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1857. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Pourtant, réduite et entendue dans un certain sens, cette idée a sa justesse : « Je ne crains pas de vous dire, écrit-il pour son fils, que plus la place est élevée, plus elle a d’objets qu’on ne peut ni voir ni connaître qu’en l’occupant. » Saint-Simon, que j’oserai ici contredire et réfuter, a dit de Louis XIV : Né avec un esprit au-dessous du médiocre, mais un esprit capable de se former, de se limer, de se raffiner, d’emprunter d’autrui sans imitation et sans gêne, il profita infiniment d’avoir toute sa vie vécu avec les personnes du monde qui toutes en avaient le plus, et des plus différentes sortes, en hommes et en femmes de tout âge, de tout genre et de tous personnages. […] Il tend à élever le cœur de son fils, et non à l’enfler, dit-il : « Si je puis vous expliquer ma pensée, il me semble que nous devons être en même temps humbles pour nous-mêmes, et fiers pour la place que nous occupons. » Quelques-unes de ces pages premières annoncent des dispositions d’esprit plus étendues et plus variées qu’il n’a su les tenir55.

1858. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Il avait reçu des lettres qui l’engageaient à revenir vivre à Genève ; on lui offrait une place de bibliothécaire avec appointements, un sort honnête et doux : Quel parti dois-je prendre ? […] C’est vers ce temps (1759) que les occupations littéraires de Grimm prirent plus de place et de développement dans sa vie.

1859. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

C’est aux secondes places que le vouloir est gêné, parce que toutes sortes de ménagements sont alors nécessaires, et qu’il faut y destiner une partie de ses moyens. […] Une grande dame qui tient cercle a toujours une place marquée vers un des coins de sa cheminée ; son fauteuil, d’une structure particulière, doit paraître simple, mais commode, afin d’admettre en supposition qu’elle ne dérange rien à ses habitudes.

1860. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

La science est pour l’intelligence ce que la charité est pour le cœur ; elle est ce qui rend infatigable, ce qui toujours relève et rafraîchit ; elle donne le sentiment que l’existence individuelle et même l’existence sociale n’est pas un piétinement sur place, mais une ascension. […] Désormais nous serons soutenus par l’idée que le fidèle accomplissement de notre tâche ajoutera un nouveau maillon à la grande chaîne du savoir humain… (1er janvier 1883.) » — L’hiver passé : — « Adieu, San-Mayen (c’est le nom de l’île où l’expédition scientifique a hiverné)… Après nous il viendra d’autres hommes pourvus d’instruments meilleurs, comme nous sommes venus prendre la place des sept Hollandais qui, il y a deux cent cinquante ans, ont payé de leur vie leur tentative d’hivernage.

1861. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Leur aspect physique déterminé, le romancier les place dans une scène, soit journalière, soit exceptionnelle, montre par une conduite concordante de quelle façon particulière tel être se caractérise. […] Pour montrer plus intense un acte ou un personnage, il le place de force dans un milieu similaire ; pour amplifier un individu ou un sujet, il use de deux artifices romantiques : l’antithèse, le symbolisme.

1862. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Elle veut une place parmi les peuples rajeunis, et un jour ou l’autre elle l’aura, car les nations sont de terribles femmes : ce qu’elles veulent, Dieu le veut aussi. […] En diminuant le personnage historique, nous aurons diminué l’historien, et mis l’un et l’autre à sa place ; car, il ne faut pas s’y méprendre, les hommes donnent leur mesure par leurs admirations, et c’est par leurs jugements qu’on peut les juger.

1863. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Ernest Renan était là à sa vraie place pour faire illusion. […] Aujourd’hui que le tigre est sorti de ses jungles, nous nous apercevons qu’il a fait ses humanités en Allemagne et qu’il n’est qu’un chat assez moucheté, car il a du style par places, mais cachant sous sa robe fourrée et ses airs patelins la très grande peur et la petite traîtrise de tous les chats, — ces tigres manqués !

1864. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Ne suppose pas que je fais des efforts d’intelligence pour voir les choses et les hommes à leur place dans le tout ; aucun vraiment. […] Je continue à croire que la principale vertu est l’effort de la raison pour voir les choses à leur place dans l’ensemble, pour les « remettre au point » en toute vérité et simplicité, et à mon détriment s’il le faut, quelque douloureux que ce soit, mais je ne crois pas que le monde soit pénétré de raison.

1865. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Comment donc avez-vous pu me faire succéder aux hommes éminents qui tour à tour s’assirent à cette place et qui étaient tous adonnés aux mêmes études que vous ? […] je ne sais ; mais incontestablement c’est par les mathématiques que le besoin de la preuve s’est propagé d’intelligence à intelligence, prenant d’autant plus de place dans l’esprit humain que la science mathématique, par l’intermédiaire de la mécanique, embrassait un plus grand nombre de phénomènes de la matière.

1866. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

On lui offrit une place de professeur à Cambridge ; il refusa, aimant mieux penser par lui-même, et jugeant qu’un enseignement officiel n’est jamais assez libre. Sa gravité, son honnêteté, sa gloire parurent considérables au parti whig, et les chefs lui proposèrent une place au parlement.

1867. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

D’autre part, un témoignage antique place la représentation de la tragédie des Perses à la quatrième année de la soixante-quinzième olympiade, dix ans après Marathon, et l’année même de Salamine, deux journées où le poëte, qui célébrait ainsi la seconde, avait également combattu. […] Mais plus le théâtre d’Athènes, bâti non loin de sa tribune, était naturellement inspiré, moins il laissait place à l’émulation des autres cités de la Grèce.

1868. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

À des degrés inférieurs, il est encore d’honorables places à saisir ; et, quoique le talent se laisse peu conseiller à l’avance, quoiqu’il appartienne à lui seul, dans ce fonds tant de fois remué, mais non pas épuisé, de l’observation naturelle et sociale, de découvrir de nouvelles formes et des aspects imprévus, qu’on nous permette d’exprimer ce seul vœu : c’est qu’il revienne enfin et qu’il s’attache désormais à étudier une nature humaine véritable, une nature saine et non corrompue, non raffinée ou viciée à plaisir, une nature ouverte aux vraies passions, aux vraies douleurs, sujette aux ridicules sincères, malade, quand elle l’est, des maladies générales, et naturelles encore, que tous comprennent, que tous reconnaissent et doivent éviter.

1869. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

Sainte-Beuve, signalons nous-même deux articles qui auraient leur place marquée ici et que nous n’avons pu y insérer parce qu’ils n’étaient plus notre propriété ; quelqu’un, dont le concours bienveillant et actif a considérablement favorisé et facilité nos recherches, nous recommandait longtemps à l’avance de ne pas les oublier : il s’agit d’une dernière étude sur Madame Tastu composée en 1869 pour la Galerie des Femmes célèbres ; et de Jugements et Témoignages sur Le Songe et sur Gil Blas dictés en 1863 pour une édition de Gil Blas.

1870. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Ces passions violentes et fatales, même dans leur générosité ; ces utopies politiques et sociales, filles du xviiie  siècle, et qui étaient devenues le rêve des plus chauds et des plus nobles cœurs ; ce prestige républicain, attaché à certaines maximes, à certaines formes de gouvernement ; cette éducation de collège et de livres, toute romaine : et Spartiate, sans l’intelligence de ce qui diffère dans les temps modernes ; enfin la guerre au dehors qui excitait et commandait l’énergie en toutes choses : voilà les causes réelles qui renversèrent la Constitution de 91 : et qui eussent renversé toute autre eu sa place ; voilà, en y ajoutant les faits et les mille incidents qui survinrent, ce qui amena le 10 août, la Convention » et la Montagne.

1871. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Le généreux effort de M. de La Mennais l’occupe ensuite ; il en apprécie et en honore la grandeur ; mais c’est du seul côté de l’indépendance et de la raison humaine, qu’il place (bien que le point prochain soit encore indéterminé) le centre de mouvement des forces de l’avenir.

1872. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

L’étude détaillée de cette « écriture » et de sa particulière beauté sera plus à sa place dans notre prochaine étude.

1873. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

Ce n’est plus vis-à-vis du sort, mais de sa conscience qu’on se place, et, renonçant à toute influence sur le destin et sur les hommes, on se complait d’autant plus dans l’action du pouvoir qu’on s’est réservé, dans l’empire de soi-même, et l’on fait chaque jour avec bonheur quelque changement ou quelque découverte, dans la seule propriété sur laquelle on se croit des droits et de l’influence.

1874. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Voici une large période qui n’est au fond qu’une antithèse : Cent mille hommes criblés d’obus et de mitraille, Cent mille hommes couchés dans un champ de bataille, Tombés pour leur pays par leur mort agrandi, Comme on tombe à Fleurus, comme on tombe à Lodi, Cent mille ardents soldats, héros et non victimes, Morts dans un tourbillon d’événements sublimes, D’où prend son vol la fière et blanche Liberté, Sont un malheur moins grand pour la société, Sont pour l’humanité, qui sur le vrai se fonde, Une calamité moins haute et moins profonde, Un coup moins lamentable et moins infortuné Qu’un innocent, un seul innocent, condamné, Dont le sang ruisselant sous un infâme glaive, Fume entre les pavés de la place de Grève, Qu’un juste assassiné dans la forêt des lois, Et dont l’âme a le droit d’aller dire à Dieu : “Vois !

1875. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Dès le moyen âge, la séduction de nos idées et de nos écrits fait délaisser à des étrangers leur langue nationale pour la nuire ; le Florentin Brunetto Latino, au xiiie  siècle, se fera une place parmi les prosateurs français comme au xviiie le Napolitain Galiani et le Prussien Frédéric.

1876. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Le désir de la femme les mordra au cœur ; et la femme, introduite dans la place, les trahira, livrera au peuple les secrets des savants et les machines par lesquelles ils terrorisaient la multitude.

1877. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Et c’est que toutes les autres sont coiffées et habillées à peu près comme les figures allégoriques de la place de la Concorde.

1878. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Gustave Kahn innova une strophe ondoyante et libre dont les vers appuyés sur des syllabes toniques créaient presque en sa perfection la reforme attendue ; il ne leur manquait qu’un peu de force rythmique à telles places et une harmonie sonore plus ferme et plus continue que remplaçait d’ailleurs une heureuse harmonie de tons lumineux.

1879. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Ils changeaient de place leur douleur, à la recherche d’un soulagement qui ne voulait pas venir.

1880. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

. — … gîte aujourd’hui place de la Roquette sur laquelle il périra sans doute.

1881. (1890) L’avenir de la science « VII »

Autrefois il y avait place pour ce petit rôle assez innocent du savant de la Restauration ; rôle demi-courtisanesque, manière de se laisser prendre pour un homme solide, qui hoche la tête sur les ambitieuses nouveautés, façon de s’attacher à des mécènes ducs et pairs, qui pour suprême faveur vous admettraient au nombre des meubles de leur salon ou des antiques de leur cabinet ; sous tout cela quelque chose d’assez peu sérieux, le rire niais de la vanité, si agaçant quand il se mêle aux choses sérieuses !

1882. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

Ainsi, tout petits que nous sommes, nous avons notre place dans l’agitation générale, et nous y servons.

1883. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Enfin, il lui prêtait dans l’économie du mystère chrétien une place à part, qui faisait de lui le trait d’union entre le vieux Testament et l’avènement du règne nouveau.

1884. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

« Vous êtes appelés à des places que j’espere que vous mériterez, & qui pourront vous donner quelque autorité sur d’autres hommes : souvenez-vous plus que jamais alors, que vous avez obéi ; souvenez-vous de ce grand précepte émané de la Divinité même : Fais à autrui ce que tu voudrois qu’il te fût fait.

1885. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VIII »

Cet aveu ne nous coûte rien : nous avons permis à l’industrie, au commerce, à la politique, à la marine, à toutes les activités nouvelles ou renouvelées en ce siècle, d’adopter un vocabulaire où l’anglais, s’il ne domine pas encore, tend à prendre au moins la moitié de la place.

1886. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — La vision d’où est sorti ce livre (1857) »

* Lorsque je la revis, après que les deux anges L’eurent brisée au choc de leurs ailes étranges, Ce n’était plus ce mur prodigieux, complet, Où le destin avec l’infini s’accouplait, Où tous les temps groupés se rattachaient au nôtre, Où les siècles pouvaient s’interroger l’un l’autre Sans que pas un fît faute et manquât à l’appel ; Au lieu d’un continent, c’était un archipel ; Au lieu d’un univers, c’était un cimetière ; Par places se dressait quelque lugubre pierre, Quelque pilier debout, ne soutenant plus rien ; Tous les siècles tronqués gisaient ; plus de lien ; Chaque époque pendait démantelée ; aucune N’était sans déchirure et n’était sans lacune ; Et partout croupissaient sur le passé détruit Des stagnations d’ombre et des flaques de nuit.

1887. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

On trouve, dans ceux qui furent appellés les deux lumières du barreau, des applications forcées, un assemblage d’idées singulières & de mots emphatiques, un ton insupportable de déclamateur ; quelques belles images, il est vrai, mais souvent hors de place ; le naturel sacrifié à l’art, & l’état de la question presque toujours perdu de vue.

1888. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Chez Homère, les œuvres civiles se font avec fracas et parade : un juge, assis au milieu de la place publique, prononce à haute voix ses sentences ; Nestor, au bord de la mer, fait des sacrifices ou harangue les peuples.

1889. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Il y a douze figures ; chacune est à sa place, et fait ce qu’elle doit.

1890. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes » pp. 275-287

Cependant le public enchanté par la poësie du stile de ces ouvrages ne se lasse point de les admirer, et il les place fort au-dessus de plusieurs autres, dont les moeurs sont meilleures, et dont le plan est regulier.

1891. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

La ressemblance des idées que le poëte tire de son génie, avec les idées que peuvent avoir des hommes qui se trouveroient être dans la même situation où ce poëte place ses personnages, le pathetique des images qu’il a conçûës avant que de prendre la plume ou le pinceau, font donc le plus grand mérite des poëmes, ainsi que le plus grand mérite des tableaux.

1892. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

On ne sçauroit connoître à l’aide du sentiment si la verité est observée dans le tableau historique qui représente le siege d’une place ou la céremonie d’un sacre.

1893. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Ils auroient eu raison s’ils se fussent contentez de lui donner la seconde place.

1894. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Leur procédé consiste à ramasser soigneusement les détails, vétilles, négligences et petits défauts d’une œuvre, tout ce qui tient peu de place, tout ce qui est insignifiant, et à présenter ensuite cette petite collection comme résumant l’œuvre incriminée.

1895. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Alaux. La Religion progressive » pp. 391-400

Alaux est un piétineur d’idées sur place, bien plus qu’un postillon.

1896. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Hinzelin, au sortir de la gare de Vouziers, a traversé la place de l’Hôtel-de-Ville, pour trouver au bout d’une rue, modestement bâtie, la maison où naquit, le 21 août 1828, le jeune Hippolyte.

1897. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

Étant consul sous Nerva, il prononça l’éloge funèbre de Virginius ; c’est ce même général qui avait refusé trois fois l’empire, qui par là déplut aux armées, dont il méprisa la haine, qui les fit obéir en dédaignant leurs présents, et qui vécut tranquille et respecté sous six empereurs, quoiqu’il n’eût tenu qu’à lui d’être à leur place.

1898. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Ils trouvèrent place aussi dans les volumes de Mélanges que publia vers ce temps M. […] Et tout à côté de cet hommage rendu au vrai talent dans les rangs de la cause religieuse, Mlle de Meulan remettait à leur place le citoyen La Harpe et le citoyen Vauxcelles, qui avaient pris sujet d’un article d’elle sur l’Éducation des Filles de Fénelon, pour se livrer l’un en plein Lycée, l’autre je ne sais où, à la déclamation d’usage sur le fanatisme d’irréligion et aux autres lieux-communs qui faisaient explosion alors. […] Le mordant se fait jour encore par places, par points, comme quand il s’agit de l’oncle de Revey, qui, en se mettant à son whist, prétend qu’on est toujours élevé ; mais le fond est en entier sérieux, ce qui n’empêche pas la finesse de bien des traits de s’y détacher.

1899. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

La France, toutes les fois qu’elle a été soumise à de pareilles épreuves, a frémi ; sa fibre vitale, se sentant atteinte, s’est irritée et révoltée ; les hypocrites, les hommes de congrégation et d’intrigue, qui compromettaient les régimes auxquels semblait liée leur existence, ont été tôt ou tard secoués et remis à leur place. […] La mollesse des mœurs, la lâcheté des opinions, la facilité ou la connivence des gens bien appris, laissent le champ libre plus que jamais en aucun temps à l’activité et au succès d’un parti ardent qui a ses intelligences jusque dans le cœur de la place et qui semble, par instants, près de déborder le pouvoir lui-même. […] Il a semblé à l’éditeur que la note inédite suivante, extraite du dossier de Monsieur Sainte-Beuve et préparée en cas d’interruption, trouvait assez naturellement sa place ici : « Et ne venez pas parler d’immoralité en même temps que de jeunesse.

1900. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Il faut donner la meilleure place à ma mère ; mon frère doit être près d’elle. […] La foule va se presser, le bruit sera confus ; la place, les rues suffiront à peine à la multitude. […] C’est comme les tapisseries de haute lice, dont on travaille les peintures à l’envers, jusqu’à ce que, mises en place, on en puisse juger l’effet.

1901. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

J’ai parcouru l’Allemagne, je sais le droit saxon, lui seul est juste, il réserve le sceptre à l’homme, il ne donne à la femme qu’une place au foyer et une quenouille !  […] Laissons parler ici l’écrivain français, qui a étudié sur place et dans les sources les circonstances les plus minutieuses de l’événement, et qui les grave en les racontant : « Le roi, dit-il, avait soupé chez lui, en compagnie du comte de Morton, de Ruthven et de Lindsey ; son appartement, un rez-de-chaussée, élevé de quelques marches, était situé au-dessous de l’appartement de Marie, dans la même tour. […] C’était un désespéré, de mouvement, d’ambition, d’aventures, un de ces aventuriers plus grands que nature, qui brisent en croissant tout le système social dans lequel ils sont nés pour se faire une place à leur mesure ou pour succomber avec éclat en la cherchant.

1902. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Le parti de Jacques, fils de Marie Stuart, et le parti de sa mère luttèrent de forfaits ; Lennox fut tué en combattant ; le comte de Morton prit la régence à sa place ; il régna en bourreau, le fer à la main ; il anéantit le parti de la reine par la terreur d’un gouvernement, qui prépare des reflux de sang. […] Je n’accepte cette place (en montrant) sur le gradin inférieur du siège des juges, que comme chrétienne qui s’humilie ; ma place est là, dit-elle en tendant la main vers le dais, je suis reine dès le berceau, et le premier jour qui m’a vue femme m’a vue reine ! 

1903. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

La guerre y tient tout juste autant de place qu’il faut pour marquer la noblesse des personnages ; Céladon ne serait pas l’amoureux idéal, si jamais il n’avait l’épée en main. […] L’exemple qu’elle a donné est imité de toutes parts : par tout le beau Paris d’alors, autour du Louvre et du Palais-Cardinal, au Marais et dans la place Royale, les palais des princes et des seigneurs, des hôtels même de la riche bourgeoisie ouvrent leurs portes. […] On lui doit bien une place en bon jour, entre Malherbe et Racan.

1904. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Ces restes de l’esprit gaulois auraient cédé naturellement place à l’esprit français entrevoyant pour la première fois, sous les mots charmants de tragédie et de comédie, l’idéal d’un art que le dix-septième devait réaliser. […] Sans doute elles y sont en trop grand nombre, et souvent où elles ne conviennent pas ; elles y tiennent la place de l’action, la première des vérités dans un poème dramatique. […] Le poète conçoit d’abord des caractères qu’il emprunte soit à l’histoire, soit aux traditions religieuses ; il les place au milieu d’événements vrais ou vraisemblables, avec des passions et des intérêts opposés, dont la lutte donne naissance aux situations.

1905. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Perrault rend la cause meilleure en adoptant la gloire de ces modernes, y compris Boileau, auquel il fait habilement une place parmi eux. […] Au moyen âge, elle s’était si bien confondue avec le syllogisme, qu’elle mit à sa place et qu’elle adora son simulacre. […] Dans la médiocrité commune, on estima plus ce qu’il voulait nous ôter que ce qu’il offrait de mettre à la place, et la raison se vengea d’abord, par l’incrédulité, du conseil de s’abêtir.

1906. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il faut y rattacher encore indirectement bien des jugements moraux souvent implicites, peu appréciés des philosophes, mais qui tiennent leur place dans la vie. […] Ou bien ces divers noms ne désignent qu’une même chose, ou bien ils indiquent des déviations, l’usurpation d’un élément d’importance variable, qui prend la première place et veut se subordonner tous les autres. […] Une conception plus saine prendrait sa place, qui existe déjà d’ailleurs et quoique méconnue, influence les âmes et fait agir les volontés.

1907. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Le monde le plus riche et le plus influent de Paris lui offrit ce qu’il voulut, places, honneurs, importance, argent. […] La vieille maison de la rue Saint-Victor fut ainsi, pendant quelques années, la maison de France où il y eut le plus de noms historiques ou connus ; y obtenir une place pour un jeune homme était une grâce chèrement marchandée. […] Le soir, on lisait en sa présence les places et les notes de la semaine.

1908. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

J e vous prie, Monsieur, de m’accorder une place dans votre Journal, pour réclamer contre les faits & les Pieces citées dans une brochure qu’on vient de publier. […] « Il n’est pas inutile de remarquer qu’un autre Abbé, qui se pique aussi de Religion (je ne le nommerai point, pour ne pas lui nuire dans la place de confiance qu’il occupe), me poursuit depuis trois ou quatre ans, avec une haine & un acharnement d’autant plus inconcevables, que je ne lui ai donné aucun sujet de se plaindre de moi : il n’est question de lui dans aucun de mes Ouvrages ; je ne le connois même point, & je puis assurer que je n’ai entendu prononcer son nom, qu’à l’occasion de son monstrueux déchaînement. […] Messieurs, J'ose me flatter que vous ne me refuserez pas une place dans votre Journal, pour rendre compte d'une Lettre que je viens de recevoir : Elle est de M. l'Abbé Liger, Auteur d'une Brochure qui a paru contre moi, dans le mois de Février de cette année.

1909. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Mais ce que la Chambre blanche contient de précieux, ce sont les pièces où la note doucement sentimentale s’élève jusqu’à la beauté du sentiment pur : J’accueille quand il veut le souvenir qui passe Je lui dis : « Mets-toi là… je reviendrai te voir… » Je sais toute ma vie qu’il est bien à sa place, Mais j’oublie quelquefois de revenir le voir. […] Parmi les plus caractéristiques de maintenant son effort déjà notoire le place audacieusement des premiers. […] Au milieu du concert orphique et aphrodisiaque des autres poétesses, elle se place résolument sous l’égide du stoïcisme catholique.

1910. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Il entend gronder derrière lui le roman de la veille qui, le poignard à la main, lui redemande sa place ; il entend gémir l’abonné curieux, qui, tel que le sultan des Mille et Une Nuits, ne peut dormir d’impatience en attendant le conte du lendemain. […] Ils ne trouvent plus, comme Hoffmann, « qu’on devrait fouetter sur la place publique un homme qui a fait d’aussi pitoyables tragédies que Schiller ». […] Scudéry et Théophile ne coudoient pas tout à fait Corneille ; mais ils prennent sa place.

1911. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

En d’autres termes, le mécanisme que nous décrivions tout à l’heure est déjà comique quand il est rectiligne ; il l’est davantage quand il devient circulaire, et que les efforts du personnage aboutissent, par un engrenage fatal de causes et d’effets, à le ramener purement et simplement à la même place. […] Mais il doit être d’une application facile, car on constate que les professionnels de l’esprit, dès qu’ils entendent prononcer une phrase, cherchent si l’on n’obtiendrait pas encore un sens en la renversant, par exemple en mettant le sujet à la place du régime et le régime à la place du sujet.

1912. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Sur la place publique, devant l’église, devant son église, qui est aussi sa maison commune, la foule vit de la vie fictive de la scène. […] Comme la scène est souvent un monde en raccourci, on se borne nécessairement à des indications sommaires pour marquer la place de Paris, de Rome ou de Jérusalem. […] Rôdez autour des confessionnaux, sur les places publiques, dans les églises, pour y voir des altitudes sans contrainte et sans apprêt. […] Corneille l’a laissé percer dans La Galerie du Palais et La Place Royale, Boileau dans ses Satires. […] Ce sont là de belles catastrophes, qui tiennent une grande place dans l’histoire.

1913. (1903) Propos de théâtre. Première série

Voltaire n’avait qu’à paraître et il élargissait d’un seul coup la brèche de telle manière que Shakspeare entrait dans la place bannières déployées. […] C’est l’ambitieux vulgaire, pâlissant au nom du prince, courbé devant le favori, prêt à tout sacrifier aux intérêts de sa place. […] Il convient de lui montrer la famille, et la famille seule, comme son vrai domaine, son vrai empire, et, simplement, comme sa vraie place. […] « Et maintenant, qu’est-ce que vous feriez à ma place ? […] La haine contre Rome occupe beaucoup de vers dans l’ouvrage, elle tient peu de place dans une analyse si consciencieuse qu’on la fasse, de la pièce.

1914. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Cela fait, on le transporte dans l’esprit, on l’y loge à sa place dans la boîte où il manquait, et quand, par ces excursions, on s’est procuré ainsi toutes les boites nécessaires, il n’y a plus qu’à les ouvrir dans leur ordre, pour passer sans interruption, comme dans un théorème, de la première donnée à la seconde donnée de la loi. […] Si deux rayons lumineux s’éteignent par places, ou si deux sons continus deviennent muets par moments, c’est grâce aux vitesses des deux séries d’ondes propagées qui, par places ou par moments, interfèrent et s’annulent. — Il suit de là que, dans la loi expérimentale comme dans la loi géométrique, les propriétés d’un composé plus complexe lui sont reliées par l’entremise des propriétés de ses facteurs ou composés plus simples, qu’il en est de même pour chacun de ceux-ci, et que partant, si on cherche les derniers intermédiaires, les dernières raisons, les derniers caractères explicatifs et démonstratifs qui établissent la loi, on les verra reculer, de composé plus complexe en composé plus simple, pour se laisser saisir à la fin dans quelques facteurs très simples ou éléments primitifs dont ils sont les propriétés. […] Il y en a une seconde, démêlée par Geoffroy Saint-Hilaire, encore plus féconde en conséquences, la propriété de tenir sa place dans un plan. […] À ce titre, quelles que soient les modifications secondaires que lui impose son passage d’un animal dans un animal différent, et, par suite, son adaptation à un usage nouveau, il reste au fond le même ; il n’est jamais transposé ; on le retrouve toujours à la même place, et il se fait reconnaître, à travers les élongations, les soudures, les appauvrissements, les changements de rôle et même les pertes d’emploi, que, déformé, transformé, atrophié, il a subis.

1915. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Bonne place à l’entrée dans la vie, où l’on reçoit une éducation libérale, où l’on ne méprise personne, parce qu’on touche à tous, où l’on n’est dédaigné de personne, parce qu’on n’accepte pas le dédain. […] lui répondit Molière, je ne saurais être philosophe avec une femme aussi aimable que la mienne ; et peut-être qu’en ma place, vous passeriez encore de plus mauvais quarts d’heure. » XXII Son ami de collège et de table, Chapelle, l’amusait par ses ivresses, mais ne le consolait pas. […] J’ai fait jusques ici profession de l’être ; Mais, après ce qu’en vous je viens de voir paraître, Je vous déclare net que je ne le suis plus, Et ne veux nulle place en des cœurs corrompus. […] Mais, sans vous fatiguer de ma cérémonie, Je m’en vais vous donner meilleure compagnie ; Et monsieur, qu’à propos le hasard fait venir, Remplira mieux ma place à vous entretenir. […] Encore avez-vous une satisfaction que vous n’auriez pas si c’était une maîtresse ; et la vengeance, qui prend ordinairement la place de l’amour dans un cœur outragé, vous peut payer tous les chagrins que vous cause votre épouse, puisque vous n’avez qu’à l’enfermer ; ce sera un moyen assuré de vous mettre l’esprit en repos. » Molière, qui avait écouté son ami avec assez de tranquillité, l’interrompit pour lui demander s’il n’avait jamais été amoureux. « Oui, lui répondit Chapelle, je l’ai été comme un homme de bon sens doit l’être: mais je ne me serais jamais fait une si grande peine pour une chose que mon honneur m’aurait conseillé de faire, et je rougis pour vous de vous trouver si incertain. — Je vois bien que vous n’avez encore rien aimé, lui répondit Molière, et vous avez pris la figure de l’amour pour l’amour même.

1916. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Mais chez tous sans exception, chez les esprits étroits et lourds qui parcourent sans cesse un même cercle d’idées, chez les esprits légers, vagabonds, superficiels, chez ces derniers comme chez les plus profonds penseurs, chez l’orateur le plus abondant et le plus disposé à répandre au dehors une verve intarissable, comme chez le plus timide et le plus respectueux des disciples, le langage intérieur occupe dans l’existence une place plus grande que le langage extérieur énoncé ou entendu. […] Deux inexactitudes subsistent pourtant dans les vues de Bonald sur la place qu’occupe dans la succession psychique la parole intérieure ; il n’a pas vu que la parole intérieure est, en fait, chez l’adulte, absolument constante et continue ; il n’a pas vu davantage que, chez l’adulte aussi, les images visuelles sont, en fait, toujours reléguées au second plan par la parole intérieure [ch. […] Observateur consciencieux et pénétrant, logicien timide et médiocre, écrivain d’une clarté persuasive quand il décrit les faits, flottant et peu rigoureux quand il aborde les lois générales, il a fait, dans le second volume de son ouvrage68, une étude approfondie de la parole et de récriture au point de vue psychologique, dans laquelle il a, le premier, assigné à la parole intérieure sa place légitime, non seulement dans la théorie du langage, mais aussi dans la psychologie générale ; on peut dire qu’il a fait entrer dans la science ce qui, parmi les idées de Bonald, méritait de durer ; malheureusement son ouvrage n’est jamais sorti d’une quasi-obscurité d’où les deux cents pages consacrées à la théorie du langage auraient dû suffire à le tirer. […] Notons qu’il n’a réservé aucune place spéciale dans la succession psychique aux images visuelles : pour lui, la contemplation des choses visibles exige des idées générales et un discours intérieur ; il fait mieux : il reconnaît la prééminence des images vocales sur toutes les autres images ; son opinion sur ce point contraste heureusement avec celle de Prévost (de Genève) : « Les souvenirs, dit-il, même celui des choses qui nous sont le plus familières, ont toujours quelque chose de vague, d’obscur et d’indéterminé. […] Cardaillac fait une place à part à l’articulation, qu’il distingue du son et, semble-t-il, du mouvement musculaire ; le sens de ces passages nous échappe.

1917. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Le grand mérite d’un écrivain est de connaître le pouvoir d’un mot mis à sa place. […] Le poète répondit qu’il ne croyait pas que l’amour fut à sa place dans une tragédie ; mais que, s’il leur fallait des héros amoureux, il leur en ferait tout comme un autre. […] Ce n’est pas là perfectionner Sophocle, comme le prétend La Harpe, c’est le gâter ; c’est mettre à la place d’une tragédie grecque un roman moderne. […] Pourquoi donc cette reine d’Argos a-t-elle été forcée de céder la place à la reine de Babylone ? […] La fille, de son côté, qui n’est pas moins défiante, met sa femme de chambre à sa place, et reçoit, sous le costume de soubrette, l’époux à qui elle est promise.

1918. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Elle est longue, elle est ovale, il y a place pour beaucoup de monde. […] s’écria-t-elle ; vous êtes farci de synthèses, qu’on vous a fourrées, bon gré mal gré, à la place des entrailles. […] Les clients, les affranchis et les esclaves avaient leur place dans les columbaires des familles patriciennes. […] Ainsi, laissons à la postérité le soin d’assigner à nos grands contemporains leur véritable place. […] Mais ces révélations, qui n’auraient aucun inconvénient pour sa mémoire, exigeraient des développements qui ne peuvent trouver place ici et qui ne rempliraient pas le but, principalement littéraire, que je me propose.

1919. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Fernand, bien qu’il ne soit qu’un pleutre, répond pourtant ce qu’un galant homme répondrait à sa place. […] la voilà barrée par le canapé où dorment les deux enfants et qu’il a lui-même roulé à cette place. […] Mais voyez comme il importe de laisser les choses, pour les goûter, à leur place et dans leur temps. […] Puis les comédiens ne tiennent vraiment pas assez de place dans la société contemporaine. […] je ferai la même. « Mesdames et messieurs, je me place au point de vue du théâtre.

1920. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Faisons entendre le fameux Addison à ma place : sa célébrité donnera plus de poids à son opinion qu’à la mienne, et la confiance qu’elle inspire entraînera mieux votre assentiment. […] Eût-il trouvé quelque place à leur assigner dans sa poétique ? […] Elle a satisfait au besoin de la faible intelligence du vulgaire, à qui toutes les abstractions échappent, et leur a offert des objets comparatifs à la place des spéculations métaphysiques. […] emporte avec toi la consolation de savoir que les mânes heureux attendent Pompée et ses amis, et que, dans le lieu le plus serein de l’Élysée, on garde une place à ton père. […] L’une, image de l’âme universelle, se nomma Psycolie, et remplaça Minerve dans ma création ; l’autre se nomma Bione, et prit la place de Vénus génératrice.

1921. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Camille Lemonnier a marqué sa place au premier rang des littérateurs belges. […] Je ne me crois pas permis de juger cet ouvrage à la place même où il a paru. […] Les femmes, encore sauvages, déchiraient sur la place publique les messagers des désastres. […] Tandis qu’à votre place une actrice vivante semblerait petite. […] Il a étudié sur place les principales affaires de la campagne.

1922. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

L’année dernière encore, Corneille, mettant en présence Sertorius et Pompée, ne les place en face l’un de l’autre, tête à tête, qu’au troisième acte. […] Mais on n’appelle point pièce à action une pièce où l’action tient le quart de l’ouvrage et s’interrompt sans cesse pour laisser place — et Dieu merci ! […] On suppose que sa « raison » le place au-dessus de tous les désirs, même les plus légitimes, et lui tient lieu de toutes les satisfactions. […] Ce fut, tout autant, la fuite du roi à Varennes, qui excita l’imagination de nos dramatistes de la place de la Bastille et lieux circonvoisins. […] Les colonels et les soldats-laboureurs et les soldats-curés d’Eugène Scribe ont leur place, et importante, dans ce chapitre de l’histoire littéraire.

1923. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Il serait trop étrange que dans une théorie psychologique de la poésie, le sentiment ne tint aucune place. […] Mais en général, je crois que la rêverie tient dans notre vie intellectuelle plus de place qu’on ne se le figure communément. […] Dans l’existence la plus vulgaire il y a encore une place pour l’idéal. […] Si l’on avait eu l’imprudence de les rédiger les premières, quand le moment serait venu de les mettre à leur place, on s’apercevrait qu’elles ne sont plus dans le ton, et il faudrait les recommencer. […] Ne devenons-nous pas de jour en jour plus pratiques, moins disposés à accorder dans notre vie affairée une place à l’art, à l’idéal, à la poésie ?

1924. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Si vous me connaissiez davantage, vous sauriez que je suis arrivé en place philosophe, que j’en suis sorti plus philosophe encore, et que trois ans de retraite ont affermi cette façon de penser au point de la rendre inébranlable. […] Il ne regrette point le ministère aux conditions où il l’a laissé, et il résume lui-même sa situation politique par un de ces mots décisifs qui sont à la fois un jugement très vrai, et un aveu honorable pour celui qui les prononce : « Je sens avec vous combien il est heureux pour moi de n’être plus en place ; je n’ai pas la capacité nécessaire pour tout rétablir, et je serais trop sensible aux malheurs de mon pays. » Et il essaye de se consoler de son mieux, de se recomposer, dans cette oisiveté, quoi qu’il en dise, un peu languissante, un idéal de vie philosophique et suffisamment heureuse : « La lecture, des réflexions sur le passé et sur l’avenir, un oubli volontaire du présent, des promenades, un peu de conversation, une vie frugale : voilà tout ce qui entre dans le plan de ma vie ; vos lettres en feront l’agrément. » Ce dernier point n’est pas de pure politesse : on ne peut mieux sentir que Bernis tout l’esprit et la supériorité de Voltaire là où il fait bien : « Écrivez-moi de temps en temps ; une lettre de vous embellit toute la journée, et je connais le prix d’un jour. » La manière dont Voltaire reçoit ses critiques littéraires et en tient compte enlève son applaudissement : « Vous avez tous les caractères d’un homme supérieur : vous faites bien, vous faites vite, et vous êtes docile. » Bernis n’a pas, en littérature, le goût si timide et si amolli qu’on le croirait d’après ses vers.

1925. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Une fois produit, il travailla vigoureusement à se faire sa place, à concilier l’étude du cabinet avec la pratique : il était littérateur à la façon du xvie  siècle, parlant latin autant et plus volontiers que français ; c’est pour le latin qu’il garde ses élégances : quand il écrit dans sa langue maternelle, son style bigarré exprime à merveille le mélange de goût qui régnait dans les professions savantes durant la première moitié du xviie  siècle. […] Dans les raisons alléguées par la Faculté, par ceux qui écrivent en son nom, et par Gui Patin en particulier, contre Renaudot, et pour preuve de son incapacité et de son indignité à pratiquer la médecine, ce qui tient la première place, c’est le trafic et négociation qu’il fait « à vendre des gazettes, à enregistrer des valets, des terres, des maisons, des gardes de malades, à exercer une friperie, prêter argent sur gages, et autres choses indignes de la dignité et de l’emploi d’un médecin.

1926. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

L’histoire politique le nommera ; mais ce qui est mieux encore, sans être précisément un écrivain et en ne paraissant qu’un amateur, il a marqué par ses idées et ses vues sa place dans l’histoire de la littérature et de la société françaises68. […] Roederer, nous dit Beugnot, en appuyant sur les reproches que l’empereur m’avait faits de n’être ni logé, ni meublé, ni arrangé, prit la peine de m’expliquer ce qu’il eût fait à ma place pour se procurer ces jouissances, et il me déploya une délicatesse de goût, une expérience de bien-être, une recherche en toutes choses qu’on ne se serait jamais avisé de rencontrer en lui.

1927. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Le premier plan de Villars dans cette campagne du Danube était de se porter entre Passau et Lintz, d’attaquer celle des deux villes qui aurait paru le plus dégarnie de troupes, et, si une partie de ces troupes s’y était laissé prendre, de marcher sur Vienne : « Je dois connaître cette place, ajoutait Villars, par le séjour que j’y ai fait. […] Villars allait se retrouver à sa vraie place : toutefois, cette mission des Cévennes et le caractère qu’il y déploya ne le diminuent point à nos yeux.

1928. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Ce ne fut qu’après son second mariage, quand elle eut quitté la place de dame du palais de la reine où sa belle-fille lui succéda, qu’on la voit décidée à avoir un salon à Paris. […] Elle a persuadé Mme de La Vallière de donner son congé à Gélyotte, chanteur de l’Opéra, et de s’attacher à sa place le comte de Bissy.

1929. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

dans l’appréciation de ces œuvres spéciales où le procédé est toute une science, où l’exécution tient une si grande place, et qu’un littérateur, c’est-à-dire un homme qui n’a jamais touché le pinceau ni le ciseau, ne doit, ce semble, aborder qu’avec une circonspection extrême, quelle outrecuidance ! […] S’il prétend l’enfermer dans son passé, ce n’est pas qu’il lui laisse, là du moins, la place qui lui est due : bien au contraire, il l’y rapetisse à plaisir.

1930. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Lorsque la princesse doña Juana se fut levée la première à l’appel, qu’elle fut allée devant le cardinal de Burgos célébrant, et que, la main posée sur les Évangiles, elle eut juré fidélité et obéissance à son neveu, elle voulut, en revenant à sa place, baiser la main du prince : il refusa, par respect, de la lui donner et l’embrassa. […] Passe encore quand ce sont des femmes comme Marie Stuart que vous mettez en scène, il y a place jusqu’à un certain point au roman ; mais les hommes d’État, mais les caractères connus, définis, ceux dont on a pu lire dans la matinée quelque parole ou acte mémorable, quelque dépêche mâle et simple, peut-on raisonnablement les entendre déclamer, rêver, rimer, métaphoriser, même en beaux vers, le soir ?

1931. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Ô la plus belle des filles de Jupiter, Diane, place sur ton cœur, agrée ce tissu, cette triple émulation de zèle. » Sans doute Léonidas ne faisait pas payer cher ses épigrammes : aussi les pauvres gens s’adressaient volontiers à lui, comme à un bon faiseur et à bon compte ; je suis sûr qu’il en faisait même quelquefois pour rien. […] Elle a fait faire, à cette intention, un portrait grossier de son enfant, qu’elle place dans le temple : « La mère du petit Micythe, à cause de sa pauvreté, le consacre et le donne à Bacchus, ayant fait ébaucher son image.

1932. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Étant donnés le climat, les mœurs de la France, les matériaux, le fond d’art préexistant, c’est-à-dire quelques traditions venues des Romains et des Byzantins, l’architecture romane est née et devait naître la première : et déjà impliquée en celle-ci, s’y laissant d’abord entrevoir par places, la seconde, plus élancée et à ogive, l’architecture gothique se produit à un certain moment avec hardiesse et se déduit comme d’elle-même, grâce à des gens qui raisonnent juste, et qui, par émulation et par zèle, sont poussés à toujours mieux faire. […] Il a bâti un hôtel de ville à Narbonne ; il est en train de réparer et de restituer le château de Pierrefonds, qui était à la fois une place militaire et une habitation de luxe ; il est inspecteur des édifices diocésains, et il construit même, bon an mal an, deux ou trois maisons à Paris pour de simples bourgeois.

1933. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Vos vues, Citoyen ministre, seront remplies, vos instructions seront suivies avec toute l’exactitude de la bonne volonté, et dans la place de préfet, comme dans celle de commissaire, je n’aurai qu’un but, celui de coopérer au bonheur de mes administrés et de mériter, avec le suffrage des chefs de l’État, l’approbation d’une conscience sans reproche. […] Je supplie Votre Excellence de me donner d’ailleurs vos instructions sur la question de savoir jusqu’à quel point ma présence dans la place sera nécessaire.

1934. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Il a peu d’idées, des systèmes importuns, une modestie fausse, une prétention à l’ignorance, qui revient toujours et impatiente un peu ; mais il sent la nature, il l’adore, il l’embrasse sous ses aspects magiques, par masses confuses, au sein des clairs de lune où elle est baignée ; il a des mots d’un effet musical et qu’il place dans son style comme des harpes éoliennes, pour nous ravir en rêverie. […] qu’un peu de ces chants, un peu de ces couronnes, « Avant les pâles jours, avant les lents automnes, « M’eût été dû plutôt à l’âge efflorescent, « Où jeune, inconnu, seul avec mon vœu puissant, « Dans ce même Paris cherchant en vain ma place, « Je n’y trouvais qu’écueils, fronts légers ou de glace, « Et qu’en diversion à mes vastes désirs, « Empruntant du hasard l’or qu’on jette aux plaisirs, « Je m’agitais au port, navigateur sans monde, « Mais aimant, espérant, âme ouverte et féconde !

1935. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Elle n’aurait qu’à répondre pour toute explication : « Je suis esprit, et rien de ce qui tient aux choses de l’esprit ne me paraît étranger. » Villon était enfant de Paris, et né vers la place Maubert, je pense. […] Mais plusieurs de nos remarques trouveront mieux place à propos du Verre d’eau, dont il est temps de dire quelque chose.

1936. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il me semble étrange que des gens qui achèteraient au poids de l’or une douzaine de portraits originaux de cette époque pour orner une galerie, ne jettent jamais les yeux sur tant de tableaux mouvants de la vie, des actions, des mœurs et des pensées de leurs ancêtres, peints sur place, avec de simples, mais fortes couleurs. » En France, Saint-Palaye déjà l’avait rappelé à l’attention des érudits ; M. de Barante le mit en valeur pour tous15. […] En venant plaider dans sa préface contre l’histoire officielle et oratoire, il n’a jamais demandé, il n’a pu demander que l’histoire vraiment philosophique fût supprimée ; il n’a pas dit, à le bien entendre, il n’a pas cru que l’histoire morale, celle des Tacite, des Salluste et des grands historiens d’Italie, dût cesser d’avoir ses applications diverses, surtout à des époques moins extérieures et plus politiques, aux époques d’intrigue et de cabinet : mais, ce jour-là, il demandait pour le genre qui était le sien, pour cette méthode appliquée une fois à une époque particulière qui y prêtait, il demandait place au soleil et admission légitime, et, en homme d’esprit, il a trouvé à ce propos toutes sortes de raisons et de motifs qu’il a déduits ; et il en a su trouver un si grand nombre là même où l’on s’était dit qu’il y avait objection, qu’on a pu croire que les conclusions chez lui dépassaient le but.

1937. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Mais quand la pensée et l’âme y tiennent la place qui convient à ce nom d’amour, quand les souvenirs déjà anciens et en mille façons charmants se sont mêlés et pénétrés, quand les cœurs sont restés fidèles, un accident, une froideur momentanée ne sont pas irréparables. […] Elle ne bougea point de sa place.

1938. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

C’était comme le murmure lointain du vent dans les bois, qui vous frappe l’oreille avec les bruissements des feuillages et qui vous dit : « Tu es seul, tu es mélancolique ; resserre ton cœur ; jouis de ta solitude et de ta tristesse, et laisse les autres jouir du bruit qu’ils font ; ce qui t’attend ce soir vaut mieux que ce vain tumulte. » IV Quand mon ami, avant d’aller dans le monde, entrait un moment dans ma chambre pour étaler son costume devant ma cheminée, je le regardais en souriant d’une certaine pitié sans envie, et je lui disais : « Va te montrer, mais voici l’heure où, quand tu seras parti, je m’isolerai dans mon manteau ; je me glisserai sans bruit le long des murailles et j’irai attendre, sur le quai du Louvre, qu’une lumière solitaire s’allume, entre deux persiennes, pour m’annoncer que le dernier visiteur est retiré du salon, et pour laisser place à l’ami inconnu qui rôde dans le voisinage, comme l’âme cherchant son corps et n’en voulant point d’autre dans la foule de ceux qui ne sont pas nés. » V Il sortait, et je restais seul au coin de mon feu, un livre à la main, jusqu’à ce que la cloche de Saint-Roch sonnât onze heures, et que ce même onzième coup sonnât de l’autre côté de la Seine, dans un cœur qu’il faisait transir ou frissonner. […] J’avais pardonné cependant, quand je me rappelai que ce même écrivain, toujours pur selon lui et ses amis, avait fait la cour à l’empereur pour obtenir la place de secrétaire d’ambassade à Rome, sous le cardinal Fesch ; qu’il avait ensuite été le favori de M. de Fontanes, favori lui-même de la princesse Élisa ; qu’il passait son temps à Morfontaine, dans l’intimité de cette famille couronnée ; qu’il avait obtenu par elle l’emploi de ministre plénipotentiaire en Valais ; qu’il avait, il est vrai, donné sa démission après le meurtre du duc d’Enghien ; mais que, dans sa harangue à l’Académie, peu de temps après, il avait proclamé Napoléon le nouveau Cyrus, en termes d’un poétique enthousiasme ; le fond de mon cœur n’était pas sans quelque scrupule sur l’immaculée pureté du bourbonisme de M. de Chateaubriand.

1939. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

A-t-on réfléchi que lorsque Boileau rejette le fatras des rimes banales, chères aux copistes maladroits de Malherbe, et déclare Qu’il ne saurait souffrir qu’une phrase insipide vienne à la fin du vers remplir la place vide, c’est la preuve qu’il ne comprend pas le rôle de la rime autrement que M. de Banville et tous nos Parnassiens, qui en font l’élément constitutif du vers, et s’efforcent de la faire porter sur les mots caractéristiques de la phrase ? […] Si étrange que le rapprochement puisse paraître, Boileau se, place ici tout à fait au même point de vue que Flaubert, faisant passer toutes ses phrases par son « gueuloir » pour en vérifier la perfection.

1940. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

De là vient aussi que Racine reprochait à Corneille ses héros « impeccables » : car si les maximes de la raison sont vraies, il ne saurait y avoir place pour le repentir, ni pour le regret, ni pour le changement, comme disait Descartes. […] Des personnages secondaires Autour de ses héros, représentants de cette force infinie qui est en nous et dont la plupart de nous font si peu d’usage, Corneille place des âmes moyennes, telles que la vie en présente à chaque instant ; ces caractères de second plan sont souvent d’une observation curieuse, d’une vérité originale et fine.

1941. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Mais ce progrès de l’esprit français, débarrassé enfin de la rouille du moyen âge, et cet état même de la langue, assurent à Marguerite de Valois et à Marot une place durable dans ce xvie siècle si fécond, dont l’aurore s’annonce en quelque sorte par l’éclat doux et aimable de leurs écrits. […] Mais ne fut-il demeuré de Marguerite de Valois que le souvenir de cette influence, elle aurait droit à une place dans l’histoire de la littérature française.

1942. (1890) L’avenir de la science « II »

C’est qu’à vrai dire demander à l’homme d’ajourner certains problèmes et de remettre aux siècles futurs de savoir ce qu’il est, quelle place il occupe dans le monde, quelle est la cause du monde et de lui-même, c’est lui demander l’impossible. […] Il est facile de montrer que la plupart des préjugés sur lesquels reposait l’ancienne société, le privilège de la noblesse, le droit d’aînesse, la légitimité, etc., sont irrationnels et absurdes au point de vue de la raison abstraite, que, dans une société normalement constituée, de telles superstitions n’auraient point de place.

1943. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Werther quitte son ambassadeur parce qu’il trouve dans son salon des sots et des impertinents ; Chatterton se suicide parce que le lord-maire lui a offert une place de valet de chambre. […] Ainsi la vie est partagée, tous ont la meilleure part, et il y a place pour l’amour.

1944. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Selon ces beaux récits, qui ont charmé des siècles, l’homme ne trouve sur la terre que l’épreuve ; cela est tout simple, il aura un jour la vie éternelle ; mais l’animal, qui n’a point de place dans l’éternité, est toujours récompensé ici-bas de ce qu’il fait pour le bien ; car enfin il faut que Dieu soit juste. […] Mademoiselle Gagny place en ville dans des maisons recommandables les plus âgées de ces filles, les aidant de ses conseils et les rappelant à elle quand elles ne sont pas heureuses.

1945. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Mais à ce moment, malgré tous les bruits qu’on a fait courir, la location de la salle était très mauvaise (vu, sans doute, le prix ridiculement élevé des places), un insuccès financier était probable, les dernières représentations devant des salles vides et par conséquent une chute artistique ; qu’en outre il y ait eu des menaces contre la personne du chef d’orchestre, cela est possible ; mais la vérité, la vérité sans conteste, absolue, évidente, c’est que M.  […] Le jeudi 5, huitième affiche annonçant la seconde représentation ; l’après-midi les deux affiches manuscrites de l’Eden-Théâtre pour le remboursement des places.

1946. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Cette scène amuse toujours, quoiqu’elle soit bien vieille et bien surannée ; elle fait partie du fonds de boutique de la Comédie, c’est un de ses meubles meublants pour ainsi dire, qui n’ont rien de précieux ni de rare, mais qui servent toujours et qui tiennent leur place partout où on les fourre. […] A la place de cette pochade de rapin français, nous aurions mieux aimé voir quelque loyale et rêveuse figure d’étudiant allemand, dans le goût de Schiller et de Novalis, les grands yeux bleus pleins de féeries et de rêves, les longs cheveux dorés du Germain s’épanchant sous la casquette romantique, un frais sourire sous une moustache blonde, de la candeur rehaussée d’humour et de vaillance, et, par moments, des bouffées d’enthousiasme, de poésie et de lyrisme s’exhalant, comme une fumée d’encens, de la longue pipe de porcelaine qui pend à ses lèvres.

1947. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il avait des pensées grandes, élevées, sublimes, dignes de Vico sinon de Platon, dignes de la Grande-Grèce, et tout à coup ces pensées étaient déjouées par des lazzis, des calembours, par du bouffon, et du plus mauvais : « Mais voilà comme je suis, disait-il agréablement, deux hommes divers, pétris ensemble, et qui cependant ne tiennent pas tout à fait la place d’un seul. » Lu aujourd’hui, l’abbé Galiani perd beaucoup ; il fallait l’entendre. […] Voilà bien nos philosophes pris sur le fait, les voilà, comme tous les épicuriens du monde, faisant des questions les plus graves de la destinée et de la morale humaine un spectacle, une pure joute de loisir où le pour et le contre se traitent également à la légère, et tout étonnés ensuite (je parle de ceux qui survécurent, comme l’abbé Morellet) si, un jour, toutes ces théories de huis clos viennent à éclater, et, en tombant dans la rue, à se résumer sur la place de la Révolution dans les fêtes de la Raison et autres déesses.

1948. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

— qui se rapportaient à la manière trop habituelle et très incomplète dont l’abbé Genest, en ses jours de distraction, attachait le vêtement que les Anglais n’osent nommer ; ce sont des plaisanteries de nature à n’avoir place que dans Le Lutrin vivant. […] Mais un épisode assez piquant trouverait ici sa place, si l’on écrivait une histoire de la reine de Sceaux.

1949. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

L’Empereur avait envoyé dans la soirée du 4 avril plusieurs officiers d’ordonnance à Essonne pour mander Marmont à Fontainebleau, ou en son absence le général commandant à sa place. […] La place de la Bastille, l’Hôtel de Ville, le marché des Innocents, étaient occupés vers une heure ; les troupes, après de rudes combats, étaient maîtresses de la situation ; mais ce n’était qu’un instant, et, les cinq députés marquants s’étant présentés aux Tuileries pour transiger, il n’y avait pas de temps à perdre, il y avait urgence à les écouter.

1950. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

On les voit errer dans les places publiques et remplir les théâtres comme s’ils n’avaient qu’à se reposer des travaux d’une longue vie. […] Les générations d’aujourd’hui sont positives, sans rêverie, sans tristesse ; radicalement guéries du mal de René, elles ont en elles l’empressement d’arriver, de saisir le monde, de s’y faire une place, et d’y vivre de la vie qui leur semble due à chacun à son tour : générations scientifiques ou industrielles, peu idéales, avides d’application, estimables pourtant en ce que la plupart font entrer le travail dans leurs moyens et ne reculent point devant les études spéciales qui mènent au but.

1951. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Elle fera à la femme, cette grande actrice méconnue de l’histoire, la place que lui a faite l’humanité moderne dans le gouvernement des mœurs et de l’opinion publique. […] Indépendamment de corrections et d’additions, des notices qui ont pris ou doivent prendre leur place naturelle dans d’autres livres, telles que les notices de Watteau, de la du Barry, de la Camargo, ont été remplacées par des études sur Lagrenée l’aîné, sur Collin d’Harleville, sur la comtesse d’Albany.

1952. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Aucun artiste ne peut ne pas se mettre dans son œuvre ; aucun n’a songé et n’aurait pu parvenir à falsifier cet aspect de sa nature intime qui gît au fond de toute œuvre ; tant qu’ils s’appliqueront à la tâche ardemment poursuivie d’exprimer quelque face nouvelle et poignante du beau, de frapper l’âme humaine en quelque place vierge d’émotion, ils seront empêchés, s’ils veulent atteindre le but, de dissimuler la grandeur, la beauté et l’aspect de leur propre âme, dont la communication même, impudique ou discrète, est la condition de la pénétration de leur œuvre dans l’âme d’autrui. […] Comme on l’a déjà suggéré, Hennequin prend le contrepied d’une historiographie héritière de Michelet, et d’une sociologie naissante symbolisée par Le Bon, qui accorde une place de premier plan au « peuple » ou aux « foules », quitte à en faire une description très idéologique, passant par la criminalisation ou l’interprétation pathologique.

1953. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Le lyrisme est capiteux, le beau grise, le grand porte à la tête, l’idéal donne des éblouissements, qui en sort ne sait plus ce qu’il fait ; quand vous avez marché sur les astres, vous êtes capable de refuser une sous-préfecture ; vous n’êtes plus dans votre bon sens, on vous offrirait une place au sénat de Domitien que vous n’en voudriez pas, vous ne rendez plus à César ce qu’on doit à César, vous êtes à ce point d’égarement de ne pas même saluer le seigneur Incitatus, consul et cheval. […] Chaque chose mise à sa place et dite avec son mot.

1954. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Le poëte se mettant au lieu et place du destin, une invention d’homme et d’événements tellement étrange, ressemblante et souveraine, que certaines sectes religieuses en ont horreur comme d’un empiétement sur la Providence, et appellent le poëte « le menteur » ; la conscience de l’homme, prise sur le fait et placée dans un milieu qu’elle combat, gouverne ou transforme, c’est le drame. […] Ce désespoir suprême lui est épargné de rester derrière elle parmi les vivants, pauvre ombre, tâtant la place de son cœur vidé et cherchant son âme emportée par ce doux être qui est parti.

1955. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

À la place, j’y ai trouvé l’humeur peccante de la Libre-Pensée, et des passions qui ne sont plus la charmante passion littéraire. […] % VII Eh bien, il a vu faux ou il n’a pas vu du tout, et le critique est resté sur la place comme jamais il n’y était resté !

1956. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Quand donc on se place en dehors des Mystiques et de la Légende, Dante est le seul poète littéraire de l’enfer, et nous sommes si loin, pour notre compte aussi, de la notion du Moyen Age, que nous admettons son poème comme chrétien, à ce franc-maçon des sociétés secrètes de son temps, à ce carbonaro anticipé, qui avait lu saint Thomas et qui ne pouvait s’en défendre, — et que nous lui faisons l’honneur de trembler deux fois devant lui, — devant ses inventions et devant son génie ! […] Théophile Gautier, dont l’expression tue la pensée comme le vampire tue la jeune fille, — pour vivre à sa place, — ni M. 

1957. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Car l’étau formidable d’un dilemme auquel il ne peut échapper, s’il demeure à sa place, resserre à chaque minute plus étroitement ses deux mâchoires. […] Qu’il se persuade de cette vérité qu’il est notre inférieur, à nous simples humains, et que s’il veut prendre sa part de travail à la barre de l’Argo-Humanité, il lui faut auparavant réintégrer sa place parmi les vivants.‌

1958. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Né d’un vaillant général de l’Empire et d’une mère vendéenne, élevé dès l’enfance au bruit du canon et des bulletins, dans les places d’armes de l’ennemi vaincu, souvent au soleil d’Espagne, dans l’école militaire de sa jeune noblesse ou parmi les pages de sa cour exotique, Victor Hugo reçut l’éducation la mieux faite pour lui, libre, fière, éclatante. […] Triomphante sur la scène, admirée dans les académies, entourée d’hommages dans les réunions qu’animait sa voix, exposée peut-être aux médisantes jalousies du monde et aux calomnies des partis, la belle Gomez de Avellaneda ne donnait place dans ses vers qu’aux sentiments de patrie, de vertu, de gloire.

1959. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Il ne faut pas qu’un F… annonce en plein cabaret, pour la fin du mois, quatre belles guillotines permanentes dans les quatre principales places de Paris.

1960. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

Barbier, en un mot, porte une empreinte originale et prend sa place tout d’abord entre les plus éclatantes productions de notre poésie contemporaine.

1961. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Quand la maturité, ou ce qui en a l’air, usurpe la place de la jeunesse, il est toujours à craindre qu’une certaine pesanteur n’occupe l’âge de la maturité.

1962. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Après l’amour, il n’y a plus rien dans la vie ; la terre semble ingrate et nue ; le ciel est voilé, parfois il s’entrouvre, et l’on espère y voir un signe de salut, y lire un mot mystérieux ; mais toujours quelque nuage obscurcit l’apparition, toujours quelque lettre manque au nom divin ; et voilà pourquoi l’âme du poète est triste, pourquoi son cœur change de place comme un malade dans son lit, pourquoi son inquiète pensée fuit et revient sans cesse, comme une colombe blessée, comme un oiseau de nuit, comme les hirondelles aux approches des tempêtes.

1963. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

L’amour, avons-nous dit, n’occupe guère de place dans ces deux volumes ; toutefois nos lecteurs en ont vu une délicieuse et fraîche réminiscence.

1964. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

La flatterie qui sert à l’ambition exige beaucoup plus d’esprit et d’art que celle qui ne s’adresse qu’aux femmes : ce sont toutes les passions des hommes et tous leurs genres de vanité qu’il faut savoir ménager, lorsque la combinaison du gouvernement et des mœurs est telle, que les succès des hommes entre eux dépendent de leur talent mutuel de se plaire, et que ce talent est le seul moyen d’obtenir les places éminentes du pouvoir.

1965. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la bienfaisance. »

La bonté recueille aussi toutes les véritables jouissances du sentiment ; mais elle diffère de lui par cet éminent caractère où se retrouve toujours le secret du bonheur ou du malheur de l’homme ; elle ne veut, elle n’attend rien des autres, et place sa félicité tout entière dans ce qu’elle éprouve.

1966. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Dans cette division du travail à laquelle nous assistons, il faut faire une place à part à deux ordres de travaux érudits qui intéressent particulièrement la langue et la littérature.

1967. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Il accompagne tristement Lucrezia dans ses parties de plaisir, refusant de céder la place aux Sigisbés qui entourent la brillante Vénitienne ; payant toutes ses fantaisies, mais incivil et incommode.

1968. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

La comédie erre longtemps, cherche et s’égare et se compromet à travers mille tentatives et mille aventures, se mêlant sur les tréteaux aux bouffonneries les plus grossières, avant de rencontrer le souverain artiste qui sache la fixer et la maîtriser, qui la retire de la cohue où elle se cache, qui la place sur un trône et lui élève un palais digne d’elle.

1969. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Ils sont si utiles qu’il faudrait leur conserver une place.

1970. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

Il fit ce que tout homme de cœur eût fait à sa place.

1971. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Averti du jour où l’on devoit les représenter, il se rend le premier au spectacle, s’y place de façon à pouvoir être vu de tout le monde, applaudit aux endroits qui faisoient le plus rire à ses dépens, se lève plusieurs fois, afin de se montrer à des étrangers qui demandoient à le voir, & ne sort que le dernier de l’assemblée.

1972. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

— Or j’ai fait desceller pour toi la tombe ancienne Où dorment les aïeux, où ma place m’attend, Et descendre moi-même au fond, pieusement, Ton cercueil de bois blanc sur les bières de chêne, Et j’ai pleuré…………………………… Puis, un jour, par hasard j’ai connu ton histoire, Pastoure qui chantais dans les seigles d’été, J’ai compris ton amour maternel, ta bonté, L’énigme de tes yeux qui hantait ma mémoire, Servante dont les doigts noueux étaient câlins… Je me sens aujourd’hui, sacrilège, ô servante, Dors, l’orgueil d’un poème est indigne de toi… Ô pays, le printemps va fleurir tes sous-bois : Les tourdelles déjà grapillent dans le lierre ; Plateaux et vous, blés noir, qu’un aïeul cultiva Terre dont j’ai compris la pauvreté hautaine C’est peut-être, en mon cœur, elle, qui réveilla L’atavisme endormi de ma race lointaine, L’orgueil des champs, l’orgueil des fruits, l’orgueil du sol Et dans le dernier fils des aïeux cévenols !

1973. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

Mettre la fille à la place du gendre, c’eût été renverser toute la composition : il y aurait eu quatre têtes de femme de suite, et l’enfilade de toutes ces têtes aurait été insupportable.

1974. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Il en est de même des environs d’une place de guerre, du campement d’une armée, d’un champ de bataille, d’une plante nouvelle, d’un animal extraordinaire, d’une machine, enfin de tous les objets sur lesquels la curiosité peut s’exercer.

1975. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Ce qui fait l’importance de cette conception, c’est qu’elle seule permet d’assigner à la science sa véritable place.

1976. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Il faudrait se persuader que c’est plaisir et profit de tous les âges, et ne pas le réserver exclusivement pour celui où je reconnais qu’il est plus à sa place qu’à tout autre.

1977. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Malgré le peu de pente de l’esprit tout politique de l’auteur de Gabrielle d’Estrées à regarder du côté des causes morales, qui sont les influences décisives de l’histoire, cependant il ne peut s’empêcher de dire à plus d’une place de son ouvrage que les nombreuses amours publiques de ce chef d’État durent choquer si profondément l’esprit religieux et les mœurs de son siècle, que, son système politique eût-il réussi, il fût tombé par là encore !

1978. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

C’est la rêverie et l’illusion d’un homme qui croit plus à la nature qu’à Dieu·, et qui même a supprimé Dieu pour mettre à sa place la Nature !

1979. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Nous allons voir si le Leopardi d’imagination que nous avions tous dans la tête et qui nous avait griffé la cervelle, n’est, pas tué net sur place, — non par la trahison, mais par la fidélité de son traducteur.

1980. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Il est des livres qui tiennent plus de place que d’autres par le bruit qu’ils font, et dont il est par conséquent plus longtemps l’heure de parler.

1981. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Il ne sait pas, ou il veut ignorer, qu’elle est, après tout, la faculté qui tient le plus de place dans l’esprit humain, et qui pèse le plus sur la volonté.

1982. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

en place d’autres d’une inspiration moins élevée, mais qui sont encore du passé pour lui.

1983. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Si peu de place que tiennent dans les intérêts les doctrines artistiques et littéraires, elles engagent les gens de la profession et froissent ou contredisent quelquefois des opinions antérieurement émises. […] Le gouvernement républicain lui acheta même une toile importante, l’Après-dînée à Ornans, que j’ai revue, au musée de Lille, à côté des vieux maîtres, et qui tient une place honorable au milieu d’œuvres consacrées. […] Véronèse, Rubens, seront toujours de grands peintres, à quelque opinion qu’on appartienne, à quelque point de vue qu’on se place. […] Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’une si large place donnée à l’élément poétique, dans la peinture de la vie humaine, tend à amoindrir la réalité au profit de la fantaisie, à entraîner le réalisme sur la pente du lyrisme. […] Par économie de place, je demanderai à M. 

1984. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Quelques-unes de ces rectifications auront place dans la présente édition et seront indiquées en leur lieu. […] Saint-Simon s’appliquait donc en secret dès lors à réformer l’État ; et comme il faisait chaque chose avec suite et en poussant jusqu’au bout sans se pouvoir déprendre, il avait tout écrit, ses plans, ses voies et moyens, ses combinaisons de conseils substitués à la toute-puissance des secrétaires d’État ; il avait, lui aussi, son royaume de Salente tout prêt, et sa république de Platon en portefeuille, avec cela de particulier qu’en homme précis, il avait déjà écrit les noms des gens qu’il croyait bons à mettre en place, les appointements, la dépense, en un mot la chose minutée et supposée faite : et un jour que le duc de Chevreuse venait le voir pour gémir avec lui des maux de l’État et discourir des remèdes possibles, il n’eut d’autre réponse à faire qu’à ouvrir son armoire et à lui montrer ses cahiers tout dressés. […] Il prétend qu’il a plus contribué que personne à mettre mon père en place de ministre et que mon père ne lui a pas tenu les choses qu’il lui avait promises comme pot-de-vin du marché ; or quelles étaient ces choses ?

1985. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Trouvez-moi donc la place, la durée, les éléments d’une humanité parfaite dans cet abrégé de brièveté, d’imperfections et de souffrances inhérentes à notre condition fatale ! […] La jouissance : un peu plus de chair, un peu plus d’appétits, un peu plus de moyens d’y satisfaire ; un peu plus de vie, on ne sait pas comment : car, si nous vivions indéfiniment sans maladie et sans mort, que deviendraient les innombrables générations qui demandent à Dieu de naître à leur tour, et qui, trouvant la place prise, rentreraient dans le néant avant d’être nées ? […] XXXI L’autre philosophie sociale est celle qui, reconnaissant aussi dans la création énigmatique telle quelle, un mystérieux fait accompli, s’y résigne comme à une justice inexpliquée, puisqu’elle est fatale, ce qui veut dire divine : semblable, j’en conviens, au prisonnier des ténèbres, qui, après avoir fait le tour de son étroit cachot, et convaincu qu’il n’y a aucune issue que par le suicide, évasion de la destinée humaine, s’y assoit à la place assignée par la Providence, y livre son corps à sa condition de souffrance et de corruption, sans murmure et sans regret, et y cherche la nourriture de son âme, qu’il sent immortelle, dans la conformité du dessein de Dieu son maître, dans le sacrifice de son bonheur à celui de ses semblables, dans la vertu, ce supplément de bonheur qui vaut mieux que lui, et dans la sainte certitude d’un destin supérieur quand cette voûte de son cachot s’écroulera sur son corps mortel pour lui laisser voir du fond du cercueil le vrai jour de Dieu !

1986. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Mais s’inspirer uniquement du passé, refaire ce qui a été fait, c’est imiter, c’est traduire, c’est manquer son époque ; c’est faire de l’art intermédiaire, de l’art qui n’a pas sa place marquée dans la vie de l’art. […] L’autre, au contraire, saisit la vie dans tous les moules qu’elle revêt ; il se place dans un point de l’espace et du temps, et s’y enracine profondément ; il sépare, il anime chaque objet qu’il touche ; il en projette au loin les reflets et les ombres ; il en décrit tous les rapports, toutes les harmonies et tous les contrastes. […] Le mysticisme du cloître avait sa place dans l’Église, comme la prière dans la journée du chrétien.

1987. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Des livres vantent aux enfants un régime qui accorde au mérite toutes les places et toutes les distinctions, comme ils vanteraient aussi bien la grandeur d’un roi, ou la toute-puissance d’un Dieu. […] Le sentiment de l’obéissance, du respect, la soumission à l’autorité, n’en est pas moins devenue une chose indépendante, sui generis, existant maintenant en soi et tenant sa place dans la vie de l’esprit. […] Rien ne prouve qu’il y en ait dans la plupart des cas, ni qu’elle y soit essentielle, ni qu’elle y tienne place de cause, car d’une part l’obéissance peut simuler l’affection, et d’autre part il est possible aussi qu’elle la produise, dans le cas où les facteurs personnels et égoïstes sont, comme chez l’hypnotisé, annulés ou du moins amoindris, et réduits à l’impuissance.

1988. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

i Il serait aisé de continuer cette épreuve sur diverses autres sciences, de montrer que la biologie, par exemple, ne s’inquiète que des manifestations de la vie ; mais qu’elle écarte résolument toutes les théories sur sa nature ou son origine, qu’elle les place en dehors de la connaissance scientifique, que le vitalisme, l’animisme, l’organisme, etc., ne sont pour elle que des systèmes ingénieux qui s’entrevalent parce que rien ne les vérifie. […] Car au nombre des sciences qu’on appelle morales, c’est-à-dire qui ont pour objet des manifestations de la pensée et de la volonté humaines, ne place-t-on pas la science du langage, le droit, l’économie politique, qui s’interdisent le plus possible, et chaque jour davantage, toutes les discussions métaphysiques ? […] Nous causons : un homme qui assiste à notre entretien n’y prend part que d’un air distrait, il place quelques mots avec effort, il sourit d’un air forcé : j’en conclus qu’il est en proie à quelque peine cachée.

1989. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Wundt, lui, reconnaît mieux la force de la volonté sous celle des idées, mais, nous l’avons vu, il place cette force uniquement dans l’attention, dans ce qu’il appelle l’aperception, c’est-à-dire la saisie des objets par l’intelligence. […] D’après lui, l’énergie du sentiment, quelle qu’en soit la nature, se manifeste toujours par une énergie de mouvement : on danse de joie, dit Spencer, comme on piétine de colère ; on ne peut pas plus rester en place dans la détresse morale que dans l’exaltation délicieuse ; il y a des cris d’angoisse comme il y a des cris de volupté ; souvent les bruits que font les enfants au milieu de leurs jeux laissent les parents dans le doute si c’est le chagrin ou le plaisir qui en est la cause. — Soit, mais toutes ces manifestations d’activité ne se ressemblent que pour un spectateur lointain ou superficiel ; il est difficile d’admettre que le plaisir et la douleur, dès le début, se manifestent l’un comme l’autre par un même accroissement général d’activité. […] Quand on pousse un long cri dans l’oreille d’une poule, elle tombe comme morte, et si on place son cou sous son aile, elle demeure longtemps immobile.

1990. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

… Maintenant c’est l’heure de ma mort qui approche, je mourrai ; je ne puis sauver une vie lâche et criminelle en laissant mourir un des miens à ma place ! […] Le second chant s’ouvre par le discours sublime, touchant et sentencieux de la femme, qui, à l’inverse des amis de Job, cherche à consoler son époux, et à le convaincre qu’elle seule doit mourir à sa place. […] L’impudent ne cesse de m’assaillir ; il faut que je cherche une autre place.

1991. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Conséquemment un immigrant, venu des eaux d’une contrée étrangère, aura plus de chance de rencontrer une place vide qu’un colon terrestre. […] Les reptiles dans les îles Galapagos et dans la Nouvelle-Zélande de gigantesques oiseaux dépourvus d’ailes prennent la place des mammifères. […] Sans doute que si une espèce a quelques avantages sur une autre, elle la supplantera totalement ou partiellement dans un bref délai ; mais si l’une et l’autre sont également bien adaptées à leurs situations respectives dans la nature, toutes les deux garderont leur place et resteront séparées presque pour quelque période que ce soit.

1992. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Elle représente un portique derrière lequel s’ouvre la place du Palais-Royal. On voit s’allonger une des interminables rangées de maisons qui forment les côtés de la place. […] Oui, sans doute, mais surtout pour entrer plus vite au paradis et pour y avoir une meilleure place. […] C’est en pleine campagne qu’un drame évangélique se trouve encore le mieux à sa place. […] Dieu ordonne de travailler, et toi, pour ainsi dire, tu places ton argent à la banque, et tu dors !

1993. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

À vingt-quatre ans, pour avoir vu de près la basse cuisine politique, la sottise et la vanité des gens en place, l’égoïsme et l’hypocrisie de ceux qui formaient alors le « pays légal », il commençait à connaître les hommes, et il les méprisait parfaitement. […] Et alors il eût été un honnête homme suivant le monde, un vague libéral résigné à un ordre social où sa place n’eût point été mauvaise. […] Sur Chateaubriand : « Il a tenu et mérité une grande place, mais ce n’est pas mon homme. […] Si, pour les neuf dixièmes des « fidèles », la foi n’était chose d’habitude et de convenance, sans nulle action sur la vie morale, il devrait pourtant leur sembler naturel que, dans une histoire de passion combattue, la prière, le chapelet, la messe, la confession même tinssent une place notable.

1994. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Elle n’a pas assez de sièges pour les asseoir, ni assez de place pour les garder longtemps. […] Une femme meurt sur la place. […] dans une de ces chambres de domestique, où le soleil, donnant sur une tabatière, fait l’air brûlant, comme en une serre chaude, et où il y a si peu de place, que le médecin est obligé de poser son chapeau sur le lit… Nous avons lutté jusqu’au bout pour la garder, à la fin il a fallu se décider à la laisser partir. […] La toile se lève sur la scène, où le peintre Puvis de Chavannes a peint d’assez cocasses décors — une scène où il y a juste la place pour un soufflet et un coup de pied dans le derrière.

1995. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Dans la pratique, et lorsque les naturalistes sont à l’œuvre, ils s’embarrassent peu de la valeur physiologique des caractères dont ils se servent pour définir un groupe, ou pour désigner la place que doit occuper quelque espèce particulière. […] Si pourtant nous préférons supposer que quelques-uns des descendants de A et de I se sont si profondément modifiés, qu’ils ont plus ou moins complétement perdu les traces de leur parenté mutuelle, en ce cas leur place légitime dans une classification naturelle sera plus ou moins difficile à reconnaître, comme on le constate à l’égard de quelques-uns des organismes vivants. […] Si nous possédions l’arbre généalogique complet de l’humanité, un groupement généalogique des races humaines nous fournirait certainement aussi la meilleure classification des idiomes divers qui se parlent aujourd’hui dans le monde ; et si toutes les langues mortes, avec tous les dialectes intermédiaires et lentement changeants, devaient y trouver leur place, un tel groupement serait le seul possible. […] Nul ne place ensemble le Navet suédois et le Navet commun, quoique leurs tiges épaisses et succulentes soient si semblables.

1996. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

… N’est-il pas temps, au moins, d’examiner, d’un œil moins idolâtre que les beaux yeux de madame de Staël, le génie de l’Allemagne, ses travaux, sa place, enfin, dans le monde de l’intelligence ? […] On dirait que le drame a été piqué de la tarentule, tant il bondit de place en place sous l’influence d’une danse de Saint-Guy d’une espèce toute particulière, affectée à l’art théâtral. […] Chose singulière, Gœthe, cet homme qui tenait tant à sa place au soleil et qui l’a eue si belle, cet égoïste qui s’est mis à côté de chaque événement pour ne pas troubler son bonheur, cet arrangeur de toutes choses, depuis ses Poésies sans élan jusqu’à sa maison et ses bibelots, avait la philosophie des fakirs, mais sans en avoir le mysticisme.

1997. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Cependant, son succès fut rapide et complet : en quelques mois, il avait conquis sa place, il était classé parmi les écrivains à la mode, et, avec sa rare souplesse, il avait achevé son éducation. […] n’avais-je pas lu tout à l’heure — et cela était signé du même auteur — que la déconfiture de l’absolu est favorable à l’indulgence et que « la tolérance n’est nulle part mieux à sa place que dans un jugement sur l’art, parce que nulle part l’absolu n’est moins de mise que dans ce domaine » ? […] C’en est assez pour qu’on ne puisse traiter le sujet que j’ai abordé dans ces articles sans leur faire une place, sinon à tous, au moins à celui qui est le plus illustre et le plus puissant d’entre eux. […] M. de Vogüé occupe donc une place à part : il ne la doit pas seulement à la tournure naturelle de son talent, mais à sa vie, qui l’a conduit à la littérature et au journalisme sans ressembler ni à celle d’un littérateur ni à celle d’un journaliste. […] Les bons plaisants, comme d’Alembert, peuvent bien dire ici : “Vous savez que le consubstantiel est le grand mot, l’homoonsios du concile de Nicée, à la place duquel les Ariens voulaient l’homoionsios.

1998. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Properce, d’ailleurs, était fait pour tenter un ardent jouteur : admirable poète, un peu obscur, un peu serré, dont le texte a subi sans doute les outrages du temps, mais splendide par places, et qui, là où il se découvre tout entier, laisse éclater la plus belle flamme.

1999. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

À propos du second acte et de cette scène parfaite entre Raymond et Olivier chez Mme de Vernières, il a été remarqué, et par les juges les moins soupçonnés d’être complaisants, qu’il y avait là une leçon en même temps qu’une définition, une leçon donnée sur place, au cœur du camp ennemi, de la façon la plus insultante, la plus neuve et qui se retient le mieux.

2000. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

Effacez-vous plutôt du tableau que vous offrez ; jetez-y en votre place des personnages naturels qui parlent et agissent en leur propre et libre allure ; n’intervenez pas entre eux et nous ; faites comme Walter Scott et Cooper ; disparaissez pour mieux peindre.

2001. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

La vraie place d’une statue de Diderot est à Paris, au seuil et près du péristyle du palais des Beaux-Arts.

2002. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Si, dans le système du monde, les diverses natures des êtres, des espèces, des choses, des sensations, se tiennent par des intermédiaires, il est certain que la passion du crime est le chaînon entre l’homme et les animaux ; elle est à quelques égards aussi involontaire que leur instinct, mais elle est plus dépravée ; car c’est la nature qui a créé le tigre, et c’est l’homme qui s’est fait criminel : l’animal sanguinaire a sa place marquée dans le monde, et il faut que le criminel le bouleverse, pour y dominer.

2003. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Ces travaux suspendent l’action de l’âme, dérobent le temps, ils font vivre sans souffrir ; l’existence est un bien dont on ne cesse pas de jouir ; mais l’instant qui succède au travail, rend plus doux le sentiment de la vie, et dans la succession de la fatigue et du repos, la peine morale trouve peu de place.

2004. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

La force du parti des modernes était dans les Perrault : ils étaient trois frères449, amateurs de lettres et de sciences, intelligents, présomptueux, actifs, remuants, mondains, pourvus de bonnes places et de la confiance de Colbert.

2005. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

La Révolution lui enlève ses places et ses pensions : elle en fait un professeur à l’Ecole Normale.

2006. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

La justice des hommes se promettait par avance une de ces satisfactions d’amour-propre qu’au dire des comptes rendus elle éprouve chaque fois qu’il lui est donné de présider à une cérémonie de cet ordre, et le tout-Paris des dernières, friand de tout bruit de coulisse  et notamment de celui que fait le sinistre couperet en glissant dans sa rainure  retenait déjà ses places, etc… » Ne croyez pas, je vous en supplie, que ces lignes soient l’indice d’un mauvais cœur.

2007. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

… Partout, à toutes les places de son poème, le poète de Mirèio ressemble à quelque beau lutteur qui garderait, comme un jeune dieu, sur ses muscles, lustrés par la lutte, des reflets d’aurore.

2008. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Ephrussi lui valut à Berlin la place de lecteur de l’impératrice Augusta, aux appointements de 9 000 francs par an.

2009. (1890) L’avenir de la science « XI »

Pour nous, il nous semble que l’on place la philologie dans une sphère beaucoup plus élevée et plus sûre en lui donnant une valeur scientifique et philosophique pour l’histoire de l’esprit humain, qu’en la réduisant à n’être qu’un moyen d’éducation et de culture littéraire.

2010. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

Vous trouverez peut-être que ce sonnet amalgame bien des motifs de différentes catégories ; peut-être le qualifierez-vous de rastaquouère sur le Parnasse — j’entends celui d’Apollon ; peut-être le trouverez-vous parfait et bien à sa place dans le livre.

2011. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Aucun Poëte n’a mieux connu l’art de tout mettre à sa place, de ne faire dire à ses personnages que ce qu’ils doivent dire, & de régler toujours leurs moindres mouvemens sur la nécessité d’agir ; c’est par-là principalement que Racine s’est distingué des autres Tragiques.

2012. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

La théorie de Wundt sur ce point n’est pas sans analogie avec celle de Renouvier, qui place la liberté dans le pouvoir de maintenir une représentation sous le regard de la conscience ou, au contraire, de la laisser passer sans y faire attention.

2013. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

Une vérité n’est détruite que par une autre, ou au nom de cette croyance qu’il existe une vérité objective dont la vérité actuelle usurpe la place.

2014. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Il parut des libèles contre lui en 1743, lorsqu’au grand étonnement de la France & de toute l’Europe, il n’obtint pas une place vacante à l’académie Françoise.

2015. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Il charge, pour rendre la chose plus comique ; à la place du stupide, il met un âne, un âne véritable.

2016. (1865) Du sentiment de l’admiration

[Du Sentiment de l’admiration] Messieurs, Chers Élèves, Dans une fête où tout est sincère, ne doit-on pas considérer le discours que j’ai mission de prononcer à cette place comme un dernier hommage rendu à la vérité ?

2017. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

En premier lieu, comme les acteurs qui recitent des opera ne laissent pas d’être touchez eux-mêmes en recitant, comme l’assujetissement où ils sont de suivre la note et la mesure ne les empêche point de s’animer, et par consequent de déclamer avec une action aisée et naturelle, de même l’assujetissement à suivre une déclamation notée dans laquelle étoient les acteurs des anciens, n’empêchoit pas ces acteurs de se mettre à la place du personnage qu’ils representoient.

2018. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

III Car c’est une sainte, à ce qu’il paraît, que Mme Marie-Alexandre Dumas ; une sainte de prétention, sinon d’humilité… J’ai entendu raconter que la Grâce un jour l’avait touchée ; à Jérusalem, je crois, — une bonne place pour l’effet dramatique, chose indispensable pour des Dumas ! 

2019. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Si l’on en considère les phases et si l’on se place en dehors de la question mère du Moyen Âge qui embrasse tout en Europe, depuis les Mamertines jusqu’à la Renaissance, pour ne voir seulement, comme Labutte, que rétablissement du grand Rollon et de ses fils sur nos rivages, cette histoire, par la nature des choses, relève bien plus de l’artiste que du penseur.

2020. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

À coup sûr, si la Critique indépendante n’intervenait pas au plus vite, Alexandre Dumas fils a un si grand crédit sur la place qu’on le croirait.

2021. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Eh bien, exceptez du roman deux ou trois places où Des Esseintes se contente d’être tout à fait abominable, — par exemple quand il paye trois mois de lupanar à un tout jeune homme pour se donner plus tard le divertissement d’en faire un assassin, — le reste du temps, les moyens qu’il emploie pour échapper aux vulgarités de la vie font pitié.

2022. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Mais peu importe la raison : personne ne contestera, je crois, que dans l’ensemble de faits capables de jeter quelque lumière sur la relation psychophysiologique, ceux qui concernent la mémoire, soit à l’état normal, soit à l’état pathologique, occupent une place privilégiée.

2023. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Ses deux poèmes sont dédiés à ce tyran, qu’il place aussi dans le ciel, sans doute entre Octave et Néron.

2024. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

« Quand on est dans la première place du monde, on ne peut plus s’élever qu’en abaissant sa propre grandeur39.

2025. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

toi, déesse de Délos, cède la place !

2026. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il est alors dans l’Assemblée sur la même ligne que Royer-Collard, avec lequel il noue alliance au nom de la justice, que tous deux défendent et dont ils voudraient inaugurer le règne à la place des audaces de toute sorte, des coups d’État en sens contraires et des proscriptions sans cesse menaçantes. […] Quelle place vous prenez dans l’opinion par cette double résistance dont l’une interprète si bien l’autre120 ! […] Si je l’avais prévu, assurément j’aurais résisté à la générosité de Matthieu, comme j’ai résisté, mais inutilement, à celle de Juliette. — Je trouve ridicule d’imiter le baron de Voght, c’est-à-dire d’abandonner une amie pour des places ; mais quand il s’agirait de l’exil, on ne pourrait pas me causer une plus grande douleur que de le braver, et je me meurs à la lettre du malheur de mes amis, — Ma santé, qui était forte, est détruite, et il se pourrait très bien que je mourusse avant la traversée. […] « Je vous prie, mon cher Camille, au nom de la France et de vous, d’accepter la place de député et d’y consacrer toute votre éloquence. […] Mais du moment que le gouvernement recule et dévie, qu’il rouvre la porte à ce parti de la réaction, à ce funeste parti de 1815, malheureusement plus vivace en France qu’on ne l’aurait cru, et qu’il lui concède une influence croissante dans les conseils et dans la proposition des lois, Camille Jordan se retire ; il reprend sa place à la tête de l’opposition, et d’une opposition qui, pour être dynastique et royaliste, n’en est pas moins énergique et vive.

2027. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Daunou lui-même), et, après le repas auquel il ne fit qu’assister, mais qu’il n’avait pas négligé pour cela, prenant un air plus grave, il avertit cet ami qu’il se sentait à bout de vivre, qu’il lui disait adieu une dernière fois et lui demandait pour service suprême de lui faire une petite lecture. « Allez, lui dit-il, vous trouverez dans mon cabinet un livre (dont il désigna la place), apportez-le et lisez-le-moi à la page marquée. » — L’ami, en allant chercher le livre, se demandait tout bas si le père Dotteville n’avait pas réfléchi à ce moment du grand passage, et si ce n’était point quelque lecture religieuse qu’il réclamait enfin. […] Lorsque ses illusions républicaines eurent été atterrées et anéanties par l’ambition de Bonaparte, après l’élimination du Tribunat, après la suppression de la classe des Sciences morales et politiques, vers 1803-1804, Daunou, profondément affecté, se croyant de plus menacé dans sa place de bibliothécaire par suite de tracasseries avec son collègue Ventenat, fit une maladie grave, une de ces maladies nerveuses qui, coïncidant avec un âge qui est critique aussi pour l’homme, peuvent certainement altérer la trempe du caractère et briser quelque chose en nous. […] M. de Talleyrand, ministre des affaires étrangères après le 18 fructidor, lui écrit une lettre aimable et coquette pour lui offrir la place de secrétaire général auprès de lui : Talleyrand doublé de Daunou, cela eût fait, convenons-en, une combinaison piquante et parfaite ; chacun aurait eu de quoi prêter à l’autre. […] En 1807, Daunou, qui avait quelques places à sa désignation dans les Archives, y nomma son ami ; lorsque Napoléon dut ratifier le choix, il le fit en disant : « Voilà un tour que Daunou m’a joué. » A partir de cette date, ou plutôt même depuis 1799, Chénier et Daunou se virent presque tous les jours, et ils eurent l’un sur l’autre une réciproque et salutaire influence. […] La philosophie, malgré les persécutions suscitées contre elle, et quelquefois malgré ses propres erreurs, a poursuivi dignement le cours de ses travaux, et a pris une place modeste 126 parmi les puissances qui dirigent les choses humaines.

2028. (1927) André Gide pp. 8-126

Il rencontre, place Saint Pierre, son beau-frère Julius, mais un Julius inédit, dont il se demande si c’est le vrai Julius, ou si les loges n’ont pas opéré encore une infernale substitution. […] Que de fois n’ai-je pas admiré la manière dont fond la neige : on dirait que le manteau s’use par en dessous, et son aspect reste le même. » A chaque hiver, Amélie y est prise et déclare : « La neige n’a tou-toujours pas changé ; on la croit épaisse encore quand déjà la voici qui cède, et tout à coup de place en place, laisse reparaître la vie. » Ce qui coûte au maître le plus de peine, c’est de donner à la jeune aveugle une idée des couleurs. […] Heureusement, ces fâcheux détails tiennent fort peu de place dans les deux premiers volumes. […] Dès que les guichets sont ouverts pour l’une et que l’autre se trouve à l’étal des libraires, la critique n’a qu’à payer sa place au parterre ou son exemplaire du livre, si elle suppose que cela en vaut la peine, et elle reprend tous ses droits.

2029. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

La synthèse nouvelle, n’étant pas faite, laisse de toute part un vide immense ; et, pour remplir le vide, on met à dessein l’erreur, comme si elle pouvait tenir la place de la vérité, et comme si l’erreur et la vérité ne devaient pas se combattre, en telle sorte que le tout devienne creux et vide. […] Aveugles ou sophistes, ne voyez-vous pas que ce qui n’était qu’une chose permise par la religion et la société a pris aujourd’hui la place de la religion et de la société, et a tout envahi, comme la mauvaise herbe qui pullule là où devait croître le bon grain ! […] Reste donc la conséquence : Pourquoi les pauvres ne prendraient-ils pas la place des riches ? […] Et si vous ne pouvez pas lui donner la raison de son esclavage et de votre liberté, de son malheur et de votre prospérité, il a le droit de se mettre à votre place et de vous mettre à la sienne ; en termes consacrés, l’insurrection devient un droit. […] pourquoi les pauvres ne se mettraient-ils pas à la place des riches ?

2030. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Il est presque toujours en guerre avec ses propres fils, qui veulent lui prendre sa place, ses métaux précieux, ses buffles, ses chameaux, ses femmes. […] Approchons-nous ; voici la vallée d’Ossau, entre deux montagnes boisées de broussailles, pelées par places, tachée de mousse et de bruyères. […] Ainsi, tout le long de ces six volumes, les objections naissent, pullulent et fourmillent autour des grands blocs de vérité qui se dressent, de place en place, indestructibles. […] Dans l’univers éclatant et géométrique où je vous ai conduit, il n’y a pas de place pour la libre spontanéité. […] Et que vient-on nous offrir à la place ?

2031. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Quand l’hiver a glacé nos guérets, Le printemps vient reprendre sa place, Et ramène à nos champs leurs attraits ; Mais, hélas ! […] — Mais si d’une douce ardeur Quelque renaissante trace Chassait Cloris de mon cœur Pour te remettre en sa place… ? […] Ce qu’elles représentent, c’est le bon sens, le bon sens du peuple ou de la bourgeoisie moyenne, le bon sens traditionnel, le bon sens proverbial, ce sont ses Sancho Pança, et c’est pour cela que, Sancho lui-même, il leur a fait une si large place dans son œuvre. […] A la place de tous les genres d’imagination, ce qu’il recommande à satiété, c’est le naturel » Qu’entend-il par naturel ? […] Je crois bien qu’elle est quelquefois autre chose, qu’elle est, chez un homme qui ne peut pas gagner de l’argent ou obtenir des places et emplois, une volonté de puissance, une ambition : si je ne puis pas gagner par acquérir, gagnons par conserver, par ménager, par épargner et par usure ; et cela est une forme de l’ambition.

2032. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Dénoncé, poursuivi par les journalistes de cette époque, non seulement il fut obligé de renoncer à sa place, mais encore de quitter Paris et de se cacher dans un village. […] Au reste, on se tromperait étrangement si l’on pouvait penser que Geoffroy ait prétendu exclure Voltaire de la place qui lui est assignée sur le Parnasse. […] Parmi les modernes, il accorde la première place à Spontini. […] D’après ces réflexions, on ne peut refuser au Menteur une place très distinguée parmi les bonnes comédies de caractère. […] Il est curieux de voir un cardinal de l’Église romaine consoler la scène des rigueurs de l’Église : ce trait mérite sa place dans l’histoire de l’esprit humain.

2033. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Mais laissons ces vaines subtilités, qui ne sont pas plus à leur place dans un discours que dans une dissertation ; passons à des observations plus sérieuses et plus solides. […] Nos modernes philosophes en ont parlé avec bienveillance, parce qu’il ne savait pas le latin, parce qu’il avait été persécuté pour un persiflage irréligieux et que Boileau lui avait donné une place dans ses satires. […] On mit à la place ces deux vers : Qu’on me rend des honneurs qui ne sont pas pour moi, Et que le trône enfin l’emporte sur le roi. […] Son exemple doit faire sentir l’importance d’une bonne éducation : il manqua la place de sous-précepteur du dauphin, et le titre d’académicien français, parce qu’il ne savait pas le latin. […] Frédéric demande en effet la place pour Bernadille ; mais le duc ne veut l’accorder à Frédéric qu’à condition qu’il l’exercera lui-même : voilà donc la femme juge.

2034. (1910) Rousseau contre Molière

Où se place la scène de Dubois ? […] Point si étrange cependant, si l’on songe que Rousseau, en littérature, ne se place jamais au point de vue du vrai. […] Car s’intéresser pour quelqu’un, qu’est-ce autre chose que de se mettre à sa place ? […] Remarquez-vous que là où une pensée religieuse serait à sa place dans son texte elle n’y vient jamais ? […] Il faut recevoir l’impression générale des choses ; il faut noter la place où, tout le roman lu, Julie se met dans notre esprit et, à en juger de la sorte, Julie est beaucoup plus grande, beaucoup plus haute, beaucoup plus riche aussi et consistante que Sophie !

2035. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Mais sur ce terrain le gouvernement central a pris leur place. […] Quiconque a lu les mémoires sait que depuis deux cents ans, pour boucler leurs vides, il a fallu des mariages d’argent et les bienfaits du roi  C’est pourquoi, à l’exemple du roi lui-même, ils ont fait argent de tout, notamment des places dont ils disposent, et, lâchant l’autorité pour les profits, ils ont aliéné le dernier lambeau de gouvernement qui leur restait. […] « Le sieur de Montmorin, capitaine des chasses de Fontainebleau, tire de sa place des sommes immenses et se conduit en vrai brigand.

2036. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Mais on lui a enlevé ses papiers et ses parchemins, et on a mis à la place un faux extrait de naissance qui la fait roturière et pauvre69. — Une autre femme placée dans le service de M.  […] Si alors un fragment étranger ou une série étrangère vient s’intercaler dans la place vide, le patient se méprendra sur lui-même. — Nous venons de voir les conditions principales de cette transposition. […] D’où vient que nos souvenirs présents correspondent presque toujours à des sensations passées ; que presque toujours la place assignée à ces sensations soit celle qu’effectivement elles ont occupée ; que presque jamais la chaîne de nos événements n’aliène un de ses chaînons propres ou ne reçoive un chaînon étranger ; que presque toujours le groupe des événements passés, présents et possibles dont nous composons notre personne soit en effet le groupe des événements qui nous sont arrivés, qui se passent en nous et qui peuvent nous advenir ?

2037. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Voilà l’homme : tout sceptique par sa nature, par sa vie et par sa place dans la société dont il est la victime par sa faute, et dont il devient l’ennemi par l’envie et par l’ingratitude. […] XXI Avant de s’y retirer, il place dans un hospice de charité publique le père de Thérèse, pour alléger le poids du ménage ; le vieillard comme l’enfant, ces deux fardeaux si doux du cœur, l’importunent. […] Une femme évaporée lui demande follement un traité d’éducation, à lui, l’homme qui n’a jamais trouvé sa place dans le monde des hommes, qui n’a reçu d’éducation que celle des aventuriers, et dont toute la règle a été de n’en point avoir !

2038. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Simple artisan, ou plutôt artiste, mais artiste d’un talent bien inférieur aux grands statuaires de son temps à Athènes, il sculptait dans son atelier à peine autant qu’il était nécessaire pour nourrir sa femme et ses enfants ; sans cesse distrait du ciseau par la pensée, ouvrant sa porte à tout le monde, interrompant son travail pour répondre aux questions qu’on lui adressait sur toutes choses, courant ensuite de porte en porte et accostant lui-même les passants pour leur parler des choses divines, consumé du zèle de la vérité, missionnaire des foules, semant le bon grain à tout vent de la rue ou de la place publique : homme qu’on aurait considéré comme un fou, s’il n’avait pas été un modèle de toute vertu et un oracle de toute sagesse. […] Ils jouaient la sagesse et la vertu dans les académies et dans les places publiques ; ils accoutumaient les Athéniens à ces jeux d’idées et de paradoxes qui rendaient l’oreille fine et l’esprit sceptique ; pour effacer ces sophistes, il fallait bien parler leur langue à ce peuple infatué. […] Phédon raconte alors que, le matin du jour de la mort, les amis de Socrate se réunirent plus tôt que de coutume sur la place devant la prison, pour ne pas perdre une heure de sa vie et de sa pensée.

2039. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Elle peut sans doute avoir un aspect florissant, tenir dans les préoccupations du public une place plus grande qu’aux époques où l’attention est distraite par les intérêts vitaux de la vie nationale. […] Ainsi au temps de Louis XIV, la flatterie se gonfle en hyperboles énormes, quand Boileau s’écrie : Grand roi, cesse de vaincre ou je cesse d’écrire ; quand l’Académie met au concours ce sujet : De toutes les vertus du prince laquelle mérite la préférence ; quand la même Académie reçoit comme un de ses membres, le duc du Maine, âgé seulement de treize ans, mais bâtard du roi ; quand Racine l’assure que, s’il n’y eût pas eu de place vacante, chacun des académiciens existants aurait été heureux de mourir pour lui en faire une. […] Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nérac, la Provence ont droit dans l’histoire de la littérature française à une place qu’on néglige trop souvent de leur accorder.

2040. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Mais voici que Beethoven reproduit le même sujet dans le silence de la nuit ; voici qu’il place son tableau entre le monde de l’Apparence, et l’univers intérieur de son âme, l’univers profond où gît l’Être réel des choses ; et dans cet univers il prend la lumière qui illumine son tableau, ce clair voyant : et voilà que ce tableau vit devant nous et que nous vivons en lui, extraordinairement, et que nous habitons un deuxième univers, dont les plus immenses chefs-d’œuvre d’un Raphaël ne donnent point l’idée ! […] Teodor de Wyzewa retient la conception musicale du philosophe qui place la musique au sommet de tous les arts, en ce qu’elle dévoile l’essence même des choses sans devoir passer par leur représentation. […] Il redonne à la musique la place supérieure qui est la sienne alors même qu’elle avait été reléguée au rang d’art agréable au service des puissants.

2041. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Mais les philosophes qui affirment le progrès de la vie humaine en durée oublient encore que tout est coordonné dans le plan divin ; que ce plan divin assigne à l’homme une durée de vie en rapport exact avec le nombre des autres hommes qui vécurent ou qui doivent vivre à côté de lui, avant lui ou après lui sur cette terre ; que l’espace de ce petit globe ne s’élargit pas au gré des rêves orgueilleux des utopistes de la perfectibilité indéfinie ; que la fécondité même de l’écorce de ce petit globe, que nous rongeons, n’est pas indéfinie dans sa production des aliments nécessaires à l’existence de l’homme ; que si une génération prolongeait indéfiniment sa vie et multipliait à proportion sa race sur la terre, d’une part cette génération sans fin et sans limite trouverait bientôt ce globe trop étroit pour sa multitude et pour ses besoins ; d’autre part, que cette génération prendrait dans l’espace et dans le temps la place des générations à naître ; privilégiés de la vie qui condamneraient au néant ceux qui sont prédestinés à vivre ! […] XIII Nous voyons partout en effet une race humaine tombée dans l’ignorance et dans la barbarie, en sortir pour remonter à la lumière, à la civilisation, à la vertu, à la puissance ; arriver plus ou moins laborieusement à la perfection relative d’une nationalité, d’une société, d’une religion supérieure ; rester à ce point culminant plus ou moins longtemps avant d’en redescendre ; puis s’écrouler par l’infirmité irrémédiable de notre nature, se détériorer, se corrompre, déchoir, mourir, disparaître, en ne laissant, comme l’individu le plus perfectionné lui-même, qu’un nom et une pincée de cendres à la place où il a vécu. […] « Ceux qui, par les yeux de la sagesse, aperçoivent que le corps et l’esprit sont distincts, et qu’il y a pour l’homme une séparation finale qui l’émancipe de la nature animale, ceux-là entrent par l’intelligence dans l’état des êtres. » Vous voyez que cette sublime philosophie, comme la philosophie du christianisme, ne place pas la perfectibilité indéfinie dans ce monde des sens et de la mort, mais dans le monde supérieur de l’âme et de l’immortalité !

2042. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Entre la Chanson de Roland, que l’on date de l’an 1080, et celle de Raoul de Cambrai, dont on place la rédaction aux environs de 1220, s’il y a quelques différences, n’étant guère que « philologiques », elles ne se révèlent donc aussi qu’aux seuls érudits. […] Elle s’est développée lentement, mais elle s’est développée de son fonds, sur place, en quelque sorte, et conformément à sa nature. […] Comme d’ailleurs cet élément fabuleux flatte plus agréablement les imaginations des hommes, il ne tarde pas à usurper sur l’élément historique, auquel même on le voit servir d’explication, jusqu’à ce qu’il prenne enfin toute la place, dans les Romans de la Table-Ronde par exemple, où l’histoire ne sert plus que de prétexte au trouvère pour exercer la fertilité de son invention ; — et le roman se détache ainsi de l’épopée.

2043. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Catinat, chargé de former et de commander un corps d’armée en état de tenir tête au prince Louis de Bade sur cette frontière, et qui d’ailleurs ne fut instruit par sa cour de l’alliance avec la Bavière qu’au dernier moment et lorsqu’elle fut déclarée, se trouva trop faible dès le début pour s’opposer au siège de Landau, qui était alors à la France, et se résigna tout d’abord à la perte de cette place. […] Je sais que vous n’avez pas un corps de troupes suffisant pour présenter la bataille au prince de Bade, s’il est en plaine devant vous ; mais vous n’êtes point assez faible pour lui laisser prendre Landau sans y mettre quelque obstacle, ce qui se peut par plusieurs moyens différents… (Et après un aperçu de ces moyens :) Tout ce que je vous mande n’est que pour vous donner différentes vues, et vous mettre en état de faire un plan qui ne peut être autre que de secourir Landau en cas que je vous envoie suffisamment de troupes… Mais, supposé que je ne le puisse pas faire et que je sois obligé d’abandonner cette place à sa propre défense, ne pourriez-vousc, en ce cas, faire quelque entreprise qui puisse donner lieu à une diversion, ou du moins empêcher le mauvais effet que produirait l’inaction dans laquelle vous demeureriez ?

2044. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

L’artiste, qui devait son premier succès à cet affectueux patron, aima toujours à le lui rapporter ; et à des amis de Bonstetten qui le visitaient trente ans après, il disait en les conduisant avec émotion à un endroit de son atelier, alors tout peuplé de marbres glorieux : « Voilà la place où était le Jason !  […] Moi, j’aurais un plaisir immodéré à écrire dans une langue neuve qui recevrait jusqu’aux moindres nuances de ma pensée et me donnerait comme une place pure l’image la plus vraie de mon âme.

2045. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

De cette disposition bien avouée et convenue entre nous, de ce que, tout en profitant de notre mieux des instruments, un peu onéreux parfois, de la critique nouvelle, nous retiendrons quelques-unes des habitudes et les principes mêmes de l’ancienne critique, accordant la première place dans notre admiration et notre estime à l’invention, à la composition, à l’art d’écrire, et sensibles, avant tout, au charme de l’esprit, à l’élévation ou à la finesse du talent, vous n’en conclurez pas, messieurs, que nous serons nécessairement, à l’égard des livres et des écrivains célèbres, dans la louange monotone, dans une louange universelle. […] [NdA] « Le Parnasse, dit-il quelque part, est un Montserrat qui admet quantité d’établissements à ses divers étages : laissez chacun aller et regarder autour de lui, et il trouvera quelque place à sa convenance, que ce soit un sommet ou un coin de rocher. » 75.

2046. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

« Que ne suis-je à sa place !  […] Quoi qu’il en soit du degré où il admettait le scepticisme de Bayle, il nous représente mieux que personne le mouvement de ferveur et d’enthousiasme qui signala en France l’apparition de ce fameux Dictionnaire ; car cet ouvrage qu’on se borne aujourd’hui à consulter et à ouvrir par places, se lisait tout entier, se dévorait à sa naissance.

2047. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Ce n’est pas à une nation démocratiquement constituée comme la nôtre, et chez laquelle les vices naturels de la race ont une malheureuse coïncidence avec les vices naturels de l’état social, ce n’est pas à cette nation qu’on peut laisser prendre aisément l’habitude de sacrifier ce qu’elle croit sa grandeur à son repos, les grandes affaires aux petites ; ce n’est pas à une pareille nation qu’il est sain de laisser croire que sa place dans le monde est plus petite, qu’elle est déchue du rang où l’avaient mise ses pères, mais qu’il faut s’en consoler en faisant des chemins de fer et en faisant prospérer au sein de la paix, à quelque condition que cette paix soit obtenue, le bien-être de chaque particulier. […] J’ai toujours été dans une très-grande difficulté, vous vous en serez aperçu, à parler de Tocqueville, non que je ne le place très à part et très-haut, mais parce qu’il n’a pas, selon moi, rempli complètement toute l’idée que ses amis ont droit d’avoir et de donner de lui.

2048. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Peu après il partit pour sa belle terre de Veretz en Touraine, et se mit à penser de plus en plus sérieusement à la perte irréparable : « La retraite, dit M. de Chateaubriand (d’après Dom Gervaise), ne fit qu’augmenter sa douleur : une noire mélancolie prit la place de sa gaieté ; les nuits lui étaient insupportables ; il passait les jours à courir dans les bois, le long des rivières, sur les bords des étangs, appelant par son nom celle qui ne pouvait lui répondre.  […] Les mauvais moines en vinrent à consentir à la retraite moyennant pension, et on introduisit en leur place six religieux de Perseigne.

2049. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Le mal tient-il cette place, à la fois première et singulière, dans leurs vastes tableaux ? […] Sue a très-bien démêlé ou construit ce caractère, qui passe à un certain moment du sincère à l’ambitieux, que la vanité et la gloire exaltent, qui, à peine à la tête des siens, s’aperçoit qu’il n’est pas là à sa place, et qui fait tout pour la gagner.

2050. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

A propos des similitudes frappantes et presque des symétries d’accidents qui sautent aux yeux entre l’avénement de la seconde race et celui de la troisième, il disait : « Cette analogie de causes et d’effets est remarquable, et prouve combien les choses agissent avec suite, s’accomplissent de nécessité, et se servent des hommes comme moyens, et des événements comme occasions. » Après avoir montré dans saint Louis le principal fondateur du système monarchique, il suivait les progrès de l’œuvre sous les plus habiles successeurs, et faisait voir avec le temps la royauté de plus en plus puissante et sans contrôle, roulant à la fin sur un terrain uni où elle n’éprouva pas d’obstacle, mais où elle manqua de soutien ; si bien qu’un jour « elle se trouva seule en face de la Révolution, c’est-à-dire d’un grand peuple qui n’était pas à sa place et qui voulait s’y mettre, et elle ne résista pas. […] La qualité littéraire du style en souffre à son tour ; on y regrette par places la fluidité, et l’on y est trop loin du libre procédé si courant de Voltaire ou de M.Thiers.

2051. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Quoiqu’il avertisse quelque part128 de ne pas trop se fier aux lettres d’un auteur comme à de bons témoins de ses pensées, plusieurs de celles où il parle de la perte de sa place respirent un ton de modération qui ne semble pas tenir seulement à une humeur calme, à une philosophie modeste, mais bien à une soumission mieux fondée et à un véritable esprit de christianisme. […] Boileau est d’un mérite si distingué qu’il eût été difficile à messieurs de l’Académie de remplir aussi avantageusement qu’ils ont fait la place de M. de Bezons. » On le voit, Bayle est un véritable républicain en littérature.

2052. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

À Athènes, à Rome, dans les villes dominatrices du monde civilisé, en parlant sur la place publique, on disposait des volontés d’un peuple et du sort de tous ; de nos jours, c’est par la lecture que les événements se préparent et que les jugements s’éclairent. […] La méthode de définir tous les termes, et de substituer sans cesse la définition à la place du défini, est belle, mais impraticable ; car comment éviter le cercle ?

2053. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

La place que la raison y obtient est toujours étroite ; l’office qu’elle y remplit est le plus souvent secondaire. […] Je n’ai pas le droit d’élever mes enfants chez moi et de la façon qui me semble bonne. « Comme on ne laisse pas la raison445 de chaque homme unique arbitre de ses devoirs, on doit d’autant moins abandonner aux lumières et aux préjugés des pères l’éducation des enfants, qu’elle importe à l’État encore plus qu’aux pères. » — « Si l’autorité publique, en prenant la place des pères et en se chargeant de cette importante fonction, acquiert leurs droits en remplissant leurs devoirs, ils ont d’autant moins de sujet de s’en plaindre qu’à cet égard ils ne font proprement que changer de nom et qu’ils auront en commun, sous le nom de citoyens, la même autorité sur leurs enfants qu’ils exerçaient séparément sous le nom de pères.

2054. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Là encore, entre l’ébranlement nerveux de l’orteil et le jugement qui place en cet endroit la sensation, il y a plusieurs intermédiaires, dont le principal est la sensation elle-même. […] Il m’apprend qu’il s’appelle C…, qu’il est le garde du port, puis disparaît pour laisser la place à d’autres personnages.

2055. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Parmi tant d’écrits sortis de la plume de Calvin, un seul subsiste et le place au rang de nos plus grands écrivains : c’est l’Institution chrétienne. […] Que de vérités, que de rapports généraux, qui n’avaient point encore pris place dans l’esprit français ; et quelle nouveauté que cette forme sérieuse forte, proportionnée sous laquelle les présentait Calvin !

2056. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Sans doute le dix-huitième siècle ne tiendra jamais dans l’éducation publique la même place que le dix-septième, et ce serait un malheur que le second fît négliger le premier. […] Les Considérations me laisseraient croire que je n’ai point à m’aider pour être bien gouverné, et que ceux qui gouvernent m’ont pris ma place.

2057. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

» criait déjà Baudelaire, puis il revient à la sagesse des hiboux immobiles, sachant qu’on porte toujours le châtiment d’avoir voulu changer de place. […] Byron, impuissant à contenir les battements de son cœur trop vaste, ne tient plus en place et s’exile en quête d’une cause sainte où s’immoler en sacrifice.

2058. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Entrer de force, provoquer Nourvady, le tuer sur place, il ne le peut pas. […] C’est ici que se place, à mon sens, la véritable énormité de la pièce, celle qui a empêché d’apprécier la belle scène qui la termine, parce que cette scène en sortait.

2059. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Confiez donc les premières places de l’État aux véritables amis de la monarchie légitime. […] Elle s’avance ; elle nous presse ; elle nous pousse : bientôt elle va prendre notre place.

2060. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

De bons principes peuvent s’éteindre passagèrement et laisser la place aux mauvais, sans qu’on ait le droit de rien affirmer en faveur de ceux-ci. […] Je le répète, est-ce là un fait accidentel et passager, un résidu de l’esprit révolutionnaire qui doit disparaître peu à peu et céder la place à un sage esprit de progrès ?

2061. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

On ne place point Ovide parmi les Poëmes épiques, parce que ses métamorphoses, toutes consacrées qu’elles sont par la religion des Anciens, ne font pas un tout, ne font pas un ouvrage régulier. […] Les murailles d’albâtre qui entourent le Paradis terrestre, les diables qui, de géans qu’ils étoient se transforment en pygmées pour tenir moins de place au conseil, dans une grande salle toute d’or, bâtie en l’air ; les canons qu’on tire dans le ciel, les montagnes qu’on s’y jette à la tête ; des Anges à cheval qu’on coupe en deux, & dont les parties se rejoignent soudain ; tant d’autres extravagances n’ont cependant pas empêché qu’on compare Milton à Homere qui a aussi ses défauts, & qu’on le mette au-dessus du Dante, dont les imaginations sont encore plus extraordinaires.

2062. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

41 La ruse de celui qu’on porte à noyer et qui persuade à un autre de prendre sa place en lui affirmant que c’est là un sûr moyen de gagner des trésors. […] Le vainqueur laisse sur place ses sandales et ses bracelets (Le boa du puits — Samba Guénâdio Diêgui) ; son couteau (Les 2 Ntyi) ; son chien (B.

2063. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Apollon s’ennuie, les dieux mêmes s’ennuient, comme dira dans Psyché La Fontaine, les dieux mêmes s’ennuient parce que la littérature (au moment où La Fontaine place son récit) a toujours les mêmes caractères, parce que l’on n’invente plus rien, parce que l’on se traîne sur les anciens errements, parce qu’enfin, comme dit Apollon, « il nous faut du nouveau, n’en fût-il point au monde ». […] — Non, reprit-il ; plût au Ciel vous avoir Servi mon cœur, et qu’il eût pris la place De ce faucon !

2064. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

La langue qu’ils ont apprise est toujours la plus belle, la plus riche, la plus harmonieuse, à peu près comme les hommes en place sont toujours pour leur protégé des hommes supérieurs. Mais le degré de valeur d’un homme en place étant exposé au grand jour, les louanges qu’on lui donne, s’il en est indigne sont honteusement démenties par le public ; au lieu que les langues qu’on appelle savantes étant presque absolument ignorées, leurs panégyristes ne craignent guère d’être contredits.

2065. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Montesquieu, qui, dans ses saillies de critique et de goût, mêlées aux libres peintures des Lettres persanes, traitait assez légèrement la poésie lyrique et la nommait une harmonieuse extravagance, emprunte cependant à Pindare une définition de la loi, qu’il place dans le début de son grand ouvrage. […] ; il la célébra jusqu’à mériter la jalouse colère des siens, qui lui infligèrent une amende de dix mille drachmes, que les Athéniens lui restituèrent au double, avec une statue dans Athènes, sur cette place publique qu’il avait nommée quelque part industrieuse et glorieuse, pour désigner sans doute ses monuments et sa tribune.

2066. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Si, trop jeune, il n’avait pas combattu à Salamine, il avait paru dans le chœur d’adolescents qui chanta l’hymne de cette grande journée sur la place publique d’Athènes. […] » N’y a-t-il pas là comme l’image chantante de ce peuple d’Athènes, entre sa place publique et son théâtre, les fêtes de ses temples et les discours de ses orateurs ?

2067. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

J’ajoute à ce volume, ainsi que je l’ai fait au précédent, un rapport de moi qui a été publié dans le cours des Causeries, et qui même a paru comme en lieu et place d’un de ces articles hebdomadaires, le lundi 12 juin 1854.

2068. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

[NdA] J’ai cherché si La Motte n’avait nulle part fait mention de l’ami si dévoué qui s’était donné à lui ; j’ai rencontré au tome iv (page 196) des pièces intéressantes et peu connues, publiées par de La Place, six vers impromptu de La Motte sur lui, mais qui ne méritent pas d’être rapportés.

2069. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Je me suis fait dans notre bois une place favorite, où je vais m’asseoir pour songer à mes amis : c’est là que je porte Werther, Ossian, et les lettres qui me viennent de toi.

2070. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Sous la Restauration, cette école, on le conçoit, dut avoir une bien insensible influence là où elle s’adressait ; les engagements étaient pris, les intérêts et les passions en jeu ; au milieu de ces clameurs aigres et retentissantes du parti, de ces voix de vieillards incurables et fanatiques, il y avait peu de place pour les calmes conseils de quelques jeunes hommes.

2071. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

— on durcit à de certaines places, on pourrit à d’autres ; on ne mûrit pas.

2072. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

De tout autres qu’eux à leur place auraient fait plus ou moins de même.

2073. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

C’était introduire l’ennemi dans la place.

2074. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

La ville où l’on séjourne a beau être embrouillée, inégale, tortueuse, sans ordre et sans plan, pleine de carrefours, de tréteaux de charlatans, de passages et de ruelles, de monuments inachevés dont les pierres encombrent les places, d’arcs de triomphe sans chars ni statues de vainqueurs, de clochers et de coupoles sans croix : quand le soleil est couché, quand, du haut des collines prochaines, le voyageur qui n’est pas entré dans cette ville et qui n’y a pas vécu, l’aperçoit à l’horizon dessinant sa silhouette déjà sombre sur le ciel encore rougi du couchant, il la voit toute différente ; il y distingue des étages naturels, des accidents dominants, des masses imposantes et combinées ; les édifices que la distance et l’obscurité achèvent et idéalisent à ses yeux, lui apparaissent selon des hauteurs bien diverses.

2075. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Mais M. d’Eckstein n’accordait aucune place ni aucune valeur aux tentatives nouvelles de révolte, d’ironie, d’irrévérence et de liberté fougueuse qui éclataient déjà dans l’art, en attendant qu’elles se fissent jour en politique.

2076. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

En 1593, le bruit courut que les dents étant tombées à un enfant de Silésie, âgé de sept ans, il lui en était venu une d’or à la place d’une de ses grosses dents.

2077. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

C’est une des caractéristiques de l’organisation sociale de ce temps, que cet homme mal vu du roi, et qui n’aimait pas le roi, ait vécu plus de quinze ans près du roi, sans songer à quitter sans qu’on songeât à le renvoyer, parce que, étant duc et pair, sa place était là.

2078. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Mais si Labiche a pris la place qu’il tient au-dessus de tous ses rivaux, dont quelques-uns ne lui cèdent pas en gaieté, il la doit au grain de bon sens qui presque toujours relève ses drôleries.

2079. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Et en parlant ainsi je me place au point de vue de ceux qui n’estiment que les applications pratiques.

2080. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

, XIII, 55 — Marc, VI, 3, à la place des noms des vrais frères, restés toujours obscurs.

2081. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Pourtant la maison est inscrite parmi les quarante plus considérables de la place de Paris et le patron siège comme un autre au tribunal de commerce littéraire que nous appelons Académie française.

2082. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Un homme en place fut obligé, pour pouvoir le lire, de le faire copier suivant l’usage accoutumé.

2083. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

Les monuments ordinaires reçoivent leur grandeur des paysages qui les environnent ; la religion chrétienne embellit au contraire le théâtre où elle place ses autels et suspend ses saintes décorations.

2084. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Je ne sais ce que j’aurais produit à votre place ; je me serais renfermé longtemps dans les ténèbres ; j’aurais assisté à la mort de Pélopidas ; et je crois que j’y aurais vu autre chose.

2085. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Du moins, il a fait un tableau du mariage du marquis de Grignan et du supplice de la malheureuse qu’il a épousée, et qui, pour l’avoir sauvé de la ruine, passa sa vie dans l’abandon et dans le mépris ; et ce tableau, digne d’un romancier, semble en promettre un… Quoiqu’il en puisse être, ces facultés d’imagination et d’observation dont le livre que voici a révélé l’existence dans un auteur qui avait paru moins brillamment et moins richement doué, ces facultés, qui ont donné à ce livre nouveau un genre de piquant qu’on n’était pas accoutumé de trouver en un livre d’histoire, prendront-elles assez de développement et de place dans la tête du mâle auteur du Cardinal de Bernis, pour l’entraîner un jour hors d’une voie marquée par un livre si ferme et si exclusivement historique, ou continuera-t-il de les consacrer à l’histoire ?

2086. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Encore une fois, voilà l’histoire que je voudrais voir écrire, non par places, non par épisodes, mais en grand et au complet, par Auguste Vitu.

2087. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

… Quoi de plus fini, de plus débordé, de plus dépassé que toutes ces théories qui, du temps de Lessing, régnaient sur la place ou l’encombraient, quand le Génie voulait passer ?

2088. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Il ne se contente pas de saluer avec un respect froid cette religion qui passe (on l’espère bien) et qu’on ne salue que parce qu’on croit qu’une fois passée elle ne reviendra plus et que la philosophie pourra s’installer à sa place.

2089. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

, comme on disait après avoir lu Gall et s’être rasé les tempes pour faire une place plus grande à la couronne.

2090. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

La conséquence d’une telle théorie, c’est de mettre la combinaison, le machiavélisme, la rouerie de l’effet, à la place du mouvement, de la passion, de l’impétuosité, de l’abandon naïf et facile, et en effet, M. 

2091. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Il y est allé conduit par l’instinct éveillé de la peinture et en passant par les ateliers, mais ce qui l’y a entraîné plus fort que la peinture elle-même, c’est le néant qui est en lui et qui lui faisait trouver sa vraie place dans le pays de l’anéantissement universel.

2092. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

., se place dans le ton de ce fameux « petit sou. » Il est plus à l’aise dans la peinture, mais il peint épais quand il pense à être coloriste.

2093. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

Il avait pu embrasser dans Athènes la statue de Socrate, élevée par ordre de l’État, et peut-être érigée sur la même place où on l’avait chargé de chaînes pour le conduire à la mort.

2094. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Ces traditions ayant été suivies si longtemps, et par des peuples entiers, doivent avoir eu un motif commun de vérité (axiome 16). 6º Les grands débris qui nous restent de l’antiquité, jusqu’ici inutiles à la science, parce qu’ils étaient négligés, mutilés, dispersés, reprennent leur éclat, leur place et leur ordre naturels. 7º Enfin tous les faits que nous raconte l’histoire certaine viennent se rattacher à ces antiquités expliquées par nous, comme à leurs causes naturelles. — Ces preuves philologiques nous font voir dans la réalité les choses que nous avons aperçues dans la méditation du monde idéal.

2095. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

On ne peut croire que Plaute ait voulu mettre sur le théâtre des dieux qui enseignassent le parjure au peuple ; encore bien moins peut-on le croire de Scipion l’Africain et de Lélius, qui, dit-on, aidèrent Térence à composer ses comédies ; et toutefois dans l’Andrienne, Dave fait mettre l’enfant devant la porte de Simon par les mains de Mysis, afin que si par aventure son maître l’interroge à ce sujet, il puisse en conscience nier de l’avoir mis à cette place.

2096. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

« Nous nous apercevons, un jour, en traversant une place publique, que quelqu’un se moque de nous… Selon l’espèce d’homme que nous sommes, ce sera un événement très différent. […] « Plus haut que l’amour du prochain se trouve l’amour du lointain et de ce qui est à venir ; plus haut que l’amour de l’homme je place l’amour des choses et des fantômes. […] Pour moi, elle est un monde de dangers et de victoires où les sentiments héroïques se déploient et ont aussi leur place de danse et de jeux. […] Pourtant je ne nie pas que dans beaucoup de cas une subtile méfiance à la façon du premier, c’est-à-dire dans l’esprit de La Rochefoucauld, ne soit à sa place et d’une haute utilité générale. […] Elle veut dans tous les hommes des serviteurs ad nutum et prétend à tous les actes humains donner une valeur proportionnée à la place qu’elle y a ; en d’autres termes elle prétend être la seule valeur.

2097. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Quand la bulle d’air fut en place, il annonça : « Prêt !  […] Elle n’est pas uniquement rationaliste et, de nos jours, fait à l’intuition la place plus grande. […] C’est en face de chez ses parents, de l’autre côté d’une place où la marmaille du faubourg prend ses ébats. […] Il traversait la place ; le bruit lui fit lever les yeux. […] Quelle place il tient !

2098. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Brieux occupe une place à part et singulièrement honorable. […] Crédule, assuré, pompeux, — très malin aussi, et réclamier, et avide d’honneurs et de places, — Bertry, c’est Homais « grand médecin ». […] Et c’est ici que se place le croquis de mœurs diplomatiques. […] C’est la place du marché, aux portes de Sichem. […] Les femmes ont, parmi eux, la meilleure place.

2099. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Tolstoï se place aussi au point de vue de la moralité. […] Mais jusqu’au III (ou jusqu’au IV) comment remplir la place ? […] Tu perçois cinq sous    pour    chaque    place. […] Il place ses entr’actes où il veut, non où vous voulez. […] La petite nièce pourra entrer dans ce plan, y prendre sa place, servir à quelque chose.

2100. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

L’invention se perd dans la foule ; mais nous l’apercevons de place en place : bientôt, nous ne cessons plus de la voir. […] De place en place, sur le coteau, des maisons « révèlent leur présence par leurs carreaux roux de lumière ». […] Et, au contraire, plus sévère sera l’idée de l’histoire, plus elle réservera auprès d’elle la place du roman. […] Il a son inspiration qui le place très haut parmi nos écrivains ; mais il n’a pas encore son esthétique : et il lui reste d’inventer son art. […] Il ne trouve sa place nulle part.

2101. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

. — Comme les mots présent et non absent, absent et non présent sont synonymes, il est clair que, dans l’axiome de contradiction aussi bien que dans l’axiome d’identité, le second membre de la phrase répète une portion du premier ; c’est une redite ; on a piétiné en place. — De là un troisième axiome métaphysique, celui d’alternative, moins vide que les précédents ; car il faut une courte analyse pour le prouver ; on peut l’énoncer en ces termes : dans tout objet, telle donnée est présente ou absente. — En effet, supposons le contraire, c’est-à-dire que dans l’objet la donnée ne soit ni absente ni présente. […] D’où il suit qu’une portion quelconque de la ligne droite, retirée de sa place et superposée en un autre point quelconque à la ligne totale, coïncidera rigoureusement avec la portion sur laquelle on l’aura appliquée103. […] Ainsi, quand on étudie l’axiome qui affranchit de toute borne l’accroissement possible de toute grandeur, et qui pose cette grandeur accrue à l’infini comme un réceptacle permanent où toute grandeur bornée de la même espèce doit forcément trouver sa place et son au-delà, on n’y rencontre, comme dans les autres axiomes, qu’une proposition analytique. […] Il n’y a point de place entre elles deux pour une circonstance qui vienne les disjoindre, car elles ne sont qu’une seule chose sous deux aspects. […] Une démonstration analogue prouve que, dans le même cercle ou dans des cercles égaux, un arc quelconque transporté lors de sa place, coïncidera exactement avec la portion de circonférence sur laquelle on l’aura placé.

2102. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Faut-il donc croire que l’imagination et le sentiment ne sont point vivaces comme l’idée, et que l’art finira par céder la place à la science ? […] Le plus grand danger autrefois pour l’artiste ou pour le penseur, c’était de voir son œuvre anéantie par le feu sur place de Grève, privée ainsi de l’avenir, damnée pour ainsi dire à jamais. […] Autrefois, le vers régnait en maître dans la littérature ; les Grecs légiféraient même en vers ; aujourd’hui, quelle petite place il tient dans la diversité des genres littéraires ! […] La césure maintenue, il nous reste à examiner la place du nouveau temps fort introduit dans le vers par La Fontaine, Chénier et V.  […] Hugo ne supprime pas la césure, il la multiplie, il en place une seconde après la première, et le vers y gagne au lieu d’y perdre.

2103. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

La place de plus en plus grande que prirent les femmes dans la société, les bons effets qui en résultèrent, sont l’ouvrage personnel de Louis XIV. […] On perdait, avec sa faveur, sa place dans une société où chacun tenait son rang du prince ; on perdait sa fonction dans l’Etat, et, pour ainsi dire, sa raison d’être. […] Mais ce que Louis XIV dut goûter avant tout dans Boileau, c’est cet art de se conduire, — si cet art n’est pas chez notre poète le naturel même de l’homme, — par lequel il sut se rendre libre en se tenant à sa place, ne se point mêler des choses où il ne se voyait ni appelé ni compétent, ne point prendre parti dans les querelles, afin de garder le droit d’aimer les personnes. […] Ce fut Bossuet qui lui parla le premier, « avec le respect d’un sujet, mais aussi avec la liberté d’un prédicateur. » A ce jeune prince si porté à la tendresse, si bien fait, si magnifique, « dont les belles qualités, dit Mme de Motteville, causaient toutes les inquiétudes des dames », il peignit la violence des désirs de la jeunesse, « ces cœurs enivrés du vin de leurs passions et de leurs délices criminelles, l’habitude qui succède à la première ardeur des passions, et qui est quelquefois plus tyrannique247. » Il lui découvrit les pièges de l’impudicité, « laquelle va tête levée, et semble digne des héros, si peu qu’elle s’étudie à se couvrir de belles couleurs de fidélité, de discrétion, de douceur, de persévérance 248. » Il lui représenta le « plaisir sublime que goûtent ceux qui sont nés pour commander, quand ils conservent à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions ; qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, qui rend l’homme maître en lui-même249. » A ce roi si absolu, si maître de tout, si obéi, il montra le cœur d’un Nabuchodonosor ou d’un Balthasar, dans l’histoire sainte, d’un Néron, d’un Domitien dans les histoires profanes, « pour qu’il vît avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l’oubli de Dieu, et cette terrible pensée de n’avoir rien sur sa tête250. » Le premier, devant ce roi si plein de vie, et qui paraissait si loin de la mort, devant cette cour si attachée aux choses du monde, il ne craignit pas de soulever la pierre d’un tombeau, et d’y faire voir « cette chair qui va changer de nature, ce corps qui va prendre un autre nom, ce je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes251. » A ce roi entouré de tant de faveur, d’une si grande complaisance des jugements humains, il révéla les secrets de la justice « de ce Dieu qui tient un journal de notre vie, et qui nous en demandera compte dans ces grandes assises, dans cette solennelle convocation, dans cette assemblée générale du genre humain252. » Ce qui sied le mieux à l’âge où l’imagination et la passion dominent, ce sont de fortes peintures.

2104. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Diderot dans ses critiques sur l’art qui s’appliquent également aux lettres, fait à chaque page appel au goût, et il comprend ce terme dans son acception la plus haute le goût, c’est-à-dire le sentiment élevé de l’ordonnance des choses, assignant à chacune d’elles la place qui lui revient suivant sa valeur esthétique, intellectuelle ou morale. […] Zola n’était pas venu, je ne dirai pas qu’il eût fallu l’inventer, le besoin ne s’en faisait nullement sentir, un autre eut surgi à sa place. […] Avant lui, les romanciers anglais et même l’illustre Walter Scott avaient été accusés d’y consacrer trop de place. […] La buée tient aussi une grande place buée de la blanchisseuse, buée du teinturier, buée du boulanger.

2105. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

— Charles Coran est un poëte qui appartient à la famille de ceux dont je m’occupe aujourd’hui, et auxquels la nouvelle Anthologie a fait une place : c’est un poëte délicat.

2106. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Les plaintes sur la société, les conversations métaphysiques elles-mêmes y auraient trouvé place, mais avec plus de précision souvent, dans des scènes plus particularisées ; et ainsi eût été évité le voisinage de Byron, dont l’ombre doit se rencontrer trop aisément sur ces cimes imaginaires de Monte-Verdor ou de Monte-Rosa.

2107. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Je ne suis pas un si fervent adorateur de Théocrite que l’était Huet, qui nous apprend lui-même que, dans sa jeunesse, chaque année au printemps, il relisait le poëte de Sicile ; j’ai pourtant fait plus d’une fois le charmant pèlerinage, et chaque fois, après avoir admiré la vivacité spirituelle et ingénue des personnages, la grâce piquante et naïve du dialogue, la vérité des peintures, je me suis préoccupé de la construction du vers, de ces ressorts cachés que le poëte met en jeu pour produire plusieurs de ses effets. » Le résultat de ces observations multipliées et patientes, c’est que le dactyle peut s’appeler l’âme de la poésie bucolique , et que, sans parler du cinquième pied où il est de rigueur, les deux autres places qu’il affectionne dans le vers pastoral sont le troisième pied et le quatrième, avec cette circonstance que le dactyle du quatrième pied termine ordinairement un mot, comme pour être plus saillant et pour mieux détacher sa cadence.

2108. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Quand on met des finesses dans une pièce de théâtre, ce ne doit pas être comme dans un livre, où il suffit qu’elles soient en leur lieu et place ; il faut qu’à la scène elles soient développées, éclairées et symétrisées d’une certaine façon, afin qu’on ait le moment de les goûter et que les plus grossiers n’en perdent rien.

2109. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Historien du progrès des connaissances à cette époque, il les rédige, il les place dans l’ordre dans lequel il les conçoit.

2110. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

L’héroïsme de la morale, l’enthousiasme de l’éloquence, l’ambition de la gloire donnent des jouissances surnaturelles qui ne sont nécessaires qu’aux âmes à la fois exaltées et mélancoliques, fatiguées de tout ce qui se mesure, de tout ce qui est passager, d’un terme enfin, à quelque distance qu’on le place.

2111. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Ils reprochent avec vérité aux écrivains français leur égoïsme, leur vanité, l’importance que chacun attache à sa personne, dans un pays où l’intérêt public ne tient point de place.

2112. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

C’est une erreur de croire que l’école historique ait accompli tout le bien qu’elle avait à faire, et que le devoir de la critique de l’avenir soit de lui faire la place petite.

2113. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Il faut voir dans Corneille comment, dans les âmes des héros, pour produire les révolutions soudaines des nations, parmi les grands intérêts des États et les raisons de la plus sublime philosophie, peuvent trouver place et prendre rang de causes efficaces les incidents familiers de la vie réelle, les relations sociales, les affections de famille, les situations communes que créent à tous les hommes les croyances et les institutions communes de l’humanité.

2114. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Et, pour en pouvoir exprimer votre immense dépit, non seulement par un papier public, — de quoi se fût contenté tout autre que vous, — mais dans des conditions choisies par vous, sous la même couverture où parurent les pages honnêtes qui vous ont fait saigner, et « à la même place et dans les mêmes caractères typographiques », vous avez dépensé plus d’obstination et plus d’énergie qu’il n’en faut pour faire son salut.

2115. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

On la désirerait, à certaines places, secouée de plus de nouveauté, vivifiée par des trouvailles ; et, si elle devait ne chercher que sa propre beauté, s’arrêter à la seule splendeur de ses lignes sculpturales, il faudrait (mais je cherche ici par trop la petite bête !)

2116. (1890) L’avenir de la science « IX »

Prenez les mythologies, qui nous donnent la vraie mesure des besoins spirituels de l’homme ; elles s’ouvrent toute par une cosmogonie ; les mythes cosmologiques y occupent une place au moins aussi considérable que les mythes moraux et les théologoumènes.

2117. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Dans nos sociétés établies sur une idée très rigoureuse de la propriété, la position du pauvre est horrible ; il n’a pas à la lettre sa place au soleil.

2118. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Les Esprits qui ne jugent que par des impulsions étrangeres, qui n’estiment que sur parole, qui se laissent entraîner par la multitude, les ont regardés jusqu’à présent comme des Lumieres, des Génies, des Bienfaiteurs ; nous, qui les avons lus, connus & approfondis, nous les mettons à leur place, & faisons disparoître les trophées que l’inconsidération & la surprise avoient érigés en leur honneur.

2119. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Il avoit ses raisons sans doute : Despréaux est en possession de la cime du Parnasse, d’où il donne encore des Loix, que les bons esprits n’oublieront jamais ; & il ne falloit rien moins qu’une Confédération, pour le chasser de son domaine & mettre à sa place le Chef de ces petits Conjurés.

2120. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Dumarsais, jeune encore, avide de se faire un nom, n’ayant à risquer ni place ni fortune, admirateur de Fontenelle & plus philosophe que lui, plus idolâtre de la liberté des sentimens, écrivit pour le justifier contre les imputations de son critique.

2121. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

C’est qu’il méprisait la charlatannerie de sa place, et qu’alors cette morgue faisait plus d’effet qu’à présent.

2122. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

En France, où c’est l’usage contraire, où le mérite obtient les dignités subalternes, et la naissance et la protection disposent des grandes places de l’Église, c’est le bas clergé qui est instruit et respecté.

2123. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Si dans ce moment on s’était pressé de le juger, on se trouverait aujourd’hui bien ridicule ; et il est un exemple qu’il ne faut pas se hâter de prononcer sur les hommes avant d’être bien sûr qu’ils sont à leur place.

2124. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Dès lors ce qu’il y avait d’essentiel et de subsistant par son énergie propre a cédé la place aux signes variables et plus ou moins arbitraires ; dès lors le génie individuel a remplacé le génie général ; dès lors les impressions ont été reçues par un plus ou moins grand nombre, mais n’ont pas été reçues par tous ; dès lors enfin l’art est venu au secours de la nature.

2125. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Si la polygamie existe en Orient, nous avons certainement quelque chose de plus mauvais en Amérique et même en Europe, dans les pays où le divorce introduit dans la loi et faisant sa place dans les mœurs, le divorce qui livre la femme au plus offrant et dernier enchérisseur, tout le temps qu’elle est belle, produit nécessairement la polyandrie.

2126. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Eh bien, c’est cette sensation d’un seul soir que j’ai retrouvée, non plus à propos de quelques vers isolés et bientôt dits, mais à propos de beaucoup de pages de prose, à vingt places de ces Portraits après décès où la Critique peut constater des empreintes d’âme à renverser toutes les idées qu’on se fait de Monselet et de son talent !

2127. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Lenient, qui n’est, lui, qu’un de ses professeurs moyens, — utiles à leur place, mais sans supériorité accusée, — se révélera-t-il un jour à l’étonnement de tout le monde comme un écrivain ayant un style à lui, des idées à lui et une valeur propre et déterminée ?

2128. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Eugène Talbot, dont le nom rappelle celui d’un héros encore plus crâne que lui, me produit cependant l’effet d’un héros de goût d’avoir fait cela, et, pour mon compte, je lui sais un gré infini d’avoir, en publiant cette édition qui est soignée et très belle, remis les choses en leur place naturelle, — c’est-à-dire Larcher au sépulcre et Saliat hors de son tombeau !

2129. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

En effet, excepté ce grand comte de Clarendon, qui occupe dans l’histoire de son pays — dit Guizot — une place presque aussi large que Cromwell, tous les personnages que l’illustre historien évoque aux regards de notre esprit dans ses études biographiques sont des hommes morts à jamais dans le souvenir de ceux qui, comme la postérité prise en masse, ne voient et ne peuvent se soucier que des résultats généraux et des hommes qui les représentent.

2130. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Et l’histoire des Ruines est écrite… L’historien s’arrête à cette place, et il a raison.

2131. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Quelque chose de vieilli, d’épuisé, de fini, s’exhale de ces volumes où le talent ému et brillant reste à plusieurs places, je le veux bien !

2132. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

Il n’en reste plus sur la place un seul exemplaire.

2133. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Doit-elle définitivement céder la place, l’influence et l’empire au catholicisme, qui nous ramènera au moyen âge, ou au panthéisme, qui nous amènera un âge comme l’histoire n’en a pas encore vu ?

2134. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Jules Simon place des Devoirs, des Libertés, des Religions naturelles, comme les missionnaires protestants placent des Bibles, mais avec cette différence qu’il ne les donne pas… Vous voyez bien qu’il n’y a plus là ni philosophie, ni religion, ni même littérature, ni rien qui puisse appartenir à un examen désintéressé d’idées ou de langage !

2135. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

L’économique de la tradition place la richesse dans le monde en germe et dans le ciel en fleur.

2136. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Assurément, ce moment du livre est imposant, et nous attendions à cette place, dans ce discours final, quelque chose de péremptoire sur lequel le prédicateur nous aurait laissés.

2137. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

En 1849, quand la Révolution, pour un instant souveraine, tenait presque dans les idées une aussi grande place que dans le gouvernement, l’Académie française mit au concours la question de l’influence de la charité chrétienne sur le monde romain.

2138. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Ce n’est pas tout à fait le mot de l’Évangile de Beaumarchais : « Il fallait un calculateur pour cette place, ce fut un danseur qui l’obtint ».

2139. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Ce n’est pas celui de Marlowe, quoiqu’il se vante, à plus d’une place, de le rappeler.

2140. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

La place qu’occupe la fille en ces poésies tient autant, je le sais, à l’époque qu’au poète, mais qui ne s’élève pas au-dessus de son époque n’est jamais un poète qu’à moitié.

2141. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Et ce n’est pourtant qu’un simple recueil où, à trois ou quatre places au plus, le vin est vanté pour les raisons les plus mélancoliques qui puissent nous faire vanter le vin !

2142. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Siméon Pécontal, avec le don de simplicité qui est le plus précieux caractère de son talent et cette fraîcheur d’âme dont, à plusieurs places de son Volberg, on avait vu resplendir les teintes frissonnantes et nacrées, devait préférer la ballade à toutes les autres formes de la pensée poétique.

2143. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Il le prouva, à vingt places de ses œuvres, dans des vers que M. 

2144. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Didier d’une façon toute boccacienne (le mot y est, nous ne l’inventons pas), ce Décaméron (le mot y est encore) raconté en un tour de soleil, à huit mille pieds au-dessus de la mer. » Or, que veulent dire ces huit mille pieds au-dessus du niveau de la mer, sur lesquels, à plusieurs places de son volume, le nouveau Boccace de l’Italie au dix-neuvième siècle revient avec une véritable puérilité d’insistance ?

2145. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

La mort seule fait disparaître l’envie, et donne leur place à ceux qui ont été grands. » Ce discours de Périclès, qu’il faut voir tout entier dans Thucydide, fit tant d’effet, que les mères et les femmes des guerriers coururent l’embrasser avec transport quand il descendit de la tribune, et le reconduisirent en triomphe, en chargeant sa tête de fleurs.

2146. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

D’où il résulte que c’est de la place d’Athènes que sortirent les principes de la métaphysique, de la logique et de la morale.

2147. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Que veut-elle mettre à la place des connaissances positives ? […] Aux fêtes du troisième mariage de Lucrèce Borgia, le 2 janvier 1502, il y eut encore des combats de taureaux sur la place Saint-Pierre. […] Sa place est partout où il y a des hommes capables de sentir le beau et le vrai. […] Mais ce sont là des figures hiératiques, d’un art traditionnel, dont le type, fixé longtemps d’avance, ne laissait guère de place à l’imitation de la nature. […] Mais il suffit d’une vue générale sur l’histoire des mathématiques pour reconnaître la grande place qu’y tient l’œuvre de M. 

2148. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

On a mesuré trop étroitement sa place à Augustin Thierry dans l’histoire de la formation des doctrines romantiques ; et il est temps enfin de la lui faire, si, de toutes les conquêtes du romantisme, il se pourrait que ce fût lui qui eût réalisé l’une des plus durables. […] Ajoutez que l’amour ne tient pas plus ici de place qu’il n’en occupe effectivement dans la vie, — je ne dis pas la femme, je dis l’amour, — et en revanche la haine, la vanité, l’ambition, l’avarice, toutes les passions humaines y jouent leur personnage. […] Mais si peut-être il semblait que la politique y tient trop de place, — et quoique d’ailleurs la politique ait plus souvent éclairé l’histoire que l’histoire n’a servi de guide à la politique, — il suffirait en ce cas de nommer Mignet ou Tocqueville, Thiers lui-même, et de rappeler l’Histoire du Consulat ou celle des Négociations relatives à la succession d’Espagne, 1835-1842. […] Grégoire ; — 2º Chansons sentimentales, dans le genre du Bon Vieillard, du Voyageur, des Hirondelles ; — 3º Chansons libérales et patriotiques [parmi lesquelles on est étonné de voir Sainte-Beuve, ordinairement plus difficile, donner une place au Dieu des bonnes gens] ; — 4º Chansons satiriques, du genre du Ventru ou des Clefs du Paradis ; — et enfin 5º Chansons poétiques, comme Les Contrebandiers, Le Vieux Vagabond, Les Bohémiens. […] Eugénie Grandet ; César Birotteau ; les Illusions perdues ; La Cousine Bette]. — On peut dire effectivement qu’il a fait de l’argent l’âme de ses intrigues ; — au lieu et place de l’amour, qui n’y occupe plus qu’une place secondaire [Cf. 

2149. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Les princes de la maison de Corrége lui firent donner la place lucrative d’archidiacre de Parme. […] Il aimait mieux régner au Capitole de nom que de fait ; il amusa Pétrarque de quelques vaines promesses, et il donna à Rienzi la place lucrative de protonotaire du Saint-Siège apostolique à Rome. […] « Quelle que soit l’origine de ces étrangers si fiers de leur noblesse, qu’ils vantent sans cesse, ils ont beau faire les maîtres dans vos places publiques, monter au Capitole entourés de satellites, fouler d’un pied superbe les cendres de vos ancêtres, ils ne seront jamais Romains.

2150. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

X Tel apparaissait le château du Cayla, vieux nid démantelé, qu’habitaient encore les jeunes rejetons de l’ancienne famille, heureux et riches tant qu’ils ne le quittaient pas, pauvres et réduits aux dernières conditions de la société aussitôt qu’ils en sortaient pour chercher dans le monde leur ancienne place. […] « Il a été le bienvenu et a eu en entrant place au plat et à la bouteille. […] En avançant dans la vie, on se place enfin comme il faut pour juger de ses affections et les connaître sous leur véritable point de vue.

2151. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Place le bois d’un cerf et mon épée dons mon étroite demeure : le torrent emportera peut-être la terre qui la couvrira, le chasseur trouvera ce fer et dira : Ce fut là l’épée d’Oscar. […] N’y a-t-il point de place cette nuit dans ton linceul ? […] que le feu de mon génie brille à ta place.

2152. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Le vrai même dans Marianne manque de naïveté, et c’est souvent le spécieux qui se présente à sa place. […] Ce que La Fontaine entendait par la nature, c’était, à la place des valets de convention de la farce italienne, les gens de connaissance qu’on venait de voir dans les Fâcheux ; c’était, au lieu des lazzis de Jodelet, les naïvetés échappées à un caractère ; c’était enfin l’homme remplaçant la marionnette. […] Ce seul type fait du Vieux Célibataire le chef-d’œuvre de Collin d’Harleville, et c’est assez, même sans le cortège des pièces agréables qui l’ont précédé ou suivi, pour lui assurer une modeste place dans une histoire des écrits durables.

2153. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

L’habitude de tout blâmer dans la société ajoute à cette hauteur d’opinion sur lui-même ; il en vient à se croire à la fois incapable de tout ce qu’il trouve de mal, et capable de tout le bien qu’il voudrait mettre à la place. […] En regard de cet idéal, Rousseau place les gouvernements existants. […] Dès que l’utopiste a laissé passer le moment de conquérir sa place dans la société, qu’il s’y voit déclassé, flottant, suspect aux autres, inutile à lui-même, c’est le moment de la réformer et de se venger sur tout le monde de ce qu’on n’a pas fait ses affaires malgré lui.

2154. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Mais l’étude du système du monde et de la place que l’homme y occupe, sans renverser aucune de ces deux conceptions, défend de les prendre d’une manière trop absolue et trop exclusive. […] Comment saisir la physionomie et l’originalité des littératures primitives, si on ne pénètre la vie morale et intime de la nation, si on ne se place au point même de l’humanité qu’elle occupa, afin de voir et de sentir comme elle, si on ne la regarde vivre, ou plutôt si on ne vit un instant avec elle ? […] Voyez dans l’ouvrage d’un missionnaire anglais, Robert Moffat (Vingt-trois ans de séjour dans le Sud de l’Afrique), p. 84, 157, 158, de curieux exemples du mythe improvisé sur place.

2155. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

La seule conclusion pratique à tirer de cette triste vérité, c’est qu’il faut travailler à avancer l’heureux jour où tous les hommes auront place au soleil de l’intelligence et seront appelés à la vraie lumière des enfants de Dieu. […] Il reste donc un seul parti, c’est d’élargir la grande famille, de donner place à tous au banquet de la lumière. […] S’il y avait une religion qui fût réellement vivante, qui correspondît aux besoins de l’époque, soyez sûr qu’elle saurait se faire sa place et que la nation ne marchanderait pas avec elle.

2156. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Le citoyen de la Grande-Bretagne est un patriarche dans sa maison, un poète dans ses forêts, un orateur sur sa place publique, un marchand dans son comptoir, un héros sur son navire, un cosmopolite sur le sol de ses colonies, mais un cosmopolite emportant sur tous les continents avec lui son indélébile individualité. […] Écoutez-en seulement les derniers vers ; ils rappellent, par leur fruste énergie, le poil hérissé et la gueule sanglante de ce sanglier de Calydon qu’on voit sur la place du marché de Florence : Ainsi, quand, désertant sa bauge solitaire,         Le sanglier, frappé de mort, Est là, tout palpitant, étendu sur la terre,         Et sous le soleil qui le mord ; Lorsque, blanchi de bave et la langue tirée,         Ne bougeant plus en ses liens, Il meurt, et que la trompe a sonné la curée         À toute la meute des chiens ; Toute la meute, alors, comme une vague immense,         Bondit ; alors chaque mâtin Hurle en signe de joie, et prépare d’avance         Ses larges crocs pour le festin. […] Il lui faut une place à part dans la littérature, entre ciel et terre.

2157. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Un groupe délaissé de chanteurs ambulants Murmuraient sur la place une ancienne romance. […] Il cherche autour de lui la place accoutumée Où sa femme l’attend sur le seuil entr’ouvert ; Il voit un peu de cendre au milieu d’un désert. […] Une petite lueur de lampe nocturne qui filtrait entre deux volets entr’ouverts m’indiquait seule la place où mon âme cherchait son étoile.

2158. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Un faubourg à toits de chaume ou d’ardoises ébréchées, une place irrégulière où sont les halles et les auberges, une large rue presque toujours déserte, un lourd et noir clocher de cathédrale, à l’extrémité de la rue une porte gothique ouvrant sur la campagne ; à gauche de la place, une plate-forme entourée d’un parapet, plantée de tilleuls séculaires et servant de promenoirs aux oisifs et aux enfants, complète la capitale de province. […] Je revois d’ici le lieu, la place, le jour et l’heure.

2159. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Il faudrait surtout pouvoir errer le long des côtes de la mer, formées de roches plus ou moins dures, afin de constater sur place les progrès de leur lente désagrégation. […] Mais, pour répondre à cette objection, il suffit de citer les Manchots de la mer du Sud qui ont justement les membres antérieurs dans cet état intermédiaire, où ils ne sont « ni de véritables bras, ni de véritables ailes. » Cependant ces oiseaux maintiennent victorieusement leur place dans la bataille de la vie ; car ils existent en grand nombre et sous beaucoup de formes spécifiques diverses. […] À une époque incommensurablement reculée au-delà des temps Siluriens, des continents peuvent avoir existé où des océans s’étendent aujourd’hui, tandis que des mers ouvertes et sans bornes peuvent avoir recouvert la place de nos continents actuels.

2160. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il n’y en avait pas une à qui vous n’eussiez bien voulu dire ce compliment d’un galant du temps de Néron… Et l’ancien élève de Nicole et de Lancelot place ici et transcrit de mémoire une citation de Pétrone ! […] La femme, devenue la grande tentatrice, le piège du diable, a inspiré des désirs et des adorations d’autant plus ardents, et a tenu une bien autre place dans le monde. […] D’abord la salle était mal garnie à la première représentation parce qu’à la même heure, il y avait un spectacle apparemment plus intéressant : une exécution en place de Grève. […] Et Bérénice veut être douce, et elle est cruelle malgré soi, parce qu’elle aime l’autre et qu’elle croit toucher à son rêve… En vain Phénice, une fine camériste, lui dit : « À votre place, madame, j’aurais retenu ce garçon : car enfin, qui sait ? […] Il suit de là que Domitian et Domitie tiennent une place considérable dans la pièce et relèguent presque Titus et Bérénice au second plan.

2161. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Gondinet y montrait jusqu’à quels étranges excès peut s’emporter un fonctionnaire qui a perdu sa place. […] — Eh bien, écrivez. — Mais ne voudrez-vous pas écrire à ma place ? […] Place aux honnêtes femmes qui vont à pied !  […] Il est furieux quand son fils Raoul lui fait des lettres de change : mettez-vous à sa place. […] La scène représente les Champs-Elysées ; puis ce sera la place de la Bourse, puis les égouts, puis le sommet de la tour Eiffel.

2162. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

La place qu’ils occupent à l’Institut leur fait croire qu’ils sont au pinacle, et ils considèrent les livres qu’on leur envoie comme un hommage qu’on leur doit, et qui ne les engage à rien. » Il a souvent l’occasion de rencontrer Chateaubriand chez Mme de Duras ou chez Mme de Vintimille ; il l’entend causer, et il revient, à son sujet, de quelques-unes des préventions que lui avaient inspirées les livres brillants, mais de parti pris, de l’illustre écrivain. […] Égalité devant la loi ; nivellement des impôts ; abord de tous à toutes places ; j’ai donné tout cela.

2163. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

On monte l’escalier obscur, on sait où mettre la main pour trouver le bouton de la serrure, on s’imagine soi-même à table, à la place accoutumée, on revoit à droite la carafe et à gauche la salière, on savoure intérieurement le goût d’un certain plat du dimanche, on s’étonne, en levant les yeux, de ne pas voir, au même endroit du mur, une vieille gravure que, tout enfant, on a regardée. […] Mais nous sommes occupés ailleurs, nous pensons, nous rêvons, nous causons, nous lisons, et pendant tout ce temps nous négligeons le reste ; à l’égard des autres sensations, nous sommes comme endormis et en rêve ; l’ascendant de quelque image ou sensation dominatrice les retient à l’état naissant ; si, au bout d’une minute, nous essayons de les rappeler par le souvenir, elles ne renaissent pas ; elles sont comme des graines jetées à poignées, mais qui n’ont pas germé ; une seule, plus heureuse, a accaparé pour soi la place et les sucs de la terre. — Il n’est pas même nécessaire que ces sensations destinées à l’effacement soient faibles ; elles peuvent être fortes ; il suffit qu’elles soient moins fortes que la privilégiée ; un coup de fusil, l’éclair d’un canon, une douloureuse blessure échappent maintes fois à l’attention dans l’emportement de la bataille, et, n’ayant point été remarqués, ne peuvent renaître ; tel soldat s’aperçoit tout d’un coup qu’il saigne, sans pouvoir rappeler le coup qu’il a reçu. — Neuf fois sur dix, et peut-être quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, la sensation perd ainsi son aptitude à renaître, parce qu’il n’y a pas d’attention sans distraction, et que la prédominance portée sur une impression est la prédominance retirée à toutes les autres.

2164. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

A leur place j’aurais redoublé de confiance, et j’aurais dit : « C’est un homme d’honneur, et, puisqu’il a été fidèle à la première heure par un sentiment de famille et de tradition, il le sera à la dernière, quand on n’a plus d’autre famille que la patrie et le peuple. » Mais ils ont cru qu’un royaliste de cœur, à vingt ans, ne pouvait jamais être un bon citoyen à cinquante, et qu’un homme fidèle à son serment sous les Bourbons ne serait qu’un traître sous la République ! […] J’avais un sentiment d’admiration et de pitié pour ces belles îles de l’Archipel, où fleurissent en hommes et en femmes la plus charmante jeunesse du monde ; mais je n’avais aucune haine pour Mahomet et pour ce peuple religieux, pasteur et guerrier, qui était venu à son temps balayer des vallées de Bithynie la corruption byzantine, et prêcher l’unité de Dieu, ce dogme des Arabes, à la place des superstitions ingénieuses de l’Église grecque qui touchent de si près à l’idolâtrie.

2165. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) I Pendant que ces meurtres s’accomplissaient dans le sanctuaire de la cathédrale, une autre scène, plus confuse encore, avait lieu sur la place du Gouvernement, dans le palais de la Seigneurie. […] À ce moment, ils ouvrirent les fenêtres du palais sur la place et aperçurent Giacomo Pazzi qui appelait le peuple à l’insurrection et annonçait l’assassinat du tyran dans l’église.

2166. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Hâtons-nous pourtant de le confesser : il se rencontre par fois, en Angleterre, des spectateurs qui détournent les yeux, quand Regane et le duc de Cornouailles arrachent ceux de Gloster, et les écrasent sous leurs pieds ; des spectateurs qui n’assistent qu’avec dégoût aux scènes empruntées de Newgate ou de notre place de Grève, et qui se laissent émouvoir par une tragédie sans qu’elle extermine neuf personnages. […] On exige des vers, parce que c’est le langage de la poésie, ou plutôt même celui des passions portées au degré d’enthousiasme que la tragédie suppose, exaltées par les situations critiques et fortes où elle les place, et qui excluent également la platitude et l’emphase.

2167. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Cette année-là, Louis Berquin était brûlé en place de Grève. […] En 536, à la suite de cette tragique affaire des placards qui coûta la vie à six malheureux suppliciés sur la place de l’Estrapade, Marot s’enfuyait à Ferrare auprès de Renée de France et Étienne Dolet était jeté dans les prisons de Lyon.

2168. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

S’il compte sur quelque gloire, ce fut plutôt sur la gloire d’avoir été le dernier des grands seigneurs de France, que sur une des premières places parmi ce qu’il appelait les lettrés du dix-septième siècle. […] Ses défauts mêmes, cette humeur difficile, ces scrupules, cet entêtement pour les titres, la crainte de déroger presque plus forte que celle de mal faire, une ambition par tentations et par velléités, soit qu’il aimât mieux être jugé capable des places que de les prendre, soit que ce fût sa vocation de s’en approcher d’assez près pour voir ce qui s’y fait, et de n’y pas atteindre pour avoir le temps d’en écrire ; tout semblait l’inviter à être le grand peintre d’une époque de décadence.

2169. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Davidsohn, avec sa moustache noire, son gilet blanc et sa politesse correcte et raide d’Allemand bien élevé, je revois les acteurs et les décors, et je retrouve l’enthousiasme, l’enthousiasme qui se communiquait de place en place et que j’éprouvais, moi, pauvre diable d’étudiant égaré dans cette élite, plus fort, plus entraînant que je ne l’ai jamais éprouvé depuis.

2170. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Point de ces douces illusions qui vous mettent à la place du Personnage qui parle ou qui agit ; aucuns transports de cet enthousiasme, de cette ardente vigueur d'une ame enflammée qui maîtrise les autres ames ; aucune éruption imprévue de ce beau feu qui fait taire la critique, lors même qu'elle trouve à condamner dans ces écarts. […] Qui ne s'apperçoit en effet que ses Personnages montrent trop de penchant à discourir ; qu'ils raisonnent le plus souvent, lorsqu'ils devroient agir ; que le Poëte se met indiscrétement à leur place, mal-adresse qui nuit toujours à l'illusion & affoiblit l'intérêt ?

2171. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Place-toi à cette fenêtre, si connue de nous, dans l’ancienne maison Brunetti, à l’angle de la via del Corso. […] Je n’imaginais point que tant de respect pût laisser place à tant d’affection ; qu’on pût aimer le même homme et l’adorer. » Et, rappelant l’instant de cette bénédiction solennelle il s’écrie dans sa pieuse extase : Étais-je encore sur cette terre quand vos regards ont rencontré les miens, quand vos mains se sont étendues vers moi ?

2172. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Dans leur lueur de temps, dans leur goutte d’espace, Ils ont leurs jours, leurs nuits, leur destin et leur place, La vie et la pensée y circulent à flot ; Et, pendant que notre œil se perd dans ces extases, Des milliers d’univers ont accompli leurs phases    Entre la pensée et le mot. […] Et il est en effet le poète charmant et gâté, celui qui trouve place dans toutes les mémoires, même les plus moroses.

2173. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Nous l’avons dit plus haut : Mme de Longueville, malgré toutes ses illustrations, n’est pas un personnage d’une telle place dans l’histoire que les Mémoires du temps ne suffisent à en faire connaître ce qu’il est utile d’en savoir. […] À la place du portrait enlevé par le sentiment qui illumine, quand l’histoire est obscure, et qui devine, quand elle se tait, il nous a donné une dissertation de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

2174. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Il avait dit dans le conseil qu’à la place d’une autorité morale s’établirait une force matérielle, à laquelle on sacrifierait l’indépendance de l’Église3. […] Car ceux qui l’étudient l’apprennent à chaque difficulté : en histoire, plus on fait large la place à Dieu, plus on introduit de lumière.

2175. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Ne faut-il pas, pour que nous traitions un homme en égal, d’abord qu’il puisse agir sur nous comme nous pouvons agir sur lui, que nous puissions ensuite, lorsque nous comparons ses actions aux nôtres, nous mettre en quelque sorte à sa place, qu’il y ait en un mot, dans notre esprit ou dans celui d’un tiers, possibilité de nous « substituer » l’un à l’autre ? […] Usages grecs ou cultes orientaux, les importations de l’étranger, usurpant la place des traditions familiales, marquent chacune des étapes de l’élargissement de l’esprit romain. — Et quant à nos sociétés modernes, où la fréquence et la rapidité des communications sont centuplées, qu’elles soient traversées de courants d’imitation encore plus larges et plus nombreux, ce n’est plus à démontrer : il n’y a qu’à ouvrir les yeux sur l’Europe pour noter, en même temps que les progrès de la démocratie, les progrès de l’assimilation par la mode.

2176. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Qu’on s’imagine un carrefour très animé et pourtant ordonné de grande ville ; disons : la place de l’Opéra. […] De là les trois périodes d’une ère, périodes qui ne se succèdent normalement que dans un groupe de contiguïté bien constitué ; de là cet autre fait encore : que les conséquences pratiques d’un principe semblent parfois en contradiction avec la perception première ; et ce dernier fait enfin : que, pour l’observateur superficiel, l’histoire humaine semble se répéter et piétiner sur place, tandis qu’en réalité elle se renouvelle en des plans successifs.

2177. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Que si maintenant on relit, au sombre crépuscule du poëte d’Alexandrie, cette prophétie de la grandeur romaine, à côté des chants de l’Iliade, des strophes guerrières d’Eschyle, du chœur héroïque d’Aristophane dans les Guêpes, des digressions triomphales de Pindare sur la Sicile et la Grèce délivrées, et enfin des vers de Virgile et d’Horace célébrant la durée des grandeurs romaines, comment ne pas reconnaître quelle place les arts d’imagination avaient dans l’antiquité, et quelle puissance ils ont exercée sur ses destinées ? […] Comment supposer en effet que, dans cette immense bibliothèque, où non seulement les chefs-d’œuvre des beaux temps de la Grèce, les plus précieux manuscrits de l’Attique et de la Sicile étaient recueillis, mais où s’accumulaient aussi les monuments des langues persane et chaldéenne, les livres de religion et d’astrologie apportés de Babylone, il n’y eût pas de bonne heure une place pour les écrits de ce peuple juif à demi indigène de l’Égypte, ramené par sa défaite au foyer de son ancien esclavage, et maintenant employé par les successeurs d’Alexandre au soutien de leur domination sur le reste du pays.

2178. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

C’est un honneur de ce pays-ci et de cette France, on l’a remarqué, que l’esprit, à lui seul, y tienne tant de place, que, dès qu’il y a eu sur un talent ce rayon du ciel, la grâce et le charme, il soit finalement compris, apprécié, aimé, et qu’on sente si vite ce qu’on va perdre en le perdant.

2179. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Heureusement, il a vie et jeunesse ; il a confiance en lui-même, il sait ce qu’il vaut, et qu’il y a place pour sa royauté, même au sein des nations républicaines.

2180. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Les mathématiques y tiennent moins de place que la physique, et surtout que la dialectique et la théologie.

2181. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Il est dans la nature des choses, que, dans une monarchie où le tact des convenances est si finement saisi, toute action extraordinaire, tout mouvement pour sortir de sa place, paraisse d’abord ridicule.

2182. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Voyez cet Anglais morose qui vient déjeuner chez Tortoni, et y lit d’un air ennuyé, et à l’aide d’un lorgnon, de grosses lettres qu’il reçoit de Liverpool, et qui lui apportent des remises pour cent vingt mille francs ; ce n’est que la moitié de son revenu annuel ; mais il ne rit de rien : c’est que rien au monde n’est capable de lui procurer la vue du bonheur, pas même sa place de vice-président d’une société biblique.

2183. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Ils contribuent aussi à la décadence de l’Église et au péril de la religion, en mettant leurs cadets frivoles, ignorants, sans zèle et souvent sans foi, dans les évêchés et les archevêchés, à la place des solides docteurs que la bourgeoisie fournissait à Louis XIV.

2184. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Les notes, « farcies » de citations françaises, latines, grecques, tiennent dix fois plus de place que le texte : on y trouve de l’histoire, de la géographie, de la littérature, de la philologie, de la philosophie, des gaillardises469, mais surtout de l’histoire religieuse et de la théologie.

2185. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Il voulait qu’on mît l’amour à sa place, et qu’on ne le mît pas où il n’avait que faire : pourquoi l’amour serait-il le seul ressort de la tragédie ?

2186. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Là, pourvu que vous marchiez derrière Detaille, dignus es intrare ; ici, si seulement vous démarquez Carrière, voilà votre place.

2187. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

Les places et les fonctions publiques seront entièrement à leur discrétion comme cela a lieu déjà partiellement en Amérique.

2188. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

XXIII Où est la place de l’esprit ?

2189. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Il vit aussi probablement Sébaste, œuvre d’Hérode le Grand, ville de parade, dont les ruines feraient croire qu’elle a été apportée là toute faite, comme une machine qu’il n’y avait plus qu’à monter sur place.

2190. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Nous admettrons donc sans hésiter que des actes qui seraient maintenant considérés comme des traits d’illusion ou de folie ont tenu une grande place dans la vie de Jésus.

2191. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Ajoutons que Jean est le seul évangéliste qui ait une connaissance précise des relations de Jésus avec la famille de Béthanie, et qu’on ne comprendrait pas qu’une création populaire fût venue prendre sa place dans un cadre de souvenirs aussi personnels.

2192. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

Point n’est besoin d’une faculté extraordinaire et mystique pour concevoir une négation, ni pour mettre le signe — à la place du signe +.

2193. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

L’expression, qu’elle a parfois très belle, et qu’elle ajoute au piquant ou à la force de l’observation quand l’observation la darde ou la secoue, suffit-elle pour faire croire à un talent littéraire, n’existant plus par petites places, mais organisé, articulé, vivant ?

2194. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Grâce à Dieu et pour l’honneur de la France, en 1662 comme, plus tard, en 1789, la société française occupait plus de place dans le pays dont elle était la plus jolie gloire que les quelques pieds de l’Œil de-Bœuf ou les barrières de ce Paris devenu à son tour un Versailles, le Versailles de la Révolution !

2195. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Je viens de les lire, ces articles de tout genre, qui, à bien des places, pourraient être agréables, eh, oui !

2196. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

… Supposez qu’il cesse d’être un bohème comme on l’était au xve  siècle, donnez-lui une place dans le classement d’un monde où chacun était classé, faites un moine, un soldat, un être quelconque de cette société féodale, qui lut un chef-d’œuvre de hiérarchie, de cet escholier indomptable qui a rompu son ban et qui est devenu un véritable outlaw en plein Paris, — autant, ma foi !

2197. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

À plus d’une place de son récit, et quand il rapporte les excès que personne, du reste, ne cherche à justifier, et qui accompagnèrent l’exécution de la mesure prise contre les protestants, l’historien des Réfugiés innocente entièrement le roi et affirme que ces excès auraient été réprimés s’il avait pu en être instruit, et cette noble justice venant d’un protestant de nom et d’un philosophe de fait honore infiniment l’écrivain.

2198. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Mais il n’a point l’idée… Or, quand l’idée manque, l’idée autour de laquelle on centralise les faits et par laquelle on les explique, peu importe alors que les histoires ramassées à toutes places dans les annales des États, et qu’on enfile les unes au bout des autres, s’appellent les Reines de la main gauche, sujet galant, ou les Couronnes sanglantes, sujet sinistre.

2199. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Quand on place Vauvenargues à côté de Pascal, La Rochefoucauld et La Bruyère, — ce La Bruyère qu’il a contrefait bien plus qu’il ne l’a imité, — on le trouve aussi petit que l’est son siècle à côté du siècle de Louis XIV.

2200. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

La spontanéité du cœur qu’il avait, cet être délicat, fragile, idéal, religieux, qui tenait si peu de place dans l’espace et qui en tiendra une si grande dans le temps, et qui placidement accomplit, hélas !

2201. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

La spontanéité du cœur qu’il avait, cet être délicat, fragile, idéal, religieux, qui tenait si peu de place dans l’espace et qui en tiendra une si grande dans le temps, et qui placidement accomplit, hélas !

2202. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Pour mon compte, je ne la trouve intéressante, cette Correspondance, que parce qu’elle dépoétise et déshonore Sophie Arnould, le Voltaire femelle, pour l’esprit sur place, dont les de Goncourt font l’histoire comme si elle ne vivait pas assez dans les mots qu’elle a laissés derrière elle, puisqu’elle avait le don de ces étincelles qui ne s’éteignent pas, et qu’il fallût la chercher dans le détail, les misères et les turpitudes de sa vie !

2203. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Il y a plus, la modestie de l’ancien et pauvre curé de campagne est, dit-on, menacée d’une place à l’Institut, et je ne crois pas qu’elle s’en inquiète.

2204. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Quand on place Vauvenargues à côté de Pascal, La Rochefoucauld et La Bruyère, — ce La Bruyère qu’il a contrefait bien plus qu’il ne l’a imité, — on le trouve aussi petit que l’est son siècle, à côté du siècle de Louis XIV.

2205. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

D’un autre côté, comme limitation place la vertu très haut, le monde y applaudit, pour se dispenser d’y atteindre.

2206. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Benoît-Joseph Labre n’était pas fait, probablement, pour la règle sur place la vie en communauté.

2207. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Aussi est-ce lui qui fit le plus de bruit sur la place.

2208. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Eunuque spirituel, même quand il semble posséder le plus de qualités cérébrales, ayant les vaines rages de l’eunuque, le nègre appartient-il à une de ces races déchues comme il en est plusieurs dans la grande famille humaine, et que la Bible, ce livre de toute vérité, a désignées comme devant servir les autres et porter les fardeaux à leur place, ainsi qu’elle s’exprime dans son style imagé et réel ?

2209. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Si, par hasard, il est des Musées qu’on n’ait pas visités, il peut y avoir là tels chefs-d’œuvre qui ne sont pas seulement telles idées de moins pour le critique d’art, mais dont l’ignorance où il en est doit compromettre l’aplomb et lui donner de terribles anxiétés de conscience ; car, en peinture, l’imitation, la ressemblance, la réminiscence, et, je dirai plus, la pillerie, peuvent tenir une grande place et se dissimuler mieux que partout ailleurs.

2210. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Eh bien, c’étaient là, avant tout, les questions qui devaient prendre la plus grande place dans le livre du docteur Favrot !

2211. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

et, enfin, s’il échappe à Dorat, qui tient trop de place dans ce recueil, et veut remonter vers Desportes, il chante Raphaël.

2212. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

la place Change et classe Les objets Et (que croire ?)

2213. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Autran, nous ne pensons pas qu’il tienne personnellement une place très extérieure et très visible dans la littérature contemporaine.

2214. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Si à quelques places, comme dans la pièce La Géante ou dans Don Juan aux enfers, — un groupe de marbre blanc et noir, — une poésie de pierre, di sasso, comme le Commandeur, — M. 

2215. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

» Aux plus illustres, nous dresserons des statues sur nos places publiques ; aux autres, des stèles funèbres sur leurs ossuaires.‌

2216. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

On peut appliquer une partie de ces idées aux orateurs qui, sous Louis XIV, après Fléchier et Bossuet, composèrent des éloges funèbres, et qui, avec de grands talents, n’ont cependant obtenu dans ce genre que la seconde place.

2217. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Le goût du philosophe pour les institutions lacédémoniennes, son penchant à les imiter dans sa République idéale, la place qu’il y donne aux jeux guerriers et à une sorte d’éducation héroïque de l’âme et du corps, devaient lui rendre précieuse cette magnifique parole du poëte, qu’il cite parfois à l’égal des traditions antiques dont il aime il s’autoriser.

2218. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

si j’avais la place ! […] Il serait agréable de cueillir quelques-uns des mots heureux qui les fleurissent un peu partout, soit que l’auteur exprime des sentiments profonds et montre Combien, quand elle reste vide, Est grande une place d’enfant. […] Tu fais donc, en les supprimant, une chose absurde ; tu supprimes la différence, la distance naturelle qu’il y a entre les idées et les choses… Le défaut de ponctuation répand sur tout ce que tu dis une certaine uniformité menteuse, et enlève aux choses dont tu parles leur vraie physionomie, leur vraie place, en les présentant toutes d’un trait et comme parfaitement pareilles et contiguës !  […] La place qui reste est occupée par des enfants trouvés qui, à vingt ans, reconnaissent sans hésitation une mère inaperçue jusque-là et par des incendies qui permettent à l’amoureux de conquérir sur le feu, au péril de ses jours, la bien-aimée qu’on lui refusait. […] Peut-être le lecteur s’est-il étonné de la large place que j’ai faite aux incohérences de Clémence Badère, d’Eulalie-Hortense Jousselin, de quelques autres.

2219. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

… Vieux comme tu es, qu’est-ce que ça te coûtait de mourir à ma place ? […] L’action est presque toute de rue et de place publique. […] La sœur a tous ses diplômes et attend une place d’institutrice ; elle paraît très raisonnable et aisément résignée. […] « Qu’est-ce que vous feriez à ma place ? […] dit Vanina, je n’ai qu’à descendre sur la place pour trouver dix amoureux. — Essayez, ma belle, dit Lazzaro.

2220. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

En 1871 furent affichées, au théâtre de l’Ambigu, c’est-à-dire, au centre même du Paris populaire, les Matinées de poésie ancienne et moderne, presque gratuites, tant le prix des places était modéré. […] Henri de Régnier a apprécié et remis à sa place, avec une parfaite justesse, Sainte-Beuve poète ; plus récemment encore, M.  […] L’avenir remettra toute chose en juste place. […] Qui sait si, alors, dans Avignon, comme dit le royal Mistral, une franche et robuste remise en place n’eût pas réussi à détourner Stéphane Mallarmé de la fausse voie qu’il s’était comme trouée par six ans de solitude qu’avait précédés, à Londres, tant de misère maladive ? […] Et il me semble bien que le Livre d’images, où abondent en brefs tableaux saisissants aux changes pittoresques de cinématographie versicolore, la grandeur et les familiarités de l’épopée, l’ingéniosité et la grâce du conte, est destiné à se maintenir dans les bibliothèques où l’on place les ouvrages qu’on relit ; M. 

2221. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

À leur place, je ne saurais où me cacher. […] Le pouvoir de M. le Président a pour limite la place que j’occupe ici. […] Le rêve tint peu de place en son âme toujours présente aux choses. […] Déjà on a beaucoup diminué la place qu’occupait le latin dans les programmes. […] À la place des membres dont il est amputé, on a mis quelques branches de sciences.

2222. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Ils ne prenaient pas trop de place. […] Le provincial ou l’étranger s’étonne que la statue la plus considérable et la plus étalée en place d’honneur dans la Maison de Molière, soit celle de Voltaire. […] Avez-vous les talents que cette place exige ? […] Une parenthèse — nous avons le temps — Scribe occupe une place immense dans l’ouvrage de M. des Granges et une place très honorable. […] Et notez que ce n’est pas du tout au point de vue de Sarcey que se place M. des Granges.

2223. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Où l’arrangement tient tant de place, la conception doit être médiocre. […] La raison d’un contemporain fut aussi infaillible que la raison des siècles, laquelle met toute chose à sa place et tout homme à son rang. […] Si, au contraire, Boileau occupe dans cette histoire une place à part, où l’ont affermi successivement tous les retours de goût qui la lui ont disputée, c’est qu’il a, du même coup, porté à sa perfection l’art d’écrire en vers et donné des modèles dans tous les genres qu’il a traités. […] Le vrai qui fait vivre ses satires littéraires, le plus original peut-être de ses ouvrages, c’est le vrai d’un excellent plaidoyer en faveur de l’esprit français contre le tour d’imagination qui, au dix-septième siècle, en avait pris la place et usurpé le nom. […] S’il a été bon que Boileau fît l’Art poétique, devait-il en exclure, par la seule raison qu’Horace les avait exprimées avant lui, certaines prescriptions communes à tous les ouvrages d’esprit, et laisser volontairement son code incomplet, pour n’y pas donner place à des règles déjà tracées par un autre ?

2224. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Seulement, on peut se demander si, dans l’enseignement public des arts, tel qu’il se fait, l’étude pratique des procédés n’occupe pas une place exagérée. […] Et un homme ne peut découvrir ces nuances que quand il sent l’œuvre, quand il se place directement en contact avec elle. […] Nietzsche se place tout à fait en dehors de cette conception bourgeoise du phénomène. […] Son art prend la place de la nature ; il est la nature retrouvée. […] Sa place est ailleurs que dans l’histoire de la musique ; on ne doit pas le confondre avec les grands authentiques de celle-ci.

2225. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

se mettre pour toute politique à la place des autres (on était à la veille du Consulat à vie), c’est toujours à recommencer. […] Il ne faut pas que vous veniez ici à présent, vous vous hasarderiez à perdre votre place, et nous serions moins sûrs de passer l’hiver ensemble. […] Cette discussion, au reste, sort assez des mesquines tracasseries d’amour-propre, et porte assez sur le fond même des choses pour mériter de trouver place ici. […] — La peinture du Dieu de l’Hiver, dont Baggesen place le trône au-dessus de tous les glaciers des Alpes, offre aussi de ces traits de vigueur austère qui n’appartiennent qu’aux poëtes supérieurs. […] Les saisons ainsi se passaient pour lui entre la famille, les arbres et les vers et encore ces derniers semblaient-ils tenir la moindre place dans son attention.

2226. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Or, maintenant, entre ces deux points extrêmes du Malade imaginaire ou de Pourceaugnac et du Barbouillé, du Cocu imaginaire, par exemple, qu’on place successivement la charmante naïveté (expression de Boileau) de l’École des Femmes, de l’École des Maris, l’excellent et profond caractère de l’Avare, tant de personnages vrais, réels, ressemblant à beaucoup, et non copiés pourtant, mais trouvés, le sens docte, grave et mordant du Misanthrope, le Tartufe qui réunit tous les mérites par la gravité du ton encore, par l’importance du vice attaqué et le pressant des situations, les Femmes savantes enfin, le plus parfait style de comédie en vers, le troisième et dernier coup porté par Molière aux critiques de l’École des Femmes, à cette race des prudes et précieuses ; qu’on marque ces divers points, et l’on aura toute l’échelle comique imaginable. […] Encore avez-vous une satisfaction que vous n’auriez pas si c’étoit une maîtresse, et la vengeance, qui prend ordinairement la place de l’amour dans un cœur outragé, vous peut payer tous les chagrins que vous cause votre épouse, puisque vous n’avez qu’à l’enfermer ; ce sera un moyen assuré de vous mettre l’esprit en repos. […] Taschereau, plusieurs rapprochements ingénieux des principales circonstances domestiques avec les endroits des pièces qui peuvent y correspondre. « Molière, disait La Grange, son camarade et le premier éditeur de ses œuvres complètes, Molière faisoit d’admirables applications dans ses comédies, où l’on peut dire qu’il a joué tout le monde, puisqu’il s’y est joué le premier, en plusieurs endroits, sur les affaires de sa famille, et qui regardoient ce qui se passoit dans son domestique ; c’est ce que ses plus particuliers amis ont remarqué bien des fois. » Ainsi, au troisième acte du Bourgeois Gentilhomme, Molière a donné un portrait ressemblant de sa femme ; ainsi, dans la scène première de l’Impromptu de Versailles, il place un trait piquant sur la date de son mariage ; ainsi, dans la cinquième scène du second acte de l’Avare, il se raille lui-même sur sa fluxion et sa toux ; ainsi encore, dans l’Avare, il accommode au rôle de La Flèche la marche boiteuse de Béjart aîné, comme il avait attribué au Jodelet des Précieuses la pâleur de visage du comédien Brécourt. […] Patin, dans un excellent cours aussi attique de pensée que de diction, remettent à sa place ce grand comique latin.

2227. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Mercredi 11 avril On racontait, ces dernières années, qu’un de nos jeunes clubmen des plus connus, avait frété un yacht, pour faire une sorte de tour du monde, en compagnie d’amis et de cocottes, et qu’au moment du départ, les mères des jeunes gens ayant témoigné des inquiétudes de ce voyage, et ayant laissé percer le regret, si quelqu’un ou quelques-uns venaient à périr, de n’avoir pas à pleurer sur un tombeau au Père-Lachaise ou à Montmartre ; on avait fait une place dans la cale, au milieu de la cargaison de pâtés de foie gras et de bouteilles de champagne, à des bières de plomb, et comme le soudage est une opération très difficile, on avait embarqué le soudeur avec l’équipage. […] Samedi 19 mai Songe-t-on, combien ça vous rapporte d’être républicain, et se figure-t-on la place qu’aurait l’historien Aimé Martin, s’il était légitimiste ? […] En revenant, je m’arrête devant un bal, improvisé sur la place des omnibus à Passy, et où valse avec une créature échevelée, un pétrin vêtu d’un tricot à bandes blanches et bleues, à cru sur la peau, en tablier de grosse toile, les jambes nues, et qui, à la clarté d’un feu de Bengale rouge, allumé sur le pavé, avec sa figure blême, ses cheveux et ses savates poudrés de farine, a l’air d’un pétrin fantastique valsant dans la réverbération de son four. […] Carnot, et que la plus grande partie des gens qui avaient pris des billets pour ma pièce, ont redemandé leur argent, quand en son lieu et place, on leur a offert : Le Lion amoureux.

2228. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Le monde entier est le lieu de la sanction, le monde-châtiment, domaine de la chute des âmes, où chaque être occupe la place que lui assigne son propre poids, plus haut ou plus bas, comme un corps plongé dans un fluide monte ou descend selon qu’il renferme plus de matière. […] Au-dessus des prêtres et des mythologues, Hugo place les ascètes, qui, perdus dans la contemplation de l’invisible, se sont mis directement en face de l’énigme sacrée du monde. […] Renouvier, qui a publié autrefois dans la Critique philosophique de très belles études sur Hugo, fait remarquer que les oppositions de la lumière et de l’ombre ne tiennent tant de place dans les pièces lyriques du poète que depuis le livre philosophique des Contemplations. […] J’aime autant de grands marais troubles et profonds par places que ces deux verres d’eau claire que le génie français lance en l’air avec une certaine force, se flattant d’aller aussi haut que la nature des choses.

2229. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

La part faite au blâme, et faite aussi large qu’on voudra, il reste assez de place pour l’admiration ; on sent qu’on serait fier d’avoir siégé jusqu’au dernier jour dans cette Assemblée de bourgeois, qui si souvent brava les poignards populaires et qui brava toujours l’Europe conjurée.

2230. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Des ouvrages d’une plus haute conception ont marqué sa place : des milliers de pensées sont nées de sa pensée.

2231. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Il n’est pas vrai non plus que la morale existe d’une manière plus stable parmi les hommes peu éclairés ; il suffit de la probité sans des talents supérieurs, pour se diriger dans les circonstances ordinaires de la vie ; mais dans les places éminentes, les lumières véritables sont la meilleure garantie de la morale.

2232. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

. — Nous manquons de comique, parce que nous manquons de sérieux et que nous avons mis à sa place l’esprit152.

2233. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Sans doute il est de son temps ; il admire encore Crébillon ; il déclare, après une représentation de la Suite du Misanthrope, que « d’Eglantine est le plus grand génie qu’ait produit le dix-huitième siècle en littérature »  Je comprends d’ailleurs que ce jeune homme de tant d’orgueil et d’énergie place très haut Corneille et même Alfieri : je conçois moins que celui qui doit écrire le livre de l’Amour fasse si peu de cas du théâtre de Racine.

2234. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

de l’écouter avec agrément, sous peine de vous confesser à vous-même votre tort d’être venu, d’avoir peut-être payé vos places, et en ce cas ridiculement cher.

2235. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

La personne qui a eu la plus grande influence sur ma vie, je veux dire ma sœur Henriette, n’y occupe presque aucune place 1.

2236. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Même le commerce s’est élargi, on a pris un associé fraternel et la maison, dont le chiffre d’affaires va augmentant, est avantageusement connue sur la place de Paris sous la raison sociale Paul et Victor Margueritte.

2237. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Un homme de génie, & qu’on a vu remplir une des premières places du ministère, dans la préface de sa traduction en prose des essais de Pope sur la critique & sur l’homme, blâme la liberté qu’on avoit prise d’ôter quelque chose au Gulliver.

2238. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

C’est ce fait qu’on a toujours eu devant les yeux quand on s’est représenté le christianisme comme devant céder la place à son tour soit à une nouvelle religion, soit à la philosophie elle-même.

2239. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Les étrangers se plaignent même que notre langue envahisse, pour ainsi dire, les langues vivantes en introduisant ses mots et ses phrases à la place des anciennes expressions.

2240. (1757) Réflexions sur le goût

Mais qui ne voit d’ailleurs que ce second vers serait encore faible et froid, même après avoir été remis à sa véritable place ?

2241. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Excepté Eugénie de Guérin, sa rivale d’émotion, mais sa supérieure de talent, personne n’avait une telle place dans la publicité de ce siècle… Pourquoi donc ne l’avoir pas gardée ?

2242. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Elle est pourtant allée en Angleterre dans l’intérêt de ces deux volumes, mais elle n’en a rien rapporté… Elle a beau citer les plus splendides vers de lord Byron, à toutes places, pour nous empêcher de fermer le livre et de la planter là, nous voyons mieux à ce soleil des vers de, Byron, qu’elle n’est que la lune de tout le monde.

2243. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Du reste, fait presque tout entier avec des mots improvisés sur place et des anecdotes, ce livre, qu’on appelle des Pensées comme on appelle son auteur un moraliste, — par antiphrase, — traduit assez mal le genre d’esprit qu’il eut, car de la conversation dont on se souvient est de la conversation morte, et l’encre avec laquelle on la rapporte est le deuil de cet esprit-là.

2244. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

L’acceptation de ce testament qui souleva toute l’Europe contre Louis XIV, et qu’à sa place aucun de ses ennemis n’aurait rejeté, produisit immédiatement cette guerre de coalition si acharnée et si funeste qui se fit partout : en Allemagne, en Flandre, en Italie, et plus tard enfin en Espagne, et dans laquelle la France opposa à ces fléaux incarnés contre nous : Guillaume III, Marlborough, le prince Eugène, le duc de Savoie, le regain magnifique encore de ses grands hommes : Vendôme, Villars, Berwick et Catinat.

2245. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Assurément tout cela mérite d’être compté et apprécié par le critique, mais ne constitue pas néanmoins au livre d’Ernest Semichon l’immobile place que les livres vrais en histoire prennent de force dans les travaux d’une époque et ne perdent plus.

2246. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Évidemment, l’homme qui se sert de cette plume-là et sait partager, en la racontant, l’impatience de sang et de fierté des hommes qui furent les ennemis de sa cause, est fait pour autre chose que pour être un fataliste historique et rester l’écrivain qui, par amour du style, ne trouve rien de mieux que de mettre le mot « trombe » à la place du mot Dieu !

2247. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Pour Michelet, pour cet hagiographe de la Révolution française, les saintes de la Révolution ne sont pas toutes à la même place dans le ciel, et les très grandes saintes, comme sainte Olympe de Gouges, sainte Rose Lacombe, sainte Théroigne de Méricourt, sainte Roland, sainte Duplay, y sont bien au-dessus, par exemple, de sainte Condorcet et de sainte de Staël.

2248. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

C’est parfaitement en vue du succès sur place et de l’effet à produire sur l’opinion, tout de suite, qu’Alexandre Weill a choisi pour titre de son ouvrage cette phrase, où s’étale si rondement l’abdomen de ce Je que Pascal ne pouvait pas souffrir.

2249. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Il se place au cœur de toutes, pour les mieux voir et les mieux sentir, — et c’est de là que le moraliste qu’il est avant tout, ce Carlyle, aperçoit le côté ridicule, abusif, outrancier, caricaturesque de toute chose humaine, et qu’il part de cet éclat de rire qui rappelle cet immense éclaffeur de Rabelais, mais amertumé de la cruelle gaieté anglaise, plus féroce que la nôtre ; la gaieté de Swift et d’Hogarth !

2250. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Au xixe  siècle, Chateaubriand, Lamennais, Bonald et Louis Veuillot, qu’il faut nommer après eux, eurent du christianisme dans leur génie, et le Christianisme tient tant de place dans les choses humaines qu’il est impossible à des hommes qui se mêlent aux choses de ce monde de s’en passer sans se diminuer, quand ils sont les combattants de tous les jours dans la bataille des idées, en attendant celle des hommes !

2251. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Quand donc un homme livré au journalisme n’a pas de facultés plus hautes que son métier, et n’apporte pas la main souveraine et incontestable d’un maître dans le pétrissage de cette pensée qu’il jette sur la place tous les jours, il est bientôt dévoré par sa fonction même, et le temps n’est pas loin où il sera oublié.

2252. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Et, cependant, cet Orphée· déchiré a de la beauté à certaines places encore.

2253. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Le critique qui va, tout à l’heure, tuer la Critique sous une indulgence que ne connaissait pas Madame de Créqui, admirable critique d’instinct sur place et dans la causerie, n’ajoute-t-il pas cet incroyable précepte : « Le mieux est de ne pas désespérer, même en causant, les talents incomplets qui ont un coin d’infirmité ? 

2254. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

malgré les qualités les plus fortes mises à la place des plus fines, Guy Livingstone ou À outrance est un roman de high life, ni plus ni moins que Pelham.

2255. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Nous saurons enfin ce que c’est que l’hégélianisme et ce qu’il doit tenir de place dans l’histoire de l’esprit humain.

2256. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

» Prosaïsme bouffon, qui prouve, du reste, que le naturaliste et le médecin tenaient, en Swedenborg, plus de place que le poète… qui n’y fut jamais !

2257. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Il y en a sur toutes les places !

2258. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Malgré deux ou trois efforts qu’il fît un jour pour s’ôter de la place où Dieu l’avait mis aux regards du monde comme un pont du ciel qu’il lui avait jeté, malgré la tentation qui le prit de la pénitence au désert, du silence ardent des Chartreuses et de la contemplation rigide et extatique en Dieu des grands Solitaires, Dieu ne permit point au serviteur qu’il s’était choisi d’être autre chose qu’un grand confesseur, et je dirai plus : le confesseur au dix-neuvième siècle.

2259. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

N’oublions pas que l’ouvrage du Dr Athanase Renard est un livre de discussion et d’analyse plus qu’un livre de théorie, et que l’histoire et la description de l’esprit humain y tiennent plus de place encore que la philosophie.

2260. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Depuis qu’il existe, il a toujours préféré à tout les facultés altières de l’esprit, les brutalités de sa force et la profondeur de ses perfidies… Mais lui démontrer, à propos de ce merveilleux et pauvre prêtre, — saint Vincent de Paul, — que Renan, ce rude connaisseur, ne trouvait ni imposant ni poétique, et dont il faisait tout au plus un saint bonhomme ; lui démontrer que ce saint bonhomme pouvait avoir dans la tête, à la même place précisément que Richelieu ou Napoléon, un génie égal ou supérieur au génie des plus fiers, des plus impérieux, ou même des plus mauvais qui aient mené un jour les hommes et dompté les choses, ne vous y trompez pas !

2261. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Elles y sont si nombreuses et elles y prennent si pleinement tant de place, que le livre n’a plus que la valeur d’un plagiat dont le plagiaire n’a pas eu honte de se nommer.

2262. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

À part ses conséquences, — et ces conséquences, si elles étaient légitimes, feraient table rase de tout ce que le monde moderne tient pour vrai en philosophie et replaceraient la théologie à sa vraie place, c’est-à-dire à la tête de toutes les sciences, même naturelles, — à part ces conséquences à outrance, ne manqueront pas de dire certaines gens, le mémoire adressé par M. de M*** à l’Académie des sciences morales et politiques a encore une importance considérable.

2263. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Il a pu y avoir, sans doute, par éclats, par réminiscences isolées (car ce n’est pas pour rien que les Grecs, ces rois du symbole, avaient fait les Muses — toutes les neuf — filles de la Mémoire), il a pu y avoir, à certaines places et à certaines reprises, de l’André Chénier en Guérin.

2264. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Et que si la vie ne devait pas se trouver dans cette Vie qu’on demandait au frère, qui hésitait peut-être, que s’il n’y avait, à la place, que l’extinction prudente d’un sujet dont on craignait les flammes, que la lumière ménagée, tamisée et promenée avec précaution sur les passions et les fautes de ce délicieux et coupable génie qui s’appelait Alfred de Musset, les éditeurs s’en souciaient bien !

2265. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Quel que soit, en effet, son talent, que nous mesurerons tout à l’heure, on est fondé à établir la supériorité absolue sur toutes les espèces de poésies, de celle-là dans laquelle l’âme tient tant de place qu’elle semble déborder les mots !

2266. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Il a (regardez-y et même vous n’avez pas besoin d’y regarder pour en être frappé) la fécondité, la force, la profondeur, la grâce, la variété dans l’inspiration et cette unité dans le sentiment qui fait l’originalité d’un homme et qui lui crée son moi poétique, mais dans quelle proportion a-t-il tout cela, si ce n’est dans celle qui étouffe, en le restreignant, le génie, le génie à qui la place est nécessaire et qui ne peut jamais se passer d’horizons !

2267. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

C’est cette loi qu’il faut dégager… Née pour faire des choses très-différentes de celles que nous avons à faire dans la vie, — je ne voudrais pas écrire ce mot d’inférieure qui fait cabrer les amours-propres, — mais posée, dans la hiérarchie sociale et dans la famille, à une autre place que nous, la femme est et doit être le plus transitoire, le plus éphémère de tous les poètes, tandis que chez l’homme, au contraire, la poésie s’exalte par la vieillesse et atteint un degré sublime.

2268. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Laurent Pichat vient, parmi eux, de gagner sa place,· — mais, il faut en convenir, Baudelaire, la mâle Ackermann, et, plus près de nous, Jean Richepin, l’auteur de La Chanson des Gueux, — qui couvait son volume des Blasphèmes, — Richepin le toréador, qui prétend traiter Dieu comme le vil taureau auquel on passe une épée à travers le ventre, Richepin qui rirait bien de Pichat avec sa religion du progrès, qui n’est que du Christianisme déplacé, sont des blasphémateurs d’un autre poing montré au ciel et d’un autre calibre de passion impie que Pichat, l’égorgeur de songes, comme il s’appelle, et le pleureur sur les légendes religieuses auxquelles il a cru, et que, du fond de sa stérile et vide raison, il a l’air de regretter encore.

2269. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

— je les retrouve à toute place dans ce recueil de poésies, et avec un accent plus mâle et plus grandiose encore que celui des vers que je viens de citer : Ce Sisyphe éternel est beau, seul, tout meurtri, Brûlé, précipité, sans jeter un seul cri, Et n’avouant jamais qu’il saigne et qu’il succombe À toujours ramasser son rocher qui retombe.

2270. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Le livre de Madame André n’entraîne ni par la nouveauté d’invention, qui n’y est pas, ni par la passion qui y est bien, mais par places, mais plaquée par-dessus l’analyse, comme du rouge plaqué sur du blanc.

2271. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

C’est dans les Bas-Bleus qu’elle a sa place.

2272. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

C’est dans notre prochain volume intitulé : Les Bas-Bleus, qu’elle doit avoir sa place.

2273. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

A bien des places, il y a l’erreur ou l’ignorance de la nature humaine, l’inconséquence, la maladresse.

2274. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

En effet, impossible de s’y méprendre : malgré les qualités les plus fortes mises à la place des plus fines, Guy Livingstone ou A Outrance est un roman de high life, ni plus ni moins que Pelham.

2275. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Madame Sand, qui faisait un livre, a traité ce sujet en se plaçant en plein centre d’âmes et de drame tète à tête, et, quoique sa main de femme ait un peu tremblé sur le scalpel et ne l’ait pas enfoncé aussi avant qu’il le fallait, elle en a mis pourtant la pointe à la place juste, tandis que Feydeau, venu après elle et faisant un feuilleton, a enroulé autour du Leone Leoni de madame Sand, dissous et délayé dans une boue plus liquide et plus infecte que la boue qui avait servi la première fois à la confection de ce type, un tas d’événements en arabesques qui sont des prétextes à feuilleton, mais qui ne font rien, absolument rien au sujet.

2276. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Dans plus d’une province, les bêtes féroces prirent la place de l’homme, et vinrent s’emparer des pays qu’il laissait déserts.

2277. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

On sait que le président de Lamoignon fut aussi célèbre par ses connaissances que par ses vertus : ce fut sa seule brigue pour parvenir aux places.

2278. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Je me suis inquiété de ménager à chacun une place en harmonie avec son influence, me souciant peu de la mesurer à l’épaisseur des productions. […] Les mains roulées dans son tablier, elle piétine sur place, se dandine, chantonne, fait claquer ses sabots sur les dalles. […] Il lui semble à chaque cri qu’elle pousse, que non sa voix seule, mais toute elle-même, parcourt et couvre au galop la place autour d’elle. […] Le symbole tient une place essentielle dans Les Flaireurs, insignifiante dans L’Intruse. […] Dom Balthazar, un moine de vieille famille noble, auquel le prieur songe à confier sa succession, quitta le monde, voilà dix ans, après avoir assassiné son père ; un innocent expia à sa place.

2279. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

En 1672, il publie un poème sur les Victoires du roi, où il commence par injurier les « Bataves » ; mais, vers la fin, par la volte-face la plus imprévue, il reproche aux Hollandais leur mollesse, en vrai républicain : mouvement sublime en lui-même, absurde en sa place. […] En vain Phénice, une fine camériste, lui dit : « A votre place, Madame, j’aurais retenu ce garçon : car enfin… qui sait ? […] Supposez que l’on répande ce flacon sur la poussière d’une place publique, et vous aurez une idée assez juste de ce qu’on a fait de ce délicieux livre de Pêcheur d’Islande, en le transportant au théâtre. […] Tout ce monde-là cause sur la place et tend les maisons de draps blancs pour le passage de la procession. […] Séparons-nous, nous n’avons plus que cela à faire. » Et vous devinez le reste : la gravité mélancolique de l’adieu, et l’évocation attendrie du passé, et Boubouroche, alors, qui ne veut plus partir….Et c’est ici que se place une quatrième parole d’Adèle, d’une beauté incomparable.

2280. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Nous ne pouvons dans ce chapitre en faire qu’une étude partielle ; le reste sera mieux à sa place sous le titre de l’attention volontaire8 : mais ici, pour la première fois, nous allons entrevoir le mécanisme moteur de l’attention. […] Notons pourtant que Ferrier, le premier, dans ses Fonctions du cerveau, a rapporté l’attention à une action des centres modérateurs, qu’il place dans les lobes frontaux. […] On ne peut répondre il cette question qu’en supposant que l’image mentale occupe dans le cerveau et les autres parties du système nerveux la même place que la sensation originelle. Comme il y a un élément musculaire dans nos sensations, spécialement dans celle de l’ordre le plus élevé, toucher, vue, ouïe, cet élément doit, d’une façon ou d’une autre, trouver sa place dans la sensation idéale, dans le souvenir. » Depuis cette époque, la question de la nature des images a été étudiée sérieusement et avec fruit, et résolue dans le même sens26. […] Qu’il place son doigt comme auparavant et qu’il continue à respirer tout le temps, il verra que, si grande que soit l’attention dirigée par lui sur son doigt, il ne ressentira pas la moindre trace de conscience d’effort, jusqu’il ce que le doigt lui-même ait été mû réellement, et alors elle est rapportée localement aux muscles qui agissent.

2281. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Le monde lui parut un vaste ensemble où chacun tient sa place, et l’homme un agent puissant dont le but est de s’exercer ; il lui sembla que, puisque l’homme est ici-bas pour agir, plus il agit, plus il remplit son but. […] Puisque nous en sommes à refeuilleter ces souvenirs du National, il y a pourtant quelque chose à dire sur la littérature proprement dite et sur la place qu’elle tint dans ce journal influent. […] Le célèbre poëte, après une longue absence, était revenu se fixer à Paris au commencement de 1830 ; il publiait ses Harmonies poétiques et obtenait place enfin à l’Académie française.

2282. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Ils ne trouvent plus leur place faite. […] » sans bouger de place. […] Il pressent que les méthodes futures laisseront peu de place au déploiement des qualités par lesquelles surtout il vaut, et que la guerre à venir ne sera plus sa guerre.

2283. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

« Mme de Dino, qui, pendant les quatre ans qu’elle a passés en Angleterre, a complété la croissance dont son esprit supérieur était susceptible, et qui la place au premier rang des personnes les plus distinguées, n’oublie que ce qui ne vaut pas la peine qu’on s’en souvienne : elle est flattée que son souvenir corresponde à celui qu’elle a toujours gardé de vous, et elle me charge de vous le dire. […] Ces communications sont restées à l’état de notes et de dossier : ce sont des matériaux dont l’éditeur ne se croit pas le droit de faire usage, à l’aide d’une rédaction qui trouverait place dans un volume même des Nouveaux Lundis.

2284. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Quand la sublime illusion cesse, quand l’amour a revolé aux cieux, tout le monde d’alentour reparaît, dans une ombre d’abord, mais bientôt tout s’éclaire comme d’une aube croissante ; l’humanité reprend sa place dans l’univers. […] Le chant du pâtre, les voix de la famille assise un moment dans le sillon, tout ce qui a le son de la vie, répond en lui à des places secrètes, et le provoque à dire les joies ou les douleurs des mortels.

2285. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Ces notes d’André sont toutes semées ainsi de beaux vers tout faits, qui attendent leur place. […] Tous ont leurs lois à part, et toutes ces lois diverses tendent à une loi commune et forment l’univers… Mais ces soleils assis dans leur centre brûlant, Et chacun roi d’un monde autour de lui roulant, Ne gardent point eux-même une immobile place : Chacun avec son monde emporté dans l’espace, Ils cheminent eux-même : un invincible poids Les courbe sous le joug d’infatigables lois, Dont le pouvoir sacré, nécessaire, inflexible, Leur fait poursuivre à tous un centre irrésistible. » C’était une bien grande idée à André que de consacrer ainsi ce troisième chant à la description de l’ordre dans la société d’abord, puis à l’exposé de l’ordre dans le système du monde, qui devenait l’idéal réfléchissant et suprême.

2286. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Mais le régime déplorable qui asservissait l’instruction publique ne laissait aux jeunes hommes libéraux et indépendants aucun espoir prochain de trouver place, même aux rangs les plus modestes. […] car j’espérerais en vain auprès de vous de ce que votre cœur ne saurait me donner, et je ne veux pas de ce qu’il m’offre ; « Car, où mon amour est dédaigné, mon orgueil n’accepte pas d’autre place ; je ne veux pas flatter votre orgueil par mes ardeurs comme par mes respects.

2287. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Notez de plus qu’une infinité de places et de fonctions, sans conférer la noblesse, exemptent leur titulaire de la taille personnelle et réduisent sa capitation au quarantième de son revenu : d’abord toutes les fonctions publiques, administratives ou judiciaires, ensuite tous les emplois dans la gabelle, dans les traites, dans les domaines, dans les postes, dans les aides et dans les régies714. « Il est peu de paroisses, écrit un intendant, où il n’existe de ces employés, et l’on en voit dans plusieurs jusqu’à deux ou trois715. » Un maître de poste est exempt de taille pour tous ses biens et facultés, et même pour ses fermes jusqu’à concurrence de cent arpents. […] Non seulement les privilégiés me font payer à leur place, mais encore ils prélèvent sur moi leurs droits ecclésiastiques et féodaux.

2288. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais s’inspirer uniquement du passé, refaire ce qui a été fait, c’est imiter, c’est traduire ; c’est manquer son époque ; c’est faire de l’art intermédiaire, de l’art qui n’a pas sa place marquée dans la vie de l’art. […] Décomposant alors son âme en deux, c’est-à-dire idéalisant en deux personnages l’esprit du bien et l’esprit du mal, l’esprit qui en lui cherche l’avenir et l’esprit qui lui dit que ses espérances sont des rêves, l’esprit qui souffre et qui aime et l’esprit qui n’aime pas, il place Méphistophélès à côté de Faust ; et son œuvre principale fut terminée.

2289. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Ils ont leur mission providentielle ; ils sont autant de fanaux que la main de Dieu place çà et là parmi les hommes pour les éclairer. […]   Des sièges numérotés assurent à chaque personne la place pour laquelle elle se sera fait inscrire.

2290. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Boulanger, notre grand peintre national qui a exposé au dernier salon cette prodigieuse famille infirme de la Place Jussieu, M.  […] Schurmann, qui nous a affirmé qu’il allait monter Lohengrin à l’Eden-Théâtre : chœurs et orchestre de Paris, interprètes autrichiens chantant en allemand, ou, peut-être bien interprètes français chantant en français ; douze représentations, du 15 mai au 15 juin ; en cas de succès, reprise en octobre de Lohengrin, avec le Vaisseau-Fantôme, les Maîtres Chanteurs, la Valkyrie ; mise en scène très soignée ; prix des places, de quarante à dix francs … Nous enregistrons aujourd’hui purement et simplement la nouvelle (La Réd.)

2291. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Passe encore que d’un deuxième acte de Tristan on supprime la dernière scène : un corps sans jambes se conçoit : mais un corps sans torse, la tête à la place du ventre, cela se conçoit-il ? […] Le monde politique de 1830 à 1880 faisait l’art à son image ou lui marquait sa place dans les boudoirs et les théâtres d’opérette ; le monde moderne cherchait son idéal ailleurs que dans l’art idéal : les poètes romantiques n’avaient aspiré qu’à faire avant tout et librement l’art idéal vivant, mais la vie, devenue encore plus libre, avant tout se consacrait à la politique, non à l’art.

2292. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Enfin les notes et les accords, qui valaient seulement par leurs relations et mesures, vêtent des significations propres, indépendantes de leur place dans la mélodie. […] Les Patrons et les différentes Associations Wagnériennes ou leurs délégués doivent se réunir à Bayreuth le 22 mai 1872 et, entre autres choses, délibérer sur la distribution de cinq cents places non-payantes que Wagner met à leur disposition.

2293. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Le soir du 23 janvier 1883, la place de la Monnaie retentit tout à coup du thème fulgurant de l’Épée ! […] Dupont et Lapissida, souvent associés dans le travail d’organisation des représentations wagnériennes, tiennent en main les destinées du théâtre de la Monnaie, on se demande si Wagner occupera enfin la place qui lui revient dans le programme de nos récréations artistiques.

2294. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

Dans une foule rassemblée sur une place, si quelque danger vient à se produire sur un point, les mouvements de recul pourront être prévus et affecter une forme mécanique. […] Ils se bornent à paralyser incomplètement les chenilles, en les frappant de leur aiguillon, à une place encore indéterminée.

2295. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Il nous parle de la salle de spectacle, qui comme le plus grand local, sert aux assises, et où l’on pend sur la scène, après le théâtre, — et où il a vu, dit-il, un pendu qui se raccrochait aux montants des coulisses, et sur lequel les spectateurs tiraient de leur place. […] Le soir, dans son atelier, je regardais « La place des Pyramides », qu’il vient de racheter à Goupil, pour la donner au Luxembourg.

2296. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Le génie, qui est la supériorité naturelle et transcendante, n’a donc rien à bénéficier des corps académiques ; car il n’y entre qu’à la condition de se niveler, et il n’y conserve sa place en surface qu’à la condition de la perdre en hauteur. […] Les institutions, pour renaître, ont besoin de bonne renommée ; elle perdit de renommée la démocratie en la souillant du sang de ses milliers de victimes ; elle jeta des têtes sans compter à la Terreur, comme on jette des lambeaux de ses vêtements à la bête féroce par qui on est poursuivi pour lui échapper ; elle appela le peuple au spectacle quotidien de la mort sur la place publique ; elle commença par un massacre de trois mille prisonniers sans jugement aux journées de septembre, cette Saint-Barthélemy de la panique ; elle finit par un massacre le 9 thermidor : sa seule institution fut l’échafaud en permanence.

2297. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

L’histoire des Révolutions d’Italie, établie sur la plus fausse et la plus lâche des philosophies de l’Histoire, et qui n’a de valeur, d’éloquence et de jugement que quand elle est, en fait, inconséquente à son principe, cette histoire de la confuse mêlée des villes et des bourgs italiens au Moyen Âge, cette chronique déchiquetée et grouillant de faits lilliputiens, recueillis par cette érudition qui voit l’imperceptible, à grand renfort de bésicles, aurait bien vite cédé la place à une histoire de la littérature italienne et du génie italien dans les arts, la vraie grandeur de l’Italie. […] Dans un nouveau livre sur la Raison d’État il nous place de son autorité privée en pleines mathématiques historiques, et il nous dit avec la séduction de son incomparable dextérité : Regardez-y, voilà l’histoire !

2298. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Lorsque les événements vinrent changer la face de la France et la remirent elle-même à sa place sur les degrés du trône impérial, un de ses premiers soins, pour le commencement de l’année 1853, fut d’écrire à l’empereur Nicolas et de remplir envers lui ses devoirs d’usage à titre de parente ; mais sa lettre portait naturellement la marque de sa situation nouvelle : il lui répondit (10 janvier 1853) : J’ai eu grand plaisir, ma chère nièce, à recevoir votre bonne et aimable lettre.

2299. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Friant fit toute la campagne de France : mais, malade et au lit depuis huit jours, il ne put assister aux adieux de Fontainebleau, où était sa place : c’eût été la touchante contrepartie de Witebsk ; il y fut suppléé par le général Petit, comme on le sait d’après ce tableau devenu populaire.

2300. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

Thiers, avec une lucidité parfaite, remet chaque chose à sa place et ne donne pas aux faits secondaires une portée qu’ils ne méritent pas.

2301. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Celle-ci n’a pas la décision du temps pour se diriger dans ses choix ; c’est elle-même qui choisit, qui devine, qui improvise ; parmi les candidats en foule et le tumulte de la lice, elle doit nommer ses héros, ses poètes ; elle doit s’attacher à eux de préférence, les entourer de son amour et de ses conseils, leur jeter hardiment les mots de gloire et de génie dont les assistants se scandalisent, faire honte à la médiocrité qui les coudoie, crier place autour d’eux comme le héraut d’armes, marcher devant leur char comme l’écuyer : Nous tiendrons, pour lutter dans l’arène lyrique, Toi la lance, moi les coursiers.

2302. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

La grande fortune dont il avait joui pendant quelques années, et dont il faisait si bien les honneurs à ses amis dans ses soirées de la place Saint-Georges ou à sa charmante campagne de l’abbaye du Val, près l’Ile-Adam, avait été presque toute engloutie après les événements de Février 1848.

2303. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Nau est le bras droit, cette digne mère qui est venue là pour tenir le ménage de monsieur son fils, occupe dans la relation toute la place qu’elle peut ambitionner ; elle préside à sa façon les Grands-Jours parmi les dames de la ville, les organise en assemblées de charité, les réglemente, les gronde, les fait taire, s’ingère dans les brouilleries des couvents, et prétend réformer jusqu’aux Ursulines.

2304. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

C’était, il est vrai, un vieux poëte unique en son genre, et par mille endroits ne ressemblant à nul autre, ni à maître Vincent, ni à maître Clément, ni à maître François ; un vieux poëte, adorateur de Platon, fou de Machiavel, entêté de Boccace, qui chérissait Homère et l’Arioste, oubliait de dîner pour Tite-Live, goûtait Térence en profitant de Tabarin, qu’une ode de Malherbe transportait presque à l’égal de Peau d’Ane, et dont l’admiration vive et mobile, comme celle d’un enfant, embrassait toutes les beautés, s’ouvrait à toutes les impressions, en recevait indifféremment du nord ou du midi, et trouvait place même pour le prophète Baruch, quand Baruch il y avait199.

2305. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Nous avons contre nous le pouvoir exécutif, la judicature, deux des trois branches de la législature, tous ceux qui ont des places dans le gouvernement et ceux qui en désirent, tous les gens timides qui préfèrent le calme du despotisme aux orages de la liberté, les marchands anglais et les Américains qui commercent avec des capitaux anglais, les agioteurs et tous les hommes intéressés dans les banques ou dans les fonds publics, invention imaginée dans des vues de corruption et pour nous assimiler en tout point, aussi bien aux parties gangrenées qu’aux portions saines du modèle anglais.

2306. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Serait-il vrai qu’une âme fière et indépendante, de quelque supériorité qu’elle soit douée, ne doit attendre des adversaires des idées philosophiques, qu’injustice ou silence ; injustice, lorsqu’ils peuvent l’attaquer encore ; silence, lorsqu’une gloire consacrée la place au-dessus de leurs efforts ?

2307. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Dira-t-on que Catinat ou Luxembourg sont de plus grands capitaines que César, parce qu’ils avaient un parc d’artillerie, et prenaient en trois jours des places qui auraient arrêté les légions Romaines pendant un mois ?

2308. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Souvent, par une maladresse ou une étourderie de l’écrivain, une vision importune détourne l’attention du lecteur, et l’arrache à la domination qu’il commençait de subir : quand on le reprend, il ne reste plus en lui trace de l’impression première ; c’est comme s’il avait cédé la place à un autre, qui commencerait de lire au milieu d’une page.

2309. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Une grande idée s’était levée, l’idée nationale, lien des âmes et principe d’unité littéraire : elle pouvait prendre la place des idées centrales et communes, d’où l’inspiration du moyen âge était sortie.

2310. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Je lis dans un autre article : « Quand un homme a tenu une telle place dans l’art, quand il a exercé une si grande influence sur son temps… » De qui croyez-vous qu’il s’agisse ?

2311. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

D’ailleurs, par l’opinion qu’il a lui-même de ce monde, un bon nihiliste comprend aisément  bien que, pour son compte, il s’en abstienne  que l’homme place au-delà de la terre sa raison de vivre et son « idéal ».

2312. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Flaminia, de sa fenêtre, appelle Arlequin et le prie de porter une lettre à un cavalier nommé Flavio qu’il rencontrera sur la place où se donnent rendez-vous les gentilshommes.

2313. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

La musique, par Berlioz, Wagner, Saint-Saëns, tend vers la peinture et là littérature ; la peinture, par les Impressionnistes, envahit le domaine de la musique, celui de la poésie par des maîtres tels que Puvis do Chavannes, Besnard, Gustave Moreau, Odilon Redon, Eugène Carrière, et tout à la fois celui de la poésie et celui de la musique par ce grand inconnu à qui l’avenir fera sa place, Monli-celli.

2314. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Maintenant, il est fâcheux que le prince Hermann, dont certaines tirades sont ingénieuses, soit, dans l’action, un simple serin, parce que la position fût, avec plus d’intérêt, devenue celle d’un prince valeureux qui eût employé son autocratie à organiser le socialisme, et eût abdiqué quand le dernier rouage aurait été mis en sa place.

2315. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Les mots de brachycéphales, de dolichocéphales n’ont pas de place en histoire ni en philologie.

2316. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

Place de Jésus dans l’histoire du monde.

2317. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Préoccupés d’une telle pensée, ils mirent en avant leur mère, Salomé, qui un jour prit Jésus à part et sollicita de lui les deux places d’honneur pour ses fils 462.

2318. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre III : Théorie psychologique de la matière et de l’esprit. »

Mill, que l’idée même de quelque chose hors de nous ne dérive que de la connaissance que l’expérience nous donne de possibilités permanentes : nous entraînons nos sensations avec nous partout où nous allons ; mais quand nous changeons de place nous n’entraînons pas avec nous les possibilités permanentes de sensations.

2319. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

En effet, pour que le roi fut témoin d’une querelle, et pour que madame Scarron pût trouver quelque peu de grandeur dans sa situation, et pour qu’elle fût du voyage de la Saint-Hubert, et que le roi lui payât ses habillements, il fallait qu’elle fût en permanence à la cour et qu’elle y eût sa place.

2320. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

D’ailleurs Heredia se trompe sur la place qu’il mérite dans le petit genre artificiel.

2321. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Les héros envahissent le royaume tragique, ils y revendiquent leur droit et leur place, lis ne détrônent pas le dieu qui le gouverne, mais, ce sont eux qui vont le remplir et l’agiter sous son nom.

2322. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Ainsi dans ce tableau littéraire du xviiie  siècle, lorsqu’il a La Henriade à juger, il donne toutes les bonnes raisons de ne point l’admirer, de ne la ranger à aucun degré à côté des œuvres épiques qui durent ; mais quand il faut conclure formellement, il recule, il fléchit ; le juge se dérobe, et, en quatre ou cinq endroits tout à fait évasifs, il essaie d’espérer que La Henriade traversera les siècles, qu’elle est après tout une œuvre durable, qu’elle tient un rang à part, une première place après les œuvres originales.

2323. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

D’intéressantes expériences ont montré que, si on diminue l’intensité de la lumière, toutes les couleurs, à l’exception du rouge spectral, donnent place tôt ou tard à un simple gris sans couleur distincte.

2324. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Le critique, pour ne pas se supprimer soi-même, pour se faire sa place au soleil, se voit souvent forcé de rudoyer le peuple des auteurs et artistes ; aussi une hostilité plus ou moins inconsciente s’établit-elle vite entre les deux camps.

2325. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

la nature se substituant à l’art, fait en quelque sorte à notre place de tristes expériences, lorsque, sous l’influence des causes les plus diverses, elle trouble, elle bouleverse, elle anéantit chez l’homme le sentiment et la raison.

2326. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Dax, qui se contente d’affirmer que le langage a son siège dans l’hémisphère gauche du cerveau, sans indiquer la place d’une manière plus précise.

2327. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Cela est si vrai qu’on demande sur les places les plus honorables : combien cela vaut-il ?

2328. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

L’auteur du Nouveau Dictionnaire historique lui a assigné dans le genre romanesque la même place que Crebillon a obtenu dans le tragique.

2329. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Représentée en 1776, à Fontainebleau, la tragédie de Moustapha obtint un succès que le public confirma, et qui valut à l’auteur une pension sur les menus et la place de secrétaire des commandements du prince de Condé.

2330. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Nous voyons à présent s’avancer cette autre génération dont l’esprit militaire fut la proie d’un homme nouveau qui voulut abolir l’ancienne patrie : celle-là prend aussi successivement sa place parmi les pères de famille.

2331. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Je me servirai de ses propres expressions ; seulement je les condenserai un peu, pour qu’elles tiennent moins de place.

2332. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

… Pourquoi Mme de Staël qui, comme Chateaubriand et Balzac, a bien droit à une publication d’ensemble de ses œuvres, est-elle, avec Bonald et Joubert, sur le point de manquer sur la place ?

2333. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Mme la Mise de Blocqueville16 I D’habitude, je ne vais pas volontiers, de ma propre impulsion, aux livres des femmes… Je suis si profondément convaincu de l’impossibilité absolue où elles sont de toucher à un grand nombre de sujets, qu’il faut, de deux choses l’une, pour que ma critique s’en occupe : qu’elles aient, à tort ou à raison, leur place, comme les pauvres enfants de Pascal, au soleil de la littérature, ou l’un de ces mérites qui tranchent tout et classent haut… Mme la marquise de Blocqueville, l’auteur des Soirées de la villa des Jasmins, est-elle dans cette alternative ?

2334. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Mme André Léo ne se débarrasse jamais entièrement de ce ton d’institutrice, qui apprend ses devoirs et ses droits au pauvre monde, et qui gâte, à toute place, le talent qu’elle aurait peut-être sans cet insupportable ton, La raideur de l’institutrice, — de ce piquet intellectuel qu’on appelle une institutrice, — supprime les mollesses de la femme, qui feraient son génie, comme les rondeurs font sa beauté, et durcit, quand elle l’a, jusqu’au sentiment maternel.

2335. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

L’imagination, ce singe de l’intelligence, a dit Schiller, — ce qui n’est pas mal pour un Allemand, — l’imagination, qui est la première des facultés de la femme et d’un misérable siècle, chez qui la Raison est épouvantablement affaiblie, doit entraîner la femme, quand elle veut être littéraire, vers le roman dans lequel, d’ailleurs, elle cherche toujours un peu une place pour ses souvenirs et un miroir pour sa personne… D’un autre côté, par cela seul que le Roman est la forme la plus populaire des formes littéraires de ce temps, il rapporte du succès à plus bas prix… et l’Histoire, la sévère, l’Histoire, la désintéressée, n’a pas ces avantages… Il faut se croire très homme pour l’aborder.

2336. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

En lisant le nom des deux célèbres sinologues au front du livre de Didot, nous nous promettions une grande volupté de lecture ; car un sinologue, ce doit être au moins la moitié d’un Chinois, tant la langue tient de place en Chine !

2337. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Son style, de tournure pédantesque où le je, haï de Pascal, tient une place énorme ; son style, nombreux et fade, n’a guères que la clarté de ses embarras et la gravité de son vide.

2338. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Il n’y avait que le nombre, — le nombre, qui s’efforce, par ce temps de suffrage universel et de matérialisme rétrograde et païen, de reprendre la place des âmes.

2339. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Cette discipline transformatrice de l’homme, qui solidifie la nature humaine devant le danger et la destruction, et met une âme et une volonté à la place des frémissements et des tressaillements de la chair, tous les génies militaires qui ont paru dans le monde et y ont laissé une trace de leur passage, depuis Xénophon jusqu’à César et depuis César jusqu’à Napoléon, ont voulu la réaliser, l’exalter, la pousser jusqu’au plus haut point de perfection, — quelquefois par des moyens atroces.

2340. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

J’ai voulu la faire ; j’ai voulu la penser ; j’ai voulu la parler ; j’ai voulu mettre à leur place les hommes et les choses ; j’ai voulu prendre leur mesure et la donner… J’ai promené la balance à travers le monde intellectuel, n’ayant qu’un poids et qu’une mesure, et j’ai laissé les plateaux monter et descendre comme ils voulaient, abandonnés aux lois de l’équilibré… Les chapitres de ce livre ne sont pas juxtaposés par une unité mécanique, mais ils sont liés, si je ne me trompe, par une unité organique, et cette unité, c’est la faim et la soif de la « Justice. » Et comme le mystique ne s’éteint jamais, ainsi que je Fai dit, dans M. 

2341. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

On légifère beaucoup en Grèce ; on y fait des constitutions comme des tragédies ; on y fait des discours comme des statues ; on agite les places publiques, et on y commande des armées qui réalisent de magnifiques œuvres d’art militaire à Marathon et à Salamine ; mais on n’y gouverne pas.

2342. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Quoique, dans le premier volume de son ouvrage, Macaulay ébauche en traits rapides une histoire générale de l’Angleterre, depuis la Bretagne sous les Romains jusqu’à l’avènement de Jacques II, qui est pour lui le grand événement, l’événement décisif dans l’histoire d’Angleterre ; quoique sa préoccupation de whig soit telle qu’il ne veuille pas reconnaître comme monarchie anglaise la monarchie normande de Guillaume le Conquérant, et qu’il place l’origine de la vraie monarchie d’Angleterre à la fière extorsion de la Grande Charte, pour lui, cette histoire si confuse et si indistincte ne doit apparaître nettement, sans luttes, sans tiraillements, régulière et devenue enfin ce qu’elle doit être, qu’à la chute du dernier Stuart et à l’écroulement de cette monarchie de droit divin qui ne fut pas uniquement, comme il voudrait nous le faire croire, une chimère ou une réalité incessamment repoussée.

2343. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

D’un autre côté, par cela même que Jobez, comme, du reste, tous les économistes de père en fils, déplace la question sociale et la met dans un accroissement de richesse au lieu de la mettre dans un accroissement de moralité, toutes les questions qui suivent celle-là et qui auraient dû trouver place dans ce livre n’y sont pas même abordées.

2344. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Il est de bonne foi comme un peintre qui verrait et peindrait les objets à la renverse, et qui soutiendrait qu’ils sont d’aplomb et à leur place ; car c’est ainsi que, dans tout le cours de son livre, il ne manque pas de procéder.

2345. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Il ne le pouvait pas, du reste, dans le cadre étroit où le choix de son sujet le place et devait le retenir.

2346. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Mais le perroquet y est trop pour que l’oie y trouve beaucoup de place, car ce roman, c’est son histoire répétée, et son histoire, c’est la légende répétée, dans sa partie la plus scandaleuse et la plus infecte et la plus impossible.

2347. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Martin est ouvertement du moins un déiste, un providentiel de haute quintessence, qui croit à l’immortalité, sans dire où il la place, et qui hait le catholicisme avec des tendresses et des larmoiements de lamantin respectueux.

2348. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Nicolardot ne serait pas ce qu’il est ; il serait seulement une de ces biographies, d’un détail curieux et détaché, n’éclairant qu’une encoignure d’événements dans ce vaste ensemble d’une époque que les hommes, quand ils sauront l’histoire, mépriseront autant qu’ils l’auront adorée, qu’un tel livre, malgré sa maigreur, trouverait ici la place d’un examen et d’un éloge, et que nous en glorifierions la goutte de lumière isolée.

2349. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Cela a été assez pour ce vigoureux catholique, que le Protestantisme, en diminuant le Catholicisme et en le forçant de lui tendre la main qu’il avait blessée, n’ait pu le tuer tout à fait, pour s’établir intégralement à sa place.

2350. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Dans ce misérable passé qu’abhorre naturellement l’ancien rédacteur de La Presse, les lettres ont tenu trop de place, et elles en tiendront trop peu dans l’avenir qu’il rêve pour qu’en conscience et de bonne foi il estime beaucoup cette vieille amusette des sociétés qui eurent de l’âme et de nobles loisirs.

2351. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Le 24 mai 1826, écrivant à la comtesse de Seult, un de ces anges d’amitié comme il en passa plusieurs dans sa vie, il se définissait sans regret, sans amertume et même sans tristesse : « un homme pauvre, sans nom, sans place, sans position, à qui bien prenait de ne rien demander aux hommes et de ne vouloir absolument rien d’eux » ; et excepté le sans nom, car la gloire, à cette heure-là, faisait du sien le plus beau qu’il y eût alors en Europe, tout était vrai dans cette définition qu’il donna de lui-même et qui resta vraie, même quand il eut abandonné Dieu pour les hommes.

2352. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

il y a dans tout homme d’esprit un tendon d’Achille, et nous ne sommes jamais trempés assez avant dans le Styx du mépris pour qu’il n’y ait pas toujours en nous une petite place où ne puisse atteindre la flèche d’une bêtise.

2353. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Jean Reynaud n’occupera une place élevée dans la hiérarchie des intelligences de son temps.

2354. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Elle se place assez heureusement sur ses lèvres pour qu’elle y paraisse plus ferme, plus pure, plus ailée, que quand il écrit.

2355. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Pelletan a la confiance qu’on pourrait avoir en la vérité même de Dieu, mais c’est dans tous les siècles futurs, grands, selon lui, impeccables et infaillibles à leur date, à leur place dans la chronologie universelle ; en d’autres termes, c’est dans le progrès, le progrès indéfini de l’humanité !

2356. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

À certaines places de ce récit merveilleux où le surnaturel a complètement remplacé la nature, on voit surgir du fond de cette Contemplative, éperdue et perdue dans son Dieu, une raison plus forte que toutes ces flammes, qui met la main sur le cœur qui palpite et dit à ce cœur : « N’es-tu pas ta proie à toi-même ?

2357. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Et c’est ainsi que, pour la place de Schopenhauer dans la mémoire des hommes, il lui aura certainement plus servi d’avoir lu Chamfort que d’avoir médité sur Kant.

2358. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Ils y tiennent une place plus considérable qu’eux, et qu’on regrette quand on voit que les sophistes contemporains en tiennent une si petite !

2359. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Ne sont-elles pas là à leur véritable place ?

2360. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Or, comme ce système nous ne l’entrevoyons encore qu’à la lumière de ces prodromes, nous ne pouvons dire exactement à quelle hauteur de monument il s’élèvera, et quelle place définitive il assignera au nouveau philosophe de cet Oratoire dont le nom fut illustré déjà par Malebranche ; mais ce que nous savons, c’est que la tendance en est profondément rénovatrice, — historique deux fois, d’abord parce qu’elle nous fait sortir de l’abstraction intellectuelle pour entrer en pleine réalité humaine, et ensuite parce qu’elle reprend la tradition de méthode qui a été la vraie force de la philosophie, depuis Aristote jusqu’à saint Thomas d’Aquin, et depuis saint Thomas d’Aquin jusqu’à Leibnitz.

2361. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Le vieux Villon, quand il est poète, est aussi jeune que Lamartine ; et s’il n’y a pas succès quand il y a poète, c’est une raison pour que la Critique soit plus méprisante contre l’opinion qui ne pense pas comme elle, et qui en jugeant usurpe sa place, et pour que le poète soit plus fier.

2362. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Dans les Tragiques, il n’y a plus qu’un satyrique, frappant toujours à la même place, comme un cyclope, de son formidable marteau.

2363. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Comment une œuvre pareille a-t-elle pu rester si longtemps (trente ans) dans l’obscurité, pendant que la Physiologie du goût marchait de succès en succès était traduite dans toutes les langues, et se pavanait à la place choisie dans toutes les bibliothèques ?

2364. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Il s’en est allé avec les vieilles lunes… Et c’est comme cela que s’en iront peu à peu tant de romans et de compositions de notre pays où Paris, le tic de Paris, le parlage de Paris, les mœurs banales et coulées de Paris, tiennent évidemment trop de place, — des œuvres de talent pourtant, mais qui n’en ont pas assez pour lutter contre l’influence qui les diminue, et pour les élargir et les faire durer.

2365. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Ces enfants gâtés du soleil et souvent terribles, M. de La Madelène les a fait vivre tels qu’ils sont, non pas seulement dans leur vie domestique et de foyer, mais dans leur vie collective, leur vie d’assemblée, d’émeute, de farandoles et de batailles, car le plein air, le dehors, la place publique, sont pour eux bien plus le foyer que le coin du feu de la maison ; il nous les a montrés en plein dix-neuvième siècle et à cette heure du dix-neuvième siècle, dominés par l’incoercible élément méridional, qui leur donne encore la physionomie des ancêtres ; par ce caractère héréditaire et local que la poussière humaine ne perd que le dernier, et qui se révolte avec tant d’énergie sous l’émiettant et l’aplanissant rouleau que la civilisation, cette Tarquine à la main douce, qui ne fait pas voler les têtes de pavot sous les coups de baguette, mais qui se contente de les coucher par terre en les caressant, promène par-dessus toutes choses, comme dans une allée de jardin !

2366. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Quoique la littérature française tienne pour nous, Français, la plus large place dans la littérature de notre temps, et que cet ouvrage soit plus particulièrement consacré à la littérature française, cependant, quand, dans les autres littératures contemporaines, marquera, à tort ou à raison, une œuvre ou un homme, nous les regarderons par dessus leur frontière… A quoi bon, d’ailleurs, parler de frontière ?

2367. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Henri Heine, que, pour mon compte j’aime infiniment, quoique ce phalène des clairs de lune de l’Allemagne soit tombé et ait embarbouillé ses ailes de gaze dans la crème fouettée de Voltaire, ce fouetteur ; Henri Heine, comme les gens d’esprit, les génies et les jolies femmes n’y manquent jamais, a tourné toutes les têtes jeunes qui se croient de l’humour parce qu’elles n’ont ni raison ni suite dans les idées, mais, à la place, beaucoup de fumée de cigare sur la netteté de leur esprit.

2368. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Tout ce monde minuscule se culbute, s’agite et se mêle avec une pétulance indicible, sans trop s’inquiéter si tous ses membres sont bien à leur place naturelle.

2369. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

À leur arrivée, le peuple s’assemblait en foule dans les places publiques ou dans les portiques du temple ; on leur donnait un sujet, et ils parlaient au bruit des applaudissements ; souvent ils commençaient par prononcer l’éloge de la ville ; c’était eux qu’on envoyait en ambassade vers les empereurs ; ils arrivaient à Rome précédés par leur renommée, et souvent le prince leur accordait des privilèges, des exemptions de charges, et quelquefois les premières dignités de l’empire.

2370. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Nuls chants n’étaient plus familiers dans les places publiques et sous les portiques de l’ancienne Athènes ; nul buste, dans les Musées des Lagides, n’était plus rapproché de celui d’Homère.

2371. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

— Ils prendront la place de notre petit Eyolf. […] Nous sommes dans une place d’armes des Balkans, vers la fin du quinzième siècle. […] Place ! […] Place ! […] » Ici se place un assez beau morceau lyrique, que j’aurais cité si j’avais la brochure.

2372. (1902) Propos littéraires. Première série

Anatole France ; et une bonne place moyenne dans les œuvres de M. Anatole France est une très haute place dans la littérature française. […] ce jour-là, elles ne songeront pas à aller habiter une belle maison sur la grande place. […] Bourget n’y place un roman. […] Mais, en définitive, c’est sur un tout autre terrain que se place M. 

2373. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

. — Sans recourir à ce détour, disons qu’il place le pouvoir spirituel dans chacun de nous, qu’il le croit immense, qu’il le croit capable de nous amener à nous aimer les uns les autres, qu’à compter sur lui d’un tel courage il l’intronise et le glorifie, et qu’il a ainsi sa place naturelle parmi les grands esprits religieux dont ce volume est destiné à expliquer les tendances. […] C’est toujours quelqu’un qui est souverain à sa place. […] Ils ont attaqué des places démantelées. […] Il y a une démocratie de la gloire : « La renommée n’a point assez de places pour tous ceux qui sont appelés à ses solennités. » — Le dessein providentiel est accompli. […] De tous les philosophes-historiens, tout autant que Bossuet, mais avec sa manière propre, Quinet est certainement celui qui, le plus, se place aussi près que possible de Dieu comme centre.

2374. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

« Et que mettrez-vous en place de la monarchie légitime ?  […] Tallien et Bourdon, en parlant contre l’infâme loi du 22 prairial, ont mérité les bénédictions attachées à la journée du 9 thermidor ; et Sieyès, le Sieyès de 1789, constamment assis pendant toute la durée de la Convention à deux places de Robespierre, a, par son timide et complaisant silence, mérité… d’en être oublié 84 !  […] Les mauvais traitements viennent, et le martyre se prolonge, se raffine : « Comme ces mauvais traitements, dit-il, n’effleurent pas ma sensibilité et flattent mon amour-propre, il m’est facile de rester à ma place et de sourire de bien haut à leurs procédés comme à leurs passions. » Il ajoute en plaisantant : « Quoiqu’on m’ait ôté avec une singulière affectation quelques-uns des moyens de me tuer, je ne compte pas profiter de ceux qui me restent, et je défendrai ma propre constitution aussi constamment, mais vraisemblablement avec aussi peu de succès que la constitution nationale. » Il répond encore à ceux qui lui enlèvent couteaux et fourchettes, qu’il n’est pas assez prévenant pour se tuer. […] Cette dernière partie de la vie de La Fayette, si honorable toujours, est pourtant celle qu’il y aurait peut-être le plus lieu d’épiloguer politiquement, à quelque point de vue qu’on se place, soit du sein de l’ordre actuel, soit du dehors.

2375. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Il me donne des leçons, dont la prémiere est de ne point l’adorer ; il m’avertit ensuite d’éviter certains défauts de son ouvrage ; et enfin je me crois en état d’éxécuter mon entreprise, comme Homere l’eût fait lui-même, s’il eût été à ma place. […] Il les place au cinquieme livre de son poëme, lorsque le lecteur est encore en état de s’amuser, et c’est ainsi que le poëte latin corrige presque toûjours le poëte grec, en l’imitant. […] Ce n’est pas assez pour lui que les choses soient belles, il faut encore qu’elles soient en place. […] Il est vrai qu’Homere leur parle aussi de courage et de prudence ; mais je mets les actions à la place des qualitez, ce qui me paroît un peu plus flatteur ; car ce sont toûjours les faits qui loüent le mieux. […] Quand la gloire commande, en vain la mort menace ; et le lieu du peril est ma plus chere place : tel que je fus toûjours, tel je veux être encor ; Troye, avant mon trepas, ne perdra point Hector.

2376. (1897) Aspects pp. -215

— D’abord la Gouvernance extraite de deux cages à anthropopithèques où tout Gorille qui sait simuler, grimacer, glapir de façon supérieure a sa place marquée : les élus parmi les élus. […] Dans les rues, sur les places, la foule regardait avidement. […] Zola nous horripile par l’étroitesse du point de vue où il se place. […] Zola varie peu ses procédés : les explications minutieuses, les cours d’histoire romaine, les retours en arrière, les descriptions tiennent une place énorme. […] Il n’est aucune place inutile, la vie tressaille dans le paysage vibrant d’une maternelle bonté… Cependant l’aube rose poudroie à l’orient.

2377. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Un écrivain qui accroît chaque jour sa place dans notre littérature par des études consciencieuses, savantes, et qui cherche à réhabiliter l’homme de lettres dans l’antique acception du mot, M. […] « Mercredi, 17, à sept heures et demie précises du soir, le More de Venise vivra et mourra par-devant vous, mon ami ; si vous voulez faire asseoir l’Ombre de Joseph Delorme à ce banquet funèbre, sa place est réservée comme celle de Banquo.

2378. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Au reste, s’il lisait déjà beaucoup et toutes sortes de livres, il ne se croyait pas encore voué à un rôle de critique ; il eut là de premiers printemps qui sentaient plutôt la poésie, et j’ai sous les yeux une suite de lettres écrites par lui dans l’intimité durant les années 1832-1836, c’est-à-dire depuis l’âge de seize ans jusqu’à celui de vingt, dans lesquelles les rêveries aimables et les vers tiennent la plus grande place. […] J’indique seulement les deux extrémités, et je n’oublie pas que dans l’intervalle, entre le Niceron et le Thomas, il y avait place pour l’exquis mélange à la Fontenelle.

2379. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

. — Acquisition du langage par les enfants I Les observations qui suivent ont été faites au fur et à mesure et rédigées sur place. […] Entre ces deux états, il y a eu une transition insensible, difficile à démêler ; le premier état subsiste encore en certaines occasions, quoique le second soit établi ; parfois elle joue encore avec le son, quoiqu’elle en comprenne le sens. — Cela se voit très aisément pour d’autres mots ultérieurs, par exemple pour le mot kaka ; elle le répète encore souvent hors de propos, sans intention, en façon de ramage, dix fois de suite, au grand déplaisir de sa mère, comme un geste vocal intéressant, pour exercer une faculté nouvelle ; mais souvent aussi elle le dit avec intention, quand elle a besoin ; de plus, il est clair qu’elle en a changé ou élargi le sens, comme pour le mot bébé ; hier, dans le jardin, voyant deux petites places humides, deux traînées d’arrosoir sur le sable, elle a répété son mot, avec un sens, visible et voulu ; elle désigne par ce mot ce qui mouille.

2380. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

En attendant il dort et restera ainsi jusqu’au soir, sans avoir envie de changer de place. […] Il est muni de documents, il a lu ; il connaît la place, le jeu de tous les muscles ; il a sur son bureau des planches coloriées, autour de lui des squelettes, à côté de lui Daubenton qui lui fournit des préparations et toutes les pièces anatomiques.

2381. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

L’idée de dépayser ma fille de la cabane où elle ne faisait qu’une avec nous trois ; l’idée de la séparer d’Hyeronimo, dont elle n’avait jamais été désunie depuis la mamelle qui les avait nourris l’un et l’autre ; l’idée de jeter cette âme, qui rayonnait semblable au soleil de tous nos matins sur notre fenêtre, comme un misérable tas de baïoques de cuivre à un étranger, en échange de la place qu’il nous laisserait ainsi pour végéter sur la montagne, lui souleva le cœur. […] Voilà la lune qui se baigne déjà à moitié dans la mer de Pise, pour laisser place au soleil ; tu n’as plus qu’une demi-heure de nuit pour monter invisible, à travers les bois, aux Camaldules.

2382. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Il embarqua sur la mer et il fit remonter par le Tibre jusqu’à Rome une telle quantité de blocs de marbre, que la place entière de Saint-Pierre, plus vaste alors qu’aujourd’hui avant la construction des colonnades, en fut couverte comme une carrière. […] Elle tient trop de place dans sa vie, dans ses œuvres, dans sa foi, dans son éternité même pour séparer deux noms qui ne furent si longtemps qu’une âme.

2383. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il lui faut une dynastie séculaire pour avoir un droit royal avéré, indiscutable : autour de ce droit, le limitant et le soutenant de leurs droits, il dresse les deux Chambres, et il forme ainsi le gouvernement, en qui, et en qui seul, il place la souveraineté693 . […] Il se plaisait à rapprocher les littératures des nations européennes, à faire ressortir les différences que la diversité des circonstances historiques et des institutions sociales avait mises entre elles, à suivre les actions et réactions d’un pays sur l’autre : il faisait une grande place à l’Angleterre dans son étude de notre xviiie  siècle, et pour le moyen âge il suivait le développement parallèle de la littérature en France, en Italie, en Espagne, en Angleterre.

2384. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Charles Bovary, après la mort d’Emma et ses tristes découvertes, dit exactement ce que dirait à sa place le moujick de Tolstoï : « C’est la faute de la fatalité. » Le moujick mêlerait peut-être à cela l’idée et le nom de Dieu. […] L’œuvre de chair tient assez peu de place dans leurs œuvres, et certes je les en loue.

2385. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

L’infortuné passait son temps à déclarer, tantôt qu’il n’accepterait de place qu’au Théâtre-Français, et dans les premiers emplois, — tantôt qu’il ne s’abaisserait pas à y rentrer, dût-on l’en prier à genoux. […] C’est Pauline Duchambge et Caroline Branchu qui me content leurs peines ; je me mets à leur place ; et tout ça, c’est de la littérature. » Valmore se laissait convaincre.

2386. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Seulement il fallait prendre garde qu’en donnant plus de place à l’action et à la pompe, on n’ôtât quelque chose à l’essentiel de l’art, et que pour être plus près du réel on ne s’éloignât du beau. […] Elle ferait une place honorable à l’auteur d’une ou deux scènes de l’Iphigénie en Tauride, Guymond de la Touche, mort trop tôt peut-être.

2387. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Si à quelques places, comme dans la pièce la Géante ou dans Don Juan aux enfers, — un groupe de marbre blanc et noir, — une poésie de pierre, di sasso, comme le commandeur, — M.  […] Je sais que vous gardez une place au Poëte Dans les rangs bienheureux des saintes Légions, Et que vous l’invitez à l’éternelle fête Des Trônes, des Vertus, des Dominations.

2388. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Ainsi on ne revient pas, même partiellement, au finalisme parce qu’on ne se refuse pas à faire une place aux besoins humains dans les explications sociologiques. […] Nous ne voudrions pas soulever ici des questions de philosophie générale qui ne seraient pas à leur place.

2389. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Le Tellier : Colbert jouissait par avance De la place de chancelier ; Et sur cela pour Le Tellier On vit gémir toute la France. […] Boileau, qui était assez ferme de caractère, lui représenta qu’il était un champion plutôt qu’un candidat, qu’il représentait quelque chose, la littérature de 1660, avec toutes ses marques, avec tout ce qui la constituait, tandis que La Fontaine était un fantaisiste, et, enfin… qu’il tenait à la place.

2390. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

On me répondrait sans doute que c’est parce que les lois du langage sont fondées sur la forme primitive de l’intelligence, ce qui, au fond, serait mettre un mystère à la place d’un autre mystère. […] Fabre d’Olivet a fait une remarque qui trouve ici sa place, parce qu’elle peut servir à établir, par un seul exemple, ce qu’il y aurait à faire pour la perfection des langues, s’il était permis à l’homme de porter la réforme dans leur construction essentielle.

2391. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Or, ce style, c’est la description, une description infinie, éternelle, atomistique, aveuglante, qui tient toute la place dans son livre et remplace toutes les facultés dans sa tête. […] Par places aussi, il est dégoûtant et odieux.

2392. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

On entrevoit par un mot de M. de La Chapelle, chancelier de l’Académie, qui lui répondit le jour de la réception, que l’abbé avait sollicité les suffrages avec beaucoup d’empressement : non content de sa charge d’aumônier de Madame, il avait vu dans la place d’académicien l’entrée à un nouveau spectacle, et sa curiosité n’y avait pas tenu.

2393. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Pour plus d’éclaircissement, je prendrai un exemple dans un genre voisin et fraternel : s’il en était en ceci de la peinture comme de la poésie, si la quantité de nouveaux peintres et paysagistes qui se produisent chaque année n’arrivait pas aux yeux du public, s’ils restaient chacun avec son œuvre à l’ombre de son atelier, combien ils auraient lieu de se plaindre de cette condition ingrate, de cet isolement, de ce manque de place et de lumière au soleil !

2394. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

À quelques lignes plus bas, on voit les nobles et pudiques élégies de Pétrarque opposées aux bruits du monde et aux sombres orgies, comme si, dans des vers sur Pétrarque, le mot d’orgie pouvait trouver place.

2395. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

L’auteur, en avançant dans son récit, a fait maintes fois autre chose que ce qu’il avait projeté d’abord ; la débauche y tient moins de place que dans le projet primitif, j’imagine.

2396. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Cette extrémité du Léman où il place sa scène d’idylle est, pour la simplicité et la précision du dessin, d’une grandeur tout à fait classique.

2397. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Il place à côté des tourments de la douleur, l’oubli des hommes et le calme de la nature, ou bien un vieux serviteur, seul être qui se souvienne encore que son maître a été roi.

2398. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Les aperçus fins, les pensées subtiles et déliées qui n’entrent point dans la grande chaîne des vérités générales, l’art de saisir des rapports ingénieux, mais qui exercent l’esprit à se séparer de l’âme, au lieu de puiser en elle sa principale force, cet art ne place point un auteur au premier rang.

2399. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Son roman est une pastorale de courtisans modernes habillés à la grecque, occupés à disserter longuement, à rire froidement et à sourire mignardement, Psyché était trop déesse pour être à sa place entre les mains de La Fontaine ; il n’ose être familier avec elle ; quant à être grave et respectueux, c’est ce qu’on ne lui demandera jamais.

2400. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Son beau cap, ses jardins, sa mer, ses bois, ses cieux, Lui prêtèrent la place et l’heure des adieux ; Ses oiseaux familiers, voletant dans la nue, Lui chantèrent au ciel sa libre bienvenue !

2401. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Cela suffit à expliquer pourquoi les Poèmes antiques et les Poèmes barbares n’ont jamais obtenu de vogue parmi les lecteurs qui sont emprisonnés dans le domaine de la sensation, et pourquoi leur place est plus haute parmi ceux qui pensent ; si haute, que la poésie contemporaine en est dominée tout entière.

2402. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Et cependant quand nous parlons du temps, pour tout ce qui se passe en dehors de nous, n’adoptons-nous pas inconsciemment cette hypothèse ; ne nous mettons-nous pas à la place de ce dieu imparfait ; et les athées eux-mêmes ne se mettent-ils pas à la place où serait Dieu, s’il existait ?

2403. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Je voyais bien que tout se fait dans l’humanité et dans la nature, que la création n’a pas de place dans la série des effets et des causes.

2404. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Ces voyages, d’ailleurs, étaient essentiels à son dessein ; car il sentait déjà que, pour jouer un rôle de premier ordre, il fallait sortir de Galilée, et attaquer le judaïsme dans sa place forte, qui était Jérusalem.

2405. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Ainsi, la seconde moitié du xviiie  siècle voit s’épanouir avec une force singulière la sensibilité française, qui commençait, depuis une vingtaine d’années, à reprendre, aux dépens de la raison, une place croissante dans la littérature et la philosophie.

2406. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Herbert Spencer, qui a été préoccupé surtout de la question de méthode, se place au point de vue de la psychologie comparée.

2407. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Ils n’ont qu’à les mettre à leur place auprès de Dieu.

2408. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin a comme découvert ce Stagyre, et il lui adresse à son tour beaucoup de vérités que la politesse l’empêchait alors de dire ; place à René lui-même.

2409. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Mais il vécut si solitaire, si dénué de théories, si absorbé par le culte exclusif de la beauté, que parmi ses contemporains on ne sait lui donner de place.

2410. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Matthew Arnold (1822-1888) : fils du Docteur Thomas Arnold, proviseur de la Rugby School, poète, essayiste, critique littéraire, traducteur, défenseur de l’hellénisme, pédagogue, inspecteur des écoles, Arnold a notamment publié des réflexions sur la littérature classique, issues de cours donnés à Oxford (On Translating Homer, 1861), et un essai dans lequel il analyse la place des humanités dans la société victorienne (Culture and Anarchy, 1869).

2411. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Il y a de la place dans ton immensité.

2412. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Il doit avoir sa place dans toutes les prosodies.

2413. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

On barboüille, pour ainsi dire, la peinture que les vers de Racine offrent dès qu’on dérange ses termes et qu’on substituë la définition du mot à la place du mot.

2414. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Mme de Staël qui commence le siècle, Mme de Staël qui avait pour Napoléon une haine de femme dédaignée, et qui, naïvement, se croyait, en femme, ce que l’Empereur était, en homme, Mme de Staël avait devancé et deviné Saint-Simon avec son pape et sa papesse égalitaires… Quoique mort sans papesse, en effet, le saint-simonisme en marqua la place dans sa hiérarchie ; et par cela seul qu’il la marqua, il fut tout de suite et il est resté une des causes les plus actives du remue-ménage qui s’est produit dans l’esprit et la vanité des femmes de ce temps, enragé de tous les genres d’émancipation.

2415. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Trente-deux ans évêque à la même place, il a déployé dans ses fonctions d’évêque ce que j’oserai appeler « l’esprit papal ».

2416. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

À certaines places de ce récit merveilleux où le surnaturel a complètement remplacé la nature, on voit surgir du fond de cette Contemplative, éperdue et perdue dans son Dieu, une raison plus forte que toutes ces flammes, qui met la main sur le cœur qui palpite et dit à ce cœur : « N’es-tu pas ta proie à toi-même ?

2417. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Il nous a donné un détail qu’ici nous ne pouvons suivre, de ces Institutions puissantes, dans lesquelles tenaient tant de place la naissance, la richesse, l’aristocratie, les classifications, les hiérarchies, tout ce que la Démocratie abhorre.

2418. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Pour les uns, en effet, ces lettres, exhumées d’une correspondance de famille, étaient une occasion excellente de reclasser à nouveau, sans le changer de place, un livre (Werther qui fut l’engouement de toute une époque, et dont, selon nous, le succès fut plus le fils des circonstances que du génie).

2419. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Un tel fait, de quelque nom qu’on l’appelle, de quelque explication qu’on l’étaie, méritait d’avoir une plus large place que celle qui lui est accordée dans un livre ayant pour but de descendre au fond de la question du Mysticisme.

2420. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Quand cela leur arrive, il leur faut, comme à La Harpe, le coup de tonnerre dans le sang de la place Louis XV et le chemin de Damas de la guillotine !

2421. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Nous regrettons de ne pouvoir citer tout entière cette pièce singulière et délicieuse ; mais, nous ne craignons pas de le répéter, de tels prestiges par les mots, leur choix, leur distribution et leur place, cette espèce d’harmonica littéraire joué sur des verres (ou vers, pardon !)

2422. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Cette belle place littéraire à prendre aurait pu le tenter cependant, car Gobineau est un esprit sérieux, de philosophie stoïque, et le stoïcisme est pour lui — il le dit en termes formels dans une thèse qui a de la fierté — un des plus nobles buts de la vie.

2423. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

La façon dont Horta a compris l’art décoratif lui crée une place bien à part dans l’ensemble des novateurs qui lui ont de nos jours imprimé un nouvel élan.

2424. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Ce paysan d’Arpinum, qui parvint sept fois à la première place du monde, n’était pas sans doute un modèle de vertus pour Cicéron ; mais un Romain devait louer en lui les talents et les victoires, et un républicain pouvait louer ce caractère altier qui osa braver tous les grands de Rome, qui leur reprochait avec audace leur corruption et leur mollesse, qui se vantait de son obscurité, comme les grands se vantaient de leurs aïeux ; qui, dans un siècle poli, consentait à passer pour ignorant, et avouait qu’il n’avait appris qu’à combattre et à vaincre ; qui opposait ses triomphes en Afrique, et les quatre cent mille Teutons ou Cimbres qu’il avait exterminés en Italie ou dans les Gaules, aux tables, aux cuisiniers et au faste des patriciens dans Rome ; il faut observer d’ailleurs que cet éloge fut composé avant les guerres civiles de Marius, et Cicéron était alors dans l’âge où l’énergie du caractère est ce qui frappe le plus, et où l’on mesure les hommes plus par les grands effets, que par les grands motifs.

2425. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Ils s’occupaient de leur parure, et ils négligeaient l’univers ; peut-être même avaient-ils grand soin de choisir leurs chevaux, mais point du tout les hommes qu’ils destinaient aux places ; et tandis qu’aux jeux, du cirque ils n’auraient pu souffrir de voir des cochers conduire un char, ils abandonnaient à des hommes sans choix les rênes de l’empire et la conduite des nations.

2426. (1924) Critiques et romanciers

Paul Bourget se place, comme il le fait ici, au seul point de vue d’un roman, d’une histoire, d’un conte, enfin d’un mensonge qui s’adresse à notre crédulité. […] Mais si le littérateur ne recherche pas du tout la place du politicien, son œuvre peut et, le pouvant, doit seconder l’homme d’État. […] Célestine, c’est effroyable, ce qu’elle a rencontré de saleté dans les nombreuses places qu’elle a faites. […] Ce qui la fâche est que Miraut tient beaucoup de place dans la maison, dérange les chats, salit le plancher. […] » Ce monument, du Salon d’automne, ira orner une place publique, dans l’une de nos colonies africaines.

2427. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Notre vie dépend de notre place dans le monde et par conséquent dépend du monde ; et donc, pour me montrer ce que je dois être, dites-moi ce qu’est tout ! […] Précisément à cause de cela et parce que nous le savons, nous ne voulons pas en convenir, et c’est ici que se place notre vanité et qu’elle agit. […] Je place l’influence antireligieuse de Descartes au troisième tiers du xviie  siècle, et je crois que je ne me trompe pas extrêmement. […] Un tel homme n’a pas de place en régime despotique et, par conséquent, il doit être proscrit de la République telle que la comprennent la plupart des républicains. […] Ainsi raisonnent les démocrates4, avec un très grand sens, si l’on se place à leur point de vue.

2428. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

C’est faire de même que de mettre la loi à la place d’un homme sage. […] Son passé légendaire auquel il ne faut, du reste, ajouter aucune créance, montre au moins qu’il a tenu une certaine place dans l’humanité. […] Je viens de montrer qu’à prendre ce nouveau biais, nous n’avons pas changé de place. […] Ainsi j’ai raison d’ordonner que notre âme ait la première place dans notre estime après les dieux et les êtres qui les suivent en dignité. […] Nous pouvons tellement l’accepter qu’elle nous brise ; nous pouvons la recevoir en réagissant contre elle de telle sorte qu’elle ne prenne de nous que les faubourgs et ne pénètre point dans la place forte.

2429. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Mais je dis presque de tout son cœur, parce que dans ce cœur de comte il reste une place pour l’ambition. […] Amy Robsart tient peu de place matérielle dans la pièce. […] Urbain Mengin ; mais c’est bien à sa place ici. […] J’en transcris ici quelques-uns, qui sont presque inédits, et qui auraient été à leur place dans le livre de M.  […] Pour une fois, donnons des places.

2430. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il est évident que dans un sujet où l’unité d’action, de temps et de lieu, est dans la nature des choses, il n’y a pas de place pour les hors-d’œuvre, pas un instant pour les tirades d’un acteur aimé du public, ni pour les oiseuses répliques d’un confident, ni pour ces monologues qui dissimulent le mauvais emploi du temps ; que, là où l’action marche, l’exécution ne languit pas ; que, là où chaque sentiment, chaque pensée est un pas vers l’événement, la langue ne dit rien qui ne soit nécessaire et ne faiblit pas. […] La place du chœur n’est pas au milieu des armes ; Salomith entraîne ses sœurs au plus profond du temple. […] Les confidents ne sont si froids que parce qu’on ne les emploie pas pour leur compte ; ils servent, soit à couper par des interruptions la longueur des monologues, soit à tenir la place de l’interlocuteur véritable qui n’arrive pas.

2431. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Il se plaît au beau langage, à la période savante, à la recherche, à l’ornement, et il n’est jamais plus heureux et plus fier que s’il rencontre un grand orateur, à la place même où il ne cherchait qu’un journaliste. […] À quoi peuvent servir les Belles-Lettres et comment voulez-vous que nous fassions une œuvre littéraire à l’heure où nous cherchons encore, les uns et les autres, le nouveau souverain qu’il nous faudra aimer pendant quatre années ; au bout de ces quatre années : — Vous avez été un bon et sage prince, dira la France reconnaissante, et c’est pourquoi nous vous prions de céder la place à un autre ! […] Cet Amour médecin tient donc peu de place dans la gloire et la popularité de Molière ; écoutez le poète, il vous dira lui-même « que ces sortes d’ouvrages se devraient montrer toujours avec les ornements qui les accompagnent chez le roi » ! […] Enfin au quatrième acte, il y avait encore entre Lauzun et madame de Montespan, la plus incroyable scène qui se puisse imaginer. — « Athénaïs, disait Lauzun à madame de Montespan : Maîtresse du roi, avez-vous demandé au roi la place que vous aviez désiré de me faire obtenir ? […] J’avoue très volontiers que cette suite de raisonnements, de proverbes, de choses vraies, de choses fausses, d’inductions naïves que Molière place dans la bouche de ce digne Sganarelle me conviennent moins que le monologue d’Hamlet, ce rêve d’un esprit éveillé, cette suite de conséquences logiques, ce grand : peut-être 29 !

2432. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Et j’espère que mon renoncement me vaudra une place à la droite du Seigneur. […] Si fait, puisque tes pratiques, tu l’avoues, ont pour but de t’assurer, avant tout, une place en paradis. […] Écarte-toi : cette nuit, il faut nous céder la place. […] Je crains, en effet, que vous n’obteniez pas la première place. […] Maître Phantasm retourne à sa place.

2433. (1914) Une année de critique

De jeunes écrivains, dont les ouvrages, parfois fort intéressants, parurent en 1912, n’ont pu, par suite, trouver dans ce tableau de l’année littéraire la place à laquelle ils avaient droit. […] Je sais aussi rester en place. […] Il savait pourtant que tous les hommes sont également nuisibles dès qu’ils agissent, et qu’ils n’évitent de répandre autour d’eux la douleur qu’en demeurant en place. […] Il s’élève ou meurt sur place. […] Félix et très nettement situé dans le temps, au lieu que l’aventure d’Adolphe eût pu se dérouler aussi bien trente ans avant, trente après l’époque où la place l’auteur.

2434. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Gustave Planche Victor Hugo dont le nom avait si rapidement grandi sous la Restauration, mais dont les Orientales avaient montré l’alliance malheureuse d’une habileté consommée et d’une pensée presque insaisissable, tant elle tenait peu de place dans les vers du poète, a répondu victorieusement à ce reproche, hélas ! […] Joséphin Soulary Vienne le jour néfaste où, trompant notre appel         Et l’espoir des aubes prochaines, Tu tomberas vaincu, sous le bras éternel         Qui brise tout, même les chênes ; Nous sacrerons le sol où tu seras frappé,         Et l’on te verra, mort splendide, Toi, si grand aujourd’hui par l’espace occupé,         Bien plus grand par ta place vide !

2435. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Mais c’est surtout par sa méthode que le père de la philosophie moderne tient une si grande place dans l’histoire de notre littérature. […] Descartes, qui place la raison si haut par rapport aux autres facultés de l’homme, l’avait trop rabaissée par rapport à Dieu.

2436. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Un jour, on entendit quelque bruit sur la place Saint-Sulpice : — Allons à la chapelle mourir tous ensemble, s’écria l’excellent M. ***, prompt à s’enflammer, -je n’en vois pas la nécessité, répondit M. ***, plus calme, plus prémuni contre les excès de zèle ; et l’on continua de se promener en groupe sous les porches de la cour. […] La nature m’apparaissait comme un ensemble où la création particulière n’a point de place, et où, par conséquent, tout se transforme 15.

2437. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

— et, en place du chef-d’œuvre de bonne chère que méditait ce grand homme, il lui commande je ne sais quelle ignoble goguette de cuisine bourgeoise, tout empêtrée d’épinards et de pommes de terre, — le menu du rat des champs substitué au banquet du rat de ville, — si bien que l’artiste offre sa démission des deux mains, et s’enfuit de cette maison diffamée, en se voilant la tête de son tablier. […] Ici se place une scène hardie et brûlante, comme un fer rouge qui mord une chair vive, une scène dont l’effet déjà grand serait centuplé si elle était énergiquement amenée.

2438. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Elles portent moins sur le comique lui-même que sur la place où il faut le chercher. […] — C’est un beau, gros, court, jeune vieillard, gris pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette et furète, et gronde et geint tout à la fois. » Entre ces scènes très grossières et ces suggestions très subtiles il y a place pour une multitude innombrable d’effets amusants, — tous ceux qu’on obtient en s’exprimant sur des personnes comme on le ferait sur de simples choses.

2439. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Lorsque Saragosse s’est rendue, il y avait sur la place et dans les rues dix mille morts ou mourants.

2440. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Aussi, sans viser à l’originalité dans la critique, et par la seule droiture de son goût, par l’incorruptible fidélité de ses affections comme de ses répugnances, il remplit parmi nous une place à part, il tient un coin qu’on ne prendra pas et qui n’est qu’à lui.

2441. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

La belle-sœur y consentit de bon cœur, et tout de suite nous nous fîmes apporter de bonnes verges entourées d’orties ; nous nous fîmes accompagner par une veuve qui était chez moi, parmi mes femmes, nommée Tatiana Jourievna, et nous entrâmes toutes les trois dans mon cabinet, où nous trouvâmes Léon Narichkine à la même place, chantant à gorge déployée sa chanson.

2442. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

L’enseignement de l’Université, qui est certainement plus régulier, plus solide, plus discipliné, a l’inconvénient d’être trop uniforme et de laisser trop peu de place au goût individuel soit du professeur, soit de l’élève.

2443. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Le genre donné, son ode est belle et devra tenir sa place, dans les cours de littérature, parmi les hymnes ou sonates sacrées : La foudre t’obéit comme un coursier docile ; Tu sais où va l’orage, et d’où vient l’aquilon ; Ton regard a scruté le granit et l’argile Jusque dans leur dernier filon.

2444. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Ses agents, en envahissant le ministère de la police, la préfecture de police, l’état-major de la place Vendôme, y trouvèrent du moins de l’incrédulité, des essais de résistance.

2445. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Puis, quand arrive par places l’idée du mythe, elle tranche nettement avec tout le détail enjoué de narration qui a précédé : on n’était pas suffisamment averti, rien n’avait transpiré ; cet ensemble ne s’annonçait pas environné d’assez de vapeur.

2446. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Dans ces diverses et confuses attaques dont la Revue a l’honneur d’être l’objet, et qui la feraient ressembler (Dieu me pardonne), si cela durait, à une place de sûreté assiégée par une jacquerie, les adversaires s’attachent à confondre les dates et à brouiller pêle-mêle les choses et les temps.

2447. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Les raffinements étranges et impurs que plus tard Théocrite et tant d’autres n’ont pas rougi de chanter, d’embellir, et qu’ils ont reportés en arrière en les imputant aux héros des vieux âges, n’ont de place ni de près ni de loin dans les mœurs homériques.

2448. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Neaulme, sur la place de la Cour, à La Haye.

2449. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

La démocratie qui appelle tous les hommes distingués à toutes les places éminentes, portait les esprits à s’occuper des événements publics.

2450. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Où est la dignité, si rien n’est à sa place ?

2451. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Mesurer, c’est mettre à la place d’une grandeur non définie une autre grandeur définie par rapport à l’unité.

2452. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il s’oubliait lui-même, il s’enfonçait si bien dans ses personnages fictifs, qu’il s’intéressait à eux, leur parlait, revenait à eux comme à d’anciens amis, leur donnait une place dans sa vie, s’effaçait devant eux, et mettait au jour de véritables êtres.

2453. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Pendant qu’il a l’air d’écouter, il a pris le point de départ ou l’a placé l’auteur, et il voyage pour son compte : quand vous avez fini, il vous dit le livre qu’il aurait fait à votre place, et c’est sa façon d’entendre la critique.

2454. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Donc ils produiront beaucoup plus quand ils auront conquis la place qui leur est due.

2455. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

« Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes : ils se promènent en longues robes ; ils portent de larges phylactères 979 ; ils ont de grandes bordures à leurs habits 980 ; ils aiment à avoir les premières places dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues, à être salués dans les rues et appelés « Maître. » Malheur à eux !

2456. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Bain donne la prééminence à la vue et même place l’ouïe au-dessus du toucher.

2457. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Ajoutons que, suivant les habitudes de l’école éclectique, ce Traité a donné à l’histoire des théories une place si ample, que la partie dogmatique s’en trouve singulièrement réduite.

2458. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Elle aurait dû naître à temps pour être de la Fronde ; elle y aurait pris place régulièrement après Mme de Chevreuse, Mme de Longueville et la Palatine, à côté de Mmes de Montbazon, de Châtillon et de Lesdiguières.

2459. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

C’est un homme sincère et modéré, qui a déjà livré plus d’un combat pour toute liberté et contre tout arbitraire, qui, en 1829, dans la dernière année de la restauration, a repoussé tout ce que le gouvernement d’alors lui offrait pour le dédommager de l’interdit lancé sur Marion de Lorme, et qui, un an plus tard, en 1830, la révolution de juillet étant faite, a refusé, malgré tous les conseils de son intérêt matériel, de laisser représenter cette même Marion de Lorme, tant qu’elle pourrait être une occasion d’attaque et d’insulte contre le roi tombé qui l’avait proscrite ; conduite bien simple sans doute, que tout homme d’honneur eut tenue à sa place, mais qui aurait peut-être dû le rendre inviolable désormais à toute censure, et à propos de laquelle il écrivait ceci en août 1831 : « Les succès de scandale cherché et d’allusions politiques ne lui sourient guère, il l’avoue.

2460. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Un jour, à Sainte Hélène, M. de Las Cases disait : Sire, puisque vous avez été maître de la Prusse, à votre place, j’aurais pris dans le tombeau de Potsdam, où elle est déposée, l’épée du grand Frédéric et je l’aurais portée. — Niais, répondit Napoléon, j’avais la mienne.

2461. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Il brigue une place parmi les poëtes François, comme parmi les historiens & les philosophes* Auguste, Adrien, &, si nous venons à nos princes, Thibault comte de Champagne & roi de Navarre, Charles d’Orléans, François I, la reine Marguerite & quantité d’autres, ont fait des vers.

2462. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Il veut que le christianisme s’arrange pour vivre au sein de cette société, sache s’y faire sa place, qu’il en accepte les conditions décidément et de bon cœur.

2463. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Il passe d’abord en Italie, & il en parcourt rapidement les places les plus commerçantes & les plus belles villes ; mais on le voit appliqué par-tout aux objets du commerce ou des arts, y donner sa principale attention, visiter les Manufactures, examiner les fabriques & les atteliers, & en dessiner les machines.

2464. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Sans doute, il ne dédaignera pas les renseignements de l’ethnographie (il n’est pas de faits qui puissent être dédaignés par le savant), mais il les mettra à leur vraie place.

2465. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Foncin, l’auteur des Géographies scolaires, d’aussi véridiques paroles : « Si nous voulons, nous, Français, conserver une place dans le monde et résister aux flots anglo-saxon, allemand, américain, russe, qui menacent de nous submerger, nous, notre commerce, notre industrie, notre agriculture, notre richesse, notre race, notre influence politique et intellectuelle, il faut, par un vigoureux effort, sortir de nous-mêmes…. »‌ 52.

2466. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Au contraire, proclamez bien haut que si l’on continue à croire vos adversaires, Dieu, la vérité, la morale publique sont en danger ; aussitôt l’auditoire dressera les oreilles ; les propriétaires s’inquiéteront pour leur bien, et les fonctionnaires pour leur place ; on regardera les philosophes dénoncés avec défiance ; par provision on ôtera leur livre des mains des enfants ; le père de famille ne laissera plus manier à son fils un poison probable.

2467. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Aujourd’hui, en Italie, la distinction des oraisons funèbres est réservée, comme dans le reste de l’Europe, à ceux qui ont eu des honneurs ou des places ; c’est un dernier hommage rendu au pouvoir.

2468. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

  Si nous ne donnons aux Égyptiens que la cinquième place dans cette table, nous ne profiterons pas moins de leurs antiquités.

2469. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Il est bien d’un siècle qui ne soupçonnait pas qu’on pût destituer l’Homme de la place royale qu’il s’était arrogée au centre de l’univers. […] Il faut qu’on lui rende sa juste place d’artiste merveilleux et de poëte secondaire.) […] Cette ressemblance, Obermann la trouve en lui et en conçoit cette fierté qui le place intérieurement auprès de l’homme tel qu’il serait. […] Je ne crois pas me tromper si je dis que, dans l’âme de ce Poëte, il n’y a de place que pour le Rêve de la Beauté. […] Il est rentré dans sa province campagnarde, mais il y est rentré psychologue et moraliste ; le gaz parisien aurait brûlé ces yeux au regard aigu et naïf… J’en passe quelques-uns ; faisons une place honorable à M. 

2470. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Je serai classique, non pas comme Bertin (car le classique change de place et de nom), mais comme… Troyon, par exemple. » Et il le fait comme il l’a dit. […] Qu’elle sauve de l’oubli les ruines pendantes, les livres, les estampes et les manuscrits que le temps dévore, les choses précieuses dont la forme va disparaître et qui demandent une place dans les archives de notre mémoire, elle sera remerciée et applaudie. […] Pour être bref, je suis obligé d’omettre une foule de corollaires résultant de la forme principale, où est, pour ainsi dire, contenu tout le formulaire de la véritable esthétique, et qui peut être exprimée ainsi : Tout l’univers visible n’est qu’un magasin d’images et de signes auxquels l’imagination donnera une place et une valeur relative ; c’est une espèce de pâture que l’imagination doit digérer et transformer. […] Vous traversez une grande ville vieillie dans la civilisation, une de celles qui contiennent les archives les plus importantes de la vie universelle, et vos yeux sont tirés en haut, sursùm, ad sidera  ; car sur les places publiques, aux angles des carrefours, des personnages immobiles, plus grands que ceux qui passent à leurs pieds, vous racontent dans un langage muet les pompeuses légendes de la gloire, de la guerre, de la science et du martyre.

2471. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Il l’aime plus que l’amant sa maîtresse ; allons plus loin, plus que la maîtresse son amant ; allons plus loin, plus que l’ambitieux les places, dépassons tout, plus que l’avare son or. […] Il y eut haro sur les représentants du peuple qui sollicitaient ou acceptaient des places du pouvoir exécutif. […] Il était fait pour le Sénat du Consulat et de l’Empire où il trouva sa place véritable. […] Mais il avait été, en somme, très bon journaliste pendant deux mois, et ces deux mois doivent retrouver dans sa biographie la place qu’ils n’y avaient point. […] Une révolution est l’explosion d’un besoin ; une évolution est un besoin qui se fait sa place et s’impose par pression plus lente.

2472. (1923) Au service de la déesse

Charpentier, place du Chevalier-du-Guet, un peu de temps après le décès de ce savant homme, qui fut mené aux Cordeliers le 5 mai 1702. […] Or, un jour, M. l’abbé Boscheron, l’auteur des Nouvelles littéraires et l’ami du défunt, se présente au logis de la place dite du Chevalier-du-Guet. […] Aux deux extrémités d’une feuille de drosera, il place un morceau de viande à demi-rôtie et un morceau de gélatine. […] Il répond, oui ; car il a trouvé que chaque détail était à sa place. […] Il est l’effet d’une intolérance, l’impossibilité de rester à la même place, d’être là, de subsister.

2473. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

L’homme a tenu sa place dans son siècle : poésie, romans, voyages, journalisme, tout ce qu’il a touché, il l’a marqué d’un extraordinaire éclat. […] Et peut-être l’espèce d’hésitation du monde lettré à accorder à Balzac la place due à l’immense grand homme, vient-elle de ce qu’il n’est point un écrivain qui ait un style personnel183. […] Le beau, comme la religion, comme la morale, comme la justice, comme toutes les idées, n’a ni son origine ni sa place dans l’ordre de la nature, et il n’existe que par une conception du génie humain pour répondre à certaines exigences de notre activité sensitive et intellectuelle. […] Mais encore pourquoi ce mot, en qui réside une si merveilleuse puissance de suggestion, sera-t-il le dernier du vers, celui qui, par le son et l’orthographe, concorde avec un ou plusieurs vocables disposés également en des places précises selon les règles fixes de la loi prosodique ? […] Il y a évidemment dans son assez lourd bagage un court volume à extraire, une sorte d’anthologie de ce qu’il a publié de plus parfait, et elle suffirait à lui marquer sa place entre les maîtres de notre époque.

2474. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Triste vie et précaire, comme devant une bête de proie ; les Frisons, dans leurs lois antiques, parlent déjà de la ligue qu’ils ont fait ensemble contre « le féroce Océan. » Même pendant le calme, cette mer reste inclémente. « Devant les yeux s’étale le grand désert des eaux ; au-dessus voguent les nuées, ces grises et informes filles de l’air, qui de la mer avec leurs seaux de brouillards, puisent l’eau, la traînent à grand’peine, et la laissent retomber dans la mer, besogne triste, inutile et fastidieuse10. » « À plat ventre étendu, l’informe vent du nord, comme un vieillard grognon, babille d’une voix gémissante et mystérieuse, et raconte de folles histoires. » Pluie, vent et houle, il n’y a de place ici que pour les pensées sinistres ou mélancoliques. […] Cette année apparut une comète en août, et elle brilla chaque matin pendant trois mois, comme un rayon de soleil. —  L’évêque Wilfrid ayant été chassé de son évêché par le roi Everth, deux évêques furent consacrés à sa place. […] C’est la bête humaine alors qui est maîtresse ; l’esprit ne peut trouver sa place parmi les révoltes et les appétits du sang, de l’estomac et des muscles.

2475. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Le malheureux valet de chambre s’agita, mais sans changer de place, tordit machinalement entre ses doigts la serviette qu’il tenait, et ne souffla pas un mot. […] On étend un tapis sur la téléga, et on place sous vos pieds une boîte renfermant le samovar. […] Place d’honneur dans les maisons de paysan.

2476. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Je l’appelle une protestation ; car, en effet, l’Éternel féminin dont Gœthe a parlé, chassé du vieil Olympe avec tous les types artistiques qu’il entraînait à sa suite, Pénélope, Antigone et tant d’autres, y retrouve en elle sa place et s’y assied définitivement, grâce au merveilleux instinct des races gréco-latines. […] Entre le grand prêtre qui sacrifie au maître-autel et l’orateur sacré dont l’éloquence véhémente alterne avec les plaintes majestueuses de l’orgue, il y a place, au fond du chœur réservé, pour la voix solitaire qui chante l’hymne mystique. […] Cette ardeur indécente et ridicule de prosélytisme moral, propre aux vertueuses générations parmi lesquelles la nôtre tient assurément la première place, non moins que cette étrange manie d’affubler de mauvaises rimes les découvertes industrielles modernes, sont des signes flagrants que le sens du beau, si profondément altéré déjà, tend à disparaître absolument.

2477. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

En vertu de la théorie des idées-forces, de même qu’il n’y a jamais sensation, idée, hallucination sans un mouvement correspondant, de même il n’y a jamais abolition d’une sensation ou d’une idée, jamais d’« anesthésie » ou d’« amnésie », sans une suppression ou une modification des mouvements immédiatement liés à cette sensation ou à cette idée : si j’ai oublié le nom ou la place d’un objet, je ne puis pas prononcer ce nom, ni faire le mouvement convenable pour prendre l’objet à sa place. […] Pierre Janet ne savait pas lui-même exactement où son frère avait voulu se brûler : c’était bien à cette place-là.

2478. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Mais le xviie  siècle, en constituant le français de Louis XIV et de Versailles, qui était aussi pour le fond, disons-le à sa gloire, celui des halles et de la place Maubert, rejeta hors de sa sphère active et lumineuse le français de la Suisse réformée, lequel s’isola, se cantonna de plus en plus dans son bassin du Léman, et continua ou acheva de s’y fractionner. […] Ce fut l’origine d’une série d’opuscules intitulés Réflexions et menus propos d’un peintre genevois, qui trouvèrent place, au moins en partie, dans la Bibliothèque universelle de Genève.

2479. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Un mot de plus du pauvre enfant, et il était assommé sur place. […] Sans qu’il fût besoin d’aucune explication désormais, toute cette foule, comme par une sorte de révélation électrique, comprit tout de suite et d’un seul coup d’œil cette simple et magnifique histoire d’un homme qui se livrait pour qu’un autre homme ne fût pas condamné à sa place.

2480. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Il songea d’abord à visiter les nations et à étudier sur place leurs mœurs et leurs lois. […] Le débiteur qui parut sur la place, couvert de plaies, fit changer la forme de la république.

2481. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Pour nous rendre cette première vue saisissante, mais sommaire, ce premier éblouissement d’un tableau réel, ils commencent donc, instinctivement, par en abstraire les teintes, les lignes, les mouvements ; et comme ils veulent leur donner dans la phrase la place d’honneur et les faire saillir uniquement, ils ne les expriment point par des adjectifs, qui seraient toujours subordonnés à un nom, mais par des substantifs nécessairement abstraits. […] Je dois pourtant avertir que l’excentricité de ces locutions choquerait moins si on les rencontrait dans le texte, à leur place, surtout si on lisait tout un livre écrit dans ce goût (à moins qu’au contraire l’exaspération n’aille croissant).

2482. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Il allait travellant et chevauchant, querant de tous côtés nouvelles », souvent appelé par les princes ou les barons, qui lui demandaient une place dans ses chroniques, écrivant leurs prouesses presque sous leur dictée, et risquant fort d’exagérer ; car je n’imagine pas que les chevaliers du moyen âge parlassent de leurs exploits plus sobrement que les gens de guerre d’aujourd’hui. […] Il n’y a pas place pour la critique là où il n’y a pas un historien qui recherche à la fois le vraisemblable et le vrai ; qui non-seulement raconte les événements, mais qui les explique ; qui pénètre les causes et prévoit les effets ; qui raisonne sur les intérêts des peuples, sur les caractères sur les mœurs ; qui discerne le bien du mal, et qui approuve ou blâme ; qui, pour tout dire, sent en homme de cœur, examine en philosophe et décidé en juge.

2483. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Les mouvements en étaient si impétueux que sa sœur Euphémie, parlant de son humeur bouillante, dit « qu’il paraît clairement que ce n’est plus son esprit naturel qui agit en lui. » Il lui arriva de quitter la science et la philosophie, d’éteindre en lui toute curiosité des choses de la nature, avant d’avoir fait choix de ce qu’il devait mettre à leur place. […] Pour la méthode, qui consiste à proportionner chaque lettre au sujet, à en disposer les parties dans l’ordre le plus naturel, à n’y faire entrer que les détails qui s’y rapportent, à faire valoir chacun par la place qu’il occupe, à approprier, en un mot, l’écrit au lecteur, aucun ouvrage ne surpasse les Provinciales.

2484. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Cette théorie, loin de supprimer la liberté d’indifférence, n’en est qu’une aggravation, puisqu’elle la transporte dans le domaine de l’intelligence même, c’est-à-dire là où elle est le moins à sa place. […] En ce sens, chacun des contraires choisis doit laisser place, autant que faire se peut, à la possibilité du contraire : c’est ce qu’on exprime par le nom de contingence.

2485. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Daudet dit, que c’est une persécution chez lui, un empoisonnement de la vie, et qu’il n’est jamais entré dans un appartement nouveau, sans que ses yeux n’y cherchent la place et le jeu de son cercueil. […] Oui, huit mois pendant lesquels il faut soulever tout un monde… puis au bout de cela, ne pas savoir, si ça y est ou si ça n’y est pas… Ne pas le savoir pendant bien longtemps… car il faut cinq ou six ans, pour avoir la certitude que le volume sorti de vous, prend décidément sa place dans votre œuvre. » Mercredi 19 avril Ce soir, au fumoir de la princesse, Augier raconte ceci : Il se trouvait à l’Académie, à côté de Villemain, son ennemi personnel.

2486. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Le chemin très-étroit qui conduisait à son presbytère se rétrécissait encore en approchant, entre les vergers et les chènevières du village ; il laissait à peine place au poitrail de mon cheval. […] Là, un matelas, recouvert de couvertures étendues irrégulièrement aussi sur une litière mal aplanie de volumes, servait de lit à M. de Valmont ; des livres amoncelés en forme de traversin lui servaient à relever sa tête comme un oreiller ; d’autres volumes marquaient la place des pieds par un bourrelet de livres qui encadraient cette couche.

2487. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Je dirai plus ; j’ai toujours été convaincu que le changement de place, la diversité d’horizon ici-bas, la possession d’une certaine proportion d’espace matériel, la locomotion, en un mot, était non seulement une condition de grandeur dans l’imagination et dans l’âme, mais aussi une condition de justesse dans l’esprit de l’homme. J’ai éprouvé mille fois, par moi-même, que, si je ne changeais pas de place, de résidence, d’horizon, je ne changeais pas d’idées ; que ces idées, toujours les mêmes par suite de la monotonie du même milieu dans lequel elles ont été conçues, finissaient par se pétrifier ou par croupir, et qu’en croupissant dans l’âme elles finissaient enfin par s’altérer et par se fausser.

2488. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Mais si chaque espèce s’efforce constamment de croître en nombre, si la sélection naturelle est lentement prête à agir pour adapter ses descendants lentement variables ajoute place qui dans la nature est inoccupée ou incomplétement remplie, de tels faits cessent d’être étranges et même ils auraient pu être prévus. […] À mesure que les races se sont fixées et perfectionnées, leur nombre a diminué, en même temps que chacune d’elles voyait se multiplier ses représentants : c’est-à-dire que la postérité croissante d’un certain nombre de souches primitives devait successivement prendre la place des races qui succombaient dans la concurrence universelle, par suite d’une infériorité relative d’organisation.

2489. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Sénac, averti, profita des remarques, et en même temps il s’empressa d’informer Lieutaud qu’il avait obtenu pour lui la place de médecin à l’infirmerie royale à Versailles.

2490. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Outre cela, Sa Majesté donnera les places de religieuses de chœur dans tout le royaume aux filles de cette maison-là qui voudront se mettre dans des couvents.

2491. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

L’opulence de sa maison est pour la grande place qu’il remplit et pour des bienséances d’état ; ce sont des dehors qui l’environnent ; mais, dans sa personne, tout est simple et modeste comme auparavant ; ses manières même et ses discours sont, comme autrefois, pleins d’affabilité ; c’est, en effet, la même personne que j’ai eu l’honneur de pratiquer à Germigny, il y a dix-sept ou dix-huit ans et plus… Jugez si je suis content de mon voyage !

2492. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

En fait, la condition de l’homme de lettres a changé ; le nombre est de plus en plus grand de ceux qui, ne pouvant s’assujettir à ce qui fait l’objet de la plupart des ambitions, à ce qu’on appelle une place, sont prêts à se confier tout entiers, eux et les leurs, à leur plume, à leur plume seule.

2493. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il risque la tirade, il la pousse et la place où il le peut. — Ô Nil, que l’on a bien fait pour ta plus grande gloire d’ignorer longtemps tes sources !

2494. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

De ma place, je voyais le dos des joueurs inclinés vers les tables où brillaient doucement, enfermées sous les abat-jour, les bougies enfoncées dans de lourds flambeaux d’argent ; j’entendais le bruit des jetons de nacre et le murmure des mots couverts que les partenaires échangeaient entre eux.

2495. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

L’homme, il faut le savoir, peut s’élever très haut par la culture, par l’effet continu et sans cesse agissant de la civilisation ; mais, en fait, le point de départ, dans quelque doctrine qu’on se place, et que l’on se reporte au dogme mystérieux de la Chute, ou que l’on se tienne à l’observation naturelle directe, le point de départ a été très bas et infime.

2496. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Veuillot a dit qu’une citation de Voltaire « se place tout naturellement dans la bouche des sots. » — Et puis, je plaisante ; car, lui-même, dans les courts instants où il n’a voulu être que littérateur, je l’ai trouvé, pour mon compte, très-indulgent.

2497. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Venons-en à ce qui est nouveau, aux endroits inédits, l’ai prévenu qu’en générales sont moins brillants et moins à découper qu’à reconnaître sur place et à rejoindre en leur lieu : ce sont des suites, des liaisons, des fils déplus dans la trame plutôt que des morceaux.

2498. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

et combien il gagnerait à laisser voir, çà et là, sur un front plus nu, quelques places dépouillées ou éclaircies, quelques traces gravées qui ne sont pas encore des ravages !

2499. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

L’archevêque, à la place d’honneur, parlait, pérorait sans tarir, buvait sec et mangeait gras (c’était un vendredi).

2500. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Je vous place avec ma famille… « Savez-vous que vous me faites tristement commencer l’année par votre silence ; pas un mot, pas un signe de vie.

2501. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Dans une analyse sincère de ce célèbre Discours de Bossuet, on est aujourd’hui entre deux écueils : ou bien l’on entre absolument dans la vue de l’auteur, on se place à son point de perspective historique surnaturelle, on y abonde avec lui, et l’on choque alors l’esprit de bon sens qui prévaut généralement dans l’histoire et qui a cause gagnée chez la plupart des lecteurs ; ou bien l’on résiste, au nom de ce bon sens, on s’arrête à chaque pas pour relever les hardiesses de crédulité, les intrépidités d’assertion sortant et se succédant d’un air de satisfaction et de triomphe, on se prend à discuter cette série d’explications miraculeuses acceptées sur parole, imposées avec autorité, avec pompe, et l’on se met par là en dehors du plan de l’auteur et des conditions du monument.

2502. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Dans ce laps de temps, les fortifications d’Alexandrie seraient achevées ; cette ville serait une des plus fortes places de l’Europe ; … l’arsenal de construction maritime serait terminé ; par le moyen du canal de Rahmaniéh, le Nil arriverait toute l’année dans le port vieux, et permettrait la navigation aux plus grandes djermes ; tout le commerce de Rosette et presque tout celui de Damiette y seraient concentrés, ainsi que tous les établissements civils et militaires ; Alexandrie serait déjà une ville riche ; l’eau du Nil, répandue autour d’elle, fertiliserait un grand nombre de campagnes, ce serait à la fois un séjour agréable, sain et sûr ; la communication entre les deux mers serait ouverte ; les chantiers de Suez seraient établis ; les fortifications protégeraient la ville et le port ; des irrigations du canal et de vastes citernes fourniraient des eaux pour cultiver les environs de la ville… Les denrées coloniales, le sucre, le coton, le riz, l’indigo, couvriraient toute la Haute-Égypte et remplaceraient les produits de Saint-Domingue. » Puis, de dix années de domination il passe à cinquante ; l’horizon s’est étendu ; l’imagination du guerrier civilisateur a pris son essor, et les réalités grandioses achèvent de se dessiner, de se lever à ses yeux de toutes parts : « Mais que serait ce beau pays, après cinquante ans de prospérité et de bon gouvernement ?

2503. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Cet article et le suivant ont été reproduits dans l’Appendice du tome VI de mon Port-Royal (dernière édition) ; mais, composés primitivement et détachés pour l’usage de tous mes lecteurs du lundi, je crois devoir les insérer ici comme à leur place naturelle.

2504. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

La Bruyerre, se piquant d’honneur, répondit sur tous les points avec tant de franchise et de promptitude, que le prince non seulement le fit remettre en liberté, mais lui donna une place de garde de ses chasses, comme pour vérifier en sa personne le dicton : « Il n’est si bon garde qu’un vieux braconnier. » Il en résulta un volume intitulé : les Ruses du Braconnage, mises à découvert par L.

2505. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Le lecteur trouvera tous ces exposants à leur place.

2506. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Il mêle tous ces emprunts dans le courant limpide de son style, et les plus vertes expressions, les plus triviales, et qui sentent la canaille ou l’écurie, n’étonnent ni ne détonnent chez lui, tant elles sont à leur place, et justes, naturelles, nécessaires.

2507. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

En deux mots, le romantisme nous fait repasser de l’abstraction à la poésie, et, quoiqu’il ait pu sembler d’abord faciliter l’invention aux dépens de l’art, il ramène l’art à la place du mécanisme.

2508. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Loret, dans La Muse historique, raconte ou invente, sous la date du 14 février 1654, l’anecdote suivante dont le docteur Lolli et le Pantalon Turi sont les héros : Baloardo, comédien, Lequel encor qu’Italien N’est qu’un auteur mélancolique, L’autre jour, en place publique, Vivement attaquer osa Le Pantalon Bisognoza, Qui pour repousser l’incartade, Mit soudain la main à l’espade, Et se chatouillèrent longtemps Devant quantité d’assistants ; Qui, croyant leur combat tragique N’être que fiction comique, Laissèrent leurs grands coups tirer Sans nullement les séparer.

2509. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Il craignit pour sa place.

2510. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Nous tournons la tête à droite et à gauche ; nous remuons notre corps et notre perception varie ; nous arrivons ainsi à distinguer les choses que nos mouvements font changer de place, des idées ou rêves qui varient d’eux-mêmes, quand nous sommes au repos.

2511. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

On sait ce premier mot qui lui échappa lorsque, n’étant que Dauphine, on blâmait devant elle une femme qui, pour obtenir le pardon de son fils compromis dans un duel, s’était adressée à Mme Du Barry elle-même : « À sa place, j’en aurais fait autant, et s’il l’avait fallu, je me serais jetée même aux pieds de Zamore » (le petit nègre de Mme Du Barry).

2512. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Et comment se peut-il mettre dans l’esprit que l’on conquière à force d’armes la première place dans les Conseils du roi ?

2513. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Ainsi, sur les bords du Tibre, la triste sœur de Didon, qui avait reçu les honneurs d’un petit temple, dans le lieu où elle était venue mourir, en racontant les premières douleurs de Carthage, avait cédé la place à la vierge secourable aux nautoniers.

2514. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Stapfer se place seule entre les quelques détails trop succincts donnés par Walter Scott, lequel inventait mieux une vie qu’il n’en écrivait une, et les injures sanglantes et superficielles de Lord Byron.

2515. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

C’est dire que l’explication sociologique reprend sa place à côté de l’explication purement idéologique.

2516. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Nous rejetons donc tous les systèmes qui nient ou affaiblissent la certitude, et mettent à la place le doute ou la probabilité.

2517. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Ces inscriptions n’eurent pas lieu : je parle de celle de la place Vendôme, où il est dit, par exemple, que Louis XIV ne fit la guerre que malgré lui.

2518. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Toi, de ton char redouté lu ébranleras l’Olympe ; toi, sur les bois sacrés qu’on profane tu lanceras les foudres vengeurs. » Cette seconde place, que tout à l’heure le poëte n’admettait pas dans le ciel après le dieu suprême, il la réserve pour Auguste ; et il la lui donne sur terre, au nom des glorieux souvenirs de Rome, dont il l’entoure.

2519. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Avant d’assigner aux œuvres leur place dans l’histoire du développement des idées ou des formes littéraires, il n’est peut-être pas superflu de s’assurer que ces œuvres « existent », d’en expliquer et d’en démontrer, s’il se peut, l’excellence ; et ainsi le bon professeur de rhétorique prépare modestement les voies au critique transcendant. […] s’écrie le pasteur Vinet, quel fantôme vous élevez à la place du catholicisme ? […] Ou plutôt écoutez-le : il parle fort bien, avec une éloquence âpre, ardente, impérieuse, une éloquence d’outre-tombe déjà, qui remet joliment les choses en place et en rétablit, avec certitude, la vraie perspective. […] Et donc, en faisant la suprême barbarie industrielle et chimiste contemporaine de la barbarie originelle, à laquelle il l’estime même fort inférieure, Lamartine, par un trait de génie, l’a remise à sa vraie place. […] L’idée même qu’il avait de la poésie, ou plus exactement, de la place que la production de la poésie écrite peut tenir et doit accepter dans une existence normale, est d’un homme qui sentait bouillonner en lui toutes les énergies et qui prétendait vivre tout entier.

2520. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Parmi les connaissances nombreuses que le physiologiste doit posséder, l’anatomie se place sans contredit au premier rang. […] La véritable place de l’anatomie est dans l’explication à posteriori des phénomènes découverts par l’expérimentation physiologique. […] Si l’on place des tubes de façon à recueillir la salive parotidienne des deux côtés, et qu’on donne à manger à l’animal, on voit que la salivation parotidienne est constamment plus forte du côté sur lequel se fait la mastication, pour y devenir plus faible lorsque l’inverse a lieu. […] Au milieu de ce tube est une ouverture latérale qu’on place vis-à-vis le bout parotidien du conduit divisé. […] Il rentre, s’assied, place une cuvette entre ses jambes, baisse la tête et laisse écouler de sa bouche ouverte la salive qui se sécrète en même temps qu’il pense à des choses agréables et particulièrement à des mets qu’il aime beaucoup.

2521. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

D’abord quand on cherche à pénétrer les phénomènes de la vie, on a toujours l’habitude de se tenir à un point de vue ou anatomique, ou chimique, ou physique, et l’on ne se place pas assez au point de vue du phénomène vital, qu’il faut cependant surtout considérer quand on veut faire de la physiologie. […] Il résulte donc de tout ce qui précède que la présence du sucre dans le foie est un fait général existant dans toute la série animale, et que la fonction qui produit cette substance appartient à toutes les espèces, quelle que soit leur place dans la série. […] Quand on veut pénétrer dans la veine cave, on y place d’abord une ligature pour empêcher le sang de la tête de redescendre, ensuite on fait une incision au-dessous de cette ligature, en ayant soin de comprimer la veine pour empêcher l’entrée de l’air dans le cœur. […] Car on sait que, si l’on place dans l’eau salée un bout de nerf de grenouille, récemment tuée, tenant encore à son membre, on voit immédiatement les muscles pris de mouvements tétaniques. […] Sur la même question on peut répondre oui ou non, et paraître avoir raison des deux côtés, quand on se place à des points de vue différents et incomplets.

2522. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Ce soir, je causais avec Carrière, et comme il me parlait de l’importance de l’enveloppe des contours d’une figure, à ce propos je lui disais la place donnée à la beauté des joues dans les descriptions de l’antiquité, et dans le modelage de caresse de la sculpture grecque, puis du rien, pour lequel elle est comptée aujourd’hui dans nos deux arts. […] Il affirmait que Baudelaire était un sublimé de Musset, mais faisant mal les vers, n’ayant pas l’outil du poète ; il ajoutait qu’en prose, il était un prosateur difficile, laborieux, sans ampleur, sans flots, que l’auteur impeccable n’avait pas la plus petite chose de l’auteur impeccable, — mais ce qu’il possédait, ce Baudelaire, au plus haut degré, et ce qui le faisait digne de la place qu’il occupait : c’était la richesse des idées. […] Me trouvant sur la place Saint-Germain-l’Auxerrois, je songeais tout à coup à la fraîcheur de la salle du rez-de-chaussée du Louvre, en face de moi, à ces catacombes de la vieille Égypte pharaonique.

2523. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Cependant comme il y a beaucoup de choses qui ne se trouvent point ailleurs, ce livre mérite une place dans les Bibliothèques. […] Aucune de ces guerres jusqu’à celle de Pyrrhus, ne mériteroit de place dans l’histoire, si elles n’avoient été le prélude de ses grandes conquêtes. […] Ils sont du Président de la Place, qui fut tué à la St.

2524. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

C’était là ma place. […] » La brèche franchie, et une fois dans la place, sur un léger signe du commandant Bedeau, il s’enfonce avec son peloton dans une petite rue de la ville où il y a une barricade à enlever ; puis c’est une autre rue qu’il faut prendre maison par maison ; chaque nouvel assaut lui réussit ; pas même une blessure.

2525. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — On voit par tous ces exemples que les caractères généraux sont non seulement les habitants les plus répandus, mais encore les acteurs les plus importants de la nature ; outre la plus large place, ils ont sur la scène de l’être le premier rôle et la plus décisive action. […] Car, plus les points de ressemblance sont rares, plus la classe contient d’individus ; plus elle contient d’individus, plus le caractère auquel correspond l’idée, c’est-à-dire le nom, est général et abstrait ; plus ce caractère est général et abstrait, plus il occupe de place et relie d’individus dans la nature. — Découvrir des rapports entre des objets très éloignés, démêler des analogies très délicates, constater des traits communs entre des choses très dissemblables, former des idées très générales, isoler des qualités très abstraites, toutes ces expressions sont équivalentes, et toutes ces opérations se ramènent à l’évocation du même nom par des perceptions ou représentations dont les ressemblances sont très minces, à l’éveil du signe par un stimulant presque imperceptible, à la comparution mentale du mot sous un minimum d’appel.

2526. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

VI « Angélique rencontre un pasteur parcourant à cheval le bocage à la recherche d’une jeune cavale qui s’était échappée déjà depuis deux jours de l’enceinte où elle était parquée avec le troupeau ; elle emmène avec elle le berger à la place où Médor, perdant toute sa vigueur avec le sang qui coulait de sa poitrine, en teignait l’herbe à l’entour et paraissait prêt à défaillir pour toujours. […] Ignorant que ce captif délivré par lui soit un rival, mais témoin de ses exploits incomparables dans la bataille contre les Grecs, Léon, aussi modeste qu’il est amoureux, propose à Roger de prendre son casque, sa cuirasse, son cheval, et de combattre à sa place contre Bradamante.

2527. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

À l’époque de l’invasion de l’Italie par les barbares, les manuscrits qui contenaient la richesse intellectuelle de tant de siècles tombèrent dans le mépris de conquérants qui ne savaient ni parler ni lire ; et, quand le christianisme vint prendre la place des superstitions et des philosophies antiques, les moines qui recueillirent ces manuscrits se servirent de ces pages pour écrire des ouvrages chrétiens. […] « Mais, comme nous nous sommes assez promenés, et que d’ailleurs vous allez commencer quelque chose de nouveau, voulez-vous que nous changions de place, et que dans l’île qui est sur le Tibrène, car c’est, je pense, le nom de cette autre rivière, nous allions nous asseoir pour nous occuper du reste de la discussion ?

2528. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Les mœurs romanesques de la comédie d’intrigue cèdent la place aux mœurs véritables de la nation et du temps, qui sont la couleur locale de la comédie. […] En outre, comme la convention tient plus de place dans la tragédie que dans la comédie, le public se croit le droit d’y demander plus de changements.

2529. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

L’espace alentour s’étendra dans un mutisme solennel, et se tairont toutes luttes, toutes ambitions ; l’esprit respirera un air serein ; et l’on verra la place unique parmi l’univers ou l’univers s’effacerait. […] Jules Pasdeloup et Edouard Colonne trafiquaient avec moi d’une place en leurs salles contre les soixante-quinze centimes ou le franc que je leur offrais ; Berlioz eut mon culte, l’opéra italien mes mépris, mes invectives ; je commençais ouïr de belles pages de Wagner, et j’y applaudissais, bruyamment, comme d’autres y sifflaient.

2530. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Le pauvre diable, l’aurait-on cru, avait 650 000 francs de dettes, et pendant qu’il mourait, la rue s’emplissait de paysans des environs, auxquels il avait emprunté de petites sommes, ainsi qu’il en avait emprunté au commis de librairie Lecuyr, au relieur Petit, aux boutiquiers de la place Saint-Marc, quand il habitait Venise. […] Sa place n’est pas là, il me semble… Et dans le triste recueillement, je revoyais le cher garçon, avec sa bonne figure, ses yeux limpides d’enfant s’allumant de passion, quand on parlait d’individus ou de choses qu’il n’aimait pas : une nature un peu grosse d’apparence, mais avec des délicatesses, et des tendresses curieuses en dessous, — et un lettré apportant à ses amis des lettres tout son dévouement, et sans réserve et sans restriction aucune.

2531. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Place ta confiance en ma seule raison !  […] Nous sommes dans ces environs de Paris où, pendant les beaux jours, on transporte les scènes et la vie factice de l’opéra-comique ; le convenu social, sous toutes ses formes, tient une large place dans l’existence parisienne.Il est juste, d’ailleurs, d’ajouter que Coppée ne s’est pas contenté, dans la vie sociale comme au théâtre, de regarder le devant de la scène, les dehors uniquement.

2532. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Elle montait vite entre les branches des peupliers qui la cachaient de place en place comme un rideau noir, troué.

2533. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

J’oubliais Démosthène que l’ordre des temps place après Xénophon. […] Mais surtout Du choix et de la place des mots, par Denys d’Halicarnasse77, ouvrage profond.

2534. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Royer-Collard ne le lui pardonna jamais ; plus de vingt ans après, il montrait Jouffroy recevant sa réprimande, « assis là, à cette place que vous voyez », et il rappelait les larmes qu’il lui avait fait verser.

2535. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Il s’agit d’entrer dans la place de côté, sans faire trop de violence et sans épouvanter l’ennemi.

2536. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Si vous vouliez octroyer que mon fils demeurât dans le pays en ma place pour le garder et gouverner, je prendrais maintenant la croix et irais avec vous vivre ou mourir, selon ce que Dieu m’aura destiné. » À ces nobles paroles du vieillard un grand cri s’éleva et l’acclamation publique répondit.

2537. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Souvenez-vous-en bien, et n’allez plus gronder contre les gens qui me gardent comme une relique. » Fénelon n’entra donc jamais très avant ni d’une manière parfaitement suivie dans la direction de Mme de Grammont ; ses conseils tournent dans un même cercle et ne se renouvellent que par l’agrément d’expression qu’il y met : « Surtout, madame, sauvez votre matin, et défendez-le comme on défend une place assiégée.

2538. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Le président Jeannin, à la tête des finances, était peut-être moins à sa place que dans une négociation ; quelques-uns ont paru en juger ainsi.

2539. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Doué des dons naturels de la personne, de la physionomie et de la figure, de la séduction de l’organe et de l’agrément de la parole, il brilla au premier rang comme professeur et comme orateur académique ; à ce dernier titre, il a sa place encore aujourd’hui parmi ceux qui, tout en les louant, ont su peindre les hommes.

2540. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Bailly a beau faire, on ne peut se détacher de l’esprit de son tempsk : il rêve et place un xviiie  siècle idéal à l’origine des choses, il en fait sa mesure de jugement, et là où il ne le retrouve plus, il dit qu’il y a eu décadence.

2541. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Dorat a accordé une place honorable dans son journal du mois d’octobre dernier, également reconnaissant de ses éloges et de ses critiques, s’empresse à lui adresser quelques pièces fugitives qu’il soumet à sa censure.

2542. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

On l’aimait parce qu’il ne lui échappait jamais rien contre personne ; qu’il était doux, complaisant, sûr dans le commerce, fort honnête homme, obligeant, honorable ; mais d’ailleurs si plat, si fade, si grand admirateur de riens, pourvu que ces riens tinssent au roi, ou aux gens en place ou en faveur ; si bas adulateur des mêmes, et, depuis qu’il s’éleva, si bouffi d’orgueil et de fadaises, sans toutefois manquer à personne, ni être moins bas, si occupé de faire entendre et valoir ses prétendues distinctions, qu’on ne pouvait s’empêcher d’en rire.

2543. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

J’aurais encore beaucoup de choses à dire, mais le papier s’accourcit, et il faut que j’y garde place pour vous assurer du ressentiment que Mme de Rambouillet a eu, etc., etc.

2544. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Sire, et j’ose dire votre gloire, ne vous permettent pas de prolonger davantage l’ignominieuse agonie d’un frère sur le trône d’Espagne, exposé, dans un lieu si élevé, aux risées de vos ennemis et à la déconsidération de ses amis… Toute entrave qui nuirait au but que doit se proposer tout prince honnête homme me rend la place que j’occupe insoutenable.

2545. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Necker s’avance ; on m’a dit qu’il désirait succéder au chevalier de Chastellux, et si cela est, il est sûr d’obtenir. » II s’agissait d’une place à l’Académie ; M. 

2546. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Ici je me récuse ; je demande à ne pas entrer dans ces guerres de méthode, dans ces dissections délicates qui pénètrent jusqu’au vif, et à rappeler simplement que, à quelque point de vue qu’on se place pour le juger, M. 

2547. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Il voyait le monde, les ballets, cérémonies, entrées solennelles, à une très bonne place et d’une fenêtre très commode.

2548. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Le noble vieillard était flatté de se voir si compris et si adoré par une femme d’esprit et de vertu, qui avait encore des restes de beauté, et dont le mari, ne l’oublions point (car Buffon était sensible à ces choses), tenait une si grande place dans l’État : « Mon âme, lui écrivait-il galamment, prend des forces par la lecture de vos lettres sublimes, charmantes, et toutes les fois que je me rappelle votre image, mon adorable amie, le noir sombre se change en un bel incarnat. » Il a le cœur en presse, dit-il, la veille du jour où il doit l’aller voir ; mais s’il l’attend chez lui, elle, en visite, à Montbard, que sera-ce ?

2549. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

ou : Place à l’ancien !

2550. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Cet Hannon est hideux à voir et grotesque ; il est couvert par tout le corps d’une lèpre pâle, d’une sorte d’éléphantiasis ; lui, son appareil et son cortège, sont décrits de point en point : sa maladie surtout tient une grande place.

2551. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Musset nous présageait, à vingt ans de là, cet autre enfant charmant et cruel qui devait aller sur place observer et étudier la Grèce, qui l’a si bien peinte, mais si malignement et tout en gaieté, dans ses mœurs, dans sa politique, dans ses finances, dans sa police, dans sa pauvre royauté.

2552. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Taillandier ; l’anecdote est rapportée à l’année 1770, et le maréchal de Broglie y figure à la place du maréchal de Belle-Isle.

2553. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Là, comme un prisonnier qui ne doit plus sortir, Il fut pris dans son cœur d’un amer repentir ; L’éternelle patrie, à ses yeux pleins de larmes, Apparaissait alors belle de tous ses charmes ; Son ami le cherchait, en pleurant, dans les airs, Et sa place était vide aux célestes concerts !

2554. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Le discours que M. de Valincour a fait le jour de sa réception à l’Académie française en la place de M. 

2555. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

quelle place dans les affaires ?

2556. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Cette fièvre d’audace et de propre bonheur, cette ébullition, ce rien qu’on appelle la jeunesse se passe, et l’attaquant, s’il a quelque valeur et s’il cherche dans la société toute la place à laquelle il peut prétendre, commence un jour à lorgner de loin l’Académie.

2557. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

A la scène, cela romprait à temps cette nuance estimable d’Odilon Barrot qui tient trop de place au fond de la pièce.

2558. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Villemain a déjà remarqué que, dans Euripide, le vieillard qui tient la place d’Arcas n’a qu’un langage simple, non figuré, conforme à sa condition d’esclave : « Pourquoi donc sortir de votre tente, ô roi Agamemnon, lorsque autour de nous tout est assoupi dans un calme profond, lorsqu’on n’a point encore relevé la sentinelle qui veille sur les retranchements ? 

2559. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Mais tout à coup, il se renversa la tête en arrière, et poussa un cri rauque, guttural, effrayant, qui me fit fermer la fenêtre. » Aussitôt, sur son joli visage, apparurent des convulsions qui le bouleversèrent, déformant toutes les formes, changeant toutes les places, comme si elles voulaient les retourner, pendant que sa bouche tordue crachotait une écume sanguinolente.

2560. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Des commentaires sur les ouvrages des anciens avaient pris la place des observations philosophiques : il semblait qu’entre la nature et l’homme, il dût toujours exister des livres.

2561. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Depuis que ce pays a perdu l’empire du monde, on dirait que son peuple dédaigne toute existence politique, et que, suivant l’esprit de la maxime de César, il aspire au premier rang dans les plaisirs, plutôt qu’à de secondes places dans la gloire.

2562. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Et ainsi la Ménippée tient sa place dans l’histoire de la pénétration de l’esprit français par le génie ancien.

2563. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

l’Armature. (1893), qui est en train de prendre une des premières places dans le roman contemporain.

2564. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Je n’aurai pas la candeur d’objecter qu’entre la sauvage hypocondrie d’un vieux poète saxon et l’esprit de Regnard il y a de la place ; que vraiment on peut rêver quelque chose au-delà des fantaisies un peu courtes de Crispin, une vision, un sentiment de la vie et des choses qui nous heurte d’une toute autre secousse et nous insinue un tout autre charme ; qu’enfin il y a des gens qui ne sont point des barbares et que pourtant les vers du Légataire ne plongent point en extase ni ne mettent sens dessus dessous.

2565. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

De quelles sortes sont les vérités dans les Maximes, et laquelle tient la plus grande place. — De la pensée générale du livre.

2566. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Pourtant il doit soutenir son rôle jusqu’au bout. » Le tort de Wilde ou son excuse, selon le point de vue où l’on se place, c’est de n’avoir pas pu soutenir jusqu’au bout son personnage.

2567. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Et quand tu pries, n’imite pas les hypocrites, qui aiment à faire leur oraison debout dans les synagogues et au coin des places, afin d’être vus des hommes.

2568. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Elle a le premier défaut d’expliquer artificiellement les choses naturelles, de croire à trop de régularité dans la marche de l’esprit humain, de ne point faire une place assez large à sa spontanéité.

2569. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Il n’avait jamais cherché ni faveur ni place, ce qu’on appelle position, sous le régime où ses amis étaient tout ; il ne s’est pas jeté dans l’agitation ni dans les vagues poursuites, depuis qu’il y a eu naufrage.

2570. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Quand on veut lire tout haut du Rabelais, même devant des hommes (car devant les femmes cela ne se peut), on est toujours comme quelqu’un qui veut traverser une vaste place pleine de boues et d’ordures : il s’agit d’enjamber à chaque moment et de traverser sans trop se crotter ; c’est difficile.

2571. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Mais l’essentiel est que ce droit un peu vague, bien que si réel, ne soit jamais supprimé, et que jamais les doctrines régnantes, au nom même du salut commun, ne puissent dire au poète, au littérateur, à l’érudit curieux, comme dans la banlieue d’une place de guerre le génie militaire dit à l’honnête homme, qui a sa métairie avec son petit bois et sa source d’eau vive : « Monsieur, nous avons besoin de ce petit coin qui vous sourit : il entre dans nos lignes, il nous le faut ; voilà le prix, soyez content, mais vous n’y rentrerez pas. » Ceux qui vivent des lettres, de l’amour des livres et des études, de ces passions après tout innocentes et désintéressées, peuvent céder un moment ce coin de leur être et le prêter à la chose et à la pensée publique, ils le doivent dans les cas urgents ; mais, ce cas cessant, ils rentrent de plein droit dans leur domaine.

2572. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Le Voyage d’Anacharsis avait paru depuis quelques mois, et le succès allait aux nues : une place devint vacante à l’Académie française par la mort du grammairien Beauzée, et Barthélemy, choisi tout d’une voix pour lui succéder, fut reçu dans la séance publique de la Saint-Louis (août 1789).

2573. (1903) Zola pp. 3-31

On croit sentir chez Zola une manière de rancune amère contre une société, contre un genre humain plutôt, qui ne lui a pas fait tout de suite la place de premier rang à laquelle il avait droit comme de plain-pied.

2574. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Une petite fille distribuait des gros sous à des camarades de son âge : « Tu n’en auras plus pour toi », disaient celles-ci, mais la petite prodigue, pour répondre à l’argument, montrait son jardin et, entre une touffe de résédas et une bouture de géranium, désignait une place où elle avait semé des gros sous pour en avoir un pied.

2575. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Tout y apparaît, depuis l’appartement de garçon artiste où André s’installe après sa mésaventure conjugale, jusqu’à la place du Carrousel où il va promener sa nostalgie féminine et comtempler « le merveilleux et terrible ciel qui s’étendait au soleil couchant par de là les feuillages noirs des Tuileries…, les ruines dont les masses violettes se dressaient trouées sur les flammes cramoisies des nuages » ; depuis le brouhaha d’un café du Palais-Royal le soir, jusqu’à ces taches lumineuses que la nuit, les fenêtres éclairées, dans les maisons noires font passer devant le voyageur d’impériale.

2576. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Il est inutile de mentionner les livres si connus de Descartes16, de Pascal17, de Newton18; mais je rappellerai quelques ouvrages du xviiie  siècle, peu lus aujourd’hui, et où nos logiciens pourront trouver des détails intéressants : par exemple, la Logique 19 de Mariotte, le célèbre et ingénieux physicien, le premier ouvrage français de ce genre où la méthode expérimentale ait pris la place qui lui appartient (encore n’y est-elle pas très-nettement distinguée de la méthode géométrique) ; le Traité de l’expérience, du docteur Zimmermann, célèbre médecin du xviiie  siècle, né en Suisse et connu surtout par son beau livre sur la Solitude ; l’Essai sur l’art d’observer, de Jean Sénebier, ministre protestant de Genève, traducteur de Spallanzani, et lui-même naturaliste distingué de cette grande école de Genève qui a produit les Réaumur, les Trembley, les Bonnet, les de Saussure, les de Gandolle et tant d’autres hommes supérieurs ; les Fragments de Lesage, de Genève20, personnage original, doué d’un esprit méditatif et profond, connu surtout comme l’auteur d’une hypothèse sur la cause mécanique de la gravitation ; enfin le Discours sur l’étude de la philosophie naturelle, de W.

2577. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Malgré ces secours le feu roi prit Mastrich, et portant ensuite la guerre dans les païs-bas espagnols, il y enlevoit chaque campagne un nombre des plus fortes places, par des conquêtes que la paix seule put arrêter.

2578. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Et, si j’avais la place de le faire, je m’amuserais à vous citer ici, en manière d’exemple, l’appréciation du critique apprécié d’un grand journal, qui consacrait son article à déclarer détestable, en l’attribuant à M. 

2579. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les vainqueurs aux combats du ceste avaient des statues dans les places publiques et dans les temples, comme le guerrier qui avait versé son sang pour la patrie.

2580. (1887) La banqueroute du naturalisme

Ni Une Page d’amour, ni Au bonheur des Dames n’ont pu dépasser de beaucoup le cinquantième mille : et ce ne sont point des romans « chastes », et les fonctions du ventre y tiennent assez de place, et la grossièreté de langage dont M. 

2581. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Mettons la définition à la place du défini et nous aurons : « Nos actions voulues sont les seules que nous jugions dignes de punition ou de récompense. » Nous voici revenus à une phrase ordinaire ; il a fallu supprimer une erreur et faire trois traductions ; il en faudrait quatre ou cinq autres pour exprimer la chose exactement et en psychologue.

2582. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Elle t’embrassera, te prendra par la main et « te présentera au siège de l’essence divine. » Et Dieu descendra de son trône ; il coiffera la femme de bien d’une fort belle auréole, et il lui assignera sa place parmi les élus, pour l’éternité. […] Il occupe donc une place, et très grande, dans l’histoire des idées, mais non des œuvres dramatiques. » Mon avis, à moi, je vous l’ai laissé voir. […] Il y aura l’an prochain, à Paris, entre l’Opéra et la Madeleine, un théâtre de neuf cents places, où tout le monde entendra les acteurs, et où le moins favorisé des spectateurs « se trouvera encore dans une position telle, que son rayon visuel embrassera complètement l’ensemble de la scène !  […] Il y a deux actions parallèles ; celle des deux qui est accessoire et subordonnée, — et dont j’ai mis le résumé entre parenthèses, — tient évidemment trop de place. […] Il paraît que, cette fois, les gens qui n’ont pas de places numérotées ont fait queue, dans la rue, depuis deux heures du matin.

2583. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Une série de caricatures amusantes par le changement de place du nez, de la bouche, des yeux. […] Enfin, comme dénouement de l’histoire du juge Aoto, on voit une place d’exécution où un bourreau se dispose à trancher la tête à un homme attaché à deux pièces de bois croisées, liées par le haut, quand apparaît providentiellement, dans le fond, le juge auquel une femme parle et innocente le condamné, qui va avoir sa grâce. […] Alors, Ogouri la rencontre, lui donne un rendez-vous la nuit, mais Hanako avertie la précède et prend sa place. […] Le troisième volume paraît l’année suivante, en 1815, avec une préface de Shokousan qui jette carrément à l’eau la vieille école et déclare que les anciens artistes, qui ont illustré les manuscrits de Quénji, doivent céder la place aux artistes des images rouges (les dessins de l’École vulgaire). […] Moi, ce que j’ai fait dans ce volume est plutôt du domaine de l’art ; toutefois si, grâce à mon enseignement, les jeunes dessinateurs arrivent à ne pas faire un chat à la place d’un tigre, un tombi à la place d’un faucon, quoique mon travail ne soit qu’un caillou à côté d’une montagne, je serai glorieux de ce résultat devant la postérité.

2584. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Elle a sa place dans la seconde partie des Confessions, dans ce dixième livre où il raconte son installation et sa vie à Montmorency après sa sortie de l’Ermitage ; elle n’y est qu’à moitié travestie et défigurée ; le passage où il est question d’elle et de son mari est des plus piquants d’ailleurs, et l’on sent que Rousseau s’y égayé plus vivement qu’il ne le ferait s’il croyait avoir affaire à une ennemie masquée. […] Mais un tel mot, une telle exception est à jamais l’honneur de Mme de Verdelin et lui assure une place qui n’est qu’à elle dans une histoire de Rousseau.

2585. (1929) Dialogues critiques

Paul Vous verriez des auteurs dont vous admirez l’œuvre et l’esprit, relégués aux bouts de table — ce qui est plus agréable, d’ailleurs parce qu’il y a de jeunes femmes, mais ce qui vous choquerait, sans doute — tandis que des gens dont vous ne faites aucun cas et qui souvent sont plus jeunes, mais qui ont des titres nobiliaires, du galon ou de l’argent, trônent aux places d’honneur. […] Pierre Ce n’est pas à ce point de vue que se place mon ami Jean Royère.

2586. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Il m’est arrivé il y a quelques jours, dans un rêve parfaitement net et bien suivi, de faire une sottise ridicule et énorme ; impossible de l’écrire ; supposez à la place quelque chose de moindre, par exemple ôter gravement ses bottes et les poser sur la cheminée à la place de la pendule. […] Je fus d’abord étonné d’avoir fait cette gaucherie monstrueuse ; en d’autres termes, le souvenir vague de mes actions précédentes surgissait et se trouvait en opposition avec le rêve ; ce souvenir se précisa et en amena d’autres ; la ligne du passé se reformait, et, en même temps, au fur et à mesure, la sottise rêvée, ne trouvant de place pour se loger, disparaissait ; s’évaporait.

2587. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

L’école matérialiste moderne, qui parle de l’art pour l’art, qui prétend le réduire à un calque servile de la nature, belle ou laide, sans préférence et sans choix, qui trouve autant d’art dans l’imitation d’un crapaud que dans la transfiguration de la beauté humaine en Apollon du Belvédère, qui admire autant un Téniers qu’un Raphaël, cette école ment à la morale autant qu’elle ment à l’art ; elle place le beau en bas au lieu de le placer en haut : c’est un sophisme ; le beau monte et le laid descend ; l’art véritable est le Sursum corda des sens de l’homme comme la vertu est le Sursum corda de l’esprit et du cœur. […] On m’offrit pour la nuit une place dans le fenil, et je partageai le souper de la famille de l’horloger pasteur.

2588. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Parler de la traduction de ces œuvres serait venir trop tard sur uns place déjà déblayée. […] Ils les souhaitent pourtant, ils les veulent, car il est de moralité supérieure que Wagner soit représenté en France, et que le maître du drame musical ait sa place au soleil, non moins que les Ohnet de l’orchestre et les Montépin de l’harmonie.

2589. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Un agent extérieur, son, lumière, choc, vient-il exciter un nerf, l’équilibre rompu produit un mouvement de dépense nerveuse, qui excite un mouvement de réparation simultanée, comme l’eau qui sort d’un siphon appelle à sa place l’eau qui y monte. […] Cette loi se ramène à celle d’intensité : le nerf s’épuisant par l’exercice, la prolongation dans le temps amène une diminution d’intensité, et, si elle est trop grande, la peine prend la place du plaisir.

2590. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Tout serait à citer, et la mémoire du lecteur de l’œuvre où se place cette bataille aura retenu bien d’autres épisodes saisis et projetés sur le vif. […] Tolstoï échoue de même et se récuse devant les passions de l’intelligence ; l’ambition, l’amour de l’or, de la domination, ne tiennent aucune place dans ses livres ; les solutions logiques des perplexités humaines, ces magnifiques efforts de l’esprit tâchant de concilier en un système cohérent ses besoins et ses notions sont débattus à peine, dans Anna Karénine notamment, et avec le langage grossier d’un homme qui n’a pu s’élever à les comprendre.

2591. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

C’est une espèce de bouche du désert parlant aux multitudes, et réclamant, au nom des sables, des broussailles et des souffles, la place où sont les villes ; parce que c’est juste ; parce que le tyran et l’esclave, c’est-à-dire l’orgueil et la honte, sont partout où il y a des enceintes de murailles ; parce que le mal est là, incarné dans l’homme ; parce que dans la solitude il n’y a que la bête, tandis que dans la cité il y a le monstre. […] Sur la place publique, il mange des excréments ; voilà le courtisan.

2592. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

” » Alors s’engage entre Virgile et Béatrice une conversation métaphysique où la scolastique tient plus de place que l’amour, et où une certaine Lucia, vierge et martyre, personnifie, à ce qu’on croit, la grâce divine, et sollicite Béatrice à voler au secours de son premier amour. […] XIV Et d’abord il faut renoncer à comprendre l’architecture fantastique de la montagne idéale sur laquelle le poète place son Purgatoire et où il est accueilli par Caton d’Utique, qu’on s’attend peu à trouver là.

2593. (1903) La renaissance classique pp. -

Tout est digne d’être traité sérieusement par l’art, mais à sa place et dans ses justes limites. […] Dans ce concert de beautés si sévèrement ordonné et pour ainsi dire intellectuel, le désordre de la passion a sa place.

2594. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Elle tenait un intervalle, car bien peu pouvaient admettre qu’elle aspirât à occuper la place même.

2595. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Rien ne plaît parce qu’on ne saurait plus soi-même se plaire : on se venge sur tout ce qui nous environne des chagrins secrets qui nous déchirent ; il semble qu’on fait un crime au reste des hommes de l’impuissance où l’on est d’être encore aussi criminels qu’eux : on leur reproche en secret tout ce qu’on ne peut plus se permettre à soi-même, et l’on met l’humeur à la place des plaisirs.

2596. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Voyez les fripons en place, la fortune allant au scélérat, l’honnête homme volé, assassiné, méprisé.

2597. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Le duc de Noailles n’a pu entamer l’Histoire de Mme de Maintenon, sans faire une grande place à ce vigoureux aïeul et sans l’asseoir au seuil de son sujet.

2598. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Le nom d’écrivains proprement dits continue d’appartenir à ceux qui de propos délibéré choisissent un sujet, s’y appliquent avec art, savent exprimer même ce qu’ils n’ont pas vu, ce qu’ils conçoivent seulement ou ce qu’ils étudient, se mettent à la place des autres et en revêtent le rôle, font de leur plume et de leur talent ce qu’ils veulent : heureux s’ils n’en veulent faire que ce qui est le mieux et s’ils ne perdent pas de vue ce beau mot digne des temps de Pope ou d’Horace : « Le chef-d’œuvre de la nature est de bien écrire. » Les autres, les hommes d’action, qui traitent de leurs affaires, ne sont écrivains que d’occasion et par nécessité ; ils écrivent comme ils peuvent et comme cela leur vient ; ils ont leurs bonnes fortunes.

2599. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Jean de Wert se préparait à secourir la place, et l’on était à la veille d’une bataille.

2600. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Frédéric était un grand homme, de ceux en qui réside et se personnifie la force et la destinée d’une nation ; le prince Henri, tel qu’il ressort à nos yeux de la correspondance qu’on vient de publier et des divers témoignagnes, me paraît un prince raisonneur, réfléchi, méthodique, quelquefois jusqu’au bizarre et au minutieux, ombrageux, susceptible, capable d’envie, fastueux, aimant la montre, ne haïssant pas d’être trompé, ayant une forte teinte de la sensibilité et de la philanthropie de son siècle ; avec cela de la justesse par places, de la mesure habile, de la combinaison, de l’adresse, des parties ingénieuses ; mais grand homme, c’est beaucoup dire : il n’est grand en rien, il n’a rien d’héroïque ; c’est un esprit distingué et un guerrier de mérite.

2601. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Contentons-nous de reconnaître et de saluer dans la margrave une des femmes originales du xviiie  siècle, un esprit piquant, une rare fierté d’âme, un caractère et un profil qui a sa place, marquée non seulement dans l’anecdote, mais dans l’histoire de son temps, et qui, à meilleur droit encore que le prince Henri et à un degré plus rapproché, se distinguera toujours au fond du tableau à côté du roi son frère.

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