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1795. (1914) Boulevard et coulisses

Elle manquait simplement d’ordre et de prévoyance à un degré qui ferait frémir un débutant de nos jours.

1796. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Cochin parlant sans avoir écrit, portoit les mouvemens à un degré de force & de chaleur, où peut-être n’auroit-il pu les porter en écrivant.”

1797. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Il y a des degrés. » Lorsqu’on étudie les contemporains, il faudrait marquer à la fois leur place dans la littérature de l’époque et dans l’histoire littéraire. […] Il se pourrait enfin que contenant à un degré supérieur tout ce qui fait le prix de ses romans et, d’autre part, entièrement exempts d’effets un peu gros ou un peu faciles, les purs et simples carnets de route de Loti fussent d’une essence encore plus fine et d’une originalité plus rare. […] Comme le Stelio Effrena du Feu, il est au plus haut degré un « animateur ». […] Paul Bourget oublie que Taine ne s’est marié qu’en juin 1868, et que l’Idéal dans l’art, où le « degré de bienfaisance du caractère » est présenté comme l’un des éléments de la valeur d’une œuvre, remonte à mai 1867. […] C’est un très grand honneur de posséder un champ, Soit riche, soit stérile, en plaine ou bien penchant, Une part en tout cas de l’immense nature, Le visible sommet de cette architecture Qui descend par degrés dans la compacte nuit De la masse terrestre où le songe la suit.

1798. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Un tel amour des Lettres n’est cependant la base de la critique que parce qu’il en est le plus bas degré. […] Le second système de Discours, soit une Suite de la Religion, consiste à organiser une histoire selon une raison éminente, une idée supérieure qu’elle est appelée à réaliser, avec un certain degré de liberté et certaines difficultés intérieures et extérieures, de sorte que tantôt elle réussit et tantôt elle échoue, tantôt veut le bien et tantôt cède au mal, sans que le droit du bien se prescrive jamais. […] On remarquera que Chateaubriand n’a jamais réussi une œuvre d’imagination, qu’il n’y a de force créatrice dans aucune de ses fictions, qu’il manque à un degré singulier de cette imagination proprement catholique qui abonde chez un Pascal, un Bossuet, un Fénelon, et sous laquelle la lettre de l’Écriture ou du dogme produit, pour en nourrir la vie de l’âme, une fulguration incessante de symboles spirituels.

1799. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

S’avisant que les sens apportent à tous les hommes des impressions à peu près semblables de la nature, de sorte que ce qui est rond pour l’un ne saurait être carré pour l’autre, et que les fonctions de l’entendement s’accomplissent de la même manière, sinon au même degré dans toutes les intelligences, ce qui est l’origine du sens commun, il assied sa critique sur le consentement universel. […] Le second point auquel il s’attache est qu’il y a des degrés, qui sont proprement les grades conférés au génie dans les facultés de grammairiens et dans les universités de rhéteurs. […] Et que le maître soit, à quelque degré qu’on le suppose, responsable des errements du disciple, il est, à mon sens, aussi raisonnable de le soutenir que d’accuser Montgolfier de la mort de Crocé-Spinelli. […] Et soudain je serai toute animée, à tes yeux, du degré de réalité dont m’aura pénétré ton Bon-Vouloir créateur. […] Elle se manifeste de nouveau ; mais gravement, solennellement, pour faire franchir au vivant un degré de l’initiation.

1800. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Il y a, d’autre part, ceux qui mettent au-dessus de tout la vérité, la justesse et la perfection de la pensée ; qui, en vue d’elle seule et par elle seule, portent ces mêmes qualités dans leur style à un tel degré de simplicité et de naturel qu’on cesse presque de les apercevoir, disparaissant par leur achèvement même. […] Qu’on en nomme l’invention bizarre et extravagante, tant qu’on voudra ; elle est nouvelle ; et souvent la grâce de la nouveauté, parmi nos Français, n’est pas un petit degré de bonté. » La liste des personnages donnera un aperçu des éléments de cette pièce étrange : Alcandre, magicien. […] On a peine à croire jusqu’à quel degré Corneille, une fois en veine de bizarrerie, se laisse entraîner. […] Un tel degré d’adulation ressemblerait à une ironie continue, si une telle supposition était admissible alors. […] Assurément le génie et le goût français n’eussent toujours pas été les mêmes que le génie anglais ou le génie espagnol ; mais, précisément en restant français, notre théâtre aurait eu ses éclosions et ses floraisons naturelles ; il eût porté ses propres fruits ; il eût été tout à fait neuf, au lieu de ne l’être qu’au second degré, ou au troisième, timidement, et seulement dans les limites autorisées par l’abbé d’Aubignac, ou par M. 

1801. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

C’est qu’au fait, à ce degré de division, les idées, réduites à leur extrême simplicité, n’ont presque plus de points par où elles se touchent. […] Ainsi que la vertu, le vice a ses degrés. […] Pareillement, la bouffonnerie italienne est d’un degré ou deux plus voisine du cynisme que la bouffonnerie française. […] La faute est donc égale, et diminue pareillement d’un degré la valeur de l’œuvre, lorsque Corneille, écrivant Horace, implique trois actions l’une dans l’autre, ou quand Raphaël, peignant l’École d’Athènes, nous place à un point de vue pour l’architecture et à un autre point de vue pour les personnages.

1802. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

« Quant à la question de savoir si Charles-Augustin avait quelque degré de parenté avec le docteur Jacques de Sainte-Beuve du xviie  siècle, ce point a été touché dans la dernière édition de Port-Royal, donnée en 1867 (au tome IV, page 564).

1803. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Jason essaye de la satisfaire et commence à lui parler de sa patrie ; puis, touché par degrés et gagné à la tendresse, il s’interrompt en s’écriant : « Mais pourquoi te raconter toutes ces choses que le vent emportera, et ma patrie, et notre famille, et la très-illustre Ariane, fille de Minos, nom brillant qui fut celui de cette vierge aimable sur laquelle tu m’interroges ?

1804. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Songez à la grandeur d’un pareil attrait : gouvernements, commandements, évêchés, bénéfices, charges de cour, survivances, pensions, crédits, faveurs de toute espèce et tout degré pour soi et pour les siens, tout ce qu’un État de vingt et vingt-cinq millions d’hommes peut offrir de désirable à l’ambition, à la vanité et à l’intérêt se trouve rassemblé là comme en un réservoir.

1805. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Tantôt je me livre à de sublimes méditations : l’état où elles me conduisent par degrés tient du ravissement ; tantôt j’évoque, innocent magicien, des ombres vénérables qui furent jadis pour moi des divinités terrestres, et que j’invoque aujourd’hui comme des génies tutélaires.

1806. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Elle s’habitua donc par degrés à se laisser traiter en souveraine et à voir sa cour pleine tous les soirs.

1807. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Il est utile de distinguer les degrés différents atteints par les différentes classes qui forment le public ; il est bon d’évaluer, autant que faire se peut, le nombre des privilégiés à qui les jouissances du beau ont été largement accessibles et l’épaisseur souvent énorme des masses ignorantes qui n’ont pu les connaître que sous leur forme la plus grossière.

1808. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Ce qui caractérise au plus haut degré le Drame Musical, dans chacun de ses éléments composants, c’est le calme majestueux, les proportions monumentales ; seules, les situations décisives nous sont présentées, en de grands traits, sans épisodes accessoires.

1809. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Mais le vif étincellement amené par degrés à cette intensité de rayonnement solaire, s’éteint avec rapidité, comme une lueur céleste.

1810. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Il a aussi au plus haut degré l’imagination des attaches et des enlacements de deux corps amoureux, noués l’un à l’autre, ainsi que ces sangsues, que l’on voit roulées, l’une sur l’autre, dans un bocal.

1811. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

J’approchai par degrés de l’oreille des rois, Et bientôt en oracle on érigea ma voix.

1812. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Les vieux poètes allemands s’en sont emparés et lui ont donné un degré de dépravation de plus.

1813. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

En Allemagne, Hoffmann40 était une de ces intelligences ; Jean-Paul aussi, à un degré moindre ; Novalis et d’autres, plus nombreux qu’ailleurs dans ce pays de l’Abstraction et du Rêve.

1814. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Si le dialogue est une partie considérable de l’art du romancier, et si peut-être il n’y a rien de plus rare que le talent de le faire servir à la peinture des caractères, aucun romancier contemporain, — je dis aucun, ni George Sand, ni Balzac, — ne l’a possédé chez nous au même degré que Feuillet ; et la Petite Comtesse ou le Roman d’un jeune homme pauvre en sont déjà la preuve. […] Et je vais vous dire pourquoi : c’est que les femmes ont toutes à un plus haut degré que vous la vertu maîtresse du mariage, qui est l’esprit de sacrifice, mais il leur est difficile de renoncer à tout quand leur mari ne renonce à rien ; — et c’est cependant ce qu’il leur demande. » La lettre est un peu longue, et je ne puis la citer tout entière, mais on me permettra d’en détacher encore ces quelques lignes : « Le mariage est une entreprise qui promet d’inestimables bénéfices ; mais il y a un cahier des charges. […] Il en fera surtout partie dans une société démocratique, où il n’est pas seulement bon, mais nécessaire que l’urgente préoccupation des intérêts matériels soit, comme à tout instant, contrepesée par quelque ambition plus noble ; et dont le principe actif est de favoriser ou de provoquer à tous les degrés de la hiérarchie sociale, l’effort du mérite personnel. […] Douées à un haut degré du sens du relatif, elles conçoivent aisément, trop aisément peut-être, que le mal de l’un fasse le bien de l’autre ; elles ne sont pas, comme l’est Israël, plus âpre et plus pressé, « affamées de justice et de justice immédiate ». […] Comme d’ailleurs un poison ne diffère qu’en degré d’un remède, ou même, d’une substance inoffensive et vulgaire, que par la disposition de ses parties atomiques — ce qui est l’un des grands mystères de la chimie, — semblablement, entre les hommes, l’individualité se définit par une combinaison plus rare, ou quelquefois unique, des caractères ou des pouvoirs qui sont indistinctement ceux de tous les hommes.

1815. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Non, je ne crois pas le peuple français plus immoral qu’un autre peuple, et même je crois, avec toutes sortes de raisons pour le croire, qu’il est à un très haut degré, dans l’échelle de la moralité, parmi les nations. […] Elle eût été, je crois, un principe d’apaisement ; car, à cette époque surtout, où les passions antireligieuses n’étaient pas encore ou n’étaient plus à leur dernier degré de violence, avec la séparation de l’Église et de l’État il y aurait eu fusion nécessaire entre l’Église officielle et l’Église « latérale », et cette fusion eût été salutaire, l’Église hier officielle modérant l’Église latérale, et celle-ci vivifiant l’Église hier officielle, et l’Église latérale cessant d’être aussi batailleuse et agressive qu’elle l’était et surtout qu’elle le devint quelques années plus tard. […] En réprimant, en proscrivant la liberté de pensée, vous poussez tel sentiment à ce degré d’acuité où il se préfère à l’idée de patrie et s’insurge contre une patrie qui l’opprime. […] La liberté d’enseignement était enfin établie en France à tous les degrés (17 juin 1875). […] … Leur liberté d’enseigner ressemble étrangement à la fameuse liberté de travail de Messieurs les économistes… Je le proclame ici sans ambages, le père Combes parviendrait-il à nettoyer le territoire de toutes congrégations, en aurait-il fini avec les comédies de sécularisations, je demeurerais partisan du monopole de l’enseignement de l’État, à tous les degrés, parce que c’est uniquement avec un service public de l’enseignement qu’il sera loisible d’assurer à tous les gens capables le droit d’enseigner.

1816. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

En revanche, il approuve Bartoli, pour qui Béatrice est la femme terrestre regardée par les yeux mystiques de l’homme du moyen âge, et en particulier de ces Blancs de Florence de la fin du xiiie  siècle ; la femme où l’ange apparaît par degrés ; quelque chose d’abstrait et d’impalpable, qui devient concret sur un beau visage, puis s’évapore et s’évanouit… Enfin, Béatrice, c’est l’idéal. […] Il est difficile de savoir, avec précision, comment les deux sensibilités, la commune et l’artistique, peuvent se mêler parfois, et à quel degré et pour quel résultat. […] Ainsi l’acteur mécanique parvient à quelque degré de sentiment, qui n’égale pas, il est vrai, en durée et en chaleur, celui qui prend sa source dans l’âme ; mais qui, du moins, est assez énergique au moment de la représentation, pour donner le change… On ne doit pas confondre le mime avec le comédien.

1817. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

L’auteur de Robinson Crusoé, en homme habile et qui veut exciter au plus haut degré l’intérêt de son lecteur, a copié, non pas la tempête de Virgile, non pas celle d’Ovide, mais la tempête d’Homère. […] Eh bien, cette femme qui vient de disparaître dans l’ essence des essences , pour parler comme saint Thomas d’Aquin lui-même, elle poussait, au plus haut degré, cet art de la divination à première vue.

1818. (1901) Figures et caractères

Une divination savante le dirigea en cette extraordinaire recherche d’un langage distinctif ; car il ne parvint que par degrés à épurer son style de toute accointance avec ce qu’il nommait « l’état de la parole, brut ou immédiat ». […] On ne le pénètre que par degrés. […] Cette amitié a ses degrés et ses nuances. […] C’est un Phélypeaux aussi que le comte de Maurepas, ministre de Louis XV à vingt-quatre ans et de Louis XVI à soixante-treize ans, homme frivole, brillant et singulier qui envoya La Condamine et Maupertuis mesurer deux degrés du méridien et laissa son nom attaché à un recueil de chansons grivoises et satiriques : le chansonnier de Maurepas.

1819. (1774) Correspondance générale

Je n’ose me flatter d’obtenir de vous le même degré de confiance ; croyez, monsieur, que je me trompe, mais ne croyez pas que je mente. […] Les têtes s’échauffent ; ce feu se répand par degrés, les principes de liberté et d’indépendance, autrefois cachés dans le cœur de quelques gens qui pensent, s’établissent à présent et sont ouvertement avoués. […] En supprimant de l’Encyclopédie les choses redondantes, en y suppléant les choses omises ou tronquées, et en aspirant à un degré de perfection facile à concevoir, impossible à atteindre, l’ouvrage aurait eu cinq à six volumes de plus. […] pour l’art de le posséder, il le possède, et me le laisse au suprême degré.

1820. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Cette pièce, qui donne le degré de chaleur de ses opinions politiques d’alors, est curieuse dans sa vie morale : on peut la rapprocher de celle des Destinées qui a pour titre les Oracles et qui semble une leçon à l’adresse de tous les rois : Et nunc, reges, intelligite.

1821. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

L’article manque en latin, et c’est certainement une imperfection réelle ; mais il existe dans les langues romanes, chez qui c’est certainement aussi un perfectionnement. » Vous savez, messieurs, qu’à l’époque la plus brillante et la plus pure de la langue latine, Auguste était tellement préoccupé de la clarté et de la précision qu’il sentait bien que cette noble langue n’avait pas au même degré que la dignité ou la grâce, qu’il n’hésitait pas à ajouter des prépositions aux verbes, à répéter les conjonctions : « Præcipuamque curam duxit, sensum animi quam apertissime exprimere : quod quo facilius efficeret, aut necubi lectorem vel auditorem obturbaret ac moraretur, neque proepositiones verbis addere, neque conjunctioncs sœpius iterare dubitavit, quoe detractae afferunt aliquid obscuritatis, etsi gratiam augent34. » Les langues romanes, le vieux français en particulier, tout en défigurant à tant d’égards et en étant si prodigieusement loin de valoir la langue d’Auguste, s’acheminaient du moins à répondre, en fait de clarté et de précision, à la grande préoccupation d’Auguste.

1822. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Or, parmi ces préceptes, il y en a deux qui sont élémentaires : le premier est de ne point considérer comme beau, dans l’ordre poétique, ce qui n’excite pas l’admiration à quelque degré ; le second est de ne point regarder comme laid ce qui excite l’admiration des hommes en général, ou d’une portion éclairée du genre humain.

1823. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Lentement, par degrés, en dépit d’elle-même, elle cède aux prières, recueille les blessés dans son palais et vient au lit du mourant.

1824. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Nous montâmes les degrés, ma jeune femme et moi ; comme elle portait un voile qui lui couvrait entièrement la figure, mon frère, qui se souvenait du voile noir de Trieste que j’avais soulevé par badinage la première fois que je la vis, fit le même geste que moi ; il avait aimé tout enfant, à Trieste, celle qui était devenue ma femme, d’une tendresse passionnée.

1825. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Réveillée de fort bonne heure, et ayant toujours donné beaucoup de temps à la lecture, sa première matinée était consacrée à se faire lire rapidement les journaux, puis les meilleurs parmi les livres nouveaux, enfin à relire ; car peu de femmes ont eu, au même degré, le sentiment vif des beautés de notre littérature et une connaissance plus variée des littératures modernes. » XXX La mort tomba bientôt tête par tête sur ce salon qui paraissait immuable.

1826. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Malgré les théories plus chimériques que réelles de ce soi-disant progrès indéfini et continu, qui conduit les peuples, par des degrés toujours ascendants, à je ne sais quel apogée, indéfini aussi, de la nature humaine, l’histoire religieuse, l’histoire militaire, l’histoire politique, l’histoire littéraire, l’histoire artistique, ne nous montrent pas un seul peuple qui, après la perfection, ne soit tombé dans la décadence.

1827. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

En remontant de quelques générations dans une race, on reconnaît à des symptômes précurseurs le grand homme que la nature semble y préparer par degrés.

1828. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Les portes, ou les barrières à claire-voie, étaient sans cesse ouvertes, et permettaient nuit et jour aux passants de monter les degrés de pierre pour venir demander le morceau de pain, le coup d’eau à puiser au seau suspendu derrière la porte, et aux paysans du hameau d’Andillac de vivre pour ainsi dire en commun avec les habitants de la maison.

1829. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

La comtesse et Mme Orlandini descendent les premières et franchissent les degrés du seuil.

1830. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Il me sembla qu’il pouvait en résulter une tragédie très touchante et très originale, pour peu que l’auteur eût l’art d’arranger sa fable de manière à laisser le spectateur découvrir lui-même par degré les horribles tempêtes qui s’élèvent dans le cœur embrasé et tout ensemble innocent de la pauvre Myrrha, bien plus infortunée que coupable, sans qu’elle en dît la moitié, n’osant s’avouer à elle-même, loin de la confier à personne, une passion si criminelle.

1831. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Ce dernier parlait en notre faveur, parce que la distinction des rouges et des noirs lui déplaisait au suprême degré, les seconds étant beaucoup plus aimés et respectés que les premiers.

1832. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Avant que l’aurore parût, sa voix s’affaiblit par degrés et s’éteignit comme le murmure du zéphyr mourant dans le feuillage ; la douleur avait épuisé ses forces ; elle expira… Elle te laissa seul, malheureux Armin.

1833. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Mais dans la littérature, le genre lié au plus haut degré de civilisation, c’est le théâtre.

1834. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

J’y veux bien reconnaître aussi, avec Marmontel, l’élégance, pourvu que ce ne soit pas celle que Marmontel refuse à Boileau, et qu’il admire au même degré dans Quinault et dans Racine ; et le coloris, pourvu qu’il s’agisse de l’art de mettre les objets dans le meilleur jour.

1835. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Joignez-y les parents à tous les degrés, les gens de tout état, célibataires, maris, veufs, orphelins, enfants naturels, « combien de détails importants !

1836. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Ces objections sont d’autant plus sérieuses que je reconnais tout le premier que la science, pour arriver à ce degré où elle offre à l’âme un aliment religieux et moral, doit s’élever au-dessus du niveau vulgaire, que l’éducation scientifique ordinaire est ici complètement insuffisante, qu’il faut, pour réaliser cet idéal, une vie entière consacrée à l’étude, un ascétisme scientifique de tous les instants et le plus complet renoncement aux plaisirs, aux affaires et aux intérêts de ce monde, que non seulement l’homme ignorant est radicalement incapable de comprendre le premier mot de ce système de vie, mais que même l’immense majorité de ceux qu’on regarde comme instruits et cultivés est dans l’incapacité absolue d’y atteindre.

1837. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

« Lorsque les premiers silences de la nuit et les derniers murmures du jour luttent sur les coteaux, au bord des fleuves, dans les bois et dans les vallées ; lorsque les forêts se taisent par degrés, que pas une feuille, pas une mousse ne soupire, que la lune est dans le ciel, que l’oreille de l’homme est attentive, le premier chantre de la création entonne ses hymnes à l’Éternel.

1838. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Ulisse tout nud sur le devant, se présentant à Pénélope assise au-dessus d’une estrade à laquelle on monte par quelques degrés.

1839. (1903) La renaissance classique pp. -

Jamais la maladie impérialiste n’aura atteint à un degré d’exaspération plus aiguë.

1840. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Jusqu’à ce haut degré de stoïque fierté Où, naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté. […] Ce mouvement qui s’éveille, cette ondulation lente dans les blés mûrs et ces bœufs qui bavent avec lenteur, vous voyez qu’ici l’expression, le terme, est aussi réaliste que possible, et il n’a rien de grossier, il n’a rien de bas ; au contraire, la façon dont se termine la strophe éveille chez nous une belle idée : cette idée que l’animal, lui aussi, est pour nous un frère, un frère, à quelque degré qu’ait voulu la nature.

1841. (1925) Proses datées

Il était sensible à leur rareté et veillait à ce que les plus humbles atteignissent le degré d’élégance dont ils étaient capables. […] Toutes ces bonnes gens inspiraient à Alphonse Allais une sympathie amusée et ce fut à leur contact que s’éveilla en lui ce sens de l’observation et de la réalité qu’il posséda à un haut degré et qui, dans la suite, servit de point d’appui à ses fantaisies les plus déconcertantes, à ses inventions les plus burlesquement saugrenues. […] Il le peut, car il possède à un degré unique l’imagination du vrai, en même temps qu’il en a le sens le plus profond.

1842. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Quel fut son émoi, lorsqu’il le vit s’avancer à sa rencontre sur les degrés du perron ! […] Inventorier tous les outils avec lesquels les philologues s’escriment contre l’erreur, pousser ce catalogue jusqu’au dernier degré de la minutie afin de ne point s’exposer à laisser dans l’inutile ferraille quelque instrument efficace, tel est le premier devoir d’un historien de la littérature grecque. […] Si, maintenant, nous montons les degrés qui mènent au stylobate, et si nous regardons les bas-reliefs qui décorent la frise intérieure du portique, nous apprendrons, comme dans les chants successifs d’un poème, l’histoire héroïque d’Héraklès, fondateur des jeux Olympiques.

1843. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Puis on lançait les cadavres au bas des degrés du temple, et les fidèles s’en partageaient les morceaux. […] Arrivé devant le cordon de sonnette, il fut pris d’une terreur folle, tourna les talons et dégringola les degrés quatre à quatre.

1844. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Mais si, comme Diderot, notre favori réunit au degré suprême la sensibilité, l’imagination, la clarté, l’esprit, le mouvement, c’est-à-dire tous les dons naturels du pays de France, l’inconvénient, on l’avouera, disparaît tout à fait. […] Comme le Berlinois, il sait démêler, dans les choses les plus vulgaires, le grain de fantastique qu’elles recèlent ; mais il ne nous affole pas, il ne nous hallucine pas au même degré. […] Qui pourrait dire l’universel frisson dont les spectateurs ont été glacés, quand le misérable Œdipe a paru sur les degrés du palais, se soutenant à peine dans son ivresse de douleur, s’appuyant aux murs, les yeux tout sanglants encore de l’horrible blessure faite par l’agrafe arrachée au manteau de Jocaste ? […] Après une telle déclaration, n’est-il pas comique au suprême degré que M. de Sacy s’écrie avec l’enthousiasme d’un Prudhomme inspiré : « Une ère nouvelle commence !

1845. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Si vous parcourez toute la famille, vous y trouverez sans doute quelque plante marquante qui manifeste le type en pleine lumière, tandis qu’à l’entour et par degrés il va s’altérant, dégénère et finit par se perdre dans les familles environnantes.

1846. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Et plus tard, quand la vie, en proie à la tempête, Ou stagnante d’ennui, n’a plus loisir ni fête, Si pourtant nous sentons, aux choses d’alentour, À la gaîté d’autrui, qu’est revenu ce jour, Par degrés attendris jusqu’au fond de notre âme, De nos beaux ans brisés nous renouons la trame, Et nous nous rappelons nos dimanches d’alors, Et notre blonde enfance, et ces riants trésors.

1847. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Ce ne sont plus les mers, les degrés, les rivières, Qui bornent l’héritage entre l’humanité.

1848. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Chose de fastueux et d’orgueilleux ; elle manque de simplicité et de bonhomie à un degré invraisemblable.

1849. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il se brouillait et se réconciliait sans cesse avec ceux qui l’entouraient, et perdait par degrés, avec le commerce du monde, les consolations qui se tirent de la mémoire et de la pensée.

1850. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

« Ce pays se nomme Versailles ; il est à quelques quarante-huit degrés d’élévation du pôle, à plus de onze cents lieues de mer des Iroquois et des Pantagons. » Hélas !

1851. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Quand une concierge, qui semblait sentir la dignité et la responsabilité de gardienne du repos d’un philosophe favori du peuple, vous avait indiqué sa demeure, vous tourniez, à droite en entrant dans la cour, sous une petite voûte conduisant à des écuries ; vous rencontriez sous la voûte le premier degré d’un escalier de bois ; cet escalier vous conduisait de palier en palier, par des marches douces, comme il convient à l’âge essoufflé, jusqu’au dernier palier, sous les toits, où vous n’aviez plus au-dessus de vous que les tuiles et le ciel.

1852. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Il fut un être moral quelconque, dont le degré de moralité est resté un secret entre lui et Dieu, un être dont nous n’avons vu passer que l’extrémité des passions ou des sentiments dans des traditions incertaines, mais ce fut à ciel ouvert un être de génie qui a déposé non pas le secret, mais la révélation de son génie en des œuvres splendides sur le compte desquelles il n’est pas permis de s’abuser.

1853. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Paul Féval, en ses Étapes d’une conversion, nous a révélé, par des qualités neuves, une manière pensive, intime, recueillie et profonde, que je ne lui connaissais pas, du moins au même degré où je la lui vois maintenant.

1854. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Et ces degrés dans les esprits disent eux-mêmes les degrés différents de l’importance des Formules. […] Barbey d’Aurevilly, un don que ces deux Poëtes eux-mêmes n’ont pas à ce degré : la Modernité.

1855. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Dès qu’un peuple est arrivé au point d’avoir goûté les Sciences & les Arts, il faut qu’il les pousse au plus haut degré de perfection, s’il ne veut pas augmenter ses maux. […] Des guerres longues & sanglantes, pour quelques possessions incertaines, n’ont point fait changer de situation à aucun peuple ; les limites des Etats sont à-peu-près les mêmes ; le vainqueur après dix campagnes, ressemble au vaincu ; l’affaiblissement est universel ; il faudroit pour me satisfaire, des tableaux plus neufs ; avec quel plaisir j’apprendrois la découverte de quelque peuple policé, caché dans l’Amérique serpentrionale & qui offriroit subitement à nos regards étonnés, des arts qu’il auroit découverts aussi de son côté : on nous parle déjà des Tahuglank situés au Nord du nouveau Mexique, vers le 241e. degré de longitude.

1856. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Par un hasard comme il ne s’en produit pas deux au cours d’une vie humaine, ils se trouvaient placés exactement dans les circonstances qui devaient porter leurs âmes au plus haut degré possible d’amour. […] Derrière la porte, sur le seuil, on entendait le pas lourd de la sentinelle, qui marchait en long et en large par un froid de 40 degrés. […] Rien d’étonnant à ce qu’il soit devenu nerveux et irritable au plus haut degré. […] D’abord folle furieuse, elle était tombée, par degré, à cet état d’inconscience qui n’avait presque plus rien d’humain. « C’est l’éternelle histoire, ajouta mon père, en finissant son triste récit, — les unes en meurent de douleur, d’autres en perdent l’esprit, et je ne sais, vraiment, lequel est pire. » Mon père avait raison.

1857. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Il me dit néanmoins un : « C’est toi, André, comme tu es aimable d’être venu… » qui me prouva, une fois de plus, le degré de son empire sur lui-même, et il me tendit une main que je ne pris pas. […] Enfin, c’est pour te montrer le degré de cette intimité précieuse. […] la dernière heure est le dernier degré !

1858. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

J’ai trouvé là M. de Sacy, intimidé à un degré extraordinaire. […] Ces morts, c’étaient les ancêtres de sa race, la lignée, qui depuis le commencement du monde, escalade les degrés de l’échelle de Jacob. […] Pouvillon aimait « à voir pontifier Sa Grandeur, assistée d’une cour d’acolytes et de servants : porte-crosse, porte-mitre, porte-bougeoir, porte-queue, porte-missel, porte-aiguière, porte-serviette, un monde de chambellans en soutane, tous magnifiquement vêtus, évoluant avec ampleur, ou bien hiérarchiquement échelonnés, immobiles sur les degrés du trône épiscopal. […] De si loin, de si bas, son nom monte jusqu’à ces hauts degrés où la mode parisienne a coutume d’étaler, pêle-mêle, les gloires solides et les réputations truquées.

1859. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Une salve ; et il est tué… Mais la retraite continue : la retraite que Joffre a ordonnée, la retraite incomparable, et salutaire, et atroce… « Ceux qui n’ont pas connu ces heures ne sauront jamais le degré de souffrance morale et d’abattement physique que peut endurer un soldat. […] Charles-Quint et Napoléon y ont échoué : il est permis de dire, d’après ce double insuccès, que l’unité et la concentration politique, élevées à ce degré, sont contraires à la destinée des nations. […] Joachim Merlant trouve admirable, dans Montaigne, « la vie intérieure de l’intelligence » et ajoute : « Il lui a manqué un certain oubli de soi, un certain degré de chaleur morale, une certaine ferveur d’émotion, que seul l’apprentissage de la douleur, le consentement à la douleur auraient pu lui donner… » Tout cela, en effet, n’est pas de Montaigne : et voire, tout cela est si étranger à Montaigne que le langage, pour le réclamer, ne prend pas le tour de Montaigne et semble du style nouveau. […] Esclavage de la société : « Remarquez bien, je vous prie, les degrés de cette généalogie de bassesse.

1860. (1923) Au service de la déesse

Il écrit : « Pour apprécier le degré de développement intellectuel de l’homme, il n’est pas de meilleur étalon que l’aptitude à adopter la théorie évolutive et la philosophie monistique qui en est la conséquence. » Le professeur Grasset note que jamais une religion n’a promulgué son évangile avec tant d’arrogance et d’insolence. […] Au chapitre XVI, le docteur « prend la température de petit Paul : trente-sept degrés ; la vilaine membrane se détache.

1861. (1923) Nouvelles études et autres figures

Dieu a déjà élevé ton degré de gloire parce que tes vertus sont agréables à ses yeux ; il nous unira au ciel lorsque tu auras vécu sur la terre une longue vie consacrée au service divin. […] Personne n’a possédé au même degré que lui le don de transformer ou de déformer la réalité en vue de l’effet scénique. […] Les Jésuites ont été des novateurs, et, pour nous débarrasser de ce qu’ils nous ont légué, il faudrait que nous le fussions au même degré qu’eux. […] Quel degré de parenté y a-t-il entre son âme et celle de ses personnages ?

1862. (1895) Hommes et livres

Il avait un fils unique : comme de juste, il voulut que ce fils montât plus haut que lui et haussât la famille encore d’un degré. […] Voilà les caractères que je retrouve à des degrés divers, plus ou moins nets ou mêlés selon la diversité des tempéraments et la nature des ouvrages, chez tous les écrivains, poètes ou prosateurs, qui se placent entre la Ligue et Richelieu, qui sont venus après la Pléiade et avant l’hôtel de Rambouillet. […] Car chacun des efforts qu’ils font contre l’amour, les élève à un degré plus haut d’héroïsme qui a droit à une somme plus grande d’amour. […] Par là, Diderot nous force à nous rapprocher de la vie, et à retenir cependant les deux degrés de généralité dont un caractère est susceptible, de façon à nous empêcher de nous perdre dans l’insignifiante diversité des humeurs individuelles.

1863. (1902) La poésie nouvelle

La poésie symboliste atteint ici à un degré d’objectivité auquel visent en vain d’autres formes d’art. […] Aucun poète n’eut peut-être au même degré que celui-ci le don essentiel de l’image. […] Sa versification est celle de cette époque intermédiaire où s’opéra la transition du Parnasse au Symbolisme ; il la définit ainsi dans un avertissement au lecteur qu’il mit en tête du recueil des Cygnes, avec la date de novembre 1886 : « C’est le vers libéré des césures pédantes et inutiles ; c’est le triomphe du rythme ; la variété infinie rendue au vieil alexandrin, encore monotone chez les Romantiques ; la rime libre enfin du joug parnassien désormais sans raison d’être, redevenue simple, rare, naïve, éblouissante d’éclat au seul degré du tact poétique de celui qui la manie… » Puis il cite le passage célèbre du Petit traité de poésie française où Banville regrette que Hugo, laissant sa révolution incomplète, n’ait pas rendu le vers « absolument libre », et il s’autorise de ce témoignage pour légitimer ses innovations.‌

1864. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Il y a eu des variations sans doute, des degrés et des nuances, mais on a le type et le fond.

1865. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Il est curieux de suivre tout ce dont est capable un grand esprit piqué au jeu, et de voir, en désespoir de cause, la philosophie se faisant drame, la critique, à ce degré de puissance, devenue créatrice.

1866. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Aussi à quel degré de contradiction avec sa nature et par conséquent de nullité d’influence dans le pays, le parti légitimiste se trouva-t-il à la fin de cette campagne de quinze ans, par la fausse stratégie de ses guides politiques !

1867. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

« L’âme française, un peu légère, mobile et refroidie par le convenu, l’artificiel, semble gagner un degré de chaleur » [Cf.  […] Mais la vérité, c’est qu’en s’emparant de cette idée de « nature » Rousseau en a saisi toutes les conséquences, y compris celles que l’imagination trop prompte et trop fuligineuse de Diderot n’avait point vues ; il l’a faite sienne, vraiment sienne, uniquement sienne à sa date ; et réchauffant alors de l’ardeur de ses rancunes, de ses haines, de son orgueil, l’enrichissant, pour ainsi parler, de sa propre substance, et lui communiquant la flamme de son éloquence et de sa passion, il lui a donné un degré d’importance et une vertu de contagion qu’elle n’avait jamais encore eus.

1868. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Si elle n’existait pas, et au degré inouï auquel Molière a cru la devoir pousser, il n’y aurait plus de pièce. […] Jamais la prévention n’a été poussée à ce degré ; c’est de la charge, de la caricature, et l’auteur se moque de nous ! 

1869. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Car songez qu’elle condamne, outre le vol déclaré, tout ce qui, dans les affaires, est tromperie et mensonge à un degré quelconque, toutes les spéculations où le spéculateur ne joue pas seulement sa part, mais celle des autres, et où il subordonne son honnêteté à un hasard ; bref, plus de la moitié des opérations de Bourse. […] Et auparavant il les a fait flageller par Ariste, et trop souvent il s’entend mieux encore à les flageller qu’à les décrire. — Beaucoup de ses personnages vivent, à coup sûr, et quelques-uns d’une vie à la fois individuelle et générale, mais à un moindre degré que ceux des grands classiques. […] Et nous découvrons, dès ce moment, le caractère purement sensuel de la passion de Pierre Clémenceau, et qu’il est uniquement, mais mortellement pris par cette chair, ces lignes et cette peau ; — que ce puritain n’a rien gardé, dans son amour, de cette pudeur et de ce respect du corps que la morale chrétienne ou platonicienne recommande aux époux ; et qu’enfin son travail même et le modelage patient de l’argile selon les formes adorées n’est encore pour lui qu’un long baiser minutieux qui l’affole et qui l’épuise… En somme, et sauf le degré de cet amour, il aime Iza à peu près de la même façon qu’il est aimé d’elle. […] Si maintenant vous imaginez une scène de théâtre où se trouvent réunis, et chacun dans un degré monstrueux, les trois épouvantements dont je viens de parler, torture du corps, cruauté, désespoir, qu’est-ce que vous voulez, moi, que je devienne ?

1870. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Pour revenir à Poinsinet, il me paraît bien qu’on trouve dans son Cercle la même sorte et le même degré de vérité que dans telle comédie de MM.  […] Ce sont nos passions grandies, et il n’y a là qu’une différence d’intensité ou de degré. […] Ce don, à ce degré, est même très original. […] Concluons, si vous le voulez bien, qu’une moitié du succès revient aux décors et à l’interprétation ; que l’autre moitié s’explique par l’espèce et le degré de culture de la foule… et que la troisième est due au talent de l’auteur.

/ 1943