Après les premières cérémonies d’usage et la première étiquette observée, un tumulte éclate : on assiste à une séance d’objurgations et d’injures, indigne d’une grave assemblée politique. […] ni d’émeute, ni de tyran. » D’un tel éloge accordé aux compatriotes d’Hamilcar et d’Hannon par le maître de la science politique dans l’Antiquité, il n’y a, ni de près ni de loin, aucun moyen de conclure à cette scène de forcenés et de sicaires, dans laquelle Hannon hurle, et où chacun, par précaution, a apporté son couteau dans sa manche.
Le génie des Romains, comme celui des Français au XVIIe et au XVIIIe siècle, avait un caractère positif qui se prêtait mieux à la politique, à l’histoire, à la philosophie, qu’à la poésie lyrique ou épique. […] Ce mal de faiblesse, d’indifférence, parfois de lâcheté, dans le caractère politique, dont semble travaillé le pays ; ce mal, dont 1814 et 1815 ne furent qu’une des circonstances les plus aggravantes, et dont les causes profondes remontent à des crises bien antérieures, et jusqu’en 91, en 93, au 18 fructidor, au 18 brumaire, etc. ; ce mal-là se concentre tout entier pour M.
Si Millevoye n’avait pas de passions littéraires, il en eut encore moins de politiques. […] Puisque j’ai eu occasion de nommer Parny et que probablement j’y reviendrai peu, qu’on me permette d’ajouter une note écrite sur lui en toute sincérité dans un livret de Pensées : « Le grand tort, le malheur de Parny est d’avoir fait son poëme de la Guerre des Dieux : il subit par là le sort de Piron à cause de son ode, de Laclos pour son roman, de Louvet jusque dans sa renommée politique pour son Faublas, le sort auquel Voltaire n’échappe, pour sa Pucelle, qu’à la faveur de ses cent autres volumes où elle se noie, le sort qu’un immortel chansonnier encourrait pour sa part, s’il avait multiplié le nombre de certains couplets sans aveu.
Il a solidement parlé sur la politique et sur la morale. […] Érudit universel à la mode du xvie siècle, homme du monde à celle du xviie , ayant le goût de la politique, de l’histoire, de la philosophie, poète, ou du moins faiseur de poèmes, son vrai caractère, celui par lequel, même après la Pucelle, il conserva son autorité dans les salons et la confiance de Colbert, ce fut d’être l’« expert », le critique des œuvres littéraires.
IV Mais au moins, dans toute cette critique capricieuse et fantasque (comme l’a été aussi, en apparence, la vie politique de M. […] Calmann Lévy) Chroniques dramatiques à la Revue politique et littéraire et au Journal des Débats (1882-1885).
Au sortir de là, il se mit à écrire le récit de cette visite où le philosophe, sans le connaître, sans l’avoir vu encore, n’eut pas même l’idée de lui demander son nom, lui parla d’abord de tout, comme à un vieil ami, s’ouvrit à lui de mille plans politiques, philosophiques et autres, faisant à la fois les questions et les réponses, et ne le quitta qu’après l’avoir serré avec effusion dans ses bras. […] Cette suppression entrait d’ailleurs dans les plans de Louis XIV, lequel, exposant ses maximes d’État pour l’instruction particulière de son fils, a écrit : « Je m’appliquai à détruire le Jansénisme et à dissiper les Communautés où se formait cet esprit de nouveauté, bien intentionnées peut-être, mais qui ignoraient ou voulaient ignorer les dangereuses suites qu’il pourrait avoir. » La destruction de l’institut de l’Enfance, plus ou moins retardée, n’était qu’une des applications et des conséquences de cette politique fixe de Louis XIV.
Peut-il exister en dehors des divers systèmes politiques, aux confins des doctrines qui se combattent et se font la guerre, un terrain plus ou moins neutre, une sorte de lisière, où l’on est bien venu à errer un moment, à rêver, à se souvenir de ces choses vieilles comme le monde et éternellement jeunes comme lui, du printemps, du soleil, de l’amour, de la jeunesse ; à se promener même (si la jeunesse est passée) un livre à la main, et à vivre avec un auteur d’un autre âge, sauf à en raffoler tout un jour et à demander ensuite, en rentrant dans la ville, à chaque passant qu’on rencontre : L’avez-vous lu ? […] Ceux qui croient que la vérité est une non seulement en morale, mais en religion, en politique, en tout, qui croient posséder cette vérité en eux et la démontrer à tous par des signes clairs et manifestes, voudraient à chaque instant que la littérature ne s’éloignât jamais des lignes exactes qu’ils lui ont tracées ; mais comme il est à chaque époque plus d’une sorte d’esprits vigoureux et considérables (je ne parle ici ni des charlatans ni des imposteurs) qui croient posséder cette vérité unique et absolue, et qui voudraient également l’imposer, comme ces esprits sont en guerre et en opposition les uns avec les autres, il s’ensuit que la littérature, la libre pensée poétique ou studieuse, tirée ainsi en divers sens, serait bien embarrassée dans le choix de sa soumission.
Ducis était de cette race de philosophes, d’amis de la retraite et de la Muse, qui n’entendent rien à la politique ni à la pratique des affaires, et qui ont droit de résumer toute leur charte en ces mots : « Quand un homme libre pourrait démêler dans les querelles des rois (rois ou chefs politiques de tout genre) le parti le plus juste, croyez-vous que ce serait à le suivre que consiste la plus grande gloire ?
A la politique la société a pris le principe de la division des pouvoirs ; à l’économie politique celui de la liberté du commerce, la philosophie celui de l’égalité des droits, tout comme l’industrie empruntait aux sciences physiques et chimiques le principe de l’élasticité de la vapeur, le principe de la communication de l’électricité dans un courant magnétique, ou enfin le principe de l’action chimique de la lumière.
Je cite plus volontiers les poètes que les politiques, parce que je regarde les poètes comme les véritables annalistes du genre humain, et que les politiques ou les philosophes sont trop souvent des hommes séduits par des théories sans fondement et sans fécondité.
le scepticisme en toutes choses : l’amour du plaisir dans la vie ; en politique, des goûts démocratiques et des mœurs serviles ; dans l’art, la prédominance de la grâce ; dans la religion, l’anthropomorphisme ; dans la philosophie, qui est l’expression la plus générale de l’esprit d’un peuple, un empirisme plus ou moins ingénieux, une curiosité assez hardie, mais toujours dans le cercle et sous la direction de la sensibilité. […] Il y parle en maître, il a Dieu dans sa main, il foudroie son auditoire, il ne descend jamais, comme l’orateur politique, dans les détails secs et minutieux d’une affaire particulière, il ne parle que du devoir en général, de la vie humaine, des dangers du monde, de la providence de Dieu.
Agénor de Gasparin, ne vous en déplaise, sont bien dans cette niaiserie pour quelque chose), M. de Lamartine prononçait à Mâcon un de ces discours que Granier de Cassagnac appelle crûment des gueuletons politiques.
Boissy-d’Anglas, a depuis longtemps rappelé les titres littéraires et politiques de son ami, et l’a presque confondu avec Malesherbes dans le même culte pieux qu’il leur rend.
« Un certain général Boulanger sut profiter de l’état de malaise que les agitations stériles de la politique radicale avaient créé dans le pays.
Les grands bois, la verdure, le murmure du ruisseau, le chant de l’oiseau, les grands bœufs, les paysans, les rossignols et les roses, lui ont fait vite oublier les pavés des barricades, les maigres menus des banquets démocratiques, les bruits politiques de la rue et les conciliabules de l’estaminet.
Il nous suffit de constater que, en un temps et en un pays donnés, l’art, la littérature, le costume, l’habitation, l’état politique et religieux sont rattachés par des traits d’union que nul ne songe plus sérieusement à contester.
Soit qu’il peigne les Hommes, soit qu’il parle de Littérature, de Morale ou de Politique, il fait briller par-tout une finesse de raison, qui ne laisse rien à désirer au Lecteur.
Dionys Ordinaire vont disserter sur les tendances de la jeunesse et on en cherchera l’origine dans quelque chose d’aussi insignifiant que la politique.
Leroi, 277 Rollin, 103, 114 Rouillé, 115 Rousseau, 240, 268 Rousseau de Genève, 256, 356 Roux, 241, 313 Ruynart, 47 S SAcy, 346, 360 Le Sage, 250 Saint-Real, 3 Salluste, 111 Saverien, 375, 377 Saurin, 38 Sautreau, 241 Saxe (le Maréc. de) 371 Scuderi, 245 Sevigné, 265 S’gravesande, 334 Sigonius, 191 Siri, 159 Smolett, 179 Solier, 54 Solignac, 205 Spon, 197 Staal, 164 Suard, 239 Suetone, 122 Sully, 156 Surgere, 246 Surgi, 11 T TAcite, 120 Tailhié, 105, 115, 143 Targe, 179 Tavernier, 13 Tencin, 248 Terrasson, 323, 363 Testamens politiques, 318 Thucydide, 98 Thevenot, 14 De Thou, 144 Tillemont, 46, 124 Tissot, 325 Tite-Live, 113 Torcy, 162 Tournefort, 15, 328 Touron, 25 Toussaint, 363 Trevoux (Dict. de) 288 Tricalet, 61 Trogue Pompée, 88 Trublet, 358 Turpin, 167 Turselin, 190 V VAissette, 6 Vansleb, 23 Varennes, 359 Le Vassor, 146 Vauban, 372 Vaugelas, 296 Vauvenargues, 364 Velli, 133 Vertot, 116, 174 Vignoles, 377 Villars, 152, 163 Villedieu, 247 Villefore, 56 Villehardouin, 128 Villeroi, 156 Vocabulaire françois, 288 Vojeu de Brunem, 210 Voiture, 264 Voltaire, 91, 148, 187, 201, 202, 254, 357 d’Urfé, 246 Wailly, 273 Wan-Effen, 362 Wolff, 316, 333, 374 X XEnophon, 99 Z ZUrlauben, 197
Aussi les Épicuriens qui ne voient dans le monde que matière et hasard, les Stoïciens qui, semblables en ceci aux Spinosistes, reconnaissent pour Divinité une intelligence infinie animant une matière infinie et soumise au destin, ne pourront raisonner de législation ni de politique.
Il se passionne pour la politique, mais affecte d’en médire. […] La politique, la hideuse politique y suinte à chaque page. […] Paul Verlaine ne songeait pas alors à la politique. […] Toujours est-il qu’il abandonna la politique ou que la politique l’abandonna. […] De ses méditations il pouvait tirer un traité d’économie politique, ou un livre de morale.
Ce n’est pas non plus l’esprit tout politique d’un théâtre où les plus graves intérêts de la République étaient audacieusement discutés, comme du haut d’une tribune burlesque. […] D’ailleurs la politique, cet élément athénien du théâtre d’Aristophane, ne regarde plus aujourd’hui que l’érudition ; ce qui intéresse tous les hommes, c’est l’élément humain, la poésie. […] Platon a écrit sur la politique deux ouvrages, l’un, intitulé la République, où il expose la théorie du gouvernement idéal ; l’autre, intitulé les Lois, où il détaille la constitution d’un gouvernement moins parfait, approprié à la faiblesse des hommes. […] Il est complètement absent de ces lourdes satires politiques où l’on a parfois prétendu rendre au peuple le théâtre d’Athènes. […] Un discours politique, un plaidoyer, un sermon, peuvent offrir les mêmes beautés de composition : pourtant ce ne sont point des œuvres poétiques.
* * * — De quoi est faite très souvent la renommée d’un homme politique ? […] L’ambition politique, nous ne la connaissons pas, l’amour n’est pour nous, selon l’expression de Chamfort, que « le contact de deux épidermes ». […] De ce livre, en ébauche dans son cerveau, Flaubert passe à un autre qu’il dit caresser depuis longtemps : un immense roman, un grand tableau de la vie, relié par une action qui serait l’anéantissement des uns par les autres, dans une société basée sur l’association des 13, et où l’on verrait l’avant-dernier des survivants, un homme politique, envoyé à la guillotine par le dernier : un magistrat — et pour une bonne action. […] L’ennui a désarmé la passion politique. […] Les passions politiques ont eu le temps de s’apaiser depuis douze ans.
Ce n’est là qu’un prélude, et, il faut bien le dire, les opinions politiques de Michel ne sont guère plus solides que ses affections. […] n’importe qui ont parfois assez de logique pour lui demander compte de ses déviations de ligne politique. […] Quelle circonstance mit fin à sa carrière politique ? […] On parlait politique ; le Dr de L… lui dit : « Vous avez tort, Chaudey ; vos républicains ne sont que des affamés qui se moquent de la République ; quittez-les au plus vite ! […] Son récit de la révolution de 1848 resterait comme un grand enseignement si on pouvait enseigner quelque chose aux gens affolés par la politique.
Druey, par exemple, homme d’une intelligence puissante et un peu grossière, d’une forte éducation allemande, une espèce de sanglier hégélien : les autres étaient purement socialistes et radicaux dans le sens politique et non philosophique.
En religion, en politique, en astronomie, il a prouvé de reste que l’invention ne lui manquait pas ; en littérature, il n’a pas moins tenté, et d’assez admirables monuments sont debout encore pour attester, dans leur rudesse première, ce qu’il a osé et ce qu’il a pu.
Sans doute ce monde n’est pas immobile, ni inerte, puisqu’il vit : les historiens ont de grandes entreprises politiques et religieuses à raconter, une évolution des formes sociales et des institutions à raconter.
Lemercier, pour faire face à toutes les rencontres de la vie, deux hommes, — deux hommes libres, — un homme politique indépendant, un homme littéraire original… [Discours de réception à l’Académie française (2 juin 1841).]
S’agit-il de vie politique ?
Renan avait des ambitions politiques, que le siège de Sainte-Beuve devait hanter ses rêves, et que ses paradoxes d’autrefois pouvaient le gêner dans sa nouvelle carrière. » Oui, mon sourire avait dit ce que M.
Cette prudence, cette habileté, ces calculs, toute cette politique à la façon de Gœthe servent assurément le penseur qui en use ; mais comment s’en trouve la pensée même ?
La politique entre pour peu dans ses crimes ; ils dérouteraient tous les raisonnements et tous les calculs. […] L’artiste politique a trouvé son Prince. […] Ses rares amours, si elle en eut avant Henri II furent toutes politiques : instruments de règne et non de plaisir. […] Toutes les duplicités et toutes les astuces de la politique florentine s’étaient incarnées et fixées en lui. […] Comme le Sabbat des sorciers, cette diablerie politique se terminait par un meurtre.
Convoquée par le gouvernement, dirigée par lui, contenue ou interrompue au besoin, toujours sous sa main, employée par lui à des fins politiques, elle reste néanmoins un asile pour le clergé qu’elle représente. […] Louis XV conduit les siennes encore plus mal qu’il ne les entreprend132, et Louis XVI, dans toute sa politique extérieure, trouve pour entrave le rets conjugal À l’intérieur, il vit comme les autres seigneurs, mais plus grandement, puisqu’il est le plus grand seigneur de France ; je décrirai son train tout à l’heure, et l’on verra plus tard par quelles exactions ce faste est défrayé. […] Le père de Chateaubriand est aussi un de ces mécontents, « frondeur politique et grand ennemi de la cour ».
Le discours qu’il adresse à Vespasien pour le décider à briguer l’empire, est un cours de politique à l’usage des ambitieux, aussi habile en séductions du pouvoir que le discours d’Othon est magnanime de désintéressement et de philosophie. […] LIX Est-ce la politique ? […] Ce sont les inquisiteurs de l’indépendance politique ; ils veulent mettre l’uniforme des carbonari à la libre pensée.
J’ai vu régner Dorat et Parny préféré à Tibulle, et puis je les ai vu reléguer sans souvenir au nombre des poëtes à fantaisies, jouets d’un peuple sans mémoire ; j’ai vu couronner Chateaubriand vêtu de la pourpre de son style : j’ai vu mourir Béranger dans sa gloire aux sons de ses grelots bachiques et politiques ; j’ai vu, et pour peu que je vive, j’en verrai bien d’autres encore : ne nous faisons pas nos dieux éternels, car ce sont les dieux du temps qui souvent n’a pas de lendemain ; jouissons de tout ce qui nous charme dans les différents chefs-d’œuvre dont nos contemporains nous charment ; mais ne répondons ni d’eux ni de nous devant la postérité. […] IV Un de ces jeunes émigrés arriva alors dans la maison de mon père, apportant toutes ces qualités naturelles à ceux qui sortent de leur pays pour une cause politique. […] IX Qu’on juge de l’intérêt de curiosité que ces récits de M. de Davayé étaient de nature à inspirer à toute la famille : les âges, les lieux, les circonstances politiques ont des similitudes, des prédispositions, des impressions, des inspirations analogues.
Il a en aversion les fantômes sans substance de la politique abstraite. […] Cet homme a trouvé le moyen de déplaire successivement à tous les partis politiques : c’est dire qu’il vit fort au-dessus des partis et de tout intérêt qui n’est pas celui de la science. […] Osons le dire, ces inexactitudes, ces habiletés d’interprétation à demi volontaires, vous les trouverez chez tout historien digne de ce nom, qu’il soit artiste, philosophe ou politique.
Ceci n’est plus de l’histoire, et les malveillants pourraient aller racontant que je me mêle de politique… Fernand Divoire À première vue, je ne vois pas que M. […] Et que ce ne peut venir que d’un complet changement politique, qu’il faut donc s’empresser d’opérer. […] Mais, à cette époque, notre Midi se trouvait beaucoup plus qu’aujourd’hui éloigné de Paris, en raison de la lenteur des communications et aussi d’un système politique qui lui laissait plus d’autonomie provinciale que la monarchie n’en accordait aux autres régions.
Depuis quelque temps, la politique préoccupe Faguet, commerçant arrivé et bon citoyen, ce qui nous épargne quelques âneries littéraires. […] Il s’appellera Les Verdâtres et s’ornera d’une épigraphe ou d’une épitaphe de Henri Heine dont je ne retrouve pas le texte en ce moment mais qui signifie, à peu près : « Je suis allé aujourd’hui la Morgue et à l’Académie française voir des cadavres verts. » Je vais donc relire un seul livre de Faguet, mandarin des lettres et de la politique. Je choisis un volume paru en 1902 sous ce titre, La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire.
Aucun pouvoir politique ne l’accepte. Donc séparer la vie politique de la vie poétique. […] Il en a sur la politique, la religion, l’argent, sur l’amour. […] Kipling, comme nous l’avons dit, n’est que par occasion un poète politique. […] Il n’y eut là ni complot ni politique.
Elle entretient une correspondance active avec Gentz, l’agent de la politique anglaise, l’ancien conseiller privé de Prusse passé au service de l’Autriche. […] Il devient un homme politique ; et, si la politique a nui à beaucoup d’écrivains, on ne saurait dire combien elle a été utile à Victor Hugo. […] Il est un vaincu de la politique. […] Cette passion irraisonnée, débordante et naïve, fait bien de la satire politique une des applications directes du lyrisme. […] Et de là viennent tant de surprises de la politique moderne.
La deuxième partie est une large esquisse de l’histoire politique de l’humanité. […] Rien que pour vivre, pour rester ce qu’ils sont, ils ont besoin de l’ordre social et politique d’alors, et ils ont besoin de l’Église. […] L’égalité politique (suffrage universel) crée des inégalités pires. […] Le Contrat social démontre avec éclat le premier point (que l’égalité politique crée des inégalités pires). […] J’ai déjà noté la confusion calviniste de la politique et de la morale.
» — Il est savant, dit un politique, il est donc incapable d’affaires. […] De sa morale, en effet, naît sa politique. […] Ils concluraient que Balzac, en politique comme ailleurs, a fait un roman. […] En politique, il a le gros enthousiasme du vulgaire ; il est furieux contre les nobles, les rois et les prêtres. […] Et ailleurs : « Pauvres têtes que ces politiques qui appliquent, dit-on, la philosophie.
Ils sont rares, constate-t-il, les hommes de lettres qui, de Chateaubriand à Maurice Barrès, se mêlèrent à la politique. […] Nos hommes de pensée, j’ai eu déjà l’occasion de l’affirmer, n’ont rien à faire dans nos assemblées politiques. […] La politique d’idées y a fait place à la politique d’affaires. […] Si Proudhon fut un philosophe, un spéculatif et un logicien, il fut aussi, ne l’oublions pas, un homme politique, un polémiste et un pamphlétaire. […] — Je parlerai dans ma prochaine chronique des Trois Idées politiques de M.
Je ne poursuivrai pas cette énumération, messieurs, pour le v e siècle : qu’il suffise de signaler Salvien, prêtre de Marseille, puissant dans l’accusation et dans l’invective, éloquent et déclamatoire, et Sidoine Apollinaire, évêque et politique, qui mêle un reste d’Ausone à la littérature chrétienne, — tous deux témoins curieux, expressifs, des malheurs et des mœurs du temps, et le dernier surtout (Sidoine), dont les ouvrages sont le répertoire le plus complet pour faire retrouver au vrai et pour nous représenter la société de ces âges dans sa civilisation raffinée encore, bien qu’expirante. […] La politique impérieuse de Rome était d’imposer non seulement son joug, mais aussi sa langue aux peuples soumis ; et comme le lui disait, en la célébrant, un Gallo-Romain et très-Romain du ve siècle, Rutilius Numatianus : Fecisti patriam diversis gentibus unam… Urbem fecisti quod prius orbis erat. […] Je me range à sa manière de voir, et j’ajoute avec lui que les limites des trois dialectes picard, normand et bourguignon, ne correspondaient point avec exactitude aux limites politiques des provinces dans lesquelles on les parlait. » C’est là, après quinze ans d’intervalle et dans des études encore si mobiles, une confirmation remarquable, et qui montre que Fallot avait eu le coup d’œil supérieur. […] En d’autres termes, ce n’est point le mélange et l’influence des Barbares qui ont causé des altérations ; ce n’est pas la décadence politique et intellectuelle de l’Empire qui a réagi sur le parler et y a introduit toutes sortes de fautes contre l’analogie ; il n’y a eu dans ce grand phénomène ni vicieuse intervention de l’étranger, ni appauvrissement graduel des sources du savoir et de la grammaire : mais les germes analytiques qu’on peut voir poindre sous la forme synthétique de l’idiome latin se sont développés.
Il aurait pu se flatter, avouait-il, de convaincre le général Bonaparte s’il avait eu à l’entretenir d’objets politiques. […] Le choix que l’amitié lui avait suggéré au conclave de Venise était devenu le choix de sa politique. […] Ce fut alors, — tandis que les cardinaux arrivaient un à un pour saluer respectueusement, — que l’empereur, du haut de son trône, adressant la parole, tantôt à l’impératrice, tantôt aux dignitaires et aux princes qui l’environnaient, dit, avec la plus vive animation et la plus grande colère, des choses très cruelles contre les cardinaux absents, ou, pour parler plus exactement, contre deux d’entre eux, ajoutant qu’il pouvait épargner les autres, car il les considérait comme des théologiens gonflés de préjugés, et que c’était la raison de leur conduite ; mais qu’il ne pardonnerait jamais aux cardinaux Opizzoni et Consalvi ; que le premier était un ingrat, puisqu’il lui devait l’archevêché de Bologne et le chapeau de cardinal ; que le second était le plus coupable du Sacré Collège, n’ayant pas agi par préjugés théologiques qu’il n’avait point, mais par haine, inimitié et vengeance contre lui Napoléon, qui l’avait fait tomber du ministère ; que ce cardinal était un profond diplomate, — l’Empereur le disait du moins, — et qu’il avait cherché à lui tendre un piège politique, le mieux calculé de tous, en préparant à ses héritiers la plus sérieuse des oppositions pour la succession au trône, celle de l’illégitimité. […] Les deux ministres furent ébranlés par nos réponses, et comme ils étaient déjà fort affligés de ce qui arrivait et qu’ils désiraient, ainsi que du reste la politique le suggérait, arranger l’affaire, ils avouèrent que si l’Empereur avait entendu ces paroles, on pourrait espérer qu’il écouterait la voix de la clémence.
C’est la femme politique, suivant avec passion les débats du Parlement, buvant les discours des orateurs, écrivant au besoin un article sur les affaires publiques. […] Elles répondent aux théories doctrinaires, à toute cette littérature politique et historique qui s’épanouit en gros livres, en discours, brochures et innombrablables articles de journaux. […] Les robes longues et amples, vêtements cossus et bourgeois, reparaissent dans l’entourage du roi ; et en même temps la raison, le bon sens pratique et terre à terre dominent, même dans les poèmes ; on écrit des chroniques rimées ou bien une allégorie ingénieuse qui est un traité de politique à l’usage des paysans et qui présente le gouvernement royal comme l’administration d’un bon père de famille144. […] Ne disons-nous pas d’un homme qu’il a « barres » sur un autre, et des gamins maniant la fronde dans les fossés de Paris, à la barbe de la police, n’ont-ils pas eu l’honneur inattendu de voir le nom de leur amusement passer à un parti d’opposition politique ?
Dans les venants et les passants, peu ou point d’hommes politiques ; des peintres le dimanche entre le coucher du samedi et du lundi ; des hommes de lettres le mercredi ; la famille représentée par le comte et la comtesse Primoli, le jeudi ; et les autres jours, de petits dîners intimes autour de la grande table de vingt-cinq couverts des dimanches, toute rétrécie. […] 17 août Lu au Havre un discours intitulé : Des rapports de la politique avec les lettres, prononcé par M. […] Venons au blasphème du petit parvenu politique, entré à quarante ans dans cette Académie, où Balzac n’a pas eu sa place. […] * * * — Les vieux politiques de ce temps, les vieux orléanistes retournés, comme R… et S… qui n’avaient vu que la cour citoyenne du roi Louis-Philippe et le profil vertueux et rèche de la reine Marie-Amélie, dans l’atmosphère sensuelle de la cour impériale, sous le charme des coquetteries de l’Impératrice, semblent galvanisés d’un dévouement érotique.
Dans La Guerre et la Paix, le prince André Bolkonsky, ardent, aigu, tenace avec la sentimentalité secrète des penseurs amers, est mené du tumulte des champs de bataille à l’activité verbeuse des salons politiques, séquestré dans son bien, enlacé dans un délicat amour, perdu par le dédale de croyances abandonnées et reprises, mêlé à mille événements historiques et intimes, agité de pensées et d’émotions innombrables jusqu’à ce que, blessé mortellement, il paraisse, en sa longue agonie, dans le déchirement de tous les voiles, entrevoir la solution de toutes les détresses, pour s’éteindre comme distrait de cette terre par de formidables intuitions ; le prince Pierre, lourd, énorme, charnu et charnel comme un animal, mais sourdement miné des mêmes inquiétudes, épris et déçu des hommes, jeté hors de lui-même par les systèmes théosophiques et religieux qui l’attirent tour à tour, s’abandonne à ses poussées de foi et d’appétits, s’appesantit de la grosse sensualité de ses compagnons de club, jusqu’à ce que, dans le trouble de Moscou pris, s’affolant confondu dans la foule et frôlant la mort, il rencontre, parmi les prisonniers auxquels il s’appareille, un pauvre hère de doux soldat paysan qui le console et le met pour toujours en paix par quelques simples mots de bonté, crise dont il émerge presque guéri, heureusement marié, mais avec on ne sait quel désarroi brouillon encore dans un esprit mal dégrossi et aventureux aux hasards politiques. […] Bien de saisi comme le progrès viril de Nicolas Rostow, de ses enthousiasmes, de sa générosité timide, naïve et bravache d’adolescent, aux grosses fougues de sa jeunesse, à son tranquille établissement dans les intérêts égoïstes, les jouissances, les duretés pratiques de l’âge mûr ; s’il est un chef-d’œuvre d’ondoyante figuration psychologique, c’est l’histoire du prince Bezoukhof passant avec son fonds de bonté angoissée par toutes les débauches, les tentatives spirituelles, les distractions mondaines, le vin, l’héroïsme du sacrifice patriotique, un amour romanesque, vieillissant ainsi et réduisant à mesure ses demandes d’explication universelle, pour en venir à se contenter, non sans quelques utopies politiques, d’un simple bonheur conjugal et de quelques vagues maximes de bon vouloir. […] Lévine et sa femme, Karénine, Anna, Wronsky, le prince Oblonsky et la princesse Dolly, la famille Cherbatky, les amis et les amies de tous ces gens, les enfants, les serviteurs et les paysans, font du roman contemporain de Tolstoï, une œuvre enchevêtrée et confuse, comble et embrouillée qui choque déjà toutes les règles d’unité et d’élaguement qui nous sont familières ; mais qu’est cette complication devant celle des trois gros volumes de La Guerre et la Paix où les vies complètes du prince André, du prince Pierre, de Nicolas Rostow, mêlées aux destins des membres de leurs familles, entourés d’une foule véritable de satellites, de connaissances, se poursuivent à travers de grandioses récits de batailles, de négociations, d’entrevues, dans lesquelles figurent tous les personnages célèbres du temps, à travers les scènes populaires, rustiques et sociales qui constituent toute l’histoire politique et intime d’un peuple ?
Rien de plus séduisant ; la jeune intelligence qui voit pour la première fois, dans des leçons d’une éloquence incomparable, ces grandioses formules se dérouler et s’appliquer tour à tour à la religion, à l’art, à la politique, à la philosophie des trois périodes de l’histoire universelle, se sent portée, comme par un souffle puissant et continu, vers les plus hauts sommets de la pensée. […] On ne peut nier que les conditions du milieu ne sollicitent et ne modifient de mille manières les besoins, et par eux n’exercent une influence considérable sur l’état économique, politique, social, d’une nation. Déterminer la nature, le nombre, l’intensité de ces causes, c’est affaire aux sciences particulières, météorologie, chimie, physiologie, ethnologie, économie politique, etc. […] Dès lors on sera disposé à voir, avec Bunsen, dans le sentiment que l’homme a de Dieu la force primordiale et constante qui meut les nations, le souffle toujours vivant qui pousse l’humanité vers le vrai et le juste, l’instinct originel de notre race, instinct qui, se développant graduellement de l’inconscience à la conscience, donne naissance à toute langue, à toute constitution sociale et politique, à toute civilisation.
Henri IV, dans les Mémoires particuliers de l’auteur, nous est montré par d’assez vilains côtés et qui tendraient à le rapetisser ; on l’y voit atteint et accusé d’envie, d’avarice : il n’est rien de tel dans la grande Histoire, et ces petits griefs personnels et de domesticité s’évanouissent : d’Aubigné y replace le héros et le politique à sa juste hauteur, et l’ayant perdu, le regrettant avec larmes, il lui redevient publiquement favorable et fidèle. […] [NdA] Je ne parle (bien entendu) que de la Réforme simplement en France, et de la Réforme considérée comme parti politique.
Il me semble que le caractère de Bailly se dessine ici sous sa propre plume : hâtons-nous d’ajouter que cet homme si sensible, si touché, si peu au fait, ce semble, des mille circonstances compliquées et confuses de la société de son époque, et qui manque certainement de génie et de coup d’œil politique, ne manquera nullement de fermeté et de force de résistance dès que le devoir et la conscience lui parleront. […] » C’est par ces effronteries cent fois répétées, et mêlées aux calomnies sérieuses, qu’en temps de trouble et de passions politiques on achemine les esprits aux ignobles vengeances, et qu’on prépare au besoin les échafauds.
» Louis XIV remarquait là une chose assez piquante : il eût été digne de son esprit judicieux (s’il eût été plus étendu) de se dire que Schomberg était avant tout un réformé, le soldat européen de sa cause religieuse et politique, et que c’était lui seulement, Louis XIV, qui vers la fin, et quand le vieux soldat s’était cru Français, l’avait trop fait ressouvenir de cette patrie antérieure. […] On ne doit s’attendre à trouver chez Dangeau aucune considération politique, ni à découvrir aucun dessous de cartes : on n’a que les dehors, ce qui se voit et se dit en publie.
Ils venaient dans les premières années du règne de Henri IV pour rattacher à la religion de l’État et à celle du prince nombre d’esprits raisonneurs, sérieux, assez philosophiques, et surtout politiques. […] — Voilà ce qu’un païen très sage a dit très sagement… Ces raisons, en partie morales, en partie politiques, et dont les adversaires ne laissaient pas dans leurs réponses et réfutations d’indiquer le point faible40, étaient pourtant bien reçues au lendemain des révolutions et quand un souffle plus doux circulait déjà ; elles aidaient auprès de beaucoup d’esprits à l’œuvre d’apaisement et de pacification, qui était celle de Henri IV.
Dans l’analyse et la description qu’il donne des quatre vertus essentielles, à l’article « De la prudence », il traite de la prudence politique, de celle qui est requise dans le souverain pour gouverner ses États. À cet endroit, Charron reconnaît qu’il a puisé abondamment dans le traité de politique de Juste Lipse, comme précédemment il l’avait reconnu pour du Vair.
Son amour pour Mme de Longueville n’est plus un amour de jeunesse, c’est une intrigue de politique autant et plus qu’un intérêt de cœur. […] Celui-ci eut des torts, cela nous suffit ; il en eut en amour et en politique ; il manqua cette partie importante de sa vie, et, quand même la Fronde aurait obtenu quelque succès et aurait amené quelque résultat, il n’aurait encore donné de lui que l’idée d’un personnage brillant, mais équivoque et secondaire, dont la pensée, les vues et la capacité ne se seraient point dégagées aux yeux de tous.
Guizot, parlant de Ronsard dans un morceau sur L’État de la poésie en France avant Corneille, et lui tenant compte des services qu’il avait rendus ou voulu rendre, a dit à peu près dans le même sens, et sous forme d’aphorisme politique : « Les hommes qui font les révolutions sont toujours méprisés par ceux qui en profitent. » Maintenant je viens exprès de relire, de parcourir encore une fois tout Ronsard en me demandant si je l’ai bien compris dans mon ancienne lecture, si je ne l’ai pas surfait, et aussi (car Monsieur Gandar m’en avertit, et c’est un avertissement bien agréable et flatteur puisqu’il implique un succès) si je n’ai pas été trop timide, et si je ne suis pas resté en deçà du vrai dans ma réclamation en sa faveur. […] Il y a là dedans un bon sens politique que Malherbe, qui en avait tant, n’aurait certes pas désavoué.
Ubicini a eu raison de remarquer que si de Voiture on connaît aujourd’hui l’écrivain bel esprit, le négociateur politique est encore à retrouver. […] La véritable pièce historique de Voiture est sa lettre écrite en 1636 après son retour en France, à l’occasion de la reprise de Corbie sur les Espagnols, qui s’en étaient emparés quelques mois auparavant ; il y embrasse d’un coup d’œil sensé et supérieur tout l’ensemble de la politique du cardinal de Richelieu, et, se mettant au-dessus des misères et des animosités contemporaines, il en fait à bout portant un jugement tout pareil à celui qu’a confirmé la postérité.
Le prince Henri regrettait que la Prusse eût renoncé à l’alliance avec la France ; il pensait que la politique de sa nation et son salut en cette crise étaient de revenir au plus tôt à cette paix avec nous. […] Pendant que je la lisais, je me rappelais bien souvent cette autre correspondance récemment publiée, si étonnante, si curieuse, si pleine de lumière historique et de vérité, entre deux autres frères, couronnés tous deux, le roi Joseph et l’empereur Napoléon ; et, sans prétendre instituer de comparaison entre des situations et des caractères trop dissemblables, je me bornais à constater et à ressentir les différences : — différence jusque dans la précision et la netteté même, poussées ici, dans la correspondance impériale, jusqu’à la ligne la plus brève et la plus parfaite simplicité ; différence de ton, de sonoréité et d’éclat, comme si les choses se passaient dans un air plus sec et plus limpide ; un théâtre plus large, une sphère plus ample, des horizons mieux éclairés ; une politique plus à fond, plus à nu, plus austère, et sans le moindre mélange de passe-temps et de digression philosophique ; l’art de combattre, l’art de gouverner, se montrant tout en action et dans le mécanisme de leurs ressorts ; l’irréfragable leçon, la leçon de maître donnée là même où l’on échoue ; une nature humaine aussi, percée à jour de plus haut, plus profondément sondée et secouée ; les plaintes de celui qui se croit injustement accusé et sacrifié, pénétrantes d’accent, et d’une expression noble et persuasive ; les vues du génie, promptes, rapides, coupantes comme l’acier, ailées comme la foudre, et laissant après elles un sillon inextinguible54.
C’est vers ce temps qu’un voisin, je marquis d’Andervilliers, qui se prépare une candidature politique, donne un grand bal à son château, et il y convie tout ce qu’il y a de brillant ou d’influent dans les environs. […] Il y a une scène très piquante et très bien tissée : tandis que, dans son discours, le conseiller de préfecture qui préside s’élève sur les tons les plus graves aux considérations économiques, industrielles, politiques et morales que suggère la circonstance, Rodolphe, dans l’embrasure d’une fenêtre de la mairie, glisse à l’oreille de Mme Bovary les éternels propos qui lui ont tant de fois réussi auprès d’autres filles d’Ève.
On croit entendre milord Édouard morigénant un peu fastueusement Saint-Preux ; Il ne laisse pas d’être singulier de voir un historien, et l’historien d’un pays libre, faire fi à ce point de la pratique politique, comme si les anciens qu’il invoque n’avaient pas dû à l’exercice des charges publiques et au maniement des affaires le sens et l’intelligence supérieure qu’ils portaient ensuite dans leurs livres ; comme si Thucydide, Salluste et Cicéron n’avaient fait dans toute leur vie qu’une seule chose, — écrire. […] Au sortir de son bailliage de Nyon et revenu à Berne ou fermentaient des passions politiques très animées, Bonstetten y resta le moins qu’il put, et, après quelque temps passé à sa belle terre de Valeyres près d’Orbe, il accepta la mission de syndic dans les pays italiens sujets, dans ce qui forme aujourd’hui le canton du Tessin.
Il y eut même, dès ces premiers jours et pendant le voyage ; un religieux théatin, le Père Vintimiglia, qui travailla dans le même sens, et qui avait déjà ses plans politiques en poche, avec un premier ministre (le duc d’Ossuna) à proposer. […] Ce n’est pas l’histoire politique de l’Espagne, c’est sa chronique intime, le journal de sa décadence, qu’il a voulu raconter ; et, en portant la splendeur habituelle de son expression sur ces rapetissements et ces misères, l’écrivain de talent les a éclairés et fixés dans la mémoire en traits ineffaçables.
Je conçois maintenant un chapitre ainsi intitulé Effets et reflets de la politique de Louis XIV sur sa santé, et de sa santé sur sa politique.
En religion, en politique, dans les sciences, on m’a partout tourmenté, parce que je n’étais pas hypocrite et parce que j’avais le courage de parler comme je pensais. Je croyais à Dieu et à la Nature, au triomphe de ce qui est noble sur ce qui est bas ; mais ce n’était pas assez pour les âmes pieuses… Et en politique, que n’ai-je pas eu à endurer !
Il s’est donc attaché à notre grand tragique, et il s’est complu à démontrer en lui une âme et une intelligence essentiellement historique, pleine de prévisions et de divinations : non qu’il ait jamais supposé que le vieux poète, en s’attaquant successivement aux divers points de l’histoire romaine pendant une si longue série de siècles, depuis Horace et la fondation de la République jusqu’à l’Empire d’Orient et aux invasions d’Attila, ait eu l’idée préconçue d’écrire un cours régulier d’histoire ; mais le critique était dans son droit et dans le vrai en faisant remarquer toutefois le singulier enchaînement qu’offre en ce sens l’œuvre dramatique de Corneille, et en relevant dans chacune de ses pièces historiques, même dans celles qu’on relit le moins et qu’on est dans l’habitude de dédaigner le plus, des passages étonnants, des pensées et des tirades dignes d’un esprit politique, véritablement romain. […] Mais ce n’est pas une raison pour passer à l’auteur de Corneille historien son épigraphe, qui ne tendrait à rien moins qu’à faire du grand poète un politique pratique et un habile.
Pour que rien ne manquât au contraste et à l’antagonisme, il y avait quelques élèves catholiques fervents qui sont entrés depuis à l’Oratoire ; c’était donc une lutte de chaque jour, une dispute acharnée, le pêle-mêle politique, esthétique, philosophique, le plus violent. […] Edmond About faisant une leçon sur la politique de Bossuet devant des catholiques sincères qui s’en irritaient, mais qui prenaient leur revanche en parlant à leur tour dans la conférence suivante.
Assez d’écrivains, pressés de donner, comme les récits de la vérité, les rêveries de leur esprit ou les préventions de leur cœur, ont publié des ouvrages, prétendus historiques, de cette grande crise politique. […] Ces hommes de talent et d’ambition qui, la plupart, depuis l’Assemblée législative avaient déjà tâté de la vie politique et étaient chaque jour en scène, avaient des engagements pris, des liaisons, des antipathies vives, des amis et des ennemis déclarés : lui, il arrivait sur le grand théâtre, à l’état abstrait, pour ainsi dire, neuf, pur du moins de toute prévention personnelle, et l’on peut dire qu’à cet égard il offrait table rase.
Nous n’en pouvons parler, du reste, que d’après Lemontey qui avait lu la pièce et qui en reproduit indirectement les termes : « Ces mœurs naïves et pures, dit-il, ce mélange d’études graves et de gaieté innocente, ces devoirs pieux et domestiques, cette princesse qui, aussi simple que la fille d’Alcinoüs, ne connaît de fard que l’eau et la neige, et qui, entre sa mère et son aïeule, brode des ornements pour des autels ; tout retraçait dans la commanderie de Wissembourg l’ingénuité des temps héroïques. » L’idylle ici venait singulièrement en aide à la politique. […] Pour la première fois qu’elle se mêlait de politique, elle s’était montrée bien faible et médiocre.
Mérimée s’étonne à la fois et de la patience prolongée de l’Italie et de l’aveuglement de Rome ; il en retrouve plusieurs causes dans l’organisation politique, bien différente des deux côtés. […] Elle est immédiatement précédée d’une digression approfondie sur la réforme politique du dictateur, et sur l’état probable où il trouva les comices ou assemblées du peuple.
., les innombrables comédies, toutes les richesses enfin de la littérature narrative et dramatique de l’Espagne : ajoutons le Voyage de Mme d’Aulnoy, les Recherches historiques et généalogiques des Grands d’Espagne d’Imhof, l’État présent de l’Espagne de Vayrac, des mémoires politiques et des pamphlets relatifs aux règnes de Philippe III et Philippe IV, des cartes géographiques. […] Lesage publie en 1733 la fin de son roman : il répète la vie politique de Gil Blas, et le présente avec Olivarès dans les mêmes rapports où il était avec Lerme.
Elles ont dans quelques pages de Comines, l’autorité de maximes de politique et de convictions morales. […] Le génie à cette époque se montre là où la France en a le plus besoin : il est dans la politique et dans la guerre.
Partout elle agit, non seulement sur notre vie personnelle, mais sur la naissance, le développement, l’expression de nos idées sur le monde et de nos conceptions politiques et sociales. […] En politique, l’absolutisme, le libéralisme, le socialisme et l’anarchisme même, tels que le conçoivent au moins quelques-uns de ses partisans, sont des tentatives variées et contradictoires pour réaliser l’harmonie des intérêts et des désirs, comme aussi pour fortifier les divers sentiments, — respect, soumission, crainte, sens de l’indépendance, initiative individuelle, esprit de concurrence, désir d’égalité, — par qui chacun s’imagine que la société va se fortifier ou s’épurer.
C’est en 1864 que s’introduit dans notre organisme politique ce ferment de dissolution. […] La politique du jour flottait de l’extrême droite à l’extrême gauche, marquait une opinion versatile et désorientée, fruit de l’agitation cosmopolite en cours.
Ils sont légion : Retz et la Rochefoucauld, deux adversaires politiques, deux rivaux de gloire littéraire ; Scarron, Molière, Boileau, trois maîtres, à des degrés divers, du comique et de la satire ; Mme de Sévigné, la reine du style épistolaire ; Cyrano de Bergerac, malgré son nom de ; consonance gasconne ; Bachaumont et son ami Chapelle, le bon buveur, qui doit son surnom au village de la Chapelle, devenu aujourd’hui un faubourg de Paris agrandi ; Patru, Chapelain, Conrart, les petits grands hommes de l’Académie naissante ; d’Aubignac, un auteur de pièces sifflées qui se venge en se faisant le législateur du Parnasse ; le galant abbé Cotin, ce martyr de la critique littéraire, d’autres encore, sans compter les peintres Lesueur et Lebrun, attestent la fécondité alors décuplée de la grande ville. […] Ces raisons sont diverses : Paris et ses environs, dont l’importance est toujours considérable, paraissent jouer un rôle plus éclatant dans les époques de troubles politiques ; telle contrée a dû, semble-t-il, son éclat éphémère à un séjour de la cour, à l’existence de quelque université prospère ; telle autre s’est trouvée sur la route d’un courant d’idées venant d’un pays étranger : ainsi la Gascogne, à la fin du xvie siècle, bénéficia de la grandeur de l’Espagne, sa voisine.
L’adversité, qui, dans le même temps, menaçait les intérêts politiques du roi, concourut puissamment à arrêter l’essor du poète, devant le changement des mœurs de la haute société. […] Les souvenirs politiques, les habitudes morales, les relations sociales étaient tout opposées entre ces Mazarins et tout ce qui avait eu quelque rapport avec la maison de Rambouillet, dont il n’existait plus personne, lorsque les sociétés de Nevers et de ses parentes étaient florissantes.
Les événements politiques qui remplissaient alors la France de joie et d’enthousiasme avaient jeté beaucoup de sombre sur la petite société d’Auteuil, qui représentait les hommes de la veille, les républicains probes et mécontents. […] » Ôtez ce mot de comédie qui aurait l’air désobligeant, cela n’est-il pas vrai de tous ceux qui ont un rôle et qui sont en scène, et qui devraient sembler y être le moins possible, des professeurs, des orateurs politiques, des orateurs littéraires, et même des savants ?
Outre sa grande Histoire naturelle, dans ses dernières années il avait écrit l’Histoire politique de son temps, en trente et un livres. […] Pline appartient à cette classe d’esprits élevés et éclairés, tels que l’ancienne civilisation en possédait un assez grand nombre avant le christianisme, qui ne séparent point l’idée de Dieu de celle de l’univers, qui ne croient pas qu’elle en soit distincte, et qui, dans le détail de la vie et l’usage de la société, condescendent d’ailleurs aux idées reçues et aux préjugés utiles : « Il est bon, dans la société, de croire que les dieux prennent soin des choses humaines… La religion, répète-t-il en plus d’un endroit, est la base de la vie. » Mais ce n’est qu’une religion toute politique comme l’entendaient les Romains.
Elle disait agréablement un jour à Mme de Maintenon : « Ma tante, je vous ai des obligations infinies, vous avez eu la patience d’attendre ma raison. » Elle eût sans doute été capable d’affaires et de politique. […] Les quelques lettres qu’on publie d’elle au duc de Noailles, et où elle dit qu’elle n’entend rien à la politique, prouveraient plutôt que, si elle pouvait causer plus librement que par écrit, elle aimerait très bien à s’en mêler.
L’extrême rigueur dont on usa envers Fouquet désormais abattu et sans ressource, la justice exceptionnelle à laquelle on le livra, la partialité de quelques-uns des commissaires et de ceux qui étaient chargés de l’examen des papiers et du rapport, les pensées cruelles dont ses ennemis ne se cachaient point à son sujet, l’âpreté des vengeances politiques qui n’allaient pas à moins qu’à demander sa tête, les lenteurs et les péripéties du procès qui dura plus de trois ans à instruire, tout concourut à retourner l’opinion et à gagner à l’accusé la pitié universelle. […] Son souvenir est resté comme un des grands exemples de catastrophe politique et d’infortune.
En politique, je n’ai pas à suivre les progrès de ses négociations dans les circonstances compliquées où il les conduisit ; M. […] Il n’est pas douteux pourtant qu’il n’ait, dans son intimité de Passy, agi sur bien des hommes éminents qui prirent part ensuite à ce grand mouvement révolutionnaire, et qu’il n’ait contribué à leur donner plus de confiance et de hardiesse : « Franklin, nous dit Mallet du Pan, répéta plus d’une fois à ses élèves de Paris que celui qui transporterait dans l’état politique les principes du christianisme primitif changerait la face de la société. » Il est un de ceux qui ont le plus mis en avant cette doctrine de séculariser le christianisme, d’en obtenir, s’il se peut, les bons et utiles résultats sur la terre.
Ses complaisances lui avaient valu l’honneur de la spécialité des procès de presse et des condamnations politiques. […] * * * — Philipon aurait une très curieuse collection de maquettes en terre coloriée qui servaient à Daumier de modèles pour ses caricatures d’hommes politiques ; maquettes exécutées avec un rare talent par Daumier et vendues par lui à Philipon, 15 francs pièce.
Sujet poétique, scientifique, politique, encyclopédique ; car la mer est tout cela. […] Ce livre même de la Mer, quoiqu’il soit de tendance impie, semé d’erreurs et d’ignorances, assoté par une préoccupation de démocratie déplacée que l’auteur transporte de l’histoire politique à l’histoire naturelle, et qui le fait être du côté du fretin contre le gros poisson, si vous exceptez les baleines pour lesquelles il a un sentiment ; ce livre de la Mer est plein de choses puissantes et charmantes.
Si par sa structure politique l’Église anglicane est persécutrice, par sa structure doctrinale elle est tolérante ; elle a trop besoin de la raison laïque pour tout refuser à la raison laïque ; elle vit dans un monde trop cultivé et trop pensant pour proscrire la pensée et la culture. […] Au-dessous de ces bouillonnements désordonnés de la surface, les couches saines et profondes de la nation s’étaient prises, et la foi nouvelle y faisait son œuvre, œuvre pratique et positive, politique et morale. […] Leur volonté, tendue par une foi fervente, tout employée à la vie politique et pratique, invente l’émigration, supporte l’exil, repousse les Indiens, fertilise le désert, érige la morale rigide en loi civile, institue et arme l’Église, et sur la Bible fonde l’État407. […] Guizot, Portraits politiques, 63. […] Guizot, Portraits politiques.
Aussi le drame antique fut-il une tragédie toute nationale ; et la comédie grecque, tirant ses principales inspirations des événements de la vie publique, ne dépassa-t-elle guère les limites de la comédie politique. […] En un mot, si je puis transporter à des questions de théâtre l’emploi de ces expressions, le romantisme ne fut, dramatiquement parlant, qu’une révolution politique quand il devait être une révolution sociale. […] Avant de prendre pour femme légitime la politique, il avait eu la littérature pour maîtresse ; — il m’est même revenu qu’il lui avait fait pas mal d’enfants. […] Pour les deux antres, pour ta deuxième surtout, où il est traité de l’administration, de l’état politique et des finances de la Turquie, M. […] Je ne crois pas que de tels contes, — en tant que prédication d’une foi politique et religieuse, — parviennent à persuader ou seulement à toucher personne.
Athalie est une sceptique et une politique. […] Sait-on d’ailleurs, chez ces grands politiques, où finit la sincérité et où commence l’artifice ? […] D’abord, Desgenais ne représente que la chronique, non le journalisme politique. […] ) Avez-vous observé l’horizon politique ? […] Je ne vous en dirai pas les raisons, la politique n’étant point de mon domaine.
Amédée Renée, publie en ce moment un volume, non plus de récit épisodique, mais de véritable histoire politique sur un sujet bien connu, tant de fois étudié, mais qui n’est jamais épuisé : Louis XVI et sa Cour 62.
On accepte tout quand il s’agit de politique extérieure, par appréhension de « se faire des affaires » et par la lamentable désaccoutumance de se sentir fort.
Cette modération-là est en train de devenir, par ce temps de modes outrancières, de cabotinage et de snobisme — en littérature, en art et, dit-on, en politique — quelque chose de rare et d’original ; j’ajoute de méritoire : car les idées extrêmes, plus frappantes, plus faciles à développer, ont bien meilleur air aux yeux des ignorants et sont généralement d’un profit plus immédiat pour ceux qui les professent.
[Entretiens politiques et littéraires, 10 juin 1893.]
. — Entretiens politiques et littéraires (Georges Vanor). — L’Ermitage (Henri Mazel).
Ainsi faisaient jadis les historiens politiques qui croyaient écrire l’histoire de la France en faisant uniquement celle de ses rois, de Pharamond à Louis XVI.
En poursuivant les prétendus Sages de ce siecle dans la carriere des Arts & de la Politique, où ils n’ont pas moins extravagué que dans la Physique, il aura sur les autres adversaires de la Philosophie, l’avantage d’avoir combattu des erreurs dangereuses, avec les seules armes du ridicule & de la bonne plaisanterie.
ou plutôt ne joint-il pas à tous ces défauts celui d’exposer un systême de politique impraticable ?
Représentons-nous, dans Platon, un homme simple, modeste, frugal, de mœurs austères, bon ami, citoyen zélé ; mais très-mauvais politique ; aimant le bien, & voulant le procurer aux hommes ; parlant toujours d’eux, & les connoissant peu ; aussi chimérique dans ses idées, que notre vertueux abbé de Saint-Pierre, ou le célèbre misanthrope Génevois.
Peut-être est-ce qu’elles n’ont point encore une juste idée de la dignité de la scene tragique : peut-être entre-t-il aussi dans leurs vûës quelque trait de la politique athenienne.
C’est que tout s’y agite : politique, art, science, critique et calomnie. […] Voilà maintenant qu’il me prie de faire bien attention à M. de Lamartine qui sort d’une loge et qui passe à côté du groupe des poètes pour aller rejoindre un banc d’hommes politiques, l’ingrat ! […] Il appartient par ses opinions au parti républicain, quoiqu’en général les écrivains ne se mêlent que fort peu à la politique. […] On y trouve, mais en très petit nombre, des hommes politiques et des financiers. […] À Paris, si un écrivain est attaché d’une façon un peu apparente à un journal politique, ou à un recueil littéraire, sa position s’établit ; on le connaît.
Admettons que l’idée de progrès, devenue fondamentale dans la philosophie et les sciences politiques, la régénère : de quelle utilité peut-elle être pour la peinture et la statuaire ? […] À présent, le monde des lettres et des arts est, comme le monde politique, livré à la dissolution. […] Cela ne témoigne pas assurément d’un grand génie politique. […] En politique, en économie, dans les sciences et dans les arts, elle s’accoutume peu à peu à appeler les choses par leur nom, et à ne plus accepter des vessies pour des lanternes. […] Pour lui, l’idée de société prime toutes les autres, aussi croit-il à la politique et a l’archie qu’il réclame à cor et à cris, tandis que ceux qu’il encourage croient surtout à la liberté, à la personnalité et au travail, c’est-à-dire à la non-archie.
Un duel avec un journaliste, parti d’une brasserie de Paris pour faire là-bas de haute politique d’opposition, duel dans lequel périt le journaliste, précipite les incidents de la passion du jeune homme et de la jeune femme ; par hasard, M. de Serpenoise apprend la trahison de celle à qui il a donné son nom, et dans son étonnement et sa douleur, meurt d’une attaque d’apoplexie. […] C’est sans façon, on le voit, mais ce n’est pas sans finesse, il s’en faut, et je crois que l’auteur a mieux trouvé que tous nos courriéristes politiques le moyen de résumer la situation actuelle. […] » Mais la politique ne joue aucun rôle dans le roman, tout d’action, tout de passion et l’un des meilleurs de M. […] Alphonse Karr parle de tout dans son volume, des femmes, du mariage, de la politique ; on rencontre des phrases comme celles-ci : « Que demande la classe laborieuse ? […] Les groupes d’hommes politiques, bien connus, que je traversai, dans le premier salon, où je reçus les compliments de nombre de personnes, me parurent occupés surtout de l’élection d’un représentant à Paris (M.
Des conversations politiques ne font pas plus la tragédie que des conversations amoureuses. […] La phrase de La Harpe ne signifierait absolument rien, si elle ne renfermait pas un trait malin contre Corneille, qu’il accuse ici de ne savoir pas toucher le cœur, et de préférer la politique à l’amour. L’intention du professeur du lycée est d’opposer à Corneille, fondateur de la tragédie de l’esprit, de la tragédie héroïque et politique, Racine, créateur de la tragédie du cœur, de la tragédie amoureuse et pathétique : il va plus loin, il semble vouloir ôter le titre de tragédie au drame héroïque et politique, pour en décorer exclusivement le drame amoureux et pathétique. […] La jeunesse, la franchise et la générosité de Britannicus, la candeur, la modestie noble de Junie, répandent sur ce tableau politique une teinte douce d’intérêt et de sensibilité. […] Peut-être eut-il tort de se mêler de politique ; il faut que chacun fasse son métier.
La vie politique, la vie municipale, l’administration, le droit également se romanisent. […] Grâce lui, la politique romaine fut dominée par cette maxime, et les guerres entreprises de ce côté ne furent que des guerres de protection. […] Il y a, disions-nous, un « pourquoi » à la solution donnée par la France au problème religieux et politique, à notre impossibilité d’évolution franche et radicale. […] La rude et froide main du politique et du fonctionnaire ne devrait pas se sentir. […] D’une manière ou de l’autre, cela apparaît comme un simple retour à la tyrannie, négation de l’œuvre politique et sociale de tout le siècle dernier.
Émile Goudeau, qui est pourtant un caractère, pense que c’est une très bonne politique que de vautrer sa main dans la main de tout le monde et qu’il faut être extrêmement tendre pour les individus les plus dégoûtants, tels que M. […] Il court au plus pressé, qui est de s’informer de toutes choses et de travailler au salut politique de la nation française. […] Je lis à la page 224 : « La politique n’a aucune place dans le peuple des étudiants. […] C’est l’immense armée des imbéciles, c’est le vivier, toujours plein, de la Jocrisserie orgueilleuse, rebelle seulement à l’autorité de l’Église, où les occultes cuisiniers de la haute initiation puisent à leur fantaisie pour les combinaisons démoniaques de leur politique. […] En poésie, comme en religion et en politique, tout le monde se croit docteur et manque essentiellement de docilité.
Il a eu un moment qui promettait dans la politique ; il a été préfet fort jeune.
Ce ne serait que Henri IV qui, descendu de Robert de France, sixième fils de Louis IX, aurait enfin fait rentrer la couronne dans la lignée directe du saint roi. » Le fait est qu’une quarantaine d’années après la mort ou la prétendue mort de ce petit roi Jean, parut en France un aventurier qui se donna pour lui, qui raconta toute une histoire romanesque à laquelle plusieurs puissances et personnages politiques d’alors ajoutèrent foi, notamment Rienzi.
Andrieux est resté fidèle, toute sa vie, aux doctrines philosophiques et politiques de sa jeunesse.
Mais trop pressé déjà par le temps, trop appelé et tenté par la politique et par ses passions dévorantes, il se hâta de dresser le monument de son souvenir ; il fit ses personnages un peu roides ; il les drapa : au lieu de donner le ton cette fois, il semble avoir suivi lui-même le goût des peintres de l’Empire.
Comme l’égalité sociale et politique n’a pas aboli l’inégalité de beauté, de force, de vertu, d’intelligence entre les hommes, ainsi les mots, égaux devant le besoin de l’écrivain, ont gardé leur physionomie propre, leur couleur, leur élégance, leur dignité, leur richesse.
(À la vérité, ce n’est point par une nécessaire liaison d’idées, mais par une rencontre accidentelle, que nous voyons les doctrines révolutionnaires associées chez nous au matérialisme le plus franc et le plus cru : car celui-ci pourrait aussi bien, et même mieux, avoir pour conclusion, en politique, la monarchie absolue ; et c’était, notamment, l’avis de l’Anglais Hobbes.
La Farce qu’il nous raconte n’aurait, comme une infinité d’autres, laissé aucune trace sans doute dans l’histoire de notre théâtre, si elle n’avait touché à la politique.
Les gens de lettres doivent bien se persuader que la littérature de tous les temps reçoit des directions inévitables des mœurs régnantes dans la nation, et que c’est une des lois du mouvement en politique et en morale, d’amener à la suite d’une longue période de dissolution, une période de réserve affectée et de pruderie.
Ce qu’il est très important de fixer, c’est qu’en littérature comme en politique l’ordre se concilie merveilleusement avec la liberté ; il en est même le résultat.
Celle de la reine d’Angleterre est un chef-d’œuvre de style, et un modèle d’écrit philosophique et politique.
Il aurait fallu placer dans l’État à la même hauteur de respect, l’historiographe et le juge ; il aurait fallu assimiler, dans la considération publique, le juge des morts et des intérêts généraux et politiques, comme l’historiographe, et le juge des vivants et des intérêts privés et civils, comme le magistrat ; car l’honneur et la sécurité des sociétés reposent également sur cette double justice.
Les conquérants du Nord, qui avaient si souvent pillé Rome, mêlèrent enfin la politique à la fureur, et voulurent s’établir dans cette ville qu’ils avaient ravagée.
Cette mode funeste était-elle chez les Anglais, selon l’explication de Montesquieu, le résultat d’une maladie physique, ou, comme l’a pensé Gœthe, l’effet des passions politiques et de l’esprit de parti ? […] De ces deux hommes, la science guérit le premier ; le second dut son salut à la politique. […] Il fut heureux de le retrouver en 1797, lorsque le coup d’État du 18 fructidor l’eut éloigné des assemblées politiques, où son opposition royaliste l’avait fait remarquer. […] Longtemps après, Nodier acheva, loin de la politique, une existence désormais exempte de secousses, et entourée d’une croissante célébrité. […] Charles Munster est une victime des discordes politiques ; il est exilé ; de plus, il souffre d’un amour malheureux.
Montanelli appartient, je crois, à la politique révolutionnaire libérale de son pays. […] Mais ne parlons pas politique… Donc, dans le poème, Satan se convertit ? […] La soif d’action politique qui dévore aujourd’hui le poète sacré prouve bien qu’il n’est pas l’homme du passé, le Jérémie de la Restauration. […] Il accepta celui qui était alors au pouvoir ; homme politique, il lui a fallu un parti, il a accepté celui qui est au pouvoir aujourd’hui. […] J’en écarterai toute préoccupation politique, comme étrangère à mon sujet.
Aussi ne fait-il pas de politique : s’il écrit dans les journaux sur les choses du jour, ce n’est guère que pour développer des idées générales, très philosophiques, et qui ne peuvent avoir d’aboutissement pratique. […] Les esprits politiques. […] Les fièvres de leur temps en décidèrent autrement : ils furent jetés dans la philosophie politique et dans l’action, où leur génie reçut une autre trempe, où chacun fit son œuvre. […] Ainsi il a été amené à se préoccuper essentiellement de ces questions d’histoire, de politique et de politique religieuse, qui, depuis longtemps, n’avaient plus cours dans les lettres, et à les examiner à un point de vue également nouveau : celui de l’avenir de la race, ou du moins de la nation. […] Brunetière ils tentent l’apologie de la casuistique, ou que, sur les traces de M. de Vogüé, ils poussent leurs recherches jusque dans les domaines réservés de la politique et de l’histoire.
Pendant cinquante ans, les questions politiques et sociales absorbent l’activité des Belges. […] Examiner cette grosse querelle entre Wallons et Flamands dépasse notre sujet : les éléments religieux et politiques y jouent un rôle trop sérieux, trop essentiel, pour qu’elle trouve asile dans une étude littéraire. […] Permettez-moi d’oublier les frontières politiques pour ne voir que la géographie intellectuelle de l’Europe, et de dire que vous faites de l’excellente décentralisation française. […] Journaliste littéraire et politique, chroniqueur, écrivain de voyages, dramaturge même, romancier et poète à ses heures, Maître Edmond Picard reste avant tout célèbre avocat autant que savant jurisconsulte. […] Bruxelles, imprimerie de Hayez, 1898. — La Belgique morale et politique (1830-1900), préface d’Émile Faguet.
Elle sera tout d’abord politique. […] Souvenons-nous que la Réforme, au temps d’Henry VIII et d’Élisabeth, n’entama en aucun point la substance même du dogme, sinon en celui qui concerne la suprématie du siège de Pierre ; ce fut plutôt un schisme : suscitée par la politique, elle demeura politique. […] Flattant les passions du jour — elle est bourrée d’allusions politiques — elle garde encore un semblant de vie. […] Mais l’évolution de celui-ci, amorcée depuis plus d’un siècle, dictée par les idéologues, encouragée par les institutions, accélérée par les débats et les fantaisies de la politique, s’est poursuivie sans interruption jusqu’à nous. […] Il ne saurait s’entendre mieux sur la pièce qu’on lui présente que sur la morale et la politique.
La vérité, pour être multiple, n’est pas double ; et comme vous avez dans votre politique élargi les droits et les bienfaits, vous avez établi dans les arts une plus grande et plus abondante communion. […] Vous vous êtes associés, vous avez formé des compagnies et fait des emprunts pour réaliser l’idée de l’avenir avec toutes ses formes diverses, formes politique, industrielle et artistique. […] Car se laisser devancer en art et en politique, c’est se suicider, et une majorité ne peut pas se suicider. […] Quant à la critique proprement dite, j’espère que les philosophes comprendront ce que je vais dire : pour être juste, c’est-à-dire pour avoir sa raison d’être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, c’est-à-dire faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d’horizons. […] Remarquez bien que l’habit noir et la redingote ont non seulement leur beauté politique, qui est l’expression de l’égalité universelle, mais encore leur beauté poétique, qui est l’expression de l’âme publique ; — une immense défilade de croque-morts, croque-morts politiques, croque-morts amoureux, croque-morts bourgeois.
J’aime aussi beaucoup la morale… en action, en littérature moins, parce qu’elle s’y trouve être un élément étranger et troublant qui ne peut que donner à l’œuvre une allure empesée, roide et gauche, de même du reste que la politique, la passion et l’émotion, toutes choses très-bonnes… à leurs places respectives. […] Mais ce que je sais de lui en fait de politique, ses propos spontanés et ses reparties sur ces matières me l’ont toujours donné comme un républicain très mauvais teint, du moins républicain au sens actuel, aristocratique un peu d’éducation, et de prétentions beaucoup, qu’il n’a jamais cessé d’être. […] Edouard Lockroy, alors à ses débuts en politique, que le maître éduquait pour les choses parlementaires à venir, selon sa propre expression, « comme une matrone renseigne une nouvelle épousée », ne l’ai-je pas entendu dire de sa grosse voix sourde et fatiguée : « Je n’aime pas Gambetta. […] Médiocre pamphlétaire en prose, fort-en-gueule seulement satirique politique et littéraire, une érudition de livres dépareillés (suivant son aveu à votre serviteur). […] En 1887, notre Maurice Barrès — la politique ne nous l’a-t-elle pas emprunté que pour le bon motif ?
Elles passionnèrent autant qu’une affaire politique ou qu’un événement national. […] Certain psychologue portugais, naturalisé nancéien et qui a des ambitions politiques, tentait naguère d’expliquer ce cas, assurément singulier, d’un auteur dont l’œuvre, chez nous, est si notoire, alors que le sens de sa pensée est pour ainsi dire méconnu. […] Il fallait édicter la liberté en art, comme on l’avait édictée en politique. […] depuis plusieurs mois vous arrêtez en faveur d’un seul homme la vie de toute une nation, d’une nation sollicitée par tant d’autres grands et pressants problèmes ; de vos larges gestes théâtraux, vous provoquez l’opinion publique ; autour de vos tristes tréteaux vous amassez la foule, et alors, avec un cynisme ou une inconscience vraiment extraordinaires, vous déclarez, en vous frappant la poitrine, que vous possédez des preuves, des preuves que vous n’apportez jamais ; vous affirmez, que dis-je, hier encore, après quelques phrases sur « la glorieuse cité de Venise », vous juriez solennellement qu’un homme condamné pour trahison n’avait jamais trahi, et puis, lamentablement, vous mendiez un acquittement en promettant aux jurés la reprise des affaires ; vous avez semé le trouble dans les esprits et la haine dans les cœurs ; vous avez osé couvrir du glorieux pavillon des principes proclamés, il y a cent ans, par la France à son éternel honneur, des passions louches et des combinaisons politiques ; vous êtes assez naïf pour croire, ou assez impudent pour proclamer, que vous marchez à la conquête de la Vérité et de la Justice… Mais regardez donc un peu quelques-uns de vos compagnons d’armes ! […] … oui, vous avez invoqué la Justice et aussi l’Égalité, en faveur d’un homme dont on a osé assimiler le crime à un crime politique !
Elle aime en toi le fils du père des pauvres, et te donne aujourd’hui pour protecteurs ceux qui les jugent et se consacrent à eux… « … Mais la politique empoisonne les esprits. — Moi qui pleurais de joie et de respect en traversant enfin Genève, patrie de notre grand-père paternel, on m’y a poursuivie avec ma petite famille en criant contre nous : « A bas les Français ! […] » Elle a une modique pension qu’elle touchait d’abord avec une sorte de pudeur ; elle s’en confesse et s’en humilie : « (26 octobre 1847)… Il y a deux jours enfin, j’ai reçu le trimestre qui me semblait autrefois si pénible à recevoir, par des fiertés longtemps invincibles, et que j’ai vu arriver depuis d’autres temps comme si le Ciel s’ouvrait sur notre infortune… « Ne nous laissons pas abattre pourtant, il faut moins pour se résigner à l’indigence quand on sent avec passion la vue du soleil, des arbres, de la douce lumière, et la croyance profonde de revoir les aimés que l’on pleure… « En ce moment, je n’obtiendrais pas vingt francs d’un volume : la musique, la politique, le commerce, l’effroyable misère et l’effroyable luxe absorbent tout… « Mon bon mari te demande de prier pour lui au nom des pontons d’Écosse. […] Mme Valmore ne peut s’empêcher d’y applaudir ; elle ne se raisonne pas, elle suit son élan ; elle a l’âme populaire ; elle était pour les souffrants, pour les opprimés et les mitraillés à Lyon, en 1834 ; elle était de tout temps pour les condamnés politiques, sans distinction de parti, que ce fût M. de Peyronnet ou Raspail, pour tous ceux dont elle entendait la plainte à travers les barreaux ; elle est pour eux encore le jour où elle se figure que le peuple triomphe et se délivre ; elle a son hymne du lendemain : « (1er mars 1848)… L’orage était trop sublime pour avoir peur ; nous ne pensions plus à nous, haletants devant ce peuple qui se faisait tuer pour nous.
Un prix d’académie commença de le mettre en lumière, car Ulysse s’était comme perdu dans le bruit des circonstances politiques. […] Sous le ministère Villèle, l’Académie française avait pris, comme toutes choses, une couleur politique ; de très-légitimes choix y purent se faire sans doute sous la faveur royaliste, mais il y avait exclusion d’autres choix non moins légitimes, plus populaires, et c’était fâcheux pour l’Académie, ajoutons aussi pour la constitution sociale des lettres. […] Revue philosophique, littéraire et politique, an xiv. — François de Neufchâteau fut de ceux qui se méprirent : enchanté de voir le Pindare républicain louer l’Empereur comme les autres, il lui écrivit : « C’est votre meilleur ouvrage. » L’erreur se prolongea jusqu’à la mort même de Lebrun, et Chénier, le louant sur sa tombe de l’ode qu’il n’avait pas faite, disait : « Tant d’exploits qui, depuis dix ans, commandent l’admiration des peuples, ont ranimé sa vieillesse ; près d’expirer, sa voix harmonieuse encore n’est pas restée inférieure à des prodiges, les plus grands et les derniers qu’il ait chantés. » 79.
Guillaume, ayant rejoint Campe, son premier instituteur, à Brunswick, alla avec lui assister avec une joie sérieuse, à Paris, à l’éclosion d’une philosophie politique, en 1789. […] Je l’ai vu avec la même attitude auprès de Chateaubriand qu’il caressait d’en bas, d’Arago dont l’amitié faisait sa gloire, des hommes politiques les plus dissemblables, royalistes, constitutionnels, républicains, affectant auprès de chacun d’eux une déférence suspecte, et laissant croire que chacun d’eux avait en secret sa préférence. […] Il restera quelques jours ici, et je sens déjà que ce sera pour moi comme si j’avais vécu plusieurs années avec lui. » Son caractère politique paraissait aussi éminemment propre à la diplomatie qu’à la science.
Montrez-moi une idée morale, un jugement, une opinion, — même politique ! […] Je sais et je sens que l’auteur de L’Éducation sentimentale est un matérialiste, et que le matérialisme doit nécessairement engendrer de certaines opinions politiques et non d’autres ; mais si je n’avais pas l’habitude des inductions et des déductions de la logique, d’honneur ! […] c’est pour ces chiens d’aristocrates en littérature, qui deviennent de plus en plus rares, et non pas pour ce gros de démocrates de lettres qui ne croient pas plus dans les lettres qu’en politique au privilège de la naissance.
Henri, qui, à cette journée de Coutras, venait de prendre rang de capitaine, montra au lendemain qu’il avait encore à faire pour devenir le politique qu’on l’a vu depuis. […] Il ne dira pas de bien soit des protestants zélés, plus attachés que lui à la cause des Églises et à l’esprit religionnaire, soit des catholiques devenus royalistes à leur corps défendant, soit du tiers parti et de ces hommes politiques qui « nagent tant qu’ils peuvent », dit-il, « entre deux eaux », Villeroi, Jeannin.
On dirait que les objets sont nés dans le monde le jour ou il les a vus… J’ai déjà remarqué ailleurs93 qu’à l’autre extrémité de la chaîne historique on a tout le contraire de cette impression, quand on lit nos graves professeurs d’histoire d’aujourd’hui, nos auteurs de considérations politiques d’après Montesquieu, mais plus tristes que lui, tous ceux qui cherchent et prétendent donner la raison de tous les faits, l’explication profonde de tout ce qui se passe, qui n’admettent sur cette scène mobile ni l’imprévu, ni le jeu des petites causes souvent aussi efficaces que les grandes ; esprits de mérite, mais ternes et laborieux, ployant sous le faix de la maturité autant que Joinville errait et voltigeait par trop de candeur et d’enfance94. […] Mais ces comparaisons ne sont qu’à la surface : Henri IV, sous ses airs de légèreté et de gaieté, était plus avisé et plus politique encore que Sully, et tous deux l’étaient bien plus que le pieux Énée et le fidèle Achate du xiiie siècle.
La vie politique et administrative de M. […] Roger, qui avait de l’esprit, de l’empressement, du tour, et des qualités qui durent plaire dans la jeunesse avant que l’activité et la passion politique les eussent privées de leur premier agrément, M.
Une révolution politique survenant (en 1848), on avait pu craindre que l’enceinte classique du temple ne fût envahie et comme emportée d’assaut. […] En politique, comme en éducation, remplacer l’édifice de Charlemagne, telle était la mission de l’empereur ; mais le temps lui a manqué en cela comme en toute chose.
Voltaire avait certainement tout l’esprit nécessaire pour être ministre ; mais il ne s’agit pas tant, en politique, d’avoir quantité d’idées que d’avoir la bonne idée de chaque moment et de s’y tenir. Le tempérament voltairien, tel que nous le connaissons, cette sensibilité si prompte, si vive, si irritable et si irrésistible, est le contraire du tempérament politique.
Son nom, connu de tous, éveille, dès qu’on le prononce, des passions en bien des sens et mille questions à la fois, des discussions de toutes sortes, politiques, sociales ; la seule question littéraire est absente et fait défaut, à ce qu’il semble. […] Je désirerais parler de lui sans l’aborder comme un politique actif, ou du moins sans le suivre sur le terrain de la polémique présente.
Un célèbre poëte anglais du temps, Rowe, qui avait un pied dans la politique et qui eût désiré un poste important, reçut un jour de lord Oxford le conseil de se mettre à étudier la langue espagnole. […] monsieur, lui dit le ministre, je vous en fais mon compliment ; je vous envie le plaisir de lire Don Quichotte dans l’original. » Je ne sais comment le prit l’homme de lettres politique, mais le mot est piquant, et il mérite d’être joint à tant de témoignages de choix sur Cervantes.
Le cardinal de Richelieu, pour réconforter le Père Joseph moribond, ce capucin comme il y en a peu, qui était son bras droit et un politique patriote, imagine de lui crier à l’oreille : « Père Joseph, Brisach est pris ! […] La politique de Pope était froide et assez indifférente, mais souverainement décente et très-littéraire.
2° Quelques rectifications et additions ont un sens politique ou personnel. […] Un moment, à la veille et à l’entrée de la politique, elle noua une espèce de lien de cœur, elle fila une espèce de petit roman sentimental avec Bancal des Issarts.
Il lui refuse la vue politique étendue, l’intelligence des choses de guerre, l’intelligence des matières de finance : il a parfaitement raison. […] obligées et de politique, a pu raisonnablement écrire.
Mariée, logée au Louvre, elle dut l’idée d’écrire à l’ennui que lui causaient les discussions politiques de plus en plus animées aux approches de la Révolution ; elle était trop jeune, disait-elle, pour prendre goût à ces matières, et elle voulait se faire un intérieur. […] Si on voulait franchir son cercle idéal, si on lui parlait politique, elle répondait que M. de Sénange avait eu une attaque de goutte, et qu’elle en était fort inquiète.
Je ne parle pas des bourreaux et de leurs aides, ni des hommes politiques, ces lâches professionnels : un pareil tas d’immondices est au-dessous de la parole. […] Aujourd’hui, elle lui apparaît tout à fait condamnable parce que sa laideur éternelle s’est extériorisée : « Elle sent la gamelle et la buffleterie des bas officiers, l’amour ancillaire d’une populace de Gothons en extase devant le caporal ignominieux. » Il y a, paraît-il, un parti politique « où les professeurs d’élégance oublient de saluer sur le terrain un adversaire qu’ils jugent pourtant digne de croiser le fer avec eux » ; et Tailhade s’irrite contre ces vilains « à qui mesdames leurs mères, trop occupées de leurs confitures et du point de sel à mettre dans le pot, n’eurent guère le temps d’apprendre le bel air des choses ».
Joubert continua de vivre et de penser, mais avec moins de délices ; il s’entretenait souvent d’elle avec Mme de Vintimille, la meilleure amie qu’elle eût laissée ; mais rien ne se reforma de tel que la réunion de 1802, et, dès la fin de l’Empire, la politique et les affaires avaient relâché, sinon dissous, les relations des principaux amis. […] Ces portions que j’appelle vraiment belles et inexpugnables, ce sera René, quelques scènes d’Atala, le récit d’Eudore, la peinture de la campagne romaine, de beaux tableaux dans l’Itinéraire ; des pages politiques et surtout polémiques s’y joindront.
.) — « Il faut à tout moment, s’écrie-t-elle, le sauver de lui-même, et j’emploie plus de politique pour le conduire que tout le Vatican n’en emploie pour retenir la chrétienté dans ses fers. » Ce dernier trait est au moins solennel et peut sembler disproportionné, mais c’est ainsi que raisonne la passion. […] » Ce fut bien pis quand, trois ou quatre années plus tard, pendant le séjour qu’ils font à Bruxelles à l’occasion du procès de Mme du Châtelet, Voltaire lui échappe complètement pour la politique.
J’ai essayé précédemment de dégager le Frédéric roi et politique dans sa forme la plus haute et la plus vraie, le Frédéric historique et non anecdotique. […] Sur Jean-Jacques, par exemple : « Le roi parle, ce me semble, très bien sur les ouvrages de Rousseau ; il y trouve de la chaleur et de la force, mais peu de logique et de vérité ; il prétend qu’il ne lit que pour s’instruire, et que les ouvrages de Rousseau ne lui apprennent rien ou peu de chose. » Avec d’Alembert, dont il apprécia tout d’abord le caractère estimable, Frédéric se montre purement en philosophe ; on le voit tel qu’il aurait aimé à être dans la seconde moitié de sa vie, quand la goutte et l’humeur ne l’aigrissaient pas trop, et s’il avait eu autour de lui quelqu’un de digne avec qui s’entendre : « Sa conversation roule tantôt sur la littérature, tantôt sur la philosophie, assez souvent même sur la guerre et sur la politique, et quelquefois sur le mépris de la vie, de la gloire et des honneurs. » Voilà le cercle des sujets humains qu’il aimait à traiter habituellement, sincèrement, et en moralisant toujours ; mais la littérature et la philosophie étaient encore ce dont il aimait à causer par-dessus tout pour se détendre, quand il avait fait son métier de roi.
Dans son bon temps, durant les premières années de cet enseignement alors tout nouveau, et avant que la déclamation politique s’y fût mêlée, il exerçait sur son auditoire une action puissante et même un charme. […] Cette guerre qu’il déclarait aux oppresseurs politiques de la veille, il ne la poursuivit pas moins dans l’ordre littéraire contre les propagateurs des idées philosophiques, qu’il en était venu à considérer comme les premiers auteurs du mal.
En traduisant dès lors le fragment inédit, en l’assortissant et en le joignant à la version d’Amyot qu’il publia après l’avoir corrigée en beaucoup de points (Florence, 1810), Courier entrait comme par occasion dans cet essai de style un peu vieilli, à la gauloise, qu’il s’appropriera désormais, qu’il appliquera à d’autres traductions et même à des sujets tout modernes, et qu’il fera plus tard servir à son personnage politique de paysan tourangeau. […] Daunou, envoyé comme commissaire à Rome, écrivait au directeur La Revellière (30 mars 1798) : « Il paraît que vous renoncez à la colonne Trajane ; au fond, ce serait une entreprise extrêmement dispendieuse. » Il ajoutait dans une autre lettre : « En général, je vois qu’il est bon de s’en tenir aux trois cent cinquante caisses ; il n’est juste ni politique de trop multiplier les enlèvements de cette nature. » 41.
Le corps politique est trop affaibli pour supporter les remèdes brusques. Et bientôt, voyant Turgot à l’œuvre, il trouvait dans sa politique et dans ses édits « plus d’Encyclopédie que de ministère » ; de même, au reste, que dans les discours et remontrances opposés, il trouvait « plus d’envie de contredire que de bien public ».
C’est bien, c’est le commencement en politique de la toute-puissance du néant, du zéro. […] 15 novembre Les partis politiques ressemblent, dans ce moment, à ces gens, que de Vigny vit, un jour, se battre dans un fiacre emporté.
Le génie métaphysique de Saint-Bonnet (car son talent va jusque-là) n’a pas eu peur du génie historique et politique de de Maistre sur un sujet, — catholique en ceci encore qu’il admet et que même il appelle toutes les compétences de l’esprit. […] Joseph de Maistre, qui était avant tout historien, malgré les plus hautes aptitudes à la métaphysique, est entré nettement dans cette question de l’Infaillibilité par la porte des faits et de l’histoire, conduit par un sens pratique de premier ordre, et écartant volontiers tous les arguments qui n’étaient pas historiques avec ce grand geste d’homme d’État qu’il avait, tandis que Saint-Bonnet, au contraire, bien plus métaphysicien que politique, a pénétré dans la même question par l’étude de l’essence même et des principes, allant dans l’essence jusqu’au point où elle est vraiment impénétrable.
. — Mais viennent Thiers, Rémusat, les autres… Si le clergé remuait alors, il ne trouverait plus cette espèce de sympathie politique que les hommes essentiellement conservateurs sont accoutumés à lui accorder.
Ses amis ne furent point très-contents d’un petit article de moi qui parut dans le Globe du 19 août 1830 et dans lequel, en félicitant Victor Hugo de se rallier à la nouvelle France, j’acceptais au contraire, comme un fait accompli et légitime, l’abdication politique de M. de Chateaubriand.
De la dédicace et de la préface il résulte que l’auteur a reçu force compliments et cartes de visite pour sa pièce : avant la représentation, c’était le suffrage (je copie textuellement) des hommes les plus éminents dans le monde littéraire, dam le monde politique et dans le monde social ; depuis la représentation et pour contrecarrer les impertinences qu’en ont dites des critiques mal placés, « les juges réels de la pièce, ceux qui vivent parmi les choses et qui les voient, viennent tour à tour, auprès de l’auteur, s’inscrire en témoignage et lui apporter leur formelle adhésion. » Le moyen, maintenant, de refuser cette adhésion formelle et de prétendre à passer pour un juge !
Il faut rendre à M. de Persigny cette justice qu’il a dans le cœur ce je ne sais quoi d’élevé qui répond bien à un tel sentiment, qui y sollicite et peut y rallier même des adversaires, qui va chercher en chacun ce qui est vibrant, et que le sentiment napoléonien historique et dynastique tel qu’il le conçoit dans son esprit et dans son culte, tel qu’on l’a entendu maintes fois l’exprimer avec une originalité saisissante (toute part faite à un auguste initiateur), est à la fois ami de la démocratie, sauveur et rajeunisseur des hautes classes, animateur de la classe moyenne industrielle en qui il tend à infuser une chaleur de foi politique inaccoutumée.
Massillon, Fléchier, hasardaient quelques principes indépendants à l’abri de saintes erreurs ; Pascal vivait dans le monde intellectuel des sciences et de la métaphysique religieuse ; La Rochefoucauld, La Bruyère, peignaient les hommes dans le cercle des sociétés particulières, avec une prodigieuse sagacité : mais comme il n’y avait point encore de nation, les grands traits des caractères politiques, qui ne sont formés que par les institutions libres, ne pouvaient y être dessinés.
Enfin, par quelque motif qu’on se crole excité à la vengeance, il faut répéter à ceux qui voudraient s’y abandonner, non pas qu’ils n’y trouveraient pas de bonheur, ils ne le savent que trop, mais il faut leur répéter qu’il n’est point de fléau politique plus redoutable.
Ce n’est ni l’ascendant de l’esprit, ni la force du raisonnement qui séduisent le public : mais ils fournissent, toute préparée pour l’usage, la formule qui juge le dernier événement politique, la dernière œuvre littéraire.
Je ne parle pas de ces néologismes nécessaires, qui manifestent la vie même de la langue et lui font suivre par son incessante transformation l’évolution de la pensée : si le progrès des sciences et de l’industrie, les révolutions politiques, sociales, religieuses, économiques, ont fait éclore des idées nouvelles dans le cerveau de l’homme, ont revêtu les idées anciennes d’une forme nouvelle, il est inévitable que bien des choses ne puissent être désignées par les mots anciens, et il serait absurde de s’opposer à l’admission dans le langage de ce qu’on admet dans la pensée.
Ce qu’on développe chez les pensionnaires, c’est l’énergie individuelle, le sentiment de l’honneur ; et on leur apprend aussi l’immolation de soi à l’intérêt d’une caste qui est encore (pour quelques années) une institution politique et sociale.
Ils commencent par croire, — d’une foi étroite et furieuse de fanatiques, — premièrement, que la littérature est la plus noble des occupations humaines et la seule convenable à leur génie ; que les autres métiers, la culture de la terre, l’industrie, les sciences et l’histoire, la politique et le gouvernement des hommes sont de bas emplois et qui ne sauraient tenter que des esprits médiocres ; et, secondement, que c’est eux, au fond, qui ont inventé la littérature.
Je crois vraiment que quelques-uns des événements les plus heureux de notre littérature, et par exemple l’épuration et l’affinement de la langue dans la première moitié du dix-septième siècle, l’entrée des sciences politiques et naturelles dans le domaine littéraire au dix-huitième, le mouvement sentimental et naturiste provoqué par Jean-Jacques, et l’évolution romantique suivie de l’évolution réaliste qu’a suivie la réaction idéaliste, un peu trouble, à laquelle nous assistons, ne se seraient point accomplis aussi vite sans les snobs.
Retté est l’anarchisme, doctrine souvent discutée durant ces dernières années et que notre incompétence politique est inapte à analyser utilement.
[Entretiens politiques et littéraires (25 mars 1893).]
On constaterait, en, second lieu, que, au même titre que l’économie politique ou la psychologie, l’histoire et la critique sont des sciences, posant les faits et cherchant les lois des manifestations réelles ou fictives de l’activité des hommes.
En politique, si c’est à une brillante carrière que vous tenez, ne suivez pas trop mes conseils.
Grâces à vos exemples, Ils n’ont devant les yeux que des objets d’horreur, De mépris d’eux et de leurs temples, D’avarice qui va jusques à la fureur…………… C’était un sage politique quand il montrait dans la fable du Vieillard et l’Âne, que le pouvoir ne doit point compter sur l’obéissance sans affection.
d’Alembert trouve cet heureux tempérament dans son caractere autant que dans sa politique, & il respecte trop le Public, pour ne pas se faire un devoir de donner du poids à son zele, par sa prudence.
On y reconnoît le ton, la noble audace d’un orateur qui disposoit de tout dans Athènes, des emplois militaires & politiques ; qui armoit ou désarmoit à son gré ses concitoyens ; qui se faisoit plus redouter lui seul de Philippe, que des armées entières.
Il montra, dans la littérature, toute la politique d’un courtisan.
Je ferai toutefois observer que, des autres divisions en usage, la plus naturelle serait encore la division par règnes ou époques politiques ; et, par exemple, j’ai noté dans ce livre même, très rapidement, quelques uns des caractères littéraires communs à toutes les régences de notre histoire.
La mandragore de Machiavel, l’une des meilleures comédies qui aïent été faites depuis Terence, et qu’on ne prendroit jamais pour une production d’esprit née dans le même cerveau, où sont écloses tant de refléxions si profondes sur la guerre, sur la politique, et principalement sur les conjurations, est demeurée en Italie une piece unique en sa classe.
Et pourtant, malgré tout ce qui semble l’en séparer, on trouverait, en creusant, sous la préoccupation qui l’a produit, plus d’un rapport à indiquer entre les idées littéraires qui semblent n’y faire aucun bruit et les tapages politiques de notre temps.
Puis celle des Sismondi, des Louis Blanc, des Blanqui, — l’affreuse ventrée des économistes, — et la non moins horrible des hommes politiques, des Ledru-Rollin et des Mazzini !
Un jour Guizot, qui a le triste génie des coalitions, et dont la tête d’homme d’État rêve des fusions qui ne seraient que des coalitions encore, avait écrit que le catholicisme et les diverses communions protestantes devaient unir leur effort contre ce socialisme qui menace la société moderne telle qu’après tant de siècles la voilà faite par le génie de la double Rome, la Rome politique et la Rome chrétienne.
Je tiens à honneur pour Cladel de lui signaler son origine, et je veux qu’aristocrate en art ce républicain en politique soit fier comme un paon d’avoir de tels aïeux !
Il est entré, depuis lors, dans le langage courant de la presse et de la politique, avec ce sens : rapprochement entre la République et l’Église, alliance de la démocratie et du catholicisme, rentrée en faveur du pouvoir religieux au sein de la société civile, restauration du règne social de Jésus.
Pourquoi le même malaise, le même mécontentement, le même besoin de nouveau que l’on voit en Politique, dans la société, dans les arts, au Théâtre ne se ferait-il pas sentir dans la littérature ? […] Nous nous étions seulement renforcés dans nos opinions, comme il arrive toujours depuis qu’on a inventé les discussions, qu’elles soient politiques ou littéraires. […] On devine que, sous une action romanesque, l’auteur a réuni une suite d’observations d’études du monde et des pratiques de la politique. […] politique ! […] Toute la politique tient là-dedans.
Taine, dans l’action littéraire de Gustave Flaubert Les grandes avenues de la vie politique sont barrées pour longtemps aux ambitions hâtives. […] Si Alfred de Musset, malgré son indifférence politique, se trouve avoir conquis une telle vogue, c’est que le poète chez lui se double d’un orateur ; son éloquence a sauvé sa poésie M. […] La preuve en est que ce passant qui court à ses affaires s’arrête à lire ce morceau de journal, à discuter avec son compagnon sur un point de politique. […] Ce désir d’être soulevé par l’applaudissement des foules et d’en devenir le porte-parole inspiré n’a-t-il pas précipité un génie comme celui de Lamartine dans les misères de la politique quotidienne ? […] Le malheureux s’est affilié, sans trop y croire, à une association politique.
Il est beaucoup question en certains milieux politiques de l’instruction intégrale. […] La psychologie est faite de distinctions, et la politique, et l’art même de vivre. […] La femme française mènerait la politique même, si la politique ne se faisait en dehors de la maison. […] Elle tend à l’action politique. […] Penser selon les ordres d’un directoire religieux ou politique, qu’importe au peuple, qui ne pense pas ?
César est surtout un politique ; c’est aussi un écrivain ; et c’est même un dilettante. […] En même temps, élève d’Aristote, il sait la politique, les sciences, la médecine, et comprend sans doute la métaphysique la plus abstruse. […] Plus rien du civilisateur, du grand rêveur politique, du constructeur d’histoire. […] les pièces, sur la politique et sur les Romains ! […] cette partie historique et politique est fort belle.
homme d’action, il le serait : « Il n’a jamais eu une pensée pour la politique, sans frémir de ne pas tenir l’empire. […] Je crois que Caërdal approuve Salluste qui, écarté de la politique, déclare aussi belle que le gouvernement l’histoire. […] n’a-t-il pas dit que ses ouvrages et son activité politique étaient « les matériaux » de ses Mémoires ? […] C’est en l’honneur de la Raison que la Terreur a commis ses crimes ; c’est en l’honneur de la Science qu’a sévi la politique de persécution religieuse et d’ânerie emphatique ; c’est en l’honneur de la Vie que se démène l’anarchie contemporaine. […] Geneviève retournera chez Calvières, qui a ses raisons politiques de la reprendre : elle n’y consent, d’ailleurs, que par la volonté de Savignan : son renoncement final est un acte d’amour obéissant.
Dans ma politique, ma grande préoccupation est de conserver la paix de ma vie sous quelque gouvernement que je vive ; dans ma religion, de conserver la paix de ma conscience, quelle que soit l’Église dont je fasse partie1104. » De pareilles convictions ne tourmentent pas un homme. […] Voici, par exemple, Mathew Prior ; au premier regard il semble qu’il ait toutes les qualités requises pour le bien porter : il a été ambassadeur en France, il écrit de jolis impromptus français ; il tourne aisément de petits poëmes badins sur un dîner, sur une dame ; il est galant, homme de société, aimable conteur, épicurien, sceptique même, à la façon des courtisans de Charles II, c’est-à-dire jusques et y compris la coquinerie politique ; bref, c’est un mondain accompli dans son genre, ayant le style correct et coulant, maître du vers leste et du vers noble, et qui manie, d’après Bossu et Boileau, les pantins mythologiques. […] Ici, en dépit de la civilisation artificielle et des révérences mondaines, le goût de la chasse et des exercices physiques, les intérêts politiques et les nécessités des élections ramènent les nobles dans leur domaine. […] Celui-ci, fils d’un ecclésiastique et très-pauvre, vécut, comme la plupart des écrivains du temps, de gratifications et de souscriptions littéraires, de sinécures et de pensions politiques, ne se maria point faute d’argent, fit des tragédies parce que les tragédies étaient lucratives, et finit par s’établir dans une maison champêtre, restant au lit jusqu’à midi, indolent, contemplatif, mais bon homme et honnête homme, affectueux et aimé des autres.
Les chefs des partis politiques prennent aujourd’hui le catholicisme comme un mot d’ordre et un drapeau ; mais quelle foi ont-ils dans ses merveilles, et comment suivent-ils sa loi dans leur vie ? […] « La parole, qui trop souvent n’est qu’un mot pour l’homme de haute politique, devient un fait terrible pour l’homme d’armes ; ce que l’un dit légèrement ou avec perfidie, l’autre l’écrit sur la poussière avec son sang, et c’est pour cela qu’il est honoré de tous, par-dessus tous, et que beaucoup doivent baisser les yeux devant lui. […] XV On a dit (et je le crois vrai) que M. de Vigny, libre désormais de ses préférences politiques, avait nourri l’espérance d’être appelé au rôle de gouverneur du Prince impérial. […] Ses opinions politiques étaient au fond monarchiques, mais ses mœurs, aristocratiques avant tout.
Une seconde promenade à sa maison des champs, où il emmène Eckermann, lui fournit l’occasion de lui confier ses pensées secrètes en politique. […] Je ne suis pas du tout opposé aux exercices gymnastiques en Allemagne, aussi j’ai eu d’autant plus de chagrin en voyant qu’on y a mêlé bien vite de la politique, de telle sorte que les autorités se sont vues forcées ou de les restreindre, ou de les défendre et de les suspendre. […] On discuta la question de savoir si les chansons joyeuses d’amour étaient préférables aux chansons politiques. Goethe dit qu’en général un sujet purement poétique était aussi préférable à un sujet politique que l’éternelle vérité de la nature l’est à une opinion de parti.
Le contre-amiral Layrle qui a fait autrefois une station de quatre ans au Japon, et qui vient d’y passer encore deux années, parlait du silence que gardaient les Japonais sur les événements politiques vis-à-vis des Européens, et il nous contait que le président du conseil et le ministre de la marine, avec lesquels il est lié, qu’il avait connus à son premier séjour très petits jeunes gens, très petits bonshommes, il ne pouvait en tirer que des monosyllabes et des exclamations sans signification, quand il les interrogeait. […] » Decazes était aux petits soins pour lui, faisait couper les branches des arbres du jardin du Luxembourg qui donnaient de l’ombre à sa chambre, à son cabinet de travail, et lui rendant souvent visite, l’amusait des potins de la politique. […] » Ce froid doctrinaire, ce diseur de mots féroces, ce dur à cuire semblant fermé à toute tendresse, aurait été pris sur ses quatre-vingts ans, d’une sorte de passion amoureuse pour la duchesse de Dino, à laquelle il écrivait tous les jours ; passion dont la duchesse aurait chauffé l’innocente flamme, flattée de la grande importance politique de l’amoureux. […] Je me rappelle un article d’un journaliste politique, affirmant que la prose de Flaubert déshonorait le règne de Napoléon III, je me rappelle encore un article d’un journal littéraire, où on lui reprochait un style épileptique, — vous savez maintenant, ce que cette épithète contenait d’empoisonnement pour l’homme auquel elle était adressée.
Le titre des Mémoires était singulièrement emphatique, allégorique et symbolique ; le voici en son entier : Mémoires des sages et royales économies d’État, domestiques, politiques et militaires de Henri le Grand, l’exemplaire des rois, le prince des vertus, des armes et des lois, et le père en effet de ses peuples françois ; Et des servitudes utiles, obéissances convenables et administrations loyales de Maximilian de Béthune, l’un des plus confidents familiers et utiles soldats et serviteurs du grand Mars des François ; Dédiés à la France, à tous les bons soldats et tous peuples françois. […] Sully n’est donc pas un philosophe ; bien qu’il paraisse, en maints cas, beaucoup plus politique que religieux, il est superstitieux comme on l’était volontiers en son temps.
» Le comte de Maistre, dans une des charmantes lettres à sa fille, Mlle Constance de Maistre, a badiné agréablement sur cette question, et il y a mêlé des vues pleines de force et de vérité : « L’erreur de certaines femmes est d’imaginer que pour être distinguées, elles doivent l’être à la manière des hommes… On ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été malheureuses ou ridicules par la science. » Au siècle dernier, un jésuite des plus éclairés et des plus spirituels, le père Buffier, qui était de la société de Mme de Lambert, dans une dissertation légèrement paradoxale, s’est plu à soutenir et à prouver que « les femmes sont capables des sciences » ; et après s’être joué dans les diverses branches de la question, après avoir montré qu’il y a eu des femmes politiques comme Zénobie ou la reine Élisabeth, des femmes philosophes comme l’Aspasie de Périclès et tant d’autres, des femmes géomètres et astronomes comme Hypatie ou telle marquise moderne, des femmes docteurs comme la fameuse Cornara de l’école de Padoue, et après s’être un peu moqué de celles qui chez nous, à son exemple, « auraient toutes les envies imaginables d’être docteurs de Sorbonne », — le père Buffier, s’étant ainsi donné carrière et en ayant fini du piquant, arrive à une conclusion mixte et qui n’est plus que raisonnable : À l’égard des autres, dit-il, qui ont des devoirs à remplir, si elles ont du temps de reste, il leur sera toujours beaucoup plus utile de l’employer à se mettre dans l’esprit quelques connaissances honnêtes, pourvu qu’elles n’en tirent point de sotte vanité, que de l’occuper au jeu et à d’autres amusements aussi frivoles et aussi dangereux, tels que ceux qui partagent la vie de la plupart des femmes du monde. […] Ainsi d’abord elle dédie cet Anacréon au sévère M. de Montausier, comme plus tard son mari dédiera son Épictète au Régent avec toutes sortes de belles paroles de l’Écriture dans la dédicace et en ajoutant, de peur d’y manquer : « En effet, Monseigneur, sans la morale, que serait-ce que la politique ?
La vraie Mme de Créqui est pleine de raison, de sens, et n’est surtout pas une marquise à préventions, à passions politiques, telles que le fabricateur des mémoires les aime et comme il s’en vit plus d’une dans un noble faubourg après 1815 ou après 1830. […] Or, le fabricateur des mémoires, qui ne le sait pas et qui ne s’en soucie guère, uniquement préoccupé qu’il est de satisfaire ses rancunes et ses aigreurs politiques et de donner cours à toutes les malignités qui, dans un certain coin du grand monde, s’attachaient depuis la Révolution à la personne de Mme de Staël et de ses parents, suppose que sa marquise en est aussi tout imbue ; il lui met sous la plume des pages impossibles de méchanceté et de diffamation.
Même là où il est sur son terrain et dans sa voie, il a peine à s’en bien démêler ; il entreprend plus d’un écrit philosophique ou politique avec le sentiment qu’il n’en finira jamais : Je fais un écrit politique (sur L’Ordre et la liberté, en 1818) comme Pénélope faisait sa toile.
Il y a un côté par où M. de Mirabeau tomba dans la secte et fut un dévot au docteur Quesnay ; mais, en laissant ce côté particulier et ce coin de paradoxe économique, que d’idées fines et justes dans ses écrits, que de vues justifiées par l’expérience et que ne désavouerait pas le bon sens politique, soit qu’on le prenne dans son mémoire de début sur L’Utilité des États provinciaux (1750), soit dans maint chapitre de L’Ami des hommes (1756), soit dans la Théorie de l’impôt (1760) qui le fit mettre cinq jours au donjon de Vincennes, par un simulacre de châtiment et une concession faite aux puissances financières du temps ! […] Mirabeau faisait alors des vers, des tragédies ou des comédies ; il cultivait, comme il dit, Melpomène ; il commençait à s’occuper d’économie politique et rurale ; il avait des maîtresses, des passions de rechange, toutes les sortes d’ambition ; enfin il était (ce qu’il sera souvent) dans un état volcanique.
Il fallait, à l’exemple de Montesquieu, considérer les révolutions qui sont arrivées dans les mœurs, dans la politique, dans la religion et dans les arts, en établir la réalité, en chercher les causes, en marquer les moments, en un mot, peindre les hommes comme vous l’aviez promis, et non peindre quelques hommes, comme vous l’avez fait. […] Un peu plus de scepticisme ne fera pas mal, surtout de ce côté-ci du Rhin. » Partout il lui prête des maximes, des bouts de tirade et des sorties, des explications de sa conduite : « Ce qu’il y a de singulier, lui fait-il dire (p. 272), c’est que mon penchant à l’indécision n’influe ni sur ma conduite soit militaire, soit politique, ni sur mon caractère.
Le seul bien dont jouit l’Angleterre, et qui est inappréciable, c’est la liberté politique… Son gouvernement étant un mélange d’aristocratie, de démocratie et do monarchie, ce dernier élément, quoique très-limité, est assez puissant pour faire aller la machine sans le secours des deux autres, et pas assez pour nuire au pays ; car, quoique le ministre ait la majorité dans la Chambre, s’il veut faire quelque entreprise nuisible à la nation, ses amis l’abandonnent, comme il arriva dans la guerre de Russie. […] Mme d’Albany, à son arrivée, fut reçue par l’Empereur qui lui dit : « Je sais quelle est votre influence sur la société florentine, je sais aussi que vous vous en servez dans un sens opposé à ma politique ; vous êtes un obstacle à mes projets de fusion entre les Toscans et les Français.
Ce vœu à la fois politique et maternel, il ne lui fut point donné de le voir exaucé. […] Il me reste à parler d’un sérieux épisode politique qui a sa place dans cette Correspondance, aux années 1778-1779, et qui nous montre Marie-Thérèse aux prises encore une fois avec le grand Frédéric, son antagoniste habituel.
Il est purement ultramontain, comme l’on pense bien, et n’entend à aucune transaction politique. […] « J’ai peu de talent, écrit-il (26 octobre 1814), et pourtant en regardant dans ma tête il me semble qu’il y a là quelque chose qui ne demande qu’à sortir. » Les événements politiques pourront encore retarder La Mennais un ou deux ans ; l’écrivain dès lors se sentait prêt, en mesure et de force pour le combat.
Cet esprit de domination qui s’étendait aux choses comme aux hommes, qui prétendait maîtriser et plier sous sa loi les faits politiques comme les éléments, ne se rendait qu’à la dernière extrémité : ce qui lui déplaisait, n’était pas, — ne pouvait et ne devait pas être. […] Au tome IV, page 2, de la Vie politique et militaire de Napoléon.
Deux enfants nés de son mariage, sa femme atteinte d’une lente et mortelle maladie, les difficultés politiques et sociales d’alors, l’assujettirent, autant qu’il semble, à diverses nécessités qui contrariaient ses penchants. […] La distraction, l’apparence, le phénomène, les entraînements littéraires et politiques, le prestige épanoui des arts, l’érudition spéciale et même ingénieusement futile, une succession, un mélange diversifié de passions brûlantes, de manies exquises, de dilettantismes consommés, il a tout traversé, et s’est pris à chaque attrait sans s’arrêter à aucun.
Béranger restait aussi tout à fait en dehors ; mais il le pouvait, grâce à la maturité originale de son génie, au caractère expressément politique de sa mission, à la spécialité unique de son genre. […] En s’appliquant à ces faits, pour leur imprimer le cachet de son génie, pour les tailler en diamants et les enchâsser dans un art très-ferme et très-serré, l’auteur n’a jamais songé, ce semble, à les rapporter aux conceptions générales, soit religieuses, soit politiques, dont ils n’étaient que des fragments ou des vestiges ; la vue d’ensemble ne lui sied pas ; il est trop positif pour y croire ; il croit au fait bien défini, bien circonstancié, poursuivi jusqu’au bout dans sa spécialité de passion et dans son expression matérielle ; le reste lui paraît fumée et nuage.
La victoire, en assurant la paix du dehors, développa dans ces républiques, particulièrement dans la république athénienne, une vie politique d’une activité incomparable. Nous entendons souvent dire que « l’on fait trop de politique ».
La victoire, en assurant la paix du dehors, développa dans ces républiques, particulièrement dans la république athénienne, une vie politique d’une activité incomparable. Nous entendons souvent dire que « l’on fait trop de politique ».
Maintenant, si l’on remarque que chez les modernes européens non-seulement l’État et l’Église se séparent de plus en plus, mais que l’organisation politique est très complexe, qu’elle suppose des subdivisions dans la justice, les finances, etc., on ne pourra point douter que le progrès se fait ici de l’homogène à l’hétérogène. […] Ceux qui considèrent comme légitime d’arguer des phénomènes aux noumènes, peuvent à bon droit soutenir que l’hypothèse de la nébuleuse implique une cause première aussi supérieure au Dieu mécanique de Paley, que celui-ci l’est au fétiche du sauvage132. » III Appliquée aux phénomènes sociaux et politiques, l’idée d’évolution a pour résultat de faire ressortir l’analogie d’une société avec le corps organisé.
Mais, on le sait très bien aujourd’hui par l’accord de tous les témoignages, Marie-Antoinette n’était pas femme à s’occuper volontiers de politique ; elle n’y vint que tard dans les années de la Révolution, et quand il le fallut absolument. […] Le projet politique de Lauzun eut pour effet de l’effrayer ; mais si elle rejetait le projet, elle n’eût pas été fâchée de retenir et de s’attacher le négociateur, qui avait bien, en effet, tout ce qu’il faut pour séduire une femme et une reine, et à qui il ne manquait ici aucun motif pour s’y appliquer.
À un moment (en septembre 1551), il joua même un certain rôle, ayant été envoyé par son ambassadeur au concile de Trente pour y porter les lettres de protestation du roi : mais il ne faut pas s’exagérer le rôle d’Amyot, qui ne fut que très secondaire en cette rencontre comme en toutes les occasions politiques auxquelles il se trouva mêlé. […] Ainsi comblé des honneurs et des avantages de sa profession, on ne voit pas qu’Amyot d’ailleurs ait été aucunement ambitieux en politique : ce n’était pas un de ces précepteurs comme le cardinal de Fleury, qui essaient de s’insinuer dans les grandes affaires et de dominer à jamais l’esprit de ceux qu’ils ont façonnés.
L’auteur ne se pique point d’être un politique ni un historien : c’est une femme qui raconte ce qu’elle a été à même de voir par ses yeux ou d’apprendre des personnes les mieux informées. […] On voit que c’eût été une royaliste assez libérale que Mme de Motteville ; mais cette femme d’esprit et de sens, qui assiste à ces scènes terribles, et qui les raconte, n’est pas dupe des grands mots, ni des apparences ; elle y mêle de ces remarques qui honorent l’historien, et que les politiques ne désavoueraient pas : « Quand les sujets se révoltent, dit-elle, ils y sont poussés par des causes qu’ils ignorent, et, pour l’ordinaire, ce qu’ils demandent n’est pas ce qu’il faut pour les apaiser. » Elle nous montre ces magistrats mêmes, qui avaient été les premiers à émouvoir le peuple, s’étonnant bientôt de le voir se retourner contre eux et ne les pas respecter : « Ils se reconnaissaient la cause de ces désordres, et n’y auraient pu remédier s’ils avaient voulu l’entreprendre ; car, quand le peuple se mêle d’ordonner, il n’y a plus de maître, et chacun en son particulier le veut être. » Rentrons un peu en nous-mêmes, et demandons-nous si ce n’est pas là encore notre histoire.
Cette seconde partie de ses Mémoires, qui le montre s’occupant des affaires d’intérêt public et du ménage politique de la Pennsylvanie, s’étend jusqu’à l’époque de sa première mission en Angleterre (1757), lorsque, âgé déjà de cinquante et un ans, il est chargé par ses compatriotes d’aller y plaider leurs intérêts contre les descendants de Penn, qui abusaient de leurs droits. […] Cependant son frère fut arrêté et emprisonné par ordre du président de l’Assemblée générale du pays pour avoir inséré un article politique d’opposition : il ne fut relâché que moyennant défense de continuer à imprimer son journal.
Au lieu de rester ce qu’il était, un délicieux poète, d’une puissante suavité, un filleul des fées, une voix mystérieuse planant sur le monde comme la voix de la symphonie pastorale de Beethoven, il n’a plus été que l’écho d’inspirations grotesquement hideuses, un carbonaro germanique à tu et à toi avec les carbonari de tous les pays, un jacobin de littérature, par désespoir de n’être pas un jacobin politique, un vulgaire étudiant à béret rouge, en attendant que le béret fût un bonnet de même couleur ! […] Le livre en question n’est qu’une suite de boutades et de coups de boutoir contre l’état politique de l’Allemagne, ses gouvernements, le catholicisme, etc., etc. ; mais la boutade la plus piquante, le coup de boutoir le mieux appliqué, ne valent pas la pleine main, douce et forte, d’une conviction réfléchie.
Il évita la politique, et ne vint aux élections que par conscience. […] Jouffroy étudia les œuvres de l’illustre prédicateur français ; il le jugea moins observateur que logicien, moins logicien qu’orateur, moins orateur que politique.
Des entrefilets politiques portent également sa marque — une empreinte vive et brûlante (comme on en écrivait dans ces mois où la lave fumait encore) — mais il n’a pas eu le temps d’avouer ou de rejeter la paternité de chacun d’eux, et nous devons nous borner à celui que nous avons déjà donné dans Ma Biographi.
Il est plus facile à un orateur politique d’écraser ses ennemis, de conjurer des spectres, de contenir des torrents, de figurer vivement le mal que fera le parti contraire, et le bien que son parti fera, que d’indiquer en termes propres un seul moyen d’écarter le moindre des dangers et de produire le plus léger des biens : on manque d’ordinaire à la transformation des métaphores en idées.
[Entretiens politiques et littéraires (août 1891).]
La supériorité intellectuelle et morale se résumait à peu près en ceci : « Mépriser la politique et aimer le théâtre. — Connaître au moins de vue et de nom les personnages de “la fête” à Paris. — N’aller déjeuner et dîner que dans les restaurants connus. — Faire semblant d’avoir tout lu. — Savoir tous les potins. — Couper les livres des auteurs qui dînent chez vous. — Dîner beaucoup en ville et aller à la messe. — Retenir d’une exposition les tableaux des gens qu’on rencontre dans le monde. — Éviter le solennel et prendre la vie à la blague. » * * * Étrange société où connaître les gens qui font « la fête » suffit pour conférer un titre d’excellence.
Par son genre de vie, par son opposition aux pouvoirs politiques établis, Jean rappelait en effet cette figure étrange de la vieille histoire d’Israël 571.
Ce qui n’a pas peu contribué encore à indisposer le Public contre M. de la Harpe, c’est la maniere impérieuse avec laquelle il a exercé les fonctions de Journaliste, soit dans le Journal de Politique & de Littérature, mort entre ses mains, soit dans le Mercure de France, auquel il travaille aujourd’hui pour la seconde fois.
Qu’il entasse enfin sophisme sur sophisme, calomnie sur calomnie : son autorité sera toujours, aux yeux du vrai Sage & même du Politique éclairé, le ressort le plus puissant pour rétablir l’ordre général & assurer la félicité de chaque individu.
, Gerdès, hanté par l’idée qu’on pouvait interpréter un chapitre politique du livre comme une allusion à l’événement du jour, tout plein, au fond, de méfiance pour ce titre bizarre, incompréhensible, cabalistique, et qui lui semblait cacher un rappel dissimulé du 18 Brumaire, Gerdès, qui manquait d’héroïsme, avait, de son propre mouvement, jeté le paquet d’affiches au feu.
Cet aveu ne nous coûte rien : nous avons permis à l’industrie, au commerce, à la politique, à la marine, à toutes les activités nouvelles ou renouvelées en ce siècle, d’adopter un vocabulaire où l’anglais, s’il ne domine pas encore, tend à prendre au moins la moitié de la place.
Il serait facile d’en faire la démonstration par les faits sociaux et historiques de l’époque contemporaine ; ils se sont traduits notamment par l’incapacité politique du peuple ouvrier ; par rabaissement intellectuel des classes aisées ; par le romantisme plus ou moins accusé de toute la littérature française notable actuelle.
Des choses immortelles ont été faites de nos jours par de grands et nobles poètes personnellement et directement mêlés aux agitations quotidiennes de la vie politique.
Comme ils ont à parler de politique ou de législation, leurs harangues doivent être pleines de mouvemens & de grandes vues.
Qu’on y songe cependant, ce n’est point seulement un programme littéraire, c’est encore une politique et une sociologie.
Le grec ne porte qu’une idée politique et locale, où l’hébreu attache un sentiment moral et universel.
Même les ennemis religieux et politiques de l’auteur, qui n’auraient, pour perdre Michelet comme historien, qu’à citer les faits étrangement immondes dont son livre est plein, ne peuvent pas justement les citer !!!
qui est descendu plus avant dans les profondeurs de la politique ; a mieux tiré de grands résultats des plus petits événements ; a mieux fait à chaque ligne, dans l’histoire d’un homme, l’histoire de l’esprit humain et de tous les siècles ; a mieux surpris la bassesse qui se cache et s’enveloppe ; a mieux démêlé tous les genres de crainte, tous les genres de courage, tous les secrets des passions, tous les motifs des discours, tous les contrastes entre les sentiments et les actions, tous les mouvements que l’âme se dissimule ; a mieux tracé le mélange bizarre des vertus et des vices, l’assemblage des qualités différentes et quelquefois contraires ; la férocité froide et sombre dans Tibère, la férocité ardente dans Caligula, la férocité imbécile dans Claude, la férocité sans frein comme sans honte dans Néron, la férocité hypocrite et timide dans Domitien, les crimes de la domination et ceux de l’esclavage, la fierté qui sert d’un côté pour commander de l’autre, la corruption tranquille et lente, et la corruption impétueuse et hardie, le caractère et l’esprit des révolutions, les vues opposées des chefs, l’instinct féroce et avide du soldat, l’instinct tumultueux et faible de la multitude, et dans Rome la stupidité d’un grand peuple à qui le vaincu, le vainqueur, sont également indifférents, et qui sans choix, sans regret, sans désir, assis aux spectacles, attend froidement qu’on lui annonce son maître ; prêt à battre des mains au hasard à celui qui viendra, et qu’il aurait foulé aux pieds si un autre eût vaincu ?
L’histoire des révolutions civiles et politiques, l’établissement laborieux et compliqué des sociétés modernes, se réduisaient pour lui à peu de chose. […] Les parties faibles de cet écrivain, comme la politique, les sciences exactes et la dialectique, en sont naturellement exclues ; tandis que la morale, la sensibilité et la magnificence des descriptions s’y continuent et s’y fortifient l’une par l’autre dans les dimensions d’un cadre étroit d’où l’instruction sort sans rêveries, le pathétique sans puérilité, et le coloris sans confusion. […] Ce moment, s’il avait pu se prolonger, était particulièrement propice au déisme philosophique, aux vues et aux vœux politiques du solitaire : Louis XVI pour roi, Bailly pour maire, Bernardin de Saint-Pierre pour moraliste du fond de son Jardin-des-Plantes ; et Rabaut-Saint-Étienne pour historien, qui proclamait, comme on sait, la Révolution close et cette constitution de 91 éternelle.
Il veut suppléer à cette clarté qui tombe du ciel, des étoiles, de la conscience du cœur, par je ne sais quel jour faux qu’il emprunte à un système qui n’est pas même le sien, le système de la terreur justifié par le sophisme ; la beauté de l’homicide, l’innocence de la férocité, la vertu du crime, la sainteté de la guillotine politique, la légitimité de l’assassinat juridique de sang-froid, tout ce qui fait horreur aux hommes, tout ce qui fait resplendir d’une lueur sanglante, d’une tache de feu, les noms malheureux des hommes qui ont tué en masse ou en détail leurs frères innocents, il le comprend, il le justifie, il l’exalte, il le transfigure, il le divinise. […] Enfin, il y a l’économie politique, qui n’est pas son fort. […] L’économie politique de l’évêque est donc tout bonnement une irréflexion meurtrière du pauvre, qui périrait le jour où le propriétaire en serait déchargé.
Ce combattant du xvie siècle est un écrivain du xviie : sa vie littéraire ne commence guère qu’à l’heure de sa retraite politique ; ses Tragiques paraissent en 1616268, son Histoire universelle de 1616 à 1620, son Baron de Fæneste en 1617 et 1630 ; jusqu’en 1630, où il meurt, il ne cesse de s’escrimer de sa plume, ne pouvant plus tirer l’épée. […] Sancy, Fæneste par instants, deviennent des types ; et d’Aubigné fait revivre, avec une verve merveilleuse, ici les raffinés piaffeurs et faméliques de la régence, là les politiques souples et bas du règne de Henri IV. […] On fît du burlesque une arme politique dans les Mazarinades ; on l’employa dans les querelles scientifiques, pour discréditer l’antimoine.
La morale d’un médecin peut contredire celle de l’homme politique, la morale du père de famille n’est pas toujours d’accord avec celle du citoyen. […] Il résulte de tout cela des compromis bizarres, des amalgames étranges et incohérents et des déviations nouvelles, depuis le point d’honneur qui force à régler par les armes un différend littéraire ou politique, jusqu’à celui qui provoque le suicide de Vatel, jusqu’à celui qui pousse des gens naïfs à avaler, pendant que sonnent les douze coups de midi, un nombre indigeste d’œufs durs. […] Pour mieux faire ressortir l’attitude de l’esprit, prenons des points de comparaison dans l’organisme et dans la vie politique.
Saint-Sulpice fut, au milieu d’une société si différente, ce qu’il avait toujours été, tempéré, respectueux pour le pouvoir civil, désintéressé des luttes politiques 12. […] On croit avoir fait des chrétiens ; on a fait des esprits faux, des politiques manqués. […] Pour moi, qui crois que la meilleure manière de former des jeunes gens de talent est de ne jamais leur parler de talent ni de style, mais de les instruire et d’exciter fortement leur esprit sur les questions philosophiques, religieuses, politiques, sociales, scientifiques, historiques ; en un mot, de procéder par l’enseignement du fond des choses, et non par l’enseignement d’une creuse rhétorique, je me trouvais entièrement satisfait de cette nouvelle direction.
Maurice Barrès venait y rendre hommage à la poésie avant de s’orienter vers la politique, tout en demeurant un grand écrivain. […] De là, il en venait souvent à ses amis politiques de 48, à Paul de Flotte, à Lamé, l’auteur d’un Julien l’Apostat, à Thalès. […] L’amour, la poésie, la politique ont en Dieu leur source et, venus de lui, ils y ramènent. […] Il admire en lui le poète, l’historien, le politique. […] Ajoutons-y qu’elle est moins dangereuse que celle où il s’agit de politique et de religion.
La discussion roulait sur la philosophie, la politique, la littérature, que sais-je encore ? […] Mais on pense bien qu’il n’est pas élégant du tout de s’intéresser à la politique de son pays. […] Arrête-t-il sa pensée sur la politique ? […] On s’étonnera moins encore qu’il n’ait jamais pris une part active à la lutte, je devrais peut-être dire au pugilat politique. […] Mais arrière la politique, que M.
Enfin l’égalité politique, réclamée et obtenue en 1789, aboutit à la Commune de 1871, et la « proclamation des droits de l’homme » fait place aux prétentions monstrueuses du socialisme anarchique. […] Secrétan : la question politique, la question économique. […] Secrétan, dont la culture est aussi étendue que son érudition est vaste, est également versé en théologie, en philosophie et en économie politique. […] Mais un élément d’inquiétude, encore aggravé par la politique incertaine et les chances aléatoires de la démocratie, ne tarda point à s’infiltrer dans les esprits. […] Revue politique et littéraire, janvier 1885.
Un gouvernement sage, une politique habile & profonde, une suite non interrompue de victoires, des mœurs que le luxe n’avoit point encore amollies ni corrompues, rendoient sans doute les Romains un peuple illustre & redoutable ; mais c’est aux Arts & aux Sciences de la Grèce, dont ils firent une étude suivie, qu’ils doivent la portion la plus estimable de leur gloire, & celle que le temps respectera toujours. […] Ainsi les Gaulois n’ont connu les ouvrages de l’Antiquité Latine, que sous la domination des Romains, accoutumés à imposer aux vaincus la nécessité d’apprendre, de parler & d’écrire la langue des vainqueurs ; car leur politique étoit d’étendre l’usage de leur langue aussi loin que leurs conquêtes : politique négligée par les Grecs, & à laquelle la langue Latine est redevable de la gloire d’être constamment demeurée la langue vulgaire de tous les gens de Lettres ; tandis que la langue Grecque n’est aujourd’hui bien connue que d’un petit nombre de Savans. […] Le Cardinal de Richelieu, Ministre dont les vastes desseins ne tendoient qu’à élever sur les fondemens les plus solides la gloire de son Maître & de la Monarchie, fut le premier qui sentit la nécessité de s’occuper particulièrement du soin de polir la langue Françoise & de la perfectionner ; passionnée pour tout ce qui pouvoit contribuer à l’utilité de l’Etat, peut-être entra-t-il autant de politique, que d’amour pour les Lettres, dans l’établissement qu’il forma en leur faveur. Un Royaume, quelque riche & puissant qu’il soit, quelque supériorité qu’il ait sur ses voisins par la politique & par les armes, est loin encore de la véritable puissance, s’il n’est pas également supérieur par les lumières.
Samedi 3 janvier Ah, si un parti politique quelconque avait mis à l’exécution l’idée, que je lui donnais dans ce Journal, l’idée de créer dans le gouvernement : un Ministère de la Souffrance publique, que de choses menaçantes qui sont, ne seraient pas ! […] Mardi 3 février Ce soir, en descendant l’escalier de Brébant, Hébrard jetait ces paroles aux échos : « Ce n’est plus que la politique des bureaux de tabac. […] Zola se livre à une sortie contre les hommes politiques, qu’il déclare nos ennemis, et je pense absolument comme lui. […] Le vieux Parrocel, ce descendant d’une lignée de quatorze peintres, cet ex-cuisinier, héritier d’un marquisat, ce peintre, ce poète, ce musicien, cet historien d’art, ce maître d’hôtel enfin, qui n’a pu tout à fait quitter son métier, et qui l’exerce, encore gratis, en son petit château de pierre blanche, au profit des célébrités littéraires et politiques. […] De douze cents exemplaires, je suis tombé à vingt-cinq… oui, vingt-cinq. » Et me parlant des causes qui, indépendamment de la politique, ont amené cet incroyable abaissement de la vente, Quantin me parle de la diminution du capital à Paris, depuis le krack, et surtout de la difficulté du rembaillement des terres en province, ce qui fait que les propriétaires fonciers, les acheteurs principaux des livres de luxe, ne savent pas, si l’année qui vient, ils auront dix ou trente mille livres de rente — et ils n’achètent plus rien.
Je ne suis décidément pas aimé des hommes politiques, et je le mérite par mon mépris pour eux. […] Malgré une petite pluie fine, une population grouillante autour de la mairie de Passy, comme un jour d’émeute… C’est effrayant le monde dans la salle, c’est tout le monde politique, tout le monde littéraire, tout le monde élégant, enfin tous les mondes de Paris. […] Mardi 3 mars Dîner d’hommes politiques chez Charpentier. […] » Jeudi 25 juin Quelqu’un de bien renseigné, me parlant des fonds secrets, m’apprenait qu’il n’y avait pas seulement le mandat jaune qui exigeait une signature, et où la signature certifiait la somme donnée, mais qu’il y avait l’argent d’un certain tiroir du ministère, donné de la main à la main, et qu’il croyait être l’argent avec lequel vivaient deux ou trois hommes politiques : argent dont le ministre ne spécifie la destination que sur une feuille de papier, qu’il met sous les yeux du Président de la République, lorsqu’il quitte le ministère. […] Et dans ses paroles revient, à tout moment, le nom de Bourgeois, de Constans, auxquels il a écrit, qu’il a vus, accusant chez lui un curieux envahissement de l’ambition politique.
. — Hugo n’a rien du scepticisme politique de Beyle, pas plus que de son indépendance à l’égard de toute foi religieuse. […] En politique comme en métaphysique, c’est un croyant, un enthousiaste, ainsi que les Lamennais, les Michelet, les Carlyle, les Parker, les Emerson. […] Quand la foule regarde les riches avec ces yeux-là, ce ne sont pas des pensées qu’il y a dans tous les cerveaux, ce sont des événements. » Victor Hugo, ici, a le courage de regarder le péril en face : « Les riches, écrit-il, sont en question dans ce siècle comme les nobles au siècle dernier. » Et il a aussi le courage de montrer la vanité des revendications dont il parle : ce n’est pas la pauvreté, c’est « l’envie » qui les dicte, et c’est à la richesse que la pauvreté s’en prend, sans se douter que, la richesse supprimée, « il n’y a plus rien pour personne214. » En 1830, il avait eu une idée fort juste sur la nécessité d’instruire le peuple avant de lui donner le droit de suffrage. « Les droits politiques doivent, évidemment aussi, sommeiller dans l’individu, jusqu’à ce que l’individu sache clairement ce que c’est que des droits politiques, ce que cela signifie, et ce que l’on en fait. […] S’il avait pu avoir, sans préjudice pour son imagination même, une plus complète éducation scientifique et plus de raison politique, il eût réalisé le type de la plus haute poésie : celle où toutes les idées métaphysiques, religieuses, morales et sociales, prennent vie et se meuvent sous les yeux, parlent tout ensemble à l’oreille et au cœur.
Dans sa préface, Duclos regrette de n’avoir pu jeter plus de lumière sur la partie financière de son sujet : La politique, dit-il, la guerre, la finance, exigeraient chacune une histoire particulière et un écrivain qui eût fait son objet capital de l’étude de sa matière. […] Ami intime de Bernis et tenu par lui au courant de tout le jeu, Duclos a écrit ce qu’il y a de plus exact sur cette partie délicate de l’histoire politique du xviiie siècle.
Dans le cours de cette même année (1795), Saint-Martin publia sa Lettre à un ami, ou Considérations politiques, philosophiques et religieuses sur la Révolution française, avec cette épigraphe tirée des Nuits d’Young : « Le ciel dispose toutes choses pour le plus grand bien de l’homme. » Cette brochure fut peu lue ; mais, éclairée pour nous aujourd’hui par le livre des Considérations de M. de Maistre, elle a une grande valeur comme indication et comme présage ; il n’en faut point séparer l’Éclair sur l’association humaine, qui parut deux ans après (1797). […] À force de vouloir tout deviner dans le passé et dans l’avenir, de tels hommes ne voient plus rien de certain autour d’eux ; ils croient savoir au juste ce qui se passait dans le paradis terrestre et ce qu’était Adam avant son sommeil, ce que redeviendra l’homme après sa réparation, et ils n’entendent rien aux conditions les plus indispensables et les plus immédiates de l’ordre social et du bon ménage politique.
Louis XIV était trop loin, et d’ailleurs ce grand roi, qui envisageait les choses à un point de vue surtout politique et prudent, se fût bien gardé d’autoriser son général à une entreprise qui dépassait à ce point les horizons connus. […] Au milieu de la rigueur nécessaire, il s’y montre assez humain, bon politique, observateur éclairé et curieux des cerveaux en délire, nullement présomptueux : « Quand on a, dit-il, à ramener un peuple qui a la tête renversée, on ne peut répondre de rien que tout ne soit consommé. » Témoin des phénomènes physiologiques les plus bizarres, des tremblements convulsifs des prophètes et prophétesses, il est un de ceux dont la science invoquera un jour le témoignage : J’ai vu dans ce genre des choses que je n’aurais jamais crues si elles ne s’étaient passées sous mes yeux : une ville entière, dont toutes les femmes et les filles, sans exception, paraissaient possédées du diable.
C’était l’heure précisément où l’on venait de reprendre Corbie sur les Espagnols (14 novembre 1636), où Voiture écrivait à ce sujet la lettre si éloquente et si française qui, en révélant dans ce bel esprit un sens politique supérieur, est, à sa manière, une pièce d’histoire. […] L’histoire littéraire ne marche pas comme l’histoire politique : ce n’est point par annales régulières qu’elle procède.
Il y a eu un temps, non encore très éloigné, où lorsqu’il y avait pour le Gouvernement, par exemple, à écrire quelque pièce publique et d’apparat, on cherchait ce qu’on appelait une belle plume ; où l’on recourait à un Pellisson, à un Fontenelle, à un Fontanes, pour mettre en belles phrases une instruction, un manifeste politique, pour rédiger un rapport. […] Ce n’est que lorsqu’on a pénétré le Moyen-Age, sa philosophie, sa théologie, sa dialectique, son idéal amoureux ; ce n’est que lorsqu’on a aussi connu à fond la vie politique et poétique de Dante, qu’on a marché d’un pas plus sûr à travers les cercles et tout le labyrinthe du mystérieux poème, et qu’on a conquis, pour ainsi dire, l’admiration.
Lenient, De la Satire en France ou de la Littérature militante au xvie siècle (1866) ; mais surtout la forme nouvelle de la satire philosophique, politique, morale, y est suivie de près dans les œuvres de Du Bellay, Ronsard, Grévin, Jean de La Taille, Rapin, Passerai, d’Aubigné, jusqu’à Vauquelin de La Fresnaye et Mathurin Régnier. […] Et il est bien entendu que nous ne voulons ici nous placer qu’au point de vue strictement littéraire ; nous n’aborderons à dessein ni la politique, ni la philosophie, ni la religion.
… » Circonstance aggravante, dans un milieu réactionnaire, Baju ne cachait pas ses préférences pour l’idéal politique de Jules Guesde. […] Il ne devait plus s’occuper que de politique.
Nos politiques lettrés seraient les sophistes hommes d’État, Dion Chrysostome, Themistius, Libanius. […] Aristote, Politique, I, 11, 5.
En politique, elle est soumise aux puissances établies ; elle est profondément monarchique ; je ne vois aucun écrivain qui se dérobe au prestige du roi-soleil, qui ne lui paie un jour ou l’autre son tribut d’adulation et d’idolâtrie. […] Pendant la Révolution, la littérature politique aura son tour de primauté.
Quoiqu’il n’entre pas dans mon sujet de faire connaître les causes qui opérèrent la révocation de l’édit de Nantes, ni de faire connaître la vie politique de madame de Maintenon, je veux indiquer au moins les autorités et les faits d’où il résulte que madame de Maintenon a été non seulement étrangère, mais aussi opposée qu’elle pouvait l’être à la persécution des protestants, et je crois pouvoir conclure, avec une pleine assurance, de tout ce qui précède, que la fortune de madame de Maintenon fut exclusivement le triomphe de ses charmes. […] Je n’ai pas eu le dessein d’écrire la vie entière de madame de Maintenon, et de la suivre dans son existence politique.
Mon point de vue d’ailleurs est restreint, et, sans fuir ce qui me semble à dire en politique, je me bornerai le plus possible à ce qui est de la langue et du goût. […] C’est le clerc de la basoche, monté sur une table de café et élevé à l’importance d’un agitateur politique.
» La Bruyère présageait et voyait déjà quelque chose de ce changement profond qui a éclaté depuis, quand il disait : Pendant que les grands négligent de rien connaître, je ne dis pas seulement aux intérêts des princes et aux affaires publiques, mais à leurs propres affaires ; qu’ils ignorent l’économie et la science d’un père de famille, et qu’ils se louent eux-mêmes de cette ignorance…, des citoyens s’instruisent du dedans et du dehors d’un royaume, étudient le gouvernement, deviennent fins et politiques, savent le fort et le faible de tout un État, songent à se mieux placer, se placent, s’élèvent, deviennent puissants, soulagent le prince d’une partie des soins publics. […] Elle rêvait dans l’avenir gloire, grandeur politique, puissance, et, en attendant, elle voulut vivre le plus à son gré et le plus en souveraine qu’elle pût, rendre le moins possible aux autres et se passer tous ses caprices, avoir sa cour à elle, où ne brillât nul astre rival du sien.
Son père, Gaston, duc d’Orléans, doué de mille qualités de l’esprit, et de pas une de celles qui tiennent au cœur et au caractère, était l’âme de toutes les intrigues politiques dirigées contre Richelieu, et compromettait sans cesse des serviteurs et des amis, qu’ensuite il abandonnait. […] Étrangère aux intrigues et incapable de politique, les choses de la Fronde étaient déjà en pleine dissolution et les négociations entamées de tous côtés, qu’elle ne s’en doutait pas.
Et embrassant lui-même d’un coup d’œil toute sa vie, il se rappelait avec fierté les deux grandes guerres auxquelles il avait pris part depuis 1688 jusqu’en 1714, celles de Hongrie et de Sicile où il s’était distingué en chef depuis 1716 jusqu’en 1719, la connaissance où il avait été des conseils et des résolutions importantes prises par les plus grands personnages politiques dans tout le temps de cette vie active à l’étranger ; il se représentait ce que pourrait être un tableau ainsi tracé de sa main : Vous jugerez bien, ajoutait-il, que les mémoires d’un homme tel que moi auraient plus de consistance que les romans qu’on m’a faussement attribués. […] Il avait pu écrire à son frère, en un jour de forfanterie et dans un parti pris de gaieté, ce mot significatif qui résume toute une philosophie d’abaissement et d’abandon : Au surplus, portez-vous bien, et souvenez-vous qu’il n’y a que fadaises en ce bas monde, distinguées en gaillardes, sérieuses, politiques, juridiques, ecclésiastiques, savantes, tristes, etc., mais qu’il n’y a que les premières, et de se tenir toujours le ventre libre, qui fasse vivre joyeusement et longtemps.
Depuis lui, on a eu des maîtres d’une autre nature, ambitieux eux-mêmes et disant à leurs élèves hautement : « Ayons de l’ambition, messieurs, il en faut… » ; des maîtres éloquents, hardis, quelquefois présomptueux, bons à leurs disciples, mais au besoin jaloux aussi et rivaux si ces derniers grandissent trop et s’émancipent ; des maîtres enfin désirant rester tels toujours et sous toutes les formes, aimant la domination, et sachant sans trop de difficulté passer de l’exercice de renseignement à la prise de possession du pouvoir politique. […] Pour rendre à ces nouveaux venus le respect des lettres et des nobles études, on ne saurait les présenter trop sérieuses, trop essentielles à la nature humaine et à son développement, trop liées avec tout ce qui est utile dans l’histoire, dans la politique, trop conformes à la vraie connaissance morale et à l’expérience.
Ces harmonies qu’il ne pouvait réaliser sur la terre dans l’ordre politique et civil, il les demanda à l’étude de la nature, et il en raconta avec consolation et délices ce qu’il en entrevoyait : « Toutes mes idées ne sont que des ombres de la nature, recueillies par une autre ombre. » Mais à ces ombres son pinceau mêlait la suavité et la lumière ; c’est assez pour sa gloire. […] Bernardin, qui a sollicité à satiété, s’irrite de la forme, et du fonds sur lequel la somme est assignée ; c’est comme officier du roi, comme capitaine-ingénieur qu’il veut être indemnisé, ou comme ayant servi la politique française en Pologne ; il écrit au ministre « qu’il lui est impossible d’accepter une aumône de son département ».
Mercredi 13 avril Un homme politique disait, ce soir, au fumoir de la princesse, que la principale cause de nos désastres en 1870, avait été un rapport de l’archiduc d’Autriche, affirmant à l’Empereur, que la mobilisation de l’armée prussienne ne pouvait être opérée que le 10 août, — et elle avait été faite le 31 juillet. […] * * * — Conversation entre deux hommes politiques.
L’Angleterre en politique a Cromwell, en philosophie Bacon, en science Newton ; trois hauts génies. […] En avril 1764, il y avait deux cents ans que Shakespeare était né, l’Angleterre contemplait l’aurore de Georges III, roi destiné à l’imbécillité, lequel, à cette époque, dans des conciliabules et des aparté peu constitutionnels avec les chefs tories et les landgraves allemands, ébauchait cette politique de résistance au progrès qui devait lutter, d’abord contre la liberté en Amérique, puis contre la démocratie en France, et qui, rien que sous le seul ministère du premier Pitt, avait, dès 1778, endetté l’Angleterre de quatre-vingt millions sterling.
Le Cid n’a eu qu’une voix pour lui à sa naissance, qui a été celle de l’admiration ; il s’est vu plus fort que l’autorité et la politique, qui ont tenté vainement de le détruire ; il a réuni en sa faveur des esprits toujours partagés d’opinions et de sentiments ; les grands et le peuple : ils s’accordent tous à le savoir de mémoire, et à prévenir au théâtre les acteurs qui le récitent. […] Le sublime du nouvelliste est le raisonnement creux sur la politique.
Connu déjà pour d’autres poésies, couronné plusieurs fois par l’Institut, malgré le talent le moins académique, ayant abordé vaillamment la satire politique, le seul genre de poésie qui rende vite un nom populaire, — après la poésie dramatique toutefois, — M. […] Sans ses ennemis politiques, sans ces papes qu’il osait damner, ne croyant pas que ce fût assez de les insulter et de les maudire, Dante, ce Juvénal du Moyen Age, ce pamphlétaire plus grand que Tacite, auquel des critiques qui ressemblent un peu aux petits garçons de Florence ont voulu donner l’air inspiré d’un prophète revenant de l’autre monde, tandis qu’il est un homme du temps, se possédant fort bien, au contraire, et tenant d’une main très-froide son stylet de feu, Dante n’aurait jamais songé à enfoncer son profond regard, fait pour juger les hommes et leur commander, dans cette conception de l’enfer, dont la vision pour lui se mêle à d’autres rêves et qu’il a faussée au profit de ses haines et sous le coup de ses douleurs.
On a insisté avec lourdeur et maladresse sur les opinions politiques d’Émile Augier. […] Il savait au surplus que la politique n’est pas une science, à peine un art. […] La baronne Pfeffers pêchant un mari dans l’eau trouble des combinaisons politiques, M. […] Il touche à la satire politique dans Rabagas. […] De nouvelles « couches sociales » arrivent à la vie politique.
Victorin Fabre se donna le change à lui-même, et il interrompit bientôt ses leçons en se disant et en disant à ceux qui lui en parlaient qu’il s’était aperçu du danger que pouvaient avoir, dans l’état des circonstances politiques, certaines doctrines incomplétement expliquées et légèrement comprises.
Jusque-là, son pouvoir avait été précaire et contesté ; et, si elle avait terminé sa vie politique en 1705, elle n’aurait offert au jugement de l’histoire qu’un caractère équivoque et mal éclairci.
Mais avant que toute l’Europe fût civilisée, avant que le système politique et militaire et l’emploi de l’artillerie eussent balancé les forces, enfin avant l’imprimerie, l’esprit national, les lumières nationales devaient être aisément la proie des barbares, toujours plus aguerris que les autres hommes.
Et avec cela, comme au siècle précédent, la conversation, où toute matière était touchée, où, devant les femmes et par elles, jamais avec pesanteur, parfois avec profondeur, étaient agitées les plus sérieuses questions de morale et de religion, de politique et d’économie.
Principaux signes caractéristiques : race sanguine, rosbif, gin, thé, orgueil insulaire, sport, canotage, lawn-tennis, la plus puissante aristocratie du monde, keepseakes, home, parlementarisme, loyalisme, politique féroce, respect du passé, esthètes, sentiment religieux, bible, armée du salut, dimanche anglais, hypocrisie anglaise, etc.
[Entretiens politiques et littéraires (1893).]
Il fallut révoquer au bout de trois mois d’administration, l’auteur des commentaires politiques sur Tacite, et du fameux livre la pierre de touche.
Valéry Vernier, moi qui ne mêle point la politique à la littérature et qui ne trouve pas l’Italie de ces derniers temps grande dans autre chose que dans l’opéra et dans le ballet, je me permets de nier résolument le grand poète qu’on nous fait de Leopardi.
En politique, on doit faire de même ; or telle est cette passion : Sparte a besoin de trois cents hommes qui meurent ; ils se dévouent.
De la physique poétique Après avoir observé quelle fut la sagesse des premiers hommes dans la logique, la morale, l’économie et la politique, passons au second rameau de l’arbre métaphysique, c’est-à-dire à la physique, et de là à la cosmographie, par laquelle nous parvenons à l’astronomie, pour traiter ensuite de la chronologie et de la géographie, qui en dérivent.
De même, en politique, il ne voudra pas être chef de parti. […] La politique surtout est pour lui une matière à dissertations abondantes. […] Puis, nous trouvons dans les recueils lyriques de Victor Hugo beaucoup des épisodes de la chronique au jour le jour : les événements publics ou privés, les naissances, les deuils, les cérémonies, les morts, les suicides ; surtout, la politique tient beaucoup de place dans cette œuvre de Victor Hugo. Et, à ce sujet, on a souvent reproché à Victor Hugo ses variations en politique. […] Voilà les principaux des thèmes que nous trouvons dans l’œuvre de Victor Hugo : thèmes sur la famille, sur les événements de chaque jour, sur la politique, sur la morale.
. — Sa morale, son esthétique, sa politique, sa logique, sa psychologie, sa métaphysique. — Esprit et objet de sa philosophie. […] Pour remplir les salons, il faut un certain état politique, et cet état, qui est la suprématie du roi jointe à la régularité de la police, s’établissait à la même époque des deux côtés du détroit. […] Ses façons d’écrivain sont conformes à ses maximes de politique. […] Par dégoût et par contraste, une révolution se préparait dans les inclinations littéraires et dans les habitudes morales en même temps que dans les croyances générales et dans la constitution politique. […] Et tout à côté on rencontre des allusions politiques.
Dans la conduite, finesse exprime toûjours, comme dans les Arts, quelque chose de délié ; elle peut quelquefois subsister sans l’habileté ; il est rare qu’elle ne soit pas mêlée d’un peu de fourberie ; la politique l’admet, & la société la réprouve. […] Tout le monde convient que Cromwel étoit le général le plus intrépide de son tems, le plus profond politique, le plus capable de conduire un parti, un parlement, une armée. […] Xénophon dans son roman moral & politique, le fait mourir dans son lit. […] C’est sur la fin de ce siecle qu’un nouveau monde est découvert ; & bientôt après la politique de l’Europe & les arts prennent une forme nouvelle. […] En vain l’auteur des causes de la chûte de l’empire romain blâme-t-il Justinien, d’avoir eu la même politique que Louis XIV.
Toutes sont également faites pour la liberté, pour cette liberté qui, dans un état de société peu avancé, n’appartient qu’à l’individu ; mais qui, chez les nations appelées à la jouissance de véritables institutions politiques, est le droit de la communauté tout entière. […] Puis Cicéron, l’homme d’État malheureux, se réfugiant dans la nature, conserve dans son cœur, en proie aux passions politiques, un goût vif pour la nature et l’amour de la solitude. […] Le lieu où fut relégué Ovide était une lande marécageuse ; accablé par une disgrâce au-dessus de ses forces, il était plus disposé à se reporter en souvenir aux jouissances du monde et aux événements politiques de Rome, qu’à contempler les vastes déserts qui l’entouraient.
C’est ainsi qu’ils comprenaient la politique. Ces principes, vrais quand on commande au nom de Dieu et quand on obéit par humilité volontaire, étaient admirables dans la famille, inapplicables dans la société politique. […] Il ne visait point à la gloire : il laissait la prophétie à son frère, la politique aux hommes d’État.
Si je regarde celles des Pensées qui touchent à la société, aux gouvernements, à la justice, aux grands, Pascal voit plus loin que Descartes, dont la politique est de s’accommoder de ce qui est établi ; plus loin que Bossuet, qui bornait ses vues à la monarchie absolue tempérée par des lois fondamentales. […] Tel est, en effet, le prix que le christianisme a donné aux vérités de la morale, qu’il n’y a pas d’intérêt purement humain, fût-ce la liberté ou l’indépendance d’un peuple, qui pût inspirer à un politique une éloquence plus durable qu’à un chrétien, qui a la foi et le génie, la défense de ces vérités. […] La lettre sur l’homicide ne condamne pas moins les casuistes politiques, qui veulent tuer les personnes pour détruire les opinions, que les casuistes moralistes de 1656 qui permettaient de tuer pour un soufflet.
Il y a trois questions : La question littéraire ; La question politique ; La question personnelle, — ou plutôt la question sociale. […] La question politique ? […] Il nous reste à faire un appel à l’opinion, à cette grande majorité de spectateurs qui a applaudi Henriette Maréchal, à tout ce monde d’hommes et de femmes du Paris intelligent et lettré qui ne veut pas que la tyrannie de la politique ou l’exagération de la morale touche à ses plaisirs, à ses goûts, à ses sympathies.
Les choses politiques ont leurs révolutions et leur cours ; les guerres se succèdent, les règnes glorieux font place aux désastres ; mais, de temps à autre, là où l’on s’y attend le moins, il arrive que sur ce fond orageux, du sein du tourbillon, une blanche figure se détache et plane : c’est Françoise de Rimini qui console de l’enfer. […] Vers 1663, il entra dans la politique de Louis XIV de secourir le Portugal contre l’Espagne, mais de le secourir indirectement ; on fournit sous main des subsides, on favorisa des levées, une foule de volontaires y coururent. […] Laissez-moi, par politique, quelque air de raison et de liberté. […] Lettres historiques, politiques, philosophiques et littéraires de lord Bolingbroke ; 3 vol. in-8°, 1808.
Il a, outre sa grimace, un caractère et un tempérament ; il est gros, fort, rouge, brutal, sensuel ; la vigueur de son sang le rend audacieux ; son audace le rend calme ; son audace, son calme, sa promptitude de décision, son mépris des hommes font de lui un grand politique. […] Les Anglais, dans leurs parlements, dans leurs meetings, dans leurs associations et dans leurs cérémonies publiques, ont appris la phrase oratoire, les termes abstraits, le style de l’économie politique, du journalisme et du prospectus. […] Le hasard d’une invasion victorieuse et d’une aristocratie imposée, en fondant l’exercice de la liberté politique, a imprimé dans le caractère des habitudes de lutte et d’orgueil. […] La politique, les affaires et la religion, comme trois puissantes machines, ont formé, par-dessus l’homme ancien, un homme nouveau.
— IV Depuis cet exil volontaire à l’intérieur, je me suis retourné tout entier vers le passé ; je ne me suis plus occupé de la politique de l’avenir, pas même par la pensée. […] Il vécut assez pour entrevoir l’aurore de jours meilleurs, et pour espérer en l’avenir politique de la France. […] À quoi tiennent, mon Dieu, les vertus politiques ? […] Les symptômes sont alarmants ; vos paisibles amis de Paris, qui font de la politique avec leur encre et leur papier dans la liberté des théories, verront à quels éléments réels ils vont avoir affaire.
J’avais peur de la scène politique, mais tout passe, la scène politique et les autres, et il me semble qu’on rit et qu’on applaudit. […] La politique se fera en dehors de la Chambre, et les gens de la Chambre ne seront plus que des mandataires domestiques d’électeurs, des distributeurs à la province, de tronçons de chemins de fer, de bureaux de tabac et de poste, de places de gardes champêtres, etc., etc., en un mot de bas ouvriers gouvernementaux, jouissant de la déconsidération des membres des parlements américains — et si quelque chose peut tuer le parlementarisme, ce sera cela…. […] » Barrès est en train d’écrire une pièce politique : Une journée parlementaire, où il n’a pas osé risquer une séance ; toutefois il craint que la pièce ne soit arrêtée par la censure.
Le souci politique de jeunes arrivistes pour qui l’art est un moyen. […] Quand donc nos songe-creux se décideront-ils à la besogne d’améliorer le sort de la classe salariée, quand se mettront-ils à l’étude de l’histoire économique et de l’économie politique ? […] Mon choix personnel, dicté par mon plaisir et mes goûts, irait surtout à Baudelaire, souvent à Lamartine ou à Vigny ; mon vote est pour Victor Hugo. — Je lui en veux de son gongorisme, de sa brutalité quelquefois maladroite ; je me permets ds penser sa politique au-dessous de la sottise la plus consommée, et je déplore chez lui certains de ces côtés communs que Taine a seuls voulu envisager à l’exclusion des autres ; mais des poèmes comme Booz endormi, les Chevaliers Errants et le Satyre, comme l’Hymne à Pégase dans les Chansons des Rues et des Bois , comme l’Élégie funèbre de Gautier, de telles pièces — choisies entre mille — contiennent un souffle, une vision, une force poétiques dont aucun auteur du xixe siècle n’a doté les lettres françaises. — Hugo — le père Hugo — est un arbre immense, et les autres poètes sont autour de lui comme des fleurs. […] Catulle Mendès qui, fidèle à sa vieille politique, acclame les poètes morts pour mieux étouffer les vivants.
Il soutint noblement jusqu’au bout le rôle qu’il avait élu tout d’abord, par vue politique et par sentiment ; mais le grand désenchanté l’était de la religion comme du reste. […] Cet effet est fort visible dans les différents Etats, mais surtout en France, lors des grandes crises politiques ou morales. […] Cela lui servit en politique et en morale, aussi bien qu’en philologie. […] On dit que cette conclusion et ces retouches lui furent dictées par des scrupules politiques. […] Un agitateur politique qui se reposait d’intrigues manquées près de quelques femmes d’esprit.
Si on se réunit le soir pour faire de la musique, on se réunit aussi pour prendre le thé, pour dîner, pour causer politique ou affaires. […] L’œuvre d’art a-t-elle besoin pour naître de certaines conditions civiles et politiques que la démocratie ne pourrait lui fournir ? […] Distinguons du reste entre les génies politiques et les génies de l’art : qui donc, parmi les démocrates les plus exaltés, a jamais eu peur de M. […] Renan eût été un bon politique, et lui-même, ce grand douteur, en douterait sans doute tout le premier. Quant aux génies proprement politiques, on s’est toujours défié d’eux, sous tous les régimes.
Cela, je le sais, ne rentre pas, pour le moment, dans nos données et nos visées politiques ou sociales.
Les jouissances du pouvoir et des intérêts politiques remportent presque toujours sur les succès purement littéraires ; et quand la forme du gouvernement appelle les talents supérieurs à l’exercice des emplois publics, c’est vers l’éloquence, l’histoire et la philosophie, c’est vers la partie de la littérature qui tient le plus immédiatement à la connaissance des hommes et des événements, que se dirigent les travaux.
Toute sorte de plans politiques l’occupent, il envoie mémoires sur mémoires aux ministres, sans oublier les mémoires de ses services et de ses droits, se fâche des gratifications pécuniaires qu’on lui accorde, et les empoche après s’être fâché.
Prévost ose encore écrire sérieusement : « Le front las des penseurs (page 32) » ; il nous dit que la clientèle était peu lucrative à Tonneins (idem) ; il nous parle d’« un avenir politique naissant de la notoriété du génie de Paul Delcombe (page 91) », etc., etc… Beaucoup d’écrivains d’un réel talent commettent aujourd’hui des fautes de ce genre.
Mais à l’intelligence sereine et puissante du noble Goethe, Mistral joint un flair politique très aiguisé.
[Entretiens politiques et littéraires (sept.
Les désordres de la Fronde ont pu dégoûter de la liberté politique.
L’économie politique nous offre des exemples encore plus nombreux ; elle est en grande partie une enquête sur l’action des motifs, et elle se fonde sur ce principe que les voûtions humaines sont sous l’influence de causes précises et déterminables.
L’esprit des Concini, leur dévergondage, leur insolence, leur politique servirent de prétexte aux princes de Condé, aux princes de Vendôme, aux ducs de Mayenne, de Longueville, de Guise, de Nevers et de Bouillon, pour se soulever.
Son action politique a été étendue.
et l’Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre 20 par le seul duc qui soit un peu connu, parce qu’il a pris position de roi dans l’histoire, qu’est-ce que cela fait au xixe siècle, à sa politique, à son industrie, à ses passions, à sa haute raison et même à sa curiosité ?
Si Junius, ce masque de fer épistolaire de la littérature anglaise, cet impatientant inconnu, qui avait pour devise les mots latins : Nominis umbra, n’était pas un magnifique écrivain politique ; si, par le talent à la changeante physionomie, il n’avait pas désespéré l’hypothèse, et fait dire tour à tour : « Serait-ce Burke ?
Nous permettrez-vous, politiques de tous les partis, et vous-mêmes, farouches libéraux de 1845, de nous attendrir devant le chef-d’œuvre de David ?
Il eût mieux valu dire que sa valeur n’était rien à son humanité ; qu’empereur il fut modeste et doux ; que maître absolu, il donna, par ses vertus, des bornes à un pouvoir qui n’en avait pas ; qu’il n’eut point de trésor, parce qu’il voulait que chacun de ses sujets en eût un ; que les jours de fêtes, il empruntait la vaisselle d’or et d’argent de ses amis, parce qu’il n’en avait point lui-même ; qu’il fut humain en religion comme en politique ; et que, pendant tout le temps qu’il régna, tandis que les autres empereurs, persécuteurs des chrétiens, lui donnaient l’exemple d’une superstition inquiète et féroce, il ne fit jamais, dans ses États, ni dresser un échafaud, ni allumer un bûcher.
Rappelons seulement que les premiers triomphes de l’âme italienne parmi l’âme française coïncidèrent avec les relations politiques et guerrières, sous Louis XII, de la France avec l’Italie ; la Renaissance fut chez nous une espèce de mal de Naples. […] Comme 1789, je le répète, créa notre patrie politique, 1830 a créé notre patrie littéraire. […] Et son lyrisme ne sera jamais atténué, ni dans le roman en vers, ni dans le roman en prose, ni par les voyages, ni par la politique, ni même par son dédain d’amateur dandy pour les génies artistes. […] La question, du reste, est simple, facilement soluble : il est bien certain que jamais le poète, en sa générale conception des hommes et des choses, ne doit condescendre au quotidien du tohu-bohu politique. […] Ni la plus banale politique ni la plus obscure science ne le rebutaient.
Le scepticisme à l’égard du monde matériel n’a rien à voir avec la politique ni avec l’ordre de la société. […] Toute la différence, c’est que ce flot d’opinion, mobile et changeant, pour qui les combats philosophiques sont encore des combats politiques, ce flot, dis-je, qui porte et entraîne les hommes, est avec eux aujourd’hui, comme il était il y a quarante ans avec ceux qu’ils combattent. […] Dans la littérature, dans la politique, dans l’histoire, elle cherche partout ce qui déniaise et ce qui détrompe, le petit à côté du grand et expliquant le grand, le physique expliquant le moral, l’accident plus fort que la loi, et enfin les lois fatales du climat, de la race, de l’organisation, supérieures à ces lois idéales que les philosophes s’obstinent à exposer dans ces sciences vides et creuses que l’on appelle la morale et le droit naturel. […] Elle s’appliquerait à fonder sur ces données non moins certaines que les données des sciences positives, le devoir, le droit, la liberté civile et politique. […] Dans les sciences philosophiques, ils se sont occupés presque exclusivement de métaphysique : morale, droit naturel, sciences politiques, économiques, philosophie des beaux-arts, toutes ces parties de la philosophie, créées ou étendues par le xviiie siècle, ne les ont que médiocrement attirés.
Aristote instruisait les hommes sur la politique, le goût & la morale. […] La Morale politique ne fut pas non plus entiérement négligée vers les derniers siecles. […] O les fins Politiques ! […] On parlait beaucoup des leçons qu’un aveugle venoit de donner au monde politique. […] Nos Politiques ne cherchaient point à pénétrer dans le cabinet des Princes, à combiner leurs intérêts différens ; mais ils s’occupaient des intérêts de l’humanité en général, & du bien de leur Patrie en particulier.
Ils conquièrent par des emprunts ce qu’ils ne peuvent conquérir par les armes ; ne les avez-vous pas vus, il y a quelques jours, proposer aux Mexicains d’hypothéquer leurs provinces les plus riches pour abuser, comme des usuriers du globe, de leur droit fiscal au jour d’un remboursement impossible, et s’emparer, au nom de la politique, d’un pays trois fois grand comme la France, conquis par le crédit ? […] XV Quelles sont les possessions collectives, sacrées, les nécessités du genre humain tout entier que la politique de l’ancien monde ne peut et ne doit pas livrer à la merci des États-Unis de l’Amérique anglaise ? […] Un de leurs rares orateurs politiques, le plus éloquent et le plus honnête, que l’envie nationale a toujours empêché de s’élever à la présidence de la république pour crime de supériorité, me disait un jour : « Notre liberté consiste à faire tout ce qui peut être le plus désagréable à nos voisins. » L’art d’être désagréable est leur seconde nature.
Voilà les rêveurs et les actifs des politiques, hommes, oseurs de conduire les hommes ; comme si l’anarchie ne résultait pas de la chute des autorités. […] Par prudence, la direction bruxelloise ne prit pas le risque politique de remonter l’opéra étant donnée la situation politique actuelle.
Dimanche 7 février Dans un dîner d’hommes politiques, chez Charpentier, Floquet racontait, qu’en 1852, la première année de son stage, ayant loué un appartement rue de la Ferme-des-Mathurins, le bâtonnier des avocats, lui avait dit qu’il perdait son avenir, en se logeant dans un quartier aussi perdu : — l’homme du barreau ne pouvant pas dépasser la rue Neuve-des-Petits-Champs. […] Mardi 23 février À la fin du dîner de Brébant d’aujourd’hui, au bout d’une longue conversation, entre tous les hommes politiques, sur Lourdes et ses eaux miraculeuses, Berthelot dit qu’il ne serait pas étonné, que la fin du siècle fût en proie à un violent mysticisme. […] Hein, que dites-vous de cette imagination de l’amateur qui avait trouvé le moyen d’enfermer la prose et la poésie de Victor Hugo, dans les trois couleurs, avec des différences dans les teintes, indiquant la nuance politique de l’auteur dans le moment.
Quand sa fureur l’agite, ceux qui ne le connaissent point et qui l’entendent parler croient qu’il va tout renverser, mais ceux qui le connaissent savent que ses menaces n’ont point de suite, et que l’on n’a à appréhender que les premiers mouvements de cette fureur ; ce n’est pas qu’il ne soit assez méchant pour faire beaucoup de mal de sang-froid, mais c’est qu’il est trop faible et trop timide, et on ne doit craindre que le mal qu’il peut espérer de faire par des voies détournées, et jamais celui qui se fait à force ouverte… Il est avare, injuste, défiant au-dessus de tout ce qu’on peut dire ; sa plus grande dépense a toujours été en espions ; il ne peut pas souffrir que deux personnes parlent bas ensemble, il s’imagine que c’est de lui et contre lui qu’on parle… Dans les affaires qu’il a, il se sert tantôt de discours captieux et tantôt de discours embarrassés pour cacher le but où il veut aller, croyant être bien fin… Jamais il ne va au bien de l’affaire, soit qu’il soit question de l’État, de sa famille ou d’autres gens ; il est toujours conduit par quelque sorte d’intérêt prochain ou éloigné, et, au défaut de l’intérêt, par la haine, par l’envie ou par une basse politique. […] En politique de même, il a fait son utopie, sa description du royaume de Félicie d’après Fénelon et l’abbé de Saint-Pierre56.
Les quelques grands seigneurs qu’il est à même d’interroger ne le tiennent pas au courant d’une manière suivie ; il attrape ce qu’il peut et ne sait la politique que de raccroc. […] Fontenelle, dans sa seconde et plus grave manière, ne se bornait pas aux Éloges des Académiciens ; sa plume fut plus d’une fois employée à des manifestes politiques et à des pièces d’État.
Etrangère à la conception juridique et politique du christianisme romain, l’Eglise celtique laissa l’âme de la race façonner une religion nationale à son image. […] Elles répondent à un besoin nouveau, à un état d’esprit que l’évolution sociale et politique développe de jour en jour davantage chez des générations que transporte moins la rudesse vigoureuse des chansons de geste.
Si, dans l’avenir, en France, ressurgit une religion, ce sera l’amplification à mille joies de l’instinct de ciel en chacun ; plutôt qu’une autre menace, réduire ce jet au niveau élémentaire de la politique. […] Nœud de la harangue, me voici fournir ce morceau, tout d’une pièce, aux auditeurs, sur fond de mise en scène ou de dramatisation spéculatives : entre les préliminaires cursifs et la détente de commérages ramenée au souci du jour précisément en vue de combler le manque d’intérêt extra-esthétique. — Tout se résume dans l’Esthétique et l’Économie politique.
Vainement la politique s’efforceroit-elle de suppléer à ses maximes & à l’ascendant de ses inspirations : la politique humaine est chancelante & sujette à l’erreur ; il lui faut un soutien pour la diriger constamment vers la justice & la vertu ; & la Religion seule peut le lui fournir.
L’homme est vide absolument : mais, soutenu par l’instinct de conservation qui lui interdit de se prendre, en mépris, il parvient à représenter son personnage de penseur et de politique avec une économie de moyens qui touche au génie. […] Aussi Flaubert avait-il beau jeu à faire apparaître les contradictions des systèmes en des sciences telles que l’histoire ou l’histoire naturelle, la médecine, la philosophie, l’esthétique, la politique ou la pédagogie.
Il n’y a pas que la tragédie des poètes ; il y a la tragédie des politiques et des hommes d’état. […] L’aristocratie anglaise, qui a parfois de ces bonnes idées-là, a imaginé de donner à une opinion politique le nom d’une vertu.
Voilà le premier écueil où ont échoué, je ne dis pas où se sont brisés, plusieurs de nos plus heureux talents : l’ambition politique. […] Si parfois, par un de ces changements ordinaires sur la scène politique, l’écrivain homme d’État retrouve ses loisirs, et qu’il ait encore la force de reprendre sa plume, alors il rapporte à sa profession bien-aimée un trésor d’observations et de souvenirs : c’est un voyageur enrichi qui revient dans sa patrie.
Il eut une existence considérable, mais sans influence politique réelle, quoiqu’il se flattât d’en avoir.
Il ne faisait peut-être pas assez de cas des autres sciences. » Le biographe qui a dit cela de l’abbé de Pons, son ami, était un homme distingué lui-même et fort apprécié des économistes, Melon, auteur d’un ingénieux Essai politique sur le commerce. — Vers l’âge de quinze ans, l’abbé de Pons s’aperçut que sa taille se déformait ; il se mit entre les mains d’un chirurgien malhabile qui le tortura ; la difformité ne fit qu’augmenter et fut irréparable.
. — Il se prépare ici une saison assez littéraire, assez poétique même : nous allons avoir dans une quinzaine un volume lyrique de Hugo ; il y aura des vers d’amour ; malgré toutes les hésitations, il se décide à son coup de tête, et bien que ce soit une unité de plus qu’il brise dans sa vie poétique (l’unité domestiqueaprès à politique et la religieuse), peu importe à nous autres frondeurs des unités et au public qui ne s’en soucie plus guère : les beaux vers, comme seront les siens, je n’en doute pas, couvriront et glorifieront le péché.
Elle vous empêche d’être politique, homme d’État, homme du monde, homme de famille, joyeux compagnon.
On ne peut s’empêcher de penser, à bien regarder la situation de la France au sortir du ministère du cardinal de Fleury, que si le duc de Choiseul et Mme de Pompadour elle-même n’étaient venus pour s’entendre, et redonner quelque consistance et quelque suite à la politique de la France, la révolution, ou plutôt la dissolution sociale, serait arrivée trente ans plus tôt ; tant les ressorts de l’État étaient relâchés !
On était dans un siècle d’analyse et de destruction, on s’inquiétait bien moins d’opposer aux idées en décadence des systèmes complets, réfléchis, désintéressés, dans lesquels les idées nouvelles de philosophie, de religion, de morale et de politique s’édifiassent selon l’ordre le plus général et le plus vrai, que de combattre et de renverser ce dont on ne voulait plus, ce à quoi on ne croyait plus, et ce qui pourtant subsistait toujours.
Il y avait sans doute une autre manière plus rigoureuse, plus analytique et scientifique de traiter ce sujet de l’influence de la philosophie sur la législation ; c’eût été, dans une sorte de dépouillement des écrits des philosophes, de dénombrer les propositions essentielles le plus applicables à la société selon l’ordre religieux, civil ou politique ; de suivre la fortune positive de ces propositions diverses depuis leur mise en circulation jusqu’à leur avènement régulier, depuis leur naissance à l’état d’idées jusqu’à leur terminaison en lois ; d’épier leur entrée plus ou moins incomplète dans les codes, et d’apprécier ceux-ci dans leur raison et leur mesure.
Est-il impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de peindre la réalité comme elle est, transporterait l’action dans un monde fantastique, donnerait à des idées abstraites une existence réelle, aux êtres réels une vie, en quelque sorte, idéale, un corps, une voix à des nuages, une constitution politique aux habitants de l’air ?
Il sait l’histoire politique, l’histoire scientifique, l’histoire des mœurs. — Et voilà déjà une grande difficulté à l’égaler.
Il faut que nos hommes politiques aient conservé un reste d’idéalisme, un vague instinct de ce qui est grand ; vraiment, je crois qu’ils ont été calomniés ; il convient de les encourager et de leur bien montrer que cet instinct ne les trompe pas, et qu’ils ne sont pas dupes de cet idéalisme.
Dédaignant les turpitudes de la politique, il a négligé d’informer ses lecteurs du nom de ceux de nos honorables qui ont volé des suffrages lors du vote des crédits du Tonkin ; méprisant profondément le bourgeoisisme à l’esprit borné dont les élucubrations défrayent une trop grande partie de la presse, il a dédaigné de répondre aux insultes dont on l’a abreuvé dès le premier numéro.
Quoique le Contrat social soit rempli d’erreurs, qu’il offre un systême de politique impraticable, l’Auteur y est toujours le même, c’est-à-dire, original, profond, lumineux, & éloquent en pure perte.
Il eut la politique de mettre ce poëte au nombre des cinq qu’il faisoit travailler à des drames sur ses idées & sur ses plans, distribuant à chacun un acte, & finissant, par ce moyen, une pièce en moins d’un mois.
Machiavel dirait que oui ; la politique vulgaire balancerait peut-être ; mais la morale affirmerait que non.
Annales politiques et littéraires, 23 octobre 1904 (NdA) 9.
Brunetière, Auguste Comte a survécu. » Sans doute, Auguste Comte et bien d’autres ont survécu ; et une foule d’ouvrages scientifiques, politiques, philosophiques, historiques ou documentaires ont survécu aussi et dureront longtemps, peut-être toujours.
Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques.
Adolphe Guéroult, alors saint-simonien, ne sont plus de simples lettres comme on en écrit à ses amis, mais des pages ambitieuses de politique et de morale adressées, en vue peut-être du public, à des personnages solennels.
Dans les appréciations très multipliées de l’œuvre du Dante, le théologien, le philosophe, l’historien, l’homme politique, le savant, l’encyclopédie vivante du xiiie siècle, ont passé bien avant le poète, selon la petite spécialité de chaque commentateur, qui avait la faiblesse — ah !
Croira-t-on, par exemple, que dans sa fameuse introduction il ait confondu honteusement le monde religieux et le monde politique ?
Quand la politique se lève, — (l’auteur écrivait en 1849), — l’imagination se couche ; c’est l’heure d’éteindre sa lumière, et de couvrir son foyer.
Mais elle obéissait si peu a une vocation, que le roman qu’elle a songé tout d’abord à faire n’est ni de fantaisie, ni de sentiment, ni d’observation, mais un roman politique qui se rapprochait de ses préoccupations ordinaires.
la politique, l’administration et les hommes.
Pour mesurer sa force et définir ses exigences, nous avons analysé les réformes civiles et juridiques, politiques et économiques qu’elle nous semblait, principe directeur et explicatif, imposer à nos États.
Les duels durent être chez les nations barbares une espèce de jugements divins, qui commencèrent sous les gouvernements divins et furent longtemps en usage sous les gouvernements héroïques ; on se rappelle ce passage de la Politique d’Aristote (cité dans les axiomes) où il dit que les républiques héroïques n’avaient point de lois qui punissent l’injustice et réprimassent les violences particulières 99.
Au contraire nous établissons avec les philosophes politiques, dont le prince est le divin Platon, que c’est la providence qui règle les choses humaines.
Il en pense ce qu’en ont toujours pensé les hommes d’action, les politiques, les philosophes, — et le peuple. […] On me parle politique, et l’on me demande aux tables de whist. […] — Ils ignorent « l’âpre désir de la fortune, l’ambition politique et l’amour ». — Pauvres gens, qui ne connaissent pas les passions ! […] Morte et enterrée comme classe politique, la noblesse vit toujours, elle vit, j’en ai peur, plus que jamais, comme caste mondaine. […] Sa droiture est célèbre : ses ennemis politiques eux-mêmes la reconnaissent.
Soit crainte ou politique, Mnester préfère Poppée à l’impératrice ; Poppée est aussitôt accusée d’adultère avec Valérius. […] Après la mort d’un souverain, les yeux inquiets des ministres, des courtisans, des grands, des politiques, de la nation, se fixent sur son successeur. […] Tandis que, par ma politique, Néron est adopté, revêtu de l’autorité consulaire, désigné consul, conduit au trône, que faisait cette femme à Baïes ? […] Si Sénèque et Burrhus avaient tué Néron, est-on bien certain qu’une Agrippine, une mère politique n’aurait pas envoyé au supplice deux hommes qui auraient eu la témérité de la venger sans son aveu ? […] Puissent les imitateurs de sa politique recevoir la même récompense qu’elle en obtint !
Grâce à la démocratie des journaux, la politique a ouvert un débouché inattendu à ces forçats de l’imprimerie. […] On arrivera à n’acheter que les feuilles politiques, les suppléments et les revues illustrées. […] Le mélange de la religion et de la politique rend pénible la lecture des Samedis de Pontmartin. […] On nous a dit ses défaillances » son insupportable caractère, ses luttes politiques, son libéralisme rancunier. […] Il lui sacrifia son bien-être, ses amours, l’ambition et la politique.
Alfred Capus, ce n’est pas seulement « une affaire de politique, mais de conduite, d’idées et de goût ». […] Il avait des convictions politiques ; il exerça, dans une petite commune de la Nièvre, les fonctions de maire. […] Ces autres bons Français ne s’occupent pas tous de politique ; ils ne font pas nécessairement profession explicite de patriotisme : ce sont quelques poètes, critiques ou romanciers. […] Dans la Fête arabe, si j’ai bien pénétré le dessein des auteurs, c’est beaucoup moins un fait psychologique qu’un fait politique et social que l’on se propose de nous rapporter. […] Les fautes de Napoléon sont d’ordre politique ou militaire.
Quand, je vous prie, a-t-on vu se donner la main des politiques tels que Henri IV, Richelieu, Mazarin, Colbert, Louis XIV ? […] Racine assurément ne peut être comparé à Corneille pour le génie dramatique ; il est plus homme de lettres ; il n’a pas l’âme tragique ; il n’aime ni ne connaît la politique et la guerre. […] Voilà le commencement de sa politique. […] Tels sont les éléments sociaux que la morale de l’intérêt livre à la politique. De tels éléments je défie tous les politiques de l’école de la sensation et de l’intérêt de tirer un seul jour de liberté et de bonheur pour l’espèce humaine.
En religion, le mot de don Juan lui suffit : « Je te le donne pour l’amour de l’humanité. » Et, comme la politique est absente du théâtre de Molière, M. Monval se dispensera fort sagement d’avoir une opinion politique. […] Le gouvernement se dérobait, protestait qu’il ne s’occupait ici ni de politique, ni d’histoire, qu’il ne voulait que prévenir un tapage dans un endroit public. […] Surtout les facultés d’un homme de guerre, d’un homme politique ou d’un diplomate, si puissantes qu’on pût les supposer, restaient pour moi d’ordre irrémédiablement inférieur. […] Cette idée qu’ils semblent avoir « du sexe à qui ils doivent leur mère », je crois qu’un moraliste ou un politique aurait raison de s’en inquiéter.
. — Sa vie politique et mondaine. — En quoi elle a servi son talent. — Il est le peintre de la seconde société féodale. […] Cependant il était dans les conseils du roi, beau-frère du duc de Lancastre, employé plusieurs fois en ambassades ouvertes ou en missions secrètes, à Florence, à Gênes, à Milan, en Flandre, négociateur en France pour le mariage du prince de Galles, parmi les hauts et les bas de la politique, disgracié, puis rétabli : expérience des affaires, des voyages, de la guerre, de la cour, voilà une éducation tout autre que celle des livres. […] Vous trouverez là une exposition de la science hermétique, un cours sur la philosophie d’Aristote, un traité de politique, une kyrielle de légendes antiques et modernes ramassées dans les compilateurs, gâtées au passage par la pédanterie de l’école et l’ignorance du siècle. […] Pourtant cette poésie, toute « déguenillée, en loques, bâillonnée, sale et rongée aux vers, a de la moelle235. » Elle est pleine de colère politique, de verve sensuelle, d’instincts anglais et populaires ; elle vit.
Dimanche 10 février Nous finissons le siècle, dans des années méchantes, où la politique se fait à coups de dynamite, où les assassins avant de tuer, s’amusent de la peur de l’assassiné, où la jeune critique met la perspective du corbillard, pour l’éreinté dans ses articles, où l’image même a la férocité du dessin de Forain. […] De là, l’indignation des gens du Palais-Mazarin, qui lui demandent la suppression d’une phrase d’un hautain mépris, pour ledit homme politique. Et aux politiciens de circonstance, aux Thiers, il oppose Lamartine, un politique aux grandes vues, aux envolées de la pensée à travers l’avenir, et qui fut un prophète miraculeux de tout ce qui est advenu depuis sa mort, dans notre vieille société. […] À ce sujet le jeune Houssaye dit intelligemment que « dans l’effondrement des hommes politiques, c’est nous, les littérateurs et peintres, qui sommes en vedette, qui sommes tout !
C’est la vie de tous les jours, de toutes les heures, sur tous les degrés de l’échelle sociale avec ses manifestations privées, publiques, politiques, théâtrales, industrielles, financières ; avec ses drames de la passion, de l’intérêt, du vice, du crime qui défilent, pris sur nature, devant les tribunaux. […] Et vive est sa déception, car il est question d’un proscrit de décembre rapatrié qui s’occupe de politique à nouveau et qui est arrêté derechef. Nous demandons quelle relation peut bien exister entre la politique, la proscription, la halle et la charcuterie ? […] Si telle était l’idée de l’auteur, il n’avait nul besoin, pour exposer son antithèse, de recourir à la politique du 2 décembre et à la proscription.
Thiers fait énergiquement ressortir, c’est le triste et fort laid spectacle que présentent ces vainqueurs, coalisés la veille contre l’ambition d’un seul, à ce qu’ils disaient, et qui, le lendemain, se montrent les plus ambitieux et les plus avides à se partager ses dépouilles ; c’est cette politique de Vae victis, impitoyablement dirigée à la fois contre la France et contre ceux des États et des souverains secondaires qui lui étaient restés attachés dans la lutte, c’est cette curée de sang-froid, où quelques commissaires d’élite attablés autour d’un tapis vert se disputent, jusqu’à en venir (ou peu s’en faut) aux menaces, des morceaux de territoire et des lots de quelques centaines de mille âmes, jusqu’à ce qu’ils aient obtenu à peu près le chiffre rond qu’ils revendiquent pour le leur.
Thiers, disons-le à son honneur, et quels que puissent être ses regrets politiques, n’est point de ces esprits-là : il aime le vrai, le naturel ; il a le goût des faits, il en a l’intelligence ; il ne résiste pas à ce qu’il voit, à ce qu’il sait, et il le rend comme il le voit, sans aucune exagération et sans enflure.
Coran de jeter au vent ces rimes amoureuses et riantes en 1847, en pleine politique, à la veille des révolutions ?
. — J’aurais autant aimé, de plus, qu’en accordant à Raymon de Ramière de grands talents et un rôle politique remarquable, on insistât moins sur son génie et sur l’influence de ses brochures : car, en vérité, comme les hommes de génie ou de talent qui écrivent des brochures en France, qui en écrivaient vers le temps du ministère Martignac ou peu auparavant, dans le cercle sacré de la monarchie selon la Charte, ne sont pas innombrables, je n’en puis voir qu’un seul à qui cette partie du signalement de Raymon convienne à merveille ; le nom de l’honorable écrivain connu vient donc inévitablement à l’esprit, et cette confrontation passagère, qui lui fait injure, ne fait pas moins tort à Raymon : il ne faut jamais supposer aux simples personnages de roman une part d’existence trop publique qui prête flanc à la notoriété et qu’il soit aisé de contrôler au grand jour et de démentir.
Mme de Staël avait uni à des dons puissants d’imagination et de sensibilité un coup d’œil politique et philosophique fort étendu ; mais elle faisait exception dans son sexe, et, depuis elle, la prétention de nos femmes, même les plus distinguées, s’était restreinte à des chants suaves, à de délicates peintures, à une psychologie fine et tendre sous l’aile du christianisme.
Tout ce tableau qu’on nous donne du xviiie siècle est faux, chargé, noirci par la passion politique, et tendant à faire ressortir notre enfer actuel, qui, selon l’auteur, en est venu.
A mesure que le serment politique perd de sa valeur, le serment dramatique gagne en inviolabilité ; c’est ainsi que la littérature exprime souvent la société, par le revers : on fait des bergeries au siècle de Fontenelle ; on immole sur le théâtre son bonheur à la lettre d’un serment, dans le siècle où la parole d’honneur court les rues et où on lève la main sans rien croire.
Au premier discours de M. de Lamartine, on disait qu’il ne ferait jamais un orateur politique.
Il n’est pas de mon sujet, dans cette première partie, de considérer la religion dans ses relations politiques, c’est-à-dire, dans l’utilité dont elle doit être à la stabilité et au bonheur de l’état social, mais je l’examine sous le rapport de ses effets individuels.
Voyez comment Voltaire, en traitant des questions politiques, sociales, religieuses, enlève vivement, avec un vigoureux relief, les silhouettes de ces Européens, Chinois, Turcs et sauvages, gentilshommes, paysans, moines et bramines, à la bouche desquels il confie les vérités et les sottises.
. — Histoire politique et privée de Louis-Philippe (1852). — Urbain Grandier, drame (1852)
L’antinomie juridique Le droit est en corrélation étroite avec les formes économiques et politiques.
D’ailleurs la politique n’est pas son fait.
C’est le cas pour la poésie lyrique ou descriptive, pour les sermons, pamphlets, discours politiques, pour les ouvrages de théorie, etc.
D epuis long-temps, les maux qui désolent la République des Lettres, sont assez semblables à ceux qui, dans l’ordre politique, furent les présages & la cause de la ruine des Empires les mieux affermis.
En se dissolvant elle se divise, et voici de quelle façon : Le royaume chancelle, la dynastie s’éteint, la loi tombe en ruine ; l’unité politique s’émiette aux tiraillements de l’intrigue ; le haut de la société s’abâtardit et de génère ; un mortel affaiblissement se fait sentir à tous au-dehors comme au-dedans ; les grandes choses de l’état sont tombées, les petites seules sont debout, triste spectacle public ; plus de police, plus d’armée, plus de finances ; chacun devine que la fin arrive.
. : immense recueil de revêries politiques, & de satyres grossieres.
Ainsi la liberté morale, qui est, en définitive, la vraie liberté, et dont la liberté politique n’est, pour ainsi dire, qu’une image, s’agitait dans les liens de la parole pour les rendre moins pesants.
Il ne professe pas, il ne dogmatise pas, il ne politique pas, il n’a pas une intention qui blesse.
Comme elle confond tous les Occidentaux avec les Barbares aux cheveux rouges qui lui ont fait la guerre, elle confondra dans une commune horreur l’Église, mère de la chrétienté, et tous les gouvernements politiques qui allongent, plus ou moins, leurs épées vers elle.
De l’organisation la plus heureuse, fait essentiellement pour les lettres, il y débuta en se jetant éperdument dans le feuilleton dramatique, alors florissant, et malgré tous les Mentors, — il en avait plusieurs, — qui craignaient les Eucharis du théâtre pour ce Télémaque en plein feu d’imagination et de jeunesse… La grande littérature du milieu du dix-neuvième siècle était morte ou allait mourir : Balzac et Stendhal n’étaient plus ; Gozlan vivait encore, mais les deux plus grands poètes du siècle, de Musset et Lamartine, étaient tombés, l’un des bras d’une indigne femme dans le désespoir enivré qui devait le tuer, l’autre dans la vie politique, qu’on pourrait appeler la mort littéraire, où il s’engloutit, la lyre à la main, comme Sapho, qu’il avait chantée, dans la mer !
Sceptique, raisonneur, politique, homme d’État, Thucydide, lui, ne pourrait jamais s’appeler le bon Thucydide.
La vie de Washington, c’est-à-dire une biographie où l’Histoire s’enfonce jusqu’aux dernières profondeurs de l’âme d’un grand homme qui explique, à lui seul, plus que tout le reste, la création politique de son pays.
L’adultère public de ces Rois très-chrétiens, dont l’exemple frappait au cœur la famille et la pourrissait, explique plus, selon nous, que toutes les fautes de la politique, les malheurs de cette race brillante et infortunée.
II Cela dit brusquement à Wey, pour l’honneur d’une conception première qui me plaisait excessivement, mais qui supposait la chose la plus rare : l’impersonnalité, ou plutôt la personnalité caméléonesque d’un poète dramatique, je n’ai plus qu’à louer un livre vrai, spirituel, érudit, attentif à tout, et qui, sous prétexte de voyage, nous parle tour à tour politique, art, histoire, morale, société, avec une originalité qui n’a pas le profond, le mordant, la couleur étrange de l’originalité anglaise, mais qui, après tout, a la sienne.
L’adultère public de ces Rois très-chrétiens, dont l’exemple frappait au cœur la famille et la pourrissait, explique plus, selon nous, que toutes les fautes de la politique, les malheurs de cette race brillante et infortunée.
Comment donc cette histoire politique et sociale de la Chine, qu’il a étudiée, n’a-t-elle pas fait trembler quelque peu l’intrépide M.
… Excepté sa doctrine, cette honte et ce crime de la polygamie, dont on a voulu bassement faire une politique, qu’est-ce que les soupeurs de chez mademoiselle Quinault et les baise-pieds de madame de Pompadour pouvaient entendre à Mahomet, à cet homme sincère et convaincu, né de la Bible et de l’Évangile, — les deux choses qu’ils exécraient avec le plus de rage et qu’ils auraient voulu anéantir ?
Malheureusement, l’Italia fara dà se n’est pas plus vrai en littérature qu’en politique.
Les démocraties plus généreuses n’ôtèrent aux vaincus que les droits politiques, et leur laissèrent le libre usage du droit naturel ( jus naturale gentium humanarum , Ulpien).
Laissons donc pour ce qu’elle vaut la citation d’Élien, et contentons-nous de croire, avec Hérodote et Plutarque, que le musicien Arion avait excellé sur le mode Orthien et le mode Pythien, les plus grandes puissances de l’antique mélodie, et que le jour où, charmant par ses accords les matelots âpres à sa dépouille, il eut le temps de sauter du milieu de ces brigands sur un dauphin préservateur, il avait employé au soutien de ses vers et de sa voix suppliante ces deux modes harmoniques, dont Platon a vanté la vertu pour adoucir tes âmes et calmer, sur place, même une sédition politique.
Je suis riche, très riche, ajouta-t-il ; regardez, j’ai plus de cent écus dans cette bourse ; j’ai ma pension de poète à toucher incessamment par quartiers ; c’est vous qui êtes pauvre, puisque vous avez employé vingt ans de politique à vous appauvrir, et que vous devez vos jours et vos nuits à vos créanciers, que le travail ne solde pas assez vite. […] Nous nous perdîmes dans la foule pendant mes années politiques et troublées de tribun sur la place publique. […] Nous ne parlions plus politique ; nous parlions littérature, poésie, amitié, choses éternelles.
Après sa mort, on mit sérieusement en délibération si on n’abandonnerait pas son œuvre religieuse pour continuer seulement son œuvre politique. […] Les prescriptions mosaïques, par exemple, sur l’abstinence d’animaux tués d’une certaine façon, si respectables quand on les envisage comme moyen d’éducation de l’humanité, et qui avaient toutes une raison très morale et très politique chez une ancienne tribu de l’Orient, que deviennent-elles transportées dans nos États modernes ? […] Pour n’en citer qu’un exemple, n’a-t-il pas fait un livre pour justifier la politique de Louis XIV par la Bible ?
Qu’on l’appelle poème métaphysique, poème platonique, poème théologique, poème scolastique, poème politique, ce sont ses vrais noms. […] Le poète y lance quelques imprécations, aujourd’hui aussi froides que ce marais du Styx, contre Florence et contre ses ennemis politiques, papes, cardinaux, magistrats souillés de différents vices, et contre les hérésiarques. […] » Un chant tout entier est consacré à un récit des destinées politiques de l’Italie et à la gloire de Justinien ; Un autre à expliquer le mystère de Dieu sacrifiant son fils innocent représentant d’une nature coupable.
La définition même du genre l’écarte des ambitions morales ou politiques. […] en vain le grand programme de Castelar, au point de vue éthique, littéraire et politique. […] Certes l’Académie Française paraissait mieux désignée pour connaître des talents nouveaux que certains groupements mondains ou politiques, et nous devons constater pourtant que le public attache plus d’intérêt à ces couronnes récentes qu’à celles que distribue l’institut.
Les livres que je publiai durant cette période furent accueillis, en général, avec un dédain souriant par les protagonistes du Grand-Art, à moins qu’on ne tentât d’en déformer le sens en prétendant y trouver ce qui n’y a jamais été, de la politique par exemple. […] Il parle avec mépris de ces Politiques qui « croient que le christianisme est encore un grand parti qu’il est bon de ménager. […] Ensuite, résoudre cette question, d’une façon ou d’une autre, ce serait, pensent les politiques, mettre sottement en morceaux la marotte qu’on agite devant le peuple afin de lui justifier les charges qu’il supporte et son écrasement sous les Soudards. […] Cette idée n’a cessé de se développer malgré la haine que lui vouent les Satisfaits et malgré les habits d’Arlequin dont l’affublent les Politiques. […] C’est là l’histoire des partis politiques.
Il se taisait comme Lysidas, candidat à l’Académie, par politique, ou comme Montfleury, gros homme qui aime ses aises, par égoïsme nonchalant. […] Afin de ne point charger leur mémoire d’un trop grand nombre de noms, les hommes procèdent par voie de simplification sommaire ; et en littérature, comme en politique, ils adorent le despote qui fait régner l’ordre. […] Dans l’ordre social et politique, le public est naturellement très capable non seulement d’éprouver, mais de porter à leur paroxysme toutes les passions que lui soufflent ses conducteurs, parce que c’est ici son intérêt matériel qui est en jeu. […] D’autres causeurs, plus sérieux, font de la politique : entendez par là qu’ils répètent, comme des échos, les nouvelles et les commentaires de leur journal du jour. […] Cela me semble avoir autant de rapports avec leur besogne qu’avec le jeu de dominos ou la politique.
Goethe, au contraire, embrasse avec une clarté et une facilité merveilleuses tout ce qui se passe autour de lui, dans la nature et le monde politique, dans la science et l’art. […] D’abord intermède du service divin, puis solennellement politique, la tragédie montra au peuple de grandes actions isolées de ses ancêtres, avec la pure simplicité de la perfection ; elle éveilla de grands et complets sentiments dans les âmes, car elle était elle-même grande et complète. […] J’imagine cependant que ces études portèrent sur les détails pittoresques et sur les mœurs bien plus que sur les questions politiques : car s’il était entré dans ce domaine ardu, effroyablement compliqué, il n’en serait point sorti ; surtout, il n’en aurait point rapporté la conception simplifiée de Gœtz qu’il nous a livrée. […] Il n’était point alors un esprit politique, et il ne le fut jamais, bien qu’il dût, un jour, arriver aux affaires. […] En politique — car enfin, Goethe fut conseiller, ministre de la guerre, ministre des finances —, ce sont de menues réformes dans l’administration du duché, qui témoignent sans doute d’intentions excellentes, mais auxquelles un bon commis aurait pu suffire.
— En politique, il a de simples traits qui percent les époques et nous arrivent comme des flèches : « Ne penser qu’à soi et au présent, source d’erreur en politique. » Il est principalement un point sur lequel les écrivains de notre temps ne sauraient trop méditer La Bruyère, et sinon l’imiter, du moins l’honorer et l’envier.
On commença par toute la France, dit un des biographes de Rabelais47, à chercher le sens caché de ces livres de « haute graisse, légers au pourchas et hardis à la rencontre », que Rabelais compare à de petites boîtes « peintes au-dessus de figures joyeuses et frivoles, et renfermant les fines drogues, pierreries et autres choses précieuses. » Ce fut à qui romprait « l’os rnedullaire », pour y trouver « doctrine absconse, laquelle », disait Rabelais, « vous revelera de très-hauts sacrements et mystères horrifiques, tant en ce qui concerne nostre religion qu’aussi l’estat politique et vie oeconomique48. » Cette recherche mécontenta les catholiques ; Rabelais ne leur avait rien épargné de ce qui pouvait se dire, jusques au feu exclusivement ; elle désappointa les partisans des idées nouvelles, que Rabelais n’attaquait pas, mais qu’il défendait encore moins. […] Or, c’est proprement la part de la Renaissance dans l’ouvrage de Rabelais ; ce sont toutes ces vérités générales sur l’homme, sur la société, et, comme dit Rabelais, sur l’état politique et sur la vie économique ; ce sont mille traits de lumière sur notre nature, qui jaillissent du milieu de cette ivresse, comme ce bon sens de hasard qui échappe aux gens pris de vin ; ce sont mille perles semées dans ce fumier, et dont trois siècles n’ont pas encore terni l’éclat.
La politique y participait comme la littérature. […] Voici les objets divers qu’il y a fait rentrer : 1° GRAMMAIRE, et ses diverses parties ; Rhétorique, Lexilogie (Étymologie, Synonymique, Lexicographie, Glossographie, Onomatologie, Dialectographie) 2° EXÉGÈSE, allégorique, verbale, Commentaires des rhéteurs, des grammairiens, des sophistes, Scholies, Paraphrases, Traductions, Imitations 3° CRITIQUE des textes, critique littéraire (authenticité, etc.), critique, esthétique 4° ÉRUDITION, Théologie, Mythographie, Politique, Chronologie, Géographie, Littérature (Compilateurs, Abréviateurs, Bibliographie, Biographie, Histoire littéraire), Histoire et théorie des Beaux-Arts M.
Berthelot père était chrétien gallican de l’ancienne école et d’opinions politiques très libérales. […] En politique, Berthelot resta fidèle aux principes de son père.
La guerre de trente ans eut pour mobile, dans les peuples, le besoin d’acquérir la liberté religieuse ; dans les princes, le désir de conserver leur indépendance politique. […] De nos jours, l’état militaire est toujours subordonné à l’autorité politique.
., ils valent infiniment moins sans doute aux yeux de la Critique qui, comme la Politique, ne voit que les faits accomplis ; mais les masses du travail de Sainte-Beuve sont si bien liées entre elles dans l’unité d’un même dessin que, quoiqu’elles ne soient pas toutes sorties, l’imagination de la Critique poursuit et discerne sans peine le contour de leur achèvement. […] Pendant que la philosophie de notre temps ne connaît en tout que la force individuelle de l’homme, pendant qu’en politique elle efface sur la carte du monde les lignes bleues et rouges des frontières et en littérature proclame l’invention et la fantaisie comme les supériorités incontestables et souveraines, on aime à voir une fois de plus la preuve faite de l’insuffisance de l’homme et de la nature lorsqu’il s’agit de marquer le génie de son trait le plus solide et le plus beau.
Qui pourrait ne pas trouver qu’il est beau d’étudier une intelligence aux prises avec les problèmes les plus vivants qui soient ; la dépense prodigieuse d’énergie que suppose une affaire prospère ; la lutte contre la concurrence, et les angoisses, et l’orgueil des triomphes rapides ; l’obéissance d’un personnel nombreux aux ordres d’un seul homme ; ces milliers d’industries, qui sont autant de petits États dans l’État, ayant chacun sa politique extérieure et intérieure, sa dynastie, ses drames ? […] Je suis sur pied toute la journée, courant d’un salon à l’autre, parlant toujours, ayant affaire à des madames très difficiles, qui veulent être jolies quand même, et commandée par une première on ne peut plus légère, avec laquelle on est forcé d’être politique.
Il fait flèche de tout bois ; il ramène tout à ses fins, la politique, la philosophie, l’art, la littérature ; il se multiplie, il fait à lui seul l’illusion d’une foule. […] Il y a sur la terre des gobe-mouches qui prennent au pied de la lettre tout ce qu’il plaît à des écrivains français d’écrire sur la société française, ou plutôt contre elle, et il y a de sa-vans politiques qui trouvent leur compte à entretenir ces gobe-mouches dans leur douce candeur.
Barbier a voulu nous montrer à quelles conséquences dernières, en politique, en morale, en art, descend, malgré quelques élans brisés, une société sans croyances, une terre qui n’a pas de cieux ; il pousse à l’extrémité cette idée de néant, il décharne son squelette, il le traîne encore saignant au milieu de la salle du festin, et l’inaugure dans les blasphèmes pour nous mieux effrayer.
Pour apercevoir, par exemple, dans la destinée de Napoléon autre chose qu’un objet d’amour ou de haine, qu’un phénomène politique utile ou funeste, pour y voir une force énergique, immense, majestueuse, qui saisit et subjugue, il n’est pas besoin d’être poète, et il suffit d’être homme, de même encore que cela suffit pour voir dans une belle nuit ou dans une tempête autre chose que du sec ou de l’humide, du vent qui rafraîchit ou de la pluie qui enrhume.
Monsieur, en vous associant à la recherche et à la publication des monuments inédits relatifs à l’Histoire de France, j’ai appelé d’abord votre attention sur ce qui concerne l’histoire politique et civile ; mais les monuments qui se rapportent aux divers développements de l’intelligence humaine dans notre patrie, sont nombreux aussi et dignes de notre intérêt ; c’est vers les monuments de ce genre, vers les travaux et les manuscrits relatifs aux sciences, à la philosophie, à la littérature et aux arts, que je viens aujourd’hui diriger particulièrement votre zèle.
Enfin si l’on veut me faire rire malgré le sérieux profond que me donnent la bourse et la politique, et les haines des partis, il faut que des gens passionnés se trompent, sous mes yeux, d’une manière plaisante, sur le chemin qui les mène au bonheur.
. — Pourquoi François Ier, pourquoi Louis XIV ont-ils à un certain moment changé leur politique, donné une direction imprévue aux affaires, commis des fautes qu’ils n’eussent pas dû commettre ?
Aucun mysticisme politique ne se mêle dans le culte de la personne royale : chez tous les penseurs du temps, la royauté est reçue comme garante et protectrice de l’ordre.
Mais la direction toute morale et nullement politique du caractère de Jésus le sauvait de ces entraînements.
Ils essayèrent d’intéresser à leur querelle les partisans du nouvel ordre politique qui s’était établi 937.
Lauzun l’employa utilement aux affaires politiques dont il était chargé.
Où l'Orateur se plaît sur-tout à nous promener, c'est dans le monde physique, dans le monde moral, le monde politique, le monde intellectuel…… Le plus doux de ses plaisirs est d'imprimer le respect, d'imprimer la crainte, d'imprimer à, d'imprimer sur, d'imprimer au dedans, d'imprimer au dehors…… Si nous le suivons dans des phrases de plus longue haleine, il nous dira d'abord que les passions, comme un limon grossier, se déposent insensiblement en roulant à travers les Siecles, & la vérité surnage ; que la Nature varie par des combinaisons infinies les facultés intellectuelles de l'homme, comme les propriétés des êtres physiques *.
Les contemporains, les auteurs de mémoires, les comiques et les moralistes du temps, les représentations graphiques, des tableaux aux caricatures, les mille faits épars de la vie de tous les jours, la reconstitution architecturale et géographique des lieux, des monuments et des villes, tous les départements de la vie publique, de la politique à la théologie, seront mis à contribution, fouillés en quête de détails typiques et significatifs ; ces notions sur le vêtement, la demeure, le séjour, sur les habitudes intimes et sociales, sur le type ethnique, sur les relations célestes et humaines, sur toute la vie en somme du groupe formé autour d’une œuvre ou autour d’une famille d’œuvres, groupe qui comprendra tantôt tout ce qui est notable d’une nation, tantôt toute une classe, tantôt enfin un nombre épars d’individus dont il faudra rechercher les points d’union, — seront dégagés, fondus ensemble, ordonnés, et plaqués enfin sur la sorte de squelette psychologique que l’on aura obtenu antérieurement par l’ordre de recherches que nous avons exposé au précèdent chapitré.
La biographie en question est précédée d’une haute notice sur les salons et l’esprit de salon — qui a presque des ambitions politiques.
Au moins, Louis XIV, qui transgressa la loi sociale de la famille, — le plus grand crime politique de sa maison, — avait gardé la foi chrétienne et forçait les vices de son temps même les siens) à l’hypocrisie.
oublièrent d’appliquer à Lionne cette féroce théorie du bonheur, exigé par les hommes politiques qui croient en cacher l’égoïsme monstrueux sous le poétique mensonge de cette étoile qu’ils disent avoir, et qu’ils veulent qu’on ait !
Deux mots terribles, qui descendent un peu son historien du socle prodigieux où il l’a posé : rationaliste en philosophie, Thucydide, en politique, fut juste-milieu et modéré (page 283).
Il faut bien en convenir, ce n’est qu’une soubrette politique, « une laceuse de brodequins », ambitieuse, frémissante et fière dans son garde-infant de camerera-mayor, et qui se vengeait sur la monarchie espagnole de sa cruelle domesticité !
— ni du choix des relations, ni des dettes, ni des partis politiques, et, puisque la religion n’est pas une seule fois invoquée, ni du confesseur (est-il donc besoin de le dire ?)
tu es un homme de lettres ; tu ne peux donc pas être un homme politique !
Valmiki12 Si la littérature en avait été aux questions d’Orient comme la politique, voici un livre qui eût réveillé tout à coup un intérêt colossal.
Malgré l’indifférence dont on s’est beaucoup vanté pour une religion finie, que plusieurs considéraient, disaient-ils, comme ils auraient considéré les antiquités d’Herculanum, il s’est pourtant rencontré que le xixe siècle, qui jouait la comédie de la plus haute impartialité à l’endroit de tous les symboles et qui avait la prétention de les ramener à une explication scientifique, s’est élevé de plus belle contre cette religion qui a fait rugir tous les impies, depuis Celse jusqu’à Condorcet, et l’a passionnément attaquée non plus dans sa morale et les conclusions politiques qui en découlent, mais dans le plus fondamental de ses dogmes, — la personnalité divine de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Et les signaler d’autant plus que, ces faits, les Anglais ont déjà commencé de les reconnaître avec une bonne foi plus forte que les préjugés et une fermeté d’intelligence très digne d’une nation politique, qu’on nous permette le mot !
Le Misanthrope serait donc une pièce animée du souffle politique que nous respirons… Quant aux preuves données par l’auteur de l’Enigme d’Alceste pour nous convaincre de son jansénisme, j’ai dit en quoi elles consistaient.
Et son doux et sensible Ternisien, le secrétaire de l’évêque de Roquebrun, et son courageux et sanguin Lavernède, et son épuisé de courage, le vieil archiprêtre Clamouse, et son plat et servile Turlot, et son supérieur des Capucins, et son cardinal Maffei, cette tête chauve et chenue, mais si fine, et à travers laquelle il semble que l’on aperçoit le grand cerveau politique de l’Église… Tous sont vrais, très étudiés, très pensés et très conséquents à eux-mêmes, dans leurs tonalités diverses.
Il jouit parmi les lettres d’une espèce de canonicat de popularité douce, car il ne s’y mêle rien de politique ni d’orageux, comme dans la popularité de Mme George Sand ou de M.
Enfin, c’est le dépouillement de la Papauté de tout pouvoir politique et de ses trois couronnes, réduites à son simple bonnet, comme dit familièrement ce délicieux gamin d’abbé, qui doit, j’en suis sûr, porter joliment la casquette !
Ce manuel porte un titre redoutable, tout pareil à ceux que l’on épelait avec effroi jadis sur les grimoires et les clavicules, ou naguère au front chauve des traités d’économie politique. […] Une nouveauté en littérature, en art, en politique, en mœurs, ne peut jamais sortir du groupe ethnique même. […] Récemment un groupe politique s’est lui-même appelé ; les intellectuels. […] Les noms de deux autres poètes également d’origine étrangère (il s’agit de races et non de nationalités politiques) sont encore liés à l’histoire du vers libre. […] Ces produits instables d’une vue historique, d’un événement politique, doivent demeurer tels que leurs éléments soient immédiatement perceptibles.
Les causes de son succès furent toutes politiques. […] L’Immaculée Conception a un peu plus d’importance dans l’histoire des croyances religieuses qu’une erreur judiciaire, plus à sa place dans l’histoire politique ou dans les procès célèbres. […] Au point de vue social et politique, la caste, c’est la division, l’envie, la haine, la jalousie, la défiance entre voisins. […] La politique dépend des hommes d’Etat, à peu près comme le temps dépend des astronomes. […] Il n’y a quelquefois pas d’autre moyen de juger d’une opinion politique que de considérer la qualité de ceux qui la professent.
On ne fait de bon journalisme qu’à cette condition-là. » Et l’on s’entendrait, en effet, comme un groupe politique, par concessions réciproques. […] Ils le sont du côté de la philosophie, de la science, de l’industrie et de la politique. […] En 1831, comme vous vous y attendez parfaitement, Casimir Bonjour y alla de sa pièce politique. Ce fut Naissance, fortune et mérite, ou l’Épreuve électorale, qui eut un succès politique plutôt que littéraire, ainsi qu’elle le méritait. Puis vint, en 1833, Le Presbytère, pièce un peu politique aussi, cléricale et anticléricale, comme il sied, avec un bon prêtre et un mauvais prêtre.
Ouvriers et bourgeois, affranchis, enrichis, parvenus, ils sortent des bas-fonds où ils gisaient enfouis dans l’épargne étroite, l’ignorance et la routine ; ils arrivent sur la scène, ils quittent l’habit de manœuvres et de comparses, ils s’emparent des premiers rôles par une irruption subite ou par un progrès continu, à coups de révolutions, avec une prodigalité de travail et de génie, à travers des guerres gigantesques, tour à tour ou en même temps en Amérique, en France, dans toute l’Europe, fondateurs ou destructeurs d’États, inventeurs ou rénovateurs de sciences, conquérants ou acquéreurs de droits politiques. […] Il a beau écrire qu’en politique « un homme pauvre doit être sourd et aveugle, laisser aux grands le privilége de voir et d’entendre1154. » Il voit, il entend ; bien plus, il parle, et tout haut. […] Il était dangereux à un républicain de faire sa profession de foi politique au restaurant, devant son beefsteak et sa bouteille, et l’on voyait en Écosse, pour des offenses qui à Westminster eussent été qualifiées de délits simples1185, des hommes d’esprit cultivé et de manières polies envoyés à Botany-Bay avec le troupeau des criminels1186. » Cependant l’intolérance de la nation aggravait celle du gouvernement. […] Enfin le voilà, le précieux paquet ; on l’ouvre, on veut entendre la multitude de voix bruyantes qu’il apporte de Londres et de l’univers. « Maintenant ranimez le feu, fermez bien les volets, laissez tomber les rideaux, roulez le sofa, et, pendant que l’urne bouillante et sifflante élève sa colonne de vapeur, souhaitons la bienvenue au soir pacifique qui entre1193. » Et le voilà qui conte son journal, politique, nouvelles, tout jusqu’aux annonces, non pas en simple réaliste, comme tant d’écrivains aujourd’hui, mais en poëte, c’est-à-dire en homme qui découvre une beauté et une harmonie dans les charbons d’un feu qui pétille ou dans le va-et-vient des doigts qui courent sur une tapisserie ; car c’est là l’étrange distinction du poëte : les objets non-seulement rejaillissent de son esprit plus puissants et plus précis qu’ils n’étaient en eux-mêmes et avant d’y entrer, mais encore, une fois conçus par lui, ils s’épurent, ils s’ennoblissent, ils se colorent, comme les vapeurs grossières qui, transfigurées par la distance et la lumière, se changent en nuages satinés, frangés de pourpre et d’or. […] Pendant longtemps, il parut dangereux ou ridicule. « Tout ce qu’on savait de l’Allemagne1216, c’est que c’était une vaste étendue de pays, couverte de hussards et d’éditeurs classiques ; que si vous y alliez, vous verriez à Heidelberg un très-grand tonneau, et que vous pourriez vous régaler d’excellent vin du Rhin et de jambon de Westphalie. » Quant aux écrit vains, ils paraissaient bien lourds et maladroits. « Un Allemand sentimental ressemble toujours à un grand et gros boucher occupé à geindre sur un veau assassine. » Si enfin leur littérature finit par entrer, d’abord par l’attrait des drames extravagants et des ballades fantastiques, puis par la sympathie des deux nations qui, alliées contre la politique et la civilisation françaises, reconnaissent leur fraternité de langue, de religion et de cœur, la métaphysique allemande reste à la porte, incapable de renverser la barrière que l’esprit positif et la religion nationale lui opposent.
Mais, dit l’un de ses rédacteurs, elle a « constaté le néant de la politique ». […] Mais il est question de politique aussi, là-dedans, de sociologie ? […] Mais tout demeure dans le domaine philosophique : nous ne nous occupons pas de politique Bien. […] Somme toute, en les deux maîtres du Vers-libre, le précepte continuellement mis en pratique désormais, de Théodore de Banville : « Le Poète coupe son vers comme il l’entend. » Les « Entretiens » étaient aussi politiques. […] Il se donna aussi, comme Barrès, hanté par elle dès notre temps, à l’aventure politique… Les devoirs de la vie, hélas !
Sur le trône, elle maintint son indépendance en demandant peu à ses peuples, et mit sa politique à ne rien hasarder. […] La religion continua d’être, pour un grand nombre d’hommes, une affaire politique. […] Ce fait puissant, qui a déterminé peut-être le cours des institutions politiques de l’Angleterre, ne pouvait manquer d’exercer aussi, sur le caractère et le développement de sa poésie, une grande influence. […] C’est que les mœurs de l’Angleterre, formées sous l’influence des mêmes causes qui lui donnèrent ses institutions politiques, prirent de bonne heure ce caractère de publicité et de mouvement qui appelle une poésie populaire. […] Au milieu des révolutions politiques, dans ces temps où la société en guerre avec elle-même ne peut plus diriger les individus par ces lois qu’elle leur imposait pour le maintien de son unité, alors seulement le jugement de Shakespeare hésite et laisse hésiter le nôtre ; lui-même ne démêle plus bien où est le droit, ce que veut le devoir, et ne sait plus nous le faire pressentir.
En ceci, comme un grand politique qu’il était, Molière mettait à profit les circonstances historiques dont il était entouré. […] Remarquez en outre combien l’habile et infâme diplomatie de Tartuffe rappelle, en ses cruels détails, l’habileté impitoyable, le crime absolu, le crime politique ! […] Notez que dans la contrefaçon de Beaumarchais je n’ai pas relevé cet odieux personnage de Basile, qui n’a rien à faire dans cette intrigue d’amour, non plus que les prétentions littéraires, philosophiques et politiques de M. […] Ce qui n’empêche pas Molière, quand il veut, de faire lui aussi sa petite scène politique : par exemple, la dernière scène du Sicilien, quand don Pèdre va se plaindre chez ce jeune sénateur tout occupé de danses, de concerts, de plaisirs de toutes sortes ; aimable censure dirigée, sans fiel, contre les jeunes successeurs éventés et élégants d’Omer Talon et de Mathieu Molé. […] Déjà, il comprend confusément qu’une destinée s’ouvre devant lui, une destinée politique ; on dirait un nouveau débarqué de la Gironde, tant il est calme et sûr de son fait.
Cela seul peut expliquer qu’on n’ait point encore tiré de son œuvre une métaphysique, une éthique, une politique, et même une psychologie qui l’eussent divinisé ; car la foule respecte héréditairement les prêtres, les cartomanciennes et les philosophes. […] Mais pourquoi, Max, m’attarder à une appréhension et à un avertissement que le lecteur le moins expert, au premier fumet de ton ouvrage, à moins qu’il n’ait une arrière-pensée d’ordre politique, apercevra, aussitôt, l’inutilité. […] Comme pour les poètes lyriques, les prosateurs d’aujourd’hui éprouvent le besoin de prendre part à la montée politique et de prononcer la parole sacrée apte à réunir les peuples et à les délivrer du joug des siècles passés. […] Le 15 mars 1919, il fonde L’Art libre à Bruxelles, où il écrit sur l’art (sous le pseudonyme de Jacques Olivier) et la politique.
Elle ne songeait pas à être une héroïne politique quand elle allait ainsi les chercher à travers les barreaux, pas plus qu’elle n’était une théologienne quand elle épanchait avec confiance ses pleurs et ses parfums devant Dieu ; elle n’avait que des instincts de miséricorde et de fraternité humaine, mais elle les avait pressants, irrésistibles.
et combien aux années heureuses et innocentes, avant la politique, il lui a été donné de verser de semblables chants dans les âmes souffrantes, lui, le grand consolateur à qui il doit être tant pardonné !
Aujourd’hui, c’est un coin politique et historique ; demain, une poésie ou une rêverie mélancolique ; après-demain, quelque roman sanguinaire ou licencieux, puis tout d’un coup une chaste et grave et religieuse production ; il faut que la pauvre critique aille toujours à travers cela, il faut qu’elle s’en tire, qu’elle s’en teigne tour à tour, qu’elle voie assez de chaque objet pour en jaser pertinemment et d’un ton approprié.
Une société où la distinction personnelle a peu de prix, où le talent et l’esprit n’ont aucune valeur officielle, où la haute fonction n’ennoblit pas, où la politique devient l’emploi des déclassés et des gens de troisième ordre, où les récompenses de la vie vont de préférence à l’intrigue, à la vulgarité, au charlatanisme qui cultive l’art de la réclame, à la rouerie qui serre habilement les contours du Code pénal, une telle société, dis-je, ne saurait nous plaire.
Les héros de sa taille qu’il embrasse ou combat dans la boue politique ne vivent plus en nous que grâce à des souvenirs anciens et tenaces.
La division vint troubler la douceur de ces rendez-vous littéraires & politiques.
Tout ce qui tend à élever l’âme est donc favorable à la morale ; c’est ainsi que les arts, la science, la liberté politique, la philosophie, sont des forces qui tendent à maintenir un niveau élevé dans l’humanité.
Alors les théories fourmillent, l’esprit se fausse, et la Babel des Dix décrets s’élève tout à coup dans les Politiques universelles !
Dans le résumé de son histoire, il donne pour conséquence de la paix de Dieu la civilisation moderne et l’égalité politique de notre temps.
… Benjamin Constant, qui a traduit le Wallenstein, qui parlait allemand et qui s’est marié en allemand à une femme de grande maison allemande, Mademoiselle Charlotte de Hardenberg, Benjamin Constant, dont la nerveuse inconsistance toucha un jour à la trahison politique, fut, de nature et de mœurs, le plus agité et le plus étourdi des Français.
établit le plus grotesque des rapports entre le scepticisme philosophique et l’opposition politique qui n’est pas constitutionnelle ; ni même M.
À part ses conséquences, — et ces conséquences, si elles étaient légitimes, feraient table rase de tout ce que le monde moderne tient pour vrai en philosophie et replaceraient la théologie à sa vraie place, c’est-à-dire à la tête de toutes les sciences, même naturelles, — à part ces conséquences à outrance, ne manqueront pas de dire certaines gens, le mémoire adressé par M. de M*** à l’Académie des sciences morales et politiques a encore une importance considérable.
Les autres ont déshonoré la Poésie dans les viletés de la politique ou l’ont ridiculisée en devenant académiciens.
Connaître ses romanciers et ses poètes, connaître les créations fictives qu’elle a enfantées pour le seul plaisir, sans arrière-pensée scientifique, politique ou morale, c’est la connaître elle-même et sous un de ses principaux aspects ; c’est savoir ce par quoi elle a vécu, et ce par quoi peut-être elle est destinée à vivre. […] On acclama surtout l’écrivain parce qu’il se doublait d’un homme politique. […] Il a à peine employé quelques mois de sa vie à s’occuper de politique, et il a trouvé le moyen de formuler deux déclarations sur le même point, diamétralement opposées l’une à l’autre. […] L’homme d’aujourd’hui n’a plus d’idéal religieux ; ni d’idéal artistique ou littéraire ; ni d’idéal politique. […] Natures esthétiques, nous l’avons vu, jusqu’à concevoir la contemplation désintéressée de la beauté comme but unique et dernier de toute existence humaine, peu préoccupés, semble-t-il, de satisfactions ambitieuses, de richesses, d’amour même, dédaigneux de la politique « qui commence à M.
Et qu’avons-nous besoin d’être informés par le menu de la politique et du caractère de la vieille reine qui tue l’enfant Tintagiles ? […] Et l’histoire de Rémoussin, dans l’Engrenage, nous apprend que la politique est une grande pervertisseuse de conscience et aussi que, « entre le suffrage universel et ses élus, il y a corruption mutuelle ». […] Et, maintenant, je vais vous dire l’aventure de Rémoussin, qui fut honnête homme, puis homme politique et, finalement, redevint honnête homme. […] Oui, la politique, ailleurs encore que dans une démocratie, mais dans une démocratie plus que partout, est une maîtresse de mensonge, d’hypocrisie et de lâcheté. […] Voilà plus de cent ans que la noblesse est morte comme classe politique et comme classe sociale ; et, pourtant, il n’y a pas à dire, elle survit comme caste mondaine.
« La bienfaisance garde le souverain pendant le jour ; l’amour de ses sujets est sa garde nocturne. » « Le souverain est l’âme d’un corps politique, dont les membres sont sans cesse agités par ses vices et par ses vertus. […] En effet, au milieu des brigues et des cabales de l’ambition, parmi cette foule de calomniateurs qui empoisonnent les meilleures actions ; entouré d’envieux qui font échouer les projets les plus utiles, tantôt pour vous en ravir l’honneur, tantôt pour se ménager de petits avantages ; de ces politiques ombrageux qui épient les progrès que vous faites dans la faveur du souverain et du peuple, pour saisir le moment où il convient de vous desservir et de vous renverser ; de cette nuée de méchants subalternes qui ont intérêt à la durée des maux, et qui pressentent la tendance de vos opérations ; qu’a-t-on de mieux à faire que de renoncer aux fonctions d’État ? […] C’est la religion politique que je déteste, parce qu’elle doit à la longue corrompre la philosophie et la vraie religion : la vraie religion, qui ne peut avoir dans ces hommes-là que des défenseurs hypocrites : la philosophie, que des amis pusillanimes ; et c’est ainsi que quelques-unes des excellentes productions que notre siècle transmettra aux siècles à venir, semblables aux écrits d’Aristote, offriront, dans une page, des autorités à l’eumolpide contre l’académicien, et à la page suivante, des autorités à l’académicien contre l’eumolpide. […] Et j’ajouterai qu’après s’être choqué de cet écart, si c’en est un, par un tour d’esprit assez singulier, le critique quitte son chemin pour aller heurter rudement le digne et respectable auteur387 de l’Histoire philosophique et politique de la découverte et du commerce des deux Indes.
Leur respect pour toutes les lois, c’est-à-dire pour la loi morale, la loi politique et la loi des convenances réprime au-dehors leur ardeur naturelle : mais elle n’en existe pas moins, et quand les circonstances ne leur donnent pas d’aliment ; quand l’ennui s’empare de ces imaginations si vives ; il y produit des ravages incalculables. […] Les défauts des Allemands sont bien plus le résultat de leurs circonstances que de leur caractère, et ils s’en corrigeront, sans doute, s’il existe chez eux un ordre politique fait pour donner une carrière à des hommes dignes d’être citoyens. […] L’imagination se représente cette belle France qui nous accueillerait sous son ciel d’azur, ces amis qui s’attendriraient en nous revoyant, ces souvenirs de l’enfance, ces traces de nos parents que nous retrouverions ; à chaque pas ; et ce retour nous apparaît comme une sorte de résurrection terrestre, comme une autre vie accordée dès ici-bas ; mais si la bonté céleste ne nous a pas réservé un tel bonheur, dans quelques lieux que nous soyons nous prierions pour ce pays qui sera si glorieux, si jamais il apprend à connaître la liberté, c’est-à-dire, la garantie politique de la justice Notice sur Lady Jane Grey.
Les ennemis politiques n’étaient à ses yeux que de féroces dupeurs. […] Ce temps explique Machiavel en politique, Benvenuto Cellini en art et en littérature. […] Machiavel et Benvenuto Cellini furent les créatures de l’ère, de la politique et des arts, les héros forts et demi-barbares qui précédèrent dans l’antiquité fabuleuse les grandes civilisations.
Il a rempli l’Univers de ses armes, de sa politique, de sa philosophie et de ses modes nouvelles, de ses comédies et de ses pompons, de sa politique et de ses bons mots ; il a régné au théâtre et dans le salon ; dans la chaire et sur les champs de bataille ; il a vaincu par ses solitaires, autant que par ses capitaines ; la langue universelle il l’a trouvée, plus habile en ceci que Leibnitz qui cherchait à réaliser ce beau rêve, et qui le cherchait, comme si les oreilles n’eussent pas été faites pour entendre ! […] Les uns et les autres, ils se sont tous perdus, en mille papotages ingénieux, philosophiques, politiques et littéraires, et ils commençaient à comprendre le danger, lorsque la révolution française est venue interrompre brusquement cette aimable causerie.
Tanneguy Duchâtel) enseignaient une économie politique avancée. […] Abel Rémusat, homme d’ailleurs d’infiniment d’esprit, de plus d’esprit peut-être encore que de savoir, était un adversaire politique des plus prononcés, un partisan du pouvoir absolu tel qu’il existe en Asie et dans l’Empire du Milieu, un ennemi ironique et amer de la liberté.
En politique, en pensées sociales, comme il dit, en religion, en poésie même à proprement parler, il a vu évidemment avec ardeur son horizon s’agrandir, et son œil a joué plus à l’aise, tout cadre factice étant tombé. […] Quelques pages enfin des Paroles d’un Croyant, quelques-unes des images touchantes et non politiques, pourraient se rapporter à cette poésie de curé de campagne en Bretagne.
XXXII Écarté de l’arène politique avant d’avoir combattu, Louis de Ronchaud s’ensevelit dans la solitude de son cœur et de ses pensées ; il ne se laissa connaître que par quelques rares amis, à qui la grâce de son caractère n’en cachait pas la force, comme une femme d’Orient qui voile sa taille et son visage pour la foule, d’un blanc linceul, et qui ne le dépouille qu’en rentrant dans la maison, derrière les jalousies et les grilles de sa chasteté. […] XXXVI Telle était la vie de ce solitaire, se nourrissant à l’ombre du toit de Saint-Lupicin de sa propre substance admirative, et trouvant d’ineffables délices d’esprit dans cette contemplation savante de tout ce que l’homme a fait de grand ou de beau sur ce globe, afin de se donner à lui-même et de pouvoir donner un jour aux autres un sursum corda scientifique, capable d’élever l’âme de son siècle et de la soutenir, au-dessus du plain-pied de la vie vulgaire, à la hauteur des plus sublimes manifestations du beau dans la morale, dans la politique et dans l’art.
Nous pouvons laisser de côté les théories politiques, sociales et philosophiques de George Sand : elles attestent la force de ce grand courant d’idées humanitaires, démocratiques et socialistes qui a traversé la société et la littérature après 1830, et surtout entre 1840 et 1850. […] Grandet ; le Curé de Tours ; Illusions perdues) ; scènes de la vie parisienne (César Birotteau) ; scènes de la vie politique ; scènes de la vie militaire ; scènes de la vie de campagne (les Paysans ; le Curé de village) ; études philosophiques (la Recherche de l’absolu) ; études analytiques.
Nous disions : « Depuis que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre époque, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions entre lesquelles se divise l’Europe intellectuelle, c’est-à-dire d’une part l’Angleterre et l’Allemagne, représentant tout le Nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine. […] Il a su faire converger l’esprit de la comédie et de la satire à l’inspiration de la Marseillaise ; et il a composé de ce mélange la chanson politique, la chanson nationale.
Pour tant de jeunes, il n’y a pas de maîtres, ni de talents : rien que des « voix » à ménager, — des « voix politiques » ! […] Vincent d’Indy Introduire la politique — chose vile et méprisable — dans l’Art, en faisant subir à celui-ci l’outrage des mœurs électorales, me paraîtrait odieux, si ce n’était pas simplement ridicule.
Il y dit : « Chaque peuple a une quadruple intuition : religieuse, politique, scientifique et artistique. » Il voit dans le drame le point culminant de la poésie. […] La question de la représentation de Lohengrin n’est pas tant du domaine esthétique que politique.
Sannes, 1869 — ont été traduits encore pour le guide musical et tirés à part en brochures in-8° : Art et Politique,, par M. […] Fétis attaque Wagner tant pour ses opinions politiques que pour ses positions esthétiques.
Les idées politiques de 1848 l’ont un moment enfiévré, fait revivre, mais quand elles ont été tuées, il a été repris de plus belle par l’ennui de l’existence, l’inoccupation des pensées et des aspirations. Un esprit distingué, attaqué d’une paisible nostalgie de l’idéal en politique, en littérature, en art, mais ne se lamentant qu’à demi-voix, et ne s’en prenant qu’à lui-même de sa vision de l’imperfection des choses d’ici-bas.
Sans doute herboriste est la corruption d’arboriste ; sans doute il peut sembler fâcheux qu’on ait confondu confrairie et confrérie, palette avec poëlette, chère avec chair, que le féminin de sacristain soit sacristie, qu’ornement ait donné ornemaniste et fusain, fusiniste, et que, dans le vocabulaire des injures politiques, on oublie, en écrivant salaud, que le féminin de cette délicieuse épithète est salope, mais avant de condamner des formes qui, malgré les grammairiens, se permettent de dévier un peu de la logique apparente, il faudrait peut-être les examiner avec quelque minutie et quelque bienveillance. […] Elles sont venues de l’anglais : après avoir souillé notre vocabulaire usuel, il va, si l’on n’y prend garde, influencer la syntaxe, qui est comme l’épine dorsale du langage ; du grec, manipulé si sottement par les pédants de la science, de la grammaire et de l’industrie ; du grossier latin des codes que les avocats amenèrent avec eux dans la politique, dans le journalisme, et dans tout ce que l’on qualifie science sociale.
Coutumier comme elle de ne point creuser les dessous des choses, de croire tout uniment qu’il y a des braves gens et des coquins, que tous les hommes sont frères et tous les prés fleuris, que les oiseaux chanteurs célèbrent l’Éternel, que les morts vont dans un monde meilleur, et que la Providence s’occupe de chacun, ralliant les disserteurs de politique par son adoration de quatre-vingt-neuf, les mères par son amour des enfants, les ouvriers par sa philanthropie et son humanitarisme, ne choquant en politique que les aristocrates, en littérature que les réalistes et en philosophie que les positivistes, trois partis peu nombreux, M.
J’ai cru un moment que ce drame serait politique, que la flamme des passions démocratiques allait s’y allumer, car M. […] Si ce croquant politique, leur frère, qu’ils métamorphosent en cousin pour cacher sa fuite de Cayenne, avait eu seulement une étincelle de ce feu sacré qui fait les charcutiers et qui cuit le boudin, du coup il devenait charcutier, et nous n’eussions pas eu, pour le bonheur de notre esprit, cette étonnante et forte étude sur la charcuterie qui restera la gloire de M.
Avec des hommes comme Friant, tout honneur, toute simplicité, sans politique, sans raillerie frondeuse, héroïquement utiles et n’ambitionnant pas autre chose, Napoléon n’était resté que le premier des soldats.
Sa fièvre politique s’était calmée.
Ce volume de Fléchier sera désormais un document précieux pour l’historien, et lui-même, esprit sérieux sous ses grâces, il a eu l’honneur de ne pas rester étranger à ce que nous appellerions la pensée administrative et politique qu’on en peut tirer.
Vitet, l’un des écrivains qui ont le plus contribué comme critiques à l’organisation et au développement des idées nouvelles dans la sphère des arts, un de ceux qui avaient le plus travaillé à mettre en valeur la forme dramatique de l’histoire et à la dégager des voiles de l’antique Melpomène ; homme politique des plus distingués, il se trouvait en présence d’un homme d’État chargé de le recevoir sur un terrain purement littéraire.
Mais il a compris la chose en auteur qui veut allonger son livre, et non le composer : c’est pourquoi il a entassé dans son Introduction force anecdotes, bons mots, récits de détails, exposés de doctrines religieuses ou politiques, sarcasmes croisés contre les philosophes et les papistes ; nulle part, il n’a placé ces vues générales qui caractérisent l’historien et révèlent en lui l’intelligence de son sujet.
Pour que l’état politique et philosophique d’un pays réponde à l’intention de la nature, il faut que le lot de la médiocrité, dans ce pays, soit le meilleur de tous ; les hommes supérieurs, dans tous les genres, doivent être des hommes consacrés et sacrifiés même au bien général de l’espèce humaine.
Cette question semble usée en France, et cependant l’on n’y a jamais entendu que les arguments d’un seul parti ; les journaux les plus divisés par leurs opinions politiques, la Quotidienne, comme le Constitutionnel, ne se montrent d’accord que pour une seule chose, pour proclamer le théâtre français, non seulement le premier théâtre du monde, mais encore le seul raisonnable.
Elle tient au lyrisme par des rythmes et un mouvement de chansons : elle s’imprègne fortement, de satire, tantôt personnelle comme dans les ïambes des anciens Grecs, tantôt sociale ou politique, comme dans les comédies d’Aristophane, et tantôt purement morale, comme dans les satires d’Horace ou de Juvénal.
Le moribond a employé sa nuit de noces à enseigner à sa femme sa corruption morale et sa corruption politique.
Ce drame contient, du reste, une douce satire politique, la peinture d’un peuple décadent vaincu par un peuple jeune, des paysages, une idylle, des prières et des effusions mystiques, une philosophie de l’histoire, une conception du monde.
Cela est surtout évident à l’origine de toutes les littératures ; sans remonter jusqu’à l’Iliade et l’Odyssée qui sont des actes de foi, chez nous, durant ce XVIIe siècle dont je vous parlais, tandis que les orateurs sacrés conduisaient à leurs suprêmes conséquences les principes enfermés dans les dogmes, exprimaient des plus abstraites spéculations religieuses une psychologie, une morale et une politique chrétiennes, les poètes, par une rétroaction de rêve, faisaient rayonner la Croix sur les Idoles et christianisaient les fables do l’Antiquité.
En vain, les décadents (c’est ainsi qu’on appelait, faute de mieux, les écrivains nouveaux), en vain les décadents les plus pressés de fixer l’attention traînaient-ils Louise Michel aux conférences de la salle Jussieu ; en vain se glissaient-ils dans les réunions anarchistes pour y déraisonner sur la politique, tandis que les politiciens y déraisonnaient sur la poésie, chacun ayant l’habitude, remarque Rachilde, de s’occuper de ce qui ne le concerne pas : le public continuait d’ignorer ; la Presse ne soufflait mot.
Avoir fait de la pauvreté un objet d’amour et de désir, avoir élevé le mendiant sur l’autel et sanctifié l’habit de l’homme du peuple, est un coup de maître dont l’économie politique peut n’être pas fort touchée, mais devant lequel le vrai moraliste ne peut rester indifférent.
Le Dieu de l’Évangile, un Ésope onctueux, un politique, un agent d’affaires à consultations gratuites et bienveillantes.
* * * — Il y a de gros et lourds hommes d’État, des gens à souliers carrés, à manières rustaudes, tachés de petite vérole, grosse race qu’on pourrait appeler les percherons de la politique.
On a mis à la suite de ses contes moraux Belisaire, où l’auteur s’éleve jusqu’à la plus sublime politique.
Les états de l’Asie ont toujours été aussi sujets que les états de l’Europe aux revolutions politiques ; mais il semble que les états de l’Asie aïent été moins sujets que les états de l’Europe aux revolutions morales.
Eh bien, Messieurs, j’ose l’affirmer, on y suivrait la trace de tous les grands événements ; on devinerait, par elles, toutes les révolutions politiques et morales des deux siècles, et c’est dans la comédie que se retrouverait l’histoire.
Voici que le droit des femmes devient, même pour les hommes d’État, une sérieuse opinion politique ; que le club jadis fondé par Mme Olympe Audouard, de rose mémoire, qui ne pensait peut-être pas en tête-à-tête avec un homme ce qu’elle disait devant des hommes réunis, voici que ce club haché si longtemps par la plaisanterie rejoint ses tronçons et ressuscite avec d’autres Olympe Audouard, aussi affreusement rouges qu’elle était, elle, délicieusement rose… Voici que les Tricoteuses de la Révolution, si elles revenaient dans notre monde, ne voudraient plus tricoter devant la tribune, mais entendraient bien y monter !
Selon nous, ces espèces de capacités sont les meilleures, les plus nettes, les plus lumineuses qu’il y ait eu jamais parmi les hommes, et la littérature qui en est l’expression, soit sur les choses de la guerre, soit sur les choses de la politique et de l’histoire, est certainement la littérature où se trouvent relativement le plus d’œuvres supérieures et le moins d’œuvres médiocres… La cause de cela ne vient point seulement de ce que la vie militaire est une grande école pour le caractère, et qu’à une certaine profondeur le caractère et l’intelligence confluent et s’étreignent.
Quoique immensément au-dessous de Montesquieu, dont il descend, l’auteur des Études sur les civilisations a repoussé le joug de l’idée de Montesquieu qui a fait le plus de chemin, parmi tant de ses idées restées en route, et que la politique et l’histoire ont également dépassées… Il ne donne pas badaudement dans cette influence des climats qui a régné dans beaucoup de systèmes, et dont le dernier partisan est Taine, qui meurt intellectuellement de cette idée-là.
C’est enfin ce fait immense, sur lequel on n’a pas assez réfléchi, et qui prouve l’universelle et l’absolue supériorité de l’homme de guerre, que même les plus grands politiques, en histoire, c’est encore et toujours les plus grands généraux !
Montesquieu a été tenu sur les fonts par un pauvre ; Vian a peut-être voulu avoir son pauvre… mais d’esprit, pour le baptiser, La préface de Laboulaye a toutes les platitudes philosophiques et politiques qui font, pour les amateurs du bouillon de poulet libéral, le genre de talent de Laboulaye.
II Vous rappelez-vous le mot du vicomte de Bonnay au comte de Mirabeau, un soir d’une de ces orgies politiques connues sous le nom de séances de l’Assemblée Nationale ?
Du haut de cette immobilité empyréenne, il se jugeait, lui, ses ouvrages, le monde de l’art, de la science, de la politique ; il jugeait tout : il était critique.
Prenez, si vous voulez, tous les écrits politiques que notre siècle a vus, toutes les élucubrations quelconques de ces penseurs à répétition qui se donnent pour sonner leur propre pensée, et vous verrez si un seul de ces écrits peut échapper à l’une ou à l’autre de ces deux et fatales origines, ou la théorie de Rousseau ou la théorie de Montesquieu !
Il n’est que le produit du temps ; il est sorti de son fumier… Il est vrai que quand Louis XV, sous la pression universelle, fut allé du premier bond à l’inceste et passa successivement par les bras prostitués des quatre sœurs, cette France, livrée de toute éternité à ce que nous appelons à présent en politique : le centre gauche, c’est-à-dire à la modération bourgeoise dans le mal, trouva trop de Gabrielles comme cela à la clef et se prit à crier contre un sardanapalisme si effroyablement exaspéré, non par vertu, mais par inconséquence de tête changeante et frivole, et pour que l’Histoire eût deux fois à la mépriser.
Qu’était redevenu le chevalier de Boufflers, quand les événements l’eurent dépouillé de son caparaçon de gouverneur du Sénégal et qu’il eut été obligé de renoncer à ses ambitions politiques ?
Son mérite le plus net, à nos yeux, le plus grand honneur de sa pensée, c’est d’avoir ajouté à une preuve infinie ; c’est, après tant de penseurs et d’apologistes, qui, depuis dix-huit cents ans, ont dévoilé tous les côtés de la vérité chrétienne, d’avoir montré, à son tour, dans cette vérité, des côtés que le monde ne voyait pas ; c’est, enfin, d’avoir, sur la Chute, sur le Mal, sur la Guerre, sur la Société domestique et politique, été nouveau après le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, ces imposants derniers venus !
Est-ce son mépris de la psychologie et de l’économie politique ?
Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes, parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi, elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle, dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre !
Écrit vers 1844, il fit brèche contre les philosophies et les politiques de perdition qui tenaient déjà le mondé et qui le lâchèrent un instant, épouvantées de ce qui restait encore d’âme à la France.
… Pourquoi faut-il qu’un écrivain d’autant de cœur que l’auteur de la Famille ne soit pas de la vraie religion des grands artistes, de cette religion de Byron-le-mauvais, mais perfectionné par la vie, quand il voulut qu’Allegra fût catholique et quand il écrivit sur son tombeau : « C’est moi qui retournerai vers elle, mais elle ne reviendra jamais vers moi. » En poésie, en moralité sensible, en cœur humain, il n’y a plus rien à attendre en dehors du catholicisme, pas plus qu’en politique, en gouvernement, en science sociale.
Nous en avons eu presque autant que de gouvernements politiques.
Investi au ministère de l’Intérieur d’attributions entièrement politiques en matière de presse et de publicité, Édouard Gourdon, qui a peut-être en lui, qui sait ?
Cet art, outre une imagination très vive et prompte à s’enflammer, supposait encore en eux des études très longues ; il supposait une étude raisonnée de la langue et de tous ses signes, l’étude approfondie de tous les écrivains, et surtout de ceux qui avaient dans le style, le plus de fécondité et de souplesse ; la lecture assidue des poètes, parce que les poètes ébranlent plus fortement l’imagination, et qu’ils pouvaient servir à couvrir le petit nombre des idées par l’éclat des images ; le choix particulier de quelque grand orateur avec qui leur talent et leur âme avaient quelque rapport ; une mémoire prompte, et qui avait la disposition rapide de toutes ses richesses pour servir leur imagination ; l’exercice habituel de la parole, d’où devait naître l’habitude de lier rapidement des idées ; des méditations profondes sur tous les genres de sentiments et de passions ; beaucoup d’idées générales sur les vertus et les vices, et peut-être des morceaux d’éclat et prémédités, une étude réfléchie de l’histoire et de tous les grands événements, que l’éloquence pouvait ramener ; des formules d’exorde toutes prêtes et convenables aux lieux, aux temps, à l’âge de l’orateur ; peut-être un art technique de classer leurs idées sur tous les objets, pour les retrouver à chaque instant et sur le premier ordre ; peut-être un art de méditer et de prévoir d’avance tous les sujets possibles, par des divisions générales ou de situations, ou de passions, ou d’objets politiques, ou d’objets de morale, ou d’objets religieux, ou d’objets d’éloge et de censure ; peut-être enfin la facilité d’exciter en eux, par l’habitude, une espèce de sensibilité factice et rapide, en prononçant avec action des mots qui leur rappelaient des sentiments déjà éprouvés, à peu près comme les grands acteurs qui, hors du théâtre, froids et tranquilles, en prononçant certains sons, peuvent tout à coup frémir, s’indigner, s’attendrir, verser et arracher des larmes : et ne sait-on pas que l’action même et le progrès du discours entraîne l’orateur, l’échauffe, le pousse, et, par un mécanisme involontaire, lui communique une sensibilité qu’il n’avait point d’abord.
Il y a, comme on sait, une sorte de philosophie mâle et forte, qui applique à des vérités politiques ou morales toute la vigueur de la raison ; et c’était celle qu’avait souvent Corneille.
Sa foi religieuse, ses convictions politiques, ses goûts littéraires le séparaient de Mérimée. […] Ce solitaire est un politique. […] Il unit à la sagesse d’un politique la candeur d’un héros. […] Il était digne du martyre politique. […] En morale, en religion, en politique, tout est contestable, puisque tout est contesté.
. — Son énergie, son dévouement, son rôle politique. — Son esprit. — Différence des réalistes anciens et des réalistes modernes. — Ses œuvres […] En vain il a écrit en prose, en vers, sur tous les sujets, politiques et religieux, d’occasion et de principes, satires et romans, histoires et poëmes, voyages et pamphlets, traités de négoce et renseignements de statistique, en tout deux cent dix ouvrages, non d’amplification, mais de raisonnements, de documents et de faits, serrés et entassés les uns par-dessus les autres avec une telle prodigalité que la mémoire, la méditation et l’application d’un homme semblent trop petites pour un tel labeur ; il meurt sans un sou, laissant des dettes. […] Ici comme ailleurs, de Foe, ainsi que Swift, est un homme d’action ; l’effet le touche et non le bruit ; il compose Robinson pour avertir les impies, comme Swift écrivait la vie du dernier pendu pour faire peur aux voleurs. « Cette histoire, dit la préface, est racontée pour instruire les autres par un exemple, et aussi pour justifier et honorer la sagesse de la Providence. » Dans ce monde positif et religieux, parmi ces bourgeois politiques et puritains, la pratique est de telle importance qu’elle réduit l’art à n’être que son instrument. […] Solmes, et pour la défense de l’autorité du père. » À présent la chose est une affaire de politique et de guerre. « Puisque vous avez déployé vos talents et tâché d’ébranler tout le monde, sans être ébranlée vous-même, c’est à nous maintenant de nous tenir plus fermes et plus serrés ensemble. » Ils forment « une phalange rangée en bataille », où chaque conviction alourdit les autres de tout son poids.
Mon père fit les frais de la publication, Rignoux m’imprima, et avec cet à-propos et ce flair des commotions politiques qui me caractérisent, je parus au passage des Panoramas, à la vitrine de Marie, éditeur, juste le 28 juillet 1850. […] Aussi le succès des chansons politiques de Béranger fut-il immense ; il exprimait avec un rare bonheur un sentiment général, et chantait tout haut ce que chacun murmurait tout bas. […] Béranger plaît au grand nombre, en dehors de sa portée politique, par cette clarté ingénieuse, cette sobriété un peu nue, ce bon sens proverbial qui, pour nous, se rapprochent trop de la prose. […] Fort infatué de son projet, Balzac recruta quelques affiliés qu’il ne mit en rapport les uns Avec les autres qu’en prenant des précautions comme s’il se fût agi d’une société politique, ou d’une vente de carbonari. […] Une besogne l’eût retenu trop longtemps ; il avait toutes les curiosités : la curiosité du livre, du tableau, du bric-à-brac, du voyage et même de la politique.
Mais assurément, vous l’allez voir, Messieurs, celui de Cléopâtre est l’une des plus belles peintures, des plus énergiques surtout, que l’on ait jamais tracées de l’ambition politique, de l’audace dans le crime, et de la volonté dans la passion. […] Je ne sache pas qu’il ait été très curieux de science, de mathématiques ou de physique, non plus que de politique, et, si je crois devoir en faire en passant la remarque, c’est qu’en vérité on le lui a reproché. […] — Aussi ne suffit-il plus à Racine qu’un événement soit historique, mais il lui faut encore qu’il soit humain, et qu’ainsi la tragédie ne dégénère jamais en une leçon de politique ou d’histoire. […] Ou bien encore, si nous faisions lutter, dans l’âme de notre hypocrite, ses intérêts et sa sensualité, sa politique et ses appétits ? […] — de même, dans la bouche de l’ambitieux, il vous faut le droit de mettre le langage de la politique.
devisant qui de politique, qui de courses, qui de femmes, qui de maladies, nous de poésie et d’art Soudain la voix de la si blonde suppléante résonne, venant d’un perron d’ailleurs en bois, qui domine « le parc » où nous sommes, disant, cette voix : « Messieurs 31 et 24, de Lasègue… il y a quelqu’un pour vous dans la salle… ». […] Pour ce qui est de ses idées politiques et philosophiques et même littéraires en majeure partie, je dois avouer en dépit de toute mon admiration et de tout mon respect, beaucoup d’entre elles n’ont jamais été ou ne sont plus les miennes. […] Cranmer Byng, éditeur d’une toute nouvelle revue anglaise, The Senale, en très grande partie littéraire et artistique, sans parler des très intéressants articles politiques dont l’appréciation n’a d’ailleurs que faire ici, vient de publier, sous le pseudonyme de « Paganus », un volume de vers intitulé Poems of Paganism. […] Je suis en fait de politique générale de l’avis de Joseph de Maistre, le rêve de Bakounine n’étant pas encore réalisable. » Devoirs d’Histoire de France par E. […] On évitait les questions politiques toujours irritantes même entre amis que diviseraient même de simples nuances, à plus forte raison de profondes divergences de vues, et l’on parlait plutôt littérature, science, France surtout !
Il renonce à son rôle politique et Social. […] Notre genre de vie, nos idées, notre art ou ce qui nous en tient lieu, notre politique, tout lui est hostile. […] Toute sorte de codes, religion, politique, morale, décence, arrêtent la libre expansion de la nature. […] La politique a enseigné à subordonner les intérêts particuliers à l’intérêt général et les raisons individuelles à la raison d’État. […] Barrès n’est pas seulement un historien ou un philosophe : il est un homme politique.
Le Tasse était également dévoué au duc de Guise, chef militaire et politique du parti catholique. […] Une lettre inédite du poète semble indiquer clairement que ce fut le motif de sa disgrâce : « Peut-être, dit-il dans cette lettre, ai-je dû le refroidissement du cardinal au trop grand zèle que j’ai montré pour le parti catholique en France, ou par ressentiment de ce que je manifestais pour la religion plus de sollicitude que cela ne convenait à la politique de certains ministres de la cour de Ferrare. » L’écrivain français Balzac assure que la négligence du cardinal envers son poète fut poussée jusqu’à lui retirer son traitement et à lui refuser tout moyen de renouveler ses vêtements, usés par un an de séjour en France.
L’Anarchie, en politique comme en littérature, est l’idéal, je le crois, mais comme tous les idéals il est à l’infini, et l’on doit tendre vers lui sans espérer encore l’atteindre. L’anarchie, prêchée immédiatement, est un anachronisme — ce qu’on appelle crime en politique — car elle ne peut exister dans notre société égoïste ; le procédé même, nullement angélique, employé de préférence par ses prophètes les plus actifs, suffirait à prouver que son jour n’est pas arrivé.
Ils corrigent les vers médiocres, et font à ces dames des réputations d’esprit. » « Une précieuse », dit-il ailleurs, « doit avoir l’adresse de donner du prix à ses sentiments, de la réputation à ses ouvrages, d’assurer approbation à ses railleries, force à ses sévérités. » Les auteurs soudoyés étaient les ilotes de la république ; aussi se rencontrait-il des précieuses de mauvais caractère qui, oubliant la politique du corps, se donnaient habituellement le plaisir de mettre les auteurs et les beaux-esprits de ce genre à la gêne, et de mortifier leur vanité ; et elles se vantaient de cette habitude : mais leur sévérité, dit de Pure, était combattue par d’autres précieuses. Mademoiselle de Montpensier en a remarqué parmi elles qui font les dévotes par politique, et cette remarque rappelle qu’en 1667, la reine-mère, vieillie et mécontente du cardinal Mazarin qui désormais comptait moins sur elle pour sa fortune que sur ses nièces, et surtout sur l’inclination du jeune roi pour Hortense Mancini, était devenue dévote : de ce moment, il y eut des dévotes à la cour.
Cette règle dramatique sortant de la raison politique, était inviolable ; Eschyle tourna l’obstacle par un mouvement inspiré. […] Le souci de l’État assombrit encore l’angoisse des Fidèles, la politique élève sa voix grave par-dessus leur chant pathétique.
. — La Politique. — L’Artiste. — L’Ouvrière. — Pureté de sa légende. — Sa prédilection pour Athènes. — Athènes élève d’Athéné. […] Elle préside aux conseils de la politique, elle dicte aux cités leurs institutions et leurs lois.
Ils savent surtout que la grande crise politique et morale des sociétés actuelles tient, en dernière analyse, à l’anarchie intellectuelle. […] Tant que les intelligences individuelles n’auront pas adhéré par un assentiment unanime à un certain nombre d’idées générales capables de former une doctrine sociale commune, on ne peut se dissimuler que l’état des nations restera, de toute nécessité, essentiellement révolutionnaire, malgré tous les palliatifs politiques qui pourront être adoptés, et ne comportera réellement que des institutions provisoires.
Malgré les changements politiques survenus, malgré des malheurs qui auraient dû être des leçons, le Paris actuel est, de mœurs, à peu près celui de l’Empire, et le Paris de l’Empire ne différait pas beaucoup du Paris observé et peint par Balzac. C’est que les mœurs ne sont pas emportées, du coup, par les établissements et les institutions politiques qui croulent.
Nous ne parlons pas politique ; nous ne nous mêlons pas de leur gouvernement.
Il a donné, il y a quelques années, un récit cadencé, Héléna ; aujourd’hui, c’est Donald 47, l’histoire d’un employé, d’un industriel intelligent devenu un homme politique, probe, incorruptible, au cœur d’or et d’airain, qui résiste à toutes les tentations, à toutes les séductions, à force de conscience.
Comme ces dignes Parlementaires qui, à cette même date de 1788, avaient donné le branle à la politique, il était un peu déconcerté et furieux d’avoir fourni les armes à une telle révolution sur Homère.
Or, l’homme habile, à expédients, le génie à métamorphoses, le Mercure politique, financier ou galant, l’aventurier en un mot, ne dit jamais non aux choses ; il s’y accommode, il les prend de biais, il a l’air parfois de les dominer, et elles le portent parce qu’il s’y livre et qu’il les suit ; elles le mènent où elles peuvent ; pourvu qu’il s’en tire et qu’il en tire parti, que lui importe le but ?
il loue la trahison politique : « Le sage dit, selon les gens : Vive le roi !
Nous avons vu que la littérature, chez Diderot, chez Rousseau, chez Bernardin de Saint-Pierre, devient décidément individualiste : faut-il rappeler que Voltaire même, dans sa forme classique, est constamment tyrannisé par son individualité, que ses théories religieuses et politiques tiennent aux plus secrètes inclinations de son moi, et qu’enfin il n’a pas craint d’appliquer la grave, l’impersonnelle tragédie à la représentation de sa personne, de son ménage et de ses goûts ?
Paul Adam a connu tour à tour : 1º Paul Alexis ; 2º le monde des Entretiens politiques et littéraires, Griffin.
L’antinomie psychologique est l’antinomie fondamentale Les autres antinomies que nous allons maintenant passer en revue : antinomies esthétique, pédagogique, économique, politique, juridique, sociale et morale ne sont qu’une extension, une application et une dépendance de cette antinomie primordiale.
De tout cela résulta autour du temple une sorte de cour de Rome, vivant de politique, peu portée aux excès de zèle, les redoutant même, ne voulant pas entendre parler de saints personnages ni de novateurs, car elle profitait de la routine établie.
Il s’est rencontré, je le crains, des orateurs politiques qui ont dit au peuple ou aux Chambres tout autre chose que ce qu’ils pensaient.
Mill ; si nous pouvions reconstituer par synthèse une situation psychologique, comme nous pouvons calculer une position astronomique ; si nous étions capables de prévoir ; qui ne comprend que ce serait là un secret important pour la connaissance des hommes, pour l’éducation, pour la politique, pour toutes les sciences morales et sociales, et que la psychologie serait leur base, comme la physique est celle des sciences de la matière ?
Si la psychologie a sa base dans la physiologie, elle sert de base à son tour aux sciences morales, sociales et politiques.
Les hommes formant des sociétés séparées de celles des femmes ont leurs conversations aussi : ce sont généralement des dissertations philosophiques chez les Allemands, des discussions politiques, économiques et commerciales chez les Anglais.
Certains poètes grands et sérieux ont méconnu la politique.
Les considérations précédentes nous avertissent qu’à côté de cette utilité de connaissance qui fut tout d’abord désignée comme cause de toute invention de réel, il est nécessaire de faire place à une autre utilité, qui s’exprime dans la recherche du bonheur par la sensation, et qui semble jusqu’ici avoir donné naissance à presque toute spéculation philosophique, ainsi qu’à toute conception religieuse, économique ou politique.
. — La politique nous valut une trêve qu’on rêva bienfaisante et qui ne fit en somme, qu’aggraver la confusion.
L’incapacité des sujets a eu autant de part à cette politique, que la crainte qu’ils ne se soulevassent contre l’Espagne.
Vous observez que toute sa politique doit venir de là, et vous êtes amené ainsi à comparer tel ou tel texte des Lois à la fameuse prosopopée des Lois dans le Criton, Vous vous dites que Platon est avant tout un aristocrate, mais qu’une sorte de respect stoïque et même chevaleresque de la loi est une chose qu’il doit avoir dans le cœur puisqu’il l’admire si fort dans le cœur des autres.
Le domaine des lettres, que Cicéron représentait avec tant d’émotion comme l’asile des malheureux et le port des naufragés, est devenu pour nous un champ de combat où nous apportons nos passions politiques ou religieuses.
Que serait-ce donc si j’embrassais tous les ouvrages de Bossuet ; si je descendais avec lui dans l’arène de cette haute polémique où il consuma une partie de ses forces ; si j’interrogeais avec lui les oracles des anciens jours, afin de m’initier moi-même et d’initier mon lecteur aux secrets de cette Politique sacrée que l’on croirait appartenir à un autre âge, tant pour les princes que pour les peuples ; si je m’élevais sur ses ailes à la contemplation des mystères du christianisme ; si je creusais avec son analyse lumineuse et pénétrante les profondeurs d’un mysticisme exalté où s’égarèrent quelques âmes tendres ?
Elle avait pu condescendre avec son nom de Guiccioli, immortalisé par Byron, à épouser le marquis de Boissy, ce personnage de comédie politique dont, en ce temps-là, toute la France riait ; et la marquise de Boissy ne devait pas oser, avec la décence comme le monde comprend la décence, tout dire de l’intimité de la comtesse Guiccioli avec lord Byron, L’embarras qu’elle éprouvait fut si grand, qu’il résista aux picotements de l’amour-propre du bas-bleu, du bas-bleu qui l’excitait à profiter de cette position, unique pour le succès d’un livre, d’avoir été la maîtresse de lord Byron !
Il fallait une époque comme la nôtre, un temps amoureux fou des mots, pour songer à introduire dans l’auréole sanglante du vainqueur d’Hermosillo et du condamné de Guaymas l’auréole, si pâle à côté, d’un talent littéraire réel, mais qui ne trouva sa sincérité et sa plénitude que dans les lettres où l’observateur politique, l’homme d’intuition et d’exécution, le lutteur contre la difficulté, dominent tout !
Religion, philosophie, roman, critique, histoire, économie politique, tout dut prendre ce galant uniforme et s’en habiller, comme le Spectre d’Hamlet de sa toile cirée… Et tout cela s’est exécuté ponctuellement, et la Revue des Deux Mondes a toujours paru le même intéressant recueil à ses abonnés impassibles.
Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi ; elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre !
Cette espèce d’activité, qui porte les hommes à connaître et à s’instruire, subsistera toujours malgré les fureurs politiques, malgré l’ignorance intéressée et puissante ; c’est un mouvement imprimé par la nature et que rien ne peut arrêter.
Cependant sans religion les hommes ne seraient pas réunis en nations… Point de physique sans mathématique ; point de morale ni de politique sans métaphysique, c’est-à-dire sans démonstration de Dieu. — Il suppose le premier homme bon, parce qu’il n’était pas mauvais.
Il lui reproche aussi de mêler à tout une fade galanterie ; il veut que l’amour, dans la tragédie, soit tout ou rien, et il estime que les affections naturelles ou les passions politiques peuvent être aussi intéressantes que l’amour. […] Et comment se fait-il qu’elle ne connaisse point les sentiments politiques et l’ardent patriotisme de son amant et qu’elle ne soupçonne même pas qu’il puisse être de la conjuration ? […] Paul Ferrier ses faciles plaisanteries sur la politique, son drame a gardé je ne sais quel relent de 1840. […] Pourtant, une brunette, habillée en mousse, vient danser « un pas tonkinois », par allusion à notre politique coloniale. […] Puis voici un assortiment d’hommes politiques : Freycinet, Floquet, Ferry, Clémenceau, Mgr Freppel, Wilson, Brisson, Tony Révillon.
Dans Polyeucte, plaidoyers théologiques ; dans Pompée, plaidoyers politiques. […] Dans Sertorius, plaidoyers, ou dissertations politiques, entre Sertorius et Pompée… J’en passe. […] C’est un autre nervoso-bilieux, malade, dégoûté, fatigué, revenu de ses aventures politiques et galantes avec un fond de scepticisme et d’amertume. […] » Aristote avait dit que les grands philosophes, les grands politiques, les grands poètes, les grands artistes, étaient mélancoliques. […] La politique Spartiate avait arrêté à l’avance les limites étroites où devait se renfermer un art trop enclin à flatter les sens.
Mais s’il est une faculté qui soit le propre du génie, c’est celle d’anticiper ou de suppléer l’expérience, et Pascal, j’ose le croire, en était bien capable, en amour comme en politique. […] Après Pascal joueur et Pascal amoureux, croirons-nous davantage au Pascal « homme politique » que nous présente M. […] Derôme, de nous représenter un Pascal précepteur de Louis XIV ou de Monsieur, encore moins un Pascal conseiller d’État ou ministre ; mais accordons cependant que Pascal a donné aux choses de la politique une attention plus active, plus constante, plus passionnée qu’on ne le croit généralement. […] Dans un temps en effet où toute la politique française tournait sur cette grave question de la succession d’Espagne, on reprenait aux choses d’Espagne une vivacité d’intérêt qu’à peine, pendant quinze ou vingt ans, avait-on cessé d’y porter. […] Les jésuites, selon leur politique, l’avaient recueilli, disait-on, comme l’enfant prodigue, et lui, de son côté, avait payé leur indulgence d’une belle Ode à saint François-Xavier.
L’Art, signe de sa vie, allait lui échapper : elle le retient par des concessions ; le Pouvoir temporel peut seul suppléer aux forces de résistance dont elle manque : elle lui devient une raison d’être, tire pour lui de l’Écriture sainte une Politique impitoyable où, d’ailleurs, elle se fait la seule royale part. […] Il y a longtemps que la loi a été précisée de l’intime corrélation des évolutions politiques d’une Société et de ses évolutions spirituelles. […] Sa nécessité, dis-je, est d’agir : il se repose de l’action politique par l’action poétique. — Rien donc d’étonnant et rien même de plus essentiel si les deux actions offrent entre elles cette corrélation que constate l’histoire : ce sont deux émissions de la même voix, deux coups du même vent… Ou plutôt, pour choisir dans la foule des images : c’est le flux et le reflux de la mer. […] Pour l’instant, il nous suffit d’acquérir cette double affirmation prouvée : 1º que la corrélation des évolutions politiques et des évolutions artistiques a pour cause commune l’évolution intime de la pensée humaine, évolution qui peut se manifester d’abord par les modifications politiques, mais qui a pour fin naturelle et principale la modification spirituelle (philosophique ou esthétique), laquelle ne résulte qu’apparemment des modifications politiques ; 2º que l’influence, comme de choc en retour, de la modification politique sur la modification spirituelle, au lieu de désigner avec certitude le vrai sens de celle-ci, tend plutôt à l’altérer et qu’il faut, pour que ce sens acquière sa sincère plénitude, que les troubles extérieurs, politiques, qui parurent produire le nouveau mouvement spirituel, soient définitivement oubliés. […] Ces points de vue, aussi étrangers à l’art (malgré l’adresse extraordinaire des bons faiseurs) que la chaîne et le niveau de l’arpenteur à la palette et au pinceau du Vinci ou que les cris des agioteurs et des boursicotiers aux harmonies de la Symphonie pastorale, eussent pu, du moins, avoir quelque importance sociale et d’économie politique.
Bossuet, d’abord attaché aux jésuites ou à leurs adhérents, puis lié avec les messieurs de Port-Royal, puis se tenant à distance et observant la neutralité, était assurément un politique ; il ne se sentait pas de goût en général pour être du parti des disgraciés, des persécutés et des vaincus ; il avait fort égard à la doctrine et aux opinions en faveur à la Cour ; il avait un faible pour tout ce qui régnait à Versailles ; son esprit même, son talent avait besoin, pour se déployer tout entier et atteindre à toute sa magnificence, de l’appui ou du voisinage de l’autorité et de l’accompagnement de la fortune. […] Son rôle politique en ce moment s’est borné à ce simple discours. » Ce qui n’empêche pas que son discours, même avec ses conclusions modérées, ne renfermât des choses fort vives. […] Dans une lettre à sa mère, datée de l’École française d’Athènes, à son second voyage (7 juin 1853), Gandar écrivait : « Je t’avouerai que je ferme les yeux et les oreilles autant que je le puis ; ce n’est point pour chercher les tracas de la politique que je vous ai quittés ; et tu peux voir, ma bonne mère, d’après le silence que gardent sur ce point toutes mes lettres, que je ne me suis point laissé distraire de mes préoccupations par tous ces bruits.
En venant m’établir ici, l’année dernière, je suis allé leur faire une visite de politesse ; ils me l’ont rendue et nous ont invités à dîner ; l’hiver nous a séparés pour quelques mois ; puis les événements politiques ont retardé notre retour, car je ne suis à Frapesle que depuis peu de temps. […] La plupart de mes idées, et même les plus audacieuses en science ou en politique, sont nées là, comme les parfums émanent des fleurs ; mais là verdoyait la plante inconnue qui jeta sur mon âme sa féconde poussière ; là brillait la chaleur solaire qui développa mes bonnes et dessécha mes mauvaises qualités. […] Prenez le premier de ces romans, Télémaque, justement haï de Louis XIV, et essayez de construire sur ce modèle une société politique qui se tienne debout !
Et les détails matériels, les épisodes et les péripéties de cette conspiration sont tels, qu’ils conviendraient presque tous à n’importe quelle autre conspiration où il s’agirait d’enlever un prisonnier politique. […] Sardou reste d’ailleurs surprenante, et j’aime cette dextérité pour elle-même. — J’aurais voulu sans doute que la politique et les intrigues de Barras fussent un peu plus poussées (je songe à Bertrand et Raton ou à Rabagas) : tel qu’il est, néanmoins, le Barras de M. […] L’emploi flétrissant du mot « bourgeois » sera donc, en somme, une réminiscence politique et littéraire.
Mais fidèle à mes habitudes je n’ai pas voté, n’ayant jamais voté de ma vie, intéressé seulement par la littérature et non par la politique. […] Lundi 6 mai Je pensais, pendant que tonnait le canon célébrant l’anniversaire de 1789, je pensais au bel article à faire sur la grandeur qu’aurait la France actuelle, — une France aux frontières du Rhin — s’il n’y avait eu ni la révolution de 89, ni les victoires de Napoléon Ier, ni la politique révolutionnaire de Napoléon III. […] Il se met à parler de la situation politique, du désarroi du moment, de l’avènement futur de Boulanger. […] C’est ainsi que, si les 36 millions de Français hommes et femmes votaient, et qu’il y eût d’un côté 18 millions, moins une voix, et de l’autre 18 millions, plus une voix, les 18 millions, moins une voix, pourraient être absolument gouvernés à rebours de leurs sentiments politiques, de leurs tempéraments de conservateurs ou de républicains.
L’organisation d’un gouvernement libre représente mieux, selon nous, les rapports que soutiennent les signes avec les choses signifiées : le monde de nos pensées peut être comparé à un peuple qui se gouverne lui-même ; en théorie, en droit, en fait même à certain point de vue et dans certaines circonstances, tous les citoyens possèdent une part égale de souveraineté ; mais la raison qui leur est commune et le juste sentiment de l’intérêt bien entendu leur ont fait de bonne heure comprendre l’utilité d’une organisation hiérarchique ; ils ont donc détaché parmi eux un certain nombre d’hommes auxquels est exclusivement confiée l’administration des affaires publiques ; ces mandataires délégués dans l’intérêt de tous par l’autorité véritable sont seuls en évidence ; ils semblent incarner en eux la souveraineté populaire ; la louange et le blâme s’attachent exclusivement à leurs personnes ; ils n’ont pourtant, à parler rigoureusement, qu’un semblant de pouvoir ; leur démission collective ne saurait entraîner la mort du corps social, mais seulement une crise politique passagère, sans danger sérieux pour une société dont les forces vives sont restées intactes. […] Enfin, pour toute entreprise difficile et nouvelle de la pensée, pour celles qui doivent compter dans l’histoire de l’esprit humain ou seulement dans l’histoire économique ou politique des peuples, il faut des idées encore jeunes et vivantes, aux contours saillants, et dont les couleurs n’aient pas été ternies par un trop long usage. […] Art politique, v. 180-181. […] Ainsi les novateurs en politique et surtout en religion ; plus tard, la réflexion théologique essaye de ramener les dogmes à leur expression adéquate et à un enchaînement logique.
Je ne sais pas, mais je n’ai pas confiance, il ne me paraît pas retrouver dans cette plèbe braillarde les premiers bonshommes de l’ancienne Marseillaise : ça me semble simplement des voyous d’âge, en joie et en esbaudissement, des voyous sceptiques, faisant de la casse politique, et n’ayant rien, sous la mamelle gauche, pour les grands sacrifices à la patrie. […] La conversation chez Brébant, ce soir, va de « l’inconsistance politique » de Gambetta à l’homme blond, à cette race, venue dans les temps les plus anciens, de la Baltique, et éparpillée en France, en Espagne, en Afrique, et que ni les latitudes, les mélanges avec les races brunes, n’ont modifiée, n’ont brunie. […] Maintenant les hommes d’en haut sont des avocats pleurards, les hommes d’en bas des casse-cou politiques, brisant tout dans un gouvernement comme dans la maison où ils entrent, costumés en gardes nationaux. […] Un convive dit que le général n’a aucun talent militaire, mais des côtés d’homme politique et d’orateur. […] De Trochu on saute à l’honnêteté politique, et à ce propos Nefftzer se montre très dur pour Jules Simon, dont il raconte ce qu’il appelle sa volte-face du serment, et moque le grossier charlatanisme de ses conférences, me demandant, du coin de l’œil, mon sentiment.
Cette condition effroyable, cette duplicité de l’homme, qui semble s’accroître à mesure que la vie moderne exaspère davantage nos nerfs, brûle davantage notre sang, la raison ne peut pas l’expliquer ; et comme on détourne les enfants de leur douleur en leur montrant des jouets, elle divertit notre attention par des mirages, la politique, le progrès, le bonheur social, jouets d’enfants. […] Reste que le lyrisme romantique français se distingue de la poésie pure, en ce qu’il ne pense pas en fonction de la seule poésie, mais en fonction de la morale, de la politique, de l’action. […] Locke n’a pas seulement agi sur tel ou tel domaine de l’activité spirituelle, sur la politique ou sur l’éducation, mais sur le sens même de cette activité. […] » Il n’y a pas si loin des principes républicains de Jean-Jacques, appliquant à la politique son primitivisme instinctif, au cri d’un des Diderots qui sont dans Diderot, celui des Eleuthéromanes 72 : L’enfant de la nature abhorre l’esclavage ; Implacable ennemi de toute autorité, Il s’indigne du joug ; la contrainte l’outrage ; Liberté, c’est son vœu ; son cri, c’est liberté. […] Parrhasiana, ou pensées diverses sur des matières de critique, d’histoire, de morale ou de politique, avec la défense de divers ouvrages de M.L.C.
On lui reprochoit d’être foible & dissimulé : quelques-uns donnoient à ces défauts le nom de politique ; d’autres les interprétoient d’une manière très-odieuse. […] Le politique régent & le peu régulier Dubois négocioient pour la religion, & personne n’ignore quelle étoit la leur. […] Les uns en font un génie, un homme d’état, un politique consommé. […] Quelques politiques le regardent, en récompense, comme la première nation du monde en fait de morale & de police. […] Bâti sur la politique & sur la théologie, il devoit crouler.
Les uns trouvent leur distraction dans la politique, les autres dans le sport, un nombre bien plus petit dans le drame, la littérature et les beaux-arts ; mais l’Anglais type est tellement absorbé dans ses affaires qu’il ne s’intéresse guère à ce qui se passe hors de son bureau. […] Son rare enthousiasme ne peut être excité que par une violente harangue politique, ou bien par un chœur de Haendel chanté par cinq mille voix avec accompagnement du plus grand orgue de l’Europe, d’un orchestre de mille hommes et de plusieurs fanfares.
Encore Wagner insulteur de la France ; puis des conseils sur l’inopportunité politique du Lohengrin. […] D’abord principalement politique, la cabale contre Lohengrin devint ensuite une lutte opposant directement Peyramont à Lamoureux.
Dès qu'il veut parler de Législation, de Politique, d'Administration, de Police, je ne sais, sa plume s'embarrasse & son génie semble l'abandonner. […] Telle est la politique de la Philosophie ; elle croit se sauver, par des récriminations, de l’opprobre répandu sur ses erreurs & ses délires.
L’ambition, la politique, la vengeance, étoient presque les seules passions connues au théâtre. […] On se moqueroit de voir une fille jeune & belle, s’entretenir longtemps d’ambition, & de politique.
Le penseur, — comme on dit ambitieusement, — le philosophe, le politique, l’homme religieux ou irréligieux, nous savons ce qu’ils sont tous, ces divers hommes-là, dans M. […] Après Les Contemplations, sans l’esprit de parti politique et la curiosité contemporaine, il le serait déjà.
Ce joli récit fait tache, — une tache claire et riante, — au milieu des pages politiques sombres dont il est entouré.
Le seul vrai ridicule, celui qui naît du contraste avec l’essence des choses, s’attache à leurs efforts : lorsqu’elles s’opposent aux projets, à l’ambition des hommes, elles excitent le vif ressentiment qu’inspire un obstacle inattendu ; si elles se mêlent des intrigues politiques dans leur jeunesse, la modestie doit en souffrir ; si elles sont vieilles, le dégoût qu’elles causent comme femmes, nuit à leur prétention comme homme.
En 1785, un Anglais venu en France vante la liberté politique dont on jouit dans son pays.
Une puissance de création médiocre ; un peu de jalousie, de malignité à l’égard des grands contemporains, où l’on sent un dépit de n’avoir pas percé soi-même au premier rang ; un excès de sévérité pour les vaincus du combat politique qui ne sont pas satisfaits de leur défaite, une insistance à les convertir, où le journaliste officiel, payé, protégé, se découvre trop, et qui fait que des Lundis, à les lire tout d’une suite, émane un déplaisant parfum de servilité ; certain goût de commérages et d’investigations scabreuses, où l’on devine que, sous prétexte d’exactitude historique, se satisfait une imagination inapaisée de vieux libertin : voilà le mal qu’on peut dire de Sainte-Beuve857 .
Il réussit à faire croire à la partie oisive et riche de la société que d’innover en fait d’usages mondains, de conventions élégantes, d’habits, de manières et d’amusements, c’est aussi rare, aussi méritoire, aussi digne de considération que d’inventer et de créer en politique, en art, en littérature.
… Voici le stoïcien, et c’est Épagathus ; l’épicurien, et c’est Lucien de Samosate ; le politique étroit, pusillanime, cruel par terreur, et c’est Septime Sévère ; l’esclave chrétienne, et c’est Blandine. — Et voici la fâcheuse couleur locale.
Par ce mot, liberté, on ne veut exprimer que le droit légitime de conduire sa vie privée selon ses goûts, en n’offensant ni les Loix politiques, ni celles de l’Etat.
Les innocents aphorismes de son premier âge prophétique, en partie empruntés aux rabbis antérieurs, les belles prédications morales de sa seconde période aboutissent à une politique décidée.
Mais entachées d’un grossier matérialisme, aspirant à l’impossible, c’est-à-dire à fonder l’universel bonheur sur des mesures politiques et économiques, les tentatives « socialistes » de notre temps resteront infécondes, jusqu’à ce qu’elles prennent pour règle le véritable esprit de Jésus, je veux dire l’idéalisme absolu, ce principe que pour posséder la terre il faut y renoncer.
Il disoit simplement à Bossuet, dont il connoissoit la violence & la politique : « Vous allez me pleurer partout, & partout vous me pleurez en me déchirant. » Quand ils furent las d’écrire & de disputer inutilement, ils envoyèrent leurs ouvrages au pape, & s’en remirent à la décision d’Innocent XII.
L’Asie entre pour beaucoup dans les observations de notre voyageur politique, œconomique & physicien, à qui rien d’intéressant de ce qui concerne les vrais biens des hommes, ne paroît avoir échappé.
Il la méprisa dans les arts, dans la politique, dans les lettres, dans la morale chrétienne que cet athée ne comprit pas, aveuglé qu’il était par son athéisme, le crime irrémissible de son esprit.
Elle entendait les distinctions comme le génie politique lui-même.
Il la méprisa dans les arts, dans la politique, dans les lettres, dans la morale chrétienne, que cet athée ne comprit pas, aveuglé qu’il était par son athéisme, le crime irrémissible de son esprit.
Tout le monde sait comment s’élaborèrent en France, au cours du XVIIIe siècle, les principes de la science politique en général, et plus particulièrement les idées qui devaient amener une transformation de la société.
Mais si chaque génération comporte cinq mathématiciens complets, elle ne fournit pas même cinq grands politiques. […] Il est obligé de parler ou d’écrire pour elle ; sa parole ou son écriture deviennent elles-mêmes de l’action politique. […] Les conditions utiles à une fortune politique le deviennent à une fortune littéraire. […] Non seulement dans l’histoire littéraire, mais même dans l’histoire politique, ce problème fut capital. […] Le Parnasse se fit une théorie superbe de l’impuissance politique où l’Empire contraignait les poètes.
Leurs disciples, instruits avec eux en les écoutant, goûtent encore le plaisir d’apercevoir que la réputation de leurs maîtres est leur ouvrage, et jouissent, en leur accordant la récompense de leurs travaux, d’un contentement qui ne coûte rien à la vanité personnelle ; avantage égal pour le professeur et pour ses juges, et dont les fruits se recueillent dans la ville entière, qui profite à la longue de ces entretiens perpétués sur la littérature, source de la gloire des nations, qui ne survivent que par elle à leur existence politique. […] Ainsi, dans les politiques bouleversements, la matière des ridicules fermente ; ils fourmillent, ils pullulent, ils s’engendrent de toutes parts, sous l’influence des ineptes créations de la tyrannie ! […] En effet quel rapport existe-t-il entre la comédie politique des Athéniens et notre comédie domestique ? […] Tachez néanmoins de vous détromper en me lisant mieux : et persuadez-vous que si les politiques ont incité les pédants à décrier tant mon genre et mon cynisme, le fin mot, c’est qu’ils ne redoutaient que mon rare exemple de liberté. […] Les Italiens héritèrent de ce mode adopté par les Latins : nous en avons pour témoignages les imitations composées par le savant cardinal Bibienan, et les comédies du fameux Machiavel qui, doué d’un esprit universel, comme la plupart des philosophes de génie, ne fut pas moins satirique ingénieux que grand historien politique.
Est-elle, au contraire, le commencement d’une ère de certitudes et de solidité politiques, morales et religieuses ? […] Cette ânerie ou cette lâcheté, en un mot, cette parole de prostitué politique, aucune autre époque que la nôtre ne l’entendit jamais. […] La méthode de la science occulte appliquée à nos sciences expérimentales, à notre littérature, à notre politique même (comme le fait M. […] Tertullien émet, avec une politique noblesse, qu’il est odieux de contraindre un esprit libre à sacrifier malgré lui. […] Lombard sait rendre l’ondoiement des masses, l’enchevêtrement des rouages politiques.
Pour éviter l’infâme rouge de 93, nous avions admis une légère proportion de pourpre dans notre ton ; car nous étions désireux qu’on ne nous attribuât aucune intention politique. […] Les haines littéraires sont encore plus féroces que les haines politiques, car elles font vibrer les fibres les plus chatouilleuses de l’amour-propre, et le triomphe de l’adversaire vous proclame imbécile. […] Le poète excelle dans ces vues prises de haut sur les idées, la configuration ou la politique d’un temps. […] Cette admiration de l’homme politique devint précieuse pour l’artiste, car, arrivé au pouvoir, M. […] Ce furent des discussions violentes de part et d’autre, où l’urbanité ne fut pas toujours observée strictement ; car en art on se passionne encore plus qu’en politique.
Il n’y avait pas à parler aux souverains de leurs affaires, la chose n’eût pas été de leur goût ; ni des grands sujets de la pensée, religion, politique, philosophie : la domination espagnole en Italie, en Espagne l’inquisition y eût mis bon ordre. […] On les prenait à gages, la mode ayant remplacé les fous par les beaux esprits, et ils faisaient des vers misérables, des épigrammes, des sonnets, des chansons galantes, pour égayer des gens de grande maison, occupés d’intrigues politiques. […] « Célidamant. » On sent à quel point les écrivains devaient être dupes d’un tour d’esprit auquel les ministres et les politiques payaient tribut. […] Je ne doute pas que ce génie ne l’eût emporté à la fin par ses propres forces, tout comme je ne doute pas que, sans Richelieu et Louis XIV, la France ne se fût à la fin tirée de l’anarchie et n’eût conquis son unité politique.
Dans le débat contradictoire dont son « caractère » a été l’objet et dans les divers jugements qui en ont été portés, je ne suis pas en mesure de prendre position, de même que je ne veux pas m’aventurer dans la critique de ses attitudes politiques ou sociales, mais, malgré ces mises à part et ces réserves, j’ai toujours ressenti pour l’homme que fut France un certain éloignement que n’a pu vaincre le sentiment admiraitif qui m’inclinait vers l’écrivain. […] Poète subtil, riche de ressources verbales et d’artifices de rhétorique, prosateur brillant et maniéré, lettré ingénieusement érudit, il tenait tête avec une hostilité astucieuse et dissimulée aux tentatives de la génération nouvelle, envers laquelle cependant il usait de ménagements, lui faisant certaines avances qu’on pouvait prendre pour des acquiescements partiels, mais qui étaient plutôt de la politique confraternelle et de la stratégie littéraire. […] Il n’entrait dans la ménagerie littéraire et politique que le fouet à la main. […] Il s’intéresse également à la morale et à la politique, aux sciences et aux littératures, aux oeuvres comme aux hommes.
Si un tel mot a été lancé, ce n’a peut-être pas été par un politique ou un philosophe, mais bien par quelque homme de profession bizarre, un chasseur, un marin, un empailleur ; par un artiste, un enfant gâté, jamais. […] les choses les plus nobles peuvent devenir des moyens de caricature, et les paroles politiques d’un chef d’empire des pétards de rapin). […] Ainsi le personnage de Polyeucte exige du poëte et du comédien une ascension spirituelle et un enthousiasme beaucoup plus vif que tel personnage vulgaire épris d’une vulgaire créature de la terre, ou même qu’un héros purement politique. […] Il y a un brave journal où chacun sait tout et parle de tout, où chaque rédacteur, universel et encyclopédique comme les citoyens de la vieille Rome, peut enseigner tour à tour politique, religion, économie, beaux-arts, philosophie, littérature.
Le grand homme de guerre veut passer pour grand politique, le politique veut paraître poëte, l’historien a des prétentions à être habile stratégiste. […] En littérature comme en politique, la puissance du jour, tant qu’elle a le dessus, peut à peu près tout ce qu’elle veut, puis vient la réaction, puis vient le jugement de la postérité. […] Europe, tragi-comédie entièrement politique, était, en effet, peu propre au théâtre. […] Par une suite de circonstances politiques, Athalie avait à cette époque une sorte de mérite d’actualité qui servit encore à la faire valoir. […] Phocion, jouée en 1688, n’eut ni succès politique, ni succès dramatique, ni succès littéraire.
Il y a quelques nobles qui ont ainsi déserté leur cause et se sont bien scandaleusement conduits, témoin M. de Mirabeau, en politique. […] Les grandes banalités consacrées, il ne sait pas dompter d’autres idées ; en politique on croirait entendre M. […] En art, en science, en politique, le mouvement est sensible ; chaque travailleur a un but ; l’un veut le beau, l’autre le bien, et tous, quelquefois sans s’en douter, marchent vers la vérité. […] Il y a dans les Contemplations un morceau où Hugo avait à donner de sa personne, c’est celui où il explique sa conduite politique. […] Edmond About, à un condamné politique nommé M.
. — Le sujet était très riche, la politique s’y mêlait à l’amour. […] Il peut écrire la comédie et l’oraison funèbre, le roman et l’histoire, l’épître et la tragédie, le couplet et le discours politique. […] Ce n’est pas là mon idée : vous savez que j’aime assez à raisonner avec vous sur la politique ; mais vous mesurez tout à votre toise, et vous avez tort.
Ils avaient sacrifié à un Moscovite, qui paraissait n’être qu’un simple marchand et n’avoir d’autres intérêts en Perse que ceux de son petit commerce particulier, les envoyés des compagnies de France et d’Angleterre, et cela sur des vues de politique que l’on a remarquées ; ils sacrifièrent par un semblable égard, le rang du Moscovite à l’envoyé des Lesqui, qui sont leurs tributaires, des montagnards à demi sauvages. […] X Après avoir émerveillé et ébloui l’imagination de ses lecteurs par ce panorama de puissance et de richesse du royaume dont on lui découvre les entrailles, Chardin passe à la religion, à la politique, aux mœurs, et nous introduit dans la vie publique et dans la vie privée de ce peuple. […] Voyons ce qu’il écrit de la politique et des mœurs de l’Orient.
. — L’Effort, Revue des Revues, Miroir de modes, Nouvelle Revue, Annales politiques et littéraires, etc… Canudo (Ricciotto) né à Gioja-del-Colle (Apulie) en 1879. […] Stock, in-18. — Les Superstitions politiques et les Phénomènes sociaux, 1901. […] (Sous le pseudonyme de Giraut, notes d’actualité, politiques et sociales, (1901-1902) dans l’Effort.)
Ce soir, chez Brébant, la conversation abandonne la politique pour aller à l’art, et Renan part de là, pour trouver la place Saint-Marc une horreur. […] Mme Burty, que je trouve seule, occupée nerveusement à faire briller les bronzes japonais de la petite vitrine, m’entretient tristement de la surexcitation maladive que fait la politique chez son mari. […] Il s’est animé au sujet de la politique de la Commune. […] Puis tirant sa montre, avec une intonation comique inconsciente : « Je suis d’un quart d’heure en avance, voulez-vous que je vous fasse une conférence politique ? […] Il s’imagine sauver la France actuelle, avec du dilatoire, de la temporisation, de l’habileté, de la filouterie politique, de petits moyens pris sur la mesure de sa petite taille.
et passe ainsi tes jours dans les extases d’une passion pétrifiée et toute divine, et ne te mêle ni à la politique, ni à l’ambition, ni à rien de ce qui passe ; enrichis ton âme et la nôtre des seuls biens qui ne passent pas, la contemplation de ce qui est éternellement beau dans les lieux, dans les formes, dans la pensée, dans la poésie, sans en tirer ni salaire, ni orgueil, ni gloire vaine, mais en en tirant le bonheur de vivre et d’entrevoir ainsi avec certitude le but de la vie et de la mort, le grand et le beau. […] Le spectacle de tant de désertions politiques à l’ennemi par tant de serviteurs des Bourbons déchus me soulevait le cœur ; je ne voulus pas les imiter : je voyageai en Asie pour voir de plus loin ou pour détourner mes yeux de tant de bassesses.
C’est le romantisme introduit dans la politique. […] — Cela finira, répondis-je à mes interlocuteurs alarmés, par quatre lois que le temps comporte et que la raison publique avoue : Une loi qui donne son droit politique à chacune des classes sociales par une part proportionnelle au suffrage ; Une loi qui assure, non le droit au travail, mais le droit de vivre à tout homme que le ciel envoie sur la terre pour y vivre.
Enfin, je me bornerais à pressentir le changement de politique qui, sous Constantin, intervertit les rôles, et fait du mouvement religieux le plus libre et le plus spontané un culte officiel, assujetti à l’État et persécuteur à son tour. […] C’est ainsi que Napoléon devint un libéral dans les souvenirs de ses compagnons d’exil, quand ceux-ci, après leur retour, se trouvèrent jetés au milieu de la société politique du temps.
Nul héroïque intérêt n’est en jeu ; il ne s’agit ni de patrie, ni de guerre, ni de religion, ni de politique : il n’est question que des amours du chevalier Walter et de la fille d’un orfèvre, et ce cadre étroit suffit à l’évocateur infaillible pour concentrer tout un monde de sensations, de passions et d’idées. […] Aragon, un italien, fait une étude psychologique des grands politiques, et arrive avec Schopenhauer à la conclusion que ces hommes sont dépourvus de génie proprement dit et que c’est le démon qui fait le fond de leur caractère.
Ramsai, éleve & ami de Fenelon, donna les Voyages de Cyrus, roman moral, roman politique, écrit d’une maniere languissante, & où l’auteur étale plus d’érudition que de génie. […] Le Noble a donné aussi deux cents fables, qui malgré la dureté de son style & sa froide prolixité, ont eu dans le tems quelque vogue, parce que la plûpart de ces fables sont politiques ou relatives aux événemens qui faisoient alors la matiere de ses pasquinades ; mais qui sont peu lues aujourd’hui.
Toute cette première partie de la carrière parlementaire et politique de Jeannin est pour nous d’un intérêt secondaire, et a été éclipsée par la seconde moitié, dans laquelle il appartient non plus à sa province, mais aux affaires de la France et de l’Europe : il n’y arriva cependant que formé par ce long apprentissage.
Aussi, tant qu’il fut à l’étranger et qu’il ne fit la guerre qu’aux ennemis de la France, il résulta de sa méthode et de son humeur autant et plus de bons effets que de mauvais ; les vaincus mêmes préféraient en lui un chef et gouverneur sévère, mais obéi des siens, et qui les maintenait dans la discipline ; les villes prises l’envoyaient demander au général pour y tenir garnison et les protéger : « Car, en Piémont, dit-il quelque part, j’avais acquis une réputation d’être bon politique pour le soldat et empêcher le désordre. » Tel était Montluc dans son bon temps.
J’ai parlé précédemment des deux premiers, et dans des articles insérés au Moniteur 58 j’ai cherché à marquer de quel secours pouvaient être les faits purement extérieurs, recueillis par Dangeau, et de quelle utilité à l’éclaircissement de certaines questions toutes morales et politiques, et par exemple à celle de la révocation de l’Édit de Nantes.
L’auteur s’était particulièrement attaché à ressaisir et à démontrer sous la ligne idéale du premier Vauvenargues assez vaguement défini l’homme réel, ambitieux d’une carrière, soit militaire, soit politique, avide d’éloquence, d’action, d’une grande gloire supérieure encore dans sa pensée à celle des lettres.
Pour désirer des places, il faut une science approfondie du cœur humain, et une conduite politique à l’avenant ; je dédaigne tant de prudence.
On le retrouve, ardent écrivain de guerre, dans les factions politiques en 1815 et au-delà, puis au premier rang du parti libéral quand il y eut porté sa tente, sa vengeance et ses pavillons.
Il a cru devoir insister sur cette guerre atroce, que quelques-uns avaient qualifiée d’inexpiable, et il en a tiré une leçon politique sur les dangers qu’il y a pour un État à se servir de troupes étrangères, surtout quand elles sont comme celles-ci, confuses et ramassées de toutes parts.
Il y a bien les Académies, l’Académie des Sciences, et en particulier celle des Sciences morales et politiques, laquelle au premier abord semblerait répondre à l’objet et au vœu de M.
J’aurais aimé encore être en villégiature à l’Isle-Adam, à prendre le thé dans ce salon que nous a peint Olivier, à écouter, pendant que Mozart était au piano, les discussions d’art ou de politique qui se tenaient dans quelque aparté.
Si cependant ceux-ci et Cromwell fussent également nés puissants, ceux-ci eussent peut-être mieux gouverné que ce politique hardi et rusé.
Marie, qui parut en 1831, à travers la tourmente politique, annonça aux rares lecteurs attentifs ces qualités de cœur et d’art ménagées dans toute leur grâce.
On fit d’abord quelques chansons de croisade, ou des chansons politiques : mais bientôt nos trouvères se réduisirent à l’amour, entendons à l’idée de l’amour et aux délicates déductions de cette idée.
La date exacte d’un ouvrage peut être indifférente : elle peut aussi marquer clairement l’influence d’une littérature sur une autre, ou des événements politiques sur la littérature.
Mais, en admettant que leur soit familier le sens politique d’une usurpation de sphinx sous la quatorzième dynastie, j’ai peine à croire qu’elles aient goûté la saveur de la phrase, qui gît dans l’opposition du roi Ramsès II, de ses ibis et de ses obélisques, avec les bénins fonctionnaires à lunettes qui surveillent notre musée.
Le nom seul de l’auteur reste dans les fastes de l’esprit humain comme le nom des politiques et des grands capitaines.
Il opère ou tente une quadruple révolution : une révolution économique, liée aux découvertes maritimes qui transportent du bassin de la Méditerranée aux bords de l’Atlantique le siège du grand commerce, qui ouvrent d’immenses débouchés à l’Europe soit aux Indes soit en Amérique, qui accélèrent la substitution de la richesse mobilière à la richesse terrienne, base du régime féodal ; une révolution intellectuelle qu’on a baptisée la Renaissance et qui n’est pas seulement la résurrection de l’antiquité classique, qui est aussi le réveil de l’esprit d’examen, l’essor de la pensée moderne, le point de départ d’une activité féconde dans les sciences, les lettres, la philosophie ; une révolution religieuse qu’on appelle la Réformation et qui, séparant l’Europe occidentale en deux confessions rivales, cause les guerres les plus atroces dont la différence de croyance ait jamais ensanglanté le monde ; enfin une révolution politique, conséquence des trois autres, qui ébranle les bases de la royauté, suscite des théories libérales et républicaines, des soulèvements populaires et même des appels au régicide.
. — L’Espagne a un grand avenir : une situation politique malheureuse t’écrase ; mais l’art et les sciences se relèvent ; un sérieux mouvement d’enthousiasme pour l’art de Wagner s’est manifesté ; l’auteur voit dans ce mouvement un signe de vitalité et une raison d’espérer.
Dans l’étude comparative des constitutions sociales et politiques, comprise à la manière d’Aristote, Vico, Montesquieu, Condorcet, Hume, de Tocqueville, il faut « un esprit pénétrant, en d’autres termes une forte faculté identifiante, qui puisse réunir et extraire les ressemblances de l’obscurité des différences176. » Le progrès d’une classification consiste à associer, dans un même groupe, des êtres semblables malgré des dissemblances apparentes, à passer des identités superficielles aux identités fondamentales, de la division d’Aristote en animaux terrestres, marins et aériens, à la division de Cuvier, fondée sur la vraie nature et non sur des ressemblances accidentelles.
Cela est plaisant, que tous les intérêts de Quanto et toute sa politique s’accordent avec le christianisme, et que le conseil de ses amis ne soit que la même chose avec celui de M. de Condom (Bossuet).
De pareilles anecdotes, fussent-elles sûres, contrastent horriblement avec un livre où l’on prétend détruire tous les préjugés, & donner des règles de morale & de politique.
Il serait à désirer qu’on eût aussi des catéchismes de morale et de politique, c’est-à-dire des livrets où les premières notions des lois du pays, des devoirs des citoyens, fussent consignées pour l’instruction et l’usage du peuple ; et une espèce de catéchisme usuel, qui donnât une idée courte et claire des choses les plus communes de la vie civile, comme des poids et mesures, des différents états et professions, des usages que le dernier d’entre le peuple a intérêt de connaître, etc.
Il n’en fut pas de même pour un grand livre que projeta toute sa vie Balzac et où il devait exprimer ses idées politiques, ses préférences pour un « gouvernement fort et hiérarchique », disait-il dans une lettre à Montalembert, sous ce titre bizarre : Histoire de la succession du Marquis de Carrabas.
Le gardien du cap des tempêtes, le dieu du vertige au milieu des précipices des Alpes, le génie de Rome défendant le passage du Rubicon, sans doute sont de belles inventions d’une muse qui ne prétendait point à la croyance des peuples ; mais comment Voltaire a-t-il pu oser nous présenter le Fanatisme et la Politique ?
Vous avez répandu sur de nombreux chapitres obscurs de la psychiatrie, du droit criminel, de la politique et de la sociologie, un véritable flot de lumière que seuls n’ont point perçu ceux qui se bouchent les yeux par entêtement ou qui ont la vue trop obtuse pour tirer profit d’une clarté quelconque. […] Il s’est toutefois réservé certains droits politiques. […] En effet, que sont tous ces riens : commerce, industrie, politique, administration, en regard de l’énorme importance d’un hémistiche ? […] Qu’en France aussi, dans le pays de Voltaire, le mysticisme des dégénérés ait revêtu fréquemment la forme de la ferveur religieuse, cela peut, au premier abord, sembler étrange ; mais l’examen des conditions politiques et sociales du peuple français pendant les dernières périodes décennales rendra la chose compréhensible. […] Elle est l’unique conquête de la grande Révolution qui ait survécu à toutes les transformations ultérieures du régime politique et soit restée vivante dans le peuple français.
» Aux combats des pères pour la liberté nationale, succéderont chez tels des fils les luttes pour les unes ou les autres des formes de la liberté politique, de la liberté religieuse, chez tels autres, comme Amiel, les réflexions tourmentées sur la liberté intérieure. […] Il était étranger aux partis politiques. […] Après les années d’Allemagne, il redoutait un milieu intellectuel qu’il pressentait rétréci, défiant, aigri par les haines politiques. […] Ou plutôt il se forma un groupe de cinq amis, qu’Amiel appelle les habitués du Cénacle, et composé, avec Amiel et Scherer, de Heim, son ami d’enfance et de toujours, d’Ernest Naville, le philosophe dont les hasards de la politique lui avaient donné la chaire, ce dont Naville ne lui gardait pas rancune, d’autant moins qu’Amiel lui succédait sans le remplacer, et du digne pasteur Elle Lecoultre. […] Et le Suisse a peut-être encore la position la plus privilégiée, car sa patrie parle quatre langues, a trois religions, et vingt-cinq communautés politiques.
De cela, sans doute, il ne me sera tenu aucun compte, car à notre époque de luttes politiques et de querelles de personnes on ne se plaît que dans les opinions violentes et tranchées. […] On a déduit de ses prémices une politique et une sociologie. […] Pour ne prendre qu’un exemple, l’intéressante question du vers libre n’est plus étudiée en elle-même, mais en fonction de telle ou telle politique. […] Etant donné la tournure des événements politiques et sociaux, tout élan lyrique est brisé dans son essor. […] Voulons-nous fixer ou définir strictement les objets de ces vérités, nous faisons alors œuvre de dialectique, de morale ou de politique.
Dans la disposition d’esprit où m’ont mis les premières aventures des quatre feutres à plumes poursuivis par le pourpoint noir, que me font, je vous prie, les desseins politiques de Cromwell ? […] Il y a, dans la pièce d’Augier, une comédie politique et une comédie romanesque, très habilement rattachées l’une à l’autre. Sauf erreur, c’est la comédie politique et ce sont les acteurs de cette comédie qui ont le mieux résisté au temps, et qui paraissent, après plus d’un quart de siècle, le plus vivants et le moins fanés. […] J’ai un peu moins de considération pour la comédie romanesque mêlée à la comédie politique et à l’aventure de Giboyer. […] Ce mariage politique est aussi un mariage de sympathie, presque d’amour.
Pas plus qu’il n’y a de doute possible ou d’hésitation permise sur le génie militaire de Napoléon ou sur le génie politique de Richelieu, pas plus il n’y en a sur l’unique originalité de la comédie de Molière ou de la tragédie de Racine ; et quiconque traitera de « polisson » l’auteur d’Andromaque, il fera comme ce naïf Lanfrey, quand il donnait des leçons de tactique rétrospective au vainqueur d’Austerlitz : c’est lui-même qu’il aura jugé. […] C’est qu’on doit faire ce que l’on fait, le faire de son mieux, s’y mettre tout entier, sans se soucier des mauvais plaisants ; et que, sous ce rapport, pas plus qu’il n’est permis à un militaire de taxer d’oiseuses les questions de tactique et de stratégie, ou à un homme d’État les questions de politique et d’économie, il ne l’est à un homme de lettres de se piquer d’être « supérieur » aux questions d’art et de littérature. […] Pour être, en effet, vides ou dépouillées de toute « arrière-pensée scientifique, politique ou morale », c’est une question que de savoir si les créations du roman ou de la poésie en sont plus conformes au véritable objet de l’art. Mais ce qui n’en fait certainement pas une, c’est que, dans un siècle comme le nôtre, agité d’une infinité de préoccupations « scientifiques, politiques ou morales », les œuvres où l’avenir n’en retrouvera pas quelque trace, n’exprimeront pour lui, comme pour nous, que la moindre part de l’esprit de ce siècle. […] Dans Athènes comme dans Rome, qui n’eût point su parler n’eût pas pu seulement se défendre, et il fallait qu’il fût à peu près immanquablement de la clientèle ou de la domesticité politique d’un plus éloquent.
Hors de la politique, la droiture de l’homme a inspiré à l’historien des pages de sincérité superbe. […] Mais ce n’est point assez d’évoquer les institutions, régime, lois, mouvements ou convulsions politiques. […] Tels l’aspect des lieux, le climat, les conditions politiques ou sociales… Quelle influence ont exercée sur le génie des Grecs leur soleil, leurs lignes d’horizon et les découpures de leurs côtes ; sur les Anglais, leurs brumes ; sur les Italiens, encore leur soleil ! […] À vrai dire, il n’était pas novice dans la politique quand le collège électoral de la Haute-Loire l’envoya à la Chambre des députés. […] Politique, religion, question sociale.
Le père Sébastien de Saint-Paul, leur provincial, en homme d’une profonde politique, tenoit un volume tout prêt contre les jésuites, pour achever, selon lui, de les écraser. […] Il appella les jésuites faux, ambitieux, politiques, vindicatifs, assassins de rois, corrupteurs de la morale, perturbateurs des états de Venise, d’Angleterre, de Suisse, de Hongrie, de Transilvanie, de Pologne, de Suède, de l’univers entier. […] que les ecclésiastiques sont sujets du prince séculier & du magistrat politique ». […] Voici le précis de cette histoire de la chicane & de la haine, de la politique & de la fausseté. […] Que d’altercations ne s’élevèrent point entr’eux & les zélés compagnons de ce politique fondateur (*) !
Ils n’hésiteront pas à délaisser les soucis politiques du monde, à des heures solennelles, pour accourir, en toute hâte, et à l’heure fixée, à mon rendez-vous. […] Il semble, au contraire, que les Français ne connaissent point, en eux, cette intime source de rénovation : nous les voyons préoccupés, seulement, dans la politique comme dans l’art, à la forme extérieure, et prêts, toujours, à renverser complètement la forme qui leur déplaît, avec l’espoir, sans doute, de ce que la forme nouvelle s’élèvera, d’elle même, déjà parfaite… L’esprit Allemand, cependant, se développe à l’aise, même en des genres étrangers… C’est ainsi que nous avons reçu des italiens la musique, avec toutes ses règles ; et, ce que nous avons fait dans cet art, le génie de Beethoven nous le montre, par ses œuvres, supérieures à toute compréhension.
Ses enfants sont tous de monstrueux hydrocéphales, ses portières et ses gardes-malades d’effrayantes mégères ; ses gardes nationaux, ses avocats, ses hommes politiques oscillent entre la stupidité et la coquinerie, et quand ces personnages s’abouchent, ils le font en des termes et avec des attitudes qui ne peuvent aboutir qu’à des horions ou à de réciproques et dangereuses stupéfactions. […] Il fut libéral, presque radical dans ses opinions politiques, à une époque où cela était moins commun et moins avantageux qu’aujourd’hui ; il témoigna à plusieurs reprises dans ses discours de peu de vénération pour les institutions monarchiques, de peu de respect pour les classes dirigeantes et le régime parlementaire.
Homais rapporte à sa famille, sa gloriole de père infatué, le bonnet grec, la politique, les joies solitaires en un métier d’agrément, sont complaisamment décrits. […] Avant d’avoir écrit un paragraphe de ses œuvres épiques ou lyriques, il connaissait d’un Carthaginois, l’habillement, l’armure, la demeure, le luxe, la nourriture ; ses fêtes, ses rites, sa politique, les institutions de sa ville, les alliances, les peuplades ennemies, les hasards de son histoire et la légende de son origine.
Le mot littérature, dans sa signification la plus universelle, comprend donc la religion, la morale, la philosophie, la législation, la politique, l’histoire, la science, l’éloquence, la poésie, c’est-à-dire tout ce qui sanctifie, tout ce qui civilise, tout ce qui enseigne, tout ce qui gouverne, tout ce qui perpétue, tout ce qui charme le genre humain. […] Mais nous flottons encore, comme l’antiquité, entre cinq ou six formes politiques de gouvernement énumérées par Aristote, formes qui se combattent ou qui se succèdent avec une égale impuissance de durée et de stabilité.
Cicéron, orateur, politique ou homme d’État et philosophe, qu’il suffit de nommer. […] Que signifient ces lettres de Cicéron à Atticus, à Brutus, à César, à Caton, où les replis tortueux de la politique romaine sont développés sous les yeux d’un enfant ?
Homme politique universellement respecté dans une société ardemment et fougueusement politique, il avait été le secrétaire intime du grand homme qui gouvernait alors l’Angleterre, et qui avait mis son orgueilleux Protectorat au-dessus de la Royauté.
On y aura un tableau vivant et animé, non des faits d’une nation policée, puissante, belliqueuse, qui se borne à former des politiques, des héros, des conquérants, mais des actions d’un peuple savant, qui tendent à former des sages, des doctes, de bons citoyens, de fidèles sujets.
Il me reste à montrer Fénelon par ses parties plus fermes et plus fortes, dans sa correspondance à demi spirituelle, à demi politique, avec le duc de Bourgogne, avec le duc de Chevreuse : c’est la fin du règne de Louis XIV vue de Cambrai.
La surface en est fort étendue : il y a des idées positives et d’un homme d’administration, il y a des vues d’homme politique et de philosophe : ce qui paraît manquer, c’est le lien exact et la cohésion de toutes ces parties.
M. de Mairan, ainsi défini, ressemble parfaitement à ce que Bailly aurait voulu être, à ce qu’il aurait peut-être été dans le souvenir des hommes, si les événements de la politique n’étaient venus le tirer brusquement de sa maison de Chaillot où il vivait en sage, et de sa fenêtre du Louvre où était aussi son observatoire, pour le porter au fauteuil de notre première assemblée publique, et l’installer bientôt en permanence au balcon populaire.
Sur le chapitre de la politique, sur celui de l’éducation et de la morale, l’opposition entre leur principe d’inspiration et leur humeur se marque très bien, et Rousseau ne paraît pas trop sacrifié.
« S’il lisait de l’histoire, il aurait voulu être historien ; si des relations militaires, général d’armée ; si de la géologie, géologue ; si de la politique, homme mêlé aux grandes affaires.
Mais enfin M. de Pontmartin est meilleur juge de sa situation que nous ; il en dit trop pour qu’il n’y ait pas du vrai dans ses doléances, et il se présente dans tout son livre comme si mécontent, si battu de l’oiseau, si en guerre non seulement avec nous autres gens de lettres, mais avec les personnes de sa famille, avec les nobles cousines qui ont hérité d’un oncle riche à son détriment, avec les amis politiques qui lui ont refusé un billet d’Académie pour une séance publique très-recherchée, avec ses paysans mêmes et les gens de sa commune qui ont traversé indûment son parc et à qui il reproche jusqu’aux fêtes et galas qu’il leur a donnés, qu’il est impossible de ne pas voir dans tout cela une disposition morale existante et bien réelle, celle de l’homme vexé, dépité.
La politique française, dans ses revirements, chercha plus d’une fois à faire de lui quelque chose et à l’opposer à l’Angleterre comme menace et comme diversion.
Viollet-Le-Duc, qui démontrera et justifiera dans le détail cette manière de juger et de considérer l’art romain, nous offre, en maint endroit de ses Entretiens, des passages frappants qui font portrait : « Le Romain est avant tout politique et administrateur, il a fondé la civilisation moderne ; est-il artiste comme l’étaient les Grecs ?
Cervantes n’a rien en lui de cet esprit politique amer et concerté dont Swift a fait preuve en plus d’un chapitre de son Gulliver.
Il n’a jamais été dupe dans sa vie ni de la couleur, ni de l’emphase en littérature ou en politique.
Il remaniait volontiers la carte des États, et il agitait les problèmes d’équilibre politique.
Ses études premières exclusivement artistiques, et secondes uniquement politiques et sociales, ne le disposaient pas aux recherches de psychologie documentaire.
Les nobles donc, placés entre la nation et le monarque, entre leur existence politique et l’intérêt général, obtiennent difficilement de la gloire ailleurs que dans les armées.
Elle ne paraît qu’en 1572 : je ne dis pas au milieu des pires tourmentes religieuses et politiques, mais, ce qui est plus grave, à la veille des Premières Amours de Desportes (1573), et le recueil de Desportes, c’est la fin des grandes ambitions, c’est la banqueroute en quelque sorte de la Pléiade.
Exemple : Attendre est peut-être le dernier mot de la politique.
Un de mes correspondants me dit que Orgon peut fort bien être un bourgeois notable, avoir été fidèle au roi pendant la Fronde, et n’être qu’un imbécile ; et je suis tout à fait de cet avis, l’instinct conservateur en politique n’étant pas nécessairement une preuve d’intelligence.
Les Lettres d’une Péruvienne ont aujourd’hui pour moi le mérite d’avoir inspiré à Turgot des réflexions pleines de force, de bon sens, de philosophie politique et pratique.
Il produisit une grande révolution dans la politique… Je n’oserai accepter tout à fait cette manière d’expliquer l’histoire moderne et d’en rapporter le principal résultat à deux ou trois noms, à deux ou trois livres.
Il est permis de penser qu’il en est des groupes sociaux comme des organismes animaux, en sorte que l’apparition d’une conception bovaryque assume parmi les collectivités humaines une signification opposée selon qu’elle se manifeste parmi une société en formation ou parmi une société ancienne, pourvue par une longue hérédité historique d’organes religieux, moraux et politiques que coordonnent entre eux les fibres d’une sensibilité homogène et invétérée, élaborée aux sources de l’ethnicité de la langue et de l’habitat communs.
Nous sommes encore bien loin du règne des femmes politiques, qui auront un jour des injures littéraires à venger.
Exemple encore : toutes les figures secondaires de cette œuvre, où la Comédie, malgré le Drame, est en dominance, et entre autres cette excellente tête du baron Claudius, cette figure si moderne, qui fait de la haute politique en s’occupant d’assiettes cassées et parle de transformations sociales en cherchant de vieux pots… C’est vraiment parfait ; nous l’avons tous rencontré, ce fantoche.
Que l’économie politique, les articles scientifiques, la chronique mondaine, les pages d’histoire où de mémoires ne conviennent pas à leurs enfants, ces abonnés l’admettent ou plutôt le concèdent.
Les vérités moyennes sont celles qui appartiennent à la conversation et non à la science, qui sont du domaine de tous et non du domaine de quelques-uns, qu’on entend et qu’on aime, non parce qu’on est un homme spécial, mais parce qu’on est un homme bien élevé : telles sont les questions de morale ordinaire, d’art, de politique, d’histoire.
Ni le spectacle des événements, ni la passion politique, ne la firent naître cette fois.
Il ne défend pas non plus la politique des uns ou des autres. […] Et le remède, c’est la politique et c’est la sociologie de Balzac. […] Venons à la politique ; elle occupe le sixième chapitre du roman. […] C’est affaire de stratégie et de politique. […] Cela, en toutes choses, politiques, sociales et, puisque c’est ici mon propos, littéraires.
C’est dans cet atelier qu’il accomplit, — parlons plus justement — qu’il ébaucha, pour ne jamais la terminer, son éducation politique, trop sentimentale. […] René Doumic, chroniqueur dramatique sans complaisance, habile conférencier, polémiste mordant, reste fidèle à l’idéal politique et religieux de sa première jeunesse. […] Renan », mais « pas en politique ». […] Sur la fausse interprétation de l’Évangile, sur la conception politique dont M. […] Louis Thomas s’est chargé d’éditer, et le premier volume de la Vie politique de François de Chateaubriand, qu’apporta récemment M.
Il a été un instant un homme politique, à force d’être naïf. […] D’un poème épique, il a fait, bien souvent, un conte pour le Journal des Enfants ; d’un discours-ministre, il a tiré, plus d’une fois, vingt lignes de bonne politique. […] Ici nous nous trouverions en plein drame, si nous n’avions pas, pour nous réjouir quelque peu, les transes sans cesse renaissantes de la malade imaginaire, les gaillardises de la soubrette, mademoiselle Henriette, et même un peu de politique. Si vous saviez le nom de l’auteur, vous trouveriez qu’il faut être bien malade pour trouver de la politique dans ses comédies. — En voici, cependant : Madame Sturmer. — « Que me font les Espagnols, les Belles et les Grecs ? Si tous ces gens-là eussent été de la même humeur que moi-même, aucun d’eux n’eût songé à faire une révolution. » Voyez-vous la politique !
Baragnon est tout à fait remarquable : Dieu, qui régit monarchiquement l’Univers, qui disposa notre corps sous la domination d’un chef, qui à la tête de la première société humaine plaça le père comme un roi, et à la tête de l’Église un infaillible monarque, a voulu nous signifier par cette politique suprême que la perfection du gouvernement réside dans la monarchie et qu’une nation peut être dite raisonnable, juste et prospère, à proportion qu’elle se règle sur cet idéal. […] Rousseau, Discours sur l’Economie politique.) […] Le catholicisme avait établi… une seule pensée sous une seule autorité, la soumission de l’esprit à la loi, du pouvoir politique au pouvoir religieux, pour repousser tant d’invasions transformer tant de peuples, assouplir tant de rudesse, maîtriser tant de passions, surmonter tant de désordres… (Mignet, Luther. […] (De la Guéronnière, Portraits politiques. […] (La Guéronnière, Portraits politiques ; Morny.
Mêlé d’assez près aux événements politiques et militaires de son temps, il n’y a marqué sa place d’une manière ni très éclatante ni très mémorable. […] La Révolution avait fait du romancier un homme politique et un général d’artillerie. […] Un ami le mena donc chez Hugo qui le reçut avec cette charmante et haute politesse dont témoignent tous ceux qui eurent l’honneur d’approcher l’illustre écrivain. « Il y avait là un tas d’hommes politiques, racontait José-Maria de Heredia ; Hugo se détacha de leur groupe, vint à moi et me dit très aimablement : « Vous faites des vers, monsieur, et vous êtes Castillan. […] Voici les honneurs, la gloire … Il semble y avoir, entre la médecine et la politique, des affinités secrètes. […] M. de Hohen-lohe voit dans la condescendance du gouvernement de Venise pour le « masque national » des motifs politiques surtout à l’époque qui précéda la Révolution française, où le port de la « baüta » fut imposé par une loi à la noblesse vénitienne.
Le repos où nous le voyons n’est donc que passager ; mais il devra se lever seul et combattre seul : il y compte bien : ses ambitions ne sont pas de celles qui ont besoin de complices intelligents ; il n’a pas d’élèves en politique, parce que ses disciples, restés à la phase littéraire, ont pris pour but ce qui n’est pour lui qu’un moyen et une méthode. […] Le moment de notre histoire littéraire appelé symboliste, et qui est aujourd’hui en pleine floraison, a sonné le réveil à plusieurs clochers ; comme il réintégrait l’idée dans l’art, il l’introduisait dans la politique, substituant à une vague conception oscillatoire, la notion d’un développement indéfini de la liberté individuelle. Il n’est pas un symboliste qui n’ait, au moins une fois, abandonné la page aux belles métaphores, pour aller, en quelque journal libertaire, défendre, à côté d’ouvriers surexcités, les droits, non plus politiques, mais humains (tout simplement), non plus du citoyen, mais de l’homme. […] C’est surtout dans la première pièce du volume, l’Hiver, qu’il faut chercher la pittoresque expression de ce mépris du Pauvre pour tous les professionnels de la politique ou de la bienfaisance, pour les sereines pleureuses, entretenues par la misère qui les écoute et les paie, rentées par les larmes des crève-la-faim, pour tous les hypocrites dont le fructueux métier est de « plaind’ les Pauvr’s » en faisant la noce. […] D’abord ils imaginèrent d’« écrire » histoire ; ils ne font ni des discours ni des dissertations, mais des livres ; ils traitent Marie-Antoinette non pas en sujet mais en motif autour duquel se viennent rassembler tous les petits faits de vie dont vivait la reine : à connaître ses jeux, ses paroles, ses robes et ses coiffures, ils pénètrent plus facilement jusqu’à son âme qui, occupée sans doute de combinaisons politiques, l’était aussi de jeux de robes et de coiffures.
Au contraire en France, tout concourt à faire fleurir l’esprit de société ; en cela le génie national est d’accord avec le régime politique, et il semble que d’avance on ait choisi la plante pour le terrain. […] C’est celui des peuples que leur régime politique exclut des soucis virils et qui jouent avec la vie à la façon des enfants.
Il ne chante pas, il parle ; ce sont les mots risqués, négligés, de la conversation ordinaire ; ce sont les détails de la vie domestique ; c’est la description d’une toilette, d’un dîner politique, d’un sermon, d’une messe de village. […] Il est marié, il a des fermiers, il est magistrat municipal, il devient homme politique.
Un grand pape, Innocent III, faisait au clergé un devoir d’obligation et de foi d’être instruit ; ses successeurs suivirent sa politique. […] D’où nous est venue cette vue si profonde et si lumineuse sur la suite de notre histoire politique, sinon du magnifique spectacle de la France une et homogène, et, comme on l’a dit avec force, devenue une personne ?
On me présente, il se soulève de sa chaise, veut bien me dire quelques mots sur les études que doit nécessiter l’histoire des mœurs, se rassied, et, toute la soirée, reste au cœur de la conversation des vieux, n’ouvrant pas la bouche, raide sur sa chaise, sérieux comme un doctrinaire qui politique. […] Voici le dehors, quant au dedans, un grand esprit enterré vif dans un village, nourri de moelle spirituelle par la réflexion solitaire et une constante lecture, familier avec tous les hauts livres, un moment foudroyé par la mort d’un fils de onze ans, mais en train de reprendre son parti de la vie, « un cauchemar entre deux néants », un causeur à la parole espacée de mots qui font réfléchir, et jugeant à vol d’aigle, et allant au sommet des plus grandes questions, et enfermant sa pensée dans une formule nette, à arêtes coupantes, comme le métal d’une médaille ; un cœur tendre, mais un politique aux principes inflexibles, un génie dantonien auquel le théâtre et les circonstances ont manqué, le seul homme que j’aie vu préparé à tout et digne de tout9.
Il n’avait pas d’abord d’opinion politique. […] Là, est le petit divan vert rayé de blanc, où se tiennent les colloques intimes de la politique, les entretiens d’affaires, les duos de la sollicitation et de la protection, petit canapé qu’elle affectionne, et d’où ses pieds frileux vont chercher, tout à côté, le souffle tiède d’une bouche de calorifère, qui ventile le poil remuant des petits chiens dans leur corbeille.
Au dix-huitième siècle, la littérature ayant acquis avec les Voltaire et les Rousseau un empire presque sans bornes, une hégémonie politique et sociale, les littérateurs commencèrent à se considérer comme les nouveaux souverains du monde. […] Cela l’oblige souvent à travailler sur des sujets « gâtés », à descendre au milieu des misères et des folies humaines. « Aucune besogne ne saurait donc être plus moralisatrice que la nôtre, puisque c’est sur elle que la loi doit se baser… C’est ainsi que nous faisons de la sociologie pratique et que notre besogne aide aux sciences politiques et économiques.
Nous ne voulons que des Achilles ou des Céladons, & nous ne pensons pas que celui qui a crayonné Énée a voulu en faire, non seulement un fameux guerrier & un conquérant, mais un grand politique, un véritable législateur, un prince essentiellement religieux ; tel qu’on nous assure avoir été Auguste : car c’est pour flatter les dévots de sa cour, c’est d’après le caractère de ce grand homme que Virgile a tracé le caractère d’Énée. […] Il découvre une plus belle matière à traiter ; de plus grands événemens à développer ; un palais plus vaste & plus digne d’admiration ; intérêt de nation, intérêt de famille, intérêt de politique, intérêt de religion, de curiosité.
Massillon, par cette portion de son Petit Carême, inaugure cette politique, dont Louis XV sans doute ne sut point profiter à temps, mais qui, dès qu’on voulut l’appliquer en réalité, réussit, comme on l’a vu, si mal à Louis XVI, à Malesherbes, à ces hommes excellents et trop confiants par là même en l’excellence générale de la nature.
Elle ne se mêlait point des affaires ni de la politique, et se piquait de n’y rien entendre : Je n’ai aucune ambition, disait-elle (août 1719), je ne veux point gouverner, je n’y trouverais aucun plaisir.
Foisset, le savant historien de De Brosses, et qui possède si bien toute l’histoire politique et littéraire de sa Bourgogne.
Il avait manifesté, depuis, sa manière de sentir et de voir sur tout sujet dans l’ouvrage qu’il avait publié à Londres en 1797, l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions, et dont quelques-uns de ses amis, les gens de lettres de Paris, avaient eu connaissance.
En tout, ce sont là de belles stances qui se rapportent au temps de la Fronde, des débats politiques du Parlement et de l’invasion des Espagnols en Champagne.
Jusqu’ici Montluc n’a pris les choses que de son côté, militairement ; il arrive pourtant à toucher à la question politique : « À ce que j’ai entendu, Sire, tout ce qui émeut messieurs qui ont opiné devant Votre Majesté est la crainte d’une perte ; ils ne disent autre chose, si ce n’est : Si nous perdons, si nous perdons !
Santeul, le poète latin si fier de ses vers, si heureux de les réciter en tous lieux ou de les entendre de la bouche des autres, et qui aimait encore mieux qu’on dît du mal de lui que si l’on n’en avait rien dit du tout ; Santeul, qui dans une de ses plus grosses querelles écrivait à l’abbé Faydit, qui l’avait attaqué sur son épitaphe d’Arnauld : Je fais le fâché par politique, mais je vous suis redevable de ma gloire ; vous êtes cause qu’on parle de moi partout, et presque autant que du prince d’Orange ; vous avez rendu mes vers de l’épitaphe de mon ami plus fameux que l’omousion du concile de Nicée ; ceux des autres poètes sur le même sujet sont demeurés ensevelis avec le mort, faute d’avoir eu comme moi un Homère pour les prôner et les faire valoir ; — Santeul, qui était si fort de cette nature de poète et d’enfant qui tire vanité de tout, serait presque satisfait en ce moment.
Malgré toutes ses concessions à la force des choses et malgré sa prudence, il était trop honnête homme pour ne pas être suspect ; on le taxait de modérantisme, c’est-à-dire d’être un politique.
Je ne vois guère que deux points où son bon sens si ferme se trouve en défaut : la révocation de l’Édit de Nantes, qu’il a louée comme l’a fait presque tout son siècle (mais peut-être, de sa part, était-ce une pure concession politique), et le détrônement de Jacques II ; en ce dernier cas il a certainement obéi à une indignation généreuse et à un sentiment de pitié.
Je ne puis concevoir Rome que telle qu’elle est, musée de toutes les grandeurs déchues, rendez-vous de tous les meurtris de ce monde, souverains détrônés, politiques déçus, penseurs sceptiques, malades et dégoûtés de toute espèce ; et si jamais le fatal niveau de la banalité moderne menaçait de percer cette masse compacte de ruines sacrées, je voudrais que l’on payât des prêtres et des moines pour la conserver, pour maintenir au-dedans la tristesse et la misère, à l’entour la fièvre et le désert. » Un des plus avancés d’entre les esprits modernes, et des plus voués à l’idée du progrès quand même, M.
L’Édit de Révocation venait enfin d’être lancé (octobre 1685), et c’était le thème sur lequel Foucault prêchait à ces gentilshommes d’un ton impératif la plus absolue doctrine de religion politique et administrative, cette grande erreur du temps et de plus d’un temps.
Renan, ont un sens douteux et double et ne sont pas entendus également des deux côtés. » Un troisième ami m’arriva avant la fin de la journée ; celui-ci est très-mesuré et très-circonspect, c’est un prudent et un politique ; il vit le livre sur ma table, ne me questionna que pour la forme et, sans attendre ma réponse, me dit : « Je n’aime pas ces sortes de livres, ni voir agiter et remuer ces questions.
Il collabora aussi au journal du soir, la Charte de 1830, fondé par Nestor Roqueplan vers 1836, — sans y faire ombre de politique, bien entendu.
Cette idée de grâce, les Grecs la portaient en tout ; pour dire les gens comme il faut, les gens bien élevés, les honnêtes gens, même au sens politique, les Conservateurs, ils avaient ce mot charmant : et [caracteres grecs illisibles] , comme qui dirait : les gracieux, les agréables.
Un célèbre poëte de nos jours, qu’on a souvent comparé à La Fontaine pour sa bonhomie aiguisée de malice, et qui a, comme lui, la gloire d’être créateur inimitable dans un genre qu’on croyait usé, le même poëte populaire qui, dans ce moment d’émotion politique, est rendu, après une trop longue captivité, a ses amis et à la France, Béranger, n’a commencé aussi que vers quarante ans à concevoir et à composer ses immortelles chansons.
Pour juger André Chénier comme homme politique, il faut parcourir le Journal de Paris de 90 et 91 ; sa signature s’y retrouve fréquemment, et d’ailleurs sa marque est assez sensible. — Relire aussi comme témoignage de ses pensées intimes et combattues, vers le même temps, l’admirable ode : Ô Versailles, ô bois, ô portiques !
Le romantisme a creusé un abîme entre la France d’autrefois et la France d’aujourd’hui, au point de vue littéraire, comme la Révolution au point de vue politique et social.
Brunetière a fait remarquer que le plus hardi chapitre, sur l’or de France subtilement tiré par Rome, correspond à un incident précis de la politique religieuse de Henri II.
Certes, j’aime les romans de Loti pour bien d’autres raisons ; mais je les aime aussi pour cette idée dont ils sont tout imprégnés, que l’âme d’un pêcheur ou d’une paysanne bretonne a mille chances d’être plus intéressante, plus digne d’être regardée de près que celle d’un chef de division, d’un négociant ou d’un homme politique.
Nulle préoccupation chez lui de dogmes politiques ou religieux et, par là, se trouve écartée une source irritante de conflits.
Posnett part de cette observation de Karl Otfried Müller, que les trois degrés du développement politique des Grecs se trouvent en quelque sorte reflétés dans leur littérature : la période épique correspondant à la période monarchique, la poésie lyrique aux temps les plus agités et au progrès du gouvernement républicain, le drame à l’hégémonie d’Athènes et à la période de liberté.
La diversité de ses ouvrages et de sa conduite, la politique où elle a trempé, les satires, les accusations perfides qui l’ont poursuivie et qu’elle s’est peut-être plus d’une fois permises à son tour, n’ont pas contribué, même de son vivant, à lui donner une physionomie bien distincte pour ceux qui ne la voyaient pas de très près.
Mais au premier rang dans l’ordre de la beauté, il faut placer ces grandes fables morales Le Berger et le Roi, Le Paysan du Danube, où il entre un sentiment éloquent de l’histoire et presque de la politique ; puis ces autres fables qui, dans leur ensemble, sont un tableau complet, d’un tour plus terminé, et pleines également de philosophie, Le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes, Le Savetier et le Financier, cette dernière parfaite en soi comme une grande scène, comme une comédie resserrée de Molière.
La persécution politique d’autrefois, c’est d’autrefois que nous parlons, s’assaisonnait volontiers d’une pointe de persécution littéraire.
Mais, dans cet état d’abstraction, d’abstraction, n’est qu’un système de gouvernement, une simple spéculation politique.
À son avis, l’incertitude des gouvernements contemporains, l’impatience des peuples modernes, la fragilité de toutes nos charpentes sociales et de toutes nos machines politiques, n’ont d’autre cause que la chute du christianisme et l’attente d’une religion nouvelle.
Il s’éprend de politique batailleuse, de lutte sociale, et si, dans le Forgeron, par exemple, on a pu ne voir qu’une habile variation sur un thème poétique connu, dans les Rages de Césars, dans le Mal, on sent une sincérité plus franche. […] Dans une étude sur « Albert Durer et ses dessins » (juin 1882), à propos d’un livre récent, il discute avec autant de finesse que de science les questions d’authenticité, d’influences étrangères ; dans un compte-rendu de l’Exposition Berlinoise (août 1883), il analyse le talent des Boecklin et des Max Klinger de la manière la plus pénétrante et la plus juste, et sa compétence technique est égale à son goût très sûr… Mais ses notes surtout émerveillent ; les amis de Laforgue en ont publié plusieurs séries dans la Revue Blanche, dans les Entretiens politiques et littéraires ou ailleurs. […] Les revues belges auxquelles il collabora d’abord, — la Société nouvelle, par exemple, — ne bataillaient pas moins pour la liberté politique que pour l’émancipation littéraire.
Du moins nous ne sommes pas, eux et nous, au même point de notre développement politique ; et comme il n’est guère possible de dire que nous sommes en retard sur eux, il faut donc bien que nous les devancions. […] J’ai déjà cité le théâtre de Becque ; mais, dans celui même d’Émile Augier, par exemple, les choses de l’argent, de l’ambition et de la politique tiennent autant de place pour le moins que les choses de l’amour. […] Si l’on passe à la tragédie, nous voyons que Voltaire, dans ses préfaces et dans sa correspondance, affecte défaire fi de l’amour et de lui préférer la tendresse maternelle ou filiale, l’amitié, la haine, l’ambition politique. […] Imaginez la plus parisienne et étourdie de nos Froufrous ou de nos Paulettes, dans l’Italie des poisons, des assassinats politiques et de l’Inquisition, — et, là, restant Paulette et Froufrou quand même. […] Le duc exprime son admiration pour le génie du premier consul et flétrit énergiquement l’assassinat politique… Sur quoi les soldats français cernent la maison, envahissent la salle à manger et arrêtent le duc.
Quelle phrase plus agréable que celle-ci, tirée un peu au hasard du livre III, et qui se rapporte à la politique à suivre avec les peuples récemment conquis ? […] Il est vrai qu’il a une politique qui est précisément celle de Grégoire VII.
Imaginez un théâtre unique, où l’on ne parle à peu près que de politique, et qui soit la propriété exclusive du faubourg Saint-Germain. […] Le chapitre sur les hommes politiques est un petit chef-d’œuvre. […] Polyeucte, le mari, ce qui constitue un premier tort ; puis, mari qui commence à négliger sa femme, à sortir, à s’occuper de politique… Bien, bien… Et un ancien amoureux de Pauline revient… Ah ! […] C’est que les conseils suprêmes à Joas, le traité de politique tiré de l’Écriture sainte, le serment sur l’autel, tout cela doit produire son effet non seulement sur Joas, mais sur les Lévites, pour les enflammer. […] Le chœur ne répond à rien chez nous et n’est qu’un pastiche de lettré assez maladroit dans une tragédie historique ou politique.
Les griffonneurs politiques, et surtout les tribuns de même nature, ont seuls le droit, enseignait Pierre-Charles, d’employer admonition pour conseil, objurgation pour reproche, époque pour siècle, contemporain pour moderne, etc., etc. […] Et en politique ! […] Car, enfin, la valeur d’un homme est dangereuse, nuisible et plus que secondaire, en politique ; l’essentiel est qu’il ait l’air « digne » aux yeux de ses mandants. […] Alors, beaucoup d’entre les esprits nouveaux s’adonnaient à la politique, commençaient l’œuvre des revendications sociales, et c’était l’autre côté de l’eau qui était le lieu de ces travaux ; c’était là que se plaçait le centre de ce mouvement. […] Tandis que d’autres, politiques, philosophes, historiens, accompliront leur besogne sévère, ils seront le charme et la consolation.
Si nous sommes en progrès pour tout ce qui touche aux besoins matériels des peuples, pour toutes les sciences usuelles, d’économie pratique, pour les questions politiques et sociales, nous constatons pour tout le reste une décadence générale. […] Tandis qu’autour de lui on se sert du roman pour émettre des systèmes, échafauder des thèses sociales ou se livrer à des dissertations politiques, lui, voit uniquement le fait, s’y attache et va droit au but, sans se laisser jamais distraire dans sa route. […] Si estimés que soient ses travaux d’économie politique, c’est en compagnie de Jérôme Paturot qu’il est condamné à vivre auprès de nos petits-neveux. […] La partie politique du roman est sans contredit la meilleure, et ici nous avons à louer sans réserve. […] Alors on était contraint d’ajourner la politique.
En politique, il le voit toujours gouverné en craignant de l’être, seulement l’étant par plusieurs au lieu de l’être par un seul ; s’entêtant ou se désabusant de certains hommes sans beaucoup de sujet ; et il lui conteste cette haute appréciation, cette justesse et ce coup d’œil de roi qu’on accorde assez généralement aujourd’hui au noble monarque.
[NdA] Il est rare que dans un groupe, dans un parti philosophique, politique ou autre, il n’y ait pas quelque esprit sensé, parmi les adhérents mêmes, qui fasse tôt ou tard les objections : ainsi Mélanchthon parmi les luthériens, Nicole parmi les jansénistes, le président Jeannin parmi les ligueurs ; ainsi, dans le cas présent, Bernier panai les gassendistes : tous ces hommes, et d’autres que nous ignorons, savaient très bien les côtés faibles, et disaient à l’intérieur bien de bonnes raisons et des vérités à l’oreille de leurs amis.
L’illusion de l’homme politique qui se dégoûte des affaires et qui croit aimer la retraite, les périodes divers de son accès champêtre sont déduits par Cowper avec une fine ironie.
S’il y avait quelque chose de capable de renverser ma chétive cervelle, ç’aurait été les choses obligeantes que vous y ajoutez… ; mais, ma chère sœur, en faisant un retour sur moi-même, je n’y trouve qu’un pauvre individu composé d’un mélange de bien et de mal ; souvent très mécontent de soi-même, et qui voudrait fort avoir plus de mérite qu’il n’en a ; fait pour vivre en particulier obligé de représenter ; philosophe par inclination, politique par devoir ; enfin, qui est obligé d’être tout ce qu’il n’est pas, et qui n’a d’autre mérite qu’un attachement religieux à ses devoirs.
En religion, en philosophie, en politique, dans l’art, dans la morale, chacun de nous doit s’inventer ou se choisir un système : invention laborieuse, choix douloureux… La vie n’est plus un salon où l’on cause, mais un laboratoire où l’on pense.
[NdA] Me figurant Vauvenargues venu cinquante ans plus tard et dans les années de la Révolution, j’ai toujours aimé à le voir en idée à côté d’André Chénier et à peu près dans la même ligne politique.
Un fait isolé ne prouve rien, et, comme dit le proverbe, une hirondelle ne fait pas le printemps ; mais des séries de faits ou d’objets sont des témoins irrécusables, et qui servent de fondement ou de garantie à toute histoire naturelle, sociale, politique.
En poétique comme en politique, peuple brillant, aimable et fragile, si engoué, si vite dégoûté, j’ai toujours des doutes, et je ne sais jamais, avec nous, si ce qui est acquis est acquis.
Aimer Molière, c’est être également à l’abri et à mille lieues de cet autre fanatisme politique, froid, sec et cruel, qui ne rit pas, qui sent son sectaire, qui, sous prétexte de puritanisme, trouve moyen de pétrir et de combiner tous les fiels, et d’unir dans une doctrine amère les haines, les rancunes et les jacobinismes de tous les temps.
La Rochefoucauld, tout politique, disait de même et diversement : « La Fortune et l’humeur gouvernent le monde. » Une réflexion ne vous frappe-t-elle pas ?
C’était donc Balzac, Léon Gozlan, Jules Sandeau, Théophile Gautier, Méry, Mélesville ; — Forgues, que la nature a fait distingué et que la politique a laissé esprit libre ; Edouard Ourliac, d’une verve, d’un entrain si naturel, si communicatif, et qui devait finir par une conversion grave ; un italien réfugié, patriote et virtuose dans tous les arts, le comte Valentini, qui payait sa bienvenue en débitant d’une voix sonore et d’un riche accent le début de la Divine Comédie : Per me si va… C’était le médecin phrénologue Aussandon, qui signait Minimus Lavater et qui avait la carrure d’un Hercule ; Laurent-Jan, esprit singulier, tout en saillies pétillantes et mousseuses ; le marquis de Chennevières, esprit poétique et délicat, qui admire avec passion, qui écoute avec finesse ; — nommerai-je, parmi les plus anciens, Lassailly l’excentrique, qui, même en son bon temps, frisait déjà l’extravagance, qui ne la séparait pas dans sa pensée de la poésie, et qui me remercia un jour très sincèrement pour l’avoir appelé Thymbræus Apollo ?
Cette année même, j’ai remarqué deux de ces discours d’un genre bien différent : l’un prononcé à Paris pour la rentrée de la Cour de cassation par M. l’avocat général Charrins, et qui nous offrait un vivant portrait du très-éloquent avocat de Toulouse, défenseur heureux de tant d’accusés politiques, M.
Il fallait encore à cette politique de Cour une femme sans attraits et sans coquetterie, qui ne retînt son mari que par le devoir et le besoin de donner des héritiers à la couronne.
L’indépendance des idées est nécessaire à l’indépendance de l’admiration. » Ils veulent du présent, du vif, du saignant dans les œuvres : « En littérature, on ne fait bien que ce qu’on a vu ou souffert. » L’Antiquité leur paraît encore à juger ; ils ne paraissent accepter rien de ce qu’on en dit ; ils croient que tout est à revoir, et que le procès à instruire n’est pas même commencé ; ce respect du passé en littérature, ce culte des anciens à tous les degrés, qu’il s’agisse des temps d’Homère ou du siècle de Louis XIV, est, selon eux, la dernière des religions qu’on se prendra à examiner et à percer à jour : « Quand le passé religieux et politique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire. » Ils ne font grâce entre les anciens qu’à Lucien, peut-être à Apulée, à cause de l’étonnante modernité qu’ils y retrouvent : ce sont pour eux des contemporains de Henri Heine ou de l’abbé Galiani.
En tout cas, il n’y avait rien du ligueur chez La Bruyère, et s’il lui arrivait de penser quelquefois à ses origines politiques, c’était bien certainement pour sourire du contraste qu’elles faisaient avec sa destinée présente. — Le nouveau commentateur s’empare ainsi de toutes les circonstances connues de la vie de La Bruyère ; il les rapproche de son livre : on trouvera de l’esprit dans ces rapprochements, mais c’est serré de trop près ; c’est excessif.
La partie politique de son recueil est celle qui a le moins d’originalité : la langue d’abord en devient aisément toute française, car le patois n’a point, dans son fonds, ce vocabulaire moderne.
Bazin, quoi qu’il en soit, a très-bien rapporté le caractère de la poésie de Théophile à la date politique qui y correspond.
Aussi point de distraction, point de partage : les fonctions publiques, les devoirs ou les honneurs politiques, tous les genres de soins et souvent les amertumes qu’ils entraînent l’eussent jeté trop loin de ses travaux chéris ; et, afin d’être mieux en mesure contre toute tentation, il s’arrangea, je crois, en vérité pour ne pas être même éligible.
Le monde l’a repris ; les passions politiques l’ont distrait, peut-être aussi d’autres passions de cœur, si ce n’en est pas profaner le nom que de l’appliquer à des attraits si passagers.
. — Voltaire, Politique et législation, supplique des serfs de Saint-Claude.
Entre la littérature de l’Inde et celle de la Chine, littératures qui ont précédé de bien des siècles la littérature grecque, il y a eu l’Égypte ; l’Égypte, grand mystère, grand arcane, grande éclipse aujourd’hui, civilisation, religion, politique, langue, livres dont nous ne savons rien ou presque rien, tant que les innombrables papyrus, ces momies de la pensée humaine aux bords du Nil, ne nous auront pas révélé leurs énigmes, que nos savants cherchent à déchiffrer depuis cinquante ans !
Il ne me paraît pas que l’auditoire soit aussi brillant, à beaucoup près, qu’au temps de Lacordaire ou même du Père Hyacinthe, alors qu’un grand nombre de ceux qui comptent dans la littérature ou dans la politique se pressaient, comme on dit, autour de la chaire.
Cela se voit partout, même, il paraît, dans la politique Il y en a qui gardent le goût des femmes, voire des petites femmes, jusque dans un âge avancé ?
La puissante imagination de M. de Chateaubriand, sollicitée par tant d’émotions, ramenée vers la nature par les convulsions du monde politique, cherchant partout des démonstrations au spiritualisme, et faisant parler la terre et les cieux pour ranimer la foi religieuse, a trouvé là bien des couleurs.
Le sultan Mahmoud, de race turque, qui régnait dans le Kaboul, et dont les conquêtes s’étendirent jusqu’à l’Inde, fut un dessus ardents à se signaler en cette voie de renaissance littéraire qui venait en aide à ses projets politiques, ou qui du moins pouvait illustrer son règne.
Consulté par écrit sur toute matière politique ou ecclésiastique, arbitre très écouté en secret dans les querelles du jansénisme, redevenu docteur et oracle, il tenait déjà le grand rôle à son tour.
À quoi j’ajouterai encore un de ces conseils qu’il adresse à ceux qui, comme moi et comme bien des gens de ma connaissance, subissent les tourmentes politiques sans les provoquer jamais et sans se croire d’étoffe non plus à les conjurer.
Il en a écrit de deux sortes et sous deux formes différentes : 1º des Mémoires proprement dits sur les événements historiques auxquels il a assisté, et les affaires politiques auxquelles il a pris part ; ces Mémoires, souvent cités par Lemontey dans son Histoire de la Régence, sont restés manuscrits, et je ne les connais pas ; 2º indépendamment de cet ouvrage, qui paraît être très volumineux, puisque Lemontey en cite à un endroit le tome VIIIe, le duc d’Antin, dans une vue toute morale et de méditation intérieure, avait écrit pour lui seul une espèce de discours de sa vie et de ses pensées, à peu près comme Bussy-Rabutin, qui, en dehors de ses Mémoires, a fait un résumé de sa vie dans un discours destiné à ses enfants sous le titre de L’Usage des adversités.
Tarare, qui avait peut-être été écrit sous l’inspiration de la pantoufle merveilleuse, et qui se jouait en concurrence avec le procès Kornman, était un opéra de Beaumarchais, très fou, très bizarre, mais très à propos, un opéra soi-disant philosophique, politique et déjà révolutionnaire, préludant à la Déclaration des droits, et où « la dignité de l’homme était le point moral que l’auteur avait voulu traiter, le thème qu’il s’était donné », disait-il sérieusement dans son Discours préliminaire.
Ce public d’académie, qui se composait alors, comme aujourd’hui, du beau monde, et qui sentait son faubourg Saint-Germain, avait bien mieux aimé applaudir, dans la première partie de la séance, un passage du discours de Raynouard où, parlant de je ne sais quel poète tragique puni de mort à Rome pour avoir mis dans une pièce d’Atrée des allusions politiques, l’orateur avait ajouté brièvement : « Tibère régnait !
On n’enseigne plus l’astronomie de Ptolémée, la géographie de Strabon, la climatologie de Cléostrate, la zoologie de Pline, l’algèbre de Diophante, la médecine de Tribunus, la chirurgie de Ronsil, la dialectique de Sphœrus, la myologie de Stenon, Puranologie de Tatius, la sténographie de Trithème, la pisciculture de Sébastien de Médicis, l’arithmétique de Stifels, la géométrie de Tartaglia, la chronologie de Scaliger, la météorologie de Stoffler, l’anatomie de Gassendi, la pathologie de Fernel, la jurisprudence de Robert Barmne, l’agronomie de Quesnay, l’hydrographie de Bouguer, la nautique de Bourde de Villehuet, la balistique de Gribeauval, l’hippiatrique de Garsault, l’architectonique de Desgodets, la botanique de Tournefort, la scolastique d’Abailard, la politique de Platon, la mécanique d’Aristote, la physique de Descartes, la théologie de Stillingfleet.
Je sais bien qu’en France il fut longtemps plus difficile de discuter le sonnet que la loi de la gravitation universelle, d’attenter aux Trois Unités qu’à la liberté politique ; mais les temps viennent toujours.
En effet, et c’est ma seconde réponse à l’objection tirée de la perfection de l’art de penser, nous ne raisonnons pas mieux que les anciens en histoire, en politique et dans la morale civile.
ces institutions dans l’esprit dont l’absence fait qu’un despote de génie dans l’ordre de l’intelligence n’est, comme dans l’ordre politique, rien de plus qu’un accident heureux, il a de la pensée et il n’a point l’anarchie de faire de l’image, qu’il a aussi, autre chose que ce qu’elle est : — la servante de la pensée.
Lui-même, après une éducation toute religieuse, grave, studieux, muni de convictions fortes, éprouvé par la proscription, formé pour gouverner les hommes sans les contraindre, et préparé à la politique par la morale, il entrait dans les affaires publiques, lorsque l’anarchie du Directoire et le despotisme de l’Empire lui fermèrent la carrière pour laquelle il était né et il était prêt.
Oui, si tous les journaux étaient en vers, si les lois, si les livres, si les sermons, les affiches, les enseignes étaient en vers ; si au Corps législatif, au Sénat, à la Cour, on parlait en vers ; si l’économie politique, la comptabilité, l’administration se faisaient en vers, si tout le monde était obligé de se dire bonjour en vers, si les maris trompés étaient contraints de faire à leurs femmes des scènes en vers ; s’il n’y avait enfin pas un trait de la plume ou un mouvement de la langue qui ne dût amener un vers, peut-être serions-nous enfin disposés à nous guérir du mal de la versification et une sage horreur nous préserverait-elle à jamais de cette passion. […] Toutefois, si le premier poète a été un habile homme, un charlatan adroit, à présent ses successeurs sont les derniers farceurs ; on commence à s’en apercevoir, et il se passe un fait curieux d’économie politique qui en est la conséquence : la poésie se lit mais ne se vend presque plus. […] Il est compétent en littérature ; il l’est bien en politique et en religion ! […] Il n’y a pas assez de mépris pour « les traînantes périphrases, les images vieillies, quelques pauvres allusions qu’on débite courageusement parce qu’il n’y a pas de danger à les dire ». — « Nous savons leurs pasquinades et leurs insuffisances. » — « Cette fade compagnie de bavards. » L’ambitieux politique se montre dans ces phrases : « Un homme qui n’avait d’autres titres que d’avoir été ministre dans un temps où tout le monde le fut. » — « Ils se font cette illusion qu’ils sont revenus au bon temps où ils pouvaient bavarder tout à leur aise dans une assemblée consultative. » Le plus comique, c’est que cette assemblée en douillette devient tout à coup dantesque et michelangesque, « elle lance la malédiction de la mort contre la vie, — c’est l’exaltation de tout ce qui est médiocre. — Ils parlent de la liberté comme s’ils ne l’avaient pas bâillonnée. […] Ce dernier, qui a si longtemps fait de la politique, vient se casser le nez dans la critique.
. — On ne pense, on ne rêve que politique, continua l’abbé. — J’ai la politique en horreur, répliqua la baronne, et les maux que la guerre fait à mon pays me donnent un extrême besoin de distraction.
Ses livres sont des plus suggestifs que je connaisse ; ils traitent, avec une égale compétence, d’économie politique, d’histoire, de critique littéraire, d’esthétique, de philosophie pure. […] Né dans les Abruzzes en 1863 (ou 1864), Gabriele D’Annunzio débuta à seize ans par un volume de vers (Primo vere), et vint à Rome en 1881, où il fit partie d’un groupe de « jeunes » ; groupe dont l’histoire serait fort intéressante ; il comprenait, entre autres, le peintre Michetti, le journaliste Scarfoglio, le musicien Tosti, le poète Pascarella, et Giulio Salvadori qui écrivait alors le Canzoniere civile… On en était aux premières ivresses de la jeune Italie, avant la crise économique, politique et sociale.
Lavallée établit très bien, dès les premières pages, le caractère historique et politique de Saint-Cyr, et son lien avec les grandes choses du dehors.
Ces trois éléments, comme nous dirions, le Nil, les Bédouins, les mamelouks, sont essentiels à connaître pour se bien rendre compte de la constitution du pays, du désert et de la façon de le traverser, d’y guerroyer, enfin de la politique et des révolutions de palais.
Il ne se donnait que de courts sujets qui avaient trait aux choses du moment, quelquefois à la politique (car c’était le temps de la guerre d’Amérique, et Cowper était à bien des égards un Anglais de vieille roche) ; mais le plus ordinairement, il ne s’agissait dans ses vers que des accidents de son jardin.
On sait que dans les dernières années de Louis XIV, à l’instant le plus critique de la guerre de la succession (1709), le duc d’Orléans noua en Espagne une intrigue politique restée assez obscure, et qu’un homme de sa confiance, Flotte, fut arrêté porteur de papiers.
Il devait y être préparé par ses conversations avec Bolingbroke, qu’il avait beaucoup vu à Paris et à sa terre de la Source, près d’Orléans ; mais l’impression qu’il reçut de ce spectacle nouveau, moins encore de la chose politique et du jeu de la constitution que du groupe philosophique et librement penseur qu’il y rencontra, paraît avoir surpassé son attente ; elle fut sur lui profonde et indélébile.
L’abbé Le Dieu revoit et met au net les manuscrits de la Politique, des Élévations, des Méditations sur les Évangiles, et il fait grandement valoir ce travail qu’il ne poursuit qu’à son aise : « L’abbé (Bossuet) m’a paru étonné de ce que je ne lui donnais que cela, trouvant les cahiers en petit nombre ; mais je suis bien résolu de ne m’en pas hâter davantage, et pour le profit que j’en reçois, ce n’est pas la peine de me tant fatiguer. » C’est le cas de dire comme cet ancien ministre à la tribune : Est-ce clair ?
., in-4°, imprimé à la suite de la traduction des Tristes et des Politiques, 1678 (1679)
Faute d’un trône, il ambitionnait d’être ministre d’État et le premier conseiller du roi ; son astre politique semblait au zénith à Versailles, vers l’an 1755.
« Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, et auteur de plusieurs écrits qui vous sont vraisemblablement connus, vient de composer un Traité sur l’Éducation en quatre volumes, où il expose plusieurs principes contraires aux nôtres, tant sur la politique que sur la religion.
Elle aimait l’Angleterre et les Anglais ; elle causait bien politique, et ce fut une des femmes du xviiie siècle qui, les premières, surent manier en conversant cet ordre d’idées et de discussions à la Montesquieu.
Et quelquefois, à la fin de juin, par un jour brûlant, dans la robuste épaisseur d’un arbre en pleines feuilles, je voyais un petit oiseau muet et de couleur douteuse, peureux, dépaysé, qui errait tout seul et prenait son vol : c’était l’oiseau du printemps qui nous quittait. » Augustin, le précepteur de Dominique, est un très jeune homme, d’une nature tout opposée à celle de son élève : c’est un homme de livres, de logique, de science, un cerveau ; après bien des labeurs, après des âpretés et des difficultés sans nombre de carrière et de destinée, il arrivera un jour à se faire un nom parmi les écrivains sérieux de son pays, à se faire une haute situation même ; ce sera un politique, un économiste, un conseiller d’État, un ministre, que sais-je ?
En politique, comme en comédie, c’était un admirateur de Henri IV, et il eût pu être, s’il eût vécu en ce temps-là, l’un des chansonniers de la Ménippée : il aimait, presque à l’égal de la gaîté française, les vieilles libertés françaises et les franchises de nos pères ; il faut voir comme il daube à l’occasion, dans son Journal, sur le chancelier Maupeou, « ce Séjan de la magistrature. » Il donne à plein collier dans l’opposition parlementaire, mais il ne voit rien au-delà.
Le flot politique vint donc très à propos pour couvrir l’instant de séparation et délier ce qui déjà s’écartait.
Ou était en 93 ; bien des années d’absence et les dissentiments politiques avaient relâché, sans les rompre, les liens des anciennes compagnes ; Mme Roland, captive sous les verrous de Sainte-Pélagie, attendait le jugement et l’échafaud.
Le réveil ne fut que plus rude ; ce coup de collier en politique l’avait mis tout hors d’haleine ; l’artiste en lui sentait le besoin de respirer.
On y sentait surtout le cœur sensible de l’homme de douleur battre dans une grande poitrine, et la mélancolie pensive entraîner l’humanité vaincue dans ce torrent de larmes amassées par les calamités politiques.
II Dans toutes les langues, l’homme a parlé et écrit en prose des choses nécessaires à la vie physique ou sociale, domesticité, agriculture, politique, éloquence, histoire, sciences naturelles, économie publique, correspondance épistolaire, conversation, mémoires, polémique, voyages, théories philosophiques, affaires publiques, affaires privées, tout ce qui est purement du domaine de la raison ou de l’utilité a été dévolu sans délibération à la prose.
Mais que le savant spécial, après quelques travaux ou quelques découvertes, vienne réclamer comme récompense qu’on le dispense d’en faire davantage et qu’on le laisse entrer dans le champ de la politique, c’est là l’indice d’une petite âme, d’un homme qui n’a jamais compris la noblesse de la science.
Inimitiés politiques ou religieuses, routine ou légèreté de la foule, jalousies ou cabales de rivaux, timidité de l’écrivain ou fierté qui lui interdit certains moyens de parvenir, mille autres causes peuvent priver une œuvre de l’estime qui lui est due.
— « Je tremble, s’écrie-t-il en les voyant embrasser ces autels. » C’est une figure ingénuement humaine que celle de ce roi primitif : nullement tendu et tout d’une pièce, comme les monarques de nos tragédies, mais peint en pleine franchise de nature, avec ses irrésolutions respectables et sa bonté combattue par la prudence politique.
Il venait de publier un Essai de tactique, précédé d’un discours sur l’état de la politique et de la science militaire en Europe.
Sa Correspondance forme les Annales de la littérature de cette époque en France avec un aperçu de la politique et surtout du train de vie de ce temps.
Pour prendre une comparaison qui n’est pas disproportionnée, et que ce terme de probité si souvent employé amène naturellement, on peut dire que Ninon, garda, à travers ses intrigues galantes, quelque chose de cette franchise et de cette droiture que la princesse Palatine sut observer dans la Fronde au milieu des factions politiques.
Durant quelque temps elle lutta encore et essaya de se maintenir à l’état littéraire ; mais, tout centre politique étant détruit dans le Midi, cette langue, la première née ou du moins la première formée des modernes, tomba décidément en déchéance et passa à l’état de patois.