Ce pays-ci en effet, dans sa vie publique, va tellement par sauts et par bonds, les vainqueurs du jour y sont tellement vainqueurs, et les vaincus y sont tellement vaincus et battus, qu’au lendemain de la seconde rentrée il n’y avait eu d’action, d’influence et de zèle que de la part de l’opinion triomphante ; elle avait eu partout le champ libre, et personne ne lui avait disputé le haut ni le bas du pavé ; les opposants étaient comme rentrés sous terre et avaient disparu. […] Dès la première séance (7 octobre), après le discours fort sage de Louis XVIII, M. de Vaublanc, faisant l’appel des députés, prit sur lui d’omettre le nom de Fouché, duc d’Otrante, nommé à Melun ; et comme quelques personnes lui témoignaient leur étonnement de cette omission arbitraire, il répondit : « qu’il devait éviter tout ce qui pouvait amener des scènes violentes dans la Chambre ; que le seul nom prononcé aurait produit ces mouvements malgré la présence du roi, et qu’il avait rempli son devoir en ne le prononçant pas. » On put entrevoir les dispositions de la nouvelle Chambre à cette circonstance encore que, pendant l’appel, un député du Midi, M. […] On voyait en première ligne, en tête de ces partisans des rigueurs salutaires, un Bonald, à l’air respectable et doux, métaphysicien inflexible et qui prenait volontiers son point d’appui, non pas dans l’ancienne monarchie trop voisine encore à son gré, mais par-delà jusque dans la politique sacrée et dans la législation de Moïse : oracle du parti, tout ce qu’il proférait était chose sacro-sainte, et quiconque l’avait une fois contredit était rejeté à l’instant, répudié à jamais par les purs ; — un La Bourdonnaie, l’homme d’action et d’exécution, caractère absolu, dominateur, un peu le rival de Bonald en influence, mais non moins dur, et qui avec du talent, un tour d’indépendance, avec le goût et jusqu’à un certain point la pratique des principes parlementaires, a eu le malheur d’attacher à son nom l’inséparable souvenir de mesures acerbes et de classifications cruelles ; — un Salaberry, non moins ardent, et plus encore, s’il se pouvait ; pamphlétaire de plume comme de parole, d’un blanc écarlate ; — un Duplessis-Grenedan, celui même qui se faisait le champion de la potence et de la pendaison, atroce de langage dans ses motions de député, équitable ailleurs, par une de ces contradictions qui ne sont pas rares, et même assez éclairé, dit-on, comme magistrat sur son siège de justice ; — M. de Bouville, qui eut cela de particulier, entre tous, de se montrer le plus inconsolable de l’évasion de M. de Lavalette ; qui alla de sa personne en vérifier toutes les circonstances sur les lieux mêmes, et qui, au retour, dans sa fièvre de soupçon, cherchait de l’œil des complices en face de lui jusque sur le banc des ministres ; — et pour changer de gamme, tout à côté des précédents, cet onctueux et larmoyant Marcellus, toujours en deuil du trône et de l’autel, d’un ridicule ineffable, dont quelque chose a rejailli jusqu’à la fin sur son estimable fils ; — et un Piet, avocat pitoyable, qui, proposant anodinement la peine de mort pour remplacer celle de la déportation, disait, dans sa naïveté, qu’entre les deux la différence, après tout, se réduisait à bien peu de chose ; ce qui mettait l’Assemblée en belle humeur et n’empêchait pas le triste sire de devenir bientôt, par son salon commode, le centre et l’hôte avoué de tous les bien pensants ; — et un Laborie que j’ai bien connu, toujours en quête, en chuchotage, en petits billets illisibles, courtier de tout le monde, trottant de Talleyrand ou de Beugnot à Daunou, mêlé et tripotant dans les journaux, pas méchant, serviable même, mais trop l’agent d’un parti pour ne pas être inquiétant et parfois nuisible.
J’ai pourtant chéri la vertu : je ne crois pas avoir fait de mal à personne, pas même à mes ennemis ; j’ai toujours cherché les gens de bien et fui les méchants. Ce penchant, joint à la reconnaissance, est le nœud de toutes mes liaisons et de toutes mes relations avec le peu de personnes que j’ai fréquentées. […] C’est Shakespeare en personne entré à l’Académie.
Elle lui parle avec douceur et en personne qui l’aime toujours ; elle lui explique l’aventure de la veille. […] personne ! […] pas un curieux, pas un ami, personne Qui s’attache à mes pas, me tourmente et s’étonne, Demande d’où me vient ce bonheur, cet habit, Où je vais, d’où je sors, si j’ai perdu l’esprit ?
De là à des voies de fait contre la propriété et les personnes, il n’y avait qu’un pas, une ligne à franchir. […] Personne, durant quelque temps, n’eut plus ni même autant de courage, car personne n’était plus en vue ni désigné à plus de fureurs. » Le parti qu’il avait tant combattu se vengea de lui aussitôt après les journées de Juin.
« Une personne qui l’avait entendu me disait, il y a vingt-cinq ans (je cite un des témoins que j’ai interrogés), qu’il avait un genre différent de M. […] Vous avez vu jusqu’à quel point ma femme s’était emparée de l’esprit et des volontés de cet enfant ; personne ne le caressait plus qu’elle, et personne ne s’en faisait mieux obéir qu’elle.
Je crois qu’Auguste savait autant que personne et mieux qu’aucun de nous où était la difficulté de la situation et ce qu’il lui importait de ménager. […] Il n’y a pas véritablement de Constitution, il n’y a que des souverains, des personnes bonnes ou mauvaises. […] La philosophie en personne s’assit sur le trône avec Marc-Aurèle : elle en descendit et mourut avec lui.
Le génie n’était une question pour personne ; assez de monuments de victoire et de grandeur civile étaient debout : mais les débris de la chute jonchaient le sol autour de la statue renversée, et même après qu’elle eut été relevée sur sa colonne, on ne la considérait que d’en bas et d’un peu loin, chacun y voyant plus ou moins un symbole. […] Toutes ses facultés, y compris son imagination grandiose, y trouvaient leur magnifique emploi ; un rêve superbe, une vision charlemanesque le saisit ; il entra tout d’un trait dans une phase nouvelle ; et lorsqu’en 1807, ayant reconnu qu’il n’y avait que la Russie qui pouvait ne pas être irréconciliable, il put se flatter de l’avoir gagnée dans la personne de son jeune empereur, il dut se croire en mesure de tout oser, de tout exécuter dans l’Occident. […] La défection du général York en décembre 1812 et la part lente et louche, mais certaine (on en a maintenant les preuves authentiques)4, qu’y prit le roi Frédéric-Guillaume ; cette ardente explosion de la Prusse, bientôt suivie de la défection méthodique et oblique, mais non moins arrêtée, de l’Autriche, qui veut seulement paraître avoir la main forcée ; cet armistice jeté au milieu de la campagne de 1813, et ce Congrès de Prague où personne n’est sincère et où M. de Metternich ne veut qu’amuser le tapis et gagner du temps, tous ces points sont traités par M.
. — Il arrive à la politique : « Je ne sais ce que le marquis d’Argenson, qui est une bête, dira à M. le comte de Loss, et je crois bien faire de vous faire passer, Sire, en droiture, ce qui me vient de la personne du roi et de mon amie (Mme de Pompadour). […] Cette confiance lui plaira… C’est la seule personne à la Cour avec laquelle elle ne doit avoir aucune réserve. […] Elle a voulu mettre monseigneur le Dauphin en jeu quelquefois, mais cela n’a point du tout réussi et aurait donné beaucoup d’éloignement pour elle, si des personnes plus sages et plus habiles n’y avaient mis la main.
Il nous représente bien en sa personne tout ce qu’il y avait de lumières, de raisonnables idées de réformes, de sages vues administratives et pratiques, de vœux philosophiques honorables et de justes pressentiments politiques, dans les hommes de la seconde moitié du xviiie siècle. […] Et, par exemple, il n’était pas pour l’affranchissement des noirs, à l’exemple des philosophes, et en même temps il demandait assez d’adoucissements à cet odieux état de l’esclavage pour paraître aux yeux des colons un ami des noirs, un négrophile : il ne contentait personne. […] Dans les deux ou trois années passées à Paris depuis son retour de Saint-Domingue, Malouet avait beaucoup vu de gens de lettres en renom : il connaissait d’Alembert, Diderot, Condorcet ; il se lia intimement avec l’abbé Raynal, très curieux et avide de tout ce qui intéressait le commerce et l’histoire des colonies : mieux que personne il saura nous le montrer au naturel.
Cette remarque est nécessaire pour expliquer et motiver, au premier coup d’œil, certaines parties de notre jugement auprès des personnes nombreuses qui ne connaissent M. de La Mennais que par ses plus récents écrits et qui même commenceront à le connaître par celui-ci tout d’abord. […] Si un écrivain, dans un livre intitulé Manifestation de l’Esprit de Vérité, s’arme de l’Évangile et du nom de Jésus-Christ contre les riches et les puissants, l’abbé de La Mennais le renvoie à Diderot et à Babeuf, et termine ainsi : « Les passions les plus exaltées se joignant à tant de causes de désordre, personne ne peut dire quels destins Dieu réserve à la société. […] » Mais à ceux qui connaissaient la personne de M. de La Mennais, et son ingénuité franche, et son ressort d’intelligence et de zèle, cette transformation paraissait simple et digne de lui.
L’auteur n’aurait voulu véritablement que faire épreuve de son application historique, et la soumettre aux personnes compétentes. […] Un de ses esclaves, auquel personne ne faisait attention, marchait à ses côtés. […] Avec Colomba, le génie corse en personne apparaît et ne quitte plus.
À chaque nouveau roman, je m’entoure de toute une bibliothèque sur la matière traitée, je fais causer toutes les personnes compétentes que je puis approcher, je voyage, je vais voir les horizons, les gens et les mœurs. […] Sans doute, il y en a chez lesquels la mémoire et toutes les facultés sont tellement abolies qu’ils ne peuvent plus reconnaître même les personnes qu’ils ont le mieux connues et le mieux aimés, ce sont les déments. […] Mais si chacun de ces symptômes existe isolément, jamais ils ne coexistent et personne n’a été admis à observer au même moment, pour un même malade, les symptômes réunis de la lypémanie partielle, de la démence et de la paralysie générale.
Le caractère et la personne du poète entrent parfois pour quelque chose dans son autorité : sa gravité d’honnête homme qui n’a pas connu les passions le met en crédit auprès des réformateurs scrupuleux, qui, après le manifeste de J. […] Car si les règles sont des moyens, Boileau peut encore concéder qu’on y renonce pour mieux atteindre au but de l’art : mais aujourd’hui que le but, c’est précisément l’emploi des règles, il ne peut plus y avoir d’exception ni de privilège pour personne. […] Eh bien, c’est précisément au xviiie siècle, quand Voltaire ne veut pas que personne (sauf lui médise de Nicolas Boileau, que vraiment celui-ci n’a pas d’action directe et personnelle sur la littérature.
Il a cru à la science plus ardemment que personne, et il lui a remis avec confiance l’avenir de l’humanité. […] Enfin, il a rendu à la critique l’essentiel service de lui donner l’exemple de la sympathie : personne n’a enseigné plus hautement, plus constamment à aimer l’homme, l’effort vers le vrai et vers le bien, même dans les formes qui répugnent le plus à notre particulière nature. […] Il y a du romantisme dans Renan : c’est-à-dire qu’il a souvent mêlé sa personne dans son œuvre, et jeté des impressions toutes subjectives à travers l’objectivité de sa science.
Je ne crois à rien ni à personne ; je n’aime personne ni rien ; je n’ai ni foi ni espérance… Vous direz : Ces propos manquent un peu de nouveauté ; ceci est du plus vénérable romantisme ; Loti parle ici comme Lara, Manfred et le Corsaire, plus brutalement, voilà tout Oui ; mais Pierre Loti, élevé par bonheur en dehors de la littérature, est ici byronien sans le savoir et avec une entière sincérité. […] Tout simplement (il faut toujours y revenir) parce qu’il sent plus profondément que nous et parce que personne ne rend avec plus de sincérité ni plus directement ses sensations, ni ne les arrange moins.
Il a la joie suprême de monter en personne sur les planches et d’y rugir lui-même le rôle du tigre du Bengale. […] Les vieux, les jeunes, jusqu’aux infirmes et aux bancroches, tout le monde s’y met et personne n’est de trop. […] Si l’on n’était forcément renseigné, par les journaux ou autrement, sur la personne et sur la vie de M.
Marc Monnier, autant que sa personne, ont laissé parmi vous un profond souvenir. […] Jamais, je crois, enseignement plus littéraire de la littérature n’a été donné par personne. […] Tant qu’on a considéré le Beau littéraire comme un absolu, ou, plus exactement peut-être, tant qu’on n’a pas tenté l’analyse du Beau littéraire, la critique a pu demeurer ce qu’elle avait été à ses débuts, ce qu’on la voit dans les « Examens » de Corneille et de ses contemporains, dans le « Spectator » d’Addison, dans la « Dramaturgie de Hambourg » de Lessing : une discussion conduite en vue de rechercher si l’œuvre étudiée s’éloigne ou se rapproche d’un certain type d’œuvre admis comme type idéal ; si elle respecte ou viole certaines règles, tirées de l’examen des chefs-d’œuvre antiques et acceptées par une convention d’ailleurs tout arbitraire ; ou même, simplement, si elle plaît ou déplaît, soit au critique lui-même, soit à un groupe de personnes qu’il croit représenter, et qu’il appelle suivant les époques les « bons esprits » les « lettrés », le « public ».
Ainsi, deux personnes que l’on a la barbarie de joindre malgré la disproportion de leur âge ou de leur penchant, ne, sont jamais véritablement unies, et il s’établit entre elles un combat qui ne finit qu’avec leurs jours. […] Cette Académie eut son principal secrétaire perpétuel dans la personne du fameux chirurgien Louis, dont les éloges sont encore inédits pour la plupart. […] Je laisse de côté les vivants, pour ne paraître flatter personne ; mais écoutons Cuvier en tête de son recueil d’éloges : Les petites biographies écrites avec bienveillance, dit-il, auxquelles on a donné le nom d’éloges historiques, ne sont pas seulement des témoignages d’affection que les Corporations savantes croient devoir aux membres que la mort leur enlève ; elles offrent aussi à la jeunesse des exemples et des avertissements utiles, et à l’histoire littéraire des documents précieux.
Ravenel publiait, pour la Société de l’histoire de France, des Lettres de Mazarin, écrites, pendant sa retraite hors de France, à la reine, à la princesse Palatine, à d’autres personnes de sa confidence, et qui prouvent du moins que, dans un temps où il se rencontrait si peu de cœurs français parmi tant de factieux, il était encore le plus français de tous dans les vues de sa politique et de son ambition toute sensée. […] Dans un chapitre du Génie du christianisme, où il examine pourquoi les Français ont tant de bons mémoires et si peu de bonnes histoires, M. de Chateaubriand, touchant à un défaut qu’il sentait mieux que personne, a dit : Le Français a été dans tous les temps, même lorsqu’il était barbare, vain, léger et sociable. […] Il avait, dans les dernières années, froissé celle-ci par ses duretés et ses négligences, depuis qu’il se voyait à l’abri de toute atteinte ; car, selon le témoignage de sa nièce Hortense, « jamais personne n’eut les manières si douces en public, et si rudes dans le domestique ».
Elle avait conservé le besoin d’avoir des élèves, des protégés autour d’elle, des personnes dont elle s’engouait extrêmement : sa prévention en tout l’emportait sur son jugement et lui dictait sa façon de penser et de dire. […] Il y avait comme plusieurs personnes en Mme de Genlis ; mais, dès qu’elle tenait la plume, le ton de la personne intérieure et qui dominait toutes les autres, le ton du rôle principal prenait le dessus, et elle ne pouvait s’empêcher d’écrire ce qu’il faut toujours répéter de la religion, des principes et des mœurs quand on enseigne.
Personne ne peut parler du roi à Paris sans se faire rire au nez. […] celui-là a su mettre à profit l’adversité… Je ne me suis donc pas trop avancé quand j’ai dit que Mallet du Pan, s’il avait vécu jusqu’en 1830, n’eût pas manqué d’adhérer à la tentative de monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe ; et avec son rare pronostic, dès le 20 février 1796, dans une lettre où il est question de ce même duc d’Orléans, il écrivait : Si, par une conduite compatible avec les personnes, avec les préjugés et les intérêts du temps, avec la force impérieuse des circonstances, le roi (Louis XVIII) ne retourne et ne fixe vers lui ou vers sa branche cette multitude de révolutionnaires anciens et nouveaux, Royalisés à demi ou en chemin de se royaliser, vous les verrez prendre le premier roi qui s’arrangera avec eux. […] sa conviction, toute sa moralité et sa personne même étant engagées dans les conseils qu’il donnait, il demandait sinon qu’on les suivît à la lettre, au moins qu’au même moment on n’agît point dans un sens directement contraire.
Une des causes célèbres qu’il eut à plaider dans les années suivantes fut celle de la comtesse de Mirabeau, demandant la séparation de corps et de biens d’avec Mirabeau, lequel plaidait en personne. […] Par ce décret, on excluait des fonctions publiques, jusqu’à la paix, des catégories entières de personnes, et notamment tous les inscrits sur des listes d’émigrés, ainsi que leurs parents et alliés : mais il y avait bien d’autres titres d’interdiction encore. Portalis qualifiait ce décret du 3 Brumaire « un véritable Code révolutionnaire sur l’état des personnes. » Il montrait que le régime révolutionnaire avait dû être détruit par la Constitution : « Et au lieu de cela, c’est la Constitution que l’on veut mettre sous la tutelle du régime révolutionnaire. » La suite et l’enchaînement régulier de la discussion s’animait chemin faisant, sur ses lèvres, d’expressions heureuses à force de justesse : « Avec la facilité que l’on a, disait-il, d’inscrire qui l’on veut sur des listes, on peut à chaque instant faire de nouvelles émissions d’émigrés. » Il demandait pour la Constitution de la patience et du temps : « Il faut que l’on se plie insensiblement au joug de la félicité publique. » Il observait que jamais nation ne devient libre quand l’Assemblée qui la représente ne procède ainsi que par des coups d’autorité : « Les institutions forment les hommes, si les hommes sont fidèles aux institutions ; mais si nous conservons l’habitude de révolutionner, rien ne pourra jamais s’établir, et nos décrets ne seront jamais que des piliers flottants au milieu d’une mer orageuse. » On entrevoit par ces passages que Portalis n’était pas dénué d’une certaine imagination sobre et grave qui convenait à la nature et à l’ordre de ses idées législatrices.
(on voit trop à qui il s’adresse dans son injustice et son amertume)… ; ce sont, continue-t-il, ceux qui, par un ascendant irrésistible, s’imposent à tout ce qui les entoure, et sont obéis et suivis en vertu de la seule action qu’exerce leur personne. […] C’est que vous connaissez le fond de l’homme mieux que personne. […] Je sens plus que personne que, depuis le licenciement de la force brutale, notre politique n’a plus l’importance qu’elle avait lorsqu’elle n’exprimait que l’emportement, les passions et l’audace du parti ; nous dépendons encore du procès d’avril ; quand il sera terminé, nous aurons un système de guerre tout nouveau à suivre… Mais l’attentat de Fieschi éclatait quelques mois après ; les lois de Septembre s’ensuivaient, et la nouvelle ligne de politique projetée par Carrel s’ajournait indéfiniment.
M. de Loménie prépare de Beaumarchais une biographie complète qu’il fait espérer depuis longtemps ; j’aurais aimé à être devancé par lui, mon but en ces esquisses rapides n’étant que de résumer le vrai et le connu, sans chercher à devancer personne. […] Doué des avantages physiques, d’un esprit inventif, plein de hardiesse et de gaieté, il avait dans ses actions et dans toute sa personne quelque chose qui prévenait en sa faveur ; et il était lui-même le premier prévenu. […] comme il en veut à ses ennemis, lui qui ne hait personne, d’avoir ainsi cherché à noircir « sa jeunesse si gaie, si folle, si heureuse » !
Son buste (et je parle ici du marbre, tout en me souvenant de la personne vivante) m’a toujours frappé à la fois par une certaine bonhomie riante de physionomie, par ce qu’il y a de proéminent à la voûte du sourcil, et par la fuite du front. […] Étienne eussent encore de commun, vers la fin, beaucoup de négligence, même sur leur personne, je ne saurais me décider à établir ce parallèle. […] Une fois, dans une comédie en vers, Racine et Cavois, il s’est avisé d’introduire le grand poète en personne et de vouloir le faire parler, ce qui est plus scabreux que de faire parler Brueys ou Palaprat.
En entamant l’histoire dans ses parties les plus sévères et dans ses périodes les plus difficiles, et en se proposant de l’embrasser un jour à son instant le plus lumineux dans la personne et dans l’époque de Jules César, M. […] Cependant il ne trompa personne. […] Dans Emmeline de même : cette vive, espiègle et rieuse personne, et qui pourtant a un cœur, se prend d’un premier amour de jeune fille, qui la rend mélancolique d’abord ; mais, sitôt qu’elle a aimé et qu’elle a épousé l’homme qu’elle aime, la gaieté revient : « Il semblait que la vie d’Emmeline eût été suspendue par son amour ; dès qu’il fut satisfait, elle reprit son cours, comme un ruisseau arrêté un instant. » Ne cherchez point chez M.
Racine s’appuyait sur l’Écriture qui parle du choix que le peuple juif voulut faire d’un roi en la personne de Saül, et de l’autorité que ce roi avait sur son peuple. […] On opposera peut-être à mon explication que Bernardin de Saint-Pierre, de qui Lamartine procède à bien des égards si évidemment, et qui est un des maîtres de l’école idéale et harmonieuse, goûte pourtant et chérit La Fontaine autant que personne, et qu’il ne perd aucune occasion de le citer et de le louer. […] Nous ne savons pas bien, personne, quelle est cette figure vaporeuse et à demi angélique d’Elvire.
Nous qui, alors enfants, avions été nourris dans ces étranges visions, nous et pouvions pas croire que les hommes supérieurs fussent des personnes naturelles ; et nous ne pouvions nous figurer M. de Lamartine, qu’une lyre à la main et les yeux au ciel. […] Sans doute, l’homme de génie, quand il compose, ne pense plus à lui-même, c’est-à-dire à ses petits intérêts, à ses petites passions, à sa personne de tous les jours ; mais il pense à ce qu’il pense ; autrement, il ne serait qu’un écho sonore et inintelligent, et ce que saint Paul appelle admirablement symbalum sonans. […] Je demande maintenant si, en prenant au hasard 7 personnes d’un esprit ordinaire, on n’en trouverait pas parmi elles au moins une dont le père ou la mère, ou le grand-père, ou la grand-mère, ou les enfants, ou les frères, ou les cousins germains, auraient été affectés de l’une des innombrables affections que l’auteur prétend liées au génie par une racine commune.
Elle ne lui dit pas ce qu’il aurait à faire de sa personne pour que ces vœux fussent accomplis et pour mériter sa part dans le bien commun. […] « Il ne nous apprend pas, dites-vous, ce que nous aurions à faire de notre personne pour que ses vœux fussent accomplis » ; mais si vraiment, il nous l’apprend. […] N’oublions pas cependant que cette idée, personne ne l’avait au xviiie siècle.
Les Mémoires d’un décavé ne sont les mémoires de personne en particulier. […] Il n’est pas plus une personne réelle que Childe Harold. Mais, comme il y a du Lord Byron dans Childe Harold, il y a dans Fervaques un homme dont je ne dirai pas le nom, puisqu’il le tait, mais qui, grâce au talent qu’il a, sera bientôt une personne que tout le monde pourra nommer de son vrai nom.
Nous ne nous moquons de personne, quoique nous en ayons furieusement l’air. […] Personne ne peut remplacer sa parole dans cet impayable récit : « Monsieur, excusez mon entrée si insolite, — (fit-il, l’impétueux !) […] Assurément, personne ne conteste que Michelet ne soit un des plus brillants et des plus séduisants écrivains qu’ait produits le xixe siècle.
Personne n’a plus d’empire sur soi-même ; ses élèves n’ont jamais cru l’ennuyer : il lisait leurs thèmes avec le même soin qu’un volume d’Hégel. […] Ce livre, composé d’après une méthode inflexible, écrit avec une éloquence entraînante, rempli de vues supérieures, paré d’images magnifiques et naturelles, n’est connu que des philosophes : l’auteur ne va pas chez les personnes influentes ; voyant qu’il ne se loue point, on ne le loue point ; il a oublié que la gloire se fabrique. […] Paul répondit qu’il ne connaissait personne dans les journaux.
Les circonstances ont beau être les mêmes, ce n’est plus sur la même personne qu’elles agissent, puisqu’elles la prennent à un nouveau moment de son histoire. […] Ici, au contraire, les mêmes raisons pourront dicter à des personnes différentes, ou à la même personne à des moments différents, des actes profondément différents, quoique également raisonnables. A vrai dire, ce ne sont pas tout à fait les mêmes raisons, puisque ce ne sont pas celles de la même personne, ni du même moment. […] Même, maturité et vieillesse ne sont, à proprement parler, que des attributs de mon corps ; c’est par métaphore que je donne le même nom aux changements correspondants de ma personne consciente. […] Mais, pour peu que l’action intéresse l’ensemble de notre personne et soit véritablement nôtre, elle n’aurait pu être prévue, encore que ses antécédents l’expliquent une fois accomplie.
En commençant par un morceau sur Mme de Sévigné, on n’a pas prétendu donner un portrait étudié de cette personne incomparable : ce ne sont que quelques pages légères, autrefois improvisées au courant de la plume après une lecture des Lettres, et antérieures aux recherches récemment publiées ; mais on les a replacées ici bien plutôt à titre d’hommage, et parce qu’il est impossible d’essayer de parler des femmes sans se mettre d’abord en goût et comme en humeur par Mme de Sévigné.
Les meilleurs Ouvrages qui ont paru sous son nom, seroient précisément ceux qui ne lui appartiendroient pas, à en croire des personnes qui l’ont beaucoup fréquentée.
Je n’accuse, aussi bien, personne dans cette mauvaise affaire. […] (Il me semble me ressouvenir de ce dernier nom, peut-être bien même un peu de la personne, charmants tous deux, personne et nom.) […] Ô n’exilons personne ! […] Cette chère personne me dit que sa petite fille allait un peu mieux, et, déjà, elle semblait pleine d’espoir. […] Personne !
Si Chénier a pu embrasser tant de choses, c’est qu’il avait peu de personnes à y rattacher. […] Nous vivons dans un temps où il ne faut nommer personne si l’on ne veut pas nommer tout le monde. […] Il sait en rendre, mieux que personne ne l’a fait avant lui, l’accablement lumineux et la sereine tristesse. […] Elles s’y fanent dans le silence et le mystère sans que personne les ait respirées. […] Personne n’a la science des noms comme Victor Hugo.
Et ils ne font illusion à personne. […] C’est un moyen pour se distinguer des personnes de mauvais ton. […] Il s’agit ici d’une personne qui a été vaincue par les choses. […] Personne ne conteste son talent. […] Quant à lui, il ne rebute personne.
Cela est vrai pour tous, pour Chateaubriand plus que pour personne. […] Sa sensibilité peu absorbée, peu retenue même par les personnes, a laissé à son imagination tout loisir de se répandre avec complaisance et avidité, sur la création. […] Au contraire, dans les œuvres d’imagination, personne n’a eu plus que lui le sentiment de la composition. […] Lamartine a été cet homme là plus que personne peut-être depuis Platon. […] Mais il n’était point las ; car personne n’a eu le travail littéraire plus facile.
Boutelleau ne serait-il pas assuré, autant que personne, d’avoir cueilli du moins une fleur pour le bouquet des Anthologies futures ?
Mais le jansénisme se distingue, d’abord parce que seul il est hétérodoxe, ce qui veut dire qu’il a une doctrine, une personnalité intellectuelle, une conception propre de la vie et des rapports de l’homme avec le surnaturel ; ensuite parce que seul il ne se développe point exclusivement dans l’Eglise ; au contraire, il n’a point de pénétration dans le clergé régulier, il est assez largement diffus parmi les compagnies de prêtres telles que l’Oratoire, il recrute surtout ses adhérents parmi les ecclésiastiques séculiers et parmi les personnes pieuses de tout caractère. […] Vie de Pascal S’il est inutile pour comprendre le théâtre de Corneille d’étudier les circonstances de sa vie, la biographie de Pascal est inséparable de son œuvre ; il n’y a pas d’écrivains qui soit plus engagé dans ses livres de toute sa personne et de toutes les parties de son humanité. […] On l’a repris aussi d’avoir confondu casuistes et jésuistes, comme si tous les ordres religieux n’avaient pas leurs casuistes : le fait est vrai ; mais il est vrai aussi que les autres ordres sont perdus au sein de l’Église ; les jésuites existent à part, forment un parti, ayant unité de vues et d’ambition, et la casuistique leur a été plus propre qu’à personne ; ils ne l’ont ni créée les premiers, ni seuls employée ; mais elle n’a été qu’un accident ailleurs, elle a été chez eux une méthode de domination. […] Mais ce qu’il y a de plus admirable dans l’œuvre, c’en est la simplicité, l’objectivité : toute la personne de l’auteur s’efface de l’œuvre en la construisant ; elle est toute ramassée dans l’expression, absente volontairement de la matière. […] Pascal étudiera la Bible, fera valoir que seuls les Juifs ont conçu Dieu dignement, établira la vérité des livres saints et du livre de Moïse en particulier, la vérité des miracles de l’Ancien Testament, prouvera la mission de Jésus-Christ par les figures de la Bible et par les prophéties, puis par la personne même, les miracles, les doctrines, la vie du Rédempteur ; enfin il montrera dans la vie et les miracles des Apôtres, dans la composition et le style des Évangiles, dans l’histoire des saints et des martyrs, et dans tout le détail de l’établissement du christianisme, les marques évidentes de la divinité de notre religion.
Le premier convient aux timides, aux scrupuleux, aux prétentieux et aussi aux personnes affectueuses qui ne veulent pas faire souffrir les autres sans se persuader que c’est pour leur bien. […] C’est un spectacle qui n’est pas rare, mais qui reste toujours curieux, que de voir, en ce cas, une personne montrer quelque remords d’avoir sainement et naturellement agi, à l’encontre des idées morales qu’elle révère. […] Et ce fut un étrange et tragique conflit que peu de personnes ont pu juger sainement dans sa complexité, tant les « vertus » s’exaltaient et faussaient les esprits. […] La morale s’est détachée de la vie, elle a été considérée comme une chose à part, existant en soi et pour soi, à qui personne n’a de comptes à demander, et avec qui on ne discute pas. […] Il faudrait une morale différente pour chacun de nous, comme il faut un vêtement différent, puisque personne n’a ni les mêmes aptitudes, ni les mêmes fonctions que son voisin.
Qu’on sçache donc distinguer les temps & les personnes ? d’indignes bateleurs avec d’honnêtes gens, dont la fonction exige, pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de l’ame, de l’esprit, de la connoissance des mœurs & des caractères ; en un mot, un grand nombre de qualités que la nature réunit si rarement dans une même personne, qu’on compte plus d’excellens auteurs, que d’excellens comédiens. […] Notre religieux philosophe veut seulement qu’on ait égard à trois choses, qui sont encore plus de bienséance que d’obligation, aux temps, aux lieux, aux personnes. […] Aux personnes, pour que celles qui sont constituées en dignité, ou d’une profession comptable au public de leurs momens, n’aillent pas tous les jours à la comédie. […] C’est que, plus elle est licencieuse, plus aussi on la goûte ; témoin la préférence que tant de personnes donnent aux comédiens Italiens, ou même aux acteurs de l’opéra comique, sur les comédiens François.
Rendons justice au matérialisme contemporain ; il ne se refuse à reconnaître aucun des faits qu’atteste l’expérience, soit externe, soit interne ; il admet toutes les propriétés caractéristiques qui distinguent les divers règnes de la nature ; il ne nie aucun des phénomènes de conscience proprement dits, c’est-à-dire aucun des sentiments qui répondent chez l’homme aux mots d’individualité, de personne, de moi, comme le sentiment de l’unité, le sentiment de l’identité, le sentiment de la liberté, le sentiment de la responsabilité. […] Le mysticisme chrétien, même si on le prend chez des esprits supérieurs, chez un Fénelon par exemple, en arrive toujours à l’abdication de la personne humaine. […] Derrière celle-ci et au plus profond de l’âme humaine, elle fait apparaître Dieu lui-même, le Dieu vivant et personnel qui, à un certain moment et pour certaines œuvres, prend la place de la personne humaine. […] C’est par une induction psychologique que la cause créatrice et conservatrice du monde est conçue comme un être pensant, voulant, aimant, comme une véritable personne agissant sur l’âme humaine par la grâce, et l’élevant par la force de son amour jusqu’à une sorte de vie commune où l’âme ne garde presque plus rien de sa personnalité. […] Cette loi suppose la liberté de l’agent : il n’y a ni droit ni devoir, à proprement parler, pour un être qui n’agirait pas librement ; en un mot, il faut que l’homme soit une véritable personne pour exécuter la loi conçue par sa raison pratique.
Son Roman intitulé les Tableaux de la Fortune, est d’un bon Observateur ; son Histoire au Monde, souvent réimprimée & écrite d’après les Auteurs originaux, donne une idée avantageuse de son érudition : personne n’avoit traité, avant lui, d’une maniere plus vraie & plus instructive, ce qui concerne les Orientaux, & en particulier les Musulmans.
Nous parlons d’une intime transfusion, grâce à laquelle les forces que la nature a dirigées vers des opérations différentes seraient employées à une même fin. » Ces rêves, ces imaginations nous paraissent aujourd’hui monstrueuses, peut-être parce qu’elles sont monstrueuses en effet, surtout parce que les sciences naturelles ont depuis continué à marcher, et parce que de toutes parts nous avons reçu de la réalité de rudes avertissements ; nul aujourd’hui, de tous les historiens modernes, et de tous les savants, ne les endosserait ; et non seulement il n’est personne aujourd’hui qui ne les renie, mais il n’est personne au fond qui n’en veuille à l’ancien d’avoir aussi honteusement montré sa pensée de derrière la tête ; nous au contraire, qui n’avons aucun honneur professionnel engagé dans ce débat, remercions Renan d’avoir, à la fin de sa pleine carrière, à l’âge où l’homme fait son compte et sa caisse et le bilan de sa vie et la liquidation de sa pensée, achevé de nous éclairer sur les lointains arrière-plans de ses rêves ; par lui, en lui nous pouvons saisir enfin toute l’orientation de la pensée moderne, son désir secret, son rêve occulte. […] Le résultat du travail obscur de mille paysans, serfs d’une abbaye, était une abside gothique, dans une belle vallée, ombragée de hauts peupliers, où de pieuses personnes venaient six ou huit fois par jour chanter des psaumes à l’Éternel. […] Si on veut changer cet ordre, personne ne vivra. […] « Votre immortalité n’est qu’apparente ; elle ne va pas au-delà de l’éternité de l’action ; elle n’implique pas l’éternité de la personne. […] Sa personne subsiste et est même augmentée.
» Et comme Flaubert, qui a l’habitude d’adopter assez volontiers le contrepied de l’opinion émise, jette : « Moi, si j’avais inventé les chemins de fer, j’aurais voulu que personne n’y montât, sans ma permission ! […] Sainte-Beuve laisse percer un sentiment très hostile à la personne de la Reine, une sorte de haine personnelle. […] Elle nous peint ses entrevues avec cette personne invisible, agenouillée sur ses talons, séparée d’elle par une grille et un rideau, et paraissant, tous les jours, s’enfoncer un peu plus loin dans le lointain, et se reculer de la vie vivante. […] Penser que Carrier a pu faire massacrer des milliers de personnes, qui avaient des pères, des frères, des fils, des femmes, sans qu’aucun de ceux qui restaient, ait seulement essayé de le tuer. […] Mme Du Deffand dit quelque part, qu’il n’y a que deux personnes qui lui soient attachées : d’Alembert et sa femme de chambre… Oh !
Ses liaisons avec les personnes les plus célebres de son temps, prouvent qu’elle étoit agréable dans la société.
On ne connoît, en ce genre, que la Semaine de du Bartas, que personne ne lit, & le Poëme de M.
Tels sont encore les quatre Vers qu’il fit à l’âge de quatre-vingts ans : Chaque jour est un bien que du Ciel je reçois ; Je jouis aujourd’hui de celui qu’il me donne : Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi, Et celui de demain n’appartient à personne.
Par-là, il en a rendu la lecture commune & sûre pour tous les âges & toutes les personnes.
Cette passion malheureuse a ameuté contre ma personne, tant de haines, de colères, et donné lieu à des interprétations si calomnieuses de ma prose, qu’à l’heure qu’il est, où je suis vieux, maladif, désireux de la tranquillité d’esprit, — je passe la main pour la dire, cette vérité, — je passe la main aux jeunes, ayant la richesse du sang et des jarrets qui ploient encore.
Elle est faible de couleur ; mais il y a de l’harmonie ; l’enfant est joli, la figure de la Vierge n’est du moins empruntée de personne ; les mages ne sont ni sans effet, ni sans caractère.
L’État était autrefois personne morale, personne intellectuelle et personne religieuse ; et l’individu fabriquait, travaillait, vendait, échangeait. […] Il faut dix personnes travaillant méthodiquement pour faire la cuisine et le ménage de cent personnes. […] Cette horreur, personne ne l’a eue plus que Lamennais. […] Il était de ceux qui ne vivent point en ce monde, ce qui n’est pas à dire, et au contraire, qu’ils n’y soient pas à l’aise ; car ils n’y gênent personne, et par personne n’y sont gênés. […] Cela veut dire que le peuple aspirait à être une personne.
On l’a comparé à Roscius pour le naturel & la noblesse de son jeu, car il faut toujours des comparaisons ; mais personne n’a songé à le mettre à côté de Plaute ni de Térence, pour les Comédies qu’il a faites.
Personne peut-être n’a réuni plus de couronnes académiques, & cependant il est peu connu ; preuve que les palmes du Lycée ne sont pas le gage de l’immortalité.
car ni moi, ni vous, ni personne, aucun ancien et aucun moderne, ne peut connaître la femme orientale, par la raison qu’il est impossible de la fréquenter. […] Ce chapitre est une espèce de précaution oratoire pour atténuer celui de la tente qui n’a choqué personne et qui, sans le serpent, eût fait pousser des cris. […] On ne risque de corrompre personne quand on aspire à la grandeur. […] C’est inexact en ce qui me concerne, et je n’ai entendu l’abbé Lacordaire en chaire qu’assez longtemps après et quand son éloquence ne faisait question pour personne. » Lettre à M.
Diderot, si diversement jugé, est de tous les hommes du xviiie siècle celui dont la personne résume le plus complétement l’insurrection philosophique avec ses caractères les plus larges et les plus contrastés. […] » Ce fut une singulière destinée de Diderot, et bien explicable d’ailleurs par son exaltation naïve et contagieuse, d’avoir éprouvé ou inspiré dans sa vie des sentiments si disproportionnés avec le mérite véritable des personnes. […] Diderot savait mieux que personne les défauts de son œuvre ; il se les exagérait même, eut égard au temps, et se croyant né pour les arts, pour la géométrie, pour le théâtre, il déplorait mainte fois sa vie engagée et perdue dans une affaire d’un profit si mince et d’une gloire si mêlée. […] C’est un admirable petit cours de morale pratique, sensée et indulgente ; c’est de la raison, de la décence, de l’honnêteté, je dirais presque de la vertu, à la portée d’une jolie actrice, bonne et franche personne, mais mobile, turbulente, amoureuse.
Il appuie sa rectification sur le témoignage de toutes les personnes présentes et sur l’accord de toutes les vraisemblances naturelles. […] On a beau savoir la cause physiologique de son erreur, appuyer son raisonnement sur le témoignage des personnes environnantes, vérifier au moyen de ses autres sens que le fantôme n’est qu’un fantôme, on continue à le voir. […] En effet, à de certains moments, pendant une demi-seconde, on croit voir des objets réels ; je l’éprouvais tout à l’heure, et les artistes, les écrivains, tous ceux qui ont la mémoire exacte et lucide, savent bien qu’il en est ainsi ; une personne nerveuse, qui a subi une opération chirurgicale ou quelque accident tragique, porte le même témoignage18 ; l’acuité du souvenir est telle que parfois elle pâlit et jette des cris. […] Mais certainement, lorsque pour la première fois je les ai remarqués, j’ai été frappé de leurs accompagnements ; un instant après, de souvenir, je pouvais dire leurs alentours, la cheminée de province où pendant mon enfance se trouvait la pendule antique, le nom de la personne qui faisait le geste, le titre du livre dans lequel était le mot. — Prenons un mot latin, le mot securis.
Geoffroy d’Estissac réunissait dans son château de Légugé des personnes instruites et des seigneurs amis des lettres, et, selon l’usage de l’époque, y présidait à des entretiens sur toutes sortes d’études. […] Quoiqu’il parût aimer tout de l’antiquité, il en préféra cependant la partie scientifique, et, entre le latin et le grec, il eut plus de goût pour le grec, ce sans lequel, dit Gargantua à son fils, c’est « honte qu’une personne se dise savant. » Ses préférences scientifiques s’expliquent-elles par sa profession de médecin, ou n’est-ce pas plutôt son goût pour les choses positives qui lui avait donné l’idée de se faire médecin ? […] Pour lui, il n’y a ni chose ni personne tout à fait haïssable, parce qu’il n’y a ni chose ni personne tout à fait admirable.
« M. de Balzac, dit-il, explique avec tant de force ce qu’il entreprend de traiter, il l’enrichit de si grands exemples, qu’il y a lieu de s’étonner que l’exacte observation de toutes les règles de l’art n’ait point affaibli la véhémence de son style ni retenu l’impétuosité de son naturel… Plus une personne a d’esprit, ajoute-t-il, et plus infailliblement elle est convaincue de la solidité et de la vérité de ses raisons, principalement lorsqu’elle n’a dessein de prouver aux autres que ce qu’elle s’est auparavant persuadé à elle-même. » Plus loin, parlant du caractère moral et des écrits de Balzac : « Il y a, dit-il, dans ces écrits une certaine liberté généreuse qui fait voir qu’il n’y a rien de plus insupportable que de mentir2. » Descartes interprète en bien même sa vanité, disant que Balzac ne parle de lui avec avantage que par l’amour qu’il porte à la vérité, et par une générosité naturelle. […] Aussi voit-on sans mauvaise humeur l’infatuation de Balzac écrivant d‘un de ses critiques : « Un d’eux ne pouvant souffrir cet éclat, je ne sais lequel, qui me rend plus visible que je ne veux, et cette réputation incommode que je changerais de bon cœur avec le repos de ceux qui ne sont connus de personne, a entrepris de parler plus haut que la renommée et d’obliger tout un royaume de se dédire. » Et plus loin : « Il m’est pourtant bien doux de recevoir aujourd’hui, avec vos prières, celles de la moitié de la France10. » Bayle cite l’anecdote de cet homme qui lui demandait des nouvelles de messieurs ses livres. […] Mais que pouvait-il sortir, sinon d’ingénieuses déclamations de cette solitude où Balzac se croyait en vue à tout le monde parce qu’il ne voyait personne ? […] Quand cela serait, Mademoiselle, je serais en vérité excusable ; car, pour vous parler franchement, on est souvent bien empêché à trouver que dire, et je ne puis pas comprendre que, sans quelques inventions comme cela, des personnes qui n’ont ni amour ni affaires ensemble se puissent écrire souvent. » Les fastueuses épîtres à Ménandre et les billets galants de Voiture faisaient désirer des lettres qui fussent simplement des lettres.
Mai C’est une drôle de chose — et personne ne l’a remarqué — que le grand monument littéraire de l’atticisme, des élégantes mœurs, du délicat esprit d’Athènes, Aristophane enfin, soit le plus gros monument scatologique de la littérature de tous les peuples. […] Une fantastique personne que cette miss Charlotte, passant automatiquement dans le paysage, ombragée de son chapeau de paille brun en forme de tourtière, tenant dans la paume d’une main levée en l’air, une toute petite cage garnie de ouate, sur laquelle trébuche un oisillon aux ailes coupées, suivie à trois pas, par un de ces petits chiens ratiers, auquel Landseer fait agacer un perroquet. […] * * * — Personne n’a remarqué, et cependant cela saute aux yeux et aux oreilles, combien la langue de Napoléon Ier, cette langue par petites phrases de commandement, la langue conservée par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène, et encore mieux dans les Entretiens de Roederer, a été prise et mise par Balzac dans la bouche de ses types militaires, gouvernementaux, humanitaires, depuis les tirades de ses hommes d’Etat jusqu’aux tirades de Vautrin. […] — Mais, Monsieur, vous me demandez… — Vois-tu, j’ai connu une personne qui m’a donné tous les détails !
Soit pour le Père, qui envoie son Fils, soit encore pour le Fils, qui est envoyé par le Père : voilà bien deux personnes de la sainte trinité ; mais où est la troisième ? […] Où est l’égalité entre ces deux personnes, dont l’une remplit le livre de son nom et de son esprit, et dont l’autre est complètement absente ? Et, si l’égalité des trois personnes divines n’est pas un dogme fondamental, pourquoi l’égalité de deux d’entre elles en serait-elle un ? […] Voilà une noblesse à laquelle personne de nous ne tiendra vraisemblablement ; il y a donc là encore un fait inexpliqué, et sur ce point la solution n’est pas une solution.
Il y a, d’ailleurs, plus d’une raison pour que, dans les groupes très homogènes, les droits propres à la personne soient formellement méconnus. […] Simmel 111, il devient égal à n’importe quel autre. » C’est ainsi que, du sein de leur extrême dissemblance, peut renaître le sentiment de l’égalité des personnes. […] Ce sont, nous l’avons vu, les distinctions collectives qui nous empêchent d’apercevoir les personnes et dans ce qu’elles ont de plus particulier et dans ce qu’elles ont de plus général ; or l’homogénéité comme l’hétérogénéité travaillent, chacune de leur côté, à effacer ces distinctions collectives, en multipliant ici les ressemblances et là les différences. […] Les combinaisons d’imitations multiples qui se coupent en un même point, c’est-à-dire se rencontrent dans une même personne, n’ont guère de chances de se répéter.
La vérité ressemble à ces personnes qu’on estime & qu’on néglige ; elle n’ose guere se produire que sous les auspices de la fiction. […] J’ajouterai que l’amour, tel qu’ils le peignent, est plus propre à rebuter qu’à séduire, & qu’en tout cas, il y auroit peu de danger pour quelques jeunes personnes d’imiter les Héroïnes de ces fictions dans leur amour, si elles les imitoient dans leur résistance. […] J’ai vu quelques personnes qui avouoient, au contraire, que sans la lecture des Romans elles n’eussent peut-être jamais lu autre chose. […] Il faut même régler le ton qu’on fait prendre à ses Acteurs, sur leur âge, leur état, leur caractere ; ne point faire parler en forcénée une personne douce par tempérament ; ne point prodiguer à tout propos, ces froides exclamations, ces élans désordonnés, ces expressions boursouflées au dehors, vuides au dedans, ce langage, en un mot, qui ne peint absolument rien à force de tout travestir.
Pour lui elle est « une personne ». […] Toute sa personne avait un air singulier de finesse et de dignité. […] Vie de ruse et de combats où il paye largement de sa personne. […] Personne ne reçoit personne à Versailles. […] Personne ne l’occupa.
Je me trouvais seul et un peu embarrassé de ma personne, ne sachant pas qui nous recevait en ce moment. […] La mer n’a jamais fait de mal à personne. […] Personne ne la comprend et nous avons beau essayer l’analyse logique, nous ne parvenons pas à éclairer nôtre lanterne. […] Quand on a déclaré que le bouquet est exquis de nuance et de parfum, on n’a renseigné personne ; le mieux est de le montrer si on le peut, d’en détacher au moins une fleur. […] Napoléon III avait horreur des précautions que prenait la police pour sa personne et de l’importance qu’elle donnait aux moindres événements.
Il a composé en prose & en vers plusieurs Pieces qui lui ont attiré de l’estime & de la considération de la part des personnes équitables & judicieuses.
À vrai dire, toute personne qui, dans sa jeunesse, a vécu d’une vie d’émotions et d’orages, et qui oserait écrire simplement ce qu’elle a éprouvé, est capable d’un roman, d’un bon roman, et d’autant meilleur que la sincérité du souvenir y sera moins altérée par des fantaisies étrangères : il ne s’agirait pour chacun que de raconter, sous une forme presque directe et avec très-peu d’arrangement, deux ou trois années détachées de ses mémoires personnels. […] Bénédict est bien fait de sa personne ; son visage, d’une pâleur bilieuse, exprime la fierté et la distinction ; il a les lèvres minces et mobiles et un certain regard singulier qui marque une force étrange de caractère et qui fascine.
Barbier plusieurs personnes, qui pourtant les admirent, n’y cherchent guère qu’un plaisir étrange, un tour de force inouï jusqu’à présent, des exploits pour les yeux, l’intrépidité extraordinaire dans les plus périlleuses images que jamais poëte ait tentées. D’autres personnes, au contraire, d’un goût plus féminin, se sont révoltées à ces mêmes images, à ces abus de parole où se délectent les audacieux.
Et il sera plus fâcheux encore pour Molière, si une dernière scène faite à madame de Montausier par une personne inconnue, qui ne pouvait être que Montespan travesti, était antérieure à la représentation d’Amphitryon. […] Saint-Simon rapporte clairement le motif et l’objet de l’apparition, et c’est plus qu’il n’en faut pour indiquer la personne déguisée.
Il se comporta comme une personne qui écriroit contre la musique, voulant prouver que le chant n’est pas essentiel à la tragédie. […] La dispute, concernant la rime, se passa presque entre les mêmes personnes.
Voilà tout ce que le démon y peut gagner. » C’est elle qui a dit encore : « Il y a des temps où l’on croirait que le bon Dieu pêche à la ligne, et que le diable, lui, fait les coups de filet. » C’est la plaisanterie de Voltaire, mais retournée de l’autre côté ; ou plutôt ce n’est la plaisanterie de personne, c’est la plaisanterie de tout ce qui sait plaisanter et parler légèrement de choses graves, sans rien diminuer de leur gravité. […] Seulement, vieille même, et avec les acquisitions et les grâces tardives de ce nouvel état, elle ne fut pas uniquement, de par la vieillesse, cette personne et ce charme si à part que l’on appelait madame Swetchine !
Deux ou trois personnes tout au plus surent les misères de ce pauvre grand homme, qui s’est plaint heureusement dans ces lettres, mais comme jamais ne se plaignit un homme qui a droit de se plaindre. […] Cependant, ce n’est ni cette histoire écrite à ce point de vue qu’en France n’accepterait personne, ni cette curieuse rencontre de Joseph de Maistre jugeant confidentiellement Napoléon, qui sont l’intérêt le plus vif de cette piquante publication.
Et l’auteur du livre que voici, et qui a bien choisi son moment pour le publier, l’a montré avec une évidence que personne ne sera tenté de nier. […] Personne ne peut nier à présent que le gouvernement parlementaire, ce fils chéri de la Révolution, sur lequel elle avait mis et met encore ses espérances, ne soit pour l’heure terriblement compromis, même au regard de ceux qui se sont d’abord le plus croisés pour la forme de ce gouvernement.
Jamais personne, en son temps, ne fut plus digne de porter la cigale d’or dans ses cheveux — Mais parce qu’il est cela, — incontestablement, — est-ce une raison pour que la Critique n’ose pas mesurer son niveau et porter sur lui le regard qu’elle y porterait si cette œuvre paraissait aujourd’hui et fût toute neuve dans la gloire ? […] Il admire Thucydide comme, je crois, il ne faut admirer personne, sans restriction d’aucune sorte, et plaidant — je ne veux pas dire sophistiquant — toutes les admirations de détail qui composent son ensemble d’admiration.