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1426. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Que de grands joueurs de violon, que d’illustres pianistes, que de chanteurs qui sont devenus… une ombre, un nom, un écho ! […] Qui t’a dit leurs noms ? […] À cette kyrielle de noms, Ali a peur ; Ali n’est pas comme mous Figaro, qui ne doute de rien, et il n’en est que plus plaisant. […] Célimène, dont il ne prononce pas le nom, une seule fois dans toute la pièce, comme si la chose était possible ! […] Toutes les fois qu’un écrivain donnera son nom à une manière, à un style, tenez-vous pour assuré que c’est un écrivain original.

1427. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Quel nom de Dieu de sale ronfleur !  […] disait-il, pourquoi me lancer toujours ce nom ? […] Le lendemain, ils se jettent sur les journaux afin d’y voir leur nom imprimé. […] À cause d’eux, on ne peut plus prononcer décemment le nom de Burne Jones. […] Paul Hervieu sur l’heureuse physionomie des noms qu’il attribue à ses personnages.

1428. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

C’était la première fois depuis la fondation qu’un membre du clergé régulier, un religieux, un moine, pour l’appeler par son nom, était appelé à siéger parmi les quarante. […] Le nom de M. de Tocqueville devait acquérir aussitôt, sous cette parole d’oraison funèbre, ce qui justement lui avait un peu manqué, le lustre et l’éclat.

1429. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

II, p. 154) : « Il y avait alors un journal auquel le nom de ses rédacteurs, MM. […] Dubois lui demanda mon nom et mon adresse pour me remercier.

1430. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Hugo parle en son nom dans ses poésies, qu’il ne cherche plus à déguiser ses accents, mais qu’il les tire du profond de son âme, il réussit bien autrement. […] Hugo dans les pièces délicieuses intitulées Encore à toi et Son nom ; les citer seulement, c’est presque en ternir déjà la pudique délicatesse.

1431. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Le spectacle de la nature et des montagnes dans les tempêtes, les miracles de la végétation, et en particulier le chêne qui en est le roi, enfin l’humanité et la femme, ce chef-d’œuvre de la création, y sont tour à tour célébrés comme racontant le nom et la gloire du Créateur. […] Après l’amour, il n’y a plus rien dans la vie ; la terre semble ingrate et nue ; le ciel est voilé, parfois il s’entrouvre, et l’on espère y voir un signe de salut, y lire un mot mystérieux ; mais toujours quelque nuage obscurcit l’apparition, toujours quelque lettre manque au nom divin ; et voilà pourquoi l’âme du poète est triste, pourquoi son cœur change de place comme un malade dans son lit, pourquoi son inquiète pensée fuit et revient sans cesse, comme une colombe blessée, comme un oiseau de nuit, comme les hirondelles aux approches des tempêtes.

1432. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Comme il invite Shakespeare à reconnaître le mob anglais dans la plebs romana, il autorise et Corneille et Racine et même Mlle de Scudéry à peindre sous des noms anciens ce qu’ils voient de l’homme en France. […] Daphnis et Chloé, Paris, 1559 (sans nom de traducteur).

1433. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

L’auteur de ce drame, qui est bien fier de leur appartenir, qui est bien glorieux d’avoir vu quelquefois son nom dans leur bouche, quoiqu’il soit le moindre d’entre eux, l’auteur de ce drame espère tout de ses jeunes contemporains, même un grand poëte. […] Émile Perrin ; et il accomplit un devoir en offrant sa triple reconnaissance à Madame Favart, qui fut avec tant de puissance et de grâce doña Sol avant d’être Marion, et qui, il y a deux ans, vaillante et charmante dans les ténèbres sublimes de Paris assiégé, faisait redire à toutes les bouches ce mot qui est son nom, Stella.

1434. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

A son départ pour la cour d’Hanovre, dans laquelle il fut retenu longtemps, il laissa son Avis aux réfugiés entre les mains de Bayle, qui le fit imprimer de son consentement, mais avec la précaution de ne point mettre de nom d’auteur à la tête du livre, ainsi qu’ils en étoient convenus. […] Les noms d’athée, d’impie, de faux frere, d’homme sans foi, sans mœurs, sans probité, sans principes, étoient le refrein ordinaire de ses discours & de ses écrits.

1435. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Je n’ai pas besoin de dire que dans cet ordre d’études, un des premiers noms qui se présentent est celui de M.  […] S’il ne s’agissait en effet que de physiologie pure, nous aurions dû, avant tout autre, rappeler le nom de M. 

1436. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

Charles Guérin, l’admirable et délicat poète du Cœur solitaire et de l’Homme intérieur, les noms de MM.  […] Le lecteur a déjà rencontré la plupart des noms cités ici, au cours de cet ouvrage.

1437. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Il faut que d’autres orateurs eussent suivi l’exemple de Gracchus, puisque la flute qui servoit à l’usage dont nous parlons, avoit un nom particulier. […] Ce que je viens de dire du traité contre les spectacles que nous avons parmi les ouvrages de saint Cyprien, je puis le dire aussi pour ne point le repeter ailleurs, de quelques écrits qui nous sont restez sous le nom de S.

1438. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

C’est ainsi qu’il va demander son nom au scrutin en faisant des révérences, et c’est le cas de dire comme Éraste : « Que de coups de chapeau !  […] C’est au nom des idées, c’est au nom de l’esprit,  « de l’esprit qui doit toujours battre le sabre », disait Napoléon Ier (ce qui est vrai, mais quand c’est véritablement de l’esprit), que Véron intervient dans la politique.

1439. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Les Chants du Passé 6, du comte de Gramont, sont un de ces livres qui méritent leur nom mélancolique, et qui devraient l’illustrer. […] Nous n’avons jamais eu d’entrailles pour le génie faussaire de Chatterton… Mais Gramont est un poète pour son propre compte et en son propre nom, sans fougue, mais non sans élévation et sans profondeur.

1440. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Cela n’est plus de ces espèces de vins joyeux qu’il a si largement versés et sablés toute sa vie, ce sont les gouttes précieuses d’un Lacryma Christi poétique des plus rares, et qui mérite ce nom mélancolique ; car il verse au cœur moins l’ivresse qu’une divine mélancolie. […] on savait, bien longtemps avant ce recueil, que Monselet était un chanteur plein de verve et de fantaisie et dont on citait et on répétait les chansons, mais le poète d’âme, on le savait moins, et lui-même se méconnaissait : Entre les noms dont se contente Avec grand’peine maint rimeur, Il n’en est qu’un seul qui me tente : Poète de la bonne humeur.

1441. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Les solides eux-mêmes, ils les réduisaient aux chairs, viscera [vesci voulait dire se nourrir, parce que les aliments que l’on assimile font de la chair] ; aux os et articulations, artus [observons que artus vient du mot ars, qui chez les anciens Latins signifiait la force du corps ; d’où artitus, robuste ; ensuite on donna ce nom d’ars à tout système de préceptes propres à former quelques facultés de l’âme] ; aux nerfs, qu’ils prirent pour les forces, lorsque, usant encore du langage muet, ils parlaient avec des signes matériels [ce n’est pas sans raison qu’ils prirent nerfs dans ce sens, puisque les nerfs tendent les muscles, dont la tension fait la force de l’homme] ; enfin à la moelle, c’est dans la moelle qu’ils placèrent non moins sagement l’essence de la vie [l’amant appelait sa maîtresse medulla, et medullitùs voulait dire de tout cœur ; lorsque l’on veut désigner l’excès de l’amour, on dit qu’il brûle la moelle des os, urit medullas]. […] À la tête, ils rapportaient toutes les connaissances, et comme elles étaient chez eux toutes d’imagination, ils placèrent dans la tête la mémoire, dont les Latins employaient le nom pour désigner l’imagination.

1442. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Elle paraît à un moment où le nom et l’influence de Mallarmé ont atteint le plus vif éclat. […] Mais ce nom on peut le mériter en deux sens : poète aux sentiments et aux formes exceptionnels, uniques, bizarres, — ou poète à qui l’inspiration vient rarement. […] Quand on parle du mouvement symboliste, le nom de Mallarmé vient d’abord à l’esprit. […] Toute cette partie de l’activité intérieure qui pourrait recevoir ce nom : le recours à du futur, demeure au contraire très aiguë chez Mallarmé. […] Il prétendit, à une époque de raffinement et d’érudition, rendre au poète son nom et sa fonction de créateur114.

1443. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Je vois cette phrase clouée à son nom dans toutes les biographies de l’avenir. […] La forme musicale de Lulli a évidemment inspiré le compositeur ; je ne dirai pas aujourd’hui le nom du poète, mais je voudrais connaître l’opinion de M.  […] Quel nom illustre avez-vous honoré ? […] a-t-il déshonoré son nom ? […] Il n’y a guère de chose qui n’ait pas deux noms auxquels on donne une signification tout opposée.

1444. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Comme je descendais de wagon à la petite gare de Chislehurst, j’ai été tout surpris de m’entendre appeler par mon nom. […] Celui qui en prit la place et le nom. […] Le livre a pour titre : La Maison de l’Enfance, et pour nom d’auteur : Fernand Gregh. […] Un philologue put composer un livre sur les 500 noms du lion. […] Ils le poussent à ce point qu’on ne peut généralement pas arracher à l’un d’eux, même assassiné par un « camarade », le nom de son assassin, Il en est un qui a reçu dix-huit coups de tranchet, et dont on n’a jamais pu obtenir les noms de ses agresseurs.

1445. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Aussi, dès qu’une occasion s’offre, il brise sa muraille, il envahit, il possède, il hâte et décore tout ce développement nouveau, il cherche à tout enserrer dans une muraille nouvelle qui soit encore marquée à sa devise et à son nom. […] Le prologue et l’épilogue font une bordure qui découpe l’épisode dans le tout, et nous l’offre en tableau complet ; c’est comme tel que nous le jugerons. — Jocelyn est un enfant des champs et du hameau ; malgré ce nom breton de rare et fine race, je ne le crois pas né en Bretagne ; il serait plutôt de Touraine, de quelqu’un de ces jolis hameaux voisins de la Loire, dans lesquels Goldsmith nous dit qu’il a fait danser bien des fois l’innocente jeunesse au son de sa flûte, et qui ont dû lui fournir plusieurs traits dont il a peint son délicieux Auburn. […] C’est le nom de l’enfant ; Laurence, nom douteux, enfant charmant, virgilien, qui tient d’Euryale et de Camille, qui a quinze ans : pene puella puer ! […] Lamartine en son nom, ou par la bouche de Jocelyn, a moins de peine à se résigner.

1446. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

A moins de venir à quelque époque encore brute, inégale et demi-barbare, à moins d’être un de ces hommes quasi fabuleux (Homère, Dante,… Shakspeare en est le dernier) qui obscurcissent, éteignent leurs contemporains, les engloutissent tous et les confisquent, pour ainsi dire, en une seule gloire ; à moins d’être cela, ce qui, j’en conviens, est incomparable, il y a avantage encore, même au point de vue de la gloire, à naître à une époque peuplée de noms et de chaque coin éclairée. […] Entre les hommes de notre temps, celui dont le nom attire à lui et nous peint, nous réfléchit le mieux toutes ces louanges, est sans contredit M. […] Parmi les vaincus, outre Victorin Fabre, qui obtint dans le rapport une mention singulière, on remarque plus d’un nom connu : Droz, Biot, etc. […] Au sortir donc des gorges et des rampes étroites où nous avons gravi longtemps, où nous avons fini par triompher et nous acquérir quelque nom, nous nous trouvons, grâce à notre succès même, portés sur le plateau, dans la plaine ; il s’agit de faire bonne figure au soleil et devant tous dans cette nouvelle position, et de tenir décemment la campagne. […] S’il lui arrivait de s’écrier comme Pline, dont j’aime à citer le nom près de lui : « Magnum proventum poetarum annus hic attulit.

1447. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Il n’en distingue pas même le nom de celui de la superstition pure, et ce qui se rapporte à cette partie du poème, dans ses papiers, est volontiers marqué en marge du mot flétrissant ([Greek : deisidaimonia] ). […] Un jeune Thurien67, aussi beau qu’elle est belle (Son nom m’est inconnu), sortit presque avec elle : Je crois qu’il la suivit et lui fit oublier Le grave Pythagore et son grave écolier. […] Les secrets pensers de mon âme Sortent en paroles de flamme, A ton nom doucement émus : Ainsi la nacre industrieuse Jette sa perle précieuse, Honneur des sultanes d’Ormuz. […] Il y aurait là, peut-être, une gloire de commentateur à saisir encore ; on ferait son œuvre et son nom, à bord d’un autre, à bord d’un charmant navire d’ivoire. […] Qu’on ne s’étonne pas trop de voir le nom d’André ainsi mêlé à des idées physiologiques.

1448. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« Nous ne trouvons d’appui et d’asile que dans le gouvernement pontifical, et notre reconnaissance est aussi grande que les bienfaits », lui écrit Madame, mère de l’Empereur, en son nom et au nom de tous ses enfants proscrits. […] « Conspirer contre notre auguste et seul bienfaiteur serait une infamie sans nom. […] Les longs rapports qu’il avait eus dès sa jeunesse avec les hommes d’État de tous les gouvernements, à commencer par le prince régent, avec Canning, Stuart, Castlereagh, en Angleterre ; Talleyrand, Fouché, Napoléon, en France ; Gentz, Hiebluer, dans le Nord ; l’empereur Alexandre, de Maistre, en Russie ; Capo d’Istria, en Grèce ; Cimarosa, à Naples, le grand musicien, ami et successeur de Mozart, prédécesseur de Rossini ; Pozzo di Borgo, Decazes, sous la restauration ; Matthieu de Montmorency, le duc de Laval, Chateaubriand, Marcellus, dans l’ambassade de France à Rome ; Metternich et son école, en Autriche ; Hardenberg, en Prusse : lui avaient enseigné que le vrai christianisme se compose, sans acception, de ces idées générales qui, sans se formaliser pour ou contre tel ou tel dogme, généralisent le bien, la civilisation, la paix sous un nom commun, et font marcher le monde pacifié non dans l’étroit sentier des sectes, mais dans la large et libre voie du progrès incontesté sous toutes ces dénominations. […] Les dons de Dieu lui parurent aussi sacrés que les titres des hommes, le nom de Cimarosa lui parut digne d’honorer la dernière pensée de Consalvi. XVI Le second de ces exemples est une femme dont il ne prononça le nom en apparence que par nécessité, comme pour éviter les interprétations hasardées du monde : c’est celui de la duchesse de Devonshire.

1449. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il faut dire, sans en tirer de conséquences, que l’on condamna peu après un faussaire du nom d’Haudiquier, pour fabrication de titres, et que Despréaux se trouva lui avoir payé vingt-cinq louis pour un travail de la nature duquel on n’est pas éclairci. […] Gilles Boileau passait le temps des vacances dans une maison qu’il avait à Crosne, près de Villeneuve-Saint-Georges, dans la vallée que domine Montgeron ; le pré qui était au bout du jardin donna, paraît-il, au petit Nicolas ce nom de Despréaux sous lequel ses contemporains le connurent. […] Faut-il rappeler cette espièglerie de rapin, dont Racine et Boileau s’avisèrent un jour, quand après les premières Satires Racine mena son ami chez l’illustre Chapelain, à qui il le présenta sous le nom de bailli de Chevreuse ? […] Bourdaloue, dont Boileau toujours satirique a logé malignement le nom à la fin d’une chanson à boire. […] Despréaux, avec une adresse perfide, se fait prier et supplier par un Père Jésuite de lui nommer l’unique moderne qui surpasse à son gré les anciens ; à ce nom de Pascal, si malignement retenu et brusquement lâché, stupeur du bon Père, qui gratifie d’une épithète injurieuse l’auteur des Provinciales ; là-dessus, voilà notre poète hors de lui, qui oublie son artificieuse ironie, et s’emballe à fond, criant, trépignant, et courant d’un bout de la chambre à l’autre, sans plus vouloir approcher d’un homme capable de trouver Pascal faux : cette merveilleuse page, dont je ne puis reproduire la couleur et la vie, donne la sensation de l’homme même : c’est bien lui, avec sa malice railleuse et sa sincérité passionnée, et toujours prenant trop au sérieux les idées pour s’en jouer avec la grâce indifférente de l’homme du monde, qui sacrifie sans hésiter n’importe quelle opinion à la moindre des bienséances.

1450. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Il nous regarda longtemps, cherchant qui nous pouvions être, puis s’écria : « Nom de D… je ne vous reconnaissais pas, oui, je deviens aveugle !  […] On se sent là gagné de l’indifférence pour la survie de son nom. […] 13 octobre Balzac dit, un certain soir, dans une soirée de Gavarni : « Je voudrais, un jour, avoir un nom si connu, si populaire, si célèbre, si glorieux enfin, qu’il m’autorisât… » Figurez-vous la plus énorme ambition qui soit entrée dans une cervelle d’homme, depuis que le monde existe, l’ambition la plus impossible, la plus irréalisable, la plus monstrueuse, la plus olympienne, celle que ni Louis XIV ni Napoléon n’ont eue ; celle qu’Alexandre le Grand n’eût pu satisfaire à Babylone, une ambition défendue à un dictateur, à un sauveur de nation, à un pape, à un maître du monde. Il dit donc simplement Balzac : « … un nom si célèbre, si glorieux enfin qu’il m’autorisât… à p… dans le monde, et que le monde trouvât ça tout naturel. » * * * — Idée pour une nouvelle humoristique, d’un garçon n’ayant pour tout titre de noblesse, que le nom de son grand-père dans l’état des malades, qui ont été traités des maladies vénériennes, sous les yeux et par la méthode de M. de Keyser, depuis le 30 mai 1765 jusqu’au 1er septembre 1866, état inséré dans le Mercure de France, du mois d’avril 1767.

1451. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Ce récit des acteurs, interposé entre les chants du chœur, étant distribué en plusieurs morceaux différents, on peut le considérer comme un seul épisode composé de plusieurs parties ; à moins qu’on n’aime mieux donner à chacune de ses parties le nom d’épisode. […] Le nom de comédie ne leur convient nullement puisque la comédie est une action et emporte dans son idée l’unité d’action ; mérite qui manque absolument à ces ouvrages, qui ne sont que des déclamations partagées en plusieurs points. […] Parmi les modernes, ce nom et ce rôle sont inconnus ; mais à l’épilogue des anciens, ils ont substitué l’usage des petites pièces ou comédies, qu’on fait succéder aux pièces sérieuses, afin, dit-on, de calmer les passions et de dissiper les idées tristes que la tragédie aurait pu exciter. […] C’est le nom qu’on donne à un discours que tient un personnage, pour n’être pas entendu d’un autre, soit que cet autre l’aperçoive ou ne l’aperçoive pas. […] C’est la Menardière qui, dans sa Poétique, a donné à ces discours le nom d’aparté, qui a passé dans la langue dramatique.

1452. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Par parenthèse, il y en a une qui ne lui plaisait pas beaucoup, à lui, La Fontaine, et dont cependant il a cité le nom avec conscience dans le poème du Quinquina ; c’est Colbert, qui en avait ressenti, paraît-il, de bons effets. […] Je les repais de vent, que je mets à haut prix ; Prends garde à ce qui peut allécher leurs esprits ; Sais toujours applaudir, jamais ne contredire ; Etre de tous avis, en rien ne les dédire ; Du blanc donner au noir la couleur et le nom ; Dire sur même point tantôt oui, tantôt non. […] La Fontaine n’a composé à peu près que les deux tiers de l’Achille, puisqu’il n’en a écrit que deux actes ; il n’en a fait qu’une ébauche ; mais il faut croire qu’on lui trouvait le talent dramatique, même comme auteur de tragédie, puisqu’on lui a attribué, et puisqu’on a imprimé sous son nom, en Hollande, une tragédie intitulée Pénélope, et qui était de l’abbé Genest. […] Vingt ans plus tard, dit l’abbé Genest lui-même, à peu près vingt ans plus tard, exactement dix-neuf ans, l’abbé Genest nous apprend que cette tragédie a été imprimée en Hollande sous le nom de La Fontaine, ce qui, du reste, le flatte infiniment, mais ce qui, enfin, n’est pas exact. […] Harpajême (c’est le nom du tuteur) se vante devant sa mère de la sûreté de ses précautions et de l’infaillibilité de sa méthode de jaloux.

1453. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Son livre, qu’on a appelé « un poëme », devrait s’appeler d’un autre nom…. […] Le succès a été des plus sonores, et qui l’eût contesté l’eût fait retentir davantage… Littérature aux mêmes camellias que la dame de ce nom, la Fanny de M.  […] Assez intelligent, à ce qu’il semble, pour dépasser, comme les moins grands d’entre nous, les doctrines méprisées présentement du Contrat social, il n’est pas fait pour retourner tête basse à cette doctrine de marcassin et de glands tombés, qu’on appelle le naturalisme, pour appeler d’un nom propre des choses qui ne le sont pas. […] Après avoir, comme Childe-Harold et comme René, promené ça et là sa noire misanthropie, Daniel (c’est Daniel sans autre nom, Daniel, toujours comme René et comme Childe-Harold) rencontre au bord des mers une jeune fille qu’il décrit pendant tout le roman et qu’il ne nous montre pas une seule fois avec ce trait qui grave une image dans notre âme ; et, cette jeune fille, il se met à l’aimer dès la première vue avec la passion de l’épigraphe du livre, une de ces passions qui font deux êtres l’un à l’autre de par la nature et de droit divin, plus légitimes par conséquent que les lois et les conventions ! […] Georget (Cabasse et Georget, noms peu byroniens !)

1454. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Nous ne savons pas de noms plus justement connus dans les annales de la psychologie contemporaine que les noms de Maine de Biran, Jouffroy, Damiron, Garnier et d’autres encore portés par des philosophes vivants. […] Si l’on recherche les antécédents de l’école dont nous venons de citer les noms les plus connus, on peut remonter jusqu’à Locke et même jusqu’à Bacon. Mais ce n’est là qu’une origine commune à toutes les écoles expérimentales, qu’elles portent les noms d’Adam Smith, de Reid, de Hume, de Bentham, de Stuart Mill ou de Littré. […] Voilà la méthode, la théorie, les conclusions de l’école psychologique qui se personnifie surtout dans les noms de Stuart Mill, d’Alexandre Bain, de E.

1455. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Alors c’est un nom différent pour la même chose. […] Il faut résoudre cette question, sans quoi la théorie de la beauté est un dédale sans issue : on applique le même nom aux choses les plus diverses, sans connaître l’unité réelle qui autorise cette unité de nom. […] quel nom je prononce ! […] Tous ces noms, avec leur sens bien reconnu, sont dans toutes les langues, et constituent un fait certain et universel. […] On n’accorde ce nom qu’au sacrifice d’un intérêt, quel qu’il soit, à un motif pur de tout intérêt.

1456. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Pichon, au nom des droits de l’homme, refuse à M.  […] Dans ce même hôpital la salle où fut reçu le poète porte le nom de salle des Décadents. […] C’est déjà trop que de savoir le nom de l’auteur. […] On a conservé son nom : c’était la veuve Godefroy. […] Il ne faut pas que des noms de forme hébraïque ou latine nous trompent.

1457. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

On ne sait pas son nom. […] J’avais à la Visitation une petite demoiselle française, dont j’ai oublié le nom, mais qui mérite une place dans la liste de mes préférences. […] Quel est votre nom, je vous prie ? […] mon nom est terrible ! […] En reconnaissance de la faveur que Dieu nous avait accordée en nous donnant cet ami, ma sœur l’avait appelé Miracle ; et son nom, qui contrastait avec sa laideur, ainsi que sa gaieté continuelle, nous avait souvent distraits de nos chagrins.

1458. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Il y avait, à quelque distance de la maison rustique de mon père, une montagne isolée des autres groupes de collines ; on la nomme, sans doute par dérivation de son ancien nom latin, mons arduus, la montagne de Monsard. […] ce travail même, cette vertu forcée, mais enfin cette vertu de la nécessité, on me la reproche comme une vaniteuse soif de bruit qui obsède les oreilles de mon nom ? […] ce n’est pas mon nom que je cherche à grandir, c’est le gage de ceux dont ce nom est toute la propriété et toute l’existence. Mon nom ! […] Mon existence ainsi est bien plus à moi ; je m’enveloppe de cette obscurité, je la resserre de jour en jour plus étroitement, comme un manteau d’hiver autour de mes membres ; que ne puis-je en envelopper aussi mon nom ?

1459. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Refaire une âme romaine à ce peuple qui s’énerve et ne conserve de romain que le nom, la refaire par l’histoire, alors que la tribune ne peut plus lui faire entendre ses leçons, telle est la noble tâche qu’il poursuit à travers tous les développements de son œuvre. […] Aussi retrouve-t-on dans les œuvres historiques vraiment dignes du nom de science les procédés principaux de la méthode des sciences physiques. […] Pour s’en assurer, il n’est pas nécessaire de passer en revue tous les noms et toutes les œuvres de la science historique des temps modernes ; il suffit de rappeler quelques grands sujets tirés de l’histoire de France, où la nouvelle méthode a été pratiquée avec le plus de succès. […] L’action de cette fatalité, connue sous le nom de force des choses, est trop considérable, trop visible, pour ne pas inspirer au spectateur d’un tel drame plus de curiosité d’observation que de désir d’action personnelle. […] L’histoire universelle abonde en fatalités de cette espèce ; mais, si tout cela s’appelle la nécessité, rien de tout cela ne mérite le beau nom d’ordre.

1460. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Le nom de Rabelais suffit. […] Caffaro (qui avait un nom prédestiné). […] Nom d’un chien ! […] Il maintient Dieu, au moins de nom, mais nie la vie future. […] Comme tout le grand public, j’ignorais le nom de l’auteur, un débutant.

1461. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Les premiers vaisseaux arrivés attendent les autres au port d’Abydos, et de là tous remontent, par le canal dit alors de Saint-Georges, jusque dans cet admirable bassin et en cette mer intérieure qu’on appelait aussi quelquefois du même nom : En ces huit jours d’attente arrivèrent tous les vaisseaux et les barons, et Dieu leur donna bon temps : alors ils quittèrent le port d’Abydos. […] La différence est à la vue comme dans les noms. » Quelques années après, le même Courier, de retour en France, empruntait à ses paysans de Touraine, et à notre vocabulaire gaulois du xvie  siècle, des locutions et des formes pour mieux traduire Hérodote selon son vrai génie. […] Le nom d’Alphée irait mieux au sens que celui d’Aréthuse.

1462. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Macbride excita parmi les dames les plus respectables de Dublin… Dans ce petit couplet en l’honneur des femmes et dont le docteur de Dublin n’était que le prétexte, Vicq d’Azyr songeait aux médecins en vogue à Paris et dont le nom circulait dans l’auditoire ; il songeait certainement à Lorry, l’un des plus savants et des plus gracieux docteurs d’alors, l’un des principaux appuis de la Société royale naissante, et duquel, ayant à prononcer l’éloge quelques années après (31 août 1784), il dira : … Il plaisait sans efforts. […] Croyons plutôt que les grands noms ne périront jamais ; et, quels que soient nos plans, ne touchons point aux illusions de l’espérance ; sans elles, que resterait-il, hélas ! […] Dans le transport de la fièvre, il ne cessait de parler du Tribunal révolutionnaire ; il croyait voir Bailly, Lavoisier, tous ses amis immolés l’appeler sur l’échafaud : « Ce délire d’un mourant, a dit éloquemment Lémontey, montra au jour ce qu’était alors en France le sommeil des gens de bien. » Vicq d’Azyr est trop oublié, ou du moins, si son nom reste connu, ses ouvrages le sont trop peu.

1463. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Il s’adressait d’ailleurs à une population déjà exercée et aguerrie ; dès avant son arrivée et au premier cri de cette indépendance menacée, la population de Sienne, et les femmes les premières, avaient eu l’idée de s’organiser pour la défense et d’y aider de leurs mains : à ce souvenir et à la pensée de ce que lui-même a vu de bonne grâce généreuse et patriotique en ce brave et joli peuple, Montluc s’émeut ; son récit par moments épique redouble d’accent ; quelque chose de l’élégance et de l’imagination italienne l’ont gagné : Il ne sera jamais, dames siennoises, que je n’immortalise votre nom tant que le livre de Montluc vivra : car, à la vérité, vous êtes dignes d’immortelle louange, si jamais femmes le furent. […] Pour rester dans les règles toutefois, il était convenable que le gouverneur stipulât directement, et en son nom, sa capitulation avec le marquis de Marignan ; mais au premier mot qui lui en fut dit de la part de ce dernier, il s’enflamma et parut se révolter, déclarant qu’il aimerait mieux perdre mille vies, et que le nom de Montluc ne se trouverait jamais en capitulation.

1464. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

On a, par Dangeau, le nom exact de tous les jeux auxquels on jouait à la Cour de Louis XIV et où le roi prenait part lui-même. […] Chacun s’empresse d’en être ; nous avons la composition de cette brillante armée, dont la tête est formée de princes et des plus beaux noms de noblesse et de guerre. […] La campagne de 1692 fut la dernière de Louis XIV qui mérite ce nom ; car celle de l’année suivante ne parut qu’un voyage brusquement interrompu.

1465. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Malgré la disparate des noms, il faut avouer que le rapprochement est inévitable, et l’on se rappelle encore forcément ce merveilleux chapitre lyrique de Panurge à la louange des debteurs et emprunteurs. […] Je vous remets, mon cher ami, la disposition de tout ce qui me regarde : offrez mes services, pour quelque emploi que ce soit, si vous le jugez convenable, et n’attendez point ma réponse pour agir ; je me tiendrai heureux et honoré de tout ce que vous ferez pour moi et en mon nom. […] Il fallait pour nous le produire, dès vingt-deux ans, sous ces aspects non moins vrais et plus généralement respectables, sa correspondance avec le marquis de Mirabeau, fort belle des deux parts, et tout à fait digne de leurs noms.

1466. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

« Heureusement, nous dit Fouché (dans les mémoires publiés sous son nom et qui, dans cette partie du moins, offrent un cachet frappant d’authencité), heureusement il fut remplacé par le brave, modeste et loyal Joubert, bien propre à tout calmer et à tout réparer. » J’ai toujours peur, je l’avoue, toutes les fois que je vois un homme si habile et si fin donner tant d’éloges à un si honnête homme, et je me demande involontairement : « Que lui veut-il ? […] il est curieux, de voir ce qu’ils ont bientôt fait d’un jeune général en renom qui leur arrive, comme ils l’enlacent et l’enguirlandent dans leur tourbillon de coteries, dans leurs flatteries et leurs intrigues ; comme ils sont prompts et habiles à se faire de son nom et de son épée un instrument, s’il n’y prend garde et s’il n’est doué du plus mâle bon sens. […] Son nom n’eut qu’un bien court intervalle pour se dégager, mais il s’y lit entouré d’un signe.

1467. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Ingres, dévot à l’antique et à Raphaël, et qui frémissait d’enthousiasme à ce seul nom. […] Cet homme admet bien, comme vous, l’idée générale de Création, et même il ne saurait concevoir l’idée contraire, celle d’une succession continue à l’infini ; mais après cette idée de Création il s’arrête, il ne peut concevoir ni admettre que l’Intelligence et la Puissance infinie se soit, à un certain jour, incorporée, incarnée dans une forme humaine ; il respecte, d’ailleurs, au plus haut degré, à titre de sage et de modèle moral sublime, Celui que vous saluez d’un nom plus divin ; — et cet homme, parce qu’il ne peut absolument (à moins de se faire hypocrite) admettre votre idée à vous, avec toutes ses conséquences, vous l’insulterez ! […] Croirait-on, à les voir couverts de cheveux blancs, de croix d’honneur, de lunettes d’or, de toges et d’habits brodés, fiers, bien nourris, maîtres de cette société qu’ils administrent, qu’ils jugent et qu’ils grugent…, croirait-on que leurs calculs sont dérangés, que leur sommeil est troublé par le bruit du fouet dont ils ont eux-mêmes armé un pauvre petit diable sans nom, sans fortune et sans talent… ?

1468. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Si, dans les grands et pathétiques naufrages modernes, l’intérêt public se porte naturellement sur les deux ou trois survivants que le radeau a rapportés et qui représentent pour nous les absents abîmés et engloutis, il convient de faire, ce semble, la même chose dans l’ordre de l’esprit et du talent, et de ne pas trop chicaner un ancien qui nous est arrivé par exception et par un singulier bonheur, surtout quand il nous offre en lui des dons charmants, incontestables ; il sied bien plutôt de l’aimer et de le louer tant pour son propre compte que pour les amis et parents qu’il représente et qui ne sont plus, au lieu d’aller se servir de ces noms très grands assurément, mais un peu nus désormais et à peu près destitués de preuves, pour l’infirmer et le diminuer. […] Né à Carthage, esclave de je ne sais quel sénateur, Terentius Lucanus, dont il a immortalisé le nom, il vint de bonne heure en Italie et mérita, pour son esprit, d’être élevé d’abord avec soin, puis affranchi par son maître. […] dis-moi donc, petit, je t’en prie, qui a eu hier Chrysis (c’était le nom de l’Andrienne) ? 

1469. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

On sait les noms des régiments fameux, des vieilles bandes dans lesquelles il servit successivement. […] De ces pièces aucune ne fut imprimée dans le temps ; mais lui-même nous a donné les noms de neuf d’entre elles, dont deux ont été recouvrées depuis. […] C’est dans les loisirs de cette prison qu’il aurait commencé son Don Quichotte, et il se serait vengé, bien doucement d’ailleurs, des gens du lieu par ces premiers mots du livre immortel : « Dans une bourgade de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait il n’y a pas longtemps un hidalgo… » Établi ensuite avec sa famille à Valladodid, où était alors la Cour, il y vivait si pauvrement que sa sœur doña Andréa aidait à la subsistance commune par le travail de son aiguille ; on a retrouvé la note d’un raccommodage qu’elle fit pour les hardes d’un seigneur.

1470. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

On voit pourtant quelle était l’opinion que s’étaient déjà formée du personnage ceux qui l’avaient observé de près, et dans la Galerie des États-Généraux, dans cette première et fine série de profils parlementaires dont le La Bruyère anonyme était Laclos, à côté d’un portrait de La Fayette, retracé dans son attitude et sa pose vertueuse sous le nom de Philarète, on lisait celui de M. de Talleyrand sous le nom d’Amène ; c’est d’un parfait contraste. […] Talleyrand à la veille de la cérémonie avait vu Gobel, évêque de Lydda, le moins hésitant des deux, qui lui dit que leur collègue Miroudot, évêque de Babylone (les noms mêmes prêtent à la farce) était bien ébranlé.

1471. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Tous les noms de bourgs, de fleuves et de montagnes, qui d’abord s’étaient écrits à la française, revêtirent l’orthographe celtique, et purent paraître bizarres, d’harmonieux qu’ils étaient. […] Un autre jour, le poëte, errant dans Rome, vient à découvrir qu’une église y est dédiée au pauvre évêque breton, à Malo, sous le nom italien de saint Mauto, et dès ce moment, pendant bien des journées, il ne pense plus qu’à son patron chéri ; si Saint-Pierre est, un soir, illuminé en l’honneur de quelque saint inconnu, il se dit que c’est pour le sien ; et, tout fier d’avoir signalé la basilique cachée, il s’écrie : Patron des voyageurs, les fils de ton rivage, Venus à ce milieu de l’univers chrétien, Connaîtront désormais ton nom italien, Et tu seras un but dans leur pèlerinage.

1472. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Le danger de cette passion, la crainte de mettre le trouble dans la famille royale, les noms de beau-frère et de belle-sœur mirent un frein à leurs désirs ; mais il resta toujours dans leurs cœurs une inclination secrète, toujours chère à l’un et à l’autre. […] Elle a besoin d’en parler à quelqu’un, d’épancher sa reconnaissance, de répéter en cent façons dans ses discours ce nom adoré de Titus en y mariant le sien. […] Il faut croire à ce succès pourtant, d’après l’impression qui en est restée ; La Harpe, dans le chapitre de son Cours de Littérature où il juge l’œuvre, se plaît à rappeler le nom de Gaussin comme inséparable de celui de Bérénice.

1473. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Il refuse encore, dans une Préface de 1824, le nom de romantique comme celui de classique : il encense Boileau et vénère les règles. […] Il se déclare seulement dans sa Préface de 1826, où il fait une sortie contre les limites des genres, revendique le nom de romantique, attaque l’imitation, et, demandant à l’art d’être avant tout inspiration, pose la formule de la liberté dans l’art 724. […] Avec un grand fracas de formules hautaines, et de métaphores ambitieuses, à travers de prodigieuses ignorances et des audaces inouïes d’affirmation arbitraire, faisant défiler magnifiquement tous les âges, et se grisant de la couleur ou du son des noms propres, Hugo posait l’antithèse du beau et du laid, du sublime et du grotesque ; et, en les opposant, il les unissait dans l’art.

1474. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Les premiers en renommée, dans ce groupe de noms mémorables, ont été frappés par la mort presque en même temps que celle qui en faisait l’attrait principal et le lien. […] Dans cette demi-retraite, qui avait un jour sur le couvent et une porte encore entrouverte au monde, cette ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, toujours active de pensée, et s’intéressant à tout, continua de réunir autour d’elle, jusqu’à l’année 1678, où elle mourut, les noms les plus distingués et les plus divers, d’anciens amis restés fidèles, qui venaient de bien loin, de la ville ou de la Cour, pour la visiter, des demi-solitaires, gens du monde comme elle, dont l’esprit n’avait fait que s’embellir et s’aiguiser dans la retraite, des solitaires de profession, qu’elle arrachait par moments, à force d’obsession gracieuse, à leur vœu de silence. […] De tous ces noms de baptême que je viens d’énumérer, le seul qui lui fût resté dans l’habitude était celui de Julie transformé en Juliette, quoiqu’il ne dût jamais y avoir de Roméo.

1475. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Et à commencer par son roman intitulé Lui, ce scandale, imité d’un autre scandale, dont les personnages, aux noms seulement défigurés pour qu’on les reconnaisse tous, ne vivent plus maintenant, à l’exception d’un seul… Ce qui prouve la radicale nullité des femmes, en fait d’invention, c’est qu’elles n’ont dans la tête qu’un roman et c’est le leur, celui de leur vie : Mme Golet n’a pas fait exception à cette loi. […] Et ce n’est pas trop dire, dans sa brutalité : bêtises… On est, en effet, le dernier des bas-bleus, quand on a écrit ces deux livres… Parmi les bas-bleus qui pullulent, il en est de si piètres qu’ils ne méritent pas même ce nom de bas-bleu, qui monte trop haut, il faut les appeler des « chaussettes ». […] Mais ce que vous trouvez le plus sous ce masque de républicaine qui signa longtemps. « Mme Louise Colet, née Révoil », c’est « la bourgeoise gentilhomme » — la bourgeoise qui meurt d’envie et de rage de n’être pas dans les derniers marquis et qui se garde bien de ne pas nous dire le nom de tous les patriciens assez généreusement bêtes pour l’admettre chez eux, cette ennemie !

1476. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Il donnait le nom de panthéisme à divers systèmes autres que celui de Schelling, et prouvait qu’il ne professait pas ceux-là. […] Elle soutient le sentiment religieux, elle seconde l’art véritable, la poésie digne de ce nom, la grande littérature ; elle est l’appui du droit ; elle repousse également la démagogie et la tyrannie ; elle apprend à tous les hommes à se respecter et à s’aimer. » Pour mieux prouver que la science m’est indifférente, et que je ne me soucie que de morale, je range avec moi sous le même drapeau des philosophies sans métaphysiques, des métaphysiques opposées entre elles et des religions ; il me suffit qu’en pratique elles tendent au même but, et contribuent à nourrir dans l’homme les mêmes sentiments. […] Ces deux noms que nous avons choisis sont beaux et populaires.

1477. (1888) Études sur le XIXe siècle

“Oui, je le connais de nom”, répondis-je. — Tom Danby avait aussi dessiné ici : “Le connaissez-vous ? […] Quel autre nom pourrait éveiller mon délire ? […] « Je ne le sais pas ; j’ignore jusqu’à son nom. […] Un Italien seul s’est fait un nom à Paris, y a gagné une position, c’est le criminaliste Rossi. […] si j’étais Anglais à l’heure qu’il est, je serais déjà quelque chose, et mon nom ne serait pas inconnu.

1478. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Et les premières Méditations paraissent en mars 1820, sans nom d’auteur : une mince plaquette contenant seulement vingt-quatre pièces. […] Ce fut elle qui voulut que sa fille portât le nom de l’idéale amoureuse du Lac. […] Mon nom brûlant de se répandre Dans le nom commun se perdra. […] La Pensée des morts, d’une si mélancolique tendresse, dit la perpétuité du lien entre les morts et les vivants et somme Dieu d’être clément au nom même de sa justice et de sa grandeur. […] Tout exhale un soupir, tout balbutie un nom ; Ce cri, qui dans le ciel d’astre en astre circule, Tout l’épelle ici-bas, l’homme seul l’articule.

1479. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Votre nom a le privilège de rappeler tout ensemble les meilleures traditions de la presse et de l’enseignement public. […] Signé d’un nom inconnu, Madame Bovary a été réimprimé quatre fois en un an. […] On dirait qu’ils subissent aussi celle des noms sordides dont ils sont affublés : Péponet, Bassecourt, Dufouré. […] On a prononcé, à propos des Faux Bonshommes, le nom de Molière. […] Il importe peu de quel nom on l’appelle maintenant.

1480. (1774) Correspondance générale

Il se nomme Crillon, et il n’est pas indigne du nom qu’il porte. […] Son nom est en honneur dans toutes les contrées et durera dans tous les siècles. […] Vous pouvez donc le solliciter en mon nom, au premier comité. […] Elle a un nom et des parents. […] Publiée sans nom de destinataire dans l’édition Belin.

1481. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Jules Lemaître y a moins encore de part que le nom de Chateaubriand. […] Homais à côté de lui sous le nom de Maxime du Camp. […] Les noms des poètes romantiques ressemblent à des noms de crus, et nous disons la Légende des Siècles comme on dit la Romanée. « Cela tue !  […] Boulenger, prenait le nom de Cuisine-Club, les gastronomes de fibre française auraient vite fait de flairer dans ce nom la sauce en flacons et les légumes à l’eau. […] En attendant, il est apparu que le nom, le signe de Mallarmé authentiquaient une valeur-or.

1482. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Le Demi-Monde, cette chose longtemps douteuse, équivoque mal définie, et qui a maintenant un nom, cette province aux frontière vagues et dont la géographie est comme fixée pour le moment, est-ce là un sujet qui prête à une leçon morale vivement donnée ? […] Aujourd’hui que, selon une expression mémorable, la pyramide a été retournée et replacée dans son vrai sens, quand la société est remise sur sa large base et dans son stable équilibre, ne serait-il pas plus simple, dans cet ordre aussi de récompenses dramatiques, de rendre aux choses leur vrai nom, d’encourager ce qui a toujours été la gloire de l’esprit aux grandes époques, ce qui est à la fois la morale et l’art, c’est-à-dire l’Art même dans sa plus haute expression, l’Art élevé, sous ses diverses formes, la tragédie ou le drame en vers, la haute comédie dans toute sa mâle vigueur et sa franchise ?

1483. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

il avait ce qui aurait pu consoler, l’estime de tous, la chaleureuse amitié de quelques-uns ; rattaché en qualité de médecin à cette École normale dont le seul nom lui était cher, il y retrouvait les souvenirs qu’il affectionnait ; honoré d’une distinction tardive, mais si méritée, qu’il avait gagnée aussi sur ses champs de bataille à lui, il y avait été sensible de la part d’un Gouvernement qui réalisait l’un des vœux de son cœur national et qui réparait la douleur de 1814. […] Ce n’est pas le docteur Joulin que j’appellerai de ce nom ; je me contenterai de dire : Voilà encore un grammairien (puisque grammairien il y a) qui n’est pas de l’École de Vaugelas.

1484. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Il reproche à l’aimable et romanesque chantre d’avoir, en consacrant uniquement les noms de ses héros chevaliers, négligé et tout à fait omis la foule héroïque, le peuple, ces chrétiens obscurs, ces martyrs sans nom : « Le manant, dit-il, le petit bourgeois, le vilain aussi bien que le baron et le roi, tous vont délivrer le Saint-Sépulcre, tous vont chercher la rémission de leurs péchés ; tous sont égaux devant la miséricorde de Dieu qui recueille leurs confessions et prépare leurs sièges en paradis.

1485. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Mais le progrès du rationalisme ne pouvait être longtemps enrayé, et nous assistons à la fin du siècle à la destruction de l’idéal classique : c’est à cette crise que l’on donne le nom de querelle des anciens et des modernes 446. […] Enfin, avec une étonnante sûreté de goût, il faisait le départ des œuvres immortelles du xviie  siècle ; il séparait les Molières des Sarrasins : il disait, pour faire valoir son temps, précisément les noms que nous disons encore.

1486. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Calendau est une légende sur l’histoire de Provence, qui, pour la conduite du récit, l’intérêt des épisodes, l’éclat des peintures, le relief et la grandeur des personnages mis en action, l’allure héroïque du style, mérite à juste titre le nom d’épopée. […] Il apparaît une figure presque unique en Europe, aujourd’hui, non seulement par son œuvre, mais par sa vie, ses attitudes, tous les gestes de sa pensée, son influence sur une race entière, ce je ne sais quoi, ce fluide, ce halo dont sa tête et son nom s’auréolent.

1487. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Cependant, comme un nom accrédité dans la Littérature n’est que trop capable aujourd’hui d’en imposer à la multitude ; comme les Esprits foibles & légers se laissent aisément ébranler par le persiflage ; comme la plupart d’entre eux cessent d’admirer, dès que la mode le commande, ou que le ridicule les effraie : il est nécessaire de défendre la gloire d’un des premiers Poëtes de la Nation. […] Deux Démons, à leur gré, partagent notre vie, Et de son patrimoine ont chassé la Raison : Je ne vois point de cœur qui ne leur sacrifie ; Si vous me demandez leur état & leur nom, J’appelle l’un Amour, & l’autre Ambition.

1488. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Oui, ce qu’on appelle risiblement la gloire des lettres, et qui n’est au fond que la modeste popularité domestique d’un nom connu d’autres noms contemporains plus éclatants, serait pour moi ceci : laisser quelques pages de mes sentiments ou de mes pensées en un petit volume sur la tablette de la chaumière ou de la maison des ouvriers de la ville ou de la campagne.

1489. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Ciceron ne tombe pas d’accord de cette societé, et il prétend que Panurgus, c’est le nom de l’esclave, devoit être censé appartenir en entier à Roscius qui l’avoit instruit, parce que la valeur du comédien excedoit de bien loin la valeur de la personne de l’esclave. […] Après avoir parlé du régime dont on usoit et des remedes dont on se servoit pour avoir la voix plus belle, il raconte que Neron après qu’il fut de retour de son voïage de Gréce, avoit tant d’attention à sa voix, qu’il faisoit beaucoup de remedes afin de la conserver, et que pour l’épargner il ne voulut plus, lorsqu’il faisoit une revûë des troupes, appeller, suivant l’usage des romains, chaque soldat par son nom.

1490. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

À l’exception de Barbaroux, de Guadet, de Louvet et de Pétion, l’histoire dédaigne d’écrire cette poussinière de noms déjà repris par le juste oubli. […] Et c’est là, en effet, ce qui attire le plus d’abord celui qui les ouvre, que ce nom d’une fille qui agit au lieu de parler, et fit, au prix de sa vie, de l’antique réussi, parmi ces collégiens qui puaient la rhétorique apprise et jouaient l’antiquité comme des marionnettes.

1491. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Mais sa tentative, qui va reporter sur son œuvre le regard qu’attire invinciblement et toujours ce nom « aimanté » de Napoléon partout où l’on s’avise de l’écrire, doit lui rapporter aussi le jugement qui suivra ce regard, mendié à l’aide d’un pareil nom, et ce jugement sera sévère.

1492. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Il est de cette école historique qui n’a pas de nom encore, — car un nom compromet, — mais qui a une existence très positive et très puissante dans l’éducation et la littérature contemporaines.

1493. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Homme de génie par l’expression autant que Cervantes lui-même, Filleau de Saint-Martin a, pour se consoler de son obscurité, la goutte d’ambre que Nodier a versée sur son nom. […] Continuateur singulier, qui a plutôt rompu et défiguré l’œuvre du Maître, et qui trouvera, pour son audace, dans l’ironie cruelle de ce nom de continuateur, une suffisante punition !

1494. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Ces noms étaient encore chers aux Romains, et leur rappelaient de grandes idées, à peu près comme les Grecs esclaves d’un bacha se promènent avec orgueil à travers les ruines de leur pays. […] On nous a transmis sur cet éloge quelques détails assez curieux ; l’orateur commença par vanter beaucoup les ancêtres du prince mort, comme si Claude avait rien de commun avec ses aïeux, que d’avoir déshonoré un grand nom par une vie lâche.

1495. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Tous deux également célèbres, et tous deux jouissant de la gloire l’un de l’autre, ils goûtaient ensemble dans le commerce de l’amitié et des lettres, ce bonheur si pur que ne donnent ni les dignités, ni la gloire, et qu’on trouve encore moins dans ce commerce d’amour-propre et de caresses, d’affection apparente et d’indifférence réelle, qu’on a nommé si faussement du nom de société, commerce trompeur qui peut satisfaire les âmes vaines, qui amuse les âmes indifférentes et légères, mais repousse les âmes sensibles, et qui sépare et isole les hommes, bien plus encore qu’il ne paraît les unir. Il faut voir dans les lettres de Pline même, tous les détails de cette union si douce ; on partage et l’on envie les charmes de leur amitié : ils voulaient vivre, ils voulaient mourir ensemble ; ils désiraient, quand ils ne seraient plus, que la postérité unît encore leurs noms, comme leurs âmes l’avaient été pendant la vie.

1496. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Plus de mille pamphlets en quatre ans vinrent l’irriter encore, avec les noms de renégat, de traître et d’athée. […] De Londres, pendant ses combats politiques, il lui envoyait le journal complet de ses moindres actions ; il écrivait pour elle deux fois par jour, avec une familiarité, un abandon extrêmes, avec tous les badinages, toutes les vivacités, tous les noms mignons et caressants de l’épanchement le plus tendre. […] Il l’épousa par devoir, mais en secret, et à la condition qu’elle ne serait sa femme que de nom. […] Il traite les choses en outils domestiques ; après en avoir compté les matériaux, il leur impose un nom ignoble ; pour lui, la nature n’est qu’une marmite où cuisent des ingrédients dont il sait la proportion et le nombre. […] Voyez aussi dans l’Examiner le pamphlet sur Malborough, désigné sous le nom de Crassus, et la comparaison de la générosité romaine et de la ladrerie anglaise.

1497. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Parfois elle reconnaît qu’ils sont de bons agents de propagande à l’étranger : leur nom glorieux garantit au loin, à lui seul, la qualité des marchandises de leur pays. […] Il aperçoit son nom précédé d’un petit numéro. […] Les familles selon le sang n’ont pas de droits valables sur la pensée des hommes éminents dont elles portent le nom. […] (Malheureusement, je ne me rappelle plus les noms propres, et la mort de Pomairols, qui me les avait dits, m’ôte l’espoir de les retrouver.) […] On sait pourtant quel pamphlet (Un Cadavre) les surréalistes purent produire autour de son nom et de son renom, au lendemain de sa mort.

1498. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

… Sais-tu son nom ? […] cette volupté sans nom ! […] Coquelin, quand il reparaît pour jeter au public le nom de M.  […] La viole d’amour (quel joli nom !) […] La viole de gambe (quel nom pittoresque !)

1499. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

— et de faire suivre le nom de chaque poète d’appréciations contemporaines. […] Mais l’honneur commande ; l’enfant aura le droit du nom. […] Arrêtons-nous à ce nom. […] elle a ridé le front de tous les artistes dignes de ce nom. […] Vous voyez, je mêle, comme les noms, les âges.

1500. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Taine avait d’abord proposé un critérium littéraire qu’il mettait à l’abri du nom de Spinoza : c’était ce qu’il appelait la faculté maîtresse. […] Ce ne sont là que des noms qui laissent les phénomènes aussi inexpliqués qu’auparavant. […] Libre à vous de lui donner le nom qui vous plaira. […] Aussi refuse-t-il de donner au monde le nom de Dieu, car c’est profaner Dieu que de le confondre avec le monde. […] Il faut bien admettre aussi, quelque nom qu’on lui donne, qu’il y a quelque être qui existe par soi-même et sans cause, c’est-à-dire un absolu d’existence.

1501. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Il n’y a pas de poésie sans une certaine musique verbale, d’ailleurs si particulière que peut-être vaudrait-il mieux l’appeler d’un autre nom ; et dès que cette musique frappe des oreilles faites pour l’entendre, il y a poésie. […] vous parlez de poésie pure, me dit-il, et je n’en connais pas d’autre, du moins digne de ce nom. à merveille. […] Un même nom désigne par malheur ces deux objets que rien ne rapproche, que tout sépare. […] Les noms changent, mais l’aventure est toujours la même. […] Un nom propre ne ferait pas l’affaire : la tête de turc que l’on choisirait serait trop ridiculement chétive pour devenir un épouvantail national.

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