Et dans ces jaillissements et ces ruissellements splendides, toutes les couleurs flamboient : rouge, rose, bleu, vert, violet, mauve, soufre, tout cela d’un éclat ! […] Leurs bras fluets et ronds, couleur de vieil or, se déroulent ou se replient à la façon de reptiles, et comme s’ils étaient annelés. […] À vingt plans différents se déployaient, comme des décors dressés dans tous les sens, des rideaux de hêtres et de peupliers graduellement décolorés par la distance : les premiers, d’un vert généreux et dru ; les derniers, à l’horizon, bleus, violets ou couleur de fumée. […] Tout à coup une forme humaine surgit de l’herbe où elle était couchée : un pauvre homme couvert d’une peau de bique, le visage couleur de terre. […] Les couleurs se sont adoucies et fondues.
Zola, — avec quelle débauche et quelle crudité de couleurs ! […] En effet, il n’y a que les sensations qui puissent parler aux sens : aux oreilles des sons, aux yeux des couleurs et des formes. […] Restif, sous le manteau couleur de muraille dont il s’enveloppait, était vraiment l’aventurier du naturalisme, j’ai grand’peur que M. […] Et nous aimons tant en toutes choses la couleur locale que nous portons à l’auteur lui-même de Tragaldabas un défi de l’apprécier plus que nous. […] Cependant, s’il est difficile de comprendre ce que l’on veut dire quand on nous parle de la « couleur » des mots, il n’est pas douteux que les mots aient un « son ».
Il avait été chercher des paysages et des couleurs, il a trouvé de l’humanité, il a senti que sa seule et vraie vocation était là. « Mon genre d’observation est surtout moral. […] Tout le labeur de la journée apparaît sous les couleurs d’un travail de forçat. […] Flaubert ne voudra la regarder que d’un regard d’artiste, ne lui demander que des couleurs et de la beauté. […] Pour Frédéric, la vie, c’est d’abord les femmes, et tout le reste ne prend de réalité, de couleur et de prestige qu’en passant par la femme. […] Dans Saint Julien, il n’y a plus d’histoire, tout est devenu légende religieuse, couleur de vitrail et symbole.
Il se tenait dans ce cabinet de travail au plafond revêtu de sombres voussures de bois, aux murs garnis de cuir de Cordoue, couleur de feuille-morte et d’or, où nous avions eu notre première explication. […] Son agneau avait une toison de diamants, sa palme était devenue couleur de ciel. […] Sous les baisers, leur gorge roucoulait et leur dépravation se colorait, câline, du chatoiement de leur peau de safran, si douce aux lèvres, de la couleur de leurs madras, de l’étrangeté parfumée de leur demeure. […] Francis Poictevin est un plastique ; il a pris à tâche de peindre les moindres choses et d’en rendre le contour, le relief et la couleur. […] Il m’est impossible de faire le dénombrement des beautés de premier ordre qui surgissent partout de ce livre paru chez Quantin et contenant, à la fois, tout ce que le poète avait de grandeur et de charme ; je ne puis que former une sorte de bouquet de toutes ces fleurs, fleurs de printemps, d’été ou d’automne, et donner ainsi une faible idée de la puissance et de la délicatesse de leur parfum et de leur couleur.
. — Moi pour la couleur. — Et moi pour le dessin. […] cette guerre de couleur locale, de libre allure et de propriété d’expression qu’ils poussèrent plus tard à l’absurde. […] Un chêne change de forme et de couleur pour l’homme sanguin et pour l’homme bilieux. […] Style, formes, images, couleur, figure, gris, plat, termes inutiles qui apprennent à douter, qui forment le bagage de l’homme qui n’a pas autre chose dans son sac. — Il n’y a rien de tel qu’un peuple sans académie, dit Mercier, pour avoir une langue forte, neuve, hardie, imagée. […] Il sait dessiner, ses Lutteurs en font foi, et, quant à la couleur, sa gamme, ordinairement douce et tranquille, a beaucoup de solidité.
Si la couleur n’est pas une, si les détails détonnent, si les mœurs ne dérivent pas de la religion et les faits des passions, si les caractères ne sont pas suivis, si les costumes ne sont pas appropriés aux usages et les architectures au climat, s’il n’y a pas, en un mot, harmonie, je suis dans le faux. […] Si je mets bleues après pierres, c’est que bleues est le mot juste, croyez-moi, et soyez également persuadé que l’on distingue très-bien la couleur des pierres à la clarté des étoiles.
Jean Valjean avait fait mettre dans la chambre de Cosette un lit à baldaquin d’ancien damas à trois couleurs, et un vieux et beau tapis de Perse acheté rue du Figuier-Saint-Paul chez la mère Gaucher, et, pour corriger la sévérité de ces vieilleries magnifiques, il avait amalgamé à ce bric-à-brac tous les petits meubles gais et gracieux des jeunes filles, l’étagère, la bibliothèque et les livres dorés, la papeterie, le buvard, la table à ouvrage incrustée de nacre, le nécessaire de vermeil, la toilette en porcelaine du Japon. De longs rideaux de damas fond rouge à trois couleurs, pareils au lit, pendaient aux fenêtres du premier étage.
Voyager ainsi, c’est cueillir les fleurs de la terre ; mais, pour les offrir au monde, il faut les rassembler en gerbes, où chaque couleur, en contraste avec l’autre, présente un tableau brillant ou touchant aux yeux. […] Le drame de Moïse, par Chateaubriand, ne fut qu’une imitation impuissante de Racine ; il fit admirer, comme le paon, les découpures et les couleurs savantes de ses ailes, mais il ne s’en servit pas.
Seroit-ce encore un excès de sévérité, que de reprocher à M. de Voltaire de s'être trop délecté à prodiguer les Portraits ; de n'avoir pas répandu dans ces Portraits assez de variété ; de les dessiner tous de la même maniere ; de les peindre des mêmes couleurs ; de n'y avoir ménagé d'autre contraste que celui des antitheses ; de les terminer constamment par des pointes ou des sentences ; d'oublier ensuite, dans le cours de l'action, l'idée qu'il a donnée de ses Personnages, pour les laisser agir au hasard, sans aucune conformité avec le caractere sous lequel il les annoncés ? […] Ils conviennent que parmi les Ouvrages de M. de Voltaire, il y en a quelques-uns d’excellens ; mais ils soutiennent [on commence à les croire, & on les croira de plus en plus] qu’il y en a beaucoup de médiocres & un grand nombre de mauvais : que le talent de saisir les rapports éloignés des idées, de les faire contraster, semble lui être particulier ; mais qu'il y met trop d'affectation, & que les productions de l'art sont sujettes à périr : qu'il n'a que l'éloquence qui consiste dans l'arrangement des mots, dans leur propriété, & non celle qui tire sa force des pensées & des sentimens, qui est la véritable : qu'il n'a aucun systême suivi, & n'a écrit que selon les circonstances, & presque jamais d'après lui-même : que le plus grand nombre de ses Ouvrages ne sont faits que pour son Siecle, & que par conséquent la Postérité n'en admettra que très-peu : que si la gloire du génie n'appartient qu'à ceux qui ont porté un genre à sa perfection, il est déjà décidé qu'il ne l'obtiendra jamais, parce qu'il ressemble à ce fameux Athlete, dont parle Xénophon, habile dans tous les exercices, & inférieur à chacun de ceux qui n'excelloient que dans un seul : que son esprit est étendu, mais peu solide ; sa lecture très-variée, mais peu réfléchie ; son imagination brillante, mais plus propre à peindre qu'à créer : qu'il a trop souvent traité sur le même ton le Sacré & le Profane, la Fable & l'Histoire, le Sérieux & le Burlesque, le Morale & le Polémique ; ce qui prouve la stérilité de sa maniere, & plus encore le défaut de ce jugement qui sait proportionner les couleurs au sujet : qu'il néglige trop dans ses Vers, ainsi que dans sa Prose, l'analogie des idées & le fil imperceptible qui doit les unir : que ses grands Vers tomdent un à un, ou deux à deux, & qu'il n'est pas difficile d'en composer de brillans & de sonores, quand on les fait isolés : enfin, que la révolution qu'il a tentée d'opérer dans les Lettres, dans les idées & dans les mœurs, n'aura jamais son entier accomplissement, parce que les Littérateurs qu'il égare, & les Disciples qu'il abuse, en les amusant, peuvent bien ressembler à Charles VII, à qui Lahire disoit, On ne peut perdre plus gaiement un Royaume ; mais qu'il s'en trouvera parmi eux, qui, comme ce Prince, ouvriront les yeux, chasseront l'Usurpateur, & rétabliront l'ordre.
Il fut envoyé à Rome, je ne sais en quelle qualité, et il voyagea durant trois années à cheval par toute l’Italie : ce furent là ses véritables études, et auxquelles il dut les couleurs si vraies et si senties avec lesquelles il a su peindre depuis, en toute occasion, ces belles contrées. […] Cette association des couleurs du printemps et des grâces de l’enfance rappelle et rassemble des idées d’espérance.
Faut-il dorer sa pensée afin d’employer une couleur de style digne de gens qui auraient honte d’avoir rien de commun avec le peuple ? Faut-il ôter aux fleurs leurs couleurs naturelles pour les colorier avec plus de noblesse ?
Que va-t-il donc se passer si ce groupe ancien adopte, sous couleur d’idée générale, les freins fabriqués par un groupe étranger ? […] De fait il semble que, sous couleur d’anticléricalisme, une forme nouvelle de la moralité, cette religion humanitaire qui fut élaborée par la nation anglaise, travaille à s’insinuer dans les consciences françaises et à s’y substituer à la croyance des uns et au scepticisme des autres.
* * * Vers le 26 mai Dans le passage galopant de tous ces landaus, de toutes ces calèches, de toutes ces victorias, dans tout ce luxe roulant, et jetant avec fracas, parmi la verdure, les couleurs voyantes de la mode de cette année, je suis frappé par la vue, au fond d’une de ces voitures, du rigide et noir costume d’une Sœur, c’est un rappel de la mort dans cette joie et cet éblouissement. […] * * * L’expression de son visage, sous sa couleur dorée et enfumée, prend avec les minutes, de plus en plus l’expression d’une tête du Vinci ; et dans les traits de sa figure, je retrouve le mystère des yeux et l’énigme de la bouche de ce jeune homme, qui se trouve, dans je ne sais quel vieux et quel noir tableau d’un musée d’Italie.
Hésiode fit un Roman ; Homere en fit pour le moins deux : ils décorerent leurs fictions des couleurs de la Poésie : voilà ce qui les distingue de quelques autres Romanciers leurs successeurs. […] Son style, quoiqu’en général assez pur, n’a point cette couleur vive & fraîche qu’exigent les ouvrages d’imagination.
L’épopée même, que n’avait plus osée le second âge de création de la Grèce, l’âge des Eschyle et des Pindare, fut reprise avec une industrie d’imagination que devait imiter Rome ; et, dans l’arrière-saison de sa langue, Apollonius de Rhodes sut donner à la passion de Médée une verve de poésie et d’amour, dont les couleurs enrichissaient plus tard l’idiome jeune encore et le génie de Virgile. […] Quoi qu’il en soit de ces rapports, parfois mystérieux, des événements publics et du génie particulier de quelques hommes, diverses nuances originales sont à recueillir aujourd’hui pour nous dans Théocrite, l’invention ou l’imitation lointainement reprise des mœurs pastorales, la forme mythologique, plus ou moins altérée par une lumière nouvelle apparue dans le monde, la couleur du temps enfin, et le reflet de la splendeur d’Alexandrie sur cette poésie que la passion fait paraître naïve, mais dont l’art savant égale au moins la passion.
Jusqu’à ce moment ses palettes incertaines se chargeaient de couleurs, ses imaginations se heurtaient sans prendre corps, sa muse ne trouvait pas jour ; il attendait.
Tous traités spéciaux qui concerneraient l’art de la peinture sur verre, la fabrication ou l’emploi des couleurs, les teintures sur laine et sur soie, seraient encore d’une valeur inestimable pour la science et l’art modernes.
Elle n’a plus couleur ni son ; il ne subsiste plus que le mouvement, un mouvement abstrait et comme idéal.
Couleur sectaire.
Il y avait madame de La Fayette, madame Scarron, Segrais, Caderousse, l’abbé Testu, Guilleragues, Brancas. » Nous aurons peut-être occasion de parler plus tard de l’étrange passion de ce comte de Brancas pour madame de Coulanges ; passion qui, lorsque le roi passait insensiblement de la galanterie à la piété, c’est-à-dire de madame de Montespan à madame de Maintenon, prit une couleur de dévotion bizarre, dont il n’appartenait qu’à un courtisan de concevoir l’alliage avec la galanterie, et à la plume de madame de Sévigné de faire la peinture.
Ils contestoient que la mesure fut à la poësie, ce que les couleurs sont à la peinture, & les sons à la musique.
Combinaison qui donna au genre de perfection qu’elle avait une nuance très particulière, d’un charme aux âmes, comme le lilas et le rose, composé aussi de deux couleurs, le sont aux yeux.
C’en est un autre de voir l’histoire de ces redoutables temps passer à travers la tête de Joseph de Maistre, et s’y teindre des idées et des couleurs de ce grand esprit éclatant !
Impersonnel comme j’ai dit qu’il était, Daly est entré dans le sens le plus intime d’une époque du passé, et il en a ressuscité non seulement la couleur, mais le sentiment.
Girard, du pittoresque, ce grand souci de l’art moderne, qui ne croit pas à la vie sans la couleur, pas plus dans les compositions littéraires que dans les compositions plastiques, — pas plus sur la toile que dans l’histoire, — et de cette insouciance, très inférieure selon nous, M.
Les idées et les sentiments de ce siècle, si splendidement civilisé, se réfléchissaient et se raffinaient en ces jeunes personnes chez qui l’éducation s’ajoutait à la race, de même que les choses les plus grandes qui nous environnent peuvent se réfléchir dans une des facettes de la pierre précieuse qu’on porte au doigt, tout en s’y opalisant des propres couleurs de la pierre.
Il ne peint que par leurs actions seules les hommes, qu’un esprit moins grave et moins sévère peindrait avec plus de couleur et plus de véhémence de pinceau… Avec des qualités si robustement tranquilles et si peu en rapport avec les exigences de nos sociétés frivoles et tapageuses, on reste un lion dans le désert, — et, vous le voyez !
Il a du relief et de cette couleur haïe de Stendhal.
La sienne, sa langue, sans aucune couleur, ressemble à une glace sans tain qui serait mise sur le cœur à nu pour qu’on le vît mieux palpiter, à travers le cristal des mots !
ni commun de couleur ni même commun de sentiment… quand ce n’est pas sensuel ; — mais (et ce sera mon dernier mot cruel)… mais c’est commun d’intensité.
Les artistes qui voient les lignes sous le luxe et l’efflorescence de la couleur percevront très bien qu’il y a ici une architecture secrète, un plan calculé par le poète, méditatif et volontaire.
Il n’a été que le copiste d’œuvres passées dont il a cherché à reproduire le ton et la couleur, à très-grand’peine, et il s’est trouvé avoir fait un livre tout en réminiscences et sans personnalité virtuelle !
Son entrain mit beaucoup de mouvement dans la maison ; mon père vint plusieurs fois à Montrouge, pour voir sa tante ; il y eut des dîners, où le demi-cercle de la grande table couleur de marron d’Inde, en face de la muraille, était occupé tout entier. […] Elles essayèrent quelques objections : c’était bien fragile, bien voyant, peut-être un peu trop jeune tout de même, et puis cette couleur rose n’allait pas à tout le monde… Mais tante Mion ne voulait pas se rendre. […] J’avais un jupon garni de broderie anglaise, une robe de soie bleu ciel à plusieurs volants, les cheveux tournés en boucles, des bas à jours et des petits souliers couleur de hanneton. […] On me donna un ruban vert, en laine, large de deux doigts, qui était la couleur distinctive de la division. […] J’étais tellement fascinée par l’apparition de ce monde mystérieux, paré de si brillantes couleurs, accompagné d’hiéroglyphes qui étaient d’autres images, que je me tins fort tranquille, et fus maintenue en fonctions plusieurs jours de suite.
De là les délicates nuances de la vie politique et religieuse anglaise, qui sont si difficiles à saisir pour des yeux étrangers habitués aux couleurs tranchées. […] L’action de ces influences explique bien la forme et la couleur, et tout ce qui est le corps du génie ; mais elle n’explique pas son essence ; bien plus, elle n’explique pas sa présence. […] Tomber d’un automate sec et morne à un personnage tout brillant des flammes et des couleurs de la vie, se peut-il une plus grande déception ? […] C’est en vain que l’honnête Gonzalo, prenant son malheur en patience, s’extasie sur les beautés de l’île ; Antonio et Sébastien en critiquent tout, jusqu’à la couleur du sol. […] Le bruit précipité des pas, le cliquetis des armes, le glas des cloches ont éteint la beauté des paroles et flétri la couleur des images.
Il grossit les objets, il charge les traits, il accumule les couleurs, et la figure qu’il peint devient si expressive qu’on ne peut plus en détacher les yeux. […] L’une et l’autre ont nourri ses romans ; comme deux courants de sève, elles ont fourni des couleurs à la fleur maladive, étrange et magnifique que l’on va décrire ici. […] Quand l’imagination aperçoit un personnage absent, c’est dans un éclair ; si vous la traînez sur un trait ou sur une couleur pendant douze lignes, elle n’aperçoit plus rien du tout. […] Après avoir parcouru l’univers d’un regard, il choisit Majadévi, et descendit en elle comme un rayon lumineux de cinq couleurs, sans qu’elle eût eu commerce avec un homme. […] Au degré supérieur s’ouvrent les quatre régions du monde sans couleur ni formes, où les corps éthérés eux-mêmes disparaissent ; c’est le ciel des Bouddhas.
Le jour de la publication, les journaux de toutes couleurs ont eu chacun leur fragment approprié. […] Ainsi Villemain spirituel et malin, parlant un jour de Guizot dont le style, quand il écrivait autrefois, manquait de couleur et d’éclat, et qui n’y est arrivé que graduellement par la chaleur qu’il apportait dans sa parole publique, disait : « Je l’ai vu bien ardent, bien passionné dans ces luttes de tribune. […] LXXXIII Ampère, comme érudit, manque de rigueur, et comme écrivain, de couleur. […] Celle-ci au contraire se pose ainsi la question : « Le volume de M. ou de Mme N… est assez bon aujourd’hui que certains procédés de couleur et de rhythme sont vulgaires ; mais l’auteur l’aurait-il fait, il y a dix ans ? […] Sainte-Beuve a eu des peurs bleues, je veux dire rouges, car telle est de nos jours la couleur des belles peurs.
Des feux follets, qui çà et là courent avec des couleurs diverses, ont pris la place des étoiles. […] Profond est son ensevelissement sous ce vêtement étrange, parmi les sons, les couleurs et les formes, qui sont ses langes et son linceul. […] Chacun les regarde avec des lunettes de portée et de couleur diverses, et nul ne peut atteindre la vérité qu’en tenant compte de la forme et de la teinte que la structure de ses verres impose aux objets qu’il aperçoit. […] Voici enfin que nous apprenons l’optique morale ; nous découvrons que la couleur n’est point dans les objets, mais en nous-mêmes ; nous pardonnons à nos voisins de voir autrement que nous ; nous reconnaissons qu’ils doivent voir rouge ce qui nous paraît bleu, vert ce qui nous paraît jaune ; nous pouvons même définir l’espèce de lunettes qui produit le jaune et l’espèce de lunettes qui produit le vert, deviner leurs effets d’après leur nature, prédire aux gens la teinte sous laquelle leur apparaîtra l’objet qu’on va leur présenter, construire d’avance le système de tout esprit, et peut-être un jour nous dégager de tout système. « Comme poëte, disait Gœthe, je suis polythéiste ; comme naturaliste, panthéiste ; comme être moral, déiste ; et j’ai besoin, pour exprimer mon sentiment, de toutes ces formes. » En effet, toutes ces lunettes sont bonnes, car elles nous montrent toutes quelque aspect nouveau des choses. Le point important, c’est d’en avoir non pas une, mais plusieurs, d’employer chacune d’elles au moment convenable, de faire abstraction de la couleur qui lui est particulière, de savoir que derrière ces milliers de teintes mouvantes et poétiques, l’optique ne constate que des changements régis par une loi.
Est-ce la monotonie sans fin des formes et des couleurs que déroule ce peuple falot au milieu duquel il passe en regardant ? […] Il a paru curieux, au contraire, de toutes les formes et de toutes les couleurs changeantes que revêt la vie à nos yeux. […] On distingue encore quelques restes des couleurs dont les pierres étaient revêtues. […] Dans Madame Bovary, je n’ai eu que l’idée d’un ton, cette couleur de moisissure de l’existence des cloportes. […] Il a le mouvement et la couleur.
Elle a bien en propre la perception de la couleur. […] Par quel mécanisme l’œil projetterait-il dans l’espace la sensation de couleur perçue ? […] Ce sont la chaleur, la couleur, le goût, l’odeur, etc. […] On conçoit très bien un corps sans y faire entrer l’idée de couleur ou de chaleur. Enfin la science démontre que le son, la couleur ne sont que des variétés du mouvement.
L’intérêt n’y manque point, et le style en est d’une couleur savante, quelquefois d’une couleur de sang, comme l’époque qu’il raconte. […] De tous vos poètes, il est le seul, extraordinaire vraiment, qui ait trouvé le mot exprimant, à la fois, une forme, une couleur, un son, un parfum, une pensée. […] Sa virtuosité s’exerce à noter, d’un verbe curieux et joli, d’un rythme souple, des ombres d’ombres, des reflets de reflets à exprimer, en belles images, les nuances des nuances, les évanouissements des choses à peine apparues, à peine entendues, et qui s’effacent, et qui se taisent ; à donner des couleurs aux voix multiples de l’invisible, des voix aux couleurs de l’impalpable. […] J’ai retenu ce vers : Ce ciel était couleur de fiancée. […] La valeur du dessin, la puissance de la couleur, s’accompagnent ici de la qualité de la pensée.
Or, c’est un mauvais calcul que de peindre la réalité sous de trop belles et de trop séduisantes couleurs. […] Les mouvements les plus légers, le navire dans sa marche lente, le requin en se retournant derrière, dégageaient dans les remous tièdes des clartés couleur de ver luisant. […] Autour d’eux, tout de suite, commençait un vide immense qui n’était d’aucune couleur, et en dehors des planches de leur navire, tout semblait diaphane, impalpable, chimérique. […] En général, il a peu de goût pour ceux qui ne sont que des virtuoses de la forme, du style ou de la couleur. […] Aux teintes atténuées, il préfère les couleurs vives et crues.
Cet autre broie ses couleurs, prend ses pinceaux et imite sur la toile un des aspects de la nature changeante. […] Les unes sont couleur de feu, les autres, d’or pâle avec cinq taches de sang, d’autres, enfin, de moire aventurine. […] Il porte des sandales rapiécées aux cordons effiloqués, une tunique couleur d’amadou assez crasseuse et une auréole en osier plaquée sur l’oreille gauche. […] Des tapisseries ou la couleur rouge domine couvrent les murs. […] Des laquais, vêtus de livrées couleur feu, servent, desservent, versent à boire.
Il n’eut pas une seule couleur, il les eut toutes ; il fut naïf, grand et varié comme la nature, qu’il saisit également dans ses traits les plus élevés et les plus gracieux. […] Observez bien que madame de Sévigné, dans toutes ses lettres à sa fille, parle avec admiration des Essais de Morale, et qu’en écrivant à Pauline, sa petite-fille, elle répète avec cette expression vive et heureuse qui lui appartient : « Si vous n’aimez pas ces solides lectures, votre goût aura toujours les pâles couleurs. […] Il est donc vrai que le caractère de la veuve d’Hector, en prenant les couleurs sévères du christianisme, devient plus pur et plus touchant que dans l’antiquité même. […] Son vice principal est de grossir les traits et de charger les couleurs en voulant agrandir tout ce qu’il peint. […] Au contraire, les physionomies de Daguesseau, de Duguay-Trouin, de Descartes et de Sully ont trop souvent le même dessin et la même couleur.
À la minute précise, où le dernier coup de pinceau est donné, Raffaëlli paraît envahi par une joie exhilarante, qui débonde en un tas de confessions pour moi seul, pour moi seul, et sans faire attention à ce qu’il fait, il mange, il mange, et il boit, il boit du vin de toute couleur, et un tas de petits verres, — me confessant qu’après la confection de ses grandes machines, il est ainsi pris d’une sorte de folie. […] Ce soir, une lune rose, toute diffuse dans un ciel couleur de brouillard de perle : un ciel d’impressions japonaises. […] À ces quatre études, je joindrai peut-être une étude sur Gakutei, le grand artiste des sourimonos, celui qui dans une délicate impression en couleur, sait réunir le charme de la miniature persane et de la miniature du moyen-âge européen. […] Lundi 23 juillet La jouissance de mon œil devant certains sourimonos, qui ne sont, pour ainsi dire, que des compartiments de couleur, juxtaposés harmonieusement, et qui contiennent un morceau bleu, sur lequel sont jetés de petits carrés d’or ; un morceau jaune, sur lequel sont gravées en creux des tiges de pin, au milieu de nuages ; un morceau de blanc, traversé par des grues qui ont le relief d’un gaufrage ; un morceau de noir, avec des caractères qui ont l’air d’insectes d’argent.
Il avait choisi un chapitre à effet, et nous préférons, pour notre compte, la couleur du livre à celle de l’échantillon.
Il a tenu les hommes séparés, il les a empêchés de se concerter, il a si bien fait, qu’ils ne se connaissent plus, que chaque classe ignore l’autre classe, que chacune se fait de l’autre un portrait chimérique, chacune teignant l’autre des couleurs de son imagination, l’une composant une idylle, l’autre se forgeant un mélodrame, l’une imaginant les paysans comme des bergers sensibles, l’autre persuadée que les nobles sont d’affreux tyrans. — Par cette méconnaissance mutuelle et par cet isolement séculaire, les Français ont perdu l’habitude, l’art et la faculté d’agir ensemble.
Elle y prendrait des habitudes de pédantisme qui, en lui donnant une couleur particulière, la tireraient du grand milieu de l’humanité.
D’Arlincourt, par exemple, a visiblement outré le ton et la couleur poétique de Chateaubriand.
Il suffit d’un assemblage de couleurs, ou de quelques accords plaqués sur un piano, pour me donner une jouissance particulière, où je ne ressens ni terreur, ni colère, ni pitié, et qui n’est pas une émotion ordinaire transformée.
C’est une belle couleur de victime. » Comme les causeurs charmants dont le monde a gardé la mémoire, Rivarol, Boufflers, et surtout ce prince de Ligne, auquel elle fait penser sans cesse, elle pousse la gaieté jusqu’à la folie et même quelquefois jusqu’à la bêtise, ce genre de bêtises dont le prince de Ligne écrivait : « Je me les dis tout bas, pour me faire rire tout haut », et qu’il se disait tout haut aussi, l’indisciplinable aimable homme !
La couleur est ce qui lui manque le plus.
Le voici non moins pénétrant, mais jamais subtil ; coloré, mais d’une couleur plus vigoureuse ; et politique… politique toujours.
philosophe, mais n’ayant pas une philosophie ordonnée et conséquente qui lui soit propre, pas plus qu’écrivain il n’a un talent littéraire tranché et pur, quoiqu’il en ait un, — mais non assez essuyé de ces fumées philosophiques qui en ternissent la couleur quelquefois charmante.
., en cherchant à rivaliser de plasticité avec ces tableaux par le relief et par la couleur de leur style.
… Les quatre volumes, qui doivent être suivis de huit autres, à ce qu’il paraît, sont des in-8º de 500 pages, à larges marges, d’une distinction qui fait honneur à la maison Didot, et pour que tout en attire l’acheteur, la couverture satinée est d’un vert charmant et tendre — la couleur de l’espérance : — mais, hélas !
Un autre petit homme dans l’Histoire avait, comme Carlyle, écrit précisément celle de la Révolution française, n’ayant souci de rien que de se montrer révolutionnaire dans cette histoire, — le long de laquelle il passa à travers toutes les opinions, comme le singe de la Fable à travers son cerceau, avec les souplesses d’un esprit que le scepticisme rend plus souple encore ; — Thiers, qui grimpe sur toutes les idées comme il en dégringole, avec la même facilité, n’est que l’écureuil de la Politique et de l’Histoire ; mais quelle que soit l’alacrité des mouvements de l’écureuil, son genre historique, sobre de couleur, n’en a pas moins la gravité, il faut bien dire le mot, d’un homme qui est souvent un Prud’homme littéraire.
Les Suites d’une queue de cochon (on n’est pas responsable du titre qu’on est obligé de citer), les Suites d’une queue de cochon, à part le décousu d’intelligence et le délire sans gaieté de ce cauchemar qui veut être gai, et la Fenêtre du coin de mon cousin, sont des exemples de cette manière de peindre détaillée, sans finesse et sans choix, et qui, par la vulgarité du dessin et de la couleur, arrive souvent jusqu’à la platitude.
Excepté dans Beppo, et dans quelques situations risquées de Juan, mais sauvées encore à force d’art (il venait delire les conteurs italiens et le caméléon qui est dans tout poète réfléchit une minute cette couleur), Byron, l’immoral Byron, comme on dit, avait l’imagination la plus chaste, et c’est là aussi un caractère charmant auquel on pense trop peu, de ce génie sans égal.
Tout d’abord, et dès sa jeunesse, M. de Montalembert, qui avait commencé, avec tant de hasard, sa réputation par Sainte Élisabeth de Hongrie, ce vitrail de chapelle, sans couleur et sans naïveté, s’était promis d’écrire plus tard la vie de saint Bernard.
il enlève la science, cette puissante personne, — à la Rubens, — moins la couleur, il l’enlève dans les bras très fins de sa littérature, et lui ouvre ainsi dans le monde un chemin que, sans cette enlevante littérature, la science peut-être ne ferait pas.
l’abbé Monnin me paraît doué d’assez de goût, de possession de soi, d’amour de la simplicité et de la couleur par-dessus le marché, pour avoir, s’il l’avait voulu, imité les vieux maîtres, et pour nous entretenir de son saint à la manière des anciens hagiographes.
Il importait dans sa pensée cette profondeur de rêverie que ne s’expliquait pas Chateaubriand et que Floquet explique, et ces couleurs mornes et désolées qu’il devait retrouver dans ses souvenirs.
C’est une hypocrisie aux pâles couleurs, — une hypocrisie qui a de la chlorose.
Doué de cette faculté d’analyse que j’ai appelée la moitié du critique, il avait cette imagination à couleur vive qui fait l’écrivain.
Elle était la Fantaisie, passionnée, gracieuse, amoureuse, voluptueuse, langoureuse, et quelquefois montant sur les ailes de toutes les couleurs de l’Hippogriffe, montant jusqu’au grandiose, — mais ce n’en était pas moins toujours, toujours, la Fantaisie.
Il y a dans ces Poèmes d’Alfred de Vigny, réunis sous ce nom général de : Destinées, des morceaux qui n’ont pas ce double caractère que je tiens surtout à signaler, et qui se rapprochent de la première manière de l’auteur, mais concentrée, mûrie, calmée ; d’une couleur moins vive, mais certainement d’un dessin plus fort : La Jeune Sauvage, La Maison du Berger, et surtout L’Esprit pur, poésie cornélienne, l’exegi monumentum du poète, dans laquelle, se mesurant à ses ancêtres, gens d’épée dont il raconte admirablement la vie de cour et d’armes : Dès qu’ils n’agissaient plus, se hâtant d’oublier : il se trouve plus grand de cela seul qu’il a mis sur son casque de gentilhomme : Une plume de fer qui n’est pas sans beauté !
Jeune, — et parmi les derniers venus dans cette littérature expirante qui, comme le dauphin mourant, jette ses dernières couleurs, — M.
Flaubert et croit être précise et positive, parce qu’elle est exacte avec une minutie atroce et d’une sécheresse strangulante, malgré tous les efforts de sa couleur.
alors la Critique, qui a commencé par poser un cas littéraire, s’interrompt, ne voulant pas être plus dupe que le simple lecteur, et dit à l’oripeau couleur de sang : — Passe donc !
Elles s’infiltrent dans votre couleur, maîtrisent votre coup de pinceau !
Puisqu’il se plaint dans sa préface, avec un rire couleur un peu gomme-gutte, des chicanes de moralité qu’on lui a faites, je veux bien les lui épargner, et ne considérer que littérairement les nouveaux livres qu’il publie, trop dégoûtants, du reste, pour pouvoir être dangereux !
Leurs ouvrages seront une espèce de production équivoque, qui ne tiendra à rien, ne peindra rien, et restera à jamais sans caractère et sans couleur.
Ce tableau, dont les couleurs ne sont peut-être pas assez vives, a surtout le mérite de la vérité.
On prononça avec pompe des discours éloquents, ou qui devaient l’être ; chaque jour voyait naître et mourir des éloges nouveaux, en prose, en vers, gais, sérieux, harmonieux et brillants, ou durs et sans couleur, tous sûrs d’être lus un jour, et malheureusement la plupart presque aussi sûrs d’être oubliés le lendemain.
. — Mais justement ce dont elle se vante avec raison : sa couleur et son parfum. […] — Sa couleur est fade et son parfum écœurant. […] on voit bien que vous ne savez pas de quoi c’est fait, cette couleur et ce parfum. […] Léonce de Foncières vient de publier et qui contient de nombreux morceaux pleins de couleur et de force descriptive. […] On ne rend guère plus compte d’un recueil de poésies que d’un bouquet, de son odeur et de sa couleur ; c’est affaire de goût, d’impression personnels.