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692. (1894) Critique de combat

Et je suis entré, drapeau flottant, dans la bataille intellectuelle. […] Ziegler ne semble pas se douter des « mues intellectuelles » par où a passé le socialisme ; ce moraliste bien intentionné est en même temps un historien mal informé. […] L’important n’est-il pas que la sève intellectuelle circule dans toutes les parties du territoire, au lieu de rester accumulée dans sept ou huit centres privilégiés ? […] D’une part, il ne s’adresse qu’aux étudiants et aux travailleurs intellectuels. […] Impossible de trouver même une idée maîtresse à sa vie intellectuelle. — Alors, il fut artiste ?

693. (1896) Écrivains étrangers. Première série

. — C’est, dit-il ailleurs, une preuve étonnante de la supériorité intellectuelle de la femme, que la femme ait toujours su se faire nourrir par l’homme. […] Oui, quoi qu’il en soit de sa véritable origine, Frédéric Nietzsche est bien l’héritier intellectuel de ces Huns et de ces Sarmates qu’il se plaisait à tenir pour les ancêtres de sa race. […] John Inglesant est, en effet, le représentant d’une des périodes les plus singulières de la civilisation anglaise, de la période de trouble intellectuel et moral qui a précédé la révolution de 1648. […] Il s’essaie à une peinture plus intellectuelle et plus raffinée que celle des vieux Florentins, à une poésie subtile, pleine de délicats symboles et de pures images. […] Le premier groupe s’appelle les Intellectuels, le second les Vieux ; et quand on demande à quelqu’un des Vieux d’entrer au café des Intellectuels, « il répond un jamais !

694. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

C’était aussi faire preuve d’indépendance intellectuelle que de s’affranchir de certaines règles établies par de grands esprits qui pour être supérieurs, n’en étaient pas moins faillibles. […] Ainsi que nous le disions plus haut, le roman offre le mode de lecture le plus répandu ; il est à la portée de tous il est la pâture intellectuelle de la plupart des classes ; les bibliothèques populaires en regorgent, et tout ce qui ne revêt pas cette forme est délaissé sur les rayons. […] Diderot dans ses critiques sur l’art qui s’appliquent également aux lettres, fait à chaque page appel au goût, et il comprend ce terme dans son acception la plus haute le goût, c’est-à-dire le sentiment élevé de l’ordonnance des choses, assignant à chacune d’elles la place qui lui revient suivant sa valeur esthétique, intellectuelle ou morale. […] Examinons l’atmosphère intellectuelle.

695. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Le spectacle d’hommes remarquables par le caractère, l’intelligence, le talent, pensant différemment les uns des autres, se le disant vivement, rivaux sans doute, mais rivaux pas aussi implacables que ces généraux qui, en Espagne, immolaient des armées à leurs jalousies ; occupés sans cesse des plus graves intérêts des nations, et élevés souvent par la grandeur de ces intérêts à la plus haute éloquence ; groupés autour de quelques esprits supérieurs, jamais asservis à un seul ; offrant de la sorte mille physionomies, animées, vivantes, vraies comme l’est toujours la nature en liberté ; — ce spectacle intellectuel et moral commençait à saisir et à captiver fortement la France.

696. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

De quelque manière qu’on veuille interpréter ces symptômes évidents, qu’on y voie, comme les plus illuminés semblent le croire, l’annonce de je ne sais quelle femme miraculeuse destinée à tout pacifier ; qu’on y voie simplement, comme certains esprits plus positifs, la nécessité de réformer trois ou quatre articles du Code civil, nous pensons qu’il doit y avoir sous ce singulier phénomène littéraire une indication sociale assez grave ; nous aimons surtout à y voir un noble effort de la femme pour entrer en partage intellectuel plus égal avec l’homme, pour manier toutes sortes d’idées et s’exprimer au besoin en sérieux langage.

697. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Quant à lui, ses prétentions ne sont pas si élevées : il veut chercher, voilà tout ; il cherche ; et cependant il nous l’a dit : l’humanité souffre, l’anarchie est dans la société, le désordre moral et intellectuel dans les classes supérieures ; les plus grands malheurs éclateraient si ce désordre pénétrait plus avant dans les classes inférieures.

698. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Si le régime républicain n’avait pas cessé d’exister depuis Aristote, les modernes lui seraient aussi supérieurs dans la connaissance de l’art social que dans toute autre étude intellectuelle.

699. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Les Anglais ont traité la politique comme une science purement intellectuelle.

700. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Lucrèce, et aussi dans l’éternel inassouvissement du désir, l’éternelle illusion renaissante ; ou encore que la mélancolie de l’amour lui a été parfois un acheminement aux mélancolies intellectuelles de son siècle, on sera fort près d’avoir tout dit.

701. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

. — Que ce fût, par exemple, la trame élastique et indéchirable des vers de Stéphane Mallarmé ou l’infrangible et sonore métal trappé du sceau de Heredia ; que ce fût aussi l’impeccable et classique syntaxe des Trophées, ou cette autre syntaxe d’une intellectuelle logique, souple, fuyante mais impressive, étroitement serrée et pourtant impalpable, qui étonne et séduit dans l’Après-Midi d’un faune ou dans Hérodiade.

702. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Cruet, une fonction juridique de l’illégalité, comme il y a une fonction intellectuelle de l’hérésie. » L’illégalité fait évoluer le droit ; elle le renouvelle en le détruisant en partie.

703. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Et si vous mettez par-dessus tout cela ce que j’ai dit au commencement de ce chapitre, la mélancolie de la fin des choses qui teint tout de son or mourant, vous avez quelque chose de sui generis qui pourrait être bien plus intellectuel sans doute, et ce serait dommage, mais qui est cordial, car ce soleil d’Asie, tamisé par un cœur triste, cette Asie enveloppée dans le crêpe d’une âme, qui, comme l’a fait sa voyageuse, s’enveloppe aussi pour s’en aller, nous entre au plus profond du cœur.

704. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Charles Monselet, de la charmante famille des esprits légers, — des puissants et magnétiques impondérables dans l’ordre intellectuel, — a le bonheur d’être de ceux-là que les pédants haïssent ; mais il doit savoir à présent, et son livre le prouve peut-être, qu’il y a un autre rire que celui du Faune dans les bois, du Bacchant à souper et du Parisien dans les farces, et que c’est sur ce rire-là que nous comptons désormais pour la seconde moitié de sa vie et l’honneur de sa renommée !

705. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Or, comme l’homme est un, à moins d’inconséquence formelle et résolue, et qu’en lui un ordre de pensées bien déterminé implique assez généralement tous les autres, on est légitimement tenté de juger les opinions qu’on tait par celles qu’on avoue, et c’est ainsi que l’on refait tout le visage intellectuel de cet homme (faut-il dire habile ou contenu ?)

706. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Je ne sais pas si Guizot, à une autre époque de sa vie intellectuelle, n’a pas cru à cette généralisation, à cette abstraction, à cette panthéification (qu’on me passe le mot !)

707. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Eh bien, avec cette sympathie simiesque que nous ressentons tous pour les idées, les mœurs, les industries et même les productions intellectuelles américaines, n’est-il pas étonnant que personne n’ait parlé comme il convenait d’un livre américain très estimé en Amérique, et traduit et publié en français depuis 1861… déjà ?

708. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Eh bien, la première condition de tout cela, et quelle qu’eut été la solution à laquelle se fût arrêté l’historien, c’était une de ces fermetés d’esprit qui ne se laissent pas entamer, et ce bon sens, le premier degré de la force intellectuelle, comme le grand sens, en est le second !

709. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

L’abbé Galiani fit les délices d’une société charmante qui les lui rendit, et quand, par suite d’une indiscrétion diplomatique, car ce pétulant intellectuel, cette tête à feu et à fusées, ne pouvait pas être la tirelire à serrure des petits secrets politiques qu’il faut garder, il fut forcé de quitter cette société qui était devenue la patrie de son esprit, il la quitta comme on quitte une maîtresse aimée, et la Correspondance que voici atteste à chaque page ce sentiment presque élégiaque dans une nature si peu tournée à l’élégie, mais dont l’esprit souffre de regret comme un cœur !

710. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Mais le couronner de moitié avec l’auteur d’un autre ouvrage franchement et ardemment protestant, et cela quand il y a à côté, dans le même concours, un livre de talent réel mais pénétré de l’esprit catholique, bien plus important dans une pareille question que le talent, c’est en vérité plus fâcheux que d’obéir simplement à des impressions personnelles, la plus vulgaire des appréciations ; car c’est révéler qu’on a cédé à des doctrines fortes ou faibles, enchaînées ou éparses dans des esprits plus éclairés que résolus ; c’est démentir, par le fait, la signification de son programme de 1849, et donner à croire à ceux-là qui ne tiennent pas les Académies pour des héroïnes intellectuelles, que ce qu’il y avait de courageux — d’implicitement courageux dans ce programme — n’était que la bravoure bientôt refroidie d’un poltron d’idées révolté !

711. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

I Je n’ai jamais eu un goût bien exalté pour les messieurs d’Académie, et cependant en voici un pour lequel je me sens beaucoup de sympathie, de considération intellectuelle et de respect.

712. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Il a voulu l’être, et ce qu’il y a gagné de connaissances n’a pas payé ce qu’il y a perdu de fraîcheur d’idées et de virginité intellectuelle.

713. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Ainsi, on peut se demander si c’est là de la poésie naïve ou de la poésie raffinée, sous couleur de naïveté… si le poète qui s’est traduit lui-même dans une de ces traductions interlinéaires, lesquelles plaquent brutalement le mot sur le mot et sont le plâtre sur le visage vivant, ne serait pas, après tout, un de ces profonds et savants comédiens intellectuels, comme ce faux moine de Chatterton, par exemple, qui se composa à froid une inspiration à laquelle se prit, un moment, l’Angleterre ?

714. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

qu’il n’y ait pas grand-chose à raconter en événements comme la biographie les recueille, dans cette vie dont presque tous les faits sont intellectuels, hormis les tapages de la gloire.

715. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Qu’il aille faire de l’Italie à la Porte-Saint-Martin ou à l’Ambigu, il pourra là trouver, dans ces grands bouges intellectuels, des gens qui disent : « Comme c’est ressemblant, cette Italie ! 

716. (1911) Nos directions

Candaule est au sommet de la culture : culture sensuelle, intellectuelle et morale. […] A de ces allusions froidement intellectuelles, le texte se prêtait ; le musicien n’en tint pas compte, ou si discrètement. […] Il justifie la place du jeune homme dans le ballet, de sa grâce plus pleine, plus diverse et plus intellectuelle, au milieu de l’enchantement féminin. […] Il ouvre sur la fiction une porte plus pure, plus intellectuelle aussi que le conte de Shéhérazade. […] Cette satisfaction, à la fois intellectuelle et musicale, vous jugerez comment ces beaux poètes nous la donnent.

717. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Le jeune poète excellait déjà dans l’ode et dans le sonnet, deux formes récentes de cette poésie ; mais son ambition de gloire poétique était immense, sa modestie était inquiète ; on voit cette naïveté de ses découragements dans une de ses conversations avec son maître intellectuel, Jean de Florence, vieillard contemporain du Dante, qui professait alors les hautes sciences à Avignon. […] On verra que cet amour, qui ne porta jamais la moindre atteinte à la chasteté de Laure ni à la vertu de son amant, n’eut pas d’autre caractère que celui d’adoration intellectuelle aux yeux de son époque et de la postérité. […] On ne vit, dans les temps modernes, de triomphe intellectuel comparable qu’au retour de Voltaire dans Paris, après une absence de quarante ans, pour être couronné et pour mourir.

718. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Mais d’autre part le fait justement qu’elle n’est pas liée d’une manière constitutionnelle avec l’acte génital, lui permettra aussi de le dépasser et de se mettre au service de l’activité intellectuelle, d’irriguer pour ainsi dire nos facultés spirituelles. […] Mais voici que nous arrivons, ou que nous revenons au deuxième temps de l’opération intellectuelle qui est à la base de la Recherche du temps perdu et que je m’excuse de vous avoir par erreur proposé comme le premier. […] Dostoïevski ne s’est pas occupé de rendre sensible toute cette mécanique, de nature plutôt intellectuelle, par laquelle nos moi différents se commandent les uns les autres et se remplacent. […] Quoiqu’en pense mon ami — je ne sais si j’arriverai cette fois à le convaincre — il y a là une révolution ; il y a là tout au moins une réforme intellectuelle, dont on peut à peine encore soupçonner la fécondité. […] Il procède à une sublimation, d’ordre purement intellectuel, c’est vrai, mais qui peut finir par avoir des effets moraux, de tout ce qu’il y a en lui de l’ordre du θυμος et de l’έπίθυμια, de tout ce qui occupe sa poitrine et pèse sur ses nerfs.

719. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

C’est l’art altruiste, en but humanitaire, pour le Mieux intellectuel et moral. […] Néanmoins, je l’appris sans grand étonnement : l’inconscience joue un si grand rôle dans les opérations intellectuelles ; — je crois même qu’elle joue le premier de tous, celui d’impératrice-reine ! […] Tout de même, il y a une réaction, réaction bienfaisante contre cette absence de toute préoccupation de l’intellectuel, contre cette négation de tout idéal, qui auront marqué d’une tache bête l’école naturaliste. […] En somme, quelques dons plastiques, à la Gautier, masquant mal une médiocrité intellectuelle, à la Champfleury : d’où leurs si vaines œuvres, mesquinement caricaturales, ennuyeusement vaudevillesques. […] Je vous nommerai Huysmans, qui n’est pas un intellectuel, mais qui est un ouvrier d’art merveilleux.

720. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Ce que tous ces partis intellectuels si divers ont préparé surtout parleurs luttes, c’est leur ruine à tous, c’est-à-dire c’est l’individualisme intellectuel de notre temps. […] C’était l’individualisme intellectuel, ou, si l’on veut, l’anarchie intellectuelle ; car il ne faut pas avoir peur des mots. […] La Renaissance n’est que la renaissance d’une crise intellectuelle et morale de l’humanité. […] Peu d’incidents dans cette vie presque exclusivement intellectuelle. […] C’est son fond intellectuel.

721. (1898) Essai sur Goethe

Les hommes, en effet, quelle que soit leur valeur intellectuelle, attachent toujours une importance considérable à leur cœur, qu’ils veulent absolument avoir « à la bonne place ». […] Mettre en avant de tels originaux, à la fois grands et petits, dignes d’éloge et de blâme, était réservé à l’éducation chrétienne qui a transformé un si beau besoin physique en une perfection intellectuelle. […] Les plus malveillants ne ménagent point à Mme de Stein les soupçons et les reproches ; d’autres voient dans l’affection que lui voua Goethe, et qu’elle lui rendit, un attachement tout intellectuel, une liaison d’âmes qui n’eut rien de coupable. […] Tasse, en effet, par la nature et la qualité de son génie, par les aspirations intimes de son être intellectuel, par l’idée qu’il se faisait de la poésie et du rôle du poète, relevait moralement de la génération qui précéda la sienne. […] Elle ne prenait aucune part à sa vie intellectuelle.

722. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Percevoir l’enchaînement des idées dans un raisonnement juridique, discerner le général et le particulier, distinguer l’argument et l’exemple, toutes ces opérations élémentaires de notre technique (et j’en pourrais citer bien d’autres) paraissent dépasser le niveau de leurs forces intellectuelles. […] De l’Académie de Médecine Je ne vois aucune relation entre la politique et le désir de maintenir une culture intellectuelle suffisante chez les jeunes gens destinés aux professions libérales.

723. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Ce sont nos origines intellectuelles, qui peuvent ne point toucher les autres nations, lesquelles ne sont intéressées qu’à notre maturité, parce que c’est le bien commun de l’Europe moderne. […] La langue anglaise, si nous comptons les bouches qui la parlent, semble disputer l’universalité à la langue française : mais, regardez-en l’usage, elle n’est que la langue commerciale du monde ; la nôtre en est la langue intellectuelle.

724. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

De grands défauts l’en écartent aux yeux de quiconque ne sépare pas la supériorité intellectuelle de la supériorité morale, et ne veut pas reconnaître le beau là où il ne se montre pas toujours sous les traits de l’honnête. […] Ajoutez à cela le goût des ouvrages curieux et rares, et des monstruosités intellectuelles ; peut-être un grain de folie ; pourquoi n’oserais-je pas le dire ?

725. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Notre amitié consista en ce que nous nous apprenions mutuellement, en une sorte de commune fermentation qu’une remarquable conformité d’organisation intellectuelle produisait en nous devant les mêmes objets. […] Notre croissance intellectuelle était comme ces phénomènes qui se produisent par une sorte d’action de voisinage et de tacite complicité.

726. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Son jeu reste inhérent au passé, tel que le répudierait, à cause de cet intellectuel despotisme, une représentation populaire, la foule y voulant, selon la suggestion des arts, être maîtresse de sa créance. […] Mais nous, la multitude, que tient une héréditaire ignorance du technique, une héréditaire paresse intellectuelle, qu’une éducation primitive et rustique laisse grossiers, nous qui ne savons pas entendre les partitions seulement lues, — car de même qu’il fallait aux hommes, il y a dix siècles, parler le poème, il nous faut encore, aujourd’hui, que des voix et des instruments nous chantent et nous jouent la symphonie ; — ne pouvant pas lire le Livre de musique et de paroles, nous avons besoin, pour connaître l’Œuvre d’art, du théâtre matériel.

727. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Comment expliquer un cas comme celui de Laura Bridgmann, qui, née aveugle et sourde-muette, manifeste une activité intellectuelle très variée. […] « Je n’entends pas, dit-il, que nos facultés sont, un produit de l’organisation, car ce serait confondre les conditions avec les causes efficientes. » On peut dire que Gall a mis définitivement terme à la dispute entre les partisans des idées innées et la doctrine de la sensation, en montrant qu’il y a des tendances innées, tant affectives qu’intellectuelles, qui appartiennent à la structure organique de l’homme.

728. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Ils se méfient du mouvement intellectuel qui résout un problème politique, comme d’une machination scélérate. […] Il vous fait ressouvenir de ce mot, qui est de lui, mais qu’au milieu de toutes ses lumières il n’a pas assez réalisé par son exemple : « Il est des sciences qui tiennent à l’âme autant qu’à l’esprit. » Pourtant sa mémoire devra gagner considérablement à la publication de ses œuvres secrètes et de ses papiers : Sieyès y apparaîtra non seulement à titre de haute puissance intellectuelle, mais à titre d’homme qui a sincèrement voulu pendant longtemps l’amélioration des hommes38.

729. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Contre un tel état de choses le stoïcisme qui réclamait à la fois une rare culture intellectuelle et une vertu d’orgueil exceptionnelle, ne put être une ressource que pour une élite. […] D’une façon générale, il apparaît que l’idée qui, dans sa pureté, allait à renier le monde, concluait au renoncement des biens terrestres, proclamait la fraternité humaine, l’égalité de tous et la vanité des différences, tenait en mépris l’effort intellectuel et la recherche scientifique, condamnait l’attachement à la beauté des formes, des mots et des sons, a donné naissance, avec le monde moderne qu’elle a créé, à l’organisation de la propriété, au développement de la richesse, à la constitution des hiérarchies, à un labeur inouï de l’humanité occidentale pour s’emparer des forces de la nature, à un accroissement des besoins, à une culture scientifique, dont le monde antique n’a pas approché, ainsi qu’à des formes d’art nouvelles et d’une égale beauté.

730. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

J’affirme au contraire : 1° que, si les limites du monde fini sont celles de la science humaine, elles ne sont pas celles de la réalité ; 2° que l’homme porte en lui-même non-seulement des désirs et des ambitions, mais des instincts et des notions qui lui révèlent des réalités au-delà du monde fini, et que, si l’homme ne peut pas avoir la science de ces réalités, il en a la perspective ; 3° que, sous l’impulsion et le légitime empire de cette perspective, l’homme poursuit dans sa vie intellectuelle la connaissance de ces réalités, qu’il ne peut que reconnaître, comme il poursuit dans sa vie pratique la perfection morale, qu’il ne peut atteindre. […] L’immensité, tant matérielle qu’intellectuelle, tient par un lien étroit à nos connaissances, et devient par cette alliance une idéepositive du même ordre ; je veux dire que, en les touchant et en les bordant, cette immensité apparaît sous son double caractère, la réalité et l’inaccessibilité.

731. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Même dans l’état hypnagogique, quand l’activité intellectuelle succombe à la fatigue, le son intérieur ne s’affaiblit pas ; les signes de la fatigue sont tout autres : quelquefois, l’articulation devient confuse ; toujours les mots se dissocient d’avec les pensées ; bien loin que le silence se fasse dans l’âme, la parole imaginaire remplace souvent la parole intérieure proprement dite. […] Si donc la parole intérieure subsiste en nous avec un minimum suffisant et constant d’intensité au-dessous duquel elle ne descend jamais, c’est que, par un acte incessamment répété de volonté mentale, l’âme la maintient à ce niveau nécessaire aux opérations intellectuelles ; grâce à l’attention, l’image de la parole ne descend pas jusqu’au bout la pente de l’inconscience où l’entraîne l’habitude négative, elle résiste à l’anéantissement et se forme en habitude positive.

732. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Cousin, qui a de l’imagination et de la fantaisie dans l’esprit, à sa manière, s’est épris d’un amour intellectuel pour la figure historique de Mme de Longueville ; et si nous mettons de côté, par hypothèse, l’homme philosophique, ses préoccupations et presque ses devoirs, cet amour se conçoit fort bien au point de vue poétique et peut avoir son intérêt aux yeux de ceux qui aiment dans l’histoire moins ce qui s’y trouve que ce qui n’y est plus. […] Cousin, à cette dignité tardive du silence, qui serait pour le libertin intellectuel et rétrospectif la meilleure expiation des péchés qu’il a dû ébaucher, en nous écrivant ses histoires, — comme Mme de Hautefort commençait l’adultère, car elle ne le finissait pas !

733. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Dès qu’on touche à l’homme intellectuel et moral, on se perd dans un infini de possibilités. […] Je n’ai pas à développer ici une conception philosophique qui m’est personnelle ; je dirai simplement qu’à mon avis nous serrerons le problème de près en nous attachant surtout à la vie intellectuelle de l’homme ; à l’esprit de l’homme, non point dans son « essence » qui nous échappe, mais dans ses manifestations, dans son évolution séculaire, dans son progrès, dont le rythme nous apparaît.

734. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Je ne puis m’empêcher de croire qu’il existe pour nous beaucoup de points de contact et qu’une sorte d’intimité intellectuelle et morale ne tarderait pas à régner entre vous et moi, si nous avions l’occasion de nous mieux connaître.

735. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Le fait est que le peuple, y compris la pourpre et le cordon bleu, a été désaccoutumé par force à se faire une opinion ; contrairement à la théorie de Taine, il est avéré que les événements maniés par quelques individus (appelés « grands hommes » dans le vocabulaire de la méthodologie historique) déterminent le plus souvent ses avis intellectuels comme ses mœurs.

736. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Dans un autre courant intellectuel que celui où je viens de pécher quelques noms, il me suffira de nommer Gautier, et surtout Baudelaire.

737. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

Ainsi le peuple se tyrannise lui-même, en s’imposant à lui-même le respect d’opinions créées par des individus dont la banalité intellectuelle s’adapte parfaitement à la moyenne niaiserie sentimentale… On voit en démocratie « le mécanisme singulier d’un navire dont l’équipage n’obéit aux officiers que parce que les officiers ont mis le cap sur le port où les matelots veulent débarquer.

738. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

tel est le but éclatant, mais escarpé, que des écrivains nés d’hier se sont flattés d’atteindre aujourd’hui ; telle est la proie de lion intellectuelle qu’ils ont cru abattre dès leur premier coup de feu littéraire !

739. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Ce talent de Joseph de Maistre, caractérisé tant de fois par nous et par d’autres, ajoute certainement, par ce qu’on en retrouve et ce qu’on en publie, à la somme de nos plaisirs intellectuels, mais embarrasse pour en parler après tout ce qu’on en a déjà dit.

740. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

En effet, tel que le voilà, s’il est creux, il est grave ; et la gravité est une tartufferie de l’esprit qui réussit toujours, avec ce peuple d’Orgons intellectuels dont le monde est fait.

741. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

II En effet, ceci, c’est mon métier, c’est de la critique littéraire… Dans ces deux volumes de Prévost-Paradol, intitulés : Essais de littérature et de politique, j’ai cherché vainement le soubassement nécessaire à tout livre de littérature et de critique un peu forte, je veux dire le symbole quelconque — religieux ou philosophique, s’il n’est pas religieux, — sur lequel doivent s’appuyer les œuvres intellectuelles des hommes, et je n’en ai trouvé aucun, même à l’état d’essai.

742. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Il a publié deux Études assez courtes, mais très substantielles, qu’il a dû détacher de son volume sur la littérature de l’Angleterre actuelle, et ces deux Études, dont l’une traite de l’Idéalisme et l’autre du Positivisme anglais contemporains, méritent vraiment de la Critique le coup d’œil à part, qu’à part elles sollicitent… En effet, elles font connaître mieux que des tendances d’esprit générales, mais deux individualités fort curieuses et fort intéressantes, dont la renommée, qui n’est pas encore de la gloire, commence de s’importer chez nous… L’une de ces deux individualités intellectuelles n’est rien moins que Thomas Carlyle, l’intraduisible Carlyle, comme disent ces fats d’Anglais, lesquels croient leurs grands esprits inabordables comme leur île, mais à qui M. 

743. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Fréron eut aussi son combat des Trente, mais il était seul et les Trente étaient contre lui… Dans l’ordre moral, Fréron fut un héros… Dans l’ordre intellectuel et littéraire, voyons ce qu’il fut, et si le talent de l’écrivain et du critique fut aussi grand que l’âme du héros.

744. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Madame de Staël disait : « Ceux qui se ressemblent se devinent. » Aussi, pour que la gloire jaillisse bien, et dans toute sa force, du visage que l’historien a pour devoir d’éclairer, il faut, entre le peintre et le modèle, des pentes de nature, des analogies de tempérament au moins intellectuel, et de telles rencontres de génie ne se répètent pas à tous les siècles.

745. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Presque immédiatement, il le chamarre de tous les Ordres de la sagesse, de la vertu, du grand goût, du génie, de la magnanimité ; il le constelle de tous les crachats de la flatterie d’un souverain ; enfin, il en fait son Potemkin intellectuel !

746. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

et la Médiocrité intellectuelle, qui a aussi son cant en Angleterre, n’a point eu à souffrir, du fait de Southey, dans sa délicate pudeur.

747. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

La preuve — affirme-t-il — qu’une telle satire n’est pas possible, c’est que, par leur prédominance intellectuelle, les professeurs contemporains sont en voie de tout envahir parmi nous, comme, parmi les Anciens, d’autres professeurs avaient tout envahi, et comme si ce n’était pas ce mal même que, dans son livre, Grenier a si admirablement signalé !

748. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

et la Médiocrité intellectuelle, qui a aussi son cant en Angleterre, n’a point eu à souffrir, du fait de Southey, dans sa délicate pudeur.

749. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Il n’a aucun enthousiasme pour les dominateurs intellectuels qui firent, à cette époque, de l’enthousiasme un incendie.

750. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

C’était un voluptueux intellectuel, un sybarite, mais de Sybaris ; car il était légèrement païen, ce Ximénès que son homonyme aurait peut-être dénoncé à la Très Sainte Inquisition.

751. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

On ne l’a pas assez remarqué : les Indiens sont, dans l’ordre intellectuel, des espèces de somnambules sans lucidité, des cataleptiques aux yeux retournés, tombés, depuis des siècles, dans la contemplation de leur moi imbécille, mais des cataleptiques qui sentent les coups malgré leur extase ; car ils tremblent devant le bambou qui les a toujours menés, dans quelque main de conquérant qu’il ait passé, depuis Alexandre jusqu’à Clive.

752. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Ce dut être quelque publication d’alors qui lui montra, comme un éclair, latente au fond de son esprit, sa vocation de critique historique, car il le devint, malgré sa position isolée, éloignée des villes, de toute source intellectuelle, de tout renseignement ; impuissant en tout !

753. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Presque immédiatement, il le chamarre de tous les Ordres de la sagesse, de la Vertu, du grand goût, du génie, de la magnanimité ; il le constelle de tous les crachats de la flatterie d’un souverain ; enfin, il en fait son Potemkin intellectuel !

754. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Sans charme et sans abandon intellectuel, M. 

755. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

L’abbé Brispot a réuni et choisi avec un art exquis les fragments épars de cette belle mosaïque intellectuelle étendue, pour ainsi parler, sous les pieds du texte divin.

756. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Il y a l’École du bon sens, et ce n’est pas la pire ; il y a l’École de la vulgarité, si chère aux esprits égalitaires de cette époque de démocratie intellectuelle.

757. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

— et son père, homme soucieux de culture intellectuelle, le fit aussi bien élever à sa façon que le père de Montaigne éleva son fils à la sienne.

758. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

L’étonnement ne me vient pas de Ninon Janin : il ne me vient pas de ce que cette Ninon est toujours Janin, le Jules Janin du meilleur temps de sa jeunesse, mais bien de ce que, dans le rajeunissement de son être, l’auteur de cette Fin d’un Monde et du Neveu de Rameau fût positivement, littéralement un autre que lui ; c’est, enfin, que fils de Diderot, — tout le monde lui connaissait cette généalogie intellectuelle, — il fût devenu si subitement semblable à son père, qu’on peut dire maintenant de Diderot « Janin Ier », comme on peut dire de M. 

759. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Je pensais au livre terrible de Swift sur les domestiques, et je me demandais si nous allions avoir affaire à un esprit de cette cruauté tigre, ou à un de ces esprits androgynes qui ont de la femme autant que de l’homme dans leur organisation intellectuelle.

760. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Seulement, par quelle aberration d’optique intellectuelle ce qui est si plat a-t-il pu faire à Mgr.

761. (1864) Le roman contemporain

Alors même que les livres dont je parle auront cessé d’être lus, on trouvera dans ce volume, s’il a le bonheur d’échapper à l’oubli, des renseignements utiles à consulter sur la situation morale et intellectuelle de notre société, étudiée dans les œuvres d’imagination où elle a cherché son idéal. […] Sans doute, il faut faire la part du génie particulier des écrivains et de leur liberté intellectuelle et morale dont ils usent ou abusent à leur gré, comme il faut faire la part de la liberté de ceux qui les lisent. […] Il y a dans ce livre des traces sensibles de fatigue intellectuelle. […] La délicatesse s’émousse, le flambeau de la conscience pâlit, et l’asphyxie morale et intellectuelle commence. […] Comment pourrait-il y avoir mariage là où il y a un divorce intellectuel et moral ?

762. (1902) Propos littéraires. Première série

Et enfin Clarisse est une intellectuelle. […] On voit Clarisse peu à peu dégoûtée, non point jamais par instinct de moralité, mais par souci intellectuel, de ses éternelles expériences amoureuses. […] Il indique la grande révolution intellectuelle de ce dernier demi-siècle dans la Grande-Bretagne. […] Or, ce que nous savons de science certaine, ce sont proverbes intellectuels. […] Il en est de même de tous les livres intellectuels de M. 

763. (1925) Portraits et souvenirs

De là, chez l’auteur des Fleurs du mal, un sens critique expert et suraigu, et cette curiosité intellectuelle qu’il appliquait simultanément à l’art et à la vie. […] Le vers, ayant toujours été pour lui moins un moyen de s’exprimer qu’une façon de suggérer, ne prenait son sens véritable et toute sa portée que dans ce contact intellectuel qu’il créait. […] Il distribue la rente de son apport intellectuel sans en accroître le capital. […] Mallarmé avait tenu, avant tout, à se réserver une parfaite indépendance intellectuelle, en vue de développer, hors de toute intrusion matérielle, l’étrange et beau don poétique qui était l’apanage de son singulier génie. […] Sa formation intellectuelle et littéraire me demeure mystérieuse.

764. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Ce faisant, loin de troubler l’ordre établi, il y concourt, son rôle étant de transmuer en inquiétudes intellectuelles et morales les appétits de la brute innocente et par conséquent de créer un mouvement vers des sphères plus hautes. […] Je me suis donné la mission d’établir un suprême code de lois auquel obéiront, s’ils sont Intellectuels, tous ceux qui pratiquent l’art des vers. […] La caste des Intellectuels, la Caste terrible dont le nom seul fait se soulever d’effroi, lorsqu’on le prononce, les plumes de ces chauves-souris : les gens du Réel… MAÎTRE PHANTASM. […] La caste des Intellectuels, dis-je, m’a délégué vers vous, afin que je vous invite à rentrer en vous-même. […] Je n’aime pas beaucoup mon siècle ; cependant, avant de mourir, je veux goûter quelques sensations rares, d’ordre tout intellectuel, et j’ai l’intention de confier le maniement de ma fortune à un homme habile : banquier, industriel où directeur d’un grand journal.

765. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Par cela même aussi ce sentiment, sans perdre de sa profondeur, a quelque chose de plus intellectuel, de moins nerveux, finalement de plus calme. […] Hugo avait une puissance d’esprit et de volonté trop forte pour en rester au pessimisme ; il n’avait pas non plus un désintéressement intellectuel assez grand pour rester dans le doute : il eut la foi. […] De là, chez le lecteur, ces antipathies ou ces sympathies qui ne se formulent pas toujours, mais qui n’en sont pour cela que plus fortes ; de là, parfois, ce mauvais vouloir apparent de toute une génération pour un poète, quelque grand qu’il soit d’ailleurs, au moment où il cesse de représenter exactement l’état intellectuel et moral d’une époque. […] Hugo et son œuvre sont simplement « monstrueux » l’un et l’autre : « Il est une force indomptable, un élément irréductible, une sorte d’Attila du monde intellectuel, … s’emparant de tout ce qui peut lui servir, brisant ou rejetant tout ce qui ne lui sert plus.

766. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Beauzée Articles de l’Encyclopédie Compilation établie à partir de l’édition numérisée de l’ARTFL Beauzée, articles de l’Encyclopédie FORMATION Formation (Grammaire) FORMATION, s.f. terme de Grammaire, c’est la maniere de faire prendre à un mot toutes les formes dont il est susceptible, pour lui faire exprimer toutes les idées accessoires que l’on peut joindre à l’idée fondamentale qu’il renferme dans sa signification.

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