L’assaut donné à Rome et le combat de rues des deux partis sont peints par Tacite en traits de plume qui découvrent l’abîme de corruption d’un peuple vieilli remué dans sa fange.
Il ne s’agit pas de tout cela, qu’un trait d’encre sème sur la page et qu’un coup d’ongle efface, comme dit le latin : il y a dans le livre plus de pages qu’il n’en faut pour pouvoir en déchirer quelques-unes.
Les traits sont beaux comme l’homme qu’on a rêvé, mais jamais vu, — l’Antinoüs mystique. — Son regard perce la nuit et porte à son Père toutes les supplications de la terre ; le vent de la miséricorde, qui souffle à lui, fait onduler sa barbe et ses cheveux comme la sainte ferveur de l’invocation ; le corps s’affaisse sous la force dépensée de la prière, ses pieds crispés prient comme ses mains, ses genoux à demi renversés cherchent en vain leur aplomb parmi les dalles concassées, effondrées, soulevées sur le sol par le récent tremblement de terre ; toute la nature, quoique maintenant sereine et attentive, est dans l’expectative de sa prochaine convulsion.
Je ne puis à ce trait retenir ma plume.
Un orage d’été qui frappe d’un trait de foudre le ramier absent de son nid la ramène à elle-même.
Quelques esprits secs, jaloux, et chicaneurs avec leurs propres sensations, essayèrent de rire et de nier ; mais les larmes prévalurent, et elles écrivirent le nom de Chateaubriand en traits de splendeur et de feu dans tous les cœurs jeunes.
A travers les différences de caractère ou de génie, un trait commun rapproche les ouvriers de cette poésie immense et variée comme le monde et l’histoire : le culte du beau plastique.
Taine, les traits principaux de la figure qu’il a tracée demeurent.
Mais chacun sait plus d’un trait là-dessus, tant sur les candidats que sur les juges.
Lorsqu’à grand-peine on était parvenu à se placer sur les bancs, sur les chaises et jusque sur les marches de l’estrade du professeur, on voyait se glisser à travers la foule un petit homme, déjà vieux, dont les traits étaient empreints de cette laideur spirituelle qui, chez les hommes, est souvent préférable à la beauté.
C’est pourquoi il n’avait garde de se tourmenter d’aucun développement ; il effleurait tout, jetait çà et là un trait de caractère, passait outre aux éclaircissements, s’égayait de mille boutades.
Si nous considérons chez maints modernes compositeurs allemands, le désordre sans bornes, le gâchis des formes, par lesquelles si souvent ils nous gâtent la joie de beaucoup de beautés isolées, nous désirerions bien voir ces pelotes enchevêtrées mises en ordre par cette forme italienne fixe ; et en effet, si elle est, avec tous ses sentiments et sensations, entièrement coordonnée et saisie d’un ferme trait en une claire et convenante mélodie, l’instantanée et simple compréhension de toute une passion sera de beaucoup plus facile, que lorsque, par mille petits commentaires, par telle ou telle autre, nuance d’harmonie, par le timbre de tel instrument ou de tel autre elle aura été cachée et à la fin tout à fait subtilisée.
L’orchestre accentue des traits les plus nerveux ces scènes hautement admirables.
La figure de Siegfried nous dévoile le plus parfaitement, le trait fondamental qui traverse toutes les œuvres de Wagner.
Mais tous ces animaux bourgeois qui s’alimentent d’une « vaine pâture », argent ou vanité, nous les connaissons déjà, nous les avons rencontrés mille fois, et souvent dessinés d’un trait plus net, animés d’un mouvement plus vivant.
Seulement sa miniature à lui est grande comme une toile de Paul Véronèse, et il disperse dans un vide immense des traits que le regard ne parvient plus à réunir.
J’ai senti la chaleur, le battement du sang, le mouvement qui traverse de part en part comme un trait, enfin un léger élancement douloureux, à tel point que je me suis demandé si j’avais découvert un mal de dents sourd qui préexistait ou si j’avais moi-même réveillé la douleur endormie.
Nanteuil, un grand, un long garçon, aux traits énergiques, à la douce physionomie, au sourire caressant, féminin.
Vendredi 7 septembre Aujourd’hui, la cérémonie religieuse autour du cercueil de Tourguéneff, avait fait sortir des maisons de Paris tout un monde à la taille de géant, aux traits écrasés, à barbe de Père Éternel : toute une petite Russie, qu’on ne soupçonnerait pas habiter la Capitale.
Le trait commun aux trois premiers de ces mots populaires c’est la transposition de l’r et de l’e, re devenu er .
On eût dit que ces murs respiraient comme un être Des pampres réjouis la jeune exhalaison ; La vie apparaissait rose, à chaque fenêtre, Sous les beaux traits d’enfants nichés dans la maison.
Une conception totale de la nature s’organisait, dont les traits essentiels étaient la stabilité de ses lois, la liaison de ces lois entre elles, l’espérance lointaine de les réduire à une formule unique.
Et, plus tard, dans les Fables, il a repris ce thème-là et il en a fait le quatrain célèbre : A l’heure de l’affût, soit lorsque la lumière Précipite ses traits dans l’humide séjour, Soit lorsque le soleil rentre dans sa carrière Et que, n’étant plus nuit, il n’est pas encore jour.
Il avait le trait, l’idée générale frappée d’un coup, comme une médaille, la sentence majestueuse qui impose.
Mais ce qu’une analyse à grands traits, forcément rapides, ne peut pas donner, et ce qui fait la force du livre que nous annonçons, ce sont les détails et les développements.
Mais ce sont des traits plus proprement nationalistes que je veux signaler et ils apparaissent avec une certaine roideur d’adolescent et de Lorrain, durant le temps qu’il passa dans un hôpital du Midi.
Il fonça sur les chineurs dans le grand style genevois, avec une énergie qui lui valut probablement le seul succès oratoire qu’il ait jamais connu : Qu’est-ce que cette terreur que nous éprouvons pour la plupart à nous hasarder les uns devant les autres, à exprimer quelque sentiment généreux, à nous laisser entraîner par notre cœur, si ce n’est le résultat de ce manque de sympathie, de cette manière sardonique de nous observer à distance, prêts à frapper la moindre gaucherie d’un trait piquant et même cruel ? […] Ainsi, sur la colonne de droite : Beauté, 5 3/4 ; Sensibilité, 4 1/2 ; Imagination, 3 1/4 ; Ordre et Méthode, 4 3/4 ; Dot, 1 1/2. « Tout était dûment évalué, dit l’ami d’Amiel qui nous rapporte ce trait : l’esprit, le goût, la mémoire, la sobriété, la subjectivité, voire certaines qualités qu’il appelait, on ne sait pourquoi, algorythmiques. […] Chaque homme aimant recommence le trait d’Alexandre, et boit le breuvage qu’on lui a dénoncé, plutôt que de soupçonner la main qui le lui tend.
Il y a un mois, en Flandre, surtout en Hollande, ce n’étaient que grands traits mal agencés, osseux, trop saillants ; à mesure qu’on avançait vers les marécages, le corps devenait plus lymphatique, le teint plus pâle, l’œil plus vitreux, plus engorgé dans la chair blafarde. […] Son œuvre nous tient lieu des expériences personnelles et sensibles qui seules peuvent imprimer en notre esprit le trait précis et la nuance exacte ; mais en même temps elle nous donne les larges idées d’ensemble qui ont fourni aux événements leur unité, leur sens et leur support.
cet inventaire, c’est trait pour trait celui de Villon. […] En outre, nous cédons à l’instigation d’un scepticisme impérieux qui fait qu’une idée, au lieu de la considérer elle-même, de la discuter et de la juger par le plus ou moins de vérité qu’elle contient, nous l’apprécions comme le trait d’un caractère, aimable ou non. […] Dupuy a peint, à la manière de Holbein, portrait complet, pareil au modèle et d’où j’ai tiré, comme du modèle, une esquisse, le trait d’une physionomie. […] » Pour indiquer ce qu’il n’aime pas, ne voit pas et considère comme du néant, il empruntera ce néologisme, trait de mépris. […] « À l’âge où l’on croit à l’amour… » Un jeune homme élancé, très élégant de manières et de costume, à la tête blonde que les cheveux longs et bouclés encadrent ; il a quelque chose d’un peu italien dans les traits ; il a de la langueur, de la désinvolture et de l’impertinence, l’air de ne songer qu’à des femmes ; et, s’il daigne écrire, ses vers chantent divinement ; « À l’âge où l’on est libertin… » Un soir, il arrive chez des amis ; il est très pâle, mal vêtu, un bas lui tombe par-dessus sa botte ; il regarde sa montre, obstinément : marche-t-elle ?
Aucun trait de sa figure ne rappelait son frère : la dignité sans orgueil, la franchise grave, la science des pensées, contrastaient chez Guillaume avec cette fausse bonhomie caressante, mais peu sûre, d’Alexandre.
Je suis bien vieux, j’ai plus de quatre-vingt-dix ans d’âge ; qui sait peut-être si le bon Dieu ne m’a laissé vieillir ainsi inutile à moi et au monde, que pour rendre témoignage pour les pauvres Zampognari contre quelques traits de plume de scribe, qui cherche des procès pour gagner son pain dans des paperasses, comme l’écureuil cherche la noisette dans la mousse en retournant les feuilles mortes ?
Je le devinai plutôt que je ne le reconnus aux traits de son visage, tant l’ombre était noire dans la caverne du pauvre innocent.
Et ce fut lui peut-être qui réalisa pour les contemporains l’idéal de l’orateur universitaire : il avait la parole vivante et brillante, la phrase ample et facile, relevée de traits fins ou spirituels.
[NdA] Bon trait à la Rousseau.
On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue, et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakspeare, indifférent à tout, excepté à la beauté, comme Goethe, on va quelque temps ainsi, — misérable et superbe, — comédien à l’aise dans le masque réussi de ses traits grimés ; — mais il arrive que, tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah !
Ce fondement posé, ne trouvez pas mauvais Qu’en ces fables aussi j’entremêle des traits De certaine philosophie Subtile, engageante et hardie.
Cette abolition, nous l’avons racontée à traits rapides.
La manière de Courbet est plus large : il procède par plus grands traits ; tandis que Flaubert procède par petits, accumulés, surchargés, ténus, n’oubliant rien, et détachant net l’ombre d’un ciron sur son grain de poussière… Les gens qui trouvent Flaubert un bien grand homme, car il en est qui sérieusement le mettent sur la ligne de Balzac, le vantent uniquement pour son style.
Un jour, s’il n’y prenait pas garde, le dernier trait du dessinateur pourrait disparaître dans le prestige, et la magie dévorer du coup le sorcier.
D’abord, ce que nous voyons d’un mot dans la lecture courante se réduit à très peu de chose : quelques lettres — moins que cela, quelques jambages ou traits caractéristiques.
À ce langage naturel dut succéder le langage poétique, composé d’images, de similitudes et de comparaisons, enfin de traits qui peignaient les propriétés naturelles des êtres.
Marcel Dupont, — je crains que mon résumé ne le gâte, — le voici justement : on ne peut résumer l’un de ses chapitres, tant il est habile à dessiner en peu de traits toute la scène, à raconter vite et serré, à ne laisser entre les détails principaux que l’espace qu’il faut pour que l’air y circule. […] Et l’énorme drôlerie, c’est d’avoir esquissé, même à grands traits, une histoire de la civilisation, où la France n’est pas nommée. […] Or, au milieu de la gravure, une main, non d’artiste, mais d’amoureux, ajouta quelques traits de plume assez adroits pour que, sans peine, on distingue deux cœurs environnés de flammes et traversés d’une flèche, puis sous l’emblème cette devise énigmatique : Ardens Immortels au regard d’amyes… Il est facile de déchiffrer les mots, non leur signification secrète. […] Or, chacun des traits qu’il assemble pour dessiner son dix-septième siècle turbulent, il l’appuierait de preuves, au moins de justes remarques ; et pareillement il a des faits, de qualité scientifique, pour illustrer sa théorie de l’instinct ; des faits, de qualité philosophique, pour illustrer sa théorie de l’intelligence meurtrière. […] Ses traits sont, du premier coup, justes, ou expressifs.
Cette catastrophe, en effet, ne sortit pas d’une nécessité générale de situation ; elle vint d’un trait particulier du caractère de l’empereur Napoléon III. […] C’est probablement par la race germanique, en tant que féodale et militaire, que le socialisme et la démocratie égalitaire, qui chez nous autres Celtes ne trouveraient pas facilement leur limite, arriveront à être domptes, et cela sera conforme aux précédents historiques ; car un des traits de la race germanique a toujours été de faire marcher de pair l’idée de conquête et l’idée de garantie. ; en d’autres termes, de faire dominer le fait matériel et brutal de la propriété résultant de la conquête sur toutes les considérations des droits de l’homme et sur les théories abstraites de contrat social.
En dehors de la coloration, la beauté des épreuves ne se reconnaît pas surtout par ces beaux noirs veloutés des estampes européennes, et que n’a pas l’impression japonaise, où le noir est un noir de lithographie usée ; elle se témoigne à la vue, par la netteté du contour, sa pénétration, pour ainsi dire, dans le papier, où le trait a quelque chose de l’intaille d’une pierre gravée. […] Il a une figure toute jeune, toute rose, toute poupine, et le macabre de ses traits a disparu.
nous sommes à une époque de transition, on est las de suivre toujours la même voie, on veut du nouveau ; peut-être de cette juvénile fermentation sortira-t-il quelque chose de bon… Malheureusement, il est trop de mode de s’occuper des étrangers et non de nous ; je ne dis pas cela pour Mistral que j’aime beaucoup, qui est vraiment un grand et noble fils de France et dont la langue est le trait d’union entre le latin et la nôtre. […] L’Amour darde ses traits de lumière À Latone endormie emmi la fenaison Et la voix de Diane enchante la clairière, — Mais l’arbre humilié désole l’horizon.
La beauté morale du jeune favori transperçait à cette époque à travers la beauté matérielle de ses traits.
Seule de toutes les doctrines philosophiques et religieuses, la doctrine de la chute explique le contraste incompréhensible de grandeur et de bassesse, qui est le trait caractéristique de la nature humaine.
Je ne sais si je m’abuse, mais il me semble que cette force de représenter tout en emblèmes, exagérée jusqu’au point de ne pouvoir souffrir l’abstraction, est le trait caractéristique de la poésie de M.
J’y rangerais aussi une admiration plus excessive encore pour les traits de bonté des scélérats, ou les caprices de délicatesse de quelques bandits, comme une sévérité exagérément impitoyable pour une faiblesse, même pour un crime exceptionnel.
. — Cette première distinction faite, cherchons les principaux traits qui constituent l’action des décors sur l’œil et pourquoi sont provoquées les impressions toutes premières et inconscientes.
Un silence, où, après toutes sortes de batailles intérieures, et avec la voix balbutiante qu’a la canaillerie dans une affaire, et cachant, sous le masque de l’imbécillité, le chaffriolement de ses traits, le marchand dit : — « Mais je vous en donne 120 francs. » — « Il me semble que c’est bien Bon Marché, reprit le jeune homme, est-ce que je ne pourrais pas en avoir 150 francs, dont j’ai absolument besoin ?
Ce n’est pas sans génie qu’on change une intrigue ; qu’on prend d’autres personnages ; qu’on trouve le rapport d’une action grande, avec quelque action de la vie commune ; qu’on fait sortir des fautes & des ridicules ; qu’on amène adroitement des situations comiques & applaudies ; qu’on divertit des gens de goût, en mettant, dans la bouche des bourgeois & des artisans, ce qu’on avoit entendu de celles des rois & des héros ; que, suivant l’intelligence du théâtre, on charge ou l’on affoiblit certains traits ; qu’enfin on fait contraster la plus grande simplicité avec tout l’appareil & tout le faste tragique.
Hegel avait dit aussi : « L’artiste par conséquent ne prend pas, quant aux formes et aux modes d’expression, tout ce qu’il trouve dans la nature, et parce qu’il le trouve ainsi ; mais s’il veut produire de la véritable poésie, il saisit seulement les traits vrais, conformes à l’idée de la chose ; et, s’il prend la nature pour modèle, ce n’est pas parce qu’elle a fait ceci ou cela de telle façon, mais parce qu’elle l’a bien fait. » (De l’Esthétique, t.
Pour le résumer en quelques traits, c’était, dans le temps qu’il avait toute sa vitalité normale, un talent extérieur, riche en mots, qui remuait puissamment la langue à la condition de la troubler, et qui y laissait un profond sillage, justement parce qu’il l’avait beaucoup troublée.
On se figura cette divinité sous les traits d’une femme, parce que le mot qui désignait l’autel était du genre féminin. […] Et il faudra nous rappeler, dans la suite de ce livre, ce caractère étroit de la morale primitive : car la société civile, fondée plus tard sur les mêmes principes, a revêtu le même caractère, et plusieurs traits singuliers de l’ancienne politique s’expliqueront par là284. […] Un trait bien connu de l’ancienne histoire de la Grèce prouve d’une manière frappante que la royauté appartint, à l’origine, à l’homme qui avait posé le foyer de la cité. […] Ce mode d’élection, qui fut scrupuleusement suivi dans les premiers siècles de la république, explique quelques traits de l’histoire romaine dont on est d’abord surpris.
Georges Rodenbach y a noté, en quelques traits choisis, le conflit de la tradition et du progrès, de l’état de nature et de la civilisation. […] Elle aura soin de sa parure, elle se dépouillera de sa gaucherie, perdra sa timidité, vous verrez ses yeux rayonner et ses traits prendre de la fierté.
Les seules invectives qu’on puisse y relever ont trait à la Bourgeoisie et à ses apologistes. […] Mais les mystiques raisonnables étaient des animaux ailés ; ils donnaient l’étonnant spectacle de volatiles étendant, par moments, de petites ailes liées, bridées, les yeux bandés, sautant au ciel jusqu’à un pied de terre, et retombant sur le nez, prenant incessamment l’essor pour rasseoir leur vol d’oisons dans la basse-cour orthodoxe et dans le fumier natal2. » En une phrase, Michelet pose un homme ; il donne les traits essentiels de sa physionomie. […] Et dans chaque cycle de l’existence humaine, il y a toujours une heure où chez un individu d’abord, puis chez beaucoup, puis chez tous, s’élève la pensée la plus puissante, celle du retour éternel de toutes choses — et c’est chaque fois, pour l’humanité, l’heure de midi23. » La figure de Nietzsche se dresse, maintenant, devant nous, en ses traits essentiels.
Quand on ne peut plus mettre le nom du vicieux sur le vice, la malignité publique éteinte enlève les trois quarts de l’intérêt à la satire ; il n’en reste que quelques traits généraux, quelques imprécations éloquentes comme dans Juvénal à Rome et dans Gilbert à Paris.
« J’espère, écrivit-il, que ce trait me guérira du fol amour que je nourris depuis quatre ans !
Le doigt de la Providence commence à se montrer dans l’ombre sous les traits d’un hasard.
. — Le couchant luit encore de quelques traits du jour : c’est le moment où le voyageur attardé pique avec ardeur pour gagner l’auberge située à la fin de sa journée ; et celui que nous attendons ici en approche de bien près.
Toujours abîmé dans la contemplation de la force divine, les êtres finis ne lui apparaissent que sous des traits peu arrêtés, comme des ondulations de la Vie générale.
Pascal, par le trait qui lui est commun avec Descartes, allait donc ajouter à la force de l’esprit français.
A. de Lauzières : comparaison des poètes parnassiens et des musiciens wagnériens. de M. de Banville et de Wagner ; trait d’union, le sonnet de M.
Tant que la Bourgeoisie eut à redouter un retour agressif de l’aristocratie, les romantiques, emboîtant le pas aux historiens libéraux, ont fouillé le Moyen-Âge pour rapporter de sombres repoussoirs aux délices du temps présent ; mais dès que le Prolétariat, constitué en classe, devint l’ennemi, ils délaissèrent les romans historiques et les horreurs de l’époque féodale pour s’occuper des événements du jour : Zola, le lendemain des épouvantables massacres de la Semaine sanglante, afin d’épargner à la conscience bourgeoise le moindre remords, dépeignit, dans l’Assommoir, la classe ouvrière sous les traits les plus repoussants tandis que les George Ohnet décrivaient avec une servile complaisance l’âme généreuse et noble des maîtres de forges. — Les rapins de 1830 poursuivaient le bourgeois de leurs impitoyables railleries ; mais ayant compris, avec l’âge, que l’argent est un porte-respect, ils se sont domestiqués et ne travaillent que pour mériter l’approbation du bourgeois, qui achète leurs tableaux20.
Je ne veux la juger et je ne la juge que par le trait dominant général, universel, qui la caractérise, c’est-à-dire par la condition du meurtre et de la dévoration d’une créature animée par une autre créature animée, sous peine de mort, pour soutenir et alimenter la vie de l’une par la mort de l’autre.
Il est donc parfaitement possible, comme nous l’ayons vu dans le cas de quelques formes siluriennes, qu’une espèce puisse se perpétuer avec de très légères modifications, en rapport avec des conditions de vie très peu altérées, et garder ainsi à travers une longue série de périodes successives les mêmes traits caractéristiques.
Apollon, délivrant la terre du serpent Python, sera plus fort ; Apollon, cherchant à plaire à Daphné, aura des traits plus délicats18. » VIII. […] Dans ses croquis il fait naturellement de l’idéal ; son dessin, souvent peu chargé, ne contient pas beaucoup de traits ; mais chacun rend un contour important.
Assurément, il est très sincère lorsqu’il me présente aux lecteurs du temps sous les traits d’un féroce maniaque oscillant entre l’humour et l’illuminisme. […] Diderot raconte quelque part : j’ai connu un jeune homme plein de goût qui, avant de jeter le moindre trait sur la toile, se mettait à genoux et disait : « mon dieu, délivrez-moi du modèle. » on ne saurait trop presser le sens de cette petit histoire.
Cette main, sur mes traits, qu’elle semble effleurer, Distraitement docile quelque fin profonde, Attend de ma faiblesse une larme qui fonde, Et que, de mes destins lentement divise, Le plus pur en silence éclaire un cœur brisé. […] Valéry a parlé, dans son Introduction à la méthode de Léonard, « du problème le plus étrange que l’on puisse jamais se proposer, et que nous proposent nos semblables, et qui consiste simplement dans la possibilité des autres intelligences, dans la pluralité du singulier, dans la coexistence contradictoire de durées indépendantes entre elles, — tot capita, tot tempora — problème comparable au problème physique de la relativité, mais incomparablement plus difficile. » L’ayant posé, on ne saurait le résoudre, mais on peut si on est poète le sentir, et, sinon le faire sentir, du moins construire un poème qui conserve et perpétue quelques traits nés de ce sentiment.
Ils ont la vérité générale, les grands traits humains résumés en beaux vers ; mais ils n’ont pas la vérité individuelle, vivante et agissante, telle que nous l’entendons aujourd’hui. […] Je ne fais qu’indiquer à larges traits un plan général. […] Je résume ici à grands traits, je néglige les transitions.
Littré116, nous avons donc à faire connaître, s’il se peut, l’homme même, à tâcher de le suivre dans son origine, dans sa formation active, son étendue, ses digressions et ses mélanges, à dérouler ses phases diverses, ses vicissitudes d’esprit, ses richesses d’âme, et à fixer les principaux traits de sa physionomie dans cette élite de la famille humaine dont il est un des fils glorieux.
. — J’omets beaucoup d’autres traits aussi forts ; on voit que les seigneurs ecclésiastiques ou laïques ne sont point de simples égoïstes quand ils résident.
« Sa taille était petite, mais robuste ; ses traits étaient fins et gracieux ; son teint avait la délicatesse et le coloris d’un teint de femme ; ses cheveux noirs, flottant en boucles naturelles sur un front très ombragé, ses yeux grands et bien ouverts annonçaient l’audace sans insolence.
« Ce qui est vraiment divin dans le cœur de l’homme ne peut être défini ; s’il y a des mots pour quelques traits, il n’y en a point pour exprimer l’ensemble, et surtout le mystère de la véritable beauté dans tous les genres.
Malheureusement la supériorité qu’il a acquise l’a marqué d’un trait indélébile ; il ne peut pas ne pas paraître merveilleux.