Louis XIV avait dit, dans ses Instructions au Dauphin, une belle parole trop méconnue par son indigne petit-fils : « Les empires, mon fils, ne se conservent que comme ils s’acquièrent : c’est-à-dire par la vigueur, par la vigilance et par le travail. » 283.
. — Chez le paysan, chez le villageois, chez l’homme appliqué dès son enfance au travail manuel, non seulement le réseau des conceptions supérieures fait défaut, mais encore les instruments internes qui pourraient le tisser ne sont pas formés.
Ces Captives du roi des morts deviennent de pauvres ouvrières qu’un patron avare exploite : Toujours tisserons draps de soie, Jamais n’en serons mieux vêtues : Toujours serons pauvres et nues, Et toujours aurons faim et soif… Nous avons du pain à grand peine, Peu le matin et le soir moins… Mais notre travail enrichit Celui pour qui nous travaillons !
Montaigne a fui le travail de la composition ; il n’a pas voulu se donner de mal.
Sarcey, les principales, je crois ; mais je ne puis les enregistrer toutes ni surtout suivre le critique dans son infini travail d’expériences et d’applications.
Vous êtes trop grands l’un et l’autre pour vous haïr. » — Sur la mort de Mme de Girardin : Elle s’en est allée… La foule ne comprend pas les grandes âmes… Je voudrais m’en aller aussi Je rêve aux morts ; je les vois Je méprise la haine et la calomnie Idem Je travaille : le travail est bon Je suis las ; mais quelqu’un dans la nuit me dit : Va Je rentrerai, comme Voltaire, dans mon grand Paris.
Soit en forme de prix décernés pour des travaux notoires, ou de facilités à la publication d’ouvrages manuscrits.
En supposant même que l’érudit ne dût jamais figurer dans la grande histoire de l’humanité, son travail et ses résultats, assimilés par d’autres et élevés à leur seconde puissance, y trouveront leur place par cette influence secrète et cette intime infiltration qui fait qu’aucune partie de l’humanité n’est fermée pour l’autre.
Il serait à souhaiter qu’à toute époque un représentant de tous les groupes intellectuels existant alors eût pris la peine de faire un travail analogue pour lui et les siens ; on aurait de la sorte une série de témoignages qui donneraient le droit d’embrasser une époque entière dans les conclusions qu’on tirerait sur l’origine de ses principales tendances.
Stobée raconte l’histoire d’un jeune homme qui, forcé par son père de se livrer aux travaux des champs, se pendit, laissant une lettre par laquelle il déclarait que l’agriculture était un métier par trop monotone, qu’il fallait sans cesse semer pour récolter, récolter pour semer encore, et que c’était là un cercle infini et insupportable.
En face de la famille officielle, l’auteur nous fait voir la famille exclue et déshéritée, s’enrichissant par le travail, prospérant par l’accord parfait de deux volontés courageuses, de deux cœurs unis.
Une estampe se détache et pend, qui représente un graveur en pierres fines au travail avec ces mots : « Pompadour sculpsit ».
il ne montrera point sur la fin de ses jours un front sillonné par les longs travaux, les graves pensées, et souvent par ces mâles douleurs qui ajoutent à la grandeur de l’homme !
Je n’ai voulu qu’ajouter quelques impressions de lecture à leur travail exact et suivi, aux développements si complets de l’un, et au, résumé si net de l’autre.
On a en masse et surabondamment les témoignages, tant imprimés que manuscrits, de ses travaux pendant cet intervalle, de ses pensées, de ses sentiments, de ses tortures, et aussi de ses égarements, hélas !
Depuis, chaque fois qu’au gré des funèbres jeudis de la cour de cassation, il arrivait un de ces jours où le cri d’un arrêt de mort se fait dans Paris, chaque fois que l’auteur entendait passer sous ses fenêtres ces hurlements enroués qui ameutent des spectateurs pour la Grève, chaque fois, la douloureuse idée lui revenait, s’emparait de lui, lui emplissait la tête de gendarmes, de bourreaux et de foule, lui expliquait heure par heure les dernières souffrances du misérable agonisant, — en ce moment on le confesse, en ce moment on lui coupe les cheveux, en ce moment on lui lie les mains, — le sommait, lui pauvre poëte, de dire tout cela à la société, qui fait ses affaires pendant que cette chose monstrueuse s’accomplit, le pressait, le poussait, le secouait, lui arrachait ses vers de l’esprit, s’il était en train d’en faire, et les tuait à peine ébauchés, barrait tous ses travaux, se mettait en travers de tout, l’investissait, l’obsédait, l’assiégeait.
La double identification du roi avec la nation et du roi avec Dieu, c’est là le travail de l’histoire courtisane.
L’auteur nous avoit promis de pousser ce travail beaucoup plus loin ; & en particulier, de nous faire connoître les Ecrivains dramatiques espagnols, & les obligations qu’il croit que nous leur avons ; il n’a pas tenu parole.
Le reste de la soirée s’écoulait au travail d’aiguille, et à dix heures elle était couchée, ayant lu le sujet de méditation du lendemain, afin de s’endormir avec cette bonne pensée.
Cette année, il a profité très-légitimement de l’occasion de montrer une partie assez considérable du travail de sa vie, et de nous faire, pour ainsi dire, réviser les pièces du procès.
Le 28 septembre 1864, dans Saint-Martin’s Hall, un meeting réunissait à Londres des ouvriers de tous pays accourus pour défendre leur intérêt commun : l’émancipation du travail.
Ce n’est pas, comme dans l’arrière-saison du culte et de la poésie mythologique, comme dans les hymnes officiels de Callimaque et les extases savantes de Proclus, un effort de travail ou d’abstraction rêveuse.
Nul doute qu’une éducation à part, la plus sévère, la plus abstinente, la plus morale, la plus poétique, préparait ces hommes ; et, si quelquefois le même don de sagesse et d’enthousiasme, que l’éducation développait en eux, se trouvait ailleurs perdu et comme enfoui dans une existence grossière, là encore parfois il s’éveillait, sous quelque coup du sort et quelque ressentiment des maux de la patrie, comme nous l’atteste l’exemple du prophète Amos, enlevé à ses travaux rustiques pour avertir un roi corrompu d’Israël et protester contre l’idolâtrie de Damas et le schisme de Samarie.
Epuisé par ses quinze ans de travail furieux comme auteur, comme directeur, comme acteur et comme courtisan, il expira quelques heures après avoir joué une dernière fois le Malade imaginaire, le 17 février 1673 à l’âge de cinquante et un ans. […] On pourrait même dire sans paradoxe que cette méthode de travail de Molière est au contraire, si elle est quelque chose comme leçon, une leçon antinaturiste. […] De la méthode de travail de Molière il faudrait donc plutôt conclure qu’il est partisan de l’effort, de l’assujettissement volontaire à quelque chose qui est en dehors de nous, que non pas qu’il l’est de l’abandonnement aux instincts de la nature. […] Mais c’est peut-être un peu subtiliser et j’en reviens à dire simplement que de la méthode de travail de Molière on ne peut tirer aucune conclusion sur ses tendances philosophiques. […] Avant d’analyser, du mieux que nous pourrons faire, son génie dramatique, rendons-nous compte des idées littéraires générales qui présidaient en quelque sorte à son travail et de la façon dont il envisageait son art.
Le mythe est donc ce que Platon respire, comme l’abstraction est ce qu’il élabore, et l’abstraction est son travail, qu’il aime, et le mythe sa récréation naturelle, qu’il aime peut-être plus ; à moins, ce qui est probable, qu’il aime autant l’un que l’autre, selon les heures, et qu’une vie partagée entre les deux lui paraisse harmonieuse comme une œuvre d’art et la seule digne d’être vécue. […] Le guerrier qui se sacrifie ou le savant qui s’épuise et se tue de travail ne sait peut-être pas qu’il est amoureux. […] Développer chez une élite le goût du bien, du beau, du juste et une tendance générale vers la perfection, dans une éducation harmonieuse qui associe le corps au travail de l’âme et qui, pour l’y associer, le maintient sain et vigoureux, tel est l’esprit de l’éducation selon Platon. […] Or rien n’est contraire et comme hostile au travail artistique, rien n’est désastreux pour lui comme cette préoccupation. […] Le gouvernement d’Athènes est donc la volonté de confier un travail à quelqu’un qui ne sait pas le faire ; c’est l’incapacité intronisée ; c’est le triomphe de l’incompétence ; c’est l’incompétence déclarée compétente à l’exclusion de toute compétence.
Quel travail il a fallu pour l’humaniser ! […] L’épouse, en entrant sous le toit de son mari, sait qu’elle se donne tout entière36, « qu’elle n’aura avec lui qu’un corps, qu’une vie ; qu’elle n’aura nulle pensée, nul désir au-delà ; qu’elle sera la compagne de ses périls et de ses travaux ; qu’elle souffrira et osera autant que lui dans la paix et dans la guerre. » Comme elle, il sait se donner : quand il a choisi son chef, il s’oublie en lui, il lui attribue sa gloire, il se fait tuer pour lui ; « celui-là est infâme pour toute sa vie, qui revient sans son chef du champ de bataille37. » C’est sur cette subordination volontaire que s’assiéra la société féodale.
Ils haïssent le travail, et c’est une des causes les plus ordinaires de leur pauvreté. […] On n’en peut voir de plus belle, soit qu’on considère la richesse de l’étoffe, soit qu’on regarde l’artifice et la finesse du travail.
D’un autre côté, notes et préfaces sont quelquefois un moyen commode d’augmenter le poids d’un livre et d’accroître, en apparence du moins, l’importance d’un travail ; c’est une tactique semblable à celle de ces généraux d’armée, qui, pour rendre plus imposant leur front de bataille, mettent en ligne jusqu’à leurs bagages. […] Le travail qu’il perdrait à effacer les imperfections de ses livres, il aime mieux l’employer à dépouiller son esprit de ses défauts.
En outre, ce travail de biobibliographie a été déjà fait pour un certain nombre d’écrivains. […] Grimaud, l’éditeur Sansot, etc… Les travaux généraux qui existent déjà sont : I. — Les Poètes d’Aujourd’hui par Ad.
Maintenant, abandonnons le baron Taylor à ses voyages d’artiste, à ses travaux d’archéologue, à ses collections de bibliophile, et passons à M. […] Que ce beau travail avait de charmes pour notre romancier maritime, quel admirable roman il trouvait dans toutes ces histoires, et comme il était à l’aise, lui si fort habitué à tout décrire, à tout sentir, à tout répéter, depuis le mot sublime jusqu’à l’ignoble juron, lui qui n’a reculé devant aucun tableau de la vie du matelot, orgie, débauche… et plus loin encore !
Quant à moi (et hoc mihi apud amicum liceat), encore que jusques ici j’aie enduré des indignités de la fortune autant que pauvre gentilhomme en pourroit endurer, si est-ce que pour perte de biens, d’amis et de santé et si quelque autre chose nous est plus chère en ce monde, je n’ai jamais éprouvé si grand ennui que celui que j’ai dernièrement reçu de la mort du feu roi et du prochain département de Madame, qui étoit le seul appui et colonne de toute mon espérance… » Épuisé de santé, de peines et de travail, Du Bellay mourut le jour même du 1er janvier 1560.
Il y a surtout, avant cette gloire publique, avant ce rôle d’apologiste religieux, de publiciste bourbonnien, de poète qui a chanté sa tristesse et qui s’est revêtu devant tous de sa rêverie, il y a, avant cela, trente longues années d’études, de travaux, de secrètes douleurs, de voyages et de misères ; trente années essentielles et formatrices, dont les trente suivantes ne sont que le développement ostensible et la conséquence, j’oserai dire facile.
Tant qu’il resta au service, il était de ceux dont on pouvait dire comme de Boufflers : « Les neiges et les glaces étaient les tapis favoris de cet homme indomptable. » Après sa retraite, et à demi ruiné de fortune, il se cantonna dans un lieu très-âpre, sur un roc escarpé qui barre une double gorge sans cesse battue des vents du nord ; il y vécut dans les travaux de défrichement, changeant le roc en verger d’oliviers, adoré mais craint de ses vassaux, et la terreur des traitants et commis à la ronde.
Mais non… ; La Bruyère en est encore pleinement, de son siècle incomparable, en ce qu’au milieu de tout ce travail contenu de nouveauté et de rajeunissement, il ne manque jamais, au fond, d’un certain goût Simple.
Le sentiment que le sculpteur a de cette vérité influe à son insu sur la perfection de son travail.
Ils n’y apportent point de mots, mais ils enrichissent les leurs, appesantissent et enfoncent leur signification et leur usage167. » La défiance de l’innovation est du grand écrivain de tous les temps ; le conseil fort dangereux d’enrichir les mots, d’en appesantir et d’en enfoncer la signification est de l’écrivain du xvie siècle, il transporte le principal travail des choses aux mots ; il l’arrête sur chacun en particulier ; il donne cette peur du langage de tout le monde qui fait qu’on s’épuise à tout déguiser et à tout transformer.
Wilder du succès obtenu par sa traduction, — ce n’est pas une petite affaire que de mouler le vers français sur les rythmes de cette musique — et constater une fois de plus que de tels travaux ont heureusement diffusé la connaissance des poèmes wagnériens.
Il levait les épaules et la jetait dans le feu, c’est vrai… La patience minutieuse au travail était portée chez lui à un excès fatal à sa santé comme à ses succès.
Malheureusement, comme il ne traduit pas, une partie de sa nomenclature, dialectes étrangers et « petites langues », est souvent inutilisable dans un travail de sémantique. — Au cours d’une excellente notice sur cette Flore, M.
Se contenter de traduire, c’est pour un poète se condamner d’avance à la froideur ; c’est faire un travail, non une œuvre d’art véritable, quelque perfection d’ailleurs qu’il y apporte.
Cette immobilité prouve à la fois les lumières primitives que l’esprit humain a reçues et les limites de son travail scientifique.
D’après cette influence de la guerre de trente ans, il n’est pas étonnant qu’elle ait été l’un des objets favoris des travaux des historiens et des poëtes de l’Allemagne.
Mesnard, et les travaux de M.
Autrefois, sous les influences du Moyen Âge, il se teinta de Christianisme, mais si, depuis, il a eu sa petite haine sifflante de serpent qui pique au pied contre le Christianisme, cette petite haine n’en a pas moins cherché à s’étoffer dans une idée philosophique qu’il a campée jusque dans ses derniers travaux d’histoire, mais qu’il était absolument et radicalement incapable de trouver et de formuler.
N’aurait-on pas aperçu, au second plan, une figure sympathique, vaillante, inaccessible même un seul moment au découragement, ce type du précepteur, Augustin, que l’auteur a placé dans son roman pour montrer qu’il croyait à la vie, au contraire, et à la volonté, et à la conquête du bonheur par le travail opiniâtre et la droiture de l’esprit ?
Il ne faut pas en effet un bien grand effort ni même un travail bien long pour découvrir quelque chose d’inédit sinon de nouveau dans les rayons de la grande ruche ouvrière parisienne, et se figurer que l’on enrichit son siècle de précieux « documents humains ».
L’assemblage des leçons que je publie sur son art n’est donc pas moins un travail d’instruction qu’un monument en hommage à sa gloire. […] mais toutes les sociétés humaines ont laissé des preuves de la même assiduité aux travaux littéraires, sans que leur zèle produisît des résultats aussi éclatants. […] Ce soin nécessaire les accoutume au travail, polit leur élocution, et, pour ainsi dire, les façonnant eux-mêmes, les dispose de jour en jour à mieux mériter l’attention que le public leur prête d’autant plus volontiers, que leur enseignement lui paraît plus agréable et plus solide. […] « L’homme en tous ses travaux a donc pour but le ventre ! […] « C’est moi qui, des humains, diligente maîtresse, « Les ranime au travail, quand ma rigueur les presse.
Cependant, à tout prendre, n’est-il pas préférable que d’un travail quelconque il reste n’importe quoi, et que la trace n’en disparaisse pas entièrement ? […] Mon travail sans appui monte sur le théâtre ! […] Celle-ci pourtant se défendait encore d’entreprendre ce travail, sentant bien que la faveur publique était pour le Cid. […] On ne peut se défendre d’une certaine tristesse en lisant cette dédicace : À Monseigneur Le Cardinal de Richelieu Monseigneur, « Je n’aurais jamais eu la témérité de présenter à Votre Éminence ce mauvais portrait d’Horace, si je n’eusse considéré qu’après tant de bienfaits que j’ai reçus d’Elle, le silence où mon respect m’a retenu jusqu’à présent passerait pour ingratitude, et que, quelque juste défiance que j’aye de mon travail, je dois avoir encore plus de confiance en Votre bonté. […] Rotrou était une de ces natures prime-sautières, expansives et impétueuses, qui se dépensent largement, dans le travail comme dans le plaisir.
I En même temps que le grand travail mental dont on vient de parler, il s’en accomplit un autre aussi involontaire, aussi sourd et aussi fécond en illusions et en connaissances. […] Deux séries de sensations dont l’emplacement est dans la boîte du crâne : voilà les matériaux bruts. — Tout le travail ultérieur consiste en un accolement d’images.
Ce sourd travail de l’esprit ressemble aux lentes cristallisations de la nature. […] Solitaire et indépendant dans son château, affranchi de tous les liens que la société, la famille, le travail, imposent d’ordinaire aux actions humaines, l’homme féodal avait tenté toutes les aventures ; mais il avait encore moins fait qu’imaginé ; l’audace de ses actions avait été surpassée par la folie de ses rêves ; faute d’un emploi utile et d’une règle acceptée, sa tête avait travaillé du côté du déraisonnable et de l’impossible, et la persécution de l’ennui avait agrandi chez lui, outre mesure, le besoin d’excitation. […] Au moment où l’art languit, la science pousse ; c’est à cela qu’aboutit tout le travail du siècle. […] Il veut « améliorer la condition humaine », « travailler au bien-être de l’homme », « doter la vie humaine de nouvelles inventions et de nouvelles ressources », « munir le genre humain de nouvelles puissances et de nouveaux instruments d’action. » Sa philosophie n’est elle-même qu’un instrument, organum, une sorte de machine ou de levier construit pour que l’esprit puisse soulever des poids, rompre des barrières, ouvrir des percées, exécuter des travaux qui jusqu’ici dépassaient sa force.
La gloire historique, qui, d’après l’exemple d’Augustin Thierry, le tente noblement, et qui est en effet le seul vœu d’agrandissement légitime qu’il ait à former, lui suggéra ce sujet et ces travaux, d’où il retira incidemment tant de profit pour sa critique littéraire.
Son esprit à ressources excellait à ces jeux de circonstance, à ce travail en commun de quelques matinées.
Le portrait de ma mère est là qui nous sourit ; Je sens autour de nous rayonner son esprit ; Durant les entretiens, les jeux de la soirée, Je consulte du cœur cette image adorée, Sachant bien qu’elle assiste et protège ici-bas Le père en ses travaux, les fils en leurs ébats.
On croit sentir plus de loisir dans le travail ; les temps aussi sont plus dramatiques ; le passage de la république à l’empire est plus récent, la tyrannie est plus neuve, les hypocrisies, les forfaits plus effrontés, les avilissements plus bas.
Rien n’apaise, rien ne soutient : travail, repos, livres, hommes, tout est dégoût.
LXV Nous vivions ainsi, monsieur, dans le travail, en santé, en bon accord et en joie, dans notre petit domaine indivis entre nous.
Clotilde, accablée de tant de pertes, isolée dans le Vivarais, et moins capable sans doute de produire que de recueillir et de corriger, dut commencer à cette époque les Mémoires dont nous parlons, et dont les premiers livres contenaient l’histoire de l’ancienne poésie française : elle s’occupa aussi de revoir ses premiers ouvrages, travail qu’elle continua toute sa vie, et qui peut expliquer leur perfection.
Ses mains étaient dures comme un métal et éloquemment ciselées par le travail.
Auguste Dorchain, qu’on vous attribue « le fini du travail et l’infini du sentiment ».
André Lagarde est un ingénieur civil, vaillant et loyal, austère et naïf, un puritain du travail.
Au milieu de mon travail, tout à coup je me dis : — Si j’allais faire un tour de jardin ?
Mais cette raison tombe encore ; car le poëte épique ne donne pas non plus son ouvrage comme un travail humain, mais comme la révélation de quelque muse.
Je viens de faire allusion aux travaux de Pasteur, j’y pourrais joindre ici ceux de Darwin : ils n’ont certes pas infirmé les découvertes de Newton, mais ils ont cependant modifié l’idée qu’on se formait avant eux du système du monde.
Quant aux monuments et aux travaux pour l’embellissement de Paris, ils paraissent avoir tous été discutés.
Le Vieillard et ses Enfants, par exemple je vous l’ai déjà indiqué c’est l’apologie du travail sous une forme allégorique infiniment habile et délicieuse.
Mettre ces fantaisies sur la même ligne que la réalité, dire que le mouvement effectivement générateur du bloc n’est que l’un quelconque des mouvements possibles, est négliger le second point sur lequel je viens d’attirer votre attention : dans le bloc tout fait, et affranchi de la durée où il se faisait, le résultat une fois obtenu et détaché ne porte plus la marque expresse du travail par lequel on l’obtint.
Avec une santé mauvaise, attaqué par de grands maux de tête, par des douleurs d’entrailles, par la pleurésie, par la pierre, il faisait un travail énorme, voyageant, écrivant, prêchant, prononçant à soixante-sept ans deux sermons chaque dimanche, et le plus souvent se levant à deux heures du matin, été comme hiver, pour étudier. […] Tout l’homme extérieur et naturel est aboli ; seul l’homme intérieur et spirituel subsiste ; de toute l’âme il ne reste que l’idée de Dieu et la conscience, la conscience alarmée et malade, mais stricte sur chaque devoir, attentive aux moindres manquements, rebelle aux ménagements de la morale mondaine, inépuisable en patience, en courage, en sacrifices, installant la chasteté au foyer conjugal, la véracité devant les tribunaux, la probité au comptoir, le travail à l’atelier, partout la volonté fixe de tout supporter et de tout faire plutôt que de manquer à la plus petite prescription de la justice morale et de la loi biblique. […] On ne voyait et on n’entendait dans les rues ni jurons profanes, ni ivrognerie, ni aucune sorte de débauche… Les soldats du Parlement accouraient en foule aux sermons, parlaient de religion, priaient et chantaient des psaumes ensemble en montant la garde. » En 1644, le Parlement défendit de vendre des denrées le dimanche, « de voyager, de transporter des fardeaux, de faire aucun travail mondain, sous peine de dix schillings d’amende pour le voyageur, et de cinq schillings pour chaque charge », de « prendre part ou d’assister à aucune lutte, sonnerie de cloches, tir, marché, buvette, danse, jeu, sous peine d’une amende de cinq schillings pour chaque personne au-dessus de quatorze ans.
Partout vos concitoyens réclament le libre exercice de tous les cultes ; partout ces hommes simples et bons qui couvrent nos campagnes et les fécondent par leurs utiles travaux tendent leurs mains suppliantes vers les pères du peuple en leur demandant qu’il leur soit enfin permis de suivre en paix la religion de leur cœur, d’en choisir à leur gré les ministres et de se reposer, au sein de leurs plus douces habitudes, de tous les maux qu’ils ont soufferts ! […] Un travail noble, élevé, conciliateur, se perdit dans un torrent de dérision, de légèreté et d’insulte.
J’admirais ce zèle, cette solidité d’esprit, cette organisation de la science, ces souscriptions volontaires, cette aptitude à l’association et au travail, cette grande machine poussée par tant de bras, et si bien construite pour accumuler, contrôler et classer les faits. […] Ils n’ont point voulu dépenser vainement leur travail hors de la voie explorée et vérifiée.
J’admirais ce zèle, cette solidité d’esprit, cette organisation de la science, ces souscriptions volontaires, cette aptitude à l’association et au travail, cette grande machine poussée par tant de bras, et si bien construite pour accumuler, contrôler et classer les faits. […] Ils n’ont point voulu dépenser vainement leur travail hors de la voie explorée et vérifiée.
À celui-ci, le dernier et délicat travail qui arrête le détail de la composition et du style, et donne à tout le fini, le poli, le travail de la dernière main a manqué. […] Quand on a fait ce premier travail préalable, il faut étudier les procédés du génie ; c’est ce que nous ferons aujourd’hui ; il faut prendre ensuite les trois ou quatre grandes œuvres capitales, pour les considérer en elles-mêmes, et non plus d’après leurs caractères généraux ; ce sera la troisième partie de ces études, puis, il faut essayer d’apprécier le rôle historique joué par l’homme, son rôle de moraliste, de moraliste influent ; ce sera le complément de ces études sur Molière. […] Honnête commerçant du faubourg Saint-Denis, qui avez fait fortune et qui vers trente ans songez au mariage, prenez garde : vous savez que la Révolution française a détruit les castes, vous vous êtes élevé par votre travail, vous en êtes fier ; mais vous voulez une femme qui ait le relief d’une bonne éducation, et vous allez choisir, bien loin du faubourg Saint-Denis, la fille de quelque fonctionnaire illustre qui a été élevée dans un autre monde et qui a reçu d’autres habitudes que vous ; vous songez qu’il n’y a plus de castes en France, vous la recherchez ; et, tout doucement, sans vous en douter, vous allez épouser Angélique de Sotenville, vous aussi ; établir, de votre volonté, une démarcation entre votre femme et vous ; si votre femme est honnête, souffre et remplit ses devoirs, elle ne vous rendra pas malheureux, mais elle ne vous donnera pas la félicité ; vous n’aviez pas besoin d’aller chercher si loin votre femme, au lieu de la prendre dans la boutique ou l’usine d’à côté !
Molière se rappelle qu’un jeune poète lui a naguère communiqué une pièce intitulée, Théagène et Chariclée, mauvaise, à la vérité, mais annonçant les plus heureuses dispositions : il le fait chercher, lui donne le plan des Frères ennemis, de cette même tragédie, vraisemblablement, qu’il avait fait jouer sans succès à Bordeaux, si l’on en croit M. de Montesquieu ; il l’invite à lui en apporter un acte par semaine, lui reproche amicalement d’avoir dérobé quelques tirades à Rotrou, l’aide dans son travail, fait jouer la pièce avec grand soin, contribue de tout son pouvoir à sa réussite, et fait présent à l’auteur de cent louis. […] Chapelle était furieux d’avoir pris un frère quêteur pour un savant ; Molière, mettant à profit sa méprise, dit gravement à Baron : « Voyez, petit garçon, ce que fait le silence, quand il est observé avec conduite. » Nous avons vu notre auteur ne donner, l’année dernière, que des ouvrages destinés à sa justification, plaignons-le d’être forcé à sacrifier celle-ci à ce qu’on appelle vulgairement des pièces de commande ; genre de travail d’autant plus désagréable qu’il resserre le génie dans les entraves les plus étroites. […] Essayons, pour varier notre travail, de juger ici en même temps la pièce et les imitations. […] Le père de notre tragédie, Corneille, si sublime dans la plupart de ses plans, s’asservit à travailler sur celui d’un autre ; Quinault s’associe à leurs travaux, et Lulli, l’Orphée du temps, prête les charmes de sa musique à tout l’ouvrage.
Il dit que du labeur des champs Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants, Parcourant sans cesser ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramène dans nos plaines Ce que Cérès nous donne et vend aux animaux ; Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l’honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l’indulgence des dieux.
On accusa les ateliers nationaux, qu’on croyait être une armée de réserve dans la main du gouvernement, et qui n’était qu’une armée de la faim, neutralisée momentanément par une solde de secours pour prévenir le meurtre ou le pillage des propriétaires de Paris, jusqu’à la réorganisation du travail, asphyxié par une révolution soudaine.
Il se délassait de ce travail en écrivant aussi quelques notes sur la nature du pays et sur le caractère des habitants ; il compare, avec assez de justesse pour un étranger, la France à l’Italie ; il attribue, comme Montesquieu, la mobilité du génie français à l’inconstante variété du climat.