et sa longueur ; à cause de cela, nous pouvons définir exactement le déplacement élémentaire dont la répétition forme chaque système, montrer que, d’un système à l’autre, les déplacements élémentaires ne diffèrent que par la quantité, les ramener tous à un type unique, désigner l’action élémentaire correspondante du nerf optique et du cerveau, conclure à l’existence d’une sensation optique élémentaire dont les répétitions prodigieusement rapides et multipliées constituent les sensations totales de couleur que nous remarquons en nous. — Par malheur, la chimie n’est pas aussi avancée que l’optique ; elle ne fait que constater ses systèmes de déplacements, tandis que l’autre définit et mesure les siens ; il faut attendre qu’elle puisse, comme sa rivale, figurer les événements prodigieusement petits dont elle ne sait que l’effet final. — Mais, visiblement, dans les deux cas le problème et la solution sont semblables. […] Certaines concordances nous montrent déjà la liaison de nos sensations de saveur et d’odeur avec la constitution atomique, partant avec le changement de constitution atomique, des molécules (Bain, 152, 165).

2429. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Cette erreur est normale, et nous avons montré en quoi elle est utile. […] Par suite, l’image abréviative d’une longue série de sensations, opérations et actions, c’est-à-dire d’un fragment notable de ma vie, tend à évoquer les images abréviatives du fragment antérieur et du fragment postérieur. — Mais nous avons montré que la sensation postérieure, soit par elle-même, soit par son image, exerce sur l’image de la sensation précédente une contradiction qui cesse lorsque son commencement rencontre la fin de son antagoniste, d’où il arrive que l’image refoulée semble soudée par sa fin au commencement de l’image ou sensation refoulante.

2430. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Jamais, selon nous, la religion de l’homme d’État ne se montra plus dédaigneuse de la religion des fidèles. […] Washington, au milieu d’une société démocratique, républicaine, exclusivement commerciale, et pour longtemps pacifique, Washington avait eu raison de montrer peu d’ambition.

2431. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Le berger et sa famille lui racontent innocemment le séjour d’Angélique et de Médor dans leur cabane, leur union, leur félicité, leur départ pour les Indes ; ils lui montrent avec orgueil le bracelet précieux qu’Angélique leur a laissé en mémoire de son séjour ici. […] Mais Arioste, transportant son lecteur dans une loge de fou, et se complaisant à montrer son héros dans la sordide nudité d’une bête féroce, privée même de son instinct, nous paraît avoir commis une faute non-seulement contre le sentiment, mais contre le goût.

2432. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Un vieux cartel de cuivre, incrusté d’arabesques en écaille, ornait le manteau de la cheminée en pierre blanche, mal sculpté, sur lequel était une glace verdâtre, dont les côtés, coupés en biseau pour en montrer l’épaisseur, reflétaient un filet de lumière le long d’un trumeau gothique en acier damasquiné. […] Le neveu, de son côté, avait écrit à Paris de vendre tous ses objets personnels ; il en avait reçu un peu d’argent ; il montra de plus à son oncle des bijoux.

2433. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

La France actuelle n’est en réalité qu’une nation semi-démocratique, moins avancée en ce sens que les États-Unis ou la Suisse, et par conséquent ce qu’elle peut nous montrer, c’est tout au plus un commencement d’évolution littéraire correspondant à un commencement d’évolution sociale. […] J’en ai dit assez pour montrer combien il importe de noter en chaque période la forme et l’essence du gouvernement, le degré de liberté atteint, les grands événements intérieurs ou extérieurs.

2434. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Il montra le plaisir de l’énergie, de la lutte à sa nature, de l’orgueilleuse récréation de soi-même. […]   Les concerts étant arrêtés, à Paris et en France, durant tout l’été, aucune audition wagnérienne ne paraît pouvoir être notée ; les œuvres de Wagner sont, pourtant, encore exécutées à Paris, et les deux faits Wagnériens suivants, montreront l’expansion sans cesse plus grande, parmi nous, de l’œuvre Wagnérienne : 21 juin : Inauguration du cabaret du Chat Noir : Romance de l’Etoile, par M. 

2435. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

B, et C… Tristan, ai-je expliqué, est un drame de musique ; mais la lecture du seul texte littéraire pourrait montrer encore un drame du mode racinien, Tristan étant un type, Isolde un type, et cetera. […] XI Dans la première partie de ces notes j’ai exposé une interprétation du développement de l’art ; dans la seconde, j’ai pris un exemple de ce développement dans le cours de l’œuvre wagnérienne ; je veux enfin montrer sous le Parsifal l’exemple d’un couronnement, une œuvre d’art donnant la somme majeure des sensations par le moyen de la musique ; car je définirai : l’art wagnérien est — non pas l’évocation d’une vie par le moyen-de plusieurs arts — mais l’évocation de la vie par le moyen d’un art infiniment développé et qui est la musique.

2436. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Là, les gens à tempérament amoureux, hommes et femmes, les femmes attifées de leur mieux dans leurs capotes grises, les hommes au bonnet de coton, posé sur la tête d’un air conquérant, prenaient leur place sur le premier rang de chaises du passage, où se promenait un infirmier, choisissant le côté, où ils ou elles pouvaient montrer un profil moins endommagé — car il y avait parmi eux beaucoup de scrofuleux, très avancés — et ainsi placés, chacun et chacune tenaient son livre de messe, de façon à faire voir le numéro de son lit, qui est inscrit dessus. […] Cette esquisse qu’il avait abandonnée, lorsque sa vue avait commencé à se brouiller, il me la montrait, mardi dernier, au milieu des pots de confitures et des bocaux de pickles, confectionnés, ces jours derniers, par sa femme, et dont, un moment, dans une enfantine gaîté, il me faisait voir les jolies colorations, sentir les arômes piquants.

2437. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Séduits par quelques analogies scientifiques encore très-douteuses qui leur montrent dans le travail souterrain des éléments qui composent ce petit globe, et dans quelques cadavres d’animaux antédiluviens, des traces d’élaboration progressive et de ce perfectionnement prétendu ou vrai dans les espèces, ces philosophes ont conclu de la matière à l’âme, et de la pierre à l’homme. […] Montrez-moi seulement que votre nature éternellement progressive ait donné, par le travail de ce prodigieux écoulement de siècles, un organe, un doigt, une dent, un cheveu de plus à sa créature favorite, une ligne à sa stature, un jour à la durée de sa vie !

2438. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

C’est assez pour montrer que le Roman de Renart n’est pas l’unique et dernier mot de ce Moyen Âge finissant, que, si la renardie règne ici, la chevalerie dure, se maintient et recommence ailleurs, et que la race des Beaumanoir, des Du Guesclin, des Bayard, n’est jamais éteinte.

2439. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Au doge qui les accueillait avec honneur et les interrogeait, ils montrèrent leurs lettres de créance, et le doge leur dit : Seigneurs, j’ai bien vu vos lettres, et je sais très certainement que vos seigneurs sont les plus hauts hommes qui soient aujourd’hui de ceux qui ne portent point couronne.

2440. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

On ne l’accusera pas dans ses écrits d’avoir accordé trop d’importance à l’homme d’affaires ; il s’attache plutôt à montrer qu’il avait l’esprit au-dessus de son emploi : Il ne faut, disait-il, qu’une dose très médiocre d’esprit pour avoir des succès dans les affaires.

2441. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Après une de ces exhortations de l’ambassadeur en faveur de la paix, Bentivoglio ajoute : « Sur le visage et dans les paroles du président Jeannin, on croyait voir respirer la majesté et la présence du roi de France lui-même. » Le président Jeannin s’attache à montrer aux États-Généraux qu’une longue trêve équivaut à la paix et vaut même mieux à certains égards, en ce qu’elle ne permet point de s’endormir ; qu’il suffit que cette trêve soit conclue envers eux à d’honorables conditions, c’est-à-dire comme avec des États libres sur lesquels le roi d’Espagne et les archiducs ne prétendent rien ; que si l’on sait bien profiter de cette trêve en restant unis, en payant ses dettes et en réformant le gouvernement, elle pourra se continuer en paix absolue.

2442. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il eut les premiers penchants très littéraires ; il composa des tragédies qu’il montra au comédien Lanoue.

2443. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Accroissons le plus possible le nombre de ces livres naturels, où des esprits et des cœurs vivants se montrent avec sincérité et apportent une expérience de plus dans le trésor de l’observation humaine.

2444. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Barbey d’Aurevilly, dans sa notice, nous l’a montrée comme une muse antique ou mieux comme une vierge chrétienne, tenant embrassé son frère : … Mais quelle grâce et quelle passion divine dans cette attitude éplorée qui résume toute une existence et la lie si étroitement autour d’une autre ; car elle l’avait bercé et elle l’a enseveli !

2445. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Tous les esprits s’y montraient sous un jour imprévu… La vicomtesse de Noailles est fidèle encore au salon de la maréchale de Beauvau et de ses grands-parents, en nous le montrant ainsi, aux approches de 89, traversé en bien des sens et agité de ces courants d’opinion qui rafraîchissaient si agréablement les esprits et y remuaient les idées avant qu’on eût la tempête.

2446. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

On vient de publier en ce moment des Pensées de Maine de Biran44, confessions naturelles et même naïves, d’une modestie, d’une bonhomie touchante, d’une religieuse élévation, et qui montrent tout l’intérieur de ce penseur homme de bien.

2447. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

L’éditeur se piquait d’avoir découvert un Joseph de Maistre tout à fait inconnu avant lui ; il le libéralisait le plus qu’il pouvait, et le montrait surtout très national, antipathique à l’Autriche.

2448. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Chacun d’eux, lorsqu’il est reçu dans ce corps, prononce un discours comme pour montrer de nouveau et de vive voix qu’il est digne du choix qu’on a fait en sa personne, et ce discours qui servira de modèle à d’autres, et qui montre sur quoi principalement un orateur a bonne grâce de s’exercer, doit contenir des éloges, des éloges donnés aux vivants et aux morts.

2449. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Prevost-Paradol, à son tour, écrivant un article sur Tocqueville, répondit à cette pensée, et, dans une prosopopée touchante où il le faisait parler, il témoigna, comme c’était son droit, que ses amis le louaient au contraire d’avoir eu la sensibilité si vive, et ne le désiraient pas autre qu’il ne s’était montré à eux, c’est-à-dire triste jusqu’à en mourir.

2450. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Poète des champs, pourquoi se montrer agressif contre ceux que vous appelez de libres penseurs, et dont quelques-uns sont de grands talents ?

2451. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Anselme Petetin avait trouvé dans l’Imprimerie Impériale un corps d’élite qui sait ce que c’est que le dévouement, qui l’a montré notamment à de certains jours, et qui est accoutumé aussi à rencontrer chez ses directeurs des chefs faits pour l’apprécier et pour le conduire.

2452. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Jamais Moïse n’a été conçu ni montré plus grand que chez Bossuet, jamais plus prophète, jamais plus poète : Moïse, de tous les mortels celui à qui il a été donné de voir Dieu de plus près.

2453. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Dans les jours de la Grèce antique, On te mêlait aux noirs cyprès ; Des Anciens le deuil poétique Par toi disait les longs regrets ; L’âme d’Achille consolée A son belliqueux mausolée Vit les Thessaliens venir, Parés de ta fleur solennelle : Leur deuil voulut montrer en elle L’éternité du souvenir.

2454. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Il avait montré comment une bonne armée se crée et s’organise, il nous montre aujourd’hui comment elle se fond et se défait ; on sait mieux, après l’avoir lu, ce qu’il faut entendre par ces mots de corruption et de décadence ; on s’en fait une trop juste idée, en même temps qu’on sait aussi faire la part des exceptions, de la valeur, du désintéressement et de l’intégrité, qui se personnifient en quelques nobles figures, même aux plus tristes moments de cette monarchique histoire.

2455. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Sainte-Beuve disait à un ami en face de lui, dans une de ces conversations familières qui le prenaient parfois après une forte journée de travail : « Je ne me serais pas cru libre dans un journal qui porte un emblème en tête (il montrait le Journal officiel) ; il faut trop se ranger, quand on marche sous une bannière ; on a peur de marcher sur le pied de son voisin ; on se gêne ou l’on gêne ; on n’est plus là pour discuter, mais pour suivre ; on est enrôlé ; allez donc discuter les affaires de Rome, par exemple, comme on les sent, dans un journal qui épouse tant là légitimité que cela ; qui semble voué à la reine Marie-Antoinette ; oh il est sans cesse question d’elle !

2456. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet a donné carrière à ses sympathies de moyen âge, en les relevant et les rachetant par ses vues philosophiques sur l’avenir du monde, sur la guerre dont il voit en Napoléon le dernier grand représentant, et sur la démocratie dont il le considère également comme le héros : « La poésie, dit-il, n’a pas seulement pour but de représenter Napoléon tel qu’il s’est montré aux contemporains.

2457. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

), il nous semble injuste et dur, en y réfléchissant, de ne pas prendre en considération ces trente dernières années de sa vie, où Rousseau montra jusqu’au bout de la constance et une honorable fermeté à ne pas vouloir rentrer dans sa patrie par grâce, sans jugement et réhabilitation.

2458. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Vous, qui rentrerez dans vos foyers, ou dans une condition privée, que serez-vous, si vous ne vous montrez pas généreux ?

2459. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Voici des faits qui pourront montrer l’écart des chiffres officiels et des chiffres réels : 1° Dans l’Almanach Royal, l’évêché de Troyes est évalué 14 000 livres ; dans la France ecclésiastique de 1788, 50 000.

2460. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

Comme on l’a montré, cette trame peut être considérée à deux points de vue, soit directement, en elle-même et par la conscience, soit indirectement, par la perception extérieure et d’après les impressions qu’elle produit sur nos sens. — À côté des idées, images et sensations, événements fort composés dont nous avons conscience et que cette particularité distingue des autres événements analogues, sont d’autres événements rudimentaires et élémentaires du même genre, dont nous n’avons pas conscience, et que dénote l’action réflexe : tel est le premier point de vue. — À côté des mouvements moléculaires fort composés qui se passent dans la substance grise des lobes cérébraux et des centres dits sensitifs, sont d’autres mouvements moléculaires analogues et moins composés qui se passent dans la substance grise de la moelle et dans les ganglions du système nerveux sympathique170 ; tel est le second point de vue. — Le premier est le point de vue psychologique ; le second est le point de vue physiologique. — D’après le second, il y a dans l’animal plusieurs centres d’action nerveuse, les ganglions du grand sympathique, les divers segments de la moelle, les divers départements de l’encéphale, plus ou moins subordonnés ou dominateurs, plus ou moins simples ou compliqués, mais tous distincts, mutuellement excitables, et doués des mêmes propriétés fondamentales. — D’après le premier, il y a dans l’animal plusieurs groupes d’événements moraux, idées, images, sensations proprement dites, sensations rudimentaires et élémentaires, tous plus ou moins subordonnés ou dominateurs, plus ou moins simples ou compliqués, mais tous distincts, mutuellement excitables, et plus ou moins voisins de la sensation. — En forçant les termes, on pourrait considérer la moelle comme une file d’encéphales rudimentaires, et les ganglions du système sympathique comme un réseau d’encéphales plus rudimentaires encore171.

2461. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

En géométrie, on met au bout du théorème : « C’est là ce qu’il fallait démontrer » ; dans nos apologues, nous mettrons en tête du précepte : « Voilà ce que la fable devait prouver. » Notre oeuvre prendra ainsi une forme mathématique, et montrera, jusque dans ses dehors, l’austérité solennelle de notre dessein.

2462. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

M. de Montmorency seul se montra impassible et crut devoir, par charité chrétienne, déguiser sa peine en feignant de ne pas sentir l’amertume que lui inspirait la conduite de M. de Chateaubriand.

2463. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Mais, tel que ses écrits nous le montrent, nous pouvons l’employer à remplir l’espace qui sépare Jean-Jacques de Fénelon.

2464. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Dans ces formes visibles et ces mouvements physiologiques, ils nous ont montré des âmes ; et même impures, même obscures, même mesquines, ils nous ont fait aimer ces âmes, ils nous ont fait plaindre leurs souffrances.

2465. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Vous allez vous montrer là-bas à des hommes de peu d’art et de peu de littérature, qui vous comprendront mal, qui vous regarderont du même œil qu’on regarde un veau à cinq pattes, qui verront en vous l’être extravagant et bruyant, non l’artiste infiniment séduisante, et qui ne reconnaîtront que vous avez du talent que parce qu’ils payeront fort cher pour vous entendre.

2466. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Zola : on le montrerait poète à sa façon ; poète pessimiste et fataliste ; on parlerait de sa morosité brutale et de sa lenteur puissante.

2467. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

La comédie française s’en montra plus d’une fois jalouse : les Italiens jouaient des pièces françaises ; les comédiens français prétendirent qu’ils n’en avaient pas le droit.

2468. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Ce sont des flambeaux menaçants qui éclairent tout à coup les ténèbres de toutes ces dispositions équivoques où s’embarrasse notre conscience, et qui nous y montrent le mal si près du bien, et le bien si mélangé de mal, qu’ils nous font peur même de notre honnêteté.

2469. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

« L’anticipation du futur par le moyen du passé, bien loin d’être un phénomène sui generis, est renfermée dans une des lois les plus générales de l’esprit humain. » Quand donc Dugald Stewart et d’autres l’érigent en objet d’admiration, en prodige, en chose qui ne rentre sous aucune loi générale et qu’ils nous disent qu’ils ne peuvent la rapporter qu’à un instinct ; ce qui équivaut à dire, à rien du tout — le terme instinct dans tous les cas ne signifiant que notre ignorance — ils ne montrent que leur impuissance à ramener les phénomènes de l’esprit à la grande loi compréhensive de l’association.

2470. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Privées de leur supérieure, ses filles, à Toulouse, se montrèrent dignes d’elle, et soutinrent le choc des puissances, comme elles auraient soutenu un siège et un assaut.

2471. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Et cependant, malgré ce qu’il y a d’admirablement simple et de majestueux dans l’accomplissement de telles productions uniques, nous voudrions, dans l’habitude de l’art, détendre un peu cette théorie et montrer qu’il y a lieu de l’élargir sans aller jusqu’au relâchement.

2472. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

En parlant ainsi, Frédéric était clément et généreux ; il faisait de plus la leçon à Voltaire qui se montrait sans pitié pour ce roi mort qu’il avait autrefois flatté.

2473. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Dans sa vie auguste et modeste, et, en général, si étrangère à la politique, Mme la duchesse d’Angoulême eut une fois du moins, à Bordeaux, l’occasion de montrer qu’elle avait en elle ce courage d’action qui lui venait bien de sa mère et de son aïeule Marie-Thérèse.

2474. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

La lettre écrite à Cosnac le 26 juin nous a montré Monsieur plus acharné que jamais contre Madame et lui faisant des menaces pour l’avenir.

2475. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Assis en ce lieu sublime et d’où il embrasse tout l’horizon, il ne se met point à discourir sur la formation du monde ; ce sont de ces sujets à garder pour le sommet de l’Etna ; mais il médite sur les ruines mêmes de la Grèce ; il se demande quelles sont les causes qui ont précipité la chute de Sparte et d’Athènes, et ces considérations d’une haute et sommaire histoire, pleines de vigueur et environnées de lumière, nous montrent à la fois ce qui manque dans les deux sens à l’estimable ouvrage de l’abbé Barthélemy.

2476. (1903) Zola pp. 3-31

Thérèse Raquin était un drame bourgeois, sombre et violent, sans nuances, dont j’ai entendu dire par une dame, à cette époque éloignée : « Ce serait bien ennuyeux, si ce n’était pas si triste. » Le don d’apitoyer par l’horreur se montrait déjà.

2477. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

  Ces choses dites rapidement, qu’il me soit permis de montrer que cette forme nouvelle de l’expression de l’idée, l’Instrumentation poétique, enferme et perd en elle tous les modes d’art : Elle est l’éloquence, évidemment : plastique pour la variété la plus ordonnée des rythmes : picturale, parce que (nous avons négligé de le dire au long) le moins de hasard a été établi aussi pour la coloration à attribuer aux voyelles, que la généralité des vues maintenant, c’est un fait scientifique, distingue nettement de telle ou telle couleur : musicale parce qu’elle est le sens enfin trouvé du langage, qui, scientifiquement, est musique, et qu’elle est l’immatérialité des instruments de la musique proprement dite : Elle est, au gré de la pensée qui la conduit et la mesure, la plus complète et intime possibilité de mouvement intellectuellement exprimé.

2478. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Il est inutile de montrer comment, de ce point de vue, la nécessité d’étudier les faits du dehors apparaît plus évidente encore, puisqu’ils résultent de synthèses qui ont lieu hors de nous et dont nous n’avons même pas la perception confuse que la conscience peut nous donner des phénomènes intérieurs.

2479. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Cette lecture, au contraire, leur a montré que l’art d’écrire était beaucoup plus difficile qu’ils ne pensaient, et si cela n’a découragé personne, c’est évidemment parce que nous avons dit ce qu’il fallait dire et que nous avons conseillé ce qu’il fallait conseiller.‌

2480. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Mais Planche, le hargneux Planche, montrait ses crocs dans la loge de la Revue des Deux-Mondes.

2481. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

J’avais montré, de loin, à l’horizon, le poète qui allait y poindre et qui l’a, d’un trait, subitement envahi, pour y rester, étoile à sa place, malgré les efforts réagissants de l’Envie qui voulait l’en précipiter, et j’attendis longtemps alors avant de parler des Névroses.

2482. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Si, comme on vient de le montrer, la vérité est dans les choses, il suffit pour la trouver de décomposer les choses, de les résoudre par l’analyse en leurs éléments, de noter ces éléments par des signes précis, d’assembler ces signes en formules exactes, de convertir ces formules les unes dans les autres, et d’arriver par des équations à l’équation finale qui est la vérité cherchée.

2483. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

C’est ainsi que, dans quelques pâles récits du Bas-Empire romain, il nous est montré avec effroi parmi les hordes des Huns leurs poëtes, dont la voix ne pouvait retentir entre les chariots du camp qu’on ne vit aussitôt les hommes courir aux armes, et les enfants verser des pleurs d’impatience et de rage.

2484. (1929) La société des grands esprits

En tout cas, les discours et plaidoyers politiques de Démosthène ne le montrent guère préoccupé de décider le sort du monde. […] Au troisième tercet du deuxième chant, voici Minerve qui « inspire » Dante, Apollon derechef, qui le « conduit » et encore les Muses, qui lui montrent l’Ourse. […] Nul n’en avait encore montré systématiquement toute l’importance. […] À la fin, il ne se sentait plus en communion d’idées littéraires qu’avec Victor Hugo, qui lui montra toujours la plus chaude sympathie. […] Mais les plus récentes, qui se raréfient, montrent combien il reste vivant, puisqu’il est encore si furieusement discuté.

2485. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Quand on commence, comme les Bénédictins, à Pythéas, le navigateur grec de Marseille, antérieur de 400 ans environ à Jésus-Christ, qui se dirigea au Nord à la recherche de la mystérieuse Thulé, et qui racontait tant de choses et si merveilleuses, qu’il passa en son temps pour menteur, comme Marco Polo dans le sien, et qu’on lui appliquait déjà le proverbe : A beau mentir, qui vient de loin ; quand on s’arrête à montrer les premiers établissements des Romains dans le midi de la Gaule, qu’on énumère les nombreux rhéteurs et grammairiens latins que produisit cette contrée, dès lors si prompte au beau langage : qu’on n’omet ni Marc-Antoine Gniphon, qui tint école à Rome, l’un des maîtres de César, et qui eut Cicéron pour auditeur ; — ni Valère Caton, le grammairien et le poète, que les Romains, novices encore à l’harmonie, avaient surnommé la Sirène latine, pour son talent de lire les poètes et de les former, qui faisait lui-même d’assez beaux vers, assez énergiques et touchants (il avait été dépossédé de son champ par les vétérans, cela l’inspira), et qu’a imité Virgile ; — quand on est heureux de rencontrer sur son chemin le grand comédien honnête homme Roscius, sous prétexte qu’il naquit dans la Narbonnaise ; — quand on embrasse ce cadre et qu’on tient à le remplir en détail, on écrit tout simplement un livre intéressant qui comprend une riche province de la culture latine, une province entièrement romaine depuis César. […] Le jour que Raynouard alla pour la première fois à la Bibliothèque impériale pour y compulser les manuscrits provençaux, ce fut Fauriel (il se trouvait là par hasard) qui lui montra à lire, à déchiffrer les premières lignes du premier manuscrit.

2486. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Mais leur ressemblance suffit pour montrer l’action universelle du balancier central qui frappait tout à la même effigie, le métal vulgaire et l’or affiné. […] On savait se ruiner sans qu’il y parût, comme de beaux joueurs qui perdent sans montrer d’inquiétude et de dépit.

2487. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Mais la majorité des philosophes se figure qu’elle est quelque chose de plus ; et les autres hommes, quoique, selon moi, ils n’aient rien dans l’esprit qu’une possibilité permanente de sensations, seraient indubitablement, si on leur posait la question, de l’avis des philosophes ; et, quoique ceci s’explique suffisamment par la tendance de l’esprit à inférer une différence dans les choses d’après une différence dans les noms, je me reconnais obligé à montrer comment il est possible de croire à l’existence d’une chose transcendante autre que les possibilités de sensation, et cela sans qu’il y ait une telle chose et sans que nous la percevions actuellement. […] Cet antécédent est bien plus souvent l’existence d’un groupe de possibilités qui n’enferment point de sensations actuelles, sauf celles qui sont requises pour montrer que les possibilités sont réellement présentes.

2488. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« Dans quelle région du ciel (reprend-il au vingt-cinquième sonnet) était le modèle incréé d’où la nature tira ce beau visage, dans lequel elle se complut à montrer la puissance d’en haut ? […] Hugues de Sades avait vingt ans, Laure seize ans ; outre la dot de 6 000 liv. tournois, Ermessende donne à sa fille Laure une robe de soie verte, sans doute la même dont elle était vêtue dans l’église de Sainte-Claire le jour de fête du 6 avril, quand elle se montra pour la première fois à Pétrarque.

2489. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Aujourd’hui nous ne voulons vous entretenir que d’un homme de nos jours, que la mort a retiré à elle après nous l’avoir seulement montré : Léopold Robert. […] Elle me montra du doigt la fumée du toit de l’horloger, à travers la fenêtre ouverte.

2490. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

La saison était caniculaire, malgré les haleines du torrent presque desséché dont nous suivions les bords, et qui montrait ses blocs roulés à nu dans son lit, comme Job montrait ses os à Dieu dans sa nudité sur sa couche.

2491. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

— « Quel dommage, dit la belle enfant, de ne pouvoir ainsi me montrer ni dans la rue ni dans l’église ! […] Et les étoiles éternelles ne se montrent-elles pas en nous regardant avec amour ?

2492. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Dans les ouvrages de Dieu, les richesses de l’infini se montrent à découvert jusque dans le moindre élément. […] (Nous avons montré que le simple particulier n’existait pas dans le ministre, à moins qu’il n’eût donné sa démission.)

2493. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

À aucune époque de sa carrière civile il n’a montré devant son devoir une hésitation. […] Sa haute intelligence lui montrait des deux côtés des dangers presque égaux pour la patrie : l’anarchie et la faiblesse avec Pompée, la violence et la tyrannie avec César.

2494. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

« Quand tu liras tout cela, mon ami, souviens-toi que c’est écrit le 1er décembre, jour de pluie, d’obscurité, d’ennui, où le soleil ne s’est pas montré, où je n’ai vu que des corbeaux. » Le 3 décembre, un seul mot… « Il est sept heures, j’entends le ruisseau et j’aperçois une belle étoile qui se lève sur Mérin : tu n’as pas oublié ce hameau ?  […] Elle l’avait élevé, elle avait été témoin de ses progrès dans ses premières études ; elle avait conçu de lui une de ces grandes idées qui montrent un grand homme dans un enfant à des parents trop prévenus en faveur de leur sang.

2495. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

… Dieu s’est déjà montré cet hiver ; il a vu qu’on avait plus peur d’un homme que de lui : que les mères elles-mêmes, comme du temps d’Hérode, n’osaient plus retenir la chair de leur chair, quand il la demandait pour le massacre ; alors il a fait venir le froid, et notre armée a péri… et tous ceux qui vont partir sont morts d’avance : Dieu est las ! […] Si des gens raisonnables me disent que j’ai bien fait d’écrire ma campagne de 1813, que cela peut éclairer la jeunesse sur les vanités de la gloire militaire, et lui montrer qu’on n’est jamais plus heureux que par la paix, la liberté et le travail ; eh bien !

2496. (1909) De la poésie scientifique

C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le Symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d’âme par une série de déchiffrements. » C’est-à-dire que Mallarmé, interdisant avec raison à l’art descriptif et purement extérieur l’accès du poème, hiératise exclusivement un art qui évoque, qui suggère d’images de plus en plus spiritualisées et de valeurs analogiques très proches, telles pensées choisies d’après de premiers rapports d’émotivité. […] Dans En méthode nous avons montré, par exemple, comment le principe de « lutte pour l’existence » ne doit point être pris pour Fin de l’énergie, tandis qu’il n’en est qu’un Moyen : d’où la non acceptation des conclusions de Spencer et de Nietsche.

2497. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Je m’engage à montrer à écrire à n’importe qui. […] Le soir, dans l’impossibilité du travail, nous remontons tous deux, en fumant des pipes, à nos souvenirs de collège, alternant de la voix et de la mémoire : Jules contant le collège Bourbon, et ce terrible professeur de sixième, cet Herbette qui fit toute son enfance heureuse, malheureuse, le poussant sans miséricorde aux prix de grands concours, puis, plus tard, ce professeur de seconde, auquel il déplut pour faire autant de calembours que lui, et aussi mauvais, enfin cette bienheureuse classe de rhétorique, où il fila presque toute l’année, fabriquant en vers un incroyable drame d’Étienne-Marcel, sur la terrasse des Feuillants, averti de l’heure de la rentrée à la maison par la musique de la garde montante se rendant au Palais-Bourbon, et les rares fois où il se montrait au collège, passant la classe à illustrer Notre-Dame-de-Paris de dessins à la plume dans les marges : Edmond contant ce Caboche, cet excentrique professeur de troisième du collège Henri IV, qui donnait aux échappés de Villemeureux, à faire en thème latin le portrait de la duchesse de Bourgogne de Saint-Simon, cet intelligent, ce délicat, ce bénédictin un peu amer et sourieusement ironique, ce profil original d’universitaire, resté dans le fond de ses sympathies, comme un des premiers éveilleurs chez lui de la compréhension du beau style, de la belle langue française mouvementée et colorée, ce Caboche qui, un jour, à propos de je ne sais quel devoir, lui jeta cette curieuse prédiction : « Vous, monsieur de Goncourt, vous ferez du scandale ! 

2498. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Là les heures d’anxiété sont maintenant sonnées par une pendule d’or… Regardant cela, nous pensions à la Cour d’assises de l’avenir, dont les boiseries seront en bois de rose, les panneaux en pékin peint d’un ton riant, et où il y aura une vitrine de petits saxes, que les gendarmes montreront aux accusés, pendant les suspensions d’audience. […] Quand nous redescendons, nous trouvons l’imprudent Gautier en train de raconter à Sacy, qui peut être une voix dans son élection de demain, qu’une des femmes qu’il a le plus aimées dans sa vie, était une femme panthère, tachetée comme son nom, qu’on montrait dans une baraque, et aux oh !

2499. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Il est au moment de partir, quand il a l’heureuse inspiration de vouloir montrer à ses hôtes qu’il n’est pas seulement un musicien, et il tire de son sac un portrait, dans la manière des crayonnages de Prud’hon. […] Quelques-uns, arrachés de terre, montraient, retournées en l’air, leurs racines et leur chevelu emmêlé de glaise sèche.

2500. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Fin d’avril À l’heure qu’il est, en littérature, le tout n’est pas de créer des personnages, que le public ne salue pas comme de vieilles connaissances, le tout n’est pas de découvrir une forme originale de style, le tout est d’inventer une lorgnette avec laquelle vous faites voir les êtres et les choses à travers des verres qui n’ont point encore servi, vous montrez des tableaux sous un angle de jour inconnu jusqu’alors, vous créez une optique nouvelle. […] La conversation, qui va de la cuisine milanaise, du risotto au polichinelle napolitain, lui donne l’occasion de montrer une science, une érudition que n’ont pas d’ordinaire les princes.

2501. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

… Dépouillez toutes vos bibliothèques plus récentes, et montrez-moi quelque chose d’égal à un de ces sanglots, à un de ces blasphèmes, à une de ces résignations. […] « Quand il pesait la force des vents et qu’il mesurait les eaux de l’abîme, « Quand il donnait des lois à la pluie et qu’il marquait leur route à la foudre et aux tempêtes, « Alors il vit la sagesse, alors il la montra ; il la renfermait en lui, il en sondait les profondeurs.

2502. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Louis XIV sentit qu’il fallait tout accorder à un jeune poète qui se montrait si supérieur à ses rivaux, et qui dispensait d’une main si magistrale le dédain au mauvais goût, la gloire au grand règne. […] On peut y être familier sans être vulgaire, on peut s’y montrer ingénieux sans être méchant.

2503. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

« Telles que des colombes groupées autour du froment ou de l’ivraie qu’on leur jette, tranquilles et sans montrer leur turbulence accoutumée, si quelque chose apparaît qui les inquiète, laissent soudain là leur nourriture, parce qu’elles en sont distraites par un plus grand souci ; — ainsi vis-je cette nouvelle foule d’âmes abandonner l’attention qu’elles donnaient à ce chant et s’enfuir sur la plage, semblables à quelqu’un qui va machinalement sans savoir où ses pas le mènent !  […] Minerve m’inspire, Apollon me conduit, des muses nouvelles me montrent l’étoile de l’Ourse !

2504. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Le premier président Groulard du parlement de Normandie, dans ses curieux Mémoires, nous a montré à quel point elle était véritablement traitée par Henri IV en princesse, et présentée dès 1596 aux plus graves magistrats comme une personne à qui l’on devait hommage : Le jeudi 10 octobre 1596, Mme la marquise de Montceaux arriva à Rouen, logea à Saint-Ouen en la chambre dessus celle du roi. — Le vendredi 11, je la fus saluer, et le dimanche encore après, en ayant eu commandement du roi par les sieurs de Sainte-Marie-du-Mont et de Feuquerolles.

2505. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Jules Quicherat a vu de lui à Arras un portrait dessiné, le seul authentique, et qu’il estime provenir de Belgique, et d’une collection formée par les ducs de Bourgogne ; il a bien voulu m’en montrer une esquisse fidèle qu’il en a prise.

2506. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Soit que ce dernier dans l’éloignement n’ait point assez connu les qualités tardivement développées et les mérites supérieurs qu’on a loués dans ce jeune prince ; soit qu’à titre d’ancien précepteur, il ait été trop disposé à le juger jusqu’au bout comme un enfant ; soit qu’à ce titre de maître et de précepteur toujours, il se soit montré plus sévère et plus exigeant envers lui comme un habile et consciencieux artiste l’est pour son propre ouvrage, il est certain que les lettres de Fénelon qui traitent du duc de Bourgogne sont continuellement remplies des censures les plus précises et les plus nettement articulées, excepté les dernières de ces lettres qui se rapportent aux huit derniers mois de la vie du prince.

2507. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Roger-Lacassagne, nous le montrent surtout avec grâce et douceur dans la familiarité.

2508. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

La guerre s’ouvre avec vigueur ; le fils du roi, Monseigneur, est mis à la tête de l’armée du Rhin : « Le roi et Monseigneur se sont fort attendris en se séparant (25 septembre 1688). » Louis XIV dit à son fils une belle parole : « En vous envoyant commander mon armée, je vous donne des occasions de faire connaître votre mérite ; allez le montrer à toute l’Europe, afin que quand je viendrai à mourir, on ne s’aperçoive pas que le roi soit mort. » Monseigneur se conduit bien et vaillamment ; il a un éclair d’ardeur : cela même lui donne une étincelle d’esprit ; il écrit à son père devant Philisbourg : « Nous sommes fort bien, Vauban et moi, parce que je fais tout ce qu’il veut. » — « Mais Vauban pourtant, ajoute Dangeau qui s’anime et s’aiguillonne à son tour, n’est pas si content de Monseigneur, qui va trop à la tranchée et y demeure trop longtemps. » On prend Philisbourg, on prend Manheim et Frankendal : après quoi Monseigneur revient.

2509. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Cette opinion, ajoute-t-il cependant, me semble trop rude et éloignée de charité, et il y a comme en toute chose une médiocrité plus douce, qui est de ne forcer ni presser, mais tout simplement montrer et proposer le meilleur ; car il y a toujours en ce grand nombre quelques-uns capables et disposés à suivre en le leur montrant seulement au doigt.

2510. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Votre patience, le courage que vous montrez au milieu de ces rochers, sont admirables ; mais ils ne vous procurent aucune gloire, aucun éclat ne rejaillit sur vous.

2511. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Il n’avait que vingt-sept ans (4625), Il s’est peint à nous petit, « la taille de deux ou trois doigts au-dessous de la médiocre, la tête assez belle, (ses portraits nous la montrent même très belle), les yeux doux, mais un peu égarés, et le visage assez niais ».

2512. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Mais qu’il l’ait inventé ou non, que de même il ait imaginé ou simplement arrangé et accommodé à sa guise cet autre joli conte de Camille, ou filer le parfait amour, Sénecé a très heureusement conduit et filé à son tour ces récits, et il a montré ce qu’il aurait pu faire s’il avait cultivé avec moins de distraction le genre.

2513. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Les premières lettres de Frédéric à son frère Henri, et qui se rapportent à l’extrême jeunesse de celui-ci, nous le montrent assez dissipé, rappelé à l’ordre par le jeune roi, et tiède dès lors et très froid à son égard : Le peu d’amitié que vous me témoignez dans toutes les occasions, lui écrivait Frédéric (1746), ne m’excite pas à faire de nouveaux efforts de tendresse en faveur d’un frère qui a si peu de retour pour moi… Il faut, si vous m’aimez, que votre amitié soit métaphysique, car je n’ai jamais vu aimer les gens de la sorte, sans les regarder, sans leur parler, sans leur donner le moindre signe d’affection.

2514. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Les Lettres de Lamennais publiées déjà ou encore à publier, corrigeront heureusement ce que ses derniers excès de parole en 1848 avaient pu laisser de trop défavorable dans les esprits à son sujet ; elles le montrent au naturel, avec tous ses défauts, avec ses compensations et ses avantages.

2515. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Les mœurs publiques ont changé ; les luttes parlementaires ont montré aux prises, et parfois bien rudement, des athlètes politiques, qui se rencontraient l’instant d’après, et sans apparence de ressentiment, sur le terrain neutre de l’Académie.

2516. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Sais-tu qu’il y a tel sourire de toi qui me montrerait la profondeur de mes maux, comme le rayon de soleil qui éclaire un abîme !

2517. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Il serait juste aussi de le montrer un digne fils et un héritier direct de la civilisation et de la culture grecque à laquelle il appartient, de cette civilisation qu’on voit si humaine au temps de Gélon, et qui trahissait déjà son véritable esprit dans la lutte fabuleuse de Pollux, l’un des Argonautes, contre un roi brigand des bords de la Propontide.

2518. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Guillaume Schlegel, qui n’avait plus cette œuvre à poursuivre, s’est montré, relativement, fort modéré, et, si un Français peut réclamer à quelques égards contre ses jugements sur Racine, il n’y a guère qu’à approuver ce qu’il a dit de Corneille.

2519. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Renan a écrit à cette occasion deux beaux articles58, qui ne font que présager ce qu’il payera d’hommages sentis au meilleur des princes, dans la suite de l’ouvrage où il doit montrer les progrès du Christianisme en présence du dernier effort et de l’épanouissement suprême de l’ancienne philosophie.

2520. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Le roi m’a montré celle qui est partie, il y a huit jours.

2521. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Mais ces redites pourtant, dût la forme seule les rajeunir, ne nous ont pas semblé inutiles, ne serait-ce que pour montrer que nous aussi, le dernier venu et le plus obscur, nous savons au besoin et par conviction nous ranger à la suite de nos devanciers dans la carrière.

2522. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

J’ai montré comment, en littérature, le goût a dû s’altérer ; et dans la politique, les événements ayant devancé les idées, les idées rétrogradent par-delà leur point de départ.

2523. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Se détachant du même groupe d’érudits, collaborateurs tous les deux d’Olivetan dans la traduction de la Bible, Calvin s’en alla écrire le livre de la Réforme française, et Despériers quatre petits dialogues. obscurs et railleurs, où l’on entrevoyait ces choses graves : que la foi consiste à affirmer ce qu’on ne sait pas, et que nul ne sait ; que les théologiens ressemblent à des enfants « sinon quand ils viennent à se battre » ; que Luther ni Bucer ne changeront le train du monde, et qu’après comme avant eux, mêmes misères seront, et mêmes abus ; que toute la puissance de Dieu est dans le livre, entendez que le livre, c’est-à-dire l’homme, a fait Dieu ; que les petits oiseaux montrent aux nonnes les leçons de Nature : que toutes les Eglises et tous les dogmes ne sont qu’imposture et charlatanisme ; que les réformateurs sont en crédit par la nouveauté ; que leur œuvre, quoi qu’ils en aient, rendra chacun juge de sa foi.

2524. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Comme Gil Blas, Marianne et Jacob sont chargés de nous montrer les milieux qu’ils traversent, l’une d’enfant trouvée devenant demoiselle de boutique, mise au couvent, lancée dans le monde, s’acheminant à un riche mariage ; l’autre, de laquais s’élevant à la condition de fermier général.

2525. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

C’est encore un effet de l’exotisme, qu’ayant visité le monde, vous revoyiez votre pays et les objets connus avec des yeux vierges et tout neufs et avec la même fraîcheur d’impression, le même étonnement que vous avez vu le Congo ou Tahiti… Mais Mon frère Yves et Pêcheur d’islande sont deux romans dont la simplicité exigerait, pour être analysée et définie, un trop difficile effort, et je n’ai voulu que montrer comment les trois premiers romans de Loti, ces œuvres rares, préparaient ces deux chefs-d’œuvre.

2526. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Mais sa plus grande joie, c’est d’être un mâle et de le montrer.

2527. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Mais ses yeux montraient la pureté des yeux des tout petits enfants, pureté de lointaines transparences, et sa voix, avec un peu de fait exprès dans la fluidité de l’accentuation, caressait.

2528. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Le contresens avait une large part dans ces étranges créations, et j’espère montrer un jour le rôle qu’il a joué dans la formation de nos dogmes les plus essentiels ; ou plutôt l’esprit sans critique voulait à tout prix retrouver sa pensée dans le passé et arrangeait pour cela le passé à sa guise.

2529. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Il y montrait la jeunesse du temps telle qu’il l’a peinte d’ailleurs en maint endroit de ses comédies, les hommes brutaux, peu complaisants, avares, négligés, débauchés, ivrognes et joueurs.

2530. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Le poète a essayé depuis de nous la montrer en prose, mais ses vers ne le disaient pas.

2531. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Serait-ce dans la politique que Montesquieu se serait montré si plein de respect pour les choses existantes ?

2532. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Cet aspect de zinc d’art qu’on prend ou qu’on veut faire prendre souvent pour du marbre (« marbre, airain, pureté, montrez voir ? 

2533. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Il n’y a que des chroniqueurs de talent, des hommes du fait, des Américains en littérature, des arrangeurs de panoramas immenses ouverts partout : en France, en Espagne et en Angleterre ; car cette Rolande, qui ne tient à rien qu’à elle-même et à se montrer, ils la font voyager et ils accrochent à la traîne de sa robe, sans beaucoup de peine d’invention, des descriptions comme celles de quelques quartiers de Londres et d’une course de taureaux en Espagne.

2534. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Si nous voulions prouver expérimentalement notre opinion à cet égard, il nous serait facile de montrer ce que sont devenus, dans l’application préraphaélite, quelques-uns des préceptes les plus importants et les plus absolus de Ruskin ; nous nous bornerons à un seul exemple, assez général et assez frappant pour témoigner de la singulière transmutation d’une pensée saine en des œuvres chlorotiques.

2535. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Et pour bien affirmer aux yeux de tous le caractère national de la basilique, pour bien montrer à quarante millions d’hommes dont les représentants avaient exprimé la volonté a la Chambre que c’était « l’avènement du règne social du Sacré-Cœur », on résolut de graver au fronton du temple cette dédicace : « Sacratissimo Cordi Christi Jesu Gallia pœnitens et devota.

2536. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Elles suffisent à montrer que ma méthode, si elle est juste, présente un gros danger, qui est aussi une garantie : elle se refuse à toute application machinale.

2537. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Ayant marqué leur ordre, il montrait leurs subdivisions, puis les questions que chacune d’elles engendre, puis les réponses qu’on y a faites, puis les conséquences de ces réponses.

2538. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Tant de religions diverses et tant de philosophies contraires, tant de vérités renversées et tant d’erreurs soutenues, ont montré que l’établissement et la chute des opinions dépendent non de leur absurdité ou de leur évidence, mais de la conformité ou de l’opposition qui se rencontre entre elles et l’état des esprits.

2539. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

J’ajoutai qu’en ce moment j’avais recours à lui, ne pouvant achever seul ; si je ne faisais clairement cette exposition, mon travail restait inutile ; il serait sot de montrer les fautes sans indiquer les moyens de les éviter ; ayant affirmé que la méthode de l’école est mauvaise, je devais expliquer la bonne ; pour dégager les gens d’une voie, il fallait les engager dans une autre, et pour cela j’avais compté sur lui.

2540. (1902) La poésie nouvelle

Elle se montra plus obtuse que de coutume, plus incompréhensive, malveillante avec plus d’effronterie. […] Les uns et les autres apportent à leur œuvre le même souci d’exactitude et, dans leurs constatations, se montrent également calmes. […] Il est plus rare dans les simples et fraîches études de la Pluie et le Beau temps, où le style du poète s’est montré, en s’adoucissant, aussi souple qu’on l’avait vu prestigieux.‌ […] La réaction symboliste, comme tous les grands mouvements littéraires, s’est montrée, au début, un peu impertinente dans ses audaces et, dans sa juvénilité, parfois un peu puérile. […] Il s’est montré descriptif puissant ; il va devenir un prodigieux évocateur.

2541. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

On m’a conté l’histoire d’un homme qui voulait vendre sa maison, et pour cela portait un morceau de brique dans sa poche, et le montrait comme échantillon pour encourager les acheteurs ; ceci est justement le cas pour les vérifications de M.  […] S’il est triste de montrer la folie humaine, il est plus triste de montrer la perversité humaine : le cœur nous est plus intime que la raison ; l’on souffre moins de voir l’extravagance ou la sottise que la méchanceté ou la bassesse, et je trouve Swift plus doux dans le Conte du Tonneau que dans Gulliver.

2542. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

* * * — … Que d’heures, il y a une dizaine d’années, que d’heures aux Uffizi, à regarder les Primitifs, à contempler ces femmes, ces longs cous, ces fronts bombés d’innocence, ces yeux cernés de bistre, longuement et étroitement fendus, ces regards d’ange et de serpent coulant sous les paupières baissées, ces petits traits de tourment et de maigreur, ces minceurs pointues du menton, ce roux ardent de cheveux où le pinceau effile des lumières d’or, ces pâles couleurs de teints fleuris à l’ombre, ces demi-teintes doucement ombrées de verdâtre et comme baignées d’une transparence d’eau, ces mains fluettes et douloureuses où jouent des lumières de cire : tout ce musée de virginales physionomies maladives, qui montrent sous la naïveté d’un art la Nativité d’une Grâce. […] Tout en eux respirait le manque d’éducation, et montrait l’homme du peuple prétentieux, devenu insupportable par je ne sais quel orgueil d’idéal. […] un fort saisissement que j’ai eu… C’est que ç’a été si brusque… Je l’avais quittée le mardi… Elle m’a écrit le mercredi… et le dimanche ses bans étaient publiés… Il n’y avait rien eu entre nous, la dernière fois… Seulement en s’en allant elle m’avait montré son chapeau… c’était sans doute son chapeau pour se marier… Mon Dieu, quand elle m’avait parlé de se marier, je l’avais toujours engagée à le faire… mais ça a été trop prompt… Puis ces derniers jours aussi, elle m’avait dit — oui, j’en ai été frappé : — « Je croyais n’avoir que cela, j’ai tel âge… » Elle l’avait vu, son âge, sur l’acte de naissance, qu’elle avait fait venir pour son mariage.

2543. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Mais le fait est qu’elle est assez pauvre d’œuvres, plus pauvre d’idées, non moins pauvre d’hommes ; et pendant de longues années son originalité ne consistera guère que dans la liberté, toute nouvelle alors, avec laquelle chacun va s’y montrer tel qu’il est. […] C’est cette doctrine, inspiratrice des grandes œuvres de l’antiquité, qu’après l’avoir tirée de la méditation des modèles, et s’être efforcés de la réaliser à leur tour, les Italiens de la Renaissance ont répandue dans le monde ; et, comme on pourrait le montrer, ce n’est pas seulement la conception de l’art ou de la littérature, c’est la conception de la vie elle-même qui en a été modifiée. […] C’est ce que personne, avant Amyot, ne nous avait montré ; et si l’on s’étonnait là-dessus qu’un simple traducteur doive occuper une place aussi considérable dans l’histoire de la littérature de son temps, il suffirait de rappeler que ses « belles, riches et véritables peintures » ont éveillé la vocation de Michel de Montaigne.

2544. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

En trois jours, j’ai fait quatre-vingt-dix milles ; j’écris le soir une petite lettre à mon père, et je travaille à un roman que je vous montrerai. […] Je vous l’enverrai de Manchester, où je coucherai demain ; — je vais à grandes journées par économie et par impatience. — On se fatigue de se fatiguer comme de se reposer, madame. — Pour varier ma lettre, je vous envoie mon épitaphe. — Si vous n’entendez pas parler de moi d’ici à un mois, faites mettre une pierre sous quatre tilleuls qui sont entre le Désert et la Chablière113, et faites-y graver l’inscription suivante ; — elle est en mauvais vers, et je vous prie de ne la montrer à personne tant que je serai en vie. — On pardonne bien des choses à un mort, et l’on ne pardonne rien aux vivants. […] Cette catastrophe soudaine, dans laquelle Benjamin se montra un fils dévoué et ne songea plus qu’à défendre l’honneur de son nom, vint troubler et empoisonner les préliminaires et les premiers mois de son mariage, qui eut lieu au commencement de 1789. […] En cette rude circonstance, Benjamin Constant se montra parfait de dévouement filial.

2545. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Henri IV assassiné, Sully fut comme frappé du coup : sa conduite à la nouvelle de l’assassinat, son dessein d’aller au Louvre, puis sa crainte qui lui fait rebrousser chemin et son retour dans ses quartiers (se contentant d’envoyer sa femme à la découverte), nous le montrent peu propre à ces situations extraordinaires où l’on n’a plus de maître, et où il faut prendre en soi seul le conseil, l’initiative en même temps que l’exécution.

2546. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

À cette époque d’ailleurs, être de bonne compagnie, c’était se montrer avant tout d’une gaieté franche, spirituelle et amusante (d’où est resté le mot de bon compagnon).

2547. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Les habitudes les plus futiles et les plus inutiles ont d’immenses racines dans le passé, et, quoique de prime abord il semble qu’il suffise d’un souffle pour les détruire, elles résistent souvent et aux convulsions des sociétés, et aux efforts d’un grand homme. » Cette opinion personnelle du prince, qu’on vient de voir si formellement exprimée, étant telle et si en accord avec celle de Franklin, il est plus facile encore d’apprécier la haute impartialité que le même prince devenu empereur, et pouvant tout, a apportée dans la solution pratique, et combien il s’est montré l’homme de son nouveau rôle et de sa destinée, publique, lorsque, dans l’œuvre de conciliation, il a laissé faire une si large part à l’opinion opposée.

2548. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Ceux de ses écrits qui ont été publiés après sa mort n’ont pu que confirmer cette idée ; les Considérations sur le gouvernement de la France, qui parurent en 1764 dans, une édition très fautive, et dont on refit en 1784 une édition qui passe pour meilleure, justifièrent aux yeux du public les éloges de Rousseau et de Voltaire, et montrèrent M. d’Argenson comme le partisan éclairé et prudent d’une réforme au sein de la monarchie et par la monarchie, d’une réforme sans révolution.

2549. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

La margrave de Bareith, qui avait vu les choses d’un peu plus loin, resta, même dans le premier moment de l’éclat, plus indulgente au poète : il continuait de lui écrire, et au plus fort de l’orage il eut soin de se la concilier : Les lettres qu’il a écrites à ses amis ici (à Bareith), dit-elle à son frère, lettres qui sont écrites sans défiance et qu’on ne m’a montrées qu’après de fortes instances, sont fort respectueuses sur votre sujet.

2550. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Besenval, qui n’était pas des mieux avec lui, nous l’a montré au naturel dans deux ou trois circonstances. « Extrêmement gai, d’une imagination où tout se peignait du côté plaisant, insouciant sur tout, hors sur son crédit et sur l’espèce de gens à mettre en place, qu’il n’aurait voulu que de sa façon et dans sa dépendance ; toute affaire lui offrait matière à plaisanterie, et tout individu à sarcasme. » Il se moquait de ceux qui travaillaient pour lui et avec qui il traitait, et ne cessait de leur chercher des ridicules.

2551. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Je ne veux parler que de son journal, et montrer l’homme au naturel, tel que plusieurs de ses contemporains l’avaient indiqué déjà, modeste, droit, sincère, plein de scrupule et de candeur, humble chrétien, père de famille éprouvé, le plus humain des doctes ; le digne ami de De Thou : — d’un seul mot, c’est tout dire.

2552. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Andrieux, dont on vient de publier les Œuvres, est un élève de Voltaire, ingénieux, spirituel et sans force ; tel il s’est toujours montré dans ses comédies, dont une seule est restée au théâtre, les Étourdis et dans ses poésies légères.

2553. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Aujourd’hui c’est une seconde édition plus complète qui se publie et qui, se joignant au Journal et aux Lettres de Mme Eugènie de Guérin, sœur aînée du poète et morte elle-même peu de temps après lui, vient montrer quel couple poétique distingué c’était que ce frère et cette sœur : — lui, le noble jeune homme « d’une nature si élevée, rare et exquise, d’un idéal si beau qu’il ne hantait rien que par la poésie » ; — elle la noble fille au cœur pur ; à l’imagination délicate et charmante, à la croyance vaillante et ferme ; toute dévouée à ce frère qu’elle adorait, qu’elle admirait : et que, sans le savoir ; elle surpassait peut-être ; qu’elle craignait sans cesse devoir s’égarer aux idées et aux fausses lumières du monde ; qu’elle fût heureuse de ramener au bercail dans les heures dernières ; qu’elle passa plusieurs années à pleurer, à vouloir rejoindre, et dont elle aurait aimé cependant, avant de partir, à dresser elle-même de ses mains le terrestre monument.

2554. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Il aimait ces sortes de gageures ; il se montrait supérieur encore dans l’improvisation à ce qu’il était dans le discours étudié.

2555. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

« J’ai fait, disait Émile à vingt ans, j’ai fait du malheur de ma naissance la méditation de toute ma vie. » Cela est vrai d’Émile à vingt ans, de l’Émile du roman qui nous est montré se consumant dans sa méditation et succombant sous son malheur.

2556. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Il le réveillait sans pitié, en sursaut, pour lui montrer et lui lire dare dare ce qu’il venait de produire tout chaud encore et tout fumant.

2557. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Le comte d’Estrées, bouillant d’ardeur, vint à M. le comte de Clermont lui montrer le corps que nous avions combattu se retirant dans le plus grand désordre, et la facilité qu’il y aurait à culbuter dans la Meuse tout ce que nous avions devant nous.

2558. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Le ministre des États-Unis à Paris, Gouverneur Morris, témoin aussi impartial que bien informé, et qui est fort à consulter sur l’évêque d’Autun en 89, nous a montré ces trois jeunes gens, Narbonne, Choiseul et l’abbé de Périgord, formant une sorte de triumvirat à la mode, et se donnant la main pour arriver : « Ce sont trois jeunes gens de famille, hommes d’esprit et de plaisir.

2559. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

» Les critiques difficultueux peuvent se demander si, en procédant ainsi, en se livrant à ces délices de poésie qui d’ordinaire suivent les grands siècles, il se montrait rigoureusement fidèle à l’esprit de ces grands siècles eux-mêmes.

2560. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

 » Ce serait en vérité se montrer bien ingrat que de chicaner Mme de Sévigné sur cette innocente et légitime passion, à laquelle on est redevable de suivre pas à pas la femme la plus spirituelle, durant vingt-six années de la plus aimable époque de la plus aimable société française8.

2561. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Vous serez éveillées bien longtemps avant lui ; et les tendres soins d’une affection infatigable, ne les montrez jamais.

2562. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Elle voulait quelquefois s’abuser encore : l’empreinte de cire rose ou bleue lui montrait-elle une fleur, une pensée haute et droite sur sa tige comme un lys (le lys était alors fort régnant) : C’est peut-être un lys et non une pensée, se disait-elle.

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