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1007. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Cela en soi est assez curieux et vaut qu’on le signale.

1008. (1915) La philosophie française « II »

Remarquons que la méthode de ces psychologues, — celle qui a valu à la psychologie, en somme, ses plus importantes découvertes, — n’est qu’une extension de la méthode d’observation intérieure.

1009. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

D’ailleurs, n’est-ce pas là qu’est la grâce, et en poésie la grâce ne vaut-elle pas parfois la beauté, parce qu’elle est la beauté elle-même ? […] Franchement, nous valons mieux que des Roumestan, nous ne faisons pas tous le trafic des mots sans nous inquiéter de leur valeur, de leur accord avec notre pensée, pourvu qu’ils brillent et qu’ils sonnent. […] Ceci vaut bien cela. […] dont les origines valent la peine d’être étudiées, — et le portraicturer en pied sous sa maladive figure de poète et d’homme ? […] Une page de vérité vaut toute l’œuvre, des pasticheurs romantiques ou classiques ; or, le Pain du Péché d’abord, mais toute l’œuvre de Théodore Aubanel, abonde en pages de vérité.

1010. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Car il y a des moments qui valent tout, et la vie est composée de moments. […] Il faut voir ce que vaut l’invention. […] Et alors autant valait prendre Andromaque. […] Rien évidemment ne vaut pour cela les bonnes vieilles scènes du répertoire classique. […] Et cela vaut mieux, après tout, que le ronron et les ficelles.

1011. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Andromaque, Hermione, Roxane et surtout Phèdre valent, on l’avouera, quelques-unes des héroïnes de Shakespeare et de Schiller. […] Rentré en France après le 18 brumaire, il se rapprocha de Napoléon et fut envoyé à Rome en qualité de secrétaire d’ambassade avec le Cardinal Fesch, puis nommé ministre plénipotentiaire en Valais. […] Mais leur code fut loin de valoir leurs œuvres. […] Mais les romans de Mme de Staël ne valaient pas ses œuvres de critique littéraire. […] Il vaut mieux considérer le réalisme en dehors du genre de composition dont nous nous occupons ici, et avec lequel on a eu tort de le confondre.

1012. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Elle l’adora et, ce qui vaut beaucoup mieux, elle le comprit, de très bonne heure et jusqu’à la fin. […] J’ai souvent dit moi-même que l’homme vaut en proportion de la considération qu’il fait de sa mort, qu’il vaut d’autant qu’il songe à sa mort, au jour dernier qui l’attend. […] Je vous assure que cela en vaut la peine. […] Aucun homme ne vaut qu’on l’aime ; mais encore plus est-il vrai qu’aucun homme ne vaut qu’on le haïsse. […] Tout ce que l’on a mis dans son cerveau de telle sorte que ni il n’y reste, ni il n’y germe, je ne dirai pas autant vaudrait, mais beaucoup mieux vaudrait, ne l’y avoir pas mis.

1013. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

La tragédie de Théodore, que Corneille fit jouer quelque temps après celle de Rodogune est loin de valoir celle-ci. […] Elle ne vaut guère mieux quoiqu’elle servît de modèle à beaucoup de copies. […] Cette aventure valut au favori de Richelieu le surnom d’abbé Mondory. […] Celui de Phèdre parut parfaitement convenable pour cela, et Racine le traça de façon à faire valoir les rares qualités et toutes les belles facultés de l’actrice. […] Par une suite de circonstances politiques, Athalie avait à cette époque une sorte de mérite d’actualité qui servit encore à la faire valoir.

1014. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Cette jeune fille ultra-moderne, produit décadent de nos serres chaudes parisiennes, vaut à elle seule la lecture du livre. […] Beaucoup vivent obscurément qui les valent par l’esprit et par le cœur. […] Le Roman d’un jeune Homme pauvre ne vaut-il pas Monsieur de Camors  ? […] L’auteur de Lourdes a inauguré la littérature de pensum, l’inspiration à jet continu, vaille que vaille. […] Mieux vaut la profondeur que la hâte.

1015. (1923) Nouvelles études et autres figures

Le système vaut ce que vaut l’homme. […] Sommes-nous biens sûrs que les romans d’aventures, que nous applaudissons aujourd’hui, valent beaucoup mieux ? […] Et puis, — je donne cette raison pour ce qu’elle vaut !  […] Le sujet vaut ce que valent les âmes. […] Nous n’en voulons jamais à ceux qui ont pensé que nous valions la peine qu’on fît de nous des hommes.

1016. (1883) Le roman naturaliste

Remarquez de plus, et la chose en vaut la peine, qu’ils ont tous voulu dire la même chose. […] Zola valût le drame du grand rival de Shakespeare ! […] L’auteur de Madame Bovary vaut mieux que ces éclats d’admiration banale. […] La multitude ne voit pas « bête », elle voit « banal », ce qui ne vaut pas mieux, si vous voulez, mais ce qui n’est pas moins tout à fait différent. […] On la connaît assez : je n’en dirai pas davantage ; il vaut mieux s’en taire que d’en parler faiblement.

1017. (1900) La culture des idées

Mon cerveau d’il y a dix ou quinze ans m’inspire cependant autant de confiance que celui d’aujourd’hui : si l’un a ses préjugés, l’autre a les siens, et qui se valent sans doute. […] Que vaudraient, dépouillées de leur pourpre, les idées de Bossuet ? […] Méthode ou impéritie, cela nous a valu d’amusantes énigmes : Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil. […] Ils valent bien une dissertation méthodique. […] Πορνεια entraîne au contraire l’idée de prostitution, et, en somme, son édifiant conseil se traduisait en français vulgaire : mariez-vous ; cela vaut mieux que d’aller voir les filles.

1018. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Le Juif s’avança, effaré ; — Oui, Cyrille, mieux vaut nous sauver. […] Ils valent pourtant la peine qu’on s’y arrête. […] Mieux vaut mourir ! […] Quant au second, je le jure, il aura la mienne, l’une vaut l’autre. […] Son naturel vaut mieux que ses principes.

1019. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Lièvre, « il n’a pas ce que l’accent doit faire valoir. […] Alphonse Daudet ne fut jamais ébloui par la réputation que lui valurent ses livres. […] Il n’y a pas d’histoire de Simbad le marin qui vaille de pareils récits. […] A force de parler littérature, on finissait par croire que la poésie était une sorte d’état social qui en valait bien un autre. […] Aucun exercice ne vaut la marche à pied.

1020. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Elle s’aperçoit alors que ce fou d’Eilert Lövborg vaut la peine, lui, d’être pris et dominé. […] Et c’est vraiment ce qu’elle avait de mieux à faire, et cela lui vaut du moins notre pitié. […] ou mon œil vaut tous mes sens à la fois ! […] Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux s’arranger ? […] Son rôle vaut mieux, pris dans sa signification, que pris dans sa réalité.

1021. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Autant vaudrait dire que l’air souille les poumons ; c’est un non-sens et rien de plus. […] il eût mieux valu y renoncer que d’y revenir pour aggraver sa faute. […] Une pareille découverte vaut, à coup sûr, la peine d’être proclamée à son de trompe ; et M.  […] Voilà un fait d’une haute importance, une idée lumineuse, qui vaut la peine d’être enregistrée. […] Hugo n’a besoin du témoignage de personne pour démontrer ce qu’il vaut.

1022. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Maintenant, le jeu ne vaut pas la chandelle. […] Il vaut bien mieux que je laisse à M.  […] Sarcey ne vaudrait rien. […] Tout vaut mieux que de s’écouter vivre. […] Il vaut donc bien qu’on en dise un mot.

1023. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Mais il vaut plus et mieux que cela ! […] Voltaire à la cour. — Ses relations avec Mme de Châteauroux ; — et surtout avec Mme de Pompadour. — Il se flatte que la nouvelle maîtresse fera passer le roi du côté des philosophes ; — et il l’accable de ses flatteries ; — qui lui valent le titre d’historiographe de France [1745]. — Le Poème de Fontenoy, 1745, et Le Temple de la Gloire, 1745. — Élection et réception de Voltaire à l’Académie française [mai 1746]. — Il est nommé gentilhomme ordinaire du roi [décembre 1746]. — Imprudences de Voltaire. — Il fatigue le roi de ses flagorneries ; — Mme de Pompadour de ses familiarités ; — et les courtisans de son importance. […] George Sand, Le Mariage de Victorine], — et dans la sincérité de l’auteur, — presque tout ce qui manque aux drames de Diderot ; — et qu’ainsi l’honneur de Sedaine est d’avoir donné le véritable et premier modèle du drame tel que le traiteront plus tard les Scribe, les Augier, les Dumas, De quelques autres œuvres de Sedaine ; — et que le caractère en est d’être « aimables » ; — mais que la force et le comique y manquent ; — bien plus encore que le style ; — et quoi qu’en aient dit ses contemporains. — Qu’il doit beaucoup aussi sans doute à ses musiciens ; — notamment à Grétry ; — dont la musique lui a valu le plus grand de ses succès, Richard Cœur-de-Lion, 1784 ; — et son fauteuil d’académicien. […] Mais sa philosophie n’en est pas moins une philosophie sociale ; — et l’on a pu dire de lui qu’il avait été « conservateur en tout, sauf en religion ». — Si en effet il n’ignore pas que les hommes ne valent pas grand’chose [Cf.  […] Gilbert] ; — sa collaboration avec Lefranc de Pompignan : Voyage du Languedoc, 1740-1746 ; — son mariage, 1743 ; — son écrit sur l’Utilité des états provinciaux, 1750. — Il publie son Ami des hommes, 1756, qui devient l’origine de sa liaison avec Quesnay. — Sa Théorie de l’impôt, 1760, — lui vaut l’honneur d’être mis à Vincennes ; — et exilé dans sa terre du Bignon. — Son retour à Paris, — et sa première Lettre à Rousseau, 1766 ; — sa liaison avec Turgot ; — et le triomphe des économistes.

1024. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Mieux valait encore Cléopâtre causant hiéroglyphes avec M. de Saulcy, ou Octavie recommandant le docteur Blache pour la coqueluche et la rougeole ! […] Vaut-il mieux, supposer que le faux Démétrius était un jeune homme élevé par les jésuites tout exprès pour ce rôle dont il s’est si bien acquitté, et dans l’espoir qu’une fois maître de la Russie il y installerait la religion catholique sur les ruines du schisme grec ? […] Hugo, académicien déjà, se répétait dans des drames qui ne valaient pas Hernani, dans des poésies qui ne valaient pas les Feuilles d’automne, et dans des récits de voyage qui ne valaient rien. […] Ponsard, et vaut à lui seul toute la tragédie de Lucrèce. […] Les Changarnier, les Bedeau, les Lamoricière, les Canrobert, valent à mes yeux ces intrépides lieutenants de Condé, Gassion, La Moussaye, Châtillon, Sirot, qui l’aidaient à gagner des batailles.

1025. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Le reste ne vaut pas l’honneur d’être nommé ! […] Rigal, qui ne les a pas seulement lues, mais analysées, l’une après l’autre, et beaucoup plus longuement, à notre avis du moins, qu’elles n’en valaient la peine. […] Autant vaudrait qu’on essayât de réhabiliter la Pucelle de Chapelain ! […] Le sujet en vaudrait la peine ; et c’est un livre qui nous manque qu’une bonne histoire de la casuistique. […] Il était homme à se passer d’eux ; et s’il lui fallait absolument des maîtres, il en avait eu de français qui valaient bien Woolston, Toland, Collins, et Bolingbroke à la fois.

1026. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Je ne faisais qu’exprimer vos opinions en expliquant les miennes ; et la conformité de mes maximes et des vôtres m’a valu votre assentiment. […] Il ne s’agit donc plus de mettre en problème si ces comédies eurent ou non le mérite qui leur valut de si brillants succès. […] La beauté de cette invention éclata dans ses chefs-d’œuvre, et lui valut ces titres de supériorité qu’on ne lui ravira plus. […] tout coup vaille, il faut voir               « Et je ne m’en saurais défendre. […] « Le plaisir d’entasser vaut seul tous les plaisirs.

1027. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Ceux-là ne vaudront-ils pas mieux qui seront des idées transformées en sentiments ? […] Encore que vrai comme fait, cela ne vaut pas comme argument. […] que vaut-il ? […] Si je l’offre, il vaudra peu, peut-être ne vaudra-t-il rien. […] Dès lors l’incertitude et l’insécurité disparaissent ; producteur, je n’en suis plus à ne pas savoir si ce que je produis vaut quelque chose ou ne vaut rien.

1028. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Ne vaudrait-il pas mieux faire tout par devoir, par raison, par charité, et rien par sentiment ? […] Jamais je n’ai été si sot, ni si fâché de l’avoir été : je rougis toutes les fois que j’y pense, et je t’aurais écrit le soir même mon chagrin, s’il n’eût mieux valu employer une heure qui me resta entre le concert et le départ du courrier, à aider à nos messieurs à expédier nos lettres. » Qu’est-ce donc que Mlle de La Prise ? […] Chacune d’elles est un rien, ou ne doit paraître qu’un rien, quand même elle serait quelque chose. » Mais voici qui se dessine déjà mieux et correspond, pour l’éclairer, à notre mystère : « Il me semble que j’ai quelque chose à te dire ; et quand je veux commencer, je ne vois plus rien qui vaille la peine d’être dit. […] …« Mais peut-être qu’après tout, ajoute-t-elle, le meilleur n’en vaudrait rien.

1029. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Il s’exalte à l’aspect des trésors qu’il fait rouler et étinceler sous ses yeux. « Porte-les, perds-les, il me reste une boucle d’oreille capable de les racheter, et d’acheter tout cet État. » Une perle qui vaut un patrimoine privé N’est rien. […] Recommencez150. » Ils font apporter Volpone qui a l’air expirant ; ils fabriquent de faux témoignages, et Voltore les fait valoir, de sa langue d’avocat, avec des paroles « qui valent un sequin la pièce. » On met Célia et Bonario en prison, et Volpone est sauvé. […] Tout à coup le légiste décidé que le moyen ne vaut rien, l’infidélité ayant été commise ayant le mariage. « Oh !

1030. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Si la terre vaut qu’on la conquière, elle vaut bien qu’on en jouisse. […] dit-il à son fils ; valent-ils ceux du violon de ton ami le serrurier ? […] À lui seul il m’a placé trois cent vingt billets, c’est-à-dire pour quatre-vingt louis ; il nous a valu de ne pas payer l’éclairage : il y avait plus de soixante bougies ; c’est lui qui nous a obtenu l’autorisation pour le premier concert et pour un deuxième, dont déjà cent billets sont placés.

1031. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

On fournit à cet homme un diamant de peu de valeur, et l’on m’a dit qu’un certain orfèvre, Léon Aretino, l’un de mes plus grands ennemis, fut chargé de le mettre en poudre ; mais comme il était fort pauvre, et que ce diamant valait pourtant quelques dizaines d’écus, il le garda pour lui, et donna au soldat la poudre d’une autre pierre à sa place. […] Je ne crains point son épée, j’en ai une aussi bonne que la sienne ; je suis Florentin comme lui, et ma famille vaut mieux que celle dont il sort. […] Je la payerai plus qu’elle ne vaut. — Je ne m’étais attendu, pour le prix de mes peines, lui dis-je alors, qu’à l’approbation de cette école. […] Il refusa d’abord cette commission, parce que nous étions mal ensemble ; mais sur un ordre réitéré, après l’avoir bien examiné pendant deux jours, il prononça que ma statue valait dix-huit mille écus.

1032. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Le médecin lui-même, s’il veut donner au malade une guérison vraie, cherche à être fécond à sa manière, sinon ses guérisons ne sont que des accidents heureux, et, dans leur ensemble, ses traitements ne valent rien. […] « Ces hommes, et ceux qui leur ressemblent, dit Goethe, sont des natures de génie, pour lesquelles tout est différent ; ils ont dans leur vie une seconde puberté, mais les autres hommes ne sont jeunes qu’une fois. — Chaque âme est un fragment de l’éternité, et les quelques années qu’elle passe unie avec le corps terrestre ne la vieillissent pas. — Si cette âme est d’une nature inférieure, elle sera peu souveraine pendant son obscurcissement corporel, et même le corps la dominera ; elle ne saura pas, quand il vieillira, le maintenir et l’arrêter. — Mais si, au contraire, elle est d’une nature puissante, comme c’est le cas chez tous les êtres de génie, non seulement, en se mêlant intimement au corps qu’elle anime, elle fortifiera et ennoblira son organisme, mais encore, usant de la prééminence qu’elle a comme esprit, elle cherchera à faire valoir toujours son privilège d’éternelle jeunesse. […] Tous ceux qui ont refusé à Euripide l’élévation étaient de pauvres hères incapables de s’élever avec lui, ou bien c’étaient d’impudents charlatans, qui voulaient se faire valoir, et qui, en effet, se grandissaient aux yeux d’un monde sans énergie. » * * * Lundi, 14 février 1831. […] Cela ne vaut rien !

1033. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

et, quand les amateurs ont du talent, ne valent-ils pas mieux, avec leur inexpérience des « trucs » de trétaux, que les habiles que « cela ennuie ?  […] Un bel et noble prince conquérant par ses forces, ou par l’aide de quelque dieu, la blonde princesse enchantée : cette histoire valait, pour vivre en ces premiers esprits, ce que valent aujourd’hui pour nous les œuvres des réalismes les plus subtils. […] N’entendons-nous point la voix aimée du Maître, et qu’elle nous dit : « Tous les arts ont une fin commune : tous ne valent que s’ils y travaillent.

1034. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Quelques traits pourtant, dans ce décourageant tableau, sont à excepter : les soldats exténués de fatigue ont gardé leur bonne volonté et valent mieux que ceux qui les commandent. […] Il était de plus prieur de La Charité-sur-Loire, ce qui valait 16 000 livres.

1035. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Il en est résulté un beau livre, accompagné de tout ce qui peut le faire valoir, plan, vues, gravures, et surtout formé et nourri à chaque page de cette excellente langue du xviie  siècle, que Mme de Maintenon avait amenée à sa perfection et que parlaient les premières élèves de Saint-Cyr. […] Je vous l’ai souvent dit, je n’aime point les nouveaux établissements ; il vaudrait mieux soutenir les anciens.

1036. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Un jour qu’on demandait en présence de Wordsworth s’il en était nécessairement ainsi, le grave poète des lacs répondit : « Ce n’est point parce qu’ils ont du génie qu’ils font leur intérieur malheureux, mais parce qu’ils ne possèdent point assez de génie : un ordre plus élevé d’esprit et de sentiments les rendrait capables de voir et de sentir toute la beauté des liens domestiques23. » J’ai le regret de rappeler que Montaigne n’était pas de cet avis et qu’il penchait du côté du déréglement : citant les sonnets de son ami Étienne de La Boétie, il estime que ceux qui ont été faits pour la maîtresse valent mieux que ceux qui furent faits pour la femme légitime, et qui sentent déjà je ne sais quelle froideur maritale : « Et moi, je suis de ceux, dit-il, qui tiennent que la poésie ne rit point ailleurs comme elle fait en un sujet folâtre et déréglé. » Nous nous sommes trop souvenus en France de cette parole de Montaigne, et nous nous sommes laissés aller à cette idée de folâtrerie. […] [NdA] Cette étude sur Cowper m’a valu trois gracieux sonnets en anglais qui me sont venus de la patrie du poète, et qui ont été écrits le soir autour de la table à thé, pendant qu’on lit en famille un livre ami et que l’on en cause.

1037. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Moyennant toutes ces conditions, et « un peu de cette hardiesse et de cette liberté anglaise qui nous manque », Voltaire promettait au François II de valoir mieux que toutes les pièces de Shakespeare : c’était là une pure gaieté. Le président Hénault n’était pas de force à remplir de tels cadres ; il se plaisait pourtant à les concevoir, à les proposer aux autres, et on doit lui en savoir gré : Il se plaît à démêler dans toutes sortes de genres, a dit Mme Du Deffand, les beautés et les finesses qui échappent au commun du monde ; la chaleur avec laquelle il les fait valoir fait quelquefois penser qu’il les préfère à ce qui est universellement trouvé beau ; mais ce ne sont point des préférences qu’il accorde, ce sont des découvertes qu’il fait, qui flattent la délicatesse de son goût et qui exercent la finesse de son esprit.

1038. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Cette Mérope, qui parut l’un de ses chefs-d’œuvre, lui valut de vives jouissances. […] Je ne réformerai point les abus du monde ; il vaut mieux y renoncer.

1039. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Ainsi dirai-je à mon tour, et c’est pourquoi je laisserai toutes les discussions des Feuquières et autres connaisseurs sur les fautes qui purent être commises à Malplaquet ; si la disposition de la veille était bonne ; s’il n’eût pas mieux valu pour Villars prendre les devants et attaquer résolument le 9 ou le 10, au lieu de recevoir le combat le 11. […] Le prince Eugène dit à onze heures : « Je crois qu’il vaut mieux aller dîner » ; et fit rentrer ses troupes.

1040. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

L’abbé Le Dieu revoit et met au net les manuscrits de la Politique, des Élévations, des Méditations sur les Évangiles, et il fait grandement valoir ce travail qu’il ne poursuit qu’à son aise : « L’abbé (Bossuet) m’a paru étonné de ce que je ne lui donnais que cela, trouvant les cahiers en petit nombre ; mais je suis bien résolu de ne m’en pas hâter davantage, et pour le profit que j’en reçois, ce n’est pas la peine de me tant fatiguer. » C’est le cas de dire comme cet ancien ministre à la tribune : Est-ce clair ? […] En lui envoyant copie de la Lettre latine de Bossuet au pape Innocent XI sur l’éducation du dauphin, il dit : « Je le fais bien valoir à cet abbé par la lettre que je lui écris, parce qu’avec de pareilles gens si méprisants il faut faire le gascon… Nous verrons comment notre abbé le recevra ; je veux qu’il sente le besoin qu’il a de moi. » — D’ailleurs il est heureux à sa manière, il s’arrange et s’acoquine à Meaux ; il achète une maison, grande affaire ; il se cache pour cela sous le nom du chanoine Blouin ; dès qu’on le sait, les anciennes jalousies contre lui se réveillent.

1041. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Passe pour l’ambition d’un Alcibiade, d’un Alexandre, d’un Achille, cela en vaut la peine ; mais pour ces honneurs municipaux et ces dignités de quartier dont tout le bruit se mène d’un carrefour à l’autre, il n’y a pas de quoi s’en entêter. […] Il y a un beau mot de Mirabeau : « Tout homme de courage devient un homme public le jour des fléaux. » Montaigne, homme public, n’a pas fait ni senti qu’il devait faire ce qu’eût fait un Mirabeau et d’autres, qui, dans l’habitude, valaient moins que lui.

1042. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

S’il ne tient pas à vivre, se croyant condamné par elle, que du moins il songe à l’idée qu’on prendra de lui s’il succombe ; il y va de sa gloire : « Quand on le saura mort, on le croira vaincu. » La passion a ses sophismes : c’est au nom même de son père mort, de ce comte si redouté, qu’elle prétend prouver à Rodrigue qu’il est obligé de se défendre vaillamment contre un moins vaillant que ce guerrier illustre : autrement on croira que le comte valait moins que don Sanche. […] Les écuyers et un berger qui accompagnent Rodrigue n’osent approcher de ce malheureux : Rodrigue seul va droit à l’affligé, le retire, lui baise même la main avec charité, le couvre de son manteau, le fait manger au même plat que lui, le fait boire à son flacon, le fait dormir près de lui sous sa garde, et attire ainsi sur sa tête les bénédictions les plus tendres de ce malheureux qui le proclame le plus humain et le plus pieux des chevaliers, et le salue du nom de bon Rodrigue, un nom qui vaut bien celui de Cid ou Seigneur que lui ont donné les Maures soumis.

1043. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Réfléchissez… Une issue vous reste… Ne vaut-il pas mieux transporter ailleurs le flambeau de l’Évangile dont vous êtes dépositaires, que de le laisser ici s’éteindre dans le sang ?  […] Il s’agissait, pour ce peuple errant et dispersé, de se donner un rendez-vous à l’extrémité du lac de Genève, à Bex, aux portes du Valais, d’entrer en Savoie, « de l’effleurer par le territoire de Saint-Maurice, de passer à Martigny, de suivre la vallée du grand Saint-Bernard jusqu’à Orsières, de remonter le val Ferret, puis traverser le col Letrevre, descendre à Courmayeur, passer de là au petit Saint-Bernard, tourner ainsi le Mont Blanc, et venir retomber en Savoie entre le col Bonhomme et le mont Iseran du côté de Scez, sur la route qu’avaient reconnue leurs premiers éclaireurs. » Cet itinéraire habile et hardi ne fut pas suivi comme il avait été tracé d’abord ; le premier projet échoua ; la pratique et la nécessité en suggérèrent un autre : ce fut à Prangins, près de Nyon, que le rendez-vous patriotique eut lieu ; on traversa le lac à cet endroit (16 août 1689) ; on passa par Cluse, Sallanches, on attaqua le Mont-Blanc et le col du Bonhomme par un autre côté.

1044. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

(31 octobre 1774.) » Et cinq ans après, quand Marie-Antoinette est reine, dans une lettre à l’abbé de Vermond, Marie-Thérèse laisse échapper ce même mot de sinistre augure et qui s’est trouvé trop prophétique : « Je suis bien touchée de vos services et attachement qui n’ont pas d’exemple ; mais je le suis aussi de l’état de ma fille, qui court à grands pas à sa perte, étant entourée de bas flatteurs qui la poussent pour leurs propres intérêts (1776). » Et pour le dire en passant, cet abbé de Vermond, tant attaqué et incriminé dans tous les mémoires du temps et toutes les histoires de Marie-Antoinette, se relève un peu, dans cette Correspondance, par l’estime constante et la confiance absolue que lui témoigne Marie-Thérèse : c’est là aussi un suffrage qui compte et qui vaut bien qu’on le mette en balance avec celui de Mme Campan. […] Cela vaut bien la peine de s’y arrêter.

1045. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

il y a plus d’une manière de l’entendre ; mais ici, au sens de Jomini, le feu sacré, c’est la science et l’amour du bel art : montrer ce qu’on peut et ce qu’on vaut par une application des principes de la grande guerre. […] Les hommes qui en valent la peine ne se jugent point d’un coup d’œil ni en un instant ; et, comme l’a dit le grand poète persan Sadi : « Ce n’est qu’en laissant s’écouler un long espace de temps que l’on arrive à connaître à fond la personne qu’on étudie. » Ce devrait être la devise de toute biographie sérieuse.

1046. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Une maladie nerveuse singulière, bizarre, qui se déclara en lui après l’usage du petit vin blanc de Saint-Maurice, et le projet de sa mère de le venir rejoindre, décidèrent M. de Sénancour à demeurer en Suisse ; seulement il quitta le Valais pour le canton de Fribourg, et s’y mit en pension à la campagne, dans une famille patricienne du pays. […] Il n’y a pas de roman ni de nœud dans ce livre ; Oberman voyage dans le Valais, vient à Fontainebleau, retourne en Suisse, et, durant ces courses errantes et ces divers séjours, il écrit les sentiments et les réflexions de son âme à un ami.

1047. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Puis, durant ces quelques semaines qu’il passe auprès de madame de Charrière, n’ai-je pas fait valoir aussitôt l’influence heureuse de cette première tendresse que rencontre le jeune homme, influence balancée, il est vrai, par l’excès d’analyse et par la nature aride de certaines doctrines ? […] Je suis, grâce à mon bavardage sur moi-même, tellement décrié que je n’ai pas besoin de l’être plus ; et si mes lettres, qui nagent dans vos appartements, échouaient en quelques mains étrangères, cela donnerait le coup de grâce à ma mourante réputation… » Je n’avais pas jugé utile dans le premier travail de faire entrer ce fragment, qui en dit plus que nous ne voulons, qui en dit trop, car certainement Benjamin Constant valait infiniment mieux que la réputation qu’il s’était faite alors ; mais enfin il se l’était faite, comme lui-même il en convient : étais-je donc si en erreur et si loin du compte quand j’insistais sur certains traits avec précaution, avec discrétion ?

1048. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Pour qui se complaît à ces ingénieuses et tendres lectures ; pour qui a jeté quelquefois un coup d’œil de regret, comme le nocher vers le rivage, vers la société dès longtemps fabuleuse des La Fayette et des Sévigné ; pour qui a pardonné beaucoup à Mme de Maintenon, en tenant ses lettres attachantes, si sensées et si unies ; pour qui aurait volontiers partagé en idée avec Mlle de Montpensier cette retraite chimérique et divertissante dont elle propose le tableau à Mme de Motteville, et dans laquelle il y aurait eu toutes sortes de solitaires honnêtes et toutes sortes de conversations permises, des bergers, des moutons, point d’amour, un jeu de mail, et à portée du lieu, en quelque forêt voisine, un couvent de carmélites selon la réforme de sainte Thérèse d’Avila ; pour qui, plus tard, accompagne d’un regard attendri Mlle de Launay, toute jeune fille et pauvre pensionnaire du couvent, au château antique et un peu triste de Silly, aimant le jeune comte, fils de la maison, et s’entretenant de ses dédains avec Mlle de Silly dans une allée du bois, le long d’une charmille, derrière laquelle il les entend ; pour qui s’est fait à la société plus grave de Mme de Lambert, et aux discours nourris de christianisme et d’antiquité qu’elle tient avec Sacy ; pour qui, tour à tour, a suivi Mlle Aïssé à Ablon, où elle sort dès le matin pour tirer aux oiseaux, puis Diderot chez d’Holbach au Granval, ou Jean-Jacques aux pieds de Mme d’Houdetot dans le bosquet ; pour quiconque enfin cherche contre le fracas et la pesanteur de nos jours un rafraîchissement, un refuge passager auprès de ces âmes aimantes et polies des anciennes générations dont le simple langage est déjà loin de nous, comme le genre de vie et de loisir ; pour celui-là, Mlle de Liron n’a qu’à se montrer ; elle est la bienvenue : on la comprendra, on l’aimera ; tout inattendu qu’est son caractère, tout irrégulières que sont ses démarches, tout provincial qu’est parfois son accent, et malgré l’impropriété de quelques locutions que la cour n’a pu polir (puisqu’il n’y a plus de cour), on sentira ce qu’elle vaut, on lui trouvera des sœurs. […] Je ne suis pas jaune, mais fort pâle ; je n’ai pas les yeux mauvais ; avec une coiffure avancée je suis encore assez bien ; mais le déshabillé n’est pas tentant, et mes pauvres bras, qui, même dans leur embonpoint, ont toujours été vilains et plats, sont comme deux cotrets. » Si Mlle Aïssé, même dans son meilleur temps, a toujours été un peu maigre, il est certes bien permis à Mlle de Liron d’avoir toujours été un peu grasse ; cela nous a valu au début une jolie scène domestique de pâtisserie, où l’on voit aller et venir dans la pâte les mains blanches et potelées, et les bras nus jusqu’à l’épaule de Mlle de Liron.

1049. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Racine lui écrivait du camp près de Namur : « La vérité est que notre tranchée est quelque chose de prodigieux, embrassant à la fois plusieurs montagnes et plusieurs vallées avec une infinité de tours et de retours, autant presque qu’il y a de rues à Paris. » Boileau répondait d’Auteuil, en parlant de la Satire des Femmes qui l’occupait alors : « C’est un ouvrage qui me tue par la multitude des transitions, qui sont, à mon sens, le plus difficile chef-d’œuvre de la poésie. » Boileau faisait le vers à la Vauban ; les transitions valent les circonvallations ; la grande guerre n’était pas encore inventée. […] Assurément, La Fontaine était bien humble de préférer ces vers laborieusement élégants de Boileau à tous les autres ; à ce prix, les siens propres, si francs et si naïfs d’expression, n’eussent guère rien valu. « Croiriez-vous, dit encore Boileau dans la même lettre en parlant de sa dixième Épître, croiriez-vous qu’un des endroits où tous ceux à qui je l’ai récitée se récrient le plus, c’est un endroit qui ne dit autre chose sinon qu’aujourd’hui que j’ai cinquante-sept ans, je ne dois plus prétendre à l’approbation publique ?

1050. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Monsieur, Nous sommes bien incompétents pour louer ce qui fait votre gloire véritable, ces admirables expériences par lesquelles vous atteignez jusqu’aux confins de la vie, cette ingénieuse façon d’interroger la nature qui tant de fois vous a valu de sa part les plus claires réponses, ces précieuses découvertes qui se transforment chaque jour en conquêtes de premier ordre pour l’humanité. […] Littré père avaient au moins quelque mérite à l’être ; car ils étaient deux (deux qui valaient, certes, à eux seuls tous ceux qu’on a plus tard vus éclore), son fils d’abord, puis l’intime ami de son fils, celui à qui je dois ces détails, notre respecté confrère M. 

1051. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Elle inculque à sa jeune âme les soucis et les prudences des vieillards ; elle lui apprend à flatter, à feindre, à regarder d’un côté en marchant de l’autre, à saluer bien bas des gens qui ne valent quelquefois pas l’abaissement d’un regard… Siao sin ! […] La sagesse d’Athènes vaut bien celle du Danube.

1052. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Jane n’a qu’à se bien tenir ; son présent et son passé appartiennent désormais à l’Ami des femmes. « Mieux vaudrait un sage ennemi !  […] Son honneur vaut bien une apostasie !

1053. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Profitant de la paix forcée de l’Europe, assuré de l’alliance de la Russie et certain d’acheter sa connivence à l’Occident moyennant un appât du côté de la Turquie, Napoléon conçoit à un moment l’idée de mettre la main sur le trône d’Espagne, d’en précipiter un roi imbécile, une reine dissolue, et de déshériter leur fils qui, au fond, ne valait guère mieux, mais à qui l’on n’avait à reprocher alors que de ne pouvoir vivre en intelligence avec ses tristes parents et avec leur scandaleux favori, le prince de la Paix. […] Le tout, pour cette race de mortels à part, est de bien prendre son moment, de bien proportionner son audace, et de faire valoir encore dans une certaine juste mesure le droit du lion.

1054. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

En présence de ces grandes et touchantes infortunes, Pétion ne semble occupé que d’une chose, du respect de sa propre vertu, du dessein qu’il suppose à tout le monde de la surprendre et de la corrompre, du soin qu’il a de la préserver et de la faire valoir. […] Arrivé sur mes foyers, je me demande s’il n’eût pas autant valu ne jamais les quitter ; et j’ai besoin d’un peu de réflexion pour répondre, tant la situation où nous a placés cette nouvelle Assemblée abat le courage et l’énergie.

1055. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Je ne sais si les personnes du xviie  siècle avaient, plus ou moins de toutes ces choses ; mais en général elles n’en disaient rien elles-mêmes, et cela est plus agréable, plus convenable en effet, soit qu’il vaille mieux ne pas afficher ce qui manque, soit qu’il y ait bon goût en ceci et bonne grâce à laisser découvrir aux autres ce qu’on a. […] N’importe, elle trouvait encore à se prendre aux moindres marques d’attention, et à s’émouvoir de ce qui certes n’en valait pas la peine.

1056. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

elle vient voir ce qu’elle pourra recueillir de mon inventaire. » Cet inventaire en valait la peine, puisqu’il se composait tout d’abord de Fontenelle, de Montesquieu, de Mairan. […] Si cela valait la peine qu’elle s’en mêlât, je puis vous assurer, madame, qu’elle pourrait me gouverner comme un enfant.

1057. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Cela le couvrait du côté de ses ennemis, et lui valait bien de l’appui et de la faveur pour l’agrandissement du Jardin du roi. […] Nulle part d’ailleurs plus que dans cet écrit de son époque septuagénaire, Buffon n’a manifesté tout ce qu’il valait par la clarté et par la plénitude de l’expression, par le courant vaste et flexible de la parole appliquée aux plus grands objets et aux plus sévères.

1058. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Parlant du vieux maréchal de Bassompierre que raillaient les jeunes gens, elle dira, après avoir loué sa générosité, sa magnificence et ses galantes manières : « Les restes du maréchal de Bassompierre valaient mieux que la jeunesse de quelques-uns des plus polis de ce temps-là (1646). » Elle aimait, dans les pièces de Corneille, surtout la morale élevée et les nobles sentiments qui avaient épuré le théâtre. […] Cette religion éclairée et soumise lui a dicté dans ses Mémoires quelques pages qu’on peut dire charmantes autant qu’elles sont solides et sensées, sur les querelles du temps, sur les disputes du jansénisme et du molinisme, auxquelles les femmes n’étaient pas les moins pressées de se mêler : Il nous coûte si cher, dit-elle en se souvenant d’Ève, d’avoir voulu apprendre la science du bien et du mal, que nous devons demeurer d’accord qu’il vaut mieux les ignorer que de les apprendre, particulièrement à nous autres qu’on accuse d’être cause de tout le mal… Toutes les fois que les hommes parlent de Dieu sur les mystères cachés, je suis toujours étonnée de leur hardiesse, et je suis ravie de n’être pas obligée de savoir plus que mon Pater, mon Credo et les Commandements de Dieu.

1059. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Il vaut bien mieux achever plus tard les affaires que de les ruiner par la précipitation ; et il arrive même souvent que nous retardons, par notre propre impatience, ce que nous avions voulu trop avancer. […] Il voudrait que son fils, au lieu de s’arrêter en chemin, et de regarder autour de lui et au-dessous de lui, ceux qui valent moins, reportât ses regards plus haut : Pensez plutôt à ceux qu’on a le plus sujet d’estimer et d’admirer dans les siècles passés, qui d’une fortune particulière ou d’une puissance très médiocre, par la seule force de leur mérite, sont venus à fonder de grands empires, ont passé comme des éclairs d’une partie du monde à l’autre, charmé toute la terre par leurs grandes qualités, et laissé depuis tant de siècles une longue et éternelle mémoire d’eux-mêmes, qui semble, au lieu de se détruire, s’augmenter et se fortifier tous les jours par le temps.

1060. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Mathier faisait sa recette, la lui prend pistolet au poing au nom de Messieurs les princes, et lui laisse pour toute consolation une quittance de huit mille livres à valoir sur qui de droit. […] Il lui venait toujours quelque idée neuve et pratique qui valait mieux souvent que celle qu’on suivait.

1061. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Au milieu des hardiesses et des irrévérences des Lettres persanes, un esprit de prudence se laisse entrevoir par la plume d’Usbek ; en agitant si bien les questions et en les perçant quelquefois à jour, Usbek (et c’est une contradiction peut-être à laquelle n’a pas échappé Montesquieu) veut continuer de rester fidèle aux lois de son pays, de sa religion : « Il est vrai, dit-il, que, par une bizarrerie qui vient plutôt de la nature que de l’esprit des hommes, il est quelquefois nécessaire de changer certaines lois : mais le cas est rare ; et, lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante. » Rica lui-même, l’homme badin et léger, remarquant que dans les tribunaux de justice, pour rendre la sentence, on prend les voix à la majeure (à la majorité), ajoute par manière d’épigramme : « Mais on dit qu’on a reconnu par expérience qu’il vaudrait mieux les recueillir à la mineure : et cela est assez naturel, car il y a très peu d’esprits justes, et tout le monde convient qu’il y en a une infinité de faux. » C’est assez pour montrer que cet esprit qui a dicté les Lettres persanes ne poussera jamais les choses à l’extrémité du côté des réformes et des révolutions populaires. […] [NdA] « Il aimait beaucoup les femmes », a dit l’abbé de Voisenon, qui ajoute ce malin propos que je donne sans commentaire : « Le Temple de Gnide lui valut de bonnes fortunes, à condition qu’il les cacherait. » b.

1062. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Il rappelle plus d’une fois son généreux et plus confiant ami, M. de Suhm, à la réalité et à l’expérience : les Descartes, les Newton, les Leibniz peuvent venir et se succéder, sans qu’il y ait danger pour les passions humaines de perdre du terrain et de disparaître : « Selon toutes les apparences, on raisonnera toujours mieux dans le monde, mais la pratique n’en vaudra pas mieux pour cela. » Dans sa douce et studieuse retraite de Remusberg, regrettant l’ami absent : Il me semble, lui écrit-il (16 novembre 1736), il me semble que je vous revois au coin de mon feu, que je vous entends m’entretenir agréablement sur des sujets que nous ne comprenons pas trop tous deux, et qui cependant prennent un air de vraisemblance dans votre bouche. […] Le prince d’Anhalt, qui est peut-être le plus grand général du siècle, demeure dans une obscurité dont lui seul peut ressentir tout le poids ; et d’autres, qui ne le valent pas de bien loin, sont les arbitres de la terre.

1063. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Mais un art qui ne nous procurerait ainsi que des sensations agréables disposées le plus savamment possible ne nous donnerait qu’un pur abstrait des choses et du monde ; or, le miel le plus doux extrait de la fleur ne vaut pourtant pas la fleur. […] Outre les idées, l’art a pour objet principal l’expression des sentiments, parce que les sentiments qui animent et dominent toute vie valent seuls en elle.

1064. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Il vaut mieux %99 %faire observer qu’un précepte de facture reste une simple recette, que peindre d’une certaine façon ne veut jamais dire peindre bien de cette façon, que l’important est de peindre bien et que la façon n’y est pour rien, que Velasquez et Rubens se valent, que toutes les querelles et les gros mots sur les procédés manuels de l’art ne signifient rien, que la seule chose nécessaire est d’avoir du génie, que les procédés même de Cabanel, de Bouguereau, de Tony Robert Fleury, de Delaroche et d’Horace Yernet donneraient de magnifiques œuvres s’ils étaient employés par des artistes ayant le don, qu’enfin la formule du plein air est la dernière qu’il faille défendre, puisque, à l’heure actuelle, elle n’a pas encore donné un seul chef-d’œuvre ?

1065. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Nous disons acheta ou fit bâtir une maison, car il l’acheta selon Whiterill, et la fit bâtir selon Forbes, et à ce sujet Forbes querelle Whiterill ; ces chicanes d’érudits sur des riens ne valent pas la peine d’être approfondies, surtout quand on voit le père Hardouin, par exemple, bouleverser tout un passage de Pline en remplaçant nos pridem par non pridem. […] Clifford, son favori, qui n’entrait jamais dans la salle du parlement sans cracher, disait : Il vaut mieux pour mon maître être vice-roi sous un grand monarque comme Louis XIV qu’esclave de cinq cents sujets anglais insolents.

1066. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Entr’autres opinions singulieres que l’on trouve rêpandues dans cet écrit, on est étonné que l’auteur y soutienne celle-ci, que les Chrétiens sages & éclairés croient qu’il vaut mieux écouter un beau & bon Sermon pour mieux pratiquer les vertus, que de demander à Dieu la grace de bien pratiquer ces vertus ; & il ose traiter ceux qui pensent différemment, d’Idolâtres, de Payens, de Quakers, & de Fanatiques ignorans. […] Il vaut mieux dire quelque chose des écrits sur l’éloquence du Barreau.

1067. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Ainsi, il procède de quelqu’un, ce charmant esprit qui vaut mieux que l’esprit dont il procède, et c’est ce qui frappe tout d’abord dès les premières pages de son livre. […] Protestante encore, comme, à plus d’un accord, son livre le révèle, mais catholique d’âme, catholique d’essence, faite pour venir à nous un Jour, et si elle n’y vient pas, digne d’être de nous éternellement regrettée, elle a comme perdu sa personnalité de femme dans la profondeur de sa foi religieuse, et elle y a trouvé plus qu’elle ne pouvait y laisser, car l’ombre de Dieu sur notre pensée, vaut mieux que notre pensée, fût-elle du génie.

1068. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Mais il savait déjà que, vu le ralentissement du temps par l’effet du mouvement, chacune de ces secondes apparentes vaut, en secondes réelles, équation . […] D’abord, pour simplifier les choses, je supposerai que mes axes O′ X, O′ Y′, O′ Z′ coïncidaient avec les tiens avant la dissociation des deux mondes S et S′ (qu’il vaudra mieux, pour la clarté de la présente démonstration, faire cette fois tout différents l’un de l’autre), et je supposerai aussi que OX, et par conséquent O′ X′, marquent la direction même du mouvement de S′.

1069. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Je voudrais écarter ce qui la masque, aller droit à elle et voir ce qu’elle vaut. […] Eh bien, le moment est venu de regarder cette hypothèse en face et de se demander ce qu’elle vaut.

1070. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Cousin, qui organise son école et qui va pêchant partout des cartésiens, s’est mis à faire valoir le Père André.

1071. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

La publication, que nous préparons après celle-ci, sera la Correspondance générale : deux appels précédents ont été entendus, et nous ont valu de précieux témoignages de confiance.

1072. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

J’examinerai dans un des chapitres suivants par quelles raisons les Français pouvaient seuls atteindre à cette perfection de goût, de grâce, de finesse et d’observation du cœur humain, qui nous a valu les chefs-d’œuvre de Molière.

1073. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

Le philosophe, par un grand acte de courage, ayant délivré ses pensées du joug de la passion, ne les dirige plus toutes vers un objet unique, et jouit des douces impressions que chacune de ses idées peut lui valoir tour à tour et séparément.

1074. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Vous vaudrez mieux que nous ; vous le devez.

1075. (1890) L’avenir de la science « XIV »

Un million vaut un ou deux hommes de génie, en ce sens qu’avec un million bien employé on peut faire autant pour le progrès de l’esprit humain que feraient un ou deux hommes de premier ordre, réduits aux seules forces de l’esprit.

1076. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Je me bornerai à remarquer dans cet ouvrage quelques sorties contre les précieuses, des mots grossiers qui reproduisent vingt fois une idée grossière, une scène licencieuse depuis longtemps interdite au théâtre, Arnolphe (c’est le vieillard), après un entretien avec Agnès dont la simplicité l’enchante, adresse cette apostrophe aux précieuses : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.

1077. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 312-324

Cet Auteur étoit ennemi de toutes prétention, & n’avoit, dit M. de Buffon *, nul empressement de se faire valoir, nul penchant à parler de soi, nul désir ni apparent ni caché de se mettre au dessus des autres.

1078. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VIII »

Notre anglais vaut ce français-là et il est souvent pire.

1079. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Cet argument est vicieux, Et ne vaut une vieille gaine ; Car l’habit ne fait pas le moine.

1080. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Celles qu’on y lit sur quelques-unes de leurs portes, ou sur le frontispice de quelques-uns de leurs bâtimens, valent bien tout ce qu’on eut pû dire en Latin.

1081. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

Ne vaudrait-il pas mieux déclarer tout d’abord que, lors même qu’il en serait ainsi, rien ne serait encore prouvé contre l’existence de l’âme ?

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