Vous ne pouvez former l’esprit d’un animal raisonnable qu’avec des faits.
Mon cœur palpitait à l’approche des événements secrets qui devaient le modifier à jamais, comme les animaux s’égayent en prévoyant un beau temps.
N’est-ce pas Veuillot qui a dit que la Chanson des Rues et des Bois est « le plus bel animal de la langue française » ?
Qu’il boive et qu’il crève tout de suite, l’animal, et n’en parlons plus14 !
Le verra-t-il mal celui qui s’efforcera d’exprimer par son dessin la résignation de l’animal souffre-douleur ?
Le transcendantalisme en est illusoire, en ce qu’elle est toute mêlée de matière, et c’est là ce qui nous la rend si obscure ; car nous nous évertuons péniblement à comprendre comme rationnels des concepts qui sont en réalité un confus mélange de matériel et de rationnel, et où se sent le vain effort d’une réflexion souvent puissante, mais empêchée dans ses démarches par l’obsédante vapeur des impressions animales, pour arriver aux aperçus abstraits et dominateurs, aux claires généralisations qu’elle cherche. […] Ces leçons forment un livre délicieux qui a pour précédent dans notre littérature les Entretiens sur la pluralité des mondes, de Fontenelle, et qui évoque la merveilleuse fable dédiée à Mme de La Sablière, où La Fontaine, non content de mettre en pièces avec une maîtrise légère l’automatisme des bêtes, selon Descartes, propose sur la nature de l’âme animale une théorie dont le ravissant langage n’exclut pas la remarquable pertinence philosophique.
Je préfère ses maladresses magnifiques, son allure gauche, sa grâce animale. […] Les quelques modifications que l’on me doit ici, fait-il dire à sa Juliette, sont celles que j’aurais apportées au jardin d’Ève : « une certaine manière neuve d’approcher les enfants et les petits animaux et de parler d’eux en leur présence… » Tout ce qui est, par rapport aux hommes, éphémère, Jean Giraudoux nous l’a déjà dénoncé.
J’ai empoché quelques monacos, et sans cet animal de Fritz, qui a failli casser sa pipe… Nina (à Marthe). […] Il tient que la femme est un illogique et malfaisant animal : il le lui dit en face. […] Tout le monde connaît leur imperfection, Ce n’est qu’extravagance et qu’indiscrétion, Leur esprit est méchant et leur âme fragile, Il n’est rien de plus faible et de plus imbécile, Rien de plus infidèle : et, malgré tout cela, Dans le monde, on fait tout pour ces animaux-là. […] Vous êtes indigné ; vous pleureriez presque sur cet innocent animal, en proie aux joyeusetés impitoyables de ces petits polissons.
La philosophie nouvelle nous apprend que les sociétés ne sont point la simple agglomération des individus qui les composent, mais des organismes compliqués ayant leur vie propre et individuelle comme de véritables animaux, tandis que les individus, à leur tour, sont eux-mêmes des sociétés, en proie à une anarchie assez confuse, où la vieille notion de la persistante unité d’un Moi qui règne et qui gouverne doit céder la place à celle de la multiplicité des états de conscience, du perpétuel écoulement de l’être et de l’instabilité de la personne. […] La perspective est si alarmante, si contraire à notre idée historique de l’homme, animal sociable parce qu’il est religieux, qu’il paraît assez probable que « la fin du christianisme » ne sera pour le christianisme qu’une vie nouvelle, une dernière évolution naturelle du dogme et que, sous une forme ou sous une autre, la religion subsistera. […] Mais l’espèce d’égoïsme qui est commun aux hommes et aux bêtes et dont j’ai ma grosse part en qualité de créature du règne animal, n’est pas l’objet de mon analyse présente ; je n’ai pas formé le dessein médiocre de traîner mon examen de conscience sur ces bas-fonds si souvent explorés de la nature humaine. […] Ni la rage de détruite qui par instants possède les hommes, ni d’extraordinaires désastres n’ont eu besoin d’exercer ici leur malice ou leur violence : il n’y a eu que l’action tranquille de la loi qui fait vivre et mourir, qui élimine par générations les livres comme les êtres, pour nettoyer la place et renouveler la création dans l’ordre littéraire comme dans l’ordre animal.
Il est enragé, cet animal-là ! […] Girardin est furieux : « Il est fou cet animal-là ! […] Quand elle retrouve son amoureux, quand, sans décolletage, sans fard et sans toute cette pacotille, elle se retrouve en face de lui, elle sent qu’il est d’une autre race et d’une autre espèce animale, et elle recule devant lui, un peu craintive.
L’action est longtemps comme une rivière coulant dans un lit où serait à l’aise un vaste fleuve : nous nous écartons sur le sable sec pour cueillir quelque fleur ou admirer quelque nid d’oiseau bâti dans les hautes herbes ; nous courons après le papillon qui vole, nous nous attardons à l’insecte qui bourdonne ; ailleurs nous sommes arrêtés par quelque animal étrange qui clapote dans la vase ; mais jamais nous ne perdons de vue le cours d’eau que nous devons rejoindre. […] Qu’il songe aussi que tous les montreurs d’animaux féroces finissent par être mangés. […] Voici enfin qu’il ne lui suffit plus d’étonner son public, il veut l’effrayer, — de plus en plus fort, comme chez Nicolet, — et il pique d’un fer rougi ces animaux furieux.
De même sont les chevaux qui entrent sur la scène en longeant la toile de fond ; ils font l’effet grotesque d’animaux démesurés. D’ailleurs, pour d’autres raisons qui tiennent à l’essence même de l’art dramatique, l’exhibition d’animaux quelconques sur la scène est absolument antiartistique. […] Il est peu de personnes qui n’aient assisté à la mort d’un être quelconque : l’un a vu mourir un vieillard, l’autre un enfant ou une femme ; celui-ci a vu tomber des soldats sur le champ de bataille, celui-là a assisté à l’agonie de malades dans un hôpital ; les uns ont observé la mort lente ou violente d’animaux, les autres la leur ont causée volontairement ; tous enfin ont vu les mêmes phénomènes généraux se reproduire dans des conditions extrêmement variables.
Il cherche « si la colombe dans laquelle apparut le Saint-Esprit était un animal véritable ; si un corps glorifié peut occuper un seul et même lieu en même temps qu’un autre corps glorifié ; si dans l’état d’innocence tous les enfants auraient été mâles. » J’en passe sur les digestions du Christ, et d’autres bien plus intraduisibles222 !
Ces animaux étaient l’un près de l’autre, sans aversion et sans peine, quoique les naturalistes disent, au contraire, que l’éléphant et le rhinocéros ont une invincible antipathie qui les tient perpétuellement en guerre.
Elle lui montre qu’il est double comme sa destinée, qu’il y a en lui un animal et une intelligence, une âme et un corps ; en un mot, qu’il est le point d’intersection, l’anneau commun des deux chaînes d’êtres qui embrassent la création, de la série des êtres matériels et de la série des êtres incorporels, la première, partant de la pierre pour arriver à l’homme, la seconde, partant de l’homme pour finir à Dieu.
Et qu’on s’étonne de l’entendre appeler (sans y croire même, tant il était bon) l’homme un méchant animal ! […] Et Marcel fait redire à son Anselme ce vers de Molière tout entier et très exactement cité : La femme est, sans mentir, un fâcheux animal.
U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux. […] Son dialogue est un inépuisable divertissement, au plus noble sens du mot « spirituel », et rempli des « high spirit » et « animal spirit » des Anglais, expressions peu traduisibles en Français, car les mots « belle humeur » et « bonne humeur » n’offrent qu’une idée inexacte de leur sens.
Cette race d’ogres, dépeuplant deux ou trois royaumes, pour leur propre gloutonnerie, insatiables avaleurs d’hommes et d’animaux qu’ils dévorent, revêtus de centaines d’arpents de soie, de velours, de brocards et d’aiguillettes, que signifie-t-elle ? […] C’est pourquoi ils riaient si fort des plaisanteries que votre ignorant étranger n’a pas goûtées plus que vous. — Il pensait comme moi que la comédie devait représenter des hommes, et non un concours de monstres bizarres et d’animaux tels que vous en rassemblez sur la scène — Mes personnages étant emblématiques ainsi que la fable que je construis, prennent toutes les formes qu’il convient à mon dessein de leur prêter. […] Ne vous ai-je pas dit que nos Athéniens sont étourdis, légers, volages, sans cesse allant de l’un à l’autre extrême, et changeant mille fois de maximes, de partis et d’alliés, comme mes animaux volant de branche en branche ? […] « Vante-toi de ce teint qu’enflamment les tumeurs, « De nos enfants rongés par d’infectes humeurs, « De leurs mères pleurant la tête sur la pierre, « Et qui, sur des grabats, sur la natte grossière, « Aux animaux en proie, entendent en dormant « Mille insectes leur dire en leur bourdonnement : « Debout !
De ces bêtes sauvages, il faisait des animaux domestiques ; il les dressait à vivre ensemble sans se griffer et sans se mordre. […] J’ai vu, dans les khanis de Grèce et dans l’ordure où se vautraient gens et animaux, les rouliers et les porcs, de petites chattes si blanches, que leurs robes immaculées étaient, parmi la boue et l’ignominie, un paradoxe d’élégance : telle m’apparaît Renée dans la fange de La Vagabonde. […] Il y a dans tout cela un cynisme de loyauté presque animal. […] Et il écrit : « Musset, George Sand, Pagello, je les imagine dans une voiture à laquelle est attelé un jeune cheval, animal ardent et ombrageux. […] Il dissèque de petits animaux et il étudie leurs « tropismes » ou réflexes.
Feuillet, quittant ses colombes, vient de jouer avec les tigres et les lions de l’âme humaine, et pour la troisième fois il est sorti vainqueur de ce jeu redoutable, vainqueur sans efforts, sans tension de nerfs, sans torsion de muscles, sans hourras barbares, vainqueur avec l’aisance la plus grande du monde, ce qui est la bonne manière de l’être ; il a couché le minotaure à ses pieds sans plus de mouvement que s’il eût caressé les animaux favoris des belles vaporeuses de ses proverbes d’autrefois. […] Voilà qui doit apprendre à la critique à ne pas être trop dédaigneuse, à ne pas sacrifier, sous prétexte de hiérarchie des genres et de noblesse des sujets, un modeste animal qui nous instruit à une figure de déesse ou de héros qui n’a rien à nous enseigner. […] Le lecteur trouvera en tête du volume le portrait de cet animal vraiment distingué et qui fait honneur au goût de son admiratrice. […] C’est en vain que le comte Kostia, dans son orgueil d’aristocrate, croirait l’assimiler aux animaux de trait et de labour en lui parlant ce langage des coups par lequel on se fait entendre des bêtes ; Ivan affirme son titre d’homme et les droits de son âme par la résignation et l’humilité nobles avec lesquelles il reçoit le châtiment immérité que lui inflige un maître tyrannique.
Ce besoin de vider le trop-plein de son cœur, de laisser couler au dehors de soi, en phrases cadencées, cette force dont, à certaines heures, nous surabondons, est irrésistible et aussi impérieux que les exigences physiques de la vie animale.
Les femmes ont été faites pour notre bien-être et notre agrément, messieurs, comme toute la troupe des animaux inférieurs.
Borné par sa nature à ses seuls appétits, semblable aux animaux par ses besoins, qu’aura-t-il au-dessus d’eux, s’il n’a pas même la honte de leur ressembler ?
Mercredi 16 mai Je me disais ce matin : Si je gagnais l’année prochaine cent mille francs avec Germinie Lacerteux, j’achèterais la maison en face, et j’y ferais mettre cet écriteau : À louer à des gens, sans enfants, ne jouant d’aucun instrument de musique, et auxquels il ne sera permis, en fait d’animaux, que des poissons rouges.
C’est de Polybe que l’on tient cette maxime célébre, que la vérité est à l’histoire, ce que les yeux sont aux animaux, que comme ceux-ci ne sont d’aucun usage dès qu’on leur a crevé les yeux ; de même l’histoire sans la vérité, n’est qu’une narration amusante & infructueuse.
Les fils de son héros favori ne sont pas destinés à devenir meilleurs que leurs ancêtres et Han Ryner semble ainsi avoir pour un instant, devant l’horreur des ans de guerre, désespéré de l’animal humain.
Il ramène les animaux à l’humanité, non pas en leur attribuant, selon la manière de La Fontaine, nos actes et les mobiles de nos actes, mais en décrivant les leurs comme s’il s’agissait des nôtres. […] Certes, il considéra toujours l’univers comme une ménagerie, et les hommes comme des animaux bien curieux.
Lorsque Anders le joignit enfin, l’animal se redressa et sa gueule grimaça de ses dents pointues. […] vraiment, c’est trop la mort du naïf animal Qui voit tout son sang couler de son regard fané.
Il rappelle dans la préface générale de la Comédie humaine que le naturaliste aura « pour éternel honneur » d’avoir montré que « l’animal est un principe qui prend sa forme extérieure, ou mieux, les différences de sa forme, dans les milieux où il est appelé à se développer. […] Et voici qu’une image tragique lui apparaît comme le symbole de notre destinée, la Niobé de Florence, entourée de ses enfants qui tombent autour d’elle sous les traits d’archers invisibles : « Elle, cependant, froide et fixe, se redresse sans espérance et, les yeux levés au ciel, contemple avec admiration et avec horreur le nimbe éblouissant et mortuaire, les bras tendus, les flèches inévitables et l’implacable sérénité des dieux. » J’ai souligné les mots les plus significatifs d’une phrase qui n’est que la transcription lyrique des durs conseils de Thomas Graindorge à son neveu : « La condition naturelle d’un homme comme d’un animal, c’est d’être assommé ou de mourir de faim. » Et encore : « Il y a des lois immuables.
J’aime assez cependant cette définition de Sénèque, de l’homme en général, et du comédien en particulier : « l’homme (et le comédien) dit-il, est un animal naturellement élégant, et fait pour les beaux-arts ». Munda vestis electio appetenda est homini : natura enim homo mundum et elegans animal est. […] Il avait quelque chose en deçà de l’homme, et c’était plaisir de le voir grognant, pataugeant, s’embourbant à plaisir dans le vaudeville, et se vautrant avec délices sur son fumier, comme un jeune animal de basse-cour dont le grognement n’est pas sans charme, dont les brusques mouvements ne sont pas sans grâces !
Qu’il assiste de temps en temps à la représentation de ses œuvres passées si on les représente encore de son vivant, si quelque montreur d’animaux savants n’a pas pris sa place, comme à Weimar ; et devant l’éternelle jeunesse du public qui rira de son beau rire et pleurera de ses douces larmes d’autrefois, il revivra quelques-unes des bonnes journées de sa jeunesse disparue ; il comprendra bien vite qu’il ne faut rien dire de plus sérieux à ces spectateurs frivoles, et que le plus sage et le plus sûr, quand on approche si rapidement tous les jours de celui qui sait tout, c’est de se taire et d’écouter. […] C’est que le cheval est un animal noble. […] Anatole, le rapin, victime des heureuses dispositions qui lui faisaient, tout enfant, crayonner des bonshommes aux marges de ses livres de classe, et qui plus tard en le dispensant des lents efforts, lui interdisaient le vrai talent ; Anatole, passé de l’arrière-boutique du petit commerçant à l’atelier du peintre, virtuose né de la blague ; Anatole, gamin, bon enfant et bon camarade, à l’esprit souple, aux membres agiles, à la gaieté toujours prête, boute-en-train de toutes les parties, organisateur de toutes les charges, farceur de toutes les farces ; Anatole, garçon de ressources, précieux dans un intérieur, habile aux menus détails du ménage, sans pareil pour soigner les animaux, amuser les enfants et donner à la femme la distraction d’une cour sans danger ; Anatole, l’être sans existence propre, n’ayant pas l’entière possession de son individualité, mais s’accommodant à tous les milieux, se mêlant à tout ce qu’il traverse, attachant sa vie à celle des autres par une sorte de parasitisme naturel ; Anatole, dans ce compagnonnage qui est pour lui l’habituelle condition de l’existence, partageant successivement le lit d’un écuyer de cirque, l’atelier d’un peintre en renom et le taudis d’un sergent de ville ; Anatole, ballotté entre les hauts et les bas de l’existence, aujourd’hui jouissant de toutes les élégances de la vie, la bouteille pleine de rhum et les paquets de tabac de dix sous, demain tombant aux besognes infimes, aux métiers innomés, comme de peindre des panneaux pour un pharmacien ou de colorier des préparations anatomiques ; pauvre diable, sans amertume et sans haine, s’éveillant un matin devant cette chose lugubre : la vieillesse d’un bohème… Anatole serait entre tous les personnages des Goncourt le plus vrai, le plus amusant et le plus touchant, si l’histoire de ses malheurs n’était dépassée en intérêt et en vérité parcelle de la vie, des souffrances et de l’agonie d’un autre personnage, son ami et un peu son parent : c’est le petit singe Vermillon.
Cette attente est d’autant plus singulière qu’elle est celle d’un animal de pur sang qui se consume sur place d’impuissance et de nostalgie. […] Il a désiré l’Académie et le Sénat, mais comme un animal traqué désire un abri. […] À cause de cela, et pour garder le ton, il s’interdit de montrer la machine physique de ses hommes et de ses femmes, l’obscur travail animal qui sert de dessous à nos passions.
La ferme à midi, c’est l’heure du repos pour les laboureurs ; c’est une scène agreste et paisible, animée par le travail qui vient de finir et par celui qui va recommencer ; l’homme est là avec les animaux dont il a fait ses auxiliaires et ses amis, le chien, le cheval, le bœuf, groupe familier qu’il conduit et qu’il domine un peu plus loin, Au seuil de la maison, assise sur un banc, Entre ses doigts légers tournant son fuseau blanc, Le pied sur l’escabeau, la ménagère file, Surveillant du regard cette scène tranquille.
Car, pour ne rien dire encore de plus, c’étaient bien les Jésuites, à Louvain, à Paris, et à Rome, qui poursuivaient, depuis seize ans déjà, a condamnation du jansénisme ; c’était bien contre eux que Jansénius avait écrit son Augustinus, c’était contre Vasquez, contre Molina — qui sont deux des « quatre animaux » d’Escobar, dans l’allégorie dont Pascal a cru pouvoir si fort s’égayer, — et c’était contre Lessius, auxquels il reprochait de renouveler dans l’Église les erreurs des « Marseillais » ou « Semi-Pélagiens ». […] C’est une erreur que beaucoup d’honnêtes gens partagent encore de nos jours, n’oubliant en cela que deux points, qui sont tout le problème : le premier que, bien loin d’être bon, l’homme naturel, supposé qu’il existe, voisin encore de l’animal et impulsif comme lui, pourrait bien être moralement mauvais ; et le second, que l’objet de l’institution sociale étant de soustraire l’homme à l’empire de la nature, une connaissance plus approfondie de la nature en éloigne peut-être les civilisations plus qu’elle ne les en rapproche. […] …………………………………………………… Leur esprit est méchant et leur âme est fragile, Il n’est rien de plus faible et de plus imbécile, Rien de plus infidèle : et malgré tout cela, Dans le monde on fait tout pour ces animaux-là. […] Supérieur aux animaux, auxquels il est semblable par les organes, inférieur à d’autres êtres, auxquels il ressemble probablement par la pensée, il est, comme tout ce que nous voyons, mêlé de bien et de mal, de plaisir et de peine ; il est pourvu de passions pour agir, et de raison pour gouverner ses actions… Et ces prétendues contrariétés que vous appelez “contradictions” sont les ingrédients nécessaires qui entrent dans le composé de l’homme, qui est, comme le reste de la nature, ce qu’il doit être. »
Montaigne la pousse jusqu’à la religion chrétienne inclusivement : « Tout au commencement de mes fiebvres et des maladies qui m’atterrent, entier encores et voisin de la santé, je me reconcilie à Dieu par les derniers offices chrestiens, et m’en treuve plus libre et deschargé, me semblant en avoir d’autant meilleure raison de la maladie20. » Un peu plus haut il exprime le désir de mourir seul dans son coin, comme certains animaux qui se cachent quand ils se sentent près de leur fin : « Vivons et rions entre les nostres ; allons mourir et rechigner entre les incogneus ; on treuve, en payant, qui vous tourne la teste, et qui vous frotte les pieds21. » Ces paroles sont à peu près ce qu’il y a de plus chrétien dans son livre au point de vue de la profession personnelle. […] Tout cela est bout à bout, et les lacunes sont peu considérables ; c’est comme ces squelettes d’animaux antéadamites que les fouilles ont mis à découvert : il ne faut pas y toucher, car tout cela est brisé et tombe en fragments. […] Pascal l’a fort loué d’avoir poursuivi et, selon lui, atteint ce but, si tant est que ce fût réellement le but de Montaigne : « C’est dans cette assiette, toute flottante et toute chancelante qu’elle est, qu’il combat avec une fermeté invincible les hérétiques de son temps… et foudroie l’impiété horrible de ceux qui osent dire que Dieu n’est point… Il gourmande si fortement et si cruellement la raison dénuée de la foi, que, lui faisant douter si elle est raisonnable, et si les animaux le sont ou non, ou plus ou moins que l’homme, il la fait descendre de l’excellence qu’elle s’est attribuée, et la met, par grâce, en parallèle avec les bêtes, sans lui permettre de sortir de cet ordre, jusqu’à ce qu’elle soit instruite, par son Créateur même, de son rang qu’elle ignore : la menaçant, si elle gronde, de la mettre au-dessous de toutes, ce qui lui paraît aussi facile que le contraire… On ne peut voir sans joie, dans cet auteur, la superbe raison si invinciblement froissée par ses propres armes, et cette révolte si sanglante de l’homme contre l’homme, et on aimerait de tout son cœur le ministre d’une si grande vengeance, si, étant humble disciple de l’Église par la foi, il eût suivi les règles de la morale, en portant les hommes, qu’il avait si utilement humiliés, à ne pas irriter Dieu par de nouveaux crimes. […] Il est presque le seul à nous montrer cette portion de la nation, si supérieure en nombre, et qui échappait néanmoins aux regards des écrivains du temps : « L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine ; et en effet ils sont des hommes.
… Pourquoi les autres animaux ne chantent-ils pas ?
Des ulcères couvraient cette masse sans nom ; la graisse de ses jambes lui cachait les ongles des pieds ; il pendait à ses doigts quelque chose de verdâtre… » L’auteur continue cette description jusqu’à la mort et même par-delà la mort de Hannon attaché au gibet : « Ses os spongieux ne tenaient pas sous les fiches de fer ; des portions de ses membres s’étaient détachées ; il ne lestait à la croix que d’informes débris, pareils aux fragments d’animaux suspendus contre les portes de chasseurs. » Il ne faut plus parler de littérature ; nous avons depuis longtemps quitté le domaine des poètes et des romanciers. […] Puis, quand leur dernier écu est mort et enterré, ils recommencent à dîner à la table d’hôte du hasard, où leur couvert est toujours mis, et, précédés d’une meute de ruses, braconnant dans toutes les industries qui se rattachent à l’art, ils chassent du matin au soir cet animal féroce qu’on appelle la pièce de cent sous. » Ce tableau est peint de main de maître, de la main d’un homme qui ne connaît pas les choses par simple ouï-dire. […] Monseigneur Myriel ne se contente pas d’aimer les hommes : le trop-plein de charité qui déborde de son cœur se déverse sur les animaux, et le poète de la Légende des siècles se retrouve ici avec sa sympathie pour les crapauds et pour les araignées, sans oublier les pourceaux : Le pourceau misérable et Dieu se regardèrent. […] Je ne crois pas que la Société protectrice des animaux pousse jusque-là ses exigences envers ses membres les plus zélés.
Celui qu’elle aime, c’est un capitaine de gendarmerie, Phœbus de Châteaupers, jeune homme de famille, d’une belle santé, de fort bonne mine sous l’uniforme, bien assis sur son cheval, un de ces êtres tout de chair et de sang, sorte de mannequins sur lesquels on prend mesure pour toutes les modes, qui ont le gros rire, la parole haute et courte, un air de conquérant devant toutes les femmes, pauvres libertins qui croient être aimés pour leur esprit, et qui ne le sont que pour leur corps, qui inspirent d’impures fantaisies et point d’amour, gens qu’on voit partout, tant ils se ressemblent, tant c’est uniformément un nez bien fait, des yeux bien percés, et de belles dents sur un fond rose et frais, figures qui servent de types aux montres des perruquiers et aux élégants du Journal des tailleurs, et que la philosophie antique a dû avoir en vue dans cette définition : l’homme est un animal. C’est un de ces animaux que l’Égyptienne adore, assez bon homme pourtant, pour être juste, auquel on sait gré de ne pas trop user du privilège accordé à son espèce d’être insupportable. […] Il a étalé, comme le roman et le conte, des amours effrontés, ou c’est bien le corps qui parle au corps, et non pas l’âme à l’âme ; où l’homme a des appétits d’animal, et non l’animal des délicatesses d’homme.
Mais ceste marâtre Nature, Qui se montre beaucoup plus dure A nous qu’aux autres animaux, Nous donne un discours dommageable, Qui rend un homme misérable, Et avant et après ses maux. […] Adieu, maisons d’admirable structure, Poisles, adieu, qui dans vostre closture Mille animaux pesle-mesle entassez, Filles, garçons, veaux et bœufs tout ensemble !
J’entends le bourdonnement d’une mouche, le grincement de la chaîne du puits, un bruit de sabots, des paysans de la ferme, ces sabots qui donnent à leur marche quelque chose d’animal et de chevalin. […] Une grande cour dallée le précédait et sa façade, à trois pavillons s’égayait de têtes d’animaux sculptées dans la pierre.
Tout s’agite à la surface et sur l’épiderme, en dehors de l’esprit même et dans ce que l’homme a de plus extérieur et de moins humain, dans la pure imagination et la substance nerveuse commune à tous les animaux. […] Les animaux féroces, acculés, étaient capables de tout. […] Voilà des colliers, des agrafes, des filets, des parasols, de la poudre d’or de Baasa, du cassiteros de Tartessus, du bois bleu de Pandio, des fourrures blanches d’Issedonie, des escarboucles de l’île Palaesimonde, et des cure-dents faits avec les poils du tachas, — animal perdu qui se trouve sous la terre.
Il suffirait de constater, d’abord, que ces goûts de rapine et cette humeur batailleuse, avoués avec une candeur si naïve, montrent bien en notre héros un animal d’instinct et de proie, un « loup », plutôt qu’un penseur profond cherchant à démêler, dans l’obscurité des temps, le vrai fil des destinées de son pays ; ensuite, que Goetz n’exprime nullement ces « aspirations », et que, s’il se réclame de l’Empereur, c’est parce que l’autorité de celui-ci est éloignée, faible, impuissante à s’imposer, tandis que celle de la ligue souabe est immédiate. […] Il ne vit pas non plus parce que des anthologies continuent à en reproduire certains fragments : est-ce que des plantes vivent parce qu’on en conserve les fleurs dans des herbiers, ou des animaux parce qu’on expose leurs squelettes dans des musées ? […] C’est en effet avec une douce puérilité d’enfant gâté, docile au fond, prêt à s’assagir, que Tasse regrette l’âge d’or — celui « où chaque oiseau, dans le libre espace de l’air, où chaque animal, errant par les monts et les vallées, disait à l’homme : ‘Ce qui me plaît est permis.’ » Ce qui lui vaut aussitôt une affectueuse réprimande de la princesse : « Mon ami, l’âge d’or est passé sans doute, mais les nobles cœurs le ramènent.
C’est là qu’il vient — le soir — goûter l’air aromal Et, dans sa rocking-chair, en veston de flanelle, Aspirer les senteurs qu’épanchent sur Grenelle Les fabriques de suifs et de noir animal. […] De là, ils passèrent au Jardin des Plantes ou ils jetaient des pains de seigle aux animaux : Un grand pas fut franchi lorsqu’elle consentit à se promener avec lui à travers ces étranges paysages des banlieues parisiennes, si ingrats, si vulgaires et si pauvres, et qui exercent pourtant un charme si indéfinissable.
Il a tué quatorze forestiers sur quinze qui voulaient le prendre ; il tue le shérif, le juge, le portier de la ville ; il en tuera bien d’autres ; tout cela joyeusement, gaillardement, en brave garçon qui mange bien, qui a la peau dure, qui vit en plein air, et en qui surabonde la vie animale. « Quand le taillis est brillant et que l’herbe est belle — et les feuilles larges et longues, — il est gai en se promenant dans la belle forêt — d’entendre les petits oiseaux chanter. » Ainsi commencent quantité de ballades, et ce beau temps qui donne aux cerfs et aux taureaux l’envie de foncer en avant avec leurs cornes, donne à ceux-ci l’idée d’aller échanger des coups d’épée ou de bâton.
Il peint des cavaliers brutalement vicieux, coquins par principes, aussi durs et aussi corrompus que ceux de Wycherley : un Beaugard, qui étale et pratique les maximes de Hobbes ; le père, vieux drôle pourri, qui fait sonner sa morale, et que son fils renvoie froidement au chenil avec un sac d’écus ; un sir Jolly Jumble, espèce de Falstaff ignoble, entremetteur de profession, que les prostituées appellent « petit papa », qui ne peut dîner à côté d’une femme sans « lui dire des ordures, et tracer avec son doigt des figures obscènes sur la table » ; un sir Davy Dunce, animal, dégoûtant, « dont l’haleine est pire que de l’assa fœtida, qui déclare le linge propre malsain, mange continuellement de l’ail, et chique du tabac743 » ; un Polydore qui, amoureux de la pupille de son père, tâche de la violer à la première scène, envie les brutes qui peuvent se satisfaire, puis s’en aller, et fait le propos de les imiter à l’occasion prochaine744.
Le degré de raison nationale émanant d’un peuple qui n’a pas contracté un mariage séculaire avec une famille est, au contraire, si faible, si discontinu, si intermittent qu’on ne peut le comparer qu’à la raison d’un homme tout à fait inférieur ou même à l’instinct d’un animal.
ont l’air de dire ces malheureux animaux, essayez, cela nous distraira toujours un peu.
C’est étonnant comme il y a chez les animaux sauvages, quand ils souffrent, une tendance à se rapprocher de l’homme.
Mardi 28 août Un jour arrivera-t-il, où la science pourra traduire les tentatives parlantes de l’animal, voulant dire à l’homme, ses sensations, ses besoins, ses désirs, et ne pouvant les exprimer ?
Aussi renouvellent-ils une certaine fable, bien connue, de La Fontaine, et, sans égaler en rien la désinvolture canine, ils perdent toutes les solides qualités de l’autre honnête animal, à qui vous me permettrez de les comparer, puisque le plus grand poète de l’antiquité n’a pas hésité de se servir d’une pareille comparaison à propos d’un de ses plus illustres héros.
Ce vieux voltairien d’Augier ignore tout à fait « le frisson du mystère » ; mais il est lucide et solide ; et, si l’animal de rêve n’est pas son fait, il connaît bien, dans l’homme, et peint fortement les mouvements de l’animal social.
Ainsi, Lucrèce, qui plus d’une fois, par des vers pleins d’harmonie, a égalé Virgile lui-même dans l’art de peindre, avec une douce mélancolie, les douleurs des animaux et les affections que leur prête la poésie, lui est prodigieusement inférieur lorsque venant aux douleurs de l’homme, il ne trouve rien au-delà des émotions matérielles, et s’épuise dans d’affreux détails, sans pouvoir saisir aucun de ces traits de sentiment qui blessent l’âme et l’élèvent en l’attendrissant ; c’est là que le poète sceptique est abandonné de son génie, seul dieu qui lui restât. […] « Je m’étais, dit-il, emporté plusieurs fois contre mes esclaves ; mais à la fin je me suis aperçu qu’il valait mieux les rendre pires par mon indulgence que de me gâter moi-même par la colère, en voulant les corriger. » Nous préférons croire à cet aveu, et il s’accorde davantage avec le caractère universel de bienveillance, avec cette espèce de tendresse d’âme que Plutarque montre dans ses écrits, et qu’il étend jusqu’aux animaux.
Le sentiment dont l’orateur doit être rempli, est, comme je l’ai dit, un sentiment profond, fruit d’une sensibilité rare et exquise, et non cette émotion superficielle et passagère qu’il excite dans la plupart de ses auditeurs ; émotion qui est plus extérieure qu’interne, qui a pour objet l’orateur même plutôt que ce qu’il dit, et qui, dans la multitude, n’est souvent qu’une impression machinale et animale produite par l’exemple et par le ton qu’on lui a donné.
All the decent drapery of life is to be rudely torn off… Now a queen is but a woman, and a woman is but an animal.
La communion discrète ou cynique sur le plan animal, l’appel à la bête qui est dans l’homme, tel sera bientôt le moyen honteux de faire l’unanimité.
Il appartenait à l’un des premiers génies dont s’honore l’humanité, à l’immortel auteur de l’Histoire des animaux, de pénétrer dans les profondeurs de la raison humaine, d’en rechercher et d’en décrire tous les éléments. […] Allez de la mécanique, de l’astronomie et de la physique à la chimie, à la physiologie végétale et animale ; vous retrouvez ces deux mouvements et leur rapport ; la cohésion et son contraire, l’assimilation et son contraire encore, avec le rapport intime qui les rapproche. […] La mécanique et la physique passent dans la chimie, laquelle passe à son tour dans la physiologie végétale, laquelle a sa place aussi dans l’économie animale.
Il n’est rien de plus faible et de plus imbécile, Rien de plus infidèle, et malgré tout cela Dans le monde on fait tout pour ces animaux-là. […] Il a chassé, il a couru, il s’est battu contre l’animal féroce, il s’est exercé, il s’est conservé, il a produit son semblable, les deux seules occupations naturelles. » J’arrête ici le portrait métaphysique du sauvage, et je vous épargne celui de « sa compagne ». […] C’est qu’à vrai dire l’homme est un étrange animal, mais le Français surtout, pour la facilité qu’il a de s’accommoder aux circonstances, ou plutôt, d’adapter ces circonstances elles-mêmes, si tristes qu’elles puissent être, à son éternel besoin de jouir.
Les modestes chevaux de bois, gloire de nos enfances, sur lesquels je n’osais pas monter, sont devenus de somptueux manèges, tout rutilants d’or et de Cosaques (avec des lances d’or) (à cause de l’alliance russe) (est-ce pour symboliser les emprunts), de somptueux, mirifiques, de superbes, d’éblouissants manèges, tous plus éblouissants les uns que les autres, (car il y a la concurrence), (ça a d’abord été des chevaux merveilleux, (qui jetaient loin dans l’ombre nos pauvres anciens chevaux), des chevaux aux couleurs éclatantes, des chevaux ruisselants de lumières ; avec des crinières emportées ; puis des animaux fantastiques, toutes les bêtes de la création, et même d’autres qui n’ont jamais été de la création, des éléphants comme pour le roi des Indes, (à l’école primaire ils savent déjà que c’est le maharajah de Çapour-Tala (je mets deux h absolument au hasard) ; des girafes ; des cochons, beaucoup de gros cochons qui font rire les peuples ; mais à présent) aujourd’hui les manèges ce sont des automobiles, d’on ne sait combien de chevaux ; des ballons, des sphériques, des sous-marins ; demain des aéroplanes ; des montagnes russes, (aussi) ; des mais de mer à la portée des bourses les plus modestes. […] Au lieu de faire appel au moins à quelques sciences, à quelque science qui ait au moins quelque parenté avec eux, ou plutôt dont la matière ait au moins quelque parenté avec la leur, au lieu de s’appuyer, de s’adosser par exemple à la botanique, à l’anatomie et à la physiologie végétales, comme faisait par exemple au moins ce pauvre et grand Brunetière, à qui d’ailleurs il faut avouer que ça réussissait généralement mal ; ou encore au lieu de s’appuyer, de s’adosser à la zoologie, à l’anatomie et à la physiologie animales, qui est tout de même un peu voisine en un certain sens, en beaucoup de sens, dont les matières sont tout de même voisines, enfin au lieu de s’appuyer, de s’adosser à la biologie, qu’ils ne savent pas, (dont ils se méfient tout de même, d’instinct, le seul instinct qu’ils aient, l’instinct de méfiance, qu’ils soupçonnent trop souple, trop complaisante, trop vivante, trop art), (trop ce qu’ils devraient être), les gars ils vont d’emblée aux chimies, qu’ils ne savent pas non plus, aux physiques, qu’ils ne savent pas, aux mathématiques qu’alors ils ne savent pas.
« L’on voit, dit La Bruyère, certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides… » Les paysans de Java, sous le règne de S. […] On y trouve trop de conceptions bizarres, tourmentées, de petits tableaux : la poursuite de l’exception, les contrastes heurtés, des formes maigrelettes et confuses… Dans les carrefours et les massifs se dressent des animaux fantastiques, des chimères, des fantoches pansus, de grands vases peints.
Faut-il être grand clerc, en Italie, aux environs de 1700, pour professer que l’homme est un animal égoïste ou vaniteux, et que je monde se mène par l’apparence ? […] Toute sa psychologie, pour jouer avec les hommes, tient dans cette phrase qu’il adresse à Rocca : « L’homme est un méchant animal ; il est souvent sans raison, de sorte que pour le rendre raisonnable, il faut le punir. » C’est tout juste la psychologie du rustre dont le bâton travaille les côtes saignantes d’un misérable âne rétif ou surchargé. […] Et sans vouloir y regarder de plus près, que vient faire ici l’Histoire des drogues de Pierre Pomet (et non Paul Promet), marchand épicier et droguiste, qui n’a fait que décrire les remèdes et denrées qu’on tirait des trois règnes, végétal, animal et minéral ?
Le naturalisme étudia davantage l’homme soumis aux influences naturelles immédiates et concrètes ; le psychologisme étudie l’individu soumis aux influences psychiques des milieux sociaux ; le naturalisme, la domination des instincts animaux sur l’être raisonnable ; le psychologisme, les heurts de l’âme raisonnante et formée par l’éducation menteuse contre les aspérités des réalités sociales. […] Le mysticisme a eu beau élever des monuments superbes et mettre des symboles sacrés sous la dévote architecture des nefs, au dehors, par tous les boucs en rut dans les sculptures, par toutes les femmes en obscènes altitudes, par tous les corps d’hommes accouplés entre eux et forniquant même avec les animaux, la vie effrontément s’étale et prend sa revanche.
Avis des éditeurs Nous n’avons rien négligé pour que cette nouvelle édition fût digne du grand homme dont elle reproduit les ouvrages. Le texte en a été scrupuleusement revu sur les vingt-trois pièces originales imprimées du vivant de Molière que possède la Bibliothèque impériale, et sur l’édition non cartonnée de 1682. Comparant ensuite ce texte aux réimpressions modernes les plus récentes, nous avons pu constater que, malgré l’affirmation du commentateur, l’édition de 1845, présentée comme type à suivre désormais, ne donnait pas toujours le véritable texte de Molière que nous devions dès lors nous attacher à reproduire. Nous y avons joint un choix de notes des commentateurs, Bret, Auger, Aimé-Martin, etc. Enfin, M.
Celui-ci, chaque soir, portes closes, après la longue et douloureuse contrainte de la journée, semblable à un animal carnassier, échauffé et surexcité par la poursuite des chasseurs, qui, rentré dans sa tanière, rugit encore et bondit, et du museau fouille la terre, ravageait, la gloire du roi réel.
Deux éléments : le désir de l’aventure, puis l’aventure elle-même, sous sa forme la plus extraordinaire, la plus neuve pour un homme animal politique, la plus purement aventure ; la solitude.
Les unes disent que l’éléphant est un animal énorme, les autres que l’éléphant est un animal un peu moins énorme.
La Fontaine, qui avait une grande bonté accompagnée d’esprit satirique, a ridiculisé les hommes après avoir pris le soin de les habiller préalablement en animaux. […] Je l’avouerai sans me faire prier ; mais cependant nous sommes encore en pleine monarchie aristocratique avec Sedaine, et l’intendant, très homme du peuple, du Philosophe sans le savoir, est représenté comme très honnête homme et comme personnage sympathique ; nous sommes encore en pleine monarchie aristocratique avec Le Sage, et Le Sage, dans son Turcaret, nous apitoie sur les pauvres gens du peuple volés et ruinés par son financier ; nous sommes encore en monarchie aristocratique avec La Fontaine, et La Fontaine a des paroles cordiales pour les pauvres bûcherons tout couverts de ramée, comme La Bruyère pour les « animaux farouches ».
Jamais, au grand jamais, œil de lecteur ne vit défiler pareille énumération d’animaux bizarres, de bêtes apocalyptiques à dérouter les zoologistes les plus sûrs. […] On m’a traité comme un animal !
Pour clore sa brochure, c’est à ses confrères qu’il distribue des coups de boutoir ; et la littérature actuelle, prise en masse, ressent les derniers effets de cette éducation — ébauchée au contact des moins nobles échantillons du règne animal.
— Les animaux !
Faguet l’appellera un animal chronophage.
Mais on trouve dans les poésies romanes ces fictions arabes d’animaux magiques, de perroquets merveilleux, qui sont les agents d’un récit. […] Ainsi se forma cette mythologie chevaleresque, empruntée au Nord, à l’Orient, aux fables arabes et aux légendes chrétiennes, ces génies, ces enchanteurs, ces fées, ces géants, ces nains, ces animaux magiques.
La cabane inondée de sang, quelques meubles renversés par les dernières convulsions du cadavre, les animaux domestiques montés sur les sièges et sur les tables pour éviter la souillure de la terre ; Céluta assise sur la poitrine de René, et portant les marques de deux crimes qui auraient fait rebrousser l’astre du jour ; Mila, debout, les yeux à moitié sortis de leur orbite ; Outougamiz le front sillonné comme par la foudre, voilà ce qui se présentait aux regards ! […] « Les anciens la donnaient à Vénus-Uranie et à Minerve… L’Amitié était une adolescente… Parmi les animaux, ceux qui se rapprochent le plus de notre intelligence sont voués à la chasteté » (les abeilles)… « Concluons que les poètes et les hommes du goût le plus délicat ne peuvent rien objecter contre le célibat des prêtres. » Il insiste beaucoup là-dessus.
[Épigraphe] Summa sequar fastigia rerum. Virg. Æneid. Avertissement. Cette troisième partie de mon Cours, suspendue par la violence des chocs politiques, le 18 mars 1815, fut reprise et continuée le 15 janvier 1816.
Qu’on se figure un peintre auquel on ne donnerait pour représenter les monuments, les plantes, les animaux et l’homme, que deux ou trois couleurs, un peintre de grisailles par exemple, que pourrait-il produire de complet à côté d’un autre peintre, d’un talent égal, qui jouirait de toutes les richesses de la palette ! […] Sainte-Beuve, imité de Wordsworth : L’autre nuit je veillais dans mon lit sans lumière, Et la verve en mon sein à flots silencieux S’amassait, quand soudain, frappant du pied les cieux, L’éclair, comme un coursier à la pâle crinière, Passa ; la foudre en char retentissait derrière, Et la terre tremblait sous les divins essieux ; Et tous les animaux, d’effroi religieux Saisis, restaient chacun tapis dans leur tanière.
Et cela est assez naturel, puisqu’eux-mêmes commandent certaines choses à ceux qui sont au-dessous d’eux, à leurs femmes, à leurs enfants, à leurs animaux domestiques. Ils se voient naturellement, relativement aux dieux, comme leurs femmes, leurs enfants, leurs serviteurs, leurs animaux domestiques sont relativement à eux.