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1689. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

C’est à Montesquieu que commence cette suite d’ouvrages supérieurs marqués du genre de perfection où il était permis d’atteindre après le dix-septième siècle. […] Je suppose un habile homme ne sachant pas qui a écrit ces réflexions sur le monarque, « lequel peut faire des hommes des bêtes et des bêtes des hommes, qui doit être exorable à la prière, ferme contre les demandes ; à qui la raillerie piquante est bien moins permise qu’au dernier de ses sujets, parce que les rois sont les seuls qui blessent toujours mortellement82 » ; risquerait-il sa réputation de connaisseur en les croyant de Fénelon ?

1690. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

* *   * Jean de Tinan nous a donné pour raisons de la passivité indolente de ses contemporains : l’excès de fatigue qui ne leur permet plus d’appareiller pour les aventures du large13 et l’excès de lucidité qui les empêche de s’y leurrer. […] Dorchain se pose cette seule question : s’il doit ou non perdre sa candeur et s’il peut se permettre de consommer l’œuvre de chair en dehors du mariage.

1691. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Sans vouloir dérouler la longue histoire des façons, diverses dont l’amour a été compris par les différentes époques, il est permis de choisir quelques exemples pour montrer les phases extrêmes par où ont passé ce sentiment et son expression. […] Quand l’un des frères se permet de protester avec quelque vigueur contre les terribles exigences de leur princesse, l’autre le rappelle à l’ordre en lui disant : Plaignons-nous sans blasphème… Il faut plus de respect pour celle qu’on adore.

1692. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

D’ailleurs l’institution de la censure, la police de la presse, la loi qui permet de déférer aux tribunaux les livres trop scandaleux sont autant d’actes de foi dans l’effet moral, ou, si l’on veut, immoral que peuvent avoir certaines œuvres. […] Il arrive même qu’une théorie émise par un philosophe ou un romancier, puis couvée dans un cerveau fruste et violent, se répercute en crime ; des procès retentissants ont permis de constater quelques-unes de ces mystérieuses transmissions de fluide qui vont foudroyer à distance quelque victime.

1693. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Dans celle même querelle, le vieux Nestor, avec son impartialité vénérable, reconnaît l’offense qu’Agamemnon a faite à Achille, mais il le rappelle en même temps au respect que tous les alliés doivent au chef suprême : Il n’est point permis à Agamemnon, bien que le plus puissant, d’enlever à Achille la vierge que les Achéens lui ont donnée ; tu ne dois point non plus, fils de Pelée, résister au Roi, car tu n’es point l’égal de ce porte-sceptre glorifié par Zeus. […] Ce n’est plus que le fantôme d’un songe errant au grand jour. » Les apprêts de fête qui remplissent la cité devraient les réjouir et ils les attristent ; ils se défient de la victoire qu’elles annoncent : les dieux, s’ils l’ont permise, la feront sans doute payer cher. — Il y a dix ans, au jour du départ de l’armée marchant contre Troie, un aigle blanc et un aigle noir s’abattirent sur une hase pleine, dans la cour du palais d’Argos, et ils mangèrent avec elle la portée que couvaient ses flancs.

1694. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

C’est là qu’il faut aller voir la marquise avant de se permettre de la juger et de se former la moindre idée de sa personne. […] Les rois et empereurs qui ont succédé depuis lors en France jusqu’à nos jours, ont été ou trop vertueux, ou trop despotiques, ou trop podagres, ou trop repentants, ou trop pères de famille, pour se permettre encore de ces inutilités-là : on en a entrevu au plus quelques vestiges.

1695. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Mais je me permettrai de trouver que l’urbanité de Bouhours ne fut jamais que celle d’un homme de collège qui fait le sémillant ; l’urbanité de Pellisson, que celle d’un bourgeois élégant et resté, un peu sur l’étiquette et sur la cérémonie à la Cour ; l’urbanité de Bussy, à son bon moment, était la seule qui sentît tout à fait le courtisan aisé et l’homme du monde. […] En 1673, le roi lui permit de venir passer quelque temps à Paris pour ses affaires.

1696. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

V Flaubert d’ailleurs ne s’en est pas tenu à mettre en scène en des consciences individuelles, comme on l’a vu le faire avec Mme Bovary, avec Frédéric Moreau, avec Homais, avec les personnages secondaires de L’Éducation sentimentale et de Bouvard et Pécuchet, ce don de métamorphose qui permet aux hommes de prendre le change sur eux-mêmes et parfois semble les y contraindre. […] Loin qu’il soit permis de le taxer de paradoxe, il faut penser que cette thèse sur l’incertitude de la connaissance humaine, eût assumé un caractère d’une tout autre rigueur, eût ébranlé dans leurs fondements des sciences plus positives en apparence et sur lesquelles ne s’est point exercée l’analyse de l’écrivain, si quelque savant doué par surcroît de l’intelligence philosophique, à la manière d’un Claude Bernard, eût entrepris de la soutenir.

1697. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Je suis bien loin d’être le chêne, Mais, dites-moi, vous qu’en un autre temps… J’aurais nommée Iris, ou Philis ou Climène, Vous qui, dans ce siècle bourgeois, Osez encor me permettre parfois De vous appeler ma marraine, Est-ce bien vous qui m’écrivez ainsi, Et songiez-vous qu’il faut qu’on vous réponde ? […] Permettez que la leçon d’aujourd’hui déborde un peu sur là leçon prochaine, et je vous parlerai de ces fables qui sont des contes, et qui sont les contes les meilleurs.

1698. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Revenons à la simultanéité intuitivement aperçue dont nous parlions d’abord et aux deux propositions que nous avions énoncées : 1° c’est la simultanéité entre deux instants de deux mouvements extérieurs à nous qui nous permet de mesurer un intervalle de temps ; 2° c’est la simultanéité de ces moments avec des moments pointés par eux le long de notre durée intérieure qui fait que cette mesure est une mesure de temps. […] Seule, cette quatrième dimension nous permettra de juxtaposer ce qui est donné en succession : sans elle, nous n’aurions pas la place.

1699. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

L’image en est donc actuellement donnée, et dès lors les faits nous permettent indifféremment de dire (quittes à nous entendre très inégalement avec nous-mêmes) que les modifications cérébrales esquissent les réactions naissantes de notre corps ou qu’elles créent le duplicat conscient de l’image présente. […] Ce qui paraît lésé, ce sont donc les diverses régions sensorielles et motrices ou, plus souvent encore, les annexes qui permettent de les actionner de l’intérieur même de l’écorce, bien plutôt que les souvenirs eux-mêmes.

1700. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Solon, dans sa législation, permit, dit-on, les associations pour cause de piraterie. […] Le héros digne de ce nom, caractère bien différent de celui des temps héroïques, est appelé par les souhaits des peuples affligés ; les philosophes en raisonnent, les poètes l’imaginent, mais la nature des sociétés ne permet pas d’espérer un tel bienfait du ciel.

1701. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Les hardiesses seront permises à ce prix ; car il ne faut point confondre ces hardiesses légitimes, inhérentes à tout franc et véritable talent, avec ces peintures complaisantes et insidieuses d’une imagination qui caresse le vice en ayant l’air, tout à la fin, de l’abandonner.

1702. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Plus j’y mis de discrétion et d’économie, et mieux nous nous entendîmes. » Nous ne nous sommes pas même cru en droit de nous permettre ce soin si sobre ; à part un ou deux endroits où la copie était évidemment fautive, nous en avons respecté tout le négligé.

1703. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Qu’on nous permette donc, non pas de comparer, mais de séparer les deux ouvrages.

1704. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Cette espèce de critique est le refuge de quelques hommes distingués qui ne se croient pas de grands hommes, comme c’est trop l’usage de chaque commençant aujourd’hui ; qui ne méconnaissent pas leur époque, sans pour cela l’adorer ; qui, en se permettant eux-mêmes des essais d’art, de courtes et vives inventions, ne s’en exagèrent pas la portée, les livrent, comme chacun, à l’occasion, au vent qui passe, et subissent, quand il le faut, avec goût, la nécessité d’un temps qu’ils combattent et corrigent quelquefois, et dont ils se rendent toujours compte.

1705. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Au siècle où nous sommes parvenus, continuent nos sceptiques, il n’est plus permis de faire des théories littéraires.

1706. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra acquérir, après un long exercice, la dextérité et la souplesse, qui permettent ensuite d’abréger le travail, d’ordonner promptement ses matériaux, et de classer presque en acquérant.

1707. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Ce grand seigneur bouscule règles, goût, bienséances, pour mettre son tempérament tout à fait à l’aise dans son style ; entre Voltaire et Montesquieu, il écrit comme il ne sera permis d’écrire qu’au temps de Hugo et de Michelet.

1708. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Sa forme est d’un qui a beaucoup lu, presque trop lu, qui est las des styles et des écritures rares et qui ne se permet que le mode uni le plus simple, le plus difficile.

1709. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Le sujet l’a captivé, lui permettant d’évoquer deux réalités singulières, séduisantes et analogues : le satanisme dans l’histoire personnifié par Gilles de Rais, le satanisme contemporain incarné dans un chanoine Docre.

1710. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

C’est du tournage de vocables vides, en chambre ; mais enfin la poésie est au-dessus de ces tourneurs et, par les temps utilitaires qui courent, il me semble qu’elle devrait être, à la suite de Baudelaire et de Verlaine, l’un des factices véhicules des esprits détenus, — quelque chose de vague comme une musique qui permette de rêver sur des au-delà, loin de l’américaine prison où Paris nous fait vivre.

1711. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

N’est-il pas permis, en pareille circonstance, aux plus honnêtes de se laisser aller un peu à la débauche ?

1712. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Il est permis de croire que l’exaltation religieuse de Pascal, son renoncement si brusque et si absolu à la vie du monde, voire même à la vie scientifique, furent dus en grande partie au mal obscur et grave qui l’atteignit à la fleur de l’âge et le coucha si jeune au tombeau.

1713. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Il est encore moins permis à un homme du monde de l’ignorer : une belle prononciation annonce une personne bien élevée ; elle prévient en faveur d’une femme, autant & même plus que la figure & les habillemens.

1714. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

C’est cet inventaire que j’entreprends de parcourir avec vous, non par ordre de date, ce qui serait trop fastidieux, mais par catégorie de chefs-d’œuvre, ce qui nous permettra de passer d’un peuple à l’autre, et de l’antiquité à nos jours, avec une diversité de temps, de sujets et d’écrivains, qui soutiendra l’intérêt dans cette étude.

1715. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Permettez que j’efface ce mot, l’ innocence, et tout sera bien.

1716. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Je répons, quant au premier point, qu’il fut toûjours permis de s’aider de l’esprit des autres, pourvû qu’on ne le fasse point en plagiaire.

1717. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

Ainsi c’est avec raison qu’Aristote dit que ces beautez naissoient séparément, et s’il est permis de s’expliquer ainsi, que leurs berceaux étoient differents.

1718. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Il permet non seulement au jeune homme qui veut faire du progrès dans l’éloquence d’apprendre l’art du geste ; mais il consent encore qu’il prenne durant quelque-temps des leçons d’un comedien, et qu’il étudie sous ce maître les principes de l’art de la prononciation.

1719. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

C’était un moraliste, seulement c’était un moraliste qui, pour entretenir son indignation et sa verve, se permettait très bien le tableau… Qui sait ?

1720. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

Gustave Planche aurait pu, si Dieu l’avait permis, être un homme d’esprit, comme Janin par exemple ; mais il ne l’était pas.

1721. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Ainsi, qu’il nous permette de le lui dire en toute bienveillance, les notes historiques et littéraires dont Destailleur a accompagné son édition sont insuffisantes, autant pour lui, commentateur, que pour l’auteur, qui méritait bien cette rampe allumée d’un commentaire et qui n’en craignait pas le jour hardi, à pleins bords et à fond.

1722. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Qu’on me permette de faire un peu de mythologie !

1723. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

Néanmoins, je me permettrai de douter que la spéculation soit heureuse.

1724. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

En effet, Swift a beau s’élever, dans cet odieux morceau, jusqu’au cannibalisme de l’ironie, l’humour, s’il est permis de parler comme M. de Wailly de cet épouvantable humouriste, est de l’humour aux écrouelles.

1725. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Jourdain, pour qu’on se permette d’en occuper l’opinion !

1726. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Son procédé, s’il est de bonne foi, ce dont il est d’ailleurs permis de douter, pour l’honneur de son intelligence, consiste à renverser la pyramide, mais en élargissant la pointe qui formait le haut et en en diminuant la base.

1727. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Théophile Gautier représentait glorieusement l’école volontaire de la poésie travailleuse et, qu’on nous permette le mot, rageuse au travail, qui pose assez insolemment pour soi-même et pour le génie, que la Poésie est le résultat d’une poétique, la langue touchée, de telle ou telle façon, comme un piano, et qui croit simplifier et réaliser tout par des règles.

1728. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Si nous nous permettions de créer des mots (peut-être le genre inventé par M. de Laprade forcera-t-il d’en créer plus tard), nous appellerions ce genre le montagnisme.

1729. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Avoir du talent, mais se garder de l’invention comme de la peste, n’avoir pas surtout l’insolent privilège de l’originalité qui choque tant les esprits vulgaires et viole trop cette chère loi de l’égalité ; avoir du talent et même s’en permettre beaucoup si on peut, mais sous la condition expresse que ce sera sur un mode connu, accepté, qui ne dérangera rien dans les habitudes intellectuelles et ne sera point, pour ceux qui se comparent, une différence par trop cruelle, telle est la meilleure et la plus prudente combinaison qu’il y ait pour se faire un succès, qui suffit à la vie et même à la fatuité dans la vie et pour se passer très bien de la gloire, — ce morceau de pain toujours inutile, gagné en mourant de faim par ces imbéciles d’inventeurs qui ne le mangent pas !

1730. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Il faut avoir avoué que, dans la mesure où l’histoire permet de l’appliquer, la méthode inductive ne promet guère de réponses « cruciales » à de pareilles objections.

1731. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

L’Empereur Conrad III ayant forcé à se rendre la ville de Veinsberg qui avait soutenu son compétiteur, permit aux femmes seules d’en sortir avec tout ce qu’elles pourraient emporter ; elles chargèrent sur leur dos leurs fils, leurs maris et leurs pères.

1732. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Comme la souveraineté devait avec le temps être étendue à tout le peuple, la Providence permit que les plébéiens rivalisassent longtemps avec les nobles de piété et de religion, dans ces longues luttes qu’ils soutenaient contre eux, avant d’avoir part au droit des auspices, et à tous les droits publics et privés, qui en étaient regardés comme autant de dépendances.

1733. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Boutades élégantes, boutades vaniteuses qu’un vrai chrétien ne se permettrait pas. […] Mais son orgueil et son inquiétude d’esprit ne lui eussent pas permis d’y durer longtemps. […] s’il m’était permis d’implorer encore les Grâces et les Muses ! […] La chute de l’empereur allait bientôt la lui permettre. […] Mais c’est ce qu’il se permet de plus fort contre la modestie, et encore est-ce en latin.

1734. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Sans se rendre encore assez indifférents aux questions de personnes, et tout en se permettant d’étranges violences entre eux ou contre leurs victimes, nos critiques allaient cependant donner dans leurs œuvres par première place aux questions de principes ou de doctrine. […] Un livre de jeune homme — permettez-moi de le dire, — c’est un livre où les mots sont plus grands que les choses, disproportionnés à l’intérêt de ces choses, et les choses traitées elles-mêmes sans égard à la multiplicité des rapports qu’elles soutiennent avec d’autres choses. […] C’est aussi bien ce qui a permis à Scaliger de donner à la comparaison des poètes une précision toute nouvelle, et d’introduire ainsi dans la critique une subtilité d’analyse dont je ne connais guère d’exemples avant lui. […] La condition de Mme de Staël lui a permis, par exemple, de se déclarer élève et admiratrice passionnée de Rousseau, sans qu’on la soupçonnât pour cela de jacobinisme ; et si Chateaubriand avait eu nom Durand ou Dupont, qui sait si son Génie du christianisme n’eût point passé pour une capucinade ? […] Et, quant à permettre, d’un autre côté, que, dans une œuvre d’art, on n’oubliât ou on ne négligeât de considérer que l’art même, il était pour cela trop artiste ; il se souvenait trop d’avoir à son heure été Joseph Delorme et Savoir écrit Volupté.

1735. (1900) La culture des idées

Il nous reste à nous demander si, quand on punira de la prison (ou, qui sait, de la mort, car aux grands maux les grands remèdes) les actes sexuels extra conjugaux, il sera permis de se complaire avec le succube. […] Bien des amusements parurent permis à tous ceux qui étaient restés dans le siècle ; la littérature du moyen âge témoigne de cette aisance dans les relations sociales. […] À condition qu’il ne me nie pas, j’admettrai, autant que je puis le faire, autant que me le permet ma nature, son existence hypothétique, — et nécessairement s’il me rend la pareille. […] D’autre part les Français de France ne lisent qu’en eux-mêmes ; ce livre unique et quelques fausses nouvelles, voilà tout l’aliment que se permet leur génie égoïste et national. […] La langue de Victor Hugo n’est pas un volapuk qu’il soit permis de vouloir accommoder au goût des sauvages comme une fabrication de cotonnade.

1736. (1925) Comment on devient écrivain

Soyez fonctionnaire, ayez une situation ou des rentes, et vous pourrez vous permettre de « faire de la littérature ». […] Au point de vue perfection, l’hésitation n’est pas permise : faites deux ou trois volumes comme Flaubert, votre réputation est assurée. […] Quant aux auteurs réalistes actuels, Hirsch, Chérau et leur école, il n’est pas permis non plus de les ignorer. […] Le recul du temps permet aujourd’hui de ne plus trouver si injustes les sévérités avec lesquelles ce négateur impitoyable a jugé l’œuvre de Victor Hugo, et particulièrement son théâtre. […] Je me permis, après l’avoir lu., de lui faire remarquer que cela avait peut-être été un peu trop rapidement écrit et qu’une seconde rédaction me paraissait nécessaire.

1737. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Un simple réaliste copie la réalité ; il ne permet point à sa phrase de ne pas suivre assidûment la ligne qu’on voit. […] Les quatre exemples qu’il a découverts ne lui permettent pas, remarquera-t-on, d’aller à un dénigrement si général. […] Telle est sa tyrannie intelligente ; tel est son tact, qui lui permet de commander ; et enfin tel, l’art accompli de M.  […] L’une de ses tentatives serait d’acquérir, en travaillant, une somme qui lui permît de racheter sa maison : dans la maison où ses pères ont vécu et sont morts, il continuerait leur coutume. […] Et, sans doute, la foi permit aux architectes de se procurer l’argent, les matériaux, les ouvriers.

1738. (1876) Romanciers contemporains

Il est permis d’en douter. […] Et si la nature avait doué cet ambitieux aussi magnifiquement qu’elle a doté Dumas, nous nous permettrions de lui souhaiter de faire de ces dons un meilleur usage. […] Pascal a dit (nous nous permettons de l’invoquer, au risque de déplaire fort à M.  […] Ses parents ont souscrit à ses projets, et une fortune, honorablement acquise dans le commerce, leur a permis de dire à ce fils heureux : Tu veux écrire, écris. […] Les riches seuls peuvent se permettre de telles prodigalités.

1739. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Du moins, les plans et les tables dressés par notre ami nous ont-ils permis de choisir avec sûreté entre les diverses rédactions. […] Son expression pesante ne lui a pas permis une grande diffusion au-delà de Bellegarde. […] Qui aura vécu sa jeunesse sous Louis XVI, sa maturité sous la Révolution et l’Empire, sa vieillesse sous la Restauration, tiendra dans sa mémoire un des morceaux de durée les plus variés et les plus puissants que l’histoire ait permis. […] Le recul seul, la comparaison entre les générations qui l’ont précédée et celles qui l’ont suivie, a permis depuis de classer, de juger et de mesurer cette génération des enfants du siècle. […] Au contraire, le genre romanesque, beaucoup plus souple, permet de produire authentiquement une personnalité sincère et vive.

1740. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

On cherche des indices qui nous permettent de distinguer la condition cherchée et les accessoires parasites. […] III Il y a, pour ces sortes de propositions, deux sortes de preuves, l’une expérimentale, inductive, approximative et lente, l’autre analytique, déductive, exacte et courte ; c’est la dernière dont on se sert dans toutes les sciences de construction. — Pour mieux marquer les caractères et les contrastes de ces deux preuves, que le lecteur me permette une supposition. […] Mais il est une construction plus simple encore, ou du moins plus naturelle, et qui nous permet d’assister à la génération de nos deux perpendiculaires. […] Mais nous n’avons pas à nous inquiéter de ce que permettent ou interdisent les lois des choses réelles ; nous supposons dans notre mobile l’indépendance de deux mouvements simultanés et dirigés en sens différents, sauf à vérifier plus tard par l’expérience si les faits s’ajustent ou ne s’ajustent pas à cette conception. — De nos deux hypothèses, que suit-il ? […] Dans le cercle étroit où notre expérience est confinée, nous pouvons bien, par induction, établir qu’approximativement les données sensibles correspondantes sont liées ; mais affirmer qu’en tout lieu et en tout temps ces données abstraites sont liées et liées nécessairement, cela ne nous est pas permis ; nous n’avons pas le droit d’imposer aux faits une soudure qui n’appartient qu’à nos idées, ni d’ériger en loi des objets un besoin du sujet.

1741. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Le modèle à imiter est là qui les fascine et qui ne leur permet pas d’être eux-mêmes. […] Ce caractère de fatalité de l’amour, et remarquez que c’est ici que le problème du « coup de foudre » trouverait sa vraie solution, qu’est-ce qui l’explique, ou permet de le trouver moins étrange ? […] Le dénoûment de Rouge et Noir est bien bizarre, et, en vérité, un peu plus faux qu’il n’est permis. […] Il avait l’horreur du travail facile, et, par suite, de ce qui permet le travail facile, c’est à savoir les ouvrages de seconde main et les idées générales. […] Ce qui est permis, donc, c’est de découvrir des faits et de les grouper, c’est de faire des recherches historiques et des tableaux historiques.

1742. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Je ne l’ai pas refaite tout entière : le chagrin ne me le permit pas. […] Mais, s’il ne tâche point d’être, dans la difficulté, aussi clair que la qualité même de l’idée le lui permet, il rebute son lecteur. […] Il ne leur permet pas de le borner ; il cherche la réalité au-delà des doctrines. […] votre style est la grâce même : il peut se permettre d’aller tout nu. […] Surtout il n’a plus cette assurance de la pensée qui vous permet de répliquer net au mensonge.

1743. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Je me permettrai seulement de lui dire que maintenant il doit l’avoir épuisé. […] Hâtons-nous d’ajouter qu’il ne prend à Baudelaire que ce que les convenances permettent de lui emprunter. […] Il songe qu’il serait heureux si elle lui permettait simplement de l’appeler : Marie ! […] À toutes ces questions il nous est enfin permis de répondre avec certitude. […] Nous permettra-t-on, en terminant, d’exprimer une inquiétude ?

1744. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

— Permettez-moi de me marier. — Cette demande me surprit étrangement, je l’avoue […] Ton maître te l’a donc permis ? […] Kasatkine, a une fille instruite, douce, une créature excellente, et point fière… — Une quinte de toux ne lui permit pas de continuer. — Tout cela ne serait rien, — reprit-il, au bout de quelques instants, — si l’on me permettait de fumer.

1745. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Qu’il eût quelque secret contentement d’orgueil à ne souffrir de grandeur, comme dit Saint-Simon, que par émanation de la sienne, à faire donner du monseigneur à ses ministres, à leur permettre l’habit de qualité au lieu de l’habit noir, à recevoir leurs femmes à sa table et dans ses carrosses, le dernier coup n’en fut pas moins justement porté à tout ce reste de féodalité turbulente, qui avait relevé la tête sous Mazarin ; et l’idée d’égaler, par l’étiquette de cour, les roturiers capables aux hommes simplement nés, fut plutôt une vue supérieure qu’un raffinement de l’égoïsme royal. […] Et si, en louant une gloire si solide, l’excès eût été possible, à qui était-il plus permis qu’à un Français et à un poète ! […] Cette sorte d’intimité avec les personnes royales, qui permit à Bossuet de voir de si près « ce que les yeux des rois peuvent contenir de larmes », plus de liberté dans l’évêque, pour abaisser des grandeurs si fragiles devant celles de Dieu, voilà ce qui avait manqué aux premières oraisons funèbres composées par Bossuet, encore simple abbé. […] Louis XIV conseillait à son petit-fils ce qu’il faisait lui-même ; car La Bruyère le loue d’avoir « un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point. » Du Souverain ou de la république.

1746. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Cette vie de chaque jour, entre l’éreintement et l’apothéose, me met dans un état nerveux, que j’ai hâte de voir finir, et qui me permettra de me mettre tranquillement à la correction de mon huitième volume du Journal, et à la composition de mon livre sur Hokousaï. […] Et il est dans le bonheur d’épouser une femme, qui ne le forcera pas à mettre, tous les soirs, son habit noir, pour aller dans le monde, et lui permettra de travailler : ce qui est au fond, ce qu’il aime le mieux dans l’existence. […] Ce sont ces deux fameux robinets d’eau froide et d’eau chaude, dans une cuvette d’un coin de la chambre, qu’on est dans l’impossibilité de déplacer, et qui est de la plus grande incommodité, pour se laver ; et c’est cet éclairage au gaz, placé au milieu de la pièce, qui ne vous permet pas de lire au lit, près duquel il n’y a ni bougeoir, ni allumettes ; et c’est le service des domestiques, qui ne brossent jamais les habits. […] Georges Lefèvre, qui a beaucoup fréquenté la maison, conte qu’il y avait dans la cuisine, à toute heure du soir, une provision inépuisable d’œufs et de beurre, qui permettait aux retardataires du dîner, dont beaucoup n’avaient pas déjeuné le matin, et quelques-uns pas dîné la veille, de se faire deux œufs sur le plat.

1747. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Il peut être en grande partie personnel, ce qui n’est pas permis au langage audible, lequel est essentiellement un instrument de société. […] Si, à l’égard de la prononciation des mots et de leur signification, un certain individualisme est permis à la parole intérieure que la parole extérieure ne saurait admettre, à un autre point de vue elle peut, beaucoup plus facilement que la parole extérieure, s’émanciper de notre personnalité, j’entends de notre personnalité vocale. […] Pour terminer cette discussion, il est permis d’invoquer le témoignage des premiers observateurs de la parole intérieure [ch. […] Mais il est au moins permis de leur attribuer par une convention ce dernier sens ; ce n’est pas faire autre chose que préciser leur sens philosophique actuel, et terminer l’évolution, déjà très avancée, de leur signification [voir, sur les métaphores et l’évolution des sens des mots, notre ch. 

1748. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Le registre des correspondances, le journal des ordres donnés par Napoléon, qui a été conservé, a permis à l’historien de résumer avec précision tout ce que fit le souverain déchu durant ces dix mois de séjour.

1749. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Mais encore une fois, ce rôle de chroniqueur critique que remplit si bien M. de Saint-Victor n’est pas celui qui lui agrée le plus : il l’accepte, il le subit, mais il ne s’y plie qu’à son corps défendant ; il en sort tant qu’il peut, il y échappe par des éclats de plume, par des assauts d’imagination qui marquent sa manière et ne permettent de la confondre avec nulle autre.

1750. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

J’irai même jusqu’à reprocher à ce style ses formes trop savantes, trop arrêtées, qui n’ont jamais de défaillances gracieuses, de négligences irrégulières, comme Jean-Jacques ne se les permettait pas, comme Mme de Sévigné et tant d’écrivains du grand siècle en offrent délicieusement.

1751. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

C’est ce qu’il est permis de considérer.

1752. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Le pur où sa modestie lui permettra de sortir des questions trop particulières et de se porter avec toutes les ressources de son investigation et de sa science sur des sujets d’un intérêt plus ouvert, il est fait pour marquer avec nouveauté son rang dans la critique et pour se classer en vue de tous.

1753. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Lorsque cette cause est découverte, alors il est permis d’en prévoir les résultats, et nécessaire de les annoncer pour faire la part des hommes, et des choses qui sont plus fortes que les hommes, et afin que ces résultats ne soient pas troublés par des idées qui leur sont étrangères.

1754. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Deux ou trois fois notamment, quelques murmures soulevés ont fait peu d’honneur au goût littéraire de ceux qui se les permettaient.

1755. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

Nous ne croyons pas, quant à nous, qu’il nous soit permis d’entrer dans la discussion, comme éditeur des œuvres posthumes de M. 

1756. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Les opinions stoïciennes n’unissaient point la sensibilité à la morale ; la littérature des peuples du Nord n’avait point encore fait aimer les images sombres ; le genre humain n’avait pas encore atteint, s’il est permis de s’exprimer ainsi, l’âge de la mélancolie ; l’homme luttant contre les souffrances de l’âme, ne leur opposait que la force, et non cette résignation sensible, qui n’étouffe point la peine et ne rougit point des regrets.

1757. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Dieu a créé les instincts et les fonctions pour l’usage : c’est égal abus de faire ce qu’il défend, et de défendre ce qu’il permet, de pervertir et d’abolir ses dons.

1758. (1890) L’avenir de la science « I »

La faiblesse de notre âge d’analyse ne permet pas cette haute unité ; la vie devient un métier, une profession ; il faut afficher le titre de poète, d’artiste ou de savant, se créer un petit monde où l’on vit à part, sans comprendre tout le reste et souvent en le niant.

1759. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Il seroit inutile de leur dire, qu’en Littérateurs zélés & en bon Citoyens, nous préférons l’intérêt des Lettres & du Public, à celui de leur vanité ; qu’avec les mêmes sentimens, ils devroient être plus dociles, & ne pas s’offenser ; que tant de penchant à se révolter contre la censure, est la preuve la plus certaine d’un talent médiocre & d’une gloire usurpée ; que rien ne nous assujettit ni ne peut nous assujettir à louer ce qui ne nous paroît pas louable ; que nous leur permettons la critique de nos jugemens, sauf à y répondre, s’ils n’apportent pas de bonnes raisons : nous nous contenterons de les assurer que l’impartialité a été notre premiere regle.

1760. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Même plus tard, quand les faits s’affermissent et se clarifient dans son récit, et prennent de ces certitudes qu’il n’est plus permis de discuter ; même au moment de ces merveilleux succès des Jésuites qui firent croire un jour à l’imagination européenne que la croix conquerrait l’Empire du Milieu, on s’enivrait trop d’une religieuse espérance… car trente-six mille chrétiens, au plus, sur trois cents millions d’âmes, n’étaient qu’une faible étincelle du feu qu’on croyait avoir allumé !

1761. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

», une plaisanterie dont ses amis riaient, c’est-à-dire tout le monde, mais dont moi seul je ne riais pas, car je sais trop que rien n’est impuni pour l’esprit qui se permet tout, et je connais la tyrannie d’une seule mauvaise pensée.

1762. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Mais il n’a pas non plus la phrase incohérente, rompue, interrompue et parfois incorrecte de Michelet, dont le génie se permettait tout et y résistait, assez grand pour tout supporter !

1763. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Mais il vient à nous par le livre : qu’il nous soit permis de le regarder.

1764. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Aujourd’hui, un homme d’esprit, et audacieux… pour un professeur, s’est permis de donner une édition de Pierre Saliat et de manquer ainsi au pédantisme routinier qui mène le monde.

1765. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

… Pour qui sait un peu son cœur humain, il n’est pas permis d’en douter : quand l’impératrice disait avec tant d’élan à madame Geoffrin, passant à Vienne et caressant la petite archiduchesse : Emportez-la !

1766. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

… Pour qui sait un peu son cœur humain, il n’est pas permis d’en douter : quand l’impératrice disait avec tant d’élan à Mme Geoffrin, passant à Vienne et caressant la petite archiduchesse, Emportez-la !

1767. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Quant à sa plaisante magistrature du journalisme, qu’il nous permette d’en sourire !

1768. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

Pour donner une idée de l’exiguïté de sa taille et du peu de hauteur de sa stature, on raconte qu’un jour une duchesse de ce temps matérialiste, qui n’estimait que la matière et à laquelle il s’était permis de faire une déclaration d’amour, le prit d’à genoux où il s’était mis, et, l’enlevant de terre comme un enfant coupable, l’assit d’autorité sur le marbre d’une cheminée qui était haute et sonna pour dire au domestique : « Descendez monsieur ! 

1769. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Louis-Auguste Martin se permet de parler de Notre-Seigneur Jésus-Christ comme il parlerait d’un moraliste chinois.

1770. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Dans l’impossibilité de le suivre en ces neuf stations qu’il traverse, nous nous permettrons de signaler à l’homme d’idée le sermon final de son Carême, parce qu’il résume en somme toutes les questions agitées dans les autres et qu’il pose celle-là qui nous couvre, nous protège et doit nous défendre dans les éventualités que l’avenir nous garde, c’est-à-dire, la restauration et l’affermissement de l’Empire.

1771. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Et, comme il s’agissait de roi et de monarchie, l’auteur de la Reine Blanche, saint Louis et le comte de Chambord 44 a pris celui-là qui est roi par le droit héréditaire de sa naissance, et il s’est demandé s’il serait le roi de cette monarchie chrétienne qu’il faudrait ressusciter contre la révolution qui l’a tuée, et ressusciter assez forte pour ne pas permettre à cette révolution de la tuer une seconde fois.

1772. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Quand on est d’un temps où une école sans idées, mais non pas sans talent, a voulu faire entrer toute la poésie dans l’expression et est arrivée à produire, dans le maniement de la langue, d’incontestables beautés de détail, il n’est pas permis, quand on est soi-même sans idées, d’écrire des vers aussi dénués d’organisme et de correction forte que l’auteur des Poésies complètes.

1773. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

IV L’auteur, je le crois, hors son livre, a beaucoup d’avenir, mais, qu’il me permette de lui dire, et qu’il ne l’oublie pas, c’est à la condition expresse de se dépêtrer le plus tôt possible de ce réalisme qui l’étreint et colle à sa pensée, comme la fange étreint dans ses plis mollement tenaces l’homme qui y est tombé.

1774. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

À la fin on a conçu qu’il était quelquefois permis de louer ce qui était utile sans être puissant.

1775. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Mais ne me sera-t-il pas permis de hasarder une observation ? […] Mais, permettez… VIVIANE. Ne permettez pas qu’il discute ; vous savez qu’un Breton ne cède jamais. […] C’est Béatrice qui prie Virgile de voler au secours de Dante et de le conduire aux royaumes douloureux que, par grâce spéciale, il lui sera permis de visiter. […] Il tend vers lui les bras ; il le prie de permettre qu’il fasse quelques pas à ses côtés, et Dante baisse la tête en signe de révérence.

1776. (1930) Le roman français pp. 1-197

On n’a guère commencé d’écrire en prose, pour le public, qu’à partir de l’époque où s’est généralisé l’usage de l’écriture, et surtout de l’imprimerie, qui ont permis de s’adresser à un seul lecteur en particulier. […] Me sera-t-il permis à cet égard une observation : Jusqu’à la fin du moyen âge, la langue de nos écrivains est purement analytique. […] Les conflits d’événements qu’ils font naître ou rencontrent permettent le développement du lieu commun le plus large possible. […] Il est dangereux de leur permettre l’accès immédiat aux plus hautes fonctions, de leur faire monter d’un coup tous les degrés de l’échelle sociale. […] Fierté d’appartenir à une religion qui permet, qui ordonne même de « choisir sa voie ».

1777. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

La poésie n’est qu’une des formes plus légères de son application : c’est une des rares récréations qu’il s’est permises ; c’est chez lui le coin de l’amateur. […] Je me trouve ici en présence d’un embarras réel qui tient, s’il m’est permis de le dire, à la nature même de mon esprit : je n’ai pas à donner un avis ferme et de fond. […] Littré qui n’a pas devant lui, comme l’Académie, le temps et l’espace, — qui n’a pas l’éternité, — s’est formé un plan très exact, complexe, mais limité, où tout se presse et se condense, et où il ne se permet aucun écart, aucun excès de latitude.

1778. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Maintes fois, par exemple, s’il est permis de la nommer en ce voisinage profane, Notre-Dame la toute-clémente pardonna ses méfaits au pécheur qui n’était dévot qu’à elle, même aux dépens d’autrui ; elle fit des miracles pour le sauver. […] Il y a une petite églogue, la neuvième, qui a fort occupé les commentateurs, et qui me paraîtrait avoir un sens assez simple, si l’on supposait que le poëte l’a écrite en revenant au genre pastoral après quelque infidélité et quelque distraction qu’il s’était permise ; un autre amour l’avait un moment séduit : c’est un retour, une sorte de réparation aux Muses bucoliques. […] On me permettra de continuer à traduire textuellement un récit que toute analyse affaiblirait.

1779. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Nous nous permettons de renvoyer notre lecteur purement et simplement à La Critique de l’École des femmes, s’il a oublié qui sont trois personnages dont Dorante doit nous entretenir : Uranie, le Marquis et Galopin. […] Lysidas lui permettait de jouir. […] À propos de la critique que Schlegel fait du théâtre d’Euripide, Goethe a dit : « Quand un moderne comme Schlegel relève un défaut dans un si grand ancien, il ne doit lui être permis de le faire qu’à genoux. » (Entretiens avec Eckermann.)

1780. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Le pape Mathéi était secrètement marié, quoique moine ; sa femme, qui lui avait permis de la quitter pour se faire cordelier, le réclama pour son époux dès qu’elle le vit sur le trône pontifical. […] Voici comment il la décrit lui-même dans une de ses lettres, ainsi que la vie ascétique dans laquelle il s’était recueilli pour prier, chanter, rêver et aimer encore : « Quand on trouve un antre creusé par la nature dans les flancs d’un rocher, dit Sénèque, l’âme est saisie d’un sentiment religieux, sans doute parce qu’on y sent l’impression directe de l’Ouvrier divin ; les sources des grands fleuves inspirent la vénération, l’apparition subite d’un fleuve mérite des autels ; j’en veux ériger un, ajoute-t-il, aussitôt que mes ressources pécuniaires me le permettront ; je l’élèverai dans mon petit jardin qui est sous les roches et au-dessus des eaux ; mais c’est à la Vierge, mère du Dieu qui a détruit tous les autres dieux, que je le dévouerai. » « Ici, dit-il après dix ans de séjour dans cet ermitage, ici je fais la guerre à mes sens et je les traite en ennemis : mes yeux, qui m’ont entraîné dans toutes sortes de précipices, ne voient maintenant que le ciel, l’eau, le rocher. […] Boulay-Paty veut bien nous permettre de dérober à sa traduction en vers encore inédite.

1781. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

La nature attique et délicate de son imagination, la nature élégante et raffinée de la cour de Ferrare, ne lui permettaient pas d’hésiter ; il prit son sujet en grâce, en folie, en ironie légère, tel qu’il convenait à un grand poète qui voulait badiner et non corrompre. […] Elle partait le lendemain pour s’établir avec sa société de printemps dans sa villa des collines euganéennes ; elle me proposa, d’un ton qui ne permit pas même l’hésitation, de m’emmener avec elle, et de passer la saison des grandes chaleurs dans ses jardins tempérés par le vent de l’Adriatique. […] L’imagination ne se salit pas avec lui, elle s’enjoue, si le seigneur français me permet cette mauvaise expression dans sa langue.

1782. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

X Rome était alors à une de ces crises tragiques et suprêmes qui agitent les empires ou les républiques, au moment où leurs institutions les ont élevés au sommet de vertu, de gloire et de liberté auquel la Providence permet à un peuple de parvenir. […] Mais la précipitation avec laquelle il avait quitté Rome et Tusculum aux premières rumeurs de sa proscription ne lui avaient pas permis d’emporter l’or ou l’argent nécessaire pour une longue expatriation. […] Puis les deux proscrits, comme s’ils avaient eu le pressentiment de leur éternelle séparation, se récrièrent sur l’extrémité de leur malheur, qui ne leur permettait pas même de le supporter ensemble, pleurèrent de tendresse sur le chemin à la vue de leurs esclaves, et, se serrant dans les bras l’un de l’autre, se séparèrent et se rapprochèrent plusieurs fois, comme dans un dernier adieu.

1783. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

— Que le caminari me permette de l’interrompre, reprit M.  […] Qu’on me permette de la citer ici, en rejetant sur le compte de l’amitié tout ce qui m’élève à la hauteur d’Homère et d’Orphée, mais en ne rejetant rien de mon enthousiasme croissant avec les années pour Homère. […] « Il n’est pas permis de dire autrement, et je me sens frémir dans tous mes membres quand je viens à penser que tout à la fois et à tout commande ce souverain.

1784. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Qu’on me permette un exemple : en passant le soir auprès d’un cimetière, j’ai été poursuivi par un feu follet ; en racontant mon aventure, je m’exprimerai de la sorte : « Le soir, en passant auprès du cimetière, j’ai été poursuivi par un feu follet. » Une paysanne, au contraire, qui a perdu son frère quelques jours auparavant, et à laquelle sera arrivée la même aventure, s’exprimera ainsi : « Le soir, en passant auprès du cimetière, j’ai été poursuivie par l’âme de mon frère. » Voilà deux narrations du même fait, parfaitement véraces. […] Position inférieure, en un sens, qui ne nous permettra jamais d’en avoir la parfaite intelligence. […] Qu’on me permette un exemple.

1785. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Notre principe, à nous, c’est qu’il faut régler la vie présente comme si la vie future n’existait pas, qu’il n’est jamais permis pour justifier un état ou un acte social de s’en référer à l’au-delà. […] À entendre certains politiques, qui se disent libéraux, le gouvernement n’a autre chose à faire qu’à obéir à l’opinion, sans se permettre jamais de diriger le mouvement. […] C’est au point de vue de celui qui écoute et non au point de vue de celui qui parle que les restrictions sont permises et légitimes.

1786. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Que ces derniers me permettent de dire deux mots sur le style poétique de la Walküre de Wagner, avant d’aborder la Valkyrie de M.  […] Ces deux parties exigent aussi du lecteur une analyse spéciale que nous ne pouvons nous permettre ici. […] Enfin, notre transcription des motifs n’a pour but que de nous permettre d’économiser la place des clefs et de rendre leur parenté quelquefois plus appréciable.

1787. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Nous le voyons, par exemple, jeter sur le papier — quand on le lui demande — des thèmes musicaux qui n’acquièrent leur plein développement qu’un quart de siècle plus tard, lorsque les circonstances lui permettent de faire la partition. — Je crois que pour Wagner le poème était — pour ainsi dire — une chose bien plus fortuite que la musique ; celle-ci, au contraire, était nécessaire, elle ne pouvait être autrement, elle répondait à un ordre de vérité plus vague dans un certain sens et pour lequel la fable dramatique pouvait en conséquence varier, mais de vérité plus profonde dans sa généralité, plus certaine, plus absolue. […] Il en résulte que les représentations de Bayreuth, au lieu d’être la réalisation parfaite d’une intention artistique, ne sont toujours encore qu’une indication de cette intention et l’expression de la volonté de quelques personnes à travers les louables efforts de chanteurs et de musiciens qui sont loin de savoir de quoi il s’agit, et qui s’adressent à un public qui ne le sait pas mieux qu’eux. — Toujours est-il qu’à Bayreuth se trouve réuni un ensemble exceptionnel et unique de conditions qui permettent une réalisation aussi parfaite que possible à l’heure présente de l’idée wagnérienne : en joignant la connaissance de la vie et des écrits de Wagner a l’audition de ces drames à Bayreuth, on peut arriver à saisir l’idée fondamentale du maître, sa conception de l’art. […] La revue a répandu les théories de Wagner développées dans ses écrits théoriques, elle a permis la connaissance de sa vie, de ses œuvres.

1788. (1909) De la poésie scientifique

Van Bever et Léautaud cet émoi permettait ce rapprochement de mon nom de ceux de Verlaine et Mallarmé, mes aînés de vingt années… Judicieusement, le signataire de l’article signalait au nombre des promoteurs nouveaux, et en tête, Paul Verlaine. […] Et, allant à abstraire la Matière de ses phénomènes pour ne la concevoir que sa Fatalité-énergique  il nous sera permis de voir que ses affinités elles-mêmes ne sont que la multiplicité demeurant une, d’une Unité qui dénombre éternellement le devenir de sa prise de conscience ! […] Que l’on me permette de laisser maintenant conclure, deux poètes.

1789. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

* * * — L’excès du travail produit un hébétement tout doux, une tension de la tête qui ne lui permet pas de s’occuper de rien de désagréable, une distraction incroyable des petites piqûres de la vie, un désintéressement de l’existence réelle, une indifférence des choses les plus sérieuses telle, que les lettres d’affaires très pressées, sont remisées dans un tiroir, sans les ouvrir. […] Permettez-moi de vous dire que je ne me serais jamais attendu de votre part à de pareils procédés de critique. […] Mercredi, 22 septembre 86. » À la réception de cette lettre, mon premier mouvement a été d’enlever la note sur ces lignes amies qui me semblaient dictées par un sentiment pareil que j’éprouverais à sentir la mémoire de mon frère égratignée ; mais, en réfléchissant, j’ai trouvé la prétention énorme, et j’ai pensé qu’il n’y aurait plus de mémoires possibles, s’il n’était pas permis au faiseur de mémoires de faire les portraits physiques des gens qu’il dépeint, d’après son optique personnelle — qu’elle soit juste ou injuste.

1790. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Tant pis, je l’aime cette vérité, et j’aime à la dire, ainsi que c’est permis de son vivant, à la dose d’un granule homéopathique… et oui, pour cette vérité telle quelle, s’il le faut, je saurais mourir, comme d’autres meurent pour une patrie… Puis vraiment, est-ce que nos illustres, nos académiciens, nos membres de l’Institut se figurent passer à la postérité, comme de petits bons dieux en chambre, sans alliage d’humanité aucune… Allons donc, ces hypocrisies de la convention, tous ces mensonges seront percés un jour, un peu plus tôt, un peu plus tard. […] Il me parle de l’illustration des poésies de Baudelaire, qu’il est en train d’exécuter pour un amateur, et dans le fond desquelles, il aurait voulu descendre, mais la rémunération ne lui permet pas d’y mettre assez de temps. […] Et Rodin est plaisant à entendre conter les batailles, qu’il a eu à livrer, pour le faire tel qu’il le voyait, les difficultés qu’il a rencontrées, à se faire permettre par la famille, de ne pas adopter l’idéal conventionnel, qu’elle se faisait de l’écrivain sublime, de son front à trois étages, etc., etc., enfin à rendre et à modeler le masque qui était le sien, et non celui qui avait été inventé par la littérature.

1791. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Mais, depuis qu’une étude plus approfondie nous a permis de mesurer, au moins par des fragments, les grandeurs de l’intelligence de saint Thomas d’Aquin, nous sommes resté convaincu que, si ce génie universel avait pu s’émanciper de la théologie scolastique et de la mauvaise latinité, il aurait donné, longtemps avant le Dante, un Dante, supérieur encore, à l’Italie. […] Création, théogonie, histoire, vie et mort, phases primitives, successives et définitives de l’esprit, destinée de tous les êtres animés, de l’âme humaine d’abord, puis de celle de l’insecte, puis de celle des soleils, puis de celle de ces myriades d’esprits invisibles, mais évidents, qui comblent le vide entre Dieu et le néant, qui pullulent dans ses rayons, et qui sont, je n’en doute pas, aussi divers et aussi multipliés que les atomes flottants qui nous apparaissent dans un rayonnement de soleil ; je crus tout comprendre ; et, en effet, je compris tout ce que Dieu permet de comprendre à une de ses plus infimes intelligences. […] Je croyais m’être approché autant qu’il était en moi du foyer de la vérité ; je n’en entrevoyais pas seulement la lueur, qui m’éblouissait, j’en sentais la chaleur, qui me descendait de l’esprit au cœur, du cœur aux sens ; j’étais ivre d’intelligence, s’il est permis d’associer ces deux mots.

1792. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

” leur criai-je, “daignez venir nous parler, si cela vous est permis par le souverain maître de ce séjour ! […] ” me dirent-elles, “qui parcours ainsi cet air réprouvé et qui viens nous visiter dans notre supplice, nous qui avons teint le monde où tu vis de notre sang ; « “S’il nous était permis d’invoquer pour un autre le maître de l’univers, qui nous afflige et nous punit, nous lui demanderions de te combler de sa paix, toi qui ressens une si tendre pitié pour nos peines sans remède ! […] « “Ce même amour, qui ne permet à aucun être aimé de ne pas aimer à son tour, m’attira vers celui-ci d’un si invincible attrait que, comme tu le vois, cet attrait ne me laisse pas me séparer de lui, même dans ces tourments.

1793. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Il n’est pas probable, par exemple, que les dépôts qui se forment encore actuellement à l’embouchure du Mississipi s’y soient continuellement accumulés pendant toute l’époque glaciaire, dans les limites de cette profondeur qui permet aux animaux marins de vivre et de prospérer. […] Lorsque, par exemple, nous voyons encore assez fréquemment qu’une même formation est composée de couches différentes par leur composition minéralogique, ne nous est-il pas permis de supposer que l’accumulation en a été souvent interrompue, et qu’un changement dans les courants marins, ou dans la nature du sédiment déposé, a résulté de changements géographiques lentement effectués133 ? […] Cependant, pour bien montrer qu’il peut recevoir quelque jour sa solution, je me permettrai une hypothèse.

1794. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Greuze exposera demain sur la toile, la mort de Henri IV, il montrera le jacobin qui enfonce le couteau dans le ventre à Henry Trois, et cela sans qu’on s’en formalise, et qu’on ne permettra pas au poëte de rien mettre de semblable en scène. […] Revenons au tableau que Mr De La Vauguyon se propose de consacrer à la mémoire d’un prince qui lui fut cher, et qui lui permet, en dépit de son père, d’empoisonner le cœur et l’esprit de ses enfants, de bigoterie, de jésuitisme, de fanatisme et d’intolérance. à la bonne heure. […] Je fais mieux, je le prouve ; mais auparavant, permettez que je fasse une petite imprécation, et que je dise ici du fond de mon cœur : maudit soit à jamais le premier qui rendit les charges vénales.

1795. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Car il n’y a guère d’autre définition possible de l’espace : c’est ce qui nous permet de distinguer l’une de l’autre plusieurs sensations identiques et simultanées : c’est donc un principe de différenciation autre que celui de la différenciation qualitative, et, par suite, une réalité sans qualité. […] On a essayé d’expliquer ce sentiment de la direction par la vue ou l’odorat, et plus récemment par une perception des courants magnétiques, qui permettrait à l’animal de s’orienter comme une boussole. […] Grâce au souvenir que notre conscience a organisé de leur ensemble, elles se conservent, puis elles s’alignent : bref, nous créons pour elles une quatrième dimension de l’espace, que nous appelons le temps homogène, et qui permet au mouvement pendulaire, quoique se produisant sur place, de se juxtaposer indéfiniment à lui-même. — Que si maintenant nous essayons, dans ce processus très complexe, de faire la part exacte du réel et de l’imaginaire, voici ce que nous trouvons.

1796. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Plus encore de cordialité, de bonhomie, s’il est permis de parler de l’une et de l’autre quand il s’agit de gens de lettres. […] Qu’ils me permettent de leur dédier, en forme de transition devers l’entente raisonnable, cette petite étude qui n’est peut-être pas pour leur trop déplaire. […] Ernest Delahaye, a été mal inspiré peut-être, — qu’il nous permette de le lui dire en toute amitié, — par les habitudes tyranniques contractées dans l’enseignement, en donnant à son bel ouvrage ce titre et cette destination étroitement pédagogiques. […] Mais vous n’êtes pas les seuls, permettez-moi de vous le dire, à être patriotes. […] Edmond Gosse vint nous chercher pour déjeuner dans un somptueux restaurant du voisinage, où je ranimai assez mes forces pour me permettre de faire les retouches finales à ma causerie du soir.

1797. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Qu’il me soit permis seulement de former un souhait. […] Zola lui répondit mélancoliquement : « Vous, vous avez une petite fortune qui vous a permis de vous affranchir de beaucoup de choses… Moi, j’ai été obligé de passer par toutes sortes d’écritures, oui d’écritures méprisables… Eh, mon Dieu ! […] — Je suis aux ordres de Votre Majesté, mais elle voudra bien me permettre de retourner chez moi pour mettre mes affaires en état avant d’entreprendre un aussi long et aussi périlleux voyage. […] La série des dynasties nègres se suit avec une déplorable uniformité, ou du moins, nous n’avons point de documents qui nous permettent d’en remarquer les variations. […] Le lendemain, elle ôta certaines « gentillesses » qu’elle portait alors et qui étaient permises aux dames de qualité après le second deuil.

1798. (1895) Hommes et livres

Elle nous permet de suivre et d’embrasser le mouvement scientifique dans toute son étendue, d’un bout à l’autre de l’Europe. […] Alors, il ne sera plus permis d’écrire sur la théologie, sinon pour s’en moquer ; mais les abbés spirituels offriront aux dames des livres traitant du commerce des blés. […] Bourgeois vont nous permettre de suivre une méthode inverse et plus rationnelle. […] mais les dimensions de son étude ne lui permettent guère de m’en montrer autre chose. […] Mais aussi il a pris pour moraliser un biais qui lui permet d’être franchement comique.

1799. (1886) Le roman russe pp. -351

C’est l’image qui éclaire le texte et permet de classer d’un regard les nouveaux venus par ordre de familles et de préséances. […] Je ne me permettrai pas de juger en quelques lignes notre grand romancier ; je cherche seulement la part qui lui revient dans les origines du réalisme. […] Ils ont mis le monde à contribution pour parer leur reine, ils savaient que pour son service tout est permis, qu’on peut rançonner les passants, armer des corsaires, écumer les mers et guetter l’épave. […] C’est ce qui permet de prolonger la période où la Russie a vécu en partie double jusqu’à la mort de l’empereur Nicolas. […] Il a été moins sévère pour quelques saynètes et comédies, composées vers cette époque ; mais, en permettant à ses éditeurs de les publier, il nous prévient modestement qu’il ne se reconnaît pas le talent dramatique.

1800. (1888) Impressions de théâtre. Première série

On dirait que tout est permis contre elle ; ils sont tous à tripoter honteusement dans sa correspondance. […] Il peignait les façons habituelles des « honnêtes gens » de ce temps-là ; je ne me permettrais pas d’en douter. […] Il est très permis d’avoir quelque sympathie pour cette créature élémentaire, féroce, douloureuse et belle. […] Il a un permis de chasse. […] Et il est permis de se demander, avec un peu d’inquiétude, si, après vingt-quatre siècles écoulés, l’humanité a trouvé quelque chose de mieux que cette morale et cette religion.

1801. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Vous savez si ma voix, toujours discrète et pure, S’est permis contre vous le plus léger murmure ; C’est un de vos bienfaits que, né pour la douleur, Je n’aie au moins jamais profané mon malheur98 ! […] Mais il aurait fallu pour cela un plus vif mouvement d’innovation et de découverte que ne s’en permettait Fontanes. […] En admirateur du xviie  siècle, il permettait sans doute à madame de Sévigné ses lettres, à madame de La Fayette ses tendres romans ; il aurait passé à madame de Staël ses Lettres sur Jean-Jacques, comme probablement il tolérait ses vers d’élégie chez madame Dufrenoy ; mais c’était là l’exception et l’extrême limite. […] je m’en garderais bien, s’écria-t-il en se frottant les mains comme un enfant ; ils seraient trop heureux dans les journaux de pouvoir tomber sur le Grand-Maître en une occasion qui leur serait permise !  […] Roger n’est plus, nous nous permettrons d’ajouter que sa Notice est d’ailleurs tout empreinte d’une couleur royaliste exagérée et rétroactive ; elle sent l’homme de parti.

1802. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

En préparant l’intéressant travail dont il nous permet de donner un avant-goût aujourd’hui, il a dû choisir et se borner : « Il est, dit-il, dans les papiers dont nous sommes dépositaires, des choses qui ne verront jamais le jour ; il existe tel secret que nous entendons respecter. […] « J’attends qu’on m’apporte de la cire et je continue : « Je lis Rétif de La Bretonne, qui enseigne aux femmes à prévenir les libertés qu’elles pourraient permettre, et qui, pour les empêcher de tomber dans l’indécence, entre dans des détails très-intéressants130, et décrit tous les mouvements à adopter ou à rejeter. […] C’est le seul plaisir coûteux que je veuille me permettre ; encore ai-je contrived de le rendre aussi peu coûteux que possible : mon cheval, qui n’est pas mauvais pourtant, ne me coûte que dix louis. […] Et ici ce n’est pas à lui que nous en ferons le reproche, c’est à elle pour l’avoir permis, pour avoir été philosophe et de son siècle au point d’oublier combien elle favorisait l’aridité de ce jeune cœur en se faisant la confidente de son libertinage d’esprit. […] Tout à la fin, il n’avait plus d’émotion que celle de joueur ; sa santé délabrée ne lui permettait plus même de manger ; il disait à M. 

1803. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

S’il confesse avoir été peu assidu aux cours, il en profite évidemment pour apprendre l’allemand, ce qui lui permettra d’être un des rares intellectuels français de son siècle à avoir de la culture germanique une connaissance étendue et directe. […] A supposer qu’il n’y eût plus un phénomène dont la loi nous échappât, encore ne s’agirait-il que des phénomènes accessibles à nos sens ou aux instruments que nos sens nous permettent de construire. […] Les facilités de la gloire permirent au vrai René de multiplier autour de lui ces complications, de pratiquer à l’infini ces dosages de poison et de nectar. […] Mais la décence des mœurs et l’esprit raisonneur de l’écrivain permettent de lire dans le désordre des sentiments et des idées, bien mieux qu’on ne le pourrait à travers les frénésies hommes et l’orgie verbale qui prévaudront vers 1830 dans les ouvrages de même inspiration, tel Lelia. […] Ce génie, qu’on me permette de l’appeler le Génie ou la Muse de l’Emphase.

1804. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Je l’ai dit : s’il est permis de conjecturer, je crois que Kestner dut toujours garder quelque chose de pénible sur le cœur à l’occasion de Werther, mais Lotte au fond n’en fut point offensée : je me la figure plutôt tacitement enorgueillie et satisfaite dans son silence. Puis, les années s’écoulant et la mort achevant d’épurer et de consacrer les souvenirs, le quatrième de ses douze enfants à qui elle avait transmis plus particulièrement sans doute une étincelle de son imagination et de sa douce flamme, s’aperçut qu’après tout il y avait là, mêlé à de l’affection véritable, un de ces rayons immortels de l’art que le devoir permettait ou disait de dégager, que c’était un titre de noblesse domestique, même pour son père, de l’avoir emporté sur Goethe, et que de la connaissance plus intime des personnes il allait rejaillir sur les plus modestes un reflet touchant de la meilleure gloire.

1805. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

À propos de la Correspondance de Mme Du Deffand avec Horace Walpole, qui paraissait alors pour la première fois (1812), et que Sismondi lisait avec sa mère, il écrivait à Mme d’Albany, en faisant d’elle à l’auteur un rapprochement qui s’offrait de lui-même, et que nous n’aurions pas manqué de faire également : « En lisant ces lettres, permettez-moi de vous le dire, nous pensions souvent à vous ; le parfait naturel de son style, la vivacité de toutes ses impressions, l’originalité de son esprit nous faisaient comparer ; mais ce qui lui manquait surtout, c’était le caractère… Quelle dévorante activité l’ennui avait en elle ! […] Il avait, on le sait, besoin d’aimer ; ce nouvel attachement, où il rencontrait un accord intellectuel parfait, remplit bientôt son existence, et lui permit de supporter la perte de sa mère qui mourut peu après.

1806. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Vaugelas nous fait remarquer d’autres mots plus lents, qui ont eu une peine infinie à pénétrer dans la langue et qui y sont pourtant entrés à la longue : par exemple, le mot Insidieux, tout latin et si expressif, Malherbe l’avait risqué ; Vaugelas, qui en augure bien, avant de l’adopter toutefois, le voudrait voir employé par d’autres, et il n’ose le conseiller que moyennant des précautions et des préparations qui le fassent pardonner, comme S’il est permis de parler ainsi, Si l’on peut user de ce mot, etc. […] Nous connaissons à Paris de ces escaliers trop hauts où l’on met du moins des chaises sur le palier à chaque étage, pour permettre de s’asseoir et de respirer un peu.

1807. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Une surdité absolue ne lui permettait, vers la fin, de communiquer avec le monde que par écrit. […] L’état de surdité absolue du poète lui interdisait d’aller rendre en personne ses devoirs à Madame Marguerite, au moment du départ de la princesse, et la lettre est pour s’en excuser ; cette prose émue se rejoint naturellement à ses vers, et le tout constitue pour nous la partie vivante et sympathique de l’œuvre de Du Bellay : « Monsieur et frère, ne m’ayant comme vous savez permis mon indisposition de pouvoir faire la révérence à Madame de Savoie depuis la mort du feu roi, que Dieu absolve !

1808. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Nous sommes de son avis en cela, et il nous semble qu’en ce qui touche les portions toutes romanesques de la vie des grands hommes, s’il y a peu à faire pour les rendre plus complètes et harmonieuses, il est permis de l’oser ; mais un goût parfait, une discrétion extrême, devraient présider à ces légères et chastes atteintes. […] Je me suis permis déjà ailleurs de critiquer, dans le Tableau du xviiie  siècle par M.

1809. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Diderot, dès ses premières Pensées philosophiques, paraît surtout choqué de cet aspect tyrannique et capricieusement farouche, que la doctrine de Nicole, d’Arnauld et de Pascal prête au Dieu chrétien ; et c’est au nom de l’humanité méconnue et d’une sainte commisération pour ses semblables qu’il aborde la critique audacieuse où sa fougue ne lui permit plus de s’arrêter. […] Un vent impétueux les presse et ne leur permet pas de retarder.

1810. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

IV Il y a là de belles pages admirablement formulées sur le socialisme chaos et sur le socialisme organisé ; qu’on nous permette de les citer. […] Elle ne savait pas si cela est bon ou mauvais, utile ou dangereux, nécessaire ou mortel, éternel ou passager, permis ou prohibé ; elle aimait.

1811. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il me semble que la paix est devenue d’une nécessité indispensable pour nous ; et comme tous les autres moyens de l’obtenir ont été jusqu’ici sans succès, j’ai mieux aimé m’exposer moi-même à quelque danger, que de laisser la ville dans la détresse où elle se trouve : je prétends donc, si vous le permettez, me rendre directement à Naples ; espérant que, puisque c’est contre moi personnellement que sont dirigés les coups de nos ennemis, je pourrai, en me livrant entre leurs mains, rendre la paix à mes concitoyens. […] Les exemples de l’histoire lui sont aussi présents que les amis qu’il admet à sa table, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi ; et lorsque le sujet le comporte, il sait répandre à pleines mains, dans sa conversation, ce sel précieux que l’on dirait recueilli dans l’Océan où Vénus prit naissance. » Sa femme Clarisse et ses enfants étaient ordinairement les objets de ses plus charmantes plaisanteries.

1812. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Vous me permettrez d’en dire un mot. […] Vincent d’Indy Permettez-moi de répondre d’abord à votre deuxième question, parce qu’elle me stupéfie… Qu’est-ce que le latin peut avoir de commun avec la politique ?

1813. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Jamais nous n’avons assisté à une représentation aussi lamentablement désolante… Que la censure, puisque cette institution existe, ait toléré la mise en scène d’un spectacle si bien fait pour énerver les âmes, pour leur donner l’admiration de ce crime qu’on a raison d’appeler le plus grand de tous, puisqu’il est le seul dont on ne puisse se repentir, — que la censure, disons-nous, se soit associée, en la laissant jouer, à cette sanctification du suicide, qu’elle ait donné son visa officiel à cette sorte d’hymne de la mort volontaire, et qu’elle ait permis qu’on la représentât comme une œuvre suprême d’honneur et même de religion, c’est là un acte sans excuse et contre lequel nous demandons une répression éclatante. […] Catulle Mendès, de hautes facultés littéraires qui permettent de tout espérer de lui…… C’est un plaisir pour moi de constater le succès éclatant d’une œuvre incomplète mais de haute valeur, intéressante, élevée, pathétique, servie par un style magistral auquel on ne saurait reprocher que son excessive vérité de facture et l’abus de détails trop amoureusement caressés.

1814. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Malherbe marqua le caractère et assura l’avenir de la haute poésie en France, le jour où il substitua au mécanisme qui permettait à Ronsard de faire deux cents vers à jeun, et autant après dîner122, un ensemble de difficultés ou plutôt un corps de lois qui devait interdire l’art aux vaines vocations, et ne le rendre accessible qu’aux poëtes vraiment inspirés. […] Que prétend Malherbe en défendant les rimes du simple et du composé, temps, printemps jour, séjour, ou des mots qui ont quelque convenance, montagne, campagne, ou des dérivés, mettre, permettre, sinon empêcher la poésie de devenir un exercice de mémoire et un vain jeu de mots ?

1815. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Montaigne, qui mourut en 1592, lui permit, par une clause testamentaire, de porter les armes de sa maison. […] Au lieu du sombre docteur de Genève, qui pousse des générations de sectaires vers la mort, dont son orgueil croit avoir le secret, et par-delà laquelle il a marqué la destinée de chacun ; qui ne permet à personne de s’attarder et de prendre haleine dans ce rapide et douloureux voyage vers l’autre vie ; je vois un pasteur aimable qui conduit doucement son troupeau au dernier terme.

1816. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Pour les grands auteurs dramatiques, on n’est pas d’aussi bonne composition ; on ne se rend pas après Corneille, Racine, Molière ; on a imaginé des théories qui permettent de faire mieux, ou tout au moins de tenter autre chose. […] L’esprit de cet ouvrage ne me permet pas de parler des Contes de la Fontaine, peut-être même m’empêcherait-il d’en être bon juge.

1817. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

La langue ancienne en était venue, aux époques philologiques, à former un idiome savant, qui exigeait une étude particulière, à peu près comme la langue littérale des Orientaux, et il ne faut pas s’étonner que les modernes se permettent de censurer parfois les interprétations des philologues anciens ; car ils n’étaient guère plus compétents que nous pour la théorie scientifique de leur propre langue, et nous avons incontestablement des moyens herméneutiques qu’ils n’avaient pas 77. […] Dans les sciences morales, au contraire, il n’est jamais permis de se confier ainsi aux formules, de les combiner indéfiniment, comme faisait la vieille théologie, en étant sûr que le résultat qui en sortira sera rigoureusement vrai.

1818. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Après plusieurs cruelles années, années de faim et de désillusionnement, et juste au moment où, dans le Hollandais Volant, Wagner reprochait au ciel de ne le laisser ni mourir, ni trouver l’amour qui le sauvât (I, 21-24), à ce moment, une transformation subite, presque fantastique, avait tout changé ; Wagner avait été appelé à Dresde, son opéra Rienzi avait eu un grand succès ; une mort inopinée avait permis de le nommer chef d’orchestre ; après la plus noire misère, il était débarrassé de tous soucis, dans une position assurée, et, ce qui pour l’artiste était bien plus, avec le plus beau théâtre de l’Allemagne à ses ordres pour réaliser toutes ses inspirations (IV, 338). […] Nulle part Wagner ne nous permet de jeter un regard dans l’âme de Lohengrin, lui dont le prodigieux art était de mettre à nu le cœur de l’homme et de dévoiler ses motifs à lui-même inconnus.

1819. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Georges Servières vient de nous donner des documents qui permettent de se rendre compte du mouvement wagnérien ; quoi qu’aucune critique n’ait présidé au classement des matériaux et que ce livre eût besoin d’être refait avec la préoccupation de grouper les différents mouvements des esprits sous quelques influences générales, on peut dès à présent tirer de la lecture de ce catalogue chronologique cette conclusion que, pas plus chez les défenseurs de Wagner que chez ses ennemis, il n’y a eu aucun effort sérieux pour comprendre son œuvre et le but qu’il poursuivait. […] Beaucoup d’auditeurs actuels de l’œuvre de Wagner bénéficient de ces phrases, qui leur permettent de ne pas étudier avant d’écouter.

1820. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

De là, ami & défenseur de Montesquieu, il s'est permis les Critiques les plus minutieuses & les plus injustes contre ses Ouvrages, afin de s'élever au dessus de lui. […] Il est sans doute permis aux Poëtes de personnifier les Passions & même les Êtres abstraits ; mais pour conserver la vraisemblance & l'illusion, ils doivent leur donner un corps visible & naturel, dès qu'ils s'en servent comme d'agens destinés à influer essentiellement sur l'action.

1821. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

La révision des connaissances ou la vérification des leçons reçues ne se fait plus dans les générations éduquées, si leur malheur a permis que ces signes postiches s’opposassent à cette opération, la montrassent comme périlleuse, ou même comme impossible. […] Sieyès voudrait tout d’abord une langue simple, philosophique, sans prestige : La langue la plus raisonnable, dit-il, devrait être celle qui se montre le moins, qui laisse passer, pour ainsi dire, le coup d’œil de l’entendement et lui permet de ne s’occuper que des choses ; et point du tout cette langue coquette qui cherche à s’attirer les regards ; ou, si vous aimez mieux, la langue, ne devant être que le serviteur des idées, ne peut point vouloir représenter à la place de son maître.

1822. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Quand nous soulevons un fardeau, nous sommes obligés d’accommoder notre force à la résistance et nous avons conscience de cette accommodation ; nous apprécions le fardeau par l’intensité de notre sentiment d’effort ; un sentiment analogue nous permet d’apprécier, dans le cours de nos représentations, le facile, le familier, le connu et le reconnu. […] II Conclusions sur l’évolution de la mémoire Nos conclusions sur la nature essentielle de la mémoire nous permettent de marquer les divers stades de son évolution dans le passé et même dans l’avenir.

1823. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

L’influence des milieux est incontestable, mais elle est le plus souvent impossible à déterminer, et ce que nous en savons ne permet de conclure le plus souvent, ni de l’œuvre d’art à la société, ni de la société à l’œuvre d’art. […] Il emploie à changer le moins possible toutes les ressources de son intelligence. « C’est ainsi que la plupart des inventions primitives, celles de l’habillement, celles qui touchent à l’alimentation, ont eu pour but, par des modifications artificielles des circonstances ambiantes, de permettre à l’homme de conserver ses dispositions organiques, son aspect, ses habitudes, en dépit de certaines variations contraires naturelles des mêmes circonstances31. » Les hommes, en passant d’un climat chaud dans un climat froid, se sont couverts de fourrures, et non d’une toison comme certains animaux ; les tribus frugivores ont transporté avec elles le blé dans toute la zone de cette céréale ; l’homme primitif, en fuyant devant les gros carnivores, au lieu de développer des qualités extrêmes d’agilité et de ruse, comme tous les animaux désarmés, a inventé les armes.

1824. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

La parole imaginaire est surtout intéressante à titre de transition, de moyen terme, entre la parole extérieure et cet élément vocal de la pensée réfléchie qui est la vraie parole intérieure ; elle nous permet de rattacher celle-ci à son premier modèle et de remonter à ses origines. […] Egger développe ici sur les fonctions psychiques de la parole intérieure « calme » par opposition aux variétés de la parole intérieure « vive » comme étant souvent le « langage de l’illusion et du mensonge » — fût-il involontaire — peuvent permettre de réfléchir aux registres très différents de monologues intérieurs : par exemple, mélancolie, espace de « retirance » et quête de lucidité chez Larbaud, tandis que la parole vive et théâtralisée de Melle Else est effectivement liée à de multiples identifications illusoires qui se succèdent.

1825. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan, qui n’y voit pas d’inconvénient sans doute, se permet des affirmations tellement inouïes qu’elles en deviennent divertissantes. […] Une plume d’institut, qui remue et copie et compare des textes dans l’anxiété d’une critique qui ne s’est jamais permis qu’une seule négation bien articulée, — celle-là à laquelle il doit tout et après laquelle il doute de tout… Comme les esprits qui vivent sur une idée, faute d’en avoir deux, M. 

1826. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Mais pourquoi Michelet se permet-il des faussetés qui ressemblent fort à des impostures ? […] Michelet, qui se permit autrefois la grande indécence dans ses peintures d’histoire, a l’air de vouloir se purifier en ces honnêtetés touchantes.

1827. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Mais nous ne voulons aujourd’hui que dégager, en passant, un point de cet horizon étendu ; que signaler, comme un détail entre les mille autres qui viendront plus tard, les changements dont l’Angleterre est le théâtre depuis plusieurs années, et surtout appeler l’attention sur un homme qui aura toujours la gloire — si une meilleure ne le tente pas — d’avoir nommé de son nom ces changements précurseurs du changement définitif et radical qu’il nous est permis d’espérer. […] L’Église anglicane a pour principe et pour coutume de permettre la contradiction sur la présence réelle, attendu qu’elle veut, dans un but très politique, il est vrai, mais peu religieux, réunir dans la même communion et ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas6.

1828. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Le bon Dieu heureusement a d’autres moyens d’information que les romans naturalistes, et s’il les lit, ce dont il est permis de douter, il sait ce qu’ils valent. […] Ce sont les êtres auxquels leur éducation et leurs loisirs permettent le mieux de se regarder vivre et de s’analyser eux-mêmes qui seront toujours, en thèse générale, les mieux faits pour offrir des sujets d’étude aux romanciers comme aux auteurs dramatiques.

1829. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

De tant de tragédies, il ne s’est conservé que quatre vers des Pélopides, où se rencontre une forte et mélancolique image : « Les infortunés144, quand la mort est loin, l’appellent de leurs vœux ; mais, lorsque vient sur nous le dernier flot de la vie, nous souhaitons de vivre : on n’a jamais satiété de la vie. » Que si, d’après la seule œuvre de ce poëte qui lui ait survécu, on augure mal de son génie ; si la subtile et bizarre emphase du poëme d’Alexandra ne permet de lui attribuer, ni la libre éloquence nécessaire au drame, ni la splendeur lyrique, n’oublions pas cependant qu’il fut, pour les contemporains, l’égal d’Apollonius de Rhodes, d’Aratus et de Théocrite, formant avec eux et d’autres plus obscurs la pléiade poétique du ciel alexandrin. […] Plus tard, ce problème reviendra et s’éclaircira dans la pensée humaine, qui, sans faire Dieu l’auteur du mal, comprendra qu’il a dû le permettre sous ses deux formes extrêmes, la douleur et le vice ; car, sans cette double épreuve, les deux lois et les deux grandeurs de l’homme, le travail et la vertu, n’auraient plus où se prendre ici-bas.

1830. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Dufaure se permettent de pareilles accusations et assertions calomnieuses (il n’y a pas d’autre mot), que sera-ce des autres ?

1831. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Il avait acquis avec l’âge assez d’autorité, ou, si ce mot est trop grave pour lui, assez de faveur universelle pour se permettre franchement l’attaque contre quelques-uns de nos travers, ou peut-être de nos progrès les plus vantés.

1832. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Ces trois rimes féminines qui se suivent permettent d’exprimer tour à tour ce qu’il y a de sémillant et de vif dans les allures du lutin, d’éblouissant dans ses nuances, et de frémissant dans son murmure.

1833. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Vous en donneriez des indications et traits qui permissent d’en déterminer l’âge.

1834. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

On permettait bien aux femmes de sacrifier les occupations de leur intérieur au goût du monde et de ses amusements ; mais on accusait de pédantisme toute étude sérieuse ; et si l’on ne s’élevait pas, dès les premiers pas, au-dessus des plaisanteries qui assaillaient de toutes parts, ces plaisanteries parvenaient à décourager le talent, à tarir la source même de la confiance et de l’exaltation.

1835. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Le docteur Akakia, c’est-à-dire Maupertuis, dit lui-même les absurdités qu’un malin pourrait se permettre pour se moquer de ses systèmes.

1836. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

On copie donc les chefs-d’œuvre du xviie siècle ; on en imite les procédés, on en suit les règles servilement, par préjugé ; le monde, qui a adopté cette littérature faite pour lui, ne permet pas qu’on change rien aux formes qu’elle présente.

1837. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

On ne raisonnait pas, on ne disputait pas : on n’en voulait pas à l’Église, pourvu qu’on n’en sentît pas le joug ; et on lui permettait d’être maîtresse ailleurs.

1838. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

C’est le dilettantisme qui a permis à M. 

1839. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Par sa pauvreté humblement supportée, par la douceur de son caractère, par l’opposition qu’il faisait aux hypocrites et aux prêtres, Hillel fut le vrai maître de Jésus 136, s’il est permis de parler de maître, quand il s’agit d’une si haute originalité.

1840. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Il est donc permis de croire qu’on lui imposa sa réputation de thaumaturge, qu’il n’y résista pas beaucoup, mais qu’il ne fît rien non plus pour y aider, et qu’en tout cas, il sentait la vanité de l’opinion à cet égard.

1841. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

» — « Seigneur, lui répond cet homme, laisse-moi d’abord aller ensevelir mon père. » Jésus reprend : « Laisse les morts ensevelir leurs morts ; toi, va et annonce le règne de Dieu. » — Un autre lui dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi auparavant d’aller mettre ordre aux affaires de ma maison. » Jésus lui répond : « Celui qui met la main à la charrue et regarde derrière lui, n’est pas fait pour le royaume de Dieu 887. » Une assurance extraordinaire, et parfois des accents de singulière douceur, renversant toutes nos idées, faisaient passer ces exagérations. « Venez à moi, criait-il, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai.

1842. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

Mais la conscience n’est pas une région de l’espace ni du temps ; le seul fait d’avoir conscience d’une sensation présente, joint au souvenir d’avoir eu conscience d’une sensation passée et contraire, nous permet déjà de concevoir, au-delà de la sensation présente, d’autres sensations possibles, et, derrière cette possibilité de sensations, une activité réelle autre que notre sensation même.

1843. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Si l’on désapprouve l’imitation d’Homère, en revanche on veut bien nous permettre d’imiter les auteurs du onzième siècle, qu’on nous accuse naturellement de n’avoir pas lus » « Quelles belles leçons de simplicité et de force M. 

1844. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

L’opinion peut aussi avoir, que l’on me permette de le dire, des directions contradictoires.

1845. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

J’y ai trouvé d’abord la femme infusée dans l’époux, une Madame Denis de la démocratie faisant des livres avec des souvenirs personnels extrêmement flatteurs pour Monsieur Denis, et cette petite femme, je l’ai tout d’abord dégustée ; mais à présent je me régalerai, si vous permettez, du bas-bleu.

1846. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Toujours, enfin, c’est la femme de bonne compagnie à son aise avec tout, avec ce qu’elle aime comme avec ce qu’elle respecte et qui même se permet de l’être avec Dieu !

1847. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Le rideau, jusque-là baissé, en se relevant doit nous permettre de plonger dans le coin le plus sombre, le plus noir et le plus tragique d’un siècle (le XVIIe) qui a tout couvert de sa pourpre, et aussi dans cet autre coin de l’âme humaine qui résiste à toute lumière, et au fond duquel le moraliste, moins heureux que l’historien, enfonce ses regards et sa torche, sans pouvoir jamais l’éclairer !

1848. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Sainte-Beuve, qui était sans doute aux Antipodes quand la chose arriva, car non seulement nous avons discuté ces deux malheureux et coupables volumes dans lesquels Albert Blanc se permettait de couper et d’interrompre à sa convenance ces lettres charmantes ou magnifiques de Joseph de Maistre pour mettre, entre deux, ses énormités, à lui, Blanc, et des énormités saint-simoniennes, dans un style attaqué d’éléphantiasis, mais nous sommes allés jusqu’à soupçonner leur éditeur d’interpolation !

1849. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Puisque j’ai osé écrire ce grand diable de mot, qu’on me permette d’ajouter qu’il y en a de deux espèces : celle précisément qui vient d’en haut et qui reste longtemps sans descendre, et celle qui vient d’en bas et qui ne reste pas longtemps même là.

1850. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Si seulement il en était plus éloigné, s’il n’y avait pas entre eux une révolution, cette grande rupture qui saigne encore ; si le temps les avait séparés par ces espaces qui permettent de juger des faits dans leur véritable perspective et qui sont comme les clairières de l’Histoire, nous le verrions mieux et nous le comprendrions davantage.

1851. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Par la manière dont il s’est acquitté de sa tâche, on regrette qu’il n’ait pas eu à dire davantage, et que les limites de son livre ne lui aient pas permis de juger madame de Maintenon tout entière.

1852. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

Et, qu’il nous permette de le lui dire, d’autant plus que sa valeur n’est pas toute certainement dans ce livre !

1853. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Il est vrai que depuis le prince de Ligne, et même depuis de Champagny, nous· avons vécu, ce qui a permis à l’auteur d’À travers l’Antiquité d’employer une langue plus verte et plus crue… Seulement, langue à part, ce que ne pouvaient avoir ni Renan, le Brid’oison du doute, ni de Champagny, du faubourg Saint-Germain, où l’on n’est guères Gaulois, si on y est Français, c’est la plaisanterie !

1854. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

C’est presque comique… Plutôt que de convenir franchement de la valeur des jugements de ce chansonnier qui, entre deux chansons, se permet en prose incisive de toiser Voltaire et Rousseau et leur époque tout entière, ou de se rebiffer et de dire bravement, avec ce poltron de Sosie : Comme avec irrévérence Parle des dieux ce maraud !

1855. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Quoiqu’il ressemble à Joubert par l’accent, le coloris, le platonisme, et ce que je me permettrai d’appeler : la sensualité de l’immatériel, Joubert a une autre religion littéraire et d’autres assises dans la pensée que ce capricieux Doudan, qui s’amuse à sauter, avec tant de grâce, à travers tous les cerceaux du paradoxe, et qui avait bien ses raisons pour résister à ses amis qui lui conseillaient de faire un livre.

1856. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Elles se permettent tout.

1857. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Son ironie, quand il se permet d’être ironique, est trop contenue et trop sobre.

1858. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Aussi, faut-il le reconnaître, dans les circonstances qui nous entourent, en face des monstrueuses comparaisons qu’on se permet, essayer de rendre plus populaire et plus facile cette étude de l’Évangile qui nous élèverait la tête et nous ouvrirait le cœur si nous savions y revenir, c’est là une tentative d’esprit pénétrant qui voit les maux de ce temps et leur remède, c’est une noble et touchante entreprise d’intelligence et de charité.

1859. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Et les signaler d’autant plus que, ces faits, les Anglais ont déjà commencé de les reconnaître avec une bonne foi plus forte que les préjugés et une fermeté d’intelligence très digne d’une nation politique, qu’on nous permette le mot !

1860. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

Ce que devient Alceste pour Gérard du Boulan, ce qu’il y a pour lui sous ce masque immortel d’Alceste, je vous le dirai tout à l’heure… Seulement, en y cherchant ce qu’il a cru y trouver, qu’il me permette de le lui dire !

1861. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Pour nous, il ne l’a point trouvée, et qu’il nous permette de lui dire pourquoi.

1862. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

… Je ne puis malheureusement tout citer de ce nouveau livre pour prouver qu’il n’est pas de Vacquerie ; mais qu’on me permette de citer encore, de l’auteur des Djinns vacquerisé, cette pièce entière.

1863. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Qu’il nous permette de lui affirmer sur l’honneur que la mer est dans Homère et dans lord Byron, et que lui, M. 

1864. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Elle a, au contraire, d’horribles réalités que nous connaissons, et qui dégoûtent trop pour permettre même l’accablante sérénité du mépris.

1865. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Baudelaire nous a fait connaître, ne permettent pas d’en douter.

1866. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Il ne m’est guères permis, à moi, d’écrire le mot d’idiot45, mais je crois bien que c’est ce mot-là qu’il faudrait ici, en parlant de ces trois énormes volumes sans couleur, sans passion, sans esprit, sans gaîté, et que les éditeurs belges ont pu seuls nous donner comme un grand coup porté à l’Église dans le pays de Voltaire, où il faut de la verve et de la gaîté même aux camouflets du voyou.

1867. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

C’est ainsi qu’il m’est permis de remercier à la fois MM. 

1868. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Une âme délicate et fière n’aurait rien reçu ; et alors il lui eût été permis de se rétracter.

1869. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Les trois portraits d’un Baudelaire, d’un Fromentin et d’un Amiel trouvent dans ce contraste l’unité qui permet de les réunir comme trois visages symboliques et complémentaires de la durée littéraire française. […] Le rythme de la vie familiale la permettait heureusement à Fromentin. […] Un centenaire en 1921 a permis, comme à l’ordinaire, d’établir un bilan momentané. […] Rien de plus éloigné de sa nature que la nature française et oratoire du professeur-écrivain, à la Brunetière ou à la Lemaître, et la fureur comique de Brunetière contre ce Genevois, qui se permet de n’être pas comme lui, comble de joie les amateurs de diversité humaine. […] Écrire est un acte, implique une technique de l’exposition, mais penser n’est pas un acte, n’implique aucune technique : la logique, l’« art de penser » permet de reconnaître, une fois qu’ils sont faits, les raisonnements faux ; elle ne permet pas de faire des raisonnements justes, car on ne pense pas en, vertu d’un art.

1870. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Cela lui permettait, en effet, de ne plus considérer que son héros, de ne tenir compte que de ses dispositions d’esprit particulières, et non point des nôtres. […] Morillot, des impressions plus vives et plus libres que celles qu’il lui était permis de rendre. […] Lorsque Françoise revint à Paris, Scarron lui offrit une somme assez considérable qui lui permît de se marier honorablement ou d’entrer dans un couvent. […] Or, cela est bien étrange, étant donné un système dramatique ou, justement, presque toutes les conventions ont été établies pour permettre au poète de ne rien sous-entendre… De là mes doutes. […] On sait que notre siècle a beaucoup reculé, pour les deux sexes, l’âge où il est permis d’aimer et d’être aimé.

1871. (1896) Le livre des masques

Par l’imagination qui lui permet d’évoquer et de faire vivre les êtres les plus divers, les plus caractéristiques, les plus personnels, il a, comme Balzac, le génie de donner à ses personnages non seulement la vie, mais la personnalité, d’en faire de vrais individus, tous bien doués d’une âme particulière ; dans la Force du Mal, une jeune fille est ainsi posée et si nettement sous nos yeux qu’elle en devient inoubliable ; malheureusement son caractère fléchit à la fin du roman, trop brusquement résumé. […] Pierre Louys a des religions et des mœurs alexandrines lui a permis de vêtir ses personnages de noms et de costumes véridiquement anciens, mais il faut lire le livre dépouillé de ces précautions qui ne sont là, ainsi, qu’en plus d’un roman du XVIIIe siècle, que le paravent brodé d’hiératiques phallophores derrière lequel s’agitent des mœurs, des gestes et des désirs d’un incontestable aujourd’hui. […] En Rade développa encore ce système dont la fécondité est illimitée — tandis que la méthode naturaliste s’est montrée plus stérile encore que ses ennemis n’auraient osé l’espérer — système de la plus stricte logique et d’une si merveilleuse souplesse qu’il permet, sans forfaire à la vraisemblance, d’intercaler, en des scènes exactes de vie campagnarde, des pages comme « Esther », comme le « Voyage sélénien ». […] Ce livre donne plutôt le dégoût ou l’horreur de la sensualité qu’il n’invite à des expériences folles ou même à des jonctions permises. […] Les poètes sont enfin délivrés de telles affres ; tous les jours davantage il leur est permis d’avouer toute leur originalité ; loin de leur défendre de se mettre à nu, la critique les encourage à l’habit sommaire et franc du gymnosophiste : seulement quelques-uns le portent tatoué.

1872. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Mais ce que nous rencontrons dans notre expérience courante, c’est tel ou tel vivant déterminé, telles ou telles manifestations spéciales de la vie, qui répètent à peu près des formes et des faits déjà connus : même, la similitude de structure que nous constatons partout entre ce qui engendre et ce qui est engendré, similitude qui nous permet d’enfermer un nombre indéfini d’individus vivants dans le même groupe, est à nos yeux le type même du générique, les genres inorganiques nous paraissant prendre les genres vivants pour modèle. Il se trouve ainsi que l’ordre vital, tel qu’il s’offre à nous dans l’expérience qui le morcelle, présente le même caractère et accomplit la même fonction que l’ordre physique ; l’un et l’autre font que notre expérience se répète, l’un et l’autre permettent que notre esprit généralise. […] L’élastique se détendra, le poids retombera, l’énergie mise en réserve se retrouvera, enfin, le jour où, par un simple déclanchement, on permettra au carbone d’aller rejoindre son oxygène. […] Il le doit sans doute à la supériorité de son cerveau, qui lui permet de construire un nombre illimité de mécanismes moteurs, d’opposer sans cesse de nouvelles habitudes aux anciennes, et, en divisant l’automatisme contre lui-même, de le dominer. […] Les animaux, si éloignés, si ennemis même qu’ils soient de notre espèce, n’en ont pas moins été d’utiles compagnons de route, sur lesquels la conscience s’est déchargée de ce qu’elle traînait d’encombrant, et qui lui ont permis de s’élever, avec l’homme, sur les hauteurs d’où elle voit un horizon illimité se rouvrir devant elle.

1873. (1902) Propos littéraires. Première série

À partir du moment où les hommes d’esprit en titre d’emploi dans le spirituel pays de France lui eurent dit ce qu’ils avaient déjà dit à Grimm : « Quel est donc cet Allemand qui se permet d’avoir plus d’esprit que nous ?  […] Ce qui est plus contestable dans Bijou, c’est certaines privautés, certaines familiarités tendres, qu’elle permet, très rarement, mais qu’elle permet, ici et là, à quelques-uns de ses adorateurs. […] Si vous me permettez le mot d’argot qui est ici presque nécessaire, l’impression continue qu’on a en lisant ce petit livre, c’est que l’adultère constitue une scie. […] » Et l’abbé vit de la vie de Rome, en effet, pendant quelque temps, comme un simple dilettante, ce qui, par parenthèse, lui permet de voir la ville et à M.  […] Et il est permis, quand on a prouvé qu’une théorie ne tient pas debout en raison, il est permis seulement alors ; mais alors il est parfaitement permis de l’attaquer par ses conséquences.

1874. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

L’examen de ses idées nous permettra de toucher à quelques-uns des problèmes les plus délicats de l’esthétique générale de la musique. […] Elle est départie à tous ; seulement, elle est le plus souvent étouffée par les conditions anormales de la vie, qui ne lui permettent pas de se manifester avec une énergie identique dans tous les êtres. […] À la critique, il reproche non sans raison d’avoir enfermé en quelque sorte les artistes dans un cercle étroit de formules consacrées d’où elle ne leur permet pas de se dégager. […] Il affecte simplement de croire que Wagner a pris ce procédé d’énigmes pour permettre au « gnôme » d’apprendre au public ce que sont les nains, les dieux, les géants, etc. […] Qu’il me soit permis de renvoyer mes lecteurs au remarquable livre de M. 

1875. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Cependant, en revoyant aujourd’hui ce qu’il écrivit dans un temps si différent de l’époque actuelle, il lui est permis, sans doute, d’éprouver quelque satisfaction de pouvoir le réimprimer absolument comme il parut alors. […] Ce public, qui était devenu leur juge, se composa d’abord des hommes à qui leur situation permettait le loisir. […] Alors ils s’écrient contre les devoirs imposés par la société ; ils les accusent d’étouffer les sentiments naturels, et ne s’aperçoivent pas que les devoirs ne sont autre chose que des sentiments permis et consacrés. […] Les hommes auxquels il était permis de parler le devaient toujours faire dans une position donnée ; le caractère de leur langage, la nature de leurs idées, étaient déterminés d’avance. […] Où serait-il permis plus que parmi vous, messieurs, de se féliciter d’un si heureux état de choses ?

1876. (1940) Quatre études pp. -154

Elle permet d’appeler à Bryn Mawr, chaque année, un savant, ou un artiste, ou un critique, ou un professeur, qui peut venir de quelque endroit que ce soit de l’Amérique, ou du globe. […] Des liens nombreux et forts m’attachent aux États-Unis ; à l’Université Columbia, qui a bien voulu m’inviter la première, et qui, fidèle amie, m’a si souvent compté au nombre de ses professeurs ; à l’Université Harvard, qui, par un honneur dont je ne me lasse pas d’être fier, m’a permis de revêtir sa robe doctorale ; à tant d’autres Universités, à tant d’autres Collèges, qui furent désireux d’entendre une voix française leur parler de France. […] Lamartine ne peut se résoudre à croire que les négations que Byron a prodiguées dans Childe Harold soient définitives ; et puisqu’aussi bien le poème anglais est demeuré inachevé, il le reprend ; il en fait une harangue morale, destinée à laisser quelque espoir, à permettre de croire que Byron n’est pas mort en athée. […] Souvent nous obéissons à plusieurs à la fois, ou, si nous ne le pouvons pas, nous ménageons pour un autre temps ceux auxquels les circonstances présentes ne nous permettent pas d’ouvrir notre âme. […] Cette dernière, qui nie la possibilité d’une création ex-abrupto, qui combat l’idée d’un passage du néant à l’être par l’intervention de quelque volonté divine, a besoin d’un principe qui lui permette de remplacer le discontinu par le continu.

1877. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Cette passion, partagée un moment par la fille de la Béjart, les rendit tous les trois insensés. « Molière avait passé, dit son commentateur, des badinages qu’on se permet avec un enfant à l’amour le plus violent qu’on a pour une maîtresse ; mais il savait que la mère avait d’autres vues, qu’il aurait de la peine à déranger. […] dit le roi, les hypocrites permettent qu’on joue Dieu et le ciel, mais ne veulent pas qu’on les joue eux-mêmes. « Jouez-les toujours ; la fausse dévotion n’est qu’un mensonge ; les vices sont à vous. » Louis XIV, charmé du bon sens de Molière, se plaisait à l’entretenir quatre ou cinq heures tête à tête. […] Il est bien des endroits où la pleine franchise Deviendrait ridicule, et serait peu permise ; Et parfois, n’en déplaise à votre austère honneur, Il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur. […] Elmire est le nom de la femme d’Orgon ; madame Pernelle est sa mère ; Cléante, homme froid et judicieux, est son beau-frère ; Dorine est la suivante de Marianne, ancienne dans la maison à qui tout langage est permis.

1878. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Rigault a conçu son travail à un point de vue plus étendu que je ne l’aurais fait moi-même : j’en aurais voulu faire, ce me semble, et si l’on me permet cette imagination bien facile après coup, un épisode distinct et tranché de l’histoire littéraire française, une pure et vraie querelle, une fronde en trois actes, avec une sorte d’intérêt et de gradation, avec début, milieu et fin, les complications étrangères y tenant moins de place, et les grands philosophes énigmatiques comme Vico ne faisant tout au plus que s’apercevoir à l’horizon ; car, dès qu’ils interviennent, ils écrasent un peu trop les nôtres.

1879. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Deplace refuse, comme on le pense bien, et d’une manière qui ne permet pas d’insister ; mais les termes mêmes de l’offre peuvent donner la mesure de l’obligation, telle que l’estimait M. de Maistre.

1880. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

En assistant à tant de catastrophes inévitables, en voyant passer et s’accomplir sous ses yeux ce grand drame de la Révolution, où la fatalité plane comme dans une tragédie d’Eschyle, toute âme honnête se plaît, dans le calme de la raison et de la conscience, à imaginer un rôle de conciliation, de justice et de miséricorde, rôle inutile et sublime, que nul n’à rempli, que nul ne pouvait remplir, mais dont à cette distance et par une illusion bien permise on ose se croire capable, si les destins recommençaient.

1881. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Les songes, les pressentiments, les oracles, tout ce qui jette dans la vie de l’extraordinaire, de l’inattendu, ne permet pas de croire au malheur irrévocable.

1882. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

J’ai tenté de montrer avec quelle force la raison philosophique, malgré tous les obstacles, après tous les malheurs, a toujours su se frayer une route, et s’est développée successivement dans tous les pays, dès qu’une tolérance quelconque, quelque modifiée qu’elle pût être, a permis à l’homme de penser.

1883. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

L’ouvrier tailleur est aigri contre le maître tailleur qui l’empêche d’aller en journée chez les bourgeois, les garçons perruquiers contre le maître perruquier qui ne leur permet pas de coiffer en ville, le pâtissier contre le boulanger qui l’empêche de cuire les pâtés des ménagères, le villageois fileur contre les filateurs de la ville qui voudraient briser son métier, les vignerons de campagne contre le bourgeois qui, dans un rayon de sept lieues, voudrait faire arracher leurs vignes792, le village contre le village voisin dont le dégrèvement l’a grevé, le paysan haut taxé contre le paysan taxé bas, la moitié de la paroisse contre ses collecteurs, qui à son détriment ont favorisé l’autre moitié. « La nation, disait tristement Turgot793, est une société composée de différents ordres mal unis, et d’un peuple dont les membres n’ont entre eux que très peu de liens, et où, par conséquent, personne n’est occupé que de son intérêt particulier.

1884. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Disons tout d’abord que la conclusion de l’œuvre est qu’il y a, dans chaque individu, des milliers de « moi » et qu’il est fou d’espérer pouvoir les réduire à un seul, absolu, unique ; il ne faut, par conséquent, pas chercher un paradis, mais des paradis sans nombre ; le poète nous les montre dans les Îles d’or, qui ne sont autre chose que les bonheurs épars qu’il est permis à chacun de conquérir ou de rêver… On retrouve, dans ce volume, écrit avec une prodigieuse facilité, toutes les brillantes qualités du grand producteur qu’est M. 

1885. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Il est permis de l’espérer.

1886. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Sa fortune ne lui permettait pas de tenir une maison, mais elle était accueillie dans les meilleures, et y figurait convenablement.

1887. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Qu’il nous soit permis, en respectant des noms consacrés par les suffrages unanimes de tous les siecles, de mettre dans la même balance l’Iliade & l’Enéide, avec l’immortel Ouvrage du Cygne de Cambrai.

1888. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Il est permis à un grand maître d’oublier quelquefois qu’il y a des couleurs amies ; Chardin jettera pêle-mêle des objets rouges, noirs, blancs ; mais ces tours de force-là, il faut que M. 

1889. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

Tout est perdu, qu’on me pardonne cette figure, si l’esclave se rend la maîtresse de la maison, et s’il lui est permis de l’arranger à son gré, comme un bâtiment qui ne seroit fait que pour elle.

1890. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Dumas s’est permise contre la sainte Vierge, empêcheront aussi qu’on accepte, sur le grand et ridicule pied où il le donne, le livre malade de ce bas-bleu, — qui n’est pas bleu comme l’azur du ciel, mais plutôt comme un commencement de gangrène.

1891. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

On lui a permis de s’asseoir parmi les marquis dont se plaignait Molière, Et dont le large dos morguait les spectateurs.

1892. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Il dut se demander si sa conscience éveillée de continuateur ne lui créait pas l’obligation d’imiter, autant que le lui permettrait la nature de son esprit, l’homme dont on venait pour ainsi dire de lui mettre la plume à la main.

1893. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Voilà toute la critique que nous nous permettrons.

1894. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

On nous permettra un mot encore.

1895. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Il n’est plus permis à un historien de tomber dans de telles erreurs.

1896. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Tel qu’il est, du reste, inconséquent ou fallacieux, ce livre, qu’on nous permette de l’examiner.

1897. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Qu’importent le genre des philosophies et les mélanges qu’il s’en est permis dans la chatoyante inconséquence ou confusion de son langage !

1898. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Eh bien, je vous laisse à penser l’effet que produisit, dans un temps de pareille littérature historique, l’histoire de Carlyle, de ce singulier humouriste anglais qui ne se gênait pas, qui se permettait tout en fait de sans-gêne britannique ; de Carlyle, le hoax anglais incarné, mais incarné dans le vrai, et qui ressemblait, par sa gaieté funèbre, en piochant les tombes de l’Histoire, au fossoyeur de Shakespeare.

1899. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

En action historique, les idées générales, les influences sociales ont besoin d’un homme… Quoique la France fût éperdue d’égalité, à cette heure maudite, et qu’elle eût commencé déjà le nivellement par l’échafaud, elle n’en reconnut pas moins la supériorité et la souveraineté de l’homme qui, à un jour donné, avait créé cette chose inouïe, universelle et compacte, qui s’étendit tout à coup sur la France entière comme une voûte qui ne permettait plus de respirer, et qu’on appela du même nom que le sentiment dont elle transissait les âmes : la Terreur !

1900. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

En d’autres termes et sans métaphore, cette nation d’émigrés et d’émigrants qui lui transfusent éternellement de ce sang qu’elle se donne les airs de mépriser, est-elle par elle-même si solide qu’elle puisse se permettre, dans l’ivresse de sa force, cette inconséquence de mépris ?

1901. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Il s’est permis une mise en scène, romanesque et plaisante, qui ricane et persifle, et tend à ridiculiser la grande physionomie d’un homme qui résiste à tous les petits calculs d’ironie et d’impertinence qu’on ose contre lui.

1902. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

C’était l’Ancien Régime et la Révolution, que la mort — une mort prématurée — ne lui a pas permis d’achever.

1903. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Matter, conseiller honoraire de l’Université, ancien inspecteur des bibliothèques, ait eu de ces préjugés d’école qui empêchent d’apprécier Balzac ce qu’il vaut, et se soit permis le mépris des pédants avec ce grand homme littéraire ; mais enfin Balzac a fait une œuvre transcendante d’imagination inspirée par Swedenborg, et, de plus, dans cette œuvre même, Balzac a trouvé le moyen d’introduire un magnifique morceau d’histoire et de critique, qui a fait certainement plus pour la renommée de l’immense Excentrique suédois que le livre de M. 

1904. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Caro, qui ne fait point préface, qui se hâte moins dans l’expression de ses sympathies, et qui même se permet une pointe de critique contre l’idéalisme crépusculaire du docteur allemand, l’usage des anecdotes qu’il lui emprunte est moins frappant et visible que celui de M. 

1905. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Malgré deux ou trois efforts qu’il fît un jour pour s’ôter de la place où Dieu l’avait mis aux regards du monde comme un pont du ciel qu’il lui avait jeté, malgré la tentation qui le prit de la pénitence au désert, du silence ardent des Chartreuses et de la contemplation rigide et extatique en Dieu des grands Solitaires, Dieu ne permit point au serviteur qu’il s’était choisi d’être autre chose qu’un grand confesseur, et je dirai plus : le confesseur au dix-neuvième siècle.

1906. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

II Et je me permets d’insister sur cette mâle conduite, sur l’excellence d’une méthode qui a peut-être beaucoup coûté à l’enthousiasme du nouvel historien de saint Vincent de Paul, mais dont il ne s’est jamais départi dans les quatre immenses volumes qu’il a publiés.

1907. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

La vie privée s’adosse à, la vie publique, et il n’est pas permis à l’historien de les séparer.

1908. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Jules de Gères — comme nous allons le voir — a souvent dans le talent cet hermaphrodisme harmonieux qui vient de la Force saillant dans la Grâce, mais il n’en appartient pas moins exclusivement en poésie à ce que je me permets d’appeler le genre gazelle.

1909. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Heredia est, dans son fond intime (qu’il me permette de le lui dire !)

1910. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Joséphin Soulary fut un des plus acharnés de l’École, puisqu’il se moula en sonnets, tout entier, et qu’il ne permit pas d’autres manières de se produire à son génie.

1911. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Victor Hugo, qui se croyait le Napoléon de la poésie, avait un dais ; Mme de Girardin, disons-le à sa décharge, ne se permit pas un trône.

1912. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Il va du bonhomme au gamin, toujours par le chemin du rire, mais, chez lui, le bonhomme n’est jamais Prudhomme, et quand il est chauvin, car il se permet d’être chauvin, parfois, dans son poème, c’est un chauvin grandiose, — et un gamin grandiose aussi, un Gavroche monumental !

1913. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de Paul de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du xviie  siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes.

1914. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Qu’il me permette de le lui dire, il y a je ne sais quelle épaisseur et quelle grossièreté dans ce roman qui, de conception et d’idée première, devait s’élever en plein idéal.

1915. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de M. de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du dix-septième siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes.

1916. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Seulement, si nous cédons Gil Blas, nous ne pouvons pas permettre qu’on compare en quoi que ce puisse être le satirique russe, qui se torture pour être méchant, à notre impartial et tout-puissant Balzac.

1917. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Destinés à paraître dans un journal sous cette forme de roman-feuilleton qui peut se permettre tant de hors d’œuvre et de bavardages, les romans actuels de Feydeau sont tout aussi victimes de la forme qu’ils ont revêtue que des idées fausses et des facultés décroissantes de leur auteur.

1918. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Il faut en convenir, on a regret que la dignité de l’oraison funèbre et sa marche soutenue, ou du moins le ton sur lequel le préjugé et l’habitude l’ont montée, ne permettent point d’employer ces traits d’une simplicité touchante, et qui mettraient souvent le héros à la place de l’orateur.

1919. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Son style, toujours élégant et noble, s’élève au-dessus du style ordinaire de l’histoire ; mais il ne se permet nulle part ces mouvements, ces tours périodiques et harmonieux, qui semblent donner plus d’appareil aux idées et un air plus imposant au discours.

1920. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Mais la liberté, qui permet bien des erreurs et bien des abus, a du moins ce salutaire effet de ne point les laisser en repos, de les inquiéter sans cesse par la contradiction et le blâme, de soulever au besoin contre eux la conscience humaine, et, tôt ou tard, de corriger la loi par l’instinct moral.

1921. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Royaliste (si l’on me permet d’appeler pareilles questions choses de détail) ? […] Il souffre impatiemment qu’on se permette et qu’on se pique de l’améliorer. […] Une première émancipation, permise par Dieu, a eu lieu dans les temps antiques. […] Cela peut permettre aux positivistes de nos jours la modestie, et aux religieux la confiance. […] Elles ne servent qu’à fausser l’entendement de celui qui a le tort de se les permettre et d’en prendre l’accoutumance.

1922. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Mais, quelques jours après sans doute, Corneille écrivait le sonnet délicieux, vraiment ému sous l’air de badinage : Je vous estime, Iris, et crois pouvoir sans crime Permettre à mon respect un aveu si charmant ; Il est vrai qu’à chaque moment Je songe que je vous estime. […] Je ne retiendrai pour vous, de cette conférence, que ce que ma tendresse pour le plus grand des poètes tragiques m’a permis d’ajouter à mes impressions antérieures. […] A ce moment, l’un des officiers de cosaques envoyés pour rétablir l’ordre dans le pays vient demander au vieux juif ses papiers et son permis de séjour. […] A Paris du moins, qui touche à un israélite touche à tous les autres, et qui se permet, au théâtre ou dans le roman, de les traiter comme on traite d’autres collectivités : les Auvergnats, les Marseillais ou les notaires, c’est-à-dire de les peindre, ou dans des types d’exception et présentés comme tels, ou dans des types si généraux qu’ils n’atteignent plus personne, celui-là, au fond, les a tous contre lui, je le sais. […] Ces rudes soldats de l’Empire jouissaient d’une sincérité militaire qui ne leur permettait pas le ruolz, ni aucune autre supercherie.

1923. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Tout d’abord, qu’il me permette d’applaudir à la préface baptisée : « Commémoration de Jules Barbey d’Aurevilly ». […] Il est vrai qu’il était en même temps plus avare qu’il n’est permis, sordide, avec un train minable, et qu’il n’en rougissait pas. […] Les traits fatigués de cette femme ne permettaient pas de deviner son âge. […] Mais la postérité, s’il m’est permis d’employer un tel mot, a commencé pour cette entreprise sans exemple. […] … Dans ses impénétrables desseins, Dieu ne l’a pas permis.

1924. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

L’entrée en est permise aux badauds vagabonds, et la réclame adroite y provoque les acheteuses. […] Après le Grand-Prix, on peut se permettre un marin en paille. […] Rougit comme un bébé, dès que l’espérance d’un plaisir permis lui monte à la tête. […] Paul Hervieu ne doit plus se permettre. […] Le « devoir », ainsi conçu, autorise tout, même ce qui n’est pas permis.

1925. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Pour les retrouver, il n’y a qu’à ne pas faire ce qu’il a fait, et à croire ce qu’il n’a point cru… Je me permettrai d’ajouter ce qu’il pensait probablement sans le dire : le génie aidant. […] Elles prévoyaient en grande partie le xixe  siècle littéraire, et elles lui permettaient de naître. […] C’est ce que le retour des Bourbons permit de faire. […] Au point de vue philosophique, elle ne lui permet pas d’avoir une vue complète, large par conséquent et puis santé, des choses. […] Il est permis aux dilettantes d’en vouloir à la Révolution de 1848.

1926. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Toutes les fantaisies, tous les rêves sont permis à l’art, tandis que les unes et les autres sont interdites à la matière brute, qui est condamnée à l’immobilité. […] vous admettez la nudité au Salon, dans les parcs, et vous ne la permettriez pas dans les livres ? […] permettez-moi de vous affirmer, me répondit Loti, devenu très sérieux, que votre allusion à l’Académie me surprend beaucoup. […] Bonnetain serait lui-même le nommé Perreux, à la triste fin près, que je n’en serais nullement étonné ; il a écrit sous la dictée des faits, il a regardé et écouté la nature et celui-là est toujours éloquent qui a l’esprit de consentir à n’être que son secrétaire Je copie ce récit pittoresque des équipées que le pauvre garçon se permettait à la Martinique. […] Je m’arrête, regrettant de ne pouvoir citer les pages les plus éloquentes et d’avoir été obligé de n’indiquer que les parties qui permettent de suivre par à peu près la route que suit Faustus.

1927. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Pour huit jours je puis me permettre De vous fermer la porte au nez. […] — Permets que j’ôte tes cheveux blancs, pour te rajeunir. […] Ici, je me permettrai de poser une question à M.  […] Vivons donc en paix, sans nous préoccuper outre mesure du soin de mettre dans nos ambitions ou dans nos espoirs un souci de durée, dont la nature ne nous permet pas l’audacieuse présomption. […] , on me permettra bien de me prouver à moi-même que je suis peut-être capable d’un sentiment désintéressé.

1928. (1927) Approximations. Deuxième série

L’art détient ici une primauté souveraine à l’abri de laquelle la pensée elle-même s’affine, se taille, se civilise, parce qu’il ne lui est jamais permis de sortir des conditions de la vie. […] Parce que les effets du peintre sont des effets dans l’espace, le peintre peut non seulement se permettre ce mouvement de la forme, mais y trouver un incomparable rehaut : la façon dont imperceptiblement une de ces figures a l’air de bouger est parfois chez lui l’indice même de la race : songez aux sanguines de Watteau. […] Et c’est parce que l’originalité de Proust était en profondeur — parce que celle-ci constituait l’arrière plan qui vaquait à sa sûreté — qu’il pouvait se permettre de jouer si librement à la surface et avec toutes les surfaces. […] Moments où Maurois pose ces touches, se permet ces discrètes avancées qui a color che sanno rendent son livre cher. […] Composant l’œuvre définitive, Pascal eût-il permis au langage ces irrésistibles sorties ?

1929. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Pour moi je ne crains pas qu’on m’accuse d’avoir corrompu cet endroit, puisque je n’employe que les paroles de Madame Dacier, qui, quoiqu’elle en dise, corrige plus souvent Homere qu’elle ne l’affoiblit ; car elle me permettra de le dire, elle a beau se piquer d’être littérale, son goût et son jugement lui font souvent violence, et on pourroit lui reprocher bien des infidélités dans sa traduction, qui tournent toutes au profit de l’original. […] Ainsi le poëte habile ne manque pas de les répandre dans son ouvrage, et de les revêtir, autant que la raison le permet, de tout l’éclat qui peut interesser à les retenir : car souvent le lecteur plus amoureux du plaisir que de la perfection, dédaigneroit ces maximes si elles n’étoient qu’utiles, au lieu que si elles l’attachent d’abord par leur beauté, il peut aller ensuite jusqu’à en goûter la solidité, et à en faire usage. […] Non, quoiqu’on en dise, je n’accuserai point Homere de ces imprudences : il est bien plus vraisemblable que c’est notre ignorance de sa langue, qui fait notre embarras, et qui ne nous permet pas de discerner pour mettre encore mieux en jour notre impuissance à juger de l’expression d’Homere, transportons-nous à deux mille ans dans l’avenir ; imaginons-nous que nous parlons une nouvelle langue, et que le françois est alors ce que le grec est aujourd’hui. […] Qu’on me permette ici une réflexion. […] Jamais la tyrannie de la rime ne permettra de suivre les tours et les expressions d’un auteur, aussi exactement que la prose le peut faire.

1930. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Il donne la recette de ce qu’il croit permis au besoin, assassinat, empoisonnement, massacre ; il divise et subdivise le tout avec un sang-froid inimaginable. […] Et au nombre des causes de ces mystérieuses vicissitudes, Naudé ne craint pas de mettre « la grande bonté et providence de Dieu, lequel, soigneux de toutes les parties de l’univers, départit ainsi le don des arts et des sciences, aussi bien que l’excellence des armes et établissement des empires, ou en Asie, ou en Europe, permettant la vertu et le vice, vaillance et lâcheté, sobriété et délices, savoir et ignorance, aller de pays en pays, et honorant ou diffamant les peuples en diverses saisons ; afin que chacun ait, part à son tour au bonheur et malheur, et qu’aucun ne s’enorgueillisse par une trop longue suite de grandeurs et prospérités. » C’est là une belle page et digne de Montaigne. […] Parmi les ruses les plus permises, il faut mettre celle que raconte Rossi dans la lettre où il parle des acquisitions de Naudé à Rome en 1645.

1931. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Nos beaux habits, la langue allemande et ma liberté habituelle, que j’employai fort à propos en commandant en allemand à mon domestique d’appeler les hallebardiers suisses pour nous faire faire place, me servirent à merveille et nous permirent partout de nous mettre en avant. […] Mon unique récréation est dans les cabrioles que je me permets de temps à autre. […] Je vous ai sacrifié à tous deux toutes mes heures, dans l’espoir que non seulement vous parviendriez à vous tirer honorablement d’affaire, mais encore que vous me procureriez une tranquille vieillesse, me permettant de rendre compte à Dieu de l’éducation de mes enfants, de songer au salut de mon âme sans autre souci, et d’attendre paisiblement la mort.

1932. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

La Providence n’a pas permis que le philosophe de la raison pure servît de texte aux erreurs de la mémoire ou aux écarts de l’imagination populaire. […] Après avoir fait sentir la différence qu’on devait mettre entre le culte des dieux et les hommages rendus aux grands hommes, Callisthène dit que, comme Alexandre ne permettrait pas qu’on usurpât les honneurs attachés à sa dignité, de même les dieux s’indigneraient qu’on s’arrogeât ceux qui leur appartenaient. […] « Toutes les ruses des tyrans peuvent même trouver place dans cette démocratie, par exemple, la désobéissance permise aux esclaves, chose peut-être utile jusqu’à certain point, la licence des femmes et des enfants.

1933. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

« Un vaisseau guidé par le compas, les étoiles et le chronomètre, lui apporte de l’autre rivage de l’Atlantique des informations qui lui permettent d’adapter ici ses achats aux prix de là-bas. Un examen de couches superficielles, d’où il infère la présence de charbon au-dessous, lui permet de mettre en correspondance ses actions avec des coexistences situées à mille pieds en dessous. […] Identité de nature dans les objets comparés, identité de coexistence dans le temps, identité de coétendue dans l’espace : ce sont là les seules notions parfaitement déterminées pour nous et, par suite, les seules qui permettent des conclusions exactes.

1934. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

La Francesca du Dante, cette autre damnée de l’amour, emportée elle aussi par une rafale éternelle, n’est pas plus mélodieusement plaintive, lorsqu’elle raconte « à quels signes, aux temps des doux soupirs, Amour lui permit de connaître ses désirs incertains. […] Parle, s’il est permis. » — « Qu’importe avec qui ? […] Zeus avait tout permis et tout approuvé.

1935. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

En même temps, il y a des nuances nombreuses de sensations qui permettent de spécifier, tout en classant. […] Si je recommence un grand nombre de fois à toucher la flamme qui m’a brûlé ou tout au moins à en sentir la chaleur croissante à mesure que j’en approche le doigt, si j’additionne grosso modo dans ma mémoire tous les cas positifs, si j’ai conscience, au contraire, de l’absence d’aucun cas négatif, si je vois ainsi les raisons pour (égales à un nombre indéfini) et les raisons contre (égales à zéro), si enfin j’ai le langage qui me permet de traduire la direction d’esprit résultant de cette comparaison, j’arriverai à cette proposition générale : le feu brûle. […] Elle refait un autre monde dans la pensée et, par là, nous permet d’abord de comprendre, puis de modifier à notre usage les forces du monde réel.

1936. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Des quatorze cents ans de notre histoire de France, les quelques années du Directoire, de ce gouvernement de corruption et de néant, sont assurément celles où la France (à part la gloire des camps) est le plus tristement tombée… S’il était permis à l’Histoire d’avoir des silences, elle pourrait se taire, de convenance ou de honte, devant tant d’ignominie et de nullité, et ce n’est pas un doigt qu’elle aurait à se mettre sur la bouche, comme le dieu Harpocrate, ce serait toute la main ! […] Malgré son instinct et une sagacité assez aiguisée, à, ce qu’il semblait, aux questions et aux choses, pour à l’occasion savoir les résoudre et les pénétrer, Granier de Cassagnac, qu’il nous permette de le lui dire ! […] X Mais ce manque de rigueur dans une des conclusions de son livre, que nous nous permettons de reprocher à l’auteur de la Chute du roi Louis-Philippe, ne peut avoir d’effet rétrospectif sur les qualités que nous lui avons reconnues.

1937. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Admirons la Providence qui permit qu’à une époque où les hommes étaient incapables de discerner le droit, la raison véritable, ils trouvassent dans leur erreur un principe d’ordre et de conduite. […] La plupart des retranchements que nous nous sommes permis, portent sur ces additions. […] Mais la Providence ne permet pas que l’âme qui est à elle soit abandonnée à un joug étranger.

1938. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

M. de Talleyrand, qu’on avait dû réveiller exprès d’un sommeil léthargique, était assis, au bord du lit, car l’incision faite à ses reins et qui descendait jusqu’à la hanche ne lui permettait pas d’être couché, et il passa les dernières quarante-huit heures dans cette posture, penché en avant, appuyé sur deux valets qui se relayaient toutes les deux heures. […] Le choix dans les citations à recueillir est un art trop délicat et trop difficile pour se le permettre dans un livre de M. 

1939. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Publiant en 1808 son premier recueil de chansons, il toucha, dans sa préface, quelque chose de ces horribles scènes dont il avait été témoin et victime ; mais, chez les êtres vivement doués et qui ont été désignés en naissant d’une marque singulière, la nature au fond est si impérieuse, et elle donne tellement le sens qui lui plaît à tout ce qui vient du dehors, qu’il y voyait plutôt un motif de s’égayer désormais et de chanter : « Permettez-moi, disait-il au lecteur de cette préface, de payer à la Gaieté, ma généreuse libératrice, un hommage que l’ingratitude la plus noire pourrait seule lui refuser ; daignez m’entendre, et vous en allez juger. […] De toutes les chansons de Désaugiers, s’il m’était permis de préférer et de dire celle qui me semble peut-être la plus complète littérairement (littérairement !

1940. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Gabriel de Chénier, nous ont permis de rechercher et de transcrire ce qui nous a paru convenable dans le précieux résidu de manuscrits qu’il possède ; c’est à lui donc que nous devons d’avoir pénétré à fond dans le cabinet de travail d’André, d’être entré dans cet atelier du fondeur dont il nous parle, d’avoir exploré les ébauches du peintre, et d’en pouvoir sauver quelques pages de plus, moins inachevées qu’il n’avait semblé jusqu’ici ; heureux d’apporter à notre tour aujourd’hui un nouveau petit affluent à cette pure gloire ! […] 68 Il résulte, pour moi, de cette quantité d’indications et de glanures que je suis bien loin d’épuiser, il doit résulter pour tous, ce me semble, que, maintenant que la gloire de Chénier est établie et permet, sur son compte, d’oser tout désirer, il y a lieu véritablement à une édition plus complète et définitive de ses œuvres, où l’on profiterait des travaux antérieurs en y ajoutant beaucoup.

1941. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Qu’on daigne relire dans mes Œuvres complètes le dernier avis du Conseiller du peuple, que je me permettais de donner aux républicains provocateurs de l’assemblée, huit jours avant le coup d’État qui releva un trône, on verra que j’en avais le pressentiment et la tristesse anticipés. […] Mais ses informations avaient des réticences qui ne permettaient pas de croire à la complète impartialité du confident de Danton.

1942. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

La mort de son père, arrivée en 1657, lui permit de suivre librement sa vocation. […] Le jour où il se permet de critiquer Boileau et de trouver passables des vers de Charpentier, ce jour-là, il n’est qu’un sot.

1943. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Il marque une aspiration d’un jour, une involontaire concession du poète à « l’illusion qui fait de nous sa pâture »3 et qui, trompant sans cesse les efforts qu’elle suscite, ne permet point à la douleur de s’endormir. […] Le goût de l’action se réveille sous un ciel moins accablant qui permet la lutte, et le sens de la beauté vit et se développe dans une nature aux contours harmonieux et modérés, dans une lumière qui réjouit et n’aveugle point.

1944. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Il défend le foyer chrétien, comme on défend sa patrie contre l’envahissement de l’étranger, par tous les moyens de destruction que permettent les lois de la guerre. […] Ainsi il faut me taire sur ces écrits d’État, si ce mot m’est permis, bulletins de victoire, notes politiques, discours aux grands corps de l’État, par lesquels la France du dix-neuvième siècle a parlé au monde avec un si grand retentissement.

1945. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Taine est un exemple redoutable de ce que produit une intelligence orgueilleuse lorsqu’on l’abandonne à ses fantaisies, lorsqu’elle prétend sortir du petit royaume humain d’idées et de faits où il lui est permis de voyager. […] Flaubert est fou quand se produit une répétition de mots, quand certains verbes qui forment l’armature de la phrase française, faire, être, avoir, se rencontrent trop souvent sous sa plume ; les qui et les que, qui permettent à une pensée de se développer dans toute son ampleur, le bouleversent.

1946. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Nous nous permettrons d’ailleurs de bâcler le pensum et de causer de Racan ou même d’autre chose plus que de M.  […] Son esprit souriant à tout et son âme indifférente à tout lui permettent de s’assimiler rapidement n’importe quel sujet et de le traiter précisément avec les grâces de langage qu’attend son public.

1947. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Il sait que son fils aime madame Lecoutellier, née de Valtaneuse ; il sait aussi que la veuve convoite ardemment le château qui lui permettrait de reprendre ce nom patricien. […] Ce n’est pas tout : il l’abandonne, durant toute une scène, à son enquête malveillante ; il lui permet, en quittant la chambre, de constater la régularité de son pouls, la coloration normale de son teint et l’égratignure à fleur de peau dont il « se fait mourir », comme dirait, en son argot, mademoiselle Navarette !

1948. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

. — Mais c’est là une distinction d’objet, non de nature, qui revient à dire : tantôt nous désirons avoir telle ou telle chose (ce qui permet de tout désirer) ; tantôt nous désirons faire telle ou telle chose (ce qui réduit alors le désir à ce que nous considérons comme réalisable par notre action). […] L’affinité chimique fournit donc une comparaison supérieure à celle de la balance : elle permet de mettre en relief le caractère individuel de la réaction sous tel motif ou mobile.

1949. (1904) En méthode à l’œuvre

L’antinomie se résout, — en prenant garde que le devoir altruiste ne se doit exiger et n’est même permis que lorsque l’Individu a pour lui-même acquis la sûreté de Vie organique et morale, et ainsi que pléthoriquement. […] Et, si l’on ne peut assentir au dire de Schumann, que « tous les instruments sont des voix humaines », il est permis d’émettre en axiome que les Voix sont des instruments, et plus.

1950. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Toi qui permets, ô père ! […] Il y a entre l’homme et les murs qu’il a longtemps habités mille secrètes intimités à se dire, qui ne permettent jamais de se revoir, après de longues absences, sans qu’une conversation qui semble véritablement animée et réciproque ne s’établisse aussitôt entre eux.

1951. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Ce qui autorise à le croire, c’est qu’on s’est permis de retrancher plusieurs des anciennes, et qu’on a souvent divisé les autres, sous prétexte que le premier ordre était arbitraire, de manière à ce qu’elles ne donnent plus le même sens. […] Ô homme, qui que vous soyez, vous est-il donc permis de vous souvenir des injures qu’on vous a faites ?

1952. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Le livre que j’en fais aura, sans contredit, Plus que ceux de Platon de vogue et de crédit. » Pendant que je répare mes oublis, vous me permettrez de vous donner une petite indication qui vous intéressera à certains égards ; elle est curieuse. […] Sûr de lui, sûr de sa parfaite mesure, sûr de sa discrétion, de son goût parfait, il se permettait le burlesque, sachant bien qu’il s’arrêterait de lui-même et sans s’y appliquer, au moment où le burlesque devient trivial, devient rebutant.

1953. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Rabelais, ce grand rieur qui se permettait tout, cet Homère-Priape sans feuille de vigne ; Rabelais, l’auteur de Gargantua, a un jour raconté la bataille des Cervelas et des Andouilles, mais il riait au-dessus de sa plantureuse et folle Épopée. […] II Et je ne me permets ici aucune mauvaise plaisanterie.

1954. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Elle va me permettre de me présenter avec plus d’assurance devant la vie, si Dieu me la laisse… Je vous embrasse, mon cher papa, très ému à la pensée de votre fierté paternelle et bien reconnaissant de l’honneur que me vaut, sans doute, votre vie entière… » Je m’arrête, je ne puis, pour ma part, rien supposer qui aille plus haut. […] Son premier avantage est de permettre une grande dignité et même une grande élégance de vie.

1955. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

de son vice et de son mal, il était si charmant, si hardiment jeté, il était l’occasion de si beaux vers, les deux cents vers les mieux lancés et les plus osés que la poésie française se fût jamais permis, que l’on concluait avec le poète lui-même en disant : Que dis-je !

1956. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

C’est à cause de cette rigoureuse recherche d’exactitude que je me permettrai de remarquer qu’en appréciant si bien André Chénier et en rendant à ce jeune et nouveau classique la part entière qui lui est due, il l’a un peu trop appareillé, en tout, et même pour la destinée, avec cet autre charmant poète de nos jours, Alfred de Musset.

1957. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Mon cher directeur, Vous me permettez de parler de Catherine d’Overmeire que vient de publier notre ami et ancien collaborateur Ernest Feydeau, et vous me dites de le faire sans crainte.

1958. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Un personnage essentiel dans le plan de Napoléon manqua toujours, c’était, Grouchy, lequel apparaissant avec ses 36,000 hommes, en tout ou en partie, eût permis de conjurer ce fantôme des Prussiens devenu bientôt une formidable réalité, et de livrer la bataille dans l’ordre régulier et savant suivant lequel elle, avait d’abord été calculée.

1959. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Lorsqu’il apprit que mes Mélanges de Littérature grecque allaient être imprimés, il me pria de lui permettre de revoir les épreuves avec moi et d’en extraire au fur et à mesure, pour son usage particulier, tous les fragments nouveaux de poètes.

1960. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Ce n’était plus une aveugle exaspération suivie de lassitude et de repentir, comme sous la Ligue ; ce n’était plus l’étourderie émoustillée de la Fronde : de graves événements avaient illustré, mûri, moralisé ce peuple sur lequel Gargantua s’était permis autrefois de si inconcevables licences ; 89 et Napoléon avaient enseigné, inculqué à tout jamais au tiers état la dignité de l’homme, l’énergie civilisatrice, et lui avaient fait un besoin des plus mâles et inviolables sentiments.

1961. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

« Pouvez-vous aller d’un lieu à un autre si on ne vous le permet, user des fruits de la terre et des productions de votre travail, tremper votre doigt dans l’eau de la mer et en laisser tomber une goutte dans le pauvre vase de terre où cuisent vos aliments, sans vous exposer à payer l’amende et à être traînés en prison ?

1962. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Son palais intérieur a de grandes richesses amoncelées ; les chambres du milieu ont à leurs parois des peintures émouvantes qui ne demandent que le jour du soleil pour se manifester aux yeux ; mais les vitres par où ce jour pénètre, et au travers desquelles il nous est permis de regarder, ces vitres sont ternes et grises, elles ne nous laissent saisir que des reflets brisés et des lambeaux.

1963. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

A ne les considérer que sous le côté littéraire, il est permis de soupçonner que Boileau et La Fontaine n’avaient peut-être pas tout ce qu’il fallait pour s’apprécier complétement l’un l’autre ; ils représentaient, en quelque sorte, deux systèmes différents, sinon opposés, de langue et de poésie.

1964. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

C’est plaisir de l’entendre lui-même raconter l’ordonnance et l’emploi de ses heures, son hygiène habituelle, et jusqu’à la dose de vin qu’il se permettait.

1965. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Car après les trois jours, durant deux années, le saint-simonisme a été en grande partie cela. à ce sujet, on nous, permettra de citer ici quelques vers laissés par un jeune saint-simonien mort, Bucheille ; le sentiment qu’il éprouve en approchant du groupe qu’il considère comme sacré, ce détachement des autres amitiés et des liens antérieurs, cette illusion d’un essor plus vaste et d’un rajeunissement moral, tous ces symptômes, que beaucoup ont partagés, y sont assez naïvement réfléchis : nous n’avons supprimé qu’un bout d’amourette vers la fin ; et c’était là encore un trait qui d’ordinaire ne faisait pas faute.

1966. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Qu’on me permette de citer ici un des beaux passages, dans lequel M. 

1967. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Enfin il faudrait composer un livre pour réfuter tout ce qu’on se permet de dire dans un temps où les intérêts personnels sont encore si fortement agités.

1968. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Il y a des formules de cruauté pour ainsi dire reçues, dont il n’est pas permis, même aux hommes dont on est sûr, de s’écarter jamais.

1969. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Cette force, cette vigueur, ce sang chaud et bouillant, semblable à un vin ruineux, ne leur permet rien de rassis ni de modéré.

1970. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Rutebeuf est un « gallican » convaincu : il invoque toutes les lois et us du royaume, quand, à la prière ou avec la permission de saint Louis, le pape Alexandre IV se permet d’exiler Guillaume de Saint-Amour, qui enseignait dans l’Université de Paris.

1971. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Il tient apparemment de ses origines espagnoles et créoles la grandiloquence de ses vers, la « grandesse » de ses sentiments et l’opulence de sa vision ; mais il a aussi du sang normand dans les veines, et il est permis de croire que c’est par là que lui sont venues ses bonnes habitudes classiques, son goût de l’ordre et de la clarté.

1972. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

Moi, je me permets de penser tout le contraire.

1973. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

de la simplicité, de la piété, de l’humilité : « Je me jure à moi-même de prendre désormais les règles suivantes pour règles éternelles de ma vie ; « Faire tous les matins ma prière à Dieu, réservoir de toute force et de toute justice, à mon père, à Mariette et à Poë comme intercesseurs : les prier de me communiquer la force nécessaire pour accomplir tous mes devoirs, et d’octroyer à ma mère une vie assez longue pour jouir de ma transformation ; travailler toute la journée, ou du moins tant que mes forces me le permettront ; me fier à Dieu, c’est-à-dire à la justice même, pour la réussite de mes projets ; faire, tous les soirs, une nouvelle prière, pour demander à Dieu la vie et la force pour ma mère et pour moi ; faire, de tout ce que je gagnerai, quatre parts : une pour la vie courante, une pour mes créanciers, une pour mes amis, et une pour ma mère ; obéir aux principes de la plus stricte sobriété, dont le premier est la suppression de tous les excitants, quels qu’ils soient. » Plus je me rapproche de l’homme et plus je reviens de mes préventions contre l’artiste.

1974. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Quand Joachim est confident, sans le vouloir d’un amour point spirituel, il ne s’indigne, ni ne réfléchit, et ne pense qu’au mariage nécessaire, oubliant tout à fait que l’Église ne permet pas le mariage pour la satisfaction de la volupté, mais seulement pour la création de la famille.

1975. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Encore Maillard regrette-t-il que la présence de ces dames « plus étoffées en nature et en vêtement » ne permette pas d’en entasser davantage.

1976. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Tous ces discours portent trop fortement l’empreinte du style propre à Jean pour qu’il soit permis de les croire exacts.

1977. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Jude reconnaît facilement qu’il est permis de « défaire ce qu’on a fait par ignorance » et que le mariage, ignoble troc prostitueur ou pacte grotesque par lequel on promet de ne pas changer de goût, est la plus vaine et la plus immorale des formalités.

1978. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Dans la grande rixe olympienne qui éclate au vingt et unième chant de l’Iliade, Héra l’appelle « chienne hargneuse », et lui reproche « son cœur de lionne pour les femmes que Zens lui permet de tuer à son gré ».

1979. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Aucun génie actuel ou possible ne vous dépassera, vieux génies, vous égaler est toute l’ambition permise ; mais, pour vous égaler, il faut pourvoir aux besoins de son temps comme vous avez pourvu aux nécessités du vôtre.

1980. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Je prendrai, pour éclaircir ma pensée, un exemple emprunté à l’histoire religieuse, mais que l’on me permettra de considérer sous un point de vue tout profane et tout littéraire.

1981. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

« Aristarchus, dit Plutarque, estimoit que les Grecs devoient mettre en justice Cléanthe le Samien, et le condamner de blasphème encontre les Dieux, comme remuant le foyer du monde ; d’autant que cest homme taschant à sauver les apparences, supposoit que le ciel demeuroit immobile, et que c’estoit la terre qui se mouvoit par le cercle oblique du zodiaque, tournant à l’entour de son aixieu147. » Encore est-il vrai que Rome moderne se montra plus sage, puisque le même tribunal ecclésiastique qui condamna d’abord le système de Copernic, permit, six ans après, de l’enseigner comme hypothèse148.

1982. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Les gestes que l’art appellé saltatio enseignoit, n’étoient point toujours des gestes, servans uniquement à donner bonne grace, et s’il est permis de s’expliquer ainsi, des gestes vuides de sens, mais souvent des gestes qui devoient signifier quelque chose intelligiblement, des gestes qui devoient parler.

1983. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Les grands seigneurs, les magistrats sont parodiés en plein théâtre ; Figaro paraît, et ils permettent, ils souffrent qu’un valet réformateur ose leur donner des leçons !

1984. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Il ne lui fut permis de connaître et d’aimer que sa mère ; et, quoiqu’il sût de très bonne heure le secret de sa naissance, il ne s’écarta jamais du respect et de l’amour d’un fils.

1985. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Je me permettrai de contrarier légèrement sur ce point Mme la marquise.

1986. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

La femme, à qui on permet tout, envoie, en riant, promener les hommes et l’art et les théories !

1987. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

… Ce n’est plus qu’un Hermès, et qu’on me permette cette légèreté, — car les femmes graves me font léger jusqu’à la dépravation, — un Hermès dont les livres doivent rester pour nous hermétiquement fermés.

1988. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Puisqu’on a songé à le donner aux divers écrits de Daumas, qu’on nous permette de dire quelques mots sur cette espèce de panoplie littéraire, faite avec des livres beaux et étincelants comme des armes, et qui devront tenir une si noble place dans la littérature historique et militaire de notre temps.

1989. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

L’ancien Régime et la Révolution28 I Il faut être terriblement fort, à ses propres yeux ou à ceux des autres, pour se permettre d’écrire un volume — ou plusieurs — de simples généralités sur l’histoire.

1990. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Homme de sens médiocre, empaumé par la prétention scientifique, il n’a jamais d’aperçu supérieur, ni comme Michelet, ce déboutonné, qui se permet tant d’insolentes libertés avec l’Histoire, de ces paradoxes (suggestifs même parfois de vérité) qui prouvent qu’on pense ou que du moins l’on veut faire penser son lecteur.

1991. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Personne plus que lui n’a été fait pour conquérir et captiver les délicats de l’avenir, s’il y a encore des délicats dans l’avenir, si nous ne sommes pas arrivés à l’époque du gros, du grossier, de l’opaque en tout, et s’il est permis de dire que nous comprenions encore quelque chose à l’idéal, au transparent et à l’exquis !

1992. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Nous, que l’histoire comme on l’écrit depuis vingt ans13 a lassés et un peu blasés sur les généralisations à perte de vue qui s’y mêlent, nous aimons cette saveur étrange, parce qu’elle est pure et vraie, que nous donne l’histoire écrite ainsi, et nous pensons que la voilà, impartiale et sincère, autant, du moins, qu’il est permis à la pauvre main humaine de la tracer.

1993. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Qu’on nous permette encore cette dernière citation !

1994. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Sans avoir deux manières, l’habile et souple écrivain est de taille et d’aisance avec les deux peintures que la vie de madame de Montmorency lui a permis d’exécuter, et on voudrait que la dernière durât plus longtemps.

1995. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Cette revue n’aurait pas supporté un homme qui, comme dans son livre des Femmes au temps d’Auguste 28, se permet la fantaisie dans les choses graves et le dandysme dans le ton, cette grâce un peu hautaine qui fait affoler les lourdauds.

1996. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

En vain le traducteur, qui se cache, et qui, par conséquent, ne risque rien, se permet-il d’être insolent pour la Grèce par honnêteté pour le Grec qu’il traduit, et nie-t-il l’originalité de la Grèce littéraire de l’heure présente pour faire ressortir celle qu’il trouve à Emmanuel Rhoïdis.

1997. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Il ajoute encore : « Il n’est plus permis de douter que l’idéal de la chevalerie ne soit tout celtique », et il finit par assurer « que les tendances de l’esprit celtique se retrouvent dans les manifestations de l’esprit français », conclusion qui embrasse tout et qui ne va à rien moins qu’à la plus insolente négation, et la plus hypocrite, de tous les mérites chrétiens du Moyen Âge, le temps le plus détesté par les philosophes, parce qu’il est le plus catholique de tous les temps, de ce Moyen Âge auquel on essaie de voler sa gloire, quand il est impossible de la nier !

1998. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

En ce livre d’un renseignement inouï, il y a des chapitres intitulés : « Source de la fortune de Voltaire, Banqueroutes essuyées par Voltaire, Rapports de Voltaire avec ses débiteurs, Comme quoi Voltaire prêtait à des taux exorbitants, Idolâtrie de Voltaire pour les rentes viagères » ; d’autres : « Régime de Voltaire, Voltaire parasite, Voltaire à la recherche d’une résidence somptueuse au meilleur marché possible » ; et vous voyez tour à tour passer devant vous, sous tous les aspects que sa nature de caméléon et de singe lui permettait de revêtir, et sans quitter sa forme de Voltaire, tous les types de la Comédie : Harpagon, le Menteur, Tartuffe, Chicaneau, le Bourgeois gentilhomme et le Malade imaginaire, qui composaient sa mobile et divergente identité !

1999. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Si, en attendant le gouvernement de tous par tous, dans sa beauté complète, — ou mieux encore, la suppression de tout gouvernement, l’idéal enseigné par Proudhon, l’iconoclaste des Républiques, — nous permettons à la Royauté, ce polype coupé un jour sur la place de la Révolution, mais qui a repoussé, de rester encore quelque temps sans être arraché du sein des peuples, c’est seulement à la condition d’être entourée, cette Royauté, comme disait Lafayette, d’Institutions Républicaines, et de lui mettre la camisole de force d’une Constitution.

2000. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Et c’est là ce que je me permets d’admirer.

2001. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

À ces deux moments d’une vie rompue et qu’il jeta, comme une branche d’arbre cassée, de deux côtés si différents, Lamennais avait le masque colossal que le génie se compose lui-même et qui fait croire à la toute-puissance de la vie et de l’intensité dans ces sublimes infirmes, dans ces pauvres créatures souvent délicates et souffrantes, que ce soit Lamennais lui-même, Pascal ou Byron, et c’est ce masque oublié, délacé dans des lettres familières et faciles, où l’on respire même de son talent, qui permet de trouver, sous l’écrivain, l’homme.

2002. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

C’est ce ton dandy, c’est ce fumet si particulièrement anglais, qui permet à Walpole de se passer impunément de tout ce qu’il n’a pas ; car, outre la chaleur absente, il n’a ni le mouvement, ni la rondeur, ni l’abandon, ni le flou, ni les grâces relevées ou tombantes, ni les flamboiements d’imagination qu’a, par exemple, le prince de Ligne, qui était un épistolier comme lui, un auteur comme lui, un châtelain comme lui, un jardinier comme lui, et qui eut le génie des lettres, quoiqu’il n’en ait pas écrit autant que lui.

2003. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Seulement, si nous cédons Gil Blas, nous ne pouvons pas permettre qu’on compare en quoi que ce puisse être le satirique russe, qui se torture pour être méchant, à notre impartial et tout-puissant Balzac.

2004. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Dieu ne le permit point ; il lui gardait un autre autel à desservir ; il l’appela et en fit son prêtre… pour l’éternité, dans les cieux !

2005. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

La fonction de la Raison, en un mot, est de rappeler constamment l’homme des perceptions contingentes et personnelles aux perceptions impersonnelles et immuables ; de la nature physique où le retient le corps, à la Raison éternelle d’où lui descend la vérité. » Une telle faculté, qui soude presque l’homme à Dieu, s’il est permis de parler ainsi, devait être la première que la philosophie du dix-huitième siècle, la philosophie du moi et de la chose exclusivement humaine, dût fausser.

2006. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

Pour caler la négation qu’il se permet, et qui a besoin de solidité, en raison même de sa masse, M. 

2007. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Qu’on nous permette de l’affirmer, il n’y avait que deux manières de traiter l’immense et difficile sujet qui a tenté M. 

2008. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Mais s’il l’a eue jamais, il l’a bien perdue dans les études microscopiques d’une philosophie qui analyse l’homme dans les moindres nuances de son ondoyante personnalité ; et il est permis, on en conviendra, de s’étonner qu’un homme, qui fut ministre autrefois, s’imagine probablement, sinon de reprendre le gouvernement qu’il a perdu, au moins l’influence dans les esprits, qui est du gouvernement aussi, en traitant de la résurrection des systèmes philosophiques au onzième siècle.

2009. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

. — Qu’on me permette une anecdote : Un jour, en 1848, il était allé, sous les balles, chercher un de ses fils aux barricades, et il avait fait rentrer devant lui à la maison ce jeune homme, qui y rentra tête basse et le fusil fumant encore entre ses mains.

2010. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet ne craint pas d’y parler, en son propre et privé nom, à son lecteur, comme fait l’Arioste, et il s’y permet, avec un esprit à gros ventre, d’imiter les ondulations ravissantes de ce demi-Dieu de la grâce et de la fantaisie, moitié cygne et moitié serpent !

2011. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

je le sais bien et je ne le dirai pas, le défaut de ce poète que j’aime et qui est le défaut de la presque universalité des poètes de ce temps, mais je dirai ce que je me permets de regretter dans son livre : c’est qu’on y voit qu’il a trop lu les poètes de son époque ; il s’est trop imprégné de ceux qu’il admire.

2012. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Édouard Gourdon a cru peut-être les avoir mis tous les trois en un seul dans son roman de Louise, mais en les fondant ainsi, qu’il nous permette le jeu de mots parce qu’il a un sens sérieux !

2013. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

S’il m’était permis de me citer, — et pourquoi pas, puisque je vais m’accuser d’une faute ? 

2014. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

III Le livre du Marquis des Saffras a donc sur Les Paysans de Balzac, auxquels nous ne nous permettrons pas de le comparer pour la manière, qui est essentiellement différente, la supériorité d’une peinture sans exagération et sans outrance, prise dans la mesure juste de son cadre et dans la réalité.

2015. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Que Francis Wey me permette de le lui dire : ce personnage embarrasse plus la composition de son roman qu’il ne l’éclaire !

2016. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

« Pour moi, s’il m’est permis, après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince !

2017. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Qu’il me soit permis seulement de m’arrêter sur les éloges de Montesquieu, de l’abbé Terrasson, de Bernoulli et de Dumarsais.

2018. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Cérès, s’avançant, montre au roi, chef de la justice, à Triptolème, à Dioclès, qui maîtrise les coursiers, au puissant Eumolpe, à Célée, pasteur des peuples, les saints rites de ses autels : elle leur enseigne à tous les divins mystères, à Triptolème, à Polyxène, à Dioclès, ces mystères terribles qu’il n’est permis ni de pénétrer, ni de savoir, ni de redire ; car une grande crainte des dieux enchaîne ici la voix.

2019. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Sa neurasthénie permet de substituer aux mots désobligeants de menteur et de voleur ceux de « simulateur » et de « cleptomane ». […] Il écrit : Elle me permit de la venir voir. […] Il ne veut pas que nous nous permettions de sourire d’Alceste tout en l’aimant bien. […] Rends toutes mes affections conformes à ta volonté constante ; et ne permets plus que l’erreur d’un moment l’emporte sur le choix de toute ma vie. […] Si sa santé ne le lui permet absolument pas, Rousseau donne ses conseils sur le choix de la nourrice, sur son alimentation, etc.

2020. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Mais ce n’était pas en ces temps anciens qu’une telle gloire devait nous être permise ; l’effort premier n’a pas abouti. […] — et ne voyons, et n’entendons que le poète qui, les mains pleines d’espoir, de rêve, d’idéal, c’est-à-dire de vérité sublime et d’avenir, dit au monde : « Puisque je suis, dans un corps, une âme qui apporte aux âmes leur suprême nourriture, permettez-moi de ne pas mourir de faim !  […] D’abord, il y eut tout le sympathique enthousiasme de la jeunesse, jaloux, exclusif, ne permettant aucune réserve, n’entendant pas que l’on admirât un autre poète, exigeant que Musset fût, lui seul, le parangon suprême de la sensibilité, et l’exemple de l’art. […] Pour bien permettre d’apprécier ce que fut à ses commencements, ce qu’était naguère et ce que sera probablement dans l’avenir Stéphane Mallarmé, il faut évoquer quelques moments de sa vie. […] » À vrai dire, Mallarmé ajoute prudemment : « Le seul petit reproche que je me permettrai de vous adresser, c’est d’avoir quelquefois poussé plus loin qu’on n’ose le faire ici même, certaines modes récentes d’unir les vers, qui tendent à supprimer l’hémistiche placé sur un mot rapide ou de son muet.

2021. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

La fermentation de la jeunesse fait bouillonner en nous plus de pensées généreuses et héroïques qu’il n’est permis à cent existences d’homme d’en accomplir. […] Souvent les patients travaux des philologues, ouvrant l’écluse des littératures étrangères, ont permis à des esprits desséchés de retrouver une fraîcheur impétueuse. […] Nous saisirons entre cette pâte fluide et l’ouvrier les concordances qui permettent le succès, les discordances qui font l’obstacle. […] Voilà le petit reproche que je me permets de faire à ce beau livre. […] J’avertis les autres qu’il n’est plus permis d’ignorer les auteurs du Bilatéral, des Xipéhuz et de Daniel Valgraive.

2022. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Rocheblave, qui est le possesseur actuel de cette correspondance inédite, me permet d’y jeter un coup d’œil, pourquoi ne vous en ferais-je pas profiter ?   […] Dans son roman, avec les longues expositions que le roman permet, il me semble bien qu’il avait eu partie gagnée. […] C’est en fait seulement qu’on permet l’indécence. […] La preuve, c’est qu’ils permettent à peine qu’on parle d’eux, sinon pour les louer ; et n’est-ce pas le propre de la tyrannie ?  […] Guitry est le naturel même, la vérité même, la vie prise sur le vif, si l’on me permet le mot.

2023. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il faudrait : et te permettrais-tu de sauver un homme, si…] Tu conviens que si l’amitié est une chose très précieuse, la patrie est chose plus précieuse encore ? […] Une circonstance quelconque donnera au Villeroi une compensation suffisante à la fin de la pièce et permettra au roi despotique et au ministre ambitieux de marier les amoureux. […] Il n’y a qu’une chose à laquelle une femme ne permette pas qu’on insulte, c’est sa religion. […] Jeudy a, comme vous pensez bien, pris toutes les libertés qu’il est permis de prendre avec une parade sans prétention et sans queue ni tête comme La Méchante mise à la raison. […] L’art de Racine dans la composition du rôle a été de soutenir toujours également ces trois traits, sans permettre qu’on en oublie un.

2024. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Au surplus, quand on rêve un grand rôle public et bienfaisant, n’est-il pas permis de se présenter soi-même aux autres hommes de façon à agir le plus possible sur leur imagination ? […] Ils ont supporté que Jocelyn entrât au séminaire pour permettre à sa sœur d’épouser celui qu’elle aime. […] Il est le poète de l’amour, oui, mais de l’amour « qui tend toujours en haut » (le Banquet, l’Imitation) ; et c’est pourquoi il a toujours conçu quelque chose de supérieur aux amours  permises sans doute, belles quelquefois, mais toujours forcément égoïstes et médiocrement profitables à la communauté humaine  d’un jeune homme et d’une jeune femme. […] La communion à l’heure de la mort n’est sans doute pas, aux yeux de l’évêque, une condition indispensable de son salut éternel : mais elle serait pour lui une immense joie ; et, comme ses membres mutilés ne lui permettent pas de se la procurer tout seul, il l’implore de son disciple aimé. […] S’il dut être vaincu, qui donc permit la lutte ?

2025. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Dans ce Rêve de d’Alembert, qu’il n’est pas permis à la Critique de raconter, Diderot, l’auteur de la Religieuse et des Bijoux indiscrets, porte, d’une manière éclatante, la peine de ce matérialisme philosophique qui, il a beau faire le fier, finit toujours par une saleté… « Il n’y a rien de sale ni d’impudique pour la science », dit Bordeu dans le Rêve de d’Alembert, Bordeu, le médecin sous le grand nom duquel Diderot, qui dans le fond était très lâche, a mis sa lâcheté à l’abri. […] Taine, qui l’a cité à la fin de son volume de l’Ancien régime, s’est permis un effet de fantasmagorie indigne de son érudition. […] Ses Salons battent incessamment en brèche la conception de l’art telle qu’elle s’établit de plus en plus dans l’esprit moderne, attentif seulement aux beautés techniques et se permettant très bien des impertinences comme celle de ce coussin de couleur qui choque tant Diderot dans la pauvre étable de Bethléem. […] Et alors ce n’est plus le satyre effréné poursuivant la bacchante qu’il eût aimé à peindre dans ses livres, ce toqué de mythologie érotique, mais c’est le cynique à froid, qui se permet les anecdotes et les plaisanteries les plus abominablement grasses d’un bourgeois en veine d’obscénité.

2026. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

C’est niais, vraiment, cette manière d’injurier la critique, moquez-vous-en, je le permets ; ne l’écoutez pas, j’y consens ; mais admettez que tout le monde peut ne pas être de votre avis, et croyez que ce n’est pas une raison, parce qu’on ne vous admire pas, pour qu’on soit un sot ou un envieux. […] Vaniteux, picoteur, étriqué, l’esprit de critique plaît aux esprits sans consistance ; il enfante des bouts d’articles qui amusent les commis de nouveautés qui savent lire et permet à d’affreux journaux pour rire de faire d’honnêtes bénéfices sur la bêtise humaine. […] Des effets d’Étoile du Soir permettent d’opposer des noirs à des jours qui vont en dégradation, aspects chéris des peintres ; — mais pourquoi les noyés vont-ils exclusivement au ciel, dans la composition qui représente Notre-Dame-de-Bon-Secours ? […] Cette lettre manquera peut-être un peu de gaîté, comme vous le diriez en France, mais qu’on me le pardonne et puisque Réalisme a bien voulu admettre un Allemand à sa collaboration, qu’il permette à cet Allemand les défauts de son pays. […] Moquez-vous-en, je le permets ; ne l’écoutez pas, j’y consens ; mais admettez que tout le monde peut ne pas être de votre avis, et croyez que ce n’est pas une raison, parce qu’on ne vous admire pas, pour qu’on soit un sot ou un envieux.

2027. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Ce sont ces séjours en province, l’étude qu’il faisait des mœurs, des traditions, des caractères et même du langage, des patois de la province, qui permirent à Molière de mettre au théâtre des types si divers de provinciaux, gentilshommes prétentieux comme M. de Sotenville, ou gens de peu, comme l’huissier Loyal de Tartuffe ou les paysannes de Pourceaugnac. […] C’est pourtant en cherchant et en conjecturant ainsi qu’on parviendra peut-être à retrouver (j’en doute après deux siècles) les fragments dispersés des œuvres inédites de Molière, par exemple, de cette comédie inconnue de L’Homme de cour, — son chef-d’œuvre, disait-il, — que la mort ne lui a point permis d’achever. […] Peut-être la célébration du deux centième anniversaire de sa mort appellera-t-elle l’attention sur des recherches nouvelles ; il est permis d’en douter, et cependant ne vient-on pas de découvrir à Montauban, dans un coin du musée, un portrait authentique, dit-on, de Molière, de Molière jeune et courant la France à la tête de l’Illustre Théâtre ? […] Il se trouvait déjà, au surplus, quelques années à peine après son arrivée à Paris, dans une période de calme qui lui permettait de tout oser, de tout espérer. […] Et l’auteur reprend, après Molière, restitue le vrai langage des Précieuses et nous parle de « l’agrément donné entre les deux sœurs (le lavement) ; et de la volupté de l’amour permis (le mariage) ».

2028. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Il s’était épris de cette belle personne, et il avait résolu de vivre dans son voisinage, tant que le malheur des temps ne lui permettrait pas de s’unir à elle par les liens d’un mariage public. […] On l’amuse, en lui permettant d’élever des oies, des poulets, des tourterelles. […] Un dépouillement méthodique des correspondances diplomatiques de ce temps-là nous permet de suivre pas à pas les négociations et les menées où elle eut l’imprudence de se fourvoyer. […] M’étant permis un peu de gaieté, le général Auguste de Caulaincourt, gouverneur des pages, frère du grand écuyer, avec qui j’étais lié, me fit signe et nie dit tout bas « On ne rit point ici ; c’est une grande journée. » Il me montra l’autre bord du fleuve, et il eut l’air d’ajouter : « Voilà notre tombeau !  […] ne marche pas trop mal, et nous permet de faire assez bonne figure à côté de vos magnifiques escadres, quand l’Europe se dérange pour corriger, manu militari, nos voisins du Céleste Empire.

2029. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Qu’il n’ait pas été quelquefois entraîné ainsi au-delà du but et n’ait pas un peu trop disséminé ses recherches, au point d’avoir peine ensuite à les resserrer et à les ressaisir dans son récit, je n’essaierai nullement de le nier ; mais il n’a pas moins poussé sa trace originale et vive, il n’a laissé à la paresse de ses successeurs aucune excuse ; et il ne sera plus permis après lui de faire les notices écourtées et sèches que quand on le voudra bien. […] trois ans à peine s’étaient écoulés, et lui-même allait être initié à ces secrets de la mort, où il semble que, par un triste pressentiment, il s’était plu à s’arrêter avec une curiosité mélancolique. » Il allait savoir le dernier mot (s’il est permis !)

2030. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Le choix qu’elle fit d’un autre époux l’attrista sans décourager son admiration pour elle ; il lui demande dans ses odes désintéressées de lui permettre seulement de l’adorer de loin jusqu’à la mort et de lui promettre dans une autre vie le retour platonique de la passion qu’il lui a vouée sur la terre. […] … Mais Dieu l’a permis ainsi pour punir en elle mes propres iniquités, et pour empoisonner par sa mort le reste des jours, peut-être, hélas !

2031. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

CXX En nous jetant ces insultes pour consolation, ils chassèrent devant eux Hyeronimo enchaîné, dont les anneaux de fer résonnaient sur les roches, sans nous permettre même de l’embrasser pour la dernière fois. […] Je me dis : Tu n’as pas à choisir, Hyeronimo est dans Lucques ; il est là, soit pour vivre, soit pour mourir, là tu dois être pour mourir ou pour y vivre le plus près de lui que Dieu le permettra.

2032. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Et puis enfin, ajoutai-je avec un rayon d’espérance dans le cœur, puisque la Providence a fait ce miracle, sur le pont de Saltochio, de me faire ramasser par cette noce, de me conduire juste, au pas de ces bœufs, chez le bargello où il respire, d’inspirer la bonne pensée de me prendre à leur service à ces braves gardiens de la prison, de me permettre ainsi de me faire entendre d’Hyeronimo avec l’assistance de notre zampogne, de le voir et de lui parler tant que je le voudrai, sans que personne soupçonne que je sais où il est, et que la clef de son cachot est dans les mains de celle qui lui rendrait le jour au prix de sa vie ; qui sait si cette Providence n’avait pas son dessein caché sous tant de protection visible ? […] — C’est bien, me dit-il, mon garçon, j’aime que ma prison soit gaie et que mes prisonniers aient de bons moments que Dieu leur permette de prendre, même en leur donnant tant de mauvais jours.

2033. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

X Le peintre, pendant cette longue gestation et ce long enfantement du chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre, avait tellement le sentiment du mystère et, pour ainsi dire, de la divinité de sa peinture qu’il ne permettait pas même au pape de venir la profaner d’un regard curieux. […] Le pape, après un long entretien avec lui sur l’agrandissement de Saint-Pierre de Rome, lui permit d’aller mûrir ses idées sur cet édifice en achevant à Florence les tombeaux des Médicis commencés.

2034. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

et pourquoi, parlant de l’homme, se permet-il sur son caractère plus que des insinuations, et si malveillantes ? […] Et si Racine était peut-être le dernier à qui il fût permis d’avoir raison contre Port-Royal, n’est-ce pas, malgré tout, quelque chose d’avoir raison ?

2035. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Aux yeux du philosophe, la gloire de l’esprit est la seule véritable, et il est permis de croire qu’un jour les philosophes et les savants hériteront de la gloire que, durant sa période d’antagonisme et de brutalité, l’humanité aura dû décerner aux exploits militaires. […] En société, il est d’une insoutenable bêtise et condamné au mutisme par le tour entier de la conversation qui ne lui permet pas d’y insérer un mot.

2036. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Je ne sais qui de Somaise ou de de Pure cite une belle précieuse qui ne permet pas de dire j’aime le melon, parce que c’est prostituer le mot j’aime, et qui n’autorise pas au-delà du mot j’estime pour cet usage. […] Une occupation manuelle est pour les femmes une contenance : elle permet de reposer l’esprit de conversation ; elle dispense de parler quand on n’a rien à dire ; elle donne un moment de réflexion avant de parler ; elle sert de prétexte pour ne point écouter, et autorise une distraction quand on ne vent point répondre.

2037. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Elle a, au contraire, d’horribles réalités que nous connaissons, et qui dégoûtent trop pour permettre même l’accablante sérénité du mépris. […] Elle est souvent parfaite ; parfois aussi il se permet des audaces, des négligences, des violences qu’explique la nature toute spontanée de son inspiration.

2038. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

ce n’est pas toutes ces gaîtés de l’œil, de l’oreille, de l’esprit et du style, mais c’est l’impression profonde qui sort de tous ces autres contes, si tristes au fond : La Cervelle d’or, qu’on dirait de Heine ; Les Deux Auberges, qu’on ne dirait de personne que d’un homme qui sait l’horreur de l’abandon ; La Sémillante, ce récit poignant et sombre, La Sémillante, — qui ne sémille plus, engloutie avec son vieux berger, « encapuchonné et lépreux », qui lève avec sa main sa lèvre, tombant sur sa bouche muette, pour raconter l’affreux naufrage ; — L’Île des Sanguinaires, enfin, le plus original de tous ces contes, non pas le plus terrible, — car ce gracieux Daudet se permet le terrible, comme vous venez de le voir ; — L’Île des Sanguinaires, où se trouve exprimée, toute seule, la mélancolie physique de la solitude. […] C’est le Turcaret, l’énorme Turcaret du xixe  siècle, à l’importance de qui les révolutions, en brisant les classes et les catégories sociales, lesquelles contenaient autrefois ces ventripotents de vanité qui débordent maintenant, ont donné plus de place et qui leur a permis de démesurément s’étendre.

2039. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Ceux qui en ont été touchés une fois, peuvent la sentir à regret s’affaiblir et pâlir, diminuer avec les années en même temps que la vigueur qui leur permet d’en saisir et d’en fixer les reflets dans leurs œuvres, mais ils ne la perdent jamais. « Il y a, disait Anacréon, un petit signe au cœur, auquel se reconnaissent les amants. » Il y a de même un signe et un coin auquel restent marqués et comme gravés les esprits qui, dans leur jeunesse, ont cru avec enthousiasme et ferveur à une certaine chose tant soit peu digne d’être crue.

2040. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Il avait un grand parasol pour se préserver du soleil, et les polissons du quartier qui voyaient cet homme grave, nu-tête, marchant à pas comptés sous son parasol, le poursuivaient de leurs cris et peut-être de mieux : il avait envie de les traiter parfois comme fit le prophète Élisée des enfants qui le huaient, et il consulta son confesseur pour savoir s’il ne lui serait point permis de leur faire donner du bâton par un domestique qui le suivrait à quelque distance.

2041. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet.

2042. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Ainsi, pour ces trois mots qui viennent du grec et qui en restent tout hérissés en français : ophthalmie, phthisie, rhythme, quel mal y aurait-il d’en rabattre un peu et de permettre d’écrire, non pas oftalmie, ftisie, ritme, ce serait trop demander en une seule fois, mais au moins et par manière de compromis, ophtalmie, phtisie, rythme ?

2043. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Il ne faut pas avoir beaucoup vécu et observé pour savoir que, s’il est de nobles êtres en qui le sentiment moral domine aisément et règle la conduite, il y a une classe assez nombreuse d’individus qui en sont presque entièrement dénués, et chez qui cette absence à peu près complète permet à toutes les facultés brillantes, rapides, entreprenantes, de se développer sans mesure et sans scrupule.

2044. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Le Chevalier, dans l’intérêt de la science et des lettres, de permettre la mention de ce monument exceptionnel dans notre recueil.

2045. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Il a permis avec une douce indulgence la libre poursuite du plaisir sensuel, sous la seule condition de respecter les convenances sociales, du reste singulièrement élargies ; et voici que de la sensation physique toute pure, dans laquelle il avait simplifié l’amour, est sortie la satiété ; la vanité même, par où on en relevait la saveur, n’a pas suffi à dissiper l’impression de langueur accablante, d’écœurante monotonie, que dépose à la longue dans les cœurs le libertinage du siècle.

2046. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il avait dans le sang, il reçut parmi ses premières impressions d’enfance, quelque chose qui lui permit de comprendre la beauté antique : il la sentait toute voisine de lui et dans une parfaite harmonie avec son intime organisation ; où les autres ne voyaient que des souvenirs de collège ou des décors d’opéra, il saisissait sans effort les réalités concrètes.

2047. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

La tradition des cours publics est reprise avec éclat par Caro851 ; elle paraît si lointaine, que son succès étonne, scandalise, et permet de le couvrir de ridicule.

2048. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Un de nos contemporains qui se permettrait cette fantaisie aurait à subir une foule d’ennuis.

2049. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Ainsi s’expliquerait l’accélération apparente du mouvement de la lune, qui paraîtrait aller plus vite que la théorie ne le lui permet parce que notre horloge, qui est la terre, retarderait.

2050. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Je me souviens de la joie d’un jeune ouvrier maçon à peine échappé du service militaire, à qui Verlaine avait permis de copier des fragments de Sagesse.

2051. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Les travaux spéciaux, les voyages m’absorbèrent ; mes Origines du Christianisme, surtout, pendant vingt-cinq ans, ne me permirent pas de penser à autre chose.

2052. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Il n’est donc pas permis d’étudier la littérature comme si l’homme n’avait point de corps.

2053. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Il ajoute : Il n’est pas permis, en chose si importante, de faire passer des soupçons et des conjectures pour des vérités assurées.

2054. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin est trop ennemi de la fadeur, pour ne pas nous permettre de sortir avec lui des termes d’un éloge continu.

2055. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Jamais les grands talents qui se sont égarés depuis ne se seraient permis de telles licences, s’ils étaient restés en vue de ce monde-là.

2056. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Nulle part, en effet, l’expérience ne nous a permis de rencontrer une pensée pure, un esprit pensant sans organe, une âme angélique dégagée de tous liens avec la matière.

2057. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

J’en vois quelques traits confus, comme, par exemple, que nombre d’hommes se permettent ce qu’ils interdisent aux autres, l’effet de leurs discours anéanti par leurs actions ; mais cela ne vaut guère la peine d’être dit.

2058. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

» Elle dit : et comme, lorsque le violent zéphyr amène une pluie tiède du côté de l’occident, les laboureurs préparent le froment et l’orge, et font des corbeilles de jonc très proprement entrelacées, car ils prévoient que cette ondée va amollir la glèbe, et la rendre propre à recevoir les dons précieux de Cérès, ainsi les paroles de Ruth, comme une pluie féconde, attendrirent le cœur de Noëmi. » Autant que nos faibles talents nous ont permis d’imiter Homère, voilà peut-être l’ombre du style de cet immortel génie.

2059. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Les chevaux de Saint Dominique et des Antilles sont petits, malfaits, et ils n’ont que le courage des nobles animaux dont ils descendent, s’il est permis de s’expliquer ainsi.

2060. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

S’il est permis de parler ainsi, le mérite des choses est presque toujours identifié avec le mérite de l’expression dans la poësie.

2061. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Ainsi avant que de rapporter les passages des auteurs grecs ou latins qui en parlant de leur musique par occasion, ont dit des choses qui prouvent, s’il est permis d’user de cette expression, l’existence de la melodie qui n’étoit qu’une simple déclamation, je prie le lecteur de trouver bon que je transcrive encore ici quelques endroits de ceux des anciens auteurs qui ont traité de leur musique dogmatiquement, et qui prouvent cette existence.

2062. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Mais il est permis de croire que les inductions de la première de ces sciences sur ce sujet sont applicables à l’autre et que, dans les organismes comme dans les sociétés, il n’y a entre ces deux ordres de faits que des différences de degré.

2063. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

tes ailes, la Décentralisation les couperait, si toutefois elle leur permettait de pousser.

2064. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Ne voir que parce que Dieu permet que nous voyons, c’est voir en Dieu ; voir par Dieu, c’est voir en Dieu.

2065. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Car j’ai là-dessus bien des doutes ; permettez-moi de vous les exposer ; ce sera toujours une consolation.

2066. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Tout grand pouvoir, qui se fait charmant, doit avoir pour les plus nobles esprits des fascinations d’Armide, mais quand on est un lynx, on garde ses yeux, et on ne permet même pas à la Toute-Puissance, devenue aimable, de vous les fermer avec sa plus douce main de fer, gantée de velours.

2067. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

En France, où l’on a assez d’esprit pour se permettre l’ignorance, on parle quelquefois de sainte Térèse, mais on ne la connaît pas, et les idées qu’on se fait de cet ange de la spiritualité sont assez confuses.

2068. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Il est tellement pénétré, pour son propre compte, de tout ce que son devoir (qu’il nous permette d’écrire ce mot-là) serait de pousser vigoureusement dans l’esprit de ceux qui ne veulent pas comprendre, comme on pousse une épée dans le cœur de ceux contre qui on se bat et qui résistent, que, chose singulière et naturelle !

2069. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

… Mais jusqu’à ce coup de foudre qui allume la poussière d’un homme et en fait un poète, et sur lequel il n’est permis à personne, si optimiste soit-on, de compter, que Monselet aille dans sa voie vraie, indiquée par la nature de ses facultés, et s’il fait des vers encore, que ce soit seulement pour ce public de cœur qui prend tout de nous avec ivresse, — nos rimes, nos cheveux et nos portraits !

2070. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

C’est celui qui retentit le mieux, et le seul qu’on ne puisse pas crever… Eh bien, nous aussi, nous nous permettrons d’y donner notre petit coup de baguette tout comme les autres !

2071. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Dans cet ordre de construction, la devise est : faire vite banal, à bon marché ; et les quelques ornements seuls permis à la virtuosité de l’artiste, ne peuvent qu’accentuer la laideur de l’ensemble.

2072. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

On peut conclure de tout ce qui précède que, conformément au premier principe de la Science nouvelle, développé dans le chapitre de la Méthode (l’homme n’espérant plus aucun secours de la nature, appelle de ses désirs quelque chose de surnaturel qui puisse le sauver), la Providence permit que les premiers hommes tombassent dans l’erreur de craindre une fausse divinité, un Jupiter auquel ils attribuaient le pouvoir de les foudroyer.

2073. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Mais j’y cherche en vain l’air de famille ou le trait caractéristique qui permettrait de dire : celui-là est un artiste. […] Vous ne marchez pas en fait sur des fleurs : donc on ne saurait vous permettre de les fouler aux pieds sur un tapis. […] Entre les deux écoles il est permis d’hésiter. […] Dès lors l’écrivain pourra se permettre toutes les audaces symboliques, nous verrons clair dans ses métaphores. […] Il est permis d’en douter.

2074. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

L’homme qui pense, le travailleur, le savant, s’entoure d’indifférence et ne permet pas à la femme de venir le troubler dans son œuvre. […] C’est pourquoi il ne sera pas permis désormais de faire une histoire des transformations de l’esprit fort sans y donner une belle place à M. de Camors. […] Un emploi dans la maison Hachette lui assura le pain quotidien, et lui permit de commencer à écrire. […] Dès que sa fortune le lui a permis, il a réalisé cet éternel désir du bourgeois : il est devenu propriétaire. […]   Tout de même la tendance était bonne, et il est permis de croire que l’avenir lui appartiendra.

2075. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Mais il faudrait tout vous traduire, et l’heure ne me permet que de vous guider à vol d’oiseau sur un poème où tout est merveille. […] Achille, sans vouloir encore se mêler aux Grecs pour prévenir la mort de tant de chefs odieux, permet à Patrocle d’aller, avec les seuls Thessaliens, éteindre l’incendie des vaisseaux. […] Je ne le permettrai jamais, etc. » La douleur d’Achille, en apprenant la mort de Patrocle, est le triomphe de l’amitié sur l’amour même de la vie.

2076. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

I Les Persans, nos aînés en sagesse comme en années, regardent la vieillesse comme un don céleste qui permet à l’esprit de thésauriser plus d’intelligence et plus de vérités. […] XI Il est donc non-seulement permis de changer en vivant, mais c’est un devoir de conscience. […] XVI Bien jeune encore et lorsque mes premiers succès littéraires m’avaient donné le pressentiment d’une carrière aussi complète, que mes modestes facultés d’amateur plutôt que d’artiste me permettaient de former un plan de vie plus ou moins illustre, je m’étais dit et j’avais dit bien souvent à mes amis de jeunesse : « Si Dieu me seconde, j’emploierai les années qu’il daignera m’accorder à trois grandes choses qui sont, selon moi, les trois missions de l’homme d’élite ici-bas. » (J’aurais dû dire les trois vanités, maintenant que toutes ces vanités sont mortes en moi et que je les expie par autant d’humiliations sur la terre, afin qu’elles me soient pardonnées là-haut.)

2077. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Vouloir des lois d’un détail infini, attachées à tous les mouvements de l’homme comme les fils à tous les membres de l’automate, élever des murailles d’airain non seulement dans la société entre les diverses classes, mais dans l’homme entre ses diverses facultés ; vouloir la vie, et prescrire l’immobilité ; établir le commerce, et prohiber le luxe ; allumer le flambeau des arts et des sciences, et en empêcher le rayonnement avec la main ; permettre la gloire, et châtier le triomphe : tout cela n’est pas d’un grand législateur, mais d’un rêveur ingénieux et, selon le mot de Louis XIV, d’un bel esprit chimérique. […] « Il faut, dit-il, rendre le roi très facile à acheter très chèrement la paix. » Il est une guerre pourtant, la seule que Fénelon permette et conseille même à Louis XIV : c’est la guerre aux ennemis personnels de l’archevêque de Cambrai, aux jansénistes, dont il demande la destruction, seul moyen, avec une prompte paix, « de mettre le roi en repos pour longtemps. » Je sais bien que ces énormités sont cachées sous les attrayantes nouveautés d’une défense de la France par un appel aux masses, d’une convocation régulière des états généraux, d’élections libres et périodiques, enfin d’une intervention légale du pays dans les affaires du pays. […] Il en voulait de composés, comme dans la langue grecque, où du moins une admirable syntaxe règle toutes ces combinaisons, et comme dans la langue allemande, qui les permet au premier venu et qui souffre tout de tout le monde.

2078. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

En général, toute perception indifférente, tout détail inutile nuit à l’émotion esthétique ; en supprimant ce qui est indifférent, le souvenir permet donc à l’émotion de grandir. […] Le souvenir est ainsi comme un jugement porté sur nos émotions ; c’est lui qui permet le mieux d’apprécier leur force comparative : les plus faibles se condamnent ellesmêmes, en s’oubliant. […] Il est permis à la poésie de hâter un peu l’évolution de la nature, non de l’altérer.

2079. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

On sent que, par cette méthode, il ne me sera pas permis de discourir au hasard sur des points indéterminés. […] Je l’ai tracé en quelques vers : permettez-moi de les extraire d’un poème que j’ai publié sous le nom de ce héros. […] Vous ne vous permettrez donc plus rien ni de douteux ni de louche, ni de bas, ni d’emphatique, et vous composerez pour conquérir leurs suffrages, et dans la vue de la postérité. […] Mais la subversion que je crois pouvoir ici me permettre, ne m’empêchera pas de replacer dans la suite toutes les choses au rang qui leur convient, et de vous en faire ressaisir le fil aisément. […] Le fragment que je me permets de vous en citer fera diversion à la suite aride des préceptes, et rentre d’ailleurs en mon sujet.

2080. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Imaginez, si vous pouvez, l’orgueil de ces nouveaux seigneurs, orgueil de vainqueurs, orgueil d’étrangers, orgueil de maîtres, nourri par les habitudes de l’action violente, et par la sauvagerie, l’ignorance et l’emportement de la vie féodale. « Tout ce qu’ils voulaient, disent les vieux chroniqueurs, ils se le croyaient permis. […] Le second ne peut pas gouverner ses peuples par d’autres lois que par celles qu’ils ont consenties ; et ainsi ne peut mettre sur eux des impositions sans leur consentement154. » Dans un État comme celui-ci, c’est la volonté du peuple qui est « la première chose vivante, et qui envoie le sang dans la tête et dans tous les membres du corps politique… Et de même que la tête du corps physique ne peut changer ses nerfs, ni refuser à ses membres les forces et le sang qui doit les alimenter, de même le roi qui est la tête du corps politique ne peut changer les lois de ce corps, ni enlever à son peuple sa substance lorsque celui-ci réclame et refuse… Un roi de cette sorte n’a été élevé à sa dignité que pour protéger les sujets de la loi, leurs corps et leurs biens, et le peuple ne lui a délégué de pouvoir que pour cet objet ; il ne lui est pas permis d’en exercer un autre155. » Voici donc, dès le quinzième siècle, toutes les idées de Locke ; tant la pratique est puissante à suggérer la théorie ! […] Il oppose la procédure romaine, qui se contente de deux témoignages pour condamner un homme, au jury, aux trois récusations permises, aux admirables garanties d’équité dont l’honnêteté, le nombre, la réputation et la condition des jurés entourent la sentence. […] Ex quibus rex unum tantum eliget, quam per litteras suas patentes constituit vice-comitem comitatus… Du jury, et des trois récusations successives, permises aux parties : Juratis demum in forma prædicta XII probis et legalibus hominibus habentibus ultra mobilia sua possessiones sufficientes unde eorum statum ipsi continere poterunt, et nulli partium suspectis nec invisis sed eisdem vicinis, legitur in anglico coram eis per curiam totum recordatum et processus placiti… 156.

2081. (1927) Des romantiques à nous

Me sera-t-il toutefois permis de livrer ce fait aux méditations de chacun ? […] Ces chapitres, la musique en offre sans doute, s’il m’est permis d’emprunter ce scolastique langage, l’objet « matériel ». […] Si, jadis, quand j’avais dix ans, mon professeur de latin ri eût déchiré sans pitié les messes et les opéras qu9il me surprenait à écrire, si je ri avais été élevé dans un milieu où l’on croyait que la musique ri est bonne qu’à faire danser et à permettre aux demoiselles de jouer du piano, je serais probablement devenu musicien de profession. […] l’écrivain qui, par son emballement incroyable pour l’Allemagne, emballement inspiré, non par une idée fausse, comme le veut mon critique, mais par une idée très outrée, a préparé de ses propres mains pour l’année 1870 une débâcle d’enthousiasme dont il a été permis au Dr Strauss de sourire ? […] Ce qu’il est permis d’assurer, c’est que c’étaient productions de l’ordre le plus bas, caractérisées par une grossière invention matérielle, sans imagination ni pensée.

2082. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Il est seul ; son chien couché est à ses pieds ; sa vue s’étend vers un horizon immense par-delà les fumées du soir, jusqu’à la colline qui sera bientôt celle des tombeaux56 ; il n’a pu sortir de tout le jour, de toute la semaine, faute de quelque argent qui lui permît de prendre une voiture, et il n’a pas reçu la plus petite lettre de son protecteur, M.  […] S’il est insuffisant à remuer et, pour ainsi dire, à faire frémir avec grâce le voile de la nature, s’il lui est refusé de revêtir d’images transparentes, et accessibles à tous, les vérités qu’il médite, et s’il les ensevelit plutôt sous des clauses occultes, il contredit, sinon avec raison en principe (ce que je ne me permets pas de juger), du moins avec une portée bien supérieure, quelques-unes des douces persuasions propagées par Bernardin ; par exemple, que la nature, qui varie à chaque instant les formes des êtres, n’a de lois constantes que celles de leur bonheur

2083. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Quand la femme de chambre annonce : « Mme la duchesse, le bon Dieu est là, permettez-vous qu’on le fasse entrer ? […] L’intendant Bertier, qu’on massacrera, a cadastré l’Ile-de-France pour égaliser la taille, ce qui lui a permis d’en abaisser le taux d’abord d’un huitième, puis d’un quart548.

2084. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Un jardin l’entourait, un ruisseau en bordait les pelouses ; un banc de bois sur le seuil ombragé d’arbustes permettait au solitaire de venir assister le soir aux adieux resplendissants du soleil et aux concerts des oiseaux, dont il interprétait si bien les gazouillements dans ses vers. […] Il jouait avec l’amour, dans sa correspondance avec Bettina d’Arnim, jeune fille de dix-neuf ans, à laquelle il permettait de l’adorer sur son déclin ; il voulait mourir dans l’ivresse calme des illusions.

2085. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

« Je me souviens qu’étant un jour avec le poète Sophocle, quelqu’un lui dit en ma présence : — Sophocle, l’âge te permet-il encore de te livrer aux plaisirs de l’amour ? […] XXVII Enfin, à supposer qu’une société pût subsister de ce renversement de toutes les lois naturelles, de ce retournement de tous les instincts sociaux, vous le voyez encore : Une première loi établissant un minimum de population au-dessous duquel il serait permis aux sexes de s’unir sous le choix et sous l’inspection des magistrats !

2086. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

On lui permit d’aller faire un court séjour à Rome pour consulter les érudits, les théologiens et les critiques du temps, sur les chants déjà achevés de son poème. […] Comment enfin, si la présence du Tasse à sa cour et son amour pour sa sœur avaient été le scandale et l’offense du Tasse envers lui, aurait-il permis au poète de revenir auprès de cette même sœur, et de renouveler publiquement l’offense dont il avait à se plaindre ?

2087. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Les comtes ayant gardé le silence, elle les supplia encore de permettre que ses femmes et ses serviteurs pussent l’accompagner et assister à sa mort. […] On a voulu nier sa participation directe et personnelle au meurtre de son jeune époux ; rien, excepté des lettres suspectes, ne prouve en effet qu’elle ait accompli ou permis personnellement le forfait ; mais qu’elle ait attiré la victime dans le piége, qu’elle ait donné à Bothwell le droit et l’espérance de succéder au mort sur le trône et dans son cœur ; qu’elle ait été le but, le moyen et le prix avéré du crime ; enfin, qu’elle l’ait absous en unissant sa main à la main du meurtrier, aucun doute sur tout cela n’est possible.

2088. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Une image de la Grèce de Sapho, d’Anacréon, de Sophocle, de Platon, se retrouvait dans un coin de la Lorraine ; excepté l’impiété affichée, tout était permis par ce prince dévot, mais voluptueux, à ses courtisans. […] La gravité de l’histoire ne permet pas de scruter anecdotiquement les contes sur la mort de l’amie de Voltaire.

2089. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Le chiffre seul était permis, honoré, protégé, payé. […] Sublime et incalculable association de toutes les pensées dont les résultats ne peuvent être appréciés que par celui qui a permis à l’homme de la concevoir et de la réaliser !

2090. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

En attendant, il nous sera permis de trouver que M.  […] Judith Gautier Maître bien-aimé, permettez-moi de vous offrir comme bouquet de fête ces cinq vers qui sont de vous et dont, paraît-il, je suis seule à me souvenir.

2091. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

L’enfant furtif, chéri de son père, qui lui permet de manier sa foudre, excite la jalousie des dieux. […] On leur apprenait que toutes les actions sont indifférentes, par conséquent que tout est permis : — Nihil nefas ducere.

2092. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Et le reste du temps, un état trouble de la tête ne me permettant pas de travail, ou ne produisant que du mauvais travail. […] Par une de ces ironies que font quelquefois les hasards de la conversation, le monteur de la campagne de 1870 tombe au milieu de paroles, qui, tout le temps du dîner, font l’éloge d’Annibal, célèbrent la puissance d’organisation qui permit aux Carthaginois de se maintenir vingt ans en Italie, chantent les talents militaires de cet homme unique, que Napoléon plaçait le premier parmi les hommes de guerre du passé.

2093. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Il ne permet pas qu’on l’oublie, cet illustre maître de l’histoire littéraire, cet écrivain si spirituel qu’il pourrait se passer d’être savant, si érudit que son esprit charmant semble chez lui presque un luxe inutile. […] Progrès à désirer Si maintenant, pour terminer cette partie, on nous permettait d’essayer ce que Wendt a fait il y a quarante ans, d’indiquer en quelques mots la route ouverte aujourd’hui devant la critique sérieuse qui s’occupe de théorie littéraire, nous souhaiterions : Que les études esthétiques prissent en France une plus grande extension.

2094. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Nous le disons donc tout d’abord, — et parce que nous avons quelque chose de plus grave à dire, — à le prendre comme une analyse leur livre n’est pas un livre d’observation exacte, précise, désintéressée et profonde ; car vous vous permettriez, les uns après les autres, tous les excès, toutes les violences et toutes les outrances, que vous ne feriez pas avec tout cela de la profondeur ! […] J’aime autant cette race des clowns que M. de Goncourt lui-même, et je comprends peut-être aussi passionnément que lui la poésie de ces hommes, dans lesquels le corps est souvent plus spirituel, dans ses évolutions, que bien des intelligences dans les leurs… Je me permettrai de le dire ici, puisque l’occasion s’en présente, j’ai toujours été un grand hanteur de Cirques, un amateur de ces spectacles physiques qui ne me donnent pas qu’un plaisir des sens, quoiqu’il y soit aussi, mais un plaisir intellectuel bien autrement profond et raffiné.

2095. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Et il n’y a probablement au monde que Victor Hugo qui puisse se permettre la haute impertinence de jeter au nez du public le premier tome d’un ouvrage qui doit en avoir encore trois ! […] Victor Hugo, qui se croit tout permis, a osé s’en jouer, lui !

2096. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Tantôt il commence par constituer les séries indépendantes et s’amuse ensuite à les faire interférer entre elles : il prendra un groupe fermé, une noce par exemple, et le fera tomber dans des milieux tout à fait étrangers où certaines coïncidences, lui permettront de s’intercaler momentanément. […] Si vous imaginez un dispositif qui leur permette de se transporter dans un milieu nouveau en conservant les rapports qu’elles ont entre elles, ou, en d’autres termes, si vous les amenez à s’exprimer en un tout autre style et à se transposer en un tout autre ton, c’est le langage qui vous donnera cette fois la comédie, c’est le langage qui sera comique.

2097. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

. — Je n’ai rendu aujourd’hui que l’impression générale que laisse la lecture des mémoires de l’abbé Le Dieu ; il me reste à parler de son journal, qui donne une impression moins nette, moins agréable, mais qui en définitive ne permet pas de tirer un jugement différent, C’est ce qu’il n’est pas inutile de montrer.

2098. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Presque tous sont infectés d’orgueil, de sensualisme, de doutes, de prophéties qui n’ont d’autre valeur que l’audace des poètes qui se les permettent.

2099. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Son volume intitulé Stances et Poëmes 54 est très plein, trop plein même, s’il me permet de le lui dire.

2100. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

eh bien, à moi seul en France, peut-être, il serait permis de ne pas détester sa mémoire, puisqu’il sut m’estimer assez pour ne me rendre ni le confident ni le complice d’un si détestable projet4. » L’existence de Frochot, au sortir de l’Assemblée constituante, nous représente en moyenne celle de beaucoup de ses collègues : il rentra dans ses foyers, dans le bourg d’Aignay, où il comptait reprendre sa vie ordinaire.

2101. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Que la balance ait toujours été tenue dans l’exacte mesure, qu’il n’y ait eu aucun soubresaut, aucune irrégularité, nous ne nous en vanterons certes pas, et, si nous l’osions faire, ceux-là seuls nous croiraient qui ne sauraient pas les difficultés inhérentes à tout recueil de cette nature, à toute publication collective paraissant à jour fixe, et dans laquelle un directeur véritable est toujours placé entre le reproche qu’on lui fait de trop imposer, et l’inconvénient, non moins grave, de trop permettre.

2102. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Les lieux, les accidents de terrain, les particularités de défense et de retranchement sont d’un bout à l’autre (je répète le mot à dessein) présentés avec une exactitude sensible et dans un détail conforme et continu qui permettrait d’en dresser le plan.

2103. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Mais si, comme nous n’en doutons pas, l’humanité est autre chose qu’une collection et qu’une succession d’individus ; si elle existe et vit par elle-même en présence de la nature ; si, comme la nature et à un plus haut degré encore, elle est une manifestation incessamment perfectible de Dieu ; si l’humanité, en un mot, vit et se développe en Dieu, et l’homme dans l’humanité, à plus forte raison alors ne sera-t-il pas permis d’isoler l’homme et de l’interroger uniquement dans son moi pour lui faire rendre l’oracle de la destinée sociale et humaine, destinée qui aura recouvré en ce cas son acception la plus profonde et la plus sublime.

2104. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Il était permis au génie de se nommer, à la vertu de s’offrir, et tous les hommes qui se croyaient dignes de quelque renommée, pouvaient s’annoncer sans crainte comme les candidats de la gloire.

2105. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

. — Quant aux vagabonds, aux misérables qui, dans le désordre et la dévastation universelle, viennent se réfugier sons sa garde, leur condition est plus dure : la terre est à lui, puisque sans lui elle serait inhabitable ; s’il leur en accorde une parcelle, si même il leur permet seulement d’y camper, s’il leur donne du travail ou des semailles, c’est aux conditions qu’il édicte.

2106. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Après nous avoir permis d’extraire les qualités, elle nous donne le moyen de compter et de mesurer les quantités.

2107. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il se prosterne devant les bâtards ; il adore Mme de Montespan ; il remarque, quand le roi révoque l’édit de Nantes, que « sa principale favorite, plus que jamais, c’est la vertu. » Encore, parmi tant de génuflexions, a-t-il peur de mal louer ; ayant dit du roi que « sa bonne mine ravit toutes les nymphes de Vaux », il se reprend comme un poëte craintif du Bas-Empire, se demandant « s’il est permis d’user de ce mot en parlant d’un si grand prince. » Il quête de l’argent humblement au monarque et à d’autres.

2108. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Il me semble qu’un livre, un discours, une dissertation, ne doivent être qu’une sorte d’affleurement continu de la pensée, qui permet de suivre la direction et de sonder la richesse de la veine intérieure de l’esprit.

2109. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

3° « Use de mots purement français », disait Du Bellay, et il ne permettait qu’un usage très modéré et habilement exceptionnel de « vocables non vulgaires ».

2110. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Rien ne nous permet mieux de mesurer l’énergie déployée par Diderot dans cette affaire, que ce miracle opéré en lui par le désir de réussir : il a tâché d’être décent, de ne rien lâcher sur le gouvernement ou la religion qui fît par trop scandale.

2111. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Vous étiez franchement romanesque, par une immarcescible jeunesse d’esprit, et parce que l’extraordinaire des événements vous permettait d’imaginer des cas de bonté plus rares.

2112. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Cette destruction, ils l’appelaient de leurs vœux, et c’était assurément un désir permis.

2113. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Le mélange de race des populations lorraines permet peut-être la supposition que du sang germain coule dans les veines du poète.

2114. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Ceux-ci, au contraire, y ont laissé des traces bien distinctes ; on possède sur eux un ensemble de renseignements qui permet de se rendre compte des représentations qu’ils donnaient.

2115. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Il faut être juste : jamais on n’a vécu plus à l’aise que de 1830 à 1848, et nous attendrons longtemps peut-être un régime qui puisse permettre une aussi honnête part de liberté.

2116. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Mais la jeunesse est capable de toutes les abnégations, et il est permis d’admettre que Jean, ayant reconnu dans Jésus un esprit analogue au sien, l’accepta sans arrière-pensée personnelle.

2117. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

La grande importance que prit le judaïsme dans la haute Galilée après la guerre des Romains permet de croire que plusieurs de ces édifices ne remontent qu’au IIIe siècle, époque où Tibériade devint une sorte de capitale du judaïsme.

2118. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

L’idéalisme transcendant de Jésus ne lui permit jamais d’avoir une notion bien claire de sa propre personnalité.

2119. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

La grande largeur des conceptions évangéliques, laquelle a permis de trouver sous le même symbole des doctrines appropriées à des états intellectuels très divers.

2120. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Dis-nous donc ce que tu penses : Est-il permis de payer le tribut à César ? 

2121. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Tout ce qu’il est permis de dire c’est que, durant ses derniers jours, le poids énorme de la mission qu’il avait acceptée pesa cruellement sur Jésus.

2122. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

La continuation de l’action musculaire donne des idées de durée et d’étendue. « La différence entre six pouces et dix-huit pouces est représentée par les différents degrés de contraction de quelque groupe de muscles ; ceux, par exemple, qui fléchissent le bras, ou ceux qui en marchant fléchissent ou étendent le membre inférieur. » Enfin la connaissance que nous avons du degré de rapidité de nos mouvements, nous permet d’estimer la vitesse des autres corps en mouvement ; la mesure étant d’abord empruntée à nos propres mouvements.

2123. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

On a vu d’autres étrangers, Horace Walpole, l’abbé Galiani, le baron de Besenval, le prince de Ligne, posséder ou jouer l’esprit français à merveille ; mais pour Hamilton, c’est à un degré qui ne permet plus qu’on y distingue autre chose ; il est cet esprit même.

2124. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Le quandoque bonus dormitat est permis à Horace.

2125. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Rollin, en condamnant l’usage des fictions dans un poëte chrétien, n’interdit point certaines figures hardies qui font image, & par lesquelles on donne de la voix, du sentiment, de l’action même aux choses inanimées : « Il sera toujours permis, dit il, d’adresser la parole aux cieux & à la terre ; d’inviter la nature à louer son auteur ; de supposer des aîles aux vents pour en faire les messagers de dieu ; de prêter une voix de tonnerre aux cieux pour publier sa gloire ; de personnifier les vertus & les vices.

2126. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Les changements légers dont il peut ne pas s’apercevoir, sont les seuls qu’il permet au poète, et que le poète doit employer pour l’artifice de l’intrigue.

2127. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

L’auteur que vous avez lu personnellement, si vous me permettez de parler ainsi, l’auteur que vous avez lu personnellement, ce qu’il fallait faire en effet, si vous le relisez sans consultation, vous retrouvez en le relisant, toutes les mêmes impressions que vous avez eues à une première lecture ; elles ont laissé leurs « traces », comme dit Malebranche ; vous creusez fatalement dans le même sillon.

2128. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Nous devons cependant rappeler ce que nous disions jadis de l’idée de corps, et aussi du mouvement absolu : cette double série de considérations permettait de conclure à la relativité radicale du mouvement en tant que déplacement dans l’espace.

2129. (1915) La philosophie française « I »

Nous n’essaierons pas de résumer sa doctrine : chaque progrès de la science et de la philosophie permet d’y découvrir quelque chose de nouveau, de sorte que nous comparerions volontiers cette œuvre aux œuvres de la nature, dont l’analyse ne sera jamais terminée.

2130. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Que Ghil ait été chef d’école, soit ; mais les vers du délicat poète Mockel nous permettent-ils de voir en lui un disciple de Ghil ?

2131. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Leur morale était dissolue, puisqu’elle permettait, qu’elle honorait même la prostitution.

2132. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ce ne sont pas des remarques curieuses ou savantes ; mais ce sont de petits événements de grammaire, qu’il n’est pas permis d’oublier dans l’histoire des antiquités de notre langue. […] Quelquefois aussi quand on était troubadour, et que l’on commettait d’autres fautes que celles qui étaient alors universelles et permises aux troubadours, on était dégradé, et on retombait à l’état de jongleur. […] Ce petit nombre de rapprochements permet de croire que l’antiquité classique n’avait pas impunément existé pour l’imagination des Provençaux, et que, soit par tradition, soit autrement, ils en ont reçu quelque influence. […] En même temps que l’institution politique développait la chevalerie, la guerre sainte d’Orient lui ouvrait le plus vaste champ, et permettait à l’imagination de tout rêver dans ces lointains et merveilleux pays. […] La facilité de cette langue qui avait peu de règles, et de cette poésie qui n’en avait qu’une, la rime, permettait à tout homme doué de quelque invention et de quelque mouvement d’esprit, de raconter longuement ce qu’il savait ou ce qu’il imaginait.

2133. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Tout le secret de nos progrès pratiques, depuis trois cents ans, est enfermé là1 ; nous avons dégagé et défini des couples de faits tellement liés que, le premier apparaissant, le second ne manque jamais de suivre, d’où il arrive qu’en opérant directement sur le premier, nous pouvons agir indirectement sur le second C’est de cette façon que la connaissance accrue accroît la puissance, et la conséquence manifeste est que dans les sciences morales comme dans les sciences physiques, la recherche fructueuse est celle qui, démêlant les couples, c’est-à-dire les conditions et les dépendances des choses, permet parfois à la main de l’homme de s’interposer dans le grand mécanisme pour déranger ou redresser quelque petit rouage, un rouage assez léger pour être remué par une main d’homme, mais tellement important que son déplacement ou son raccord puisse amener un changement énorme dans le jeu de la machine, et l’employer tout entière, à quelque endroit qu’elle joue, ici dans la nature, là-bas dans l’histoire, au profit de l’insecte intelligent par lequel l’économie de sa structure aura été pénétrée. […] « Si quelqu’un des dieux te disait : “Ô Alcibiade, lequel aimes-tu mieux, ou bien de vivre avec les avantages que tu as à présent, ou bien de mourir à l’instant, s’il ne t’est pas permis d’en acquérir de plus grands ?” […] Si, à ce moment, ce même dieu te disait que tu seras le premier en Europe, mais qu’il ne te seras pas permis de passer en Asie et d’y être le maître des affaires, tu ne voudrais pas vivre à cette condition, je crois, à moins de remplir pour ainsi dire tous les hommes du bruit de ton nom et de ta puissance. […] Vous croirez peut-être qu’en louant ainsi César, l’auteur lui permet tout ; non pas : il laisse un rôle aux grands corps, par exemple au sénat, rôle singulier du reste : c’est à eux de prêter leur nom, quand le maître en a besoin.

2134. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Tout au plus nous sera-t-il possible d’indiquer deux ou trois points de repère qui pourront permettre aux esprits sérieux de s’orienter parmi la végétation de pensées où s’est épanouie cette intelligence si pleine, si riche et si diverse. […] En tous cas, s’il est possible de réfuter sa doctrine, il n’est pas permis de suspecter sa bonne foi. […] Voici le parvis d’Israël dont l’entrée n’était permise qu’aux Israélites. […] Il semble que l’antique croyance à la jalousie des dieux, qui faisait trembler le cœur faible des hommes devant le spectre de la Némésis vengeresse, survive en nous par de lointaines hérédités, et que, de nouveau, nous ayons peur, devant les victoires insolentes de l’industrie humaine, d’avoir dépassé les limites permises. […] Devons-nous croire que l’insouciance sera toujours la condition de l’énergie, que notre nature est incapable de progrès, et qu’il n’est pas permis de mettre d’accord la clairvoyance et l’activité ?

2135. (1933) De mon temps…

La chaleur de la saison et du jour permettait un certain débraillé dont Mendès donnait l’exemple, sans veston, le torse couvert d’une chemise de soie écrue. […] Téodor de Wyzewa était doué d’une souplesse qui lui permettait d’adopter des tactiques diverses dans ses rapports avec les uns et les autres. […] Elle me permit de me réfugier dans un respectueux silence, moins attentif aux conversations qui se tenaient des uns aux autres qu’aux propos par lesquels Edmond de Goncourt y intervenait. […] L’Académie n’est pas tellement gourmée qu’on ne s’y permette quelques malices et quelques taquineries, mais elles y furent faites dorénavant sur un ton de cordialité et de bienveillance qui les rendit toujours acceptables au patient.

2136. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Depuis que la forme de notre théâtre permet que les cinquièmes actes soient en tableaux, les auteurs n’obtiennent plus l’indulgence qu’on avait pour ceux du siècle passé. […] La simplicité de l’action, chez les Grecs, ne permettait pas qu’ils fussent parmi eux si fréquents que sur nos théâtres : la reconnaissance est un de ceux qu’ils employaient le plus ordinairement. […] Voilà pourquoi les poètes modernes sont forcés d’avoir souvent recours à ces mêmes familles, dans lesquelles la fortune a permis que tous ces grands malheurs soient arrivés. […] Me sera-t-il permis de me joindre à vos vœux ?

2137. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Une échappée permet de distinguer, au-dessus du Péguère et du plateau de Cambasque, les Lacets avec leur amphithéâtre de hêtres, de noisetiers et de gazon, le Mamelon vert avec ses prairies, semées de fleurs, comme un riche tapis oriental. […] Le fragment que nous avons choisi pour le reproduire ici, contient peut-être les souvenirs d’enfance de Frédéric Mistral ; du moins la préface de ses Îles d’or permet de le croire. […] … Vous êtes à plaindre ; permettez que je vous accompagne, et de peur que l’eau ne vous mouille, je puiserai pour vous. — Grand merci, vous êtes bien bon ! […] Calderon, Lope, Moreto, Alarcon, Rojas, voilà des noms qu’il n’est pas permis d’ignorer, pour peu que l’on se pique d’être lettré ! […] Il en est à coup sûr tout différemment du peuple catalan : c’est ce qui lui a permis d’avoir un théâtre et une scène où sont interprétées, chaque semaine, plusieurs fois les œuvres de Guimera, des Frederich Soler, des Riera, des Feliu, des Pelay Briz, et des Ubach y Vinyeta.

2138. (1924) Critiques et romanciers

Et son exquise bonne foi, l’une de ses vertus principales, ne lui permettait pas de modifier par les mots ce qu’il avait noté d’abord avec exactitude. […] Il ne possédait pas une croyance et il ne possédait pas un caractère qui lui permit de résister à la grande avanie française. […] Mais, quant à dire ce que sera la littérature de la France victorieuse et qui travaille à conserver l’honneur et le bénéfice de sa victoire, les conjectures sont permises. […] Il ne montre pas l’une sans l’autre ; il permet que l’on voie que la beauté lui est bien chère. […] Geffroy ne permet pas qu’un artiste malin se mêle de tout cela.

2139. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Sans compter la troisième d’abord, c’est que d’être peuple, il n’y a encore que ça qui permette de n’être pas démocrate. […] Et moi je n’ai cru pouvoir vous les mettre, je ne me suis cru permis de vous les dire que parce que je vous les disais dans le sens peuple, sur le plan peuple, dans le sens, dans le langage peuple. […] Saluons d’abord nos vieilles connaissances les rimes en ombre, qui intervenant pour la deuxième fois dans ce poème lui ont, ici, couronné, permis de couronner deux de ses plus beaux vers. […] Surtout depuis que Hugo y est venu et l’a fait rendre, s’il est permis de parler ainsi, aux grands hommes. […] Déjà sûr de mon cœur à sa flamme promis, Il s’estimoit heureux : vous me l’aviez permis.

2140. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Il ne nous est donc pas permis de rester indifférents à la nature des écrits et des publications à la mode, non pas que nous prétendions porter atteinte à la liberté de parler et d’écrire, ce qui est loin de notre pensée, mais seulement pour éclairer le public en le mettant en demeure de discuter ses opinions et de nous rendre compte de ses engouements et de ses enthousiasmes parfois inexplicables. […] La mort vint le surprendre et ne lui permit pas de satisfaire à ses scrupules. […] En somme, la nature ne permet pas qu’on pénètre ainsi ses secrets.

2141. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Eugène Sue depuis que votre double titre de commissaire du roi et de régisseur du Théâtre-Français ne vous permet plus de vendre des livres, et que vous avez cédé le reste de votre édition à M.  […] Ainsi, l’auteur des Trois Mousquetaires a pris l’héroïque résolution de limiter sa fabrication littéraire ; c’est ce dont il est permis de douter, et le torrent de ses produits, arrêté du côté des journaux, inondera bientôt le théâtre, etc., etc. » Comme c’est reconnaissant de la part du directeur des deux Revues auquel ma fabrication littéraire a livré, en dix ans, vingt ou vingt-deux volumes ! […] Buloz ajoute : « Quant au récit burlesque de je ne sais quelle scène qui se serait passée à la répétition du Gladiateur, cela rentre, monsieur, dans cet ordre d’inventions et d’injures qui n’atteignent que ceux qui se les permettent. » Vous vous trompez, M. 

2142. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Je me permettrai cette remarque : oui, l’essence de la poésie lamartinienne est homérique, mais l’exécution rejoint, trop souvent peut-être, la manière des descriptifs de la décadence grecque et latine. […] Après le déjeuner, une promenade à pied et en voiture nous permit de goûter le charme ombreux des collines de Mustapha. […] Toutefois, il est permis de penser que ses premiers ouvrages, dans leur ensemble, sont, peut-être, les meilleurs. […] Il est permis de soutenir que l’amour est de tous les âges. […] Dante pouvait se permettre le bannissement et l’enfer de la rancune.

2143. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Ce n’est pas qu’il ait une pénétration d’esprit particulière et qui lui ait permis d’aller tout de suite au fond de certains problèmes ardus. […] Tout juste se permet-il, au début de ses livres, quelques considérations qui ne sont que le résumé, fait après coup, des études contenues dans un volume. […] Ollivier, en termes très insuffisants d’ailleurs, vous me permettez bien de vous le dire. […] Il est permis d’abaisser le ton, quitte d’ailleurs, avant de finir, à relever le discours par un morceau d’une belle envolée. […] C’est ce qui permit à M. 

2144. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Mais son ample générosité naturelle ne le lui permettait pas. […] Ce fut son élégance, de vivre avec une fougue, un entrain merveilleux, sans permettre aux idées mornes de l’accabler. […] La finesse de votre vue permet que vous aperceviez la multiplicité des attributs qui rendent chaque chose un peu laide et surtout ravissante. […] Et, secondement, aucun signe ne permet de supposer que l’analyse actuelle prépare une prochaine synthèse. […] Le présent, lui, ne nous permet pas de choisir : il nous inflige toute sa réalité, où il y a de tristes et déplaisantes choses.

2145. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Il sort pour aller demander à un ambulancier de ses amis, de le faire inscrire comme aide, et de lui permettre de coucher dans son baraquement, pour n’être pas pincé. […] Pas de mairie, et pas moyen d’obtenir un permis d’inhumer. Enfin, au bout de deux jours, une petite fille court jusqu’à Meudon, et revient avec le permis, une bière et un prêtre. […] Je vois aujourd’hui une femme, qui n’est pas du peuple, qui a un âge vénérable, une bourgeoise mûre enfin, je la vois donner, sans provocation, un soufflet à un homme qui se permettait de lui dire : « de laisser en paix les Versaillais. » On crie un nouveau journal de M. de Girardin : La Réunion libérale. […] Vendredi 19 mai Des journées interminables, que je promène çà et là : le trouble et la fatigue de ma vue ne me permettant pas la distraction d’un livre.

2146. (1893) Alfred de Musset

Bref, c’est un empanachement général, après lequel il n’était pas permis de se moquer de Saint-Preux ou de l’ami de Charlotte. […] Cet audacieux s’était permis de parodier dans la Ballade à la lune les rythmes et les images romantiques, et il affichait la prétention d’exprimer ce qu’il sentait, non ce qu’il était à la mode de sentir. […] C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. » Il sort, et va braver étourdiment la divinité vindicative qui ne permet pas qu’on joue avec l’amour. […] Vous trouverez extraordinaire que j’aie choisi pour lui cette occupation ; mais comme j’ai reconnu qu’avec de bonnes qualités il ne manquait que de réflexion, j’ai pensé que c’était pour le mieux de lui apprendre ce métier, qui lui permet de réfléchir à son aise, en même temps qu’il lui fait gagner sa vie. […] Trop bonne et trop droite pour permettre à ses rêves de se placer entre elle et son devoir, elle goûte un plaisir secret à sentir que ce devoir lui est pénible, et qu’elle n’est pas de ces filles positives et froides qui songent gaiement, et non pas ironiquement comme elle, en épousant un malotru : Après tout, je serai une dame, c’est peut-être amusant ; je prendrai peut-être goût à mes parures, que sais-je ?

2147. (1932) Les idées politiques de la France

L’heure présente, et les trente dernières années que cette heure a derrière elle, nous permettent-elles de discerner en France ces éléments libéraux, que Faguet y déclarait, après l’Affaire, introuvables et impossibles ? […] Le laïcisme vivant, celui qui permet de poser des problèmes, serait moins un laïcisme contre-catholique qu’un laïcisme intra-catholique. […] Non moins important qu’en Italie, quoique fort différent, est le rôle que tient aujourd’hui en France cette Internationale par position, qui y a permis, sous le pontificat de Pie XI, à l’Église un rétablissement inattendu. […] La loi très libérale sur les pupilles de la nation permettait aux catholiques des espérances. […] La paix sociale, poursuivie par le socialisme dans le présent, à la fois par la concorde internationale et par le protectionnisme économique qui permet de conserver de hauts salaires, ne doit être tenue par la doctrine que pour une préparation à la Révolution sociale.

2148. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Un beau jour Marius, sans préparation, vaincu par l’amour, vient brusquement demander au vieillard de permettre son mariage avec Cosette. […] « Ce cri que nous jetons souvent est toute notre pensée ; et, au point de ce drame où nous sommes, l’idée qu’il contient ayant encore plus d’une épreuve à subir, il nous est permis peut-être, sinon d’en soulever le voile, du moins d’en laisser transparaître nettement la lueur.

2149. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Rien ne permet mieux de mesurer le chemin parcouru. […] On s’y reportera pour les exemples que les limites de cet ouvrage ne me permettent pas de donner.

2150. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Pour ne parler que de l’atelier de Coriolis, il est certain que la description n’en était pas absolument nécessaire à l’intelligence de son histoire ; mais, puisqu’il est encore permis de décrire le crépuscule à la campagne, il vaut peut-être la peine, pour changer, de le décrire dans un atelier. […] MM. de Goncourt écriront donc : « Elle se mit à regarder, dans l’obscurité pieuse, des agenouillements de femmes, leur châle sur la tête…, des vautrements de paysans enfonçant de leurs coudes la paille des chaises…, un prosternement général…, des prières de jupes de soie et de jupes d’indienne côte à côte couchant presque leurs génuflexions par terre…40 » — Ils écriront, toujours dans le même système : « Cette sculpture des poses, des lassitudes, des absorptions… Le tableau la frappa surtout des confessions élancées de femmes qui, debout…41 » — «… Des adorations d’hommes et de femmes à quatre pattes…42 » — « Et je ne voyais qu’une sauvage et toute brute idolâtrie, un peu de la ruée de l’Inde sous une idole de Jaggernat43. » — « Un mur de colère, gâché de couleurs redoutables, plaquait au fond l’avalanche et le précipitement des damnés…44 » — « Sur l’escalier se faisait l’ascension lente et balancée, la montée sculpturale des Romaines…45 » — « Leurs femmes étaient là… immobilisées… dans un arrêt qui hanchait 46. » Notons, pour finir, l’emploi presque continuel, dans le récit, de l’imparfait au lieu du passé défini, l’imparfait ayant quelque chose d’indéterminé et prolongeant l’action pour nous permettre de la mieux voir et de la suivre.

2151. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Mais j’ajouterai : Si, au lieu de vous inspirer de votre époque, vous vous faites le représentant d’un autre âge, permettez que je range vos ouvrages avec les produits de l’époque antérieure à laquelle vous vous reportez. […] L’un s’éleva de plus en plus vers les pensées infinies, à une hauteur qui ne lui permettait plus d’apercevoir la terre.

2152. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ces exemples prouvent que les langues tiennent au sol du pays par d’antique racines, et que, dès leurs premiers bégayements, elles sont déjà marquées de caractères immuables, qu’il n’est permis à aucun écrivain de méconnaître ni d’altérer. […] Elle fut élevée à la cour, sous ce règne réparateur qui permit à la France de respirer entre les deux guerres d’extermination qu’elle eut à soutenir contre l’Angleterre.

2153. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

C’était la doctrine catholique proscrite à Port-Royal, où l’on enseignait, d’après saint Augustin, que la grâce seule permet de participer à la communion efficacement. […] Il avait souffert plus que personne de l’esprit de dispute ; et quoiqu’il n’en laisse rien voir dans son écrit, où la sévère discipline de Port-Royal n’a pas permis à la personne de se montrer, cette sagacité qui pénètre dans les causes secrètes de nos brouilleries n’est que l’impression personnelle, et encore brûlante, des blessures qu’il en avait reçues.

2154. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Notre vulgarité d’aperçus nous permet à peine d’imaginer combien un tel état différait du nôtre, quelle prodigieuse activité recélaient ces organisations neuves et vives, ces consciences obscures et puissantes, laissant un plein jeu libre à toute l’énergie native de leur ressort. […] Dès lors, elles ont, comme tous les êtres soumis à la loi de la vie changeante et successive, leur marche et leurs phases, leur histoire en un mot, par suite de cette impulsion secrète qui ne permet point à l’homme et aux produits de son esprit de rester stationnaires.

2155. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

On peut encore, — et c’est ce que nous tâchons de faire, — procéder pour l’examen d’une œuvre ou d’une théorie d’art, d’un ensemble de doctrines de philosophie ou de science, qui permet de décider si tel point d’esthétique se conforme et se relie aux lois suprêmes, si tel livre ou telle symphonie peuvent être assimilés synthétiquement à tel principe de biologie ou à tel axiome mathématique. […] Et c’est la philosophie spencérienne dont la gloire est précisément d’avoir fixé les lois de toute évolution, de celle d’une nébuleuse à celle d’une semence, qui permettra de déterminer si le drame musical est en effet le terme dernier actuel de l’art.

2156. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Mais, je le répète, on n’aura rien fait pour l’Art tant qu’on permettra de faire du wagnérisme une religion fermée, pratiquée dans un petit coin par quelques convaincus et des extatiques qui confinent à l’hystérie ; la plus grande injure qu’on puisse faire au maître c’est de tomber en pâmoison devant n’importe quelle de ses doubles croches. […] Reyer : … Il nous sera bien permis de dire qu’il y a dans cette question et dans les incidents auxquels elle a donné lieu, à côté d’un sentiment très respectable si l’on veut, quoique chose de puéril et de parfaitement ridicule.

2157. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Si la bouche est ouverte, c’est, en premier lieu, parce que le relâchement des muscles, dont a fui une partie de l’innervation nerveuse employée au cerveau, fait tomber la mâchoire par son propre poids ; en second lieu, la bouche ouverte permet une inspiration profonde, nécessaire toutes les fois que nous avons quelque effort énergique à accomplir ; enfin elle rend plus facile l’inspiration même, qu’activent les battements du cœur sous l’influence de l’étonnement comme de la crainte. […] Mais Bain montre fort bien que les muscles qui se contractent alors ont précisément pour objet de permettre le relâchement des autres muscles : « Avec une petite force on en relâche une plus grande. » La dépense a ici pour objet une épargne, et c’est, à notre avis, parce que le premier mouvement en face de la douleur, étant un mouvement de conservation et de concentration sur soi, est aussi une tendance à épargner la force qu’on sent diminuer : on se retire de la douleur, on tâche de se ressaisir.

2158. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Permettez-moi donc un retour intime avec vous sur mes premières et sur mes dernières années. […] Je vous la ferais apparaître du même aspect si les limites de cet entretien me permettaient de reproduire ici le sublime discours de M. de Valmont.

2159. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Il était permis aux esclaves de racheter leurs maîtres en mourant pour eux, aux enfants de satisfaire au tyran en s’offrant à la mort à la place de leur père. […] Permets-moi de mourir pour toi et pour eux.

2160. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

de Sacy, ne croyoit pas qu’il lui fût permis de négliger les regles de la langue ; plus les matieres sont séches & peu intéressantes, plus il semble qu’il ait pris à tâche d’en sauver l’ennui par le choix des termes, & l’exactitude de la diction. […] Enfin ayant mis bas l’épée, il prit des dégrés ; & lorsqu’il fut gradué & muni d’un parchemin scélé du sceau de l’Université, il ne fut plus permis, dit-il, de douter de sa profonde capacité ou plûtôt de son ineptie.

2161. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Si l’on me permet de comparer les grandes choses aux petites, je dirai que, si les principales races éteintes et vivantes du Pigeon domestique étaient classées, aussi bien qu’on pourrait le faire, suivant la série de leurs affinités, cet arrangement ne s’accorderait pas exactement avec l’ordre chronologique de leur production, et encore moins avec celui de leur disparition ; car la souche mère, le Pigeon biset vit encore, tandis que beaucoup de variétés entre le Pigeon biset et le Messager se sont éteintes ; et les Messagers eux-mêmes, qui sont extrêmes en caractères sous le rapport de la longueur du bec, sont d’une origine beaucoup plus ancienne que les Culbutants à courte face, qui sont à l’extrémité opposée de la série sous le même rapport. […] Mais après de longs intervalles et après des changements géographiques importants, permettant de nombreuses migrations réciproques, les types les plus faibles céderont la place à des formes dominantes ; de sorte qu’il ne peut y avoir rien d’immuable dans les lois de la distribution passée ou actuelle des formes de la vie.

2162. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

S’il est permis de comparer aux petites choses les grandes, nous rappellerons ici ce qui se passe à l’entrée de nos Écoles. […] Nous devons maintenant la serrer de plus près, et montrer comment elle nous permet de marquer la place exacte de la comédie au milieu des autres arts.

2163. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Il est un degré d’intimité au-delà duquel il n’est pas permis à l’homme de prétendre dans l’étude de son semblable : c’est un secret que s’est réservé le grand Anatomiste des cœurs.

2164. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

On a pu juger, par quelques citations que j’ai données, du ton et (si ce mot est permis) du style de Villehardouin.

2165. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

C’est le caractère du concours qu’une disposition généreuse, transmise à la Société des gens de lettres par un de ses membres73, lui a permis d’ouvrir dans des proportions inusitées, et dont elle vient vous rendre compte.

2166. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Gilbert a rassemblé à ce propos différents passages de ses maximes et de ses caractères, qui se rapportent évidemment à cette situation personnelle ; on le soupçonnait auparavant, on en est sûr désormais : et par exemple dans ce portrait de Clazomène qui est tout lui : « Quand la fortune a paru se lasser de le poursuivre, quand l’espérance trop lente commençait à flatter sa peine, la mort s’est offerte à sa vue ; elle l’a surpris dans le plus grand désordre de sa fortune ; il a eu la douleur amère de ne pas laisser assez de bien pour payer ses dettes, et n’a pu sauver sa vertu de cette tache. » L’amitié si tendre, si familière, que nous voyons établie entre Vauvenargues et Saint-Vincens nous permet de nous figurer en la personne de ce dernier un de ces amis dont La Fontaine avait vu des exemples autre part encore qu’au Monomotapa : Qu’un ami véritable est une douce chose !

2167. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Thiers, qui revient plus d’une fois sur ce noble et patriotique ouvrage, et qui en fait honneur à qui de droit, nous permettra de lui en attribuer à lui-même, à lui le grand promoteur, une très bonne part.

2168. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Il est permis maintenant de parler du général Joubert comme de l’un des hommes que l’on connaît le mieux.

2169. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Il était chargé, dans cette première distribution des rôles, il était mis en demeure, de gagner avant tout un appoint d’illustration qui lui permît de servir ensuite d’instrument à de moins scrupuleux et à de plus habiles.

2170. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Qu’il me soit permis de remarquer qu’il y a un peu de parti pris dans cette manière de sentir.

2171. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Il est permis là-dessus de rêver plus qu’il n’est possible de répondre.

2172. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Mais craignant d’être laissés en arrière, les soldats à l’instant découpent leurs havre-sacs, s’en enveloppent les pieds, et courent supplier leur chef de leur permettre « d’aller changer de chaussure avec les Espagnols ».

2173. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

On peut refaire ainsi des figures de poètes ou de philosophes, des bustes de Platon, de Sophocle ou de Virgile, avec un sentiment d’idéal élevé ; c’est tout ce que permet l’état des connaissances incomplètes, la disette des sources et le manque de moyens d’information et de retour.

2174. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Quoiqu’il n’ait pas mis le texte en regard de sa traduction et qu’il ait dû obéir aux nécessités d’une librairie courante qui, comme l’ancienne malle-poste, ne permet que le moins de bagage possible (le texte de Térence un bagage !)

2175. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Si le temps me le permettait, je vous dirais à présent quelqu’une des choses que fit ce soldat ; cela suffirait pour vous intéresser et pour vous surprendre bien plus assurément que le récit de mon histoire. » C’est dommage que le compagnon n’ait pas cédé à la tentation et ne nous ait pas donné toute l’histoire ; mais, certes, ce n’était pas trop d’orgueil ni de vanité à Cervantes que de jeter ainsi sa signature et de profiler sa silhouette au cœur de son œuvre.

2176. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Il a failli sans doute, puisqu’il n’est pas permis de commettre le mal, même en vue du bien ; mais au moins ses fautes eurent-elles des motifs élevés.

2177. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Et je me permettrai d’ajouter : Un pamphlet tel que celui de l’Ambassade de Varsovie peut signaler un écrivain, il coule moralement l’homme.

2178. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Pour nous qui nous permettons de choisir chez lui et de le juger tout en l’admirant, je dirai qu’il va insister trop et gâter un peu sa cause ; le théologien reparaît et se donne carrière ; il va se livrer à une sorte d’analyse psychologique du mystère de la Trinité et de celui de l’Incarnation.

2179. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Dans ce laps de temps, les fortifications d’Alexandrie seraient achevées ; cette ville serait une des plus fortes places de l’Europe ; … l’arsenal de construction maritime serait terminé ; par le moyen du canal de Rahmaniéh, le Nil arriverait toute l’année dans le port vieux, et permettrait la navigation aux plus grandes djermes ; tout le commerce de Rosette et presque tout celui de Damiette y seraient concentrés, ainsi que tous les établissements civils et militaires ; Alexandrie serait déjà une ville riche ; l’eau du Nil, répandue autour d’elle, fertiliserait un grand nombre de campagnes, ce serait à la fois un séjour agréable, sain et sûr ; la communication entre les deux mers serait ouverte ; les chantiers de Suez seraient établis ; les fortifications protégeraient la ville et le port ; des irrigations du canal et de vastes citernes fourniraient des eaux pour cultiver les environs de la ville… Les denrées coloniales, le sucre, le coton, le riz, l’indigo, couvriraient toute la Haute-Égypte et remplaceraient les produits de Saint-Domingue. » Puis, de dix années de domination il passe à cinquante ; l’horizon s’est étendu ; l’imagination du guerrier civilisateur a pris son essor, et les réalités grandioses achèvent de se dessiner, de se lever à ses yeux de toutes parts : « Mais que serait ce beau pays, après cinquante ans de prospérité et de bon gouvernement ?

2180. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Mais l’obstacle qu’elle trouvait à ce bonheur parfait dans le sacrifice la détermina autrement et lui permit d’entrer dans les vues de son père.

2181. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Il est permis d’en douter : c’eût été mettre Tantale à même du Pactole.

2182. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Il est libre et ne peut être retenu… L’amour surtout n’a pas de mesure, et s’exalte dans une ardeur sans mesure… L’amour ne sent point le poids ni la peine, il veut plus que sa force, et n’allègue jamais l’impossibilité, et se croit tout possible et tout permis… L’amour veille ; en dormant même il veille… Celui qui aime, sait la force de ce mot — On ne vit point sans douleur dans l’amour.

2183. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Celui qui, par un motif patriotique, religieux et même moral, se permet dans les faits qu’il étudie, dans les conclusions qu’il tire, la plus petite dissimulation, l’altération la plus légère, n’est pas digne d’avoir sa place dans le grand laboratoire où la probité est un titre d’admission plus indispensable que l’habileté.

2184. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Ce n’est pas lui qui a changé, mais le terrain où il lui était permis d’être tout lui-même.

2185. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

La frivolité ordinaire, aux aristocraties depuis longtemps établies ne permit pas aux juges de réfléchir longuement sur les conséquences de la sentence qu’ils rendaient.

2186. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Le simple examen du nouveau tableau qu’on forme ainsi permet de constater si les idées de l’écrivain qu’on étudie étaient rares ou nombreuses, claires ou obscures, indécises ou arrêtées ; si elles ont changé au cours de sa carrière s’il y a des matières auxquelles il songeait peu ; si au contraire il a été obsédé par la préoccupation de tel ou tel problème.

2187. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

César Franck a un opéra en portefeuille, Hulda ; par malheur, je n’en connais que des fragments, d’ailleurs superbes, trop courts pour permettre d’établir une opinion raisonnée, assez longs pour qu’on puisse placer cet ouvrage, sans crainte de se tromper, fort au-dessus de presque tous ceux qui se jouent quotidiennement à Paris.

2188. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

» Car toute joie se veut elle-même et, se voulant, elle veut toutes les conditions qui lui ont permis de naître.

2189. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Le goût de M. de Musset est arrivé à la maturité, et il serait beau à son talent de servir désormais son goût et de ne plus se permettre de faiblesses.

2190. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Il est vite obligé de réparer ces bons accès en faisant à son tour quelque proposition bien folle ; c’est ce qui marque très naturellement, dit-il, « l’extravagance de ces sortes de temps, où tous les sots deviennent fous, et où il n’est pas permis aux plus sensés de parler et d’agir en sages ».

2191. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

On peut rester incrédule après avoir lu Pascal, mais il n’est plus permis de railler ni de blasphémer ; et, en ce sens, il reste vrai qu’il a vaincu par un côté l’esprit du xviiie  siècle et de Voltaire.

2192. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

En rendant compte, en 1703, d’une édition des œuvres de Despréaux, ils se permirent quelques réflexions sur la Satyre contre les femmes, & sur l’Epitre de l’amour de Dieu.

2193. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Il est vrai qu’en permettant à nos prédicateurs, dans les panégyriques surtout, les ornemens & une certaine ressemblance avec les anciens orateurs d’Athènes & de Rome, on outre souvent les choses.

2194. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Ce calcul me semble d’une rigoureuse exactitude : j’aimerais à développer, comme je l’ai fait pour la prose, la perpétuelle fécondité de notre muse plusieurs fois séculaire : mais le temps ne me permet d’insister que sur l’un des titres de notre poésie française, le plus contesté d’ailleurs, je veux parler du mécanisme de notre versification.

2195. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Il n’est pas nécessaire de dire que dans les universités de la Russie il faudra des chaires pour l’étude du code Catherine, quoiqu’il ne soit pas bon peut-être de permettre qu’on le commente par écrit, parce que ce qui est commenté est bientôt dénaturé.

2196. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Seul un poète comme Hugo pourra se permettre d’appeler d’un terme aussi vague que l’Histoire d’un crime, le récit du Coup d’État du 2 décembre 1851.

2197. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Elle a tout cela aussi, Mme Louise Colet, — mais elle a de plus l’insolence et la provocation — la provocation lâche et fanfaronne d’une femme qui sait bien qu’en cette terre de France, une jupe peut se permettre tout, sans aucun danger… De son vivant, elle l’avait appris et elle dut le savoir mieux que personne.

2198. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

On a voulu voir en lui le chef d’une école prétendue réaliste, et que nous appellerions, nous, s’il était permis de faire un si monstrueux barbarisme, l’école trivialiste. […] — C’est donc, m’écriai-je, un ouvrage précieux et d’une rare valeur, qu’il n’est pas permis d’y toucher ? […] Que les hommes renoncent à leurs sottes prétentions, la femme laide aura bientôt abdiqué les siennes. — Quand les femmes sauront qu’il leur est permis d’être laides, c’est-à-dire d’être vraies, elles seront toutes charmantes. […] Ce n’est pas que je prétende qu’ils se soient permis jusqu’ici cette fantaisie : je n’ai nullement envie d’avoir un procès, — fût-ce avec cet élégant M.  […] Ici, il s’est montré véritablement poète ; et, pour vous le prouver, selon ma promesse de tout à l’heure, je pourrais citer mainte page de cette notice ; les limites étroites de cet article ne me le permettent pas.

2199. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Ayant écrit de bonne heure pour le premier Parnasse d’admirables vers, timide, ignoré, de Muse un peu délicate et pudique, il s’assura vite une petite place indépendante qui lui permît de vivre et d’écrire en paix. […] Au regard d’un idéaliste de race, tout ce que l’argent permet, tout ce à quoi l’argent suffit, garde une tare. […] Mais cet art dépasse cette question, comme l’acte transcende la réflexion qu’il permet. […] Nous revenons par des voies nouvelles dans le même cercle d’idées : le mot de Théophile Gautier nous permet de mesurer par un jalon visible la distance à laquelle l’art de Mallarmé s’est transporté de l’art logique, plastique, matériel et prosaïque qui était aux origines du Parnasse. […] Le travail postérieur ne vous permet pas de discerner, parmi les mots ensuite survenus, dans le jeu de l’esprit poétique et la disposition des rimes, le vocable initial.

2200. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Il ne m’est pas permis de voir les morts, ni de souiller mon regard par de funèbres exhalaisons. […] Pluton se laisse fléchir ; il permet à Proserpine d’aller visiter sa mère. […] Lucrèce a une livrée d’évêques ; des prélats la servent à table ; il n’est permis qu’aux cardinaux de célébrer la messe devant elle. […] Le roi leur permettait l’irrévérence, comme le sultan souffre l’insulte et l’imprécation des fakirs. […] Il lui fut permis de ne se coucher qu’à dix heures et demie et de regarder à la fenêtre.

2201. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il n’est plus permis, en effet, de traiter de secte la religion protestante : les plus belles civilisations, après la nôtre, sont protestantes. […] L’Histoire des Variations est peut-être la preuve la plus éclatante que la raison humaine n’est pas la même que celle de Dieu, puisque Dieu a permis que le protestantisme, ruiné dans la logique par Bossuet, subsistât malgré son antiquité d’hier et le sol mouvant sur lequel il est bâti. […] A la vérité, la vertu de Fénelon n’avait pas permis qu’il fût coupable ; mais la supériorité de son esprit ne put faire qu’il ne parût ridicule. […] Les Élévations développent les dogmes du christianisme, et dégagent ses mystères des seules obscurités qu’il soit permis à l’esprit de l’homme de dissiper.

2202. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Renan « l’infini » ou « l’idéal » ; mais ces agents transcendants jouent un rôle si vague et si obscur dans leurs doctrines, qu’il est difficile de bien saisir la part qui leur est faite, et qu’il est permis d’y voir des concessions à l’opinion et à l’habitude plutôt que de vrais principes sciemment et scientifiquement reconnus. […] L’intériorité à soi-même (s’il est permis de définir ainsi la conscience) est un fait si extraordinaire, si original, si inattendu dans cette série graduée qu’on appelle la nature, il tranche tellement sur le reste, qu’il faut un étrange parti-pris philosophique pour avancer avec le dogmatisme de nos critiques que la conscience est un produit, C’est précisément ce qu’il faut démontrer. […] Et n’a-t-elle pas penché d’un certain côté plus que ne le permettait l’impartialité métaphysique qu’elle affecte en ces matières ? C’est ce dont il est permis de douter.

2203. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Cela peut aller à la toute-puissance d’un Moloch ; mais pour nous, permettez-moi de le dire, une telle idée sent le blasphème ». […] Permettez à la vie privée, même après la mort, de rester close ; d’ailleurs son goût pour les meubles précieux servira d’indice4. […] Il a beau tenir à sa théorie de la banqueroute permise tous les dix-neuf ans, c’est à Madison, puis à M.  […] Les jeunes princesses, au contraire, aiment véritablement ; c’est que les convenances d’une cour française, qui défendent l’amour aux hommes, le permettent aux femmes. […] Joseph y alla, les vit ; quatre ans plus tard l’ange lui permit de les emporter ; mais en 1838 il eut soin de les reprendre pour empêcher les profanes de les vérifier.

2204. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Le foyer d’activité cérébrale étant ainsi bien reconnu, il n’est pas permis de douter que ce ne soit là le point de départ véritable de la démence et de la manie. » Cette écorce grise132 est composée de plusieurs couches alternativement grises et blanches ; « on y voit des noyaux et de nombreuses cellules nerveuses de petites dimensions, multipolaires » ; quantité de fibres relient entre elles les diverses provinces de l’écorce grise du même lobe et d’un lobe à l’autre ; et d’autres fibres relient toute la surface de l’écorce grise aux corps striés et aux couches optiques. […] Mais les vivisections et l’histoire des plaies de la tête apportent ici un nouveau document qui, joint aux précédents, nous permet de jeter sur les fonctions du cerveau une vue d’ensemble. […] Il faut attendre qu’elle soit faite et stable : la psychologie ne devra se loger sur ce terrain physiologique que lorsque la physiologie y aura bâti. — Néanmoins les jalons que nous avons posés suffisent pour marquer les lignes principales, et la correspondance établie ci-dessus entre l’action nerveuse et l’action mentale nous permet de conduire l’analyse au-delà des notions que le microscope nous fournit.

2205. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Il s’est rencontré sur notre chemin des sensations, celles du toucher, de l’odorat et du goût, dans lesquelles nous n’avons pu distinguer les sensations élémentaires, et tout ce que nous a permis l’analogie, c’est de penser qu’il y en avait. […] Toutes les sciences expérimentales ont ainsi leur chapitre historique, plus ou moins conjectural, selon que des indices plus ou moins précis, des analogies plus ou moins justes, des documents plus ou moins complets, permettent à la reconstruction mentale de remplacer plus ou moins exactement le témoignage absent de notre conscience ou de nos sens. […] Bien mieux, nous indiquons d’avance l’emplacement et les traits principaux de l’intermédiaire qui nous échappe encore. — Nous admettons que, si deux masses s’attirent, c’est en vertu d’un caractère plus simple et plus général, inclus dans le groupe des caractères qui constituent ces masses, tel que serait une impulsion incessamment répétée, laquelle à chaque instant surajouterait un effet à l’effet précédent, ce qu’on exprime en disant que l’attraction est une force dont l’action n’est pas instantanée mais continue, ce qui permet de concevoir la vitesse de la masse tombante comme la somme de toutes les vitesses acquises depuis le premier instant de sa chute, ce qui a conduit quelques physiciens à expliquer l’attraction de deux masses par la poussée continue d’un éther environnant. — Nous admettons que, si l’oxygène présente tels ou tels caractères, c’est en vertu de caractères plus généraux et plus simples qui appartiennent à ses éléments, et qui sont les masses, les distances, les mouvements intestins de ses atomes composants. — Nous admettons que, si un liquide sans forme s’organise en une cellule, c’est grâce aux réactions mutuelles et à l’état antérieur des particules très compliquées dont il est l’ensemble, et que, si autrefois notre nébuleuse est née, c’est grâce aux forces de ses molécules et à l’influence d’un état antérieur que, même par conjecture, nous ne pouvons nous représenter. — À nos yeux, dans tous ces couples, non seulement l’intermédiaire explicatif et démonstratif existe, quoiqu’il se dérobe à nos prises ; mais encore il est un caractère plus général et plus simple que la première donnée du couple, il est inclus en elle, il appartient à ses éléments, et les propriétés de cette première donnée, aussi bien que sa naissance, ont pour dernière raison d’être les caractères et l’état antérieur de ses derniers éléments.

2206. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Eh bien, à cent cinquante années de là, il est peut-être permis, à un esprit un peu philosophe, dans le genre de Marivaux, de descendre à une bonne et à une basse prostituée. […] Lundi 7 septembre Sait-on que dans les couvents, il est permis aux religieuses d’avoir des chats, mais qu’il leur est défendu d’avoir des chattes. […] Samedi 14 novembre J’ai repris mon travail sur La Guimard, et j’y travaille autant que me le permet mon état maladif.

2207. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Ailleurs, Hugo compare encore le mystère du monde au mystère du ciel : « D’innombrables piqûres de lumière ne font que rendre plus noire l’obscurité sans fond. » Les scintillations des astres permettent seulement de constater la présence de quelque chose d’inaccessible « dans l’Ignoré ».Ce sont des « jalons dans l’absolu ; ce sont des marques de distance, là où il n’y a plus de distance ». […] qu’est-ce donc, se demande Hugo, que ce « grand inconnu » qui fait croître un germe malgré le roc, qui tenant, maniant, mêlant les vents et les ondes, Pour faire ce qui vit prenant ce qui n’est Maître des infinis, a tous les superflus, Et, qui, — puisqu’il permet la faute, la misère, Le mal, — semble parfois manquer du nécessaire 128 ? […] C’est une répartition faite par le boucher, qui tue ce qu’il partage211. » Hugo admet d’ailleurs une sorte de droit moral au travail : « Le travail ne peut être une loi sans être un droit212. » C’est-à-dire que la loi sociale, « restreignant l’activité de chacun par le respect du droit d’autrui et lui permettant de se développer non dans le sens de la déprédation, mais uniquement dans le sens du travail personnel, admet implicitement l’universelle possibilité de ce travail ; le devoir de justice suppose ainsi le pouvoir de travailler ».

2208. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Le mot logos avec sa double acception de discours et de pensée ou raison, permettait aux écrivains grecs des antithèses que notre langue ne saurait reproduire sans en défigurer le sens. […] Voilà pourquoi ses contemporains ne profitèrent pas de ce qu’il est permis d’appeler sa découverte, et pourquoi, au lieu de la féconder par une analyse plus pénétrante, ils s’attachèrent uniquement à réfuter la théorie de la révélation du langage. […] Contre le logos exô, on peut toujours trouver des objections, mais on ne peut pas toujours contre le logos esô. » Le contexte permet de commenter ainsi ce passage : Si vous proposez à votre interlocuteur une hypothèse ou un postulat, celui-ci peut vous accorder cette thèse comme base d’une discussion commune, sans pour cela la croire vraie alors sa bouche consent, sa raison ne consent pas ; mais il peut aussi répondre à vos paroles par des paroles également vraisemblables ; si au contraire vous faites une véritable démonstration, fondée sur des axiomes, comme l’interlocuteur croit nécessairement aux axiomes, soi : assentiment est forcé ; sa raison doit proclamer son accord avec le vôtre ; poser une hypothèse, c’est demander verbalement une adhésion purement verbale, qui peut être refusée verbalement ; poser ou appliquer un axiome, c’est suivre la raison qui est en nous et provoquer irrésistiblement l’adhésion de la raison d’autrui. — M. 

2209. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

La royauté domine les barons dans la mesure où la féodalité le permet ; elle a conquis le Sud, et favorise le développement de la bourgeoisie qui sera, aux jours de crise, sa réserve suprême. L’Église s’est accommodée à la réalité, mettant son autorité au service de la royauté, moyennant quoi elle règne dans l’enseignement, dans la vie intellectuelle, où elle crée par saint Thomas d’Aquin un système qu’il est permis aujourd’hui de combattre à outrance sans en méconnaître la grandeur géniale. […] La France a déjà vécu trois ères, les a vécues jusqu’au bout, et tout permet d’espérer que, surmontant la crise actuelle, elle entrera bientôt dans une ère nouvelle.

2210. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

La correspondance du maréchal publiée par sa famille nous permet de pénétrer dans toute sa vie militaire des dernières années. […] Les critiques très discrètes qu’on entrevoit permettent seulement de distinguer et de nuancer ces figures, que les bulletins avaient l’habitude d’offrir sous un jour trop uniforme.

2211. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

ce fut alors qu’il fut permis de croire à la fin de toutes choses. » Mais cette perspective funèbre ne dura pas longtemps pour M. […] L’heureux séjour d’Orphée en Samothrace, son chaste hymen avec Eurydice, ses entretiens avec la Sibylle mourante, son intervention au milieu des farouches combats, son refus de l’amour d’Érigone, ses bienfaits partout présents, sa personne toujours lointaine ou passagère, suffiraient à justifier les naïves paroles dans lesquelles le poëte se rend témoignage à lui-même : « Qu’il me soit permis d’affirmer que l’inspiration à laquelle j’obéis est plus près que celle de Virgile des inspirations primitives… Oui, j’ai plus que Virgile, incomparablement plus, le sentiment de ces choses que j’oserai appeler divines. » — « N’y a-t-il pas une voix dans les choses ? 

2212. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Aussi ne me témoigne point cette réserve extrême, ô jeune fille, si tu as quelque chose à me demander ou à me dire ; mais, puisque nous sommes venus ici à bonne intention, dans un lieu sacré où tout manquement est interdit, traite-moi en toute confiance… » Et il lui rappelle la promesse qu’elle a faite à sa sœur ; il la conjure par Hécate et par Jupiter-Hospitalier ; il se pose à la-fois comme son hôte et son suppliant ; et il touche cette corde délicate de louange qui doit être si sensible chez la femme ; car, après tout, Médée est un peu une princesse de Scythie, une personne de la Mer-Noire qui doit être secrètement flattée de faire parler d’elle en Grèce112. « Je te payerai ensuite de ton bienfait, lui dit-il, de la seule manière qui soit permise à ceux qui habitent si loin l’un de l’autre, en te faisant un nom et une belle gloire. […] Qu’on me permette de hasarder une toute petite observation encore : Virgile, dans sa comparaison, dit lumen aquæ, une lumière d’eau répercutée par le soleil… ; c’est une figure, un hypallage, je crois.

2213. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

. — Soyez juste, répliqua l’homme, et dites-moi s’il est permis de récompenser le bien par le mal. — Je ne ferai en cela, repartit la couleuvre, que ce que vous faites tous les jours vous-même, c’est-à-dire reconnaître une bonne action par une mauvaise, et payer d’ingratitude un bienfait reçu. — Vous ne sauriez, dit l’homme, me prouver cette proposition, et si vous rencontrez quelqu’un qui soit de votre opinion, je consentirai à tout ce que vous voudrez. »184 Donnons-nous le plaisir de décomposer tout à loisir la fable de La Fontaine ; elle est peut-être la plus longue de l’ouvrage, et cette multitude de détails ne fera que rendre plus sensible l’unité du tout. […] quoique je sois obligé d’admirer vos oeuvres et tout ce qui vient de vous, néanmoins, s’il m’est permis de dire ce que je pense, je crois, moi, avoir quelque sujet de me plaindre. » (Toujours l’emphase qui tourne à la platitude.

2214. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Je parus devant vous ; je bégayai timidement quelques paroles, car le respect ne me permit pas d’en dire davantage. […] Sa santé, devenue de bonne heure très délicate, ne lui permettait d’excès qu’en poésie.

2215. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

« Je suis décidé à aller, pour qu’il ne reste pas sans sépulture, le chercher et le retrouver sur le champ de bataille, et peut-être Dieu permettra-t-il que je traverse inaperçu le camp endormi de Charlemagne. […] Permettez-moi de reprendre une à une vos expressions : « Le pape s’évada et s’enferma à Gaëte. » Quel jour ?

2216. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Il assiste à Bayreuth à une série de représentations de la Tétralogie qui lui permet de créer entre 1876 et 1898 une quarantaine d’oeuvres diverses qui lui valurent d’être considéré comme le peintre wagnérien par excellence. […] Schopenhauer retient du bouddhisme (comme du brahmanisme) la négation ascétique du vouloir-vivre, la compassion universelle et l’idée que seule l’intuition permet de saisir l’essence des choses.

2217. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Remémorons les premiers actes ; le premier acte en majeure partie musical (l’éclosion d’une adolescence, les rappels d’anciennes émotions), avec les addendas de faits positifs et de secrets de forge dévoilés ; le second acte très incertain, incessamment et au cours de chaque scène oscillant entre la symphonie et le spectacle, des efforts à tout rendre à l’orchestre et des chutes soudaines (par exemple, lorsque c’est par des mots qu’est dénouée une scène musicale), enfin la très noble magnificence de cette mort d’âme exprimée dans la mort du bon Fafner, une des stupéfiantes pages de l’œuvre de Wagner ; depuis longtemps je désirais interpréter cette scène ; qu’on me le permette. […] Mais celui qui en l’Incarnation chrétienne fit la Révélation et le Mystère, voulut qu’à intervalles une plus grande lumière illuminât sa parole ; et il permit des prophètes et des apôtres.

2218. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Nous avons chaud ou nous avons froid à l’âme en regardant cette physionomie : voilà tout ce qu’il est permis de conclure. […] « Pour moi, s’il m’est permis après tous les autres de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince !

2219. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Ni l’état des esprits ni l’état des mœurs ne le permettent. […] L’origine des Mystères ; — et, à ce propos, de l’analogie des origines du théâtre français du Moyen Âge avec celles du théâtre grec ; — .mais que, s’il convient de la signaler, il ne faut pas l’exagérer. — Des Tropes, ou interpolations des textes liturgiques, et dans quelle intention l’Église les a permis : — elle a voulu sans doute solenniser certains offices ou certaines fêtes ; — intéresser les fidèles d’une manière plus active à la célébration du culte ; — les retenir, se les attacher, et les instruire en « les amusant ».

2220. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Sans les axiomes, la science est impossible, mais ils ne font pas la science ; sans eux, il n’est pas permis d’établir un principe, de déduire une conséquence, mais ils ne sont ni ces principes, ni ces conséquences. […] Si par métaphysique on entend une disposition naturelle de l’esprit humain à se poser et à résoudre un certain nombre de problèmes, on doit répondre assurément que la métaphysique est possible, puisqu’elle est ; mais, selon Kant, tous les systèmes nés de cette disposition naturelle sont tellement défectueux et si peu satisfaisans, qu’il n’est pas permis de leur donner le nom de science ; de sorte que si par métaphysique on entend non pas une disposition naturelle, mais une vraie science, on est forcé de répondre que la métaphysique n’est pas.

2221. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Depuis la découverte récente d’instruments de silex taillé dans les dépôts diluviens de la France et de l’Angleterre, on ne peut plus douter que l’Homme, dans un état de civilisation assez avancé pour lui permettre d’avoir des armes travaillées, n’existât déjà à une époque extrêmement reculée ; et nous savons qu’aujourd’hui il est à peine une tribu, si barbare qu’elle soit, qui n’ait domestiqué au moins le Chien. […] Un haut degré de variabilité est évidemment favorable, puisqu’il fournit des matériaux à l’action sélective, bien que des différences purement individuelles soient amplement suffisantes pour permettre, moyennant, il est vrai, un soin extrême, d’accumuler une grande somme de modifications en quelque direction que ce soit.

2222. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

J’en vais exposer beaucoup d’autres : je m’élève contre un ordre d’enseignement consacré par l’usage de tous les siècles et de toutes les nations, et j’espère qu’on me permettra d’être un peu moins superficiel sur ce sujet. […] Assez équitable pour ne lui assigner entre les connaissances que le rang qu’elle mérite, j’ai cédé à une tentation bien naturelle, celle d’en parler un peu plus longtemps peut-être que son importance ne le permettait.

2223. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

C’est cette maîtresse difficulté qui a réduit le cardinal de Richelieu à une duplicité d’action inévitable et nécessaire, et permis aux langages les plus opposés d’aller leur train sur ce grand homme. […] Tel qu’il est, du reste, inconséquent ou fallacieux, ce livre, qu’on nous permette de l’examiner.

2224. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Il établit que, dans l’Antiquité classique proprement dite, « les dispositions d’esprit particulières aux Grecs et aux Romains ne permettaient pas que la peinture de paysage fût pour l’art un objet distinct, non plus que la poésie descriptive : toutes deux ne furent traitées que comme des accessoires ».

2225. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Marivaux fut du nombre des jeunes auteurs qui cherchèrent sur ce théâtre nouveau une variété et une légèreté de formes que ne leur permettait pas la scène française.

2226. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Toujours maître de l’oreille et du cœur de ceux qui l’écoutent, il ne leur permet pas d’envier ni tant d’élévation, ni tant de facilité, de délicatesse, de politesse ; on est assez heureux de l’entendre, de sentir ce qu’il dit, et comme il le dit… C’était avec son esprit, avec son âme, avec son goût, que Fénelon fut orateur comme il fut tout ce qu’il voulut être, et on ne désirait rien déplus en l’écoutant.

2227. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Après une de ces exhortations de l’ambassadeur en faveur de la paix, Bentivoglio ajoute : « Sur le visage et dans les paroles du président Jeannin, on croyait voir respirer la majesté et la présence du roi de France lui-même. » Le président Jeannin s’attache à montrer aux États-Généraux qu’une longue trêve équivaut à la paix et vaut même mieux à certains égards, en ce qu’elle ne permet point de s’endormir ; qu’il suffit que cette trêve soit conclue envers eux à d’honorables conditions, c’est-à-dire comme avec des États libres sur lesquels le roi d’Espagne et les archiducs ne prétendent rien ; que si l’on sait bien profiter de cette trêve en restant unis, en payant ses dettes et en réformant le gouvernement, elle pourra se continuer en paix absolue.

2228. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Ses animosités, ses rancunes personnelles et ses haines, ses indignations patriotiques et généreuses, ses tendres souvenirs des amis, des maîtres et des compagnons regrettés et pleurés, il y introduisit successivement tout cela par une suite d’épisodes coupés et courts, la plupart brusquement saillants avec des sous-entendus sombres, et il était permis à ceux qui restaient en chemin dans la lecture et qui ne la poussaient point au-delà d’un certain terme, de ne pas apercevoir dans l’éloignement la figure rayonnante de Béatrix et de ne pas lui faire la part principale et souveraine qui lui revient.

2229. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Il l’a fait précéder d’une note bibliographique assez détaillée, et qui permet d’attendre le travail complet que M. 

2230. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Quiconque a dit : Et moi aussi je suis peintre, que ne donnerait-il pas pour qu’il lui fût permis de contempler un instant ou Michel-Ange ou Raphaël le pinceau à la main, et tout entier suspendu à sa toile ou à sa paroi sublime ?

2231. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

S’il se permet le grain de malice, il n’y met du moins ni rancune ni arrière-pensée.

2232. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Cet événement, on peut le dire, fait époque dans son existence et la partage en deux moitiés : jusque-là, il avait été du monde, de la Cour, des belles sociétés, s’y accordant bien des distractions permises, et non sans une pointe légère d’ambition : à partir de là (1645), il fit une demi-retraite et s’adonna tout à l’étude, à ses traductions des auteurs, à sa collection d’images, deux passions rivales qu’il mena de front jusqu’au bout ; il vécut beaucoup dans son cabinet, soit à son abbaye de Villeloin, soit à Paris (quand il y était), dans son faubourg Saint-Germain, ayant quitté l’hôtel de Nevers, mais logeant toujours près des Quatre-Nations.

2233. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

[NdA] Cependant l’éditeur a passé d’un extrême à l’autre, en n’indiquant même pas à qui les lettres sont adressées, en ne mettant aucune note qui serait de nature à éclaircir le texte, en laissant de simples initiales aux noms propres là où il coûtait bien peu de les donner en entier (par exemple, tome ii, page 218), et quand il les donne, en permettant à l’imprimeur d’écorcher ces noms de diplomates très connus (tome ii, page 278 et ailleurs).

2234. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

On ne le lui permet pas, pour toutes sortes de raisons, relativement bonnes peut-être ; il se retire.

2235. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

En présence d’une vie si longue et qui atteint presque, jusqu’à nonante, il est bien permis d’y mettre quelque longueur, et même un peu de traînerie, comme dirait Montaigne.

2236. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Tout cela était aiguisé par une vivacité de corps et d’esprit qui allait à l’impétuosité, et qui ne lui permit jamais dans ces premiers temps d’apprendre rien qu’en faisant deux choses à la fois.

2237. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Ce qu’il faut dire, c’est qu’aussitôt élevée à ce rang de grande-duchesse, elle en parut hautement digne et sut se concilier tous les cœurs par sa conduite et son attention aux apparences, par sa tournure, par sa grâce, son air de douceur et de bonté qui recouvrait un grand art de séduction, par sa gaieté qui ne permettait pas de soupçonner tant de prudence.

2238. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Le temps, en s’enfuyant, souffre et permet bien des choses.

2239. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Il me semble que sur ce terrain on est d’accord avec tous ; et après avoir dit ce qui est hors de contestation, on me permettra de citer ici un portrait de Jésus qui, tout apocryphe qu’il est, doit être ancien et qui résume du moins l’idée que la tradition avait transmise de cette vénérable figure.

2240. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il n’est pas donné à tous d’aller au fond de cet océan et d’en sonder toutes les profondeurs ; mais il n’est permis à personne de ne pas tenir compte des grands courants.

2241. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

On ose à peine se permettre un sourire.

2242. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

On le vit bien à sa mort, lorsqu’il poussa l’humilité et le repentir jusqu’à sacrifier et livrer tout de bon aux flammes une élégante et innocente traduction de Tibulle, qu’il s’était permise en ses plus vives années.

2243. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Ainsi Jomini aurait voulu qu’au début de la campagne de 1756 Frédéric portât à la coalition formée contre lui un coup terrible ; qu’entre les trois lignes possibles d’opérations il choisît l’offensive, celle de Moravie, où une grande bataille gagnée lui eût permis de pousser jusqu’à Vienne.

2244. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Depuis qu’on a le Mendiant et l’Aveugle d’André Chénier, on comprend ce que pourrait être une Circé, et il n’est plus permis de citer celle de Jean-Baptiste que comme un essai sans valeur.

2245. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Puisque j’ai eu occasion de nommer Parny et que probablement j’y reviendrai peu, qu’on me permette d’ajouter une note écrite sur lui en toute sincérité dans un livret de Pensées : « Le grand tort, le malheur de Parny est d’avoir fait son poëme de la Guerre des Dieux : il subit par là le sort de Piron à cause de son ode, de Laclos pour son roman, de Louvet jusque dans sa renommée politique pour son Faublas, le sort auquel Voltaire n’échappe, pour sa Pucelle, qu’à la faveur de ses cent autres volumes où elle se noie, le sort qu’un immortel chansonnier encourrait pour sa part, s’il avait multiplié le nombre de certains couplets sans aveu.

2246. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Trousseau en exprima l’intérêt, même au point de vue médical pur, dans les pages savoureuses qui ouvrent le recueil de ses magistrales cliniques : « Que les nosologies soient utiles à celui qui commence l’étude de la médecine, j’y consens au même titre qu’une clef analytique est assez bonne, au même titre que le système si faux de Linné peut être fort utile à celui qui essaie l’étude de la botanique ; mais, Messieurs, si vous connaissez assez pour pouvoir reconnaître, permettez-moi cette espèce de jeu de mots, hâtez-vous d’oublier la nosologie, restez au lit du malade, cherchant sa maladie comme le naturaliste étudie la plante en elle-même dans tous ses éléments.

2247. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

C’est la ruse des enfants envers leurs pédagogues ; ils leur obéissent à condition qu’il leur soit permis de s’en moquer.

2248. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

En composant cet ouvrage, où je poursuis les passions comme destructives du bonheur, où j’ai cru présenter des ressources pour vivre sans le secours de leur impulsion, c’est moi-même aussi que j’ai voulu persuader ; j’ai écrit pour me retrouver, à travers tant de peines, pour dégager mes facultés de l’esclavage des sentiments, pour m’élever jusques à une sorte d’abstraction qui me permit d’observer la douleur en mon âme, d’examiner dans mes propres impressions les mouvements de la nature morale, et de généraliser ce que la pensée me donnait d’expérience.

2249. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

À tout autre moment, la tranche est analogue ; il n’est donc rien d’autre ni de plus Que maintenant on classe ces divers événements, sensations, images, idées, résolutions ; qu’à chaque classe on impose un nom, sensibilité, imagination, entendement, volonté ; qu’on attribue au moi divers pouvoirs, celui de sentir, celui d’imaginer, celui de penser, celui de vouloir ; cela est permis et utile.

2250. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Ce qui lui manqua, ce fut une pensée originale, une pensée qui ne fût occupée qu’à faire entrer le monde et la vie dans les formes du tempérament, à projeter le tempérament sur l’univers et sur l’humanité : qui par conséquent permît au tempérament de dégager toute sa puissance, et de réaliser ses propriétés personnelles.

2251. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Et puis, permis à Gœthe, un Allemand, de n’y point faire attention : mais enfin celui dont Ronsard expia les péchés, celui qui méconnut le génie de la langue, qui l’enfla d’inventions fantastiques jusqu’à « la faire crever », celui qui alla à l’encontre de tous les préceptes et de l’esprit du maître, ce fut Du Bartas ; on sait l’abus qu’il fit des composés : « guide-navire, échelle-ciel, brise-guérets, aime-lyre », et une infinité d’autres.

2252. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Je fais abstraction de la physiologie fantaisiste qu’il contient, et qui est celle que le temps permettait : notons-y pourtant la fermeté de la conception générale, qui lie tous les faits moraux à des mouvements de la matière.

2253. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

De cette idée vient la facilité avec laquelle Mme de Staël a passé de la monarchie à la république : elle fait de la conservation sociale, identifiée à l’intérêt des propriétaires, l’objet principal du gouvernement ; et ainsi, roi ou président, peu importe ce que sera l’exécutif, pourvu que ceux qui possèdent soient protégés contre la masse des « hommes qui veulent une proie », et que « tous leurs intérêts portent au crime », dès qu’on leur permet d’agir.

2254. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Notre étude doit demeurer sans conclusion : les faits sont trop près de nous et nous ignorons trop ce qui sera demain, pour qu’il nous soit permis d’arrêter en quelque sorte à ce jour le compte de la littérature.

2255. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Quelquefois une finesse remarquable, ce que nous appelons de l’esprit, relevait ses aphorismes ; d’autres fois, leur forme vive tenait à l’heureux emploi de proverbes populaires. « Comment peux-tu dire à ton frère : Permets que j’ôte cette paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ?

2256. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Pourvu qu’on conserve le caractère du lieu, il est permis de l’embellir de toutes les richesses de l’art ; les couleurs et la perspective en font toute la dépense : cependant il faut que les mœurs des acteurs soient peintes dans la même scène, qu’il y ait une juste proportion entre la demeure et le maître qui l’habite, qu’on y remarque les usages des temps, des pays, des nations.

2257. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Comment, d’ailleurs, peut-on suspecter des théories qui ont permis d’écrire de purs chefs-d’œuvre ?

2258. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Nous nous arrêterons ensuite quelques instants sur les résultats et les conséquences des idées qu’un tel développement aura fait naître en nous ; mais ce sera toujours sans nous permettre aucun conseil de direction, ni aucune vue pour l’application de ces résultats et de ces conséquences.

2259. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

En France, la moins pardonnée des impertinences c’est de se permettre de ne pas emboîter le pas avec tous.

2260. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Je me permets d’en douter, et voici pourquoi.

2261. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Ces représentations deviennent alors pour lui autant de choses, c’est-à-dire de réservoirs contenant des virtualités cachées : ce qui lui permettra de considérer les mouvements intracérébraux (érigés cette fois en choses et non plus en simples représentations) comme renfermant en puissance la représentation tout entière.

2262. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Qu’on rime pour l’oreille et non pour les yeux ; qu’on ait le droit d’appareiller un singulier avec un pluriel, si du moins ils rendent tous deux le même son, car on ne voit pas pourquoi enfant et triomphants ne seraient pas des rimes admissibles, lorsque enfants et faons sont des rimes certainement admises ; qu’on se moque de la césure et de l’hémistiche, mais non de l’accent tonique ; qu’on se permette certains hiatus lorsqu’ils sont une liaison plutôt qu’un heurt ; qu’on supprime enfin les difficultés inutiles de la poétique, comme on le fait ailleurs pour celles de l’orthographe, mais de même qu’on doit respecter les lois primordiales de la syntaxe française, qu’on respecte aussi les lois organiques du vers français.

2263. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

De qui les hommes ont-ils reçu ces nobles principes : qu’il est plus beau de garder la foi donnée que de la trahir ; qu’il y a de la dignité à maîtriser ses passions, à demeurer tempérant au sein même des plaisirs permis ?

2264. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Dans l’absence de tout autre document, un manuscrit de la Bibliothèque nationale, auquel déjà nous avons eu recours, nous fournit quelques détails dont nous ne garantissons point la parfaite exactitude, mais qu’il ne nous est pas permis de négliger faute de mieux.

2265. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

À présent, permettez-nous d’aller réfléchir à ceci là-bas dans un coin.

2266. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Qu’il sache qu’il ne lui est pas permis de retenir le précieux dépôt tombé entre ses mains, encore bien moins de l’altérer.

2267. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Ce fut une de ces chutes qu’il est impossible de pallier et contre lesquelles aucun recours n’est permis. […] je le permets. […] C’est un homme de lettres qu’il me sera permis de ne point nommer. […] Il fut dénué, je l’accorde, du sens pratique qui permet aux littérateurs de tirer des revenus de leurs œuvres. […] Mais plusieurs de ces morceaux sont d’une jolie grâce, et ils nous permettent de saisir les procédés et le tempérament de l’auteur.

2268. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Toutes ces expressions tirées de loin et hors de leur place, marquent une trop grande contention d’esprit, et font sentir toute la peine qu’on a eue à les rechercher : elles ne sont pas, s’il est permis de parler ainsi, à l’unisson du bon sens, je veux dire qu’elles sont trop éloignées de la maniére de penser, de ceux qui ont l’esprit droit et juste, et qui sentent les convenances. […] Les compagnons d’Enée, après leur naufrage, demandent à Didon qu’il leur soit permis de se mettre en état d’aler en Italie, dans le Latium, ou du moins d’aler trouver le roi Aceste. […] Mais il ne faut pas croire qu’il soit permis de prendre indiférenment un nom pour un autre, soit par métonymie, soit par synecdoque : il faut, encore un coup, que les expressions figurées soient autorisées par l’usage ; ou du moins que le sens litéral qu’on veut faire entendre, se présente naturèlement à l’esprit sans révolter la droite raison, et sans blesser les oreilles acoutumées à la pureté du langage. […] On dit encore qu’un bois sacré est apelé (…), par antiphrase : car ces bois étoient fort sombres, (…), c’est par une raison contraire à l’antiphrase ; car come il n’étoit pas permis par respect de couper de ces bois, ils étoient fort épais et par conséquent fort sombres, ainsi le besoin, autant que la superstition avoit introduit l’usage d’y alumer des flambeaux. […] " on entend comunément par synonimes etc. " malgré ces diférences, il arive souvent que dans la pratique on emploie ces mots l’un pour l’autre par figure, en conservant toujours l’idée principale et en aïant égard à l’usage de la langue ; mais ce qui fait voir qu’à parler exactement ces mots ne sont pas synonimes, c’est qu’il n’est pas toujours permis de mètre indiférament l’un pour l’autre.

2269. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Voici donc le principe : Se faire, par l’étude des écrivains supérieurs, un corps de doctrines qui permette de juger les écrivains ordinaires. […] Tu ne peux rester plus longtemps ; je ne le souffrirai pas, je ne le supporterai pas, je ne le permettrai pas. […] Pour André Dacier la traduction doit être une « imitation » large où l’on peut se permettre « des expressions et des images très différentes du texte », quoique semblables56. […] Aux mains aussi, pour avoir serré une main qui n’était pas saintement liée ; pour avoir reçu des pleurs trop brûlants ; pour avoir peut-être commencé d’écrire, sans l’achever, quelque réponse non permise ! […] Dans l’accumulation, qu’on me permette le mot, on compose son plat avec une énorme quantité de petites choses.

2270. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Quelque différence en effet qu’il puisse y avoir, et qu’il y ait sans doute, entre l’idée chrétienne et l’idée janséniste, on ne l’a pas reconnue d’abord ; et s’il ne nous est plus permis aujourd’hui de les confondre ensemble, on les a cependant un moment confondues. […] Et ils croyaient enfin que le moyen le plus sûr d’atteindre ce but, ou, — si l’on me permet cette expression un peu pédantesque, — de dégager cette « fin » de ce « principe », était le perpétuel souci de la forme ou du style. […] Mais ils se rendaient bien compte que, dans une société tout aristocratique, ni leur talent, ni leur génie n’auraient suffi pour leur permettre d’accomplir librement leur œuvre ; pour les imposer à la considération de leurs adversaires ; pour triompher des résistances des coteries et de l’opinion. […] [On remarquera que Limoges est la seule ville de France dont un nom de rue soit spécifié dans le théâtre de Molière] ; — 1649, Toulouse, Narbonne ; — 1650, Agen ; — et comment ce séjour d’Agen permet de croire que Molière a joué deux ou trois fois auparavant à Bordeaux [Cf.  […] — C’est ce que permet de croire le caractère même de Dufresny ; — qui fut un « homme à idées », — et auquel il semble bien que Montesquieu ait pris plus tard l’idée de ses Lettres persanes ; — qu’une autre idée de Dufresny a été de se soustraire à la domination de Molière [Cf. le prologue du Négligent] ; — et dans quelle mesure il y a réussi ?

2271. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Mais il convient à un prophète de se donner des immunités : il se permet le blasphème, mais seulement par excès de dilection. […] Il faut des choses permises et des choses défendues, sans quoi les goûts hésitants et paresseux s’arrêteraient à la première treille, se coucheraient sur le premier gazon venu. […] C’est sans doute cette sérénité intérieure, cette certitude indifférente ou déjà blasée qui permet à M.  […] Cela lui permet de tenter des analyses dont le titre seul est un prodige, et d’écrire, par exemple, une « Psychologie du Mystère » très raisonnable, puisque tout y est ramené à l’unité du moi. […] Ce sentiment, qui n’est aucunement négateur d’une activité sociale, ne s’oppose pas davantage à l’activité purement cérébrale : il permet au contraire à un esprit de se condenser dans une direction unique, sans regret de tous les possibles, puisque, en somme, toutes les directions se valent, sentiers tracés vers le même néant.

2272. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Et, en attendant qu’ils forment une espèce de « corps », ou presque d’État dans l’État, la fortune et la naissance s’étonnent un peu d’abord, font mine de s’irriter, mais au fond ne s’effarouchent pas, et finalement s’arrangent d’être traitées par eux avec autant de désinvolture et d’agréable impertinence qu’elles se permettaient de les traiter autrefois. […] Sans rien vouloir ôter à Turgot de son mérite, ni des honneurs qu’on lui rend, il est permis de faire observer qu’il n’y a pas un mot dans ce passage, ni d’ailleurs une ligne dans tout son Discours, qui ne rappelle quelque endroit de l’Esprit des lois ou de l’Essai sur les mœurs. […] C’est ce qui nous permet d’en mieux voir les effets et de dire qu’ils n’ont pas d’abord été très heureux. […] Voltaire en a tressailli d’allégresse ; et d’Alembert y voit le juste châtiment de la malveillance que les Jésuites se sont permis de témoigner à l’Encyclopédie. […] — et qu‘en tout cas sa mort prématurée ne lui a permis ni d’en concilier les contradictions, — ni d’en développer toutes les conséquences. — Son culte pour l’institution sociale [Introduction à la connaissance, etc., ch. 43]. — Son indulgence pour les passions, et l’apologie qu’il en fait [Cf. 

2273. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Sans répondre à ce qu’aurait de trop direct la question, et d’embarrassant pour l’orgueil ou pour la modestie, il est permis d’affirmer, selon l’entière évidence, que la victoire de l’école nouvelle se prouve du moins dans la ruine complète de l’ancienne, et que dès lors on a loisir de juger sans colère et de mesurer en détail celle-ci, dût quelque partisan de l’heureux Pompée de cette poésie nous venir dire : Ô soupirs ! […] Je permets qu’au boudoir, sur les genoux des belles, Quand ses vers pomponnés enchantent les ruelles, Un élégant abbé rougisse un peu de nous, Et n’y parle jamais de navels et de choux.

2274. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Charlotte aimait à m’avoir pour compagnon de ses promenades ; le fiancé se joignait à nous toutes les fois que son emploi le lui permettait. […] Son imagination seule s’était échauffée en le composant ; son cœur était resté tiède et dans ce parfait équilibre qui permet à l’écrivain de juger son ouvrage.

2275. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Newton est parvenu au terme de la carrière qu’il avait à fournir ; mais, avant de la clore, il veut embrasser d’un coup d’œil tout l’espace qu’il a parcouru ; et là, comme jadis Aristote, il veut se recueillir pour remonter, autant qu’il est permis à l’homme, jusqu’à la cause première et au premier moteur. […] Mais dans la science, l’ignorance et l’inattention ne sont pas permises ; et si, dans le cours de la vie, il faut beaucoup d’indulgence, même avec les coupables, il n’en faut avoir aucune envers les fausses théories.

2276. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

« Ces circonstances lui permirent, en 1793, de sauver plus d’un de ses anciens protecteurs et de ses anciens amis. […] « Un port de lettre, un omnibus, sont des dépenses que je ne puis me permettre, et je ne sors pas pour ne pas user d’habits !

2277. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Ainsi, en France, avons-nous vu, à des degrés différents, Nicole pour Arnauld, l’abbé de Langeron ou le chevalier de Ramsay pour Fénelon ; ainsi eût été Deleyre pour Rousseau, si celui-ci avait permis qu’on l’approchât. […] Il y a une parenté étroite entre cet empire qu’il avait sur lui-même et la puissance de réflexion qui le maintenait toujours maître du sujet qu’il traitait en écrivant, et qui lui permettait de donner à ses œuvres ce fini dans la forme que nous admirons.

2278. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Goulden tira de l’armoire une bouteille de son vin de Metz, qu’il gardait pour les grandes circonstances, et nous soupâmes en quelque sorte comme deux camarades ; car, durant toute la soirée, il ne cessa point de me parler du bon temps de sa jeunesse, disant qu’il avait eu jadis une amoureuse, mais qu’en l’année 92 il était parti pour la levée en masse, à cause de l’invasion des Prussiens, et qu’à son retour à Fénétrange, il avait trouvé cette personne mariée, chose naturelle, puisqu’il ne s’était jamais permis de lui déclarer son amour : cela ne l’empêchait pas de rester fidèle à ce tendre souvenir : il en parlait d’un air grave. […] — Eh bien qu’on m’y mette, s’écria-t-elle, qu’on me massacre ; je dis que les hommes sont des lâches de permettre ces horreurs ! 

2279. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Pourquoi n’a-t-il pas été permis à mon âme de s’enfuir avec cette aimable lumière ? […] Les vierges de Cona les aperçurent et s’en détournèrent, de peur de les blesser. « Elles sont, dirent-elles, solitaires, mais aimables. » Le cerf, dans sa course, les franchissait sans les toucher, et le chevreuil ne se permettait pas d’en faire sa pâture.

2280. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Tite-Live en a fait naïvement l’aveu : « S’il doit être permis à un peuple, dit-il, de rendre son origine plus auguste en la rapportant aux dieux, telle est la gloire militaire du peuple romain, que lorsqu’il lui plaît de se donner le dieu Mars pour père, le genre humain le souffre comme il a souffert sa domination22. » J’admire cette fierté patriotique ; mais le genre humain affranchi de Rome ne s’accommode plus de ce que souffrait le genre humain sujet de Rome, et pour chaque nation, comme pour chaque ville, la seule origine glorieuse est la vraie. […] Les sondes puissantes dont on fouille le sein des mers, pour y poser les câbles électriques, dessinent successivement les vallées et les plateaux que Buffon y avait vus de l’œil de l’esprit, et permettent aux géologues d’en constater l’heureuse correspondance avec les plaines montagneuses et les plateaux élevés de la terre.

2281. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Car la Divinité ne permet pas que d’autres qu’elle se glorifient. » Xerxès hésitait entre les deux avis, un rêve intervint et le décida. […] Les Trézéniens ne se contentèrent pas d’ouvrir aux émigrants leurs foyers ; par une loi touchante comme une gâterie maternelle, ils permirent à leurs enfants de cueillir des fruits dans tous les vergers.

2282. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Il nous fait un peu attendre et paraît, nos cinq actes à la main, et passant ses mains dans son toupet d’homme d’affaires, et s’asseyant à la marche d’une estrade, qui est comme la marche de l’autel du drame, dominé par les Mousquetaires de Dumas père, en galvanoplastie, il nous dit : « Je vous ai lu avec beaucoup d’attention… Je vous ai reçus, aussi, soyez tranquilles, c’est convenu… J’ai voulu vous épargner l’émotion… Ma première impression est que la censure ne laissera jamais passer la pièce… Maintenant, vous me permettrez de vous parler au point de vue de mon théâtre… Il n’y a pas de drame dans vos cinq actes… il n’y a pas d’intérêt… C’est la Révolution dans les salons… Ça manque de mouvement… Non, tenez, mon public, il lui faut… il faut, à un moment, qu’il y ait un traître qui enjambe par la fenêtre… Vous verrez, quand vous travaillerez sérieusement pour ici… Vous ne venez pas souvent au Châtelet… Jamais, n’est-ce pas ? […] les agonies comme celle de Berryer, où la famille permet à la chronique de se fourrer sous le lit.

2283. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

L’auteur est donc contraint, pour donner essor à la multiplicité d’images, d’actes et d’âmes qui le hante, à traiter négligemment le récit, les descriptions, les expositions successives, les narrations, et à compliquer autant que le lui permettront ses notions traditionnelles de l’art d’écrire, la série des actions, des intrigues diverses de ses romans pour arriver, par cet artifice, à présenter ses nombreux personnages presque simultanément et parallèlement. […] Si la traduction de ses œuvres ne permet pas de reconnaître exactement la contexture de leur style, l’absence d’une coupe de phrase propre, d’une qualité de vocabulaire, d’un ton clairement déterminé, la pauvreté des tournures et des mots sont cependant visibles et à certains détails, comme les comparaisons mal déduites de La Guerre et la Paix (III, pp. 263 et 266), on reconnaît le peu de soin mis à l’écriture.

2284. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Quant à Jéhovah, il l’adore, et, sous la flagellation furieuse des fléaux, toute sa résistance est de demander à Dieu : « Ne me permettras-tu pas d’avaler ma salive ?  […] Chez les juifs, la lecture d’Ézéchiel était redoutée ; elle n’était pas permise avant l’âge de trente ans.

2285. (1894) Textes critiques

Randon permit-il dès cette première audition qu’on brouillât l’ordre du programme, laissant la foule humble et bénévole, mais qui aime le tout prêt, — sans guide-âme ? ‌ […] Filiger La banalité de la mode étant à qui parle d’art de répondre qu’il vaut mieux vivre (ce qui serait peut-être admirable si compris, mais tel quel, sans plus de conscience, gratté de la table de Faust, se redit depuis bien longtemps), il est permis, nos serfs pouvant suffisamment cette chose, d’exister dès maintenant en l’éternité, d’en faire de notre mieux provision, et de la regarder chez ceux qui l’ont su mettre en cage surtout discolore de la nôtre.

2286. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Marcel Boulenger de se soucier du style assez pour nous donner des livres parfaits à ce point de vue et qui permet d’en présager d’autres semblables. […] L’Académie Goncourt ne leur a pas donné son prix, malgré l’opinion de l’élite qu’une enquête nous a fait connaître, enquête qui leur valut l’unanimité des suffrages et qui permit à M. 

2287. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Niel accompagne, en effet, les portraits de ses personnages de notices faites avec érudition et curiosité ; et, puisque j’ai nommé Gabrielle d’Estrées, on me permettra de détacher cette gracieuse figure, et, à mon tour, d’en reprendre à la plume le dessin, en profitant de tout ce que M. 

2288. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Buffon, avec un dédain superbe, commença le premier à attaquer Linné sur ses méthodes artificielles, et, même lorsqu’il en fut venu à reconnaître par expérience la nécessité des classifications, il ne lui rendit jamais pleine et entière justice : « Buffon antagoniste de Linné, que toujours il avait combattu, nous dit Linné lui-même dans des fragments de Mémoires, est obligé, bon gré mal gré (nolens, volens), de faire arranger les plantes du Jardin du roi d’après le système sexuel. » Buffon, en ce point, ne céda pas si aisément que le croyait Linné ; il ne consentit jamais, nous dit Blainville, à laisser entrer dans le jardin de botanique la méthode et la nomenclature de Linné, enseignes déployées ; « il permit seulement d’inscrire les noms donnés par Linné, mais à condition (chose incroyable si le génie n’était humain !)

2289. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Poujoulat, en prenant ces assertions très au sérieux et sans se permettre jamais d’en sourire, les a combattues avec avantage.

2290. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Feuillet m’a permis de puiser dans les deux volumes manuscrits de la Correspondance même de Léopold Robert, où se trouvent rangées chronologiquement et dans toute leur étendue les lettres adressées par lui à M. 

2291. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Qu’il me soit donc permis, Seigneur, de finir ici en le félicitant de votre protection divine, et en lui disant à lui-même ce qu’un de vos prophètes dit à un prince bien moins digne d’un tel souhait : « Rex, in aeternum vive ! 

2292. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Ce qui est certain, c’est qu’en 1589, après avoir prêché le carême à Angers, et un carême très vif38, Charron retourna à Bordeauxk, où, dit-on, il prit connaissance et vécut fort familièrement avec messire Michel de Montaigne, chevalier de l’ordre du roi, auteur du livre intitulé les Essais, duquel il faisait un merveilleux cas ; et le sieur de Montaigne l’aimait d’une affection réciproque, et avant de mourir (ce qui eut lieu trois ans après), par son testament il lui permit de porter après son décès les pleines armes de sa noble famille, parce qu’il ne laissait aucun enfant mâle.

2293. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Il nous est donc permis de nous flatter que notre ouvrage explique les termes, développe les beautés, découvre les délicatesses que vous doit une langue qui se perfectionne autant de fois que vous la parlez ou qu’elle parle de vous. » Louis XIV méritait en partie ce compliment, en tant que parlant avec justesse et propriété la plus parfaite des langues ; on dit qu’il contait à ravir ; mais cette noble et régulière politesse manquait de saillie, de relief, d’images, d’imprévu, de ce qui fait la grâce et la popularité de la langue de Henri IV.

2294. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

La guerre de Sept Ans, en venant rompre le cours des prospérités de Frédéric et de ses loisirs si bien occupés, mit à l’épreuve l’âme de sa sœur, cette âme supérieure et sensible, et nous permet de l’apprécier par ses plus hauts côtés, dans son attitude vraiment historique.

2295. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Leur correspondance allemande publiée permet l’étude et la comparaison à qui la voudra faire.

2296. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Il lui est échappé un jour de dire à M. de Sacy, au risque de scandaliser ce fidèle et religieux admirateur des belles œuvres d’autrefois, que s’il lui était permis par faveur singulière de choisir entre les notes que Tite-Live avait eues à sa disposition, et l’histoire elle-même de Tite-Live, il donnerait toute cette magnifique composition et cette prose des Décades pour les simples notes.

2297. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Ce qu’il était permis de dire aux anciens Grecs ne nous semble plus, à nous, convenable, et ce qui plaisait aux énergiques contemporains de Shakspeare, l’Anglais de 1820 ne peut plus le tolérer, à tel point que dans ces derniers temps on a senti le besoin d’un « Shakspeare des familles. » Nous connaissons, sans sortir de chez nous, de ces pruderies et de ces arrangements-là, mais bien vite nous en rions ; — nous en souffrons aussi.

2298. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Si c’est une des conditions indispensables du sujet, une de ses nécessités et de ses beautés caractéristiques, qu’on soit ainsi perpétuellement broyé, n’est-il pas permis de s’en plaindre ?

2299. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

La haine monacale qu’il avait encourue dès son arrivée et qui avait aussitôt senti en lui une proie et une victime, les dénonciations dont il s’était vu l’objet, et qui pouvaient recommencer toujours, ne lui permettaient pas de penser à se fixer dans ce pays d’inquisition : il cherchait en idée un asile ailleurs pour un avenir plus ou moins prochain, et il n’en trouvait nulle part un à son gré.

2300. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

L’endroit le plus étudié du livre et le plus caressé, s’il est permis encore une fois de choisir dans une peinture aussi continue, c’est Grenade et ses merveilles, l’Alhambra et le Généralife.

2301. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Mais le cercle s’est élargi, la vue s’est fort étendue depuis eux en dehors des horizons purement français : Shakspeare a grandi, Goethe s’est élevé, la connaissance des littératures étrangères a découvert les sources et permis de juger avec la dernière exactitude la quantité et la valeur des emprunts.

2302. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Il est permis, d’après son récit même, de conjecturer que cet esprit juste et modéré, ce caractère honnête et droit de Malouet, n’étaient pourtant pas toujours accompagnés d’une adresse pratique et d’une insinuation suffisantes ; que la modération même de ses vues et les raisons combinées qu’il y introduisait n’étaient propres à réussir qu’à demi auprès d’esprits entiers, prévenus en faveur d’idées absolues, ou intéressés à des systèmes contraires.

2303. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Répondant dans cet écrit à ses ennemis et ses détracteurs, il disait : « Ils osent affirmer que c’est moi qui ai aliéné de nous les États-Unis, lorsqu’ils savent bien qu’au moment précis où ils impriment cet étrange reproche, des négociateurs américains arrivent en France, et qu’ils ne peuvent ignorer la part qu’il m’est permis de prendre dans cet événement, à raison du langage plein de déférence, de modération et j’ose dire aussi de dignité, que je leur ai adressé au nom du Gouvernement français… » Il sut les attirer en effet par d’adroites paroles ; mais comment les actes et les procédés y répondirent-ils, et que devint cette dignité de ton en présence des faits ?

2304. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

La Providence permet quelquefois ces tardives et terribles réparations. » Maintenant voici le récit du préteur battu de verges : la condition des Italiens, c’est-à-dire des plus favorisés des sujets de Rome, de ceux qu’on appelait alliés, en va cruellement ressortir.

2305. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Son érudition a pour cela de trop singulières méprises, et se permet des confusions trop charmantes.

2306. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Les styles d’André Chénier et de Regnier, avons-nous déjà dit, sont un parfait modèle de ce que notre langue permet au génie s’exprimant en vers, et ici nous n’avons plus besoin de séparer nos éloges.

2307. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Avant notre histoire, quelle longue histoire animale et végétale, quelle succession de flores et de faunes, que de générations d’animaux marins pour former les terrains de sédiment, que de générations de plantes pour former les dépôts de houille, quels changements de climat pour chasser du pôle les grands pachydermes   Enfin voici l’homme, le dernier venu, éclos comme un bourgeon terminal à la cime d’un grand arbre antique, pour y végéter pendant quelques saisons, mais destiné comme l’arbre à périr après quelques saisons, lorsque le refroidissement croissant et prévu qui a permis à l’arbre de vivre forcera l’arbre à mourir.

2308. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

La pensée jouit d’une liberté illimitée dans l’abstrait et dans le général, toutes les intempérances, toutes les aventures lui sont permises : dès qu’elle touche au réel, au concret, à la vie, elle reçoit forme et couleur des préjugés impérieux du siècle.

2309. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Surtout quand il raconte ses confrontations avec Mme Goëzman, une jolie petite sotte, étourdie, impudente, menteuse, frivole au point de ne pas se douter de l’importance morale de l’escroquerie qu’elle s’est permise, se fâchant dès que son adversaire lui rive son clou ou la force à se couper, soudain radoucie par un madrigal dont elle ne sent pas la secrète impertinence : ces scènes sont charmantes, et d’une irrésistible drôlerie.

2310. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Aussi, quand le ciel bleu permet de rentrer la moisson bien sèche, tout le monde quitte la ferme et s’égaille à la besogne.

2311. (1890) L’avenir de la science « XVI »

S’il avait su l’histoire aussi bien que nous, il ne se fût pas permis cette belle fantaisie.

2312. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

De là les gestes, l’expression de la physionomie, bref tous ces états des muscles qui nous permettent de lire les sentiments des autres.

2313. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Cependant le duc de Bourgogne hésitait encore à permettre sa ruine.

2314. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Il se dépouilla de ses vêtements, il en couvrit Gessner ; et, le regardant avec complaisance, il jouit de ce spectacle sans se permettre aucun mouvement, dans la crainte d’en interrompre la durée.

2315. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Je me permets d’en douter, et la suite n’a pas répondu.

2316. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

la science ne permettra jamais qu’un écrivain qui n’a qu’une plume (c’est elle qui parle et non pas moi !)

2317. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Il est permis de se demander dans ce cas à quelle nature peuvent bien faire allusion les auteurs de ce singulier jugement ; à une nature, sans doute, où l’air ne vibre pas, où les êtres se développent dans l’atmosphère d’un souterrain, où les regards imprégnés de lassitude sont tournés au dedans, où les mille aspects des choses, en un mot, sont contraire à la réalité, à ce que nous voyons et sentons.

2318. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Tolain qui, après avoir longtemps discuté la valeur du culte du Sacré-Cœur, et devant les explosions de colère que cette sacrilège dissection du viscère divin provoqua sur les bancs de la droite, ne put qu’ajouter : « S’il était permis, s’il était possible de caractériser d’un mot la ligne politique que vous suivez, — je dirais que c’est la ligne politique des Jésuites et de Loyola ! 

2319. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Il ne réduisait point les grands mots métaphysiques aux expressions simples et familières qui les éclaircissent, les rendent palpables et permettent à l’esprit d’en démêler la vérité ou l’erreur, D’ailleurs, par métier peut-être, il y répugnait.

2320. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Je vais chez eux chaque semaine ; ils me permettent de les écouter ; quelquefois même ils veulent bien me donner des conseils, dont je sais mal profiter.

2321. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Par sa texture il est pénétrable aux liquides et aux gaz, ce qui permet aux matières décomposées de s’exhaler.

2322. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Il n’a pas un jugement dégagé de l’agenouillement devant la politique à la façon du nôtre et qui lui permette de juger un Pasquier dans son inanité, un Thiers dans son insuffisance, un Guizot dans sa profondeur vide. […] À une de ses dernières visites, où on l’a fait attendre longtemps au parloir, son amie lui disait : « Aujourd’hui, c’est un jour de récréation, nous ôtons les chenilles des groseilliers, et par une grâce spéciale, on nous a permis de les ôter avec un petit morceau de bois. » * * * — Maurice de Guérin me fait penser à un homme qui réciterait le Credo, à l’oreille du Grand Pan, dans un bois, le soir. […] Taine. — Permettez, Hugo est, dans ce temps-ci, un immense événement, mais… Sainte-Beuve, très animé. — Taine, ne parlez pas d’Hugo !

2323. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Il a fallu tous les incidents (et la mort d’Armand Carrel me contraint de dire les événements) qui ont marqué la carrière de M. de Girardin, pour lui permettre de s’affranchir de n’être pas toute sa vie le mari de Delphine Gay. […] Tout ce qu’il m’est permis de vous dire, c’est que, suivant l’ordre nouveau d’idées où va entrer cet écrivain, il ne me paraît pas devoir jamais composer des livres qui se rattachent à Lélia et à Indiana par les idées. […] Mais à vous parler franchement, je commence à être las de Paris, où j’ai mangé beaucoup plus d’argent que ma tante ne me l’avait permis. […] Jouslin de La Salle, accusé d’avoir trafiqué sur les billets d’entrée, quitta la direction de la Comédie-Française, il permit aux comédiens de recevoir et d’ouvrir les lettres qui lui seraient adressées après sa retraite.

2324. (1905) Propos littéraires. Troisième série

L’originalité non seulement est permise, mais elle est comme inévitable. […] Il n’est permis de démolir que, non seulement quand on remplace ce qu’on démolit, mais quand on dépasse ce qu’on remplace. […] C’étaient les délassements de ce cerveau puissant, qui n’estimait que la vérité scientifique, mais qui ne laissait pas de s’y trouver à l’étroit et qui se permettait de temps en temps une excursion dans l’hypothétique, une reconnaissance dans l’inconnaissable, et un mois de vacances dans l’Infini. […] Avec de bons télescopes, une connaissance vague des éléphants ; — avec une observation intense, quelques indications sur les chemins ordinairement suivis par les éléphants et leur façon de marcher ; voilà tout ce qui est permis aux plus intelligentes d’entre les fourmis. […] Marions-nous, éclipsons-nous à l’anglaise, et n’en parlons plus. » C’est précisément parce que Francis Neyrac n’est pas un homme ordinaire, ce qu’il est permis d’être, qu’il fait exactement le contraire, qui est stupide, et très naturel.

2325. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Un nouveau manuscrit de Joinville qui lui a été signalé lui a permis de rétablir, en quelques parties, le texte plus exactement encore que ne l’avait fait Daunou.

2326. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Charles Monselet, ont parlé de lui tour à tour ; il y a à s’instruire sur son compte à leurs discussions et à leurs spirituelles analyses ; mais s’ils me permettent de le dire, pour juger au net de cet esprit assez compliqué et ne se rien exagérer dans aucun sens, j’en reviendrai toujours de préférence, indépendamment de mes propres impressions et souvenirs, à ce que m’en diront ceux qui l’ont connu en ses bonnes années et à ses origines, à ce qu’en dira M. 

2327. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

— À cette heure où, entrant dans une veine de composition nouvelle, il prenait véritablement possession de tout son talent, et où, comme il le disait d’un mot, le rejeton était devenu un arbre (« fit surculus arbos »), Cowper rappelait, avec l’orgueil d’un auteur ayant conscience de son originalité, qu’il y avait treize ans qu’il n’avait point lu de poète anglais, et vingt ans qu’il n’en avait lu qu’un seul, et que, par là, il était naturellement à l’abri de cette pente à l’imitation que son goût vif et franc avait en horreur plus que toute chose : « L’imitation, même des meilleurs modèles, est mon aversion, disait-il ; c’est quelque chose de servile et de mécanique, un vrai tour de passe-passe qui a permis à tant de gens d’usurper le titre d’auteur, lesquels n’auraient point écrit du tout s’ils n’avaient composé sur le patron de quelque véritable original. » C’est ainsi qu’en se créant tout à fait à lui-même un style selon ses pensées et une forme en accord avec le fond, ce solitaire sensible et maladif, ingénieux et pénétrant, a été l’un des pères du réveil de la poésie anglaise.

2328. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Après quelques idées et souvenirs personnels relatifs aux études mathématiques de l’empereur Napoléon : « Permettez-moi de terminer par un dernier aperçu philosophique, dit le prince.

2329. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Moi, je ne m’en suis pas mêlé, si ce n’est par un certain tour d’esprit qui me montre les choses du bon côté, quand il me serait permis de les regarder autrement. » Ce bonheur ne le quitta pas même tout à fait dans les circonstances les plus contraires : arrêté quand il allait sortir de France, en juillet 1789, il fut sauvé, par le plus grand des hasards, de la fureur populaire ; enfin, acquitté devant le tribunal du Châtelet, et redevenu libre à la veille de la ruine totale de l’ancienne société, il eut l’opportunité d’une mort naturelle et tranquille.

2330. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Et encore, dans une des lettres suivantes : La duchesse de Choiseul n’est pas très jolie, mais elle a de beaux yeux ; c’est un petit modèle en cire, à qui l’on n’a point permis pendant quelque temps de parler, l’en jugeant incapable, et qui a de la timidité et de la modestie : la Cour ne l’a pas guérie de cette modestie ; la timidité est rachetée par le son de voix le plus touchant, et se fait oublier dans le tour élégant et l’exquise propriété de l’expression.

2331. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

— terrible à force d’expédients, qui tond et écorche impitoyablement les provinces conquises ; — un Luxembourg, tout l’opposé de Vauban pour les mœurs, tournant agréablement ses cupidités en railleries, roué, insolent, inhumain et fanfaron d’inhumanité ; et Louvois badine avec l’un, et il n’est pas révolté des exactions, des extorsions de l’autre, puisqu’elles vont au profit du roi : il semble que tout soit permis et légitime sur le territoire ennemi.

2332. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Étienne donne un démenti formel à cette première satire d’Horace : il n’envie personne, il n’a jamais aspiré à un autre sort que le sien ; il est vrai qu’il n’a jamais eu proprement de profession (hormis pour un temps très court), et que de bonne heure une fortune suffisante lui a permis de lire, d’étudier à son aise et de se livrer à l’heureuse modération de ses penchants.

2333. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Les collections en grand, et faites par des curieux, gens de savoir et de goût, ne sont autre, chose que les éléments de la science même, les données positives qui permettent, là où il y avait lacune, de combler les vides, d’asseoir des conjectures, d’établir des suites et des lois.

2334. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Je ne me permets que de poser de telles questions.

2335. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

À peine est-il entré que M. de Harlay lui saute au cou, l’embrasse, s’appelle lui-même le plus malheureux des hommes, se plaint à l’abbé Legendre, qui était présent, que la modestie obstinée du bon vieillard ne lui ait jamais permis de rien faire pour lui et de lui rendre ce qu’il en avait reçu autrefois de secours en tout genre : « Voilà, disait-il en se tournant vers l’abbé Legendre et en montrant le vieillard rustique, voilà un homme des plus distingués par l’esprit, par le cœur, par la science, et qui a bien mérité de moi à tous égards ; car, dans le cours de mes études, il m’a aidé des plus salutaires conseils, et plus d’une fois aussi de sa libéralité et de sa bourse. » On juge des pleurs du vieillard ainsi accueilli à bras ouverts par le premier et le plus illustre seigneur des prélats de France.

2336. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Et celai qui croirait que l’artiste a uniquement voulu plaisanter et se permettre une légèreté se tromperait fort : il a voulu, sous forme vulgaire, exprimer le côté humain bien senti et montrer l’honnêteté de la chose.

2337. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Il eut le déboire, il est vrai, de perdre Bouchain presque sous ses yeux, sans pouvoir le secourir ; désagréable échec, et même assez grave en ce qu’il livrait passage à l’ennemi entre l’Escaut et la Sambre, et lui permettait désormais de porter la guerre sur une partie de la frontière moins susceptible de défense.

2338. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Voici le portrait confidentiel que traçait de lui celle que Saint-Réal avait appelée la meilleure et la plus heureuse des mères : « Pour faire connaître à M. de Louvois, écrivait-elle, la confiance entière que j’ai en lui et en sa discrétion, je vais lui dépeindre l’humeur de Son Altesse Royale, dont il ne rendra compte qu’au roi comme mon protecteur, à qui je me confie très respectueusement, et auquel j’ouvre le plus secret de mon cœur, avec la liberté qu’il m’a permise.

2339. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Mais à vingt ans, sous la Restauration, dans ce cadre nouvellement réparé et redoré à neuf ou à l’antique, il était permis de s’y tromper.

2340. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Retenu et empêché ici par mon travail, je n’ai pu prendre part à la discussion ; s’il m’avait été permis d’y assister, loin de désavouer en partie M. 

2341. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Marie-Antoinette, dans son indignation, se trompe ici sur un détail du procès, ce qui est bien permis : dans la scène du bosquet la prétendue reine n’avait pas reçu la rose, mais l’avait elle-même laissé tomber. — On remarque, à l’examen, une autre inadvertance, mais celle-ci moins explicable ou plutôt tout à fait inexplicable : il y avait trois mois, à cette date du 1er septembre, que l’arrêt du Parlement était rendu : il est en effet du 31 mai 1786.

2342. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

M. de La Fayette, en ces années, était le véritable maître de Paris, et sa probité roide, son étroitesse de vue et de ligne ne permettaient de rien concerter avec lui.

2343. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Ce cheik Othman, ami et promoteur de la civilisation, l’un de ces hommes qui, à travers toutes les distances de races et de croyances, permettent de penser que les hommes sont frères ou qu’ils le deviendront, disait à ses disciples à sa sortie des Tuileries : « Chacune des religions révélées peut élever la prétention d’être la meilleure : ainsi nous, musulmans, nous pouvons soutenir que le Coran est le complément de l’Évangile et de la Bible ; mais nous ne pouvons contester que Dieu ait réservé pour les chrétiens toutes les qualités physiques et morales avec lesquelles on fait les grands peuples et les grands gouvernements. » M. 

2344. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Je décris les temps plus anciens séparément, tels qu’ils ont été conçus par la foi et par le sentiment des premiers Grecs, et tels qu’ils sont connus seulement au moyen de leurs légendes, sans me permettre de mesurer la quantité, grande ou petite, d’éléments historiques que ces légendes peuvent renfermer.

2345. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Son orgueil avait pris naissance à Vienne, où Marie-Thérèse, autant pour lui donner du crédit sur l’esprit de l’archiduchesse que pour s’emparer du sien, lui avait permis de se rendre tous les soirs au cercle intime de sa famille… » A Versailles on haïssait surtout en l’abbé de Vermond l’homme de Vienne ; il est aisé, de plus, de deviner dans l’animosité que lui a vouée Mme Campan quelque blessure d’amour propre ; la première femme de chambre de la reine, et un bel esprit prétentieux comme elle était, avait dû avoir, un jour ou l’autre, à se plaindre de lui ; elle le lui rend : « Il est très-probable », dit-elle, « par les relations constantes et connues de cet homme avec le comte de Mercy, ambassadeur de l’Empire pendant toute la durée du règne de Louis XVI, qu’il était utile à la Cour de Vienne, et qu’il a souvent déterminé la reine à des démarches dont elle n’appréciait pas les conséquences.

2346. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Dans le Conseil qui fut assemblé au dernier moment, quand on apprit que les alliés marchaient sur Paris, il maintint son opinion jusqu’à ce que le roi Joseph produisît une lettre de Napoléon qui ne permettait plus d’hésiter : Marie-Louise devait, le cas échéant (et il était échu), se retirer sur la Loire.

2347. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Et, maintenant, si dans tout ce qui précède nous paraissons à quelques esprits difficiles avoir poussé bien loin l’admiration pour Mme de Sévigné, qu’ils nous permettent de leur adresser une question : L’avez-vous lue ?

2348. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

On ne peut rien détacher d’un tel tissu, et il n’est point permis de le broder en l’admirant.

2349. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Moyennant argent, les seigneurs ont permis au paysan économe et tenace d’en arracher beaucoup de pierres.

2350. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Il est permis de croire que tandis que certains puys et certaines corporations multipliaient les Miracles de Notre-Dame, leur patronne145, d’autres confréries, des communes aussi mettaient sur la scène des sujets sacrés d’un autre caractère.

2351. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Quant à la tragédie, dans la mesure où les exigences de la scène le permettent, elle a repris l’allure d’une déclamation littéraire, à la façon dont l’entendaient les poètes du xvie  siècle.

2352. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

La haute conception qui jadis avait permis à Bossuet d’étudier si librement les sociétés païennes de l’antiquité, et de rechercher les causes physiques ou morales des événements, la croyance au gouvernement de la Providence, a mis Tocqueville à l’aise : assuré que la France allait où Dieu la menait, il a regardé sans haine et sans désespoir la civilisation issue de la Révolution.

2353. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Guizot me permettra ici de trouver que cette conclusion, en la tenant pour vraie dans sa généralité, est parfaitement vague et stérile.

2354. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Elle a l’idée fixe qu’il soit sage là-bas, et ne se permette rien de trop dans ses éditions de Hollande, afin de pouvoir revenir ensuite et de jouir ensemble de la félicité à Cirey : « Surtout qu’il n’y mette pas Le Mondain ! 

2355. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Quelques paroles de cette autorité me sont nécessaires ; elles sont comme les colonnes immuables et sacrées que je tiens seulement à montrer du doigt dans le lointain, pour que notre admiration même et notre hommage de regret envers un homme d’un merveilleux talent n’aillent pas se jouer au-delà des bornes permises.

2356. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

 » Cet abaissement général est ce qu’il craint avant tout, et il veut qu’à tout prix on le conjure : « Il faut permettre aux hommes de faire de grandes fautes contre eux-mêmes, pour éviter un plus grand mal, la servitude. » Il y a des commencements de révolution dans ce mot-là.

2357. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Pour La Fontaine, qui est comme le dieu ou l’Homère du genre, qu’il me soit permis de dire qu’il n’y est si grand et si admirable que parce qu’il le dépasse souvent et qu’il en sort.

2358. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il prend d’ailleurs la chose sur un pied d’agrément, et trouve tout naturel qu’on soit d’un sentiment contraire au sien ; « car rien n’est plus permis, ni plus agréable, dit-il, que la diversité d’opinions en ces matières ».

2359. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Malgré ces invraisemblances, le ton de ce roman, surtout du premier volume, est facile et naturel ; c’est le Gil Blas de Mme Gay, et elle s’y permet sous le masque des traits plus gais, plus vifs, plus lestes si l’on veut, que dans sa première manière.

2360. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Sur le soleil, entre autres énormités étonnantes, il vous dira sans sourciller, par exemple : S’il était permis à un être aussi borné que moi d’oser étendre ses spéculations sur un astre que je n’ai pas eu même le bonheur de voir dans le télescope, je dirais que sa matière doit être de l’or, d’abord parce que l’or est la plus pesante de toutes les matières que nous connaissons : ce qui convient au soleil placé au centre de notre univers… Cette lecture des Harmonies, si on la prolonge, est d’un effet singulier, et que je ne puis mieux rendre qu’en disant qu’il est efféminant et qu’il écœure.

2361. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

S’il m’est permis de parler pour moi-même, Boileau est un des hommes qui m’ont le plus occupé depuis que je fais de la critique, et avec qui j’ai le plus vécu en idée.

2362. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Tout le monde favorise la reine de ses vœux ; elle a tous les cœurs, elle a même bien des bras, et cependant elle va être vaincue en un clin d’œil : « Dieu le permit ainsi à mon avis, dit Richelieu, pour faire voir que le repos des États lui est en si grande recommandation qu’il prive souvent de succès les entreprises qui le pourraient troubler, quoique justes et légitimes. » Parlant du rôle de Richelieu en cet instant critique, quelques hommes du temps l’ont accusé d’avoir trahi les intérêts de la reine mère et des confédérés ; le duc de Rohan, ce grand fauteur de guerres civiles, l’accuse d’avoir exprès conseillé à la reine, dans une ville tout ouverte, cette défense tremblante.

2363. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

« Que mon ami A ou que mon ami B meure, cela peut changer le degré, mais non la nature de ma douleur. » Selon nous, il y a sous tous les plaisirs, même les plus différents, une sorte de plaisir fondamental et vital qui est le plaisir même de vivre, conséquemment d’agir, de sentir et d’avoir conscience ; mais, de ce qu’il y a ainsi un élément commun qui nous permet de comparer les divers plaisirs en les rapportant tous au plaisir radical de l’action, il n’en résulte nullement qu’il n’existe aucune différence de qualité entre les différents plaisirs comme plaisirs.

2364. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

II Ce bref résumé de l’histoire de la versification française permettra plus facilement de discuter la théorie du vers libre, de juger si la réforme que l’on propose, et qui a déjà été tentée par deux ou trois poètes contemporains, est dirigée dans le sens traditionnel de la langue et de la poésie de France.

2365. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

  S’il était permis de mêler le contingent à l’éternel, ce serait plutôt le contraire qui serait vrai.

2366. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

L’art demande une certaine éducation ; et il n’y a que les citoyens qui sont pauvres, qui n’ont presque aucune ressource, qui manquent de toute perspective, qui permettent à leurs enfants de prendre le crayon.

2367. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Aucun renseignement précis ne me permet de l’affirmer ou d’y contredire80.

2368. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Abjurez, il vous est permis, les dieux de l’antique Olympe ; nous convenons avec vous que l’Aurore est bien vieille, et Flore bien fanée ; qu’il y a bien longtemps que Vénus est la déesse de la beauté, et que son fils est un enfant : mais songez que le merveilleux, du Christianisme est d’un emploi difficile et périlleux ; qu’il est toujours tout près d’offenser la sévérité du dogme ou celle du goût ; tout près, en un mot, d’être hétérodoxe ou ridicule.

2369. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Mais après le banquet il comprit que l’absorbante personnalité de Moréas ne lui permettait pas de jouer ce rôle, et comme il ne pouvait se résigner à n’être qu’un infime satellite, il fomenta les divisions qui ont amené la naissance de l’École romane.

2370. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Mme de Staël, que des critiques sans observation et sans justice se sont permis d’appeler une virago, avait dans sa grosse tête, — et de femme, malgré sa grosseur, — plus d’homme cent fois que Mme Stern n’en a dans la sienne.

2371. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Il est un Trissotin surveillé, correct, moderne, à linge blanc, ayant du monde, certainement moins cuistre que l’autre, mais nonobstant excessivement Trissotin, ayant, comme l’autre, son latin et son grec et de bien autres langues à sa disposition ; un Trissotin compliqué, perfectionné et polyglotte, qui se permet de cracher toutes sortes de mots étrangers et savants en ces Lettres, qui font l’effet d’un dégorgement de perroquet indigéré.

2372. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Guillaume Guizot a traduits avec un si rare sentiment des beautés de son auteur, et les limites de ce chapitre ne nous permettent pas des citations si nécessaires.

2373. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Je ne permets pas même à l’Épouvante d’appliquer ce grand et terrible nom d’Antéchrist à ce petit critique qui ronge l’histoire comme une souris ronge une dentelle, et qui n’a pas même inventé sa manière ; à ce malicieux frotté de respect et de bénignité, pour plus de malice, et qui, dans sa Vie de Jésus, pleuraille de tendresse sur l’homme pour mieux tuer le Dieu !

2374. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Wordsworth qui, moins local que Brizeux, a peint comme lui des paysans, des colporteurs, des charretiers, des mendiants, des fileuses, des femmes qui vont au lavoir, tous ces êtres de réalité naturelle, pittoresque et charmante, plus près que nous de la poésie des choses, Wordsworth a des manières de les regarder très-nouvelles, et nous nous permettrons de dire : très-inventées, car on invente pour arriver au vrai.

2375. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Permettez-moi donc de vous le dédier, en témoignage de mon filial attachement et de ma profonde reconnaissance, et laissez-moi mettre votre nom en tête de ces pages, comme le pêcheur place à l’avant de sa barque l’image protectrice qui doit lui porter bonheur. […] L’épanouissement de toute une école pornographique ayant ses journaux et ses suppléments a été le résultat des licences que s’est permises l’art, autrefois émancipé sous l’indiffèrent regard de Sainte-Beuve. […] La corruption dont il s’accuse avec délices permet presque de le supposer plus coupable que Lucile. […] Il l’accommodait à ses élégants adultères, elle lui permit d’écrire un chapitre sur l’Extrême-Onction dans les bras de madame de Beaumont et il avouait n’être ailé à Jérusalem que pour se faire adorer d’une femme. […] Avant donc d’examiner l’influence de l’amour dans le roman ; avant de savoir s’il y a un amour honnête avec lequel on puisse faire des livrés vrais, Il est permis de rechercher si l’amour est nécessaire au roman.

2376. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Mais le classement que j’ai adopté permettra au lecteur de combler cette lacune sans grande fatigue. […] Il permet de faire une épopée dans un roman et un roman dans une épopée ; mais quelque large que soit son champ, les lois y règnent, et l’art littéraire en France ne pourra jamais divorcer avec la raison. » Et il ajoutait : Il faut dans tout livre « un sentiment, une action, un intérêt qui conduise le lecteur, qui le captive et le mène à un dénouement souhaité 4. » Il avait dit cela, Balzac. […] Claretie est un de ces talents moyens dont il est permis de se demander la figure qu’ils feraient, s’ils n’avaient trouvé dans la vie sur qui prendre mesure. […] Adam, s’il est permis « aux gens du monde de flétrir pour ces motifs une œuvre, il messied aux littérateurs de reprendre un écrivain sur de telles raisons ». […] Mais il a écrit sous ce titre général : La Décadence latine une série de romans150 qu’il est permis de trouver lourds, confus, prétentieux, mais dont je reconnais ici la trèséclatante puissance.

2377. (1888) Poètes et romanciers

Le seul bruit qu’il ait permis autour de son cercueil, c’est la voix sourde des tambours voilés de crêpe. […] Il demande à Dieu, pour prix de sa mission et de sa mort, de laisser détruire le Mal et dissiper le Doute : Vous les aviez prévus, laissez-moi vous absoudre De les avoir permis ! […] Il sourit en songeant que ce fragile verre Portera sa pensée et son nom jusqu’au port ; Que d’une île inconnue il agrandit la terre ; Qu’il marque un nouvel astre et le confie au sort ; Que Dieu peut bien permettre à des eaux insensées De perdre des vaisseaux, mais non pas des pensées, Et qu’avec un flacon il a vaincu la mort. […] Nous aimerions, si le temps nous le permettait, à nous arrêter sur quelques pièces inspirées par une touchante philosophie, comme L’Apôtre, La Dernière Fée, La Fille du Diable. […] Ce qui s’oppose à ce que la passion s’acclimate volontiers dans la vie mondaine, ce n’est pas seulement cette crainte des originalités compromettantes, cette idolâtrie des convenances, ces habitudes de haute courtoisie qui ne permettent à presque personne de s’isoler des autres par un sentiment exclusif, cette terreur salutaire de tout ce qui, étant excessif, pourrait devenir si facilement ridicule, ni ce léger scepticisme courant qui discrédite d’avance la passion en la niant, et l’empêche de naître en affectant de n’y pas croire ; il y a un obstacle plus fort que tous ceux-là et plus invincible, c’est le manque de temps : ceci doit être pris à la lettre.

2378. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Il fut permis à la jeune fille d’embrasser l’homme vaillant. […] Vous lui permettrez l’entrée de la cour, afin qu’il vous dise les nouvelles véritables de l’Islande. » Les nobles femmes étaient encore vivement affligées. […] Mais Ruedigêr, la bonne épée, ne permit pas encore au roi de lui offrir son amour seul à seule.

2379. (1902) La poésie nouvelle

Les Limbes de lumières60 permettent d’apprécier l’usage qu’a fait Gustave Kahn de son esthétique symboliste pour l’expression des pures idées. […] A vrai dire, ce n’est pas à cela que vise Moréas et, quoique ses déclarations, dans la préface du Pèlerin passionné, manquent un peu de précision, il est permis de supposer que l’ancienne langue française ne lui est qu’une riche et ample réserve où il prendra tout ce qu’il trouvera de bon pour la nouvelle. […] La rime est correcte, sans pauvreté non plus que sans excessive richesse : suivant l’usage respectable, elle est munie de la consonne d’appui dans les polysyllabes ; la masculine alterne avec la féminine, docilement… Et ce grand réformateur de notre métrique, orgueilleux naguère des « nouvelletés » qu’il trouvait, restaure à présent la vieille versification classique, — celle-là même qui est due à la réforme, naguère déclarée par lui « insolite », de Malherbe : car les libertés même de Ronsard et de du Bellay, il ne se les permet plus.‌

2380. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Pareillement, si nous examinons en quoi la liberté a consisté pour eux, — la liberté dans l’art, et non la liberté de l’art, qui sont deux choses très différentes, — ce n’a pas été sans doute à se rendre maîtres du choix de leurs sujets, puisqu’on avait bien permis à Voltaire d’aller chercher les siens jusqu’en Amérique et jusqu’en Chine ; ni à écrire des drames en prose, puisque Cromwell, Hernani, Christine, Othello sont en vers ; ni même à violer les « règles », puisqu’enfin quelles « règles » dira-t-on qu’il y eût de l’élégie, de l’ode, du roman, et Cinq-Mars, Les Orientales, Notre-Dame de Paris, les Confessions de Joseph Delorme sont-elles, ou non, des œuvres romantiques ? […] Le peuple a faim ; que les beaux esprits nous permettent de songer au pain du peuple avant de songer à leur édifier des temples » [Cf.  […] Mais il n’en a pas moins fait tout ce que lui permettait son génie essentiellement lyrique pour devenir épique, impersonnel et objectif ; et il y a quelquefois réussi. […] Nous, au contraire, la socialisation de la littérature, si j’ose hasarder ce barbarisme expressif, c’est ce qui nous a permis dans le passé, non seulement, comme on l’a vu, de résister à l’influence étrangère, et de n’en retenir que ce que nous pouvions approprier aux fins de notre génie, mais encore d’exercer dans le monde la domination intellectuelle que nous y avons exercée plus souvent qu’aucun peuple. […] La Panthère noire, Les Hurleurs]. — S’il est vrai cependant que, par l’intermédiaire de ces caractères, cette poésie rejoigne la science ; — et dans quelle mesure il est permis de l’appeler scientifique ?

2381. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Explique-moi, je te prie, comment je t’ai permis d’être bonne à ce point de me suivre ici ? […] Ses rêves d’or lui permettaient toutes les illusions de la bienfaisance.

2382. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

XI « Le succès que j’avais obtenu dans la fonte de ma Méduse devait me faire croire que je réussirais aussi dans mon Persée, dont le modèle était achevé et enduit de cire ; mais le duc, après l’avoir admiré, soit qu’il eût été prévenu par mes ennemis, soit qu’il se le fût imaginé lui-même, me dit un jour : Benvenuto, je ne crois pas que votre Persée puisse venir en bronze ; l’art ne vous le permet pas. […] Cependant, lorsque j’eus permis au public de voir ma statue, il s’éleva, grâces à Dieu, un cri si universel d’approbation, qu’il ne laissa pas que de me consoler.

2383. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Ce domaine s’étendait sur un terrain plat, entre quelques hauteurs au sud-ouest et le bord uni de la rivière, comprenant dans ses limites un vignoble, un verger, un rucher et d’excellentes terres de pâturages qui permettaient au propriétaire de porter ses fromages à Mantoue, et de nourrir des victimes pour les autels des dieux. […] Si l’on traduisait avec suite tout un ouvrage, on devrait s’y prendre différemment ; mais, pour de simples passages cités, je crois qu’il est permis et qu’il est bon de faire ainsi. » 26.

2384. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

C’est aux destinées de ce parti qui, maître des dernières années de la reine Anne, se jetant entre l’Europe et la France, permit à Louis XIV de mourir en paix, et qui, se laissant entraîner du côté où il penchait, faillit rappeler les Stuarts, c’est aux luttes ardentes de ce parti contre les défenseurs de la liberté religieuse et contre les promoteurs ambitieux de la liberté politique qu’est demeuré attaché le grand nom de Jonathan Swift. […] La politique, rabaissée dans le voyage de Lilliput aux débats d’une fourmilière, disparaît devant la calme sagesse des habitants de Brobdingnag et de ce roi philosophe qui, prenant dans sa main et caressant doucement le panégyriste éloquent des institutions et des mœurs de l’Angleterre, lui dit, sans émotion, que d’après ses propres peintures, « la plupart de ses compatriotes sont la plus pernicieuse vermine à qui la nature ait jamais permis de ramper sur la surface de la terre ».

2385. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

II Cependant, avant de vous dérouler ces vers admirables qui semblent avoir conservé dans leur harmonie et dans leur couleur les ondulations sonores de la vague contre les flancs du vaisseau, le rythme des rames d’où dégoutte l’onde amère, les frémissements des brises du ciel dans les cyprès, les mugissements des troupeaux sur les montagnes de l’Ionie ou de l’Albanie, et les reflets des feux de bergers dans les anses du rivage, permettez-moi de vous faire une remarque qui appartient moins à la rhétorique qu’à l’observation du cœur humain : c’est que, pour bien comprendre et bien sentir Homère dans l’Odyssée, il faut être né et avoir vécu dans des conditions de vie rurale, patriarcale ou maritime, analogues à celles dans lesquelles le poète de la nature a puisé ses paysages, ses mœurs, ses aventures et ses sentiments. […] Quand elle en fut à ces vers où Minerve supplie Jupiter de permettre à Ulysse d’aborder enfin dans sa patrie : « Ulysse, dont l’unique désir est de revoir au moins s’élever de loin la fumée de la maison où il est né et où il voudrait mourir ! 

2386. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Les arts liberaux ne sont jamais sortis d’Europe que pour se promener, s’il est permis de parler ainsi, sur les côtes de l’Asie et de l’Afrique. […] Qu’on me permette l’expression, il ne vint point de taillis à côté de ces grands chênes.

2387. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Étant près de Jean, le mesurant si je veux et me proposant de le peindre en grandeur naturelle, je lui donne sa dimension réelle ; et, en représentant Jacques comme un nain, j’exprime simplement l’impossibilité où je suis de le toucher, — même, s’il est permis de parler ainsi, le degré de cette impossibilité : le degré d’impossibilité est justement ce qu’on appelle distance, et c’est de la distance que tient compte la perspective. […] Elle permet de définir et presque de démontrer l’identité, au lieu de s’en tenir à l’assertion vague et simplement plausible dont on se contente généralement.

2388. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Le père du jeune Rosny l’appela un jour qu’il avait onze ans dans la chambre de la haute tour, et là, en présence du seul La Durandière, son précepteur, il lui dit : Maximilian, puisque la coutume ne me permet pas de vous faire le principal héritier de mes biens, je veux en récompense essayer de vous enrichir de vertus, et par le moyen d’icelles, comme l’on m’a prédit, j’espère que vous serez un jour quelque chose.

2389. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Lavallée a été naturellement amené à rechercher les origines et les fortunes diverses de cette maison ; il a trouvé à Versailles, soit dans la bibliothèque du séminaire, soit aux archives de la préfecture, un grand nombre de recueils et de pièces originales qui permettent d’établir le récit le plus détaillé avec certitude.

2390. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

L’Italie n’a point de Collé et n’a rien qui approche de la délicieuse gaieté de La Vérité dans le vin. » J’arrête ici Beyle et je me permets de remarquer que je ne comprends pas très bien la suite et la liaison de ses idées.

2391. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Après le dîner, qui avait lieu à trois heures, si le temps le permettait, on allait au jardin où, entre Mme Unwin et son fils, il s’entretenait jusqu’au thé de sujets sérieux et chrétiens.

2392. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Le seigneur de ce domaine fermé a permis à Cowper de le traverser librement, ce qui veut dire qu’il lui a donné une clef une fois pour toutes.

2393. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Il avait le secours de la religion, il pouvait se sauver dans les bras de l’espérance, et attendre de la Providence, qui avait permis ce concours de malheurs pour éprouver sa conslance, de l’en dédommager par le bonheur à venir.

2394. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Richelieu et son ardeur en cette périlleuse entreprise, l’affection qu’il met aux choses et qui le consume, éclatent en mille traits de feu dans son récit : Cependant, dit-il en un endroit, tandis que le cardinal employait tout l’esprit que Dieu lui avait donné à faire réussir le siège de La Rochelle à la gloire divine et au bien de l’État, et y travaillait plus que les forces de corps que Dieu lui avait départies ne lui semblaient permettre, on eût dit que la mer et les vents, amis des Anglais et des îles, s’efforçaient à l’encontre et s’opposaient à ses desseins… Prendre La Rochelle avant toute chose, promptement et sans rémission cette fois, c’est là son idée fixe ; c’est, selon lui, le premier remède à tout, et il y faut employer tous les moyens, toutes les inventions imaginables sans en omettre aucune ; car « de la prise de La Rochelle dépend le salut de l’État, le repos de la France, le bonheur et l’autorité du roi pour jamais. » Y aura-t-il un État dans l’État, un allié naturel et permanent de l’étranger parmi nous, un port et une porte ouverte aux flancs du royaume ?

2395. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Les révolutions spontanées, continuelles, que je n’ai cessé d’éprouver, que j’éprouve encore tous les jours, ont prolongé la surprise et me permettent à peine de m’occuper sérieusement des choses étrangères, ou qui n’ont pas de rapport à ce phénomène toujours présent, à cette énigme que je porte toujours en moi, et dont la clef m’échappe sans cesse en se montrant sous une face nouvelle, quand je crois la tenir sous une autre.

2396. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Livet pour sa complète et très curieuse édition, qu’il me permette de lui adresser deux critiques sur deux endroits.

2397. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Son opposition dans le Parlement lui fit perdre de son ascendant et de sa faveur auprès du roi, et puis il est permis de soupçonner qu’il avait plus de brillant et plus de forme que de fond.

2398. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

En toute saison, quand le temps le permettait, elle sortait le matin, et en été avant sept heures.

2399. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

La Description d’une petite métairie excéderait ici les bornes permises ; mais ce que je tenais à faire remarquer, c’est que, dans ce livre, où il y a trace à peine de formes exotiques, Sismondi a eu à son service une langue technique, appropriée, colorée même (relativement à l’époque), une langue voisine des choses qu’il voyait sans cesse et au sein desquelles il habitait.

2400. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Nous vous supplions très humblement de vous en venir, incontinent que vos affaires le pourront permettre.

2401. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il fit demander au roi que, tout en restant à l’armée pour la fin de cette campagne, il lui fût permis de se retirer après, et il en donna les raisons suivantes, ne craignant point de fournir lui-même des motifs d’excuses et presque des armes à la sévérité dont il était l’objet : « Je ne suis.plus jeune, écrivait-il à Chamillart (28 août), je suis près d’entrer dans ma soixante-quatrième année.

2402. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

A peine a-t-il fait un pas dans la cléricature qu’il ne se sent aucun attrait à poursuivre, il exprime sous forme mystique et symbolique des fautes dont il s’accuse, et dont il est permis à chacun de soupçonner la nature : « (La Chesnaie, 1810)… Je crois que le Seigneur m’éclaire malgré ma profonde indignité ; je crois reconnaître au fond de mon âme quelques faibles rayons de cette lumière qui annonce sa présence et prépare à la goûter.

2403. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Sa vie de jeu, d’indolence et de loisir s’accommodait mal de cette application obligée de chaque heure et de chaque instant, et elle lui permettait tout au plus de l’activité par veine et intermittence.

2404. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Elle attribue beaucoup, pour l’inspiration élégiaque des Latins, aux obstacles que rencontrait l’amant dans la situation sociale de la femme, obstacles qui ne pouvaient être écartés que par elle ; elle ajoutaït en finissant : « S’il se trouvait donc un individu dont le sort, en aimant, dépendit absolument de la volonté, des désirs, des penchants d’un autre, sans qu’il lui fût permis de rien faire pour se le rendre favorable ; dont tous les sentiments éternellement réprimés se consumassent en souhaits inutiles, n’aurait-il pas un grand avantage pour la peinture des agitations du cœur ?

2405. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

La première doit être d’avant 1830, lorsqu’avec un peu de complaisance on se permettait encore de rêver un roi suzerain en son Louvre ; les deux autres portent leur date et nous rendent avec une grâce exquise le très-proche reflet d’une réalité douloureuse.

2406. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Faguet, est moins un livre qu’une existence… Il va là non seulement vingt ans de travail, mais véritablement une vie intellectuelle tout entière… » Ce que la lecture de l’Esprit des Lois permettait à M. 

2407. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Parce que nous voyons clair à deux ou trois pas autour de nous, nous ne nous souvenons plus qu’au-delà de ce cercle de lanterne c’est le gouffre, c’est l’inexpliqué… Et pourtant quoi qu’on en ait dit, le monde que la science nous permet de concevoir n’est peut-être pas si beau que celui d’André Fleuse.

2408. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Leconte de Lisle et Taine m’ont permis de montrer quelques exemplaires des effets produits par la science sur des imaginations et des sensibilités diverses.

2409. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Il nous est permis sans sacrilège de renoncer au principe démocratique de la salle à distraire.

2410. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Il nous est permis sans sacrilège de renoncer au principe démocratique de la salle à distraire.

2411. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Mais les filles d’Io prouvent leur descendance degré par degré, elles disent leur horreur de l’inceste permis par les lois barbares, et leur fuite à travers la mer pour échapper aux lits des fils d’Égyptos.

2412. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

En quelques endroits seulement, quand elle veut faire du sentiment pur, quand elle veut hausser le ton, elle donne un peu dans l’invocation et l’exclamation, ce qui n’est permis qu’à Jean-Jacques ; mais partout ailleurs ce sont des lettres familières, des conversations vives, naturelles, dramatiques, reproduites d’un air parfait de vérité.

2413. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Elle ne pouvait s’empêcher de faire des cadeaux à tous, au plus pauvre homme de lettres comme à l’impératrice d’Allemagne, et elle les faisait avec cet art et ce fini de délicatesse qui ne permet pas de refuser sans une sorte de grossièreté.

2414. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Dès l’abord, on voit que si Mallet est partisan des gouvernements mixtes et des monarchies tempérées ; que si, élevé et nourri dans sa petite république au sein des troubles populaires, il en a conclu que les gouvernements mixtes sont « les seuls compatibles avec la nature humaine, les seuls qui permettent la rectitude et la stabilité des lois, les seuls en particulier qui puissent s’allier avec la dégénération morale où les peuples modernes sont arrivés », on voit, dis-je, que si sa profession de foi est telle, ce n’est pas qu’il méconnaisse le principe puissant et la force transportante de la démocratie : bien au contraire, et c’est pour cela qu’il la redoute : il ne faut pas s’y méprendre écrit-il, de toutes les formes de gouvernement, la démocratie, chez un grand peuple, est celle qui électrise le plus fortement et généralise le plus vite les passions.

2415. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Elle s’habillait avec le soin et la curiosité permise aux personnes qui veulent être bien sans luxe, sans or ni argent, sans fard et sans façon extraordinaire.

2416. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Il est permis sans injure de lui supposer une telle ambition ; il avait contre la centralisation administrative et sur le gouvernement des Communes par elles-mêmes une doctrine qui allait naturellement à cette armée de gentilshommes de province.

2417. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Si la Fronde avait duré, en temps de désordre, il aurait continué de se permettre bien des choses illicites qui auraient gâté sa nature.

2418. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Dans cette formation du parti libéral où il entrait alors tant d’éléments divers, Courier reste ce qu’il était de tout temps, le plus antibonapartiste possible, ennemi des grands gouvernants, se faisant l’avocat du paysan, l’homme de la commune, prêchant l’économie, parlant contre la manie des places, voulant de gouvernement le moins possible, faisant des sorties contre la Cour et les gens de cour toutes les fois qu’il y a lieu, méconnaissant ce qu’il y a eu de grand, d’utile, de nécessaire dans l’établissement des Louis XIV, des Richelieu, des grands directeurs de nations, disant en propres termes, pour son dernier mot et son idéal : « La nation enfin ferait marcher le gouvernement comme un cocher qu’on paie, et qui doit nous mener, non où il veut, ni comme il veut, mais où nous prétendons aller, et par le chemin qui nous convient » ; disant encore, et cette fois plus sensément : Il y a chez nous une classe moins élevée (que les courtisans), quoique mieux élevée, qui ne meurt pour personne, et qui, sans dévouement, fait tout ce qui se fait ; bâtit, cultive, fabrique autant qu’il est permis ; lit, médite, calcule, invente, perfectionne les arts, sait tout ce qu’on sait à présent, et sait aussi se battre, si se battre est une science.

2419. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Dans cette vue que je me suis permise sur la nature morale de Montesquieu, et à laquelle a donné jour sa définition de la justice dans les Lettres persanes, loin de moi l’idée de diminuer la beauté sévère et humaine du caractère !

2420. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Il excelle à retremper ainsi les expressions et à leur redonner toute leur force primitive, ce qui permet à son style d’être court, fort, et d’avoir l’air simple.

2421. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Cette vérité consiste dans la raison déterminante et explicative des choses, qui permet d’affirmer qu’elles ne sont pas un rêve, mais qu’elles prennent place dans l’ordre universel.

2422. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

On trouve sur le registre de Lagrange, au mois d’avril 1663, cette mention : « vers le même temps, M. de Molière reçut une pension du roi en qualité de bel esprit, et a été couché sur l’état pour la somme de mille livres. » Plus tard, quand Molière fut mort, et enterré à Saint-Joseph, « aide de la paroisse Saint-Eustache », le roi poussa la protection jusqu’à permettre que sa tombe fût « élevée d’un pied hors de terre. » § VI Shakespeare, on vient de le voir, resta longtemps sur le seuil du théâtre, dehors, dans la rue.

2423. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Cette philosophie, nous l’avons vu, serait la nôtre, s’il ne s’y mêlait pas deux points de vue de nature opposée et presque contradictoire : l’un, vraiment philosophique, qui ramène le beau à la part de généralité et de raison que contiennent les ouvrages d’esprit : l’autre, que je me permets d’appeler peu philosophique, et qui mesure la beauté et la vérité des écrits au degré de leur conformité avec les opinions moyennes, qui composent ce qu’on appelle à tort ou à raison le sens commun.

2424. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Sur ce pied là, il faut désormais que nos Prédicateurs deviennent étiques ; il ne leur sera plus permis de se bien porter ; la jaunisse & la maigreur seront deux parties essentielles dans l’éloquence sacrée ; & voilà ce que personne n’avoit enseigné jusqu’à présent.”

2425. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

En effet son style et son pinceau ne sont qu’à lui ; il ne veut s’endetter qu’à Raphaël, le Guide, le Titien, le Dominiquin, Le Sueur, le Poussin, gens riches que nous lui permettrons d’interroger, de consulter, d’appeler à son secours, mais non de voler.

2426. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Peuhl (ou Torodo)………………… 54 Gourmantié………………………. 42 Ouolof………………………….. 26 Haoussa…………………………. 24 Malinké…………………………. 23 Hâbé……………………………. 17 Môssi…………………………… 8 Soussou…………………………. 3 Kouranko………………………… 2 Sénofo………………………….. 2 Kissi…………………………… 1 Khassonké……………………….. 1 Dyerma………………………….. 1 Gourounsi……………………….. 1 Voici la répartition détaillée de ces contes, classés par races, pour permettre à ceux qui désireront étudier plus spécialement la littérature merveilleuse de telle ou telle race, de se retrouver plus aisément dans ce recueil : Classification des contes par répartition entre les diverses races I.

2427. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

ce que l’Église nous permet à nous, une femme qui n’est pas de notre communion, — une glaneuse libre de vérités ; privée, hélas !

2428. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

car en histoire il n’est pas permis d’être généreux.

2429. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Je crois que ces conceptions artificielles trouveront de plus en plus difficilement crédit et qu’une plus réelle interprétation des lois de la vie permettra de formuler une solution plus juste de ce débat sans fin.

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