Berryer et Dupin, et contre le système de défense qu’ils avaient adopté dans l’affaire du maréchal Ney, à des invectives tellement violentes, qu’il faut les citer textuellement, parce qu’aucune analyse n’en donnerait une juste idée : « A Dieu ne plaise, disait-il, que nous suivions jamais l’exemple qui nous a été donné dans une affaire récente dont les détails ont longtemps lasse notre patience… Nous avons une plus juste idée des devoirs que nous impose notre ministère, et si jamais ils se trouvaient, en opposition avec nos devoirs et nos sentiments de citoyens, notre choix ne serait pas douteux. […] Fiévée, il était à craindre qu’ils n’en sortissent avec des idées préconçues et des systèmes, et que le rêve n’y eût sa bonne part.
Parti pour Saint-Domingue en qualité de sous-commissaire, et bientôt ordonnateur au Cap, il se marie, il devient propriétaire ; il assiste pendant cinq années à l’exercice d’un système colonial dont il prévoit et dénonce les funestes conséquences. Il est permis, d’après son récit même, de conjecturer que cet esprit juste et modéré, ce caractère honnête et droit de Malouet, n’étaient pourtant pas toujours accompagnés d’une adresse pratique et d’une insinuation suffisantes ; que la modération même de ses vues et les raisons combinées qu’il y introduisait n’étaient propres à réussir qu’à demi auprès d’esprits entiers, prévenus en faveur d’idées absolues, ou intéressés à des systèmes contraires.
Les Romains ne cherchaient donc point à se distinguer, comme les Grecs, par des systèmes extraordinaires, par d’inutiles sophismes, par un genre de vie bizarrement philosophique23. […] Cicéron est le seul dont l’individualité perce à travers ses écrits : encore combat-il par son système ce que son amour-propre laisse échapper.
La Fontaine, entraîné par son goût pour le plaisir, suivait le torrent ; et cependant il avait déjà quelques pressentiments du nouveau système de vie qu’il devait professer plutôt qu’embrasser deux ans plus tard, système dont il reconnut la convenance quand il fut élu à l’Académie, et que madame de La Sablière se livra sans partage à la vie pieuse.
Ces impressions premières laissèrent de longues traces dans une imagination qui n’avait pas assez d’originalité et de vigueur propre pour les repousser et s’en guérir ; elles passèrent jusqu’à un certain point dans ses systèmes d’éducation, qui se présentèrent toujours le plus volontiers avec un mélange de travestissement et de théâtre. […] Je touche ici à l’un des légers inconvénients de ce système d’éducation trop fournie et trop touffue.
Quelques pages auparavant, le lecteur pouvait lui-même s’étonner de voir, dans ce petit livre des Préjugés, Newton classé pour son principe de l’attraction parmi les auteurs de vains systèmes. […] » Au point de vue politique toujours, il fait sentir les inconvénients d’un tel système pour le rôle de la France au-dehors et dans les relations internationales : Nos alliés, nos voisins, sont catholiques ou chrétiens ; chez les peuples modernes, la conformité des idées religieuses est devenue, entre les gouvernements et les individus, un grand moyen de rapprochement et de communication.
Pareillement, d’un système il aperçoit la règle qui se dégage. Qui donc étudiera ce système, sinon quelque homme vivant et mêlé à d’autres hommes vivants ? […] Ils ne sont jamais allés plus loin dans leur système. […] La Faustin est l’étude des procédés par lesquels un système nerveux d’actrice s’assimile le monde qui l’environne. […] N’est-ce pas de l’hégélianisme qu’est issu le système de M.
L’esprit dans lequel le livre est conçu est un bon esprit ; j’appelle ainsi celui qui consiste à ne pas arriver sur le sujet avec une prévention et un système, à se pénétrer de l’esprit même de l’époque qui est en cause, à recueillir tous les témoignages, à s’éclairer de toutes les dépositions et à nous rendre avec gravité, avec bon sens et modération, le résultat de cette enquête si délicate et si compliquée.
Il y a quelque honneur à lui de n’avoir été au commencement du dix-huitième siècle ni un courtisan dissolu, ni un philosophe de bel air, ni un parlementaire étroit, mais de s’être montré dès l’abord citoyen sérieux sous la Régence, économiste sous le système, et plus tard ministre intègre sous Pompadour.
M. de Metternich s’essayait dès lors à l’ignoble système de persécution qu’il n’a pas oublié depuis.
Scribe a pour système de suivre le public plutôt que de lui commander, et de chercher à lui plaire en obéissant à ses goûts plutôt que de le dompter en lui imposant les siens.
Fontenelle disait de ses Entretiens sur la pluralité des mondes : « Je ne demande aux dames, pour tout ce système de philosophie, que la même application qu’il faut donner à la Princesse de Clèves, si on veut en suivre bien l’intrigue, et en connaître toute la beauté. » Dans un dialogue de Diderot, le philosophe Crudeli, au moment d’entamer une discussion sur les matières les plus ardues avec la Maréchale, qui n’avait jamais lu que ses heures, répond à ses inquiétudes en disant : « Si vous ne m’entendiez pas, ce serait bien ma faute » ; et il fait toute sa démonstration en transposant dans le langage d’une femme ignorante les idées des plus obscurs métaphysiciens, sans que, dans cette conversion, la profondeur perde ce que gagne la clarté.
» Le mal est ancien, héréditaire, il date de l’ancienne monarchie ; mais ce sont les législateurs modernes qui l’ont institué à demeure, par système, et qui, pour l’entretenir, l’étendre, l’empirer au-delà de toute mesure, ont employé la précision, la rigueur, l’universalité, la contrainte impérative et les plus savantes combinaisons de la loi4 » ∾ Vous venez d’entendre Taine par-delà le tombeau.
Mais, pour comprendre combien ce système était complet, il faut rapprocher du dogme du paradis le dogme de la chute. […] Au milieu de tous vos systèmes, rien n’est certain pour personne que l’incertitude de toute chose. […] Vous feriez mieux d’imiter les plus forts d’entre vous, qui ont au moins la franchise de leur système. […] on en est arrivé à croire qu’il est utile à une nation, et même qu’il serait utile au genre humain tout entier d’employer un système uniforme de poids et de mesures, et en même temps à ne pas sentir qu’il y ait besoin pour une nation, que dis-je ? pour deux hommes, d’avoir un système uniforme de croyance morale, et un criterium commun de vérité et de certitude !
Les critiques de nos jours suivent un autre système ; ils augmentent l’engouement que le public paraît avoir pour deux ou trois sujets, et ne manquent jamais d’immoler tous les autres à l’idole du jour. […] Voltaire s’était forgé des principes ou plutôt des préjugés d’après sa manière : son système de tragédie était proportionné à ses forces et à ses moyens d’exécution ; c’est d’après cette mesure, prise sur sa petite taille, qu’il jugeait des dimensions colossales du géant Corneille, et il croyait avoir raison. […] Cependant la politique, la morale, la saine philosophie semblaient exiger les plus grandes précautions pour que ce système anti-social ne fût point répandu dans le public. […] L’ambitieux immole tout à ses craintes, à ses espérances ; mais souvent combien il s’égare dans ses vains systèmes ! […] Tout son commentaire sur Polyeucte ressemble à ces systèmes de physique bâtis sur une erreur.
On a déjà réfuté en partie cette fausse vue qu’ils ont trop suivie d’ailleurs dans le système de leur traduction : en les lisant, et si l’on ne revenait au texte ancien, on serait tenté de croire par moment qu’ils ont raison.
Tout ce qui établit des analogies, des ressemblances, est un garant de plus de la vérité du système.
Jusque dans ce système moyen si bien mis en œuvre par lui, et qu’il faisait chaque fois applaudir, il avait conscience de sa résistance aux endroits qu’il estimait essentiels.
On juge de quel air ahuri les tenants de ce système entendaient Moréas se réclamer de Maurice Scève, Lemaire des Belges et Tailhade réciter, tout d’une haleine, des fragments latins de Claudien et des paragraphes entiers de Rabelais.
Les besoins de l’argumentation chrétienne portèrent plus tard à exagérer ces précautions, surtout quand les Juifs eurent adopté pour système de soutenir que le corps de Jésus avait été volé.
Une des erreurs physiologiques de Hartley consiste à attribuer le rôle essentiel dans le système nerveux, à la substance blanche.
Quand une nation se repose après une révolution ou après de grandes dissensions, le parti victorieux s’applique encore quelque temps après la victoire à exercer une espèce de vengeance morale sur les opinions qui régnaient avant le combat ; il réprouve tout le système des anciennes idées, des anciens principes en morale, en littérature, en philosophie, même dans les arts.
au profit des plus égoïstes passions ou des plus ineptes systèmes ; mais ce n’est pas tout : ils en ont faussé la notion même… L’histoire, proprement dite, devait être un monument de bronze érigé par l’État, et sur lequel une main éprouvée, assez forte et assez honorée pour tenir le burin de l’Ordre social, écrirait les actes législatifs, les faits d’armes et les faits de conscience des personnalités caractéristiques du temps présent ou du passé.
Le même Bodin qui veut conformément à son système, que la royauté romaine ait été monarchique, et qu’à l’expulsion des tyrans la liberté populaire ait été établie à Rome, ne voyant pas les faits répondre à ses principes, dit d’abord que Rome fut un état populaire gouverné par une aristocratie ; plus loin, vaincu par la force de la vérité, il avoue, sans chercher à pallier son inconséquence, que la constitution et le gouvernement de Rome étaient également aristocratiques.
Mais l’homme supérieur de nos jours ne connaîtra jamais dans leur plénitude les jouissances que leur système nerveux permettait aux anciens. […] Construire un système, n’est-ce pas achever par une hypothèse explicative la somme des connaissances exactes que l’expérience a fournies ? […] Tout le système philosophique de M. […] Le système d’effacement personnel du montreur devant l’objet achève d’augmenter l’effet total d’angoisse. […] Un système se dégage, dont les qualités et les défauts expliquent la puissance et les insuffisances des analyses qu’il a commandées.
Je n’oserais pas ici poser en fait, quoique j’incline à le penser, que tous les systèmes dramatiques peuvent s’arranger de tous les systèmes décoratifs ; — et réciproquement. […] Quel que fût le système décoratif en usage de son temps, Hardy n’aurait donc pas pu franchir les degrés auxquels — et je me retrouve avec M. […] Même le système du décor unique, s’il eût triomphé dès le temps de Hardy, n’eût pas pu empêcher les choses de se passer de la sorte. […] D’un autre côté, une fois bien établie, l’existence de ce système décoratif nous explique plus d’un texte jusqu’à présent mal compris. […] Non pas du tout, comme on le pourrait craindre, que je veuille prêter à l’auteur des Fourberies de Scapin ce qu’on appelle un système lié.
Le monde pauvre, le système pauvre, le langage pauvre. […] (Et surtout il n’y a plus de système.) […] Ce système de quatre n’est plus seulement, n’est pas un système arithmétique, numérique. C’est un système organique, à base de trois, à un seul chef. […] Nous l’avons déjà montrée traduite, exprimée dans un système de vers et au bout du vers dans un système de rimes.
Je suis bien décidé à ne pas chercher un système chez M. […] James Sully, d’autres encore, leur avaient exposé ce système : ils n’en avaient retenu que les maximes détachées, et c’est d’après ces maximes qu’ils le reconstruisaient à leur manière. […] A défaut d’études, il a du moins fait de fortes lectures scientifiques : les grands systèmes de ce siècle lui sont tous familiers, il a admiré la philosophie de Schopenhauer. […] Cette unité est pour lui un lieu commun, c’est-à-dire, selon sa conception du lieu commun, une vérité incontestable : « … Il n’y a pas de système de morale qui ne soit dans la dépendance entière de quelque métaphysique. […] Et pourtant, ses derniers ouvrages, ceux dans lesquels il va jusqu’au bout de son système, ont été accueillis par bien des sourires, ont provoqué bien des railleries.
Le système conservateur du théâtre devait être mis de niveau avec le système conservateur du cabinet. […] que de donnera un pareil système le nom de conservateur ; cela ne ressemble-t-il pas infiniment à ce qui arrive à M. […] Buloz une pareille conduite : J’ignorais alors que ce fût un système. […] Mélingue le système désastreux de M.
C’est elle qui a construit les Éloges de Fontenelle, le Philosophe ignorant et le Principe d’action de Voltaire, la Lettre à M. de Beaumont et le Vicaire savoyard de Rousseau, le Traité de l’homme et les Epoques de la nature de Buffon, les Dialogues sur les blés de Galiani, les Considérations de d’Alembert sur les mathématiques, la Langue des calculs et la Logique de Condillac, un peu plus tard l’Exposition du système du Monde de Laplace et les Discours généraux de Bichat et de Cuvier459. […] Sans sortir du ton de la conversation ordinaire et comme en se jouant, il met en petites phrases portatives les plus grandes découvertes et les plus grandes hypothèses de l’esprit humain, les théories de Descartes, Malebranche, Leibnitz, Locke et Newton, les diverses religions de l’antiquité et des temps modernes, tous les systèmes connus de physique, de physiologie, de géologie, de morale, de droit naturel, d’économie politique468, bref, en tout ordre de connaissances, toutes les conceptions d’ensemble que l’espèce humaine au dix-huitième siècle avait atteintes. — Sa pente est si forte de ce côté, qu’elle l’entraîne trop loin ; il rapetisse les grandes choses à force de les rendre accessibles. […] Dictionnaire philosophique, passim. — En vers, Les systèmes , La loi naturelle,
On accusa les socialistes de différents systèmes, avec lesquels, certes, je n’ai pas pactisé, et auxquels je ne marchanderais pas l’accusation et même le soupçon, s’ils étaient mérités. […] C’était le contraire de la figure de Robespierre, convergente et concentrée comme un système : l’une, méditation constante ; l’autre, explosion continue. […] Des souliers sans boucles, des semelles de clous, un pantalon d’étoffe grossière et taché de boue, la veste courte des artisans, la chemise ouverte sur la poitrine, laissant à nu les muscles du cou ; les mains épaisses, le poing fermé, les cheveux gras sans cesse labourés par ses doigts : il voulait que sa personne fût l’enseigne vivante de son système social. » Les Girondins essayent de reporter sur Marat toute la responsabilité des journées de septembre.
Ce vers de dix syllabes17, assonancé18, distribué en laisses ou couplets monorimes d’inégale étendue, que l’on retrouve dans toutes les anciennes chansons de geste, est d’origine très probablement latine comme tout notre système de versification. […] On a supposé — et non pour la France seulement — que des cantilènes lyrico-épiques plus brèves et de rythme plus rapide avaient précédé les vastes narrations épiques, et par une application du système de Wolff qui longtemps a été en faveur pour les poèmes homériques, on a soutenu que les chansons de geste n’étaient que des cantilènes cousues ensemble. […] Rajna ne fait guère que montrer les difficultés du système adverse.
En sorte que tous les couples amoureux du département, elle les attire chez elle, et les installe dans des appartements de son château, communiquant par un système d’escaliers en colimaçons. […] Il eut l’idée d’appliquer le système du sifflet, la coupe en biseau de la colonne, système, sans lequel il eût été presque impossible de la jeter à bas ; et il eut, pour son invention, une somme de 6 000 francs, qu’il donna à sa maîtresse.
En effet, si la société n’est qu’un système de moyens institués par les hommes en vue de certaines fins, ces fins ne peuvent être qu’individuelles ; car, avant la société, il ne pouvait exister que des individus. […] En vertu de ce principe, la société n’est pas une simple somme d’individus, mais le système formé par leur association représente une réalité spécifique qui a ses caractères propres. […] Pas plus que les précédents penseurs, ils n’y voient un système de choses qui existe par soi-même, en vertu de causes qui lui sont spéciales.
Et d’abord la publicité, cette révolution en permanence, qui donne aux temps modernes un caractère inconnu jusqu’alors, permet-elle d’employer impunément ce système de réserves qui n’est, après tout, qu’une très relative habileté ? […] Ils n’avaient pas comme lui ce qui rend plus implacable que la haine : un système dont ils voulaient la réalisation et le triomphe. […] Il avait l’expérience de la difficulté de gouverner les peuples, et il ne pouvait s’empêcher d’admirer hautement les hommes d’un système qui diminuait cette difficulté.
Il était en cela du même système monarchique que son maître, qui n’a jamais demandé de conseil à ces corps que pour l’apparence, et qui s’est fâché sérieusement en quelques cas, lorsque les compagnies se furent émancipées à donner avis sans en être requises. […] Les saillies de son maître sont à la longue devenues chez lui des systèmes.
L’assujettissement des études s’y réduisant presque à rien, il y continuait dans l’intervalle le cours de ses lectures toutes personnelles ; il s’essaya dès lors sur un sujet singulier et qui était prématuré non seulement pour lui, mais pour tous les hommes de son temps, sur le siècle de Sésostris ; il cherchait à y concilier, au moyen de suppositions d’ailleurs assez ingénieuses, les divers systèmes de chronologie. […] Ce qui perce surtout dans cet Essai, et ce qui sera l’esprit même de la méthode de Gibbon, c’est de ne jamais sacrifier un ordre de faits à un autre, de ne pas accorder plus d’autorité qu’il ne faut à un accident saillant, de se tenir également éloigné de la compilation qui coud des textes à la suite, et du système absolu qui y tranche à son gré
Avec Henri IV commença ou recommença le système monarchique. […] Ce système se poursuivit après Henri IV et même à travers les incertitudes du régime intermédiaire, jusqu’à ce que Richelieu fût venu le prendre en main et le pousser à bout plus hardiment que personne : Celui-ci (Richelieu), d’un esprit vaste et hautain, entreprit en même temps l’abaissement total des grands seigneurs, celui de la maison d’Autriche, et la destruction des religionnaires ; et, s’il ne parvint pas à l’entière exécution de toutes ces entreprises, il leur donna de tels commencements, que depuis nous en avons vu l’accomplissement.
Ce sont là de détestables sentiments, en même temps qu’un détestable système et une fausse vue des véritables intérêts qui importent le plus aux hommes réunis en société. […] Ce n’était pas un démocrate que Voltaire, et il n’est pas mauvais de le rappeler à ceux qui de loin, et pour le besoin de leurs systèmes, veulent nous donner un Voltaire accommodé à la Jean-Jacques ; quand on aime à étudier les hommes et à les voir tels qu’ils sont, on ne saurait s’accoutumer à ces statues symbolisées dont on menace de faire les idoles de l’avenir.
Le système de Gautier, en décrivant, est un système de transposition, une réduction exacte, équivalente, plutôt qu’une traduction.
D’ingénieux et savants disciples de Wolf poussèrent à bout les conséquences de ce système négatif et prétendirent ne laisser aucun coin de refuge à l’ancienne croyance9. […] Sainte-Croix, le premier, sur la seule annonce du système de Wolf et avant même de le bien connaître10, s’était empressé de crier au paradoxe, et dès 1797 il avait dit : « Il ne faut que sentir et obéir à sa propre imagination, sans aucun effort d’esprit, pour être intimement convaincu que l’Iliade et l’Odyssée sont sorties toutes deux aussi entières de la tête d’Homère que Minerve du cerveau de Jupiter.
Contrairement à ceux qui, n’approuvant plus une révolution et cessant de rien accepter d’une assemblée, s’abstiennent, se retirent plus ou moins, et émigrent à quelque degré, il y a ceux qui restent dedans, contestent à haute voix, disputent pied à pied, et meurent quand il le faut, mais en proférant des mots qui retentissent ; en regard du système de l’émigration, il y a le système qui se personnifie en Kersaint et qu’on pourrait appeler de son nom.
Mais lorsque, amenant la littérature au but qu’elle poursuivait depuis un siècle, il édifia son système, il y fit entrer deux pièces, qui ne lui étaient point fournies d’ailleurs : et ces deux pièces sont ce qu’il y a d’essentiel et de caractéristique dans le système.
Il aurait fallu deux cents vers dans l’ancien système pour répandre toutes ces images ; ou plutôt il aurait été impossible de les accumuler ainsi : l’habitude même de la forme aurait empêché le poète d’y songer ; car l’ancienne forme répugnait tellement à cette profusion, que jamais vous ne trouverez dans un poète du Dix-Septième ou du Dix-Huitième Siècle plus de deux comparaisons pour une même idée. […] Herder aussi est un écrivain symboliste, et aucune autre forme ne convenait mieux à son système panthéistique.
Les Fables de Lachambeaudie, publiées dans un magnifique volume (1851), nous avertissent que l’auteur est poète, homme de talent, doué de facilité naturelle, et sachant trouver des moralités heureuses quand il ne les assujettit point à des systèmes. […] Fortoul, qui avait été son condisciple, me dit : « Non, il me ferait trop mal Horace. » — Il y a un vers de M. de Laprade qui exprime bien l’excès de son système, de son naturalisme métaphysique ; c’est quand il dit à un chêne : Pour ta sérénité je t’aime entre nos frères !
Ne convenez-vous pas que cette influence est générale sur tout le système ? […] Voilà le premier pas qui n’a proprement réformé que la masse générale du système animal, ou quelques-unes de ses portions principales.
Pour une raison d’intelligence, et peut-être de moralité, Saint-Simon a été le plus injuste historien d’un homme et d’un système qui représentent ce que nos individualités déchaînées haïssent naturellement le plus, — le despotisme individuel. […] Il ne rappelle point enfin, et peut-être ne le sait-il pas, que la santé de Louis XV enfant étant faible, Dubois avait établi un système de gouvernement qui réglait la politique étrangère pour le cas où le roi mourrait, et toute l’administration intérieure pour le cas contraire.
Tel vous le voyez dans son livre du Pape, aux chapitres fameux de l’Infaillibilité et de la Souveraineté, — tout son système né dans la conception de l’unité, — tel vous le retrouvez, en remontant, dans cette dissertation sur la Souveraineté, qui n’était peut-être qu’une pierre d’attente pour ses travaux futurs, et que je regarde comme le morceau capital du livre posthume qu’on a édité. […] Les bourreaux d’idée sont des philosophes à systèmes.
Si leur esprit a un défaut, leur système a un défaut. […] Si la force n’est pas un être, le monde n’est plus un système de forces.
De là ces traits de feu, ces grâces ravissantes jetées çà et là dans les chants du poëme de Lucrèce ; de là cette fréquente contradiction de son art et de son système, ce retour involontaire au polythéisme qu’il maudit, ces nouvelles apothéoses substituées aux idoles qu’il renverse, et cet hymne de louange et d’amour qu’il semble près d’exhaler sans cesse, et dont il cherche l’objet en dédaignant tous les anciens cultes de la terre. […] Et cependant, sous cette glace d’un désolant système, quelle tendresse émue dans les vers du poëte, lorsqu’après avoir affermi l’homme par l’indifférence sur le sort futur de ses restes matériels devenus insensibles à la souffrance, il affecte de répondre par le même espoir d’impassibilité à d’autres craintes et à d’autres douleurs !
Tout ce qu’il y a de jeune dans le catholicisme en France, tout ce qui est arrivé là par l’imagination, par les idées absolues, par les systèmes, par la tête plutôt que par le cœur, par la mode, les disciples des cathédrales et de l’art chrétien, les convertis du Saint-Simonisme enclins à la théocratie, les hommes venus là au sortir du jacobinisme révolutionnaire ou même sans en sortir (et il y a un noyau dont le type est Buchez), tout cela forme une milice ardente, violente, ou même légère, qui parade dans les églises aux Semaines Saintes, qui guerroie dans les journaux, et qui essaye le tapage aux cours.
Je vous félicite d’avoir cédé à votre talent, en le dégageant de tout système.
La France a eu de sévères reproches à lui adresser au sujet des jugements étranges dont il a rempli les Lettres de Paul et l’Histoire de Napoléon Bonaparte ; mais c’était, de sa part, légèreté et préventions d’habitude, bien plutôt que mauvais vouloir et système.
Quatre périodes historiques y sont plus particulièrement traitées : 1° La période de la philosophie orientale, dans laquelle les spéculations de la philosophie brahminique et chinoise sont exposées par une plume très au courant des plus récentes connaissances ; 2° la période de philosophie grecque, fort complète aussi, et embrassée avec une sérieuse intelligence des grands systèmes ; 3° la période chrétienne qui comprend les Pères des cinq premiers siècles ; 4° le moyen âge dans ses philosophes contemplatifs ou scolastiques.
Je renvoie à la seconde Partie de cet ouvrage quelques réflexions sur le système tragique qui peut convenir à un état républicain ; cette discussion n’appartient pas à ce chapitre.
Dans le commerce des femmes les plus distinguées que la société française ait produites, au contact de ces esprits ex quis qui ont mis, sans y penser, le meilleur d’eux-mêmes dans des œuvres légères et charmantes, nos écoliers compenseront en quoique sorte le défaut de notre système d’éducation qui, jusqu’à l’âge d’homme, les soustrait aux influences féminines.
Si l’on ne connaissait le malheureux système qui glaçait le génie poétique de Voltaire, on ne comprendrait pas comment il a préféré des divinités allégoriques au merveilleux du christianisme.
La philosophie a cette honte, bien méritée du reste, que personne ne l’invoque plus et que les professeurs qui la professaient hier encore, au lieu de créer et d’organiser des systèmes, c’est-à-dire de nous donner, après tout, la chose philosophique, le véritable produit philosophique, en sont descendus à ne plus professer que l’histoire et même les historiettes de la philosophie.
Tout cela, ce sont des systèmes de conservateurs exaspérés.
On sait en effet qu’il déclarait qu’il avait besoin de tous les systèmes pour expliquer sa pensée, et qu’il n’aurait pu se passer d’un seul. […] Et ce qu’il y a d’admirable, c’est que cet emploi des systèmes et des méthodes les plus contraires n’aboutissait pas chez lui à un éclectisme ou à un syncrétisme. Il ne prenait pas de chaque système ce qui lui convenait, comme l’éclectique, en rejetant les autres parties ; non, il savait qu’un système est un tout harmonieux qui ne peut être scindé, et il l’acceptait et l’appliquait tout entier. […] De là une nouvelle difficulté pour le commentateur ; il lui est interdit de choisir entre ces divers systèmes de morale, puisque le maître n’a montré de préférence marquée pour aucun. […] Le voilà créateur à son tour, il fait partie intégrante de ce vaste système d’activité universelle qui entretient et renouvelle la vie générale.
Le nouveau système a été mis partiellement à exécution. […] Froude, et presque toutes les deux pages, nous rencontrons des aphorismes sur le caractère irlandais, sur les leçons que donne l’histoire d’Irlande, et sur l’essence du système gouvernemental de l’Angleterre. […] Une jeune dame, qui vise à « un chant qui surpasse le sens » et tente de reproduire le système de vers de Browning pour notre édification, paraîtra peut-être dans un état d’esprit inquiétant. […] Comme Platon, il était idéaliste, et il avait tout le mépris de l’idéaliste pour les systèmes utilitaires, il était mystique comme Denis, Scot, Érigène, Jacob Boehme. […] Alors, comme toutes choses étaient dans un parfait chaos, les Réformateurs de la Société montèrent sur des estrades, et empêchèrent la façon d’échapper aux maux qu’eux et leurs systèmes avaient causés !
Thiers, qui cherche ici la raison dans la folie, croit trouver les motifs de cette invasion inverse du Nord par le Midi dans l’inobservation du système de blocus continental par la Russie. […] Telles étaient ses pensées en 1810, et, cherchant de bonne foi à les réaliser, il imaginait le blocus continental qui devait contraindre l’Angleterre à la paix par la souffrance commerciale, s’efforçait de soumettre la Hollande à ce système, et, celle-ci résistant, il l’enlevait à son propre frère, la réunissait à son empire, et donnait à l’Europe, qu’il aurait voulu calmer, l’émotion d’un grand royaume réuni à la France par simple décret. Puis, trouvant le système du blocus incomplet, il prenait pour le compléter les villes hanséatiques, Brême, Hambourg, Lubeck, et, comme si le lion n’avait pu se reposer qu’en dévorant de nouvelles proies, il y ajoutait le Valais, Florence, Rome, et trouvait étonnant que quelque part on pût s’offusquer de telles entreprises. […] Jamais, dans un temps d’anarchie et d’illusions philosophiques sur la constitution des sociétés civiles ; jamais le néant des systèmes et l’infaillibilité de la nature, en matière de pouvoir, ne s’étaient incarnés plus fortement que dans ce jeune homme.
L’univers lui est, très exactement, un système de symboles, où il s’applique à saisir les correspondances du réel avec l’idéal, le reflet de Dieu sur les choses. […] Les genres littéraires sont devenus, dans son système, un je ne sais quoi d’organique, qui vivrait indépendamment des œuvres particulières et des cerveaux où elles ont été conçues ; abstractions végétatives, qui ont des troncs et qui poussent des branches ; entités réalisées à la manière scolastique. […] » Puis, il a écrit des histoires de fous dont on peut se demander si ce sont des fous (l’Inconnu, Les Yeux verts et les Yeux bleus), et étudié certains mystères soit de l’imagination, soit de la chair et du système nerveux (l’Exorcisée). […] Il se demande à quoi aura servi d’emprunter à l’ennemi son système de recrutement si l’on n’a pas su lui emprunter du même coup son âme patiente, endurante, disciplinée, encline au respect… Si l’on s’était trompé, pourtant ?
Il y a dans ce poème, qui n’en est pas un véritablement, et qui est destitué d’invention comme tous les ouvrages de Bernis, de très bons vers philosophiques, un exposé clair, une réfutation judicieuse et assez vigoureuse des systèmes de Lucrèce, de Pyrrhon, de Spinoza. […] On a fait l’honneur à Bernis de lui attribuer la pensée première de ce traité, qui bouleversait la politique de Richelieu et changeait le système des alliances continentales de l’Europe.
En arrivant dans mon intendance de Valenciennes, j’y trouvai beaucoup de soulèvements de garnisons par l’excessive cherté que causaient les augmentations de monnaie du système de Law. […] La justesse de mes systèmes se ferait, s’il plaisait à Dieu, goûter de tels esprits ; et, si leur persuasion n’y concourait pas d’abord, je l’y réduirais bien par plusieurs voies, sans les dégoûter pour cela, ni les contraindre à quitter ; car on prend mieux les gens d’honneur par leurs bons faibles que les vilains par leurs vices multipliés et inextricables.
Deux systèmes. […] De ces théories absolues et contradictoires, le tiers système que je vais esquisser n’est pas une conciliation (à quoi bon ?)
Deux systèmes. […] De ces théories absolues et contradictoires, le tiers système que je vais esquisser n’est pas une conciliation (à quoi bon ?)
Il est prudent de n’associer le sort des croyances morales à aucun système. […] Ce brave homme ne savait pas un mot des systèmes de son hôte ; il n’avait vu en lui qu’un homme bien tranquille, un parfait locataire.
Après l’exposé lumineux des systèmes, après maint trait de biographie touchant et simple, de quelle manière Fontenelle s’avise-t-il de terminer sa notice et de la conclure ? […] Le philosophe qui cherche les causes est comme le machiniste qui serait assis au parterre de l’Opéra, et qui essaierait de se rendre compte de certains vols, de certains effets extraordinaires de gloire et de nuage ; et, à l’aide de cette simple comparaison, Fontenelle trouve moyen d’amener les principaux systèmes physiques qui ont été tour à tour proposés par les philosophes.
Dans les années qui suivirent, il réforma les différentes parties de cette arme, il simplifia les calibres de campagne, rendit le matériel léger, d’un facile transport, et établit le système qui a fait le tour de l’Europe pendant toutes les guerres de l’Empire. […] Pendant l’armistice qui partage en deux cette campagne et dans les semaines qui précèdent la bataille de Leipzig, Marmont est continuellement rapproché de Napoléon, qui l’appelle, le consulte, admet la discussion sur les plans à suivre et passe outre, emporté par un mouvement plus fort d’impatience ardente et de passion : Son esprit supérieur lui a certainement alors montré les avantages d’un système de temporisation, mais un foyer intérieur le brûlait ; un instinct aveugle l’entraînait quelquefois contre l’évidence, parlait plus haut et commandait.
Celui qui ne saura pas faire un système comme Newton fera une observation avec laquelle il mettra à la torture ce grand philosophe. […] Il rendra ailleurs plus de justice aux observations quand il en dira « qu’elles sont l’histoire de la physique, et que les systèmes en sont la fable ». — Ainsi Montesquieu, à ses débuts, s’occupait de sciences comme le fera Buffon, comme Goethe le fera plus tard ; il fournissait les fonds d’un prix d’anatomie, et semblait ne viser qu’à des succès tout sérieux, d’accord avec la gravité de son état.
tandis qu’avec un peu de retenue dans ses systèmes, avec un peu d’égards envers les opprimés, avec un peu de ménagement pour les antiques opinions, surtout avec un peu d’amour et de bonté, c’est par des liens de soie qu’on eût conduit au bonheur toute la France. […] disait-il, tous les hommes sans doute sont égaux devant vous, lorsqu’ils communiquent avec votre bonté, lorsqu’ils vous adressent leurs plaintes, et lorsque leur bonheur occupe votre pensée ; mais, si vous avez permis qu’il y eût une image de vous sur la terre, si vous avez permis du moins à des êtres finis de s’élever jusqu’à la conception de votre existence éternelle, c’est à l’homme dans sa perfection que vous avez accordé cette précieuse prérogative ; c’est à l’homme parvenu par degrés à développer le beau système de ses facultés morales ; c’est à l’homme enfin, lorsqu’il se montre dans toute la gloire de son esprit.
« Nous voyons, dit-il, que, de toutes façons, nous sommes obligés de reconnaître le fait qu’il y a une vérité donnée dans notre constitution mentale… Ce principe est le fondement de tout système de science positive. […] Voir l’idée moderne du droit et la Critique des systèmes de morale contemporains.
En effet, tous les systèmes de classification des émotions mettent à part les émotions esthétiques4, et en forment une division spéciale séparée des émotions ordinairescp. […] Cet ami d’Alfred Binet, spécialiste du système nerveux, s’intéressa tout particulièrement à l’hypnose, au magnétisme animal dégagé de sa gangue de superstitions, à l’épilepsie, à l’instinct sexuel, à la « descendance des invertis », à la « famille névropathique », à la criminalité abordée sous l’angle de la « dégénérescence ».
Son système psychologique, son empirisme et son individualisme l’y contraignent. […] La sérénité de Goethe, la paix des systèmes spinosistes, le calme bien ordonne et la belle stabilité des écrits de M.
Ce n’est qu’à la suite d’étranges aberrations qu’on a pu concevoir des systèmes de philosophie sociale où la grandeur de l’individu dépendait de son isolement et d’autres où, au contraire, l’altruisme aboutissait à la négation de l’individu. […] Le globe terrestre aussi est un tout, si l’on veut ; mais n’est-il pas lié à un système planétaire, et pourrait-il vivre sa vie, si le secours des autres astres venait à lui manquer ?