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1950. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Herold, André-Ferdinand (1865-1940) »

Ferdinand Hérold — dont les hasards du flux littéraire nous mettent, ce mois, un admirable volume sous les yeux — un écrivain fécond, étranger aux étranges scrupules de la stérilisation préméditée, un écrivain qui, suivant son instinct, procrée… Avons-nous dit tout le bien que nous pensons de M. 

1951. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 311-314

…………… Grands Dieux, pourrez-vous voir de la voûte étoilée, La foi si lâchement à vos yeux violée ?

1952. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 358-361

Si l’on ne recherche dans les Poésies que le grand, le beau, les graces, la délicatesse, on ne fera pas grand cas des siennes ; mais si quelques traits d’esprit, de naturel, d’ingénuité sont capables, comme nous le croyons, de trouver grace aux yeux du Lecteur le plus difficile, la Muse Limonadiere pourra être regardée comme la dixieme, en laissant toutefois un très-grand intervalle entre elle & ses nobles Sœurs.

1953. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IX. Du vague des passions. »

Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente ; car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d’exemples qu’on a sous les yeux, la multitude de livres qui traitent de l’homme et de ses sentiments, rendent habile sans expérience.

1954. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre IV. Effet pittoresque des ruines. — Ruines de Palmyre, d’Égypte, etc. »

Dans les temples que les siècles n’ont point percés, les murs masquent une partie du site et des objets extérieurs, et empêchent qu’on ne distingue les colonnades et les cintres de l’édifice ; mais quand ces temples viennent à crouler, il ne reste que des débris isolés, entre lesquels l’œil découvre au haut et au loin les astres, les nues, les montagnes, les fleuves et les forêts.

1955. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVI. Le dévouement de yamadou havé »

Les Tomaranké (Khassonkè172 et Malinké du Tomara dans la région de Médine) virent d’un mauvais œil la prospérité rapide de ces nouveaux venus et, poussés par la jalousie et la cupidité, leur déclarèrent la guerre.

1956. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Ses yeux sont un peu gris, un peu enfoncés ; il en fait tout ce qu’il veut, et la mobilité de ses traits donne si rapidement à sa physionomie un air de sentiment, de noblesse et de folie, qu’elle ne lui laisse pas le temps de paraître laide. […] Le doux éclat de ce soleil naissant Flatte bien plus mes yeux que ces flots de lumière Qu’au plus haut point de sa carrière Verse son char éblouissant. […] Rousseau a dit, par une pensée toute semblable, dans une page souvent citée : « La terre, parée des trésors de l’automne, étale une richesse que l’œil admire, mais cette admiration n’est pas touchante ; elle vient plus de la réflexion que du sentiment. […] Mais l’aspect des vendanges a beau être animé, vivant, agréable, on le voit toujours d’un œil sec. […] C’est qu’au spectacle du printemps l’imagination joint celui des saisons qui le doivent suivre ; à ces tendres bourgeons que l’œil aperçoit, elle ajoute les fleurs, les fruits, les ombrages, quelquefois les mystères qu’ils peuvent couvrir… » Le poète versificateur avait encore ici puisé l’inspiration dans la prose, et, bien qu’avec une liberté heureuse, il s’était souvenu de Rousseau47.

1957. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Parmi les filles, un très petit nombre se marient, parce que la loi ne leur accorde qu’une parcelle du patrimoine de la famille ; les unes entrent dans des couvents, ces sépulcres de la jeunesse et de la beauté qui étouffent souvent les gémissements secrets de la nature ; les autres restent dans la maison, y vieillissent avec une inclination cachée dans leur cœur, contractent une physionomie de résignation et de mélancolie douce qui fait monter les larmes aux yeux quand on les regarde, puis s’accoutument à leur sort, se font les providences de la maison, reprennent leur gaieté et deviennent tantes, cette seconde maternité de la famille, plus touchante encore que l’autre, parce qu’elle est plus désintéressée et plus adoptive. […] De grands beaux yeux bleus pleins de lumière, encadrés dans des sourcils encore noirs, un nez carré, des joues fermes, une bouche large et façonnée à plaisir par la nature pour l’éloquence, un menton solide, relevé, presque provoquant, une expression hardie, un demi-sourire moitié de bienveillance, moitié de sarcasme, complétaient cette figure. […] Il causait avec abondance sans jamais s’épuiser d’idées ; il jouissait d’être bien écouté ; pendant la réplique il s’endormait, puis se réveillait trente fois par heure, reprenant le fil de l’entretien comme si ses courts sommeils avaient seulement reposé ses yeux sans endormir sa pensée. […] Or, puisqu’à ses propres yeux il était impossible, Napoléon vivant, de rendre Turin, le Piémont et la Savoie au roi de Sardaigne, c’était donc un autre royaume qu’il fallait obtenir de Napoléon en indemnité pour cette cour. […] Malheureusement tout s’est borné à la personne, à l’exclusion de l’objet politique. » XXIII Ce Mémoire, que nous avons sous les yeux, est en tout une aberration de zèle.

1958. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

L’Angleterre maudissait le papisme, et désirait le voir dépouillé de sa royauté italienne autant que de sa vice-royauté divine ; la Prusse le haïssait, la Russie le regardait avec les yeux jaloux de son patriarche russe, aspirant à lui opposer une seconde fois un patriarcat d’Orient ; les États protestants de l’Allemagne triomphaient de s’en être affranchis. […] IX Comme pontife, le pape actuel était un second Pie VII ; comme homme de prière, il vivait sans voir la terre, les yeux au ciel ; comme souverain politique, c’était un Italien amoureux de l’indépendance et de la dignité de l’Italie. […] Les Génois en occupaient les ports fortifiés ; les Vénitiens leur disputaient la clef de cette mer dans un quartier de Constantinople fortifié à leur usage ; ces deux flottes italiennes rivales se livrèrent une bataille navale indécise et meurtrière, sous les yeux des Grecs spectateurs, dans le canal du Bosphore. […] Il eut un seul tort de jugement, à mes yeux, sur la fin de sa vie, ce fut d’abdiquer la république vénitienne dans une lettre aux Italiens pour leur conseiller de se monarchiser sous le sceptre du roi de Piémont. […] La France, vaincue et refoulée en 1815 par le reflux du monde sur son territoire, était contrainte de fermer les yeux pour ne pas voir les forteresses territoriales, maritimes et politiques, que l’on construisait contre elle en Piémont et à Gênes.

1959. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

« Je fis donc observer au plénipotentiaire français que je n’étais pas bien vu par le premier consul, et que cela porterait préjudice à mon ambassade, dès mon arrivée à Paris et pendant le cours des négociations ; que du reste son gouvernement ne voyait pas le Concordat d’un œil très favorable, ainsi qu’on pouvait en juger sur les apparences, et que, par conséquent, on attribuerait mes refus non à la force des motifs et à des principes qui empêchaient le Pape d’adhérer, mais à l’animosité personnelle que l’on me supposait. […] « Quelle fut ma surprise, quand je vis l’abbé Bernier m’offrir la copie qu’il avait tirée de son rouleau comme pour me la faire signer sans examen, et qu’en y jetant les yeux, afin de m’assurer de son exactitude, je m’aperçus que ce traité ecclésiastique n’était pas celui dont les commissaires respectifs étaient convenus entre eux, dont était convenu le premier consul lui-même, mais un tout autre ! […] Il me plaça aussitôt sous les yeux les dangereuses conséquences d’une telle action, qui intéressait l’État, la personne même de l’Empereur, ainsi que la succession au trône, et qui prêtait tant de hardiesse aux mécontents. […] En n’en voyant que onze (le cardinal Fesch était à l’autel pour la fonction), ses yeux étincelèrent tellement et son visage prit un tel air de colère et de férocité, que ceux qui l’observaient présagèrent la ruine de tous les princes de l’Église n’assistant pas au mariage. […] Tous les yeux se tournèrent sur les treize cardinaux que l’on mettait à la porte ; ils traversèrent ainsi la dernière antichambre, les autres qui précédaient et qui étaient remplies de monde, les salles et le grand vestibule.

1960. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Vous vous montrez aujourd’hui riche et puissant à mes yeux ; je vous vois roi d’un grand peuple ; cependant, je ne dirai pas de vous ce que vous me demandez de dire, jusqu’à ce que j’apprenne que votre vie a fini heureusement. […] De quel œil voulez-vous que l’on me voie tous les jours aller à la place publique, et en revenir ? […] Dans leurs jeux, ces enfants, quoiqu’ils ne le crussent que le fils du pâtre, l’avaient choisi pour roi ; et lui, usant de ses droits, donnait aux uns la charge de bâtir un palais, faisait les autres ses gardes du corps, nommait celui-ci œil du roi, chargeait celui-là de la fonction de recevoir les messages, distribuant ainsi les emplois de sa cour à chacun. […] Toutefois, nous avons la confiance que votre songe est maintenant sans objet, et nous vous engageons à voir de même ; mais nous pensons aussi qu’il faut bannir cet enfant de vos yeux, et l’envoyer chez les Perses, auprès de ceux qui lui ont donné le jour. » « Astyage se rendit aisément à cet avis, qui lui était d’ailleurs agréable. […] « Darius, frappé du rapport de ses gardes, et de ce qui se passait sous ses yeux, ordonna qu’on amenât cette femme en sa présence.

1961. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il prend ensuite de la même main, entre le pouce et l’index et le doigt du milieu, la patène sur laquelle est l’hostie ; y posant également la main gauche de la même manière que la droite, les autres doigts étendus et joints par-dessous, il le tient à la hauteur de la poitrine, élève les yeux, qu’il abaisse aussitôt, et récite la prière Suscipe, sancte pater… Art. […] S’étant relevé et la suivant des yeux, il l’élève lentement aussi haut qu’il peut… Art. 107…. […] Blonde, rose, figure parisienne, très éveillée, le nez légèrement retroussé, la bouche petite et rieuse, un petit trou au menton, les yeux bleus, très clairs, avec des cils d’or. […] Cet Empire pourri, pétrifié, saignait terriblement, étalait, aux yeux des passants, de hideuses plaies, que le fouet du poète semblait envenimer encore ; les Bathylles des danses impures, les Locustes, les Astrées impudiques, les Tijellinus éhontés avaient horreur d’eux-mêmes en s’apercevant tachés de boue, souillés de sang, infects, dans le miroir du satirique. […] Et comment voulez-vous voir d’un œil tranquille le vice qui déborde partout ?

1962. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Mais il ne faut pas vingt-cinq lignes pour affirmer qu’aux yeux des vrais artistes, Victor Hugo ne symbolise pas plus toute la poésie d’un siècle que Balzac n’en renferme toute la prose. […] À nos yeux d’iconoclastes, la physionomie vaut la beauté. […] Si Alfred de Musset garde à mes yeux ce prestige, c’est que ses qualités maîtresses sont la clarté, l’élégance, la sincérité, et l’ironie, fille de la raison ailée. […] Avec des vermillons, des azurs et des ocres, Tu savais illustrer des pensers médiocres Et prêter au vieux Faust des yeux méditatifs. […] — Le journaliste attaqué par M. de Gourmont s’est mis le doigt dans l’œil, et certainement la présente consultation le lui prouvera.

1963. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Il l’a devant les yeux et veut l’intimider, le réduire ou l’étourdir. […] Son œil était curieux et tenace, sa mémoire de moraliste ferme et sûre. […] Proudhon, quoique à chaque instant il institue une Philosophie de l’histoire, n’aime point, paraît-il, voir se dérouler sous ses yeux les faits historiques. […] C’est leur intérêt même qui dut ouvrir les yeux aux propriétaires de l’antiquité. […] Ces idola temporis sont regardés par Sainte-Beuve de très mauvais œil ou d’œil très dédaigneux.

1964. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnières, Robert de (1850-1905) »

Voilà un livre vers qui peu d’artistes s’orienteront, mais qu’ils mettront volontiers sous les yeux des reines familières.

1965. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pioch, Georges (1874-1953) »

C’est le Génie qui se fait Verbe, et dans son vers l’on sent une force d’airain, l’on sent le glaive qu’accompagne une lyre d’or, son flamboiement qui s’écarlate, qui devient rouge de sang, rouge de Vie, et le poète passe, la tête altière, la gloire dans les yeux, splendide, à la conquête des Paradis futurs où viendront se rafraîchir de pureté et se baigner de beauté les souffrants, les esclaves, ceux qui demain seront les Hommes !

1966. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Les Ecrivains du Christianisme, en répandant la clarté dans l’esprit, font sentir en même temps une chaleur qui échauffe & remplit le cœur ; dans Bayle, c’est une lueur froide qui éblouit un instant les yeux, & vous laisse ensuite dans l’obscurité.

1967. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre III. Des Ruines en général. — Qu’il y en a de deux espèces. »

Ainsi, les ruines jettent une grande moralité au milieu des scènes de la nature ; quand elles sont placées dans un tableau, en vain on cherche à porter les yeux autre part : ils reviennent toujours s’attacher sur elles.

1968. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Grenée » pp. 206-207

L’œil tourne autour du visage de la mère.

1969. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

La beauté des paroles voilà, à ses yeux, la beauté extérieure. […] Et il y eut de ravissants petits jeunes gens qui avaient des yeux d’or et portaient des ailes blanches, dérobées sans doute aux cygnes mystiques. […] Comme si des mythes mystérieux ne s’accomplissaient pas sans cesse sous nos yeux, mais ils nous paraissent moins surprenants parce que nous assistons constamment à leur quotidienne comédie. […] Monet qui réalise cet hymen formidable de l’Œil et du Soleil où le Sens devient la Sensation ; Zola dans l’idylle panthéiste de l’abbé Mouret demeurent les précurseurs de l’art naturiste. […] Un homme qui lève les yeux au ciel, cela nous évoque, si nous en comprenons l’intime pathétique, de paradisiaques sentiments.

1970. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Mais quand on jette les yeux sur leurs productions, on ne sauroit s’empêcher d’y remarquer l’empreinte profonde de l’ignorance. […] La simplicité des mœurs, une dévotion peu éclairée, les objets de notre vénération mis en action sous les yeux, tout concouroit à porter dans l’ame la plus vive impression & le plus grand intérêt. […] Après plus de douze cens ans écoulés & perdus dans l’ignorance, on ouvrit enfin les yeux, & l’on sortit de la plus honteuse léthargie. […] La noble & majestueuse simplicité de nos Ancêtres disparut, & nos yeux, accoutumés autrefois à ce beau simple, furent tout-à-coup éblouis par un luxe porté à l’excès. […] J’ai actuellement sous les yeux une Traduction des Philippiques & de plusieurs Oraisons de Démosthène, faite par M.

1971. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulary, Joséphin (1815-1891) »

Soulary a deux mérites à mes yeux, deux grands mérites, quoique négatifs : il n’est pas éloquent, et il n’est pas abondant.

1972. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre premier, premières origines du théâtre grec »

Le passé qui redevient le présent, des fantômes reprenant leurs corps, des légendes immémoriales revenant du fond des siècles, sur le premier plan de la vie ; des hommes quelconques, connus et coudoyés tout à l’heure, transformés par le revêtement d’un costume, par l’ascension de quelques gradins, en dieux visibles, en héros ressuscités et palpables, et le faisant croire aux yeux autant qu’à l’esprit !

1973. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 38, que les remarques des critiques ne font point abandonner la lecture des poëmes, et qu’on ne la quitte que pour lire des poëmes meilleurs » pp. 554-557

Qu’on ose donc chanter les choses que nous avons sous les yeux, comme sont nos combats, nos fêtes et nos céremonies.

1974. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XV. Le fils du sérigne »

Il a suivi le chemin que lui avait indiqué son père jusqu’à ce que quelque chose se soit montré à ses yeux.

1975. (1910) Rousseau contre Molière

En tous cas, ce n’est pas à Rousseau qui, lui, a tout le théâtre de Molière sous les yeux, de s’y méprendre. […] Il convient d’examiner un peu cet ouvrage pour voir ce qu’un homme intelligent, suivant les indications de Rousseau avec intelligence et avec un scrupule absolu, a réussi à faire et quels personnages il a mis sous les yeux du public. […] Et plus il était pessimiste à interpréter la réalité qui était sous ses yeux, plus il était optimiste quand il imaginait une réalité, quand il inventait un monde. […] Donc le vice, aux yeux du vulgaire, est très rarement comique, il est mêlé de comique plutôt que comique en soi. […] Le bal, les festins, les jeux, même le théâtre ; tout ce qui, mal vu, fait le charme d’une imprudente jeunesse, peut être offert sans risque à des yeux sains.

1976. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Pareillement, et mieux encore, le génie propre de Chateaubriand a été mis en branle par les agitations de son corps et s’est nourri des aventures de ses yeux et de tous ses sens. […] L’Indien se pâme avec d’accablantes douleurs, et un dur sommeil ferme ses yeux. […] Son sourire était caressant et beau, son œil admirable, surtout par la façon dont il était placé sous son front et encadré dans ses sourcils. […] Il l’est aux yeux même de l’empereur. […] Et, à côté des portraits, il y a les récits des événements auxquels il a assisté, qu’il a vus de ses yeux, qu’il croit souvent avoir dirigés.

1977. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Louis Méquillet, que cette affaire est remise de nouveau sous les yeux du public. […] Comme dans les bas-reliefs antiques, ils précèdent le cortège, mais sans le diriger : ils marchent à reculons, les yeux fixés sur leur instrument. […] Est-ce donc chose indifférente à vos yeux que de prononcer le panégyrique d’un vaudevilliste au lieu de celui d’un dominicain ? […] Et ne seriez-vous pas tenté de dire que votre ami, malgré ses grands yeux et son goût pour la musique, est un fat insupportable ? […] C’est là un luxe qui, à mes yeux du moins, produit facilement l’encombrement.

1978. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Le grec a désormais cessé d’avoir le prestige qu’il avait aux yeux des premières générations du xvie  siècle. […] Vous voyez le sophisme, et, comme on disait au temps de Fontanelle, il saule aux yeux d’abord. […] Avant tout, la peinture est une joie des yeux. […] » nous demande l’auteur des Dialogues, en mettant sous nos yeux un passage quelconque de Pindare ou d’Homère. […] ou bien, puisque j’ai tout à l’heure eu soin de mettre sous vos yeux le passage de Mme de Staël, se moque-t-il ici du monde ?

1979. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Tout écrit littéraire est, à mes yeux, un écrit de morale, en ce sens qu’il témoigne d’un état particulier de la société. […] Non, Messieurs, le scepticisme ne sera jamais à mes yeux ni un honneur ni un bonheur ; je n’y puis voir qu’une maladie. […] On ajoute qu’au dernier moment il leva les yeux vers le ciel. […] On lui a reproché de l’inconséquence, et l’inconséquence est une des choses qui trouvent le moins grâce aux yeux de bien des gens. […] Mais ce qui échappe souvent l’œil du simple observateur est précisément ce qui se révèle au talent du poète.

1980. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

Ici, Ingres dévot à l’antique et à Raphaël, et qui trépigne à ce seul nom ; là, Fokelberg, le sculpteur suédois, tout Grec, dont l’œil se mouillait de larmes en nous montrant l’Apollon au Vatican et les contours lointains des paysages d’Albano.

1981. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

L’idéal suprême, à l’instant où on le découvre, fait tomber le ciseau des mains de l’artiste ; mais il le reprend bientôt, et poursuit plus lent et plus sûr, ne perdant plus de l’œil la grande beauté.

1982. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Il nous a semblé de plus que si cette circonstance nouvelle, si précieuse à nos yeux, en venant certainement compliquer pour nous les difficultés et multiplier les convenances, devait avoir un effet rétroactif et allait jusqu’à nous obliger à rétracter, à modifier les jugements du passé, il n’y aurait ni fond ni base solide à notre travail critique : nous n’avons donc pas hésité à maintenir dans presque tous les cas ce qui est écrit.

1983. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

Les Italiens mettent tant de poésie dans l’amour, que tous leurs sentiments s’offrent à vous comme des images, vos yeux s’en souviennent plus que votre cœur.

1984. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aicard, Jean (1848-1921) »

De pures images pour les yeux, une délicieuse musique pour l’oreille et des notes émues pour le cœur, tout y est.

1985. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

La raison en est facile à trouver ; c’est que la Postérité ne juge jamais d’un Auteur sur les éloges de ses contemporains & de ses amis ; elle le cite en personne devant son Tribunal, & ses Productions ne peuvent se soutenir à ses yeux que par leur propre mérite.

1986. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

En vain ils s’uniroient pour lui faire la guerre : Pour dissiper leur ligue, il n’a qu’à se montrer ; Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer, Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble : Il voit comme un néant tout l’univers ensemble ; Et les faibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s’ils n’étoient pas66.

1987. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Nisard »

Ce qu’on ne savait pas, c’était l’importance que trois pédants colossaux devaient retrouver, dans ce temps, aux yeux du moins de l’écrivain qui se dévouait à écrire leur vie oubliée.

1988. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Tandis que Racine enfant, l’esprit tout plein de Théagène et Chariclée, ne voyait rien de plus agréable au cœur et aux yeux (comme cela est en effet) que le vallon de Port-Royal-des-Champs, les religieuses et les solitaires s’en faisaient un lieu désert, sauvage, mélancolique, propre à donner de l’horreur aux sens ; ils n’avaient pas même la pensée de se promener dans les jardins. […] Entre les anciens que j’ai cités et les modernes les plus récents, entre Aristide, Épaminondas d’une part, et Fénelon ou Jean-Jacques de l’autre, il plaçait encore Bélisaire ; le reste de l’histoire des siècles intermédiaires n’existait à ses yeux que comme une agitation inutile et insensée. […] S’il y a quelque exagération à dire cela, il faut convenir que Bernardin parle à chaque instant de cette terre raboteuse, toute hérissée de roches, de ces vallons sauvages, de ces prairies sans fleurs, pierreuses et semées d’une herbe aussi dure que le chanvre  ; mais la tristesse de l’exil rembrunissait tout à ses yeux. […] Dès qu’elles jetaient les yeux sur moi, je les croyais occupées à en médire… » Il n’y a de comparable à ces aveux que certains passages de Jean-Jacques dans ses Dialogues.

1989. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

N’y pensez pas : ce qu’il faut à la France et à la civilisation dans nos rapports avec l’Angleterre, c’est la paix, la paix difficile, la paix agitée, mais la paix méritoire, la paix utile au monde, mais la paix l’œil ouvert et la main armée. […] Ils administrent mal, voilà tout leur crime aux yeux des Européens. […] L’administration de l’Orient sera donc toujours, aux yeux d’un Européen, vicieuse, parce qu’elle ne sera jamais l’administration de l’Europe. […] devons-nous au Piémont deux victoires par mois et cinquante mille hommes par an pour soutenir ses provocations, plus anglaises que françaises, à la formidable unité d’une monarchie piémontaise, où nous devons avoir l’œil, si nous n’y avons pas la main ?

1990. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Tout cela n’est rien aux yeux du législateur immoral pour qui tout le spiritualisme social, et même sentimental, consiste à nier toute loi morale et tout sentiment, et à ne voir dans la divine loi de filiation de l’être pensant que le phénomène d’une sève nourricière, d’une chair humaine, qui, quand elle a passé d’une veine à une autre veine, ne laisse à l’espèce renouvelée que le devoir de fleurir un jour sur les débris desséchés et indifférents de l’espèce qui fleurissait hier dans le même sillon ! […] Mais, répondrons-nous aux sophistes, indépendamment de ce que cette volonté, supposée unanime, n’est jamais unanime, qu’il y a toujours majorité et minorité, et que la supposition d’une volonté unanime, là où il y a majorité et minorité, est toujours la tyrannie de la volonté la plus nombreuse sur la volonté la moins nombreuse ; Indépendamment encore de ce que le moyen de constater cette majorité n’existe pas, ou n’existe que fictivement ; Indépendamment enfin de ce que le droit de vouloir, en cette matière si ardue et si métaphysique de législation, suppose la capacité réelle de vouloir et même de comprendre, capacité qui n’existe pas au même degré dans les citoyens ; Indépendamment de ce que ce droit de vouloir, juste en matière sociale, suppose un désintéressement égal à la capacité dans le législateur, et que ce désintéressement n’existe pas dans celui dont la volonté intéressée va faire la loi ; Indépendamment de tout cela, disons-nous, si la souveraineté n’était que la volonté générale, cette volonté générale, modifiée tous les jours et à toute heure par les nouveaux venus à la vie et par les partants pour la mort, nécessiterait donc tous les jours et à toute seconde de leur existence une nouvelle constatation de la volonté générale, tellement que cette souveraineté, à peine proclamée, cesserait aussitôt d’être ; que la souveraineté recommencerait et cesserait d’être en même temps, à tous les clignements d’yeux des hommes associés, et qu’en étant toujours en problème la souveraineté cesserait toujours d’être en réalité ? […] Remettons sous les yeux des hommes de bon sens, riches, pauvres, indigents même, la vérité sur ce mystère sacré des lois de la propriété. […] Il s’approprie, en ouvrant les yeux, la lumière, sans laquelle ses mains et ses pieds deviennent inutiles à sa subsistance et à ses mouvements, et il languit dépossédé de sa part au jour.

1991. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Mais d’Aubigné, qui eut toute sa vie devant les yeux les têtes des conjurés d’Amboise, ne connaît que le papisme, l’exécrable papisme des bûchers et des massacres. […] Dans le champ qu’il veut couvrir de ses couleurs, D’Aubigné trace sept compartiments : les Misères, composition générale qui rassemble sous les yeux toutes les iniquités et toutes les hontes ; les Princes, où les figures des rois persécuteurs, le féroce et le coquet ressortent avec une admirable énergie ; la Chambre Dorée, où la justice des magistrats étale ses horreurs ; les Feux, qui sont comme les annales du bûcher, le martyrologe de la Réforme depuis Jérôme de Prague et depuis les Albigeois ; les Fers, tableaux des guerres et des massacres ; les Vengeances, où apparaissent les jugements de Dieu sur les ennemis d’Israël et de l’Évangile, sur Achab et sur Néron, tout un passé sinistre qui répond de l’avenir ; enfin le Jugement, où le huguenot vaincu, déchu de toutes ses espérances terrestres, assigne les ennemis de sa foi, les bourreaux, les apostats, devant le tribunal de Dieu, à l’heure de la Résurrection. […] Vaincu, il a été dispensé de traduire en détestables faits ses passions et ses vengeances ; il a dû tourner ses yeux au ciel, remettre à Dieu de récompenser et de punir ; la défaite a ouvert, élevé son âme dure, elle y a mis, avec les larmes et les tendres regrets, la foi sereine, l’amour confiant, l’espérance et la soif de la justice. […] « Les yeux, disait-il quelque part, sont les balcons et les portes de l’âme, fidèles témoins, vrais oracles, sûre escorte de la raison timide, et flambeaux ardents de l’obscure intelligence.

1992. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

C’était le temps où les écrits de Voigt et de Hurter révélèrent aux yeux des catholiques la grandeur des pontifes romains du xie et du xiie  siècle. […] Il avait la ravissante figure rose d’une miss anglaise, de beaux grands yeux, où respirait une candeur triste. […] J’étonne toujours les réalistes quand je leur dis que j’ai vu de mes yeux un type que leur connaissance insuffisante du monde humain ne leur a pas permis de trouver sur leur chemin, je veux dire le portier sublime, arrivé aux degrés les plus transcendants de la spéculation. […]  » Le septième volume de l’édition de cet ouvrage, que j’ai sous les yeux, est intitulé : la Théorie du Bonheur, ou l’Art de se rendre heureux mis à la portée de tous les Hommes, faisant suite au Comte de Valmont.

1993. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Des maîtres admirables, aux yeux doués d’une rare sensibilité, habituèrent les artistes à voir les choses dans l’air qui les baignait. […] Blanche a dû l’éducation préalable de ses yeux, cette préoccupation des teintes exactement graduées, et cette exclusion des bitumes, et maints artifices techniques. […] Si la Déesse, couronnant de roses sa noire chevelure retenue par une résille grecque sur une nuque que penche la volupté, croisant sur ses pieds d’albâtre les bandelettes purpurines de ses sandales, exerçant tous les pouvoirs et déployant tous les charmes renfermés sous ses paupières demi-closes et dans cette ceinture qui tantôt reluit, tantôt échappe aux yeux, avait pu sembler au Poète enivré la beauté même, la beauté absolue, inégalée et inégalable, la princesse Elisabeth devait ravir son âme par une beauté suprême et surprenante, qu’on eût dit descendre du haut de l’Empyrée, pour le disputer à celle qui, de l’insondable profondeur des îlots amers, était montée au séjour des hommes. […] J. de Biez (L’art et les Yeux, Lévy, éditeur) qui, seul, a tenté une explication sérieuse de cet « art consolateur ».

1994. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Ils baissent les yeux. »   Il est bien temps, ma foi ! de baisser les yeux : « Mais la harpe lance à toute volée un étincelant arpège. » « On dirait que la lumière vient d’éclater au milieu des ténèbres ». […] J’ai vu, sur un bateau qui descendait le Rhin, un homme qui vidait une chope de bière, les yeux fixés avec exaltation sur le noble fleuve, les burgs démantelés, la ligne des collines fuyantes. […] Et me voici arrivé au sommet du Nébo, d’où l’œil découvre la vraie terre promise du « motif de réminiscence » : le domaine de l’Opéra.

1995. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Quand il fut mort, Henri III, hébété de son crime, dit, en le regardant de ses deux yeux terrifiés : « Je ne le croyais pas si grand !  […] Telle, à des yeux catholiques, la faute capitale de Philippe II, du catholique cependant, du romain, de l’orthodoxe Philippe II ! […] C’est que Philippe II, qui n’est pas un grand homme, qui n’est pas un grand roi, qui n’est pas même une grande âme, eut cependant dans l’âme qu’il avait un grand amour pour une grande chose : Dieu et l’Église, qui n’en faisaient qu’une à ses yeux ! […] Le cannibalisme de cette anarchie, ce cannibalisme du fond du cœur de l’homme, qui y dort parfois, comme une bête féroce dans son antre, quand elle est repue, mais qui s’y réveille à certains moments de l’Histoire ; le cannibalisme de cette anarchie féconde en massacres, qui ne se contenta pas de la coupe réglée des échafauds, mais qui mangeait des cœurs tout chauds, faisait couler dans la bouche, ouverte de force, des frères vivants, le sang des frères égorgés, brûlait les femmes vives, les filles sous les yeux des mères, dans leurs châteaux incendiés, et fit de tout un peuple un bourreau de plusieurs millions de Robespierres, ne pouvait pas plus échapper à Forneron qu’à M. 

1996. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Quand le premier volume de cet Homme qui rit a paru, j’ai dit combien je m’attendais à un de ces succès arrangés, préparés, organisés par les assassins de ce Vieux de la Montagne, qui essaient de venger leur grand bonhomme comme si on l’avait insulté quand on ose le regarder d’un œil ferme et qui ne tremble pas. […] Mais l’Homme qui rit sera l’homme qui dessille les yeux ! […] Une telle opinion, si elle était respectée et pouvait triompher, ne serait, du reste, que la confirmation volontaire et éternisée de l’immense faute commise par un clergé qui avait des ordres savants à son service, et même des hommes de génie, et qui n’a jamais songé à répondre péremptoirement et carrément, une fois pour toutes, aux effroyables calomnies qui n’entamaient pas que la personnalité d’un seul pape, mais, aux yeux du monde, jusqu’à la papauté elle-même ! […] Les premiers conspirateurs contre celle d’Alexandre VI sont, aux yeux de son nouvel historien, les mêmes qu’aux yeux d’Audin et de Rohrbacher… Ce sont Burchard, le valet déshonoré et cassé aux gages, et Guichardin, que le sceptique Montaigne ne craint pas de traiter d’esprit pervers ; Burchard surtout, « ce Procope menteur d’antichambre, avec lequel, si ses contes étaient vrais, le profond politique Alexandre VI, ce grand discret, ne serait plus qu’un idiot ! 

1997. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Le jour, je me promène sous des hêtres pareils à ceux que Saint-Amant dépeint dans sa Solitude ; et, depuis six heures du soir que la nuit vient, jusqu’à minuit qui est l’heure où je me couche, je suis tout seul dans une grosse tour, à plus de deux cents pas d’aucune créature vivante : je crois que vous aurez peur des esprits en lisant seulement cette peinture de la vie que je mène… Les circonstances qui précédèrent et suivirent ce mariage furent assez singulières, et achevèrent de donner à Lassay, de lui confirmer aux yeux du monde le caractère de bizarrerie et d’excentricité qui tenait plus aux personnes auxquelles il s’était lié, qu’à lui-même. […] Il l’y montre avec toutes ses grâces dans l’esprit et dans la personne, avec sa douceur charmante dans l’humeur et son soin continuel de plaire, en un mot, le plus aimable des hommes, et tel qu’on voit le Conti de Saint-Simon ; puis il ajoute d’une manière neuve et très judicieusement, au moins selon toute vraisemblance : Mais je suis persuadé qu’il est à la place du monde qui lui convient le mieux, et, s’il en occupe quelque jour une plus considérable, il perdra de sa réputation et diminuera l’opinion qu’on a de lui ; car il est bien éloigné d’avoir les qualités nécessaires pour commander une armée ou pour gouverner un État : il ne connaît ni les hommes ni les affaires, et n’en juge jamais par lui-même ; il n’a point d’opinion qui lui soit propre… ; il ne saisit point la vérité52 ; on lui ôte ses sentiments et ses pensées, et souvent il n’a que celles qu’on lui a données, qu’il s’approprie si bien et qu’il explique avec tant de grâce et de netteté qu’il n’y a que les gens qui ont de bons yeux et qui l’approfondissent avec soin qui n’y soient pas trompés : on peut même dire qu’il les embellit. […] Après des années d’un fidèle attachement, il eut encore la douleur de la perdre, et, à soixante-douze ans, il put se dire une dernière fois avec amertume : Je n’ai plus personne qui m’aime par préférence à tout ce qu’il y a dans le monde et que j’aime de même, à qui je puisse dire tout ce que je pense et les jugements que je fais des personnes et des choses qui se présentent à mes yeux et à mon esprit ; je perds une amie avec qui je passais ma vie.

1998. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Ce recueil fait par lui ou sous ses yeux, et selon son esprit, n’eût pu être ce qu’il est devenu aujourd’hui. […] Ayant fait toutes mes réserves, j’ai le droit maintenant d’ajouter que ces deux volumes doivent peut-être à ce genre de commentaire animé et plein d’effusion, à tout ce luxe inusité, d’avoir du mouvement et de la vie ; d’un peu nus et d’un peu secs qu’ils eussent été autrement (les écrivains qu’on appelle attiques le sont parfois), ils sont devenus plus nourris, plus riches, d’une lecture plus diversifiée et, somme toute, fort agréable ; seulement, dans le plat varié qu’on nous sert, cela saute aux yeux tout d’abord, la sauce a inondé le poisson. […] Wyttenbach s’était occupé d’Eunape, et il avait déjà fait sur cet auteur bon nombre de remarques, lorsqu’il fut arrêté par l’état de ses yeux ou par toute autre cause.

1999. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Ici le Mémoire très bien fait que j’ai sous les yeux, et qui émane évidemment d’une plume distinguée autant que d’une belle âme, a cru devoir entrer dans des détails précis, circonstanciés, sur les rebuts et les dégoûts inhérents à la pratique de la charité : je me garderai de le suivre ; nous sommes pour cela trop délicats. […] Les faits particuliers qui nous sont attestés et qui nous donnent la mesure de son zèle au bien ne sauraient se reproduire ici : enfants nouveau-nés, trouvés sous des portes cochères, et qu’on va déposer d’abord chez Mme Navier ; — jeunes filles de dix ans, abandonnées par d’indignes parents, quelle recueille, qu’elle instruit, quelle ne laisse qu’après les avoir mises en lieu sûr ; — quelquefois des familles entières qu’elle entreprend de sauver de la détresse, et dont elle place les différents membres ; — des orphelins même qu’on lui envoie de province, comme si ce gouffre de Paris ne lui suffisait pas : — on admire, rien qu’à y jeter les yeux et à l’entrevoir un moment, cette série d’œuvres continuelles et cachées, ce courant salutaire et pur à côté d’autres qui le sont moins ou qui sont tout à fait contraires : c’est ainsi, selon une juste remarque, qu’au sein des sociétés humaines subsiste et se renouvelle incessamment cette dose de bien nécessaire à l’équilibre moral du monde. […] les plus gratuites et les plus généreuses, est aujourd’hui en exercice et a commencé de fonctionner. — Dans le Mémoire détaillé que j’ai sous les yeux, on évalue à près de 4 33,000 francs ce qu’ont pu coûter toutes les fondations réunies, dues au zèle et à l’initiative de l’abbé Brandelet, et il n’y a pas contribué de sa bourse pour moins de 30,000 francs.

2000. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Un biographe élégant, l’abbé de Marsollier, nous l’a peint avec une sorte de complaisance : « Il étoit à la fleur de l’âge, n’ayant qu’environ vingt-cinq ans ; sa taille étoit au-dessus de la médiocre, bien prise et bien proportionnée ; sa physionomie étoit heureuse et spirituelle ; il avoit le front élevé, le nez grand et bien tiré sans être aquilin ; ses yeux étoient pleins de feu, sa bouche et tout le reste du visage avoient tous les agréments qu’on peut souhaiter dans un homme. […] À mesure qu’on avançait dans le siècle, l’abbaye de la Trappe gagnait en autorité aux yeux du monde ; elle héritait de l’affluence et du concours qui ne se partageait plus entre d’autres saints lieux désormais suspects et sans accès. […] Rancé désira se démettre de sa charge d’abbé et voir de ses yeux son successeur ; Louis XIV s’y prêta.

2001. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Non, il n’est jamais permis à l’art humain d’être vrai de cette sorte ; quand même on aurait le sujet vivant, l’espèce sociale en personne sous les yeux, c’est là encore, si l’on peut dire, de l’art contre nature. […] Ne fallait-il pas que les quadrilles du Château se reformassent au complet malgré les pieds gelés des hommes et les larmes dans les yeux des femmes et des mères ? […] Ce monarque se contenta de jeter les yeux sur lui et haussa les épaules.

2002. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Toujours en haleine, aux écoutes, faisant de fausses pointes et revenant sur sa trace, sans système autre que son instinct et l’expérience, il a fait la guerre au jour le jour, selon le pays, la guerre à l’œil, ainsi que s’exprime Bayle lui-même, qui est le génie personnifié de cette critique. […] Il avertit en un endroit son frère cadet qu’il lui parle des livres sans aucun égard à la bonté ou à l’utilité qu’on en peut tirer : « Et ce qui me détermine à vous en faire mention est uniquement qu’ils sont nouveaux, ou que je les ai lus, ou que j’en ai ouï parler. » Bayle ne peut s’empêcher de faire ainsi ; il s’en plaint, il s’en blâme, et retombe toujours : « Le dernier livre que je vois, écrit-il de Genève à son frère, est celui que je préfère à tous les autres. » Langues, philosophie, histoire, antiquité, géographie, livres galants, il se jette à tout, selon que ces diverses matières lui sont offertes : « D’où que cela procède, il est certain que jamais amant volage n’a plus souvent changé de maîtresse, que moi de livres. » Il attribue ces échappées de son esprit à quelque manque de discipline dans son éducation : « Je ne songe jamais à la manière dont j’ai été conduit dans mes études, que les larmes ne m’en viennent aux yeux. […] Écoutez-le disant à son frère cadet qui le consulte : « Ce qui est propre à l’un ne l’est pas à l’autre ; il faut donc faire la guerre à l’œil et se gouverner selon la portée de chaque génie… il faut exercer contre son esprit le personnage d’un questionneur fâcheux, se faire expliquer sans rémission tout ce qu’il plaît de demander. » Comme cela est joli et mouvant !

2003. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Le dit de l’outillement au vilain 86 nous fait défiler sous les yeux tout ce qui compose un ménage rustique, jusqu’à la vache dont le lait empêchera le marmot de crier la nuit. […] Appliquée dans les écoles de philosophie ancienne à sauver les chefs-d’œuvre de la poésie et les mythes de la vieille religion de la condamnation inévitable que la conscience morale de l’humanité, chaque jour plus éclairée, eût portée contre leur primitive grossièreté, l’allégorie fut reprise par les chrétiens, d’abord pour autoriser l’étude de la littérature païenne, puis pour justifier aux yeux des fidèles maints passages des saintes Ecritures, dont leur simple honnêteté se fût scandalisée, enfin pour exposer sous une forme plus attrayante et plus vive les vérités dogmatiques de la religion et de la morale. […] Au milieu des déductions arides et de la scolastique subtile, soudain l’analyse tourne en synthèse, et les idées se dressent sous nos yeux, réalisées, incarnées, individuelles.

2004. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

En son temps, en son monde, il ne pouvait voir que ce qu’il a vu ; et s’il faut corroborer son témoignage par d’autres, demandez à la bonne Mme de Motte-ville, qui n’avait pas des yeux de lynx, ce qu’elle en pense : elle n’a pas pu vivre à la cour, et continuer de croire au désintéressement. […] N’ayant pas, au reste, la vanité professionnelle de l’écrivain, il n’en a pas les scrupules d’art, et il copie indifféremment les documents qu’il a sous les yeux, journaux ou pamphlets, autant que cela sert à son dessein. […] Elle en fait de la joie, comme de tout, et une joie physique, sensuelle, une joie des yeux et des oreilles.

2005. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Surtout quel théâtre, quel champ d’observations que cet hôtel de Condé, que ce Chantilly, où tout ce qui comptait en France défilait devant les yeux du philosophe et du peintre ! […] A chaque instant les expressions générales et simplement intelligibles se résolvent sous la plume de La Bruyère en petits faits sensibles454: ainsi, voulant indiquer le plaisir de faire du bien, il ne trouve pas de plus forte expression qu’une impression physique, le choc de deux regards qui se rencontrent et parlent : « Il y a du plaisir à rencontrer les yeux de celui à qui on vient de donner ». […] Les tours et les détours de l’interrogation socratique font passer devant nos yeux une foule d’idées, que Fénelon tantôt effleure et tantôt développe : sur les poètes et les orateurs anciens, sur les Pères de l’Église, sur la poésie biblique qu’il a profondément sentie, sur l’architecture gothique, dont il parle comme tout son temps avec ignorance et dégoût, etc.

2006. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Au sortir du collège, c’est un grand garçon maigre, dégingandé, à la physionomie vive, aux yeux pétillants d’esprit et de malice, dévoré du désir de jouir et du désir de parvenir, enfiévré de vanité, d’ambition, d’amour du luxe et du plaisir, enragé d’être un bourgeois, et se promettant bien de ne pas languir dans une étude et sur la procédure. […] Malgré ses aristocratiques relations, il ne s’était jamais associé à cette réaction : la splendeur des lettres et des arts compensait tout à ses yeux. […] Il tient toute cette manipulation éloignée des yeux du public ; mais il la fait.

2007. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Et l’espèce d’éblouissement qui m’est resté dans les yeux après cette lecture n’est-elle pas le meilleur hommage, étant le plus involontaire, que je puisse rendre au plus puissant assembleur de mots qui ait sans doute paru depuis que l’univers existe, depuis qu’il y a des yeux pour voir les objets matériels, des intelligences pour concevoir des idées, des imaginations pour découvrir les rapports cachés entre tout le visible et tout cet invisible, et des signes écrits dont les combinaisons peuvent exprimer ces rapports ? […] Ce qui plaît à la bouche De la blonde aux doux yeux, c’est le baiser farouche ; La femme se fait faire avec joie un enfant Par l’homme qui tua, sinistre et triomphant, Et c’est la volupté de toutes ces colombes D’ouvrir leurs lits à ceux qui font ouvrir les tombes.

2008. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Ceux qui virent tout de mauvais œil estiment que du temps probablement vient d’être perdu. […] Il importe que dans tout concours de la multitude quelque part vers l’intérêt, l’amusement, ou la commodité, de rares amateurs, respectueux du motif commun en tant que façon d’y montrer de l’indifférence, instituent par cet air à côté, une minorité ; attendu, quelle divergence que creuse le conflit furieux des citoyens, tous, sous l’œil souverain, font une unanimité — d’accord, au moins, que ce à propos de quoi on s’entre-dévore, compte : or, posé le besoin d’exception, comme de sel ! […]   Discontinuité en l’Italie, l’Espagne, du moins pour l’œil de dehors, ébloui d’un Dante, un Cervantes ; l’Allemagne même accepte des intervalles entre ses éclats.

2009. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Mais cette préférence ne me gâte ni le plaisir que j’ai à apprendre dans Montesquieu des choses si considérables avec si peu d’efforts, ni les nouveautés de cette étude du cœur humain transportée de l’homme aux sociétés, et de l’individu aux nations, ni les beautés de ces portraits des grands personnages historiques, tirés de la demi-obscurité où les avait laissés l’art ancien, et qui nous font lire dans ces âmes profondes avec l’œil de Montesquieu ; ni tout cet esprit des Lettres persanes, assaisonnant les vérités les plus élevées ; ni cette langue si neuve, qui a gardé la justesse et la propriété de l’ancienne, et qui la rajeunit sans y mettre de fard. […] Il a su que le christianisme avait des annales ; mais, au lieu de les consulter, il en a détourné les yeux comme d’un fatras de théologie obscure et de morale inaccessible. […] Parmi ceux qui ont la double auréole des grands écrivains et des saints, il n’en est aucun qui soit entré dans la vie religieuse voilé et les yeux fermés au monde.

2010. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

On a fait à ses propres yeux preuve d’instruction ; et, chose qu’on recherche plus que l’instruction, on a loué son propre goût en critiquant un grand écrivain. […] Ce que nous demandons à l’historien, pour en garder une impression durable, ce sont les causes de la guerre exposées et jugées, la situation des deux peuples qui vont en venir aux mains, leurs chefs, les préparatifs de la lutte, les batailles, et, dans les récits de ces batailles, les traits qui caractérisent le commandement chez les généraux et la manière de se battre chez les soldats ; enfin, la justice rendue à tous, avec un peu d’inclination pour tout ce qui peut honorer notre nation à ses propres yeux, et entretenir parmi nous la tradition de la discipline et du courage. […] Il fallait là aussi voir le christianisme ; il en a détourné les yeux, ou plutôt il ne l’a vu que dans le mal inévitable.

2011. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Qui ignore que les yeux de l’esprit sont encore plus variables & plus variés que ceux du corps ? […] La Religion est austere & gênante ; c'est avouer qu'on est incapable de porter le joug des vertus qu'elle commande : elle est nuisible ; c'est fermer les yeux aux avantages les plus sensibles, les plus indispensables qu'elle procure à la société : ses devoirs excluent ceux du Citoyen ; c'est la calomnier manifestement, puisque le premier de ses préceptes est de remplir les obligations de son état : elle favorise le despotisme & l'autorité arbitraire des Princes ; c'est méconnoître son esprit, puisqu'elle déclare, dans les termes les plus énergiques, que les Souverains seront jugés, au Tribunal de Dieu, plus sévérement que les autres Hommes, & qu'ils paieront avec usure l'impunité dont ils ont joui sur la terre : la foi qu'elle exige contredit & humilie la raison ; c'est insulter à l'expérience & à la raison même, que de regarder comme humiliant un joug qui soutient cette raison toujours vacillante, toujours inquiete quand elle est abandonnée à elle seule, ainsi que les ennemis de la Foi en sont eux-mêmes convenus*. […] Il ne faut que suivre l’erreur dans sa marche, dans ses détours, dans ses frénésies, & l’œil le moins perçant apprend bientôt à la connoître & à la détester.

2012. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

L’action, prise entre ces portes ouvertes et fermées, ne fait point un pas durant tout cet acte, et Jean de Thommeray achève de s’y discréditer aux yeux du public. […] Son luxe de décoration doit rester sobre et sévère et satisfaire les yeux sans les occuper. […] — Je m’appelle Jean, répondit le mobile, en baissant les yeux. — Qui êtes-vous ?

2013. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

En raison de la médiocrité de leur énergie ils ne parviennent pas à nous émouvoir et figurent encore à nos yeux à l’état de caricatures. […] Évoquées par le vœu ardent de l’ermite, avec des formes complexes que son savoir précise, voici apparaître devant ses yeux dans la solitude du désert, comme les rêves successifs et incohérents de la cervelle humaine, toutes les théogonies et toutes les religions, glorifiant tour à tour ou méprisant la chair, se détruisant les unes les autres par des affirmations inconciliables. […] La disproportion est manifeste entre la pauvre énergie mentale dont ils sont doués et la somme de notions et d’idées qu’étaient devant leurs yeux l’instruction prodiguée à tous, la diffusion, par la presse et par les manuels de vulgarisation, des connaissances de tout ordre.

2014. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Remarquez que ce n’est pas la première fois qu’on cherche à appeler votre attention sur la charrette, sur les grosses cordes et sur l’horrible machine écarlate, et qu’il est étrange que ce hideux attirail vous saute ainsi aux yeux tout à coup. […] Que faisait ce punisseur d’assassins, pendant qu’on assassinait en plein jour, sous ses yeux, sous le souffle de ses chevaux, sous la vitre de sa portière ? […] À nos yeux, ce sont les meilleures.

2015. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il est à la fois poète, astronome, agriculteur, financier, chimiste ; il a du temps pour toutes les recherches, des yeux pour tous les livres. […] Les savants examinent la question ; les gens instruits apprécient les savants ; le vulgaire suit les yeux fermés. […] Soyons vrais avec nous-mêmes ; c’est le moyen de l’être aux yeux des autres.

2016. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

. — Une croyance vague au mauvais oeil se décèle dans les contes intitulés : Le Kitâdo vengé — La chèvre au mauvais œil — L’hyène et le bouc à la pêche — La lionne et l’hyène, etc. […] L’hyène et le bouc à la pêche. — La chèvre au mauvais œil. — La lionne et l’hyène.

2017. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Un peu plus tard, semble-t-il, il s’est mis à Horace, puisqu’il dit avec beaucoup de netteté : Horace, un peu plus tard, me dessilla les yeux. […] A la fin, grâce aux dieux, Horace, par bonheur, me dessilla les yeux. […] Il n’a pas observé le monde avec des yeux qui auraient jeté sur lui un voile, et un voile brillant.

2018. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Combien en ai-je vu qui s’essuyaient les yeux, en regardant passer notre beau bataillon. » Il arriva aux tranchées le 20 avril 1915, et le 29 mai, héroïquement, il tombait21 (Lettres imprimées à Chambèry, sans nom d’éditeur.)‌ […] J’avais déjà remarqué pendant les marches, ce gamin à l’œil vif, qui soufflait dans un petit clairon.‌ […] Ses yeux bleus se levèrent tristement vers moi :‌ — Je n’en ai pas, dit-il doucement.

2019. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Il va d’un pas rapide, jetant le Petit Journal, le Petit Parisien, la Lanterne, sous la porte d’un client, rattrapé par des gamins ou des femmes en cheveux, qui courent après lui, un sou au bout des doigts, et reviennent lentement vers la maison prochaine, le cou déjà plié et les yeux attentifs à la page imprimée. […] C’est l’enfance, l’âge mûr, parfois l’existence entière du héros qui passe sous nos yeux, longues périodes où il y a des chances pour que chaque lecteur reconnaisse quelque trait de sa propre histoire. […] Ceux qui bâtissaient les cathédrales, les sculpteurs et les verriers qui les faisaient si belles, je veux bien qu’ils eussent l’intention d’honorer le ciel, mais ils voulaient aussi orner la terre, et ravir les yeux des hommes.

2020. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Roederer, poussé par son goût pour la vérité nue et la réalité, a mieux fait pourtant : il a copié aussi des scènes qu’il avait sous les yeux, de vraies conversations de son temps, toutes naturelles, toutes vives. […] Peut-être l’ai-je mal rendu, et alors mon récit serait assez plat ; peut-être aussi faut-il, pour y trouver quelque sel, avoir devant les yeux le personnage lui-même, avec ses grandes culottes à la mameluck et la pipe à ses moustaches.

2021. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Il aime les livres ; il en a réuni depuis des années une fort belle et riche collection qui, si l’on y jetait seulement les yeux, permettrait d’apprécier l’esprit du collecteur ; — chose rare ! […] Je n’avais pas attendu, pour les conserver, que M. de Sacy eût recueilli ses articles ; j’en ai sous les yeux la plupart, classés par moi au fur et à mesure qu’ils paraissaient, et avec des annotations rapides.

2022. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Rousseau Le volume d’œuvres inédites de Jean-Jacques Rousseau, que j’examinais dernièrement, contient quelques pensées et notes sur l’abbé de Saint-Pierre, dont Rousseau avait eu en effet les manuscrits sous les yeux et avait essayé de raviver les écrits morts en naissant. […] » — « Dix ans. » — Fontenelle n’était à ses yeux que l’enfant le plus sage, un enfant un peu plus avancé que les autres.

2023. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Ce ne fut pas, en un certain sens, une lutte, un violent orage, un déchirement : il n’y eut point un jour, une heure, un moment solennel pour lui, où le voile du temple se déchira de devant ses yeux : ce ne fut pas la contrepartie de Saint Paul qui se vit abattu, renversé sur le chemin de Damas, et du même coup converti. […] Renan comme ce grand aigle de Dante (dans le Paradis), ce merveilleux oiseau qui est tout composé de lumières, d’âmes et d’yeux.

2024. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

À peine eus-je ouvert le livre et laissé mon cœur à sa merci, que les larmes me vinrent aux yeux avec une abondance qui ne m’était pas ordinaire, et, rappelant mes souvenirs sous le charme de cette émotion, je compris que je n’étais plus le même homme et que, loin d’avoir perdu de ma tendresse littéraire, elle avait gagné en profondeur et en vivacité. […] Il n’hésite pas, il ne daigne pas discuter, il n’en fait ni une ni deux, il tranche ; et je suis sûr que s’il avait entendu élever un doute à ce sujet, il aurait été homme à répondre avec l’éclair dans les yeux que, vraie ou fausse en réalité, la tradition n’en était pas moins vraie, et dans un sens supérieur au réel : il y a de ces tours de force de l’éloquence.

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