Jordan, que sa famille avait engagé malgré son inclination dans le ministère et dans la profession théologique, avait un bon esprit, de la sagesse, du jugement : au loin, cela faisait l’effet d’être du goût. […] Nous ne sommes plus ici à la hauteur où M. de Suhm nous a portés ; nous n’avons plus affaire à un métaphysicien, homme du monde, homme d’affaires, et à la fois resté plein d’enthousiasme, de l’esprit le plus vif uni avec l’ingénuité du sentiment. […] Le sang de mes troupes m’est précieux, j’arrête tous les canaux d’une plus grande effusion…, et je vais me livrer de nouveau à la volupté du corps et à la philosophie de l’esprit. […] Le goût plus ou moins vif que Frédéric eut pour ces gens d’esprit ne trouva point à s’appuyer sur une estime assez solide de leur caractère. […] Milord Maréchal était à la fois un caractère original, un cœur d’or et un esprit fin ; il avait le fonds d’esprit écossais, quelque chose de ce tour que Franklin a également porté dans le conte moral et dans l’apologue.
L’esprit, le goût, l’éloquence, la langue même, rien n’était formé. […] On sait qu’à tous les agréments de la figure, elle joignit tous ceux de l’esprit. […] Sa gaieté au milieu des combats, ses bons mots dans la pauvreté et le malheur, toutes ces saillies d’une âme vive et d’un caractère généreux, cette foule de traits que l’on cite, et qui sont à la fois d’un homme d’esprit et d’un héros, semblaient peindre en même temps l’imagination française, et le genre d’esprit avec le caractère national. […] Des princes du sang, une foule de gens de la cour, et tous les hommes les plus célèbres par leur esprit et leurs talents y assistèrent. […] Souvent l’esprit est rebuté, et les larmes viennent aux yeux : on serait tenté de rire, et l’on s’attendrit.
Il sort de là qu’un esprit cultivé en est plus capable qu’un esprit inculte, et un homme spécial qu’un homme qui ne l’est pas ? […] C’est un lieu commun de l’histoire littéraire que l’incompatibilité foncière entre l’esprit critique et l’esprit créateur. […] L’esprit critique a exécuté, dans l’ordre des idées, la même besogne que l’esprit démocratique accomplit dans l’ordre des conditions. […] Des idées, cet esprit critique a passé aux sentiments. […] Il le faisait avec un esprit infini, et cette couleur dans l’esprit qui donnait à sa conversation un éclat incomparable.
Vincent, comme on l’appelait, était ennemi de l’éloquence : il ne pouvait souffrir l’esprit, la pompe, la science étalée et ronflante. […] Il s’attacha à lui former surtout le caractère, à développer la raison, en ornant l’esprit. […] L’esprit est large et libre, chrétien sans bigoterie, monarchiste sans servilité ; les papes et même les rois sont hardiment, sévèrement jugés. […] La qualité éminente de son esprit, c’est le bon sens, l’amour et le discernement du vrai. […] Celle-là, dans l’esprit de Bossuet, était la principale, et il ne considérait la troisième partie que comme une annexe de la seconde.
Mais dans une génération il n’y a pas que des esprits graves et méthodiques ; il y a aussi des carrières brisées à leur départ et hasardeuses et des esprits insoumis. […] Sa suppression avait paru un magnifique effort de l’esprit de liberté. […] Il aime l’esprit pour ce qu’il contient de pensée, et la pensée si elle emprunte à l’esprit, pour s’élever, des ailes légères. […] On vient de lui présenter un petit employé de commerce, mal habillé, sans esprit et sans jeunesse. […] Alors, une confusion délicieuse s’établit dans son esprit : c’est l’état où je me trouve en ce moment.
Jusqu’ici pourtant la lutte n’était qu’entre des doctrines spéculatives, et l’esprit s’agitait dans les hautes régions de la pensée. […] Littré est un esprit rigoureux et systématique qui suit son principe jusqu’au bout. […] Telle est la formule de la corrélation de l’esprit avec les autres forces de la nature. Nous ne traitons point de l’esprit pur, de l’esprit sous forme abstraite ; nous n’avons aucune expérience d’une entité de ce genre. […] L’esprit humain ne peut se résigner à l’observation et à la généralisation des faits.
Lorsqu’il publia le Siècle de Louis XIV, le président Hénault, auquel il avait demandé des critiques, crut pouvoir lui en adresser quelques-unes ; il lui reprochait sur quelques points le trop d’esprit. […] Donnez de l’esprit à Duclos tant que vous voudrez, mais gardez-vous bien de m’en soupçonner. » C’était à Voltaire, lorsque celui-ci se démit de sa charge, que Duclos avait succédé comme historiographe en titre (1750) : Voltaire s’estimait assez peu remplacé. […] Une telle tricherie dont on se vante comme d’un coup de bonne guerre montrerait, si on l’ignorait, ce que l’esprit de parti peut faire de la probité. […] Ce qui résulte plus sûrement des témoignages et des conversations conservées par Mme d’Épinay, c’est que Duclos a sa place fâcheuse et marquée dans l’orgie d’esprit du xviiie siècle. […] Je crois cependant qu’on l’a trop exalté ; mais l’excès est l’esprit du siècle, et peut-être l’a-t-il toujours été du Français.
L’âme, l’esprit de l’abbé Fleury semblent avoir été pris de tout point sur la mesure de Bossuet et tempérés selon des degrés pareils, avec la différence du sage au grand. […] car si son talent n’était en rien de la même famille que celui de Bossuet, son esprit du moins était bien parent de ce grand esprit et de ce grand sens, et son cœur lui était tendrement attaché. […] Il écrivait le 11 décembre 1702 à Fleury, non pas à l’abbé, mais à l’évêque de Fréjus, le futur premier ministre de Louis XV, « que l’esprit d’incrédulité gagnait toujours dans le monde ; qu’il se souvenait lui en avoir souvent entendu faire la réflexion ; que c’était encore pis à présent, puisqu’on se servait même de l’Évangile pour corrompre la religion des peuples ». […] Bossuet voulut, à cet âge, faire aussi des vers, et cela va sans dire, des vers religieux ; il s’appliqua à traduire en vers français quelques-uns des psaumes ; il s’en remettait pour la révision à l’abbé Genest, un des abbés de la Cour naissante de Sceaux, auteur d’une tragédie sacrée, un assez pauvre poète et, je pense, un mince critique ; mais Bossuet, qui traduisait ces psaumes par esprit de pénitence, les lui soumettait avec une égale humilité. […] Ce qui est tout sérieux, ce qui est bien conforme à l’esprit intérieur, c’est sa méditation perpétuelle de l’Écriture dès qu’il sentit que le terme de sa vie était proche. « Il avait pris une grande dévotion à réciter souvent le psaume XXI : Mon Dieu, mon Dieu, jetez sur moi votre regard ; pourquoi m’avez-vous abandonné ?
Que ce ne soit pas une possession tranquille où l’on court risque de s’endormir à force de rêver, que ce soit le plus souvent possible une rentrée, une reprise à la pointe de l’esprit et une conquête. […] Nulle, parmi les femmes françaises, n’a possédé à ce degré l’imagination et l’esprit. Il y en a certainement d’autant d’esprit, mais l’imagination est absente, ou elle est forcée, elle est froide. Il y en a certainement qui ont autant d’imagination, autant de couleur, mais alors l’esprit ne paraît pas au niveau. […] Décidément, elle est plus forte que lui, elle a le génie naturel ; il n’est qu’un homme d’infiniment d’esprit, — et de plus elle a raison.
L’épuisement des grandes conceptions peut avoir jeté les esprits dans l’histoire ; mais ce n’est pas la passion de l’histoire qui appauvrit la puissance de l’invention. […] L’esprit humain ne doit pas sans doute renoncer à faire des progrès dans la philosophie spéculative ; il ne doit pas renoncer non plus à connaître l’histoire de son passé. […] C’est l’esprit humain qui de part et d’autre est l’objet de notre étude. Les conceptions des philosophes peuvent être plus ou moins arbitraires quant à leur objet : elles ne le sont pas quant à leur origine et à leurs causes, lesquelles sont dans les lois de l’esprit. […] Espérons qu’elle tentera quelque penseur qui ne croira pas s’abaisser et descendre en se faisant l’historien de l’esprit humain !
Ainsi peu à peu il s’est formé dans les esprits un caractère d’élévation, ou plutôt de justice. […] L’homme d’esprit en rit ; le sot même n’ose plus les croire. […] Notre siècle est généralement tourné vers l’esprit de discussion ; et ce genre d’esprit, occupé sans cesse à comparer des idées, doit nuire un peu à la vivacité des sentiments. […] Celui qui, sans s’écarter, et en remplissant toujours son but, saura donc le plus semer d’idées accessoires sur sa route, sera celui qui attachera l’esprit plus fortement. […] L’esprit aime surtout les idées qu’il paraît se créer à lui-même ; plus vous ferez penser, et plus l’espace qu’on parcourra avec vous s’agrandira.
Comme si tout ne s’expliquait pas pleinement par la solidarité de l’esprit militaire ! […] L’art suprême est d’avoir, avec l’esprit d’aujourd’hui, l’esprit de demain et d’après-demain. […] Qu’est-ce qu’un esprit humain qui n’est ni dans la foule ni dans ses conducteurs ? […] Quand cette idée a pour apôtre un esprit dogmatique tel que M. […] L’abbé Dubos était un homme d’esprit curieux et inventif.
Nous eussions pu, il est vrai, nous passer de cette sorte de Drames qui offrent tout aux sens & presque rien à l’esprit & à la raison ; mais la difficulté d’y réussir n’en suppose pas moins de génie, quand l’Auteur y a excellé sans aucun secours. […] Le naturel, il est vrai, s’énonce sans effort, quand l’esprit & le cœur, qui le produisent par leur accord, sont profondément pénétrés ; mais il n’exclut ni la noblesse, ni l’élévation, ni le choix des expressions, ni la finesse, ni l’élégance des tours. […] Quand il seroit vrai que notreHorace se fût élevé contre ses Poëmes, pourroit-on disconvenir qu’il y a dans l’Opéra, comme le remarque très-bien un Ecrivain de nos jours, « un vice radical qui a suffi pour indisposer contre lui les meilleurs Esprits, tels que Boileau, Racine, Lafontaine, Rousseau, la Bruyere, &c. ? […] Je n’ai pas prétendu, dis-je, par exemple, qu’il n’y eût point d’esprit ni d’agrémens dans les Ouvrages de M. […] Quinault, dont on a quinze ou seize tant Tragédies que Comédies, & treize Opéra, continua jusqu’à sa mort, avec une régularité scrupuleuse & un courage inoui, les fonctions monotones de sa Charge d’Auditeur des Comptes, comme s’il n’eût jamais connu d’occupation plus intéressante pour son esprit & pour son cœur ; effet admirable & cependant naturel de cet amour du devoir, la base de toute société, l’idole de nos bons aïeux, & que, pour le malheur de notre âge, a éteint dans presque tou les cœurs l’esprit de systême & d’égoïsme, digne fruit des tristes lumieres de la moderne Philosophie.
Mais avec le christianisme, l’esprit pénétra jusqu’au fond de sa nature spirituelle. […] Rien ne leur fait défaut du côté de l’esprit. […] Il a l’esprit étroit et borné. […] Son esprit a soif d’action, et sa poitrine de liberté. […] En dehors de la chevalerie, il est accompli ; c’est un esprit sensé, c’est un cœur généreux, c’est un beau caractère.
Mais l’esprit allemand, en Allemagne même, semble mort aujourd’hui. […] Wagner est ainsi amené à poser mieux encore les caractères de l’esprit allemand. […] En premier lieu, il constate que bien que l’opinion publique n’en ait pas conscience, l’influence de l’esprit français sur l’esprit allemand n’a jamais été plus grande qu’aujourd’hui. […] Il nie, notamment, que l’esprit allemand soit essentiellement critique. […] Pour autant, il critique l’antisémitisme du compositeur et son esprit anti-français.
Un esprit vraiment italien ne pouvait se soumettre à cette autre invasion de l’Italie par les étrangers. […] Cette création des caractères idéaux qui semblerait l’effort d’un art ingénieux, fut une nécessité pour l’esprit humain. […] De même que Dieu est l’esprit du monde, l’esprit humain est un dieu dans l’homme. […] Essai sur l’esprit et les mœurs des nations, commencé en 1740, imprimé en 1785. — Turgot. […] Autre sur les progrès de l’esprit humain.
Aux gens d’esprit, c’est peine perdue de conter leurs défauts. […] Il a tout changé pour elle, patrie, condition, figure, esprit. […] Un travail inattendu se produit dans les esprits. […] L’esprit, ai-je dit. […] … Pourquoi se faire un tourment de l’esprit ?
C’est un esprit qui fonctionne tout entier et qui jamais ne fonctionne à vide. […] Il est leur pareil et leur égal ; il est un des trois esprits souverains de la Renaissance italienne. […] Il ne me paraît pas très bien comprendre ni définir l’esprit de M. […] Taine est un des esprits les plus invinciblement généralisateurs qui se soient vus. […] Mais ils ne parlent qu’à l’esprit ; ils ne « chatouillent » pas, pour parler comme Boileau.
Or, ce déploiement de la faculté inventive et poétique, qu’est-ce autre chose souvent qu’une réaction de l’esprit littéraire contre les timidités et même contre les prétentions exorbitantes de l’esprit scientifique ? […] Les esprits, ivres d’enthousiasme, ne croient plus à l’impossible. […] C’est Voltaire qui compose son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations. […] Mais il faut redouter aussi les abus de l’esprit scientifique. […] Elles sont presque tout entières dans l’esprit.
Villemain, pour beaucoup d’esprits auxquels il imposa, est une espèce d’archi-chancelier de la littérature française. […] Les Montagnards d’alors n’envoyèrent pas à l’échafaud ce Girondin de la rhétorique, cet esprit de milieu, cet homme de goût (le dernier degré de l’injure… pour eux !) […] Il avait l’esprit d’un chanoine. […] Elle n’est point, comme celle de tant de gens, la bâtarde de l’esprit, née de ses jouissances et de ses manières de sentir. […] Son esprit, sans unité et sans métaphysique, était radicalement incapable de la moindre synthèse et de la moindre critique vue de haut.
Les termes abstraits, généraux, collectifs, ne disent pas grand’chose souvent à des esprits jeunes et peu habitués à la contemplation de l’universel. Et pourtant, par un jeu mécanique de la mémoire, ces mêmes esprits pensent avec des mots abstraits, généraux, collectifs : les ayant pensés et exprimés, ils semblent avoir épuisé du coup leur puissance d’invention, et ne peuvent passer outre. […] Ces faits enfoncent dans l’esprit de l’auditeur la vérité à laquelle l’orateur s’attache, bien mieux que ne sauraient faire les plus hyperboliques épithètes. […] Le hasard des devoirs d’écoliers est grand, et peut-être après tout est-ce une bonne gymnastique pour l’esprit, que cette nécessité de parler de tout, si on la prend comme une occasion sérieuse de penser sur tout. […] Peu de jeunes gens en France savent vraiment ce que c’est que le désert : il n’en est guère qui ne puissent, s’ils savent bien conduire leur esprit, le décrire convenablement, et même avec un sentiment personnel.
Aussi, pendant la plus grande vogue de la poésie courtoise, voit-on se maintenir ou apparaître des genres plus vulgaires, dont l’avantage est de raffermir au contact de la terre et de la vie les esprits étourdis de leur ascension dans les régions éthérées de la dévotion sentimentale. […] Toutes ces scènes si vivement esquissées, surtout dans des pastourelles picardes, nous révèlent des esprits à qui la vulgaire réalité a fait sentir son charme, et qui ont essayé de la rendre81. […] Mais ces pièces ont en général ceci de commun, qu’elles sont d’actualité, nées des circonstances et d’une particulière émotion des esprits. […] L’important, c’est qu’il vécut à Paris : la grande ville lui donna son esprit et son âme. […] Il hait les mendiants, aux mains de qui vont toutes les richesses ; mais il rappelle les débuts des jacobins et des cordeliers, la sainte, évangélique pauvreté, qui est l’esprit de leur institution.
Aussi dans les esprits trop critiques y a-t-il souvent un certain fond d’insociabilité, qui fait que nous devons nous défier de leurs jugements comme ils devraient s’en défier eux-mêmes. […] Taine, nous avons fait d’effort pour comprendre les littératures étrangères, pour nous replacer dans le milieu où tel chef-d’œuvre a pris naissance, pour nous dépouiller de notre propre esprit et de nos préjugés personnels. […] Chacun de nous a cette conviction secrète qu’il représente à lui seul l’esprit national, et il refuse à cet esprit les qualités ou les défauts variés qu’il admire ou pardonne chez toute autre nation. […] Schérer, esprit philosophique, séduit par les analyses méticuleuses et exactes de Georges Elliot au point d’en faire « la plus grande personnalité littéraire depuis Gœthe », oubliera entièrement Balzac, ou, s’il rencontre chez Victor n’aime Hugo (qu’il pas) l’éloge de Balzac comme d’un « grand esprit », verra là une « exagération burlesque ». L’étude des littératures étrangères devrait être un moyen de s’ouvrir l’esprit, non de se le fermer, d’agrandir le domaine de notre admiration et de notre sociabilité, au lieu de le restreindre.
Pour soulager l’humeur qu’il en a, et qu’il serait barbare de lui reprocher, il s’en prend à ce pernicieux esprit philosophique, déjà chargé d’iniquités beaucoup plus graves ; car il faut bien que l’esprit philosophique ait encore ce tort-là. […] Celui qui le premier a peint l’amour sous les traits d’un enfant, avec des ailes, un bandeau, et des flèches, a montré beaucoup d’esprit : il n’y en a point à le répéter. […] Il semble que le même esprit de sagesse qui a présidé à la formation de notre langue, a présidé aussi aux règles de notre poésie française. […] Le poète qui n’est que peintre, traite ses lecteurs comme des enfants de beaucoup d’esprit ; le poète de sentiment, ou le poète philosophe, traite les siens comme des hommes. […] L’un est le poète du cœur, l’autre est celui de l’esprit et de la raison.
Son esprit naturellement caustique avait déjà contracté des habitudes satiriques, qui le firent renvoyer du collège avant d’avoir terminé sa Philosophie. […] Un esprit brillant, des réparties ingénieuses, une figure agréable, achevèrent ce que le talent avait commencé ; mais les succès que Chamfort eut auprès des femmes ne tardèrent pas à le désabuser sur les plaisirs qu’on trouve dans le grand monde. […] À son retour, la duchesse de Grammont l’engagea à s’arrêter à Chanteloup, chez le duc de Choiseul son frère, qui devait lui-même une grande partie de sa réputation à l’amabilité de son esprit, et qui fut charmé de celui de Chamfort. […] Retombé dans une morne mélancolie, Chamfort en fut tiré par M. de Choisisseul-Gouffier, qui l’emmena avec lui en Hollande ; le comte de Narbonne était du voyage ; son esprit vif et étincelant puisait de nouvelles saillies dans celui de Chamfort. […] Son cœur et son esprit étaient remplis de sentiments républicains ; il applaudissait au décret qui supprimait les pensions ; et pourtant toute sa fortune était en pensions, il les remplaça par le travail ; et le Mercure de France s’enrichit de la nécessité dans laquelle on le mettait encore une fois, de se faire une ressource de sa plume.
Besoin d’institutions nouvelles Nous sommes arrivés à un âge critique de l’esprit humain, à une époque de fin et de renouvellement. […] La pensée est sortie de son repos, l’esprit vivifiant étend ses ailes fécondes sur la surface du grand abîme. […] Cela est vrai en bien des sens ; mais cela est vrai surtout en ce sens que toute loi qui ne sera pas puisée dans l’esprit du christianisme n’est et ne peut être qu’une loi antisociale, ce qui implique contradiction. […] Je sais que des esprits chagrins et jaloux à l’excès supportent peu cette expression de regret, parce qu’ils redoutent encore, par-dessus tout, la superstition des souvenirs anciens. […] Au reste, pour ne pas heurter l’ombrageuse susceptibilité de certains esprits, je vais expliquer la raison de mon regret.
Cette époque-ci ne ressemble donc, quoi qu’on en dise, à aucune autre époque de l’esprit humain. […] Cette peinture, je puis l’avouer, sera toute d’imagination ; car c’est un ordre de phénomènes peu appréciables à la vue de l’esprit, et qui se passent au fond des cœurs. […] Ce n’était point assez que le monde physique fût livré aux incertitudes et à l’esprit de système, nous voulions dénaturer encore le monde moral et achever de décolorer la vie. […] Sans doute cette grande maladie de l’esprit humain n’aurait pas été accompagnée de symptômes si affreux sans l’imprudence de quelques-uns de nos plus illustres écrivains du siècle dernier. […] Nous voyons à présent s’avancer cette autre génération dont l’esprit militaire fut la proie d’un homme nouveau qui voulut abolir l’ancienne patrie : celle-là prend aussi successivement sa place parmi les pères de famille.
La Révolution française, ses arts et sa littérature, attestent avec une assez triste éloquence que si l’esprit grec avait charmé ceux qui firent cette révolution à deux faces, — par un côté si grandiosement originale, par l’autre si grotesquement postiche, — l’esprit romain les avait aussi enivrés. […] prononçant, chacune à sa manière, l’une avec des lèvres d’airain comme ses trompettes, l’autre avec des lèvres harmonieuses comme les flûtes de ses artistes, ce mot de liberté qui donne le délire à l’esprit humain, elles devaient toutes deux, la Grèce et Rome, en leur qualité seule de Républiques, agir puissamment sur les esprits, lassés de féodalité, de monarchie, de gouvernement, et dressés à la révolte par une philosophie ignorante de l’Histoire. […] L’auteur était un homme froid d’esprit, chaud de cœur. […] Malgré tout ce qu’il y avait de largeur politique dans l’esprit d’Auguste, il n’avait point eu l’idée d’une institution qui permît de faire arriver à l’Empereur l’expression de ce que les provinces attendaient de son gouvernement et de sa justice. […] Nous avons parcouru rapidement, mais assez pour donner envie de les lire aux esprits sérieux, les deux ouvrages de ce temps qui ouvrent une vue parallèle sur deux sociétés : la société romaine et la société grecque.
À cela, il y a beaucoup de raisons ; mais la principale est certainement l’espèce d’horreur qu’inspire la théocratie à l’esprit moderne. […] L’esprit religieux, sacerdotal, armé de l’Espagne, qui sut, tant il était fort ! […] Pichot, c’est un esprit poétique et individuel, dont le sentiment ne manque pas de justesse dans l’appréciation de ce qui est élevé, mais dont les allures familières et trop égotistes, — comme dirait lady Morgan, — rendent l’ouvrage parfois fatigant. […] Si l’esprit de l’histoire n’est pas dans son livre, les formes y sont du moins, les formes classiques et sévères. […] Ses habitudes d’esprit en ont énervé la trempe.
» Ce nom, d’une sonorité d’or, et que la Gloire avait encore cette raison d’harmonie pour aimer, portait peut-être dans plus d’esprits à la fois que ceux de Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire et d’Ampère, et si on y réfléchit, on le conçoit. […] Et je prie ceux qu’un tel mot révolterait et auxquels il semblerait une irrévérence, de vouloir bien se rendre compte avec moi des œuvres de Humboldt et surtout de la nature de son esprit. […] À cela près de quelques inductions heureuses et de quelques rapprochements féconds, Alexandre de Humboldt n’est rien donc de plus, pour qui sait étreindre son esprit et ses œuvres, qu’un grand Rapporteur scientifique, en fonction permanente et vastement renseigné, lequel soigne extrêmement ses rapports. […] Esprit souverainement délicat et doué de qualités si nettement exquises, ce Varnhagen, qu’il n’a pas été diminué d’être le mari de sa femme, comme tant de maris de femmes célèbres l’ont été. […] Ici, Humboldt, fatigué de tout et même de sa gloire, qui lui rapportait quatre cents lettres par mois de tous les badauds de l’Europe, — lesquels l’appelaient tous « jeune vieillard », sans s’être donné le mot, pour prouver que, comme les grands esprits, les grands imbéciles se rencontrent, — Humboldt trouva presque une originalité dans la mauvaise humeur de ses derniers jours.
Quand l’idée enfonce la grammaire, c’est qu’elle est déjà forte dans les esprits ! […] Homme d’esprit, qui a le sentiment du ridicule, ce sentiment préservateur, M. […] Dans l’état actuel de ce pauvre esprit humain, qui se croit un esprit très fort, ceci la compromet. […] » Et les conditions sine qua non de l’existence de l’esprit humain ne lui paraissent pas une raison assez péremptoire, à cet escamoteur, qui fait tout disparaître : mais ici, c’est le bon sens qui est escamoté ! […] Il est vrai, comme nous l’avons vu, que cette négation est assez vaste et laisse une large trouée, un hiatus terrible, dans la préoccupation de l’esprit humain.
» Ce nom, d’une sonorité d’or, et que la Gloire avait encore cette raison d’harmonie pour aimer, portait peut-être dans plus d’esprits à la fois que ceux de Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire et d’Ampère, et si on y réfléchit, on le conçoit. […] Et je prie ceux qu’un tel mot révolterait et auxquels il semblerait une irrévérence, de vouloir bien se rendre compte avec moi des œuvres de Humboldt et surtout de la nature de son esprit. […] À cela près de quelques inductions heureuses et de quelques rapprochements féconds, Alexandre de Humboldt n’est rien donc de plus, pour qui sait étreindre son esprit et ses œuvres, qu’un grand Rapporteur scientifique, en fonction permanente et vastement renseigné, lequel soigne extrêmement ses rapports. […] Esprit souverainement délicat et doué de qualités si nettement exquises, ce Varnhagen, qu’il n’a pas été diminué d’être le mari de sa femme, comme tant de maris de femmes célèbres l’ont été. […] Ici, Humboldt, fatigué de tout et même de sa gloire, qui lui rapportait quatre cents lettres par mois de tous les badauds de l’Europe, lesquels l’appelaient tous « jeune vieillard » sans s’être donné le mot, pour prouver que, comme les grands esprits, les grands imbéciles se rencontrent, — Humboldt trouva presque une originalité dans la mauvaise humeur de ses derniers jours.
La philosophie du doute subjectif élève ici ses objections contre la légitimité même des facultés rationnelles de l’esprit. […] Il ne pouvait pas y avoir d’exercice normal de l’esprit avant qu’on ne fût fixé sur des points comme celui-là. […] J’estime donc très peu fondée l’éternelle jérémiade de certains esprits sur les prétendus paradis dont nous prive la science. […] Vous aurez largement contribué, cher ami, à ce progrès de l’esprit, où la part de notre siècle, quoi qu’on dise, sera belle. […] Vous avez dilaté, cher ami, au secteur où vous travaillez, le pomœrium de l’esprit humain.
Les desseins des rois, les abominations des cités, les voies iniques et détournées de la politique, le remuement des cœurs par le fil secret des passions, ces inquiétudes qui saisissent parfois les peuples, ces transmutations de puissance du roi au sujet, du noble au plébéien, du riche au pauvre : tous ces ressorts resteront inexplicables pour vous, si vous n’avez, pour ainsi dire, assisté au conseil du Très-Haut, avec ces divers esprits de force, de prudence, de faiblesse et d’erreur, qu’il envoie aux nations qu’il veut ou sauver ou perdre. […] L’esprit de Dieu s’étant retiré du milieu du peuple, il ne resta de force que dans la tache originelle qui reprit son empire, comme au jour de Caïn et de sa race. […] Tandis que cet esprit de perte dévore intérieurement la France, un esprit de salut la défend au dehors. […] Sans religion on peut avoir de l’esprit ; mais il est difficile d’avoir du génie.
C’est l’auteur de l’Esprit des loix. […] Malgré ses défauts l’Esprit des loix doit être toujours cher aux hommes, parce qu’il inspire l’humanité, & qu’il combat le despotisme. […] Linguet, ouvrage qui respire un esprit original & un homme éloquent. […] L’anti-Machiavel de ce Monarque est plein d’esprit & de génie. […] Mais l’auteur auroit pu se resserrer davantage ; & si l’Esprit des loix péche par trop de précision, la science du gouvernement a un défaut tout contraire.
Ainsi son jeune esprit préludait à cette universalité de connaissances qu’il embrassa jusqu’à la fin. […] Ampère la lisait à Lyon dans un esprit semblable. […] N’admirez-vous pas ici la contradiction inhérente à l’esprit humain, dans toute sa naïveté ? […] Ampère, dans une note où nous puisons, nous indique lui-même la première marche de son esprit. […] Jamais esprit de cet ordre ne songea moins à ce qu’il y a de personnel dans la gloire.
Ils sont nés avec « plus d’esprit que les autres. […] Par le fond de l’esprit, celui-ci est un classique. […] Pour qui sait voir le fond des pensées, il n’y eut pas d’esprit plus conséquent. […] Bien mieux, il a l’esprit philosophique. […] De telles disparates poussent un homme d’esprit à la satire.
Et c’est ainsi que la critique littéraire se rajeunit et se renouvelle par l’accession de ces esprits français qui se sont retrempés à d’autres sources et qui, au retour, naturalisent chez nous le goût des beautés neuves et des comparaisons éclairées. […] M. de Saint-Victor est un homme de foi et de conviction dans l’art et dans les lettres : il perpétue en lui une race d’esprits qui diminue de jour en jour. […] Le critique s’est montré tout à fait absolutiste dans son jugement sur lui : envers cet homme d’une forte et amère ironie, la plus amère peut-être dont un esprit humain se soit montré capable, il a tenu à être violent aussi et sans rien qui adoucisse ou qui tempère. […] Le critique, cette, fois trop artiste et de parti pris, n’a pas daigné entrer pas à pas dans l’œuvre et dans l’existence de ce grand et triste esprit, l’un des plus pénétrants qui aient jamais été. Ôtez de la vie l’amour et tout ce que l’amour y répand d’illusions, que reste-t-il quand on a l’esprit tourné comme l’avait Swift ?
XV Je suis l’esprit le plus brisé et le plus rompu aux métamorphoses. […] XX Je n’ai plus qu’un plaisir, j’analyse, j’herborise, je suis un naturaliste des esprits […] Ces esprits, dans les théories sophistiquées et super-fines qu’ils appliquent au gouvernement de la société, supposent trop que le commun des hommes leur ressemblent. […] XXXIII Ce serait encore une gloire, dans cette grande confusion de la société qui commence, d’avoir été les derniers des délicats. — Soyons les derniers de notre ordre, de notre ordre d’esprits. XXXIV Il faut du loisir pour l’agrément de la vie ; les esprits qui ont toute leur charge ne sauraient avoir de douceur.
Dans le trouble où sont les esprits, le danger de parler est plus grand encore que celui de se taire ; mais, quand il s’agit d’éclairer et d’être éclairé, il faut regarder où est le devoir, et non où est le péril ; il se résigne donc. […] Abandonnons enfin cette question de mots, qui ne peut suffire qu’aux esprits superficiels dont elle est le risible labeur. […] L’esprit des peuples, en un religieux silence, entend longtemps retentir de catastrophe en catastrophe la parole mystérieuse qui témoigne dans les ténèbres : Admonet, et magna testatur voce per umbras. […] Il faut le dire et le redire, ce n’est pas un besoin de nouveauté qui tourmente les esprits, c’est un besoin de vérité ; et il est immense. […] Aussi les philosophes parvinrent-ils, en moins d’un siècle, à chasser des cœurs une religion qui n’était pas dans les esprits.
Nous ne sçaurions faire rien de bien, dit Du Fresnoi, dans son poëme de la peinture, si notre main n’est pas capable de mettre sur la toile les beautez que notre esprit produit. […] Cependant en quelques années, il ôte à l’esprit sa vigueur, et au corps une partie de ses forces. Un homme trop adonné au vin, est morne quand il n’est pas à table, et il n’a plus d’esprit qu’autant que lui en donnent les digestions d’un estomac, qui s’use enfin avant le temps. […] L’extrême besoin dégrade l’esprit, et le génie, réduit par la misere à composer, perd la moitié de sa vigueur. […] Toutes les personnes qui ont quelque lueur d’esprit, ou quelque teinture des lettres, veulent se mêler de faire des vers, et pour le malheur des poëtes, elles deviennent ainsi des juges qui prononcent sur tous les poëmes nouveaux, avec la séverité d’un concurrent.
Elle n’était qu’une femme d’esprit, très inférieure, — par cela même qu’elle écrivait, — à une foule de femmes d’esprit de son temps qui n’écrivaient pas. En se travaillant immensément, en se tortillant, en se donnant beaucoup de courbatures, Mme Sophie Gay, qui pouvait rester une femme du monde spirituelle, était parvenue à faire de son esprit je ne sais quel talent sans naturel, sans originalité et sans grâce. […] Il n’y a qu’une femme qui ait assez de pointe d’aiguille ou d’épingle dans l’esprit pour toucher, aux endroits qu’il faut, ce sujet trop fin pour les gros doigts de l’homme, et c’est surtout ici que le sexe de l’auteur est nécessaire au sujet et à la valeur des aperçus. […] Et encore si ces physionomies étaient enlevées avec la verve d’un esprit caustique et comique, puisqu’elle tient plus à la comédie du ridicule qu’à son histoire, si le talent du peintre était mordant comme son idée ! Mais Mme Gay, qui a abordé la question du ridicule avec l’esprit d’un vaudevilliste, Mme Gay peint à peu près comme elle pensé, et ses caricatures n’ont pas plus de profondeur que ses aperçus.
Il est vrai que l’esprit tel que nous le concevons, nous autres modernes, était inconnu aux anciens, comme il est inconnu à l’Orient… Les mots de Laïs rapportés par Debay sont des lapalissades. Quant à Ninon, il est impossible de supposer que Debay ait eu la bonté d’ajouter ses puissances d’aperçu ou de rédaction à l’esprit de cette femme célèbre. […] On s’étonne qu’on puisse les relever chez une nation qui a des esprits sur place et argent comptant de la force de Rivarol, de Chamfort, de Voltaire, de Fontenelle, du prince de Ligne et de madame de Staël. […] L’esprit de conversation désorientait de ses feux et de ses éclats ce génie nonchalant et triste, qui broyait longtemps ses couleurs en silence. […] « Il fallait — dit beaucoup trop vite Chateaubriand — qu’elle eût beaucoup d’esprit, pour que mesdames de la Suze, de Castelnau, de la Ferlé, de Sully, de Fiesque, de Lafayette, ne fissent aucune difficulté de la voir. » Le bel-esprit, qui n’est pas l’esprit, était le lien de ces compagnies qui parfilaient la langue et la galanterie à l’hôtel de Rambouillet.
C’était donc, avant tout, pour mettre la main fructueusement sur un pareil sujet, un esprit compétent aux choses de la politique qu’il fallait, dominant plus ou moins ce côté de l’esprit humain, et capable, non pas de raconter uniquement les faits et gestes du journalisme, qui furent, par parenthèse, bien plus souvent les Gesta diaboli que les Gesta Dei per Francos, mais aussi d’essayer une solution des grands problèmes que le journalisme a posés et n’a pas encore résolus. Eh bien, la première condition de tout cela, et quelle qu’eut été la solution à laquelle se fût arrêté l’historien, c’était une de ces fermetés d’esprit qui ne se laissent pas entamer, et ce bon sens, le premier degré de la force intellectuelle, comme le grand sens, en est le second ! Assurément, l’auteur de l’Histoire de la Presse n’est pas ce qu’on pourrait appeler un esprit faux (le mal sans remède !), mais c’est un esprit incertain. […] C’est un jeune homme d’esprit… peut-être, mais c’est, à coup sûr, un esprit de jeune homme, qui manque parfois de lest, ce fardeau pesant parfois, de l’expérience, mais qui nous donne l’aplomb sans lequel notre esprit n’est plus qu’un volant sur la moqueuse raquette des faits.
Il avait, disait-il, plus d’esprits encore à combattre que d’ennemis. […] C’était un beau jeune homme, d’un esprit au-dessus du commun. […] Cet esprit, Sire, est dans l’armée ; peu ou point de désertion, une assez grande dans les ennemis, nos troupes bien payées, le pain, la viande bien fournis, le soldat gai. […] M. le maréchal de Marcin, outre ses grands talents pour la guerre, a tous ceux qui sont nécessaires pour bien ménager l’esprit d’un prince et celui de sa Cour. […] C’est ce que je tâcherai de faire jusqu’à la fin à l’égard de ce grand militaire, qui était à la fois un homme de beaucoup d’esprit.
Eckermann n’avait en lui rien de supérieur ; c’était ce que j’ai appelé ailleurs une de ces natures secondes, un de ces esprits nés disciples et acolytes, et tout préparés, par un fonds d’intelligence et de dévouement, par une première piété admirative, à être les secrétaires des hommes supérieurs. […] Partout ailleurs, c’eût été un affreux guêpier de bas-bleus : là, ce n’est qu’un jeu de société assez original et amusant, un passe-temps de dilettanti, qui entretient dans ce cercle l’activité de l’esprit et sauve des commérages. […] C’est là le défaut des meilleurs esprits, de ceux justement chez qui l’on trouve le plus de talent et les plus nobles efforts. […] Combien d’esprits et de talents poétiques, dans le temps de la vogue des tragédies ou des poëmes descriptifs, s’y sont épuisés, qui auraient pu toucher ou plaire dans des genres moindres et plus vrais ! Ce que conseille proprement Gœthe, ce n’est pas de se disperser ni de se hâter, ni d’improviser ; et lui-même reconnaît qu’il y a des esprits excellents qui ne savent rien faire « le pied dans l’étrier », et qui ont besoin de recueillement : ce qu’il conseille à Eckermann et aux esprits nés poëtes, mais dénués pourtant du grand génie de la conception, ou même à ceux qui en sont doués et en qui les sentiments de chaque jour jaillissent et débordent, c’est de s’épancher, c’est de fixer dans des notes successives, et non pas pour cela fugitives, l’histoire de leur cœur.
En cela, il obéissait surtout à sa tournure d’esprit et à sa verve irrésistible très-épigrammatique et sarcastique sous forme hautaine. […] Esprit de lignée purement française, s’il se trouvait ainsi privé parfois de quelques rapprochements curieux et utiles, il se préserva mieux encore des fausses ressemblances et des confusions dangereuses. Séparé, dès ce temps, des royalistes purs, en ce qu’il ne partageait pas cette sorte de culte mystique ou de passion exaltée dont n’étaient pas encore tout à fait revenus, à cette date, plusieurs de ceux même qu’on appela ensuite doctrinaires, il était et resta toujours séparé et très-distinct de ces derniers en ce qu’il n’eut jamais l’esprit de système, ni non plus l’esprit d’opposition surexcitée et de faction dont quelques-uns ne furent pas exempts à de certains jours. […] Mais le Laurentie manquerait au seul talent qu’il ait, en procédant autrement : esprit bas, étroit, médiocrité amère. […] C’est la seule chose gaie qui soit échappée à ce triste écrivain, à ce triste et sec esprit ; c’est le seul souvenir littéraire qu’il mérite de laisser.
Il me semble pourtant que, généralement, on ne se fait pas de l’abbé Maury, comme écrivain et comme littérateur, une idée très nette, et que son caractère politique également laisse dans l’esprit quelque chose de louche. […] Buchez et Roux, le discours avec les circonstances indiquées des interruptions, il est impossible, si l’on n’est pas déjà averti et si l’on prend le tout au pied de la lettre, de saisir l’esprit du drame. […] Un autre effet plus grave, qu’il produisait quelquefois par ces excès de parti pris, était de rejeter plus fort vers la gauche des esprits que plus de modération eût pu rallier et concilier à sa cause. […] C’était, s’il est permis de le dire, un esprit et surtout un talent supérieur dans une nature grossière. […] Maintenant, j’ai hâte de le dire, c’est le même homme (tant l’esprit humain est contradictoire et divers !)
Je fais grâce des pièces authentiques que chacun peut lire, et je ne vais qu’à l’esprit des choses. […] Jamais esprit ne s’est transformé plus habilement, et ne s’est retourné plus vite à vue d’œil selon son intérêt. […] il ne s’agit plus de le rendre ridicule, il s’agit de le déshonorer. » C’est ainsi qu’il s’apprêtait à mettre en jeu contre son ennemi toutes les ressources d’un grand esprit furibond et sans droiture. […] Il faut une morale à tout ; il en faut surtout à un point d’étude qui est si affligeant et qui a pour résultat d’étaler à nu les laideurs et les vices de l’âme, associables avec les plus beaux dons de l’esprit. […] Je comparerais encore de tels esprits à des arbres dont il faut savoir choisir et savourer les fruits ; mais n’allez jamais vous asseoir sous leur ombre22.
Seule, elle fera entrer dans l’esprit et dans toute l’audace de l’idée. Seule, elle montrera sur le vif cette santé de l’esprit : l’humeur. […] La pratique de la politique apporte l’expérience à l’esprit humain. […] Elle redira le ton de l’esprit, l’accent de l’âme des hommes qui ne sont plus. […] Mais c’est le tour et l’esprit de Sophie Arnould, et son ton et son accent.
Ce préjugé qui mesure la liberté à la négation pourrait donc aller jusqu’à cette conséquence, que le plus haut degré de liberté d’esprit consiste à ne pas même croire à la liberté. […] Il se trouve encore des esprits qui, même dans l’ordre de la foi, voudraient que l’État intervînt pour fixer ce qu’il faut croire et ce qu’il est permis de ne pas croire. […] Il n’y a plus à chercher s’il y a un Dieu, s’il y a une âme, s’il y a une vie future ; l’instinct du genre humain a résolu ces grands problèmes : il n’y a plus qu’à préserver ces solutions des atteintes de l’esprit d’examen, qui n’est jamais que l’esprit de doute et de ruine. […] Avant de soumettre mon esprit à de telles vérités, il faut donc que je les examine préalablement, afin de voir si elles ont bien le caractère qu’elles prétendent avoir. […] Je n’ignore pas les inquiétudes et les préventions qu’éveille chez beaucoup d’esprits sages le principe d’une liberté de penser illimitée, Eh quoi !
Ainsi se concilient le système des idées innées et la doctrine qui ne permet à l’homme d’enrichir son intelligence, d’orner son esprit, de perfectionner son âme que par la voie des sens. […] La poésie est éminemment allégorique ; et l’allégorie n’est autre chose que l’unité dans le but moral, ou l’expression d’une pensée universelle : son attribut essentiel consiste dans la faculté d’individualiser, c’est-à-dire de personnifier les sentiments et les passions de l’homme, la direction des idées et des esprits dans un siècle, à un âge de l’esprit humain. […] Je n’ai pas besoin de le dire : la seule manière d’user des anciennes divinités païennes, c’était de les transformer, comme l’a fait Milton, en des anges ennemis, en des esprits de séduction et de perte. […] Les poètes tragiques, chez eux, se firent une loi de puiser leurs sujets dans les annales de l’épopée ; et l’épopée, comme il a été dit, n’était autre chose que l’histoire même des âges de l’esprit humain. […] On a été livré à l’esprit individuel de chaque écrivain, au lieu d’être soumis à l’esprit général des traditions.
Notre imagination est toujours surveillée par notre esprit. […] , dénonce tout de suite l’esprit de l’ouvrage. […] — Attrapez l’esprit de la Revue ! […] L’esprit de la Revue ? […] Cette tâche, les esprits libres seuls la peuvent remplir.
Pourquoi donc étaler toutes ces plaies hideuses de l’esprit, du cœur et de la matière ? […] Baudelaire est moins l’épanchement d’un sentiment individuel qu’une ferme conception de son esprit. […] Charles Baudelaire d’avoir pu évoquer, dans un esprit délicat et juste, un si grand souvenir ! […] L’esprit des hommes, qu’il bouleverserait en atomes, n’est pas capable de l’absorber dans de telles proportions, sans le revomir, et une telle contraction donnée à l’esprit de ce temps, affadi et débilité, peut le sauver en l’arrachant par l’horreur à sa lâche faiblesse. […] Sa poésie, concise et brillante, s’impose à l’esprit comme une image forte et logique.
Valeur de son Plutarque : enrichissement de l’esprit français, élargissement de la langue. […] La violence des polémiques et des persécutions aide les esprits des savants à s’enclore dans leurs études innocentes : ils se détournent des questions brûlantes et actuelles, et achètent à ce prix la liberté de leurs recherches scientifiques, même la protection déclarée des grands. […] Le Contr’un, s’il n’est pas une traduction, est un écho : on y voit la passion antique de la liberté, l’esprit des démocraties grecques et de la république romaine, des tyrannicides et des rhéteurs, se mêler confusément dans une âme de jeune humaniste, la gonfler, et déborder en une âpre déclamation. […] Amyot avait bien rencontré en s’arrêtant à Plutarque : un bon esprit plutôt qu’un grand esprit, un auteur lui laisse les questions ardues ou dangereuses, ou du moins qui ne parle ni politique ni religion ni métaphysique d’une façon offensive, un causeur en philosophie plutôt qu’un philosophe, moins attaché à bâtir un système d’une belle ordonnance, qu’à regarder l’homme, à chercher les règles, les formes, les modes de son activité : en un mot, un moraliste. […] À un autre point de vue, Amyot, qui représente et résume l’effort de tous les traducteurs de son siècle, nous fait apercevoir comment se fondirent par une pénétration réciproque l’antiquité et l’esprit français.
L’esprit français possède cette grande arme : la langue française, c’est-à-dire l’idiome universel. […] Courage donc, vous, combattants de l’esprit. […] « L’art est l’outil, les esprits sont les ouvriers. […] Moi qui approche de la sortie, je salue, avec bonheur, le lever de cette constellation d’esprits sur l’horizon. […] J’ai dû dire qu’il était bien difficile à des esprits exacts, armés de critique et se livrant à l’examen, de croire ce qu’on croyait autrefois.
Il a surtout l’esprit malheureux. […] J’ai l’esprit indulgent et modéré. […] Il y a donc des esprits qui correspondent à notre esprit, des cœurs qui battent avec notre cœur ! […] L’esprit souffle où il veut. […] Elle n’avait pas d’esprit.
Son esprit était déjà formé et son intelligence armée. […] Est-ce le penchant d’un esprit à la fois mystique et pratique ? […] Il a l’esprit le plus riche et le plus fin. […] Il avait de l’esprit, précisément dans le sens où nous prenons le terme aujourd’hui, de l’esprit de mots, car, pour ce qui est de l’esprit de conduite, il en manqua toujours, et Cléopâtre ne lui en donna pas. […] Il a, pour les attacher à son école, l’érudition d’un vieil humaniste, un esprit subtil, le goût des belles et longues disputes et des combats d’esprit.
D… allait passer en l’autre monde sur les ailes de mon esprit conteur, à force de rire et de pleurer. […] Le Bel Esprit. […] Le Bel Esprit. […] c’est d’esprit uniquement qu’il est question, n’est-ce pas ? […] Un homme d’esprit, compatriote de Piron, M.
Il exhorte Ségur à émigrer, ce que celui-ci eut le bon esprit de ne pas faire. […] Il fait une remarque fine sur les émigrés et sur l’esprit d’aristocratie qui trouve son compte à la démocratie même. […] La farouche république a mis à la place l’esprit de discussion et la fausse éloquence. […] Je la croyais un bureau d’esprit, et c’en était un plutôt de raison. Les gens d’esprit qui allaient chez elle n’en faisaient plus et devenaient presque de bonnes gens.
Ils nous représentent bien ces familles de haute bourgeoisie et parlementaires, chez qui les emplois, les mœurs, la probité, l’esprit lui-même et la langue se transmettaient dans une même maison par un héritage ininterrompu. […] À défaut d’une grande étendue et élévation d’esprit, on doit le vénérer pour l’intégrité et sainteté de sa vie ; un sentiment moral, profond, respire dans ses mémoires inédits, trop prolixes et trop informes pour être publiés en entier ; M. […] M. d’Ormesson avait hérité, disions-nous, de l’intégrité, de la modération et de l’esprit de justice de ses père et aïeul. En lisant son Journal, on ne saurait lui accorder que des qualités solides, du sens, de la droiture, du jugement, une parfaite sincérité ; mais il a l’esprit peu éclairé (accessible aux superstitions, aux dires populaires), il a peu d’esprit dans l’acception vive du mot ; jamais un trait ne lui échappe, jamais une étincelle ; et de plus son goût, quoique sain et sobre en soi, ne l’empêche pas de trouver merveilleux les amphigouris métaphoriques de M. […] Je n’y puis entrer ici, et je me bornerai à dire que nulle part on ne suit mieux les variations successives et les altérations de l’esprit public durant ces premières années de la régence.
Cette femme était madame Deshoulières, personne de beaucoup d’esprit et de talent. […] Combien d’esprits du premier ordre, et Voltaire en tête, les ont alternativement préférés ! […] Elle appréciait ces hommes illustres, elle les aimait, elle avait quelque chose de leur talent, beaucoup de la sagesse de leur esprit, un goût aussi pur en littérature, seulement plus délicat en tout ce qui touchait à la décence et peut-être à la morale. […] Elle a senti le mérite du fabuliste mieux que n’a fait Boileau, qui n’en parle point dans sa poétique : elle l’apprécie en moraliste profond, en esprit délicat et fin, en écrivain habile, en poète du premier ordre. […] « On ne fait point entrer », dit-elle, « certains esprits durs et farouches dans le charme et la facilité des ballets de Benserade et des fables de La Fontaine.
Cet Éloge, bien étudié et conçu dans un esprit excellent, m’a rendu un bon nombre des particularités que de mon côté j’avais essayé de réunir, et m’en a appris quelques autres que j’ignorais. […] J’ai lu ces deux pamphlets de deux gens d’esprit si en renom, et je n’en saurais rien extraire à notre usage. […] Voici maintenant le Patru homme d’esprit dans son déshabillé et dans toute sa vivacité. […] Pellisson, le plus laid des gens d’esprit, récite des vers brûlants de Catulle à Lesbie, traduits de sa façon. […] L’assassinat de Monaldeschi à Fontainebleau ne datait que de quelques mois et était présent à tous les esprits.
Il a, en ce sens, bien du rapport avec Voltaire, avec qui il partage l’honneur d’être peut-être l’homme le plus spirituel de son temps ; je prends le mot esprit avec l’idée de source et de jet perpétuel. Mais Voltaire a de plus que Beaumarchais le goût ; Beaumarchais suivait son esprit sur toutes les pentes, s’y abandonnait et ne le dominait point. […] Évidemment il était le héros et l’espoir de sa famille, fils unique entre cinq sœurs, dont trois seulement étaient restées en France, et qui toutes, soit pour l’esprit, soit pour le cœur, l’adoraient et l’admiraient. […] Pour cette classe d’esprits, Sophocle et son Œdipe, Phidias et son Jupiter n’ont jamais existé. […] C’est un homme de quarante ans, dont tout jusque-là peut sembler équivoque, même l’esprit.
Cet homme de génie n’avait pas d’esprit ; comme cela caresse les innombrables gens d’esprit qui n’ont pas de génie ! […] Contre le libre esprit rebelle, le despote lâchait le grimaud. […] Une nuée de moustiques s’est ruée sur ces deux illustres esprits, et bourdonne encore. […] Cela faisait une forte vision pour leur esprit. […] Aux pauvres d’esprit s’ajoutent ceux qui ont trop d’esprit.
Ainsi la mélodie laisse dans l’esprit un souvenir profond. […] Je m’attache surtout à l’esprit de cette peinture. […] L’esprit du public a déjà associé souvent les noms de M. […] Gautier d’un esprit excellent, large et poétique. […] Corot une habitude naïve et une tournure d’esprit naturel.
Patru a éprouvé, est l’image de celui qui est réservé à plusieurs Ecrivains de nos jours, dont la renommée n’est que le fruit des préventions d’une infinité d’esprits incapables de juger & d’estimer autrement que sur parole. […] On s’apperçoit déjà, par exemple, que le Public de la Capitale, plus à portée de profiter des lumieres de quelques bons esprits incapables de céder au torrent, est beaucoup revenu & revient tous les jours sur certaines réputations que le manége avoit établies. Plusieurs Ecrivains, déifiés par le préjugé ou l’esprit de parti, commencent à voir diminuer leur culte, & à retomber sur terre, du haut du piédestal sur lequel on les avoit élevés. […] C’est pour nous avoir laissé des Lettres qui sont un chef-d’œuvre d’éloquence ; pour avoir enrichi l’esprit humain de pensées profondes, fortes & sublimes ; pour avoir lancé, dans cinq ou six traits de plume, plus de lumiere & de génie qu’on n’en trouve dans tout ce qui paroît accumulé avec tant d’effort dans des volumes de Mélanges de Littérature, d’Histoire, & de Philosophie. […] Patru fit revenir les esprits sur un pareil choix : Un ancien Grec avoit une lyre admirable à laquelle se rompit une corde ; au lieu d’en remettre une de boyau, il en voulut une d’argent, & la lyre n’eut plus d’harmonie.
Les gens d’esprit. — Différence entre l’esprit des raisonneurs et l’esprit des artistes. — Mercutio, Béatrice, Rosalinde, Bénédict, les clowns. — Falstaff. […] Les répétitions sans fin sont la démarche primitive de l’esprit. […] Il y a plusieurs genres d’esprit. […] C’est que ses mœurs sont celles de la pure nature, et que l’esprit de Shakspeare est parent de son esprit. […] Au milieu de la conversation, l’image de son père surgit devant son esprit.
Quelle noble et saine occupation pour l’esprit et pour le cœur que ce mélange de charabias et d’infamies ! […] Hugo et de nos admirations juvéniles, nous convenions généralement qu’il manquait d’esprit : « Il a trop de génie pour avoir de l’esprit », disions-nous alors. […] langes des siècles enfants, déchirés et dispersés par le souffle de l’esprit nouveau ! […] Mais le travail, ou, pour mieux dire, l’esprit littéraire ! […] Nouvel indice de la parfaite aptitude, de la vocation éclatante de ce noble esprit pour ce beau sujet !
Mais, le jour où l’on écrit, il ne s’agit pas de dégorger confusément sur le papier tout ce qu’on a dans l’esprit et dans le cœur. […] Si vous avez l’esprit suffisamment meublé, au premier contact de cette idée générale, des idées, des sentiments qui ont de l’affinité avec elle, s’éveilleront en vous. […] Elle est le fil qui empêche l’esprit de s’égarer dans le labyrinthe des idées particulières, de suivre au hasard la série infinie des associations qui se croisent et se traversent, qui le retient toujours sur la véritable trace. […] Profondément incapables, ainsi que Descartes, de comprendre la communication de l’esprit et de la matière, ils ont étudié avec une incroyable finesse l’action et les réactions d’une âme sur une âme, d’une idée sur un sentiment, d’une passion sur une raison : jamais, ou à peu près, l’influence du tempérament, ou du monde sensible. […] Il faut fouiller son esprit et son cœur, se poser pour ainsi dire en face de soi-même, comme un juge d’instruction qui veut arracher la vérité à un accusé muet.
On sait partout ce qu’il faut entendre par l’esprit des guêpins. C’est un esprit fait de raillerie, et aussi de bon sens et de modération ; fin, tempéré, harmonieux, comme les lignes et les teintes de vos paysages. […] Mais celle que je vous recommande est tout autre chose : elle est formée d’un sens très-vif du réel, qui n’est pas simple, et du possible, qui est limité, et de l’habitude de considérer les aspects divers et contraires des questions ; elle est le produit naturel de l’esprit critique. […] Si votre esprit semble, à bien des égards, comme une moyenne délicate de l’esprit français, c’est peut-être que votre province est, historiquement, la province centrale par excellence. — Ici, plus aisément que partout ailleurs, on conçoit ce que signifiait déjà la Chanson de Roland quand elle parlait de « France la doulce ». […] Je vous ai parlé de votre esprit, de votre pays et de votre héroïne.
C’est un fatras d’histoire & de mythologie, compilé par un homme sans goût, sans esprit, sans critique. […] Un tel commentaire demandoit de vastes compilations, une lecture universelle, une mémoire heureuse, la connoissance des hommes & des livres, un bon goût d’érudition, un esprit philosophique, une imagination vive & brillante. […] L’enthousiasme, l’emportement, l’esprit de parti, dit M. de Querlon, rendent l’usage de ce Dictionnaire assez dangereux ou peu sûr. […] Les faits particuliers que quelques esprits superficiels affectent de dédaigner, sont quelquefois préférables aux faits les plus brillans de l’histoire. Ceux-ci ne font qu’étonner l’esprit, au lieu que les autres deviennent pour un esprit philosophique un sujet d’étude.
Si le Rapport s’était tenu dans ces termes, il ne saurait y avoir qu’un avis et une pensée de conciliation et de concorde chez tous les bons esprits. […] Et sur cette appellation de socialisme, qui suscite à l’aveugle chez des esprits prévenus tant d’animadversion et de colère, je ferai une simple remarque. […] C’est l’homme éclairé et ami des choses de l’esprit qui préside à la justice et aux cultes : c’est M. […] Seulement, avec la connaissance qu’il avait de l’esprit de M. […] Dargaud, étude passionnée, d’une imagination vive, mais d’un esprit honnête qui veut être impartial, décrit les événements et les hommes des guerres civiles de France, au seizième siècle.
C’est ce qui fait encore aujourd’hui que les plus grands esprits de l’Italie, tels que le Dante, bannis de leur patrie comme partisans de l’empire, sont vénérés comme patriotes, quoique ayant trahi leur pays en faveur des Gibelins, partisans de l’empereur. […] C’est pour cela qu’il avait consacré en Grèce et en Italie ses réserves commerciales, à faire arriver en masse à Rome, à Florence, à Venise les débris du naufrage intellectuel de l’Ionie, et les maîtres dépaysés du génie homérique et platonique : il était à lui seul la Renaissance, il avait affrété la monarchie de l’esprit humain. […] Pierre était sensé, mais infirme, il ne devait pas vivre longtemps ; il cultiva l’esprit de Laurent par des voyages et l’initia promptement aux grandes affaires. […] Son esprit l’élevait au-dessus de son sexe, mais sans lui donner la plus légère apparence de vanité ou de présomption ; et elle s’était garantie d’un défaut trop commun parmi les femmes, qui, lorsqu’elles se croient de l’esprit et de la pénétration, deviennent pour la plupart insupportables. […] Ajoutez-y tout ce que la débauche, l’esprit d’aventure, la cupidité à tous risques, présentait d’appât aux conspirateurs, dans Salviati, neveu de l’archevêque ; dans Bandini, le plus licencieux des hommes ; dans Montesicco, condottiere au service du pape ; dans Maffei, prêtre de Volterra, et dans Bagnone, un des secrétaires apostoliques.
Esprit de ces poèmes. […] Chrétien de Troyes : esprit net, positif, inintelligent du mystère. […] Jamais esprit ne fut moins lyrique et moins épique, n’eut moins le don de sympathie et l’amour de la nature : mais surtout jamais esprit n’eut moins le sens du mythe et du mystère. […] Tandis qu’il dresse ses figures d’amants selon les principes d’une galante et creuse rhétorique, le malin qu’il est y met plus d’âme qu’il ne semble : de l’âme, non, mais de la chair et de l’esprit. […] Moins médiocres, ils n’étaient plus aussi « moyens », aussi adaptés à la taille de tous les esprits.