Les événements de la Révolution vinrent mettre à l’épreuve sa fermeté : il vit cette opulence presque royale dont il jouissait depuis plus de vingt ans et dont il usait avec une libéralité vraiment auguste, lui échapper tout à coup, et la misère, à soixante-seize ans, lui apparaître ; il fut le même : « À soixante-seize ans révolus, disait-il, on ne doit pas craindre la misère, mais bien de ne pas remplir exactement ses devoirs. » J’ai déjà cité quelques-unes de ses nobles paroles. […] Les Romains, vraiment grandiosi, ne voient point sans admiration leur faste éclipsé.
C’était vraiment une âme pleine et qui montrait un beau visage à tous sens, une âme à la vieille marque, et qui eût produit de grands effets si sa fortune l’eût voulu… ». […] M. de La Rochefoucauld, qui a écrit quelques paroles injustes et vraiment affreuses sur l’amitié des hommes (« Dans l’adversité de nos meilleurs amis, nous trouvons toujours quelque chose qui ne nous déplaît pas. »), était particulièrement et peut-être uniquement sensible à cette amitié des femmes : car il est à observer que les hommes qui se sont accoutumés à cette liaison délicate avec des personnes du sexe se passent plus aisément de l’autre espèce d’amitié.
Dans les lectures d’histoire qu’on lui fait faire, il lui semble qu’il n’y a pas de roi préférable à Louis XII ; l’écho des victoires l’atteint peu ; et cependant elle a aussi la marque de son temps, et lorsqu’il vient là pendant quelques jours un beau monsieur de Paris, très riche, très gai, très galant pour elle, et qui cause politique avec Mme de Coigny, qui apporte les dernières nouvelles et les commente avec cet esprit de dénigrement propre aux salons, elle n’est pas séduite, elle aperçoit d’abord ce qui manque à l’élégant monsieur, en fait de chevaleresque, et celle dont le cœur est destiné à des cœurs braves, finit par ce trait en le dépeignant : « Et puis il n’a été à aucune bataille, et c’est vraiment ridicule30. » Mme de Coigny aime les longues lectures régulières et qui se continuent, qui occupent et reposent : on lit donc Rulhière, Histoire de l’anarchie de Pologne, toutes les Révolutions de Vertot, La Guerre de Trente Ans de Schiller, Le Siècle de Louis XIV ; toutes ces lectures ne sont pas également intéressantes. […] ) Mais elle a mieux fait que de traduire ces vers comme je viens de l’essayer ; elle a rencontré la même impression que le poète, et l’a vraiment égalé dans cette note si fidèle et si harmonieuse, trouvée à quelques jours de là : Il fait aujourd’hui un de ces jours grisâtres où la nature est silencieuse, le paysage terne, les nuages presque immobiles ; en un mot, un de ces temps modestes où l’on craint de faire du bruit, de peur de réveiller le vent ou d’amener le soleil.
De cette sorte, et si l’on s’en tenait à cette règle, la connaissance des faits irait s’accroissant en réalité ; on entendrait successivement bien des témoins, mais des témoins toujours utiles ; on ne recommencerait pas sans cesse d’éternels récits qui n’ont de prix que chez les narrateurs vraiment originaux et compétents, en attendant qu’ils aient rencontré l’artiste définitif et suprême. […] C’était un spectacle vraiment instructif pour l’armée, toujours si prête à verser son sang sur les champs de bataille, que de voir des Français refuser de recevoir chez eux un officier général mourant pour la patrie.
Et de plus, en ce qui est de la poésie du xvie siècle en particulier, on voit assez par tout cela qu’on est sorti des lignes de l’histoire littéraire proprement dite, qui, à moins d’être une nécropole, doit se borner à donner la succession et le jeu des écoles et des groupes, les noms et la-physionomie des vrais chefs, à marquer les caractères et les degrés des principaux talents, le mérite des œuvres vraiment saillantes et dignes de mémoire : on est tombé dans le menu, dans la recherche à l’infini, dans la curiosité locale et arbitraire. […] Un autre sonnet de Louise Labé, et celui-là vraiment immortel par l’expression comme par le sentiment, est celui qui débute ainsi : Oh !
C’est un ogre lascif qui dans ses bras infâmes A son repaire affreux porte sept jeunes femmes ; Renaud de Montauban, illustre paladin, Le suit l’épée au poing : lui, d’un air de dédain, Le regarde d’en haut ; son œil sanglant et louche, Son crâne chauve et plat, son nez rouge, sa bouche Qui ricane et s’entr’ouvre ainsi qu’un gouffre noir, Le rendent de tout point très singulier à voir : Surprises dans le bain, les sept femmes sont nues ; Leurs contours veloutés, leurs formes ingénues Et leur coloris frais comme un rêve au printemps, Leurs cheveux en désordre et sur leur cou flottans, La terreur qui se peint dans leurs yeux pleins de larmes Me paraissent vraiment admirables ; les armes Du paladin Renaud faites d’acier bruni, Étoilé de clous d’or, sont du plus beau fini : Un panache s’agite au cimier de son casque, D’un dessin à la fois élégant et fantasque ; Sa visière est levée, et sur son corselet Un rayon de soleil jette un brillant reflet. […] Je signale l’excès ; mais la raison aussi, — j’entends la raison poétique, — la fantaisie, nourrice de l’art, y trouvaient leur compte ; et lorsqu’un des adeptes se détachait de cette société si parfaitement désintéressée et si vraiment innocente dans ses fureurs, pour entrer tout de bon dans la violence, dans la conspiration et la haine, quels vers aimables et doux Théophile Gautier lui adressait, en le rappelant cette fois à la nature non distincte de l’art !
Bien parler a été de tout temps un don assez généralement dispensé aux hommes, et les orateurs, chez aucun peuple ni à aucune époque, n’ont jamais manqué : écrire était chose plus réservée, plus redoutée et jugée vraiment difficile. […] Sans doute les très belles et touchantes parties, les endroits pathétiques et pleins de larmes, les adieux d’Hector et d’Andromaque, les douleurs de Priam, étaient sentis ; mais tout ce qui tenait aux mœurs, à la sauvagerie d’alors, à la naïveté et à la crudité des passions et du langage, échappait ou s’éludait grâce aux commentateurs ou traducteurs, et se défigurait vraiment à travers l’admiration des Eustathe et des Dacier.
En essayant de les continuer, d’en faire entendre de semblables, non point parce qu’il sentait de même, mais parce qu’il visait à un genre littéraire, Jean-Baptiste égarait toute spiritualité dans les échos de ses rimes sonores : Racine fils, bien débile sans doute, était plus voisin de son noble père, plus vraiment touché d’un des pâles rayons. […] Ces deux derniers qui, sous l’appareil de la philanthropie ou de l’orthodoxie, couvraient des portions de tristesse chagrine et de préoccupation assez amère, dont il n’y a pas trace chez leur rivale expansive, avaient le mérite de sentir, de peindre bien autrement qu’elle cette nature solitaire qui, tant de fois, les avait consolés des hommes ; ils étaient vraiment religieux par là, tandis qu’elle, elle était plutôt religieuse en vertu de ses sympathies humaines.
Voilà donc une Société qui recevra tous ceux qui s’offriront pour gens de lettres, et qui les aidera, et qui les organisera en force compacte ; et dans toutes les questions, les moindres, les moins éclairés, les moins intéressés à ce qui touche vraiment les lettres, crieront le plus haut, soyez-en sûr. […] Quoi qu’il en soit, une note se trouva insérée dans deux ou trois journaux, dans ceux-là mêmes qui s’attaquent tous les matins en politique, mais qui s’entendent si cordialement en littérature ; note qui avait une tournure vraiment officielle, et qui relatait qu’à la nouvelle du propos scandaleux le Comité de l’association s’était transporté chez le mauvais plaisant pour recevoir son désaveu formel.
une telle idée est-elle raisonnable vraiment ? […] Les poëtes qui ont commencé par le lyrisme intime, par l’expression de leurs plaintes et de leurs douleurs, ces poëtes, s’ils ont chanté vraiment par sensibilité et selon leur émotion sincère, s’arrêtent dans cette voie à un certain moment, et, au lieu de ressasser sans fin des sentiments sans plus de fraîcheur, et de multiplier autour d’eux, comme par gageure, des échos grossis, ces poëtes se taisent, ou cherchent à produire désormais leur talent dans des sujets extérieurs, dans des compositions impersonnelles.
On lut avec émotion, on connut pour la première fois dans son entière sincérité cet épisode unique, cette première Vendée restée la plus grande et la seule vraiment naïve ; on salua, on suivit avec enthousiasme et avec larmes ces jeunes et soudaines figures d’une Iliade toute voisine et retrouvée à deux pas dans les buissons et derrière les haies de notre France ; ces défis, ces stratagèmes primitifs, ces victoires antiques par des moyens simples ; puis ces malheurs, ce lamentable passage de la Loire, ce désastre du Mans, cette destruction errante d’une armée et de tout un peuple. […] En venant plaider dans sa préface contre l’histoire officielle et oratoire, il n’a jamais demandé, il n’a pu demander que l’histoire vraiment philosophique fût supprimée ; il n’a pas dit, à le bien entendre, il n’a pas cru que l’histoire morale, celle des Tacite, des Salluste et des grands historiens d’Italie, dût cesser d’avoir ses applications diverses, surtout à des époques moins extérieures et plus politiques, aux époques d’intrigue et de cabinet : mais, ce jour-là, il demandait pour le genre qui était le sien, pour cette méthode appliquée une fois à une époque particulière qui y prêtait, il demandait place au soleil et admission légitime, et, en homme d’esprit, il a trouvé à ce propos toutes sortes de raisons et de motifs qu’il a déduits ; et il en a su trouver un si grand nombre là même où l’on s’était dit qu’il y avait objection, qu’on a pu croire que les conclusions chez lui dépassaient le but.
Mais Du Ryer, Tristan, Rotrou ont vraiment du talent : il est à noter pourtant que toutes leurs meilleures pièces sont postérieures au Cid. […] Venceslas est une forte étude d’une âme violente, qui arrive à la générosité par la volonté : ce vieux roi Ladislas qui condamne son fils par justice, et ce fils qui accepte sa juste condamnation, font une situation vraiment cornélienne.
Mais ce type est saisissant, séduisant, vraiment féminin, et l’on peut dire qu’il appartient presque en propre à M. […] Vraiment ?
C’est pour cela qu’une philosophie vraiment anti-intellectualiste est impossible. […] Mais vraiment je crois qu’il est sans intérêt d’examiner de semblables hypothèses.
Epiciers de la littérature ou charlatans de la musique, ils souffrent le martyre chaque fois qu’une œuvre paraît, vraiment libre et virile. […] Cette séance, si vraiment curieuse et d’un si réel intérêt wagnérien, a obtenu le succès le plus sincère.
Voilà ce que j’appelle un savant qui n’est pas entiché, et vraiment honnête homme, un savant qui ne se sent pas de son métier ni de son clocher. […] Huet, de dix-sept ans plus jeune que Ménage, était aussi plus sérieux, plus étendu d’esprit et d’horizon, et plus vraiment galant homme, c’est-à-dire sans rien de pédant.
Pour ne pas abuser des termes, Byron, Milton, Pindare restent seuls les vraiment grands poètes, et Béranger est un poète charmant. […] Celle de passer pour le seul vraiment sage de son temps.
Ouvrez les prisons à ces feux cent mille citoyens que vous appelez suspects… De tels cris rachètent beaucoup, surtout quand on les profère tout haut et tout seul, au milieu de cette insensibilité stupide de la foule et de cette sécurité dénaturée qu’il flétrit énergiquement et par un mot, cette fois, vraiment digne de Tacite. […] Je pourrais citer encore la page suivante de ce numéro 5 du Vieux Cordelier, laquelle est plus irréprochable pourtant, et réellement éloquente : elle commence par ces mots : « Occupons-nous, mes collègues, non pas à défendre notre vie comme des malades… » C’est même la seule vraiment belle de ce Vieux Cordelier, qui, dans la plus désastreuse des crises où ait passé une grande nation, mérite assurément de rester comme un signal généreux de retour et de repentir, mais qui n’obtiendra jamais place parmi les œuvres dont peut s’honorer l’esprit humain.
Rien n’est piquant pour un instant comme de se reporter à ses premiers vers, aux éditions de ses premiers chants qui ont pour vignette une harpe, quand on vient de relire tout fraîchement les jolis feuilletons dans lesquels se joue, en un sens si différent, un talent également sûr, une plume ferme et fine, une de celles vraiment qui font le mieux les armes. […] Le style en est assurément le côté le plus remarquable, le seul même vraiment remarquable : non pas que la trame m’en paraisse de qualité solide, subsistante et sincèrement louable ; mais il est éclatant, souvent ferme et toujours habile.
Rien n’annonce d’abord la vigueur de l’attaque à laquelle il sera prochainement conduit : « Une carrière nouvelle s’est ouverte aux journaux qui voudront être vraiment indépendants. » Sous la Restauration, il n’y avait que la guerre à faire à un pouvoir qui était ennemi par essence : La véritable indépendance vis-à-vis d’un gouvernement dont le principe est bon, mais qui peut bien ou mal se déterminer, suivant qu’il juge bien ou se trompe, l’indépendance, dit Carrel, sera aussi loin de l’opposition par parti pris, que de ce qu’on appela, sous le dernier gouvernement, d’un mot odieux et flétri, le ministérialisme. […] Il n’est pas homme à donner dans les utopies ; il ne veut pas que le mouvement des trois jours soit autre chose que l’emploi courageux du moyen commandé par la Constitution elle-même pour son propre salut : « Il est arrivé dans notre pays ce qui devait y arriver une fois, pour que la Révolution, commencée en 89, fût vraiment terminée. » La révolution de 1830, pour lui c’est une fin ; elle clôt 89 et ne laisse point à craindre de 93.
Génération vraiment nouvelle, et qui sera toujours distincte et marquée d’un caractère singulier qui la sépare des temps anciens et des temps à venir ! […] Je fais comme Rollin, et, en présence de cette éloquente et vraiment belle page si peu connue, je ne me lasse point de copier : Déjà, continue-t-il, ils nous révèlent, malgré eux, toute la tristesse de cette indépendance que l’orgueil avait proclamée au nom de leur bonheur, et rendent témoignage à la sagesse d’une éducation si bien assortie aux besoins de l’homme, qui préparait à l’accomplissement des devoirs par de bonnes habitudes, hâtait le développement de l’intelligence sans le devancer, et retenait chaque âge dans les goûts qui lui sont propres.
Est-ce là une thèse vraiment démontrée ? […] Au point de vue psychologique, nous l’avons vu, aucune sensation n’est vraiment indifférente et sans appétition ; au point de vue physiologique, aucun centre ne se borne à recevoir du mouvement sans en restituer.
Dans tout sentiment de jouissance comme tel et considéré en lui-même, il y a déjà une certaine intensité de vie et une certaine harmonie ; il y a donc déjà un rudiment de valeur esthétique ; mais ce sentiment ne devient vraiment esthétique que quand l’intelligence perçoit spontanément l’harmonie même qu’il enveloppe et quand la volonté eh mesure spontanément l’intensité. […] Les arts vraiment dignes de ce nom procèdent d’une manière toute différente : pour eux, la sensation pure et simple n’est pas le but ; elle est un moyen de mettre l’être sentant en communication et en société avec une vie plus ou moins semblable à la sienne ; elle est donc essentiellement représentative de la vie, et de la vie collective.
Je n’en disconviens pas ; mais je fais remarquer que pour retrouver ces vérités primitives, mêlées à tant de chimères, de superstitions et de préjugés, il faut une analyse éclairée qui sépare le vrai du faux, et les vérités vraiment naturelles des illusions de l’ignorance et de l’habitude. […] Pour que l’examen soit vraiment libre, il faut qu’il soit indifférent entre le pour et le contre, aussi sincèrement disposé à accepter le surnaturel, s’il le rencontre, qu’à s’en passer, s’il ne le rencontre pas.
Cette composition est vraiment le contraste de celle de Doyen. […] Et voilà pourquoi on accuse Raphaël d’être froid, lorsqu’il est vraiment sublime ; lorsqu’en homme de génie, il proportionne les expressions, le mouvement, les passions, à la nature qu’il a imaginée et choisie.
Est-ce vraiment par sollicitude artistique pour la province, que nos gouvernements leur infligent — depuis trente ans — cette rude corvée ? […] D’une instruction étendue, mais sans profondeur, il ne traite vraiment aucun sujet dans sa revue de la semaine : — il les effleure tous (agriculture, opéra, livres nouveaux, hospices, embellissements de la ville), et donne, dans le même alinéa, un coup de fouet au ténor qui s’attarde dans une note, et au conseil municipal qui s’obstine dans les routines administratives.
Cette caserne éclatante qui s’appelle Rome, a-t-elle un instant sérieux de grandeur intrinsèque et qui vraiment lui appartienne N’est-elle pas tombée, comme elle s’est élevée, — par miracle ? […] Il y a comme dans l’Attila, dans ces Récits du cinquième siècle deux ou trois grandes personnalités d’évêques à peindre, de ces saints évêques qui furent vraiment les Anges Gardiens de l’univers chrétien en son bas âge ; mais le surnaturel, le miraculeux, l’auréole de ces immenses figures, je ne les vois pas.
Puisqu’il s’emparait de l’idée chrétienne, de cette donnée qu’il faut accepter toute ou rejeter toute, car, si on est chrétien, il n’est pas permis de manquer à sa foi, et, si on est vraiment un homme, d’affaiblir par des arrangements de fantaisie, l’Évangile, l’Apocalypse, les Mystiques, la Légende et la Tradition, — puisque, ravi par la sombre splendeur du dogme de l’Enfer, il foulait d’un pied libre le cadavre de Voltaire, se souciant peu des rires que cet autre démon a semés sur les lèvres humaines, et se dévouant à chanter les supplices qui répugnent tant pour l’heure à notre spiritualisme épouvanté, il fallait qu’il allât jusqu’au cœur de l’idée chrétienne, il fallait qu’il la creusât dans tous les sens pour lui arracher toutes ses beautés ! […] Quand il prend un à un, avec un détail prodigieux et une verve qui vous enlève dans son tourbillon, tous les coupables de l’humanité, et qu’il les dénombre, les démasque et les rejette de la face de Dieu, comme disent les Saints Livres, — il a vraiment dans l’expression la pointe acharnée du glaive de flammes torses de l’Archange.
Mais dès qu’a sonné l’heure vraiment humaine des solidarités et des étreintes, ce repliement sur soi n’engendre plus que faiblesse et que dessèchement. […] Harmoniser la vie intérieure et la vie extérieure, pénétrer les rapports de l’ensemble et du « soi », tel doit être notre devoir, si nous voulons parvenir à un état vraiment digne d’être vécu.
C’est le même homme qui, silencieux depuis vingt-cinq ans, vit paisible et triste sous la domination étrangère, dans sa ville natale, l’illustre Manzoni ; homme d’imagination et de foi, généreux patriote et chrétien résigné, poëte artificiel peut-être dans l’irrégularité de son théâtre, mais vraiment lyrique dans ses odes religieuses et dans celle que lui inspira le plus grand nom et la plus tragique destinée de ce siècle ! […] Il en est vraiment inspiré, quelquefois pour le louer, sans mesure et sans prévoyance, mais aussi pour attacher, jusque sur les pompes de son sacre carlovingien, cette inscription méritée : Il voulut recevoir son sanglant diadème Des mains d’où le pardon descend.
La seule vraiment affreuse et pour tout dire la seule authentique. […] Et vraiment si peu habitué. […] Ceux qui s’élèvent vraiment, ceux qui prennent vraiment de la hauteur ce sont ceux qui laissent le monde à la hauteur où il est, et qui de là montent, de là prennent de la hauteur. […] Comme tous les vraiment grands chrétiens, Pascal se gardait de mépriser l’antique. […] Et elle est vraiment dans la séquence le point merveilleux où sur la promesse vient s’articuler la tenue de la promesse.
Non, cette fois, notre savant allemand trouve que les écrivains français ont une opinion vraiment trop défavorable de l’esprit de leurs lecteurs. […] Comme tous les maîtres vraiment dignes de ce nom, aujourd’hui si prodigué, il portera témoignage pour nous. […] Ensuite, à l’égard de ses maîtres, une reconnaissance vraiment édifiante. […] Jules Girard nous doit la suite et la fin de ses études vraiment exquises sur Théocrite et sur Callimaque. […] Blondel restera un philosophe vraiment exquis, un confesseur délicat dont l’entretien est parfois un délice.
J’ai besoin de le répéter, parce que je viens de le relire : vous avez vraiment créé une critique haute qui vous appartient en propre, et votre manière de passer de l’homme à l’œuvre et de chercher dans ses entrailles le germe de ses productions est une source intarissable d’aperçus nouveaux et de vues profondes. » On peut rabattre tout ce qu’on voudra de l’éloge, mais M. de Vigny admettait évidemment cette méthode critique en 1829.
Rentré chez moi, je fis un choix de mes pièces de vers et les envoyai à Victor Hugo, ce que je n’avais osé jusqu’alors avec personne ; car je sentais bien que mes maîtres du Globe, vraiment maîtres en fait d’histoire ou de philosophie, ne l’étaient point du tout en matière d’élégie.
L’ancien art catholique, et l’art plus varié des écoles qui se succèdent ; la religion, aujourd’hui sans vie, réduite à des formes encore augustes dans leur inanité ; l’arène de l’antique politique foulée çà et là par quelque vieux prélat, quelque moine sale, par des pâtres velus ou des mendiants en guenilles ; la liberté qui peut toutefois sortir jusque des filets du pêcheur napolitain ; ce que retrouverait alors d’enchantement et de génie cette belle captive ressuscitée : voilà donc les idées vraiment grandes qui ont tour à tour passé de l’âme du poëte dans ses chants.
Singulière et vraiment amère destinée !
Tant d’estime et d’admiration en échange de tant de dédain, c’est vraiment trop d’humilité ou trop de détachement.
Je ne sais ce que j’ai ; mais vraiment je n’ai guère le cœur à souper maintenant.
vraiment, tu prends beaucoup de peine De tout mon cœur, bonjour.
Ce n’est vraiment pas une fleur.
À peine y a-t-il eu quelques exceptions ; à peine trois ou quatre œuvres vraiment historiques et dramatiques ont-elles pu se glisser sur la scène dans les rares moments où la police, occupée ailleurs, en laissait la porte entrebâillée.
Je me rappelle une petite morale écrite en latin par l’Anglais Hutcheson85 ; elle m’a paru vraiment classique.
Greuze C’est vraiment là mon homme que ce Greuze.
Evidemment, il ne faut relire que ce qu’on a vraiment désir de retrouver.
où souffle le vent d’un principe, une ligne où l’on sente que l’auteur a en lui ce point fixe des notions premières qui sont comme les gonds de la vie et sur lesquels elle tourne, mais sans jamais s’en détacher… Eh bien, à part cette nécessité d’être moraliste pour être vraiment supérieur dans un livre comme Les Réfractaires, y a-t-il même dans le coup de pinceau de Vallès, qui est énergique, autre chose que de la force qui fait montre de ses biceps, comme messieurs ces Hercules qu’il aime ?
Même en acceptant pour un moment les grêles proportions de son livre, est-ce vraiment une histoire de la Sorcellerie qu’il a voulu écrire, ou une de ces dissertations prétendues rationnelles, qui passent par-dessus les faits et les questions un regard si rapide qu’il ne les voit plus ?
Il nous a indiqué le remède aux inconvénients de l’Empire, et vraiment, s’il n’y a que ce qu’il réclame qui nous manque, nous ne sommes pas assez malades pour avoir besoin de médecin.
Aujourd’hui, par un hasard heureux, les deux poètes dont nous avons à parler tranchent vivement sur le fond vulgaire des rimeurs contemporains, et sont vraiment dignes du regard et du jugement de la Critique.
Enfin, à l’appui de ce doute, on rappelle quelques strophes, quelques images vraiment d’Anacréon, citées par d’anciens auteurs, et d’un tour bien autrement poétique et hardi que le recueil d’Henri Estienne, placé par Voltaire au-dessous des madrigaux et des chansons du marquis de Saint-Aulaire, N’exagérons rien, cependant.
Vraiment, c’est trop commode ; on ne fait pas si aisément un homme blond d’un homme brun. […] Vraiment ! […] Je ne les trouve vraiment grands et supérieurs que dans les passages où ils ont eu le sens du réel. […] Celui-là, vraiment, tuait ses filles avec trop d’aisance. […] On peut même dire qu’il n’y a vraiment d’immortels que les livres qui deviennent classiques.
Dans toutes les règles, il n’y en a vraiment qu’une qui ne comporte pas d’exceptions aux yeux de Molière ; c’est celle qui impose de tourner les choses au plaisant. […] Cependant il y a quelques cas où la satire est vraiment personnelle. […] Et pour don Juan, le grand seigneur méchant homme, athée avec conviction, par principe rationaliste, si l’on veut lui trouver des originaux vraiment ressemblants, mieux que les libertins de la Fronde, les roués de la Régence ou les nobles protecteurs de la philosophie, les Richelieu et les Choiseul nous en fournissent.
Rien vraiment ne peut faire prévoir son étrange métamorphose. […] Ils n’ont vraiment souci que de peindre : la phrase va comme elle peut. […] Ce goût malsain s’explique si l’on considère que ce qui nous attache à un grand artiste, c’est ce qu’il a de particulier, ce sont ses qualités propres et vraiment originales, c’est-à-dire précisément celles qui, développées à outrance et sans contrepoids, deviendront des défauts aux yeux des critiques non prévenus et des esprits amis de la mesure ; mais les initiés ne s’en apercevront point, ou bien, comme ces défauts ne font qu’accentuer la marque personnelle par où ils ont été séduits, s’ils les sentent, ils les aimeront comme des qualités de plus en plus singulières.
Le cor qui ne résonne que touché par des lèvres pures, le hanap magique. qui n’est plein que pour l’amant fidèle, n’appartiennent vraiment qu’à nous. […] « Maman, demandai-je un jour à ma mère, dans les dernières années de sa vie, est-ce que vraiment tous ceux de notre famille que vous avez connus étaient aussi réfractaires à la fortune que ceux que j’ai connus moi-même ? […] Je ne comprenais que vaguement, déjà cependant j’entrevoyais que la beauté est un don tellement supérieur, que le talent, le génie, la vertu même, ne sont rien auprès d’elle, en sorte que la femme vraiment belle a le droit de tout dédaigner, puisqu’elle rassemble, non dans une œuvre hors d’elle, mais dans sa personne même, comme en un vase myrrhin, tout ce que le génie esquisse péniblement en traits faibles, au moyen d’une fatigante réflexion.
. — Est-ce que, vraiment, la puissance et le charme incomparables de la doctrine de Schopenhauer sur la Négation de la Volonté reposent sur un pareil tour de force philosophique ? […] Un homme au caractère vraiment noble, quand même les avantages intellectuels et l’éducation lui feraient absolument défaut, se dresse devant nous comme un homme auquel rien ne manque ; tandis que la plus grande intelligence, si elle est accompagnée de graves défauts moraux, est blâmable… L’intelligence la plus bornée, de même que la plus grotesque laideur, aussitôt qu’elles sont accompagnées d’une rare bonté du cœur, se trouvent transfigurées, entourées d’une auréole de beauté supérieure, et de leur bouche sort une Sagesse, devant laquelle toute autre doit se taire. […] La Volonté devient vraiment libre dans l’homme qui connaît, — dans le choix entre l’Affirmation et la Négation.
Quand la philosophie sera devenue ce qu’elle doit être, qu’il n’y aura plus en elle que du général, des abstractions, des idées, qu’elle sera complètement en dehors des faits, alors il apparaîtra clairement aux yeux de tous qu’elle est une œuvre d’art plutôt que de science : poésie ennuyeuse et mal écrite pour les uns, élevée, puissante, vraiment divine pour les autres. […] Comme le résultat inévitable du progrès dans toute science c’est d’y produire la division et la subdivision du travail, on peut bien prévoir qu’une psychologie étendue, vraiment complète se scindera en plusieurs branches, qu’il se formera en elle des sous-sciences qui pourront devenir un objet spécial d’études. […] Si nous essayons maintenant, d’après ces indications, de tracer les divisions d’une psychologie vraiment scientifique, voici ce qu’elle semble devoir contenir.
Né avec un génie vif, gai & vraiment comique, il répandit sur toutes ses piéces le sel de l’enjouement. […] Les Odes de M. le Franc de Pompignan sont remplies de beautés vraiment lyriques ; & quoiqu’on ait beaucoup critiqué ses Poésies sacrées, il y a des morceaux dignes de Rousseau. […] de Voltaire a un talent vraiment original.
Claude Bernard en tête, appellent le déterminisme, sorte de nécessité naturelle ou morale qui remplace, dans toute œuvre vraiment scientifique, la contingence arbitraire des réalités physiques ou morales dont la loi reste à déterminer. […] Maine de Biran répond au livre des Rapports du physique et du moral en distinguant deux vies, deux âmes, deux hommes, la vie, l’âme propres à l’homme animal, et la vie, l’âme propres à l’homme vraiment humain, dont l’attribut est la volonté. […] En quoi donc le sentiment d’une activité volontaire vraiment libre, d’une cause agissant de soi et par soi sous l’influence des impressions naturelles ou des idées de l’intelligence, serait-il contradictoire aux expériences de la science positive ?
Mais vraiment on ne pourrait pas dire que la seconde se déduise de la première, ou la troisième de la seconde. […] Il est donc vraiment très difficile d’aimer. — Mais comment s’assurer qu’on aime ? […] Il ne tremblera pas à la vue de ces convoitises empressées, qui, pour un cœur vraiment épris, sont un supplice de tous les instants. […] Comme les femmes vraiment éprises, elle s’excite à la défense en livrant aux baisers de Raymond ses lèvres et ses épaules : elle espère l’apaiser à force de caresses. […] Les caractères sont mieux dessinés, leur silhouette est plus vive, plus nette, mieux arrêtée ; l’action est mieux conduite, et le livre ne finit vraiment qu’à la dernière page.
Est-il vraiment si vieux qu’on le dit et mérite-t-il tant de dédain ? […] Alphonse Daudet marquera vraiment sa trace en littérature. […] Je ne vois vraiment pas en quoi l’incompétence artiste pourrait augmenter l’aptitude critique. […] Il est vraiment difficile de bien définir ce que c’est que le style. […] E. de Goncourt a vraiment passé toute mesure.
Ce genre de distinction, qui consiste à ne concevoir le plaisir qu’entouré de fines jouissances artistiques et à mettre toujours un peu de beau dans le rêve que l’on fait ou le souvenir qu’on se retrace de la volupté, Stendhal l’a eu fort souvent, presque toujours, et s’est élevé ainsi de quelques degrés, vraiment, au-dessus du corps de garde. […] Cette philosophie d’homme de vingt ans étonne toujours chez un homme de réflexion quinquagénaire, et toujours l’on se demande si vraiment il n’a pas fait une fois en sa vie cette observation, d’ordre élémentaire, que la vie n’est heureuse que quand on en a éliminé la recherche du bonheur. […] C’est vraiment légalité en elle-même qu’il aime, et pour elle-même. […] Il ne conclut vraiment point. […] Tout cela, c’est arrangement fait après coup et vraiment arbitraire.
Je lis une page de résignation vraiment céleste ; au verso, je trouve un cri de révolte plus terrible que tous ceux du Satan de Milton. […] Faust. — Ce sont vraiment les yeux d’un mort qu’une main chérie n’a point fermés. […] Privé de cet instinct sublime, Goethe a-t-il été vraiment poète ? […] Il n’y a eu peut-être pour Mickiewicz lui-même qu’un moment dans sa vie où cette inspiration vraiment surnaturelle lui ait été donnée. […] En ceci vraiment, ce très grand poète a su être un très grand homme, un modèle que l’on pourra proposer toujours à la jeunesse et sans la tromper.
Voici la meilleure, sans contredit, de ces épigrammes contre Des Fontaines, et vraiment fort belle, digne de l’auteur de la Métromanie : Cet écrivain fameux par cent libelles Croit que sa plume est la lance d’Argail86 : Au haut du Pinde, entre les neuf Pucelles, Il est planté comme un épouvantail. […] Bonjour, ma tante. » On dira, après avoir lu, que ce n’est pas la peine à Piron de tant se vanter et que vraiment il n’y a rien dans tout son rôle de si piquant et de si rare : c’est que cela se joue, s’improvise, se fait applaudir après boire, se raconte de vive voix le lendemain et ne s’écrit pas. […] Rousseau contre Fontenelle : Depuis trente ans un vieux berger normand, etc., — et la troisième, vraiment sublime d’indignation, fulminée par Le Brun contre La Harpe qui avait parlé à la légère du grand Corneille : Ce petit homme à son petit compas…. . […] Entre les poésies badines de Piron, je ne vois guère qu’une pièce, une seule, qui soit vraiment agréable, d’un tour libre et aisé, et que les gens de goût puissent, entre soi, s’avouer avoir lue ou même relue avec plaisir : c’est celle qui a pour titre, Leçon à ma Femme : Ma femme, allez au diable ou vivez à ma mode… On serait tenté (le genre admis) de savoir gré à Mme Piron d’avoir fourni matière à cette leçon conjugale assez peu correcte et de s’en être accommodée.
Sur le bord de sa fosse, je songeai aux tourments de sa vie, je les évoquai, je les vis tous, et je comptai aussi les joies qu’aurait pu goûter, malgré sa condition servile, ce coeur vraiment fait pour Dieu. […] Et certes je ne dis point que Veuillot soit avec Vindex, le gueux révolté qui va jusqu’au bout de sa pensée, contre Spartacus, le « radical » bien mis, qui a du linge et garde des principes : mais Vindex a vraiment, dans ce pamphlet, des airs du Satan de Milton ; et il est certain qu’il y avait en Veuillot un je ne sais quoi de caché, de secret, de dompté et d’étouffé par la foi, mais qui, sous couleur de fiction littéraire, s’épanche, gronde et rugit avec une sinistre allégresse dans les propos sauvages de l’esclave romain. […] Il osait croire que la pratique de Lucrèce, d’Horace et d’Ovide, de Cicéron, de Sénèque et de Tacite, n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus propre à former des âmes vraiment chrétiennes. […] Dans Saint-Simon, l’écrivain lui plaît, mais l’homme lui est odieux. « … Certes ses Mémoires sont un beau pays, et plantureux à merveille : mais il y a des fondrières et des bêtes venimeuses, et je n’aime pas à me promener en compagnie de ce duc enragé … Tout le jour courbé comme le plus souple courtisan, il éponge les souillures et les scandales ; il se sature et, le soir, il dégorge en flots de lave… Il se cache, il fabrique ses prétendues histoires en secret comme on fabrique de la fausse monnaie … On ne connaît aucun autre exemple d’une telle force ni d’une telle lâcheté… » Lisez tout le morceau, qui est superbe, et où se révèle une fois de plus une âme vraiment noble et bonne (j’y reviens toujours). — Il adore Sévigné et lui passe tout.
Toute chose ou toute action présente nécessairement deux côtés ; le premier, mobile et changeant, nouveau sans cesse sous le jour qui l’éclairé, donne l’illusion de la vie : c’est l’expression, la poésie des choses, et aussi leur intérêt ; celui-là seul marque vraiment pour nous. […] Vous reproduisez la partie mécanique et prosaïque de l’existence, que nous-mêmes nous avons oubliée ; vous décrivez les pierres du chemin que nous n’avons pas vues ; vous mettez, en relief le plat et le monotone de la vie, tout ce qui s’est confondu et perdu dans notre souvenir, tout ce qui n’est pas vraiment entré dans notre vie même ; en un mot, vous voulez nous intéresser à ce qui ne nous a pas intéressés et à ce qui n’est pas intéressant ! […] Ce qui charme en étonnant, ce qui est vraiment beau, ce n’est pas toute nouveauté, mais la nouveauté du vrai, et, pour apercevoir celle-là, il faut avoir un esprit plus ou moins synthétique, bien équilibré, qui paraisse original non en tant qu’incomplet et anormal, mais parce qu’il est plus complet que les autres, plus en harmonie avec la réalité la plus profonde, capable, par cela même, de nous la révéler sous tous ses aspects. […] Dire que les romanciers ont fait jusqu’ici de la métaphysique et qu’ils vont faire à présent de la physiologie, cela n’offre vraiment aucun sens ; autant vaudrait dire qu’ils ont fait jusqu’alors de la trigonométrie et qu’ils vont faire aujourd’hui de la minéralogie ou de la botanique.
L’esprit humain crée vraiment la nature, à mesure qu’il la contemple, qu’il la pèse et qu’il la mesure. […] Il n’y a vraiment qu’un homme libre, celui qui ne travaille qu’à son loisir, son travail pouvant aussi bien être un jeu qu’un travail productif. […] Songée dans l’oxygène et dans l’ozone, sa philosophie a vraiment des vertus respiratoires. […] Mais cela ne veut vraiment rien dire, si cela a la prétention de dire autre chose que : la vie est soumise aux lois physico-chimiques. […] S’il existait vraiment, l’élève, comme la tâche des professeurs serait simple et brillante, quels succès à ces éducateurs mécaniques !
Devenu évêque, et absent depuis bien des années, il s’est empressé de se déclarer un peu vite et un peu à l’étourdie vraiment (si un tel mot est permis à l’égard de ces graves personnages) contre une institution qu’il ne connaissait pas encore.
Il en est pourtant dont la grâce vraiment enchanteresse ne saurait s’oublier : « En Amérique, dit l’auteur, quand la marée s’est retirée, surpris quelquefois de trouver une fleur dans le fond d’un rocher stérile sur lequel le flot vient de se briser, vous voulez cueillir cette aigrette flottante qui résiste si bien aux orages et qui méprise la rosée du ciel ; tout à coup la fleur se retire des doigts indiscrets qui viennent de la toucher.
Frédéric Mistral, qui n’en serait pas moins ce qu’il est, quand il serait signé par le Gazonal de Balzac, n’existe, comme toutes les œuvres vraiment poétiques, que par le détail, l’observation, le rendu et l’intensité du détail.
Et puis si ces vers sont vraiment beaux, ils vous doreront l’âme d’une lueur d’aube : on ne lit jamais trop de beaux vers.
Mais empruntant à chacune d’elles ses éléments, surgit la conception — l’unique vraie à mon sens — du Poète : en son âme vibrent les reflets des choses du dehors, et cependant il leur communique sa vie à lui ; lui seul est vraiment, entièrement poète, parce que seul il aura su donner l’idée de l’Être entrevu dans toute sa beauté.
Car vraiment vous êtes trop sages.
Oui vraiment c’est un art et un grand art que de poser le modèle ; il faut voir comme M. le professeur en est fier.
Michel Van Loo est vraiment un artiste : il entend la grande machine ; témoins quelques tableaux de famille où les figures sont grandes comme nature et louables par toutes les parties de la peinture.
Casanove est vraiment un peintre de batailles, mais, encore une fois, quelle est la description d’un tableau de bataille qui puisse servir à un autre que celui qui l’a fait ?