/ 1986
831. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

Ils n’ont rien vu, ils n’entendent rien, ils n’ont pas même de quoi établir le néant auquel ils espèrent après cette vie, et ce misérable partage ne leur est pas assuré. » Et quels rapports moraux, politiques ou religieux se sont dérobés à Pascal ?

832. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

Il semble même que la providence n’ait voulu rendre certains talens et certaines inclinations plus communes parmi un certain peuple que parmi d’autres peuples, qu’afin de mettre entre les nations la dépendance réciproque qu’elle a pris tant de soin d’établir entre les particuliers.

833. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Les notres ne sont point sujets à de pareils orages, et le calme et l’ordre y regnent avec une tranquilité qu’il ne sembloit pas possible d’établir dans des assemblées qu’une nation aussi vive que la nôtre forme pour se divertir, et où une partie des citoïens vient armée et l’autre désarmée.

834. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

On déclarait plus haut que la science ne « pouvait établir aucune théorie » ; mais on entreprend sérieusement toute une théorie scientifique du style, sur laquelle, d’ailleurs, nous aurons occasion de revenir.

835. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Elle était née avec toutes les qualités qui peuvent recommander une personne de son sexe dans le monde ; elle avait le don de beauté, et avec cela « sérieuse, douce, tranquille dès l’enfance, et toutefois très sensible ; ferme, hardie, et néanmoins mesurée et pleine de tous les égards nécessaires pour s’établir une réputation hors d’atteinte ». […] Il était assez piquant, au xviiie  siècle, d’être l’amant de sa femme ; Nivernais le fut, du moins en vers, et quelque temps ; car, peu d’années après, on le trouve dans la société sur le pied bien établi d’ami de Mme de Rochefort, qu’il épousa même plus tard, après la mort de sa Délie. […] Je suis bien fâché de ne l’avoir pas pu posséder plus longtemps ; je lui ai escamoté deux soupers, dans lesquels il a été aussi aimable que l’homme du plus d’esprit qui soupe toute sa vie. » — Je crois pourtant devoir avertir que les lettres de Frédéric à Maupertuis, telles qu’on les a publiées, sont fort sujettes à caution, et qu’une nouvelle édition est nécessaire pour établir l’authenticité du texte.

836. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Le nom de Marcellus venait d’un camp romain établi sur ce coteau. […] Je savais que lady Esther Stanhope s’était établie en Syrie, et qu’elle était alors dans sa maison d’Abra, voisine de Saïde. […] C’est le mien que j’accuserais d’abord, s’il n’était établi qu’un roi d’Angleterre ne doit jamais régner, et que, Stuart ou Orange, fou ou sensé, ses affaires doivent aller sans lui.

837. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Et comme les esprits ne se ressemblent pas, les éléments d’une même doctrine, établie dans différents esprits, y rencontrent des conditions bien différentes qui tantôt favorisent les uns et tantôt les autres. […] Mais tout ce que la société peut faire, c’est d’établir grossièrement quelques types de conduite, comme un magasin de confection établit quelques types de vêtement, qui flottent ensuite sur le dos des clients ou dont les acheteurs font craquer les coutures.

838. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

N’est-ce pas s’amuser aux subtilités du paradoxe que d’établir un lien entre des choses de nature si différente ? […] Il songea à l’établir au Brésil, à Madagascar, sur les bords de la mer d’Aral ; puis il se convainquit que le siècle de fer où il vivait ne se prêtait pas à cette résurrection des mœurs innocentes qui avaient dû, suivant lui, exister à l’origine des temps, et il se décida, non sans soupirer, à reporter dans le passé ses rêves d’avenir, à se réfugier dans l’antiquité, à imaginer en Arcadie un peuple de bergers et de laboureurs vivant dans la paix, la candeur et la prospérité. […] Si l’on essaie de résumer l’effet produit sur l’esprit des écrivains par la tutelle des puissances établies, on peut dire qu’en général elle encourage l’art pour l’art, l’art élégant, aimable, soigné, occupé surtout à se parer, voilà pour la forme, et la pensée docile, réservée, soumise avec passion ou résignation, dénuée de hardiesse et fréquemment de franchise, voilà pour le fond des idées.

839. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Il établit, comme base de son système, que l’homme est en proie à un mouvement sans fin : « L’Art de la danse, dit-il, est le plus réaliste de tous les arts. […] Puis le décor se déplace de gauche à droite, lentement, dans un amoncellement obscur de taillis et de roches, bientôt de colonnes vaguement apparues, et enfin un grand vide s’établit sur la scène, en même temps que l’acoustique se modifie sensiblement grâce à la cavité profonde. […] On a vu plus haut quels principes de mimique Wagner avait établis dans ses œuvres théoriques ; l’étude du drame vient de nous les montrer appliqués.

840. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Moins encore pourrait-on songer à établir une sorte de catalogue technique des livres et des noms qui furent, durant ce bref espace, mis en vedette. […] Le présent travail offrira peut-être cette utilité d’en établir la coordination et l’ensemble : il n’a point d’autre ambition ? […] Bourget a voulu établir, d’après Bonald et d’après toute l’école traditionaliste, la nécessité des règles à suivre dans l’ascension sociale qui mène les classes inférieures jusqu’au sommet, ainsi que le danger des transferts de castes trop brusques, opérés sans maturité suffisante.

841. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

La proposition générale qu’il tâche d’établir est celle-ci : « Les comédies, de leur nature & prises en elles-mêmes, indépendamment de toute circonstance bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. » Il tire ses autorités, 1°. […] Un écrivain Anglois, pour remédier à l’extrême licence des comiques de sa nation, est d’avis qu’on y établisse des censeurs éclairés & vertueux qui repassent sur les pièces tant anciennes que nouvelles, & n’y laissent rien de grossier, rien d’équivoque, rien qui puisse offenser la pudeur. […] tout annonce qu’elle établira un théâtre chez elle.

842. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Une fois bien établis dans l’opinion que Victor Hugo est fini, ils n’en bougeront pas. […] Courbé, aplati, stupéfié sous l’ascendant de ces calomnies, le clergé, il faut bien le dire, a laissé imbécillement établir aux ennemis de l’Église — car ils l’ont établi — qu’Alexandre VI était la Trinité de l’inceste, de la fornication et de l’empoisonnement sur le trône pontifical de saint Pierre, et, chose inouïe et particulièrement lamentable ‘ il a fallu attendre jusqu’à ces derniers temps pour qu’un protestant — Roscoe — eût un doute sur ces monstruosités fabuleuses, pour que le doux Audin, qui n’était pas un prêtre, mais un laïque, s’inscrivît hardiment en faux contre elles, et pour que Rohrbacher, qui n’y croyait pas et qui les discuta en passant, avec une force de bon sens herculéenne, dans sa grande Histoire de l’Église, écrivît ce mot, qui sent la vieille épouvante, incorrigible, du prêtre : « Il faudrait, pour bien faire, qu’un protestant honnête homme allât jusqu’au fond de cette question d’Alexandre VI », — comme si ce n’était pas plutôt à un prêtre catholique que l’honneur d’un pareil sujet incombait !

843. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Il fallut que le tribunal établît la subordination parmi cette cohorte. […] Varignon défendait ce que ce dernier venait d’établir, contre Rolle qui n’établissait rien. […] D’autres, sans s’éloigner du genre établi par Moliere & Regnard, ont quelquefois égalé leurs modeles. […] Il a eu des succès brillans & mérités dans le genre établi. […] D’autres Auteurs ont également contribué à établir & à soutenir ce genre.

844. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

En effet, l’auteur cherchait avant tout à établir la différence profonde qui existe entre les littératures anciennes et les modernes. […] C’est une croisade que j’annonce, ce n’est pas une formule que j’établis. […] Il établit que la cause de la réforme allemande et celle de la révolution française sont la même au fond, et qu’entre l’Allemagne et la France il n’y a pas rivalité mais solidarité. […] Il en prit occasion de recommencer sa croisade contre les nouvelles méthodes littéraires qu’on avait la prétention d’établir. […] Une mauvaise éducation avait exagéré son caractère naturellement indocile, et c’est à ses fautes qu’il faut attribuer l’aversion qui s’établit entre son père et lui.

845. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Êtes-vous plus sage que la nature et plus sublime que celui qui en a établi les lois ? […] Pour parler de plagiat, ce n’est pas assez que de pouvoir signaler des ressemblances, même indiscutables ; il faut encore établir la réalité de la contrefaçon. […] L’ont-ils perfectionnée seulement, s’ils n’ont pas vu ce que l’extension du paradoxe à l’homme avait d’insoutenable, ou, l’ayant vu, s’ils n’ont rien fait pour en établir la légitimité ? […] Pour établir l’universalité de la loi de la guerre, il fallait donc essayer de ruiner la doctrine de l’unité de l’espèce humaine, et c’est ce que M.  […] Gumplowicz le sait bien, et nous aussi, qui l’avons vu s’efforcer d’établir sur la possession du langage et du sentiment religieux l’existence d’un règne humain.

846. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Je crois que c’est ici qu’on l’arrête et qu’on le prie de commenter sa revendication, d’établir ce droit de l’Allemagne à la désinvolture. […] Il n’a pas établi qu’il eût le droit d’agir ainsi ; et c’est, dans son système, une lacune de la dialectique. […] La Rochefoucauld et Pascal ont établi pour jamais le scepticisme moral ; et Descartes, le scepticisme métaphysique. […] Entre celui-ci et celle-là, Gilbert Augustin-Thierry n’établit pas, on le verra, une différence du tout au tout. […] En fait de liberté, le nécessaire ; et il n’est pas établi que la tribune ait besoin de beaucoup de liberté.

847. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Tous ces maux, il faut les supporter pour confesser sa foi et établir la justice. […] Le cant n’était point encore établi ; les deux grandes sources d’enseignement, la païenne et la chrétienne, coulaient côte à côte, et on les recueillait dans le même vase, sans croire que la sagesse de la raison et de la nature pût gâter la sagesse de la foi et de la révélation. […] Mais sous le protestantisme établi s’étendait le protestantisme interdit ; les yeomen se faisaient leur foi comme les gentilshommes, et déjà les puritains perçaient sous les anglicans. […] Ils veulent appliquer l’Écriture, établir « le royaume de Dieu sur la terre », instituer non-seulement une Église chrétienne, mais encore une société chrétienne, changer la loi en gardienne des mœurs, imposer la piété et la vertu ; et pour un temps ils y réussissent […] Ils rejettent comme profanes le style orné et l’ample éloquence que l’imitation de l’antiquité et de l’Italie avait établis autour d’eux.

848. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Pour établir, par la littérature, le bilan des idées de cette époque, il faut remarquer les traductions (Amyot), les adaptations (La Boétie), la fondation du Collège de France ; puis, à des titres fort divers (je cite les noms sans commentaire, mais en groupes par ordre déterminé) : Rabelais ; Marguerite de Navarre et Calvin ; Estienne et Pasquier ; Maigret ; Ronsard et Du Bellay ; sans oublier la querelle très significative sur le mérite des femmes. […] Avec une naïveté qui serait touchante si elle n’avait été si funeste, on étudia chez Homère, plus encore chez d’autres qui ne le valent pas, la formule de l’épopée : le choix du sujet, la conduite de l’action, le rôle du merveilleux, la qualité des personnages, les épisodes, la forme métrique, tout cela fut établi en règles précises12 ; et la forme tua l’esprit. […] Il en est de même des nations comparées les unes aux autres ; l’analyse établit leurs qualités communes ; la synthèse affirme leur individualité. […] La littérature, il importe d’y insister, est à la fois effet et cause ; elle exprime un état des esprits, et contribue à transformer cet état ; c’est ainsi que, par la précision des mots et des formes, par le nombre des auteurs et par le goût du public, elle établit, mieux que les « documents » historiques, les phases successives des conditions politiques et sociales dont elle est l’expression. […] Les dates précises ont ici leur grande importance ; il n’est pas toujours facile de les établir.

849. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il est presque impossible d’établir la scène dans l’appartement des femmes avec quelque ombre de vraisemblance, puisque le sultan et les eunuques noirs sont les seuls qui puissent y mettre le pied. […] Ce premier acte, d’ailleurs, est plein d’art : tout l’intérêt de la pièce y est établi avec une adresse admirable ; et l’arrivée de Mithridate, qu’on annonce à la fin, est un coup de foudre qui laisse tous les esprits frappés de surprise et de terreur. […] Je ne leur conseille pas de discuter le droit, puisque de fait elles sont en possession de l’empire : n’importe par quel moyen et sur quel fondement leur puissance soit établie, chacune d’elles peut dire avec Didon : Je règne, il n’est plus temps d’examiner mes droits. […] Qu’eût-il dit s’il avait pu voir cette compagnie, après avoir depuis longtemps perdu le goût, se précipiter dans les derniers excès de la démence, et devenir le foyer d’une conspiration contre le gouvernement alors établi pour le maintien de la société ? […] Pour établir le danger, ne suffit-il pas qu’il y ait peine de mort pour quiconque ose enfreindre cette loi sacrée ?

850. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Je me trouve toujours une dignité qui établit ma famille. […] Les réflexions que Villars adressait au ministre à ce sujet sont d’un grand sens : On les destina à servir d’exemple : mais la manière dont Maillé reçut la mort était bien plus propre à établir leur esprit de religion dans ces têtes déjà gâtées qu’à le détruire.

851. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Les grands collecteurs et amateurs du XVIIe siècle contribuèrent à établir les communications, à généraliser le goût dans ses applications diverses : Diderot, par sa curiosité active, par sa chaleur et son éloquence sympathique, donna après Perrault le plus grand exemple, et fit faire un pas de plus à l’union des arts et des lettres. […] Prenez la plus innocente de ces fourberies, celle de la jeune fille au bras de son papa qui la devine. — « Comment saviez-vous, papa, que j’aimais mosieu Léon f » — « Parce que tu me parlais toujours de mosieu Paul. » Allez à la plus calme, à la mieux établie et la mieux réglée de ces fourberies conjugales : un jeune homme dans un salon est assis bien à l’aise, installé dans un fauteuil, lisant comme chez lui, le chapeau sur la tête ; avec lui une jeune femme près de la fenêtre, debout, tient à la main son ouvrage et regarde en même temps dans la rue ; et, pour toute légende, ces mots : « Le v’là !

852. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

« il était voltairien en diable, de même que monsieur son père, l’homme établi, le sergent, rélecteur, le propriétaire ; il avait lu en cachette au collège la Pucelle et la Guerre des Dieux, les Ruines de Volney et autres livres semblables : et c’est pourquoi il était esprit fort comme M. de Jouy et prêtrophobe comme M.  […] M. de Narbonne, causant avec Napoléon qui, dans une heure de mécontentement, avait parlé d’établir une Église nationale, disait ce mot qu’on rappelait tout récemment : « Il n’y a pas assez de religion en France pour en faire deux. » Serait-il vrai aussi qu’il n’y a pas en France assez de poésie pour en admettre deux et trois et plusieurs ?

853. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Et ici je ne puis m’empêcher d’établir un rapprochement et un parallèle. […] Dans ce pénible voyage vers Séville, à travers l’Estramadure, en longeant les frontières du Portugaise troisième jour après leur départ de Ciudad-Rodrigo, ils vinrent se heurter fort inopinément au quartier général de lord Wellington (sir Arthur Wellesley), qui était établi à Zarsa-la-Mayor.

854. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Nous eûmes ensuite plusieurs autres entrevues à Tilsitt, où l’empereur Alexandre vint s’établir. […] Cette campagne, en confirmant Jomini dans son renom déjà établi d’officier d’état-major du meilleur conseil, lui laissa encore le regret de n’avoir pu une seule fois dans sa carrière se dessiner hautement comme homme d’action.

855. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Ampère en vint à s’établir définitivement au cœur de l’histoire littéraire comme en son domaine propre, il se trouva y apporter précisément cette faculté d’enchaînement, ce besoin instinctif des rapports et des lois, cette sagacité investigatrice des origines et des causes, dont son noble père avait fourni de si hautes preuves dans un autre ordre de vérités. […] Ampère sont justes, et combien elles établissent les vrais fonds du tableau qui se redéploiera plus tard à douze cents ans de distance.

856. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Ces écoles audacieuses sont d’abord comme un torrent qui passe ; les gens établis dans l’ancienne idée se révoltent et se garent. […] L’essentiel d’abord serait de former un bon corps d’histoire, d’établir les grandes lignes de la chaussée ; les perfectionnements viendraient ensuite.

857. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Établie chez sa tante, elle se trouva dans le monde le plus différent de celui qu’elle venait de quitter, dans un monde pourtant à sa manière presque aussi belliqueux. […] L’hiver, à Paris, multipliait les occasions naturelles de se voir, chez Mme de Noyon et ailleurs ; leur vie put donc s’établir sans rien choquer.

858. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Voltaire établi aux portes de la cité de Calvin, conviant les citoyens à s’amuser chez lui, leur jouant la comédie, la leur faisant jouer, quand Genève ne tolérait pas encore de théâtre : il y avait là de quoi scandaliser les rigides calvinistes. […] Il acquit sur la frontière française, et en France, les deux terres de Tournav et de Ferney : il y établit son domicile habituel en 1760.

859. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Les barbares ne changèrent rien d’abord à ce qu’ils trouvèrent établi. […] Mais, si on prenait la volupté avec les idées mystiques que les anciens y attachaient, quand ils l’associaient aux temples, aux fêtes, si on réussissait à en éliminer toute idée de jouissance, pour n’y voir que le perfectionnement qui en résulte pour notre être, l’union mystique avec la nature, la sympathie qu’elle établit entre nous et les choses, je ne sais si on ne pourrait l’élever au rang d’une chose sacrée.

860. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Au mois de mars 1682, le roi s’établit à Versailles. […] Le roi réunit à la couronne, par des tribunaux qu’il établit à Metz et à Brissac, les terres qui avaient autrefois fait partie de l’Alsace ou des trois Évêchés.

861. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Il put, pendant des mois ou des années, s’établir dans le faubourg Saint-Marceau, y prendre maison, carrosse, avoir un banc à la paroisse, y suivre les offices avec honneur, être même un jour prié de faire en cérémonie la quêteuse, et tout cela sous l’habit et le nom de la comtesse de Sancy, bien qu’on soupçonnât fort ce qu’il était réellement. […] Basset, saisira très bien, tout à côté, et nous rendra d’une manière charmante l’art et l’esprit habile des Jésuites qui, à peine débarqués dans un endroit, au cap de Bonne-Espérance ou à Batavia, chez les Hollandais protestants, se hâtent d’établir leur observatoire et de se faire bien venir en mettant du premier jour leur science, leurs lunettes astronomiques, au service de la curiosité populaire : « Ils vont dresser leurs machines, dit Choisy, pour au moins payer leur hôte avec un peu de Jupiter et de Mercure. » Et il ajoute comme moralité : « C’est une bonne chose, par tout pays, que l’esprit. » Pourtant, cette nature fine et mobile de Choisy a bien saisi, par éclairs, le vrai sentiment de l’inspiration apostolique.

862. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

On lui parlait dès lors de l’établir, de la marier, soit avec le roi, soit avec le cardinal-infant, frère de la reine, soit avec le comte de Soissons ; on l’en amusait. […] Elle l’avait établi, comme malgré lui, son conseiller, son confident : elle voulait se marier, lui disait-elle, se marier décidément en France, faire la fortune de quelqu’un qui le méritât, et vivre avec cet honnête homme et cet ami dans une estime parfaite, avec douceur et tranquillité.

863. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Quant à la société, c’est-à-dire à la généralité des hommes réunis et établis en civilisation, ils demandent qu’on fasse comme eux tous en arrivant, qu’on se mette à leur suite dans les cadres déjà tracés, ou, si l’on veut en sortir, qu’alors, pour justifier cette prétention et cette exception, on les serve hautement ou qu’on les amuse ; et, jusqu’à ce qu’ils aient découvert en quelqu’un ce don singulier de charme ou ce mérite de haute utilité, ils sont naturellement fort inattentifs et occupés chacun de sa propre affaire. […] Pauvre, timide et fier, et à vingt ans, on est aisément pour les doctrines ardentes qui promettent le bouleversement du présent et la remise en question de l’avenir, de même qu’à cinquante ans, établi, rassis, ayant épuisé les passions, et raisonnant plus ou moins à son aise sur les vicissitudes diverses, on est naturellement pour un statu quo plus sage.

864. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Mais il n’est pas une action dans ma vie, et même parmi mes torts, que je ne puisse établir de manière à faire mourir de honte mes ennemis, s’ils savaient rougir. — Croyez-moi, monsieur le marquis, si ce n’est qu’ainsi qu’on veut m’arrêter, ma course n’est pas finie, car je suis ennuyé plutôt que las, et las plutôt que découragé ou blessé ; et si l’on continue à me nier le mouvement, pour toute réponse je marcherai. […] Il est profondément à regretter que de telles conférences n’aient pu s’établir et se renouveler : c’était d’elle seule qu’il pouvait espérer de se faire entendre.

865. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

La prétention des Scudéry, en effet, était d’être sortis d’une maison très noble, très ancienne et toujours guerrière, originaire du royaume de Naples, et depuis des siècles établie en Provence. […] Ayant perdu son oncle, elle hésitait entre Rouen et Paris ; mais son frère, qui prenait rang alors parmi les auteurs dramatiques et dont les pièces réussissaient à l’hôtel de Bourgogne, la décida à venir s’établir dans la capitale.

866. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Son grand-père, Italien d’origine, né en Lombardie, après avoir fait la guerre de la Succession au service de l’Espagne, s’était établi en Languedoc et y avait épousé une cousine germaine de M.  […] C’est dans cette dernière ville qu’il parvint à établir une sorte de centre de société et d’atelier littéraire ; tout ce qui y passait de distingué se groupait autour de lui.

867. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Mais, si l’on exprime par le mot de volonté ce fait que, dans tout état de conscience, même le plus élémentaire, la phase sensitive est inséparable d’une phase émotionnelle et celle-ci d’une phase appétitive ou réactive ; si l’on veut dire encore que, dès le début du processus psychologique, il y a déjà un appétit modifié par une sensation d’une manière plus ou moins agréable ou pénible, que c’est là le fait primitif, le fait irréductible de la psychologie, exprimable en abrégé par les mots de passion et de réaction, ne peut-on alors, par l’observation et le raisonnement, établir l’existence de la volonté ? […] Nous avons à chaque instant, par la combinaison de nos sensations et représentations nouvelles avec les précédentes, un état concret de la cœnesthésie, de la conscience sensorielle ; cet état est sui generis, original, comme un panorama ; de plus, il ne reviendra jamais absolument le même, malgré les ressemblances qu’on pourra établir entre lui et un état subséquent.

868. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Que cette analogie soit simplement celle qui existe entre tous les êtres animés comme pour certaines notions expérimentales rudimentaires, qu’elle soit celle de tous les êtres humains, comme pour certaines lois très simples de morale, qu’elle unisse la race, la cité, la nation, ou qu’infiniment plus marquée, elle associe un groupe d’individus pris au hasard, dans une admiration ou dans une tâche commune, c’est elle qui établit entre fauteur et les exécuteurs d’un dessein, entre fauteur et les partisans d’une œuvre, le lien qui fait participer à la réussite de l’un comme de l’autre, celui qui le conçut, mais fut impuissant à l’exécuter, et ceux qui exécutèrent, mais ne l’auraient imaginé, — celui qui la forma mais n’aurait pu faire revivre cette forme muette dans de chaudes âmes humaines, et ceux qui la prirent, l’adoptèrent, la couvèrent, la reproduisirent dans leur esprit, mais n’eussent pu la concevoir et l’exprimer. […] Il est permis d’établir sur les traces d’une hardie formule de M. 

869. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Il ira, cet ignorant dans l’art de bien dire, avec cette locution rude, avec cette phrase qui sent l’étranger, il ira en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs ; et, malgré la résistance du monde, il y établira plus d’églises que Platon n’y a gagné de disciples par cette éloquence qu’on a crue divine. […] Elle a renversé les idoles, établi à la croix de Jésus, persuadé à un million d’hommes de mourir pour en défendre la gloire : enfin, dans ses admirables épîtres elle a expliqué de si grands secrets, qu’on a vu les plus sublimes esprits, après s’être exercés longtemps dans les plus hautes spéculations où pouvait aller la philosophie, descendre de cette vaine hauteur où ils se croyaient élevés, pour apprendre à bégayer humblement dans l’école de Jésus-Christ, sous la discipline de Paul… » Note K, page 310.

870. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

C’est que rien ne lutte avec tant d’opiniâtreté contre l’intérêt public que l’intérêt particulier ; c’est que rien ne résiste plus fortement à la raison que les abus invétérés ; c’est que la porte des compagnies ou communautés est fermée à la lumière générale qui fait longtemps d’inutiles efforts contre une barrière élevée pendant des siècles ; c’est que l’esprit des corps reste le même tandis que tout change autour d’eux ; c’est que de mauvais écoliers se changeant en mauvais maîtres, qui ne préparent dans leurs écoliers que des maîtres qui leur ressemblent, il s’établit une perpétuité d’ignorance traditionnelle et consacrée par de vieilles institutions ; tandis que les connaissances brillent de toutes parts, les ombres épaisses de l’ignorance continuent de couvrir ces asiles de la dispute bruyante et de l’inutilité. […] Qu’elles fassent ou ne fassent point corps avec celles de l’université, un jour elles ne s’en établiront pas moins dans les villes de l’empire, mais isolées, mais sans être assujetties à aucune méthode raisonnée d’enseignement, ce qui n’en sera pas mieux.

871. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Ils errent et prédisent ; ils campent dans les forêts où l’on va acheter d’eux la connaissance de l’avenir, curiosité qui marque fortement le mécontentement du présent, aussi fortement que l’éloge du sommeil le mécontentement de la vie ; préjugé des russes qui n’est ni moins naturel, ni moins absurde qu’une infinité d’autres presque universellement établis chez des nations qui se glorifient d’être policées, et où des charlatans d’une autre espèce sont plus charlatans, plus honorés, plus crus et mieux payés que les sorciers russes. […] Je m’établis sur la bordure, et je vais de la droite à la gauche.

872. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Pour réüssir certainement dans ces tentatives, il faudroit avoir des regles établies qu’on pût consulter dans la chaleur de la composition, ou du moins il faudroit avoir fait d’avance plusieurs reflexions en conséquence desquelles on eut établi quelques maximes.

873. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Née au dixième siècle, composée en partie de la langue romaine, qui était le reste du langage de nos premiers vainqueurs, de la langue des Gaulois ou des Celtes, de la langue des anciens sauvages des bords du Rhin, de la langue des Scandinaves ou des Danois, qui, sous le nom de Normands, vinrent ravager l’Europe, et s’établir en France après l’avoir désolée ; elle fut longtemps, comme la monarchie française, un amas de débris. […] L’harmonie n’était point encore née ; l’harmonie, qui est la musique du langage, qui, par le mélange heureux des nombres et des sons, exprime le caractère du sentiment et de la pensée, et sait peindre à l’oreille comme les couleurs peignent aux yeux ; l’harmonie qui établit une espèce de balancement et d’équilibre entre les différentes parties du discours, qui les lie ou les enchaîne, les suspend ou les précipite, et flatte continuellement l’oreille, qu’elle entraîne comme un fleuve qui coule sans s’arrêter jamais.

874. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

J’ai toujours été étonné de la filiation qu’on essayait d’établir entre Werther et les héros de Byron. […] Mais les jours de cette antique alliance sont à jamais passés, car, longtemps avant que la division des fonctions fût établie dans les sociétés, l’analyse, la trop souvent mortelle analyse, l’avait établie dans l’âme humaine, et c’est ainsi que depuis de longs siècles les hommes se sont habitués à attacher un sens tout profane à l’idée de poésie. […] Comme elle était exempte de ces vulgaires manèges, de ces empiétements hypocrites et indiscrets, de ces oscillations d’humeur qui se rencontrent dans les amitiés les mieux établies ! […] L’Église établie fut mécontente de voir s’élever une secte où les fidèles les plus vénérables usurpaient les fonctions de ministres et où l’on pouvait être pieux sans son secours. […] Il sait rire, dit le vulgaire, toujours disposé à accepter les réputations faites et les préjugés établis.

875. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Mais il est assez piquant de voir cette camaraderie, établie de plain-pied du premier jour, entre le capitaine de Vigny et un simple soldat de son régiment, au nom de la poésie, leur maîtresse commune.

876. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

D’un autre côté, les littérateurs établis d’alors, voyant un jeune homme plein d’espérance se faire si pareil à eux, ne se lassaient pas de l’admirer et le traitaient comme un égal.

877. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Il s’est établi depuis quelques années un vrai concours sur Pascal.

878. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

On aurait tort, selon nous, de voir là-dedans un pas rétrograde de M. de Lamartine vers la philosophie humaine et un ébranlement de cette conviction ferme et durable dans laquelle ses Méditations nous font montré établi.

879. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Or, sans ces garanties et ces libertés pour lesquelles il nous faut encore combattre tous les jours, l’organisation industrielle la mieux entendue ne saurait ni s’établir ni porter ses fruits.

880. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Dans toute la comparaison que je crois à établir entre M. de Bernard et M. de Balzac, loin de moi l’idée de louer l’un au détriment de l’autre, de séparer le disciple du maître en le mettant au-dessus !

881. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

La multitude s’avilissait par la flatterie imitatrice des mœurs du tyran ; et le petit nombre des hommes distingués, communiquant difficilement entre eux, ne pouvaient établir cette opinion critique, cette législation littéraire, qui trace une ligne positive entre l’esprit et la recherche, entre l’énergie et l’exagération.

882. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Han d’Islande, texte établi par Gustave Simon, in Œuvres complètes de Victor Hugo.

883. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Il établit & renverse également plusieurs dogmes du christianisme.

884. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Tout ce que l’on peut dire sur ces hypothèses, c’est qu’elles n’ont été ni réfutées ni établies, et qu’elles restent dans le domaine libre de la fantaisie et de la conjecture.

885. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Transportez-vous dans la Grece au temps où une énorme poutre de bois soutenue sur deux troncs d’arbres équarris formait la magnifique et superbe entrée de la tente d’Agamemnon ; ou, sans remonter si loin dans les âges, établissez-vous entre les sept collines, lorsqu’elles n’étaient couvertes que de chaumières et ces chaumières habitées par les brigands aïeux des fastueux maîtres du monde.

886. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

L’auteur y établit les principes généraux de la science des mœurs, et finit par les contrats, les actes de mariage, les promesses verbales, les promesses écrites, le serment et le reste de ces engagements que nous prenons si légèrement et qui ont des suites si longues et si fâcheuses.

887. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Nous avons eu depuis soixante ans deux differentes troupes de comediens italiens établies à Paris.

888. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

Du pouvoir de l’air sur le corps humain Ne peut-on pas soutenir pour donner l’explication des propositions que nous avons avancées et que nous avons établies sur des faits constans, qu’il est des païs où les hommes n’apportent point en naissant les dispositions necessaires pour exceller en certaines professions, ainsi qu’il est des païs où certaines plantes ne peuvent réussir ?

889. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment » pp. 341-353

Si la conformité d’opinion n’est pas établie parmi eux aussi-tôt qu’il semble qu’elle devroit l’être, c’est que les hommes en opinant sur un poëme ou sur un tableau, ne se bornent pas toujours à dire ce qu’ils sentent et à rapporter quelle impression il fait sur eux.

890. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Quant à la musique hypocritique ou contrefaiseuse et qui se nommoit ainsi par ce qu’elle étoit proprement la musique des comediens que les grecs appelloient communement hypocrites ou contrefaiseurs, elle enseignoit l’art du geste, et montroit ainsi à exécuter suivant les regles d’une methode établie sur des principes certains, ce que nous ne faisons plus aujourd’hui que guidez par l’instinct ou tout au plus par une routine aidée et soutenue de quelques observations.

891. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 14, de la danse ou de la saltation théatrale. Comment l’acteur qui faisoit les gestes pouvoit s’accorder avec l’acteur qui récitoit, de la danse des choeurs » pp. 234-247

Nous avons vû dans Quintilien qu’on tâchoit d’établir une proportion entre les gestes et les mots que disoit l’orateur, de maniere que son action ne fut ni trop fréquente ni trop interrompuë.

892. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Du moins, les qualités qu’on y trouve ne sauraient constituer cette originalité qui doit, un jour ou l’autre, établir d’une manière fixe la valeur d’un livre dans l’opinion.

893. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

En société, c’est le plus souvent un commerce de mensonges, établi par la convention et le besoin de se plaire : alors elle nuit aux hommes, parce qu’elle les dispense d’avoir des vertus qu’ils auraient peut-être, ou du moins qu’ils devraient avoir.

894. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Si vous portez vos regards plus loin, vous trouverez en Hongrie ce fameux Jean Hunniade qui combattit les Turcs, et simple général d’un peuple libre, fut plus absolu que vingt rois ; et ce Mathias Corvin son fils, le seul exemple peut-être d’un grand homme fils d’un grand homme ; en Épire, Scanderberg, grand prince dans un petit État ; et parmi les Orientaux, ce Saladin, aussi poli que fier, ennemi généreux et conquérant humain ; Tamerlan, un de ces Tartares qui ont bouleversé le monde ; Bajazet qui commença comme Alexandre, et finit comme Darius : d’abord le plus terrible des hommes, et ensuite le plus malheureux ; Amurat II, le seul prince turc qui ait été philosophe, qui abdiqua deux fois le trône, et y remonta deux fois pour vaincre ; Mahomet II, qui conquit avec tant de rapidité, et récompensa les arts avec tant de magnificence ; Sélim, qui subjugua l’Égypte et détruisit cette aristocratie guerrière établie depuis trois cents ans aux bords du Nil, par des soldats tartares ; Soliman, vainqueur de l’Euphrate au Danube, qui prit Babylone et assiégea Vienne ; le fameux Barberousse Chérédin, son amiral, qui de pirate devint roi ; et cet Ismaël Sophi, qui au commencement du seizième siècle, prêcha les armes à la main, et en dogmatisant conquit la Perse, comme Mahomet avait conquis l’Arabie.

895. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Ainsi, dans leur grossièreté, ils pénétrèrent cette vérité sublime que la théologie naturelle a établie par des raisonnements invincibles contre la doctrine d’Épicure, les idées nous viennent de Dieu.

896. (1922) Gustave Flaubert

Elle y fit la connaissance d’un jeune médecin de Nogent-sur-Seine, établi à Rouen, le docteur Flaubert, et l’épousa en 1810. […] En réalité, nous y voyons la petite cause occasionnelle qui déclenche, à un moment favorable, une œuvre sur une pente déjà établie. […] Ils étaient frappés aussi par ce qu’ils trouvaient de curieux dans les entretiens de Français établis là-bas, de saint-simoniens partis à la suite du Père Enfantin. […] Et cela c’est la forme même de la fatalité qui s’établit. […] Trop parfaite et trop préconçue peut-être : nous voyons encore sous ce beau dessin le quadrillé qui a servi à en établir les proportions.

897. (1881) Le naturalisme au théatre

Rien n’est moins littéraire qu’une foule, voilà ce qu’il faut établir en principe. […] Voilà ce que M. de Lapommeraye a établi, et il ne pouvait me faire un plus vif plaisir. […] Je veux simplement établir dans quel milieu M.  […] Il a établi, sur un fourneau, un appareil qui dégage dans la pièce un gaz d’asphyxie. […] Guillaume est venu à Paris, où il a fini par s’établir.

898. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Corneille, inspiré par son génie, avait établi le genre de tragique le plus convenable aux Français, le genre héroïque qui fait couler des larmes généreuses, arrachées par l’admiration des nobles sentiments et des vertus sublimes. […] La raison, éclairée par l’expérience, apprend aux hommes sages à se conformer à l’ordre, à suivre ce qui est établi, à respecter les institutions et les mœurs de leur pays. […] La Harpe n’avait probablement établi ce principe que pour appuyer son opinion sur Zaïre, qu’il assurait être la plus touchante de toutes les tragédies. […] Rome, dit-il, fut d’abord gouvernée par des rois ; Brutus y établit le consulat et la liberté : Urbem Romam a principio reges habuere ; libertatem et consulatum L.  […] D’ailleurs, César était légalement revêtu de la dictature, magistrature continuelle, établie pour sauver l’état dans les dangers extrêmes.

899. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Dieu veuille que ses espérances ne soient pas trompées et qu’un nouveau Ponsard, — il y en a trois ou quatre, ses générations — ne viennent pas s’établir sur les ruines de l’ancien. […] Demain, chacun viendrait avec bonhomie nous dire qu’il sait mieux que nous ce que nous savons, et au bout de huit jours, après avoir beaucoup parlé, il commencerait à être question d’établir des vocabulaires pour s’entendre sur la signification de chaque mot. […] Écoles, académies, tout cela se ressemble, ce sont des entraves ; aussi chaque progrès est fait par la négation des choses établies, par une révolution ; et c’est ce qui arrivera tant qu’il y aura des intolérants. […] Deux sons font cacophonie, un troisième établit l’accord, fait harmonie : n’en est-il pas de même en peinture ? […] Quand donc il a réuni plusieurs de ces types, de même ou de différentes classes, lui est-il difficile d’établir leurs rapports ?

900. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Cette dame vint s’établir à Saint-Denis ; elle eut pour sa fille adoptive des soins vraiment maternels, et se conduisit toujours de manière à passer aux yeux de tous pour la véritable mère. « J’ai particulièrement connu, nous écrivait un de nos amis créoles, la personne qu’on dit être la fille de Parny : déjà d’un certain âge quand je la vis, elle a dû être fort jolie, sinon belle ; de taille moyenne, blonde avec des yeux bleus, elle passe pour avoir eu quelque ressemblance avec Éléonore, dans la mémoire, peut-être complaisante, de quelques anciens du pays. […] Ainsi, dans cette fin de discours, il se mit à faire un magnifique éloge de la piété tendre et sensible, puis, en regard, un non moins magnifique portrait de la vraie philosophie ; puis, au sortir de ce parallèle, il s’échappa dans une vigoureuse sortie contre le fanatisme qui, seul, trouble la paix si facile à établir, disait-il, entre les deux parties intéressées ; s’animant de plus en plus devant cet ennemi, pour le moment du moins, imaginaire, l’orateur compara tout d’un coup le fanatique ou l’hypocrite à l’incendiaire Catilina lorsqu’il vint pour s’asseoir dans le sénat de Rome et que tous les sénateurs, d’un mouvement de répulsion unanime, le délaissèrent sur son banc, seul, épouvanté et furieux de sa solitude… On se retournait, on regardait de toutes parts pour chercher cet incendiaire, car il était bien évident que, dans la pensée de Garat, ce n’était point M. de Parny. […] Cette gloire était réelle, et, malgré les quelques éclipses et les taches qu’elle s’était faites à elle-même, on la trouve, vers 1810, universellement établie et incontestée.

901. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Une fois établi à Paris, une fois en possession de la gloire et du succès, il aurait pu regretter les durs temps de sa jeunesse. […] Elles s’étaient établies sans bruit dans la comédie : il était plus facile d’y réduire les sujets de pure invention dont l’ordonnance est à la disposition de l’auteur. […] Emboîter ces réalités individuelles les unes dans les autres, équilibrer les actions et les réactions, établir partout des correspondances si exactes, que, les personnages une fois posés, l’auteur soit seulement le secrétaire de leurs propos, l’enregistreur de leurs actions, voilà peut-être la partie la plus délicate de l’œuvre comique, et où le génie de Molière apparaît le plus.

902. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Ce qu’elle a fait est et demeure le meilleur ; les moyens qu’elle a une fois établis sont et demeurent les plus efficaces. […] Je ne fais pas ici une de ces objections banales, tant de fois répétées depuis Montaigne et Bayle, et où l’on cherche à établir par quelques divergences ou quelques équivoques que certains peuples ont manqué du sens moral. […] On pourrait faire des observations analogues sur la morale et le culte et prouver que la morale n’est guère aux yeux des Chinois que l’observation d’un cérémonial établi et le culte que le respect des ancêtres.

903. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

A force de raisonnements, nous pouvons établir que nos sensations sont les signes plus ou moins fidèles des choses, mais c’est là une question de degré : tout est signe fidèle et infidèle à la fois. […] Le principe d’où part la psychologie des idées-forces est le suivant, qui établit l’unité de composition mentale. […] IV Après avoir établi que le psychologue se pose cette question fondamentale : — Qu’est-ce que le sujet conscient et comment se forme-t-il ?

904. (1914) Boulevard et coulisses

Il racontait à tous les nouveaux venus trois ou quatre anecdotes, toujours les mêmes, mais qui avaient établi sa réputation. […] Les Portugais sont toujours gais. » Je laisse à votre imagination le soin d’établir les proportions que cet événement prendrait aujourd’hui avec les interviews, la photographie et le cinéma. […] Alors, une confusion délicieuse s’établit dans son esprit : c’est l’état où je me trouve en ce moment.

905. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Ainsi que nous l’avons déjà établi, la concurrence est en général d’autant plus sévère, entre les diverses espèces d’une même contrée, qu’elles sont plus semblables à tous égards. […] Enfin, lors même que les quelques espèces fossiles qui sont communes au vieux monde et au nouveau seraient retranchées de l’ensemble, le parallélisme général des autres formes successives de l’organisation, pendant les périodes paléozoïques et tertiaires, serait cependant évident à première vue et suffirait pour établir la corrélation des diverses formations. […] Prestwich, dans ses remarquables mémoires sur les dépôts Éocènes de France et d’Angleterre, a pu établir un étroit parallélisme entre les étages successifs des terrains des deux contrées ; mais, lorsqu’il compare certains terrains anglais avec les dépôts correspondants de France, bien qu’il trouve entre eux un curieux accord dans le nombre des espèces de chaque même genre, cependant les espèces elles-mêmes diffèrent d’une manière très difficile à expliquer, si l’on prend en considération la proximité des deux régions.

/ 1986