Il continua de lire, de rêver, de causer, de marcher, bâton en main, aimant mieux dans tous les temps faire dix lieues qu’écrire dix lignes ; de promener et d’ajourner l’œuvre, étant de ceux qui sèment, et qui ne bâtissent ni ne fondent : « Quand je luis, je me consomme. » — « J’avais besoin de l’âge pour apprendre ce que je voulais savoir, et j’aurais besoin de la jeunesse pour bien dire ce que je sais. » Au milieu de ces plaintes, sa jeunesse d’imagination rayonnait toujours sur de longues perspectives : De la paix et de l’espérance Il a toujours les yeux sereins, disait de lui Fontanes en chantant sa bienvenue à Courbevoie.
Voir, dans les Œuvres de Saint-Évremond, la Lettre à une dame galante qui voulait devenir dévote, et le petit Essai Que la dévotion est le dernier de nos amours.
M. de Broglie est l’homme qui procède le moins de cette façon légère : appliqué, régulier dans ses habitudes, chaque matin à la même heure il se met à l’œuvre, à son étude, à sa lecture.
Diderot nous a très bien rendu pourtant l’apologue du Coucou, du Rossignol et de l’Âne, et on le peut lire dans ses Œuvres ; mais, en fait d’apologue de Galiani, j’aime mieux rappeler celui que je trouve rapporté dans les Mémoires de l’abbé Morellet et qui est célèbref.
Ce n’est pas conçu d’un jet ; je puis admirer le métier , mais je ne vois pas l’œuvre.
Elle se faisait apporter et elle relisait les œuvres de Corneille pour y voir des images de sa destinée et y prendre des leçons ; elle comptait sur la secrète sympathie des âmes : Quand les ordres du ciel nous ont faits l’un pour l’autre, Lise, c’est un accord bientôt fait que le nôtre… On s’estime, on se cherche, on s’aime en un moment ; Tout ce qu’on s’entredit persuade aisément.
Sapho n’était pas au-dessus de toutes ces petites raisons de métier : « Ma foi, dit Tallemant, elle a besoin de mettre toutes pierres en œuvre ; quand j’y pense bien, je lui pardonne. » Petits cadeaux, gratifications, pensions, elle aimait à joindre ces preuves positives à la considération, qui ne lui a jamais manqué.
En quoi ai-je avancé l’œuvre générale ?
Voyez les Hollandais, ils font une digue à la mer avec des brins de paille. » L’œuvre des Hollandais contenant la mer avec des digues est industrieuse et grande, mais elle n’est nullement en harmonie avec l’idée qu’éveille le mot de goût ; une telle comparaison déroute l’esprit, loin d’éclaircir la pensée.
Et, en effet, le volume d’Œuvres posthumes de Marmontel, publié en 1820, fait voir qu’en décrivant ses pétulances de jeunesse dans sa prose, il les a beaucoup adoucies.
Ce n’est que plus tard que l’ouvrage y fut imprimé dans son entier ; il forme le premier volume des Œuvres complètes de Rivarol (1808), mais avec quelques fautes qui en gâtent le sens.
Cette histoire de la conversion de Bonneval faisait la joie de Voltaire, qui n’a pas manqué de badiner là-dessus en maint endroit de ses œuvres.
Ce fut longtemps son rêve et finalement son regret ; il y revenait en idée dans les derniers temps, à travers les courts et sombres intervalles de réflexion que lui laissaient ses luttes de presse de plus en plus désespérées ; c’était à une telle œuvre qu’il aurait aimé à attacher la gloire de son nom.
On lui voudrait un peu de ce sentiment qu’il simulait lorsqu’à un Arabe qui lui demandait pourquoi il était venu de si loin, il répondait : « Pour voir la terre et admirer les œuvres de Dieu. » Volney monte au sommet du Liban, d’où il jouit du spectacle des hautes montagnes : « Là, de toutes parts, dit-il, s’étend un horizon sans bornes ; là, par un temps clair, la vue s’égare et sur le désert qui confine au golfe Persique, et sur la mer qui baigne l’Europe : l’âme croit embrasser le monde. » Du haut de cette cime témoin de tant de grandes choses, et d’où l’esprit se porte en un clin d’œil d’Antioche à Jérusalem, quelles vont être ses pensées ?
Ce que je viens de dire doit faire supposer que l’impression de ses œuvres est soignée, que le choix du papier et des caractères n’a point été l’affaire d’un instant.
[Œuvres complètes, tome XII] Note A, page 38.
L’Abbé Desfontaines opposa à cette critique une brochure intitulée : Racine vengé, ou examen des Remarques grammaticales de M. l’Abbé d’Olivet sur les œuvres de Racine.
Je crois, en effet, que lorsque l’esprit crée, lorsqu’il donne l’effort que réclame la composition d’une œuvre ou la solution d’un problème, il n’y a pas sommeil ; — du moins la partie de l’esprit qui travaille n’est-elle pas la même que celle qui rêve ; celle-là poursuit, dans le subconscient, une recherche qui reste sans influence sur le rêve et qui ne se manifeste qu’au réveil.
Il nous met en effet, vis-à-vis des individus que nous avons à comparer, dans la même situation qu’un jury d’examen vis-à-vis de candidats qu’il ne connaît pas encore ; par cela qu’il ne les connaît pas, il est plus à l’aise pour les classer sans préjugé, et proportionner ses notes aux différentes valeurs de leurs œuvres. — Ainsi, parce qu’elle nous empêche de les connaître individuellement, la grande quantité des membres des sociétés nous incline à les traiter également.
L’histoire explique assez ce qui manquait à cette œuvre, inaugurée par la suppression arbitraire d’un État libre, et par la création factice de démocraties nominales, puis promptement réduite à ce pouvoir absolu qui exploite les bras d’un peuple, mais ne le ranime pas.
V Pendant ce temps-là, bien que vous m’eussiez vu à l’œuvre, et, entre autres jours, le 16 avril 1848, le plus beau jour, le jour du salut, le jour encore mystérieux de ma vie publique, le jour que des calomnies qui seront confondues à leur heure ont cherché à tourner contre moi et dont ils ont voulu me dérober l’honneur et la résolution, bien que ces calomniateurs n’en sachent pas même encore la cause et le secret ; bien que, reconnu par vous au moment où, déguisé, j’échappais à mon triomphe, vous m’ayez dit à l’oreille, enlevé par l’enthousiasme de la bienveillance, un de ces mots que je n’ai jamais oubliés, jamais cités, et qui prouvaient plus que de la justice pour moi dans votre cœur, que faisiez-vous ? […] S’il a été sévère dans la forme, et pour ainsi dire religieux dans la facture ; s’il a exprimé au vif et d’un ton franc quelques détails pittoresques ou domestiques jusqu’ici trop dédaignés ; s’il a rajeuni ou refrappé quelques mots surannés ou de basse bourgeoisie, exclus, on ne sait pourquoi, du langage poétique ; si enfin il a constamment obéi à une inspiration naïve et s’est toujours écouté lui-même avant de chanter, on voudra bien lui pardonner peut-être l’individualité et la monotonie des conceptions, la vérité un peu crue, l’horizon un peu borné de certains tableaux ; du moins son passage ici-bas dans l’obscurité et dans les pleurs n’aura pas été tout à fait perdu pour l’art : lui aussi, il aura eu sa part à la grande œuvre, lui aussi il aura apporté sa pierre toute taillée au seuil du temple ; et peut-être sur cette pierre, dans les jours à venir, on relira quelquefois son nom.
En fuyant la critique acharnée de ses compatriotes, il était venu chercher ici une nouvelle patrie. » Voilà tout ce qu’on sait de la vie, des œuvres, de la mort de ce grand homme. Parcourons son œuvre.
Scènes se passant à Paris, scènes se passant à Constantinople, scènes se passant sur le Nil, scènes d’hypocrisie européenne, scènes sauvages du huis-clos de là-bas, et noyade et tête coupée pour un soupçon, une mauvaise humeur : une œuvre qui ressemblerait assez bien, selon sa comparaison, à ces bateaux qui ont sur le pont, à l’avant, un Turc habillé par Dusautoy, et à l’arrière, sous le pont, le harem de ce Turc, avec ses eunuques et toute la férocité des mœurs du vieil Orient. […] * * * — A-t-on remarqué que jamais une vierge, jeune ou vieille, n’a produit une œuvre ou quoi que ce soit ?
Mais cette association est l’œuvre du philosophe associationniste qui étudie mon esprit, bien plutôt que de mon esprit lui-même. […] Bref, nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l’expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu’on trouve parfois entre l’œuvre et l’artiste.
À chaque nouvelle visite, je recommençais, et j’avais toujours la même déception poignante, en voyant mon œuvre détruite. […] Il voulut d’ailleurs choisir ce couvent, où j’avais vécu, loin de lui, et un peu contre sa volonté, pour y enfermer la jeune fille déçue par l’amour, de son œuvre ; il en donna même, d’après mes indications, une description assez développée, dans le livre. […] Elle arracha avec violence le collier de perles, repoussa les coussins, jeta loin d’elle la couronne et cria presque : « Je renonce à Satan, à ses pompes, et à ses œuvres. » On la ramena dans la sacristie, pour la dépouiller de sa toilette mondaine, ses lourds cheveux noirs roulèrent jusqu’à ses reins et j’aperçus, dans les mains d’une sœur, de grands ciseaux luisants, qui disparurent, en grinçant, sous les mèches épaisses. […] Et c’est ainsi que, pour faire plaisir à cette douce et sentimentale Alsacienne, j’ai lu, avant le temps, toute l’œuvre de la grande Française. […] J’aurais voulu l’écouter toujours, et un de mes désirs était de lire ses œuvres, mais j’avais beau fouiller la bibliothèque, je ne trouvais aucun livre de lui.
Monsieur, Mme Desbordes-Valmore, que vous nous faites aimer, a mérité par ses œuvres de constituer un genre nouveau, le genre plaintif, toutefois en prenant cette expression en bonne part.
Dans le temps, l’honneur de ce qu’il fit alors alla presque tout entier à M. de La Harpe ; mais M. de La Harpe, l’ancien gouverneur d’Alexandre et dont l’influence était en effet prépondérante auprès de son ancien élève, M. de La Harpe, qui mena à bonne fin et qui consomma si honorablement en 1815 l’œuvre de la Suisse reconstituée, était absent dans ces premiers mois, et il n’arriva qu’un peu après au quartier général.
Le xviiie siècle, lui, en avait une, et bien puissante, au milieu de ses incohérences ; il la déploya dans des voies de révolte, il l’épuisa à des œuvres de destruction.
Je ne pense pas que ce grand œuvre de la nature morale ait jamais été abandonné ; dans les périodes lumineuses, comme dans les siècles de ténèbres, la marche graduelle de l’esprit humain n’a point été interrompue.
Le philosophe veut rendre durable la volonté passagère de la réflexion ; l’art social tend à perpétuer l’action de la sagesse ; enfin ce qui est grand se retrouve dans ce qui est petit, avec la même exactitude de proportions : l’univers tout entier se peint dans chacune de ses parties, et plus il paraît l’œuvre d’une seule idée, plus il inspire d’admiration.
Si Dieu s’était déclaré l’auteur de ces livres ou de ces chants, l’historien de ses propres mystères, le poète de ses propres œuvres, quel serait donc l’insecte assez superbe, assez insensé et assez sacrilège pour se poser en critique du Créateur de la pensée et de la parole ?
Dorchain se pose cette seule question : s’il doit ou non perdre sa candeur et s’il peut se permettre de consommer l’œuvre de chair en dehors du mariage.
« Nous sommes de tous vos Sujets, disoit à l'Empereur Antonin un Apologiste du Christianisme, ceux qui vous aidons le plus à maintenir la tranquillité publique, en enseignant aux Hommes que nul d’entre eux, soit méchant, soit vertueux, ne peut se dérober aux regards de Dieu, & que tous iront recevoir, après leur mort, la récompense ou la punition de leurs œuvres les plus secretes.
Des comptes seront réclamés et seront rendus ; le roi rassemblera son peuple, et tous deux se mettront à l’œuvre du salut commun : — « Pour ce qui concerne la cité, nous en délibérerons ensemble dans l’Agora.
Mais le dévouement est un sentiment monotone qui ne suffit pas à faire vivre une œuvre.
Cette œuvre pie accomplie, l’Étrangère a épousé Clarkson, qui s’est bénévolement contenté d’être le caissier de sa vendetta.
Toutefois, venir les choisir pour en faire une œuvre, une histoire, un monument à toujours, comme dirait Thucydide, c’était donner témoignage d’un goût corrompu et d’un esprit gâté.
Il montre une foule de gens irréfléchis, passionnés, obéissant à leur fougue, à leurs intérêts de parti, au mot d’ordre des habiles ; semant des rumeurs vagues ou des imputations atroces ; inquiétant l’opinion, la fatiguant dans une « stagnante anarchie », et troublant les législateurs eux-mêmes dans l’œuvre des « nouveaux établissements » politiques.
* * * — Le je m’en fous intellectuel de l’opinion de tout le monde : c’est la bravoure la plus rare que j’aie encore rencontrée, et ce n’est absolument qu’avec ce don, qu’on peut faire des œuvres originales.
Déjà de nobles esprits sont à l’œuvre ; l’histoire future approche ; quelques magnifiques remaniements partiels en sont comme le spécimen ; une refonte générale est imminente.
Si nous essayons de résumer cette analyse de l’œuvre accomplie par M. de Tocqueville comme publiciste et comme philosophe, nous reconnaissons qu’il a rendu à la politique un incontestable service en lui restituant son caractère de science, qu’elle avait perdu presque entièrement dans notre siècle.
Peut-être les contes sont-ils — en principe — leur œuvre, ce qui expliquerait que, sur ce point, la littérature ne soit pas le reflet toujours fidèle de l’esprit de la race qui en fait son moyen d’expression.
En dehors de cette traduction, ses premières œuvres sont l’Adonis, imité de l’Adone du cavalier Marin, et puis Clymène, qui est de l’invention même de La Fontaine et qui déjà le caractérise singulièrement.
Il avait fait ou projeté sur ce sujet une espèce de dialogue, qu’il n’osa publier, de peur de désobliger deux ou trois régents qui avaient pris la peine de mettre en vers latins l’ode que ce poète avait faite en mauvais vers français sur la prise de Namur ; mais depuis sa mort on a publié et imprimé dans ses œuvres une esquisse de ce dialogue.
Mais cette opposition de la perception et de la matière est l’œuvre artificielle d’un entendement qui décompose et recompose selon ses habitudes ou ses lois : elle n’est pas donnée à l’intuition immédiate.
Accomplis ton œuvre, ô Jéhovah !
Tout contribua donc au bonheur de cette œuvre équivoque, où le bouffon se mêle au pathétique, où le plus mauvais ton s’allie à la délicatesse et au sentiment : bizarre assemblage qu’un critiqua du temps crut devoir appeler un monstre dramatique. […] Voltaire sentit le danger, et se hâta d’y remédier en habile homme qui savait conduire autre chose que des intrigues de tragédies ; il se fit écrire, par un de ses compères nommé La Lindelle, une lettre qu’on n’a pas négligé d’insérer dans ses œuvres ; le style en est assez déguisé pour qu’on n’y reconnaisse pas la plume de Voltaire. […] On a imprimé dans le recueil des œuvres de Voltaire une lettre du père Tournemine au père Brumoy, où la Mérope est encore plus exaltée, s’il est possible, que dans le Cours de littérature de La Harpe : on y fait un grand mérite à Voltaire d’avoir imité la simplicité antique ; mais cette simplicité n’est louable que lorsque le vide de l’action ne se fait pas sentir : les déclamations, les scènes oiseuses, les personnages inutiles sont presque aussi blâmables que les épisodes. […] Arsace est un missionnaire appelé par les dieux pour une bonne œuvre, et cette bonne œuvre est le meurtre de sa mère : il ne fait rien autre chose dans la pièce. […] Sous le règne de la philosophie, on avait la bonté de trouver cela intéressant : faire des enfants en fraude, était alors regarde : comme une œuvre sublime ; et Rousseau de Genève, voulant donner à son vicaire savoyard le plus grand intérêt et le ton le plus auguste, jugea qu’il n’avait rien de mieux à faire que de supposer un prêtre qui a fait un enfant à une fille : un prêtre sage et de bonnes mœurs n’eût été qu’un cafard ; mais un prêtre qui a fait un enfant à une fille, c’était là l’homme de Dieu, le digne organe de la morale philosophique.
Tout y était délibéré, si on voulait le mettre en oeuvre, et c’était baume de le voir briber. » Il y a beaucoup de ressemblance entre les deux personnages. […] 97 La Fontaine sait tous les termes spéciaux, tout le détail le voit et le fait voir, nomme les frelons demandeurs, et les abeilles « leurs parties. » C’est par cette précision et cette minutie que des oeuvres d’imagination deviennent des documents d’histoire. « On traduit la cause » devant une certaine guêpe ; les témoins viennent, reviennent, sont entendus ; la cause est remise à huitaine, et jusqu’à plus ample informé.
Dans ce dernier ras, chacune des notes est un souvenir, l’ensemble est une création : la part de la création sera d’autant plus grande que l’œuvre contiendra moins de réminiscences et d’imitations, que l’accent et le style en seront plus personnels. […] Des deux paroles, l’une nous est intérieure, elle fait partie de nous ; l’autre nous est extérieure, elle n’est que notre œuvre, elle fait partie du monde matériel.
Nous possédons les éléments du problème ; nous savons, d’une connaissance abstraite, comment il sera résolu, car le portrait ressemblera sûrement au modèle et sûrement aussi à l’artiste ; mais la solution concrète apporte avec elle cet imprévisible rien qui est le tout de l’œuvre d’art. […] De même pour les oeuvres de la nature. […] Au plus bas degré de l’échelle animale, chez des êtres vivants qui se réduisent à une niasse protoplasmique indifférenciée, la réaction à l’excitation ne met pas encore en oeuvre un mécanisme déterminé, comme dans le réflexe ; elle n’a pas encore le choix entre plusieurs mécanismes déterminés, comme dans l’acte volontaire ; elle n’est donc ni volontaire ni réflexe, et pourtant elle annonce l’un et l’autre.
Aussi j’arrivai en Toscane avec du respect pour le culte catholique, avec la croyance que le bien que faisait cette religion l’emportait de beaucoup sur le mal… » Il fut obligé d’en rabattre après avoir vu de près l’intolérance maîtresse chez soi et à l’œuvre.
Vaugelas, docile à l’usage jusqu’à en être esclave, faiblit étrangement en ce cas, je dois l’avouer ; il transige et capitule, et voici le biais qu’il imagine : « Je voudrais tantôt dire recouvré et tantôt recouvert : j’entends dans une œuvre de longue haleine où il y aurait lieu d’employer l’un et l’autre ; car dans une lettre ou quelque autre petite pièce, je mettrais plutôt recouvert, comme plus usité.
Mais enfin, le signal ayant été donné, même quand le moment n’était pas choisi, et que certaines conjonctures pouvaient sembler contrariantes, il y avait sans doute pour tous ceux qui étaient appelés à concourir à l’œuvre et à la rendre exécutoire, il y avait à entrer dans la nouvelle situation soudainement créée, à s’y faire de bon cœur dès qu’on l’acceptait, à y répondre d’une manière plus prompte, moins indécise et avec une largeur de concession qui eût paru de meilleure grâce.
Bien plus encore qu’aujourd’hui, il a le monopole de tout ce qui est œuvre d’intelligence et de goût, livres, tableaux, estampes, statues, bijoux, parures, toilettes, voitures, ameublements, articles de curiosité et de mode, agréments et décors de la vie élégante et mondaine ; c’est lui qui fournit l’Europe.
trop tard, commence pour moi le vrai poème de cette œuvre, poème souvent éloquent, souvent paradoxal, mais qui devient innocemment passionné et descriptif à la fin de ce quatrième volume.
Voyez la préface des œuvres de Shakespeare publiées par Johnson.
Mais l’œuvre de Tacite n’en est que plus étonnante ; et celui-là sera toujours le premier des historiens qui a su se rendre présents, par l’imagination et la sensibilité, des événements si loin de lui, et qui nous émeut de morts arrivées il y a deux mille ans dans la famille des Césars, presque autant que Saint-Simon de ces morts qui réduisaient en quelques semaines la famille de Louis XIV à un vieillard et à un enfant.
En fait les hommes en qui s’est éveillée l’ironie ne m’apparaissent pas moins capables d’une grande œuvre que les plus lourdement convaincus.
La distinction entre les éléments objectifs et les éléments subjectifs de la pensée est considérée avec raison comme l’œuvre capitale de la philosophie critique.
Toute cette part de son œuvre est merveilleusement propre à mettre en relief, sous son jour le plus néfaste la menace que comporte pour une société ancienne et déjà constituée la fascination du modèle étranger.
Et il me semble y lire, au-delà de la vie, le regret de l’œuvre interrompu, le regret de l’existence, le regret du grand frère.
son idée est la raison de l’être, L’œuvre de l’univers n’est que de la connaître.
Chaque castor agit ; commune en est la tâche : Le vieux y fait marcher le jeune sans relâche ; Maint maître d’oeuvre y court et tient haut le bâton.
Quoiqu’il ait voulu, — nous dit-il, à la fin de son ouvrage, sentant bien où en est la faiblesse, — quoiqu’il ait voulu opposer « la dame cultivée (sic) de La Femme à la simple femme de L’Amour », et que par là il se soit placé dans des conditions de nuances inappréciables au gros des imaginations qui, d’ordinaire, les méprisent, il n’a pas su pourtant introduire entre ses deux livres les véritables différences qui font d’un même sujet deux œuvres distinctes, au moins par l’aperçu, par le détail, ou même par une manière inattendue de présenter la même pensée exprimée déjà.
Quant à cette œuvre de perdition qu’on appelle La Réforme de ce nom général et absolu qui embrasse tous les genres de réforme comme la peste embrasse tous les genres de peste, l’Église anglo-catholique nie qu’elle ait jamais été solidaire de son principe et de ses erreurs.
« Gardons-nous, ma fille, disait madame de Sévigné, d’imaginer qu’on puisse jamais égaler Corneille. » Cette aimable janséniste, qui ne croyait rien d’impossible à la grâce, regardait sans doute une excellente tragédie comme une œuvre plus difficile que la conversion d’un pécheur. […] Voilà ce qu’ont dit les Subligni, dans un siècle encore infecté du goût des romans : mais la passion et la nature disent à un amant qu’il doit mettre tout en œuvre pour s’assurer la possession de ce qu’il aime. […] Il faut convenir que Voltaire a déterré avec beaucoup d’esprit et d’adresse ce trait de sentiment presque enseveli dans les paroles de Bajazet ; il l’a mis très habilement en œuvre, et l’a fait valoir par la manière dont il a su le placer : le vous pleurez de Bajazet glisse sans qu’on y fasse attention ; le vous pleurez d’Orosmane forme un coup de théâtre : la situation du soudan est bien plus vive ; il vient d’accabler Zaïre d’injures et de mépris ; mais une larme de celle qu’il croit infidèle éteint dans son cœur la colère et rallume l’amour. […] Hippolyte répond qu’il n’aime pas les déesses dont les œuvres ne brillent que la nuit : l’esclave veut insister ; mais Hippolyte annonce qu’il a un appétit de chasseur, et qu’il va se mettre à table ; il ordonne en sortant qu’on panse bien ses chevaux. […] Je m’étonne que dans l’édition des Œuvres diverses de La Fontaine, donnée par Maucroix, et dans toutes celles que j’ai vues, on ait inséré des pauvretés telles que la comédie de Climène, les opéras de Daphné, d’Astrée, de Galatée, qui sont tout ce qu’il y a de plus insipide au monde, et qu’on n’y ait pas mis de fort jolies pièces, telles que la Coupe enchantée ; Ragotin, ou le Roman comique ; le Veau perdu et retrouvé.
Ensuite est venue la troisième, qui, née du mammifère, a élaboré l’œuvre transmise et fait les familles, à savoir le cétacé, le chéiroptère, le ruminant, le carnassier, le primate. […] Toute son œuvre propre consiste à les combiner à sa façon, sans s’inquiéter de savoir si dans la nature il y a des cadres réels qui s’adaptent à ses cadres mentaux, si quelque sphère ou ellipse effective correspond à la sphère ou à l’ellipse idéale. — Reste donc une seule différence pour séparer nos composés artificiels des composés naturels ; les premiers sont plus simples et les seconds plus compliqués ; la ligne droite d’Euclide est plus simple que la ligne imperceptiblement infléchie que décrit un boulet pendant le premier mètre au sortir du canon ; l’ellipse un peu bosselée que trace une planète est plus compliquée que l’ellipse géométrique.
Il ne juge pas Shakespeare sur les innombrables quolibets dont il assaisonne ses pièces pour complaire à la populace de ses auditeurs de tous les soirs, sur les tréteaux de son théâtre ambulant de New-Market ; il ne dénigre pas Molière sur les farces du Médecin malgré lui ou de M. de Pourceaugnac ; mais il prend l’œuvre entière de ces deux grands hommes, et il décide, comme Voltaire, que Shakespeare est le génie inculte d’une époque barbare, et que Molière est le génie cultivé d’un âge éclairé. […] XIII Aimé Martin, après avoir relevé la fortune de cette jeune femme par l’édition des Œuvres de Bernardin de Saint-Pierre, dans laquelle la veuve l’aidait, composa en vers et en prose, procédé littéraire fort usité alors, des Lettres sur la mythologie, qui eurent un double succès ; se livra à des travaux importants sur l’éducation des mères de famille, source de toute lumière dans le cœur ; puis, à des éditions de nos grands écrivains, qu’il connaissait mieux que personne ; enfin, il étudia Molière, et le commenta en six volumes ; c’était la résurrection du classique, genre fort méprisé de la jeunesse de cette époque.
Œuvres de Fontenelle, T. […] Œuvres de M.
Le reste de la presse assez ergoteuse, déclarant que ma pièce est une œuvre ordinaire, où cependant se rencontrent une certaine délicatesse, et un style sortant de l’écriture courante des drames de tout le monde… En lisant les journaux, je suis frappé par la sénilité des idées et des doctrines chez les critiques dramatiques. […] Il a toutefois le dessein de faire un catalogue de son œuvre, un catalogue étudié, raisonné !
Mais sous sa plume, la rédaction n’en est jamais définitive, pour si parfaite qu’elle soit : elle peut varier, selon l’appropriation qu’il leur donne : tout dépend en ce cas de l’emmanchement ou de l’embranchement, et celui qui a vu le critique à l’œuvre se gardera bien de toucher après lui, et sans lui, à un tel travail.
Laujon, au tome IV de ses Œuvres, a tracé un petit aperçu des dîners chantants, à commencer par l’ancien Caveau, dont la fondation appartient à Piron, Crébillon fils et Collé, et qui remonte à 173322.
Il faut voir le système à l’œuvre.
Ce mariage était évidemment une œuvre d’excellente diplomatie ; il fortifiait l’Occident contre la Russie, il réprimait la Prusse, il divisait l’Allemagne, il déroutait l’Angleterre, il donnait un allié de cinq cent mille soldats à la France en cas de guerre avec le reste de l’Europe.
Rien de si hasardeux que la mer, et, si Agrippine avait disparu dans un naufrage, qui serait jamais assez injuste pour imputer à un crime l’œuvre accomplie par les vents ou les flots ?
XX Mais vous qui vivez à la campagne, soit dans le château démantelé de vos pères, non loin de l’église du village et des pauvres du hameau, soit dans la maison modeste, château nivelé de l’honnête bourgeoisie du dix-neuvième siècle, élevant là des fils, des filles, des sœurs étagées par rang d’âge dans la vie, qui vous demandent des livres à la fois intéressants et sains, où respirent dans un style enchanteur toutes les vertus que vous cherchez à nourrir dans votre jeune tribu ; vous qui, après une existence laborieuse, vous êtes retirés à moitié de la vie active dans le verger de vos pères pour y soigner les plantes naissantes destinées à vous remplacer sur la terre, et qui voulez les saturer de bonne heure de ce bon air vital plein des délicieuses senteurs de l’air ; enfin vous qui, déjà vieillis et désintéressés de votre propre existence prête à finir, voulez cependant jeter un dernier regard consolant sur les péripéties intérieures de ceux qui traversent les sentiers que vous avez traversés, afin d’y retrouver vos propres traces et de vous dire : « Voilà ce que j’ai éprouvé, pensé, senti, prié dans mes moments de tristesse ou de consolation ici-bas ; voilà la moisson en gerbes odorantes que j’emporte à l’autre vie » ; mettez à part, ou plutôt gardez jour et nuit sur votre cheminée, comme un calendrier du cœur, non pas ce livre confus où l’on a entassé pêle-mêle les œuvres du frère et de la sœur pour que le génie de l’une fit passer sur la médiocrité de l’autre, mais le volume de Mlle de Guérin, cette sainte Thérèse de la famille, qui n’a écrit que pour elle seule, et dont une amitié longtemps distraite n’a recueilli que bien tard les chefs-d’œuvre involontaires qu’elle oublia de brûler au dernier moment.