Il sera vrai, à bien des égards, de dire que le mouvement réaliste d’après 1660 sera une réaction du bon sens bourgeois contre la littérature aristocratique, spirituelle et fantaisiste.
Cette souple nature s’est développée à travers trois quarts de siècle, recueillant toutes les influences, frémissant à tous les souffles ; les acquisitions, les transformations, les progrès de cet esprit sont exactement les acquisitions, les transformations, le progrès de l’esprit public ; et il n’a été si puissant que parce que son développement interne coïncidait avec le mouvement des idées de la nation : son rôle fut de lancer aux quatre coins du monde les pensées fraîchement écloses dans toutes les têtes.
Non que l’éloquence religieuse ne se soit enrichie de très beaux mouvements dans Massillon, et la philosophie morale de plus d’une maxime profonde dans Vauvenargues, mais on ne peut pas compter comme de véritables gains des écrits qui en font regretter de très supérieurs dans le même genre.
On aimerait mieux sans doute que les mêmes actes qui honorent son bon sens fussent des mouvements de son cœur ; mais la meilleure chose, après la sensibilité, est de n’en pas affecter ; et l’on sait gré à Voltaire de n’avoir mis que de la raison émue où d’autres auraient mis de la rhétorique.
Type du décousu, de la témérité, se permettant tout, même la raison et la vérité, agité de tous les souffles du temps, sans lest, point incapable du bien, pourvu qu’il n’y fallût que le premier mouvement, faisant le mal avec l’étourderie de l’enfant qui lapide une statue, il y aurait autant de duperie à l’admirer qu’à lui demander, comme la Harpe, au nom de la religion, de la morale et du goût, un compte pédantesque de tous ses paradoxes.
Madame Fourchambault, du reste, son premier mouvement de colère passé, l’approuve franchement et lui donne raison : « Voilà le mari qu’il m’aurait fallu !
Nourvady l’écarte d’un geste brutal, l’enfant tombe sur le parquet et reste sans mouvement, étourdi par cette brusque chute.
Elle est la sœur de cette enfant, à qui Baudelaire dédiait son poème des « Bienfaits de la lune », et à qui l’astre prédit : « Tu aimeras… le lieu où tu ne seras pas, l’amant que tu ne connaîtras pas. » On voit en elle un principe insatiabilité, un principe de rupture de tout équilibre, de toute harmonie, de toute paix, de tout repos, un principe de fuite où l’on distinguera plus tard un des ressorts essentiels de la nature humaine, la source du mouvement et du changement.
Il en est ainsi pour les hommes ; ils sont pour la plupart des automates trop parfaits ; l’extrême complexité des mouvements et des actes qu’ils sont capables d’accomplir masque la nécessité qui les gouverne.
Il va publier bientôt un premier cahier de ses recherches sur le mouvement et la vitesse… Mais il y a pour lui une difficulté personnelle à se faire accepter, à se faire lire.
Il semble, en effet, qu’il appartenait au mouvement populaire le plus clément des temps modernes de raturer la pénalité barbare de Louis XI, de Richelieu et de Robespierre, et d’inscrire au front de la loi l’inviolabilité de la vie humaine. 1830 méritait de briser le couperet de 93.
Étalages de princes, de « monarques », et de capitaines ; du peuple, des lois, des mœurs, peu de chose ; des lettres, des arts, des sciences, de la philosophie, du mouvement de la pensée universelle, en un mot, de l’homme, rien.
Il est permis de soutenir le mouvement de la terre sans aller en prison comme Galilée, l’infinité du monde sans être brûlé comme Bruno ; on peut être panthéiste et même athée sans craindre le supplice de Michel Servet et de Vanini.
Ce Drame est entremêlé de Chants, placés dans les endroits où il s’agit d’exprimer quelque grand mouvement de l’ame.
Ces onomatopées indigènes, comme les nôtres, rendent non seulement les bruits, mais encore les mouvements silencieux tels que le tortillement du serpent ou le balancement d’un objet.
Au milieu du péril, ces jeunes êtres font leur déclaration d’amour à la lumière, à l’espace, au mouvement, à l’espérance ; mais ils préfèrent la France, et Jean Rival écrit à une jeune parente une lettre où le chant du départ, l’éternel chant de la vingtième année, se mêle et se subordonne au cantique de l’acceptation : Je sens en moi une telle intensité de vie, un tel besoin d’aimer et d’être aimé, de me répandre, d’admirer, de respirer en plein air, que je ne peux croire que la mort puisse me toucher.
Les feuilletonistes ont, presque tous, un sens exact du mouvement dramatique ; une science de l’horrible et du terrifiant ; une adresse à démêler les écheveaux ; une habileté à laisser pour morts, sur le champ de bataille de l’action, des héros qui ressuscitent pour de longues destinées ; un doigté dans l’usage du point de suspension ; une fidélité au type honorable des bonnes mères, des petites ouvrières laborieuses et des amours éternelles, qui ne sont pas des qualités si méprisables qu’on le croit.
Les deux premières figures sont très-belles ; mais cette dernière est de position, de caractère, de simplicité, de mouvements, de draperies, un chef-d’œuvre à placer à côté de l’antique. […] Et je ne doute pas que vous n’eussiez été choisi par Londres elle-même, où les intérêts différents qui naissent du commerce ont mis tant de ressorts en mouvement, si, à Guildhall, les électeurs avaient été aussi libéraux qu’ils sont intéressés au commerce : mais l’intérêt, vous le savez, gouverne le monde. […] Cela est sans mouvement et sans chaleur, et tous ces personnages ne semblent agir que pour prouver que toute idée d’honnêteté est étrangère à l’auteur. […] Aucune variété marquée dans le ton de celui qui déclame ce discours ; donc, aucune variété dans les sentiments, dans les pensées, dans les mouvements. […] L’auteur dira qu’il a choisi ce genre d’écrire tranquille pour conformer son éloquence au caractère de son héros ; mais M. de La Harpe n’est jamais plus violent, et vous verrez que, pour louer convenablement Fénelon, il fallait s’interdire tout mouvement oratoire.
Il se plaint de souffrances intérieures, qu’il exprime par des mouvements de vrille de ses doigts. […] » * * * — Les antipathies sont un premier mouvement et une seconde vue.
Ces fantoches italiens, si originaux, d’un caractère et d’une personnalité si nettement tranchés, devaient bien vite séduire un homme né, comme Molière, avec le génie dramatique : ils sont le mouvement et la vie mêmes, la bouffonnerie incarnée. […] Il ordonne, peste, tempête et, d’un mouvement sec, trempe son goupillon dans du vitriol pour en asperger le visage de ses frères, tout en se signant. […] Il avait les yeux collés sur trois ou quatre personnes de qualité qui marchandaient des dentelles ; il paraissait attentif à leurs discours et il semblait, par le mouvement de ses yeux, qu’il regardait jusqu’au fond de leurs âmes pour y voir ce qu’elles ne disaient pas ; je crois même qu’il avait des tablettes et qu’à la faveur de son manteau, il a écrit, sans être aperçu, ce qu’elles ont dit de plus remarquable. » Est-il possible d’oublier ces yeux collés, ce regard qui va jusqu’au fond des âmes ? […] Ce portrait, le voici : « Molière n’était ni trop gras, ni trop maigre, il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle, il marchait gravement, avait l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnait lui rendaient la physionomie très comique. » — À ces traits, à cette gravité et à ce sérieux, qui ne reconnaît le contemplateur ?
Il n’en constate les mouvements que par l’influence qu’ils exercent. […] Malgré une grande vérité d’expression et une remarquable justesse de mouvements, le résultat est presque toujours grotesque. […] Lorsqu’un Anglais se croit lésé, son premier mouvement est de déclarer qu’il écrira au Times, et cette menace suffit souvent pour faire réfléchir l’oppresseur. […] À bien regarder dans le passé, nous voyons, au contraire, que l’humanité, dans ses grands mouvements, s’est montrée volontiers iconoclaste, et que lorsqu’elle a voulu réellement confesser une croyance, elle a déserté momentanément les autels païens de la forme et du son. […] Pendant quelque temps, retiré dans une petite ville d’Italie, il suit de loin les mouvements de celle qu’il a tant aimée ; mais madame Lavretzky devient une célébrité parisienne, et le dégoût le guérit enfin de l’amour.
« J’attends qu’on m’apporte de la cire et je continue : « Je lis Rétif de La Bretonne, qui enseigne aux femmes à prévenir les libertés qu’elles pourraient permettre, et qui, pour les empêcher de tomber dans l’indécence, entre dans des détails très-intéressants130, et décrit tous les mouvements à adopter ou à rejeter. […] Le post-scriptum précédent a tellement sa gravité, qu’il se rattache au début de la prochaine lettre ; il faut se donner encore pendant quelque espace l’entier spectacle de cette libre pensée qui court, qui s’ébat, qui se prend atout sujet, qui a en un mot tout le mouvement varié d’une intime conversation. […] J’avais été depuis dix heures du matin en staat, tout galonné, toujours la tête et les épaules en mouvement ; et Barbet de cour était plus fatigué de ses grands tours que jamais Barbet de Colombier ne l’a été, même quand l’Académie est venue assister à quelque représentation158.
» — Au même moment quelque chose d’inusité appela l’attention du roi ; debout à l’une des fenêtres de son cabinet, un binocle sur les yeux, Louis-Philippe cherchait à se rendre compte d’un mouvement de troupes, d’une espèce de charge de cavalerie qui se faisait autour du palais Bourbon.
C’est un morceau grandiose, tout à effets et à mouvements, plein de tableaux ; l’orateur y est traduit sous vos yeux entouré de ses mille tonnerres et de quelques fanfares ; c’est un de ces morceaux d’éclat où l’on marche d’imprévu en imprévu, où l’image toujours éblouissante et nouvelle surgit à chaque pas, plus soudaine, plus en armes que les légions de Pompée ; c’est une de ces sorties de talent qui gagnent des victoires, au moins de surprise, sur les plus incrédules ; qui marquent que les lions au gîte (pour parler le langage du sujet) ont des ressources et des bonds qu’on n’attendait pas, et qu’il est des natures invaincues qu’on peut bien vouloir traquer, mais qu’on ne décourage guère.
Déjà, me dit-on, ceux qui avaient montré des velléités premières se retirent, et, dans cette branche d’industrie et d’entreprises comme dans tant d’autres, les capitaux intimidés ne se mettront pas en mouvement, faute de confiance.
Dans les vastes échanges cosmiques, la vie universelle va et vient en quantités inconnues, roulant tout dans l’invisible mystère des effluves, employant tout, ne perdant pas un rêve de pas un sommeil, semant un animalcule ici, émiettant un astre là, oscillant et serpentant, faisant de la lumière une force et de la pensée un élément, disséminée et indivisible, dissolvant tout, excepté ce point géométrique, le moi ; ramenant tout à l’âme atome ; épanouissant tout en Dieu ; enchevêtrant, depuis la plus haute jusqu’à la plus basse, toutes les activités dans l’obscurité d’un mécanisme vertigineux, rattachant le vol d’un insecte au mouvement de la terre, subordonnant, qui sait ?
Ce n’est pas tout à fait sans fondement qu’on reproche aux tragiques français de n’exposer que les résultats matériels d’une conspiration, d’une révolution ; de n’en point laisser voir les causes ; de ne pas pénétrer assez avant dans le secret des intrigues qui préparent ces grands mouvements ; d’être avares enfin de ces détails où réside souvent, en une telle matière, le plus vif et le plus intime intérêt.
Que de tours languissants et embarrassés se présentent avant le vrai tour, le seul qui doive donner à la pensée sa physionomie et son mouvement ?
Tout ce mouvement autour du mourant, d’abord de respect et d’intérêt pour une vie de si grande importance, puis, à mesure que les chances de guérison diminuent, d’ambition et de précautions avec le règne futur ; ces appartements du duc d’Orléans encombrés, « à n’y pas mettre une épingle », quand le roi est désespéré, vides et déserts sur le bruit qu’il est mieux ; ces valets qui pleurent, les seuls vrais amis du monarque ; la froide et triste octogénaire qui assiste l’œil sec à sa longue agonie, profitant des courts répits du mal pour faire ajouter à la part des bâtards, et quand le roi n’est plus qu’un moribond qui ne peut plus ni ôter ni donner, n’attendant pas la fin et se sauvant à Saint-Cyr ; ces grandes et touchantes paroles du roi ; cette attente de la mort dans la majesté qu’il mettait à toutes ses actions, sans défaillances, sauf celles de la nature quand le combat va finir ; cette inquiétude du chrétien, qui craint que ses souffrances ne soient une trop faible expiation de ses fautes ; tout cela raconté au jour le jour, dans l’ordre où chaque chose arrive, parmi des détails sur le service intérieur, l’étiquette, les allées et les venues des courtisans et des gens de service, les messes entendues dans le lit et les derniers repas du mourant ; tout cela, dans son abandon, égale l’art le plus consommé.
Quand l’avenir réglera les rangs dans le Panthéon de l’humanité d’après l’action exercée sur le mouvement des choses, les noms de Pétrarque, de Voltaire, de Rousseau, de Lamartine précéderont sans doute ceux de Descartes et de Kant.
Quant il venait me voir, le soir, à la rue de l’Abbé-de-l’Épée, nous causions pendant des heures ; puis j’allais le reconduire à la tour Saint-Jacques ; mais, comme d’ordinaire la question était loin d’être épuisée quand nous arrivions à sa porte, il me ramenait à Saint-Jacques du Haut-Pas ; puis je le reconduisais et ce mouvement de va-et-vient se continuait nombre de fois.
Ainsi, d’un soldat qui revêtirai une armure faite pour un autre et qui paralyserait ses mouvements.
Bien des faits sembleraient plutôt démontrer l’existence d’un mouvement en sens inverse.
VI], non le phénomène essentiel assurément, mais le plus évident, et comme le tuteur rigide de cette plante fine et délicate ; la pensée s’appuie sur elle, et, l’associant à sa vie, en fait presque une chose vivante, à tel point qu’il faut l’observation la plus attentive pour distinguer dans cette intime association l’élément fondamental, et l’élément emprunté qui lui sert d’auxiliaire, l’âme elle-même, et cette souple armure, à la fois son œuvre et sa force, qui se plie à tous ses mouvements, et, les revêtant de son éclat, les dessine avec netteté sur le champ de la conscience.
Quand pourront les neuf Sœurs, loin des cours et des villes M’occuper tout entier, et m’apprendra des cieux, Les divers mouvements inconnus à nos yeux, Les dons et les vertus de ces clartés errantes Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes ?
Il en est de même de tout ce que les animaux produisent par ce mouvement occulte… » Il l’assure, il n’est pas au courant de la science moderne qui a démontré que les animaux sont très susceptibles de progrès.
Il nous aurait fait sentir que ce génie-femme ne l’est pas seulement par les formes de sa beauté, par la placidité, par la tendresse, par la rêverie, par le rythme du sein sous le mouvement du cœur, mais qu’il l’est encore par son amour pour le vieil Homère et par tout ce qu’une longue intimité laisse après elle, par la pudeur discrète des plaisirs qu’il en a reçus.
Venue à une époque de trouble, de mouvement, d’anarchie, elle se jeta de premier bond et d’entêtement dans tout ce qu’une pareille époque eut de plus fou et de plus avorté.
Mais ils nous ont donné des lois avant de nous donner des fêtes… Ils ne se sont pas, eux, simplement mis à marcher devant le peuple, qui ne niait point le mouvement, et ce qui aurait été ridicule et probablement inutile.
Tous les autres, pour mieux se livrer à leur attention profonde, se cachaient le front de la main, et à l’interruption, aucun n’a fait de mouvement. […] Non, dès qu’il s’agit de cette tragédie qui tire ses effets de la peinture exacte des mouvements de l’âme et des incidents de la vie des modernes.
Remarquons dès à présent que la primauté intellectuelle de la France, indiscutable pendant les deux premières ères, nous apparaît beaucoup moins nette au cours de la troisième ; pour diverses raisons : cette époque est trop près de nous pour que nous puissions en voir l’essentiel ; la science des faits les plus minimes nous cache le mouvement des idées ; enfin, le développement d’autres nationalités (et surtout de la nation allemande) a créé une littérature européenne où la France ne règne plus en maîtresse absolue ; mais son rôle au xxe siècle n’en demeure pas moins très particulier, même là où elle ne fait que reprendre des méthodes ou des idées allemandes. — On peut dire de la France qu’elle n’est pas mystique, ni passionnée, ni artiste par intuition ; elle n’est pas créatrice, mais elle est l’éducatrice ; logique, elle dégage des idées latentes ce qui est essentiel, et le met en lumière pour tous ; pratique, elle le réalise ; puis, éprise de justice et de vérité jusqu’au fanatisme, elle constate la première l’insuffisance des réalités présentes, et dans son généreux enthousiasme elle semble se déchirer elle-même, en formulant l’angoisse générale, comme elle avait trouvé hier la formule de l’ordre et de la discipline. […] Comme une confirmation de ces lignes écrites en avril 1910, je cite la première page d’un ouvrage qui vient de paraître (février 1911) : « Il en va souvent de l’évolution d’un mouvement artistique ou littéraire comme du développement de la carrière d’un homme.
Il faut, pour bien corriger un ouvrage, profiter du tems où l’esprit est encore en mouvement sur tout ce qu’on y peint et ce qu’on y traite, et où, pour ainsi dire, il tient encore le fil de toutes ses démarches. […] Entre les situations, celles qui peuvent réussir à moins de nouveauté, et même de mérite, de la part de l’auteur, ce sont les reconnoissances ; je n’entens pas les reconnoissances de simple vûë qui n’ont qu’un moment, et qui retombent aussi-tôt dans le cours des scenes ordinaires ; celles-là sont dangereuses, parce que la premiere surprise ne se soutenant pas, on passe trop vîte d’un grand mouvement à un moindre qui, dès-là, est languissant : j’entens les reconnoissances d’éclaircissement, où deux personnes cheres qui ne se sont point encore vûës, ou qui séparées depuis longtems, se croyent mortes, ou du moins fort éloignées l’une de l’autre, s’émeuvent peu à peu par les questions qu’elles se font, et les détails qu’elles se racontent ; et viennent enfin, sur une circonstance décisive à se reconnoître tout à coup. […] Racine n’a pas pris ce mouvement du caractere du personnage, il ne se l’est permis que dans la nécessité d’allonger un sujet trop court. […] Le premier mouvement du spectateur est d’accuser Mithridate de bassesse, et de condamner le poëte qui l’avilit : mais dès que Mithridate s’est fait le reproche à lui-même, et qu’il s’est répondu : s’il n’est digne de moi, le piege est digne d’eux ; le spectateur est satisfait ; et il semble qu’en avoüant son tort, le héros ait repris toute sa dignité.
Elle est rythmée, pour ainsi dire, par deux mouvements successifs et en sens inverse. […] L’auteur y explique et y apprécie les mouvements d’idées de l’époque contemporaine. […] Et, en effet, si Beaunier joue avec ses souvenirs, s’il se raconte ici, comme partout ailleurs, à la façon renanienne, c’est-à-dire cum grano salis, il n’invente pas, assurément, cette sensation de crainte, ce mouvement de recul, à la seule pensée de s’engager dans la forêt obscure. […] Ni la Tempête, ni le Songe d’une nuit d’été, ni le Marchand de Venise, ni Peines d’amour perdues, ni Comme il vous plaira, ni le Conte d’hiver, ni Cymbeline, ni Othello, ni Hamlet, ni les Joyeuses Commères de Windsor, ni Troïlus et Cressida ne lui ont dérobé leurs manifestations de cette folie de musique, exprimée presque violemment dans le duo fameux de Lorenzo et Jessica : « L’homme qui n’a pas de musique en lui-même et qui n’est pas touché par l’accord des doux sons est tout prêt pour les trahisons, les stratagèmes, les pillages : les mouvements de son âme sont tristes comme la nuit, et ses affections sombres comme l’Érèbe.
« Le mouvement et la véhémence sont deux qualités qui lui sont communes avec Démosthène… àewoV/). ; quæ mirabilem illum fecit oratorem, eum illo certe ei communis est. […] Moy mesme, qui fois singuliere conscience de mentir, et qui ne me soulcie gueres de donner creance et auctorité à ce que ie dis, m’apperçeois toutesfois aux propos que i’ai en main, qu’estant eschauffé, ou par la resistance d’un aultre, ou par la propre chaleur de ma narration, ie grossis et enfle mon subiect par voix,’ mouvements, vigueur et force de paroles, et encores par extension et amplification, non sans interest de la verité naïfve : mais ie le fois en condition pourtant, qu’au premier qui me ramene, et qui me demande la verité nue et crue, ie quitte soubdain mon effort, et la luy donne sans exaggeration, sans emphase et remplissage. […] L’éloge de Lucilius ; la description des bains de Baïes ; les différentes classes de sages ; que peu d’hommes connaissent leurs défauts ; les infirmités auxquelles notre philosophe était sujet ; la maison de Vatia, à l’entrée de laquelle on aurait pu graver, comme au fronton de la plupart de nos palais : CI-GIT LE BONHEUR ; son séjour à Baïes ; la possibilité de méditer, d’étudier, d’écrire au milieu du tumulte ; du premier mouvement dans la passion ; de la division des êtres, selon Platon ; de la disette de la langue latine ; de la différence de la joie et de la volupté ; de l’objet méprisable des vœux et des prières du vulgaire ; de la soumission du sage à la nécessité : « La nécessité n’est que pour le rebelle ; le sage n’obéit point au destin ; ils veulent tous deux » ; voilà ce qui remplit l’espace de la Lettre XLIXe à la LXIIe , où notre philosophe se reproche d’avoir pleuré sans mesure la perte de son ami Sérénus, et nous dit : « Vous avez inhumé votre ami ; eh bien, cherchez quelqu’un à aimer » ; comme si ce quelqu’un-là se trouvait en un moment. […] Ici, sa pensée s’échappe librement de son esprit ; là, son âme et sa tête s’échauffent de concert : il est indigné, il est violent, mais à travers les différents mouvements qui l’agitent, toujours vrai, toujours lui. […] Alors on saurait peut-être si le mouvement est essentiel à la matière, et si la matière est créée ou incréée ; créée ou incréée, si sa diversité ne répugne pas plus à la raison que sa simplicité : car ne n’est peut-être que par notre ignorance que son unité ou homogénéité nous paraît si difficile à concilier avec la variété des phénomènes330.
Malgré l’hostilité du mouvement symboliste contre les Parnassiens, la poésie d’Heredia fut toujours épargnée. […] Quand j’ai connu Mazel en 1895, il ne dirigeait déjà plus la revue l’Ermitage, qu’il avait fondée quelques années auparavant et qui tint une place importante dans le mouvement symboliste. […] Au fond, ce mouvement d’idées et de production est toujours resté complètement étranger au vrai peuple provençal. […] Je l’attends tous les jours. » Clouée au lit depuis des années, essoufflée au moindre effort, elle savait que son mal ne lui pardonnerait pas et que son tour allait bientôt venir. « Je ne puis presque plus faire de mouvements, disait-elle ; mon cœur est déplacé. […] Nous ne pûmes rien nous dire. » Ce que Mme Adam n’a pas dit dans ses Souvenirs, c’est l’importance qu’a eue sa Revue et le rôle qu’elle a jouée dans le mouvement des lettres françaises de 1879 à 1890.
J’y voudrais faire sentir du moins le désordre du mouvement, la largesse d’effusion et l’opulence.
Il marchait d’un pas tantôt lent, tantôt précipité, comme si ses pas avaient involontairement suivi les rythmes tantôt suspendus, tantôt accélérés des mouvements du sang dans son cœur.
Vous êtes Italiens, sans doute, mais vous êtes Italiens comme les Hellènes étaient Grecs, Grecs dans la communauté de famille générique et dans la vaste autonomie du Péloponnèse, des îles et de l’Ionie, mais, en réalité, Lacédémoniens, Athéniens, Thébains, Corinthiens, Samiens, branches distinctes, toujours séparées, quelquefois hostiles de cette grande et héroïque famille grecque contenue à peine entre les montagnes du Péloponnèse, les archipels et les rivages de l’Asie Mineure ; branches ayant chacune son territoire, ses flottes, ses formes de gouvernement diverses, aristocratique ici, populaire là, militaire dans les montagnes, navale dans les ports, monarchique en Asie, théocratique à Éphèse, républicaine en Europe, rivale en temps de paix, confédérée en temps de guerre, indépendante pour le gouvernement intérieur, amphictyonique pour la défense commune, forme élastique qui s’étend ou se resserre selon les besoins de la race hellénique, et qui, en faisant l’émulation au dedans, la sûreté au dehors, le mouvement et le bruit partout, fit de la Grèce en son temps l’âme, la force, la lumière et la gloire de l’humanité !
Tout semble se mouvoir au mouvement de la pensée elle-même ; c’est une terre en action, quoiqu’en repos ; on y assiste à une création quotidienne ; toutes les heures du jour et de la nuit y donnent en passant un coup de pinceau, une teinte, un caractère, une physionomie.
Cette tête était ornée par derrière et voilée par-devant d’une belle chevelure indécise entre le brun et le blond, qui ruisselait jusque sur ses épaules, et d’où sortait, au mouvement de sa main, un front limpide, mais déjà plein de je ne sais quoi, pensées ou rêves, poésie future ou sagesse prématurée.
L’Autriche patienta autant qu’elle put : il lui répugnait de combattre la France, dont la ruine ne pouvait profiter qu’à la Prusse et à l’Angleterre ; et, quand elle fut obligée de suivre le mouvement allemand dans les Pays-Bas, l’Autriche nous combattit mollement et comme à regret.
À ces mots, la jeune mère se leva, pressa son enfant contre son cœur d’un mouvement sensible et presque convulsif, tourna ses yeux humides du côté de la mer et les essuya avec la manche de sa veste verte.
C’était un mélange original de malice bourgeoise, et de mouvements littéraires, employés avec une aisance, un à-propos saisissants, et soutenus d’une mimique expressive : car Boileau jouait en perfection ses plaisanteries.
On travaille aujourd’hui non pour produire une œuvre selon son cœur, mais pour entrer dans tel ou tel mouvement, plaire à tel ou tel maître et, par-dessus le marché, la bonté des chers maîtres s’en mêle, cette sorte de trémolo social qu’on emploie pour accompagner le geste élégant de protection qu’il convient d’étendre sur la tête du candidat.
Une verve inextinguible, une observation pénétrante, des mœurs calquées à vif et toutes pareilles, dans leur vérité flagrante, à des empreintes de photographie morale colorées par l’art ; pas un hors-d’œuvre, pas une longueur, pas une scène qui languisse ou qui interrompe le mouvement d’intérêt, qui va s’accroissant et se renforçant jusqu’au dernier acte, dans un crescendo soutenu !
Cela est inévitable et cela est bien, puisque c’est conforme aux lois du mouvement et de la vie.
Comme un mouvement transmis des roues petites aux plus grandes, puis au volant, qui le renvoie à toute la machine et la règle par l’allure qu’il en reçoit, nous avons suivi les trois tendances formelles de l’esprit de M.
Pour moi je crois indépendamment des exemples, qu’il faut de la méthode dans toutes sortes d’ouvrages ; et l’art doit régler le désordre même de l’ode, de maniére que les pensées ne tendent toutes qu’à une même fin ; et que malgré la variété et la hardiesse des figures qui donnent l’ame et le mouvement, les choses se tiennent toujours par un sens voisin dont l’esprit puisse saisir le rapport sans trop d’étude et de contention.
Tout ce bruit et tout ce mouvement s’entendaient à quelques pas de moi, derrière le buisson qui séparait le sentier battu de la montagne, du petit tertre de mousse enclos de pierres sèches où j’étais venu chercher le dossier du vieux châtaignier.
dont ton art suprême Reproduit tous les mouvements.
De jeunes écoliers, sous le prétexte de briser les entraves qui enchaînaient leur génie, ont rompu tous les liens qui, en resserrant l’action d’un drame, donnaient à toutes ses parties plus de mouvement, plus d’intérêt et plus de vraisemblance.
un seul soleil éclaire tous les hommes, et, leur donnant une même lumière, harmonise leurs mouvements ; mais où est aujourd’hui, je vous le demande, le soleil moral qui luit pour toutes nos consciences ? […] Considérez-le maintenant sous le scalpel de l’anatomiste : voilà son cœur et ses artères, mais ils ne battent plus ; ses nerfs, ses muscles, ses os, mais plus de mouvement, plus de vie ; au lieu de cette vie d’ensemble, de cette vie unitaire, une vie de décomposition, une vie de mort, pour ainsi dire, a commencé partout.
Quel charme, que celui d’une jeune personne qui, dès la première scène, tient de petits discours comme ceux-ci à sa sœur Armande, qui a des idées métaphysiques sur le mariage, et qui ne comprend pas que sa sœur veuille se marier : Ne troublons point du ciel les justes règlements Et de nos deux instincts suivons les mouvements ; Habitez, par l’essor d’un grand et beau génie, Les hautes régions de la philosophie, Tandis que mon esprit, se tenant ici-bas, Goûtera de l’hymen les terrestres appas. […] Ce premier sens que je ne partage pas, et qui tendrait à substituer cette sorte de Dieu-Humanité au Dieu-Providence, ce qui est fort loin de mon idée, ce sens-là on ne peut refuser de le voir dans la scène du Pauvre, d’après tout ce qui précède. « Je n’ai pas voulu donner pour l’amour de Dieu, je donne pour l’amour des hommes. » Mais l’autre sens y est aussi, parce que, arrivé à cette limite extrême du grand seigneur effréné, Dom Juan est jeté, d’un mouvement en arrière, dans la conception la plus contraire à tout ce qui a inspiré sa vie jusque-là, dans ce grand sens du mot humanité où l’emploient tous les grands publicistes de notre temps. […] Au milieu de la multiplicité de leurs personnages, trois types persistent que l’on trouve dès l’origine dans Molière, que l’on retrouve encore dans Beaumarchais, à la veille de 89, quand déjà les mouvements précurseurs de l’orage agitent l’air : le marquis, le bourgeois et le valet. […] Dialogues et maximes Dialogues [Avant-propos] Les deux dialogues que nous publions ici, à titre purement de curiosité littéraire, datent, aussi bien que les conférences qui précèdent, de la jeunesse de Weiss, alors que, professeur, il étudiait, avec la curiosité du savant et de l’historien, le génie particulier de ceux qui ont causé, suivant l’expression de Bossuet, « les grands mouvements du monde ».
Les personnes qui, sans connaître notre ami, l’ont lu pendant dix années et l’ont suivi dans ses productions fréquentes et diverses, qui l’ont trouvé si facile et souvent si gracieux de plume, si riche de textes, si abondant et presque surabondant d’érudition, qui ont goûté son aisance heureuse à travers cette variété de sujets, ceux mêmes auxquels il est arrivé d’avoir à le contredire et à le combattre, peuvent-ils apprendre sans surprise et sans un vrai mouvement de sympathie que cet écrivain si fécond, si activement présent, si ancien déjà, ce semble, dans leur esprit et dans leur souvenir, est mort avant d’avoir ses vingt-neuf ans accomplis ?
La couleur de ses cheveux et de sa barbe tenait le milieu entre le noir et le blond, dans une telle proportion cependant, que le sombre l’emportait sur le clair, mais que ce mélange indécis des deux teintes donnait à sa chevelure quelque chose de doux, de chatoyant et de fin ; son front était élevé et proéminent, si ce n’est vers les tempes, où il paraissait déprimé par la réflexion ; la ligne de ce front, d’abord perpendiculaire au-dessus des yeux, déclinait ensuite vers la naissance de ses cheveux qui ne tardèrent pas à se reculer eux-mêmes vers le haut de la tête, et à le laisser de bonne heure presque chauve ; les orbites de l’œil étaient bien arqués, ombreux, profonds et séparés par un long intervalle l’un de l’autre ; ses yeux eux-mêmes étaient grands, bien ouverts, mais allongés et rétrécis dans les coins ; leur couleur était de ce bleu limpide qu’Homère attribue aux yeux de la déesse de la sagesse et des combats, Pallas ; leur regard était en général grave et fier, mais ils semblaient par moments retournés en dedans, comme pour y suivre les contemplations intérieures de son esprit souvent attaché aux choses célestes ; ses oreilles, bien articulées, étaient petites ; ses joues plus ovales qu’arrondies, maigres par nature et décolorées alors par la souffrance ; son nez était large et un peu incliné sur la bouche ; sa bouche large aussi et léonine ; ses lèvres étaient minces et pâles ; ses dents grandes, régulièrement enchâssées et éclatantes de blancheur ; sa voix claire et sonore tombait à la fin des phrases avec un accent plus grave encore et plus pénétrant ; bien que sa langue fût légère et souple, sa parole était plutôt lente que précipitée, et il avait l’habitude de répéter souvent les derniers mots ; il souriait rarement, et, quand il souriait par hasard, c’était d’un sourire gracieux, aimable, sans aucune malice et quelquefois avec une triste langueur ; sa barbe était clairsemée et, comme je l’ai déjà dépeinte, d’une couleur de châtaigne ; il portait noblement sa tête sur un cou flexible, élevé et bien conformé ; sa poitrine et ses épaules étaient larges, ses bras longs, libres dans leurs mouvements ; ses mains très allongées mais délicates et blanches, ses doigts souples, ses jambes et ses pieds allongés aussi, mais bien sculptés, avec plus de muscles toutefois que de chair ; en résumé, tout son corps admirablement adapté à sa figure ; tous ses membres étaient si adroits et si lestes que, dans les exercices de chevalerie, tels que la lance, l’épée, la joute, le maniement du cheval, personne ne le surpassait.
Magdalena, debout, allant sans cesse écouter si Fior d’Aliza respirait aussi doucement qu’à l’ordinaire ; Hyeronimo, le chien sur sa poitrine, pour l’empêcher de faire un mouvement qui dérangeât son appareil de terre et de chanvre ; moi, assis contre la porte avec le chevreau mort entre mes pieds, pensant à la chèvre et à la nourriture de la maison qui avait tari pour jamais avec sa mamelle percée de balles !
soupirait-elle en soulevant son beau nourrisson endormi du mouvement de sa poitrine, à présent qu’il n’y est plus, je ne pense plus seulement à la musique ; quand un air ne tombe pas dans un cœur, qu’importe ?
la ruine et la prison pour un bon mouvement de leur cœur !
Allez, rien n’est meilleur à l’âme Que de faire une âme moins triste… Je ne me souviens plus que du mal que j’ai fait… Dans tous les mouvements bizarres de ma vie, De mes malheurs, selon le moment, et le lieu, Des autres et de moi, de la route suivie, Je n’ai rien retenu que la bonté de Dieu.
Il définissait la tragédie « une action funeste qui doit conduire les spectateurs à la pitié par la terreur. » Il est vrai qu’il ajoute : « avec des mouvements et des traits qui ne blessent ni leur délicatesse ni les bienséances. » Voilà pourquoi il a fait enlever par Thyeste aux autels mêmes la femme d’Atrée.
Quatremère préparait peu son cours ; pour l’exégèse biblique, il était resté volontairement en dehors du mouvement scientifique.
Après les premières strophes, les instruments à vent reprennent, très doucement et d’un mouvement très ralenti, quelques traits de la vraie chanson du cordonnier, comme si l’homme détournait son regard de la besogne manuelle vers en haut, et se perdait en de douces gracieuses rêveries.
Ces mots qui naissaient du travail de la pensée et du mouvement de la conversation, n’étaient sûrement pas les plus mauvais.
Cette règle dramatique sortant de la raison politique, était inviolable ; Eschyle tourna l’obstacle par un mouvement inspiré.
C’est le mouvement perpétuel trouvé en science sociale.
C’est ainsi, par exemple, que le simple mouvement d’un corps pesant, même quand il ne s’agit que d’un solide, présente réellement, lorsqu’on veut tenir compte de toutes les circonstances déterminantes, un sujet de recherches plus compliqué que la question astronomique la plus difficile.