/ 2639
1642. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Après plus de mille ans de pensées ; de jugements, d’admiration, auxquels il a forcé le monde, Charlemagne n’a pas encore d’historien qui l’ait pris tout entier, de détail et d’ensemble, et nous l’ait véritablement montré ce qu’il fut ; Cromwell non plus, en Angleterre, — Cromwell, dont le profond génie tenta le génie pénétrant de Montesquieu.

1643. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

De Rollon, le fils mystérieux de la fée des mers, jusqu’à Guillaume, le fils effronté d’Arlette, la sirène de la fontaine de Falaise, on compte quatre ducs, dont le dernier est ce Robert le Magnifique ou le Diable, en qui le Moyen Âge tout entier, sentiments, croyance, vertus et vices, se concentre ardemment et se reflète, comme un soleil dans une cuirasse d’or.

1644. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Je regretterais beaucoup de voir tant d’excellente substance cérébrale employée, tout entière, à faire les bulles de savon du jour le jour, si recherchées des amateurs, quoique chez Rochefort, par exception, les bulles de savon soient moins bulles que balles, — et balles visées juste et mises très bien en pleine tête (s’ils en ont) des petits ridicules contemporains.

1645. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

c’est un fou complet dont l’intelligence tout entière est dévorée par l’idée fixe et dont la maladie s’écoule en bavardages insensés et perpétuels.

1646. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Pierre Dupont, qui a imité Béranger, ne l’a pas prévu davantage, — non plus que ne l’a prévu un troisième poëte, qu’il imite aussi et dont la Muse a une bien autre aile que celle de Béranger, quoiqu’avant son entier développement le malheur, hélas !

1647. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Nous, c’est avec de la moelle épinière et des nerfs que nous expliquons l’homme tout entier.

1648. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Paul Meurice n’est pas dépourvu de talent, — et je dirai tout à l’heure le talent qu’il a, — mais entre son adoration génuflexoire pour Hugo et sa collaboration avec madame Sand, son talent est assez mal placé pour produire un grand effet et pour qu’on lui rende une justice entière.

1649. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Ingres étale fièrement dans un salon spécial onze tableaux, c’est-à-dire sa vie entière, ou du moins des échantillons de chaque époque, — bref, toute la Genèse de son génie.

1650. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Ce que l’on tient d’ordinaire pour une plus grande complication de l’état psychologique nous apparaît, de notre point de vue, comme une plus grande dilatation de notre personnalité tout entière qui, normalement resserrée par l’action, s’étend d’autant plus que se desserre davantage l’étau où elle se laisse comprimer et, toujours indivisée, s’étale sur une surface d’autant plus considérable.

1651. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Cette institution était conforme à l’esprit républicain ; mais quand le gouvernement vint à changer, quand le monde entier fut dans la main d’un empereur, et que cet empereur qui n’était presque jamais appelé au trône par droit de succession, craignant à chaque instant ou des rivaux ou des rebelles, eut l’intérêt funeste de tout écraser ; quand on vint à redouter les talents, quand la renommée fut un crime, et qu’il fallut cacher sa gloire, comme dans d’autres temps on cachait sa honte, on sent bien qu’alors il ne s’agissait pas de louer les citoyens : les grandes familles aimaient mieux la sûreté et l’oubli, que l’éclat et le danger.

1652. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

car il est consacré tout entier à louer un affranchi de Claude, et l’imbécile Claude lui-même : c’est le traité de la consolation adressé à Polybe.

1653. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Ainsi, dans les temps héroïques on put dire avec vérité, comme Homère le dit d’Ajax, le rempart des Grecs (πύργος Αχαιών), que seul il combattait contre l’armée entière des Troyens68 : on put dire qu’Horace soutint seul sur un pont le choc d’une armée d’Étrusques ; par quoi l’on doit entendre Ajax, Horace, avec leurs compagnons ou serviteurs.

1654. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Rien n’est plus amusant que l’Eschyle breton ; Il nous porte à son gré du Tibre à la Tamise, Du Nil au Capitole et de Chypre à Venise, Mêle aux discours des rois les lazis des manans ; Confond les savetiers avec les conquérans ; Et des trois unités méprisant l’hérésie, Mettrait le monde entier dans une tragédie.

1655. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Daunou, n’a pas tardé à publier, sous le titre de Documents biographiques, un excellent volume où le texte tout entier de cette vie si pleine est, en quelque sorte, établi, où toutes les pièces à l’appui sont compulsées, mises en œuvre, et les moindres curiosités littéraires soigneusement indiquées : on n’a plus guère, pour le fond, qu’à puiser là. […] Cours public et discours politique, il rédigeait le tout comme un rapport, il couvrait des pages entières d’une écriture serrée, minutieuse, distincte, des pages écrites jusqu’au bord, sans marge, et pleines comme sa vie. […] Ceux qui ne l’ont vu et connu que comme académicien des Inscriptions, et dans ses travaux littéraires des dernières années, ont pu goûter ses meilleurs fruits et les mieux élaborés à notre usage ; mais l’arbre tout entier, le tronc, les racines sont là-bas. […] Daunou conclut par une page qui est la plus éclatante manifestation en l’honneur du xviiie  siècle ; il faut la citer en entier, parce qu’elle vérifie beaucoup de nos assertions précédentes sur l’auteur, et parce qu’elle résume et nous représente sous le jour le plus large et le plus lumineux toute sa doctrine. […] Tel qu’il vient de s’offrir et que chacun peut désormais le considérer avec nous, c’était un homme rare, non-seulement distingué, mais unique en son genre, un de ces hommes qu’il faut connaître pour recevoir la tradition, et qui pourtant avait son cachet à part entre tous.les autres individus réputés comme lui du xviiie  siècle ; c’était un caractère, une nature originale par son ensemble, médaille d’un autre âge conservée tout entière dans le nôtre, et où pas une ligne n’était effacée.

1656. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Il s’y débattit d’abord contre la haine populaire, puis contre le ministère vainqueur, puis contre l’humanité tout entière, par des pamphlets sanglants, par des satires désespérées ; il y savoura encore une fois le plaisir de combattre et de blesser962 ; il y souffrit jusqu’au bout, assombri par le progrès de l’âge, par le spectacle de l’oppression et de la misère, par le sentiment de son impuissance, furieux « de vivre parmi des esclaves », enchaîné et vaincu. « Chaque année, dit-il, ou plutôt chaque mois je me sens plus entraîné à la haine et à la vengeance, et ma rage est si ignoble qu’elle descend jusqu’à s’en prendre à la folie et à la lâcheté du peuple esclave parmi lequel je vis963. » Ce cri est l’abrégé de sa vie publique ; ces sentiments sont les matériaux que la vie publique a fournis à son talent. […] Il faut encore qu’il se développe régulièrement par des analyses et avec des divisions exactes, que sa distribution donne une image de la pure raison, que l’ordre des idées y soit inviolable, que tout esprit puisse y puiser aisément une conviction entière, que la méthode, comme les principes, soit raisonnable en tous les lieux et dans tous les temps. […] Sans doute il est vrai qu’un gentleman envoie souvent à ma boutique prendre un échantillon d’étoffe : je le coupe loyalement dans la pièce, et si l’échantillon lui va, il vient, ou bien envoie et compare le morceau avec la pièce entière, et probablement nous faisons marché ; mais si je voulais acheter cent moutons, et que l’éleveur, après m’avoir amené un seul mouton, gras et de bonne toison, en manière d’échantillon, me voulût faire payer le même prix pour les cent autres, sans me permettre de les voir avant de payer, ou sans me donner bonne garantie qu’il me rendra mon argent pour ceux qui seront maigres, ou tondus, ou galeux, je ne voudrais pas être une de ses pratiques. […] Ici, comme ailleurs, son originalité est entière et son génie créateur ; il dépasse son siècle classique et timide ; il s’asservit la forme, il la brise, il y ose tout dire, il ne lui épargne aucune crudité. […] Je le traduis presque tout entier ; il le mérite.

1657. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Je t’apporte le don de mon corps tout entier, Si tu veux avec art, dans ta durable argile Peut-être, éterniser une forme fragile, Dans une terre rose et semblable à ma chair Modèle le contour de mon bien le plus cher : Mes petits seins égaux aux deux pointes aiguës. […] Je voudrais citer en entier ce petit poème de Par l’amour : l’Amour mouillé, dont voici les dernières strophes… Adieu, dit le poète à l’Amour, Adieu, mais crois que je jouis Du mal que tu m’as fait ; ma plaie Comme un rosier s’épanouit ; Au vain bonheur que je dédaigne, Je la préfère ; sous mes pleurs S’effeuille le rosier qui saigne, Et que m’importe si j’en meurs ! […] Je voudrais citer en entier le Pilori, dont la plainte ressemble à une lamentation biblique : Pendant longtemps, je fus clouée au pilori, Et des femmes, voyant mes souffrances, ont ri. […] C’est que l’amour, en ses minutes de mutuelle concordance, donne à la chair, à l’être tout entier, un rythme parfait. […] C’est bien seule avec elle-même, avec ses souvenirs, sentant la présence cachée de l’amour en toutes choses, dans les peines et dans les joies de la vie quotidienne, que cette Muse avoue : Je ne puis plus chanter que ton visage, Amour, et sa poésie se fait plus fervente, parce qu’elle s’est mise tout entière dans ces poèmes voluptueux, qui ont le rythme un peu angoissé d’un sein de femme.

1658. (1886) Le roman russe pp. -351

Pouchkine se donna tout entier à cette résurrection du passé avec Boris Godounof et les poèmes de sa maturité. […] Douée d’une merveilleuse concision qui s’allie à la clarté, il lui suffit d’un mot pour associer plusieurs idées qui, dans une autre langue, exigeraient des phrases entières. […] Les choses de la foi l’absorbèrent bientôt tout entier. […] Cette pauvre petite voix forcée, vacillante comme un filet de fumée, résonnait si douloureusement, elle se donnait tant de peine pour exprimer l’âme tout entière ! […] J’aurais voulu citer en entier ces pages, mais séparées de ce qui les précède, elles perdent leur sens, elles ne valent que par la lente préparation de tout le récit, qui accumule seule leur puissance.

1659. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Si on l’avait écouté, l’Allemagne n’aurait pas gardé un seul ami dans le monde entier ! […] Il lui envoie aussitôt une lettre de vingt pages dans laquelle il conte sa vie tout entière. […] Il s’y libérera tout entier ; dans un admirable enchaînement de scènes, avec une ambition classique, il donnera à l’amour toute l’importance que l’on se plaît tant à lui dénier aujourd’hui. […] La première fait l’objet d’un volume entier de M.  […] Suzanne ne périra point, allons donc la voir : elle est polynésienne, et charme les oiseaux, les saisons, les flots, la nature entière.

1660. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Ils portent sur eux une lassitude en rien comparable à aucune lassitude, et leurs uniformes sont usés, déteints, délavés, ainsi que s’ils avaient bu le soleil et la pluie d’années entières. […] C’est la trouvaille de quelque moyen de voler qui vous fait voir et découvrir les positions de l’ennemi, c’est la trouvaille de quelque engin meurtrier qui tue des bataillons, met à mort tout entiers des morceaux d’armée. […] Le boulevard entier est une foire. […] Elle est tout yeux pour lui, elle remonte à chaque instant la fourrure sur ses jambes ; des mains de mère et d’épouse se promènent, le temps entier de la promenade, sur sa personne. […] Il rappelle une nuit, tout entière, passée avec Arago à l’Observatoire.

1661. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Elle repose tout entière sur ce grand principe qui domine toute science : Il n’y a pas de fait sans cause. […] Il a trouvé moyen de faire un volume entier sur le roman naturaliste sans y glisser un mot hasardé : il a le souci des convenances autant qu’une institutrice anglaise. […] Sa philosophie de l’art est tirée tout entière des œuvres du xviie  siècle. […] Il échappait à la dure nécessité de faire du métier ; il pouvait se vouer tout entier à ses goûts littéraires. […] Vive l’art pur, auquel il se voue tout entier !

1662. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Sageret, justifie la réputation de folie qu’on faisait à Fourier et jette la suspicion sur son œuvre entière. […] Bien des catastrophes ont suivi celle-là sur les chemins de fer du monde entier. […] Il s’étend, d’abord sur l’espèce canine tout entière, ce qui permet au sentiment de s’allonger à l’infini. […] Il n’est point possible que l’homme meure tout entier. […] Le monde entier est sur le même plan et ses parties ne sont limitées par rien.

1663. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Une vague bonté traversait l’ombre entière, Et tout le ciel n’était qu’un baiser de lumière. […] Là, nous nous dirons que nous nous aimons, et nous nous aimerons… Nous passerons un siècle entier sans que notre attente en soit jamais trompée !  […] Je me suis détaché de moi-même ; sans personnalité intime ; j’appartiens tout entier à l’activité… C’est le dedans qui ne subsiste plus. […] Qui a lu, qui a vu et entendu Renan le retrouvera dans ces pages qui, pour nous, le font revivre tout entier. […] Pris tout entiers par une grande haine, nous sommes capables de pardonner de petits froissements, comme il ressort de l’histoire de cette jeune femme qui en pardonna douze.

1664. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

» Et en cette impossibilité, tous antagonismes, toutes luttes mises à part, l’on peut dire que notre génération tout entière a mérité l’honneur d’avoir pour Maître Villiers de l’Isle Adam. […] Lui-même donnait l’exemple par le plan d’une œuvre à laquelle il allait consacrer sa vie entière… Certes, on ne peut n’être pas partisan du tout des idées de M.  […] Je ne mourrai pas tout entier !  […] L’empreinte, si nous la trouvons si nette et durable en Mallarmé, c’est que Mallarmé seul était alors apte à s’assimiler l’entière et l’intime pensée de cet Art qui, comme toute expression de pensée vraiment neuve et nécessaire, dépassait la sensibilité et l’entendement de la génération. […] Incontestablement il l’a repris tout entier, il a amassé l’épisode en une sorte de long monologue mouvementé des gestes du Faune haletant, précipité en poursuites.

1665. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

Cette reconnaissance toute spontanée lui appartient tout entière ; un perroquet n’applique pas le nom qu’on lui a appris ; dans sa cervelle d’oiseau, il reste isolé ; dans un cerveau d’enfant, il s’associe à la présence d’un caractère général, qui désormais n’a qu’à reparaître pour l’évoquer. […] Les planètes semblent décrire une ellipse ; l’observation et le calcul de leurs perturbations prouvent que cette ellipse n’est pas exacte. — Bref, quand nous comparons l’œuvre de la nature et l’œuvre de l’esprit, nous vérifions que leur conformité n’est pas entière ; la première se rapproche de la seconde ; rien de plus. […] De même, nous admettons des liquides parfaits ou absolument fluides, tels qu’aucune de leurs parties n’ait la moindre adhérence avec sa voisine, et que toutes puissent se mouvoir avec une liberté entière les unes sur les autres.

1666. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

XVI Vous savez que les Égyptiens, évidemment colonie intellectuelle du haut Orient, divinisèrent symboliquement la nature entière sous le nom d’Isis ; ils lui jetèrent dans ses figures un voile sur le visage, comme pour signifier le mystère sous lequel elle cache mais laisse entrevoir ses vérités. […] Misérable argument, selon nous, qui repose tout entier sur une confusion de mots à double sens, comme tant de sophismes de Platon. […] Voulez-vous ma pensée tout entière ?

1667. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Ce fut une époque de grands désastres généralement pour tous, à cause de la révolution sans pareille qui éclata en France vers la moitié de cette année, et qui se répandit comme un vaste incendie dans l’Europe entière et même au-delà. […] Pendant l’heure entière d’audience qu’il m’accorda, il me prodigua toutes sortes de faveurs, et me donna les plus salutaires conseils de résignation, de sage conduite et de courage dont les actes de sa vie et son maintien m’offraient un parfait modèle. […] Bientôt Venise entière l’apprit.

1668. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Nul député, nul écrivain n’exprimera librement sa pensée s’il peut être banni quand sa franchise aura déplu ; nul homme n’osera parler avec sincérité, s’il peut lui en coûter le bonheur de sa famille entière. […] On peut citer des strophes admirables dans quelques-unes de nos odes ; mais y en a-t-il une entière dans laquelle le Dieu n’ait point abandonné le poëte ? De beaux vers ne sont pas de la poésie ; l’inspiration dans les arts est une source inépuisable qui vivifie depuis la première parole jusqu’à la dernière : amour, patrie, croyance, tout doit être divinisé dans l’ode, c’est l’apothéose du sentiment ; il faut, pour concevoir la vraie grandeur de la poésie lyrique, errer par la rêverie dans les régions éthérées, oublier le bruit de la terre en écoutant l’harmonie céleste, et considérer l’univers entier comme un symbole des émotions de l’âme.

1669. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

C’est d’abord Aristote, le dieu de la philosophie du Moyen Âge, qui tombe sous les coups des réformateurs du XVe et du XVIe siècle, avec son grotesque cortège d’Arabes et de commentateurs ; puis c’est Platon, qui, élevé un instant contre son rival, prêché comme l’Évangile, retrouve sa dignité en retombant du rang de prophète à celui d’homme ; puis c’est l’antiquité tout entière qui reprend son sens véritable et sa valeur, d’abord mal comprise dans l’histoire de l’esprit humain ; puis c’est Homère, l’idole de la philologie antique, qui, un beau jour, a disparu de dessus son piédestal de trois mille ans et est allé noyer sa personnalité dans l’océan sans fond de l’humanité ; puis c’est toute l’histoire primitive, acceptée jusque-là avec une grossière littéralité, qui trouve d’ingénieux interprètes, hiérophantes rationalistes qui lèvent le voile des vieux mystères. […] Un esprit s’exprime tout entier à la fois ; il est dans vingt pages comme dans tout un livre ; dans un livre comme dans une collection d’oeuvres complètes. […] Il serait aussi absurde qu’un système renfermât le dernier mot de la réalité qu’il le serait qu’une épopée épuisât le cercle entier de la beauté.

1670. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Une sorte d’ivresse intellectuelle, hachichée, dit Rollinat, qui empêchait tout travail, le mettant tout entier dans la dépense orgiaque de la conversation, en ce logis, où se disait qu’on causait, comme en nul autre endroit de Paris. […] » Il nous donne ensuite des détails sur sa captivité, sur ces sept jours entiers passés, sans qu’on délivrât de vivres à l’armée captive, qui n’eut pour vivre que quelques pommes de terre oubliées. […] » Mardi 16 novembre Savoir marcher, savoir respirer au théâtre : ce sont des acquisitions qu’il faut des années entières pour posséder.

1671. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Mme Dorrit a suivi son pauvre homme de mari à la prison pour dettes ; elle est sur le point d’accoucher, il lui faut une garde, celle-ci se présente et le discours graphique par lequel elle débute montre tout entière cette singulière personne bavarde, niaisement serviable et toute prête à se consoler la première par ses bonnes paroles. […] Pickwick, est tout entier dans ses répliques, avec son outrecuidante impertinence, ses grimaces de bonne humeur, et son bon cœur de gamin rieur. […] Aussi le style d’un littérateur affectif sera exubérant, grandiloque, tout de premier jet et d’inspiration, tourmenté, sans mesure, sans grâce ; cet auteur se lancera à propos de n’importe quel sujet en infinis développements, et comme c’est son sentiment qui le fait écrire et qu’au moment où il écrit, ce sentiment d’aversion, de bienveillance, de raillerie, constitue son moi tout entier, cet auteur parlera surtout de lui-même et de ce qui l’agite toutes les fois qu’aucune raison supérieure ne l’empêche.

1672. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

N’est-ce pas là l’Américain tout entier ? […] Sa vie tout entière, à ce robuste et malade génie, fut, jusqu’à sa dernière heure, un délire et un tremblement. […] Le traducteur qui l’a racontée dans la passion ou la pitié qu’il a pour son poète, a fait de l’histoire et de cette mort d’Edgar Poe une accusation terrible, une imprécation contre l’Amérique tout entière !

1673. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Quoi qu’il en soit du degré où il admettait le scepticisme de Bayle, il nous représente mieux que personne le mouvement de ferveur et d’enthousiasme qui signala en France l’apparition de ce fameux Dictionnaire ; car cet ouvrage qu’on se borne aujourd’hui à consulter et à ouvrir par places, se lisait tout entier, se dévorait à sa naissance. […] Des branches entières de la production littéraire et même de ce savoir humain que chaque matin nous préconisons seront comme des vaisseaux échoués, laissés à sec par le reflux, et la marée montante ne reviendra pas.

1674. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Le malheur ne serait pas grand à ses yeux, non plus qu’aux yeux de M. de Montausier, Quand de ces médisants l’engeance tout entière Irait, la tête en bas, rimer dans la rivière. […] Mais qu’il soit complet, ou à peu près. — Je vais plus loin aujourd’hui : la partie qui contient la Correspondance du président Bouhier et de Marais serait à réimprimer en entier par respect pour tous deux.

1675. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Un magistrat m’a raconté qu’ayant dû faire arrêter une femme mariée qui s’enfuyait avec un amant, il n’en avait pu rien tirer à l’interrogatoire que des pages de Balzac qu’elle lui récitait tout entières. […] Sue me passe la comparaison), de même chez lui ce pessimisme déjà ancien, qui s’en prenait à l’humanité entière, ne pouvait disparaître et fondre un peu dans son ensemble qu’en se concentrant vite sur quelque objet.

1676. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

La tranquillité n’était pas aussi entière en haut. […] C’est encore assez le propre des filles : les confidences qu’elles sont obligées de faire à leur médecin leur donnent presque toujours une entière confiance en eux, et on en voit peu n’en pas raffoler.

1677. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Dans la seule province de Normandie, je trouve des séditions en 1725, en 1737, en 1739, en 1752, en 1764, 1765, 1766, 1767, 1768619, et toujours au sujet du pain. « Des hameaux entiers, écrit le Parlement, manquant des choses les plus nécessaires à la vie, étaient obligés, par le besoin, de se réduire aux aliments des bêtes… Encore deux jours et Rouen se trouvait sans provisions, sans grains et sans pain. » Aussi la dernière émeute est terrible, et, cette fois encore, la populace, maîtresse de la ville pendant trois jours, pille tous les greniers publics, tous les magasins des communautés  Jusqu’à la fin et au-delà, en 1770 à Reims, en 1775 à Dijon, Versailles, Saint-Germain, Pontoise et Paris, en 1782 à Poitiers, en 1785 à Aix en Provence, en 1788 et 1789 à Paris et dans toute la France, vous verrez des explosions semblables620  Sans doute, sous Louis XVI, le gouvernement s’adoucit, les intendants sont humains, l’administration s’améliore, la taille devient moins inégale, la corvée s’allège en se transformant, bref la misère est moindre. […] L’intendant de Bourges marque qu’un grand nombre de métayers ont vendu leurs meubles, que « des familles entières ont passé deux jours sans manger », que, dans plusieurs paroisses, les affamés restent au lit la plus grande partie du jour pour souffrir moins.

1678. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Le peuple entier se précipite vers Hébron pour reconnaître roi son héros expatrié. […] Et si Dieu lui-même a voulu se façonner, dans un cœur d’homme, un instrument capable de crier, de chanter ou de pleurer pour l’humanité tout entière, Dieu lui-même aurait-il pu pétrir autrement le cœur de cet homme ?

1679. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Ce n’est pas un acrobate qui fait ses tours : c’est un peintre qui lutte contre son modèle, pour l’exprimer tout entier sur sa toile. […] Les phrases, les alinéas, les pages, le livre entier doit sonner la vérité.

1680. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Ces lettres sont l’œuvre où il faut chercher Fénelon tout entier, comme on cherche Voltaire dans les siennes. […] Il signa les articles d’Issy ; tout en disputant pied à pied le terrain, il était souple, humble, « comme un petit enfant », devant Bossuet, qui avait protégé ses débuts, qui avait une entière confiance en lui, avec une grande admiration de son esprit.

1681. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Le quatrième acte de Ruy Blas (le quatrième, notez-le, l’acte critique du drame, pour mieux narguer les classiques) appartient tout entier à don César de Bazan ; sous le nom de ce gueux pittoresque, V. […] Alors la comédie crée un univers de la couleur de ce sentiment, et la vérité morale est entière dans l’absolue fantaisie de la construction scénique.

1682. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Avant Sterne, Rabelais, avec sa verve et l’originalité de son style incomparable, avait fait la satire de l’Église, de la cour et de la société tout entière, à la faveur d’un conte à dormir debout. […] Jadis le cœur humain tout entier appartenait aux poètes ; aujourd’hui on fait des réserves.

1683. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Le christianisme, par les deux dogmes sur lesquels il est fondé, la chute et la rédemption, lui donna la connaissance de sa nature tout entière. […] Le maître décida son élève à se livrer tout entier à la théologie.

1684. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

C’est à l’histoire générale qu’il appartient de juger cette entreprise, grande idée au dire des uns, selon d’autres grande présomption, qui, sous l’apparence d’un inventaire des connaissances humaines, faisait au passé tout entier le procès que Perrault et Lamotte avaient fait à Homère ; œuvre si contradictoire et si anarchique qu’au temps même où elle fut exécutée, des esprits qui la favorisaient comme acte la désavouaient comme ouvrage d’esprit, et la qualifiaient de Babel. […] La gloire des explications hardies, des vues fécondes mêlées d’erreurs réparables, est restée tout entière à Buffon.

1685. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Elle rit aux dangers comme on rit dans les fêtes, Devant ployer un jour tout sous sa volonté, Plus grande, ô conquérants, que le bruit que vous faites Et sans elle, il n’est pas d’entière majesté ! […] Vous m’invitez à mettre toutes voiles dehors, à me réaliser dans la plénitude de mes pires instincts, à me ruer envers et contre tous ; vous me jetez pour mot d’ordre : liberté entière et complète !

1686. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

… Et maintenant, remplissez ma tasse ; il est temps de la vider d’un seul trait. » Aujourd’hui encore, des races entières sont élevées dans la foi que ce monde n’est qu’une immense et douloureuse illusion, une surface agitée par des ombres vaines, et que le souverain bien, pour tout être, est de s’enfoncer à jamais dans le vide sans fond qu’il recouvre. […] Revienne une nouvelle tempête, et la chauve-souris d’Albert Dürer étendra de nouveau ses ailes noires sur le ciel, jusqu’à l’obscurcir cette fois tout entier.

1687. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Mon revenu de cette année ne m’est pas encore rentré ; je l’emploierai en entier pour payer les quinzaines des journaliers. […] Quand elle se vit mourir après dix-neuf années de règne, quand il lui fallut, à l’âge de quarante-deux ans, quitter ces palais, ces richesses, ces merveilles d’art amoncelées, ce pouvoir si envié, si disputé, mais qu’elle retint tout entier en ses mains jusqu’au dernier jour, elle ne dit point comme Mazarin avec soupir : « Il faut donc quitter tout cela ! 

1688. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

C’est cette même force mensongère et fatale qui désorbitait les individus et qui maintenant manifeste son pouvoir sur l’espèce tout entière, contraignant l’humanité à se concevoir autre qu’elle n’est, faite pour d’autres destins, pour un autre savoir. […] La foi populaire en l’absolu de la science repose donc sur une croyance latente en l’existence d’une cause première d’où l’ordre phénoménal pourrait être déduit dans son entier.

1689. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

On va maintenant considérer certaines manières d’être et certaines croyances communes à l’humanité tout entière, à ce point qu’elles semblent conditionner son existence, et dont on va montrer qu’elles comportent toutes un fait flagrant de Bovarysme. […] C’est ainsi qu’au temps de la passion amoureuse, cet instinct vainqueur, qui semble tenir alors la place de la personne tout entière, emploie sans peine à le servir tous les autres instincts toutes les autres puissances du corps humain.

1690. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Au mois d’octobre 1830, on se le rappelle, quelques jours après avoir écarté par l’ordre du jour la proposition d’ensevelir Napoléon sous la colonne, la Chambre tout entière se mit à pleurer et à bramer. […] Avant peu, la société entière la résoudra comme nous.

1691. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Je ne doute pas qu’Anacréon ne fût en effet pour les Grecs un auteur charmant : mais je ne doute pas non plus que presque tout son mérite ne soit perdu pour nous, parce que ce mérite consistait sûrement presque en entier dans l’usage heureux qu’il faisait de sa langue ; usage dont la finesse ne saurait être aperçue par des yeux modernes. […] Mais, dira-t-on, vous ne pouvez disconvenir au moins qu’un écrivain qui n’emploierait dans ses ouvrages que des phrases entières tirées des bons auteurs latins, n’écrivît bien en cette langue.

1692. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

J’ai de plus en plus l’impression que cette guerre n’est pas, comme on le répète trop souvent, une guerre nationale ; c’est une guerre faite par l’élite de la nation à l’aide de la nation tout entière. […] Il me faut sans relâche contempler les grandes idées pour lesquelles je dois combattre, comparer le prix d’une personnalité mesquine et impure à celui des principes moraux qui sont la gloire de notre race humaine. » (Le Semeur d’août 1915.) — Le jeune volontaire Paul Guieysse (tombé depuis au champ d’honneur) confie à l’ami qui l’accompagne au bureau de recrutement : « J’aime tellement la vie que si je n’avais pas une foi entière dans l’immortalité de l’âme, j’hésiterais peut-être à m’engager » (lettre communiquée). — Michel Penet, âgé de dix-neuf ans, chasseur au 8e bataillon de chasseurs à pied, raconte :‌ J’aurais voulu que vous assistiez, comme moi, aux demandes de départ.

1693. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Au fond, il paraîtrait ne le goûter qu’à demi, l’admirer surtout par respect humain, et peut-être ne l’avoir pas lu tout entier ; car, dans la suite de ses réponses à Perrault sur la controverse homérique, il n’emprunte rien, ni pour l’histoire conjecturale des premiers poëtes grecs, ni pour l’analyse du sentiment poétique, à bien des traits originaux, à bien des témoignages précieux de Pindare, qui partout, dans ses hymnes, se montre le premier croyant à l’authenticité d’Homère et comme le prêtre de son temple. […] Mais l’image entière, le tableau appartient à l’ordre de leur génie ; et c’est leur voix qu’on entend dans ces paroles de Bossuet.

1694. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

La perfection du dialogue dramatique est en effet toute entière dans l’Iliade, dans les discours du premier livre, dans l’Ambassade du neuvième. […] L’Agamemnon tout entier est un hymne triomphal et funèbre.

1695. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

C’était une vanité de plus, car le succès, enlevé d’emblée, allait son train et ne dépendait plus des critiques : il s’était fait deux éditions de la tragédie en huit jours, et les représentations, commencées longtemps avant le carnaval, devaient franchir avec vigueur le carême tout entier, ce qui était alors la plus glorieuse épreuve.

1696. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Elle ne s’adressait pas au gros du siècle, à la masse de la jeunesse et de la population, que des affections et des croyances contraires entraînaient bien au delà ; mais, au sein du parti religieux et royaliste, elle cherchait à convaincre quelques esprits moins immobiles, moins irrémissiblement voués à l’entière tradition du passé, quelques âmes élevées et judicieuses, pures d’ambition, amoureuses de la vérité, et ne désespérant pas de la Providence, même dans des voies un peu nouvelles.

1697. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

L’auteur, appelé par les devoirs de sa haute charge domestique à assister à la dernière maladie de Louis XV, en note tous les détails et les alentours avec cette vérité entière et inexorable qui ne fait grâce de rien ; le sentiment qui l’anime n’est pas une curiosité pure, et, dans ce qui semblerait même repoussant, sa probité s’inspire à une source plus haute : témoin de l’agonie d’un monarque et d’une monarchie, il veut flétrir ce qui en a corrompu la sève et ce qui en pourrit le tronc.

1698. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Le commerce et les finances sortaient d’une crise épouvantable ; le sol entier, restitué à des mains industrielles, allait être fécondé.

1699. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Avant d’avoir lu ces lettres, et malgré notre goût bien vif pour tous ses autres ouvrages, il manquait quelque chose à l’idée que nous nous formions du grand homme ; de même qu’on ne comprendrait pas Mirabeau tout entier si l’on ne connaissait aussi ses lettres écrites à la Sophie qu’il aimait.

1700. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Georges, débarqué le 21 août 1803, attendit cinq mois entiers Pichegru et le dernier débarquement, qui n’eut lieu que le 16 janvier 1804 : cette attente, si périlleuse, serait inexplicable s’il n’avait voulu alors que ce qu’il avait tenté en 1800, tuer d’une manière quelconque le premier Consul.

1701. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

Mais la dissolution du Globe n’en résultait pas nécessairement ; l’idée première, la conception fondamentale dont le développement avait dévié en se resserrant dans la politique de la Restauration ; qui pourtant s’était reproduite plus d’une fois dans des applications partielles, dans des pressentiments organiques ; qui, en plus d’une page, à l’occasion de l’union européenne et de la politique de Napoléon, à l’occasion du Comité de salut public et de sa tentative avortée ; qui, plus récemment, au sujet du libéralisme de Benjamin Constant, jugé par le noble et infortuné Farcy, avait percé au point d’offenser dans le journal le principe dominant, et d’y scandaliser les politiques pratiques ; cette idée qui nous en avait inspiré le début ; qui, par le choix intérieur des matières et des faits, en alimentait le fond ; qui, par des renseignements nombreux, par d’amples informés sur l’instruction primaire aux frais de l’État, sur l’émancipation des artisans, sur les essais divers de système coopératif et sur une foule d’autres sujets, avait sourdement lutté contre les doctrines économiques d’indifférence et de laisser-faire professées dans des colonnes plus officielles ; cette idée qu’une plume ingénieuse et délicate avait autrefois effleurée, sans l’entamer, dans un article intitulé de la Critique de la critique, et qui s’était hardiment résumée en Juillet sous ce cri prophétique, bien qu’un peu étrange : Plus de criticisme impuissant ; cette féconde et salutaire idée d’association universelle et d’organisation future restait entière à exploiter ; elle demeurait à nu, dégagée de tous les voiles factices, de toutes les subtilités prestigieuses que la Restauration avait jetées devant.

1702. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

Le colonel anglais133 parfois a cru pour de bon qu’il n’existait plus ; il m’a dit qu’alors il restait des heures entières immobile, comme en extase, sans rien comprendre du monde extérieur.

1703. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Quand Achille essaye de sauver Iphigénie, Agamemnon lui oppose son propre désir, l’empressement qu’il témoignait pour s’embarquer et pour faire le siège de Troie : c’est lui qui exige, avec tout le monde, la mort d’Iphigénie : AGAMEMNON Plaignez-vous donc aux dieux qui me l’ont demandée : Accusez et Calchas et le camp tout entier, Ulysse et Ménélas, et vous tout le premier.

1704. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Vous, mon cher Bourget, vous avez un tas d’intentions et d’affectations ; nul romancier ne transforme plus complètement que vous la matière première de ses récits ; vous ajoutez votre esprit tout entier à chacune des parcelles du monde que vous exprimez dans vos livres ; vous vous donnez un mal de tous les diables, vous fatiguez, vous exaspérez ; avec tout cela vous contraignez à penser et l’on peut disserter sur vous indéfiniment.

1705. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Il gesticule sous un ciel d’orage, se macérant de souffrance par effroi des splendeurs de la chair, et dans l’œuvre entière du grand Verhaeren, nulle strophe ne déforme ce Faust sculpté grandiose au regard du lecteur.

1706. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Il le retrouve tout entier dans son art.

1707. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

C’est elle qui nous montre combien l’homme est petit par le corps et combien il est grand par l’esprit, puisque cette immensité éclatante où son corps n’est qu’un point obscur, son intelligence peut l’embrasser tout entière et en goûter la silencieuse harmonie.

1708. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

« Il ne se fera, quoi qu’on en ait dit, l’organe d’aucune coterie, d’aucune secte : il n’a pas de couleur littéraire ; il est et restera ouvert à toute tentative originale, il prêtera son concours le plus entier à tous ceux qui luttent pour arriver au jour, à une époque où il devient de plus en plus difficile de percer la couche épaisse de sottise qui sépare les jeunes écrivains du grand public. ».

1709. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

Tu tiendras tout entière en moi ; Car ma poitrine t’a saisie Comme une prison ; j’ai pour loi De couler à ta fantaisie.

1710. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

En somme, la France entière a d’excellents motifs de vouloir se détendre des convulsions de l’affaire Dreyfus.

1711. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

. ; XXIII entier ; Marc, VII, 1 et suiv., 15 et suiv. ; Luc, VI, 43 ; XI, 39 et suiv.

1712. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Il est clair que sultan léopard devait étrangler le lionceau, non-seulement comme léopard d’Apologue, c’est-à-dire qui raisonne ; mais il le devait même comme sultan, vu que sa majesté léoparde se devait tout entière au bonheur de ses peuples.

1713. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

Rappelez-vous les mœurs de ces siècles sauvages Où, sur l’Europe entière apportant les ravages, Des Vandales obscurs, de farouches Lombards, Des Goths, se disputoient le sceptre des Césars.

1714. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Cet amour prétendu, caché dans la demi-teinte, levait précieusement un voile de gaze qui laissait Antiope exposée toute entière aux regards de Jupiter.

1715. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Moette, honteux de son élection, a été un mois entier sans entrer à la pension, et il a bien fait de laisser à la haine de ses camarades le temps de tomber.

1716. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

C’est de donner, comme étant de nous, des vers entiers que nous n’avons eu aucune peine ni aucun mérite à transplanter d’un poëme étranger dans le nôtre.

1717. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

" voilà pourquoi dans les pieces faites pour être représentées sur le théatre, les artisans en prononciation etc. " je rapporterai le passage entier en parlant des masques dont les comédiens de l’antiquité se servoient.

1718. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

La Grange-Chancel mourut tout entier, même de son vivant, même avant que le fossoyeur Fréron lui eût jeté sa pelletée d’éloges !

1719. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

… La Revue des Deux Mondes, la plus ancienne en date, qui a été pendant vingt-cinq ans la porte cochère de tous les genres d’écrivains, depuis madame Sand jusqu’à Cousin, et depuis Cousin jusqu’à Veuillot, la Revue des Deux Mondes, ce tourne-bride du monde tout entier, dans lequel il s’est trouvé des gens de talent, mais avec d’autres, a vécu dans les grasses et tranquilles conditions d’un établissement d’hospitalité littéraire et de philosophique impartialité.

1720. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Basée sur des prédictions indiscutées, de toutes ces prédictions qu’elle rapporte, celle de Caïn et d’Abel, au quatrième chapitre de la Genèse, qui est la plus saillante, est la seule omise ; érudition à peu de frais, qu’ont faite d’ailleurs Tacite et Flavius Josèphe, — Flavius Josèphe surtout, qu’elle embrasse presque tout entier.

1721. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

On saura que penser de cet homme, dont le sang répandu fait pourpre sur sa vie entière et empêche de la voir et de la juger telle qu’elle fut, à travers l’auréole pourprée de ce sang.

1722. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Sorti de ce procès triomphant, ce qu’il avait été avec sa parole devant ses juges il le fut, avec sa plume, devant la France entière, jusqu’à ce matin du 10 août 1792 où, allant défendre le Roi, beau comme toujours, intrépide comme toujours, il fut assassiné par Théroigne de Méricourt et par des hommes plus lâches qu’elle ; car ils se mirent à deux cents pour frapper Suleau, qui avait son sabre et qui se défendit.

1723. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Charrière n’a point fait, en définitive, ce qu’il a voulu faire ; car le livre proteste par sa teneur tout entière contre le sens et la portée qu’il a essayé de lui donner.

1724. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Comme disait sublimement Byron : « Il s’éteignit par la cime ( died by the top ) », expression qui fait un voile de pourpre en deuil à la plus abjecte de nos misères… Seulement, dans l’avenir déjà commencé, il n’y aura pas de Byron qui puisse couvrir avec un mot brillant l’extinction de cette gloire qui mourra aussi de la cime au pied, — tout entière !

1725. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Vous ne comprenez pas ces morts de tous les temps, Tenant tous à la fois dans un seul de vos champs ; Ces assises du globe, où, poussière à poussière, L’Éternel pèsera la terre tout entière !

1726. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

, et qu’il intitule Les Affinités secrètes, et voyez si, dès ces magnifiques premières pages, il n’a pas épousé le Panthéisme mieux que le Doge n’épousait la mer, car le Doge n’y jetait que son anneau, tandis que le poète d’Émaux et Camées, en épousant le Panthéisme, s’y jette tout entier !

1727. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Sceptique comme lord Byron, — et c’est peut-être sa plus profonde ressemblance avec le grand poète qui accable toute comparaison, — sceptique comme Alfred de Musset et comme tous les enfants d’un siècle qui, du moins, avait sauvé du naufrage de son ancien spiritualisme l’honneur d’être sceptique encore, mais qui a fini par étouffer jusqu’au dernier éclair tremblant du scepticisme dans son âme, morte maintenant, morte toute entière sous l’athéisme contemporain, le douloureux inquiet de La Vie inquiète, qui, fût-il heureux, a de ces pressentiments et de ces incertitudes : Peut-être vous cachez sous votre pur sourire Des pleurs que j’essuirai des lèvres quelque jour… mêle à tous les sentiments qu’il exprime ce scepticisme qui ne va à Dieu, dont on doute, que pour retomber à la créature dont on va douter ; car le scepticisme est la plus cruelle des anxiétés de la vie, c’est la plus formidable inquiétude, pour une âme ardente, qui puisse dévorer l’esprit et le cœur !

1728. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

De l’Orient, qu’il aurait été digne d’étudier tout entier, Regnault nous détache la Turquie, l’Égypte et la Grèce.

1729. (1902) La poésie nouvelle

Il s’écrie : « Je voudrais parcourir le monde entier, qui, en somme, n’est pas si grand. […] Cette doctrine, suivant lui, transforme l’Art tout entier : les genres divers seront modifiés jusque dans leur fond. […] Tout cela confondu dans une même exaltation dont l’être tout entier vibre, dont tous les sens et l’intellect sont enflammés. […] Verhaeren est tout entier à l’idéal qu’il a choisi, et il n’en admet pas d’autre : élégance, délicatesse lui sont odieuses et il n’a que du mépris pour les fades paysanneries de Greuze. […] Cependant passent, à travers les rues et les ruelles, les corbillards : la Mort balaye la ville entière au cimetière.‌

1730. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Et quand il mourut, elle fut inconsolable, et « ceux qui la cognoissoient disoient n’avoir jamais veu jeune mary, beau, riche et entier de son corps, laisser sa femme en telles lamentations ». […] Mais, en bafouant cet amour incongru, il l’exprime toutefois avec une sincérité entière. […] Je sais bien que nos ans ne se rapportent guère, Et je laisse à son choix liberté tout entière. […] Francaleu, ou le métromane sexagénaire, est donc tout entier immuable. […] Au fond, c’est l’œuvre tout entière de M. de Banville que l’on a fêtée, et la personne même de l’écrivain.

1731. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Cette manière de considérer l’Allemagne, qui consistait à lui rendre entière justice, à reconnaître ses services passés et à lui demander de nouveaux enseignements, de nouvelles lumières, ne date guère pour la France que de notre siècle. […] Il met en mouvement la société entière, ainsi qu’il déroule en entier la vie d’un homme. […] Barni a entrepris d’introduire en France l’œuvre entière de Kant, dont il a déjà livré au public plusieurs volumes. […] On prendrait ensuite l’œuvre entière de Byron, et le type en question reparaîtrait. […] Mais lorsqu’arriva la scène où Othello demande à Desdémona ce qu’elle a fait du gage d’amour qu’il lui avait donné, de ce mouchoir dérobé par l’infâme Jago, — à ce mot de mouchoir, la salle entière partit d’un éclat de rire, siffla et fit échouer la pièce.

1732. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Depuis la renaissance des lettres jusqu’à nos jours, l’Europe entière n’en fournirait pas autant. […] Elle traverse à pied la ville entière : de lassitude, elle se jette dans un de ces tombereaux qui transportent les immondices des jardins. » Quelle destinée ! […] Le choix de l’instituteur d’un prince devrait être le privilége de la nation entière qu’il gouvernera. […] Cette vigueur d’une âme exercée, que ne la déployez-vous tout entière à mon secours ? […] En conséquence, l’ordre presque entier se révolte, et renonce aux fonctions d’un état avili.

1733. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

La magnificence du style de Chateaubriand n’a pas passé tout entière dans le style de Flaubert. […] Ce n’est plus exclusivement l’amour qui est en cause, c’est la société tout entière. […] Une étude entière ne suffirait pas à exposer seulement la question. […] A qui importe mon existence, cette existence délaissée de tous et qui pèse tout entière sur elle-même ? […] Chateaubriand est tout entier dans ces lignes échevelées.

1734. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

La Commune tout entière est responsable de cet égorgement ! […] Nous ne permettons pas la discussion sur son compte, nous l’acceptons tout entier, les yeux fermés, comme un dogme. […] Des races entières périssent du mal d’eau-de-vie : regardez du côté des Peaux-Rouges, bientôt ils ne seront plus. […] Le Tsar est là tout entier : doux et fort, souriant et inébranlable. […] Personne n’en eut le courage, et le camp tout entier demeura glacé d’effroi.

1735. (1900) La culture des idées

De Byzance, cette association d’idées s’est étendue à l’Empire romain tout entier, qui n’est plus, pour les historiens sages et respectueux, qu’une suite de décadences. […] Car il faut bien laisser à l’inattendu une place qui est quelquefois le trône tout entier d’où l’ironie fulgure et rit. […] L’auteur, qui est israélite, devrait se souvenir qu’une petite tribu de Bédouins a imposé sa religion au monde entier. […] Il y a un volume tout entier sur ce sujet : les Manuscrits de Buffon, par P.  […] La lettre est citée tout entière par Eckermann, II, 331 ; la traduction de Délerot est un peu différente.

1736. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Dans la moindre de ses images on le retrouve tout entier, c’est-à-dire capable à la fois d’observer rigoureusement les faits et de les transfigurer15. […] L’art, son grand interprète, ne peut rester à l’écart de la foule ; comme la religion dont il traduit les vérités, il s’adresse au peuple tout entier, avec une prédilection marquée pour les humbles ; il est catholique au seul propre du mot : aussi il entre dans une communication si étroite et si complète avec le peuple, qu’il ne fait plus que sortir de lui pour retourner à lui. […] Ses héros restent ce que leur tempérament réduit à lui-même pouvait les faire, incapables de se corriger, de se conduire, de se contraindre, tout entiers à la joie ou à la peine de l’instant, enflés par l’une, écrasés par l’autre, sans aucune force de résistance. […] Il a le devoir de n’imiter qu’elle, mais la liberté de l’imiter tout entière. […] Ici nous ne pouvons nous dispenser de citer tout entière l’explication si décisive de Millet lui-même.

1737. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Cette histoire des variations de l’esprit humain a besoin, comme sa sœur, l’histoire proprement dite, d’une entière liberté. […] Comment, à un moment donné, un pays tout entier subit-il une invasion intellectuelle ? […] L’amour mystique tout entier tient dans le premier regard que lança Dante si tremblant à sa fine Béatrice en robe rouge. […] Ici nous retrouvons la transparence, le miroitement, le charme entier. […] À voir couper en petits moreaux la hautaine statue, les plus prévenus se sont écriés : « Qu’on nous la restitue entière ! 

1738. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Méry n’est pas tout entier dans son œuvre, quelque remarquable quelle soit, et il a emporté avec lui la meilleure part de lui-même, peut-être. […] Nous en avons sauvé le plus que nous avons pu, mais il en a péri des tiroirs entiers. […] Jamais il n’y eut humeur plus douce et plus égale, et l’on peut dire cela d’un ami, quand on a passé avec lui des mois entiers en voyage sans le quitter d’une heure. […] si courte, a tout entière été consacrée à la poursuite de son rêve et à l’étude de son art. […] La mystérieuse voix du sang, qui se tait pendant des générations entières ou ne murmure que des syllabes confuses, parle de loin en loin un langage plus net et plus intelligible.

1739. (1897) Aspects pp. -215

J’ai donné ma pensée entière, avec passion peut-être mais en toute sincérité. […] « Mais, dit humblement Grymalkin, vous m’abandonnez pendant des semaines entières : je m’ennuie. […] On en parla dans la ville entière. […] Comme il arrive toujours quand une évolution est mûre pour son entier épanouissement, M.  […] Et c’est un beau spectacle, celui de ce garçon de vingt ans qui prodigue toutes ses sèves, se révèle tout entier.

1740. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

I Les voyages sont, après l’histoire ou les mémoires, la plus intéressante partie de la littérature, parce qu’ils sont la littérature en entier. […] C’est l’homme tout entier. […] C’est parmi les gens de toute sorte de conditions, comme je l’ai observé, qu’on entend dire de telles saletés ; mais ce n’est pas aussi communément, et avec le même excès: car il faut avouer que le commun peuple en est comme infecté tout entier. […] Zampi que le jour précédent, de nuit, on avait enfoncé la porte de son église, pris ce qui y était, ouvert le sépulcre qui était dedans et emporté tout ce qu’un père théatin, demeuré au logis pour le garder, comme on a dit, avait enfermé dans ce tombeau ; qu’on avait fouillé partout, et qu’il ne restait rien d’entier que la muraille.

1741. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Un volume entier n’y suffit pas. […] Ce salon de l’écurie a cent quatre pas de face, vingt-six de profondeur et vingt-cinq pieds de hauteur: il est couvert d’un plafond de mosaïque, assis sur des colonnes de bois peint et doré ; et il est séparé en trois salles, dont celle du milieu est élevée de neuf pieds du rez-de-chaussée et celles des côtés de trois pieds seulement ; les séparations sont faites de châssis de cristal de Venise, de toutes couleurs, et le salon entier est garni de courtines tout alentour, doublées des plus fines indiennes, qu’on étend du côté du soleil, jusqu’à huit pieds de terre seulement, sans que cela empêche la vue. […] La conscience de l’eunuque, ou sa profonde habileté, l’emporta contre le conseil tout entier. […] Ce fleuve a cela de particulier, que, lorsque l’on l’arrête tout entier dans un endroit, il s’en échappe encore assez d’eau par la filtration pour former un grand fleuve.

1742. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Il ne résume rien, ce n’est pas sa manière, il recommence son étude entière et toute son information personnelle pour tous et devant tous.

1743. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Ponsomby) : « Cet homme entier, incorrigible, n’était donc pas aussi immuable qu’on le disait ! 

1744. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Dès qu’ils parurent, la confiance fait entière ; s’ils étaient là, c’est incontestablement parce qu’ils l’avaient voulu.

1745. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

En voici le résumé : « Aujourd’hui les destinées de l’homme et de l’humanité s’agitent ; elles sont représentées par le pays qui a toujours marché à la tête de la civilisation moderne, en sorte que, si ces destinées peuvent être trouvées par la France, elles le seront pour l’Europe et pour le monde entier.

1746. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

Sainte-Beuve éclate tout entière, sans préoccupation officielle cette fois, à moins qu’on ne considère comme telle l’expression les vœux de la fin.

1747. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Combien cette morale, qui consiste tout entière dans le calme, la force d’âme et l’enthousiasme de la sagesse, est admirablement peinte dans l’apologie de Socrate et dans le Phédon !

1748. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Elle a si peur de n’être pas tout intelligence, de conserver la moindre apparence d’âme, de partialité, d’enthousiasme ; elle s’applique avec un dépouillement si entier, si farouche, à se faire toute à tous, à être anglaise avec les Anglais, allemande avec les Allemands, française avec les Français, qu’elle méconnaît une chose : c’est que les Anglais, les Allemands, les Français sont des hommes, et que dans Molière, dans Shakespeare, dans tous les grands poètes il y a, sous les différences de temps et de lieux, un pathétique capable de faire battre toute poitrine humaine, sans distinction de nationalités.

1749. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Il y a avant Calvin, en latin, les Loci theologici de Mélanchthon, encore abstraits et scolastiques, le Commentarius de vera et falsa religione de Zwingle, la Sommaire briefve déclaration d’aucuns lieux fort nécessaires à un chrétien de Farel : ces trois ouvrages laissent entière l’originalité de Calvin qui garde le mérite d’avoir employé une méthode rationnelle et morale.

1750. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Pour Alfred de Musset, la poésie était le contraire ; sa poésie, c’était lui-même, il s’y était rivé tout entier ; il s’y précipitait à corps perdu ; c’était son âme juvénile, c’était sa chair et son sang qui s’écoulait ; et quand il avait jeté aux autres ces lambeaux, ces membres éblouissants du poète qui semblaient parfois des membres de Phaéton et d’un jeune dieu (se rappeler les magnifiques apostrophes et invocations de Rolla), il gardait son lambeau à lui, son cœur saignant, son cœur brûlant et ennuyé.

1751. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

Si l’on veut laisser de côté un illogisme partiel qui peut-être me frappe parce que M. de Régnier n’a pas encore énoncé sa pensée tout entière, il faut dire combien sa philosophie, débilitante pour l’homme, est au contraire féconde pour le poète, car elle lui donne à montrer les plus grandes attitudes morales et plastiques.

1752. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

On y relève, en effet, de nombreux italianismes et même des vers entiers en italien : Che si non era morta, c’était grande merveille,                Perchè in suo negotio Era un poco d’amore e troppo di cordoglio : Che’l suo galano sen’ era andato in Allemagna Servire al signor Brandebourg una campagna… Remarquez aussi le titre de ces versions amplifiées : Receptio publica unius juvenis medici, ce qui s’appliquerait mieux à la réception de Cintio del Sole qu’à celle d’Argan.

1753. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

De même encore, on s’apercevra bien vite que le quatrième acte de Ruy Blas est cousu au reste de la pièce par un fil si léger qu’on pourrait le supprimer tout entier sans que la clarté de l’action en souffrit.

1754. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Nier l’immortalité de l’ame, ôter tout frein aux passions, confondre les notions du bien & du mal, réduire tout à l’amour de soi-même, exterminer toutes les vertus, rompre tous les liens, attaquer les Loix, renverser les principes, ne faire, en un mot, de la vie humaine qu’un tissu de motifs arbitraires, d’intérêts personnels, d’appétits sensuels & déréglés, d’actions animales* ; la terminer par un anéantissement entier, ou préconiser un suicide aveugle qui, par foiblesse ou par désespoir, en abrege le cours : n’étoit-ce pas en insulter les membres, & leur porter les coups les plus funestes ?

1755. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Ovide, entre autres, dit que les Vers de Lucrece ne périront qu’avec l’Univers en entier : Carmina sublimis tunc sunt peritura Lucreti, Exitio terras cùm dabit una dies.

1756. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Qu’on nous permette donc de passer, sans nous appesantir autrement sur la transition, des idées générales que nous venons de poser, et qui, selon nous, toutes les conditions de l’idéal étant maintenues du reste, régissent l’art tout entier, à quelques-unes des idées particulières que ce drame, Ruy Blas, peut soulever dans les esprits attentifs.

1757. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

A la face d’un Dieu, dans ce temps de prière Où je devrois à lui me livrer toute entière, De si douces erreurs embrâsent tous mes sens ; Dieu même est oublié, l’homme a tout mon encens Loin que ma passion soit par moi détestée Vers de nouveaux desirs mon ame est emportée.

1758. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Des sectes entières de philosophes, des écrivains, & sur-tout les poëtes comiques, des grecs encore sans culture, mais d’un sens droit, des chrétiens eux-mêmes s’en moquoient ouvertement.

1759. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Si l’apprenti prêtre a fait son cours entier des arts, il saura le latin et le grec.

1760. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

On sçait la maxime qui défend aux peintres de laisser écouler un jour entier sans donner quelque coup de pinceau : maxime qu’on applique communément à toutes les professions ; tant on la trouve judicieuse.

1761. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Et telle est l’Asie, l’Asie tout entière.

1762. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Elle écarte tout le menu fretin en histoire, et, par pitié pour les races futures, la suspend tout entière à quelques grands noms !

1763. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Et, de fait, la langue du seizième siècle allait d’elle-même, faceva da se, quand il s’agissait de traduire les ondoyances, la force tempérée de grâce, la gravité riante, toutes les poésies, tous les ionismes de ce poète en prose qui était d’Ionie, de cet Homère de l’Histoire à qui les Grecs firent cet honneur, qui fut une justice, de nommer du nom de chaque Muse les neuf chapitres de ses Histoires, pour eux, un Parnasse tout entier !

1764. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Le magnifique passage sur le grand comte de Clarendon peut s’appliquer tout entier à l’homme éminent qui l’a écrit, en pensant peut-être à sa propre destinée.

1765. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

Et sa vie tout entière révéla cette pensée, et cette pensée, inspirée par sa mère, explique seule sa vie !

1766. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

C’est là qu’il a fait ses humanités et appris son humanité, l’homme étant dans l’Histoire tout entier, espèce, genre et individualités.

1767. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

Et sa vie tout entière révéla cette pensée, et cette pensée, inspirée par sa mère, explique seule sa vie !

1768. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Nous laisserons donc là notre appréciation historique, et, acceptant tout entier Léopold Ranke pour ce qu’il est sous une forme vainement désintéressée, nous dirons que, littéralement et au point de vue du talent, nous préférons de beaucoup vingt pages d’Agrippa d’Aubigné sur les événements de son époque, à toute cette histoire inanimée de Ranke.

1769. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Après la décapitation de d’Egmont, ce Ney de l’histoire hispano-flamande, — car Graveline et Saint-Quentin valent bien la Moscowa, — et pour qui, comme pour Ney, il y eut autant de raisons de pardonner que de condamner, Prescott rapporte toute entière cette lettre du duc d’Albe à Philippe II, que tant d’autres historiens auraient oubliée : « Votre Majesté comprendra le regret que j’ai eu de voir finir ainsi ce pauvre seigneur et de lui faire subir ce sort ; mais je n’ai pas reculé devant le devoir de servir mon souverain… Le sort de la comtesse m’inspire aussi une très grande compassion quand je la vois chargée de onze enfants dont aucun n’est assez âgé pour se suffire, et quand on pense à son rang élevé de sœur de comte palatin et à sa vie si vertueuse et si exemplaire, je ne puis que la recommander aux bonnes grâces de Votre Majesté. » Les bonnes grâces de Philippe II furent chiches.

1770. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

c’est l’histoire de Louis-Philippe et de ses dix-huit ans de règne, mais précédée d’un long coup d’œil rétrospectif sur la maison d’Orléans tout entière.

1771. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

Ils siffleront l’homme tout entier !

1772. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Ce sont des affirmations peu carrées et peu appuyées, mais rondes plutôt et glissantes, de ces inductions données cent fois par l’école cartésienne tout entière, cette école du moi qui n’a jamais su jeter de pont d’elle à Dieu, et dont l’auteur de l’Essai d’une philosophie religieuse a répété, sans les varier, les termes connus.

1773. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Et le plus écrasant démenti ne lui est-il pas donné par l’Histoire toute entière, qui atteste que le Christianisme a centuplé cette puissance, là où il a saisi la nature humaine, — en Chine même, comme ailleurs et partout !

1774. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Ils siffleront l’homme tout entier.

1775. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Lacombe, qui a le sens pratique fort exercé, ne relève pas l’institution tout entière pour l’imposer dans son ensemble inflexible à une situation nouvelle, il se contente de tracer quelques grandes lignes que les circonstances pourraient même encore modifier.

1776. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Le croira-t-on, après tout le sang que l’Islamisme, ce sabre dont la terre entière a senti la ventilation, a versé ?

1777. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Sans doute, tu lui dis… Ce « sans doute tu lui dis » est Augier tout entier dans un seul mot et donne, sans plus nous faire attendre, une idée de son tour poétique et des ressources de la langue qu’il parle.

1778. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Il faut le lire et le lire tout entier pour en avoir une idée, impossible à donner, par des citations isolées, qui ne seraient jamais que des démembrements de sa pensée ou de sa forme.

1779. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

La convention postale de Berne de 1874, complétée et améliorée dans des conférences postérieures, crée une Union postale universelle constituant un véritable code ; en cas de litige entre deux pays, un arbitrage international décide… Si l’on ajoute à ces grands traités l’immense quantité de conventions relatives à l’hygiène publique, à l’extradition des criminels, aux relations commerciales, à la faillite, aux successions, aux abordages, à la situation juridique des étrangers, aux monnaies, aux poids et mesures, et qu’on considère les mille difficultés que provoque leur exécution, on est obligé de reconnaître que le monde entier enserré dans les liens innombrables qu’ont tressés sur lui les relations chaque jour plus étendues des peuples, forme lui-même un vaste État, où le droit existe, où la loi s’impose, et qui réclame impérieusement une juridiction commune pour ses intérêts communs. » ‌ Ajoutons à cette brève nomenclature, un exemple tout récent et fort typique.

1780. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

Ils réalisèrent dans leur imagination l’hérédité, hereditas, comme souveraine des héritages, et ils la placèrent tout entière dans chacun des effets dont ils se composaient ; ainsi quand ils présentaient aux juges une motte de terre dans l’acte de la revendication, ils disaient hunc fundum, etc.

1781. (1896) Études et portraits littéraires

Sa notion résume leur groupe, et il nous suffit de la définir pour l’avoir tout entier en raccourci. […] Byron est un révolté ; il s’explique tout entier parla. […] On l’y trouvera tout entier, l’homme et l’écrivain. […] Le cahier porte leurs signatures à tous deux, mais il est tout entier de la main de Joseph. […] Il faudrait reproduire en entier un morceau où tout se tient d’une harmonie si pleine.

1782. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Sans répondre à ce qu’aurait de trop direct la question, et d’embarrassant pour l’orgueil ou pour la modestie, il est permis d’affirmer, selon l’entière évidence, que la victoire de l’école nouvelle se prouve du moins dans la ruine complète de l’ancienne, et que dès lors on a loisir de juger sans colère et de mesurer en détail celle-ci, dût quelque partisan de l’heureux Pompée de cette poésie nous venir dire : Ô soupirs ! […] C’est chose convenue d’en faire une seconde Thérèse Le Vasseur… Je l’ai bien connue, et jusqu’à sa mort, moi qui vous parle ici, monsieur, et dans ma vie entière déjà longue, je n’ai jamais rencontré son égale, cœur et âme ; ses dernières années se sont éteintes dans les plus amères épreuves, sans qu’un seul jour elle ait démenti le noble nom confié à son honneur ; mais, je l’avoue, elle avait les inconvénients de ses qualités, une franchise indomptable surtout, qui lui a valu la plupart de ses ennemis : l’ingratitude a fait les autres. — Je n’ai nul intérêt, monsieur, dans cette protestation posthume ; mais vous me paraissez digne de la vérité, et je viens de la dire. — Au reste, si vous teniez aux détails réels de la vie intime de Delille, je vous offre le manuscrit laissé par sa veuve… » Ce manuscrit nous a été communiqué, en effet, par la confiance de la personne qui l’a entre les mains, et nous en avons tenu compte dans cette réimpression. […] Sa description de l’été, par exemple, et de la Canicule, a bien de l’énergie et de la vérité ; elle se couronne par ces beaux vers : Tout est morne, brûlant, tranquille ; et la lumière Est seule en mouvement dans la nature entière.

1783. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Cette histoire est à lire tout entière dans Tillemont. […] Le nombre de jeunes gens qui ont été ainsi doués par la fée Guignon est considérable ; ils ont de tout, invention, esprit, travail, mais ils ne savent pas circonscrire leurs forces ; ils veulent faire entrer l’univers entier dans chacun de ses parties, et meurent à la peine. […] « Gustave Fallot, dit ce savant grammairien (et je citerai le passage tout entier, comme exposant bien l’état actuel et dernier de la question), Gustave Fallot fut le premier qui essaya de débrouiller le chaos des formes dialectales de la langue des trouvères ; par malheur pour la science, la mort vint le surprendre au milieu de ses travaux, et son ouvrage resta imparfait.

1784. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

. — Ainsi relâché, le lien finit par se rompre sous l’ascendant de l’opinion. « Il est de bon air de ne pas vivre ensemble », de s’accorder mutuellement toute tolérance, d’être tout entier au monde. […] À côté de ces déguisements qui s’arrêtent au costume et ne prennent qu’une heure, il est une distraction plus forte, la comédie de société qui transforme l’homme tout entier, et qui, pendant six semaines, pendant trois mois, l’occupe tout entier aux répétitions.

1785. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Or nous trouvons en nous-mêmes les deux premiers, et ensemble ils équivalent au troisième, puisque le troisième est tout entier déterminé par eux. […] Notre expérience tout entière nous montre la force de la tendance qui nous porte à prendre des abstractions mentales, même négatives, pour des réalités substantielles ; et les possibilités permanentes de sensation que l’expérience garantit sont, par plusieurs de leurs propriétés, si extrêmement différentes des sensations actuelles, que, puisque nous sommes capables d’imaginer quelque chose qui dépasse la sensation, il y a une grande probabilité naturelle pour que nous supposions qu’elles sont ce quelque chose. […] La géométrie analytique est fondée tout entière sur cette remarque ; elle traduit la forme par le rapport de deux ou trois coordonnées qui sont des distances.

1786. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Mais ces peintures mélancoliques ne le montraient point tout entier ; on allait avec lui dans le pays du soleil, vers les molles voluptés des mers méridionales ; on revenait par un attrait insensible aux vers où il peint les compagnons d’Ulysse qui, assoupis sur la terre des Lotos, rêveurs heureux comme lui-même, oubliaient la patrie et renonçaient à l’action. […] —  Si tu ne dois plus voir ma face, prie pour moi ; plus de choses sont accomplies par la prière que ce monde ne l’imagine. —  Car par elle la terre, ronde tout entière en toutes ses parties, —  est liée comme par des chaînes d’or aux pieds de Dieu. […] Il s’y est attaché, il les aime, il a reçu d’elles le système entier de ses idées pratiques et spéculatives ; il ne flotte point, il ne doute plus, il sait ce qu’il doit croire et ce qu’il doit faire.

1787. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

IV Dans cette disposition naturelle des premiers fidèles d’une religion révélée et militante pour conquérir l’Orient ou l’Occident, puis la terre entière, il est tout simple que les néophytes de cette religion, persécutés eux-mêmes, se soient dit : Le pouvoir est une force non-seulement sur les corps, mais sur les âmes ; rangeons les âmes sous la loi de notre culte par la force qui vient de Dieu ; donnons l’empire de la terre à ce chef de notre foi, qui dispose de l’empire du ciel. […] Le prince eut le tort d’hésiter : il fallait ou trahir son sang ou trahir son trône ; l’abdication franche et entière était nettement indiquée. […] Les flottes de Venise transportèrent les croisés à Jérusalem ; ses colonies marchandes, établies jusque dans Constantinople comme des postes avancés, y construisaient des forteresses et des tours ; Des envoyés de la France venaient plaider humblement dans l’église de Saint-Marc, à Venise, devant dix mille citoyens, la cause de la croisade, et demander les secours des flottes vénitiennes ; Constantinople tombait sous les Vénitiens avant de tomber sous Mahomet II ; leur vieux doge Dandolo montait à l’assaut à leur tête ; l’île de Crète (Candie), qui domine la route d’Égypte et de Syrie, était cédée aux Vénitiens pour leur part dans les dépouilles de l’empire d’Orient ; ils y ajoutèrent les territoires de Lacédémone, presque tout le Péloponnèse, et toutes les villes maritimes de la Thrace, de Thessalonique à Constantinople ; l’Istrie, la Dalmatie, les îles Ioniennes étaient dévolues à la république ; ses simples citoyens possédaient des principautés en Orient, tels que les duchés de Gallipoli et de Naxos, l’Archipel tout entier, alors devenu vénitien.

1788. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

inscription qu’on peut traduire ainsi en vulgaire français : « Maison petite, mais construite à ma convenance, mais n’enlevant le soleil à personne, mais d’une propreté élégante, et cependant bâtie tout entière de mes deniers personnels !  […] L’Italie tout entière, après avoir combattu, s’amusait ; le roman avait naturellement succédé au poème ; les légendes, moitié héroïques, moitié amoureuses, du moyen âge et de la chevalerie, étaient dans la mémoire et dans la bouche des cours et du peuple. […] Un homme bien supérieur à nous, Voltaire lui-même, quoique coupable d’une débauche d’esprit bien autrement cynique et bien autrement répréhensible dans son poème de la Pucelle, avait commencé, comme nous, par mépriser l’Arioste sur parole ; mais quand il eut vieilli, quand il eut essayé vainement lui-même d’imiter et d’égaler cet inimitable modèle de plaisanterie poétique, il changea d’avis ; il se reconnut vaincu, il écrivit les lignes suivantes en humiliation et en réparation de ses torts : « Le roman de l’Arioste, dit-il dans son examen des épopées immortelles, est si plein et si varié, si fécond en beautés de tous les genres, qu’il m’est arrivé plusieurs fois, après l’avoir lu tout entier, de n’avoir d’autre désir que d’en recommencer la lecture.

1789. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

V Une cheminée à cintre très élevé, à large tuyau, au sommet duquel on voyait le jour, à chaînes noircies par la fumée et la suie, à chenet unique, qui portait jour et nuit un arbre tout entier, brûlant par un bout, formait à son sommet une couronne ou plutôt une corbeille d’acier, polie par les mains des bergers. […] trouver un jour long, tandis que la vie tout entière n’est rien ! […] « Pour moi ce n’est rien, ce qui passe, et je ne l’écrirais pas ; mais je me dis : — Maurice sera bien aise de voir ce que nous faisions pendant qu’il était loin et de rentrer ainsi dans la vie de famille, — et je le marque pour toi. » XXXIV Examinons les causes cachées de cet ennui, que la résignation pieuse de la jeune fille empêchait seule de se convertir en désespoir : le malheur a sa paix et sa gaieté dans l’âme qui s’est jetée tout entière au Dieu des peines et des espérances éternelles.

1790. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

» tandis que les boulets en enlevaient des files entières. […] Le peuple y est tout entier. […] Vous ne serez pas plus menteur ; mais vous serez plus logique, et après avoir trompé le peuple qui vous lit et qui ne vous contrôle pas, vous tromperez peut-être la dernière postérité, et vous lui ferez dire : il y a eu un homme qui est allé avec nos pères provoquer l’univers entier depuis Saint-Jean-d’Acre, le Caire, Aboukir, Trafalgar, Lisbonne, Madrid, Rome, Moscou, Eylau, Wagram, Dresde, Leipzig, Mayence, Paris, Waterloo, et qui n’a jamais été vaincu, et alors chantez des Te Deum posthumes !

1791. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Ces objections sont d’autant plus sérieuses que je reconnais tout le premier que la science, pour arriver à ce degré où elle offre à l’âme un aliment religieux et moral, doit s’élever au-dessus du niveau vulgaire, que l’éducation scientifique ordinaire est ici complètement insuffisante, qu’il faut, pour réaliser cet idéal, une vie entière consacrée à l’étude, un ascétisme scientifique de tous les instants et le plus complet renoncement aux plaisirs, aux affaires et aux intérêts de ce monde, que non seulement l’homme ignorant est radicalement incapable de comprendre le premier mot de ce système de vie, mais que même l’immense majorité de ceux qu’on regarde comme instruits et cultivés est dans l’incapacité absolue d’y atteindre. […] Elle devait être alors intolérante ; car du moment qu’une société entière accepte un dogme et proclame que ce dogme est la vérité absolue, et cela sans opposition, on est charitable en persécutant. […] Jouffroy a dit cela d’une façon merveilleuse dans cet admirable discours sur le scepticisme actuel, que je devrais transcrire ici tout entier, si je voulais exprimer sur ce sujet ma pensée complète : « Chacune de nos libertés nous a paru tour à tour le bien après lequel nous soupirions, et son absence la cause de tous nos maux.

1792. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Ce sont des artistes fort peu artificieux et qui malgré la place que l’observation tient dans leur œuvre, s’y mettent tout entiers. […] Appliqué tout entier à cette création d’âme, où il excelle, Tolstoï s’est trouvé amené heureusement, en subordonnant la composition, te récit dans ses œuvres à la nécessité de montrer et de suivre ses personnages, — à esquisser ce que nous considérons comme la forme future du roman, devenu exclusivement la description historique, sociale, biographique, d’une masse d’êtres, d’une foule groupée de façon à disperser l’intérêt sur une collectivité à laquelle le lecteur lui-même, quel qu’il soit, serait forcément agrégé, — et non plus à te concentrer sur un être, on une aventure particulière arbitrairement élue. […] Il s’applique ainsi à susciter des sentiments d’élévation, de plaisir, d’admiration, de complaisance en soi qui viennent de la vue d’un type humain supérieur dans un sens où il serait bon que la race tout entière le fût.

1793. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

§ III L’autre, Eschyle, illuminé par la divination inconsciente du génie, sans se douter qu’il a derrière lui, dans l’Orient, la résignation de Job, la complète à son insu par la révolte de Prométhée ; de sorte que la leçon sera entière, et que le genre humain, à qui Job n’enseignait que le devoir, sentira dans Prométhée poindre le droit. […] Rien d’oublié ; c’est l’avenir entier, d’Aristote à Christophe Colomb, de Triptolème à Montgolfier. […] Si l’on se souvient qu’Eschyle presque entier est submergé par la nuit montante dans la mémoire humaine, si l’on se souvient que quatre-vingt-dix de ses pièces ont disparu, que de cette centaine sublime il ne reste plus que sept drames qui sont aussi sept odes, on demeure stupéfait de ce qu’on voit de ce génie et presque épouvanté de ce qu’on ne voit pas.

1794. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

La petite église, l’étable blanchie, fut comme pleine d’une foule entière. […] Mme X… fit faire à son fils un caveau dont elle emportait la clé, et où elle venait s’enfermer pendant des heures entières. […] (Le service militaire, sous l’ancien régime, était pour la vie entière.) […] Messieurs, j’eus le courage de passer une nuit entière caché dans une armoire de cuisine, au Grand-Vainqueur. […] La scène de la lecture de la pièce, chez l’actrice, mériterait d’être citée tout entière si l’espace réservé à cette revue le permettait.

1795. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Cela ressort manifestement de son histoire entière, mais surtout de ce qui a été dans sa destinée l’accident décisif. […] Ces futilités ne sont pas seulement un accident dans sa vie : elles le prennent tout entier, et c’est une merveille de sa rare intelligence et de son infatigable activité qu’il ait encore trouvé du temps pour des objets plus hauts. […] Que fait-il autre chose, en distinguant les degrés divers franchis par la robe et les accroissements successifs de la dignité parlementaire, que de nous offrir en raccourci une image du développement tout entier de la nation ? […] La chute d’une classe entière, accompagnée d’un fracas épouvantable, est le terme de ce coup d’État financier. […] Mais il y en a aussi qui sont de toute nécessité contagieux, et ne se produisent point au grand jour sans envahir à l’instant des classes entières, sans descendre des plus hautes aux plus infimes.

1796. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Encore ne l’exprime-t-il point tout entière. […] D’ailleurs, Madame Gervaise s’épanche presque sans interruption pendant des volumes entiers. […] Il y en a qui tiennent des pages entières ! […] Voilà qui aurait valu un volume entier, ou au moins quelques chapitres substantiels. […] Angela dit à Hippolyte quelle le donnerait tout entier pour les yeux de Giulio.

1797. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Peut-être n’y a-t-il dans le monde entier que cinq ouvrages à lire : l’Émile en est un. » Pourquoi ? […] Ne désirons donc point survivre à nos cendres ; mourons tout entiers, de peur de souffrir ailleurs. […] Sainte-Beuve, dans Chateaubriand et son groupe, consacre quatre leçons entières à Atala. […] Ainsi ce principe, que le roi règne et ne gouverne pas, se trouve tout entier dans le chapitre sur la prérogative royale. » Il n’y avait peut-être pas de quoi se vanter. […] Rousseau, c’est Saint-Preux total, et Chateaubriand, c’est René tout entier ; et c’est donc beaucoup plus et beaucoup mieux que René ou Saint-Preux, ou même qu’Hamlet ou qu’Oreste.

1798. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

C’est la liberté, en effet, qui doit être la condition essentielle de l’union nouvelle ; la liberté qu’on aliène dans le mariage, qu’on garde entière dans les liaisons extra-légales. […] Le passage est long, mais il veut être cité en entier. […] Alexandre Dumas116 ; et le livre tout entier n’est guère que le commentaire de cette pensée. […] L’histoire tout entière n’atteste-t-elle pas la légitimité d’une telle induction ? […] Le roman, de jour en jour plus bruyant, plus populaire, a envahi le domaine des lettres presque tout entier et absorbé à son profit toute l’attention publique.

1799. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

La théorie de l’art chez les Grecs découla donc tout entière de la religion. […] j’ai voulu tout simplement puiser dans l’entière connaissance de la tradition le sentiment raisonné et indépendant de ma propre individualité. […] Je n’ai pas l’intention de parcourir tous les tableaux, l’œuvre entière de Courbet. […] La province entière y passe. […] Heine, assez étranger au fait de leur naissance ; sauf à tomber finalement dans la monomanie de croire l’univers entier occupé à lui voler sa gloire et à s’en venger par le poison.

1800. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

La Mothe traite dans ce même esprit la troisième partie de son Discours qui est l’Oraison tout entière, donnant toujours la prédominance au sens, à la doctrine, définissant l’éloquence avec Cicéron : « L’éloquence n’est rien autre chose qu’une belle et large explication des pensées du sage ; Nihil est aliud eloquentia quam copiose loquens sapientia. […] Ce que j’en avais déjà vu, ce que j’en avais ouï dire à ceux qui en peuvent être les juges et qui en sont les admirateurs, m’avait donné une étrange impatience de le lire tout entier.

1801. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Si jamais ce volume nouveau trouve une place, — sa place d’une goutte d’eau dans la mer, — vous le lirez tout entier inédit ; n’est-ce pas, monsieur ? […] Des pères de famille égorgés au milieu de leurs enfants, parce que des malfaiteurs avaient tiré à leur insu de dessus leur toit ; des rues entières saccagées ; du sang et des morts, voilà tout ce qui reste : du deuil, des larmes, et la ruine d’un grand nombre de familles… « Mon cher enfant, jette-toi avec ardeur dans les arts ou dans les sciences : avec eux, jamais de remords… » (L’honnête homme qui parlait ainsi n’est autre que M. 

1802. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Juger la philosophie du xviiie  siècle d’après Condillac, c’est se décider d’avance à la voir tout entière dans une psychologie pauvre et étriquée. […] Ici Diderot se révèle et s’épanche tout entier.

1803. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Il en est de même de la pièce qui a pour titre la Veuve ; il l’a prise tout entière, sauf quelques suppressions, de la Vedova de Nicolo Buonaparte, bourgeois florentin et l’un des ancêtres, dit-on, des Bonaparte : cette Vedova originale avait paru chez les Giunti de Florence, en 1568. […] Dans un tel Temple de la Grâce, Marot présiderait le groupe entier de ses contemporains pour le règne de François Ier ; Louise Labé, à côté de lui, tiendrait la guirlande, au-dessus même de Marguerite.

1804. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

L’honneur de l’inspiration, on l’a dit justement, doit donc se rapporter en entier à son auteur. […] Il y a eu dans les années précédentes, aux époques antérieures de l’Empire, des instants où le changement de système semblait désiré, attendu, espéré de la France presque entière avec une vivacité qu’il est à regretter peut-être qu’on n’ait point satisfaite à temps, du moment que cette satisfaction plus ou moins complète devait venir.

1805. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

En effet, les peintres qui ont l’imagination la plus lucide, ceux qui font de mémoire un portrait entier, Horace Vernet14, qui peignait de tête des uniformes compliqués, n’ont pas d’hallucinations ; ils ne confondent pas leurs représentations mentales avec les objets extérieurs ; sauf exception, tous déclarent que, pour eux, elles restent toujours mentales. — C’est qu’ici joue un mécanisme dont l’emploi est universel dans notre intelligence. […] Nous nous figurons alors, plus ou moins nettement et avec un détail plus ou moins net, tel intérieur, tel paysage, tels personnages, tels incidents, et, à mesure qu’ils passent devant l’œil intérieur, nous savons qu’ils sont imaginaires, supposés, tout entiers de notre fabrique.

1806. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

La carrière entière de M. de Chateaubriand se ressentit de cette sympathie des Débats. […] Je lui demandai s’il consentirait à s’en priver pour moi : il me l’offrit sans hésiter, assurant qu’il la savait tout entière, et que d’ailleurs plusieurs de ses petits camarades la savaient aussi.

1807. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je ne crus qu’à des nécessités d’amour-propre et de respect humain qui lui faisaient augurer de la publication telle quelle du Livre du peuple un effet plus entier et plus bruyant sous sa première forme que sous une forme innocente. […] Mais les corps collectifs sont toujours poussés à prendre dans leurs antécédents les règles de leur avenir, M. de Lamennais fut nommé membre de la commission de Constitution: il se mit à l’ouvrage et chercha par la logique brutale du nombre à fonder sa société comme une troupe de sauvages sortis des bois ; il fonda les communes, puis il réunit toutes ces communes, et de leur réunion il fonda l’État, en sorte que l’État social matérialiste et se comptant par chiffre, et non par capacité ni par droits héréditaires et acquis, était l’expression seule du nombre et de l’impôt, abstraction faite de tout le reste, c’est-à-dire de la société tout entière.

1808. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il mourut le 4 juillet 1848 : il avait pris ses mesures à l’avance pour être enterré près de Saint-Malo, sur la pointe du rocher du Grand-Bé ; il voulait dormir du sommeil éternel au bruit des mêmes flots qui avaient bercé son premier somme, séparé même dans la mort de la commune humanité, et visible, en son isolement superbe, à l’univers entier. […] Et les Mémoires d’outre-tombe, si mêlés, à travers tant de fatras, n’ont guère pour se relever, outre l’intérêt documentaire, qu’un certain nombre de tableaux où le vieux maître s’est retrouvé tout entier : la vie de Combourg, le camp de Thionville et le marché du camp, la garde de Napoléon faisant la haie à l’impotent Louis XVIII, les impressions de Rome662, etc. ; tout ce qui est sensation pittoresque n’a pas vieilli d’un jour dans toute son œuvre.

1809. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Verlaine, dans un sonnet très admiré, il s’imaginera qu’il est à lui seul l’empire romain tout entier : Je suis l’empire à la fin de la décadence Qui regarde passer les grands barbares blancs, En composant des acrostiches indolents D’un style d’or où la langueur du soleil danse. […] Les œuvres de l’école font briller plus d’ostensoirs et resplendir plus d’or sur les chapes, allument plus de cierges, ouvrent plus de missels et fourbissent plus de décors de basilique que la rue Saint-Sulpice tout entière n’en pourrait fournir.

1810. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

On y voit l’homme tout entier, son imagination, ses sens, sa raison ; car, où l’une de ces choses manque, il n’y a point de vie mais la raison gouverne. […] Dans les unes, elle ne s’est pas reconnue ; dans les autres, elle s’est reconnue, soit à certains traits soit tout entière.

1811. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Le monde entier aurait peut-être gagné à ce qu’il le fût plus souvent. […] Elle ajoutera que chacun de nous ne représente pas seulement lui-même, mais une société entière faite à son image, à l’existence virtuelle, mais qu’il tend à réaliser.

1812. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Restituer tout entière la société carthaginoise, quand des hommes tels que Movers et Gesenius ont confessé leur impuissance, faire revivre la grande aristocratie phénicienne, comme si l’histoire pouvait être ici le guide du romancier, voilà ce qu’a tenté M.  […] Il a remarqué en Afrique les fils des Numides étendus à terre tout de leur long : presque tous les acteurs de son récit se vautrent sur le sol ; ils mangent à plat ventre, ils boivent à plat ventre, à moins que, pour se désaltérer plus à l’aise, et sans craindre l’asphyxie, ils ne plongent la tête tout entière dans des jarres d’eau miellée.

1813. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Difficulté, souffrance et lutte, et bientôt amertume, colère et rage, le secret poétique et moral de M. de Latouche est là tout entier. […] Mme Sand cite quelques jolis extraits de ses lettres ; mais elle n’en peut citer une seule tout entière.

1814. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Le bâton a été considéré tantôt comme le bât, tantôt comme la bête de somme tout entière ; c’est ce dernier sens qu’il prend lorsqu’on se sert du mot bourdon (latin burdonem), qui est proprement le bardot, variété du mulet. […] La pupille de l’œil, c’est si bien la fille de l’œil que l’expression se retrouve tout entière en portugais où la pupille se dit menina do olho.

1815. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

L’Église catholique n’est point une république où l’on recueille les avis des citoyens, et où l’opinion générale se forme par le débat contradictoire des opinions particulières, où l’on peut arriver à persuader le corps tout entier en persuadant successivement chacun de ses membres. […] Ainsi le christianisme tout entier est contenu dans le dogme de la chute originelle.

1816. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Ici l’ironie est impitoyable ; elle tue, elle brise, elle insulte, elle livre à la haine et au mépris l’homme auquel elle s’attaque, et elle le livre tout entier, sans lui tenir compte de quelques bonnes qualités qui se seront mêlées à ses défauts. […] Il était — après madame de La Vallière — le plus bel ornement de ces fêtes brillantes qu’admirait l’Europe entière.

1817. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

C’est cette sensibilité qui a ramené Sainte-Beuve à Virgile, et on peut dire presque à l’Antiquité tout entière. […] Si, aux yeux des rêveurs et des poètes, les torses retrouvés sont plus beaux que les statues terminées et entières., ils valent infiniment moins sans doute aux yeux de la Critique qui, comme la Politique, ne voit que les faits accomplis ; mais les masses du travail de Sainte-Beuve sont si bien liées entre elles dans l’unité d’un même dessin que, quoiqu’elles ne soient pas toutes sorties, l’imagination de la Critique poursuit et discerne sans peine le contour de leur achèvement.

1818. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Il s’agit d’une femme, et, entre toutes les femmes, de celle-là qui, par sa naissance, ses mœurs, sa vie tout entière, son esprit et son âme, devait le moins tenter la plume brillante et sèche d’un écrivain, qui n’avait jusqu’ici exprimé que des idées et qui, sur le tard de la vie, quand le rayon divin pâlit chez les autres hommes, s’essaie à peindre des sentiments. […] Elle passe humblement au service de cette Royauté plus forte qu’elle, elle dont la vie entière fut anglaise, espagnole, lorraine et jamais française !

1819. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Il n’est sage à aucun d’eux de prétendre qu’il embrasse la réalité tout entière et que rien n’existe hormis ce qui l’attire et ce qu’il découvre. […] Leur petit doigt pris dans l’engrenage, ils y passent tout entiers.

1820. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

« L’horreur que me cause cette mort est inexprimable, dit-elle en propres termes le lendemain à la princesse Daschkoff ; c’est un coup qui me renverse. » Mais le personnage politique en elle reprit aussitôt le dessus : elle comprit que désavouer hautement le crime et parler de le punir ferait l’effet d’une comédie jouée ; qu’elle ne persuaderait personne ; que ce meurtre lui profitait trop pour qu’on ne le crût pas commandé ou tout au moins désiré par elle ; elle dissimula donc, et faisant son deuil en secret, — un deuil au reste qui dut être court, — elle se contenta, pour la satisfaction et le soulagement des siens et de son fils, de conserver dans une cassette la lettre écrite à elle par Orlof, après l’acte funeste, et qui témoignait de l’entière vérité.

1821. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

La réunion était complète, on s’asseyait : c’est alors qu’il s’animait par degrés, que sa parole facile, élégante, retrouvait ses accents vibrants et doux, que le souvenir évoquait en lui les Ombres de ce passé charmant qu’il redemandait tout à l’heure au sommeil ; le conteur-poète était devant nous ; nous possédions Nodier encore une fois tout entier.

1822. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Juillet 1830 étant venu interrompre d’un coup le développement de poésie et de critique auquel tant de jeunes esprits se confiaient de plus en plus, nous qui acceptions cette révolution tout entière et qui la jugions alors d’une bien autre portée qu’on n’a vu depuis, nous tâchions, dès les premiers moments, de remettre l’art en accord avec les destinées nouvelles que nous supposions à la société, et de le rallier à elle dans une direction agrandie et encourageante.

1823. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Pour ces objets de peu d’étendue et qui vous paraîtraient de quelque prix, des copies entières remplaceraient convenablement les indications et descriptions que vous réserveriez aux plus longs ouvrages.

1824. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Examinez l’ordre social, lui dirait-on, et vous verrez bientôt qu’il est tout entier armé contre une femme qui veut s’élever à la hauteur de la réputation des hommes.

1825. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Et comme, dans le mouvement général de l’univers, les êtres particuliers ont leur mouvement propre, ainsi, pour l’écrivain, tandis que l’ouvrage entier s’avancera vers sa fin, chaque partie accomplira son évolution particulière et aura son progrès propre.

1826. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Et il fallait que l’antiquité fût écartée pour que le triomphe de la raison fût entier.

1827. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Je crois que notre intérêt et notre plaisir, c’est d’aimer autre chose que nous, de travailler pour ceux que nous aimons et, par-delà, en vue de la communauté tout entière.

1828. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

L’homme étranger à toute idée de physique, qui croit qu’en priant il change la marche des nuages, arrête la maladie et la mort même, ne trouve dans le miracle rien d’extraordinaire, puisque le cours entier des choses est pour lui le résultat de volontés libres de la divinité.

1829. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

C’était une opinion universelle, non-seulement en Judée, mais dans le monde entier, que les démons s’emparent du corps de certaines personnes et les font agir contrairement à leur volonté.

1830. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Au reste ces conversations particulières de la marquise n’étaient pas les conversations générales et habituelles de sa société tout entière.

1831. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Qui l’accordait, livrait le pays ; il tenait tout entier dans cette double offrande.

1832. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

L’individu en naissant est tout entier un produit héréditaire.

1833. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Cependant La Fontaine se relève quelquefois et se montre avec tout son talent, soit dans des fables entières, soit dans des morceaux plus ou moins considérables.

1834. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

Si une piece tombe, on peut dire qu’elle seroit tombée de même quand le public entier auroit eu l’intelligence de ces beautez voilées.

1835. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Il n’y a point de bas-bleu à part et d’épouse à part ; il y a un bloc de tout cela, un bloc ineffable qu’il faut accepter tout entier !

1836. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

C’est ici que viennent se marquer plus distinctement que jamais toutes les conséquences du système qui voit dans Paris le type de la France, lorsque l’histoire tout entière atteste au contraire qu’il en est plutôt la contradiction !

1837. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Après la caractéristique du génie de Villon, si vite aperçue et mise en lumière, après les sources morales cherchées et découvertes à travers l’œuvre d’un porte qui a bu toutes les hontes, comme il le dit de lui-même, et qui a tant de parties grossières, mais où le talent brille encore tout en se déshonorant, vient la tâche plus facile de l’appréciation littéraire de l’œuvre entière de Villon, et M. 

1838. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

L’invulnérabilité, cette qualité presque surhumaine, fut le caractère de la critique de Fréron et de sa personne, — le caractère de son caractère tout entier.

1839. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Même la catastrophe, en vue de laquelle l’histoire tout entière a été écrite par le mélodramatique auteur des Couronnes sanglantes, même cette catastrophe est sans émotion partagée, sans expression digne des faits pathétiques dont le récit déborde à chaque pas !

1840. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Rattachez et renouez ces deux bouts d’histoire, et vous avez la Révolution tout entière, dans sa lâche et imbécile origine et dans son effroyable cours !

1841. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Par la manière dont il s’est acquitté de sa tâche, on regrette qu’il n’ait pas eu à dire davantage, et que les limites de son livre ne lui aient pas permis de juger madame de Maintenon tout entière.

1842. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Le service et la découverte ne sont pas là… Ils sont bien plutôt dans la publication de la correspondance, formant presque un volume entier, entre Vauvenargues et ses amis, et en première ligne le marquis de Mirabeau, père de l’orateur.

1843. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit retiré au prieuré de Burnham Thorpe, entre son père qu’il aima toujours et sa femme qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui, — détail piquant dans son contraste même ! 

1844. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Il dit tout cela, Grenier, avec sa verve spirituelle et railleuse, et jamais la lamentable histoire d’une société, imbécilisée tout entière par une rhétorique inepte, et que d’hypocrites historiens admirent et regrettent, n’a été racontée avec plus de bonne humeur dans le mépris, — ce qui est le mépris suprême.

1845. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Elle est là, en effet, tout entière.

1846. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit, retiré au prieuré de Burnham-Thorpe, entre son père, qu’il aima toujours, et sa femme, qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui — détail piquant dans son contraste même ! 

1847. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Le service et la découverte ne sont pas là… Ils sont bien plutôt dans la publication de la correspondance, formant presque un volume entier, entre Vauvenargues et ses amis, et en première ligne le marquis de Mirabeau, père de l’orateur.

1848. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Elle est là, en effet, tout entière.

1849. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Hippocrate, en effet, ce vieillard divin, — car l’Histoire, pour honorer ce grand observateur, n’a trouvé rien de mieux que de l’appeler comme le vieil Homère — avait reconnu l’immutabilité des maladies, quand il s’écriait avec le pressentiment d’une révélation : « Il y a là quelque chose de Dieu (quid divinum) », et quand aussi Démocrite, tenant de plus près la vérité, écrivait ce mot singulier : « L’homme tout entier est une maladie », comme s’il eût deviné ce dogme de la Chute, après lequel il n’y a plus rien à l’horizon de l’Histoire ni à l’horizon de l’esprit humain !

1850. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Cherchant à s’appuyer sur des explications plus vulgaires, Gustave d’Alaux parle d’imitation intelligente ; mais l’imitation du nègre, comme celle des enfants et des domestiques, est beaucoup plus l’imitation des défauts que des qualités de leurs supérieurs et de leurs maîtres, et la vie tout entière de Soulouque, qui avorte même à parodier Napoléon, est la preuve sans réplique de cette imitation aveugle, grotesque et fatale !

1851. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Pour moi, Gustave Doré a été traité par la Critique comme s’il avait absolument réussi, et justement là est la question tout entière : a-t-il absolument réussi ?

1852. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

C’est la vie pour la vie de Milton qu’il va nous dire, la vie pour la vie et pour son détail, — et non pour faire de cette vie la cause du talent de Milton et pour retrouver dans son talent l’empreinte de cette vie tout entière.

1853. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Janin, c’est l’homme du dix-huitième siècle tout entier, et il est taillé à l’affreuse grandeur de ce siècle, qui tourne autour de lui, géant de cynisme, réflecteur du cynisme de tous, et qui en répercute, après les avoir concentrées, toutes les corruptions et tous les vices !

1854. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Certainement MM. de Goncourt, qui sont très distingués d’âme et de manières, ne veulent insulter personne et ne se sont pas aperçus qu’ils pouvaient se blesser eux-mêmes sur leur titre : mais ce titre dans lequel la pensée déborde à côté est un signe en MM. de Goncourt, un signe qui les révèle tout entiers.

1855. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

il faut, pour se tromper dans une telle proportion, qu’un regard bien rapide ait été jeté sur cette rapsodie qui a eu la fatuité de s’intituler le Maudit ; mais, moi, je l’ai lu tout entier, et je puis assurer, en toute sécurité, qu’un pareil livre ne mérite point l’honneur qu’on lui fait de l’estimer dangereux !

1856. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Au fond de chacun de nous repose la France entière, désireuse de s’épancher en œuvres vives.

1857. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Cette gloire se porta tout entière vers Richelieu.

1858. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Puis, le Sphinx qui tyrannise, non plus Thèbes, mais la Grèce entière (j’entends cet Éolien qui, blotti sur des rochers, comme l’antique Sphinx, enlève et pille hommes et biens, sans que je puisse le repousser), frappe-le toi-même, je t’en supplie : sinon, trouve-nous quelque Œdipe qui précipite ce monstre, ou le fasse mourir en l’affamant ! 

1859. (1925) Proses datées

Ajoutons qu’en ce temps de polémiques partiales, et de serviles complaisances, il donne le bel exemple de la plus entière sincérité et de la plus droite franchise. […] Le volume dont ils étaient détachés parut deux ans après ; il portait tout entier ce même caractère éminemment original, audacieux et, pour tout dire, « baudelairien ». […] Il en rapporte les circonstances avec un grand détail et une entière franchise. […] Non, ce qui m’y attend, c’est le moi d’une seule pensée forte, qui me pénètre tout entier et qui est ce que je suis et qu’il me semble être encore. […] Il se montre à nous tout entier.

1860. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Persécuté d’en haut, persécutez la création tout entière et fatiguez de vos clameurs le ciel même. […] Non, mille fois non, je ne me résigne pas, je n’accepte pas cet abominable silence du cœur dans des questions où, pour de certains hommes, la vie morale tout entière se trouve engagée ! […] Quel que puisse être l’objet adoré, glorieux ou même infâme, quand il est vraiment adoré, le monde entier n’y pourrait rien faire, parce que l’enthousiasme est incompressible et que la douleur est son aliment. […] La vie entière était devenue une pastorale pour ces mortels en pâte tendre auprès de qui les prostitués Byzantins du xve  siècle prennent dans l’imagination épouvantée les proportions titanesques des prosopopées eschyliennes. […] C’est pourquoi l’art entier du Moyen Âge est, de l’aveu même des fanatiques de la Renaissance, ce qu’il y eut jamais de plus profond.

1861. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Au moins c’est une revanche, quand on souffre, de ridiculiser et d’avilir l’univers entier. […] Ce n’est pas un parent, c’est l’humanité tout entière qu’il voudrait occire pour son bien. […] Legouvé y est presque tout entier, avec ses goûts et même avec ses manies. […] Mais cet intérêt d’attente serait insuffisant à soutenir un acte entier. […] En nous arrachant du nid de mollesse et de lâches habitudes où nous étions installés, elle nous renouvelle tout entiers.

1862. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il donnait une édition de ses ouvrages où toutes les lignes finissent par un mot entier, afin qu’aucune hésitation des yeux ne trouble l’attention du lecteur et ne compromette l’effet du discours. […] La peine capitale était une page entière. […] Quelques beaux vers de la veine d’autrefois témoignent que la poésie vit encore où la raison est restée entière. […] En décembre 1662, le Roi les a retirés de cette disgrâce, leur a donné sa protection tout entière, et par le moyen des pensions qu’il donne à tous les savans, il y a lieu d’espérer que les lettres seront plus florissantes sous son règne qu’elles n’ont encore été. » (Mémoires autographes.) […] Boileau a mis en vers un propos qu’on lui attribue : J’ai peu lu ces auteurs ; mais tout n’iroit que mieux Quand de ces médisants l’engeance tout entière Iroit, la tête en bas, rimer dans la rivière.

1863. (1925) Dissociations

Sur la religion Le titre de cette note ne signifie rien, mais je n’ai pu trouver de mots qui synthétisent brièvement ce que je veux dire, qui indiquent clairement que, pour l’humanité presque tout entière, la religion n’est qu’une variété supérieure de la médecine et même quelque chose comme un bureau de secours universel. […] Le congrès géologique de Toronto vient d’évaluer à sept ou huit cents ans la durée des réserves de houille du monde entier : nous avons le temps de nous retourner. […] Les Anciens ne connurent jamais que deux manières de porter la barbe : ou entière ou tout à fait rasée. […] Il cite comme une de ces sept merveilles un certain autel d’Apollon à Détos qui était tout entier façonné de cornes assemblées sans lien ni mortier. […] Je pense qu’il ne suffira pas de leur réciter les supplications de Ronsard aux bûcherons de la forêt de Gâtine : Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras… Ce bruit des haches qui faisait couler la sève et saigner le cœur du poète les réjouit au contraire ; si d’entières provinces leur appartenaient, ils les tondraient volontiers.

1864. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Les deux difficultés auxquelles nous venons de répondre, n’empêcheraient donc point qu’on ne pût, du moins à plusieurs égards, réformer notre orthographe ; mais il serait, ce me semble, presque impossible que cette réforme fût entière, pour trois raisons. […] Les philosophes de chaque nation seraient peut-être inconciliables là-dessus : que serait-ce s’il fallait concilier les nations entières ? […] Il ne faut pas croire cependant qu’avec un dictionnaire tel que je viens de le tracer, on eût une connaissance bien entière d’aucune langue morte. […] en roi…Qu’il mourût… Dieu dit : que la lumière se fasse, et elle se fit… et tant d’autres morceaux sans nombre seront toujours sublimes dans toutes les langues : l’expression pourra être plus ou moins vive, plus précise selon le génie de la langue ; mais la grandeur de l’idée subsistera tout entière. […]            De ne vivre jamais pour soi,            Et d’être toujours tout entier            Aux passions d’un maître !

1865. (1887) Essais sur l’école romantique

Bon nombre de pièces se placeraient mieux sous un autre titre ; une surtout, d’une beauté simple, mérite d’être revendiquée tout entière par la Muse nationale. […] Ils n’ont besoin que d’une portion de leur être pour faire de grandes choses, et pourvu que l’écrivain soit tout entier à son œuvre, il n’importe que l’homme sommeille ou même contredise. […] Cette citation sera ici à sa place, soit comme faisant suite aux réflexions qu’on vient de lire, soit comme devant faire corps avec un volume tout entier consacré à l’exposition et à la défense des principes. […] Soit que ce grand événement eût tué d’un coup toutes mes sympathies pour les effets de style, soit qu’il m’eût vieilli, je vis que l’indifférence avait commencé avant que la foi eût été entière. […] L’homme tout entier est dans chaque ligne ; il se rendra ce témoignage, en finissant, que, sauf l’infirmité humaine, il n’a point de sa propre volonté manqué à sa noble tâche.

1866. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Les faits seuls sont réels, dit-on, et il faut s’en rapporter à eux d’une manière entière et exclusive. […] Quant à moi, je pense qu’on a ce droit d’une manière entière et absolue. […] Le génie de Cuvier a développé ces vues et en a tiré une science nouvelle, la paléontologie, qui reconstruit un animal entier d’après un fragment de son squelette. […] Nous ne pouvons entrer ici dans l’examen détaillé de ces questions qui ne comprendraient ni plus ni moins que l’histoire entière de la science médicale. […] Celui qui tenterait maintenant une généralisation de la biologie entière prouverait qu’il n’a pas un sentiment exact de l’état actuel de cette science.

1867. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Quand une civilisation disparaît, elle ne meurt pas tout entière, mais son legs est généralement très modifié, très déformé par la civilisation suivante. […] L’homme, ainsi que son ordre tout entier, les primates, y vit avec la plus grande aisance. […] Elle est tout entière en effet dans cette transformation des apparences. […] Ceci bien établi, nous pouvons entier dans la région comique de la question. […] Elle est si peu un lien nécessaire entre nos diverses actions que des séries entières d’actions, à vrai dire d’importance minime, échappent entièrement à son contrôle.

1868. (1927) Des romantiques à nous

Elle s’est affirmée pendant tous les siècles du moyen âge, non chez des individus isolés, mais dans des écoles entières, telles que l’école averroïste. […] Mais ses partisans eux-mêmes doivent reconnaître que, en pratique, dans l’Etat moderne, cette entière indépendance du pouvoir civil est notamment la garantie la plus nécessaire de la liberté de conscience et de la paix religieuse entre citoyens. […] On dirait que, s’étant ramassé tout entier dans les éléments les plus forts et les plus vifs de son tempérament et de son génie, il y a trouvé une élasticité et une puissance d’élan qui l’ont lancé sur les hauteurs et l’y ont soutenu pendant une grande heure d’inspiration. […] Cette tête-là, cette tête ronde et forte, dont, après trente ans écoulés, les moindres traits gardent dans ma mémoire leur entier relief, ce n’était pas une tête d’accessit. […] Sa fantaisie était tout entière dans sa tête et se dépensait complètement dans ses inspirations.

1869. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Carrière et Geffroy me parlent du projet de faire ensemble un Paris, par de petits morceaux amenés sous le coup de la vision, sans l’ambition de le faire tout entier : un Paris fragmentaire, où se mêleraient les dessins du peintre à la prose photographique de l’écrivain. […] Vendredi 23 janvier Ici, je retrouve Sarcey tout entier : après avoir fait un assez bénin compte rendu de La Fille Élisa, le voilà rédigeant l’article le plus éreinteur de la pièce, pour noblement fournir au ministre et à la censure, des armes pour l’interdiction. […] Ce soir, au dîner des Spartiates, on soutenait que l’homme de l’Occident, était une individualité plus entière, plus détachée, plus en relief sur la nature, moins mangée par l’ambiance des milieux, par cela même une individualité plus déteneuse d’une volonté propre que l’homme de l’Orient, dont l’individualité est comme perdue, fondue, noyée, dans le grand Tout, en son exubérance de végétalité et d’animalité, et faisant de l’homme de là-bas la proie du nirwanisme, de cette lâche et souriante veulerie d’une volonté, qui semble avoir donné sa démission, devant le rien qu’est l’humanité en ces contrées exotiques. […] Samedi 31 octobre Un mois, un mois entier, où la brûlure de mon rhumatisme intercostal me prive de sommeil, toutes les nuits.

1870. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Livres, dont il ne nous reste que les cinq premiers entiers. […] L’Histoire Ecclésiastique, l’Histoire civile, l’Histoire politique & militaire, l’Histoire des lettres & des Arts, au lieu d’être confondues & mêlées ensemble, font autant de parties distinctes, & la plus considérable portion de l’ouvrage entier. […] D’ailleurs le fond est tout entier dans l’histoire générale, dans le Siécle de Louis XIV. […] Ailleurs les Princes, les Grands occupent le théatre entier ; ici les hommes, les citoyens jouent un rôle qui intéresse davantage l’humanité.

1871. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Plus tard, vers 1875, mon Après-midi d’un faune, à part quelques amis, comme Mendès, Dierx et Cladel, fit hurler le Parnasse tout entier, et le morceau fut refusé avec un grand ensemble. […] — sur l’art tout entier. […] Hennique est toujours restée entière. […] — Pour rendre sensible notre collaboration à l’effort de l’humanité tout entière, à l’ascension civilisatrice par et vers la vérité. […] Seulement, il y en a d’obscurs et de clairs. — Dante, que je considère comme le plus grand de tous les poètes, son poème tout entier n’est qu’un symbole !

1872. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Euripide aurait pu faire dire à Phèdre : Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée ; C’est Vénus tout entière à sa proie attachée.

1873. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Il n’a rien découvert, mais il a tout enflammé ; et le sentiment de l’égalité, qui produit bien plus d’orages que l’amour de la liberté, et qui fait naître des questions d’un tout autre ordre et des événements d’une plus terrible nature, le sentiment de l’égalité, dans sa grandeur comme dans sa petitesse, se peint à chaque ligne des écrits de Rousseau, et s’empare de l’homme tout entier par les vertus comme par les vices de sa nature.

1874. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Pour parvenir à ce bel ordre, l’historien doit embrasser et posséder toute son histoire ; il doit la voir tout entière comme d’une seule vue ; il faut qu’il la tourne et qu’il la retourne de tous côtés jusqu’à ce qu’il ait trouvé son vrai point de vue.

1875. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Il disait « qu’après avoir fait un poème de cent vers ou un discours de trois feuilles, il fallait se reposer dix ans tout entiers ».

1876. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Tancrède Martel Ceux qui, comme le grand et vigoureux poète de la Chanson des gueux , ont voué leur existence entière aux flammes d’un art élevé, savent seuls ce qu’il y a de bonheur dans l’enfantement laborieux d’une œuvre préférée.

1877. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Il est difficile de placer le Golgotha à l’endroit précis où, depuis Constantin, la chrétienté tout entière l’a vénéré 1159.

1878. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

C’est en parlant des satires de Boileau contre eux, que Montausier mécontent avait prononcé ce jugement mis en vers par Boileau lui-même :                          Tout n’en irait que mieux, Quand de ces médisants l’engeance tout entière Irait, la tête en bas, rimer dans la rivière.

1879. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

De-là sont nées les chansons ; et l’observation qu’on aura faite, que les paroles de ces chansons avoient bien une autre énergie lorsqu’on les entendoit chanter, que lorsqu’on les entendoit déclamer, a donné lieu à mettre des récits en musique dans les spectacles, et l’on en est venu successivement à chanter une piece dramatique en entier.

1880. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Mais je vais rapporter en entier le passage de monsieur l’abbé Gravina.

1881. (1757) Réflexions sur le goût

La raison donne donc au génie qui crée une liberté entière ; elle lui permet de s’épuiser jusqu’à ce qu’il ait besoin de repos, comme ces coursiers fougueux dont on ne vient à bout qu’en les fatigant.

1882. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Relisant le livre, évoquant le tableau, faisant résonner à son esprit le développement sonore de la symphonie, l’analyste, considérant ces ensembles comme tels, les restaurant entiers, les reprenant et les subissant, devra en exprimer la perception vivante qui résulte du heurt de ces centres de force contre l’organisme humain charnel, touché, passionné et saisi4. » Et enfin (p. 217), « saisissant ainsi des intelligences telles quelles, les analysant avec une précision et une netteté considérables et les replaçant ensuite par une minutieuse synthèse dans leurs familles, leurs patries, leurs milieux, l’esthopsychologie, un ensemble d’études particulières de cette science, sont appelés à vérifier les plus importantes théories de ce temps sur la dépendance mutuelle des hommes, sur l’hérédité individuelle, sur l’influence de l’entourage physique et social ».

1883. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Lord Byron, à lui seul, l’emporte, en intérêt littéraire et surtout en intérêt de nature humaine, sur tous ces Allemands sans passion ardente et profonde et qui n’ont de nature humaine que dans le cerveau… La vie de ce grand poëte, qui s’est élevé jusqu’au grand homme, est autre chose que celle de ces travailleurs en rêveries dont l’existence ressemble à une table des matières de leurs œuvres, dans laquelle elle tient… Pour tout homme, pour tout être si heureusement et si puissamment organisé qu’il soit, la vie de Byron est un sujet de critique et de biographie de la plus redoutable magnificence ; car Byron fut comme le plexus solaire du xixe  siècle, et tous les nerfs de la société moderne, cette terrible nerveuse, aboutissent à lui… Toucher à cet homme central, magnétique et vibrant, qui mit en vibration son époque, c’est toucher à l’époque entière… Jusqu’ici, ceux qui y ont touché s’y sont morfondus.

1884. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Sismondi, qui n’était pas peintre et qui était économiste et philosophe, n’eût pas conçu de cette façon le règne de Louis XVI, et, s’il avait eu le temps de l’écrire, ne l’aurait pas concentré sous ce titre, qui est une manière de voir très entière et très accusée : Louis XVI et sa Cour.

1885. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Du reste, fait presque tout entier avec des mots improvisés sur place et des anecdotes, ce livre, qu’on appelle des Pensées comme on appelle son auteur un moraliste, — par antiphrase, — traduit assez mal le genre d’esprit qu’il eut, car de la conversation dont on se souvient est de la conversation morte, et l’encre avec laquelle on la rapporte est le deuil de cet esprit-là.

1886. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Il n’a nul égard à l’accord parfait du caractère, de l’esprit, de la vie tout entière de celui à qui il est imputé, avec le mot même.

1887. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Diviser un règne comme celui de Louis XIV, ou ne pas étreindre dans son dessein le siècle tout entier dont on dit les premières années, c’est toujours, quelque parti qu’on prenne, fragmenter un ensemble, briser et disjoindre ce qui devrait rester cohérent, altérer la nature des choses.

1888. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Dans ses Femmes de la Révolution, il a retrouvé tout entière son ancienne rage contre le prêtre, à propos des femmes près desquelles il le voit toujours, et qui furent hostiles à la confiscation des biens de l’Église, à la boucherie de l’échafaud !

1889. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

On y voit, en effet (page 36), que « la concupiscence de la femme est illimitée ; (page 49) que les plaisirs de l’amour, dès qu’ils ne sont plus légitimes, exposent l’homme et la femme à d’horribles maladies ; (page 36) que la femme infidèle à un homme, par sa nature même n’est plus fidèle à aucun autre homme », ce qui n’est que la moitié du vrai, par parenthèse, car le vrai tout entier c’est que la femme n’est, de nature, fidèle à aucun homme, et ne le peut si Dieu ne l’aide pas !

1890. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Oscar de Vallée, qui n’est, d’ailleurs, qu’un imposant fragment d’une biographie que j’aurais voulu lui devoir tout entière.

1891. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

En action historique, les idées générales, les influences sociales ont besoin d’un homme… Quoique la France fût éperdue d’égalité, à cette heure maudite, et qu’elle eût commencé déjà le nivellement par l’échafaud, elle n’en reconnut pas moins la supériorité et la souveraineté de l’homme qui, à un jour donné, avait créé cette chose inouïe, universelle et compacte, qui s’étendit tout à coup sur la France entière comme une voûte qui ne permettait plus de respirer, et qu’on appela du même nom que le sentiment dont elle transissait les âmes : la Terreur !

1892. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Elle aurait vu sur ce nom les quelques gouttes de sang résolument versé qui, dans l’opinion française, passeront toujours pour de la pourpre, et cela eût suffi pour parer une gloire imméritée, qu’elle est capable de lui retirer tout entière si on vient lui demander d’y ajouter encore, — si on vient quêter sur ce tombeau !

1893. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Cette Correspondance, dans laquelle Tocqueville a cherché à plus d’un endroit à s’expliquer sur le sens de son ouvrage et à répondre à ceux qui persistaient à le regarder comme confus et contradictoire, atteste à quel point son esprit tout entier ressemblait à son livre.

1894. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

C’est enfin d’admettre l’optimisme absolu d’une science absolue, car, une fois admise, cette terrible notion d’absolu se répercute en mille échos et fait craquer la création tout entière.

1895. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Nulle lumière, en effet, ne s’était coulée autour de lui pour l’embrasser dans la beauté entière de sa forme étrange, et ne le simplifiait, en nous l’éclairant dans son irréductible unité et malgré ces incohérences de surface, cet homme, cet être plutôt que cet homme, qui fut encore autre chose qu’un grand géomètre, un grand sceptique, un grand dévot !

1896. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Embarras qui me touche, que j’épouse et que je partage, mais non tout entier, et à la manière paternelle.

1897. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Ce qu’on entend maintenant, ce qu’il est impossible de ne pas entendre, c’est la grande voix de la Société moderne tout entière, qui passe de bien haut par-dessus cette tête de Soury, et qui, si elle ne dit pas les mêmes choses, identiquement les mêmes choses, — car chacun a sa spécialité d’injures quand il s’agit d’insulter le Christianisme, — dit des extravagances et des impiétés équivalentes, et, dans tous les cas, est disposée à tout entendre, à tout applaudir et à tout accepter.

1898. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Il a embrassé le Matérialisme contemporain tout entier, — le Matérialisme de la minute présente, — dans toute l’étendue de son progrès et sur tous les sommets où il est monté et où il s’est établi, couvrant tout, comme l’eau d’un déluge… Le Dr Athanase Renard compte, un par un, ses envahissements victorieux ; car il est victorieux sur toute la ligne !

1899. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Or, son royaume à lui, ce n’était pas la France ou une partie de l’Europe coupée au fil du glaive, mais c’était le monde tout entier conquis, embrassé, dévoré par cette « toute petite compagnie » de Saint-Lazare, comme il l’appelait, et qui, fondée par lui, renouvela le miracle des apôtres.

1900. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Tous les deux écrivirent également en prose et en vers ; mais l’un (André Chénier), le poète du fini, parla mieux la langue des vers, qui est le langage du fini, et l’autre (Maurice de Guérin), le poète de l’infini, parla mieux la langue de la prose, dans laquelle la nature et la pensée semblent avoir plus d’espace pour s’étendre et tenir tout entières.

1901. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Elle est trop longue pour être citée tout entière, mais elle a toutes ses strophes dans ce goût, ce mouvement et ce rythme charmant : J’appris à chanter en allant à l’école, Les enfants joyeux aiment tant les chansons !

1902. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

C’est moins fièrement littéraire, mais c’est plus laquais… Le Diderot des Garnier en était à son douzième volume, et l’Introduction et l’Essai sur la philosophie du xviiie  siècle ne devait paraître que quand l’ouvrage tout entier serait terminé.

1903. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

On croira que j’exagère tout le temps qu’on n’aura pas lu le volume entier de ces Silves, dont je ne puis pas, en un chapitre, faire les extraits que je voudrais… Mais qu’on le lise, et on verra !

1904. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

… Dans un des plus longs poèmes du recueil de Laurent Pichat, intitulé : Saint-Marc (le Saint-Marc de Venise), où se trouve, plus que partout ailleurs, cette idée qui, au fond, est la seule du livre : c’est que le monde entier, l’Antiquité, le Christianisme, le Moyen Age, toutes les religions, toute l’Histoire enfin, jusqu’à ce moment, ne sont plus qu’une pincée de poussière, un songe évanoui, évaporé, perdu, et qu’il n’en subsiste ni un sentiment, ni une croyance, ni une vérité, tandis que le xixe  siècle seul est la vie !

1905. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Je le trouve tout entier dans ce trait : Il avait, je ne sais où, une forêt, le seul débris qui lui restât d’une grande, fortune aristocratique, et les coupes annuelles de cette forêt auraient pu être pour lui un revenu considérable.

1906. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

II Le voici donc tout entier, ce livre qui, je l’ai dit, nous donne un Richepin aussi contenu qu’il avait été jusque-là incontinent, et aussi moral qu’on peut l’être sans Dieu ; car M. 

1907. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Du moment, en effet, où, au lieu de mêler la lumière ou le phénomène physiologique aux faits humains pour en éclairer la profondeur — comme Shakespeare, par exemple, avant tout le monde, l’a osé d’une si admirable manière et avec tant de bonheur dans sa fameuse scène de lady Macbeth somnambule, — on va plus loin dans le sens de la physiologie, quand on se circonscrit et qu’on enferme son sujet tout entier dans le phénomène, il faut prendre garde, car le passage est dangereux !

1908. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Or, ces gens-là, que suppose Feydeau pour avoir le plaisir de leur répondre, sont évidemment des cuistres de moralité, faciles à découdre sans qu’on soit pour cela, en fait de raisonnements vainqueurs, un sanglier d’Érymanthe ; mais la question n’en reste pas moins tout entière de la moralité dans l’art, lequel n’atteint réellement son but idéal et suprême qu’à la condition d’étre moral dans l’effet ou l’émotion qu’il produit, — ce qui, par parenthèse, est précisément le contraire de l’effet produit par les livres de Feydeau.

1909. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

L’âme qui est fortement émue, s’attache tout entière à son objet, et ne va point s’écarter de sa route pour faire contraster ensemble des mots ou des idées.

1910. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

C’est dire, n’est-ce pas, que l’illustration de tels romans devait tenter Hokousaï, qui s’y absorbe presque tout entier, en 1805, 1806, 1807, etc., et lui donne, pendant près de vingt ans, les plus longues heures de son travail quotidien. […] L’illustration de ce roman en quatre-vingt-dix volumes est en général de trois images doubles par volume, ce qui fait avec les frontispices, pour l’ouvrage entier, près de trois cents estampes. […] Un roman dont l’intérêt artistique est tout entier dans la première composition, représentant les quarante-sept rônins qui déposent la tête de Kira sur le tombeau d’Asano. […] Une planche, tout entière de bras et de mains, indique la manière de s’empoigner dans une lutte à main plate. […] En somme, j’ai perdu une année tout entière grâce à mon coquin de petit-fils, et je regrette cette précieuse année perdue.

1911. (1774) Correspondance générale

Il ne faut pas que des polissons fassent une tache à la plus belle magistrature, ni que la postérité, qui est toujours juste, reverse sur vous une petite portion du blâme qui devrait résider tout entier sur eux. […] Rassurez-vous sur la santé de mon corps et sur celle de mon âme ; la maison entière est en fort bon état. […] C’est un des hommes les plus honnêtes et les plus aimables, non pas de la Russie seulement, mais du monde entier policé. […] J’ai passé l’année tout entière à la campagne avec moi seul en assez mauvaise compagnie d’abord, mais sans cesse occupé du soin de la rendre meilleure. […] Je suis, avec la considération la plus respectueuse et le dévouement le plus entier, etc., etc.

1912. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Mais dans les sujets mêmes les plus connus, il est encore permis d’inventer beaucoup, pourvû qu’on laisse dans leur entier les faits et les caracteres principaux, et que le reste n’en soit que des préparations et des accompagnemens vraisemblables. […] Pour cela les infidélités et les sophismes ne leur coûtent rien ; ils n’exposeront pour le fait entier que quelques circonstances qui, séparées de celles qu’ils dissimulent, changent absolument l’espece. […] Il n’y a que trop de tragedies où des actes entiers se perdent en préparations. […] Il faut la considérer au moment qu’on la travaille, comme un ouvrage entier qui doit avoir son commencement, ses progrès et sa fin, il faut qu’elle marche comme la piece et qu’elle ait, pour ainsi dire, son exposition, son noeud et son dénoûment. […] Voilà tout ce que j’établis dans ce premier morceau ; et vous le laissez dans son entier, puisque vous n’en avez rien combattu.

1913. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

… Au cri de son père, au tressaillement du bras qui le portait, l’enfant — tout entier hors de la fenêtre — crut que c’était fini, qu’on mourait. […] Entre autres intéressants chapitres je trouve celui de l’Infirmerie que je cite tout entier. […] Le plancher et les portants faisaient de larges taches jaunes, et la scène entière, immense, ressemblait à une large plage de sable. […] Elle aperçut comme dans un éclair sa vie entière de désordre et de honte ; elle mesura ses infamies ; l’abjection de son existence lui apparut. […] Le coup porta tout entier dans le bras de cet écuyer, nommé M. de Chambors, lui cassa l’épaule et le renversa à terre.

1914. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il est tout entier dans trois scènes. […] Une position cesse d’être fausse, qui est acceptée franchement et tout entière. […] Cette fois, Rousseau fait l’entière confession de sa souffrance. […] comme on aime quand on aime passionnément, c’est-à-dire avec le plus entier et le plus implacable égoïsme). […] Tout te paraîtra clair dans ma conduite ; tu m’auras tout entier. » Oui, nous l’avons tout entier.

1915. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Lysistrata est d’une constante et entière obscénité dans les mots et dans les gestes. […] « Elle s’écria que c’était moins l’enrichir d’une parure nouvelle que la priver de toutes les autres, et que son fils lui faisait sa part dans un héritage qu’il tenait d’elle tout entier. » Peut-être, en s’effaçant, eût-elle continué à gouverner son fils. […] Parmi les genres nombreux qu’il a traités, il en est un qui est tout entier de sa création, l’opéra comique élégant et mondain, qui n’était pas avant lui et qui n’est plus depuis qu’il est mort. […] Je dois ajouter que l’auteur en a, pour cette reprise, abattu des pans entiers. […] Mais d’abord arrive Boisgommeux, un Boisgommeux transformé et qui va jusqu’à lui dire : « Vous m’avez offert votre vie tout entière, et je n’en ai pas voulu ; mais, à présent, je la veux.

1916. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Les pires épreuves n’ont pu ébranler cette religion, qui s’était emparée de son âme tout entière. […] Formé par ces anciennes disciplines, qui prenaient l’âme tout entière, il se trouva muni de fières maximes dès qu’il fut obligé, par sa conscience, de passer du discours à l’acte. […] L’univers entier se décompose, se dissout dans ces phrases, comme un bloc de métal mordu par un corrosif. […] Il pouvait demeurer pendant des heures entières les yeux fixés sur un spectacle. […] Scherer, au pays tout entier, tyrannisé, sur toute la surface du territoire, par des comités électoraux.

1917. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

— Ce coquin-là est si gros, disait plaisamment Cyrano, qu’il abuse de ce qu’on ne peut le bâtonner tout entier en un jour. […] Il n’osa joûter contre ce terrible rival et se voua tout entier au barreau. — Iphigénie, quoique fort passable, n’eut que cinq représentations. […] Jusqu’à cette époque, il était d’usage que les comédiens achetassent des auteurs, à prix débattu, leurs compositions dramatiques et restassent maîtres de la recette entière. […] On prétend que le sujet lui en fut donné par Molière et que dans la pièce, telle qu’elle fut jouée d’abord, des scènes entières étaient puisées presque littéralement dans l’Antigone de Rotrou. […] Il se trouvait dans cette ville, lorsque, trahi par un officier réfugié, et attiré hors des limites, il fut saisi et mené aux îles Sainte-Marguerite et mis en prison pendant une année entière.

1918. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

ce vivant point du monde, éperdument désireux d’infini, n’est point satisfait des facultés que l’évolution actuelle de la vie lui accorde ; il conçoit ou du moins il rêve un être qui serait à l’homme ce que l’homme est à la brute et, en supposant acquis le désirable développement des spirituels et physiques sens humains, il croit apercevoir, dans un reflet de gloire divine, l’être inconnu dont le regard et l’amour seraient moins limités que les nôtres, celui pour qui la terre entière serait un spectacle en dépit de sa forme qui nous condamne à ne jouir d’elle que par infimes fractions. […] Mais la vie ne consiste pas tout entière en ses immédiates apparences. […] Le tort grave serait d’assimiler la vie entière aux conditions exceptionnelles de l’art.

1919. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

La vie universelle se sent atteinte dans son corps meurtri, ses chaînes pèsent sur le monde entier. — « Le flot marin mugit en tombant sur le flot. […] Non, c’est l’Humanité entière, glorifiée et divinisée, rassemblant dans un type unique ses efforts innombrables, ses inventions laborieuses, ses conquêtes opiniâtrement étendues, et qui du fond de sa misère native, de son malheur éternel, les oppose fièrement aux Fatalités jalouses qui lui disputent sa place au soleil. […] Hermès est tout entier dans ce premier germe, son caractère mythologique se développe d’après les significations qu’il contient.

1920. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

III Cette condition sociale dans laquelle j’avais eu le hasard de naître, le pays pastoral et agricole que nous habitions, la maison, les vergers, les champs, les aspects, les relations fières, mais douces, des paysans avec le château et du château avec les chaumières ; les nombreux serviteurs, jeunes ou vieux, attachés héréditairement à la famille par honneur et par affection plus que par leurs pauvres salaires ; mon père, ma mère, mes sœurs, les occupations pastorales, rurales, domestiques, des champs ou du ménage, toutes ces habitudes, au milieu desquelles je grandissais, étaient tellement semblables aux mœurs des hommes de l’Odyssée que notre existence tout entière n’était véritablement qu’un vers ou un chant d’Homère. […] L’Odyssée est un poème épique familier, le poème de la vie humaine tout entière, sans acception de conditions ou de rangs dans la société. […] « C’est là que durant la nuit entière Télémaque, recouvert de la fine toison tissée des brebis, roule en lui-même le plan du voyage que lui conseille Minerve. » — « Que pensez-vous d’Euryclée, mes enfants ?

1921. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Les Grecs ne furent pas aussi heureux en Poëtes comiques qu’en Poëtes tragiques, & à l’exception du Cyclope d’Euripide, qui ressemble plus cependant à une Farce qu’à une Comédie, je ne sçais que le seul Aristophane dont il nous reste des Ouvrages entiers, encore n’en avons-nous que la moindre partie. […] Il ne nous en reste qu’une qui n’est pas même dans son entier, mais on y trouve la beauté, le nombre, l’harmonie & les graces infinies que l’antiquité donne à celles que nous avons perduës. […] Dacier n’ayant enrichi notre Langue que de trois Comédies de Plaute, Limiers, Ecrivain médiocre, le traduisit en entier en 1719. à Amsterdam en dix volumes in-12.

1922. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Et, pour simplifier les choses, supposons l’univers entier réduit à ces deux systèmes. […] La représentation qu’il va construire du monde repose tout entière sur le fait que le système de référence adopté est lié à la Terre : donc le train se meut ; donc on ne peut mettre en M′ une constatation de la simultanéité des deux éclairs. […] Il faudrait d’ailleurs ajouter encore : « Ce qui est simultanéité par rapport au train ne l’est pas par rapport à la voie, du moment que la physique se construit du point de vue du train. » Et enfin il faudrait dire : « Une philosophie qui se place et au point de vue de la voie et au point de vue du train, qui note alors comme simultanéité dans le train ce qu’elle note comme simultanéité sur la voie, n’est plus mi-partie dans la réalité perçue et mi-partie dans une construction scientifique ; elle est tout entière dans le réel, et elle ne fait d’ailleurs que s’approprier complètement l’idée d’Einstein, qui est celle de la réciprocité du mouvement.

1923. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

La société ouverte est celle qui embrasserait en principe l’humanité entière. […] L’histoire tout entière en témoigne. […] Comme, pendant l’opération, on est tout entier à l’une des deux tendances, comme c’est elle seule qui compte, volontiers on dirait qu’elle seule est positive et que l’autre n’en est que la négation : s’il plaît de mettre les choses sous cette forme, l’autre est effectivement le contraire.

1924. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Elle y dénonce la plaie qui n’est pas seulement celle du grand monde, mais du monde entier, celte vieille plaie de Pilate, que Dante punissait par l’enfer des tièdes, et que, de nos jours, tant de novateurs généreux, à commencer par elle, se sont fatigués à insulter. […] de la Chevalerie, dont les rêves ont charmé l’univers, revenez tout entière, car vous êtes vivante d’immortalité !

1925. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Combien de fois, sur ce rivage admirable, appuyé contre une colonne, et la vague se brisant amoureusement à ses pieds, il dut ressentir, durant des heures entières, ce charme indicible, cet attiédissement voluptueux, cette transformation éthérée de tout son être, si divinement décrite par Chateaubriand au cinquième livre des Martyrs ! […] et qu’on laisse là pour passer à autre chose. » Sans donc renoncer, dès le début, à cette chère et consolante poésie, il ne s’empressa aucunement de s’y livrer tout entier.

1926. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

« Les événements, a-t-il dit quelque part, sont si absolument déterminés par les idées, et les idées se succèdent et s’enchaînent d’une manière si fatale, que la seule chose dont le philosophe puisse être tenté, c’est de se croiser les bras et de regarder s’accomplir des révolutions auxquelles les hommes peuvent si peu. » Voilà tout entier dans cet aveu notre philosophe-pasteur : voir, regarder, assister, comprendre, expliquer. […] Leroux ne se fit d’ailleurs au Globe, jusqu’en 1830, qu’une position bien inférieure à ses rares mérites et à sa portée d’esprit ; par modestie, par fierté, cachant des convictions entières sous une bonhomie qu’on aurait dû forcer, il s’effaça trop ; quatre ou cinq morceaux de fonds qu’il se décida à y écrire frappèrent beaucoup, mais ne l’y assirent pas au rang qu’il aurait fallu.

1927. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Je le suivais souvent pas à pas, pendant des heures entières, pendant qu’il touchait ses quatre bœufs blancs et fauves attelés à la charrue, dans les longues pièces de terre bordées de frênes, le long des avenues du château. […] L’homme tout entier se monte comme un instrument d’enthousiasme.

1928. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Pasquier, encore vivant et vivant tout entier aujourd’hui, qui distribuait alors ces faveurs en qualité de ministre des affaires étrangères de Louis XVIII : homme de goût, de cour, de tribune, de congrès, de grande société européenne. […] Je dévorais déjà de l’œil les longues années qui me séparaient encore de la tribune et des hautes affaires d’État, ma vraie et entière vocation, quoi que mes amis en pensent et que mes ennemis en disent.

1929. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Un soldat qui avait passé sa vie entière dans les missions de l’Orénoque supérieur, campait avec nous sur les bords du fleuve. […] Le Brésil entier est pauvre en mammifères terrestres, et les espèces sont toutes de petite taille ; elles ne se détachent point sur le fond du paysage.

1930. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

L’univers entier, excepté lui, avait l’agonie de sa fin. […] « Je veux racheter par ma vie entière les peines que je vous ai données pendant deux ans. » Cette époque est triste, malgré le pardon généreusement accordé par madame Récamier.

1931. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

La musique la plus secrète d’une langue, celle qui se traduit par la poésie, ne se révèle que par celui qui appartient à cette langue tout entier et qui plonge en elle chacune de ses plus profondes racines. […] Il est arrivé au peuple d’oc ce qui serait arrivé à la France tout entière si nous avions été écrasés par les Allemands voici un peu plus d’un lustre : la langue teutonne nous eut été imposée, nous nous serions accoutumés plus ou moins vite à cette contrainte vitale pour des vaincus, mais il est sûr que, de bien longtemps, les poètes d’origine française n’auraient pu rivaliser de talent, de science, — et de gloire, — avec leurs confrères strictement germains.

1932. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Comme eux, nous choisirons ce qui nous paraîtra le plus digne de fixer nos regards ; vous aurez ensuite, à l’aide de ces fragments épars du génie d’un poète, à le comprendre en son entier, à l’exemple de ces architectes auxquels il suffit de quelques pierres mutilées pour reconstruire, sur le papier, tout l’ensemble d’un monument. […] Il importe donc de réunir l’action à l’élocution, la pantomime au langage, pour que la pensée arrive pleine et entière, de l’homme qui parle à l’homme qui écoute.

1933. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Ce qu’il a gagné à cette sévérité envers lui-même, ce ne sont pas seulement quelques vers redressés par l’enclume, c’est l’inspiration vraie retrouvée sous ce qui n’en était que l’apparence ; c’est, en plus d’une pièce, au lieu des « trompeuses amorces » de la poésie, la poésie elle-même se révélant tout entière, sur le tard, à un cœur où s’est conservée la sensibilité première, à un esprit mûr qui a gardé la jeunesse. […] Elle est tout entière prise aux sources.

1934. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Peu à peu vous trouvez dans ces accords un charme inconnu qui vous attire ; vous vous livrez sans résistance, vous appartenez tout entier à la pensée du maître qui vous pénètre et vous envahit. » Il ne semble pas cependant que Gasperini eut la pleine intelligence de Tristan : il arrivait, voyant Wagner tout dans Tannhæuser et Lohengrin, ayant voulu trouver dans Tannhæuser et Lohengrin les « motifs intérieurs » et la « mélodie de la forêt » : il fut étonné, déconcerté, et il avoua une déception. […] La rubrique Le Mois wagnérien, recensait les concerts et représentations wagnériennes dans le monde entier.

1935. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Par une légion de petits journalistes et des grandes dames, Wagner a été vaincu, et avec lui l’Art tout entier. […]   Tel est, dans sa simplicité poignante, ce drame musical, et nous n’avons pas même tenté — connaissant l’insuffisance de notre parole — d’exprimer les beautés poétiques et musicales dont il abonde, il est enveloppé tout entier de ténèbres et de tempêtes ; il est lui-même comme un grand vaisseau battu sans fin par l’orage ; tous les vents de l’abîme soufflent, toutes les voix des profondeurs mugissent dans ses sauvages harmonies, et l’âme du spectateur se sent entraînée, roulée, dispersée dans les noires vagues de la mer.

1936. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Là où il fallait des couleurs tranchées et entières, il n’a mis que des nuances d’une discrète pâleur. […] On le voit, nos objections restent entières : cette seconde épreuve n’a fait que les confirmer.

1937. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Pauvre créature, nous lui pardonnons, et même une grande commisération nous vient pour elle, en nous rendant compte de tout ce qu’elle a souffert… Mais, pour la vie, il est entré en nous la défiance du sexe entier de la femme, et de la femme de bas en haut comme de la femme de haut en bas. […] * * * ……………………………………………………………………………………………… Maintenant toi, petite Chérie, toi, pauvre dernier volume du dernier des Goncourt, va où sont allés tous tes aînés, depuis les Hommes de lettres jusqu’à la Faustin, va t’exposer aux mépris, aux dédains, aux ironies, aux injures, aux insultes, dont le labeur obstiné de ton auteur, sa vieillesse, les tristesses de sa vie solitaire ne le défendaient pas encore hier, et qui cependant lui laissent entière, malgré tout et tous, une confiance à la Stendhal dans le siècle qui va venir.

1938. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Je passe des heures entières à écouter près des ruches les mouches à miel qui commencent à bourdonner sous la paille, et qui sortent une à une, en s’éveillant, par leur porte, pour savoir si le vent est doux et si le trèfle commence à fleurir. […] J’ai relu, pour ainsi dire, ma vie tout entière sur ce livre de pierre composé de trois sépulcres : enfance, jeunesse, aubes de la pensée, années en fleurs, années en fruits, années en chaume ou en cendres, joies innocentes, piétés saintes, attachements naturels, études ardentes, égarements pardonnés d’adolescence, passions naissantes, attachements sérieux, voyages, fautes, repentirs, bonheurs ensevelis, chaînes brisées, chaînes renouées de la vie, peines, efforts, labeurs, agitations, périls, combats, victoires, élévations et écroulements de l’âge mûr sur les grandes vagues de l’océan des révolutions, pour faire avancer d’un degré de plus l’esprit humain dans sa navigation vers l’infini !

1939. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Le pathétique manque une partie de son effet ; et l’on peut dire que, dès qu’il en manque une partie, il le perd tout entier. […] La lune tout entière de Jodelet est encore plus comique ; c’est une naïveté excellente, et l’on sent bien que ce n’est pas là un de ces jeux de mots que l’on condamne avec raison dans le dialogue.

1940. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

On peut dire, en effet, qu’il n’y a pas un seul système où elle ne soit représentée comme le simple développement d’une idée initiale qui la contiendrait tout entière en puissance. […] Cette règle s’applique donc à la réalité sociale tout entière, sans qu’il y ait lieu de faire aucune exception.

1941. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Or, encore, il est évident que la passion qui brûle et bouleverse la vie, que l’amour qui se méprend, la faiblesse qui tombe, l’égoïsme qui dévore, la haine qui se venge, la pitié qui se sacrifie, toutes les fautes enfin, ces moitiés de crime, quand ce n’est pas le crime tout entier, il est bien évident que tout cela s’agite et se remue, et n’habite pas le bleu des dessus de porte des maisons tranquilles ; mais ce n’est pas moins la réalité, pour être agitée, la réalité hors de laquelle il n’y a ni mélodrame, ni drame, ni roman, ni rien de littéraire que la syntaxe et des rhétoriques… qui ne servent plus ! […] Dans le Romuald, de M. de Custine, il y a un sermon tout entier, prêché à la fin du roman, et il ne faut pas même être catholique pour reconnaître la différence de profondeur dans l’accent qui existe entre l’œuvre d’un écrivain catholique de conscience éternelle, et celle de l’écrivain qui ne l’est que par la supposition momentanée de son esprit.

1942. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Elle va me permettre de me présenter avec plus d’assurance devant la vie, si Dieu me la laisse… Je vous embrasse, mon cher papa, très ému à la pensée de votre fierté paternelle et bien reconnaissant de l’honneur que me vaut, sans doute, votre vie entière… » Je m’arrête, je ne puis, pour ma part, rien supposer qui aille plus haut. […] Je viens de perdre ma compagnie presque en entier et tous mes gradés, sauf deux.

1943. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

La physionomie entière exprime noblesse, dignité, et, dès qu’elle s’anime, la grâce unie à la force, la joie qui naît d’une nature saine, la franchise et la bonté, parfois aussi le feu et l’ardeur.

1944. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Lorsque je parlais, il y a quelques mois, dans Le Moniteur (20 avril 1857), des mémoires et Souvenirs du général Pelleport, je cherchais un nom, un type qui résumât avec gloire, aux yeux de tous, cette race d’hommes simples, purs, intrépides, obéissants et intelligents, les premiers du second ordre, les premiers lieutenants du général en chef, ses principaux exécutants et ses bras droits un jour d’action, et qui, tout entiers à l’honneur et au devoir, ne sont appliqués qu’à verser utilement leur sang et à bien servir.

1945. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

C’est une correspondance toute de compliments, de politesse, non d’étroite et entière liaison.

1946. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

[NdA] Galant homme en effet, il l’est et me l’a bien prouvé depuis par son procédé personnel mêlé de bonne grâce et d’indulgence ; mais il est dans un camp, il est d’un parti, et dès lors il ne s’appartient pas tout entier.

1947. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Tandis que Reille à gauche, par ses lieutenants, s’acharnait un peu trop contre le château de Goumont, Lobau à droite était tout entier retourné et occupé contre Bülow.

1948. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Guizot183 eût trouvé de nouveau ici sa place avec une chaleur qu’entretenaient, au terme de sa vie, les convictions de sa vie entière.

1949. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

Nous parcourrons rapidement l’ouvrage où le nouvel essor de cette âme ardente et violemment aimante se trahit tout entier : « Prêtez l’oreille et dites-moi d’où vient ce bruit confus, vague, étrange, que l’on entend de tous cotés. 

1950. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Si ce volume, qui ne doit pas contenir moins de six mille vers, tombait aux mains de lecteurs qui aiment peu les vers, et ceux d’amour en particulier ; si, d’après la façon austère et assez farouche qui essaye de s’introduire, on se mettait aussitôt à morigéner l’auteur sur cet emploi de sa vie et de ses heures, à lui demander compte, au nom de l’humanité entière, des huit ou dix ans de passion et de souffrance personnelle que résument ces poëmes, et à lui reprocher tout ce qu’il n’a pas fait, durant ce temps, en philosophie sociale, en polémique quotidienne, en projets de révolution ou de révélation future, l’auteur aurait à répondre d’un mot : qu’attaché sincèrement à la cause nationale, à celle des peuples immolés, il l’a servie sans doute bien moins qu’il ne l’aurait voulu ; que des études diverses, des passions impérieuses, l’ont jeté et tenu en dehors de ce grand travail où la majorité des esprits actifs se pousse aujourd’hui ; qu’il s’est borné d’abord à des chants pour l’Italie, pour la Grèce ; mais qu’enfin, grâce à ces passions mêmes qu’on accuse d’égoïsme, et puisant de la force dans ses douleurs, en un moment où tant de voix parlaient et pleuraient pour la Pologne, lui, il y est allé ; qu’il s’y est battu et fait distinguer par son courage ; que, s’il n’y a pas trouvé la mort, la faute n’en est pas à lui ; qu’ainsi donc il a payé une portion de sa dette à la cause de tous, assez du moins pour ne pas être chicané sur l’utilité ou l’inutilité sociale de ses vers.

1951. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Après de premières études, qu’il doit presque tout entières à lui-même, Victorin Fabre nous est présenté, vers la fin de 1799 (il avait quatorze ou quinze ans), comme un esprit dont le coup d’œil politique était dès lors aussi juste qu’étendu : « La manière dont s’était opérée la révolution du 18 brumaire, et surtout quelques dispositions captieuses placées dans la Constitution de l’an viii comme pierres d’attente, avaient excité son mécontentement, éveillé ses soupçons. » Voilà un Solon bien précoce qui nous arrive ; en conséquence de ses prévisions, Victorin Fabre, qui avait un moment songé, nous dit-on, à prendre la carrière des armes, s’en détourne et ne songe plus qu’aux lettres et à la philosophie ; nous concevons cette préférence ; qu’on nous permette seulement de croire, sans faire injure à tout ce puritanisme, que cela ne l’eût aucunement compromis de se trouver à Marengo.

1952. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Ses soirées, à lui, se composaient de son jeune Abel, des frères Trudaine, de Le Brun, de Marie-Joseph : C’est là le cercle entier qui, le soir, quelquefois, A des vers, non sans peine obtenus de ma voix, Prête une oreille amie et cependant sévère.

1953. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Soumet du nôtre, je voudrais du moins qu’on pût les peindre au naturel tels qu’ils furent, et que cette réalité qu’on chercherait vainement dans leurs œuvres majestueuses se retrouvât dans l’expression entière de leur physionomie, car la physionomie humaine a toujours de la réalité.

1954. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Cousin a pris soin de compléter et d’orner, avec sa curiosité littéraire actuelle, ses vues fidèlement reproduites d’alors : des biographies neuves donnent la main aux analyses ; il en résulte pour des parties entières de ce Cours (je demande pardon du terme de l’éloge) un ensemble tout à fait charmant.

1955. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Selon eux, une société vieillie comme la nôtre, et tout entière adonnée aux discussions politiques, peut et doit se passer d’un grand et sérieux théâtre ; les bluettes du Gymnase suffisent chaque soir à dissiper la migraine de nos hommes d’État ; et quant au peuple, moins friand et plus avide en fait d’émotions, n’a-t-il pas les Deux Forçats et le Joueur ?

1956. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Une comptabilité compliquée, force emprunts, de gros traitements, de lourds impôts, de perfides poursuites contre la presse sous prétexte de sédition, d’inhospitalières mesures contre les proscrits et les réfugiés de l’Europe, toutes les questions douteuses et indéterminées constamment résolues dans le sens d’un pouvoir central envahisseur ; tels étaient les points essentiels de ce programme monarchique, que l’intérêt populaire trouve partout à combattre, et que la République semblait avoir dérobé par avance à la quasi-légitimité, Voici une lettre de Jefferson, datée de 1796, et qui exprime trop exactement notre propre situation de 1833, pour que nous ne la transcrivions pas en entier : « L’aspect de notre pays est étonnamment changé depuis que vous nous avez quittés.

1957. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Par la conception de l’art, par la recherche philosophique, il appartient tout entier à l’avenir, et ne s’enchaîne au passé par aucun préjugé d’école ; mais en même temps, c’est au passé surtout étudié positivement et avec impartialité, qu’il demande ses conjectures et ses espérances sur la destinée du siècle.

1958. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Dans ce cadre charmant, elle posait l’idéal de l’homme complet : le corps souple, robuste, gracieux, amené à la perfection de sa force et de sa forme, non plus instrument vil et méprisé, mais valant par soi, ayant droit à l’entière réalisation de ses fins propres et particulières, droit d’être et de jouir le plus possible ; l’âme parfaite aussi en son développement, enrichie de tous les modes d’existence qu’il lui est donné de posséder, s’épanouissant avec aisance dans sa triple puissance d’agir, de comprendre et de sentir.

1959. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

J’ai dit quelle impression la vie anglaise tout entière avait laissée en Voltaire.

1960. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

L’homme est le dieu qui veut sa créature tout entière.

1961. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Parmi les conjonctures les plus extrêmes, d’un îlot de déportés jusqu’à un trône de l’Europe orientale et jusqu’à un radeau de naufragés, de définitives figures se mesurent à la vie, apprennent pour les avoir entiers sentis le désastre et le bonheur, et reviennent désemparés et las du jeu d’enfer dont ils ont épuisé toutes les émotions.

1962. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Voilà donc des auteurs au lieu d’hommes, et l’art passant tout entier du cerveau à la main.

1963. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre III. L’antinomie dans la vie affective » pp. 71-87

Bergson, l’écrasement de la conscience individuelle (par le mot qui en est l’expression impersonnelle et sociale) n’est aussi frappant que dans les phénomènes du sentiment27. » Qu’une émotion profonde, une mélancolie indéfinissable, que le souvenir heureux ou triste d’une heure lointaine émergent du fond de notre passé et envahissent notre être tout entier ; le frisson de cette émotion ne pourra se propager dans l’atmosphère opaque qui nous sépare d’autrui de la même façon que se propage une onde lumineuse ou sonore.

1964. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

. — Une fois ce principe admis, la vie intérieure elle-même, en tant qu’elle a des conséquences pour la vie sociale, risque fort de tomber tout entière sous les prises de la réglementation sociale ; et d’ailleurs, du moment que toute la conduite extérieure de l’individu est sujette à cette réglementation, n’est-ce pas une concession toute platonique, que celle qui consiste à lui laisser la liberté du for intérieur.

1965. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Laissons à ces intéressantes études l’entière liberté de leurs discussions ; ne les mêlons pas à ce qui en altérerait la sérénité.

1966. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Ainsi l’art nouveau s’élargit et se perfectionne en tous sens ; ses rudiments se dégrossissent, son idéal se lève, son influence rayonne déjà sur la Grèce entière.

1967. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Elle est tout entière dans ce célèbre hémistiche de Boileau : Rien n’est beau que le vrai.

1968. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Ils n’entendent, ne comprennent et ne veulent appliquer que la liberté du bien, c’est-à-dire leur propre domination et le gouvernement de la société tout entière par l’Église catholique.

1969. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Comme l’art du geste se subdivisoit encore en plusieurs especes, on ne doit pas être surpris qu’il se soit trouvé chez les anciens un nombre de danses differentes, assez grand pour mettre Meursius en état de composer de leurs noms, rangez suivant l’ordre alphabetique, un dictionnaire entier.

1970. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

. — Pour son intelligence, elle réside tout entière dans son oreille droite : une oreille toujours en éveil, occupée à faire le guet autour des conversations — par la raison que le cerveau d’Alidor est un appartement non meublé.

1971. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

» La France entière le répéterait avec toi ; tu serais l’interprète de tes contemporains, et tu devancerais l’opinion des siècles à venir.

1972. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Voudriez-vous soutenir de tristes pans de muraille lorsque le reste de l’édifice, consumé par un incendie dévorant, est déjà presque tout entier caché sous l’herbe ?

1973. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Fabre d’Olivet a voulu montrer une langue dérivée tout entière du signe : c’est là l’objet de sa Grammaire hébraïque, publiée en 1815.

1974. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

C’est la femme enfin qu’il faudrait montrer, parce qu’on l’a trop cachée, dans tout ce qui fut la tête, le cœur, la personne entière de Mme de Staël !

1975. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Et la race entière des femmes en est menacée !

1976. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Même dans Une faiblesse de Minerve, le plus récent de ses livres, qui, du moins, témoigne de plus d’attention, d’observation et de repli que ses romans si superficiellement militaires l’intérêt principal du récit qui est l’intérêt du dénouement, repose tout entier sur une méprise encore ; sur la substitution d’une personne à une autre, espèce de tour de passe-passe, manqué dans l’imagination du lecteur, par la manière dont on le raconte.

1977. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Vous les emportez tout entiers !

1978. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Campez-vous où vous voudrez dans l’Histoire, jusqu’à l’avènement du Christianisme, cette grâce surnaturelle pour les nations comme pour l’homme, le monde tout entier n’est qu’un fauve.

1979. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

J’ai pris seulement la pensée qui plane sur tout ce fouillis de noms et d’œuvres, et cette pensée, toute politique, invalide pour moi le livre entier… En résumé, l’histoire littéraire ne peut et ne doit être écrite que par des plumes exclusivement littéraires.

1980. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Le colonel Ardant du Picq nous dit quelque part qu’il n’a jamais eu une foi entière à ces gros bataillons, auxquels croyaient ces deux grands hommes, qui valaient mieux à eux seuls que les plus gros bataillons… Eh bien, aujourd’hui, cette tête vigoureuse ne croit pas davantage à la force mécanique ou mathématique qui va les supprimer, ces gros bataillons, malgré leur grosseur et leur nombre !

1981. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Oui, lord Byron est le seul, dans ce temps, qui ait osé dire un mot cruel et insolent sur Horace (je me l’explique, il l’avait paraphrasé), sur le poète le plus accepté, le plus incontesté, le plus classique de l’antiquité tout entière ; car Horace est tout cela.

1982. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

morte tout entière !

1983. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Les luttes de ce pays qui a offert à lui seul presque autant de combats entre ses barons et ses rois que le Moyen Âge tout entier, ses guerres civiles des Roses, l’implication effroyable de ses droits de succession, l’entrechoquement des partis et les brouillards de tant de sang versé qui s’étendent sur toute son histoire comme les autres brouillards sur son sol, la législation anglaise, avec ces mille coutumes qui peuvent dormir des siècles, mais qu’on n’abolit pas, et l’esprit public enfin, l’esprit public qu’on n’entendait, certes !

1984. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Pour donner une idée des choses excellentes et souvent fort belles que nous perdons dans cette espèce d’étouffement de l’esprit de l’auteur par les détails de son récit, nous transcrirons tout entier un passage que nous trouvons dans son quatrième volume, et qui nous a paru avoir la profondeur et la mâle mélancolie de Bossuet lui-même, quand Bossuet est seulement historien.

1985. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Martin tout entier et tout aussi acharné qu’au Moyen Âge, mais plus désarmé, car il n’ose pas se servir de sa catapulte du druidisme.

1986. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

C’est un dieu debout qui continue de régner sur l’opinion subjuguée, et qu’il est bon de révéler tout entier pour le faire renier à la foule de ses adorateurs.

1987. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

C’est l’Italie et c’est le monde tout entier, passant par l’Italie ou tressaillant électriquement à chaque tressaillement de l’Italie.

1988. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Mais l’Église, qui n’avait pas brûlé Abélard, — qui s’était contentée de le cloîtrer, — l’Église, dans cette guerre des Albigeois qui menaçait la chrétienté tout entière et la civilisation du monde, crut devoir se montrer terrible.

1989. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

À cela près de quelques chapitres consacrés à la zoocratie la plus profonde et à la biographie la plus tendre, sur lesquels nous allons revenir, son livre appartient tout entier à la critique dramatique.

1990. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

La tige de Crétineau-Joly (et elle était de fer), c’est le chouan, le chouan qui soutient tout en lui et autour duquel se moulent les divers traits qui forment l’ensemble de l’homme entier, sous l’action de la vie et le pouce de la circonstance.

1991. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

… Aurait-il pu jamais adopter comme vrai ce système du développement progressif de la vie et de ses perpétuelles métamorphoses, qui parque l’homme sur son globe et applique à la création tout entière, à l’œuvre du Dieu tout-puissant, lequel a créé spontanément l’homme complet, innocent et libre, ce procédé de rapin, qui, par des changements imperceptibles et successifs, se vante de faire une tête d’Apollon avec le profil du crapaud ?

1992. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Flourens, qui voudrait couvrir de sa tête tout entière, comme on couvre de sa poitrine celui qu’on aime, les erreurs de Buffon, ces erreurs qui sont souvent grandioses, — « et j’aime mieux, à tout prendre, une conjecture qui élève mon esprit qu’un fait exact qui le laisse à terre… J’appellerai toujours grande la pensée qui me fait penser. »« C’est là le génie de Buffon, ajoute-t-il encore, et le secret de son pouvoir, c’est qu’il a une force qui se communique, c’est qu’il ose et qu’il inspire à son lecteur quelque chose de sa hardiesse. » Et pourtant, est-ce que les paroles de M. 

1993. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

En philosophie, une bonne distinction a quelquefois l’importance d’une découverte ; mais ici il y a plus qu’une distinction, il y a une systématisation tout entière, avec laquelle on répondra désormais au Rationalisme sur cette question de la Raison, qu’il a si cruellement et si machiavéliquement troublée en la séparant de la Foi.

1994. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Il a aimé mieux prendre l’homme tout entier, dans le multiple ensemble de sa vie et à sa place dans tous les événements de son temps, et il a écrit un ouvrage qui n’a pas pour titre unique le nom d’Anselme et qui est aussi le tableau de la vie monastique et politique, au onzième siècle.

1995. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

En restant dans une appréciation purement humaine et littéraire, et en écartant toutes les questions théologiques qui se rattachent à une existence prodigieuse et impossible à expliquer avec les lois physiologiques dont nous sommes si fiers, la vie de Sainte Térèse, confessée par elle, est un de ces grands fragments de l’esprit humain, qui importent à l’esprit humain tout entier.

1996. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

— tant que ce beau débris de l’histoire du genre humain tout entier ne sera pas rasé de l’âme humaine, de sa conscience et de sa mémoire, et que chez nous il y aura encore autre chose que des bâtards et des institutions qui veulent bâtardiser la France, la Société de tous les temps et de l’Histoire ne sera pas vaincue et l’aveugle et forcené génie de la Révolution n’aura pas dit son dernier mot !!

1997. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Elle y doit peser… III Je l’ai dit : c’était toujours la même idée, ridée qui avait en lui confisqué toutes les autres et autour de laquelle il devait rouler la création toute entière et tout ce qu’il avait de cerveau.

1998. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Puis, pénétrant plus avant, il arrive aux effets de la doctrine catholique sur l’esprit, sur l’âme et sur la société, ce qui implique toute une philosophie, toute une morale, toute une politique ; et alors, se repliant devant toutes ces choses, développées et dévoilées avec un détail qui n’omet rien, il se demande ce qu’a dû être le fondateur d’une religion qui a pris ainsi dans ses bras la création toute entière, et la vie de N.

1999. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Ni le Hussitisme et ses guerres d’un fanatisme si sauvage, ni le Condottierisme qui déchire et se partage l’Italie, ni les exploits de Huniade et de Scanderbeg contre les Turcs, inspirés par l’héroïque mais mourant esprit des Croisades, n’ont la gravité désastreuse de ce concile de Bâle où la Révolution, comme les temps modernes l’ont vue depuis, sophistique, bavarde, ergoteuse, n’ayant à la bouche que cet insolent et menaçant mot de réforme qui a fini par titrer le protestantisme, est entrée dans l’Église pour descendre de cette cime du monde et s’étendre dans le monde entier, et de religieuse se faire politique sans pour cela cesser d’être religieuse, — les communards et les athées de ce temps ne le prouvent-ils pas ?

2000. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Et d’ailleurs l’homme, comme l’eau des fleuves, n’est-il pas tout entier dans le premier flot de sa source ?

2001. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Le procédé simple et puissant dont l’abbé Gratry a tiré un si bon parti et qu’il a élevé jusqu’à la rigueur d’une méthode, est le procédé de l’humanité tout entière pour aller à Dieu, — comme nous disons, nous, — pour passer du fini à l’infini, comme disent les philosophes, — et soit que nous y allions sur les fortes ailes de la Méditation ou sur les humbles ailes de la Prière.

2002. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

quand elle s’y couchera le cœur tout entier, nous aurons un Canova de la poésie… Le poète aura fait le beau mariage de la Grâce et de la Profondeur.

2003. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

La guillotine qui lui coupa la tête brisa le carquois de colère qu’il allait vider dans les cœurs maudits qui envoyaient la France entière à l’échafaud.

2004. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

J’ai tout cité, — la pièce entière.

2005. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Depuis longtemps, il est tombé de la préoccupation publique par morceaux… Quant à Balzac, qui nous donna tant de choses sur Paris et sur ses mœurs, grandes ou petites, aristocratiques ou canailles, il y mêla de si grandes choses, d’une telle généralité de nature humaine et de pathétique universel, que la préoccupation parisienne, qui l’aurait rapetissé comme un autre si elle avait été seule, disparaissait même dans ses Scènes de la vie exclusivement parisienne, mises en regard des autres Scènes qu’il a tracées avec ce génie et cette volonté encyclopédiques qui devaient embrasser tout entier le monde de son temps.

2006. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Combien de pages, de pensées, de pierres d’attente hésitons nous à sacrifier dans l’économie de nos travaux, tandis que lui, Balzac, sacrifiait des livres entiers comme on sacrifie des notes perdues !

2007. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

On était en rivalité de tragédies, et dans ces luttes pacifiques on apportait la même passion que dans ces rixes terribles où, vingt ans auparavant, des villages entiers venaient offrir la bataille aux villages ennemis. » Or, à cette tragédie jouée à Montalric, il y avait, au milieu de la foule compacte, un homme qui assistait pour la première fois a cette solennité, et c’est de la rencontre et de la combinaison de la tête singulière de cet homme, simple potier-terrailler de son état, et de cette tragédie, dont l’impression le bouleversait, que va sortir tout le roman de M. de La Madelène.

2008. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

La corruption du goût, qui naît des vices et des passions fortes, est différente de celle qui naît du défaut d’énergie, et de l’oisiveté qui s’amuse de tout ; l’une fait trop d’efforts, l’autre n’en fait pas assez : ainsi l’une exagère, l’autre affaiblit, et par là même peut-être le goût à Rome était plus près d’une décadence entière que dans la Grèce et dans l’Asie ; car celui qui ne va pas où il peut aller, est bien plus près de la nature que celui qui est emporté au-delà.

2009. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

On peut y joindre, quoique dans un ordre un peu inférieur, ceux de Tournefort, de Boherhaave, de Malebranche, du marquis de L’Hôpital, du grand Cassini, de Renau, qui eut le mérite ou le malheur d’inventer les galiotes à bombes ; de Homberg, premier médecin et chimiste du duc d’Orléans, régent ; du fameux géographe de Lisle, qui raccourcit la mer Méditerranée de 300 lieues, et l’Asie de 500 ; et de Ruisch, célèbre anatomiste hollandais, avec qui le czar Pierre passait des jours entiers pour admirer ou pour s’instruire, et dont le cabinet fut transporté de La Haye à Pétersbourg.

2010. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

La douce Alceste dit à son mari avec une entière franchise : « Montre aujourd’hui que tu m’es reconnaissant. […] Il ne se passe pas de jour que je ne travaille à mon invention : elle me remplit tout entier. […] Moins distraite que l’homme par le mouvement de la vie extérieure, plus persévérante et plus entière dans son désir, elle est plus capable de longues préméditations, de desseins recuits dans la solitude. […] Il serait, dis-je, et très aisément, de plain-pied avec nous : car il est le seul, absolument le seul grand écrivain de son siècle, dont l’œuvre respire une entière liberté de pensée. […] D’ailleurs, une femme aussi profondément éprise que Germaine craindrait de se faire tort aux yeux de celui qu’elle aime en réclamant avec tant d’insistance ce qui n’est significatif que s’il est accordé avec une liberté entière.

2011. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Le bourgeois domine et remplit l’œuvre entière de Labiche, parce que Geoffroy, c’était le Bourgeois, — et que, au surplus, le Bourgeois, c’était aussi Labiche. […] C’est au sexe entier qu’il en a. […] Je ne vous ai pas présenté Ryons tout entier. […] Car Maud, avec un grand accent de sincérité, et en ayant l’air de se confesser tout entière : « Écoutez, dit-elle à Maxime, je n’ai jamais été la maîtresse de cet homme. […] En nous arrachant du nid de mollesse et de lâches habitudes où nous étions installés, elle nous renouvelle tout entiers.

2012. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Lemaître, écrit : « N’ayant toute sa vie songé qu’à lui-même et rien fait que pour lui-même, Chateaubriand a péri tout entier. […] Daudet avait plus de charité et s’il disait son Pater en entier, son style y perdrait sans doute. […] Londres l’avait d’ailleurs tout entière, — et où ? […] Knock amène un village entier à l’existence médicale, et je vois bien la pièce qu’on écrirait sur Abel Hermant ou le Triomphe de la Grammaire. […] « Il n’a été compris tout entier que de ceux qui se sont abandonnés à sa magie.

2013. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

L’homme, sur le globe entier, ne seroit que ce que sont les peuplades errantes de l’Amérique, qui dévorent la chair humaine, soit rotie avec de grandes broches de bois, soit bouillie dans des marmites. […] Il est tout entier à l’objet qu’il contemple & dont il reproduit naïvement l’image. […] Le François sera soumis à ce bisarre préjugé encore trente ou quarante ans ; mais enfin lorsqu’en se rapprochant de la simplicité & de la nature, il aura senti le charme de la vérité naïve, il verra que le vers sur la scène n’est qu’un faux ornement qui tend à corrompre l’esprit, lorsqu’il faut être tout entier au sentiment & à l’image. […] On voit en opposition la Muse libre & la Muse entravée ; l’une toute entière à son sujet, l’autre attentive à ce que dira le parterre : les personnages des Tragédies Françoises sont obligés de parler pour se faire connoître ; dès que les personnages de Shakespear paroissent, ils s’expriment sans dire mot. […] C’est le sujet qui doit modifier l’action théâtrale, & non la Poétique d’Aristote : la resserrer, lorsqu’elle est étendue, lorsqu’elle expose les débats d’un peuple entier ; c’est manquer à l’Art, à la vérité, à l’intérêt ; c’est sacrifier les plus grandes beautés à des règles qui ne font que détruire l’illusion en étouffant l’essor de chaque caractère.

2014. (1929) Amiel ou la part du rêve

On discerne si un enfant prend le pli conformiste ou le pli de la résistance, et on voit souvent l’élan d’une famille entière aller dans le sens de l’accord ou dans le sens de la discorde, tous deux important à l’éclat ou à la force, à la santé ou au mouvement du corps social. […] Mais je perds des semaines, des mois entiers ; je cède aux caprices du jour, je suis le regard de mes yeux. » À cela quel remède ? […] Avec ses trois à quatre mille francs de rente personnelle, ses goûts modestes, il était exempt, pour sa vie entière, de soucis d’argent, et, après avoir vécu sans avarice, il devait laisser à sa mort deux cent mille francs d’économies. […] L’excitation relative du 6 octobre 1860 produit en lui de la pensée. « L’intérêt vif de l’expérience est essentiellement intellectuel ; je puis enfin raisonner sur la femme, sciemment… Je vois le sexe entier avec le calme d’un mari… La jolie veuve a été comme je l’attendais ; et je puis encore mieux me mettre à la place d’une femme. […] Amiel, protestant de la Ville-Église comme Calvin, citoyen de la Ville-Patrie comme Rousseau, écrit le soir, à l’heure du Journal : « L’âme de la vieille Genève et l’esprit des ancêtres étaient bien sous les voûtes du temple, qui abritait en quelque sorte la République entière, comme au temps d’Athènes et d’Argos. » * Ville-Eglise, une ville qui tient dans une église, oui !

2015. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Celle de Bacon a produit des observations, des expériences, des découvertes, des machines, des arts et des industries entières. « Elle a allongé la vie, elle a diminué la douleur, elle a éteint des maladies ; elle a accru la fertilité du sol ; elle a enlevé la foudre au ciel ; elle a éclairé la nuit de toute la splendeur du jour ; elle a étendu la portée de la vue humaine ; elle a accéléré le mouvement, anéanti les distances ; elle a rendu l’homme capable de pénétrer dans les profondeurs de l’océan, de s’élever dans l’air, de traverser la terre sur des chars qui roulent sans chevaux, et l’océan sur des navires qui filent dix nœuds à l’heure contre le vent. » L’une s’est consumée à déchiffrer des énigmes indéchiffrables, à fabriquer les portraits d’un sage imaginaire, à se guinder d’hypothèses en hypothèses, à rouler d’absurdités en absurdités ; elle a méprisé ce qui était praticable ; elle a promis ce qui était impraticable, et, parce qu’elle a méconnu les limites de l’esprit humain, elle en a ignoré la puissance. […] Nous voyons trop souvent des systèmes entiers se fonder du jour au lendemain, au caprice d’un écrivain, sortes de châteaux fantastiques dont l’ordonnance régulière simule l’apparence des édifices véritables, et qui s’évanouissent d’un souffle dès qu’on veut les toucher. […] L’Inde entière était présente devant les yeux de son esprit, depuis les salles où les suppliants déposent l’or et les parfums aux pieds des monarques, jusqu’au marais sauvage où le camp des Bohémiens est dressé, depuis les bazars qui bourdonnent comme des ruches d’abeilles avec la foule des vendeurs et des acheteurs, jusqu’à la jungle où le courrier solitaire secoue son paquet d’anneaux de fer pour écarter les hyènes. […] Guizot ; mais il possède si bien toutes les puissances oratoires, il accumule et ordonne tant de faits, il les tient dans sa main si serrés, il les manie avec tant d’aisance et de vigueur, qu’il réussit à recomposer la trame entière et suivie de l’histoire, sans en omettre un fil et sans en séparer les fils.

2016. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

13 septembre Il est pour les auteurs, un empoisonnement, un empoisonnement, où chaque jour apporte sa petite dose de poison : c’est la vie au milieu de gens pleins de doute, prêtant au succès d’une pièce les hasards du jeu, et défiants naturellement d’un début, et par les demi-mots, les sous-entendus, les consolations par avance même du four futur, vous glaçant petit à petit, et qui arrivent à vous donner une certaine défiance de l’œuvre, dans laquelle vous aviez une foi entière. […] On vit tout entier absorbé, dans l’enchantement, le doux enivrement, la musique du jeu de ses acteurs, et la volupté de cela vous fait passer entre les épaules de petits frissons agréables. […] Au moindre sifflet la salle se lève tout entière et demande l’expulsion de l’interrupteur. […] 31 décembre Des journées entières, passées à se promener sur une plage perdue dans le brouillard et la nuée, parmi un vent abrutissant de bruit et de force, sous un ciel blafard, au bord d’une mer glauque, sale de colère, et à l’écume vous cinglant la figure comme de coups de fouet.

2017. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Ces pièces étaient suspendues aux murs ou posées sur un immense appui logé dans le renfoncement cintré où se groupaient des statues entières ombragées par des branches, des couronnes de chêne, au-dessus desquelles s’élevait une grande palme très-belle encore, quoiqu’elle fût jaunie par le temps. […] La Convention ne peut donc, ce me semble, exprimer sa reconnaissance d’une manière plus digne qu’en les employant, au nom de la république, à répandre sa gloire dans l’univers entier, et à faire passer ses travaux à la postérité la plus reculée. […] Le 24, trois jours après l’exécution à mort du roi Louis XVI, on fit à Lepelletier des funérailles solennelles, auxquelles la Convention tout entière assista. […] Peut-être eût-il été nécessaire cependant de donner ici le programme qu’il avait composé pour la fête de l’Être suprême et qu’il lut à la Convention le 19 prairial an II ; mais outre qu’il est très-étendu, on pourra le trouver en entier dans le Moniteur, sous la date précitée. […] Bientôt il s’établit entre ces trois personnes une confiance entière, une amitié réciproque, qui ne s’éteignit que successivement et à la mort de chacun d’eux.

2018. (1864) Le roman contemporain

Il invente pour cela la vapeur, il enveloppe l’Europe entière dans les réseaux du carbonarisme dont il est le chef. […] Sa mort est belle et touchante, et la ville de Rome tout entière suit les funérailles de cette noble fille. […] Ayant appris qu’il était né à la campagne, je passais des heures entières à lui chanter d’anciennes chansons de village auxquelles je cherchais à donner l’expression la plus touchante. […] Sainte-Beuve l’assure, ce roman est un poème, on peut dire que Fanny est le dernier chant d’un poème qui cherche à s’échanger contre un poème tout entier. […] Cette préface est courte, elle ne se compose que de quelques lignes ; je la citerai tout entière.

2019. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

*** À cette date où florissait notre belle poétesse, femme d’Ennemond Perrin le cordier, l’antique cité de Lyon, qui avait retenu jadis, trois ans entiers, Auguste, et vu naître Claude, était depuis longtemps déjà, pour tout ce qui regardait la renaissance des lettres et des arts, à la tête des autres centres provinciaux de la France, et même, à quelques égards, en avance sur Paris. […] Ce n’est pas un poète bien entier, c’est le commencement et la matière d’un poète. […] Couleur vrayment opiniastre, Qu’on ne peut dompter ny combattre, Tant est constante en sa valeur : Couleur qui jamais ne s’altère, Mais toujours qui demeure entière En sa gaye et gente verdeur. […] lu à sa place, ne doit pas surprendre outre mesure dans une œuvre écrite tout entière dans un style renchérissant sur les préciosités les plus forcées. […] Je suis le parricide12, et ce fils est l’inceste, Mais mon crime est entier et le sien imparfait, Le sien n’est qu’en désir, et le mien en effet.

2020. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Ils disent tant de bonnes choses en peu de mots, & ils le disent si bien, qu’une seule page de leurs livres en apprend plus qu’un ouvrage entier ; ils ont l’avantage sur les modernes de les avoir devancé, mais il seroit difficile de mieux penser, & de mieux s’exprimer. […] On sait que lorsque l’esprit est tout entier à une conversation qui intéresse, les yeux ne voient rien. […] Les cabinets des gens d’étude sont des tribunaux, & des trônes pour ceux qui les habitent ; là ils s’élevent par leur maniere de penser au-dessus du monde entier, & ils le régentent. […] Il y auroit de quoi faire des volumes entiers, si l’on s’appliquoit à recueillir tous les traits singuliers qui formerent le tissu de sa vie. […] Je parie d’après cela, qu’il n’y a pas de journaliste qui lise un ouvrage en entier… Eh bien !

2021. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

La littérature ne tient point tout entière dans ces livres, de même que les arrière-boutiques des parfumeuses ne résument point tout le commerce. […] Il embrassait le siècle tout entier. […] Aussi le badaud s’arrête-t-il aux devantures des libraires, l’œil fasciné, la lèvre gourmande, la face tout entière épanouie. […] Je me contenterai de reproduire la dernière scène qui donnera une idée de ce qu’est ce drame en son entier. […] Jules Huret oblige chacun à se révéler tout entier, à montrer ce qu’il y a en lui, sous le maquillage des faux sentiments et des grandes idées, de grotesque, de ridicule, de grimaçant.

2022. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Les deux Russes, surtout, devenaient malades de l’envie de commettre un pareil péché… » Il faudrait lire en entier ces courtes et impressionnantes pages, qui ont un autre accent d’humanité frénétique et bestiale que celui de Pêcheurs d’Islande. […] Léon Daudet n’ait pas reculé devant l’entière réalisation de cet écœurant et périlleux symbole. Et parce qu’elle fut entière, cette réalisation, parce qu’aucun hideux et repoussant détail n’y fut épargné, l’écrivain est parvenu à une beauté, en quelque sorte épique, là où d’autres, plus prudents, n’eussent atteint que le dégoût. […] Pages, chapitres, livres entiers, écrits d’une seule haleine, dans la fièvre lucide, dans la griserie légère, et pourtant dans la possession de soi, pages, chapitres, livres, où l’on ne sent pas l’effort, le halètement qui font se crisper les doigts sur le papier, et tomber des fronts pâlis la sueur glacée de l’épuisement. […] Aucun n’excelle comme lui à nous restituer en traits saillants et caractéristiques la vraie physionomie morale de celui sur qui lui plut d’arrêter son regard de confesseur d’âmes, si bien que, de ceux-là mêmes que nous ignorons le mieux, nous nous disons, le portrait achevé, avec une entière sécurité : « Que voilà donc un homme ressemblant à lui-même ! 

2023. (1925) Comment on devient écrivain

On se tromperait : « A cette écriture qui nous semble si facile, nous dit son ami Léopold Dauphin, Arène ne parvenait qu’à force de soins, récrivant des feuillets entiers, raturant sans cesse des mots, des passages, jusqu’à ce qu’il fût complètement satisfait. […] « Je ne me porterais pas garant, dit Jules Lemaître, de l’entière orthodoxie de la pensée et des intentions de Molière. […] Il existe des Répertoires qui contiennent des passages entiers de Bourdaloue ou de Bossuet, destinés à être appris par cœur par MM. les ecclésiastiques. […] Aurélien Scholl est mort tout entier. […] Fontanes lui fit refaire des chapitres entiers, notamment l’épisode de Velléda et le discours du père Aubry.‌

2024. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

» Il faut, ici, qu’on réponde ; quand on exige que la vie soit tout entière consacrée à la recherche de la vérité, quand on réclame ce sacrifice, il faut qu’on dise ce que c’est un peu que cette vérité. […] En ce temps-là,  qui est le nôtre, les gens allaient disant que l’Europe entière nous enviait notre école de sculpteurs. Cela prouvait que la sculpture, dans l’Europe entière, ne valait pas grand-chose. […] Ils n’aiment pas vraiment la réalité ; ils ne l’aiment pas pour elle-même : et ils sont partis avant de l’avoir appréhendée tout entière. […] Ils se consacrent tout entier à ton bonheur.

2025. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Mais ce débris d’une antique vertu chevaleresque, auquel le poëte-chevalier se rattache dans la perte de ses premières étoiles, est-ce donc, comme il le veut croire, une planche de salut pour une société tout entière ? […] « 14 juillet 1829. » La lettre suivante a plus d’importance, puisqu’elle roule tout entière sur cette méthode même de critique que j’essayais alors pour la première fois avec quelque étendue dans mes articles de la Revue de Paris : De Vigny qui en parlait de la sorte au début, et avec une complaisance infiniment trop marquée pour être mise sur le compte de la simple politesse, était certes bien loin d’estimer cette façon d’analyse fausse et mauvaise en soi, et, peu s’en faut, impie dans son application aux poëtes : il a attendu pour cela qu’elle le prît lui-même au vif pour sujet et qu’elle n’entrât pas absolument dans le joint de son amour-propre : « 29 décembre 1829.

2026. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Le gouvernement, attentif aux moindres symptômes, fut tout entier debout avant le jour ; il donna le commandement général de toutes les forces que nous avons énumérées au général ministre de la guerre, pour qu’un déploiement imposant et soudain de ces forces décourageât alors tout ce petit groupe de factieux sans chefs. […] Aujourd’hui, c’est la vie de Cléry entre les mains, c’est en pouvant de nouveau s’appuyer sur des faits positifs, que M. de Lamartine confirme l’hommage qu’il rend à la vérité sur le dévouement si entier, si complet du fidèle Cléry, avant et après son entrée dans la tour du Temple.

2027. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Un penchant mélancolique l’entraînait au fond des bois ; il y passait seul des journées entières, et semblait sauvage parmi des Sauvages. […] « Souvent assis dans une église peu fréquentée, je passais des heures entières en méditation.

2028. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Sous le coup d’une grande douleur, telle que la perte ou la trahison d’une personne chèrement aimée, le simple est secoué tout entier, ne s’appartient plus, s’abandonne volontiers aux démonstrations bruyantes ; mais souvent, s’il souffre avec violence, il se console avec rapidité. […] Le drame n’est pas là, il est tout entier dans les cœurs.

2029. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

J’aime aussi la Chanson d’automne, quoique certains mots (blême et suffocant) ne soient peut-être pas d’une entière propriété et s’accordent mal avec la « langueur » exprimée tout de suite avant : Les sanglots longs Des violons   De l’automne Blessent mon cœur D’une langueur   Monotone. […] Il n’exprime presque jamais des moments de conscience pleine ni de raison entière.

2030. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

. — À la promesse renouvelée, la Foi répond, des plus douces hauteurs, — comme sur les ailes de la blanche colombe, — descendant dans l’air, — toujours plus largement et plus totalement saisissant les cœurs humains, emplissant le monde et l’entière nature, ensuite regardant de nouveau vers l’éther céleste, comme doucement apaisée. […] Mais il est entier dans le beau prélude du troisième acte : Sachs aussi a autre chose à penser, et, comme une solution à ses réflexions, ce motif qui avait d’abord peu à peu pris le rhythme du motif 2, se fond même dans celui-ci, avec une décision psychologique que la musique pouvait seule exprimer.

2031. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Tels sont ces vers de Titus parlant de Bérénice : Depuis trois ans entiers, chaque jour je la vois, Et crois toujours la voir pour la première fois. […] Quoique la pièce entière résiste à l’application qu’on en veut faire, nous ajouterons à nos précédentes observations que la pièce semble donner elle-même la date du temps et du lieu de la première représentation.

2032. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Elle résume la loi entière de l’art. […] Des vingt-huit ans de son Histoire des Césars, allant de l’an soixante-neuf à l’an quatre-vingt-seize, nous n’avons qu’une année entière, soixante-neuf, et un fragment d’année, soixante-dix.

2033. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Une sainte, trois fois canonisée par l’Église, sainte Brigitte, a bien osé nous montrer Jésus-Christ offrant à Satan une grâce pleine et entière, sous la condition d’une parole de repentir, et l’invincible orgueilleux se refusant à ces charges de la clémence divine ! […] Car il ne sera fait que de pure lumière Puisée au foyer saint des rayons primitifs, Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière, Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! 

2034. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

(1) Après avoir caractérisé, aussi exactement qu’il m’est permis de faire dans cet aperçu général, l’esprit de la philosophie positive, que ce cours tout entier est destiné à développer, je dois maintenant examiner à quelle époque de sa formation elle est parvenue aujourd’hui, et ce qui reste à faire pour achever de la constituer. […] Il s’agit uniquement ici de considérer chaque science fondamentale dans ses relations avec le système positif tout entier, et quant à l’esprit qui la caractérise, c’est-à-dire sous le double rapport, de ses méthodes essentielles et de ses résultats principaux.

2035. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Nous examinerons plus loin si cet avantage n’a pas été payé depuis trop chèrement, en nous privant d’un grand nombre de ressorts dramatiques ; toujours est-il vrai, que si les pères de la tragédie française n’ont pas créé beaucoup de personnages, ni de fables, on ne peut leur refuser une création immense, celle d’un système entier dont les formes majestueuses ne se sont pas altérées pendant deux cents ans. […] Soit que la nature ne l’ait pas doué de poésie au même degré que ces deux grands hommes, soit que, travaillant pour une époque excessivement spirituelle, mais peu artiste, il ait négligé, à dessein, la forme et la couleur poétiques, qui n’eussent été que médiocrement senties, pour se livrer tout entier aux combinaisons théâtrales et aux déclamations philosophiques qui étaient alors dans le goût du public ; il est certain qu’il a outré encore le défaut de localité et d’individualité qui est le péché originel de notre tragédie.

2036. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Mais, comme leurs pères, ils trouvèrent vigilants et debout les hommes qui, au jour de sa nouveauté fascinatrice, avaient empêché le Protestantisme de gagner l’Europe tout entière à sa cause. […] L’influence du cardinal de Solis, qui n’écrivait pas, on ne la trouve attestée que dans les dépêches de sa cour, si préoccupée et si avide du résultat qu’elle poursuivait ; mais la correspondance bavarde du vaniteux Bernis, que l’auteur du Clément XIV a citée presque tout entière, ne laisse aucun doute sur le hideux fourmillement d’intrigues qu’il entremêlait.

2037. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

L’auteur, dont la plume devient plus sûre de jour en jour, a quelque chose à faire pour l’entière harmonie de tous ces éléments divers, et volontiers disparates.

2038. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Aussi le bon Casanova, quand il rencontre sur le chemin de son récit toutes ces tendres aventures, s’y repose comme au premier jour, les développe avec un nouveau bonheur, et sur un ton de Boccace ou d’Arioste, en style de Pétrone et d’Apulée, sans ironie ni amertume de vieillard ; et, bien qu’il prétende en un endroit, épicurien qu’il est, que l’homme vieux a pour ennemi la nature entière, il n’a pas l’air de trop maudire sa vie ni d’en rien rejeter depuis le jour où son père, comme il dit, l’engendra dans une Vénitienne.

2039. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Aussi, le soir, quand il prit congé de ses hôtes, il leur laissa l’idée qu’il était né pour être heureux, et qu’il mourrait ignoré et content au bord du lac, seul témoin destiné à recevoir l’entière confidence de ses pensées. » Rousseau ne donne plus de ses nouvelles, et ses amis croient qu’il les a oubliés.

2040. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Celui qui souffre, celui qui meurt en produisant un grand effet quelconque de terreur ou de pitié, échappe à ce qu’il éprouve pour observer ce qu’il inspire ; mais ce qui est énergique dans le talent du poète ; ce qui suppose même un caractère à l’égal du talent, c’est d’avoir conçu la douleur pesant tout entière sur la victime : et tandis que l’homme a besoin d’appuyer sur ceux qui l’entourent jusqu’au sentiment même de sa prospérité, l’énergique et sombre imagination des Anglais nous représente l’infortuné séparé par ses revers, comme par une contagion funeste, de tous les regards, de tous les souvenirs, de tous les amis.

2041. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Un livre sur les principes du goût, sur la peinture, sur la musique, peut être un livre philosophique, s’il parle à l’homme tout entier, s’il réveille en lui les sentiments et les pensées qui agrandissent toutes les questions.

2042. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Il me semble que voilà La Fontaine presque tout entier décrit, et d’avance.

2043. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Ne nous en plaignons pas ; elle est esclave, et fait Le ménage divin de son maître parfait ; Bénissons-la plutôt, retombés dans la vase, De n’avoir pas brisé tout entier l’humble vase, D’avoir bu dans l’écuelle et de nous avoir pris Tantôt pour le pouvoir, tantôt pour le mépris.

2044. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

D’autant que la science de Palissy n’est point abstraite : ce curieux obstiné, qui vécut tant d’années pour son idée, ce sévère huguenot, qui n’échappa à la Saint-Barthélemy que pour mourir à la Bastille, s’est mis tout entier dans tous ses ouvrages ; il ne peut parler agriculture et chimie sans répandre au dehors toute son originale et forte nature, sa large intelligence, sa liante moralité, son ample expérience de l’homme et de la vie.

2045. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

En revanche, le plus héroïque et patient effort pour le faire connaître tout entier, dans tous ses ouvrages même secondaires, dans tous ses aspects même accessoires.

2046. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Lorsque j’ai lu quelque part qu’il était question d’élever un buste (à Charles Baudelaire) ou une statue tout entière, — là-haut, devers l’Élysée-Montmartre ou du Moulin-Rouge, — je n’ai rien dit, et j’attendais, comme tout le monde, la généreuse protestation de M. 

2047. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Même chez l’homme supérieur, le créateur de valeurs, le héros, il faut tenir compte du conflit qui divise et oppose en chacun de nous les deux éléments de notre nature : le moi et le nous, l’égoïsme et l’altruisme, la personnalité dans ce qu’elle a d’entier, d’indépendant et d’intransigeant et la sociabilité qui réclame des concessions incessantes de la part de l’individu.

2048. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Mes idées, trop entières pour la conversation, étaient encore bien moins faites pour une rédaction suivie.

2049. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Mais ceux-là meurent tout entiers ; ils n’ont pas leur place dans cette grande tapisserie historique que l’humanité tisse et laisse se défiler derrière elle : ce sont les flots bruyants qui murmurent sous les roues du pyroscaphe dans sa course, mais se taisent derrière lui.

2050. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

On connaît le mot de Joubert : « Le talent de Racine est dans son œuvre ; il n’y est pas lui-même. » Admettons que ce soit une boutade, excessive comme le sont souvent les boutades ; il n’en est pas moins vrai que l’homme tout entier n’est jamais dans ses discours et ses écrits, et que parfois l’homme réel n’y est qu’à demi.

2051. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Paris avait vu des milliers d’êtres humains emportés par une maladie inconnue et foudroyante ; des rues entières dépeuplées, au point que les fabricants de cercueils ne suffisaient plus à la consommation ; des cadavres empilés nus, pêle-mêle, à ciel ouvert, dans des charrettes quelconques ; des terreurs paniques, où la foule avait mis en pièces des hommes accusés d’empoisonner le vin et les fontaines ; le plaisir côtoyant la mort ; des mascarades plus folles que jamais ; et dans les théâtres mêmes des sachets de camphre, des seaux d’eau chlorurée destinés à conjurer le péril toujours invisible et présent.

2052. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Des faits décisifs prouvent que l’affection paternelle tout entière dérive de ces associations et autres semblables.

2053. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Ce simple fait détruit l’argument entier de M. 

2054. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Le rapprochement encore nouveau des esprits divisés pendant quarante années par les guerres civiles, semblait solliciter l’épanchement d’affections longtemps contenues ; le progrès des richesses que les discordes intestines n’avaient point empêché10, le progrès des lumières, les changements des esprits, des imaginations, des âmes tout entières, changements inséparables de toute révolution, donnaient une vive curiosité de se considérer sous de nouveaux aspects, inspiraient le pressentiment d’un nouveau genre de communications, de nouveaux points de contact, d’un développement inconnu de cet instinct social qui semble appartenir au Français plus qu’à toute autre nation.

2055. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

« Le monde tout entier dépend des héros.

2056. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Cette tradition respectueuse de la critique se retrouve tout entière chez les Latins.

2057. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Il s’est dépensé tout entier dans cet homme-ci ; il ne reste plus assez de Dieu pour faire un homme pareil. » Quand tu les entends dire ces choses, si tu étais homme comme eux, tu sourirais dans ta profondeur terrible ; mais tu n’es pas dans une profondeur terrible, et étant la bonté, tu n’as pas de sourire.

2058. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Cependant elle n’était pas subjuguée tout entière par ces passions aveugles et exaltées, et les esprits élevés qui la dirigeaient avaient d’autres vues ; mais ils n’osaient pas toujours les dire.

2059. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Mes jours ont été courts et mauvais, et ils n’ont point égalé ceux de mes pères120. » Voilà deux sortes d’antiquités bien différentes : l’une est en images, l’autre en sentiments ; l’une réveille des idées riantes, l’autre des pensées tristes ; l’une, représentant le chef d’un peuple, ne montre le vieillard que relativement à une position de la vie ; l’autre le considère individuellement et tout entier : en général, Homère fait plus réfléchir sur les hommes, et la Bible sur l’homme.

2060. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Je sais bien que toutes ces figures sont sans expression ; je sais bien que la composition entière est froide, blanchâtre, grisâtre et sans couleur.

2061. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

On feroit en deux lignes le catalogue de ces critiques, et des volumes entiers suffiroient à peine pour faire le catalogue des critiques du goût opposé.

2062. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Aucune d’elles ne se retrouve tout entière dans les applications qui en sont faites par les particuliers, puisqu’elles peuvent même être sans être actuellement appliquées.

2063. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Voilà où se bornerait votre triomphe ; quant à me redresser, n’y songez pas, il faudrait me refaire tout entier.

2064. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Elle est tout entière dans l’analyse détaillée, dans le démontage, ressort par ressort, des passions humaines.

2065. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Cette idée, que j’ai énoncée plus haut, recevra, par la suite, son entière explication, telle que je la conçois.

2066. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Avec son passé, avec ce qu’elle fut et ce qu’elle est devenue, avec ce que le monde tout entier sait d’elle, elle était — pour l’honneur de son livre, — tenue d’apporter sur Byron des notions que n’avait encore données personne.

2067. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Un livre donc qui nous ferait connaître la Russie, qui nous la montrerait tout entière, non dans les clartés d’éclairs du renseignement, mais dans la calme, profonde et fixe lumière de l’Histoire, un livre pareil, à toute époque, serait digne d’occuper la curiosité de la Critique ; mais, aujourd’hui, il mériterait de la passionner.

2068. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

D’Arpentigny, qui ne répète point les observations des autres s’il en répète les procédés, a pris la main comme l’expression résumante de l’homme tout entier ; mais avec les ressources variées de son esprit, avec le sentiment des analogies, qui est en lui à une haute puissance, il aurait pu tout aussi bien prendre le pied, et pas de doute qu’il ne nous eût dit, à propos du pied comme à propos de la main, une foule de choses vraies et charmantes.

2069. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Et quelque nom qu’il porte et à quelque date qu’il soit entré dans la chronologie papale, c’est la Papauté elle-même tout entière, dans sa plénitude souveraine et son action universelle.

2070. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

En restant dans une appréciation purement humaine et littéraire, et en écartant toutes les questions théologiques qui se rattachent à une existence prodigieuse et impossible à expliquer avec les lois physiologiques dont nous sommes si fiers, la Vie de Sainte Térèse, confessée par elle, est un de ces grands fragments de l’esprit humain qui importent à l’esprit humain tout entier.

2071. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Et la seconde fut l’idée du Moyen Âge tout entier, de l’époque chrétienne par excellence, la délivrance du Saint-Sépulcre, cette idée qui n’habitait plus alors qu’au fond de quelques grandes âmes isolées.

2072. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Et bien en prit au monde entier, du reste !

2073. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Innocent III — ce nom de diamant — n’est ici que comme un exemple éblouissant à l’appui d’une thèse contre l’Église romaine tout entière.

2074. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

D’un autre côté, vainement l’Église lui a-t-elle appris cette charité chrétienne qui a suffi au monde depuis l’Évangile, il ne s’en est pas moins laissé mordre par la brebis enragée de la Philanthropie moderne, et comme l’école tout entière du dix-huitième siècle qu’il essaie de combattre, mais qui le tient sous elle comme un vaincu, il se préoccupe, à toute page de son livre philanthropique, du droit de chaque homme vis-à-vis de la société, et il va chercher ce droit individuel dans des notions incomplètes ou fausses, pour l’exprimer dans de nuageuses définitions que le dix-huitième siècle n’aurait certes pas repoussées !

2075. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Tel est le défaut radical d’un ouvrage qui se recommande par des qualités d’une grande force, mais que la critique devait signaler tout d’abord, avant tout détail et toute analyse, parce que ce défaut affecte l’ensemble et le fond du livre même, — parce que cette indigence de sensibilité, d’imagination, et je dirai plus, de sens moral et poétique, se retrouve à toute page et frappe l’œuvre entière de M. 

2076. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

le radicalisme intégral de cette misanthropie, qui ne tombe plus ici maigrement sur une société ou sur l’homme d’une société, mais sur l’humanité tout entière, et que dis-je ?

2077. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Nous avons entendu John Ruskin poursuivre de ses plus amères railleries l’industrie moderne toute entière et proscrire, au nom du Moyen-âge, notre machinisme et notre civilisation.

2078. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Ces signes étaient, si je l’ose dire, des paroles réelles, et la nature entière était la langue de Jupiter.

2079. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Une force publique pour la cité, pour le peuple entier, c’est un homme en avant sur le front du bataillon, n’ayant pas l’idée de la fuite honteuse et jetant au péril son courage et sa vie.

2080. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

S’il est une leçon que l’âge apporte à celui qui lit et réfléchit, c’est que les possibilités de l’homme, dans le bien, sont infinies ; alors que ses possibilités dans le vice et dans le mal sont assez courtes ; c’est que sa responsabilité est entière et reste entière. Le jour où vous jugez que cette responsabilité n’est plus entière, la loi et ses sanctions s’écroulent et avec elles la famille, et bientôt l’État. […] L’Université presque tout entière s’est liguée, pendant quarante ans, à la manière huguenote, contre ce grand universitaire, coupable d’arracher sa Patrie aux doctrines de haine. […] Où il faut, à d’autres, une pièce entière pour émouvoir, il faut à Villon un ou deux mots. […] La guerre a prouvé que les avions avaient un pouvoir de destruction sans précédent et duquel on pouvait attendre, dans un avenir rapproché, l’écrasement de cités entières.

2081. (1895) Hommes et livres

Quand il fallut se séparer, le digne maître d’école tendit la main à son fils et lui dit : Félix, va… va… : jamais vale tout entier n’arriva à sortir de sa bouche, et Félix continua sa route le cœur gros. […] Assister à la messe, une fois par curiosité ou flânerie, c’est apostasie, dont on ne se relève que par une rétractation en forme, une entière humiliation. […] Mais Auguste fait grâce entière à son amant, à elle ; il révèle une générosité qu’elle ne soupçonnait pas : par suite le jugement d’Émilie change soudain. […] Il sait que, quoi qu’il arrive, sa liberté intérieure subsistera tout entière. […] C’est ce qu’on peut vérifier à propos de Le Sage, et il n’est pas aisé de le mettre tout entier dans une définition, tout limpide, peu profond et peu compliqué qu’il est.

2082. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

« Astyage, instruit de la vérité par la déclaration du pâtre, ne le jugea pas digne de sa colère, et, la tournant tout entière contre Harpagus, ordonna à ses gardes de le faire venir sur-le-champ. […] Cyrus leur répondit : « qu’il n’en avait rien su avant son départ, que jusque-là il était resté dans une entière ignorance de ce qui le concernait, et qu’il avait appris seulement en route sa propre histoire ; qu’il se croyait le fils d’un des pâtres d’Astyage, mais que les gens qui l’accompagnaient l’avaient instruit de tout. » Alors il raconta comment il avait été nourri par la femme du pâtre ; et, en faisant un grand éloge d’elle, il répéta plusieurs fois dans son récit le nom de Cyno. […] « Le roi, étant venu visiter son trésor, fut surpris de trouver les vases qui renfermaient ses richesses entamés, et une partie de l’argent dérobée, sans pouvoir en accuser qui que ce soit, puisque la chambre était parfaitement fermée et le sceau qu’il appliquait sur les portes bien entier.

2083. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Le peuple pour Mentor ce sont des nombres, et non pas ces âmes régénérées du christianisme, dont la moindre est si grande que nul moraliste ne la peut embrasser toute entière, si libre que même après s’être donnée elle se reprend et se reconquiert elle-même. […] Que le désir de trouver pour notre société nouvelle des origines merveilleuses, jusqu’au sein de la cour de Louis XIV, ne nous trompe donc pas sur les vues politiques de Fénelon ; tout cela est du domaine du chimérique, et la gloire des inventions durables en ce genre doit être laissée tout entière aux novateurs de 1789. […] la femme est tout entière dans ces charmantes analyses de la nature de la jeune fille ; mais on l’y voit du même œil et dans le même esprit que Fénelon lui-même.

2084. (1925) La fin de l’art

Tandis qu’une mine d’or, une ligne de chemin de fer, une usine d’irrigation travaillent, produisent pour l’humanité tout entière qui a besoin d’or, besoin de transports, besoin du blé que produit la terre fécondée. […] Il l’emplira tout entier de sa majesté et l’air en résonnera sous les arbres. […] Voyage en France J’espère que les délégués du tourisme, qui vont se réunir, sauront trouver un rôle et une place d’honneur pour notre grand touriste, pour Ardouin-Dumazet, qui a parcouru, et souvent à pied, le bâton à la main, la France entière, et qui a rédigé ses observations en cinquante-cinq ou soixante volumes, car l’œuvre continue.

2085. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

On ne marche pas sans hésiter au sein d’une nuit obscure, & les ténebres de l’ignorance couvraient le monde entier. […] Survint un homme qui l’avait parcourue presque en entier. […] Grécourt qui venait à leur rencontre, fut contraint de se l’appliquer en entier. […] Ainsi, de vos succès le concours glorieux, De l’Univers entier peut arrêter les yeux. […] On a vu les femmes détourner la tête au cinquieme acte & proscrire le Drame entier.

2086. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

» L’abattement viendra après l’excès ; ces sortes d’âmes ne sont trempées que contre la crainte ; leur courage n’est que celui du taureau et du lion ; il a besoin, pour demeurer entier, du mouvement corporel, du danger visible ; c’est le tempérament qui les soutient ; devant les grandes douleurs morales, ils s’affaissent. […] Comme Shakspeare, il a conçu de vraies âmes féminines740, une Monimia, surtout une Belvidera qui, semblable à Imogène, s’est donnée tout entière et perdue comme en un abîme dans l’adoration de celui qu’elle a choisi, qui ne sait qu’aimer, obéir, pleurer, souffrir, et qui meurt comme une fleur séparée de sa tige, sitôt qu’on arrache ses bras du col autour duquel elle les avait noués. […] Ils ne savent pas que dans ce style l’élégance visible cache une justesse admirable, que s’il est un chef-d’œuvre d’art, il est aussi une peinture des mœurs, que les plus délicats et les plus accomplis entre les gens du monde ont pu seuls le parler et l’entendre, qu’il peint une civilisation comme celui de Shakspeare, que chacun de ces vers, qui semblent compassés, a son inflexion et sa finesse, que toutes les passions et toutes les nuances des passions s’y expriment, non pas à la vérité sauvages et entières comme dans Shakspeare, mais atténuées et affinées par la vie de cour, que c’est là un spectacle aussi unique que l’autre, que la nature parfaitement polie est aussi complexe et aussi difficile à comprendre que la nature parfaitement intacte, que, pour eux, ils restent autant au-dessous de l’une qu’au-dessous de l’autre, et qu’en somme, leurs personnages ressemblent à ceux de Racine comme le suisse de M. de Beauvilliers, ou la cuisinière de Mme de Sévigné, ressemblent à Mme de Sévigné et à M. de Beauvilliers746. […] Dès lors une nouvelle carrière s’ouvre : l’homme a le monde entier à repenser ; le changement de sa pensée a changé tous les points de vue, et tous les objets vont prendre une nouvelle forme dans son esprit transformé.

2087. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Oui, j’en ai plein le dos du théâtre, et de la fièvre des répétitions et des représentations, et j’aspire à mercredi, où je serai tout entier, au retournement de mon jardin, et à la fabrication de cet amusant livre de pêche à la ligne, dans les brochurettes de la bibliothèque de l’Opéra, qui s’appellera : La Guimard. […] Lundi 1er avril C’est incontestable, et il faut bien que je me l’avoue, à la reprise d’Henriette Maréchal, j’avais toute la jeunesse avec moi, je l’ai bien encore, mais pas tout entière. […] Cette danse n’a rien de gracieux, de voluptueux, de sensuel, elle consiste tout entière dans des désarticulations de poignets, et elle est exécutée par des femmes dont la peau semble de la flanelle pour les rhumatismes et qui sont grasses d’une vilaine graisse de rats nourris d’anguilles d’égouts. […] Et joliment, Daudet s’étend sur ce paysan poétique, appartenant tout entier à ses bouts de champs, à son petit bien, à sa maison, à ses parents, à sa province, enfin à tout cela de rustique et d’ancienne France, dont il a tiré sa poésie.

2088. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

De là vient que nous nous tendons tout entiers sur la fin à réaliser, nous fiant le plus souvent à elle pour que, d’idée, elle devienne acte. […] Je vais donc me concentrer tout entier sur la transition et, entre deux instantanés, chercher ce qui se passe. […] Un mouvement unique est tout entier, par hypothèse, mouvement entre deux arrêts : s’il y a des arrêts intermédiaires, ce n’est plus un mouvement unique. […] En résumé, si la physique moderne se distingue de l’ancienne en ce qu’elle considère n’importe quel moment du temps, elle repose tout entière sur une substitution du temps-longueur au temps-invention. […] On suppose la conscience coextensive à telle ou telle partie de la nature, et non plus a la nature entière.

2089. (1925) Portraits et souvenirs

On le sentait tout entier, pris par ce souci douloureux, en proie à cette ambition inquiète qu’eût dû apaiser un juste sentiment de légitime orgueil. […] Il la connaissait presque tout entière et avait séjourné à Rome, à Florence et à Venise. […] D’ailleurs, Venise tout entière la passionnait également, et avec quelle joie elle savait nous faire aimer la Ville incomparable qu’elle connaissait en ses moindres pierres ! […] Barrès ne s’est pas interrompu brusquement ; il s’est continué en s’utilisant tout entier. […] Je ne sais, mais ce que je puis affirmer, c’est l’entière bonne foi du grand poète.

2090. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

La forêt frémit lentement tout entière. […] Mais je crois qu’il serait funeste au monde entier que notre race disparut anéantie par les autres, sans avoir réagi contre le système qui épuise sottement ses sèves. […] Un éclair en zigzag le frappe au front et un coup de tonnerre roule, tellement violent que la montagne tremble tout entière jusqu’à sa base. […] L’univers tout entier se révèle à moi selon le rythme harmonieux et farouche des forces qui le déterminent. — J’ai conçu l’amour et la lutte ; j’ai vaincu les apparences car je veux la beauté de vivre. […] Il s’agirait d’acquérir, lors de la prochaine récolte, les blés du monde entier.

2091. (1914) Une année de critique

Alfred Capus montre bien que le public n’est pas tout entier aussi bête et aussi corrompu que la lecture de grands quotidiens le pourrait laisser croire. […] pas de statue, pas de plaque commémorative, rien qui puisse paraître fixer ici plutôt qu’ailleurs le nom de cet écrivain dont le rêve trouva trop étroites les bornes d’un univers que sa pensée embrassa tout entier. […] Une fois écartées quelques œuvrettes, on peut étudier Jules Renard dans l’un ou l’autre, indifféremment, de ses livres, sans crainte de ne l’y point trouver tout entier. […] Il semble qu’on ne les voie jamais tout entiers, d’un regard qui embrasse les trois dimensions de l’espace ; leurs gestes si précis sont les extrémités minutieusement sculptées d’un bloc de pierre brute qui se confond avec le sol. […] Ce sont les meilleures pages, trop courtes, de ce livre, dont la pensée est puérile (il s’agit, j’y insiste, d’un livre et non de l’œuvre entière de l’auteur du Désespéré) et le style souvent très beau.

2092. (1911) Nos directions

Sur la place, la ville entière rassemblée, par ses avis divers, se révélait. […] Alors le drame se dépouille : il vivra tout entier sur les « avances » de l’exposition. […] On voudrait citer des exemples, et le chant n’est qu’un seul exemple tout entier. […] Mais il y a par ailleurs la préface, plus significative que le volume tout entier. […] Rostand s’y montre tout entier.

2093. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Singlin, cette veine monstrueuse qu’il lui a fait toucher au doigt et suivre en ses moindres rameaux, et qui lui paraît maintenant composer à elle seule l’entière substance de son âme, l’épouvante et la mène jusque sur le bord de la tentation du découragement. […] Le duc de Longueville étant mort en mai 1663, elle pouvait courir dorénavant avec moins de retard dans cette voie de pénitence qui la réclamait tout entière.

2094. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Tous ont échoué et tous échoueront éternellement, parce que le monde religieux, politique ou social qui a été fait jour à jour, pendant les siècles des siècles, conformément à la nature de l’homme, ne peut se refaire aussi que jour à jour pendant la durée des siècles, conformément aux idées plus développées de l’humanité tout entière. […] L’homme isolé n’est pas tout entier homme, car il n’a pas la faculté de se reproduire et de se perpétuer.

2095. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

L’impôt, que vous condamnez par une exclamation irréfléchie, est donc presque en entier en faveur du pauvre. […] Moi-même, à peu près vers le même temps où Hugo concevait son épopée des Misérables, ce retentissement du gémissement des choses humaines résonnait dans mon cœur, et j’écrivais aussi, non un livre entier, non un livre dogmatique, mais un épisode de toutes ces misères résumées en moi.

2096. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Mais il faut sentir surtout que d’Aubigné a trouvé l’une des plus riches sources de lyrisme qu’il y ait, un des sentiments les plus hauts, les plus universels par son objet que l’homme puisse exprimer un de ceux aussi qui prennent l’individu tout entier, et jusqu’au fond. […] Elle semble la parodie de la première, elle l’est parfois en effet, elle en raille l’excès et la fausseté : et c’est en général au même public qu’elle s’adresse ; la littérature comique, picaresque ou grotesque de ce temps-là fait presque ont entière partie de la littérature précieuse284.

2097. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Il ne l’a pas même déduit tout entier à partir de ses principes. Il ne l’a pas même déduit tout entier à partir du je pense.

2098. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Oui, certes, George Dandin avait une revanche à prendre ; mais cette revanche, il l’a prise depuis soixante ans, et si complète, si entière, souvent même si terrible et exécrable, que je ne sais vraiment ce qu il peut demander plus. […] La comédie reste neutre entre les deux parties, elle balance leurs fautes, elle équilibre leurs raisons, elle répartit leurs griefs ; c’est là son tort : car, quoi qu’elle fasse, elle ne peut empêcher la sympathie du spectateur de se porter tout entière sur ce gentilhomme de fine souche ainsi piétiné par ces gros souliers.

2099. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Ce sera, apparemment, le durable prestige dont l’œuvre entière de Pierre Loti demeurera auréolée, que l’âme des races enfantines ait pu trouver dans cette œuvre une aussi saisissante expression, en même temps qu’elle y trahissait toute sa grâce voluptueuse et un peu obscure. […] Tout comme le colossal auteur de la Comédie humaine, les plus puissamment musclés d’entre nos écrivains d’imagination ont voulu se mettre eux-mêmes tout entiers dans une œuvre de trame continue ; rassembler de nombreux personnages et poursuivre leurs destinées à travers des compositions successives, les montrer en action, et observer leurs mobiles ou le jeu de leur énergie au milieu des aventures les plus diverses.

2100. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Quelqu’un parle d’une lettre écrite par lui à Paganini, le lendemain de sa première audition, lettre dans laquelle le maestro est tout entier. […] La chose très courte et cherchée tout entière dans le sentiment et le pittoresque du détail.

2101. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Au rebours des romantiques, ils acceptent, disent-ils la vie moderne tout entière, et c’est elle qu’ils vont chanter. […] C’est : « … Carmen blême de tragédie « Intime, les deux yeux dévorés d’incendie, « Tout le sanglot, tout le sursaut, tous les frissons, « Et le vent furieux rebroussant les moissons… ou plutôt, s’il est vrai que ce cœur tout entier batte entre les pages blanches de cet unique livre, écoutez-en jaillir Comme un rythme incessant la vie universelle.

2102. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Raisonnable, à sa façon, jusque dans ses plus grands écarts, méthodique dans sa folie, rêvant, je le veux bien, mais évoquant en rêve des visions qui sont tout de suite acceptées et comprises d’une société entière, comment la fantaisie comique ne nous renseignerait-elle pas sur les procédés de travail de l’imagination humaine, et plus particulièrement de l’imagination sociale, collective, populaire ? […] C’est quelque chose comme la logique du rêve, mais d’un rêve qui ne serait pas abandonné au caprice de la fantaisie individuelle, étant le rêve rêvé par la société entière.

2103. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Trouvez-moi quelqu’un en France, excepté lui, qui, au milieu des occupations de journaliste si capables de distraire quand elles n’accaparent pas tout entier, relise tous les quatre ou cinq ans son Tite-Live en latin d’un bout à l’autre, ou quelque grand traité de Cicéron !

2104. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Tant que d’autres esprits puissants et vigoureux, mais déjà en partie formés, imbus d’une forte éducation antérieure, nourris de la tradition et de la moelle des siècles passés, avaient pris du cartésianisme avec sobriété, à petites doses, en le combinant avec les autres éléments reçus, on n’avait eu que de ces résultats moyens, agréables, sans paradoxe, sans scandale, tels qu’on les rencontre chez Arnauld, chez Bossuet, chez Despréaux, chez La Bruyère ; mais quand le cartésianisme, je veux dire la méthode cartésienne, toute autorité étant mise de côté, présida dès l’origne à la formation et à la direction entière d’un esprit, on fut étonné du chemin qu’elle faisait faire en peu de temps sur toutes les routes.

2105. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Pour être un Tibulle entier, ce n’est pas tant la passion élégiaque qui a manqué à Parny, c’est le sentiment large et naïf de la nature champêtre, ce qui fait de Tibulle le digne second du chantre des Géorgiques.

2106. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Sa tendre sœur, dans cette crise pénible, vint à son aide et lui épargna les soucis de la vie matérielle : il put être tout entier du moins à ses idées et aux nobles soins de progrès et d’avancement intérieur auxquels il s’était voué.

2107. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Je crois en effet, comme on l’a dit, que le Père Lacordaire ne sera tout entier connu, et avec toutes ses qualités, que par ses lettres.

2108. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Sans aller entre soi jusqu’à la solidarité entière, on est arrivé à un concert très-suffisant.

2109. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Les Grecs et les Troyens acharnés qui se disputent la muraille du retranchement, les uns sans réussir à la forcer tout entière, les autres sans pouvoir décidément la ressaisir, ce sont « deux hommes qui disputent entre eux sur les confins d’une pièce de terre, tenant chacun la toise à la main, et ne pouvant, dans un petit espace, tomber d’accord sur l’égale mesure. » Les deux Ajax qui, ramassés l’un contre l’autre, soutiennent tout le poids de la défense, ce sont « deux bœufs noirâtres qui, dans une jachère, tirent d’un courage égal l’épaisse charrue : la sueur à flots leur ruisselle du front à la base des cornes, et le même joug poli les rassemble, creusant à fond et poussant à bout leur sillon. » Ailleurs, à un moment où les Troyens qui fuyaient s’arrêtent, se retournent soudainement à la voix d’Hector, et où les deux armées s’entre-choquent dans la poussière : « Comme quand les vents emportent çà et là les pailles à travers les aires sacrées où vannent les vanneurs, tandis que la blonde Cérès sépare, à leur souffle empressé, le grain d’avec sa dépouille légère, on voit tout alentour les paillers blanchir : de même en ce moment les Grecs deviennent tout blancs de la poussière que soulèvent du sol les pieds des chevaux et qui monte au dôme d’airain du ciel immense. » Voilà bien le contraste plein de fraîcheur au sein de la ressemblance la plus fidèle.

2110. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

C’est dans ses ouvrages (et je l’ai fait ailleurs) qu’il convient de prendre une entière et véritable idée de son esprit et de son âme.

2111. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Un individu humain quelconque, bien organisé toutefois, pris au hasard dam l’époque présente ou dans toute autre époque, et se traitant lui-même par la méthode expérimentale intérieure, découvrira, autant qu’il est donné à l’homme de le faire, sa destinée propre, et la destinée des autres hommes ses semblables, et la destinée de l’espèce tout entière ; il saura déterminer, autant que cela nous est possible, la loi du passé et de l’avenir de l’humanité.

2112. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Mais l’origine de la poésie, mais le poëme le plus remarquable par l’imagination, celui d’Homère, est d’un temps renommé pour la simplicité des mœurs ; ce n’est ni la vertu ni la dépravation qui servent ou nuisent à la poésie ; mais elle doit beaucoup à la nouveauté de la nature, à l’enfance de la civilisation : la jeunesse du poète ne peut suppléer en tout à celle du genre humain ; il faut que ceux qui écoutent les chants poétiques soient avides de la nature entière, étonnés par ses merveilles, et flexibles à ses impressions ; les difficultés que présenterait une disposition plus philosophique dans les auditeurs, ne feraient pas que l’art des vers atteignit à de nouvelles beautés ; c’est au milieu des hommes qui s’émeuvent aisément, que l’inspiration sert mieux le véritable poète.

2113. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Le jour où ils s’intéresseront à Homère sans grimace et de bonne foi, ils auront beaucoup gagné : ils auront compris l’extrême simplicité, et qu’en art comme en morale la perfection est dans l’abnégation, dans l’entier oubli de soi-même.

2114. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Toutes les sollicitations, requêtes, demandes de privilèges et de faveurs aux quelles tout homme en place ou qui approche d’un homme en place, est en butte, sont fondées sur ces deux axiomes : et souvent la bonne foi des solliciteurs est entière ; ils croient raisonner à merveille, et ne peuvent pas concevoir qu’ils demandent l’injuste et l’impossible.

2115. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Sous Henri III, il fut de cette Académie du Palais que le roi tenta d’établir : mais le poète de la cour est Desportes ; la gloire de Ronsard ne pâlit pas cependant, et reste entière dans les provinces et à l’étranger.

2116. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

« Il n’y a ici comme partout qu’un problème de mécanique : l’effet total est un composé déterminé tout entier par la grandeur et la direction des forces qui le produisent866. » Ainsi, la littérature anglaise est le produit de la race anglaise, sous tel climat, dans telles circonstances historiques, telles croyances religieuses : Shakespeare, Milton, Tennyson, sont des « résultantes », qui représentent diverses forces appliquées en divers points.

2117. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Si les hommes savaient encore aimer les femmes, si les femmes connaissaient leur rôle et s’y tenaient pour le remplir tout entier, on aurait une cité idéale, fondée sur la plus délicate interprétation des bonnes lois de nature.

2118. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Que ces esprits indifférens sur le désordre qui ne les touche pas, que ceux dont la foible prudence méconnoit cette vertu supérieure à toute crainte, l’appellent un insensé, ou le regardent comme un misantrope qui se livre au triste plaisir d’exercer une censure amere ; ce n’est pas à eux de sentir qu’il est impossible à l’homme vertueux de garder le silence, tandis que les cris plaintifs des victimes de l’oppression retentissent à son oreille & frappent son cœur sensible, tandis que les droits éternels de la Justice sont violés pour satisfaire quelques monstres avides, tandis qu’un peuple entier vit dans les larmes, ayant tout perdu jusqu’au droit lamentable d’élever ses soupirs ; ah !

2119. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Descartes qui s’emprisonne trente années fondant la Terre & les Cieux ; Mallebranche loin de ce monde lorsqu’il médite ; Corneille dans l’enthousiasme jusqu’au lever de l’aurore ; la Fontaine assis un jour entier au pied d’un arbre, exposé à l’inclémence d’un Ciel pluvieux ; Archiméde qui n’apperçoit point la main qui va l’assassiner ; voilà le charme invincible & profond qui retient dans ses chaînes invisibles l’ame du Poëte, & du Philosophe ; qui la pénétre, la remplit sans la fatiguer, qui accroît sa force & lui découvre des régions nouvelles étincelantes de beautés neuves & sublimes.

2120. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Nous donnons ci-contre le capitaine Cerimonia : il est représenté une main sur sa rapière, dont la pointe soulève son manteau tout entier, et l’autre tenant sa loque tailladée ; il est en train de saluer très poliment la signora Lavinia (voyez plus loin ce personnage) qui se trouve en face de lui.

2121. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Le premier article que j’ai consacré en entier à un écrivain était pour un confrère, de réel talent, mais dont le caractère m’était si opposé que, par la suite, nous nous brouillâmes tout à fait.

2122. (1890) L’avenir de la science « XXI »

La faute n’en est donc pas aux événements qui auraient dû plutôt éveiller les esprits et exciter la pensée ; elle est tout entière à la dépression générale amenée par la considération exclusive du repos ; honteux hédonisme dont nous recueillons les fruits et dont les folies communistes ne sont après tout que la dernière conséquence.

2123. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Il est probable, en effet, que sans l’exaspération causée par tant de traits amers, Jésus eût pu longtemps rester inaperçu et se perdre dans l’épouvantable orage qui allait bientôt emporter la nation juive tout entière.

2124. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Divers motifs concourent pour me poussera agir ; le résultat du conflit montre qu’un groupe est plus fort qu’un autre, c’est là le cas tout entier.

2125. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Ici se place une observation essentielle : c’est qu’en 1669, quand le roi autorisa de premières démarches pour engager madame Scarron à se charger de ses enfants naturels, aucune apparence de dévotion ne se rencontrait dans la société qu’elle fréquentait ; et j’ajoute qu’aucune apparence de dévotion n’avait atteint ni le roi, ni madame Scarron ; de sorte que la gloire de sa désignation appartient tout entière à l’honnêteté des mœurs et à la bonne compagnie.

2126. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Ceux surtout qui savent ses vers par cœur (et le nombre en est grand parmi les hommes de notre âge) en retrouvent, non sans regret, des lambeaux entiers étendus et comme noyés dans sa prose.

2127. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

On commande à un groupe d’hommes déjà considérable, mais jouissant encore d’une parfaite unité, qu’on tient tout entier dans sa main et sous son regard, dont on peut connaître chacun par son nom, en le suivant jour par jour dans ses actes.

2128. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Mais si l’on s’élève plus haut, on verra qu’il ne s’agit pas seulement dans cette affaire d’un drame et d’un poëte, mais, nous l’avons dit en commençant, que la liberté et la propriété sont toutes deux, sont tout entières engagées dans la question.

2129. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Ils y prêchoient le renoncement entier à soi-même, le silence de l’ame, l’anéantissement de toutes ses puissances, le culte intérieur, une indifférence totale pour la vie ou la mort, pour le paradis ou l’enfer.

2130. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Le moi l’occupait tout entier, et la pensée de l’absolu et du divin semblait dormir dans les profondeurs de sa conscience : une note mystérieuse ajoutée aux Rapports du physique et du moral était la seule indication d’une tendance religieuse et déjà mystique qui devait se développer plus tard dans sa dernière phase philosophique.

2131. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

L’esprit humain subsiste toujours tout entier.

2132. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Il oubliait parfaitement tout cela, et son brin de toilette, à lui, quand il en faisait un peu, n’était qu’un brin de muguet ou de violette à deux sous (la rente future de sa femme) qu’il passait à sa boutonnière, tout près de ce fameux gilet de piqué blanc « d’une entière blancheur », comme dit l’opéra-comique.

2133. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Tous les grands hommes n’ont pas que des filles à la manière d’Épaminondas… Tous les grands ministres, même ceux qui furent cardinaux, ne sont pas des moines comme Ximénès et ne sombrent pas tout entiers sous leur cilice et dans la tombe, et il est intéressant de suivre, après eux, la destinée de ces familles au sein desquelles ils ont brillé, — dont ils étaient l’âme et la puissance ; il est intéressant d’apprendre comment se sont écartées et rompues ces racines, verticales et horizontales (comme dit un écrivain allemand), qui les attachaient à la terre !

2134. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Elle a cru mieux, comme cela, pêcher au succès… Mais moi qui me soucie peu du succès, et qui ne vois dans une œuvre que la puissance qu’elle atteste et que le talent qu’on y a mis, j’aurais aimé à retrouver ici tout entier, dans des proportions plus larges et avec des touches plus profondes, l’esprit qui a écrit tant de pages adorables de hardiesse réussie et trouvé ce trio charmant de Mathilde, Anna et Satin de la Vie Parisienne !

2135. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Il marcherait aux abîmes, le sourire sur les lèvres, les yeux levés au ciel, persuadé qu’il suit la voix triomphale de la victoire et que la terre entière s’incline sur son passage.

2136. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Matière et Mémoire, 1896, chap. 1 tout entier ; et chap. 

2137. (1915) La philosophie française « I »

Lui aussi remit tout en question ; il voulut remodeler la société, la morale, l’éducation, la vie entière de l’homme sur des principes « naturels ».

2138. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Ils nous montrent comment des collections d’idées se rassemblent en une seule idée en se résumant sous un seul signe, comment la langue et la pensée marchent ainsi peu à peu vers des expressions plus abrégées et plus claires, comment la série immense de nos idées n’est qu’un système de transformations analogues à celles de l’algèbre, dans lequel quelques éléments très-simples, diversement combinés, suffisent pour produire tout le reste, et où l’esprit peut se mouvoir avec une facilité et une sûreté entières, dès qu’il a pris l’habitude de considérer les jugements comme des équations, et de substituer aux termes obscurs les valeurs qu’ils doivent représenter.

2139. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Julien, irrité contre les magistrats d’Antioche, avait fait mettre en prison le sénat tout entier.

2140. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Dans la description d’un de ces banquets de fête familiers aux riches citoyens de Colophon et d’Éphèse, il disait en vers d’un tour lyrique : « Au centre, cependant, est un autel86, de toutes parts chargé de fleurs ; et les chants et l’allégresse font retentir la maison entière.

2141. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Renan lui-même, si complexe et si fuyant quand on le presse et qu’on veut l’embrasser tout entier, ce serait moins un article de critique qu’il conviendrait de faire sur lui, qu’un petit dialogue, à la manière de Platon. » (Nouveaux lundis, II, 413.) […] La place me ferait défaut pour en indiquer ici les résultats détaillés : car Striyenski n’a pas adopté le système de la large coupure franche, comme un auteur dramatique qui supprime carrément un acte entier. […] Pourquoi ne pas nous avoir donné ces « petits cahiers » en entier, au lieu de se borner à des extraits ? […] Il aurait pu chérir de tout son cœur la petite Circassienne aux yeux verts, et la regretter longtemps, sans étendre à la Turquie tout entière ce sentiment passionné. […] A Podgoritza, l’autre jour, après la prise de Touzi, on vit arriver deux gendarmes qui portaient deux corbeilles ; la population tout entière s’assembla autour d’eux.

2142. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

. — En effet, la littérature méthodologique n’est pas tout entière sans valeur : il s’est formé lentement un trésor d’observations fines et de règles précises, suggérées par l’expérience, qui ne sont pas de simple sens commun13. […] La Société des Monumenta Germaniae historica a institué depuis longtemps de vastes enquêtes du même genre ; ce sont de pareilles enquêtes dans les musées et les bibliothèques de l’Europe entière qui naguère ont rendu possible la fabrication du Corpus inscriptionum latinarum. […] La critique d’érudition tout entière n’inspire que du dédain au gros public, vulgaire et superficiel. […] La science la plus voisine de l’histoire par son objet, la zoologie descriptive, procède en examinant un animal réel et entier. […] La nation anglaise comprend des Gallois, des Écossais, des Irlandais ; l’Église catholique se compose de fidèles épars dans le monde entier et différents en tout, sauf la religion.

2143. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Il serait aussi absurde qu’un système renfermât le dernier mot de la réalité qu’il le serait qu’une épopée épuisât le cercle entier de la beauté. […] Or l’humanité cultivée n’est pas seulement morale ; elle est encore savante, curieuse, poétique, passionnée… » Il est là tout entier. […] Fra Bonaventura Buonaparte s’infligeait les jeûnes les plus durs, s’imposait des silences d’une année entière, s’agenouillait si souvent que ses genoux en étaient calleux. […] Lui aussi, « il mène une sorte d’existence végétative, dormant la moitié de la journée, ne sortant presque jamais, restant des heures entières dans un fauteuil à penser de la fumée et à regarder du silence ». […] Son ignorance est naïve, entière, satisfaite d’elle-même.

2144. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Mais, avec une heureuse lucidité d’intelligence, il les rattache si bien à l’immense conflit que la guerre tout entière est là, dans les trois cents pages de ses souvenirs. […] C’est qu’alors on guette le moment où le travail, dans les différents lots, sera terminé, où l’inconnu tout entier sera bâti. […] Allons, l’Angleterre ne marchera-t-elle pas, dans cette heureuse combinaison, si avantageuse pour l’humanité entière et, notamment, pour l’Allemagne ? […] Telle fut l’étonnante folie ; nous en subissons les conséquences, l’Europe entière avec nous. […] Et il a trop souvent abrégé des morceaux que nous sommes contents aujourd’hui d’avoir tout entiers.

2145. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

« Que, pour juger si Sénèque avait de la sensibilité, ils avaient parcouru en entier la Consolation à Helvia. » C’est qu’au lieu de la parcourir en entier, il fallait s’arrêter sur quelques pages. […] Sénèque était si faible, si glacé, qu’il nous dit, Lettre LVII, qu’il passait presque l’hiver entier entre des couvertures. […] Le beau génie et l’excellent caractère du philosophe s’y développent en entier. […] Mais il n’était pas facile de publier, sous le nom de Sénèque, un ouvrage entier qui pût en imposer ; aussi n’avons-nous qu’un fragment qui commence au vingtième chapitre. […] Cette médiocrité dans tous les genres est la suite d’une curiosité effrénée et d’une fortune si modique qu’il ne m’a jamais été permis de me livrer tout entier à une seule branche de la connaissance humaine.

2146. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Et pendant qu’on forge de le forger tout entier. […] Les Chants du Crépuscule, au moins leur début, leur départ, sont tout entiers sous l’influence, on pourrait presque dire sous l’inspiration, au moins temporaire, au moins provisoire, de la révolution de 1830. […] Les droits d’un peuple entier conquis par tant de guerres, Vous les avez tirés tout vivants du linceul. […] Croyez-moi, mon ami, ils donneraient tous leurs compas pour pouvoir se passer de compas, pour des mesures plus ténues, pour des exactitudes plus entières, plus déliées, plus fin coupées. […] De tels souvenirs n’éclairent-ils pas toute une vie, ne valent-ils pas, ne comptent-ils pas pour une vie entière.

2147. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Ses vues politiques embrassent le globe entier, qu’il réunit par le commerce, par l’intérêt et par l’amour. […] « Mon cher ami, me dit-il, je crois que je mourrai bientôt et que ma femme chérie ne tardera pas à me suivre ; je crois que vous êtes destiné à avoir dans votre existence des fortunes diverses et des besoins auxquels vous ne vous attendez pas ; je laisserai des biens divisés en trois paris: ce qui me vient de mon père d’abord et qui est tout à moi, ce qui vient de mademoiselle de Pelleport ensuite, dont les subsides généreux de votre famille ont soutenu et adouci l’existence ; enfin, ce que j’ai gagné par les ouvrages de mon maître pendant tant d’années d’exploitation, ceci appartient tout entier à ma veuve et à ses enfants, à qui je le laisse. […] Elle l’a été avec nous par les biens de la nature ; loin de nous, par ceux de la vertu: et même dans le moment terrible où nous l’avons vue périr, elle était encore heureuse: car soit qu’elle jetât les yeux sur une colonie entière, à qui elle causait une désolation universelle, ou sur vous, qui couriez avec tant d’intrépidité à son secours, elle a vu combien elle nous était chère à tous.

2148. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Cet esprit se montra tout à coup et tout entier dans ses premiers actes. « Son grand sens, dit Mme de Motteville, et ses bonnes intentions firent connaître les semences d’une science universelle qui avaient été cachées à ceux qui ne le voyaient pas dans le particulier ; car il parut tout à coup politique dans les affaires d’Etat, théologien dans celles de l’Eglise, exact en celles de finance195. » On était frappé tout d’abord de la précision de ses paroles, image, dit Bossuet, de la justesse qui régnait dans ses pensées196. […] « Il fit une ville entière où il n’y avait qu’un cabaret » : mais c’est là le génie même : faire quelque chose de rien. […] Enfin, le cœur humain, où Molière allait lire si avant, s’étendit, pour ainsi dire, et devint plus profond et plus libre, par l’effet d’un changement qui, en délivrant chaque particulier du poids des préoccupations publiques, le rendait tout entier à lui-même, et le livrait, dans tout son naturel, aux regards de l’observateur.

2149. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Qu’il y ait eu, qu’il y ait encore parmi eux des rimeurs sans haute valeur intellectuelle, je suis prêt à le reconnaître et je le dirai moi-même dans la suite de ces causeries, avec une entière franchise. […] Des collaborateurs une entière conformité de tendances. […] À ce propos, je dirai ma pensée avec une franchise entière sur ceux des poètes mes compagnons d’armes dont je n’ai pas encore parlé. […] Nous l’avons jeté presque tout entier, et nous arriverons sans doute. […] Prenons tout entier ce passé fabuleux qu’ils répudient.

2150. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Le public a trouvé, il y a sept ans, que quatre femmes en noir, toujours en scène, pendant trois actes entiers, avec des hommes d’affaires et des hommes de loi pareillement en noir, cela faisait beaucoup de noir. […] Plusieurs fois j’ai passé à Croisset une après-midi tout entière : car, pour peu qu’on lui plût, il vous gardait, il ne vous laissait plus partir. […] Or, j’eus la douleur de constater, voilà quelques années, pendant mes vacances, qu’on en avait abattu des rangées entières dans les prés qui bordent la Loire. […] Vous leur préférerez, comme infiniment plus sérieux, un de vos graves camarades, sociétaire à part entière, professeur au Conservatoire et chevalier de la Légion d’honneur. […] L’inventaire est de quatre cents lignes environ et remplit deux colonnes entières de journal.

2151. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Mais ils attaquaient la branche cadette du droit divin dans Louis-Philippe comme ils en avaient attaqué la branche aînée dans Charles X ; et ce qu’ils voulaient renverser en renversant la royauté en France, nous l’avons expliqué, c’était l’usurpation de l’homme sur l’homme et du privilège sur le droit dans l’univers entier. […] Il faut le reconnaître ou s’appeler Titan ; tout remettre en question, comme les utopistes ; se constituer en état de révolte radicale contre la forme de l’humanité tout entière, c’est-à-dire en état de démence et de frénésie contre la force des choses, cette souveraineté absolue de Dieu.

2152. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Ce serait fort bien, s’il n’avait pris parfois mot pour mot des scènes entières : ainsi au Pédant joué de Cyrano de Bergerac, à la Belle plaideuse de Boisrobert. […] Représentation des trois premiers actes à Villers-Cotterêts chez le duc d’Orléans (25 sept. 1664), de la pièce entière chez la princesse Palatine (29 nov. 1664 et 8 nov. 1665).

2153. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

La langue des spéculations de l’esprit y est encore tout entière à naître. […] Un mot charmant, un mot de génie, le peint tout entier Je passerai legierement Le temps avenir et present Parellement10.

2154. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Chaque individu parcourt à son tour la ligne qu’a suivie l’humanité tout entière, et la série des développements de l’esprit humain est exactement parallèle au progrès de la raison individuelle, à la vieillesse près, qu’ignorera toujours l’humanité, destinée à refleurir à jamais d’une éternelle jeunesse. […] C’est l’Espagne qui vit là tout entière.

2155. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

En outre, le symbole, sans lequel aucune œuvre d’artiste ne saurait avoir de prolongement dans l’humanité entière, se dégage plus visiblement d’une action légendaire que d’un fait seulement historique. […] Le chant de Walter occupe sa pensée tout entière.

2156. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

C’est douloureux cette renonciation soudaine et entière à une habitude de quarante ans, et chez un fumeur qui fumait un paquet de maryland par jour. […] Vendredi 25 août J’ai en moi dans l’éveil, de l’ensommeillement, comme le jour, où Pélagie avait mis dans une crème, une feuille tout entière de laurier amande, et je ne puis surmonter cet ensommeillement.

2157. (1914) Boulevard et coulisses

Elle existait donc en 1880, et je sais parfaitement que le boulevard n’était pas Paris, Paris tout entier. […] Elle va poser des après-midi entières dans des antichambres, écrire son pauvre nom inconnu sur des carrés de papier et attendre patiemment qu’on la reçoive.

2158. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Dans les luttes personnelles qu’il engageait, il s’était accoutumé à n’avoir jamais, comme on dit, le dernier ; on le savait entier et emporté, on le craignait et on faisait place devant lui.

2159. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Parlant de ces habitudes asiatiques et lâchement cruelles par lesquelles ces empereurs grecs rivaux se réconciliaient en apparence, faisaient mine de s’embrasser, s’invitaient à des festins, et se crevaient les yeux à l’improviste, Villehardouin nous dit : « Jugez maintenant s’ils étaient dignes de tenir la souveraineté et l’empire, des hommes qui exerçaient de telles cruautés les uns envers les autres ; qui se trahissaient les uns les autres si déloyalement. » S’il y a quelque moralité naturelle dans cette croisade des Français d’alors et dans leur victoire sur Byzance, elle est tout entière dans cette réflexion, qui était aussi celle de Baudouin et de son frère, de ces nouveaux empereurs, vrais chrétiens et honnêtes gens.

2160. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Ce qui est certain, c’est qu’en lisant les Commentaires de Montluc, il revit pour nous tout entier. « Il faisait beau l’ouïr parler et discourir des armes et de la guerre » ; ainsi disait en son temps Brantôme qui l’avait entendu, et nous, lecteurs, nous pouvons le redire également aujourd’hui.

2161. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

C’est alors que le désir d’une plus absolue retraite le venait prendre quelquefois et le tentait de se vouer à une entière solitude : Il me ressouvenait toujours d’un prieuré assis dans les montagnes, que j’avais vu autrefois, partie en Espagne, partie en France, nommé Sarracoli : j’avais fantaisie de me retirer là en repos ; j’eusse vu la France et l’Espagne en même temps ; et si Dieu me prête vie, encore je ne sais que je ferai.

2162. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

La mort soudaine de Louvois au sortir d’un travail avec Louis XIV (16 juillet 1691) est un des endroits de Dangeau que Saint-Simon commente le plus ; il fait de ce grand ministre un admirable portrait, où cependant, à force de vouloir tout rassembler, il a introduit peut-être quelques contradictions et des jugements inconciliables, comme lorsque après l’avoir représenté si absolu, si entier, il veut qu’il n’ait été bon qu’à servir en second et sous un maître.

2163. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

L’impression que laisse la lecture du journal de Le Dieu, au milieu des particularités oiseuses et quelquefois bien vulgaires qui s’y rencontrent, a cela d’utile qu’elle met cette vérité et cette sincérité de la nature de Bossuet dans une entière et incontestable lumière.

2164. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Vauvenargues avait pour cet ami une extrême tendresse et lui accordait une confiance entière : il n’avait pas de secrets pour lui.

2165. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Dans les premières scènes d’aveu, d’épanchement entre Ellénore et Adolphe, celui-ci, voulant exprimer la douceur de leurs entretiens, nous dit : « Je lui faisais répéter les plus petits détails, et cette histoire de quelques semaines (les semaines d’absence qui avaient précédé) nous semblait être celle d’une vie entière.

2166. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

comme il y a des branches tout entières de littérature qui défleurissent et se dessèchent !

2167. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

La liberté entière que s’accorde M. de Senfft, dans l’idée qu’ils resteront longtemps secrets, nous ouvre des jours sur bien des intrigues.

2168. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Qui n’a pas vu cette taille mince, élevée, restée jeune, ce port ferme et résolu, cette démarche allègre, ce front haut légèrement dépouillé, aux cheveux clairsemés grisonnant à peine, cet œil surtout encadré d’un sourcil noir ardent, cette prunelle élargie et comme avide d’absorber le monde entier dans son orbite, ce regard qui vous perce et qui plonge en vous, ne connaît point l’homme.

2169. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Toutes ces précautions prises, voici la lettre entière, qui me semble déjà contenir en soi le relâchement et la décadence de celui qui n’aura été héros qu’un instant : M. le comte de Clermont à M. d’Élèvemont.

2170. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Talleyrand écrivait d’Amérique à Mme de Staël, pour activer sa bienveillance : « Si je reste encore un an ici, j’y meurs. » — Mme de Genlis, dans ses Mémoires (tome V, p. 54), cite en entier une lettre de M. de Talleyrand, à elle adressée et datée de Philadelphie : c’est une lettre agréable, mais probablement retouchée en quelques points par la femme de lettres qui aimait à émousser toute expression vive ou trop naturelle.

2171. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Je voudrais pouvoir citer tout entière la pièce intitulée Prière, qui joint à l’essor des plus belles harmonies une réalité et une intimité de sentiments tout à fait profondes.

2172. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Il ne faudrait pas que de telles faiblesses, si gracieuses qu’elles semblent par exception, revinssent trop souvent ; elles affecteraient l’œuvre entière d’une teinte trop particulière et qui aurait sa monotonie, sa fadeur.

2173. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Je vous recommande son admirable leçon sur la Poésie du moyen âge, sur la poésie de sa religion, de sa science, de sa vie entière.

2174. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Bouguereau ou Gérôme, de même une génération entière de romanciers et de poètes crée le roman impressionniste et le vers libre sans s’inquiéter des défenses ou des permissions dispensées avec sérénité par M. 

2175. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Concernent-ils la famille, la patrie, l’humanité tout entière ?

2176. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Il a laissé un petit bois sombre qui fait fort bien Il y a un bois entier d’orangers dans de grandes caisses.

2177. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

La justice appartient tout entière au domaine humain ; mais elle est, plus encore qu’une pensée, un instinct.

2178. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle questionnait avec intérêt, et était tout entière à la réponse.

2179. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

On peut dire qu’Alfred de Musset poète est tout entier dans Namouna, avec ses défauts et ses qualités.

2180. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Il n’en a pas moins d’horreur que de Cromwell, dont il repoussera les avances, de même qu’il répugne de tout temps à une trop étroite et entière union avec l’Espagne.

2181. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Il était difficile de ne pas dire un mot tout d’abord de ce qu’on a sur le cœur : mais venons vite au savant et pacifique ouvrage auquel M. de Rémusat s’est consacré tout entier, sans sortir de son sujet un seul moment.

2182. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

L’imagination, échauffée par les grands traits de l’éloquence, se livre toute entière à l’admiration du talent ne goûte que les images sensibles, & se refroidit sur les choses invisibles & de pure spéculation.

2183. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Il ne faut pas voir quelques traits de la moralité d’un Apologue, il faut voir l’image toute entière.

2184. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Des hommes qui parloient en gardant le silence, et qui sçavoient faire un récit entier sans ouvrir la bouche.

2185. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Et quand il n’est pas de force à faire des trouvailles de noms, comme le Tartuffe, Gobseck, ou Monsieur Alphonse, qui ont fini par rester attachés à des classes d’individus tout entières, il fera mieux de renoncer à ce procédé.

2186. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

C’est par le nombre de ses idées que l’âme vit, qu’elle existe : en lisant l’ouvrage le plus court, elle peut donc avoir un sentiment plus vif et plus répété d’elle-même, qu’en parcourant des volumes entiers.

2187. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Celui qui a son œuvre, à cette œuvre s’applique ; il s’y met tout entier ; il y délecte son esprit et son âme.

2188. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

François de Neufchâteau : le souvenir de ce drame, qui fit emprisonner l’auteur et priva de sa liberté la Comédie-Française tout entière, n’adoucit en rien sa colère ; elle éclate à chaque phrase, et Geoffroy nous en révèle la cause en citant ces deux vers : Eh ! […] En détournant nos regards de ces misérables disputes, où l’orgueil des auteurs croit jouer d’abord un si grand rôle et ne se prépare que des regrets pour l’avenir, nous, ne quitterons pas cependant ce même feuilleton du 15 juillet 1806 : il renferme la vie de l’auteur ; Geoffroy s’y peint tout entier, et les faits qu’il cite à son avantage, quoique racontés par lui-même, sont exacts et vrais. […] Ce genre de fureur nous est aujourd’hui bien moins étranger que l’excès du zèle religieux ; il est aussi bien plus redoutable pour nous, bien plus terrible dans ses effets, puisqu’il ébranle la société tout entière jusque dans ses fondements. […] Si vous avez besoin de lois et de rubriques, Je sais le code entier avec les authentiques, Le Digeste nouveau, le vieux, l’Infortiat ; Ce qu’en a dit Jason, Balde, Accurse, Alciat. […] Tite-Live réclame une part considérable dans son Horace : Sénèque a fourni les plus précieux éléments de Cinna : Lucain a mis beaucoup du sien dans la création de Pompée ; mais Rodogune est tout entière à Corneille : il a tout inventé, tout créé ; c’est l’œuvre de son seul génie.

2189. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Dans le monde entier, il n’en existe pas un pareil ; un régiment merveilleux ; colonel, officiers…, tout était parfait… Mais vous, avec votre blonde figure, votre taille mince, vous seriez mieux dans les uhlans. […] — Très bien. » Une semaine entière s’écoula à peu près comme les autres, si ce n’est que Pierre disparaissait quelquefois pendant une grande partie de la journée. […] Souvent même il ne savait que lui dire, et restait des matinées entières sans prononcer un mot. […] Puis quelquefois il se retirait dans un coin, et, jetant de côté sa pelle et son balai, il se couchait la face contre terre et passait des heures entières, immobile comme un animal sauvage réduit à la captivité.

2190. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

De curieux essais du dernier modèle furent naguère tentés par des artistes que j’aime, comme Gustave Kahn et Jean Moréas qui ont fait des livres presque en entier selon ces données. […] Maubant, au troisième acte, a soulevé la salle entière avec cet hémistiche : Et vendit la tête de son hôte. […] Je m’assimile volontiers Les deux Testaments, moi pas bête, Tels quels, en masse, tout entiers ! […] Alfred de Musset a dit cela infiniment mieux que tous mes efforts ne sauraient le faire, et il a laissé une œuvre vivante, l’œuvre vivante par excellence, bien que ne s’étant pas assez donné tout entier.

2191. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Si l’on en croit une ancienne tradition à laquelle Montesquieu accordait une entière confiance, il y fit représenter une tragédie de lui qui avait pour titre La Thébaïde, et dont le malheureux sort le détourna à propos du genre tragique. […] Madame de Sévigné, dans ses lettres, s’égaye souvent à ses dépens, et fait plus d’une fois allusion à une réponse dans laquelle il s’est peint tout entier. […] Deux mois après, le prince de Condé fit représenter la pièce entière au Raincy. […] « L’arrêt qui imposait la lecture d’une page entière, dit Louis Racine, était l’arrêt de mort. » Cette plaisanterie était toute naturelle de la part de Boileau et de Molière ; mais il était au moins très étrange que Racine y prît part, lui qui, au dire même de son fils, avait été comblé de bienfaits par Chapelain71. […] La folâtre gaieté dont le rôle du nouveau Sosie est empreint, les boutades si comiques de Cléanthis, en prouvant dans leur auteur une entière liberté d’esprit, dévoilent suffisamment à ceux qui se reportent au temps et aux circonstances qui les virent naître, et la grande âme de Molière et sa noble philosophie.

2192. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Encore qu’il ait, à mon souvenir, merveilleusement développé dans une conversation le type de Parsifal (ses idées en ont été vulgarisées sans ses soins) il brillait moins par la pénétration critique que par un don de se traduire tout entier dans une simple chanson, avec son âme douce, rodomontante et peureuse. […] Laforgue ne trouva pas, dans Paris, trois cent cinquante francs pour ses Moralités légendaires, et ce fut bientôt la misère entière à deux, sans remède, sans amis, qui fussent en mesure de l’aider efficacement. […] J’ai donné une chronique entière, parce que le groupement des livres de ce mois-là permettait d’esquisser tout le groupement littéraire du moment, avant et en dehors des Symbolistes, au moins d’indiquer une esquisse, de Hugo à Lavedan. […] Rimbaud, de tous, en ce livre, est le plus révélé par Verlaine ; il l’est surtout anecdotiquement, et il est largement cité ; d’entières pièces qu’il fallait connaître. […] Elle est parce qu’il fit de fort beaux vers, et qu’il sut tout entier se traduire, qu’il l’osa et y réussit.

2193. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Personne n’a mieux su ce que c’est, et n’a mieux montré par une série d’actes dérivant tous du même principe, ce que c’est qu’un ambitieux, un mégalomane, un jaloux, un amoureux, un homme à idée fixe, un hâbleur, un politicien retors… la liste remplirait mon feuilleton tout entier. […] Casimir Delavigne et son frère, ce paresseux de Germain, qui avait tant d’esprit, et qui ne put jamais faire une pièce tout seul, parce qu’il avait besoin d’un collaborateur qui l’écrivît tout entière, faisaient des vers dès l’âge de douze ans, au lycée Henri IV, et les envoyaient à leurs parents qui les trouvaient très agréables. […] Ce début est de ceux qui promettent d’autant plus que le rôle n’est pas, tout entier du moins, dans les ressources de la débutante. […] — j’ai relu presque tout entier le théâtre de George Sand, et en vérité je ne suis pas fâché du tout d’avoir mené à bien ce dessein, que je caressais depuis qu’il a été question du « Centenaire ». […] Le poète de cette vocation domine moins ses sujets, les choisit, les épouse plus conformes à lui-même et se porte sur certains points en entier ; il s’y porte comme un lion.

2194. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et vous verrez un pays entier, un continent entier, conduit de telle sorte que ces agréables mais peu brillants personnages y puissent mener l’existence de leur choix, presque sans cause de blâme, dans une atmosphère de courtoisie et d’élégante convention. […] Et, chose curieuse, Wells est tellement britannique, malgré toutes ses prétentions au socialisme, que son invasion martienne n’a lieu, contre toute vraisemblance, que dans la petite île anglaise, qu’on n’y voit point la réaction de l’humanité tout entière contre cette menace, pourtant universelle… Gardez en vue qu’au contraire il n’est plus à cette heure qu’une religion au nom de laquelle on puisse demander à la majorité, à la presque unanimité des hommes un dévouement sans réserves, une abnégation entière, le sacrifice même de leur vie. […] Il est tout entier, en effet, le produit de sa mémoire, mais il est impossible de savoir si ses souvenirs sont volontaires ou involontaires, tant il semble toujours tout se rappeler. […] Or, après tout, l’humanité tout entière, même représentée par ses cerveaux les plus intelligents, est un peu comme Jenny l’Ouvrière qui dévore chaque matin son feuilleton ; elle veut savoir « ce qui arrivera ». […] C’est ce que Balzac avait fait pour l’époque où la France sortait, avec un autre visage, de formidables guerres, d’une formidable Révolution… De nos jours, ce n’est guère que dans la série des « Bergeret » de cet Anatole France que les jeunes générations littéraires veulent repousser si dédaigneusement dans un oublieux Hadès ; dans la subtile notation d’Abel Hermant sur la société parisienne ; dans l’œuvre de Proust, extraordinairement aiguë, mais qui, presque tout entière, ne porte que sur la classe socialement la plus insignifiante et inopérante, — une aristocratie plus que moribonde, momifiée — enfin, dans Les Thibault de M. 

2195. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

  On n’eut pas seulement à alors la perte des Arts & des Lettres, on eut à gémir encore sur l’oubli des Loix & sur la ruine entière des mœurs ; suites inévitables de l’ignorance, dont les ravages sont d’autant plus funestes, que, par-tout où elle règne, il n’existe point de vertu, & qu’au contraire le vice y domine dans toute sa force, sans frein & sans remords. […] Si Corneille, par la fécondité de son génie sublime, a su égaler les Anciens ; si nous retrouvons Euripide & Sophocle dans Racine, Aristophane, Plaute & Térence dans Molière ; Horace & Juvénal dans Boileau, Esope & Phedre dans la Fontaine, Lucien dans Fontenelle, Pindare dans l’illustre & malheureux Rousseau, qui sera toujours, malgré l’envie, le premier Poëte Lyrique de la France ; si nous croyons encore entendre les Démosthène, les Isocrate & les Cicéron dans tant d’Orateurs qui les ont fait revivre ; en un mot, si le siècle de Louis XIV a produit lui seul, ce que des siècles entiers n’ont pu produire que lentement sous les heureux climats de la Grèce & de l’Italie ; en doit-on conclure que les Modernes l’emportent sur les Anciens ? […] « l’expérience faite le 16 Août 1771 dans le laboratoire du sieur Rouelle, Démonstrateur de Chimie au Jardin Royal, par laquelle il a été prouvé que le diamant s’évapore au grand feu, & s’y volatilise tout entier, sans laisser dans le creuset aucune trace de matière ».

2196. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Il veut encore deux années entières, consacrées à des représentations, comme celles qu’il est en train de donner, deux années, pendant lesquelles il apprendra à fond son métier et les éléments de la direction d’un théâtre. […] À la suite de la mort de cet enfant, de ce tout jeune homme, deux proches parentes qui l’avaient élevé, amoureusement soigneuses de la mémoire du cher petit, voulant que la fortune qui devait un jour appartenir au jeune savant, appartînt tout entière à la science qu’il avait cultivée, par une donation anticipée, fondaient au Collège de France, une rente annuelle en faveur d’un étudiant pauvre, ayant déjà fait ses preuves dans les hautes études mathématiques. […] Là-dessus, Daudet se met à parler des gens de valeur, que des circonstances, la paresse, n’ont jamais laissé se produire, et qui meurent tout entiers, faute d’un Eckermann, et le nom d’un ami lui vient à la bouche, comme celui d’un de ces hommes, tout plein de choses délicates, et qui aura passé dans la vie, sans laisser de trace.

2197. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

. — Mais il y en a plus d’une ; car, s’il n’y en avait qu’une, à mesure qu’on avancerait vers le violet, elle faiblirait avec le raccourcissement et l’accélération croissante des ondes, et le spectre tout entier ne présenterait que les degrés d’intensité du rouge, tandis que, de fait, au minimum apparent du rouge nous voyons naître une seconde sensation distincte celle du jaune. […] Le changement d’équilibre qu’elle indique dans le nerf est donc bien plus grand et bien plus lent à disparaître que lorsqu’une pression refoule uniformément un groupe entier de papilles ; si alors le déplacement total des chairs est beaucoup plus grand, le déplacement relatif des molécules nerveuses est beaucoup moindre.

2198. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

XIV Les dix-septième et dix-huitième livres sont des chefs-d’œuvre entre tant de chefs-d’œuvre ; c’est le génie et l’impatience du héros passés tout entiers dans son historien pour préparer contre l’Angleterre, et au besoin contre ses alliés sur le continent, une guerre aux proportions d’une lutte entre deux mondes, le monde maritime et le monde continental. […] Or, dans le bien comme dans le mal, il n’y a de grand que ce qui est entier, et Bonaparte n’était pas un demi-homme ; mais, nous le disons avec regret, ici M. 

2199. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Je passe des jours entiers avec lui et quelquefois une partie des nuits, car je l’engage le plus souvent que je puis à souper. […] Auguste avait goûté, comme Rome tout entière, les poésies incomparables du poète alors pastoral de Mantoue.

2200. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

L’histoire de France est là tout entière. […] « Elle avait une tête énorme, le front masculin, mais délicat, du Jupiter de Phidias, et des yeux gris auxquels sa chaste vie, en s’y portant tout entière, imprimait une lumière jaillissante.

2201. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

On formait ainsi de formidables disputeurs, des parleurs intarissables capables d’argumenter des journées et des semaines entières, comme ceux que Rabelais a si joliment raillés et parodiés. […] Une ville tout entière peuplée de grands hommes !

2202. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Et, enfin, lorsque ceux-là même qui, de par le monde entier, haïront, de naissance, Ma Mu-sique, seront acculés jusqu’à se voir forcés de l’admirer et de l’applaudir quand même, sous peine de passer pour des imbéciles, je te dis et jure que Ma Mu-sique résistera même à leur admiration profane. […] Anvers. — Le programme du Concert donné le 27 avril, par la Société de Symphonie d’Anvers, était, tout entier, consacré à Richard Wagner.

2203. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Seulement deux choses se mêlent sans cesse à cette théologie, un souvenir, un regret de la poésie païenne, toujours présente, quoique abjurée, un spiritualisme néo-platonicien qui pénètre le dogme et l’enveloppe tout entier. […] Sa parole se teignit davantage de l’empreinte des livres saints ; son âme s’attacha tout entière à son culte nouveau ; et le pur enthousiasme de la vertu chrétienne se réfléchit bientôt dans ses vers, en même temps que cette vertu pratiquée excitait son courage à braver les menaces d’un préteur romain, pour la défense de son Église et de son peuple.

2204. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Mignet se plaît à confondre l’honneur des sociétés et la civilisation tout entière ?

2205. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Voltaire de son côté, qui recevait le premier volume de l’Histoire de l’astronomie, de Bailly, s’empressait de lui répondre gaiement : J’ai bien des grâces à vous rendre, monsieur ; car ayant reçu le même jour un gros livre de médecine et le vôtre, lorsque j’étais encore malade, je n’ai point ouvert le premier ; j’ai déjà lu le second presque tout entier, et je me porte mieux.

2206. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Cette lettre ne vous paraît-elle pas bien justifier l’éloge qu’un jour Balzac adressait à Chapelain : « Si la Sagesse écrivait des lettres, elle n’en écrirait pas de plus sensées ni de plus judicieuses que les vôtres. » Il y aurait peut-être encore quelques remarques à faire sur ce jugement de Ronsard par Chapelain ; mais, à le prendre dans son résumé assez pittoresque : « Ce n’est qu’un maçon de poésie, et il n’en fut jamais architecte », on a l’équivalent du mot célèbre de Balzac : « Ce n’est pas un poète bien entier, c’est le commencement et la matière d’un poète. » Fénelon, Balzac, Chapelain, que faut-il de plus !

2207. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Je comprends que lorsqu’on a à écrire, non pas seulement quelques pages, mais des volumes tout entiers, et à fournir un long cours de récit, on ne se laisse pas trop aller à ces bonnes fortunes qui tentent, que l’on choisisse de préférence un ton simple, uni, qu’on s’y conforme et qu’on y fasse rentrer le plus possible toutes choses, au risque même de sacrifier et d’éteindre quelques détails émouvants.

2208. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Le roi passait les étés à la frontière, où l’on se battait rudement ; il revenait ensuite d’ordinaire passer les hivers à Paris, et tous les divertissements étaient alors de saison, jeu, billard, paume, chasse, comédie, mascarade, loterie, tout ce qu’engendre une entière oisiveté, mais surtout l’amour.

2209. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

C’était un vers tout entier, emprunté de l’élégie d’Hylas de Properce, avec un seul changement imperceptible du masculin au féminin, et qui, dans son application, montrait deux frères, deux enfants du Septentrion, épris du même charmant objet, comme jadis ces fils de Borée Zétès et Calaïs : Hanc duo sectati fratres, Aquilonia proles.

2210. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Comme si l’on achevait jamais quelque chose, comme si la vie entière était autre chose qu’espérance, projet, activité, confiance en l’avenir et courage dans le présent !

2211. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Il a, sur nos écrivains du grand siècle, et sur Boileau notamment, considéré comme auteur de satires, des opinions qui ne laisseraient pas de surprendre si on les citait, et qui ne me paraissent pas manquer de vérité dans leur entière indépendance.

2212. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

À l’instant, toutes les énigmes qui l’avaient si fort inquiété s’éclaircirent à son esprit : le cours des cieux, la magnificence des astres, la parure de la terre, la succession des êtres, les rapports de convenance et d’utilité qu’il remarquait entre eux, le mystère de l’organisation, celui de la pensée, en un mot le jeu de la machine entière, tout devint pour lui possible à concevoir comme l’ouvrage d’un Être puissant directeur de toutes choses ; et s’il lui restait quelques difficultés qu’il ne pût résoudre, leur solution lui paraissant plutôt au-dessus de son entendement que contraire à sa raison, il s’en fiait au sentiment intérieur qui lui parlait avec tant d’énergie en faveur de sa découverte, préférablement à quelques sophismes embarrassante qui ne tiraient leur force que de la faiblesse de son esprit.

2213. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Guizot, prenant la mesure de cet homme d’État, une mesure très juste, et le qualifiant « homme de cour et de diplomatie, non de gouvernement, et moins encore de gouvernement libre que de tout autre », énumère plusieurs des qualités qu’il estime indispensables pour ce haut emploi, le plus haut en effet qui soit dans la société, puisqu’il l’embrasse et la comprend tout entière elle-même : L’autorité du caractère ; La fécondité de l’esprit ; La promptitude de résolution ; La puissance de la parole ; L’intelligence sympathique des idées générales et des passions publiques.

2214. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

. — “Moi, je couvrirai ces toiles, ces murailles de mes peintures vivantes : graveur, prépare ton burin et répands mon œuvre dans le monde entier.” — “Je ferai respirer l’argile, dit le statuaire, et le marbre tremblera devant moi, comme il tremblait devant le Puget.” — “Moi, je saurai créer des mélodies sublimes, et mes chants inspirés se marieront aux belles harmonies de l’orchestre obéissant.” — L’architecte prend la parole et dit : “Moi, je construirai le temple où vivront tes peintures, où respireront tes statues ; je bâtirai le théâtre immense où frémira le public sous l’empire de tes chants !

2215. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Tout le sel et la fin du livre consiste en une demi-douzaine ou, si l’on veut un compte plus exact, une dizaine de portraits qui, cités presque en entier, n’ont fait qu’une ou deux bouchées du Figaro.

2216. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Dès que l’armée est installée dans la plaine de Sicca, il passe des journées entières à vagabonder, ou bien il reste immobile, étendu sur le sable.

2217. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Je ne demande pas une admiration excessive pour Mme d’Albany que j’aurai bientôt à définir, sous sa forme dernière, comme une personne gracieuse, distinguée et surtout sensée, comme une vraie reine de salon et une maîtresse de maison parfaite, dont la mort, en 1824, mit le deuil dans Florence et fut une perte pour la société européenne tout entière ; mais, à considérer sa vie telle qu’elle sut la réparer et la fixer, je ne vois pas qu’il y ait lieu ni prétexte contre elle, de la part d’un esprit juste, à aucun anathème.

2218. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Je ne saurais me flatter de le suivre partout, de l’étudier avec méthode et de l’embrasser, comme on dit, tout entier.

2219. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

A voir un poëte du peuple occuper et, selon eux, usurper ainsi l’entière renommée, de jeunes et beaux esprits provençaux s’étaient dit qu’ils avaient, eux aussi, un passé et un avenir ; ils se mirent de parti pris à remonter aux sources, à les rechercher et à étudier, tout en chantant ; ils fondèrent cette union de poëtes, la société des Félibres, assez singulièrement nommée, mais qui s’est justifiée et démontrée par ses œuvres : l’un d’eux, Mistral, charmant poëte, esprit cultivé et resté en partie naïf, s’est d’emblée tiré du pair et illustré par la pastorale de Mireïo.

2220. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Dupin, j’aime à me rappeler un mot qui aurait semblé parfait, s’il avait été moins accompagné : « Vous avez fait comme nous, monsieur, vous avez commencé. » — Cependant les temps étaient devenus meilleurs ; la société entière renaissait.

2221. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Il rêvait alors à son roman Un beau-frère, portant tout entier sur les fous, la folie, les maisons d’aliénés ; et dans son zèle il avait prié des confrères de la presse de lui envoyer tous les détraqués dont ils pourraient avoir connaissance « et Dieu sait ce qu’il s’en présenta : des inventeurs méconnus, des persécutés, des ratés ; les uns doux, les autres plus ou moins violents.

2222. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

  Le domaine entier, comprenant les deux terres, est évalué 369 227 livres.

2223. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

D’une part, nous avons vu que nos idées les plus abstraites, étant des signes, se réduisent à des images, que nos images elles-mêmes sont des sensations renaissantes, que partant notre pensée tout entière se réduit à des sensations.

2224. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

La trame de faits qui constitue notre être est un district distinct dans l’ensemble des fonctions dites nerveuses, et cet ensemble lui-même est une province distincte dans l’animal vivant pris tout entier.

2225. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Il a eu le tort de ne pas élider toujours dans l’intérieur du vers l’e muet final précédé d’une voyelle (une vie sans vie), d’admettre trop facilement des enjambements d’un hémistiche entier et, qui pis est, dans plusieurs vers successifs : si bien que son alexandrin, parfois boiteux, est d’autres fois indéterminé, traînant en queue de prose, amorphe.

2226. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Bodin malheureusement ne nous appartient pas tout entier : il écrivit en latin cette Méthode pour l’étude de l’histoire où abondent les idées neuves et fécondes, et cet étrange Heptaplomeres inédit jusqu’à nos jours, où avec une force incroyable pour le temps il confronte toutes les religions et les renvoie dos à dos, sans raillerie impertinente, comme expressions diverses de la religion naturelle, seule raisonnable, et comme également dignes de respect et de tolérance.

2227. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Caractère et esprit de Mme de Staël Mme de Staël636 appartient au xviiie  siècle, elle est le xviiie  siècle vivant, le xviiie  siècle tout entier : car les courants les plus traitres se rassemblent en elle sans s’affaiblir.

2228. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Villiers de l’Isle-Adam, le joli portrait des derniers précieux de la littérature contemporaine, et que je voudrais citer tout entier !

2229. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

On peut, de la nervosité de MM. de Goncourt et de leur passion de la modernité, déduire leur œuvre presque tout entière.

2230. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Presque tous nos meilleurs comédiens ont voulu s’essayer dans le rôle de Tartuffe, et il ne paraît pas qu’aucun d’eux y ait jamais remporté un entier succès.

2231. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Quant à la sûreté, elle y est tout entière.

2232. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

En attendant, il faut lutter pour défendre les savants, les idéologues et les bibliothécaires qui collaborent dans le monde entier à l’édification de la science intégrale.

2233. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Cet observateur si pénétrant n’aurait-il pas voulu se voir tout entier ?

2234. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Il ne laisse éclater que sa douleur, et c’est ici que je demande à citer en entier une page qui fait honneur à celui qui l’a écrite, et qui complète bien le concert d’oraisons funèbres dont Madame a été l’objet : Je n’entreprendrai pas, dit-il, d’exprimer l’état où je me trouvai (en apprenant la nouvelle de cette mort).

2235. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Il semble, durant cette première période de la vie humaine, que l’effort héréditaire employé tout entier à composer le squelette, les tissus et les nerfs, et, d’une façon générale, l’être physiologique, soit impuissant alors à opposer une résistance importante, en ce qui touche à la mentalité, aux images-notion suscitées par le milieu.

2236. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Il ne semble pas que Dostoïewski se propose jamais l’étude d’une âme entière dans son développement et ses réactions aux influences de la vie.

2237. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Le lyrisme n’est pas tout entier littérature personnelle, mais il y a toujours quelque littérature personnelle dans le lyrisme.

2238. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

On ne saurait trop le redire, l’homme n’est pas fait pour être seul, l’homme n’est rien tout seul, l’homme enfin ne peut séparer sa destinée de celle de ses semblables ; et le genre humain tout entier est solidaire.

2239. (1887) La banqueroute du naturalisme

Manger, boire, et le reste, il ne se passe guère autre chose dans les quatre-vingt-quinze feuilletons que j’ai lus de La Terre, et le « reste » surtout en remplit des colonnes entières.

2240. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Ici l’abstraction est visible, puisqu’elle se manifeste par la conversion des chiffres en lettres, et qu’elle constitue une science entière, l’algèbre.

2241. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

La nature entière devient complice des sirènes ; et la senteur des arbres, et le parfum des roses, et la caresse de l’air et le vol des oiseaux dans l’azur, mille formes de la vie obsèdent l’esprit et les sens d’Ève, l’enlacent, l’étreignent, la brisent… Elle a commis « La Faute », elle a cueilli le beau fruit d’or : Je l’ai cueilli ! […] Mais déjà elle s’identifie à toutes ces expressions de vie, elle est la fontaine, elle est le vent, elle est la fleur, elle est le beau pommier du Paradis, comme elle est la belle nuit bleue, elle est l’univers entier. […] Pollux La terre entière exulte et baise tes pieds nus Avec la bouche en feu de ses foules ardentes ; Laisse apaiser enfin tes angoisses grondantes, Renais : l’heure est unique et je me sens au cœur Tant de force assurée et de pouvoir vainqueur Qu’il n’est rien pour nous deux, au monde, que je craigne, Je tiens le sort en main : je suis maître et je règne ! […] Voici que des satyres sortent des bois, des naïades émergent des rivières, des bacchantes en feu dévalent les pentes des monts… Les arbres, les fleurs, les eaux, les vents, et jusqu’aux cailloux des routes l’invitent et la tentent… La nature entière frémit, s’exalte, a soif de la malheureuse Hélène que l’angoisse étreint : Je veux mourir, mourir, mourir et disparaître ! […] Ce savant devint vite populaire en France, car il se voua tout entier à l’œuvre de Balzac et au romantisme français.

2242. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Chacun des trois actes est, dans son lieu, une pièce entière, et ces trois actes sont d’une construction identique. […] (Et notez qu’il faudrait qu’elle y vînt tout entière ; sans cela, rien de fait. ) En attendant, Hilse est vénérable. […] Pour lui, « faire une pièce », ce n’est pas seulement l’écrire, mais c’est la voir, ou plus exactement, c’est en inventer et en prévoir le spectacle entier. […] que le troisième acte, presque tout entier, est charmant ! […] Soyons équitable : le rôle de Pégomas est tout entier fort bien venu.

2243. (1924) Critiques et romanciers

Mais, dans la maison de Claude-François Filon, l’ancien régime et le nouveau ne firent pas très bon ménage : « il en a été de même dans le pays tout entier ». […] Le naturalisme est bien inhumain : car il défait ce travail de l’humanité entière. […] Et la difficulté de composer une phrase entière, du commencement à la fin, sans mots de secours, est la difficulté qu’il entendait vaincre à chaque fois qu’il écrivait. […] En 1898, Paul Adam constatait que l’Europe entière était paralysée, du fait qu’on n’eût pas résolu encore l’angoissante question des provinces que l’Allemagne nous avait arrachées en 1871. […] L’œuvre de M. de Régnier, son œuvre entière et ses romans, est là pour rappeler aux imprudents ces vérités principales.

2244. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

» — Je vous parle, dit l’Empereur, avec une entière impartialité ; votre armée a travaillé ; elle a fait de grands progrès, elle est prête. […] Elle en partageait la tendance, et, en tout cas, elle pensait que dans cet ordre de pensées intimes, exprimées avec mesure, chacun doit donner ce qui est en lui avec une entière liberté. […] Une lâcheté, la pire des lâchetés, l’abandon de ses armes afin d’être plus prompt à la retraite, la honte d’être soi tout entier, le masque accepté dans l’espoir de tromper le monde, de pénétrer chez l’ennemi et de le réduire par la traîtrise ! […] Émile Ollivier d’orgueil, de confiance illimitée en lui-même, d’élans imprudents, tout cela est possible, mais il faut lui reconnaître toujours une grande sincérité d’impressions, une entière bonne foi, qu’il s’agisse d’art, de philosophie et aussi de politique. […] M. de Talleyrand, en effet, grand premier rôle dans la comédie de son temps, évocateur autorisé des principaux événements de toute une époque, avait le droit, en prenant la plume, de s’adresser à l’univers entier ; et il a réussi tout juste à n’intéresser personne.

2245. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Tel l’empereur Napoléon, rappelé sur son trône par les acclamations de son armée, jeta un superbe défi à l’univers entier et offrit la bataille à tous les rois coalisés. […] On vit, comme au temps des « Spartiates » de l’armée du Rhin, des compagnies entières renoncer à leur solde. […] Chevandier de Valdrome, ministre de l’Intérieur, allait lui offrir une sous-préfecture, lorsque tous ses projets d’avancements administratifs furent dérangés par cette déclaration de guerre du 19 juillet 1870, qui bouleversa l’univers entier, et par cette révolution du 4 septembre, qui bouscula tant de préfets. […] Mais l’influence du milieu, les relations, l’habitude plus forte que l’hérédité, le culte du succès assez fréquent chez les femmes de santé robuste, déterminent l’entière conversion de Lucienne au germanisme. […] Le monde entier a élu domicile à Paris.

2246. (1929) Dialogues critiques

Ce n’est même pas le comité tout entier qui opère. […] Ses livres sont bourrés de science qui démontre au moins qu’il ne la condamne pas tout entière.

2247. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

L’atmosphère d’Allemagne, de France et d’Italie ne roule que les airs de Mozart devenus populaires, Non più andrai, comme nous avons vu de nos jours les échos de l’Europe entière faire chanter aux murs, aux arbres et aux fleuves les airs de Rossini, Di tanti palpiti  ! […] Elle me dit que la musique était sa vie entière, et que souvent elle croyait comprendre, en chantant, mainte chose qui gisait ignorée en son cœur.

2248. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Si chaque homme aimait tous les hommes, il posséderait le monde entier !  […] Nous la possédons tout entière en deux volumes ; cette correspondance étincelle plus qu’elle ne touche ; c’est un feu éblouissant, mais c’est un feu d’artifice ; une lettre d’Héloïse à Abélard contient plus de chaleur de passion que ces deux volumes de lettres entre Bettina et l’auteur de Werther.

2249. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il est un cas pourtant où ce genre de comique peut naître de la passion du jeu ; c’est quand cette passion est vieille et qu’elle a pris l’homme tout entier. […] Les autres souffrent, tout est dans l’ordre ; le mal vient-il jusqu’à lui, le monde entier est confondu. » Si le temps a pu tourner en égoïsme l’indifférente sagesse du jeune Philinte, pourquoi n’aurait-il pas changé en générosité active la stérile misanthropie du jeune Alceste ?

2250. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

C’est dans cette forêt que Rousseau a découvert ce peuple souverain qui ne peut pas se tromper, parce qu’il n’y a pas d’autre souverain pour le corriger ; qui ne peut s’ôter de ses droits, ni s’amoindrir ; qui se délègue en restant entier ; qui donne le commandement en le gardant et fait des lois dont le législateur est exempt. […] Confessions : « La vie m’était en horreur ; je ne voulais pas vivre, réduit à la moitié de moi-même ; et peut-être craignais-je de mourir, de peur qu’avec moi ne mourût tout entier celui que j’avais tant aimé108. » Plus tard, dans ses Rétractations, revenant sur ce passage : « C’est plutôt une légère déclamation, dit-il, qu’une confession sérieuse109. » La phrase sent en effet la subtilité.

2251. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Le christianisme est à leurs yeux l’œuvre de l’humanité entière, Socrate y a préludé, Platon y a travaillé, Térence et Virgile sont déjà chrétiens, Sénèque plus encore. […] Les Arabes, à s’en tenir aux mots reçus, ont offert un développement philosophique et scientifique ; mais leur science est tout entière empruntée à la Grèce.

2252. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

La force du Grand Roi était surhumaine : espéraient-ils désarmer son bras allongé sur le monde entier ? […] Le mot d’Homère sur l’homme, disant que « quand les Dieux le réduisent en esclavage, ils lui enlèvent la moitié de son âme », se serait étendu sur une race entière.

2253. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Daudet me dit, que la survie pour lui est tout entière dans ses enfants, et quant à la littérature, ç’a été tout simplement une expansion, une dépense d’activité se produisant dans un bouquin, comme elle aurait pu se produire dans toute autre manifestation. […] Mais je passe toute la journée à relire sa maladie et sa mort, écrites, jour par jour, heure par heure, et cette relecture me décide à donner le morceau tout entier, dans le troisième volume de notre Journal, en dépit de la pudeur de convention commandée à la douleur, du cant littéraire infligé au désespoir : c’est vraiment une trop éloquente et une trop réelle monographie de la souffrance humaine.

2254. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Le poème tout entier est semé de perles de style semblables et sans nombre, mais malheureusement attachées à une trop mince étoffe. […] Il a exhumé Boileau tout entier, prose et vers, avec une minutie d’érudition qui est en même temps la piété de la mémoire.

2255. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Ses longs cheveux épars la couvrent tout entière. […] — voilà le mot que la nature entière Crie au vent qui l’emporte, à l’oiseau qui le suit !

2256. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Je vivrais mille ans que je n’oublierais pas certaines heures du soir où, m’échappant pendant la récréation des élèves jouant dans la cour, j’entrais par une petite porte secrète dans l’église déjà assombrie par la nuit et à peine éclairée au fond du chœur par la lampe suspendue du sanctuaire ; je me cachais sous l’ombre plus épaisse d’un pilier ; je m’enveloppais tout entier de mon manteau comme dans un linceul ; j’appuyais mon front contre le marbre froid d’une balustrade, et, plongé, pendant des minutes que je ne comptais plus, dans une muette, mais intarissable adoration, je ne sentais plus la terre sous mes genoux ou sous mes pieds, et je m’abîmais en Dieu, comme l’atome flottant dans la chaleur d’un jour d’été s’élève, se noie, se perd dans l’atmosphère, et, devenu transparent comme l’éther, paraît aussi aérien que l’air lui-même et aussi lumineux que la lumière. […] Je n’étais que trop prédisposé à m’y absorber tout entier ; je m’y plongeais par tous mes sens, ciel sur ma tête, herbes et fleurs sous mes pieds, Alpes lointaines, Rhône rapide, cascades écumantes, horizons sinistres ou gracieux sous mes regards ; bruits des eaux, des feuilles, des oiseaux, des insectes à mes oreilles, ombres des forêts sur mon front ; odeurs enivrantes des prés fauchés du matin, séchant en meules sur les revers des coteaux ; bains d’air rafraîchissants ou attiédis qui rendaient à tous mes membres la première élasticité de l’enfance, sentiment d’une telle légèreté et d’une telle volatilisation de corps qu’il me semblait que la brise n’avait qu’à souffler pour m’emporter avec l’insecte ailé ou avec la feuille flottante dans l’océan bleu de l’air des montagnes circulant autour de moi.

2257. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

M. de La Garde nous l’a peint durant cette dernière année avec un sentiment d’entière admiration.

2258. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Le roi, qui venait d’être assez gravement malade à Montceaux, avait reçu d’elle des preuves d’affection entière.

2259. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Ces paroles pourraient s’écrire comme épigraphe et comme sentence en tête du Recueil tout entier de Maurepas.

2260. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Au milieu de cette grande cour, je me suis retirée comme dans une solitude, et il y a fort peu de gens avec lesquels j’aie de fréquents rapports ; je suis de longues journées entières toute seule dans mon cabinet, où je m’occupe à lire et à écrire.

2261. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Combien cela semble plus vrai encore lorsque l’on parcourt un de ces beaux Froissart manuscrits comme en possède notre grande Bibliothèque et comme l’Angleterre en a sans doute aussi, tout ornés de vignettes du temps, admirablement coloriées, d’une vivacité et d’une minutie naïve qui commente à chaque page le texte et le fait parler aux yeux, avec une entière et fidèle représentation des villes et châteaux, des cérémonies, des sièges, des combats sur terre et sur mer, des costumes, vêtements et armures !

2262. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Son défaut principal dans cette réponse où il entre tant de bonnes raisons de détail, c’est de pencher tout entière d’un côté, de ne voir que l’Antiquité et rien de plus, de crier sur cette fin de Louis XIV à la décadence des lettres et à l’invasion de l’ignorance parce que la forme du savoir est près de changer, de croire « que c’est l’imitation seule qui a introduit le bon goût parmi nous », et de ne tenir aucun compte du génie naturel qui a mille façons de se produire dans la suite des âges et qui recommence toujours.

2263. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Quelque louables que soient de telles maximes, elles laissent presque entière la question de politique proprement dite ; une politique vraiment nouvelle, si nécessaire après Louis XIV, aurait eu besoin, pour réussir dans l’application, de tous les correctifs et de toutes les précautions qui plus tard manquèrent : car enfin Louis XVI n’a échoué que pour avoir trop fidèlement pratiqué, mais sans art, cette maxime du vertueux Dauphin son père et du duc de Bourgogne son aïeul.

2264. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Arrivé à Chaillot, où il passait les étés depuis trente ans, Bailly s’y voit l’objet d’une ovation, ou plutôt d’une fête patriarcale et champêtre, « fête sans faste, dont la décente gaieté et les fleurs firent tous les frais », et qu’on lui donne chez lui, dans les différentes pièces de sa maison et de son jardin : Je ne dis rien de trop en disant que je fus embarrassé par cette foule presque entière, qui se pressait autour de moi avec les plus vives expressions de l’amour et de l’estime, une joie pure et douce, une paix qui annonçait l’innocence : cette fête était vraiment patriarcale ; elle m’a donné les plus délicieuses émotions, et m’a laissé le plus doux souvenir.

2265. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Les sens trompent la raison, et en échange ils sont souvent trompés par elle : « Voyez quelle belle science et certitude, dit-il, l’homme peut avoir, quand le dedans et le dehors sont pleins de fausseté et de faiblesse, et que ces parties principales, outils essentiels de la science, se trompent l’une l’autre. » Il en résulte à ses yeux que les animaux, qui semblent aller plus à coup sûr, ont bien des avantages sur l’homme ; peu s’en faut par moments qu’il ne leur accorde une entière préférence.

2266. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Il a poussé ses qualités jusqu’aux défauts mais, considéré tout entier par les côtés qu’admire la raison et par ceux que condamne la morale ; regardé, en un mot, des hauteurs de l’histoire, et non par les dessous d’une chronique méticuleuse, Henri IV ne sera jamais haïssable. » — Ainsi Henri IV, somme toute, n’est pas haïssable !

2267. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Mais dans ces considérations générales où l’on opère sur des siècles et des âges tout entiers, et où la critique parcourt à vol d’oiseau d’immenses espaces, on oublie trop un point essentiel, c’est que le poète vient à une heure précise et à un moment.

2268. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Je ne profite pourtant pas souvent de cette commodité, et je suis souvent des huit jours entiers sans sortir de chez moi que pour aller à l’église, dont j’ai à choisir de trois ou quatre, m’occupant fort agréablement et sans ennui de mes jardins et de mes livres, sans oublier les muses, avec lesquelles j’ai toujours quelque petit entretien ; car quand une fois on est frappé de cette agréable folie, on peut s’assurer d’en tenir pour le reste de ses jours, et de mourir, pour ainsi dire, en rimant.

2269. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Enfin, avec des qualités d’un ordre supérieur qu’il aura eu sans cesse à exercer et à combiner, à tenir en échec les unes par les autres, il ne trouvera jamais cette occasion pleine et entière qu’il avait une fois espérée, l’une de ces journées de gloire éclatante et incontestable qui consacrent un nom ; et même après ses plus belles campagnes, par quelque accident final qui en rompt l’effet, il aura toujours besoin d’éclaircissement et d’apologie.

2270. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Frédéric lui écrivit : Si le bonheur favorise nos vues sur Dresde, nous aurons indubitablement la paix, ou cet hiver, ou ce printemps, et nous sortirons honorablement d’une conjoncture difficile et périlleuse où nous nous sommes trouvés souvent à deux pas de notre entière destruction.

2271. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

La vérité d’ailleurs, à ne chercher qu’elle, elle n’est pas tout entière et nécessairement du côté du mal, du côté de la sottise et de la perversité humaine.

2272. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Il disait encore de son ami, en laissant voir bien ingénument toute la différence qu’il y avait de sa façon de vivre à celle de Gray : L’humeur de Matthisson variait du sérieux au gai ; plus souvent il était sérieux… Il avait des journées entières où je ne pouvais lui arracher une parole, pas même une réponse.

2273. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

À défaut d’une grande étendue et élévation d’esprit, on doit le vénérer pour l’intégrité et sainteté de sa vie ; un sentiment moral, profond, respire dans ses mémoires inédits, trop prolixes et trop informes pour être publiés en entier ; M. 

2274. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

[NdA] Elle a été donnée par MM. de Goncourt dans la deuxième édition de leur Histoire de Marie-Antoinette, page 351 ; il faut la lire tout entière.

2275. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Ce traité de la Résignation, qui n’est qu’un Essai inachevé, me paraît représenter l’entière maturité et la perfection de Mmc Swetchine, en tant qu’écrivain spirituel.

2276. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

« La camarera-mayor, naturellement rigide, ajoutait de nouvelles peines à cette contrainte, et semblait vouloir effacer tout d’un coup jusqu’aux moindres choses qui auraient pu lui laisser quelque souvenir de la douceur et des agréments de son pays. » On essaya de lui inspirer d’abord une entière aversion pour la reine mère, dont cette camarera-mayor craignait l’influence qui s’annonçait comme prête à renaître.

2277. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

La seule chose qui ennuie, c’est la volubilité tout à fait extraordinaire de sa langue ; il faut se transformer tout entier en un appareil auditif pour pouvoir la suivre.

2278. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Mais la première condition de l’esprit critique bien entendu est (sans cependant tout niveler dans son estime) de reprendre, chaque grand fleuve à sa source, chaque grande production et végétation humaine à sa racine, et de la suivre dans son vrai sens et comme de droit fil pour la bien posséder tout entière et être ensuite à même d’en juger tout à fait pertinemment, par comparaison avec d’autres, et en pleine connaissance de cause.

2279. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Amis de l’ancien régime et partisans du droit divin, qui en étiez venus, en désespoir de cause, à préconiser le suffrage universel ; à qui (j’aime à le croire) la conviction était née à la longue, à force de vous répéter, et qui vous montrez encore tout prêts, dites-vous, mais moyennant, j’imagine, certaine condition secrète, à embrasser presque toutes les modernes libertés ; — partisans fermes et convaincus de la démocratie et des principes républicains, polémistes serrés et ardents, logiciens retors et inflexibles, qui, à l’extrémité de votre aile droite, trouvez moyen cependant de donner la main parfois à quelques-uns des champions les plus aigris de la légitimité ; — amis du régime parlementaire pur, et qui le tenez fort sincèrement, nonobstant tous encombres, pour l’instrument le plus sûr, le plus propre à garantir la stabilité et à procurer l’avancement graduel de la société ; — partisans de la liberté franche et entière, qui ne vous dissimulez aucun des périls, aucune des chances auxquelles elle peut conduire, mais qui virilement préférez l’orage même à la stagnation, la lutte à la possession, et qui, en vertu d’une philosophie méditée de longue main dans sa hardiesse, croyez en tout au triomphe du mieux dans l’humanité ; — amis ordinaires et moins élevés du bon sens et des opinions régnantes dans les classes laborieuses et industrielles du jour, et qui continuez avec vivacité, clarté, souvent avec esprit, les traditions d’un libéralisme, « nullement méprisable, quoique en apparence un peu vulgaire ; — beaux messieurs, écrivains de tour élégant, de parole harmonieuse et un peu vague, dont la prétention est d’embrasser de haut et d’unir dans un souple nœud bien des choses qui, pour être saisies, demanderaient pourtant à être serrées d’un peu plus près ; qui représentez bien plus un ton et une couleur de société, des influences et des opinions comme il faut, qu’un principe ; — vous tous, et j’en omets encore, et nous-mêmes, défenseurs dévoués d’un gouvernement que nous aimons et qui, déjà bon en soi et assez glorieux dans ses résultats, nous paraît compatible avec les perfectionnements désirables ; — nous tous donc, tous tant que nous sommes, il y a, nous pouvons le reconnaître, une place qui resterait encore vide entre nous et qui appellerait, un occupant, si M. 

2280. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Quand on a pu traduire de la sorte trente vers de Térence, on était digne de le traduire tout entier.

2281. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Il y a des genres tout entiers, réputés des plus français, auxquels il répugne, — et la Tragédie, — et l’Opéra-Comique, — et le Vaudeville ; il mettrait volontiers le pied dessus pour les écraser une bonne fois, s’il l’osait.

2282. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

C’est un système où l’État prend et empiète le moins possible sur l’individu, lequel se développe et agit dans la plus grande latitude et la plus entière liberté.

2283. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Une des réformes qu’il propose avec le plus d’insistance et d’énergie, c’est de changer la loi des successions et de rendre au père de famille l’entière liberté testamentaire, moyennant laquelle celui-ci pourrait instituer un principal héritier chargé de continuer son œuvre.

2284. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

En 1777, ces temps héroïques étaient loin ; Marie-Thérèse, entière par l’esprit et par l’âme, n’était plus la même par l’ardeur et par le caractère.

2285. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Pour moi, qui n’ai pour toute arme que le bouclier de la vérité, l’on me craint, le roi m’aime et le public espère en moi. « Voilà, mon cher comte, un tableau de ce pays-ci… » Cette lettre essentielle, et qui est à lire tout entière, ne devait pas nous arriver : elle renfermait une injonction impérative, comme si Maurice avait reculé au dernier moment, en relisant ce qu’il avait confié au papier : « Brûlez cette lettre, je vous en conjure, en présence du roi ; je veux avoir un témoin comme lui.

2286. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Plusieurs pièces pourtant sont d’une grande beauté ; car ce n’est pas le talent du poëte qui diminue en rien, veuillez le croire : il se poursuit, dans toute la largeur du souffle, dans l’entière puissance de la veine ; mais c’est l’emploi et l’écart de ce talent qui appellent une sorte de répression.

2287. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Il y flétrit avec une colère étincelante de poésie ces réformateurs mesquins, ces regratteurs de mots, qui prisent un style plutôt pour ce qui lui manque que pour ce qu’il a, et, leur opposant le portrait d’un génie véritable qui ne doit ses grâces qu’à la nature, il se peint tout entier dans ce vers d’inspiration : Les nonchalances sont ses plus grands artifices.

2288. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Elle se résume tout entière dans le précepte de Thélème : fais ce que voudras.

2289. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Pour ses discours à l’Assemblée nationale, le même Pellenc, le Genevois Étienne Dumont, Clavière, Duroveray lui fournissent des matériaux, des plans, des développements entiers : il utilisait même, dit-on, les billets qu’on lui faisait passer à la tribune, et qu’il lisait tout en parlant. « Mais, disait Dumont, qu’importe d’ailleurs ?

2290. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

J’ai pu constater que la menace perpétuelle des masses énormes qui les dominent, les emprisonnent et peuvent les étouffer, eux et leur village tout entier, sous un amoncellement de neige, de rocs, de débris, a développé en eux l’imagination aux dépens de la pensée.

2291. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Balzac a souvent des pages enchevêtrées et qui sont tout entières en parenthèses.

2292. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Il faut beaucoup d’art pour tirer de ces lectures tout le parti moral possible, un art honnête et loyal, qui porte dans les esprits la conviction de son entière impartialité.

2293. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Le jugement de Cuvier, couronné d’une ou deux des paroles de Buffon, embrasserait probablement l’entière vérité.

2294. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Je renvoie, pour l’entier détail et pour les accessoires de l’admirable scène, à Saint-Simon, qui, en cet endroit, est notre Tacite, le Tacite d’un roi non cruel, mais qui le fut ce jour-là à force d’égoïsme et de personnalité.

2295. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Ainsi, dans ce premier retour de Louis XVIII, dans ce voyage de Calais à Compiègne, il montre le pays oubliant volontiers ses droits au milieu de l’attendrissement, et se donnant tout entier, tandis que les politiques à Paris stipulent et marchandent encore : Il (Louis XVIII) sentit, au tressaillement universel et spontané de sa patrie, qu’il était maître de ce peuple, et qu’on ne lui marchanderait pas sérieusement le règne à Paris.

2296. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Par ce décret, on excluait des fonctions publiques, jusqu’à la paix, des catégories entières de personnes, et notamment tous les inscrits sur des listes d’émigrés, ainsi que leurs parents et alliés : mais il y avait bien d’autres titres d’interdiction encore.

2297. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Elle avait passé trente ans : les guerres civiles s’allumèrent pour ne plus s’éteindre qu’après des luttes acharnées et par l’entière défaite de la Ligue.

2298. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Arrivé aujourd’hui à la pleine maturité de la vie, maître en bien des points, sachant à fond et de près les langues, les monuments, l’esprit des races, la société à tous ses degrés et l’homme, il n’a plus, ce me semble, qu’un progrès à faire pour être tout entier lui-même et pour faire jouir le public des derniers fruits consommés de son talent.

2299. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

J’ai donné l’article en son entier dans Pages retrouvées, volume publié, l’année dernière, chez Charpentier.

2300. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Là où vous n’avez que la parcelle, ils ont le tout ; ils portent dans leur vaste cœur l’humanité entière, et ils sont vous plus que vous-même ; vous vous reconnaissez trop dans leur œuvre ; de là votre cri.

2301. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Quant aux bizarreries réelles des hommes supérieurs, il faut d’abord s’assurer si elles sont spontanées et naturelles, ou si elles ne sont pas reflet d’une sorte de charlatanisme très-ordinaire chez les grands hommes : « Girodet, dit-on, se levait au milieu de la nuit, faisait allumer des lustres dans son atelier, plaçait sur sa tête un énorme chapeau couvert de bougies, et dans ce costume il peignait des heures entières. » J’ai peine à croire que ce soit là autre chose qu’une plaisanterie : en tout cas, c’est une bizarrerie tellement arrangée et si peu naturelle que je n’y puis voir qu’une mystification du bourgeois.

2302. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

S’il eût vécu en ce temps-là, Boileau l’eût rendu peut-êtreplus difficile sur la correction ; mais en retour il eût appris à Boileau un idéal de l’élégie et de l’idylle bien autrement aimable que celui de l’Art poétique. » Cependant, quelque agrément et quelque intérêt que puisse avoir la littérature proprement dite au xviiie  siècle, il est clair que ce grand siècle n’est pas là, il est tout entier dans la philosophie et dans ces quatre hommes illustres : Voltaire, Buffon, Montesquieu et Rousseau.

2303. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

C’est ainsi que les formes vivantes à travers le monde entier se divisent par degrés en groupes subordonnés à d’autres groupes.

2304. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Comment voulez-vous que Corneille puisse trouver bon Racine, qui goûte les sujets que Corneille a toujours évités et les manières de traiter les sujets que Corneille très visiblement n’aime point, et qui se donne tout entier à la peinture de l’amour, sentiment que Corneille a toujours considéré comme trop chargé de faiblesse pour pouvoir soutenir une tragédie ?

2305. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Indécent : La lecture seule du livre entier peut donner une idée juste de l’ouvrage.

2306. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Quand le soleil se lève, et qu’un grand pan de clarté vient argenter les petits flots innombrables, l’appartement s’emplit tout entier d’une lumière blanche, et les rayons irisés dansent avec une gaieté inexprimable dans les vieux carreaux.

2307. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

La matière et la pensée, la planète et l’homme, les entassements de soleils et les palpitations d’un insecte, la vie et la mort, la douleur et la joie, il n’est rien qui ne l’exprime, et il n’est rien qui l’exprime tout entière.

2308. (1885) L’Art romantique

Il y avait dans Eugène Delacroix beaucoup du sauvage ; c’était là la plus précieuse partie de son âme, la partie vouée tout entière à la peinture de ses rêves et au culte de son art. […] Homme du monde, c’est-à-dire homme du monde entier, homme qui comprend le monde et les raisons mystérieuses et légitimes de tous ses usages ; artiste, c’est-à-dire spécialiste, homme attaché à sa palette comme le serf à la glèbe. […] Il s’intéresse au monde entier ; il veut savoir, comprendre, apprécier tout ce qui se passe à la surface de notre sphéroïde. […] Supposez un mouvement quelconque, par exemple un exercice de danseur ou de jongleur, divisé et décomposé en un certain nombre de mouvements ; supposez que chacun de ces mouvements, — au nombre de vingt, si vous voulez, — soit représenté par une figure entière du jongleur ou du danseur, et qu’ils soient tous dessinés autour d’un cercle de carton. […] La passion frénétique de l’art est un chancre qui dévore le reste ; et, comme l’absence nette du juste et du vrai dans l’art équivaut à l’absence d’art, l’homme entier s’évanouit ; la spécialisation excessive d’une faculté aboutit au néant.

2309. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

des morceaux tout entiers tels que les ont fournis les langues originelles. […] Et c’était la doctrine de l’antique Égypte qui consacrait les forces entières de la vie à préparer le repos de l’être dans la mort, sa gloire dans le sépulcre que la résurrection viendra bientôt ouvrir, niant ainsi le néant dans son plus apparent triomphe. […] Non que son œuvre soit sans erreurs, — je veux dire concorde tout entière avec les croyances de notre heure, — mais ses erreurs ont de profondes racines dans les vérités relatives, dans les relations des vérités successives. […] Pourtant, lui aussi est agité du grand émoi et lui aussi dans les visages, presque indifférent aux directions des traits, est pris tout entier par cette tragi-comédie des larmes et des sourires. […] Mais « en nul poëte plus sûrement qu’en celui-ci ne confluent les deux grands courants qui de Gœthe et de Chateaubriand à nous emportent dans leur flot l’art moderne tout entier.

2310. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

À la fin donc ce beau drame était retrouvé tout entier ! […] Dimanche, qui dans cette maison envahie attend son créancier des heures entières, cela veut dire : Allons, monseigneur, la dette, à son tour, monte et menace de tout engloutir ! […] Sur ces programmes, je retrouve tous les grands noms des champs de bataille et de l’histoire : le duc d’Enghien, le comte d’Harcourt, le comte de La Roche-Guyon, les ducs de Luynes et de Coislin, le marquis de Brézé et la liste entière de l’incorruptible d’Hosier. […] Une scène auparavant, quand madame de Montespan rencontrait Louis XIV, elle lui faisait à haute et intelligible voix et à brûle-pourpoint, l’aimable déclaration que voici : Madame de Montespan. — « Quel ravissement ce doit être, de pouvoir seulement contenter un atome du divin Louis ; que serait-ce de remplir son âme entière ?

2311. (1932) Le clavecin de Diderot

Alors, l’abbé Bremondq croupier de la grande roulette bondieusarde, prétendit mettre dans son jeu, dans sa poche, la poésie tout entière. […] La joie entière de m’écraser le nez contre un corsage mystérieux, de caresser un velours, longtemps, je continuai à ne vouloir m’en saouler qu’à l’ombre de celle qui, justement, ne pouvait me l’offrir, puisque ces corsages n’étaient de mystère, ni de velours, ses jupes. […] Or, au nom de la psychanalyse, contre elle en vérité, on vient nous insinuer que les conflits pourraient bien se trouver à l’entière discrétion d’un inconscient variable de race à race, d’individu à individu, faculté en soi et la plus particulière de races, d’individus donnés. […] Le père, le plus vieux que soi, c’est la société tout entière.

2312. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Je ne sais si les critiques du temps ont remarqué que l’action va d’abord si lentement, que le premier acte tout entier se passe sans qu’on s’aperçoive, sans qu’on se doute de ce lui formera le sujet de la tragédie. […]                                         Mon âme tout entière Se doit aux grands objets de ma vaste carrière. […] Gengis a fort bien dit lui-même que                                   Son âme tout entière Se donne aux grands objets de sa vaste carrière. […] Le seul chevalier aussi illustre que les rois dans l’histoire, c’est Bayard ; et du Belloi l’a présenté avec succès dans un ouvrage fondé tout entier sur la chevalerie, et qui, dans son ensemble, vaut mieux que Tancrède. […] …………………………………………………… Maîtres du monde entier, s’ils l’avaient été d’eux.

2313. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Mardi dernier, un critique, qui a chez cette dame ses entières franchises de tout impôt de ce genre, voulait y emmener un de ses amis. […] On veut du froid, on veut sentir la terre dure sous ses pas et voir scintiller aux vitres la mosaïque du givre. — Paris tout entier tend avec impatience sa joue au soufflet de l’aquilon ; les plus avantageux de leur personne souhaitent à grands cris avoir le nez rouge. […] Il en est qui s’installent pendant des heures entières, et poussent l’indiscrétion jusqu’à demander à l’artiste chez laquelle ils se trouvent s’il est vrai qu’elle était réellement l’héroïne de telle ou telle aventure qu’ils ont lue dans un journal, — et tout en parlant, ils inquisitionnent l’appartement du regard ; ils s’informent du prix du loyer, du chiffre des appointements. — Si on les laissait faire, ils iraient ouvrir les tiroirs. […] C’est en vain que l’on voyait quotidiennement faire la roue autour d’elle l’armée entière des rôdeurs de coulisses, espèces de papillons-paons que la lumière des quinquets attire particulièrement de sept heures à minuit. […] Moi je suis un jeune homme heureux et sans envie, Ne demandant à Dieu que de gagner ta vie Et défiant le sort d’atteindre son bonheur, Enfoui désormais tout entier dans ton cœur.

2314. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Je veux dire qu’on ne le comprend pas tout entier ; mais surtout je veux dire que lui-même ne contient pas, dès ce moment, ce qui sera son opulente richesse. […] Il dit encore : « Il est impossible d’imaginer une mauvaise volonté dans une volonté qui ne laisse autour d’elle aucun point qu’elle n’occupe tout entier. » Il nous accorde, en fin de compte, cette assurance. […] Ne faudrait-il pas dire plutôt que la philosophie et la science tout entières, et dans toutes leurs démarches variées, tendent à la solution de ce problème ? […] Ici, nous apercevons cette fausse idée de l’impartialité contre laquelle j’ai dit que protestait l’œuvre tout entière de M.  […]   L’historien, dans son œuvre où il est tout entier, représente l’un des éléments de ce contact ; il est nous.

2315. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Le compte entier ne s’y trouvant point (et encore ce qui paraissait n’était qu’en lettres de change), et Sully s’en plaignant au gentilhomme porteur et qui était le père de celui même qui avait donné l’avis, tout d’un coup, comme il se promenait dans la chambre avec ce gentilhomme, il arriva que les poches de celui-ci crevèrent et qu’il en sortit une traînée d’écus au soleil : « Nous ne nous amuserons point, disent les secrétaires, à réciter les colères de monsieur votre frère et de M. de Bellengreville (autre gouverneur), ni les risées du roi lorsque tout cela fut su. » Pour couronner le récit de cette petite affaire, il faut savoir que cet argent de contrebande, ainsi intercepté par Rosny, ne fit pas retour au roi et fut pour lui de bonne prise.

2316. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Si la guerre s’était déclarée, je me sauvais ignoré du monde entier, excepté de lui ; je m’engageais dans sa compagnie, et ne voulais devoir ma fortune qu’à des actions de valeur.

2317. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

» Ailleurs il parle « de la tranquille administration des lois, de ces arrêts salutaires qui, sortis du cabinet d’un seul ou du conseil d’un petit nombre, vont répandre la félicité chez un peuple entier ».

2318. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Il a parlé quelque part de cette forme et de cette espèce de directeur à la mode et très goûté de son temps, « qui semble n’avoir reçu mission de Dieu que pour une seule âme, à laquelle il donne toute son attention ; qui, plusieurs fois chaque semaine, passe régulièrement avec elle des heures entières, ou au tribunal de la pénitence ou hors du tribunal, dans des conversations dont on ne peut imaginer le sujet, ni concevoir l’utilité ; qui expédie toute autre dans l’espace de quelques moments, et l’a bientôt congédiée, mais ne saurait presque finir dès qu’il s’agit de celle-ci » : directeur délicieux et renchéri, exclusif et mystérieux, dont Fénelon est le type idéal le plus charmant (le Fénelon de Mme Guyon et avant l’exil de Cambrai).

2319. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Il faut lui savoir gré du moins d’être un personnage aussi essentiel dans le groupe de son temps : à côté de Boileau, c’est une figure réjouissante, c’est un interlocuteur qui le contrarie, l’excite, et quelquefois le déconcerte et l’entraîne jusqu’à l’enivrer ; à côté de Molière, c’est un confident de ses chagrins, et qui, même par ses consolations incomplètes, oblige le grand homme à se déclarer tout entier devant lui et devant nous dans ses tendresses jalouses et dans ses passions.

2320. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Tel est presque en entier ce discours qui fit alors tant de bruit, qu’on n’osa imprimer d’abord dans les recueils de l’Académie française, et qui ne fut imprimé que plus tard dans ceux qu’on publiait en Hollande.

2321. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Je donnerai de cette lettre, qui est à lire tout entière, ce qui m’en paraît de plus saillant : À Verdun, le 16 janvier 1740.

2322. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Mais que chez tous du moins, chez ceux qui survivent, toutes les fois que la pensée se reporte en arrière, il y ait quelque chose qui arrête sur le penchant de l’entière rupture et qui tempère les luttes présentes.

2323. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Bossuet sermonnaire et prédicateur, dans toute cette partie première et longtemps obscure de sa carrière oratoire, a été donné tout entier et remis sur pied par M. 

2324. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

M. de La Rochefoucauld fit les siennes ; il y prit goût ; il eut l’idée d’y mettre en entier les résultats de sa philosophie et de son expérience, et c’est ainsi que de simples jetons de société sont devenus par lui des médailles immortelles.

2325. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

» Michel, l’artiste poète, est amoureux, heureux ou toujours prêt à l’être, bonnement, simplement, selon la nature ; il a le ciel dans le cœur ; mais, au moment où il croit tenir l’entière félicité, elle lui échappe ; on le désole par mille subtilités, par mille craintes.

2326. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Tout en n’étant pas insensible au progrès de la grandeur publique, il m’est bien souvent arrivé, je l’avoue, à l’aspect de ces abatis de maisons qui prenaient en écharpe de vieux quartiers de Paris et des faubourgs tout entiers, de regretter et de recomposer une dernière fois en idée ce que démasquait tout d’un coup le prodigieux ravage, ces petites maisons cachées, blotties dans la verdure et toutes revêtues de lierre, qui avaient été longtemps l’asile du bonheur ; mais jamais je ne me suis mieux rendu compte de ce genre de regret qu’en voyant menacé d’une coupe prochaine le jardin de Gavarni.

2327. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Théophile Gautier, comme romancier, a jugé bon plus d’une fois de profiter de son talent de voyageur et de rendre avec une entière vérité plastique différents pays et différentes époques de sa connaissance ou de son rêve.

2328. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Mais, pour ajouter une foi entière à la citation et à l’anecdote, il nous faudrait une autre autorité que Fréron, le premier, à ma connaissance, qui en ait parlé, et dont le témoignage est insuffisant.

2329. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Ces deux hommes d’ailleurs, également courageux et sans peur, marchant également tête haute et la poitrine en dehors, aimaient la liberté, mais différemment : l’un, qui n’a pas donné son dernier mot et dont on ne peut que deviner l’entière pensée tranchée avant l’heure, aimait la liberté, mais armée, glorieuse, imposante, et, pour tout dire, la liberté digne d’un consul : — il faut convenir aussi que cette forme a bien de l’éclat et de l’attrait ; — il aimait la liberté réglée par les mœurs, par les lois mêmes, la liberté organisée et peut-être restreinte ; l’autre aimait et voulait la liberté complète, cosmopolite, individuelle au suprême degré dans tous les genres, civile, religieuse, intellectuelle, industrielle, commerciale, à la manière d’un Hollandais, d’un Belge ou d’un citoyen de New-York : le plus Américain des deux n’était pas celui qui croyait l’être.

2330. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Il put se dire comme Ovide : Virgilium vidi tantum… Il ne parlait jamais de cet illustre devancier, sans une entière révérence et en se défendant de toute idée de rivalité.

2331. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Mme de Pompadour, du moins, eut le tact de comprendre qu’elle ne pouvait avoir vis-à-vis de cette reine vertueuse et offensée qu’une ligne de conduite et qu’une attitude tolérable : le respect le plus profond, la soumission la plus entière, le désir de lui complaire en tout et de la servir ; faire dire d’elle en un mot : « Mieux vaut celle-là qu’une autre. » Cet éloge tel quel, Mme de Pompadour le mérita.

2332. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

— Ces hommes, les Touareg, tu les prends pour des lâches ; — cependant ils savent voyager et même guerroyer ; — ils savent partir de bon matin et marcher le soir ; — ils savent surprendre dans son lit tel homme couché ; — surtout le riche qui dort au milieu de ses troupeaux agenouillés ; — celui qui a orgueilleusement étendu sa large tente ; — celui qui a déployé en leur entier et ses tapis et ses doux lainages ; — celui dont le ventre est plein de blé cuit avec de la viande, — et arrosé de beurre fondu et de lait chaud sortant du pis des chamelles ; — ils le clouent de leur lance, pointue comme une épine, — et lui se met à crier, jusqu’à ce que son âme s’envole

2333. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Quand elle parle d’un tapis de vert uniforme « où s’emboit la lumière », des profondeurs d’un vert intense « où s’emboit le soleil », c’est-à-dire où il est tout entier absorbé, sans laisser jour ni reflet à aucune des nuances du prisme, il y a certainement une intention : ne se marque-t-elle pas trop expressément ?

2334. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Il est devenu nécessaire de rappeler au moins les griefs essentiels de Saint-Simon contre le duc de Noailles, de les examiner en les réduisant, de distinguer ce qui est positif et ce qui n’est que conjectural ou purement imaginaire, mais de maintenir aussi ce qui paraît incontestable, et de se former une idée aussi entière que possible d’un homme qui a été l’objet d’un des plus éclatants portraits, le sujet d’une des plus prodigieuses autopsies morales qui existent en littérature.

2335. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

M. y ait mis la condition de me mander dans certains cas, j’ai néanmoins lieu de compter que ma retraite sera entière et irrévocable.

2336. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Et il a ce singulier bonheur encore que, quand le xviiie  siècle est passé et qu’on en parle comme d’une ancienne mode, quand le xviie  siècle lui-même est exposé de toutes parts aux attaques, aux irrévérences et aux incrédulités des écoles nouvelles, lui, La Bruyère, comme par miracle, y est seul respecté ; seul, tout entier debout, on l’épargne, que dis-je ?

2337. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Le ministre de la guerre d’Argenson, dans une lettre au maréchal de Saxe, du 9 septembre 1746, approuvait ce choix de Lœwendal en des termes faits pour ménager l’amour-propre du comte de Clermont : « Sa Majesté a aussi approuvé le choix que vous avez fait de M. le comte de Lœwendal, pour faire sous ce Prince le détail du siège, et pour le soulager, autant qu’il sera possible, dans les soins pénibles auxquels sa volonté le porterait à se livrer tout entier, mais que son état de convalescence ne peut ni ne doit lui permettre. » 35.

2338. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

L’ouvrage s’ouvre par une introduction majestueuse sur le xiiie  siècle, apogée du développement catholique : avant d’en venir à étudier et à démontrer la chapelle et la châsse de la sainte, le pèlerin croyant s’arrête devant l’Église tout entière pour la contempler.

2339. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Ainsi, en lisant celte énergique et gracieuse peinture de sa Marguerite, je ne puis m’empêcher de me reporter à la Simétha de Théocrite, lorsque, racontant le jour où le beau Delphis vint la visiter pour la première fois, elle s’écrie : « Dès que je le vis franchissant le seuil de la porte d’un pied léger, je devins tout entière plus froide que la neige, et la sueur me découlait du front à l’égal des humides rosées ; je ne pouvais rien articuler, pas même de ces petits cris que les enfants poussent en songe vers leur mère ; mais tout mon beau corps resta figé, pareil à une image de cire.

2340. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Voyons ce qu’elle a de fondé, ce qu’elle a de juste ; car je m’accoutumerais plutôt à voir de la poésie toute matérielle et entièrement dénuée de sensibilité, qu’à supporter de la critique tout entière en hors-d’œuvre et sans un fonds de justesse.

2341. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

presque tout entiers de mémoire avant de les écrire, il avait besoin de temps, de recueillement.

2342. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Sans doute, en considérant avec détail les maîtres, on aurait pu trouver plus d’une fois que l’imitateur n’avait pas tout rendu, qu’il était resté au-dessous ou pour la concision ou pour une certaine simplicité qui ne se refait pas ; c’est l’inconvénient de tous ceux qui imitent, et Horace, mis en regard des Grecs, aurait à répondre sur ces points non moins que Chénier ; mais tout à côté on aurait retrouvé chez celui-ci les avantages, là où il ne traduit plus à proprement parler, et où seulement il s’inspire ; on aurait rendu surtout justice en pleine connaissance de cause à cet esprit vivant qui respirait en lui, à ce souffle qu’on a pu dire maternel, à cette fleur de gâteau sacré et de miel dont son style est comme pétri, et dont on suivrait presque à la trace, dont on nommerait par leur nom les diverses saveurs originelles ; car, à de certains endroits aussi, ne l’oublions pas, l’aimable butin nous a été livré avant la fusion complète et l’entier achèvement.

2343. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Heureux celui qui, puisant en lui-même ou autour de lui, et grâce à l’idéal ou grâce au souvenir, enfantera un être digne de la compagnie de ceux que j’ai nommés, ajoutera un frère ou une sœur inattendue à cette famille encore moins admirée que chérie ; il ne mourra pas tout entier !

2344. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Comment croire qu’on voudrait briser un cœur qui, peut-être pendant des années entières, vous a chéri, adoré, excusé, qui avait fait de vous son idole ?

2345. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Nous sommes au point central de la connaissance, sorte de nœud placé entre la tige infiniment ramifiée et la racine infiniment ramifiée, enfermant dans son étroite enceinte l’origine des fibres qui, en haut, en bas, par leur multiplication et leur arrangement, constituent la plante entière. — Mais, justement parce que nos sensations sont les éléments dont se compose le reste, nous ne pouvons les décomposer comme le reste ; nous ne trouvons pas d’éléments à ces éléments.

2346. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Je ne dormis pas non plus, mais je priai pendant la nuit tout entière pour que mon bon ange et ma patronne intercédassent auprès de Dieu, et pour que le jour suivant me fît sa sposa, et pour qu’ils me donnassent le surlendemain, jour fixé pour sa mort, la force et l’adresse de mourir pour lui.

2347. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Hugo écrit : Vos régiments, pareils à l’hydre qui serpente, Vos Austerlitz tonnants, vos Lutzen, vos Lépante,           Vos Iena sonnant du clairon, Vos camps pleins de tambours que la mort pâle éveille Passent pendant qu’il (Dieu) songe, et font à son oreille           Le même bruit qu’un moucheron ; l’esprit, n’ayant besoin d’aucun effort pour ramener l’idée du mot propre, les batailles et les victoires, n’ayant même pas à repasser par ce mot propre, s’abandonne tout entier à l’impression de la figure, et l’imagination voit défiler toutes les scènes terribles ou glorieuses que ces grands noms font surgir de la mémoire.

2348. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Il est sorti d’un sermon apocryphe de saint Augustin sur cette idée fondamentale que l’Ancien Testament est tout entier une figure et une préparation du Nouveau : l’auteur du sermon traduisit cette idée en évoquant treize témoins prophétiques, qu’il faisait déposer en faveur de la mission de Jésus-Christ.

2349. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Mais ce n’est pas de ces vieux livres, c’est de lui-même qu’il a voulu sortir « un Christ nouveau tout entier » : « J’ai laissé de côté les Évangiles antiques, je me suis écarté du Christ qui y est peint. » Pourquoi alors conserver le nom de Christ à son personnage ?

2350. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Il me reste à louer le second acte presque entier ; il reproduit avec émotion le tableau, si souvent exposé, des amours adultères traînant tristement leur chaîne.

2351. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Ce jeune prince, que Saint-Simon nous montre si hautain, si fougueux, si terriblement passionné à l’origine, si méprisant pour tous, et de qui il a pu dire : « De la hauteur des cieux il ne regardait les hommes que comme des atomes avec qui il n’avait aucune ressemblance, quels qu’ils fussent ; à peine Messieurs ses frères lui paraissaient-ils intermédiaires entre lui et le genre humain » ; ce même prince, à une certaine heure, se modifie, se transforme, devient un tout autre homme, pieux, humain, charitable autant qu’éclairé, attentif à ses devoirs, tout entier à sa responsabilité de roi futur ; et cet héritier de Louis XIV ose proférer, jusque dans le salon de Marly, ce mot capable d’en faire crouler les voûtes, « qu’un roi est fait pour les sujets et non les sujets pour lui ».

2352. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Cet homme rare mourut à trente-deux ans, après avoir publié un court volume de réflexions et de maximes qu’on a grossi depuis plus ou moins heureusement, mais où il était déjà renfermé tout entier avec tous les germes qui indiquent le génie.

2353. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Ici je demanderai à me taire, la question de Pologne n’étant pas de celles qui se peuvent traiter commodément et avec une entière impartialité.

2354. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Nous n’aurons pas ce dédain aujourd’hui ; nous tâcherons, sans mentir en rien et sans rien surfaire, d’apprécier à sa valeur ce talent qui ne fut ni très élevé, ni très énergique, ni très étendu, mais qui fut modeste, naturel, sincère, et qui se montra gai, vif, fertile, agréable et fin, lorsqu’il osa être tout entier lui-même, et qu’il ne sortit pas de ses justes emplois.

2355. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

On raconte qu’un jour Boileau lui ayant récité quelque épître ou satire qu’il venait de composer, d’Aguesseau lui dit tranquillement qu’il la connaissait déjà, et, pour preuve, il se mit à la lui réciter tout entière.

2356. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mme des Ursins, entière et franche dans son rôle, accueille tout ce qui se présente sur ce théâtre du grand monde et de la Cour, et y fait son discernement : pour pénétrer jusqu’à Mme de Maintenon, il faut être déjà du sanctuaire.

2357. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Il tâtonna, il s’essaya, il ne donna point sa mesure entière de talent tant qu’il ne fut point en chef et maître de tous ses mouvements : c’est sa première période jusqu’en août 1830.

2358. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Ma fortune, aux trois quarts détruite par une persécution de quatre années, ne me permet pas de payer un autre loyer, pendant que ma maison dépérit faute d’être habitée… Je cours après tous mes débris, car il faut laisser du pain à mes enfants… Quand on a tout savouré, l’existence presque entière est dans les souvenirs.

2359. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Et comment ne se fût-il pas donné tout entier aux Choiseul, qui allaient au-devant de lui et de ses moindres désirs par tant de grâces et de bienfaits ?

2360. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Qu’une image particulière de la vue, comme celle de la couleur rouge, ébranle le centre visuel, cet ébranlement se répandra par diffusion dans le centre visuel tout entier ; il tendra à susciter l’image plus ou moins précise d’autres couleurs similaires, ou encore celle de la couleur en général, puis, par une sélection nouvelle, celle de l’étendue, et ainsi de suite.

2361. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Le vers régulier compte l’e à valeur entière, quoiqu’il ne s’y prononce pas tout à fait, sauf à la fin d’un vers.

2362. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Quant à ce qui reste dans les thermes de Titus il n’y a plus que des peintures à demi effacées, le pere De Montfaucon nous a donné l’estampe du morceau le plus entier qui s’y voïe, et qui represente un paysage.

2363. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

En mil six cens quarante-trois Toricelli mécanicien du grand duc Ferdinand II remarqua en essaïant de faire des expériences, que lorsqu’un tuïau fermé par l’orifice supérieur et ouvert par l’orifice inferieur, étoit tenu debout plongé dans un vase plein de vif-argent, le vif-argent demeuroit suspendu à une certaine hauteur dans ce tuïau, et que le vif-argent suspendu tomboit tout entier dans le vase, si l’on ouvroit le tuïau par son orifice superieur.

2364. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

C’est, pour l’humanité tout entière, l’idée du vieil adage latin : mens sana in corpore sano, que nous devons réaliser.

2365. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Aucune de ces trois choses qui font la femme tout entière, aucun de ces trois rayons qui composent cette jolie petite foudre qu’on appelle une femme, et qui peut tomber sur nos cœurs, n’est en Mme Stern.

2366. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Quant à moi, je n’ai pas la prétention de faire connaître dans un chapitre un ouvrage qu’il faut lire tout entier, mais d’en faire venir seulement l’envie à ceux qui ne le connaissent pas.

2367. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

., qui déshonorerait Stendhal si nous n’avions pas sa correspondance, à lui, pour le dessouiller de l’admiration de Mérimée… Stendhal, lui aussi, de milieu et d’éducation, était un athée ; mais sa correspondance tout entière nous le montre comme un homme dont le cœur battait pour les plus grandes choses et eût battu pour Dieu, s’il avait été d’un autre temps.

2368. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Je signalerai aussi le merveilleux passage où l’auteur de l’Infaillibilité applique à l’Église le mot étonnant d’Hippocrate : « Si l’homme était un, il ne mourrait pas », et enfin tous les corollaires de cet axiome qu’il a trouvé et qui eût réduit Pascal au silence : « Toute loi n’est qu’un miracle perpétuel. » Seuls, ces différents chapitres, lus à part de l’œuvre entière, donneraient une idée suffisante, à qui craindrait d’aborder un livre si grave et si gros, des sveltes facultés de l’homme qui a pu l’écrire.

2369. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Voltaire même a vanté la sagesse de cette religion sans missionnaires, qui reste chez elle, tandis que l’Église, par les siens, déborde sur le monde et doit un jour le prendre tout entier dans ses bras infinis.

2370. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Baudelaire, je vous en avertis, est là tout entier.

2371. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Mais voulez-vous la Bretagne elle-même, tout entière, vivante ?

2372. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Je voudrais mourir en martyr pour mon propre salut et pour celui de la France entière. » (Semaine Religieuse, Nantes, 6 juin 1915.)‌

2373. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

La question qui nous importe reste entière : il ne s’agit pas de décider par quelles raisons la centralisation est provoquée, et si elle est fille du militarisme ou de l’industrialisme, mais de savoir si, par elle-même, elle est ou non contraire au progrès de la démocratie.

2374. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Cela est si vrai, que le célèbre physiologiste Mueller a transcrit le troisième livre de l’Éthique, disant que l’explication y est entière, et qu’il n’y a plus rien à chercher sur ces questions-là.

2375. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Ici donc l’imitation lyrique de la Grèce commençait par le plus entier oubli de cette foi candide qui seule aurait pu l’inspirer.

2376. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Le poëte est là tout entier dans ses rêves de liberté sans limites, sa haine de la tyrannie sous toutes les formes, les démentis de son espérance, sa tristesse aussi profonde que sa confiance avait été aveugle et trompée : « Ô vous, nuages, qui, au loin sur ma tête, flottez et vous arrêtez, vous dont nul mortel ne peut régler la marche dans l’espace sans route ; vous, ondes de l’Océan, qui, vers quelque plage que vous rouliez, n’obéissez qu’aux lois éternelles ; vous, forêts, qui écoutez le chant de l’oiseau de nuit penché sur l’écorce d’une branche inclinée, hormis quand vous-mêmes, secouant vos rameaux, vous formez ce majestueux concert des vents devant lequel, comme un inspiré de Dieu, à travers des détours que nul homme des bois n’a jamais foulés, j’ai tant de fois égaré, parmi les herbes sauvages en fleurs, ma course éclairée de la lune, sous l’aspect ou l’écho de chaque image informe qui m’apparaissait, de chaque bruit insaisissable retentissant au désert !

2377. (1923) Nouvelles études et autres figures

On pourra multiplier les rapprochements, les analogies, des ressemblances qui iront presque jusqu’à l’identité : on créera les présomptions les plus fortes, mais non pas une entière conviction. […] L’histoire de son premier mariage est presque tout entière dans Saint Irvyne, où son héros soustrait une jeune fille à la tyrannie de son père, l’enlève de son école, l’affranchit de ses préjugés et, bientôt lassé d’elle, porte son amour à une autre qui en sentira mieux le prix. […] Il appartient tout entier à ses inspirations « de bel ange inefficace battant le vide de ses ailes lumineuses12 », et à son incurable nostalgie. […] Le peintre écrivain s’y retrouve tout entier ; mais, encore plus harmoniste que coloriste, il y a réalisé une harmonie entre les êtres et les choses dont on citerait peu d’exemples. […] Il se regarde souffrir, et par conséquent il n’appartient jamais tout entier à sa souffrance.

2378. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Donner la vie à un être que l’on tire tout entier de son cerveau est un miracle qu’accomplissent seuls les grands, les très grands artistes. […] On l’y retrouve tout entier avec ses inégalités, ses obscurités, ses absurdités, et ses élans d’éloquence et ses éclairs de génie. […] Vous mourrez tout entiers, votre nom s’éteindra, misérable, cloué au pilori de l’histoire. […] L’idée de Dieu domine son œuvre, la pénètre, l’imprègne tout entière. […] Elle revit tout entière dans la Débâcle.

2379. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Un homme a de la fausseté dans l’esprit, quand il prend presque toûjours à gauche ; quand ne considérant pas l’objet entier, il attribue à un côté de l’objet ce qui appartient à l’autre, & que ce vice de jugement est tourné chez lui en habitude. […] L’affluence du peuple, l’opulence, l’oisiveté, qui ne peut s’occuper que des plaisirs & des arts, & non du gouvernement, ont donné un nouveau tour d’esprit à un peuple entier. […] Ainsi ces deux beaux vers de Titus si naturels & si tendres, Depuis cinq ans entiers chaque jour je la vois, Et crois toûjours la voir pour la premiere fois. […] Ceux qui n’ont point d’oreilles n’ont qu’à consulter seulement les points & les virgules de ces vers ; ils verront qu’étant toûjours partagés en deux parties égales, chacune de six sillabes, cependant la cadence y est toûjours variée, la phrase y est contenue ou dans un demi-vers, ou dans un vers entier, ou dans deux. […] Le fameux Laocoon, qui subsiste aujourd’hui si entier, atteste-t-il bien la vérité de l’histoire du cheval de Troie ?

2380. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Dans la cour de Sigemunt le tournoi était si animé qu’on entendait retentir la salle et le palais tout entier. […] « Ainsi il vécut auprès des chefs, — telle est la vérité, — dans le pays de Gunther une année tout entière, sans avoir vu la femme si digne d’amour, par qui lui vint ensuite beaucoup de bonheur et beaucoup d’affliction. […] Les gémissements de ses amis étaient si grands, que de leurs cris de désolation retentissaient le palais, la salle et la ville de Worms tout entière.

2381. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Il nous peignait aujourd’hui Fénéon, cet original né en Italie, et ayant l’aspect d’un Américain, un être intelligent, travaillant à se faire une tête, cherchant l’étonnement des gens par une parole axiomatique, une comédie de concentration intérieure, une série de petites actions et manifestations mystificatrices, — mais un homme de cœur, bon, sensible, appartenant tout entier aux excentriques, aux disgraciés, aux miséreux. […] » Un moment, comme on parlait du peu de sérieux des travaux de la statistique, Pichot affirme, en riant, que les statisticiens recueillent sérieusement des blagues, comme celles qu’il faisait, quand il était dans le service de la Clinique des enfants, et qu’à propos de morts d’enfants de quatre ou cinq jours, il inscrivait : « Mort du dégoût de la vie, mort du spleen. » Dimanche 26 août Mon existence s’est passée, tout entière, dans la recherche d’un décor original des milieux de ma vie. […]  » Un cinquième corps de bibliothèque réunit presque tout entier l’œuvre de Gavarni, qui compte, dans cette collection, près de six cents épreuves avant la lettre.

2382. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Bailly intitulé Lumen, avec ce sous-titre Féerie chatoyante, tout entier dans la nouvelle manière et, pour cela même, devenu date en cette évolution littéraire. […] Je considère Mistral comme un très grand poète, un des plus grands sans doute qui soient à l’heure présente, non seulement en France, mais dans le monde entier. […] … Enfin, si je parais critiquer vos vers, pour l’homme de goût et d’intéressante causerie, pour le très érudit amateur que vous êtes, Monsieur, je professe et garde une entière, cordiale et respectueuse sympathie.

2383. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Aux jours de soulèvement de l’Atlantique, en lui l’âme se soulevait tout entière d’un seul bond, comme remuée par un irrésistible vertige ; ses yeux luisaient d’ardeurs féroces, le ravin de ses vieilles rides s’entrouvraient pour laisser jaillir des pores de sa peau une physionomie nouvelle, une expression avide et cruelle : l’âme des grands aïeux suintait, terrible, menaçante à travers son épiderme tanné, l’âme tragique et sombre des naufrageurs d’autrefois. […] » Ce n’est qu’un coin du tableau, mais au charme de poésie qui s’en dégage, on peut juger de la valeur de la composition tout entière. […] Il paraît avoir éprouvé un moment un sentiment qui ressemble à de l’amour, mais son cœur n’y a pas été pris tout entier ; c’est sa tête d’écolier et de jeune homme de lettres qui lui fournit la rhétorique et la poésie de ses déclarations à Mme de Wreech. […] J’ai signalé la préface et je ne saurais mieux faire que d’en citer quelques passages avec le regret de ne la pouvoir reproduire dans son entier, M.  […] Avait-elle réussi à chasser de son cœur l’image qui l’avait envahi tout entier ?

2384. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il faudrait transcrire en entier les deux chapitres de Gabriel Charmes sur les Contes populaires et la Poésie amoureuse dans l’ancienne Égypte. […] Il ressuscite avec une grande netteté la vieille Turquie, qui s’est en allée presque tout entière, dont on ne retrouve les lambeaux que dans les vilayets lointains de l’Asie, et dont on aperçoit la figure sur les pages jaunies des vieux livres. […] Affranchie des rigueurs matérielles, la visitandine dut se consacrer tout entière à réduire en une parfaite humilité et obéissance son esprit et sa volonté. […] Dostoïevsky, Tolstoï sont, eux aussi, des réalistes ; mais ils ne croient pas que « le vaste monde tienne tout entier dans un jupon ou dans une culotte ». […] Je tiens à dire, pour l’honneur de mon pays, qu’on se tromperait gravement si l’on jugeait de la France tout entière d’après la petite écume de polissons de lettres, de « cercleux » sans scrupules, de rastaquouères effrontés, et de politiciens-forbans qui flotte à sa surface.

2385. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

On sait que l’auteur du Cid avait bien plus de génie que de goût : il est très probable que Britannicus lui parut très inférieur à Othon ; mais la postérité a retenu quatre vers d’Othon, et sait par cœur Britannicus tout entier. […] Rien de si commun dans les romans que de voir un seul chevalier mettre en fuite une armée entière. […] La Bible tout entière est remplie de faits qui attestent que Dieu use de pareils moyens contre ses ennemis. […] On nous dit sérieusement que, dans les petits jeux de société, on donnait pour pénitence de lire quelques vers d’Athalie ; et quand on était condamné à la page tout entière, c’était une rigueur excessive. […] Notre esprit actuel est tout entier dans des jeux et des oppositions de mots : il ne faut aucun esprit pour le saisir et l’entendre.

2386. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

L’âme chante avant de parler ; c’est le privilège du musicien de n’avoir pas besoin des années pour mûrir son génie, parce que son génie est tout entier inspiration, et que les souffles du matin sont aussi harmonieux et plus frais que ceux du soir. […] Nous ne pouvons résister au désir de la reproduire ici tout entière.

2387. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Alamanni et Cesano, hommes de lettres et savants de ce siècle ; et, malgré mes travaux pressants, je causais souvent des heures entières fort gaiement avec eux ; l’ouvrage me venait de tous les côtés. […] Il est vrai que le proverbe dit qu’à force d’aller on rencontre le mauvais pas, mais les malheurs n’arrivent jamais de la même manière. » VI Benvenuto se livra alors tout entier à son génie et à sa verve.

2388. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Il y a l’écho sourd et le résidu des vers qui ont précédé ; il y a un sentiment particulier qui me fait souvenir que je ne suis plus au début du poème, qui me fait en même temps pressentir les mots qui vont suivre : c’est mon cerveau tout entier qui vibre, et le train de mes idées, à l’embranchement des deux voies, est lancé la seconde fois dans une direction autre que la première. […] Nous ne sentons plus la succession dc nos états ; nous sommes en chaque instant tout entiers à cet instant même, réduits à l’état d’esprits momentanés, sans comparaison, sans souvenir. » 128.

2389. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Mais pour que cette satisfaction soit aussi pure et aussi entière qu’il est possible, il est important pour nous d’avoir affaire à des juges assez désintéressés pour ne point nous déprimer par des motifs de rivalité ou de passion, assez éclairés pour que nous puissions supposer qu’ils ne prononcent pas sans examen, et en même temps assez superficiels pour que nous n’ayons point à craindre de leur part un jugement trop sévère. […] Quelques bons livres en entier se trouvent dans ce sanctuaire, et quelques feuillets détachés d’un plus grand nombre : mais on lit au dehors du temple le simple titre d’une infinité d’autres, affiché à toutes les colonnes du portique, et présenté par des colporteurs à gage à tous les passants, à peu près comme le sont aux portes de nos spectacles les billets des farceurs et des empiriques que nous recevons sans les lire.

2390. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Telle fut, vue par en haut, et dégagée, comme un arbre en pleine forêt abattue, de toutes les facultés qui jetaient leur épaisseur sur elle, la supériorité absolue de Raymond Brucker, de ce porte-flamme, qui, comme la flamme ne laisse rien après elle, n’a rien laissé après lui, et, tout entier, s’est évaporé. […] De ce pic de deux cents coudées, il les étend démesurément sur toute la France, pendant les houles sanglantes du Moyen Âge et les affres de cette guerre de Cent Ans qui en dura cent vingt-cinq, alors que la France tout entière se croyait perdue.

2391. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Si vous voulez que je vous dise mon secret tout entier, j’y ai renoncé quand j’ai connu que je ne pouvais être supérieur dans un genre qui exclut la médiocrité.

/ 2639