Elle correspondait avec Leibniz, qui l’assurait qu’elle n’écrivait pas mal l’allemand, ce qui lui fait grand plaisir, car elle ne peut souffrir, dit-elle, de voir des Allemands qui méprisent et méconnaissent leur langue maternelle. […] Tombée au milieu d’une cour brillante et fausse, toute pleine alors de galanterie et de plaisirs qui cachaient bien des rivalités et des ambitions, elle démêla, avec un instinct de bon sens et une certaine fierté de race, à qui elle pouvait s’attacher parmi tout ce monde, et elle s’adressa avec droiture au plus honnête homme encore de tous, c’est-à-dire à Louis XIV lui-même. […] Elle aida plus que personne à le consoler ou à le distraire de la mort de la duchesse de Bourgogne ; elle allait près de lui le soir, aux heures permises, et marquait qu’elle se plaisait dans sa compagnie : « Il n’y a que Madame qui ne me quitte pas, disait Louis XIV, je vois qu’elle est bien aise d’être avec moi. » Madame a ingénument exprimé le genre d’affection ouverte et sincère qu’elle se sentait pour Louis XIV, lorsqu’elle a dit : « Quand le roi eût été mon père, je n’aurais pu l’aimer plus que je ne l’ai aimé, et j’avais du plaisir à être avec lui. » Quand la santé du roi décline et qu’il approche de la dernière heure, on voit Madame dans ses lettres laisser éclater sa douleur à nu ; elle, dont le fils sera Régent, elle craint, plus que tout, le changement de règne : « Le roi n’est pas bien (15 août 1715) ; cela me tracasse au point que j’en suis à moitié malade ; j’en perds l’appétit et le sommeil.
Les visites de nuit que tu faisais dans ma chambre pour savoir si j’étais sain et sauf et chaudement couché ; tes largesses du matin avant le départ pour l’école, le biscuit ou la prune confite ; l’eau odorante que ta main prodiguait à mes joues jusqu’à ce qu’elles fussent brillantes de fraîcheur et luisantes, tout cela, et ce qui fait plus chérir que tout encore, ce courant continu d’amour que rien en toi n’interrompait, que ne troublèrent jamais ces débordements et ces sécheresses que crée une humeur inégale ; tous ces souvenirs, toujours lisibles dans les pages de ma mémoire et qui le seront jusqu’à mon dernier âge, ajoutent le plaisir au devoir, me font une joie de te rendre de tels honneurs que le peuvent mes vers ; un bien fragile témoignage peut-être, mais sincère, et qui ne sera point méprisé au ciel, quand il passerait inaperçu ici-bas… Si le Temps pouvait, retournant son vol, ramener les heures où jouant avec les fleurs brodées sur ta robe, — violette, œillet et jasmin, — je les dessinais sur le papier avec des piqûres d’épingle (et toi, pendant ce temps-là, tu étais encore plus heureuse que moi, tu me parlais d’une voix douce et tu me passais la main dans les cheveux, et tu me souriais) ; si ces jours rares et fortunés pouvaient renaître, s’il suffisait d’un souhait pour les ramener, en souhaiterais-je le retour ? […] On lui en avait donné un auquel il avait pris plaisir, et, quand on le sut, il lui en vint de plusieurs côtés : J’entrepris, a-t-il raconté dans un agréable récit, d’élever trois des levrauts qu’on m’avait apportés, et pour les distinguer ici, je vous dirai les noms que je leur avais donnés, Puss, Tiney et Bess. […] Il ne goûtait rien médiocrement : « Je n’ai jamais reçu, disait-il, un petit plaisir de quoi que ce soit dans ma vie : si j’ai une impression de joie, elle va à l’extrême. » Il commençait aussi à écrire à quelques amis de jolies lettres soignées, élégantes, ingénieuses dans leur naturel.
Déjà, dans le premier volume du journal, j’avais relevé de tristes paroles sur Fénelon, de ces paroles faites pour être ensevelies, et que Le Dieu avait pris plaisir à surprendre sur les lèvres de son maître et à noter. […] Et, le 18 du même mois : Il y a plaisir à l’entendre parler de sa santé en des termes qui expriment l’amour de la vie, et il est assez étonnant que la méditation continuelle de l’Évangile n’ôte pas ce sentiment. […] qui allons faire une visite à Fénelon : J’étais donc dans la grande salle du billard, près de la cheminée : dès que je l’y vis entrer, j’approchai en grand respect ; il me parut au premier abord froid et mortifié, mais doux et civil, m’invitant à entrer avec bonté et sans empressement. « Je profite, lui dis-je, monseigneur, de la permission qu’il a plu à Votre Grandeur de me donner de venir ici lui rendre mes respects, quand j’en aurais la liberté. » C’est ce que je dis d’un ton modeste, mais intelligible ; j’ajoutai plus bas, et comme à l’oreille, que je lui apportais des nouvelles et des lettres de Mme de La Maisonfort. « Vous me faites plaisir, dit-il ; venez, entrez. » Alors parut M. l’abbé de Beaumont, qui me salua avec embrassades, d’une manière fort aisée et fort cordiale.
Ici ce n’était que satisfaction et récompense ; tous les jours des désirs, et plusieurs petits plaisirs. […] Jean Rou avait pour aïeul maternel Jean Toutin, célèbre orfèvre-joaillier : celui-ci, étant allé à une de ses métairies pour une réparation, y vit deux scieurs de long à l’œuvre et, prenant plaisir à leur naturel d’attitude et de mouvement, il en fit un petit dessin qu’il s’amusa ensuite à graver à l’eau-forte. […] Il s’agit de propos de quartier que Jean Rou, en bon voisin, n’a pas manqué d’enregistrer avec un malin plaisir évident, qui se rattache à la différence des communions et à la question du célibat ecclésiastique.
Mon désir serait de le faire dans un parfait esprit d’impartialité ; car cette impartialité, cette neutralité même que M. de Pontmartin m’a si souvent reprochée, devient, je l’avoue, un de mes derniers plaisirs intellectuels. […] Je n’ai jamais lu, sans en chercher l’application autour de moi, ce beau passage de l’Essai sur la Critique de Pope ; « But where the man… Où est-il l’homme qui peut donner un conseil sans autre attrait que le plaisir d’instruire, et sans être orgueilleux de son savoir ; bien élevé, quoique savant ; et quoique poli, sincère… ? […] Je ne pouvais en dire moins sur les défauts et les lacunes de M. de Pontmartin comme critique sans me mentir à moi-même ; j’en viens avec plaisir aux qualités.
Sa dignité, une fois au bras d’Alfieri, n’était pour elle qu’un soin secondaire : elle la fit céder, dans le cas présent, à son instruction et à son plaisir. […] On a quelques témoignages directs de sa vie, à elle, par des lettres qu’elle écrivait en ces années, et dont MM. de Goncourt ont donné des extraits96 : « C’est un grand plaisir, disait-elle (décembre 1802), que de passer son temps à parcourir les différentes idées et opinions de ceux qui ont pris la peine de les mettre sur le papier. C’est le seul plaisir d’une personne raisonnable à un certain âge ; car les conversations sont médiocres et bien faibles, et toujours très-ignorantes.
Nous avons vu Montaigne en voyage, ajoutant chaque jour par sa curiosité à ses connaissances et à ses plaisirs : et en général, il semble n’avoir voulu prendre de chaque état nouveau, de chaque profession ou fonction accidentelle où il entrait, que ce qu’il en fallait pour compléter son éducation personnelle, pour perfectionner son outil intérieur par une application fréquente et variée. […] La voici en propres termes : « Monsieur de Montaigne, pour ce que j’ai en estime grande votre fidélité et zélée dévotion à mon service, ce m’a été plaisir d’entendre que vous avez été élu major de ma ville de Bourdeaux, ayant eu très agréable et confirmé ladite élection, et d’autant plus volontiers qu’elle a été sans brigue et en votre lointaine absence. […] Quelques mois auparavant (19 décembre 1584), il avait eu l’honneur de le recevoir, de lui donner à souper et à coucher en son château de Montaigne : honneur qui se renouvellera trois ans plus tard en octobre 1587 ; il lui donnera même alors le plaisir de la chasse dans un de ses bois.
Dominique, par sa douce lecture, m’a procuré quelques heures de ce plaisir depuis si longtemps perdu. […] Ces légères réserves et ces réflexions faites, on n’a que des remerciements à adresser à l’auteur pour le plaisir qu’on lui a dû ; on n’a que des éloges à lui donner pour la délicatesse des sentiments et le juste emploi des couleurs. […] L’homme bien né, ainsi qu’on l’entendait autrefois, était au milieu des belles choses comme dans son élément ; il y était chez lui, non pas insensible sans doute à la finesse et à la noble élégance des objets qui l’entouraient, mais il ne s’y montrait pas non plus perpétuellement attentif et tout occupé de les faire remarquer aux autres ; il vivait au milieu, il en usait, et il vaquait à ses affaires, à ses plaisirs, à ses sentiments.
Les trois quarts du plaisir pour nous étaient dans le travestissement ; la comtesse de Provence avait des inventions uniques ; son mari, qui savait toujours ses rôles par cœur, savait aussi ceux des autres, et nous servait de souffleur quand nous bronchions. Tout à coup nous avons eu des raisons de craindre d’être découverts, et nous avons cru prudent de renoncer à nos plaisirs de pensionnaires. […] Mais dans l’habitude de la vie et de la conversation, on saisit avec plaisir chez elle ce jet facile et courant, une parole vive, aisée, des plus naturelles, et même spirituelle.
Mais savez-vous que, avec ce petit corps, il a été jadis un vert-galant ; que c’est pour s’arracher aux plaisirs sensuels qu’il a endossé la soutane ? […] Le narrateur, en se les représentant à plaisir, se les poétisait aussi. […] Le monde extérieur, celui de l’Empire et des guerres brillantes, celui de l’administration à tous les degrés et des affaires, le monde de l’industrie et des arts, celui des beaux-arts, le monde des lettres et de la philosophie humaine, le monde proprement dit, celui de l’élégance et des plaisirs, rien n’y pénètre, rien n’y passe, même à la traverse.
Sous ses auspices, elle débuta à l’Opéra-Comique dans une pièce de lui, dans le rôle de Lisbeth, de l’opéra du même nom, et y fit plaisir. […] Toutes les jeunes actrices se donnaient le plaisir de lutiner celle qui jouait si au naturel Ma tante Aurore ; elles l’entouraient au foyer et lui refaisaient bien souvent la même question malicieuse : « Mais est-ce bien possible, grand-maman Gontier, est-il bien vrai que M. de Florian vous battait ? […] Les députés s’avalent bien de temps en temps, mais cela ne change rien aux plaisirs ni à notre bon gouvernement, qui est soutenu par la sagesse de notre roi et par l’esprit de l’armée qui est bon… » La spirituelle chroniqueuse, on le voit, était dans les meilleurs principes.
Ne croyez pourtant pas que tous nos moments fussent cruels et que notre situation n’eût encore des charmes ; elle en avait qu’elle tirait de sa bizarrerie même et de nos privations… Ses caresses, à la vérité, me faisaient plus de peur que de plaisir ; mais la familiarité qu’il y avait entre nous était délicieuse pour l’un et pour l’autre. […] Les amants que chaque femme prend et laisse à la file ; les fureurs au théâtre pour ou contre la Lemaure et la Pelissier ; le duc d’Épernon, qui, par manie de chirurgie, va trépanant à droite et à gauche, et tue les gens pour passer son caprice d’opérateur ; la mode soudaine des découpures, comme plus tard celle du parfilage, mais poussée au point de découper des estampes qui coûtent jusqu’à 100 livres la pièce : « Si cela continue, ils découperont des Raphaël ; » la manière dont on accueille les bruits de guerre : « On parle de guerre ; nos cavaliers la souhaitent beaucoup, et nos dames s’en affligent médiocrement ; il y a longtemps qu’elles n’ont goûté l’assaisonnement des craintes et des plaisirs des campagnes : elles désirent de voir comme elles seront affligées de l’absence de leurs amants ; » on entend tous ces récits fidèles, on assiste à cette décomposition du grand règne, à ce gaspillage des sentiments, de l’honneur et de la fortune publique ; on s’écrie avec la généreuse Mlle Aïssé : « A propos, il y a une vilaine affaire qui fait dresser les cheveux à la tête ; elle est trop infâme pour l’écrire ; mais tout ce qui arrive dans cette monarchie annonce bien sa destruction. […] Pour moi, je l’avoue, ce repas très-frugal bien qu’appétissant, et où préside d’ailleurs une exacte privation, n’a rien qui me choque, comme le font, dans la charmante correspondance de Diderot, certains aveux sur les quinze mauvais jours dont mademoiselle Voland paie un petit verre de vin et une cuisse de perdrix de trop ; et ce n’est pas du tout non plus le cas épicurien de Ninon vieillie écrivant au vieux Saint-Évremond : « Que j’envie ceux qui passent en Angleterre, et que j’aurois de plaisir à dîner encore une fois avec vous !
Si vous n’avez pas acquis une idée de plus par la cause même de votre impression, si la tragédie qui vous a fait pleurer ne laisse après elle ni le souvenir d’une observation morale, ni celui d’une situation nouvelle tirée du mouvement même des passions, l’émotion qu’elle excite en vous est un plaisir plus innocent que le combat des gladiateurs ; mais cette émotion n’agrandit pas davantage la pensée et le sentiment. […] Le célèbre métaphysicien allemand, Kant, en examinant la cause du plaisir que font éprouver l’éloquence, les beaux-arts, tous les chefs-d’œuvre de l’imagination, dit que ce plaisir tient au besoin de reculer les limites de la destinée humaine ; ces limites qui resserrent douloureusement notre cœur, une émotion vague, un sentiment élevé les fait oublier pendant quelques instants ; l’âme se complaît dans la sensation inexprimable que produit en elle ce qui est noble et beau ; et les bornes de la terre disparaissent quand la carrière immense du génie et de la vertu s’ouvre à nos yeux.
Ce mouvement et cette instabilité produisent en nous une première impression de plaisir ou de terreur. — Émotion ! […] C’est une femme qui parle : Quand, assise à douze ans, à l’angle du verger, Sous les citrons en fleurs, ou les amandiers roses, Le souffle du printemps sortait de toutes choses, Et faisant sur mon cou mes boucles voltiger, Une voix me parlait, si douce au fond de l’âme, Qu’un frisson de plaisir en courait sur ma peau. […] Dur, colère jusqu’aux emportements contre les choses inanimées, incapable de souffrir la moindre contradiction, opiniâtre à l’excès, passionné pour tous les plaisirs, la bonne chère, la chasse, la musique, le jeu, où il ne pouvait supporter d’être vaincu ; il ne regardait les hommes que comme des atomes, avec qui il n’avait aucune ressemblance, quels qu’ils fussent.
Mais, rencontrant souvent Rome sur son chemin, il n’a pas su résister à la tentation : il s’est détourné pour un temps de son œuvre capitale, pour se donner le plaisir d’embrasser d’une seule vue toute la suite de l’histoire romaine. […] Mais il aimera toujours à disserter, sans rire, avec érudition sur des matières scabreuses ; il aura plaisir, dans l’Esprit des Lois, à noter les lois et les coutumes qui blessent le plus nos idées de la morale et de la pudeur, à relever toutes les convenances physiques ou politiques qui peuvent les justifier. […] Par les généralisations aussi, Montesquieu donnait du piquant à son ouvrage : il se ménageait la liberté des allusions, la possibilité de faire entrer dans ses types autant d’accidents caractéristiques qu’il fallait pour faire deviner l’individu qui en avait fourni le modèle ; il échappait aux sévérités du pouvoir, et donnait au lecteur le plaisir d’entendre à demi-mot.
Nous avons le plaisir et la facilité de le prendre cette fois pour guide dans ce que nous essayerons de dire sur Fontenelle. […] Dans son petit traité Du bonheur, il veut qu’avant de s’attacher aux objets extérieurs, on évalue ce qu’ils peuvent rapporter en plaisirs ou en peines, et qu’on ne laisse prendre des droits sur soi qu’aux objets dont, tout compte fait, on a plus à espérer qu’à craindre : « Il n’est question que de calculer, dit-il, et la Sagesse doit toujours avoir les jetons à la main. » Des jetons pour compter les points. […] On voit que ce grand homme a été moulé à plaisir par la Nature… » M.
Il fit ses études au collège de Dijon, et marqua dès l’abord de grandes dispositions au travail et au plaisir. […] Il y montre le bien l’emportant généralement sur le mal, et le plaisir sur la douleur, dans la nature physique de chaque être sentant. […] Mais, indépendamment du plaisir qu’il prenait en effet à la peindre avec la grandeur qu’il y voyait, ne sent-on pas que Buffon, par un tel morceau, visait à enlever tous les suffrages à la Cour ?
Walckenaer, le grand investigateur biographe, eut le plaisir d’en faire part, dans le temps, au public lettré. […] Le peu de notes qu’on a publiées de lui, et où il fait son portrait, ont donné à sa physionomie une vie et un naturel qui est mieux que de la majesté : « Plutarque me charme toujours, disait-il ; il y a des circonstances attachées aux personnes qui font grand plaisir. » Né le 18 janvier 1689, au château de La Brède, près de Bordeaux, il sortait d’une famille de robe et d’épée, de bonne noblesse de Guyenne : « Quoique mon nom ne soit ni bon ni mauvais, disait-il, n’ayant guère que deux cent cinquante ans de noblesse prouvée, cependant j’y suis attaché. » Son père, qui avait servi, après s’être retiré de bonne heure, soigna fort son éducation ; le jeune Montesquieu fut destiné à la magistrature. […] Il se dégagea de ses liens, vendit sa charge, fut reçu en 1727 à l’Académie française, bien qu’il s’en fût beaucoup moqué comme tout le monde, avant d’en être, et il entreprit, au printemps de 1728, ses voyages en commençant par l’Allemagne, la Hongrie : à Vienne, il vit assidûment le prince Eugène ; en arrivant à Venise, il eut le plaisir d’y rencontrer Bonneval qui n’était pas encore passé chez les Turcs ; il visita Turin, Rome, l’Italie, revint par la Suisse, les bords du Rhin et la Hollande, et acheva son cours d’observations par l’Angleterre (octobre 1729).
Il y a, selon lui, trois choses mortelles, une tragédie dont le discours est faux, un tableau dont le coloris est faux, un air d’opéra dont la déclamation est fausse : Et celui qui peut y tenir, déclare-t-il, peut prendre son parti sur ses plaisirs et sur ses goûts ; il ne sera jamais vivement affecté par ce qui est véritablement beau et sublime. […] Le très léger et très étroit Helvétius qui, dans sa vie de plaisirs, est subitement saisi de l’amour de la réputation, et qui essaye, à trois reprises, de trois veines différentes, en manquant toujours l’occasion, est presque comique. […] Catherine faisait de lui et de son esprit le plus grand cas : À la suite du prince héréditaire de Darmstadt, écrivait-elle à Voltaire (septembre 1773), j’ai eu le plaisir de voir arriver M.
Il s’est surtout fait une solitude très animée, très conversante et selon ses goûts, à son château de Rheinsberg ou Remusberg qui est près de là : « Nous sommes une quinzaine d’amis retirés ici, qui goûtons les plaisirs de l’amitié et la douceur du repos. » Les occupations y sont de deux sortes, les agréables et les utiles : Je compte au rang des utiles l’étude de la philosophie, de l’histoire et des langues ; les agréables sont la musique, les tragédies et les comédies que nous représentons, les mascarades et les cadeaux que nous donnons. Les occupations sérieuses ont cependant toujours la prérogative de passer devant les autres, et j’ose vous dire que nous ne faisons qu’un usage raisonnable des plaisirs. […] Il a pour M. de Suhm une haute estime mêlée de sympathie et de tendresse, et, pour l’exprimer, il semble emprunter quelque chose aux dialogues des anciens : Vous savez, sans que j’aie besoin de vous le répéter, que la connaissance des perfections est le premier mobile de notre plaisir dans l’amour et dans l’amitié qui est fondée sur l’estime.
J’ai le regret de te quitter ; mais nous servirons dans la même armée, et mon plaisir sera de dire : Friant a fait toujours son devoir étant sous mes ordres. […] Lorsque vous vous serez reposé dans le sein de votre famille le temps que vous jugerez convenable, venez à Paris ; je vous y verrai avec le plus grand plaisir.
Suivent quatre lettres (que l’on connaissait déjà) sur la vertu et le bonheur adressées par Jean-Jacques à Sophie, c’est-à-dire à Mme d’Houdetot ; il fait de la philosophie avec celle qu’il aime, et dont la vertu, dit-il, l’a ramené à la raison ; il s’en console et même il s’en félicite avec elle : « Si nous avions été, moi plus aimable ou vous plus faible, le souvenir de nos plaisirs ne pourrait jamais être, ainsi que celui de votre innocence, si doux à mon cœur… Non, Sophie, il n’y a pas un de mes jours où vos discours ne viennent encore émouvoir mon cœur et m’arracher des larmes délicieuses. […] Il considère cette société antérieure et postérieure à l’individu ; il la voit subsistante, nécessaire, harmonieuse, agissant en mille façons et par toutes sortes d’influences inappréciables, plus mère encore que marâtre, ne retirant à l’homme primitif du côté des forces physiques que pour rendre davantage par le moral à l’homme actuel, et imposant dès lors à quiconque naît dans son sein des devoirs, des obligations qui ne sont point proprement de particulier à particulier, mais qui prennent un caractère commun et général : Car les individus, dit-il, à qui je dois la vie, et ceux qui m’ont fourni le nécessaire, et ceux qui ont cultivé mon âme, et ceux qui m’ont communiqué leurs talents, peuvent n’être plus ; mais les lois qui protégèrent mon enfance ne meurent point ; les bonnes mœurs dont j’ai reçu l’heureuse habitude, les secours que j’ai trouvés prêts au besoin, la liberté civile dont j’ai joui, tous les biens que j’ai acquis, tous les plaisirs que j’ai goûtés, je les dois à cette police universelle qui dirige les soins publics à l’avantage de tous les hommes, qui prévoyait mes besoins avant ma naissance, et qui fera respecter mes cendres après ma mort.
Tour à tour chaque belle enflamme mes désirs, Et j’effleure en courant la coupe des plaisirs. […] « Au début du second chant, Lucrèce gourmande les hommes de ne pas s’en tenir aux vrais plaisirs que la nature leur offre à si peu de frais : « Si vous n’avez, leur dit-il, ni statues d’or tenant à la main des flambeaux dans vos vestibules, ni lambris dorés, ni musique retentissante, vous avez les bois, le gazon qu’arrosent les ruisseaux, etc., etc. » Si non aurea sunt juvenum simulacra per ædes, Lampadas igniferas manibus retinentia dextris, Lumina nocturnis epulis ut suppeditentur, etc., etc.
Certains de leur influence sur une société qui ne pouvait goûter que par eux les plaisirs de l’esprit, ils réunirent leurs communes prétentions à ce qu’on appelait dès lors la dignité d’un homme de lettres. […] Quoiqu’il y ait une sorte d’impertinence à décider du style d’après une traduction, il est impossible de ne pas remarquer que sir Walter Scott, comme à plaisir et pour combler son œuvre de tous les ridicules, a pris un singulier travers.
Sa vie toujours occupée, plus encore par les devoirs du monde que par le travail des lettres, s’écoulait rapidement au milieu des plaisirs dont tous les riches et les puissants faisaient les frais. […] Cette œuvre du loisir et du recueillement, où viendront sans doute contraster et se confondre en mille effets charmants ou sublimes la vérité et l’idéal, la raison et la fantaisie, l’observation des hommes et le rêve du poète, arrivée dans le monde réel, exposée aux regards de tous, enchantera les âmes et ravira les suffrages ; les esprits les plus graves, philosophes, érudits, historiens, se délasseront à la contempler, car l’impression d’une belle œuvre n’est jamais une fatigue ; les politiques surtout, en n’y cherchant que du plaisir, y puiseront plus d’une émotion intime, plus d’une révélation lumineuse, qui, transportée ailleurs et transformée à leur insu, ne restera stérile ni pour l’intelligence de l’histoire, ni pour les mouvements de l’éloquence ; la tribune et la scène, en un mot, rivales et non pas ennemies, pourront retentir ensemble et quelquefois se répondre.
Quelques esprits s’alimentent du seul plaisir de découvrir des idées nouvelles ; et dans les sciences exactes surtout, il y a beaucoup d’hommes à qui ce plaisir suffit.
Il trouve sa matière dans les bouges comme dans la salle du Trône, dans l’adoration pure comme dans le plaisir grivois. […] Lorsqu’elles naquirent et que le chant parut, il y eut des hommes si transportés de plaisir, qu’en chantant ils oublièrent de manger et de boire, et moururent sans s’en apercevoir.
Comment en un plomb vil for pur s’est-il changé Le plus triste, c’est que cette transformation n’est peut-être point un si grand mystère, Méphistophélès, à qui Faust fait des phrases, lui répond tranquillement : Un plaisir surnaturel ! […] Jean-Jacques raconte que, tout enfant, il allait se poster, à la promenade, sur le passage des femmes, et que là il trouvait un plaisir obscur, mais très vif, à mettre bas ses chausses. « Ce que je montrais, ajoute-t-il, ce n’était pas le côté honteux, c’était le côté ridicule. » C’est ce dernier côté qu’étale M.
Cette même mixture contradictoire d’égoïsme et d’altruisme, d’appétit de domination et d’amour du sacrifice se retrouve dans des sentiments supérieurs tels que le plaisir que nous prenons à défendre le faible ou encore à obliger autrui ou à lui prouver notre reconnaissance et nous acquitter envers lui. Même dans les plaisirs intellectuels et esthétiques, les plus sympathiques et les plus altruistes de tous, les passions envieuses et combatives ne désarment pas entièrement.
Il paraît résulter de ces lettres, que les enfants habitaient encore la maison de Paris ; que, cependant, l’aîné, âgé de quatre ans, qui amusait déjà ses parents, était fréquemment amené à Saint-Germain ou à Versailles, par madame Scarron ; qu’ainsi le roi avait habituellement occasion de la voir, et n’avait plus besoin, pour s’en donner le plaisir, d’aller en cachette à Paris, Madame Scarron avait donc une raison de moins de tenir sa maison de Paris fermée ; ce qui faisait qu’on la voyait un peu. […] Cette permission dépendait de madame de Montespan, qui ne voyait pas avec plaisir cette acquisition payée par le roi, et qui craignait peut-être qu’il n’eût la curiosité de la visiter avec la nouvelle propriétaire.
Une fièvre de succès, de plaisir et de domination aussi ardente que celle d’Annunzio ne va pas sans délire de cruauté. […] Mais ici l’amant qui abandonne ne regrette point de faire souffrir, n’hésite point devant la souffrance qu’il crée ; il en jouit et, pour renouveler son ignoble plaisir, il s’applique à la multiplier, à la diversifier.
Un esprit brillant, des réparties ingénieuses, une figure agréable, achevèrent ce que le talent avait commencé ; mais les succès que Chamfort eut auprès des femmes ne tardèrent pas à le désabuser sur les plaisirs qu’on trouve dans le grand monde. […] Depuis que son esprit et ses succès l’avaient lancé dans le grand monde, il n’y était pas resté spectateur oisif, ni, si l’on veut, spectateur bénévole ; les vices qu’on appelait aimables, les ridicules consacrés et passés en usage, avaient fixé ses regards ; et c’était par le plaisir de les peindre qu’il se dédommageait souvent de l’ennui et de la fatigue de les voir.
… Ce n’est qu’une fantasia arabe, fusil en l’air, poudre brûlée mais sans balles, pour le plaisir de faire du bruit ! […] Puisque nous avons de la fierté, il faut laisser tous ces extravasements et ces extravagances, odieux dans d’autres livres où des femmes déshonorent elles et leurs amants pour le seul plaisir de les déshonorer, tandis qu’ici on a au moins pour excuse l’abandon !
Les reins de son esprit sont soudés, et c’est l’institutrice qui se dégage avec le plus de netteté de tout l’ensemble de ses livres, à cette Enseignante, — il faut bien le dire, un peu cuistre, — qui professe l’instruction obligatoire et la morale indépendante et qui écrit des romans pour élargir, à la mesure d’un plus grand cercle, la petite classe qu’elle faisait peut-être autrefois, et pour, de cette manière, continuer son ancien et rogue plaisir de professer. […] On l’a vu, et j’ai pris plaisir à le reconnaître : Mme André Léo a, dans la question du Divorce, été moins femmelette femelle que les femmelettes mâles de son parti ; mais en dehors de cette question, elle n’est plus qu’un bas-bleu de la troupe et qui ne sort jamais du rang… Elle a toutes les idées communes aux bas-bleus.
Arsène Houssaye n’a pas beurré cette moelle de louve sur la tartine de son titre pour avoir le plaisir taquin de vous dire : « Tu n’y toucheras pas ! […] Dessous, il y a l’homme qui sent, et madame de Neers, qui, en fait de plaisir, met la charrue avant les bœufs, trop lents au gré de cette pressée, puis cache les bœufs et la charrue, madame de Neers, malgré toute son hypocrisie, a pourtant sa sincérité.
L’instinct ne serait plus qu’un goût ou un plaisir dont l’animal, par paresse, s’est fait une loi. […] Sous la forme Monod, Jésus, repentant de son ascétisme, prenait sa bonne part des plaisirs terrestres. […] Qu’est-ce que c’est qu’un plaisir qui devance le désir ? […] L’organisme accepte ce qu’on lui donne et, pourvu qu’il l’accepte avec plaisir, l’alimentation est assurée. […] Il nous dit : arrange-toi avec la vie de chaque jour, de manière à en tirer tous les plaisirs qu’elle contient.
« Ce qui peut empêcher d’avoir du plaisir », et non ce qui en donne. […] Leitner m’a fait autant de plaisir que dans le personnage de Pharnace. […] Je m’empresse de reconnaître que jouer une pièce et y prendre plaisir n’excuse pas de faire pièce à quelqu’un. […] Et avec quel plaisir d’amour-propre satisfait ! […] J’ai pris soin et j’ai pris plaisir à le remettre un-petit moment en mémoire.
Cependant j’aime encore mieux croire que, tout occupé du plaisir de suivre son raisonnement (ce qui est un des plus vifs plaisirs qu’il y ait au monde), il en aura dit un peu plus qu’il n’en pensait. […] Entre ces éditeurs, ce serait un plaisir pour nous, si ce n’était pas un devoir, que de nommer particulièrement M. […] C’est un peu soulever des questions pour le plaisir de les résoudre, plaisir d’érudit, s’il en fut, et d’autant plus vif qu’elles fournissent matière à plus de digressions. […] Or, quel plaisir y cherchait-on ? […] — Et ne suffit-il pas de s’en faire un plaisir extrême ?
Y a-t-il incompatibilité entre les plaisirs délicats de la pensée et les inaltérables devoirs de la conscience ? […] Pour juger, en bien ou en mal, ces constructions bizarres, il importe, au contraire, de les dégager de tous ces plâtras dont les embarrassait à plaisir cet infatigable architecte, presque toujours aussi pressé de gâter son œuvre que de la bâtir. […] Sue avait réussi avec la Goualeuse ; M. de Balzac inventa la Rabouilleuse, et n’eut pas même le plaisir de balancer la vogue de sa rivale. […] Les Génevois spirituels ne s’y trompèrent bas, et, s’ils avaient voulu s’y tromper, les illusions les plus robustes eussent été bientôt dissipées par la conduite de Voltaire, C’est là que nous nous emparerons, avec plus de plaisir encore, du livre de M. […] Albert de Broglie : livre qui nous a donné, non pas la surprise, mais le plaisir de trouver le jeune et noble écrivain supérieur encore à notre attente et à lui-même.
Ce qui n’était qu’un plaisir des yeux ou de l’oreille en devient un de l’imagination, ou déjà de l’esprit. […] J’aimerais à vous le montrer, Messieurs, si je ne craignais d’anticiper sur votre plaisir. […] Voulez-vous maintenant de la couleur, la joie des yeux après le plaisir de l’oreille, et la peinture avec la sculpture ? […] et véritablement, un excès de couleur locale, si je puis ainsi dire, ne gêne-t-il pas ici la franchise de notre plaisir ? […] Quel penchant, quel plaisir je sentais à les croire !
Je les ai relus avec plaisir, et non sans attendrissement.
André Rivoire Voilà un poète, un très jeune poète, parfois négligé, — mais, chez lui, c’est un charme, car son cœur est ardent, spontané, curieux de toutes choses et plus particulièrement de l’amour et du plaisir.
Il n’y a pas une page où le plus difficile des lettrés ne puisse trouver un rare plaisir.
On doit lire avec plaisir quelques-unes de ses Lettres, plusieurs de ses Traités, & sur-tout son Aristipe.
On lit encore avec plaisir les vers qu’il fit pour les Ballets qu’on représentoit à la Cour de Louis XIV, avant qu’on connût l’Opéra, & dont la musique & la danse formoient toute l’économie.
Sa Traduction de l’Iliade & de l’Odyssée est la meilleure de toutes celles qu’on a faites, & celle qu’on lit avec le plus de plaisir, pourvu qu’on ne s’attache pas à la trop abondante érudition prodiguée dans les notes.
Ses Eloges & ses Critiques, ses travaux & ses plaisirs, tout étoit outré par le peu d’empire qu’il avoit sur lui-même.
Les plaisirs y sont purs & doux, Comme l’air que l’on y respire ; L’innocence y tient son empire, Et chacun, sans estre jaloux, Y possede ce qu’il désire….
Il lui adressa un jour ces beaux Vers que nous allons copier, pour le plaisir de ceux qui ne les connoissent pas, & même pour celui de ceux qui les connoissent.
Tout le monde connoît son Histoire des Révolutions d’Angleterre ; on ne peut la lire sans éprouver le plaisir qui naît de la surprise & de l’intérêt.
Par-là ce Roman est lu encore aujourd’hui avec un plaisir égal par les Gens sensés & par les Esprits frivoles.
Le Public revoit au contraire ces deux-ci avec plaisir.
Il annonce dans l'Auteur, du sentiment, de la délicatesse, de l'enjouement, & a causé un plaisir universel, en ressuscitant un langage qui aura toujours son prix, aux yeux de ceux qui n'ont pas perdu le caractere François.
Tout mon plaisir était gâté. […] Il croyait aux dieux inconnus, surtout pour le plaisir de blasphémer. […] N’assombrissons pas à plaisir nos antiquités nationales. […] Il fut brave et goûta le danger, comme le sel du plaisir. […] Hors le plaisir, tout est illusion.
Ils ne savent user sagement ni de la maladie, ni de la santé, ni des biens, ni des maux inséparables de la condition humaine : les plaisirs abrègent leurs jours, et les chagrins qui suivent toujours les plaisirs précipitent le reste de leurs années. […] C’est en vain qu’il tonne, et il y a plaisir à être damné par un homme qui parle si bien. […] Ma femme est une bonne femme, qui ne manque ni de sens ni de goût, et il lui a fait plaisir. […] Les troupes manœuvreront à plaisir pour la parade, mais ni soldats ni officiers ne seront ni féroces ni braves. […] Résisterons-nous au plaisir d’en rappeler un ?
Une cabane que j’ai bâtie dans la forêt, au pied d’un arbre, un petit champ défriché de mes mains, une rivière qui coule devant ma porte, suffisent à mes besoins et à mes plaisirs. […] Persuadé que le sentiment de nos maux redouble par le souvenir de nos plaisirs, et que les passions s’accroissent dans la solitude, je résolus d’éloigner mon infortune ami des lieux qui lui rappelaient le souvenir de sa perte, et de le transférer dans quelque endroit de l’île où il y eut beaucoup de dissipation. […] Sans doute, la vertu et l’amour jouissent de ces plaisirs amers. […] Les projets de plaisirs, de repos, de délices, d’abondance, de gloire, ne sont point faits pour l’homme, faible, voyageur et passager. […] Comme je m’efforçais de retenir mon fils, j’ai senti que je quittais moi-même la terre et que je le suivais avec un plaisir inexprimable.
Faire de l’homme un être fort muni de génie, d’audace, de présence d’esprit, de fine politique, de dissimulation, de patience, et tourner toute cette puissance à la recherche de tous les plaisirs, plaisirs du corps, du luxe, des arts, des lettres, de l’autorité, c’est-à-dire former et déchaîner un animal admirable et redoutable, bien affamé et bien armé, voilà son objet, et l’effet au bout de cent ans est visible. […] On ne fonde pas une société sur le culte du plaisir et de la force ; on ne fonde une société que sur le respect de la liberté et de la justice. […] Comment les sentiments ordinaires, les jugements journaliers et naturels sur le bonheur et le plaisir subsisteraient-ils devant une conception pareille ? […] Des lois violentes furent portées contre les paris, la galanterie fut taxée de crime, les théâtres furent démolis, les spectateurs mis à l’amende, les acteurs fouettés à la queue de la charrette, l’adultère puni de mort : pour mieux frapper le vice, ils persécutaient le plaisir. […] Après qu’elle l’eut fait, on la balaya et on la nettoya avec plaisir. — Alors Chrétien dit : Que veut dire ceci ?
Ceux qui aiment exclusivement les tableaux voyants, les couleurs brillantes et criardes, les éclats de la passion sensuelle, ne goûteront point ces chants, ceux qui aiment les émotions tendres, les sentiments élevés, les accents purs, les liront et les reliront avec plaisir.
Le sentiment, chez Corbière, est outré, la forme est disloquée, sans nécessité, pour le plaisir et pour la difficulté.
. — L’Amour et le Plaisir (1865). — François Soleil (1866). — Portraits après décès (1866). — Physionomies parisiennes (1868). — Les Premières Représentations célèbres (1869). — Les Créanciers (1870). — La Lorgnette littéraire (1871). — Les Frères Chantemesse (1872). — Les Femmes qui font des scènes (1872). — Marie et Ferdinand (1873). — Panier fleuri (1873). — Gastronomie (1874). — Les Amours du temps passé (1875). — Scènes de la vie cruelle (1876). — Lettres gourmandes (1877). — Poésies complètes (1881). — Monsieur de Cupidon (1882)
Cependant, en considérant la position de Molière, et le plaisir que le roi prenait à diriger son talent, on se persuaderait sans peine qu’en approchant l’oreille des rideaux du roi, on sur prendrait quelques paroles dites à demi-voix, pour désigner à Molière ce caractère qui, bien que respecté au fond du cœur, avait quelque chose d’importun pour les maîtresses et pour les femmes qui aspiraient à le devenir.
C’est un homme libéral dans l’abondance, magnanime dans les dangers, modeste dans les honneurs, tempérant au milieu du luxe & des plaisirs, grave sans être trop sévere, prudent sans artifice, humain sans foiblesse, d’une élévation tempérée par la douceur & l’honnêteté, juste, sage, vaillant, laborieux, actif, ennemi de l’impiété, protecteur de la Religion, jaloux du maintien des mœurs ; &, pour tout dire en un mot, un homme qui, étant le premier Ministre de Dieu, doit plus approcher que tous les autres hommes de ses perfections infinies, & exerçant son autorité, l’exercer comme lui ».
Traverser le tumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, la douleur, le silence ; se reposer dans le sacrifice, et, là, contempler Dieu ; commencer à Foule et finir à Solitude, n’est-ce pas, les proportions individuelles réservées, l’histoire de tous ?
. — Sensation de contact, sensation de température, sensation de plaisir et de douleur. — Chacune de ces espèces peut être conservée ou abolie isolément. — Observations sur les malades. — Conditions connues de chaque espèce. — Expériences et observations. — Opinion de Weber. — Ces conditions sont des types distincts d’action pour le même nerf. — Expériences de Fick. — Les caractères différents que nous trouvons dans les sensations totales de contact, de température, de plaisir et de douleur, s’expliquent par l’arrangement différent des mêmes sensations élémentaires. […] Car les nerfs des muscles comme ceux de la peau peuvent donner naissance aux sensations de contact, de froid et de chaud, de plaisir et de douleur98. […] On arrive ainsi à démêler, pour les nerfs des muscles comme pour les nerfs de la peau, trois espèces, et seulement trois espèces de sensations, celles de contact, celles de froid et de chaud, celles de plaisir et de douleur. — De plus, on les retrouve toutes les trois, plus ou moins vagues, partout où il y a des nerfs tactiles. […] Vous y verrez des sensations de contact, de froid ou de chaud, de plaisir ou de douleur, plus ou moins obscures, plus ou moins mal délimitées, plus ou moins irradiées, les mêmes en somme, mais diversifiées par leur emplacement, l’ordre de leurs phases et le degré de leur intensité100.
C’était en moi un mélange extraordinaire, jusqu’alors inconnu, de plaisir et de douleur, lorsque je venais à penser que dans un moment cet homme admirable allait nous quitter pour toujours ; on nous voyait tous tantôt sourire, tantôt fondre en larmes. […] « Alors, dit Phédon, il se mit sur son séant, plia sous lui la jambe qu’on venait de dégager des fers, la frotta de la main, et nous dit en la frottant avec une sensation de plaisir : “L’étrange chose, mes amis, que le plaisir et la douleur se tiennent de si près que l’un naisse ainsi de l’autre, quoique l’un soit le contraire de l’autre ! […] « Qu’il espère donc bien de son âme, celui qui, pendant sa vie, a rejeté les plaisirs et les biens du corps comme lui étant étrangers et portant au mal : celui qui a aimé les plaisirs de la sagesse, qui a orné son âme, non d’une parure étrangère, mais de celle qui lui est propre, comme la tempérance, la justice, la force, la liberté, la vérité ; celui-là doit attendre avec sécurité l’heure de son départ pour le meilleur monde.
C’est plaisir de rencontrer un tel homme dans ces assemblées loquaces et scientifiques, où tous les talents et toutes les prétentions coalisés aboutissent à un ennui mortel ! […] Je répétais à peine les premiers mots qu’un enfant bégaye, et qui causent tant de joie à une mère ; je pouvais à peine me soutenir, quand le plaisir que me donnèrent les teintes diverses du feuillage et la nuance profonde du ciel azuré me pénétraient d’une joie enfantine. […] Je ne cherchais que mon amusement et mon plaisir. […] Voilà comment s’y prend le pêcheur à la ligne qui veut procéder méthodiquement et dans les règles ; et certes, il y a du plaisir à le voir, lorsqu’avec aisance et grâce il tend l’appât à l’objet de ses désirs, soit au milieu même des flots turbulents, soit à l’abri sous les basses branches du rivage, partout enfin où s’ébat une multitude de ces petits êtres jouissant en paix de leur trompeuse sécurité. […] Dites-moi, est-ce que ce plaisir-là ne vaut pas celui du premier pêcheur, avec toute son expérience et sa méthode ?
Il n’a le sentiment de son être que par quelques frissons de plaisir et par des convulsions de douleur. […] Je n’avais jamais réfléchi encore à ce brutal instinct de l’homme qui se fait de la mort un amusement, et qui prive de la vie, sans nécessité, sans justice, sans pitié et sans droit, des animaux qui auraient sur lui le même droit de chasse et de mort, s’ils étaient aussi insensibles, aussi armés et aussi féroces dans leur plaisir que lui. […] « Je renonçai pour jamais à ce brutal plaisir du meurtre, à ce despotisme cruel du chasseur qui enlève sans nécessité, sans droit, sans pitié, l’existence à des êtres auxquels il ne peut pas la rendre. […] Ce sont nos organes matériels et passagers qui nous donnent ici ces sensations du chaud et du froid, du plaisir ou de la douleur ; mais ces choses n’existent pas en elles-mêmes. […] « Celui-là est chéri de moi, dit-il, dont le cœur, libre de toute haine, répand sa charité sur toute la nature animée ou inanimée ; qui ne craint point les hommes, et que les hommes ne craignent point ; qui ne désire rien pour lui, tout pour ses frères ; qui est le même dans la gloire ou dans l’humiliation, dans le chaud et dans le froid, dans la peine et dans le plaisir ; qui s’élève par le détachement au-dessus des vicissitudes de la courte vie d’ici-bas, pour chercher le seul Brahma (Dieu), le souverain principe de toutes choses.
Il les écrasa tous, mit le pied sur leur parti, s’abreuva du poignant plaisir de la victoire. […] Et puisque c’est cinquante fois plus que la sagesse de notre âge n’a jugé à propos d’aventurer pour le salut du christianisme, il n’y a nulle raison de s’exposer à une si grande perte pour le seul plaisir de le détruire981. […] On s’arrête, et l’on regarde avec ce plaisir qu’on ressent à boire une liqueur amère. […] Dans l’Arétin et Brantôme, dans La Fontaine et Voltaire, il y a la pensée d’un plaisir. […] Tout son plaisir est de voir ces suites nettement et par un raisonnement solide.
Mais allez donc aujourd’hui prendre un frein pour le plaisir d’en avoir un, c’est-à-dire faites-vous esclave pour le plaisir d’être esclave ! […] Alors vient la fille du Régent, qui dit : Puisque l’égoïsme est le mobile de tout, et que pourtant je me sens faite pour aimer, je veux du plaisir ou le néant. […] L’égoïsme pour loi, le plaisir pour but : va, Société, avec ces deux pilotes tu ne peux manquer de trouver bientôt le naufrage que tu cherches ! […] On dit, tout le monde dit : La société croule par les mœurs ; la volupté a tout envahi ; l’amour du plaisir a tari toutes les sources pures où la vie sociale s’alimentait. […] Car si l’homme dit égoïsme, la femme, à l’instant même, dit indépendance, liberté, plaisir, bonheur dans le présent, dans le fini ; ce qui se traduit en fait par volupté, vice, débauche, immoralité.
— « Autrement dit, chacun prend son plaisir où il le trouve. […] quel magnifique thème d’éloquence tu as gâté à plaisir ! […] L’écrivain le plus sûr de vivre est celui qui, en se conformant au goût nouveau du jour, a su lui sacrifier le moins de ce qui fit plaisir dans le passé et plaira dans l’avenir. […] c’est tout bonnement la curiosité saine, je crois, d’un appétit ouvert qui refuse de se mettre en prison et qui aime à varier ses plaisirs. […] Quand on a repris, de nos jours, le Louis XI de Casimir Delavigne, qu’on aurait pu croire bien démodé, il a fait grand plaisir.
Julien Pichon, l’un de mes auditeurs, à qui c’est mon premier devoir, et un plaisir en même temps, que d’en adresser ici tous mes bien vifs remerciements. […] Il y a toutefois quelques différences ; et, pour le plaisir paradoxal de rapprocher l’eau et le feu, il ne conviendrait pas d’exagérer les analogies. […] En d’autres termes : nous sommes juges, les seuls juges qu’il y ait de notre plaisir ; mais nous ne le sommes pas de la qualité de notre plaisir ; et l’autorité qui en décide est située en dehors de nous, puisqu’elle était avant nous et qu’elle nous survivra. […] Vous ferez sans doute plaisir à son ombre ; vous y apprendrez beaucoup de choses ; et vous connaîtrez enfin les commencements d’une question que nous aurons à traiter prochainement nous-mêmes. […] Comment a-t-il traité les plaisirs ordinaires des hommes ?
Les paysans sont brûlés du soleil ; mais le plaisir rit dans le regard des femmes. […] Non certes s’il s’agit du jardin de plaisirs décrit par le Coran. […] Du moins elle en voile la crudité et idéalise notre plaisir. […] Non seulement Molière n’a jamais répugné à travailler pour les fêtes de la cour, mais il y a pris plaisir. […] Enfin ils y sont : ne boudons pas contre notre plaisir et notre admiration.
Non ; il reste une dernière partie du travail, non la moins nécessaire et la moins délicate, mais dont on se dispense souvent, parce qu’elle est moins matériellement indispensable, parce qu’on est las de l’activité dépensée, parce que ce travail est minutieux, ennuyeux, parce que l’on n’est plus soutenu par le plaisir d’inventer, de créer, et qu’enfin l’œuvre étant si avancée, vivant par elle-même, l’auteur s’en détache et n’y prend plus le même intérêt.
Je ne puis résister au plaisir de citer la dédicace que le poète de la Cithare a placée en tête de son œuvre, avant que je puisse m’occuper du Collier d’opales, incomparable florilège de poèmes d’amour.
Millevoye, Charles (1782-1816) [Bibliographie] Les Plaisirs du poète, suivi de poésies fugitives (1801). — Armand, ou les tourments de l’imagination et de l’amour (1802)
Il devait être de la multitude des poètes qu’elle emporte pour un ou deux qu’elle laisse vivre ; il ne pouvait, en effet, comme les deux seuls hommes qui de nos jours ont bénéficié de leurs vers, attendre le bon plaisir de la renommée et la forcer à la longue de coter ses rimes au marché.