Peinture superficielle des mœurs : réflexions graves sur le gouvernement. — 2. […] Les plus superficielles peintures s’entremêleront aux plus graves études.
Alors la musique produit la symphonie à programme, les pièces à thèse encombrent les librairies tandis qu’en peinture sévissent les tableaux « littéraires »6. […] Alors la peinture se fait superficielle et sans saveur, la sculpture incohérente ou glacée ; la musique, devenue descriptive, n’est plus de la musique, la littérature disparaît en phrases incolores ou déclamatoires.
Son visage est comme une grande jatte de lait sur laquelle on a jeté des feuilles de rose. » Je fais grâce du reste de la peinture de Diderot. […] Ce caractère de Mlle d’Ette est admirablement saisi et rendu ; c’est par la peinture des caractères, par le développement et le naturel des conversations que les Mémoires de Mme d’Épinay sont un livre unique.
Ce serait une peinture à faire que celle des journaux politiques de la Restauration, et surtout des trois principaux : le Journal des débats, organe du royalisme selon Chateaubriand, et suivant celui-ci en toutes ses métamorphoses ; Le Constitutionnel d’alors, centre du libéralisme pur ; et La Quotidienne. […] Sans avoir épuisé la double tâche qu’il s’était proposée, la peinture d’une époque historique et d’un grand homme, M.
Avec les Mémoires du cardinal de Retz, il semblait que la perfection fût atteinte, en intérêt, en mouvement, en analyse morale, en vivacité de peinture, et qu’il n’y eût plus rien à espérer qui les dépassât. […] Devant une peinture de pareille dimension, il faut choisir ; je prendrai de préférence deux grandes scènes, pour y démontrer quelques-unes des hautes qualités de Saint-Simon.
Quand un La Rochefoucauld nous peint Retz et que Retz s’accorde avec lui pour se reconnaître dans les traits principaux de cette peinture, nous n’avons plus qu’à nous taire, pauvres observateurs du lointain, et à nous incliner. Le second livre des Mémoires de Retz est celui qui nous le montre le plus à son avantage, dans l’élévation de sa pensée politique et dans tous les agréments de ses peintures.
La statuaire repose spécialement sûr l’anatomie et la physiologie ; la peinture, sur l’anatomie, la physiologie et l’optique ; l’architecture, sur l’optique (la règle d’or, etc.) ; la musique, sur la physiologie et l’acoustique ; la poésie, sur la dont les métrique, lois les plus générales se rattachent assurément à l’acoustique et à la physiologie. […] Dans tout art, comme dans la peinture, il y a des effets de raccourci, d’ombre et de lumière, des questions de premier et de second plan.
Les préceptes que ce Rhéteur philosophe fournit sur le genre déliberatif, le démonstratif & le judiciaire ; la peinture qu’il fait des mœurs de chaque âge, de chaque état, de chaque condition, la maniere dont il explique les moyens d’exciter ou de calmer les passions ; les instructions qu’il donne par rapport aux preuves, aux caractères de la bonne élocution, au choix des mots, à la structure de la période, & à toute l’œconomie du discours oratoire, montre qu’il n’ignoroit rien de ce qui est essentiel à l’éloquence, & qu’il en avoit approfondi toutes les parties. […] Bouhours, ce sont des retours sur lui-même trop marqués ; & une trop grande attention à faire connoître ses propres qualités dans la peinture avantageuse qu’il fait de ses interlocuteurs ; (car son livre est en forme d’entretien.)
Il l’était, je le veux bien, avec un génie d’expression assez profond pour se passer des proportions de la grande peinture, mais tout de même que, de moraliste chrétien qui ne brasse que l’humanité, il est monté jusqu’à l’hagiographe, qui touche dans ce livre aux choses surnaturelles, pourquoi, un jour, ne se serait-il pas élevé de la miniature historique jusqu’à la grande peinture d’histoire ?
Cette peinture, dans Pindare, efface bien la rudesse de l’Élysée d’Homère ; mais elle est encore tout extérieure ; elle est le charme des sens ; elle n’est pas le bonheur de l’âme. […] La poésie du Dante alla plus loin : tel homme pervers, qu’elle avait désigné, n’osa se tuer, par effroi même des peintures du poëte, mais traîna la vie sous la damnation de ses remords, dans la solitude que lui faisait la juste horreur de ses concitoyens.
Par un singulier contraste, plus les mœurs particulières des Anglais sont simples et pures, plus ils exagèrent, dans leurs comédies, la peinture de tous les vices.
Des lettres et journaux de voyageurs étrangers contrôlent et complètent, par des peintures indépendantes, les portraits que cette société a tracés d’elle-même.
De plus en plus il paraît compatir aux objets de ses peintures, et de plus en plus il semble se plaire à nous décrire des passions et des sentiments de telle espèce, que, de les comprendre et de les aimer comme il le fait, cela seul prouverait qu’il a dépassé sans trop savoir d’ailleurs où il va, — ce naturalisme rudimentaire par où il avait débuté si tranquillement.
Lorsque tant de contemporains font de la peinture avec des mots, voici un poète qui s’en sert pour faire de la musique.
Savoir parler des primitifs en peinture.
Il sembloit que Clopinel les eût offensées personnellement ; qu’elles se reconnussent à ses peintures.
Tels sont précisément ces images de soleil, de feux, de montagnes, si souvent employées dans la Bible, et ces peintures de bruits, de courses, de passages, si multipliées dans Homère98.
S’il considère la nature humaine en général, il en fait cette peinture si connue et si étonnante : « La première chose qui s’offre à l’homme, quand il se regarde, c’est son corps, etc. » Et ailleurs : « L’homme n’est qu’un roseau pensant, etc. » Nous demandons si, dans tout cela, Pascal s’est montré un faible penseur ?
Si la manière est une affectation, quelle est la partie de la peinture qui ne puisse pécher par ce défaut !
Section 1, du génie en general Le sublime de la poësie et de la peinture est de toucher et de plaire, comme celui de l’éloquence est de persuader.
Il n’arrive à cet égard dans la peinture et dans la poësie, que la même chose qu’on voit arriver dans toutes les conditions de la vie.
L’art ne consiste pas à contenter tous les goûts, en flattant les uns par ce qui choque les autres, mais à faire que les goûts les plus différents soient d’accord de la justesse d’une pensée, de la beauté d’une expression, de la vérité d’une peinture. » C’est fort bien dit ; mais Nisard oublie que La Bruyère n’était pas dupe et qu’en cette occasion surtout il ne parlait point par principe.
Des romanciers se sont plu à mettre en scène la femme de quarante ans, et ils ont eu beau se montrer sympathiques pour des souffrances qui ne dépendent pas du nombre des années, on voit percer une secrète ironie dans leurs peintures. […] Son musée était un reliquaire de la peinture, où un magnifique Raphaël présumé recevait son culte et celui des amateurs. […] Le sens de cette démarche, qui dut paraître si extraordinaire alors, n’est plus un secret pour nous aujourd’hui : on craignait que Chateaubriand, ayant visité Florence, n’eût appris bien des choses qui pouvaient nuire un peu à l’idéale peinture des amours d’Alfieri et de la comtesse.
Son Histoire Universelle, œuvre d’un passionné qui s’efforce d’être juste, sa Vie écrite pour ses enfants, où il s’abandonne plus librement, sont de chaudes peintures des temps déjà lointains que D’Aubigné regrettait. […] Rien de plus inégal que ce vaste poème : comme il y a très loin de la sincérité du sentiment à la sincérité de l’expression, la rhétorique y abonde, une rhétorique lyrique qui ne vaut pas mieux que la rhétorique oratoire : d’Aubigné réussit à être vague et boursouflé dans la peinture de la Saint-Barthélemy ! […] C’est un contresens que d’y chercher, comme Cousin, la peinture du monde réel : ce sont des manuels de civilité, et lorsqu^il s’y trouve des portraits, le rude naturel en est systématiquement éliminé, et tout le tempérament qui résiste au dressage mondain.
Rien ne fut changé au petit pavillon de la reine ; on y ajouta de longues ailes et on retoucha légèrement les peintures. […] Plus loin, au fond d’une allée de grands arbres, près du petit cimetière de la compagnie, se voit une imitation intérieure de la Santa-Casa de Lorette, que la piété sulpicienne a choisie pour son lieu de prédilection et décorée de ces peintures emblématiques qui lui sont chères. […] Jusqu’en 1865, je ne me suis figuré l’île de Chio que par ces trois mots de Fénelon : « l’île de Chio, fortunée patrie d’Homère. » Ces trois mots, harmonieux et rythmés, me semblaient une peinture accomplie et, bien qu’Homère ne soit pas né à Chio, que peut-être il ne soit né nulle part, ils me représentaient mieux la belle (et maintenant si malheureuse) île grecque que tous les entassements de petits traits matériels.
Quand le roi, quand Monsieur serraient Madame mourante de si tendres et de si vains embrassements, nul cri aigu, nul sanglot rauque ne venait rompre la belle harmonie de cette douleur suprême ; les yeux un peu rougis, avec des plaintes modérées et des gestes décents, ils pleuraient, pendant que les courtisans, « autour d’eux rangés », imitaient par leurs attitudes choisies les meilleures peintures de Lebrun. […] De là cette peinture de la cour après la mort de Monseigneur, tableau d’agonie physique, sorte de comédie horrible, farce funèbre, où nous contemplons en face la grimace de la Vérité et de la Mort. […] Mes yeux fichés, collés sur ces bourgeois superbes, parcouraient tout ce grand banc à genoux, ou debout, et les amples replis de ces fourrures ondoyantes à chaque génuflexion longue et redoublée, qui ne finissait que par le commandement du roi par la bouche du garde des sceaux ; vil petit-gris qui voudrait contrefaire l’hermine en peinture, et ces têtes découvertes et humiliées à la hauteur de nos pieds. » Qui songe à rire de ces pédanteries latines et de ces détails de costumier ?
Ce livre est d’un médiocre intérêt : c’est la peinture grossière et monotone du vice dans toute sa laideur. […] Devereux est tout entier consacré à la peinture du passé. […] Il y a dans cette confusion désespérée tous les éléments d’une belle et grande peinture ; le temps et surtout la volonté ont manqué à l’achèvement de l’ouvrage. […] Dans la peinture des objets extérieurs, Jocelyn est un véritable progrès. […] Il a trouvé, pour la peinture des Alpes des couleurs vraies, éclatantes sans crudité, variées sans mensonge, des lignes grandes sans monotonie, des masses imposantes sans exagération.
Si l’imitation sert de bâse fondamentale à la peinture, elle en doit servir à tous les arts. […] Ayant à tracer des peintures vigoureuses sur des modèles recens, il lui est défendu de concilier l’intérêt de son art avec l’intérêt des mœurs ; il ne peut guere attaquer le vice qu’en peignant la vertu, & au-lieu de traîner par les cheveux le vice sur la scène, de montrer à découvert son front hideux, il est obligé de faire une languissante tirade de morale. […] Par exemple, au lieu de la peinture d’un homme avare, Molière nous a donné une peinture fantasque de la passion de l’avarice. […] La peinture dramatique exige donc qu’avec l’affection dominante, on détermine encore les mœurs de l’homme, sans quoi l’on peindra bien la passion, mais d’une maniere abstraite. […] On enleva des Bibliothèques du Prince tous les moralistes anciens & modernes, tous les Dissertateurs, les Jurisconsultes, les Métaphysiciens ; & on tapissa les murailles de Peintures pleines de feu & de gaité.
Je vais vous l’exposer, mais subalternement, comme il convient de faire à un simple gacheux de la critique : C’est dans le deuxième acte que l’auteur a entendu placer la peinture de son Demi-Monde. […] Taxile Delord, lui, niant la réalité et même l’étrangeté de ses peintures, cherche et prétend ne pas reconnaître, dans les tableaux de la comédie nouvelle, les originaux du monde marron que le dramaturge a promis de révéler au public. […] De même que la peinture, la critique a sa perspective, et l’on ne saurait transporter violemment au premier plan ce qui, par la loi de la distance, de la lumière et de l’harmonie, doit seulement se fondre ou s’éparpiller dans l’ensemble et les détails du tableau. […] Ses procédés ont vieilli, la charpente de ses pièces est insuffisante, la vie se fige et l’action s’immobilise dans ses sereines et immortelles peintures : pour tout dire, le premier de nos écrivains, de nos moralistes et de nos philosophes, n’est que le dernier de nos carcassiers. […] je vous l’abandonne, à la condition de garder les peintures pour en décorer les parois de ma bibliothèque.
La peinture et la sculpture devaient être une forme du service divin, ou elles ne devaient pas être. […] L’impression exercée par l’anecdote n’est pas produite par les moyens de la peinture. […] Tout le monde disait depuis trois siècles : « Raphaël est le point culminant de la peinture ». A cela ils répondirent : « Raphaël marque le point où la peinture est tombée le plus bas ». […] Il veut rendre visible par les moyens de la peinture cette association d’idées.
De Harlem et d’Amsterdam, nous passons en Île de France : la région de Melun, Bellevue, les méandres de la Seine formeront le cadre de ces peintures nouvelles. […] Telle est la vertu de notre influence, que Demolder mit dans sa peinture presque autant de mesure élégante que, jusqu’alors, de verve outrée. […] Cette peinture, d’une observation nerveuse, d’une sobriété morne, trahit l’immense pitié et le brûlant amour de Krains pour la profonde souffrance des hommes. […] I, troisième partie : La Peinture dans les Pays-Bas, chapitre premier, p. 288. […] I, troisième partie : La Peinture dans les Pays-Bas, chap.
. — Peintures grotesques et tragiques. — Les dandies et les mendiants. — Catéchisme des cochons. — Extrême tension de son esprit et de ses nerfs. […] Ainsi l’Espagne, au seizième et au dix-septième siècle, a renouvelé avec un autre esprit la peinture et la poésie italiennes. […] Elles signifient que l’artiste démêle et exprime mieux que personne les traits saillants et durables du monde qui l’entoure, en sorte qu’on peut extraire de son œuvre une théorie de l’homme et de la nature, en même temps qu’une peinture de sa race et de son temps. […] Cet ordre exact, ces belles proportions, ce perpétuel souci de l’agréable et du convenable, cette architecture harmonieuse d’idées claires et suivies, cette peinture délicate de la société, cette perfection du style, rien de ce qui nous touche n’a de prise sur lui. […] Il a beau essayer de comprendre Voltaire, il n’arrive qu’à le diffamer1449. « Il n’y a pas une seule grande pensée dans ses trente-six in-quartos… Son regard s’arrête à la superficie de la nature ; le grand Tout, avec sa beauté et sa mystérieuse grandeur infinie, ne lui a jamais été révélé ; même un seul instant ; il a regardé et noté seulement tel atome, et puis tel autre, leurs différences et leurs oppositions1450… Sa théorie du monde, sa peinture de l’homme et de la vie de l’homme, est mesquine, pitoyable même, pour un poëte et un philosophe.
Oui, — j’aime fort aussi les arts et la peinture. […] il n’est pas de poète en général, si étranger que soit son genre aux descriptions naturelles et à la peinture des champs, chez lequel ne se rencontre quelque échappée de paysage, quelque coin de nature qui, de temps à autre, rafraîchit le lecteur.
Le corps auquel il appartenait guerroya, puis séjourna dans les Flandres et dans le Brabant ; le jeune soldat en sut profiter pour visiter les riches galeries de peinture dont la Belgique est remplie, et sa vocation allait se diriger tout entière de ce côté. […] Énumérons un peu : — Riemer, bibliothécaire, philologue, helléniste : avec lui Gœthe revoit ses ouvrages au point de vue de la langue et cause de littérature ancienne ; — Meyer, peintre, historien de l’art, continuateur et disciple de Winckelmann : avec lui, Gœthe causera peinture et se plaira à ouvrir ses riches portefeuilles où il fait collection de dessins et de ce qui est parfait en tout genre ; — Zelter, musicien : celui-là est à Berlin, mais il ne cesse de correspondre avec Gœthe, et leur correspondance (non traduite) ne fait pas moins de six volumes ; Zelter tient Gœthe au courant des nouveautés musicales, des talents et des virtuoses de génie, et, entre autres élèves célèbres, il lui envoie un jour Mendelssohn, « l’aimable Félix Mendelssohn, le maître souverain du piano », à qui Gœthe devra des instants de pure joie par une belle matinée de mai 1830 ; — puis Coudray encore, un architecte, directeur général des bâtiments à la cour.
Simple et immense, paisiblement irrésistible, il lui a été donné d’unir la profusion des peintures naturelles, l’esprit d’élévation des spiritualistes fervents, et l’ensemble des vérités en dépôt au fond des moindres cœurs. […] Et de là nous viendront tes dernières moissons, Peinture, hymne, lumière immensément versée, Comme un soleil couchant ou comme une Odyssée !
Sa poésie sera donc une peinture réaliste des choses extérieures qui sont situées dans le cercle de son expérience : les sensations qu’il rendra seront celles d’un bourgeois de Paris, à qui Paris est familier dès l’enfance, avec ses rues, son Palais, ses Eglises, ses bruits, son peuple, ses modes, toutes les particularités de sa physionomie et de sa vie. […] Il a donné ses impressions pour des arguments, il a mis des intentions, ou des prétentions morales dans sa peinture.
Quand on les ouvre, après cet avis au lecteur, on est tout étonné d’y trouver des scènes égrillardes, des peintures fort peu édifiantes. […] La poésie chante la loi naturelle et flétrit le fanatisme ; le roman, hardi dans ses propos comme dans ses peintures de mœurs, raille tant qu’il peut l’idéal monastique.
Un dévot est celui qui, sous un roi alliée, serait alliée143. » Cependant La Bruyère ajoute plus loin quelques traits plus gais à la peinture du dévot. […] J’écris pour les historiens, et je me crois plus obligé à une exactitude scrupuleuse que si j’étais historien moi-même ; or il est de fait que je n’ai trouvé aucun document historique sur le personnel de madame de Maintenon à l’âge de quarante-cinq ans ; mais comme j’aime autant qu’un autre à me la figurer agréable, j’emprunterai ici la peinture que madame de Genlis en a faite : j’aimerais à la croire vraie, quoique je sois eu droit de la regarder comme un ouvrage d’imagination.
On y verra la différence d’un premier crayon naturel et vif à une peinture passionnée et pleine de flamme. […] [NdA] Ce riant et ce brillant de peinture me rappelle le joli passage de Plaute (Truculentus, acte II, scène iv) : …………………………… Ver vide : Ut tota floret !
Chez Saussure, selon l’éloge que lui accorde sir Humphrey Davy, on sent un dessin aussi animé que correct, et des traits qui, autant que le langage en est capable, éveillent les peintures dans l’esprit : il offre une alliance parfaite d’une imagination puissante associée avec le plus froid jugement, quelque chose des sentiments du poète joints à l’exacte recherche et à la profonde sagacité du philosophe. […] Je ne crois nullement, comme l’a dit un esprit d’ailleurs judicieux, que Les Ruines constituent un type dans notre littérature : mais c’est en effet un livre qui, par le ton, est bien le contemporain de certaines formes de David en peinture, de Marie-Joseph Chénier et de Le Brun en poésie.
En dehors de la poésie, où les merveilles abondent, il y a dans la musique Beethoven, dans la sculpture Phidias, dans l’architecture Piranèse, dans la peinture Rembrandt et dans la peinture, l’architecture et la sculpture, Michel-Ange.
René Boylesve déclare (Gil Blas, 23 août 1904) : « La tendance la plus nette qui m’apparaisse est celle qui aboutit à tout confondre ; la politique avec le sentiment ; la raison avec la passion ; les pouvoirs entre eux ; l’oppression avec la liberté, l’art avec la science ; la littérature avec la peinture, avec la musique, avec la morale, avec la philosophie, avec la sociologie, voire avec la carrière littéraire ! […] Ils fondèrent le Collège d’Esthétique Moderne ; ils organisèrent des expositions de peinture, des conférences avec une activité un peu fébrile et une bonne volonté qu’on a trop oubliée.
Thierry n’est pas fait pour la grande peinture historique et que l’idéal de ses personnages lui échappe ? […] Augustin Thierry, quoique, selon moi, la peinture en aurait pu être bien plus intense encore, si, comme un historien qui a la faculté de s’enfoncer dans les temps passés, il avait vécu davantage dans son pathétique et sombre sujet !
Telle était la mode, tel était l’être humain : les hommes ressemblaient aux peintures ; le monde s’était moulé dans l’art. […] En dehors de ses peintures et de ses gravures à l’eau-forte, où il s’est montré toujours grave et poétique, il a fait de fort bons dessins grotesques, où l’idée d’ordinaire se projette bien et d’emblée.
Peut-être même dans tous les arts, poésie, peinture, sculpture, architecture, éloquence, tous les peuples et tous les siècles ont-ils commencé par l’exagération. […] Le théâtre, dans une farce d’un grand homme66, nous en a conservé la peinture ; et si on excepte le degré d’exagération théâtrale qu’il faut toujours pour que la fiction produise l’effet de la vérité, et que le ridicule soit en saillie, les portraits étaient ressemblants.
Dans Milly, dans la Vie cachée, le poète s’est essayé à des peintures qui, pour avoir plus de calme et de familiarité, n’en ont pas moins leur grandeur.
Molière recourait tout naturellement aux Italiens, à ces artistes turbulents, lorsqu’il avait besoin d’accélérer le mouvement d’une pièce ; c’est ainsi que, dans cette comédie de L’Avare, peinture d’un vice qui se soutient difficilement au théâtre, il mit à contribution cinq ou six canevas de la commedia dell’arte.
René Aubert organise des conférences, des expositions de peinture.
Cette petite fable est charmante par la vérité de la peinture, pour le dialogue des deux grenouilles, et pour l’expression élégante qui s’y trouve.
Le journaliste est dans le vrai quand il dit que César Birotteau a été « composé, écrit et corrigé à quinze reprises par M. de Balzac en vingt jours, et déchiffré, débrouillé et réimprimé quinze fois dans le même délai. » Il est des artistes qui ne sont jamais contents de leur œuvre : d’eux on a dit qu’il fallait enlever de force la peinture du chevalet.
Sans la mythologie, on n’entend rien aux auteurs anciens, aux monuments, ni à la peinture, ni à la sculpture, même modernes, qui se sont épuisées à remettre sous nos yeux les vices des dieux du paganisme, au lieu de nous représenter les grands hommes.
Applaudissez aux poëmes divins de Virgile ; promenez-vous dans une ville immense, où les chefs-d’œuvre de la peinture, de la sculpture et de l’architecture suspendront à chaque pas vos regards d’admiration ; assistez aux jeux du cirque ; suivez la marche des triomphes ; voyez des rois enchaînés ; jouissez du doux spectacle de l’univers qui gémit sous la tyrannie, et partagez tous les crimes, tous les désordres de son opulent oppresseur.
Nous avons pour eux je ne sais quel faible dans le cœur, mais c’est un faible, et, pour être juste, nous devons reconnaître que la Peinture, cette sœur jalouse et ivre d’être tant aimée, étouffe un peu sa sœur, la Poésie, en l’embrassant.
Par un autre hasard encore, ces deux poètes se recommandent par des qualités si différentes, ils forment entre eux une telle antithèse de talent et de manière, que les opposer dans un étroit vis-à-vis c’est, comme on dit en peinture, les repousser l’un par l’autre ; c’est donner plus de précision à leur examen ; et faire mieux sentir le prix de ce que tous les deux possèdent et de ce qui manque à chacun d’eux.
Seulement, l’auteur du Génie du christianisme procédait par des élans de sensibilité et des peintures poétiques.
L’évêque, son successeur, nous a laissé, à la tête de ses éloges, une description charmante de ce lieu ; on y voit un homme enthousiaste des lettres et du repos, un historien qui a l’imagination d’un poète, un évêque nourri des doux mensonges de la mythologie païenne ; car il nous peint avec transport ses jardins baignés par les flots du lac, l’ombre et la fraîcheur de ses bois, ses coteaux, ses eaux jaillissantes, le silence profond et le calme de sa solitude ; une statue élevée dans ses jardins à la nature ; au-dedans, un salon où présidait Apollon avec sa lyre et les neuf Muses avec leurs attributs ; un autre où présidait Minerve ; sa bibliothèque, qui était sous la garde de Mercure ; ensuite l’appartement des trois Grâces, orné de colonnes doriques et de peintures les plus riantes ; au-dehors, l’étendue pure et transparente du lac, ses détours tortueux, ses rivages ornés d’oliviers et de lauriers ; et, dans l’éloignement, des villes, des promontoires, des coteaux en amphithéâtre, chargés de vignes ; et les hauteurs naissantes des Alpes, couvertes de bois et de pâturages, où l’œil voyait de loin errer des troupeaux.
Après la critique, critique de théâtre, de romans, de peinture ou de musique, voici mon auteur d’un acte de vaudeville qui me signale les poètes. […] Théophile Thoré, le critique de peinture du journal le Siècle et de la Revue de Paris. […] Jal a encore une petite bosse, une contre-bosse, qui le porte vers l’appréciation de la peinture. […] Jal, auquel se lient de vagues idées de marine et de peinture. […] À coup sûr, cette révélation est quelque chose, comme peinture des mœurs parisiennes et littéraires.
Au fond, il pensait toujours comme lorsqu’il avait dit dans sa riante peinture des Fleurs : Pour être heureux, il ne faut qu’une amante, L’ombre des bois, les fleurs et le printemps. […] Après cela, nous ne ferons aucune difficulté de reconnaître qu’il développe en cette carrière nouvelle plusieurs des qualités épiques, un art véritable de composition, des agréments de conteur, et qu’il y rencontre, dans le genre gracieux, bien des peintures fines et molles, telles qu’on peut les attendre de lui : l’épisode de Thaïs et Elinin a mérité d’être extrait du poëme dont il fait partie et de trouver place dans les Œuvres choisies, où, ainsi détaché, il peut paraître comme un malicieux fabliau. […] Enfin, nous citerons encore la riche peinture de cette même vue d’après nature, par M.
— Et l’on a poussé la folie jusqu’à demander de quelle utilité était au monde l’Othello de Shakespearea ; on a proposé sérieusement à l’Humanité d’abolir le drame ; car, le drame étant la peinture de passions tristes ou coupables, on ne voyait pas quel avantage en résultait pour l’Humanité. […] La poésie, qui prend pour instrument la parole, et qui rend par des mots le symbole et le rythme, est un accord, comme la musique, comme la peinture, comme tous les autres arts : en sorte que le principe fondamental de tout art est le même, et que tous les arts se confondent dans l’art, toutes les poésies dans la poésie1. […] Il est tout simple que la verdoyante Écosse, qui conserve, toute fraîche et toute vivante, la tradition de ses clans et de ses petites guerres civiles, et où il reste mille traces du Moyen-Âge qui n’est pas remplacé pour elle, ait donné au monde un génie conteur et original, ami des traditions merveilleuses et des peintures du Moyen-Âge.
Sita et Rama s’extasient ensemble sur les scènes reproduites par le pinceau : « Jours heureux pour moi », s’écrie Rama à l’aspect de ces peintures, « quand un père vénéré vivait encore, quand la tendresse d’une mère veillait attentivement sur mon existence, quand tout était plaisir pour mon jeune âge… Voyez… Voilà que ma jeune épouse, la belle Sita, attire l’admiration de ma mère… Le sourire est sur ses lèvres, sa bouche entrouverte laisse éclater des dents aussi blanches que les calices allongés du jasmin ; de longues nattes de cheveux souples, et doux au toucher comme la soie, répandent un crépuscule sur ses joues ; tous ses membres, élégants de formes, gracieux de mouvements, ont la blancheur et la flexibilité des rayons de la lune glissant dans le vague des airs ! […] Pendant que Sita dort, et qu’elle balbutie en rêvant avec terreur sur le bras du roi le nom de son cher Rama, celui-ci la regarde dormir : « Elle rêve que je l’ai quittée », dit-il, « ou bien la vue de ces peintures qui retracent nos malheurs a troublé ses esprits… Ah ! […] Comme une armée en peinture, nos gens s’arrêtent immobiles, à mesure que le charme irrésistible subjugue leurs sens : dans le ciel, en ce moment, flottent de noires vapeurs amoncelées et massives, comme les pics du Vindhya.
La peinture, l’architecture, l’horticulture durent se soumettre, ainsi que la poésie et le théâtre, à cette loi immuable. […] Repoussez cette littérature énervante, tour à tour grossière et raffinée, qui se complaît dans la peinture des misères de la nature humaine, qui caresse toutes nos faiblesses, qui fait la cour aux sens et à l’imagination, au lieu de parler à l’âme et d’élever la pensée. […] La plupart des idyllistes modernes ont été mus sans doute par le désir d’intéresser, d’instruire et de moraliser les gens du peuple, en leur offrant la peinture de leurs propres mœurs. […] Le procédé de peinture de ces romanciers est tout autre que celui de George Sand. […] Alexandre Dumas se jeta dans l’extrême opposé, et s’il obéit à l’influence allemande, ce fut moins pour le fond, que pour la manière de charpenter ses pièces, et pour le choix et la peinture de ses caractères.
En revanche, si Delphine se passe de 1790 à 1792, au milieu des événements qui opposent déjà deux Frances, on n’y trouve qu’une peinture insignifiante des sentiments et des événements politiques. […] Ce qu’il fait passer du vers grec de Théocrite ou de l’Anthologie dans la structure du vers français est extrêmement délicat à doser, et ne va pas bien loin ; d’autant plus qu’il s’inspire et ne traduit pas, et qu’il ferait plutôt, quoi qu’il en ait dit, des vers nouveaux sur des sujets antiques, Mais, étant entendu qu’il ne saurait exister pour nous qu’une Grèce littéraire transposée dans les livres, et que nous devons la tenir pour un substitut non seulement nécessaire, mais bienfaisant, de la Grèce réelle qui nous est inconnue, la poésie de Chénier a transporté dans la poésie française ce que les livres nous font imaginer de plus grec, et même de plus athénien (n’exagérons pas son côté alexandrin) : la mesure, la grâce, la mélodie de la vie dans un bois d’oliviers, la musique des êtres, leur passage éternisé dans les stèles, la capture de mouvements, de figures, de scènes, d’humanité, par lesquelles la poésie devient rivale de la peinture — de sorte que l’image des carnets de croquis et des cartons d’études serre ici exactement la réalité. […] La Bénédiction de Dieu dans la solitude, écrite à Saint-Point, est peut-être la poésie la plus pleine, la plus ubéreuse de Lamartine, du propriétaire, du chef de famille et du poète, et dont on touche les profondeurs de santé et de tradition : de grosses racines humaines sous un feuillage qui vibre avec la présence des siècles, le simple tableau d’une journée patriarcale à la campagne, l’acte de vivre solennisé longuement par une musique sans fin, et l’épaisseur ici bien sentie des milliers d’Harmonies non écrites sous l’Harmonie chantée. — L’Occident, strophes de bronze et d’or, paix du jour sur la terre et dans l’âme, — l’Hymne à la Douleur, chef-d’œuvre de la poésie morale et des beaux vers gnomiques, — Jehovah ou l’Idée de Dieu, oratorio qui s’émeut lentement jusqu’à l’épanouissement d’une fin splendide. — Le Chêne où la poésie suit la vie végétative, cachée, lente et longue de l’arbre, — l’Humanité morceau de grande peinture bolonaise, avec son merveilleux portrait de vierge, ses vers suaves et caressés, l’hymne à la Vierge-Mère d’où naît l’homme-esprit, — l’Idée de Dieu et son finale de lumière et de foi, le Souvenir d’enfance ou la Vie cachée, confidence abondante et pleine comme l’eau qui coule, apogée, dans toute la poésie française, de l’épître familière, poésie d’arrière-saison qui est notre Vieillard du Galèse et où tient toute cette poésie des racines terriennes, cette gentilhomie (comme on dit prudhomie) de campagne, qui repassera dans Mistral et aussi dans Barrès, Éternité de la Nature, Brièveté de l’homme, ode pure qui n’est surpassée en France par aucune autre, roseau pensant de Pascal agrandi par le lyrisme jusqu’à l’ampleur du chêne et de l’olivier […] Hugo est déjà l’homme qui peut parler de la poésie comme Léonard parlait de la peinture au duc de Milan : « En peinture, je puis faire n’importe quoi aussi bien que n’importe qui. » De là les Ballades et les Orientales, le dépaysement dans le temps et le dépaysement dans l’espace, qui sont moins d’un poète conquérant que d’un technicien en disponibilité.
Quel commentaire que les peintures et les sculptures primitives, et tous ces monuments du xiiie siècle qui sont encore debout par toute la Toscane ! […] Des peintures d’une vérité et d’une énergie saisissantes, une fin sublime ; mais quel rôle ! […] Gandar, qui a si bien rendu toute justice au Dante, n’est pas injuste pour l’Arioste, pas plus que tout à l’heure pour Sheridan, et, à l’occasion des ouvrages du Titien réunis à l’Exposition de Manchester, et d’une suite de portraits excellents, il écrivait : « Le meilleur de tous, et l’une des peintures les plus parfaites de toute cette Exposition, est un portrait de l’Arioste. […] On ne saurait s’étonner que la correspondance de ce temps nous montre Gandar toujours fort occupé de beaux-arts et de peinture.
C’est la géographie chantée et l’histoire en peinture. […] Voyez et écoutez cette scène conjugale entre Hector, son épouse et son enfant, scène qui a servi et qui servira éternellement de texte à toutes les poésies de l’épopée, du drame, de la peinture et de la sculpture. […] Une peinture trouvée tout récemment à Vulci, sur les parois de l’un des tombeaux découverts lors des fouilles entreprises par MM. […] Didot et François, dans les maremmes d’Étrurie, peinture dont le style rappelle les plus beaux temps de l’art hellénique, représente cet épisode de l’Iliade.
Il nous a donné, dans la même quinzaine, Catherine et le Nouveau Jeu, c’est-à-dire la comédie la plus effrontément attendrissante et vertueuse, et la plus effrontée peinture de mauvaises mœurs amusantes. […] Lavedan est un observateur pittoresque, aigu, hardi, et qui se grise volontiers de sa propre hardiesse ; un moraliste hanté de la peur que quelque autre moraliste n’aille encore plus loin que lui dans la peinture du vice contemporain et ne paraisse donc encore plus moral. […] Ma peinture ou, plus exactement, mon croquis de mœurs protestantes et pastorales est tout accessoire, assez superficiel, et fantaisiste à demi. […] Je veux simplement dire qu’il y a des peintures qui ne me touchent plus à l’âge que j’ai, qui me paraissent inutiles ou qui même me dégoûtent… On emporte de ces cinq actes une impression de basse humanité vraiment accablante.
On objecte : Ces peintures sont fausses et exagérées. — Qu’en savez-vous ?
Les dix-huit noms propres qui s’étaient associés aux noms de ces fleurs étaient les plus célèbres du temps ; la peinture et la calligraphie, qui fixaient sur le vélin les fleurs y les vers, le nom des auteurs, étaient des chefs-d’œuvre.
Le discours du souriceau, la peinture qu’il fait du jeune coq, cette petite vanité, V. 20.
Son ouvrage comprend la belle littérature, les productions agréables, telles que les histoires, les romans, les brochures, les piéces d’éloquence & de poésie, les ouvrages dramatiques, particuliérement la musique, la peinture, la sculpture, l’architecture, en un mot, ce qu’on entend par belles-lettres & beaux arts.
Sa tâche est de faire des peintures fidelles des moeurs et des usages de son païs, pour rendre son imitation la plus approchante du vraisemblable qu’il lui est possible.
Or les monumens de la poësie, de l’art oratoire, de la peinture, de la sculpture et de l’architecture des anciens qui nous sont demeurez, font connoître que les anciens étoient très-habiles dans tous ces arts, et qu’ils les avoient portez à une grande perfection.
Je cède au vent qui souffle ; et comme tels et tels, J’aime mieux être enfin un seigneur en nature, Un Chapelain vivant, qu’un Homère en peinture.
Si l’on avait dit à Fénelon qu’un temps viendrait, où personne ne songerait à trouver ridicule la peinture que fait Aristophane d’un roi de Perse, marchant avec une armée de quarante mille hommes, pour aller sur une montagne d’or satisfaire aux infirmités de la nature365, Fénelon aurait-il cru que la postérité pût jamais avoir si mauvais goût ? […] donnant en particulier ce conseil remarquable : « Si vous voulez connaître la comédie anglaise, il n’y a d’autre moyen pour cela que d’aller à Londres, d’y rester trois ans, d’apprendre bien l’anglais et de voir la comédie tous les jours ; la bonne comédie est la peinture parlante des ridicules d’une nation ; et, si vous ne connaissez pas la nation à fond, vous ne pouvez guère juger de la peinture371 » ? […] Laissez les choses suivre leur cours, ou plutôt censurez notre sculpture maniérée, notre peinture insignifiante, notre musique tapageuse, notre poésie imbécile, et croyez avec moi à la liberté de l’art et à la liberté de la critique. […] Mais ce drame étonnant est moins une peinture des mœurs contemporaines, qu’une sorte de prophétie. […] En effet, je crois que s’il eût eu une maîtresse pâle, il n’eût jamais pu dire qu’elle eût été blanche ; s’il en eût eu une mélancolique, il n’eût pu dire aussi, pour adoucir la chose, qu’elle eût été sérieuse, et, tout ce qu’il eût pu obtenir de lui, eût été de ne lui parler jamais de ce dont il ne pouvait lui parler à son avantage… Ceux qui cherchent le plus à trouver à reprendre en lui, ne l’accusent que de soutenir ses opinions avec trop de chaleur… Il est certain qu’il est un peu difficile, et que les moindres imperfections le choquent ; mais il faut souffrir sa critique comme un effet de sa justice… Je n’aurais jamais fait si je voulais vous dire tout ce que Mégabate a de bon ; c’est pourquoi il vaut mieux que j’achève cette légère ébauche de sa peinture, en vous assurant que cet homme est incomparable, et qu’on n’en peut parler avec trop d’éloges447. » Tallemant a fait de Montausier un portrait moins idéal. — « M. de Montausier, dit-il, est un homme tout d’une pièce ; madame de Rambouillet dit qu’il est fou à force d’être sage.
Delphine confesse quelque part qu’elle aime peu la peinture, et quand elle se promène dans les jardins, elle est bien plus occupée des urnes et des tombeaux que de la nature elle-même. […] Mais on ne doit pas chercher une peinture fidèle dans cette production, d’ailleurs agréable : les dates y sont confuses, les personnages groupés, les rôles arrangés ; M. de Schlegel y devient un grotesque, sacrifié sans goût et sans mesure ; le tout enfin se présente sous un faux jour romanesque, qui altère, à nos yeux, la vraie poésie autant que la réalité. […] Schlegel et Benjamin Constant, etc. » Il n’est pas inutile de se figurer l’auteur galant de cette peinture. […] Quoi qu’il en soit, malgré ce qu’il y a dans Corinne de conversations et de peintures du monde, ce n’est pas à propos de ce livre qu’il y a lieu de reprocher à Mme de Staël un manque de consistance et de fermeté dans le style, et quelque chose de trop couru dans la distribution des pensées. […] Leurs défauts mêmes deviennent des traits de peinture et ne sont pas sans charme, comme l’expression autrefois aimée d’un goût qui a fait place à un autre, lequel à son tour passera également.
Il tire des livres saints un texte où ce vice est caractérisé avec la force de peinture propre à ces livres. […] Avec ce sermon en projet, il montait en chaire et remplissait ce cadre de mouvements, d’images, de fortes peintures, liées entre elles par les idées principales plutôt que par l’artifice des transitions. […] Bossuet y trouvait plus en relief les deux genres de beautés où il excelle lui-même : la vérité des peintures et la hardiesse de l’expression qui est le privilège de la langue poétique. […] L’austérité du ministère le gêne dans ses peintures, et, s’il cède souvent à cette force d’imagination qui lui présente la vie sous les plus belles couleurs, il semble se vouloir punir de cette complaisance en forçant le tableau de sa fragilité et de ses misères. […] Là il trouvait abondamment matière à ces peintures de la vie qui remplissent tous ses écrits ; mais, écrivant pour des filles séparées du monde, il les adoucit et les atténue, afin de les approprier à la chasteté de la vie cloîtrée, où l’on ne voit le monde qu’à travers les efforts de détachement pour l’oublier.